syndicats fgtb n°5 - 12 mars 2010

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CONSOMMATION ET NOUVELLES TECHNOLOGIES Le client roi, tyran ou esclave? N°05 • BIMENSUEL • 65 ème année Les nouvelles technologies ont révolutionné nos modes de consommation. Grâce à Internet, on peut – sans sortir de chez soi – lire le journal, acheter et vendre, se faire livrer courses et pizzas, réserver ses billets de cinéma, de train, tram, bus, avion et faire le check in «on line». Dans les grandes surfaces, le «self-scanning» complète le concept maintenant ancien du «self-service». Pour beau- coup, aller à la banque devient l’exception. On peut gérer son compte, investir, boursicoter grâce au «home banking». Revers de la médaille: les files s’allongent à la fois dans les agences et dehors devant le bancontact… Self, self, self… toutes ces nouvelles technologies censées nous faciliter la vie, finissent en fait par nous donner de plus en plus de travail. Partant du principe que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, le consommateur est invité à mettre la main à la pâte. Meubles en kit à monter «soi-même», cash & carry, c’est-à-dire payer, emporter et installer «soi-même». Do-it yourself à toutes les sauces jusqu’à l’«autogarage» où l’automobiliste un peu bricoleur peut faire lui-même l’en- tretien de sa voiture à bon compte. Le client roi, après avoir imposé sa tyrannie, est maintenant devenu esclave, travailleur bénévole, motivé et fidèle. Mais quelles en sont les conséquences sur le travail? Que devien- nent les travailleurs que le travail du consommateur n’a pas encore rendus obsolètes? Et le client qui n’est pas branché PC? NOTRE DOSSIER EN PAGES 8 & 9 Bureau de dépôt : Charleroi X Abonnements : 02/506 82 11 Rédaction : 02/506 82 44 - 02/506 83 11 [email protected] Ed. resp. : R. De Leeuw • Rue Haute, 42 • 1000 Bruxelles E.R. Rudy De Leeuw, Rue Haute 42, 1000 Bruxelles CARRIÈRES Crédit-temps moins facile Page 4 L’ÉGALITÉ SALARIALE On a tous a y gagner! Page 7 MAUX DE DOS La douleur, pas à vie! Page 5 CONCERTATION Le dialogue social renoué Page 3 12 MARS 2010 Éd. BRABANT/NAMUR/LUXEMBOURG

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Syndicats, le magazine de la FGTB. Consommation et nouvelles technologies - Concertation sociale: le dialogue social renoué - Crédit-temps - Maux de dos

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CONSOMMATION ET NOUVELLES TECHNOLOGIES

Le client roi, tyran ou esclave?

N°05 • BIMENSUEL • 65ème année

Les nouvelles technologies ont révolutionné nos modes de consommation. Grâce à Internet, on peut – sans sortir de chez soi – lire le journal, acheter et vendre, se faire livrer courses et pizzas, réserver ses billets de cinéma, de train, tram, bus, avion et faire le check in «on line».

Dans les grandes surfaces, le «self-scanning» complète le concept maintenant ancien du «self-service». Pour beau-coup, aller à la banque devient l’exception. On peut gérer son compte, investir, boursicoter grâce au «home banking». Revers de la médaille: les fi les s’allongent à la fois dans les agences et dehors devant le bancontact…

Self, self, self… toutes ces nouvelles technologies censées nous faciliter la vie, fi nissent en fait par nous donner de plus en plus de travail. Partant du principe que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, le consommateur est invité à mettre la main à la pâte. Meubles en kit à monter «soi-même», cash & carry, c’est-à-dire payer, emporter et installer «soi-même». Do-it yourself à toutes les sauces jusqu’à l’«autogarage» où l’automobiliste un peu bricoleur peut faire lui-même l’en-tretien de sa voiture à bon compte.

Le client roi, après avoir imposé sa tyrannie, est maintenant devenu esclave, travailleur bénévole, motivé et fi dèle. Mais quelles en sont les conséquences sur le travail? Que devien-nent les travailleurs que le travail du consommateur n’a pas encore rendus obsolètes? Et le client qui n’est pas branché PC?

NOTRE DOSSIER EN PAGES 8 & 9

Bureau de dépôt : Charleroi X

Abonnements : 02/506 82 11Rédaction : 02/506 82 44 - 02/506 83 [email protected]

Ed. resp. : R. De Leeuw • Rue Haute, 42 • 1000 Bruxelles

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CARRIÈRES

Crédit-tempsmoinsfacile

Page 4

L’ÉGALITÉ SALARIALE

On a tousa y

gagner!

Page 7

MAUX DE DOS

La douleur,pas

à vie!

Page 5

CONCERTATION

Le dialogue social

renoué

Page 3

12 MARS 2010 • Éd. BRABANT/NAMUR/LUXEMBOURG

RÉGIONS2 SYNDICATS • N°05 • 12 MARS 2010

BRABANT WALLON

LUXEMBOURG

NAMUR

> BRABANT WALLON

Exposition du plan d’actionC’est devant une salle bien pleine au Motel Nivelles Sud que le 2 mars, Anne DEMELENNE, secrétaire générale de la FGTB, est venue exposer le plan d’action éco-solidaire de la FGTB et faire un large tour d’horizon de l’actualité économique et sociale.

Après son exposé, les militants présents purent poser longuement des questions, et c’est devant un sandwich et un bon verre que les conversations continuèrent encore quelques heures.

Motion de solidarité avec les travailleurs de Carrefour

Le Bureau de la FGTB Brabant wallon s’est réuni le jeudi 25 février et a pris connaissance de la situation qui prévalait chez CARREFOUR.Il dénonce la restructuration qui va non seulement supprimer directement 1.600 emplois, mais qui risque en plus d’en supprimer plusieurs centaines d’autres, soit dans les magasins non repris ou franchisés, soit chez les sous-traitants (logistique, informatique, gardiennage, nettoyage, etc.).Il s’insurge contre la volonté ouverte de la direction du groupe de généraliser le dumping social en son sein.Il dénonce un employeur incapable, depuis 10 ans, de se remettre en question et qui préfère reporter ses échecs sur le dos des travailleurs et de leurs salaires soi-disant non-concurrentiels Il assure les travailleurs de CARREFOUR de sa totale solidarité et dénonce le chantage de la direction à la fermeture totale des sites.Le cas échéant, la FGTB Brabant wallon se mobilisera pour soutenir les travailleurs des différents sièges si cela devait s’avérer nécessaire.

ENSEMBLE, ON EST PLUS FORTS!

Pierre LEVEQUE Jean-Richard DEGROOTESecrétaire régional FGTB Brabant wallon Président FGTB Brabant wallon

«Chers affi liés,Le SETCA Brabant wallon vous invite à participer aux deux comités régionaux élargisqu’il organise le 30 mars 2010 et le 20 avril 2010.

• Le 30 mars 2010 à 18h00Motel de Nivelles SudRoute de Mons

Ordre du jour- L’harmonisation du statut ouvrier/employé

OratriceMyriam DELMEEVice présidente du SETCa fédéral

• Le 20 avril 2010Motel de Nivelles SudRoute de Mons

Ordre du jour- Les solidarités pour renverser la vapeur- Une vision à long terme pour les travailleurs en Wallonie

OrateurThierry BODSONSecrétaire Général de l’IRW FGTB»

Le Bureau des femmes de la FGTB Brabant wallon organise en colla-boration avec l’asbl FORABRA un stand sur le Grand Place de Louvain-la-Neuve

Quand? Le jeudi 25 mars de 11h à 14h30Objectif? Sensibiliser le public à l’écart salarial entre les hommes et les

femmesProgramme? Distribution de gadgets, de brochures et de chocolat.Hommes et femmes épris d’égalité, soyez nombreux à nous rejoindre.

Contact: Fabio MOLINA-DIAZ 067/64.60.06 ou 0494/75.07.54

La FGTB Brabant wallon et l’asbl FORABRA vous invite à la pièce de théâtre «LE TEMPS DES CRISES» par la Compagnie du théâtre maritime.Cette pièce met en évidence, sous une forme comique, les problèmes rencontrés par notre société après la crise, à travers les mésaventures d’une personne hospitalisée.Quand? Le mercredi 14 avril à 20hLieu? Wauxhall – grand’place à 1400 NIVELLESLa représentation sera suivie d’un débat avec Thierry BODSON, secrétaire général de la FGTB Wallonne.Entrée gratuite – Un verre de l’amitié clôturera la soirée.

The Navigatorsde Ken Loach

La projection sera suivie d’un débat sur la libéralisation du rail, en présence de Gérard GELMINI, président de la CGSP Cheminots

Le 30 mars, à 18h00à la CGSP Namur, rue de l’Armée Grouchy, 40 (1er étage) à 5000 Namur

Infos:asbl AFICoTél.: 081/649.958 - GSM: 0474/485.375e-mail: laurent.wilmet@afi co.be

Congrès régional statutaire 21/04/2010APPEL À CANDIDATURESNous portons à votre connaissance que la Régionale FGTB NAMUR organisera le mercredi 21 avril 2010 son Congrès régional statutaire.

À cette occasion, plusieurs mandats électifs seront soumis à la désignation des congressistes:

• Le Président de la Régionale,

• Les vice-Présidents de la Régionale,

• Le Secrétaire régional.

Les candidatures pour ces mandats doivent être

parvenir pour le 21 mars 2010 au plus tard à l’at-tention de:

Jean-Marie FLAMEY,Président de la FGTB NAMUR,CGSP,rue Armée Grouchy, 415000 NAMUR

Sous peine de nullité, ces candidatures doivent être présentées par une des Centrales professionnelles de la FGTB NAMUR.

INFORMATION A NOS AFFILIESLes services interprofes-sionnels de la FGTB Luxem-bourg:

- Service chômage,- Secrétariat interprofession-

nel,- Service juridique,- Service aux Frontaliers,- Comptabilité,- Cellule TSE,- Centrale Jeunes,

seront fermés le mercredi 24 mars 2010 toute la journée.

Merci de votre compréhen-sion.

Convention fi scale franco-belgeL’avenant à la convention fi s-cale bilatérale franco-belge est d’application pour les résidents belges travaillant en France à partir du 1er janvier 2007

Concrètement l’impôt versé à l’administration belge pour les années 2007 – 2008 – exer-cice d’imposition 2008 et 2009 peut être récupéré et vous se-rez soumis pour ces deux an-nées au FISC français auprès duquel vous devrez déposer une déclaration d’impôt pour non résidents. Pour vous aider dans vos dé-marches et/ou vous commu-niquer de plus amples infor-mations, nous vous invitons à prendre contact auprès de notre service frontalier de la FGTB Luxembourg. N° de tél 063/24.22.61.

Ciné-débat

BRUXELLES2 SYNDICATS • N°05 • 12 MARS 2010

La Marche Mondiale des Femmes à Bruxelles

Ce samedi 6 mars, la mobilisation de la Marche Mondiale des Femmes (MMF) a rassemblé quelque 4.000 participant(e)s dans un cortège reliant la Bourse au Palais de Justice à Bruxelles. Les principales revendications sont la lutte contre les violences envers les femmes, la défense des biens communs et services publics, la lutte pour l’autonomie économique des femmes, la paix et la démilitarisation. A Bruxelles, les Ladies in Red, femmes en rouge (photos) de nos organisations socialistes, ont porté haut et fort ces revendications. En voici une synthèse.

En 2010, entre le 8 mars, Journée Internationale des Femmes, et le 17 oc-tobre, Journée Internatio-nale pour l’Elimination de la Pauvreté, des actions collectives, en Belgique, en Europe et dans le monde,

seront organisées pour la 3ème édition de la Marche Mondiale des Femmes (MMF). Aux quatre coins de notre planète, durant 8 mois, des millions de femmes partageront les mêmes idéaux et les mêmes valeurs, et marcheront afi n de faire connaître leur analyse et leurs désirs. Organisées autour de quatre thèmes – violence envers les femmes, biens communs et services publics, autonomie économi-que des femmes, paix et démilitarisation –, les revendications de la MMF s’articulent du mondial au local, démontrant ainsi la force de ce mouvement unique de solidarité internationale et d’actions féministes. www.marchemondialedesfemmes.be

500 Ladies in RED Comme il y a cinq ans, la FGTB et d’autres organisations (de fem-mes) socialistes unissent leurs efforts. Sous le nom de Ladies in Red, les organisations suivantes ont participé à la marche et assuré une présence visible: Viva-svv, Zij-kant, FPS (Femmes Prévoyantes Socialistes), FOS (Socialistische Solidariteit) et Solsoc (Solidarité Socialiste) ainsi que la FGTB.

Equal Pay DayCette année, la mobilisation pour l’Equal Pay Day, journée de l’éga-lité salariale, aura lieu le vendredi 26 mars. Rejoignez-nous pour les différentes actions prévues.

Infos: Vroni Lemeire 02/552.03.60, [email protected]

Journée de l’égalité salariale

Journée de l’égalité salarialeTant que votre femme

gagnera 23% de moins,faudra se débrouiller

26 MARS 2010

e.r. Rudy De Leeuw

, FGTB, rue H

aute 42, 1000 Bruxelles | Ne pas jeter sur la voix publique

5ème édition de la Journée de l’égalité salariale | Equal Pay Day

Vendredi 26 mars 2010

Les femmes gagnent 23% de moins que les hommes (en moyenne et en brut, temps partiels compris). La FGTB veut supprimer l’écart salarial entre les femmes et les hommes. Tout le monde a à y gagner, y compris les hommes.

Plus d’infos ? www.fgtb.be

1- VIOLENCE ENVERS LES FEMMES: Stop aux violences, stop aux si-lences!

Aucune situation politique (y compris les guerres et confl its), économique (y compris les pé-riodes de crise ou la situation des pays en voie de développement), culturelle, religieuse, sociale, sta-tutaire (y compris les réfugiées ou demandeuses d’asile) et même individuelle (lorsque des femmes subissent des discriminations multiples ou sont dans des lieux de détention), ne peut justifi er l’existence de violences commises envers les femmes pour la simple raison qu’elles sont femmes. La pauvreté, considérée sous sa forme économique, sociale et culturelle, est aussi source de violences. Elles doivent être combattues dans une perspective globale de la place des femmes dans la société.

En Belgique en 2007, on a recensé près de 1400 femmes déclarées victimes de coups, blessures, me-naces et viols, soit 116 femmes par mois, et 96 meurtres ou tentatives de meurtres sur des femmes, soit tous les 4 jours, dont la plupart victimes de leur compagnon. Les revendications:

- Un Plan d’Action National qui vise à lutter contre toutes les formes de violences envers les femmes;

- Une politique de prévention des violences envers les femmes com-plète et cohérente;

- Un réel soutien et la reconnais-sance des associations de femmes et des études sur les femmes.

La MMF demande à la Belgique, lorsqu’elle présidera l’Union euro-péenne en 2010, de se poser comme leader dans la lutte contre toutes les formes de violence envers les femmes, d’une part en renforçant son adhésion aux traités interna-tionaux et régionaux promouvant les droits humains et les droits des femmes, et d’autre part en propo-

sant un plan d’action européen de lutte contre toutes les formes de violence envers les femmes dans l’Union européenne.

2- AUTONOMIE ECONOMIQUE DES FEMMES: Contre la misère, l’autonomie fi nancière!

Emploi durable et travail digne pour toutes et tous!

Le travail à temps partiel, l’inté-rim, le travail temporaire et des mesures d’emploi pour chômeurs (surtout pour les femmes) comme le travail ALE ou les titres-services mènent trop souvent les femmes à des conditions de travail et de vie précaires pour les travailleu-ses concernées. Le travail digne et de qualité doit être un droit pour tou-te-s ! Cela implique un salaire décent. Le contrat plein temps de durée indéterminée doit être la norme et non l’exception.

Salaire égal!

Les femmes gagnent toujours 24% de moins que les hommes.

La MMF revendique revalorisation des professions et secteurs dits fé-minins; lutte contre la ségrégation horizontale et verticale; transpa-rence des salaires, des classifi ca-tions de fonctions analytiques neutres du point de vue du genre; développement des structures d’accueil et de soins collectifs de qualité et accessibles; améliora-tion du statut et des conditions de travail des travailleuses à temps partiel.

Une sécurité sociale et un système fi scal justes et solidaires!

Le système actuel de sécurité so-ciale reproduit une conception fa-miliale dépassée (femme au foyer, homme gagne-pain). De plus, dans ce système comme plus généra-lement, la fi scalité est un levier d’action qui devrait être repensé avec des objectifs de justice et de solidarité. La MMF défend des

droits individuels en sécurité so-ciale, la suppression du statut de cohabitant-e, une sécurité sociale forte, …

Un équilibre des différents temps de vie pour tou-te-s!

Les politiques de «conciliation» doivent garantir autonomie éco-nomique et qualité de vie, s’adres-ser à tou-te-s (hommes, femmes, familles monoparentales, couples hétérosexuels, ou homosexuels, personnes travaillant ou en re-cherche d’emploi…) et promouvoir l’insertion et la réinsertion profes-sionnelle des femmes autant que l’investissement des hommes dans la sphère familiale.

Une solidarité internationale pour l’autonomie économique de toutes les femmes!

Les autorités de la Belgique et du monde doivent prendre des mesu-res urgentes afi n de lutter contre la pauvreté des femmes dans le monde.

La MMF défend une économie durable où la vie humaine et le bien-être collectif priment sur les mécanismes du marché, où une redistribution juste des richesses l’emporte, où l’égalité et le partage des tâches et des revenus entre les sexes soient la norme et non l’exception.

3- BIENS COMMUNS ET SERVICES PUBLICS: Les services publics ne sont pas à vendre!

Toute politique publique touchant aux services publics, à la souverai-neté alimentaire, aux ressources naturelles, a un impact plus grand sur les femmes et doit être pensée en prenant en compte cet impact différencié afi n de résorber les inégalités et de favoriser la justice sociale et la solidarité.

4- PAIX ET DEMILITARISATION La force des femmes = une chance pour la paix

Installer la paix signifi e plus qu’une simple sécurité militaire et l’organisation d’élections. Il faut tendre à la «maximalisation de l’égalité» pour tous les mem-bres de la population: égalité de droits, égalité de chances, accès égal aux biens et aux services… dans le cadre normatif du respect des traités des droits humains. Pour cela, la réorganisation des rapports de forces femmes-hommes et un investissement dans l’égalité des sexes et l’empowerment (prise de pouvoir) des femmes sont indis-pensables.

RÉGIONS2 SYNDICATS • N°05 • 12 MARS 2010

CHARLEROI-SUD - HAINAUT CENTRE

D’hier

et d

’aujou

rd’hui PERMANENCES FISCALES

Exercice 2010 – Revenus 2009

La F.G.T.B. Régionale de Charleroi, soucieuse de venir en aide à ses affi liés, vous propose de remplir votre déclaration aux impôts AINSI QUE DE CALCULER GRATUITEMENT VOTRE IMPOT SUR ORDINATEUR.

REMPLISSAGE + CALCUL DES DÉCLARATIONS

QUAND? Les mardis 18 et 25/05/2010 + les jeudis 20 et 27/05/2010 ainsi que les mardis 01, 08, 15, 22 et 29/06/2010 et les jeudis 03, 10, 17 et 24/06/2010. de 8h à 11h30 et de 13h30 à 16h MAIS UNIQUEMENT SUR RENDEZ-VOUS.

Où? À la FGTB Charleroi, Service Comptabilité, Bld Mayence 1 - 1er Étage (Bâtiment Ethias) à 6000 CHARLEROI

COMMENT PRENDRE RENDEZ-VOUS? En téléphonant au 071/641.313 ou 071/641.359 (demander Mlle CLÉMENT)

Notre équipe remplira directement le double de votre déclaration en y mentionnant le résultat de votre imposition, de ce fait il ne vous restera plus qu’à recopier sur l’ORIGINAL.

Il est indispensable que les affi liés qui sollicitent nos Services soient munis des docu-ments repris ci-dessous:

1. IMPORTANT : LA NOTE DE CALCUL de l’exercice précédent avertissement extrait de rôle (envoyée par l’Administration des contributions pour le paiement de l’impôt).

2. Le CARNET SYNDICAL ou Preuves de paiement (sera formellement exigé) 3. Les relevés des SALAIRES, indemnités, allocations de chômage et maladie, pensions ou rentes imposables perçues en 2009 (relevé 281).4. Le TALON DE CHEQUE relatif aux congés payés.5. CONTRIBUTIONS FONCIERES, l’avertissement extrait de rôle payé en 2009 pour

habitations ou terrains.6. ATTESTATIONS DE PRET et/ou ASSURANCES-VIE délivrées par l’organisme prêteur

et/ou assureur.

Hommage à Luigi DE NICOLI

Dans le cadre de la «Semaine de solidarité internationale de Charleroi»,

l’asbl d’éducation permanente Cenforsoc et la FGTB Charleroi –Sud Hainaut vous invitent à la conférence-débat

Ce 22 mars à 18h00 à la FGTB Charleroi, Boulevard Devreux, 36-38

(Salle Allende)

La conférence sera organisée autour de la scolarité des Roms en Belgique et en Europe et s’étendra par la suite sur le problème global de l’intégration de ces

populations.

Invités:

Marie-Thérèse Evrard: Formatrice français/langues étrangères pour l’asbl VIE-ESEM

Christine Crutzen: Administratrice du Bureau Européen des Gens du Voyage asbl.

Luigi DE NICOLI nous a quittés, brutalement, le 2 octobre 2009 alors qu’il se rendait à son travail en moto.Sa vie fut toute de vaillance, de travail, de dévouement, de gen-tillesse.Sa bonne humeur, son humour, son combat syndical, son hype-rengagenent, sa présence à tout moment, nous laisse à ce jour un énorme vide qu’il sera diffi cile de combler.

Tu manques et manqueras encore longtemps aux cama-rades que nous sommes.

L’ensemble des membres du personnel et militants du SETCa CharleroiCHARLEROI

«Roms et scolarité, l’impossible alliance?»

RÉGIONS2 SYNDICATS • N°05 • 12 MARS 2010

> LE MONDE POLITIQUE NE NOUS A PAS (BIEN) COMPRIS...

LIÈGE - HUY - WAREMME

VERVIERS

«Chasse aux chômeurs»: on continue le combat!La mobilisation des militants, actifs et inactifs, de la Régionale FGTB de Verviers et Communauté germanophone, dans le cadre de la campagne «Stop à la chasse aux chômeurs» de la FGTB Wallonne, a contribué à faire de ce problème une question d’actualité politique!

Le 1er mars au matin, des centaines de manifestants wallons , venus des différentes régionales, ont pu interpeller le PS et le CdH. Une délé-gation a également rencontré, dans l’après-midi, des représentants du MR et d’Ecolo.Ces rencontres et discussions se sont déroulées, globalement, dans un climat positif. Elles ont pourtant traduit, dans la plupart des partis, une profonde méconnaissance des réalités qui sont vécues par les tra-vailleurs sans emploi confrontés aux tracasseries conjuguées du FOREM ou de l’ONEm. Le fossé, entre leur représentation et notre réalité, est profond. C’est peu dire de le constater!Si PS et CdH acceptent l’idée d’ap-

porter une série de modifi cations à la législation de 2004 en vue d’ef-facer certaines des aberrations du contrôle de l’activation des chô-meurs, aucun des partis de la coali-tion fédérale n’accepte de porter le principe d’un moratoire, ne serait-ce que le temps de remettre à plat la politique d’accompagnement des chômeurs qui relève, il faut le souligner lourdement, de compé-tences régionales! Seul Ecolo, qui siège dans l’opposition, indique partager notre approche.

Le discours est, à quelques nuan-ces près, identique dans les autres partis: «Les Wallons ne peuvent donner l’impression à la Flandre de faiblir dans le contrôle de la disponibilité des chômeurs… Sans prendre le risque d’ouvrir la boîte de Pandore de la régionalisation de la sécurité sociale». L’argumenta-tion est diffi cile à entendre pour les exclus du chômage et les contrôlés de la dispo wallons, dont le sacri-fi ce serait un prix à payer pour le maintien du caractère fédéral de la sécu.Par ailleurs, le souci de mainte-nir les organismes régionaux de placement et d’accompagnement dans un rôle de «bras armé» d’une politique fédérale répressive n’est pas tenable. Voilà autant de raisons de maintenir la pression pour faire entendre et comprendre mieux notre volonté de voir le contrôle

de la disponibilité supprimé ou, au minimum, suspendu durant la période de crise.Nous allons rappeler avec force que l’ONEm dénombre quelque 15.000 travailleurs sans emploi (chiffre de décembre dernier) dans notre ar-rondissement. Que, dans le même temps, le FOREM propose sur son site moins de 450 offres d’emploi (consultation du 3 mars dernier). En 2009, le FOREM Formation de Verviers a géré plus de 6.000 de-mandes de formations (dont plus de 5.000 spontanées émanaient de demandeurs d’emploi!).

Il n’a pu répondre, au mieux, qu’à la moitié des demandes. Plus de 10.000 chômeurs de notre région n’ont donc aucune autre perspecti-ve à court ou moyen terme sinon… le contrôle de leur disponibilité. Et cela alors que la crise du capi-talisme n’épargne pas notre tissu industriel et de services.

Les mauvaises nouvelles se succè-dent : fermeture de GC Paper (- 177 emplois), d’Onduline (- 63 emplois), restructuration de Chauveheid (- 20 emplois), Saint Gobain PPL (- 10 emplois) Interglass ( - 13 emplois) et menaces sur les sièges de Car-refour (181 emplois) , sur Aspel (34 emplois), sur Schlecker (91 emplois dans le pays)…En 2008, l’ONEm a versé, pour l’en-semble du pays, plus de 6 milliards

d’euros d’allocations de chômage. Les travailleurs sans emploi doivent justifi er d’un comportement actif dans le recherche de ce que le ca-pitalisme détruit: du boulot! Dans le même temps, les entreprises se sont vu octroyer des réductions de cotisations sociales pour 7 milliards d’euros. Sans condition. Sans obli-gation de créer de l’emploi. Sans contrainte de le maintenir. Sans nécessité de rembourser quand, comme c’était le projet d’Inbev, des entreprises profi tables décident d’aller s’implanter ailleurs en li-cenciant ici.Pour protester contre cette situa-tion et pour construire un rapport de force suffi sant pour permet-tre de transformer ces réalités, la FGTB de Verviers et Communauté germanophone place son 1er mai

2010 sous le signe du combat et de la résistance. Elle organisera une GRANDE MANIFESTATION POUR L’EMPLOI ET CONTRE «LA CHASSE AUX CHÔMEURS». Rendez-vous est fi xé à 14 HEURES aux abords du PONT PAROTTE. Le cortège s’arrê-tera au Pont aux Lions pour célé-brer une fête du travail syndicale, associative et multiculturelle.D’ici là, les militants seront invités à la prochaine action interprofes-sionnelle. Elle aura lieu le 22 mars (rendez-vous à 13 heures à la Ré-gionale). Il s’agira de mettre en évidence les discriminations dont les femmes sont victimes dans le cadre du… «contrôle dispo».

Daniel RichardSecrétaire régional interprofessionnel

Assemblées militantes de sensibilisation

La crise économique et sociale sans précédent que nous vivons depuis la crise fi nancière frappe tous les jours. L’idéologie du capitalisme (tout au profi t) et du libéralisme (chacun pour soi) ont montré leurs limites et leurs dangers. Le nom-bre de chômeurs augmente, les emplois et les industries sont menacés. Le défi cit budgétaire de l’Etat se creuse. Des solutions existent, pour vaincre la crise par la solidarité.

La FGTB va entamer un plan d’actions prioritaires dans les prochaines semaines et construire sa stratégie syndicale.

Nous vous invitons à en débattre lors des 4 soirées de sensibilisation et de mo-bilisation qui auront lieu:

• Le jeudi 18 mars - 19h30’ - 4530 Villers-le-BouilletMaison du Peuple de Villers-le Bouillet, rue de Waremme, 29

• Le jeudi 25 mars - 19h30’ - 4100 SeraingJardin perdu, rue de la Jeunesse, 2

• Le lundi 29 mars - 19h30’ - 4040 HerstalMaison du Peuple «Aux Loisirs», rue Emile Muraille, 134

Au plaisir de vous y rencontrer nombreux et bienvenue à toutes et à tous.

Jean-François RAMQUET, Marc GOBLET,Secrétaire régional. Président

Communes sans chasse aux chômeursLa FGTB Liège-Huy-Waremme a lancé le 17 novembre dernier un appel aux Présidents de CPAS de l’arrondissement pour créer un vaste mouvement de pro-testation.Elle leur a envoyé une motion, à soumettre au vote des Conseils communaux, de-mandant l’application d’un moratoire, voire la suppression, du plan de contrôle de la disponibilité des chômeurs. A ce jour, seules 10 communes ont répondu, positivement ou négativement à notre appel!Les revendications écrites et les interpellations des différents partis démocratiques ne donnant pas plus de satisfaction, la FGTB Liège-Huy-Waremme appellent ses militants à la démocratie participative.Vous qui êtes à la fois militant(e)s syndicaux, citoyen-ne-s actifs, conseiller(e)s communaux, avez un rôle important à jouer. Si comme nous, vous pensez que le plan de contrôle de la disponibilité des chômeurs n’est pas adapté aux réalités du marché de l’emploi actuel, aidez-nous en:• Soumettant la motion de la FGTB Wallonne «la suppression - ou un moratoire

en période de crise - du plan de contrôle de la disponibilité des chômeurs» au vote lors d’un prochain conseil communal.

• Proposant à vos camarades de groupe de soutenir cette motion et de défendre cette position courageuse devant votre fédération régionale.

• Interpellant en tant que citoyen vos représentants communaux pour savoir si la motion a été votée dans votre conseil communal et en exigeant son passage à l’ordre du jour d’un prochain conseil.

Nos conseillers sont à votre disposition pour vous fournir toutes les informations nécessaires au sujet de la campagne wallonne «Le capitalisme nuit gravement à tous les travailleurs STOP CHASSE AUX CHOMEURS», pour vous exposer nos revendications et leur contexte, pour vous transmettre les motions et pour en débattre dans tous lieux démocratiques.Parce qu’en tant qu’homme et femme de gauche, nous avons tous des responsa-bilités et pouvons tous agir pour changer les choses.Vous trouverez toutes les informations concernant le programme d’actions de la FGTB Liège-Huy-Waremme dans le cadre de la campagne sur le site www.fgtb-liège.be/tse.

Contact: Sidi KATUMWA Commission des Travailleurs Sans Emploide la FGTB Liège-Huy-Waremme [email protected] ou 0800/25.603.

SYNDICATS • N°05 • 12 MARS 2010 3ACTUALITÉS

> ÉDITO

Les débats seront rudes

Le dialogue social va redémarrer, mais cela ne signifi e pas que nous sommes disposés à mettre nos exigences en poche. Au contraire, la crise va rendre les discussions plus âpres que jamais.

Laissons de côté les statuts ouvrier-employé que les employeurs veulent bien harmo-niser mais en tirant le statut d’employé vers le bas alors que notre position est de tirer le statut ouvrier vers le haut.Mais les efforts budgétaires annoncés, le «Pacte social» que certaines appellent de leur vœux et que d’autres appellent «Pacte global», la question du fi nancement de la sécurité sociale, la question des pensions, le problème de l’emploi, la crise en général, remettent sur le tapis la question de l’effort à fournir par chacun et celui de la répar-tition des richesses. Il est clair pour nous que ce sont les épaules les plus larges qui doivent porter la charge la plus lourde.

Concrètement qu’est-ce que ça signifi e?

1°) Que les deniers publics sont devenus trop précieux pour qu’on les gaspille. Les aides publiques doivent servir à l’emploi et pas à restructurer, licencier ou augmenter la marge bénéfi ciaire. Cela vaut pour les intérêts notionnels mais aussi pour les autres aides à l’emploi. La responsabilité sociale des entreprises doit devenir un réalité.

2°) Le défi cit du budget de l’Etat, tout comme celui de la sécurité sociales, exigent que l’Etat ne néglige aucune recettes. Cela signifi e que l’on fasse une chasse impi-toyable à la fraude fi scale et sociale. Nous avions sur ces points un accord avec les employeurs inscrit dans l’accord interprofessionnel en cours. Ils n’ont à ce jour pas encore été exécutés.

3°) Que l’idée avancée par certains de bloquer les pensions pour en maîtriser le coût est inacceptable. Nos pensions – malgré les améliorations apportées grâce à notre action - sont encore parmi les plus basses d’Europe. C’est du côté des recettes qu’il faut trouver des solutions au coût du vieillissement. Notre proposition d’une cotisa-tion sociale généralisée qui ne pèse pas que sur le travail mais aussi sur les revenus du capital est plus pertinente que jamais.

5°) Que la crise est trop profonde pour attendre les bras croisés que l’emploi redémarre seul. Le chômage n’est pas un phénomène conjoncturel mais structurel. Il est couplé à la crise climatique. Il va falloir repenser en profondeur nos modes de production et redistribuer le travail et les revenus. C’est pourquoi nous avons avancé notre plan de relance éco-solidaire qui mise sur le développement des emplois durables et l’innovation, à fi nancer par une taxe européenne sur les transactions fi nancières.

6°) Enfi n, nous voulons que les travailleurs frappés par le chômage soient accompagnés dans leur recherche d’un nouvel emploi mais pas harcelés par l’administration du chômage. Il faudra revoir le système dans ce sens.

Anne Demelenne Rudy De LeeuwSecrétaire générale Président

> L’ACTU

Le dialogue social remis sur les railsA l’invitation du Premier Ministre, les interlocuteurs sociaux se sont retrouvés au 16 rue de la Loi, non pas pour de fraternelles retrouvailles, mais pour renouer les fi ls d’un dialogue interrompu depuis décembre 2009.

Il faut dire que la période a été assez agitée du point de vue social. OPEL Anvers, AB-Inbev et maintenant Carrefour sont les crises les plus emblématiques, mais ce ne sont que le sommet de l’iceberg d’une crise qui frappe durement l’emploi et brouille les relations sociales. Le nombre des faillites n’a jamais été aussi élevé. Et si les perspectives d’emploi semblent s’améliorer quelque peu en ce début d’année, les prévisions de la Banque Nationale ne permettent pas d’être optimiste. Si la reprise se confi rme, elle sera très lente. Le chômage de masse, donc l’inquiétude des ménages, demeurent. Le pouvoir d’achat reste en berne.

Côté politique, ça ne va pas mieux. Le défi cit budgétaire est grave. La crise grecque – et la spéculation qui s’est déchaînée contre la Grèce – a affaibli l’euro, ce qui fait remonter les prix pétroliers.

La pression de l’Europe pour une réduction de la dette publique grecque rebondit chez nous. Certains économistes inféodés aux banques prônent l’austérité et la mise sur pied d’ un «Plan global» bis.

La sécurité sociale est en diffi culté. Le dossier des pensions jette une ombre sur son fi nancement à moyen terme puisque l’on cite 2015 comme tournant à partir duquel il y aura un problème pour payer les pensions des «papy boomers».

Cette année 2010 est cruciale pour le Gouvernement. Il va présider l’Europe dans la 2e moitié de l’année. Il se retrouve en outre devant une série d’échéances et de dossiers diffi ciles qu’il préfèrerait affronter dans un climat social apaisé. Car de toute façon, pour bon nombre d’entre eux, il lui faut un consensus des interlocuteurs sociaux.

Parmi ces dossiers sensibles:

- l’harmonisation vers le haut des statuts d’ouvrier et d’employé;

- la Conférence nationale des pensions et la question des fi ns de carrière en général puisque certains entendent profi ter de ce débat pour remettre sur le tapis la sup-pression des prépensions;

- l’accord interprofessionnel 2011-2012, ce qui implique de diffi ciles discussions sur la compétitivité des entreprises (version employeur), sur l’emploi, les salaires, et le pouvoir d’achat (version syndicats);

- la responsabilité sociale des entreprises, ce qui implique un débat sur les aides à l’emploi que les employeurs veulent maintenir telles quelles, c’est-à-dire sans conditions.

Un agenda des discussions a été dressé. Le dialogue social va donc redémarrer. Des évaluations au niveau syndical suivront.

Avancées à propos du contrôle dispoQuelque 500 militants de la FGTB wallonne ont mené une action ludique le 1er mars dernier, place St-Jean à Bruxelles, où se tenait le bureau du PS, pour rappeler l’incongruité du contrôle tatillon de disponibilité à un moment où les emplois tombent comme les mouches. Les militants FGTB ont poursuivi leur action en faisant le tour des partis francophones, CDh, MR et Ecolo.

La bonne nouvelle est que l’ar-gument commence à se faire un chemin dans le monde politique. Ecolo partage notre point de vue mais l’ouverture se fait aussi dans d’autres partis. Après Jean-Claude Marcourt, Ministre wallon de l’Eco-nomie, qui a émis des critiques sur le côté aveugle du système et Elio Di Rupo qui rejette l’idée d’un mo-ratoire mais estime une réforme nécessaire, le CDH par la voix d’An-dré Antoine, Ministre wallon de l’Emploi, estime qu’il y a des choses à améliorer.

André Antoine dit vouloir «assou-plir la réglementation et la façon

dont on applique la sanction» pour certaines catégories de deman-deurs d’emploi, comme les chô-meurs de longue durée, les victi-mes de handicaps et les personnes résidant dans des régions diffi ciles. «On ne peut pas faire comme si la situation était la même à Perwez où le taux de chômage est de 8% et dans certaines communes autour de Mons où on est parfois au-des-sus de 30%», affi rme-t-il.

Il a notamment suggéré de sus-pendre pendant 28 mois l’accom-pagnement des chômeurs qui ont prouvé leur disponibilité et leur recherche active d’un emploi.

Enfi n, Joëlle Milquet, Ministre fé-dérale de l’Emploi, la principale responsable de ce dossier, affi rme aussi vouloir réformer le système. Elle plaide pour un assouplisse-ment des règles en matière de contrôle des chômeurs. On attend ses propositions.

ACTUALITÉS4 SYNDICATS • N°05 • 12 MARS 2010

Crédit-temps «ordinaire» moins facileO

n l’avait annoncé pour le 1er janvier 2010. C’est en fait au 1er mars que l’ar-

rêté royal modifi ant les règles du crédit-temps est entré en vigueur. Il augmente d’un an les conditions d’ancienneté pour avoir droit aux indemnités pour le crédit-temps «ordinaire» complet ou à mi-temps.

Il repousse d’autre part d’un an l’âge pour avoir droit aux indem-nités majorées (travailleur âgé) pour les crédit-temps mi-temps et 1/5 temps.

Crédit-temps complet et mi-temps

Pour avoir droit au crédit-temps, il faut pouvoir justifi er d’une an-

cienneté d’un an sur les derniers 15 mois chez le même employeur. Ce qui change, c’est que dorénavant, il faudra 2 ans d’ancienneté pour obtenir l’indemnité… Il est donc théoriquement possible de prendre une interruption de carrière avec les mêmes conditions d’ancienneté qu’avant, mais ce sera alors sans l’indemnité qui compense la perte de salaire.

Cette nouvelle disposition ne vise que le crédit-temps ordinaire, c’est-à-dire autre que pour congé pa-rental, soins à un proche ou soins palliatifs, appelés aussi congés thématiques.

N’est pas visé non plus le crédit-temps «ordinaire» complet ou à mi-temps qui suit un de ces congés

thématiques.

Indemnité majorée à 51 ans

L’autre changement est l’âge d’ac-cès à l’indemnité majorée pour tra-vailleurs âgés.

Avant le 1er mars 2010, les tra-vailleurs de 50 ans et plus qui prenaient un crédit-temps à mi-temps ou à 1/5e temps avaient droit à une indemnité supérieure à celle des travailleurs plus jeunes, avec une modulation selon l’ancienneté dans l’entreprise ou la composition de famille.

Ces suppléments restent mais on n’y a accès qu’à 51 ans au lieu de 50 ans.

Interruption à 1/2 tempsAge - 5 ans + 5 ans

- de 51 ans+ de 51 ans

222,19 brut184,09 net

296,25 brut245,45 net

+ de 51 ans(avec 20 ans d’an-

cienneté profession-nelle)

442,57 brut366,67 net

Interruption 1/5e temps

Non isolés Isolés sans ou avec enfant

- de 51 ansbrut 146,32 brut 188,82 brut

net 95,11 net Sans enfant122,74 net

Avec enfant156,44 net

51 ans et +brut 205,57 brut 248,08 brutnet 133,63 net 161,26 net 205,54 net

Inventaire des groupes d’entraide et de soutienAfi n d’améliorer l’aide aux per-sonnes et aux familles confron-tées à une situation ou un chan-gement de vie diffi cile à vivre tel qu’une maladie, un handicap, le deuil, la solitude…, la Mutualité socialiste soutient et organise la promotion des groupes d’en-traide en Communauté française auprès des professionnels de la santé et du grand public Le service Promotion de la santé des Mutualités socialistes an-nonce la parution de l’édition 2010 de l’Inventaire des groupes d’entraide et de soutien en Com-

munauté française de Belgique. Cet outil pratique présente les coordonnées et activités de plus de 200 groupes.

Reprenant des groupes sur des thématiques très diverses, ce ré-pertoire est divisé en 6 parties:

✓ Maladie

✓ Suite d’opération et traite-ment

✓ Handicap

✓ Dépendance

✓ Trouble du comportement

✓ Situation sociale et événement personnel ou familial

Une version téléchargeable de l’Inventaire et un moteur de recherche en ligne sont égale-ment proposés sur le site www.selfhelp.be. Le visiteur y trou-vera de plus des actualités telles que conférences, publications, nouvelles associations, forma-tions,… L’inventaire est disponible auprès du Service Promotion Santé au 02/515.05.85 ou via l’adresse [email protected]. Des cartes postales permettant de le commander sont également diffusées par le service.

Les montants

> INTERRUPTION DE CARRIÈRE

> INDEX

Taux d’infl ation de 0,7% en février

Evolution de l’indice des prix (base 2004 = 100)

Mois 2009 (base 2004=100) 2010IndexNor-mal

Index-Santé

Index-SantéLissé

Index Nor-mal

Index-Santé

Index-SantéLissé

Janvier 111,36 111,45 111,27 112,05 111,36 110,93Février 111,74 111,75 111,38 112,52 111,9 111,24

Index normal: l’index mesure l’évolution réelle des prix. Pour février 2010, on enre-gistre une infl ation positive de 0,70% par rapport à février 2010.

Loyers: l’index-santé sert de base à l’indexation des loyers à la date anni-versaire de la signature du bail. Par rapport à février 2009, l’index santé a augmenté de 0,13%..

Allocations sociales: Le prochain taux-pivot (par rapport à l’index-santé lissé) qui en-traînera une hausse de 2% des allocations sociales est de 112,72 (base 2004 = 100).

Conversion: l’index-santé de février 2010 (111,90/base 2004 = 100) correspond à 127,31 (base 1996=100).

SYNDICATS • N°05 • 12 MARS 2010 5ACTUALITÉ

Le mal de dos n’est pas «une peine à vie»Le Fonds des maladies professionnelles propose un programme à destination des travailleurs souffrant de maux de dos. L’objectif: éviter la chronicité et permettre un retour plus rapide au travail.

Fin 2008, c’est la crise fi nan-cière. On entend pour la pre-mière fois parler de «subpri-

mes», de produits «toxiques» ou «structurés», c’est-à-dire construits comme les poupées russes : on ne sait ce qu’il y a dedans que lorsque l’on ouvre la dernière, en l’occur-rence les banques américaines type Lehman Brothers et leurs titres adossés à des crédits hypo-thécaires foireux, refourgués au monde entier …

Des fraudeurs parmi les quémandeurs

Fortis trébuche. D’autres banques, Dexia, Ethias, KBC, appellent au secours. Chacun craint pour son épargne mais c’est toute l’écono-mie qui risque de s’effondrer faute de crédit. L’Etat avance l’argent aux banques en s’endettant. Mais la population demande des comp-tes. Comment se fait-il qu’on en arrive là? Qu’a fait la CBFA, la com-mission bancaire supposée être le gendarme belge de la Finance? Que va-t-on faire pour réguler le système bancaire?

On ne compte plus ces pro-fessions où le dos des tra-vailleurs est mis à rude

épreuve. Charges lourdes ou vi-brations peuvent générer des maux insupportables au niveau des lombaires, dans le bas du dos. La «lombalgie» cause nombre d’arrêts de travail et peut évo-luer vers une maladie chronique particulièrement handicapante. Un programme existe et permet d’améliorer la situation.

5 ans d’existence

Récemment, le Fonds des maladies professionnelles accueillait pour une journée d’études médecins et spécialistes internationaux pour faire le point sur ce programme de prévention secondaire de la lombalgie. Ce projet mis en place le premier mars 2005 est destiné aux personnes qui, suite à des pro-blèmes de dos, subissent un arrêt de travail prolongé. L’objectif est d’éviter que cette douleur n’évo-lue vers une maladie chronique. De nombreuses études récentes et pointues attestent en effet qu’il est possible d’éviter cette évolution de la lombalgie.

Le programme comporte deux aspects: une méthode pluridisci-plinaire de revalidation et remise en condition d’une part, et une in-tervention ergonomique sur le lieu de travail d’autre part. La première

partie se déroule dans l’un des cen-tre spécialisés (une soixantaine de ces centres sont répartis sur tout le territoire belge), et comprend des exercices de raffermissement musculaire et de revalidation de la colonne vertébrale. Ceux-ci sont répartis sur 6 mois, en 36 séances maximum. Car ainsi que le signa-lait le professeur Philippe Mairiaux, de l’Université de Liège, «un travail de renforcement musculaire fa-vorise une reprise plus rapide de l’occupation professionnelle». En effet, contrairement à ce que l’on pourrait croire, le repos absolu et l’immobilité ne font pas bon ména-ge avec les douleurs lombaires!

La seconde étape comprend la visite d’un ergonome sur le lieu de travail. Cerise sur le gâteau, en vue de promouvoir l’ergonomie en milieu professionnel, votre employeur peut prétendre à une aide fi nancière pour couvrir cette intervention.

En cinq ans, le programme du FMP a acquis un caractère stable et reconnu. Sa longévité permet désormais de prendre du recul, et de constater l’effi cacité du proces-sus. Le projet-pilote mené en 2004 sur des patients issus de milieux hospitaliers et de maisons de re-pos, particulièrement exposés à la lombalgie, offre de belles conclu-sions: 97,5% des travailleurs ont pu reprendre leur activité profession-

nelle à la fi n du programme dans l’un des centres de revalidation. Contactés individuellement par téléphone trois ans après le pro-jet, 97% des participants évaluent le programme de «positif à très positif», et 99% le conseilleraient à des collègues ou amis souffrant du même mal.

Qui peut participer au programme du FMP?

1. Les membres du personnel sa-larié, statutaire ou contractuel d’une entreprise ou d’une admi-nistration provinciale ou locale;

2. Les travailleurs faisant l’objet d’une surveillance de la santé par un médecin du travail car soumis à la manutention ma-nuelle de charges ou aux vibra-tions mécaniques sur le lieu de travail;

3. Les personnes en arrêt de travail soit:

• depuis 4 semaines au moins et 3 mois au plus, suite à des douleurs dans le bas du dos;

• depuis 4 semaines au moins et 3 mois au plus, suite à une opéra-tion chirurgicale au niveau de la colonne lombaire.

Si l’incapacité de travail n’atteint pas 4 semaines, l’inscription est possible pour autant que:

• le travailleur soit en incapacité de travail depuis au moins une semaine

et que

• durant l’année qui précède la de-mande, une incapacité d’au moins 4 semaines (consécutives ou non consécutives) pour des maux dans le bas du dos ait été constatée.• La travailleur candidat ne peut

présenter de contre-indication

médicale à un programme de réé-ducation pluridisciplinaire.

Toutes les informations, ainsi que les formulaires d’inscription sont accessibles via le site: http://www.fmp-fbz.fgov.be/prev/PRE-VENTIONDOS/index.html

Et puis les grands dossiers judi-ciaires de fraude fi scale à grande échelle ressortent des limbes de l’oubli. L’affaire KB Lux est fi nale-ment renvoyée devant les tribu-naux après 15 ans de procédure et d’enquête. D’autres dossiers de fraude ressortent, et certaines de ces banques, aujourd’hui la main tendue vers l’Etat, sont parmi cel-les qui organisaient la fraude. On s’aperçoit que certaines, comme Fortis, possédaient des centaines de succursales dans des paradis fi scaux, et pas seulement pour profi ter du soleil.

108 recommandations

On commence à se poser des ques-tions sur les bonus pharamineux que l’on verse aux traders large-ment responsables de la dérive bancaire. On s’insurge de voir les grands patrons quitter un stra-pontin avec des parachutes dorés extravagants pour retomber dans un autre fauteuil aussi moelleux, mêmes s’ils ont démérité…

Comment limiter les bonus? Comment contrôler les banques?

Comment limiter les parachutes dorés? Que fait la Justice à propos des affaires de fraude gigantes-que qui dorment dans les cartons depuis presque deux décennies? Une fl ambée de vertu gagne le monde politique. La proposition des groupes PS et Ecolo-Groen qui dormait depuis juillet 2007 visant à mettre sur pied une commission d’enquête parlementaire «chargée d’examiner les grands dossiers de fraude fi scale»... est adoptée par la Chambre des représentants à l’unanimité. En sortira un volu-mineux rapport avec 108 recom-mandations.

Lettre ouverte

Que sont ces recommandations devenues? C’est la question que po-sent en chœur les syndicats FGTB et CSC associés au Réseau pour une justice fi scale et Union Nationale des Services Publics dans une lettre ouverte au premier ministre, Yves Leterme.

Certaines choses ont été mises en route, reconnaissent les signataires. La commission de suivi instaurée

par la Chambre des Représentants, a bien travaillé, notamment en reprenant ou formulant diverses propositions de loi concrétisant au moins en partie certaines re-commandations de la Commission parlementaire d’enquête.

A côté de cela, disent-ils:

✓ Il règne un certain fl ou quant à la méthode: on peine à discerner quelles sont les recommanda-tions qui sont en charge de cha-cun des ministres responsables et comment ils collaborent.

✓ Les instruments dont dispose l’autorité gouvernementale (notamment le Collège de Lutte contre la Fraude Fiscale et So-ciale, le Collège des Procureurs Généraux, le Conseil Supérieur des Finances- section fi scalité, etc.) ne sont pas ou peu associés à la mise en œuvre des recom-mandations parlementaires. La version 2009-2010 du plan annuel de lutte contre la fraude fi scale et sociale n’a été que très partiellement adaptée.

✓ Pire, une part importante des recommandations parait totale-ment ignorée. C’est le cas notam-ment des recommandations en matière de politique du person-nel ou d’ordre organisationnel (notamment du SPF Finances).

✓ Quant à la mise en œuvre des recommandations relatives à la lutte contre les paradis fi scaux, elle demeure minimaliste, tant par rapport aux recommanda-tions de la Chambre que par rapport à celles recommandées par le G20 ou par l’OCDE.

✓ Enfi n, à ce jour aucun rapport de suivi des recommandations n’a été publié..

Bref, telle qu’elle est menée actuel-lement, la politique belge de lutte contre les paradis fi scaux et contre la fraude fi scale est plutôt timide pour ne pas dire faiblarde alors que l’Etat a grand besoin de ses recettes fi scales.

> FONDS DES MALADES PROFESSIONNELLES

Trop faiblarde, la lutte contre la fraude fi scale> LETTRE OUVERTE À LETERME

UNION BELGE DES OUVRIERS DU TRANSPORT6 SYNDICATS • N°05 • 12 MARS 2010

La fédération internationale du transport ITF adapte ses ambitions pour 2010Avec ses vœux de Nouvel An, David COCKROFT, Secrétaire général de la Fédération Internationale des Ouvriers du Transport, a annoncé le programme de l’ITF pour 2010.

2010 sera marquée par le 42ème congrès de l’ITF, qui se déroulera à Mexico du 5 au 12 août. Après Delhi, Vancouver et Durban, c’est maintenant le tour de l’Amérique latine. L’ITF est donc aujourd’hui sans équivoque une véritable or-ganisation mondiale.

Le congrès aura pour thème «Des syndicats forts - Un syndi-cat durable». Conformément au programme adopté à Durban, l’ITF continuera à se développer mondialement et à lutter pour les droits des travailleurs du transport. De plus, elle réaffi rme son enga-gement pour le développement durable du transport, tant au plan environnemental que social.

Le programme «Organisons-nous mondialement» avait surtout pour objectif de modifi er le mode de fonctionnement des syndicats-

membres. De cibler la démarche de syndicalisation pour recruter tou-tes les catégories de travailleurs: jeunes, femmes et travailleurs ayant un statut d’emploi atypique. L’ITF a déjà changé beaucoup de choses mais elle est encore loin du compte.

Elle veut aussi continuer à utiliser ses réseaux de solidarité mondiale pour apporter une aide interna-tionale immédiate aux syndicats soumis à des attaques.

Mais, tout aussi important, l’ITF veille à ce qu’il y ait suffi samment d’emplois décents dans le secteur des transports. De plus, elle veut continuer à se positionner face à l’économie mondiale et face à la question des émissions de carbone et du changement climatique. C’est la raison pour laquelle l’ITF s’est considérablement investie dans le lamentable Sommet de Copenha-gue sur le changement climatique organisé en décembre 2009. Les mesures radicales à prendre à ce sujet ne peuvent toutefois pas pé-naliser les emplois.

D’où l’ITF soutiendra, en 2010, la campagne de Global Unions qui veillera à ce que les politiques re-latives au changement climatique tiennent pleinement compte de l’impératif pour la préservation de services de transport de qualité, d’emplois «verts» décents et de ser-vices publics de qualité.

Quelles sont les aspirations pour l’ITF?

Depuis le congrès de Durban, l’ITF a réalisé des avancées importantes ce qui a permis de faire de l’ITF - déjà la plus puissante organisation syndicale mondiale – un outil de campagne actif capable d’utiliser la solidarité internationale pour don-ner aux syndicats des transports des moyens accrus pour recruter de nouveaux adhérents.

Les aspirations sont les suivan-tes:

Une ITF puissantepar le renforcement de son rapport de force syndical (le transport est

ce qui lie l’économie…)

Une ITF ouverteen donnant à chaque syndicat-membre (petit, grand, n’importe de quelle région, etc.), un droit égal pour accéder au soutien et à la so-lidarité de l’ITF.

Une ITF activeen mobilisant toutes les ressources de personnel et matériel disponi-bles (et cela à tous les niveaux), en développant ses méthodes de communication (Internet, sms, etc.), en produisant des documen-tations importantes en plusieurs langues.

En cette période de crise fi nancière, l’ITF doit être plus puissante et ac-tive que jamais.

Améliorer la coordinationAfi n de pouvoir réagir face aux changements de l’économie mon-diale, l’ITF veut renforcer la coor-dination entre les sections. Ainsi, elle a utilisé son réseau unique des inspecteurs pour développer une conscience syndicale non seule-

ment parmi les gens de mer et personnels portuaires mais aussi parmi les autres personnels de la chaîne mondiale de distribu-tion. De plus, l’ITF a constitué une Equipe de coordination stratégique (SCT) qui a pour mission d’aider le Secrétaire général à développer les stratégies qui affectent l’ensemble de l’ITF.

Développer le rôle des régionsPour être vraiment effi cace, l’ITF se doit de devenir véritablement mondiale. D’où elle a, avec l’accord de ses instances, nommé Eduardo Chagas, Secrétaire général de la Fédération européenne des tra-vailleurs des transports, coordi-nateur régional de l’ITF. En outre, elle a organisé toute une série de conférences régionales en 2009 (pour l’Europe aux Açores, où l’on a pris congé du président fondateur de l’ETF, Wilhelm Ha-berzettl).

Visitez notre site web: www.ubot-fgtb.be

Assurance hospitalisation pour le secteur bus & car: presque prête à démarrer!

nistrative. La simple présentation de la carte d’affi liation suffi ra pour mettre la machine en marche.

Nous espérons pouvoir fi naliser la

police avec AG Insurance vers le 1er

avril (et ce n’est pas un poisson). Des informations plus détaillées suivront sou peu. Les partenai-res sociaux mettront sur pied, de

concert avec le fonds social et l’as-sureur, une véritable campagne d’information, vous trouverez tous les détails.

Dans le protocole d’accord du 13 oc-tobre 2009 signé par la fédération patronale FBAA et les organisa-tions syndicales représentatives, il était prévu qu’une assurance hos-pitalisation serait instaurée dans le secteur des autobus et autocars. A ce moment-là, il entrait déjà dans l’intention des syndicats pour en faire une assurance hospitalisation qui pourrait soutenir la comparai-son avec ce qui existe dans d’autres secteurs et qui profi te réellement au personnel des entreprises des autobus et des autocars.

Après pas mal de négociations et une étude approfondie du mar-ché, les organisations syndicales et les employeurs se sont mis d’ac-cord sur un nombre de principes à inclure dans l’assurance hospi-talisation. Et bien que les grands principes soient déjà fi xés, il y a encore du travail à faire pour énon-cer le tout dans une police ou un contrat. Nous espérons pouvoir fi naliser cela à bref terme et vous donnons déjà quelques éléments de la convention.

L’assurance hospitalisation sera conclue chez AG Insurance. Un grand joueur sur le marché, qui a de l’expérience dans d’autres sec-teurs et pouvait, après une étude du marché, présenter la proposition la plus attirante pour notre person-nel. A noter que cette assurance est conclue pour tout le personnel du secteur (services réguliers, services réguliers spécialisés et services ir-réguliers).

- Pour chaque ouvrier du secteur, une police de e100 par an est conclue.

- Cette prime est payée par le fonds social; vous ne payez donc rien.

- Les membres du ménage peuvent également être affi liés. Ce n’est pas une obligation, bien sûr, mais une possibilité qui est offerte. La prime se situe ici à e140 pour un adulte et à e56 pour un enfant. Le fonds social n’intervient pas à ce sujet, c’est au travailleur de payer.

- Sont remboursés: tous les frais inhérents à l’hospitalisation et tous les frais dans la période de 2 mois avant jusqu’à 6 mois après l’hospitalisation et qui se rappor-tent à l’hospitalisation.

- Les interventions (également les soins médicaux ambulatoires) liées à 30 maladies graves, qui sont énumérées dans la police.

- Certaines interventions ou ser-vices sont exclus, comme p.ex. la chirurgie esthétique ou la cham-bre à une personne.

- Les frais faits à l’étranger sont également remboursés.

- Les frais réels sont remboursés, il n’y pas de «plafond». La garantie est donc illimitée.

Une des principales raisons pour laquelle on a opté pour cette for-mule, était – entre autres – le «sys-tème du tiers payant» sur lequel se base la police. Tous les frais sont réglés entre l’hôpital et l’assureur, vous ne devez rien avancer, ni vous occuper de la paperasserie admi-

SYNDICATS • N°05 • 12 MARS 2010 7ACTUALITÉS

L’égalité salariale: on a tous à y gagner!Cela fait maintenant 5 ans que la FGTB mène campagne pour l’égalité salariale hommes-femmes. Côté plus: la date symbolisant en 2006 les 3 mois de travail «bénévole» des femmes, compte tenu de l’écart salarial alors de 25,51% par rapport aux hommes, est passé du 31 au 26 mars. Soit une réduction de l’écart de 2%. Côté moins: l’écart reste très important et la crise risque de le creuser. Les chiffres de la campagne 2010 reposent en effet sur les statistiques 2007.

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26 mars 2010

Ecart invisible à l’œil nu

Ecart salarial? Quel écart? Si on vous pose la question, vous tombe-rez des nues. Primo, rares sont ceux qui voient la fi che de paie de leurs collègues. Deuxio, votre employeur respecte probablement la loi qui lui interdit - à fonction, grade et ancienneté égaux – de faire des discriminations entre travailleurs masculins et féminins.

Le CRIOC, Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs, a posé la question à un échantillon francophone de la population: «A votre avis, quelle est la différence de rémunération entre un homme et une femme?» Réponse: 2,2%, soit 10 fois moins que l’écart réel.

Comment cela se fait-il?

L’explication est que le calcul de l’écart salarial H/F prend en comp-te plus de données que la simple comparaison du salaire de deux collègues de bureau ou d’atelier. Le calcul tient compte du fait que les femmes:- sont 5 fois plus nombreuses à tra-

vailler à temps partiel (43% contre 8,2% pour les hommes),

- sont plus largement confi nées dans des secteurs à la fois mal rémunérés et où le temps partiel est la règle générale comme par exemple le commerce.

- ont trois fois moins de chance d’obtenir une promotion et se heurtent à ce que l’on appelle «le plafond de verre», c’est-à-dire cette barrière invisible qui empê-che souvent les femmes d’accéder aux fonctions dirigeantes.

Donc si on prend le salaire mensuel moyen des femmes et des hom-mes, on obtient un écart salarial de 23, 46%.

Temps partiel choisi ou contraint?

Facile de choisir le travail à temps partiel et de se plaindre du salaire… Ce serait vrai si le temps partiel était réellement un choix. Selon une enquête de la Direction gé-nérale Statistique et Information économique (DGSIE) effectuée en 2007, ce n’est vrai que pour une toute petite minorité de femmes.

A la question de savoir pourquoi elles travaillent à temps partiel, les femmes répondent:- pour soigner un enfant ou une

personne dépendante 24%- pour un motif d’ordre familial ou

personnel 36%- faute d’emploi à temps plein

13%- par choix 10%- pour compléter un autre emploi,

des études ou une prépension 6%

- pour raison de santé 3%- parce que l’entreprise l’a décidé

1%- autres motif 6% Cela signifi e que le temps partiel choisi en âme et conscience ne re-présente que 10% des cas et que l’essentiel du temps partiel est contraint, en ce compris les motifs d’ordre familial ou personnel qui ne relèvent pas du choix de vie à proprement parler : faute de struc-tures d’accueil pour les enfants ou les parents âgés malades, faute d’emploi à temps plein, ou pour raisons de santé.

Les messieurs concernés

La campagne Equal Pay Day vise à sensibiliser et mobiliser la gent féminine mais le cru 2010 s’adresse aussi aux messieurs. La crise que nous vivons touche durement le pouvoir d’achat. Le salaire des deux partenaires est nécessaire pour couvrir les frais du ménage. Or la crise frappe d’abord les plus vulnérables: intérimaires, temps partiels, donc en première ligne les femmes.

Travailler à deux est une sécurité. Travailler et avoir deux bons salai-res est un plus pour le ménage.

Si l’égalité salariale était achevée, c’est-à-dire que les femmes bé-néfi cieraient d’un rabiot de 23% de salaire, c’est le ménage qui en sortirait gagnant. Au lieu de devoir se débrouiller avec ce qu’on a, on pourrait en réaliser des projets...

Selon l’enquête du CRIOC, avec 23 ou 24% de salaire du partenaire en plus les ménages feraient marche arrière sur les restrictions qu’ils s’imposent en raison de la crise (principalement sur la nourriture et les loisirs) ce qui soutiendrait la consommation intérieure. Ils re-trouveraient aussi une marge de sécurité en épargnant un peu plus (ou en désépargnant moins?).

Voir plus loin

Si on regarde plus loin que le rem-placement de la hotte ou la réno-vation de la salle de bain, il ne faut pas oublier que les droits sociaux sont liés au salaire et à la carriè-re: petit salaire = petite pension, temps partiel = droits partiels..

Pas étonnant que la pauvreté se conjugue au féminin. Selon une récente enquête commandée par plusieurs magazines féminins, 22% des femmes sont en diffi culté fi -nancière.

Parmi les quelque 2000 femmes

interrogées, 7% disent ne pas s’en sortir du tout avec leurs revenus, 15% peinent à nouer les deux bouts. Cela fait donc 22% des femmes dans ou au bord de la pauvreté. 40% affi rment s’en sortir, mais ne pas pouvoir se permettre d’ex-tras.

Ces femmes sont souvent céliba-taires (60%), séparées, divorcées ou veuves (74%), vivent seules avec des enfants (38%) ou ont moins de 1.000 euros par mois (39%).

La leçon de cette enquête est que le salaire de la femme ne doit plus être considéré comme un revenu d’appoint mais comme une sécu-rité d’existence dans les cas, hélas nombreux, où la femme reste ou se retrouve seule.

Or, il ressort de l’enquête du CRIOC que peu de femmes sont conscien-te du fait que contraint ou choisi, le temps partiel est une grave hy-

pothèque sur leur avenir.

Devenez ambassadeurs d’EPDLa campagne 2010 EPD est plus particulièrement orientée vers les entreprises. Pour ce faire, un outil est mis à la disposition des délé-gués par la FGTB. Il s’agit de la bro-chure «Petit guide pour plus d’éga-lité salariale F/H sur le terrain». Outre une information simple sur l’écart salarial avec des données ac-tualisées, la brochure indique aux délégués les instruments auxquels ils peuvent avoir recours dans le cadre de leur mandat syndical pour mettre la question à l’ordre du jour dans leur entreprise, et les moyens de mesurer l’écart, pour pouvoir ensuite y remédier.

Agenda EPD

La FGTB mènera du 22 au 26 mars une séries d’actions décentralisées de sensibilisation et d’infortma-

tion.

✓ Liège le 22 mars, place Saint Paul: conférence-débat sur les consé-quences du temps partiel sur le chômage et la pension

✓ Charleroi le 23 mars, place Char-les II 9h00 – 10h00: action de sensibilisation

✓ Verviers le 24 mars, Pont aux Lions 23:

- 10h Discriminations de Femmes dans la procédure Dispo

- 8h; 12h -13h Entrées des écoles: choix des études et les consé-quences sur la vie professionnelle future.

✓ Louvain la Neuve le 25 mars, Grand Place à partir de 11 heures: action de sensibilisation

✓ Mons le 26 mars (marché)

> EQUAL PAY DAY 5E

DOSSIER8 SYNDICATS • N°05 • 12 MARS 2010

CONSOMMATION ET NOUVELLES TECHNOLOGIES

> PC BANKING

Vers la banque vir

Patrick Bailleul, est délégué Setca chez BNP Paribas-Fortis. Il a connu toute l’évolution du travail en agence depuis l’introduction des guichets automatiques Mister Cash dans les années ‘80 (c’était alors à la Géné-rale de Banque et Banksys n’avait pas encore vu le jour). Les distributeurs se sont multipliés, puis ce furent les «espaces self» pour étendre la plage horaire d’ouverture de la banque. Du simple retrait de billets, on a pu ainsi retirer son courrier, puis faire des opérations bancaires, recharger son GSM, sa carte proton...

On a vu apparaître les «cash deposit» remplaçant les coffres de nuit qui demandaient un traitement manuel des liasses de billets déposées par les commerçants. Les Espaces self sont devenus «multi-banques» c’est-à-dire accessibles aux clients d’autres ban-ques. Entre-temps s’est développé le PC-banking, c’est-à-dire l’accès aux comptes et services bancaires par Internet.

Le travail chamboulé

Forcément, le travail des employés de banque a changé. Au début, les automates ne demandaient pas trop de travail mais avec le temps et leur multiplication, ils ont entraîné un surcroît de travail parce qu’il faut les alimenter en billets, aller reprendre les cartes avalées, tout en continuant à servir la clientèle au guichet.

Le nombre de guichets a peu à peu été réduit. Là où il en y avait 7 à 8, il n’y en a plus aujourd’hui que 2, avec, derrière, chacun une longue fi le d’at-tente, tandis que la fi le s’allonge aussi au Bancontact à l’extérieur…

Les bons clients et les autres…

Cette évolution a aussi entraîné un tri dans la clientèle. Les appareils auto-matiques demandent une certaine familiarité avec l’informatique. Il ya toujours des petits vieux qui ne s’en sortent pas. Des immigrés qui ne savent pas lire les instructions en français. Le «bon» client, plus ou moins jeune, plus ou moins instruit, plus ou moins argenté, ne vient plus au guichet qu’en cas d’extrême né-cessité.

Ne se retrouvent aux guichets que les clients à problèmes. Et le problème devient agressivité si c’est une carte avalée, un retrait refusé, un virement trop lent à arriver…

La banque sans agences

La banque idéale aujourd’hui, dit P. Bailleul, c’est la «banque sans cash». Celle qui ne fait que du conseil, de la vente de produits bancaires et d’as-surance, du crédit et de la gestion de patrimoine.

Et le nec plus ultra, c’est la banque sans agences. La banque d’affaires et la banque directe via Internet. Bref, celle de l’argent virtuel, confi rment Pascal Breyer et Francy Delvaux, dé-légués chez ING.

Le but des banques, explique P. Bailleul, c’est de faire des affaires. Le bon client n’est pas celui qui n’a que de la petite monnaie ou un compte à découvert les trois quarts du temps. Le bon client, on ne le voit pas aux guichets, mais en «private banking»

Dossier réalisé par Nicolas Errante & Aurélie Vandecasteele

Le client roi, tyran ou esclave?Robots de cuisine de plus en plus «intelligents», do-motique, GSM polyvalents, TV full HD, MP3, MP4, électronique embarquée dans la voiture, assistance au parking, GPS, etc. Après avoir révolutionné le tra-vail, les nouvelles technologies ont envahi notre vie quotidienne et l’ont radicalement changée. Au cœur de cette révolution électronique: les technologies de la communication, Internet en tête.

Il va de soi que ces technologies ont aussi touché nos modes de consommation. Grâce à Internet, on peut – sans sortir le nez de chez soi – gérer son compte, in-vestir, boursicoter, lire le journal, tout acheter et vendre en ligne, se faire livrer courses et pizzas, réserver ses billets de cinéma, de train, tram, bus, avion et faire le check in «on line».

Dans les grandes surfaces, on peut aussi sauter la case «caisse» et aller directement à la case «départ» sans risquer de passer par la «prison» grâce au «self-scan-ning» qui complète le concept maintenant ancien du «self-service». Et même, ça sera bientôt dépassé par un système de puce électronique qui permettra de passer avec son caddie plein devant une borne pour avoir le total de ses courses.

Serions-nous devenus fainéants au point de ne même plus vouloir marcher jusqu’à l’épicerie du coin? Allons-nous au fi l des siècles devenir une espèce d’inverté-brés? Pas du tout. Self, self, self… toutes ces nouvelles technologies cen-sées nous faciliter la vie fi nissent en fait par nous donner de plus en plus de travail. Partant du principe que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, le consommateur est invité à mettre la main à la pâte. Meubles en kit à monter «soi-même», cash & carry, c’est-à-dire payer, emporter et installer «soi-même». Do-it yourself à toutes les sauces jusqu’à l’«autoga-rage» où l’automobiliste un peu bricoleur peut faire lui-même l’entretien de sa voiture à bon compte.

Avant, quand on disait «travail», on pensait travailleur-employeur, unis par un contrat. Les deux se fritaient un peu mais restaient unis pour le meilleur et pour le pire. Le client est un troisième larron venu s’immiscer dans ce couple infernal pour lui tenir la chandelle. Il a imposé sa tyrannie. Le travailleur, en plus de l’autorité du patron est aujourd’hui soumis aux exigences du client, à ses délais, à ses récriminations. Le client est roi… Un roi qui bosse. Un roi qui fait lui-même tout

le boulot. Sans majordome, ni aide de camp. Sans se plaindre. Gratos, pro deo.

Dans ces conditions, le ménage à trois ne peut pas durer ad vitam aeternam. Il y a quelqu’un de trop. Bientôt la bonniche bénévole prend la place de l’épouse exigeante. Le travailleur est remercié.

Et le consommateur, homme-à-tout faire, est content. Il en redemande. Mieux: il paie pour son service. 10 euros la réservation en ligne et 10 de plus pour le paiement (obligatoire) par carte de crédit chez Rya-nair. La plupart des banques facturent le «service» PC-banking… Merci. De rien.

Il faut dire qu’il n’y a pas que des inconvénients. Une étude du CRIOC (centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs) sur la grande distribution intitulée «La technologie au service du consommateur», montre que le client des grandes surfaces est demandeur de ces nouvelles technologies, bornes interactives et self scanning. Et qui, parmi nous ne trouve pas le PC-banking bien pratique? Deux clicks, envoyer: la technologie. Pas de fi les au guichet, pas d’horaires: la liberté. Historique, solde, découvert, pas de questions, pas d’explications à donner, pas d’intermédiaire: la discrétion.

Pourtant la tendance interpelle. Le client roi n’est-il pas devenu esclave ou à tout le moins instrumentalisé? Pire: complice d’une infamie?

Et que deviennent les travailleurs des ces grandes surfaces, de ces banques, etc.? Que deviennent les consommateurs largués par la modernité: les vieux, les analphabètes, les nuls du PC et autres victimes de la fracture technologique?

Quelle est, ou a été, l’infl uence de ces nouvelles tech-nologies sur l’emploi? Sur les conditions de travail? La machine pilotée par le client a-t-elle au moins rendu le travail moins pénible?

Plus fondamentalement, les services ne sont-ils pas sur la même pente que l’industrie où l’automatisation a boosté les gains de productivité et fait fondre l’emploi, comme ce fut le cas de l’agriculture avant cela ?

Quel est le revers de la médaille?

«Crowdsourcing»: une stratégie réfl échie

On connaît l’outsourcing: c’est ainsi qu’on appelle en jargon la sous-traitance. Le «crowdsourcing» relève de la même démarche. Il s’agit de confi er le travail non pas à un sous-traitant mais à une foule (crowd) de bénévoles. Et ces bénévoles, c’est vous.

Car c’est bien une stratégie mûrement réfl échie des entreprises, explique la sociologue française Anne-Marie Dujarier, et pas la conséquence inéluctable des nouvelles technologies. Il s’agit d’une nouvelle division du travail qui surfe sur la vague d’Inter-net. Main d’œuvre gratuite, motivée, disponible, le consommateur devient «co-producteur» et participe à la compétitivité de l’entreprise.

Les fi les d’attente ne coûtent rien

Dans tous les services où il y a des fl ux, il y a des fi les. Ce n’est pas une mauvaise organisation explique A-M. Dujarier, mais au contraire un calcul précis visant à optimaliser le taux d’occupation des ma-chines et des employés. L’employé travaille à plein régime pour résorber le fl ux et le temps perdu par

le client ne coûte rien à l’entreprise.

Comment faire passer la pilule?

Comment faire accepter aux travailleurs l’idée que l’automate une fois ancré dans les habitudes du consommateur, conduira à la perte de son emploi, et le faire collaborer à cette transition fatale? La conclusion qui s’impose en effet au travailleur est qu’il ne sert plus à rien et que son métier n’en est plus un puisque n’importe qui peut le faire...

Une des techniques, dit A-M Dujarier, est de créer le sous-effectif. «Ne pouvant faire face à une fi le d’attente exaspérée, les agents sont soulagés de pouvoir diriger les consommateurs vers les auto-mates (bornes, Internet, téléphone). […] Certains clients pourront, au passage, renforcer la croyance que les professionnels sont plus lents que les auto-mates et accepter d’autant mieux l’autoproduction dirigée»…

Marie-Anne Dujarier: «Le travail du consommateur – De McDo à Ebay: comment nous coproduisons ce que nous achetons». Edition La Découverte, Paris 2008.

Parmi les grands amateurs de nouvelles technologies, les banques font offi ce de pionniers. De simples distributeurs de billets, les guichets automatiques sont devenus des ter-minaux où l’on peut faire toutes les opérations et, si on a Internet, même plus besoin de se déplacer jusqu’à l’agence. Mais derrière le confort – et le travail que le consommateur fait à la place de l’employé de banque – il y a les conséquences sociales qu’on ne voit pas et une dégradations inquiétante des conditions de travail.

SYNDICATS • N°05 • 12 MARS 2010 9DOSSIER

> SELF-SHOPPING

Quand le client fait tout le boulotLe client, roi déchu, scanne ses articles, dans les rayons ou à la caisse, il paie à la machine, y récupère sa monnaie et son ticket. Parfois il se fait contrôler, et ce sera là son seul contact avec le personnel du supermarché. Révolution ? Des habitudes de consommation, oui, mais aussi de l’organisation du travail. Le caissier devient surveillant, contrôleur, et perd la dimension sociale de son travail.

Le système de scan est notamment mis en place dans les magasins Delhaize, selon plusieurs formules. «Quick scan», «self scanning», «self pay», peu importe le nom, l’idée est que le client fasse une bonne partie du boulot, que ce soit le scanning de ses articles en magasin ou encore le paiement à la borne automatique. Le caissier ou la caissière écopent donc d’une fonction de contrôle, visant à déterminer si le client a honnêtement scanné tous ses codes-barres…

Une évolution du métier, qui pour-tant a trouvé son public, ainsi qu’en témoignent René Gillardin et Gaëtan Lecharlier, délégués Setca-FGTB chez Delhaize. «Entre 25 et 35% de la clien-tèle passe par le système de «self». Ce taux a été atteint dès l’installation du dispositif, et le succès ne se dément dans aucun magasin de l’enseigne. Dès qu’un supermarché en est équi-pé, des hôtesses sont engagées pour «former» le client, qui y prend goût, quel que soit son âge. Ce système de

«self», à l’échelon européen, a tout d’abord vu le jour aux Pays-Bas. Et la sauce n’a pas pris, car le client a immédiatement saisi l’impact à venir sur l’emploi. Ici, ce réfl exe de solidarité n’a pas eu lieu.»

Un employé est chargé de surveiller quatre caisses automatiques. Autant dire que les répercussions sur l’em-ploi sont aisément imaginables. «Delhaize soutient qu’il n’y aura pas de pertes d’emplois. Par contre, les départs naturels ne sont plus rempla-cés. Résultat: 400 équivalents temps plein ont été perdus en 2009, par une politique de «STOP à l’embauche».»

Un procédé insidieux qui a permis d’éviter les coups de sang. Chacun constatant que son job serait sauve-gardé, le mouvement de masse n’a pas eu lieu. Et c’est donc jour après jour que se détricote l’emploi. «Il faudra du temps pour voir la diffé-rence. Delhaize envisage d’installer d’autres caisses automatiques à la

place des caisses normales. Le per-sonnel accepte, tant que l’emploi est maintenu. Mais cette évolution technologique fera que d’année en année, les besoins en personnel dimi-nueront, et les conditions de travail se détérioreront.»

Le processus ne concerne pas uni-quement les caissiers et caissières. L’automatisation touche également d’autres métiers dans la distribu-tion. «Le logiciel Icaros, par exemple, gère intégralement les commandes et l’approvisionnement des rayons. Au fi nal, le commerce deviendra de moins en moins vecteur d’emploi. Déjà à l’heure actuelle, il n’y a plus de temps pleins qui sont accordés, seule l’ancienne génération en bénéfi cie encore. Les contrats vont de 20 à 28 heures. Par ailleurs, on ne trouve plus d’ateliers de fabrication – boucherie, poissonnerie… - dans les magasins, ou de moins en moins. Tout arrive conditionné.»

La technologie remplace le tra-vailleur, ou fait évoluer les métiers… Là où la grande distribution était autrefois pourvoyeur d’emplois pour des travailleurs peu ou pas qualifi és, elle devient maintenant un désert robotique où le contact humain est réduit à peau de chagrin.

> L’OPINION D’UNE CAISSIÈRE

«On soigne beaucoup moins le client»Anne-Marie est caissière à Bruxelles, chez Delhaize. Pour elle, les caisses «self», c’est tout simplement… «moins bien».

Nous rencontrons Anne-Marie alors qu’elle fi nissait son «tour» de garde à la caisse self de ce magasin Delhaize bruxellois. En alternance, les employé(e)s jouent ce rôle de «gardien» bien différent de leur travail habituel. Pas de scanning des articles, pas d’encaissement, pas de «bonjour», mais surtout de l’assistance technique et de la sur-veillance. «On n’a quasiment plus de contact avec la clientèle, c’est un fait. On ne peut pas nier qu’on soigne beaucoup moins nos clients qu’avant… La machine ne nous rem-

place pas. Et d’ailleurs il y a certains désavantages à ces caisses. Le client, par exemple, ne peut pas utiliser ses chèques-repas, ses chèques-cadeaux, etc. Nous devons alors intervenir. Il arrive également que les démarques ne passent pas au scanner, ou ce genre de choses. Bref c’est beaucoup moins confortable pour le client, fi nalement.»

Un inconfort qui ne décourage pourtant pas les utilisateurs, plu-tôt nombreux dans le coin «self» en ce mardi après-midi. «Les clients trouvent que c’est plus rapide, qu’il y a moins de fi les d’attente… Sauf les clients plus âgés, qui préfèrent garder le contact avec une caissiè-re. Pour la plupart d’entre eux, c’est l’occasion d’avoir une petite discus-sion avec quelqu’un.» En observant durant quelques minutes tous ces

clients qui travaillent, on constate que l’aide du caissier «de garde» est toutefois bien souvent sollicitée. Co-des-barres pas reconnus, diffi cul-tés de paiement, soucis de cartes bancaires sont légion. La rapidité du système est donc, somme toute, contestable…

Le self, donc, n’aurait-il que des points négatifs? «Pour moi c’est sûr, c’est moins bien qu’avant… J’ai l’im-pression qu’on néglige la clientèle, et notre métier est dévalorisé. Nous avons une fonction de surveillance. Mais avec une personne pour qua-tre caisses «self», il est impossible de tout voir, de tout contrôler.» Un constat qui cache une autre réalité: quatre caisses, un employé, le calcul est rapide. L’automatisation ne va certainement pas dans le sens de l’emploi.

rtuelleet là on travaille sur des sommes plus importantes que la pension de la pe-tite vieille.

La banque que l’on voit avec pignon sur rue n’est plus qu’une simple fa-çade, expliquent les deux délégués d’ING. Un coquille vide. Les gros-ses affaires se traitent en «private banking». Les sociétés s’adressent à la «business branch». Les clients ordinaires sont poussés vers le ho-me-banking et démarchés pour être «conseillés», sur rendez-vous. Il n’est pas rare, explique Francy Delvaux, que l’on conseille aux autres clients, les moins argentés, d’aller voir en face… à la Banque de la Poste, c’est-à-dire, en clair, d’aller se faire voir ailleurs…

Capital (santé) à risque

Les nouvelles technologies ont ainsi permis de sélectionner la clientèle et ont modifi é radicalement le contenu même du travail des employés de banque. Leur principale tâche est maintenant de vendre les produits de la banque. Car «conseiller», c’est ça: «il faut fourguer, fourguer même si c’est mauvais» dit Pascal Breyer. Les banquiers perdent ainsi leur éthique pour atteindre les objectifs qui leurs sont assignés.

Et les objectifs sont de plus en plus inaccessibles: au guichet on n’a plus que les lamentations. Si le client vient pour demander un crédit hypothé-caire, il doit refi ler le dossier à celui qui s’occupe de ça et qui prendra la commission. Si le client est un indé-pendant, il doit le rediriger vers le contact center, et la commission lui échappe… Bref, il n’atteindra pas ses objectifs. Il aura une mauvaise éva-luation et si ça se reproduit, ce sera tôt ou tard la porte. Ambiance…

Les objectifs sont individuels. Fini le travail en équipe, le blâme ou les lau-riers partagés. Chacun est en concur-rence avec tout le monde. «Avant, il y avait un esprit d’équipe. On s’en-traidait, on se conseillait. Il y avait de la convivialité. Aujourd’hui, les employés sont cloisonnés». explique Patrick Bailleul.

Moins d’effectifs, plus de stress dû au

contact avec la clientèle résiduelle et mécontente, pression morale de crainte de ne pas atteindre les objec-tifs: on a tous les éléments du cocktail qui mène au «burn out».

Dans une lettre ouverte à la direction d’ING, une employée avec 21 ans de maison lance un appel au secours:

«Messieurs,Aujourd’hui je pousse un cri d’alar-me, au nom de tous mes collègues d’agence qui tentent de tenir le coup et qui se retrouvent malgré eux, cer-tains jours seuls (ou quasi) pour es-sayer de garder tant bien que mal leur agence ouverte. Et aussi, au nom des collègues qui ont déjà «craqué» physiquement et/ou mentalement et qui sont absents pour maladie.

Le sous effectif est arrivé à un niveau tel, qu’il faut réagir, car le premier préjudice portera sur notre «capital santé» et aussi bien entendu sur les résultats commerciaux. Depuis des mois, nous essayons de tenir le coup dans cette tourmente, les collègues tombent malades les uns après les autres, de plus en plus de dépression, et tout cela rime avec la pression tou-jours plus présente au fi l du temps. Beaucoup de personnes n’ont même pas le temps de prendre leur pause de midi.»

Suit la description d’une journée «normale» de travail en agence de 8h à 18h30:

«D’abord le courrier de nuit qui arrive, le suspens s’accumule donc déjà, les mails de la boite agence, tes mails personnels, les cartes à classer, les administratifs habituels du début d’une journée, les coffres à ouvrir, le papier dans le self quand il est hors service… et j’en passe… mais oui d’ha-bitude on est plusieurs à faire tout cela, pas étonnant que tu as déjà des sueurs sur le front au moment d’ouvrir la porte au client… et là, tu te rends compte en ouvrant la porte que tu es seul dans ce grand bateau… et les clients arrivent déjà… mais ton agenda est déjà bien rempli… tu as des RDV… tu vas devoir jongler entre tes RDV et les clients qui s’accumu-lent à l’accueil…»

10 SYNDICATS • N°05 • 12 MARS 2010

> POINT DE VUE

Jacques Michiels Alain ClauwaertSecrétaire général Président

Les jeux fi nanciers au détriment de l’emploiTout doucement, la situation s’améliore, c’est ce que disent les chiffres et les statistiques qu’avancent les économistes et les analystes fi nan-ciers. Les actionnaires le sentent à la bourse. Mais une chose est sûre: les travailleurs ne le sentent pas du tout. Chaque jour, il faut regarder à la moindre dépense car demain, vous pouvez vous retrouver sans travail et voir vos revenus fondre comme neige au soleil.

Le drame est énorme. Il n’y a pas que les grandes fermetures ou restructurations qui obtiennent beaucoup d’échos dans les médias, comme chez Opel ou Carrefour. Il y a aussi de nombreuses entreprises de taille moyenne où l’on sabre dans l’emploi. 100 travailleurs par-ci, 50 par-là, à chaque fois, ce ne sont que quelques lignes dans le journal. Sans compter les nombreux licenciements individuels dans les très petites entreprises dont personne ne parle. Ce n’est que lorsqu’on additionne toutes ces pertes d’emploi que l’on se rend compte à quel point le chômage frappe.

Mais apparemment, l’argent est la seule préoccupation des em-ployeurs et de leurs actionnaires. Aucun égard pour les postes de travail et les gens qui gagnent leur tartine grâce à ceux-ci. Vu que même les entreprises qui se portent bien suppriment des emplois. La crise arrange bien. Le parfait alibi derrière lequel se cachent des jeux de poker.

Car c’est ce qui s’est passé il y a quelques semaines à Mettet, chez le fabricant d’emballages Smurfi t Kappa Cartomills. 70 personnes ont appris de manière totalement inattendue que l’entreprise allait fermer. C’est une entreprise bénéfi ciaire, la productivité y est en pro-gression constante. Mais pour la maison-mère irlandaise, elle n’est pas assez intéressante d’un point de vue fi nancier pour maintenir l’implantation en activité. L’argent qui s’y trouvait a été sucé.

C’est aussi ce qui s’est passé plus récemment chez Mepa, l’imprimeur de laminé situé à Audenarde. Une entreprise dont le carnet de com-mandes est plein et qui jouit d’une excellente réputation auprès de ses clients. Elle vient d’être déclarée en faillite. Pendant des années, la maison-mère italienne Liri y a passé des commandes qu’elle n’a jamais payées. De cette manière, Mepa a été asphyxiée par ses pro-pres actionnaires. 150 travailleurs se retrouvent sur le carreau. Pas à cause de la crise, mais parce que l’argent qui se trouvait chez Mepa a été pompé. C’est totalement criminel.

«Laissez-nous entreprendre!» réclamaient les employeurs au cours d’une grande campagne en février. Effectivement, qu’ils arrêtent enfi n d’utiliser leurs sociétés comme des machines à sous. L’écono-mie a un besoin urgent d’entrepreneurs qui créent du travail et du bien-être et non pas d’aventuriers fi nanciers qui gagnent de l’argent sur le dos de la crise.

8 mars 2010

> PERSPECTIVES POUR LE SYNDICAT DE DEMAIN

Un grand débat sur les changements et le renouvellementLe mouvement syndical doit penser au futur. Quels sont les défis qui nous attendent et comment les surmonter? La Centrale Générale organise un grand débat autour de ce thème. Au cours des semaines à venir, nous suivront ce débat au travers d’une série d’articles.

Lorsque la Centrale Générale a fêté l’année dernière son centième anniversaire, l’idée

est née de ne pas uniquement se retourner sur le passé mais aussi de se tourner vers l’avenir. Un livre a été édité dans lequel 30 auteurs d’horizons très variés s’expriment sur le mouvement syndical. Où en est-il aujourd’hui et quelle direc-tion doit-il prendre demain? Il ne s’agit certainement pas toujours de l’avis de notre syndicat lui-même. Il s’agit bien souvent d’avis tranchés, d’idées surprenantes qui ont pour objectif d’alimenter le débat. Le livre s’intitule «Perspectives pour le syndicat de demain». Ce n’est pas un livre qui se lit d’une traite, mais en le lisant morceau par mor-ceau, on en tire sans aucun doute des pensées très utiles. Le livre est disponible auprès de votre section locale de la Centrale Générale.

Trois thèmes

Aujourd’hui, le débat est déjà sur les rails. Au cours des semaines à venir, plus de 400 militants syn-dicaux se retrouveront en divers endroits, en petits groupes, pour échanger des pensées. Trois grands sujets sont portés à la discussion: quelle est l’identité et l’image du syndicat? Comment le syndicat s’adapte-t-il à l’unifi cation euro-péenne et à la mondialisation? De-main, comment défendrons-nous la solidarité, les droit syndicaux, le travail décent et une société res-pectueuse de l’environnement?

Mais le débat est aussi ouvert à tous ceux qui veulent partager un avis ou une suggestion. C’est sur notre site que cela se passe, www.accg.be. Vous y trouverez une ru-brique consacrée au débat d’avenir, avec la possibilité pour les visiteurs

d’envoyer des réactions.

Dégradation de la planète

S’il y a un thème qui bouleverse déjà très fortement les esprits, c’est bien celui du réchauffement de la planète. Dans le livre ‘Perspectives pour le syndicat de demain’, dif-férents auteurs affi rment que le problème ne sera pas uniquement résolu via des interventions tech-nologiques. C’est toute la société qui doit s’organiser autrement. Nos moyens de transport par exemple, nos habitudes de consommation ou encore notre consommation d’énergie ainsi qu’une réparti-tion équitable de celle-ci entre les pays riches et les pays pauvres. Tout doit être revu en profondeur.

Les auteurs ajoutent que chez les syndicats aussi, cela demande un changement radical. Tant au ni-veau national qu’international, ils doivent veiller de manière beau-coup plus active à la diminution des gaz à effet de serre. Ils doivent réaliser un puissant front avec tous les mouvements qui luttent contre la dégradation de la planète. Et ils ajoutent que les syndicats doivent se battre pour l’arrêt des méthodes de production polluante, même si cela a un impact conséquent sur l’emploi.

Voilà déjà de quoi alimenter vo-tre réfl exion. Dans les prochains numéros de Syndicats, nous abor-derons d’autres questions aussi cruciales.

Comment bien positionner notre syndicat pour demain? 400 mi-litants syndicaux débattent en ce moment de cette question.

> FAILLITE DE MEPA À AUDENARDE

Etranglée par la maison-mère L’entreprise Mepa d’Aude-narde a été déclarée en faillite. L’entreprise chimi-que était spécialisée dans l’impression de papier, plus précisément la fi ne couche supérieure des meubles et sols en laminé. Elle jouis-sait d’une solide réputa-tion, pas trop lourdement touchée par la crise, mais bien victime d’une maison-mère dont la seule préoc-cupation était de vider les caisses. Un récit amer dans lequel plane un parfum de fraude.

150 travailleurs ont reçu leur C4. Sans un pardon puisque leur en-treprise a été déclarée en faillite. Leurs dossiers de chômages ont été établis ainsi que les créances. «Par chance, les créances portent uniquement sur les primes et pri-mes de fi n d’année. La direction locale avait veillé à ce que tous les salaires puissent encore être payés. Ca mérite un compliment» c’est ce que raconte Erwin Calle-baut, le secrétaire régional de la CG de Flandre orientale. «Encore heureux qu’il y a pour ces gens la prime de crise de 1.666 euros qui a été instaurée suite aux actions de la FGTB. Car pour le reste, les travailleurs restent les mains vides. Lors d’une faillite, vous ne pouvez pas négocier des mesures sociales, comme lors d’une restructuration. Il y a juste une maigre prime de fermeture payée par le Fonds de

Fermeture d’entreprises.»

Reste la question pourquoi Mepa est-elle tombée en faillite? Le car-net de commandes était plein, l’en-treprise jouissait d’une excellente réputation auprès de ses clients. Tellement bonne, ajoute Erwin Callebaut «que certains clients achetaient eux-mêmes les matiè-res premières afi n que l’entreprise puisse continuer à travailler pour eux. Car il est là le problème de Mepa, l’entreprise n’avait plus de liquidités pour continuer à fonctionner, elle ne pouvait plus payer ses fournisseurs. A la veille de la faillite, il restait encore sur le compte 11.000 euros. Du jamais vu.»

Comment en est-on arrivé là? «L’entreprise a été littéralement dépouillée par la maison-mère, la

société italienne Liri. Celle-ci pas-sait des commandes chez Mepa pour lesquelles elle ne payait ja-mais. A la longue, ça représente une ardoise de 13 millions d’euros. Mepa ne pouvait y survivre et au lieu d’aider sa fi liale, la maison-mère l’a laissée tomber. J’appelle ça du vol. D’ailleurs, le tribunal du commerce doit également soup-çonner une fraude, sans quoi, il n’aurait pas nommé 4 curateurs pour une telle faillite.»

Il serait question de repreneurs intéressés, mais Erwin Callebaut relativise fortement. «Ce qui in-téresse, c’est uniquement la par-tie imprimerie parce qu’elle est fortement spécialisée. Mais dans ce cas, nous ne parlons que de 30 personnes au maximum. Les travailleurs le savent très bien. Le reste du parc de machines est

trop vieux. Liri a dépouillé l’entre-prise et l’a laissée dépérir. Si elle avait une bonne réputation, c’est uniquement grâce aux efforts des travailleurs. Et aujourd’hui, on les remercie avec un C4. C’est profon-dément scandaleux.»

Mepa a été dépouillée par la maison-mère et poussée à la faillite. 150 travailleurs se re-trouvent sur le carreau.

SYNDICATS • N°05 • 12 MARS 2010 11> PAS D’ACCORD AVEC LA MINISTRE MILQUET

«Les titres-services pour les soins à domicile, ça ne va pas»

Encore des remous dans le secteur des titres-services. Pourtant, bien que le gouvernement ait réalisé de grosses économies, les titres-services ont été épargnés. Et aujourd’hui, il pense au lancement de titres-services sociaux. De quoi réjouir les syndicats pourrait-on croire. Posons la question à Eric Neuprez et Werner Van Heetvelde, les deux secrétaires fédéraux de la Centrale Générale qui suivent ce dossier de près.

Werner Van Heetvelde: Oui, nous sommes contents parce qu’entre temps, des dizai-nes de milliers de gens travaillent dans ce système et il faut à tout prix sauvegarder ces emplois.

Mais nous sommes aussi mécontents parce qu’aucune discussion de fond n’est menée sur le coût du système. Que peut maintenir le gouvernement? Qu’est-ce qu’un prix cor-rect pour les utilisateurs des chèques? Qui en tire encore toujours de gros bénéfi ces?... Personne ne sait quelle direction nous pre-nons et entre-temps, de nouvelles idées, initiatives et mesures sont continuellement avancées. Il suffi t de voir le hold-up qui est fait actuellement sur les réserves des ALE – titres-services. Qu’on arrête avec ça. De cette manière, les titres-services ressemblent à un bateau à la dérive.

Pourtant, un de ces nouveaux projets est le titre-service social, et là, vous pouvez diffi cilement y être opposé?

Eric Neuprez: C’est vrai. L’idée des titres-services sociaux doit bénéfi cier aux gens qui ont un bas revenu. Dans le système actuel, s’ils utilisent les titres-services pour l’aide ménagère, ils ne peuvent pas obtenir de réduction via leur déclaration d’impôts vu que leurs revenus imposables sont trop bas. Ce n’est naturellement pas équitable. Car ceux qui ont de bons revenus paient grâce à la réduction fi scale 5,25 euros pour un ti-tre-service et ceux qui ont de bas revenus paient 7,20 euros parce qu’ils ne récupèrent rien des impôts.

Où est le problème alors?

Werner Van Heetvelde: Un titre-service social pour les bas revenus doit coûter 5,25 euros. Ca, nous sommes totalement pour. Mais la ministre de l’emploi, Joëlle Milquet, veut soudainement aller beaucoup plus loin. Elle veut instaurer un chèque de 4 euros qui pourrait être utilisé par les groupes sociaux qui ont besoin de soins à domicile, et ça, ça ne va pas. Les travailleurs des titres-services ne sont pas formés pour cela et ils ne sont d’ailleurs pas assez payés pour le faire. La qualité professionnelle des soins est com-promise. Pour les travailleurs des soins à domicile, cela signifi e une concurrence sa-lariale malsaine.

Mais cela laisse quand même plus d’espace pour l’aide? Et pour l’emploi?

Eric Neuprez: Pas d’accord. Naturellement, le besoin de plus de soins à domicile est

présent, mais cela doit se faire en donnant plus de moyens et de possibilités au secteur des soins de santé. Pas en utilisant les titres-services comme une solution bon marché. En outre, ce sont des compétences de la Wal-lonie et de la Flandre, pas du gouvernement fédéral.

Werner Van Heetvelde: En effet. Utilisons les titres-services pour ce pourquoi ils sont destinés. C’est un moyen de lutte contre le travail au noir. Ils permettent de mettre au travail des gens peu scolarisés. Et ils per-mettent, pour les utilisateurs, de combiner plus facilement travail et tâches ménagères. Sur ces trois terrains, les titres-services sont excellents. Et bien, laissons cela en place.

Et donc pas de titres-services sociaux?

Eric Neuprez: Ce n’est pas ce que nous di-sons. Il faut des titres-services sociaux afi n de rendre le système accessible aux bas re-venus. Mais pas pour organiser l’aide senior ou l’aide à domicile. C’est notre point de vue. Et là, nous sommes en confl it avec la ministre Milquet.

Werner Van Heetvelde: Un titre-service social pour les gens qui ne peuvent rien retoucher des impôts, c’est donc un chèque à 5,25 euros. Nous continuerons de défendre cette idée. Nous avons d’ailleurs formulé une proposition alternative. Si la ministre veut vraiment instaurer un chèque distinct, alors qu’il soit destiné aux familles mono-parentales, avec enfants et bas revenus qui travaillent ou qui souhaitent travailler. De cette manière, le système garde l’objectif du début et soutien aussi les gens qui ont le plus de diffi cultés pour aller au travail ou pour garder un emploi. Selon des études, il apparaît aussi que c’est ce groupe qui utilise le moins les titres-services.

Comment allez-vous protester?

Werner Van Heetvelde: Nous avons brandi la menace d’actions, mais nous ne sommes pas encore si loin. Le dossier est de nouveau dans le cabinet de la ministre. Il y aura encore une concertation et nous voulons lui laisser toutes ses chances.

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MÉTAL12 SYNDICATS • N°05 • 12 MARS 2010

Contre les fi nanciers aux dents longues, la force de la solidaritéLe 25 février dernier, deux travailleurs étaient brutalement licenciés par la direction de D’Ieteren à l’Audi Center de Zaventem. Un délégué syndical de la MWB-FGTB était concerné par cette mesure aussi disproportionnée qu’injustifiée, face à laquelle les métallos de la FGTB ne pouvaient rester sans réagir.

Pendant plusieurs jours, nous avons donc mené des actions déterminées pour faire revenir la direction à une attitude respon-sable et obtenir la réintégration des deux travailleurs au sein de l’entreprise. Après ce bref bras de fer, les responsables de D’Ie-teren ont fi nalement accepté de reprendre un dialogue qu’ils avaient abruptement et unila-téralement rompu, sans doute pour tenter de se débarrasser, au prétexte d’une mésentente entre deux travailleurs de l’entreprise, d’un représentant syndical actif et militant – donc considéré par eux comme un gêneur.

Dans son communiqué de presse du 26 février, la MWB déclarait à propos de cette affaire: «Alors qu’une solution avait été dégagée à l’amiable concernant cette af-faire, alors que la direction avait entériné cette solution et que tout semblait devoir rentrer dans l’or-dre, elle décide unilatéralement de revenir sur ses engagements et de licencier les deux travailleurs concernés. Arbitrairement, elle a annoncé au délégué son li-cenciement «sur le champ» par téléphone, en lui intimant l’or-dre de récupérer ses affaires et de ne plus se représenter dans l’entreprise. Elle a annoncé avoir l’intention de payer à ce délégué les indemnités légales de licencie-ment. Traduction: elle veut mettre sur la table la somme nécessaire pour se débarrasser en toute im-punité d’un représentant syndi-

cal. Cette attitude, inacceptable, véhicule ce que les travailleurs et les militants de la FGTB com-battent au quotidien: l’injustice, l’exploitation, l’individualisme, et l’arrogance de patrons qui croient que l’argent permet tout – y compris de fouler aux pieds les droits des travailleurs et le dialogue social.»

La MWB déclarait également ceci: «Voilà qui rappelle étrangement l’injustice faite récemment aux travailleurs et délégués d’IAC-Fiat (Bruxelles). Voilà qui ressemble furieusement à un nouveau pied de nez au monde du travail. Les Métallurgistes Wallonie-Bruxelles de la FGTB ne sont pas disposés à tolérer de tels agissements.»

Car c’est bien un danger majeur qui pèse sur les travailleurs et leurs représentants: le danger de voir ce genre d’attaques patrona-les se reproduire, se banaliser, et aboutir, recul après recul, à un détricotage de tous nos précieux mécanismes de négociation et de concertation sociale. Mais nous resterons vigilants. Et nous nous battrons jusqu’au bout avec nos militants pour que la réintégra-tion de tout délégué licencié abu-sivement par ses employeurs de-vienne une obligation légale.

«Nous ne sommes pas des mar-chandises»

Aujourd’hui, grâce à notre déter-mination, les deux travailleurs menacés ont été réintégrés dans l’entreprise. Une grande partie des travailleurs s’est mobilisée, la solidarité a joué son rôle. C’est cela, notre force. Merci à eux, mer-ci à tous les militants qui nous ont témoigné leur solidarité lors de ces actions. C’est grâce à eux que nous avons pu obtenir ce résultat et retrouver un climat de dialogue social abandonné depuis un certain temps par la direction du «retail».

Dans ce genre de confl it, il n’y a pas de gagnant ni de perdant. Il est bien plus responsable et constructif, pour régler des dif-férends et aboutir à des solutions saines et viables, de privilégier la négociation, le dialogue. Si la

direction avait choisi cette voie, nous n’aurions pas été contraints de passer à l’action pour faire res-pecter nos droits.

Jusqu’en 2002, chez D’Ieteren, on pouvait encore compter sur un climat de dialogue et de compréhension. Mais après la restructuration que nous avons subie à cette époque, la direction a changé. Nous sommes passés de patrons ayant une vision sociale des choses, un esprit d’entreprise, à des fi nanciers aux dents lon-gues qui pensent que tout leur est permis. Le climat s’est donc forcément dégradé, petit à petit, et nous avons dû à plusieurs re-prises recourir à des actions pour faire en sorte que l’on nous écoute et que les choses bougent. La pres-sion sur les travailleurs n’en fi nit pas d’augmenter. En termes de temps de travail, d’heures sup-plémentaires, d’exigence de tou-jours plus de fl exibilité, etc. Nous nous sommes battus pour arriver à limiter le nombre d’heures sup’ prestées, et avons obtenu gain de cause. Par le passé, cela avait pris des proportions invivables.

Nous sommes déterminés à ne pas nous laisser dominer, ex-ploiter. Nous sommes des êtres humains. Des travailleurs qui, par leurs compétences, par leur force de travail, font la prospérité des entreprises et de leurs pa-trons. Nous n’accepterons jamais d’êtres considérés comme des marchandises, des outils tailla-bles et corvéables à merci dont les dirigeants de ces entreprises (et leurs actionnaires) peuvent se débarrasser comme bon leur semble.

La délégation MWB-FGTB de D’Ieteren.

Basculer le libéralisme«Le capitalisme nuit gravement à la santé». La FGTB wallonne, quand elle a détourné le slogan des campagnes anti-cigarettes («le tabac nuit gravement à la santé»), a mis dans le mille sans doute au-delà de toute espérance. Car aujourd’hui, les milieux médicaux s’alarment de la recrudescence de la consommation de tabac. Et nous devons, nous, syndicalistes, nous indigner de la grande forme du capitalisme!

A gauche, nous avons peut-être, l’espace de quelques mois, été un peu naïfs. Il était devenu tellement évident, au moment de l’effondrement du système fi nancier, que le libéralisme ne fonctionnait pas. Et donc, il était tellement évident que les choses allaient changer.

Les capitalistes nous ont donné une leçon de résistance. Ils ont de-mandé du pognon aux pouvoirs publics, ils se sont fait un peu oublier, et les revoilà, aussi arc-boutés dans leurs convictions qu’autrefois. Et avec les mêmes méthodes: une des grandes banques rescapées de la tourmente s’est attaquée à la Grèce et a bien failli avoir sa peau; le deuxième distributeur mondial, Carrefour, liquide des travailleurs à tour de bras alors même qu’il fait des bénéfi ces mais «pas assez». Air connu. Et ce sont là seulement deux exemples…

Faut-il pour autant baisser les bras? Bien sûr que non. Si le système libéral a redressé la tête, c’est essentiellement grâce aux largesses dont il a bénéfi cié de la part des pouvoirs publics, donc du contri-buable. Quelques éléments: plus de 7 milliards d’euros de réductions de cotisation sociale sont accordées, chaque année, aux entreprises, sans aucune condition d’emploi, d’investissement ou de maintien de l’outil. Trois milliards d’intérêts notionnels ont été alloués en 2009 à une série de sociétés, un cadeau qui, toutes analyses faites, n’empêche ni les réductions d’emploi, ni même les délocalisations. Des aides publiques massives sont accordées pour des investisse-ments, sans même que les pouvoirs publics prennent la peine de vérifi er le respect des conditions de niveau de l’emploi… si toutefois de telles conditions ont seulement été exprimées.

Et les travailleurs, comment vivent-ils cela? S’ils ont un boulot, on leur propose d’en changer les règles, ou d’être foutus dehors. C’est le cas de nos camarades de Carrefour, qui peuvent continuer à travailler, à condition qu’ils bossent plus et qu’ils gagnent moins d’argent. Mais c’est aussi le cas dans toute une série d’autres entreprises, où l’argument de la récession économique est utilisé massivement pour tenter de forcer la porte à la réduction des acquis. Quant aux chômeurs, ils sont dans la ligne de tir, de manière de plus en plus évidente. S’agit-il, dans l’esprit de certains, de réduire le coût du chômage pour accroître les cadeaux aux entreprises et, par ricochet, gonfl er encore le portefeuille des actionnaires?

Le libéralisme – ou le capitalisme, c’est la même chose – ne tombera pas sans qu’on le pousse, comme l’ont prouvé les événements de 2008-2009. C’est à nous de le faire basculer. C’est pour cela que la MWB souhaite une mobilisation et un plan d’action précis et fort pour les semaines qui viennent. Nos demandes sont simples : fi n des cadeaux fi scaux, lien obligatoire entre aide aux entreprises et volume de l’emploi, fi n de la chasse aux chômeurs. Les moyens dégagés de cette manière devront être orientés vers une politique réelle de création d’emploi, que ce soit directement dans l’industrie ou dans les infrastructures publiques indispensables à la relance. Les faits ont démontré que c’était la seule voie.

A la gauche de l’imposer. Par le combat syndical, puisqu’on nous l’impose.

Nico CueSecrétaire Général

Le 1er mars 2010 se tenait à la Cour d’Appel de Mons le premier «round» des plai-doiries dans l’affaire Decto versus ING et BNP Paribas Fortis. Echos d’audience.

Pour rappel, dans le cadre de la loi sur la continuité des entreprises, le Tribunal de Commerce de Charleroi a accepté le transfert de Decto Fleu-rus (sous-traitant de Caterpillar) au groupe français FLP et le sauvetage de 62 emplois sur 114 (voir notre Carte blanche dans Syndicats n°2

du 29/01/10 et sur www.metallos.be).

Malgré cet arrêt favorable au main-tien de l’activité économique, les banques, principales créancières de l’entreprise ont interjeté appel dans le but de récupérer un maximum de liquidités en vendant les actifs de Decto. Cet appel, qui ralentit sérieu-sement le redémarrage et risque de décourager le repreneur, plonge encore un peu plus les travailleurs dans le désarroi.

La salle d’audience de la Cour d’Appel de Mons était pleine à craquer pour les premières plai-

doiries. Hormis les représentants syndicaux et les travailleurs, l’as-semblée était composée majoritai-rement d’étudiants en droit. En effet, si la Cour d’Appel de Mons confi rme le jugement carolo, ce dossier fera jurisprudence et pourra donc être invoqué dans d’autres affaires.

Pendant plus de deux heures, l’avocate des banques a défendu la position de ses clients dans un brillant exercice de mauvaise foi. Qualifi ant la campagne de presse relatant l’affaire de diffamatoire et scandaleuse, l’avocate a tenté de nous arracher des larmes: «Les

banques ne sont pas responsa-bles de la crise. Elles ne méritent pas cette campagne de dénigre-ment».

Le conseil des banques a également déploré le climat de tension qui règnerait depuis le début de cette affaire. Ce fantasme de persécution explique certainement la présence policière massive lors de l’audience. Alors que le comportement des ouvriers et délégués présents était irréprochable, la seule violence à déplorer est celle des banques qui mettent en péril l’avenir des tra-vailleurs et leurs familles.

Les banques souhaitent que les dé-bats traînent en longueur et que la date limite de décision de la Cour (le 5 avril) soit postposée de six mois. Cette requête, si elle est accordée, sonnera défi nitivement le glas pour l’entreprise. En effet, Caterpillar, l’unique client de Decto, n’attendra pas indéfi niment et se tournera vers un autre sous-traitant.

Les débats reprendront le 15 mars prochain avec les plaidoiries des avocats de Decto, les interventions des permanents syndicaux et les conclusions de l’avocat général

Affaire Decto: l’arrogance des banques ne connaît aucune limite!

> POINT DE VUE

SYNDICATS • N°05 • 12 MARS 2010 13TEXTILE - VÊTEMENT - DIAMANT

Frais de transport: qu’est-ce qui change au 1er février 2010 dans nos secteurs?

Tableau n°1

Distance

Carte train semaine

Carte trains mensuelle

Carte train temps partiel

Intervention hebdomadaire de l’employeur

Intervention mensuelle

de l’employeur

Intervention de l’employeur

1 5,5 18,3 -2 6,1 20,5 -3 6,7 22,3 7,44 7,3 24,4 8,65 7,9 26 9,56 8,4 28 10,37 8,9 30 118 9,4 31 11,69 9,9 33 12,110 10,4 35 12,611 11 37 13,112 11,5 38,5 13,613 12,1 40 14,214 12,6 42 14,615 13,1 43,5 1516 13,6 45 15,517 14,1 47,5 15,918 14,6 49 16,419 15,3 51 16,920 15,8 53 17,321 16,3 54 17,722 16,8 56 18,223 17,4 58 18,724 17,9 59 19,125 18,4 62 19,526 19,1 63 20,227 19,5 65 20,628 19,9 67 2129 20,6 68 21,330 21 70 21,7

31-33 21,8 73 22,634-36 23,3 78 24,137-39 24,4 82 2540-42 26 87 2743-45 27,5 91 2846-48 29 96 2949-51 30 101 3152-54 31,5 104 3255-57 32 107 3358-60 33,5 111 34,5

Tableau n°2

Tarif selon la distance

Prixà 100 %

mois

Intervention employeurPaiement par mois

(abonnement mensuel)

Interventionmensuelle

Interventionquotidienne

Interventionquotidienne

OVB0-3 31,5 20,44 - 1,454 34 22,07 - 1,575 37 24,01 1,11 1,716 39,5 25,64 1,18 1,827 41,5 26,93 1,24 1,928 44 28,56 1,32 2,039 46,5 30,18 1,39 2,1510 48,5 31,48 1,45 2,2411 51 33,10 1,53 2,3512 53 34,40 1,59 2,4513 56 36,34 1,68 2,5914 58 37,64 1,74 2,6815 61 39,59 1,83 2,8216 63 40,89 1,89 2,9117 65 42,19 1,95 3,0018 68 44,13 2,04 3,1419 70 45,43 2,10 3,2320 72 46,73 2,16 3,3221 75 48,68 2,25 3,4622 77 49,97 2,31 3,5523 79 51,27 2,37 3,6524 82 53,22 2,46 3,7925 84 54,52 2,52 3,8826 86 55,81 2,58 3,9727 89 57,76 2,67 4,1128 91 59,06 2,73 4,2029 94 61,01 2,82 4,3430 96 62,30 2,88 4,43

31-33 100 64,90 3,00 4,6234-36 106 68,79 3,18 4,8937-39 111 72,04 3,33 5,1240-42 117 75,93 3,51 5,4043-45 123 79,83 3,69 5,6846-48 129 83,72 3,87 5,9649-51 135 87,62 4,05 6,23

Les tarifs de la SNCB, De Lijn et de la STIB ont été modifi és au 1er fé-vrier 2010. Quid de l’intervention de l’employeur dans les frais de transport des travailleurs? Nous vous donnons un aperçu.

Il existe quatre possibilités en ma-tière de transport: • Train • Autres transports publics: tram,

métro, bus, … • Transport privé: voiture, cyclo-

moteur, …• Transport privé: vélo.

Train: aucune modifi cation!

Pour les travailleurs qui se rendent au travail en train, l’intervention de l’employeur s’ élève à 75% en moyenne du prix d’une carte de train deuxième classe. L’intervention vaut dès le premier kilomètre et dépend de la distance parcourue. Le nombre de kilomè-tres est indiqué sur la carte de train et correspond à la distance entre la gare de départ et la gare terminus pour un seul voyage.

La méthode pour calculer l’inter-vention de l’employeur reste toute-fois maintenue. Cela signifi e que le pourcentage réel de l’intervention de l’employeur est fi xé à:• 75% en moyenne • 71,8% pour les distances plus

courtes • 78,5% pour les distances plus

longues

Vous trouverez un aperçu des

montants actuels dans le tableau suivant. (n°1)

Par rapport au passé, ces montants sont désormais fi xés pour une pé-riode de 2 ans. Les montants sont donc d’application jusqu’au 31 janvier 2011, ce qui signifi e concrè-tement qu’au 1er février 2010 ces montants forfaitaires ne seront pas indexés. Il faudra d’ailleurs né-gocier l’adaptation de ces forfaits tous les 2 ans, suite à la conclusion de l’Accord Interprofessionnel.

Transports publics autres que le train: tram, métro, bus, …

L’employeur doit également inter-venir dans les frais de transport de chaque travailleur qui utilise le tram, le bus ou le métro pour se rendre au travail. Il doit y avoir 5 ki-lomètres au minimum entre l’arrêt de départ et le lieu de travail. Une nouveauté est que l’intervention de l’employeur a également été augmentée pour ce volet. Il existe deux sortes d’intervention:

• Le prix dépend de la distance:

La cotisation patronale est égale à l’intervention de l’employeur dans le prix d’une carte de train pour la même distance. La cotisation peut s’élever au maximum à 75% en moyenne du prix de transport réel. Vous trouverez les montants dans le tableau n°1.

• Le prix est un prix unique (qui

ne dépend donc pas de la dis-tance):

La cotisation patronale s’élève à 71,8% du prix payé effectivement par le travailleur, avec un maxi-mum de 30 euros par mois. Transport privé: voiture, cyclomo-teur, …

En ce qui concerne le transport privé, la CCT n°19 n’impose aucune obligation vis-à-vis de l’employeur pour intervenir dans les frais de transport. Cette obligation éma-ne cependant souvent d’accords conclus au niveau du secteur ou de l’entreprise.

Voici un aperçu des réglementa-tions sectorielles qui sont d’ap-plication dans un nombre de sec-teurs:

TextileDans le secteur du textile, il y a une intervention par jour presté. La distance minimum est de 5 km (aller). Le montant de l’intervention par jour presté est égal au mon-tant mensuel de l’intervention de l’employeur dans la carte de train (selon le nombre correspondant de km), divisé par 21,66.

Pour les travailleurs occupés dans les équipes-relais du secteur tex-tile, il y a une intervention plus importante. L’intervention de l’em-ployeur est fi xée à 100% pour les travailleurs occupés dans les équi-pes-relais tournantes ou dans les équipes-relais de nuit fi xes.Il faut remarquer que l’interven-tion de l’employeur dans le prix du transport pour les travailleurs oc-cupés dans les équipes-relais n’est pas liée à une distance minimum et que, dès lors, une intervention est due à partir de 0 km.

Vous trouverez l’intervention de l’employeur pour le secteur textile dans le tableau n°2.

Vêtement et confectionDans le secteur du vêtement, l’in-tervention dans les frais de trans-port s’élève en moyenne à 60% du montant de la carte de train correspondant au même nombre de kilomètres. Il peut néanmoins exister des réglementations plus favorables au niveau de l’entre-prise.

La réglementation s’applique à partir de 10 km (aller). Chaque tra-vailleur reçoit en outre, n’importe la distance ou le moyen de trans-port, une allocation de 0,2479e par jour effectivement presté.

ChiffonsLe montant de l’intervention de l’employeur pour le transport privé et les transports publics s’élève à 100%. Les travailleurs qui se ren-dent au travail à vélo reçoivent une allocation supplémentaire de 0,90 euro par jour effectivement presté.

LinLes frais de transport sont rem-boursés dès le premier km. Le mon-tant de l’intervention s’élève à 60% en moyenne. Cela vaut tant pour les transports publics que pour le transport privé.

Diamant

Dans le secteur du diamant, cha-que travailleur a droit à une inter-vention dans les frais de transport. Cette réglementation est entrée en vigueur depuis le 1er janvier 2000. Le travailleur doit introduire une déclaration dans laquelle il com-munique quelle est la distance du domicile au travail. Une distance minimum n’est pas requise. Le montant par journée prestée est égal à 1/5e de l’intervention que doit payer l’employeur pour l’abon-nement hebdomadaire (carte de train).

BlanchisseriesIl n’existe pas de réglementation spécifi que pour le remboursement du transport privé. Les ouvriers re-çoivent cependant une allocation forfaitaire de 0,90e par jour ef-fectivement presté comme inter-vention dans les frais de transport. Les travailleurs qui reçoivent déjà une intervention dans les frais de transport pour les transports pu-blics perçoivent également cette allocation forfaitaire. L’indemnité est payée chaque mois avec le sa-laire.

Transport privé: le vélo

Sur le plan fi scalLe travailleur qui utilise le vélo pour aller au travail, tombe sous la réglementation du transport privé. Il existe toutefois une réglementa-tion spécifi que. Cette réglementa-tion est seulement d’application lorsqu’il y a une CCT sectorielle ou un accord au niveau de l’en-treprise.

Dans ce cas, les travailleurs qui vont au travail à vélo, ont droit à une indemnité vélo de 0,20e par ki-lomètre parcouru qui est exempte d’impôts. Cette indemnité peut également être octroyée si le travailleur com-bine le vélo avec un voyage en train, tram ou bus. La règle stipule que le travailleur ne peut être indemnisé qu’une fois pour le même trajet. Le travailleur n’a droit à l’indemnité vélo que pour le trajet qu’il par-court effectivement à vélo entre son domicile et la gare ou l’arrêt de bus ou de tram.

Jusqu’à présent, il y a eu peu d’ac-cords sectoriels ou d’entreprise qui ont été conclus en rapport avec cette indemnité vélo. Ce n’est que dans le secteur des chiffons que chaque travailleur, qui va au tra-vail à vélo, reçoit une indemnité supplémentaire de 0,90e par jour effectivement presté.

ONSSLes frais de transport pour le trans-port entre le travail et le domicile sont remboursés sur base de 0,20e par kilomètre effectivement par-couru lorsque le travailleur se déplace avec un moyen de trans-port autre que sa propre voiture. Donc, par exemple, à vélo. Les 0,20e constituent le plafond pour lequel l’avantage peut être consi-déré comme exonéré de retenues d’ONSS. Le montant de 0,20e sera indexé grâce à l’application d’un mécanisme d’indexation.

ALIMENTATION - HORECA - SERVICES14 SYNDICATS • N°05 • 12 MARS 2010

> TRAVAILLEURS EUROPÉENS BONS MARCHÉ POUR LE SECTEUR DE L’ALIMENTATION

Pour 15 euros à l’heure vous recevrez un travailleur «qualifi é» Le sujet a déjà été abrodé dans les pages de la Centrale générale de Syndicats n° 1 et n° 4 de cette année. Des travailleurs étrangers (souvent illégaux) européens de l’Est sont offerts par des agences d’intérim louches à des prix plancher à des entreprises de construction en Belgique, et l’Europe laisse la porte ouverte à cette fraude.

Pratiques illégales dans le secteur de la viande

Mais ce n’est pas seulement le secteur de la construction qui est confronté à ce phénomène. Des travailleurs européens bon mar-ché étaient déjà présents dans l’in-dustrie alimentaire et notamment dans le secteur de la viande qui occupe en Belgique quelque 14.000 travailleurs dans des abattoirs, des désosseries, charcuterie,… dans la plupart des cas des entreprises fa-miliales, sans tradition syndicale. Le ‘circuit du noir’ y est souvent encore actif.

Avec l’ouverture des frontières vers l’Europe de l’Est, le secteur de la viande était un des premiers sec-teurs à faire appel ou à abuser de ces pratiques. Des circuits illégaux étaient organisés à partir des Pays-Bas. Selon Freddy Quackelbeen, secrétaire FGTB-Horval section de Flandre-Occidentale il y a eu une diminution, certes mais il y a toujours beaucoup des travailleurs polonais dans ces entreprises. Cer-tains disposent d’un contrat de tra-vail belge, d’autres d’un contrat d’un sous-traitant polonais et dans ce cas le contrôle est quasi impos-sible. De plus, les entreprises sont lourdement concurrencées par l’Allemagne, où il n’existe pas de salaire minimum dans le secteur et où des travailleurs roumains ou bulgares travaillent pour 5 euros à l’heure. Ceci est surtout le cas dans la désosserie. Certaines en-treprises belges y délocalisent un nombre de travaux. Pour ceux qui ne le font pas, la tentation est grande d’être séduits par l’offre des sous-traitants. Depuis beaucoup d’années, il existe pour eux une procédure d’enregistrement, mais la recherche récente a démontrée que celle-ci est insuffi sante. Un nombre d’entre eux parviennent à transposer des jours prestés en chômage économique en raison du manque d’un contrôle de présence effi cace. Pour cela la FGTB plaide pour un enregistrement strict des heures prestées et un feed-back aux services de l’ONEM. Il n’est pas possible qu’on fi nance avec l’argent de la sécurité sociale la concurrence déloyale avec l’Alle-magne. Freddy Quackelbeen sou-ligne également qu’une approche européenne est plus que jamais nécessaire. Il est scandaleux qu’on ouvre les frontières et qu’à aucun moment on ait discuté de la protec-tion sociale de tous les travailleurs européens. Heureusement, il y a déjà quelques entreprises qui en sont conscientes et qui sont dis-posées à rechercher ensemble une solution dans la concertation. Ceci

est uniquement possible si les ca-binets Emploi et Affaires Socia-les y apportent suffi samment de soutien et qu’ils luttent contre le circuit noir belge.

Economiser au détriment du travailleur

Alain Detemmerman, secrétaire fédéral FGTB-Horval est dépité: «Le patronat est toujours plus inventifs s’il s’agit de faire des bénéfi ces. Il n’y a plus d’inhibi-tions. Les employeurs veulent en permanence économiser sur les coûts salariaux. Même dans les entreprises rentables comme AB InBev la direction veut encore éco-nomiser sur le dos des travailleurs. D’autres veulent également profi -ter de cette tendance. Le créneau est toujours rempli. De manière illégale ou non. Car qu’est-ce qui est plus intéressant pour une en-treprise que d’insérer quelqu’un qui n’est pas cher, qui prend toute la responsabilité et qui court tous les risques? Fuir la responsabilité est inacceptable!» Les secteurs verts

L’offre des travailleurs à bas prix a maintenant aussi contaminé l’ho-reca et les «secteurs verts». Début 2010, un nombre d’employeurs sérieux ne voulaient plus de cette situation et ont abordé le problème auprès du syndicat. Selon Alain De-temmerman, ces employeurs sont contactés de façon agressive de faire appel aux services des agen-ces intérimaires étrangères. Des travailleurs y sont proposés pour 15, 16 ou 18 euro à l’heure, all-in! Il est impossible dans ce segment du secteur d’occuper des travailleurs à ces tarifs. En effet, le coût réel pour ce type de travail s’élève au minimum à 25 euros.

Le secteur entretien des parcs et des jardins est dans le collimateur

Dans le secteur «Implantation et Entretien des parcs et jardins» par rapport aux autres «secteurs verts» (agriculture et horticulture), des meilleures conditions de travail et des meilleurs salaires y ont été négociées.

La grande distinction entre le sec-teur Implantation & Entretien des parcs & jardins (CP 145.04) et l’hor-ticulture (CP 145) est que le secteur précité ne peut pas employer des saisonniers. L’horticulture peut faire appel à des saisonniers et les employeurs dans ce secteur ne doivent presque payer des co-tisations ONSS sur le travail sai-

sonnier, de sorte que ceci soit un statut avantageux pour eux. Dans le secteur ils n’ont pas cet avantage, de sorte que le prix d’une heure de travail y est nettement plus élevé. Des entreprises qui recherchent une manière pour diminuer les coûts sont donc une proie facile pour des entreprises indélicates polonaises.

Législation concernant le travail intérimaire?

Il existe toutefois une législation belge et européenne concernant le travail intérimaire, mais selon Alain Detemmerman la législation ne résoudra pas le problème. Il y a trop peu de contrôle. Uniquement des contrôles fréquents et des amendes élevées peuvent arrêter l’attitude des employeurs.

L’histoire de la culture des cham-pignons en Flandre occidentaleUne histoire comparable est celle d’un cultivateur de champignons en Flandre occidentale (= secteur horticole) chez qui des saisonniers peuvent travailler, durant 65 jours par année sous un statut spécial. L’employeur ne paie presque pas de cotisations ONSS. Au début de cette année, l’entreprise a licencié tous les travailleurs fi xes pour les remplacer par des saisonniers. Pour boucler l’année après 65 jours les saisonniers sont simplement rem-placés par des «nouveaux».Cette affaire a pour conséquence qu’au sein de la commission pari-taire deux choses ont été conve-nues: • Il y aura une évaluation du statut

saisonnier pour 2010 avec une proposition concrète aux poli-ticiens. La FGTB veut au moins instaurer un seuil «en qualité de l’employeur», un nombre d’ac-tivités (sous-secteurs) doit être exclu du système. A présent les employeurs peuvent engager des saisonnier toute l’année. Actuel-lement il y a uniquement une restriction «en qualité de tra-vailleur», à savoir 65 jours dans l’horticulture et 35 jours dans l’agriculture.

• Une proposition concrète, a été soutenue par tous les partenaires sociaux et introduite auprès des Ministres compétents dans la culture des champignons d’ins-taurer déjà maintenant une limite pour l’employeur.

• Le travailleur est encore une fois victime

• Des travailleurs étrangers sont souvent occupés de manière il-légale et sont exploités.

• Des travailleurs étrangers ont des salaires inférieurs aux barèmes dans ces secteurs, les horaires de travail ne sont pas respectés.

• Des travailleurs étrangers oc-cupés par des contrats d’emploi précaire ne bénéfi cient pas de la sécurité sociale belge.

• De lourds accidents de travail interviennent dans le secteur de l’agriculture où on travaille avec des grandes machines lourdes, souvent avec une issue mortelle. Par des formations insuffi santes les travailleurs étranger consti-tuent un risque pour eux même

et aux autres. • L’aspect de la traite des êtres

humains n’est jamais loin. La si-tuation de ses travailleurs étran-gers est comparable à l’histoire de Sikhs dans la culture fruitière lim-bourgeoise qui sont logés dans des circonstances dégradantes.

Ce sont encore une fois les plus faibles qui sont exploités.

Carrousel

La preuve dont dispose Horval, il s’agit d’une entreprise étrangère qui opère sous droit polonais, sans reconnaissance, de laquelle on re-trouve peu d’information et qui frôle l’illégalité.

La Pologne n’est pas un pays voi-sin. Des contrôles transfrontaliers ne sont pas pour demain. Même en Belgique les contrôles ne sont pas effi caces. Beaucoup de ces entreprises sont intouchables ou en cas d’une procédure juridique elles n’existent plus au moment du jugement. Entre-temps ils ont monté une nouvelle entreprise. Ceci est le carrousel qu’on met sur pied. Nous courons toujours der-rière les faits.

Dans les secteurs verts, il y a beau-coup de petites entreprises avec peu de travailleurs et sans délé-gation syndicale. Ces travailleurs étrangers ne connaissent pas les syndicats et sont diffi ciles à at-teindre.

L’action est de mise!

• Dans un premier temps, le légis-lateur doit par le biais de l’inspec-tion rechercher de quoi il s’agit.

• Dans les mois à venir, il faut éli-miner autant que possible les échappatoires existantes afi n d’éviter des abus.

Au sein de l’industrie alimentaire (et en particulier le secteur de la viande) les discussions sont en cours. La suite dans le prochain Syndicats.

Des brochures d’information avec tous les renseignements utiles concernant les secteurs HORVAL sont disponibles. Voir sur www.horval.be ou demande plus d’info auprès de votre section locale.

SYNDICATS • N°05 • 12 MARS 2010 15EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES

Carrefour: le début de la lutte

Des portes closes pour de nouvelles perspectives d’avenir! L’annonce du plan de restructura-tion de Carrefour Belgique marque le début d’une catastrophe sociale sans précédent. Même si on savait que la situation n’était pas tou-jours rose en termes de résultats, on était loin de se douter que les événements prendraient pareille tournure. Pour les travailleurs, c’est tout un pan de leur vie qui s’effondre. Bouleversement, sen-

timent de rejet, sensation d’être devenu inutile, panique, angoisse du lendemain, dégoût, tristesse… Les émotions sont vives et se suc-cèdent pour l’ensemble du per-sonnel.

Le fameux plan de sauvetage proposé par Carrefour prévoit notamment la fermeture de 21 magasins, la revente ou la cession

à des franchisés de 27 magasins et la suppression au minimum de 1672 emplois. Pour le SETCa, les conséquences de cette décision vont largement dépasser ce cadre. C’est la pérennité de l’entreprise toute entière qui est ici remise en question. Nous contestons cette forme dumping social et nous réaffi rmons la nécessité de mettre sur pied un vrai plan commercial

et d’implémenter celui-ci via des dirigeants compétents. L’appel à la grève générale de ce samedi 27 février a été largement suivi par nos bases et a remporté un véritable succès. Les portes de l’ensemble des magasins en Bel-gique sont restées closes. Parkings déserts, piquets de grève, rassem-blements entre «futurs anciens» travailleurs, gestes symboliques,

marques de soutien de la clien-tèle,… Les scènes et les panoramas étaient différents devant chaque point de vente. Une chose est sûre: cette journée d’arrêt a démontré clairement à la direction de Carre-four notre volonté de continuer à nous battre. Nous irons jusqu’au bout de notre action afi n que l’ex-pression «plan de sauvetage» rime aussi avec «avenir pour tous».

Ces dernières semaines, l’info s’est clairement focalisée sur UNE entreprise: Carrefour. La di-rection a annoncé son intention de tailler dans l’entreprise et le personnel. La réaction des tra-vailleurs ne s’est pas fait attendre. Elle a été nette et précise. Des actions spontanées ont vu le jour dans tout le pays ainsi qu’une grève générale, suivie en masse le dernier samedi de février. La première vague de colère est lancée…

Démantèlement social sur le dos du person-nelPour le SETCa et les travailleurs, le plan de ré-duction des coûts présenté par Carrefour est indigeste. Supprimer un Carrefour, c’est tailler dans l’emploi Carrefour mais aussi dans les sociétés environnantes et entreprises logisti-ques. L’enjeu est également de taille pour les travailleurs des grands magasins qui ne ferment pas. 27 magasins seront vendus (20 éventuel-lement à Mestdagh et 7 franchisés). Ces tra-vailleurs feront des concessions salariales, car un repreneur n’est pas obligé de les reprendre et s’il les reprend, il peut ne pas être obligé de les garder aux mêmes conditions de travail. En pratique, pour nombre d’entre eux, ils seront aussi licenciés. Pour ceux qui restent, Carrefour a un «plan»: faire des concessions salariales, abandonner des acquis. Car le personnel est trop cher, dixit la direction de Carrefour. Les travailleurs de la concurrence ont des salaires plus bas. Ils font partie d’une autre «commission paritaire» (l’endroit où les règles sont convenues pour un secteur précis). Les hyper Carrefour dépendent de la CP 312 (grands magasins), tandis que la concurrence relève de la CP 202 (commerce de détail de pro-duits alimentaires). D’après la direction, ce serait la cause du mal qui ronge Carrefour.En pratique, c’est inexact. Une caissière Carre-four n’est pas plus chère qu’un travailleur à la caisse chez Delhaize ou Colruyt. A 32 ans, avec

5 ans d’expérience chez Carrefour, elle gagnait en 2008 1705,48e bruts par mois. Chez Delhaize et Colruyt, elle gagnait respectivement 1819e et 1698,96e bruts par mois. La caissière chez Carrefour n’est donc pas plus chère.

La cause du drame se situe au niveau de la di-rection, qui n’est pas parvenue à mettre sur les rails une politique commerciale claire pour ses magasins. Rayons en désordre, longues fi les aux caisses, mauvaise politique d’achats,… Il n’y a jamais eu de vision claire. La direction, elle aussi, a semblé en prendre conscience lors des premiers conseils d’entreprise.

Et maintenant?Nous avons rencontré la direction dans le cadre de la procédure Renault. Après l’annonce d’un licenciement collectif, l’employeur est obligé de fournir des informations aux travailleurs et de répondre à des questions pendant au moins trente jours. Nous nous trouvons actuellement dans cette phase et nous ne pourrons aborder les véritables négociations que par la suite.

Les conseils d’entreprise qui se sont tenus entre-temps (un seul au moment d’écrire cet article) nous permettent donc d’entendre les raisons qui ont amené la direction à présenter le plan. Ses raisonnements et ses chiffres comportent sans doute des erreurs, et nous les corrigerons lors de cette phase. Comme SETCa, nous visons clairement quatre objectifs:

Nous voulons que l’entreprise Carrefour exprime sans équivoque sa volonté de rester active en Belgique, de se positionner commercialement sur le marché belge et dans la durée. Un peu de constance commerciale! Nous disons non au dumping social: pas question de sauter d’une commission paritaire à l’autre, pas de shopping social. Il existe un endroit où nous parlerons de

l’harmonisation des commissions paritaires, c’est au sein du groupe de travail sous l’égide de la ministre. Pas chez Carrefour sous la pres-sion d’un plan de restructuration. Nous voulons aussi des certitudes quant à l’avenir des 15.000 travailleurs concernés au sein des magasins in-tégrés. Une vraie garantie de volume de l’emploi. C’est actuellement le personnel qui paie pour la mauvaise gestion d’une direction qui n’a ja-mais voulu comprendre le marché belge. Nous demandons qu’elle se remette aussi en question et qu’elle le fasse savoir via un signal clair.

Entre-temps, nous demandons aux travailleurs de se tenir prêts. Nous savons que nous pouvons compter sur eux si nous appelons à la grève. La négociation sera longue et pénible, préparons-nous à une longue lutte.

Un offshoring pur et simple!

Même si la direction se veut ras-surante sur la présence à long terme de la Bank of New York Mellon en Belgique, son avenir semble pourtant compromis. Lors d’un récent conseil d’entreprise, le groupe a annoncé la suppression de 199 emplois sur 896 à Bruxel-les. Ce qui choque, c’est qu’il ne s’agit pas ici du scenario tradi-tionnel de licenciement collectif. L’entreprise entend carrément procéder à une externalisation de toute une série de ses activités vers d’autres villes internationa-les, pressenties comme étant des «centres de croissance» (Man-chester, Pune, Pittsburgh).

Suite à cette nouvelle, les tra-vailleurs ont décidé de ne plus prester aucune heure supplé-mentaire. L’année 2009 avait été marquée par un nombre incroyable de prestations sup-plémentaires (32 000 heures): le personnel a donc décidé de faire preuve, dans un premier temps, de moins de fl exibilité. Certains ont également procédé à un arrêt de travail d’une demi heure en guise d’action symbolique.

Pour l’instant, les discussions avec la direction se poursuivent dans un climat positif. Affaire à suivre…

Accord social chez DHLAprès plusieurs mois d’incertitude, un accord social a fi nalement été conclu chez DHL (Headquarters) à la suite du déménagement du siège principal de Diegem vers Leipzig en Allemagne. Plus de 600 personnes perdent leur emploi. Entretien avec Erlend Nagel, l’un des délégués du SETCa qui vient d’arracher un ac-cord chez DHL HQ (les négociations sont toujours en cours auprès des autres entités).

«Dès le début, il est apparu que la direction n’avait pas l’intention de faire beaucoup de concessions. Elle a tout simplement clôturé unila-téralement la première phase im-posée par la loi en cas de licencie-ment collectif (la loi Renault). Pour elle, l’affaire était entendue: «Elle nous avait informés et consultés» et puis basta! En ce qui concerne la direction, la porte était dès lors

refermée.»

Comment avez-vous fi nalement pu renverser la situation?

«Nous avons décidé de passer à la grève. C’était la première fois que nous passions vraiment à l’action au siège principal. La direction a tout mis en œuvre pour retenir les gens. Ils ont ainsi essayé de diffuser le mythe qu’il faut prendre un jour de congé pour pouvoir faire grève. Vous vous imaginez!»

Cette tactique n’a-t-elle pas eu l’effet contraire?

«La direction s’est tout de même tiré une balle dans le pied. Elle a par exemple organisé ses propres assemblées du personnel pour dé-fendre son plan. La manière dont elle l’a fait était tout simplement

humiliante. On racontait sans rou-gir que les membres du personnel de la comptabilité n’avaient pas à se plaindre «parce qu’on leur offrait quand même un emploi au Costa Rica». La situation était devenue à ce point ridicule que la comp-tabilité décida spontanément de passer à la grève.»

Vous avez d’abord fait grève, mais vous êtes passés ensuite à des blo-cages. Pourquoi?

«Notre stratégie a consisté à aug-menter systématiquement la pres-sion. En empêchant l’enlèvement de colis à des endroits tactiques, nous avons pu faire mal à la direc-tion, plus qu’avec une grève. Finale-ment, - et grâce aussi aux contacts syndicaux internationaux - le CEO de DHL est intervenu à partir de l’Allemagne. Nous nous sommes

ensuite assis autour de la table et avons pu so-lidement négocier un plan social.»

Quels sont les prin-cipaux points de ce plan?

«Nous voulions per-mettre à un maxi-mum d’employés et de cadres de bénéfi -cier des avantages du plan social, même s’ils gagnaient pas mal. Nous avons beaucoup de membres parmi les cadres et nous ne voulions pas les laisser sur le carreau. Ça a bien réussi. De même, les conditions pour pouvoir déménager (même s’il n’y a qu’un petit pourcentage du personnel à le faire) sont accessibles à chacun. Ce qui est important aussi, c’est que

nous avons pu obtenir une formule Claeys renforcée pour chacun. En particulier les employés à bas sa-laire vont sentir la différence. A présent, il ne nous reste plus que quelques petits points à négocier avec la direction».

Bonne réussite!

> BANK OF NEW YORK MELLON

EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES16 SYNDICATS • N°05 • 12 MARS 2010

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Pourquoi une action le 17 mars?

Le 17 mars, les syndicats d’em-ployés mèneront une action pour la préservation du statut

des employés et contre le statut unique, présenté de toutes parts comme la seule solution salvatrice. Pourquoi une action maintenant? Le manifeste communiqué il y a quelques semaines par toutes les organisations patronales de ce pays appelle une réaction. Et pas uniquement par voie de com-muniqué de presse, mais par une protestation de masse devant les portes de la FEB, la Fédération des entreprises de Belgique.

Le message des employeurs est clair: tous les travailleurs du pays (employés et ouvriers) n’auront plus droit à l’avenir qu’à un délai de préavis de quelques semaines, assorti d’une prime de préavis (également limitée) exempte d’im-pôts et de cotisations sociales. De plus, l’activation des travailleurs licenciés doit encore être amplifi ée: lisez que les demandeurs d’emploi ne pourront plus avoir droit à des allocations de chômage comme aujourd’hui. Dans les prochains jours, les négociations sur les sta-tuts reprennent dans le Groupe des 10, où siègent les représentants nationaux des employeurs et des

syndicats. Il est évident que les propositions des employeurs se situeront dans la même lignée que le manifeste qu’ils ont émis. Dès lors, soyons clairs à notre tour: il ne peut pas s’agir d’une base pour des négociations sérieuses. C’est ce que nous ferons comprendre clairement à la FEB le 17 mars.

Nous regrettons que ces derniers jours, une certaine presse ait donné un amplifi cateur à une partie du monde académique, utilisé pour propager la vision patronale. Dans divers quotidiens, paraissent régu-lièrement des libres tribunes, si-gnées par des professeurs de toute sorte. Ces prises de position ne sont pas toujours fondées scientifi que-ment, mais plutôt inspirées poli-tiquement. Voilà aussi pourquoi nous descendons dans la rue. Parce qu’il s’agit de la seule manière d’attirer l’attention de l’opinion publique sur nos positions.

Dernier exemple en la matière: le modèle du «sac à dos» autrichien, présenté comme LA solution pour réaliser un statut unique. Selon la presse, ce système autrichien (in-troduit en 2003) permet depuis lors à tous les travailleurs d’avoir droit à un délai de préavis réduit et, de surcroît, à une indemnité de préa-

vis, pour laquelle les employeurs paient une cotisation chaque mois. En cas de licenciement, cette in-demnité peut être prise ou rester sur un compte jusqu’à l’âge de la pension. Ce serait LA solution et l’option idéale pour le statut uni-que. On ne précise jamais qu’entre-temps, la distinction au niveau du délai de préavis des ouvriers et des employés a bel et bien été main-tenue en Autriche et qu’en fait, ce système du sac à dos s’apparentait davantage au développement d’un système de pension ‘deuxième pi-lier’ généralisé qu’à la suppression de la distinction entre ouvriers et employés.

Les exemples d’autres pays doi-vent donc être placés dans leur juste contexte. C’est pourquoi il faut empêcher employeurs et po-litiques de les utiliser habilement ou d’en abuser. Réglons dès lors les choses comme il se doit: les diffé-rences entre ouvriers et employés dans ce pays doivent trouver une solution propre par le biais d’une harmonisation vers le haut. Nous n’avons que faire d’une solution impliquant une régression pour les employés. Plus de droits pour les ouvriers, et pas moins pour les employés!