l'ecole primaire, 30 avril 1927

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Page 1: L'Ecole primaire, 30 avril 1927

No 8

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.50eiété 'lalai,avt]e d · édu~ation

L'ECOLE PRIMAIRE ~al'aît 14 fois pendant le cours scolaire

Abonne!"ent annuel: Fr. 4.50

Les abonnements se règlent par chèque postal IIc 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement.

Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au Dé­

partement de l'Instruction publique à Sion.

Les annonces sont reçues exclusivement par PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, Sion

Rue de Lausanne 4 - Téléphone 2.36

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Page 2: L'Ecole primaire, 30 avril 1927

Aux membres du Corps Enseignant Valaisan ne manquez pas de compléter votre Caisse-Retraite par la conclusion d'une

assurance sur la vie à la

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46me Année No 8 30 Avril 1927

Organe de la Société valaisanne d'éducation

SOMMAIRE. - Caisse de retraite du P. E. - Examen de sortie de l'Ecole normale. - Sou de Géronde. - Union du P. E. - Un mot de réponse. - Nos h'égents à Grimisuat. - Autour d 'un sujet de conférence. - Toast aux Instituteurs. - « NOS PAGES ». - En glanant.

Caisse de retraite du Personnel enseignant primaire

Au 1er janvier 19'26, la fortune de la Caisse de Retraite du Per­

sonnel enseignant se montait à. . . . . . . . . . Fr. 614,703.35

Elle s'est augmentée:

1. Recettes de l'année et Part de l'Etat. Fr. 196,566.70

2. Equivalent par Fonds de réserves selon Art. 46, 4me al. du R. cl u 16 novembre 1925 .

3. Intérêts . . . . . . ' . . . . . .

Dont à déduire:

1. Equivalent par Fonds de réserves

» 4,342.35

» 30,946.35

Fr. 241,855.40

Fr. 4,342.35

2. Payement des Pensions. . . ., » 7,236.25

3,643.30 3. Payement des Frais généraux .. »

4. Impôt fédéral, droit détachement et frais. . . . . .. ....» 1,393.60

5. Payement des retraits aux sortants (33) . . . . . .. ....» 9,600.-

» 241,855.40

Fr. 846,558.75

Fr. 26,215.50 Fr. 26,215.50

Fortune nette de la Caisse au 31-12-26 . Fr. 820,343.25

Cette valeur est représentée par le Bilan suivant:

Page 3: L'Ecole primaire, 30 avril 1927

- 182 -

ACTIF

1 obligation 4 % % B. D. Banc[Ue Cantonale . 1 obligation 4 ~ % Idem 1 obligation 5 % »

1 obligation 4 ~ % » 1 obligation 4 % % » 1 Dépôt 4 % %, dépôt ferme à la Banque Cantonale. 1 Dépôt 5 % Idem 1 Dépôt 5 % Idem 1 Dépôt 4 % % Idem 1 Dépôt 4 % % Idem

40 obligations 5 % Valais 1918 . 20 obligations 5 % Valais 1924 . 65 obligations 5 ~ % Valais 1924 . 5 obligations 5 ~ % Valais 1924 .

Compte courant à ia Banque Caritonale . Caisse d'Etat. . . . . . . . . . .

694 Assurés . . . 13 Pensionnés . . Fonds de Réserve

Bons 112.

PASSIF

Fr. 40,000.-» 80,000.-}) 40,000.-}) 500.-» 500.-» 35,000.-» 40,000.-}) 200,000.-}) 110,000.-}) 40,000.-}) 20,000.-» 20,000.-» 65,000.-» 5,000.-» 54,346.20 }) 72,497.05 -------

Fr. 820,343.25

Fr. 655,465.90 }) 52,721.30 }) 112,156.05 -------Fr. 820,343.25

Examens · de sortie de l'Ecole normale

Les épreuves ont eu lieu les 6, 7 et 8 avril.

Avant d'obtenir le certificat donnant droit à l'autorisation d'enseigner, les candidats devront suivre un trimestre d'enseigne­m.ent agricole à Châteauneuf et les futures institutrices sont astreintes à fréquenter pendant la même durée des cours d'en-seignement m.énager. '

Nous donnons ci-après la liste des candidats et candidates classés d'après le rang obtenu aux exainens.

a) Garçons. - Mention: Très bien

1. Carron Fernand, à Fully . 2. Gabbud Paul, de Bagnes, à Montreux. 3. Sierro Camille, à Hérémence. ~. Mayor Robert? à Bra,moi~ ,

- 183 -

Mention: Bien.

5. Perraudin Denis, à Bagnes. 6. Micheloud Maurice, à GrÔne. 7. Bochatay Raphaël, à Vernayaz. 8. Bagnoud Maurice, à Lens. 9. Biollaz Albert, à Chamoson. 9. Delaloye Gustavè, à Riddes.

11. Besse Gérard, à Bagnes. 12. Michelod Jules, à Bagnes. 13. Fournier Henri, à Nendaz. 13. Bender Robert, à Fully. 15. Caillet-Bois Marc, à Val d'IlIiez.

Mention: Suffisant.

16. Bornet Dionys, à Nendaz. 17. Rudaz Charles, à Chalais.

b) Filles. - Mention: Très bien.

1. Giroud Marie, à Martigny-Bourg.

Mention: Bien.

2. Vergères Annette, à Conthey. 3. Lamon Marie, à Lens. 4. de Riedinatten Marcellé, à Sion. 4. Vuadens Antonie, à Troistorrents. 6. Lovey :Marie-Louise, à Orsières. 7. Roh Léontine, à Conthey. 8. Lattion Anna, à Nendaz. 9. Blanchut Marthe, à Collonges. 9. Cheseaux Olga, à Saillon. . 9. Imfeld l\1arie, à Sion.

12. Mayor Aimée, à Brainois. 12. Crettex Marthe, à Orsières. 14. Balmer Yvonne, à Sion. 15. Delacoste Constance, à Sion. 16. Lattion Gabrielle, à Liddes. , 17. Saillen Cécile, à Dorénaz. 18. Bitschnau Hélène, à BraulOis.· 19. Voeffray Amélie, à Salvan. 20. Quinodoz Marie, à Evolène.

Mention: Suffisant. .

21. Delaloye Lucie, à Monthey. 21. Martin Hélène, à Monthey.

Page 4: L'Ecole primaire, 30 avril 1927

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Sou de Géronde

Cette institution, excellente entre toutes, a été régulièrement soutenue par la gent écolière du Canton qui, par esprit de cha­rité et de bonne camaraderie, vient en aide à ses frères moins favor,isés par la nature.

Le produit de la collecte qui se fait dans lès écoles permet à nombre d'enfants pauvres de fréquenter , l'Institut de sourds­muets, qui comprend égalelnent des cours pour anormaux. Il semble que cette année la générosité a été Inoins large que d'ha­bitude. Il se peut que le Personnel enseignant attende la clô­ture des classes pour adresser le produit de la collecte. Nous rap­pelons que les envois peuvent être faits sans frais au Compte de Chèques No II c 182. Au nom de nos chers protégés, Inerci...

Union du Personnel enseignant valaisan

Assemblee générale de Martigny

La société corporative qui vient de naître au seini de la S. V. E. a tenu sa première assemblée, le 21 avril, à Martigny, dans la grande salle de l'Hôtel de Ville.

Les participants, au nombre de cent trente environ, étaient accourus de toutes les régions de la partie romande du canton. M. le Chef du Dépm;tement de l'Instruction publique avait égale­ment répondu très aimablement à l'invitation du Comité.

Après les traditionnels ' souhaits de bienvenue, M. Bérard ouvre la séance et retrace en un brillant exposé l'historique du syndicat. Ses idées claires, logiques, doublées de finesse et de bon sens, achèvent d'abattre les préjugés et d 'enthousiaslner les indif­férents.

La question des statuts figure à l'ordre du jour. Sur propo­sition du Comité, l'assem.blée est invitée à leur faire confiance jusqu'à la prochaine assemblée; les minutes sont brèves et pré­cieuses et une discussion engagée à fond à ce sujet prendrait cer­tainement beaucoup de temps; d'autre part, l'application des sta­tuts permettrait aux Inen1bres de mieux s'inspirer des divers arti­cles et surtout de mieux voir les points à Inodifier. A cet effet, les instituteurs sont invités à envoyer, d'ici à la prochaine assem­blée ordinaire de l'automne, leurs ' projets de modification. Cette proposition est combattue par M. Parvex, qui demande la discus­sion immédiate. L'assemblée, appelée, se rallie à la proposition du comité. Cependant, la question de la dénomination de la société,

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soulevée par M. Curdy, est proposée à la discussion, puis mise aux oix : le mot syndicat est conservé à cette première votation; vers

la fin de la séance, l'assemblée revient sur sa première décision et adopte pour le groupement la dénomination « Union du Per­sonnel enseignant valaisan » .

La question de la caisse chômage figurant dans les statuts, est proposée à la discussion quant à sa réalisation immédiate. Le comité est chargé de continuer l'étude de cette œuvre sociale, afin que les membres privés de gain durant la période scolaire puis­sent en bénéficier au plus tôt. Cette institution entraîne celle d'un office de placen1ent, les instituteurs sans emploi durant la période des vacances peuvent s'inscrire déjà auprès du comité. La discus ­sion est ensuite ouvert au sujet de la Caisse Inaladie. Sa réalisation

,devient plus problématique pour l'heure, en raison du peu d'adhé­sions parvenues jusqu'ici. Sur la proposition du Président, l'as­semblée décide d'inviter les partisans d'une telle institution d'en­voyer leur adhésion dans les dix jours. Après convocation, les intéressés seront appelés à discuter les statuts. Puis, M. Bérard propose à l'assemblée l'adoption de cartes de Inembre. Celles-ci procurent de nombreux avantages aux adhérents d'une corpora­tion : réduction sur les tarifs des chemins de fer de montagne, des bateaux à vapeur, des entrées dans les Inusées, escompte auprès de certains négociants, 'etc. Et, pour la bonne marche de toutes ces institutions, pour l'étude d'organisations similaires, la création d'un secrétariat permanent s 'impose. La place de secrétaire est mise au concours. Les instituteurs ou institutrices désirant remplir ces fonctions sont priés d'envoyer leur soumission dans les dix jours. On passe ensuite aux nominations statutaires. Le comité provisoire refuse toute réélection, Inais, sur l'insistance de l'as­semblée, il accepte, à condition qu'on lui adjoigne quatre nou­veaux In.embres. Sont élus MM. Parvex, ColIOlnbey; Lattion, St­Maurice; Pralong, Martigny; Gailland Louis, Bagnes. L'ordre du jour étant épuisé, le Président lève la séance, après avoir adressé à l'assemblée des remerciements et des félicitations pour son dé­vouement et sa parfaite correction dans le cours de la séance. Les participants quittent la salle, satisfaits du travail accompli et pleins d'espoir dans l'utilité des œuvres à réaliser.

L'Union du Personnel enseignant valaisan est ainsi définiti­vement et solidement constituée et nous espérons rencontrer le bienveillant appui des autorités, de façon à pouvoir garder notre entière liberté. M.

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Un mot de réponse

Une grippe opiniâtre et des deuils successifs nous ont fait l'etal'.cler jusqu'à ~e .tour l'envo~ de cette copie. Les lecteurs et lectnces de -l'E. P . voudront bien nous excuser.

Pour avoir du poids et du prix, une critique doit être loyale et objective.

-Le pr ogramme d'activité de la S. V. E. et des améliorations à ap­porter à son organe officiel, « l'Ecole Primaire », que nous avons sou- -mis aux réflexions de nos collègues (<< Ecole Primaire », No 13, _ 1926) vaut ce qu'il v q,ut, peu ou rien, peu nous importe; chacun a la faculté de le critiquer, de l'approuver ou de le condamner, de le coq:tprendre ou de le rejeter, comme bon lui semble; nous ne saurions permettre à qui que ce soit de le défigurer, comme le fait, en maint endroit, notre éminent analyste-critique, qui nous prête çà et là des idées que nous n 'avons jamais pensées ni exprimées.

Il prétend que plusieurs de nos suggestions frisent fortement­l'uto~ie: allégation gratuite que rien ne vient appuyer, si ce n'est de~ considérations en dehors de ce que nous avons énoncé.

Vainement cherchons-nous les tournants dangereux qu'il veut insinuer.

Nous le r emercions vivement de l'intérêt avec lequel il a examiné, fouillé nos propositions; nous sommes heureux de nous trouver d 'ac­cord avec lui _sur les questions principales-; nous examinerons main­tenant quelques-unes des multiples divergences d'opinion qui nous séparent.

Qu'il veuille bien nous autoriser à le faire, en t.oute objectivité, avec les seuls éléments que nous a fournis son article, sans aucune a cception de sa- personne, que nous ne connaissons d'a,illeurs d'aucune façon.

D'abord, rien dans notre rapport, puisqu'on a voulu l'appeler ainsi, ne tend à bouleverser « les habitudes in~étérées, les- usages millé-naires » de nos populations montagnardes. -

Il fallait bien que notre éminent critique enfourchât Pégase et s'échauffât aux ardeurs de Phébus sur les glaciers étincelants et les nuées opaques, pour imaginer de fantastiques nivellements.

Pour nous, e'est dans le terre à terre des l-éalités journalières que s'accomplit péniblement notre humble labeur quotidien.

Il y a tout au plus soixante ans, l'industrie domestique fournissait dans notr e vallée tout ce qui était nécessaire ' à la vie: pension et v êtement, éclairage et combustible, outillage et ameublement: indé­pendance magnifique et aisance relative remarquable, d'autant plus

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facile que les gens se donnaient peu de beSOIns factices. La fabriqué; en produisant il bon marché, a tué cette Industrie domestique. L'école, en groupant les gens au village, a restreInt le régime des fermes et aggravé les inconvénients de l'inévItable morcellement.

Or, c;est tout juste cette industrie à domicile, c'est un meilleur rendement de la terre, sous des formes adaptées aux conditions de la vie présente, que nous voudrlons voir refleurir dahs rios milieux campagnards.

Utopie? Non pas, car c'est dans les usages millénaires, tandis que l'école livresque y date de cent ans à peine.

Nous nous inspirons des enseignements de M. Ropfner.

Sous l'initiative du regretté M. Ropfner, qui eut un génie remar­quable d'assimilation aux besoins de sa patrie d'élection, le Valais, la viticulture a intensifié sa production et s'est organisée commerciale­ment, l'arboriculture s'est pour ainsi dire créée de toutes pièces, sur­tout par le moyen des instituteurs. Ces deux branches de l'agriculture constituent à l'heure qu'il est, un des facteurs principaux de la prospérité du pays.

Quelqu'un prétendrait-il que le dernier cri en agriculture est at­teint en Valais? Ou viendra-t-on soutenir peut-être que cela ne concerne ni l'école ni l'instituteur?

Erreur, répondrons nous. L'école est faite pour la vie et non pour l'examen. Or, la vie s'entretien par le morceau de pain. ~onc l'école doit être avant tout l'école du gagne-pain, dans le sens le plus étendu du terme.

« Vous êtes des déracinés », nous disait un jour, au hasard d'une rencontre, un haut magistrat, ancien inspecteur scolaire. Etrange apostrophe, critique amère, presque injurieuse, à nous qui pensions avoir choisi la meilleure manière de nous rendre utiles au pays dans la mesure de nos faibles moyens. On nous a tant jeté de fleurs sur les beautés de la carrière et les services qu'elle rend au pays! Qui donc aurait pu douter que l'enseignement des instituteurs pêchât par la base et manquât de valeur pratique?

Sans doute, il n'appartient pas au simple régent de faire le pro­gramme de l'école obligatoire ni celui qui a présidé à _sa formation. Mais il -lui reste la faculté de compléter cette formation par son travail personnel, par l'éducation mutuelle des membres d'une même corporation, moyennant que ses yeux voient un but à atteindre qui se précisera au fur et à mesure que le jeune homme avance dans ses recherches et ses observations.

Il est temps qu'un vigoureux effort soit enfin donné afin d'amé­liorer la situation de nos campagnards. Peine perdue de seriner qu'il faut rester au village, si l'on ne fait rien pour y rendre acceptables

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les conditions d'existence. Qui s'en occupera, si ce n'est le régent, le meilleur ouvrier de l'éducation populaire? Qu'il s 'enracine au pays, en inventant par lui-même ou avec des associés, une l~essource inté­ressante, car la prolongation de la scolarité s'obtiendra difficilement à la campagne.

Nous n 'aurons pas la naïveté de croire que le peuple campagnard se laissera dépouiller de l'aide des enfants de 10 à 15 ans aux soins du bétail ou aux menus travaux des champs pendant la bonne saison, pour le beau plaisir d'augmenter le traitement des instituteurs par une pl~olongation de la scolarité. Nous nous rappelons tous quelle cam­pagne de presse, quel travail il a fallu pour faire passer le cap du referendum à chacune des lois qui ont amélioré quelque peu les trai­tements du P. E.

Et puis la corde s'use à force de tirer.

De plus, le moment actuel n'est pas le plus favorable, tant à cause de l'offre surabondante de postulants en présence du petit nom­bre de postes à repourvoir, que de la diminution sensible et pour ainsi dire constante du coût de la vie.

Il faut donc trouver autre chose, n'en déplaise à Sainte n:outine immobiliste et paresseuse.

Nous connaissons ' de ces anC'iens régents dont le succès est venu couronner les efforts, commne nous en connaissons beaucoup que le défaut d'ambition a condamnés à l'insignifiance.

Beaucoup également travaillent avec cœur et persévérance sans brillants résultats, du moins en apparence: ce sont les plus méritants, ceux dont les œuvres demeurent souvent les plus durables et les plus fécondes.

Nous ne sommes pas seul. Sous des formes diverses, les pouvoirs publics se sont intéressés au sort des populations de nos hautes vallées.

Le fait n'a pas échappé aux autorités fédérales que les régions de la montagne sont, pour une large part, les pourvoyeuses de la population urbaine. Aussi l'éducation populaire dans ces régions ap­pelle-t-elle les soins les meillesurs et les plus assidus, au point de vut: intellectuel, moral, hygiénique et matériel, tout comme ceux dont bn

entoure un berceau duquel vont sortir les génél~ations de demain. La Confédération n'a pas été avare de subsides en faveur des institu­

tions destinées à améliorer le sort des laborieuses populations de la montagne; elle a cependant laissé aux intéressés le souci des initia­tives, l'idée de créér des œuvres en rapport avec leurs besoins et leur mentalité.

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Combien de travaux utiles auraient pu s'accomplir dans les années grasses d'avant-guerre, et qui sont restées dans le néant, faute d'un organe de vulgarisation de ces questions éminemment pratiques.

Et, à l'appui de notre thèse, il serait encore intéressant d'établir une statistique à l'effet de savoir si ce n'est pas dans la classe des an­ciens instituteurs qu'on trouve le plus de réalisateurs d'améliorations utiles dans l'ordre économique hygiénique ou artistique.

Et nos autorités cantonales, qui ont-elles choisi comme vulgarisa­teurs de l'enseignement agricole, ménager et même de certaines bran­ches de l'industrie à domicile, si ce n'est précisément les membres du P. E.? L'obligation, pour les jeunes régents, de faire un stage à Châ­teauneuf nous paraît bien ressembler à une touchante promesse de mariage entre la déduction savante et l'induction chère à nos mo­dernes pédagogues; elle nous promet des fruits de prospérité.

Après l'effort magnifique qui à abouti à la création de notre écüle cantonale d'agriculture, nous assistons à un effort non moins superbe, celui de l'adaptation de l'enseignement aux besoins si divers des non moins diverses régions du pays.

Est-ce à dire que tous les essa is seront infailliblement couronnés des meilleurs résultats? Illusion candide à laquelle ne s'arrête pas un jugement averti. Mais, ainsi qu'à Edison, chaque insuccès aura appris quelque chose; on en sort plus fort et mieux renseigné 'sur ce qui a manqué pour réussir.

Ce que nous proposons, c'est de suivre le mouvement dans les do­maines qui restent à exploiter.

Déjà nous voyons venir à nous de gros points d'interrogation. N'effrayons personne. Une toute petite comparaison. Le canton de Glaris, grand comme le district d'Hérens, ou un peu plus, avec des montagnes et des glaciers, des vallées dirigées vers le Nord, nourrit 33,000 habitants? Pensez-vous,lecteur, que le schabziger sera cause de toute la différence? Appenzell - est-il bien plus grand que Nendaz? -en nourrit 70,000 1. ..

Les Valaisans ne sont ni moins intelligents ni moins travailleurs que d'autres. Mais il ne faut pas constamment, pour des motifs ina­vouables, qu'on les tienne en division et en haine perpétuelles; la presse et tout le reste auraient un bien plus beau rôle à tenir ... , alors tout le monde, même les chicaneurs et les politicards trouveraient de

. quoi vivre sans querelle et sans chicane.

Pourquoi notre pays n'a-t-il que des manœuvres à envoyer aux usines? Pourquoi la fée blanche, aux mains agiles, aux doigts habiles, l'oule-t-elle, en gaies cascades, tant de flots inutiles, se riant de notre imbécillité à n'en point tirer tout le profit que nous devrions?

Page 7: L'Ecole primaire, 30 avril 1927

l~O -

Il faut savoir, il faut savoir s'entr'aider. Et pour savoir et savoir s'initier, il faut étudier, encore ailleurs que dans les bibliothèques.

A dessein, cependant, nous ne voulons pas préciser davantage, car nous savons combien .diverses se manifestent les dispositions de chacun; comme sortent inattendues les fortunes, d 'une idée ingénieuse patiemment poursuivie; tellement décisif est le concours des circons­tances au moment de l'action.

Petit Vaiaisan, quand donc, pour ton travail, connaîtras-tu un autre moteur que l'huile de coude?

Et vous, Monsieur et cher Correspondant, dites-moi où sont donc les propositions utopiques et les tournants dangereux?

Que des âmes faibles ou fatiguées, cherchent toutes les excuses possibles afin de s'affranchir d'une obligation inattendue qui, tout d'un coup, se révèle impérieuse et pressante, c'est tellement dans la condition des choses 'humaines que nous aurions tort de nous en offusquer outre mesure.

Nous réclamons des collaborateurs éompétents à l' « Ecole Pri­maire ». Alors on prétend qu'il faudra mobiliser tout le personnel de la Maison Hachette, ou quelque chose de semblable.

Ne nous embarrassons point de soins superflus. Notre comité saura bien ' trouver les hommes qu'il faut.

Pas de mouche du coche dans notre maison ..

Sans doute, il ne s'adressera pas à l'armée si nombreuse de M. le colonel Dumoindl'effort; fortement assise comme elle est sur ses replètes positions, elle pousserait des gémissements de désolation, si on la dérangeait tant soit peu de ses aises habituelles. Mais, à côté de la placide carrure et du sourire indolent de M. Tranquille, qui prend bien sa large place dans la société, on rencontre toujours ou le regard interrogateur et curieux de quelque pédagogue par vocation, ou le zèle empressé de quelque ardent patriote qui voudrait tout ordonner pour le mieux dans la plus heureuse · des républiques, ou le pas pressé de quelque travailleur acharné qui trouve du temps pour tout. Il s'en trouve à éhoisir.

Déjà au suje,t des idées nouvelles en pédagogie, 1'« Ecole .Pri­maire» a publié plus d'un article qui décèle un maître exC'ellemment renseigné. Sa biographie de Pestalozzi nous a plu vivement. Qu'il veuille bien continuer sa riche collaboration.

Quant aux livres nouveaux, nous ne partageons pas l'avis de notre critique: nous préférons carrément la vertu éclairée à la can­dide innocence. Payot étale ses éditions jusque sur la couverture de l' « Ecole Vrimaire », Pouvons-nous tout accepter sans réserves? Plu-

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sieurs maîtres reçoivent les catalogues de Colin. Au service mili­taire, souvent on cause' pédagogie et manuels scolaires. Peut-on se C'ontenter de sourire comme une innocente?

Nous demandons une analyse succincte, si l'ouvrage mérite d'être lu; une critique des passages dangereux ou mauvais, même sans cita­tions, en plusieurs articles, s'il le faut, si l'ouvrage est en vogue et doit être répudié. Mais le tout d'une façon strictement documentaire et désintéressée, sans commission pour la réclame.

Nous estimons qu'il s'agit là d'un devoir de nos maîtres en péda­gogie au même titre, ou .même à plus forte raison, que le recteur d'un collège doit savoir et dire quels livres courus peuvent ou ne peuvent pas être mis entre les mains des étudiants. Le travail consi­dérable, nous en convenons, que coûte cet examen, ne saurait, en aucun cas, C'onstituer un motif de dispense.

Passant à une autre question, nous sommes loin de critiquer l' « Ecole Primaire ». En fait foi la première partie de notre rapport tombée sous le ciseau de la Rédaction, modeste à l'excès. Mais nous savons comme tout le monde qu'elle ne garde pas même un jour la « place de front)} parmi la paperasse du P. E. Il en sera bien un peu ainsi encore à l'avenir, il ne faudrait pas s'illusionner.

Peu nous chaut, d'ailleurs, ce que valent les revues. étrangères au autres. Pour nous, nous avons besoin d'un journal qui nous soit . utile tout le long de la carrière, qui soit vraiment l'expression de la vie intégrale du régent, telle qu'elle se passe en Valais.

Que l'on nous passe une boutade. En d'autres pays, dans les autres cantons, on pourrait appeler le régent: pédagogue par définition. C'est pourquoi un journal purement pédagogique lui suffit. En Valais, le régent est tantôt pédagogue, tantôt... toute sorte, s'il est permis de placer ici cette expression populaire. Et il lui faut un journal en conséquence, qui le renseigne en tout echose.

Cela rompt avec la routine. Pauvre Routine, quelle perte, si on allait te sacrifier, toi, l'ennemie du progrès!

Nous avons demandé qu'un titre fût ouvert dans l' « Ecole Pri­maire» à la préparation des examens.

Chaque critique, évidemment, avait toute latitude de trouver une application intelligente ou absurde, en rapport avec la tournure de son esprit.

D'où vient cette répugnance, nous disons ce peu de sympathie que manifeste notre correspondant?

Pourtant celui qui marche droit n'a pas à redouter la lumière. Nous ne pensons nullement qu'il éprouve des craintes au sujet des

candidats portant l'estampille de telle ou telle maison, lors même qu'une large pUblicité serait faite autour des examens, tout au profit des intéressés,

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L' « Education chrétienne », anC'être de l' « Ecole )J de Mgr Audol­lent, si nous ne faisons erreur, servait d'abondants exemples qui enga­geaient au travail et renseignaient d 'une façon concrète, intéres­sante et pratique sur ce ,qu'on exigeait, en France, pour l'obtention des divers brevets, si bien que les autodidactes pouvaient facilement gravir toute la gamme des diplômes dans l'enseignement.

En Valais, en viendrait-on petit à petit à regarder comme bar­bares les candidats qui n'ont pas encore appris à se peigner dans un internat?

Envisageant la question à un autre point de vue, nùus pensons que les instituteurs ont bien le droit de savoir, même avec exemples à l'appui, sous quelles directives les experts apprécient les connais­sances des élèves.

Le fait d'avoir enseigné en divers points du pays nous a donné l'occasion de constater des différenC'es d'un district à l.'autre, et, ce qui nous a. surpris davantage, d'une année à l'autre, dans l'attribution des notes aux examens d'émancipation. Sans doute, nous voulons tenir compte des « chances » à l'examen.

Nous avons connu tel magister qui s'est bravement attelé à l'in­duction du « Cours de langue )J, tandis que la Commission scolaire et l'autre pédagogue restaient fidèles à la « Grammaire du Valais )J.

Vous voyez d 'ici le résultat des épreuves comparatives ... en faveur du vieux style, et les avantages du préavis, à la fin de l'année, en raison inverse du travail fourni.

En réclamant un chapitre de préparation aux examens dans le journal de la S. V. E. nous avons eu en vue :

1. de fournir des matériaux qui aident l 'instituteur, la Commission scolaire et M. l'inspecteur à se mettre à la même page;

2. d'aider les autodidactes à se préparer aux examens, surtout ceux qui ne peuvent se payer une préparation plus soignée dans un in­ternat;

3. de tendre à une meilleure unification d'appréciation du travail des instituteurs.

Des méchants ne manqueront pas de nous accuser que nous vou­lions décocher une flèche à nos inspecteurs scolaires. Loin de là. Nous pensons au contraire qu'ils ne demandent pas mieux que de se mettre dans une harmonie plus étroite encore, si c'est possible.

Nous avons émis le vœu que l' « Ecole Primaire» serve de trait­d'union entre les groupements d'instituteurs intéressés à des orga­nisations d'ordre économique ou artistique.

Notre critique s'en empare pour faire entendre au lecteur que, selon nous, l' « Ecole Primaire» doit remplacer toutes sortes de revues . politiq:ues o'!l techniques,

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C'est vite aller un peu loin.

Nous nous en référons au tableau synoptique placé à la fin dù rapport, où il ne paraît nullement que la « vie sociale de l'institu­teur » prenne une place par trop gourmande et disproportionnée en regard de la partie pédagogique.

Va-t-on nous prêter l'intention de faire de chaque instituteur une encyclopédie ambulante?

Sans doute, même les meilleurs sentent le besoin de revoir succes­sivement plus d'une des matières qu 'ils doivent enseigner, afin de s'assimiler plus complètement le programme et de combler les lacunes les plus ennuyeuses de leur bagage intellectuel. Là cependant n'est pas la question qui nous occupe.

Au lieu de travailler peu, capricieusement, sans but défini, sans suite et sans discipline et de gaspiller ainsi pitoyablement leur temps, ' leur sève intellectuelle, leur idéal, les jeunes gens, les régents ont be­soin de se tracer un programme réalisateur et pratique, en rapport avec leurs goûts et les inclil1ations de leur esprit, avec la m~sure de leurs possibilités et le milieu où leur activité paraît devoir se dé­ployer. C'est ainsi que chacun saura choisir sa partie, dans laquelle il pourra exceller, par un travail ordonné, persévérant et fécond, tandis que l' « Ecole Primaire » restera l'indication des sources d'idées au choix de l'intéressé, la documentation constante dont les instituteurs valaisans ont besoin, et qui étendra ses jalons dans la mesure où les opérateurs pourront avancer.

Nous ne C'omprenons pas quelle phobie on nourrit dans certains milieux contre l'esprit d 'association et d'organisation chez le P. E. Pourtant nous estimons qu'il constitue bien l'une des forees les plus saines du pays. En pourrait-il en être autrement après cinquante ans de direction par des prêtres et des religieux? Nous ne désirons rien tant que de voir leur lumière continu~r de briller du plus pur éclat, éclairant et attirant tout notre monde pédagogique!

Il resterait encoi'e bien des points à examiner, dont nous ferons grâce au lecteur, qui nous a si patiemment suivi jusqu'ici.

Encore une fois nous remercions notre critique de son analyse serrée, qui nous a fourni l'occasion de plus d'une explication, surtout à l'endroit ,des « horizons nouveaux» qui nous ont paru soulever le plus de contradiction. Nous le remercions d'avoir gardé l 'anonymat, car le nom de quelque personne connue et aimée nous eût mis dans une gêne réelle à répondre d'une façon aussi catégorique.

Les quelques remarques que nous avons formulées n'ont en vue que l'utilité de la jeunesse valaisanne et celle du P. E., que nous aimerions voir tous deux peu à peu sortir de l'ornière de la médiocrité par un labeur opiniâtre, intelligent et organisé .

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194 -

Nous n'avons fait usage du fouet, et encore bien légèrement, que contre les tendances qui viendraient arrêter, comprimer ou ridiculiser cet éveil d'activité et d'initiative.

En aucune façon nous ne croyons être sorti de l'ordre et de la disC'ipline.

Les témoignages de sympathie que notre humble travail 'nous a ~alus ~ous ~ont un encouragement et une promesse que les proposi­tlOns enoncees ne sont pas tombées sur les pierres du chemin.

A. M.i.

~ote rédact~onnelle. - Nous ne saurions mettre le 'point final a~z debat souleve pal' le l'apport de ']1,11. A. M., sans déclarer expres­selnent qlJ.e son contradicteur n 'a manqué, dans la critique ni de.loyau!é, ni d'objectivité. Ce n'est pas lui non plus qu'on p~ur­rmt enrolel' dans l'armée de la « sainte Routine de l'Immobi­lisme et Dznnoindl'effort » ... Et de ceci, M. A. NI . fournit lui­même un: preuve péTemptoire quand il l'end un 'juste homlnage « ~ll.l ~nClltre excellemment l'enseigné qui a publié dans l'Ecole Prll,?aIre plus d'un article CLU sujet des idées nouvelles en péda­gogIe ». Ce maître se trouve pl'écisément être l'auteur des articles auxquels il est fait allusion. C' est dire cOlnbien il. mériterait peu le reproche de rétrograde ou de routinier.

Nous savons, d'aillel.zrs pertinelTIlTIent que l'un et l'autre de nos correspondants n'ont eu en vue que l'utilité et la prospérité de notre modeste organe et nous les en remercions bien vive­ment.

Nos Régen'ts à Crimisuat

Mercredi 27 avril, les Instituteurs du district de Sion tenaient à, Grimisuat leur conférence annuelle. Le ciel, qui paraissait d abord lourd de « rebuses » s'éclaircit dans la matinée et un radieux soleil printanier sourit largement au Renouveau.

Nos excellents Inaîtres d'école Inéritaient bien cette attention d~ seigneur Phébus, eux dont le lot se cOlnpose de tant de jour­nees sombres ...

. Apr~s .u~e cord~ale réception par l'Autorité les Régents et leurs InvItes prenaient, comme il se doit, le chemin de l'église où fut célébrée et chantée une fort belle messe en n1usique et plain-chant;. l'exécution chorale a révélé des voix cultivées, fermes et souples à la fois.

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Présidée par M. l'Inspecteur Dr Mangisch~ la séance de tl'a~ vail fut égalelnent suivie par M. \Valpen, Chef du Département de l'Instruction publique" M. Hoeh, Directeur de l'Ecole nor­male. M. G. Dubuis, ' vice-président de la Ville de Sion, une délé­gation du Conseil communal de Grimisuat et M. le juge Balet. Cinq ou six instituteurs luanquaient à l'appel pour cause de ser~ vice n1ilitaire ou de deuil. Les nominations statutaires, bureau, secrétaire - ce dernier 'dans la 'personne du jeune et sympathique M. Bérard, instituteur à Bramois - étant liquidées, il est donné lecture d'une douxaine de travaux . Ceux-ci se distinguent par leur originalité et leur côté pratique. Il ne nous est malheureuse­ment pas possible de nous y arrêter, étant donné le cadre res­treint de ce cOlupte rendu.

Au cours de la discussion. qui suivit, M. le Directeur Hoeh fit ressortir l'importance de la lecture et de l'explication du vo­cabulaire. A son tour, M. l'Inspecteur Mangisch souligna vigou­reusement la nécessité primordiale de l'étude de la langue ma­ternelle, étude qui influe aussi bien sur la formation que sur l'éducation. Il montra, en outre, l'urgence qu'il y a de concentrer sur cette étude toutes les n1atières du progran11ne. En définitive, l'orateur préconise l'école dite « active » qui met en exercice toutes les facultés de l'enfant et, par un exemple, il illustre d'une façon tangible, ses judicieuses explications.

De son côté, M. le professeur Julier, expose magistralement la nécessité qu'il y a pour le n1aÎtre de rester à la hauteur de sa tâche par la continuation de sa forn1ation professionnelle. Nos collègues liront plus loin ces rem.arquables suggestions.

La séance se termine par l'adoption de la revision du règle­ment des conférences, proposée par M. l'Inspecteur.

Mis en appétit par une course matinale et plusieurs heures d'attention soutenue, les « congressistes » s'en furent docilement au royaume de la gastronomie, en l'occurrence à la villa qui abrita l'a'ncienne Vinicole, où M. Eug. Balet fit à ses convives l'honneur et le régal de la plus agréable des réceptions" Le « .ma­jorat » de table, confié à M. l'Inst. Zuchuat, se fit re~arquer p~r sa verve, ses réflexions spirituelles et son à-propos; Il fut vral­Inent l'ân1e de cette partie récréativ~.

Le menu intellectuel et lU or al n'en laissa pas davantage à désirer : chants individuels, chœurs et récitals de MM. Puippe, Zuchuat, Mathis, Délèze, Julier et Bérard suscitèrent plus d'une noble émotion.

Parlerons-nous de la série des discours? ' Elle sortit franche­ment de la banalité avec les sentiments élevés et poétiques expri­més par M. le Dr Mangisch, exaltant les idées de religion, patrie

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et progrès; Nf. Zuchuat magnifia bellement la patrie et M. Bé­rard exalta de noble façon notre .Mère la Sainte Eglise. NI. le Conseiller d'Etat vValpen fit une intéressante et utile causerie pédagogique au cours de laquelle il montra tout l'attacheinent qu'il porte au Personnel enseignant primaire et sa volonté de seconder ~'effort de l'Instituteur. Celui-ci peut avoir pleine et en­tière confiance au Chef du Département de l'Instruction publi­que, conl.me ce dernier a foi ail dévouement et à la colla-

. boration du Personnel enseignant. La prolongation de la scola­rité trouvera auprès du gouvernement un appui efficace. En pas­sant, M. 'iV alpen insiste sur la nécessité de ne pas trop mâcher la besogne à l'écolier, mais d'exiger de lui un travail personnel. COlnme il faut l'armer pour la vie, il importe avant tout de lui donner un enseignement pratique et utile, laissant de côté les digressions fastidieuses qui ont la p~'étention de faire de nos en­fants des savants en herbe. Pour arriver à ces fins il est indis ­pensable de ne point négliger la bonne formation dès le degré inférieur; se contenter de façonner artificiellement les élèves à éInanciper est un mauvais calcul. Il y a lieu également de la part du Inaître d 'insister sur une bonne prononciation et d 'en donner lui-mêlne l'exemple.

M. Hoeh fit part à l'assenl.blée du plaisir qu'il éprouvait à se trouver au milieu des Instituteurs du district de Sion et rompit une lance en faveur de la défunte chorale de hi. circonscription. Puis, M. le professeur Julier porta, de toute l'âme et de tout le cœur qu'on lui connaît, un toast vibrant aux Instituteurs. Nous avons eu le bonheur d 'en obtenir le texte qu'on trouvera ci-après.

On entend encore: MM. le Rév. Curé Francey, au sujet des rapports entre le Clergé et les Instituteurs; Gustave Dubuis, vi.c~­l)résident de Sion, qui nous communique l'énl.otion et le plalSll' qu'il ressent à se retrouver au milieu d'anciens collègues; Roux, président, et Balet, juge, qui ont chacun un mot aimable pour leurs hôtes. '

Bref, la belle journée prend fin sur une éloquente allocution de M. l'Inspecteur, relnerciant Grinl.isuat de la si accueillante et si valaisanne hospitalité offerte au Personnel enseignant et à tous ceux qui ont contribué au succès de la fête . Rendez-vous est donné à Salins en 1928.

L'amabilité de M. le Curé offre encore à tous le verre de l'étrier, puis, à regret, on quitte le charmant plateau de GrÏlnisuat 'Où le printelnps in(atigable sèlne à profusion les r~chesses de sa divine palette. Chacun gardera au cœur le souvenll' de ces heu­res trop brèves qui auront été pour tous ceux qui les ont vécues, un encouragement dans la voie ardue du devoir et un gage d 'af­fection réciproque entre les Inembres du Corps enseignant de no­tre beau district.

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Autour d'un sujet de conférence Monsieur le Président, Messieurs,

Je suis heureux d'adresser mes plus vives félicitations aux auteurs des travaux qu'on vient de lire. Ils ont exposé d'une façon compétente les moyens pratiques d'enseigner à notre jeunesse la langue la plus claire et · l 'une des plus belles: la plus claire, puisque depuis la paix de Nimègue, sous Louis XIV, cette langue a conclu tous les traités et s'est imposée au monde entier comme l'expression universelle de toutes les pensées et de tous les génies; ce qui a fait dire au poète: Tout homme a deux pays, le sien et puis la France; - l'une des plus belles, puisqu'elle est une heureuse alliance de la grâce attique et de la virilité roma ine.

Joseph de Maistre, dans sa Correspondance diplomatique, déclare que les Français dominent en Europe par leurs armes et par leur langage; la langue française exerce donc, selon lui, une véritable su­prématie: « Il ne me vient pas seulement en tête, dit-il ailleurs, qu'on puisse être éloquent dans une autre langue autant qu'en français ».

Et maintenant, permettez-moi Messieurs, de faire remarquer (com­me on l'a dit, du reste) q~e cet enseignement exige la c'oopération de toutes nos facultés: l'esprit d'observation, .la mémoire, le jugement, l'imagination, la, sensibilité.

Et ce travail réclame à la fois le développement des facultés de l'enfant et le développement des facultés du maître.

En ce qui concerne l'enfant, vous venez de montrer suffisamment ce qui est à faire. Jerne contenterai donc d'insister sur l'impérieuse nécessité pour le maître de poursuivre sans relâche la culture de ses facultés ou, en d'autres mots, sa formation professionnelle qui n'a été qu'ébauchée à l'Ecole normale.

On ne donne pas ce qu'on n'a pas. Il faut, pour développer dans l'enfant des qualités intellectuelles et morales, posséder soi-même ces qualités à u'n degré assez élevé. Il eri est de même de l'enseignement d'une branche. Pour y réussir, le maître doit la connaître à fond et posséder encore une foule d'autres connaissances.

Louis Veuillot disait qu'on ne sait pas le français, qu'on ne le parle pas, qu'on ne l'écrit pas sans savoir quantité d'autres choses qui font ce que l'on appelait jadis l'honnête homme. Or, au XVIIe siècle, l'honnête homme était celui qui unissait la culture de l'esprit à la po­litesse des manières, ou simplement, comme disait Sainte-Beuve « l'homme comme il faut ».

Des études faites en vue d'un diplôme sont impuissantes à assurer définitivement une vie intellectuelle sérieuse; de même que la vie physique, elle ne subsiste et ne s'entretient que par une alimentatioli. continuelle. Sans curio,sité d'esprit, sans un désir C'onstant d'apprendre,

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on est une sorte de moniteur, · capable tout au plus de la partie routi~ nière de l'enseignement, mais impuissant à allumer la flamme spiri­tuelle et à l'entretenir.

Or, cette formation professionnelle requiert spécialement l'étude assidue et intelligente d'ouvrages pédagogiques. Il serait donc à dé­sirer qu'on rencontrât sur la table de travail de l'instituteur le livre de pédagogie, comme on trouve sur celle de l'avocat le code ou le traité de jurisprudence; sur celle du prêtre le livre de théologie ou d'exégèse; dans le cabinet du médecin les ouvrages ou revues de mé­decine.

On dit qu'Alcibiade souffleta un jour un maître d 'école qui n 'avait pas son « Homère ». Je ne voudrais pas qu'on traitât ainsi l'institu­teur qui n'aurait pas son livre de pédagogie; mais volontiers, je lui :répéterais le mot d'un éducateur c'élèbre : Quand on cesse d'étudier, il faut cesser d'enseigner.

L'instituteur qui enseigne ailleurs que dans sa commune, a bien des heures de solitude qui deviennent vite des heures ' de désœuvre­ment et d'ennui. Dans ces moments, ce ne sera pas la méditation de la grammaire française et des traités d'arithmétique, ni la contem­plation des harmonies du système métrique qui donneront au maître, fatigué de sa classe, la diversion vive et stimulante qui rafraîchit l'esprit, détend les nerfs et prédispose au travail du lendemain, tra­vail monotone et rudimentaire. Si la saisôn discourtoise et maussade lui refuse certaines distractions, s'il doit s'éloigner des clubs, des çafés, des cancans et des coteries, s'il doit se modérer dans la lecture des journaux, nous lui conseillons, par contre, de lire les bons auteurs, de parC'ourir les champs de l'histoire de la littérature et de la poésie. Quelles jouissances il 'y trouvera! Comme il se sentira devenir et plus fier et plus fort! Comme sa tâche quotidienne lui pèsera moins. Comme ses leçons mêmes lui procureront plus de satisfaction intel­lectuelle, s'il y apporte sa supériorité que donnent seules la lecture et l'étude.

Quelques-uns objecteront peut-être que la brièvité de l'année sco­laire, les difficultés de la. marche d'une ' école où toutes les forces sont réunies, l'absence de carrière pédagogique, la modicité extrême du traitement, donc la nécessité de se livrer pour vivre à des occupa­tions extra-sC'olaires, enlèvent à l'instituteur le temps, le goût et l'in­térêt d'un travail de perfectionnement.

Ces objections sont fondées. Mais c'est précisément à cause des conditions défavorables dans lesquelles se trouvent la plupart de nos écoles valaisannes que les maîtres ont besoin de plus de méthode, de précision et de clarté, qu'il leur faut plus d'habile~é professionnelle.

Du temps, on en trouve avec de la bonne volonté.

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Quant au traitement, il ne faut pourtant pas en faire ur1e questioh « sine qua non ». « Pas d'argent, pas de Suisses », disait~on au temps des services mercenaires. C'était juste, car on ne servait que des étran- , gers, et on était mercenaire dans le vrai sens du mot; il fallait être logique. Mais ce serait ' presque un blasphème d'entendre des éduca­tem's chrétiens dire: pas d'argent, pas de dévouement; tant de trai­tement, tant de travail.

Ayez donc, Messieurs les Instituteurs, le courage et la générosité de faire abstraction, si c'est le cas, de trop grandes préoccupations matérielles, d'avoir pour premier objectif la noble mission de servir Dieu et la patrie, vous en remettant pour le salaire équitable à Celui qui ne laissera pas sans récompense même un verre d'eau donné en son nom. Ayez la noble ambition d'accomplir une grande et belle œuvre mal payée plutôt que beaucoup de travaux médiocres et futiles grassement rétribués.

Et c'est alors, Messieurs, que vous parlerez avec plus de p81'fec­tion encore notre belle langue française et que vous l'enseignerez mieux, car, dit encore L. Veuillot: « Pour parler français, il faut avoir dans l'âme un fonds de noblesse et de sincérité. Une âme vile (et j'ajouterai: vénale, mercantile) ne parlera jamais complètement bien cette langue des Bossuet, des Fénelon, etc.; elle possédera quel­ques notes, jamais tout le clavier ».

Toast aux Instituteurs à l'occasion de leur réunion à Crimisuat le 27 avril

, Messieurs les Instituteurs,

Lors de votre dernière réunion à Bramois, j'ai mis devant vos yeux les récompenses que mérite votre dévouement à la C'ause de l'éducation. de la jeunesse. Aujourd'hui, j'essayerai de vous parler de la noblesse de votre double fonction d'éducateur et d'ouvriers de la terre, puisque la plupart parmi vous sont l'un et l'autre.

Messieurs, la chevalerie du moyen âge n'est plus qu'un glorieux souvenir; mais aujourd'hui, il en est une autre d'inspiration égale­ment chrétienne; non plus militaire, mais pacifique, civilisatrice par excellence, que l'Eglise bénit aussi et à laquelle sont conviées les âmes d'élite, les âmes d'apôtre; cette chevalerie, vous l'avez deviné, c'est l'éducation chrétienne de la jeunesse.

Oui, Messieurs les Instituteurs chrétiens (et j'appuie sur ce mot), vous êtes les chevaliers modernes, les soldats du Christ et de ~on Eglise. Vous avez accepté avec générosité la noble mission de conqué-

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l'il' des âmes juvéniles et de les protéger contre les séductions du mal. A votre zèle et à votre dévouement, la famille confie son trésor le plus cher, la patrie ses futurs citoyens, l'Eglis.e ses enfants spi- . rituels, les membres mêmes de son fondateur, et. Dieu, le prix du sang de son propre Fils. Dites-moi s'il est un rôle plus sublime après cel.ui du prêtre? Vous qui vous efforcez de rendre ces âmes pures, v.aIllantes, amoureuses de Dieu, compatissantes envers le prochain, fldèles à leur devoir, vous êtes les chevaliers du bien.

Comme ceux du moyen âge, vous avez vous aussi une noblesse d'origine. En effet, votre titre nobiliaire le plus beau, c'est votre titre de chrétien; c'est cette foi vive et inaltérable qu'une mère pieuse a déposée dans votre cœur d'enfant; c'est la pratique sincère d'une reli­gion éclairée; c'est enfin cette vie d'honneur, de probité et de dévoue­ment qui a toujours été la caractéristique de l'instituteur vala isan.

A cette noblesse, vous avez ajouté un nouvel éclat, le jour où, pour suivre un généreux idéal, vous vous êtes faits éducateurs. le jour où vous avez commencé une tâche que Platon qualifiait de di­vine et que Cicéron considérait comme le plus grand service rendu à la patrie. Au XVIe siècle, François 1er avait anobli les maîtres ver­riers, à cause de la beauté de leur art. Cette distinction, ils la méritent davantage ceux qui se vouent à l 'éducation chrétienne des enfants. Ils exercent, en effet, l'art le plus difficile, le plus délicat, mais aussi le plus bienfaisant. Grâce à eux, il se répand dans le peuple une certaine sagesse supérieure qui fait les grandes âmes éprises d'idéal et d'hé­roïsme surnaturel.

Si je ne craignais d'abuser de votre patience, je vous parlerais lon­guement de l'idéal élevé que le P .Chaminade, le fondateur de la So­ciété de Marie, avait de la mission de l'instituteur. Qu'il me suffise de vous dire que vers 1830, il entreprit des démarches réitérée~ et pres­santes auprès du Ministre de l'In'struction publique à Paris et auprès des Préfets des Départements pour l'ouverture en France, de nom­breuses écoles normales d'instituteurs, persuadé qu'il était que c'est par l'instituteur chrétien plus encore que par le clergé, que son pays se relèverait de sa décadence religieuse et morale. Sans de bons insti­tuteurs, il considérait les enfants comme perdus.

C'était aussi l'avis d'un de ses premiers disciples et collabora­tuers, M. l'abbé Lalanne, esprit supérieurement cultivé et éducateur éminent. Jetant un regard rétrospectif sur sa longue carrière, ce der­nier écrivait: « Dans l'état où est aujourd'hui le monde, il n'y a pour le refaire, de moyen plus universel ni plus efficace que l'éducation. J'aurais voulu (tel était mon goût) m'adonner à la chaire. Eh bien! j'aurais fait beaucoup moins de profit à l'Eglise par des sermons que par l'éducation ... Laissez aux impies les écoles, ils vous abandonneront tout le reste. »

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Les faits se sont chargés de justifier la manière de voir de ces excellents éducateurs. Jamais la France n'a manqué de prêtres ins­truits, vertueux et zélés, et aujourd'hui ce pays est sur la voie de la déchristianisation. L'instrument par excellence de cette œuvre in­fernale, c'est l'instituteur athée. Ah! Messieurs, les ennemis de la religion savent bien que pour la destruction du christianisme, il faut commencer par l'enfance, qui est une victime désarmée, et que par l'école populaire, ils peuvent corrompre la masse la plus grande.

Donc, Messieurs les Instituteurs, votre mission d'éducateur est belle, exaltante; soyez-en justement fiers et surtout rendez-vous-en de plus en plus dignes.

Mais, Messieurs, vous êtes aussi les ouvries ' de la terre, puisque les conditions partic'ulières de notre pays vous obligent, pour la plu­part, à vous occuper une partie de l'année du tl~avail du sol pour sub­venir à votre existence. Le Valais a ses instituteurs-agriculteurs comme la Suisse ses citoyens-soldats.

C'est là aussi un titre glorieux, car comme agriculteurs vous ap­partenez à cette partie saine et vigoureuse de la population qui donne à la patrie ses meilleurs soldats, à l'Eglise le plus grand nombre de ses ministres et de ses missionnaires, qui garde le mieux les lois divines, fondement le plus solide de l'édifice social, qui mène la vie la plus indépendante et, en somme, la plus heureuse, vie que recher­chèrent et suivirent d'illustres personnages fatigués des vains hon­neurs.

Vous êtes les ouvriers que Dieu a chargés d'exaucer la demande de l'oraison dominicale: Donnez-nous aujourd'hui notre pain quo­tidien. C'est en effet, vous qui préparez l'aliment le plus nécessaire à l'homme, ee pain qui est devenu synonyme de vie ou d'existence ce pain que l'ouvrier intellectuel, l'artisan, le fonctionnaire gagnent p'our eux et leur famille, ce pain qui apaise la faim de l'indigent et qui donne des joues roses à vos enfants, ce pain, fils des fraîches aurores, des midis flamboyants et des soirées calmes, frère du raisin, boisson joyeuse et réconfortante: deux présents que le Christ lui-même a consacrés.

Le travail des champs est, lui-même, une coopération à l'œuvre divine; c'est la part merveilleuse dans l'harmonie et l'équilibre uni­versels, dans le maintien des lois de la Providence.

Elle est donc magnifique, Messieurs les Instituteurs, votre double vocation; vous êtes les pères nourriciers des intelligences et les pères nourriciers des corps. .

Quand les Mercenaires quittèrent Cartha.ge, ils disaient en chari­tant la vieille chanson des Mamertins: « Avec ma lance et mon épée, je laboure et je moissonne; c'est moi qui suis le maître de la maison ».

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Vous aussi, Messieurs, vous ouvrez des sillons: d'abord dans les intelligences et dans les cœurs pour y jeter la semence de votre pa­role apostolique et de vos bons exemples; ensuite, de vos bras ro­bustes, dans le sol de vos ancêtres, dans cette terre valaisanne que vous aimez d'autant plus qu'elle est plus chétive et demande plus de soins et qui, un jour, vous ouvr~ra son sein maternel pour votre der­nier somme.

Comme les Mercenaires de Carthage, vous pouvez donc dire, avec plus de raison encore: Nous sommes les maîtres de la maison, c'est-à­dire de la patrie, et' elle est ce que nous la faisons.

Eh bien, Messieurs, continuez à la faire toujours plus grande et plus belle; c'est là mon vœu le plus ardent, et c'est à sa réalisation que je lève mon verre.

, ~ ~~4\R({@) P ~ ~ Nos ages ~-: • ~~~ COURRIER DES INSTITUTRICES '"V-./

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SOMMAIRE: Retraite des Institutrices. - Impressions de Retraite. Assemblée générale. - Conférence du R. P. de Munnynk. -Epilogue de la Conférence. - Pensées.

Retraite des Institutrices

Jeudi matin, 21 avril, se clôturait à l'Ecole Normale des Fil ­les, la Retraite prêchée aux Institutrices par le Rd Père Hilde­brand Zimmermann. Commencée le 17 au soir, cette retraite fut suivie avec un fervent enthousiasme par 80 institutrices. '

Ces trois jours de silence, de recueillement et de prière, cette atmosphère imprégnée de caln'le, de paix, de sérénité, furent pour tant d'esprits énervés, fatigués, surmenés, une verte oasis dans le désert, une halte bienfaisante ménagée par la Providence, .halte permettant à l'âme un retour salutaire sur elle-même et l'aIdant à reprendre conscience de sa dig~ité, de son Devoir et de sa fin.

Les 80 institutrices auront, nous n'en doutons pas, emporté de cette retraite une plus haute conception du devoir quotidien, un noble enthousiasme pour le but suprême à atteindre et... une pro­vision de courage à ne plus craindre aucun obstacle.

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Merci sincè~'ement à l'éminent prédicateur pour le bien opéré dans toutes les âmes de ses auditrices, son souvenir restera pour c4acune d'elles asSocié à l'effort de son perfectionnement moral.

Merci aussi aux Rdes Sœurs de l'Ecole Normale pour leur généreuse hospitalité. Chrysale.

Impressions de retraite

La vie a repris son cours monotone, et quelquefois assez dif­ficile, mais nous somn'les encore tout imprégnées de l 'atmosphère de recueillement, dans laquelle nous avons vécu pendant notre retraite à l'Ecole Nor.male.

Ce furent trois jours bénis; dans le silence, nous avons écouté la voix du Maître, et, avec un filial abandon, nous lui avons raconté nos misères... et nos défaillances. Comme ils se sont envolés trop vite ces moments inappréciables à jamais écoulés, mais qui laisseront dans nos âmes un sillon fertile. Quel privilège incontestable d'entendre d'aussi profondes et belles paroles! Car, que dire ,des instructions? Elles nous ont tant appris de si bonnes choses! Toutes, nous avons trouvé le choix des sujets des mieux appropriés. Ils t'urent développés d 'une manière un peu abstraite peut-être, mais si élevée. Le Père nous tint « au-dessus de notre tâche »; il nous traita en personnes qui aiment à réfléchir, à juger, à chercher le pourquoi et le comment des choses . Aussi nous a-t-il inculqué des principes féconds, des idées riches que chacune ap­pliquera selon son tempérament et ses lun'lières. Il nous a mises en présence de multiples filons d'or; à nous de les exploiter!

Et lors même que nous ne réaliserions qu'une seule de ces idées mères, quelle carrière magnifique nous t'ournirions 1 Plu­sieurs resteront gravées à jamais dans notre âme: « L'amour de Dieu et du prochain est le tout de la vie chrétienne. Notre influence est en proportion de ce qu'on est et non de ce qu'on paraît. L'au­torité doit être ferme con'lme l'organisme de l'être humain, bien­faisante comme le soleil, etc. »

La conférence sur l'hygiène spirituelle fut des plus intéres­santes. Il est inutile de la reproduire ici. Toutes s'en souviendront et auront à cœur de mettre en pratique d'aussi sages avis.

Enfin, pour tout dire, cette retraite a développé notre âme « en hauteur, en largeur et en profondeur ». Que notre reconnais­sance monte vers Dieu, l'Auteur de tout don parfait, et qu'elle s'épanouisse ici-bas en tendresse et en dévouement pour les âmes . Oui, nous ne laisserons pas s'envoler comme de puériles rêveries, les pensées généreuses et fécondes dont notre âme s'est enrichie.

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Elles sont un trésor sacré. Nous serons donc désormais d 'actives ouvrières du divin Maître, travaillant avec Lui au chef-d'œuvre incomparable, qui est l'âme humaine.

Très simplement et très entièrement, nous nous donnerons aux âlnes que Dieu nous confie.

Assemblée générale de la Société des Institutrices du Valais romand

Jeudi 21 avril, la S.I.V.R tenait à l'Ecole Normale des Filles sa IIme Assemblée générale. Plus de 110 institutrices étaient pré­sentes et cet eInpressement fait augurer pour l'avenir de notre jeune Société les meilleures espérances.

Nous tenons à remercier MM. les Révérends Grand Vicaire Delaloye et Chanoine de Courten nous apportant le souvenir de Sa Grandeur Mgr Bieler, M. Hoeh, directeur de l'Ecole Normale, M. L. Delaloye, représentant le Département de l'Instruction publi­que, M. Kuntschen, Président de la Ville de Sion, qui on~ bien voulu, par leur présence, encourager les efforts de notre Société.

M. le Dr Mangisch, notre dévoué avocat-conseil, toujours sur la brèche quand il s'agit des intérêts de la SJ.V.R: fait l'histori­que de notre organisation et en relate les progrès.

Les question à l'ordre du jour y furent traitées, discutées et - grâce au concours éclairé d 'Autorités compétentes et sympathi­ques - résolues au mieux.

Puis, le Dr Mangisch, en termes éloquents et émus, présente à l'Assemblée l'orateur du jour: Rd Père de Munnynck, Domini­cain, professeur de psychologie à l'Université de Fribourg et sa­lue en lui l'héroïque Belgique.

La renommée de l'éminent orateur l'avait précédé en Valais et ce n'est pas sans un sentiment de profonde vénération que nous vîmes ce grand Maître de la Pensée, revêtu de la bure blanche, gravir les mal' hes de l'estrade.

Sa conférence « l'Education de la Volonté » fut adinirable. Aussi est-ce avec un intérêt toujours croissant que nous le suivions dans lés méandres sinueux du domaine abstrait de la Psychologie. Pendant plus d'une heure, le Rd Père de Munnynk fit vibrer à l'unisson toutes les cordes de nos facultés intellectuelles en nous tenant sous le charme de son éloquence vive, profonde et convain­cante. Le sujet développé « l'Education de la Volonté » est une question de la plus haute importance? à notre époque surtout 04

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l'on es~ ~lus 'pol-té à se « laiss'el.' vi~re » 'qu'à « vOivre ». Aussi, avons­nous tue d.e cette conférence d 'intéressantes et inappréciables le­çons au pOInt de vue éduca~if, psychologique et pédagogique.

IvL ~ey, Rd ~uré de ChampéI~y, m'e~bre de notre Comité en t~rmes bIen se?tIs, remercie l'émi~ent orateur et ajoute qu~, à 1 Instar des meIlleurs crus du ValaIs, sa conférence a le goût du « revenez-y ». C'est l'avis unanime de l'Assemblée .

.13 heures sonnent et..., s'il est écrit que l'hOInme he ' vit pa's seulem~nt de pa~n, il n'~~ ~st pas, I?oi?s vrai .ql!'il faut du iJain pou~ vI,:,re. AUSSI, ~ota?Ih.tes eC?leSlastIques, CIvIles et les ' petites InstIt~tnces sont blentot Installees dans la grande et spacieus'e salle a manger de l'Ecole Normale, gentiment décorée de verdure et de fleurs.

.La. bruyère rose et l~s pensées veloutées aux teintes diaprées deSSInaIent sur la nappe éclatante de gracieuses arabesques.

, Le banquet fut particulièrement animé et nous "UtineS gâ­te~s .sous tous les rapports. Menu soigné, discours choisis" en fal~ laIt-lI davantage pour faire régner sur l'assemblée i'entrain et la belle humeur? Au cours du banquet, nous eûmes le bonhe1.H d'en­tendre le Rd Père de Munnynk, M. le Rd Curé ReYJ M. le Dr Man­gisch et M. l'Avocat Kuntschen, Président dé la Ville de Sion' ce furent autant de discours émaillés de fleurs exqliises, cueillies 'sur les s<:>m,mets. aca~éI~lÎques ~t fleural!t le chaud .soleil du printemps. AUSSI, Je laIsse a Juger SI 100 paIres de petItes mains faisaient vibrer la salle d'applaudissements enthousiastes.

. Mais les plus belles journées ont leur déclin et, après l'exécu-tIon en chœur du chant « Le Valais », la séance est levée.

Nous sortons; les oiseaux nous répètent leurs concerts, les arbres en fleurs empli~sent l'air de leurs parfums et... nous nous quittons à regret en nous disant: « A l'année prochaine! »

(Jo '

Décisions prises

1. Les nouveaux statuts sont approuvés et seront publiés dans l'Ecole Primail'e. ' ,

2. L'adhésion individuelle au Syndicat est ~end~e fa,cultative:

3. Le Comité fera les démarches en vue d'obtenir un cours ménager pour les anciennes institutrices désirant obtenir le di­plôme en cette branche.

4. Il s'occupera dit placément éventuel des i~stitutricès' pen­dant les vacances.

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Conférence du Rd Père~de Munnlnk

(Résumé)

LIS bases psychologiques de l'Education de la Volonté.

1. - Qu'est-ce que la volonté;

Sous le nom d'actes volontaires on comprend certaîne's réactions de l'homme sous l'acti911 des réalités extérieures. Celles-ci, assimilées par la con~aissan,c,e, coloriées par les émotions, subissent notre in­fluen,c,e e.ffe~tive par nos actes volontaires. Il en résulte que tout acte de volonté est consécutif à un acte de connaissance; et nous ne pou­vons atteindre notre volonté, ou celle des autres, qu'à travers les images et les idées.

- I. "'.,.- Et ,s'il s'agit de former la volonté? Qu'est-ce qu'une volonté parfaite? ,

En général. on entend par là une volonté, ferme, accomplissant le devoir sans fléchissement, résistant à toutes les sollidtudes contraires sans défaillance. On constate, en effet, que nos volontés sont déplo­rq,blement faibles. Nous savons parfaitement ce qu'il y a à faire; mq,is malgré les décisions les plus solennelles, nous ne le faisons pas. Dans ce cas, la volonté ne semble pas suivre la c'Onnaissance. Mais, en réa­lité, cell~-ci se trouve en conflit avec une image antagoniste: l'image de l'effort -dont nous avons horreur, ou celle de nos aises ou du plaisir qui nous sollicite puissamment. Ces deux faits de connais­sance se combattent; et trop souvent' c'est la moins opportuniste qui remporte la victoire. C'est donc toujours en raison d'un phénomène de connaissance que nous voulons.

La faiblesse est peut-être le défaut le plus fréquent de la volonté, mais l'obstination en est un autre. Certaines gens ont une volonté apparemment inébranlable. Mais ils poursuivent un but irréalisable', ou ils empruntent des voies que l'effort humain ne pourra jamais frayer. L'obstination est un péril redoutable; car il aboutit au gaspil­lage de forces précieuses et à la stérilité de la vie. Elle résulte de l'étroitesse ,d'esprit, c'est-à-dire que ce défaut de volonté est la consé­quence d'un défaut intellectuel; car l'obstiné ne voit pas l'i,mpossibilité du but poursuivi, ou l'impuissance de ses efforts.

La volonté parfaite est donc ferme; mais ferme comme l'acier. A la, force doit s'ajouter la souplesse.

III. - Comment pouvons-nous l'acquérir"?

a) Comme nous ne pouvons atteindre la volonté qu'à travers la c<mnaissançe, il n'y a, en dernière analyse, qu'un seul moyen: c'est la réflexion, c'est-à-dire ' ce que la sagesse des siècles a appelé la mé-'

ditation.

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.Il faut toui ' ~'âibo'rd;,~êtablii~ '1a " hiéral{cliiè~' dÈfEn)u'ti~u'e " l'îbUS devorts atteI~dre; ce qUI .se fait par l'i~t~lli$"en,~e réfléchissant sur le sens de la VIe. La connaIssance du but nous livrera celle des moyens indis­pens~bl~$. ,Cette hiérarchie" où ' chaque ·élément~_~est ! sUbQJ,',donné au but hnal, est un premier pas indispensable dans l'éducation de notre volonté. .:' .: ;, ,'" .". ':

, . C~~~,nd,a~ü ;on -constate;~1ùe l 'idé'e pûi~en:ient spb'itilene~ - n'a 'qu'une e~fIcacI.te .tres restreinte ' sur l'action. C'es~ 'p6'"tù.' ce ' motif qùe nous ~ acco~phssons' pa-s toujo~rs' le devoir n'ettement pérçu~. : Cette situa­tIon est la.rnentablB; àssèz myst'érieuse, 'mai's nous' devons la cohnaître et nous 'y résigner'. ':- l'l" ;' "ii:,, ' -,;." .r, ,i",'""

L'image, au èontr~ire, pri~cipe im~édia~" de' l'ém~tio~ est ~otrice de sa n a ture. L'émotion, en effet, n 'est que le stad~ initial de ' l'a'~'tion ' O,n 'pèut s'en ' c~n'vàinci'e pal" des' faits ' irùtltiples: >La ;sImple imà.g~ d une saveur aCIde provoque la sécrétion salivaire. La tentation n'est qu'une imag,e obsédante qui p.ous porte à ,-q.n acte· réprébensible. L'in­discrétion est le résultat de l'influence tyrannique de Ùmage, ~tc. Tou~e image, à travers l'émption, est ,motrice,; ell~ porte à · un a.cte . correspondant. . ' .

Par la méditation, on. doit donc créer 'des images opportunesO": En: y revenant toujours 0I?- les fortifie; en les entourant de toutë la beauté èt de tôut le c!larme qu'on peüt l'èut' decouvdJ.', on 'éveille l'emo~ ' tion, en les énonçant par la p·Çl.role, on les précise. Si l'on persévère ' dans cette voie, malg,ré les ,défaites pEl:ssagèr'es, ces images'-' bonnes, " fortes, belles, conçue~ sous la lumière du but f.inal', finiront toujours par nous conduire vers l'action salutaire et la glod'e de n'otre idéal. '

La méditati;o:n effr~ie certaines âmes qui s'en croient incapables; mais on C'o:p.state qu'elles méditent très bien sur ce qui lé ur tient à cœur. Q~'elles apprécient tout l'intérêt qu'elles ont à sOI;ti~ de leurs défaillances morales et à ennoblir leur vie. Elles n'auront aûcune dif­fic~lté à se livrer à des méditations très fructueuses. '

Mais il s'agit de former la volonté des enfants qui ne savent pas, méditer. Donc 1a ' maîtresse doit le faire pour eux. ,EUe. 1'E:iur . donnera des images {ortes, opportunes, 'fascinantes, aussi , concr'ètes que p~ssi-" ble, aussi connexes que faire se peut avec .leurs'. intérêts immédiats. Elle: les -leur donnera, surtout . p~r son , exewpl~; , ~ar pour le§'! enfant~ qui lui sont confiés, elle est un idéal vivant. , ,- . ' . , ,

b) Mais la volonté se forme, non seulement par la réflexion mais aus~i 1>,ar piJ;ldispensable ~xercice. On apprend 'à forger en fOrgeà~t; on ~pprend . à ~oliloir e,n vçlUl~nt. Ce sujetl métÎterait"un examen parti­culi,er. Il .f!1P-çll~ait qéter~ipeJ;' - l~' rare ' de l'abstentlon,;! c:est-à'-diri ce qu'on appelle l"asc-étisme. 'Il faudl;~ùt Inslstei' süi" la nécessîté "d"abou­tir dans chaque méditation à une résolution immédiatement exécuta-

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hIe et exécutée. Il faudrait examiner le découragement devartt ln1e tâche écrasante, et la manière de diviser judicieuseme.nt un effort.. Mais l'examen de ce sujet épuiserait la patience de mes patientes auditrices.

Gœthe parle, comme de la plus pure merveille du monde de ce qu'il appelle « die schône Seele ». Dans une belle âme tout est har­monie; même ses tendances irréfléchies la portent vers l'idéal. La beauté idéale de l'âme est le but et le résultat de l 'éducation de la volonté. Et si cet idéal n 'est jamais complètement réalisable, par la réfléxion judicieuse et l'exerC'ice, nous pouvons nous en approcher toujours.

Pour le chrétien, le but suprême qui éclaire toute la vie n'est autre que la Majesté infinie de Dieu. En travaillant à l'éducation chrétienne de notre vie - sous la lumière de la foi qui est un rayon­nement de l'intelligence infinie, sous l'impulsion de la grâce qui est une participation à la nature divine, - nous rendrons notre âme belle de la beauté de Djeu. Et comme tout ce qui est divin .doit retour­ner à son principe, l'éducation chrétienne de notre volonté nous joindra un jour à l'Etre infini de Dieu.

Epilogue de la conférence du 21 avril

Afin de nous acquitter du plus agréable des devoirs, nous reproduisons les lignes suivantes d'une lettre que le très révérend Père de Munnynck nous adressait, en date du 22 avril. Elles prouvent que, chez le savant dominicain, la bonté et la délica~ tesse du cœur s'élèvent à la hauteur de la sublime éloquence qUI nous a tous si profondément iUlpressionnés :

«. Je saisis cette occasion pour vous donner encore l'assu­rance qu'aucun effort, parmi tous ceux que j'ai dû faire cette année, ne me laisse un souvenir plus doux et plus réconforta:r;tt que Iuon voyage et ma conférence de Sion . Aussi, je vous seraIS obligé si vous vouliez exprinler ma vive reconnaissance à to~s et à toutes, et spécialement aux dames Ursulines, don~ l.a graCIeuse hospitalité me laisse un souvenir ineffaçable et déhcIe,?-~, Soyez bien certain que revenir à Sion me sera toujours une JOie et un honneur, et que, dans la nlesure de nles possibilités, je suis à votre entière disposition. » Dr M.

- 209 -

Pensées Soyons comme l'oiseau penché pour un instant

Sur des rameaux trop frêles ...

Qui sent ployer la branche - et qui chante pourtant, Sachant qu'il a des ailes ! ...

V. HUGO.

[==========E==N====C==L===A==N==A==N==T====:-: -]

~ Les vacances ~

Vous partirez bientôt pOUl' un heureux voyage, Vous briserez gaîment le mur de la prison. Vous vous envolerez vers un libre horizon, Et, COlnme des oiseaux échappés de leur cage, Vous reverrez le lieu natal ville ou village, Et vous retrouverez le seuil de la lTIaison.

Je viens vous dire adieu SUI' la porte entr'ouverte, Adieu pour quelques-uns, pour d'autres, au revoir ... Rassurez-vous, pourtant, le ne veux rien prévoir, Sinon que cette cour sera bientôt déserte; Dehors l'ail' est plus vif et la feuille plus verte, La liberté vous tente et vous l'aurez ce sail'.

Ce soir vous dormirez d'un sommeil sans contz'ainte, Vous VOl.zS l'éveillerez demain ... quand vous voudrez, Les yeux brillants, l'esprit en fête, et vous irez Des bras de votre lTIère et de sa douce étreinte, Dissipés sans remol'Cls, et vagabonds sans crainte, Revoir les vieux amis que vous reconnaîtrez.

Ces vieux amis, ce sont les coteaux et les plaines, L'océan dont le bruit sourd et mystérieux Est comlne un long soupir qui lTIOnte vers les cieux, Et les grandes forêts dont les branches sont pleines Du doux frémissement des légères haleines Et des concerts des nids effarés ou joyeux.

H. CHANTAVOINE.

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' :

- 210 -

~,;!:;L~ lys e.nvoJé ~~~,-

4: Mon enfant" t'~i ~ql~~ j'~v~istant ,'rêvé de , tenir dans n'les mains comme .une ipètt~~: f~~Ul~ ~ràgile : 'toi gl~e,; 4~, . toutes mes for­ce~ .tendues, Je voul:Hs 'proteger contre le souffle de la terre, VOICI que c'est vers toi que je plie les genoux et que je demande secours. ',~ ,\ '. . .: ~ ,7l~ ' II, '. ' \ \

o petit protecteur" \süi'ti tle nioi et nblI\;ri èle " ~ina substance ô petite âme sainte envolée :loin ',du n.id , natal, 'ô petit front serein', ô longs yeux refermés, ô "p~isible dquc~llr, ;<;le r.a-ng'~lique visage, saint petit Claude, saint Bébé nôtre, je n'eus le temps de ,ne te donner rien, . que le don qui ,?~év.a~~ ,~ !~~ a~tr~~~ , le ,fon de vie, le double don de VIe, et, de nos minns SOIgneuses, tu t'echappas, souriant, silen­cieux, léger, doux 'comme un petit lys" et pùr co"mme une petite mélodie. ~',,, .. , -' "', " ", ' " "' , . , . . ,

Chaque année, quan''d 'venait la Toussaint, je ne savais pas que ce serait là ta fête, ô Inon petit voleur de ciel, ô mon pet.it fuyard, ô petite ombre claire qui n'as même pas pesé sur les bras qui t'attendaient 1

, Depuis longtemps déjà, m.on menu bien-aimé, .le retrouvais de la force pour ,te PJQtégeI~ contre, les temp~tes, et voici que c'est toi, si grand, dont j'implore aujourd'hui la petite main protectrice. Les rôles sont bouleversés" la mère pleure, l'enfant à peine né bénit et protège et surveille, et c'est lui dont 'le geste frêle écartera de ,'nous le:' vent tUmer. :, :» -"

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1 JI, ! • i i ; f •• ' · ; '1 f: -: 1 _'~' , .. :.. . 1 • .' . , '. • • 1 1 •• \ .

~' " La ~:chan50n de ,l'alouette '~ ~', ! , ~ . : . . l ' f I.

Je suis) je suis le cri de joie

, " -, Qui sort -des . prés à 'le-m' : réveil,

Et c' est moi' que la terre eiwo~~) Offl'Ïl' le salut au soleil.

Je pars àes chaumes 'b1cmcs de- 'brume, ,':, " A . mes p~ed~ .,flotte q.n fil d'ar,gent. ", .La l'osée, empel'le ma ,plunle, ', " ,

Et , je : la: sème en voltigeant. i: ,', '

'-"" f ' :' , f' . ", , •

,J f pl.aTfe ; ~t. ,chônte la ,pZ'einie1:(~ , '.1. , , , •• t _ •••• 1 1 "J

Dans l'azur, où l',ap.b,e: ~clpt; : . , :[ f , me ,bÇ1,igne ~cms la. ,llfJ!l.,ière{ , Et vais 'me mirer dalù uri flot . "

- 211 -

M a voix est sans note plaintive, .. Je ne dis rien au triste soir; Je suis la chansort ' folle , et 'L?ive De la jeunesse et de l'espoir.

Je dis au malade qui veille: Bénis Dieu, la nuit va finir! Au laboureur que je l'éveille, ' Fais ton sillon poui' l'avenir!

Je suis, .te , suis le cl'i ~ê joie Qui sort des pl'és à leur l'éveil : Et c'est moi que la terre envoie Offril' le salut au soleil.

" : ,

De LAPRADE.

J'adore les haricots verts , ,

- Oui, Madame, je les adore!

On adore tout: tennis, danse 'et nage, gâteau et- salade à la crème.

On adol'e la lecture; on adore les voyages, la musique, Ma­dame Une Telle à Inoins que ce ,ne soit Monsieur, .les. petites et les grandes amies, le noir, le blanc, la mer, la rivièi'e et l'auto, on f!.dore tout, on n'aime rien.

La facilité qu'ont nos contemporains à adorer ou, tout au moins, à affirmer qu'ils adorent est tout bonnement effarante ... Ne profanons pas lès grands mots, Ne 'les aécommodons pas à toutes les sauces .

J'adore! Autrefois dans nos .catéchismes, on nous apprenait que Dieu seul mérite nos adorations, et aujourd'hui nous réser­vons l'expression d'un tel culte à une foule de dieux pour rire, dieux d'un jour, dieux d'une minute que nous chassons de nos temples aussitôt que nous les y avons introduits.

Sans doute, quand nous disons: je l'adore, d'un homard à l'aInéricaine ou d'un adagio de Beethoven, nous n'en pensons pas un mot, mais c'est cela qui est navrant.

D'ailleurs, en tout et pour tout, défions-nous des exagérations de langage.

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- 212 -

Ne disons pas à un enfa.nt qui nous tounneI).te: « Tu nle tues, tu me fais mourir! »

Ne proférons pas de vaines ou stupides lnenaces : « Si tu ne lnanges pas ta soupe, je te jette par la fenêtre! »

. N'exprünons pas, inconsidérément, quelque jugem.ent ouh'an­Cler: « Jamais tu n'as été encore aussi méchant qu'aujourd'hui », oubliant que la veille, à la même heure, nous formulions le lnême aphorisme .

. Ne nous engageons . 'pas non plus sous le C01~p de quelque exaspération: « Je ne t'emmènerai plus jamais!." » «Tu vas être, tous les jours, privé de dessert!... »

Ne nous laissons pas entraîner à de lu'gubres prophéties: « Tu feras le malheur des tiens l. .. » «Tu finiras sur l'échafaud !. .. »

Ne jetons pas trop légèrelnent dans la balance quelque cher et précieux objet: « Je donnerais ma tête à couper »; « Je mettrais ma main au feu ».

Toutes les exagérations sont appeleés à un sort commun. Elles sombrent dans l'impuissance, dans le néant, dans l'odieux ou le ridicule. Gardons dans nos âmes l'équilibre. Imposons viri­lement silence au snobisme, à l'étourderie, aux nerfs qui conspi­rent contre la mesure.

Tenons-nous-en au catéchisme. Adorons Dieu, Dieu seul. Ho­norons, respectons, vénérons, goütons, apprécions, aimons les créatures qu'il nous présente, et que si, pour des choses diverses, nous devons user de mêmes lnots, que personne, à notre accent, ne se méprenne sur l'infinie yariété des sentiments, des impres­sions, des convictions ' que nous entendons exprimer.

Un sacrifice, quel qu'il soit, est plus beau que tous les élans de l'âme et de la pensée. L'imagination exaltée peut produire les nlirades du génie; mais ce n'est qu'en se dévouant ou à son opinion ou à ses sentiments qu'on est vraiment vertueux.

Il n'y a que l'imperfection qui s impatiente de ce qui est impa1:faÏt; plus ' on a de perfection, plus on supporte patiemlnent et paisiblement l'imperfection d'autrui sans la flatter.

Fénelon.

Avant. de se jeter dans le péril, il faut le prévoir et le craindre; mais quand on y est,)l ne reste plus qu'à le mépriser,

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