actusoins magazine n°16 mars 2015

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INCONTRÔLABLES… MAIS INCONTOURNABLES RÉSEAUX SOCIAUX L’EHPAD Elles ont choisi VIE PROFESSIONNELLE QUELLE PRISE EN CHARGE ? PRATIQUES DOSSIER MARS - AVRIL - MAI 2015 N°16 RETROUVEZ L’ACTUALITÉ INFIRMIÈRE AU QUOTIDIEN SUR WWW.ACTUSOINS.COM

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Page 1: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

INCONTRÔLABLES…MAIS INCONTOURNABLES

RÉSEAUX SOCIAUX

L’EHPADElles ont choisi

VIE PROFESSIONNELLE

QUELLE PRISE EN CHARGE ?

PRATIQUES

DOSSIER

MARS - AVRIL - MAI 2015N°16

RETROUVEZ L’ACTUALITÉ INFIRMIÈRE AU QUOTIDIEN SUR WWW.ACTUSOINS.COM

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EDITO

Eclipses, arnaques et loi de santé

Éditeur : ActuSoins SARL - 57 Rue de L’Ouest - 75014 Paris - R.C.S. PARIS 520180688Directeur de la publication : Kamel Boudjedra • Numéro de commission paritaire : 0613 W 90939 ISSN : 2256-6260Dépôt légal : à parution • Rédactrice en chef : Cyrienne Clerc

([email protected]) • Ont collaboré à ce numéro : Delphine Bauer, Olivier Blanchard, Amélie Cano, Bénédice d’Hendecourt, Céline Diais, Laure Martin, Leila Minano, Laurence Piquard, Ariane Puccini, Juliette Robert, Natacha Soury, Malika Surbled, Philippe Viseux de Potter. Photo de couverture : © Céline Diais. • Maquette : Pascal Fossier / Sylviane Lemy

• Illustration : Nawak • Impression : Rotimpres • Routage : Routage Catalan • Contact rédaction : 09 72 40 47 17 - [email protected] • Contact annonces d’emploi / publicité : 09 54 53 45 45 - [email protected]

ABONNEZ-VOUSEN PAGE 61

PRATIQUES 12 - Cicatrisation : fondamentaux et anatomie de la peau

- Plaie tumorale : quelle prise en charge ?

- Comprendre l’ECG, un défi osé ?

VIE LIBÉRALE - Réseaux de santé : un appui à la coordination

24

VOS DROITS 52

AGENDA 60

L’ACTUALITÉ SCIENTIFIQUE 10

DOSSIER - Incontrôlables… mais incontournables réseaux sociaux

48

A LA UNE - Désengorger les urgences :est-ce possible ?

4

32VIE PROFESSIONNELLE - Travail en 12 heures : un débat sans fi n - Elles ont choisi l’Ehpad - Bientraitance : un jeu pour (re)prendre conscience

À LA LOUPE - Maison de Solenn : des infi rmières en première ligne

40INITIATIVE - Comme un phare dans la rue

- PACTE : privilégier la coordination et la coopération au sein des équipes44

SOIGNANTS D’AILLEURS - Infi rmière à Chypre, île en crise

56

PORTRAIT - Frédérique, elle tatoue les femmes atteintes de cancer

5458

SOIGNER AUTREMENT - L’équithérapie : soigner avec les chevaux

62

SE FORMER - La simulation, un accélérateur d’expérience.

- Le compte personnel de formation en huit questions

Lors de la troisième semaine de mars, le mot « arnaque » était sur beaucoup de lèvres : sur

celles des infi rmiers libéraux, (presque) oubliés par la loi de santé. Lors de sa présentation du projet à l’Assemblée nationale, Marisol Touraine a en effet « éclipsé » de son discours le mot « infi rmière » !Sur les lèvres des médecins libéraux de ville, furieux contre le tiers payant généralisé, de leurs collègues des cliniques, des urgentistes… Quelques jours plus tard, le 19 mars, les députés « éclipsaient » totalement ou en partie certains articles du projet de loi santé, dont celui sur la vaccination par les pharmaciens, tant décriée par les infi rmiers.Le 17 mars, les députés, avaient voté la loi sur la fi n de vie. Une « arnaque » pour ceux qui s’attendaient à ce que les parlementaires aillent au-delà du droit à la sédation profonde.Côté éclipse totale et durable… de nombreux professionnels de santé dont les quelques 40 000 qui ont manifesté le 15 mars, seraient favorables à celle de Marisol Touraine du gouvernement. Après les départementales ?A ActuSoins, nous avons suivi cette riche actualité (sauf l’éclipse solaire) et nous continuons à vous informer au quotidien sur ActuSoins.com. Et dans votre magazine : le soin des plaies tumorales, les tentatives pour désengorger les urgences, la vie des IDE en Ehpad, l’avenir des réseaux de santé, le travail en douze heures… Côté découvertes, entrez dans la Maison de Solenn à Paris, Le Phare à Pau,…Savez-vous twitter en évitant les « bad buzz » ? Vous le saurez, en lisant notre dossier. Une nouvelle rubrique dans ActuSoins. Rendez-vous en juin ! n

CYRIENNE CLERC – RÉDACTRICE EN CHEF ACTUSOINS

ACTUSOINS • 3 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

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Actusoins • à la une

Désengorger est-ce possible ?

© Natacha Soury

Au cours de la réunion de transmission, chaque patient est nommé par son nom. L’équipe détaille aussi sa situation sociale et familiale afi n de savoir qui contacter en cas de besoin.

Alors que les urgences sont saturées depuis plus de quinze ans, de nouvelles méthodes

de gestion sont appliquées à certains services. Si certains parlent de « management »,

d’autres préfèrent celui de « réorganisation », terme moins connoté. L’objectif de ces

changements structurels est le même : une meilleure prise en charge du patient.

ACTUSOINS • 4 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 5: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • à la une

les urgences :

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charge bactérienne et de protéger la plaie

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milieu propre et favorable à la cicatrisation est

ainsi obtenu.

* PHMB : agent classé CMR 2 depuis le 1er janvier 2015

Chez moi, regardez, il n’y a pas de brancards dans

les couloirs, lâche fièrement Enrique Casalino,

chef des urgences de Bichat. Si jamais j’en vois

un, je hurle ! », affirme le professeur, allure détendue mais

professionnelle avant tout. Pour ce cinquantenaire jovial et

dynamique, les urgences de son hôpital reviennent de loin.

Quand il en prend la direction il y a dix ans, « on avait la

chirurgie d’un côté, la médecine de l’autre, mais sans au-

cune polyvalence », explique-t-il. Cela coinçait. Fortement.

L’augmentation des passages aux urgences le concerne

bien évidemment aussi, même s’il s’agit d’une probléma-

tique à l’échelle de la France entière. « De 12 millions de

passages en 2000, on est passé à 18 millions en 2014 »,

révèle Christophe Prudhomme, vice-président de l’Asso-

ciation des médecins urgentistes (Amuf). « Et demain, 22,

24 millions ? », s’inquiète-t-il.

« À Bichat, c’est précisément 60 % d’activité en plus en

dix ans », éclaire Enrique Casalino. Une augmentation im-

portante, qui a pu se compenser par la mise en place de

méthodes innovantes, sur lesquelles tout le monde médical

ne tombe néanmoins pas d’accord : création de postes de

bed managers, pour optimiser la gestion des hospitalisa-

tions avec un système de tri des patients et des circuits

courts. Autant de solutions pour tenter de désengorger les

urgences… mais qui s’inspirent du modèle de l’entreprise,

donc susceptibles de créer certaines crispations.

Pour le professeur Casalino, « finies les urgences, toutes les

équipes tournent désormais partout. On a adapté aussi la

densité de personnel au flux de patients. Et comme cela ne

suffisait pas, on a mené une profonde réorganisation : on

a créé des filières selon la gravité des cas, dont une filière

ultra-courte, où les patients ne rentrent même pas dans le

«

“On a créé des filières selon la gravité des cas,

dont une filière ultra-courte, où les patients ne

rentrent même pas dans le flux des urgences

et sont vus par un médecin de ville.

ACTUSOINS • 5 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 6: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • à la une

flux des urgences et sont vus par un médecin de ville »,

détaille-t-il.

Résultat ? Des temps d’attente diminué, dont les patients

connaissent immédiatement la durée en franchissant la

porte des urgences. Grâce à un affichage du temps d’at-

tente, symbolisé par des codes couleurs, le malade a des

informations précises. Aux yeux de Philippe Lepetit, infir-

mier aux urgences de Bichat, il est clair que cela réduit

les incivilités et les énervements : tout est transparent. « Car

rien n’est pire que d’imaginer que l’on attend pour rien »,

reconnaît-il, évoquant des patients qui ne connaissent pas

les coulisses des urgences et enragent de n’être pas pris en

charge immédiatement.

Des infirmiers en première ligneDans ces nouveaux systèmes, les infirmiers ont tout leur rôle

à jouer. À Bichat, « les infirmiers ont adhéré au projet pro-

posé car ils ne pouvaient plus rester comme ça, que ce soit

en termes de conditions de travail ou de la prise en charge,

qui perdait en qualité », avance le professeur Casalino.

Trois fois par jour, matin, midi et soir, c’est donc « trans-

mission. » Les équipes de soin, médecins, infirmiers ou

personnel paramédical se retrouvent pour « discuter des

dossiers, du volet diagnostic, avec un débriefing qualitatif

et des indicateurs qualité », explique-t-il. Volonté du chef de

service : que tout le monde porte une blouse jaune pour

gommer les différences hiérarchiques. Et que tout le monde

participe également à la discussion. Des interrogations,

des remarques, des défaillances ? Infirmiers ou médecins

s’expriment en toute liberté. Parfois, ça plaisante, parfois,

ça s’engueule. L’essentiel, c’est la prise en charge optimale

du patient.

Dès le début de la prise en charge, les infirmiers sont un

rouage essentiel de la chaîne de soins. Les IAU (infirmiers

d’accueil) vont immédiatement à la rencontre des nouveaux

patients, sont habilités à « donner des antalgiques dès l’ac-

cueil », précise Philippe Lepetit, et les installent directement

dans un box. « Dès qu’un autre malade arrive, on place

le premier ailleurs, et on accueille d’autres personnes pour

prendre le relais. »

Les urgences comptent donc des zones d’attente assises

ou allongées, mais personne dans le couloir. Cependant,

si la fluidité du service se constate sur le terrain, tout cela

« ne s’est pas fait en un jour. On a pris quatre ou cinq ans,

pour instaurer cette culture du changement », explique le

professeur. Il souligne d’ailleurs que, dans cette mini-révolu-

tion, ses meilleurs alliés ont été « les cadres de santé et les

équipes paramédicales, qui étaient arrivés à leurs limites. »

Trier pour éviter les encombrementsMohamed Benameur, 45 ans, est lui infirmier au CHU de

Rouen. Avec ses vingt ans de service derrière lui, il a été

témoin des changements survenus aux urgences. Il confirme

lui aussi une grosse augmentation de la fréquentation des

urgences, de 100 personnes environ jusqu’à des pics de

300 aujourd’hui. Un bond du, entre autres, à une crois-

sance du nombre de personnes âgées.

« Une personne âgée grippée doit être hospitalisé car sa

santé peut se dégrader rapidement », estime-t-il, contrai-

rement à des plus jeunes qui pourront sortir. Mais il ne

se plaint pas, car au CHU de Rouen, « beaucoup de

choses ont été mises en place, des moyens financiers

comme humains. » Et d’évoquer des réussites, comme la

mise en place d’un système de tri par un médecin pré-

sent les après-midis qui permet d’éviter des encombrements

pour de la simple bobologie. Mais Mohamed en est bien

conscient, il est impossible de limiter l’accueil aux urgences

aux seules personnes dont l’état l’exigerait. « Après tout, les

urgences sont la vitrine d’un hôpital, donc on ne peut pas

refuser de patients. »

Parfois, les initiatives sont bonnes en théorie, mais les

obstacles sont incontournables. « Les bed managers sont

confrontés à un problème : ils n’ont aucune visibilité sur les

lits disponibles dans les autres services », explique Mo-

hamed Benameur qui a exercé ce métier pendant un an,

avant même qu’il n’existe officiellement.

Des problèmes en aval… et en amontSi ces méthodes fluidifient les urgences, elles n’apportent

pas les solutions aux causes premières de l’engorgement

des urgences, comme les dysfonctionnements internes au

© Natacha Soury

Réunion de transmission.

“Les bed managers sont confrontés à un

problème : ils n’ont aucune visibilité sur les

lits disponibles dans les autres services.

ACTUSOINS • 6 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 7: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

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Page 8: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • à la une

système médical français, ou le vieillissement de la popu-

lation.

Enrique Casalino a constaté que sur l’amont et l’aval, il n’a

guère de moyens d’agir. C’est pourquoi il a concentré ses

efforts sur les urgences, « sans coûter plus cher », affirme-t-il.

« Les urgences cristallisent tous les dysfonctionnements de

l’hôpital, estime Christophe Prudhomme. Aujourd’hui, le

premier motif de venue aux urgences est quand même le

délai trop important pour consulter un spécialiste, et le se-

cond les problèmes financiers avec des honoraires impos-

sibles à payer pour les plus vulnérables », rappelle-t-il. Une

situation qui s’explique par la « fermeture des gardes de

nuit », l’absence de structures de soins pluridisciplinaires en

ville et de plateaux techniques, qui feraient le lien entre la

médecine de ville et l’hôpital.

« Il faudrait renforcer les permanences de soin et lutter

mieux contre les déserts médicaux, avance-t-il. Mais au

contraire, on a dévalorisé les centres de santé, car ce n’est

pas rentable avec une rémunération à l’acte ».

Pour beaucoup de professionnels, le constat est sans appel.

Le bon parcours de soin peut rapidement prendre l’aspect

d’un « parcours du combattant », comme le souligne Gé-

rard Vincent de la Fédération Hospitalière de France. Aux

urgences, avec les radios et les examens complémentaires,

la prise en charge médicale est complète et permet des

réponses rapides. « Quand le patient va voir le médecin, il

a par exemple déjà sa radio », précise Philippe Lepetit, qui

reconnaît l’aspect pratique et efficace de telles méthodes.

Au cœur du problème : la fermeture de lits en avalAutre souci, partagé unanimement, cette fois : la fermeture

de lits dans les différents services de l’hôpital. Certes, les

urgences de Poitiers ont décidé début janvier de réévaluer

le nombre de lits à la hausse mais cette décision reste mi-

noritaire. La tendance est plutôt inverse.

« Il faut arrêter de fermer des lits, de nous vendre de l’am-

bulatoire, ce n’est pas la solution », exhorte Christophe

Prudhomme, tandis que Philippe Lepetit se plaint aussi de

l’absence de lits. « Quand le médecin prend une partie de

sa matinée à chercher des lits, ce n’est pas son rôle », dé-

plore l’infirmier. Autant de temps qu’il ne passe pas auprès

des patients.

Et le professeur Casalino de confirmer. « Trouver des lits à

la sortie des urgences reste problématique. Il arrive que cer-

tains patients restent 36 ou 48 heures dans des brancards.

Ce n’est pas normal. » Mais les hôpitaux semblent par-

fois ne pas se presser pour prendre en charge un patient

atteint par exemple de pluripathologies, et qui va rester

longtemps…

Management vs réorganisation ?Tous les professionnels n’ont pas la même appréciation de

la situation. Christophe Prudhomme dénonce l’utilisation du

terme de « management », emprunté au monde l’entreprise.

« S’il y a encore deux mondes qui échappent à la mar-

chandisation, c’est bien la santé et l’éducation », lâche-t-il,

inquiet d’éventuelles dérives qui pourraient aboutir à une

« médecine techniciste et technicienne, alors qu’elle doit

être humaniste et pédagogique. On est déjà dans une mé-

decine à deux vitesses, avec des cliniques privées et un

hôpital public délabré », ajoute-t-il. La vérité est sans doute

un peu ici, et un peu ailleurs. Gérard Vincent insiste : « pour

moi, l’hôpital est une entreprise de service public, mais elle

est une entreprise ! »

Loin de ces craintes, pourtant compréhensibles, les ur-

gences de l’hôpital Bichat montrent un visage humain. « Le

management est une réalité au quotidien », soutient mordi-

cus le professeur Casalino. Son point fort a sans doute été

de « savoir nous expliquer ce qu’il comptait faire. La façon

de l’expliquer est déterminante », reconnaît Philippe Lepetit.

Une mission essentielle à remplir par les médecins comme

les infirmiers.

L’humain est indispensable, car comme le rappelle Gérard

Vincent, « les urgences sont les endroits où sont le plus pré-

servées les valeurs de la République. » n

DELPHINE BAUER / YOUPRESS

© Natacha Soury Au centre, Pr. Enrique Casalino

“Aujourd’hui, le premier motif de venue aux

urgences est quand même le délai trop important

pour consulter un spécialiste, et le second

les problèmes financiers avec des honoraires

impossibles à payer pour les plus vulnérables.

ACTUSOINS • 8 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 9: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

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Page 10: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • l’actualité scientifi que

MEILLEURE SURVIE POUR LES PRÉMATURÉSL’Inserm a conduit une étude épidémiologique portant

sur 7 000 prématurés en 1997 (Epipage 1) et à

nouveau en 2011 (Epipage 2). En quinze ans, « la

proportion des enfants ayant survécu sans morbidité

sévère a augmenté de 14 % pour les prématurés

nés entre la 25e semaine et la 29e semaine et de

6 % pour les enfants nés entre 30 et 31 semaines

d’aménorrhée », explique le responsable de

l’équipe Inserm. Le taux de survie se réduit à moins

de 1 % avant 24 semaines. Mais la survie remonte

à 60 % dès 25 semaines, à 94 % entre 27 et 31

semaines et à 99 % entre 32 et 34 semaines.

(Source Inserm)

Belgique :

BURN-OUT et soignantsUn rapport du Service public belge, Emploi,

Travail et Concertation sociale, révèle des taux

de prévalence de 6,6 % du burn-out chez les

soignants (6,9 % chez les infi rmiers et 5,4 % chez

les médecins). Leur étude quantitative a porté sur

37 hôpitaux et 5 833 participants dont 79,5 %

d’infi rmiers et 20,5 % de médecins, 73,8 % de

femmes et 26,2 % d’hommes. En outre, 13,5 %

sont à risque élevé de burn-out (17,8 % chez

les médecins et 12,4 % chez les infi rmiers). La

prévalence de l’épuisement émotionnel, une

composante du burn-out, atteint 31,1 % et 8,4 %

des participants en subissent les trois facteurs :

épuisement émotionnel, dépersonnalisation et

accomplissement personnel réduit. Selon l’étude,

les principaux facteurs sont une charge de travail

élevée, un épuisement émotionnel élevé et des

confl its de rôles. D’où la nécessité d’évaluer et de

réajuster la charge de travail, de travailler sur la

résolution des confl its de rôles grâce à une meilleure

organisation du travail.

(Source : Santélog)

Travail de nuit et risque accru de diabète de type 2Une large étude menée auprès de femmes

afro-américaines (28 041 participantes

dont une partie a travaillé de nuit) confi rme

l’association entre le travail de nuit et un

risque accru de diabète de type 2 mais

révèle aussi que ce risque est accru chez

les jeunes femmes. Principales causes : une

durée totale de sommeil insuffi sante et une

perturbation du cycle circadien. L’analyse

constate que, par rapport à l’absence

d’antécédent de travail de nuit, le risque de

développer un diabète est accru de 17 %

pour 1 à 2 ans de travail de nuit, 23 % pour

3 à 9 ans et 42 % pour 10 ans ou plus. Les

femmes âgées de moins de 50 ans ont un

risque accru de 39 % contre 17 % pour les

50 ans et plus.

(Source : Diabetologia)

© Natacha Soury

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mac

Quelle alimentation en travail de nuit ?Il y a un risque cardiovasculaire

plus élevé du fait d’une

« désynchronisation

des rythmes

biologiques (…) Il y a

des hormones qui

s’adaptent et d’autres

pas du tout ; c’est le

cas du cortisol, de l’insuline et de la mélatonine »,

explique le Dr Laurence Plumey, médecin nutritionniste

(hôpital Necker, Paris). « La collation de la nuit doit privilégier

les protéines et les glucides lents, car le sucre et le gras

endorment. Il faut donc éviter le café sucré, les sodas sucrés,

les viennoiseries, les sandwichs au pâté ou au saucisson »,

poursuit-elle. Les préconisations : salade composée, yaourt et

fruit, pain complet ou simplement fromage blanc, compote,

pain complet et quelques carrés de chocolat, avec un café ou

du thé. Pour éviter le grignotage, il faut maintenir les trois repas

dans la journée. Le dîner « doit être suffi sant pour tenir jusqu’à

la collation de 2-3 heures du matin mais pas trop non plus

pour maintenir la vigilance ».

(Source Egora, le site www.paroledenutritionniste.com créé par le Dr Laurence Plumey)

ACTUSOINS • 10 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 11: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • l’actualité scientifi que

RÉDUIRE L’ANXIÉTÉ sous anesthésie localeUne étude de l’Université britannique de

Surrey, publiée dans l’European Journal

of Pain, montre que des techniques

de distraction simples peuvent aider

les patients à se détendre pendant

l’intervention et réduire leur douleur. L'étude

a été menée auprès de 398 patients,

subissant une chirurgie des varices et

répartis en 4 groupes : 1 groupe diverti

par de la musique, le second par un choix

de DVD, le 3e par une conversation avec

un infi rmier spécialisé, le 4e disposait de

2 balles anti-stress.

Les niveaux d'anxiété et de douleur ont

été mesurés par questionnaire après

l'opération. L’analyse montre que le groupe

« DVD » ressent 25 % de moins d'anxiété que le groupe « traitement habituel »

mais éprouve des niveaux de douleur identiques. Le groupe « conversation avec

l’infi rmière », une réduction de 30 % de l’anxiété et de 16 % de la douleur,

le groupe « balles anti-stress », une réduction de 18 % de l’anxiété et de 22 %

de la douleur. Quant à la musique, elle n’a aucun effet sur l'anxiété ou la douleur.

(Source : Santélog)

Plus de dermatites de contact irritative chez les professionnels de santéLes campagnes visant à améliorer l'hygiène des mains

pour prévenir les infections au staphylocoque doré

résistant à la méticilline (Sarm) ou à Clostridium diffi cile

ont entraîné une hausse des cas de dermatite de contact

irritative au Royaume-Uni entre 1996 et 2012 (+ 4,5

fois), selon une étude parue dans le British Journal of

Dermatology (BJD). A l'aide d'un registre sur les maladies

professionnelles renseigné par des dermatologues

depuis 1996, les chercheurs ont comparé les tendances

annuelles avant et après la mise en place, à partir de

2006, de campagnes de sensibilisation à l'hygiène des

mains. L'analyse montre que l'incidence des dermatites

de contact irritatives a augmenté de manière signifi cative

chez les professionnels de santé, avec un rapport des

taux d'incidence de respectivement 1,1 et 1,05 pour les

cas attribués à l'hygiène des mains uniquement et les cas

attribués à l'hygiène des mains et le travail en conditions

humides. Il faut trouver des produits et des pratiques qui

réduisent le risque de dermatite, soulignent les auteurs.

(Source : APM)

Prévention des infections nosocomiales : quid des bains à la chlorhexidine ?Afi n de tester l’effi cacité d’un bain quotidien

avec chlorhexidine chez des patients en

état critique, un essai clinique, publié dans

le Journal of american medical association

(JAMA), a été réalisé dans 5 unités de soins

intensifs (USI) d’un même centre hospitalier.

Durant l’étude, 4 484 patients ont eu des

« bains à la chlorhexidine » et 4 852 témoins

des soins corporels sans antiseptiques. Les

autres mesures préventives étaient maintenues

et il n’y a eu aucune surveillance particulière

des micro-organismes multirésistants. Sous

« chlorhexidine » sont survenues 55 infections

marquantes dont 4 septicémies liées aux voies

veineuses centrales (CLABSI), 21 infections

urinaires sur sonde (CAUTI), 17 pneumonies

sous ventilation artifi cielle (VAP) et 13 infections

à Clostridium diffi cile. Dans le groupe contrôle

ont été notifi ées 60 infections, dont 4 CLABSI,

32 CAUTI, 8 VAP et 16 à Clostridium diffi cile.

La pratique de bains quotidiens avec des linges

imprégnés de chlorhexidine n’a pas donc

pas conduit à une réduction signifi cative des

infections. Les résultats de ce travail s’opposent

cependant aux conclusions d’autres études.

(Source Jim.fr)

INFECTIONS NOSOCOMIALES CHEZ 7 % DES PATIENTS EN HADPrès de 7 % des patients en hospitalisation à domicile (HAD) présentaient

une infection nosocomiale un jour donné en 2012, selon la première Enquête

nationale de prévalence (ENP) des infections nosocomiales et des traitements

anti-infectieux réalisée en HAD par l'Institut de veille sanitaire (InVS). Les enquêtes

précédentes portaient sur les établissements de santé. En 2012, l'enquête a inclus

179 HAD et 5 954 patients. Selon cette enquête, 6,8 % des patients avaient une

ou plusieurs infections nosocomiales actives

et plus de 15 % étaient traités par au moins

un anti-infectieux. Plus de 40 % des patients

étaient porteurs d'au moins un dispositif

invasif. Les trois quarts des infections étaient

localisées sur quatre sites : infection urinaire

(27 %), infection de la peau/tissus mous

(18 %), infection du site opératoire (15 %) et

infection respiratoire (13,5 %).

(Source : agence APM)

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ACTUSOINS • 11 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

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Actusoins • pratiques

Cicatrisation :fondamentaux et anatomie de la peauNous publions dans ce numéro et dans les quatre suivants des articles ciblés sur

la cicatrisation. Le premier concerne l’anatomie de la peau. Les prochains porteront sur

« plaie et cicatrisation », « l’importance du milieu humide », « les dispositifs médicaux »

et « la théorie de la sélectivité exsudative ».

La prise en charge des plaies est avant tout un travail

d’équipe. En effet, il n’est pas envisageable d’espérer

cicatriser une plaie, sans un travail d’équipe pluridisci-

plinaire. Cette notion de travail d’équipe nous amène à un

concept qui est le triangle de cicatrisation. (Figure 1)

ENVIRONNEMENTS

PATIENTS

LA PLAIE

SOIGNANTS

Figure 1 – Le triangle de cicatrisation

Au premier sommet de ce triangle nous trouvons le patient.

C’est le premier concerné dans la prise en charge de la

plaie. En effet la plaie est la sienne. Sa qualité de vie

est altérée lorsqu’elle croise le chemin de la maladie. L’im-

plication de la personne soignée dans la cicatrisation est

capitale. Sans une participation active, nous ne pouvons

espérer obtenir une cicatrisation de bonne qualité.

Au second sommet de ce triangle, nous trouvons les soignants.

Au troisième sommet se positionnent les environnements.

Si nous en parlons au pluriel, c’est que nous prenons en

considération deux types d’environnement :

- ceux des patients (domicile ou structure hospitalière),

- ceux des soignants (en lien avec les dispositifs médicaux

et leurs pluralités interdisciplinaires).

Les êtres vivants sont hiérarchisés. En effet dans leur schéma

organisationnel, nous retrouvons les systèmes (locomoteur,

digestif, neuro-végétatif…).

Ces systèmes sont eux-mêmes constitués par les organes.

Chaque organe est constitué par des tissus, eux-mêmes

constitués par une juxtaposition de cellules. (Figure 2)

CELLULESTISSUSORGANESSYSTÈME

Figure 2 – Organisation anatomique

Parmi ces cellules, le fi broblaste joue un rôle fondamental

dans le processus de cicatrisation.

Ce n’est pas nous, soignants qui faisons cicatriser, ce ne

sont pas non plus les pansements élaborés par les labora-

toires qui font cicatriser, mais c’est le fi broblaste qui cica-

trise ! C’est lui le grand « architecte » de la cicatrisation.

Notre travail n’est pas de se substituer à celui du fi broblaste,

mais il est tout simplement de gérer l’environnement autour

du fi broblaste pour que ce dernier puisse travailler dans

des conditions optimales afi n de cicatriser.

Le bon fonctionnement cellulairePour que cette cellule puisse fonctionner, nous devons lui

apporter différents éléments afi n qu’elle puisse synthétiser

son énergie cellulaire sous forme d’ATP (Adénosine Tri Phos-

phate).

Illustrations : Viseux de Potter Ph.

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Actusoins • pratiques

Ces éléments, indispensables au bon fonctionnement cellu-

laire, sont puisés dans notre environnement. C’est ainsi que

grâce à notre alimentation nous apportons, à la cellule,

les nutriments et l’eau, et que par la respiration nous lui

apportons l’oxygène.

Ces différents éléments, indispensables au bon fonctionne-

ment cellulaire, sont prélevés dans notre environnement et

fournis à notre organisme par notre alimentation et notre

respiration.

Une fois assimilés, ils vont être acheminés vers toutes nos

cellules grâce à la circulation sanguine, qui joue le rôle de

voie d’acheminement, afi n que toutes nos cellules puissent

bénéfi cier de ces nutriments. (Figure 3)

AL

IME

NTA

TIO

NR

ES

PIR

AT

ION

ENERGIE

CELLULE

NUTRIMENTSVITAMINESEAU

OXYGÈNE

CIRCULATIONSANGUINE

Figure 3 – Les apports nutritifs et énergie cellulaire

Dès maintenant, nous pouvons réaliser plusieurs constats.

Tout d’abord, nous mangeons et nous buvons, non pas

parce que nous avons faim ou soif, mais parce que nos

cellules nous le demandent.

En nous référant à la Figure 3, nous pouvons établir, que

s’il y a une modifi cation des apports en oxygène, en eau et

en nutriments, la cellule en subira inéluctablement les réper-

cussions. De même, si un patient présente une insuffi sance

circulatoire, nous pouvons imaginer, avec facilité, que les

nutriments, l’eau et l’oxygène, ne seront pas acheminés

jusqu’aux cellules en quantité suffi sante. Même à l’échelle

physiologique s’opère un travail d’équipe !

Structure de la peauSi nous avions à défi nir ce qu’est la peau, nous pourrions

dire que c’est l’interface qui sépare le milieu intérieur de

l’environnement qui nous entoure. Et nous observons que ce-

lui-ci nous est particulièrement hostile. En effet nous sommes

constamment sujets à diverses agressions qu’elles soient de

nature bactérienne, électromagnétique, physique…

La peau joue un rôle de barrière protectrice entre deux

univers, le milieu extérieur et le milieu intérieur stérile qui ne

doivent pas se rencontrer.

HYPODERME

DERME

EPIDERME

Figure 4 – Les couches de la peau

I. L’épiderme :C’est la couche qui est en contact avec le milieu extérieur ;

elle joue donc un rôle de protection. Pour assurer son rôle

de protection, l’épiderme est structuré en plusieurs couches

de cellules.

Les cellules épithéliales vont synthétiser une protéine très ré-

sistante qui s’appelle la kératine. Cette kératine joue un rôle

de protection mécanique contre les agressions extérieures.

Une cellule épithéliale qui synthétise la kératine, devient

donc un kératénocyte.

L’agencement de ces kératénocytes ne se fait pas au ha-

sard. En effet, afi n d’augmenter son effi cacité face aux

agressions extérieures, les kératénocytes, sont empilés en

plusieurs couches. Ils forment une structure pavimenteuse

stratifi ée.

L’épiderme n’est pas vascularisé, il est nourri en profondeur

par le derme. Il est très peu innervé.

L’épiderme est constitué de deux couches : la couche germi-

native et la couche cornée. (Figure 5)

COUCHE GERMINATIVE

COUCHE CORNÉE

Figure 5 – Les couches de l’épiderme

La couche germinative contient les cellules épithéliales ac-

tives. Ces cellules naissent à la base de cette couche, puis

durant leur vie cellulaire, migrent vers la périphérie de la

couche. Une fois leur vie cellulaire réalisée, ces cellules

vont mourir c’est l’apoptose cellulaire. C’est cette apoptose

cellulaire qui va constituer la couche cornée.

II. L’hypoderme :C’est la couche la plus en profondeur. Elle est située juste

à proximité des structures anatomiques sous jacentes. Cette

couche joue un rôle de protection mécanique mais aussi un

rôle nourricier du derme. En effet l’hypoderme est constitué

de gros vaisseaux sanguins, ainsi que de fi bres nerveuses

de plus gros calibre.

Ceci nous permet de faire le constat suivant : si une plaie

commence à atteindre l’hypoderme nous allons devoir faire

face à une plaie plus sanglante et plus douloureuse.

EN RÉSUMÉ, LES CELLULES IMPORTANTES DE LA PEAU SONT :• Le kératénocyte : ils assurent le renouvellement de l’épiderme et la protection ;

• Le fi broblaste : il assure l’élaboration des constituants de la matrice extracellulaire et l’environnement structurelle et fonctionnelle de la peau ;

• Les endothéliocytes : ils forment les néo vaisseaux lors de la cicatrisation ;

• Les macrophages et les neutrophiles : ils assurent la défense de l’organisme lors de la phase infl ammatoire.

ACTUSOINS • 14 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

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Actusoins • pratiques

Les cellules constituant l’hypoderme sont essentiellement les

adipocytes.

L’épiderme et l’hypoderme sont donc les deux couches si-

tuées aux extrémités. Tout simplement pour « encadrer » le

derme, clé de la cicatrisation, et ainsi le protéger et le nourrir.

III. Le dermeNous avons parlé, un peu plus haut du fi broblaste, grand

« architecte » de la cicatrisation. Ce fi broblaste n’est pas mis

au hasard dans la peau. En effet il réside au sein du derme.

Mais de quoi est donc fait le derme ? (Figure 6)

DES FIBRES D’ORCEÏNE : PROTÉÏNE ÉLASTIQUE

DES FIBRES DE COLLAGÈNE

MATRICE DE GLYCO AMINO GLYCANE GAG

LE FIBROBLASTE

Figure 6 – Le derme

1. Les fi bres élastiques : elles sont constituées d’une protéine,

l’orceïne, qui joue un rôle dans l’élasticité de la peau. Ces

fi bres permettent d’étirer la peau sans qu’elle ne se déchire.

2. Les fi bres de collagène : le collagène est la protéine de

soutien par excellence. Elle assure la solidité de la peau.

3. La matrice de Glyco amino glycane (GAG) : Les GAG

sont de longues chaînes (25 000 résidus), non ramifi ées,

formées de polymère de disaccharides dont l’un des deux

est aminé. Ils ont la propriété de piéger l’eau en formant

un gel aqueux qui remplit la matrice. Nous les connaissons

aussi sous un autre nom celui de l’acide hyaluronique.

Tous les constituants du derme sont synthétisés par le

fi broblaste, qui en contrôle aussi la qualité et la quantité.

Le derme est aussi composé de :

• Un réseau de capillaires sanguins, en densité importante,

qui assure la nutrition de la peau.

• Les glandes sudoripares qui permettent la régulation ther-

mique en évacuant l’excès de chaleur sous forme de sueur.

• Les glandes sébacées, qui sécrètent une substance

grasse, le sébum, lequel forme un fi lm protecteur à la sur-

face de l’épiderme.

• Les follicules pileux, d’où émergent les poils et les cheveux.

Fonctions de la peauI. Barrière protectriceL’environnement dans lequel nous évoluons nous soumet à

de nombreuses agressions. Notre peau joue donc un rôle

fondamental de barrière protectrice. Tout d’abord contre

les bactéries mais aussi, ensuite contre les ultraviolets nocifs

pour nos cellules.

II. Rôle vital : la thermorégulationVous êtes vous déjà posé la question suivante ? : Pourquoi

la température de notre corps est à 37 °C ? Pourquoi ne

fonctionnons-nous pas à 40 °C, 60 °C ou 20 °C ?

Nous fonctionnons à cette température car c’est la tempé-

rature optimale pour le fonctionnement de nos cellules. En

effet, toutes les réactions enzymatiques, nécessaires au bon

fonctionnement de nos cellules sont optimisées à 37 °C.

Pour maintenir notre corps à cette température, l’organisme

utilise différents mécanismes :

• Les vaisseaux dermiques

• La vasoconstriction et la vasodilatation

• La sudation

• L’horripilation et le frisson

• La perspiration

III. Organe du toucher et de la sensibilitéLa peau joue un rôle fondamental dans notre capacité à

évoluer dans notre environnement. En effet, elle est l’organe

du sens du toucher qui nous permet, en autres, de nous

adapter à notre environnement. n

PHILIPPE VISEUX DE POTTER, PDG d’i-Cica institut de la

cicatrisation, Directeur d’ATouSoins formation continue

www.i-cica.frwww.atousoins.com

CE QU’IL FAUT RETENIR :• La peau est constituée de trois couches : l’épiderme, le derme et l’hypoderme ;

• La couche la plus importante est le derme car c’est le derme qui abrite les fi broblastes ;

• Les fi broblastes sont les cellules responsables de la cicatrisation car ils synthétisent les constituants de la matrice extracellulaire.

RÉFÉRENCESALBERT B. et coll (2005). L’essentiel de la biologie cellulaire. Flammarion Paris.Numéro spécial : Les frontières du vivant (1999). La recherche.ALFANDARI D., COUSIN H., GAULTIER T., (1999). Les protéines de la famille ADAM : protéolyse, adhérence et signalisation. Médecine/science 15, 1148-1151.KANE DP, KRASNER D., Int Chronic Wound Care : A clinical source Book for Healthcare Professionals.2nd ed. Health Management Publication Inc., 1997KÜHNEL W Atlas de poche histologie (4e Ed) collec-tion Atlas de poche 2009CAU P, SEITE R Biologie Cellulaire 47e Ed 2009JONES J Winter’s concept of moist wound healing : J WOUNDCARE, 2005

ADRESSE DE SITE WEBhttp://www.nature.com

ACTUSOINS • 15 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 16: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • pratiques

Plaie tumorale :quelle prise en charge ?

Qu’est-ce qu’une plaie tumorale ?Les plaies tumorales sont des plaies chroniques liées aux

cancers qui peuvent être des tumeurs primitives ulcérées à

la peau ou des métastases cutanées, signe de récidive d’un

cancer préexistant. Il en existe différents types :

1) Les plaies tumorales superficielles sont des plaies qui

s’étendent et ne s’extériorisent que très peu.

2) Les plaies tumorales extériorisées à la peau avec un

aspect bourgeonnant, irrégulier, nécrotique et/ou fibrineux.

Très familièrement appelée « chou-fleur », ce peut être des

nodules agglutinés en une même masse informe et séparés

entre eux par des petits espaces.

3) Les plaies cavitaires ou fistulisées peuvent se creuser jusqu’à

des plans profonds, en délabrant progressivement les tissus et/

ou les os, et en créant des plaies béantes ou des fistules.

Ces plaies chroniques qui évoluent au grès de la maladie

cancéreuse et de la réponse aux traitements spécifiques

(chimio-radiothérapie) peuvent se modifier et changer d’as-

pect. Il s’agit pour l’infirmier(e) d’évaluer à chaque soin

l’état de la plaie pour trouver le protocole de soin le plus

approprié.

EvaluationElle s’inscrit dans une approche globale du patient.

Lorsque le patient vient à l’hôpital pour son soin, le soignant

va évaluer la situation clinique du patient en l’interrogeant

et au besoin faire les liens avec les autres professionnels de

santé (oncologue, diététicienne, onco-psychologue) etc…

Dans un deuxième temps, il va apprécier l’état de la plaie

et la caractériser : son évolution, sa stabilité ou la régres-

sion des lésions : mesure de la plaie, risque de saigne-

ments, exsudats, douleur, odeurs…

Au domicile, le soignant réalise la même évaluation et fait

au besoin le lien avec le médecin généraliste.

Développer la communication entre infirmier hospitalier et

infirmier libéral est très importante pour permettre une prise

en charge de qualité et assurer la continuité des soins.

(Par exemple : contacts téléphoniques, ou mails avec envoi

de photos de plaies)

Nettoyage de la plaieAvant toute décision de protocole de soin, il est indispen-

sable de laver la plaie, car l’hygiène cutanée est la base

de tout soin.

Eau et Savon - douche si possibleL’odeur nauséabonde de ces plaies et leur aspect rebutant

peuvent souvent donner l’impression qu’il s’agit de plaies

infectées et le soignant va vouloir utiliser des antiseptiques.

En réalité ces plaies sont souvent colonisées et non pas in-

fectées. L’odeur est liée à la présence de nécrose tumorale,

plus précisément de bactéries anaérobies présente dans

cette nécrose.

Laver la plaie à l’eau et au savon reste le moyen le plus

simple de prévenir l’infection et apporte également confort

et bien être au patient.

Le nettoyage d’une plaie tumorale consiste aussi à enlever

les croutes à l’aide d’une pince. Pour éviter la douleur ou

le traumatisme, on peut utiliser de la vaseline ou de la Xylo-

caine® 2 % visqueuse que l’on applique quelques minutes

avant le soin.

Dans certains cas, le nettoyage de plaies tumorales peut

s’avérer compliqué voir douloureux malgré une antalgie

adaptée. Utiliser un système par hydrojet comme le Jetox®

pourra être une option.

Prendre en charge les patients porteurs de plaie tumorale nécessite une approche spécifique

basée sur une bonne connaissance de ces plaies et leur évolution. Le protocole de soins et le

choix du pansement repose sur une approche globale du patient et de sa plaie.

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® DR

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Actusoins • pratiques

Il propose un nettoyage des plaies avec du sérum physiolo-

gique et de l’oxygène pressurisé, réservé à l’usage hospita-

lier puisqu’il devra être connecté à l’O2 mural.

La détersionIl faut se poser la question de l’objectif de la détersion pour

des plaies tumorales. On ne recherche pas le bourgeonne-

ment de la plaie en vue d’une cicatrisation, mais à éviter

la surinfection en retirant les croutes, ou encore en enlevant

avec précaution la nécrose (molle), responsable d’odeurs

désagréables pour le patient et son entourage.

Il existe plusieurs méthodes de détersion :

1. Utilisation d’une compresse tissée permettant une déter-

sion douce et évitant ainsi le risque de saignement.

2. Utilisation d’une pince et lame de bistouri pour enlever les

tissus nécrotiques (le plus souvent fait en milieu hospitalier).

3. Utilisation de la curette qui est bien utile dans les plaies

cavitaires pour retirer la nécrose molle.

La détersion doit avoir pour but d’améliorer le confort et de

prévenir le risque de surinfection mais elle doit tenir compte

de facteurs limitant et surtout du contexte (soin à domicile

ou à l’hôpital) :

1) Le risque de saignement : ces plaies sont très vascula-

risées et peuvent saigner spontanément, ou très facilement

lors du retrait du pansement. Dans des cas extrêmes et

rares, il peut y avoir un risque hémorragique par compres-

sion ou rupture de gros vaisseaux

En cas de plaies à fort risque hémorragique, la détersion

au domicile sera faite a minima afin d’éviter un trop grand

risque au patient.

2) Le risque douleur : les plaies tumorales peuvent être dou-

loureuses en dehors de tout soin.

L’intensité de la douleur est évaluée à l’aide d’une auto-éva-

luation sur une échelle validée (échelle visuelle analogique)

EVA, échelle numérique ou échelle verbale simple.

L’évaluation de la douleur va permettre de donner des

antalgiques adaptés de pallier 1 (exemple : Doliprane®),

2 (exemple : Tramadol®) ou 3 (exemple : Morphine®).

Une des spécificités de ces plaies est de provoquer des

douleurs neurogènes. Il s’agit de douleurs qui donnent des

démangeaisons, décharges électrique et ou brûlures.

En première intention et selon les recommandations de l’HAS

(Haute Autorité de Santé), elles sont traitées par des antidé-

presseurs (exemple : Laroxyl®) ou anti épileptiques (exemple :

Neurontin®), anesthésiques locaux (exemple : Versatis®, NB : à

poser 12h sur 24 et à distance de la zone ulcérée).

En deuxième intention, (en cas d’inefficacité ou d’intolé-

rance aux médicaments donnés première intention), par

des antalgiques de pallier 2 (exemple : Tramadol®) ou 3

(exemple : Oxycontin®)

Avant le soin on peut prémédiquer le patient avec des

antalgiques de pallier 1, 2, ou 3. On peut également utiliser

des anesthésiants locaux (Xylocaine® spray, visqueuse).

En milieu hospitalier, on peut avoir recours au Meopa

(Kalinox®) : mélange d’oxygène et de protoxyde d’azote aux

propriétés antalgiques, sédatives, amnésiantes et anxioly-

tiques.

Certains pansements sont réalisés sous anesthésie générale

en les programmant à l’avance.

Choix du pansementIl sera fait en fonction des symptômes de la plaie mais aussi

en fonction du souhait du patient, de son confort. Le proto-

cole de soin sera modifié en fonction de l’évolution de la

plaie elle-même. Il faut éviter la superposition de différentes

familles de pansements et tenir compte du coût du panse-

ment et de son remboursement.

La fréquence des changements de pansement doit aussi

s’adapter à la nature de la plaie. Par exemple, une plaie

avec un risque hémorragique pourra supporter une réfec-

tion de pansement tous les trois jours.

Symptômes et pansementsPlaies très exsudatives

Le plus souvent on va utiliser des alginates, des polymères

d’acides alginiques obtenus à partir d’algues, caracté-

risés par leurs capacités d’absorption et leurs propriétés

hémostatiques. Ils existent sous forme de compresses ou de

mèches (exemple : Urgosorb®).

On peut aussi utiliser des fibres de carboxymethylcellu-

lose (CMC, dites aussi hydro fibres) : ces pansements

sont composés majoritairement (>50%) de fibres non

tissées de carboxymethylcellulose (CMC) pure. Ces

fibres se transforment au contact des exsudats en gel

cohésif. Caractérisés par leur capacité d’absorption, les

CMC existent sous forme de compresses ou de mèches

(exemple : Aquacel®).

Dans certains cas, lorsque la gestion des exsudats est diffi-

cile, on pourra avoir recours aux compresses Absorbantes

comme le Zetuvit plus® ou encore un hydro cellulaire supe-

rabsorbant : le Vliwasorb® qui a comme particularité de ne

pas relarguer les exsudats.

Plaies avec risque de saignements

Si le saignement est spontané, on peut appliquer un alginate.

Au contact des exsudats, le calcium libéré va jouer son rôle

hémostatique. Si cela s’avère insuffisant et pour des plaies

avec risque hémorragique, on peut utiliser du Pangen® ou

du Surgicel®. Tous deux réservés à l’usage hospitalier, ces

dispositifs dégradables ne nécessitent pas d’être enlevés au

risque de provoquer un nouveau saignement.

Plaies à risque infectieux

Ces patients traités par chimiothérapie vont avoir des

phases d’aplasie (diminution des globules blancs). Ils seront

alors fragilisés et sensibles aux infections.

Il faut être vigilant entre les cures de chimiothérapie et re-

pérer les signes locaux tels que : majoration des exsudats,

de la douleur, modification de la plaie ou d’autres signes

généraux comme de la fièvre. Ces signes peuvent être

difficiles à observer voir masqués (absence de pus) du fait

de la diminution des globules blancs.

ACTUSOINS • 18 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 19: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

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Page 20: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • pratiques

Un avis médical est nécessaire. Le médecin pourra pres-

crire un bilan sanguin (nfs, crp) et en fonction des résultats

prescrire une antibiothérapie.

Plaies malodorantes

On pourra utiliser un pansement au charbon comme fi ltre à

odeurs (exemple : Actisorb ag®) que l’on met au-dessus du

pansement primaire.

En deuxième intention du Métronidazole® pers os. Il sera

prescrit par un médecin en cas d’odeurs non contrôlées

imputées à la présence de germes anaérobies.

Plaies nécrotiques

La détersion mécanique n’est pas systématique, (attention

au risque hémorragique). Elle s’applique en cas de pré-

sence de nécrose molle ou de tissus nécrotiques faciles à

enlever.

Exemples concrets de pansementsEn lien avec les symptômes généraux des plaies, voici

quelques exemples concrets de pansements sur différents

types de plaies tumorales.

Plaies tumorales superfi cielles

Ces plaies sont rarement ulcérées ou exsudatives et néces-

sitent surtout d’être recouvertes pour éviter les frottements. On

peut proposer un hydro cellulaire mince siliconé (exemple :

Mepilex EM®), non adhésif mais adhérent, atraumatique

au retrait, confortable et repositionnable. Il évite également

les croutes grâce à son fi lm semi-perméable qui maintient

un milieu légèrement humide.

Plaies tumorales extériorisées

Ces plaies avec des amas de bourgeons qui s’ulcèrent à la

peau vont suinter et nécessiter l’application d’un pansement

de type Fibre de CMC (exemple : Aquacel®) qui englobe

totalement le ou les bourgeons ulcérés. L’avantage de ce

pansement réside en un retrait facile. En effet, saturé par les

exsudats, il se gélifi e et n’adhère pas à la plaie.

Les plaies cavitaires ou fi stulisées

Ce sont des plaies qui vont nécessiter un méchage avec

des pansements absorbants (Fibre de CMC : Aquacel® ou

Alginates : Urgosorb®). Elles vont également être très ex-

sudatives. Il ne faut donc pas hésiter à ajouter par-dessus

des pansements très absorbants de type Zetuvit®. La plaie

cavitaire va souvent être malodorante (présence de germes

anaérobies). On pourra alors utiliser par-dessus des pan-

sements au charbon exemple : Actisorb ag® (qui absorbe

les odeurs).

La fi xation du pansementIl est impératif de proscrire au maximum les adhésifs.

Ces patients ont une peau très sèche et lésée par les traite-

ments reçus (chimiothérapie, radiothérapie) mais aussi fra-

gilisée par l’évolution de la plaie. L’utilisation d’adhésifs en

fi xation d’un pansement primaire peut entrainer des lésions

mettant du temps à cicatriser.

On peut donc avoir recours à du jersey (exemple : Tubi-

fast®) que l’on utilise en fabriquant un maillot de corps qui

va être confortable et permettre de maintenir le pansement

en place sans trop serrer.

Pour plus de sécurité, sur des zones diffi ciles, pour faire

tenir le pansement, on peut ajouter du sparadrap silicone®

(adhérent mais non adhésif). On peut aussi faire tenir le

pansement à l’aide d’une bande Velpeau®.

La peau périlésionnelleChez ces patients, la peau périlésionnelle est souvent lais-

sée de côté car on se focalise sur la plaie elle-même.

Autour de ces plaies la peau a besoin d’être hydrater, car

les déformations occasionnées par la plaie elle-même en-

traîne souvent tiraillements, cisaillements, prurit et inconfort.

On peut donc utiliser un émollient afi n de maintenir une

hydratation et souplesse de la peau. Cela préserve aussi la

peau du contact avec les exsudats.

ConclusionBien au-delà du simple soin technique la réfection du pan-

sement est un temps ou le patient va pouvoir exprimer son

désarroi face aux lésions : il s’agit du signe visible de la

maladie et parfois de sa progression.

C’est l’occasion pour le soignant de l’aider à verbaliser.

C’est à travers cette relation de confi ance que la prise en

charge sera optimisée. Le soignant cherchera à préserver

et privilégier la qualité de vie du patient et son confort en

réalisant un pansement sur mesure.

Il n’y a actuellement pas de consensus pour la prise en

charge de ces plaies mais il se développe une harmoni-

sation des pratiques. La publication d’une récente étude

scientifi que s’intéressant au phénomène des odeurs déga-

gées par ces plaies ouvre la voie vers de nouvelles pers-

pectives. Qui sait, peut-être découvrirons nous le moyen de

traiter localement ces plaies ? n

BÉNÉDICTE D'HENDECOURT, INFIRMIÈRE À LA CELLULE

DE COORDINATION DE L'INSTITUT CURIE

BIBLIOGRAPHIE1. http://www.sffpc.org/index.php?pg=connaiss_plaies-cancereuses-1

2. Bacterial fl oras and biofi lms of malignant wounds associated with breast cancers.Fromantin I1, Seyer D, Watson S, Rollot F, Elard J, Escande MC, De Rycke Y, Kriegel I, Larreta Garde V.J Clin Microbiol. 2013 Oct;51(10):3368-73. doi: 10.1128/JCM.01277-13. Epub 2013 Aug 7.

3. http://www.santelys.asso.fr/journee_regionale/2014/presentations/session_1/S1_-_Prise_en_charge_des_plaies_cancereuses_-_L-DEWITTE.pdf

4. http://www.hug-ge.ch/procedures-de-soins/recommandations-pour-les-soins-de-plaies-tumorales

5. www.has-sante.fr/

ACTUSOINS • 20 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 21: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

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Page 22: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • pratiques

Comprendre l’ECG,un défi osé ?Dans le précédent numéro d’ActuSoins nous vous présentions les fondamentaux

de l’ECG. Passons à l’interprétation des lignes électrocardiographiques. Après la lecture

d’un ECG normal, nous aborderons les principaux troubles du rythme.

Cet exposé n’est pas exhaustif, il vous permet juste

de vous initier et peut être de vous donner envie

d’en savoir plus sur l’ECG.

Un ECG normal ?Le premier élément à observer est la ligne isoélectrique ou

ligne de base, (en rouge sur le schéma suivant). Elle corres-

pond au tracé qui serait enregistré sur un ECG si le cœur

n’avait aucune activité électrique.

Les ondes situées au-dessus de cette ligne isoélectrique sont

dites « positives » (onde P, onde T), les ondes situées en des-

sous de cette ligne sont dites « négatives » (onde Q). Le seg-

ment ST est isoélectrique (élément très important à observer

en cas de douleur thoracique et de suspicion d’IDM).

Trois questions sont incontournables :

• Quelle est la fréquence cardiaque ?

Une fréquence normale se situe entre 50 à 100/minute.

En dessous de 50/min, nous parlons de bradycardie,

au-dessus de 100/min, nous parlons de tachycardie.

• Est-ce que le rythme cardiaque est régulier ou irrégulier

(arythmie) ?

Sur un ECG normal, l’espace entre 2 QRS est toujours le

même quel que soit le moment de l’enregistrement (en vert

sur le schéma suivant). Cette question est fondamentale

pour détecter les arythmies.

• Est-ce que le rythme est sinusal (ou normal) ?

Chaque onde P doit être suivie d’un QRS. Cette question

va permettre de repérer des troubles de la conduction entre

les oreillettes et les ventricules.

L’extrait ECG ci-dessus montre une fréquence normale (60/

min), un rythme régulier (car les espaces entre les QRS sont

identiques) et sinusal (car chaque onde P est suivi d’un

QRS).

Pour rappel :

• L’onde P correspond à la contraction auriculaire, elle est

toujours positive sauf en AVR

• L’espace PR correspond à la conduction auriculo-ventri-

culaire (passage de l’infl ux électrique des oreillettes aux

ventricules)

• Le QRS correspond à la contraction des ventricules et est

généralement fi n

• Le segment ST est toujours isoélectrique

• L’onde T correspond à la repolarisation ventriculaire, elle

est souvent positive et de forme asymétrique

Les troubles du rythmeIls désignent des battements du cœur trop lents (bradycar-

die), trop rapides (tachycardie) ou irréguliers (arythmie).

Ils sont d’origines variées et non dénués de conséquences

en absence de prise en charge rapide et effi cace : des

extrasystoles ventriculaires en passant par une tachycardie

sinusale (suite à un effort physique par exemple) jusqu’à la

fi brillation ventriculaire (arrêt cardiaque).

L’extrait ECG ci-dessus montre une fréquence normale (60/min), un rythme régulier (car les espaces entre les QRS sont identiques) et sinusal (car chaque onde P est suivi d’un QRS).

ACTUSOINS • 22 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 23: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • pratiques

Les extrasystoles 1

D’une manière générale, les extrasystoles sont des contractions

prématurées issues d’un foyer ectopique qui peut être situé au

niveau auriculaire, auriculo-ventriculaire ou ventriculaire.

Un foyer ectopique désigne une excitation cardiaque anormale.

Dans le cas des extrasystoles ventriculaires ou ESV (étoile

rouge), cela correspond à la dépolarisation (contraction)

spontanée d’un petit groupe de cellules situées au niveau

des ventricules. Elles peuvent être uniques et isolées, nom-

breuses ou par salves avec un risque majeur de passage

en fi brillation ventriculaire.

Sur l’ECG suivant, nous pouvons apercevoir 3 extrasystoles

ventriculaires d’affi lé (triplet) non précédées d’une onde P.

La fi brillation auriculaire 2

La fi brillation auriculaire est la contraction irrégulière, anar-

chique et rapide (environ 300/mn) des oreillettes du cœur

(fl èches noires sur l’ECG). Cela s’explique par une hype-

rexcitabilité des oreillettes liée la présence de nombreux

foyers ectopiques (étoiles rouges) au niveau des oreillettes

qui déchargent en même temps. Les ventricules tentent de

suivre ce rythme infernal des oreillettes et par conséquent

se mettent à battre irrégulièrement. Cela s’appelle l’aryth-

mie complète par fi brillation auriculaire (ACFA). Lorsque le

rythme des ventricules est très rapide et irrégulier, cela s’ap-

pelle la Tachyarythmie Complète par Fibrillation Auriculaire

(TACFA). Cela nécessite une prise en charge rapide car

les oreillettes ne se contractent plus effi cacement et le sang

stagne. Le risque majeur est la formation d’un thrombus,

source d’un AVC ou d’une embolie pulmonaire. Un traite-

ment par anticoagulant et antiaryhtmique, voire un choc

électrique externe, doit être mis en place rapidement.

La tachycardie ventriculaire 3

Le rythme naît au niveau d’un foyer ventriculaire (FC supé-

rieure à 120/min), qui est régulier, rapide avec des QRS

larges (étoile rouge). Cela peut être plus ou moins bien

toléré par le patient et il existe un risque majeur de passage

en fi brillation ventriculaire (donc d’arrêt cardiaque). Un trai-

tement médicamenteux doit être mis en place rapidement.

La fi brillation ventriculaire 4

La fi brillation ventriculaire correspond à une décharge si-

multanée d’une multitude de foyers ectopiques au niveau

des ventricules (étoiles rouges). Il en résulte une activité élec-

trique complètement anarchique et désordonnée. Il n’y plus

de contractions ventriculaires effi caces, le sang n’est plus

éjecté dans la circulation générale : c’est une des causes

d’arrêt cardio-respiratoire.

C’est une urgence absolue qui nécessite une réanimation

rapide et effi cace avec un massage cardiaque externe,

une défi brillation précoce et une ventilation manuelle. Le

traitement de la fi brillation ventriculaire est le choc élec-

trique externe afi n de resynchroniser toutes les cellules du

myocarde. n

LAURENCE PIQUARD, INFIRMIÈRE ANESTHÉSISTE-FORMATRICE

Pour retrouver la première partie de cet article : ActuSoins n°15Nous aborderons la prochaine fois les troubles de la conduction et les modifi ca-tions majeures du segment ST en cas d’angor ou d’infarctus du myocarde.

4 foyer ectopique oreillette droite

oreillette gauche

ventricule gauche

ventricule droit

réseau de Purkinje

nœud sinusal

nœud auriculoventriculaire

tronc du faisceau de Hys

branche du faisceau de Hys

3

foyer ectopique oreillette droite

oreillette gauche

ventricule gauche

ventricule droit

réseau de Purkinje

nœud sinusal

nœud auriculoventriculaire

tronc du faisceau de Hys

branche du faisceau de Hys

2 foyer ectopique oreillette droite

oreillette gauche

ventricule gauche

ventricule droit

réseau de Purkinje

nœud sinusal

nœud auriculoventriculaire

tronc du faisceau de Hys

branche du faisceau de Hys

1

V5

V6

V4

foyer ectopique oreillette droite

oreillette gauche

ventricule gauche

ventricule droit

réseau de Purkinje

nœud sinusal

nœud auriculoventriculaire

tronc du faisceau de Hys

branche du faisceau de Hys

©Amandine Wanert/BSIP

ACTUSOINS • 23 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 24: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • vie libérale

Réseaux de santé :un appui à la coordination

En 2013, la France recensait 631 réseaux de santé. Pourtant, leur action semble

méconnue de certains soignants et des médecins traitants.

Éclairage sur un système aux multiples facettes.

Les réseaux représentent une réponse à des

problèmes de santé. Ils permettent moins

d’hospitalisations, mais aussi d’élargir le

mode de prises en charge, souvent strictement

médical. Avec la multiplicité des maladies

chroniques, l’articulation entre le sanitaire et

le social est indispensable. Les réseaux ré-

pondent à cette demande », explique Eugénie

Poret, présidente du réseau territorial de soins

palliatifs RESPECT, en Haute-Normandie.

En France, les réseaux - constitués en majori-

té sous forme d’associations – font partie des

principaux dispositifs d’appui à la coordina-

tion des parcours de santé. Avec une activité

très diversifiée, ils sont souvent spécialisés, et

couvrent des champs tels la cancérologie, les

soins palliatifs, la diabétologie, la gérontologie ou encore

la périnatalité. Ils peuvent aussi être polyvalents. Ils contri-

buent au lien entre la ville et l’hôpital, favorisent le retour ou

le maintien à domicile. Ils mettent aussi en relation les diffé-

rents acteurs des soins et de l’aide, et forment ces derniers

aux prises en charge concertées.

Les infirmières et les réseauxComme les réseaux proposent une grande diversité de

prise en charge, notamment dans les situations complexes,

des compétences infirmières sont nécessaires. Les soignants

des réseaux occupent une place de coordination, et ne

sont pas présents pour effectuer des soins. « Dans l’abso-

lu, un simple cadre administratif pourrait suffire. Mais c’est

vraiment un plus de savoir de quoi on parle quand il s’agit

de santé et de patients », explique Sandrine, infirmière

coordinatrice dans un réseau de soins palliatifs.

Dans les réseaux hautement spécialisés comme celui de

cette soignante, les infirmières sont souvent titulaires d’un

diplôme universitaire spécifique. « Nous pouvons interve-

nir au domicile, pour aider le médecin traitant à mettre

en place un traitement contre la douleur ou encore pour

s’assurer du bon suivi coordonné des patients entre tous

les acteurs », ajoute Sandrine. Il s’agit de veiller au bon

déroulement de la prise en charge à domicile.

Et d’ajouter : « La prise en charge par un réseau n’est pas

incompatible avec d’autres prises en charge comme une

HAD ou un SSIAD. Au contraire. Il nous faut juste bien

expliquer aux patients la différence entre les intervenants et

qui contacter en cas de souci ». n

MALIKA SURBLED

«

ET POURQUOI PAS L’HOSPITALISATION A DOMICILE ?Les réseaux organisent la prise en charge des cas complexes. Si l’HAD ne peut pas prendre en charge tous ces patients à leur retour à domicile, c’est simplement parce qu’elle est soumise à des règles strictes en matière de soins. Ainsi, pour qu’un pa-tient soit pris en charge par une HAD, il faut qu’il y ait des soins médicaux prescrits et ce n’est pas toujours le cas pour les patients, même en situation complexe (les tétraplégiques, par exemple, auront plus des soins de nursing lourds que des soins purement infirmiers). n

© apops - Fotolia.com

ACTUSOINS • 24 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 25: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • vie libérale

Être infirmière coordinatrice en réseau de santéQuel est votre rôle au sein du réseau ?Je suis infirmière coordinatrice. Dans ce cadre, je coor-

donne et sécurise la prise en charge des patients à leur

domicile lorsqu’ils sortent d’hospitalisation. Il s’agit d’ana-

lyser la situation, de rechercher éventuellement les profes-

sionnels qui interviendront chez eux, et de mettre en place

tous les dispositifs nécessaires. Nous sommes contactés

par les services et procédons à un recueil des données

nécessaires à l’organisation de leur sortie, notamment la

présence ou non d’une infirmière identifiée par le patient.

Si la personne a déjà une infirmière, je m’assure que cette

dernière accepte la prise en charge et qu’elle maîtrise les

soins techniques particuliers prescrits. ILHUP, dans son rôle

d’information et de formation peut proposer aux profes-

sionnels une aide et un accompagnement pour les prises

en charge difficiles.

En quoi consiste cet accompagnement ?Il faut savoir que quoi qu’il arrive, l’infirmier identifié par

les patients est toujours prioritaire. Hors de question de le

faire remplacer par un autre professionnel parce qu’il n’a

pas l’habitude de pratiquer tel ou tel soin. Nous proposons

donc un accompagnement téléphonique pour des conseils

de réalisation. Par exemple, pour la prise en charge des

stomies, des plaies complexes, des accès veineux, des

drains aspiratifs. Si cela ne suffit pas, nous pouvons accom-

pagner ou faire accompagner par des infirmiers experts

partenaires les soignants sur le terrain.

Quelles difficultés professionnelles pouvez-vous rencontrer au quotidien ?La difficulté la plus fréquente est la sécurisation de sorties

des cas complexes. Les professionnels libéraux n’ont pas

toujours le temps dans leur tournée pour prendre en charge

des patients qui nécessitent plusieurs passages très longs

par jour, L’HAD est réservée aux patients qui nécessitent

des soins techniques complexes. Les SIIAD, eux, n’ont pas

le budget pour ces prises en charge qui seraient bien trop

onéreuses. Nous nous trouvons donc souvent dans une im-

passe. La deuxième difficulté est géographique : certains

patients habitent dans des zones reculées où l’offre de

soins est limitée et où le cabinet infirmier local est déjà sur-

chargé. La troisième difficulté concerne les prises en charge

avec des problèmes psycho-sociaux associés.

Quelles qualités et compétences infirmières particulières sont nécessaires pour assurer ce travail de coordination ?

Il faut avoir une bonne écoute et surtout une expérience

professionnelle suffisante permettant une polyvalence. Per-

sonnellement, infirmière depuis vingt-cinq ans, dans des

services et sur des postes variés, je suis depuis sept ans

en exercice libéral, comme tous les autres coordinateurs

du réseau. Cela permet de rester connecté à la réalité. n

PROPOS RECUEILLIS PAR M.S.

* Intervenants libéraux et hospitaliers unis pour le patient

Valérie Torrent, l’une de six infirmières coordinatrices du pôle d’appui aux professionnels de santé du réseau ILHUP.

Implanté à Marseille, ILHUP* est l’un des

réseaux de santé polyvalent de la région

PACA. Valérie Torrent, l’une de six infirmières

coordinatrices, explique sa mission lors des sorties

d’hospitalisation ou de chirurgie ambulatoire.

® DR

ACTUSOINS • 25 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 26: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • vie libérale

Quel avenirpour les réseaux de santé ?Restructurations, économies budgétaires… La politique de santé actuelle tend

à mutualiser et à regrouper les réseaux de santé. Chaque année, certains réseaux

disparaissent et d’autres doivent modifi er leur offre de soins. Ce qui simplifi e le paysage

de l’offre d’un côté, mais met en péril l’expertise des réseaux de l’autre.

Le guide établi par la DGOS (Direction Générale de

l’Offre de Soins) en 2012 pour l’évolution des réseaux

de santé à l’usage des Agences Régionales de Santé est

clair : il faut faire évoluer les réseaux de santé. « L’environ-

nement dans lequel les réseaux conduisent leurs missions

depuis leur création en 2002 a connu de signifi catives

transformations », précise le guide. Parmi ces transforma-

tions, il y a notamment la loi HPST qui confère au médecin

généraliste un rôle pivot dans l’organisation et la mise en

œuvre des fonctions d’entrée dans le système de soins.

« Il faut donc que les réseaux viennent en appui au médecin

de premier recours et qu’ils se tournent vers un pluri-théma-

tisme. Notre souhait est qu’il y ait une homogénéisation des

réseaux ainsi qu’une plus grande cohérence », explique Lu-

cie Dufour, chargée de mission « coordination des soins et

réseaux de santé » à la DGOS. « Ce que l’on veut, c’est

que les réseaux thématiques trouvent des complémentarités

entre eux, pour apporter une offre plus polyvalente et plus

lisible pour les professionnels de premiers recours », précise

Stéphane Fish, chef du bureau « coopérations et contrac-

tualisation » à la DGOS.

Un nombre de réseaux en baisseAlors qu’en 2012, la France comptait 681 réseaux de san-

té, en 2013 ils ne sont plus que 632. Actuellement, la ten-

dance à la réduction du nombre de réseaux chaque année

reste la même. Certaines régions sont plus impactées que

d’autres. C’est le cas des régions PACA, Rhône-Alpes ou

encore Île de France. « Pour exemple, sur huit réseaux de

gérontologie existants en Île de France en 2014, il y en aura

plus que deux en 2015 », confi rme Hélène Bas, directrice

de la FREGIF (Fédération des Réseaux de Santé Gérontolo-

giques d’Île de France). « Les réseaux de gérontologie se

rapprochent des réseaux de cancérologie et de soins pallia-

tifs. Ils couvrent des territoires plus larges aussi », ajoute-t-elle.

« La plupart des ARS ont suivi les orientations nationales et

ont pris des décisions de regroupements. Ces décisions ont

été soit imposées, soit incitées, soit souhaitées et accom-

pagnées, selon les régions », analyse quant à lui Gérard

Mick, Président de l’UNR Santé (Union Nationale des Ré-

seaux de Santé). « L’orientation, en tout cas aujourd’hui,

c’est de conserver les réseaux, qu’ils couvrent tous les terri-

toires, et qu’ils soient plus polyvalents ».

Des conséquences sur l’offre de soinsCouvrir plus de territoire, élargir son champ de compé-

tence. « C’est le principe du toujours plus avec moins »,

regrette Hélène Bas, pourtant en faveur de certaines restruc-

turations. Outre le problème du fi nancement, qui, s’il n’est

pas diminué reste stable pour un travail plus conséquent,

les responsables de réseaux soulignent le problème des

expertises et compétences propres aux réseaux.

« On nous demande de gérer d’autres thématiques. Or,

beaucoup de thématiques nécessitent une expertise pa-

ramédicale et médicale. Je pense aux soins palliatifs par

exemple. Les réseaux qui ont eu la chance de savoir élargir

leur action se sont appuyés sur des infi rmières qui avaient

des Diplômes Universitaires. Mais un DU ne s’improvise

pas et à un coût », analyse Hélène Bas, qui souhaiterait

bénéfi cier d’un accompagnement au changement par les

ARS.

Et Gérard Mick de conclure : « le risque, c’est de perdre des

compétences acquises en liant des acteurs multiples. S’il y a

perte d’expertise, le risque de perdre la coordination pour

des populations de patients chroniques est certain ». n

M.S.

ACTUSOINS • 26 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 27: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

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Page 28: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • vie libérale

PAERPA :quel rôle pour les infirmiers libéraux ?

L’expérimentation du projet Personnes âgées en risque de perte d’autonomie (PAERPA) a

été lancée en septembre dans la Région Centre. Deux infirmiers installés en Touraine ont

participé à l’élaboration de l’expérimentation et contribuent à sa mise en œuvre.

Dans ce territoire qui regroupe 97 communes pour

103 000 habitants, les plus de 75 ans sont envi-

ron 12 000. Autant de personnes qui peuvent être

concernées par le projet PAERPA. « L’idée de départ est

de trouver des palliatifs aux ruptures du parcours de soins

des aînés », souligne Gisèle Gravier Bujeau, infirmière

libérale à Loches (Indre-et-Loire). L’objectif est d’anticiper

afin d’éviter qu’un petit accident puisse faire perdre toute

autonomie à ce public et d’avoir à prendre des décisions

dans l’urgence. « Il s’agit d’avoir un coup d’avance, ne se-

rait-ce pour que nous ayons les bons interlocuteurs », ajoute

l’infirmière.

Dans le cadre de l’expérimentation, une grille de repérage

a été élaborée afin de définir les critères de fragilité : amai-

grissement, période de tristesse, perte d’un parent proche.

« Ce sont des éléments qui peuvent interpeller l’un de nous,

intervenants à domicile, lorsqu’on se rend compte qu’un dé-

séquilibre se créé par rapport à une situation qui se passait

bien », explique Gisèle Gravier Bujeau. Le médecin traitant

est alors interpellé, et la Coordination clinique de proximité

(CCP) à savoir, le médecin traitant, l’infirmier et éventuel-

lement le pharmacien ou le masseur-kinésithérapeute, se

réunissent, au maximum à trois personnes.

METTRE DU LIEN« Mon rôle est d’être en appui aux professionnels de santé et aux acteurs sociaux et médico-sociaux afin de permettre la collaboration entre tous les acteurs. Nous nous appuyons sur les guichets d’accueil physiques existants, les Maisons dépar-tementales de solidarité, le CLIC, les centres hospitaliers.

J’ai essentiellement une mission d’information et d’orientation des professionnels, voire de réorientation. J’assure également la gestion administrative des PPS, c’est-à-dire que je les centralise, les consulte, et vérifie l’exactitude des données. Je me renseigne pour vérifier si pour telle personne, il existe un plan d’aide à domicile, avec quel financement. Je recherche également des informations sur des filières gériatriques et psychiatriques en vue notamment d’une évaluation.

L’ensemble des informations sont restituées auprès du médecin et de la CCP. Les PPS permettent de connaitre et repérer la façon dont s’organisent les profession-nels au sein de la CCP. Je travaille donc directement en lien avec les partenaires médicaux et notamment le médecin.

Avec PAERPA, notre rôle est de permettre aux personnes âgées de bénéficier de la bonne prise en charge, au bon moment, par les bons professionnels, avec les bonnes informations, dans les bonnes structures et aux meilleurs coûts. J’assure des nouvelles missions sur le territoire où je mets simplement du lien entre les professionnels. » nEvelyne Beauvais, coordinatrice

médico-sociale de la CTA et infirmière © DR

ACTUSOINS • 28 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

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Page 30: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • vie libérale

La CCP « se rend chez une personne signalée par un inter-

venant à domicile qui a repéré une fragilité ou une situation

de rupture qui donne lieu à un changement de comporte-

ment soudain », fait savoir Jérôme Faichaud, infirmier libé-

ral à Genille (Indre-et-Loire). Mais elle peut aussi se réunir

à distance puisque des outils de communication sécurisés

sont en phase de développement. « Nous discutons du cas

de la personne, nous recensons ses problèmes sociaux et

médico-sociaux tels que l’organisation des transports, des

repas, la coordination, bref tout ce qui peut être probléma-

tique en termes d’autonomie », précise Gisèle Gravier Bu-

jeau. Et d’ajouter : « Il s’agit vraiment d’un travail en équipe

pluridisciplinaire innovant. Je suis infirmière depuis 30 ans

et me retrouver au domicile du patient pour une approche

globale ne m'était jamais arrivé. »

Le CCP : lieu de concertationUne fois les problèmes énumérés, la CCP réalise un Plan

personnalisé de santé (PPS) qui définit, pour un an, les ob-

jectifs à atteindre et les intervenants impliqués. Il est validé

par le médecin traitant et transmis à la Coordination terri-

toriale d’appui (CTA), le « super-organisateur » qui connaît

les moyens existants localement (lire encadré). « Mais à

chaque PPS ne correspond pas nécessairement une CTA,

car on peut parfois activer le levier local pour compléter

l’existant », explique Jérôme Faichaud.

« Dans le parcours de santé des aînés, nous constatons

régulièrement les actions qui restent à mener mais qui ne

relèvent pas de nos missions comme le portage du repas »,

souligne Gisèle Gravier Bujeau. Cela relève désormais de

la CTA. L’équipe décide ensuite d’une date afin de réaliser

une première évaluation d’atteinte d’objectifs. « Ce genre

de dispositif est assez révolutionnaire, estime l’infirmière.

Il  permet de répondre au besoin grandissant que repré-

sente le maintien à domicile et la dépendance, et qui im-

pactent négativement la vie des aînés et de leurs familles.

S’ils savent qu’ils peuvent compter sur un appui sur place,

c’est formidable. »

Quelle rémunération ?Les infirmiers, médecins et pharmaciens sont bien entendu

formés au PPS et à sa manipulation en condition réelle.

Dans la région, il a par ailleurs été décidé « de lancer un

système informatique communiquant car l’outil PPS - fichier

PDF - est censé voyager par la messagerie sécurisée et

être déposé sur le DMP », indique Jérôme Faichaud. Les

organismes de tutelle ont aussi créé à titre expérimental une

lettre clef « PPS » d’une valeur de 100 euros, qui s’ajoute à

la nomenclature actuelle. « Nous y attribuons le coefficient,

qui est de 0.6 pour le médecin et de 0.4 pour les infirmiers

et ce sont les caisses qui règlent directement », explique

Gisèle Gravier Bujeau. Si la CCP est composée de trois

personnes, la répartition est de 40 % pour le médecin et de

30 % pour les autres. n

LAURE MARTIN

La direction de la Sécurité sociale, estime que « le montant annuel moyen des plans d’actions est de 1,87 millions d’euros par territoire ». Selon le ministère, l’enveloppe budgétaire bénéficie à 53 % à la prise en charge à domicile, pour la rémunération des professionnels libéraux. À terme, ces parcours devraient concerner 7 000 professionnels de santé et bénéficier à près de 190 000 personnes âgées.

©iStock/Pamela Moore

ACTUSOINS • 30 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 31: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

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Page 32: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • vie professionnelle

Travail en12 heures :un débat sans fi n

Il y a d’abord les jours de repos. « Quand on travaille en

12 heures, on en a plus. Cela permet d’avoir de vraies

coupures et une vie personnelle plus facile à gérer », ex-

plique Arielle Guyader, infi rmière dans le service de réani-

mation de l’hôpital Tenon, à Paris. Il y a les plannings, fi xes,

qui ne connaissent en général pas le décalage horaire, l’al-

ternance constante entre le matin avec l’après-midi, voire

avec la nuit. Il y a aussi la répartition du travail, qui sem-

blerait plus équilibrée sur la journée, avec une organisation

des tâches mieux répartie, des transmissions plus effi caces

parce que moins nombreuses et des patients satisfaits d’une

unité soignante dans une même journée.

Ces avantages de l’organisation du temps de travail en

12 heures, vantés par de nombreux soignants ainsi que

par les directions d’établissements qui y trouvent leur

compte économiquement, personne ne les contredit vrai-

ment. Pourtant, le travail en 12 heures fait l’objet d’un réel

débat. Parce qu’il est illégal sans justifi cation dérogatoire,

mais surtout parce qu’il nuirait à la santé des agents ainsi

qu’à la qualité des soins.

Les soignants et les directions s’accordent. Les syndicats contestent« Si la réglementation interdit les 12 heures, c’est qu’il y a

une raison », ironise Denis Garnier, de FO Santé, membre

titulaire de la CHSCT du Conseil supérieur de la Fonction

Publique Hospitalière. « On ne peut pas accorder toutes

les dérives sous prétexte que ça arrange. Si on commence

à appliquer le droit en fonction des desideratas des uns et

des autres, nous ne sommes plus dans une République »,

ajoute le syndicaliste. Alors que les directions et le person-

nel - selon plusieurs études - semblent s’accorder sur l’orga-

nisation du temps de travail en 12 heures, les syndicats, en

grande majorité montent au créneau.

Paradoxal pour des représentants du personnel supposés

défendre les intérêts et les volontés des agents ? Pas tant

que cela selon Denis Garnier : « il est tout de même curieux

de voir les volontés du personnel prises en compte sur ce

point, parce qu’elles génèrent 5 % d’économie, mais igno-

rées quand il s’agit de pointer les dysfonctionnements liés à

ce mode de travail ».

Alors qu’un groupe de travail

se réunit au ministère de la

santé depuis l’automne pour

établir des recommandations

d’application sur le travail en

12 heures chez les soignants,

ce mode d’organisation,

pratiqué depuis des années par

certains établissements, tend à

se généraliser dans la fonction

publique hospitalière.

Ce qui crée un réel débat.

“Les soignants sont

prêts à travailler jusqu’à

13 heures par jour au lieu

des 12 heures déjà trop

longues, pour assurer

les transmissions, qui,

la plupart du temps ne

peuvent pas être incluses

dans le temps de travail.

”© Stuartbur/Fotolia

ACTUSOINS • 32 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 33: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • vie professionnelle

Ce que dénoncent les syndicats, entre autres, ce sont des

conditions de travail bafouées, qui ne respecteraient pas

la réglementation. « Et malheureusement, les soignants sont

prêts à travailler jusqu’à 13 heures par jour au lieu des

12 heures déjà trop longues, pour assurer les transmis-

sions, qui, la plupart du temps ne peuvent pas être incluses

dans le temps de travail. En général, le temps d’habillage

et de déshabillage n’est pas inclus dans les 12 heures

non plus, puisque le temps de chevauchement entre deux

équipes ne le permet pas. Tout cela juste parce que les

soignants pensent être gagnants par ailleurs, ce qui n’est

pas le cas », dénonce Nathalie Depoire, de la CNI (Coor-

dination Nationale Infi rmière) qui insiste cependant sur son

positionnement moins « tranché » que d’autres syndicats.

« De plus, ajoute-t-elle, dans ces cas, les 12 heures de re-

pos obligatoires entre deux journées de travail ne sont pas

respectées ».

La justice s’en mêleD’après le cadre réglementaire, la durée quotidienne du

temps de travail ne peut excéder 9 heures pour les équipes

de jour, 10 heures pour les équipes de nuit. Dans certains

cas, lorsque des contraintes justifi ées l’exigent, elle peut

être fi xée à 12 heures. Des contraintes pouvant justifi er le

travail en 12 heures dans le service de réanimation polyva-

lente de l’hôpital Tenon, la CGT n’en a pas trouvées.

Alors, en août 2012, le syndicat a attaqué l’AP-HP auprès

du tribunal administratif. Et a obtenu gain de cause. Si

la décision de justice prévoyait l’abandon de ce rythme

en 12 heures pour le service, la fusion du service avec

un autre a permis de rétablir le rythme en douze heures,

rendant la décision de justice inapplicable. Certains syndi-

cats, sous pression du personnel du service, à 98 % favo-

rable au travail en douze heures d’après un questionnaire

interne, ont fi nalement cédé et appuyé les agents dans leur

choix.

« Il ne faut surtout pas interdire le travail en douze heures »,

estime Cécile Kanitzer, conseillère paramédicale à la

FHF (Fédération Hospitalière de France), qui participe au

groupe de travail sur l’organisation des 12 heures au mi-

nistère. « À la FHF, nous défendons ce mode de travail au

même titre qu’un autre. Et comme tout autre mode de tra-

vail, il doit être suivi d’indicateurs : répartition de la charge

de travail sur la journée, temps de pause… ».

Après avoir analysé les études déjà menées et audition-

né des établissements qui pratiquaient les douze heures,

le groupe, mandaté par la DGOS, devrait établir des re-

commandations à l’usage des établissements hospitaliers.

Pour Cécile Kanitzer, il faut raisonner en termes de type

d’activité : « ce mode de travail semble vraiment adapté

à certaines activités, comme la gynécologie, les urgences

ou la réanimation par exemple. Pour d’autres activités, il

faudra le prendre avec plus de prudence ».

Mixité des horaires : la solution ?Pour la FHF, la solution serait de proposer une mixité des

horaires, avec plusieurs types d’horaires dans le même

service. « Le problème à l’hôpital, c’est qu’on est un peu

mono-modèle. Il y a soit des services qui ne travaillent

qu’en 7, 8 ou 9 heures, soit des services qui ne travaillent

© DR

Campagne « le 12h c’est le bonheur » du collectif Tenon.

ACTUSOINS • 33 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 34: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • vie professionnelle

qu’en 12 heures. Il faudrait créer davantage d’offres pour

répondre aux différents profils de personnel. On sait très

bien par exemple que la tranche des 25-30 ans est plus in-

téressée par les 12 heures que la tranche des 50-60 ans »,

remarque Cécile Kanitzer.

Une solution envisageable, mais « peu idéale », selon

Denis Garnier de FO, qui craint des dérives et note les

inconvénients en termes de transmissions. « Tant pour les

arrivées que pour les départs différés, dans le cas de prises

de services décalées, il ne reste bien souvent qu’un soi-

gnant pour prendre et transférer les consignes. Cela pose

un problème de sécurité dans la continuité des soins ».

Mauvais pour la santé et pour la vigilanceC’est ce que révèlent de nombreuses études sur le travail

en 12 heures, que celui-ci ait lieu le jour ou la nuit. Ainsi,

une étude a établi l’existence d’une corrélation entre la pré-

sence de conduites addictives et un poste de travail d’une

durée supérieure à 8 heures chez les infirmiers. D’autres ont

montré que la prise de poids, les maladies dorso-lombaires

sont bien plus importantes aussi dans le cadre du travail

en 12 heures.

« Il est certain qu’il vaut mieux organiser le travail en

8 heures qu’en 12 heures si on a des tâches physiques. Le

travail en 12 heures entraîne aussi une baisse de vigilance

avec un risque d’accident qui est quasiment doublé », ex-

plique Laurence Weibel, docteur en neurosciences, chrono-

biologiste et chargée de prévention à la Carsat d’Alsace

Moselle (Caisse d’Assurance retraite et de la santé au tra-

vail). Elle préconise l’arrêt de ce type de travail quand il

peut être évité, en rappelant les textes. « Le code du travail

demande à l’employeur de préserver la santé et la sécuri-

té du salarié et d’obtenir un résultat. Ensuite, l’employeur

prend ses responsabilités. Il est libre d’écouter nos recom-

mandations ou non », explique cette chronobiologiste.

« Malheureusement, quand il y aura un accident, et il y en

aura, ce n’est pas le travail en 12 heures qui sera attaqué,

mais l’infirmier responsable », conclut amèrement Denis

Garnier de F.O. Quand le bonheur des uns fait le malheur

des autres… et inversement. n

MALIKA SURBLED

LES INFIRMIERS TÉMOIGNENTJ’habite à 45 minutes de mon lieu de travail. Certains de mes collègues, eux, mettent 1 heure pour venir et 1 heure pour repartir, soit 2 heures de transport dans la même journée. Le travail en 12 heures nous permet de limiter tous ces déplacements à 3 ou 4 fois par semaine. Cela fait moins de temps de transport, et moins de frais d’essence pour ceux qui viennent en voiture. n

Céline, 36 ans

J’avoue préférer le travail en douze heures car cela me permet de temps en temps d’aller travailler ailleurs. J’effectue 2 à 3 fois par mois des missions en intérim, en plus de mon travail à plein-temps. Ça me permet de boucler mes fins de mois. Certes, je suis fatiguée, mais ça vaut le coup financièrement. n

Julie, 29 ans

Je n’ai pas eu le choix. La clinique dans laquelle je travaille est en douze heures et je m’y suis pliée car géographiquement, c’était idéal pour moi. J’avais un peu peur de la fatigue, mais je m’y suis faite. Néan-moins, comme nous ne sommes que deux infirmières pour 30 lits, il est difficile de s’absenter à midi pour le repas. Et cette heure n’est pas prise en compte dans notre salaire. Du coup, nous sommes présentes 12 heures sur place, payées 11, et n’avons pas de temps commun avec l’équipe de nuit pour les transmis-sions. C’est un peu limite à mon sens car les journées durent finalement 13 heures si l’on veut assurer des transmissions de qualité, soit 2 heures de plus que prévu. Si j’ai l’opportunité d’aller vers l’hôpital de jour ou vers les consultations, qui ont des horaires d’ouver-ture plus limités, j’irai, sans aucune hésitation, même s’il faut travailler 5 jours par semaine. n

Sarra, 26 ans

J’ai volontairement choisi de travailler la nuit, et ce, depuis 15 ans maintenant. L’activité est différente, les relations aux patients plus vraies, car on peut prendre le temps. Les deux hôpitaux dans lesquels j’ai travail-lé ne proposaient que le rythme des 12 heures pour la nuit. Sinon, certains établissements pratiquent les 10 heures. 10 heures ou 12 heures, pour moi, ça revient au même. Alors autant être présent 12 heures, ça arrange tout le monde, et ça fait plus de jours de repos. Pendant la nuit, j’ai des temps de repos. En général, il y a une tournée à 20 heures, à 22 heures, puis une autre à 6 heures. Du coup, sauf urgences, je peux me reposer entre ces deux tournées, tout en res-tant vigilant et en jetant un œil de temps en temps aux chambres. Cela me convient parfaitement. Si l’on me demandait de passer en 8 heures ou en 10 heures, j’avoue que je ne serais pas vraiment content. n

Christophe, 42 ans

“Il faudrait créer davantage d’offres pour

répondre aux différents profils de personnel.

On sait très bien par exemple que la tranche

des 25-30 ans est plus intéressée par les

12 heures que la tranche des 50-60 ans.

ACTUSOINS • 34 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 35: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • vie professionnelle

Bientraitance :un jeu pour (re)prendre conscience

Deux psychologues du centre hospitalier de Wattrelos, dans le Nord, ont imaginé un jeu

de société, la Malette de la bientraitance, qui sert de support à une formation.

Cécile Kaczmarek, psychologue, et Sophie Lam-

ballais, neuropsychologue, chargées de former

le personnel de l’hôpital de Wattrelos (Nord) à la

bientraitance, ont imaginé un support de formation origi-

nal « qui associe le plaisir et l’apprentissage », explique

Sophie Lamballais. Un véritable jeu de société qui interroge

les pratiques des participants : infirmières, aides-soignantes,

ergothérapeutes, agents hospitaliers, brancardiers, kinés…

La formation dure une journée. La matinée est consacrée à

la présentation des différentes formes que peut revêtir la mal-

traitance et de ce qu’est la bientraitance, notamment via la

pyramide de Maslow. L’après-midi, place au jeu, édité part

une société locale et financé par l’hôpital. Une partie dure

entre 30 minutes et une heure et peut se jouer individuelle-

ment ou par équipe mais elle n’a pas de fin, explique Céline

Kaczmarek, car « la bientraitance se cultive au quotidien ».

Anna, infirmière dans le service de rééducation, a appré-

cié la dimension ludique, la découverte théorique et les

questionnements autour de situations « très parlantes ».

« On s’est prises au jeu, on n’avait plus envie d’arrêter »,

raconte-t-elle. Sa collègue Sophie, également infirmière, a

beaucoup apprécié les échanges du groupe autour des

situations soulevées par le jeu.

Réfléchir et modifier ses pratiquesLes ressorts du jeu s’inspirent des règles du Monopoly ou

du jeu de l’oie. À partir d’une case de départ, les joueurs

lancent les dés et tombent sur des cases qui appellent

une réaction, un échange ou offrent une information. Cer-

taines révèlent des cartes qui posent une question ouverte.

D’autres montrent des situations de maltraitance. Le joueur

donne alors son avis sur la façon dont le soignant se com-

porte vis-à-vis du patient et sur la meilleure attitude à adop-

ter. Les participants donnent un jeton à la personne qui a,

selon eux, le « mieux » répondu.

Sur d’autres cases encore, les joueurs découvrent des

points de droits précis sur la maltraitance, la vulnérabilité

de certaines personnes et ce que cela implique. Une sorte

de case « prison » oblige le joueur, pour en sortir, à donner

un jeton ou à écrire un besoin sur la pyramide de Maslow.

Au fil du jeu, les participants réfléchissent aux situations

évoquées, prennent conscience du poids des habitudes et

des organisations. Comme cette situation où une soignante

qui apporte le repas d’une personne âgée refuse de l’ame-

ner aux toilettes car « ce n’est pas le moment ». Où celle

où une autre entre sans frapper dans une chambre. « Avant

d’être dans le travail, il faut penser au patient », souligne

une autre infirmière, Emeline. Une situation dans laquelle

une patiente âgée est infantilisée a aussi choqué Sophie.

Anna veille désormais « aux mots [qu’elle] emploie car on

ne connaît pas le vécu des personnes ». Une femme qui

n’a jamais eu d’enfants peut ne pas apprécier qu’on lui

souhaite la fête des mères, même si on avait l’intention de

lui faire plaisir. Au final, le jeu incite chacun, au quotidien,

à modifier ses pratiques. n

OLIVIA DUJARDIN© DR

ACTUSOINS • 35 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 36: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • vie professionnelle

Elles ont choisi L’EHPADLes établissements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) attirent peu.

Ils souffrent d’une mauvaise image, malgré les changements opérés depuis dix ans.

Rencontre avec des soignants passionnés, mais souvent débordés.

Infirmière expérimentée, Sabrina exerce depuis trois ans

à l’Ehpad des Champs-Manceaux, à Rennes. À l’origine

de ce choix, une opportunité plutôt qu’une réelle volonté.

« Je quittais mon activité en libérale, je cherchais un emploi

salarié », explique-t-elle. Mais elle ne regrette pas. « J’ai

l’impression d’exercer mon métier dans toutes ses dimen-

sions avec des soins très intéressants, tout en continuant à

apprendre ».

Du nursing, la maison de retraite ? « Depuis qu’on est passé

aux Ehpad, ce n’est plus du tout ça. Les patients sont âgés,

donc polypathologiques. Il y a tellement de soins différents

que j’ai parfois l’impression d’être de retour en médecine

– sauf qu’on y est une infirmière pour vingt patients, contre

une pour quarante en Ehpad. Mon expérience en libérale

me sert beaucoup ». Les maladies les plus fréquentes ? Dia-

bète, maladies cardio-vasculaires, ulcères, Alzheimer…

Près de la moitié des 80 résidents de cet Ehpad situé en

quartier populaire sont en effet dépendants psychiques.

Prendre soin des personnes âgées, une véritable vocation pour Cathy Peltier, infirmière clinicienne à l’Ehpad de Craon (Hôpital local du sud-ouest mayennais).

© Céline Diais

ACTUSOINS • 36 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 37: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • vie professionnelle

Soins et écouteEn ce jeudi matin, Sabrina alterne entre pansements, trai-

tements… et écoute. L’une de ses patientes, très âgée mais

lucide, s’inquiète de sa dernière chute. « J’ai perdu la tête

pendant une semaine. Je ne retenais rien, je n’y voyais

plus… J’espère que ça ne va pas revenir ? », se soucie-t-

elle. Tout en changeant son pansement, Sabrina rassure et

questionne. « Vous ne trouvez pas que votre déambulateur

roule trop vite ? ». « Ah si… », réalise la vieille dame, « je

marchais beaucoup avant mais maintenant je n’ose plus ».

Sabrina, qui a déjà pris rendez-vous avec un gériatre, va

aussi contacter l’ergothérapeute. Le suivi médical étant as-

suré par les médecins libéraux – hors médecin coordon-

nateur – les infirmières des Ehpad sont un peu les chefs

d’orchestre de la prise en charge des patients. Pour cette

raison, Sabrina recommanderait le travail en Ehpad à une

collègue mais pas forcément à une débutante. « C’est

bien d’avoir déjà trois ou quatre ans d’expérience. Il faut

avoir un bon diagnostic infirmier et des prises de déci-

sion sûres ». Bien connaître les spécificités liées au grand

âge est aussi essentiel. Comme une infection urinaire, par

exemple, dont souffre sa patiente. « Cela peut entraîner

des troubles du comportement, de l’équilibre et des pertes

d’appétit chez la personne âgée ». Des symptômes très sur-

veillés en Ehpad, où l’objectif est de maintenir au mieux

l’autonomie. « Permettre la verticalité vingt minutes par jour,

c’est retarder la grabatisation et la dépendance », rappelle

Maryline Brocas-Lidec, l’infirmière-cadre de l’Ehpad.

Une décennie de mutationsL’âge d’entrée en Ehpad ne cesse de reculer : 85 ans en

moyenne en 2013, soit cinq ans de plus qu’il y a 25 ans(1).

Conséquence ? Une dépendance accrue et un niveau de

polypathologies « proche de celui des unités de soins de

longue durée, avec des besoins médicaux croissants », se-

lon le cabinet de conseil KPMG.

L’autre changement de la dernière décennie ? L’individua-

lisation de la prise en charge. « Avant, on s’attachait au

bien-être du résident mais sans poser forcément des ob-

jectifs de soin. Aujourd’hui, c’est notre priorité, avec un

réel projet autour de la personne », explique Maryline

Brocas-Lidec. Dans cet Ehpad géré par la ville de Rennes,

cela se traduit par un projet de vie (animations, lien so-

cial…) et un projet de soin (prescription infirmière) basés

sur le recueil d’histoire de vie du résident ainsi qu’une

évaluation de ce dernier, réalisée par les infirmières, les

aides-soignantes et l’ergothérapeute. Le tout étant soumis

à la personne âgée pour accord. Pour Sabrina, « ce n’est

plus le résident qui doit s’adapter à la collectivité, ça

change tout ».

Infirmière depuis 10 ans, Sabrina travaille en Ehpad depuis 3 ans après un début de carrière à l’hôpital puis en libérale.

© Céline Diais

ACTUSOINS • 37 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 38: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • vie professionnelle

Moins de pénibilitéAide-soignante à l’Ehpad de Craon, une commune rurale

de Mayenne, Elisabeth Bouvier a démarré sa carrière

dans les années 1980, dans ce que l’on appelait encore

l’hospice. « Je trouvais le temps long ! Il y avait peu de

toilettes mais beaucoup de ménage : le fumoir à nettoyer,

le parquet à encaustiquer… ». Un autre monde, comparé à

aujourd’hui : « on a des lits à hauteur variable, des vertica-

lisateurs, des guidons de transfert… », énumère l’aide-soi-

gnante, « mais ça ne fait pas tout, il faut quand même avoir

de la résistance physique ».

« Il y a aussi la résistance psychologique : les résidents ne

sont pas toujours agréables, surtout lorsqu’il y a démence »,

ajoute sa collègue Alexandra Charnier. À 33 ans, elle ap-

précie le travail en Ehpad, où elle a débuté. L’individualisa-

tion de la prise en charge a aussi amélioré leurs conditions

de travail. L’Ehpad de Craon, géré par l’hôpital public lo-

cal, a ainsi réparti ses 137 résidents par secteurs, avec des

équipes fixes d’aides-soignantes.

Terminé la course pour réaliser toutes les toilettes de l’étage.

« Ça peut être un moment difficile, on entre dans l’intimité

des gens. Certains arrivent de chez eux et n’ont jamais eu

d’aide extérieure. Cette organisation facilite l’adaptation et

peut éviter les comportements agressifs chez les personnes

désorientées », explique Alexandra. Les aides-soignantes

sont aussi référentes du projet de vie de la quinzaine de

résidents de leur secteur. Conseilleraient-elles leur travail à

de futures collègues ? « Oui, mais c’est une vocation : il faut

aimer les personnes âgées ».

Construire du lienLa vocation, Cathy Peltier l’a sans aucun doute. Cette

infirmière travaille à Craon depuis 13 ans. Un choix ré-

fléchi. « J’ai fait mon stage ici et je suis restée. Je n’étais

Maryline Brocas-Lidec aujourd’hui infirmière-coordinatrice.

© Céline Diais

© Céline Diais

Pour Sabrina, « C’est bien d’avoir déjà trois ou quatre ans d’expérience. Il faut avoir un bon diagnostic infirmier et des prises de décision sûres. »

ACTUSOINS • 38 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 39: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • vie professionnelle

JOURNÉES Prenons soin de nos aînés

16 & 17 NOVEMBRE2015 PARMI LES INTERVENANTS :sociologue, auteur.

Eric Minnaert, anthropologue. éducateur physique, auteur.

école du Toucher-massage, auteur. Françoise Boissières,

psychologue. cadre de santé.

kinésithérapeute, auteur. art-thérapeute.

D’AUTOMNE

organisme gestionnairedu développementprofessionnel continu

PROGRAMME DPC N°40881500019

pas forcément attirée par la technique pure et des services

de pointe comme la chirurgie. C’est le lien au patient et le

travail sur le long terme qui me plaisent ». Comme Sabrina,

elle apprécie la polyvalence du métier. « On peut passer

de la cardio à la neuro, c’est très varié. Il faut connaître un

peu de tout, être bien organisée et autonome car on n’a

pas de médecin sur place. Et le week-end, comme nous ne

sommes que deux infi rmières, il faut de bonnes baskets ! ».

Malgré un planning chargé, Cathy met un point d’honneur

à prendre le temps de discuter avec chaque patient. « On

traite la pathologie mais aussi la personne », martèle l’in-

fi rmière clinicienne. Dans une chambre, elle discute chan-

deleur avec une patiente atteinte d’Alzheimer, dans une

autre, elle convainc une dame âgée d’aller manger, tout

en refaisant des pansements. « Ce temps, je le prends,

quitte à être speed après. C’est un moment que les patients

nous donnent. Ils déchargent leurs émotions et nous, on y

apprend beaucoup de choses que l’on peut transmettre à

l’équipe pluridisciplinaire ».

Effectifs restreintsSi les infi rmières d’Ehpad peuvent s’appuyer sur des parte-

naires (équipes mobiles de soins palliatifs, infi rmières HAD,

SOS médecins…), la gestion de ces nombreux intervenants

est chronophage. Médecins traitants injoignables et spé-

cialistes débordés sont leur quotidien. Une charge de tra-

vail aussi lourde du côté des infi rmières-cadre, qui doivent

gérer plannings, management, relations avec les familles…

Le mot qui revient le plus souvent ? « La course ».

La cause, ce sont les ratios – trop faibles – d’effectifs, fi xés par

les pouvoirs publics selon le nombre de patients et leur degré

de dépendance. Cette dernière « augmente mais les moyens

fi xés par l’agence régionale de santé restent constants », dé-

plore Marilyne Brocas-Lidec, à Rennes. Son Ehpad compte 4

infi rmières et 16 aides-soignantes (dont 2 de nuit et un pool

de 2 remplaçantes) pour 80 résidents. « On est beaucoup

à l’écoute de nos soignants avec le souci de développer

leurs compétences par la formation, notamment à l’« humani-

tude » (2), et on adapte continuellement notre organisation aux

besoins. Cela permet d’optimiser le temps, mais ça ne donne

pas plus de bras », explique l’infi rmière-coordinatrice. Mêmes

solutions employées à l’Ehpad de Craon, qui bénéfi cie en

outre d’une infi rmière de nuit grâce à son lien avec l’hôpital,

aux côtés de ses 6 infi rmières et 48 aides-soignantes (dont 3

de nuit) pour 137 résidents. n

AMÉLIE CANO

(1) Source : Observatoire des Ehpad 2014, KPMG-FEHAP

(2) Philosophie de soin dédiée aux personnes âgées

UN SECTEUR QUI RECRUTE… UN PEU MOINSMais qui reste porteur ! Si la France compte 1,2 million de personnes âgées dépen-dantes aujourd’hui, elles devraient être 1,8 million en 2050. Mais la frénésie de recrutement des années 2000 s’est calmée. « Lorsque les maisons de retraite privées se sont médicalisées à cette époque, elles ont dû recruter très intensivement. Cela a créé des pénuries », explique Florence Arnaiz-Maume, déléguée générale du Syner-pa, syndicat des maisons de retraites privées.

Aujourd’hui, la situation est revenue à la normale mais le secteur reste créateur d’emplois. Le Synerpa assure réaliser 12 000 embauches par an en moyenne, dont 3 000 créations nettes de poste. « Il y a davantage de besoins en aides-soi-gnantes qu’en infi rmières », pointe Florence Arnaiz-Maume – un constat partagé par la FEHAP (privé non lucratif). Avec cependant des profi ls recherchés du côté de s IDE. « Nous apprécions les infi rmières en fi n de carrière car elles ont une grande expérience et de nombreuses compétences. Elles ont tout intérêt à venir en Ehpad : un poste d’infi rmière coordinatrice, par exemple, est en haut de la hiérarchie, on n’y travaille pas de nuit et peu le week-end ».

Le Synerpa avance aussi les efforts menés par les Ehpad privés pour se rendre at-tractifs : convention collective, réduction de la pénibilité, perspectives de carrière… « 80 % de nos salariés sont en CDI et à temps plein ». n

ACTUSOINS • 39 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 40: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • à la loupe

Maison de Solenn :des infirmières en première ligneCréée il y a une décennie grâce à l’opération pièces-jaunes, La Maison de Solenn a déjà

accueilli plus de 10 000 jeunes atteints de troubles psychologiques. Actusoins a fait

la connaissance de Pauline, Sandrine et Nathalie, les trois infirmières de l’hôpital de jour

de cet établissement pionnier.

Dans la grande salle de repos flambant neuve, le

téléphone sonne. Pauline, 26 ans, interrompt la

conversation. « C’est Madame Durand*, je dois

vraiment la prendre… », s’excuse-t-elle. Nous sommes à la

Maison de Solenn, lieu d’accueil pour les adolescents en

souffrance, dans l’enceinte de l’hôpital Cochin. Créée il y

a plus de 10 ans par Bernadette Chirac, présidente de la

fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France, et Patrick

Poivre d’Arvor – qui a perdu sa fille, Solenn, anorexique, en

1995 – grâce à l’opération « Pièces jaunes », cette structure

pluridisciplinaire est devenue la référence dans le domaine.

Anorexie, boulimie, dépressions, névroses, en une décen-

nie, La Maison de Adolescents (MDA), sise dans le dans

le 14e arrondissement de Paris, a soigné plus de 10 000

jeunes âgés de 11 à 19 ans.

Pauline, infirmière depuis trois ans et demi, autant passé à

la MDA, poursuit son entretien avec la mère d’une adoles-

cente : « Écoutez, ce projet d’internat thérapeutique a été

préparé pendant plusieurs mois avec votre fille. Nous ne

pouvons pas la reprendre comme ça du jour au lende-

main ». Sophie*, l’adolescente en question, a quitté l’hô-

pital de jour de la Maison de Solenn, pour reprendre sa

scolarisation dans une structure adaptée, mais elle n’a tenu

que quelques jours. Patiemment, la jeune soignante essaye

de faire entendre raison à la mère de famille… sans y

parvenir. La jeune soignante raccroche. « Une partie du

travail, se passe au téléphone avec les famille », commente

Isabelle, 59 ans, cadre de santé, qui assiste à la conver-

sation. Et Pauline de sourire : « Et parfois le travail est plus

compliqué avec eux qu’avec les jeunes… ».

C’est une des particularités de la Maison de Solenn : ici,

les infirmières sont en première ligne. Elles sont au centre du

dispositif mis en place à l’hôpital de jour. Pauline, Sandrine

et Nathalie, sont chacune en charge d’une quinzaine de

d’adolescents. Autant infirmières qu’éducatrices, elles sont

les interlocutrices privilégiées des adolescents, font le lien

avec les médecins – qui ne sont pas là en permanence –,

les parents, mais aussi avec les animateurs extérieurs qui

interviennent chaque semaine auprès des jeunes.© Juliette Robert

A gauche Nathalie, à droite Sandrine, infirmières à l'hôpital de jour de la Maison de Solenn.

ACTUSOINS • 40 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 41: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • à la loupe

Aujourd’hui, nous sommes conviés à l’hôpital de jour, éga-

lement appelé « centre d’accueil thérapeutique à temps

partiel » qui accueille une soixantaine de jeunes, une à

trois fois par semaine. La MDA dispose également d’un

service d’hospitalisation de vingt lits, dont six réservés aux

troubles du comportement alimentaire (TCA), six à la pédia-

trie, six à la pédopsychatrie et deux aux situations de crises

quelles qu’elles soient. C’est au service d’hospitalisation de

la MDA que Pauline a passé ses trois premières années.

Une expérience enrichissante mais la jeune infirmière est à

la recherche « d’une approche plus globale du patient ».

Elle demande donc à rejoindre l’HDJ. Huit mois plus tard,

elle ne regrette pas son choix : « Ici, on fait appel à diffé-

rentes compétences, on développe une relation à part avec

les familles car les médecins ne sont pas là toute la journée.

Cela nous permet de prendre une certaine distance théra-

peutique ».

Sport, loisirs et jeuxDans les couloirs, pas l’ombre d’une blouse blanche. Pour

détendre l’atmosphère, Pauline et ses collègues sont en te-

nues « civiles ». Même ambiance dans les locaux multico-

lores de la MDA… Avec ses poufs aux couleurs acidulées,

sa salle de sport, ses grandes baies vitrées, le bâtiment

ressemble davantage à un centre aéré qu’à un hôpital.

Sorti de la salle de réunion du personnel, au détour d’un

couloir, on découvre même une grande cuisine dernier cri.

En réalité, il s’agit d’« une cuisine thérapeutique », où les

jeunes peuvent participer à des ateliers culinaires et pré-

parer les repas qu’ils dégusteront au déjeuner. D’ailleurs,

à la cantine, on aperçoit quelques dizaines d’adolescents

en train de manger. Pour ces adolescents victimes de

troubles du comportement alimentaire, le repas est consi-

déré comme « un temps de soins ». « Le moment des re-

pas est important, quand il y a un refus, on ne force pas,

commente Pauline, on essaye de comprendre pourquoi

cette ado, enlève patiemment le gras du poulet, coupe sa

viande en petits morceaux… ».

Mais c’est déjà l’heure de quitter la cuisine direction… le

studio radio. Aujourd’hui, la pièce est vide, mais à travers

les photos accrochées sur les murs, on devine partout l’en-

thousiasme de plusieurs promotions d’adolescents. Là, po-

sant au côté de l’humoriste Florence Foresti, ici, avec Cyril

Hanouna ou Florent Pagny et des nombreux artistes venus

animer l’atelier radio, les jeunes de la MDA ressemblent

à des adolescents comme les autres. « C’est un moment

où on se lâche, explique la cadre de santé, c’est aussi

un vrai moment de partage, avec le journaliste de RTL qui

anime l’atelier le jeudi, mais aussi avec les infirmières qui

se prêtent au jeu ». « Mais tout ce qui se dit reste ici, il n’y

Autre moment d’expression : les ateliers artistiques.© Juliette Robert

ACTUSOINS • 41 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 42: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • à la loupe

a pas de diffusion des émissions à l’extérieur », prévient

Sandrine, 49 ans.

Cette infi rmière à l’hôpital de jour a travaillé en réanima-

tion néo-natale puis en psychiatrie, avant de déposer une

candidature spontanée à la maison de Solenn. « J’étais en

recherche d’une prise en charge globale. Contrairement au

milieu hospitalier plus classique, ici, nous prenons le temps

de la réfl exion, nous avons aussi un rôle d’éducation, de

formation », précise-t-elle, convaincue. Et d’ajouter : « Ici,

on a pas de seringue, on est pas dans la toute puissance

médicale. C’est pour cette raison que nous sommes dans

une perpétuelle remise en cause de notre manière de soi-

gner ». D’ailleurs, l’essentiel des soins de l’hôpital de jour

de la Maison de Solenn, semble passer par la « verbali-

sation », une étape essentielle vers la guérison pour ces

adolescents en souffrance.

Groupe de parolesNathalie, une infi rmière globe-trotteuse qui a fait ses armes

en psychiatrie et, pendant, quelques années « dans l’ani-

mation socio-culturelle » montre fi èrement une mappemonde

accrochée au mur. « Quand nous discutons ensemble de

l’actualité, j’aime bien leur montrer où se trouve les pays

sur la carte, cela leur ouvre d’autres horizons », explique

la jeune femme d’une trentaine d’années. La carte devient

alors le prétexte à une discussion entre les adolescents et

l’infi rmière. Le prétexte peut-être aussi un article dénichée

dans la presse gratuite. Ou encore une photographie pré-

sentée par la psychologue de l’hôpital de jour. « Nous

avons également un jeu de cartes avec des questions à po-

ser au groupe, par exemple, dans quel pays aimerais-tu te

marier ? », poursuit Nathalie. Mais parfois, les accessoires

sont superfl us et la discussion s’engage toute seule dans

ces groupes de paroles que le personnel préfère appeler

« bruits de couloirs » et « fi l de l’histoire ».

Ces échanges sont des temps de « socialisation » pour les

jeunes autant que des moments de détection d’un mal-être

plus important par les soignantes. « Ils sont libres de par-

ler, mais cela reste une discussion cadrée car parfois, ils

peuvent être agressifs envers les autres et reproduire ce

qu’ils ont vécu à l’école », raconte encore la soignante.

Autre moment d’expression : les ateliers artistiques qui

se déroulent l’après-midi. « Cela m’arrive de sculpter ou

de peindre avec les jeunes ! », sourit Nathalie. Mais les

soignantes doivent garder un œil sur leurs adolescents :

« Il peut arriver qu’ils s’expriment de cette manière, par

exemple en réalisant un dessin un peu morbide et dans ce

cas, il faut prévoir une discussion ».

Sandrine, Nathalie et Pauline sont très enthousiastes, pour-

tant, le succès n’est pas toujours au rendez-vous. La ben-

jamine se rappelle d’une nuit en hospitalisation avec une

jeune fi lle anorexique qui avait arraché sa sonde d’alimen-

tation pour la dixième fois de la soirée. « Je me suis sentie

tellement désemparée. L’anorexie n’est que la conséquence

d’un problème psychologique plus profond… Et se dire que

ressonder à chaque fois ne sert à rien c’est très diffi cile ».

Pour Nathalie, le plus dur est de parvenir « à prendre du

recul, surtout lorsque le lien construit avec l’adolescent est

très fort. Nous sommes émotionnellement en première ligne

et parfois ce n’est pas évident. Il faut un peu de temps

et d’expérience pour prendre du recul face aux attitudes

agressives. Il faut comprendre que nous ne sommes pas

vraiment visées mais que pour l’ado, nous sommes un

repère, un miroir. Heureusement, ici, nous pouvons aus-

si compter sur les autres professionnels ». Et Pauline de

conclure : « Quand je suis arrivée ici, j’avais 22 ans et je

croyais que j’allais sauver le monde… J’ai vite compris que

La Maison de Solenn, ça n’était pas moi, c’était d’abord,

toute une équipe ! » n

LEILA MINANO

* Les noms et prénoms ont été changés.

© Juliette Robert

“Quand je suis arrivée ici, j’avais 22 ans et je

croyais que j’allais sauver le monde… J’ai vite

compris que La Maison de Solenn, ça n’était

pas moi, c’était d’abord, toute une équipe !

Au téléphone, Pauline discute avec une famille.

ACTUSOINS • 42 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 43: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

L’accompagnement des responsables techniques

L’accompagnement de l’accueil du résident et de sa famille

La détection et la prévention de la pré-dépendance et de la perte d’autonomie

La communication triangulaire (résident, famille, soignant)

La mise place de projets d’animation de l’établissement

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Page 44: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • initiative

Comme un pharedans la rue

Situé à Pau, « Le Phare » propose un accueil de jour aux

personnes en grande précarité. C’est le seul centre en

France qui fait fonctionner ensemble les services des

associations, de l’hôpital, du département et de la ville,

pour une population victime parfois « d’auto exclusion ».

Quand le maire de Pau a lancé un arrêt anti-men-

dicité en 1995, il ne se doutait pas que cela

aurait des conséquences vingt ans après. « Pour-

tant tout est parti de là » nous explique Eddy Marceddu, le

responsable de la structure : « La municipalité a demandé

aux associations d’accueillir les sans abri. Une première

association s’en est occupée, ils avaient un hangar où ils

proposaient des douches et un accueil pour la journée.

Et puis il a fallu un deuxième hangar et ensuite une autre

association a proposé d’autres services… Petit à petit c’est

comme ça qu’on s’est tous retrouvés dans les mêmes lo-

caux. Enfin, en 2007 on a pu faire tomber les murs et

travailler tous ensemble dans cette grande structure qu’est

Le phare ».

Une équipe uniqueAujourd’hui « Le phare », situé dans un grand bâtiment de

trois étages au cœur de la ville, propose donc plusieurs

services. Il y a d’abord un accueil de jour pour prendre

une douche, laver son linge ou laisser un sac en bagagerie

pour moins d’un euros. Cet accueil est assuré par un tra-

vailleur social, un agent d’accueil et un agent d’entretien.

Ensuite, le Centre Hospitalier des Pyrénées a délocalisé

une Équipe de Soins pour les Personnes en Situation de Pré-

carité (ESPSP) et une Permanence de Soins en Santé (PSP)

dans ces locaux. Ces deux équipes sont formées en tout de

trois infirmiers, d’un éducateur spécialisé et d’un psychiatre

à mi-temps, elles proposent des soins somatiques et une

prise en charge psychiatrique. D’autre part, une équipe

mobile en lien avec le CCAS (Centre Communal D’Action

Sociale) de Pau fait des maraudes en journée pour orien-

ter les personnes de passage vers le phare (carrefour vers

l’Espagne, Pau est la deuxième ville en Aquitaine pour les

demande de prise en charge précarité).

Enfin des associations extérieures proposent des rencontres

régulières autour du thème des addictions ou du sida. © Olivier Blanchard

Le dépôt des sacs.

ACTUSOINS • 44 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 45: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • initiative

Le centre propose enfin plusieurs consultations gratuites

dont un cabinet dentaire ouvert tous les jours depuis no-

vembre 2012.

Le phare est donc une porte ouverte vers la réinsertion

sociale, il permet de commencer un projet de vie par le

soin somatique ou psychique et la réouverture des droits so-

ciaux… au rythme de chacun. En complément de l’accueil

de jour il est aussi le centre régulateur des appels au 115

pour les hébergements en urgences et il fait le lien avec le

Service d’Intégration d’Accueil et d’Orientation (SIAO) de

la ville qui propose, dans un deuxième temps, des solutions

d’hébergement pérennes. Le centre voit passer 18 000

personnes par an, soit entre 55 et 100 personnes par jour.

Dans la courLe cœur du phare c’est la cour intérieure, seul endroit

du centre où l’alcool et les animaux sont permis : « C’est

presque toujours là que les rencontres commencent » nous

dit Yann Escoute, infirmier psychiatrique du CHP de Pau

« Même le psychiatre commence parfois ces consultations

ici. On ne peut pas leur demander de venir vers nous, d’au-

tant plus que l’étiquette psychiatrie fait peur parce qu’elle

est toujours liée à l’enfermement, aux médicaments, à la

folie… Donc quand je me présente je dis juste que suis

infirmier, ça passe mieux ».

Diplômé de 2000, Yann travaille dans ce centre depuis

cinq ans après avoir déjà passé plus de trois ans en mis-

sion avec médecin du monde en tant que coordinateur de

projet : « Mais je n’ai pas la fameuse vocation hein, juste

des convictions fortes… Ce qui me plaît ici c’est l’autono-

mie que l’on nous donne, le travail en réseaux avec une

équipe diversifiée et la pluralité des personnes que l’on

rencontre : il y a des grands précaires ou des grands dé-

socialisés mais aussi des gens qui sont en rupture sociale

récente, des migrants et puis des personnes addictives…

Tous ont des problèmes différents et mon travail c’est avant

tout de créer le lien avec eux, d’être le premier pas dans

un parcours de soins pour des personnes chez qui la santé

n’est plus du tout une priorité ; dans la rue la douleur on

l’oublie ou on l’étouffe avec de l’alcool… ».

Un temps différentDans sa petite infirmerie juste à côté de la grande borne

d’accueil Yann soigne donc autant les douleurs morales

que les petites blessures du corps « On fait beaucoup de

bobologie, presque deux heures par jours… En fait, beau-

coup d’entre eux sont dans un syndrome d’auto exclusion :

tout est tellement compliqué pour eux qu’ils n’essayent

même plus de faire valoir leurs droits… Ils ont tellement

peur qu’on les rejette qu’ils n’essayent plus de se faire aider

ou soigner. Et puis il faut dire que les services sociaux ne

comprennent pas leur temporalité : quand on vit dans la rue

tout est toujours une urgence parce que deux heures après

ils seront « ailleurs », donc si ce n’est pas tout de suite c’est

probablement jamais. Donner un rendez-vous dans trois se-

maines à quelqu’un qui vit dans la rue ça n’a donc aucun

sens ! Pour aider vraiment ces personnes on doit aller vers

eux, et c’est exactement ce qu’on fait ici ».

Même discours chez Marie France Ceglarec une des den-

tistes à la retraite qui travaille bénévolement au centre « Par-

fois quand j’ai fini un soin avec l’un d’entre eux et qu’il a

réussi à venir à tous les rendez-vous, il m’arrive de lui serrer

la main pour le féliciter. Parce que c’est une vraie victoire

pour eux. Et pour nous aussi évidemment… ».

Les soins aux personnes précaires demanderaient donc

avant tout du temps et de la disponibilité dans un secteur

médicosocial qui au contraire se spécialise, se rentabilise

et soigne de plus en plus vite… Les sans domicile Fixe

représentaient 112 000 personnes en 2012 (INSEE) en

France ; en 2013 l’association « mort dans la rue » a

comptabilisé 453 morts dans la rue dont 15 enfants. n

OLIVIER BLANCHARD

“Quand on vit dans la rue tout est toujours

une urgence parce que deux heures après ils

seront « ailleurs », donc si ce n’est pas tout

de suite c’est probablement jamais.

© Olivier Blanchard

La cour est le lieu de rencontre des usagers.

ACTUSOINS • 45 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 46: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • initiative

PACTE :La Haute autorité de santé (HAS) a lancé une expérimentation auprès de 18 équipes

volontaires au sein de structures de santé, afin d’améliorer leur coordination et leur

communication. Objectif : réduire les événements indésirables graves. Ce travail,

qui se déroule sur plusieurs années, requiert une vraie implication des acteurs.

Dans la salle, une trentaine de professionnels de l’Hos-

pitalisation à domicile (HAD) de la Fondation Œuvre

Croix Saint-Simon, dans le 19e arrondissement de

Paris, sont réunis. Leur point commun ? Participer à l’expé-

rimentation Programme d’amélioration continue du travail

en équipe (PACTE), mis en place en 2013 par la HAS,

afin d’aider les professionnels d’établissements de santé à

travailler en équipe et améliorer la qualité ainsi que la sécu-

rité de la prise en charge de leurs patients. Aujourd’hui, les

membres de l’équipe – infirmiers, aides-soignants, cadres

de santé, médecin coordonnateur – s’approprient un nou-

veau questionnaire portant sur l’évaluation des communi-

cations téléphoniques qu’ils ont entre eux, afin de s’assurer

que les informations transmises sont bien comprises.

D’après la HAS, un tiers des événements indésirables

graves pourraient être évités grâce à une meilleure coordi-

nation et une meilleure communication des équipes. Devant

ce constat, elle a lancé PACTE, un programme collaboratif

et pluriprofessionnel qui propose des méthodes et outils uti-

lisables quel que soit le secteur d’activité de l’équipe.

Événements indésirables« L’objectif est d’éviter les défaillances organisationnelles,

techniques et humaines lors de la survenue d’un événe-

ment indésirable, souligne le Dr May. Les problématiques

peuvent être liées au leadership, au facteur humain, c’est-

à-dire à ce qui ne relève pas de la technique, donc à

des domaines qui ne sont pas enseignés. » Et d’ajouter :

« Nous sensibilisons l’équipe à travailler sur des facteurs

humains comme l’écoute, l’entraide ou l’aide, un compor-

tement que les professionnels ne sont pas toujours habitués

à avoir ou qui n’est pas nécessairement structuré. » « On

avait conscience des difficultés rencontrées à l’HAD et de

la nécessité de travailler sur la communication », témoigne

Noël Gérard, cadre de santé et l’un des porteurs du projet

à la Croix Saint Simon.

Laboratoire pour la HASLes équipes ont été sélectionnées fin 2013, les programmes

lancés en avril 2014, et l’expérimentation, ponctuée

d’évaluations, prendra fin en 2017. La HAS encadre les

équipes en leur proposant des outils pour mettre en place

des briefings, des débriefings, améliorer la communication

entre les membres de l’équipe.

« Nous les faisons également travailler sur la communication

avec le patient », explique Yasmine Sami, chef du projet à

la HAS. Cette étape nécessite une acculturation des outils,

une amélioration des habitudes et une formation des profes-

sionnels. « On leur donne une feuille de route mais on ne

les contraints pas sur la manière de faire, fait-elle savoir. On

leur demande de modifier les documents qu’on leur fournit

pour nous aider à consolider notre boîte à outils. »

Le projet doit donc être soutenu par la direction des éta-

blissements car les professionnels doivent bloquer du temps

pour des réunions ou des formations. Chaque équipe a, à

sa disposition, un facilitateur, pour l’aider à mettre en place

privilégier la coordination et la coopération au sein des équipes

© Laure Martin

Noël Gérard, cadre de santé à la Fondation Œuvre Croix Saint-Simon.

ACTUSOINS • 46 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 47: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • initiative

le projet sur le terrain. La première étape consiste à effec-

tuer un diagnostic afin de comprendre comment fonctionne

l’équipe.

L’équipe de l’HAD de la Croix Saint-Simon a effectué

cette enquête de sécurité, qui consiste en un questionnaire

anonyme portant sur le soignant au travail. « Il doit dire

s’il se sent en sécurité, appuyé par ses collègues et ses

cadres, rapporte Noël Gérard. C’est très transversal. » Ce

questionnaire est suivi d’une analyse des pratiques, et du

Custumer relationship management (CRM), qui porte sur la

gestion de la relation client. « Il s’agit d’un moment clef de

l’expérimentation qui permet aux membres des équipes de

savoir sur quels sujets ils doivent travailler, ajoute Yasmine

Sami. C’est normalement la première fois où ils se disent

des choses qu’ils ne se disent pas habituellement. »

Objectifs à atteindreLa problématique de travail est ensuite déterminée et un

plan d’actions élaboré. « Nous avons décidé de travailler

sur la continuité des soins entre l’équipe de jour et l’équipe

de nuit, explique Noël Gérard. Le choix du thème est la

clef de voûte de ce travail car il fédère. » Les différents

questionnaires ont permis à l’équipe de définir trois ob-

jectifs. Tout d’abord améliorer la communication et le par-

tage d’informations, autour de l’appel téléphonique. Ce

travail a fait l’objet d’une évaluation qualité au mois de

février, grâce à une grille d’évaluation du staff, réunion

au cours de laquelle sont présentés les patients. Courant

2015, l’équipe va s’attaquer au dossier patient dans le

but d’uniformiser les pratiques entre le dossier au domicile

du patient et le dossier informatisé au sein de la structure.

Enfin, le troisième axe sera orienté sur l’alerte et la trans-

mission d’informations lorsque le soignant est au domicile

du patient.

La dernière étape du projet, l’évaluation, est prévue en

avril 2016, afin de mesurer les résultats. « Ce projet per-

met de mettre autour d’une table des personnes qui ne se

parlent pas et de casser la hiérarchie au sein d’une équipe,

estime Yasmine Sami. C’est un temps d’échanges et de par-

tage. » Il faut que les professionnels en aient l’envie et qu’ils

aient conscience de leurs difficultés. Les équipes expéri-

mentales ne disposent d’aucun financement pour ce travail,

qui peut parfois se révéler chronophage puisqu’il s’ajoute

aux fonctions de chacun. « Il faut que chacun accepte de

se remettre en question, souligne Noël Gérard. Mais je

pense que c’est compris, transparent et clair. D’autant plus

que le but ultime est la continuité des soins, donc faciliter le

travail de chacun pour une meilleure sécurité du patient, ce

qui est la raison d’être de notre travail. » n

LAURE MARTIN

“Ce projet permet de mettre autour d’une

table des personnes qui ne se parlent pas et

de casser la hiérarchie au sein d’une équipe.

© Laure Martin

Réunion de l’une des équipe HAD de la Fondation Œuvre Croix Saint-Simon, participant à PACTE.

ACTUSOINS • 47 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 48: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • dossier

Incontrôlables…mais incontournables réseaux sociaux

Super infirmière a ceci de commun avec les super-hé-

ros qu’elle mène une double-vie. Dans la réalité, elle

est une simple infirmière dans un service de réanima-

tion. Mais sur la toile, elle devient donc Super Infirmière, ce

profil sur Twitter qui raconte sur le ton de l’humour, parfois

aigre-doux, ou de la révolte, le quotidien d’une infirmière.

Comme Clark Kent ou Fantômette, Super Infirmière ne vou-

drait pour rien au monde révéler à ses fans (442 followers)

et ses collègues sa double identité.

« Si mes collègues se mettaient à me lire, je pense que

j’arrêterai tout de suite de twitter », raconte, un frisson dans

la voix, la gazouilleuse masquée. Car grâce à l’anonymat,

Super Infirmière peut se permettre de dénoncer le cynisme

d’un médecin (qui préconisait de donner une compote et

un sourire à un malade dépressif), partager une nouvelle

expérience (« Cet après-midi, grande première : des pro-

GARE AU BAD BUZZ DANS L’HÔPITAL !Le dérapage sur les réseaux peut arriver vite. Petit florilèges de commentaires et statuts qui ont coûté chers à leurs auteurs.

• « Tiens, Patrick XXX est plus gros en vrai qu’à la télé ! » ou comment une infirmière a violé le secret médical et révélé la présence d’un VIP dans son service.

• « Demain, mon stage se finit, mais dire qu’il faut se taper une journée de plus avec cette lécheuse de XXXX » ou pourquoi une infirmière-étudiante a été renvoyée de son IFSI.

• « Aujourd’hui, j’ai fait 10 toilettes… Marre de l’hôpital XXXXX », ou comment s’at-tirer les foudres de sa hiérarchie.

• Un interne de garde en réanimation publie une photo prise dans son service : « Ouf ! Fin de journée et on n’a plié personne ! » Un ami, qui n’est pas médecin, commente le statut de l’interne : « Le monsieur qui est en arrière-plan sur ta photo, c’est mon grand-père. Merci de m’apprendre avec autant de tact qu’il va bien ! »…ou comment on découvre que le monde est petit sur les réseaux sociaux. n

Elles twittent, publient des statuts, commentent ceux de leurs collègues, …les infirmières

occupent les réseaux sociaux. Mais gare aux dérapages ! Le droit de réserve et le secret

médical sont toujours d’actualité, même dans ces réseaux virtuels.

ACTUSOINS • 48 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 49: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • dossier

thèses de fesses ! »), ou s’interroger sur ses relations de

travail (« Ma chef vient de me traiter de prostituée »). Sûr

que sous son vrai nom, Super Infi rmière n’assumerait par la

moitié de ses tweets.

Pour autant, la jeune femme s’est imposée quelques règles.

D’abord, ne pas donner de vrais noms, aussi bien de col-

lègues, d’hôpitaux que de patients. « J’essaie de ne pas

être insultante, je me limite aux faits. », ajoute-t-elle. La

jeune femme a raison d’être prudente car la légèreté de

certaines consœurs (voire encadré) a déjà coûté cher. Au

grand jour, ou cachés derrière des pseudonymes, sur les

réseaux sociaux, les infi rmiers sont toujours tenus au secret

médical.

Personne n’échappe aux réseaux sociaux !Déboussolés par ces commentaires intempestifs et ces

échanges incontrôlables, hantés par les « badbuzz », ces

dérapages qui s’amplifi ent sur le web, les directions hospi-

talières et d’IFSI sont en alerte. La fondation de l’assureur

MACSF a d’ailleurs publié deux fascicules sur les bonnes

pratiques sur les réseaux (voir interview) et les distribue au-

près des personnels hospitaliers comme des patients.

En décembre dernier, le CHU d’Angers organisait les pre-

mières conférences sur les réseaux sociaux « Hospilike »

qui ont attiré 180 personnes (des communicants hospita-

liers, quelques soignants et de nombreux cadres). À cette

occasion, « les participants ont partagé leurs craintes. Ils

voulaient savoir comment gérer des débordements et les

commentaires diffamants sur certaines pages des réseaux

sociaux », raconte Lucie Philippe, webmaster et community

manager du CHU. Un impératif car désormais « refuser

d’intégrer les réseaux sociaux, ne nous prévient pas d’être

critiqué sur les réseaux sociaux », résume Anita Rénier, di-

rectrice de la communication au CHU. Et de tempérer :

« Ces craintes ne refl ètent pas la réalité. »

En deux ans, le CHU, lui-même actif sur les réseaux, n’au-

rait eu à gérer que trois crises. « Souvent, les services pé-

diatriques sont concernés, considère Anita Rénier. On y

soigne des jeunes des générations Y voire Z complètement

imprégnés des réseaux sociaux » …mais pas forcément

par le droit à l’image. Dernièrement, l’une des 2 commu-

nity managers du CHU, Nolwen Guillou, a dû intervenir

pour faire retirer une vidéo de Youtube où fi gurait un jeune

malade. Aucune autorisation, ni des parents, ni de l’hô-

pital n’avait été signée. « De plus en plus souvent, nous

sommes sollicitées par les professionnels de santé, dans

nos services, qui souhaitent savoir si tel patient a le droit

de prendre telle photo », poursuit Nolwenn Guillou. La vigi-

lance gagne donc les services.

Une voix qui s’exprime« Les infi rmières savent s’auto-réguler sur les réseaux so-

ciaux », constate aussi Christine Pili-Barlaro, présidente de

Ni Bonnes, Ni Nonnes, Ni Pigeonnes. Le collectif, né d’un

groupe sur Facebook, lui-même créé en 2012 par une

mystérieuse infi rmière (dont l’identité n’est à ce jour toujours

pas connue) totalise 40 000 membres, dont une grande

majorité d’infi rmières et d’aides-soignantes. À ce jour, les

administrateurs du groupe ont rarement eu l’occasion de

modérer le groupe. « On a affaire à des gens qui compris

l’intérêt de dialoguer », constate Christine Pili-Barlaro qui

estime que le collectif a contribué à « libérer une parole qui

n’existait pas ». Les réseaux restent un formidable moyen

d’échanger entre pairs. En tout cas, Super Infi rmière le

promet : « Si un jour n’ai plus rien à poster sur Twitter, je

change de métier. » n

ARIANE PUCCINI

YVES COTTRET, délégué général de la Fondation MACSF : « On reste toujours un infi rmier sur les réseaux sociaux »La fondation de la MACSF a édité en 2013 et 2014 deux fascicules, sur les réseaux sociaux, et sur le bad buzz* (la mauvaise réputation sur internet), distribués auprès du personnel hospitalier et des patients.

D’où est venue l’idée d’éditer ces deux fascicules ?Il y a trois ans, lors d’une conférence sur l’e-réputation auprès des responsables de communication hospitaliers, nous avons constaté à quel point cette question était préoccupante : tous étaient mal à l’aise avec ce sujet et faisaient face à des problèmes sur les réseaux sociaux. Nous avons donc décidé de poursuivre cette initiative de sensibilisation via ces deux fascicules et des conférences dans les hôpitaux.

Les cas de « bad buzz » sur les réseaux sociaux sont-ils en recrudescence ?À la MACSF, nous avons constaté une saisie de nos juristes sur ces questions trois plus importante depuis 2010.

Quelles sont les précautions à adopter, en tant qu’infi rmier, sur les réseaux sociaux ?Même quand on les utilise à titre privé, on reste sur les réseaux un soignant, soumis au secret professionnel et à l’obligation de réserve. Comme dans la vraie vie, il leur est interdit de parler du patient quand il est reconnaissable. En revanche, échanger sur des situations cliniques de façon anonyme peut se révéler instructif. Dans tous les cas, il faut respecter le droit à l’image : on ne peut pas prendre n’importe qui en photo et la publier sans consentement et ce, que l’on soit soignant… ou citoyen !

Cette prudence sur les réseaux sociaux ne concerne donc pas uniquement le personnel hospitalier vis-à-vis des patients ?Elle concerne aussi les personnels entre eux : on ne règle pas ses comptes sur les réseaux ! Gare à la critique, l’injure voire la diffamation ! Aussi, si l’on indique dans son profi l l’établissement employeur, on associe l’image de ce dernier à son propre comportement sur les réseaux. Enfi n, les patients sont aussi responsables de leur comportement. Les personnels doivent surveiller et limiter les photos prises dans leurs services. n

PROPOS RECUEILLIS PAR A.P.

BUZZBAD

H

Bonnes pratiquesFACE À LA

RUMEUR

ACTUSOINS • 49 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 50: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • dossier

Des réseauxDes réseaux sociaux spécialisés s’adressent

aujourd’hui aux professionnels de santé.

Leurs arguments-phares pour s’imposer dans

les habitudes de ces professions : la protection

du secret médical et le besoin de collaboration.

Ils veulent afficher une fiabilité plus grande que

sur les réseaux sociaux généralistes.

Des réseaux entre professionnels : https://www.comuniti.fr/, www.docatus.com/, http://reseau-infirmier.com/

Ils sont une bonne poignée à faire émerger depuis environ

6 ans le marché des réseaux sociaux des professionnels

de santé. Une étude de 2012 (commanditée, justement,

par un éditeur de réseaux spécialisé Crezeo/SanteCon-

nect) est formelle : un professionnel de santé sur deux se

connecte aux réseaux dans le cadre de son travail. Les

récalcitrants, non connectés, évoquent en premier lieu la

question de la confidentialité pas toujours respectée sur les

réseaux dits « généralistes » (Facebook, Twitter, Viadeo ou

LinkedIn).

Il n’en fallait pas plus pour confirmer un besoin et des op-

portunités. Univadis, TalentPharmacie, Docatus, et autre

ReseauInfirmier offrent ainsi l’entre-soi, garant du secret pro-

fessionnel. Certains sont réservés à une seule profession,

d’autres à plusieurs.

Comuniti, réseau petit frère d’Univadis, lancé en 2014

par le laboratoire MSD-Merck, a pris le parti de faire se

rencontrer tous les métiers de la santé. Ne s’y inscrit pas

qui veut : seuls ceux qui présentent un numéro RPPS, une

attestation de stage ou d’emploi dans un hôpital (pour les

étudiants et les internes), un numéro de carte profession-

nelle (pour les infirmières libérales) sont admis.

Pour Thibaud Guymard, responsable des services digitaux

au sein de MSD-Merck, l’époque est à la multidisciplina-

rité, ce à quoi peuvent contribuer les réseaux spécialisés.

« De manière générale, dans ces professions, nous consta-

tons que les différents métiers de la santé sont de plus en

plus amenés à s’organiser entre eux, notamment autour du

parcours de santé », assure-t-il.

Reste encore à convaincre les internautes, surtout les plus

méfiants d’entre eux, de la fiabilité du réseau. L’équipe de

Comuniti comprend ainsi un community manager, chargé

à temps plein de faire vivre la communauté d’utilisateurs et

de veiller au respect de la charte.

Outre la diffamation et l’injure qui sont interdits, comme

dans toute publication, les publicités « sauvages » sont sur-

veillées. Ainsi, il y est également interdit d’évoquer, dans des

échanges publics, des noms de médicaments. Autre point

d’achoppement : l’utilisation des données. Car derrières ces

réseaux s’affichent, plus ou moins ouvertement, des « par-

tenaires », des entreprises privées du secteur (laboratoires,

magazines spécialisés, organismes professionnels, cabinets

de recrutement, etc). Ainsi, la « charte partenaires » de Do-

catus limite les contacts de ces derniers avec les utilisateurs :

les partenaires ont interdiction d'accéder aux discussions

entre les internautes, aux informations nominatives des usa-

gers ou de communiquer directement avec eux.

Mélange des genres et protection des donnéesPour Comuniti, propriété du laboratoire MSD-Merck, le mé-

lange des genres pourrait être douteux. « Nous ne faisons

aucun usage commercial de nos données », jure pourtant

Thibaud Guymard. De même, les commerciaux de Comu-

niti envoyés auprès des professionnels de santé pour en

faire la promotion ne seraient pas des visiteurs médicaux.

Et d’ajouter : « les seules données que nous collectons sont

des données d’usage du réseau pour comprendre l’utilisa-

tion qui en est faite et pour améliorer notre service. Ce ne

sont que des données agrégées [à mettre en opposition

aux données individuelles, N.D.L.R.] »

L’ultime fuite de données reste le piratage, difficile à contre-

carrer, ici comme ailleurs. La charte de confidentialité de

Réseau-Infirmier stipule ainsi qu’« il n’y a aucune garantie

que les informations ne seront pas accessibles, divulguées,

modifiées ou détruites du fait d’une faille de nos sauve-

gardes de gestion technique ou physique ». La prudence

dans l’échange de données confidentielles, comme partout

ailleurs sur le web, reste donc de mise. n

ARIANE PUCCINI

rien que pour vous !

© Communiti

ACTUSOINS • 50 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 51: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • dossier

My Hospi Friends :les patients ont aussi leur réseau socialUn réseau social pour les malades dans les hôpitaux ! Déjà implanté dans sept hôpitaux

parisiens, My Hospi Friends va gagner d’autres établissements en région cette année.

L’idée est venue d’un coup du sort. Suite à un grave ac-

cident de voiture, en septembre 2011, Julien Artu, alors

cadre dans l’hôtellerie, passionné de nouvelles technolo-

gies, est hospitalisé six mois. Il en passera trois, cloué au lit.

Et au bout de quelque temps, quand les visites des proches

s’espacent, internet ne suffit pas à rompre l’isolement.

« Sur Facebook, les gens bossent et ne savent pas com-

ment vous parler, à vous le malade ; sur Twitter, raconter

sa vie en 140 caractères, c’est compliqué ; et les réseaux

sociaux professionnels sont juste inadaptés pour échanger

sauf si vous voulez changer de job ! ». Mais pourtant, à

deux chambres de la sienne, il y avait peut-être quelqu’un

avec qui il aurait pu discuter. Comment entrer en contact ?

L’idée taraude Julien Artu, à tel point qu’une fois rétabli, il

décide de créer ce réseau social qui lui manquait.

En 2013 naissait My Hospi Friends. « C’est finalement

un site de rencontre », résume l’entrepreneur. Les patients

communiquent entre eux, sous pseudonymes, derrière des

profils où ne sont renseignés ni l’âge, ni le sexe et encore

moins la maladie du patient. Seules infos divulguées : les

centres d’intérêts. Littérature, jardinage, randonnée dans

le 78, gastronomie… les malades se retrouvent autour de

passions partagées avec les autres patients du même hô-

pital. Reste quelques sujets tabous, selon la charte de My

Hospi Friends : la religion, la politique et le sexe.

Réticence et modérationLe service, gratuit pour les patients, est pris en charge par

l’hôpital qui se sert aussi du réseau pour communiquer avec

les malades. Pour Jean Artu, tout le monde est gagnant, car

« un patient occupé, est un patient moins casse-pieds pour

les soignants ». Il a donc défendu son projet auprès de

nombreux cadres hospitaliers pendant neuf mois.

En avril 2014, il convainc un premier hôpital, l’hôpital

Foch, à Suresnes, situé en région parisienne. Aujourd’hui,

My Hospi Friends est déployé sur sept hôpitaux en Île de

France. Les directeurs et cadres craignaient que le réseau

ne s’emballe et ne devienne un lieu de règlement de

compte et de diffamation sur l’hôpital. Ainsi, « la modéra-

tion est assurée par la dizaine d’employés de l’entreprise »,

assure Julien Artu, et en six mois « nous n’avons pas eu

à modérer de propos, les utilisateurs sont plutôt recon-

naissants du travail du personnel hospitalier ». My Hospi

Friends compte poursuivre son développement en 2015

et devrait se déployer en région, notamment en Corrèze et

en Aquitaine. Julien Artu souhaite aussi établir un maillage

entre les réseaux My Hospi Friends de certains hôpitaux. Le

début d’une vraie communauté de patients ? n

ARIANE PUCCINI

® My Hospi Friends

Julien Artu souhaite établir un maillage entre les réseaux My Hospi Friends de certains hôpitaux.

ACTUSOINS • 51 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 52: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • vos droits

“ DANS UN FOYER D’ACCUEIL MÉDICALISÉ, UNE AIDE-SOIGNANTE PEUT-ELLE SURVEILLER SEULE UNE PERFUSION SOUS CUTANÉ SANS PRÉSENCE D’IDE ?

”LLes aides-soignants n’ont pas de décret de compétence. Leur compétence est définie par

rapport à celle des infirmiers.En effet, l’article R.4311-4 du CSP énonce que « Lorsque les actes accomplis et les soins dispensés relevant de son rôle propre sont dispensés dans un éta-blissement ou un service à domicile à caractère sanitaire, social ou médico-social, l’infirmier ou l’infirmière peut, sous sa responsabilité, les assu-rer avec la collaboration d’aides-soignants, d’au-xiliaires de puériculture ou d’aides médico-psy-chologiques qu’il encadre et dans les limites de la qualification reconnue à ces derniers du fait de leur formation. Cette collaboration peut s’inscrire dans le cadre des protocoles de soins infirmiers mentionnés à l’article R.4311-3 ».

Ainsi, pour la réalisation de soins infirmiers, dans le cadre d’une collaboration avec l’infir-mier, l’aide-soignant ne peut réaliser ces actes que sous certaines conditions :- il ne peut s’agir que d’actes relevant du rôle propre de l’infirmier ;- l’aide-soignant agit sous la responsabilité de l’infirmier qui l’encadre, ce qui implique que ce dernier puisse contrôler le travail de l’aide-soi-gnant et intervenir en cas de difficulté ;- cette collaboration n’est possible qu’avec des professionnels titulaires des diplômes d’aides-soignants, auxiliaires de puériculture et aides médico-psychologiques ;- et l’aide-soignant doit avoir été formé pour cela dans le cadre de son cursus.

L’article R.4311-5-31°du CSP énonce que l’infirmier accomplit dans le cadre de son rôle propre la « Surveillance de scarifications, in-jections et perfusions mentionnées aux articles R.4311-7 et R.4311-9 ».Ainsi l’aide-soignant peut en assurer la surveil-lance dans le cadre de la collaboration avec l’infirmier si les conditions précédemment énu-mérées sont remplies, ce qui suppose à dé-faut d’une présence de l’infirmier aux cotés de l’aide-soignant, tout au moins une présence dans l’unité pour pouvoir contrôler et intervenir en cas de besoins. Un aide-soignant ne peut être seul dans une unité quelle qu’elle soit pour assurer la prise en charge et la surveillance des patients.

JURISTE MACSF

“ QUI A LE DROIT D’EFFECTUER DES CALCULS POSOLOGIQUES ? L’IDE EST-ELLE AUTORISÉE À LES FAIRE OU SEULEMENT LE MÉDECIN ?

”Conformément à l’article R. 5132-3 du code de la santé publique (CSP), l’ordonnance

doit indiquer lisiblement : le nom, la qualité et le cas échéant, la qualification ou le titre du prescripteur, son identifiant, son adresse, sa si-gnature et la date à laquelle l’ordonnance a été rédigée ; la dénomination du médicament ou du produit prescrit (princeps, générique ou dé-nomination commune internationale (DCI)), sa posologie et son mode d’emploi, et, s’il s’agit d’une préparation, la formule détaillée ; soit la durée du traitement, soit le nombre d’unités de conditionnement et, le cas échéant, le nombre de renouvellements de la prescription.Elle mentionne les nom et prénoms, le sexe et l’âge du patient et si nécessaire sa taille et son poids.Elle doit en outre être datée du jour de sa ré-daction et écrite de façon lisible afin d’éviter

toute méprise sur le nom du médicament, sur les doses, sur le mode d’administration, sur la durée du traitement.Ainsi le calcul posologique relève donc de la compétence médicale.Néanmoins, en cas de doute, l’infirmier est tenu en vertu de l’article R 4312-9 CSP de « demander au médecin prescripteur un com-plément d’information chaque fois qu’il le juge utile, notamment s’il estime être insuffisamment éclairé ».En outre le guide intitulé « outils de sécurisa-tion et d’auto-évaluation de l’administration des médicaments » publié par la HAS en juil-let 2011 afin d’accompagner le référentiel de management de la qualité et la sécurité de la prise en charge médicamenteuse de la DGOS préconise l’application par tous les pro-fessionnels impliqués dans la prise en charge

médicamenteuse de la règle des 5B : « Le Bon médicament, à la Bonne dose, par la Bonne voie d’administration, au Bon moment et au Bon patient ».Autrement dit, si l’infirmier n’a pas le pouvoir de prescription, il a toutefois le devoir de vé-rifier que cette prescription ne présente pas un danger majeur pour le patient. L’infirmier ou l’infirmière pourra ainsi être amené à s’interro-ger sur les caractéristiques de la prescription, et sa posologie. En cas de doute, il lui appar-tient d’interroger le médecin afin d’obtenir une confirmation soit de la prescription soit de la modification, étant précisé que cette confirma-tion ou modification devra faire l’objet d’une trace écrite afin de ménager une preuve en cas de difficulté ultérieure.

JURISTE MACSF

ACTUSOINS • 52 • 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 53: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Ce n’est pas un hasard si 94,2 %de nos sociétaires sont satisfaits(1).

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14_9

66 –

12/

2014

Page 54: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Frédérique Bongni-Marin en 5 dates :

1986 : obtient son D.E

puis travaille au C.H.U de

Nice ;

1989 : intègre le Centre

Antoine Lacassagne

et poursuit plusieurs

formations ;

2005 : devient infi rmière

d’information et de

coordination au sein du

département des soins de

support ;

2008 : se forme à la

dermographie médicale ;

2013 : entreprend

sa formation en vue de

l’obtention d’un D.I.U de

sexologie humaine.© Malika Surbled

FRÉDÉRIQUE,elle tatoue les femmes atteintes de cancer

Actusoins • portrait

Frédérique Bongni-Marin est

infi rmière dermographiste.

Au centre de lutte

contre le cancer niçois

Antoine Lacassagne, elle redessine des

aréoles aux femmes

ayant subi une

mammectomie.

Pour le bien-être

moral des patientes.

ACTUSOINS • 54 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 55: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • portrait

Nul besoin d’un talent d’artiste », explique

Frédérique en riant. « Il suffit de suivre une for-

mation spécifique, puis d’avoir le matériel et les

moyens suffisants pour pratiquer la dermographie médi-

cale », poursuit-elle. Et des moyens, cette infirmière de cin-

quante ans en a obtenus au Centre Antoine Laccasagne.

Grâce aux actions qu’elle a menées avec persévérance.

Grâce aux concours et aux prix qu’elle a gagnés. Grâce

aussi à la délégation médicale qui lui a été attribuée, car

cet acte est normalement réservé aux médecins. Une acti-

vité qu’en qualité d’infirmière, elle n’est pas la première à

l’exercer.

Des soignants dermographistes, il y en a quelques-uns en

France. Dans cet hôpital, avant Frédérique, une autre infir-

mière un peu plus âgée avait lancé le concept. Et comme

ça marchait, Frédérique est venue l’aider puis elle a pris le

relais. À présent, la dermographie représente environ 40 %

de son temps de travail.

« Cet acte rentre dans le cadre des soins de support. Pen-

dant 26 ans, j’ai travaillé dans des services de soins, no-

tamment en sénologie, auprès des femmes. Avec le temps,

je me suis rendu compte que non seulement la maladie

était difficile à supporter mais que le plus grave aux yeux

des patientes était la détérioration de leur image corpo-

relle. Perdre ses cheveux, perdre ses sourcils, avoir un sein

abîmé : c’est une grande difficulté. Je trouvais désarmant

de rien avoir à leur proposer. Ces femmes se mettent en

rejet de la société ou de leur couple parce qu’elles n’osent

plus se montrer. Alors, ce dispositif permet de leur redonner

un peu confiance, c’est important. Cela fait partie du soin

comme le serait un pansement ou une injection », explique-

cette infirmière dermographiste.

Alors qu’à l’heure actuelle pratiquement toutes les patientes

bénéficient d’une reconstruction après une mammectomie,

certaines éprouvent parfois des réticences à se faire ta-

touer. « Ce qui est dommage c’est que le tatouage de-

meure quelque chose de particulier dans les mentalités.

Souvent, les familles déconseillent cette démarche de peur

de voir leur femme ou leur mère s’infliger une souffrance

supplémentaire pour un acte purement esthétique », regrette

Frédérique.

« J’ai régulièrement des patientes qui viennent parce que

c’est leur chirurgien qui les y a presque obligées. Elles n’ont

pas envie parce qu’elles ont traversé beaucoup d’étapes.

Mais quand elles sortent, c’est bluffant pour elles et elles

sont si heureuses d’avoir franchi ce cap, sourit Frédérique.

Ça leur permet de se réapproprier un corps. De redonner

de la féminité là où elles n’en trouvaient plus ».

Donner du bonheur dans le cadre d’un métier et d’une spé-

cialité difficiles - l’oncologie - : voici ce qui l’anime. Du

bonheur, elle en donne aussi en tatouant de nouveaux sour-

cils aux patientes sous chimiothérapie et en colorant des

cicatrices.

Lorsqu’elle ne tatoue pas, Frédérique est dans son bureau,

à accueillir de nouvelles patientes ou de nouveaux patients.

Elle est infirmière d’annonce. Et tout cela pour elle, ça se re-

joint. « C’est complémentaire. La consultation infirmière d’an-

nonce – qui se fait à distance de la consultation médicale

avec la réelle annonce, ndlr – est un moment d’échange.

Chaque rencontre est différente » explique-t-elle.

Son rôle consiste à accompagner et à informer les patients,

souvent perdus avec eux-mêmes après l’entretien médical.

« Quand un médecin annonce un cancer, les patients ont

l’impression de se prendre un immeuble sur la tête. C’est

très difficile pour eux.Nous sommes là pour reprendre les in-

formations, éventuellement les ré-expliquer. C’est toujours un

premier temps d’écoute. Si nécessaire, j’oriente vers des psy-

chologues ou des assistantes sociales. Le but, c’est aussi de

pouvoir anticiper au maximum les problèmes », ajoute-t-elle.

Frédérique assure aussi des consultations de fin de traite-

ment et anime une fois par mois l’atelier AIME*, fruit de

l’une de ses initiatives. Les patientes y trouvent des conseils

nutritionnels, des activités physiques adaptées, des exer-

cices de relaxation et des conseils esthétiques. Afin de

répondre au mieux aux questionnements des patientes

concernant leur intimité, mise à mal par une image corpo-

relle dégradée, Frédérique a aussi entrepris un D.I.U de

sexologie humaine à la faculté de médecine de Nice. Elle

est la seule infirmière dans l’amphithéâtre. n

MALIKA SURBLED

* AIME : Atelier Image et Mieux Être

«

“Ces femmes se mettent en rejet

de la société ou de leur couple parce

qu’elles n’osent plus se montrer. Alors,

ce dispositif permet de leur redonner

un peu confiance, c’est important.

Cela fait partie du soin comme le serait

un pansement ou une injection.

ACTUSOINS • 55 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 56: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • soignants d’ailleurs

Infi rmière à Chypre, c’est un sacerdoce.

Du fait de la crise économique, le budget

de la santé a été considérablement

élagué dans ce pays qui a frôlé la

banqueroute. Despos Constantinou

continue malgré tout.

Infi rmière à île en crise

® Delphine Bauer

ACTUSOINS • 56 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 57: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • soignants d’ailleurs

Chypre,C

’est étrange, quand je suis arrivée sur le marché du

travail, j’ai été déçue de ce métier. Puis j’ai appris

à l’aimer, j’ai découvert la multitude de choses que

l’on réalise au quotidien et j’ai été convaincue », raconte

Despos Constantinou.

Aujourd’hui, cette jeune quarantenaire travaille à temps

plein à l’hôpital général de Nicosie, plus imposante

construction hospitalière de l’île, avec 5 400 lits. Une

grosse machine. « Je m’occupe du contrôle des infections,

précise-t-elle. J’évalue comment protéger les patients, mettre

en place des procédures, gérer les asepsies… »

Elle poursuit : « j’ai suivi mes quatre ans d’études, puis j’ai

commencé à chercher du boulot. » C’était bien plus facile il

y a six ou sept ans qu’aujourd’hui, dans ce pays durement

touché par la crise, qui a atteint son paroxysme en 2008.

« Le chômage a énormément augmenté, confirme-t-elle. Il

y a 720 infirmières au chômage sur 4 200 dans le sec-

teur public, c’est considérable ! ». Par conséquent, les in-

firmières se tournent de plus en plus vers le secteur privé.

« Mais la crise est un cercle vicieux : les personnes avec

peu de moyens continuent d’aller à l’hôpital public parce

qu’ils savent qu’ils ne paieront pas. »

Une crise économique encore présenteLa crise, un mot qui, pour Depos et ses confrères et

consœurs, est devenu concret quand le budget de la san-

té a été dramatiquement réduit. Conséquences : des sa-

laires amputés de 30 % ou l’âge de la retraite repoussé

de 60 à 65 ans. « Nous avons fait des manifestations,

nous sommes allés au ministère, afin de lutter contre l’aus-

térité voulue par la « troïka. » » Aujourd’hui, les infirmières

arrivant sur le marché gagnent 1 100 euros, et les salaires

les plus hauts atteignent les 2 400 euros. Amère, Despos

estime, qu’après des dizaines d’années d’expérience, ce

n’est pas beaucoup.

Repousser la retraite a aussi son revers. « Cela rend les

choses encore pires car il y a moins de place sur le mar-

ché », estime-t-elle. Selon elle, de nombreuses infirmières

chypriotes seraient déjà parties en Angleterre, en Australie

ou dans les pays arabes, ou se sont carrément reconver-

ties dans d’autres secteurs. « On ne peut pas empêcher les

universités de former des infirmières, mais il y en a trop qui

arrivent sur le marché chaque année », estime-t-elle.

Son collègue Aristides Horattas parle d’un nouveau plan

qui inclut les infirmières libérales dans des centres de

soins et devrait permettre de créer de l’emploi. « Mais

on ne verra les résultats que d’ici deux ans », détaille-t-il.

Nouveauté : « l’hôpital, désormais, deviendra une vraie

entreprise, aura son propre budget et devra faire en sorte

de faire des profits pour être à l’équilibre. On a peur d’un

système à l’américaine qui laisserait sur le trottoir les plus

faibles parce qu’ils n’ont pas d’assurance », s’inquiète

Despos.

Si l’Europe n’a pas eu que du bon au niveau économique,

imposant l’austérité, les normes européennes ont, quant à

elles, tiré vers le haut les standards chypriotes en termes

de moyens, de protocoles et de ligne de conduite. « On

a pu importer des techniques puis les appliquer sur nos

pratiques », explique-t-il.

Cependant sur le terrain, Despos déplore un manque de

temps criant passé par avec les patients, en réduction

progressive, alors qu’ils « demandent de plus en plus et

connaissent mieux leurs droits. » Une petite révolution dans

la pratique des soins que Despos a d’ores et déjà pris en

compte dans son quotidien. n

DELPHINE BAUER / YOUPRESS

«

“L’hôpital, désormais, deviendra une vraie

entreprise, aura son propre budget et devra

faire en sorte de faire des profits pour être à

l’équilibre. On a peur d’un système à l’américaine

qui laisserait sur le trottoir les plus faibles

parce qu’ils n’ont pas d’assurance.

ACTUSOINS • 57 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 58: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • soigner autrement

L’équithérapie :soigner avec les chevauxÀ l’heure des médecines alternatives, l’équithérapie, pratiquée en complément de

soins classiques, est une opportunité d’apporter de vrais progrès aux patients.

Reportage auprès de Sophie Peignier, infirmière dingue de chevaux et équithérapeute.

On commence toujours par dire bonjour », ex-

plique Sophie Peignier, infirmière équithérapeute,

décryptant l’arrivée de Tristan, 8 ans, quand il

s’approche de Fly, « sa » jument. Équipé comme un petit

pro de l’équitation, le jeune patient a déjà son casque sur

la tête et porte un gros manteau. Il fait froid en ce mois de

février.

Tous les mercredis depuis près d’un an, Tristan, petit gar-

çon autiste, retrouve Sophie pour sa séance à l’écurie des

Falaises d’Auvers-sur-Oise, charmant village du Val d’Oise.

« Je précise que Fly n’était pas une jument qui aimait les

câlins », s’étonne encore l’équithérapeute, en voyant Tristan

se pendre tendrement à son cou.

La séance débute dans le cœur du manège un peu boueux,

en extérieur, où pendant une heure, le cheval devient le

meilleur « outil » de Sophie pour faire progresser Tristan.

D’abord, un peu de travail sur les parties du corps du che-

val, que Tristan doit désigner, puis brosser. Ensuite la pré-

paration de la jument, afin qu’elle soit prête à être montée.

Le tapis, les sangles, les mors, Tristan, à l’aide des conseils

de Sophie, la prépare précisément.

Sans peur, il monte dessus, puis se prête au jeu de rôle qui

consiste à aller chercher des dragons imaginaires. « Tu les

vois les dragons ? Il faut prendre ce chemin », indique-t-elle.

D’abord à ses côtés, puis le laissant autonome, elle invente

une traversée semée d’embûches (un pont imaginaire, le

tour du lac, en fait une flaque d’eau…) dans le manège.

Fly est à l’écoute du garçon. « Elle est incroyablement

adaptable », explique Sophie, qui la connaît bien, puisque

c’est sa propre jument depuis seize ans. Tout au long de

l’exercice, Fly est d’une grande douceur, parfaitement en

phase avec le tempérament de Tristan. « Le cheval est

une vraie éponge émotionnelle : il stresse si le cavalier est

stressé, se détend si la personne est détendue », éclaire-t-

elle. À la fin, Fly s’arrête devant un sens interdit. La séance

s’achève sur un moment un peu ludique : Tristan donne à

grignoter à la jument.

Sophie Peignier le salue. « On se voit la semaine pro-

chaine ! », lance-t-elle, avant qu’il ne s’engouffre dans la

voiture de ses grands-parents qui l’accompagnaient.

La passion du cheval et des soinsAux yeux de cette infirmière, les progrès de ses patients

sont très gratifiants. Car Sophie Peignier insiste bien :

l’équithérapie ne doit pas être confondue pas avec de

«

“Le cheval est une vraie éponge

émotionnelle : il stresse si le

cavalier est stressé, se détend

si la personne est détendue.

© Juliette Robert

Sophie Peignier, infirmière équithérapeute.

ACTUSOINS • 58 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 59: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • soigner autrement

l’équitation adaptée. « C’est bien du soin », assène-t-elle.

Pour Tristan, elle constate « une belle augmentation de son

autonomie, une performance des gestes, une amélioration

de sa concentration. Il respecte le cadre et gère mieux sa

frustration », se réjouit-elle.

« L’enfant autiste a une façon différente de percevoir le

monde extérieur de moi, ce qui entrave la communication.

J’utilise précisément le cheval comme un vecteur de commu-

nication », explique-t-elle. « Souvent les gens disent que ce

qui se passe avec le poney est magique, mais il faut rester

très humble : moi je n’attends pas le miracle, les choses se

font petit à petit. »

Sophie continue à mi-temps à exercer dans un Itep (institut

thérapeutique, éducatif et pédagogique, ndlr) avec des en-

fants souffrant de troubles du comportement, après avoir

longtemps exercé en soins généraux, puis en psychiatrie.

Persuadée qu’il existe autre chose que le tout psychiatrique,

cette passionnée de chevaux depuis son plus jeune âge,

avait souhaité garder l’équitation comme un plaisir, et non

en faire son métier. C’est pourquoi, entre autres, elle sou-

haite garder un pied dans une institution, avec un travail

d’équipe. Car être équithérapeute, c’est aussi accepter de

travailler seul.

Après avoir découvert l’équithérapie lors d’un salon, elle

suit donc de 2008 à 2010 une formation, assez chère

(comptez de 6 000 à 8 000 euros, ndlr) de 600 heures

à la Fédération Française d’Équithérapie, où elle revoit

les psychopathologies ainsi que le développement psy-

chologique et moteur, aborde l’aspect équestre du soin et

l’éthologie. Mais elle reconnaît qu’il n’existe pas encore

« d’uniformisation dans la formation ».

Ce qui est sûr, c’est que l’équithérapeute n’est pas un pro-

fessionnel du cheval. « C’est un métier hybride, qui ne

propose pas de monter à cheval, mais bien de travailler

sur des objectifs thérapeutiques » par le biais du cheval.

« Ces objectifs thérapeutiques sont défi nis lors du premier

rendez-vous avec le patient (ou ses parents, quand il s’agit

d’un enfant) où je prends connaissance du parcours du soin

du patient, ses diffi cultés. Ensuite, il y a quatre grands axes

sur lesquels nous pouvons travailler : l’affectif et l’émotion-

nel, le relationnel et le social, le cognitif, et le psychomo-

teur », explique Sophie.

Un métier aux contours encore fl ousSophie Peignier n’en vit pas encore, même si elle a des

patients réguliers. La faute probablement à une méconnais-

sance de ce métier, bien qu’elle constate que certains mé-

decins conseillent désormais l’équithérapie à leurs patients.

Et aussi à ses tarifs, « moins chers qu’un psychologue ».

Mais si elle veut démocratiser l’équithérapie, c’est la seule

solution.

Aujourd’hui, aux écuries d’Auvers-sur-Oise, elle est heu-

reuse d’avoir trouvé l’endroit idéal, entre vue sur les champs

à perte de vue et panorama imprenable sur Paris. Et sur-

tout, des gérants attentifs et compréhensifs de sa démarche.

« Dans d’autres centres, j’ai dû travailler à la lampe-torche

car pas d’éclairage la nuit venue, en hiver ! », se sou-

vient-elle, regrettant que certains centres équestres affi rment

être au point pour accueillir des patients alors que la réalité

peut être tout autre.

En attendant, peut-être, de travailler à temps plein, Sophie

Peignier est une équithérapeute heureuse mais fatiguée.

Pour travailler six jours sur sept avec un bébé en bas âge,

il faut être passionné. Et Sophie Peignier, l’est sans aucun

doute, autant quand elle évoque sa jument que les progrès

de ses patients. n

DELPHINE BAUER / YOUPRESS

“C’est un métier hybride, qui ne propose pas

de monter à cheval, mais bien de travailler sur des

objectifs thérapeutiques par le biais du cheval.

© Juliette Robert

ACTUSOINS • 59 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 60: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • agenda

LES ASSISES NATIONALES DES EHPADDU 15 AU 16 AVRIL 2015

Le Mensuel des maisons de retraites lance ses premières assises

nationales des Ehpad. Outre les questionnements économiques,

seront également évoquées les problématiques relatives au

management des équipes, aux méthodes Montessori, Humanitude

et Validation, ou encore à l'avenir du

secteur public. En partenariat avec

le Synerpa, la Fehap, la Fnaqpa, la

Fnadepa et l'Unccas.

Lieu : Le Méridien Étoile- 81 bld

Gouvion St Cyr - 75017 Paris

Informations et inscriptions :

www.ehpa.fr

SOIGNANTS EN PSYCHIATRIE… VERS QUELLES PRATIQUES ?DU 8 AU 10 JUIN 2015

Soignants ou techniciens ? Les décideurs politiques ont supprimé les formations

psychiatriques spécifi ques des professionnels de santé paramédicaux, actant ainsi de fait

l’absence de besoin spécifi que pour les « psys » d’un apprentissage à la relation et à la

médiation thérapeutique. La mise en place progressive de protocoles et d’évaluations (…)

ont largement pris la place des soins psychiatriques traditionnels, réduisant ainsi le rôle et

la responsabilité du soignant à la seule application des règles de « bon process », aux

dépens de tout projet institutionnel thérapeutique relationnel.

Lieu : 30 Rue Cabanis, 75014 Paris

Informations et inscriptions : www.erapformation.fr

LES ASSISES NATIONALES DES AIDES SOIGNANT(E)S 2015 Les 18 et 19 juin 2015

250 Aides Soignantes ont déjà participé aux

assises 2014 ...

Objectifs des 2 journées :

. Faire le lien entre relation et communication.

. Appréhender le processus de communication vécu par l'entourage

du patient.

. Comprendre" sa propre implication" dans une relation.

. Instaurer une communication verbale et non verbale avec les

personnes en tenant compte des altérations de communication.

. Communiquer et conduire une relation dans un contexte de soin.

Lieu : Palais des Papes, Place du Palais, 84000 Avignon

Informations et inscriptions : www.fnaas.e-monsite.com

JNEP 2015DU 20 AU 22 MAI 2015

Au programme des 32e

Journées nationales d’étude

et de perfectionnement de

l’Unaibode :

- l’histoire de la chirurgie ;

- l’évolution du métier et son contexte ;

- L’ibode, incontournable dans les blocs

opératoires ;

- L’ibode, garant de la qualité, de la

sécurité et de l’effi cience des soins auprès

de l’opéré ;

- l’évolution vers d’autres compétences :

missions, actes exclusifs.

Lieu : Centre des Congrès de Lyon, Cité

Internationale, 69006 Lyon

Informations et inscriptions : www.

unaibode.fr

9E CONGRÈS DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE MÉDECINE D’URGENCEDU 10 AU 12 JUIN

Tous les ans, le Congrès Urgence réunit l'ensemble des Médecins,

Infi rmières, Assistantes Sociales, PARM, de tous les horizons de

l'Urgence extra et intra-Hospitalière. Cette année, le Congrès de la

SFM propose notamment 10 ateliers de simulation.

Lieu : Palais des Congrès Porte Maillot, 75017 Paris

Informations et inscriptions : www.urgences-lecongres.org

LES SALONS DE LA SANTÉ ET DE L’AUTONOMIEDU 19 AU 21 MAI 2015

Le regroupement de 3 événements professionnels majeurs des

secteurs du sanitaire et du médico-social : HopitalExpo, GerontExpo-

HandicapExpo et Health-ITExpo. Ces trois Salons de la FHF

rassemblent sur trois jours ces secteurs en développant des espaces

communs, des réfl exions croisées, initiant ainsi les synergies. Trois

thématiques : voir le monde hospitalier autrement, optimiser les

systèmes d’information et embellir le quotidien des personnes en

perte d’autonomie.

Lieu : Paris, Porte de Versailles, Pavillon 1

Informations et inscriptions : www.salons-sante-autonomie.com

ACTUSOINS • 60 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 61: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

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Page 62: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • se former

La simulation,À l’occasion de l’ouverture à Toulouse de l’un des plus grands centres de simulation

médicale de France, son directeur le Pr Geeraert nous présente cette nouvelle méthode

pédagogique qui développe autant les techniques de soin et les réactions au stress…

que la communication au sein des équipes soignantes.

Le service de simulation de Toulouse s’est installé au dé-

but de l’année à la place des anciens blocs opératoires,

de la salle de réveil et du bloc de déchoquage de l’hô-

pital Turpan (ces derniers étant partis profiter d’une aile

neuve à quelques mètres). Le service s’étend ainsi sur plus

de 600 mètres carrés et il a pu déployer trois blocs pour

la simulation de soins en anesthésie, pédiatrie et chirurgie.

Chaque salle opératoire est reliée à deux autres salles :

une salle de contrôle où le formateur manipule le « manne-

quin-patient » et une autre salle de débriefing ou les élèves

d’un jour peuvent suivre les actions de leurs collègues dans

le bloc de simulation avant de revenir avec eux sur leur

expérience.

Les séances de simulation, quel que soit le métier concerné

(médecin, infirmier, aide soignant ou brancardier…) suivent

toujours un protocole uniforme. Le groupe s’installe d’abord

en salle de débriefing et fait connaissance avec le forma-

teur qui rappelle les buts de la séance. Ensuite une partie

du groupe se trouve confronté à une situation simulée dans

un des blocs, face à un de ces fameux mannequins qui

respire, parle, a le cœur qui bat etc. Et à qui ont peu faire

tous les soins courants. Ces blocs étant équipés de camé-

ras, le reste du groupe peut donc voir agir et réagir leurs

collègues sur un grand écran depuis la salle de débrie-

fing. A la fin de la simulation, le groupe entier se reforme

en salle de débriefing et analyse son action. « Tout se fait

dans une ambiance très chaleureuse, par exemple nous

leur offrons toujours un café… », nous dit le Pr Geeraert

« Les soignants qui viennent faire de la simulation doivent

se sentir à l’aise. Grâce aux caméras (qui évitent de sentir

sur soi le regard des collègues), ils oublient très vite qu’ils

soignent un mannequin. À l’extrême inverse quelqu’un qui

ne veut pas essayer cette façon de faire ne doit pas venir ».

L’intérêt de cette démarche pédagogique, explique ma-

dame Laffont Corinne, directrice de l’école d’IADE de Tou-

louse c’est donc qu’elle est « auto socio constructiviste ». En

clair, il est question de prendre conscience de ses habitu-

des, d’accepter de les déconstruire avec l’aide des forma-

teurs et de ses pairs pour ensuite reconstruire une nouvelle

pratique sur des bases saines. « Ici finalement c’est l’erreur © Olivier Blanchard

Un bloc de simulation, parfaitement identique à un bloc classique.

un accélérateur d’expérience.

ACTUSOINS • 62 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 63: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • se former

faite qui va donner sa vraie richesse à la formation. Une

erreur que l’on a faite ici et que l’on corrige, on ne la refera

plus ensuite. On a d’ailleurs l’habitude dire qu’en quelques

séances ici, on prend quelques années d’expérience ».

Une gamme de compétences très étendueQuand on voit le matériel technique qui encombre les salles

et les armoires, on pourrait penser que la simulation ne sert

qu’à apprendre des gestes techniques, or il n’en est rien.

« Nous faisons des cessions pour des soins très spécifiques

comme l’intubation ou des gestes encore plus précis pour

les chirurgiens, puisque nous respectons au maximum la

maxime du « jamais la première fois sur un patient » » nous

dit le Pr Geeraert.

« Pourtant les situations de simulations sont révélatrices de

choses bien plus variées et notamment des dynamiques

de communication en équipe. On voit très vite la façon

dont les personnes communiquent entre elles. C’est aussi

l’occasion pour chacun de voir, sur la vidéo, ce que fait

l’autre professionnel à coté de lui, c’est souvent la première

fois et ça apporte énormément ensuite pour la dynamique

de l’équipe parce que chacun comprend le rôle exact de

l’autre et ses contraintes ». Et au final certaines séances

de simulation se font même sans geste très technique mais

simplement pour s’interroger sur la façon dont on transmet

une information au téléphone, ou comment on interroge le

patient à son arrivée au bloc…

L’erreur humaine en ligne de mireAlors que ce genre de problème pourrait sembler anecdo-

tique, le Pr Geeraert rappelle que 65 % des erreurs au bloc

sont des erreurs humaines. La protocolisation des soins, qui

diminue énormément les risques habituels de l’anesthésie,

a créé un nouveau danger : « Aujourd’hui quand un pro-

blème arrive, il est forcement hors protocole, exceptionnel

et plus que jamais les professionnels doivent être capable

de réfléchir et de faire face sans chercher à revenir dans

des rails ; il faut savoir gérer son stress et stimuler l’instinct

et l’intelligence collective de l’équipe. C’est pour cela aus-

si que la communication est importante : le médecin doit

formuler son objectif pour que chacun s’implique et soit

ressource, il ne peut plus simplement donner des ordres.

Mais ils n’ont jamais été formés à ça alors ça s’apprend ».

Au final cette méthode pédagogique intéresse même

d’autres secteurs économiques, ainsi le Pr Geeraert travaille

avec Airbus pour former des pilotes « Eux aussi quand un

problème arrive, ils n’ont que quelques minutes pour réagir.

Une fois les protocoles épuisés, si ils sont incapable de

réagir rapidement c’est la catastrophe… »

Dans une salle de débriefing, une séance se termine autour

d’un café. Un anesthésiste et une IADE ressortent perplexes

du bloc de simulation. Ils n’ont pas compris la pathologie

du patient et n’ont pas su poser un diagnostic sur ce qui

se passait. « Ce n’est pas grave » dit le formateur « Ce

qui est important c’est que tu as su réagir : ton patient ne

respirait plus, tu l’as intubé et tu lui as sauvé la vie, c’est le

principal ».

Un instant après on leur donne le fin mot de la situation :

c’était une erreur humaine et le patient aurait reçu une

dose du curare par erreur d’un autre soignant. « Ah ça

c’est vache ! Si on ne peut plus se faire confiance entre

nous ! » dit l’IADE. Mais la discussion continue et sur les 9

personnes dans la salle chacun, tour à tour, finit par évo-

quer au moins un cas similaire qu’il a rencontré dans sa

pratique. La simulation semble donc une façon active de se

poser les bonnes questions. Y compris les plus simples. n

OLIVIER BLANCHARD

“Il est question de prendre conscience de

ses habitudes, d’accepter de les déconstruire

avec l’aide des formateurs et de ses pairs

pour ensuite reconstruire une nouvelle

pratique sur des bases saines.

Depuis la salle de debriefing on peut voir tout ce qui se passe dans la bloc.© Olivier Blanchard

ACTUSOINS • 63 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 64: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • se former

Le compte personnel de formationen huit questionsDepuis le 1er janvier, les salariés du privé ont accès à une nouvelle modalité dans le

dispositif de formation continue. C’est le CPF : Le Compte Personnel de Formation.

LE CPF : C’est quoi ?Le compte personnel de formation (CPF) est une nouvelle

modalité d’accès à la formation créée par la loi relative à

la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie

sociale. Il a pour ambition d’accroître le niveau de qualifi-

cation de chacun et de sécuriser le parcours professionnel.

Il concerne les salariés du secteur privé, mais aussi les per-

sonnes sans emploi, inscrites ou non à Pôle emploi.

Comment ça marche ?Le CPF est alimenté en heures de formation chaque année.

Il permet de capitaliser 24 heures de formation chaque

année jusqu’à 120 heures, puis 12 heures, jusqu’à la li-

mite de 150 heures. Pour les temps partiels, les heures sont

calculées proportionnellement au temps de travail effectué.

Dans les structures de 50 salariés ou plus, un abondement

supplémentaire de 100 heures est accordé au salarié qui

© iStock/sandoclr

ACTUSOINS • 64 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 65: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

Actusoins • se former

n’a pas eu les entretiens professionnels auxquels il a droit

et dans certaines conditions.

Que devient le DIF ?Le DIF (Droit individuel à la formation) n’existe plus dans le

privé depuis le 31 décembre 2014. Il est remplacé par le

CPF. Toutes les heures du DIF acquises avant le 1er janvier

2015 et non utilisées sont transférées sur le CPF du salarié.

Pour les salariés de la fonction publique, le DIF perdure.

Comment utiliser le CPF ?C’est le salarié qui prend l’initiative d’utiliser son CPF afin

de concrétiser son projet de formation. Dans certains cas,

comme celui où la formation se déroule hors du temps de

travail, le salarié n’a pas besoin de demander l’autorisation

de son employeur pour l’utiliser.

Comment réaliser une demande de CPF ?Le CPF est attaché à la personne, et non à l’employeur.

C’est la grande particularité de ce dispositif. Ainsi, les

heures de formation inscrites sur le CPF demeurent ac-

quises en cas de changement de situation professionnelle

ou de perte d’emploi. Toutes les informations du CPF sont

informatisées et gérées par la caisse des dépôts et des

consignations. Pour savoir combien de combien d’heures il

dispose, le salarié peut se rendre sur le site « mon compte

formation.gouv ». Ce compte est abondé par le salarié lui-

même ou par l’employeur. La procédure de mobilisation

des heures relève de la seule initiative du salarié.

Toutes les formations sont-elles possibles avec le CPF ?Seules certaines formations peuvent être suivies dans le

cadre du CPF. Ces formations doivent appartenir à 3 ca-

tégories précises : les actions de formation du socle de

connaissances, l'accompagnement à la VAE (Validation

des Acquis et de l'Expérience) et enfin, les formations abou-

tissant à un titre inscrit au RNCP (Répertoire national des

certifications professionnelles), ou bien inscrites à un pro-

gramme de qualification propre à chaque région, ou en-

core, à une certification personnelle établie par la CNCP

(Commission nationale des certifications professionnelles).

Pas assez d’heures de CPF pour une formation : comment faire ?Les formations plus longues peuvent toujours être finan-

cées par les autres dispositifs de financement de la forma-

tion continue : Plan de formation des établissements, CIF

(Congé Individuel de Formation) dans le privé, CFP (Congé

de Formation Professionnelle) dans le public. Ou par un

montage de différents financements dont le CPF.

Le bilan de compétences est-il éligible au CPF ?Le bilan de compétences n’est plus éligible au titre du CPF

depuis le 1er janvier 2015. Il peut être financé dans le

cadre du congé bilan de compétence ou dans le cadre du

plan de formation traditionnel de l’entreprise. n

MALIKA SURBLED

CPF ET DPC : CE QU’ILS EN PENSENTLamine Gharbi, président de la Fédération de l’Hospitalisation privée (FHP), souhaite que « les nouvelles orientations prises soient de vrais leviers er non une “usine à gaz” supplémentaire ». « Nous demandons l’inscription automatique des programmes de DPC (développement professionnel continu) enregistrés et validés dans les listes éligibles au CPF. Dans la mesure où il s’agit d’une obli-gation incombant au professionnel, celui-ci, lorsqu’il est salarié, doit pouvoir la remplir en mobilisant son CPF » explique-t-il.

Alice Casagrande, directrice formation et vie associative de la FEHAP (Fédéra-tion des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs), précise qu’il « n’est pas dans l’esprit de la loi » d’obliger un salarié à mobiliser son CPF pour suivre une formation DPC validante. « Le CPF est un dispositif créé pour un salarié pour qu’il puisse bénéficier de formations, soit à son initiative propre, soit en co-construction avec son employeur. En aucun cas il n’est prévu dans une optique de contrainte de la part de l’employeur. En revanche, les souhaits du salarié et celui de l’employeur pouvant être convergents, le CPF peut être mobilisé pour une formation co-financée sur le plan de formation d’un établissement. Et il est bien sûr de l’intérêt de tous de mobiliser le dispositif en ce sens. Mais cela relève d’un dialogue et non d’une contrainte, et c’est notamment le sens de l’entretien professionnel prévu par la loi », explique-t-elle. n

CONSEILS AUX SALARIÉS, PAR ALICE CASAGRANDE, DIRECTRICE FORMATION ET VIE ASSOCIATIVE DE LA FEHAP« Le CPF est une opportunité très intéressante pour aider les salariés à bénéficier de formations. Mais cela sup-pose une capacité de se projeter, d’anticiper, de savoir ce que l’on veut. Et cela est plus facile pour certaines populations que pour d’autres, pour certaines personnes que pour d’autres. Il faut que les salariés prennent le temps de mûrir leur projet après avoir regardé les for-mations qui rentrent dans le CPF ; et qu’ils n’hésitent pas à en parler avec leur hiérarchie, mais aussi leurs collè-gues, ou les conseillers de l’OPCA. C’est en croisant différentes sources d’informations que l’on peut identifier au mieux comment utiliser son CPF, en réponse à un souhait d’évolution professionnelle ». n

“Le CPF est un dispositif créé pour un

salarié pour qu’il puisse bénéficier de

formations, soit à son initiative propre, soit

en co-construction avec son employeur.

ACTUSOINS • 65 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 66: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

ANNONCES CLASSÉES OFFRES DE FORMATION

Professionnels de SantéDevenez Ostéopathe

• Une école d’ostéopathie agréée et conforme aux exigences du nouveau décret régissant la formation

• Un cursus complet de 4 ans, réparti sous forme de séminaires mensuels de 3 jours, en fin de semaine.

Pour tout renseignement et inscriptions adressez-vous au 06 61 30 81 89 - [email protected] - www.fotp-biarritz.fr

POUR LES INFIRMIERS, INFIRMIÈRESet autres professions de santé

ACTUSOINS • 66 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 67: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

OFFRES DE FORMATION

Diplôme UniversitaireAnnée Universitaire 2015 - 2016

Prévention et prise en charge des Escarres3 Modules de 4 jours

Informations sur le site : www.univ-lyon1.fr et www.escarre-perse.com Pré-inscriptions : obtenir l’accord écrit du coordinateur d’enseignement, Dr Dominique Sigaudo-Roussel

envoyer par courrier électronique vos CV et lettre de motivation à :[email protected]

Tél. 04 72 72 26 09 secrétariat ou 04 37 65 29 34 Dr Dominique Sigaudo-RousselInscriptions : sur www.univ-lyon1.fr (spécialités médicales) de juillet à octobre 2015

Module 1 : LYON (Gerland IBCP) décembre 2015Module 2 : LE MANS (Centre de l’Arche) mars 2016

Module 3 : LYON (Gerland IBCP) mai 2016Enseignants encadrants : Pr Marc Bonnefoy, Service de gériatrie, Lyon ; Dr Denis Colin, Centre de rééducation de l’Arche, St-Saturnin ; Dr Brigitte Barois, Qualité-Gestion des Risques, Gonesse ; Pr Jean Louis Saumet, Physiologie vasculaire, Lyon ; Jean-Marc Michel, Service de gériatrie, Colmar ; Dr Yves Passadori, Service de gériatrie, Mulhouse.

Public : Médecins, Pharmaciens, Infirmiers, Masseurs-Kinésithérapeutes, Ergothérapeutes, Diététiciens, Aide-soignants. Capacité d’accueil maximum : 40 personnes

Université François-RabelaisTOURS

FORMATION PROFESSIONNELLECONTINUE

Tél : 02 47 36 81 [email protected]

FORMATIONS

ADAPTÉES

À UNE ACTIVITÉ

PROFESSIONNELLE

Formation ContinueUniversité François-Rabelais de Tours60 r tain - BP 1205037020 TOURS Cedex 1

> Diplômes Université (D.U.) ou Inter-universitaires (D.I.U)• Addictologie - Alcoologie

• Autisme et troubles apparentés

• Case Management (gestion de processus de prise en charge complexes)

• Cultures, migrations et discriminations

• Démarche qualité et gestion des risques

• Éducation pour la santé / Éducation thérapeutique

• Formation à la simulation en santé

• Hygiène hospitalière

• Initiation à la éthique dans la pratique soignante

• Médiation et gestion des

• Prévention-réadaptation cardiovasculaires

• Psychocriminologie

• Psychopathologie de la personne âgée

• Réhabilitation respiratoire

• Soins palliatifs et d’accompagnement

> Masters• Management des équipes, santé et qualité de vie

au travail

• Management de la qualité et des projets

• Stratégie et Ingénierie en Formation d’Adultes (SIFA)

Plus de détails dans notre cataloguesecteurs santé et médico-social sur :

www.formation-continue.univ-tours.fr

ACTUSOINS • 67 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 68: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

OFFRES DE FORMATION

Ces formations se déroulent, en alternance d’octobre à juin

MASTER Professionnel 2ème année “Education et Formation”, spécialité C : encadrement dans le secteur sanitaire et social 3 parcours proposés : - Cadre de proximité dans le secteur sanitaire et le travail social- Formateur dans le secteur sanitaire et social - Éducation thérapeutique

Possibilité d’accéder à ces formations par VAP ou de candidature par VAE.

Possibilité de proposer l’un des parcours en interne (institution, ou regroupe-ment géographique), pour un groupe de 12 à 20 personnes.

DIU Recherche en Sciences Infirmières- Niveau 1. Construire un objet de recherche en sciences infirmières- Niveau 2. Construire un protocole de recherche en sciences infirmières

DU Tutorat dans la formation des étudiants paramédicaux

DU Evaluation des pratiques professionnelles

Programmes DPC

Renseignements : UNIVERSITÉ D’Aix-Marseille - UMFCSTél : 04 91 32 46 03 ou 04 91 69 88 99 Mail : [email protected]

MASTER Professionnel “Sciences cliniques infirmières”3 parcours proposés :- Infirmier(ère) coordinateur (trice) de parcours complexes de soins - Infirmier(ère) de pratiques avancées en cancérologie- Infirmier(ère) de pratiques avancées en gérontologie

Renseignements : UNIVERSITÉ D’Aix-Marseille - DUSI Tél : 04 91 32 46 81 Mail : [email protected]

Aix-Marseille-Université organiseles formations diplômantes et qualifiantes suivantes.

organisme gestionnairedu développementprofessionnel continu

Pathologies digestives | Obésité | Chirurgie bariatrique

| Cancer | Dénutrition | Maladie d’Alzheimer | Handicap

Pôle formation Cnam-IstnaInstitut scientifique et technique de la nutrition et de l’alimentation

www.istna-formation.fr

Des formations en nutrition santé

Vous êtes professionnel de santé,vous souhaitez acquérir une compétence,

une qualification, une expertise ?Notre équipe vous forme,

vous accompagne, vous conseille !

Licence Pro Logistique Hospitalière

Objectifs :

milieu hospitalier et accompagner leur mise en œuvre

Public : Salariés ou agents de la fonction publique

Lieu : IUT Chalon-sur-Saône et CHU de Dijon

INFORMATIONS

Prérequis : Bac +2 ou validation des acquis professionnels (VAP) - Durée : 384h

Accès : Plan de formation, période de professionnalisation, Congé Individuel de

Formation, DIF, Compte Personnel de Formation (CPF)

Validation : Diplôme de niveau 2 (Bac +3)

OUVERTURE EN JANVIER 2016

CONTACT

Pédagogie : Mme Agnès BASAILLE - [email protected] - 03 85 42 43 41

Administratif : Mme Martine BAILLY - [email protected] - 03 80 39 51 93

Toute l’info : www.u-bourgogne-formation.fr - www.iutchalon.u-bourgogne.fr

Bien-traitance et qualité relationnelle dans les soins

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ACTUSOINS • 68 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 69: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

OFFRES DE FORMATION

CONTACT POUR LES 2 DIPLÔMES UNIVERSITAIRES

Pédagogie : Mme Agnès BASAILLE - [email protected] - 03 85 42 43 41

Administratif : Mme Martine BAILLY - [email protected] - 03 80 39 51 93

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INFORMATIONS POUR LES 2 DIPLÔMES UNIVERSITAIRES

Prérequis : Bac +2 ou validation des acquis professionnels (VAP) - Durée : 158h

Accès : Plan de formation, période de professionnalisation, contrat de

professionnalisation (secteur privé), Congé Individuel de Formation, DIF, Compte

Personnel de Formation (CPF)

Validation : Diplôme universitaire de niveau 2 (Bac +3)

Logistique en aux Blocs Opératoires Diplôme universitaire (LBO)

Objectifs : Acquérir une vision globale de la fonction de management au sein du bloc

opératoire - Optimiser le fonctionnement d’un plateau technique interventionnel

Public : Coordonnateurs de blocs ou de plateformes, cadres

de santé, IBODE, IADE, AS, logisticiens, médecins, ingénieurs

organisation et méthodes

Lieu : CHU de Dijon

À savoir : Le DU LBO permet de valider la licence professionnelle

‘Logistique Hospitalière’ en suivant le tronc commun (201h).

Qualité en Établissements de Santé Diplôme universitaire (QES)

Objectifs : Concevoir et manager la démarche qualité (risque,

politique de développement durable

Public : Cadres de santé, dirigeants, coordonnateurs de la

gestion des risques associés aux soins, médecins, pharmaciens,

consultants des structures publiques ou privées de conseil

Lieu : Centre hospitalier de Chalon-sur-Saône

OUVERTURE DES 2 DIPLÔMES UNIVERSITAIRES EN JANVIER 2016

ACTUSOINS • 69 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

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ACTUSOINS • 70 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

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OFFRES D’EMPLOI

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Vos missions : dispenser des soins de qualité en assurant la prise en charge globale et sécurisée du patient • participer à des études cliniques dans le cadre de la recherche • assurer l’éducation du patient et de sa famille.

Votre profi l : titulaire du Diplôme d’Etat • adaptabilité • rigueur • esprit d’analyse • curiosité intellectuelle • sens des priorités • capacité de travail en équipe pluridisciplinaire.

Gustave Roussy vous propose un encadrement personnalisé, une reprise d’ancienneté, une prime d’embauche pour les CDI, une prime d’exercice après un an, une amplitude horaire de 12h (19h-7h), 125 nuits par an et un salaire débutant de 2 710 € brut mensuel.

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ACTUSOINS • 71 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 72: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

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Ouverture d’Agences

en PACA et Rhône-Alpes(Aix-en-Provence, Lyon, Marseille, Nice)

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RENFORCE SON ÉQUIPEDE FORMATEURS

IRFA Evolution est un organisme de Formation spécialisé dans la formation continue des professionnels des secteurs sanitaire et médico-social.

Nos 5 établissements sont implantés sur l’ensemble du territoire. Notre développement nous conduit à renforcer notre pôle de Formateurs pour les régions Haute et Basse Normandie.

Nous recrutons des FORMATEURS dans les domaines suivants :• Troubles psychiques • Démarche projet • Pédicurie • Autonomie de la personne âgée • Ecrits professionnels

Professionnels confirmés, vous avez déjà animé des actions de formations continues auprès de salariés du secteur et vous souhaitez partager votre expertise et votre expérience : Rejoignez l’équipe IRFA Evolution.

Envoyez votre CV, photo, lettre de motivation, prétentions et nombre de jours annuel de disponibilité à :

[email protected]

www.irfa-evolution.fr

Hopital Privé Marseille Beauregard, 12ème arrondisse-ment, appartenant au Groupe Sainte Marguerite, recrute :

IADE INFIRMIER ANESTHESISTE H/FCDI - TEMPS PLEIN

pour un bloc général de 9 salles, pour travailler en collaboration avec les anesthésistes.

Poste à pourvoir immédiatementHoraires en 10h selon planning (3 ou 4 jours par semaine)

Candidature à adresser à : Véronique MeynardHôpital privé MarseilleDirection des Ressources Humaines23 rue des Linots - CS 60081 - 13425 Marseille Cédex

[email protected]

ACTUSOINS • 72 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 73: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

OFFRES D’EMPLOI

CENTRE HOSPITALIER

Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent - Gentilly

Fondation Vallée

LA FONDATION VALLÉE Centre Hospitalier Infanto-Juvénile situé à Gentilly (94250) à proximité immédiate de Paris

Recherche H/F :

Pour son pôle adolescents :

1 Orthophoniste mi-temps pour ses unités d’hospitalisation moyen et long séjour

Pour son pôle enfant :

1 Orthophoniste à 50% sur les deux unités long et moyen séjour et court séjour

1 Orthophoniste à 50% - 50% pour son Hôpital de jour et son CMP de Gentilly

Pour tout renseignement écrire : [email protected]

Les candidatures doivent être adressées à Monsieur le Directeur Fondation Vallée - 7, rue Benserade - 94257 GENTILLY Cedex

‘‘AREPA – Acteur majeur du secteur médico-social (1700 salariés - 68 sites), spécialisé dans la gestion de résidences pour personnes âgées, recrute pour ses établissements médicalisés en Ile-de-France et Province des :‘‘Rejoindre l’AREPA,

c’est redonner un sens à la vie...

• INFIRMIER D.E H/F – CDI – Temps plein Sous la responsabilité du Cadre infirmier, et en relation avec l’équipe pluridisciplinaire de la résidence, vous participez à l’organisation quotidienne de l’activité de l’équipe soignante, dans un souci de continuité et de qualité de la prise en charge. Au-delà des missions propres dévolues à votre fonction, vous inscrivez votre activité dans une démarche préventive et éducative et créez les conditions d’une prise en charge individualisée. Vous assurez la mise en œuvre des protocoles de soins et des plans de sécurité sanitaire. En lien avec l’équipe et les acteurs du réseau de santé, vous participez à la gestion des relations avec les familles. Diplôme IDE exigé.

• AIDE SOIGNANT H/F – CDI – Temps plein En relation avec l’équipe soignante et pluridisciplinaire de la résidence, vous participez à la prise en charge individualisée des résidents en dispensant les soins requis, dans une démarche éducative et préventive, dans le respect des besoins de la personne. Vous participez au développement d’activités d’animation et de loisirs visant à maintenir le lien social et contribuez à la gestion des relations avec les familles. Diplôme ASD exigé.

• PSYCHOMOTRICIEN H/F – CDI – Temps plein et temps partiel Sous la responsabilité du directeur d'établissement, conformément aux différents décrets en vigueur dans la profession, et au sein d'une équipe pluridisciplinaire, le psychomotricien met en œuvre des activités de rééducation et de stimulation sensorielle auprès des résidents confrontés à des difficultés psychologiques vécues et exprimées de façon corporelle. Diplôme de Psychomotricien exigé. Expérience en gérontologie.

• ERGOTHÉRAPEUTE H/F – CDI – Temps plein et temps partiel Sous la responsabilité du Directeur d'Etablissement, et au sein de l'équipe pluridisciplinaire de la résidence, conformément aux différents décrets en vigueur dans la profession, vous contribuez au traitement des déficiences et/ou handicaps de nature somatiques et/ou psychiques par des actes de rééducation et de réadaptation. Vous sollicitez les fonctions déficientes et les capacités résiduelles afin de maintenir, récupérer ou acquérir la meilleure autonomie possible, à travers la mise en œuvre de techniques de compensation du handicap. Diplôme d’Ergothérapeute exigé. Expérience en gérontologie.

• CADRE INFIRMIER H/F – CDI – Temps plein Sous la responsabilité du Directeur d’établissement, vous avez en charge l’Animation, l’encadrement de l’équipe soignante, le recrutement, la formation, l’évaluation, l’intégration, et l’accueil des stagiaires. Vous organisez et coordonnez la prise en charge des résidents, conformément aux valeurs AREPA, aux projets de vie et de soins de l’établissement. Vous contribuez à la gestion des relations avec les familles et les divers acteurs de la santé, vous êtes garant du respect de la qualité des services dus aux résidents. Vous assurez la mise en œuvre des procédures et des protocoles de soins dans un souci de sécurisation des soins délivrés. Diplôme IDE exigé. Diplôme de Cadre de Santé apprécié.

Pour l’ensemble de ces postes, outre votre formation initiale, ce sont vos qualités professionnelles qui feront la différence : sens de l’écoute, intérêt pour les problématiques sociales et humaines, goût du travail en équipe, rigueur et patience.

Conditions de recrutement : CCN 51 + reprise d’ancienneté + prime. Avantages : Comité d’Entreprise, 1% patronal.Merci d’adresser votre dossier de candidature (CV + LM) à : [email protected]

ACTUSOINS • 73 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

Page 74: Actusoins Magazine n°16 mars 2015

OFFRES D’EMPLOI

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Remplacements de 6 à 12 mois ou postes fixes.Accueil, Encadrement et Formation continue

sont les atouts des établissements suisses.Nous prenons le temps de vous conseiller,

vous guider dans cette nouvelle étape professionnelle.

IDECardiologie, Hémodialyse, Oncologie,

Réanimation, Urgences, etc.

IADE - IBODEjeune diplômé ou avec expérience

Puéricultriceen pédiatrie et/ou néonatalogie

Sage-femmeavec expérience

Anne ChopardResponsable dpt médical

+41 79 331 36 [email protected]

www.aazemplois.ch

Infirmier(ère) DE en soins générauxInfirmier(ère) spécialisé(es) en réanimation ou SIAMU,Hémodialyse, PuéricultureIADEIBODEKinésithérapeuteMédecinsTechnicien(e) en radiologieSage-femme, etc...

RG emplois médical SuisseRue de la Maltière 3, CH-2800 Delémont (Suisse)Tél. direct : 00 41 32 424 50 02 ou 50 00 E-mail : [email protected] www.rg-emplois.ch

Nous recherchons constamment des infirmier(ière)s qualifié(e)s pour divers établissements hospitaliers et foyers pour personnes âgées :

Services médecine, chirurgie, gériatrie, psychiatrie, pédopsychiatrie, soins intensifs (certifié(e)s SIAMU), urgences, hémodialyse, IBODE et IADE certifié(e)s, sages-femmes, ergothérapeutes, technicien(ne)s en imagerie médicale.

Egalement parfois des aides-soignantes diplômé(e)s DEAS pour des foyers personnes âgées...

Contrat fixe longue durée (12 mois minimum) ou parfois temporaire, selon la demande. Cadre plaisant, bonnes conditions de travail et d’engagement. Nous ne recrutons que des personnes ressortissantes des pays de l’UE et parlant très bien le français. Nous nous chargeons des démarches administratives. Possibilité de logement.

Nous nous réjouissons de recevoir votre candidature et de pouvoir collaborer avec vous. Contactez-nous sans tarder

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ACTUSOINS • 74 • NUMÉRO 16 • MARS - AVRIL - MAI 2015

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