actusoins magazine n°15 décembre 2014
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Soigner au cœur de l’épidémie
À LA UNE
HEURES SUP, TRENTE-CINQ HEURES :
LE CASSE-TÊTE
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SPORTSUR ORDONNANCE
SOIGNER AUTREMENT
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DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015N°15
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EDITO
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Éditeur : ActuSoins SARL - 57 Rue de L’Ouest - 75014 Paris - R.C.S. PARIS 520180688Directeur de la publication : Kamel Boudjedra • Numéro de commission paritaire : 0613 W 90939 ISSN : 2256-6260Dépôt légal : à parution • Rédactrice en chef : Cyrienne Clerc
([email protected]) • Ont collaboré à ce numéro : Ont collaboré à ce numéro : Delphine Bauer, David Bréger, Laurent Demont, Olivia Dujardin, Caroline Guignot, Laurent Klein, Laure Martin, Laurence Piquard, Malika Surbled. • Photo de couverture : © Laurent Demont • Maquette : Pascal Fossier / Sylviane Lemy
• Illustrations : Nawak • Impression : Rotocayfo - Sta. Perpetua de Mogoda 08130 Barcelona • Routage : Routage Catalan• Contact rédaction : 09 72 40 47 17 - [email protected]• Contact annonces d’emploi / publicité : 09 54 53 45 45 [email protected] • Tirage : 102 000 exemplaires
PRATIQUES - La compression médicale des ulcères veineux
- Comprendre l’ECG, un défi osé ?
8
PORTRAIT - Vérène Praud :Combattre au quotidien la douleur 40
VIE LIBÉRALE - Quand les patients se déplacent au cabinet
- Expérimental, le dossier infi rmier informatisé et partagé
- Dialyse à domicile16
SOIGNANTS D’AILLEURS - Argentine : double emploi et heures sup
42
VOS DROITS 38
AGENDA 52
SOIGNER AUTREMENT - Sport sur ordonnance
46
INITIATIVE - Médiation animale pour adolescents incarcérés
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A LA UNE - Soigner au cœur de l’épidémie Ebola
4
SE FORMER - Devenir cadre de santé : Pour qui ? Pourquoi ?50
22
VIE PROFESSIONNELLE - Le 190, un centre de santé sexuelle menacé ? - Heures sup, trente-cinq heures : le casse-tête - Quand les infi rmiers découvrent le chômage - Soigner des V.I.P. : discrétion à tous les étages ! - Libérales de retour à l’hôpital - Ces maux qui touchent les soignants
A l’heure où nous bouclons ce numéro, l’ensemble des mouvements de grève, des libéraux, puis
des cliniques, sont maintenus. Si l’impact n’est donc pas encore connu, nous savons que l’AP-HP a déclenché le niveau 2 du plan « hôpital en tension » pour parer à l’affl ux prévisible de patients. Quand les libéraux font grève, les patients, l’hôpital et les paramédicaux trinquent !Une forme de prise d’otages…Côté formation, les IADE, ainsi que les sages-femmes et les orthophonistes ont obtenu leur cadeau de Noël : le grade master. En revanche, les IBODE, les kinésithérapeutes… se sentent toujours pris en otage entre les ministères de la Santé et de l'Éducation nationale : accorder ce grade revient, à terme, à accorder également des revalorisations salariales. Désormais, ils espèrent des avancées pour 2015.Un engrenage diffi cile à gérer pour le ministère de la Santé qui a également promis avant la fi n 2015 un référentiel d’études et un statut pour le nouveau métier d’infi rmières en pratiques avancées.Enfi n, 2015 sera aussi l’année d’une nouvelle loi pour la Santé et d’un texte législatif sur la fi n de vie.Revenons un instant sur 2014 : les soignants qui interviennent sur le terrain pour soigner les patients victime du virus Ebola ont été désignés « personnalité de l’année 2014 » par le magazine américain Time. Retrouvez dans ce numéro, notre reportage en Guinée.ActuSoins souhaite à tous les soignants une excel-lente année 2015 et vous promet de l'information, des enquêtes, des reportages ! n
CYRIENNE CLERC – RÉDACTRICE EN CHEF ACTUSOINS
ACTUSOINS • 3 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • à la une
Soigner au cœur de l’épidémieEbolaC’est dans la sous-préfecture de Macenta, au cœur de la Guinée forestière, que
l’épidémie Ebola a débuté en début d’année. C’est aussi ici que la Croix-Rouge française
a implanté un centre de traitement Ebola. Soignants, logisticiens ou encore hygiénistes
y travaillent jour et nuit pour prendre soins des malades. Leur quotidien est fait d’eau
chlorée, de combinaison de protection, d’annonces de décès mais aussi, parfois,
du sourire des personnes guéries.
La lutte contre l’épidémie de maladie à virus Ebola (MVE)
dans les pays d’Afrique de l’Ouest mobilise des cen-
taines de femmes et d’hommes. Expatrié ou guinéen,
le personnel soignant est en première ligne. Infi rmiers et
médecins accueillent les malades dans les structures de
santé traditionnelles ou dans les centres de traitement Ebola
(CTE) tandis que les ambulanciers les transportent depuis
leur domicile vers les CTE.
© Laurent Demont
Un soignant indique sa température à une personne en voie de guérison.
ACTUSOINS • 4 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • à la une
© Laurent Demont
Sur le papier, un CTE est assez simple. Il s’agit d’une struc-
ture de soins dans laquelle coexistent deux zones bien dis-
tinctes. La première, dite « zone à risque modéré », est
réservée aux personnels et aux familles. La seconde, la
« zone à haut risque », accueille les patients. Cette stricte
séparation garantit l’isolement du virus et donc évite la pro-
pagation de l’épidémie.
Eau, électricité : tout est complexeMais si le fonctionnement est simple sur le papier, la mise
en œuvre est beaucoup plus complexe. Plusieurs facteurs
expliquent cette difficulté. Tout d’abord le contexte dans le-
quel le CTE s’inscrit. Situé à quelques kilomètres du centre-
ville, le CTE ne bénéficie ni d’eau, ni d’électricité. Les
équipes d’eau et d’assainissement surveillent constamment
l’alimentation du centre. Un forage à 46 mètres permet
de disposer d’une eau qui sert à alimenter des réseaux
d’eau claire et d’eau chlorée. En effet l’enveloppe du virus
Ebola est particulièrement sensible au chlore, et les solu-
tions d’eau chlorée à 0,5 % et à 0,05 % le détruisent sur
les surfaces ou sur la peau. L’alimentation électrique, quant
à elle, provient de deux groupes électrogènes fonctionnant
jour et nuit.
Dans la zone à haut risque, le travail pour les personnels
se fait impérativement avec une tenue n’exposant aucune
partie de peau. La moindre parcelle de surface cutanée est
protégée. Anne-Flore, infirmière, explique que « la difficulté
n’est pas technique, je pose des intraveineuses, ce qui est
à la portée de n’importe quelle infirmière, cependant il faut
faire attention à soi et à son binôme dès l’habillage en
combinaison ».
L’enjeu : la protection des soignantsLes autres corps de métier s’astreignent également à ces
mesures de biosécurité. Cyril, responsable de la gestion de
l’eau et de l’électricité explique « dès que l’on intervient en
zone à haut risque, on doit travailler en full PPE (combinai-
son intégrale). Réparer les fuites d’eau, faire du béton ou
changer une ampoule nécessite une attention particulière ».
L’enjeu du CTE est de garantir la sécurité des soignants,
prodiguer les meilleurs soins possibles aux patients et éga-
lement d’être accepté par la population. Les rumeurs sur
Ebola vont bon train et sont nombreuses. L’équipe de sensi-
bilisation avec ses « HP » (Health Promotionner - Sensibilisa-
teur communautaire) assure le lien entre le CTE et l’extérieur.
Ils accueillent les familles et organisent des visites pour les
patients. En respectant une distance de sécurité d’au moins
deux mètres, il n’y a pas de risque de contamination. Ils
raccompagnent également les personnes guéries dans les
communautés. Grâce à ce travail les HP peuvent éviter la
stigmatisation des personnes guéries et prodiguer les mes-
sages de prévention pour stopper la progression du virus.
La tente médicale du CTE de Macenta.
ACTUSOINS • 5 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • à la une
Toujours avec mon binômeTout comme dans la lutte contre l’épidémie, qui mobilise
de nombreuses compétences, le CTE ne peut fonctionner
que si les équipes travaillent main dans la main. Outre la
garantie de l’efficacité opérationnelle, c’est aussi un gage
de biosécurité. Depuis l’entrée du site avec le lavage des
mains et des semelles de chaussure jusqu’à la procédure
de déshabillage ; chaque geste est effectué à deux. Cha-
cun veille sur l’autre, et ce principe permet à toutes et à
tous de travailler sereinement malgré la proximité du virus.
Médecins, infirmiers, cadres de santé ou pharmaciens
participent au fonctionnement du CTE. Le centre ne ferme
jamais ses portes ; 24 heures sur 24 des soignants veillent
sur les malades. L’équipe de jour prend son service à 7 h
du matin. Comme dans tous les établissements de santé,
la journée commence par les transmissions. Les patients
sont classés dans deux zones. Les « suspects » viennent
d’être admis ou sont en attente du résultat de la PCR Ebola
(Polymerase chain reaction) tandis que les « confirmés »
sont des patients dont la virémie est positive.
Des formations spécifiquesLes soignants ont toutes et tous suivis une formation spéci-
fique, complétée par une période en binôme. Aminata,
une infirmière guinéenne de 27 ans, confirme que « la
formation m’a permis de me rassurer et de compléter mes
connaissances spécifiques sur cette infection ». Elle a quitté
le service d’infectiologie de l’hôpital de Donka dans lequel
elle travaillait pour venir à Macenta. « C’est mon rôle, c’est
ma responsabilité de Guinéenne de venir travailler ici et de
participer à la lutte contre cette terrible épidémie. »
Aminata a laissé sa fille, âgée d’un an, à Donka. Régulière-
ment sa maman lui demande « d’être prudente, je sais que
c’est ton travail, mais fait attention ». Cette attention est la
préoccupation première de l’encadrement de la mission de
la Croix-Rouge française. Il faut préserver les soignants, sans
eux l’épidémie ne pourra pas être contrôlée ni enrayée.
Michel, d’habitude infirmier au SAMU de Roanne, souligne
également ce point : « Ce qui est nouveau, ce sont les pro-
cédures d’habillage et l’évolution dans le CTE. Il faut faire
d’abord attention à soi et à son binôme ; il faut penser aux
gestes que le patient pourrait faire et les anticiper pour se
protéger. Toutefois, comme dans tous les services, le contact
avec les patients est important. Malgré la combinaison il
faut trouver le moyen de faire passer des sentiments. C’est
compliqué de sourire seulement avec les yeux mais on peut
leur prendre la main, les rassurer et échanger quelques mots
pour les encourager à boire et à s’alimenter. »
Lorsqu’on évoque la peur chez les soignants, la réponse est
unanime. Ils n’ont pas peur, ils sont et restent concentrés,
prennent soin les uns des autres. Les équipes organisent
également des formations pour améliorer leur compé-
tence sur des pratiques plus ou moins techniques. À titre
d’exemple, une formation nursing a permis aux infirmiers
guinéens de compléter leur connaissance. En effet, tradi-
tionnellement en Guinée, c’est la famille qui s’occupe des
personnes malades à l’hôpital.
D’autres pathologiesLe CTE ne travaille pas en vase clos, en effet les patients sont
pris en charge pour Ebola mais peuvent présenter d’autres
pathologies. À l’image de ce patient guéri d’Ebola, qui, à
sa sortie du CTE, devait être adressé à l’hôpital local pour
soigner une infection pulmonaire. Les soignants du CTE se
mettent alors en relation avec l’hôpital de Macenta afin
d’assurer le transfert des patients.
Le CTE de Macenta est ouvert pour une période estimée
à neuf mois, le temps nécessaire pour juguler l’épidémie.
Toutefois les rotations de soignants, d’hygiénistes, de spé-
cialistes de l’eau et de l’assainissement vont se succéder
pour soigner les patients et travailler dans les communautés
aussi longtemps que nécessaire. n
LAURENT DEMONT
© Laurent Demont
L'habillage en binôme est primordial pour la sécurité.
© Laurent Demont
Aminata indique à un autre infirmier comment faire boire un enfant.
“C’est mon rôle, c’est ma responsabilité de guinéenne de venir travailler ici et de participer
à la lutte contre cette terrible épidémie.
”
ACTUSOINS • 6 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
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Actusoins • pratiques
La compression médicaledes ulcères veineuxLa prise en charge des plaies chroniques d’ulcères de jambe représente un coût
important de santé publique. Cette affection touche 1 à 3 % de la population générale
et sa prévalence augmente avec le vieillissement de la population.
Le coût moyen global de traitement d’une plaie d’ulcère
est estimé1 à 888 euros/patient dont 50 % pour les
pansements et les médicaments. Le coût de la prise en
charge augmente considérablement à 1 079 euros/pa-
tient en fonction de l’ancienneté de la lésion ou si la prise
en charge initiale est inadaptée. Le délai de guérison d’un
ulcère nouveau est de 85,9 % (75 jours) contre 67,1 %
(102 jours).
Envisager le traitement uniquement « dermatologique » de
la plaie serait une erreur d’analyse sémantique. Certes,
l’analyse clinique de la plaie2 et de la peau périlésion-
nelle3 est indispensable pour orienter la prise en charge
locale mais le traitement de l’ulcère de jambes est avant
tout étiologique.
Il repose sur des connaissances physiopathologiques de
cette maladie veineuse.
Toute prise en charge d’ulcère veineux doit être envisagée
suivant 3 axes :
• L’exploration vasculaire
• La compression médicale
• Les soins locaux adaptés aux plaies chroniques4
Adapter la compression médicaleLa compression médicale, pierre angulaire du traitement,
est la plus efficace dans le contrôle de l’hyperpression vei-
neuse et dans l’amélioration de la cicatrisation des ulcères.
Cependant, les ulcères veineux (qui représentaient 80 %
des ulcères globaux) intègrent de plus en plus, avec l’évo-
lution de la pyramide des âges, une composante artérielle.
On parle d’ulcères mixtes. La part artérielle doit être systé-
matiquement évaluée afin d’identifier le niveau de compres-
sion recommandé ainsi que les contre-indications absolues.
L’Index de Pression Systolique (rapport entre la pression
artérielle à la cheville et la pression artérielle brachiale)
va permettre de déterminer une artériopathie associée et
d’adapter la compression :
• IPS entre 0,9 et 1,3 : état hémodynamique normal.
• IPS entre 0,7 et 0,9 : ulcère mixte à prédominance vei-
neuse.
• IPS entre 0,4 et 0,75 : arthériopathie peu compensée
• IPS inférieure à 0,4 : arthériopathie sévère : Compression
interdite
• IPS supérieure à 1,3 : artères incompressibles (médi-
calcose) : diabète, insuffisance rénale.
La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande une com-
pression médicale uniquement si le calcul de l’IPS a été
réalisé au préalable et si le résultat est supérieur à 0,6.
Les contre-indications absolues sont :
• l’IPS inférieure à 0,6 (ou contention rigide uniquement si
encadrée par la médecine vasculaire) ;
• la phlébite constituée ;
• l’érésipèle.
Il est nécessaire de plafonner la compression à 30 mmHg
(classe 3) pour la micro-angiopathie diabétique.
Comment prescrire la compression ?La prescription doit tenir compte de la mobilité du patient,
de son activité professionnelle et de l’IPS.
La HAS recommande de choisir un niveau de pression mo-
déré (Classe 1 ou 2) pour la prévention et un haut niveau
de pression à la cheville (Classe 3 ou 4) pour la gestion
des ulcères ou des lymphœdèmes.
La compression doit être adaptée à l’activité du patient :
• une compression élastique à allongement long pour les
patients à faible mobilité ou grabataires (la pression est
exercée même au repos) ;
• une compression à allongement court (rigide ou multi-
couche) pour les patients pouvant marcher ou mobiliser
l’articulation de la cheville régulièrement au fauteuil (à la
pression de repos s’ajoute la pression de travail accrue lors
de l’activité).
Source : Le soins des plaies au cœur du savoir infirmier p 208/OIIQ 2007
(1) Prise en charge de l’ulcère de jambe à prédominance veineuse. Hors pansement. juin 2006. (2) Article débridement des plaies. www.actusoins.com (14-11-2013). (3) Article prise en charge de la peau périlésionnelle. www.actusoins.com (14-04-2014). (4) L’antiseptique est-il systématique dans le soin des plaies ? www.actusoins.com (21-01-2014).
ACTUSOINS • 8 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • pratiques
Quels types de compression ?1) Les basIl est nécessaire d’adapter la taille et la mesure en fonction
de la physionomie de la jambe. Il existe des tailles stan-
dardisées ou sur mesure. Ils doivent arriver 2 cm sous le
genou. Classe 1 à 4 selon l’indication de traitement :
• classe 1 ou 2 pour la prévention ;
• classe 3 ou 4 pour le maintien des lymphœdèmes ou le
traitement des plaies d’ulcères.
Le bas est choisi pour l’entretien après un traitement initial
par bande. Le traitement de l’insuffi sance veineuse est un
traitement à vie !
Astuces :• La superposition des bas additionne les classes : 2 bas
de classe 2 (plus facile à mettre) correspondent à une
classe 4.
• Les bas se lavent à la main, à 30 degrés sans assouplis-
sant et sans torsion pour l’essorage. Les fi bres élastiques
sont effi caces entre 3 et 6 mois (au-delà la compression est
obsolète voire dangereuse).
• Le taux de remboursement appliqué par l’assurance mala-
die est fi xé sur la base d’un tarif réglementé et ne prend pas
en compte les dépassements d’honoraires. Pour être rem-
boursés, les bas de contention doivent faire l’objet d’une
prescription médicale. Les bas et mi-bas de contention sont
remboursés à hauteur de 65 % du tarif réglementaire fi xé
par l’assurance maladie soit : 22,40 € pour une paire de
mi-bas unis (noir, chair ou marron foncé) et 29,78 € pour
une paire de bas unis.
2) Les bandes :• Élastiques à allongement long (destinées aux patients
grabataires ou à mobilité réduite). Elles exercent une pres-
sion au repos et lors de l’activité musculaire. Cet effet est
souvent nommé compression dans la littérature française.
Elles sont mises le plus tôt possible et retirées la nuit.
Ces bandes existent en deux largeurs (8, 10 cm) et en
différentes longueurs, (3, 3.5, 4 et 5 mètres).
La plus utilisée d’entre elles est la Bande Bi-Flex® du la-
boratoire Thuasne. Elle dispose d’un repère de tension (le
rectangle doit devenir carré pour exercer le niveau de com-
pression souhaité). Les liserets bleus indiquent le niveau de
pression de la bande : 2 traits pour une pression classe 3
et 4 et 1 ligne pour une pression classe 1 ou 2.
Le taux de remboursement appliqué par l’assurance mala-
die est fi xé sur la base d’un tarif réglementé et ne prend pas
en compte les dépassements d’honoraires. Pour être rem-
boursés, les bas de contention doivent faire l’objet d’une
prescription médicale. Le taux de remboursement dépend
de la longueur de la bande (15,79 € pour une longueur
de 3 m 50).
• Sets multicouches mixtes (destinés aux patients qui
conservent la marche ou la mobilité de la cheville volon-
taire au fauteuil).
Ce sont des sets à usage unique, disponibles sur prescrip-
tion médicale et remboursés à 100 %. Les bandes restent 3
à 5 jours en place, jour et nuit.
Il est préférable d’appliquer le système de compression le
matin au lever ou bien après avoir surélevé les jambes du
patient pendant une heure, afi n de minimiser l’œdème or-
thostatique.
Le niveau de pression de travail est élevé à plus de
40 mmHg à la cheville lors de la marche (classe 4).
En cas de diabète, d’insuffi sance cardiaque ou de mi-
crovasculopathie avancée, le système de compression ne
doit être utilisé qu’après avis médical, sous surveillance
stricte et après traitement adéquat.
Deux produits sont disponibles sur le marché : l’Urgo K2®
(environ 20 € le kit pour 3 à 5 jours de traitement) et le
Profore® (Smith et Nephew).
• Élastiques à allongement court.
Elles sont destinées aux personnes mobiles. Ìl faut 2
bandes/jambe (8 cm/10 cm). Elles sont laissées jour
et nuit. La tension de repos est faible et augmente à la
marche. Elles sont moins épaisses que les sets multicouches
et permettent donc un chaussage plus facile. Elles sont non
remboursées. Parmi les produits disponibles : Lastolan®,
Tensoplusr, Flexidal®
Quelles poses pour les bandes de contention ?La compliance du patient au traitement compressif est inti-
mement corrélée à la qualité de la pose. Si la pose est dé-
sagréable ou douloureuse, le traitement est voué à l’échec.
Dans les cas les plus extrêmes, la responsabilité profession-
nelle du praticien peut-être engagée.
© DR
© DR
ACTUSOINS • 10 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • pratiques
Les étapes à respecter lors de la pose de compression médicale1. Ne jamais poser des bandes de contention sur la peau
sans protection. La peau doit être protégée par une bande
velpeau ou par un dispositif adapté comme le Tubifast®
(Molnlycke). Cette protection servira de maintien égale-
ment au pansement mis sur la plaie d’ulcère.
2. Une bande de cellullose doit être utilisée pour combler le
tour de cheville et les malléoles afi n d’obtenir un diamètre
de cheville identique à celui du mollet.
La compression sera ainsi mieux tolérée par le patient. Les
pansements Zetuvit® (Hartmann) peuvent-être utilisés, selon
la physionomie de la jambe pour combler les espaces mort.
3. On commence à la base des orteils. On prend le talon.
Talon mis à 90 degrés. Pose en 8 autour de la cheville
uniquement !
4. On monte de façon circulaire jusqu’à 2 cm sous le genou.
Les bandes à allongement long ne se coupent pas. Les kits
multi-couches peuvent-être ajustés.
N.B : Ne pas hésiter à recommencer une pose douloureuse ou mal faite.
Gestion de la plaie sous la compression ?La prise en charge de la plaie d’ulcère doit également être
envisagée sous un autre angle. En effet selon le système
de compression choisit, il faudra déterminer le dispositif le
plus adapté.
Si la plaie nécessite des soins quotidien le dispositif
choisi sera non adhésif. Si la plaie nécessite des soins
hebdomadaires, un dispositif adhésif pourra être envisagé
selon l’état de la peau périlésionnelle. Les pansements
hydrocellulaires siliconés trouvent alors leur indication :
Askina Dressil® Border (BBraun), Allevyn® Gentle Border
(Smith & Nephew), Mepilex® Border (Molnlycke)…
La gestion de l’exsudat ou du lymphoedème sera
la problématique principale à gérer. Des dispositifs
absorbants ou superabsorbants supportent pleinement la
compression. En fonction de la quantité de l’exsudat, de
la fréquence de renouvellement de la compression, les
classes d’hydrocellulaires, d’hydrofi bres comme Aquacel®
Extra (Convatec), de superabsorbant comme Mextra®
(Molnlycke) ou Vliwasorb® (Lohmann & Rauscher) trouvent
leur indication dans la gestion des plaies d’ulcères
modérément à très exsudatives. n
LAURENT KLEIN, INFIRMIER LIBÉRAL, CRÉATEUR DE L’APPLICATION
IPANSEMENT ET DE LA PLATE-FORME QUELPANSEMENT.FR
BIBLIOGRAPHIE :• EWMA : La compression des ulcères veineux de
jambe.
http://buff.ly/1jPpbf9
• Luc Théot - La contention élastique
http://buff.ly/1o6H52U
• H.A.S - Recommandations de pratique clinique et
argumentaire 2006. Prise en charge de l’ulcère de
jambe à prédominance veineuse. Hors pansement.
http://buff.ly/1o6H3YK
• H.A.S - La compression médicale dans les affections
veineuses chroniques - Recommandations 2010.
http://buff.ly/1jPp3MC
© Lohmann & Rauscher
© Molnlycke
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ACTUSOINS • 12 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
FormationsPlaies et Cicatrisation
Programme, Dates et Inscriptions dans toute la France sur :www.quelpansement.fr
Trophée 2014 de la meilleure application mobile de santé destinée aux professionnels de santé.iPansement pour IOS et Androïd
Actusoins • pratiques
Comprendre l’ECG,un défi osé ? Petit voyage au cœur des lignes
électrocardiographiques ?
L’ECG est un acte infirmier relevant de l’article R.4311-7
alinéa 28 du Code de la Santé Publique et se réalise sur
prescription médicale.
Rappel anatomiqueLe cœur est une double pompe assurant l’éjection du sang
dans la circulation pulmonaire et systémique afin d’assurer
l’oxygénation des cellules de l’organisme.
Le myocarde est composé de deux types de cellules :
• les cellules du tissu nodal qui produisent spontanément et
conduisent une impulsion électrique ;
• les myocytes, sous le contrôle du tissu nodal, qui ré-
pondent à ces impulsions par la contraction des cavités
cardiaques.
Le tissu nodal est composé (figure A) :
• du nœud auriculaire (ou nœud de Keith & Flack ou
nœud sinusal) : il est situé dans la paroi supérieure de
l’oreillette droite. Il est le chef d’orchestre du rythme d’où
l’expression de « rythme sinusal » et déclenche une onde
de dépolarisation à des intervalles réguliers ;
• du nœud auriculo-ventriculaire (ou nœud d’Aschoff
Tawara) : il est situé au niveau de la cloison inter auriculaire,
à la base de l’oreillette droite, proche de la valve tricuspide ;
• du faisceau de His : il est situé au niveau du septum
inter-ventriculaire et se divise en deux branches droite et
gauche ;
• du réseau de Purkinje : c’est un ensemble de ramifications
qui parcourt les parois internes des ventricules du cœur.
L’ECGIl correspond à l’enregistrement de l’activité électrique de la
contraction du cœur via des électrodes cutanées position-
nées en différents points du corps.
Il permet de reconnaître immédiatement :
• des variations de la fréquence cardiaque (bradycardie,
tachycardie) ;
• des troubles du rythme (fibrillation ventriculaire…) et de la
conduction (bloc auriculo-ventriculaire…) ;
• des ischémies myocardiques (analyse de l’onde Q, du
segment ST, de l’onde T) ;
• des dysfonctionnements du pacemaker.
Les ondes de l’ECG (figure B)
L’onde P C’est l’onde de dépolarisation des oreillettes. Elle repré-
sente l’impulsion électrique qui naît dans le nœud sinusal
(ou auriculaire) et qui traverse les oreillettes entraînant leur
contraction. La contraction des oreillettes permet le pas-
sage du sang des oreillettes aux ventricules à travers les
valves tricuspide et mitrale. L’onde électrique poursuit son
chemin jusqu’au nœud auriculo-ventriculaire.
L’espace PR ou espace PQ L’intervalle PQ correspond au temps de conduction auri-
culo-ventriculaire (des oreillettes aux ventricules). Cette pe-
tite pause permet au sang de traverser les valves vers les
ventricules.
Le complexe QRS Cela correspond à la dépolarisation des ventricules et
donc à la contraction des ventricules. L’impulsion électrique
parcourt les deux ventricules à travers le faisceau de His
et ses branches et entraîne la contraction des ventricules.
Le segment ST Le segment ST correspond au début de la repolarisation
des ventricules.
L’onde T C’est l’onde de repolarisation des ventricules. Les myocytes
ventriculaires « se relâchent » et se rechargent afin de pou-
voir se dépolariser de nouveau.
Figure A
ACTUSOINS • 14 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • pratiques
Pourquoi il n’y a pas d’onde de repolarisation pour les
oreillettes ?
L’onde de repolarisation des oreillettes est présente mais
relativement faible en amplitude. Elle est masquée par le
complexe QRS généré par les ventricules.
Ce tableau résume les différentes ondes de l’ECG
ECG D’un point de vue électrique
D’un point de vue physiologique
Onde P Onde de dépolarisation des oreillettes
Contraction des oreillettes et éjection du sang dans les ventricules
Espace PQ Temps de conduction des oreillettes aux ventricules
Passage du sang des oreillettes aux ventricules
Complexe QRS
Onde de dépolarisation des ventricules
Contraction des ventricules et éjection du sang dans les artères pulmonaires et l’aorte
Onde T Repolarisation des ventricules
Phase de repos des ventricules
Et les dérivations ?La compréhension des dérivations est souvent l’étape où
la confusion fait son apparition et vous égare dans les
méandres des lignes électrocardiographiques.
Prenons un exemple simple pour vous aider à comprendre.
Lorsque vous souhaitez acquérir une voiture, vous allez
inspecter la carrosserie de cette voiture en la regardant
sous tous les angles : de face (pare-chocs avant), les côtés
latéraux droite et gauche (portières) et l’arrière (côté coffre).
D’une manière très simplifi ée, il en est de même pour les
dérivations. Si vous imaginez le cœur à la place de cette
voiture, vous allez enregistrer le signal électrique qui par-
court le cœur sous différents angles (les dérivations fron-
tales : AVR, AVL, AVF, DI, DII, DIII et les dérivations précor-
diales V1 à V6 voir V7, V8, V9 et/ou V3R, V4R.
L’ECG enregistre le même signal électrique du cœur dans
chaque dérivation. Les ondes ont une morphologie diffé-
rente selon les dérivations car le signal électrique est enre-
gistré selon un angle différent pour chacune d’elle.
Grâce aux différentes dérivations (standards et précor-
diales), il est possible de localiser d’éventuelles anomalies
en particulier lors d’infarctus du myocarde. n
LAURENCE PIQUARD, INFIRMIÈRE ANESTHÉSISTE-FORMATRICE
T
R
P
1 2 3
Q
S1 contraction des oreillettes2 contraction des ventricules3 repolarisation des ventricules
Figure B
Dans votre prochain numéro d’ActuSoins : l’interprétation de l’ECG et la compré-
hension, d’un point de vue physiologique, de ce qui se passe au niveau du cœur.
Extrait d’un ECG 12 (femme de 40 ans) normal.
V1 V2V3
V4
V5
V6
V1 V2 V3 V4 V5 V6
AVR
AVFDIII DII
DI
AVL Les six dérivations des membres sont disposées selon six angles différents.
VOCABULAIREAuriculaire : qui concerne l’oreillette
Dépolarisation : Toute onde de dépolarisation
engendre une contraction du myocarde
Rythme sinusal : correspond à un rythme
cardiaque normal
BIBLIOGRAPHIE• Lecture accélérée de l’ECG – Dale Dubin –
Editions Maloine
• ECG : Comprendre et apprendre à interpréter –
Pr Mohamed Alami
(sur le site http://www.proecg.com)
ACTUSOINS • 15 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vie libérale
Quand les patientsse déplacent au cabinetInstallé en milieu rural à Donnemarie-Dontilly (Seine-et-Marne), Jean-Pierre Doussot,
infirmier libéral depuis 28 ans, a souhaité modifier sa façon de travailler en incitant ses
patients à venir consulter à son cabinet afin d’éviter les déplacements.
Grandes distances qui séparent les différents points
de travail, éloignement des laboratoires de biolo-
gie médicale, réflexions à n’en plus finir des pa-
tients, à jeun, excédés dès que les infirmiers ont quelques
minutes de retard ou encore tout simplement la route et les
kilomètres à enchaîner : Jean-Pierre Doussot en a eu marre.
Il a donc décidé en octobre 2009, de repenser sa façon
de travailler. « J’ai acheté une grande maison, avec des
places de parking, que j’ai transformé en cabinet libéral
avec 40 m2 de salle d’attente et 40 m2 de salle de soins
où nous assurons avec mes collaboratrices des perma-
nences », explique-t-il.
Son pari ? Amener les patients autonomes et valides, ca-
pables de se déplacer, à venir au cabinet plutôt que d’at-
tendre le passage de l’infirmier chez eux. « J’ai expliqué
à mes patients, que le domicile, c’est de la complaisance
quand ils sont capables d’aller faire leurs courses », sou-
ligne l’infirmier.
Les trois collaborateurs travaillent donc tous les jours à
deux, et divisent la tournée en plusieurs étapes. Dans la
matinée, ils effectuent un premier passage avant 7h au do-
micile des patients. Ensuite, ils se retrouvent aux alentours
de 7h - 7 h 15 à la permanence « où nous attendent déjà
les premiers patients », se félicite Jean-Pierre Doussot. Le ca-
binet ouvre officiellement vers 7 h 30 jusqu’à environ 9h,
« mais nous fermons uniquement lorsque la salle d’attente
est vide », précise-t-il. Puis les deux infirmiers repartent en
tournée auprès des patients qui ne peuvent pas se déplacer.
Organisation rodéeLors de la permanence, l’un des infirmiers s’occupe de
l’administratif, pendant que l’autre dispense les soins.
« Cela n’a pas été facile de faire bouger les patients », se
souvient-il. Mais petit à petit, le projet a séduit, et ils ont
commencé à affluer. Désormais, une vingtaine d’entre eux
consulte à la permanence.
« Nous sommes en train d’envisager d’agrandir les plages
horaires, annonce Jean-Pierre Doussot. J’aimerais bien que
nous fassions des journées non-stop à la permanence ou
alors, au moins une matinée entière. Et puis, pourquoi pas
ouvrir une deuxième salle de soins, à l’étage… »
Financièrement, « certains me disent que je perds le dépla-
cement, mais quand on enlève les charges et quand on voit
la qualité de notre environnement de travail, je pense que
nous sommes gagnants », assure-t-il. « Nous avons tout le
matériel dont nous avons besoin au cabinet, avec de la lu-
mière, des chariots, sans aucun chien qui vient nous tourner
autour pendant le soin. Et puis nous avons des coursiers qui
viennent chercher les prélèvements pour les laboratoires. »
Jean-Pierre Doussot réfléchit à faire intervenir une quatrième
personne pour organiser le travail différemment et avoir moins
de contraintes par rapport aux horaires de la tournée. n
LAURE MARTIN
© DR
Aux côtés de Jean-Pierre Doussot Carole Sapierre et Nadine Versault, infirmières libérales.
ACTUSOINS • 16 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
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Actusoins • vie libérale
Expérimental,le dossier infi rmier informatisé et partagé
Dans les Landes, des infi rmiers expérimentent depuis quelques semaines le dossier
partagé de soins infi rmiers. Un outil qui pourrait bien s’avérer indispensable pour une
meilleure coordination des soins autour du patient.
Nous avons tous connu des cas de confi dentialité
non respectée ou de dossiers égarés », déplore
Patrick Experton, président de l’URPS Infi rmiers
Libéraux Aquitaine. De nombreux infi rmiers intervenant au
domicile des patients utilisent un dossier infi rmier papier.
Considéré comme nécessaire, il n’apporte cependant
pas de plus-value en termes de coordination des soins de
proximité.
«
Antonio Moreira, infi rmier libéral, et sa secrétaire intègrent des données dans le dossier partagé.
© DR
ACTUSOINS • 18 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vie libérale
En revanche, le même document, informatisé et partagé
entre professionnels, aurait un tout autre potentiel. Ce
constat, l’URPS infirmiers libéraux Aquitaine l’a dressé il y
a quelques mois. Avec l’aide du Conseil Régional et de
l’Agence régionale de santé, il a mis sur pied une expéri-
mentation, inaugurée au mois de mai dernier : évaluer la
pertinence d’un dossier partagé sécurisé qui remplacerait
le traditionnel dossier papier, centraliserait l’information et
permettrait de tracer les actes infirmiers. « Cela permettra
d’éviter la perte d’information et de communiquer plus faci-
lement auprès des autres professionnels », complète Patrick
Experton.
Un vrai besoin de terrainDans les Landes, l’engouement des infirmiers a été immé-
diat, comme l’explique Yannick Giraudel, infirmier libéral
à Saint-Justin : « ici, on est loin de tout et de tout le monde.
Les outils dématérialisés sont donc très importants pour que
nous puissions échanger autour des patients. Nous le fai-
sons aujourd’hui à travers les systèmes de partage exis-
tants, mais nous devons pour cela anonymiser les données.
L’outil va permettre la même chose de façon ergonomique
et sécurisée ».
Dès le lancement de l’initiative, la cinquantaine d’infirmiers
expérimentateurs attendue par les opérateurs a été recru-
tée beaucoup plus rapidement qu’espéré. « Preuve que les
besoins existent », assure Patrick Experton. Chacun de ces
professionnels a reçu une tablette et a été formé à l’utilisa-
tion – « très simple » – de l’outil, également accessible sur
smartphone.
Depuis, ces infirmiers peuvent ouvrir un dossier pour cha-
cun de leurs patients, contre une rémunération unitaire de
cinquante euros. Ils peuvent y consigner des données mé-
dicales, des images, des commentaires… et les ouvrir aux
médicaux, paramédicaux, services hospitaliers prenant en
charge le patient, après en avoir fait la demande auprès
de l’opérateur de télésanté.
« Nous pouvons ouvrir la partie non confidentielle aux
partenaires médico-sociaux et sociaux », ajoute Yannick
Giraudel. In fine, l’idée est bien de transmettre facilement et
en temps réel toutes les données indispensables au suivi du
patient, auprès de l’ensemble des professionnels impliqués
dans sa prise en charge.
Une image fiable du rôle de coordination infirmière« Dans mon cabinet, nous sommes cinq sur sept infirmiers
à nous être dotés de l’outil. Il facilite vraiment les échanges
entre nous ».
Auprès des autres professionnels correspondants, Yannick
Giraudel reconnaît « un effet de génération. Les profession-
nels qui sont le plus technophiles se montrent les plus inté-
ressés. Mais on voit aussi que ce sont ceux avec lesquels
nous travaillons le plus étroitement qui perçoivent l’intérêt
de cet outil ». L’utilisation et l’accès du dossier partagé à
tous les professionnels du territoire pourrait donc se généra-
liser progressivement, par effet « tache d’huile » autour de
chacun des infirmiers utilisateurs locaux.
La fin du dispositif est fixée au printemps 2016 : l’URPS
délivrera alors les conclusions de cette expérimentation.
« Nous évaluerons le profil des patients pour lesquels les
dossiers sont créés, avec quels professionnels ils sont par-
tagés, quels types de données sont stockées, … décrit le
président de l’URPS. Nous aurons au final une image pré-
cise des besoins et de la pertinence de l’outil avant de
le généraliser » résume-t-il tout en ajoutant : « cette analyse
devrait aussi nous donner une bonne image du rôle de
coordination des soins que les infirmiers revendiquent ». n
CAROLINE GUIGNOT
DP... DMP : OÙ EN EST-ON ?Plus de 24 millions de DP sont ouverts aujourd’hui en France. Par DP, comprenez Dossier Pharmaceutique, un outil de recueil des traitements déployé depuis 2009 par les officinaux.
La réussite de l’outil est tel qu’il est maintenant évalué à titre expérimental dans cer-tains établissements de santé pour favoriser le partage décloisonné d’informations entre ville et hôpital.
Comme le DP, le dossier partagé de soins infirmiers expérimenté dans les Landes tend à prouver la pertinence des outils de télésanté adapté aux pratiques. Et que leur développement par les professionnels est gage de réussite et d’efficience.
Voilà qui contraste violemment avec le Dossier Médical Partagé (DMP), véritable serpent de mer en développement… depuis dix ans. Après de nouvelles impul-sions apportées au projet en 2011 puis en 2013, seuls 400 000 dossiers sont aujourd’hui créés en France. Dans la prochaine loi de santé, qui sera discutée par les parlementaires début 2015, les contours et les modalités de son déploiement de-vraient encore être redéfinis : administré par l’Assurance Maladie et recentré autour des patients chroniques.
Dans le délai, les professionnels n’ont heureusement pas attendu les pouvoirs publics et s’organisent… n
“Ici, on est loin de tout et de tout le monde. Les outils dématérialisés sont donc très
importants pour que nous puissions échanger autour des patients. Nous le faisons aujourd’hui
à travers les systèmes de partage existants, mais nous devons pour cela anonymiser les données. L’outil va permettre la même chose
de façon ergonomique et sécurisée.
”
ACTUSOINS • 19 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vie libérale
Dialyse à domicile :une solution qui se développe
Les patients atteints d’insuffisance rénale peuvent avoir recours à la dialyse péritonéale
à domicile. Une prise en charge qui requiert certaines conditions et une formation
spécifiques des infirmiers libéraux.
Lorsque l’un de ses patients a été contraint de suivre une
dialyse péritonéale, le cabinet de Jean Le Cheviller, in-
firmier libéral dans le 18e arrondissement de Paris, a
décidé de se former à cette pratique afin de poursuivre sa
prise en charge. « Nous avons été formés à l’hôpital Bichat
au service de néphrologie pour mettre nos connaissances
à jour », souligne l’infirmier. L’hôpital lui a alors proposé
d’autres patients. « Cela fait maintenant 15 ans que nous
prenons en charge des patients pour des dialyses périto-
néales », indique-t-il.
De son côté, Sébastien L’Homme, infirmier libéral à
Montreuil, a découvert la dialyse lorsqu’il était infirmier à
l’hôpital Beaujon. Après s’être installé en libéral avec quatre
de ses collègues, ils se sont formés avec l’Association pour
l'utilisation du rein artificiel en région Parisienne (AURA).
« Un coordonnateur vient contrôler notre cabinet afin de
s’assurer que nous effectuons les bons gestes, précise-t-il. Il
s’agit d’un garde-fou pour le respect des normes. » Contrai-
rement à l’hémodialyse très contraignante pour les patients
qui doivent se rendre trois fois par semaine à l’hôpital, la
dialyse péritonéale permet aux patients de rester à domi-
cile. Cependant, « des enquêteurs se déplacent pour être
sûr que le domicile est apte pour la dialyse péritonéale,
rapporte Sébastien L’Homme. Il y a une hygiène à tenir qui
est rigoureuse et compliquée. Il faut une pièce dédiée et
une zone de stockage du matériel. »
Formation« On apprend à manipuler les poches, explique Jean Le
Cheviller. Les méthodes évoluent et sont différentes en fonc-
tion des laboratoires. La base d’hygiène est identique mais
la connectique varie. Nous sommes donc formés à tous les
dispositifs vendus par les laboratoires, ainsi qu’au fonction-
nement de la machine de dialyse la nuit. » La plupart du
temps, l’hôpital forme également la famille ou le patient, à
la dialyse péritonéale. « Il doit être apte à se brancher et à
se débrancher en cas d’urgence lorsque nous ne sommes
pas là », fait savoir Sébastien L’Homme. « Nous avons une
action de formation à l’égard du patient en fonction de
son état de santé, poursuit Jean Le Cheviller. On lui répète
ce qui lui a déjà été enseigné à l’hôpital mais qui est im-
portant, à savoir l’hygiène des mains, la propreté de la
pièce, l’importance qu’il n’y ait pas de courant d’air quand
on fait la connectique. » Les infirmiers adressent également
aux patients des conseils d’hygiène alimentaire afin qu’ils
évitent de manger trop salé et ils les encouragent à avoir
une activité physique.
Se faire remplacer« La technicité de cette pratique n’est pas très compliquée
mais elle demande une certaine rigueur », soutient-il. Pour
l’infirmier, l’avantage de cette prise en charge est de per-
mettre des échanges avec l’hôpital, de travailler en bonne
collaboration avec un service et d’être au courant de l’évo-
lution des technologies. La seule contrainte pour le cabinet
est de trouver des remplaçants qui soient formés à cette
prise en charge. « Un infirmier non formé ne peut pas me
remplacer. Nous avons d’ailleurs parfois des soucis. Il y a
des professionnels de santé qui refusent d’aller dans cette
direction car ils savent qu’ils seront coincés », souligne
Sébastien L’Homme. n
LAURE MARTIN
© iStock/ErikaMitchell
ACTUSOINS • 20 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vie professionnelle
Le 190,Centre de santé sexuelle historique, implanté dans le XXe arrondissement de Paris depuis
2010, le 190 est aujourd’hui menacé d’expulsion.
Sans autre solution de logement pour le moment…
Comment allez-vous aujourd’hui ? » - « Oh, ça va,
juste un peu fatigué »… Après avoir accueilli ce
patient, l’un des deux médecins du Centre 190
fait entrer le jeune homme dans son cabinet en toute dis-
crétion. Depuis son ouverture en février 2010, ce sont des
milliers de patients qui sont venus bénéficier de l’exper-
tise des personnels soignants en santé sexuelle, mais aussi
d’une discrétion assurée. Aujourd’hui, 30 à 40 personnes
franchissent les portes du 190 tous les jours.
Si le lieu a fait ses preuves, les débuts ont été plus difficiles
car il était novateur. Mais le 190 a été fondé avec une
certitude, comme le rappelle Marc Frémondière, cadre de
santé et l’un des membres fondateur du 190 : « Quand
je travaillais à l’hôpital entre 2003 et 2008, je côtoyais
Michel Ohayon, coordinateur de Sida Info Service. Au fur
et à mesure de nos discussions, nous avons réalisé que le
sida n’avait plus sa place à l’hôpital. Les patients allaient
de « mieux en mieux », et ne venaient parfois que pour
un suivi annuel. Il fallait le dire : le sida n’était plus une
maladie d’exception. Mais il restait difficile d’aborder la
question de la séropositivité et celle de la sexualité. Parler
de plaisir ? Impossible. »
Le concept du 190 était né. Financé par Sida Info Service,
ce centre connaît aujourd’hui des chiffres de fréquentations
exponentielles, avec 30 % de patients en plus chaque an-
née. « Nous avons principalement un public HSH (hommes
ayant du sexe avec d’autres hommes, ndla), mais aussi
quelques femmes et des migrants. En somme nos portes
sont ouvertes à toute personne porteuse du VIH, ou d’une
IST, qui cherche à se faire dépister ou qui a besoin d’in-
formations », précise Marc Frémondière. Certains viennent
pour un suivi, d’autres, majoritaires, pour un check up.
Un lieu de dialogue et d’interactionsEn favorisant une meilleure détection, la prise en charge
permet d’éviter de nouvelles éventuelles contaminations.
« Nous préférons aborder toutes les facettes de la sexualité
des patients. Parfois débridée, elle peut être à risque si elle
est mal accompagnée », analyse Marc Frémandière.
« Ici, nous proposons un cadre confidentiel. Le secrétariat
est fermé pour instaurer une confiance éthique immédiate-
ment », ajoute-t-il, en faisant la visite du lieu : deux salles de
consultation et une salle de soins où les infirmiers peuvent
prendre en charge les patients. La petite équipe, compo-
sée de deux médecins, un psycho-sexologue, un psychiatre
(une fois par semaine), deux infirmiers et un secrétaire, per-
met la prise en charge complète d’un patient, et d’éviter la
déperdition d’informations. Plus étonnant : la présence d’un
dermatologue.
« C’est essentiel pour combler les joues émaciées, la ly-
podystrophie provoquée par les traitements sévères, pour
les patients le souhaitant », explique Marc Frémondière.
« Nous essayons aussi de répondre aux questions les plus
fréquentes : vais-je guérir un jour ? Si je prends un traite-
ment depuis mes 25 ans, comment vais-je vieillir ? Et nous
essayons de soutenir ceux qui s’effondrent en apprenant
qu’ils sont séropositifs. »
«
un centre de santé
sexuelle menacé ?
© Natacha Soury
Le pansement Nounours est l'une des signatures du Centre de Santé.
ACTUSOINS • 22 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vie professionnelle
Génération sidaDans les boxes de consultation, « les tables sont rondes »,
souligne le cadre de santé. Pour favoriser l’échange et
« casser » la hiérarchie médecin-patient. Car pour Marc
Fremondière, le sida a révolutionné les relations dans le
domaine médical. « Aujourd’hui, on parle beaucoup des
droits des patients. Avant le sida, cela n’existait pas. Les
médecins ont, pour la première fois, montré une impuis-
sance. Ils ont été descendus de leur piédestal et ont été
perçus à égalité avec les patients. L’épidémie du sida a fait
bouger les lignes, le patient s’est dit : moi aussi, j’ai droit
de cité. Quels sont mes droits ? Quel est mon choix dans
un traitement ? »
Une méthode qui continue à être appliquée au 190 : l’édu-
cation thérapeutique est au coeur du dispositif. Le dialogue
aussi : « nous prenons plus de temps qu’à l’hôpital où un
patient est reçu toutes les dix minutes. Ici, le temps est notre
allié. » Au 190, les patients peuvent parler d’éducation thé-
rapeutique, de leur vécu, de leur traitement, de leur mala-
die. Lutter aussi contre les discriminations qui existent dans
le milieu médical parfois. Marc Frémondière parle même
de « sérophobie », chez certains praticiens.
Dépistage et check up« Nous abordons aussi des thématiques comme les ad-
dictions, favorisant des conduites à risques, comme le
« slam », qui débarque depuis quelques années, qui est la
prise d’amphétamines lors de rapports sexuels », explique
Alexandre, infirmier, 28 ans. Le jeune homme, arrivé il y a
trois ans, travaille à mi-temps au 190. Il y réalise des soins
basiques : injections, prélèvements, prises de sang.
C’est un endroit unique où les patients bénéficient d’un
check up complet et total : VIH, hépatites, syphilis etc. Rien
n’y est négligé. Alexandre insiste aussi sur le « soin relation-
nel. » « On s’adapte aux problématiques et on ne traite pas
de façon standard, on voit où les patients en sont, on fait
un état des lieux. »
Alexandre, comme tous les autres soignants, doit aussi se
renseigner sur les avancées thérapeutiques, qui permettent
d’augmenter la qualité de vie des malades. « Par exemple,
avec la sortie récente de quelques nouveaux médicaments
– un comprimé par jour associant plusieurs molécules – qui
allègent les prises. »
Les horaires d’ouverture qui ont été largement augmentés :
8h-20h, soit une large amplitude pour permettre aux actifs
de venir consulter. « Il existe une vraie demande, les gens
ne connaissaient pas au début. Mais nous avons bénéficié
d’une médiatisation d’infortune dernièrement », lâche-t-il.
En effet, le 190 connaît actuellement des soucis de loge-
ment qui met les activités du centre en péril. Le délai accor-
dé par l’actuel propriétaire du lieu est d’environ six mois.
Ensuite ? « Nous cherchons activement un nouvel empla-
cement, mais ce n’est pas évident de trouver », reconnaît
Marc Frémondière. Il a bon espoir, car il le rappelle, cet
« endroit est unique en France. » n
DELPHINE BAUER/YOUPRESS
“L’épidémie du sida a fait bouger les lignes, le patient s’est dit : moi aussi, j’ai droit de cité. Quels sont mes droits ?
Quel est mon choix dans un traitement ?
”
© Natacha Soury
© Natacha Soury
Alexandre vaccine aussi contre la grippe.
ACTUSOINS • 23 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vie professionnelle
HEURES SUP, TRENTE-CINQ HEURES :
LE CASSE-TÊTECompteurs d’heures qui explosent, rappels des soignants sur leurs jours de repos et
même sur leurs congés annuels, absentéisme récurrent lié à l’épuisement : les infi rmiers
font des heures supplémentaires, qu’ils le veuillent ou non. Faut-il changer la politique
des établissements ou tout revoir à la source ? Les avis sont partagés.
On a un problème majeur dans les hôpitaux actuel-
lement : c’est l’absentéisme. On n’a pas les volets
de remplacements suffi sants, donc on sollicite les
agents qui sont en repos, voire même en congés annuels,
ce qui est totalement illégal. Les gens sont rappelés pour
faire face et pour assurer la continuité des soins. Ce sont
des heures qui viennent en plus de ce qu’ils avaient au
planning, donc des temps supplémentaires qui bien sou-
vent vont au-delà des bornes légales ».
Ce constat amer de Nathalie Depoire, présidente de la
CNI (Coordination Nationale Infi rmière), est partagé par
de nombreux soignants.
«
© iStock/J-Elgaard
ACTUSOINS • 24 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vie professionnelle
« Je suis à 80 % pour m’occuper de mes deux enfants. Mais
certains mois, on me demande de venir travailler à plein-
temps, même plus, en incluant les quatre dimanches », té-
moigne Sylvie, infirmière à Montpellier. Faire travailler les
agents à plus de 100 % sans aucune compensation finan-
cière : un droit que les établissements s’accordent depuis la
parution d’un décret instaurant l’annualisation du temps de
travail dans les établissements hospitaliers.
Le concept est simple : l’agent doit effectuer un certain
nombre d’heures sur une année (1 607 maximum pour un
temps plein), libre à l’employeur de les répartir comme il
le souhaite (sous certaines conditions, voir encadré). Donc
une infirmière qui travaille à 120 % un mois devrait pouvoir
travailler à 80 % un autre mois. « La plupart du temps, ce
n’est pas le cas », explique Nathalie Depoire. « On fait
stocker des heures sur un compte épargne temps et les soi-
gnants n’en voient jamais le fruit, ni financièrement, ni en
termes de récupération. Il faut rappeler que dans les textes,
les heures supplémentaires peuvent être soit payées, soit
récupérées », rappelle Nathalie Depoire.
Un crédit sur le dos du personnelEn temps de crise et par contrainte budgétaire, si la priorité
est à l’économie, les soignants semblent lésés. « Les direc-
tions n’ont aucun respect pour notre travail, ni pour notre
rythme. On nous rappelle le matin de bonne heure chez
nous pour travailler la nuit suivante alors que l’on vient de
finir une nuit et que l’on dort depuis deux heures. Mes collè-
gues de jour, elles, sont parfois appelées à 23 heures pour
le lendemain matin », témoigne Philippe, infirmier dans un
service de chirurgie digestive. « Tout le monde s’attache à
faire des économies, par contre cela ne gêne personne
d’avoir un réel crédit sur le dos du personnel qu’on ne
s’attache pas à rembourser, ni de mettre en jeu leur santé
physique et morale », enchérit Nathalie Depoire.
Le casse-tête des heures sup…Pour ceux qui parviennent malgré tout à se faire payer des
heures supplémentaires, c’est le problème du coût qu’elles
impliquent qui revient souvent dans les discussions. Et la
question qui se pose est d’ordre purement politique : Fal-
lait-il re-fiscaliser les heures supplémentaires ? La défisca-
lisation des heures supplémentaires, qui était une mesure
phare du dernier quinquennat présidentiel, a été supprimée
en mai 2012. Cela s’est traduit par une hausse des impôts
pour les salaires modestes. « Je répondais favorablement
à la demande de ma clinique qui me demandait de faire
des heures supplémentaires par besoin et par manque
de personnel, car je savais que j’allais gagner en pou-
voir d’achat », explique François, infirmier dans le privé.
« Maintenant, je ne sais plus si ça vaut la peine de travail-
ler plus ».
Des propos nuancés par certains syndicats qui rappellent
que les heures supplémentaires – lorsqu’elles sont payées –
restent majorées. À l’heure où le chômage infirmier
commence à être un phénomène de société, ne faudrait-il
pas plutôt embaucher de nouvelles recrues plutôt que de
proposer des heures supplémentaires aux actifs déjà en
place, s’interrogent certains ?
… et celui des trente-cinq heuresLes 35 heures, régulièrement remises en question dans les
établissements hospitaliers, font également débat. « La re-
mise en question des 35 heures passe par une gestion plus
souple de celles-ci », estime Fatima Thor, directrice des soins.
Ainsi, un agent signant pour plus de 35 heures, aurait au
moins l’opportunité de voir ses quelques heures en plus
payées systématiquement en fin de mois. Alors qu’un agent
qui effectue 39 heures alors qu’il n’a signé que pour 35,
risque de ne jamais voir ses quatre heures supplémentaires,
stockées sur un compte épargne-temps sur ses fiches de
paie… Encore faudrait-il pouvoir avoir le choix, rétorquent
les professionnels. Le sujet est complexe et alimente les
polémiques. n
MALIKA SURBLED
FONCTION PUBLIQUE HOSPITALIÈRE : CE QUE DIT LA LOISelon le décret du 4 janvier 2002 relatif au temps de travail, la durée de travail
est fixée à 35 heures par semaine. Cette durée est réduite à 32,30 heures pour les
agents travaillant exclusivement de nuit. Le décompte du temps de travail est réalisé
sur la base d’une durée annuelle de 1 607 heures maximum (1 582 heures pour les
agents en repos variable et 1 476 heures pour les agents travaillant exclusivement la
nuit). Le temps de travail est donc annualisé : un agent peut être amené à travailler
plus ou moins d’une semaine à l’autre, d’un mois à l’autre, d’un semestre à l’autre.
C’est la durée de travail sur l’année qui sera prise en compte, selon un cycle de
travail établi par l’établissement. Néanmoins, les employeurs, malgré l’annualisation
du temps de travail, doivent respecter quelques règles.
En voici quelques-unes :
- La durée hebdomadaire de travail ne doit pas dépasser 48 heures.
- Le nombre de jours de repos est fixé à 4 jours pour 2 semaines de travail. Deux de
ces jours doivent être consécutifs, incluant un dimanche.
- Le quota maximum mensuel d’heures supplémentaires est de 180 heures par an
pour les infirmiers et de 220 heures par an pour les infirmiers spécialisés.
- Lorsque la durée du cycle de travail est inférieure ou égale à un mois, le pla-
fond mensuel d’heures supplémentaires est fixé à 15 heures pour les infirmiers et
18 heures pour les infirmiers spécialisés.
- Les heures supplémentaires peuvent être soit récupérées, soit rémunérées (avec
majoration). n
“On fait stocker des heures sur un compte épargne temps et les soignants n’en voient jamais le fruit,
ni financièrement, ni en termes de récupération.
”
ACTUSOINS • 25 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vie professionnelle
© pôle emploi
On venait nous chercher à la sortie de l’IFSI » se
souvient Gabrielle, diplômée de l’an 2000. « Et
quand on faisait des missions d’intérim pour bien
prendre le temps de choisir et organiser notre emploi du temps
comme bon nous semblait, les cadres venaient presque nous
supplier de prendre un poste dans leur service ».
Il est loin le temps du plein-emploi. Il est loin le temps de
l’embarras du choix. Non, l’infirmier n’est plus maître de ses
choix en matière d’emploi. C’est ce que révèle l’enquête
2014 menée par la FNESI (Fédération nationale des étu-
diants en soins infirmiers) sur les difficultés d’insertion pro-
fessionnelle et la précarisation de l’emploi des infirmiers.
C’est aussi ce que confirme l’enquête annuelle de Pôle
emploi concernant les besoins en main-d’œuvre. Depuis
2013, et pour la première fois, le métier d’infirmier ne fi-
gure pas parmi les quinze professions les plus recherchées
en France. En 2014, elle enregistre même la plus forte
variation à la baisse en nombre de projets de recrutements
(après celle d’ouvrier qualifié en magasinage et manuten-
tion). Moins 4 350 offres à pôle emploi en un an, c’est
un record.
Deux fois plus de chômage en quatre ansEn ce qui concerne le chômage, là aussi, les résultats sont
explicites. En 2009, 5 400 infirmiers étaient inscrits en qualité
de demandeurs d’emploi. En 2012, 8 100. En 2014, même
si aucun chiffre n’a encore été communiqué officiellement, il
semblerait que les demandes soient encore en hausse.
Selon la FNESI et d’après un rapport de la Fédération de
l’Hospitalisation Privée (FHP), 10 % des nouveaux diplômés
n’ont pas d’emploi un an après leur sortie de formation
(contre 3 % en 2011). « Notre propre enquête démontre
même que 14 % des diplômés depuis 2009 se déclarent
sans emploi et 44 % sont en contrats à durée déterminée.
Ces chiffres sont supérieurs aux difficul-
tés d’insertion professionnelle constatées
dans les autres filières », explique la fédé-
ration étudiante.
Inadéquation entre offre et demandeEt il semblerait que le phénomène prenne de l’ampleur
avec le temps. Car selon certains syndicats, les hôpitaux
suppriment des postes tous les ans, par souci d’économies.
En cause aussi, des offres d’emploi qui ne correspondraient
pas à la demande des nouveaux diplômés. « Les étudiants
établissent au cours de leur formation un projet profession-
nel, avec notamment la possibilité d’orienter leur parcours
de stage en fonction. Or, 41 % des jeunes diplômés disent
ne pas avoir un poste qui correspondait à leur souhait. Pire,
face à la difficulté à trouver un emploi, 44 % seraient prêts
à prendre un poste dans un secteur autre que la santé »,
explique la FNESI.
À ces problèmes, s’ajoutent le nombre et la répartition
des étudiants sortants. « La question de l’adéquation entre
maillage territorial et bassins de l’emploi se pose. Depuis
quelques années, les quotas d’entrées en IFSI ont augmenté
de manière sensible. Nombreux sont les étudiants infirmiers
à être admis sans aucune prise en compte de la mobilité
géographique des étudiants, ni de l’arrivée massive d’étu-
diants formés à l’étranger », explique Fatima Thor, direc-
trice des soins.
Solutions selon la FNESI : la gestion démographique des
flux d’étudiants et la possibilité de poursuite d’études en lien
avec la formation initiale et les besoins de santé publique
dès la sortie de l’IFSI. n
MALIKA SURBLED
«
Quand les infirmiers découvrent
L’idée du plein-emploi et de la pénurie infirmière est ancrée dans les esprits depuis des
décennies. Pourtant, la FNESI a publié l’été dernier les résultats d’une enquête concluant
à la précarisation des professionnels infirmiers. Les chiffres de pôle emploi confirment
le déclin de l’offre.
le chômage
ACTUSOINS • 26 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vie professionnelle
Soigner des V.I.P. :discrétion à tous les étages !
Le secret médical fait partie intégrante de leur métier. Mais parfois, ce sont d’autres
secrets que les infi rmiers gèrent… quand leurs patients ne sont autres que de grandes
stars de la chanson, du cinéma, des hommes politiques ou de richissimes émiratis.
Mais le soin prime !
Lorsque j’ai raccompagné cette célèbre journaliste de
télévision après son accouchement par césarienne dans
sa chambre, son mari, un humoriste très connu a eu
juste l’attitude d’un père de famille lambda qui avait besoin
d’être rassuré, » raconte Rémi* un infi rmier ayant exercé un
temps dans un grand hôpital privé parisien.
Pendant ces années, Rémi en a vu des personnalités :
chanteurs, mannequins, acteurs, mais aussi des Emiratis
qui viennent « chercher en France le meilleur système de
santé et les meilleurs médecins. » Ce qui énerve passa-
blement Véronique, infi rmière, elle, dans le service public.
« Privatiser des chambres et offrir deux poids deux mesures
«
© Natacha Soury
ACTUSOINS • 28 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vie professionnelle
aux patients, c’est grave, c’est le début du désengagement
de l’État. La rentabilité prime. L’égalité de soins est finie »,
tranche-t-elle. En attendant, les hôpitaux privés ne se posent
pas de question et font payer le prix fort à ces personnalités
chouchoutées.
L’obligation de discrétionDans son hôpital parisien, réputé pour sa grande discré-
tion, Rémi confirme que les personnalités médiatiques at-
tendent un service haute qualité. Il n’est pas rare que les
personnalités débarquent sous des noms d’emprunt. « Ils
arrivent sous le nom de Dupont ou Durand pour plus de dis-
crétion, car les données archivées peuvent être en libre-ser-
vice dans l’établissement. Parfois on sait qu’ils sont dans le
service mais pas pour quelle raison », explique-t-il.
« Certains, comme les hommes politiques, ne font pas d’ad-
mission directe, montent directement dans leur chambre où
l’on récupère les documents d’identité et on fait les dos-
siers d’admission a posteriori », révèle Denis*, directeur de
soins d’un autre établissement.
En termes de discrétion, les établissements ne sont pas
tous aussi habitués à prendre en charge des personnalités.
« Quand on avait des stars, on avait des consignes : ne
pas renseigner les personnes par téléphone, ne pas faire
rentrer qui que ce soit dans la chambre », raconte Véro-
nique.
Dans un autre centre, à Toulouse, Rémi, qui a expérimenté
à la fois hôpital « grand standing » et un hôpital spécialisé
dans le sport à Toulouse, a vu la différence. « Dans l’éta-
blissement sportif, c’était plus désorganisé. On a accueilli
un rugbyman, et les médecins donnaient des consignes “Tu
ne vas pas dans cette chambre, y a untel”. Deux semaines
après, les gens du service en parlaient encore ! Les méde-
cins en faisaient des caisses », balance-t-il.
Mais, rappelle un directeur de clinique parisien : « Notre
tradition, c’est la discrétion. Quel que soit le patient. Même
lambda, il a droit à son anonymat. » Rappelant la mission
première des soignants, ce directeur de clinique évoque
des situations gênantes de femmes, maîtresses, amants…
pour lesquels la discrétion est plus que nécessaire, à moins
de créer un incident diplomatique.
Caprices, avantages et petites folies« Parfois j’ai vu des trucs de dingue : des Rolls Royce dé-
barquer pour déposer des patients ! Une fois, c’est toute
une aile de l’hôpital qui a été privatisée pour un Emirati »,
révèle Rémi. Certains poussent les folies très loin : un patient
qui logeait dans une suite a loué du matériel de location
de cuisine et a changé tous les meubles. Les gardes du
corps étaient à l’autre bout de la suite. « Coût ? Environ
400 000 euros. Pour trois nuitées ! »
Rémi ne tarit pas d’anecdotes, comme ce patient qui,
après une opération de huit heures, n’est resté que trente
minutes dans la salle de réveil, et a été emmené dans sa
chambre… surveillé pendant deux heures par l’anesthésiste
qui d’habitude ne reste que quelques minutes. « Tout le ma-
tériel avait été déplacé spécialement, un vrai “merdier” »,
lâche-t-il, sans langue de bois.
Les « pires », ce ne sont pas les vraies stars, « mais les star-
lettes qui font des caprices », n’hésite pas à dire Anthony*,
directeur de clinique. « Une gagnante de la Star Ac’ est
arrivée en limousine et s’est plainte de la présence des
photographes. J’ai dit : Pardon, mais quand on ne prévient
pas la presse, en général, ils ne viennent pas ». Elle n’a
pas bronché », rigole le directeur de clinique.
Véronique se souvient d’un comédien qui « jouait beaucoup
de sa célébrité. » Mais dans un sens positif. « Il faisait le
pitre et rire tout le monde. Mais il restait très discret et restait
dans sa chambre car il était vraiment très connu. » Denis
évoque une autre femme, humoriste à grand succès, qui
na pas tenu à bénéficier de passe-droit, Car, rappelons-le,
venir à l’hôpital n’est jamais bon signe. « Les personnalités
font moins les malins car l’hôpital, c’est la maladie, éven-
tuellement la mort, parfois ils ont peur pour leur vie. Fina-
lement cela les ramène à une condition plus… humaine »,
analyse Anthony.
L’intimité du soin« Savoir que quelqu’un est connu ne change rien pour moi.
Pour les soins post-césarienne de cette journaliste célèbre,
je devais vérifier les saignements des parties intimes, ap-
puyer sur le ventre pour vérifier l’absence de caillots san-
guins. C’est un soin violent et intime, mais pas le choix,
t’y vas quand même. Je plaçais la mission de soignant en
priorité et on se concentre là-dessus en oubliant à qui on a
à faire », raconte Rémi.
Véronique confirme. « Ce qui compte, c’est la qualité du
soin. Quand on travaille, on a le nez dans le guidon, on
ne fait plus de différence. Une fois, j’ai interrompu pour
un soin un comédien célèbre dans la répétition de son
texte, il répétait de long en large. » Une façon de rentrer
dans son intimité qui passe très vite au second plan après
le soin. Mais Rémi a l’honnêteté de dire que prendre en
charge telle ou telle personnalité est « amusant ». « Quand
les médias se demandent si c’est un garçon ou une fille, et
le prénom éventuel et que je sais déjà, je trouve ça aussi
marrant », plaisante-t-il.
Il y a aussi des pathologies « propres » aux stars : elles vont
beaucoup plus en hôpital psychiatrique. « Pour les starlettes
“Ce qui compte, c’est la qualité du soin. Quand on travaille, on a le nez dans le guidon,
on ne fait plus de différence. Une fois, j’ai interrompu pour un soin un comédien célèbre dans la répétition
de son texte, il répétait de long en large.
”
ACTUSOINS • 29 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vie professionnelle
surtout, quand la célébrité dure cinq minutes et disparaît,
cela mène à l’obésité, l’anorexie, à des problèmes psy-
chiques. La prise en charge est encore plus confidentielle.
Souvent ces personnalités ont des problèmes d’ego non
résolu, des dédoublements de la personnalité », reconnaît
le directeur de clinique.
Des pressions éventuellesCeci étant, Rémi reconnaît, qu’inconsciemment, « on se
dit que si on fait une connerie, médiatiquement, il y aura
des retentissements donc oui, d’une certaine façon, ça met
une pression supplémentaire. » Du côté des médecins, Vé-
ronique est claire : « Quand il y a une personnalité, les
chefs de service ont des égards particuliers. Pour le pa-
tient lambda, c’est une visite hebdomadaire, mais pour les
V.I.P., ils viennent les voir personnellement tous les jours. »
Rémi ajoute : « Pour les médecins, c’est l’occasion de se
faire un carnet d’adresse, tandis que cela ne change rien,
niveau salaire, pour les infirmiers. »
Pour Véronique, ce qui devait être une expérience un peu
hors du commun s’est très mal fini. « Il s’agissait d’un ac-
teur de théâtre très célèbre qui venait pour des soins liés à
une maladie de longue durée. Tous les soirs, il jouait sur
scène et il avait demandé qu’une infirmière l’accompagne.
Comme c’était un petit service, j’avais eu vent de son arri-
vée. Je suis la procédure et je demande à ma cadre si je
peux l’accompagner un soir. Et là, sa réaction a été immé-
diate : “Qui t’a prévenue”, m’a-t-elle demandé d’un ton me-
naçant. J’ai refusé de répondre, je n’avais commis aucune
faute. À partir de là, ça n’a été que harcèlement, jusqu’à
ce que je demande ma démission… qui m’a été accordée
sans aucun préavis. » Véronique en est sûre : « Si le patient
n’avait pas été connu, je n’aurais pas subi cette pression. »
Rémi se souvient, lui, d’un patient, arrivé avec garde du
corps jusqu’au bloc opératoire, blessé par balles. « Un ma-
fieux russe, je pense. Et là je me suis dit que s’il arrivait
quoique ce soit, les conséquences pourraient être graves :
les gardes du corps étaient armés. Même les médecins
étaient plus stressés. »
Des avantages ?« Souvent ils ont des attentions, admet Rémi. Par exemple,
les Emiratis, enfin leur secrétaire ou bras droit, vous de-
mande “Vous voulez manger quoi ?” Et là, on vous livre du
Fauchon », explique-t-il. « Un matin, on a reçu 15 kg de
pâtisseries orientales en direct envoyé par le roi du Maroc.
T’hallucines ! » Il raconte aussi volontiers les bouteilles de
champagne, les chocolats envoyés pour remercier d’une
bonne prise en charge. Une fois, il a même reçu un pour-
boire de 200 euros. « Je ne pouvais pas refuser, sinon ce
patient l’aurait trop mal pris. Pour lui, c’était comme s’il
donnait cinq centimes. »
DELPHINE BAUER / YOUPRESS
FRÉDÉRIC BAUDE, directeur des opérations à la clinique Geoffroy Saint-Hilaire (Générale de Santé) et référent communi-cation pour la Pôle Paris de la GDS : « Il faut savoir s’adapter »« Une procédure d’accueil des personnalités a été mise en place récemment à la clinique Geoffroy Saint-Hilaire. Quand elle arrive en consultation, le chirurgien ou sa secrétaire doit prévenir la direction et donner les dates de la consultation d’anes-thésie et la date de l’admission. Ensuite, nous organisons l’entrée, nous demandons à la personne si elle désire une admission confidentielle et anonyme. Nous lui demandons la liste des visiteurs autorisés qui est communiquée à l’accueil et au personnel à l’étage. L’arrivée peut se faire par une porte d’entrée plus discrète que l’entrée principale. Si la personnalité demande une procédure de sécurité spéciale avec des gardes du corps, elle l’assure elle-même avec son propre personnel et nous mettons à sa disposition, si nécessaire une chambre annexe. Il faut savoir s’adapter et proposer ce genre de services. » n Propos recueillis par Cyrienne Clerc.
Montage et photo ©Natacha Soury
Ne cherchez pas… ces panneaux n’existent pas (encore) !
“Quand il y a une personnalité, les chefs de service ont des égards particuliers.
”
ACTUSOINS • 30 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
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Actusoins • vie professionnelle
LibéralesRevenir travailler à l’hôpital après avoir été libérale : ce revirement de carrière n’est pas
rare, tant le métier d’infirmière offre de possibilités. Marie-Thérèse et Aurélie expliquent
leur choix et racontent leur retour en milieu hospitalier.
Marie-Thérèse, 45 ans, et Aurélie, 33 ans, ont
toutes les deux travaillé à l’hôpital avant de se
tourner vers le libéral. Pendant cinq ans, la pre-
mière a travaillé aux urgences, en réanimation et dans un
service de grands brûlés. La seconde a surtout travaillé en
réa, en France et en Suisse.
« J’ai choisi de travailler en libéral pour pouvoir plus m’occu-
per des patients », explique Marie-Thérèse. Elle débute par
deux ans de remplacements avant de se fixer dans un cabi-
net urbain. Soins variés, bonne ambiance entre infirmières…
elle s’épanouit professionnellement pendant douze ans. « Il y
avait beaucoup de relationnel, se rappelle-t-elle. On intégrait
l’entourage de la personne soignée. L’aspect social était plus
important qu’à l’hôpital. Et puis au fil des années, les soins se
sont de plus en plus résumés à des toilettes. Ou bien les pa-
tients étaient incités à s’occuper seuls de leurs pansements et
nous n’étions appelées que pour retirer les fils. On récupérait
après des pansements qui avaient mal évolué… »
de retour à l’hôpital
© iStock/J-Elgaard
Un rythme de vie chamboulé par le changement de mode d’exercice mais ni Marie-Thérèse, ni Aurélie, ne regrettent leur choix.
ACTUSOINS • 32 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vie professionnelle
Le manque de reconnaissance du rôle de l’infirmière en
matière d’éducation thérapeutique a aussi fini par lui peser.
Elle choisit de bifurquer et opte pour l’intérim. « C’est un
choix, explique Marie-Thérèse. Je n’ai pas envie de m’ac-
crocher. » Ou en tout cas pas encore. Depuis presque deux
ans, elle travaille quelques jours ici, quelques jours là. En
médecine, chirurgie, maison de retraite ou centre de réé-
ducation. La nuit, de préférence. « Au départ, je travaillais
de jour mais avec le fonctionnement actuel de l’hôpital, j’ai
préféré passer de nuit », souligne l’infirmière.
Le fait d’être souvent la seule infirmière en poste ne fait
pas peur à cette ancienne libérale. Elle apprécie même de
pouvoir organiser seule son travail et, surtout, de pouvoir
consacrer plus de temps aux patients que le jour. Une sorte
de position intermédiaire entre la libérale plongée en solo
dans le quotidien des patients et l’hospitalière entourée par
la structure… « La nuit, on travaille aussi plus en équipe que
le jour », apprécie-t-elle.
L’impression de ne plus rien apprendreAurélie, de son côté, a travaillé en libéral pendant cinq
ans, en remplacement dans pratiquement un seul cabinet.
Mais elle n’est pas tentée par l’association que lui pro-
posent ces infirmières : la paperasse, ce n’est pas trop son
truc… Pour autant, remarque-t-elle, « je n’avais pas envie
de travailler dans un autre cabinet. Les infirmières avaient
une façon de travailler qui me plaisait beaucoup. (…) Au
départ, je pensais ne jamais retourner à l’hôpital ».
L’idée fait pourtant son chemin. Le fait de travailler « en cou-
pé » lui pèse de plus en plus. Elle ne vit pas non plus très
bien la chronicisation des pathologies de personnes qu’elle
aimait beaucoup. Ni le fait de passer encore souvent au-
près de certains patients pour la « petite jeune » qu’on ne
prend pas toujours au sérieux. Ou de peiner à trouver sa
place au sein d’une équipe plus âgée, qu’elle respecte
énormément… Elle déplore aussi d’avoir trop peu accès
aux données médicales qui lui seraient utiles. En libéral,
« on est assez éloignées des médecins », regrette-t-elle. Et
pas si libres que cela au final. Au bout d’un moment, l’im-
pression « de ne plus rien apprendre » s’ajoute…
Elle retourne donc à l’hôpital, en réa, dans un service où
le besoin de renfort facilite son accueil. Elle travaille en bi-
nôme deux jours (au lieu de trois semaines pour les novices)
car elle connaît la réa, puis de manière autonome. Mais
« l’organisation de ce service était très différente de tout
ce que j’avais connu avant – les transmissions, le logiciel
du service – et c’est ce à quoi j’ai eu le plus de mal à
m’adapter », explique-t-elle. Au début, « c’était drôle, ra-
conte Aurélie. En libéral on me disait que je me dispersais
et là il faut regarder partout à la fois », surveiller les scopes
de tous les patients en même temps et non plus l’un après
l’autre… En revanche, elle qui avait quitté la réa en regret-
tant le manque de dimension humaine parvient aujourd’hui,
grâce à son expérience en libéral, à associer technique et
relationnel. « Ce n’est pas deux minutes passées à parler
avec un patient qui va me retarder », résume-t-elle.
Un nouveau rythme de vieToutes les deux reconnaissent que leur rythme de vie a été
chamboulé par ce changement de mode d’exercice. Mais
aucune ne regrette les longues journées coupées par une
pause, pas vraiment pratiques pour organiser sa vie fami-
liale et sociale… Comparé aux journées de 10-12 heures
en libéral, le poste de huit heures d’Aurélie lui paraît très
court ! Même en étant « à fond » tout le temps. Et une fois
qu’il est terminé, c’est pour de bon ! « On pleure un peu sur
le salaire, au début, mais on s’adapte. Et puis on a plus de
vacances », souligne-t-elle.
Marie-Thérèse aussi « ne regrette pas du tout son choix ».
L’intérim lui permet de travailler dans des secteurs différents,
des établissements différents et de gérer son temps comme
elle le souhaite, y compris en refusant certaines missions.
Certes, reconnaît-elle, « il y a des choses dont j’avais per-
du l’habitude. Il y a aujourd’hui à l’hôpital du matériel qui
n’existait pas à mon époque. Quand j’ai besoin, je trouve
toujours une collègue pour m’aider, me montrer. Il y a beau-
coup d’entraide la nuit. Et de toute façon, il y a moins
de gros gestes techniques la nuit. » Elle ne se verrait pas
travailler dans des services hautement techniques comme la
réa ou les soins continus. « Quand je cherchais un poste,
j’ai souvent entendu des réflexions du type « après douze
ans de libéral, on ne sait plus rien faire et on ne connaît
plus les médicaments ». Mais en libéral aussi, on a des gé-
nériques et en cas de doute, on regarde dans le Vidal. Je
me suis fait aussi un petit aide-mémoire que je garde avec
moi. Ce n’est pas vraiment un problème. »
Aurélie, qui voulait être IADE à ses débuts, a réuni des
cours qu’elle compulse de temps en temps. Elle profite aus-
si de toutes les formations proposées, en interne par les
médecins par exemple. Et l’infirmière de s’enthousiasmer :
« je me retrouve passionnée par ce que je fais, comme au
début ! ». n
OLIVIA DUJARDIN
“Il y a des choses dont j’avais perdu l’habitude. Il y a aujourd’hui à l’hôpital du matériel qui
n’existait pas à mon époque. Quand j’ai besoin, je trouve toujours une collègue pour m’aider, me
montrer. Il y a beaucoup d’entraide la nuit.
”
ACTUSOINS • 33 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vie professionnelle
Ces mauxqui touchent les soignantsManque de personnels et de temps, tâches administratives à répétition : cette réalité
dans les services hospitaliers est bien connue. Qui en fait les frais ? Les soignants.
Conséquence : une perte de motivation, une fatigue croissante, un esprit d’équipe qui
flanche… Ces troubles peuvent conduire au burn-out mais aussi provoquer des troubles
musculo-squelettiques (TMS).
© leaf – iStock
Joëlle : « A force de lutter pour des choses qui auraient dû couler de source, je me suis épuisée ».
ACTUSOINS • 34 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vie professionnelle
La série de changements qui a affecté les services hos-
pitaliers n’est pas étrangère à l’apparition des troubles
chez les soignants. « Depuis les années 1980, les
soignants sont confrontés à une dégradation de leurs
conditions de travail, et la rationalisation des dépenses
hospitalières entraîne une limitation de la croissance des
effectifs », souligne Valérie Carrara, psychologue du per-
sonnel à l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP).
Or, ils ont de plus en plus de travail administratif, plus de
protocoles à respecter, et donc moins de temps à passer
au lit du malade.
Les relations entre le pouvoir médical et le pouvoir admi-
nistratif sont aussi devenues compliquées. « Il y a un réel
problème de reconnaissance et les professionnels de santé
sont en souffrance », ajoute-t-elle.
Épuisement émotionnelCette souffrance au travail peut se manifester physiquement
chez le soignant qui va alors développer des maux de tête,
des maux de ventres, des pathologies conduisant jusqu’au
burn-out. « Le burn-out n’est pas une maladie défi nie, mais
davantage un processus lié à une façon d’envisager la
pénibilité au travail », estime Marc Loriol, chercheur au
CNRS, spécialiste de la fatigue et du stress au travail chez
les professionnels de la santé.
Il existe trois grands symptômes permettant de défi nir le
burn-out qui prend forme dans un processus de cercle vi-
cieux. Tout d’abord l’épuisement émotionnel, puis la déshu-
manisation de la relation à l’autre et enfi n la diminution ou
la perte de l’accomplissement professionnel.
Pour se protéger, le soignant peut en venir à déshumaniser
sa relation à l’autre, ce qui conduit parfois à de la maltrai-
tance. « Il arrive que les infi rmiers aient peur de commettre
des erreurs en raison de leur état de fatigue, rapporte Va-
lérie Carrara. La maltraitance vient quand il n’y a plus
de mots. » Auparavant, les chefs de service organisaient
des espaces de paroles pour que les soignants puissent
parler des patients. « Il faudrait les remettre en place »,
estime-t-elle.
Les soignants perdent alors l’intérêt de leur engagement
et de leur accomplissement professionnel. C’est lorsqu’un
soignant ne parvient pas à trouver le juste milieu d’en-
gagement vis-à-vis d’un patient, que le burn-out peut sur-
venir. « L’équilibre est diffi cile à trouver, souligne Marc
Loriol. Il n’est pas donné une fois pour toutes. Il dépend
du contexte. » Valérie Carrara insiste cependant sur l’im-
portance de l’aspect individuel de la souffrance au travail.
« Elle dépend de chaque individu, de son histoire, de ses
conditions de travail », soutient-elle.
Gestes nocifsOutre le burn-out, la dégradation des conditions de travail
est également génératrice de troubles musculosquelettiques
(TMS). « Depuis les années 1990, les pouvoirs publics se
sont beaucoup intéressés à la prévention pour permettre
les bonnes postures, explique Marc Loriol. Malgré tout, le
nombre de TMS ne diminue pas », sans doute parce que
des facteurs vont à leur encontre, notamment le manque de
moyens, d’effectifs et donc de cohésion.
Une partie de l’augmentation des TMS est liée à l’intensifi -
cation du travail, à l’incapacité de prendre le temps, aux
gestes répétitifs qui sont plus nocifs. « Pour lever le malade,
il faut une collaboration au moins à deux, souligne-t-il.
“C’est lorsqu’un soignant ne parvient pas à trouver le juste milieu d’engagement vis-à-vis d’un patient, que le burn-out peut survenir.
”
POUR INFORMER SUR LES CANCERS
Parce que la lutte contre la maladie passe aussi par une meilleure compréhension des différents cancers, des moyens de prévention, de dépistage et de traitement, la Fondation ARC édite la collection « Comprendre et agir ».
Des informations clés sur la maladieUn texte illustré et un lexique Le témoignage d’un expert
ACTUSOINS • 35 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vie professionnelle
Parfois, il n’y a pas assez de soignants, ni une bonne
cohésion. »
Les TMS sont une maladie multifactorielle à la fois biomé-
canique mais également liée à des facteurs psychosociaux.
« C’est souvent la combinaison des deux qui conduit à
l’émergence des TMS », rapporte Sandrine Caroly, docteur
en ergonomie et enseignante-chercheur à l’Université de
Grenoble. Outre le lien avec l’organisation du travail, avec
les transformations organisationnelles et l’intensification du
travail qui accroissent la pression des soignants, il y a éga-
lement un lien avec l’activité des soignants.
« On distingue le travail prescrit du travail réel », explique-
t-elle. Les soignants ont des procédures à respecter mais la
tâche est parfois éloignée de l’activité car ils rencontrent
des variabilités au niveau organisationnel. « Par exemple,
lorsqu’il manque une personne, le soignant présent tente
des stratégies d’adaptation et peut par exemple piquer
sans gant ou ne pas engager la conversation avec le pa-
tient. C’est une forme d’abattage du travail mais qui lui
permet de tenir les objectifs de performance. » Il va alors
ressentir une tension, une pression, qui peut être à l’origine
de TMS.
Enfin, les TMS peuvent avoir un lien avec les collectifs
de travail. « L’équipe ne partage pas nécessairement les
mêmes valeurs, souligne Sandrine Caroly. Contrairement
au collectif qui rassemble des professionnels partageant
des manières de travailler, ce qui donne des ressources
pour la santé individuelle de chacun. » En collectif, les
professionnels décident ensemble de la façon d’organi-
ser le travail et de se coordonner. « Il y a la réalité de la
souffrance des infirmières et derrière cette souffrance, la
capacité du groupe à faire face à la difficulté », conclut
Marc Loriol. n
LAURE MARTIN
TÉMOIGNAGES
Marion, 27 ans, infirmière depuis cinq ans
« Je travaille dans un service de nuit et de réanimation. Quand on sort de l’école,
on ne voit pas nécessairement les problèmes qui touchent la profession. Mais je
constate que le burn-out s’installe rapidement. Nous, infirmières, avons peu de
poids dans toute l’échelle médicale et paramédicale. On est toujours exécutrice,
rarement preneuse de décision. En plus, on est toujours face à quelqu’un qui
ne va pas bien, ce n’est pas facile de se détacher et on n’a pas forcément de
soutien de la part de nos collègues médecins ou de la hiérarchie. Il y a un gros
turnover dans mon service, car on se fatigue rapidement. Je ne suis peut-être
pas encore dans une phase de burn-out car j’exerce encore mon métier, mais
je ressens une grosse lassitude. J’ai l’impression d’être un pion, je reçois peu de
considération. Depuis quelque temps, j’ai une hernie discale à cause de mon
travail. Je n’ai eu qu’une demi-journée de cours sur la manutention alors que les
aides-soignantes ont un vrai module. Maintenant, je dois faire de la kinésithéra-
pie, mais tant que je continuerai ce métier, je ne guérirai pas. On travaille en
effectif ultra-réduit, donc on ne prend pas le temps de bien faire les choses. De
fait, le patient n’est pas pris en charge de la manière optimale. Je n’envisage
pas d’arrêter mon métier, car j’aime encore ce que je fais. Mais j’essaye de
changer d’hôpital. Il y a beaucoup d’idées reçues sur le métier. Ce n’est pas ce
qu’on pense. »
Joëlle*, ancienne cadre d’un pôle gériatrique
« Mon burn-out, je n’en ai pas eu conscience. À un moment donné j’étais épui-
sée, je venais au travail avec une appréhension et un stress qui ne me quittait
pas. L’élément déclencheur a été le non-partage de mes valeurs à mon travail.
Je me sentais surmenée, j’avais de plus en plus de difficultés à accomplir mes
tâches dans de bonnes conditions et en plus, le management ne me conve-
nait pas. Je recevais beaucoup de mépris et de réflexions de la part de ma
hiérarchie. À force de lutter pour des choses qui auraient dû couler de source,
je me suis épuisée. Les soignants sont compléments méprisés, je ne peux pas
l’accepter, c’est une question de considération. On nous demande d’être respec-
tueux vis-à-vis des patients, mais la hiérarchie ne l’est pas avec nous. Un jour, j’ai
croisé le médecin du travail dans le couloir, elle m’a dit qu’elle ne me trouvait
pas en forme, m’a prise en entretien et là je me suis effondrée. Il y a un an, j’ai
été arrêtée pendant un an par mon médecin traitant. Les six premiers mois, j’ai
été retirée du monde. Quand on est en arrêt, on se complet dans notre enferme-
ment. J’étais incapable de sortir. J’ai été happée par la descente aux enfers. Je
suis allée voir un psychiatre, qui continue de me suivre. C’est lui qui a prononcé
le mot burn-out. Toute seule, je n’aurais pas pu aller mieux et la médication s’est
imposée. J’ai repris le travail en septembre mais j’ai changé de fonction, je mets
en œuvre des projets d’amélioration de la qualité. Les soins et le contact avec les
patients me manquent. Aujourd’hui, ce qui me dérange, c’est que je ne me sens
plus la même. Mais c’est peut-être ce qu’il faut. L’investissement doit être mesuré,
la distance doit être prise. Je vais mieux mais j’ai peur que ce soit un bien-être
artificiel car je suis toujours sous traitement et je veux m’en passer. »
*témoignage anonyme
© DR
L'équipe de formateurs du CHI de Marmande Tonneins (Lot-et-Garonne) montre des techniques non traumatiques de mobilisation des patients.
ACTUSOINS • 36 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • vos droits
“ SUIS-JE COUVERT SUR LES ACTES NE RELEVANT PAS DE MON RÔLE PROPRE LORS DE L’EXÉCUTION D’UN PROTOCOLE DE SOINS VALIDÉ PAR MON SERVICE ?
”Les actes que l’infi rmier réalise en exécution d’un protocole écrit, daté et signé (et qui
ne font donc pas partie de son rôle propre), sont ceux qui sont listés à l’article R. 4311-7 du code de la santé publique (CSP). Il s’agit d’actes dont l’infi rmier a la compétence, mais qu’il n’est pas autorisé à mettre en œuvre de sa propre initiative, une prescription médicale ou un protocole étant une condition indispensable.
Le protocole est donc une condition posée à la réalisation de ces actes par l’infi rmier. Pour autant, il n’a pas vocation à « couvrir » la res-ponsabilité éventuelle de l’infi rmier, c’est-à-dire à l’occulter pour la faire peser uniquement sur les auteurs du protocole.Dans le cadre de l’exécution d’un protocole, l’infi rmier continue à répondre des actes dont il a la compétence, et sa responsabilité peut
donc se trouver engagée en cas de mauvaise exécution, au même titre que pour les actes réalisés dans le cadre de son rôle propre.Néanmoins, cette responsabilité peut être par-tagée avec le médecin qui a établi le proto-cole, si le protocole est erroné ou non-conforme aux bonnes pratiques.
JURISTE MACSF
“ INFIRMIÈRE, JE ME SUIS FAITE AGRESSER PAR UN PATIENT AUX URGENCES. QUELS SONT MES RECOURS POSSIBLES. L’ÉTABLISSEMENT EST-IL OBLIGÉ DE ME PORTER ASSISTANCE OU DE M’AIDER ?
”Tout d’abord, vous avez la faculté de dépo-ser une plainte au pénal en qualité de vic-
time de faits de violences.Nous vous précisons que la sévérité des peines encourues par l’auteur des faits est déterminée par la gravité de vos blessures.Les peines encourues sont même majorées lorsque les violences ont été commises sur « toute personne chargée d’une mission de service pu-blic, ainsi que sur un professionnel de santé ».Pour déposer plainte, il vous suffi t de vous rendre au commissariat de police ou à la brigade de gendarmerie la plus proche de chez vous ou du lieu de l’infraction (vous pouvez toutefois dépo-ser plainte n’importe où en France). Ces services ont l’obligation de prendre votre plainte.Il vous sera alors remis, à votre demande, un récépissé de votre dépôt de plainte.Vous pouvez autrement écrire directement au Procureur de la République du Tribunal de Grande Instance de votre domicile ou du lieu de l’infraction.Vous préciserez alors la nature et le lieu des faits, les coordonnées des éventuels témoins, le nom de l’auteur présumé (en joignant tous justifi catifs).Le Procureur de la République reçoit les plaintes et décide de la suite à leur donner, qu’elles aient été déposées auprès des services de Police ou
de Gendarmerie ou directement auprès de lui.En cas de poursuites engagées par le Procureur de la République à l’encontre de l’auteur pré-sumé de l’infraction, vous serez informé de la date et du lieu de l’audience devant le tribunal ou le médiateur pénal.Vous serez alors avisé par courrier des pour-suites et de la date d’audienceÀ cette occasion, vous pourrez vous constituer partie civile étant entendu que le but de cette démarche est de solliciter la réparation des pré-judices résultant des violences (préjudice corpo-rel et moral).Le Procureur peut également décider de clas-ser votre plainte sans suite notamment dans le cas où l’auteur des faits n’a pas été identifi é ou si les circonstances particulières liées à la commission des faits le justifi ent (article 40-1 du Code de Procédure Pénale).Quoi qu’il en soit, vous pourrez écrire au Pro-cureur de la République afi n de lui demander quelle suite a été donnée à votre plainte.Enfi n et s’agissant des obligations de l’établis-sement de soins dans lequel vous exercez, vous voudrez bien noter que « la collectivité publique tenue de protéger les fonctionnaires contre les menaces, violences, voies de fait, injures, dif-famations ou outrages dont ils pourraient être
victimes à l’occasion de leurs fonctions, et de réparer, le cas échéant, le préjudice qui en est résulté » (article 11 de la Loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires. Loi dite loi Le Pors).La collectivité est tenue à une obligation de « pro-tection juridique » à l’égard de ses agents qu’ils soient fonctionnaires, stagiaires ou non titulaires de la fonction publique territoriale (Loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statu-taires relatives à la fonction publique territoriale).Ce droit se manifeste par une aide à la re-cherche d’un avocat et à la prise en charge des frais d’assistance et de représentation en justice de l’avocat.La collectivité est également tenue d’une obli-gation de réparation des préjudices matériel et moral de ses agents. Le préjudice corporel est traité au titre de la réglementation relative aux accidents de service.La collectivité peut alors réclamer à l’auteur des faits le remboursement des sommes versées par la collectivité à son agent au titre de son obli-gation de réparation.
JURISTE MACSF
ACTUSOINS • 38 • 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
32 33* ou macsf.fr
1er assureur mutualiste créé par et pour les professionnels de la santé, la MACSF
* Prix d’un appel local depuis un poste fixe. Ce tarif est susceptible d’évoluer en fonction de l’opérateur utilisé. MACSF assurances - SIREN n° 775 665 631 - Société d’Assurances Mutuelle - Entreprise régie par le Code des Assurances - Siège social : cours du Triangle - 10 rue de Valmy - 92800 PUTEAUX.
14_9
71 –
12/
2014
Qui accompagne et soutient les infirmièresjour après jour ?
Actusoins • portrait
Vérène Praud
en 6 dates :
2003 : obtient son D.E
2004 : commence à
travailler à l’institut Curie
2008 : devient
correspondante douleur
de son service
2009 : obtient un D.U
Douleur et soins infi rmiers
2010 : devient IDE
douleur à temps plein
2011 : intervient dans
des congrès et les IFSI.
© Malika Surbled
VÉRÈNE PRAUDCombattre
au quotidien
la douleur
Vérène Praud est
référente douleur
à l’institut Curie, à
Paris. Avec un poste
spécifi que détaché
à cette activité, elle
participe à la formation
des soignants et à
la mise en place de
techniques innovantes
en termes de lutte
contre la douleur.
ACTUSOINS • 40 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • portrait
Lorsque la question d’écrire un article à son sujet lui a
été posée, Vérène s’est simplement interrogée : « je ne
sais pas si cela se justifie, je n’ai rien d’exceptionnel ».
Rien d’exceptionnel, certes. Pourtant, Vérène fait avancer
le combat de la lutte contre la douleur. Et cela oui, mérite
un article.
« Ce que je fais a un sens dans mon éthique de vie. Mon
travail est en adéquation avec mes convictions », explique
Vérène. Infirmière depuis dix ans, la jeune femme est di-
rectement passée des bancs de l’école aux lourds services
d’oncologie. Et ne les a jamais quittés depuis. « Le cancer,
c’est vraiment le mal du siècle, affirme-t-elle. Quand j’étais
étudiante, cela me révoltait, il fallait que je trouve un moyen
d’agir à mon niveau. D’autre part, j’ai toujours eu envie
d’un travail en équipe, avec une prise en charge globale
du patient, des projets de soins et une approche pluridisci-
plinaire. La cancérologie correspond à tout cela, et encore
plus dans la prise en charge de la douleur ».
Depuis 2009, Vérène est totalement détachée des services.
Elle est l’une des deux référentes douleur de l’institut Curie.
Son rôle est de suivre - avec des médecins de l’équipe
douleur – les patients hospitalisés pour une prise en charge
de la douleur et de répondre aux demandes des services.
Il peut s’agir d’évaluation douleur, d’assistance pour des
soins douloureux ou encore d’aide à la manipulation des
PCA (Patient Controlled Analgesia).
Elle gère aussi des soins très spécifiques et assez novateurs
qui sont programmés en ambulatoire. « Il y a par exemple
les applications des patchs de Qutenza®, destinés aux
douleurs neuropathiques. Ce sont des patchs à base de
capsaicine, un des composants du piment, qui peuvent
potentiellement provoquer une sensation de brûlure. Cela
implique un protocole particulier ainsi qu’une prémédica-
tion et des explications aux patients », précise cette réfé-
rente douleur. Vérène gère aussi en consultation infirmière
les électrostimulations à visée antalgique et coordonne les
analgésies intrathécales.
« Quand on fait des choses qui sortent un peu des traite-
ments traditionnels, il faut que l’on soit là pour assurer la
continuité des soins, pour expliquer et rassurer », explique
Vérène. Car, entre deux services ou entre deux soins, la
jeune femme organise toujours le suivi des patients. Que
ce soit pour un relais de prise en charge par une unité ou
par une structure d’hospitalisation à domicile, il faut qu’elle
soit présente pour expliquer les soins : « je suis aussi là pour
former et informer les autres soignants. Par exemple il y a
des pompes que certains ne connaissent pas. Je fais le
maximum pour ne pas partir en week-end sans avoir donné
toutes les informations nécessaires au bon déroulement des
soins ! ».
Les patients, eux aussi ont besoin d’être rassurés. « Parfois,
il y a une difficulté de compréhension quant à la multitude
d’intervenants. C’est important de se positionner et d’expli-
quer le rôle de chacun », souligne Vérène.
Pour apaiser, elle utilise aussi des méthodes simples d’hyp-
no-analgésie. « Je ne suis pas du tout hypnothérapeute. J’ai
seulement appris les bases de l’hypnose avec une forma-
tion courte, mais cela m’a beaucoup servi et depuis j’ai
changé beaucoup de choses dans ma manière de faire,
dans mes attitudes. J’utilise beaucoup des bases d’hypnose
conversationnelle en supprimant les termes négatifs de mon
vocabulaire : ne pas induire la notion de piqûre quand on
pique quelqu’un ou même la notion de douleur. Renforcer
l’effet placebo, car il est prouvé que 30 % du soulagement
d’un patient vient de l’effet placebo… », indique la jeune
femme. « Il y a des patients, remarque-t-elle, qui ont besoin
qu’on les accompagne pendant les soins. Ils essayent ainsi
de se déconnecter de ce qu’ils vivent. L’hypnose permet
aussi de travailler sur la respiration, sur le corps, de façon
à favoriser cette déconnexion ».
Quand elle parle de son activité, Vérène pourrait ne pas
s’arrêter. À une question médicale concernant les patholo-
gies les plus pourvoyeuses de douleur, elle dit ne pas pou-
voir répondre précisément. Ce n’était pas un piège, loin
de là. Mais sa réponse en dit long sur son côté bienveillant
et humain : « ce n’est pas que je ne m’intéresse pas à la
pathologie. Mais en général, je me souviens des gens, pas
forcément de leur maladie. » Souriante et rieuse, Vérène
semble se sentir bien dans ses pompes. Tout simplement. n
MALIKA SURBLED
“Quand on fait des choses qui sortent un peu des traitements traditionnels, il faut que l’on soit là pour assurer la continuité
des soins, pour expliquer et rassurer.Je suis aussi là pour former et informer les
autres soignants. Par exemple il y a des pompes que certains ne connaissent pas. Je fais le maximum pour ne pas partir en week-end sans avoir donné toutes les informations
nécessaires au bon déroulement des soins.
”
ACTUSOINS • 41 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • soignants d’ailleurs
ARGENTINE :DOUBLE EMPLOI ET HEURES SUPUn infirmier pour un médecin : la profession
d’infirmier ne fait pas recette en Argentine.
Alejandro se bat face à des salaires en berne,
une inflation en hausse, un manque de matériel…
et pour ses petits patients en néonatalité.
Parcourant les couloirs de la maternité Ramon Sarda à
Buenos Aires, Alejandro Miranda entrouvre doucement
la porte qui mène à la salle commune où se reposent
une dizaine de jeunes mamans et leurs nouveau-nés. Il
montre les linges qui entourent les enfants : « ce sont des
donations, le gouvernement ne paie pas pour cela », se
désole-t-il.
© David Breger
ACTUSOINS • 42 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • soignants d’ailleurs
À quarante-six ans, Alejandro a travaillé pendant près de
quinze ans en service de néonatalité, une passion intacte
pour cet infirmier qui aujourd’hui préside l’Association des
Infirmiers de la Capital Federale (la région de Buenos
Aires). L’AICF, une des plus anciennes associations infir-
mières du pays, se dédie à la formation et à l’éducation
des soignants.
Souriant et calme, Alejandro détaille ce qui préoccupe au-
jourd’hui la profession en Argentine : un manque cruel d’in-
firmiers et de moyens. Selon une étude de l’Observatoire
Syndical de la Santé en Argentine, il manquerait près de
100 000 infirmiers dans le pays, alors qu’un infirmier sur
trois à plus de cinquante ans et s’approche de la retraite.
Caissière et infirmièreLa raison principale : « le peu d’attrait pour la profession
et un manque de considération autant dans les conditions
de travail que les salaires », explique Alejandro. Dans la
maternité où il exerce, dans la partie Sud de Buenos Aires,
une zone ouvrière assez pauvre, on travaille tant bien que
mal avec des moyens limités. Les infirmiers y effectuent des
journées de garde allant de six heures en semaine jusqu’à
quatorze heures le week-end.
Pour trente à quarante heures de travail hebdomadaire,
un infirmier débutant touche environ 600 euros par mois,
à peine le salaire moyen du pays. L’Argentine connais-
sant une inflation très forte depuis plusieurs années (près
de 20 % par an), c’est un salaire trop faible pour vivre.
« Alors certains multiplient les heures supplémentaires ou
ne prennent jamais de congés : c’est interdit par la loi,
mais comme il manque des infirmiers, les hôpitaux laissent
faire ».
Certains infirmiers cumulent parfois deux ou trois emplois
pour boucler les fins de mois. « J’ai des collègues qui sont
aussi caissières ou ouvrières en usine… Moi, je travaille
ici trente-cinq heures puis je donne vingt heures de cours à
l’université et dans un institut de formation ». Les hôpitaux
privés, un peu plus rémunérateurs cherchent à attirer les
soignants en offrant des primes d’efficacité ou de ponctua-
lité. Beaucoup d’entre eux partent aussi tenter leur chance
à l’étranger.
Dans le secteur public de la santé, le manque de moyens
se remarque simplement. Alejandro montre les blouses de
ses collègues aux couleurs dépareillées. « On nous donne
un uniforme quand on commence à travailler, puis il faut
les acheter soi-même. Les chaussures non plus ne sont pas
fournies ».
Plus préoccupant, le manque de moyens rend le travail
dangereux : « il n’y a pas toujours le matériel nécessaire
pour exercer en toute sécurité, des gants, ou des protec-
tions pour les yeux quand on fait des rayons X par exemple.
Nous sommes sans cesse soumis à des risques d’infection
ou de contamination ».
Un diplôme en deux ans face à la pénurieDans ces conditions, le métier d’infirmier ne fait pas vrai-
ment rêver les étudiants. Alejandro qui depuis 2008 donne
des cours aux jeunes résidents revient sur la formation infir-
mière dans son pays. Outre le titre d’auxiliaire, équivalent
d’aide-soignant, il y a en Argentine deux diplômes : celui
d’infirmier qui peut s’obtenir en deux ans dans des écoles
privées ou à la fac et la licence en infirmerie qui dure de
quatre ans à plus et ne s’obtient qu’à l’Université.
« On a été obligé de créer ce diplôme en deux ans, un titre
intermédiaire, pour remédier aux manques de soignants.
Dans les écoles il y a beaucoup de jeunes étudiants, mais
aussi une forte désertion. Certains arrêtent car on leur offre
un emploi avant même qu’ils n’aient obtenu leur diplôme.
Beaucoup de femmes abandonnent aussi pour commencer
une vie de famille, même si la situation change peu à peu
et qu’on assiste à un rajeunissement et à une masculinisa-
tion du métier ».
Un infirmier par médecinAlors que l’OMS recommande un rapport de quatre infir-
miers pour un médecin, en Argentine il y a seulement un
infirmier par médecin. En théorie, les auxiliaires qui repré-
sentent 30 % des soignants, effectuent les taches basiques,
aident les patients à se baigner, à se lever ou prennent la
température ou la pression sous le contrôle d’un infirmier,
mais dans la pratique, avec les sous-effectifs tous les corps
soignants effectuent les mêmes taches.
« Lamentable » lâche Alejandro « car cela peut nuire à la
qualité des soins ». Les études montrent que le taux de mor-
talité augmente à l’hôpital du fait de la baisse du nombre
d’infirmiers.
Alejandro essaie de se battre pour sa profession, mais c’est
un combat difficile. « Il y a une vingtaine de syndicats qui
représentent les infirmiers et ne s’unissent pas, le seul syndi-
cat puissant représente tous les personnels de santé et les
négociations ne concernent pas que les infirmiers ».
Malgré les difficultés, Alejandro ne quitterait l’hôpital pour
rien au monde. « Ce travail est ma passion, le contact des
mères et des enfants me plaît beaucoup, l’atmosphère de
la maternité est quelque chose d’unique ». Il suffit de le voir
sourire, alors qu’il s’approche d’une couveuse et saisit déli-
catement un nouveau-né pour le comprendre. n
DAVID BREGER/YOUPRESS
“Il n’y a pas toujours le matériel nécessaire pour exercer en toute sécurité, des gants, ou des protections pour les yeux quand
on fait des rayons X par exemple.
”
ACTUSOINS • 43 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • initiative
Médiation animalepour adolescents incarcérésL’Établissement pénitentiaire pour mineur (EPM) d’Orvault (Loire-Atlantique), a décidé, il
y a six ans, de confi er aux adolescents incarcérés, la responsabilité d’un animal. Oasis,
une lapine naine bélier angora, est arrivée au sein de la structure, sous la responsabilité
d’Anne-Lise Denieulle, infi rmière rattachée au CHU de Nantes.
Les soins de l’EPM dépendent de deux services du CHU
de Nantes : l’Unité de consultations et de soins ambu-
latoires (UCSA) qui dispense des soins somatiques aux
adolescents, et le Service médico psychologie régional
(SMPR) dont fait partie Anne-Lise Denieulle.
« La médiation animale s’est construite progressivement, ex-
plique-t-elle. Un jeune m’a un jour annoncé que sa copine
était enceinte et qu’il ne voyait pas comment s’occuper d’un
bébé alors qu’il ne savait déjà pas s’occuper de lui. Cela
m’a fait réfl échir et j’ai pensé qu’apprendre à s’occuper de
quelqu’un d’autre pouvait aider à s’occuper de soi. »
Elle s’est interrogée à ce sujet avec une collègue et en a
conclu que les adolescents pourraient s’occuper d’un animal
doux et autonome, d’où l’arrivée du lapin en 2008 avec
© DR
ACTUSOINS • 44 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • initiative
l’accord du CHU et de l’EPM. En 2011, l’EPM a également
accueilli un oiseau, Jack, qui a chuté au pied d’un adoles-
cent et qui, après réflexion, a décidé de s’en occuper, seul.
ApaisementLa participation d’un jeune, volontaire à la médiation ani-
male est discutée avec toute l’équipe et lorsqu’elle est ac-
ceptée, il se rend au bureau pour s’occuper d’Oasis, la
nourrir, la caresser, en présence d’Anne-Lise Denieulle. « Le
jeune doit vouloir venir », souligne-t-elle.
Par ailleurs, neuf fois par an, un vétérinaire intervient aux
côtés de deux infirmières pour prendre soin de la lapine
et pour faire découvrir d’autres animaux aux adolescents
comme un python, un chien ou encore un perroquet.
« La première fonction de la médiation animale est l’apai-
sement, explique Anne-Lise Denieulle. Pour les personnes
qui aiment les animaux, qui aiment les caresser, cela peut
apporter du bien-être et un apaisement. Le local est une
bulle à part avec des fauteuils confortables, l’odeur du foin,
de l’animal, de la sciure et avec des poils qui traînent. »
Avec l’animal, les adolescents et l’infirmière travaillent aussi
sur la prise de conscience du corps. « Au cours de la vie
d’Oasis, on la voit grandir, perdre ses poils, elle a déjà eu
une grossesse, raconte l’infirmière. Les jeunes posent alors des
questions sur l’animal et sur eux. » La grossesse d’Oasis a
été l’occasion de parler de sexualité et de contraception. Ils
évoquent également l’alimentation de l’animal et donc la leur.
Comme il s’agit d’une lapine naine, les adolescents qui n’ont
pas nécessairement conscience d’eux-mêmes doivent s’ajuster.
« Et le fait de voir l’animal en cage les renvoient également
à leur propre détention, ajoute l’infirmière. C’est l’occasion
d’aborder les difficultés liées à l’enfermement. » Cette mé-
diation permet de soutenir le soin psychique et le choc
carcéral est généralement atténué.
Mise en confianceLa médiation ne sert pas forcément à aborder des sujets
lourds. « Tous ces moments en groupe ou en individuel
servent à valoriser les adolescents, à les faire reprendre
confiance en eux et dans les autres, souligne Anne-Lise
Denieulle. Je les valorise car ils prennent leurs responsabi-
lités et viennent s’occuper d’Oasis avant les cours. » Cette
médiation est également un moyen de travailler le lien et
l’attachement pour ces adolescents qui ont souvent eu un
parcours de vie chaotique.
La relation patient-soignant est différente de celle que l’on
peut observer dans les services. « Quand j’ai commencé à
exercer mon métier, on me disait de ne pas trop m’impli-
quer, se rappelle-t-elle. Mais je ne peux pas me retrancher
derrière le fait que je suis infirmière pour ne pas dire ce que
je ressens. Le jeune, quand il est avec l’animal, il ne triche
pas. On fait appel aux émotions, au ressenti. »
Les échanges entre les adolescents et l’infirmière sont souvent
très riches et un lien de confiance s’établit rapidement. Les
autres soignants aussi ont accepté l’animal et rares sont ceux
qui ne demandent pas des nouvelles du lapin. Cela a permis
aux différentes équipes de développer des liens privilégiés.
« C’est une médiation tout en douceur, conclut l’infirmière.
On ne brusque rien. On laisse la place à la surprise de
chaque moment. Cette médiation permet de parler de beau-
coup de sujets et permet un grand espace de rencontre. » n
LAURE MARTIN
“Avec l’animal, les adolescents et l’infirmière travaillent aussi sur la prise
de conscience du corps.
”
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ACTUSOINS • 45 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • soigner autrement
Sport sur ordonnance
Pour les personnes qui ont du diabète, l’activité phy-
sique régulière permet de diminuer les doses d’insu-
line, et elle permet aussi de stabiliser les hyperten-
dus », souligne le Dr Bruno Burel, du Pôle Santé Sport,
à Rouen (Haute-Normandie), qui développe une prise en
charge autour de l’activité physique pour les patients ayant
des problèmes de santé. L’activité physique permettrait
également, chez les femmes atteintes d’un cancer du sein,
de mieux supporter le traitement et de diminuer de 50 %
le taux de rechute. Mais elle doit bien entendu être adap-
tée à l’état de chaque patient.
« Le but est de maintenir une activité sportive régulière »,
souligne le Dr Estelle Salignat, médecin du sport qui a ou-
vert une consultation « femme et sport » au CHU de Saint-
Etienne (Rhône-Alpes). Chez la femme, l’activité physique
entraîne une baisse des facteurs de risques cardiovascu-
laires et une réduction des risques d’ostéoporose, limite
la prise de poids ou le diabète gestationnel. « J’ai mis en
place cette consultation spécifique afin que les femmes
sachent où aller lorsqu’elles veulent reprendre le sport », in-
dique le Dr Salignat. Et d’ajouter : « La consultation a moins
d’un an et si elle a du succès, je souhaiterais me mettre
«
© Caraman/Dreamstime.com
Que ce soit pour mieux vivre un traitement lourd, pour se maintenir en forme
ou pour se rééduquer, le sport s’avère être le partenaire idéal des patients.
Bien entendu, l’activité physique adaptée (APA) doit être encadrée.
Tour d’horizon de quelques initiatives où les infirmières ont un rôle déterminant.
ACTUSOINS • 46 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • soigner autrement
© D.R.
en lien avec une infi rmière qui fasse l’interrogatoire sur la
pratique sportive, l’enquête alimentaire, le bilan infi rmier et
pourquoi pas un suivi diététique. »
Rééducation individuelle encadréeAu CHU de Rennes (Bretagne), le professeur de médecine
du sport a mis en place en 2008, un programme d’entraî-
nement pour les malades chroniques. L’année suivante, une
collaboration a été instaurée avec le Centre régional de
lutte contre le cancer Eugène Marquis (CEM). Désormais,
le CHU propose aux patients un programme encadré par
une infi rmière, un médecin et un éducateur sportif. « Tous
les professionnels médicaux et paramédicaux ont été sen-
sibilisés au fait que l’activité physique procure un bien-être
aux personnes malades », rapporte Régine Denoual, in-
fi rmière. De fait, les patients hospitalisés au CHU et ceux
du CEM se voient proposer une activité physique. « Dans
le cadre de la consultation infi rmière, nous évaluons l’au-
tonomie du patient, sa qualité de vie, nous recueillons ses
souhaits et ses attentes vis-à-vis du sport », ajoute-t-elle.
Puis, le patient bénéfi cie d’une consultation médicale avec
le médecin du sport qui évalue sa condition physique, teste
sa capacité à l’effort et prépare un programme de réentraî-
nement en échangeant avec l’éducateur sportif. Les patients
sont alors encouragés à effectuer pendant la semaine, de
la course à pied, de la marche, du vélo, de la natation,
des exercices d’assouplissement ou encore du renforce-
ment musculaire. Ils peuvent également bénéfi cier d’activi-
tés proposées par la Ligue contre le cancer (gymnastique
douce ou marche) ou par des fédérations sportives (canoë,
dragon boat, escrime ou athlétisme), qui collaborent avec
le CHU.
Les patients sont orientés dans ces différentes activités en
fonction de leur test à l’effort. « Ils sont suivis une fois par
semaine, et nous avons des retours très positifs, indique
Régine Denoual. Il y a beaucoup plus de femmes, atteintes
de cancers du sein, que d’hommes qui participent. Elles
retrouvent de l’énergie, certaines se remettent à faire des
activités, elles sortent de l’isolement, retrouvent une vie so-
ciale et reprennent confi ance. »
Pratique du sport en établissementLe CH de Valenciennes (Nord-Pas-de-Calais) a également
mis en place une activité de sport adaptée, rattachée au ser-
vice oncologie, organisée au sein même de l’établissement
et encadrée par un médecin, un kinésithérapeute, un psycho-
logue et un infi rmier. « À l’origine, nous avons mis en place
une activité sportive pour les patientes atteintes d’un cancer
du sein, explique Sandrine Paix, infi rmière à la consultation.
Puis, nous avons élargi à tout type de cancers. »
Cette activité est proposée lors d’une consultation d’an-
nonce thérapeutique. « Lorsque les patients acceptent, L’activité marche à l’Unité de rééducation cardiaque et d’éducation thérapeutique (CH de Dax-Côte d’Argent).
“Avec cette rééducation, les patients constatent qu’ils peuvent continuer à vivre normalement. Ils ne sont plus isolés et nous les encadrons
en permanence, nous les rassurons, les accompagnons et les faisons progresser.
”
ACTUSOINS • 47 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • soigner autrement
j’organise le recrutement et le rendez-vous avec le kiné-
sithérapeute pour voir s’ils peuvent intégrer l’activité sport »,
précise Sandrine Paix. Celle-ci a lieu au CH, une fois par
semaine pendant 1 h 30. Ils peuvent choisir entre le tapis
de marche, le vélo d’appartement, la gymnastique de ren-
forcement musculaire et les abdominaux.
Ainsi, après que l’infi rmière a pris leur tension, ils bénéfi -
cient d’un échauffement. Vient ensuite le temps des étire-
ments, de la relaxation et de nouveau la prise de tension.
Les patients peuvent bénéfi cier de dix séances renouve-
lables deux fois, et généralement, ils vont au terme des
trente séances. « Cette activité leur permet d’avoir une ap-
proche de ce qu’ils peuvent faire à l’extérieur et les sort du
contexte de la maladie », constate l’infi rmière.
L’Unité de rééducation cardiaque et d’éducation thérapeu-
tique (URCET) du Centre hospitalier de Dax-Côte d’Argent
(Aquitaine) offre pour sa part une activité physique, sur
prescription médicale, aux patients ayant besoin d’une ré-
éducation cardiaque. Ils commencent par effectuer avec
l’équipe médicale un test à l’effort et un test de marche,
puis effectuent un point sur leurs habitudes alimentaires et
leurs habitudes de vie.
« Nous recevons dix à douze patients par jour, précise
Françoise Lasalle, infi rmière. Ils viennent en moyenne trois
fois par semaine et bénéfi cient de vingt et une séances rem-
boursées. » Ainsi, le patient arrive le matin pour la prise de
ses constantes, puis il fait une demi-heure de réveil muscu-
laire avec un kinésithérapeute, suivie de quarante minutes
d’ergométrie sur un tapis ou un vélo. « On leur impose un
niveau d’effort calculé, sous scope et sous la surveillance
d’une infi rmière ou du médecin », indique l’infi rmière.
S’en suit une séance de musculation, d’abdominaux ou de
gymnastique au sol. Après la pause déjeuner, les patients
font environ une heure de marche, avant de suivre un ate-
lier d’éducation thérapeutique. « Avec cette rééducation,
les patients constatent qu’ils peuvent continuer à vivre nor-
malement, note Françoise Lasalle. Ils ne sont plus isolés et
nous les encadrons en permanence, nous les rassurons, les
accompagnons et les faisons progresser. »
Bien-être psychiatriqueL’activité physique peut également servir pour certains pa-
tients, à retrouver un équilibre dans la société. Par exemple,
à l’hôpital de jour du Bas Landreau à Rezé (Loire-Atlan-
tique), l’activité physique s’adresse, sur prescription, a des
patients de 18 à 87 ans ayant des troubles psychiatriques.
« Les patients ont des psychoses, des problèmes d’addic-
tion à l’alcool, ils sont dépressifs ou névrosés », fait savoir
l’infi rmière, Virginie Harscoët. Une fois par semaine, ils
vont venir jouer à des sports collectifs : basket-ball, hand-
ball, futsal ou encore ultimate.
Les professionnels élaborent avec le patient un contrat de
soins et toutes les quatre semaines, ils font une évaluation
avec l’infi rmière référente et le médecin psychiatre. « On
travaille avec le sport collectif car il y a une dynamique
d’équipe, explique Virginie Harscoët. Nous aussi, soi-
gnants, on participe et pendant l’activité, on a tous un re-
gard différent les uns sur les autres, et le patient ne voit plus
le soignant comme un cadre de soin mais comme un coé-
quipier. Cela favorise la relation de confi ance. » Actuelle-
ment, une vingtaine de patients participent à cette activité.
« On travaille sur la convivialité, ajoute l’infi rmière. Dans les
sports collectifs, il y a une dynamique de compétition, mais
là ils sont attentifs les uns aux autres et c’est valorisant. »
Et de conclure, enthousiaste : « Il y a également une dy-
namique du dépassement de soi. C’est vraiment une belle
expérience collective, les patients prennent plaisir à jouer
et à construire quelque chose ensemble. » n
LAURE MARTIN
L’activité physique et sportive adaptée est l’un des fi ls conducteurs du
Programme national nutrition santé (PNNS) 2011-2015. Ce plan prévoit de
réduire la sédentarité des adultes et de promouvoir l’APA chez les populations en
situation de handicap, défavorisées, âgées ou atteintes de maladies chroniques.
Les avancées de la recherche ont en effet précisé le rôle que jouent l’inadéquation
des apports nutritionnels et l’insuffi sance d’activité physique dans le déterminisme
de nombreux cancers et maladies cardio-vasculaires, qui représentent plus de
55 % des 550 000 décès annuels en France. n
© Sunfi re/Dreamstime.com
“Nous aussi, soignants, on participe et pendant l’activité, on a tous un regard différent les uns sur
les autres, et le patient ne voit plus le soignant comme un cadre de soin mais comme un
coéquipier. Cela favorise la relation de confi ance.
”
ACTUSOINS • 48 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
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Actusoins • se former
Devenir cadre de santé :Pour qui ? Pourquoi ?La formation de cadre de santé est accessible pour les infirmiers après quatre ans
d’exercice professionnel à temps plein. Pour intégrer l’un des 39 IFCS (Instituts de
Formation des cadres de santé) de France, il faut passer par un concours d’entrée.
L’enjeu : devenir cadre dans un service ou encore cadre formateur.
Enseigner, transmettre son savoir, manager une équipe,
évoluer vers des postes de direction… Voici quelques
raisons qui incitent les soignants à passer le cap et
à s’orienter vers une carrière de cadre. « Ce projet pro-
fessionnel est avant tout personnel. Il faut avoir la maturité
suffisante, préparer son projet, se situer dans une posture
réflexive. Il faut aussi une appétence pour être dirigeant,
conduire des projets et gérer des hommes », explique
Gilles Desserprit, directeur de l’IFCS de l’AP-HP, à Paris.
Le concours, ouvert à onze professions paramédicales,
est accessible après quatre ans d’exercice effectif à temps
plein. Pour constituer un dossier d’inscription, il faut être à
jour de certaines modalités administratives et fournir une
attestation de prise en charge financière de son employeur.
La première épreuve est une épreuve écrite d’admissibilité.
Elle dure quatre heures et consiste en un commentaire de
texte sur un sujet d’ordre sanitaire et social. Si le candidat
est admis (note au moins égale à 10/20), il pourra se
présenter à une épreuve orale qui consiste en un exposé
de son projet professionnel ainsi que la présentation de son
dossier individuel écrit.
Une fois admis, les candidats, quelle que soit leur profes-
sion d’origine, suivront la même formation. Les IFCS sont
agréés pour un nombre d’étudiants par métier.
Une formation réflexive avant toutLa validation d’une formation de cadre offre également la
possibilité aux étudiants d’obtenir 60 ECTS (crédits d’ensei-
gnements) d’une première année de master dans la majori-
té des IFCS. Il restera donc une année pour valider un cur-
sus universitaire complet, si tel est le choix du participant.
La formation de cadre dure une année, avec la possibilité
offerte par son texte de référence de suivre l’enseignement
en alternance (en continuant donc à travailler en qualité
d’Infirmier dans un service donc), avec un maximum de
deux années pour valider la formation. Pour la majorité
des IFCS, cette possibilité d’étudier de façon discontinue a
néanmoins été interrompue car elle ne cadrait plus avec la
temporalité universitaire.
La formation se compose de six modules : initiation à la
fonction de cadre, santé publique, analyse des pratiques
TÉMOIGNAGE D’AURORE COULON, CADRE FORMATEUR EN IFSI, PARIS.« Pour être en phase en pédagogie, il faut savoir comment cela se passe sur le terrain ».« Ma carrière de cadre, je l’ai débutée en IFSI, il y a douze ans. J’avais une opportu-
nité et à l’époque les postes en pédagogie étaient très prisés. Mais rapidement, j’ai
ressenti le besoin d’être plus crédible et de savoir comment ça se passait vraiment
dans les services. Depuis, j’alterne des postes de cadre de santé sur le terrain et des
postes de cadre formateur en IFSI.
Pour être en phase en pédagogie, il faut savoir comment ça se passe sur le terrain.
Et inversement, pour être en phase avec l’encadrement des équipes et des stagiaires
sur le terrain, il faut savoir ce qui est enseigné dans les IFSI.
Mon choix d’alternance est un peu atypique, en marge de ce que font la plupart
des cadres de santé. Car, malheureusement, aucun établissement ne propose de
faire une partie de son emploi du temps en IFSI et l’autre partie en encadrement de
service.
J’apprécie les deux aspects de la fonction : quand je suis en IFSI, ma motivation pre-
mière est de me dire que je forme les professionnels de demain, que je leur transmets
des valeurs et que je les accompagne dans leur construction professionnelle. Quand
je suis en service, j’apprécie cette fonction de manager qui permet d’accompagner
une équipe. Pour moi, être cadre, c’est accompagner et permettre l’émergence des
potentiels de chacun, qu’il soit étudiant ou professionnel confirmé. » n
ACTUSOINS • 50 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • se former
et initiation à la recherche, fonction d’encadrement, fonc-
tion de formation, approfondissement des fonctions d’en-
cadrement et de formation professionnels. Des stages sont
organisés (130 à 150 demi-journées). Un mémoire de fi n
d’études doit être réalisé, en complément de la validation
de la formation.
Vers une réforme de la formation cadre ?En 2011, un groupe de travail de la DGOS (Direction
Générale de l’Offre de Soins) a débuté un travail sur la
réingénierie de la formation, pour aboutir en 2013 à la
rédaction des référentiels d’activités et de compétences.
L’année 2014 n’a pas vu de suite donnée à ce travail.
Si réforme il y a, celle-ci pourrait aussi bien concerner l’ac-
cès à la formation – changement des modalités du concours
ou même suppression de celui-ci – que la formation elle-
même. Le groupe de travail s’est prononcé en faveur d’une
réforme différenciant davantage les enseignements destinés
aux futurs cadres « managers » des enseignements s’adres-
sant aux cadres formateurs. Reste à rédiger un référentiel
de formation : déroulement du cursus, articulation entre les
unités d’enseignements et à s’interroger sur la possibilité
de VAE (Validation des Acquis de l’Expérience). Affaire à
suivre de très près. n
MALIKA SURBLED
© iStock/vm
ET APRÈS ?Niveau salaire, un cadre de santé paramédical au premier échelon, dans la fonc-tion publique hospitalière débute à 1958 euros brut. Au 11e échelon, il pourra percevoir 2 935 euros (le salaire d’un cadre supérieur de santé pouvant s’élever à 3 111 euros). Les cadres issus de la fi lière infi rmière ont l’obligation de se former tout au long de sa vie, via le développement professionnel continue (DPC). Néanmoins, ils n’y sont pas soumis en qualité de cadres, mais plutôt en qualité d’infi rmier, car la profession de cadre paramédical n’est pas considérée comme une profession de santé au sens du Code de la Santé Publique. n
“Si réforme il y a, celle-ci pourrait aussi bien concerner l’accès à la formation – changement
des modalités du concours ou même suppression de celui-ci – que la formation elle même
”
ACTUSOINS • 51 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
Actusoins • agenda
DEUXIÈME FORUM RÉGIONAL : L’INFIRMIÈRE LIBÉRALE EN PACA22 JANVIER 2015
À l’aube de grands changements dans le milieu de la santé, l’URPS Infi rmière PACA entend questionner
les acteurs publics et privés du territoire sur la place de l’infi rmière libérale dans les réformes du système
de santé. Au programme, des débats, des ateliers et un village de stands destinés à tous. Parmi les sujets
abordés : l’éducation thérapeutique du patient vs éducation à la santé, le burn-out du soignant dans le
suivi de la pathologie chronique, les soins infi rmiers et leurs répercussions sur l’environnement, infi rmière libérale : profession à risques…
Lieu : Acropolis à Nice
Informations et inscriptions : www.forum-infi rmiere-paca.fr
COLLOQUE TIC SANTÉLES 3 ET 4 FÉVRIER 2015
Au cours de ces deux journées, les participants pourront
identifi er les évolutions induites par le développement
des solutions de télémédecine et l’usage des
applications mobiles et objets connectés, leur impact sur les pratiques
soignantes, la relation avec les personnes soignées et la coopération
entre professionnels et équipes de santé. Ils pourront également partager
et échanger sur des pratiques professionnelles intégrant le numérique et
des solutions mobiles à partir de projets innovants présentés par les lauréats
des étapes régionales du Tour de France du numérique pour la santé.
Lieu : Cap Conférence GMF, Levallois-Perret (92)
Informations et inscriptions : www.colloqueticsante
SECOURS EXPOLES 6, 7 et 8 février 2015
Pour la première fois, secouristes et
personnels de santé, des SAMU
et de leurs SMUR, des SDIS et
de leurs 3SM, ambulanciers,
associations agréées de sécurité
civile, entreprises, civils et militaires,
partagent le même salon ! Afi n de
progresser, les professionnels du secours et des
soins d’urgence, comme de la prévention, doivent intensifi er
leur dialogue, discuter de l’évolution de leurs pratiques et
rechercher – ensemble – les synergies les plus effi caces et
ce dans le respect des différences de chacun. Tels sont les
objectifs que ce premier Secours Expo vous invite à partager.
Lieu : Paris, Porte de Versailles
Informations et inscriptions : www.secours-expo.comSÉMINAIRE : LES INFIRMIERS ET LA RECHERCHE FACE AU DÉFI DE LA QUALITÉMARDI 10 FÉVRIER 2015
Cinq ateliers :
- Améliorer la qualité et la sécurité
des soins : une affaire d’infi rmiers ?
- Questions de recherche et recherche en questions : exemples
de problématiques portées par des soignants.
- Faire la recherche : à propos des obstacles rencontrés par
la démarche d’objectivation sur le terrain infi rmier.
- Évolution des métiers, évolution des pratiques : quel visage
pour l’infi rmière de demain.
- Mettre en œuvre la qualité : les soignants face aux indicateurs
de qualité et de sécurité des soins.
Lieu : ICM, Hôpital de la Salpêtrière, Paris
Informations et inscriptions : www.ehesp.fr/info/actualites
LES SALONS DE LA SANTÉ ET DE L’AUTONOMIEDU 19 AU 21 MAI 2015
Ce salon regroupe trois événements professionnels
majeurs des secteurs du sanitaire et du médico-
social : HopitalExpo, GerontExpo-HandicapExpo et
Health-ITExpo. Ces trois Salons de la FHF rassemblent sur trois jours ces
secteurs en développant des espaces communs, des réfl exions croisées,
initiant ainsi les synergies. Trois thématiques : voir le monde hospitalier
autrement, optimiser les systèmes d’information et embellir le quotidien
des personnes en perte d’autonomie.
Lieu : Paris, Porte de Versailles, Pavillon 1
Renseignements et inscription : www.salons-sante-autonomie.com
ACTUSOINS • 52 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
L’accompagnement des responsables techniques
L’accompagnementde l’accueil du résidentet de sa famille
La détection et la préventionde la pré-dépendanceet de la perte d’autonomie
La communicationtriangulaire (résident, famille, soignant)
La mise placede projets d’animationde l’établissement
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thérapeutique et social »
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Ateliers en activités physiques, sportives ou corporelles et projet de soin
Danse et projet de soin Activités aquatiques et projet de soin Animer des ateliers en G.E.M Au-delà des «troubles du comportement», ces
enfants et ces adolescents qui nous mettent à l’épreuve
Ethique et responsabilité dans le soin
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01 42 73 90 07 http://transformation.ffsa.asso.fr@ [email protected]
Des formations en activités corporelles, artistiques et culturelles, physiques
ou sportives comme médiations dans le cadre du projet de soin
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des techniques complémentaires pour la prise en charge de la douleur aiguë dans des contextes chirurgicaux, de soins douloureux, d’examens invasifs, etc
ACTUSOINS • 55 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
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Expérience exigée d’un management au quotidien d’un bloc opératoire. Possibilité de prendre des astreintes de bloc opératoire.
Candidature à adresser à : Véronique MeynardHôpital privé Marseille - Direction des Ressources Humaines23 rue des Linots - CS 60081 - 13425 Marseille Cé[email protected]
AREPA - Acteur majeur du secteur médico-social (1700 salariés - 68 sites), spécialisé dans la gestion de résidences pour personnes âgées, recrute pour ses établissements médicalisés d’Ile-de-France (dépts 78-91-92-93-94-95) des :
‘‘‘‘Rejoindre l’AREPA,c’est redonner un sens à la vie...
INFIRMIER(E)S D.E - CDI - Temps plein Réf : IDE + département souhaité. Sous la responsabilité du Cadre de Santé, et en relation avec l’équipe pluridisciplinaire de la résidence, vous participez à l’organisation quotidienne de l’activité de l’équipe soignante, dans un souci de continuité et de qualité de la prise en charge. Au-delà des missions propres dévolues à votre fonction, vous inscrivez votre activité dans une démarche préventive et éducative et créez les conditions d’une prise en charge individualisée. Vous assurez la mise en œuvre des protocoles de soins et des plans de sécurité sanitaire. En lien avec l’équipe et les acteurs du réseau de santé, vous participez à la gestion des relations avec les familles. Diplôme IDE exigé.
CADRES INFIRMIER / RESPONSABLES INFIRMIER H/F CDI – Temps plein Sous la responsabilité du Directeur d’établissement, vous avez en charge l’Animation, l’encadrement de l’équipe soignante, le recrutement, la formation, l’évaluation, l’intégration, et l’accueil des stagiaires. Vous organisez et coordonnez la prise en charge des résidents, conformément aux valeurs AREPA, aux projets de vie et de soins de l’établissement. Vous contribuez à la gestion des relations avec les familles et les divers acteurs de la santé, vous êtes garant du respect de la qualité des services dus aux résidents. Vous assurez la mise en œuvre des procédures et des protocoles de soins dans un souci de sécurisation des soins délivrés. Diplôme IDE exigé. Diplôme de Cadre de Santé apprécié. Expérience réussie de l’encadrement d’équipe. Connaissance de la gérontologie demandée. Qualités relationnelles et sens de l’organisation. Bonnes connaissances en informatique.
Pour l’ensemble de ces postes, outre votre formation initiale, ce sont vos qualités professionnelles qui feront la différence : sens de l’écoute, intérêt pour les problématiques sociales et humaines,
goût du travail en équipe, rigueur et patience.
Conditions de recrutement : CCN 51 + reprise d’ancienneté + prime. Avantages : Comité d’Entreprise, 1% patronal.
Merci d’adresser votre dossier de candidature (CV + LM) en indiquant la référence correspondante et la zone géographique souhaitée à : AREPA - Service recrutement - 60 rue Etienne Dolet - 92245 MALAKOFF CEDEX. Par mail : [email protected]
L’Association des Paralysés de France
APF Evasion, service vacances de l’Association des Paralysés de France organise depuis 1936 des séjours de vacances à destination d’un public en situation de handicap moteur, avec ou sans troubles associés.
Pour l’été 2015, postes à pourvoir sur toute la France. Séjours d’une durée de 15 jours environ, frais de repas, transport, hébergement et assurances pris en charge. Salaires selon catégorie de séjour : (brut/mensuel) - IDE (2045 à 2067 €) - Kiné (2251 €) - AMP (630 à 1623 €).
80 Infirmier(e)s50 AMP (ES ou AVS)5 kinésithérapeutes
Et aussi 2000 accompagnateurs bénévoles
Contacts et inscriptions dès janvier : [email protected] ou 01.40.78.56.63
Le Salon EMPLOI des métiers du Paramédical
Mercredi 11 mars espace Champerret PARIS 17e de 10h à 18h
201536
Rencontrez en direct les Hôpitaux, cliniques,crèches,maisons de retraiteet agences d’intérim
qui recrutent !Postes proposés sur le salon : infirmier(e), DE, IADE, IBODE,
cadre de santé, auxiliaire de puériculture et puéricultrice,EJE, sage-femme, kinésithérapeute, aide soignant (e),
manipulateur en radiologie …
entrée gratuite - toutes les infos sur : www.jobrencontres.fr
Nos partenaires :
ACTUSOINS • 56 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
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CENTRE HOSPITALIER
Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent - Gentilly
Fondation Vallée
LA FONDATION VALLÉE Centre Hospitalier Infanto-Juvénile situé à Gentilly (94250) à proximité immédiate de Paris
Recherche H/F :
Pour son pôle adolescents :
1 Orthophoniste mi-temps pour ses unités d’hospitalisation moyen et long séjour
Pour son pôle enfant :
1 Orthophoniste à 50% sur les deux unités long et moyen séjour et court séjour
1 Orthophoniste à 50% - 50% pour son Hôpital de jour et son CMP de Gentilly
Pour tout renseignement écrire : [email protected]
Les candidatures doivent être adressées à Monsieur le Directeur Fondation Vallée - 7, rue Benserade - 94257 GENTILLY Cedex
Le Centre HospitalierRégional Universitaire
de Nîmes recrute !
IDE,
à
RECRUTE IDE CDI
La Polyclinique Notre Dame est un établissement privé situé dans la région Provence Alpes Côte d’Azur, plus précisement à Draguignan (83, Var), à 30 min des plages de Fréjus/Saint-Raphaël et à 2 heures des stations de ski.
Elle comporte 150 lits et places MCO - HAD. Les spécialités chirurgicales pratiquées sont : l’orthopédie, l’ophtalmologie, l’urologie, la chirurgie digestive, l’ORL, la chirurgie vasculaire, l’esthétique, la gastroentérologie, etc. La clinique est dotée d’une USC chirurgicale et d’un service d’USC médicale.
Le plateau technique est composé de deux blocs opératoires : un bloc neuf de 6 salles, dont une salle d’angiographie
numérisée, un bloc d’endoscopie de 2 salles.
POSTE A POURVOIR : Nous recrutons des IDE (jour / nuit) temps plein en CDI pour l'ensemble de nos services d'hospitalisation et du bloc opératoire.Rémunération : selon Convention Collective CCU + ancienneté + primes de service Date : immédiat Pour postuler : CV + lettre de motivation par e-mail
CONTACT : Me BELHASSINE Farah - Responsable Ressources Humaines Téléphone : 04.94.60.21.07 E -mail : [email protected]
Site Internet de la Polyclinique : http://www.vitalia-notredame-draguignan.com
ACTUSOINS • 57 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
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Postes à pourvoir en hôpitaux, cliniques,
maisons de retraite, centres spécialisés,
cabinets libéraux.
LFP Emploi Médicalvotre partenaire expert dans les métiers de la santé
en Intérim & CDI, recrute toute l’année professionnels h/f :
IADE - IBODEIDE plateau technique
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2ème ou 3ème année
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RG emplois médical SuisseRue de la Maltière 3, CH-2800 Delémont (Suisse)Tél. direct : 00 41 32 424 50 02 ou 50 00 E-mail : [email protected] www.rg-emplois.ch
Nous recherchons constamment des infirmier(ière)s qualifié(e)s pour divers établissements hospitaliers et foyers pour personnes âgées :
Services médecine, chirurgie, gériatrie, psychiatrie, pédopsychiatrie, soins intensifs (certifié(e)s SIAMU), urgences, hémodialyse, IBODE et IADE certifié(e)s, sages-femmes, ergothérapeutes, technicien(ne)s en imagerie médicale.
Egalement parfois des aides-soignantes diplômé(e)s DEAS pour des foyers personnes âgées...
Contrat fixe longue durée (12 mois minimum) ou parfois temporaire, selon la demande. Cadre plaisant, bonnes conditions de travail et d’engagement. Nous ne recrutons que des personnes ressortissantes des pays de l’UE et parlant très bien le français. Nous nous chargeons des démarches administratives. Possibilité de logement.
Nous nous réjouissons de recevoir votre candidature et de pouvoir collaborer avec vous. Contactez-nous sans tarder
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ACTUSOINS • 58 • NUMÉRO 15 • DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER 2015
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(1) Mesure de la satisfaction sur les prestations, résultats obtenus auprès de 11 300 sociétaires depuis janvier 2014. (2) Prix d’un appel local depuis un poste fixe. Ce tarif est susceptible d’évoluer en fonction de l’opérateur choisi. MACSF assurances - SIREN N°775 665 631 – Société d’Assurances Mutuelle – Entreprise régie par le Code des Assurances – Siège social : cours du Triangle – 10 rue de Valmy – 92800 PUTEAUX.
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