l'ecole primaire, 30 décembre 1927

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48me Année No 13 30 Décembre -- -- 1 ' Vlmalve ft) i DE. I.A S' c(J.lété d'idu(!afion L'ECOLE PRIMAIRE paraît 14 fois pendant le cours scolaire Abonnement annuel: Fr. 4.50 Les abonnements se règlent par chèque postal Ilc 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement. Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au Dé· partement de l'Instruction publique à Sion. Les annonces sont Teçues exclusivement par PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, Sion Rue de Lausanne 4 - Téléphone 2.36

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Page 1: L'Ecole primaire, 30 décembre 1927

Le succès pédagogique c'est la

MÉTHODE DE VIOLON de

FERDINAND KUE·CHLER Jugez vous même et demandez gratuitement un spécimen et

les jugements des compétences de la

Maison d'Edition HUC $( Cie, Bâle.

PIANOS • -HAR ONIU s Violons et tous Accessoires, Recueils de chant, Solfèges, Musique religieuse et profane, tous instruments de musique sont livrés à des prix de faveur aux membres du Corps enseignant.

fi.~ i;fialltnbartu" ion Aux membres du Corps Enseignant Valaisan Si vous voulez vous éviter des difficultés avec les Parents de vos élèves ou avec les Autorités locales, ne manquez pas de conclure à la BALOISE une assurance sur la Responsabilité Civile, comme instituteur. La prime modique que vous payerez à cet effet, sera largement compensée par les ennuis que vous vous éviterez. Pour tous renseignements, prière de vous adresser au soussigné, Inspecteur

de la Branche Vie, pour le Canton du Valais.

Léon PANCHARD Bramois

48me Année No 13 30 Décembre

Î~ -- --~ ~

1 '

Vlmalve ft) ~{ (G1J\1 '~J i

DE. I.A

S'c(J.lété valai~at)lJe d'idu(!afion

L'ECOLE PRIMAIRE

paraît 14 fois pendant le cours scolaire

Abonnement annuel: Fr. 4.50

Les abonnements se règlent par chèque postal Ilc 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement.

Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au Dé·

partement de l'Instruction publique à Sion.

Les annonces sont Teçues exclusivement par PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, Sion

Rue de Lausanne 4 - Téléphone 2.36

Page 2: L'Ecole primaire, 30 décembre 1927

_i=======================_

Formitrol Nous venons de recevoir d'un de vos collègues la

communication ci-après: « J'ai fait naguère de très bonnes expériences avec les

pastilles de Formitrol que vous m'avez envoyées, notam­ment dans ma famille. Comme directeur d'une colonie de vacances, j'eus l'occasion, cet été, de me convaincre de l'efficacité merveilleuse de votre Formitrol. Nous avions un cas opiniâtre d'angine, qui nous inspirait d 'autant plus de crainte que la diphtérie s'éta.it déclarée dans le voisi­nage, chez un enfant qui venait de temps en temps à la colonie.

« C'est alors que, soudain, je me suÎs souvenu du Formitrol. J'en fis chercher aussitôt à la pharmacie la plus proche. Or, combien ne fûmes-nous pas agréable­ment surpris en constatant qu'il avait amené une rapide amélioration et la guérison.

« Plus ta.rd, d'autres « candidats» aux maux de gorge ont été guéris après avoir pris du Formitrol, que. tous ont accepté très volontiers, Les pastilles de Formitrol ne man­queront dorénavant jamais à notre pharmacie de ménage et je recommanderai partout cet excellent produit. »

Signé: E F. H., instituteur.

La formaldéhyde constitue le principe actif des pastilles de FOl'mitrol. En laissant fondre les pastilles dans la bouche, on permet à la formaldéhyde de se dégager lentement; eUe détruit les bacilles qui s'intro­duisent dans la cavité buccale et soutient ainsi l'Ol'ga­nisme dans sa lutte contre les attaques de la maladie.

Echantillon et littérature sur demande par

Dr A. WANDER S. A., BERNE

- -

46me Année Nd 13 30 Déce.mbre 1927

Organe de la Société Valaisanne d'éducation ~~~~~~~~~~~~~~~~­S6MlVlAIHE: A l'An nouveau. - Centenaire de PestalozzL - De

l'orthographe usuelle. - Collaboration et critiques. - .A propos d'une requête. - Un besoin pressant. - Langue franGalse. - En o"lanant. - LeGon de calcul. - « OS PAGES ». Nouvelle flo­~aison sur un vieil arbre. - La question sociale: l'individu. -L~Egli~_e _~_t _[ins..!!'uction P9pulair~. ______ " _____ _

La Rédaction {le "l'Ecole Priluaire" présente à tous ses Collaborateurs et Alllis ses 11leilleurs vœux

Nouvelle Année!

})our la

~~~ A l'An nouveau ~ Bien que ton petit pied nous pousse Sournoisement vers le tombeau, Nous arriverons à la rescousse, T'acclamer, petit An nouveau!

Sur le bras qui tremble, alangui, De l'An moribond qui t'apporte, Tu sembles un bouquet de gui Fleuri sur une branche morte!

Petite Année à peine éclose, Enfa.nt de mystère vêtu, Dis-moi, dans ta menotte rose, An neuf, que nous apportes-tu?

Viens-tu par quelques lois heureuses Donner aux gueux sans toit, sans

[pain, 1\/Jieux que de belles phrases creuses Quïl épelle en mourant de faim?

Vas-tu, dans toutes nos cités, Faire enfin, pour ta grande gloire Fleul'Îl' toutes les libertés ... y compris celle de croire?

Allons-nous dans les cieux aux voiles Dédlirés par tes doigts menus Voil' sUl'gir toutes les étoiles Que des aveugles ne voient plus?

Viens-tu pour éclairer tous ceux Que la marche en avant irrite ... [\'[ais aussi les fous dangereux Qui vers l'avenir vont trop vite '?

'\ a-t-on, dans l'aube qui commenc l

SUl' un ordre pa.r toi jeté, Entonner, dans un chœur immense Un hymne à la fraternité?

Bref, que couves-tu dans ton nid POUl' la grande famille humaine? Si c'èst de l'amour, sois béni! Sois maudit si c est de la haine!

Th. BOTHEL.

Page 3: L'Ecole primaire, 30 décembre 1927

- 330 -

Chorale des Instituteurs , '

La prochaine répétition aura lieu mardi le 10 janvier, à la même heure et au nlême local.

Centenairé de Pestalozzi Le centième anniversaire de la mort de Pestalozzi' ne s'est

pas évanoui en paroles et en chansons ... La collecte faite à l'oè­casion du jubilé dans les écoles et dans les assemblées d 'adultes a produit les résultats suivants:

Zurich Berne. Lucerne Uri .. Schwytz. Obwald Nidwald Glaris . Zoug . Fribourg. Soleure Bâle-Ville Bâle-Camp. Schaffhouse . Appenzell-Ext ..

Tnt. St-Gall Grisons Argovie. Thurgovie Tessin. Vaud . Valais. Neuchâtel. Genève

Produit Attribué total ru Neuhof

90,321.22 172,000.­. 11,529.21

50.-400.-

1,632.65 375.----,-

10,000.-43,861.-

6,446.75 17,950.-10 , 000.~ 18,3'96.90 5,247.07 3,542.-

70,071.21 9,944.39

()2,500.~

12,398.10 700.-

19,000.-7,500.-

13 ,7·91.48 G,500.-

22,700.-10,000.-

1.152,21 50.-

400.-

3,000.-1,500.-1,900.G4 6,000.-

10,000.-2,250.-2,(j20.-1,417.-

4,500.-2,500.-

31,000.~ "· 7 , 500.~ \ l 700.~ ;

2,000.-1,qOO.-1,380 . .--1,&00.-

Attribué au Pesta­

lozzianum

Conservé par les cantons

26,658' . ...:.- " 4tr,963.22 162,000.-

577.- 9,800.-

1,632.65 · 375.-

500.- 6,500.-42,361.-

4,546.11 11 ,950.-

2,627.07 2,125.-

500.~ ,' Ü5,071.21 - 7,444 .39

5ÙO.- 31 ,000.­, '4,898.10

" - ' "

17,000.­(),OOO. -

12,441.48 5,000.-

Presque toutes les sommes recueillies et (fue les canlo'ns ont conservées pour eux, sont allées aux ' an()rmadx aux ' faibles d 'esprits, aux enfants 1e's plus deshérités. " .

,1 \ •

Si l'on ajoute au produÙ des üollectes, ' 20,000', fI'. . alloués par le Conseil fédéral et 10,000 fI'. 'donnés 'pa:r' le ' Comité central de

., - 331

la Société suisse cl utilité publique, on ~ttteint la belle somme de 624,656 fr. 98 recueillie sous l'inspiration de Pes talozzi .

(D'après l'Annuaire de l' InsU. publique en Suisse , année 192t).) chez Payot 'et 'Cie, Lausanne. '

Note. - Au sujet des colIectes ci-dessus, nOlis lenons ù sj·, gnaler la belle recette (1000 l'l'.) réalisée clans la Vill e de Sio11 par la vente' des médailles commémoratives du Centellaire de Pesta ­lozzi.

A remarquer également que le Valais a fourni un chiffre plus élevé que Genève, Fribourg, qui sont pourtan t plus riches et plus peuplés.

De l'orthog~raphe usuelle Quand nos collègues liront notre article, ils se diront peut­

être que nous voulons enfoncer une porte ouverte, que nous émet­tons des idées cent fois ressassées. Nous en convenons très humble­ment et très loyalement. Nous savons qu'ils connaissent à fond la psychologie, la pédagogie, la logique et d'autres sciences encore dont le nom se termine en ie ou en ique.

Mais il est des ,érités sur lesquelles on ne re, ient jamais assez. ,Elles sont comme les clous: plus on ,eut les enfoncer, plus il faut frapper dessus.

Et .puisque l'on entend si fréquemment les maîtres se plain­dre de ce mal qu'est la faiblesse de lelu's élèves en orthographe, n 'est-il par logique que l'on parle souvent aussi du remède à ce mal?

Oui, certainement, nos élèves ne brillent point par leur science orthographique, surtout en orthographe d 'usage qui , seule , aujourd'hui fera l 'objet de. notre article.

Nous reconnaissons que nos écoliers commettent des faules aux nlots les plus simples, ~t ., ce qui paraît .bizarre, que ce sont presque toujours les mêmes fautes qui reviennent, nlalgré toutes les corrections qui y ont été faites.

Pouvons-nous éprouver énsuite quelque étonnement de l'hor ­reur instinctive des enfants pour un exercice profondément en ­nuyeux et lamentablement stérile? Les pauvres élèves! ils igno­rent le stimulant efficace qu'est la joie du succès.

Mai~tenant, pourq,uoi l'enfant écrit-il les mots plutôt ' mal que bien? car tout effet a une cause. C'est qu'il cherche dans sa mémoire la formel des mots. Si elle ne s'y trouve pas , il fait , s'il est intelligent, un effort de logique; mais à moins qu'il ne soH latiniste ou déjà passablement instruit de sa langue (ce qui n'est pas précisénlent le cas dans nos écoles primaires) la logi.que ne

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lui servira de rien. S'il n 'a pas, au préalable, vu les mots, il n 'en peut trouver l'orthographe; Son effor t ne peut être qu'un effort de nlémoire, et il écrira à peu près comme on prononce, Conl111e il a vu écrits d 'autres 1110tS, mais qui ne sont pas c~ux dont il s'agit.

Il importe donc souverainement, si on veut obtenir un r é­sultat positH en orthographe usuelle de ne faire écrire que les nlots que l'enfant connaît et a déjà vus écrits. De là, la nécessité impérieuse de préparer les dictées, c'est-à-dire d'écrire ou de faire écrire d 'abord les mots inconnus de l'enfant, de les prononcer et de les faire prononcer distinctel11ent et correctement, de les raire épeler de vue et de mén10ire; car il ne faut pas oublier que l'orthographe d 'un mot s'acquiert au moyen de quatre souvenirs: le souvenir visuel, le souvenir graphiqlle, le souvenir Clllclitit et le souvenir cl' articulation.

De ces quatre moyens, les cleux premiers sont é, idemment les plus efficaces . Aussi le 111aître ne pelnettra-t-il jamais à la mémoire visuelle de l'enfant d'emlllagasiner l'aspect fautif clu11 nlOt. Voilà pourquoi, lors de la correction des exercices d'ortho­graphe, de grammaire ou de composition, il est utile d'effacer ou de barrer le nlot fautif de telle manière que l'élève n'en ,oie plus la forme défectueuse.

C'est pour ce motif égalemen t qu mi évite a ujourd' lnlÏ de mettre clans les manuels de langue des termes il orthograph e d 'usage défectueuse pour que les élè, es aient à les corriger.

Les maîtres qui, en orthographe usuelle, obtiennent les lneil­lellrs r ésultats, sont ceux qui exigent toujours e t impitoyablemen t une copie correcte ; qui corrigent soigneusement toutes les fautes et font écrire plusieurs fois les mots corrigés; q ui veillent cons­tamment à ohtenir ·de l'orthographe dans tous l es travaux écrits des élèves et dans toutes les branches d'enseignement; qui pren­nent les textes de dictées dans les manuels de classe, spécialement dans le livre de lecture, parmi les morceaux lus et expliqués; qui, enfin, préparent sérieusement chaque dictée, de façon qu'au­cun nl0t ne soit inconnu des enfants. Inutile d 'ajouter que dans des divisions inférieures et intermédiaire, le texte sera préalable­ment lu et copié une ou plusieurs fois suivant la force des élè"es , les mots difficiles épelés et expliqués.

Ainsi , il y aura neuf chances sur dix que ]a dictée sera hi en faite , que les fautes seront rares: On les aura prévenues, ce qui vaut mieux que de les guérir.

On l'a répété 111aintes fois, la dictée es t un moyen de vérifi­cation et non d'enseignement. L 'orthographe s'apprend clans la lecture, dans l'étude des leçons , les copies et les différents exer­cices de gra111maire et de conlposition; nlais il est n écessaire que les élèves y apportent de l'attention et de la réflexion.

- 333 -

S'est-on déjà delnandé pourquoi les écoliers d 'un certain âge n 'éprouvent plus aucune hésitation à écrire correctement certains mots ? N'est-ce pas parce que ces mots, ils les ont vus, entendus, prononcés et écrits des centaines de fois déjà? Pourquoi , de même, n e se trompen t-ils plus guèr e dans les quatre opération ' élémentaires de calcul, sinon parce qu'ils s'y exercent fréquem­nlent à l'occasion de la solution de leurs prohlèmes?

Il en sera toujours ainsi de l orthographe usuelle, si on leur donne souvent les même 1110ts à écrire.

Un moyen particulièrement efficace, selon nous, consiste à raire étudier quant à lorthographe et quant au sens une liste journalière de mots tirés des nl 0rceaux lus ou des leçons récitées , d'y revenir fré qu ernment dans les exercices de dictée ou de phra ­séologie, d'en faire l'ohjet de répétitions régulières.

Adm ettons qne tous les jours les enfants apprennent ainsi cinq, dix ou quinze mots suivant les degrés ou les divisions, quel bagage de ternles cela n e fera-t-jl pas à la fin de l'année scolaire? au bout de la scolarité? A rai son de cinq mots par jour, ce qui est peu. ils apprendront environ cent mots par mois, six cents en six ,l110is et en sept ans, de quatre à cinq mille, ce qui serait un chiffre déjà fort réjouissant, si l'on sait que ln. langue française r enferme près de 30,000 mots, et que les hommes un peu cultivés en connaissent en, iron le tiers. Auss i ù la fin de ses années d 'école, un élève, même médiocrement doué, sera capable d'écrire une page de vingt à vingt-cinq lignes d 'un e fa çon correcte, ce qui aujourd 'hui n 'es t guère le cas.

L 'orthographe d 'usage, comme l'étude d'une seconde langue, est avant tout u ne affaire de ménloire et de phonétique. Or qui ignore que POUl: r etenir , il faut oublier sept fois , ou en d 'autres termes, qu 'il faut répéter souvent, sans cesse.

Voilà pourquoi nous ne pouvons admettre qu'on prenne les textes des dictées ailleurs que dans les manuels des élèves.

A l'école, il s'agit de ménager le temps, surtout si on a plu­sieurs degrés. Choisir les dictées ailleurs que dans les textes déjà connus des élèves, c'est s 'exposer à les donner sans préparation , ce qui est pIns nuisible qu'utile, ou à pendre pour les expliquer, un temps réservé à d 'autres exercices.

Nous en restons là pour aujourd'hui, et nous prions nos lec­teurs de nous e:\.cuser des redites , des vieilleries dont nous avons rempli ces lignes. Que voulez-nous, nous sommes déjà vieux et nous sentons que nous le devenons tous les jours un peu plus .

Comme les vieux, nous sommes exposé à redire cent fois les luêmes choses, à radoter , et n'étant pas un phénix, nous n 'avons pas la consolation de voir un jour notre vie se renou­veler et recommencer afin que nous puissions peut-être dire ces choses 1110ins vieilles.

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- 334-

Collaboration et critiques , ' 1: ' ft·

La présente année scolaire a vu llintroduction de certains formulaires dans nos classes.

Toute innovation est sujette à des critiques. Le journal ct"e classe et le registre des notes n'ont pas échappé à la loi commune. F O!'mat trop grand, dit-on, pour le journal de classe; espace pr~~u pour certaines t ranches insuffisant, exagéré pour d 'autres, vOIla!, c~ qu'on r aconte au sujet du registre des notes. Pourtant, ce

A

dermer a été utilisé tel quel à Saxon pendant longtemps; nous­meme l'avons essayé il y a 3 ans déjà.

. .N01~S n 'a,:ons pas l'intention aujourd'hui de formuler des gnefs contre ces nouveautés. Nous voulons seulement relever le rait que certains instituteurs ont porté leurs doléances dans la presse. Nous regrettons leur attitude. Il y ' a là un état d 'esprit contre lequel il faut réag.il.' . L'Ecole primail'e doit être notre tri­bune libre, il faut qu'elle le devienne; c 'est parce qu'elle ne l'est pas assez que certaines critiques sont portées dans la presse du canton. " , ,

. Les institutèurs craignent d'émettre leurs appréciations. Leurs cr amtes ne sont pas tout à fait in justifiées car dans notre cor­pOI'ati~~ :' quico~que o?e affirmer s'a manière d~ voir risque foi·t de se f~ll:e n1al Juger; Il en cOlHe à ne pas être orthodoxe en tout: la SuspIcIOn, ' la 'médisa,nce, voire la calomnie ont tôt fait de dé­molir un, h~I:1me. Nous parIons d'expérience. Parce que nous a vons ose del-endre envers et contre tous l'organisme qui vient de s: créer , n 'a-t-on pas cherché, dans certain mllieu, à noùs r~presen~er comme un ,athée de 1(1 pire espèce? Nos croyances, clemontrees par nos actes journaliers , auront beau être aussi fortes que celles des personnes intéressées à nous déniO'rer, nous n 'en I~ ~s terons pas moins, à leurs yeux, un chrétien dont il faut se mé­b:r. Ce n 'est pas ~rès ~haritable, mais c'est humain. Qu'on excuse cette petIte dIgressIOn personnelle.

. Il serait. donc à souhaiter qu'en haut lieu on ,admette la cri-hqu~ .au sUJet des méthodes d'enseignement, comme aussi du ma~enel et des lnanuels scolaires. Les innovations ne sont pas touJours heureuses; un échange de vues objectif, une discussion loyale permette.nt d 'apporter des améliorations successives pour le I?lu: ?rand bIen de tous et surtout des élèves. Puis, après avoir ~ssiste a une passe d'armes les maîtres accepteront les innova­tIons ~vec plus de conviction que si elles leur sont imposées sans faculte d 'appel. ' ,

.. Dans un. des. précédents ~uméros , la Rédaction de l'Ecole pl'i­malI e s~ plaIgnaIt du peu d empressement que mettent les insti­tuteurs a apporter leur collahoration à l'œuvre du journal. Si l'on

-335 -

n'insère en prin.c~p~ que ·Jes artic~es écrits dans le hut d 'approu ­ver ce que le Département nous en, oie, ce désintéressement ne n0l}s. étonne pas.

On devrait admettre tous les articles ayant une certaine tenue, quitte à, réfuter les erreurs dans les numéros suivants. L e réda~teur aurait là un bea~l champ à exploit~r. '

Nous avons l 'habitude de dire à tous notre pensée, voilà pourql\oi nous devions cet article; nous ne voudrions pas qu~on empruntât d'autres journaux pour dire ce qu'on a sur le cœur. S'il y a une lessive à faire, qu 'on la fasse chez soi, à huis dos. L'Ecole priInail'e aura des collaborateurs quand on aura hanni cette méfiance que l'on nourrit à l'égard de ceux qui disent tout haut leur pensée. C. l3ERARD.

. i A propos d'une requête L 'article intitulé « Subsides scolaires » paru dans l le dernier 1

No de l'Ecole pl'iInail'e, s'en prend à notre requête a M. le Conseiller fédéral Chuard, lui reprochant de frayer un sentier de plus f\ l'empiètement de.la Confédération dans ' le 'dol11aine de l 'instruction primaire dans le canton. Nous, tenons icil à tranquil­liser les craintes 'de l'auteur de l 'article en lui annQnçant que nous n avons pas demandé à M. ' Chuard de poser un principe ' nouveau. Le versement d un subside fédéral à l'Ecole s 'opère déjà et depuis longtemps. Il est susceptible d 'augmentation san s que pour a~ltaI)t, la, Conféd~ration acquièr~ le droit de s'ingérer dans le. domaine can~onal de l'Instruction publique. M. Chuard a promis de doubler cette subvention au canton. Nous a' ons der:nandé qù'il remplisse sa demande et c'est tout. D 'autre part , )'Ïngérance de la Confédération dans . le domaine cantonal de l Ecole n ' effrai~ , pas toujOlW'S' nos autorités religieuses. Nous VOll ­

Ions faire allusic)n à la fondation d une école du canton , des ti­née, ù l'origine, à développer l 'instruction primaire du jeune hOli1me, à lui faciliter l'accès de l'Ecole normale, du coJlège on des dasses sup'érieures. Or, ce premier but fut abandonné par le comité 'el'e. écution, parce qu'une école poursuivant une orienta­tion semblable ne recevrait qu 'un modique subside de la Confé­dération; l 'on fonda alors une école industrielle, plus susceptihle d attirer la maline fédérale , étahHssemen t que l'on confia à une maison religieuse., '

C'est dire que la nécessité pulvérise parfois bien des argu­ments. Nous aimerions, en outre, inviter M, le COlTspondant à offrjr aux employés fédéraux de troquer notre situation contre la ' leur. Nous ne doutons point de l 'accueil qui serait réservé à pareille proposition. Et nous ne croyons pas non plus qu'nne

Page 6: L'Ecole primaire, 30 décembre 1927

- 336 -

augmentation de notre traitement se verrait absorbée par les impôts et renchérissemen ts; car, alors , que ferions-nous aujour­d'hui? Qu'adviendrait-il de notre gain journalier? Nous se~'ions les gueux dont parle l'article en question; il ne serai t pas né­cessaire de nous déshahiller pour constater l'absence de chemire, et nous n 'en serions certes pas plus heureux pour autant...

La pléthore de candidats ù l'Ecole normale n 'est pas non plus une preuve de l 'abondance de nos revenus. Et, à ce point de vue, nous formons des vœux pour qu'une campagne de pre~)se renseigne enfin toutes les amhitions paternelles sur les avantages qu'offre notre carrière. Bon nOlTlbre de jeunes gens qui se pré·· sente.nt à l'Ecole normale n'ont certes pas choisi de leur plein gré la profession à laquelle ils se destinent. La volonté pater­nelle, éblouie peut-être par quelques exemples d'instituteurs ayan t orienté leur action aux choses étrangères à l'école, est derrière qui les pousse et les jette ainsi aveuglément ùans les rang~ df's déclassés et des aigris. .

Pour terminer , nous dirons ù notre correspondant que nous savons raire confiance à nos autorités, mais que Ion ne peut pas nous empêcher de faire valoir nos revendications, car nul mieux que les membres du corps enseignant peut être conseien t des hesoins de la corporation. La situation des instituteurs ql1Ï font de l'enseignement une profession n'est ni nonnale ni morale , et il serait temps hientôt qu'on le comprenne. M.

Secrétariat de PU. du P. E. V.

Le Comité de l'U. du P. E. V., réuni en séance à Sion le 22 décemhre 1927 , a nommé secrétaire-caissier de l'Union M. Mon­nier Léon , instituteur à Sierre.

Union du Personnel enseignant valrtlsan.

Un besoin pressant

L'esprit de corps du P. E. de notre canton a souvent été donné comIue modèle. En nîaintes occasions, les régents ont fait preuve de solidarité vis-à-vis de collègues luomentanément gênés.

Depuis 5 mois, un des nôtres, père de six enfants, tous en bas âge, se trouve gravement malade dans une clinique. La si­tuation matérielle de ce brave collègue est particulièrement digne d'attention. Nous n 'en dirons pas plus long; chacun se laissera toucher et traduira ses sentiments de solidarité confraternelle par le verseluent à la Rédaction de l'Ecole primaire Compte de chè­ques IIc 56, Sion. Le compte sera soumis au Comité de la S. V. E.

l

/

337 ~

Langue française

L'eau (suite).

(Voir « Ecol e prjmajre }) du 15 novembre.)

Vocabulaire. - Au moyen d'une causerie, amener les mots dont On précisera soigneusement le sens par des exemples.

1. Origine: mer, chaleur, vapeur, évaporation, nuages (cir­rus, stratus, cumulus, nimbus), refroidissement, condensation, ondée, averse, pluie, neige, grêle, orage, tempête, bruine, verglas, congélation, rosée, glacier, neiges éternelles, etc.

2. Mouvement de l'eŒLl. Ce qu'elle forme. - Niveau de l'eau, parties basses; fonte, source, filet, plaque, gouille, mare, étang, eaux stagnantes, puits, citerne, lac, mer, océan; canal, bisse, aque­duc; fontaine, réservoir, lavoir, abreuvoir; bief; ru, ruisseau, tor­rent, rivière, fleuve - embouchure, estuaire, golfe; affluent, con­fluent. - La rivière: son fond, son lit, les rives, le cours, le ré­gime, le débit, la crue, l'étiage, le débordement, les inondations, les digues; les torrents: les chutes, les cascades (Pissevache), la cas­catelle, le saut (saut du Douhs), les cataractes (Niagara),

3. Composition de l'eau. - L'eau pure, naturelle, potable, saine, inodore, douce, savonneuse, dure, calcaire, cuite, bouillie, distillée, filtrée, minérale, ferrugineuse, sulfureuse, alcaline, aci­dulée, lithinée, gazeuse, solide, liquide, oxygénée.,

4. COLlleul'. - L'eau claire, limpide, cristalline, transparente, blanche,. bleue, verte, jaune, rouge, noire, grise, incolore, colorée.

5. Telnpél'aüu'e. - L'eau fraîche, froide, glacée, tiède, chau­de, thermale, bouillante, cuisante, etc.

6, Saveur. - L'eau douce, amère, salée, saumâtre, saturée, purgative,

7. Autres propriétés. - L'eau courante, agitée, bouillonnante, écumante, profonde, souterraine, jaillissante, stagnante, croupis­sante, altérée, gâtée, corrompue, suspecte, infecte, putride, mal­saine, dangereuse, empoisonnée, grasse, sale, trouble, limoneuse, boueuse, vaseuse, utile, nécessaire, indispensable.

8. Provenance, - L'eau de source, de pluie, de neige, de glacier, de fontaine, de citerne, de puits, de tor'rent, de ruisseau, de rivière, de fleuve, de lac, de mer, de mares, de marais, de de montagne, de roche, de plaine, de draînage, de bisse, d'irriga­tion, d'arrosage, d'égoût, d'infiltration, de cuisson, d'alimentation, de distribution, de pression, etc.

Page 7: L'Ecole primaire, 30 décembre 1927

- 338 -

9. COlnme l' eau. - L 'eau-de-vie, l'eau de cerise, l'eau de rose, eau de senteur, eau de lie, eau de marc, eau de pommes de ~erre, eau de Cologne, eau de Javelle, eau de Vichy, etc., etc.

10. Dans l'eau. - Poissons: goujon, brochet, carpe, ablette, tanche, truite, perche, anguille, hareng, sardine; crustacés: hUέtre, homard, écrevisse, crabe, etc.; - nénuphar, narcisse, jonc, roseau;- - sel, sable, etc.

11. Hors de l'eau et près de l'eau. - Amphibie, crapaud, f4renouille; poule d'eau, sarcelle, canard, oie; - hippopotame, phoque, crocodile, - loutre, castor, - renoncule, prêle, saule; -libellule, martin-pêcheur, - oasis.

12. SUl' l'eau. - Algue, sargasse - iceberg, banquise - cité lacustre, - phare, bouée - Venise, Astrakan - pont, hydravion , - canot, barque, bateau, nacelle, nef, gondole, pirogue, jonque, hac, radeau, yacht, frégate, dragueur, paquebot, croiseur, cuiras­sé, etc., - escadre, flotte, flottille, etc.

13. Sous l'eau. - Corail, éponge, polype, polypier, perle, co­quillage, - nacre, ambre, astérie, - récif, brisant, écueil, sous­marin, scaphandrier.

14. Pour l'eau. - Aqueduc, puits, citerne, bassin, fontaine, canal, tuyau, drain, conduite d'eau, aiguière, outre, alcarazas, gourde, égoÎlt, barrage, pompe, bélier hydraulique, bisse, etc.

15. Contre l'eau. - Parapluie, toit, bâche, tente, imperméa­ble, digue, etc.

16. Par l'eau. - Usine, fabrique, scierie, turbine, presse hy­draulique, - inondation, marée, flux, reflux, etc.

17. Pe!'sonnes exerçant un métie!' grâce à l'eau. - Pêcheur, meunier, scieur, laveuse, blanchisseuse, garde-pêche, éclusier, passeur, etc.

18. Sans eau. - Désert, aridité, sécheresse, soif.

19. Locutions, expressions, proverbes, etc. (Voir No 3 à 10). Etre au pain et à l'eau. Se ressembler comme deux gouttes

d 'eali. Nager entre deux eaux. Pêcher en eau trouble. Etre tout en eau, etc., etc.

Pensées Donne-moi ce que le pilote Sur l'abîme où sa barque flotte Te demande pour aujourd'hui: Un flot calme, un vent clans la voile, Touj ours sur la tête une étoile, Une espérance devant lui.

- 339 -

q ~===::==E=N==C==L=A=N=A=N=T==::

~ L'enfant ~

Don de l'amoul' tenestre et du Pouvoil' Divin, Dans son berceau d'osiel' symbole d'innocence, Faiblesse pal' le corps, mais, pèll' l'âme, puissance Que la D1Ort, tôt ou tard voudra briser en vain!

Quel pénétrant augure ou quel sage devin Lil'Cl dans l'avenir promis pal' ta naissanc e, Ou s,i Génie, en toi, déposa son levain? Lira si Charité t'infusa son essence

Ton père n'a pas fait l'offrande à la madone Pour te voir illustrel' l' humble . nOD1 qu'il te donne, lVIais pour qu'un .tour tu sois l'honneur de sa maison:

Sans être Damien, Ampère ou Chrysostome, Fais donc qu'il te proclame, en ta mûre saison, Le chef-d'œuvre de Dieu sm' terre: un honnête homme,

H. PONTHIERE.

~ Le gui ~ Le ciel est Inort, l'hiver est gris; Le brouillard vient comme un mystère; L'étang, pal' la glace surpris, S'allonge, miroir solitaire.

Les vieux chênes selnblent défunts; Plus d'oiseaux et de nids en .toie: Mais en haut, SUI' les rameaux bl'uns, Le gui tendre et touffu verdoie.

Seule gaieté des bois déserts, Il est un printemps SUI' les branches; L'opale de ses perles blanches Fait le souril'e des hivers!

Sous la brume du ciel immense Le gui sacré nous apparaît Doux comme un espoil' qui commence Dans le gl'and deuil de la fOl'êt!

Page 8: L'Ecole primaire, 30 décembre 1927

- 340 -

Il elit au poète qui rêve Dans les sentiers froiels, sans soleil, L'immortalité ele la sève) La certitude du l'év eil!

Hh. GRANDMOUGIN.

~~ le dernier mois ~

Nous chemü1ions lentement par la. ville.

Parfois un étalage de magasin arrêtait notre flânerie. C'était la vitrine d'un marchand de .iouets, poupées .ioufflues au regard immo­bile, soldats de plomb, alignés en régiments, minuscules locomotives et aéroplanes, tout ce que le génie inventif a imaginé pour la. .ioie des petits. C'était létal d une pâtisserie, bonhommes en spéculoos ou en massepain, animaux en chocolat, mille sucreries aux dessins bi­zarres et inattendus. C'étaient les guirlandes blanches figurant ln neige, les verroteries, les bougies, les oh.iets des arbres de l oëL C'étaient des écritaux sans nombre: « Noël - Cadeaux - Etrennes »,

tout ce que l'imagination du negoce moderne a réalisé pOUl' all('ch(~ r

le passant.

Le mois des cadeaux!

- Le mois des fêtes!

- Non, dit mon vieil ami François, oui et non! Mais sùrement le dernier mois de l'année!

Ce jour-là les paroles de François avaient un goût de cendre. Sans doute était-ce la fée des jours mauvais qui lui avait ouvert les yeux. Je me plais parfois à imaginer ainsi à l'heure du réveil, une fée bienfaisante ou malveillante qui nous ouvre les yeux et dont l'influence heureuse ou malheureuse nous enveloppe pour toute 18 journée. François gardait encore l'impression pénible de la fée mé­chante.

- C'est le dernier mois de l'année! Rappelez-vous le premier de l'an 1927, les souhaits échangés, les vœux offerts, les espoirs en germes, les tas de choses qu'on devait accomplir en ces douze mois. Et comme ces douze mois paraissaient longs, longs jusqu'à n'en pas finir! Sans doute, on ne se demandait pas: Quand sera-ce fini? Non, mais on pensait tout de même que ça ne finirait pas de sitôt, ou plutôt on ne pensait rien sinon qu'on avait une année devant soi, une route interminable, un ruban dont on ne pouvait voir le bout.

Eh bien! le voici le bout.

Parfois peut-être, une fois par saison nouvelle, on s'est dit: « Déjà trois mois de passés! Déjà six mois, mais l'échéance semblait s 'éloi­gner. L'échéance est là. Dé.ià décembre lui-même fait ses paquets. Bientôt il rejoindra. les mois défunts, et l'année 1927' tombera dans

- 341 -

le passé où sont tombées ses sœurs déjà mortes. Et peut-être selon les paroles du poète, saurons-nous alors la valeur de ce que nous perdons.

Car le passé, le cher passé défun,t, . , Est comme l'herbe, au long des pres ]?nch~e : , , C'est quand la faux du temps pour JamaIS la tranchee Qu'on en peut seulement goûter tout le p~rfum.

Toutes les choses qui finissent portent avec leur . minute der­nière cette mélancolie. La rose qui meurt dans un vase, la dernière feuille qui tombe de l 'arbre, la dernière page d un livre aimé que l'on va clore, les heures ultimes d'un beau voyage, les dernières notes d'une mélodie, tout ce qui s en va après avoir donné de la joie, de la beauté, de la bonté, tout cela laisse au fond de l'âme un arrière goût d'amertume.

François s 'arrêta de parler. Devant nous la vie intense de la capitale continuait. Des gens couraient à leur affaire ou à leurs plaisirs. Des marchands de marrons se chauffaient les mains au­dessus de leur fourneaux. Les cafés étaient pleins de bruit. Et les étalages largement éclairés arrêtaient les curiosités féminines.

_ Dites, reprenait François, les promesses que cette année nous faisait, les a -t-elles tenues? Les espoirs caressés se sont-ils réalisés? Les bonheurs rêvés, les a vons-nous possédés? Les entreprises com­mencées ont-elles connu d 'heureuses issues?

Il me semblait que la réalité ne nous donne .iamais ce que pro­mettait le rêve. Le rêve, c'est l'idéal. La réalité, c est le terre à terre. Le rêve, c'est l'essor vers l'azur. La réalité, c'est le coup d'aile qui retombe.

Il est vrai que bien des choses ne lépendaient pa,s de nous. Nous n 'y pouvons rien. Nous les subissons. Elles pèsent SUl' nous de tout leur impl'évu et de toute leur fatalité . Les événements ne sont pas dans nos mains. Ce qui importe, ce n 'est pas de les changer, nous ne le pouvons pas, c est de les dominer, de nous élever au-dessus creux, d 'en tirer quelque profit.

Mais les autres choses, celles qui dépendent de nous? Comment nous sommes-nous comportés à leur égard?

- Alors, insinuai-je, c'est un examen de conscience.

François sourit.

_ Les philosophes antiques, répondit-il, ont t~ujours recomman:lé cet exercice. « Retire-toi en toi-même; pratique souvent cette retraIte de l'âme: tu t'y renotlVelleras. » Ce sont là les paroles du sage lVlarc­Aurèle, qui vécut sur le trône mais qui avait appris du commerce de la philosophie à mépriser les richesses et le pouvoir.

La vie fiévreuse nous entraîne si vite que le temps nous manque pour le recueillement. On va, on va, comme ces hommes et ces fem­mes qui courent dans les rues, on va du premier jour de l'an au dernier, on se presse, on se hâte, on se précipite. On sème .en passant,

Page 9: L'Ecole primaire, 30 décembre 1927

- 342

On ne se retourne pas pOUl' voir si la semence a germé, si c'est du froment qui lève ou de la folle avoine.

Il faut pourtant s'arrêter quelquefois, examiner ses œuvres, les juger, les estimer, les peser, se peser soi-même, interroger les plus secrets replis de l 'âme, connaître ses faiblesses, prendre conscience de ses puissances, chercher dans son passé les leçons de son avenir. Les hommes forts font cela.

Heureux ceux qui peuvent, devant leur propre tribunal, se rendre justice! Heureux ceux qui, regardant en arrière, ne voient que des clartés et que des fleurs!

Pendant un moment nous marchâmes en silence, et les paroles de mon vieil ami tombai ent en moi profondément avec un grand écho.

Il dit encore:

- C'est surtout lorsque l 'on atteint la vieillesse que le dernier mois émeut davantage et que les r egards en arrière se font plus fré­quents et plus inquiets.

Leçon de calcul (Suite)

COURS MOYEN. - Jusqu'à présent, on n a pas employé de termes nouveaux; ici, on pourra dire cClrré d'lin nombre, car ce mot devra être expliqué pour enseigner le mètre carré, l'aire du carré. Les problèmes indiqués au degré moyen se poseront donc comme suit:

a) Quel est le carré des nombres 3, 5, 7, 9 ?

b) QueUe est la surface d'un carré de 3 m., 6 m., 9 dm., 8 cm. de côté?

c) Quel est le côté d'un carré de 9 m 2, 25 Inz, 64 cn12 , 81 dm2

de surface?

En SOlnme, c'est la revision pure et simple de la table de mul­tiplication en donnant aux exercices un caractère pratique et en préparant le terrain pour l'avenir.

Et serait-ce difficile, exagéré, d'ajouter un mot, un seul: ra­cine et de dire: la racine de 25 est 5, parce que 5 X 5 = 25 ?

Et puisqu'on étudie aussi la surface du rectangle, ne pour­rait-on même corser davantage les problèmes qui, après démons ­tration intuitive, seraient assez facilement résolus?

Exemple: Un rectangle est 3 fois plus long que large. Sa surface est 75 In2

• Trouvez sa largeur.

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Démonstration graphique.

25 m 2 25 m 2

L'exan1en de la figure ci-dessus apprendra aux enfants qu e le rectangle de 75 m 2 se partage en ::3 carrés de 25 m 2 chacun; d'où ils déduiront que le petit côté ou largeur mesure 5 m.; Je grand côté 3 fois 5 m. = 15 m.

Faut-il pousser plus avant J'étude des carrés des nombres '? En d'autres termes, faut-il étudier et retenir les carrés des nom ­bres plus grands que 10 ?

Cette connaissance est sans utilité au point de vue des exer­cices ultérieurs d'extraction, mais il est bon que l'enfant con ­naisse le carré de 12 ou 144 et cela suffit.

Par contre, on peut faire encore d 'utiles constatations. Ainsi: a) Les carrés des neuf pren1iers nombres sont plus petits que

100 et renfen11ent 1 ou 2 chiffres. b) Les carrés des dizaines donnent des centaines: 100, 400,

900, 1600, 2500-, 3600, 4900, 6600, 8100. e) Les carrés des nombres composés de dizaines et d 'unités

sont compris entre 100 et 10,000 et renfennent donc 3 ou 4 . chiffres.

d) Les carrés des nombres 10, 100, 1000 peuvent encore être constatés à l 'occasion de la numération des mesures de surface.

En fait, on n'a rien appris de la théorie de l'extraction de la racine carrée. On s'est borné à des constatations numériques qui seront mises à profit ultérieurement.

Peut-être pourrait-on y ajouter des exercices d'élévation au carré d'un nombre composé de dizaines et d 'unités , pratiquement toujours et n1ême avec démonstration intuitive.

~

Le carré de 23 renfenne :

a) le carré de 20 ou 20 X 20 = b) deux rectangles de 20 sur ::3

ou 2 (20 X 3) =

c) le carré de 3. ou 3X3= 20

Ce qui ramène à la formule classique: a) le carré des dizaines;

) 529 400

120 n

Page 10: L'Ecole primaire, 30 décembre 1927

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b) le double produit des dizairies par les unités; c) le carré des unités.

Cette formule, appliquée au carré des nombres de 2 cbirfl'''s dont celui des unités est 5, donne:

X 25 = 2 (20 X 5) = 20 X 10 = 200 l 20 (20 ~ 10) - 600 625 25\ f 20

2

= 400 f - - f

- \52 25 = 2sl

ou 25 X 25 = (20 X 30) + 25 = 625.

65 X 65 = (60 X 70) + 25 = 4225. '

~~~ ~J~ r.;, @.§~ Nos Pages ~@À-} l0~~ ~ __ ~V~ ~~~ COURRIER DES INSTITUTRICES ~~ -

======================~

SOMMAIRE: Aub e nouvelle. - Bienheureux ceux qui pleurent.

Le secours de l'imagination. - Pensée.

~ Aube nouvelle ~~

Au Livre de la vie une page nouvelle Va s'aiouter en cor cl bien d'cmtres f euill ets,' 'Allais nos cœurs garderont des jours ensoleillés De l'année expirante lIne iIllage fid èle.

Nos hellreux sOllvenirs vultigent pur milliers, Et ces papillons d'or font un si grand bruit d'aile , Que tes papillons noirs , ô Douleur étel'nelle, Passent inapel' çus et bien vite oubliés!

Haut les cœurs, espérez, vous qll'un chagrin déchire! Dieu vous consolera, la terl'e va soul'ire, Déjà dans les sillons tressaille M essidol' !

Courage! L'ouragan fait cabrer le navire: Il lutte, il est vainqueur, et qlland l'ol'uge expire Il glisse, plus hcwtClin, sur les flots Cl'êtés d'ol'!

Ch. IN ALBON.

1

- 345 -

Heureux ceux qui pleurent

Préservatrice, éducatrice, la douleur est encore libératric'e. Il existe une sorte d esclavage subtil dont peu de gens se rendent compte. C'est celui du bien-être. Une trop longue série de jours tran­quilles nous entoure lentement de chaînes. Ces chaînes ne pèsent ni ne blessent. Couvertes de fleurs, elles se dissimulent. Mais leur ' effet consiste à nous alanguir. Nous perdons, à leur contact, l'habitude de la lutte, la vigilance, le ton. PareiJs à ces guerriers démoralisés par une longue paix et qui n 'entendent plus le cri d 'alarme, la canon­nade de l'ennemi, le signal du claIron, nous nous énervons au sein du bonheur. Peu à peu notre âme se modifie. Aux grandes pensées, aux résolutions viriles, aux actes de vigueur, viennent se substituer de petites craintes, de mesquins ealculs. La peur nous prend de per­dre ce calme heureux qui nous berce et, afin de le conserver, nous entrons lentement dans la voie des comprori'lis et des lâchetés. ,Per­sonne n'a une idée de la somme de menues vilenies qui se commettent journellement dans le monde par la tourbe des honnêtes gens trop uniformément heureux et désireux de le rester. Leur âme ' affadie contracte J'horreur de toute privation, de toute résistance, de toute contrariété. Pourvu qu 'on ne les dérange pas, le reste leur est indif­férent. Dans cette atmosphère étouffée, où l 'asphyxie nous gagne, une visite de la douleur est comme l 'irruption dans un cloaque, d'un souffle d'air pur.

Une épreuve sévère, et que, maîtres de nos destinées" nous eus­sions à tout prix éloignée de notre route, s'empa,l'e de nous, change le cours de nos idées, détruit l'ornière de nos habitudes, brise les liens de mort où nous étions captifs. Sur le moment, nous souffl'ons cruellement. Mais nous remarquons bientôt que dans sa souHrFlnc8 notre âme se libère. Des vanités dont elle éta.it remplie tout Bntièr 1!

lui deviennent indifférentes. Elle apprécie à leur prix et r e-:ollli.aît cIans leur néant des objets qui jadis, lui semblaient préc.ieux, et se passe avec bonheur de ce qui e11 d'autres temps lui eût paru indis­pensable. Une grande douleur ra élevée et placée à un point de vuo, où les 'hommes, les idées, les événements s'aperçoivent chins 1e111' vraie lumière.

Je pense maintenant à la doulem' qui sanctifie et délivre üu mal.

Les hommes sont nombreux à qui il a fallu une rude sec:ousse pour se séparer de certaines habitudes funestes et rej eter certa;nc's honteuses servitudes. Dans le cours d 'une existence 1Jaisible, ils suc­combaient aux pensées mauvaises, aux tentations coutumières c1(;~

,iours faciles. Mais une peine est survenue, a élu domicile à leur l'oy ]' et dans leur âme. Les hôtes suspects qu'ils y toléraient n 'ont lYL 1..-'11

supporter la présenee. L 'un après l'autre ils sont partis, et le c·œ1..l1' s'est purifié comme l'or au feu.

Tout n est donc pas mauvais clans la souffrance. Il n 'y a pas lieu de la traiter e11 ennemie, elle l'est par exception seulemeflt. Da,ns la

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plupart des. ca s, et cela d épend beaucoup de la façon dont nous l' ac­cueillons, ell e peut se tra nsformer en ami-e, en alliée puissante. Vou­loir se l'éviter et l 'éviter à ceux qu'on a ime, c'est presque s'exclm'e

avec eux des plus précieuses bén édictions. Et le Christ a prononcé une parole d e vérité en disant :

Heureux ceux qui pleurent! C. 'iV AGNER.

Le secours (le l'illlagination L'imagination favorise ou entrave notre progrès moral, sui­

vant le sens dans lequel nous la laissons s'exercer. Abandonnée à elle-même, elle flatte tout naturellement nos

penchants et nos manies . Sommes-nous pessimistes? Elle s'emploie à découvrir toute~

.les épreuves qui nous menacent, à prévoir tous les insuccès ql~l peuvent répondre à nos efforts; ainsi elle attriste, elle ralentIt et parfois même paralyse notre activité.

Sommes-nous défiants? elle s' ingénie à deviner des projets hostiles que fomenteraient contre nous concurrents, ennemis ou même amis; elle nous rend plus ombrageux encore et met dans notre cœur un mauvais levain de haine et de vengeance. Si nous sommes très préoccupés de notre santé, elle évoque, avec tant d'obsession, les douleurs causées par la maladie redoutée, que nous arrivons à les ressentir, elle détermine en nous une dépres ­sion qui va jusqu 'à nous rendre r éellem ent malades.

Et si nous sommes romanesques, elles nous nuit presque autant: elle bâtit pour nous des châteaux de rêve; elle nous leurre par le mirage de tendresses inaccessibles et de bonheurs absolus; nous adoptons ces chimères, nous nous en berçons et, quand la vie simple et plate nous fournit , jour après jour, la certitude que notre destin ne comporte pas de telles faveurs , nous sommes déçus et découragés; nous avons l'impression d'être frustrés de biens que nous croyions déjà posséder, l'amertume nous gagne en même temps que le dégoût des affections impar­faites qui sont notre lot.

Est-ce à dire que l'imagination ' n e saurait être qu 'inutile ou dangereuse? Certes non.

Nous devons, au contraire, user largement de sa belle pa­lette colorée, capable d 'auréoler les plus ternes besognes, capa­ble de galvaniser, par la vision de buts séduisants, les pires las­situdes. N'a-t-on pas vu, maintes fois , une maîtresse de maison se livrer à de durs travaux sans en sentir le poids, simplement parce qu'elle se représente à l 'avance, avec vivacité, la joie des

- 347 -L

convives pour lesquels le repas est préparé ou l 'étonnement heu­reux de ses enfants devant la surprise qu'elle leur ménage? N'a-t­on pas vu, aussi, souvent un malade accepter un traitement pé­nible, parce qu'il jouit, par anticipation, de la guérison escomptée?

L 'imagination est un précieux auxiliaire, mais elle doit être surveillée; dès les premiers symptômes d'une influence perni­cieuse pour notre vie morale, il faut l'arrêter.

Entraver sa marche quand elle peut nous nuire, favoriser son essor quand elle nous ,est salutaire, ne constitue pas tout le programme que son utilisation réclame de nous; il est encore une autre œuvre à notre portée dans ce domaine: c'est de provo­quer son action sur des points qui la laissent indifférente et pour lesquels ses services sont nécessaires; il y en a un très grand nom­bre; prenons, si vous le voulez, comme exemples ceux où le stimulant de l'imagination secoue la torpeur de notre charité, toujours si indolente.

Ainsi, le cordonnier qui met sans arrêt des semelles neuves à de vieux souliers juge souvent son métier insipide, il peut être tenté d'employer un cuir sans valeur pour augmenter ses béné­fices; si, tout en tapant sur ses clous, il songe aux petits pieds fragiles, aux pieds meurtris pour lesquels il peine, s'il pense aux pneumonies qu'un bon cuir évitera, s 'il se représente la joie, le calme des familles heureuses dont les membres n'auront pas, grâce à sa conscience, contracté des douleurs, des maladies mor­telles, il travaillera mieux et plus gaîment.

Croyez-vous qu'il n'y ait pas beaucoup de savants qui, ' en cherchant des sérums sauveurs , ont été aiguillonnés par ce genre de considération humanitaire?

Vous assistez à un enterren1ent: en sortant du cimetière, vous pouvez secouer les idées tristes qui vous envahissent, songer à des distractions amusantes et oublier le spectacle qui vient de vous assombrir. Votre imagination délaisse alors un secteur dans lequel son impulsion vous aiderait à faire le bien; mais si, au contraire, elle affronte les évocations douloureuses, si elle s'ingénie à vous représenter le chagrin de la pauvre veuve ren­trant seule au logis , à vous faire voir les détails multiples, aigus, obsédants , qui vont renouveler sa douleur, à vous la faire suivre en pensée, quand elle retrouve la chambre de malade vide, quand elle range la dernière potion qui n'a pas été bue, quand, le soir, elle ferme le verrou, sachant que le compagnon chéri ne revien­dra plus jamais ... jamais, elle met dans votre cœur une compas­sion très vive et très éclairée. Croyez-vous que votre prochaine visite de condoléances ainsi préparée ne sera pas plus chaude, plus tendre, d'une consolation plus efficace, que si vous n'aviez pas tenté de pénétrer, de sentir en quelque sorte la peine que vous songez à adoucir?

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Cette imagination aHruiste est peut-être celle que nous culti­vons le moins; c'est celle-là qui est la plus utile, elle nous aide à consoler, à comprendre, à excuser notre prochain. Quand nous nous mettons bien à la place de ceux qui pleurent, de ceux qui sont écrasés par leur tâche, à la place de ceux mêmes qui com­mettent des fautes, à la place (suprême charité) de ceux qui nous combattent et nous font du mal, nous arrivons à plus d'indul­gente sérénité et à une activité plus généreuse.

, Pénétrer plus avant dans l'âme de son prochain, c'est pres­que toujours le plaindre davantage, c'est parfois l'aimer mieux.

C'est dans ce sens que l'imagination est, peut-être, le plus utile à notre progrès Inoral.

Bibl iographie

Le livre des Suisses à l 'étranger « TA PA TRIE», est une œUV1'e

dont la publication était souhaitée depuis longtemps par nos compa­hiotes du dehors, et que Ion attendait avec impatience. Ce livre est le fruit ·cf'un long travail et notre effort ne s'est jamais laissé rebuter par les difficultés nombreuses découlant de l'élaboration d un ouvrag'e de ce genre. Ni les sacrifices de temps, ni les sacrifices d argent n 'ont été épargnés pour le mener à bien.

Quoique composé pOUl' la jeunesse suisse de l 'étranger, ce livre peut rendre aussi de grands services à la jeunesse de notre pays, Il imlJorte donc de le faire connaltl'e dans nos écoles. 'a-t-il pas en particulier une place tout indiquée clans les bibliothèques scolaires et dans les distributions de prix?

L'éditeur - Secrétariat des Suisses à l'Etranger, Fribourg - consent à mettre le livre à la lisposHion des Ecole pour le prix de Fr. q",)()

au lieu de FI'. 0.-. C'est cl'ailleurs geâcf' à son clésintél'essement· 'et à la 'générosité de la Commission des Sui sses à 1 Etranger qu 'un livre aussi substanti el et aussi richement illustré peut être acquis à Ull

prix a:ussi bas.

ova et Yetera

Nouvelle floraison sur un vieil al~bre 1. Activité en plein air:

Visite d'une forêt (ou rappel de souvenirs). 'Collection d'obj ets forestiers: plantes, animaux, etc. Leçon d'élocution spontanée sur plaec. Observation d'objets et d'êtres caractéristiques de la ,forêt,

d'outils et du travail du bûcheron, de la végétation arbo­rescente.

- 349 -

II. Activité en classe: Leçon d'élocution plus ordonnée, avec travail simultané au

tableau noir. Lecture d'un morceau spécial sur le centre d'intérêt choisi et

explication à raide des connaissances acquises. Exercices de grammaire et d'orthographe, de vocabulaire et de style dans le cadre du centre d 'intérêt. .

Dictée sur un aspect du centre d'intérêt. Rédaction rattachée aux leçons antérieures. Calcul relatif aux volumes, au prix du bois, etc.

III. Modelage d'objets forestiers: champignon. bec de tel oiseau, etc.. Représentation d'un coin de la forêt dans le sable Dessin d'objets forestiers.

IV. Détail: le travail du bûcheron. V. Récit d 'aventures dont la forêt est le théâtre: légende, conte.

Chant célébrant la beauté, les bienfaits de la forêt.

L'introduction de cen~res d'intérêt dans l'enseignement n'est pas une nouveauté. Déjà avant le 20e siècle, des maîtres expérimentés groupaient divers exercices autour d'un obj et familier aux élèves : lecture, rédaction et autres exercices de langage, souvent le chant, quelquefois des exemples de calcul et le dessin. Cette idée féeonde, reprise par l'école active, a éLé judicieusement étendue et complétée, quelquefois même outrée jusqu'à l'enfantillage.

Si cette remarque devait suggérer à quelque lecteur l'idée que je considère l'école active, non comme une nouveauté révolutionnaire qui viendrait faire irruption dans notre paisible vie scolaire, mais comme le développemeni de germes qui n 'attendaient que le prin­temps d 'un renouveau pédagogique, je me garderais bien de contredire à pareille suggestion.

L'énumération des multiples activités qui se rattachent à un cen-tre d 'intérêt, évoque, mieux qu'une définition, l'idée qu'il s'agit ici d'une forme d'enseignement riche, variée, offrant des points d'attache pour les tempéraments les plus divers et les pl'édispositions intellec­tuelles les plus divergentes.

A l'école active, les circonstances variables de la vie scolaire ont une influence plus considérable pour le choix des matières d'enseigne­ment; l'allure y semble plus livrée au hasard de lïnspiration momen­tanée. Mais à travers le dédale de l'activité individuelle et les digres­sions inévitables des jeunes travailleurs de l'esprit et de la main, le maître dirige la succession des exercices d'attention et de réflexion et songe à l'enrichissement de la mémoire.

Quelle pari: l'école acflive résel'vea t-elle à renseignement métho­dique et aux exercices d'entraînement dont aucune école ne peut im­punément méconnaître l'absolue nécessité? Ces activités s'engrènent à leur heur dans la trame de la leçon; le maître interrompt à temps les activités individuelles trop peu convergentes qui ont fourni les éléments du travail collectif pour astreindre son petit monde aux exercices de lecture, de composition, de grammaire, de calcul, etc.

Le degré inférieur fait de larges conc'essions à l 'incohérence de l'enfant et exige surtout la correction du détail; le degré suivant s'achemine résolument vers un trq,vail plus cohérent: l'élève ordonne, compose, classe et classifie, généralise et commence à abstraire.

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« L'activité manuelle déployée au cours des travaux contribue à l'acquisition des techniques (dessin, cartonnage, modelage)). Elle ne veut pas seulement préparer l'activité intellectuelle, mais l'exprimer aussi. Elle intervient dans les leçons d'histoire et de géographie, dans l'enseignement de l'arithmétique et de la géométrie pratique, mais sur­tout dans l'acquisition des éléments de sciences physiques et natu­relles au cours de promenades documentaires, dans le travail du jar­din _ scolaire, dans la préparation de collections, etc.

III n'est pas sans intérêt de noter l'impression générale ressentie dans des visites successives d'école active, dont j'ai suivi le travail avec assiduité:

1. Au début, beaucoup de travaux préparés, ébauchés, à demi exé­c-utés et comme abandonnés à mi-chemin de réalisation;

2. puis les mêmes travaux repris plus tard pour être poussés plus loi~ ou achevés;

3. enfin l'ensemble des travaux entrepris achevés. C'est, en effet, l'une des caractéristiques de l'enseignement à l'école

active de préparer la matière de longue main et d'amener peu à peu les notions, les connaissances à maturité. Le plan de travail reste ca­ché; mais l'observateur averti découvre à chaque pas la méthode directrice; il y a là un ordre immanent plus efficace que l'ordre appa­rent du maître remorqué par le programme et le manuel.

JUGEMENTS PORTES SUR L'ECOLE ACTIVE. Soit que l'on considère l'école active c-omme une innovation har­

diment réformatrice, soit qu'on la salue comme la fille légitime de l'école traditionnelle, avant même d'en avoir étudié la nature, l'esprit et les procédés, ainsi que les résultats, on voudrait connaître les juge­ments portés sur cette nouveauté pédagogique.

Question délicate et pourtant bien naturelle. Les partisans de l'école active considèrent cette nouvelle forme de vie scolaire comme un type d'école au tempérament propre dont les fruits mûrissent plus lentement, mais possèdent une plus grande vitalité.

L'école traditionnelle insiste avec prédilection sur le savoir fidè­lement transmis; elle en appelle beaucoup à la mémoire et possède des procédés de contrôle mnémotechnique à l'aide desquels un pro­fane en matière pédagogique peut établir d'une façon passable jus­qu'à quel point le programme prescrit a été suivi, enseigné, appro­prié, car il s'agit ici d'une opération relativement simple.

L'école active met plus de prix au développement des facultés. Elle aussi a l'ambition d'assurer à l'enfant la possession d'une cer­taine quantité de connaissances, mais ces connaissances, elle les fait naître à la longue, sans les imposer toutes faites. Le contrôle des classes exige une connaissance plus approfondie de l'âme enfantine ou juvénile et un sens pédagogique plus averti et plus différencié.

Voici, au sujet de la question ci-dessus, des jugements assez concordants:

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1. L'élève d'une école active, qui rentre dans une classe tradi­tionnelle, ne donnera pas sa mesure, ne primera -pas et paraîtra même quelque fois en retard.

2. L'examen d'une école nouvelle, suivant la méthode tradition­nelle n'accusera pas de supériorité marquée, pour ne pas dire le contraire, puisque le dressage en vue de l'examen aura fait défaut.

3. L'école active a fait nettement ses preuves dans la vie où il faut de l'initiative et une prompte adaptation et où il faut poursuivre sa formation.

4. L'école active est surtout desservie par ceux qui en interprè­tent les méthodes maladroitement, méconnaissent les excellentes ac­quisitions de l'école traditionnelle et se jettent aveuglément dans des aventures pédagogiques.

Critique du mouvement d'école active sous forme de conclusions « Omnia probate; quod bonum est tenete ».

Résumer en quelques propositions rigides et définitives la péda­gogie de récole active serait une tentative illusoire; car cette mé­thode est encore en pleine formation et n'a été ni assez longuement ni assez généralement expérimentée; ensuite elle accorde à la per­sonnalité de l'élève et à celle du maître une si large liberté que les formules limitatives seront toujours trop étroites.

Néanmoins l'examen approfondi du mouvement de l 'école active permet de formuler les quelques conclusions suivantes solidement établies:

1. L'école active applique systématiquement et étend à toute la vie scolaire les efforts de tout bon maître pour obtenir la collabo­ration active des élèves.

2. Elle fait en particulier appel, non seulement à l'activité physi­que et spécialement au travail manuel, mais aussi et surtout à l'acti­vité intellectuelle, spontanée de l'élève pour atteindre 18 but éducatif.

3. Elle utilise plus totalement le dessin comme moyen d'expres­sion et d'élaboration.

4. Elle constitue le développement naturel des méthodes scolaires en conformant plus fidèlement le travail de l'éducateur aux lois de la croissance psycho-physiologique de l'élève.

5. L'éducation suivant les méthodes d'école active exige -une sé­rieuse préparation du maître ou la rééducation du maître habitué aux méthodes traditionnelles.

6. L'école active se concilie avec une organisation suffisamment uniforme de nos écoles; une marche régulière de l'enseignement et un programme gradué. Le plan d'études fixera un programme mi­nimum, fondamental, base d'un programme développé suivant la me­sure de la classe actuellement dirigée.

7. L'école active inclut les exercices d'entraînement pour l'acqui­sition d'habitudes psychiques ou de technique et cultive la mémoire; cas « l'exercice des aptitudes est soumis à un ordre logique déterminé

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par la nature des difficultés à surmonter, la dépendance des notions et des aptitudes entre elles et les lois de la mémorisation».

8. L'école active continue à vouel' tous ses soins « à l'éducation collective sur la base des aptitudes moyennes que 'nous sommes en droit d'attendre de chaque élève, tout en favorisant partout où c'est possible le développement des aptitudes personnelles ».

9. Elle transmet à la jeune génération le dépôt des vérités reli­gieuses et morales, la culture littéraire et scientifique du passé.

10. L'suage du manuel clair et précis, judicieusement illustré, est subordonné aux exigences de la méthode.

1. L'a réalisation de l'école active n'est guère possihle dans les classes trop nombreuses.

12. Le contrôle du travail de l'élève par le maître et l'apprécia­tion de' la marche de la classe par les autorités scolaires doit se mettre à l 'unisson des méthodes d 'école active. De la coupe aux lèvres ~

Que, parmi les nombreux détails relatés dans ce rapport, il y ait à prendre et à laisser, c est là une réflexion suggérée pal' ces lignes mêmes. Mais ce qu'il y a à prendre sans réserve chez les promoteurs avisés de l'école active, c'est la disposition à mettre le meilleur de leur âme au serviC'e de l'éducation. Ici, nous ne sommes pas en terre inconnue. Bien des éducateurs et éducatrices ont à cœur de susciter chez leurs élèves, non seulement une activité factice, superficielle et contrainte, mais l'expression d'une activité spontanée, joyeuse et fé­conde, jaillissant du fond de l'âme enfantine. L'école active a été ébauchée chez nous, par les uns comme' d'instinct en vertu du don didactique, par d'autres avec une conscience plus ou moins nette, une volonté plus ou moins arrêtée de réaliser cet idéal éducatif né de l'école traditionnelle.

Mais plus on chemine, plus l'horizon s'étend ...

Si d'aucuns allèguent que nos conditions sc~laires ne se prêtent pas à la réalisation intégrale de récole active, je leur dirai: « Elles ne s'y prêtent nulle part d'elles-mêmes, on les crée ». D'ailleurs dans une œUVIe vitale telle que l'éducation, ce n 'est pas par à-coup qu'il faut agir. De même que l'organisme s'adapte lentement aux conditions d'une nouvelle phase d 'existence, de même notre vie scolaire béné­ficie des nouvelles méthodes par une série d'adaptations, de mises au point, compléments, bref, par une progression continue.

Mais il faut commencer résolument.

Nous, éducateurs catholiques, nous avons des raisons plus ur­gentes de poursuivre activement la construction de l'édifice pédago­gique dont la philosophie catholique a posé les fondements et dont heaucoup de pédagogues catholiques ont élevé les parties principales. Qu'il me soit permis de citer à ce sujet les paroles qu'un éducateur eccléSiastique distingué a écrites au lendemain de sa visite à l'expo­sition cantonale des écoles de Zurich: « Il est incontestable que nous

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pouvons et devons tirer parti de ce qui, dans ces essais, est réelle­ment un progrès. Et ce qui est un progrès, c'est ce qui, mieux que dans nos procédés actuels, réalise les principes fondamentaux de l'activité intelligente, telle que notre philosophie traditionnelle, celle de S. Tho­mas, la déc-rit. Nous avons les principes à notre portée, bien clairs et admirahlement coordonnés et systématisés. Nous avons à les appli­quer aux variations contingentes et aux nécessités des lieux et des temps; nous avons à observer et à prendre comme nôtre ce qui, dans les essais de nos voisins et même de nos adversaires, est mieux conforme à ces principes que ce q:ue nous avons pratiqué.

Ainsi nous avancerons, mais dans la ligne de la vérité; nous se­rons actuels; car la vérité est éternelle, jeune clonc et d'avenir. »

G.

La question sociale:

L'INDIVIDU IV

Un conte. - Nous allons commencer cette leçon par un conte.

Il y avait une fois, une belle rose, belle comme toutes les belles roses, mais dont les pétales étaient doués de la pensée et de la parole comme les hommes. Les passants s 'arrêtaient et s 'extasiaient sur sa beauté. Un des pétales, fort orgueilleux, croyait être à lui seul, ~'obj~t, de cette admiratio~; . il s 'en gonflait de vanité,' quand une bIse legere, survenant, le detache de la rose. Quelle ne fut pas sa stupéfaction lorsque, du gazon où il était tomhé, il s'aperçut qu'on continuait d'admirer la rose! Sa disparition n'était pas même remar­quée et il se vit fouler aux pieds par ceux-là mêmes qui, tout à l'heure, vantaient son velouté et son éclat. Une fourmi - en pas­sant - lui expliqua le mystère: «,Sans doute, tu es joli par toi­même comme pétale de rose; mais tu n'es pas la Rose, dont la splendeur est faite de la réunion de tous les pétales, tes frères; tu n'es qu'une petite parcelle de la jolie fleur, il faut que vous soyez tous beaux pour qu'elle soit belle; mais comment es-tu assez insensé pour t'estimer un personnage d'importance et t'attribuer à toi seul ' le mérite de tous? ...

La rose, dirons-nous, c'est la société; les pétales sont les hommes qui la composent et ce pétale orgueilleux est celui de nous qui, oubliant combien son rôle dans le monde est petit -quoique nécessaire - se regarde lui-même comme un centre et un tout.

Aussi, pour que chacun de nous puisse apprécier bien exac­tement son importance et son rôle dans la société, il lui est avan­tageux de se considérer à un double point de vue: d'abord com­me individu, c'est-à-dire comme homme d'abord, comme simple particulier, pris isolément, séparément du reste des hommes; en­suite, comme la partie d'un tout, c'est-à-dire comme membre de la société, où Dieu lui-mên1.e l'a introduit en le créant, lié à tous

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les autres membres par ce besoin mutuel que les hommes ont tous l~sl UQ~ ' des ' autres, et qui constitue, comme nous l'avons vu plus haut" la solidarité.

L'IN'DIVIDU ALISME

L'Inté~êt particulier et l'Intérêt général. Il arrive parfois qu~ l)ntérêt particulier de l'individu ne concorde pas ou n 'appa­raisse pas à première vue concorder avec l'intérêt général. Vous n'admirerez jamais assez l'héroïsme ,de ces c.entaines de vos frères aînés qui, pendant la grande guerre, ont :saq'ifié si généreusement à la patrie commune, au salut de tous, leur, jeunesse, leur pro'pre avenir à eux et toutes leurs affections de famille. Ils avaient com­pris que l'intérêt de la patrie in:justem.ent attaquée devait passer avant leur intérêt individuel et leur légitime désÎl~ de vivre. Mais je vais prendre un autre exemple qui vous touche de plus. près et vous fera mieux encore comprendre comment le bjen parti-culier de l'individu doit céder d~vant le bien général. . , "

'A l'école, un de vos camarades a .été atteint par le CTOUp; il est guéri maintenant mais il ne sera autorisé à reprendre sa place en classe qu'après l~ période de trente Jours pendant lesqu~ls la conta-gion est encore à redouter. .

Et pourtant, il s'ennuie; il voudrait bien revenir au milieu de ses amis; sa mère est obligée de reste,r près de lui à le garder; elle regrett~ le temps perdu. Ainsi le retour à, l 'école satisf,erait l'intérê! particulier d'une famille, mais l'intérêt général serait-Il sauvegarde si, par suite de ce retour trop hâtif, se produisaient 'parmi' vous dix ' ou douze cas ,de C'l~OUp, dont peut-être quelques-uns mortels '?

Et si les parents, pour éviter cette exclusion temporaire de l'éc,ole, n'avaient pas dit un mot de cette maladie. contagieuse e,t avalent expliqué l'absence de leur enfant par U~1 voyage, ils, se, seraIent. ~ou.-. ttés bïen égoïstes. '

L'Egoïsme individuel. - Cet égoïsme de l'individu qui sa­crifie l'iptérêt général à son intérêt particulier, on peut l'.appeler : Individualisme. Et vous comprenez sans peine que le blen ,com­mun n'a pas de plus mortel ennemi que 1 Individualisme. Si cha­cun tire à soi et ne songe qu'à soi, il n'y aura plus union, mais querelle, désordre et ruine finalement pour tous.

La Société peut donc se comparer à un COI:pS vivant; cha­cun de ceux qui la composent en .forme un des membres : Or" vous savez que lorsque vous avez mal au pied, pl:!.r exemple, ou même moins que cela, ne serait-ce qu'un mal de dent? tout votre, corps en est incommodé: De m.ême, si tous vos membres sont en hon état et que tous vos organes fonct~ol!-nent aisément, votre., santé générale est excéllente. Il en est de même pour ~a société. Les maux ou les malaises dont elle souffre, ne viennent pas seu- j

lemen't d'une organisation plus ou moins mauvaise, mais aussi des défauts de chacun de ses membres. , . ,

Une société .est donc bonne ou mauvaise, suivant qlle, pris ' indivi<j.uelle.ment: ses melnbres sont bons ou mauvais.

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LE PROGRES SOCIAL '1

Ses premières conditions. - Le progrès social 'Se fétà d'ubord par le progrès individuel. - Car on aurait beau rerivet-ser l'orga- ' nisation sociale actuelle et, par un bouleversement total, trans­former les ouvriers en patrons, les patrons en ouvriers, les pauvres en riches, on n 'aurait rien fait pour l'amélioration de la société, si les uns et les autres restaient rapaces, impitoyàbles, injustes et déloyaux; si, d'autre part, ils n'avaient souci que -de leur intérêt personnel, c est-a-dire demeuraient des inèIividu~­listes. Il faut donc avant tout que chaçun de nous devienne meil­leur; c'est ainsi seulement que là société tout entière deviendta meilleure elle-mêmé. '1 1 .

Notre perfectionnement individuel ne nous empêchera pas d'ailleurs de poursuivre le perfectionnement des lois. C'est un but auquel il faut tendre; car il est bien certain que des lois impar­faites ou mauvaises, non seulement entravent le progrès indivi­duel des membres, maïs favoriserl.t les instincts égoïstes et le ' dé­sordre, comme aussi des lois sages et bien appliquées aident beau­coup la bonne volonté et les efforts de tous. Mais enfin, ce qui presse le plus, c'est de commencer par nous améliorer nous-mê­mes, par élever notre propre niveau moral; et cela, sans attendre que le voisin nous donne Fexemple.

Comment le christianisme a-t-il transformé le vieux monde païen ? _ Il n 'a point commencé par renverser l'ordre existant, par établir de nouvelles lois; il a d'abord transformé les individus et quand beau­coup d'hommes sont devenus chrétiens, la transformation s'est fait e d'elle-même, sans secousse violente, sans révolution brutale.

Nous nous plaignons qu'autour de nous chacun ne pense qu'à soi, ne travaille que pour soi, sans s'occuper des autres; et nous avons raison. C'est que beaucoup de membres de notre so­ciété actuelle ont rejeté ' l'esprit de charité et de sacrifice qu'en­seigne l'Evangile; ils ne veulent plus que la loi de jouissance, Le jour où ces égoïstes seraient trop nombreux, notre société tout en­tière retomberait, il faut le craindre, dans la dureté et le dés'ordre du Paganisme d'où le Christianisme l'avait tirée jadis,

CONCLUSION Devenons donc meilleurs, pour notre compte; com~e~çons

par être nous-mêmes justes dans toutes nos affaires, par exemple en ne réclamant que ce qui nous est dû, en donnant toujour~ exactement la quantité d'argent, de travail, de marchandises que nous devons, en acceptant notre juste part d'impôts et de ~har~ ges publiques, etc.; sachons surtout sacrifier un peu de notre temps·, de notre argent, de notre repos pour aider les autres., . pour travailler soit seuls, soit associés à d'autres, au bien comml,ln de la paroisse, de la commune, de la nation. C'est cela qui pl:esse d'abord, car c'est de ce bon travail de chacun de nous, accumulé, qu'est fait le bien de tous; c'est par l"espr:it de charité, les sacri­fices de chacun de nous qu'est détruit l'Individualisme égo'ïste

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dont souffre notre Société. Soyons meilleurs d'abord nous-mêmes et nous pourrons rendre les autres meilleurs, et le Dlo,nde de­viendra meilleur.

LECTURE

L'E G OIS TE

Gnathon ne vit que pour soi et tous les hommes sont à son égard comme s'ils n 'étaient point. Non content de remplir à une . table ~a première place, il occupe lui seul celle de d~ux. autres; 11 ou~h e que le repas est pour lui et toute la C'ompagme: Il se rend m aItre du .plat et fait son propre de chaque service ... Il se fait, quelque ~art où il se trouve, une manière d 'établissement et n e souffre pas d 'etr e plus pressé au sermon ou au théâtre que dans sa chambre. Il n 'y a dans un carrosse que les places du fond qui lui convienI~ent: dans toute autre, si on veut l'en croire, il pâlit et tombe en faIblesse .... Il embarrasse tout le monde ne se contraint pour personne, n e plamt personne, ne conn ait de m~ux que les siens ... n e pleure point la mort des autres, n 'appréhend e que la sienne, qu'il l'achèterait volontiers de l'extinction du genre humain.

LA BRUYERE (<< Les Caractères >l, ch. XI.)

GRAINS DE SABLE

Sous le soleil très lourd du désert immobile Le sol brille, de grains de sable constellé Par milliers et millions... Multitude inutile ! Un grain n 'est bon à rien, tant qu'il l'este isolé.

La pluie arrive: l 'eau, se creusant une route, Pousse les grains de sable et s'en fait un fardeau; Pour en emporter vingt il suffit d'une goutte! Et les millions de grains suivent les gouttes d 'eau.

Et le vent les soulève, et les traîne, et les roule, Et les proj ette au loin en nuage mouvant. Il méprise leur nombre, il se rit de leur foule, Et les millions de grains sont le jouet du vent.

L'homme vient m et le sable en un moule, et fabrique Un moellon d'~bord mou, que le feu durcira : Les grains de sables unis et syndiqués en brique Deviendront un bloc ferme et qui résistera.

RÉSUMÉ

1. Deux grandes tendances ou courants apparaissent dans notre société: l'un porte à se dévouer au bien général et à s'as­socier, pour mieux y parvenir, avec ceux qui ont les mêmes. sen,­timents généreux: c'est la vraie solidarité chrétienne; malS, a l'encontre, l'autre porte à ne pas s'occuper de l'intérêt. général, même à le sacrifier à son intérêt particulier et à ne VIvre que pour soi: c'est l'individualisme, le plus grand ennemi du hien social.

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2. Une société peut se comparer à un corps; chacune des personnes qui la constituent en est comme un des membres. Pour que la santé générale soit bonne, il faut que tous les organes soient sains : si l'un es t atteint, tout le corps souffre; le guérir, c'est améliorer l'état général. Par eilIen'lent la société deviendra meilleure si chacun de nous devient meilleur.

3. Tou tes les l'évolutions qu'on peut rêver ne serviraient de rien au progrès social, si les individus restaient après coup aussi égoïstes, déloyaux, rapaces qu'avant.

4. Le Christianisme a transformé le Inonde en transformant les cœurs; le plus sûr remède est d'y revenir.

5. Notre premier devoir social es t de devenir meilleurs, c'est­à-dire sourtou t moin égoïstes.

L'Eg'lise et l'instruetion pOllulaire

Duns le but d 'augmenter , si c'est possible, l'estime et la re­connaissance que m érite le clergé valaisan pour sa collaboration aux progrès de notre enseignement en général, et en particulier de n'.llre enseignement primaire, nous publions ci-après un certain nonlhre de renseignements que nous avons puisés dans les « Confé­rences » si remarquables de Mgr Gibier, évêque d 'Orléans.

Nos lecteurs, en les lisant constateront que l'Eglise a, de tout temps, fait preuve d'une grande sollicitude pour l'instruction po­pulaire et qu'à E lle revient l'honneur d'en avoir pris l'initiative. Voici ce que nous lisons dans les pages où 1 auteur expose les bienfaits de l'Eglise:

« L'enseignement populaire est une des plus hautes néeessités de l 'ordre social. L'Eglise, dans l e passé, a pourvu à cette n écessité. Elle a dIstribué l'enseignement populaire avec autant d 'ardeur que l'en­seignement supérieur.

L'Eglise a fondé l'instruction primaire ; elle l'a voulue universelle et gratuite, en ordonnant que le prêtre de chaque paroisse apprît à lire au x petits enfants sans distinction de naissance, sans autre ré­compense que les promesses de l éternité. Cette affirmation est d'un homme (Ozan am) qui avait étudié la question de très près en com­pulsant les vi eilles archives de l'histoire.

Dès les premiers siècles, nous voyons l 'Eglise préoccupée d es humbles et des petits, avant même d'offrir son appui et ses lumières a ux puissants d 'ici-bas. J ésu s-Christ a dit: « Allez,enseignez ! » Et, fidèle à son mandat, elle distribue à tous lR. clarté de l 'Evangile et de l'instruction humaine,

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Au Ile et a u Ine sièale, on voit d "s écoles et ·des bibliothèques à càté des . églises. , '. 1

Au IVe et au Ve Isièciè, les écoles rurales et populaires sont fondées pal' les décrets auth'èntiques' des Conciles; au VIe siè~le, dit Guizot, l'Ordre de St Benoît fonde dans les Gaules de nombreux monastères e~ chacun de ces monarstères devient une école pour les classes popu­laires; et Guizot prouve, cette as::;ertion avec des noms propres, des chiffres et des .documents incontestables. Au VIlle siècle l'enseigne­ment p9pulaire semble un fait général, tant sont nombreux les Con­cile:s qui prescrivent aux évêques et aux curés de veiller à l'instrue­tion de la jeunesse.

Voici Charlemagne. Il veut que chaque abbaye entretienne une école où les enfants puissent apprendre la lecture, l'écriture et le calcul. Il multiplie les conciles pour établir partout l 'instruction pri­maire. En vingt ans, il réunit trois fois à Aix-la-Chapelle les évêques 'de SOi1 vaste empire en vue de cette capitale' affaire. Sous cette impul­·sion, p:eê'trés; religieux et évêques se mettent à l 'œuvre.

On a retrouvé, . il n 'y a pas longtemps, un mandement publié en 797 par Théodulphe, évêque d'Orléans. Il y est dit: « Que les prêtres des bom;gs et des villages tiennent des écoles. Et si un fidèle veut leur confier ses enfants pour leur apprendre les lettres, qu'ils ne refusent pas de les aceueillir et de les enseigner; au contraire, qu'ils mettent la plus grande charité à les instruire. En s 'acquittant de cette tâche, ils ne demanderont ,pas de salaire et n'èn accepteront pas, excepté ce que les parents voudront bien leur offrir spontanément comme marque de reconnaissance. »

Au VIlle siècle, dans le diocèse d 'Orléans, les écoles établies par Théodulphe étaient gratuites. Ceux lonc qui vantent la moderne gra­tuité de l 'enseignement auraient tort de crier au prodige; ils feront bien cre se sou:ve11ir qu 'au VIlle siècle déjà, l'Eglise distribuait l'en­seignement populaire sans demander un sou à personne (car il est fortement à présumer quI" l'exemple cÎté n'était pas isolé).

Du XIIe siècle à lé'. ~ .. ~volution, les largesses de l 'Eglise envers les enfants du peuple se continuent et s'accentuent d 'âge en âge.

En 1179, au 3è concile de Latra.n, le pape Alexandre' III prescrit qu 'un maître seTa établi dans toutes les cathédrales pour les écoliers pauvres. « La permission d'enseigner, dit-il, doit être délivrée gra­tuitement et ne peut être refusée à ceux qui en sont capables » . Et le même langage se retrouv e sur les lèv~'es de presque tous les p~pes.

Pendant tout le moyen âge, nous voyons les contrats d 'apprentis­sage et de tutelle demander pour le pupille et l'apprenti la férquenta­tion des écoles et les moyens d e s 'instruire selon sa condition. Nous

1 voyons cette clause stipulée pour de simples domestiques et pour de simples valets de ferme. L article 220 de la coutume de Normandie porte même que le maître ou le tuteur pourront se pourvoir en justice pour les y contraindre.

359 ~

Au XV'l e et a u ,X'T.II e siècle nai ssait une multitude de congréga­tions enseignantes pour l 'un et l 'autre sexe, et spécialement pOUl' les enfants du pel,lpl.e: les Ursulines, la Con.grégation de N.-qame, les­Filles d e la Charité, les Filles de la Sag~ sep l,~s Frèl'es des Ecoles chrétiennes.

1 1

Le concile de Trente (5e s ession) entI1ê 1 c1ans' les plus minuteux détails pour promouvoir ~ 'instruction popUlaire. Le séminail'e de Saini;­Sulpice conmmunique la même impulsio~1 à tout le clergé de France. « Pour moi, écrit alors lVI. Boul'doin à son saint ami M. Olier, pour moi, je le. dis du meilleur de mon cœur, je mendierais de porte en porte pour faire subsister un vrai maître d 'école, et je demanclèl'à is comme St François-Xavier à toutes les universités du royaume cles hommes qui voulussent non pas aller au Japon ou dans les Indes prêcher les infidi.èles, mais aVn.r dans les écoles de paroisse tenues pour les pauvres; c'est là runique moyen de détruire les viees et d'établir la vm'tu, et je défi e tous les hommes ensemble d 'en trouv er un meilleur. » Ces désirs de l 'Eglise de France furent largement exaucés.

Les Frères des Ecoles chrétiennes, en particulier, vinrent a.u .. cle· vant des enfants du peuple. Ils popularisèrent la langue 'frallçaise, cette langue qui par sa clarté, sa précision, sa richesse est devenue la langue de l 'Europe. Saint J ean-Baptiste de la Salle fit de l'idiom e national français le dialecte unique de ses écoles. N'eût-il rendu ' que ce service, c'en serait assez pour justifier cette 'pa1'ole que la .l4.é'lolu­tion elle-même ne craignait pas d 'inscrire dans le préambule .J e la loi du 18 août 1792: « Les Frères ont bien mérité de la patrie. i) Oui, jes ,F,11è11es ont bien mérité de la patri , tel est le témoignag.e d8 1.3 Uj'fi ·

ennemis, de leurs amis et de leurs él èves.

On entend parfois cette objection: Avant 1788, l 'instruction n ·(·, xi':!­

tait pas. Cette ob.iection est futile ~t méchante. Il n 'est pas difficib de la confondre. Voici d'abord un fa it: Au XVIIIe siède, tout,3 p:l­roisse un peu populeuse, en France, avait une école; on se pla.ignait même du trop gl'and nombre d'écoles. En 1773, au diocèse de St-Dié, baillis, syndics, échevins, notables se plaignent que les '~eoles tlllè­vent , trop de bras à l 'agl'iculture et aux ateliers. « Nos bourgs et nos vill.ages, disent-ils, fourmillent d'une multitude d'écoles; . il n 'est ]Jas de hameau qui n 'ait son grammairien. » Or, quand on songl3 rlllE: le nombre de paroisses avant la Révolution était beaucoup plus tOllsi­

.c1érable qu'au.iourd 'hui, et que presque partout il y avait un rn.ni ~re

d'éèole, on r este stupéfait de l'audaee ou de l 'ignorance de C'> lX qui 'v,iennent nous dire qu'avant 1789 l'instruction était ' résùvée à quel­ques privilégiés de la naissance ou de la fortune.

Voulez-vous des chiffres? Sous Louis XV, il y avait il Pnl:i.:; . 1tiU écoles de garçons et 157 écoles de filles, où l e p ersonne:l 3n~ 'ign:i.nt était rétribué par les parents et les élèves. Il y avait, en out.re, 9G écoles gratuites pour les deux sexes.

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Si l'on tient compte que Paris a maintenant 3,000,000 d'habitants, tandis qu'il n 'en avait que 600,000 sous Louis XV, on verra que la pro­portion du chiffre des écoles est à l 'avantage de l'époque de ,Louis XV.

Voulez-vous des témoignages non suspects? Entendez Taine: « Avant la Révolution, dit-il, les petites écoles étaient innombrables. Il y avait, avant 1789, vingt-cinq mille écoles primaires, fréquentées et efficaces, qui ne coùtaient rien au Trésor, presque rien aux contri­bualbles, très peu aux parents. Il y avait au moins 900 collèges (en­viron 300 de plus qu'aujourd 'hui) comptant 72,000 élèves. Il y ava.it 40,000 boursiers, tandis qu'aujourd'hui nou s en avons à peine 5000. »

Pendant et après la Révolution, il n 'y avait pas d 'instruction pu­blique. Elle ne fut sérieusement organisée que par la loi de 1833. Il Y avait dans les collèges 72,000 élèves avant 1789, mais en 180.0, il n'yen avait plus que 7000. Et ce n'est pas seulement Taine, c'est Portalis, Villemain qui nous disent que la Révolution tua l'instruction en pre­nant les biens du clergé qui faisaient vivre les écoles. La Révolution après avoir démoli, ne reconstn.üsit rien. Quand, dans la suite, on ouvrait un'e nouvelle école, les courtisans du pouvoir ne manquaient pas de s'écrier: Voyez le,s progrès de la civilisation et des lumières! Voyez notre supériorité sur les âges précédents! Et le lecteur ignorant et crédule, ne manquait pas de répondre: C'est vrai! Les uns igno­raient, et les autres faisaient semblant d 'ignor81' qu 'on ouvrait une école après en avoir fermé trois.

Et remarquez qu'avant 1789, les écoles populaires n 'étaient pHS seulement très nombreuses, mais encore presque toutes gratuites et. sérieusement gratuites. Au .i ourd'hui, nous avons la gratuité de l' en­seignement primaire. L'1nstruction ne coùte rien; c'est l'Etat qui paye, oui, mais où l'Etat prend-il d e l' ar gent ? Dans notre poch e, par les impôts de toute espèce. Et, au fond, qui est-ce qui paye les impôts? Tout le monde, et surtout l'ouvrier; car le commerçant peut rattraper ses impôts en élevant le prix de ses marchandises, le propriétaire en ·élevant le prix de ses loyers, mais l'ouvrier ne peut reporter sur d'autres le prix de ses impôts. Et il arrive souvent que l'ouvrier paye pour le riche, pour les enfants des riches qui sont élevés dans les lycées.

Combien donc l~OUS aurions tort d e verser des larmes attendries sur l 'ignorance de nos pères! Sans doute, on ne connaissait pas, avant 1789, les grands mots d 'instruction laïque9 obligatoire et gratuite. On ne faisait pas montre de l'enseigne, mais on possédait la réalité. L'Etat ne prétendait pas tout faire; il ne s 'était point fait maître d'école, maître de pension, marchand de soupe. Le résultat en était-il moins bon? Il est permis d 'en douter. L'Eglise était là à son poste, donnant à l 'enfant du peuple à peu près gratuitement une instruction suHisante dont les contribuables n 'avaient pas à supporter les fra is. »

Mgr GIBIER

(Conférences aux hommes: Bienfaits de l'Eglise).

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