diversions alsace mars 2015

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www.diversions-magazine.com Alsace Tous au Grün ! à Cernay - Scènes de la vie d’acteur à la Comédie de l’Est de Colmar - Triggerfinger et Last Train au Noumatrouff de Mulhouse - Go down, Moses à La Filature de Mulhouse - Symphonique 6 par l’Orchestre Symphonique de Mulhouse Colmar fête le Printemps - Tristan und Isolde à l’Opéra national du Rhin - Le Printemps des Bretelles à Illkirch-Graffenstaden - Sous ma peau - Sfu.Ma.To et Lombric au TJP de Strasbourg + Notre feuilleton Les Voyages de Max + Agenda + chroniques Albums, Livres, Cinéma... mensuel gratuit Culture et tourisme mars 2015 #68

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Page 1: Diversions alsace mars 2015

www.diversions-magazine.com

Aire Urbaine

Alsace

Tous au Grün ! à Cernay - Scènes de la vie d’acteur à la Comédie de l’Est de Colmar - Triggerfinger et Last Train au Noumatrouff de Mulhouse - Go down, Moses à La Filature de Mulhouse - Symphonique 6 par l’Orchestre Symphonique de Mulhouse Colmar fête le Printemps - Tristan und Isolde à l’Opéra national du Rhin - Le Printemps des Bretelles à Illkirch-Graffenstaden - Sous ma peau - Sfu.Ma.To et Lombric au TJP de Strasbourg + Notre feuilleton Les Voyages de Max + Agenda + chroniques Albums, Livres, Cinéma...

mensuel gratuit

Culture et tourisme

mars 2015

#68

Page 2: Diversions alsace mars 2015
Page 3: Diversions alsace mars 2015

Aire Urbaine

Alsace

Diversions Journal d’information gratuit 1, rue de Vittel25000 Besançon03 81 87 40 05 - 06 34 12 01 [email protected] : SARL DiversionsRCS : 508 184 934Directeur de la publication : Boban Stanojevic03 81 87 40 05 / 06 34 12 01 [email protected]

Rédacteur en chef : Dominique [email protected]

Rédaction : Martial Cavatz, Frédéric Dassonville, Dominique DemangeotBertrand Demornieux, Manu Gilles, Sébastien Marais, Boban StanojevicLaura Prenat, Paul Sobrin, Marc Vincent, Caroline Vo Minh

Comité de relecture : Dominique Demangeot, Caroline Vo Minh

Régie publicitaire : Boban Stanojevic - 03 81 87 40 05 / 06 34 12 01 91- [email protected]

Dépôt légal : mars 2015© Diversions 2015Imprimé en Espagne - RotimpresISSN : en cours

valeur : 1,15 euros offertDiversions est diffusé gratuitement sur l’Alsace Franche-ComtéProchaine parution : Jeudi 26 mars 2015

AGENDA - 4

HAUT-RHIN - 6Tous au Grün ! à l’Espace Grün de CernayScènes de la vie d’acteurà la Comédie de l’Est de ColmarTriggerfinger et Last train au Noumatrouff de Mulhouse

Go down, Moses à la Filature de MulhouseSymphonique 6 par l’Orchestre Symphonique de MulhouseColmar fête le Printemps

BAS-RHIN - 10Tristan und Isolde à l’Opéra national du Rhin

Le Printemps des Bretelles à Illkirch-GraffenstadenSous ma peau Sfu.Ma.To etLombric au TJP de Strasbourg

LES VOYAGES DE MAX - 12

CHRONIQUES CD - 13

CHRONIQUES LIVRES - 14

SORTIES CINÉMA - 15

#68

mars 2015

diversions-magazine.com cultures

sortiessociété

Page 4: Diversions alsace mars 2015

4Diversions - L’Agenda du mois

HAUT-RHIN

ALTKIRCHCRAC AlsaceDu 1er mars au 17 mai : Exposition Sophie Nys - Vernissage brunch dimanche 1er mars à 11h30 - Art contemporain

CERNAYEspace Grün20 mars à 20h30 : Excalembour - Café concert28 mars : 16m2 - Théâtre28 mars : À la une - Théâtre

COLMAR Comédie de l’EstDu 18 au 20 mars : Requiem - ThéâtreDu 24 au 27 mars : Scènes de la vie d’acteur - Théâtre

Espace d’art contemporain André MalrauxDu 17 janvier au 8 mars : Exposition Martin Kasper : «Voisinages» - PeintureDe mars à mai : Exposition Gaël Davrinche - Peinture

Théâtre Municipal 1er mars à 15h : S’umbrenger Trio - Théâtre Alsacien de Colmar20 et 22 mars : Il matrimonio Segreto - Opéra24 mars à 20h : Récital de guitare - Classique27 mars à 20h30 : Mountain Men - Blues28 mars à 20h30 : L’envers du dessous - Théâtre cabaret

Parc des Expositions Du 23 février au 7 mars : Parc Loca’gonfle - Jeux jeune public8 mars à 14h30 : Gala des 35 ans de DreyeklandDu 13 au 16 mars : 36ème salon Énergie Habitat28 mars : Top de Colmar - Body building28 et 29 mars : Salon des vins et des saveurs du terroir 28 et 29 mars : Le Printemps des Séniors - Salon

ILLZACH Espace 1106 mars à 20h30 : Contes au caveau - ContesDu 9 au 22 mars : Les insectes, les mal aimés par Patrick Straub - Exposition photographique11 mars à 15h30 : Une étoile dans les yeux - Marionnettes et musique14 mars à 20h : Concert de prestige : récital violoncelle et piano - Musique classiqueDu 19 au 22 mars : Européennes de musique de chambre - Musique classique

19 mars à 20h30 : Duo confluences : guitare et flûte traversière - Musique classique22 mars à 16h30 : Concert des lauréats du concours international de musique de chambre de Colmar28 mars à 20h30 : Courir les rues & Sa Band - Chanson française

KINGERSHEIMEspace Tival28 mars à 20h : Festival Caméléon : Le Peuple de l’Herbe + Virus Syndicate + Shere Primaire + Murmures Barbares - Dubstep/Electro/Drum’n’Bass...

MULHOUSELa FilatureDu 13 janvier au 1er mars : Exposition Françoise Saur : « Voyages en Algérie 1970-1975, 1999-2010 » - Photographe6 et 8 mars : La Clemenza Di Tito - OpéraDu 11 mars au 10 mai : Exposition Martin Parr : The Last Resorts + Signs of the times + création originale à Mulhouse - PhotographieDu 11 au 13 mars : Jeux inconnus - Danse13 mars à 20h : Barbe Neige et les sept petits cochons au bois dormant - Danse14 et 15 mars : Week-end de l’art contemporain - Art contemporain17 mars à 20h : Luz Casal - Musiques du monde21 et 22 mars : Go down, Moses - Théâtre, arts visuels25 mars à 20h : Au-delà - Danse26 mars à 18h : Performance déambulatoire par les étudiants de la HEAR 26 et 27 mars : Ishow - Théâtre

27 et 28 mars à 20h : Concert symphonique 6 par l’Orchestre Symphonique de Mulhouse - Musique classique

KunsthalleDu 5 décembre au 31 mai : Exposition «Ça vous regarde » - Art contemporainDu 12 février au 10 mai : « Presque la même chose » - Art contemporain

Noumatrouff2 mars à 20h : Peace - Indie Pop6 mars à 20h : Curtis Harding - Soul Pop13 mars à 20h30 : Triggerfinger + Last Train- Rock

Parc des expositionsDu 27 février au 8 mars : Loisirs parc - Jeux jeune public7 et 8 mars : Himalaya par l’association Keta Keti Népal - Salon21 mars : Bourse internationale du club Mulhouse 1/43ème - Bourses véhicules miniatures28 mars : Salon Militaria 28 et 29 mars : Salon de l’immobilier

Théâtre de la Sinne11 et 15 mars : Mademoiselle Rouge - Théâtre jeune public18 mars à 20h30 : Yves Scherr chante Jean Ferrat - Chanson19 mars à 20h30 : À vos souhaits - Théâtre21 mars à 20h : Concert de l’Orchestre d’Harmonie - Musique classique

SAINT-LOUIS La Coupole14 mars à 20h30 : Promenade parisienne en 1900 - Musique classique20 mars à 20h30 : Gauthier Fourcade : le secret du temps plié - Humour

Fondation Fernet BrancaDu 20 septembre au 8 mars : Prendre le temps - Exposition collective

Forum de l’Hôtel de villeDu 13 mars au 30 avril : Exposition de Susanne Janssen

Foyer Saint Louis 17 mars à 14h : Après-midi dansante

Ludothèque13 mars à 19h : Soirée jeux de société

Place de l’Europe13 mars de 7h à 12h : Brocante

SAUSHEIMEspace Dolfus et Noack1er mars à 16h : Chœur en portée - Danse8 mars à 14h30 et 17h : Tchoupi 2 - Spectacle jeune public19 mars à 20h30 : Je préfère qu’on reste amis - Théâtre humour20 mars à 20h30 : Mozart Group - Cabaret21 mars à 20h30 : Cauet - Humour26 mars à 20h30 : Tom Novembre - Chanson

VILLAGE-NEUFRiveRhin17 mars à 20h : Vermeer : le grain de la lumière - Conférence18 mars à 14h : La lanterne magique : ciné club pour enfants 21 mars à 20h30 : La chère main de Germain - Théâtre27 et 28 mars à 20h30 : Golden Joe - Théâtre

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Ishow les 26 et 27 mars à la Filature de Mulhouse

Le Peuple de l’Herbe

Peace au Noumatrouff le 2 mars

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Les sorties du mois en un clin d’oeil

Page 5: Diversions alsace mars 2015

55L’Agenda du moisLes sorties du mois en un clin d’oeil

BAS-RHIN

ERSTEINMusée Würth Jusqu’au 14 août : Exposition « Anthony Caro - Œuvres majeures de la Collection Würth » - Sculpture

ILLKIRCH GRAFFENSTADENL’Illiade8 mars à 17h : Smashed - Cirque10 mars à 20h30 : Camille Bazbaz - ChansonDu 10 au 13 mars à 20h30 : Anachronique ! - Théâtre13 mars à 20h30 : Voyages en Europe du piano à quatre mains - Musique classique15 mars à 17h : La petite évasion - Théâtre17 mars à 20h30 : Idiomas & Araminta - Danse21 mars à 20h30 : Daniel Mille - Jazz22 mars à 17h : L’incroyable destin de René Sarvil - Spectacle musical23 mars à 20h30 : Shantalla - Musique irlandaise24 mars à 20h30 : Opération Salam Shalom Elsass - Spectacle musical25 mars à 20h30 : Florence Absolu chante l’Amour selon Piaf - Spectacle musical26 mars à 20h30 : Lisa Doby & Marcel Loeffler Soul Celebration - Soul27 mars à 20h30 : Courir les Rues + La Bottine Souriante - Chanson française28 mars à 20h30 : Les yeux noirs - Musiques du monde31 mars à 14h30 et 20h30 : Andalousie, Connaissances du monde - Cinéma

Camille Bazbaz le 10 marsà l’Illiade

OBERHAUSBERGENLe PréO7 mars à 20h30 : Fills Monkey - Humour musical/Batterie13 mars à 20h30 : The Walk & Aziz Sahmaoui - Musiques du monde15 mars à 16h : Ma robe est suspendue là-bas - Théâtre jeune public21 mars à 20h30 : Gschlamassels - Théâtre humour27 mars à 20h30 : Pourquoi j’ai mangé mon père - Théâtre humour

SÉLESTAT

Frac AlsaceJusqu’au 22 février : Exposition de Marc Bauer : «Cinérama» - Art contemporain

Les Tanzmatten12 mars à 20h30 : Victor Hugo, mon amour - Théâtre17 mars à 20h30 : Cats On Trees - Pop21 mars à 20h30 : The Incredible Drum Show par les Fills Monkey - Humour musical/Batterie26 mars à 20h30 : Ballet Bar - Danse27 mars à 20h30 : Sanseverino - Bluegrass

SHILTIGHEIMSaison de l’Échappée BelleCheval Blanc4 mars à 14h30 : Le chant de la mer - Ciné-vacances9 mars à 20h : Un homme très recherché - Cinéma10 mars à 20h30 : Batlik : Mauvais sentiments - Chanson14 mars à 20h30 : Frères Moutin Quintet (complet) - Jazz17 mars à 20h30 : Marc Cary Trio - Jazz20 mars à 20h30 : Andanzas - Flamenco21 mars à 20h30 : Como El Mar - Flamenco27 mars à 20h30 : Wang Li et Yom - Jazz30 mars à 20h : Le sel de la terre - Cinéma31 mars à 20h30 : Leyla Mac Calla - Musiques du monde

Le brassin13 mars à 20h : Mime de rien - Humour sans paroles15 mars à 17h : Plume - Musique jeune public25 mars à 16h30 : Moi, Joséphina - Acrobatie, manipulation d’objets28 mars à 17h : Fichu serpent! L’ombre d’Orphée - Théâtre d’ombres

STRASBOURGLe KafteurDu 12 au 28 mars à 20h30 : Aïe! Aïe! Aïe! par la compagnie Houppz - Humour

La Laiterie10 mars à 19h30 : Paul Personne + Fränck - Blues/Chanson

11 mars à 19h30 : Asa + 1ère partie - Soul12 mars à 20h : Christine and the Queens + 1ère partie (complet) - Pop24 mars à 20h : Benjamin Clementine - Pop soul25 mars à 20h : Charlie Winston + Malo (complet) - Pop27 mars à 20h : The Dandy Warhols + Guest - Pop rock30 mars à 20h : Asaf Avidan + Guest (complet) - Folk rock

Le Maillon10, 11, 12 et 14 mars : Parcours découverte autour des Trois sœurs - Théâtre rencontre projectionDu 10 au 12 mars : Les trois sœurs - Théâtre14 mars à 18h : Soirée des abonnés : Assemblée générale et concert Clément Sibony et les Coming SoonDu 26 au 28 mars à 20h30 : Go down, Moses - Théâtre, arts visuels

Opéra national du RhinDu 18 mars au 2 avril : Tristan und Isolde - Opéra28 mars à 20h : Markus Werba - Récital

Pôle SudDu 18 au 20 mars : BIT de Maguy Marin - Danse20 mars à 19h : Travaux publics : Clara Cornil, pièce en construction - Danse21 mars à 10h et à 13h : Workshop avec Laura Frigato - Atelier24 mars à 20h30 : Louis Ziegler : Quand vient la nuit / Enfin - Danse29 mars de 15h à 19h : Les Milongas itinérantes d’Otros Tongos - Atelier 30 mars à 20h30 : Open public avec Pierre Boileau - Rencontre31 mars à 20h30 : Idiomas & Araminta - Danse

TapsTaps LaiterieDu 10 au 14 mars : Nanime ou comment faire avec les filles pauvres quand elles sont belles? - ThéâtreDu 25 au 29 mars : Sermons joyeux - Théâtre

Taps Scala Du 17 au 21 mars : La grâce - ThéâtreDu 31 mars au 2 avril : Tel que cela se trouve dans le souvenir - Théâtre

TJPDu 11 au 15 mars : Sous ma peau SFU.MA.TO (à partir de 8 ans) - Arts visuelsDu 19 au 22 mars : Lombric (à partir de 7 ans) - Théâtre danseDu 26 au 29 mars : Nos solitudes (à partir de 8 ans) - Danse acrobatie

TNSDu 10 au 21 mars : Le malade imaginaire - ThéâtreDu 10 au 21 mars : Des fleurs pour Algernon - Théâtre

ExpositionsLa ChambreDu 13 février au 5 avril : Ronan Guillou : «Truth or consequences» - Photographie

StimultaniaDu 23 janvier au 29 mars : «Des années de silence» par Syrlybek Bekbotayev - Photographie

Musées de StrasbourgMAMCSJusqu’au 8 mars : Daniel Buren : Comme un jeu d’enfant - Art contemporainJusqu’au 8 mars : Perahim, La parade sauvage - DessinsJusqu’au 8 mars : La vie est une légende - Art contemporain

Musée AlsacienJusqu’au 1er juin : Germain Muller : enfin… redde m’r devun ! Enfin… parlons-en ! - Littérature, histoire

Musée HistoriqueJusqu’au 1er juin : Germain Muller revisite l’histoire de Strasbourg - Littérature, histoire Musée Tomi UngererJusqu’au 1er mars : Bosc : De l’humour à l’encre noire - Dessins

Cats On Trees le 17 mars aux Tanzmatten de Sélestat

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© Yann O

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Syrlybek Bekbotayev, Musique dans la Steppe, 2014 - Vidéo 6’45”. Production Apollonia - Collection de l’artiste © Syrlybek Bekbotayev

Page 6: Diversions alsace mars 2015

Diversions Alsace - Journal culturel Haut-Rhin 6

L’Espace Grün proposera le 28 mars prochain une journée un peu spéciale, organisée avec de nombreux partenaires dont l’association Patàsel, l’Institut St André, Culture du Cœur, la Croix Rouge, les Restos du Cœur et bien d’autres. Deux spectacles seront notamment programmés à cette occasion, portés par la compagnie 16m² et Estro.

Basée en Alsace, la compagnie Estro ne sera peut-être pas inconnue aux amateurs de danse le 28 mars prochain. Elle a déjà pris part aux programmations de nombreuses structures culturelles, organisant également chaque année, en juin, la manifestation Le Printemps du Tango. À Cernay, sa création À la une prendra comme base l’actualité, revue, réinterprétée par quatre danseurs, un comédien, un scénographe et un musicien. Un spectacle à chaque fois renouvelé, qui s’inspire également du lieu qui l’accueille. Ces parcours poétiques seront à retrouver à plusieurs moments de la journée à l’Espace Grün.

Le spectacle 16m² sera également proposé par la compagnie Les Heures Paniques.Cette création nous présente une première femme d’une trentaine d’années, cloîtrée dans son petit studio depuis plusieurs mois. Une solitude qui apparait tout d’abord mystérieuse, inexplicable, même si une deuxième femme l’observe, de loin, à travers un écran, tentant de percer le mystère de cette solitude. La pièce nous raconte ainsi cette « solitude ordinaire » qui pourrait bien être le mal de notre siècle, lorsque les individus se résument, parfois, à une simple série de chiffres. Le texte de cette pièce a été créé suite à la

rencontre entre la compagnie Les Heures Paniques et SOS Amitié, à l’occasion de la Journée nationale de l’Écoute. Notons que dans la pièce intervient également une musicienne, comme un contrepoint onirique, voire surréaliste, à la jeune femme seule dans son appartement, dont l’apparence rappelle, de manière troublante, celle de l’autre femme qui l’observe...

- Manu Gilles -

À la une et 16m², dans le cadre de «Tous au Grün !», Espace Grün, Cernay, 28 mars www.espace-grun.net

Comédie de l’Est Scènes de la vie d’acteurLe comédien et metteur en scène Scali Delpeyrat porte à la scène les textes de son ancien camarade de conservatoire Denis Podalydès. Des extraits choisis issus de son recueil de chroniques publié en 2006, Scènes de la vie d’acteur, des chroniques qui n’étaient pas, à l’origine, destinées à être dites sur scène. Mais Scali Delpeyrat, complice de longue date de Denis Podalydès, a su le convaincre, et porter sur un plateau de théâtre ces mots d’acteur, qui pourront faire écho à tout un chacun.

À l’occasion d’une carte blanche offerte en 2000 à Scali Delpeyrat par Didier Bezace, Denis Podalydès mesurait pour la première fois l’impact de ses écrits sur une scène de théâtre, les confiant alors à son ami. « J’ai choisi avec l’œil de l’acteur », souligne Scali, « car il faut bien le dire, certains de ces textes sont de véritables morceaux de bravoure, du pain béni pour la bouche, du miel pour l’oreille, de l’or pour la scène ». Ne nous étonnons pas de la proximité de ce texte pour un acteur, et des thématiques de la représentation, de l’incarnation, de l’engagement au plateau… Avec Scènes de la vie d’acteur, la réalité tend la main à la fiction de manière troublante, et pour une fois, l’acteur porte ainsi sur scène sa propre expérience. Pourtant Scali Delpeyrat nous rappelle aussi que ces Scènes de la vie d’acteur ont une portée qui va au-delà du simple travail de comédien, et abordent le travail en lui-même, « non le travail subi, mais celui qui remplit notre vie, nous obsède ou nous porte, nous dévaste ou nous sublime », précise Scali Delpeyrat.

Ces chroniques, écrites au fil du temps, sont le fruit d’une dizaine d’années d’expérience du métier d’acteur, que Denis Podalydès avoue avoir quelque peu romancées. Il en a fait, en tous cas, des textes littéraires, changeant la plupart du temps les noms et les circonstances, pour évoquer ce à quoi l’on a, d’ordinaire, pas accès : les coulisses, la vie de l’acteur, loin des clichés inhérents, parfois, à ce métier comme un autre. Le

comédien remet pourtant en question chaque soir son talent, sans filet, comparant même le jeu en scène à un combat avec un taureau. La scène comme une arène ? «Je voudrais montrer l'ordinaire d'une vie que l'on a coutume de percevoir comme nécessairement et toujours extraordinaire», écrivait-il en 2006 à la sortie de ces chroniques.

Ces morceaux choisis, réunis en cinq grandes sections, soulèvent aussi les interrogations, les doutes voire les angoisses qui ont nécessairement saisi, à un moment ou un autre, tout comédien. Il y a le tellement redouté trou de mémoire, ce « précipice abrupt » dont Podalydès parle si bien. Il y a le trac, qui vous taraude mais qui fait partie du métier, comme on dit. Mais le doute se fait aussi, paradoxalement, moteur de la création. Et les acteurs, les maîtres disparus, sont plus que jamais présents pour rappeler à l’acteur ses fondamentaux, pour lui rappeler aussi d’où il vient. Pour Scali Delpeyrat, le manque de confiance serait même « ce […] qui nous pousse à nous adresser à la communauté des hommes ou nous invite à venir écouter ceux qui le font ». Un doute qui n’interdit pas non plus le rire, l’humour et le regard amusé, d’un acteur sur son propre métier, et dont le succès sur les scènes de France et d’ailleurs n’a pas annihilé la faculté d’autodérision .

- Marc Vincent -

Scènes de la vie d’acteur, Comédie de l’Est, Colmar, du 24 au 27 marswww.comedie-est.com

16 m²

Cernay Tous au Grün !

© Les Heures Paniques

© Jean-Louis Fernand

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‘‘non le travail subi, mais celui qui remplit notre vie, nous obsède ou nous porte, nous dévaste ou nous sublime’’ Scali Delpeyrat

Page 7: Diversions alsace mars 2015

Diversions Alsace - Journal culturel Haut-Rhin 7

Le Noumatrouff Triggerfinger et Last TrainAttention, soirée rock... Deux formations, l’une blindée d’expérience et qui nous vient de Belgique, Triggerfinger, et l’autre tout jeune groupe d’origine franc-comtoise, Last Train, coup de cœur Diversions 2015, ou pas loin !

Les trois Belges, qui sont encore peu connus dans nos contrées malgré une carrière déjà bien fournie, sortaient en avril dernier leur cinquième disque. Triggerfinger demeure avant tout un groupe de rock à facettes multiples. L’efficace morceau Big Hole transpire par tous ses ports les nineties, tout à la fois dans la prod brillante, et ces riffs lourds évoluant toutefois dans un univers incluant des éléments pop. Son refrain, bien mélodique – et bien court ! – contrebalance les couplets à la rythmique implacable. Quant à la chanson titre, By Absence Of The Sun, elle avance sur ses couplets un riff bluesy, un boogie qui s’efface pourtant, sur les refrains, devant des couleurs plus modernes, comme un parfait résumé de cet album peu avare lorsqu’il s’agit de dérouler le rock et ses multiples déclinaisons. On ne s’en rend pas vraiment compte depuis notre bastion français, mais Triggerfinger écument les salles de concert et les studios depuis plus de quinze ans, et ont de l’expérience à revendre, et toujours une belle énergie, qu’il s’agisse de marteler les fûts, gratter une guitare ou pousser la voix.

Pour les lycéens qui passeront leur bac en juin prochain, trigger finger, en anglais, c’est un genre de tendinite qui vous empêche d’utiliser correctement votre main. Voilà un nom qui ne s’applique pas vraiment au

power trio qui délivre ses brûlots avec talent. Il y a la batterie en béton de Mario Goussens – qui officie également dans les rangs d’Hooverphonic et Winterville -, qui fait des merveilles une nouvelle fois avec son jeu très versatile – écoutez le groove de There Isn’t Time… -, et la basse de Paul Van Bruystegem.Aux manettes, pour polir ce son qui peut s’avérer parfois très brut, Greg Gordon qui a notamment travaillé aux côtés de formations aussi diverses que Public Enemy, System Of

A Down ou Slayer… que des fillettes quoi ! Il a aidé le groupe à donner du relief à ces douze morceaux tout à la gloire du dieu Rock, groove de la basse ronflante sur Perfect Match, intentions pop sur Off The Rack, gros rythmes sur le heavy And There She Was, Lying In The Wait, morceau zeppelinien dans les grandes largeurs, où la voix de Ruben prend parfois les intonations d’un chat écorché. Titre électrique, comme le sera également la suite des morceaux, et

notamment ce Splendor In The Grass, l’un des titres les plus pop de l’opus.

À découvrir : Last TrainPour nous la première rencontre avec ce jeune quatuor s’était faite il y a deux ans au festival Swimming Poule de Baume-les-Dames, un horaire peu flatteur vers les 18 heures - jamais facile en festival ! - mais pourtant une présence sur scène et surtout un son qui nous ont fait oublier le public clairsemé... Le quatuor sortait l’été dernier un EP, Cold Fever, avec sa chanson titre contrastée - couplet tendu, refrain davantage pop -, un EP à découvrir avant, on l’espère bientôt, un premier album.

- Sébastien Marais -

Triggerfinger + Last Train, Le Noumatrouff, Mulhouse, 13 mars à 20h30 - www.noumatrouff.fr

Triggerfinger

Bernard Gantner, Belfort vue de la vieille ville, 1967-1968 - Gouache, encre et aquarelle sur papier - Musées de Belfort - acquis avec le soutien du FRAM (Fonds Régional d’Acquisition pour les Musées dispensée à parité par la DRAC et la Région Franche-Comté)

Création vidéo

témoignages - collectivitésculture - films d’entrepriseassociations - événementiel...

www.25imagesseconde.fr

06 34 12 01 91

© Kevin W

estenberg

© Bartosch Salm

anski

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Diversions Alsace - Journal culturel Haut-Rhin 8

Le metteur en scène italien Romeo Castellucci viendra pour la première fois à la Filature en mars, afin d’y présenter sa dernière création, une plongée dans la Bible et le début de l’Exode, périple théâtral autour de la vie de Moïse, qui s’accompagne d’une étonnante recherche plastique et sonore.

Le metteur en scène s’attache ici à l’homme plutôt qu’au prophète, et lorsqu’il retrace le parcours de cet élu de Dieu, Romeo Castellucci parle aussi de notre propre histoire. Dans Go down, Moses, on retrouve, en plusieurs tableaux, quelques temps forts de la vie de Moïse : l’abandon de ce dernier, bébé, sur le Nil, le fameux buisson ardent, les tables de la Loi... mais le metteur en scène ne propose pas ici une œuvre narrative à proprement parler. Comme souvent, Romeo Castellucci mêle dans un même spectacle les couches temporelles, et si les références bibliques sont véritablement abondantes, Go down, Moses demeure une œuvre très actuelle, qui questionne notamment l’interdiction de la représentation de Dieu. Citons ici deux moments clés du périple de Moïse : le veau d’or, construit par les Hébreux en imitant le taureau Apis adoré en Égypte, qui provoqua la colère de Moïse, et le buisson ardent, lorsque Moïse eut la révélation de Dieu. Moïse n’est pas représenté physiquement dans la pièce, au profit de symboles. Et les symboles, les références, ils abondent dans ce spectacle : collision des couches temporelles, allusions pêle-mêle à l’Exode biblique, à 2001, l’Odyssée de l’espace de Kubrick, à la tragégie grecque... Les références culturelles et religieuses, savantes et populaires se croisent, quitte à brouiller les esprits, allusion également à la

surabondance d’images présentes aujourd’hui sur les média et internet en particulier, qui finissent par devenir vides de sens.

Romeo Castellucci, qui a monté par ailleurs Le Sacre du Printemps, s’interroge également sur l’idolâtrie, et c’est justement au moyen d’une mise en scène grandiose, aux installations impressionnantes et aux effets sonores là encore saisissants, que le metteur en scène évoque cette problématique. Pour marquer les esprits, il mise notamment sur un impact visuel fort : corps nus et visages masqués, effusions de sang, l’effet est d’autant plus marqué qu’il s’agit de la

religion qui est ici abordée. Ce n’est pas la première fois que le metteur en scène se frotte au fait religieux. Sa pièce Sur le concept du visage du fils de Dieu donnée à Avignon en 2011, avait déjà fait scandale à l’époque.

C’est aussi l’exil qui est évoqué ici, une manière aussi de dire que l’expérience de Moïse, par certains aspects, va bien au-delà des saintes écritures, qu’elle peut s’appliquer à tout un chacun comme semble en faire écho le titre, Go down, Moses, tiré d’un spiritual, champ sacré afro-américain. L’exil de Moïse et du peuple juif peut aussi sonner comme un appel à la libération des

esclaves d’Amérique, et comme un appel à la liberté de manière générale. N’oublions pas que Moïse guidera son peuple vers la liberté en l’affranchissant du joug des Égyptiens. Au-delà, c’est notre propre liberté que questionne Romeo Castellucci : « nous, hommes apparemment libres d’Europe, sommes esclaves. Il faut comprendre de quoi », fait-il remarquer.

- Paul Sobrin -

Go down, Moses, La Filature, Mulhouse, 21 mars à 19h et 22 mars à 17h - À voir également au Maillon de Strasbourg du 26 au 28 mars - www.lafilature.org

L’Orchestre Symphonique de Mulhouse emprunte à Rimbaud ses vers issus de la fameuse Saison en enfer, une invitation au voyage qui célèbre notamment le retour du printemps à travers le Sacre bien connu de Stravinsky, et nous propose également le troisième concerto de Prokofiev, inspiré au jeune compositeur à la faveur d’un voyage en Bretagne. Benjamin Britten sera également au programme.

On fêtait l’an dernier le centenaire de la création de cette œuvre magistrale que constitue Le Sacre du Printemps. Magistrale à plus d’un titre et en premier lieu, de par la ferveur qu’a suscitée cette musique à sa création. Stravinsky imaginait ici un grand rite païen durant lequel de vieux sages assistent à la danse jusqu’à la mort d’une jeune fille, rite devant permettre le retour du printemps. Créée par les Ballets russes de Diaghilev à Paris, l’œuvre sera chorégraphiée par Vaslav Nijinski, partition dansée qui ne laissa personne indifférent elle non plus, ni même Stravinsky, lui aussi décontenancé par l’audace du chorégraphe ! Nijinski s’éloignait en effet de la gestuelle classique, en faveur d’une chorégraphie tumultueuse et inédite, premier pas vers la danse contemporaine. La partition se montre donc elle aussi novatrice pour l’époque, et pour le moins aventureuse. Dans sa partition, Stravinsky va à l’encontre des grandes règles symphoniques, jouant constamment des contrastes sonores et rythmiques. Une partition qui glorifie la terre et les forces de la nature, s’inspirant de la mythologie slave comme elle tire également son origine d’anciennes mélodies

des pays de l’Est. Son caractère frénétique tient également au fait que le compositeur illustre ici des danses païennes, faites pour provoquer un état de transe chez l’auditeur. Le Sacre du Printemps est également une œuvre de la démesure, écrite pour un orchestre symphonique particulièrement conséquent. La section des percussions se montre notamment exceptionnellement étendue et impressionnante.

Place ensuite à la musique vocale avec Les Illuminations de Benjamin Britten, qu’il crée

à Londres en 1939. À l’instar du programme de cette fin mars, la pièce s’inspire de l’œuvre de Rimbaud, et du recueil du même nom. Malgré une instrumentation réduite, Britten accomplit des prouesses ici. Ainsi le premier mouvement, Fanfare, bien que dénué de cuivres, évoque en effet une fanfare tonitruante, tandis que dans Antique, les pizzicatis des altos et des violoncelles rappellent des sonorités de guitares. Avec une seule voix et un orchestre à cordes, Britten parvient à faire honneur de belle manière au texte de Rimbaud qu’il met ici

en musique. Ses Illuminations demeurent une exploration féconde des sonorités de l’orchestre à cordes.

Sous la direction de Patrick Davin, l’OSM proposera également lors de ce programme le Concerto numéro 3 de Prokofiev, composé de 1917 à 1923, et qui reste, à l’instar des premières années du XXème siècle, une œuvre foisonnante composée principalement en France par un virtuose du piano. Le troisième est l’un des concertos les plus célèbres de Prokofiev, qui débute sur une note mélancolique portée par la clarinette, s’inspirant à un moment d’une danse ancienne, la gavotte, un passage plein de contrastes, à l’image de cette œuvre que le compositeur a su faire mûrir. C’est en effet au début des années 1910 que Prokofiev met de côté certains passages de ses deux premiers concertos, des passages qu’il compose mais n’inclut pas dans ces deux premières œuvres. Contraint à l’immobilité suite à une chute de bicyclette, c’est à Saint-Brévin-les-Pins, en Bretagne, que Prokofiev entame en 1921 l’écriture du troisième concerto, qu’il créera la même année à Chicago sous la direction de Frederick Stock, assurant lui même la partie soliste.

- Bertrand Demornieux -

Orchestre Symphonique de Mulhouse, Symphonique 6 - « J’écartai du ciel l’azur,et je vécus, étincelles d’or de la lumière nature », La Filature, Mulhouse, 27 et 28 mars à 20h - www.mulhouse.fr/fr/orchestre-symphonique-mulhouse

La Filature Go down, Moses

Orchestre Symphonique de Mulhouse Symphonique 6

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Le ténor Sébastien Droy

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Colmar Colmar fête le PrintempsLe printemps sera une nouvelle fois en fête à Colmar, à l’occasion des célébrations et des vacances de Pâques en avril prochain. La cinquième édition de Colmar fête le Printemps se tiendra ainsi du 3 au 19 avril. Concerts, expositions-ventes et animations diverses sont au programme.

Le centre historique prend des allures de fête et les arbres se voient même pousser des œufs ! Deux marchés de printemps, en plein cœur de la cité, célèbrent les fêtes de Pâques et l’arrivée des beaux jours. Place des Dominicains et Place de l’Ancienne Douane, le décor est planté : bucolique et coloré ! Il n’en faut pas plus pour que la ferme s’invite au centre ville. Canards, oiseaux exotiques, poules et poussins, lapins, moutons et chèvres découvrent les tentations de la vie citadine tandis que les enfants se mettent au vert avec les parents …

À la rencontre des exposantsTous les jours, de 10h à 19h, plus de 60 exposants proposent, dans des maisonnettes en bois décorées par les enfants des écoles colmariennes, des produits originaux et authentiques en lien avec les traditions pascales et le savoir-faire local. Des pauses gourmandes aux cadeaux coups de cœur, l’imagination prend le pouvoir sous l’œil attentif des traditionnels Lamalas, petits agneaux en génoise. Le parcours entre les deux marchés est une invitation à la découverte des richesses architecturales de la ville qui feront tomber sous le charme les visiteurs.

Les animationsDe nombreuses animations ludiques et

musicales jalonnent les rues : sentier pieds nus, volerie des aigles, balades en barque, en petit train ou en calèche, chasse aux œufs, visites guidées, caves de Printemps et concerts gratuits en plein air… Colmar fête le Printemps, c’est aussi l’occasion de découvrir ou redécouvrir la ville. Les plus jeunes pourront également prendre part à des ateliers, comme par exemple un atelier bricolage au Musée du Jouet les samedi 5, et mercredis 9 et 16 avril. Pour admirer Colmar la nuit et ses célèbres jeux de lumières, des visites nocturnes sont également organisées. Une fois les portes des marchés et des expositions fermées, c’est ainsi une autre Colmar qui s’offre à nos regards les 4, 11 et 18 avril à 20h45.

Festival Musique et CultureLe Festival Musique et Culture illustre sur une grande échelle le sacre musical du Printemps avec 7 concerts de jazz swing et 7 concerts « sérénade » de musique classique, qui seront donnés en soirée dans des lieux emblématiques de la Ville : l’Église Saint Matthieu et la Salle des Catherinettes. Des ensembles et des musiciens sensationnels vont se succéder avec fougue en faisant la part belle aux mélanges et aux résonances transversales. Diversions vous présentera plus en détail ce temps fort musical à Colmar dans son édition d’avril.

Expositions-ventes3 expositions-ventes vous attendent au Koifhus pour une escale au fil de Déclinaisons Textiles (des accessoires aux objets décalés), d’Éclats de terre (céramique, verre et poterie) et de Coquilles d’art (l’œuf se prête à toutes les folies créatives !). Des créateurs choisis pour la qualité et l’originalité de leurs créations ont hâte de partager leur amour du métier, le temps d’une rencontre autour d’une technique particulière ou de l’historique de leur art.

Colmar fête le printemps, du 3 au 19 avril à Colmar - www.printemps-colmar.com

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En mars et avril, l’Opéra national du Rhin proposera sa nouvelle production, la création d’une nouvelle version du drame musical nous contant l’histoire tragique de Tristan et Iseut, tirée d’une légende traditionnelle celtique. Mise en musique par Wagner, cette passion, vécue la nuit, borde tour à tour l’amour - glorifié et inaccessible - et la mort. L’opéra nous transporte entre Irlande et en Cornouailles, où une passion dévorante consume les deux amants. Le Britannique Antony McDonald signe la mise en scène de cette nouvelle production à l’Opéra national du Rhin.

Tristan, neveu du roi Marc, est chargé de ramener d’Irlande Isolde, promise au monarque. À l’origine, Isolde avait planifié de tuer Tristan, pour venger la mort du chevalier Morold à qui elle était fiancée. Mais elle se trompe de fiole et au lieu de lui faire boire un philtre de mort sur le bateau qui la ramène à Cornouailles, elle lui tend le philtre d’amour – destiné à l’origine au roi Marc -. Tristan et Isolde tombent alors éperdument amoureux, mais les noces d’Isolde et du roi Marc doivent être cependant célébrées. La nuit du mariage, Isolde se fait remplacer dans le lit nuptial par sa servante Brangaine. En dépit du bannissement de Tristan par le roi, les deux amants continuent de se voir, et même le spectre de la mort certaine ne peut apaiser la passion destructrice qui les anime.

Le drame de Tristan s’inspire des idées du philosophe Schopenhauer, notamment sur le désir d’amour et de mort, et sur une conception de la vie selon laquelle l’homme

est esclave de ses désirs, des désirs auxquels seule la mort peut mettre fin. N’oublions pas que lorsqu’il compose le premier acte de son opéra, Wagner vit une passion amoureuse avec Mathilde Wesendonck, l’épouse de son ami qui l’héberge à Zurich. De nombreux critiques ont reconnu dans le roi Mark, Otto Wesendonck, l’époux de Mathilde. Dans cette œuvre, qu’il achève en 1859 à Lucerne, Wagner, s’inspirant d’une légende médiévale, célèbre l’amour absolu et entier, l’amour passionnel auquel seule la mort peut mettre un coup d’arrêt.

C’est la nuit – le temps romantique par excellence -, dans la pénombre, que les deux amants peuvent véritablement vivre leur passion, loin des yeux du monde. Dans cette œuvre, la nuit tient donc une place centrale, elle est le lieu des passions, de l’inconscient et du libre arbitre, face aux pouvoirs et à la pression sociale, un amour que l’on peut aussi qualifier d’hors du temps, puisqu’il est éternel pour Tristan et Iseult, ensorcelés par un philtre magique. « Quelle houle enlève nos cœurs exaltés ? Quelle volupté tous nos sens enfièvre ? », demandent les deux

amants, sous l’emprise du philtre magique. « Foisonnantes fleurs de l’amour qui rêve, bienheureuse ardeur de la soif d’aimer ! ». Le lyrisme de l’œuvre, sa sensualité expriment l’intensité du désir des deux amants.

Dans Tristan und Isolde, Wagner innove en opérant un travail méticuleux sur les accords, dont il travaille les couleurs. Dans son opéra, les accords opèrent d’abord au niveau de la couleur, davantage que dans un but harmonique ou structurel. Avec Tristan und Isolde, Wagner se montre visionnaire également dans la mesure où il annonce d’une certaine manière la musique du XXe siècle, et l’atonalité en particulier, à travers notamment l’étrange dissonance – pour l’époque – que l’on entend au tout début de l’œuvre, un accord qui fera date, encore appelé de nos jours « l’accord de Tristan », un accord qui ouvrirait à Schoenberg le chemin de l’atonalité un demi-siècle plus tard.

- Marc Vincent -

Tristan und Isolde, Opéra de Strasbourg, 18 mars à 18h30, 21 mars à 18h30, 24 mars à 18h30, 30 mars à 18h30, 2 avril à 18h30, Mulhouse, La Filature, 17 avril à 18h30, 19 avril à 15hwww.operanationaldurhin.eu

Opéra national du Rhin Tristan und Isolde

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Ian Storey interprètera Tristan, et Melanie Diener, Isolde

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Illkirch-Graffenstaden Le Printemps des BretellesComme le printemps, le festival dédié à l’accordéon revient chaque mars à Illkirch-Graffenstaden. Le Printemps des Bretelles fait certes une belle place au piano à bretelles, mais en montrant combien l’instrument s’intègre à des musiques particulièrement diverses. Cette année encore, à l’image de la soirée du samedi 28 mars, où les traditions klezmer, tzigane et yiddish se croiseront, cette nouvelle édition s’annonce comme une mosaïque musicale.

Car comme on peut le lire sur l’affiche du festival, ce sont bien les accordéons du monde, dans toute leur diversité, qui sont invités à Illkirch-Graffenstaden. L’Illiade vous convie à plus de 130 concerts dans sa salle, mais aussi au Magic Mirrors, dans les bars, restaurants, d’autant que la plupart des concerts sont en entrée libre. Petite info pratique, l’Illiade proposera notamment un « Pass intégral », afin de suivre tout le festival pour 50 € seulement (hors alcôves).. Le Printemps des Bretelles débutera de

manière on ne peut plus conviviale le 20 mars à 19h30 à l’occasion d’un grand bal en entrée libre. Les Balkans seront à l’honneur avec le Slonovski Bal à l’Illiade. Le Magic Mirrors accueillera le Bal des Martine, pour une ambiance de guinguette. Le sextet de Lionel Grob sera quant à lui Côté Cours pour un moment sous le signe de la chanson française.

L’accordéon est aussi un instrument du jazz, comme le démontrera Daniel Mille le 21 mars, en revisitant pour l’occasion l’œuvre du grand Astor Piazzolla en compagnie d’un quatuor de violoncelles.L’accordéon, ce sont aussi les sonorités de l’Irlande traditionnelle avec cette année

Shantalla qui apporteront toute la magie folk de l’Irlande, parfois mélancolique comme un ciel bas, mais le plus souvent festive ! L’accordéon, ça sait aussi chanter l’amour, comme nous le prouvera Florence Absolu lors d’un spectacle rendant hommage à la Môme Piaf. La troupe réunie autour de Florence chantera, mais aussi dansera l’amour, dans ce périple artistique qui retrace quelques temps forts de l’existence de la grande chanteuse, et en particulier ses histoires d’amour tumultueuses.

Le Printemps des Bretelles, en 2015, ce sera aussi une « Soul Celebration », orchestrée par l’accordéoniste bien connu des Alsaciens, Marcel Loeffler qui propose cette fois un éclairage sur la Soul Music. Quoi de plus normal alors, que d’inviter Lisa Doby,

chanteuse qui a fait de l’Alsace sa terre d’adoption, originaire de Caroline du Sud ?

Citons encore, le vendredi à l’Illiade, une soirée avec au programme deux formations dont Courir les Rues, et leur chanson festive et sautillante qui intègre, depuis quelques mois, une section de cuivre conférant un esprit véritablement fanfare aux prestations du groupe. Les Frenchies partageront la scène avec nos cousins du Québec, La Bottine Souriante qui sévit sur les plateaux du monde depuis bientôt quarante ans. Eux aussi ont intégré une section de cuivres en 1991, élargissant encore un répertoire qui s’en va aujourd’hui puiser aux quatre coins de la musique mondiale.

Voyage dans le Marseille des années 30 à 50 - L’incroyable destin de René Sarvil par la troupe des Carboni, entre lyrique et clown -, ou encore musique et théâtre avec la venue de la compagnie Mémoires Vives qui explorera le repli identitaire, ce Printemps des Bretelles qui atteint cette saison sa majorité - 18 printemps déjà - vous réserve encore bien des surprises !

- Manu Gilles -

Le Printemps des Bretelles, Illiade et autres lieux, Illkirch-Graffenstaden, du 20 au 29 mars - Programme complet : www.printempsdesbretelles.fr

En mars, le public du TJP retrouvera Alice Laloy, qui a été artiste associée au CDN de Strasbourg durant plusieurs années. Elle viendra présenter sa nouvelle création, Sous ma peau - Sfu.Ma.To. Une autre création, dont la première aura lieu à Strasbourg, est Lombric, duo atypique entre une chorégraphe et une imposante sculpture mobile.

Sous ma peau - Sfu.Ma.ToAlice Laloy s’est inspirée de cette technique popularisée - voire inventée - par Leonard De Vinci, le « sfumato », un effet enfumé qui trouble le paysage. « Le « sfumato », quand on le regarde de près, nous donne une impression de flou », explique Alice Laloy. « Pourtant, quand on se place à une juste distance, non seulement le paysage apparaît net mais en plus il nous donne une sensation de profondeur ». Dans la dernière création de la Compagnie S’appelle Reviens aussi, il est question de profondeurs, de différentes strates se superposant, des strates pouvant être matières, son, musique, langage... orchestrés afin de parvenir à un langage unique, qui sera le spectacle. Alice Laloy s’interroge sur le regard, sur ce qu’est le « VOIR », comme elle le dit encore. Après l’atelier d’artistes dans D’états de femmes, la piste de cirque de 86 cm, ici la metteur en scène a choisi un espace muséographique, un musée imaginaire qui accueillera un cadre, un tableau, et un gardien de musée.Le spectacle évoque aussi l’importance du point de vue, de la distance que l’on adopte face à un objet, un fait. « Une des particularités de l’effet sfumato réside dans le fait qu’il faut se placer à la juste distance

de celui-ci pour le voir apparaître dans sa netteté », précise la metteur en scène qui est aussi plasticienne, et qui va donc jouer avec le regard du spectateur. Alice va jouer avec les flous, les transparences et les profondeurs, mais pour justement chercher à comprendre de quoi est fait notre regard. « Qu’est-ce que voir ? », s’interroge-t-elle. « Comment prendre conscience de l’action même de voir ? Quelles en sont les conséquences ? ». Dans Sous ma peau - Sfu.Ma.To, il sera donc aussi question de point de vue, et du fait qu’une image peut en cacher une autre.

Doubles-sens, significations cachées... Alice Laloy va composer avec les sens des spectateurs. Les personnages sur scène ne marchent pas, mais glissent ou roulent, tandis que des miroirs redessinent constamment l’espace. La matière sonore est apportée par le compositeur Eric Recordier, qui agence notamment des bandes de musique pour piano « qu’il recoupe, découpe, et transforme de manière à s’approprier l’ensemble » précise Alice Laloy. Dans le spectacle, on entendra aussi une radio, des entretiens enregistrés, et là encore modifiés, des voix d’historiens de l’art, de penseurs divers, une matière sonore là encore recomposée et transformée.

LombricAutre défi pour nos yeux, la création-performance de Marie-Pan Nappey autour

d’une sculpture de Joseph Kieffer. Ce dernier a conçu une sculpture mobile en aggloméré de bois. Avec trois mètres de long et une soixantaine de kilos, la sculpture impose sa présence au plateau, réalisée en 2012 à Strasbourg. C’est une réelle interaction avec ce lombric, suspendu par des fils, qu’a souhaité instituer la danseuse, entre affrontement et intimité. Placés autour de la scène comme dans une arène, les spectateurs assistent à ce duel de contrastes, cette histoire d’attraction-répulsion .

- Bertrand Demornieux -

À voir au TJP Strasbourg : Sous ma peau - Sfu.Ma.To, du 11 au 15 mars, Lombric, du 19 au 22 mars - www.tjp-strasbourg.com

TJP Sous ma peau - Sfu.Ma.To et Lombric ©

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Sous ma peau - Sfu.Ma.To

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Le Slonovski Bal en ouverture

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12 À suivre... les voyages de Max

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Chroniques CD 13

ROCK

Monsieur PinkRoad Is Home(Troll’s Production)

Non, Monsieur Pink n’est pas un split inattendu entre les Francs-Comtois de Monsieur Z et la chanteuse à la voix éraillée Pink. Le titre du premier album de Monsieur Pink sonnerait plutôt comme un credo. Road is Home. La route est notre maison. Entendez par là les tournées, les concerts, les ambiances électriques des salles de spectacle où s’est forgé le son des Jurassiens. Monsieur Pink est composé principalement de transfuges du fameux Washing Machine Cie, formation blues and roll émanée du dynamique label Troll’s Production. On retrouve d’ailleurs quelques notes blues sur ce premier album, comme sur la chanson titre qui ouvre les festivités ainsi que sur le tanguant Hello. Leur voix, les musiciens de Monsieur Pink sont allés la chercher en Irlande, Kevin chantant les textes anglophones du groupe. Quant à la musique, elle est donc rock indéniablement, un rock tel qu’on pouvait en tricoter dans les années 90, un rock versatile, tantôt frappé du sceau de la pop - Breeze, Get Together, Spark (In The Dark)-, tantôt plus graisseux -

le final grandiose d’I Am A Stone -. Mais la hargne n’interdit pas la finesse parfois. Ainsi l’on trouve sur le pourtant musclé Back On The Ground des moments plus planants, tandis que Golden Child, premier single, investit une veine davantage acoustique, parcouru d’une slide claire et entêtante. Mais Monsieur Pink sait aussi de temps à autres se la jouer plus pépère comme sur Doors Keep Closing avec sa basse d’intro très groovy - niveau groove, No Reason n’est pas mal non plus -. You Won’t Forget ménage des contrastes forts entre un couplet presque évanescent, et deux couplets plus étriqués, en roue libre, pour pogoter dans les concerts. Avec ce grand milk shake musical, Monsieur Pink oxygène le rock et c’est tant mieux ! - Dominique Demangeot -

HIP-HOP

YenichRétro Cassé(Mary J Music)C’est sur le tout nouveau label Mary J Music, que paraît le dernier album de Yenich, alias Thomas. Dosage habile de hip-hop, de musiques métissées et de textes positifs, cette mosaïque musicale a été composée

à Besançon avec le complice San Cesco. Sur Rétro Cassé il y a un accordéon, des airs latino-américains pour prendre le pouls du Cœur des anges, évoquer la culture gitane qui est celle de Yenich, cette culture parfois « mal aimée » et beaucoup d’autres, celle des enfants et des petits enfants d’immigrés, les fantômes de la guerre si bien dépeints sur le lyrique Bad Feeling avec ses chœurs. Et même si les couleurs musicales nous amènent souvent vers des ambiances mélancoliques, l’artiste reste optimiste. Car Yenich sait surtout prendre du recul, s’éloigner, comme il le dit sur Toucher les étoiles. Yenich serait-il un vieux sage ? Il semble en tous cas vouloir se protéger - et son auditeur avec - du bruit ambiant qui brouille et corrompt. Et quand Thomas nous conseille de Couper la FM, il accompagne sa demande d’une instru toute en coolitude, hip-hop détendu et suintant le groove. Pour Yenich la vie est une « demoiselle » qui ne se laisse pas aisément séduire - Seul maître à bord, savant mélange d’électro et de piano -. Il a invité l’ami Caporal Poopa, notamment sur le chaleureux et cuivré Fight To Survive, où les artistes retrouvent l’environnement reggae world qu’ils connaissent bien. Le hip-hop de Yenich se fait abrasif sur La frek, plus urbain et lyrique sur Apparences - où s’invite une douce voix d’enfant... album de contrastes, disions-nous ! -. « On fume on plane on rêve », nous propose Yenich. Et si l’artiste semble vouloir tutoyer les cieux, c’est pourtant bien un timbre venu des profondeurs de la terre qui porte les morceaux de Rétro Cassé, opus forgé avec le cœur. - Dominique Demangeot -

RYTHM’N’BLUES/FOLK

She & HimClassics(Columbia)

Le duo vintage composé de Zooey Deschanel et Matthew Ward se fait plaisir en publiant des albums de reprises. Le successeur de Volume 3 se veut un hommage à des standards de la musique américaine, des reprises de crooners, de rythm’n’blues et de folk enregistrées live, le tout habillé avec les arrangements d’un orchestre de vingt musiciens. La liste non exhaustive des artistes repris est longue et dorée. Mais à l’exception de Unchained Melody et de We’ll Meet Again déjà revisitée chez Johnny Cash, le public français non érudit ne sera pas familier avec les morceaux. Néanmoins, on est toujours charmé par la voix si suave et pleine de fraicheur de la New Girl, qui accompagne à merveille ces moments jazzy ou délicieusement sixties. Et quand M. Ward se joint à elle, on plonge tout droit dans une cave enfumée du New-York d’un film de gangsters. - Florian Antunes Pires -

POST ROCK

PauwellsElina(October Tone)

« Une hydre à mille temps ». Voici ce qu’on peut lire sur le groupe mulhousien. Mais si on voulait rester dans la mythologie, on parlerait volontiers de Minotaure tant elle est la créature qu’on s’attend à rencontrer à la sortie du labyrinthe sonore que tisse cette formation atypique construite autour de deux batteries. Et comme dans un labyrinthe, en se lançant dans l’écoute d’Elina, on se rend vite compte de l’inutilité de revenir sur nos pas. L’issue se trouve au bout de cet EP qui nécessite une immersion totale afin de bien saisir toutes ses atmosphères et ses ambiances. On ressent une approche très cinématographique, entre fantastique et ésotérisme pour citer une amie, proche d’un John Carpenter dans la création de ce court recueil purement instrumental. La Une nous accueille dans une vague au traitement brut à la Helmet, avant de plonger dans des compositions alambiquées où la mauvaise conscience de Sonic Youth prend le dessus pour offrir un noise sombre (Wig). En concentrant toute son énergie dans une approche totalement instrumentale, Pauwels ne se fixe pas de

limite et ouvre des portes vers un univers sombre en panoramique. - Florian Antunes Pires -

ROCK

Sleater-KinneyNo Cities To Love(Sub Pop/PIAS)

Fer de lance du « Riot Grrrl », mouvement autant musical que politique qui émergea au début des années 90, le trio démontre plus que jamais que le rock est aussi une affaire de femme. Les dix pistes de No Cities To Love ne font pas de fioritures. Carrie Brownstein, Corin Tucker et Janet Weiss envoient le bois pendant à peine plus d’une demi-heure qui ne renferme aucun temps mort. Lo-fi (No Anthems), grunge (Surface Envy), garage (Bury Our Friends), noise (Price Tag, Fade), parfois avec une pointe popeuse (Hey Darling). Rien n’arrête Sleater-Kinney et renvoie Brody Dalle à ses gammes et Courtney Love à ses injections de botox. S’appuyant sur le single titre avec son refrain entêtant et son break aérien fleurant bon les nineties, Sleater-Kinney reprend avec No Cities To Love les choses où elles les avaient laissées. Et à notre avis, elles en ont encore à dire. - Florian Antunes Pires -

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Littératures 14

Audrey Tuaillon Demésy est maître de conférences en sociologie à l’Université de Franche-Comté et conseillère technique de la Fédération Française des Arts Martiaux Historiques Européens (FFAMHE). Elle obtenait, en 2012, le prix Jeune docteur décerné par la Région Franche-Comté et l’UFC. Cette thèse est désormais publiée dans une version remaniée aux Presses Universitaires de Franche-Comté : La re-création du passé : enjeux identitaires et mémoriels (PUFC, 2013).

Votre recherche s’appuie sur une enquête de terrain qui combine observation participante, questionnaires et entretiens.L’approche est socio-ethnographique. Des observations participantes ont constitué le cœur de la recherche (il s’agit de prendre part au quotidien des participants). Travailler sur les pratiques de reconstitution nécessitait de faire partie du groupe et d’être accepté par lui. Deux séries de questionnaires ont été distribuées (l’un pour les reconstituteurs, l’autre pour les pratiquants d’AMHE) et une cinquantaine d’entretiens (avec des présidents d’associations, des adhérents, des organisateurs d’événements, des artisans, etc.) est venue compléter l’approche.

Pourriez-vous expliquer en quoi consiste l’histoire vivante médiévale ?Avant de la définir par son époque, il faut déjà préciser ce qu’est l’histoire vivante. Ce concept est encore peu connu en France. Il provient des pratiques de Living history (en Grande-Bretagne, mais aussi en Allemagne, Pologne, etc.), qui visent à remettre en vie un événement ou des manières de faire d’un temps passé. Plus précisément, pour ma recherche, et parce qu’il existe des spécificités de cette pratique en France, j’ai fait le choix de distinguer deux activités. D’un

côté, la reconstitution historique, qui vise à représenter une personne, conforme à une période historique spécifique et, de l’autre, les Arts martiaux historiques européens (dont l’objectif est la reproduction d’un geste technique, martial). Ces deux activités sont pratiquées, très souvent, par les mêmes personnes ; elles sont donc les deux faces d’une même pièce qu’est l’histoire vivante. Enfin, celle-ci se décline selon les époques et peut être « antique », « médiévale », mais aussi prendre pour cadre la Révolution française ou encore, la Seconde Guerre mondiale.

Vous distinguez les « festivals d’histoire vivante » des « fêtes médiévales » ?Oui, il s’agit de deux approches complètement différentes. Les festivals ont pour objectif la connaissance de l’histoire par le biais d’une approche pédagogique : le but est de rendre le passé « vivant ». Les fêtes médiévales mettent l’accent sur l’imaginaire médiéval et non sur la réalité de l’époque. La véracité historique n’est, bien souvent, pas leur préoccupation principale.

Quels sont les enjeux mémoriels de cette activité de loisir ?Les pratiquants mettent en avant un désir de transmission de l’histoire, et notamment

d’une meilleure connaissance de la vie quotidienne des époques reconstituées. Il ne faut pas voir, dans cette dimension, une quelconque nostalgie d’un temps révolu, mais bien une valeur de l’histoire vivante, visant à « ne pas oublier » les événements mais aussi les savoir-faire.

Ce qui vous intéresse aussi dans ces reconstitutions, c’est tout ce qui tourne autour du geste et du corps ?C’est effectivement une thématique centrale, puisqu’elle interroge à la fois les manières d’être et de faire dans les reconstitutions (martiales ou artisanales). Les réflexions portées sur la corporéité en histoire vivante permettent aussi de saisir les limites de cette démarche : l’écart entre le corps « passé » et le corps contemporain, mais aussi la question de la mémoire corporelle, par exemple. Enfin, d’autres domaines sont aussi sources de réflexions, telles les reconstitutions de croyances, les enjeux touristiques de l’histoire vivante, etc.

- Propos recueillis par Martial Cavatz -

Audrey Tuaillon Demésy, La re-création du passé : enjeux identitaires et mémoriels, PUFC, 2013

BANDE DESSINÉEAnne-Caroline Pandolf et Terkel RisbjergLe Roi des scarabéesSarbacane

Nous suivons le parcours d’Aksel dans le Danemark du XIXe siècle. Il naît d’un riche exploitant agricole et de la douce Klara, oiseau fragile et rêveur dans une campagne très croyante, au climat rude et aux mœurs sévères. Aksel grandit dans le monde imaginaire qu’il s’est construit avec son ami Sophus, dans lequel se côtoient la reine des neiges et une foule de créatures merveilleuses. Il a promis à sa mère qu’il deviendrait poète pour la sauver de l’ennui et de la monotonie de cette vie bourgeoise et paysanne. Deux rencontres vont bouleverser son existence. D’abord, l’arrivée de Frederik, enfant mais déjà plein de fougue. C’est un artiste, comme notre héros, mais plus spontané et plus tourmenté. Quelque temps après le départ de Frederik, la cousine d’Aksel, Laurine, vient s’installer dans le domaine familiale pour se reposer. Première expérience de l’amour. Jeune adulte, Aksel rejoindra Frederik à Copenhague pour enfin écrire et entamer sa vie d’artiste. Son parcours semble semé d’embûches, de projets avortés, de relations laissant un goût amer d’inachevé. Il vit à travers les autres. Comme s’il ne pouvait se rencontrer lui-même que par le biais de tous ces personnages. Le roi des scarabées nous propose une très belle définition de ce que c’est qu’être un artiste, ou comment la littérature et les mythes participent à l’élaboration d’une œuvre. L’esthétique de la BD accentue et met superbement en valeur cette vision si juste de la poésie. - Laura Prenat -

BANDE DESSINÉEFabienne Roulié et Simon MoreauZACChocolat ! Jeunesse

Zac rencontre un jour un écureuil, un bel écureuil bien plus grand que lui ! Ce n’est pas le seul évènement hors du commun qui va survenir dans la vie du petit garçon, qui n’en attendait pas tant... On retrouve avec Zac l’univers sens dessus dessous de l’auteure Fabienne Roulié, qui s’amuse de la raison et de la réalité. Elle va d’ailleurs emmener son jeune héros Zac sur des chemins une fois encore merveilleux. Cet auteur phare des éditions Chocolat ! Jeunesse travaille ici avec Simon Moreau, dont on a déjà pu apprécier là encore le trait dans certains albums de la maison d’édition haute-saônoise. Comme toujours les ouvrages sont aussi de beaux objets, et les dessinateurs disposent de tout le champ nécessaire pour exprimer leur talent. Simon Moreau varie les cadrages pour évoquer le périple du jeune écureuil. La bande dessinée Zac prône l’ouverture d’esprit à travers le voyage, les rencontres, et donnera sûrement l’envie à beaucoup de jeunes lecteurs de prendre la route - accompagnés de leurs parents bien sûr ! -. - Manu Gilles -

MUSIQUELaurent CharliotL’année du rock français et autres scènes actuellesLe mot et le reste - Iena Éditions

Laurent Charliot a réuni autour de lui de nombreux rédacteurs, journalistes, auteurs mais aussi musiciens qui posent leurs plumes sur l’année rock 2014, qui n’est déjà plus qu’un souvenir. Le terme « rock » ici, il faut l’entendre au sens large, car ce dernier, en soixante ans, a eu le temps d’évoluer, d’être traversé pas de multiples influences. Dans un ouvrage très structuré, faisant ainsi véritablement office de guide, Laurent Charliot et ses complices évoquent pour nous les « Ténors » du moment, à l’image du phénomène Fauve, pour les uns horripilants, pour les autres géniaux, dépeints pourtant ici en toute objectivité, ou encore des Lillois de Skip The Use et leur deuxième et inclassable album. On n’oublie pas les artistes intemporels à l’image de Daho qui publiait à la toute fin 2013 ses Chansons de l’innocence retrouvée, son œuvre au noir que nous chroniquions à l’époque dans Diversions. Laurent Charliot a souhaité évoquer également le rock qui nait et se pratique dans nos régions, non pas un rock « régionaliste » incapable de sortir de ses contrées, mais une musique tout à fait à même de se donner à entendre partout en France, voire au-delà comme l’illustre la belle aventure des jeunes Graylois de Carbon Airways. Comme l’écrit Didier Varrod dans la préface, le rock français se porte bien, très bien même, justifiant pleinement un tel ouvrage. L’année du rock est appelée à revenir chaque année comme un bilan - des pistes pour 2015 sont d’ailleurs données en fin d’ouvrage -. - Dominique Demangeot -

Entretien avec Laurent Charliot

Peut-on dire que vous êtes en quelque sorte le coordinateur de l’ouvrage ? Etes-vous allé solliciter les différents rédacteurs ?Oui, tout à fait. J’avais déjà eu une expérience collaborative sur un de mes précédents ouvrages (ROK) et j’avais apprécié la méthode. Pour L’année du rock français, c’était pour moi une évidence que de ne pas l’écrire seul. Même si j’ai une grande passion et une connaissance assez profonde de la scène française, je trouvais ça dangereux que le seul prisme d’une personne décrive tout ce qui se passe sur la scène nationale. Et puis très honnêtement, il y a des familles musicales que je connais beaucoup moins bien que d’autres, que j’apprécie moins aussi parfois… Aussi, j’ai décidé de construire une « dream team », de journalistes et de spécialistes dont j’estimais le travail et surtout venant d’horizons très différents pour assurer cette vision globale.

Peut-on déjà annoncer qu’un tome 2015 paraitra ?Je l’espère très sincèrement bien sûr et c’est le « Vox Populi » qui en décidera. C’est un projet ambitieux, un investissement conséquent et il faudra donc que ce livre trouve sa place chez les lecteurs, que ce premier opus soit un succès permettant d’envisager la suite chaque année…

Didier Varrod est très présent à travers notamment des billets. Pourquoi avoir sollicité son regard en particulier ?En fait, je l’ai sollicité pour la préface au départ, car j’aime beaucoup sa capacité à analyser et commenter le travail des artistes et j’apprécie sa large culture musicale. Il n’est pas directeur de la Musique à France Inter pour rien… Il a eu un gros coup de cœur sur le projet et c’est lui qui m’a demandé si je souhaitais qu’il écrive ce que l’on a appelé les « billets de Varrod » à savoir un texte court sur le regard qu’il porte sur différents artistes du livre, qu’il a choisi lui-même de commenter.

- Propos recueillis par Dominique Demangeot -

Enquête sur l’histoire vivante médiévale et ceux qui font revivre le passé

Page 15: Diversions alsace mars 2015

Cinéma 15

25 février GunmanDe Pierre Morel Action Avec Ray Winstone, Sean PennMarin Terrier, ancien tueur à gages, tente d’échapper à des tueurs qui veulent sa mort mais aussi celle de son ancienne compagne.

AnnieDe Will Gluck Musical Avec Cameron Diaz, Jamie Foxx Une jeune orpheline rencontre le candidat à la mairie qui décide de l’accueillir chez lui.

BirdmanDe Alejandro González Inárritu ComédieAvec Michael KeatonRiggan Thomson décide de monter une pièce à Broadway autour de son propre personnage : un super héros du passé.

Le Dernier loup De Jean-Jacques Annaud DrameAvec Shawn Dou, William Feng Chen Zhen est envoyé en Mongolie Intérieure pour étudier la tribu des bergers nomades et les loups.

KickbackDe Franck Phelizon Comédie Avec Lee Delong, Vincent McDoomUn psychiatre atypique et un travesti noir vivent ensemble et se complètent de par leurs différences.

Hungry HeartsDe Saverio Costanzo Drame Avec Victor Williams, Natalie GoldUn jeune américain et une jeune femme italienne tombent amoureux. La jeune femme accouche d’un petit garçon.

NingenDe Çağla Zencirci FantastiqueAvec Masahiro Yoshino, Megumi AyukawaLe PDG Yoshimo possède une entreprise au bord de la faillite. Il tente de la sauver par tous les moyens.

Projet AlmanacDe Dean Israelite Science-fiction Avec Jonny WestonQuatre adolescents découvrent une machine aux pouvoirs infinis.

Le Petit hommeDe Sudabeh Mortezai DrameAvec Ramasan Minkailov, Aslan ElbievRamasan est un jeune garçon qui vit avec sa mère et ses deux sœurs en Autriche. Un ancien ami de son père décédé arrive dans leur foyer.

À 14 ansDe Hélène Zimmer Drame Avec Athalia Routier, Galatea BellugiSarah, Jade et Louise sont en dernière année au collège. Elles vivent pleinement leur adolescence entre joies, rivalités, révoltes, séduction.

TracersDe Daniel Benmayor Action Avec Taylor Lautner, Marie AvgeropoulosUn coursier renverse par mégarde une jeune fille qui appartient à un gang des rues.

Les Chevaliers du Zodiaque- La Légende du Sanctuaire De Keichi Sato AnimationAthéna, déesse chargée de protéger la Terre, est menacée. Les chevaliers du Zodiaque doivent affronter les douze chevaliers d’Or pour la sauver.

La Duchesse de VarsovieDe Joseph Morder Comédie dramatique Avec Rosette, Andy GilletValentin est un jeune peintre. Il retrouve sa grand-mère Nina qui a vécu la déportation dans les camps de concentration.

4 marsInherent ViceDe Paul Thomas Anderson ThrillerAvec Maya Rudolph, Joaquin PhoenixDoc Sportello, détective privé, est contacté par son ancienne compagne qui pense que son nouvel amant va être interné par son épouse.

ChappieDe Neill Blomkamp Comédie Avec Hugh Jackman, Sigourney Weaver Des gangsters décident de voler un robot pourvu d’une intelligence artificielle.

L’Art de la fugueDe Brice Cauvin Comédie dramatiqueAvec Benjamin Biolay, Laurent Lafitte Patrick a tout pour être heureux mais s’ennuie. Son frère est sur le point de se marier mais il est amoureux d’une autre femme.

Dear White PeopleDe Justin Simien ComédieAvec Kyle Gallner, Marque RichardsonSamantha White est une étudiante métisse. Elle est admise à la prestigieuse école de Winchester.

Retour à la vieDe Guido Freddi Drame Avec Setha Moniroth, Ilaria BorelliMia est une photographe parisienne. Elle décide de se rendre au Cambodge pour rejoindre son mari.

L’Ennemi de la classe De Rok Bicek Drame Avec Robert Prebil, Masa DergancUn professeur allemand arrive pour effectuer un remplacement. Peu de temps après, un élève se suicide.

11 marsThe VoicesDe Marjane Satrapi ComédieAvec Jacki Weaver, Anna KendrickJerry travaille dans une usine de baignoires. Célibataire, il vit avec son chat et son chien. Il confie à sa psychiatre qu’il apprécie beaucoup une jeune femme qui travaille avec lui.

Paranormal Activity 5De Gregory Plotkin Épouvante Avec Demi Lovato, Katie FeatherstonLe cinquième volet de la saga.

Night Run De Jaume Collet-Serra ThrillerAvec Liam Neeson, Joel KinnamanJimmy Conlon est un tueur à gages. Sa prochaine mission est d’assassiner Mike, son fils qu’il n’a pas revu depuis des années.

Un Incroyable talent De David Frankel Comédie musicaleAvec James Corden, Julie WaltersPaul Potts est un vendeur de portables. En 2007, il participe à l’émission et remporte le concours.

Le Dernier coup de marteauDe Alix Delaporte Drame Avec Grégory Gadebois, Farida RahouadjVictor, jeune garçon de 13 ans, doit quitter la maison sur la plage où il habite avec sa mère.

1001 grammes De Bent Hamer DrameAvec Ane Dahl Torp, Peter HudsonMarie, scientifique norvégienne, doit se rendre à un séminaire à Paris sur le poids réel du kilo.

SelmaDe Ava DuVernay Biopic Avec David Oyelowo, Tim Blake Nelson La lutte de Martin Luther King pour garantir le droit de vote à tous les citoyens. Une campagne qui s’est terminée par une longue marche de la ville de Selma jusqu’à Montgomery, en Alabama.

Lazarus EffectDe David Gelb Épouvante Avec Olivia Wilde, Bruno GunnDes chercheurs universitaires travaillent sur la résurrection des morts. Ils réussissent mais leurs actes auront des conséquences.

White ShadowDe Noaz Deshe DrameAvec Hamisi Bazili, James GayoEn 2008 en Tanzanie, les albinos étaient persécutés. Des médecins «sorciers» proposaient des récompenses pour récupérer des parties de leurs corps et réaliser des potions magiques.

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1001 grammes le 11 marsProjet Almanac le 25 février

Chappie le 4 mars

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