l'ecole primaire, février 1923

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Ft1vrler 1928 (Î) !F{{ l DE LA · d ·édu<tation , (;'-' 6 Bulletin du MUSÉE PÉDAGOGIQUE L'Ecole primaire donne une dizaine de livraisons de 16 pages, la couverture y comprise, et autant de supplé- ments de 8-16 pages pendant l'année ordinaire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre). Par aD: Suisse fr. 8.50, Union postale fr. 4 Les se règlent par chèque postal Ile 56 ou à ce défaut contre remboursement. Annonces: 20 cent. la ligne sur toute la largeur 'l'out qui Ioe d.clt être & scn: géroent et [fcnd.oeteur, M. P. PIGNAT, oeu Dépoertement ete publique, à: Ston. ta valeur d'une école se mesure à, la valeur· des lectures

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Page 1: L'Ecole primaire, février 1923

vnt

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Ft1vrler 1928

(Î) !F{{ ~!r\l~J l DE LA

So~iêlé vala.i~aQI]e · d ·édu<tation ,

(;'-' 6 Bulletin du MUSÉE PÉDAGOGIQUE L'Ecole primaire donne une dizaine de livraisons de 16

pages, la couverture y comprise, et autant de supplé­ments de 8-16 pages pendant l'année ordinaire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre).

Par aD: Suisse fr. 8.50, Union postale fr. 4 Les abonne~ents se règlent par chèque postal Ile 56

ou à ce défaut contre remboursement. Annonces: 20 cent. la ligne sur toute la largeur

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ta valeur d'une école se mesure à, la valeur· des lectures

Page 2: L'Ecole primaire, février 1923

r ,

Sommaire de la feuille principale je suis instituteur. -·~L'école et le

1aître dans l'éducation populaire. -)uelques ·cwuses de l'inattention. -~es maux des mots. ·- iLe dessin à l'é­)le primaire. ,- lSuacès !Pédatg•o:g.ique. _ IS. ~François de Sa1les• et Yenseig.ne-ent professionnel. - ;Bibliograif?hie ..

-0-

Sommaire du supplément No 2 {\Cette annexe a 24 !pages)

IL'IA\mi de tous les jours. - Pour ~s ·Miss·ions afdcaincs. - -L'ouvrière. _ ;Mioi aussi je me marie ·(suite). --a~belle .de SaJVièse. - iEU'e avait ai­Lé.. •• ,- 1L'école et Fa·bandon de la ter­~ ._ Coureurs et ·marcheurs. - 'La ~ière du soir. - !·Ma~'Vina Cha uf.fe­mu. - Quitten '!Paris!... - ·Nos bons ieiUards. - La santé par l'exercice. -Variétés.

=:l::t.ot.t=

Le ]eune Catholique. !On 'lit dans 1le Valais: IΠnous r-evient que, polllr saluer .avec

~ie ;son r.éve11, la dlientèJ1e rde pe .cftlar-aJni 1périodi·que .prend tPOtlif 1923 les

tfO[Portio,ns Œ1es ,plus 1féjo~issél!I1tes. EAn E:fiet: par l' en~tr1am âlPiPOft.e de tous co­$ à s'v .albonner, on mani~este le ,pJ.ai­itr de son retour après l'éclipse œ-un n ,qu'ill .a dû eUlbi'L Aussi, l'au.ro.tïe de [ douzième .année s~annonce-t-elŒe i.an te .de ,prromesiSies ·co,mmie ISrOn â.g1e. ~~t .ce n'eStt Jlas sreu~ement en Valais U:e sa lféa~Pparition .est raip·pelée et fa­DrabŒemerut acou:ei·11ie, mais dans )tLte l.a partie ·catfuolique de !la Suisse omande, où l·e 1ptetît ioumal était déjà ~.antag;eusement connu ·bien avant ce Ulf. C''eslt: ainSi qu'en en pa!l"lant, l'esti-

1 té Bwlleün p~dŒ~Digiqu.e de Frvbourg, atr'allltlfes s'eXlprima.i.t à soo endroit, y a 2-3 an~ seU:11enten t, en oes termes g:ieuoc:

11

« Oehte dharma.nte !Pulb[ication réali· ,s,e pLehnemeni sa rdeviee: Ed~f~er, tns­tr.r.JJ.èr~, récr:éer. Le ·eontenu en convfent !P'ar~aitement à la jeuness·e: Toute~ les leotœr-es .s1ont édifiantes et llfiSitrudiVes. Les NlllllSttrations sont des mieux venues. Une . teille treViwe à l'usa~ de la g-ent .écoiHère 1se recommalll~e viv:ement à a'attention ,de tou.s .ceux :qut ont a ~'oc­ctÏ)pelf !d'écDuaation, et now~ souhaitons qru'~ebJ.e s1e 11épande à rpr:o·fust:on dans les écoll•es et les ·fami,Jl'es .cat'ho·hqu·es. »

lLa ~~ivraison 2 a rparu. Que tous œux qui ,désirent avoir la 1pub'lication à IP'artirr ·de i,anvier et pour to.ute l'an­née se !hâJt·ent ·donc d'~en in:fotfmer l'ad­minist.t1ation à ·qiU.i P:on ,peut s'adre3se~·, soit IPOU:r s'abonner (2 ~·r. l])ar an), so1t IPIO'll'r rooevoir un No rd'essai, ·en usant sim!Prremoot elle la f'ortmwle S\Uiva:nte:

.f e.un~ tC œfholl~q u~~ S t-M a1!trioe. •

~ >k

Sommaire .de la livraison de février: SS. te P1a1Pe Pie XI (avec portrait).

-- A ~'en·trée du. Carême (conseiJ.s à la i-eunesse). - Le r·eSjp.eat diu pain. ·­Les ·eX!périences .de Mla~léne. -- L~ 1petite bienfai:briœ. - L'h.onnête petit \Normand . ...,---- ILe 1petit :Mtautouro. -·Remontez le courant. - 'Enfants affa­rrnés de Rmssiie. ~- l Ja jeunesse. - Ce q:ui doit ·ar'river arriJVera. - Ill ne me paJlii:e .pius. -- Enifanoe de gtréllilldls hom­m.es. - Devoirs des en:fanltls enJVers 1eulfs par·ents (!Suite). - Sowrire d'un ra.von de s,oUeit - 'La JPif'O,miesse die rMaurtoe. - Le soir. - Se •CM''fÎ'gler. - T~a jeune 1fHle là ila maison. --- ·Heu­reuse enfant. - Sincérité récompen­sée. - Rtéareations.

-~~o~t=

An seuil du Carême A côté des pénitences co11PO!f·ellles, le

feûne et œes plfiv.ations, qiUJi ne peuvent être assuwées q'lte p.ar des santés ro-

-

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1

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!Y~es, il y a, ,dH: J.a .• ,lSema.in•e rca~o1Ji­.qtUe", une ioule 1de m·oà.ttifi1ca~1ons spiriL tUJeil[es qui, aJOCOnlJpllties .avec foi et dans ['intenüon die lféparer · ~e m1a:U commis, ne .S!Ont !Pas mtO'Ïln.S .a:gréaM1es 'à Celu.i là 1qJU] elles s' adiressren~. Oes moTtifi.ca .. tions~ m!oyten\S 1d'eXJpi·a~ion tqiU:i ont une ~nde tVaiLeur de\Tlant üie'u, ne peutvent n.u,ir:e à 1l1a srrunt!é d~autewn. Elles sont très nomhrem.ses. Les une.; conv1.ennent à tows· les ,iii.dèles: ce sont Iles sa.orifioes et Ues e!flf:orbs •Qiue demande tl' a.acoll1\pllisl::e­ment ,plus iP'atllf,ai.t de :oertains d:evo·irs qu.i .s'·impolsent à tous, comme la fuite du IP!édhé, /La /Pifière, 1'ihillll1l i!Jire, ~a soumis­sion à ffia volonté lde 1D~eu. ; ce s1eva la \lXÎV.affiiron de . pd.ai1SilfiS (p!ertn:is·; c:e ser:a encore oo ,certain snooce rou recu:eitLe­men~ 1qrui a..d~dler.ont nodir·e 1p.ùété. D'autr·es morntifiioa:hlons 1son~ iParrltÏicUJldères à 1l':é­. tart: tde ,dha1cun : ~ce sena UJtl reldoub1emenrt de 1feweux •dans une otbéitStsan·ce pllll's rp1arfutre, dans UJne ytitg~lance JPŒ'Us sou­itenue. A ces mori:iHcaJtions nous. pour .. lfion·s 1en ,a:jorwtet"t d'laut11es. Mai:s là n'i.m­IJJiOTbe fP!as l1e nombre. Que dhacun en 'oho.i1Siisse unte ou \deux rpou1r combattre son ·défau.t dominant; qu'i1l -&'y tienne avree énergie pendant ·'l·e 1aarêm'e et en­,cor.e · après. C'est ·le /Premier ,pas qui ('lOÛ~e. ld!it•on. Le !1Yf·emi~ pas se fera poo.idant' 'J.e car·ême, eXIœ!lJlente mortifi­cation. Allors nous a:urons tcom,pris ,)]a parrolre ,dJu. tdi~.i111 ·MlaÎJbre: « Je S~Uis venu appeJl:er J1es 1Pédh'e1111s 1à tla pén·:tence ». :Nows .a'SISUif·erons nortr.e •SaiJlwt 'SIUiV:ant .ootte autre IP·ar-ole': « 'Sii vous ne r11aites !Piénitence vous !Périrez tous. » Enfin, IPtrenant voŒmit,aiDement :t:a Cl11odx à 11·a Sltl.liltle de jésus. !llOtUJS: ~ti1eJ'Ions a:vec ,}ui dans }leS cieux rcar [a Croix est ~a d ·etf du !fllar adis! ·

Sommaire de la couverture ILe ,Jeune Cai!ho'li.que. - Au seui•l du Oarê­

me. - Cflfême et d!evoir rpa·s.~Ca.I'. - Biblio­g'ra!l)hies. ,_., Anno111œs, eijc.

m

Carême et devoir pascal A cette ooca<siolll, nous croyons utile de

ra,ppeler certaines ,presoriptions ecclésiasti­ques édictées ou renouvelées pour la · pré­sente année:

I. ABSTINENCE Vu la si.tuation économl'que touj01.1TS dif­

f.~He et Ja !Vie ·dhère des temps actuels, ii est penmis dans le diocèse de Sion de faire grrus tous les jou!l"s de l'année, eX!c~pté les jours suiwnts:

1. Tous les vendredis, à l'exception de ceux SJUT 1esque1s tombe une fête c!h.ômée en dehors du Carême.

2. Le mercredi des cendres et 1es ~ua.tre

vigiles de No'ëJl, de [a .Pentecôte, de J.' Assomp­tion et de :La Toussaint.

[.'usage Ide la viande est permis tous les autres ·jours de 1'.année et même plusieu.r~

iois par- jour . REMARQUES. - 1. On peut faire usage

de 1a graisse pour préparer les aliments, tou· te l'année.

2. On peut · prendre du bouiilon, toute l'an­lllée, même piusieu1is fois par jour.

3. On ,peut manger de la viande et du ,pois­son au même ,repas les jours où il est per.: mis de faiŒ"e g'r:rus.

4. L'usage des œu~s n'est pas interdit le meroredi des cend!l"es et ·le vendredi-saint.

5. Quand il y a ·foire .un .joiU!r d'albsti.nence, toU:S les halbitants de cef.te paroisse et tous ceux qui s'Y rendent sont dispensés de l?a!bs­,tinence, mais .ces dermors seulement aussi longfe111JPs qu'ils se tlfouvent sur le territoi-re de lia pa•roisse où la foire a lieu. ·

6. La loi de l'aŒ>stineoce oblige tous ceux qui ont sept ans accomp1is.

Ceux suî useront de ·1a per.miss~on de fai­re gras cornpenseTont œt adoucissement par une aUtttlône pécuniaire en faveur des œuvres diocésaines. A cet elfifet, une quête sera faite, le premier dimalllc!he du calf'ême, d·ans toutes les ég%ses. La moitié de cette quête es.t des­tinée aux reUNres paroissiales. L'au.tre moi­tié sera OOIV'oyée, awant ·Pâr<:tue~s, là ~la Chan· ceUerie épis-co!Pale.

Page 3: L'Ecole primaire, février 1923

ti. .LOI ùU jBUNE: 1La per.mis,sion de faire gras ne diS!pense

pas du jeûne. Cette obligation regarde tous les 'fidëles dtWUJÏ·s la 21 me année acco1TIIP1ie jusc1u'à ·J.a 60me année commencée s'ils ne sont exemptés powr des rai sons légHimes .

Le jeûne est obi igatoire: · a) 1e mercredi des cendres et le vendredi­

saint; lb) les vigi1les !cl.e Noël, de qa Pentecôte, de

l' Assom!Ption et de la Tous-saint. Personne n'est tenu sous peine de péché d 'dbserver le jefme les a.utres jours de Pannée.

M.aiLgrê .cet adoucis1sement, ,les fidè1les •vou­dront bien se ra[J!PC'ler que la loi ldivine dè la

1pénitence et de l'rubnégation demeure dans toute sa force. Lo.l'ls donc que le jeûne est .u.ne forme de moriirfication très .agréable à Dieu, il est recommandé aux fi.dèqes, à qui leur éta<t de santé le permet, de pmti<;,uer la ·gu-ande loi du renoncement en s'imposant des jeûnes oo des abstinences vdlon1aires. lis seront pour le moins soucieux d'observer. exactement les quelques prescriptions de jeû­ne qui subsistent encore.

III. DEVOŒR PASC~L Min que tous les fidèles d'Il diocèse .rem

plissent leU[' devoir pascrul par une bonne conlfession ef une bonne communion, i1 es1 OTdonné ce qui suit:

1. .Pe11JCLant le aarême, on s'abs-tiendra des joui.ssance.s et des .amusements pub1ks, tels que danses, théâlt.res, etc.

IMM. Jes 1(JU['és [eront deux <fois par semaine le cŒtemin de 'M. Oroix, un jour ·avec Œes en­~a~nts des école·s., un jour avec les autres pa­roissiens. ,Après le chemin de la Oroix, on récitera les litanies du Cœu.r sacré de Jésus .

Entre le IVme dimanche de carême Jusqu'·à Pâ.ques, il y wra un trï:duum dJans toutes les ég«iiSes .paroissiales: Instruction - LHanies du Cœu1f SlalCré de Jésus, en présence du saint Sacrement ,......, Bénédiction.

iDan's œs trois 4nst.ruotions., i;l sera r3.1p· pelé aux paroissiens les prind1pales conditions .pour lfeœvoir dignement Je sacrement de tJé­nitenœ.

IV

11..e tetqpS pendlant lequel on· peurt rempUr le devoir pa.sca:l est fixé, pour tout le ldio­cès~, du dima.ndhe de la Passion au premier après Pâques.

Ceux auxquels le service militaire ne per­mettrait pas de reitl[J[ilf le deJV.oir ,pascal dans le ternps prescrit peuvent le faire plu·s tôt. ·

V. !BONNES ŒUVRES H est recommandé vivemen~ aux dio<:é­

sains, qu'an4me ['eSjprit de foi et (de dharité, les œuvres du Denier de St-Pierre, de Pa­mélioration des bénéfices ecdlési.astiques, des Vocations saœrfd:o1:aJes , des œuvres de charité reoommandées pa·r les Evêques de :a Suisse, des OIJPhe1inats du diocèse, des Mios­sion iniérièur-es

7 de •la Prqpagrution de la foi,

de ·la Sainfe.,Enf.anœ, de Sf-IFr:ançois de Sa­lles et l'œUNre 'CatlholiG.·tte internationa:e pour :la protection de la jeune fil:le.

=:!:~:o~:t=

La g1·ande dame et le savant n est des gens qui croient vo'ontierl3 que

iJJa re[igion est toute dans la croyance au dogme et }a pratique des exercices Telig.ieux !Prescrits par 1'EgUise. El[es sont d:all!S une profonde erreur, ca·r on peut se .soume~tre à toutes ies lois et à towtes les pra tic1ues de ;l''Bg1lise que tout œla ne COIIl1Jpfe pour rien tievant Dieu, si l'on ne .coofonne pas sa co11!CLuMe à ces mani~estations extérieu1fes de ;la foi. Voici à ce sujet un curieux exem!Ple dont j'ai été le témoin.

Une dame du mei!Jleur monde passait, dans s-a petite vi111.e de province, !POUr un modè~e de piété, de dévotion. :BlJle a11.ait ohaque jour entendre les martines, e llie 'f·aisait parti.e de) toutes ~es conlfréries _religieuses, eUe avait fait don d'une bannière dcfttemen1: brodée à l'égilise de sa paro is~e, elle était enfin de toutes 1es œuvres pies e,f de toutes les pro· cessions.

Au nom!bre 'des pa·uvres .qui frappa:ien~ discrètement à sa porte, 1se trouvait un jeu~ ne garçon d'une diz.aine d'années·, jo'li blon­din à 1a mine &eiUée. Son père, ouvrier dhar-

' ECOLE ~~~~

~ PRIMAIRE ORGANE DE LA

SOCIETE VALAISA:I:IE

D'ED UCATIO:H

Pensée

IL'édiu!Ca teUlr esi -un :ru i'ssea'll cadhé cLatl·s IJ. ~heroe: le ruis,seau, é\dha\Pipant a/U'X regaifP·~· , humecte de s'on on.'Clle bien{ais1runte les ra.ct­noo d:es pla'll'tes et 1eulf Iai t !Pousser des bour­geons ~t des II\leurs. L'insJti1tuteur, c~ché cLans une ih1u:m!llle saillie kf'élco\l~, ~·ait au1sS·l pous.s.er des 'bowgeonJs et des IPleu:l'!s; i'l jpY:é:patne une doltllb[e 'rêcollte: pour le ciel et jp'OU'r l'a so· ci été.

=:t.tot~:=

Je suis instituteur Des btilrd8 'de la librl.e S~e: ]te sui1s ins~i1u~eur. c'"eSit-à-ldlir.e: j'ai

reçu. die ·Dieu, par Pintermédiaive die m.es swplédeurs, ~a mis1S1ion d'é1e!VIer __ les en~ants doiJJ.t l"lédru•c!atio:n m"esli: ·co~nfiée. ,(l,e leulf enseigner d'u.tiŒ.es vérités, de IJeJs. .conduire dans la vo,ie die ~a sag'es­se et de 'la crainte ·die ·Di·eru. Ma l!!is­·sion -est donc là la fo~i s nobrr·e et impor­tante. ' Comm~e insrtituteur, ma reS!P!O,nsabilli­

rbé eslb ~très gtran:de ; .i·e ldlori'S tenir l1a ,paa-

SION, Février 1923

,ae elles JPaQ1ents .qu:i m',envoi·ent leurs ~~­rfants à l''éco[e.; je dois 1être I~e )père SIJ?ll­ritu·e!l Ide ~to,us mes élè\nes ~ ve.ni.:r en. aide aux )parents ,pour l'léldlllcation. 1dle :I·eu~rs enfants; -et, mêm,e, . tda:ns la me-sure de m10s for ces, ,supjplléer à ce que l'·édwca­H on p. a telf'nelŒ~e ,pou rr.a.i t avoir d 'î.n com­pè.e:t. Bour aŒiriver .à m.on burt:, d: ·q'Ue1 a:mour paternel ne do·is-je 1Pas :etre a-nimlé? , .

!Comme instituteur, k su.is. ['e ,p1ept-n iérisre ;de ~a leunesse -d~!un viUa·Q'e, ld'~e commune; ·a!Pit'·ès avoir reçu par ' mes soins toute ba ·cullture nécessaire, ces i'eu\Iles p~ants SJeront un ioutr tr.ans­~Ja.a:r.tés. Ues !J}aiN~il,_ts auront 1.e .dlroit d"att·endre de moi de b.o:n..s ,p[ants. c'est-8.-,diire Jdies en~f.ant1s 'Ohéis~sants et fies-1n·eiC!tueUJX. ldJes ouvriers labnrieux et fi­ldlèO.es, dies JPÈWe:s. soucieux diu bonheur dk~ lewrs enfanifu.: l"E,gi1i,se .attend des ICa~!lloiLiques pr,atiqu.oots. die ICOIUira.geux i~ !éren. seurs .d!e la f8i, de futurs élus.

1 Lo~slqu.e ces lféSIU~tals ser.ont atteints, · a1lon; seuŒem~ent i'au.ra.i ·te IPŒ1a~sir de me diir·e: « Tu as bien s.oi·glllé ta p:épi-

Page 4: L'Ecole primaire, février 1923

nièke: J-es !PŒ anis ont donné d!es a!flhr~s .qui rartJJPOirtent dies fruits .et dies Fr:uits eX!oelllen ts. »

Or, si en ;qua[ité d'insitùtuteu~r je .dlois aider l,es IP 'a'r,eni:s.~ , a a commune, i'Btat et l'1E1gllise à ohtenir die P~nfan­œ tant d'hewroox réS1V1tats, ne f.aillt-il pas ·que i';emjp[oie tourt m.on teii11Ps et tou~es mes for~aes IP'Our l}êpondre à une aussi gTandJe -adrt.ente ? Q:twHe res,pün­sahilité m'imiPio'se rla ·dhar,ge d''éduca­teur -:de [a jeunesse! [En :qualité d'ins~­tituteur, Die-u m'a él1evé p1ou,r ainsi di­re à la dlignlire d'an~e g.ar:dien ·fi's,iJbilie; i[ m'a olt'tdonné, <Comme à ses a:nœes, ,dJe pr,oodlre soin diu s~alu~- des enfants -qui me sont -oonHés et ,d'e ~es tpor~~er, ~à J-euJ." exemp[e, dans mes brras. :a1f.in . qu'ïl!s ne hetu-.tent ,pa:s du . .P'ied ~contDe la pierre. -M1on emjpllo-i a dio ne de la r-essemibilan­œ avec ~cel·ui de-s .an'_g;es gaifldioos:: le llwr · c''est d'instruif1e, 'de condluiTe l:es bi·en ... a:im'âs :die Di,eu et dest auJSs'i 1 e mi.en; pui8!que ie dJotis faire vis:ib[ement ce qu''i!Ls font invi!sib[-emoot, n:9·s dHents soillt les mêmes, ,et ces dients, q1ui no'u's sont ~comrnuns, ·ae ne sont pas seulement des enrtants de pri.naes, de nob~es., de ridhes, mais 1oe 'S'on!V des enfants ld))une o!l"'i!g1ine )p!liurs lêlervrée, ce •sront 1dles. enfants catholiques, dont [e \Roi Ides· rois est le pèr.e: ce !Sont ~es renfants ,chéris 'die Dieu. Or, iPUisrqrt.te 1Dieu a -daig111é m.e d1ar:g-er ()Je il'inSÏ.gltle ihon~nellir rd~insttlfu·jTe ·œs ~enrdln~s -enfa111ts Ide areu.r -sutb:time ori.~i­n·e, ie :d!o-ils rsudout !l-eur ~a!Pl~endre à Le ,connaître, ·Lui ~·eull id1,gne d'a.do.ra.tion; nreu!f IP1arr!ler die SI01n am·OU.f Î!ne:fltlahle !JJ-O·lllr a es/hommes., 1~-ur IP-a raer 1d!u. ro-y au­me qui 11eur a été ;préparé dès le com­men-cement diu- !m·on-de. Conséq·uemment, !0.-e ld.o,is-ie IP'a!S m1oi-mtême dreNJenir !dans Œa main ld1e Dieu un in-str.ument conve­n.a.bffie 1POU1r IPrO'CU!l"'elf ile :sa1<Url: à un sd 1g--r.an,dl nomlbrre 'd'iârrnes? . . rUn vieux de la vieille (!,arde

pédaf!.ogique. =tt ott=

10

L'école et le maître dans l'éducation populaire

IOn nous écrit 1du Centre: 1Le rôiLe ,die l'léco[·e pifimair.e consisrt:e,

sans diou-te, à doter de. Œ'ins1truotion él~­mentaire Œ-es .enfants diu. rp-ewplLe ~ mals­si J'inS!tHu~eur bornait là tou.s s.es ef­lfcirts ill n'acJcompdi!Iiairt ,point to'u.rte la. ~âldh~ qui 'lui est .im1PO!S1ée. L'·en.fant ~dni~ sortir de l' écOile muni des .armres .qwt lw sont néaessaiT,es dlatn's la liUMe pou.r la 'Vie aujouŒ1dJ'hui rpŒ'us acharnée que ia­ma'is. 1L'inslt:ruotion, ~év~dlemment, rlui est ind!iiSJPen:salJ.J..e; ma-is aŒ ne fau~ ;p.~i~nt :que le iewne h!omm.e se fass,e 1'1UuSllon B'u:r ae point. et .s'im,ag-ine que ses ·COI11-narils!s,ances, tourt étendues qu'elil~es peu~ v·ent être, Œui su:ffi-rotiLt IPOIU\r fadre son rdhemin !dans la .sodrétté. C'est...;à-Kltilre, comme on l'a dlit miafte }ois., ·que l-e $a­IVOk ne co111s.titue point l'lhomme com­IP4et, et qu'ill faut foindire l'réJdurcraHon ~ rl"~illlsrfu'tu:ati-on. :L'ëoo[e 'ldoi,t don-c ·co,i1t.n­buer autant 'q-u.'il ee peut, -à form-er ,cJhez''l',enfant ~I,a pelfs,onne moŒlaae, à lui in~IPiif·e-r l'amoUJr dlu tt·èivlail, .à Œu·i don­[ler 1':amou.r de la I!Jlf1ohii!é, de l'oT·dlfe et ide 1'-éco,n.omie, sa[lls nég1tig1er, au co:n­trairre, 1de :bui ;inSjp·ker. envw.s ses sem­tttabŒ-eJS', rdJes sentiments die •c!hlari té, de œ.r.atemité et die socrï,darr:i-té sodales. Si, !à .oes srentimoo.!l-s, ne viennent rpo-int Ise i.oindlre, 'Ce ·q·ui serait d'ai1l!Leur1s un non -serris, des fenm,en.ts _secreJIJs rd'égoY·sme et rcf'envie l'enfant sena p[us !f:alfrdJ, autant qu'irl e~lt ;po~ssihllie, heureux en fu''a!vail-1/ant, et saJt.islLaiÎt de lui-même en rem­\Plissatllt Sles ,devoirs 'd'lhomme et ·de ci­toyen.

·An.trSJSi rla re:SjponsabUi<té 1dlu maître es~-eJl[re consk1Jérah11e. La sodére artltend dle illllli d!es éllè!Ves viéritabi}ement éalai­Tés, -q-ui .auront su:cé .do1mme aVree le lait Ides -ildée~ lcte srbri ote i u:sHce et ·die sag-e tolléranoe, et q.ui · aurornt contradé, dès l'éco'le, -dies ~habitudes ld ~e!SlP'rit t mo-des­tes, au Heu Ide l''ortllfrriecuidance sowven.t instliPIPOrta'hrre de nos jeune~s ~ens :d'au-

io'u~iPhui. No's écoil,es !Pf'imaires 111,e idoi­ve:nt 1p1oin.t .f1onme-r cires aii'o-yens ja:loux ~-~esr uns des1 aJUibJ.·-es, IPŒeins ~de haine porur oeux de 1-eu,rlS ému:les q-ui (S-emb[-ent réu.s­s:itr et :toufoUJriS iPitlêJt:S à .aJPjpQ,aUidir a1UX :d!é~lama,tions éterne~les des mécontents et des ~auteulf!s die diéSJO'T'dre.

,L'i:n:slfHuteur peut d'ailll,eurs exer~aer ISilllr l'él1è/v.e u111e f1éeŒl~e in.flluence éduca­th"e paT .sron eXIemlplle, parr ·sres •leçons et par ses consevlls. Ce rdo i.t -êir·e un cito­VJen rmordlële, t1001IP~i'SIS1atl1t SlCU"U/PU1.eus,e­ment tous sres de~oirs 11JU1biN·as .et :Ptr'ir\rés .. et 1diont 1e SIOUIVCil1.'Îtr do.it t"eslbef ·C0ffiil11e

un .Plrésemv-atif mor al dan·s le cœwr de U'é/llèl\ne. ~Dan-s to-utes ~es -l,eçons, · S[PÔcia­[,emerl.'t dlans Jcem.es. de m~oi-ale, d''ins­trudion civique et ·d'-étcononii.e IPIO'lihl­que, il s'·efdlorr-,oer.a -d'e.xnJorser rdl.airem·ent tes dlev.ai11s dle Fhomlme et .du. citoyen. Sans plfétooJdre qu'il .d)oive (pré3.e:u.ter à l'enfant !COmme partfaitte Œ"O'fg'3!ll':S.a.;, ti-0[1 -dJe la sro'Ciélté a:otue:Iffie, on :peut ce­rpendant llu.i demanlder de !prémunir son é1.èive contre Ires SJYfsltèmes de~ UJtorpiSJtes mo,dler!l1es, qui vouidlraient ~suhstitu·~ à c~te srodébé je n·e sad·s IQ'Uel,rég"ime sous llieJqtt!le[ idlisnJialf-aî:tii'aient toute liberté ~e~t lto.urte initiwti'Ve. A ses leçon·s 1Ï'l iïo1n­,dlr-a de blennes ledur'e~S faites dlwns. les o:UJvra.2;1es prêtés aux enfants ,pou:r être [:us 1darns ~a fam,iatle et dont il se ~era lPBnidlre ·aomjplte or.aiTement et par écrit.

'Le maî1lr·e _peut e-t doH :o~roJonger son infiJ.Iuence édurca.trke au-Jdelià ide 1'éco­a.~e. et ·ceŒ·a rl1ui s-era -d''aiJ,leuf]s a'Ssez rfa­lèi[e. Dans ,oe brut il lui faudra or,g-ani­!Ster .Ul!l ~cours d'adiulrf.,es s'ri n'"y en. a ,dJé­!là wn Jdans la commune, et là, ill pou:rra dlonnerr aux ·i-eunes 1g1ens. les l-eçons et ~. es clons~eils ·de ll'écolle !!Jirimaire. En ou­trie l''ins~i~ute~ur, clhez l·Ui et au ,dlehurrs, idans ses conversati-ons, n-e ~ceSJs,era de I)J!recon-i·ser les i1dlées ,q·u''iil enseigtne iCtans sa o1aisse, e.t, ·sans 1doute, sa rdou:ce in­l:flluence, mise au serVJice de sa parole iho111nê\te et convain,cue, agira su:r J',es­prit die ~s concito:vens et les dJéfendra

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contre ·cetf'ta,ines tJhéories ptlus ou mo-ins dangereuoos, mallheureusement tro~p ré­IP,anld1ues awjoUJ11d-'lhui, sllltlitout :dans les centres. C'esrt: .ains~i =que l'instituteur doit remjp[iif sa m:i-ssiion sad-aile d'~édu­roaiteu;r ,puibŒrk, sulftou~ à wne épo·q u.e où a'ind/ép~endance tdJes es)p:rits et des mJœwns [le semlb[e gluè\re co!lltrihu.er à a~dor;oîtr'e l'ienergrie dles caractères et à Jcons.oilider l'union des citoyoos.

V n prés~dent de coVll)J'nissiJ(),n scolaVr.e.

=:Çtott= Quelques causes de l'inattention Le maîtne -se 1 di~penlse en ~est~s, -en

1p,aroles sornor-es·, et rr'éllè've, les ye·ux telf­nes. et P'a!Pi!l1<Dnnant de tout -côté, <bal-an­'~e ~un p~~ed!, courdloie [.e voi'sin, bai:l1e. et s-'ennuie. ·

IPauMre· m·avtr·e ! t-u t'animes, tu t'·é~ 1dhawflres, tu: oora,~eSI, tu ·cries -et tiU n'es U)'a'S mêm-e écou~é. T1u n'es pas éoouté, ·et fu .te .fâiches roonrtre 11 ~élèvle. ·co[l tr-e .l'innotaent; tu 'Je IP!Unis et tu. ~parg<nes Ue f{r and co.ujpalbl1e, tu ne l,e ~conn ai-s-jpa:S fnlême. - Oomttnent 11Jia:S'? - Mats le gn-an dl coupoabŒe, celui qu'iŒ fa,u~drait , sllif·tou:t punir, JC'es~ rto-i ... oui, toi. L'é~ 1'è1V1e est jnattent,if, mais ;q1u''y a-il:-i!l d'é­tolllnant ? Ne l'es-<tu pas SiO·wvent toi­même ? OomJbien Ide ~o~s as-tu écouté· [,a fin ldl'·un long ~serml(m ? N'as-tu. ja­mais étlé iCllirS!hrait, idan's ,une conVJersa­ti:on~ qui se JPirO'lronwe ? All~ons donc. tu tJe r1eJPr-en,dJs à eth-arque in'Sitanrt -die ta pre­sente 11eçon ! Plou·rqtt;·oi te -Fâoher arlors si l'léllèw.e qu1e tu as 1fati~ué d!éf.à .piar plliUJsi~ewrrs 1l·eço111:s où sO!n eS{Prit -était tout tentdlu, ne peut. pllius t'lécouter maiinte­nant ? - T11.1 aimes là en1boodlt1e, :qiUanrd ~u ll{)n.g.es un ruisiSeau, ie hruit die ses' üasJcarte[aes, -le mwr:mllltre 1die ses eaux Qltti cou!l"';ent rdJoos '11es· herbes et -1eurr doux {.rémistsle:ment 'l<orS/qu'e1Jl'es se jouent a­VIeic l1e ga-·aiJU de sahŒ·e; mais ifu, me t'ex­tasi·es )g-uère IPOU.r l'écouter au mrêm-e en­!d)r.oit. Tu aimes 1-e ~r·ais coum id1eaiU,

Page 5: L'Ecole primaire, février 1923

m·ais siew1ement dlans ~sa vadété. Que tes lleQons ne son:t:-e1Jles ·COmm·e lui ! rpJoull."lqluoi, JP'O·llir les Vlarier, n'y !PtDint mêler ~e lfadle aœ difffiicile. ,ée qui re­PO'se à oe ,qui fatilgue!

Quand grr-and'mam·an, ~dans &es hlis­tori.res, me :racon•bait l~es ma[h-eurs d'u.n ~arçon inno~cent ou l1es 1e~nuis d~une lfliUe veciueus:e, i'l§tais to.u't oreiUe :pou1r l'léJcou.ter cl ;,e !Pileura.is. ie çorrupatis­sais, j.e ·che11dhais remède à tewrs maux. 'EŒ[Ie p10u:v:ait bien ensuite m'e p'a.rler d'aurt:re chose, m.ailS, tout à S'O'il dernier recit, ie ne ll'éaourtJais p[us; et SiÏ salma;n rildée v.enaiit ca:ress,er ma iiou,e, <~Merci, bonne gtran.dL'mèir'e, lJUi dJi'sais-j.e, votre ·rtécit de ~out à l'heure tp·e fait pleurer. .Laissez V~o,trre no·wveU:lor~ histoir,e pour (l)emain, v;ous \pourriez vous rf1atig1uer.»

En réalité, ·Oe n'êtad·t ,pas tant ·sa fa­tif!U!e 1Q1Ue ; ~e redloulilai·s; mai1s an.on es­prit in.g;énieux ,avait besoin de r~venir sÙI!" l'hisfuir.e ·q/U.i l'avait tant fll"a~é. - Si \dans votlre dasiSie, l~e sd1ence .esrt: pa'l'lfait, Sli· vos éiJ.èJv.es s1ont aussi immo-· biŒes ·que des 1Sai.nts ide bro,~s (tOeJoi artd­'ve) , si ViO'lliS les voy.ez comme sus!pendus à IVO·S LèJVJ"eSI, sadb:ez que vo·tre \leçon est in~éressante et 1prof:itabŒ,e; mais s.a·chez ~WJSJsi q·ue ileur es)Pifd:f dioH hien se fa ti­Jl!Uetr et qlll )ji'l ne fa uidr a pas atten>difle ilia même .a·tnenHon 1PtOUT Œa leQ0·1 sui­~an~e. Laissez arr'ors 1·ettr .es)Prit se com,p1laire 1dlallliS Cie ,que vous leur avez dit et ~o~c:cu!Pez-Œ:es à un trava.H qui de­mande peu d'attention.

1M. 1-e rlég~ent, ·vnous êtes int·ellli'gent: vou'S rais.onnez comme un ,pllülosopihe, vous con111aissez ta IPhVISique, 1a dh;mie, qlUe sais-ie ? C'est 1très .hien, .et d'autant l])[·ws h'onoŒ".aba,e. Qui ~contesïter.a qu.e vrous êteS: srtt!Périeutf en ISaV!oir à vo~s é­llèves? On ·sai~t ae'la; pom.lqu,oi a~ ors \f10~.d:o ir le idlém onltr.e:r VJOIUISI-om:êtne ;par des rais.mlnem~en,ts tdie «Je ,pose .... , or ... , dhnc ... », ei 1P1ar d~ ltünglues dissérta­Hon.s 'qui ~er.ai~ent J.,e rêgJal ,d'un s·avan.t? Vows p1adez hien, pou~rr.aioot: dlire vos

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éJlè'VleS, mais: ll<OUS somm,es dOmme l'a­nim,a[ de la fablhe qu,i ne voyai.t rien da111s la tl:anterr-ne. On V'OUS· .a;pjplliaUidi­~r.ait là T'alcaJdémie, mais 0:11 ne vou$ é­cou,te pas à Œ'écoile rPI"imaine. Vo.tr.e le­ço!Il aurait eu toutes les qrwalitbés H au­r~ait tProdluit :SŒl :lir,wit si V'OU'S eussiez été simple, si vous ne vous fussiez éle­vé a'u-dessus du niveau de vos élèves.

=~:tott=

Les maux des mots rv ous venez de faire une beUe leçon.

\!lous ·.aJVez bien par1Lé. Viou's a!Vez miê­me WOJP !}Ja1dlé. VDus awz peiné. Vous awez Slllé. VoUJs .a~ez sou:ffllé. A!Près que VJOÜ·e main a ,eu., hien rleJP~aSislé P'ar~out OÙ eiTŒe JétaH IP·aSlSJée, JVlOiU'S avez ~dit: « Tout J,e m·ondle .a com1pr.is ? » Et com­me tout 1e m·olll'dle a, d'entftl'ous:iasrn:e, ac)qUJi·estlé, vlOus vous êtes rendu. ·iusti­œ, en ~raduis1ant en ilang:ag'e c!lair, .J,e ~émoigmag,e C.e v~ortr·e ~con~Sdence, so·US. Œa ioll."me d~u.n pŒan~ur;eux: «C'1eSrt bi,en». :,M,oi, ire veux lblien aussi. Vo,us .êtes. un brave hom!me :d'ïnstitueeur. A Dieu ne pil'ai:s'e q,ue 'ie trroubll,e, en q!lloi qtu.e ·ce S·Oit, la s(érén.ité ·d~e VO·flfle ex~ériori'sation tlle conSICÏ·ence ! M·ais, si VOU!S VlOlt!l,ez, f,aisons une exjplérienœ.

Voici 'les enflan~s. 1ranglés le long du mur. « Y a~,.,n des soUJ!1dls ;p ar.m'i VOUt)·? 'Non, tan,t m,i,eux! Jie sui1s sûr qu'il n'y a p,as die m·enteur.s. Et vou~s Vlenez d~·as­

.'SlUII'err qlue vous comjplfleniez !hien. C',est /dJo!Ilc 1p,arfai't . . . .1e IV~ais ldliT·e 'q·u,elques mJo~s là I'oreinl1e ld'u IPDOOÙer ·qui [e ré­.pè)flera, ·en Œa m!êm•e ·fonrne au· d!eruxième, rfeqluell [e rr1eJdlira au· {ll."o ,iJs:ièm~ -et ainsd de SU>irbe ». Vloid rq!Ui eslt :~ait. Et, le 'dernier dh!111dhotement tomhé: « \lieux .. tu d['re, ld~nnier ce que 1l'on ~'a !dit? ..__ 'M,on­s,ieuŒ", mon Jpèl'le pllianter:a dlesi haricots w~rlts. - 'E1t toi, IP'r,eniier, veux-ru réplé­Mr to;Uit haJU!t ,oe IQitle i•e t'ai gU:i Sis:é ~out !bas? - .Aiu:jour1d'1hu.i i;l IP~eut, si de­ma,in i~ rfait ihea:u j'iTali à la, iP'êche! »

1lête l_glooéraŒe ldles, exécutants et . . :

idu !Partterr·e. IOo'm,ment i~a IP!reinn_ère. plhlr:a~e rlell:ative éliU tlem,p·s: ·et à la p1ê'ch'e, eSit-eJlJlie tdev1enrue :une ~arf\f1inmation rele­v,an.t ld\e ll'hJorltücu[th.rr.e 1platern.el~e? Si n.ous le reclherclhions, ill'OU1S1 ci:II'OUV1erio·ns là rchaque iP,asJs~agle ~oo déforma ti ons pa.rtiouï!ières dont le tota[ nous .a sur­Pir·is. Ge q!Ui nous irn:t!éres1s'e aujou~d'hui ~'eSJt :la 1dëmons1tlration de 'oe lf,ait que, [nlême quand . un ~enfant, ~et SIOiu.vent, ~rès sou.vJoolt, vm.e ;g~rantde .1Pers1onne af­firme qu~eJ1/lie a 'com!Pif.is, i1 lfaut 1dem!eu­~er, ,s\oep1bilqillle. 'LiVlrez-w>O'US, fl)·ar ·exem­ple au ,petit i'eu 'QiUÏ' rconsislte .à ~ai1r•e ré­s:u~er p1a11.1 lq!udqu'UJn un .artidl;e 'qu'il vient .elle lline! Notez 1q1u·e c:e 'qiU'e11ql11'un nmut ènre vows-mtême! Et vows me dir,ei ViOS constata1Ji.ons!

IŒ' fau~ !dOillJC, )q\Ualllid [}'01UtS -par~·Oil1S a·ux ~en:Ean.ts, ,q1ue nous m~etttion,Si l''i,dée q•u·e nous V!Oitt:I.'Dns faire « l<eur » ~en un~ lumiè\Iie te]le ·Q u,e ~~e liang age em\plo,ylé ne 'soi;t 'Q1U''o:mbr·e ·e1 plénom.lht·e ldont i1J 111:e resrte lP'res\qJue rien. L'i:dlée s~utl1e doit dlemewrer. Et, pour Il a tr·adiu·ire à so,n rüour, 1c'h.acun idles .enfanlbs :qui ·CDmipo­se!Ilt 'V'Otfl'le attdfi~toirle :d'oit ne ·pas avoir lb'esoin Ide se ra-cJcro,cher ~aux mots do·nt vous vo,u-s 'êtes slertVi. S13il11S quoi, vous R' a\Tiez \Till, Ja rpartie :die !P'ÊlcJhe se tr:an.s­~Qilime en g·ar!den1p:ar!ly. ·L''idlée doit être telJJ}jement ldeVïenue :si,enne, ~eil~e s'iesil: s1i bien inoo~ritJ!O'rlée à 1·ui, ·qu''il es1t l'lli-mê­m.e ,quarndl dŒ lla tra·dJuit. « Ellile n'.est .p,Lus Vli'andle ·r.eg'lor:,gtée; eJJl,e :e~rt Viiande difté­:rée. E[[e 111''es~ ,P1J\u.s ni thym, ni mar·i'o­~ a in e ~ En ne est tm·iell. »

1Et aerci 1es1t diff:iJOj\JJe. Nos entt·anfs, nais­slent tflr:ellloills. ·D''auraun-s 1e ldlemeurent ~ou1te leuŒ" iV\i1e. Bt 'C'~es~ bien oe 'qui est moll'te1 /P'Oillr lll!11Je .d!émo:cra!tie. So-uveli1ez­vou's q1ue no,ws éldlu,qJUons d!et3. 1pr:inces, \)JU.Î'Squ,e Œe !P•eUjpl}ie e!Stt iSOU:V.er.ai.ri1• U f1au.t

~en ~aitre des .alheiŒh:1& ,poucr:- J.1e sa'lut ·de :la 61ociété. 'Elt., lnorr-s, s:i !Vlcm·s· y !JJ·anne!l ez lqltt~mqiU,e peu, ·ce 111~eslt p[lu1s un « Bien » iJJŒi3Jn.tur.eux 1q'ue votl.t!s ld'~ater a vo~Œ"e ,cons­oi~enlc,e, m~a[ls run 1·a.r~e .et m,agà:stral

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« 1irèis bien». T~raiV.a.iMons dlonc pOtur i1e StUIJ)erla,tif. l Mélfii·on~s~-n'OiU!S· dies m.o.t.s ;d'où vJ,enneni tou1s nos maux!

( 1 ounnkcl 'des institut~W,ns et des in,s. titutri'ces).

=~:~:o~::~~

Le dessin à l'école primaire Ill .es\t certain ·q,u'à iPJremiè'r·e vue, on

.s1erant tenté ~de trouver SUJp:errfltU 1Pensei­\Q:In,emell!t dJu d\essh~ à Il '.éco~e JPrimradr-e ; l~a 'le.otwre, l'éor.iifrure, l'o.Pthog-ra:p:hte, le ca~cu[ s'emibll,enif: dev.oir v rlé.gner en maî­tres a:bsolus. Cepenldant, si l'on veut IJ)lftm>dre la IPein.e d' étu.d~er de 1plLu,s iPII"ès ~Jes avantages ides autres bll."an.cÙlleS d'en­!Sei,glllemoo,t, ün sen1t leur 'utilité, .et l'01n ~:loit arPlPŒaudir à 1'id!ée g1énéreu:se q1ui ['ell'r a farit un,e pŒace 'à ·côté des Jétlu.dies que nous avons p!f1écédemment ciMes.

IP~o~ur ne patiler que idlu dieSJSirn, q-ui doit o·acu!p1err aujourid~hJu~i no·tr1e ,cause­lfie, nous ·dli'SOID.IS' qu'e .aed:te innovalbi,on ~eslt ·de -oe1IT1es .qui s.'im!PO&e!llt ;par t~eur ~utmitlé .Pli' a tilqu·e. ·

'En e±lfet, ,},e 'dles1sàn e:xter:ce le 1CI01UJp d 'œil[, llie roo1d sŒr et :dléllkat: tiŒ dél\neJlbp­oe l'obtS!etrv.a,tion, d'onme la rectitu1d:e .au i.uglement, :rend 1a ~main hahiŒ1e en per­~ec~Ïonnant l,e towoher, il fait vaJoir 'le bon glüùt, id\éve[OfP\Pe lleJs ildlées g.r:adeu­se:s et oon:s1titue aussi' tla .Pil'w~ ·clharm,an­te Ides d1stfladions.

E<fïant données: ces. nom.lbrreuses qua­cr.itéts, Œ1e but dlu 1Jég'is11a~ewr es~t 1lüen. f.a­tdŒe à diéterminer: lU a Vtoullu: :dlévffi'OiP­;r-:·er l·es q1u.-aiTî~és artistiq;wes ide notre ie!UI!1Jestse: !P'f!~P'alier V..ille ~g:énéra:Uion d'ou.vtfierrs p[,us lhaibil'es d : td'emjp·ltoyés in rbeaJ1igen~s. H a vou.)}u domlbattre prar n/3. la concu·rrence IQil.ti nous envahit tou5 ~les ·i·OUfS. Dl a VOUIT'll: d'onner à totUS .le'S movens ·de tirer llie m,eiŒ1eu'r JP·arti pos­silbll'e \die aa s.ituélltion qu~i'ls ·SO!Ilt arPIP•ew ,J.és à o·acwper. E[l. ·eflfett. le 'cuMivateU'r n'a-1:-il !Pas des rp\lans à tûrer. des. m·a­IC!hrines là étu!dJi,er ? Dl -itnjp·Oifite ,que l'a-

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:g1encemerrt: de s1a maison soit b.i>en com­~JJris, qu,e iles, trav;aux ,q~u'jll fera f,aire soi-ent bien ·ex!ôou~é!s, que l·e jJa.tidlin, le po·tager, l'e Vlerg·er soient 'Pien ldliSOJO·s!és.

To,wt cela deiVien.t :~a·C!ile a~ec le ora~ von à la m-ain.

S'agit-ill d'un OUIVIrier, que[: q1we soit son: métier, ill 1dloit. ~arier, ren01u:vder, r-a j.eoo.1i~r sron ~rav,ai~ s.''ll v1eut réuSis:ir. Qui plo·urrait con~eslter ici l'utilité du JdtesiS.in. N1o-us ,dJilfons Q!U!e, dlans le ca~ IP-réseJD.t, il es1t indi:si)Jensa'biLe.

Oon:sildférons u~emrplloyé, !SOit dan\~ l'in­ldiU .. Sitrie, soH dans O·e commer·ce: que de services i11peut ren:dlre s''i·l sai,t dessiner. OhatC.UII1 s·ait ·oe qu'i~l fawt tenter ciha­que jour ,pour ,s.outenir J;a ,c;orncllirr.emce et 1-a défi1er. 'Les traMaux féminins s:on't à !Peu ,prèts; toill1S basés sur h~ d:e2sdn; il 111'esrt: p-as jluJsJqu'là la ména,gère qud ne nJIU:Î;SIS'e tirer .pa!f1ti ,d)e 'S1ôS OOŒl!lllaissances en 1deS!sin pour oJ:"lnèlr son d.n~érieur a·V!e'c

· pU~ us lèle ~.gto ûit .e!t ;po-ur pra ti qlll'er cette beJU.~e vertu die 1"1éconu-mi·e dlomes~i'que.

Von1c. t~ous, ou I)J·reslq,a:e to·us ont be­soin 'diu ,dJes,sin .. Nou1s vouŒons ' le beau ;dams l"u,tiiLe, juslqiU'e dans œes ohj.ets de DLllemiere néces1~ll~é; :n;ou:s ~r.echer,oh-ons l':é\J.ég-anae de la fo:rme, 1.e f.ini ~du tr!a.; va.H; on ne •p1eUJt don1c êlt:re .. un hon ou­vrier QIU"à ITa 001t11dliiJio.n d'être qJUe~que peu adi·81t·e. A cô.tlé die ç:ette wti'lif.é p[Ja­·ti·que, il Y .a a:œssir Le s1em.s mo,r.al ·qu'iitJ s'ag-it 1dle plelfffieo,tilorvner; en ouvlf.ant .à.ux hbmmes 1oette sou!flœ die .Part, on les nen.ld: mei'lllleUrls ·ert: 1PIDus Œmu:reutX: l'art es\~ 1dJon.c un ·éffiérrnen~ mlor aU~isa te ur. A ·ce 1point de vue entCQifle saohons aJPI)Jifé­ICiielf J1e·s ,avaJD.tar~eJS die l'éi'uJdle ,du dessin· 1que illO:s él~v-es tflou~voot du :pŒais1ir à Plf·o.dluine, -à ti1'er 1q1u:eJJ;que dhose d'eux­mêmeS!, qu.'ills a:pi)Jrenment à sentir l'o-r­dlr.e, l·a IPinéoi·silon, I.a hea·u~é, et ·q;u'ils :se comtp~aisent là IT1es riéaHrserr autant qu'il est en eux.

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Succès pédagogique

On nous 'écrit: 1En quehqu~es anrrées•, une maîtresse d'éco­

·le, que nous ne nommerons 1pa!s, aJVaH a•c.quis tun mre renom de supériori:té, JParce qu'elle ·olhtenait de ses télèves .des résUltats- « surpre-

. nants». Oha.que [ois ·que J'.inlspedeur, en tournée :scdl'aire, proaéldlaii aux interrogation~ 'd.J1usage, iŒ était 'érrnervei~:lé dlu saJVoir des en­!Vants.

Pa~s de rmauwüs élèves, et sans excertlon, tous :sa'vad.etlft. :Uinspocteur s'laidressant à la dasse, dJeniand:ait-i1: Quellis !sont ceux d'entre wous qui peu:vent répol]dire à l'a question sui­vante? et i[ aJjoutait ailm.s 1a çuestion

· atl'S'sitôt toutes 1eiS maillls se leva·ient, dhacu11 · éait don1c en état ide Ttépondre.

!La maHresse, · qlliJ seulle possédait dans sa :mémoire :Les noms de tous 1es élèves, les nom­mait !à ~Pitljpeoteur et, dhaque fois invariall)le­ment, aa r~onse ifaHe JPar •l'enlliant interro[é éta.it ffla. bonne. AJUs·si finspecteur se retirait on ne peut pllrus .satisŒait et, cela va s·ans dire , Ua renommée de 'la maîtres•se s 'était répan­ld!ue parmi le monde .pé\dagogique; toutes les régentes padtaient d'eUe avec a'dmirration. L'u. ne 'de ·ces ~emmes œjpendant dlemeurait sœp­.tique; el]le ne contesta-it pa·s les •résu[tats, ma is cl:le .se disait: . 1'1 y a .là-dessous queŒque chose d!'ignmé. Vou~an:t absolument pénétrer 1e ·my.stère, eUe entra en rela·tions ruvec un de·s éllèves et Œui tdii: u.1n jour: « 'Mon jeune ami, comment se !fait-i'l' que lorsque l'inspecteur

· vis,ite ta .dl:as:se, vous êtes tou~ours en état de :si lbien •r'éponld!re rà ·ses questions? So·is tConJfian1 et je .te d011nerai des bonbons. » ·­

Oih! 1111/aJdemoiseme, r.éponHH 1e petit, c'est ibien œadle; }OI'Siqllle l'ill'S\pedeUlf .demande C!UÎ de nous peut r~pond're, nous Œevons tous la main; .seullemen1 ceuoc qwi savent lèvent la ma.in d!roi'te, et ceux qui ne savent pas lè-1Vent 11a main ga'll!dhe; notre maîtress·e ne nom­·me .j,amais à .l'inspe:cteu.r ceux qui lèNeni la main gaÙJd'ne. »

TallJleau! - Depuis ce j01wr la ré[>uta.tion 1die Œa maî-tresse a rSing,u;lièrement ba:i.ss~, et l'inspecteu·r ne se refire plus ra:vi lorsqu'il !Procède ruux interrogatoires. de la classe mo~ dMe.

S. François de Sales· et l'enseignement professionnel

Certes! Voi;là S. if',vançois de Sales pré­sen1é sous rm jour un !Peu inattendu. Quel ra[JIPOrt peut-i11 y avoir entre l'évêque du XVIIe siècle et cette cllose -très moderne qu'on appelle l'enseignement prolfes,sionnel? ·

On connaît s. François .de Sales sous ce triple aspect de l'apôtre .convertisseur, de 1 é­vêque au zèle vigilant, du maître de la vie intérieure U!a·Ùs Je cloître et dans . le monde­A ces traits vient s'en ajouter un autre qui rudhève de donner à },a ;Physionomie de «no­tre » saint un •caradère :de modernité et d'ac-1uaJ.ité peu .commllln. Dans une ' conférence donnée récemment .à 'Lyon .par ·M. l'ablbé La Wl;ajdhe, tlirrecteur ,de l'Bcole à/apprentissage supérietllre fondée !Par •le uridin.a'l Maurin, un épisode de aa vie d:u samt a été mis en lu­mière, épisode qui Jui contfère à bon droit le tiN-e de précurs·eur de Fenseignem~nt profes­sionnel.

ile jeune prétvôt d:u chapitre de St-Pierre de Genève, exilé à Annecy, venait de ntme­ner 'à FBgli'se le Ohalb[ais tout en ti er, par

. les seu:les armes de la douceur et de la per­suasion . . Mais un angods·sant problème se po­.s,ait.

·Rema11quons q!lle les saints sont gens de bon sens. Hs n~oulblient pas - comme Rous­seau l'a [ait - que l'lhomme n'est !Pas une entité abstraite, isolée dans l'univers, mais !Un être concret, en con1act eorntinuell et né­cess~aire .avec ses ·serrfula!lYles, un être qui a une vie à sustenter, un pain à gagne'!' pour fui .et tceux qui .déjpendent de 'Lui. Leur arden­te ·dhaa-ité, leur clairvoyance, a·vivée par les lumières d'en haut, les poussent à se préoc­cuper, comme le ·Maîotre, des besoins des fou­:les .qui les .ont s:uirvis, et ,à se demandoc ce qu'on pourrait leur donner à manger.

Or, c'était préoi.sément là le problème posé par le retour du Chablais â la foi catholique. •Les IPOpu1ations ·converties avaient fait 'des sacri~kes d'ordre intellectuel; d?autre.s sacri­Hœ!s s'annonçaient, d'ordre matérie1.

Comme de nos jou111s, et plus encore, le

15

Ohabl1ais avait pour centre économique natu­rell, Genè!Ve. 11 en dépendait plus ou moins étroitem~nt. Les ponts étaient rompus au roint lie ~Vue ifell.igielllX; les relations d'a-fiai­res ne manqueraient pa.s de l'être. De ce fait, les convertis seraient soumis à tr~s forte épreuve et il fa:l:lait à tout prix qu'ils ne re· tonJbas1sent pa:s sous l 'emprise matérielle de Genève. ,

S. Fmnçois eu,t l'intuition de cette vérité contfirmée par les événements: l'inld·éuJendan­ce économique est la seule sauvegarde de l'in­dépenttante mora'le, comme ,de l'inldéjpendance pdlitilque, vérité 1que Genève devait eXIpéri­menter eLle-même deux .siècles ;plus .tard.

Il faHaH donc donner au Ghablai·s une in­.déuJenld'a'l]ce économique en JcréJant une indus­trie régionaJe et un .commerce local. Un pre· mier ess,ai de transporter à Thonon le tra­v.ai•l l:yomais de la soie n'aboutit pas.

C'est alors que ole :prévôt !fonda un établis­·sement qui était toull: à la fois une Univer­sHé gatid·ienne P,e l'indépendance religieuse, et une école d'arts et métiers, souifce de pros­périté q:ocaŒe. 1La «Sainte Mais·on », comme on Pa[Jpei1a p1us ta·rrl, conwrenait, en effet, urne école de théologie, une école de 'préidicateurs, un collège pour l'enseignement 1primaire e't seconldaire, des fa'cu:Hés de droit •et de mé­decine, et une ;école professionnel·le avec un impriimeur, des. fabfi.oants de papier, des mé­oarnioiens ou se11ru•riers, des IPassementi~rs, des armuriers, ek. On y 1trouve peu après un mUtsicien et u:n docte.ur en ,médecine, 1dit le chanoine de BaUaison, le savant his·torio­graphe du Oh·ahlais, :au!Cluel .uous emprun· tons œs détaHs.

La pape Clément VU. dans une bul,Ie de 1599, érigeait cette Uni!Versité sous· Ie nom d' « Aulbeflge de .toutes les sciences et de tous les arts», lui conférait des IPrivHèges a.nalo­glues à ·ceux ct:es grandes Univerrsités .et la do1bait, lui donnant comme :protecteur le car­dinal Baronius. Il y était même ad~oint un ho~piœ pour .les vieHlards et les ma'lades.

'L'œuvre ·connut plus d'une vicissitude. Ce n'est qu'en 1616 qu'elle œaquit ·son plein dé­velo1Ppemen1t. Blile vécllit !Près de deux siècles.

. i

Page 7: L'Ecole primaire, février 1923

Ainsi s. flfançois <le Sales, conmne S. Jean­Ba\l)tiste de 1a Salle, ava•ii enirevu ·l'impor· tance de l'enseignement pro1es·sionnel, comme créateur de ,pro51Périté, l'importalliCe aussi de son ràle moral et préservateur.

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Il nous 1plaît de saluer dans nos s-aints cette 1CO'l1II})rélhéns:on des nécessi'lés de la vie qu-i leur donne un cachet de modernité sur .. prenant, et de trouver en S. ·FIJ.·ançois ide Sa­les en :partkulier un . précurseur de ce mou­vement ·chrétien-social qui ne se préoccupe tant de .Ja formation I}JrOI1essionnelle que par­ce quïl y voit, .pour les travaiHe1xrs, le seul moyen légiüme d'acquérir œ « minimum de «!bien-être nécessaire à l'exeroiœ de la ver­tu » se'lon ·le mot d'un autre ·saint, en iin de compte, le seul moyen possilble d'ar·river à .la fin de tout être cré~: ,Dieu.

Bibliographie

IJJE JIBU UE !l:'HA1RJMONIU'M, Méthode élémentaire par Gearges HUJmlbert, Di.rec­teur du Con9ervatoire de Neuchâtel, Edi­tion Fœtisoh, Lausanne. Tard venu dans 1a généa·logie des instru­

ments de musique. l'harmonium a largement ra Urapé 'le temps perdu. On le trouiVe p1r­tout maintenant: à :l'église, au foyer familial, voire a.u cinéma. :Mais il ·S'en faut de beau­coup que l'exécutant soit iou,jou.rs à même de faire valoir 1'ins~rument. Aussi saloons­nous avec p1aisir l,a parution d'une nouvel"e méthode d ham1onium due à la ,plume de M. Humlbert, le distingué directeur !du Con~er­

:vatoire de Neu-châtel. Divi·sée en 1trois parties, œtte méthode com­

JPOrte tout d'abord une description très claire de l'instrument. Puis, après quel<;:ues notions élémentaires mais essentielles de musique, tO'u~e .une partie technique c;.ui permettra ·à 1'amateUtr d'acquérir un jeu correct et arts­tique. Enfin, Pawlication de ces é!éments tec'hnic;.ues à l'étude des psaumes et des can­tiques en •vue des cérémonies du culte. Pré­cédée de quet.ques consei1s judicieux, ceite \Partie importante entre toutes coll111Pren;d des

indications .sur Vart de préluder, sur l'accom­pagnement du dhant, sur· la régistra.tion. En­,fin toute une série de modeles pris cllez les Grands 1Maîtlres, 1Ba.ah, Haendel, Mendelssohn

et.c. On le voit, cette méthode est aussi com­

plète qu'on peut le désirer, tout en étant di~ recte et raiPide. Gr✠à ell'le, ies amateurs ()•tll

karaillent sous tla dilfeotion d'tm professeutr se verront vite maîtres de l'instrumen1t. Et œux qui sont privés de· cette direction t·rou-velfont à y ·supPléer dans la mesure ld-u pos-

sible. ~

JEUX DE PJJBIN AlR ET J.?'INTERIEUR, pal! Ketty Jentzer. - Pnx :Fr. 3.50. -Neuchâtel , Delachaux et Niestlé.

Les jeux ont une part capitale dans l'évo· lution de l'enfance et de la jeunesse et con­trilbuen.t grandement à la formation de l'a­du.lie. 'Par le jeu, nous refaisons 1es étapes de la civilisation, donnant satisfaction à nos instincts mi.Ilénaires comme à nos aspirations du moment. Dieu merci, nous n'en sommes plus .à l'école où le maître rigide ignorait la nécess·itê du jeu.

Siana lons d'abord une brève introduction sur i\nŒluence moralisatrice du jeu: au jeu. on apprend la so1-i•darité, on acquiert la maî­trise d'LI! caractère, on sent la joie constante de créer; les· jeux sont le vieux fonds de no­tre enfance. Une centaine y sont expliClués, aisés :à sai1sir et à réaliser sur le terrain ou dans une salle; la ·con~ection du petit ma­tériel est â la portée de jeunes enfants (fa­nions, brassards et mouchoirs de couleur). .Parmi les « 50 jeux de marche, course et saut », il en est aux noms expressifs qui plai­ront à tout âge: l'aveugle; le chasseur, le moineau et la mouche; le jeu si'lencieux; prê­te-moi du feu; le messager; le chemin de fer, etc., etc. Les « Jeux de lancer >: - 20 a.vec ballon, 15 avec balle, 5 avec d'autres obJets - les « Jeux de lutte » au nombre de 13, sup­posent des exerciœs préparatoires, qui sont très bien expHc;ués. Les règles précises, l'in­·dication des !fautes à éviifer, l'occasion pour chacun de devenir chef à son tour, sont d'ex­.cellll'en tes cincons'~a:nJCe!s de diévdopp001ent de Œoa vo1onilé et de ;l'esprit id?iniii'ative - . '$Î ~­cessaires à l'éducatiqp, d,'aujourd'hui,

S upplément du JVo ~de ,,l' &cole'' (19~3)

L'Ami de tous .Ies jours

Avez-vous un ·crucifix et comment vous comportez-vous à son égard?

Quittez-le le moins pos~&ible; mettez­le suT votre table qu.and vous écrivez, surr vos genoux quand vous travaillez afin .de le .reg'!arder de temps en temps: et quand vous vous enldlo·rmez laissez-le entr·e vos mains. ' ·

Certes, rien n'est l])lus. •sanctifiant .que la ·communiQn fréquente et l'ado­T,ation du Saint-Sacrement. mais on ne peut touiou-rs avoir ·Notre-Seigneur Jé­sus.JOhrist substantieilement pré~~ent dans le' cœur, on ne peut êtr.e constam­ment à ses ~iedJs; 1on .peut toujo-urs Ja­V·oir son image su1r soi, ,et ~cette image vous dit bieTh des ·choses.

Si, le m·atin en vous levant, vous fbausez rvo~r.e ~cf1UJCÏ'fix avec am'our et !Pro­mettez à !Notre-<Seigneur Jésus-Christ de porter votre .croix tout le long .dru iour; , Si, pendant V10tre méditation, vous )tenez la ·oroix entre vos mains et vous p-roposez de vous immoler s.ur l'autel du sacrifice de Jésus-Ohrist;

Si, pour réveHler votr·e ferveur vous portez :de temips en tem:Ps },a ma'in sur votre, crucifix: . Si vous le serrez fortement dans les mo-ments d'·ang:oisse, de .peines, de lut-tes. de tentations; ·

Si. au m~oment de P'artir 1pour quel-. qu.e honne ·œuvre, v;ous l'adorez en vous rappel•ant qu-e vous allez secourir Jé­sus-Ohrist dans la personne .des ;pau­vres et des rpetits.:

:Si, au moment .de !pratiQuer quelq'ue austérité. vous haisez les plaies~ divines qui1 sont l·es fontaines de la vie de l"E­g-lise ·et les sour-ces de notre purifica­tion;

Si, le gi()Î1", vous allez à ses pieds ren­·dlre ~oomrpte de 'V10tre jorum.ée, de votre

·orgueil devant s.es :abaissements. de vos vanités dev•ant ses humiliations. de votre lâcheté devant ses angoisses, de votre paresse ·en ,présence .de ·la ·sueur de san,g :r~andu:e &Ulf oe { :iülf1PIS .dilVlin, de votlr·e é.g-oïsane en face de son amou.r in&ini. ldJe .votre ittnjpJaltioode, .de vos dé­iP. i1ilsi, de v o tire dlëi1él!U:t die charité en ~aJce d1e ses lion-gues 1ait-en~es.

Ah! il me paraît :bi~en ,difficile que votre ·crucifix ne devienne pas pour vous un .ami, un. ·confident.

!Notre-Seigneur VüUS aimera, vous instruira, vous. fortifiera à travers~ son image~ et, dans un .commerce ,plus con­tinuel, uni à Lui par ·cét intermédiaire muret, vou•s s1en.Hrez .aomŒne 1une trlans­œormation ~de tout vOitre ·être: ce ne ~r.a fr;J.uJs :seuiJ.iement ile bois, le métat qui re­pr.ddulit1a ~pour vtaus les traits du Sauveur~ ils ·se graveront d'une m~anière plus vi­vante ·dans. votre âme. 'Vous sentirez l'action plus immédiate de Celui .qui, pour -vous, .a été attaChé à la croix. Vous voudrez vous trans~ormer en Lui et 'dire comme S. 'Pau:l: «Vivre, p1our moi, ·c'est Jésus-OhTist. » 'Et votre vie, ,prenant un caractère nouveau, vous dé­couvri·ra de nouveaux horizons dans la .science ·chrétienne, ~si vous yous lais1sez emporter par l'amüur; et toute vie, tou­te science, tout 'bonheur se résumeront pour vous dans ·ces mots: «jésus-Christ ·crudfi<é. » . V.ous avüuerai-fe en toute :simplicité que le meilleur moment p.ou:r moi .es~t surtout le soir, avant de m'endormir. Il nJe ifa1ult pas ·beauco\Ulp Jd'efrorts ;pou:r se lal1~1s;er a'flier à ·pienser à :ce born Maître dloo.1t ol!l tioolt ,}·es ma~ns. ·

0111 :lui dH .qu'on Paimle ~biien.; on lui dem•ande p~a:rdon d~ ses fautes; on est tout à !COUP frappé ·de ~ce pardon qui tombe du haut de la ·croix; on son­ge au mali que· l'on a fait au bon Dieu, a tt ·temm1s ·q!U·e l'1on a per.du·, arux ,mrâces que l'on a~ 1reçues. On le Œ'emerde de

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ses ·bien'f.aits; on luri fait des J>!fom·es­ses enflammées; :an Tougit d'être d:ans •Un bon lit .quand .il est mort :sur le gi­bet; on s'excite à l'amour, à réparer le temp•s perdu. ·On .adoT·e ·Dieu le Père en lui présentant son FHs; <>n invoque le .Saint-Esprit ·qu'il nous 1a 1envoyé; ou p·rie pou!r l'Eglise qui naquit su,r le Calvaire: ün a honte d'être si mauvais ·chretien; ;puis 'On prend ICOU!fage dans 'l'a ,pensée de l'amour d de la puissan­·ce de Dieu, et, si le sommeil n'est pas venu, on irouve le temps ·couTt en pa­reille .compagnie.

!Priez la sainte Vierge qu'elle vous ap,prenne .comment vous devez coller v;os lèvres suT les plaies de son divin Fils.

Que l~a croix s~oi·t votre bien, votre e~porr, votre vie, votre récompense!

IP . . d'Alzon. -----·-·~--------

Pour les missions africaines === "!)

L'Afrique, cette portion du globe trois fois plus vaste que l'Europe, est encore en très grande partie assise à. l'ombre des ténè­bres du paganisme: en effet, sur une popu:­•lation totale de 157 millions d'habitants, elle ne compte, à l'heure actueLle, que 4 miJiions de catholiques. Cet immense continent a vu. p·ourtant, ·sur ses p1ages septentrionales s.ur· tout, dès les premier.s siècles de l'Eglise, tant de ferventes communautés chrétiennes; il a produit tant de savants docteurs et de saints pontifes, tels qu'Origène à Alexandrie, Tertullien et S. Cyprien à Carthage, S. Au­gu.sHn â Hippone; il a pu contemp1er à Car­thage une assemblée de 550 évêques indigè­nes; il a été arrosé du sang de si glorieux martyrs! .Mais hélas! toutes les conquêtes du christianisme furent anéanties au Vllme siè­cle par .l'invasion musulmane.

Pendant toute la durée du moyen âge, des hommes dévoués au salut des âmes tentè­rent de restaurer l ~Eg11se d'Afrique; ils n'y

reoueillirrent que la palme du martyre. Ce ne ne fut guère qu'au cours dl.li XIXme siècle que -les miss.ionnaires purent pénétrer dans l'in­térieur des terres. Actuel'lement, environ 2000 prêtres se vouent à Œ'apostolat dans les m~.s· sions atricaines proprement dites. La prédi­cation de l'Evangile y rencontre des obstacles plus nombreux qu'ailleurs, obstacles créés par le manque abso.Ju de toute Civilisation, par ·l'anthropophagie, l'immoralité la plus dégradante, les superstitions les plus ba:rb~­res, l'esclavage interd:H oHiciellement mats

. non aboli, et au ss-i pa1· le défaut de communi­

cations. Malgré tout, le nombre des fidèles s'ac·

croît dans une progression réjouissante par· mi les noirs de l'Afrique. Ces progrès .sont dus avant tout a;UJ zèle i.llaS!sab' e des mis­sionna·ires, et aussi pour une bonne part au dévouement , aux prières et aux aumônes d'u­ne très méritante Association, la « Sodalifé de Saint-Pierre Claver ». Cette pieuse· Socié­té fut fondée en 1894 par une âme d'apôtre, la défunte comtesse Ledochowska, et elle a pour but principal d'éveiller et d'entretenh· 'l'intérêt et de recueiUir des dons pour les Missions afrkaines. ·Elle poursuit .sa nob1è tâche en priant pour la conversion des .in­fidèles, en publiant des bulletins périodiques des brochures ,des livres de piété ou d'en­seignement dans les· diver·ses langues indigè­nes, en organisant des con:férences, en de­mandant des zélateur·s et zélatrices une co­tisation annuelle de 2 fr., et à ses· associés une contr•ihu~ion mensuelle de 5 ·centimes.

Les trois bulletins de '1 Œuvre, 1' « Echo d'Afrique », le « Négrillon» et le « .Propa­ga teur des Missions» , ont de très nombreux lecteurs: les deux premiers sont impri'més dans les neuf prin.cipales· langues par.1ées en Europe, et l'édition française se tire actuelle­ment à Fribourg. Dans des imprimeries uni­quement consacrées à la propagande et à la presse africaine ont été publiés ·jusqu'ici 150 mirlrle exempla·ires d'ouvrages en 1ang:ues in­digènes , mis â la •disposition des mission­naires d'Afrique.

Quant aux aumônes recueillies depuis la

fondation de la « SodJalité » jusqu'en 1921, elles s'élèvent à [a belle somme de 11 1/2 millions de .francs. La Suisse s'est particu­lièrement distinguée par ses apports annueis: c'est ainsi qu'en 1920, elle a fowrni ià Œ'Œu­vre une contri!bution de 173,197 fr. suisses. La Société de Saint-Pierre :Claver a pu ·se­courir, en l'espace de 25 ans, 53 vicariats et 28 préfectures catholiques, 30 Ordres ou Congrégat·i-ons d'hommes et autant ct>lnstit.uts de femmes, travaillant à la conversion de l'Afrique. Bile a racheté plus de 8000 escla­ves et accordé d'importants s·ubsides pour la formation de prêtres indigènes.

L'Œuvre possède une maison œntrale à Rome; elle a des bureaux dans un grand nombre de pays, entre autres à Fr ibourg, à Zoug et à Lugano pour la Suisse.

Cette pieuse Association est dotée d'une organisation spéciale. Elle comprend en et­fet: 1. des Missionnaires auxi~iaires ou asso­ciées entièrement consacrées à l'Œuvre; 2. des membres externes , des zéLateurs des deux sexes; et de .simples associés, versant des co­tisations régulières. 'Les !Missionnaires. au­xiliaires de Saint-Pierre Claver sont ides da­mes ou demoiselles, formant un Institut r e· li'gieux et s'obligeant, dans les pays civilisés, à travai1ler pour les M issions afr icaines. Dieu seul ·Connaît tout le bien que cette belle Œuvre a d{ià réalisé, tous Œes fruits de 1sa· Jut qu'elle a obtenus. .

tMais 1e champ à cultiver est vaste; la mois­son est abondante. Collaborons par nos priè­res et nos aumônes à. Œ'évangélisation de l'A­fl·ique, ce champ d'action 1si étendu, si dénué de ressources, et le dernier ouvert à l 'apos­tolat.

= ttot:Ç=

L'ouvrière

On s'imagine souvent que les saints, pour avoir J'.influence cons.i:dérable qu'ils ont exer· tée dans la société, doivent appartenir à des famiJles i.Jlustres, vivre dans des temps recu­lés, .habiter des ermitages, mener des vies

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extraordinaires, en un mot, être des person­nages hors du monde ·OÙ nous vivons. ·

Erreur, que non seulement l'enseigne·ment de l'Eglise, mais aussi ·Cel·ui de l'histoire viennent démentir. '

En 1920, à. peu près en même temps qu'il canonisait Jeanne ld.t Arc, !Benoît XV a béaH­fié une femme du peuple de Rome.

Elle est morte en 1837. Avant son maria­ge, elle était dévideuse de soie. Après son mariage, elle ·a tenu un modeste ménage. Elle a eu sept enfants. Son mari était domestique. Ses filles prirent les professions de coutu­r ière et de modiste; l 'un de .ses fils apprit le métier de chapelier, J'autre celui de co:ffeur.

Voilà bien, !Semble-t-il, la plus simple des vies et 1a plus proche de nous par 1e ~emps , par les préci.sions, par les !habitudes.

Et cepenldant cette femme - la bienheu­reuse Anna Taïgi :- porta partout autour d'elle la paix sociale.

·Elle la Et régner dans sa famille. •En par­Jant d'elle, son mari a rendu ce témoignage au procès canonique: « C'était une femme in­comparable pour toutes se·s .bonnes qualités. Je suis vieux; mais si j'étais jeune et que je voulusse parcourir le monde entier pour trouver une femme semblab1e il serait im­possible de la rencontrer: j'ai perdu un grand trésor ... Ses manières produisaient un charme qui obligeait irrésistiblement à fai­re ce qu'elle voulait toujours pour le bien de la sainte pa-ix et de la ·famille; je la lais­sais gouverner, parce que je voyais qu'elle s'en acquittait parfaitement. Quand queiqu 'un était ému, elle ne ;disait rien pour attendre qu'on se fut calmé; pui.s elle faisait tout dou­cement réfléchir et donnait de bons avis d'humilité et de patience. Ces petites alterca­tions éta:ent rares, parce que ma femme était S·i tiJrudente que, dès qu'el.le s'apercevait de quelque léger différend entre l'un ou l'autre, et surtout entre sa vieille mère ou sa !belle­fille, elle s'empressait d'étouffer la querelle avec une bonté qui cimentait encore plus la paix et la bonne entente. :.

Elle garda la paix dans son travail. A l'é­poque où elle faisait des corsets, dit une dé·

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position, eile tes·tHuait jusqu'à •un morceau de fil qui était resté; elle ne contractait pas de dettes, parce que, selon ·le proverbe, elle fa:sa-it ses pas ,selon ses jambes; mais si elle était contrainte de faire quelque dette de peu d'importance, elle en avertissait le marchand avant d'acheter et s'empressait de payer au plus .tôt, sans attendre la visite du créan­cier.»

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Elle apporta la paix dans· tout son votst­nage. « Lorsque nous habitions au Corso, dépose encore .le mari d} Anna Taïgi, une voisine exerça la patience de ma pauvre ·fem­me pendant plus·ieurs années; c'était une folle ou une possédée, car elle proférait des ca­lomnies ,qu'il était impossible d'inventer na­ht:rellement. Ma pauvre femme ne 1aisait pas attention à .ses insultes, la saluait poliment en la rencontrant dans .J'escalier et lui fai­.tait même des cadeaux. ·Mais tout était inu­ti'le, car la méchante ,femme .continuait tou­jowrs à la poursuivre de .ses· injures.» Non seulement la .bienheureuse ne -répondait rien, mais, sa .vois•ine étant tombée dans la pau­vreté, eJ.le se mit elle-même à la secourir.

J'aime ces /l)etits faits qui nous font péné­trer dans la vie intime des saints. Quicon­que a pris 'cotmaissance par les confi·dences de l'Assistance Judiciaire de Pâme -ouvriè­re, quiconque, simplement, a visité des pau­vres, reconnaît là la peinture exacte des dra­mes qui .se jouent dans le peuple: œs jalou­sies de femme à !femme, ces calomnies di­tes sur le palier, ces diff.icul·tés, .. avec le four­nisseur chez qui la ménagère s'est endettée, ces heurts dans le travail. avec l'entrepreneu­se pour le prix des 'boutons ou la fowrni­ture du fil, tout cela, c'est la vie journalière, bien plus • .que les périodes rares des grèves 1Tagiques.

Qui ne voit <;ue s~ la !Paix était apportée dans toutes œs petites questions socia1es par la charité mutuelle, par la conscience profes­sionnelle, par .Je juste salaire, la grande Ques­tion Sociale 1serait ibien près d'être résolue ?

Que faut-il pour .cela ? Un peu 1de sain-teté. Henri Reverdy. ·

=tt ott

A Lourdes =

\Lou1"1dlfs a été [lliuiS' tque jamai1s, perud'ant l'all1n'ée der.nière, le ithéàtre (Fadmirables et grandioses manifestations et des prodiges nouveaux y ont marqué, w1e fois pe plus, la tou.te-pu~·ssance de Dieu et la bonté de s-a très sainte !Mère. J.es incrédules pourront sourire et hausser les épaules•; les <:atholi­ques ou simplement, les howmes de bonne ïoi ~e pourront que· s'inc1iner devant 'Ll.n fait qui, à lui seul, tient dlli miracle: il y a ici­bas un lieu, it existe une petHe bourgade, jusqu'alors à peu près 1inconnue, où la sainte Vierge s'est manifestée a..ux hommes et où ie surnaturel ne .cesse d'apparaître sous une forme en 1ctuelque .sorte vis•ible et · continue.

Voi.Jà un demi-siècle que l'impiété et l'in­crédulité s'efforcent de décrier Lourdes, ses pèlerinages et ses pèlerins. .Elle y perd ses peines. ·Lourdes a conservé ioute sa popu-1ari·té et 1es foules ne cessent d'y accourir plus nombreuses que jamais. Une violente tempête d'anticléricalisme s'est abattue il y a ctuinze ans sur la France; on a rompu les relations avec Rome, brisé les .liens entr~

l'Eglise iet l'Etat; on a 1spolié et chassé les Congrégations religieuses, dépouil1é le clergé de ses biens, et, chose étonnante, qu'on n'a peutwêfre pas assez remarquée, Lourdes, qui ne jouissait .cependant d'aucun ,privilège spé­cial .a été respectée. Personne 111 a osé y tou­cher. Depuis cinquante ans, les incrédules dénoncent des prétendues impostures qu:i,· disaient-ils, s'y étalaient au grand jour. Et, cependant, maîtres du pouvoir, ils çmi ou­blié de faire !fermer Lourdes, comme ns ont fait fermer la granlde Chartreuse, la Salette et tant d'autres lieux de pèlerinage. On di­rait que la Sainte Vierge a voulu manifester une fois ide plus .sa toute \Puissance et cou­vrir le célèbre sanctuaire de sa divine protec­tion. Ce n'est pas le moindre miracle qu'elle y ait accompli.

Nous parlons de miracles. Lourdes sem­ble exercer à cet égard une véritable ~fonc­tion réparatrice et illuminatrice. La science moderne nie le surnaturel, elle proclame l'im·

possibilité du miracle qu'elle déclare fr•uH de l~gnorance et de l'imposture. Nier le mira­cle, c'est nier en . même temps l'Eglise et le christianisme dont les crigines reposent tout entières sur le miracle. Or, Lom'des consti­tue la meilleure des ·réponses :à .ces négations audacieuses, puisque le miracle, si l'on nous passe l'expression, ne ·cesse de :s'y produire, pour ainsi dire, à jet continu. Sans doute, le positivisme incrédule ferme les yeux à l'é­v1dence et à la lumière; ,n affirme l'orig:ne purement humaine et naturelle des prodiges qui s'accamplissent à Lourdes. Mais, s'il en est ainsi, si Lourdes n'est qu'une .s.imp!e .sta­tion thermale dont Jes eaux jouissent de .prow priétés particulières, pourquoi cette exception extraordinaire? Comment aussi s'expliquer ces guérisons instantanées. <te lupus, de can.­cers et autres maladies dont la guérison, qu·an:d; efllle est pos•silllle, exige un lonJg ·iwaiw ment? A·t-on jamai,s .vu une eau minérale opérer la gu.êrison sUbite d 'une paralysie, d'une plaie, d'un ulcère? :Et c'est cependant ce que nous voyons journellement 'à Lour­des. Et .ces guérisons sont entourées de ~tel­les garanties d'aJUthentidté que seuls la màu-

. vaise foi et .Je parti pris1 peuvent les révo­ctaer en doute.

Assurém~nt, .tous les m~ades qui vont à Lourdes n'en reviennent pas guéri.s: Dieu a ses desseins; la prière même la plus persé­vérante et la plus fervente n'arrive pas tou­jours 'à lui arracher un miracle, si ce mira­cle ne répond pas el son adorable volonté. Mais, il est une chose certaine, c'est que beaucoup de ma.lades q:ui font le pèlerinag.e de Lourdes en emportent ·une sérieuse ~amé­lioration et que .TOUS y obtiennent, ce qui est peut-être encore préférable, la grâce de 1a soumis.sion et de la résignation. Aucun de ceux tc;ui- sont allés à Lourdes ne le dé-

. mentira. Voilà, certes, des bienfaits dont une simple eau thermaJe, on l'avouera, serait ab­solument incapable?

Nous l'avons pit et nous le (répétons, le sanctuai'l'e de Lourdes et ce qui s'y opère est une des plus grandes grâces que Dieu ait faites à notre époque. Un seul· :miracle

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de Lourdes prouve, à •lü~ .seu1 tout le dtris­tianisme, puisqu'il atteste l'existence du sur­naturel, de la révélation et l'origi-ne divine de l'Eglise ·catholique et de toutes ses ·cro­yances. Or, de ces mi·racles, . il s'en produit un grand nombre chaque année, et depuis l'apparition de la Sainte ;vierge à Bernadette on le.s compte par .centaines et même par milliers. Ceux qui ~ient. ces prodiges n'ont qu"à aller sur les lieux et là véri·fier. S'ils ont .Je :moindre grain de loyauté et de bonne foi, ils en reviendront convaincus.

On voit .par là fiUel graJ1jdl rôle Lourdes remplit dans 1'éconamie sph·ituelle du chris­tianisme. C'es1 une h~çon de .choses perma­nente et viva'nte. JEt quel glorieux privilège pour la France que Dieu l'ait !Choisie pour être le théâtre d'une semblable merveil1e. ,, « Regnum Gallire, ·Regnum Mari re », disait­on au moyen-âge. Lourdes justifie pleinement ce pieux adage. .Le royaume de ·Marie pe pouva·it ·périr. La Providence Fa bien mon­tré en arrêtant sur Ja Marne Je ïlot de l'in­vasion et de la barbarie ~eutonne. La Ré­publique antiCléricale, même celle de M. Coma bes, a respecté Lourdes. Lourdes, à son · tour , a s·auvé :la !France.

=t:~o:l:t=

Moi aussi je me marie l ... (Sutte)

·Mon cher Ba~ile.

Tu désires savoir les moyens. pour con­naître la personne que Dieuo t'a destinée pour épouse. Avant tout ~1 te faut Tecourir à la prière assidue et pleine de confiance <fi­liale. Sans prière tu n'avanceras pas dans ce choix où il va de ton aveni'l'.

Pour le reste je te .conseille ld:acheter le livre intituaé « Préparalion au ·Mariage» par l'abbé E. 'D. Imprimerie de l'Œuvre de Saint Paul, fribourg.

Dans ce livre que je te recommande beau­coup ' l'auteur trace les dix commandements clue tout jeune homme doit demander de son épouse, et que voici:

Que mon épou·se soit 1. ve.rtueu!Se; 2. de

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bon <Canuctère · 3. intel[,ilgMte; 4. de !bonne réipu­tati0n · 5. sim'ple et modeste; 6. diligente; 7. de m~n âge et con1d,i.ticm; 8. de ma religion; 9. d'une santé ,robuste; 10. ne soit pas pa­rente.

L'auteur de ce livre donne les explications suivantes sur ces dix commandements:

VlBRTUEUSE: c'est-à-dire humble, obéis­sante, charitable, \capable de remplir tous ses devoirs d'épouse et de mère; capable de sup­porter ,}es peines de la vie conjugale, de bien élever les enfants et de te rester fidèle.

« La femme vertueuse est un excellent Dartage, c'est le partage de ceux qui crai-· 7nent Dieu et l 'homme auquel elle sera don­~ée la recevra en récompense.' de ses bon­nes actions )) , C'est la Sainte Ecriture qui parJe ainsi ide la femme vertueuse. (Eccles. ~VI).

D 'UN BON CARACTERE, c'est-à-dire douce et pacitique et non pas revêche, maus­sade acariâtre, difficile. Mon cher BasiJe, il te s~rait peu agréable de tourner toute la vie autour d'un bui·sson d'épines. Ecoute le Jàng,age du Saint-Esprit: 1« Une femme que­relleuse est comme un toit qui a des gout~

tières et sous lequel on ne peut rester. Il vaut mieux demeurer avec un dragon qu'avec une méchante femme. ,Le mari id/une femme qui est bonne est heureux. •

,LNTELLIGENTE. - Quel plaisir aura:s­tu mon cher Basile, de vivre avec une fern­rn~ qui ne sait rien faire et rien apprendre? Voici encore la Sainte-Ecriture: « Heureux celui qui demeure avec une femme sensée. »

DE BONNE RBPUT ATION. - Le pro­verbe dit: « Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée. •

SI'MJPLE ET ·.MODES1~E. - .PltH à Dieu que tu ne prennes comme ·femme une fille qui serait orgueilleuse, légère, volage. Les pou­pées sont pour les enfantS( et les filles co­quCittes et vaniteuses, pour les sot~ .

N'oublie pas que Ja vanité et la coquette­rie !d'une femme ,sont un gouffre où vont se perdre les biens et le bonheur d'un mari. Rappelle-toi que tout ce qui brille n'est pas or; qu'une belle robe n'est souvent qu'un ca-

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che-misère; qu'un ·chapeau chargé de fleurs couvre · bien ,souvent une tête vide. Et si tu étais tenté d'épouser UJlle :fille à ·cause de sa beauté, je te dirais: ;Prends garde! ~es roses tombent, mais les épines· restent. Figure de miel, cœur de Jie1.

DliLIOENTE. - P rendre we fille qui sait et veut faure tous JeSI travaux du ménage, qui soit capable de faire régner partout l'or­dre, 1a propreté et d'économie. Si tu ie ma­ries avec une fil,le ignorante et paresseust!, tu risques fort de falloir te lever de hon matin pour 1faire le déjeuner, laver la vaisselle, ba­layer la chambre ou encore faire ses bas et raccommoder ses ·upons pendant que mada­•me ton épouse ,ge repose, comme le doit faire un Américain et encore bien d'autres maris. Voici encore la Sainte Ecriture: « La fem­me diligente es1 la gloire de .son mari. »

(Eccles.).

DU IMBM)E AGE ET CONDITION. -Si tu prends une femme JJeaucoup plus âgée que toi, on la prendra pour ta mère, beau­coup pLus jeune que toi, on la prendra poUl ta . fiLle. 'Et d'aiUeurs, n'oublie pas que cha­que âge a .ses plaisirs, son esprit et ses gotlts . et mœurs Pour qu'un mariage soit bien a.s­sorti, il faut allier l'or .avec t'or , l'argent avec l'argent,' le plomb avec le plomb. Les mariages de la noblesse avec la roture, de la richesse avec la pauvreté, de la science :avec Tianorance du vice avec la vertu, sont des m:riages boîteux et lfaremeni heureux.

DE MA RELIGION. - L'Eglise, ta mè· re, ·défend expressément le mariage mixte. Les mruriages mixtes sont Jes vér:ta!bles néaux des familles chrétiennes. Divisés sur toutes les questions qui touchent à la religion, vous aurez très difficilement l'intimité, l'accord et la paix qu.i est le fondement du bonheur.

Vos enfants, des divisions qui vous sé- . parent, n'auront aucune religion. Quelle 1ou-:­de .responsalbilité quand il {audra comparaJ· tre devant le tribunal de Dieu. Mon ch~r Ba­sme, ,Sii · tu ne frou:ve.s jpas1 une personne de ta religion, reste célibataire.

D'UNE SANTE ROBUSTE. - On ne doit jamais bâtir sur un mauvais te~,rain et

avec de mauvais matériaux. A plus forte rai­son ne te faut-il prendre une fiHe qui t'ex­posera là courir à tout moment au médecin. Tai toujours soutenu. et je soutiens encore à présent l'opinion qui dit, que tout jeune homme et toute jeune fille qui veulent se ma­rier doivent produire un œrfi,ficat médical. Ainsi ·on éviterait pe.u à peu les maladies héréditaires.

PAS UNE PARENTE. - Tu sais fort bien que les mariages entre proches parents ont pour la plupart djU temps: comme sliites: Des maladies dè corps et d'esprit, un dégoût précoce chez Jes• époux, 'la mau­vaise constitution et l'idio'ti~me des enfants, l'extinction rapide des famHles. C'est pour cette raison que l'Eglise frappe de nullité les ·mar-iages contractés, sans dispense , entre pa­r.en.tls coa1JSiail]g,ui11Js jusqu'au ~rro isième degré.

Voilà les dix commandements que je te ·lPropose de mé:di"ter. :Mais il est vm i. qu'i•ls sont un petit peu longs, mais pour une a'ffai­re aussi impor tante qu'es·t le mariage, on ne peut jamais assez ,réfléchir. J'espère donc que mes conseils .t'aideront à trouver la person­ne que .fu veux ,rendre heureuse et qui te ren­dra heureux.

Au revoir à IS. .Antoine.

Ton tout dévoué en Jésus-Christ,

Gitram.

=tto~::j:= .

Isabelle de Savièse

I~s.abell1e de Sruv:ièsè éiruiJt une !l'eine qui n 'a­vais ,ja1t11aùis ~u de royall1Jfl1e. El1e étai~ belle de nai1s·saoce, :maligne de race. Lorsque v.ou·s êïes au bal, voll!s adjugez 1e nom de r~ine à la plus belle danseuse. IsabeUe de Savièse était reine à œ titre et dans la tcommune, personne ne le lui contestait. Les jeunes fil­ies de Savièse ont la réputation de compter parmi les plus belles d'entre les belles .pay­sannes ·en Valais; œ n'est pas peu .ddre. Exu­bérantes de s·auté, leur teint est d'un rose f1leur dies .AJI:pes bruni par l ':ai-r :s1a'uvage de l·a montagne. Sortant peu, la Saviésanne ne

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manque .pas de .l'esprit d 'ob!servation, aœcun èlétail ne lui échappe; de là vient la malice de sa raœ.

C'est encore 'à l'esprit d'Observation que la Sruvilésanne doit .son joli costume des grandiS jours. La note dominante de ce cos­tume est la cravate en forme de trèfle. Un trèfle en étOiffe, un très humble, mais carac­t:éri'sttaue. Vous le trouvez 'comme décorum du col~ S'Otts 'forme de nœud du rœb~n de la ceinture · .il va même ·s'égarer, non sans, es­prit, sm: les soulliers plats. La coifie est su·r­montée ,de ~soie noire, le coSifmne est de mê­me noi,r mais les manches sont blanches. Un ~aJblirer à. dessiÎ'll et en couUeur, toujours de bon goût, donne du re1iei au 'costuune.

Isabelle de Sav.ièse, dont j'essaierai de vous décrire la beauté, avai~ une 'Volonté de fer. MaLgré .ses vingt-deux ans, au·cun jeune hom­me de la commune n'était arri1vé à obtenir .sa main ca,r Isalbel1e avait déclaré vouloir épou­ser ·~n jeune homme qui ne seraiit pas. de Savièse.

Les jeunes gens de .Saviè.~e, jaloux, s 'é­taient jurés de faire le pos·sible e1: l'impossi­ble ;pour empêcher la réali!Sation 'd.e ce .pro­jet. :Délcis.ion ftl!t prise d'admini·sf.rer la ba·S· tonnade au pré'tendarut du dehors. '

Tows 1es dimanches vous pouviez voir Isa· belle à l'église de 81-Germain. On la trou­vairt a<1111irable â 'toutes les, sai:sons, cette charmante I~saJbelle. . Elancée, au profil grec, des mouvemen-ts d'une gra-cieuseté naïve, !Te­gardant tout le monde en faœ, même ceux avec lesquels elle avait refwsé de convoler en justes noces, IJS'abe'lle étai~ la reine de Sa­vièse. Son regard inspira-ii la confiance et la •douceur.

Un beau d.imanclte, 'C'éltait celui de la Pen. tecôte. Isa1belle vient à 'l'office de Sit-Germain en compa,gnie d'un jeune pay.san é'tranger à la commune. AUt sortir de kt messe, nos deux jeunes gens s'emiPressent de ·Se diri~er du côté de Rouuna, sans jeter un regard s-ur les passants.

« C'est le ;fi,ancé! » , ces "trois motils font boule de neige. .

Le dimanche après la Pentecôte, Isabelle

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vient seulle à 1a me·sse. Les yeux !baissés elle ne regarde per~Sonne. Penrdant •le prône e'lÎe rê,ve. Le regard Hxé sur un vitrail blanc, il lui semb'le étrange que les vitraux de l'église de St-Germain aient seu[emen1 un petiot en.tr~­filet jaune. IsabeNe voudrait y vok des ·s'ain,ts. CeHe i<llie la hante, l'endort, et void son rê­ve: Une sainte se présente, blonde, ·à la phy­sionom:e angé'liiqüe. lsabel'le lui voit un ra.! meau d'olivier dans la main droi~e; l'a main : wauche r~pose ·sUr la poitrine. Un man1eau rose couvre en pa,rtie sa robe d'un ·vert d'é­meraude. La physionomie de la sainte est an­gélique, s·a chevelure blonde. Des paroles parviennent aux orei11es •de la jeune mœ: « Is,albelile, je suis Ste ~catherine d 'Alexandrie, pamronne des ~eunes filles. 1Prie, s-ois fi:ctè1e, Irnéb~nlable dans tes, réso!Lutions et tu réus­sirns. •

Amen! dit vigoureusement monsieur le curé terminant le seranon et Isalbe1Ie sort de son rêve.

Une ·semaine ne s'était pas étoulée que l'on vit arriver tme jolie jeune flΕlile chez Isa­be'lle. C'étaient des promenades continuelles. Isaberle était rayonnante. Tout le monde a­v:aii i{Jillaisitr à voir ces deux amies, et les jeu­ne·s gens ~saluaient de leur mieux en piquant des solei'lts d'amoureux. L'amie vena·H très souvent. Ains·i se pas·sèrent quelques .mois.

~ Une sUl·priiSe 'était réservée aux paroissiens

poru1r ·le premier dimanche de ·septembre. Ce jour-~à, monsieur le curé' annonça, du harut de 1a Ch:alire, le !Prochain mariage d 'ltSabeUe avec ..... un jeune homme incolillu à Savièse.

L'amie d'I.saheUe était présente à cette so­lenJ1elle prodamai ion Les commères s'empres­sèren.'t de clmchotter: qudle hg.ure peut bien avoir ['élu? Les je•unes gens de penser, n 'y aurai~-il pas moyen d'~cher ce mariage? La vei'lle de l:a noce, la ~ur·io.sii:é est à son paroxylsme' On voit arr·i ver une peti·te voiture tirée pin· un mulet blanc, surchargée d 'ut1!è py;r·amide de paquets. sur lesque'l..s trône l'a­mie d'1saibe1Qe, le sourire aux ·lèvres. Enfin

voioi le grand jour; les c1oche.s sonnent à tou1es volées. Les jeunes filles •Se ~sont parées de ~eurs pl>Uis beaux atowrs, l'église est dé­coiiée d'e s•apîins et de magniifÏICtues guilf'lan­des. Tonte la commune est à 'l'église. Les or­gues rete.niiÎ!S'sen't :majestueusement. ·Les jeunes fiancés entrent e-t Te pulblic de constater que la.· g.rande amie ldnsahellle, ar11ivêe la veille , est sulbslti:tuée !Par le fiancé. Ce sont les mê­mes. traits, la même physionomie. ·

Ainsi se maria ISabel'le de Savièse, mali -gne de race. ·MARC

= t.:t.ot.:i:==

Variétés

L'ACTION DE ·LA PRIERE Au temps où l'irlande, soas la direction

d 'O'Connell luttait avec tous les moyens équitables ~t légau~, contre Foppression •de l'Angleterre, au siècle dernier, on discu-tait un jour au Parlement un bill contre la liberté de Plrlande. Les ministres de la Couronne triomphaient déjà; le vote va Hre enlevé. Il fa ut une réponse prompte et habile, tous les regards se tournent vers 0 'Conne11; le puis­sant orateur n'est pas à son banc. On se me! à sa recherche, un de ses intimes le 'découvre bientôt dans l'une des salles du palais du P arlement, où il récite son rosaire.

- :Venez ·vite! s'écrie-t-il. Et lui eJrPUquant en queiques mots la si­

tuation, il vetut l'entraîner â la t-ribune. Ma·is O 'Cmmell de ·répondre avec simplicÙé:

Laissez-moi finir ce chapelet; je fais plus en ce moment pour la cause de Flrlande GU ' avec les :plus éloquents discours!

~ H-ostie pu,re, hostie ·sainte, Heur de l'amour

dont la croix est le ~ruit, embaumez notre vie, œtte tente dll"e slsée pour un jour. Sous les douces ombres du mystère donnez-nous le · 'bien-aimé et avec lui toute la joie concédée à. l'exil. Pénétrez~en nos âmes, hostie •divine, et après avoir été notre pain de chaque jour, donnez-nous dans •sa gloire celui que. nous avons tant aimé ·dans son aba~s·sement. ***

·Elle avait aimé

Et dans son 'berceau,, ·Je p~tii .se mit à râ .. Jer pllus foJlt.

iLes Œ)ieds m11S s wr les -caneau:x: g!laoos, le ,}Ydie Ue pri,t vi•vement dans ,ses bras, et ll'ap­prodha to~ !Près. dle 'la :borugie, piquée d'ans un g o tùlot de bou.ieillle.

- Y de!Vient lblleu! ... - meu! . . . cria la mère. . . iM0!1 paJWVre

.petit qu'ëim1~Œe! ... - - . . . Y a pas à dire. . . Pour étouJ!lîer ...

il é iouffife! . . . C'eSit Ile oroutp.! ... - B~ quoi ~aire? ... crie la femme, en ser­

ca:n,t les poings d 'un air menaçant, comme si ede eût vO!Uilu ch3f.ier I1Ja. fataaHé qui envalh.il8-sa.i1 1a maJ•son..

- Oui. . . quoi ~aire? ... .A!lors Phomme, un lbaMeUtr de fer , 'aux

nmins cafileuses, ,un revol.utionnai.re rouge,: urne bmte 00!1.118 J_a vie ord:inai'l'e, .se met à bercer ISO!l1 pet>it dians 1ses bras, en se prame­nan~ au ·trarvers de ma ma·ison, en !faisant très

) dotuœ sa rude vo,ix, powr 1Iwi di1re: -Mon petit Oharlot ... t'en va pas!!! On

t'aime bien ilci. . . tu sa ils. . . C'est pour toi que je traml'Ïl1e!: .. Si <tu pa:r.s . .. alors quoi? ...

Et pendlarut ·q!U 'i[ parle, la ,crise a.uglmen­te. . . le corps de ll'eruflan·t se toro comme un. ver écrasé: la boUJChe s'01wv·re toute grande, demandant de l'air par pifé .... Les petites mains crÎI~s arra.ohent La laine du. gi,~ci ... s 'ensangilarntent auoc ~ingles du 'mla·i11ot; et, S'Ll'f toute la pièce en désordre, monte, gran­d it, Uentement, llllg.ulbremea:Jlt, 1e Tâile cou1p:é de hoquets qwi 1semblle êke la suiJ)pliloa:tion alf­fol~an.te Ide 1-a natte vaincue, demrunrlla1111t grâ­œ à 1a ·Mort <toute-puù-ss~ante! ....

- 1Pom·talllit... aes mêldecins· ·sont faits po.u!r ça!... di:t na mère en se re<kessarnt, sauvage, les mèdhesi de clhe'VOOX plein . la f·i'­gure.

- - ·ff est à deux liel\lles d'iici, le médecin., et i.l ne viendra !Pas nuainteruan1 ... Le bou­langer p~-'> 1e avec 1sa voi~Uire. , ·vers. 4 h- d1t

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m., je 1lui d~rai de le ramener, •coûte que coûte!

- A 4 1he1.11res, ·le UJet-it sera m01·t! Poss,iJIJle .. . Certain! . . .

Et, s ·ëaroruJlant dans un coin, au pied dltt berceau, ·la mère q!ui ne sait plws prier, !Pieu~ re de r.age et d'inwwi.ssanœ, les ongles ·cri-s­pés dans les joues, comme si elLie .vouJ.ait se gdffe.r eUe~même .... , dans Fattituide d 'u­ne statue v.i•vanie et fa:rou1dhe de la Désespé­vance.

Uhomme~ iliui , est sorti suil· 1a •rouite, Slans tr oa) ·s·avoiT .powrquoï. ... :La campagne ,fout entière es1t etroOt~mie sous som ·immense Œin­ceull de neige; et 1e ciel, 1110Îil' et gllacé, sem­b le un rehts, donné d~a'Vanoe, à toute es!Pèce de suwlicatiorn .

D'a·illlewrs, prier? ... ·n n'y p ense même

p~s! ;Les deux mains ld:ans iles .poohes, ill re­

garde, .poruil" regarder; pour se donner, par le moUJvement, Œ]lusion de Faction; po'Uir échapper, une seconde, a111 spedac'le a.troce de ce petN êflre à Œ!U/Ï, qui, se .débat, é'too~fé s.ous le doigt oSiseux de ia mort ...

. . . All1! si c'était da [)ér011111eHe i1e là-.hau,t) d u dhâJteau!... Tout Œe pays· sera-ilt deboot; tou,tes Œes fenêtres seraient éalairées, tous les domestiques s'essou@eraient, le télég.rapihe n1a:rrêtera ill: p1us ; e1 les ex~preSJs jetteraient de Paris tous les 'J1léldeoirn,s posslilbles 1S1Ur ·le pa· v.é du vdUage!

Mais. . . OharLor?. . . IDe Œa marmail!le d 'olluv.r·ieŒ'? De la 1ahair â ma:ahirne? ·Est-ce que ça c0111/l)de? ...

Et, dams la nuit, IFhomme lfegarde .Pé­norme et trnnq.uilille mrusse d'ornlbre que fu.i.t, sur 1a 'c011Biine opposée, Ja. façade du dtâ­teaill . .. Us dorment tous là-dedans, coll1tll1e des Joi.rs.!. . . tanJCl•iiS que •lui!. . . Mailheur de mi.sèTe de ma:ssatcre! Comme si ~e€taH pas assez de se tlter po•ur son rpa.in! ·

Toot à coup, ' SJUil' 1Ja neiJge craquante ... -un :bruit de voitulll'e. . . un • galop l<?i.nt.a.in de

Page 12: L'Ecole primaire, février 1923

deux gran!ds carrossiens, qru'i marclJ.ent avec prélaaJUtion au miUea de la rorute étinceLrunte ~ie verglas.

ILe bruit se Œ"awroohe; on di:stiiilgue déjà le cliquetis d'acier des gourmettes;~ le crisse­ment des harnais de druxe swr les ~a uJes qui tirent à !Plein coUier.

- Ça. . . c'est pour JCe sale château, pen­se maubinaiement ll'ouv·rier.

·La voiture awroahe, arrirve, passe lente­menil:; et; daiilJS la traînée lrumiateuse aue font ses lanter.neSI S!Ur la neige et ·sur ta· pa:tw·re maison, Œa mère sort, Ile ,visage contracté, les ywx · foUtS:

- . . . C'est le médecin? ... - ... iLe médecin!. .. Et Ie. InaJr.i hatusse [es épau.U.es, d 'un air de

pitië ... Le médecin? ... PoUJr eux? . .. Al­lOtliS donc! Mais voiilâ que, <SIUlbi1et:nent, la ·vHre .de la ­por:Hère s'abaisse, une petite tête, très dou~ ce, très -clécidée arussl émerge d 'run col de fowr11wre, r~rde, un ins1Jant, cdte figure de dltSsespéree, dont iles mèches s'agitent sous la bise glaci~Je et ·1 'ihonnne qui se tient dans l'ombre, silenJCieux et faJ~"ouche • . .

- Coclher.. . arrêtez! fait la dhâ~laine . et, de 15a ·main run peu inhalbiae, elle ouvr~ ES!Œe-même la Œ>ortière.

fi Deux femmes au-desSIU!s d'un Jberceau; une

patricienne éllégan1e, en robe froll!fronnante de soie ... , 1.lllle ouvrière pâle et maigre, le~ traits ·tirés ...

Dans un coin, le mari regarde, les deux mains dans les poches.

La châtelame parle très v He. . . les dents setTées.

- . . . Deux sinapismes llà. . . aux jam-bes ... De 1'ea.u? ... Une aS1S1iette ... ',là! ... comme ça! ... ·La tête pl.us hau1e!. ... Du vi-naigre? ... Ne pleurez pas· ... Nous le Hre· rons de là. jU1 ai rvu d\tutres! ...

Mai:s comme pott!" lui1 orier la vanité ·de son ad1fi1rmation, à la peti~e marquise, :la mort semlble, autOUJr de Œa gortge du paJUjVre petit, serrer de plus en plUJS le collier bndal de ses ld.oigms décharnés .. •

26 •

De bleu, l'elliant eSit devenu violet ... Dans l'a:sphyxie montante, les yeux semilYlent vou­loir sauter de la tête •..

Et •le médecin <;ui -n'arrive pas·!. . . Et la roru~e qui demeure sillencieu,se, sans un brui1t de voiture, sans un galop d'eSJPOir! ...

Bt, comme le père rega~de, Œans une· douŒeur terrible - la doudeur des fOirts qui se tai-sent elllfrayamment, -la petite mall"ql.IJise quitte sa voilette, son cltapeau, ses gants; jette, sur le poêle éteint, sa sortie de ba-l:

- Une rui~lère, dit-ellle, une plru.s peti:te, là' tenez-lui ala tête. . . fort. . . très fort! ...

Alors, -.MJme de v ... fait un signe de croix, pas•se l:a -tige de ifer au trarvers des petites den fs cr·ispées. . . . . ouvre ija booohe qui ·se raidi·t co11111t1e un étau. . . . Puis, len­tement. . . boru.,ohe· contre boUidhe. . . lèvres contre lèvres, . dans un baiser altroce, e'lle as­pire les peaux morte111es qwi obstruent le la~

rynx. . . les cradhe à terre, sous les yeux agrandis de la mère, de!V'ant le père qui re­garde smelllCieux, towjOUJrs ie même pli mau­vais aux lèvres . . .

- U. . . ·comme ça. . . .il me semble que votre petit va cOOjlà. mieux ...

~ Devant une gŒa.ce oa.ss& en triangle, e:t

ma1Ïl11ienue au mwr prur 'deux dlous, Mme de V : .. , très pâJle,' se trecoi!Œe d'une ma.in qui\ tremlblle un peu.

Autooc d'elle, tout le monrle se tait: le métledn, en[i'n at"rivé, la femme. . . le mari qui regarde à teNe. . . gêné.

Seule, dians ]la pièce monte !La plainte ·chan­tante, presque heureu;se, de Penfanrt: s~·.

Bienrt:ôt, la dhâtell.a·ine a fini. ·La sœur de oh.ari't~ re!dev:ient 1a femme ki.u monde.

- M.erci, docteur, d"être venu .si vite ... AHolllS, Madame, une petite prière pour moi, et demain je ferai prenrltre des nouvelles du petit

.Puiis arrivée en faœ dlw batteur de fer, elle ~ui1 ten!d sa petite main toute gantée de blanc ...

... Non! Les miennes s-ont trop .g<a­

[es... \Lai'ssez-moi!... Je suÏ's une crapu­le ...

Et. presque brUita~, l 'lhomme se détourne ....

SéUJlementt, quand Mme de V. . . fut re­mo~e dans son colljpé capitonné de bleu; que ~es dhevamc eurent repris, arvec deux heu­res de retard, le chemin dJu, Clhâteaù; qtll!Uld le g..rnnd s~lence de la nUJit s'étendit sur tou­tes clhoses on ruu111ait !Pl.IJ .distinguer, à la froi­de dlatrïté de 'la hune, une forme hJUrnaine qu.i se ba~ssait soc 1a ·rowte, et embr:a.ssait quel­que dhose, comme le {in siÏUage d 'une voitu­re de ma~e ... •

Oix jours après; a.u clhâteau. !Le m&iecin rv.ient de partir, et, après une

demi..JheuŒ"e_ de résistance, il a 1i.vtt'é son se­cret; eJhle est perdue, 1la petite marquise! Le cro\.lip, gagné en bas .ahez le ba:tteur de fer. a oêdé devant le sérum, lequel, inje~ à hau­te dose, a prodluit un révei[ de méningite.

SeuJl.ement, dms un cas, la mort a.rvait œn~ ahaoces sur cent.

.DalliS l'illlltre, 98 seuJlement. Mme de V. . . a perdu. VoiOà 1oUJt. - Jearute, awroohe-moi Gernnaine ..• Gemtaine est uœ mignonne petite table à

correSif.londance; Ja mar:qlllise l'appelle ainsi, du nom de 'l"amie dont ellle la tierut.

Bt ill y a rouf l'illlltirrne, towt Ge bon, tout le cœur, dans œtte jolie Chose d 'êbène et de c.ds-ta:I. . . ;Les dernières lettres de son ma­ri ... 'le premier - le seul - cah-ier de bâ­tons de son tiils. . . Ueux ·chapelets. . . un cm!Cifi-x, quelques bijoLLX, des a:Lbums de vo­yage. . . Une « lmitta.tion » •• . • quelques pho­tographies. . . très peu. . . . •

Towt cela dit ... raconte sa vie: - Te .souviens-4'lu?. . . murmUJl'e clhaque

chose en gJlilssmt entre -ses doigts fiév-reux ... Te sOUIV,iens...ru? .••

Si el1le se sowvietllt!! ... Celui que. Dieu aime meurt jeune. . . A

quoi bon ra-ITllaiSser les miettes lorsque, pen­dlant quel:qu,es 'hell!"es le ~estin de la vie f.u~

roya!l? ... QU!and ,les onctions sain~es furent ter·

min~s, ~e :remerdla le prêtre: - · Vous prierez un peu pour moi? mUJr­

mura..t-elle . . .

27

-. IBeauooup!. - . .. Oui. .. C'est œta. . . beaocoup! .. .

Dire que IC'est fini!. . . Oh! que je soumlire! .. . Bt sa fêie retombe sur l'orei1Jer, très pâ:le

dan:s 1 'oc sombre des cheveux.

AloriS, elle se ·met- à parler toute Séùlle, perdarut, par moments, le sentiment de Là réalli1é:

- Et s'i[ n'y avait rien .... après? .. , Rien... Le néarut?... }"all.IJrails aimé, souf­üect. · · emOOll.i mon âme.·· pOUJl" le néatllf! ... •Ma.i•s ... non!. .. je S11is ten~ée ... com­me vous, ô mon Dieu, à OetJhsémani. Oui, je crois en VoUJs ... Vous êtes J\à .•• tout près de moi ... inwi'sible. VouJS êtes là, anges mys· térieux des agon-ies!... Vows aussi... les hien-aimés·!. . . Oh! on dirai-t qœ ma tête va wla.te.r!. .. ·Mon Dieu, ayez pitité ... pitié de moi! ...

,Et comme ses doigâls ·se crispaient awr. .broderies dlu li1, le prêtre lui prit la main.

'.Mine de V. . . OUJVrit alors le!S yeux et ne dit plus rien. Les rega-rds fixés en haut, elle sennlblai1; écouter des voix très douces:

·_ VieilJS, petite sœur bien-aimée ... Viens . . . car ~e .Clldst t'a!RPf!l[e en soo pa.radis. . . . Et nous planons impa~ientes S11r ton ârœ, pour l'eillJPO·rter :l~·ba'S ... très loio ... dans l1infin-i du ciel bleu ... .

Les funéra-illes se firenJt un ma tin, à dioc JheUJres par un browiMa.rd d1'hilVer lourd et noir qui dorutait t'i!lllrtlls-ion de la nrui.t.

TOUJS les ouv·riers faisaient la haie depuis :le dhâtea,l.IJ jwsqu'en bas, da.ns la. ville.

- De quoi esrt-elllle morte? ... ldemandaU­on partout ....

C'es~ à peine si l'on avait su dans les ooines, qu'eLle étlruitt tmaaade.

Derrière towt le monde ... bien loin, un ouvrier marohe, la casquette à la ma_.in ... d'air br.uta~, mais émru. .... :JJ mardie comme un homme &rasé sou!S run fa-rdeau efdira­yant ....

Cette femme qu'on enterre. . . cette péron• m~llle, comme il l'lélPJPelaÎft . . . c'est · pour Ini • .. poM les siens qu'elle est morte! .•.

- Ce n'est (pas par orguei1l . . . ,EJlle n'a rien

Page 13: L'Ecole primaire, février 1923

dl t. . . obligé même jusctu 'lau rrreldecin à. se ·taire!

A'l011s? ... Outi, iŒ fawt un Dieu pour ins­pirer. . . pou·r récompenser de patreilles su.­bEmiJres!. ..

Car, qui est-il, lui? . .• Et comme un rayon de solei:l en[ève à la

bo u·e la g1Qiu.tte d 'eau étincelante et l'emporte, :nvis.i:bile, ju,Stqu'au fond du del... le d!é· voUrement, en passant sm cette âme aigrie, la dé!gageai~ de ses fanges et la jetait, d'une envoilée ·superbe, a~ux !Piedls du Ohri'st Jésus.

Ma intooarut, où étaient-eJlles, ses haines, ses .a'bjeotions. . . Ses rancunes? . . .

Bille emiPoTtait tout, la pruwvre petite, dans son éll·roit cercue~l de chêne.... Elle avait tj.onné réponse à tourt:.... « Bile aVJait aimé! •.. » Bt,_ pour cela, eUe étai:t morte!

U'oa i'~leu.TJS « l'amour. . . la mort » , comme ces deux no~s s~ res;senililent et s 'ap,pe.Jlent!

A peine u111e Iett<re à changer! ...

~

Il y a t~r·oi.s atl/SI qiUe ces choses sont an·i­vées.

Et maintena-nt, si vous allez dans le petit cimetièTe de C ... , un î lot de paix et de ver­du.re, .au milieu de la terre noire des u.sineiS, vou1s a,perce<vrez se promer dans un coin , à gawche, une gracietl.lse cih<IjpeHe toute bJ.an­clhe, tim'brée aux armoiries des de V ....

A l'intér.ieulf, 'VOUIS' ne Ner.:rez d~aJborl:i, su1· rrvuiel, Ctu"un gvand Gr:uciffix i111jpress.ionnant.

1Vlais, regJardez bien. . 'là. . . dans un co:n , comme ·s'ill :vou~a~t se diélrober à toos les regards, vows diSitinguerez un tou-t peli·i bouqwe.t de fil.etl.lliS ~owjour.s ~raîcthes, et re­noUJvelées to.us Jes deux jou.vs, deplllis trois ans.

Qllland il gèlè, et qu'.il n'y a de fleu~rs qu !à la viU1e, .Mime de V. . . a, ma1lgré toiUit, sur la pie.rre de sa tombe, le bCYUtqtuei myMérieux du souveniif.

- Seulement, m'expiilcuwait le vie11x gar· dien, J.a mâJte1aine n'a<Vailt p,as que des. amis, ainsi, de 1em(ps en femjps, je vois rôder, au­tour de s·a ohaiPeUé, une espèce d'ouvrier ... de baHeur de fer, ancien anMCJhis~e) et qui

28

rega~tde du cMé de lJa tonroe d 'une façon très ouj . . . trè-s singunière ....

Pien·e l'E1-rnite.

L'école et 1'aoandon de la terre

Comment .se fa.ilf.,ï,J, qu'en .dJépU des c;T­consiances favorables, la rerre soit de plus en .pilus alban donnée? C'est ce qu'un journaa compéltent examine dans rn1e étude ·sur œ .sujet.

Un peu part out, à l'heure qu'U est beau­coup de jeunes a.gri10uHeu:rs, dit-~i1l, n 'ont qu ' un rêve; devenir f'Onotionnai-res, facteurs , commits de poste, emp:oyés de 1chemin de fer , buraHs~es; Pâme du paysan es.t déracinée.

A cela, ü y a des causes générâiles: la fa­ci1i1é des commooicat,ions, les appels inces· sants de 1la ville à la population ruT~ lc , sous forme d 'exposi·tions, de concours agr icoles, de ffêtes, de cenlenai·res; le service militaire, la fasc ination des sa:laires piLLs élevés. le mi­rage d'une vie qu 'on s'imagine p lus fac ile et plus douce.

fl y a aus.si Pébranle~rnent et la disloca­tion de la fami'llle agrkole, la décadence des sentitmenli'S a:ui .as·suren~ hi cohésion ~amilia1e; le re51pect des .parents, ·l 'umon entre frères et sœ u.rs, 1'esprH d 'as-sociation e't de solidarité, en vue d 'un travail · en commun. Les n:Ls quüttent le père pour échapper à son w.tto­I:ité "OU à sa ·surveillance. Rares sont ~es fe r ­mes Ott travaWent enseml:Y!e des frère3 ma· riés.

La ruine de l'esprit de famille esd: l' llne des .princi1pales cause·s de ll 'abandon de la terre.

'Mais c'est ·J'ëco:le qui est le principal cou .. 1pable. Le jeune éco1ier est hwm:tié d 'être un' enfant des ·Chc.tmps; ce sentiment s'accuse S:llü­

iout quand ,ji e·st en présence d 'oo enfant de la ville: bien à tort, ~1 ·se croit inférieur à lwi. Il JS 'Ïimag.ine que le troa,vam de la terre est moins élevé en dign.ité que le travail de bu­reau oo de l',in'Clusifr,ie; ,U n'eSII> pas loin de

penser que c'est le moins reilui·sant de tou-s les métiers. J.l croit que tPécole et la ferme so nt deux mondes complètement dis,fincts , très -élloiJgnés l'un de l'autre, n'ayant aucun point de contact, et le p remier infin iment in­~rieur à ·l'autre.

Or, cetie mentalité est essentieNement Pœuvre d.e Pécole. L'enseignement s·co.la ire trop intel11ectuel, trop étranger à a'enfant et à •son mi'lieu, la favorise et la dévéloppe. L 'é­co.le .considère le peti.t paysan comme un é·co­lier ahs~rait; elle ne le voi·t et ne le plaœ pa.s d ans la ~rélalii!é. El~e cher•ohe à ~UJ~ donnet des cla r tés de tout; elle le t·ir e du milieu où il est né et oü H doi.t vivre; elle fait émigrer son jeune cerveau, elle ·le. dérac;ne . Plus l'en­fant se montre b on écolier, p lus il profite de~ leçons, plus i1l apprend, :plu.s il ·s'élo·igne de Ja terre et ide la 1charru-e.

Et s ~i~ s 'a.ttard.e à Pécole après tr eize ans, sa. vocation agri'Cole es t bien compromise.

L'école développe - veut-être - l'intelli­gence, la ~raison , le jugement, le bon •sens, l.a vo lonté ; elle rompt sûrement les liens qu,i at'bacihent l'e111fan~ et 1l'homme au sol natal, au métier hé rédita ire. Elle se désintéresse des TOI'ces pui.s·santes qui d or ment ·d:ans iles ré· g ion•s profondes de l'âme. Si elle savait ré­veil·ler .ces forces, les cultiver. les diriger, les util iser, elle retiendrait l'enf~nt alt village et préservera i1 les terres de l'a;bandon. El1e s ·en dés!ntéres.se; son enseignement res·te trop ex­clusivement intel-lectuel; elle méconnaît la qualité ï'ntime de 3 '~co1ier, ·son origine, son milieu , s on atav,isme, son avenir; c'est un désas,f.re po.u:t1 '1a vie -ag·ricole. Pout!" que les champs soient labourés, il h ut que J'école commence par cultiver et élever des Jabçm­reurs. Non .pas qu'elle doive enseigner l'a· g6culture, mais elle devratÎ t donner une écLu­cation, une <:uHure morale en vue du rrrétier ag ricole.

L'écoae doit surtout éviter de glacer les bonnes dispos i·tions. Que jamais le maître ne dise à 1'écorier pares·seux ou moins intel­lilgen.t : « T.ai , tu n'es bon qu'à ~a.i're un pay­san ». Car les meiHeurs ne voudraient plus après cela. ct.I!Hiver Ua terre. Un rien ~eut

compromettre la vocation. L'école ne doit ]a­mais manquer d'ex>alter ce que la vie agri­cole a de Min, de beau, de noble. Qu'eHe ne cra·Ïigne pa·s de remuer les :atavà..s.mes, d'y faire appe11, de les gloriŒier! Il faut qu'elle con_sidère ses élèves comme ~des apprentis laibouretl!lis, et q:u/eJI!e ,s"aJPiPlique à 1dJ-riger dans ce •sens leur men~alité. Elle doit dire au petit ,agâculieur: « Ttu n'ws rien à .enVJier à l'é·coŒier des vi11es! Tu le vaux! H voit les musées, ·fu vois la beauté du printemps et des prairies en fleurs, la splendeur des mois­sons mûries. Il est moins fort, moins, bien ,portant que toi. Tu n ''ru& !Pas beso,in de iuL Il a besoin de toi , puisque tu le nourris. C'est sur toi que compte la patrie, si, ltll1 joUtr, elde est m ena·cée! » Que .J'on ne ·Craigne pas quel­ques exagéra~ions: as.sez d'autres inîluences remettront les choses au point. L'école doit, chaque matin, faire ;vibrer l'âme de l'enfant avec ce chant; cette vibration se prolongera dans .sa vie. Qu'el'le lui dom1e l'orgueil du métier; il ne l'a pas. Qu'elle lui montre le pays·an créall1'r avec J~aide d.e ~a nature, les plantes, les Jblé s, les Er.uirts; ~açOllllam ~ son gré les animaux, les perfectionnant, les amé­iiorant. Qu'elle personnifie les forces de la nature.

Qu~e/l.Je .relève le irav·am de 'la terre aux yeux de l'enfant, en la pa.r:ant de la noblesse de sa s-Cience. Qu'el1e leur montre à la fer· me, les metvei'lles de cette science! Que ja­mais le jeune paysan .se sente dépaysé à l'é­cole. Qu'il ne ·s'y .croie jamais dans un mon­de étranger à .celill où il vit avec ses parents, bien supérieur, beaucoup plus distingué! Qu' e1le prenne dans un peü t .cour,s d 'agriculture, dans les choix des lectures, des didées, des pages d ~écriture, le trait d 'union entre elle et la Œe11111e. Que :Pâme d'tl: maître soM rem­plie par la beauté et le •charme de la vie ru­rale. Qu'.il pariage les émotions des agricul· teurs , qu'il s·a·che •s 'attri·ster de la pluie qui noie les laboun, de la bise qui les dess~che, que .son ·cœur se gonfle de joie â la vue des épis qui baissent 'la tête .sous le poids des grai1J.1•S et des ~grawes .mftres qui ·soulèvent tes feuilles pour .recevoir les derniers baisers du

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So

soŒei1; .Pelttant Œe -<:Oll1jprend.ra, le saisira. Mais si le maître n'a pour la vie agri.cole qu'in­diilllfétenœ OUJ dédain, ,g0n influence sera né­faste, quelques précawtions qu'il prenne. Qui dira jamais ce que 'certains villages doivent à de vie.ux maîtres resi.ês près de la terre, SJans que potllr ceil:a la lecfllllre, l'éc.rittœre, le talcu1 et le Teste aient été moins :bien ensei­gnés. L'âme paysanne de ces vieux maîtres a été bienfai\Siante ~ux générations qu'ils ont élevées; elle 'les a ~ixées au sol natal. Où sont-ils maintenant par-mi les jeunes maîtres, les vraiiS ami.s de la terre? Et s'i1s se ren­contrent 'quelque IParl, sont-i~'s encouragés?

I.e certificat d~étu,des primaires exerce, lui ·aUJssi, à ce point de vue, une influence nette­ment défavorable: muni de ce diplôme, le jeune homme trouve dommage de continuer le métier que, .sans .J'avoir, 1ai.sait son père.

Il fau~ donner au: petit agriculteur une haute .idlée de la valeur .de la charrue et des àu•tres instruunents aratoires; il fa.ut lui ren­dre 1surtout l'orgueil de son vHlage et de sa profession agdcoie.

L'abandon de la terre est un lait écono­mique et moral 'd'une portée immense: .il vaut 'bien quelques efforts et que'lques sacri- . Hœ.s. L'école n'es1: pas encore ou n'est plus ce qu'ellfe devrait être; ellie doi1:, elle peu~ se perle.dionner, se modifier. L'enseignement y es't dlé!fedueux; il réjpood mal à son .but. L'éco­le ille renld prus les servilces qu'elNe poUir!l"aJ~ et qu~elie ;devrnillt rendre; •SOU clfeJ~ ufi.le n'est pas en relations avec les sacriUces qu'elle exige et qui• 1son1: faits pour elle. La tâche est hé­rissée .de .diffic-wl~s; ene n'est pa.s impossi:..: Ne; le temps et la pa tiènce en viendront à boUJt. L'.i~ortan't est de s'y atteler pendant qu'il en eM temps encore. 'L'école doit deve· nir l )i111strUJ1t1ent qUJi lfelèvera 1a Vlle agr.icole.

Moi aussi je me marie l ... Mon cher Basile,

. 'Dspérand: te !(JOU.Vok serrer cordîaJlement la maù111 je .te drsais dlan'S ma 'dern~ère lettre: Au rev·oir à S. A.llltoine. S. Antoine, œ bon

père des solitaires d~Egypre tte Cherchait que Dieu dans la retraite, mais H n'en fut pas moillls découvert et choisi comme directeur des consciences. Te saahant en train de Œai.re la connaissanœ d'une personne ctui sera ton épouiSe à venilr, je te dilrrui de slllivre l 'exem­ple de S. Antoine et de te reti:rer un peu du monde IPOur pouvoir te donner tout entier aux reflexions [prûiposées. Si tu as une con· fi~a.nœ entière dans la Providence di'Vine, le bon Dieu te fera découvrir Œa personne qui l'est deslfin'ée, comme S. Antoine fu!t découft vert. Ou .plutôt, le hon Dieu te fera · rencon­trer sur tes chemins la personne désirée. En tout cas, ne prolongez pas la durée de vos fréquentations au delà de six mois. Bien sou­vent [es frê(iuentations prololllgées font des mar.iages forcés. V~tus ne serez pas forcés de voltS marier si vous avez suivi fidèlement l~s consei[s tcLOnnés. Un mariage forcé est toujouTs un marüage plus ou moins ma1heu­re11X. Une dent d<..mt la radne est gâtée peut produire .des .souJffranœs longue·s et doulou­reuses. Et être contraint de se marier, c'es.1 partir poulf un long ·voyruge avec un soulier qui blesse. Les fuUJtes oommi1ses avant 'le ma­riage .sont la œuse ordinaire des regrets, des reproches, des querellles qui trooblent la paix du foyer familia1 et Tendent si pénible, et .si loord ae joug familital SwrtoUtt en ce sens, le prQJVeribe est tout à f.a1irt vrai: qui prend femme prend souoi'.

Heu!l"eux, au contrairo, tes époux qui s'a­v,ancent a.uoc pieds des autels, non seuLement avec la couronne ~sur b 'fête, mai·s aussi avec la c01uronne de 1a vertu au cœur.

Heureux 1les é)po.wc qui se donnent le jour du ma·ria,ge l'un à l'autre un COljPS vierge et .un .cœur ptur. ,Dieu les !bénit et les lbéni:ra durant f.owt le vorage dans ce'Lte V'alllée de ~armes.

•MaPiez-vous a'Vec V·iniS,Wudion suffi.sante que votre rou~ vous donnera ruvant ·le maria­ge. Rappe1ez-vous avant de !VOUS marier les ·principales vélri'tés et les !Principaux de'Voirs die aa reJligion et en pa~rtüctill,ier les points sui­·vants qui resument la doctrine de 1'Eg.Hse, notre mère, sur le ·Sacrement du mariage.

Le ma.rialge est un sacrement institué pa.r no~t<re Sei1g1neur J ~rus-GhriJSt pour sanctiif~er q'union des éjpoux, leur donner la . grâce de 'vivre chll"étiennement et ld'élever leurs enfants tians ·J.a crainte de Dieu.

•La ·ma·riage est indisso~uble. i.égitim.ement 'reçu et ·consommé, ni· 1es époox, ni l'Evêque, ni le 'Prupe, en'<:ore moins le pouvok civil ne peuvent Œe dissoudre. Setille la mort de i'un des époux .peut 1e bdser.

L'autorité ecclésiastique peut, pour de gra­ves misons, ·accorder la sépaTa1tion de corps· et ·de tbiens, mais cette :séparation ne .porte aucune atteinte au lien ·con1ug18.1. «Que l'hom­me ne sépare ce ,que Dieu a uni.» En outre. la d!vorœ est un CTime et si un .mariage té'· giï1:Ïimt a été déclaré di,ssous par l'autorité 'oi'Viile, œtte sentenœ ent.raînernit des consé-·. ·quen'Ces civiles, mais le ma,riage ne set1ait nullement dissous par elle, et J'union çue l'un lies élpoox tenterait du vitvant de l'autre époux, serai~ un mariruge dil1~ittime, invafide 'et nul, un crime .frapjpé de l'excommunica­·tion et méritant 1es justes ch-Mim~nis de la velllgeance di'Vine. · D1atprès le Concile de Trente, les .catholi­'ques ne ;peUJVent ·Se ma,rier validement qu'en présence de [eur œré et .de deux t.émoi'lllS. Pour être reconnus civilement, les mariages 'des oatholiques doivent être déclarés devant 1'01illicier de l'état civi.I. Mais notez bien que ceMe Ïoll"malilé civile n'est absolument pa·s le nNtf1ilage . .Par C0111sequem, les époux qui ne s:ont unûs que d'vilement ne sont rpas mar.iés et ceuix qui, ·vivant ensemMe, resteraient seulement aJvec ·le contrarf. civil, seraient coupables par !Je 1favt même d'run grand orime fd.'infamie et si a:près .J'a,vertissement de l'~vêque ils vivent encotre ensemlble, Hs seraient fmppés d'ex­communicat·ion.

·La marLage est un sacrement des vivants. Pour te recevoir dignement et avec fruit, i'l faut êt1re en état de grâce, c'est-à-dire sans péché mortel.

'le mariage rappeHe et représente l 'un ion intime de Jés·us-Chf!i:st wvec PBglise, son éjpou­se. Il ne faut pas seu!lement, mon cher Ba­sile, v01us marieŒ" avec .une .instrocti~n suffi·

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sante, mais en-core avec des bonnes inten­tions. Recevez le sacremel1Jt de mariage avec la volorut'é de reilliPl·ir fidèlement vos devoi.rs d'époux et de .parents chrétiens. Ayez fin­tentli..on de réalliser na mn iprÎIItCÎpale du ma­riage, c'est-à-dire l'inten~ion de donner des· sa·ÎU!~s à l'Eglüse et des éJlus au Ciel en rece­valllt avec joie et reconnai·ssance les enlfants qu'il plai!l"a à Dieu de voo.s donner. 'Mal­heur miiJJ!.e fois ma.lheur, à ceux qui ne dher­cher~ient dans Je mariage que la ·sati,s[act.ion de la vollupté ou les. avantages de ,la ritohesse, et llltéconnaîtraient Œes fins primordiales et plus éle'Vées de ce grand saorement.

Mon cher Bas,i.le, tou~es -ces choses énu­métrées sont d'une grande impoMance. Je saisf for1 hien que rtu en c0'1111laits ·quellque dhose, mais maJlheureusement ceux qui se paiS'sent de œtte instrwotion albsolUJment nécessailfe, sont bien nombreux.

Au revok à lla 5ête de ·la .convers·ion de S. Paul.

Ton tout dévoué en Jés'U'S·Ohr·ist, GŒT.RAlM.

Coureurs et marcheurs L'antiquirtlê nou,s a laiss~ oo deTtain nom·

bre de récilts 1sutr les coureurs. Euphydes de IP~·aiée s'en vint ·chercher à

Delphes [e feu néJCessa·i,re pour Jes sacrifices' a~irn ~ 1rempTruœr :celu~ que les Pet'lses aw.a·ien t profané; il [ill: 100 .sf~aldes, ou 185 kit entre le .Jever et le coucher du ·sOllei1; il faut ajou­ter Ciu 'il moorut de fatigue en arrivant, com­me le soldat de Marathon. PIIHonide, coureur d 'Alexandre le Grand, :fit mieux ellJCore, puis· qu'en 9 heures H a!J.la Ide Skyone à ,Elis dis­tants. de 120 srt:aicles. Heureusement pour les sceptiques .que l'on ne .saH damais s'il s'agit de grands ou .petits stades et 1qtœ les .roUites n'étaien~ pa.s toujorurs exactement kilométrées.

Les observations modernes, qui son~ tou· tes à peu près concordantes, !Vont nous don­ne~ des chiffres plus .précis. ·

Au seiz·ième siècle, un la,quais du vicomte de .Polilgnac, alla de .Puy, en Auvergne, à

Page 15: L'Ecole primaire, février 1923

Paris et 're'Vi111t en 7 jours. La disbance 'Par­courue éJtant <1 'environ 800 kit, on voit que c'esrt: une moyenne de 120 kil. pa~r jour. C'est du reste ce chiffîre de 140 kil. par joull" (60 milles) · qui était normal chez les

1 ·COUil""eU1'S.,

entretenus, au sièCle !dernier, ,par les gran-ds seigneurs anglais avant l'étahli·s.sement dé ·la·

poste. · En 1801, le ca\Pi,taine 'Barolay pHcourut

en 5 jouTs une distance de 300 milles (un peu moill.w de 600 ·ki'l.) , ce qui donne encore

120 kil. parr jour.

32

Un guilde bien coomt des Alpes , Ad. Bal­mat, fit •le voyage de Pa~ri.s. à Chamonix (546 kil.) en 5 jours. Il û1aut rema·rquer qu 'ici i•l y aV'ait à franch.ir non seulement la di.s.tance horizontale, mais encore la diïféren.ce d 'alti­tude: or, on compte qu'run marcheur met un quau·t d 'heure tPOUT .s'élever de cent mètres sans que l<:t rapidité de la pente ait une in ··

fluence sensible.

l'l y a une diz,a,ine d 'années, un nommé Qha.rles Y.i!Ctor.r, let' Arboi'S, \Parcourut la Fran­ce, en déifiant Ues amalteuTs à .(a cour.se. A en croi·re les affiches, il :avait fait un premie1r trajet de 4675 kil. en 40 ,jours, soit 117 kil. pa.r jour; .il availt été ensuite de Constantine à Aillger (482 ki'J..) en 3 jours, 'Soit 160 kil. pa.r jour; et enfin ·cte .Sidi.fue'l-A.Ibès à Tlemcen (92 kill.) en 5 iheUJres' et demie, ·soi·~ 15 kill.

à l 'heu~re. Cette 'Vitesse, qui ne pettlt être atteinte .qu~

par 'lels coureurs et pour dJe pe~ites distan­ces, ne ;pa.raît !Pas avoir réie dêpa·Sisée. Ainsi, da111:s le gynmruse Amoroo, on a parcouru 40 kil. en 2 hewes 3/4, ce qui donne 14,540 mètres par heure. Les {)oureu:rs angla·is dont nous avons ,pa·r1é 1plws. hault fai,saient 14 kil. à [:heure poua.· 1es peütes courses.

La vi:tesse ordinaire d'UII « nu,rtheur » isoiJ.é est de 6 kit à l'heua.·e (quand il esJt en troupe, la vHes·se 1cLiminue s.ensih1ement à oaJUSe des fLuduoa~ioos de ila collonne · on ne tomrt~ plus aloiis que 4 kit à Fhet.tr~).

'La mar.che préd![)itée peu~ aller, d'a,près les expêri'enres des lfu:ères Weber, jusqu:à

9389 mètres par heU:re. Un marcheur exer:cé peut sO'Uitenir pendant

une treni'aine de l(!i1~omèt.res une .vitesse de

8 kil\. à Pheure. Un lT'.Jail'dheux très ·entraîné peut arriver,

comme un coureur, à [aire 120 ki'l-.- par .jour : mais il ne lui res.te plu.s grand temps pou-r

dormir et p1rendre ses repas. En résumé, ~1 est b ien étab\i .c1ue les limi­

teï>.> maxima de vi:tes.se pour un homme sont les suivantes: 120 kiJomèfres ;par jour, 15

k if o:rrrètres par 'heUil"e. Je ~~erai .remarquer que .cette limi~e de 120

kil!. par jour est précisément œ'l!le qui :con­vient également at~ ·oheval « monté »: enco1·e le cheval es.t-il <&ouveRt foru:rbu, .comme cela 'ar1riva le 8 avr iU 1864 à 'la monture d 'uu spahi œ·idèle qui, 'lors de l'a[fa.ire diU colonel Bea,u!Prêrt:re, pa.r.couf'wt de 5 .heures et demie ldoU matin à 4 h:eures du s-oir, les 140. ki'l. sé­'pa,rant Qéry•vitle Ide Saïda.

( « Gymnaste hançai.s . »)

.. ---- ---·~~-."t-0:~~ .. ~ ·-······-···--··· ....

L'ORIOINE OU DE A COUDRÈ Le dé à coudre est u:n objet dont l'usage

·est relativement récent, puisqu'il remonte seulement à la première . moitié du 17e siè·· cle. C'est en effet, à Amsterdam, en 1648, qu ·un joailler. de cette ville, nommé Nicolas Bensohoten envoya un dé à coudre en or à une dame de sa connaissance avec la dédi-

cace suivante: « A My frau von Renselaer je dédie ce

petit oh~et que j'ai inventé et fabriqué pour l.a p.rotection de ses doigts si :jolis et si ind!Us-

trieux. ,. Au début, les !dés à courlre qui ne se bi-

saient qu'en or et en argent, étaient des ob-·~ets très coûteux; aussi seules les ·femmes for­

tunées s'of[raient-e11es le luxe d'en posséder un. P lus tard, l 'usage du dé à coudre se vul­garisa et aujourd'hui il n'y a pas d ·humble ménagère qui ne s 'en serve couramment. C'est

le progrès.

~ * ·BN CLASSE. - Jeannette, suppose que

tu donnes dix caramels à ion petit frère et c;ue tu lui en retires huit, qu'est-ce que ça lwi fera? - Eh !bien, ça le 1era crier.

La Prière d n soir

C'é tait un soir de fin d'oaU:tomne; une de ce s soirées ca-l:.mes et s-i lencieuses. Pas un ttu:age au ciel. Des lllO'ria(des d étoi'les cornm~ ~. utant de perles serties ruu firmament, sein· !Ji•llaient des prOifondeurs inlHnies de la voû­(e azu11·ée. Sur [a ten·e, un 'Vent Léger s:tiJsur­rait dans ·les bmnclhes dénudées des arbres. J_.es• gu:iseries de l·a brise, sa voix ·langoureuse et monotone me jetaient dans une douce mé­lanco•lie. J'étais seun dans ia cauwagne, assis sur le gazon ;ja'uni'ssmrt. !Swr ;ma tête, un gi­gan1esque noyer; deJVant moi, une com.lbe avec un bas-~ond ma-récageux qui se perdait déjà ~i.1ans l·a 'll!u.it. A ma dlroite, le viHage disparai·ssait dans l'obscurité; quelques 1imi­des feux, seu:J,s man1.uaient encore sa présenw ce. Çà et ,Jà, une lumière tremlblotante Wtrait en Ire les btrandhes dé;pouâl1ée·S des wb res et réNé!ait queLque maison disséminée dans la camiPagne.

'Longtemps déjà, les notes lentes et gr:a­ves de 'l'Angélus s 'étaient fondues avec 'le si­lenœ quasi solennel de cette natull"e ohampê­t.re, Quel-ques sinistres lhulUilements s'enten­daient d'ans la nuit. Un petit ruisseau fre· donnait, tout doucement, son éternelle et mo­notone dhanson. Soudain, dru dolliion effilé de la vieille égllise goilhiÏque, le coup de la demie lie hu·it 1heures partit, note guwve et prolongée qui semblaH ·se C0111JPlaire dans le _:>ro5Œld ·s·hlence de la nuit. Cet appel de la clo:clhe me Hra de ma rêverie inconsciente et je m'en aperçus seUJlement alors ·qu ~il 1aisoait nuit noire. ·

D'un band, je fruJs sUil" mes pieds, et bien­tôt, d',un :pa•s pres·sé, je me dirigeai vers le vi.ll:age . .S1tJr ma Toute, un ahalet i·solé ·dres­sait dans ·l'ombre son Îtt11Posante mass.e noi­re. A.u second! ·étage, deux fenêtres étaient édairées. De ohacune d'e'l·les, s 'éclhruppait une i'im:de lumiè•re, <{Ui craignait de s ·aventurer dans aa nuit.

ToUJt était silendeuoc: plus oo bruit d1ans •l'air, au!Cun soc lla rter.re. Je m'éloignai·s ra-

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p_id.ement; qua~ soukl.ain, dans ce religieux s1len:ce, des vo1x ;f.rappèrent mon o!feille at­t~nti_v:. Je ne .sa[,s ce qui me retint. Ma cu­noslte me gagnoa, et je revins sur mes pa·s.

~

On récitait la .prière du s·oir dans la mai­son que je venais de dépasser. ·Le timbr~ ar­genün des en~~n ts ct ui . s.candaient les « Je vous sallue Mane »; la 'VOIX, .déjà moins chan­lan.te de 1~ mère qui présida.tt à la prière et qm metta1t tant d'amour dans les invoca­tions; la voix vi:rile et imposante du père; le ton ·,plus g.rave et déjà mourant des deux aïeu.ls, quel doUJX amal'game de voix! Quel CJ11œur sulbli.me! Alh! .que ces .invocations tou. chantes :de toute une :famille doi,vent être for~ tes swr .Ja Toute-Puiss•a.nœ divine! Il me sem­bile que la. misértcor.de in:finie de Uieti' ne peut rien relfuser à ces Joyers si ohil'étiens où l'on .prie avec tant de ferveur' et d'amouLI.·' et où, ·~e soir venu, cha.cun s'agenouilie pou11•

remerc1er le Créateur de tous les bienbits qu'il a .reçu.s de s•a !bonté! Que c'est sublime! Quelle poés1ie dans une simple prière!

~ 'Longtelmps, je demeuf'ai a~, devant œ haut

C!ha'let, à savourer Phannonie de ces voix im· pl-orantes, qu.i m)entraîneraient a'Vec etles vers l' « Au-delà » , L'appil des neUJÏ heures me trouv~~t en.c_o~e à la m~me place. Ce n'est que l.a :pn~re ~mlle, que Je regagnai le vi.mage, a ~vec b:en du retard pour mon -souper, .mais touri' heureuoc de ma soirée. '

Aimé de Maroa.nge.

-·· Moi aussi je me marie

(Suite.)

Mon dter ·Ba:siil.e,

L·-aUfbre jOUir, en lisant œa soaüli1e Ecri:ture j '~ ~u dlruns le. [.iv·re de Tolbie Iles pMoles' survantes que Je te recommrunde de méditer.

9an, [[ll.lle de 'RaoheJl, dont œ dë'mon ava·i~ fait!: m~rir tous les rna:ds qru'e'Lle avait pris ·s,waœslst'Vemoot, après oo jeÛIIle die ttrois jotl'l"s,

Page 16: L'Ecole primaire, février 1923

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adresse ft Die:u cette pr·ière: «Vous •sruvez, Seigneur, que je n 'œi' jama·iJSI idiOOirré un 'lllJaJri elt ·qœ j'ai c.onseriV~ mon ·âme puŒ"e de tout mauvai•s désir. Je ne me JSUJis ia:mais mêllêe avec œuoc quü: ainnenJt l tcliall1Jser e1t à se di:­vertir et que je ne .gujs jœmai·s aillée avec les personnes ielgères, qil.Le ~e ((11e iSIUJis ma'!'i:ée dams votre OI1ainte et non IPar .paSJsJion: ou j'ai été indigne des mariiiS' q:ue fai pris, ou .peut-être eux n'ét.aJient-ills IPas dignes de moi et peut-être m~avez vous rêsePV'ée pour oo aJU­

tre é[>oux, car nUJl ne peUJt ;pénétrer vos seon-seiiLs. » ·

L'ange Raphaë,1.: dit aUJ jeUJl1e Tobie qu!Î re­doJUtb:Liif le -sort des premiers mar:ÎJS de Salt'a: « Eoollltez, et je vou~ dli1rai ISIUif ÇIU!i le dlémoo a dlw iiJO'U;voi:r: Ceux qui n'ont pas· ta crain~ de !Dieu et qu.i .ne pel1!Sen1 ·G.u1à saifi-s!faire leur pa,S!Swn, -comme les ohe!V'aiUX et les muJiets sans raiÎ:son, .le tlérnon a pouvoio: S'1.1ll' eux; :mais VOOSt qUJarud IVOUJS a1urez épousé œtte Hl!le, respectez-Ilia pen.dantll troils jourrs et ne pensez ,çu'à (lll"·Ïer avec ellile. Après cela, agi,s­sez .@n~ na ·crailll:te diU Seilg111eur, a!Vec ;Je dé­sir d''avoiT des enffiants p1UJtôt que IPM un mou­vement de la. p<tSS·ion, rufin de m.ér.irter les bé­nlêcLictions Ide <Dieu.»

!L'ange dit etlJSJUiÎ.~e à lRa.ohel qui ora·ignait de donner sa ~i!lne à Tobie:

«Ne oerailgnez poiilllt ·de dbnne.r votre Hile à ce jeune homme pacce qu'i1 craint Dieu d çue votre 'f,ï·Dle 1ui est due pour éJpowse, c'es;t pouT cella que nud wtre n'a pu l'a!Voir .. »

-Et .Rrudh.eil les maaia en di.SWllt: « Que le Diw d' Albraihtun, d ~Isaac et de Ja.co'b soit aJVec •vous, que ,l.JLJJi-rnême votllS .uni,sse et vous bérüsse.:.

Après le mariage, Tobie dit à Sara, son épouse: « :P:rions Dieu, an.lljomd'lhui, demain et après-det:nain., 1pa:rœ que, duo:an1 œs !f.rods joull'ls nous devons nou1s unk à Die:u par la prière; après, noUis rvi!Vorons dans noke ma­dage, oao: nous sommes les enifants 1des Saints et noos ne deJV!OOS' palS v·Îivre dalllJS' le mariage ·colll1!l11e \Les païens çui ne connai'S­serut pats Dieu.»

En 1aissant pa·rtill" Sara, ses parents 1ui dùrellllt: « Honocez votre beau'"[>ère et vomre

belle-mère, a-iunez votre ma:ri, rég[ez votre fa­mi'lile, golllJ~mez 'VD!tre ma·~son et conservez­VOUIS i:ri'Iéprêhens·ilble en tourl:es c!hoses.· »

Mon dhe:r Ba.sille, a1vant de .terminer ces ·lignes ~e ti.ens eruco.re à t'annonœr ·que je senai albsern penda.rut qudques •semaines. res­père recevoia là mon re1>oU'r d'e tœ nouveNes.

,AJ:aise à Uieu que toot a1ii1Jle bien. Ton :devonre en JéSIU!S-0.1 .. r.ist.

Gitr1:1.m. __ _,___: _ __ .......,....._.__..._, ________ -

Mal vina Chau:ffetean - .Monsieu;r -Gilles, votre oatéohîsme! - ,Encore, tM al vina~ .,- Et d~pêdhez-vous! Pendant que la brave M.a[vina Ohauleteau

ép'ludhait les 1églumes du pot-au-feu, le jeune Gi1Jles, gai,l'lard de 9 ans, s'assit à l'autre bout .de la table de ·la <:-uisine et owvrH son Hrvre.

1Mais l'éco'lier levait souvent les yeux .. · - Oh! tMrulvina, la belle carotte! - Voulez-vous apprendre, Monsieur Gil-

Œes! Et puis, si vous ne ·swvez pas, gare à VQ'U.Si!

Toanidlis qu'oig111ons, poi1"eauoc, céleris pi­quaient une tête .dans le baquet, Gitles « hour~ donnait » s·a .leçon.

IL'épelllldhage adhevé: - Récitons! Gilles passa le lirvre à Malvina et com-

mença: - « Qu'est-ce q1ue POrdre? !1./0rdre esti:

un saJCrement qui d'anne la pui·ssanœ et 1a grâce d'exe1.1cer Je ministère .sacré. " · - Bien répondu. 'Mais conwrenez-vous ce qu,e rvou's venez de dire?

Les yeux pébiHants de GiHes ·se fixèrent sur 1a ,brave p.omestiqœ:

- Je comprends que c'est à cause de «ça» que les prêti:res disent la messe, con­fe·s.seni, donnent ~a commllitlion.

NtaŒvina, ,s:ati~ai~ de lui r~péter ce ~qu'el1e lui avait dit f.ant Ide fois:

- Un prêtre, Monsieur Gilles , c'est ce ~u'il y a de !Plus grandi ruu. ptonde!

Et Oi'l·les continua de xéciter. Que1qUtes jour"S après, au matin du 8 dé­

cembre, Malrvina pénètre d~a,ns la .ohambre ,où Gi lies dort ies .poings fermés.

- Monsieur Gilles, réveiUez-vous! Tandis qu'elle secoue l'enlfant, el·le lui dit: - Ne ,perdez pas .de temps! Nous a:vo-ns

eu assez Ide peine à dbtenir de !Madame que vous veniez commtll11ier ce matin!

A ces mots, Gilles, revenu de loin, s'est rendu co1111Pte de la ·situation. La pensée de célébrer .J.a IEête de ,Ja Très Sainte Vierge l'é­ledrise. . . ToUJt en sautant du Ht, il deman­de:

- ··Po-urquoi maman ne vi~nt-el1e !Pas ? lMalvina répondrad.t bien: « Pa.Pce que Ma·

dame est u:ne chrétienne « à ff'eau de ,ose » ...

et flUe 'Monsieur ne pratique pas ... » Mais respectueuse de l'autorité, eHe traduit sa pensée par œs mots:

- C'est, lM. Gilles, pa.rœ que Ma~me est fatiguée.

:Dix minutes ruprès, la mruin dans J,a main, Hs enfilaient ·les '11l.eS ~t déboudhaient !devant' ·La ca thédraJe.

Alvant 1d'entrer, cMalvina dit à l'enfant: - Surtout, Monsieur Gilles, priez bien

!POUT connaî~re vo1re avenir!

• \Les ri.ours ont passé. 1La fête de la première Communion solen­

nene est venue. Ma!dJame ne dort plus: ques-1ions ifo.i.,lette: ,s•a . robe ... 'le costume ·de Gil­,1es. . . 1la redingote de ,_Monsieur. ·. . ques­tion'S cuisine: la·ngoustes ... !Poulet ou din· de? ... bombe glacée ...

·Ma11Vina esot sur les de:lJtts,. Mais ies ap­prêts pnatériels sDnt, à ses yeux, seçondai­res. C'est « Pâme» de iM. Gilles qu'elle veut « belle ». Etle lui a Œ'.épété:

- Une solemité de première Communion dans Uille vie, ça ne se voit qu'une fois!

Pendant la 'cérémonie, toujours si majes..: tueUJse, MonsieuŒ', Madame et M:alrvina ne perdent pas· ldes yeux le petit GHles.

- C'e~t le plus joli de tous, pense 1a. mè-re. : t .

....., Il a de l'allure, se dit le père.

85

- .Pourvu que ce soit le plus pieüx! sou-pire la brave fille. .

[.'apo:ès-midi, au lieu d'aller à l'église, Mallvirra est .restée à rra maison. . . pour la dinde.

Elle est da\ll's la, oui·si~e, au milieu des .plats, des assiettes, des casseroles. . . sUJI' le ~eu .mijotent des jus .... l'énorme bête rôtit au tfour, eJ&lalant un pariUJm dé!lideux: ..... Malvina .rega;rde ~a pendu.Ie:

- J.ls iie (devmient !Pas tall'der. Elle entenid. la porte.

·Penlda.nt que les I}Jarel1lts ~vont à la aham­. Jbre, Gilles pi.que droit à la cuisine. Il se jette .dans .}es :bras de !Mlalvina.

- Eh lbien! M. Gilles, êtes-vous content?

Je me croyai·s au paradis! - A quoi avez-/Vous pensé audourd'hui? - M.a~virra, j 'ai pensé que je pour.rai.s être

prêtre!

Que1q1Ues années se sont éoou'lées. Gi[Jes a 17 ans. Badhelier. Sorti du col­

lège .couvert de lauŒ'iers et d'-a.J1fection. Il dis­cUlte avec ses parents dans le bureau.

- Alv'ant ,de ~ai!l'e cette «bêtise», dit Mon­sieuŒ", ré~léchis.... Je rêvais de te passer mon aJ!laÏire .... j'ai réa.Usê cette aooée 45,000 Wttlcs de bénêfiœs ....

- Tu méprises cel•a? demande la mère. - .Maman, ma décision es1 ir.révocab1e. Je

veUix entrer au Séminaire.

iLe père, collère: - Les idées de IM.alvina, pa:rbleu! !Madame, vivement: - N'a.acable pas .cette paUN'r e fille, elle est

si ~vouée! - . N'ellJiPêdhe qu'elle m'en/lève mon fils! ILa mère ess·ayan1 de caLmer son llW'i: - Sois raisonna/ble .... Till as dit que tu

ne :contrarierais jamais ton Oilllles. - ll me contr-arie bien, ~Iu.i!

Gi.l[es comprend qu'il a g'agné la partie: il se jette à leur coU' ....

- Qui m'eû~ dit, ·s'écria Je [père, que j'au­rais ijonn.é le jour à un «curé »!

1Et, moitié ~âcllés, contents to-utt de même,

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i1s em~assèa-ent leur fils longuement, en ver· sant des tJarmes.

Pendant que se diSICutlatit cette grave at· faire , 1Malvina priait. . . . Quand elle enten­dit sor.tir, eUe se précipita:

-- Eh bien! Monsieur GiHes, le résuJtat? -- Ça y est! ]'entre au Séminake! rlWa!lwina exul.tait Ide joie: ses prières n'é,

·taient-elles pas , pou.r quelque dtose dans cette •vooa.tion?

. . . Les années ont filé .... Monsieur, Madame et .Malvina reviennent

de -la cathédra1e, ott M. l'ablbé Gilles Sabry vient d'être ordonné prêtre. Les parents sont dans ie ravissement . .D'avoir donné leur fils à PEglise cela les a -rrupproclhés de Dieu. rleurs ~regrets d'autre/fois .se sont changés en l'econnatissanœ, ·leur indiffiférence en solide piété.

MaJlvina est ·transportée de joie. Vite, on rentre à 1a maison. Pas Winvités ... déjeuner fu-oirl ... en hâ­

te ....

Aus·si•tôt le repas terminé, on court au Séminaire, pour avoir « sa » bénédiction.

Tous trois attendent sous le cloître, à la ·porte .de la .dhapelle où .to.wte la communauté s 'es:t rendue prJe:r à la sortie du réfectoire.

1Les ·séminaristes commencent à !défiler.

Le dernier apparaît ·M. l'abbé Gilles. Il s'la1Wll1JCe vers ses [paTents, a-ccompagné de M. le Supérieur •qui a tenu à venir saluer tout le !Premier tM. et Mme Sabry, devenus ldepuis longie'lTIJPS d'es bienfaiteurs insignes des œu­vres sacerdotales. .

!Le père, la mère, à la vue 1de leur fi.ls, se

jettent à genoux. .Malvina-, qutl. possède, très nette, l'idée de la hiérarchie, reste debout:

-- •Pour eux seuls :la !Première, jpense-t· elle.

·Les jparen ts et le fils pleurent. Ma'lvina se met à genoux là son tour. · ·

D'un gnmd geste sur ·1a tête de la vieille tdo~ mesüque ,à qui iJ doit un peu de son bonheur Je nouveau prêtre dessine le signe de la croix.

Et le thon supérieur, qui contemplle, tout imJPressiomé, cette adlmi.Mb1e scène, se dit à part lui:

• - Quelle .pha:lange de prêtres se lèverait si C!haque !foyer pos·sédait une .seule âme chré­tienne ide la ·trempe Ide Malvina!

Jfierre MANE.

Quitter Paris! ...

Il y a d.ix joUifs, j 'ai reçu la lettre sui .. vante d'un excellenrt et viei'l ami , magistrat:

Mon cher Pierre, Nou.s sommes dans la tris-tesse: notre

pa une bonne es.t morte. . . morte dou~ement \:hez nous après Tl ans de fidèle service; nous l'avons enterrée dans notre caveau d~ famille. Et maintenant, sans elle, la maison nous paraît bien grande, ·bien vide, à nous deux, pauvres vieux!

En connaissez-vous une qui, sans rempla­cer notre bonne, prendrait pourtant sa pla­ce? Vous lui décrirez la maison, notre vie simpie et bmiliale; nous donnons des gages très raisonnables. Si vous trouvez l'oiseau bleu, mettez-le en cage et e-nvoyez-le-nous. On le soignera bien, s-urtout s'il cousent à nous -soigner un pelt.

D'avance merci., et très eordialement à vous, cher et bon ami, B. L.

~ J 'ai mis cette lettre ·sur ma table, à gau­

che, du côté de mon cœur, en me disant: « Je sui.s assas·siné tde gens qui me récla­ment des places. . . je va'i·s certainement lui trouver l'oiseau bleu .... »

En efJfet, Ue lendemain, vers 9 ih., à la porte de mon bureau, stationnaient déjà six persünnes d-ont deux - j'ai l'œil - :venaient sûrement poulf une place.

la première, une jeune fille... si j'ose m'exprimer ainsi.

EUe m'expliqu-a so? thi(Stoire.... 'N1-insi-s­tons pa·s! ...

Et du tac au tac, je lui dis .que le calme de la province lui 'ferait du bien. . . je con­naissai'S !Précisément une ~rumi'He tranqume, bonne, etc ....

- A Paris ... ? - Non ... en Dordogne ....

Où que c'est .ça, La Dordogme ... ? A cinq heures de Paris .... Oui? y a des ~fiU!iffes ... ? Excellentes!. . . Et des crèpes! ... Ah non!. .. je ne veux pas m'enterrer

en province .... - Vous enterrer! ...

-- Tout de même, je n'ai pa.s 60 ans! ... J'ai le droit !d'aimer le cinéma! Le rêve pour moi -ser·ait un grand hôtel. . . ou une famille d'étrangens... ça paye bien!... J"a.ccepterai même une frança•ise, mais où j'aurais mes soirées. . . et autant -que possible dans les beaux quartiers. . . . Vous s::om,prenez ... ?

Si je comprenais!

La sec-onde personne se déclara « profes­seur de piano»,

Cela, vraiment, je ne l'aurais pas -soup­çonné.

Haute en coulewr., gros doigts boudinés , ficelée comme une futaille sous un crtapeau prétentieux qui avaH l'air d 'un vieux plu­meau, je ne voyais pas une famille bourgeoi­se l'accueillant pour initier ,les enfants à l '« Aria» de Bach ou à l '« Andante,. de Beethoven.

-- A vez-vous déjà queJ.ques leçons ... ? - Ma·is précisément rion!. . . Et il y a

deux ans que j'en cherche ....

- Ecoutez, Mademoiselle, je pourrais vous donner de l'eau bénite d~ cour. . . vous dire que, moi aussi, je vous en chercherai. ... J'aime mieux vous parler franchement: des leçons. . . vous n'en trouverez .ras.

Ah! ... et poul"quoi? ... Je connais des jeunes filles .... Mais fen suis une!. ..

- .... exquises, prix du Conservatoire, ayant des relations, et qui joignent à peine les deux bouts. A vot•re place, je serais cou­rageuse. . . ferais carrément ·autre chose.

- Mais quoi? ...

Je lui exposai la proposition de . mon ami. . . la vie sOre, confortable, saine. . . les

37

longues nuits tranquilles. . . Elle m'inter rom~ pit brusquement:

- . Vous ne voudriez tout de même pas que je dev·ienne une domestictue? et en Dor­dogne! Non, mais ...

Et elle était .partie, outrée, Ce matin-là, ce ~ut tout.

• Mais le soir, après le .salut, je vis arriver

une personne lamentable, une de ces femmes vraiment pas heureuse, au.x;quelles rien ne Féussit. Veuve d'un mari qui l'avait battue et laissée ·s•ans un sou, je Favais placée et -re.: placée des ~ois et 1des ifois-. Jamais on ne 1'~­vait gar.dée ... La vie la carambolait comme une bille de billard; et, ce soir-là, elle cla­mait sa misère dans le corridor en s'essu­yant les yeux avec un ctUa!l't de mouchoir.

- Ah! M. le cu.ré ... j'ai une grosse cho~ se contre moi . . . «je suis trop vieille! .... »

50 ans, voilâ mon seul tort. Partout mainte­nant on veut la jeunesse, de la toilette!. .. Il ne reste plus aux vieux qu ·~à mourir de faim. .Mtais vous ne me trouverez donc jamais un co:n tranquille, où je travaillerais jusqu'au moment où il me faudra laisser mes vie·ux os ... ? Ah! ... avoir la paix ... la .paix! ...

Et elle semblait savourer, comme un i111r poss•ilble bonbon, la douceu·r immense du tout pet:t mot.

~

Je ·la ~aisse ·s'enferrer. . . . Et quand je pus pla.cer Ullle par-ole, je commençai:

Eh bien, j'ai votre affaire. - Pas pos-sible! ... - Si. . . je vous -o.ffre la paix. . . une si-

tu.a tion tranquille ... - Avec le coudher et la nourritme ... ? - !Lit eXJœij:lent ..... nourriture saine et

ahond.1ante, gages très r:~lÎtsonnalbles .... - ~Beaucoup à travaiiler ... ? - Deux personnes 11. .servir. . . Et vous

serez seule; aucune aalousie à ·craindre .... c'est énorme, cela! Vouts règnerez -sur •La mûson. . . ·Madame est couchée rp.resque tout le temps... ·

Page 18: L'Ecole primaire, février 1923

~ L'adresse ... ? Donnez-moi vite l'adre~­dres.se ..... ??

- Prenez demain, là la gare d:Orsay, le train de 8 ' h. 35. . . je vous orfre même le voyage.

Ses deux hras tombèrent alors le long de ses côtes:

- rComment! ... ce n'est donc pa·s ·à Pa­rris ...

- Non, c'est en Dordogne .... - Oh!. . . c'est trop loin! . . . beaucoup

trop loin!. . . . }

- Vous serez .arrivée à 3 heures ... - Et mon ma.ri· d~frt.mt qui est enterré à

Montma·rtre! Vous a.urez tout le 1emps là-bas de

prier .pour lui. Ah! non. . . im..t.iile!. . . en Dordogne! .. .

~

Et cela a continué 1oute la semaine.

Les véritables effrois que j'ai vus .sur la_ fi­gure de gens qui, pourtant, meurent de ~.aim 'à 'Paris, dans ces soupentes de .n:tisère, ct.uand je leur répétais ma même phrase: «Voulez vous aller vivre ·là-bas, d'une vie calme et tranquille . . . . ?

Je ne suis mê~ pas rSÛr que quelctues­uns n'ont pas cru que de me moquai-s d 'eux,

Songez ~donc: ... Quitter P;aris! ... la vil­le où l'on s'entasse, à des. prix fous, en d'im­possibles logis!. . . .Paris· où -l\n1 s'écrase dans les rues. . . où l'on se ±ulbercul<ise dans les métros. . . où tant de malheureux, dès c;ue leur santé vacille, n 'ont comme perspec­ti.ve que de devenir un numéro anonyme danS( une salle d~hôpital. ..

Et cela m'a tellement écœuré, que j'ai jeté au panier des adres.ses de places parisiennes sans en faire bénéficier personne.

Dans ma pensée, c'était pres.que une of­frande de •éparaHon à la « grande amie » et au visage aimé de ·la province ...

Pierre Z'Iilrmite.

····-

38

Nos bons vieillards

'« Dans notre ·siècle, a écrit Chateaubriand, il y a des vieux, mais -il n'y a .plus de vieil­lar!d·s.,.

EV'idemment l'il·lustre écrivain ne connais­sait pas l'asile de Ves.sy (près Veyrier) -et pour cause! Carr s'il avait jamais pu, -comme ce sem mon cas tous les ctuinze jours, - faire une visite à fhospitalière maismi qui recueille nos lbons vieiHards genevoi·s, il eût été d'un tout autre avis.

Il y a dans le monde actueHement, j'en conviens, un grand nombre de vieux: on peut l'être, hélas! à dix-huit ou vingt ans! Cepen­dant, grâce à !Dieu, H sJy trouve encore des viei.Jlards authentiques, le visage torut ridé, les cheveux de neige, le corps déjà courbf: vers la terre, mais l'âme jeune, enthous·iaste et reconnaissante: .un feu ldis·cret courant sous la cendre gri.se.

Je leur fis l'autre .jour, par, une brumeuse journée d 'automne, ma toute première visite, Ils m'ont accueilli comme j'imagine .qu '-ils auraient reçu le Maître s'Il était venu, en personne, leur a~orter le rréconfort de sa parole. :;1 :

Après •une cordiale poignée de main don­née à chacun, la réunion cornm~nça.

Sans tloute, nous n'étions pas dans une égli1se, pas même dranJS une chapelle, mais la véranda en [orme d'équerre dont :j'occupa.is la place d'angle - ce qui me permettrait d'a­voir tout mon monde sous· les yeux - f.ut toute vibrante d'amour de Dieu et toute par­fumée de charité fraternelle.

A ma g~m~he, tout :près de moi, une pau­vre ilJJfirme: elile n'a .phts ' la vue. ses yeurx ont perdu toute transparence: un voi,Je blanc, opa.que, y fait une nuit qui, pour n'être pa-s éternelle, n'en est pas moins douloureuse. En face, un vieux de 72 ans, les mains aus­si -ridées que son visage, s'appuie · sur le pommeaU! de sa canne: un rhumat-isant.

Celle-ci n 'a que 65 ans: le visage est en­core ·jeune, mais- les jamlbes ne le s-ont plus et relfusen t tout service.

A ma droite, une vieille de 88 ans, rata­tinée comme une pomme reinette trop mftre. Elle écoute en ~ermant les yeux, comme si elle avait peur de ne pas tout entendre ou !je ne pas tout garder.

Et tous les autres, dans le même style an­cien.

Oh! Le sympathique auditoire que celui­là:

J'avoue que le « tmc » du prédicateur n'ef­fleura même pas, de son aile tremblante, ma pauvre personne, tant j'~ais d'avance . ras­séréné. - « Assuré.ITJ.ent, me ili~-je, 'tout va ·marcher à soo'hrai.f. » .

Et je leur fis un dis,cours où Bossuet, cer­tes, a-urait eu c:.uelques légères retouches !à faire, mais Ct·Ui, .fel quel, fut très éloquent -mes vieux amis l'avouèrent après - parce gue .j'y lai,ssa-i parler mon cœur.

Il y a longtemps que l'a'l.llieur !latin écri· vait: « Pectus est quod disertos facit. C'est le cœur ·qui ~ait 1 orateur.»

Ce que je lèur ai dit, cher ·lecteur?

Tout d'abord une dhose qui fait hocher les têtes de contentement: que Je prêtre et les vieiliards étaient faits pour s'entenidre, p~is.que le mot prêtre, signi[ie vieillard, et qu'il y a· de l'un à rFautre, malgré les appa­rences contraires, bien des traits de ~ressem­

blance. Et je leur ·racontai la réponse Ide cette

paroissienne un peu vive maÎIS rfrès. bonne, que j'étais allé voir, étant to:Ut 1eune vicaire, et qui, en me voyant apparaître dans le ca­dire de Ilia porte, s'écria. indignée, en se tour­nant vers sa ·sœur: « je t'avais demandé un prêtre, ~t tu m'envoies un séminariste! »

On rit de bon cœur. J'en profitai pour parler de choses ·sérieu­

ses et je leur dis ·la grande place qu'occu­pent les vieillards dans l'économie de la re­ligion. Tout y passa, l'ancien et le Nouveau Testament, depuis le rPère éternel que nos peintres ont accoutumé de représenter avec une grande barbe blanche, rjrusqu'aux vingt­quatre vieillards de l'Apocalypse, en passant par Siméon et Sainte Anne.

89

Et j'ajoutai, - tous epinant de la tête, ...­que la vieillesse est par:foi·s une bien lourde charge.

(( Les années se mangent un peu comme les cerises !dans le .panier de .Pécolier: on va d 'abord aux plus belles, puis viennent les bonnes, puis les moindres, enHn on est heu­reux de celles dont on n'avait pas voulu. »

Oui, leur d.irs..je, c'eStt ennuyeux de vieillir; mais Jusqu'ici, c'est le seul moyen qu'on ait trouvé ·de vivre longtemps! ·

Un sourire très fin passe, ~omme une bri­se légère et chaude, sur le visage halé du plus grand nombre.

C:est le moment, le lest étant jeté, de mon­ter quel.que peu vers les hauteurs du sur­naturel. · . .., ' ····, -.- )!

« Pour beaucoup, cepenldant, la viei11esse est une grande gr·âœ.))

On y peut répa·rer -son .passé. «Quel est celui <lUi n'a pas péch~? »

On y peut gagner de grands mérites et

diminuer Wautant sa dette .. . ·Enfin, par ses prières, on peut fléchir le

rel3 outahle juge au tribunal duquel H fau1. dra bientôt .comiPa:raître ....

Au ~ond, comme le disaH •Berryer, l'âge le p1us heureux, c'est œlu.i qu'on a. Il s'a­git seulement de hien employer le temps qu~ Dieu nous donne, et de se rrappeler que la terre n'est .qu'un Heu de passage et ~que notre vraie patrie est lià-haurt.

··Les yeux de la pauvre aveugle, pM'Ull'ent s ':al'ln.nne·r c-omme .si un coin du céleste voile

· qu~ nous dérobe .la Très Sainte T!lini:té s'ê~ tait un moment soulewé. -- ·-

Pauvre ·femrrre, ne :pleure pas: tUJ crois; bient:ôt tu ver:ras!

Un Pater, un Arve, ~~cités rJes rutlls pour les autres et la séance est levée.

Je .repasse dans les rangs pour donner une nouvelle poignée de mains..

- •MeiX:i, \M. le P:astelllr; VOliS· nous alVeZ fait un beau cuHe!

- Vraiment? Voilà ·qui est bien encoura­geant :poUir moi!

- ·Merci, M. l'aibbé.

' ' ''''''''! \.,,,,,,,,,,,!

Page 19: L'Ecole primaire, février 1923

Merci, M. le docteur. - Merci, M. le ·ouro. Que de ti tres! Que de ti tres! J'air eu la faiblesse, - j'en fais Faveu pu­

blic, - de les tous accepter. 'Ar]:)bé je l'ai été. Curé, ·;e le suis. DocteUir Ides âmes, je dois l'être. Et bon Pasteur, je compte le devenir.

La ,pluie s'est mise à .tomber. Le Salè!Ve est voHé par un rrildeau de brouillard.

Vite, j'enfourche ma bi'cyclette, et me vo·i~

là parti ,à la quatrième vitesse, pouT rega~

gner mon presbytère. Le temps est triste, ma,is mon cœur est

neu·reux. . . En passant devant certaine thou­tique de Veyrier, de ma main restée libre, je me frappe le front.

- Oh! ]!éternel distra·it! 'I!u lewr as porté un sermon et ton cœu:r,

et tu as oublié les pastHles et les cigares! Abbé H. PETIT.

La santé par l'exercice Ohacuu connaît la meriVeiHeuse inrfluence

de l'exercice ph:ysique sur l'intelligence et le mora~I des enlfants.

Cette il).~J.uence se manâlfeste d'une façon tout aussi remra,rquahle chez ~',homme fait.

H es.f, en eflfet, facile de constate:r que les personnes adonnées, par profession et par goût, à un exercice exigeant une dépense ré­gulière de ltorœ et de souplesse, ·sont exenl!P­·tes jusqu'â :Ieull" extrême viei11esse des infi:r· mités et !des mal'ai-ses si communs dans · le cou.'fs d 'une Viile sédentaire. ·

40

ILes écuyers, les dhasseuœ-s et .J.a plupart des prolfesseurs ou amateurs de gwmnastique peuveut, S'allls fatigue, continuer à pratiquer leurs exerdces halbitue~s bien après Fâge ou les îondionnaires civils et militaires, les ti­tul:aires de charges et les négociants sont d1ans ~l ' olbligation de prendre leull" retraite. On les .cite pour .leur bonne humeu,r, leur es- . prit soutenu, leur bonté d'âme et leur em­'Pressement à rendre service.

,Exraaninez attentivement rLtll orateur à la 1!rilbune, un avoca.t à 'lia Ibarre, oo officier à .J ~a tête de son peloton, un artiste à sa beso-·

R'ne, un écrivain au travail, un négociant à ses aflfai,res. Si vous 1-les voyez le corps disn*>s, l'œil .vif, l'aliUire vaillante, le ·geste assuré respirant ai·sément1 &gissant a'Vec en­frain, ne se Jassan:t pas ·et 'surpportant .sans défai11ance un long enfort, une tension d 'es­vrit soutenue, une lutte d'éneJ.'Igie et d'acti­V;ité, s·oyez a·ssuré qu'une gymuastique inte:­ligente ·a prépalfé et ent:retient cet heureux

·~panouissement de la 1pensée et ·de la s·anté. C'est ·par les exetdces gymnastiques, dit

Plutarque, .que Cicéron, qui était né avec une .po:trine faible et ma~adive , se forfiifia et devint ca;pa!ble de \Ces gn-an\dis et nom~

breux cCYlllbats qul l'iHustrèrent à la tribune. Pa Sica~, un grand :génie pour.tant, préten­

d !lit ,qu'on ne pouvait être, â la fois, d'un esJPrit disttingué et d'un tCOllPS il'obuste. Hé­las! il a ·lui~même démontré le dangeœ- qu'il y a à laisser la ~larme user le fourreau; ·Car i1 est mort à la tfleur de .Pâge et dans un état d~hraUucination voisin de la fo1ie.

Donc, à mérite égal, l'homme qui exerce son corps triomphera en toUJt et partout, et dans ce .sens on peut dire justement:

·La raison du plus lfort est tou1ours la meil1eu,re. ÇLe Gymnaste suis·se.)

----· ----·-- .. ---i' œf·-lll--·--·-----

Echo de sermon·: - On vient d'entendre qu'il nou1s faut tous fK\IS'ser par la mort. -Voilà ·la .p&heuiSe Cjui ne capture pas seu,le­ment dru rmenu fretin, mais les plus gros.ses baleines. Voilià. la moisrsonneuse qui ne tran~ che pas seulement le trèiFle et la 1uzerne, mais encore les ar:hll"es les plus v1gou!l"eux. Voilà la terr~'ble 1joueuse qui abat tou1jour& des quil­tles et ne leJS relèrve 1amais. Dans ses parties d 'échecs eHe ne regarde pars seUilement les 1simples pions, marirs aussi ~a reine et le roi c;,u'elle prend sans verg<>g~ne. 'La mort est •u,ne foudre quj ne tombe pas seulement sur ~es pai\1Nres toits de chaume, mais qui ravage ,l~s hôtels .S011'1«Jfueux des rithes, les palais fies monar<;ues. Dev·ant ~a mort une cou­tronne d'ail" et Ull1 bonnet de laine, un sceptre ~et une ha·che, la poUll'1pre et le calicot ont le mêune poids, eHe ·réduit to·wt à rien. ttt

ron, était dloué SIUT urn J.itf: de douleurs par une ma•ladie de langueur, et sa mère a~Hait à la journée pour sUibvenir aux besoins du ménage, <;ui comptait trois f!l)f.ants, dont il était l~ainé. U s'·appelairt Louis.

Bien gwe la gramk dame passât pour clu­ritalble, on la disait paJ.'Itois très dure envers œux qui l'a1llaie111t s01NicHer. ·

,EJlile se :montnit surtout hautaine et mépr:­sante eniVers le petit Louis.

Un jour que cel1ui-ci avait sonné à la viLa de 1a dame en CiUestion, H 5ut particulière­ment :rudoyé et rell!Vo~é s·ans aucun. secoul"s: Quand on est halbilllé comme les enfanrts de thonne famille, - lui a'Vait-ell1e dH, - on ne va pas mendier; si votre mère a de l 'argent pour vous aclheter des co~s blancs et des bas à la mode, elrle d.oit en avoir aussi pour vou1s acheter dw pain. 1

1Ven~ant, ému 'Ïill!SJCiU'aux lam1es de œ re­proehe qui s'adlress·ait à une mère pauvre et lalbo!lioose qui s'ingéniait à tenir son enfant proJPre aŒin de masG,uer un peu sa misère, ·s 'en alla, le cœur g.ros, et rentra à la maison où il ra'Conta tout à ses pa:rents.

En ce moment, un père missionnaire pré­ohait la retraite de Pâques dans la p~tite ci­té que nous ap,pell.eronrs Vierzon. C'était un modes·te sa·vant, dont Féloquenœ avait attiré des fouJes partout oil ill avait passé en pré­dicateur. Il awrit la dé~resse de 'la fami:1 1e du charron et se fit un devoir de l'aller vi­siterr.

1[ la trouva plongée dans les lail'ffies et le plus pénilble dénuement.

rMais, - di1-il, en s'adressant à la mère, - vous avez autour de vou.s des gens. ri­c!hes c1ui pourraient vous aider un peu, au moins pen.dnnt la ma'bdie de votre époux; je commis ici une dame fortunée et dont on m'a boou.colliP vanté la pié!é, elle est à ta tête die toutes les œuvres religiewses de la parois·se. Et le miS~sionnaire désignait préci­sément la dame dont nous venons de parler. - Oui., -réiponldit la p~uvre femme, - la personne dont :rous par:ez nours est connue, mais je ne sais ce <;u'el~e a contre mon en­fant, oar eUe le reçoit ·pre'sque touûou~s avec

des retproohes, et la dernière fois q.uli1 y esi allé, pas plus tard C1Ue hier, eUe l'a si dure­ment traité que ce pauvre ga·rçon es't revenu en pleurant. Il n'y retournera plus.

Le !bon Père parut interldit. H ne pouvait conoovoir une pareiHe a ttirtude chez une fern~ me qui .pa·ssait poor la plus zêllée paroissien­ne de Vierzon. n ne répondit rien à .cette re­marque de la pauvressé, déposa un:e obole dans la main du petit garçon et s'en a:11a,· après avoir prodigué ses conso'ations et ses encouragemenfrs.

Mrais en G.Uitt.ant cet intérieur si digne de comprussion, le saint homme, profondément af!iiligé de ce qu1i'l avait appris, s& rendit ix~ continent Chez la grnndle ld:ame qu'i1 trou.va citez elle et qui 1e reçut avec toutes les mar­<;ues d'un pro[ond respect.

.Le mi,ssionnaire était septwagénaire; c'é­tait un lh.omme grand à 'la mine ascétique, inspirant 1~a conŒianœ et la vénération; il arvait paJSisé touie sa vie à évangéliser d!ans les missrions étll"angè,res et à soulager par la parole et pa:r l'a,ction, toutes les infot1Uilles qu'N aViait renconrtrées sur son dhemin. Sa f·randhirse un peu 'brusque était le .résUJltat d'une longue eXJpérienœ du mon:de et des StUr~ sau;ts d'une âme c1ui s'étai1 souvent raidie contre les frairbles:ses de la narhtxe humaine.

Le Ohdsi n'avait-i[ pas, un jour, ilims un élan Jd:'indignation dh.assé les .vendleurs du temPle? ,

À[.>Tès . les S'ailutatioos d"tllsage et Ul11 court entretien sur la mi.s1sion qu'iJ préchai.f à Vier­zon et le zèJie arident de ]a paroisse, le mi·s­sionnaire ifi t part à la d:ame Ide la détresse du charron et d'e sa fam :'llle, et la pria d'in~ tervenir avec ses ao-.paroiiSISiennes, afin de venir en aide dans la mesure du possible, à œs in[ortUillés.

,La dame elUt un Mgeœ- f1'ouible, elle pensa aus­sitôt que le Père -avait visité cette famiBe et qu'on l'ravait mis au courant de sa con~ d:ui te à 1'ég.a:r'd d!u .petit Lou~ s.

- C'est v.rai, - répond'it~e11e, - q,ue ces gens sont d!an1s Œe besoin, mais si je me suis montrée par!fois un peu vive avec ce gar-çon, quand i~ venait solili'Ci.ter un secoll'rs, c'est

Page 20: L'Ecole primaire, février 1923

qu~1 n'a pa.s du tout l'air pauvre. - C'es~ un enfant ,physiquement très bien doué, tou­jOIWrs tiré à ct.uatre ~irrDgiles, res,remŒ:iani tout à faH à nos erufants de bonne famiLle; i1 n'in51Pire donc !Pas 1a pdtie· au même tUre que les dégueniriiés qui viennent frawe·r hum­blement à ma porte. Bien qu'i'l ·soit toujours polli, iŒ a dans sa tenue G:Uelque chose qui me dhoque. 1E11lf!in, ill' arrive presque tQU!jours quand je fais rmt sieste ou que je suis à ma toillette, et ceJa m'a obligée quelquefois à le renvoyer à une heure moin1s ino,ppo,rtune.

1Le missionnaire a.JVait écouté tout cela sans le!Ver 1

1es yeux, Je fmnt applliyé dans sa main;·

dans l'a1fi.tn.ude d~un homme qui médite. Quand La dame eut cessé de parler il re··

leva la tête et répondi·t: « Madame, vous sa~ vez que je ;suh un discip1e de Jésws-Chrùst, e1 que, comme tà, je dois vous dire tout ce ctille me suggère votre -conduite dans la cir­constance. Je ne suis pas venu ici en homme du monde l{fon·t ·le talent et :l'esiprit consiste­raient à vous cacher vos délf<au~s, mais en homme de Dieu, doni le devoir est de vous les montrer.

·Miadoa.me, .pendant que tout à I'hewre vous me pa~liez du petit Louis, j'ai découVIeli, ca­c:hés .dans vos réflexions, cinq péahés capi-1aux, c'est"'à-dire que si la mort vous avait surprise dans ce moment là, eLle ne vous au­rait ,pa's trouwée en état de grâce.

- Oh! mon 1PèTe!: que me .dli·tes-vous là! - Rien n'est plus vrai, .MJadame. En trou-

van1 ~t enrf.ant aus·si bien doué qué. les en­fants de ce que vous awaiez « bonne famil­le » et. qui, au fond, ne sont ni meiUeurs ni moinldlres <;ue les autres, · vous ·a.vez obéi à deux sentiments qui ne desvraient jamais trou­ver asiJ.e dans l'âme d~un v:r.ai ohrétien: Pen­vie et ·Ja jalousie.

En le rudoya_nt parce qu'il [ui arrivait par­Jois de déranger votre sieste ou .votre toilet­te, vows avez commis troils arutr~s pédhés, GUi s~aip}Jell~ent la c01lère, l'orgueil et ~a paresse. Ce sont généralement, héi·as! .Ies plus répan-

- du·s, aJVec 11a gou~anJd'iiSe et · Ja luxwre. - /Mon 1Père, 1je 'Vou,s JS'Uis reconnaissante

de me reprendire sur des fuutes G.flt!i ne me

VI

paraissaient ~ndant pas aussi graiVes que vous rvous [es représentez, -répondit la gran­de dame un peu pincée, - . je recon:rrai's: toute­f-ois .que j'.ai eu tort d'aglir ainsi avec Ie petit .Louis, et avec ·d'autres en.core, à _G,ui je fais l'aumône, je m'eillforcerni, à l'avenk, de do­miner en moi, Ides pe111c!hants qui sont de,V'e­niUJs, par l'édiucation, une seconde natte.

- Tout le maJI est ilJà, IMa,diame, :J'éducation cllù"létienne enseig111e la ldiauceur, La bonté, la patience, l'lhumilité, le fm!Wlill, la oharité; 1oute autre édocruti~n est mauvaise, et ma:l-

. 'heureu·sement, ,c'es1 celle qui prévaut a~ujour-d~hui, !dans une 1œrtaine ·société. » ·

[.e mligieux se leva, s'inclina devant la da­me en prononçant son mot habituel: «.Pax volbis » et :La dame, aQJrès Œ'avoir ruacompa­gné jusqu~ I1a porte, rentra dans sa ,dh;am:bre pal"tagée entre Je regret de .·sa conduiie en­IVers des pau'Vrres et le ld.!épit ·dJ'a1voir d'û en­tendre, sans 01ser riposter, de si dures vé­rités.

•Depuis œ jouŒ"-là, la granlcfe dame n'eut plus à se reprocher ses défauts, car elle ·dhargea sa camérière ld:U soin de distribuer ses aJUJl11ônes.

Suland'ieu. =t~:ot:~-

PERJE :ET LMlERE

M~ L'amerre a ~ous~ \MJI.Je :Lepère; de œ mariage es1 né un His ·qui est devenw le mai­re de s•a commune. /Monsieur ·c'est le père; madame c'est 1a mère et les deux. font la pai­re. l.e His est :le maire ·La:merre. [.e père, quoiGu.é père, est resté ~Lamerre; mais la mè­re avant d'être IJ..:amerre était bien Lepère. Le père est donc le ·père sans être 'Le père pui.s­qu '·i.l est Lamerre, et la mère est ilamerre étant née Lepère/ mais n'a Jjamatis !PU être mai­re. i.e père n'est pas la mère towt en étant ·Le­merre. Si la mère meurt, 'Lamerre qui est 1e père et qui n'a jamai.s .été :Lepère pas plus CiU'il n'a été ~e père de la mère du maire, le père, cÜ's-1je, devenant veuf, la perd, et le pè­re Lamerre, a-insi que 1e maire Lamerre per· dent la tête - et moi aussi. .

~

Titre et table des matières de l'Année 1923

~ . . .t ~-------. ....

-~~-

(Q)i{{~j\l~Jl ' Dt LA

Sof!,iêté. valai~at)f]e d .. édu<tatio.n)

C'r ' Bulletin ·du MUSEE PÉDAGOGIOUE L'Ecole primaire donne une dizaine <le livr~isons de 16

pages, la couverture y comprise, ,et autantG. de. suppl~· ments de 8~1ô pages pendant 1 année ordm&re (s01t du 1er Janvier au 31 Décembre). ·

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1

Tout ~e qui ~on~erne · lCJ pubU~œtlon ciolt être œciressé directement à; son~s~ogérant et llonciateur, M. P. PIGNAT,. anc:. Sec:r. œu Dépœrtement cie l'lnstruc:tlon publique, à; .Ston.

Page 21: L'Ecole primaire, février 1923

Table· des Matières contenues ~dans l'année 1922 de !',Ecole Primaire"

Articles (ieuiltle princiiiJale)

A nœ lecteur.s .

Page~

Flour" amener les enfants -à communier fréquemment 1 17

· [.e· '}oumaJ de classe pour l'InstituieUJr . 2 ILe resrpect de i'enlfani 4 15 37 .Le Journal de classe de l'inst!Luteu.r . 2 La rédaction à l'école . · . 5 •la gynmastique natureHe et b gymnas1i-

que scientifique La lecture expliquée A prqpos de notes Autour des morunes S'OOlaires Réformes sc<>'laires et édu·cation complè-

re 10 Vous êtes le se'l de la terre .... Oharité pêu.r nos en[ants ·fiiucation pllysique !Mettre Œ'enseignement au point Pour notre armée Dévotion au Sacré.oCœur Plan ti'une leçon sur ·l'adverbe SS. ·.le Pape Pie XI et la formation des

institutrices chrétiennes

6 7 8 9

19 t2 13 20

,21 22 25 26

26 27 La poudre aux yeux . .

Autour d'une école mixte . La routine L'endi!guemen1 d'un torrent Cet élève n 'est pas intelHgent . ·L'école .et -les vocations au Saœrdoce Le bon sens dhrétien dans l'ooucation

. ~ ,. 29 31 .

33 1

Les 'bons et les mauvais côtés de l'ému-lation.

CuJtu:re du -clhaut Nores géogTrapihiqlllets ( Le Danemailik) iL'écale sanls Dieu

34 ~ t

35 36 39 3<9

.Bducateurs et éducation ·L'éducation aflfeciueuse La disciplin~ .aux cours De la discipline .

. 41 50 57 • 43

com!Plémentaires 45

De l'élducation physique à l'école Intronisation du Sacré-Cœur dans nos

46 48

&~s . ~ Soyez doux 52 Aimer les enfants 53 00 ,L'enseignement de la morale à l'école

primaire 55 ·Pour les débutants 59

Articles (feuille prinCÎ!P(lJle) Pa_qes ILe ca!lme dhez Pinsti1f'uteUJr 62 Quelques ca:uses de l 'inattention 64 V ARIJETES, PENSEES 8 16 23 32 40 48 56

COUVJEiRTURE {'De 4 à B jpages dhaque fois)

No 1. - A ·l'an qui esrt venu. - Pour la cult-ure physique. - Visite à l"Enbnt Jésus. - Le mois de la Sainte-Enlfance. - Une ~­tite fille bien sage. - Trop de probité.

No 2. - Avis au . personnel enseignant. - Optt:SCUJles de prqpagande. - Petit an-­miaire de la Conlfédération. - Pour soigner vos dents. ..:._, Annuaire du Département (1922). - L ~univel"ls !révélé au peu;p1e. -La populaiion en Suisse. - Louange au Va­Jais. - La pOjpUJation du glolbe.

iNo 3. -Con'férenlces dJ'instituteuTs.- Mai­sons d·~éco~e. - Natu.ra1isation valaiisanne. -Atu,tour de Gêronde. - .PO'Utr les petits Rus­ses - .L'enseignement de la gymna·stic;ue. -[..e cinéma instructif. - No1s origines ch·ré­tiennes. - BiŒJ1iognp:hie.

No 4. - Bâfimen:ts et soupe·s scolaires. - Concou,rs · aux œuvres de Jeunesse. - Bi­.bliographies.

No 5-7. - Assurance infantile. - Inter­prétations .. - Certi!fi-œrs temiPoraires. - Nos dhers défunts. - Brevets .de capacité' - Le bon m01111ent pour travaiNer. - Vécole à 7 ou à 8 h. - BiMi01gm!Phies.

No 8 - Assurance il11fantile. - Autorisa­tion 1d·'enseigner. - Cou.rs de cui·sine. - Le retot11f â. l'ardoise. - Rosaire. - Pwbli.ca­iions de la maison Aulbanel. - Variétés .

No 9. ~ Instrudion pniblique. - District dJ'Entremont. - Du choix d'une carrièTe. -- Pensées. - BilbilJiographies.

No 1 O. - Conl:érence annuelle des ins­pecteurs. - Programme des cours COIIJiplé­mentaires. - Oictionnaire historique et b·o­•grruphique de la Suisse. - Va.riétés.

J... ~BCOUE PRfMAIRE fo.rme pour 1922 un volume de 328 (pages ainsi réparties:

·Couverture 64. - Feuille principale 64. -SUJPtPlémeuts ordinaires et spéciaux 200.

8

Sommaire et Nos des SnppJéœents Pour la re1iwr,e de l'BOOILE PRIMkli~E,

iJI. est reco'l11lit'mndé de IP!ia.eer les suip!pléments à la tin du volUJIIle, soit a!Près la feuille prin­dpa[e, la !Pagination en étant d!istincte.

No 1. - Tenre-Sainte et Eucharistie. -Du coHège .au mariage. - Un œuf, un batz et ut-œ aUumette. - La maîson du dialble. -La luite contre le ifroid. - La journée dhré­tienne. - Autour de reau bénite. - Le ban· kiea.u SUl' les yeux. - La neuvaine. - La f·leur" diu regi·stre. - Un ·vieux sou,lier. Variétés.

No 2. - Un document pontifical. - Le c'hant d'église. - L'hôtelier de Beth'lêem. .La petite du troisième. - La sœur mater­nelle. - Autour de la terre. - .Oe la sainte 111esse. - Le plus beau .}ivre après PEv.angi­le. - Uheure sainte. - L''êd!ucation d'une f.amille nomJbreuse. - -Le prêtre. - Amour WiaJ. - Bonne nuit. - Variétés.

N'? 3. - tLa parole de D-ieu. - Règlement de vie d'un dhréiien. - La mort de la rose. - La .cave des diablats de Fu.Iiy. - Cérémo­nies de la messe. - Traditions et coutumes d'Hérémence. - TemJPér.ance et sobriété. -Rien de nouveau depui.s 2000 ans. - Le Cœur Ide Jésus, notre consolation d·ans la sou~france (Mandement de ·CaJ"ême de l'évê­que de Sion ,pour 1922).) - LigLLes catholi­ques ;féminines. - Sanrtificafion de la jou.r­née. - Variétés.

No 4. - Grol.lipement.s catholiques. - Au­tour du Christ. - Nos hornes suisses. -.Loué soit Jésu.s-Christ. - Les dix commanA dements du Nigneron. - L'âme de l'enlfant. - Le bâton deSt-Jos~.- iLe devoir.- Lé­cole du vice. - Ne dites pas de mal. - Ça ne m'a rien coûté. - .Le Crédo d·e -1 âme qui ·sou[fre. - tPr~arons le grand jour. - La recrue. - 'Le joUJr Ide la Dame. - Un lâc:1e. - A vos .souihaits. - Variétés .

No 5-6. - Comment entrer à .l'église.. -•Les œufs de PâqJUeS. - La petite vestak -- Les vingt sous du. père •Landry. - Le vieux codliret . ...,. Dévotion à .}a Sainte-Vierge. - Autour du Ohrisf. - Charles!! - Les baromètres de la campagn~. - Une visite à la g.rotte dtli Poteux. - C01mment dormir. -iLa politesse. -. Pie XI et FEucharisüe. -Nos sanctuaires. -L'isolé. - .A:h! le pirate? - J~ suis entré ... - Pouvons-nous dans le ménage utiliser rtos garçons? - Le juge­ment d'un pasteur .sur ,le con[~ssionnal. -

Biiliet d:un c~ à son s~is.tain. - Le ii t de .1a ~ere Momeau. _Le fantôme. _ Edu­catw~ a rebours. - Coup de chaleur et i . solatiOn. - Trop 1ong et tro!P court. - A, . tour _des clodhers. _ La grande promesse ( : ~acre-Cœur. - iLe sens paroi ssial. _ Voc, . t1~ns sacerdotaJes. - Piété 'd'été. _ Le samts patrons. - Autour des vacances. _ . Ce que ne comprenait pas A:génor. _ Le fr(

· re et Ja .sœur. - Variétés. - Pensées. N.o 1· =-- lLa dévotion des Trois «Av,

1Ma.na. ». - . Le .blanc dans la liturgie. - Le. deu~ bas. - :Le ta'lisman. - Catherine et ·Mane. - L'Ange gardien. - Trois mesures. ·~ L~ cœur de Jésus. - Le rouge dans la htu.rgie. - Dans les ordres religieux. - Le casseur · de vîfu"es. - Le vol sans moteur. _ Variétés. ·

No 8. - 'No 8. -Dans Jes Ordres re-ligieux. - Une visite à Paray"'Moniai. - Les tiavaux de Barber~ne. - Une chape.Ne. -Les lectu·res. - Regardez les oiseaux du ciel. ~ Le Va'lais. - iN'aJyez pas peull.". - Qu'est­ce qu'un mWiard.? -Le Rosaill."e. - Le vert dans 'la Jiturgie. - Nuit d'ambtdance. - La cure ~e raisins. - Au pay•s des mayens et des b11sses. - Les pa~uvres. - Et bois 'die l'eau. - Ça sent l'automne. - Le lis de Vey­ra-s. - Un concert en avion. - La pomme. - L't!lectricité et les r&oites. - va.riétés. -Pensées.

No 9. - Pour la 'fous•saint. - Mois des morts. - ·La première intronisation du Sa­cré~Cœur dans Ja famille. - Les .chantres au fe111jps passé. - Le hulfièrne enlfant. - Les cu.riosi,fés du dhauJff>age. - Les ,grands cœurs. - Chi,tifres ·irqplaJCaib:les et eff.r.ayants. - Le moi!:i des mort•s. - Les .âmes abandonnées. - Travailler toujours, ne se décour.ager ja­mais. - Alh? répéta Jean. - Autour de nos fenêbres. - lMes bijoux, les void! - Varié­tés. - .Pensêels.

No 10. - J..e Ohemin de croix en action. - Le violet et 'le noir cLans la liturgie. - Le vieux .pokier. - La .dernière partie de loto. - A !PrOjpos du cinéma. - L année liturgi­que. - ILe g-rain de froment. - Vesca~ier est ciré.' - Awrendre .à parler. - Variétés. -Pensées.

SUIPPI~EMBNT SPIEOIAL - Pro Juve9-tute à l'école · {Type (de ieçon.) - Du choix .d'une ca.rrière. - Bu:ID.etin bill:iJ.liogra!phi'q·ue. - Œuvres de jeunesse. - Pensée .

Page 22: L'Ecole primaire, février 1923

Les plus belles joies de la vie

« SatVez-v:o.us. .quemes sont Jes heures id!e .ma vie dont j'aim.e :le mieux à me souvenir? Ce n'··e.srt !PaJS· 1e '15 julin der­nier, où ·ie lfus élu m-eiiJ.ibre de l' AJca:dJê. mie .française, et 1ce n'1est pas non ,pllus ,cetJte !heure, si dbUice ;POUifta:nt. -où pour ila Jpremiër'e ifiois le me JV.is imprimé. Les iheur·es ldle. ma vie 1qu.i me sont ~dem·eu­·rée~s. .Les iPJus .dhères, ce ~sont cell.Œ.es. où, ~out jeune, ill me semlbŒait .qu.e je pou­v.ais 1quel,que clhos.e pour ~e seifVi'oe de iDi,eu; id un [petit article, J'à une con­versa:tion, aililie'Uir'S une interv,enii:on qudcoolq'ue, tout ·cela idisJcmt, sans prestige ni ,gjl.oh·e, une acti'on d'irufini­ment petit, 1qui s'en rem,ettaH .au bon IDieu !du soin d'en tker pal!"ti et de la fécon1der, .une aJCtion ,qui essayait d''être, tant bien 1que m·a[. a'étpa,nouissemeht d'une bonne inrtention, une action, en­fin. à laquelle s'attaldl1ait ~pamois · Ie kis .. son d~u.n IP'etit Tisque à courir.

« A votre ·tour, mes clhers amis, don­nez-IV!ous donc cetrte foie, !à la !faveur m\ême de vobre â;ge, \de io"uer tout dou­cement votre jpetit rôŒe Jdlans cette va:ste beso,gne sociale qu.i est l'étab1issem.ent ldu. rèJ.gtne dle ·Dieu. 'Vo·us ête3 ldans dies 'conditions où nouiS ne nous trouvions p-as au temps 1de ma iewnesse. Vous a;vez Ulne praHque eUJcharist~q·ue plus intense que les jeunes d'i,I y . .a 30 ans. Y:ous avez 1Dieu a!Vec vous, en vous. Qu'attendez~ous pour as!Pirer à. ces no~lies et subtiles ioies., à cette aHég-res­E:e ;d'i,dléaiHs:tœ, à cebt'e alQé_g-res:se .die cro·yants, ,que ie vous 'l)fO!P<>sais tout à' 'l'heure?

«On. dit 'qu'audourd"hui les j-eunes gens veulent surtout R:aginer de l'ar­!Q."·ent. E.t si ,c'est en vue Ide fami:Ues .1à ïfo!JJJdier, .cetre IJ)reo:acwpati:on ·même peut s'alccorider a'vec un :certain idéaL Je ne lV'eux :Point lle JComlbattre. 1Mai,s, drans i'âJPre cot:use à 'laquelle il fau,t se li­vrer :pour g-a~g;ner 'de 1'a11gent, je vou-

IV

ldlrai's que vous fus:siez munis d'UJne as­sez morte !Pr<Wision d'idéal, de désinté­ressement et d'amour pur de l'idlé'e, et d'amour IPU:r 1dle vo·tre Jfoi, pour ·que Vious puissiez vous ménager tout 1·e long du dhem1in, te~aes des oas.i.s tà travers· l.a ~our111aiee ldlu désert, ~certaines heu­ros où !Vous 'saurez tra:vai!Ller et vous 'c:Nwoue.r, lutter ,pour .quelque chose .de ,pilus !haut .que vous. !POUr ~ces .grandes 1.1éalités id.iwines 1qui sont la substanée de v:otre v1e mor.aae.

Oeorf!es Ooyœu.

=tt ott= .AJPOLOOUE

Un halbillé de soie, un d'e ces animaux qui nous fournissent 1es délicieux jambons, so·r· tait de son écurie pa.r une he4le matinée d'é~ té. Heureux de prOifiter de sa liberté, il par­courait gai!llar!d:ement les rues du village, filai.rant de-ci, de Œâ .queJlque b~n morceau à

hawer. Tout à !Coup il aperçoit, auprès d'un 1u·

mier, une lforune noire et grise qui émergeait en partie du Jossé .rempli de purin. Il s'ap­procihe, regan:le; il ry va même Jd·'un coup de gti"oin, a'CCompagné d-'un petit grognement. Un autre grognement lui répond, la masse inŒ-orme se soulève à demi par un lbou t, et notre g-oret voit, ~ que1Lques1 œntimèt>res de son nez, la figure toute ,gouÏililée d'.un ... hom­me. C'étru·t un ivrogne ,qui, sorti de ,J'auberge voisine, .trouvant la rO:u~e trop étroite, avait g11isJsé dans le fos-sé, et ·~/y était endormi pour cuver sa cuHe.

Le pourceau se recu'le indigné et 'lui dit: «On t~ppeflle 1le roi de la création! ... Moi, on m'appellle coclhon ... Mais, à te voir ain­si, je me demande quel eSit le !Plus coclhon des deux .•

,Puis il se ret~urna fièrement, et cons1cient de sa dignité, i'1 contin ua sa promenade en remuant bien haut sa ;petite queue en fre· bouChon. R. IP. Hilaire

•• ·Les Jlwmes unissent dJaJVanta·ge que le rire.

VII

Bulletin Bibliographique

L'Evangile du Dimanche Pa1r le's 1soins diu IDéjpalftemen:t de '1-!Jns·t-ru·,c­

üon pulblllique, la pllupa1rt de nos écoles vien· nent de reJQevoir pour aeur biWioilhèque lUI

joiLi vollume intitu[é: « !UEvangill.e de·s d~man~ dhes et des pn111cipaaes fête-s eJGP!Liqué verset prur 'verset ». Cet enJVoi a eu Jieu powr doooer •suite â ·fm vœu émis. d:an·s l'eXlCe[[ent rapport sur 1a « fonmatioo !l"e[igieuse die l'enfant à l'éco[e », rawort prélsenre pail" M. J. Genoud inslti.,tutewr à B01ulflg St-.Pierre, à l"o.cca.tsion de 1lla rélunion générane de la «Société vaŒai­saooe d~Ediuocation » du 24 avril 1918. ri se· rait à dlésirer que ce mémoire, .q:ui !s'est clas-~ 'Sé pa:rmi les me-iliJ.eurrs préisentés 'jiUlS'qou:ici dalllls nos congrès pédagogiques, ait été con­'Servé pa\1' dhaque maître comme un vade-me- j ,oum précieux et un gtu.ide sôr pour l'ensei­gnement ld:e ll!a relligion ;par ~a jpa\l'ole et par l l'exemjplle. !Ce :rapport a fi·g·uré intégralement darus HBCOlJE PR!EM!Ali'RlE du 15 aiV'ril 1918.

~

Cantiques de la 'eunesse C'est avec une sa1tisffia10tion S[Jé;ciaie qu,e

nou1s sigll'allonJs id une nowVJea:ure qui ne ·sau­Tait manqlller d~êJtlre bien a·ccueil'lie des amis dJu clhant en généra[ et du, personnell ensei­gnan1 en prurt.icu[ier. Cet ouvra,ge, intitulé «Cantiques de ma Jeunesse», es1t œ11tainement •sanlS ·c-ontredit, le p!Lu1s c.o~:et et le plu1s. :va­rié qui ait paru jusqu'ici dan:s ce genre. Le l})lus gral.llld nom!bre des airs relligieux dissé-1mï.nés un peu pa:rtüut y sont groupés. Us res· 1piren1: œtte piété naÏIVe, cette limpidité dle mé­loidie q;ui ca;r.ructêr.isent le V:ériialblle dha.nt po· jpu/la!re. A'l.llssi rêftYon~-in à un réel besoin, comme lie démontre au su1rp!Lws le grand nom­bre de ses éditioilJS, pui,squ'in en est arrivé là. !Présenter ·a'Ui}o'urlcl?lhui la 7 4me. Le mér.i te de nous en avoill" doié revient à M. l'ablbé IQulbois, à [..ilille, (lF1nmœ). .

Min de ré[)Ondlre au dlésir de ceux qui s'oulhaitent a;voi,r ~Ill [i:v.re de dhan1 co~ilet, l'es auteurls ont fa1:t re:l.Ier en un seu[ volume:

a) un i.mme).1)Se clhoix de cantiques, :b) les pllus ibeaux clhants latins pour les

!bénédictions diu T. 6 . . Sacrement ·c) le « Ky.ria[e » a:vec tes troi·s mes:;es de

diu lMü1111. Cet ouvmge d;avenir, honoré de il:a bê.né­

didion apostol~qllle et die nombreuses a1wro· bations éjpiS!copales, sera le « Vade-mecum )>

de:s instituteurs et de tou.s :eeux qui cultivent [e IC!ha1lllt en 'commun1 ldam; leSI paroisses.

P.rix 2 rr. 30 Fex. ·reiliê (in-16, 418 pages, 1pa.roœes et mu,sique, 74me ~dïtion).

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~~

Annuaire .de l'lnslrucllon publique eu Suisse (13me année) 1922

!Par J. Sa!Vat<y, d:irecteurr des éco~es normales Jdlu c-anton. de Vaud. - Lilbra.i,rie Payot, Lau­sanne. P )nx: 6 f.r.

~Cet aMuaire, to.u~oua-s intélres~sanf., relll~er­me de très :ouûeuses et pra tiques études dont 'Void ,1'-én·umér,ation: A .q1uoi ·sert la psyiClltolo­gie ? - . 'L'é.d!ucation de l'ins1tinct ma.te.rnel. - La genè1se de 1'ensei·gnoorent IPUibilic remi­nin à GenèJVe. - L'étude de l'emeignement liiune langue vivante. - iLa ifo1rmation du ,corps en.1Sei1g1nan:t primaire. - Revue g;éogra­lf.JihÏIC),;u'e. - Le cinéma. - ;La Conlfédération et les ·cantons romand'S en 1921.

* Le petit Fri,tz revient de l'école avec son cahielf couvert de taches d'encre. Le papa gronde, mai's le gosse s'excuse en dis•ant: -Oh, papa, j'étais ass,is à côté d'un petit nè­gre qui a saigné dui .nez,

-- __________ ,_..,. ...... -·----·-· - ------ -LE· JEUNE CATHOLIQUE

Journal illustré pour enfants paraissant à St-Maurice (Valais) chaque mois en livraisons de 20 pages. -Par an: fr. 2.-, 5 exp. et plus sous la même bande fr. 1.70, pour 10 exp. le 11me gratuit. -Pour s'abon­ner ou recevoir No d'essai, écrire simplement à cette adresse: .Jeune Catholique, à St-Maurice (Valais).