l'ecole primaire, 30 mars 1927

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46me Année No 6 tOi}R{ G131l li DE LA S'cejêté cl . L'ECOLE PRIMAIRE :palau 14 fois pendant le cours scolaire Abonnement annuel: Fr. 4.60 Les abonnements se règlent par chèque postal Ile 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement. Tout ce qui concerne la pUblication doit être adressé directement à M. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au Dé· partement de l'Instruction publique à Sion. Les annonces sont reçues exclusivement par PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité Sion Rue de Làusanne 4 - Téléphone 2.36 ' IIiP. 8EEGER ARTHUR, SION 30 Mars

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Page 1: L'Ecole primaire, 30 mars 1927

Aux membres du Corps Enseignant Valaisan ne manquez pas de compléter votre Gaisse .. Retraite par la conclusion d'une

assurance sur la vie à la

EI~:L.C>I&E Compagnie d'assurance sur la vie, Bâle.

Inspecteur de la Branche Vie pour le Valais:

Léon PANCHARD, Bramois

PUBL.llJITAS, SOCIÉTE ANONYME SUISSE DE PUBLICITÉ:

Rue de Lausanne 4, S ION Téléphone 2.36

46me Année No 6

tOi}R{ G131l ~J li DE LA

S'cejêté valai~at)"e cl 'édu~ation .

L'ECOLE PRIMAIRE :palau 14 fois pendant le cours scolaire

Abonnement annuel: Fr. 4.60

Les abonnements se règlent par chèque postal Ile 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement.

Tout ce qui concerne la pUblication doit être adressé directement à M. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au Dé·

partement de l'Instruction publique à Sion.

Les annonces sont reçues exclusivement par PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité Sion

Rue de Làusanne 4 - Téléphone 2.36 '

IIiP. 8EEGER ARTHUR, SION

30 Mars

Page 2: L'Ecole primaire, 30 mars 1927

LIBRAIRIE PAVOT Lausanne. Genève· Neuchâtel • Vevey • Montreux • Berne

CARTES MURALES

DES HÉMISPHÈRES d'après

VV. ROSIER et 1\1. BOREL

par

K'OMMERLY & FREY

Echelle 1/13500000. :.\Iontée sur toile et rouleaux 175 cm. X 165 cm. Hémisphère occidental . . . . . Fr. 36.-

Hémisphère oriental. . . . . . » 36.-Les deux hémisphères pris en une fois » 70.-

Les événements politiques, les remaniements territoriaux entraînés par la guerre ont été tels qu'une l1.ouvelle édition des cartes des deux hémisphères publiés autrefois par " ' . Rosier et M. Borel devenait indispensaJ)le. La préparation en a ét é confiée à la maison Kümmerly et Frey, à Berne, qui y a voué tous ses soins.

Les nouvelles cartes plairont sans doute par les couleurs vives, sans être heurtées, des terres et des mers. Le relief est marqué par le dessin, mais aussi par une gamme de teintes qui va du vert foncé au brun foncé, les altitudes moyennes étant plus claires. Pour les espaces maritimes, la couleur distingue les régions de faible profondeur (jus­qu'à 200 m.), qui appartiennent à la plateforme continentale, celles de 200 à 1000 m., enfin celles de plus de 1000 m. qui constituent la majeure partie des océans; les fosses les plus profondes sont marquées et cot~es.

Comme il est naturel, les nouvelles cartes sont surtout physiques. Pourtant, les frontières politiques y ont été complètement portées. Les villes de 500000 à 1 million d'habitants et celles de plus d'un million d'habitants sont toutes mentionnées, ces dernières marquées par un signe spécial. Pour les villes plus petites, on a arrêté la nomenclature d'après la dernière édition de la « Géographie générale illustrée » de W. Rosier, préparée par C. Biermann. D'autres faits de géographie humaine ont été aussi enregistrés, ainsi que les principales lignes de chemins de fer et une partie des lignes de navigation maritime. Il n'était pas possible de mentionner les noms de tous les explorateurs qui ont contribué à nous faire connaître la Terre. Seuls ont été donnés les noms des découvreurs des région.s polaires, avec la forme des nou­velles teJ;'res déterminées.

Les nouvelles cartes des hémisphères rendront sans doute de nom· breux services à l'enseignement de la géographie dans notre pays.

4:6me Année No G 31 Mars 1927

Organe de la Société Valaisanne d'éducation

SOMMAIRE: Livre de lecture. - Centenaire Pestalozzi. - De la culture du patriotisme à l'éc·ole. - Solidarité syndicale. - Une grande idée, germe d'une action féconde. - Langue maternelle. -« NOS PAGES ». - Comptabilité. - Leçon de choses. - En o-la-nant. _ Miettes pédagogiques. _ Variétés. b

Livre de Lecture

La transition entre les deux livres de lecture en usage dans nos classes est trop forte. Pour combler cette lacune, le Comité de la Société valaisanne d Education a proposé d'augmenter la matière du cours élémentaire édité par le Canton de Fribourg.

Une demande a été adressée au Département de l'Instruction publiqüe de ce Canton tendant à autoriser l'adjonction d'un cer­tain !lOmbre de textes à ce manuel. La question n'ayant pu être solutIOnnée à satisfaction, la Commission cantonale de l'Enseigne­Inent primaire, dans sa dernière séance, a décidé de créer un livre de lecture à l'usage des degrès élémentaire et moyen des écoles de notre canton. Les Membres du Corps enseignant qui possèdent des textes. pouvant f~~llrer avantageusement dans ce manuel en pré­paI'ahon sont pnes de les envoyer avant le 15 avril prochain au Secrétariat du Département.

Centenaire Pestalozzi

Nous nous pennettons de rappeler aux Membres du P. E. qui n'ont pa~ encore adressé au Département de l'Instruction publique le produIt de la vente des médailles du Centenaire de bien vouloir en verser au plus tôtle Inontant au Compte de Chèques No II c 128 Fonds cantonal des anOl'lncmx.

L'Ecole Pl'in1clÎl'e publiera le résultat de la vente des plaquet­tes, comm~e aussi le produit des collectes effectuées par les Admi-nistrations communales. (Comm.) -

De la culture du patriotisme à l'école

Il n'est pas rare aujourd'hui de rencontrer des hommes qui s'élèvent contre le maintien des frontières entre les peuples. Les uns rêvent d'une fraternité universelle, d'une grande famille où

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régneraient la concorde et la charité des premiers chrétiens; les autres, esclaves d'un vil égoïsme qui étouffe les sentiments nobles et généreu x, s'accomluodent de la maxime: La patrie es t là où on est bien.

Cette théorie, chiInérique ou égoïste, s'ens-eigne à la jeunesse de certaines écoles d'où l'on hannit l'idée même de patrie, et où les défenseurs du sol sont traités d'assassins salariés . Un ensei­gnement aussi subversif a déjà produit des actes d'insubordina­tion contre lesquels les tribunaux militaires ont dû sévir. IVlalh eu­r~usement, les vrais coupables, les instigateurs de la r ésistance à la loi ne réussissent que trop souvent à échapper aux sanctions.

Au moment donc où le patriotisme se voit baUre en brèche par l'enseignement, la vague de sensualisme et d'irréligion qui monte toujours plus menaçante, la facilité des relations inter­natfonales, l'élnigration, le n1.élange des races, il ne sera pas inutile d'exhorter le personnel enseignant à vouer un soin par­ticulier à la culture du patriotisme et à lui rappeler ou suggérer. quelques moyens d'atteindre ce but.

Sans doute, l'amour du sol natal est inné. Tout le monde c~n naît la page où Chateaubriand nous montre le sau vage plus attaché à sa hutte que le roi à son pahtis, le Lapon préférant ses neiges et ses glaces aux régions plus favorisées. S' il en était autrement, ce serait la ruée générale vers les contrées où la na­îure se nlontre plus généreuse, ce serait une lutte féroce, une guerre d'externlination au profit du plus fort.

Mais l'amour de la patrie, quoique inné, delnande à se déve­lopper, sinon son gern1.e risque de demeurer inactif et nlême de se dessécher. Cette tâch e revient principalement à l'instituteur, car ils sont rares les p arents qui s 'ingénient à inspirer à leurs enfants u n amour patriotique vrai et raisonné. Combien ren­contre-t-on de pères qui comme celui de Jean-Jacques Rousseau l11.eUent parfois leurs enfants devant un beau paysage en leur d.isant: « Enfants, aimez bien votre pays » .

Les préoccupations Inatérielles, les soucis quotidiens de la vie, l'âpreté de la lutte pour l 'existence empêchent trop souvent l'ascension vers un cer tain idéal religieux ou patriotique.

. Il n'est pas question, évidemment, de recourir aux discours proprement dits sur l'amour du pays; c'est dans le programme des luatières d 'enseignement qu'il trouvera fréquemment l'occa­sion d'éclairer et d'exciter l'amour des enfants envers la patrie.

Parn1.i ces matières, il en est une qui se prête merveilleuse­ment à ce but: c'est l'histoire nationale. Celle-ci constitue, en effet, la grande école du patriotisme. En l'étudiant rationnelle­ment, l~s enfants comprendront que, selon l'expression d 'un au­teur ~ la patrie se compose bien plus des morts que des vivants,

-1M

qu'elle ne se réduit pas aü petit coin de terre qui nous a vus naître, mais qu'elle est faite d 'un immense trésor de gloire, de civilisation que les vivants ont l'obligation d'augmenter sans cesse.

Seulement, pour que l'amour patriotique porte ses fruits et n 'engendre pas l'ennui ou le dégoût, le maître s'efforcera de le rendre facile et attrayant; il évitera la lnémorisation d 'intermi­nables pages où fourmillent les détails qui appartiennent à l'éru­dition; il lira ou, ce qui est mieux, racontera de temps en temps, avec chaleur et conviction un beau fait qu 'il acconlpagnera de réflexions qui seront comme des étincelles jaillissant d'un cœur enflammé de patriotisme; il illustrera l'un ou l'autre de ses ré­cits de visites à l'occasion d~s courses scolaires, au lieux qui ont été les télnoins de l'héroïsme de nos ancêtres, aux monuments qui conlmémorent un fait ou un personnage célèbre; les élèves en reviendront toujours . meilleurs patriotes, surtout si on a eu soin de leur donner sur place les explications uti.les .. Il les inté­ressera égalen1.ent aux manifestations patriotiques qui se dérou­lent' dans notre pays en les y faisant participer, si c'est possible, ou du lnoins en leur en expliquant le sens.

Et pourquoi, dans le but de rendre l'idée de patrie plus fa­milière, n'ornerait-on pas sa salle d'un petit drapeau suisse ou valaisan, dont on expliquerait préalablement le symbolisme, les couleurs ou les signes, d'une image ou gravure qui représente une scène historique ou quelque héros national? Pourquoi encore ne ferait-il pas suivre parfois la prière qui commence ou ter­nline la classe de l'exécution d'un couplet d'un de nos hymnes nationaux, comme cela se pratique dans les écoles américaines?

Puis, qu'est-ce qui l'empêche de choisir quelquefois comme texte de dictée, d'écriture, de lecture une belle page de notre histoire nationale?

Il nous semble qu'il suffirait de rompre avec la routine ou de ne pas se laisser arrêter par certains préjugés. Que quelques insti­tuteurs commencent, s'ils ne l'ont pas déjà fait, et, peu à peu, le mouvement s'étendra et se généralisera.

Le chant, lui aussi, exerce üne action profonde sur la culture du patriotisme. Il sert, en effet, à exprimer parfois en accents émouvants les fastes de notre histoire, les beautés incompara­bles de nos sites. Et puis, il possède une puissance comlnuni­cative de prelnier ordl:e. Sous le charme .d'une mélodie bien exé­cutée, les cœurs se dilatent et s'enivrent de nobles sentiments. Voyez. comnle dans une foule assemplée pour une fête nationale, un frémissement d'enthousiasme patriotique parcourt les rangs, lors­que debout, tête nue, cette multitude lance aux échos les accents graves en solennels de notre hymne national. Il serait mal venu

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celui qui, en ce moment, tenterait de faire croire que l'amour de la patrie n'est qu'un mythe ou l'effet d'une sensiblerie maladive.

Que le maître développe donc chez ses élèves le goût du chant, qu'il leur apprenne ces airs populaires dont plusieurs sont de délicieux colloques entre la patrie et ses enfants.

La géographie est aussi particulièrement favorable au déve­loppement de l'amour de la patrie. Et ici l'instituteur valaisan jouit du privilège de se trouver dans un milieu on ne peut plus riche en ressources. Qu'il lui suffise, en effet, d'inviter ses élèves à porter leurs regards sur les merveilles qui les environnent. Si beaucoup de gens sont indifférents ou insensibles aux beautés naturelles de leur pays, c'est que bien souvent personne ne les y a rendus attentifs. '

Que dans les leçons de géographie, on attache moins d'im­portance à la partie physique qu'à notre activité nationale si in­tense, à nos industries si variées et si renOlnmées, à la prospérité de notre commerce et à nos ressources agricoles; qu'on fasse connaître également, dans la mesure, du possible, nos institutions si sages et si démocratiques, les progrès de notre instruction, les sacrifices consentis annuellement pour l'éducation de la jeunesse, les manifestations philanthropiques et les élans de charité qui placent le peuple ,suisse au nombre des peuples les plus chari­tables. Et alors nos enfants sentir,ont leur cœur se remplir d'un amour profond et inaltérable pour une famille dont l'habitation est si belle et dont les membres, divers de confession, de langue et de race, sont néanmoins si étroitement unis. Comnle Maître Jacques, ils trouveront que la cassette, quoique petite, ' est grande par ce qu'elle contient. Et, plus tard, quand ils seront citoyens, ils s'efforceront de se comporter en fils dignes . de la famille hel­vétique par la soumission volontaire aux lois, l'empressement joyeux à répondre à l'appel de leur mère au moment du danger, l'accomplissement fidèle et intégral des charges civiles et mi­litaires.

Daris le cours supérieur de l'école primaire, on utilisera en­core avec ptofit l'enseignement civique proprement dit pour sti­muler" l'amour patriotique.

M. le Dr Mangisch, dans un rapport, paru dans l'Annuaire suisse de 1926, dit très justement à propos de son « Cours de civique » : « Il importe de mettre à la disposition des maîtres un instrument adéquat au but recherché, cela surtout à une époque comme la nôtre, où des esprits - plein"s d'orgueil, mais vides de sagesse - attaquent les principes mêmes de la démo­cratie; qui ont pourtant fait de la Suisse une nation forte et éclairée ... Eh bien! il faut que ces esprits en mal de nouveauté, renconh~ent partout dans l'école la force invincible qui leur barre la. route. Et certes, ils la rencontreront, si les maîtres savent puiser à la source mêlne de notre histoire politique la conviction

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et l'enthousiasme indispensables à une vraie formation civique de la jeunesse. Il faut une atmosphère de pur patriotisme pour initier les élèves à nos saines institutions démocratiques; pour leur en expliquer l'origine, le fonctionnement, les heureux effets; pour leur montrer enfin, à titre d 'exemples, que le suffrage univers~l et le referendum constituent une digue puissante aux déborde­ments révolutionnaires. »

Il serait à désirer également que l'instituteur fît tout son possible pour imprégner l'atmosphère de sa classe ou de son école d'un véritable esprit de fCllnille, eh développant chez ses élèves, les sentiments d 'affection réciproque, de solidarité et d'en­tr'aide, en les habituant à user les uns vis-à-vis des autres de pro­cédés aimables, à savoir faire des concessions pour le bien com­nlun. Ce serait le remède ou l'antidote de cet égoïsme personnel ou régional qui, de nos. jours, cause tant ~e préjudice aux inté-rêts généraux du pays. .

Cet esprit de falnille se fortifierait encore si on avait soin d 'intéresser les enfants, du moins les plus âgés, aux événements qui se produisent au cours de l 'année et qui sont de nature à grandir le prestige ou l'honneur de notre pays e t à inspirer le désir de travailler à la prospérité commune.

On pourrait, par exemple, les entretenir quand l'occasion s'en présente, de l'organisation de certaines œuvres de charité ou de secours , d 'expositions ou d'autres concours internationaux, de découvertes ou d'inventions dues à nos nationaux, de vota­tions d 'une portée générale, surtout au point de vue économique, de telle ou telle nlesure législative., etc.

Ces leçons auraient l 'avantage d 'initier et d'intéresser peu à peu nos jeunes gens à notre vie nationale, c'est-à-dire à la vie de la famille suisse et, plus tard, ils télnoigneraient de moins d'in­différence dans l'accomplissement de leurs devoirs civiques.

Disons, en terminant, que ces moyens resteraient en partie inefficaces sans l'enseignement moral et religieux très soigné. C'est la religion, en effet, qui barre le plus efficacement la route aux idées subversives, qui calme le mieux la soif des jouissances matérielles, qui favorise l'éclosion des vertus civiques et qui inspire les plus sublimes dévouements. Voltaire lui-même avouait qu'une armée prête à périr pour Dieu serait invincible. La déca­dence religieuse entraîne avec elle la décadence morale et poli­tique d'un peuple, comme j'histoire en fait foi.

Si tous les instituteurs travaillent avec zèle et persévérance au développement du patriotisme, notre jeunesse échappera ,à l'emprise néfaste dont la menace plus ou moins le socialisme antireligieux, antimilitariste et antisocial, et notre patrie conser­vera ses traditions de religion, de liberté et · d'honneur qui jus­qu'ici ont fait sa fierté et sa force.

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Solidarité syndicale Près de 150 instituteurs ont donné leur adhésion à la nou­

velle corporation et apporté ainsi le concours de leur intelligence et de leur volonté aux idées que nous nous proposons de réaliser .

Nous nous plaisons à souligner le bel enthousiasme des dis­tricts de Martigny, Sierre, St-Maurice où nous avons recueilli les signatures de la presque unanimité des instituteurs; nous sommes persuadé que les autres districts suivront aussi ce bel exelnple. A n'en pas douter, nous serons deux cents à notre première assem­blée générale; c'est dire que nos prévisions les plus optimistes auront été l:n'gement dépassées.

Nous pourrons bientôt fixer la date et le lieu de notre réunion générale. Qu'on y vienne de toutes les régions, de tous les vil­lages; aucune abstention n'est admise. D'intéressantes questions figureront à l'ordre du jour. Puis, surtout, nous chercherons, ce j01.~r-Ià, à prendre contact, à créer des liens que des intérêts com­muns développeront constamlnent.

Sans voulOIr cTitiquer personne ici (nous avons été objectif dans toutes les réunions que nous avons provoquées) nous de­vons reconnaître que les instituteurs n'ont jamais été animés de sentiments d'une étroite solidarité.

Es.t-il une seule circonstance où nous avons montré, vis-à­vis de nos collègues, cet esprit d'entr'aide, cette charité vraünent cordiale qui fait des amis poùr la vie?

Après avoir rempli une mission délicate et pénible, nous ne recueillons trop souvent que l'ingratitude autour de nous; et comme le Divin Educateur, nous sommes délaissés, le jour du trépas, par ceux que nous avons formés, par ceux à qui nous avons donné le ,meilleur de nous-mêmes. Pouvons-nous, au moins, compter sur des collègues pour nou~ faire escorte au champ du repos? Hélas 1 vous savez trop ce qu'il en est pour l'avoir observé à maintes reprises. Un groupe de 5, 8, 10 collègues suit le convoi: c'est tout 1 ••• Un peu de terre sur le cercueil... puis l'ami est oublié. Eh bien 1 Get affront à la nlémoire de quelqu'un qui fut avec nous à la tâche nous ne voulons plus qu'il se répète. Nous rendrons témoignage à son œuvre, nous au moins, qui savons combien elle fut grande et difficile à réaliser et nous apporterons à sa famille notre appui moral et matériel.

Il y a quelques années, plus de 20 collègues se trouvaient sans emploi, malgré leur désir d'avoir une occupation. Quelle angoisse pour les soutiens de famille 1 quels soucis pour tous 1 Qu'avons-nous fait pour eux? Leur avons-nous tendu une nlain généreuse? avons-nous fait un seul geste d'ami? Avons-nous con­~enti le plus petit sacrifice en leur faveur? Nous avons tous redouté

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de nous trouver dans leur situation, et pleutres que nous étions, nous nous sommes abstenus de tout effort.

Notre situation à tous n 'est pas brillante, il est vrai, et quand nous avons prélevé le nécessaire, le superflu tient peu de place dans notre bourse. Mais combien de fois pourtant notre générosité n'a-t-elle pas été mise à contribution pour des œuvres à coup sûr moins utiles?

Puis, en nous privant de 3 décis, de quelques cigares, dites, ne pourrions-nous pas prélever 1 franc par mois pour des amis dans le besoin? L'esprit de corps y aurait certainement beaucoup à gagner et nous arriverions mieux à pouvoir faire front dans les circonstances où l'effort de tous les éducateurs s'impose. Nous ne serions plus des inconnus, les uns pour les autres, mais des mem­bres aimant de la plus belle de toutes les familles.

Oui, chers collègues, il faut que cet esprit si nécessaire à toute société se développe; le syndicat s'y emploiera; il mettra toutes ses forces à le 'réaliser. Lorsqu'on nous denlandera : « COlU­

bien êtes-vous? » , il faut que nous puissions répondre avec La­mennais: « Nous sommes un, car nos frères c'est nous, et nous ce sont nos frères » . Cl. BERARD.

Une grande idé~, ~erme d'une action féconde

En lisant les réflexions de M. C. S. sur la façon de lutter par l'école contre les maux alocooliques , je me suis rappelé ce conseil de Lacordaire: « Ayez une idée et comptez sur l'avenir » , non pas une vague aspiration, mais une de ces pensées qui jaillissent des profondeurs de l'être, se nourrissent de réflexion calme et fré­quente, ünpressionnent fortement un cœur généreux et grandis­sent jusqu'à la résolution virile d 'agir.

L'idée de la lutte antialcoolique est-elle assez riche d 'énergie pour s'épanouir en une vigoureuse floraison d'action bienfai­sante? Beaucoup n'y voient qu'une des multiples formes arbi­tI'aires d'exercer une activité philanthropique, une occupation d'amateur. Pénétrez plus avant, vous apercevrez de multiples ra­mifications du parasitislne alcoolique dans tous les domaines de la vie; et si des années d'attention et d'action ont étalé devant vous toute l'étendue des déché'ances dues à ce fléau, vous COlTI­

prenez qu'un ~pécialiste, le Dr Legrain, ait 1 pu parler de l'alcoo­lisme comme d'une encyclopédie.

Etudier les ravages de nos habitudes alcooliques constitue un h'avail vital, et il convient de féliciter le maître qui oriente les préoccupations de ses élèves vers des questions si actuelles.

« Sünple exercice de style! » Peut-être. Rien n'empêche que

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cette joute littéraire devienne le germe d'une grande idée qui en­richit une vie. n suffira de vivifier les premières réflexions par la séve d'observations patientes, par le contact avec la réalité. Et les documents ne manquent certes pas. Sans recourir aux ressources d'un musée ou aux volumes d 'une bibliothèque, l'œil perspicace, le cœur sympathique découvre journellenlent les ruines d'un alcoo­lisme très répandu sous une forme voilée et loin d'être introuvable sous une forme abjecte et hideuse.

Voici une méthode rationnelle et très efficace d 'observation: Vous choisissez u.n cas concret d'alcoolislTIe; vous l'examinez dans le détail; vous en recherchez les origines lointaines, les ruines dans le buveur et les répercussions lalTIentables sur la famille et sur l'entourage. L'étude d'un seul cas de ce genre apporte à l'esprit plus de clarté que la lecture d'un traité, émeut un cœur généreux plus profondément qu'un- discours et entraîne la volonté plus énergiquement que des motifs abstraits.

D'une pareille étude pourra éclore la grande idée. « Je met­trai mon dévouement au service de la vie en contribuant à pré­server quelques existences de la déchéance alcoolique. »

Puisque le printemps est le moment favorable aux semailles, c'est bien au début de la carrière d'éducateur que la grande idée de l'apostolat antialcoolique pe~t se développer le plus vigoureu-sement. G.

Langue maternelle

DICTÊE - suite de la leço'n : Le printemps, ({voir No de Mars f9Z6))

Fleurs des champs.

Fleurs des champs, c'est vous qui êtes la parure de nos cam­pagnes . C'est vous, pervenches bleues, à la corolle étalée, qui tapissez les talus; c'est vous, petites pâquerettes, qui étoilez les bermes de la route et les gazons du chemin; c'est vous, jolies violettes, qui embaumez les haies de votre haleine; c'est vous, blanches aubépines, qui encadrez les champs de votre ravissante bordure, et qui exhalez, par la plaine, votre suave parfum.

Faire la dictée à la deuxième personne du singulier, à par­tir de : c'est vous, pervenches, etc.

Conjuguer au passé simple, au futur :. élTIailler, tapisser, étoi­ler, embaumer, encadrer, exhaler. Changer de verbe à chaque personne.

Citez quatre mots de la famille de fleur: fleurir, fleurette, fl~uriste, floraison. Faire entrer çes lTIots dans une phrase.

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La forêt . au printemps.

La forêt s'éveillait. Au pied des grands arbres, dont les têtes se couvraient d'une ombre légère de feuillage, les taillis étaient plus touffus. Les bouleaux hâtifs, aux membres d'argent, sem­blaient seuls habillés déjà pour l'été, tandis que les chênes im­menses montraient seulement, au bout de leurs branchages, de. légères taches vertes tremblotantes .

Guy de Maupnssnnt.

Les m u'g nets.

Dans les bois, par touffes, par larges plaques d'un vert vigou­reux, la double feuille de lTIuguets se pare d 'une aigrette de clo­chettes d'un blanc laiteux et parfume l'air. Avec l'éclosion des nluguets, la forêt s'anime. Des troupes de femmes et d'enfants s'éparpillent dans la futaie , et, accroupies sous les arbres, mois­sonnent en hâte ces grappes de fleurettes odorantes pour en faire des bouquets qu'elles iront vendre au marché. Les gens des villes sont friands de ces muguets qui apportent dans leurs chambres un peu du parfum et de l'enchantement des bois:

A. T heul'Ïet.

Le lilas.

M:ai, c'est le lTIois des lilas, des lilas jolis, des lilas fleuris en une délicate et tendre nuance d'améthyste. Les gamins sortent de l'école comnle un tourbillon d 'abeilles; vite, vite ils s'attaquent aux branches qui pendent au-dessus des lnurs.

J. Richepin.

La venne des hirondelles.

La venue des hirondelles annonce la clôture de l'hiver. Quand elles apparaissent, les chatons des saules jaunissent le long des ruisseaux, les pêchers roses ont ouvert leurs feuilles aux pentes des vignobles. Les jours de neige et de .pluie semblent déjà reculés très loin, et le paysan, las du coin du feu, se sent tout gaillard quand il voit les premières voyageuses déboucher du fond de la vallée et saluer de cris joyeux l'ancien nid qu'elles ont retrouvé. A. Theul'iet.

Orthogl'aphe : verbes en app ... : apparaître, appeler, appren­dre, applaudir, appliquer ... Verbes en ap: apercevoir, aplanir, apitoyer.

La lettl'e finale: las donne lasser; gaillard donne regaillardir; fond donne profondeur.

Justifier l'orthographe des verbes du texte.

Faire voir que annon"ce, appa.raissent, jaunissent sont f,armés

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d'un seul mot: ils sont à un temps simple. Souligner les verbes qui sont à temps simple. Nommer les temps simples du Inode indic~tif.

Le pinson.

Au bout du toit de la grange, un pinson chante. Il répète, par intervalles égaux, sa note héréditaire. A force de le regarder, l'œil trouble ne le distingue plus de la grange Inassive. Toute la vie de ces pierres, de ce foin, de ces poutres et de ces tuiles s'échappe par un bec d'oiseau.

Ou plutôt, la grange elle-même siffle un petit air. ' J. Renard.

Le réveil des oiseaux.

Elles sont longues, ces heures nocturnes où, n'osant bouger, les oiseaux n 'ont pour protection que les jeunes feuilles qui les cachent !

'Mais de minc'es colonnes de fumée blanchâtre s'échappent du toit des chaumières; les chiens jappent autour des fennes et les clochettes sonnent au cou des vaches. Les oiseaux quittent alors leurs buissons, agitent leurs ailes et s'élancent dans l'air pour saluer le soleil qui vient une fois de plus leur donner sa bienfai­sante lumière.

Orthogl'aphe: La lettre finale: le toit, la toiture; le cou (pour col), le collier; le coup, couper.

Les doubles consonnes: colonne, jappent, sonner, donner, quitter. - Comparer: le réveil, je m.e réveille; l'appel, j'appelle; le sommeil, je sommeille. - Justifier l'orthographe des adjectifs et des verbes.

Ecrire les verbes du texte à la première personne du singu­lier du présent. - Ecrire le texte en donnant pour titre: Le réveil de l'oiseau. Soulignez les mots qui changent de forme.

Le travail au printemps.

Partout bêtes et gens sont à l'œuvre. Ici déjà l'on herse; plus loin, le soc d'une charrue commence

à soulever des mottes luisantes. Les bêtes tirent le cou tendu, les fouets claquent, les hommes encouragent de la voix leur attelage. Les cris retentissent nettement dans l'air sonore.

A. T hen1'iet.

En mars.

Les premiers hourgeons éclatent; les autres se forment, rou­gissent. On voit des brins de paille dans le bec des moineaux. Une abeille vole: c'est qu'une fleur s'est ouverte. Attendez quelques

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jours encore, et la parure nouvelle de la terre sera complète, et tout fleurira , et tout chantera. R. Bazin.

Avril.

Les ormeaux n 'avaient point encore de feuilleS', mais ils se ~ou~raient ?e bourgeons; les prairies ne formaient qu'un vaste JardIn fleul'l de marguerites; les haies d'épines étaient en fleur; le soleil vif et chaud, faisait chanter les alouettes.

De loin et loin se promenaient des malades et des vieillards que le printemps rajeunissait ou rendait à la vie.

E. Fl'omentin.

Le printemps du paysan.

L 'hiver s'atténue: les beaux jours reviennent: profitons-en vite, disent les paysans; semons les avoines et hersons les blés. Avril survient; les pêchers sont roses et les cerisiers blancs; les bourgeons s'ouvrent, les oiseaux chantent: labourons en hâte, pl?-nton~ les pomInes de terre. Vient mai, à qui le vert feuil~age faIt toujours une parure agréable: il faut que nous brisions les jachères, que nous binions, que nous curions les fossés.

Guillaumin.

Les deux brins d'herbe.

Un jour deux brins d 'herbe se disputaient au milieu d'une prairie, et tous deux prétendaient avoir l'avantage l'un sur l'au­tre. « Moi, disait l'un d'eux, j'ai plus de hauteur » et l'autre: « Moi, j'ai plus de parfum. - Moi, ma fleur est plus belle. - Moi, Ina taille plus frêle me donne un air plus gracieux. » Tout à coup, au plus fort de la querelle, un bœuf les tondit tous les deux.. BeaUl·egdrd.

Le réveil du merle.

Le merle s'élève en secouant la rosée de ses plumes brillan­tes Le voilà qui aiguise son bec sur la branche et, de raIneau en rameau sautille jusqu'au sommet de l'arbre où il a dormi, étonné de voir que tout sommeille encore dans la forêt quand l'aube du jour a remplacé la nuit. Deux fois, trois fois, il lance sa fanfare aux échos de la montagne et de la vallée qu'un épais brouillard lui cache encore. Tschudi.

Conjugons: Il y a un mois à peine, je jetais des boules de . neige; aujourd'hui .le cueille des fleurs dans les bois; dans quel­

ques jours j'admirerai les hirondelles revenues. - Buisson, il y a quelques sem.aines je paraissais mort; aujourd'hui je fleuris et j'embaume; demain .le cacherai des nids d'oiseaux.

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~-I - Nos Pages -I~~ ~~I COURRIER DES INSTITUTRIC~~

SOIVIMAIRE. - Retraite annuelle. Conférence du' P. de Munnynck. _ L'arbuste en fieurs. - Un peu plus. - La mansarde. - Pen­sée. - Ouvrages manuels: Chemise classique.

Retraite annuelle

Aux NI elnbres de la Société ' des Institutrices du Valais rOlncmcl.

La retraite annuelle aura lieu du 17 au 20 avril inclusive­ment à l'E.cole normale des Institutrices. Elle sera prêchée par le Révérend Père Hildebrand Zinlmermann et commencera le soir de Pâques.

Le prix de pension et de logeluent est de 7 fr. par personne pour les 3 jours.

Jeudi, 21 avril: Assemblée générale.

9 heures.

Progl'Clmme : Réunion à l'Ecole normale. Ouverture de la séance. Chant (Le Valais). Révision des Statuts. La question du Syndicat. Lecture des comptes. Propositions individùelles. Conférence par le Révérend Père de Munnynck,

sur l'Education de lcl Volonté.

13 heures. - Dîner. Les Institutrices, nous n'en doutons pas. voudront toutes jouir

des précieux avantage.s de la Retraite et fad'e acte de présence à l'Assemblée générale. Le Département nous accorde à cette occa-sion 4 jours de congé. Le Comite.

Conférence du Père de Munnynck Le 21 avril, à l'occasion de leur asselublée générale, les Insti­

tutrices du Valais romand auront l'heureux privilège d'entendre le très révérend Père P.-M. de Munnynck, dominicain, professeur à l'Université de Fribourg dont il fut, tout récemment encore, le Recteur magnifique. Depuis de n9mbreuses années, ce docteur éminent occupe la chaire de psychologie de notre Haute Ecole

1

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catholique, et le prestige de son enseignem,ent n 'a cessé d'attirer, en fohle, les disciples avides d'une science dont l'âme, ses états et ses opérations, constituent le dOlTlaine captivant.

C'est la première fois, sauf erreur, que le Père de Munnync~{ parlera dans la capitale valaisanne. A ces prémices, offertes au personnel enseignant féminin, il a hien voulu sacrifier une partie des prochaines vacances de Pâques . Qu'il en soit remercié! comme aussi, pour l'amabilité exquise, avec laquelle il répondit à la prière qu'au nom du Conüté de la S. 1. V. R., nous avons osé lui adres­sèr : « J'ai, nous dit-il, la plus profonde sympathie pour les ' insti­tuteurs et les institutrices, et ce ln'est une véritahle joie de pouvoir leur faire plaisir! }) .

L)Education de la volonté ) sera le thème que le savant confé­rencier développera à l'assemblée du 21 avril. D'ordre à la fois psychologique et pédagogique, ce sujet intéressera vivement l'au­ditoire et n~ Iuanquera pas de lui suggérer des réflexions pratiques, dont nous saurons tirer parti, tant pour l'éducation de nos jeunes

. élèves, que pour notre formation personnelle, toujours perfec­tible ... Ah ! que de déboires nous seraient épargnés, que de succès, assurés, et quelle somme de bien nous pourrions réaliser si? dans la lutte ardente, nous savions résoluinent : Vouloir! CombIen de belles intelligences seraient sauvées, qui vont à la dérive, faute d'être guidées par l'énergie du caractère!

Nous adressons donc. un vibrant appel aux Institutrices va­laisannes, pour qu'elles viennent, en foule, s 'instruire, ~e réconfor­ter, s'enthousias'm.er à la source ' vive de l'éloquence du Père de Munnynck. Toutes à Sion, le 21 avril 1927 ! En avant, pour le bien! Dr M.

L'arbuste en fleurs Le printemps va venir, rose, joyeux comme une surprise. Le prin­

temps va venir; la terre le dit aux herbes, l'oiseau aux branches, la source le chuchote aux joncs m(luillés de ses bords.

Et moi aussi, mes tout petits, je vous donne la nouvelle heureuse qui exhalte les choses et les êtres; la nouvelle qui d 'avance agite les sèves, creuse les sillons, et fait voler sur les lancles rousses ces du vets d argent et de soie dont se feutrent les parois des nids: le printemps vient sous les fins brouillards. Il tord en marchant sa robe mouillée et sourit mystérieusement à travers son voile. Il vient. Je le sais, cal' pour l'annoncer, il a envoyé en avant un messager couleur de neige: l'arbuste, le bel arbuste qui est près de la source, a ce matin sur ses rameaux bruns tout un vol fragile de fleurs claires.

Irréelle et inattendue, la douce floraison s'est épanouie à l'aurol'e. Sa grâce frêle est, au jardin, lumineuse comme un sourire. Les pé-

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tales sont un peu froissés cl 'avoir été- enfermés clans leur capsule verte, et ils s 'étirent lentement, gonflés, lissés par la brise. De la base au faîte, l'arbre est un gigantesque bouquet qui réjouit le vol d'in­sectes et fait prévoir pour demain les valses lentes des abeilles. Il dégage un parfum léger et doux, insaisissable, qu'il faut avoir déjà savouré en d'autres saisons pour le reconnaître. Mais lorsqu'on l'a respiré longtemps, la. bouche appuyée sur les claires fleurs, il finit par enivrer un peu, comme une joie trop forte . Et l'on écarte le rameau .. .

Quand la joie des humains s'exalte, on met ainsi dans les demeures des bouquets blancs qui sentent bon. L'amour moissonne des l'oses; les berceaux aiment les lilas, et sur le front des jeunes prosternées la ferveur entr'ouvre des lis. Toutes les femmes gardent, au creux d 'un coffre clos, des débris secs, qui sont l'écho d'une triomphale journée. Et parfois, pour les respirer, penchant un peu trop l~ur visage, elles donnent aux caliees morts l'illusion de la rosée .. .

Mes enfants, ma joie, dites-moi quelle est la fête que célèbre au bout du jardin, près de l'eau, l'arbuste chamarré de fleurs? .. Veut-il saluer un conquérant ou d 'immortelles fiançailles? ... Pourquoi, pour­quoi s'est-il vêtu de cette l'ope d 'argent et de soie qui miroite au soleil levant comme une bannière royale? .. . Et est-ce seulement parce que le printemps va venir que cette a,llégresse s'est épanouie? ..

Non, ce que l 'arbre glorifie avec ses parures de fleurs, c'est une pauvre graine obscure, enterrée là, il y a de cela des années, et qui s'est pourrie dans le sol. Y est-elle vel~ue par la main des hommes? ou bien par le jeu de la nature? L'un et l'autre, en tout cas, furent l'ins­trument de la divine volonté.

Chaque fois que l'approche de la jeune saison agite les sèves et gonfle les écorces, l 'arbuste, réchauffé, s'habille de soie al?gentée. Bou­quet triomphal et superbe, bourdonnant d'insectes, frémissant de brises, il atteste son origine et rend témoignage à la petite graine 1

sombre que la terre dévora. C'est grâce à elle qu'il est là, penché vers l'eau où sa blancheur allonge des reflets sur .un fond de ciel. C'est pal' elle qu'il vit, qu'il bourgeonne, qu'il fleurit, qu'il berce entre ses feuilles douces l'insecte, la lumière et le nid. Toute sa beauté émane d'elle, comme toute tendresse émane du cœur ...

Le soir, au crépuscule, enveloppé de feu rose et palpitant dans le vent des nuits, l'arbuste referme ses fleurs claires et semble rêver devant l'ombre qui monte. Pense-t-il à l'arbre inconnu dont il est la descendance? ... Pense-t-il à ses frères, dispersés là où tl plut au -Maître de semer des fleurs? ... Ou pl utât, dans le subit frisson des éta­mines délicates, songe-t-il aux graines qu'il prépare et que l'été dis­persera? ...

Le printemps vient, mes tout petits, 8 vec des bouquets et des pro­messes. Le printemps vient sous mon toit aussi, â mes chers arbustes que chaque année embellit et développe ... chers a,rbustes qui, lorsque

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la terre m'aura reçue, penserez à moi chaque fois que vous vous cou­vrirez de fleurs ...

Marie BARRERE-AFFRE.

Un peu plus

Puissante parole qui apaise, qui dirige, qui grandit.

Un peu plus de patience pour supporter cette personne avec qui je dois vivre et qui fait partie de l'entourage au milieu duquel le bon Dieu m'a placée - et je me sentirai plus forte .

Un peu plus de constance pour continuer ce travail imposé qui fatigue mes nlembres, lasse mon esprit et n"a pour IllOi aucun attrait ~ et je me sentirai plus active.

Un peu plus de paix pour accepte. cette position qui m 'est faite par la Providence et qui contrarie nles goüts - et ne pas me laisser aller au lllurmure après un accident imprévu - et je Ille sentirai plus unie à Dieu.

Un peu plus d'amabilité pour réprÎlller - sans qu'on s'en aperçoive - ce froissement qui se fait en moi, après un manque d'égards - après une parole un peu méprisante ou un délaissement qui me nlet dans l'oubli _ et pour consel'ver ordinairement sur nles lèvres un doux et léger sourire - et je ferai des heureux.

Un peu plus de bonté pour accueillir, en souriant, l'Îlllportun qui Ille dérange - pour écouter avec paix la parole qui me lasse - pour rester sans impa­tience et avec paix auprès de la personne qui ne m'est pas sympa­thique - et je me sentirai plus heureuse.

. Un peu plus de générosité pour oublier vite les humiliations reçues - pour faire connaître les qualités de ceux dont j'ai eu à me plaindre - et simplement faire leur éloge - et je me sentirai plus grande.

(Paillettes d'or).

~ La Mansarde ~

Pour moi, cherchez une denleure; Si vous m'ainlez, choisissez bien, Et que je vive et que je nleUl'e Sans que le monde en sache l'ien.

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Il n'y faut pas beaucoup de place; Il y faut Inoins de luxe encor: Une' table, un lit, peu d'espace, Et la muraille sans décol'.

Des vieux meubles le n'aurai hont(', ' Ni de la porte aux gonds l'ouillés;

Qu'elle soit pauvre, et qu'on y monte Pal' cent marches, si VOLIS voulez.

Peu m'importe, je vous le lure! Jilais qu'au loin lointain j e puisse voir Un petit coin de la nature, Qui me parle Inatin et soir,

Le flanc bnm1eux d' llne montagne, Une lande inculte, l.ln sillon; Rien qu'une ligne où la campagne Touche le ciel à l'horizon;

Un bois perdu dans le mystèrc, Un pell d'herbe ... assez seulement Pour quc , le rêve et la prière Vers les cieux montent 'librement.

Marie JENN A.

Pensées , Le bonheur est partout,

Il est dans la famille auprès du feu qui chante, Dans l'amour dont on vit, dans l 'art qui nous enchante, Dans le souvenir triste et doux, dans la gaîté, Dans le simple devoir simplement aecepté.

Ch .. FUSTER.

Chemise classique Mesures:

1. Longueur totale, de l'épaule à la longueur voulue en sui­vant la cambrure ' (96 cm.).

2. Hauteur de l'épaule: de la pointe de l'épaule à la taille milieu devant (42 cm.).

3. Hauteur sous les bras (19 cm.). 4. Demi-largeur devant (17 CIll.). 5. Demi-contour de poitrine (45 cm.).

Avoir soin d 'exercer les enfants à prendre exactement les me­sures. Les questionner afin de leur faire trouver à quoi servira chacune d'elles.

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Patron.

1. Tracer un angle droit dont l'horizontale aura comme lon­gueur la 1/2 largeur devant (17).

2. ,Réunir l 'extrémité droite de l'horizontale à la verticale par une oblique dont la longueur sera donnée par la 2e mesure, soit la Hauteur de l'épaule (ici 42 cm.).

3. A partir du bas de l'oblique, tracer une horizontale qui aura COlllme longueur le 14 du tour de poitrine (ici 22 cm. 5).

4. A partir de cette ligne, re­monter à droite par une verti­cale dont la longueur sera la hau­teur du dessous de bras.

5. Relier cette verticale à l'horizontale du sommet par une courbe, ce qui donnera l'emman­chure.

6. La · largeur de l'épaule aura de 4 à 6 cm.

7. Mesurer le 14 de la ver­ticale à partir du sommet de l'an­gle droit jusqu'à la ligne de taille; Illettre un point.

8. Tracer la courbe d 'enco ­lure devant.

9. Pour l'encolure dos re­Illon ter de 2 cm.

10. Ressortir à ce point de 5 à 6 cm. pour les fronces , ou plis de la Illoitié de la largeur devant.

11. Tracer une verticale mar­quant le pli de l'étoffe milieu devant et dos.

12. A partir de l'épaule mesurer la longueur totale de la che­mise, un point.

13. Tracer, à ce point une horizontale ayant comme longueur le 1/2 tour de poitrine.

14. A droite de cette ligne, remonter de 2 cm. et arrondir. 15. Réunir ce point à l'emmanchure par une oblique. 16. Rentrer la taille de 2 cm. et tracer la courbe de la couture

sous le bras:

Manche.

La manche se dessine à même l'emm.anchure afin d 'utiliser la courbe de cette dernière.

On remonte à l'épaule de 1 cm. et on trace une horizontale

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dont la longueur sera celle qu'on veut donner à la 111anche (6 à 8 cm.).

Au bas de l'emmanchure, tracel: · une horizontale ayant la longueur de la précédete + 1 cm.

Remonter de la 1/2 de l'horizontale. Tracer une oblique pour la couture du dessous de manche et

une autre parallèle à celle de l'emmanchure. La manche se ter­mine par un faux ourlet.

ComptabUité

Compte d'une succession avec partage

M. Bernard laisse à ses deux enfants:

a) Actif: une maison et dépendances estimées fr. 22,500; des prés et des champs p(\)ur 14,250 fr.; 4 vignes valant respective­ment fI'. 1360, 1620, 875 et 2190; du b~tail pour 2875 fr.; du mobilier et lingerie pour 4870 fr.; des denrées fourrages, bois, etc., pour 1985 fr.; des créances et en caisse pour 6300 francs.

a) Passif: diverses notes à payer pour 935 francs. Léon garde la maison, les deux vignes taxées 875 fr. et

2190 fr. et pour 2500 fr. de mobilier. Etablissez le compte de la succession et celui de chaque héritier.

Compte de la succession

a) Actif: Une maison Prés et champs. . 4 vignes 1360+ 1620+875+2190. Bétail Mobilier .. Fourrages et divers. Créances et en caisse

Fr. 22,500.-14,250.-6,045.-2,875.-4,870.-1,985.-6,300.-

---~-

Fr. 58,825.-

935.-b) Passif : Notes à payer. -----

Fortune nette Fr. 57,890.-

Part de chaque héritier 57,890 --- = 28,945

2

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Compte de Léon Bernard Compte de Jean Bernard

Doit Avoir Doit Avoir

Montant de sa Montant de sa

part . part . . . . Fr. 28945

Reçu 1 maison Fr. 22,500 }) 2 vignes » 3065

}) mobilier . » 2500

Pour solde son

frère lui re-

doit » 880

Fr. 28945 Reçu prés et champs . Fr. 14250

}) 2 vignes 2980 }) bétail. » 2875 }) mobilier 2370 }) fourrages

et divers 1985 » Créances: 6300 - 935 = }) 5365

Redû à Léon » 880

Fr. 28945 Fr. 28945 Fr. 29825 Fr. 29825

Compte de succession avec partage Mme Veuve Meyer laisse à ses trois enfants l'héritage sui­

vant : une Inaison grange écurie estimée 26,500 fr.; 3 vignes va­lant 1300, 1850, 1600 francs; prés et champs pour 10,600, une part de mayen taxée 6800 fr.; des titres et créances pour 7000 fr.; des espèces en caisse pour 525 fr.; mobilier pour 4700 fr.; bétail, 2450 fr.; fourrages et denrées diverses pour 1925 fI'.

Partagez cet héritage en parts égales entre ses trois enfants René, Marie et Jeanne. Les deux premiers reçoivent la maison, le bétail, le fourrage et les prés; Jeanne, le reste. Etablissez le cOll1pte de chacun.

Lecons de choses , Le Chanvre

Matériel. - Une plante de chanvre, des grains de chanvre, de l'étuupe, etc.

Echantilluns de toiles de chanvre. .Le chanvre est originaire d 'Asie. Il est cultivé dans les régions

tropIcales et tell1pérées. Il est bien cunnu en Valais. Cette plante est ?e la mêll1e famille que les orties. Sa racine est petite, dure, sa tIge verte en dehors est blanche et creuse en dedans. Le chanvre de Chine cultivé et Algérie peut atteindre de 6 à 7.· mètres de hauteur.

Les usages du chanvre sont importants. Il nous donne une matière textile, de l'huile de chènevis et un produit enivrant.

. La tige, les fleurs et les feuilles du chanvre secrètent une ma­tière gommeuse, abondante surtout dans les pays chauds. Avec

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cette matière, on fabriqu~ certains produits qui sont susceptibles de provoquer une sorte d'ivresse nerveuse ~lans laquelle les s~n­sations agréables ou désagréables sont conSIdérablement exaltees. On en fait des gâteaux que l'on fume dans des pipes.

Le haschich est une préparation grasse des feuilles de chan­vre usitée chez les populations arabes.

La crraine peut être donnée en nourriture aux oiseaux, aux volailles.

ô Elle contient une huile appelée huile de chènevis. Cette

huile très siccative est employée en peinture. La fibre textile est comprise entre le bois et l'écorce. On

arrache la plante et on la fait sécher. Ensuite, on bat le chanvre pour en extraire les graines. ,

La fibre textile est assez difficile à séparer, car elle est collee par la gomme. .

On détruit cette gomme par le rouissage qui consiste à laIsser séjourner les gerbes dans l'eau pendant quelques jours, de façon à . déterminer l{ne fermentation puante qui détruit la 'Inatière gommeuse.

Quand les gerbes sorties de l'eau sont bien sèches, on l~s broie dans une sorte de mâchoire formée de deux lames de bOlS assemblées à charnière et pénétrant l'une dans l'autre; le bois est brisé en petits morceaux qui tombent et la fibre textile reste seule.

On la peigne et elle est prête pour le filage puis le tissag~. Les parties de la filasse qui resten~ entre les .dents dU.peIgne

constituent l'étoupe propre à la confectIOn des toIles grossI~res. . La' filasse, au contraire, sert à faire d'excellentes tOIles de

ménage, de grande durée. . . Le fil de chanvre est beaucoup plus grossier que celuI du hn,

mais il est aussi plus résistant.

rr .~~~~~~~~~

\( EN CLANANT - - )\ (1============================- - V

~ Des ailes! ~ Des ailes! pour voler jusqu'au palais des Anges, Dans l'infini, partout, dans le firmament bleu! Des ailes! pour quitter ce monde plein de fanges; Des ailes! pour voler plus près de vous, mon Dieu!

Des ailes! pour voler aux horizons de flammes Des célestes amours désaltérer nos cœurs! Des ailes! pour revoir le berceau de nos âmes, Vague et cher souvenir d'ineffables bonheurs!

Des ailes! pour voler bien loin de cette terre, Loin du deuil, de la mort, loin des noirs ouragans! Des ailes! pour porter mes pleurs et ma prière Au bon Dieu de ma mère et des petits enfants!

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Des ailes! pour quitter nos misères profondes! Des ailes! pour aller où finit la douleur! Des ailes! pour aller au delà de nos mondes! Des ailes! pour savoir où poser notre cœur!

Des ailes! pour voler vers l'étendue immense Où déjà sont montés tant de morts bien-aimés ! Des ailes! pour voler où s'enfuit l'espérance, Où germent les bonheurs sur la terre semés!

Des ailes! pour aller à la plage bénie Où pour jamais enfin la tempête s'endort! Des ailes! pour voler au-dessus de la vie! Des ailes! pour voler au delà de la mort!

Des ailes pour mon cœur, des ailes pour mon âme, Captifs impatients du bonheur éternel! Des ailes! pour aller où le .iour prend sa flamme! Des ailes! pour voler, Seigneur, à votre appel!

Louis VEUILLOT.

c8~ Le Semeur ~ Le semeur, d'un pas cadencé, Sur la terre de grasse argile, Suit le creux des sillons tracés, A la lenteur des bœufs dociles:

La bonne terre de guérets, La terre fertile , aux semelles De ses pesants souliers ferrés, S'attache amicale et fidèle,

Et de l 'occident au levant, Paysans, tâcherons du sol, n va, revient sans prendre haleine, Porteur de vie et d 'abondance, Semant le blé chargeant le vent Enveloppé du léger vol D'une blonde averse de graines. Ininterrompu des semences.

n ' va, jusqu'au soleil C'ouchant, Vague silhouette perdue, Qui lutte seule par les champs, Pour triompher de l'étendue.

Geste du semeur éternel, Qui puise en son semoir de toile, Pour jeter aux plaines du ciel, La poussière d'or des étoiles,

Hugues LAP AIR'E.

c8~ Le Laboureur ~8>

Mars préside aux travaux de la jeune saison; A peine l 'aube errante au bord de l'horizon Teinte de pâle argent la mare solitaire, Le laboureur, fidèle .ouvrier de la terre, Penché sur sa charrue, ouvre d'un soc profond Le sein toujours blessé, le sein toujours fécond. Sous l'inflexible joug' qu'un cuir noue à leurs cornes

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Les bœufs à l'œil sanglant vont, stupides et mornes, Balançant leurs fronts lourds sur un rythme pareil. Le soc coupe la glèbé et reluit au soleil Et dans le sol antique ouvert jusqu'aux entrailles Creuse le lit profond des futures semailles ... Le champ finit ici, près du fossé bourbeux; Le laboureur s'arrête, et dételant ses bœufs, Un instant immobHe et reprenant haleine, Respire le vent fort qui souffle sur la plaine. Puis, sans 'hâte, touchant ses bœufs d.e l 'aiguillon, Il r epart., .iusqu 'au soir, par un autre sillon ...

Albert SAMAIN.

Miettes pédagogiques Mme Necker-de Saussure place la religion à· la base de l'éduca­

tion: « En examinant ce grand sujet de l'éducation, on s'apercevra que tout le système qui se fonde sur un autre principe que la reli­gion sera par cela seul incomplet, parce qu'il exclut la religion même. Or, on ne peut dans un plan raisonné lui donner un rang secondaire; si on le fait dans la pratique, c'est par faiblesse ou inconséquence. »

ob

*'r * de Fœrster: « Une des plus grosses fautes que l'on puisse com­

mettre en éducation consiste à affirmer à un enfant qu 'H est un menteur, un fainéant, un polisson, et à lui demander en même temps de conserver l'entrain nécessaire pour être v8ricUque, travailleur et convenable. »

d'Overberg: « Il faut au maître la mesure, l'application, l'ordre à s'instruire, la patience, la charité, la sévérité pratique, le sérieux du caractère, la piété... Quelques mots sortis de la bouche d'un maître qui a lui-même appris à connaître le calme, la consolation, la joie vivifiante que donne la religion, produisent souvent auprès des élè­ves des effets plus grands que les plus beaux discours. 'Ce qui vient du cœ'ur parle au cœür ... »

« Ce matin, écrit-il dans son journal, le 15 janvier 1790, .le suis encore allé faire mon instruction sans l'avoir c-onvenablement pré­parée. 0 Dieu! aidez-moi pour que ceci ne m 'arrive plus. »

* ,,/" p'~

de St Joseph Calasanz (1556-1648): « Le maître doit être le père de ses élèves; devant Dieu, il portera la responsabilité de leur conduite; son exemple doit les entraîner au bien. Son zèle s'attachera moins à former les esprits qu'à élever leurs âmes à la moralité et à la religion; cependant, sa vocation lui impose aussi de répandre les connaissances scientifiques et de les donner avec une prédilection marquée aux pauvres. C'est aux pauvres que les meilleurs profes­seurs seront réservés puisque les pauvres ne peuvent consacrer à leur éducation qu'un temps fort restreint. »

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Variétés La langue française

Par sa divine clarté, par sa franche simplicité, son esprit, son noble et gai sourire, le français rachète sa présente indigence .. . Il se plaît à la poésie ...

Mieux encore à la prose ou bien le récit limpide, l'histoire, la science, le discours, l'éloquence, qui a son principe dans l'esprit, la netteté, la bonne grâce. En tout cela, c'est l'idiome supérieur digne de son renom de langage le pl us vif de l'Europe.

Dans le français, l'harmonie abonde: pas de rythme accentué, nulle clairsonnance, mais aussi pas de gutturales, de blaisements, de lettres zézayantes, de consonnes heurtées, point .d'excès de sifflantes, rien de la cantilène méridionale, de la r edondance espagnole, des glougloussements de l'anglais.

Il se distingue par la pondération des voyelles et des consonnes et par une sainte horreur de l 'hiatus. L'e muet qu'on lui reproche abonde en toute langue, et peut-être surtout dans celles du 'Midi où l'a, l'e, 1'0 finals ne sont qu'un e sourd écrit d'une leth'e sonore: blanca se prononce blanque, et primero, c'est priqlère .. .

Il est des étrangers qui viennent au Théâtre-Français pour la seule musique de la parole qui tombe de la scène.

Après avoir admiré, souvent trop béatement, l 'allemand riche, l"anglais bref, le grandiloquentissime espagnol, le musica l italien, ou comme on dit le toscan dans la bouche romaine, que de Français, revenus des faux dieux, rentrent pieusement dans la révérence de leur langage maternel!

O. RECLUS.

Les plantes à la mort du Christ (Légende)

A l'heure où ' le Christ expira, un long sanglot retentit d'un bout du monde à l'autre; des nuages sanglants obscurcirent le soleil; le tonnerre zébra. l'horizon de traits de feu; les rochers se f endiren t, les montages palpitèrent; hommes, animaux, oiseaux, au comble de l'épouvante, cherchèrent une retraite dans les cavernes; pas une C'igale ne chantait, pas un grillon ne sautillait, pas une mouche ne bourdonnait; un silence de mort engourdissait la nature en~ière;

seuls, raconte une tradition du moyen âge, les arbres, les buissons et les fleurs devisaient entre eux.

Le Pin de Damas disait: « Il est mort, et, en signe de clouleur, à partir d'aujourd'hui, mon feuillage demeurera sombre, et je recher­cherai les endroits solitaires. » - La vigne de Sorrente murmurait: « Il est mort, et, en signe de douleur, mes raisins se noirciront, et du pressoir, où le vendangeur écrasera mes grappes, jaillira le lacryma-

Page 14: L'Ecole primaire, 30 mars 1927

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christi. » - Le Saule de Babylone, au souffle qui venait du Calvaire, soupirait: « Il est mort, et, en signe de détresse, mes branches dé­solées s'inclineront désormais vers les eaux de l'Euphrate et pleu­reront les larmes de l 'aurore. » - Le Cyprès du Carmel gémissait: « Il est mort, et, en signe d'angoisse, j'ombragerai les tombeaux, et pas une colombe, pas une ' fauvette ne nichera dans mes branches. » - L'If s'assombrit et haleta: « Il est mort, et, en signe d'horreur, je garderai les cimetières, et, sous peine de mort, aucune abeille ne bu­tinera mes fleurs empoisonnées, aucun oiseau ne gazouillera dans mes rameaux, et mes exhalations léthargiques enfiévreront les impru­dents qui se promèneront sous mon ténébreux parasol. » - L'Iris de Suze dit: « Il est mort, et désormais, couvrant d'un crêpe violet mon caliee d 'or, je porterai un deuil éternel. » - La Belle-de-Jour susurra: « Il est mort, et, à partir d'aujourd'hui, tous les soirs, je fermerai ma corolle odorante et je ne la rouvrirai que le matin, remplie des larmes de la nuit. » .

Ainsi se lamentaient les plantes: Les Roses effeuillèrent leurs pétales, les Glycines laissèrent choir· leurs thyrses, les Aubépines jon­c.hèrent le sol de leurs fleurs, le Platane se dépouilla de son écorce. Depuis le Cèdre du Liban jusqu'à l'Hysope des vallées, ce fut un concert de gémissements et de plaintes qui monta jusqu'au ciel.

Seul, orgueilleux et fier, le Peuplier resta impassible: « Que m'im­porte, disait-il, cette douleur! Il est mort pour les coupables; je suis innocent, et je ne bouge pas! » C'est alors qu'un ange, qui passait au-dessus de la tête altière de l'arbre, portant au ciel un calice d 'or, plein du sang divin recueilli au pied de la croix rédemptric-e, entendit l 'égoïste qui réclamait le don de l'insensibilité. Le messager céleste pencha légèrement le vase et laissa tomber sur la racine de l'infor­tuné quelques gouttelettes de ce sang précieux en disant: « Toi dont le feuillag'e n 'a pas palpité au milieu de l'universelle douleur (lui glaçait la nature, à partir de ce jour mémorable, pendant les tièd8s journées de 1 été, quand la brise laisse toutes les plantes immobiles, toi, de la racine au faîte, tu frissonneras éternellement et tu t'appel­leras désormais tremble. »

. A 'la même heure, le Buis, du haut du Caucase, sentit passer à travers ses branches comme une bise lugubre, l'immense soupir qu'exhalait la poitrine du Dieu mourant et qui allait du Golgotha au ciel. L'horreur tarit la sève de sa . tige; ses feuilles devinrent plus sombres; ses branches, plus noueuses, se resserrèrent les unes contre les autres. A son tour, il murmura: « Le Christ est mort, et, en signe d 'angoisse, j'habiterai les collines incultes et pierreuses. Mes bran­ches ourleront, dans les nécropoles, ' les allées funéraires. Mais aussi, comme le symbole des immortelles espérances qui planent sur les tombeaux, mes rameaux· toujours verts, arborés par les chrétiens, évoqueront la triomphale entrée de l'Homme-Dieu dans les rues enso-leillées de Solyme. » Oscar HA VARD.

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