diversions bourgogne octobre 2012

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Bourgogne Culture et actualité Cahier central Le Petit Journal de l’exposition François et Sophie Rude. Un couple d’artistes au XIXe siècle, citoyens de la Liberté. Pages 9 à 16 octobre 2012 #46 Mensuel gratuit d’informations

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Journal culture et actualite

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Page 1: Diversions Bourgogne octobre 2012

BourgogneCulture et actualité

Cahier centralLe Petit Journal de l’exposition François et Sophie Rude. Un couple d’artistes au XIXe siècle, citoyens de la Liberté. Pages 9 à 16

octobre2012

#46

Mensuel gratuit d’informations

Page 2: Diversions Bourgogne octobre 2012
Page 3: Diversions Bourgogne octobre 2012

L’AGENDA - 4

REPÉRAGES - 6Festival NovosonicValse en trois temps à Quetigny

MUSIQUES - 7Nouveau projet à La VapeurRentrée au Moulin de Brainans

THÉÂTRES - 8Antigone et Narcisse au Théâtre des FeuillantsCall me Chris en BourgogneFolie Courteline au TDBValère Novarina à Mâcon Scène NationaleLa Grande et fabuleuse histoire du commerce à l’Espace des ArtsTimon d’Athènes au Centre Dramatique National Besançon Franche-Comté

LE PETIT JOURNAL DE L’EXPOSITION FRANÇOIS ET SOPHIE RUDE À DIJON - 9-16

EN FRANCHE-COMTÉ - 19Week-end de rentrée à La RodiaCréation Trans’ à Lons-le-Saunier

EXPOSITIONS -20Seigneurs de l’An Mil au Musée archéologique de Dijon

CHRONIQUES CD - 21

CHRONIQUES LIVRES - 22

CINÉMA - 23

Diversions - Edition BourgogneJournal d’information gratuit 1, rue de Vittel25000 Besançon03 81 87 40 05 - 06 34 12 01 [email protected] : SARL DiversionsRCS : 508 184 934Directeur de la publication : Boban Stanojevic03 81 87 40 05 / 06 34 12 01 [email protected]

Rédacteur en chef : Dominique [email protected]

Rédaction : Florian Antunes Pires, Charlotte Carbonare, Dominique DemangeotManu Gilles, Simon Grangereau, Bruno Kolanek, Amandine Mannier, Sébastien MaraisPaul Sobrin, Boban Stanojevic, Marc Vincent, Caroline Vo Minh

Comité de relecture : Dominique Demangeot, Caroline Vo Minh

Régie publicitaire : Boban Stanojevic - 03 81 87 40 05 / 06 34 12 01 91- [email protected]

Dépôt légal : octobre 2012© Diversions 2012Imprimé en Espagne - RotimpresISSN : en cours

valeur : 1,15 euros offertDiversions est diffusé gratuitement sur la Bourgogne Franche-ComtéProchaine parution : 26 octobre 2012

Vilaine Frange est à vendre. C’est elle qui le dit sur son site ! L’illustratrice, Bisontine d’origine, revient sur ses terres comtoises après une parenthèse bretonne.

Vilaine Frange s’est prise elle-même comme modèle: forme du visage, poses du corps, sans oublier les vêtements. « J’avais envie de créer une sorte de blog de mode, mais je ne voulais pas me prendre en photo ». On n’est jamais

mieux servi que par soi-même. On peut même admirer dans une de ses illustrations... son propre vélo ! La frange, c’est bel et bien le leitmotiv dans la production de la demoiselle. On peut même dire que la jeune fille à frange est son personnage fétiche, auquel elle ne prête pas toujours une expression. « J’aime bien ce côté froid, un peu flippant des modèles sans visage ». Vilaine Frange est aussi une self made girl. Son activité d’illustratrice, elle l’a débutée un jour, comme ça, sans formation préalable, à l’occasion du festival GéNéRiQ 2009, réalisant une affiche sérigraphiée pour l’atelier Superseñor.©

Vilaine Frange

Vilaine Frange

La jeune fille à frange ballade aussi son crayon de papier et sa peinture du côté des chaussures, ou bien donne vie à d’étranges créatures mi-humaines, mi-animales... peut-être pour avoir le plaisir de leur créer des garde-robes ?Quand on lui demande si les expositions l’intéressent, elle répond qu’elle préfère travailler sur le côté éphémère de l’image. « Je ne suis pas trop attachée à mes tableaux, je les donne ou les vends à un prix symbolique. Je préfère que les gens aillent les voir sur mon site !». On a pu tout de même admirer quelques-uns de ses dessins sur les murs de la boutique de vêtements Omnibus à Besançon... qui fait aussi office de galerie d’expo !

Vilaine Frange crée notamment des illustrations pour le site paulette-magazine.com et sa déclinaison papier. Elle propose également ses services à d’autres sites et des clients divers, travaillant plus dans le graphisme en ce moment, même si elle dessine toujours. Très récemment, l’illustratrice a intégré l’atelier de dessinateurs Com Comme Comix situé à Besançon. L’occasion pour elle de travailler parmi d’autres artistes et de mener, pourquoi pas, des projets en commun. www.vilainefrange.com

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culturessortiessociété

Bourgogneoctobre 2012

diversions-magazine.com

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4Diversions - L’Agenda du mois

CHARNAY-LES-MÂCONEspace La Verchère6 octobre à 15h : Ma mémoire part en vacances - Théâtre

Salle du Vieux TempleDu 13 au 21 octobre : Exposition « Du sel de mer au sel de terre, la fabuleuse histoire de l’or blanc »

CHENÔVEEspace culturel François Mitterrand23 octobre à 20h : C’est quoi ton nom ? - Théâtre dansé

Salle des Fêtes26 octobre à 20h : Cie Figure 2 Style - Danse Hip Hop Jazz

BEAUNEHalle de Beaune7 octobre à 16h : Orchestre Dijon Bourgogne : Rossini, Mozart... - Classique(Gratuit. Billets à retirer à l’avance au Théâtre)

Théâtre de Beaune4 octobre à 20h30 : Bernard Pivot, Souvenirs d’un gratteur de têtes - Lecture spectacle11 octobre à 20h30 : Valse en trois temps - Danse16 octobre à 20h30 : La promesse de l’aube - Théâtre

DIJONABC (au Théâtre des Feuillants)6 octobre à 20h30 : Les cuivres français (en l’Eglise St-Bernard) – Classique11 octobre à 20h : Ysaye « sur mesure » (au Grand Théâtre) - Musique de chambre16 octobre à 20h : 4 Secrets (à la Maison de Marsannay)– Illusion19 octobre à 20h : Antigone – Théâtre25 octobre à 20h : Narcisse – Théâtre

Appartement/ Galerie InterfaceDu 15 septembre au 3 novembre : Exposition « Flatworld» par Patrick Polidano - Sculpture

Bistrot de la Scène3 octobre à 10h30 et 15h : Le grenier – Jeune public3 octobre à 20h30 : Le testament du Père Leleu et Léonie est en avance ou le mal poli – Parole5 octobre à 20h30 : Nicolas Jules + Les Amulecteurs – Chanson6 octobre à 20h30 : Tristan Léa chante Reggiani – Chanson10 octobre à 10h30 et 15h : Le grenier – Jeune public10 octobre à 20h30 : Tout leu, tout slam #1 – Slam11 octobre à 20h30 : Rive gauche, Dubé Hanaffi – Chanson réaliste12 octobre à 20h30 : Hommage à Léo ferré : C’est l’homme – Chanson13 octobre à 20h30 : D’un retournement l’autre – Théâtre17 octobre à 10h30 et 15h : Dan’hub, tronches de vie – Jeune public18 octobre à 20h30 : Laurent Courtaliac, Manu Roche, François Barnoud – Jazz19 et 20 octobre à 20h30 : Cabarêves – Danse et chanson24 octobre à 10h30 et 15h : Dan’hub, tronches de vie – Jeune public26 et 27 octobre à 20h30 : 8 femmes – Comédie musicale

ConsortiumDu 23 octobre au 13 janvier : Le Frac s’invite au Consortium

Eglise Saint-PhilibertJusqu’au 28 octobre : Didier Vermeiren - Etude pour le monument à Philippe Pot (1996-2012)

Jardin des SciencesJusqu’au 31 décembre : Exposition « La Vache ! »

La Vapeur6 octobre à 20h : Juan Mac Lean / Kab bambino / Singtanik 10 octobre à 20h : A Place To Bury Strangers / I love UFO – Rock11 octobre à 20h : Erazer / Les Culs Ivres / Lubrik’s bug – Support your local band13 octobre à 17h : Chapi Chapo / Popoloska – Ciné concert19 octobre à 20h : Pulpalicious / Naïve New Beaters – Electro24 octobre à 20h : General Electriks – Funk25 octobre à 21h : TFCO / Wild Willy and the Hangdowns – Support your local band26 octobre à 20h : Ladylike Lili / Mermonte Meine Sohn William - Pop

Latitude 21 Du 1er octobre au 31 décembre : « L’architecture du 21ème siècle s’expose »

Musée archéologiqueDu 12 septembre au 25 novembre : Exposition « Seigneurs de l’An Mil »

Musée des Beaux-Arts, Musée Rude et La Nef Du 12 octobre au 28 janvier : Exposition « François et Sophie Rude. Un couple d’ar-tistes au XIXe siècle, citoyens de la Liberté - Peinture, Sculpture

Opéra de Dijon3 octobre à 20h : Debussyades : Debussy et la Russie 4 octobre à 20h : Debussyades : Seule la scène des rubans 5 octobre à 14h et 16h : Debussyades : Debussy pour les enfants 5 octobre à 19h30 : Debussyades : Voyage avec Monsieur Croche

5 octobre à 21h : Debussyades : Debussy / Estampes 6 octobre à 16h : Debussyades : Babar et les autres – Goûter6 octobre à 18h30 : Debussyades : concert commenté Debussy 6 octobre à 20h : Debbusyades : Ravel et Debussy6 octobre à 22h : Debussyades : Karine Deshayes et Philippe Cassard7 octobre à 11h : Debussyades : Quatuor Manfred, Claire Désert 7 octobre à 15h : Debussyades : Debusssy, Fauré, Vierne 7 octobre à 17h : Debussyades : la bonne chanson 9 et 10 octobre à 20h : Debussyades : Le Sacre du printemps – Danse13 octobre à 20h : Pelléas et Mélisande, Debussy 19 octobre à 20h : Zimerman, Debussy 20 octobre à 20h : Escale à budapest 27 octobre à 20h : Bach, Brahms : Les Dissonances

Parc des ExpositionsDu 31 octobre au 11 novembre : Foire internationale et gastronomique de Dijon

A Place To Bury Strangers le 10 octobre à La Vapeur

4 Secrets à la Maison de Marsannay le 16 octobre

Téléchargez l’application Diversions

pour i-Phone

Et retrouvez notre agenda des sorties

en Alsace Bourgogne Franche-Comté ainsi que notre sélectionde reportages vidéo

Ma mémoire part en vacances à l’Espace Verchère de Charnay-les-Mâcon le 6 octobre

Les sorties du mois en un clin d’oeil

Page 5: Diversions Bourgogne octobre 2012

55L’Agenda du mois

MJC Bourroches ValendonsDu 15 au 27 octobre : Exposition « Volte Face »

Théâtre Dijon Bourgogne6 octobre à 22h : Khalfon chante le rock’n blues, dans le cadre de l’Acteur Festival (Parvis St-Jean)Du 16 au 20 octobre : Folie Courteline(Salle Jacques Fornier) – Théâtre

Théâtre Mansart2 octobre à 20h30 : Radio Dijon Campus fête ses 30 ans - Jean Louis + Marc Ribot - Jazz Noise / Guitare HérosDu 23 au 26 octobre à 20h30 : Un miracle dans la fosse - Théâtre27 octobre à 20h : Will Stratton + La terre tremble - Folk, Post-Rock (dans le cadre du festival Novosonic)

Zénith18 octobre à 20h30 : Shaka Ponk – Rock21 octobre à 16h : Philippe Candeloro : le tour du monde en 80 jours – Spectacle sur glaceDu 26 au 28 octobre : Mamma Mia – Comédie musicale

CHALON-SUR-SAÔNEAuditorium du Conservatoire6 octobre à 18h : Lux - Bal traditionnel 7 octobre à 11h : Le haut du panier : Une fin de marché en musique (au Théâtre Piccolo)18 octobre à 20h : De l’Adriatique à l’Atlantique… De Marcello à Gershwin (Eglise du Sacré-Cœur)24 octobre à 20h : Call Me Chris – Théâtre contemporain

Espace des Arts 5 octobre à 20h : L – Chanson Pop9 et 10 octobre : La grande et fabuleuse histoire du commerce – ThéâtreDu 18 au 31 octobre : L’Homme Cirque – Cirque23 octobre à 20h : Exquisite Corpse – Danse

Musée Nicéphore NiépceDu 20 octobre au 20 janvier : Algérie, Clos comme on ferme un livre ? - Photographie- Bruno Boudjelal- Algérie, Archives

La Péniche14 octobre : Jazz Soul Orchestra – Afro latino caribéen29 octobre : SZ Leo Lionni, Soy Cuba – Ciné concert

LE CREUSOTL’arc scène nationaleDu 11 octobre au 16 décembre : Marie Morel – Exposition11 octobre à 20h30 : Nadeah – Chanson pop rock16 octobre à 19h30 : Lettres d’amour de 0 à 10 – Théâtre18 octobre à 20h30 : Caroline Casadesus, Dimitri Naïditch – Piano, voix25 octobre à 20h30 : La liberté pourquoi faire ? – Théâtre

MÂCONCave à Musique4 octobre : Tifah, Professor, Selecta – Reggae13 octobre : Carte blanche à l’Embobiné – Soirée autour du cinéma18 octobre : Parade graphique au problème de la diffusion, l’exemple du punk anglo-saxon (1976-1979) – Conférence débat19 octobre : Lee Harvey Asphalt, Peter Solo, Selecta – Musiques du monde20 octobre : The Damaged Superstars, Movie Stars Junkie, Selecta – High energy rock’n roll27 octobre: Festival Résonances électroniques31 octobre : Le petit monde de Léo Lionni – Jeune public

Eglise Notre Dame de la Paix14 octobre à 17h : Dimitry Rasul-Kareyev, Clarinette et Michael Dusskek, Piano : Brahms - G.Finzi - Martinu - Bernstein - Horovitz - Concert organisé par la Société de Musique de Chambre Val de Saône

Mâcon Scène nationale5 octobre à 19h30 : Déambulation chorégraphique – Danse10 octobre à 19h30 : Voyage au centre de l’oreille – Musique 12 octobre à 20h : Carousel des moutons d’irque et fien – Cirque, musique17 octobre à 20h30 : L’Atelier volant– Théâtre18 et 19 octobre : Danbé, concert narratif sous casque – Musique, théâtre23 octobre à 20h30 : Call Me Chris – Théâtre25 et 26 octobre : Mimopolis – Mime

MJC HéritanDu 8 au 19 octobre : Exposition Raymond Pagès - Peintures, cartes postales, collages, affiches

Musée des UrsulinesJusqu’au 28 octobre : Exposition « Paysages en mouvement »

MONTBARDBibliothèque Jacques PrévertJusqu’au 6 octobre : Festival Coup de Contes Du 9 au 27 octobre : Exposition « Ca s’anime » - Cinéma d’animation

Espace Paul Eluard9 octobre à 20h30 : Merci Monsieur Spielberg - Théâtre

QUETIGNYBibliothèque municipaleDu 8 septembre au 13 octobre : « A chacun son Algérie » - Exposition

Eglise Saint Martin12 octobre à 20h30 : Le Laostic Bourgogne - Musique ancienne (gratuit sur réservation)13 octobre à 20h30 : La Salamandre - Musique ancienne

Espace Mendès-France10 octobre à 20h30 : Valse en trois temps - Danse16 octobre à 18h30 : Andrée Kupp, dresseuse et montreuse de légumes - Marionnettes18 octobre à 15h : Mais n’improvise donc pas toute nue - Théâtre d’improvisation

Petit Théâtre des Prairies24 octobre à 10h : Les trésors de Papic - Marionnettes / Jeune public

Jean-Pierre Khalfon le 6 octobre au Parvis St Jean

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atherine Faux

Philippe Candeloro au Zenithde Dijon le 21 octobre

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e Dijon / François Jay

L’Homme Cirque du 18 au 31 octobre à l’Espace des Arts

Voyage au centre de l’oreille le 10 octobre à Mâcon Scène Nationale

Exposition François et Sophie Rude. Un couple d’artistes au XIXe siècle, citoyens de la Libertéà Dijon dès le 12 octobre

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Repérages 6

Une valse en trois temps à QuetignyOn dansera la valse en octobre à Quetigny. Une valse pas comme les autres, finalement bien éloignée de la traditionnelle danse à trois temps de nos arrières-grands-parents. Ici la compagnie CFB 451 propose un spectacle où se mêlent plusieurs styles de chorégraphies, entre classique et modernité.

Le spectacle est partagé en trois séquences de vingt minutes, chacune possédant son univers sonore bien distinct. Musique classique pour le solo, jazz pour le duo et pop rock du groupe anglais Tiger Lilies pour terminer.

La compagnie nous transporte dans des univers sombres, parfois burlesques, et l’on peut noter que si le solo, exécuté par Aurélie Berland, s’inspire du ballet classique, c’est pour mieux le remettre en question. Si le corps accomplit les traditionnels arabesques et entrechats, la danseuse semble quelque peu déconcertée par la musique sautillante venue d’un autre temps. Les pas classiques se mêlent à des mouvements beaucoup moins orthodoxes, lorsque le corps est parcouru de soubresauts, et que les bras se croisent comme attendant quelque chose. La danseuse, qui se noierait presque dans le Lac des cygnes, a confié par ailleurs que ce solo laissait une place importante à l’improvisation.

La musique est ici un défi lancé aux corps, et souvent les danseurs, dans leurs attitudes, leurs expressions - tant faciales que corporelles - semblent s’approcher aussi du théâtre. Notons que Christian et François Ben Aïm viennent de la pantomime, ceci expliquant cela... De par les styles de danse convoqués, cette Valse en trois temps s’adresse à un large public, qu’il s’intéresse à la danse classique traditionnelle

ou à des esthétiques plus modernes. A travers leurs écriture nerveuse mais fluide, les deux frères chorégraphes ont voulu notamment traiter du sentiment amoureux, de la grâce qui naît entre un couple qui danse, même si cette danse se veut particulièrement physique, comme souvent avec Christian et François Ben Aïm.

- Amandine Mannier -

Une valse en trois temps, Espace Mendès-France, Quetigny, 10 octobre à 20h30 - www.quetigny.fr

Festival NovosonicChaque année dans les derniers jours d’octobre, l’atheneum, en partenariat avec de nombreuses stuctures culturelles dijonnaises, propose un temps fort autour des musiques actuelles, avec une forte tendance rock et pop.

C’est sur un hommage aux Clash « Tribute To The Clash » que s’ouvre cette nouvelle édition de Novosonic. Cette soirée d’ouverture se déroulera à l’atheneum le 25 octobre, conviant trois autres formations. A suivre tout d’abord la pop de Melody’s Echo Chamber, qui viendra présenter son premier album éponyme enregistré avec Kevin Parker de Tame Impala. Dans les bacs le 5 novembre prochain, sorti chez Domino, l’album contiendra notamment le premier single I Follow You, belle ballade portée par la voix doucement sussurante de la parisienne Mélody Prochet. - voir notre chronique p. 21 -. La soirée se poursuivra avec Lalala Crew, Pins et la pop orientée Cold Wave de Au Palais, qui s’illumine d’une voix féminine. Une première soirée qui illustre bien l’esprit défricheur de Novosonic.

26 octobrePlace à La Vapeur le lendemain avec la venue de trois formations dont Mein Sohn William, une électro noisy avec une forte tendance à partir en roue libre, aglutinant rock, pop, folk dans un seul et même élan fiévreux. Le Rennais Dorian Taburet à l’origine du projet prend un malin plaisir à triturer ses guitares et ses machines, à sampler musiques et sons à n’en plus finir pour échafauder ses cathédrales sonores. Sur scène, on dit le bonhomme intenable, déversant sa no-wave apocalyptique avec un vrai sens dramatique.

On retrouve des rennais avec Mermonte, jeune groupe de Guislain Fracapane, composé sur scène de pas moins de dix musiciens au service d’une pop sophistiquée, où les guitares se mêlent aux violons et violoncelles, la basse au glockenspiel... Une musique à tiroirs de la part des lauréats 2012 de « Jeunes Charrues » au festival des Vieilles Charrues. Ladylike Lily sera aussi de la fête ce 26 octobre. Dans le monde de la folk, la rumeur monte doucement mais sûrement autour de la jeune Orianne Marsilli. Après un EP bien accueilli, la bretonne publiait en avril son premier album, Get Your Soul Washed, joli manifeste de l’univers clair-obscur de Ladylike Lily - plus obscur que clair même si la voix, elle, semble descendue tout droit des cieux -.

27 octobreDirection le Théâtre Mansart avec notamment La Terre Tremble !!! qui propose une musique mille feuilles entre folk et rock, acoustique et électrique. Le rendez-vous se poursuit à l’atheneum dès 22 heures avec, entre autres artistes à découvrir, Young Magic, collectif basé à Brooklyn dont les membres sont cependant originaires d’Australie et d’Indonésie, à l’origine d’une musique défricheuse et aérienne, mixant les genres sur une base synthétique.

Le festival ira aussi poser ses amplis le 28 octobre à la Péniche Cancale. Nos oreilles seront assaillies par les déflagrations sonores de K-Holes. Un petit voyage dans les bayous poisseux de la Nouvelle-Orléans avec en commandants de bord les quatre musiciens du combo originaire de Louisiane.

Le Novosonikien terminera son périple au Consortium le 30 octobre avec plusieurs formations dont Lotus Plaza, le projet solo du chanteur guitariste de Deerhunter, Lockett Pundt. Un moment qui ne devrait pas se montrer avare en pop luxuriante agrémentée d’expérimentations tous azimuts, même si cette tournée solo de Lockett Pundt lorgne plus volontiers vers le post punk et la pop des sixties.

- Sébastien Marais, Manu Gilles -

Festival Novosonic, Dijon (atheneum, Consortium, La Vapeur, Péniche Cancale, Théâtre Mansart), du 25 au 30 octobrehttp://novosonic.over-blog.com

© Estelle Brugerolles

Ladylike Lily

Melody’s Echo Chamber

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Mein Sohn William

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Page 7: Diversions Bourgogne octobre 2012

Musiques 7

Un nouveau projet pour La VapeurAction culturelle, médiation artistique et diffusion. Tels sont les trois axes clés du nouveau projet culturel de la salle de musiques actuelles dijonnaise. La Vapeur présentait en septembre dernier les nouveautés en cette rentrée 2012.

La diffusionEn matière de diffusion, le maître mot demeure l’éclectisme avec une programmation musicale à même de satisfaire un large panel de spectateurs. La Vapeur propose ainsi un spectre de musiques allant du rock noisy et cold wave de A Place To Bury Strangers, jusqu’au théâtre chanté à l’humour si particulier de Vincent Delerm, Memory. On voit combien la palette est large... Les amateurs de chanson folk ne manqueront pas la soirée du 5 décembre, avec un plateau réunissant Emily Loizeau, qui nous revient avec un nouvel album, et Charlotte Mildrey, projet solo de la dijonnaise Julie Rey. De la chanson toujours, plus délurée, plus rock aussi quelques jours auparavant, avec la venue de la pétillante Carmen Maria Vega.Jusqu’en décembre, la Vapeur accueillera également des artistes aussi divers que les rois de la platine Pulpalicious et Naive New Beaters le 19 octobre, Youssoupha, jeune prince du hip hop le 6 décembre ou encore le trio Eiffel, dignes héritiers de Noir Désir qui signeront leur grand retour le 14 décembre.

L’action culturellePour développer sa présence sur le territoire dijonnais, et favoriser ainsi une relation de proximité avec les habitants, la Vapeur travaille à des actions diverses, à l’image de la Chorale de La Vapeur - déjà 60 personnes inscrites ! -, d’ateliers ou encore d’interventions

en maison d’arrêt. Des visites de la Vapeur peuvent également être réalisées. Contactez Elsa Girard au 03 80 48 86 10. Des actions culturelles étaient déjà menées auparavant, mais de manière disparate. Cette fois un véritable programme à l’année est mis en place, avec la volonté de le rendre lisible pour le grand public. Notons encore des ateliers Beat Box portés par l’espace socioculturel de l’Acodège à destination des adultes en situation de handicap et/ou de difficulté.

L‘action artistique La Vapeur intervient également aux cotés des musiciens de Dijon et de Côte-d’Or, qu’ils soient débutants, amateurs ou professionnels, bénéficiant chacun d’un accompagnement adapté. Là encore, il est question de donner davantage de place à cet accompagne-ment. Les musiciens peuvent notamment utiliser des studios de répétition, mais aussi suivre des parcours de formation, recevoir des conseils dispensés par des professionnels. Ate-liers, rencontres voire même stages de forma-tion agréés sont possibles. Des résidences sont en outre proposées aux musiciens professionnels, afin de préparer une nouvelle tournée, un nouveau spectacle, ce type d’accompagnement pouvant éga-lement comporter un travail de médiation culturelle réalisé en collaboration avec les ar-tistes. Des groupes conventionnés seront choi-sis chaque année, bénéficiant d’un diagnos-tic pour un accompagnement véritablement personnalisé.

- Manu Gilles -

www.lavapeur.com

Rentrée au Moulin de BrainansC’est la rentrée aussi au Moulin de Brainans, qui a mis au point un nouveau cocktail musical mêlant blues, rock, chanson, électro et autres joyeusetés sonores, dans un esprit qui demeure envers et contre tout associatif.

Le Moulin commence la saison avec du très lourd puisque la salle jurassienne ac-cueillera les déflagrations blues rock de Popa Chubby. Le New-Yorkais fait une es-cale à Brainans et devrait nous proposer un voyage électrique dans son Chubbyland. Popa Chubby délivre depuis plus de 20 ans

un blues élastique qui côtoie de temps à autres le funk, le hip hop mais surtout le rock. Même si dans son dernier album solo Back To New York City, Popa revient à un blues plus classique, en live le bonhomme est intenable. Déjà un classique !

Les concerts se suivront mais ne se res-sembleront pas au Moulin puisque le 27 octobre, on prendra un train pour les Pays de l’Est cette fois avec le groupe Tram des Balkans, tandis que Bernard Massuir nous fera une démonstration de basse aux pieds - sorte de vieil accordéon - mais surtout de sa voix élastique, dont il joue comme d’un instrument.

Au programme également au Moulin jusqu’en décembre, de la scratch music, l’electro-dub du Peuple de l’Herbe le 2 no-vembre et l’incontournable Citrik Birthday le soir du 10 novembre pour fêter les 10 ans du Citron Vert. Le jour d’avant, les Fatals Picards se seront avancés sur la scène du Moulin de Brainans, un plateau éclectique puisque la première partie sera assurée par les bisontins de Slide On Venus. Du rock bien musclé à l’horizon...

Retour au rock le 29 novembre avec Paul Personne que l’on avait pu rencontrer à Brainans il y a quelques années, accompa-gné de Thiéfaine. Cette fois le bonhomme revient avec un double album sorti l’an dernier, Personne A l’ouest.

- Manu Gilles -

www.moulindebrainans.comPopa Chubby le 14 octobre

Page 8: Diversions Bourgogne octobre 2012

Théâtres 8

Call me Chris en BourgogneIdem Collectif est une compagnie bourguignonne. Elle se compose de trois comédiennes : Elisabeth Hölzle, Laure Mathis et Aline Reviriaud. Cet automne ces dernières présentent leur nouvelle pièce Call me Chris, qu’elles donneront dans plusieurs endroits de Bourgogne en octobre.

Le spectacle, qui reçoit l’aide de la Drac Bourgogne, sera notamment programmé à l’Auditorium de Chalon-sur-Saône le 24 octobre, en partenariat avec Affluences, réseau bourguignon du spectacle vivant. Fondée en janvier 2011, l’association a pour objectif de fédérer les aides à la création artistique en Bourgogne, réunissant 17 salles de spectacle de toutes tailles.

« Notre envie est d’expérimenter le travail sans metteur en scène » expliquent les membres d’Idem Collectif. « Nous nous dirigeons les unes les autres et nous élaborons un espace, une forme, en nous basant essentiellement sur le texte, sur son énergie, sa musicalité ». Call me Chris s’est donc écrit sur le plateau. Le troisième projet d’Idem Collectif accueille deux autres comédiens ainsi qu’un ingénieur lumière et une plasticienne / vidéaste.

Call me Chris, appelez-moi Christian Laporte, - c’est son titre entier - a été écrit par Aline Reviriaud. La pièce nous transporte dans le monde de l’entreprise. Benssaïm Fatoui est télé prospecteur chez un fournisseur de vin. Pour pouvoir travailler, il doit changer de nom et se rebaptiser Christian Laporte. La pièce revient sur son parcours dans l’entreprise, au moyen d’une narration éclatée, nourrie en

outre de témoignages d’employés. Ayant travaillé elle-même dans la télé prospection, Aline Reviriaud connaît bien ce milieu. « A quoi rêvez-vous ? » est la question qu’elle a posé à ses collègues lors de son dernier jour de travail.

« Je n’envisage pas ce texte comme une narration classique mais plutôt comme un montage de séquences interchangeables », explique Aline Reviriaux. « Je voudrais juxtaposer différentes formes d’écriture (dialogue, monologue, parole introspective, didascalie, description, énumération...), mon but étant moins de raconter une histoire que de me demander comment il est possible de raconter ».

Call me Chris traite aussi du monde de la téléprospection, de ces inconnus appelant d’autres inconnus dans l’espoir de leur vendre quelque chose, incursions dans les vies des autres, où il faut supporter « toutes ces giclées de petite misère », comme le dit Bruno Dassin, l’un des téléprospecteurs de l’entreprise WEK. Pourtant il faut « verrouiller ses émotions, s’endurcir ». Call me Chris dépeint aussi un monde de l’entreprise qui tend à la déshumanisation.

- Marc Vincent -

Call Me Chris17 et 18 octobre à l’atheneum, Dijon23 octobre à Mâcon Scène nationale24 octobre à l’Auditorium du Conservatoire de Chalon-sur-Saône26 octobre à l’Abreuvoir de Salives

Commencer par le commencement : Antigone ?Ecrite par un certain Sophocle cinq siècles avant notre ère, Antigone est un incontournable du théâtre grec antique. Une "tragique tragédie" qui interroge sur de grands thèmes civiques, en l'occurrence, "doit-on obéir aux ordres lorsqu'ils sont inhumains ?".

Je m'explique... L'histoire se passe à Thèbes. La petite Antigone, sa soeur Ismène et leurs frères Etéocle et Polynice sont les enfants du roi Oedipe et de la reine Jocaste. Dans ce joli tableau de famille, notons que le couple royal est incestueux. Oedipe a, en effet, épousé sa mère Jocaste, après avoir tué son père et tout ceci sans le savoir. A la découverte de ces regrettables détails, Oedipe se crève les yeux et se condamne à une vie d'errance. En raison du départ de leur père, Etéocle et Polynice décident de se partager le trône en régnant chacun leur tour sur la ville. À la fin de son année de règne, Étéocle refuse de passer le pouvoir. Polynice réagit mal, il assiège Thèbes et les deux frères s'entre-tuent. Créon, le frère de Jocaste, leur succède au trône et refuse que l'on accorde les rites funéraires thébains à Polynice, celui-ci ayant attaqué la ville. Antigone brave l'interdiction qu'elle juge injuste et inhumaine pour son frère. Prise sur le fait elle est condamnée à être enterrée vivante pour ce crime et se pend pour échapper à la sentence. Tragédie, nous voici !

Et sur scène ? Olivier Broda, et toute l'équipe créative qui gravite autour de la Maison de la Culture

de Nevers et de la Nièvre, ont travaillé sur une épure d'Antigone, une version contemporaine en lien permanent avec les principes ancestraux du théâtre antique. Une mise en scène sobre où l'acteur prend toute sa place dans des costumes drapés. Un plan incliné, un arbre et comme à l’époque de Sophocle, trois comédiens se partagent les rôles. En clin d'oeil à la Grèce Antique, où le choeur était formé de citoyens participants à la représentation tragique, trois violoncellistes / chanteuses soulignent le jeu. Mythique Antigone, tout simplement.

Continuer l'aventure mythologique : Narcisse ?Narcisse, ou celui qui tombe amoureux de sa propre image, "Narcisse ou l'amant de lui-même" comme l'écrit Jean-Jacques Rousseau pour le théâtre à dix-huit ans, avant de trouver sa plume pour la philosophie.

L'histoire ? Valère est un jeune homme très coquet et vaniteux. Angélique, sa fiancée et Lucinde, sa soeur lui jouent un tour en maquillant un

de ses portraits de telle sorte qu'il ressemble à une femme. Le tour fonctionne si bien que Valère s'éprend de sa propre image et rompt avec Angélique...

Et sur scène ? Un mur dans lequel s'ouvrent une fenêtre et une porte, et une coiffeuse sur la gauche. Comme dans une petite boîte intimement mise en lumière, septs comédiens en costume XVIII° s'amusent autour de cette histoire saugrenue dans une mise en scène joyeuse et pétillante de Jean-Luc Revol. Le mythique Narcisse devient comédie.

- Charlotte Carbonare -

Au Théâtre des Feuillants, Dijon - Antigone, 19 octobre à 20h- Narcisse, 25 octobre à 20hwww.abcdijon.org

Antigone et Narcisse au Théâtre des Feuillants

Le musée des beaux-arts de Dijon consacre une exposition au couple d’artistes François et Sophie Rude, tous deux nés dans la capitale bour-guignonne. Unique rétrospective dédiée au sculpteur dijonnais de-puis 1955, l’exposition présente aussi pour la première fois l’œuvre peint de Sophie Rude.

Élève de David, cette dernière ex-posera ses tableaux dans les dif-férents salons entre la France et la Belgique, recevant un écho critique souvent favorable. Un travail que le succès de son époux va cependant éclipser. Le Départ des volontaires, chef-d’œuvre du sculpteur figurant sur l’un des piédroits de l’arc de triomphe de l’Étoile à Paris, vaudra en effet à François Rude une renom-mée mondiale. Son travail a évolué

du néo-classicisme au romantisme dont il sera l’un des initiateurs en sculpture.

Cette mise en regard du travail des époux Rude est l’occasion d’évoquer la place de Sophie en tant que femme artiste au XIXème siècle, partagée entre sa carrière et son rôle d’épouse et de mère. À la mort de François Rude en 1855, elle va œuvrer pour la postérité de son époux, mettant de côté sa propre carrière.

Au musée des beaux-arts, de nom-breuses peintures, sculptures mais aussi dessins, maquettes et sur-moulages nous font pénétrer dans les univers et les ateliers des époux Rude. L’exposition se poursuit au musée Rude où le visiteur peut découvrir des surmoulages en plâtre d’œuvres monumentales de François Rude. À la Nef, l’artiste Jacques Perreaut présente une installation de des-sins et de sculptures en hommage au fameux haut-relief de l’Arc de triomphe.

Cette commande du musée des beaux-arts de Dijon est l’occasion d’apporter un éclairage contem-porain à l’œuvre de François Rude. Un parcours sur les pas de François Rude en Côte-d’Or est également mis en place.

En plus d’une importante sélection du riche fonds du musée des beaux-arts dijonnais (212 sculptures et des-sins de François Rude ainsi qu’une trentaine de peintures de Sophie Rude), l’exposition comprend des prêts du Louvre, Versailles, Toulouse, Bruxelles, Atlanta entre autres mu-sées, ainsi que des œuvres issues de collections particulières. Elle a reçu le label d’«exposition d’intérêt na-tional», décerné par le Ministère de la Culture.

François et Sophie RUDEUn couple d’artistes au XIXe siècle, citoyens de la Liberté

Exposition présentée au musée des beaux-arts de Dijon, au musée Rude et à la Nefdu 12 octobre 2012 au 28 janvier 2013

Supplément du journal Diversions,mensuel gratuit d’information

n°4Octobre

2012Le Petit Journal de l’exposition

Sophie Rude (1797-1867) se représente sans fard : une sobriété que l’on retrouvera souvent dans ses toiles et qui caractérise aussi le couple Rude, goûtant peu les mondanités. La précision apportée aux détails du col de dentelle et le rendu fidèle de la lumière, mettant en valeur le visage au regard expressif, témoignent d’une parfaite maîtrise picturale. Sophie Rude, Autoportrait - 1841- Huile sur toile - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

François Rude (1784-1855) est peint ici par sa femme dans l’intimité familiale, sous les traits d’un personnage serein. À 58 ans, sa longue barbe blanche lui confère des allures de patriarche. Le réalisme de cette oeuvre, réalisée un an après l’Autoportrait sur la droite, illustre avec à propos le travail de Sophie Rude. Sophie Rude, Portrait de François Rude - 1842 - Huile sur toile - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

‘‘[...] mari et femme ont fait carrière côte-à-côte, la main dans la main [...]’’ Louis de Fourcaud, «François Rude sculpteur, ses œuvres et son temps», Paris, 1904, p. 231

© C

laire Leroux - MC

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hristophe Haesevoets

Antigone

Narcisse

Page 9: Diversions Bourgogne octobre 2012

Le musée des beaux-arts de Dijon consacre une exposition au couple d’artistes François et Sophie Rude, tous deux nés dans la capitale bour-guignonne. Unique rétrospective dédiée au sculpteur dijonnais de-puis 1955, l’exposition présente aussi pour la première fois l’œuvre peint de Sophie Rude.

Élève de David, cette dernière ex-posera ses tableaux dans les dif-férents salons entre la France et la Belgique, recevant un écho critique souvent favorable. Un travail que le succès de son époux va cependant éclipser. Le Départ des volontaires, chef-d’œuvre du sculpteur figurant sur l’un des piédroits de l’arc de triomphe de l’Étoile à Paris, vaudra en effet à François Rude une renom-mée mondiale. Son travail a évolué

du néo-classicisme au romantisme dont il sera l’un des initiateurs en sculpture.

Cette mise en regard du travail des époux Rude est l’occasion d’évoquer la place de Sophie en tant que femme artiste au XIXème siècle, partagée entre sa carrière et son rôle d’épouse et de mère. À la mort de François Rude en 1855, elle va œuvrer pour la postérité de son époux, mettant de côté sa propre carrière.

Au musée des beaux-arts, de nom-breuses peintures, sculptures mais aussi dessins, maquettes et sur-moulages nous font pénétrer dans les univers et les ateliers des époux Rude. L’exposition se poursuit au musée Rude où le visiteur peut découvrir des surmoulages en plâtre d’œuvres monumentales de François Rude. À la Nef, l’artiste Jacques Perreaut présente une installation de des-sins et de sculptures en hommage au fameux haut-relief de l’Arc de triomphe.

Cette commande du musée des beaux-arts de Dijon est l’occasion d’apporter un éclairage contem-porain à l’œuvre de François Rude. Un parcours sur les pas de François Rude en Côte-d’Or est également mis en place.

En plus d’une importante sélection du riche fonds du musée des beaux-arts dijonnais (212 sculptures et des-sins de François Rude ainsi qu’une trentaine de peintures de Sophie Rude), l’exposition comprend des prêts du Louvre, Versailles, Toulouse, Bruxelles, Atlanta entre autres mu-sées, ainsi que des œuvres issues de collections particulières. Elle a reçu le label d’«exposition d’intérêt na-tional», décerné par le Ministère de la Culture.

François et Sophie RUDEUn couple d’artistes au XIXe siècle, citoyens de la Liberté

Exposition présentée au musée des beaux-arts de Dijon, au musée Rude et à la Nefdu 12 octobre 2012 au 28 janvier 2013

Supplément du journal Diversions,mensuel gratuit d’information

n°4Octobre

2012Le Petit Journal de l’exposition

Sophie Rude (1797-1867) se représente sans fard : une sobriété que l’on retrouvera souvent dans ses toiles et qui caractérise aussi le couple Rude, goûtant peu les mondanités. La précision apportée aux détails du col de dentelle et le rendu fidèle de la lumière, mettant en valeur le visage au regard expressif, témoignent d’une parfaite maîtrise picturale. Sophie Rude, Autoportrait - 1841- Huile sur toile - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

François Rude (1784-1855) est peint ici par sa femme dans l’intimité familiale, sous les traits d’un personnage serein. À 58 ans, sa longue barbe blanche lui confère des allures de patriarche. Le réalisme de cette oeuvre, réalisée un an après l’Autoportrait sur la droite, illustre avec à propos le travail de Sophie Rude. Sophie Rude, Portrait de François Rude - 1842 - Huile sur toile - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

‘‘[...] mari et femme ont fait carrière côte-à-côte, la main dans la main [...]’’ Louis de Fourcaud, «François Rude sculpteur, ses œuvres et son temps», Paris, 1904, p. 231

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Le Petit Journal de l’expositionSupplément du journal Diversions

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Les années de formation / 1800-1816

1784 Naissance de François Rude à Dijon, rue Petite-Poissonnerie (actuelle rue François Rude).1797 Naissance de Sophie Fremiet, rue des Forges à Dijon.Vers 1800 François Rude entre à l’École de Dessin de François Devosge.1808 Il part étudier à l’École Impériale des Beaux-Arts de Paris et dans l’atelier du sculpteur Pierre Cartellier.Vers 1810-1812 Sophie Fremiet suit les cours de dessin d’Anatole Devosge, fils de François Devosge, dont elle copie certaines œuvres.1812 François Rude remporte le Prix de Rome avec Aristée (œuvre disparue).

Après son coup d’État de 1799, Bonaparte se proclame empereur en 1804 sous le nom de Napoléon. Il abdique une première fois en 1814, puis retourne au pouvoir durant les «Cent-Jours», avant une seconde abdication suite à la défaite de Waterloo. La monarchie est définitivement rétablie en 1815. L’exil à Bruxelles / 1816-1827

1815 Fuite de Louis Fremiet, bonapartiste convaincu, à Mons. 1816 François Rude, se sentant redevable envers les Fremiet, accompagne dans l’exil Sophie, sa mère, sa soeur et sa tante; ils s’installent à Bruxelles. 1818 Première participation de Sophie Fremiet au Salon de Bruxelles.1820 Sophie présente La Belle Anthia au concours de Gand : premier succès.25 juillet 1821 Mariage de François Rude et Sophie Fremiet à Bruxelles.Années 1820 François et Sophie honorent les commandes de Guillaume Ier d’Orange, roi des Pays-Bas. Entre 1815 et 1830, les territoires belges et néerlandais ne forment qu’un seul royaume dont la capitale est Bruxelles. 1822-23 Rupture avec le peintre David, lui aussi en exil à Bruxelles.

Parcours de l’exposition et florilège des chefs-d’œuvre

Sophie Rude, Ariane abandonnée dans l’île de Naxos -1826 - Huile sur toile Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay Les bas-reliefs de Tervueren

C’est lors de son exil bruxellois que François Rude, recommandé par David, travaille pour l’architecte Charles Van der Straeten. Il réalise notamment les cariatides des loges royales du théâtre de la Monnaie, ainsi que des bustes de Guillaume Ier, roi des Pays-Bas. Il participe également aux décors du palais royal et du siège du Parlement hollandais. La principale collaboration entre l’architecte et le sculpteur est la réalisation du pavillon de chasse du prince héritier à Tervueren, aux portes de Bruxelles. Le décor développe les thèmes de la chasse et de la guerre, notamment dans les huit bas-reliefs de la vie du héros Achille. Si ces bas-reliefs ont été détruits suite à l’incendie du pavillon en 1879, leur souvenir perdure à travers des surmoulages qui ont aujourd’hui valeur d’originaux et ont été restaurés.

François Rude, Achille traînant le cadavre d’Hector - Surmoulage en plâtre (1882) d’après l’original de 1823 disparu dans un incendie - Musée des beaux-arts de Dijon© MBA Dijon / François Jay

François Rude, Marius sur les ruines de Carthage - 1809 -Plâtre - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

Ariane abandonnée dans l’île de Naxos

Sophie Rude va peu à peu s’affranchir de l’influence davidienne, parfois pesante. On a ainsi pensé que certains de ses tableaux avaient été peints par David lui-même. Le sujet d’Ariane illustre cette rupture que l’on reprochera à Sophie Rude. Si l’œuvre a pour modèle une esquisse de David que ce dernier offrit à Louis Fremiet, et si Sophie revient ici au sujet mythologique comme avec La Belle Anthia et La Mort de Cenchrée, elle y apporte une sensibilité toute personnelle, en particulier dans le regard empli de tristesse d’Ariane - réminiscence du propre exil de l’artiste ? -. La scène est quant à elle nimbée d’une lumière diffuse, ajoutant à la mélancolie du tableau.

Marius méditant sur les ruines de Carthage

A sa première participation au concours du Prix de Rome en 1809, François Rude est classé second avec son Marius, figure inspirée des modèles antiques mais dont l’expression sévère rappelle la leçon de Jacques-Louis David.

n°4Octobre 2012

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Le Petit Journal de l’expositionSupplément du journal Diversions

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Les années de formation / 1800-1816

1784 Naissance de François Rude à Dijon, rue Petite-Poissonnerie (actuelle rue François Rude).1797 Naissance de Sophie Fremiet, rue des Forges à Dijon.Vers 1800 François Rude entre à l’École de Dessin de François Devosge.1808 Il part étudier à l’École Impériale des Beaux-Arts de Paris et dans l’atelier du sculpteur Pierre Cartellier.Vers 1810-1812 Sophie Fremiet suit les cours de dessin d’Anatole Devosge, fils de François Devosge, dont elle copie certaines œuvres.1812 François Rude remporte le Prix de Rome avec Aristée (œuvre disparue).

Après son coup d’État de 1799, Bonaparte se proclame empereur en 1804 sous le nom de Napoléon. Il abdique une première fois en 1814, puis retourne au pouvoir durant les «Cent-Jours», avant une seconde abdication suite à la défaite de Waterloo. La monarchie est définitivement rétablie en 1815. L’exil à Bruxelles / 1816-1827

1815 Fuite de Louis Fremiet, bonapartiste convaincu, à Mons. 1816 François Rude, se sentant redevable envers les Fremiet, accompagne dans l’exil Sophie, sa mère, sa soeur et sa tante; ils s’installent à Bruxelles. 1818 Première participation de Sophie Fremiet au Salon de Bruxelles.1820 Sophie présente La Belle Anthia au concours de Gand : premier succès.25 juillet 1821 Mariage de François Rude et Sophie Fremiet à Bruxelles.Années 1820 François et Sophie honorent les commandes de Guillaume Ier d’Orange, roi des Pays-Bas. Entre 1815 et 1830, les territoires belges et néerlandais ne forment qu’un seul royaume dont la capitale est Bruxelles. 1822-23 Rupture avec le peintre David, lui aussi en exil à Bruxelles.

Parcours de l’exposition et florilège des chefs-d’œuvre

Sophie Rude, Ariane abandonnée dans l’île de Naxos -1826 - Huile sur toile Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay Les bas-reliefs de Tervueren

C’est lors de son exil bruxellois que François Rude, recommandé par David, travaille pour l’architecte Charles Van der Straeten. Il réalise notamment les cariatides des loges royales du théâtre de la Monnaie, ainsi que des bustes de Guillaume Ier, roi des Pays-Bas. Il participe également aux décors du palais royal et du siège du Parlement hollandais. La principale collaboration entre l’architecte et le sculpteur est la réalisation du pavillon de chasse du prince héritier à Tervueren, aux portes de Bruxelles. Le décor développe les thèmes de la chasse et de la guerre, notamment dans les huit bas-reliefs de la vie du héros Achille. Si ces bas-reliefs ont été détruits suite à l’incendie du pavillon en 1879, leur souvenir perdure à travers des surmoulages qui ont aujourd’hui valeur d’originaux et ont été restaurés.

François Rude, Achille traînant le cadavre d’Hector - Surmoulage en plâtre (1882) d’après l’original de 1823 disparu dans un incendie - Musée des beaux-arts de Dijon© MBA Dijon / François Jay

François Rude, Marius sur les ruines de Carthage - 1809 -Plâtre - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

Ariane abandonnée dans l’île de Naxos

Sophie Rude va peu à peu s’affranchir de l’influence davidienne, parfois pesante. On a ainsi pensé que certains de ses tableaux avaient été peints par David lui-même. Le sujet d’Ariane illustre cette rupture que l’on reprochera à Sophie Rude. Si l’œuvre a pour modèle une esquisse de David que ce dernier offrit à Louis Fremiet, et si Sophie revient ici au sujet mythologique comme avec La Belle Anthia et La Mort de Cenchrée, elle y apporte une sensibilité toute personnelle, en particulier dans le regard empli de tristesse d’Ariane - réminiscence du propre exil de l’artiste ? -. La scène est quant à elle nimbée d’une lumière diffuse, ajoutant à la mélancolie du tableau.

Marius méditant sur les ruines de Carthage

A sa première participation au concours du Prix de Rome en 1809, François Rude est classé second avec son Marius, figure inspirée des modèles antiques mais dont l’expression sévère rappelle la leçon de Jacques-Louis David.

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Le retour à Paris et les premiers succès au Salon / 1827-1835

1828 Présentation au Salon de Mercure rattachant ses talonnières, première œuvre de Rude qui marque son détachement de l’esthétique néo-classique. 1831 Première présentation au Salon du Jeune Pêcheur napolitain (inachevé).1833 Succès critique de la version achevée du Jeune Pêcheur napolitain au Salon. François Rude reçoit la Légion d’honneur.

L’Arc de triomphe de l’Étoile / 1828-1836

1833-1836 Projet du Départ des volontaires. François Rude est chargé de concevoir l’un des hauts-reliefs de l’Arc de triomphe à Paris. Dès 1828, le sculpteur participe à la conception de l’Arc, prenant part à la frise de l’entablement sous la Restauration, puis sous la Monarchie de Juillet. (voir p.6)

Le goût de l’histoire et des gloires nationales / 1836-1855

1841 Sophie Rude présente La Duchesse de Bourgogne arrêtée aux portes de Bruges aux Salons de Paris, puis de Bruxelles.1845-1853 François Rude sculpte une série de portraits de personnages historiques (Jeanne d’Arc, Napoléon...).

Jeune Pêcheur napolitain jouant avec une tortue

François Rude prend du recul avec l’académisme de ses débuts. Si l’idéalisation des formes néo-classiques est toujours présente, il intègre des éléments naturalistes, recherchant la vérité dans le détail. Le sourire du jeune pêcheur, inhabituel pour l’époque, et l’usage d’un matériau noble pour exprimer une scène pittoresque, marquent aussi un tournant dans l’histoire de l’art statuaire.

La Duchesse de Bourgogne arrêtée aux portes de Bruges

En 1436, la duchesse de Bourgogne, Isabelle de Portugal, doit fuir la révolte du peuple brugeois avec son jeune fils, le futur Charles le Téméraire. Cernée par les cris et les injures, elle garde pourtant toute sa contenance. Cette scène à caractère historique relate le drame intime de la duchesse. L’œuvre, que le sujet, le coloris et la composition rattachent au romantisme, fait écho à la propre expérience de l’exil vécue par Sophie Rude, ainsi qu’à ses attaches bourguignonnes.

François Rude, Jeune Pêcheur napolitain jouant avec une tortue dit aussi L’Enfant à la tortue - 1831-1833 - Marbre blanc - Paris, Musée du Louvre © Musée du Louvre, Dist. RMN-Grand Palais / Thierry Ollivier

Sophie Rude, La Duchesse de Bourgogne arrêtée aux portes de Bruges - Salon de 1841 - Huile sur toile - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

Jeanne d’Arc écoutant ses voix

François Rude sculpte la célèbre héroïne chrétienne pour la série des « Femmes illustres de France » au Jardin du Luxembourg à Paris. Jeanne écoute les voix célestes qui l’exhortent à chasser les Anglais hors de France. Elle est représentée tête penchée et main droite levée, posture éminemment moderne pour l’époque : François Rude représente ici le son, mais aussi le temps. En effet, le pied de la Pucelle est déjà chaussé de fer et son armure l’attend. Le départ au combat est imminent.

François Rude, Jeanne d’Arc écoutant ses voix - 1852 -Marbre - Paris, Musée du Louvre © RMN-Grand Palais (Musée du Louvre) / Hervé Lewandowski

François Rude, Le Départ des volontaires de 1792 (d'après le relief de l'Arc de triomphe de l'Étoile, détail) - 1938 - Surmoulage en plâtre, patine brun clair - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

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Les années de formation / 1800-1816

1784 Naissance de François Rude à Dijon, rue Petite-Poissonnerie (actuelle rue François Rude).1797 Naissance de Sophie Fremiet, rue des Forges à Dijon.Vers 1800 François Rude entre à l’École de Dessin de François Devosge.1808 Il part étudier à l’École Impériale des Beaux-Arts de Paris et dans l’atelier du sculpteur Pierre Cartellier.Vers 1810-1812 Sophie Fremiet suit les cours de dessin d’Anatole Devosge, fils de François Devosge, dont elle copie certaines œuvres.1812 François Rude remporte le Prix de Rome avec Aristée (œuvre disparue).

Après son coup d’État de 1799, Bonaparte se proclame empereur en 1804 sous le nom de Napoléon. Il abdique une première fois en 1814, puis retourne au pouvoir durant les «Cent-Jours», avant une seconde abdication suite à la défaite de Waterloo. La monarchie est définitivement rétablie en 1815. L’exil à Bruxelles / 1816-1827

1815 Fuite de Louis Fremiet, bonapartiste convaincu, à Mons. 1816 François Rude, se sentant redevable envers les Fremiet, accompagne dans l’exil Sophie, sa mère, sa soeur et sa tante; ils s’installent à Bruxelles. 1818 Première participation de Sophie Fremiet au Salon de Bruxelles.1820 Sophie présente La Belle Anthia au concours de Gand : premier succès.25 juillet 1821 Mariage de François Rude et Sophie Fremiet à Bruxelles.Années 1820 François et Sophie honorent les commandes de Guillaume Ier d’Orange, roi des Pays-Bas. Entre 1815 et 1830, les territoires belges et néerlandais ne forment qu’un seul royaume dont la capitale est Bruxelles. 1822-23 Rupture avec le peintre David, lui aussi en exil à Bruxelles.

Parcours de l’exposition et florilège des chefs-d’œuvre

Sophie Rude, Ariane abandonnée dans l’île de Naxos -1826 - Huile sur toile Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay Les bas-reliefs de Tervueren

C’est lors de son exil bruxellois que François Rude, recommandé par David, travaille pour l’architecte Charles Van der Straeten. Il réalise notamment les cariatides des loges royales du théâtre de la Monnaie, ainsi que des bustes de Guillaume Ier, roi des Pays-Bas. Il participe également aux décors du palais royal et du siège du Parlement hollandais. La principale collaboration entre l’architecte et le sculpteur est la réalisation du pavillon de chasse du prince héritier à Tervueren, aux portes de Bruxelles. Le décor développe les thèmes de la chasse et de la guerre, notamment dans les huit bas-reliefs de la vie du héros Achille. Si ces bas-reliefs ont été détruits suite à l’incendie du pavillon en 1879, leur souvenir perdure à travers des surmoulages qui ont aujourd’hui valeur d’originaux et ont été restaurés.

François Rude, Achille traînant le cadavre d’Hector - Surmoulage en plâtre (1882) d’après l’original de 1823 disparu dans un incendie - Musée des beaux-arts de Dijon© MBA Dijon / François Jay

François Rude, Marius sur les ruines de Carthage - 1809 -Plâtre - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

Ariane abandonnée dans l’île de Naxos

Sophie Rude va peu à peu s’affranchir de l’influence davidienne, parfois pesante. On a ainsi pensé que certains de ses tableaux avaient été peints par David lui-même. Le sujet d’Ariane illustre cette rupture que l’on reprochera à Sophie Rude. Si l’œuvre a pour modèle une esquisse de David que ce dernier offrit à Louis Fremiet, et si Sophie revient ici au sujet mythologique comme avec La Belle Anthia et La Mort de Cenchrée, elle y apporte une sensibilité toute personnelle, en particulier dans le regard empli de tristesse d’Ariane - réminiscence du propre exil de l’artiste ? -. La scène est quant à elle nimbée d’une lumière diffuse, ajoutant à la mélancolie du tableau.

Marius méditant sur les ruines de Carthage

A sa première participation au concours du Prix de Rome en 1809, François Rude est classé second avec son Marius, figure inspirée des modèles antiques mais dont l’expression sévère rappelle la leçon de Jacques-Louis David.

n°4Octobre 2012

François et Sophie RUDE Un couple d’artistes au XIXe siècle, citoyens de la Liberté

Le Petit Journal de l’expositionSupplément du journal Diversions

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Les années de formation / 1800-1816

1784 Naissance de François Rude à Dijon, rue Petite-Poissonnerie (actuelle rue François Rude).1797 Naissance de Sophie Fremiet, rue des Forges à Dijon.Vers 1800 François Rude entre à l’École de Dessin de François Devosge.1808 Il part étudier à l’École Impériale des Beaux-Arts de Paris et dans l’atelier du sculpteur Pierre Cartellier.Vers 1810-1812 Sophie Fremiet suit les cours de dessin d’Anatole Devosge, fils de François Devosge, dont elle copie certaines œuvres.1812 François Rude remporte le Prix de Rome avec Aristée (œuvre disparue).

Après son coup d’État de 1799, Bonaparte se proclame empereur en 1804 sous le nom de Napoléon. Il abdique une première fois en 1814, puis retourne au pouvoir durant les «Cent-Jours», avant une seconde abdication suite à la défaite de Waterloo. La monarchie est définitivement rétablie en 1815. L’exil à Bruxelles / 1816-1827

1815 Fuite de Louis Fremiet, bonapartiste convaincu, à Mons. 1816 François Rude, se sentant redevable envers les Fremiet, accompagne dans l’exil Sophie, sa mère, sa soeur et sa tante; ils s’installent à Bruxelles. 1818 Première participation de Sophie Fremiet au Salon de Bruxelles.1820 Sophie présente La Belle Anthia au concours de Gand : premier succès.25 juillet 1821 Mariage de François Rude et Sophie Fremiet à Bruxelles.Années 1820 François et Sophie honorent les commandes de Guillaume Ier d’Orange, roi des Pays-Bas. Entre 1815 et 1830, les territoires belges et néerlandais ne forment qu’un seul royaume dont la capitale est Bruxelles. 1822-23 Rupture avec le peintre David, lui aussi en exil à Bruxelles.

Parcours de l’exposition et florilège des chefs-d’œuvre

Sophie Rude, Ariane abandonnée dans l’île de Naxos -1826 - Huile sur toile Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay Les bas-reliefs de Tervueren

C’est lors de son exil bruxellois que François Rude, recommandé par David, travaille pour l’architecte Charles Van der Straeten. Il réalise notamment les cariatides des loges royales du théâtre de la Monnaie, ainsi que des bustes de Guillaume Ier, roi des Pays-Bas. Il participe également aux décors du palais royal et du siège du Parlement hollandais. La principale collaboration entre l’architecte et le sculpteur est la réalisation du pavillon de chasse du prince héritier à Tervueren, aux portes de Bruxelles. Le décor développe les thèmes de la chasse et de la guerre, notamment dans les huit bas-reliefs de la vie du héros Achille. Si ces bas-reliefs ont été détruits suite à l’incendie du pavillon en 1879, leur souvenir perdure à travers des surmoulages qui ont aujourd’hui valeur d’originaux et ont été restaurés.

François Rude, Achille traînant le cadavre d’Hector - Surmoulage en plâtre (1882) d’après l’original de 1823 disparu dans un incendie - Musée des beaux-arts de Dijon© MBA Dijon / François Jay

François Rude, Marius sur les ruines de Carthage - 1809 -Plâtre - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

Ariane abandonnée dans l’île de Naxos

Sophie Rude va peu à peu s’affranchir de l’influence davidienne, parfois pesante. On a ainsi pensé que certains de ses tableaux avaient été peints par David lui-même. Le sujet d’Ariane illustre cette rupture que l’on reprochera à Sophie Rude. Si l’œuvre a pour modèle une esquisse de David que ce dernier offrit à Louis Fremiet, et si Sophie revient ici au sujet mythologique comme avec La Belle Anthia et La Mort de Cenchrée, elle y apporte une sensibilité toute personnelle, en particulier dans le regard empli de tristesse d’Ariane - réminiscence du propre exil de l’artiste ? -. La scène est quant à elle nimbée d’une lumière diffuse, ajoutant à la mélancolie du tableau.

Marius méditant sur les ruines de Carthage

A sa première participation au concours du Prix de Rome en 1809, François Rude est classé second avec son Marius, figure inspirée des modèles antiques mais dont l’expression sévère rappelle la leçon de Jacques-Louis David.

n°4Octobre 2012

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Le Petit Journal de l’expositionSupplément du journal Diversions 3

Le retour à Paris et les premiers succès au Salon / 1827-1835

1828 Présentation au Salon de Mercure rattachant ses talonnières, première œuvre de Rude qui marque son détachement de l’esthétique néo-classique. 1831 Première présentation au Salon du Jeune Pêcheur napolitain (inachevé).1833 Succès critique de la version achevée du Jeune Pêcheur napolitain au Salon. François Rude reçoit la Légion d’honneur.

L’Arc de triomphe de l’Étoile / 1828-1836

1833-1836 Projet du Départ des volontaires. François Rude est chargé de concevoir l’un des hauts-reliefs de l’Arc de triomphe à Paris. Dès 1828, le sculpteur participe à la conception de l’Arc, prenant part à la frise de l’entablement sous la Restauration, puis sous la Monarchie de Juillet. (voir p.6)

Le goût de l’histoire et des gloires nationales / 1836-1855

1841 Sophie Rude présente La Duchesse de Bourgogne arrêtée aux portes de Bruges aux Salons de Paris, puis de Bruxelles.1845-1853 François Rude sculpte une série de portraits de personnages historiques (Jeanne d’Arc, Napoléon...).

Jeune Pêcheur napolitain jouant avec une tortue

François Rude prend du recul avec l’académisme de ses débuts. Si l’idéalisation des formes néo-classiques est toujours présente, il intègre des éléments naturalistes, recherchant la vérité dans le détail. Le sourire du jeune pêcheur, inhabituel pour l’époque, et l’usage d’un matériau noble pour exprimer une scène pittoresque, marquent aussi un tournant dans l’histoire de l’art statuaire.

La Duchesse de Bourgogne arrêtée aux portes de Bruges

En 1436, la duchesse de Bourgogne, Isabelle de Portugal, doit fuir la révolte du peuple brugeois avec son jeune fils, le futur Charles le Téméraire. Cernée par les cris et les injures, elle garde pourtant toute sa contenance. Cette scène à caractère historique relate le drame intime de la duchesse. L’œuvre, que le sujet, le coloris et la composition rattachent au romantisme, fait écho à la propre expérience de l’exil vécue par Sophie Rude, ainsi qu’à ses attaches bourguignonnes.

François Rude, Jeune Pêcheur napolitain jouant avec une tortue dit aussi L’Enfant à la tortue - 1831-1833 - Marbre blanc - Paris, Musée du Louvre © Musée du Louvre, Dist. RMN-Grand Palais / Thierry Ollivier

Sophie Rude, La Duchesse de Bourgogne arrêtée aux portes de Bruges - Salon de 1841 - Huile sur toile - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

Jeanne d’Arc écoutant ses voix

François Rude sculpte la célèbre héroïne chrétienne pour la série des « Femmes illustres de France » au Jardin du Luxembourg à Paris. Jeanne écoute les voix célestes qui l’exhortent à chasser les Anglais hors de France. Elle est représentée tête penchée et main droite levée, posture éminemment moderne pour l’époque : François Rude représente ici le son, mais aussi le temps. En effet, le pied de la Pucelle est déjà chaussé de fer et son armure l’attend. Le départ au combat est imminent.

François Rude, Jeanne d’Arc écoutant ses voix - 1852 -Marbre - Paris, Musée du Louvre © RMN-Grand Palais (Musée du Louvre) / Hervé Lewandowski

François Rude, Le Départ des volontaires de 1792 (d'après le relief de l'Arc de triomphe de l'Étoile, détail) - 1938 - Surmoulage en plâtre, patine brun clair - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

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L’Effigie funéraire de Godefroy Cavaignac

Journaliste opposé à la Monarchie de Juillet, Godefroy Cavaignac meurt le 2 novembre 1845. Une souscription est lancée pour la conception d’un monument funéraire en l’honneur de ce héros républicain dont les funérailles ont suscité des manifestations de l’opposition. Les fonds réunis sont cependant insuffisants pour couvrir la commande de la sculpture. François Rude offre alors gratuitement ses services, l’œuvre acquérant ainsi une dimension politique, d’autant que Cavaignac était une personnalité controversée. Il avait organisé la Nuit rouge du 15 avril 1834 durant laquelle les habitants d’un immeuble furent massacrés au canon par l’armée. Cavaignac est arrêté et emprisonné, avant de s’évader. Sa tombe restera plus de dix ans sans monument, le pouvoir craignant qu’elle ne devienne un lieu de manifestation politique. Achevant l’œuvre en 1847, Rude laisse le gisant de Cavaignac exposé dans son atelier parisien. Après la mort du sculpteur, l’effigie funéraire est enfin installée en 1856 au cimetière de Montmartre. Il s’agit du premier gisant d’importance installé dans un cimetière au XIXe siècle.

Les œuvres religieuses / 1828-1857

1831 Sophie Rude peint Le Sommeil de la Vierge.1841 François Rude réalise le Baptême du Christ pour l’église de la Madeleine à Paris.1852 François Rude présente au Salon son Calvaire destiné à l’église Saint-Vincent-de-Paul à Paris.1857 Sophie Rude présente au Salon La Foi, l’Espérance et la Charité.

François Rude - Gisant de Godefroy Cavaignac - 1847 - Surmoulage en plâtre et patine bronze - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

Le Buste du Christ

À la fin de sa vie, François Rude reprend le modèle de son Christ de Saint-Vincent-de-Paul dont il ne conserve que le buste. Il focalise ainsi l’attention sur l’expressivité de la figure. La réalisme de l’œuvre témoigne de l’influence sur Rude du sculpteur médiéval Claus Sluter.

Le Sommeil de la Vierge

Dans ses peintures religieuses, Sophie Rude porte la même attention à la dimension personnelle et intime que dans ses portraits ou ses tableaux historiques. Dans Le Sommeil de la Vierge, présenté au Salon en 1831, l’Enfant Jésus empêche saint Jean-Baptiste de réveiller Marie. Sophie Rude dépeint ici un moment d’intimité entre l’Enfant et sa mère. La douceur des traits et des couleurs, le réalisme des visages confèrent également une dimension très humaineaux personnages.

Sophie Rude, Le Sommeil de la Vierge - 1831 - Huile sur toile -Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

François Rude, Buste du Christ en croix - 1855 - Marbre© Paris, Musée du Louvre. RMN-Grand Palais (Musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda

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L’Effigie funéraire de Godefroy Cavaignac

Journaliste opposé à la Monarchie de Juillet, Godefroy Cavaignac meurt le 2 novembre 1845. Une souscription est lancée pour la conception d’un monument funéraire en l’honneur de ce héros républicain dont les funérailles ont suscité des manifestations de l’opposition. Les fonds réunis sont cependant insuffisants pour couvrir la commande de la sculpture. François Rude offre alors gratuitement ses services, l’œuvre acquérant ainsi une dimension politique, d’autant que Cavaignac était une personnalité controversée. Il avait organisé la Nuit rouge du 15 avril 1834 durant laquelle les habitants d’un immeuble furent massacrés au canon par l’armée. Cavaignac est arrêté et emprisonné, avant de s’évader. Sa tombe restera plus de dix ans sans monument, le pouvoir craignant qu’elle ne devienne un lieu de manifestation politique. Achevant l’œuvre en 1847, Rude laisse le gisant de Cavaignac exposé dans son atelier parisien. Après la mort du sculpteur, l’effigie funéraire est enfin installée en 1856 au cimetière de Montmartre. Il s’agit du premier gisant d’importance installé dans un cimetière au XIXe siècle.

Les œuvres religieuses / 1828-1857

1831 Sophie Rude peint Le Sommeil de la Vierge.1841 François Rude réalise le Baptême du Christ pour l’église de la Madeleine à Paris.1852 François Rude présente au Salon son Calvaire destiné à l’église Saint-Vincent-de-Paul à Paris.1857 Sophie Rude présente au Salon La Foi, l’Espérance et la Charité.

François Rude - Gisant de Godefroy Cavaignac - 1847 - Surmoulage en plâtre et patine bronze - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

Le Buste du Christ

À la fin de sa vie, François Rude reprend le modèle de son Christ de Saint-Vincent-de-Paul dont il ne conserve que le buste. Il focalise ainsi l’attention sur l’expressivité de la figure. La réalisme de l’œuvre témoigne de l’influence sur Rude du sculpteur médiéval Claus Sluter.

Le Sommeil de la Vierge

Dans ses peintures religieuses, Sophie Rude porte la même attention à la dimension personnelle et intime que dans ses portraits ou ses tableaux historiques. Dans Le Sommeil de la Vierge, présenté au Salon en 1831, l’Enfant Jésus empêche saint Jean-Baptiste de réveiller Marie. Sophie Rude dépeint ici un moment d’intimité entre l’Enfant et sa mère. La douceur des traits et des couleurs, le réalisme des visages confèrent également une dimension très humaineaux personnages.

Sophie Rude, Le Sommeil de la Vierge - 1831 - Huile sur toile -Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

François Rude, Buste du Christ en croix - 1855 - Marbre© Paris, Musée du Louvre. RMN-Grand Palais (Musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda

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Sophie Rude, portraitiste

L’hommage à François Rude

Le testament artistique de François Rude

François Rude, Hébé et l’aigle de Jupiter1855-1857 - Marbre - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

Hébé et l’aigle de Jupiter

En 1846, la Ville de Dijon reconnaît enfin officiellement le talent du sculpteur en lui commandant une statue pour son musée. François Rude revient, avec Hébé et l’aigle de Jupiter, au sujet mythologique, en représentant la déesse chargée de servir l’ambroisie aux dieux, afin qu’ils conservent leur jeunesse. Le sculpteur exprime ici la beauté de la nature, dans l’alliance sensuelle de la déesse et de l’aigle. François Rude meurt en 1855 à l’âge de 71 ans, laissant sa statue inachevée. Soucieuse de perpétuer le souvenir de son mari et de défendre son œuvre, Sophie Rude réussit à imposer à la Ville de Dijon Paul Cabet, neveu et élève du maître, pour achever la statue. Sophie Rude meurt à son tour en 1867, à 70 ans, et est enterrée au cimetière de Montparnasse aux côtés de son époux.

Portrait de jeune femme

Le portrait, qu’il soit de caractère intime ou bourgeois, a été la principale activité de Sophie Rude à partir de 1840. Vers le milieu du XIXème siècle, la bourgeoisie, en pleine ascension sociale, est désireuse de faire connaître sa réussite. Elle commande alors aux peintres de nombreux portraits. La jeune femme semble ici perdue dans ses pensées. La pâleur de sa peau, l’éclat de sa chevelure et l’attitude rêveuse, proche de la mélancolie, en font l’archétype de l’héroïne romantique. Les lumières, les couleurs des tissus et de la carnation sont traitées avec soin. Le col en dentelle, délicatement ouvragé, illustre également ce sens de l’observation et du détail chez l’artiste, hérité en premier lieu de sa formation néo-classique auprès de David, lui-même grand portraitiste. Sobriété et réalisme sont deux maîtres mots de l’art du portrait chez Sophie Rude.

Rude sculptant « La Marseillaise »

François Rude a formé dans son atelier, à Bruxelles, puis à Paris, de nombreux disciples qui garderont tous de leur maître un excellent souvenir. Tout d’abord son neveu, Paul Cabet, qui laisse à la postérité le portrait le plus fidèle du sculpteur en sa vieillesse, exécuté «dans sa vérité de tous les jours». Le Dijonnais Louis Schrœder a laissé de lui plusieurs esquisses pour un projet de monument dijonnais. Ernest Christophe, qui collabora avec Rude pour le tombeau de Cavaignac, expose au Salon de 1890 une maquette représentant Rude sculptant «La Marseillaise». Son dernier élève, Emmanuel Fremiet, petit cousin de Sophie Rude, réalise, en 1907, une statue représentant le sculpteur assis dans une pose familière.Ernest Christophe, Rude sculptant «La Marseillaise» -

vers 1890 - Bronze - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

Portrait de M. Wasset

Conseiller référendaire à la Cour des Comptes, comme en témoignent les insignes de sa fonction qu’il exhibe fièrement, M. Wasset a le regard satisfait et assuré du bourgeois conscient de son rang et de sa réussite sociale. Sophie Rude, Portrait de jeune femme - 1849 - Huile sur toile -

Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

Sophie Rude, Portrait de Monsieur Wasset - Entre 1834 et 1848 - Huile sur toile - Musée des beaux-arts de Dijon© MBA Dijon / François Jay

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L’Effigie funéraire de Godefroy Cavaignac

Journaliste opposé à la Monarchie de Juillet, Godefroy Cavaignac meurt le 2 novembre 1845. Une souscription est lancée pour la conception d’un monument funéraire en l’honneur de ce héros républicain dont les funérailles ont suscité des manifestations de l’opposition. Les fonds réunis sont cependant insuffisants pour couvrir la commande de la sculpture. François Rude offre alors gratuitement ses services, l’œuvre acquérant ainsi une dimension politique, d’autant que Cavaignac était une personnalité controversée. Il avait organisé la Nuit rouge du 15 avril 1834 durant laquelle les habitants d’un immeuble furent massacrés au canon par l’armée. Cavaignac est arrêté et emprisonné, avant de s’évader. Sa tombe restera plus de dix ans sans monument, le pouvoir craignant qu’elle ne devienne un lieu de manifestation politique. Achevant l’œuvre en 1847, Rude laisse le gisant de Cavaignac exposé dans son atelier parisien. Après la mort du sculpteur, l’effigie funéraire est enfin installée en 1856 au cimetière de Montmartre. Il s’agit du premier gisant d’importance installé dans un cimetière au XIXe siècle.

Les œuvres religieuses / 1828-1857

1831 Sophie Rude peint Le Sommeil de la Vierge.1841 François Rude réalise le Baptême du Christ pour l’église de la Madeleine à Paris.1852 François Rude présente au Salon son Calvaire destiné à l’église Saint-Vincent-de-Paul à Paris.1857 Sophie Rude présente au Salon La Foi, l’Espérance et la Charité.

François Rude - Gisant de Godefroy Cavaignac - 1847 - Surmoulage en plâtre et patine bronze - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

Le Buste du Christ

À la fin de sa vie, François Rude reprend le modèle de son Christ de Saint-Vincent-de-Paul dont il ne conserve que le buste. Il focalise ainsi l’attention sur l’expressivité de la figure. La réalisme de l’œuvre témoigne de l’influence sur Rude du sculpteur médiéval Claus Sluter.

Le Sommeil de la Vierge

Dans ses peintures religieuses, Sophie Rude porte la même attention à la dimension personnelle et intime que dans ses portraits ou ses tableaux historiques. Dans Le Sommeil de la Vierge, présenté au Salon en 1831, l’Enfant Jésus empêche saint Jean-Baptiste de réveiller Marie. Sophie Rude dépeint ici un moment d’intimité entre l’Enfant et sa mère. La douceur des traits et des couleurs, le réalisme des visages confèrent également une dimension très humaineaux personnages.

Sophie Rude, Le Sommeil de la Vierge - 1831 - Huile sur toile -Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

François Rude, Buste du Christ en croix - 1855 - Marbre© Paris, Musée du Louvre. RMN-Grand Palais (Musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda

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L’Effigie funéraire de Godefroy Cavaignac

Journaliste opposé à la Monarchie de Juillet, Godefroy Cavaignac meurt le 2 novembre 1845. Une souscription est lancée pour la conception d’un monument funéraire en l’honneur de ce héros républicain dont les funérailles ont suscité des manifestations de l’opposition. Les fonds réunis sont cependant insuffisants pour couvrir la commande de la sculpture. François Rude offre alors gratuitement ses services, l’œuvre acquérant ainsi une dimension politique, d’autant que Cavaignac était une personnalité controversée. Il avait organisé la Nuit rouge du 15 avril 1834 durant laquelle les habitants d’un immeuble furent massacrés au canon par l’armée. Cavaignac est arrêté et emprisonné, avant de s’évader. Sa tombe restera plus de dix ans sans monument, le pouvoir craignant qu’elle ne devienne un lieu de manifestation politique. Achevant l’œuvre en 1847, Rude laisse le gisant de Cavaignac exposé dans son atelier parisien. Après la mort du sculpteur, l’effigie funéraire est enfin installée en 1856 au cimetière de Montmartre. Il s’agit du premier gisant d’importance installé dans un cimetière au XIXe siècle.

Les œuvres religieuses / 1828-1857

1831 Sophie Rude peint Le Sommeil de la Vierge.1841 François Rude réalise le Baptême du Christ pour l’église de la Madeleine à Paris.1852 François Rude présente au Salon son Calvaire destiné à l’église Saint-Vincent-de-Paul à Paris.1857 Sophie Rude présente au Salon La Foi, l’Espérance et la Charité.

François Rude - Gisant de Godefroy Cavaignac - 1847 - Surmoulage en plâtre et patine bronze - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

Le Buste du Christ

À la fin de sa vie, François Rude reprend le modèle de son Christ de Saint-Vincent-de-Paul dont il ne conserve que le buste. Il focalise ainsi l’attention sur l’expressivité de la figure. La réalisme de l’œuvre témoigne de l’influence sur Rude du sculpteur médiéval Claus Sluter.

Le Sommeil de la Vierge

Dans ses peintures religieuses, Sophie Rude porte la même attention à la dimension personnelle et intime que dans ses portraits ou ses tableaux historiques. Dans Le Sommeil de la Vierge, présenté au Salon en 1831, l’Enfant Jésus empêche saint Jean-Baptiste de réveiller Marie. Sophie Rude dépeint ici un moment d’intimité entre l’Enfant et sa mère. La douceur des traits et des couleurs, le réalisme des visages confèrent également une dimension très humaineaux personnages.

Sophie Rude, Le Sommeil de la Vierge - 1831 - Huile sur toile -Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

François Rude, Buste du Christ en croix - 1855 - Marbre© Paris, Musée du Louvre. RMN-Grand Palais (Musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda

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Sophie Rude, portraitiste

L’hommage à François Rude

Le testament artistique de François Rude

François Rude, Hébé et l’aigle de Jupiter1855-1857 - Marbre - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

Hébé et l’aigle de Jupiter

En 1846, la Ville de Dijon reconnaît enfin officiellement le talent du sculpteur en lui commandant une statue pour son musée. François Rude revient, avec Hébé et l’aigle de Jupiter, au sujet mythologique, en représentant la déesse chargée de servir l’ambroisie aux dieux, afin qu’ils conservent leur jeunesse. Le sculpteur exprime ici la beauté de la nature, dans l’alliance sensuelle de la déesse et de l’aigle. François Rude meurt en 1855 à l’âge de 71 ans, laissant sa statue inachevée. Soucieuse de perpétuer le souvenir de son mari et de défendre son œuvre, Sophie Rude réussit à imposer à la Ville de Dijon Paul Cabet, neveu et élève du maître, pour achever la statue. Sophie Rude meurt à son tour en 1867, à 70 ans, et est enterrée au cimetière de Montparnasse aux côtés de son époux.

Portrait de jeune femme

Le portrait, qu’il soit de caractère intime ou bourgeois, a été la principale activité de Sophie Rude à partir de 1840. Vers le milieu du XIXème siècle, la bourgeoisie, en pleine ascension sociale, est désireuse de faire connaître sa réussite. Elle commande alors aux peintres de nombreux portraits. La jeune femme semble ici perdue dans ses pensées. La pâleur de sa peau, l’éclat de sa chevelure et l’attitude rêveuse, proche de la mélancolie, en font l’archétype de l’héroïne romantique. Les lumières, les couleurs des tissus et de la carnation sont traitées avec soin. Le col en dentelle, délicatement ouvragé, illustre également ce sens de l’observation et du détail chez l’artiste, hérité en premier lieu de sa formation néo-classique auprès de David, lui-même grand portraitiste. Sobriété et réalisme sont deux maîtres mots de l’art du portrait chez Sophie Rude.

Rude sculptant « La Marseillaise »

François Rude a formé dans son atelier, à Bruxelles, puis à Paris, de nombreux disciples qui garderont tous de leur maître un excellent souvenir. Tout d’abord son neveu, Paul Cabet, qui laisse à la postérité le portrait le plus fidèle du sculpteur en sa vieillesse, exécuté «dans sa vérité de tous les jours». Le Dijonnais Louis Schrœder a laissé de lui plusieurs esquisses pour un projet de monument dijonnais. Ernest Christophe, qui collabora avec Rude pour le tombeau de Cavaignac, expose au Salon de 1890 une maquette représentant Rude sculptant «La Marseillaise». Son dernier élève, Emmanuel Fremiet, petit cousin de Sophie Rude, réalise, en 1907, une statue représentant le sculpteur assis dans une pose familière.Ernest Christophe, Rude sculptant «La Marseillaise» -

vers 1890 - Bronze - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

Portrait de M. Wasset

Conseiller référendaire à la Cour des Comptes, comme en témoignent les insignes de sa fonction qu’il exhibe fièrement, M. Wasset a le regard satisfait et assuré du bourgeois conscient de son rang et de sa réussite sociale. Sophie Rude, Portrait de jeune femme - 1849 - Huile sur toile -

Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

Sophie Rude, Portrait de Monsieur Wasset - Entre 1834 et 1848 - Huile sur toile - Musée des beaux-arts de Dijon© MBA Dijon / François Jay

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Chef-d’œuvre de François Rude, le Départ des volontaires fait partie des hauts-reliefs figurant sur l’Arc de triomphe, situé place de l’Étoile à Paris. On peut en admirer un impressionnant surmoulage de près de 13 mètres de haut, conservé au musée Rude depuis 1947, réalisé avant la Seconde Guerre mondiale par crainte des bombardements.

L’œuvre est un symbole fort du patriotisme, d’ailleurs sous-titrée « La Marseillaise », en référence à l’hymne national français composé par Rouget de Lisle en 1792. Ce relief guerrier orne l’un des piédroits de l’arc, dont la construction fut ordonnée en 1806 par Napoléon en hommage à l’armée impériale et achevée sous le règne de Louis-Philippe en 1836. Ce dernier élargira la portée de la dédicace aux guerres de la Révolution française.

Depuis le Salon de 1831 et le Jeune Pêcheur napolitain, le travail de Rude est remarqué et Adolphe Thiers, alors Ministre des Travaux publics, lui commande un décor pour l’Arc de triomphe de l’Étoile. Le relief est situé sur la pile nord de la face Est, orientée vers les Champs-Élysées. Le roi Louis-Philippe souhaitait un symbole fort de rassemblement, après les conflits révolutionnaires, royalistes et bonapartistes qui avaient déchiré le pays.

Trois autres reliefs, confiés à Cortot et Étex, figurent sur l’arc, abordant, dans des styles classiques ou romantiques, les thèmes du triomphe de Napoléon, de la Résistance de 1814 et de la Paix de 1815.

Le Départ des volontaires de 1792 montre des soldats de toutes les générations partant pour le combat, guidés par une allégorie ailée de la Guerre. Le relief illustre un épisode révolutionnaire en le transposant cependant sur un mode antique. Il mêle des figures nues, drapées ou cuirassées comme dans l’Antiquité, un cheval, un guerrier gaulois, un jeune homme et un vieux sage, symbolisant respectivement la force, l’avenir et la sagesse.

mérite toute notre attention. Ses yeux exorbités et son cri puissant appellent les troupes au combat. Le Génie ailé semble emporter les combattants dans un même mouvement en avant, droit vers la conquête. Ailes déployées, brandissant son épée, elle devient par là-même une icône romantique.

L’œuvre devient rapidement un emblème patriotique, symbole de la lutte pour la liberté. À ce titre, elle accède au rang d’icône de l’histoire de l’art dont s’empareront par la suite les artistes.

Le Départ des volontaires de 1792

L’expression particulièrement marquée de l’allégorie (appelée également Génie de la Guerre)

François Rude, Maquette pour Le Départ des volontaires de 1792 dit «La Marseillaise» - 1833-1836 - Plâtre - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

François Rude, Maquette pour Le Départ des volontaires de 1792 dit «La Marseillaise» (détail de la tête) - 1833-1836 - Plâtre - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

‘‘La Marseillaise de Rude est la première œuvre qui exprime du sublime moderne.’’ Guillaume Apollinaire, 1913

François Rude, Le Départ des volontaires de 1792 (d'après le relief de l'Arc de triomphe de l'Étoile) - 1938 - Surmoulage en plâtre, patine brun clair - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

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Chef-d’œuvre de François Rude, le Départ des volontaires fait partie des hauts-reliefs figurant sur l’Arc de triomphe, situé place de l’Étoile à Paris. On peut en admirer un impressionnant surmoulage de près de 13 mètres de haut, conservé au musée Rude depuis 1947, réalisé avant la Seconde Guerre mondiale par crainte des bombardements.

L’œuvre est un symbole fort du patriotisme, d’ailleurs sous-titrée « La Marseillaise », en référence à l’hymne national français composé par Rouget de Lisle en 1792. Ce relief guerrier orne l’un des piédroits de l’arc, dont la construction fut ordonnée en 1806 par Napoléon en hommage à l’armée impériale et achevée sous le règne de Louis-Philippe en 1836. Ce dernier élargira la portée de la dédicace aux guerres de la Révolution française.

Depuis le Salon de 1831 et le Jeune Pêcheur napolitain, le travail de Rude est remarqué et Adolphe Thiers, alors Ministre des Travaux publics, lui commande un décor pour l’Arc de triomphe de l’Étoile. Le relief est situé sur la pile nord de la face Est, orientée vers les Champs-Élysées. Le roi Louis-Philippe souhaitait un symbole fort de rassemblement, après les conflits révolutionnaires, royalistes et bonapartistes qui avaient déchiré le pays.

Trois autres reliefs, confiés à Cortot et Étex, figurent sur l’arc, abordant, dans des styles classiques ou romantiques, les thèmes du triomphe de Napoléon, de la Résistance de 1814 et de la Paix de 1815.

Le Départ des volontaires de 1792 montre des soldats de toutes les générations partant pour le combat, guidés par une allégorie ailée de la Guerre. Le relief illustre un épisode révolutionnaire en le transposant cependant sur un mode antique. Il mêle des figures nues, drapées ou cuirassées comme dans l’Antiquité, un cheval, un guerrier gaulois, un jeune homme et un vieux sage, symbolisant respectivement la force, l’avenir et la sagesse.

mérite toute notre attention. Ses yeux exorbités et son cri puissant appellent les troupes au combat. Le Génie ailé semble emporter les combattants dans un même mouvement en avant, droit vers la conquête. Ailes déployées, brandissant son épée, elle devient par là-même une icône romantique.

L’œuvre devient rapidement un emblème patriotique, symbole de la lutte pour la liberté. À ce titre, elle accède au rang d’icône de l’histoire de l’art dont s’empareront par la suite les artistes.

Le Départ des volontaires de 1792

L’expression particulièrement marquée de l’allégorie (appelée également Génie de la Guerre)

François Rude, Maquette pour Le Départ des volontaires de 1792 dit «La Marseillaise» - 1833-1836 - Plâtre - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

François Rude, Maquette pour Le Départ des volontaires de 1792 dit «La Marseillaise» (détail de la tête) - 1833-1836 - Plâtre - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

‘‘La Marseillaise de Rude est la première œuvre qui exprime du sublime moderne.’’ Guillaume Apollinaire, 1913

François Rude, Le Départ des volontaires de 1792 (d'après le relief de l'Arc de triomphe de l'Étoile) - 1938 - Surmoulage en plâtre, patine brun clair - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

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Le Petit Journal de l’expositionSupplément du journal Diversions 7

Cette histoire napoléonienne vous suit-elle depuis longtemps ? Oui, depuis tout gamin, même mes travaux, lorsque j’étudiais aux beaux-arts, se basaient sur les batailles : Paolo Uccello, la guerre de 14, l’épopée napoléonienne également car j’ai eu des ancêtres qui ont été tambours ou simples soldats. Je les ai suivis dans les livres. C’est une passion dont je me suis servi dans mon travail artistique.

Une matière historique pour une oeuvre cependant très contemporaine...Il ne faut pas tomber dans l’image d’Epinal du petit soldat, de Napoléon le Grand. Je fais ma vision de l’histoire en me servant de livres mais je m’adapte, je réinvente en quelque sorte. J’avais déjà retranscrit en sculpture des œuvres de David retraçant des batailles. Mais je voulais éviter les œuvres de propagande de David, c’est surtout l’époque qui m’intéresse.

Le Départ des volontaires est aussi le départ de ce projet pour Dijon... À l’origine, je voulais des blocs qui venaient des monuments français, pour les mettre en place avec les armes, comme si cette sculpture était tombée par terre et que l’on puisse voir les désastres de la guerre.

Le lieu d’exposition est particulier. Quand on m’a proposé la salle d’exposition de la Nef, j’ai trouvé qu’elle s’adaptait vraiment à mon travail. C’est une pièce à l’intérieur d’une autre pièce. Mais en fin de compte, on ne va pas pénétrer à l’intérieur. C’est comme un lieu sacré, une tombe où l’on regarde à travers de petites

ouvertures. À l’intérieur, il y a des moulages d’armes, de cuirasses, de trophées... Ce qu’on retrouve sur la ‘‘Marseillaise’’.

On y retrouve les mêmes éléments, mais brisés, arrangés différemment, comme si la sculpture de Rude avait été réduite en pièces.Tout à fait, avec le Départ des volontaires, les combattants partaient la fleur au fusil. Dans Après la Marseillaise, on retrouve la souffrance, la prison, les blessures et les morts. C’est après le combat. On parle toujours des grandes batailles, des charges de cavalerie, mais la guerre ce n’est pas ça. La guerre, ça peut durer longtemps. La guerre, ce sont ceux qui restent plusieurs jours sur un champ de bataille. C’est cela qui m’impressionne.

Ce que l’on voit à l’extérieur est bien différent.Ce sont des dessins de la Marseillaise au fusain ou à la pierre noire, assez exacts. Je reprends certains motifs d’après photo. Ce sont des cadrages totalement différents. Ce travail est intervenu dans un deuxième temps car il a fallu que je m’évade et que j’oublie tout ce que j’avais fait. J’ai fait les dessins avec un esprit plus apaisé, car l’intérieur est tout de même assez tragique !

D’autant qu’une partie est dédiée à des drames bien plus proches de nous...Il y a une partie en hommage aux soldats morts en Afghanistan dans les années 80 et 90, dans le style de ce que faisaient les Romains. Là il s’agit simplement de plaques avec les prénoms écrits dessus. J’avais vu aussi un mur à Washington fait par les habitants, où ils inscrivaient, sur chaque brique, les noms de leurs amis morts.

Cette exposition vous offre finalement l’opportunité d’apporter votre propre regard, contemporain et même critique, sur la guerre. Vous êtes à contre-courant de l’œuvre de Rude qui, elle, exhorte à la bataille.Les mentalités ont tellement changé. Maintenant, on a des photos des conflits, de la souffrance. Avant, on ne voyait que le bon côté des choses: les boutons dorés, les beaux sabres... Aujourd’hui, on voit les gens qui reviennent défigurés, abîmés. Tout cela fait partie de notre vie, il y a un recul. J’ai employé cette période de l’époque napolénienne parce qu’il y a une pudeur. On ne peut pas refaire le conflit d’Afghanistan, pour une avoir une réflexion plus saine, peut-être un peu moins émotive.

- Propos recueillis par Dominique Demangeot en juillet 2012, dans l’atelier de l’artiste à Tournus -

Rencontre avec Jacques PerreautLe sculpteur Jacques Perreaut nous accueillait en juillet dans son atelier de Tournus pour nous présenter les avancées de l’installation créée à l’occasion de l’exposition ‘‘François et Sophie Rude’’. Le contexte historique qui entoure la carrière des deux artistes ne pouvait qu’entrer en résonance avec le travail de ce Tournusien d’origine. Issu d’une longue lignée d’artistes, Jacques Perreaut a également hérité de sa famille une véritable passion pour l’épopée napoléonienne, et en particulier les grandes batailles historiques. Son installation Après la Marseillaise, réponse contemporaine et critique au Départ des volontaires de François Rude, reflète cet intérêt.

Jacques Perreaut, dessin tiré de l’installation Après la Marseillaise - 2012 - Dessin à la pierre noire © Jacques Perreaut

Jacques Perreaut, détail de l’installation Après la Marseillaise - 2012 - Plâtre © Jacques Perreaut

© Clara Perreaut

Page 15: Diversions Bourgogne octobre 2012

n°4Octobre 2012

François et Sophie RUDE Un couple d’artistes au XIXe siècle, citoyens de la Liberté

Le Petit Journal de l’expositionSupplément du journal Diversions

6

Chef-d’œuvre de François Rude, le Départ des volontaires fait partie des hauts-reliefs figurant sur l’Arc de triomphe, situé place de l’Étoile à Paris. On peut en admirer un impressionnant surmoulage de près de 13 mètres de haut, conservé au musée Rude depuis 1947, réalisé avant la Seconde Guerre mondiale par crainte des bombardements.

L’œuvre est un symbole fort du patriotisme, d’ailleurs sous-titrée « La Marseillaise », en référence à l’hymne national français composé par Rouget de Lisle en 1792. Ce relief guerrier orne l’un des piédroits de l’arc, dont la construction fut ordonnée en 1806 par Napoléon en hommage à l’armée impériale et achevée sous le règne de Louis-Philippe en 1836. Ce dernier élargira la portée de la dédicace aux guerres de la Révolution française.

Depuis le Salon de 1831 et le Jeune Pêcheur napolitain, le travail de Rude est remarqué et Adolphe Thiers, alors Ministre des Travaux publics, lui commande un décor pour l’Arc de triomphe de l’Étoile. Le relief est situé sur la pile nord de la face Est, orientée vers les Champs-Élysées. Le roi Louis-Philippe souhaitait un symbole fort de rassemblement, après les conflits révolutionnaires, royalistes et bonapartistes qui avaient déchiré le pays.

Trois autres reliefs, confiés à Cortot et Étex, figurent sur l’arc, abordant, dans des styles classiques ou romantiques, les thèmes du triomphe de Napoléon, de la Résistance de 1814 et de la Paix de 1815.

Le Départ des volontaires de 1792 montre des soldats de toutes les générations partant pour le combat, guidés par une allégorie ailée de la Guerre. Le relief illustre un épisode révolutionnaire en le transposant cependant sur un mode antique. Il mêle des figures nues, drapées ou cuirassées comme dans l’Antiquité, un cheval, un guerrier gaulois, un jeune homme et un vieux sage, symbolisant respectivement la force, l’avenir et la sagesse.

mérite toute notre attention. Ses yeux exorbités et son cri puissant appellent les troupes au combat. Le Génie ailé semble emporter les combattants dans un même mouvement en avant, droit vers la conquête. Ailes déployées, brandissant son épée, elle devient par là-même une icône romantique.

L’œuvre devient rapidement un emblème patriotique, symbole de la lutte pour la liberté. À ce titre, elle accède au rang d’icône de l’histoire de l’art dont s’empareront par la suite les artistes.

Le Départ des volontaires de 1792

L’expression particulièrement marquée de l’allégorie (appelée également Génie de la Guerre)

François Rude, Maquette pour Le Départ des volontaires de 1792 dit «La Marseillaise» - 1833-1836 - Plâtre - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

François Rude, Maquette pour Le Départ des volontaires de 1792 dit «La Marseillaise» (détail de la tête) - 1833-1836 - Plâtre - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

‘‘La Marseillaise de Rude est la première œuvre qui exprime du sublime moderne.’’ Guillaume Apollinaire, 1913

François Rude, Le Départ des volontaires de 1792 (d'après le relief de l'Arc de triomphe de l'Étoile) - 1938 - Surmoulage en plâtre, patine brun clair - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

n°4Octobre 2012

François et Sophie RUDE Un couple d’artistes au XIXe siècle, citoyens de la Liberté

Le Petit Journal de l’expositionSupplément du journal Diversions

6

Chef-d’œuvre de François Rude, le Départ des volontaires fait partie des hauts-reliefs figurant sur l’Arc de triomphe, situé place de l’Étoile à Paris. On peut en admirer un impressionnant surmoulage de près de 13 mètres de haut, conservé au musée Rude depuis 1947, réalisé avant la Seconde Guerre mondiale par crainte des bombardements.

L’œuvre est un symbole fort du patriotisme, d’ailleurs sous-titrée « La Marseillaise », en référence à l’hymne national français composé par Rouget de Lisle en 1792. Ce relief guerrier orne l’un des piédroits de l’arc, dont la construction fut ordonnée en 1806 par Napoléon en hommage à l’armée impériale et achevée sous le règne de Louis-Philippe en 1836. Ce dernier élargira la portée de la dédicace aux guerres de la Révolution française.

Depuis le Salon de 1831 et le Jeune Pêcheur napolitain, le travail de Rude est remarqué et Adolphe Thiers, alors Ministre des Travaux publics, lui commande un décor pour l’Arc de triomphe de l’Étoile. Le relief est situé sur la pile nord de la face Est, orientée vers les Champs-Élysées. Le roi Louis-Philippe souhaitait un symbole fort de rassemblement, après les conflits révolutionnaires, royalistes et bonapartistes qui avaient déchiré le pays.

Trois autres reliefs, confiés à Cortot et Étex, figurent sur l’arc, abordant, dans des styles classiques ou romantiques, les thèmes du triomphe de Napoléon, de la Résistance de 1814 et de la Paix de 1815.

Le Départ des volontaires de 1792 montre des soldats de toutes les générations partant pour le combat, guidés par une allégorie ailée de la Guerre. Le relief illustre un épisode révolutionnaire en le transposant cependant sur un mode antique. Il mêle des figures nues, drapées ou cuirassées comme dans l’Antiquité, un cheval, un guerrier gaulois, un jeune homme et un vieux sage, symbolisant respectivement la force, l’avenir et la sagesse.

mérite toute notre attention. Ses yeux exorbités et son cri puissant appellent les troupes au combat. Le Génie ailé semble emporter les combattants dans un même mouvement en avant, droit vers la conquête. Ailes déployées, brandissant son épée, elle devient par là-même une icône romantique.

L’œuvre devient rapidement un emblème patriotique, symbole de la lutte pour la liberté. À ce titre, elle accède au rang d’icône de l’histoire de l’art dont s’empareront par la suite les artistes.

Le Départ des volontaires de 1792

L’expression particulièrement marquée de l’allégorie (appelée également Génie de la Guerre)

François Rude, Maquette pour Le Départ des volontaires de 1792 dit «La Marseillaise» - 1833-1836 - Plâtre - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

François Rude, Maquette pour Le Départ des volontaires de 1792 dit «La Marseillaise» (détail de la tête) - 1833-1836 - Plâtre - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

‘‘La Marseillaise de Rude est la première œuvre qui exprime du sublime moderne.’’ Guillaume Apollinaire, 1913

François Rude, Le Départ des volontaires de 1792 (d'après le relief de l'Arc de triomphe de l'Étoile) - 1938 - Surmoulage en plâtre, patine brun clair - Musée des beaux-arts de Dijon © MBA Dijon / François Jay

n°4Octobre 2012

François et Sophie RUDE Un couple d’artistes au XIXe siècle, citoyens de la Liberté

Le Petit Journal de l’expositionSupplément du journal Diversions 7

Cette histoire napoléonienne vous suit-elle depuis longtemps ? Oui, depuis tout gamin, même mes travaux, lorsque j’étudiais aux beaux-arts, se basaient sur les batailles : Paolo Uccello, la guerre de 14, l’épopée napoléonienne également car j’ai eu des ancêtres qui ont été tambours ou simples soldats. Je les ai suivis dans les livres. C’est une passion dont je me suis servi dans mon travail artistique.

Une matière historique pour une oeuvre cependant très contemporaine...Il ne faut pas tomber dans l’image d’Epinal du petit soldat, de Napoléon le Grand. Je fais ma vision de l’histoire en me servant de livres mais je m’adapte, je réinvente en quelque sorte. J’avais déjà retranscrit en sculpture des œuvres de David retraçant des batailles. Mais je voulais éviter les œuvres de propagande de David, c’est surtout l’époque qui m’intéresse.

Le Départ des volontaires est aussi le départ de ce projet pour Dijon... À l’origine, je voulais des blocs qui venaient des monuments français, pour les mettre en place avec les armes, comme si cette sculpture était tombée par terre et que l’on puisse voir les désastres de la guerre.

Le lieu d’exposition est particulier. Quand on m’a proposé la salle d’exposition de la Nef, j’ai trouvé qu’elle s’adaptait vraiment à mon travail. C’est une pièce à l’intérieur d’une autre pièce. Mais en fin de compte, on ne va pas pénétrer à l’intérieur. C’est comme un lieu sacré, une tombe où l’on regarde à travers de petites

ouvertures. À l’intérieur, il y a des moulages d’armes, de cuirasses, de trophées... Ce qu’on retrouve sur la ‘‘Marseillaise’’.

On y retrouve les mêmes éléments, mais brisés, arrangés différemment, comme si la sculpture de Rude avait été réduite en pièces.Tout à fait, avec le Départ des volontaires, les combattants partaient la fleur au fusil. Dans Après la Marseillaise, on retrouve la souffrance, la prison, les blessures et les morts. C’est après le combat. On parle toujours des grandes batailles, des charges de cavalerie, mais la guerre ce n’est pas ça. La guerre, ça peut durer longtemps. La guerre, ce sont ceux qui restent plusieurs jours sur un champ de bataille. C’est cela qui m’impressionne.

Ce que l’on voit à l’extérieur est bien différent.Ce sont des dessins de la Marseillaise au fusain ou à la pierre noire, assez exacts. Je reprends certains motifs d’après photo. Ce sont des cadrages totalement différents. Ce travail est intervenu dans un deuxième temps car il a fallu que je m’évade et que j’oublie tout ce que j’avais fait. J’ai fait les dessins avec un esprit plus apaisé, car l’intérieur est tout de même assez tragique !

D’autant qu’une partie est dédiée à des drames bien plus proches de nous...Il y a une partie en hommage aux soldats morts en Afghanistan dans les années 80 et 90, dans le style de ce que faisaient les Romains. Là il s’agit simplement de plaques avec les prénoms écrits dessus. J’avais vu aussi un mur à Washington fait par les habitants, où ils inscrivaient, sur chaque brique, les noms de leurs amis morts.

Cette exposition vous offre finalement l’opportunité d’apporter votre propre regard, contemporain et même critique, sur la guerre. Vous êtes à contre-courant de l’œuvre de Rude qui, elle, exhorte à la bataille.Les mentalités ont tellement changé. Maintenant, on a des photos des conflits, de la souffrance. Avant, on ne voyait que le bon côté des choses: les boutons dorés, les beaux sabres... Aujourd’hui, on voit les gens qui reviennent défigurés, abîmés. Tout cela fait partie de notre vie, il y a un recul. J’ai employé cette période de l’époque napolénienne parce qu’il y a une pudeur. On ne peut pas refaire le conflit d’Afghanistan, pour une avoir une réflexion plus saine, peut-être un peu moins émotive.

- Propos recueillis par Dominique Demangeot en juillet 2012, dans l’atelier de l’artiste à Tournus -

Rencontre avec Jacques PerreautLe sculpteur Jacques Perreaut nous accueillait en juillet dans son atelier de Tournus pour nous présenter les avancées de l’installation créée à l’occasion de l’exposition ‘‘François et Sophie Rude’’. Le contexte historique qui entoure la carrière des deux artistes ne pouvait qu’entrer en résonance avec le travail de ce Tournusien d’origine. Issu d’une longue lignée d’artistes, Jacques Perreaut a également hérité de sa famille une véritable passion pour l’épopée napoléonienne, et en particulier les grandes batailles historiques. Son installation Après la Marseillaise, réponse contemporaine et critique au Départ des volontaires de François Rude, reflète cet intérêt.

Jacques Perreaut, dessin tiré de l’installation Après la Marseillaise - 2012 - Dessin à la pierre noire © Jacques Perreaut

Jacques Perreaut, détail de l’installation Après la Marseillaise - 2012 - Plâtre © Jacques Perreaut

© Clara Perreaut

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n°4Octobre 2012

François et Sophie RUDE Un couple d’artistes au XIXe siècle, citoyens de la Liberté

Le Petit Journal de l’expositionSupplément du journal Diversions

8

Dans les pas de François Rude : un parcours en Côte-d’Or

Maison natale de François Rude5, rue François Rude

Musée Rude8, rue Vaillant

Statue de François Rude par Emmanuel FremietÉcole Nationale Supérieure des Beaux-Arts3, rue Michelet

Statue de François Rude par Pierre VigoureuxPlace Auguste Dubois

Napoléon s’éveillant à l’immortalité par François RudeMusée et Parc Noisot

Buste de Paul Cabet par Emile HébertBeffroi

Statue de Gaspard Monge par François RudePlace Monge

À Dijon

À Nuits-Saint-Georges

À Beaune

À Fixin© Photo S. Lochot © Photo S. Lochot© Photo François Jay

© Photo S. Lochot

© Photo Adrian Goreac © Photo Adrian Goreac© Photo S. Lochot

INFORMATIONS PRATIQUESExposition présentée au musée des beaux-arts, au musée Rude et à la Nefdu 12 octobre 2012 au 28 janvier 2013Horaires d'ouverture de 9h30 à 18h jusqu'au 31 octobrede 10h à 17h à partir du 2 novembrefermé les mardis et les 1er et 11 novembre, 25 décembre, 1er janvierTarif 5€, 3€ (tarif réduit)

Autre point de vente : Office de tourisme de Dijon, 11 rue des Forges0 892 700 558 (34 centimes la minute)www.visitdijon.com

Groupes réservations 03 80 74 52 09

La NefAprès la Marseillaise : un contrepoint contemporain de Jacques Perreaut1, place du Théâtre, Dijondu mardi au vendredi de 11h à 18hle samedi de 10h à 17h

AUTOUR DE L’EXPOSITIONVisites commentéestous les samedis et dimanches à 14hles vendredi 19/10, 9/11, 7/12 et 11/01 à 18h• Visites commentées traduites en languedes signes françaiseles samedis 27/10, 17/11, 8/12 et 19/01 à 14h• Visites les yeux ferméssamedis 24/11et 26/01 à 10h30 au musée des beaux-artset samedi 27/10 à 10h30 au musée Rude

Pour le jeune public et les familles• Rendez-vous des famillesles dimanches 14/10, 18/11, 16/12 et 13/01 à 14h30• Jeunes artistes d’un dimancheles dimanche 4/11, 2/12 et 6/01 à 14h30• Artistes d’un dimancheles dimanches 28/10, 25/11, 23/12 et 27/01 à 14h30• Un livret-jeux pour les enfants de 7 à 13 ans

Ateliers d’arts plastiquesCycles de 3 ou 6 séances• Ateliers pour les 4-6 ans : mercredis 5, 12 et 19/12 - 9, 16 et 23/01 de 10h à 11h30• Ateliers pour les 7-9 ans : mercredis 14, 21, 28/11 et 5, 12, 19/12 de 13h30 à 15h• Ateliers pour les 10-13 ans : mercredis 14, 21, 28/11 et 5, 12, 19/12 de 15h30 à 17h• Ateliers pour les adolescents et les adultes :mercredis 14, 21, 28/11 et 5, 12, 19/12 de 18h à 20hvendredis 9, 16, 23, 30/11 et 7, 14/12 de 14h30 à 16h30samedis 10, 17, 24/11 et 1, 8, 15/12 de 10h à 12h

Les autres rendez-vousTrois nocturnes de 19h à 21h• 28 novembre : Le salon de Sophie Rude,avec l’association dijonnaise Arteggio• 19 décembre : Le cercle des intimes,lecture de correspondances, en partenariat avec les Archives municipales• 23 janvier : Les Rude en musique, avec les élèves du Conservatoire à Rayonnement Régional de Dijon

Les invités de 12h30• Avec l’artiste Jacques Perreaut :Après la Marseillaise, contrepoint contemporainJeudi 29 novembre • Avec Marila Goux, historienne d’artCostumes, dentelles, belles robes et redin-gotes : le portrait bourgeois dans les règles de l’artJeudi 24 janvier

POUR EN SAVOIR PLUSLes Dijonnais François et Sophie RudeCette exposition retrace la vie des famillesRude et Fremiet, la jeunesse des deuxartistes, leurs relations avec les milieux poli-tiques, économiques et culturels dijonnais. L’occasion de souligner la présence de François Rude dans la cité.Archives municipales17 rue de Colmardu 12 octobre au 18 novembre 2012tous les jours de 14h à 18hentrée gratuite

Un colloque internationalLe monumental. Une valeur de lasculpture, du romantisme au post-modernismeorganisé en partenariat avec le CentreGeorges-Chevrier (CNRS) de l’Universitéde BourgogneAuditorium de la Nef 6 et 7 décembre 2012tristan.u-bourgogne.fr/Monumental

A la Bibliothèque municipale (à la Nef )Présentation d’une sélection d’ouvrages en écho à l’exposition

En vente à la librairiele catalogue de l’exposition296 pages, Somogy Éditions d’art Paris

François et Sophie RUDE.Un couple d’artistes au XIXe siècle, citoyens de la LibertéHors-série octobre 2012, Ed. Faton,72 pages, 9€

Hors d’oeuvre n°30 : Monumentalité. Une réflexion sur la sculpturemonumentale d’aujourd’huiPublié sous la direction de ValérieDupont à l’occasion du colloque, ce numéro aborde la notion de la monumentalité et examine les questions qu’elle soulève aujourd’hui à travers les pratiques, les formes et les idées.Journal gratuit d’art contemporainédité par l’appartement / galerie Interface (Dijon)

Palais des ducs et des états de Bourgogne BP 1510, 21033 Dijon Cedextél. 03 80 74 52 09 - mba.dijon.fr

Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication / Direction générale des patrimoines /

Service des musées de France.Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’État

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Théâtres 17

Valère Novarina présente en ce moment la nouvelle mise en scène de sa première pièce, écrite de 1968 à 1970, puis créée en 1974, L’Atelier volant.

Pour la première fois, le dramaturge met en scène son Atelier volant, nous présentant un groupe d’employés que l’on appelle dans la pièce par les lettres de l’alphabet, des ouvriers à la botte de leurs patrons, les Boucot. C’est en contrôlant notamment le langage que les époux Boucot parviennent à conserver leur emprise sur leurs employés. «Du personnel de toute première qualité !» s’exclame le Docteur qui trouve à Boucot cette main d’oeuvre corvéable à merci, et obéissant «à la voix et au geste». Les employés sont achetés comme on achèterait un troupeau de bovins. Et peu importe que F souhaite conserver l’une de ses mains, ou D un quart de sa tête, M. Boucot achète le tout.

Dans la pièce, toujours d’actualité aujourd’hui, l’auteur s’interroge sur le pouvoir du langage, cette arme à double tranchant qui peut réduire l’homme à l’esclavage ou au contraire le libérer. Valère Novarina parle de «mécanisation du langage (elle s’opère aujourd’hui sous nos yeux plus manifestement que jamais)», sans oublier de souligner que c’est aussi par le langage que l’on peut s’extirper du carcan que la société, l’entreprise ou des idéologies diverses veulent nous imposer. L’auteur parle alors de «verbe vivant, verbe acteur».

Pour mettre en valeur le texte, les mots et rien d’autre, le metteur en scène a opté pour un décor pour le moins sommaire, un cube de deux mètres sur deux, « d’où tout sort et tout

jaillit » explique Valère Novarina. « Tout est monté et montré à cru », explique ce dernier qui souhaite véritablement placer l’acteur et sa parole au coeur de la pièce.

Lorsqu’on lui demande s’il est intervenu sur le texte à l’occasion de cette nouvelle mise en scène, Valère Novarina répond que quelques ajustements ont été opérés, ne manquant pas de pointer la difficulté de l’opération. « nous avons pratiqué quelques coupes : c’est un travail très délicat, car c’est intervenir sur un organisme vivant ; la partition du livre n’est pas une mécanique mais un animal de mots qui sommeillait — et à qui les acteurs, le scénographe, le compositeur, le metteur en scène vont peu à peu redonnervie ».

La langue en général, et celle de Novarina en particulier, est en effet un théâtre à elle seule, une matière vivante, fluctuante, qui peut partir à la dérive, nous échapper, un fleuve qu’il faut parvenir à maîtriser. Chez Novarina, la langue est véritablement à la fête, un langage dont il réinvente certains mots, en extirpe d’autres de l’oubli. Les acteurs jouent du langage comme on le ferait d’un instrument, chacun exécutant sa partition.

On ne peut pas séparer la langue du corps. « Ce sont les mêmes muscles du ventre qui, pressant boyaux ou poumons, nous servent à déféquer ou à accentuer la parole » écrira Valère Novarina le 6 juillet 1973. Dans un entretien récent, il ajoute que « le langage est un geste,[...] la parole est un geste musculaire dans l’espace et dans le temps ».

- Dominique Demangeot -

L’Atelier volant, Mâcon Scène Nationale, 17 octobre à 20h30www.theatre-macon.com

Valère Novarina à Mâcon Scène Nationale

Commencer par le commencement : Courteline ?

Auteur de la fin du XIX°, Georges Courteline a passé sa vie à faire rire les gens avec des choses horribles. Courteline, c'est un théâtre simple, plein de fantaisie, fait pour rire, un théâtre où on s'amuse, parce qu'on ne rit pas assez au théâtre.

Un théâtre drôle, mais pas seulement, un théâtre émouvant, enfantin, où il suffit de dire "on disait que..." et ça arrive.

1890 / 1900, c'est la naissance des grands effets spéciaux au théâtre et Courteline écrit beaucoup pour le très spectaculaire "Grand Guignol", le théâtre des horreurs en fait. Un théâtre de sang, de corps éventrés, de viols... Aux soirées Grand Guignol on vient pour voir cinq ou six pièces. Une petite pour commencer, une plus rustique, une pièce d'horreur, une pièce comique, une autre pièce d'horreur, pour finir par un poème de Verlaine.

Folie Courteline - Les Marionnettes de la vie, c'est un spectacle un peu fou, fait de cinq petites pièces. D'ailleurs Courteline travaille uniquement sur des formats courts. Il pose une situation, y plonge un personnage et là il y a comme une réaction chimique, une crise et puis tout est fini, on passe à autre chose. Très souvent l'histoire démarre d'une situation anodine… Un jeune homme rentre chez lui dans la nuit et son ivresse fait qu'il ne trouve pas la serrure. Une fois la serrure trouvée,

"Théodore cherche des allumettes" pour s'éclairer dans la pénombre, son père débarque et tout s'enchaîne. Chez "Les Boulingrins" on sonne à la porte. Entre M. Des Rillettes qui s'invite à boire le thé. Mais M. Des Rillettes est un pique-assiette et il vient en fait s'installer pour l'hiver...

Sur les planches du TDB ? Mis en scène par Ivan Grinberg, quatre comédiens déchaînés (Damien Bouvet, Stéphan Castang, François Chattot, Marion Lubat) et une clarinettiste (Alice Caubit) s'amusent des cinq histoires folles de l'auteur. Tout ce petit monde évolue dans un castelet évoquant l'intérieur petit bourgeois XIX°, imaginé par Muriel Trembleau. Une boîte où il se passe des choses incroyables en référence à Courteline qui appelait son théâtre "Les marionnettes de la vie".

Ces mots ont été empruntés à Ivan Grinberg, rencontré lors de la troisième semaine de création du spectacle.

- Charlotte Carbonare -

Folie Courteline - Les Marionnettes de la vie, Théâtre Dijon Bourgogne, du 16 au 20 octobre (Salle Jacques Fornier), et du 11 au 15 décembre (Parvis Saint-Jean)www.tdb-cdn.com

Folie Courteline - Les Marionnettes de la vie au Théâtre Dijon Bourgogne

Dans la pièce, toujours d’actualité aujourd’hui, l’auteur s’interroge sur le pouvoir du langage, cette arme à double tranchant qui peut réduire l’homme à l’esclavage ou au contraire le libérer.

© V

alère Novarina

© V

alère Novarina

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François et Sophie RUDE Un couple d’artistes au XIXe siècle, citoyens de la Liberté

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Dans les pas de François Rude : un parcours en Côte-d’Or

Maison natale de François Rude5, rue François Rude

Musée Rude8, rue Vaillant

Statue de François Rude par Emmanuel FremietÉcole Nationale Supérieure des Beaux-Arts3, rue Michelet

Statue de François Rude par Pierre VigoureuxPlace Auguste Dubois

Napoléon s’éveillant à l’immortalité par François RudeMusée et Parc Noisot

Buste de Paul Cabet par Emile HébertBeffroi

Statue de Gaspard Monge par François RudePlace Monge

À Dijon

À Nuits-Saint-Georges

À Beaune

À Fixin© Photo S. Lochot © Photo S. Lochot© Photo François Jay

© Photo S. Lochot

© Photo Adrian Goreac © Photo Adrian Goreac© Photo S. Lochot

INFORMATIONS PRATIQUESExposition présentée au musée des beaux-arts, au musée Rude et à la Nefdu 12 octobre 2012 au 28 janvier 2013Horaires d'ouverture de 9h30 à 18h jusqu'au 31 octobrede 10h à 17h à partir du 2 novembrefermé les mardis et les 1er et 11 novembre, 25 décembre, 1er janvierTarif 5€, 3€ (tarif réduit)

Autre point de vente : Office de tourisme de Dijon, 11 rue des Forges0 892 700 558 (34 centimes la minute)www.visitdijon.com

Groupes réservations 03 80 74 52 09

La NefAprès la Marseillaise : un contrepoint contemporain de Jacques Perreaut1, place du Théâtre, Dijondu mardi au vendredi de 11h à 18hle samedi de 10h à 17h

AUTOUR DE L’EXPOSITIONVisites commentéestous les samedis et dimanches à 14hles vendredi 19/10, 9/11, 7/12 et 11/01 à 18h• Visites commentées traduites en languedes signes françaiseles samedis 27/10, 17/11, 8/12 et 19/01 à 14h• Visites les yeux ferméssamedis 24/11et 26/01 à 10h30 au musée des beaux-artset samedi 27/10 à 10h30 au musée Rude

Pour le jeune public et les familles• Rendez-vous des famillesles dimanches 14/10, 18/11, 16/12 et 13/01 à 14h30• Jeunes artistes d’un dimancheles dimanche 4/11, 2/12 et 6/01 à 14h30• Artistes d’un dimancheles dimanches 28/10, 25/11, 23/12 et 27/01 à 14h30• Un livret-jeux pour les enfants de 7 à 13 ans

Ateliers d’arts plastiquesCycles de 3 ou 6 séances• Ateliers pour les 4-6 ans : mercredis 5, 12 et 19/12 - 9, 16 et 23/01 de 10h à 11h30• Ateliers pour les 7-9 ans : mercredis 14, 21, 28/11 et 5, 12, 19/12 de 13h30 à 15h• Ateliers pour les 10-13 ans : mercredis 14, 21, 28/11 et 5, 12, 19/12 de 15h30 à 17h• Ateliers pour les adolescents et les adultes :mercredis 14, 21, 28/11 et 5, 12, 19/12 de 18h à 20hvendredis 9, 16, 23, 30/11 et 7, 14/12 de 14h30 à 16h30samedis 10, 17, 24/11 et 1, 8, 15/12 de 10h à 12h

Les autres rendez-vousTrois nocturnes de 19h à 21h• 28 novembre : Le salon de Sophie Rude,avec l’association dijonnaise Arteggio• 19 décembre : Le cercle des intimes,lecture de correspondances, en partenariat avec les Archives municipales• 23 janvier : Les Rude en musique, avec les élèves du Conservatoire à Rayonnement Régional de Dijon

Les invités de 12h30• Avec l’artiste Jacques Perreaut :Après la Marseillaise, contrepoint contemporainJeudi 29 novembre • Avec Marila Goux, historienne d’artCostumes, dentelles, belles robes et redin-gotes : le portrait bourgeois dans les règles de l’artJeudi 24 janvier

POUR EN SAVOIR PLUSLes Dijonnais François et Sophie RudeCette exposition retrace la vie des famillesRude et Fremiet, la jeunesse des deuxartistes, leurs relations avec les milieux poli-tiques, économiques et culturels dijonnais. L’occasion de souligner la présence de François Rude dans la cité.Archives municipales17 rue de Colmardu 12 octobre au 18 novembre 2012tous les jours de 14h à 18hentrée gratuite

Un colloque internationalLe monumental. Une valeur de lasculpture, du romantisme au post-modernismeorganisé en partenariat avec le CentreGeorges-Chevrier (CNRS) de l’Universitéde BourgogneAuditorium de la Nef 6 et 7 décembre 2012tristan.u-bourgogne.fr/Monumental

A la Bibliothèque municipale (à la Nef )Présentation d’une sélection d’ouvrages en écho à l’exposition

En vente à la librairiele catalogue de l’exposition296 pages, Somogy Éditions d’art Paris

François et Sophie RUDE.Un couple d’artistes au XIXe siècle, citoyens de la LibertéHors-série octobre 2012, Ed. Faton,72 pages, 9€

Hors d’oeuvre n°30 : Monumentalité. Une réflexion sur la sculpturemonumentale d’aujourd’huiPublié sous la direction de ValérieDupont à l’occasion du colloque, ce numéro aborde la notion de la monumentalité et examine les questions qu’elle soulève aujourd’hui à travers les pratiques, les formes et les idées.Journal gratuit d’art contemporainédité par l’appartement / galerie Interface (Dijon)

Palais des ducs et des états de Bourgogne BP 1510, 21033 Dijon Cedextél. 03 80 74 52 09 - mba.dijon.fr

Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication / Direction générale des patrimoines /

Service des musées de France.Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’État

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Théâtres 18

La Grande et fabuleuse histoire du commerce à l’Espace des ArtsJoël Pommerat est de retour, après une incursion dans le spectacle jeune public avec Pinocchio. Cette fois il retourne bel et bien dans le monde des adultes avec La Grande et fabuleuse histoire du commerce, qui comme son nom l’indique va nous entretenir des affres de la société de consommation.

Le metteur en scène nous présente cinq vendeurs qui se retrouvent après une journée de travail, s’inspirant de sa propre expérience de vendeur à Paris. Joël Pommerat nous met en présence de VRP à l’étroit dans le système capitaliste qui les fait pourtant vivre.

Les deux premières partie de la pièce se déroulent en 1968, les deux autres dans les années 2000. D’une génération à l’autre, les méthodes ont certes évolué, mais le principe reste le même : vendre des produits à des personnes qui n’en ont pas réellement besoin. Un rapport de domination finalement, dont le client potentiel ne doit bien évidemment pas avoir conscience. Cette domination s’exerce aussi dans l’entreprise de vente elle-même, via la hiérarchie. Les vendeurs peuvent être alors considérés comme des pions évoluant dans un circuit fermé, sans espoir de réelle promotion, et encore moins d’initiative. Les collègues s’annoncent mutuellement leurs chiffres de vente, chacun courant après le record, tandis que Franck, le nouveau, revient souvent bredouille. Mais bientôt le phénomène s’inverse et c’est Franck qui revient avec les plus gros chiffres. Joël Pommerat nous parle d’une société où la consommation a pris le pas sur la solidarité. Le metteur en scène souhaite également mettre à jour la relation complexe qui unit les

individus au commerce, car au-delà du banal acte d’achat et de vente, le commerce semble s’être insinué plus sournoisement dans les relations entre les êtres. Mon prochain agit-il envers moi de manière gratuite ? Attend-il au contraire quelque chose en retour ?

La confiance a disparu. La solidarité aussi, d’autant que ce système instaure la concurrence entre les êtres. Etre le meilleur,

quoi qu’il arrive. Et pour être le meilleur, tous les coups sont permis. Quitte à manipuler son prochain.

Déjà esquissé dans Cercles/Fictions, le thème du commerce devient ici central. Et Joël Pommerat de s’interroger sur les incidences de la société de consommation sur les relations entre les personnes.

Un travail préalable a été mené avec Philippe Carbono qui s’était entretenu avec des vendeurs pour cerner leur métier. Par la suite, un vendeur des années 1960-1970 a enseigné aux comédiens ses méthodes de vente. La troupe a ensuite rencontré un vendeur des années 2000.

La crise économique entre bien sûr également en ligne de compte ici, sur toutes les bouches et sur tous les écrans. Et dans les chambres d’hôtels où se rencontrent les vendeurs après une dure journée de travail et des kilomètres de routes parcourus, le téléphone annonce rarement de bonnes nouvelles.

- Dominique Demangeot -

La Grande et fabuleuse histoire du commerce, Espace des Arts, Chalon-sur-Saône, 9 et 10 octobre à 20 hwww.espace-des-arts.com

Le nouveau directeur du Centre Dramatique National présente en ce mois d’octobre sa première création, partageant la mise en scène avec Philippe Lanton. Christophe Maltot sera également présent sur scène puisqu’il interprètera le rôle principal de cette œuvre peu connue de Shakespeare, Timon d’Athènes.

La pièce nous présente un noble athénien dont les dettes accumulées finissent par causer sa chute. Elle se divise en deux parties très distinctes l’une de l’autre. La première est celle de la profusion, quand opulence rime avec insousiance. Timon dépense sans compter et sa générosité attire la convoitise de tous. « Il y a la fête puis un decrescendo durant la fête », explique Christophe Maltot. « Il faut à un moment faire rentrer l’argent dans la caisse pour être solvable ». Dans la seconde partie, Timon, noble déchu, se sépare de ses semblables et devient ermite en retournant à la nature. Pièce de contrastes où Shakespeare explore les différentes facettes de la condition humaine, sans tomber pour autant dans l’opposition facile entre les bons et les méchants.

La detteBien sûr la question de la dette est centrale dans la pièce, et on ne peut plus d’actualité. L’endettement est un asservissement, mais pour le directeur du CDN, « Timon d’Athènes c’est avant tout la question de l’endettement par rapport à une parole donnée. Quand on fait un cadeau à Timon, il redonne obligatoirement un autre cadeau supérieur au premier de par sa grande générosité ». Comédie citadine mais aussi tragédie, Timon

d’Athènes bénéficie ici de l’adaptation qu’en avait faite Jean-Claude Carrière, à travers une traduction contemporaine. « L’adaptation pose réellement la question politique et sociale de cette pièce, plus que d’autres traductions qui sont plus poétiques. Ici c’est condensé, on va à l’essentiel. C’est le rapport citoyen qui m’intéresse le plus, la responsabilité citoyenne vis à vis d’une institution » dit encore Christophe Maltot.

La boucheComme le suggère l’affiche de la pièce, la bouche tient une place centrale dans Timon d’Athènes. La bouche qui mange, prend du plaisir, mais aussi celle qui articule le verbe, qui flatte et qui maudit. Mauvaise langue. Rumeur. « Ce qui est mangé, digéré dans le plaisir dès le banquet, se renverse et est dégluti par la vengeance verbale », souligne Christophe Maltot.

La fêteCe banquet auquel nous convient le directeur du CDN et la troupe qu’il dirige, La Loyale, fait aussi référence, en filigrane, aux quarante ans que célèbre cette année le Centre Dramatique National Besançon Franche-Comté. Manière de réfléchir à ce qu’est le théâtre public en 2012. Un théâtre qui a nécessairement évolué avec le temps, doit se repenser. « On va réfléchir aussi développement durable dans les costumes, la scénographie...», explique Christophe Maltot. « Dans le générique également, car nous sommes inscrits dans un territoire. Je veux rencontrer les artistes de ce territoire. L’idée la plus fameuse de cette décentralisation théâtrale, c’est de travailler avec les gens qui y habitent. Il y aura plusieurs acteurs issus de la région ».

Comme toujours, l’argent demeure le nerf de la guerre mais aussi de la culture, d’autant plus en cette période économiquement trouble que nous vivons. « L’époque à laquelle Shakespeare écrit la pièce est une époque de changement économique », explique Philippe Lanton, qui partage la mise en scène. « On est à la fin d’un monde aristocrate assez ambigü, qui est en train de se transfigurer à travers le Sénat. La fonction de l’argent change symboliquement ». Timon d’Athènes préfigure ainsi à l’orée du XVIIe siècle le tout début du monde capitaliste. « Shakespeare a l’intuition de ce qu’est ce changement et en parle comme un poète », dit encore Philippe Lanton.

D’autres problèmes seront soulevés dans la pièce. « Pourquoi Timon n’entend pas quand son intendant lui parle de sa dette? Il ne finit par l’entendre que quand il n’a plus les moyens de donner », fait remarquer Christophe Maltot. Il y aura aussi la question de l’art comme idée de placement. « On achète des tableaux à des millions d’euros alors que l’artiste a souvent disparu dans la pauvreté. Il y a une spéculation au niveau de l’art. Ce n’est pas pour rien que Shakespeare démarre Timon d’Athènes sur le rapport du poète au peintre ». -.

- Dominique Demangeot -

Timon d’Athènes, Centre Dramatique National Besançon Franche-Comté, Besançon, du 9 au 26 octobrewww.cdn-besancon.fr

Images de répétitions

© D

R

Création de Timon d’Athènes à Besançon

© Elizabeth C

arecchio

D’une génération à l’autre, les méthodes ont certes évolué, mais le principe reste le même : vendre des produits à des personnes qui n’en ont pas réellement besoin.

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En Franche-Comté 19

Week-end de rentrée à La RodiaDurant trois jours, du 11 au 13 octobre, la Rodia de Besançon met en place un week-end de rentrée sous le signe de la musique et des arts visuels. Parallèlement aux concerts, la terrasse de la Rodia s’habillera de projections en 3D.

Le jeudi débutera tranquillement par une soirée orientée chanson et reggae avec notamment la venue de Zenzile. Leur musique a évolué vers un format « electric soul » pour faire référence à leur nouvel album - chroniqué en page 21 -, baigné d’ambiances proches de Massive Attack. On retrouvera aussi la chanson d’HK et les Saltimbanques et de Gari Gréu du Massilia Soundsystem. Soirée festive à suivre dans la grande salle. La Rodia accueillera également Félicien, lauréat 2012 d’Energie Jeune, à découvrir au Club à 19h30.

La soirée du vendredi dans la grande salle avec C2C est complète, mais il reste des places pour celle du Club. La Rodia a en effet décidé de proposer deux billetteries distinctes, permettant d’assister soi aux concerts dans la grande salle, soit à ceux du Club à prix particulièrement attractif - 3 euros -. Des Pass Soirée sont également disponibles. Citons la venue au Club samedi de Blake Worrell, le MC/marionnettiste fou de Puppetmastaz, dans un set teinté Dubstep. Tico nous recommande aussi un groupe canadien qui est en train de faire une belle percée aux USA : Zed’s Dead qui officie lui

aussi dans un registre Dubstep.

Le programmateur de la Rodia insiste sur la qualité des groupes du Club. A côté de l’artiste associé Lilea Narrative le vendredi, on trouvera aussi Yeti Lane, des Parisiens qui pratiquent une pop noise aérienne, tandis que Tristesse Contemporaine proposera une musique « un peu indescriptible » selon Simon Nicolas, chargé de communication de La Rodia. Tico s’aventure quant à lui à évoquer un côté « old school, un peu trip hop avec un chanteur qui jouait dans le groupe Earthling à Bristol, à l’époque de Tricky ». Un chanteur

qui a la particularité de se produire... avec une tête d’âne sur la tête !

Si le vendredi est plutôt orienté electro dance, le samedi se profile plus hip hop avec les Naive New Beaters qui viendront présenter leur nouvel album « qui s’annonce encore plus déjanté que celui d’avant » confie Simon. Le groupe proposera à l’occasion son nouveau set.

Durant ce week-end, on pourra rencontrer beaucoup de groupes bisontins au Club et sur la terrasse. « On voulait laisser une place aux associations pour qu’elles présentent des groupes qu’elles accompagnent », nous dit Tico. Christine est ainsi programmé en partenariat avec Black Curtain, à l’origine de la soirée avec Teki Latex l’an dernier. Citons encore les associations du Bastion, Impure Muzik et le Dos Argenté.

Projet de mappingDurant les trois jours du week-end, la terrasse de la salle s’habillera de projections 3D visibles depuis la route. L’artiste Nico Tico présentera au public son mapping sculptural, projeté de l’intérieur sur une structure installée sur la terrasse de la Rodia. Il s’agit d’une création spéciale pour l’événement, que Nico Tico a confectionnée préalablement à la Friche. Des graphistes locaux - Small, Flying Pou7 et Carlos et Cie - participeront également au projet.

- Dominique Demangeot -

Rentrée à la Rodia, du 11 au 13 octobre, La Rodia, Besançonwww.larodia.comZenzile

Naive New Beaters

Création Trans’ à Lons-le-SaunierDu 19 octobre au 4 novembre, la sixième édition du Fruit des Voix se tiendra à Lons-le-Saunier. C’est dans ce cadre qu’Annik Meschinet et sa compagnie Rouge Malice présenteront leur nouvelle création Trans’, dernier volet d’une série centrée autour du thème du pont, démarrée en 2008.

Le thème du pont, c’est aussi l’idée de l’aventure, vécue ici à plusieurs, et d’un apprentissage. Les membres de Rouge Malice ont entre 12 et 19 ans et prennent part à ce spectacle dans lequel sept tableaux humains se transforment au fil de la pièce. « S’ajoute une adaptation vocale très libre du thème de La promenade de Tableaux d’une exposition de Moussorgsky », souligne Annik Meschinet. « Nous sommes partis avec Isabelle Jobard, plasticienne, de châssis vidés de leurs toiles peintes, mais ayant gardé leur contour ». Un cadre en quelque sorte, que les chanteuses de la compagnie Rouge Malice et les autres artistes vont remplir de leurs voix et de leurs inspirations. « J’ai toujours souhaité associer les membres de la compagnie Rouge Malice aux différentes créations », explique Annik. Son choeur de femmes Vocal’s Nana participe aussi à l’aventure. « Pour elles c’est nouveau », le choeur de femme ayant l’habitude d’interpréter des pièces déjà écrites. Avec Trans’, les seize femmes se sont jetées en quelque sorte dans l’inconnu !

C’est aussi ça, depuis 2008, ce projet autour du pont, une aventure tant humaine qu’artistique où chacun, amateur comme professionnel, trouve son intérêt. Ils sont trois artistes professionnels à prendre part à Trans’ cette année : Anita Daulne, ex-membre des Zap Mama qui travaille sur les polyphonies

africaines, Jean-Louis Blainaud, du Choeur de Sartène et Jean-Yves Pénafiel, chanteur, acteur, improvisateur. Trans’ va aussi s’intéresser à la couleur comme symbole de vie. « L’idée est de faire apparaître la couleur sur scène sans qu’il y ait de peinture, en utilisant plusieurs matières. La musique se base véritablement sur la création graphique ».

La rencontre des générations est aussi évoquée. Des enregistrements d’échanges entre enfants et personnes âgées ont été effectués, pour servir de matière à Trans’. Des tableaux ont été peints sur le thème de la trace, puis photographiés par Isabelle Jobard pour être utilisés dans le spectacle.

Rencontre des cultures également puisque diverses formes d’art vocal seront proposées, se mêlant parfois au théâtre, à la poésie... Quelques espaces d’improvisation pourront aussi se faire jour. Les 29 et 30 septembre, Trans’ a été finalisé en résidence au Théâtre Edwige Feuillère de Vesoul, coproducteur du spectacle, aide précieuse également en ce qui concerne la mise à disposition d’un environnement scénique professionnel. L’aboutissement de ce projet d’envergure est à découvrir les 3 et 4 novembre à Lons-le-Saunier.

- Dominique Demangeot -

Trans’, Théâtre de Lons-le-Saunier, 3 novembre à 20h30 et 4 novembre à 15h30, dans le cadre du festival Le Fruit des Voix - du 19 octobre au 4 novembre - www.lefruitdesvoix.com

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20Diversions Expositions

Seigneurs de l’An Mil au Musée archéologique Le Musée archéologique de Dijon accueille jusqu’au 25 novembre prochain une exposition dédiée à l’An Mil, époque troublée, en proposant un éclairage sur la vie des seigneurs laïcs et des hommes d’église.

Des recherches récentes en Bourgogne ont permis d’en apprendre plus sur ces seigneurs et religieux, issus de grandes familles. Châteaux et abbayes cartographiés, armes des chevaliers, guerre et chasse mais aussi loisirs, arts et artisanat, agriculture et cuisine sont évoqués.

Des partenariats avec le Service Régional de l’Archéologie de Bourgogne, l’Institut National de Recherche en Archéologie Préventive et des associations patrimoniales, ont également permis de monter l’exposition. Cette dernière est présentée dans l’ancien scriptorium de l’abbaye Saint-Bénigne de Dijon, dont la création remonte aux alentours de 1015-1030, durant la période que couvre l’exposition. Le mur du fond de la salle évoque les maçonneries de l’An Mil, tandis que le cœur de la cheminée du scriptorium rappelle qu’elle était l’une des seules sources de chaleur dans les résidences des seigneurs et les monastères.

Si le visiteur sera plongé à l’époque lointaine de l’An Mil, au son des chants grégoriens et des psalmodies des Ambrosiniens, le Musée archéologique fera aussi appel aux technologies modernes en utilisant des bases de données sur les places fortes, châteaux ou castrum de Côte-d’or et de Saône-et-Loire. Des écrans tactiles permettront une étude précise de ces édifices.

Des manifestations diverses : visites commentées, conférences, concerts, intervention sur la cuisine médiévale, démonstrations de combats d’armes du début du Moyen Age - proposeront d’autres éclairages sur l’An Mil.

- Marc Vincent -

Seigneurs de l’An Mil, Musée archéologique,Dijon, du 12 septembre au 25 novembre www.dijon.fr

Arçon de selle en bois du site de Charavines (Isère), décoré de deux chevaux cabrés autour d'une croix.Collection et cliché du musée Dauphinois, fouilles M. Colardelle et E. Verdel, don de la Société Civile du Lac de Paladru

Page 21: Diversions Bourgogne octobre 2012

21 Diversions Chroniques CD

Retrouvez plus de chroniques, découvertes, interviews

et infos musicales sur www.sensationrock.net

BLUES

Tomcat BlakeTill I Get Back Home(autoproduction)

La slide de Tomcat nous souhaite la bienve-nue sur le morceau d’ouverture Goin’ Back South, comme pour marquer le début d’un voyage sur les terres du blues. La route est forcément poussiéreuse, le soleil tape un peu trop fort mais le décor est planté. Si le bonhomme laisse de côté l’aspect biogra-phique de sa carrière - les nombreux mu-siciens qu’il a accompagnés des années durant -, c’est que Tomcat Blake préfère laisser parler sa guitare. A force d’entendre à longueur de morceaux des chansons plus trafiquées les unes que les autres, blindées d’électro, d’overdubs et de vocoder à tous les étages, on en viendrait presque à oublier le bon goût des choses simples. De la reprise toute en subtilité d’un morceau d’Hank Williams - My Heart Would Know - à I Was The Devil qui tire vers le rock, la voix et la six cordes acérées de Tomcat nous of-frent quelques perles du blues, parfois tradi-tionnelles comme ce goûtu How Long, How Long Blues - bien trop court ! - entre autres intermèdes acoustiques, illustrant le parti pris de l’artiste de parcourir l’histoire du blues américain. La guitare caméléon trace des sillons groovy, des midtempos authentiques, ou encore ce Hole In Me teinté de réminis-cences country, avec l’orgue jamais loin dans ses talons. - Dominique Demangeot -

POP ROCK

MossNever Be Scared, Don’t Be A Hero(Excelsior Recordings)

Il faut avoir vu Moss sur scène pour se rendre compte de la puissance de ce groupe, jouant en ligne face au public avec derrière lui un mur d’amplis Fender, le tout dans une énergie communicative. Moss est l’un des trésors les mieux cachés de Hollande. Mais il ne reste pas planté à Amsterdam, a déjà vu du pays et acquis des fans en Europe. Ce deuxième album au double titre est un sérieux concurrent à tous les albums rock du moment. Wombats, Friendly Fires, Phoe-nix par exemple. Les Hollandais ne déméri-tent pas un instant avec cette poignée de tubes. Les guitares sont affûtées, les rythmes fougueux et la voix claire du charismatique Marien Dorleijn éclairent le quotidien de spectateurs chanceux mais pas (encore) des radios nationales. En plus d’être d’excel-lents mélodistes, Moss injectent un petit côté psyché à leurs compositions avec l’aide de quelques claviers, et des harmonies vocales telles qu’on se croirait chez les Fleet Foxes. - Simon Grangereau -

Moss seront en concert à La Rodia de Besançon le 10 novembre prochain à 20h30, avec This Year’s Girl en première partie. Soirée de soutien à Radio Sud.

ROCK

The NapoleonsMud, Sand, Overseas(autoproduction)

Avec leur premier EP, les nancéens de The Napoleons reviennent aux fondamentaux du rock en proposant avec ces quelques titres une palette fournie. Un EP d’ouverture qui explore plusieurs pistes et nous laisse curieux quant à la suite des événements pour ce jeune groupe prometteur. The Na-poleons creuseront-ils la voie d’un blues rock huileux, à l’image du bien nommé Louisiana, avec sa batterie lourde comme un ciel d’orage en Nouvelle-Orléans, en-flammé de slide ? Ou bien s’aventureront-ils sur des terres plus modernes comme avec Magnetism ? Un morceau taillé pour les concerts, concis et allant droit au but, le pe-tit chorus de guitare en plus avec un refrain entrainant juste ce qu’il faut. I.J.I.M.P nous emmène lui quelques décennies plus tard vers un rock plus musclé et métallique. - Sébastien Marais -

CHANSON JAZZ MANOUCHE

La Caravane PasseGypsy For One Day(XIII Bis Records / Warner)

Sans attaches, La Caravane l’est assuré-ment, prônant le mélange des cultures dans Rom à Babylon et la chanson titre. Une di-mension cosmopolite que l’on retrouve dans cette musique d’Europe de l’Est bom-bardée d’influences rock, punk et world. Pour «être riche comme Goran Bregovic», La Caravane Passe a donc composé un cock-tail pour le moins explosif. Sur T’as la touche manouche, le groupe égratigne gentiment les bobos et invite même Sanseverino et l’incroyable Stochelo Rosenberg, expert ès jazz manouche. La prise de tête n’est pas vraiment au goût du jour chez Toma et ses amis. On se délecte du kitschissime Saint Tro-pez, tandis que le Strip-tease burlesque, plus électrique, est une belle ode aux dames bien en chair. Shouf la chapka prend des accents hip hop même si très typée musi-calement... entre Russie et Moyen-Orient ! Irrésistible invitation à prendre part à cette caravane voyageuse. - Manu Gilles -

POP FOLK

Melody’s Echo ChamberMelody’s Echo Chamber(Fat Possum/Weird World/Domino/PIAS)

Ce nouveau projet piloté par Mélody Pro-chet (ex-My Bee’s Garden) n’a pas fini de faire parler de lui, notamment avec ce nou-vel album de dream pop soigneusement composé. C’est avec Kevin Parker, leader du groupe australien Tame Impala, que Mé-lody a enregistré cette poignée de titres pla-nants. La voix est sensuelle, les guitares satu-rées, c’est du Cocteau Twins en accéléré. La multi-instrumentiste a su capter toutes les influences de cette pop rêveuse (on entend Spiritualized, Beach House, The Jesus & Mary Chain...). On savoure donc ces mots d’en-fants et ce solo de guitare sur Be Proud Of Your Kids. Quand Vas-Tu Rentrer ? joue avec une petite boucle de claviers comme pour nous rappeller une pop 60’s nonchalante et par ricochets une certaine forme d’insou-ciance et donc l’enfance. Sometime Alone, Alone, enregistré alors qu’elle est seule dans le studio de Parker avec du matériel qu’elle ne connait pas, nous donne à goûter au savoir-faire de Mélody, une guitare noisy et une boîte à rythmes accompagnant sa voix presque hantée, dont l’enregistrement a été, quant à lui, réalisé dans une maison familiale pleine de souvenirs, sur la Côte d’Azur. - Simon Grangereau -

POP ROCK

Absynthe MindedAs It Ever Was(AZ / Universal)

Les Belges s’étaient fait remarquer il y a trois ans en France avec leur quatrième opus. Si la formation délaisse les mélanges hétéro-clites qui caractérisaient leurs précédentes productions - couleurs jazz, klezmer et autres joyeusetés cosmopolites -, Bert Ostyn et ses acolytes recentrent le propos autour d’une pop bien amenée à l’image du single Space qui ouvre en beauté l’album. End Of The Line ou la chanson titre nous donnent envie de les suivre dans leur sillage folk rock, tout à la fois léger et enlevé, bon équilibre entre les cordes de la pop et une batterie omniprésente. N’oublions pas ce petit côté fantasque collant souvent aux groupes belges - DEUS, Sharko... -, ressortant notam-ment sur le bipolaire et sautillant You Will Be Mine ainsi que sur Crosses - on retrouve tout de même ici des couleurs des pays de l’Est -. Nouvel album d’une grande cohérence à découvrir, même si chaque morceau évo-lue, imperceptiblement mais sûrement, vers d’autres sphères sonores. Il suffit pour s’en convaincre, de sauter à la piste 6 Little Ras-cal, intéressant objet new wave lacéré de violons et de touches synthétiques. - Dominique Demangeot -

DUB ELECTRO

ZenzileElectric Soul(Yotanka / Differ Ant)

C’est sur la voix sensuelle de Jamika que s’ouvre le nouvel album de Zenzile. La for-mation angevine, qui importait le Dub en France au milieu des années 90, ne s’est jamais reposée sur ses lauriers, portant constamment son art musical vers de nou-velles sphères sonores. C’est une fois encore le cas avec Electric Soul qui apporte une nouvelle pierre à l’édifice musical de Zen-zile. L’électisme est toujours là, niché entre machines et instruments traditionnels, ten-sion latente entre rythmiques reggae, beats synthétiques et dentelles sonores. C’est aussi la première fois que le groupe produit un album où l’on trouve du chant sur chaque piste, introduisant Jérôme «Jay Ree» El Kady, chanteur à la large palette se partageant les morceaux avec Jamika Ajalon. Pas vé-ritablement de soul au sens strict du terme mais une musique avec une âme bien pré-sente assurément, faite de morceaux lan-goureux où le tempo respire, pulse, apte à faire naître à l’esprit un archipel de pay-sages et d’ambiances. Le son Zenzile est savemment construit, patiemment élaboré et ce n’est pas pour rien que certains évo-quent un certain groupe de Bristol à leur en-droit... Du grand art. - Manu Gilles -

POP FOLK

Domino_eDomino_e(Wooden Home Records)

Un duo garçon-fille délivre un premier album captivant, mélodique, mélancolique et noi-sy, fait à la maison de l’enregistrement à la pochette. En onze titres, l’univers du duo se dessine et offre un voyage entre envolées noisy - développées en live - et atmosphères éthérées que l’amateur saura apprécier. L’énigmatique Close To Yr Deep Soul ouvre le bal avec des sonorités à la Yo La Tengo, riffs de guitares entêtants et batterie feu-trées à l’appui. Le chant plein de reverb’ va et vient au gré des changements de rythmes et des ruptures. Puis, Brother et ses guitares que ne renierait pas Thurston Moore viennent bousculer la donne, avant de lais-ser la place à d’autres titres ambiants. Ce petit instrument est également présent sur le troublant Sitting On A Ballbearing, une bal-lade mélancolique. David y chante comme un J Mascis assagi. Plus pop et acoustique, Sister Angel et Moon Valley nous renvoient à certains des titres les plus enjoués de So-nic Youth, David et Audrey dialoguant avec leurs instruments pour créer cet univers riche en textures et en sons, immortalisé sur ga-lette avec peu de moyens mais non sans inspiration. - Simon Grangereau -

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Littératures 22

BDL’âge d’or de Mickey Mouse - Tome 4 Floyd GottfredsonEditions Glénat

Si on en croit la petite histoire, Walt Disney au-rait imaginé le personnage de Mickey Mouse lors d’un voyage en train entre New York et Hollywood. A l’origine il l’aurait prénommé Mortimer mais l’aurait rebaptisé Mickey sur les conseils de son épouse. Plus vraisemblable-ment, Mickey Mouse fut créé graphiquement par le dessinateur Ub Iwerks, Walt Disney s’en attribuant ensuite la paternité. C’est en no-vembre 1928 avec la projection publique de Steamboat Willie, le premier court-métrage parlant mettant en scène la petite souris, que celle-ci acquiert sa notoriété. Le King Fea-tures Syndicate, à l’affût de toutes les nou-veautés, prend alors contact avec les studios de Walt Disney, afin d’en réaliser une bande dessinée quotidienne dès 1930. Floyd Gottfredson, est en fait le deuxième dessinateur de Mickey, il intervient lors du se-cond épisode et ne le quittera plus jusqu’en

1975. S’il n’a jamais signé les histoires de Mic-key, il est considéré comme « le » dessinateur du personnage avec environ quelques 15000 strips.Les éditions Glénat nous proposent les meilleures histoires réalisées par Floyd Gott-fredson dans un superbe grand format de 128 pages. Son trait rond et efficace a conduit ce personnage emblématique dans tous les coins du monde et à travers toutes les époques ! Cette intégrale de 12 tomes réuni-ra de manière chronologique les histoires de l’âge d’or de Mickey de 1936 à 1955.

Golias, le roi perdu - Tome 1Le Tendre et LereculeyLe Lombard

Ne cherchez pas sur la carte l’île Grecque d’Ankinoë, elle n’existe pas. Mais l’album de BD réunissant le duo Le Tendre et Lereculey existe bien lui. Et quelle réussite que cette BD, le scénariste de La Quête de l’Oiseau du Temps Serge, Le Tendre, et le dessinateur de

Merlin Lereculey, nous transportent dans une Grèce antique de légende. L’histoire puise dans nos mythes ancestraux et réveille cer-tains des plus profonds sentiments humains, de la jalousie fraternelle au désir impérieux de puissance et de pouvoir, servie par le trait virtuose et extrêmement précis de Jérôme Lereculey. Ce premier tome se lit d’une traite et avec passion. Le Prince Golias rêve de voyages tout en s’entraînant avec son com-pagnon d’armes et en jouissant des douces mélopées de sa sœur. Mais quand son cou-sin décide d’assouvir ses pulsions les plus sor-dides, les luttes de pouvoir larvées éclatent au grand jour et remettent en cause la desti-née de chacun.

GaïaYannick MongetEditions Bragelonne

Que choisir entre une bonne BD et un bon Thriller ? Difficile de se décider. Et pourquoi pas l’un et l’autre, finalement ? Les éditions

Bragelonne continuent de nous proposer de bons ouvrages tel ce Gaïa écrit par Yannick Monget. Tout commence de nos jours en Amazonie au Brésil, Alexandre Grant, PDG de la compagnie d’exploitation forestière Amazonian Wood et d’une société de bio-technologie américaine, n’a pas d’autre choix que de se déplacer pour observer et comprendre des phénomènes nouveau et inexpliqués qui affectent les écosystèmes du monde entier. Le comportement des ani-maux est bouleversé, les espèces végétales frappées d’impossibles mutations. C’est alors qu’une terrible épidémie se propage sur toute la planète. Grant se retrouvera alors au cœur d’une base secrète française avec Anne Cendras la célèbre biologiste, convain-cue que ce cataclysme n’a rien à voir avec le réchauffement climatique. Que s’est-il passé ce mois passé sous terre ? C’est en-touré de militaires et de savants que Grant et Cendras découvriront la vérité, l’humanité vit ses derniers moments ! Gaïa se révolte !Yannick Monget, Président du groupe Sym-biome spécialisé des questions touchant à la crise bioclimatique contemporaine nous fait vivre un Thriller haletant, prenant et percutant avec une fin à rebondissement étonnante !

- Bruno Kolanek -

Quand l’historien Lucien Febvre débutait sa carrière à BesançonRencontre avec Joseph Pinard

Joseph Pinard, normalien et agrégé d’histoire, historien local bien connu, consacre son dernier ouvrage à l’éminent Lucien Febvre, créateur de la revue des Annales, qui eut la particularité de débuter sa carrière d’enseignant à Besançon, et de militer au sein de la SFIO locale. Joseph Pinard est aussi un homme politique. Il fut conseiller général socialiste pendant presque trente ans et député du Doubs de 1981 à 1986, mais son travail historique lui vaut des éloges de la part de ses adversaires de gauche comme de droite. Ainsi Jean-Luc Mélenchon a salué, sur l’antenne de France Inter le 14 mai 2012 « un historien très pointu », tandis que Jean-Louis Debré, actuel président du Conseil constitutionnel, l’a félicité par écrit pour son dernier ouvrage.

En étudiant un aspect très particulier et très court de la vie de Lucien Febvre, le livre de Joseph Pinard rend compte de la vie quotidienne à Besançon, en faisant des zooms sur des moments méconnus de l’histoire de la ville. Il offre aussi un regard sur ce que c’est d’être militant socialiste dans une petite ville de province. Il y a donc plusieurs lectures possibles de ce livre, mené d’une plume alerte, et qui arrive à nous faire partager la passion de l’auteur pour les hommes dont il décrit le parcours.

Ce livre sur Lucien Febvre confirme votre intérêt pour l’histoire locale.Il prolonge l’intérêt pour l’histoire sociale locale qui est trop souvent oubliée. Je me suis intéressé, auparavant, au père de Minjoz, au soldat Bersot, au Docteur Baigue. S’agissant de Lucien Febvre, c’est un grand historien, amoureux de la Franche-Comté. Léon Werth a dit à propos de lui : « Je l’ai vu extraire de vieilles pierres, la vie ».Et surtout, il y a ces 31 articles qu’il a donnés au Socialiste comtois et que personne n’avait exploités.

Comment était le jeune Lucien Febvre ?Il arrive à Besançon en « indigné » et à l’époque, il y avait de quoi. Des affaires, comme celles du procès Navilly, où un pauvre soldat est condamné à mort simplement parce qu’il avait trop bu. Il était sincère mais il prenait ses rêves pour des réalités. Toutefois c’est un homme intelligent et il a bien vu que les radicaux n’étaient pas si usés que ça. Il y avait même dans la région des personnalités de premier ordre comme Jules Jeanneney qui fut ministre de Clémenceau puis de De Gaulle. De même, si on note qu’au début, il écrit beaucoup d’articles anticléricaux, cette thématique disparait peu à peu de ses textes. Je pense que là aussi, il a vu que les hommes d’église étaient, ici, moins extrémistes.

Vous dites que Lucien Febvre « prenait ses rêves pour des réalités », or votre expérience personnelle ainsi que vos travaux sont marqués par la valorisation des avancées qu’ont réussi à obtenir les réformistes.Je suis orphelin, mon père est mort quand j’avais trois ans. Ma mère a élevé seule

quatre enfants. Je crois que j’ai eu conscience très tôt du fait que je n’avais pu faire d’études que grâce aux lois de la République, dues notamment à la Troisième République et aux Radicaux. Par exemple, j’ai une profonde vénération pour le ministre du Front populaire – qui d’ailleurs a été tué par la Milice – Jean Zay. J’ai quand même été boursier de la République pendant douze ans (quatre ans de collège, trois ans d’école normale, une année de classe préparatoire, ensuite quatre années d’école normale supérieure, où là je n’étais même plus boursier, j’étais fonctionnaire).Il me semble qu’il y a un certain nombre de sujets tabou qui sont dus à une prégnance marxiste. On ne parle jamais, ainsi, de tous ces socialistes et ces syndicalistes qui sont passés au réformisme. De tous ces gens qui voulaient faire du concret et qui en avaient marre des querelles idéologiques. Il y a ce décalage entre le discours et la réalité. L’échec des coopératives dans le coin est tout de même à signaler, alors que le docteur Baigue rêvait d’une fédération de coopératives.

Un mépris du réformisme que vous faîtes remonter à la première guerre mondiale et à l’Union sacrée. Il n’est d’ailleurs pas innocent que vous ayez consacré la plupart de vos travaux à cette période d’avant guerre, qualifiée a posteriori de « Belle époque ».J’ai découvert que je m’appelais Joseph en mémoire d’un oncle mort à la guerre à l’âge de vingt ans. Il était assez classique à l’époque de donner aux enfants le prénom d’un proche disparu. Je me suis donc toujours intéressé à ceux qui ont tout tenté d’empêcher la guerre. C’est cela qui m’a

conduit à m’intéresser aux radicaux de l’époque qui ont tenté, jusqu’au bout, dans un contexte de montée des nationalismes, d’éviter que cette catastrophe advienne. On oublie souvent le courage qu’il a fallu à ces parlementaires pour ne pas hurler avec les loups.

Vous n’aimez pas beaucoup les sociologues. Pour autant, vous vous intéressez, comme eux, au cas des « identités multiples ».Je me suis toujours intéressé aux multi-appartenances, à des alliances qui peuvent être improbables et surtout qui évoluent en fonction des lieux et du moment. Ainsi en 1906, les ouvriers de Lip pouvaient aller perturber un meeting nationaliste en pleine Affaire Dreyfus à l’aide de sifflets fournis par leur employeur. Ces mêmes sifflets servent quelques années plus tard à huer les ouvriers recrutés par leur patron pour casser un mouvement de grève.

Quel est l’apport, selon-vous, d’une telle plongée dans notre passé ?Ce livre est aussi, pour moi, l’occasion de remettre en cause le mythe du bon temps qui est pour moi un mythe lepéniste. Je note qu’on dit toujours que c’était mieux avant et que pourtant, il ne vient à l’idée de personne d’installer des cabinets de dentistes à l’ancienne pour soigner les gens.

- Propos recueillis par Martial Cavatz -

Joseph Pinard, Lucien Febvre, militant socialiste à Besançon, 1907-1912, Cêtre, 2012, 328 pages - 23 €.

‘‘ Je crois que j’ai eu conscience très tôt du fait que je n’avais pu faire d’études que grâce aux lois de la République ’’ Joseph Pinard

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26 septembreSavagesDe Oliver Stone Thrilleravec Blake Lively, Taylor KitschBen et Chon s’enrichissent grâce au business du cannabis officiellement produit pour des raisons thérapeutiques. Le cartel mexicain propose une collaboration mais Ben et Chon refusent.

Les Mouvements du bassinDe HPG Drameavec Rachida Brakni, Joana PreissHervé obtient un poste de veilleur de nuit dans une usine. Il espionne un couple dont la femme vend son corps avec l’approbation de son mari.

Les SeigneursDe Olivier Dahan Comédieavec Franck Dubosc, Gad ElmalehUn ancien joueur de football doit obtenir un emploi stable afin de revoir sa fille et devient entraîneur d’une équipe de foot.

Le Magasin des suicidesDe Patrice Leconte Animationavec Bernard Alane, Isabelle SpadeDepuis dix générations, un magasin vend des produits pour aider les clients à se suicider. Un jour, un adversaire apparait : la joie de vivre.

Vous n’avez encore rien vuDe Alain Resnais Comédie dramatiqueavec Mathieu Amalric, Sabine AzémaUn auteur d’art dramatique convoque, par delà sa mort, tous les comédiens qui ont joué dans sa pièce Eurydice.

Resident Evil : RetributionDe Paul W.S. Anderson Actionavec Milla Jovovich, Kevin DurandUn virus mortel décime peu à peu la population et transforme les êtres humains en morts vivants.

Le Chien du TibetDe Masayuki Kojima Animation

Tenzin doit emménager avec son père au cœur de la forêt tibétaine. Ce changement lui parait difficile et les tâches ardues.

Fear of FallingDe Bartosz Konopka Drameavec Marcin Dorocinski, Krzysztof StroinskiUn journaliste de télévision reçoit un appel du centre psychiatrique où son père est hospitalisé.

Gébo et l’ombreDe Manoel de Oliveira Drameavec Claudia Cardinale, Jeanne MoreauGebo continue son activité de comptable pour subvenir aux besoins de sa famille : sa femme et leur belle fille. L’absence du fils occupe tous les esprits mais un jour, Joao revient.

Red HeartDe Halkawt Mustafa Drameavec Shahen Jamal, Soran IbrahimDeux adolescents s’aiment. Mais leur amour sera mis à rude épreuve avec leur fugue et l’incarcération de Soran.

ComplianceDe Craig Zobel Drameavec Ann Dowd, Dreama WalkerUne gérante de fast food place une de ses employées sous surveillance suite à une suspicion de vol.

3 octobreElle s’appelle RubyDe Jonathan Dayton Comédieavec Paul Dano, Zoe KazanCalvin, romancier à succès, doit écrire sur la fille de ses rêves. Un jour, il la rencontre pour de vrai.

Taken 2De Olivier Megaton Actionavec Liam Neeson, Famke JanssenBryan Mills, ex-agent de la CIA, est parvenu à libérer sa fille de la Mafia. A présent, le chef du clan veut se venger.

ExamDe Stuart Hazeldine Thrilleravec Luke Mably, Adar BeckHuit personnes sont sélectionnées pour passer la dernière épreuve d’une série de tests en vue d’être embauchées dans une entreprise. L’épreuve est déroutante : ne rien écrire sur la feuille.

Kirikou et les hommes et les femmesDe Michel Ocelot Animationavec Romann Berrux, Awa Sène SarrLe grand-père raconte les aventures de Kirikou qui a fait preuve de bravoure et d’imagination dans ses péripéties.

MortemDe Eric Atlan Thrilleravec Daria Panchenko, Diana RudychenkoUne jeune fille est confrontée aux démons de son inconscient une nuit durant.

Damsels in distressDe Whit Stillman Comédie dramatiqueavec Greta Gerwig, Carrie MacLemoreQuatre étudiantes ont décidé de mettre l’ambiance dans une université de la côte Est.

Pauline DétectiveDe Marc Fitoussi Comédieavec Sandrine Kiberlain, Audrey LamyPauline est persuadée qu’un crime a été commis dans le palace où elle séjourne avec sa sœur et son beau-frère.

Do Not DisturbDe Yvan Attal Comédieavec Yvan Attal, François CluzetJeff et Ben fêtent leurs retrouvailles. Ils décident de coucher ensemble devant une caméra.

10 octobreClochette et le secret des féesDe Bradley Raymond Animationavec les voix de Timothy Dalton, Lucy LiuLa téméraire Clochette décide de se rendre dans la Forêt Blanche et rencontre la fée des glaces.

Tous les espoirs sont permisDe David Frankel Comédieavec Meryl Streep, Tomy Lee JonesKay souhaite pimenter la vie de son couple avec Arnold et s’inscrit à une thérapie.

TedDe Seth Mac Farlane Comédieavec Mark Wahlberg, Mila KunisJohn fait le vœu de voir son ours en peluche Ted s’animer et devenir son meilleur ami pour toujours. Son vœu s’exauce et 30 ans plus tard, John et Ted sont toujours ensemble !

Like someone in loveDe Abbas Kiarostami Drameavec Rin Takanashi, Takashi OkunoUn vieil home rencontre une jeune femme et lui offre l’hospitalité.

God bless AmericaDe Bobcat Goldtwait Comédieavec Joel Murray, Tara Lynn BarrFranck, seul et malade, décide d’assassiner toutes les personnes qu’il croise. Il sera rejoint par Roxy, une lycéenne.

Dans la maisonDe François Ozon Comédie dramatiqueavec Fabrice Lucchini, Kristin Scott ThomasUn jeune lycéen s’immisce dans la vie d’un camarade de classe. Il décide de raconter son expérience dans les rédactions qu’il rend à son professeur de français.

InsensiblesDe Juan Carlos Medina Thrilleravec Lluis Soler, lea SeguraIl y a près de 80 ans, un groupe d’enfants a subi des expériences médicales pour les rendre insensibles à la douleur.

Par les épinesDe Romain Nicolas Drameavec Agnès Soral, Renaus Denis-JeanQuatre personnages vivent de manière ordinaire en faisant face à leurs problèmes : Madame Rose, Juliette, Rudy et Marilyn.

Ted le 10 octobre

Taken 2 le 3 octobre

Le magasin des suicides le 26 septembre

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