diversions alsace fevrier 2016

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www.diversions-magazine.com Culture et tourisme février-mars 2016 #72 Création vidéo témoignages - collectivités culture - films d’entreprise associations - événementiel www.25imagesseconde.fr Alsace #76 mensuel gratuit

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Page 1: Diversions Alsace fevrier 2016

www.diversions-magazine.comCulture et tourisme

février-mars 2016

#72

Création vidéo

témoignages - collectivitésculture - films d’entrepriseassociations - événementiel

www.25imagesseconde.fr

Aire Urbaine

Alsace#76

mensuel gratuit

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Aire Urbaine

Alsace

Diversions - Édition AlsaceJournal d’information gratuit 1, rue de Vittel25000 Besançon03 81 87 40 05 - 06 34 12 01 [email protected] : SARL DiversionsRCS : 508 184 934Directeur de la publication : Boban Stanojevic03 81 87 40 05 / 06 34 12 01 [email protected]

Rédacteur en chef : Dominique [email protected]

Rédaction : Florian Antunes Pires, Martial Cavatz, Frédéric Dassonville Dominique Demangeot, Manu Gilles, Sébastien MaraisJohan Perrin, Paul Sobrin, Marc Vincent, Caroline Vo Minh

Comité de relecture : Dominique Demangeot, Caroline Vo Minh

Régie publicitaire : Boban Stanojevic - 03 81 87 40 05 / 06 34 12 01 [email protected]

Dépôt légal : février 2016© Diversions 2016Imprimé en Espagne ISSN : en cours

valeur : 1,15 euros offertDiversions est diffusé gratuitement sur l’Alsace

Prochaine parution : Jeudi 24 mars 2016

HAUT-RHIN- 4L’Opéra de quat’sous à La Coupole de Saint-LouisConcert pour le temps présent à la Filaturede MulhouseBigflo & Oli au Noumatrouff de MulhouseAnimal et Brass Band Grand Est à l’Espace 110 d’Illzach

Amphitryon à La Comédiede l’Est de Colmar

BAS-RHIN - 8Les Giboulées fêtent leurs quarante ansIdomeneo à l’Opéra national du RhinLe Printemps des Bretellesà Illkirch-Graffenstaden

Je suis Fassbinder au Théâtre National de StrasbourgBrumath-Brocomagus, capitale de la cité des Triboques au Musée archéologique de Strasbourg

AIRE URBAINE BELFORT-MONTBÉLIARD - 1125ème Solstice de la Marionnette

Odezenne au Moloco L’Amour pur à MA scène nationale

CHRONIQUES CD/LIVRES - 14

SORTIES CINÉMA - 15

#76

février-mars 2016

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Saint-Louis L’Opéra de 4 sous à La CoupoleL’Opéra Éclaté, compagnie fidèle de la Coupole, viendra présenter en mars sa nouvelle production, qui s’intéresse cette fois à l’œuvre hors norme de Bertolt Brecht et Kurt Weill, L’Opéra de quat’sous. Entre classique et jazz, l’opéra reste une œuvre phare de la première moitié du XXe siècle en Allemagne.

« L’art explose ses frontieres, que ce soit par l’architecture, par le cinema ou la peinture, dans un milieu industriel florissant », expliquent Eric Perez et Olivier Desbordes, les deux metteurs en scène de cette adaptation. Dans les années 30, l’Allemagne est en pleine crise, et les conséquences historiques, avec l’arrivée du nazisme, vont être terribles. Le cabaret-cirque de Jenny des Lupanars incarne ce monde en mutation, un univers enfiévré où l’on critique la bourgeoisie. Mais également un monde dans lequel le rire n’est pas banni, bien au contraire. Dans L’Opera de quat’sous d’Eric Perez, chanteur et acteur, et Olivier Desbordes, fondateur de la compagnie, il y a des clowns, des saltimbanques, toute une joyeuse troupe d’artistes. « Alors, on rit, on applaudit, on en redemande ! Tout le monde sait pourtant que sous les maquillages, les faux cranes, les perruques des clowns, il y a la tristesse, l’amertume, le derisoire et l’absurde ».

On découvre un décor de fortune, fait de planches, de toiles tendues, éclairé de quelques ampoules, qui fleure bon le spectacle de rue. Avec L’opera de quat’sous, Brech et Weill déconstruisaient

le spectacle lyrique. Avec comme nom de compagnie « L’Opéra éclaté », Olivier Desbordes ne pouvait que venir un jour à ce chef d’œuvre allemand de l’entre-deux-guerres ! Cet opéra-là prend donc des allures de cabaret, qui fut aussi, en son temps, l’une des premières comédies musicales européennes. Son succès ne se dément d’ailleurs pas depuis plus de 80 ans.

Brecht nous transporte à Londres, dans le quartier de Soho, où se joue une guerre des gangs. D’un côté le roi des mendiants, Jonathan Jeremiah Peachum, et de

l’autre Macheath dit Mackie-le-Surineur. Seulement voilà, la fille de Peachum, Polly, épouse Mackie… Peachum dénonce alors son gendre à la police...

- Dominique Demangeot -

L’Opéra de 4 sous, La Coupole, Saint-Louis, 1er mars à 20h30 - www.lacoupole.fr

Diversions Alsace - Journal culturel Haut-Rhin 4

© Philippe Boscus

Retrouvez l’actualité du spectacle vivant

en vidéo chaque mois avec Diversions

Suivi des créations,interviews, bandes annonces...

diversions-magazine.com

Diversions est partenaire des 2 Scènes à Besançon, du Granit de Belfort, de MA scène

nationale dans le Pays de Montbéliard, du Théâtre Dijon Bourgogne, de l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône, du Théâtre de Marionnettes de Belfort, de la Comédie de l’Est de Colmar., de

l’Orchestre Victor Hugo Franche-Comté...

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Thierry Balasse et sa compagnie Inouie présentent à la Filature de Mulhouse une œuvre inspirée par le travail de Pierre Henry, Messe pour le temps présent, suite de danses composée en 1967 par Pierre Henry et Michel Colombier, une commande de Maurice Béjart pour une création chorégraphique en Avignon. Thierry Balasse a décidé de recréer en concert cette œuvre phare du courant électroacoustique. Après La Face cachee de la lune la saison dernière, où il revisitait, toujours en live, l’album Dark Side Of The Moon de Pink Floyd, c’est donc cette fois l’œuvre de Pierre Henry que Thierry Balasse souhaite faire découvrir ou redécouvrir. Recréer sur scène, en direct, une pièce telle que Messe pour le temps present est un véritable défi. Grâce aux bandes et aux sons électroniques fournis par Pierre Henry – La Messe avait été gravée sur disque mais jamais interprétée par un orchestre -, Thierry Balasse s’est donc affairé à reproduire la pièce, qui mêle sons électroniques et musique pop. Un orchestre traditionnel – basse, batterie, guitare et orgue d’époque – côtoie des dispositifs électroniques, adaptés spécifiquement pour l’interprétation scénique. Synthétiseurs, thérémine pour reproduire les sons de l’oscillateur de Pierre Henry… la compagnie Inouie a longtemps navigué parmi cette œuvre phare, en analysant le moindre de ses larsens, pour en révéler toutes les nuances dans un contexte de concert.

Thierry interprète Messe pour le temps present sur scène, aux côtés de six autres instrumentistes. Parallèlement à la Messe de Pierre Henry, deux autres pièces seront

interprétées durant la soirée. Il y aura tout d’abord une pièce pour orchestre de haut-parleurs, commande de la compagnie Inouie à Pierre Henry, baptisée Fanfare et arc-en-ciel, « eclairage intime du tourbillon de la vie » comme la définit son auteur, et où se mêlent sons de piano et larsens. Thierry Balasse présentera également Fusion A.A.N., création inédite, interprétée sur un instrument créé de toutes pièces qui permet de déplacer le son par le mouvement. Le spatialisateur, instrument qui n’existe qu’en un seul exemplaire, se compose de trois arceaux en bois équipés de capteurs.

- Paul Sobrin -

Concert pour le temps présent, La Filature, Mulhouse, 2 mars à 20hwww.lafilature.org

Noumatrouff Bigflo & OliLa cour des grands, rien que ça… Le premier album de Bigflo & Oli, que l’on retrouvera au Noumatrouff le 10 mars prochain, n’en finit plus de chauffer les lecteurs MP3 du public hexagonal.

« C’est qui, ces deux-là ? » demandent les deux frères dans le deuxième titre de la galette, car il faut dire que le succès a été quasi-immédiat pour ces deux tout jeunes rappeurs originaires de Toulouse, dès leur premier clip Monsieur Tout Le Monde. Florian et Olivio mènent patiemment leur entreprise de démolition du rap bling bling et autres gangsta rap à la Booba, à coups de textes décalés et d’auto-dérision. Peu importe qu’ils n’aient pas « la gueule de l’emploi » et pèsent « moins de 50 kilos », les deux frangins ont faim... Car le rap est bien sûr l’un des grands sujets de l’album, pour ces deux jeunes gars qui ont l’avenir devant eux. « Demain j’aurai une fille, une voiture et un taf », anticipent-ils sur Aujourd’hui. Le succès de Bigflo & Oli tient peut-être à leur capacité à parler avec clairvoyance de la jeune génération, de ses préoccupations et ses attentes.

Si Florian et Olivio sont lucides - « Égalite, fraternite, on n’y voit que des larmes » -, ils ne tombent pas non plus dans le misérabilisme ou la critique facile. Leur vision du monde ils la proposent la plupart du temps avec une pirouette. Ils ont un talent certain pour ramener à nos esprits des instants de vie universels, des moments que l’on a tous,plus ou moins, connus à l’image de ces soirées ratées – Comme d’hab -. La cour des grands se veut aussi un album très personnel : « l’histoire de deux freres qui ecrivent dans leur chambre », comme une introduction à cette toute nouvelle carrière. La chanson titre sonne déjà comme un manifeste.

Mais le groupe/duo évoque aussi ces instants où notre vie semble faire du surplace, les doutes et les remises en question, tandis que Le bouchon est l’occasion pour Bigflo & Oli d’observer leurs contemporains durant ces moments d’attente, dans les files de voiture qui bouchonnent nos grandes villes.

Mais Bigflo & Oli, ce ne sont pas que des textes, ce sont aussi des orchestrations fouillées, d’autant que Florian est pianiste et Oli trompettiste. Une raison de plus pour aller les rencontrer en live, pour vérifier que l’engouement qui les entoure depuis quelques mois sur les réseaux sociaux, n’est pas qu’un feu de paille, mais le point de départ d’une belle carrière sur les chemins du hip-hop.

- Manu Gilles -

Bigflo & Oli – Le Noumatrouff, Mulhouse10 mars à 20h - www.noumatrouff.fr

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La Filature Concert pour le temps présent

© Thierry Balasse

© G

ustavo Lopez Manas

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Animal, c’est en quelque sorte le chant du cygne de la compagnie Flash Marionnettes qui, après trente années de bons et loyaux services, tire sa révérence. Plus de trente spectacles ont émaillé ce parcours, et à l’occasion de cette ultime création, où la préoccupation pour le monde animal n’exclut en rien l’humour et la dérision, la troupe alsacienne nous montre toute la diversité de la faune terrestre.

En effet dans le spectacle, les occasions de rencontrer les animaux ne manquent pas, d’autant que la compagnie Flash Marionnettes multiplie sur le plateau les lieux et les époques. Depuis l’époque préhistorique, 65 millions d’années avant notre ère – en compagnie de deux marionnettes de plus de deux mètres de hauteur ! -, jusqu’à un laboratoire moderne où des expériences sont réalisées sur un pauvre rat, les occasions de découvrir et de réfléchir ne manquent pas. Animal regorge également d’aventures. Un éléphant, une girafe et un singe s’échappent ainsi du parc zoologique de Vincennes pour rejoindre l’Afrique. Oiseaux, poissons, cygnes et crocodiles se succèdent… Au fil des tableaux, Flash Marionnettes évoque tour à tour la captivité animale, la domestication, le droit des animaux et l’élevage industriel, la pollution des mers, entre autres thématiques.

Le spectacle s’attache aussi à décrire les relations homme/animal, et quelques représentations que l’être humain s’est faites de certains animaux, comme par exemple le loup. À propos de ce tableau, la compagnie explique qu’il s’agit d’une « parabole sur l’evolution (à tous les sens du terme) d’une

espece, l’Homo sapiens en l’occurrence, et du risque qu’elle engendre d’extinction de beaucoup d’autres ». En dépit de ce que les mythes et les contes ont pu nous dire au fil des siècles, il semblerait bien que le plus grand prédateur de l’histoire demeure encore et toujours... l’homme.

Michel Klein et Vincent Eloy, les deux comédiens-marionnettistes, sont en quelque sorte nos guides auprès de ce monde animal, donnant vie à toute cette « faune marionnettique » comme le dit la

compagnie, et jouant eux-mêmes des rôles. « La confrontation humain/marionnette a toujours ete une preoccupation majeure de notre compagnie », peut-on lire dans le dossier pédagogique du spectacle. « Dans la triple confrontation homme/marionnette/animal, jamais le projet de Flash Marionnettes n’aura ete plus aiguise »... La compagnie s’est d’ailleurs posé la question essentielle de l’anthropomorphisme. « Il y a un anthropomorphisme caricatural qui meprise et avilit les bêtes ou en fait de tristes clowns des humains », explique la compagnie. La troupe préfère un anthropomorphisme « plus respectueux et empathique » pour évoquer le monde animal.

Brass Band Grand EstÀ découvrir aussi en février à l’Espace 110, un orchestre dont les musiciens célèbrent allègrement l’axe Rhin-Rhône, puisqu’ils sont issus de plusieurs régions entre Alsace et Franche-Comté. Le Brass Band Grand Est se compose de pupitres cuivres et percussions,

des musiciens issus de formations françaises mais aussi suisses et allemandes. Des enseignants faisant partie des principaux Conservatoires entre Besançon et Strasbourg y prennent également part. Ce n’est donc pas une surprise si le « BBGE » accueille également en son sein des élèves qui bénéficient ainsi d’une formation différente et « sur le terrain » parallèlement à leurs études en conservatoires et autres écoles de musique.Le Brass Band Grand Est joue l’éclectisme ! De la musique cuivrée typique des brass bands à des œuvres plus anciennes, en passant par le répertoire contemporain, le spectre musical est large.

- Dominique Demangeot -

À suivre à l’Espace 110, Illzach, Animal, 24 février à 15h (dans le cadre du festival Momix)Brass Band Grand Est, 26 février à 20hwww.espace110.org

Illzach Des animaux et un brass band à l’Espace 110

Colmar Amphitryon à la Comédie de l’EstÀ partir du 26 janvier, la Comédie de l’Est présente la dernière création de son directeur Guy Pierre Couleau, Amphitryon, adaptation d’une pièce de Molière qui s’inspirait de l’auteur latin Plaute. Avec Amphitryon, le dramaturge portait sur la scène une intrigue inspirée de la mythologie, mais une mythologie particulièrement fantaisiste, qui nous présente un général thébain partant au combat juste après son mariage avec Alcmène. Le dieu Jupiter prend alors son apparence pour rejoindre la jeune femme dans le lit conjugal…

Mercure prend quant à lui les traits de Sosie, le valet d’Amphitryon. Mais le vrai valet est de retour et tombe nez-à-nez avec son double… Le double, un thème central de cette œuvre que Molière créa à Paris en 1668. Les dieux s’amusent des humains. Les tromperies et les rebondissements se succèdent dans cette pièce qui sonnait le retour de Molière à la comédie avec un Tartuffe particulièrement sombre – que Guy Pierre Couleau mettait en scène en 2007 -, et par ailleurs interdit de représentation par le pouvoir royal. Molière n’a pourtant rien perdu de sa verve avec Amphitryon, une comédie que l’on soupçonna d’ailleurs d’être une critique dissimulée du pouvoir royal, d’un Roi Soleil faisant de ses sujets des pantins. Mais dans leurs cieux, les dieux semblent s’ennuyer. Et le directeur de la Comédie de l’Est de s’interroger : « Est-ce à dire que les dieux envient notre condition ? Moliere le suggere et je ne suis pas loin de penser que son intention est tres nette là-dessus ». Amphitryon évoque le désir, l’amour

qui unit les êtres humains entre eux, le désir qui perpétue l’espèce et nous apporte une part d’immortalité. « Aimer c’est toucher à une autre condition de l’être humain, moins terrienne, moins prosaïque et plus impalpable », dit encore Guy Pierre Couleau. Evoquant, à l’endroit du désir, une « certaine transcendance », le directeur semble nous dire qu’il y a quelque chose de divin dans l’acte amoureux.

Amphitryon nous interroge aussi sur la notion de liberté, dans la mesure où les dieux descendent sur terre pour manipuler les hommes qu’ils ont créés. Le vol de l’apparence du valet Sosie est

particulièrement emblématique de cela – le terme restera d’ailleurs pour définir une ressemblance saisissante entre deux personnes -. « Sosie est entierement vole, depouille par Mercure », explique Guy Pierre Couleau, « et il s’agit bien de cela dans la piece, de ce qui le fonde en tant qu’être humain : Sosie est depossede de son identite». Molière évoquait ici sa propre expérience, et les nombreux obstacles sur son chemin de créateur tout au long de sa vie. «Lorsque Mercure frappe Sosie et l’empêche de parler, de se nommer ou encore de dire qui il est, c’est Moliere qui fait l’autoportrait de l’artiste censure, musele ».

Quelques décennies avant l’avènement du Siècle des Lumières, la Raison remettant en cause nombre de croyances – et notamment la prétendue ascendance divine des rois -, « Moliere […] demontre, par le rire et la comedie, que les dieux ne sont plus detenteurs de la verite, puisqu’ils nous mentent », explique Guy Pierre Couleau. Ce dernier a aussi souhaité revenir à l’esprit des pièces à machines, lorsque des effets spéciaux - ou ce qui en faisait office à l’époque - étaient créés sur scène. Les technologies actuelles seront bien sûr utilisées ici, même si au plateau, ce sont « les acteurs et leurs corps, dans un jeu physique et burlesque » qui auront toute leur place.

- Dominique Demangeot -

Amphitryon, La Comédie de l’Est, Colmar, du 26 janvier au 26 février www.comedie-est.com

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‘‘Aimer c’est toucher à une autre condition de l’être humain, moins terrienne, moins prosaïque et plus impalpable’’ Guy Pierre Couleau

Amphitryon en création à La Comédie de l’Est (photo de répétition)

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Page 8: Diversions Alsace fevrier 2016

En mars et avril, l’Opéra national du Rhin présentera en Alsace sa nouvelle production, l’histoire d’un sacrifice mis en musique par Mozart en 1781. Le roi Idoménée sacrifie en effet son fils au dieu Neptune. Idomeneo demeure un opéra peu connu de Mozart, mais grâce auquel le jeune génie va acquérir son indépendance, vis-à-vis de ses contemporains mais aussi de la figure paternelle.

Le livret, qui s’inspire d’une tragédie lyrique française de Campra, datant du début du XVIIIe siècle, nous conte le lourd tribut que le roi de Crète Idoménée, de retour de la guerre de Troie, doit payer à Neptune pour l’avoir préservé d’une tempête. Promettant de sacrifier le premier homme qu’il croisera à son retour sur terre, c’est son propre fils, Idamante, qu’Idoménée doit offrir en sacrifice au dieu des eaux. Le roi, parti depuis dix ans, ne reconnait pas son fils au premier abord. Mais pour sauver ce dernier de la malédiction divine, le père cherche à épargner son fils, ce qui provoque la colère de Neptune. Idoménée ne craint pas l’ire des divinités, jusqu’à en faire trembler la terre de son royaume de Crète, même s’il demande constamment leur aide, personnage en proie aux superstitions.

Dans cette œuvre que Mozart compose à 25 ans, ce dernier accorde aux chœurs une place inédite, les mettant en avant dans plusieurs scènes de l’opéra. Le metteur en scène Christophe Gayral leur donnera toute la place qui leur revient dans la version créée à l’Opéra national du Rhin, en les faisant prendre part à l’action et au déroulement de la pièce. Mozart s’est notamment inspiré

ici des partitions chorales de Gluck, qu’il a étudiées lorsqu’il était à Paris. L’ampleur et la fluidité des orchestrations d’Idomeneo sont remarquables, une éloquence qui frappera les contemporains de Mozart.

De nombreux critiques ont vu dans cette œuvre qui met en scène la relation d’un père et d’un fils, la propre filiation de Mozart et de son père Leopold. Ce dernier, vice-maître de chapelle à la cour du prince-archevêque de Salzbourg, régente la carrière de son fils prodige – et celle de sa fille, également musicienne d’exception -, mais Mozart s’émancipe peu à peu et Idomeneo est

l’occasion pour le jeune compositeur de rompre définitivement avec son père. Devenu maître de concert et organiste à la cour de Salzbourg, Mozart se voit commander cet opera seria par le prince-électeur de Munich. Idomeneo sera aussi pour Mozart le marche-pied qui le conduira à Vienne, où sa carrière s’achèvera en apothéose dix années plus tard.

De l’œuvre, Christophe Gayral a souhaité donner une version épurée, pour plus de cohérence, si ce n’est une reproduction de la statue de Poséidon au Musée d’Athènes. Elle représente toutes les superstitions qui

pèsent sur l’esprit d’Idoménée, une critique très présente dans cet opéra de Mozart qui le compose, ne l’oublions pas, en plein Siècle des Lumières. Enfin si le rôle du fils d’Idoménée, Idamante, est généralement endossé par une soprano, le choix s’est porté dans cette nouvelle production sur un ténor, Juan Francisco Gatell, pour davantage de vraisemblance.

- Paul Sobrin -

Idomeneo, Strasbourg - Opéra, mer. 16 mars 20h, ven. 18 mars 20h, dim. 20 mars 15h, mar. 22 mars 20h, jeu. 24 mars 20hMulhouse - La Sinne, ven. 8 avril 20h, dim. 10 avril 15h, Colmar - Théâtre municipal, dim. 17 avril 15h www.operanationaldurhin.eu

Cette année Les Giboulées célèbrent leurs quarante ans. Pour ce temps fort du TJP, ce sont 31 compagnies venues de 10 pays qui proposeront, sur 10 lieux, 75 représentations. Du 11 au 19 mars prochains, le directeur du TJP Renaud Herbin proposera une nouvelle édition des Giboulées qui seront inaugurées le 11 mars à 18h30 au TJP Petite Scène.

Renaud Herbin rappelle l’évolution conséquente des arts de la marionnette contemporaine, qui ont peu à peu élargi leur champ d’action, allant lorgner du côté du théâtre, du texte et de la musique, des nouvelles technologies… « Ce que partagent les spectacles reunis ici est surtout la faculte de faire jouer et se rencontrer les formes », rappelle le directeur qui prône depuis son arrivée au TJP les rencontres des disciplines, des croisements artistiques que l’on retrouve cette année encore lors des Giboulées. Des spectacles « hybrides » et « rarement repertories », que les Giboulées nous proposent de découvrir.

La biennale internationale demeure aussi force de création. Citons notamment ici une production inédite entre le TJP, la Filature et le Théâtre de Freiburg, à partir d’un texte d’Alexandra Badea, Je te regarde. Acteurs, marionnettes et mondes virtuels se croisent sur le plateau du 12 au 14 mars. Les spectateurs iront à la rencontre d’un employé d’une multinationale, une gardienne de prison, un jeune cadre dynamique et un agent de sécurité d’un aéroport. Dans ce lieu international par excellence, les voyageurs en transit sont constamment surveillés, monitorés par le biais des nouvelles technologies qui ont investi nos existences, faisant de nous des êtres virtuels.

C’est en coproduction avec le Festival Mondial des Théâtres de Charleville Mézières que Renaud Herbin proposera au public sa dernière création, Milieu. Nous suivrons une personne qui pénètre dans un grand cylindre, sans pouvoir s’en échapper. Dans

ce huis-clos au sens premier du terme, créé spécialement pour les Giboulées 2016, Renaud Herbin souhaite évoquer la thématique du castelet, ce mini-théâtre propre aux arts de la marionnette. Renaud présentera également lors des Giboulées sa précédente création, Acteon.

On retrouvera sur le festival 2016 quelques fidèles du TJP comme Aurélie Morin et son Théâtre de Nuit. Avec Le Cantique des oiseaux, la metteur en scène s’inspire d’un poème de Farid Al-Din Attar, texte perse datant du XIIème siècle qui raconte le périple de milliers d’oiseaux partis en quête d’un animal légendaire, la Sîmorgh, une variation sur le thème de la liberté qui prendra la forme d’un théâtre d’ombres.

Festival international, les Giboulées nous mettent par ailleurs en contact avec des cultures diverses, comme par exemple le Liban avec le collectif Kahraba et Éric Deniaux, qui adapte l’auteur Matéi Visniec avec Paysage de nos larmes. Le spectacle sera préparé en résidence de création au TJP du 27 février au 10 mars. Quant à Made In China, la Compagnie À l’a conçu en Chine, tandis que le Théâtre de la Pire Espèce nous arrivera tout droit de la Belle Province. Olivier Ducas et Julie Vallée-Léger ont préparé un spectacle à voir aux Taps Gare, dans lequel surgissent, sur grand écran, des villes assemblées à partir d’objets et matériaux manipulés en direct. La compagnie Arrangement Provisoire a quant à elle collaboré avec le Brésil, à l’occasion de cette création qui met en parallèle traditions et modernité. Blanc s’attache au corps et à ses multiples états, ses multiples transformations, une collaboration entre la danseuse Vania Vaneau et le musicien

de noise expérimentale Simon Dijoud. D’autres compagnies venues des Etats-Unis, d’Espagne, du Royaume-Uni, d’Israël et des Pays –Bas prendront également part à la fête des Giboulées cette année.

Les chemins esthétiques sont, quant à eux, infinis. Des constructions mécaniques de Magali Rousseau, issue de l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg, aux Corbeaux de Josef Nadj, où le chorégraphe confronte sa danse à la gestuelle des noirs animaux à plume, de la relation marionnettes-ventriloque explorée par Gisèle Vienne à l’exploration de l’infiniment petit par Tim Spooner, les Giboulées nous réservent des propositions artistiques pour le moins éclectiques !

- Paul Sobrin -

Les Giboulées, Strasbourg (divers lieux), du 11 au 19 mars - www.tjp-strasbourg.com

Diversions Alsace - Journal culturel Bas-Rhin 8

Opéra national du Rhin Idomeneo

Strasbourg Les Giboulées fêtent leurs quarante ans

© Barbara d

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© Benoît Lind

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Actéon

Dans cette œuvre que Mozart compose à 25 ans, ce dernier accorde aux chœurs une place inédite, les mettant en avant dans plusieurs scènes tout au long de l’opéra

Je te regarde

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© G

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Maquette du décor élaboré par Barbara De Limburg

Page 9: Diversions Alsace fevrier 2016

Falk Richter, associé cette saison au TNS, et Stanislas Nordey mettent en scène le texte de l’auteur allemand, répété et créé à Strasbourg. Cette première création du directeur du TNS, se veut véritablement franco-allemande en matière de comédiens et de techniciens. Une création entre les deux rives du Rhin, qui se veut une réflexion autour de la transgression, autour de l’art également en tant qu’engagement.

« La rencontre avec Falk Richter a ete tres importante pour moi dans mon parcours de metteur en scène », explique Stanislas Nordey. Entre poésie et politique, « drôle et acere », le texte de Falk Richter s’écrit de manière particulière, durant les répétitions sur le plateau du Théâtre National de Strasbourg.

L’auteur souhaite notamment évoquer dans cette création le choc qu’il a ressenti en découvrant les films de son compatriote réalisateur Rainer Werner Fassbinder, mort à 37 ans après avoir créé 42 films et écrit 10 pièces de théâtre. Le réalisateur, qui propose sur grand écran comme au plateau une critique féroce et radicale de la société allemande, s’est notamment dit inspiré par le mouvement de la Nouvelle Vague à l’image de Claude Chabrol ou Eric Rohmer. L’Allemagne en automne sera notamment évoqué, film qui traitait du terrorisme en Allemagne en 1977. Une période troublée, durant laquelle la liberté des artistes fut remise en question. Une époque durant laquelle l’extrême-droite retrouvait une certaine vigueur, ce qui n’est pas sans rappeler, bien évidemment, notre époque actuelle.

Falk Richter explique que cette nouvelle pièce va notamment s’attacher à considérer le regard que l’on porte sur le travail de Fassbinder aujourd’hui, comment l’on considère ses films de nos jours. Quel est « le système Fassbinder », et notamment cette méthode très particulière pour les acteurs, une absence de repos et un travail en continu. L’objectif est aussi de tenter de déterminer quelle serait la réaction du réalisateur face au monde d’aujourd’hui. Par extension, l’acteur et metteur en scène qu’est Stanislas Nordey a lui aussi cette interrogation, qui consiste à déterminer ce que l’on ose dire ou ne pas dire sur un plateau de théâtre. Les grandes actrices qui ont collaboré avec Fassbinder seront

notamment évoquées, ainsi que les relations amoureuses du cinéaste. Stanislas Nordey parlait d’ailleurs il y a quelques mois de l’éventualité que la pièce s’articule autour des deux figures féminines d’Emmanuelle Béart et Eloïse Mignon, « une rêverie autour de la possibilite aujourd’hui de voir la naissance d’une figure comme celle de Fassbinder, hanter notre present et pas simplement notre memoire ».

- Marc Vincent -

Je suis Fassbinder, Théâtre National de Strasbourg, du 4 au 19 mars - www.tns.fr

Du 11 au 20 mars, les artistes ressortent leurs bretelles à l’Illiade ! Le Printemps des Bretelles, qui met à l’honneur l’accordéon sous toutes ses formes, est donc de retour à Illkirch-Graffenstaden pour une dix-neuvième édition.

Après une soirée d’ouverture qui se déroulera cette année le 11 mars, le public ira à la rencontre d’une belle brochette d’artistes, des formations proposant divers styles musicaux, sans oublier les soirées dansantes au Magic Mirrors entre folk, bal musette, tango et autres esthétiques.

Les Bretelles cette année, ce seront aussi le 12 mars deux duos. Le premier, Duo Paris Moscou, proposera comme son nom l’indique un joli croisement culturel entre France et Russie, et plus précisément entre Bourgogne et Sibérie, patries d’origine des deux musiciens. Les accordéons de Domi et Roman feront chemin commun. Quant au Duo Bouclier, il est composé de deux frères, mariant violon et accordéon qui vont lorgner vers divers répertoires notamment classiques.

Une fois n’est pas coutume, le 13 mars, l’accordéon s’en ira explorer… l’univers lyrique ! Avec Bastien Bastienne, un opéra résolument familial que Mozart composa à l’âge de douze ans, nous découvrons le XVIIIe siècle à travers les yeux du jeune compositeur de génie. Ecrit comme un conte fantastique, Bastien Bastienne est aussi plein d’humour, et convie une jeune accordéoniste qui a conçu l’adaptation musicale. Elle interprète la femme de Jojo le magicien, et quoi de mieux que l’accordéon pour symboliser le monde des artistes de rue ! « Il y a une espece de dialectique ou de choc, entre la maniere de parler de 2014 de Jojo, et la maniere de parler et de chanter un peu plus precieuse des jeunes enfants Bastien et Bastienne », explique le directeur artistique de l’Opéra Théâtre, André Fornier. Un autre spectacle à

suivre en famille aura lieu le 15 mars, Tartine Reverdy nous invitant à passer Une Heure au Ciel !, avec la complicité des élèves de l’école du Centre d’Illkirch-Graffenstaden et de Marcel Loeffler. On retrouvera par ailleurs ce dernier et ses invités le 19 mars, avant le « Grand Charivari de clôture » du dimanche 20 !

Le Printemps des Bretelles nous fera aussi voyager, depuis le septuor irlandais de Téada, jusqu’au sémillant Toulouse Con Tour qui réunit, excusez du peu, Art Mengo, Magyd Cherfi - Zebda - et Yvan Cujious, pour des périples en terres occitanes, ibériques et orientales, sans oublier les mots qui sonnent de notre chère langue française. Un rendez-vous tour à tour poétique et militant à ne pas manquer. À découvrir aussi le 16 mars, la pétillante Zaza Fournier, qui montrera de

la langue de Molière une autre facette, accompagnée de son accordéon. Un bel hommage à la tradition de la chanson réaliste, remise au goût du jour.

Le 17 mars, ce sont d’autres dignes représentants de la chanson française qui monteront sur les planches de l’Illiade : Les Ogres de Barback qui fêtent deux décennies d’une chanson française tout à la fois exigeante et décomplexée, conviviale et consciente. Entre musiques des Pays de l’Est et textes engagés, les Ogres n’ont pas fini de rugir !

- Manu Gilles -

Le Printemps des Bretelles, Illkirch-Graffenstaden, du 11 au 20 mars Programme complet : www.illiade.com

Diversions Alsace - Journal culturel Bas-Rhin 9

Illkirch-Graffenstaden Le Printemps des Bretelles

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Stanislas Nordey et Falk Richter

Théâtre National de Strasbourg Je suis Fassbinder

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Jusqu’au 31 décembre 2016 se tient au Musée archéologique de la Ville de Strasbourg une exposition-dossier basée sur des fouilles récentes en Alsace. Après le camp légionnaire de Strasbourg-Argentorate en 2010, ce neuvième volet est cette fois consacré à la capitale civile de l’Alsace romaine, à savoir Brocomagus. Il s’agissait de la capitale des Triboques, peuple celto-germanique qui a vécu dans la plaine d’Alsace dans l’Antiquité.

L’exposition nous invite à suivre l’évolution de la cité antique depuis la Préhistoire jusqu’aux débuts du Moyen Âge. C’est à l’occasion des fouilles préventives qui ont précédé la création d’une zone d’activités sur les communes de Bernolsheim et Mommenheim, que de nombreuses découvertes ont été faites. Dès le Néolithique ancien (5400-4900 avant J.-C.), on recense plusieurs villages dans la région de Brumath. Le Néolithique moyen (4900-4600 avant J.-C.) voit l’arrivée d’un autre village. Sur le site néolithique d’Eckwersheim, sera notamment mise à jour la plus ancienne trace connue d’une activité métallurgique en France, dès la fin du Néolithique.

L’exposition nous présente la vie à Brumath (Brocomagus) à l’époque romaine. Dès le début du 1er siècle après J.-C., la population adopte le mode de vie à la romaine, comme le quadrillage des voies en matière d’urbanisme, ou encore l’édification de monuments publics ainsi que des lieux de spectacle, sans oublier les incontournables thermes, dédiés non seulement à l’hygiène mais aussi à la pratique des loisirs et du sport. Brumath-Brocomagus est aussi réputé pour avoir été un important centre de production

de céramiques et l’on recense des potiers brumathois entre le début du 1er siècle après J.-C. et la fin du 3e siècle de manière certaine. Les artisans travaillaient aussi le fer, le bronze, l’os et la corne. En matière de culte, on trouve des hommages à Jupiter via notamment un autel ou un temple construit sur le forum, mais aussi plusieurs représentations de divinités féminines assises, tandis que l’on trouve les nécropoles le long des voies, à l’extérieur du périmètre urbain comme toujours dans les

cités romaines. Peu de sculpture funéraire a été cependant mise à jour à Brumath, mis à part quelques fragments provenant d’un grand mausolée en calcaire.

L’exposition s’attache également à décrire Brumath-Brocomagus à l’époque mérovingienne, durant laquelle les rois carolingiens y avaient une résidence entre le 8e et le 12e siècle. Demeurant un bourg d’importance durant le Moyen Âge, la cité sera néanmoins stoppée dans son essort par les villes proches de Strasbourg et Haguenau.

- Paul Sobrin -

Brumath-Brocomagus, capitale de la cité des Triboques, Musée archéologique, Strasbourg, jusqu’au 31 décembre 2016Activités autour de l’exposition (visites commentées les 1er et 3e samedis du mois, visites thématiques, cycle de films sur l’Antiquité romaine, programme de médiation pour le jeune public et les scolaires)www.musees.strasbourg.eu

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Musée archéologique Brumath-Brocomagus, capitale de la cité des Triboques

Brumath : cruche décorée d’un visage en relief (Musée archéologique de Brumath, © photo M. Bertola, Musées de Strasbourg)

Les thermes en cours de fouille - Brumath, 7-9 rue Rampont : les thermes en cours de fouille (© Fouilles P. Flotté, photo PAIR)

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Après un passage remarqué le 2 janvier dernier dans l’émission Puppets - Le grand show des marionnettes sur TF1, la compagnie Une Poignée d’Images se prépare à organiser la 25ème édition de son festival, le Solstice de la Marionnette. Au programme, un panel, si ce n’est exhaustif, tout du moins représentatif de ce que sont les arts de la marionnette de nos jours.

Le festival est aujourd’hui un temps fort de la saison culturelle à Belfort, et un rendez-vous pour de nombreuses compagnies d’envergure internationale. Ainsi c’est une troupe grecque, le Merlin Puppet Theater, qui ouvrira le bal le 12 février avec Clown’s Houses, mettant en scène le quotidien de l’homme moderne et en particulier sa solitude. Le Train Theater nous vient quant à lui de Jérusalem et nous entrainera le 16 février dans l’univers de la couture. Avec Adieu Bienvenida, la compagnie Mimaia, entre France et Espagne, nous invitera à la table de pêcheurs et de marins le 26 février. Son théâtre de marionnettes s’étoffe généralement d’objets du quotidien recyclés.

À noter cette année, un après-midi spécial, le mercredi 17 février, au Cinéma des Quais à Belfort. En partenariat avec le Conservatoire de Belfort et l’association Cinémas d’Aujourd’hui, qui organise notamment le festival Entrevues en novembre, le Théâtre de Marionnettes vous invite à découvrir une adaptation en cinéma d’animation du célèbre conte de Prokofiev Pierre et le loup. Une introduction musicale par le Conservatoire et une présentation des

personnages par le Théâtre de Marionnettes précédera la projection.

Comme l’illustre cet après-midi autour de Pierre et le loup, Le Solstice de la Marionnette, parallèlement à la création contemporaine, s’abreuve aussi aux traditions. La compagnie Jeux de Mains, Jeux de Vilains revisitera ainsi la figure du grand méchant loup le 22 février avec Je n’ai absolument pas peur du loup. En ce qui concerne les auteurs d’aujourd’hui, citons notamment une création basée sur un texte du dramaturge roumain Matéi Visniec, figure forte du théâtre contemporain, qui évoque avec Le bonhomme de neige qui voulait rencontrer le soleil, le périple d’un bonhomme de neige qui ne veut pas fondre une fois le soleil revenu, et décide donc d’aller le rencontrer pour défendre sa cause. À la demande du metteur en scène Michel

Rosenmann, Matei Visniec a revisité ce conte traditionnel roumain.

Le Solstice sera aussi l’occasion, si ce n’est encore fait, de découvrir la toute dernière création de la troupe Une Poignée d’Images, L’Odyssee de Moti et leur nouveau personnage, un jeune mammouth qui revient à la vie de nos jours après avoir été conservé dans la glace. C’est une autre création phare d’une Poignée d’Images, Le Fantôme de Canterville, qui clôturera d’ailleurs cette édition anniversaire du Solstice de la Marionnette le 2 mars à 14h30.

Attention, les plus petits – de 0 à 3 ans – ne sont pas oubliés avec un spectacle qui leur est adressé, Petit ou grand ? à voir les 19 et 21 février. Citons encore pour les tout petits, À petits pas bleus, de la troupe de Pipa Sol, où nous suivons cette fois les aventures… d’une

chaussure qui a décidé de quitter le pied qui la retenait !

Une exposition sera également organisée cette année du 9 février au 5 mars. Jean-Paul Lang nous fera voyager en nous présentant des marionnettes venues du monde entier, histoire de prendre la mesure de la grande diversité de cet art. Un voyage sur la planète mais aussi à travers les époques, durant lequel on découvrira également de nombreuses techniques de manipulation.

- Dominique Demangeot -

25ème Solstice de la Marionnette, Théâtre de Marionnettes, Belfort, du 12 février au 4 mars - Programme complet : http://marionnette-belfort.com

Belfort Solstice de la Marionnette, 25ème édition

Clown’s House par le Merlin Puppet Theater

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Sur mesure par le Train Theater

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Le Moloco OdezenneQuelques jours avant le début du festival GéNéRiQ dans l’Aire urbaine, le Moloco d’Audincourt accueillera Odezenne, formation bordelaise qui s’illustre ces dernières années dans l’univers du hip-hop tout en se créant, au fil du temps, un monde propre. Un rap qui s’abreuve à diverses esthétiques musicales, des textes au cordeau également servis par un univers visuel étudié.

Le groupe - dont le nom s’inspire d’une ancienne proviseure de collège d’Alix et Mattia ! – a lancé ses premières salves en 2005, avant de rapidement monter son propre label, Universeul, pour produire ses albums. Bien lui en a pris car Odezenne a fait partie des lauréats du FAIR 2013. Il a en outre passé son été 2014 à écumer les festivals français, des Vieilles Charrues au Paléo Festival, sans oublier les Eurockéennes. Odezenne a su constituer son propre réseau de fans tout en restant indépendant des gros labels depuis la publication du premier album Sans Chantilly.

Dolziger Str.2 apporte une nouvelle pièce à l’édifice bordelais. Odezenne visite les limbes avec le premier titre Un corps à prendre, avant de revenir à des couleurs plus vives avec Bouche à levres, premier extrait de ce nouvel album sorti cette fois chez Tôt Ou Tard, et nouveau clip à découvrir sur le web. Un tempo plus soutenu mais pourtant des paroles toujours aussi désabusées - « Vivre avec un corps c’est comme

vivre avec un mort » -. Un morceau qui illustre bien la direction prise sur Dolziger Str.2, du nom de la rue où les trois lascars ont vécu à Berlin. Une galette qui se partage une fois encore entre différentes esthétiques rap, chanson, électro et rock mais avec un parti pris davantage minimaliste et électro, pour un album plus ramassé que les précédents. Les textes ont conservé leur dimension sombre. Des paroles sans concessions. Et cette fois c’est sûr, Odezenne n’a pas « la syntaxe d’un clebs » comme on peut l’entendre sur Vilaine. Les textes s’avèrent

au contraire ciselés, loin des clichés du rap ou des paroles pleines de fraicheur et d’optimisme de jeunes groupes comme Bigflo et Oli. Comme thèmes, Odezenne a choisi l’alcool, les relations humaines, le sexe, traités toujours de manière très personnelle. Le premier single Bouche à levres nous plonge de suite dans une ambiance grise et froide, probablement due en partie au séjour du groupe à Berlin, capitale mondiale de la techno. On retrouve d’ailleurs cette obsession pour le stade oral dans... Boubouche ! Odezenne est adepte de textes décalés, parfois surréalistes.

Les contextes minimalistes – Cabriolet, Ciao Ciao – mettent encore davantage les paroles en valeur. Sur Dolziger Str.2 il y a des guitares et des batteries, des claviers, des orchestrations qui éloignent quelque peu le trio du hip-hop mais peu importe. On retrouve un phrasé proche du rap avec Satana, mais là encore l’instru - froide voire dark – nous transporte ailleurs. L’intérêt du groupe ne réside d’ailleurs pas dans une resucée de ses albums précédents, mais justement dans le fait de proposer à chaque opus de nouvelles couleurs, de nouveaux univers. Pour découvrir cette évolution, allez donc retrouver Alix, Jaco et Mattia au Moloco d’Audincourt le 13 février !

- Dominique Demangeot -

Odezenne + We Are Match, Le Moloco, Audincourt, 13 février à 20h30www.lemoloco.com

Montbéliard L’Amour pur à MA scène nationaleLe public de MA connaît bien Cédric Orain. Ces dernières années, le metteur en scène a porté plusieurs créations sur le Pays de Montbéliard, dont deux éditions du projet participatif La Bibliothèque Humaine en 2014 et 2015. Cédric revient cette fois avec un spectacle à part entière, une plongée dans l’Espagne du XVIIIe siècle à Barcelone, adaptation du roman en clair obscur d’Agustina Izquierdo, L’Amour pur.

Cédric Orain nous présente le père Guimerà, prêtre désargenté qui vit une relation interdite avec sa jeune servante Rina. Avec L’Amour pur, Cédric Orain crée un spectacle qui nous interroge sur le désir, en prenant pour exemple cet amour « qui malgre tout resiste aux poids du peche et des regles sociales, un amour qui fait même plus que resister, il s’en nourrit », comme l’explique le metteur en scène. Une relation qui s’inscrit en dehors de tout cadre, comme celui, en premier lieu bien sûr, du mariage.

Cédric nous présente ces deux personnages en proie au désir, mais aussi à la souffrance que leur procure cette attirance mutuelle. Un sentiment de plaisir et de douleur mêlés que ressent également la jeune servante. Et Cédric Orain de mettre en lumière cette quête d’une femme pour son propre désir, une thématique encore d’actualité aujourd’hui. D’ailleurs cette adaptation ne donne pas d’indication de temps. « Elle reste silencieuse, se mord les levres, etouffe ses cris, retient son souffle brûlant, et ferme chaque fois ses yeux quand elle se couche aupres de lui », fait remarquer Cédric Orain.

« Comment peut-on dire d’un amour qu’il est pur ? » demande encore ce dernier, qui avoue être bouleversé par cette histoire d’amour entre le père Guimerà et Rina dont les corps si différents se blottissent l’un contre l’autre, chaque nuit dans le noir. Cédric Orain évoque encore un « erotisme furieux et pudique », dissimulé par la nuit.

La nuit, autre terme clé de ce spectacle, « la nuit qui nous habite et qui nous fonde », et qui a hanté les dernières créations du metteur en scène. Ce dernier souhaite que L’Amour pur clôture, d’une certaine manière, ce cycle nocturne. Cédric Orain se dit également fasciné par le texte d’Agustina Izquierdo, née en 1939 en France, issue d’une famille de réfugiés espagnols ayant fui la dictature de Franco, ainsi que par cette voix qui s’en élève. Un texte que Cédric a souhaité conserver intact. « Il y aura quelques coupes,

mais pas un mot de change ». Quant aux décors, là encore ils suggèreront davantage qu’ils ne montreront les lieux de manière réaliste. Une seule actrice porte ce texte, qui est tour à tour Rina Jonques, le père Guimerà et la narratrice. La comédienne est accompagnée par un musicien, « plus age qu’elle, dont la presence serait un echo à la figure du père Guimerà ». Cédric Orain souhaite aussi faire intervenir dans L’Amour pur la musique d’Antony and the Johnsons, et la voix spectrale d’Antony Hegarty pour accompagner dans la nuit ce couple illégitime et éternel.

- Dominique Demangeot -

L’Amour pur, Les Bains Douche, Montbéliard (MA scène nationale), 4 février à 20h - www.mascenenationale.com

© M

athieu Nieto

Retrouvez l’actualité du spectacle vivant

en vidéo chaque mois avec Diversions

Suivi des créations,interviews, bandes annonces...

diversions-magazine.com

Diversions est partenaire des 2 Scènes à Besançon, du Granit de Belfort, de MA scène

nationale dans le Pays de Montbéliard, du Théâtre Dijon Bourgogne, de l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône, du Théâtre de Marionnettes de Belfort, de la Comédie de l’Est de Colmar., de

l’Orchestre Victor Hugo Franche-Comté...

© Pierre N

ouvel

La section FNATH des accidentés de la vie des cantons d’Héricourt

VOUS INVITE LE DIMANCHE 28 FÉVRIER 2016 À SA

3ème BAVAROISE DE L’AIRE URBAINE12h30 Halle de la Cavalerie

HÉRICOURTAccès à la sallesans escalier

DE LA MUSIQUE BAVAROISE À LA VARIÉTÉAvec l’Orchestre folklorique Bavarois « DIE ALTEN KAMERADEN»

Places limitéesRéservation à partir du 18 janvierDate limite des réservations le 20 févrierTél : 03 84 46 11 25 ou 03 84 46 10 18Héricourt : Boulangerie Pierre - Boucherie Hoff - Uniquement sur réservations

Frais de participation unique 28€

www.darkorchestre.comOdezenne

Cédric Orain

Diversions - Journal culturel Aire urbaine Belfort Montbéliard 12

Page 13: Diversions Alsace fevrier 2016

www.25imagesseconde.fr

Créé par le journal Diversions en 2011

Production audiovisuelle spécialisée dans le secteur culturel

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Chroniques CD 14

Littératures

POP ROCK/SOUL

The ArcsYours DreamilyNonesuch Records / Warner

Turn Blue, le dernier album des Black Keys, avait divisé pas mal de fans, notamment ceux des premières heures. La tournée européenne au printemps dernier ayant été annulée suite à l’accident de surf qui avait contraint le batteur Patrick Carney à déclarer forfait, l’autre moitié du duo n’a pas perdu son temps et plutôt que d’attendre sagement la convalescence de son grand camarade, Dan Auerbach a préféré s’enfermer en studio afin de se concentrer sur un nouveau projet : The Arcs.Depuis Brothers paru en 2010, on avait découvert l’amour d’Auerbach pour la soul new yorkaise des 70′s. Désirant pousser les choses plus loin, le blondinet s’entoure donc des meilleurs à commencer par son compère Richard Swift (à la basse lors de la dernière tournée des Black Keys) mais également Leon Michels et Homer Steinweiss, tous deux membres des Dap Kings. De ces expérimentations en studio naissent ainsi 74 titres enregistrés, dont 14 feront l’objet de Yours Dreamily. Après l’intro de Once We Begin rappelant un air de fête foraine, retentit Outta My Mind single efficace quoi que résonnant un peu trop Black Keys. Que l’on se rassure, la trame du nouveau projet prend forme rapidement avec la soul psychédélique de Put A Flower In Your

Pocket bordée par les claviers vintage, tout comme l’excellent Everything You Do (You Do For You). Cette soul omniprésente prend dès lors plusieurs dimensions se mêlant au blues de Cold Companion ou prenant des airs de Motown à l’image de Velvet Ditch, ou plus encore sur Chains Of Love portée par les chœurs des membres du groupe féminin Mariachi Flor De Toloache. Projet bien ficelé et efficacement interprété, il faudra cependant plusieurs écoutes afin d’apprécier et comprendre l’ensemble de Yours Dreamily. Assez homogènes, les morceaux arriveront sans doute à convaincre les amateurs des Black Keys qui se sont arrêtés à Brothers. On attend la suite avec impatience. - Johan Perrin -

FOLKJoan ShelleyOver And EvenNo Quarter Records / Differ-Ant

Le Kentucky renferme bon nombre de trésors. L’or des sous-sols de Fort Knox. Les saveurs d’un verre de bourbon. Et des trésors musicaux d’une scène folk trop méconnue. Joan Shelley fait partie de ces joyaux qui méritent d’être mis en lumière.La belle de Louisville a démontré avec ses trois précédentes productions solos ou ses diverses collaborations – au sein de Maiden Radio ou avec Daniel Martin Moore – qu’elle était une des meilleures représentantes du genre. Over And Even,

album acoustique aux arrangements discrets, est un recueil de morceaux dans la plus pure tradition folk américaine : des histoires et des mélodies qui nous font voyager au milieu des grandes plaines (No More Shelter, Brighter Than The Blues), au gré de ballades country envoûtantes (Not Over By Half), nous offrant des sensations de réveils la tête encore dans les rêves (la chanson éponyme) ou au contraire nous accompagnant vers un sommeil heureux (Lure And Line). Album après album, la voix de Joan Shelley se fait de plus en plus sûre, une voix à la fois puissante et réconfortante qui sert à merveille la mélancolie des compos (Adriane’s Gone, Wine And Honey) et qui suit les douces vagues des guitares qui s’embrassent (Easy Now). Invité de marque, le voisin Will Oldham (Bonnie Prince Billy) vient poser son timbre si familier le temps de deux titres qui terminent de magnifier la nouvelle livraison de la blonde guitariste. La rencontre est très naturelle, les deux voix se marient à la perfection et font de Stay On My Shore l’une des pistes majeures de l’album. - Florian Antunes Pires -

CHANSON FOLKBenoît DorémusEn TachychardieDéjà/L’Autre Distribution

Benoît Dorémus sort son nouvel opus, produit par Renaud. Cabrel lui-même a contribué à son enregistrement. Les ruptures amoureuses

y sont traitées sous des formes politiquement incorrectes. Mais si Benoît laisse à penser ici ou là que l’amour peut être un poids, c’est bien pire sans. C’est bien pire sans s’inscrit comme la chanson sérieuse du disque. Une certaine émotion s’échappe de la voix de Dorémus. Sous ses sonorités folk, ce nouvel album laisse transparaître les influences du mentor Renaud. Mais il serait difficile de ne pas faire le lien également avec les débuts de Renan Luce. Benoît Dorémus compose avec sa seule guitare, mais l’album propose des arrangements sur un combo de cordes et de cuivres. Une gymnastique d’idées poétiques qui s’articule avec audace. Apparaissent très furtivement des références au cinéma - «Vers l’infini et au-delà», phrase tirée du film Toy Story - , ou à la culture populaire : «brocouille», néologisme inventé dans un sketch des Inconnus... Au milieu des ballades, on peut également constater des clins d’œil à Eminem. C’est le cas sur Dernierement ou 20 milligrammes. L’apprentissage de jouer avec les mots, les allitérations, et même l’autodérision comme dans Marque ton stop que j’t’embrasse lui sont venus du rappeur américain. 20 milligrammes aura d’ailleurs offert à Benoît Dorémus un moment mémorable, Alain Souchon y ayant enregistré une phrase au domicile du chanteur ! Un signe discret mais bien réel de reconnaissance, de bon augure pour la suite... - Frederic Dassonville -

ESSAI

Daniel Schneidermann/Étienne LécroartLiberté d’expression : A-t-on le droit de tout dire ?La Ville Brûle

C’est le choc provoqué par les attentats contre Charlie Hebdo le 7 janvier qui a conduit Daniel Schneidermann à s’interroger sur la liberté d’expression. Journaliste et analyste critique des pratiques de ses confrères, l’auteur ne limite pas sa réflexion à son univers professionnel. La liberté d’expression ne concerne pas que les personnages publics mais tout un chacun, plus particulièrement dans une société où les réseaux sociaux occupent une place prépondérante. Chacun désormais est amené à s’exprimer publiquement sans en mesurer parfois les conséquences sur les personnes, voire les risques juridiques encourus. C’est très habilement que l’ouvrage débute par deux cas pratiques liés à internet : une élève convoquée chez le proviseur en raison de ses publications et une autre victime de harcèlement. Ainsi cet ouvrage, magnifiquement illustré par le dessinateur Lécroart, se présente à la fois comme une histoire de la liberté d’expression mais aussi comme une réflexion sur son bon usage. L’auteur rappelle que la liberté totale

dans le domaine n’a jamais existé. Dès la Déclaration des droits de l’homme, il est prévu qu’elle serait bornée par la loi. Cette contrainte est, paradoxalement, la garantie même de l’exercice de cette liberté. Contrainte qui dans un souci démocratique ne s’exerce qu’a posteriori, on ne peut censurer de manière préventive. L’ouvrage traite, bien entendu, de sujets brûlants comme Charlie Hebdo où le journaliste, tout en étant favorable à la caricature, se donne le droit – au nom de sa liberté d’expression - d’être réservé sur certains amalgames pratiqués par le journal et revient sur le cas spécifique de Dieudonné qui est sorti du domaine du rire pour propager des idées antisémites. Ce qui semble distinguer les deux, c’est l’intention portée aux auteurs. D’un côté on présuppose qu’il s’agit seulement de faire rire, de l’autre on voit que cette ambition a été abandonnée au profit de la diffusion d’une pensée haineuse. - Martial Cavatz -

ROMAN

Mario AbsentèsKerguelen, peintre soldatÉditions Baudelaire

Un septuagénaire retourne sur son lieu de naissance. Il souhaite se mettre à la peinture

afin de réaliser l’œuvre qu’il a en tête depuis plus de quarante ans : peindre le portrait d’une Anglaise qu’il a connue avant son départ de France. Histoire d’une quête paradoxale pour cet ancien militaire qui a fait le tour du monde et que l’on pourrait croire bien éloigné de ce genre de préoccupation artistique. C’est justement ce qui fait tout le sel de ce magnifique polar, comment un homme peut décider d’aller à l’encontre de ses propres déterminismes en essayant de réaliser ce qui pouvait paraître impensable, y compris à lui-même. Ce roman, hanté par les cauchemars de son personnage principal, est une réflexion sur la mémoire, sur ce qui reste et sur ce qui peut être transmis. La toile étant l’héritage qu’il a choisi de laisser, à qui est-elle destinée, et d’ailleurs a-t-elle une valeur artistique ? - Martial Cavatz -

HISTOIRE

Les Francs-Comtois de ParisMarie-Thérèse RenaudCabédita

Les Francs-Comtois sont nombreux à avoir joué un rôle de tout premier plan au niveau national, voire international. Marie-Thérèse Renaud nous apprend ainsi que l’on doit à un natif de Theuley-les-Lavancourt l’invention de la Coupe du Monde de football, et que le

Pont Mirabeau qu’a si bien chanté le poète Apollinaire, a été conçu par l’un des meilleurs ingénieurs des ponts et chaussées de France, Jean Résal. C’est Victor Hugo, Bisontin de naissance, qui inaugure naturellement cet ouvrage, dans lequel Marie-Thérèse Renaud tisse un lien entre ces Francs-Comtois plus ou moins illustres et la capitale qui les a accueillis. Pratique si l’on souhaite partir sur leurs traces... L’occasion aussi de découvrir quelques coins et recoins parisiens, des anecdotes sur l’histoire et le patrimoine de la capitale. Actrices comme Edwige Feuillère qui naît à Vesoul, écrivains tel Nodier que l’on suit à l’Arsenal, scientifiques à l’image du Montbéliardais Cuvier, fondateur de la paléontologie, les personnalités et surtout les talents ne manquent pas. À côté des illustres - de Pasteur à La Madeleine Proust ! -, il y a aussi les moins connus telle Hortense Fiquet, épouse de Cézanne, originaire de Saligney, maintes fois immortalisée sur toile par son peintre de mari. De peintres il est bien sûr aussi question, qu’il s’agisse de l’incontournable Gustave Courbet ou du pontissalien Robert Fernier, fondateur du toujours vaillant Salon des Annonciades. L’auteur fait en outre ici œuvre de mémoire. Qui se souvient encore que le dernier grand maître des Templiers est né à Molay en Haute-Saône en 1243 ? Qui sait que le fondateur de l’anatomie, Marie François Xavier Bichât, est né à Thoirette près de Lons-le-Saunier ? Si certains noms ne vous diront définitivement rien, plusieurs destins sont pourtant remarquables, comme ce Jacques Séraphin Lanquetin né en 1794 à Longevilles-Mont-d’Or, qui va quelques décennies plus tard participer au réaménagement de l’urbanisme parisien, s’imposant comme l’un des précurseurs du célèbre Haussmann. Décidément, la Franche-Comté est un vivier à talents ! - Dominique Demangeot -

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Cinéma 15

20 janvierMade in FranceDe Nicolas Boukhrief ThrillerAvec Malik Zidi, Dimitri StorogeUn journaliste indépendant infiltre les milieux intégristes de la banlieue parisienne. Il fait la connaissance de quatre personnes qui ont pour mission de créer une cellule djihadiste.

LegendDe Brian Helgeland BiopicAvec Tom Hardy, Emily BrowningLes célèbres gangsters du Royaume-Uni, Reggie et Ronnie Kray, sont les chefs d’une mafia impitoyable. Mais la femme de Reggie demande à son mari d’arrêter...

The Danish GirlDe Tom Hooper BiopicAvec Eddie Redmayne, Alicia VikanderL’histoire d’amour entre Gerda Wegener et Lili Elbe, née Einar Wegener. Cette artiste danoise est la première personne à avoir subi une chirurgie de réattribution sexuelle en 1930.

Le convoiDe Frédéric Schoendoerffer ThrillerAvec Benoît Magimel, Reem KhericiSept hommes véhiculent du cannabis depuis l’Espagne et doivent se rendre en banlieue parisienne. Une jeune touriste française est embarquée dans ce convoi malgré elle.

Les chevaliers blancsDe Joachim Lafosse DrameAvec Vincent Lindon, Louise BourgoinLe président d’une ONG réussit à convaincre des parents en attente d’adoption de financer une opération d’exfiltration d’orphelins en Afrique.

Paris WilloubyDe Quentin Reynaud Comédie dramatiqueAvec Isabelle Carré, Stéphane De GroodtLes Guilby Lacourt sont une famille recomposée qui apprend le décès d’un grand-père et prend la route pour se rendre à l’enterrement.

Les éluesDe David Pablos DrameAvec Nancy Talamantes, Oscar TorresSofia, jeune fille de 14 ans, tombe amoureuse d’Ulises. À cause de cette relation, Sofia devient la proie d’un réseau de prostitution.

ChorusDe François Delisle DrameAvec Sébastien Ricard, Fanny MalletteIrène et Christophe ont un fils. Ce dernier disparait un après-midi après l’école. Chacun tente de survivre à cette disparition mais dix ans plus tard, la police les contacte...

27 janvierLa 5ème vagueDe J Blakeson Science-fictionAvec Chloë Grace Moretz, Nick RobinsonDes extraterrestres, appelés les Autres, envahissent la terre. Cassie Sullivan part à la recherche de son frère.

Jane got a gunDe Gavin O’Connor WesternAvec Natalie Portman, Joel EdgertonJane Hammond est mariée à un bandit, Bill. Ce dernier décide de se retourner contre son propre clan.

Encore heureuxDe Benoît Graffin ComédieAvec Sandrine Kiberlain, Edouard BaerMarie est mariée à Sam, au chômage depuis deux ans. Un soir, elle rencontre un homme qui lui fait la cour.

SpotlightDe Tom McCarthy ThrillerAvec Michael Keaton, Mark RuffaloL’histoire vraie de l’enquête du Boston Globe qui a révélé le scandale d’abus sexuels dans l’église catholique.

Les premiers, les derniersDe Bouli Lanners Comédie dramatiqueAvec Albert Dupontel, Bouli LannersCochise et Gilou sont des chasseurs de prime. Ils partent à la recherche d’un téléphone volé et rencontrent un couple en fuite.

Tout en haut du mondeDe Rémi Chayé AnimationAvec Christa Théret, Féodor AtkineUne jeune fille issue de l’aristocratie russe part à la recherche de son grand-père disparu en mer.

ExpérimenterDe Michael Almereyda BiopicAvec Peter Sarsgaard, Winona RyderEn 1961, le professeur de psychologie Stanley Milgram travaille sur la question de la soumission à l’autorité. Ses méthodes ne sont pas acceptées par tous.

The boyDe William Brent Bell ÉpouvanteAvec Lauren Cohan, Jim NortonUn couple engage une nourrice pour s’occuper d’une poupée qu’ils considèrent comme leur fils récemment décédé.

Les délices de TokyoDe Naomi Kawase DrameAvec Kirin Kiki, Masatoshi NagaseTokue souhaite travailler chez un vendeur de dorayakis, pâtisseries japonaises. Il a un secret de recette pour rendre la pâte exquise.

Les filles au Moyen-ÂgeDe Hubert Viel ComédieAvec Chann Aglat, Léana DoucetUn vieil homme raconte aux enfants d’aujourd’hui la vie des garçons et des filles au Moyen-Âge.

45 ansDe Andrew Haigh DrameAvec Charlotte Rampling, Tom CourtenayPour leurs 45 ans de mariage, Kate et Geoff décident d’organiser une grande fête. Mais une nouvelle va bouleverser les préparatifs.

DoughDe John Goldschmidt Comédie dramatiqueAvec Jonathan Pryce, Malachi KirbyNat Dayan est gérant d’une boulangerie située à l’East End de Londres. Il doit faire face à la concurrence d’un supermarché voisin qui a débauché son employé.

Le chanteurDe Rémi Lange DrameAvec Thomas Polly, Thérèse LanfrancaThomas rêve de devenir chanteur depuis de longues années. Il part à Paris pour tenter sa chance, avec sa guitare pour seul bagage.

3 février Les Tuche 2 - Le rêve américainDe Olivier Baroux ComédieAvec Jean-Paul Rouve, Isabelle NantyLa famille Tuche voit sa vie transformée à la suite d’un gros lot de 100 millions d’euros au Loto. Le fils de la famille part aux États-Unis pour améliorer son anglais...

Point BreakDe Ericson Core ActionAvec Edgar Ramírez, Luke BraceyUne série de braquages a lieu. Une ancienne légende de la moto devenue agent du FBI infiltre un groupe de sportifs soupçonnés d’être à l’origine de ces braquages.

ChocolatDe Roschdy Zem BiopicAvec Omar Sy, James ThiérréeLe destin du premier artiste clown noir de la scène française : le clown Chocolat. Il rencontrera un grand succès avec Footit.

Steve JobsDe Danny Boyle BiopicAvec Michael Fassbender, Kate WinsletPortrait intime de Steve Jobs, à l’origine de la marque Apple.

Alvin et les Chimpmunks, à fond la caisseDe Walt Becker AnimationAvec Jason Lee, Kimberly Williams-PaisleyAlvin, Simon et Théodore croient que leur ami Dave va épouser sa petite amie et les abandonner. Ils partent alors à l’aventure pour empêcher le mariage...

PréjudiceDe Antoine Cuypers DrameAvec Nathalie Baye, Arno HintjensPendant un repas, la fille de la famille annonce qu’elle attend un enfant. Son frère, Cédric, ne se réjouit pas de cette nouvelle.

Le temps des rêvesDe Andreas Dresen DrameAvec Merlin Rose, Julius NitschkoffDani et ses amis vivent en Allemagne de l’Est dans les années 1990.

La terre et l’ombreDe César Acevedo DrameAvec Haimer Leal, Hilda RuizAlfonso revient dans son pays d’origine pour soigner son fils malade. Il retourne dans son ancienne maison qu’il a quittée il y a 17 ans.

NahidDe Ida Panahandeh DrameAvec Sareh Bayat, Pejman BazeghiNahid est une jeune femme divorcée qui vit avec son fils. Selon la tradition iranienne, la garde de l’enfant doit revenir au père, mais ce dernier a accepté de céder la garde à son ex-femme, à condition qu’elle ne se remarie pas.

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