histoire de la france contemporaine sixième cours : la république gaullienne (1958-1974)

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Histoire de la France Contemporaine Sixième cours : La république gaullienne (1958-1974)

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Page 1: Histoire de la France Contemporaine Sixième cours : La république gaullienne (1958-1974)

Histoire de la France

ContemporaineSixième cours :

La république gaullienne(1958-1974)

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Sixième cours :

1 – De Gaulle président

2 – Gaullisme sans De Gaulle? La présidence Pompidou.

3 – Les Trente Glorieuses, suite et fin

4 – Vers la société de consommation

5 – Mentalités et cultures sous De Gaulle

6 – Gaullisme et politique étrangère

4 — Politique étrangère

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1 – De Gaulle président1.1 – La constitution de 1959

• De Gaulle préside entre l’été 1958 et janvier 1959 une phase transitoire, alors qu’institutions et président Coty demeurent en place.

• Mais il est clair que la IVe république est appelée à disparaître, d’autant que le parlement ne siège plus.

• De Gaulle prétend ne pas vouloir de rupture : le cabinet qu’il met en place compte des représentants de toutes les forces politiques, sauf le PCF.

• Mais ces ministres ont peu de pouvoir, celui-ci se trouvant entre les mains de la garde rapprochée du général.

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• Le gouvernement prépare une nouvelle constitution, condition imposée par De Gaulle à son retour. Debré, républicain social et proche du gaullisme, est chargé de présider le comité ministériel mis en place, en s’inspirant des idées personnelles du général.

• Le texte du projet est achevé en septembre 1958, puis est soumis par référendum à la population le 28 du même mois. Tous les grands partis, sauf le PCF, l’appuient.

• Le « oui » l’emporte par près de 80 % des voix, témoignage de la popularité du général et du rejet des institutions de la IVe république.

• La constitution de la Ve République rompt avec les principes parlementaires, faisant du président la clé de voûte du système politique.

• Même si à terme les pouvoirs du président feront de lui un monarque élu, le texte original laisse la porte ouverte à des transformations.

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• La définition des prérogatives présidentielles diffère peu des constitutions précédentes, mais le mode de nomination du chef de l’État lui confère une légitimité beaucoup plus grande.

• Le président n’est plus nommé par l’Assemblée, mais par un collège électoral de 80 000 membres, comprenant députés et sénateurs, noyés dans la masse des représentants des conseils municipaux.

• Les pouvoirs du président (nomination du premier ministre et des ministres, droit de dissolution des chambres, prérogatives référendaires et pouvoirs d’exception en cas de crise majeure), seront accrus par l’exercice et la pratique du pouvoir sous De Gaulle.

• La personnalité du général et la situation rendront ce régime très présidentiel encore plus centralisé.

• La grande perdante est l’Assemblée, elle qui constituait le socle du pouvoir précédemment.

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• Les députés (élus pour 5 ans au scrutin uninominal majoritaire à deux tours), voient leurs prérogatives réduites et leur influence sur le gouvernement limitée à un vote de censure.

• Le Sénat ne dispose ni de la légitimité du suffrage universel (ses membres sont élus par les collèges électoraux pour neufs ans), ni de pouvoirs très étendus, lesquels se limitent à la confirmation des lois.

• Les élections en novembre 1958 donnent la victoire aux partis gaullistes, pendant que les forces associées à la IVe république voient leurs appuis baisser.

• Le PCF récolte pour la première fois depuis la guerre moins de 20 % des voix, alors que les forces d’extrême droite sont limitées à 2,5 %.

• L’élection du président de décembre 1958 se solde par une victoire de de Gaulle, avec 78,5 % des voix. Il prend ses fonctions le 1er janvier 1959.

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1.2 -  Les belles années du gaullisme

• D’abord, De Gaulle est entièrement occupé par la résolution du problème algérien. Mais on ne sait trop quelle solution il avait en tête en 1958, ses déclarations a posteriori ne concordant pas toujours avec ses propos et ses actions au moment des faits.

• La situation va accentuer le caractère présidentiel de la nouvelle constitution, tout en redistribuant les forces politiques.

• Car le général se rend compte au cours des années 1959 et 1960 de l’impossibilité de sauver la présence française en Algérie sous sa forme coloniale.

• SI les 700 000 Français qui doivent regagner la métropole ne le portent pas dans leurs cœurs, à l’inverse, les socialistes et les communistes modèrent leurs critiques.

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• Avant d’aller de l'avant vers des négociations avec les indépendantistes algériens, de Gaulle demande un premier avis aux populations de la métropole et d’Algérie quant à l’octroi d’une plus grande autonomie.

• Fort d’une réponse sans ambigüité (75 % de « oui »), il engage des pourparlers qui aboutiront en 1962 aux accords d’Évian, lesquels accordent l’indépendance à l’Algérie. Les 90 % de « oui » au référendum d’avril 1962 donnent la mesure de l’appui de la population.

• Poussé en avant pour sauver l’Algérie française, le général met fin à celle-ci… Pour ceux qui ne parviennent pas à se faire à cette idée, il ne leur reste que le terrorisme et l’Organisation de l’Armée secrète (OAS) tente un attentat contre le chef de l’État le 22 août 1962.

• La position du président s’est fortement consolidée dans l’opinion dans la foulée de la crise algérienne et c’est ce qui lui permet de pousser son avantage.

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• Le président donne une interprétation personnelle à l’article 16 de la Constitution, faisant du président le garant de l’intérêt supérieur de l’État. Même son premier ministre, Debré est tenu à l’écart du cercle étroit des conseillers présidentiels qui dirigent de fait l’État.

• De sorte qu’après le règlement de la question algérienne, la situation est mûre pour une « explication » entre les partis et le président.

• Rejetant l’idée de Debré de dissoudre la chambre, de Gaulle préfère la défier pour l’obliger à une rupture dont qu’elle devra défendre devant la population.

• De Gaulle confie alors à Pompidou le soin de former le gouvernement, soulignant ainsi la totale dépendance de celui-ci à l’institution présidentielle.

• Visiblement satisfait de la fronde que ces gestes provoquent, de Gaulle en appelle à une modification constitutionnelle, qui donnerait au président la légitimité suprême : l’élection au suffrage universel.

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• L’Assemblée nationale vote une motion de censure à l’endroit du gouvernement Pompidou, à laquelle réplique de Gaulle par la dissolution de la chambre, de nouvelles élections et un référendum sur l’élection du président au suffrage universel.

• Le 28 octobre 1962, la réponse de la population au référendum est claire, 62 % se prononçant pour la proposition présidentielle.

• Les élections de l’automne 1962 sont sans appel : les gaullistes obtiennent 32 % des voix et 233 sièges, à deux doigts de la majorité absolue. La victoire du général est totale.

• Celle-ci inaugure une période de domination complète du président sur les institutions, qui s’étendra jusqu’à la crise de 1968, qu’il mettra à profit pour remodeler la France, son économie, son empire et sa place dans le monde.

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• La France connaîtra une stabilité jamais vue dans l’histoire de la République : de 1958 à 1969, le pays ne connaîtra que trois premiers ministres : Michel Debré (1958-1962), Georges Pompidou (1962-1968) et Maurice Couve de Murville (1968-1969).

• Certains ministres auront une longévité permettant le déploiement de politiques à long terme (comme Pierre Mesmer, ministre des Armées de 1960 à 1969). Il s’agit souvent d’exécutants, de Gaulle demeurant le capitaine.

• L’opposition relève la tête au cours de la période 1962-1968, se nourrissant d’une foule de facteurs : rejet de la politique étrangère isolationniste et de la restructuration de l’économie rurale, ralentissement de la croissance salariale chez les fonctionnaires, etc.

• Les partis d’opposition tentent de mettre en commun leur force et de faire taire leurs différends pour affronter le général.

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• L’élection présidentielle de 1965 donne à l’opposition de l’espoir : le général est mis en ballotage, avec moins de 45 %, ce qui témoigne d’une certaine usure

• Même si son résultat au second tour est confortable (55 %), il est très loin des appuis obtenus traditionellement par le gaullisme et le président ne semble plus invulnérable. Ces résultats encouragent l’opposition en vue de la prochaine échéance électorale, les législatives du printemps 1967.

• Le premier tour semble consacrer la domination du gaullisme (les partis soutenant le général obtenant 38 % des suffrages), mais les alliances et les désistements au sein des partis de gauche lors du second tour ne permettent aux forces gaullistes que le maintien in extremis de leur majorité, avec 245 élus sur 487.

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1.3 – Mai 1968 et la mort politique de Charles de Gaulle

• C’est dans ce contexte d’usure que survient la crise de mai 1968, dont les causes complexes ne concernent pas que la France, puisqu’ailleurs, en Allemagne ou aux États-Unis, des événements semblables se produiront.

• Une « crise de civilisation » en constitue la base : les baby-boomers atteignent l’âge adulte et par la puissance de leur nombre, ils remettent en question les bases de la société d’après-guerre, au nom d’idéaux variés (démocratie, liberté, écologie, etc.).

• Le mouvement prend naissance autour de l’université de Nanterre, fréquentée par les nouveaux représentants éduqués des classes moyennes,

• Après l’occupation des locaux de l’administration universitaire le 22 mars naît un mouvement qui va déborder sur les autres établissements d’enseignement.

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• D’abord isolé, le mouvement étudiant, suite à la réponse répressive du gouvernement, se retrouve appuyé par d’autres groupes et le 13 mai, les organisations sociales appellent à une grève générale et 200 000 personnes défilent dans les rues de Paris.

• Le mouvement de grève prend le pas sur le mouvement étudiant et fin mai, les participants aux grèves se multiplient pour atteindre 10 millions de travailleurs, étouffant l’activité économique.

• Souvent, ces grèves sont spontanées et les organisations syndicales éprouvent de grandes difficultés à contrôler leurs membres.

• De Gaulle se soucie d’abord peu de tout cela, d’autant que les revendications très variées des manifestants, témoignent de l’absence d’unité du mouvement. Cette attitude, et le rejet par les manifestants de la main tendue par Pompidou, laissent aux premiers l’initiative.

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• Divers programmes apparaissent : un qui s’organise autour des mouvements étudiants radicaux ; du PCF qui réclame un gouvernement populaire; un autre, modéré, autour de Mitterrand qui réclame la formation d’un gouvernement provisoire autour de PMF.

• Le 30 mai, le général annonce la reprise en main. Pompidou remanie son cabinet, excluant les hommes associées aux troubles et de Gaulle annonce la tenue d’élections anticipée, pendant que les gaullistes organisent une manifestation de 500 000 personnes en soutien au général.

• Les élections freinent le mouvement et les manifestations, les forces politiques abandonnant leur tactique pour se préparer à la consultation.

• Au cours de la campagne électorale, le mouvement s’étiole et les élections se soldent par le triomphe des gaullistes, qui obtiennent au premier tour 46 % des voix et consolident leur majorité, avec 293 députés.

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• Pour marquer son désir de répondre au malaise, de Gaulle change son premier ministre et lance deux réformes majeures.

• Celle des universités propose une décentralisation de la gestion universitaire et la participation des étudiants. Elle soulève les objections de la droite, qui voit en elle une démission devant les « forces du chaos ».

• Autour de la réforme des institutions régionales va se jouer le destin politique du général : à travers cette réforme, qui décentraliserait la prise de décision et favoriserait la participation citoyenne, de Gaulle veut une confirmation de son appui et il fait du référendum une question de confiance. S’il perd, il démissionnera

• C’est ce qui va faire de cette question technique le point de ralliement de l’opposition. La majorité gaulliste est partagée certains groupes, sentant le navire couler, vont prendre leurs distances.

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• Le 27 avril, la population française répond « non » à 52,4 % aux propositions du président et le 28, conformément à son engagement, neuf mois après avoir vu les forces politiques le soutenant triompher, Charles de Gaulle démissionne de ses fonctions.

• Il reviendra au président du Sénat, Alain Poher, d’assurer l’intérim jusqu’aux élections anticipées.

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2 – Gaullisme sans De Gaulle? La présidence

Pompidou.• Dès la campagne référendaire de 1969, l’ancien premier

ministre Pompidou prend ses distances d’avec son mentor, se positionnant comme prétendant à la présidence.

• Pompidou apparaît comme l’incontournable successeur de De Gaulle et les autres candidature ne semblent guère avoir de chance.

• Le premier tour confirme sa domination, avec 44 % des voix, contre 23 % pour Poher. Les deux hommes se retrouvent donc au second tour, qui voit le premier remporter la mise avec près de 58 % des voix.

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• Malgré la continuité par rapport à l’époque du général, la présidence de Pompidou sera marquée par un plus grand respect envers les institutions. Le ton change.

• Sa présidence verra le passage de deux premiers ministres, chacun illustrant une tendance particulière de Pompidou, d’abord réformiste, puis conservatrice.

• Arrivé au pouvoir dans la foulée de la crise de 1968, Pompidou désire mener des réformes importantes pour répondre aux revendications populaires.

• Cette phase se déroule sous la supervision du premier ministre Jacques Chaban-Delmas, qui réunit autour de lui des représentants de diverses tendances, dont des critiques du gaullisme, comme VGE, et qui montre un grand respect des institutions parlementaires.

• Le programme de réformes mis de l’avant par Chaban-Delmas porte le nom de « nouvelle société » et vise à reconstruire les rapports entre les Français et l’État.

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• Il comprend par exemple l’abolition du ministère de l’Information, une réforme des pouvoirs régionaux, un nouveau régime de conventions collectives, la création d’un Salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) et un ministère de l’Environnement.

• Chaban-Delmas devient très populaire auprès de la population, ce qui ne plaît ni à Pompidou, ni à la majorité gaulliste de l’Assemblée, dominée par le versant conservateur du gaullisme.

• Après l’échec relatif du « oui » au référendum de 1971 sur l’élargissement du marché commun, Chaban-Delmas demande un vote de confiance à l’Assemblée le 24 mai 1972, pour lequel il obtient un résultat si spectaculaire qu’il pousse Pompidou à l’écarter.

• Le successeur de Chaban-Delmas, Pierre Mesmer, mènera une politique plus conservatrice, et surtout, un gouvernement moins flamboyant qui ne risque pas d’éclipser le président.

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• Mesmer se montre plus cavalier avec les institutions, contribuant à reconstruire la verticale présidentielle et invitant les gaullistes à serrer les rangs en vue des élections de 1973, lesquelles, si elles voient une diminution de la majorité (38 % des voix pour 278 sièges), sont parfaitement satisfaisantes pour le pouvoir.

• Mais la présidence Pompidou tire à sa fin. Alors qu’il a remis en selle le mode de gouvernance gaulliste, Pompidou, malade, disparaît littéralement de la scène publique, sans informer la population de son état de santé. Il meurt au retour d’un voyage en URSS le 2 avril 1974, mettant fin à la période gaulliste.

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3 – Les Trente Glorieuses, suite et fin

3.1 – Gaullisme et économie

• Le style de De Gaulle, son parcours et nombre de ses déclarations ont laissé croire qu’il n’accordait que peu d’attention aux questions économiques.

• Tout entier dédié à refaire de la France une grande puissance, le caractère « gestionnaire » des affaires économiques ne l’enthousiasmait pas.

• Cependant, il comprenait que la grandeur d’une nation moderne se mesure davantage par sa puissance économique que par ses capacités militaire.

• Si sur le plan financier et budgétaire de Gaulle hérite d’une situation difficile, la situation économique générale est plutôt bonne.

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• Sans nier l’apport du président et du changement survenu dans les institutions politiques du pays, c’est grâce aux outils mis en place par le régime précédent (planification et nationalisation, entre autres) que la période gaullienne pourra achever la transformation.

• La croissance moyenne annuelle de l’économie de 5 % entre 1949 et 1957 suffit à démontrer que la situation dont hérite de Gaulle est moins catastrophique que ce qu’il veut bien faire croire en 1958.

• De Gaulle ne peut être réduit aux oppositions classiques (« dirigisme » ou « libéralisme ») car pragmatique, il recourt à l’ensemble des outils pour obtenir le résultat recherché, la grandeur de la France, laquelle doit passer par la modernisation de l’économie.

• Il croit au rôle de l’État et poursuivra la politique du régime précédent. Mais pour lui, la tâche de l’État est de créer les conditions d’un développement économique qui doit être porté par les milieux d’affaires.

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• Les outils dont dispose l’État sont nombreux, qu’il s’agisse, de lever les barrières douanières pour forcer les entreprises françaises à se moderniser, ou encore d’investir dans des secteurs fondamentaux pour la sécurité nationale. Si les conditions politiques sont là, « l’intendance suivra ».

• La première de ces conditions, nécessaires pour donner une marge de manœuvre et permettre au gouvernement de jouer son rôle, c’est la remise en ordre des finances publiques. Et c’est ce à quoi sera consacrée la période 1958-1961.

• Recourant aux expédients habituels (augmentation des revenus et réductions des dépenses), le gouvernement élabore une politique économique visant à améliorer la situation macro-économique : lutte contre l’inflation, stabilisation de la monnaie, stimulation du commerce extérieur.

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• Appliqué avec rigueur et dans un contexte économique favorable, le plan Pinay-Rueff (du nom du président du comité créé pour étudier la situation) aboutit en l’espace de trois ans à relever de façon remarquable la situation budgétaire et ainsi donner au gouvernement la marge de manœuvre nécessaire pour agir.

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3.2 – Évolution économique

• Sans rien enlever à la politique économique de De Gaulle, la croissance économique au cours de la période tient autant aux facteurs internationaux qu’à la situation intérieure.

• L’ensemble des pays occidentaux connait alors de fort taux de croissance et bénéficie des mêmes avantages que la France (croissance démographique, diminution drastique des coûts de l’énergie).

• La croissance française au cours de la période 1960-1975 est inférieure à celle de l’Italie ou du Japon, mais supérieure à celle des États-Unis et du Royaume-Uni, ce qui souligne un certain rattrapage.

• Grâce à une politique d’équipements et de modernisation, la France des années 1960 redevient une puissance exportatrice.

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• Cela concerne le secteur agroalimentaire, mais surtout la production industrielle, qui représente au tournant des années 1970 les deux tiers des exportations.

• Si la part de la France dans le commerce diminue et que les importations augmentent, le gouvernement maintient l’équilibre de la balance commerciale, ce qui lui permet de rembourser ses dettes.

• L’agriculture demeure le parent pauvre, même si la Ve république poursuit le mouvement de modernisation de l’agriculture.

• À la fin des années 1950, le secteur tranche par son archaïsme sur le dynamisme du secteur industriel : petites exploitations, exploitants âgés et conservateurs, mécanisation encore embryonnaire.

• Mais le facteur explicatif le plus lourd est la survie de la mentalité du XIXe siècle et le refus d’adaptation. Pour se développer, l’agriculture doit cesser de fonctionner comme un mode à part, basé sur la famille.

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• En 1960, Debré décide de s’attaquer au problème d’une double façon : encourager le départ d’une partie de la population, afin de créer de grands ensembles fonciers et moderniser la structure des organisations pour en faire des entreprises.

• Les résistances seront importantes, mais les résultats aussi : en 12 ans, la main d’œuvre rurale diminue de moitié et le nombre d’exploitations aussi. En 1974, la production agricole est deux fois plus élevée qu’en 1946.

• La modernisation agricole n’explique pas les résultats économiques de la France gaulliste, car c’est surtout la croissance du secteur industriel et des services qui porte le développement économique, l’agriculture ne représentant plus en 1974 que 5 % du PIB français.

• La concentration des entreprises est stimulée par l’ouverture des frontières et par l’adoption en 1965 d’un cadre réglementaire facilitant les fusions.

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• Dans le secteur étatique, on tend à octroyer aux administrations une plus grande autonomie, tout en exigeant d’elles la rentabilité.

• Alors que dans la décennie précédente, on avait assisté à 850 fusions, ce nombre grimpe à 1850 dans les années 1960. Le secteur public donne l’exemple comme en témoigne la naissance de la BNP.

• Malgré de réels progrès (la part du secteur industriel dans le PIB atteint 40 % en 1973) et une diminution du nombre d’entreprises, les efforts et les investissements ne sont pas parvenus à faire des entreprises françaises des meneurs dans leur domaine, sauf exception.

• Renault, par exemple, devient après sa fusion avec Citroën en 1970 la plus grande entreprise française, mais elle n’occupe à l’échelle mondiale que la 22e position.

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• La politique de modernisation a aussi son revers : la concentration provoque des déséquilibres régionaux, Paris et sa région étant rejoints par la Vallée du Rhône et la Provence en tant que moteurs économique, pendant que l’importance de l’ouest et du Massif central recule.

• Les déséquilibres sectoriels s’accroissent. Les industries traditionnelles (textile, charbonnages, sidérurgie) périclitent, entraînant les régions industrielles traditionnelles, comme l’Alsace ou le Pas-de-Calais.

• La présidence de Pompidou ne se distinguera pas de celle du général. Plus souple et moins autoritaire, il maintiendra les grandes lignes du développement économique défini par De Gaulle, la seule inflexion étant une oreille plus attentive portée au secteur privé.

• Mais à partir de 1973, l’économie subira les conséquences du premier choc pétrolier.

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4 – Vers la société de consommation

4.1 – Explosion démographique

• Les changements de la période du gaullisme sont liés à une poussée démographique unique dans l’histoire de France : de 44 millions d’habitants (1958), la population passe à 46,5 millions (1962), puis à 50 millions (1968) et à 52,6 millions (1974).

• La première cause de cette explosion, liée à l’amélioration des conditions sanitaires, c’est la croissance naturelle de la population : recul de la mortalité infantile (de 16 ‰ à 11 ‰ entre 1940 et 1968) et augmentation du taux de natalité (de 15 à 18 ‰ au cours de la même période) font en sorte que la France peut compter 300 000 nouveaux Français par année.

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• À cette poussée démographique s’ajoute le bilan migratoire positif. Car si la guerre a poussé de nombreux immigrants à retourner dans leur pays d’origine, la paix revenue, nombreux sont ceux qui reviennent en France.

• La période voit la première tentative des pouvoirs publics pour contrôler et orienter les flux migratoires : création de l’Office national d’immigration (ONI), qui s’ajoute en 1958 au Fonds d’Action sociale (FAS).

• Le nombre de Polonais s’effondre, mais ils sont remplacés par d’autres groupes, dont les Portugais, alors qu’Italiens et Espagnols demeurent les premiers immigrants.

• La population originaire d’Afrique du Nord connait une forte croissance, ce qui dans le cadre de la guerre d’Algérie entraîne des conflits. Ces ressortissants connaissent des situations variées, les Marocains et les Tunisiens s’intégrant plus facilement que les Algériens.

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• Cette immigration adulte est d’autant plus nécessaire que la croissance démographique naturelle ne se traduit pas encore par une augmentation de la population active, les enfants du baby-boom étant encore d’âge scolaire.

• À l’autre bout de l’existence, l’amélioration des conditions de vie et d’hygiène entraîne un allongement important de l’espérance de vie : d’environ 50 à la veille de la Seconde Guerre mondiale, elle approche au milieu des années 1970 70 ans.

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4.2 – Changements structuraux

 

• Ces changements quantitatifs entraînent des modifications dans la structure de la société.

• L’augmentation du nombre d’enfants scolarisés (6 millions en 1965 en hausse de 25 % depuis 1950) se traduit par une explosion de bacheliers, qui passent de 32 000 par année en 1950 à 140 000 en 1970.

• Il s’agit de l’une des principales mutations des structures démographiques : l’école supérieure cesse d’être le domaine des élites et commence à jouer son rôle d’ascenseur social, les réformes de 1959 et de 1963 de l’éducation ayant conduit à une démocratisation de l’éducation.

• C’est à ce phénomène que l’on doit l’agitation politique  : jamais la jeunesse instruite n’a disposé d’un poids démographique comparable.

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• Il s’agit aussi de la première jeunesse à disposer d’une relative aisance matérielle, qui la rend par ailleurs l’objet de prédilection de la publicité. C’est la première jeunesse matérialiste.

• À l’autre extrémité de la vie, la généralisation des retraites commence à produire ses effets : entre 1962 et 1975, le nombre de personnes de plus de 75 ans encore au travail passe de 42 % à 19 % et chez les plus de 60 ans, de 71 % à 54 %.

• Avec l’allongement de l’espérance de vie apparaît un « troisième âge » disposant de ressources financières lui permettant de consommer biens matériels et culturels.

• La France devient majoritairement urbaine et en 1974, moins de 25 % de la population habite en zone rurale. En 25 ans, le pourcentage de Français urbain a doublé, posant divers problèmes, dont un déficit de logement, malgré les efforts, comme le programme des HLM.

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• Ce problème est criant en zone parisienne, où le déficit de logement s'établit à 500 000 en 1963; 30 % des logements existants sont considérés comme surpeuplés.

• La croissance urbaine a porté la population de la région parisienne à plus de 8 millions (1964), entraînant la constitution de banlieues sans équipements collectifs et où se retrouvent les populations les moins favorisées.

• Ce mélange de pauvreté, de promiscuité et de diversité constitue un cocktail qui, grâce à la croissance économique de l’époque, n’explose pas encore.

• La pollution commence à poser problème, les systèmes d’égouts sont insuffisants, les techniques de ramassage des ordures le sont tout autant. Services de police et d’incendie ne parviennent pas à s’adapter à la situation.

• Le dépeuplement des campagnes se manifeste par une réduction de la population active du secteur agricole, passée de 27 % (1954) à 10 % (1974).

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• La modernisation du secteur constitue la principale cause de ce changement  : la France rurale, symbole de cette nation de petits propriétaires, est en train de mourir.

• La diminution du nombre de travailleurs agricoles a des effets positifs : le niveau de vie de la campagne s’accroit et l’écart de richesse entre villes et villages diminue.

• La mort du modèle français concerne aussi les petits propriétaires, qui voit leur nombre diminuer au profit d’une concentration industrielle croissante.

• Si dans les années 1950, ces mutations ont provoqué le poujadisme, les années 1960 voient une accalmie, les mutations étant achevées et le nouveau modèle de la grande entreprise ayant remplacé pour une bonne part le modèle républicain séculaire des petits propriétaires.

• La classe ouvrière mute aussi, les développements technologiques entraînant une grande stratification.

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• Quantitativement, cette classe demeure stable à près de 8 millions tout au long de la période 1945-1975, mais qualitativement, les changements sont importants.

• À côté des métiers manuels traditionnels apparaissent des « ouvriers en blouse blanche », dont le statut se situe entre l’ouvrier qualifié et le personnel-cadre, conséquence des développements technologiques.

• Les premiers continuent de dominer en nombre, mais ces postes sont de plus en plus souvent occupés par les femmes et les immigrants.

• Les différences de statuts et de revenus que cette stratification apporte remettent en question l’existence d’une classe ouvrière, l’élite de celle-ci vivant comme la bourgeoisie, alors que les conditions de vie des ouvriers, si elles s’améliorent, demeurent difficiles. Ce sont eux qui habitent les HLM, alors que les « blouses blanches » vivent dans des quartiers plus aisés.

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• La classe dirigeante subi des mutations davantage qualitatives que quantitatives, les dynasties capitalistes laissant la place à des gestionnaires d’entreprises salariés. Le capitalisme familial recule au profit du capitalisme financier.

• Sur le plan social, cette nouvelle classe dirigeante est issue de l’ancienne et les modifications sont provoquées par les mutations économiques, et non par des mutations sociologiques, car l’accès aux postes de commande passe encore par les grandes écoles.

• La sclérose sociale que cela induit est l’un des facteurs de contestation de mai 1968, d’autant que ces élites occupent aussi souvent les postes de contrôle politique.

• Alors que classes ouvrière et classe dirigeante voient leurs effectifs se stabiliser et que paysans et petits entrepreneurs voient les leurs reculer, où se retrouve cette population supplémentaire ? Bien sûr, dans une classe moyenne salariée en pleine expansion.

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• Née avant la Première Guerre mondiale, l’explosion démographique et les mutations sociales et techniques ont entraîné une expansion si importante de cette classe (au tournant des années 1970, il s’agit de 45 % de la population active) qu’on peut dire qu’il s’agit là de la principale mutation de l’après-guerre.

• Il s’agit d’un groupe très hétérogène, autant en ce qui concerne les revenus que les modes de vie, mais comme la petite bourgeoise, les membres de la classe moyenne salariée partagent une aspiration à l’amélioration de leurs conditions de vie, alliée à la possibilité concrète d’améliorer ces conditions.

• Peuplant un secteur tertiaire (santé, éducation, finance, commerce, etc.) en pleine expansion, leur poids démographique et leurs habitudes constituent le moteur de la nouvelle société de consommation.

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4.3 – Naissance de l’homo consumens (Fromm)

• Pressentie dès les années 1950 comme la calamité à venir par certains, une société « irrationnelle », basée sur la satisfaction de « besoins imaginaires », au détriment d’une sociabilité qui a toujours été à la base de l’organisation humaine, émerge à la faveur de ces changements démographiques et techniques.

• Les gains de productivité et la généralisation du crédit stimulent la consommation, qui devient le moteur de l’économie.

• La distribution des dépenses des ménages est éloquente : alors que 35 % des revenus étaient en 1959 consacrés à l’alimentation, ce chiffre n’est plus que de 24 % en 1975.

• Un regard sur les équipements dont disposent les Français (1975) permet de comprendre ce changement.

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• Alors que seulement 20 % des plus de 40 ans étaient propriétaires de leur logement en 1955, c’est le cas de 50 % 20 ans plus tard.

• Le pourcentage de foyers disposant d’un réfrigérateur passe de 10 % en 1958 à 90 % en 1975; pour les téléviseurs, les chiffres sont de 15 % à 80 %, pour les machines à laver, de 10 % à 70 %.

• Si 20 % des familles disposaient d’une voiture en 1955, elles sont 70 % en 1975, les prix de cet équipement emblématique de la nouvelle ère transformant celui-ci en un marqueur d’identité sociale et économique.

• Si cette consommation est vue par certains comme un facteur d’homogénéisation sociale, les différences de revenus ont en fait donné naissance à un nouveau paramètre de stratification sociale, même si la diminution des coûts de certains équipements en a généralisé la consommation.

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• Les écarts de revenus croissent, alors que les hauts revenus, favorisés par un système qui ponctionne les revenus plus que le capital, concentrent une grande part de la richesse (5 % de la population contrôlent 45 % des richesses nationales) et que les bas salaires ne suivent que par la pression du gouvernement.

• L’État, grâce à la progressivité de l’impôt, dispose de moyens pour investir dans les équipements collectifs au bénéfice de tous ou dans les prestations sociales (sécurité sociale, allocations familiales, etc.).

• Malgré ces efforts, l’inégalité des citoyens devant la consommation se manifeste de diverses façons. : 80 % des cadres supérieurs prennent des vacances, alors que ce n’est le cas que de 50 % des ouvriers.

• Fréquentation des théâtres et des salles de concert et voyages à l’étranger sont le lot des premiers, les seconds n’en ayant simplement pas les moyens, financiers et culturels.

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• Si la conception d’une « société bloquée », telle que les manifestants de mai 1968 caractérisent, et condamnent, la société française des années 1960, est exagérée, la mobilité sociale n’est pas non plus aussi grande que le prétendent les défenseurs du système.

• Car l’ascenseur social fonctionne à deux vitesses : assez rapide quand on passe des bas revenus aux revenus moyens, il ralentit grandement ensuite, pour rendre l’accès aux classes supérieures encore très difficile.

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5 – Mentalités et cultures sous De Gaulle

5.1 – Évolution des mentalités

• La période gaulliste présente certaines caractéristiques qui la distingue des périodes précédentes et suivantes, dont la crise des idéologies et un coup de jeunesse remarquable.

• Le PCF demeure puissant, mais la déstalinisation et ses limites entraînent une remise en question pour nombres d'intellectuels qui, au lendemain de la guerre et après la mort de Staline croyaient en la possibilité d’une autre forme d’organisation sociale et politique, portée par le régime soviétique. Le réveil ne laisse plus guère d’illusion à ce sujet.

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• L’abandon du mythe communiste ne se transforme pas en enthousiasme pour le capitalisme et la décennie voit une explosion sociale et culturelle portées par une jeunesse qui refusent de se contenter du système.

• La crise idéologique est liée à l’apparition de cette jeunesse qui rejette les valeurs proclamée de l’Est et de l’Ouest européen et qui cherche à dépasser ce clivage.

• L’esprit de guerre froide recule au profit d’une atmosphère de critique et de remise en question des modèles établis, allant de pair avec la résurgence d’un nouvel humanisme, cherchant à conjuguer aspirations individuelles, justice sociale et écologie.

• On en voit la manifestation avec la guerre d’Algérie. La violence du conflit et les méthodes employées se situent à contre-courant d’une partie de l’opinion, pour qui le rejet de la violence est en voie de devenir un dogme.

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• Jusqu’en 1962, les intellectuels vivent au rythme d’une guerre qu’ils condamnent ou justifient et pour laquelle les clivages gauche-droite perdent leur signification.

• Mais le conflit ne se transformera pas en objet de création artistique intensive comme le fera la guerre du Viêt Nam, sans doute à cause de la censure.

• La fin de la guerre d’Algérie coïncide avec l’arrivée des baby-boomers à l’adolescence et au début de l’âge adulte et la levée de l’hypothèque algérienne va permettre à un vent de jeunesse de souffler très fort.

• Leur nombre leur donnera l’impression de pouvoir « changer la vie » plus que les jeunesses des générations précédentes.

• C’est autour des universités que s’articule le mouvement de mai 1968 et s’il déborde cet espace, la jeunesse en constituent le fer de lance.

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• Les mutations, technologiques et médiatiques, l’accroissement du niveau de vie ont aussi leur part, l’idéologie de cette jeunesse pouvant se diffuser comme jamais auparavant.

• Cette « masse » de jeunes entraîne un « rajeunissement » des autres classes d’âge, avoir l’air jeune devenant synonyme d’être « dans le coup ».

• La place occupée par cette jeunesse n’est pas du goût de tous, les icônes musicales de cette génération, ainsi que sa façon de se vêtir, suscitant un rejet catégorique chez les plus âgés.

• La fin des Trente Glorieuse marque la fin de l’exubérance des années 1960. L’adolescence des boomers prend alors fin, et leur idéalisme avec elle.

• Sans parler d’un retour au conservatisme, le début de la décennie suivante porte la marque de « l’âge de raison » dans lequel entrent les rêveurs des sixties.

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5.2 – Culture et loisirs

• Le recul de l’esprit de la Guerre froide dans les arts ne se manifeste pas nécessairement par une volonté de trouver d’autres modèles. Un phénomène nouveau se fait jour, ou plutôt une ancienne attitude des intellectuels refait surface : l’isolement politique.

• On en voyait les prémisses avec l’existentialisme, mais guerre de Viet Nam et répression de Budapest finissent de mettre à mort les mythes de l’avant-guerre et poussent les créateurs à chercher d’autres voies, ce qui conduit à une dépolitisation certaine.

• En littérature, c’est l’ère du nouveau roman qui s’annonce (Michel Butor, Nathalie Sarraute). Rompant avec la tradition de la littérature thématique, les nouveaux romanciers accordent une place plus importante à la forme qu’au fond.

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• D’autres auteurs poursuivent une démarche thématique, mais souvent l’idéologie fait place à l’absurde. C’est le cas de Beckett, ou d’Ionesco.

• Cette désidéologisation peut aussi être observée dans d’autres domaines (architecture, musique, beaux-arts), mais elle n’est pas universelle, d’autant que le public s’emploie aussi à découvrir les classiques, plus diffusés que jamais grâce aux nouvelles technologies.

• Alors que la « culture d’élite » se désidéologise, celle des « masses », stimulées par les nouvelles technologies, suit un chemin inverse.

• Dans le cas de la musique moderne, cette démarche ne concerne pas tous les créateurs, comme les textes de Presley et les premières chansons des Beatles le démontrent clairement, mais plus la décennie avance, plus la musique se politise. Ici encore, l’exemple par excellence est l’évolution des Beatles.

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• Ces exemples mettent en évidence un autre phénomène culturel : la jeunesse de France des années 1960 écoute aussi des interprètes de langue française (Ferré, Brel, Brassens), mais l’anglicisation culturelle est manifeste.

• On voit déjà dans ce phénomène ce que l’on qualifiera de mondialisation, en fait une américanisation des modes de vie, favorisée par la suprématie américaine.

• Aux mutations sociales correspondent d’importations mutations dans le mode de vie d’une société pour qui les loisirs deviennent une dimension fondamentale de l’existence. Il s’agit d’un changement fondamental dans l’histoire.

• Les « fins de semaine » ont en principe toujours existé, mais en même temps, elles n’existent pas vraiment avant cette époque, l’existence des masses étant tournée constamment vers le travail, le repos dominical servant justement à se reposer.

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• Avec la croissance économique, le temps consacré au travail diminue et les moyens d’occuper le temps libre croissent. La pratique qui consiste à s’évader quelques jours cesse de ne concerner que les classes aisées pour devenir l’apanage de la classe moyenne.

• En dehors des fins de semaine, l’offre de loisir permet de consacrer les soirées à des passe-temps variés, incluant la télé, les activités physiques, le tiercé, etc.

• Les vacances constituent une autre façon de vivre autrement le rythme des années. Entre 1958 et 1975, le nombre de Français pouvant se permettre de partir en vacance passe de 31 % à 62 %.

• Le revenu détermine bien sûr les lieux et les modalités du repos annuel, mais pour une majorité de familles de la classe moyenne, les vacances d’été à la plage ou l’hiver à la montage ont cessés d’être l’exception ou de constituer un rêve pour devenir une réalité.

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• Les journaux poursuivent leur déclin, alors que triomphe la « petite lucarne » qui, en ses débuts de règne, contribue grandement à la démocratisation culturelle, en rendant accessibles à la population des objets culturels plus complexe qu’elle est en mesure d’assimiler grâce à la croissance de l’instruction.

• Bref, portée par ces deux phénomènes concomitants que sont l’expansion économique et les développements technologiques, la culture se diversifie et se démocratise.

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6 – Gaullisme et politique étrangère

6.1 – Indépendance et souveraineté

• Même si constitutionnellement le président ne dispose pas du monopole de la politique étrangère, la personnalité du général fait en sorte de présidentialiser cette compétence et de 1958 à 1974, ce sont bien ses idées qui déterminent la politique étrangère.

• Cette politique tient en un mot : indépendance. Car l’évolution des relations étrangères après la guerre, avec la constitution des blocs et des organisations multilatérales, a remis en question la marge de manœuvre dont disposaient les puissances d'avant 1939 et le modèle de la suprématie étatique est battu en brèche par cette évolution.

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• Ce que rejette de Gaulle. Car s’il est d’accord pour établir des relations entre États sur des bases égalitaires, l’idée d’une prépondérance de « l’intérêt collectif » sur l’intérêt de l’État français est rejetée, l’État demeurant le premier sujet des relations internationales. D’où son rejet du « Machin », comme il qualifiait l’ONU.

• Si cette « volonté de grandeur » a suscité un certain mépris amusé, c’est que Moscou et Washington n’ont pas compris que De Gaulle ne cherchait pas à faire jeu égal avec les grandes puissances, mais simplement à défendre les intérêts nationaux devant le « multilatérisme » de façade.

• C’est d’autant plus importante que pour De Gaulle, la politique étrangère est le domaine par excellence de la gouvernance. La France, pour ce réaliste de la politique étrangère, est avant tout un citoyen de la communauté internationale. Il entend la faire respecter.

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6.2 – La France dans le monde

• C’est particulièrement dans le cadre des relations avec Washington que le désir de souveraineté de De Gaulle cause des frictions.

• De Gaulle considère que l’amitié américaine est parfois lourde et conséquemment, s’en affranchir au moins partiellement est son premier objectif.

• Car l’influence américaine est importante, militairement (OTAN), financièrement (par les investissements directs et les prises de contrôles industrielles) et technologiquement.

• Washington est prêt à venir en aide à Londres pour le développement d’un arsenal nucléaire, mais refuse cette aide à Paris. Même si le programme nucléaire français est lancé sous la IVe république, c’est de Gaulle qui va le mener à terme.

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• La première bombe A française explose en 1960 (la première bombe H en 1968), donnant à la France le contrôle direct sur l’arme suprême du XXe siècle.

• Développant par ailleurs les vecteurs, la France pourra compter au tournant de la décennie sur le 3e plus important arsenal nucléaire au monde.

• Cette puissance donne à la France un fondement à sa politique d’indépendance. C’est aussi à cette politique de puissance et de prestige qu’il faut attribuer les efforts du gouvernement dans la recherche de différentes spécialités, qui vont faire du pays l’un des meneurs dans l’aéronautique ou le nucléaire civil.

• Dès 1959, De Gaulle s’éloigne de l’OTAN en soustrayant la flotte française méditerranéenne du commandement unifié. Il fait de même en 1963 pour la flotte atlantique et en 1964 il interdit le stationnement sur le territoire d’armes nucléaires américaines et met fin à sa participation aux manœuvres navales de l’OTAN.

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• Cet éloignement d’une organisation qui subordonne trop ouvertement la France aux intérêts d’autrui voit son dénouement logique en mars 1966 : le président annonce que, tout en demeurant membre de l’Alliance, la France quitte le commandement unifié et cesse de mettre à la disposition de l’OTAN ses forces militaires.

• Très mal perçue à Washington et dans les grandes capitales européennes, cette décision est très bien accueillie en France.

• Fort de cette indépendance, de Gaulle fera preuve dans les dernières années de son règne d’un détachement très grand par rapport aux intérêts anglo-saxons.

• C’est dans cette optique qu’il convient d’interpréter sa harangue au balcon de l’Hôtel de Ville de Montréal en 1967 et plus important, son éloignement des thèses israéliennes lors de la guerre de Six-Jours.

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• Si la France reprend une certaine distance face aux États-Unis, ils demeurent le principal allié et les critiques de l’époque quant à un éventuel retournement d’alliance par rapport à l’URSS n’ont aucune base.

• De Gaulle entend entretenir de bonnes relations avec Moscou, mais ne perd pas son sens critique, comme en fait foi sa condamnation de l’invasion de la Tchécoslovaquie en 1968.

• Par rapport à l’URSS comme par rapport aux États-Unis, de Gaulle entend présenter son pays comme un partenaire égal, qui a droit à ses intérêts propres et à son opinion.

• Cette volonté d’indépendance et de maintien d’une voie française dans le monde concerne aussi la politique européenne et les projets d’intégration. Car si de Gaulle rêve à l’Europe « de l’Atlantique à l’Oural » il n’entend pas ici sacrifier la souveraineté française.

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• À l’idéal de Monet d’une Europe composée d’États qui en viendrait à fusionner dans un ensemble supranational s’appuyant sur la solidarité transatlantique, de Gaulle oppose une Europe des nations formant un bloc d’État demeurant souverain et proposant une troisième voie entre les deux blocs.

• S’il croit à l’intérêt d’une plus grande intégration économique, il rejette l’idée d’une association politique gérée par des « technocrates apatrides ».

• Le plan Fouchet de 1961 propose la mise en place d’un Conseil de l’Europe qui aurait des compétences limitées et dont les décisions devraient être prises à l’unanimité, mais ce projet n’aboutira pas.

• De Gaulle refuse l’élargissement de la CEE à de nouveaux membres, particulièrement au Royaume-Uni, considérant ce pays plus « atlantiste » qu’européen et craignant le rôle de cheval de Troie des Américains qu’il pourrait jouer.

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• Cette politique du refus aboutira en 1965 au retrait pour plus de six mois des représentants français au sein de la Commission, après le refus de celle-ci de se plier aux exigences de Paris dans le cadre de l’élaboration de la politique agricole.

• En ce qui concerne la politique du général envers l’ennemi d’hier, l’Allemagne, il convient de souligner les efforts qu’il a déployés pour mettre fin à l’animosité entre les deux grandes nations.

• Mais son amitié avec le chancelier Adenauer et ses efforts diplomatiques et culturels ne suffiront à rapprocher suffisamment Paris et Bonn pour en faire dès cette époque le pilier de la construction européenne.

• Cependant, il est indéniable que ses efforts ont préparé le terrain à la construction d’une entente sans laquelle l’Union européenne n’aurait pu exister.

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6.3 – Liquider l’empire

• Plébiscité pour régler la question algérienne, de Gaulle ne sait pas sur quel pied danser et ses déclarations contradictoires quant à l’avenir de l’Algérie témoignent plus d’une réelle indécision quant au chemin à prendre qu’à une volonté de créer de la confusion.

• Le « Plan de Constantine » de 1958 semble témoigner de son désir de maintenir l’Algérie française, tout en offrant des ouvertures politiques. Il en est de même des efforts militaires consentis pour pacifier le territoire et lutter contre le Front de libération national (FLN).

• Cela ne suffit pas et l’opinion publique de la métropole se montre de plus en plus exigeante quant à l’ouverture de négociations avec les forces indépendantistes, solution que préconisent aussi les alliés de la France.

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• En septembre 1959, il reconnaît le Gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA) en tant qu’interlocuteur légitime, de même que le droit des Algériens à l’autodétermination, provoquant la colère des pieds noirs et des partisans de l’Algérie française. L’Armée aussi se dresse contre cette volonté politique, par nationalisme ou par habitude.

• Tout l’art diplomatique de De Gaulle sera mis de l’avant pour parvenir à régler ce conflit, mais toujours en s’appuyant sur l’opinion publique.

• Ce n’est pas le cas des partisans du maintien dans le giron français : au lendemain du référendum de 1961, le 22 avril, des officiers de l’armée tentent un coup d’État en Algérie, mais le putsch échoue. Il oblige de Gaulle à accélérer le processus de sortie de crise.

• Après que de Gaulle eut accepté toutes les conditions imposées par la FLN, des négociations officieuses peuvent s’engager en février 1962.

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• Les négociations officielles qui s’ouvrent en mars à Évian aboutissent aux accords qui mettent fin à la guerre et à 130 années d’Algérie française et auxquelles les Français disent « oui » à 90 %.

• Les coûts de cette guerre (500 000 morts, un million d’exilés et 50 milliards de francs) servent d’électrochoc à ceux qui se cramponnaient aux restes du rêve impérial.

• La résolution de la question algérienne permettra à De Gaulle de liquider l’empire pour faire de la France un État crédible internationalement

• Il n’avait pas attendu la résolution du problème algérien pour aller de l’avant, d’autant que la IVe république s’était elle-même engagée sur ce chemin, avec la loi d’autonomie pour l’Afrique noire de 1956, qui permettait l’élection au suffrage universel de représentants autochtones.

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• Cette loi donne à la métropole des interlocuteurs légitimes avec qui il sera possible d’avancer en évitant les confrontations militaires.

• Malgré l’octroi de pouvoirs aux institutions locales, celles-ci en veulent davantage et à partir de 1960, les membres de la Communauté française d’Afrique réclament leur indépendance.

• Des accords sont signés entre eux et Paris, qui leur permet de rester associés à la France, tout en devenant pleinement indépendants et en intégrant l’ONU.

• À la Guinée, qui avait déjà choisi cette voie en 1958, s’ajoute en 1960 Dahomey (Bénin), la Côte d’Ivoire, le Soudan Français (Mali), la Haute Volta (Burkina Faso), la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, l’Oubagui-Chari (République centrafricaine) le Moyen-Congo (République du Congo), le Gabon, le Tchad, le Togo, le Cameroun et Madagascar.

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• De l’empire français il ne reste en 1962 que les Comores, Djibouti et Vanuatu, ainsi que les territoires aujourd’hui incorporés dans le système politique français sous l’appellation de DOM-TOM (Département d'outre-mer et Territoire d'outre-mer).

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6.4 – Sous Pompidou

• La politique de Pompidou ressemble à celle de De Gaulle, mais il y existe certaines différences, dans lesquelles les personnalités des deux hommes jouent un grand rôle. Les objectifs sont souvent semblables, mais la méthode change en 1969, Pompidou étant moins brusque que son prédécesseur.

• En ce qui concerne la place de la France dans le monde, Pompidou est gaulliste. La politique à l’égard de Moscou se poursuit, comme le démontrent les cinq rencontres au sommet entre le président et Léonid Brejnev.

• Mais ici aussi, même si les deux États partagent un intérêt commun en matière de sécurité, il n’est pas question d’un quelconque retournement d’alliance et Paris continue de garder ses distances.

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• Même chose en ce qui concerne les relations avec Washington. Il n’est pas question de remettre en cause la politique suivie depuis 1960 par rapport à l’OTAN et les relations bilatérales, demeurent froides.

• Sur le conflit au Proche-Orient, les positions de Washington et Paris continuent de s’éloigner, la France se montrant de plus en plus critique envers la politique de Tel-Aviv, particulièrement après la guerre du Kippour.

• Outre le désir de se distinguer de Washington sur cette question, Pompidou est préoccupé par la très grande dépendance de la France aux hydrocarbures et s’emploie à garder de bonnes relations avec l’OPEP.

• Les plus grandes différences entre les deux présidents concernent la politique européenne. Pompidou, sans être enthousiasmé par la construction européenne et l’élargissement de l’Union, admet plus facilement que la France doive faire des compromis.

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• C’est pourquoi il se rallie à l’élargissement du traité de Rome à quatre nouveaux membres (dont trois rejoindront effectivement l’union, la Norvège ayant voté contre).

• Outre sa maladie, les changements qui surviennent au début des années 1970 ont sans doute empêché Pompidou, sur ce terrain aussi, de donner sa pleine mesure. D’autant que son style plus discret, plus mesuré, ne peut donner le change, comme le faisait celui de Charles de Gaulle, quant à la place réelle qu’occupe la France dans le monde de l’après-guerre.