diversions alsace novembre 2015

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www.diversions-magazine.com Culture et tourisme novembre-décembre 2015 #72 Création vidéo témoignages - collectivités culture - films d’entreprise associations - événementiel www.25imagesseconde.fr Alsace #74 mensuel gratuit

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Page 1: Diversions Alsace novembre 2015

www.diversions-magazine.comCulture et tourisme

novembre-décembre 2015

#72

Création vidéo

témoignages - collectivitésculture - films d’entrepriseassociations - événementiel

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Aire Urbaine

Alsace#74

mensuel gratuit

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Alsace

Diversions - Édition AlsaceJournal d’information gratuit 1, rue de Vittel25000 Besançon03 81 87 40 05 - 06 34 12 01 [email protected] : SARL DiversionsRCS : 508 184 934Directeur de la publication : Boban Stanojevic03 81 87 40 05 / 06 34 12 01 [email protected]

Rédacteur en chef : Dominique [email protected]

Rédaction : Florian Antunes Pires, Frédéric Dassonville, Dominique Demangeot Manu Gilles, Amandine Mannier, Philippe Markarian, Sébastien MaraisPaul Sobrin, Marc Vincent, Caroline Vo Minh

Comité de relecture : Dominique Demangeot, Caroline Vo Minh

Régie publicitaire : Boban Stanojevic - 03 81 87 40 05 / 06 34 12 01 [email protected]

Dépôt légal : novembre 2015© Diversions 2015Imprimé en Espagne ISSN : en cours

valeur : 1,15 euros offertDiversions est diffusé gratuitement sur l’Alsace

Prochaine parution : Jeudi 21 janvier 2016

HAUT-RHIN- 4Jazz et opérette à La Coupole de Saint-LouisPixel en novembreet Festival Les Vagamondesà la Filature de MulhouseBédéciné à l’Espace 110d’IllzachAux Suivants à La Comédie de l’Est de Colmar

Talents Contemporains à la Fondation François SchneiderMarché de Noël de ColmarLe Trophée Roses des Andes

BAS-RHIN - 8En novembre au Maillon Les Liaisons dangereuses au Théâtre national de Strasbourg

Forbidden di sporgersi au TJPSwing et psychanalyse... clownesque à L’IlliadePatrimoine et création contemporaine dans les Musées de Strasbourg

AIRE URBAINE BELFORT-MONTBÉLIARD - 12Entrevues fête sa trentième édition

CHRONIQUES CD/LIVRES - 14

SORTIES CINÉMA - 15

#74

novembre-décembre 2015

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Saint-Louis Jazz et opérette à La CoupoleC’est ainsi à La Coupole. Le théâtre accueille au fil des mois des spectacles qui se suivent... mais ne se ressemblent pas. C’est une fois encore le cas cet automne avec notamment deux dates à retenir., la venue d’un jeune accordéoniste virtuose et défricheur, et d’une joyeuse troupe de chanteurs lyriques qui remettent au goût du jour des chefs d’œuvres oubliés de l’opéra-bouffe.

Vincent Peirani a fondé son quintet baptisé «Living Being». Une nouvelle étape dans la carrière déjà riche de ce musicien qui vient de l’univers classique. S’étant fait remarquer au Concours Jazz de la Défense en 2003, Vincent Peirani a ensuite enchaîné les collaborations auprès d’artistes aussi divers que Daniel Humair, Youn Sun Nah, Michel Portal pour qui il a notamment écrit un morceau, mais aussi des musiciens aux

horizons plus divers tels Sansévérino et même Stromae. Le Living Being Quintet est une formation définitivement plus électrique, et c’est l’esprit de la fusion qui règne ici, mais aussi une tendance à l’improvisation qui fait la renommée de l’ensemble. Sur scène, Vincent et ses compères interprètent des morceaux de leur dernier album, mais aussi plusieurs reprises dont une de Brad Mehldau, un voyage musical qui ne semble pas connaître le mot « frontière ». Prix Django Reinhardt du musicien français de l’année 2013 et la Victoire du jazz 2014 dans la catégorie Révélation, Vincent Peirani chemine au sein du Living Being Quintet aux côtés du saxophoniste Emile Parisien, de Tony Paeleman qui officie au clavier Fender Rhodes, de Julien Herné à la basse et de Yoann Serra à la batterie qui apporte une dimension rock et pop au quintet. L’accordéoniste virtuose a su s’entourer. « L’accordéon c’est un petit orchestre à

lui tout seul », explique Vincent Peirani. « Il peut passer par toutes les émotions, c’est un prolongement de nous–même ». L’artiste, qui voulait être batteur étant enfant, a de son propre aveu choisi un instrument qui n’est pas très évident ! Aujourd’hui il parle pourtant d’une belle histoire d’amour entre lui et l’accordéon. Son instrument, il l’amène sur des terrains divers, et n’écoute pas que du jazz, loin de là ! Flamenco, hip-hop, mais aussi Jeff Buckley, Joni Mitchell, Kate Bush…

Le 9 décembre, changement radical d’ambiance avec le retour à Saint-Louis de la troupe des Brigands, de joyeux mais virtuoses chanteurs qui remettent au goût du jour des pièces parfois oubliées du répertoire de l’opéra–bouffe. Créée en 1867, Les Chevaliers de la Table Ronde est une œuvre composée par Louis-Auguste-Florimond dit Hervé, sur un livret de Henri Chivot & Alfred Duru. L’épopée arthurienne est ici gentiment égratignée, la trame de base étant utilisée, mais les personnages allègrement modifiés, tout comme l’intrigue d’ailleurs ! Un tournoi, des magiciens, des intrigues amoureuses… Sur une mise en scène de Pierre-André Weitz, et toujours la direction musicale du talentueux Christophe Grapperon, Les Chevaliers de la Table Ronde regorge d’allusions aux fééries du Moyen Âge, présente des chevaliers particulièrement grotesques. Dans les spectacles des Brigands, les oreilles se délectent, mais les zygomatiques en prennent aussi un sacré coup, entre parodie jouissive – on pense même parfois à l’esprit des Robins des Bois, la virtuosité musicale en plus –, musique populaire et énergie scénique.

- Dominique Demangeot -

Vincent Peirani - Living Being Quintet, 17 novembre à 20h30, Les Chevaliers de la Table Ronde, 9 décembre à 20h30 www.lacoupole.frLes Chevaliers de la Table Ronde

le 9 décembreVincent Peirani Living Being Quintet le 17 novembre

© Pierre-A

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© Sylvain G

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Retrouvez un agenda complet des événements sur l’Alsaceet au-delà sur le site de Diversions : www.diversions-magazine.com

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Le titre de cette nouvelle création de la compagnie Käfig laisse peu de mystère sur son origine. Ce sont bien les nouvelles technologies qui sont ici le propos de Mourad Merzouki, mais une révolution numérique vue à l’aune des arts visuels. Le regard d’un artiste habitué à travailler les esthétiques scéniques, à découvrir cet automne à la Filature, quand la poésie le dispute à l’énergie, pour évoquer le grand enjeu du numérique sur les scènes de théâtre.

Pixel est avant tout né d’une rencontre avec Adrien Mondot et Claire Bardainne, et d’une véritable « fascination » comme l’explique le chorégraphe. « J’ai eu la sensation de ne plus savoir distinguer la réalité du monde virtuel et eu très vite l’envie de tester un nouveau rapprochement en exploitant ces nouvelles technologies avec et pour la danse », explique-t-il. La principale difficulté pour un chorégraphe est de devoir composer avec un univers virtuel, et dans Pixel, seul le sol est là pour rappeler à Mourad et ses danseurs que la projection lumineuse conçue par la Compagnie Adrien M / Claire B, ne les transporte pas dans un univers totalement désincarné...

Il faut dire que les décors en 3D et en vidéo qui entourent les danseurs ne sont que pure chimère numérique, illusions qu’il a fallu apprendre à dompter, coordonner ses mouvements avec cette suite de pixels qui donnent vie à l’environnement scénique. Le décor se transforme perpétuellement, grandit puis disparait, tremble, ondule autour des onze danseurs. L’un des défis

a bien sûr été de faire cohabiter à parts égales les deux disciplines de la danse hip-hop et des arts numériques. Après s’être confronté à un quatuor classique, après des rencontres avec le cirque et l’Extrême-Orient, la compagnie Käfig, au-delà des prouesses techniques inhérentes à ce type de spectacle, questionne également notre rapport au monde et aux mondes que nous présentent - nous promettent ? - les arts numériques d’aujourd’hui et de demain. - Paul Sobrin -

Pixel, La Filature, Mulhouse, 10 novembre à 20h - www.lafilature.org

Le festival des Vagamondes est de retour à La Filature en janvier, une nouvelle édition de ce temps fort à Mulhouse mettant en lumière les cultures méditerranéennes. Cette année, le festival qui obtenait récemment le label européen EFFE – Europe For Festivals Festivals For Europe -, nous fera naviguer entre Algérie, Grèce, Tunisie, Italie et Espagne.

C’est traditionnellement par le vernissage d’une exposition le mercredi 13 janvier à 19h, celle du photographe turc Yusuf Sevinçli qui évoquera au moyen d’un noir et blanc très contrasté sa vision du monde, que débuteront Les Vagamondes. Puis, à 20h, Fellag viendra présenter son spectacle Bled Runner. Le numéro d’un humoriste qui revient sur sa carrière, un « best of » qui n’en est pas vraiment un, car Fellag reste un fin observateur de son époque. Par ses mots, l’artiste amortit le choc des civilisations, évoque les relations entre la France et l’Algérie – et le Maghreb en général – avec un ton décalé mais aiguisé. Voilà vingt ans que l’artiste a dû quitter l’Algérie, menacé de mort, mais cette expérience lui a forgé une conscience politique et surtout poétique, un talent qui permet à ce pionnier de ce que l’on nomme aujourd’hui la « diversité » de s’adresser à des publics variés.

Car il va sans dire que Les Vagamondes touchent souvent à des thématiques en lien avec l’identité, les origines, les conflits récents ou plus anciens qui naissent au sein de notre monde globalisé. Avec Late Night, la compagnie grecque du Blitz Theatre Group,

qui faisait déjà partie de la première édition des Vagamondes, nous transportait dans une Europe en ruines. Cette fois dans 6 AM How To Disappear Completely la terre brûlée a été remplacée par un sol en friche. Promesse d’un avenir meilleur ? Évocation d’un renouveau ? Nos voisins grecs ont été aux premières loges d’une certaine idée de la chute, avec la dette qui les enserre encore. Tandis que résonnent les vers d’Hölderlin et Lautréamont, des ouvriers s’affairent. Si le dessein de ce grand chantier reste encore obscur, pour le Blitz Theatre Group, la scène est avant tout un lieu de rencontre et

d’échange, un lieu de création en constante évolution, où se mêlent là encore étroitement poétique et politique.

Tandis que résonneront dans les allées de la Filature les notes de Dhafer Youssef, entre jazz et tradition tunisienne le 16 janvier, le spectateur poursuivra son voyage à travers la Méditerranée, avant de prendre comme nouvelle étape les 19 et 20 janvier, l’Italie du Sud avec Le Sorelle Macaluso. Un retour au pays natal à l’occasion duquel refluent les souvenirs, l’histoire d’une famille sicilienne qui se retrouvent lors d’un enterrement, une famille qui est un peu celle d’Emma Dante. À la frontière du théâtre et de la danse, les corps incarnent ces souvenirs d’un temps enfui, d’une vie quotidienne en Sicile avec ses drames et ses joies. En peu de mots mais avec beaucoup de générosité et une présence physique certaine, les comédiennes nous invitent dans le monde des sœurs Macaluso.

De l’Italie, nous passerons ensuite à l’Espagne

avec Rocío Molina le 20 janvier, un parcours dans l’univers du flamenco, danse sensuelle et fière, que l’artiste incarne avec vigueur, un art que la jeune danseuse a contribué à faire entrer dans le XXIe siècle, un flamenco débarrassé des oripeaux habituels, loin des robes noires à frou-frou. Une danseuse prête à en découdre avec la modernité, armée du « duende », l’âme du flamenco qui n’a nul besoin de symboles d’un autre âge pour s’affirmer. Ici la danseuse dialogue sur scène avec huit hommes - deux danseurs et six musiciens – pour traverser une forêt durant une journée entière. Un dialogue en danse et en musique, un affrontement pourrait-on même dire, une chorégraphie où l’on se jauge, on s’apprécie, on se menace, Rocío tour à tour proie et chasseresse.

- Paul Sobrin -

Les Vagamondes, La Filature, Mulhouse, du 13 au 23 janvier - ww.lafilature.org

Diversions Alsace - Journal culturel Haut-Rhin 5

Mulhouse Pixel à La Filature

Mulhouse Les Vagamondes

© A

gathe Poupeney/Photoscene.fr©

Denis Rouvre

Fellag le 13 janvier

© C

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Le Sorele Macaluso

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Les 14 et 15 novembre prochains, le salon de la bande-dessinée d’Illzach, Bédéciné, repart pour un tour à l’Espace 110, une nouvelle édition qui aura pour invité d’honneur Maëster, et proposera comme toujours de nombreuses animations en parallèle des traditionnelles rencontres avec les dessinateurs/scénaristes.

Comme chaque année, une ribambelle d’auteurs est donc attendue à Illzach, qui viendront à la rencontre du public, comme Cossu, Moreno, Janvier, Fabbri et bien d’autres. Bédéciné est également reconnu pour ses nombreuses expositions. Plusieurs sont à voir encore en ce mois de novembre 2015, qui nous transporteront par exemple dans le monde de Star Wars mais aussi… dans celui de Victor Hugo ! Des expositions au caractère comme toujours très éclectique. Bédéciné a souhaité également cette année rendre hommage au dessinateur Tignous disparu en janvier dernier dans l’attentat contre Charlie Hebdo. À découvrir également Les mémoires de Mathias, réédition d’une série des années 80 que l’on doit au frère d’Albert Uderzo, Marcel, autour du personnage Mathias qui quitte son village de Normandie pour partir à la découverte du Canada. Bien d’autres thématiques seront traitées à l’image de la bataille de Waterloo par trois dessinateurs - Funcken, Osi et Geminiani -.

Le président de l’édition 2015 de Bédéciné est Maëster, alias Jean-Marie Ballester, qui est notamment le père des personnages Athanagor Wurlitzer et Sœur Marie-Thérèse des Batignolles. Cet ancien membre de la mythique revue Fluide glacial aime

notamment caricaturer l’univers policier, et aussi croquer les stars du cinéma et de la télévision. Peut-être le dessinateur ira-t-il faire un tour dans l’espace BD d’occasion, qui rencontre toujours un franc succès auprès des visiteurs pour compléter sa collection, dénicher la perle rare ou faire des découvertes !

Avec Bédéciné, Espace 110 oblige, le spectacle vivant est aussi dignement représenté. Signalons par exemple en 2015 avec Le Petit Catalogue, la rencontre du monde ouvrier et de la musique. L’Espace 110 nous convie ainsi à un « cabaret ouvrier » mis en place par la compagnie Dynamogène.

Sous le chapiteau de cirque en continu de 11h à 17h les 14 et 15 novembre, douze « ouvriers-comédiens-musiciens » vous attendent. À découvrir également, un « BD concert », qui mêlera musique et création de dessins en direct. La nuit des pantins nous présente un jeune orphelin recueilli par un Cirque de Curiosités, dans ce conte initiatique où l’artiste Aalehx reconstruit son histoire à travers des projections d’animations et de décors.

Deux propositions de cirque - Les Naz - étofferont également le programme de Bédéciné pour cette nouvelle édition, mais aussi du théâtre... en camionnette, des déambulations musicales, entre autres rendez-vous de spectacle vivant.

Mais Bédéciné, ce seront aussi des ateliers dessin pour les enfants, deux jours de festivités pour un tarif plus qu’abordable de 4 euros par journée, sans oublier un espace restauration. Le festival compte bien atteindre voir aller au-delà des 20.000 spectateurs qui s’étaient déplacés l’an dernier à Illzach !

- Dominique Demangeot -

Bédéciné, Espace 110, Illzach, 14 et 15 novembrehttp://www.festival-bedecine.orgwww.espace110.org

Illzach Bédéciné 2015

Colmar Aux Suivants à la Comédie de l’EstC’est entre Colmar et Montbéliard que Charlotte Lagrange et sa compagnie La Chair du Monde mettent les dernières touches à leur nouvelle création, Aux Suivants. Diversions les a rencontrés en octobre au Théâtre de Montbéliard. Aux Suivants évoque la notion de dette, terme qui est encore sur toutes les lèvres depuis la crise de 2008-2009, posant une loupe sur nous autres, pauvres « Homo Debitors ».

« Qu’est-ce que c’est que de naître déjà endetté ? », s’interroge Charlotte Lagrange, qui met ses personnages aux prises avec des questions d’argent. La dette est économique mais aussi, comme on le constate amèrement dans Aux Suivants, intime. « Qu’est-ce qu’on doit à la génération précédente et comment on transmet un monde ». Les deux points de vue, celui des parents et celui des enfants, sont explorés dans la pièce.

Dans un même espace, Charlotte Lagrange a tissé plusieurs fils narratifs. Il y a l’histoire d’Alice, jeune femme à qui ses parents demandent de rembourser tout ce qu’elle leur a coûté depuis qu’elle est enfant. Nous rencontrons également deux frères qui héritent d’une entreprise, un legs qui n’est pas sans questionnements, un héritage qui est aussi source d’angoisse pour ces derniers. Les deux intrigues finissent par se rejoindre, les questions que se posent Alice et les frères héritiers étant finalement les mêmes, d’autant que les trois personnages vivent dans un monde où la question de l’argent est omniprésente. La Chair du Monde explore également les conséquences de cette

économie déshumanisée, particulièrement anxiogène. Une peur au quotidien, illustrée par un volcan qui fait office de fil rouge dans la pièce. « C’est la peur que l’on peut avoir de l’apocalypse », explique Charlotte. Mais c’est aussi une fin du monde que certains attendent afin de pouvoir tout recommencer, faire table rase du passé et fonder une société meilleure.

Alice, Nicolas et JB vivent tous, en effet, dans ce monde ultra-libéral, construit bien avant notre naissance ou même celle de nos parents, un monde que Charlotte Lagrange compare à certains moments à un jeu de société, Monopoly à taille humaine, des interludes à la fois décalés et cyniques, qui servent aussi de transition entre les scènes. Le jeu est la matérialisation des règles de l’économie actuelle, quand tout, y compris

les pays pauvres, devient une occasion de spéculer pour les états riches et les banques. « Comment les pays, les créanciers, les débiteurs inventent des règles à chaque fois, sont des mauvais perdants parfois. Par jeu, j’avais appelé cela le Kervielopoly », souligne Charlotte Lagrange. Témoin de cette partie qui se joue à l’échelle mondiale, un autre personnage que l’on appelle Le Martien, extra-terrestre immortel, spectateur de la comédie humaine, qui assiste à tout cela avec étonnement, et un sens critique certain. « Il est comme un entomologiste, il rentre dans les espaces intimes pour mener sa propre enquête et nous la donner en même temps sur un mode musical ».

- Dominique Demangeot -

Aux Suivants, La Comédie de l’Est, Colmar, du 12 au 19 novembre www.comedie-est.com

Retrouvez l’actualité du spectacle vivant

en vidéo chaque mois avec Diversions

Suivi des créations,interviews, bandes annonces...

diversions-magazine.com

Diversions est partenaire des 2 Scènes à Besançon, du Granit de Belfort, de MA scène

nationale dans le Pays de Montbéliard, du Théâtre Dijon Bourgogne, de l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône, du Théâtre de Marionnettes de Belfort, de la Comédie de l’Est de Colmar., de

l’Orchestre Victor Hugo Franche-Comté...

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« Qu’est-ce qu’on doit à la génération précédente et comment on transmet un monde » Charlotte Lagrange

Reportage vidéode la pièce Aux Suivants

par le journal Diversions

Diversions Alsace - Journal culturel Haut-Rhin 6

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Page 7: Diversions Alsace novembre 2015

Émerveillement et émotionsLes traditions de Noël sont, on le sait, bien vivantes en Alsace. Depuis des siècles, la région vit au rythme de l’Avent, période qui commence le quatrième dimanche avant Noël. Le temps s’arrête soudain et l’on entre dans une autre dimension, celle de l’émerveillement et de l’émotion. On est à Colmar, ville d’art et d’histoire, dont les maisons à colombages se nichent entre les collines du vignoble et la plaine du Rhin. Au pied des Vosges, l’ambiance y est tout à fait unique : les cinq Marchés de Noël, blottis sur les places emblématiques du centre historique, constituent chacun un mini-village en soi avec son univers d’artisans passionnés. À la tombée de la nuit, la féérie des illuminations invite à suivre le parcours constellé qui relie les différents Marchés.

Une « signature » propre à chacun des cinq MarchésLes 180 exposants, dont la plupart sont originaires d’Alsace, ont été soigneusement sélectionnés pour la qualité et l’intérêt de leurs produits. Initier les visiteurs aux rituels de l’Avent transmis de génération en génération les inspire tout particulièrement. De la couronne de sapin symbolisant chaque dimanche de l’Avent aux fameux bredalas, petits gâteaux que l’on ne déguste qu’à cette période de l’année, tout a un sens ! Les visiteurs, qui souvent reviennent d’année

en année, retrouvent avec bonheur leurs exposants préférés tout en repérant les stands des nouveaux venus. Les exposants nouent des liens forts entre eux jusqu’à fêter Noël ensemble, ce qui contribue à donner une « signature » spécifique à chacun des Marchés. Comme les maisonnettes en bois sont installées dans tout le centre ville, le visiteur dispose du temps et de l’espace nécessaires pour se laisser aller à des escales tentatrices, particulièrement en semaine quand l’ambiance est encore plus propice à la flânerie.

Partout des invitations à la convivialitéAu fil de rencontres avec des artisans habités par l’amour du métier, on arrive doucement au niveau de l’élégante Place Rapp. Une grande patinoire y est installée, à côté du marché aux sapins qui donne à la ville des allures de forêt enchantée. Dans le quartier de la Petite Venise, une place est spécialement consacrée aux enfants. Le long des quais bordés de vénérables maisons à colombages, des barques glissent sur les canaux dans la nuit. Partout, des senteurs chaleureuses, parfois oubliées, invitent à la convivialité. Que d’émotions qui donnent envie de revenir à Colmar, élue « Joyau 2015 » par European Best Destination !

www.noel-colmar.com

Cinq Marchés de Noël et une ambiance unique en Alsace !

Wattwiller Talents Contemporains à la Fondation François SchneiderC’est désormais une tradition à la Fondation François Schneider de Wattwiller. Le centre d’art contemporain met en lumière les talents d’aujourd’hui, des talents – bien vivants ! – qui perpétuent l’histoire de l’art. Baptisés « Talents Contemporains », ces derniers verront leurs travaux exposés jusqu’au 20 décembre prochain.

Ce sont les artistes de la sélection de l’année 2013 qui sont présentés ici, entre France, Autriche et Israël, la fondation soutenant, depuis 2011, les créateurs en acquérant leurs œuvres bien sûr, mais également en les valorisant en son sein. Ce qui réunit les quatre lauréats, c’est l’eau, élément central dans la ville de Wattwiller, mais qui est également constitutif de l’esthétique de la fondation, avec ses jeux de transparences.

Yoav Admoni a choisi d’évoquer l’élément liquide en tant qu’enjeu économique… et écologique. C’est la nature en général qui intéresse Yoav, notre environnement immédiat. C’est d’ailleurs pour cela que ses œuvres sont inséparables de l’endroit où elles ont été conçues. Une réflexion se fait aussi jour au sujet de la culture, à savoir, ce que l’on ajoute à la nature. Dès lors c’est aujourd’hui la relation dominant/dominé qu’évoque l’artiste d’origine israélienne. Ce n’est alors pas un hasard s’il est allé travailler, pour son projet Bodies of Water, dans trois villes qui sont le théâtre de conflits ethniques à Mostar, Tijuana et San Diego. L’artiste nous montre que l’eau a une place déterminante dans ces conflits.

Les photographies d’Antoine Gonin, à travers un travail très graphique, minimaliste, vont fouiller l’eau à la surface de laquelle affleurent des empreintes humaines. Dans sa série Empreintes, l’eau agit en effet comme un témoin. Elle garde en elle les traces du passage de l’homme et de son action/contrainte sur l’environnement naturel.

Harald Hund a exploité quant à lui les propriétés physiques de l’eau, plongeant des personnages qu’il filme dans une piscine, l’objectif étant ici de symboliser la lourdeur du quotidien. Ses œuvres évoquent de plus le thème, récurrent dans son travail, de l’habitat.

Olivier Leroi oscille entre sculpture-objet, assemblage, photographie et ready-made, prenant pour sujet et matière, dans Souffles, deux espèces de poissons, le goujon et la grémille, l’un d’eau douce, l’autre de mer. À l’occasion de cette nouvelle exposition, la Fondation François Schneider présente également deux œuvres de sa collection, Stumbling block II d’Etienne Fouchet, qui met à profit les propriétés de transformation de l’eau, et Ondes de Laurent Faulon, une

installation monumentale mêlant vibrations de l’eau et sons.

- Marc Vincent -

Exposition Talents contemporains 2013, Fondation François Schneider, Wattwiller, du 3 octobre au 20 décembreÀ Noter : le concours 2015 « Talents Contemporains » est ouvert jusqu’au 15 décembre 2015 à minuit. Informations et dossiers d’inscriptions à télécharger sur www.fondationfrancoisschneider.org

Antoine Gonin - Marécages. États-Unis photographie 2013 © Fondation François Schneider

Yoav Admoni - Bodies of Water, 2014,installation, pierre, combinaison de pêche en plastique, roseau, Vidéo HD© Fondation François Schneider

Harald HUND - Apnoe, 2011, vidéo HD, 10’ © Fondation François Schneider

Diversions Alsace - Journal culturel Haut-Rhin 7

Page 8: Diversions Alsace novembre 2015

En novembre, la programmation du Maillon à Strasbourg s’avèrera particulièrement contrastée, entre comédie musicale contemporaine, et performances mises tour à tour en parallèle avec la danse et les nouvelles technologies.

Nous l’évoquions dans le numéro de rentrée de Diversions, Annie Dorsen a conçu, avec Yesterday Tomorrow, une pièce bercée par la nostalgie des comédies musicales américaines, mais confrontée à l’esthétique autrement plus moderne des nouvelles

technologies. Chaque soir en effet, Annie Dorsen fait voler en éclats les règles du spectacle vivant en proposant une création toujours renouvelée. Des algorithmes prennent en charge le déroulement de la pièce, imposent le tempo, la tonalité, et jusqu’aux timbres et aux paroles. Les chanteurs sont les exécutants de cette partition sonore et visuelle qui s’élabore en direct. Un spectacle hybride entre passé et futur.

De nouvelles technologies, il sera aussi question avec Youarenowhere d’Andrew Schneider, l’artiste seul en scène se plongeant dans un univers tissé d’images et de sons. Ce spectacle-performance est un défi aux sens du spectateur, semblant manipuler également le temps et l’espace. C’est justement ce qui rend Youarenowhere particulièrement difficile à catégoriser, objet artistique indéfini entre théâtre, performance, danse, vidéo, musique… L’émotion affleure ici sans qu’aucun mot ne soit nécessaire. Le langage est ailleurs, visuel, auditif… On ne s’étonne nullement d’apprendre qu’Andrew fut un temps l’ingénieur son et lumière, puis responsable vidéo, du Wooster Group, cette compagnie de théâtre américaine et avant-gardiste qui a eu – et a encore – une influence considérable sur plusieurs générations de compagnies. En dépit de l’apparent chaos qu’il déverse sur scène, Andrew Schneider a orchestré chaque seconde du spectacle, un défi esthétique, d’autant que ce dernier a la volonté de retranscrire au plateau notre activité cérébrale. Pour cela, l’artiste-technicien a créé de toutes pièces ses propres outils.

Andrew Schneider fait partie de ces artistes

qui contribuent à redéfinir le spectacle vivant, de l’emmener dans des directions nouvelles, à l’image de Lisbeth Gruwez qui, elle, avec It’s going to get worse and worse and worse my friend, est allée puiser la matière dansée dans les discours des dictateurs comme Hitler ou Mussolini, ou encore les fameux télévangélistes américains. Un spectacle politique donc, une réflexion sur la violence des mots. Dans son solo, Lisbeth nous entretient des effets de la voix et des paroles sur le corps de l’orateur, une pièce qui prend comme origine une interview de John Cassavetes évoquant son film Opening Night. Devant la rage de l’artiste qui affectait littéralement son apparence physique, Lisbeth Gruwez a eu l’envie d’étudier plus avant ce phénomène. En étudiant les gestuelles de divers orateurs, la chorégraphe a composé une partition originale. - Paul Sobrin -

À voir au Maillon, StrasbourgYesterday Tomorrow, du 2 au 4 novembreYouarenowhere, du 4 au 7 novembre It’s going to get worse and worse and worse my friend, du 18 au 20 novembrewww.maillon.eu

Marine… et Marine poursuivent leur recherche de fonds afin de participer au Trophée Roses des Andes. Sept jours pour un rallye de 4 000km, tel sera le défi sportif et solidaire de ces dernières. Les concurrentes s'engagent en retour à promouvoir les entreprises qui les aident via internet en particulier, ou encore en floquant leurs voitures personnelles, tout comme leur 4X4 durant l'événement. Le rallye est mené au profit d'une association caritative.

Le prochain Trophée Roses des Andes aura lieu en avril 2016. La compétition élargit son circuit en ajoutant le Chili à l'Argentine. Desertours, qui est la structure organisatrice, opère également sur d'autres compétitions, mais principalement au Maroc, dont notamment le remarqué 4L Trophy. Elle gère en outre le Trophée Roses des Sables dont le dernier se déroulait en octobre. Par ce biais, elle offre à l'association Enfants du désert l’opportunité de pouvoir mener des actions sur le territoire chérifien. De son côté, l'Argentine demeurait moins fréquentée par les rallyes. Les initiateurs du Trophée Roses des Andes ont tendu la main à l'association Fundacion Equinoterapia del Azul.

Comme la course au Maroc, le circuit en Amérique du Sud est 100% féminin. Solidaire est le maître-mot. "Si on passe à côté d'un équipage en difficulté, on aura la présence d'esprit de ne pas le coiffer sur le poteau", promet Marine Haeusser, domiciliée dans le Haut-Rhin. Munie d'un road-book et d'une simple boussole pour se repérer, chaque équipe devra réfléchir à trouver les chemins les plus courts possibles. Et ce dans un délai

qui constituera le classement des concurrentes. Ces dernières devront notamment affronter l'étape dite marathon, qui se poursuivra la nuit, sans passer par la case campement le soir !

Marine Lacombe, basée quant à elle à Sète, a répondu présente pour former l’équipe. «Quand je lui ai envoyé un mail lui faisant part du choix évident porté sur le rallye des Andes, elle s’est confirmée une demi-heure après». Porter le projet à deux aide également à nepas baisser les bras dans les coups durs, lorsqu’il faut réunir le budget préparatoire. Organiser des soirées de soutien et démarcher des sponsors prend en effet du temps et de l’énergie, avec son lot parfois de découragement. 20 000 euros sont nécessaires pour prendre part au Trophée Roses des Andes. D’abord 16 400 euros pour

les frais d’inscription, l’aller-retour Paris-Buenos Aires, la location du 4X4 sur place, sans oublier les coûts du parcours, ainsi que les bivouacs pour la nuit et leurs systèmes de sécurité. Le reste est lié à la formation préalable et, naturellement, au don prodigué à l’association Fundacion Equinoterapia del Azul. Le premier objectif - celui qui assurerait aux deux Marine de pouvoir aller en Argentine - a été atteint. 2500 euros d’arrhes ont été versés fin octobre pour s’inscrire. « Nous avions fait une campagne participative sur Internet pour les obtenir, mais aussi organisé un repas de cinquante couverts et sponsorisés, puis participé à un marché aux puces », explique Marine.

L'Argentine est un pays qui compte beaucoup de chevaux. D'où la cohérence avec l'association Fundacion Equinoterapia

del Azul qui s'occupe actuellement d'une trentaine d'enfants handicapés - mentaux comme physiques - en les mettant au contact de cet animal. Des avancées significatives sont déjà visibles avec par exemple l'embauche de personnel supplémentaire, et l'achat de davantage de chevaux. Les dons de l'édition 2016 du rallye visent à augmenter le nombre d'enfants bénéficiaires. Il est prévu que les Roses des Andes passent la dernière journée en compagnie des jeunespensionnaires, sur place à Salta, en Argentine. Ces moments partagés constituent l'aboutissement de la course, et permettent surtout de "se rendre compte de l'apport que nous aurons fait", s'enthousiasme Marine, qui ne se dit pas motivée par l'esprit de compétition à proprement parler. "Pouvoir conduire sur le sable, au milieu de paysages sublimes m'a séduite", confie-t-elle. Mais l'idée d'un événement sportif sur ces terres de sel que sont les magnifiques Andes, devait avant tout s'appuyer sur la dimension humanitaire pour intéresser la jeune femme.

- Frédéric Dassonville -

http://trophee-roses-des-andes.com

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Strasbourg En novembre au Maillon

Solidarité Le Trophée Roses des Andes

Youarenowhere du 4 au 7 novembre

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En dépit de l’apparent chaos qu’il déverse sur scène, Andrew Schneider a orchestré chaque seconde du spectacle, un défi esthétique, d’autant que ce dernier a la volonté de retranscrire au plateau notre activité cérébrale

It’s going to get worse and worseand worse my friend du 18 au 20 novembre

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Après Ne me touchez pas, en octobre dernier, qui explorait déjà le chef d’œuvre de Choderlos de Laclos, le public a une nouvelle fois rendez-vous au TNS avec les personnages des Liaisons dangereuses début janvier, cette fois dans une adaptation de Christine Letailleur.

Le roman épistolaire, composé de 175 lettres qui retracent notamment les échanges entre la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont, nous compte les jeux libertins des deux anciens amants, qui n’hésitent pas à manipuler leurs semblables afin d’assouvir leurs soifs de défi. Artiste associée au Théâtre national de Strasbourg, Christine Letailleur a créé la pièce le 3 novembre au Théâtre National de Bretagne Rennes, et a convié Dominique Blanc pour incarner la sulfureuse Madame de Merteuil ainsi que Vincent Pérez dans le rôle de Valmont. Après Sade dont elle mettait en scène La philosophie dans le boudoir en 2006, puis La Vénus à la fourrure de Sacher-Masoch en 2008, Christine Letailleur retrouve le monde libertin avec la relation vénéneuse de la marquise et du vicomte.

Christine a souhaité rester au plus près de la langue de Laclos, « son architecture » comme elle le dit elle-même. Une langue « avec ses intrigues, ses mouvements ». Christine Letailleur explique que Choderlos de Laclos a aussi écrit, parallèlement à son unique roman, un essai pour la libération des jeunes filles, notant ici le caractère progressiste de l’auteur, son féminisme avant l’heure. Ce sont d’ailleurs cinq femmes qui vont graviter autour du couple central, cinq personnages qui proposent des visions très

différentes de l’amour selon leurs âges. Mais la metteur en scène a également souligné la grande modernité de la pièce de ce militaire de carrière, ainsi que la précision de son langage. « La cérébralité du texte me plaît beaucoup. Chez le libertin, tout est dans l’art du langage », explique encore Christine Letailleur. « Valmont et Merteuil se plaisent à se mettre en scène dans leurs récits, à se raconter leurs exploits, à s’écouter ».

Christine Letailleur renoue avec le XVIIIe siècle, « un siècle que j’affectionne particulièrement pour sa liberté, son esprit critique », explique-t-elle. Le couple Merteuil-Valmont est véritablement le cœur du roman épistolaire, le vortex autour duquel tourne l’ensemble de l’intrigue. La metteur en scène s’interroge aussi sur la nature du sentiment amoureux de nos jours. « A-t-il vraiment changé depuis cette époque ? ».

- Marc Vincent -

Les Liaisons dangereuses, Théâtre national de Strasbourg, du 6 au 16 janvier - www.tns.fr

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Christine Letailleur

© Jean-Louis Fernand

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TNS Les Liaisons dangereuses

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Attention... Collision spatio-temporelle annoncée sur l’Illiade fin novembre... La jeune chanteuse américaine Robyn Bennett et son groupe débarquent à Illkirch-Graffenstaden pour des moments swing pleins de piquant. Quelques semaines plus tard, c’est à une conférence très spéciale, entre rire et psychologie tout ce qu’il y a de plus sérieux, que vous convient l’improbable duo d’Emma la Clown et Catherine Dolto.

Robyn BennettIssue de la culture de la comédie musicale, ayant notamment joué dans Cabaret de Sam Mendès, Robyn Bennett, originaire de Montrose en Pennsylvanie, débute sa carrière aux États-Unis avant d’arriver en France en 2006. Elle y forme le groupe Bang Bang avec un tromboniste français. Le look rétro de la formation est en parfait accord avec sa

musique… et les musiciens ne nous trompent pas sur la marchandise ! Robyn viendra défendre sur la scène de l’Illiade son troisième album, The Wait, une galette pleine de swing et d’influences country, musique festive et entrainante, illustrant à merveille l’ouverture musicale de la chanteuse et ses compères. Sur scène et en studio, la section de cuivres nous ramène à la Nouvelle-Orléans et ses bayous, et il s’avère bien difficile de résister à cette musique si caractéristique. Robyn Bennett est une musicienne accomplie. Outre le chant, elle joue aussi du piano, de la trompette et pratique la danse. Pas étonnant qu’elle ait séduit les producteurs de comédies musicales ! Sur The Wait, douze morceaux nous réchauffent la tête et les pieds, à l’image du premier morceau Too Much, superbe entrée en matière tout comme Stop, où Robyn fait montre de toute l’étendue de sa voix. Entre morceaux midtempo sensuels – For You And Me, The Wait – et chansons galopantes, Robyn Bennett et son Bang Bang vont orchestrer sur la scène de l’Illiade un joli ramdam plein de swing.

- Marc Vincent -

La ConférenceVous connaissez peut-être l’univers loufoque et poétique de la clown Emma. Qu’elle s’aventure sur le terrain de la mort avec Emma mort, même pas peur, ou fasse de la musique avec Emma la clown et son orchestre, Meriem Menant a su imposer sur les scènes de France son personnage, un clown qu’elle fait évoluer dans des contextes très divers. C’est encore le cas avec La Conférence, un numéro en duo avec l’haptothérapeute

Catherine Dolto, fille de la grande Françoise qui goûte pour l’occasion à la scène. Cette conférence très spéciale eut tant de succès que les deux femmes reprennent d’ailleurs la route cet automne avec Z’humains ! Dans La Conférence, la psychanalyse est passée au crible, tandis qu’Emma la Clown pénètre dans ce monde avec la candeur – et la douce gaucherie – qui la caractérisent. Catherine Dolto n’a pas atterri sur une scène de théâtre par hasard, ayant auparavant publié l’ouvrage Rire Guérir qui évoque justement les clowns et leur rôle dans un processus de guérison. Le rire comme thérapie n’est pas une théorie nouvelle, mais ce qui est inédit, c’est qu’un membre du corps médical passe de l’autre côté de la barrière pour se retrouver sur les planches. Catherine Dolto connait bien l’univers du clown pour avoir suivi, comme Meriem, les cours de Jacques Lecoq, grand spécialiste du mime et du clown. Cette Conférence s’inscrit bel et bien entre science et théâtre, Emma offrant un contrepoint cocasse aux

explications de Catherine. Une conférence où surgissent aussi, tour à tour, des sangliers en peluche et des préservatifs gonflés comme des ballons… Meriem Menant avait déjà abordé la question du subconscient en 2004 avec Emma sous le divan, et La Conférence évoque d’ailleurs largement la place du clown dans la société, les motivations pour devenir clown. Avec son art consommé du jeu, Meriem Menant alias Emma est l’interlocuteur parfait de Catherine Dolto, Emma personnage dont la naïveté et la curiosité en font le guide idéal pour découvrir en douceur – et le sourire aux lèvres – le monde mystérieux de la psychanalyse.

- Manu Gilles -

Robyn Bennett & Bang Bang, 27 novembre à 20h30La Conférence - Emma la Clown et Catherine Dolto, 10 janvier à 17hwww.illiade.com

Pierre Meunier est un sorcier de l’objet, qui fait du théâtre avec peu de choses, des matières, des ustensiles au rebus. Avec Forbidden di sporgersi, il a trouvé une autre matière à partir de laquelle travailler. Il s’est aventuré - c’est bien le mot – dans l’univers mental et intime d’une jeune auteure autiste, à l’occasion de cette coproduction du TJP, à découvrir fin novembre sur la Grande Scène.

L’origine du projet est la rencontre de Pierre Meunier avec Babouillec, alias Hélène Nicolas. Hélène ne parle pas, mais elle écrit. Son système d’écriture est constitué de lettres plastifiées conçu par sa mère. C’est la grande liberté de l’écriture de Babouillec, son traitement de la question de la norme notamment, qui ont intéressé le metteur en scène. Une norme qui passe aussi, souvent, par la sacro-sainte Raison, prenant parfois des allures dogmatiques. Une raison que l’autisme remet nécessairement en question. Pour l’équipe de la compagnie La Belle Meunière, le montage de ce spectacle fut une « traversée », une expérience inédite tout autant qu’une avancée dans l’inconnu… dans un premier temps, car la pièce achevée prouve que les univers des deux créateurs se sont finalement rejoints et ont su former une entité artistique à part entière.

Forbidden di sporgersi est, selon Pierre Meunier, un voyage « plastique et sonore», comme pour donner corps à une voix dont Babouillec est privée. « Un mutisme s’est emparé de mon corps », écrit-elle d’ailleurs, « mon intelligence mentale est enfermée dans ce corps du silence ». Pourtant l’amour des mots est le plus fort, les mots

qui confèrent à Hélène une liberté dont on pourrait penser, au premier abord, qu’elle est privée. Pour Pierre Meunier, la découverte de cet univers fut une véritable révélation, un réveil, d’une certaine manière. Le metteur en scène évoque le « surgissement d’une langue poétique, singulière et soulevante ». Pour compenser des difficultés motrices qui l’empêchent d’écrire, Hélène a recours à des lettres cartonnées pour communiquer, une nécessité pour elle, pour rompre son isolement, s’ouvrir à l’autre. « Écrire m’aide à me structurer socialement et mécaniquement », écrit Hélène/Babouillec.

L’auteure s’ouvre depuis quelques années à diverses formes de créations – et d’expression - : théâtre, danse, musique, arts plastiques... Pierre Meunier et Marguerite Bordat sont partis du texte Algorithme éponyme. Accompagné d’une performeuse, d’un acteur et d’un musicien-guitariste, Pierre se débat au milieu de panneaux en plastique, et d’autres machines venues de nulle part, comme la compagnie de La Belle Meunière sait si bien en concevoir. Des machines organiques, prenant parfois l’allure de connexions neuronales. Meunier et son équipe se sont réchauffés au regard

de Babouillec, à cette liberté, que lui a apporté paradoxalement son impossibilité à communiquer jusqu’à vingt ans. « Elle voit dans le pacte social qui nous permet de nous supporter, une réduction de notre potentiel de l’imaginaire », expliquait Pierre Meunier à La FabricA d’Avignon. Cela n’a pas manqué d’interpeler le comédien, qui a souvent évoqué lui aussi ce manque de liberté, et a justement offert à cette auteure atypique un joli boulevard créatif.

- Paul Sobrin -

Forbidden di sporgersi, du 25 au 27 novembre à 20h30, TJP, Strasbourgwww.tjp-strasbourg.com

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Illkirch-Graffenstaden Swing et psychanalyse... clownesque à l’Illiade

Strasbourg Forbidden di sporgersi au TJP

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La Conférence le 10 janvier

Robyn Bennett le 27 novembre

Forbidden di sporgersi

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Pour Pierre Meunier, la découverte de l’univers de Babouillec fut une véritable révélation, un réveil, d’une certaine manière pour le comédien metteur en scène

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Cet automne et cet hiver, les Musées de Strasbourg nous invitent une fois encore à explorer des périodes diverses, entre patrimoine ancien et création contemporaine. Deux expositions illustrent ce phénomène : celle consacrée à Valérie Favre au MAMCS, qui tire notamment son origine d’un travail de l’artiste autour d’une œuvre de l’auteur Maurice Blanchot, ainsi que l’éclairage sur la « Révolution gothique » qu’a connue Strasbourg au XIIIe siècle.

Valérie Favre, La première nuit du monde

Le MAMCS accueille l’artiste franco-suisse et présente ses œuvres récentes, mais aussi plus de 200 dessins inspirés par le roman Thomas l’Obscur de Maurice Blanchot. Valérie Favre, qui se fait rare en France – elle n’était pas venue y exposer depuis 2009 -, a choisi les mots de Maurice Blanchot pour intituler cette nouvelle exposition à voir à partir du 27 novembre à Strasbourg. On trouve « La première nuit du monde » dans Thomas l’Obscur, ouvrage que l’artiste a recopié et illustré avec des dessins à l’encre. Parallèlement à cet ensemble impressionnant, sont présentées une trentaine de peintures conçues à Berlin, où Valérie Favre vit et enseigne. Le lien avec la littérature se poursuit notamment à travers plusieurs triptyques issus de la série Théâtres, œuvres monumentales présentant une vision surréaliste voire onirique du monde qui nous entoure. Parmi les autres influences de Valérie Favre, citons les dessins à l’encre de Victor Hugo pour les Fragments ou encore L’Envol des Sorcières de Goya pour la série Ghosts.

Strasbourg 1200-1230, La révolution gothique

Un voyage à Strasbourg entre 1200 et 1230, c’est ce que nous propose le Musée de l’Œuvre Notre-Dame – Arts du Moyen Âge jusqu’au 14 février 2016. L’exposition s’inscrit dans le cadre du Millénaire des fondations de la cathédrale de Strasbourg, pour nous entretenir de l’avènement du style gothique dans la capitale alsacienne. Un style qui

fera son apparition à l’occasion de la réalisation du transept sud de la cathédrale, avec des créations prestigieuses à l’image de la statue de l’Église. La cathédrale de Strasbourg jouera un rôle clé dans la diffusion de l’art gothique, une « révolution » comme l’affirme le titre de l’exposition, qui a apporté une véritable flamboyance au sein de la cathédrale. L’exposition présente les origines de l’art gothique strasbourgeois, même si ces dernières sont encore objet de désaccord entre les chercheurs. Le catalogue de l’exposition va d’ailleurs plus loin dans la présentation des hypothèses avancées.

L’exposition La Révolution gothique est aussi une belle occasion d’en apprendre plus sur la situation de la ville de Strasbourg au Moyen-Âge, cité en pleine expansion entre 1180 et 1230. Ce sont aussi les arts en Alsace à cette époque qui sont évoqués, ainsi que les grands chantiers des cathédrales, l’iconographie et la liturgie de l’époque, sans oublier les sceaux qui vont témoigner de cette évolution. L’exposition s’attache notamment à présenter le travail du Maître du transept sud de la cathédrale, en réunissant ses œuvres parfois sous forme de moulages à l’image du Pilier des Anges. Le scénographe Jérôme Habersetzer a redessiné les volumes de l’Œuvre Notre-Dame pour s’adapter à la taille des pièces. Plusieurs œuvres gothiques de l’époque seront également mises en parallèle, issues notamment de la cathédrale de Chartres et de Bourgogne.

Une pièce exceptionnelle a notamment été retrouvée à l’occasion de l’exposition : la Tête du saint Jean de la série des apôtres des portails sud, disparus à l’époque de la Révolution française, une pièce prêtée par un particulier, qui fait en outre le lien avec la statuaire bourguignonne.

- Paul Sobrin -

Valérie Favre, la première nuit du monde, Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg, du 26 novembre au 27 marsStrasbourg 1200-1230, La révolution gothique, Musée de l’Œuvre Notre-Dame, du 16 octobre au 14 févrierwww.musees.strasbourg.eu

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Musées de Strasbourg Patrimoine et création contemporaine

L’Église provient du portail du transept sud de la cathédrale de Strasbourg, peu avant 1225, Grès, Strasbourg, musée de l’Œuvre Notre-Dame – Arts du Moyen Age © Musées de Strasbourg / Photo Mathieu Bertola

Valérie Favre, La Voyante, die Hellseherin, 2014-2015 - Huile sur toile - Triptyque - 170 x 390 cm - Courtesy l’artiste et Galerie Barbara Thumm, Berlin

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Festival Entrevues fête sa trentième éditionAvec sa compétition internationale de premiers, deuxièmes et troisièmes films, Entrevues est depuis 1986 un découvreur de talents. Laurent Cantet (Palme d’Or en 2008 avec Entre les murs) ou Abderrahmane Sissako (7 Césars en 2014 avec Timbuktu) ont montré leur premiers courts-métrages dans ce festival qui ne cesse de se développer. Plus de 130 films programmés à travers des rétrospectives, des avant-premières, des séances spéciales, des afters et pour marquer cette édition une programmation spéciale 30ème intitulée Cadavre exquis réunira trente cinéastes ayant fait l’histoire du festival. Ils se sont prêtés au célèbre jeu surréaliste en choisissant un film à partir de la dernière image d’un autre. La plupart viendront à Belfort présenter leur choix.

Les amateurs de cinéma de genre seront comblés avec la première intégrale française consacrée à Bong Joon-Ho, jeune virtuose sud coréen du polar (Memories of murder) et de la science-fiction (Transperceneige).

Après Jacques Doillon (2013) et Tony Gatlif (2014), Entrevues rend hommage au célèbre cinéaste géorgien Otar Iosseliani qui est l’invité de « La Fabbrica ». Il viendra accompagné de ses collaborateurs, pour parler de ses films.

Que s’est-il passé en 1986 ? À travers les films marquants de l’année de la création d’Entrevues, les « Rencontres Cinéma et Histoire » vont explorer, du Japon aux États-Unis en passant par la France, les films d’une époque. 1986 c’est aussi l’année de Blue Velvet de David Lynch, La Messe est

finie de Nanni Moretti et bien d’autres films qu’on aura plaisir à revoir ou à découvrir.

Pour la seconde édition d’Entrevues Junior, les enfants (à partir de 2 ans) sont invités à célébrer la 30e édition du festival avec une programmation très festive, avec ciné-concert, avant-première, animations surprises (un après-midi Fièvre de la jungle) et une Boum finale dans le cinéma à l’issue de la projection d’Hôtel Transylvannie pour accompagner Dracula, l’Homme invisible et les Loups Garous sur le Dance floor !

Le festival est ouvert à tous et vous donne rendez-vous fin novembre au cinéma Pathé pour partager neuf jours de plaisir, de rencontres et de découvertes autour du cinéma.

Festival Entrevues, du 28 novembre au 6 décembre - Programme complet : www.festival-entrevues.comFacebook, Twitter, Instagram : «FestivalBelfort»

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Entrevues est l’occasion de revoir les classiques de toutes les époques du cinéma comme Blue Velvet de David Lynch.

The Host de Bong Joon-Ho

À partir du 27 novembre, Diversions vous propose de retrouver des reportages réguliers sur Entrevues 2015 sur son site internet

diversions-magazine.com

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Diversions - Journal culturel Aire urbaine Belfort Montbéliard 12

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Chroniques CD 14

Littératures

POP

Lana Del ReyHoneymoonInterscope Records

Disque après disque, Lana Del Rey se construit une carrière musicale à son image, envoûtante et hypnotisante, qui s’éloigne petit à petit de la vague commerciale dans laquelle on a voulu l’enrouler à la sortie de Born To Die. Son premier album avait tout du piège. Deux premiers singles parfaits attisant rapidement les foules, une longue production qui suivit et qui déçut, faite à la va-vite, qui au final cachait tout le potentiel de la poupée lynchienne. Puis vint Ultraviolence, où l’univers de Lizzy Grant pouvait alors vraiment se dévoiler et prendre sous la houlette de Dan Auerbach un véritable tournant indie. Mais on apprend maintenant qu’une fois passé entre les mains du guitariste des Black Keys, l’opus n’avait plus la couleur et le son que la chanteuse avait en tête, ce qui la poussa à travailler uniquement avec son fidèle binôme Rick Nowels pour l’écriture de Honeymoon.Il peut être vu comme la bande-son d’un film, qui aurait pour thème un Los Angeles fantasmé, dépeint sur un tempo lent et habillé de cordes, offrant un cadre à des refrains envoûtants et langoureux. Chaque morceau renvoie à un plan de film qui nous est familier. Un vieux drame en noir et blanc des années 50 pour le titre éponyme, une diva sur scène

pour Terence Loves You, le générique d’un film d’espionnage britannique pour God Knows I Tried et surtout 24. Si on met de côté High By The Beach, morceau aux accents R’n’B à visée radiophonique, très en dessous du reste, Honeymoon révèle la véritable personnalité et les vraies envies de Lana Del Rey, celles d’une femme à la fois sensuelle (Freak) et mystique (Religion). Offrant même parfois des accents jazzy à sa musique (Art Deco), la chanteuse semble enfin avoir trouvé sa voie. La lune de miel marque alors une cassure avec ce qu’on a pu entendre avant. Lana Del Rey livre ici un album déroutant au premier abord mais dont toute la beauté se dévoile écoute après écoute, libérant piste après piste son charme, un charme dont il est difficile de se défaire. - Florian Antunes Pires -

NEW WAVE

New OrderMusic completeMute Records

Quand on y réfléchit, que reste-t-il de bon des années 80 qui ait survécu sans finir dans le kitsch ou la naphtaline ? Le temps de trouver et cette chronique sera déjà jaunie. Pourtant, force est de constater que New Order réussit cette gageure pour définitivement nous convaincre que la mythique fontaine de Jouvence doit se situer quelque part dans les froids quartiers de Manchester. Comment peut-on encore

aujourd’hui utiliser une boîte à rythme et rester moderne ? Est-on crédible en musique électronique quand on a les cheveux blancs ? À ces questions existentielles, nos papys britanniques répondent par une Music Complete digne d’une compo de philo dont même Michel Onfray (c’est dire !) n’aurait rien à redire. Les plus mélomanes ou les plus drogués trouveront dans ce très bel album des références à peine cachées à Pet Shop Boys, Frankie Goes to Hollywood ou à Blur. Sans poussière sur l’étagère, sans goût de moisi au bout de la langue mais avec cette sorte de douce jouissance que Marie-Madeleine a dû ressentir le jour où elle a croisé sur la route son Jésus ressuscité. Est-ce à dire que New Order offrirait à nos oreilles une nouvelle Passion en plein automne ? N’ayons pas peur d’avouer en tout cas que leur Évangile musical est au point et que les bougres sont experts en miracle : sur l’étrange Stray Dog, prenez-moi pour un fou si vous voulez, mais c’est bien la voix off d’outre-tombe ressurgie du cultissime Thriller de Mickael Jackson qu’on entend… Alors, que la (bonne) musique des années 80 vous inspire ou vous ennuie, ne passez pas à côté de ce nouvel ordre mondial qui vous poussera à rejoindre les divisions de la joie dont il est né et dont notre époque Macronisée manque tant. Si Ian Curtis a toujours l’oreille branchée sur la carrière de ses anciens potes, là-haut, il doit bien faire danser le bon Dieu et ses saints. Mais pour tous ceux qui ne veulent pas attendre le Paradis pour atteindre le Nirvana, courez acheter Music Complete. Ce sera mon premier et ultime commandement. Amen - Philippe Markarian -

BANDE-DESSINÉE

Diego AranegaAnthroporama. La société française par l’exempleFluide Glacial

Si Lefred Thouron dans Coloscopie de la France au XXIe siècle faisait un usage douteux de la gastroentérologie pour sonder notre époque, le dessinateur Diego Aranega fait appel aux sciences sociales en respectant scrupuleusement les impératifs méthodologiques afin de dresser le portrait de notre beau pays. Tout y est, de l’observation participante (l’auteur faisant sa propre émission de cuisine sur YouTube Champagne-Ardenne) au travail sur archives à partir d’un corpus solidement établi (la reconstitution des années 1980 tirée de l’analyse méthodique d’une collection de OK Magazine précieusement conservée) jusqu’aux nombreux entretiens semi-directifs. C’est une véritable révolution copernicienne qui s’annonce, dont ne se relèveront que ceux qui se seront solidement accrochés au comptoir. Car si, comme l’écrit Diego Aranega, « juger trop vite, c’est prendre le risque de se tromper avant tout le monde », trop en savoir peut être lourd à porter et vous faire trébucher dans le caniveau en rentrant à la maison. - Martial Cavatz -

POLAR

Jo NesbøDu sang sur la glaceGallimard (Série Noire)

Habitué des pavés de 500 pages, Jo Nesbø signe ici un court texte de 150 pages plus proche d’une longue nouvelle que d’un roman. Olav, le personnage principal, a un problème, il est chargé de tuer la femme de son boss car celle-ci le trompe, mais il en tombe amoureux et quand il croit tuer l’amant de celle-ci, il s’avère que ce dernier est aussi le fils de son patron. Comment sortir de tout ça si ce n’est en tuant son propre patron. C’est évidemment là que les choses se compliquent. On savait depuis Luis Sépulveda et Journal d’un tueur sentimental qu’un assassin professionnel soumis aux affres de l’amour n’est plus à même d’exécuter son travail de manière efficace. Mais bien avant que ses sentiments viennent entraver son boulot, Olav avait déjà une existence toute particulière. Un mec bizarre capable de donner tout son argent à la famille d’un type qu’il vient d’expédier. Là n’est pas le plus étonnant… Alors qu’il est dyslexique, il s’acharne à vouloir écrire son histoire pour une certaine Maria, une fille qu’il a réussi à sauver de la prostitution. Une jeune femme qu’il aime et protège en secret et qu’il suit

certains soirs, dans le métro, pour lui susurrer, dans le dos, à son insu, des mots doux, alors que celle-ci est sourde et muette. Autant dire qu’avec un mec comme Olav, on ne s’embête pas une seconde. - Martial Cavatz -

ROMAN

Anthony BreznicanBrutesDenoël et d’Ailleurs

La guerre public /privé est déclarée ! Non, la réforme du collège 2016 n’y est pour rien. Dans ce premier roman, Anthony Breznican nous brosse un tableau cru de la jeunesse des années 1990. De la violence, le titre en suggère… il y en aura. Mais rien de trop démonstratif, cette violence-là se terre dans les détails pour mieux exploser au jour, elle appuie sur les zones d’inconfort, là où le mal-être propre à l’adolescence, suinte et vient entacher les murs, au sens propre comme au sens figuré. Le héros, Peter Davidek, a tout fait pour échapper à ce collège, mais un événement fortuit l’y mènera comme son frère aîné dont l’ombre plane dans quelques chapitres. Pourquoi voulait-il l’éviter? Le passé familial, bien sûr, mais aussi cette si improbable journée de pré-rentrée, d’ «accueil» qui vit un élève retranché sur un toit tirer sur la foule, un homme y perdant

quelques doigts… Le ton est donné dès les premières pages : ce lieu, comme tout établissement scolaire, ne saurait être un lieu de vie, mais il tendra à devenir un lieu de mort: mort sociale en tout cas pour tous ceux qui ne se conformeront pas aux règles édictées par ceux qui savent. Peter en fera les frais, comme son camarade Noah Stein qui porte les stigmates de son passé sur le visage et la passionnante Lorelei, personnage féminin fragile, complexe et attachante. Le trio affrontera quelques tempêtes. En sortira-t-il indemne ? Non, c’est une certitude. Allons-nous plonger dans cet enfer scolaire ? Oui, c’est l’autre certitude, tant ce roman nous prend aux tripes, nous laisse parfois espérer une rédemption…pour nous relâcher, parfois brutalement ( le titre est un spoiler en soi ) dans ce petit enfer quotidien, d’où on sort secoué, même si les années collège sont loin de nous. - Lucie Brownie -

POLAR

Jérôme LeroyL’Ange gardienGallimard (Série Noire)

On veut tuer Berthet et ce n’est pas une bonne idée. Pas que ce soit un type bien. Berthet est un barbouze qui assassine et torture au nom de la raison d’État, et ce n’est pas ce résidu

d’humanité qui reste en lui dans sa passion de la poésie, qui le rend plus sympathique. Non ce n’est pas une bonne idée car Berthet n’est pas aussi fini que le croient ses chefs et surtout il s’est fixé une mission, protéger Kardiatou Diop. Une femme qui ignore jusqu’à son existence mais dont il suit les faits et gestes depuis son adolescence. Secrétaire d’État issue de l’immigration, personnalité la plus populaire du gouvernement, elle doit affronter la leader du parti d’extrême-droite lors de municipales qui s’annoncent compliquées, autant dire qu’elle a encore besoin de lui et que c’est donc vraiment pas le bon moment pour Berthet de mourir. Berthet voudrait se confesser, il a repéré Martin Joubert qui pourrait lui servir de nègre, un écrivain qui ressemble étonnamment à Jérôme Leroy. Il a 50 ans, est ancien prof de collège, publie des polars et de la poésie, travaille pour un site très droitier alors qu’il est de gauche, etc. Un prof qui n’est pas pour rien dans la réussite sociale de sa protégée. De toute façon Berthet ne peut pas mourir maintenant car la vie coule encore dans ses veines à travers cet amour impossible pour cette Kardiatou Diop. Un amour désintéressé qui n’a pas besoin de se concrétiser et qui surtout n’a pas besoin de retour de l’être aimé. - Martial Cavatz -

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Cinéma 15

28 octobreLe Pont des Espions De Steven Spielberg ThrillerAvec Tom Hanks, Amy Ryan Un avocat de Brooklyn, James Donovan, a pour mission de libérer un pilote d’un avion espion américain. Ce film est inspiré de faits réels.

LoloDe Julie Delpy ComédieAvec Julie Delpy, Dany Boon Violette fait la connaissance de Jean René. Le couple s’entend bien mais Lolo, le fils de Violette, n’est pas de cet avis.

Le dernier chasseur de sorcièresDe Breck Eisner FantastiqueAvec Vin Diesel, Rose LeslieUn chasseur de sorcières s’associe avec son meilleur ennemi pour empêcher l’objectif du Sabbat : libérer la peste sur le monde.

Rêver Plus HautDe Robert Zemeckis BiopicAvec Joseph Gordon-Levitt, Ben KingsleyCe long métrage retrace les exploits du français Philippe Petit, qui a réussi à marcher sur un fil entre les deux tours du World Trade Center en 1974.

RegressionDe Alejandro Amenábar ThrillerAvec Emma Watson, Ethan HawkeL’inspecteur Bruce Kenner doit enquêter sur un crime où une jeune femme accuse son père.

4 novembreÀ vif !De John Wells ComédieAvec Bradley Cooper, Sienna MillerAdam Jones est un grand chef étoilé mais grisé par le succès, il sombre dans l’alcool et la drogue. Quelques années plus tard, guéri, il décide d’ouvrir un restaurant à Londres.

En mai fais ce qu’il te plaitDe Christian Carion DrameAvec August Diehl, Olivier GourmetPour fuir les Allemands, les habitants d’un petit village du Nord de la France décident de quitter leurs foyers. Parmi eux, un enfant allemand dont le père est opposant au régime nazi.

La dernière leçonDe Pascale Pouzadoux DrameAvec Sandrine Bonnaire, Marthe VillalongaMadeleine, 92 ans, annonce à sa famille qu’elle souhaite fixer la date et les conditions de sa mort.

Avril et le monde truquéDe Franck Ekinci, Christian Desmares AnimationAvec Marion Cotillard, Philippe Katerine1941. Le monde est différent : Napoléon V règne sur la France et tous les scientifiques disparaissent mystérieusement. Avril, une jeune fille dont les parents savants ont disparu, décide de partir à leur recherche.

Merci les jeunes !De Jérôme Polidor Comédie dramatiqueAvec Théo Costa-Marini, Amina ZouitenDans la cité des Mines, des jeunes réalisent des reportages sur Quartier TV

Norte, la fin de l’histoireDe Lav Diaz DrameAvec Sid Lucero, Archie Alemania Joaquin est condamné à la prison pour meurtre alors qu’il est innocent. Durant son incarcération, il vit quelque chose d’étrange et de mystérieux.

11 novembre007 SpectreDe Sam Mendes EspionnageAvec Daniel Craig, Christoph WaltzJames Bond enquête sur une organisation appelée Le Spectre.

Les anarchistesDe Elie Wajeman DrameAvec Tahar Rahim, Adèle ExarchopoulosJean Albertini est choisi par la police pour infiltrer un groupe d’anarchistes. Au fur et à mesure de son infiltration, il se sent de plus en plus proche.

Ange et GabrielleDe Anne Giafferi RomanceAvec Patrick Bruel, Isabelle CarréGabrielle est une mère de famille qui élève seule sa fille de 17 ans. Lorsque cette dernière tombe enceinte, Gabrielle décide de rencontrer la famille du père présumé.

ArticqueDe Gabriel Velázquez DrameAvec Víctor García, Juanlu SevillanoDeux jeunes hommes vivent dans la rue. Pour gagner de l’argent, ils volent. Mais les deux garçons veulent échapper à cette vie.

La fille et le fleuveDe Aurélia Georges DrameAvec Sabrina Seyvecou, Guillaume AllardiNouk et Samuel forment un jeune couple amoureux. Un jour Nouk perd Samuel dans le fleuve.

18 novembreHunger Games : la révolte, partie 2De Francis Lawrence Science-fictionAvec Jennifer Lawrence, Josh HutchersonKatniss et ses amis, Gale, Finnick et Peeta, sont envoyés en mission : ils doivent tuer le Président Snow.

Mac BethDe Justin Kurzel DrameAvec Michael Fassbender, Marion CotillardMacbeth, chef des armées, a gagné la guerre qui fait rage dans toute l’Écosse. Il rencontre trois sorcières qui ont pour lui une prophétie : il deviendra roi un jour.

Made in FranceDe Nicolas Boukhrief ThrillerAvec Malik Zidi, Dimitri StorogeUn journaliste indépendant infiltre des milieux intégristes en banlieue parisienne. Il découvre que quatre personnes vont créer une cellule djihadiste à Paris.

Crazy AmyDe Judd Apatow ComédieAvec Amy Schumer, Bill HaderUne jeune femme journaliste a choisi de vivre ses relations amoureuses de manière libre et désinhibée.

Je suis un soldatDe Laurent Larivière DrameAvec Louise Bourgoin, Jean-Hugues AngladeSandrine accepte de travailler pour son oncle dans un chenil. Mais ce travail cache un trafic de chiens venus des pays de l’Est.

This is not a love storyDe Alfonso Gomez-Rejon DrameAvec Thomas Mann (II), Olivia CookeGreg est en terminale. Il occupe ses journées avec son ami Earl. Un jour il revoit une ancienne amie de maternelle atteinte de leucémie.

Les suffragettesDe Sarah Gavron DrameAvec Carey Mulligan, Helena Bonham CarterAngleterre. Début du 20ème siècle. Des femmes se battent pour obtenir le droit de vote. Mais le gouvernement n’accepte pas ces réactions, ce qui les poussent à agir clandestinement.

25 novembreKnight of cupsDe Terrence Malick DrameAvec Christian Bale, Natalie PortmanRick vit à Santa Monica. Il travaille comme auteur de comédies mais souhaiterait changer de profession sans savoir quelle voie choisir.

Strictly criminalDe Scott Cooper PolicierAvec Johnny Depp, Joel EdgertonCe film est basé sur une histoire vraie. John Connolly, agent du FBI, réussit à convaincre le caïd James « Whitey » Bulger de collaborer avec l’agence pour éliminer la mafia italienne.

Docteur FrankensteinDe Paul McGuigan FantastiqueAvec James McAvoy, Daniel RadcliffeVictor Frankenstein et son protégé Igor font des recherches sur l’immortalité. Mais les expériences que mènent Victor vont trop loin.

Les cowboysDe Thomas Bidegain DrameAvec François Damiens, Finnegan OldfieldDans une communauté country western de l’est de la France, une jeune fille disparait. Son père décide de partir à sa recherche.

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007 Spectrele 11 novembre

Strictly criminalle 25 novembre

Avril et le monde truqué le 4 novembre

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