l'ecole primaire, avril 1921

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A.n1l [: :."':' DE LA d 1 édu(t .alion . ' Publication fondée en 1881 L'Ecole primaire donne une dizaine de livraisons de 16 pages, la couverture y comprise, et autant de supplé- ments de 8-16 pages pendant l'année ordinaire (soit du 1 er Janvier au 31 Décembre). . Par an: Suisse Ir. 3.50, Union postale Ir. 4. Les abonnements se règlent par chèque 'postal · Ile 56 ou à ce défaut contre remboursement. A.nnonces: 20 cent. la ligne sur toute la largeur Tout ee quI eoneerne ICI pu\ileCltlon doit êtrè Clc1ressé cUreetement à; son gérClnt et fonc1C1teur, M. P. PIGNAT, SeedtClire ClU DépClrtement cie l;InstruetioD publique, à; stone 0 ' Qui se croit propre à tout n'est bon à rien.

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Page 1: L'Ecole primaire, avril 1921

ce qui a rapport MUSIQUE ou concerne la

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:."':' ,;~ \f)J~Q}\l~Jl DE LA

50~iété valai~at)lJe d 1 édu(t.alion .'

Publication fondée en 1881 L'Ecole primaire donne une dizaine de livraisons de 16

pages, la couverture y comprise, et autant de supplé­ments de 8-16 pages pendant l'année ordinaire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre). .

Par an: Suisse Ir. 3.50, Union postale Ir. 4. Les abonnements se règlent par chèque 'postal · Ile 56

ou à ce défaut contre remboursement. A.nnonces: 20 cent. la ligne sur toute la largeur

Tout ee quI eoneerne ICI pu\ileCltlon doit êtrè Clc1ressé cUreetement à; son gérClnt et fonc1C1teur, M. P. PIGNAT, SeedtClire ClU DépClrtement cie l;InstruetioD publique, à; stone

0 ' ~~

~ , ~~ Qui se croit propre à tout souvent~ n'est bon à rien.

Page 2: L'Ecole primaire, avril 1921

Société Valaisanne d'Education

Assemblée générale à Monthey le 26 avril 1921

A l'occasion de sa -réunion générale de cette année, la Société valaisanne d'Education, par l'organe de son Co~ mité, invite tous les amis du corps e~1-seignant primaire valaisan, magistrats, inspecteurs et commissions scolaires, enfin tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à la noble cause de l'éduca­tion, à vouloir bien y prendre part nom­breux.

IEn voici le programme. 10 h. 15 'Rassemblement sur la place

de la gare et départ pour le collège.

-10 h. 30 IRéunion du comité. 10 h. 4'5 :Séance selon ordre du jour. -1 ,2 h. 30) IBanquet. 1'6 h. '- Clôture de la fête.

-Q-

La lutte contre l'alcoolisme par l'école

C'est donc le sujet à l'ordre du jour de la prochaine assemblée générale de la Société valaisanne d'Education. Com­me il a été procédé jusqu'ici, le thème choisi fait l'objet d'un rapport imprimé joint comme supplément spécial au pré­sent numéro de l'Ecole primaire.

Nous croyons devoir appeler l'atten­tion toute particulière de nos lecteurs

, $ur l'excellent travail qu'a inspiré à M. le prof. Gribling la question mise à l'ordre du jour de la réunion de cette année. 'L'auteur y témoigne d'une compé­tence indiscutable et traite le sujet d'u­ne manière éminemment pratique qui fait de sa thèse une œuvre magistrale destinée à produire la meilleure impres-

. sion et à marquer une importante éta­pe dans la lutte contre le fléau de l'al­coolisme .sur le terrain de l'école.

11

Société valaisanné féminine ".:' i, ; d'Education

,Le Comité central, réuni à Saxon, le '14 avril 119,:m, a pris les décisions sui­vantes:

:1) lEst nommé 'Président de la So­ciété, à l'unanimité, 'M. l'abbé Fr. de Courten, 'Inspecteur scolaire du district de ~Sierre.

2) 'Mlle IM·arie Carraux, institutrice il iSaxon, est confirmée comme vice-pré­sidente, et Mlle Blanche 'Rappaz, Ins­titutrice ' à :Monthey, est nommé secré­taire.

3) A la demande de IS. G. \Mgr l'E­vêque du 'Diocèse, il est ajouté à l'art. 8 des statuts de la Société la disposi­tion suivante: 'Motif d'exclusion: Un acte grave commis contre la Religion ou contre la 'Moralité.

(Oommuniqué.J. . ~

Sommaire du Supplément N° 4 (Cette annexe a 16 pages.)

,Le dimanche moderne. - Une paro­le de 'Jésus sur la croix. - Tous au CieL .. - :La vieille maison. - Souve­nir de voyage en rv alais. - ~Le mélilot blanc de !Sibérie. - Graisseur d'âmes. - 'Le cœur de Joseph de ·Maistre.- Le grand orgue. '- Les oiseaux et l'agri­culture. - rv ariétés. - Annonce et pro­gramme du Jeune catholique.

---0-

Sommaire de la couverture titutrice à lMonthey, est nommée secré~

Société valaisanne d'éducation (ins~ tituteurs et institutrices). - -La lutte contre l'alcoolisme par l'école. - Re­liure-classeur Optimus. - Part de l'E­tat au traitement. - 'Pour ,Mario. -A l'o;ccasion de Pâques. - Mme Ant. Giroud-Wouilloz. - De l'éducation. -Annonces.

Reliure."classeur « Optimus :&

Déférant au désir, depuis longtemps exprimé par de nombreux membres du corps enseignant, de posséder un clas­seur pour collectionner et surtout COll­server l'Ecole primaire, l'éditeur de cel­le-ci, après de patientes recherches, croit avoir enfin découvert le moyen de don­ner satisfaction au vœu formulé. Il n'a pas trouvé mieux pour le ré~liser que de procurer l'OP TI)VIU S, qui permet de réunir et de relier soi-moême, avec une remarquable facilité, les ' publica­tions périodiques, revues littéraires et scientifiques, journaux et supplémelÙs illustrés, cahiers de musique, dc.

En général, le plus souvent la plu­part des abonnés à des recueils, a près avoir parcouru le numéro, le casent

, quelque part jusqu'à ce que, l'année écoulée, ils fassent brocher ou relier leur collection. 'M.ais, jusque là, com­bien de livraisons peuvent se dété­riorer, s'égarer, et que de temps perdu lorsqu'on veut faire des recherches dans les fascicules antérieurs! Grâce à l'Optimus, toute personne d'ordre peut maintenant relier son journal au [ur et à mesure de la réception des numéros, de sorte que lorsque le dernier aura paru, la collection se trouvera automa­tiquement cartonnée, comme si le volu­me était sorti de chez le relieur.

IL'Optimus pour conserver l'Ecole primaire n'a pu toutefois lêtre obtenu, même commandé par quantité considé­rable, à un prix inférieur à fr. 1. 50. Mais tel qu'établi, il permet de collec­tionner pendant 2-3 années ce recueil. Pour les abonnés du Valais, la valeur de l'Optimus sera tout simplement ajou­tée au coût du journal (3.50), de sorte qu'il sera retenu cinq francs cette an­née sur la part de I~Etat au traitement pour tous ceux qui réglent par cette voie l'abonnement de l'année courante ainsi que, éventuellement, la cotisation. à la Caisse de retraite. 'li n'y aura donc au-

III

cuns frais spéciaux à supporter de ce chef.

iL'expédition de l'Optimus a commen­cé, de sorte qu'avant la fin de ce mois nos abonnés du rv alais, pour lesquels il a été spécialement confectionné, en seront munis.

ILes exemplaires surnuméraires qui pourraient être disponibles après envoi de la quantité fabriquée (500 ex.), se­ront d'ailleurs volontiers mis à dispo~ sition des abonnés du dehors qui pour­raient le désirer et l'obtiendraient na­turellement au prix de revient ci-dessus (1.50f

Dans chaque Optimus, on trouvera les Instructions requises pour son em­ploi.

Part de l'Etat au traitement ILe personnel enseignant valaisa~,

dont l'activité professionnelle s'inter­rompt déjà à la fin d'avril du fait de la clôture du cours scolaire pour les écoles 'de 6 mois, est prié de prendre no­te que le solde de son traitement lui papviendra dans le courant de mai, soit après la réceptjon des rapports de MM. les Inspecteurs et sous déduction des retenues d'usage I( abonnement à l'Eco .. le primaire et cotisation Caisse de re­traite J.

._......()<..­

Pour Mario Une souscription est actuellement

ouverte en vue d'élever, dans le cime­tière de 'Vérossaz, un modeste monu­ment à Mario, notre écrivain national. La Société valaisanne d'éducation, ne voulant pas rester en arrière, y a été d'une contribution de 100 fr. versée en son nom et, pour son compte par un .Ré­néreux anonyme. Ce don est bien jus­tifié si l'on considère que l'auteur du Génie des Alpes valaisannes et d'V n Vieux !Pays fut en même temps une col­laboratrice assidue et dévouée de l'E-

"'" ' .. ! .. ,' .!!!!

Page 3: L'Ecole primaire, avril 1921

cole primaire qui a publié d'elle nom­bre de nouvelles charmantes spéciale­ment écrites pour notre organe pédago­gique. C'est' donc à juste titre qu'à 1'oc­casion de 1'initiative prise de rappeler son souvenir d'une manière durable, le corps enseignant s'y associe par l'en­tremise de son modeste organe.

-0-

A l'occasion de Pâques, un excellent instituteur de la campagne a eu la délicate attention d~ gratifier l'a'uteur de ces lignes d'un ouvrage bien de circonstance et on ne peut plus heu­reusement choisi: Le Vieillard (la vie montante, pensées du soir), par Mgr IBaunard. 'L'aimable donateur, se sou .. venant en effet que le destinataire de son envoi venait d'avoir, le 9 mars der­nier, 44 ans de service à l'Instruction publique - ce qui représente onze lé­gislatures pleines - a tenu à rappeler ën même temps cet anniversaire. La lettre accompagnant le présent, et que l'on trouvera un jour épinglée au vo­lume, mérite une mention ici, toutefois sans l'indication du nom et de l'origine du signataire, dont la modestie pourrait ne pas trouver son comptè à leur divulJ

gation, l'humble personnalité de l'expé­diteur ne tenant aucunement à faire au­tour d'elle une réclame susceptible d'·ê­tre diversement interprétée selon le mi­lieu ou les circonstances.

Ceci noté en passant, voici la lettre â laquelle il est fait plus haut allusion.

c Faites-moi le plaJsir, !honoré Monsieur, d'aœepter ce faible témoignage de grat,itude pourr tOUJS les services :que VOUIS m'avez ren­d'UJS depuis mes débuts dans la cafirière d 'ins­ütuteulI'. Tous mes collègues pourrra,ient faiTe la même constatation: nous a'Vons trouvé en 'Vous, non pas une tête de ;fonctionnaire quel­conique, 'mais iliOUiS avons ifencontré le cœur intelligent d~un père.

\L'époque des souihaits est passée, mais permettez-moi de passer pll!r de.ssUis les usa­ges et de laisser 'dtiTe à mon cœU!I' à Pâques

IV

ce qu'il pel1sait au seUlill de l'année, en prian,t d'aJbord DieIUJ de 'VOIUS garder encore quel­qrues années auprès de nous. Puis, comlPre-nant !Ce Ique 'Ce vœu peut avoir d 'illusoire, je 'Vous souhaite -SlUJrtoui le meilleur courorute­ment de votre longue ca:rrière: une belle et sainte mort, en attendant de nous retroulver dans la Patrie a!U.rprès de ceux que (tous avons aimés irai-bas et que -Dieu nous a if'avis « po~r un momen~:D.

Puissent les belles pages du livre de Mglf Baunard con~rilbuer :à. embaumer le couahant de votre vie, en attendant l'aJUJrore du' jour qrui nè finit IPoint, au sein de PEternelle Jeu-nes'se. :D

:Là-dessus il ne reste plus à celui qui est l'objet de ces pieux souhaits que d'en désirer l'accomplissement dans la mesure permise à tout bon chrétien, puisqu'avant tout il faut vouloir, dit S. Augustin, ce que Dieu veut, comme il le veut et quand il le veut. P. P.

,~~_ ...

zœzntuatb .. ~~~Im~-"'-_. t Mme Antonie Glrond-WouiHoz 'Le 23 mars a été enseveli Mme An­

tonie Oiroud-Wouilloz, de Martigny­'Bourg" décédée à l'âge de 28 ans seule­ment. 'Sa santé délicate ne lui avait pas permis de continuer l'enseignement pen­dant ces deux dernières années. La jeune et regrettée défunte laisse d'ail­ieurs le meilleur souvenir à ses compa­gnes et amies d'école qui l'ont connue et aimée et qui ne l'oublieront pas dans leurs prières. :R. I. P. ~

De l'Education On ne pourra nier que dans tous les

pays du monde, les gouvernements ne se soient efforcés, depuis quelques an­nées surtout, de répandre l'instruction dans toutes les classes de la société. Les législateurs se sont attachés, en effet, à jeter le bon grain dans les sillons populaires pour faire. lever une mois­son intellectuelle, dont ils attendaient les plus heureux résultats. Trop long-

temps, en effet, l'ignorance avait pré­valu dans les masses, soit par calcul des gouvernants, soit par apathie des intéressés, et les esprits vivaient dans une nuit presque complète, ce qui per­mettait aux classes éclairées de condui­re le peuple sans aucune difficulté.

On a trop oublié. que l'instruction imposée aujourd'hui fut répandue, dans des temps très éloignés, par les moines, ces infatigables pionniers du sol et de l'esprit, bien que les sec­taires les traitent encore avec mépris, de retardataires et d'obscuranHstes. S'ils avaient pu projeter les lumières de l'instruction dans un rayon plus éten­du que celui qui fut témoin de leur ac­tivité, ces moin~s auraient été heureux de se dévouer davantage, mais ils se heurtaient à des difficultés de tout or­dre qu'il est inutile d'énumérer id.

ILes premiers, ces i1:lfatigables conti­nuateurs de l'œuvre recommandée par les évêques francs, comprirent donc -les bienfaits de l'instruction. Et non contents de la répandre, ils la dévelop­pèrent dans leurs monastères, pour prouver à la postérité que le silence des cloîtres était plus favorable à l'activité intellectuell~ que les rumeurs du siècle et que l'on pouvait, tout en adorant Dieu, aimer la science dont elle n'était, en somme, qu'une émanation.

\Mais, tout en cherchant à extirper des intelligences l'erreur sous toutes ses formes, les moines du moyen-âge, comme leurs successeurs actuels le font encore d'ailleurs, s'efforçaient de réa­liser la formation du cœur, c'est-à-dire de donner à leurs élèves le complément de leur instruction, soit une éducation parfaite. 'L'éducation, en effet, est une qualité si précieuse qu'on ne saurait s'en passer, et que toute instruction sans elle n'est qu'un trésor apparent, dont on ne peut tirer tous les avantages.

On· pourrait croire que 1'instruction et l'éducation marchent toujours de pair

v

à notre époque. Ce n'est pas toujours vrai. 'Mais il est certain toutefois que le plus d~instruction comporte le plus . d'éducation, comme si cette dernière qualité était en raison directe de la pre­mière. En effet, à de très rares excep­tions, on peut constater que l'éducation est presque nulle chez les sujets peu instruits, alors qu'elle est l'apana,g-e des esprits, pour lesquels la science a bien peu de secrets.

Nous nous en apercevons tous les jours. Chacun d'ailleurs peut faire au­tour de soi cette même remarque et se convaincre ainsi de la véracité de notre affirmation. -Et pourtant, est-il une qua­lité plus belle que l'éducation bien çom­prise? -Nous ne le pensons pas, car de cette qualité en découlent tellement d'autres qu'on peut dire qu'elle les en­gendre naturellement. "L'éducation dé­finit un caractère. Elle nous le fait ai­mer à travers les sentiments généreux et délicats qu'il montre dans toutes les circonstances de la vie, et ce caractère s'attire des sympathies universelles. Il est courant, dans le peuple, de parler avec éloges de l'éducation de certaines personnalités, car cette éducation fait

1 disparaître les inégalités de conditions, facilite les rapports et appelle)a con­fiance. 'Supprimer l'éducation des rangs de la société, ce serait revenir à l'épo­que barbare, où les plus grossiers senti­ments n'avaient pas honte de s'étaler en plein jour.

De l'éducation bien comprise naît la politesse. 'La politesse qui se manifeste e,rtérieurement de tant de façons et dont on salue les manifestations avec un plaisir toujours nouveau. Remar­quons encore que les personnes les plus polies, sont en général les personnes dont la situation sociale est la plus él~­vée et l'instruction la plus complète. Il a été de constant usage, parmi l'ancien­ne noblesse française, par exemple, de montrer vis-à-vis des plus humbles p"~r-

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• 1 cl' •• ., i • i i ,

Page 4: L'Ecole primaire, avril 1921

VI

sonnes une politesse exe1lJ.plaire. IM,ani­festée envers les femmes surtout, elle est r~marquable chez les 'français, et constItue cette galanterie de bon aloi qui a toujours été l'apanage de nos voi­sins. On sait que Louis XIV ne parlait que le chapeau à la main, même à une femme de service, et les seigneurs de sa cour imitaient son exemple.

1 l'avoir effleuré pour en montrer l'im-1 portance, et nous serions trop heureux 1 si nous avions pu attirer l'attention de J ~os éducateurs sur cet intéressant su-

I Jet. , !Nou~ avons, en effet, beaucoup per­du a cet egard, si nous en croyons l'his~ toire, et nous n'avons aucune raison de doufer .de celle-ci. Autrefois, la polites­,se, frUIt de l'éducation, était en grand

:Nous aurions, sous ce re>pport, beau·· coup à apprendre du grand siècle car si l'éducation proprement dite ne ~ous est pas inconnue, nous sommes obligés d'avouer que la politesse, manifestée par des gestes extérieurs, du moins, nous est beaucoup plus étrangère. C'est pour cette raison que l'on devrait faire dans le programme de la formation d~ nos enfants, une part plus grande à cette politesse dont nous parlons. ' La politesse, en effet, affine les manières rend plus intéressants les enfants et le~ jeunes gens, et elle est l'heureux com­plément de l'instruction. Elle passe tout naturellem~nt d~s manières au langa­ge, et elle mterdlt ces expressions p'ros­sières qu'on entend trop souvent ;ortir de jeunes bouches sans effaroucher, bê­las! personne, tellement on est habitué à les ~ntendre. Elle indique comment , on dOlt se comporter dans la rue et dans les endroits pu~lics avec les per­sonnes que l'on rencontre, et elle ap­prend à s'effacer devant ceux à qui ron doit céder le pas, à cause de leur â~c, de leur sexe ou de leur condition. La politesse est plus qu'un vernis ag-rêa­ble, c'est un signe de bonne éducation c'est le parachèvement de l'instruction' 1

c'est une preuve d'intelligence. Il est I~ inutile. d'insister sur ce point, puisque la polItesse est en raison directe du dé- ' veloppement intellectuel des peuples. ~ On ne peut pas demander à un saüvà~ i','

ge d'être poli, mais on doit exiger de tout homme civilisé la plus coürtoise '1

politesse. . ~ \Nous aurions beaucoup à dire encore ~

sur ce chapitre, mais il nous suffit de !

h?nneur, aujourd'hui on la délaisse; fa­dIS on se saluait toujours, même avant le combat, quel qu'en fût le caractère, aujourd'hui il n'en est plus ainsi. . On voit donc que le champ est vaste, J.1 est presque en friche, c'est à nos édu­cateurs qu'il appartient de le cultiver sans retard. St.

-~----_ .. ,<-~-!MI~"-'--- ,.

Le Jeune C~tholiCiue JOU~NA1L I[jLUSTRJE ,POUR NOS EN­

f ANTS, pa,raissant le 1er de .chaque mois en • livJ."a,i'sons de 16 pages chaoune (coUJVerture

non c0111!Prise) qui formoot a,insi, au bout de l'année, un ùo1i volume d'environ 200 pages,

Voici le sommaire de la livraison 3·4 (ma'liS et -avril 1921):

La pa,ix soit awc ' 'vous. - La premiere commualion. - MaUifice Uelgtny. - Les oi­seaux et leulrs nids. - RiTi. SUZOIIl, Tiell1not. .- Sois charitable. - Brave petite. - Le bon compagnon. - Le 'Vol du fils Galuchard. -iL'assista-nce des parents. - Histoil'e d'une sOUJris. - Le prurdon des itltliUres. - Amour et courage d'une mère. - ,Le vieux pa,UJVre. - Va, !petit gaif'S. - Sauvé pail" la vérité. -Partie scolaire. 'En~ail1~s, void le médecin, gué­rissez vos âmes. - Un p1l!reSSeu~ 'bien puni. - Musée scolaire. - Le cruciHx et l'enliant. - Le petit doigt de maman. - Je suis doc, tOl'esSe (monollogue). - Variétés.

CONDITIONS D'A!BONNEMENT Sui'S'se 2.50. - Union postale 3.50. -1 6 w.

et 'Plus (sous la même 'bande) 2 fr. chacUttl. - Pour 10 ab. le ll'ltlle en SUIS. (On ne s'a­!bonne pas pOUlr moins d'ulI1 an et les nou'" !Veaux abonnés lPeuvent encore obtenir les Nos 1 à 4.)

POUT s'aJbonner ou reœ'!oi'r N° d'eSSlai, s"a­dresser à l'Administration du «Jeune Catho­lique», 26 Cité, iLaill'Slélll111e. ileS' albonlllements peuvoob se lJ."êgler SANS f'1~A'rS pa'r chèque postal (II. 792).

Supplément spêcial à l'ECOLE PRIMAIRE (Avril 1921)

LA LUTTE CONTRE L'ALCOOLISME PAR L'ECOLE

RAPPORT POUR L'ASSEMBLEE GENERALE

DE LA

SOCIETE VALAISANNE D'EDUCATION A MONTHEY, LE 26 AVRIL 1921

ILa multitude distraite est incapable 1 obscurs que pose le bien-être du corps de saisir les courants lents et silen- s~cial. cieux qui entraînent la ;vie d'un peuple vers l'issue fatale de la déchéance. L'alcoolisme a bénéficié de 'cette inat-

'Au milieu de la continuelle agitation tention pour continuer, dans l'ombre de de l'opinion publique sous les coups l'publi, son O!u~re néfaste d'int~xica­des crises sociales et politiques, ceux- tzon lente, ma~s, l!llplacable .. Tand~s que là aussi qui, par vocation, par. la direc- toute~ les ~chvIt~~ de la Vie natIOnale tion de leur vie intellectuelle et morale se depensalent fIevreusement pour pa­ou par goût, 'vouent d'ordinaire leur rer à des attaques év~ntue~l~s de la attention aux pulsations moins ~erce~- p.art dt ,quel~ue ennemI. ~xt~n~ur pos­tibles de la vie nationale ont eté de~ slble, 1 alcoolIsme, ennemI mteneur tant tournés de ces questions d'une impor- de f?is dévo~lé, a continué à miner Por­tance indéniable par le bruit des armes ganlsme SOCial. et les surprises journalières d'une pu- Il paraît oiseux d'examiner si la blicité complaisante. progression du mal s'est accélérée pen- .

ILes gouvernants eux-mêmes, aux: pri- dant la guerre mondiale, alors qu'il est ses avec le réseau inextricable des dif- certain qu'elle ne s'est pas ralentie. ficultés économiques et diplomatiques ,N'est-il pas temps de nous retourner, sans cesse renaissantes, semblent avoir 1 vers cet ennemi qui, sournoisement, se perdu de vue l'urgence de résoudre des livre à des attaques incessàntes et cou­problèmes en apparerice modestes et vre le corps de la nation de bles$ures

Page 5: L'Ecole primaire, avril 1921

auxquelles ne s'attache nullement l'au-réole de la gloire patriotique? .

Le Valais a été l'un des premiers Etats confédérés qui ait repris la lutte contre ce péril social.

ILes expositions antialcooliques or­ganisées successivement à Brigue, à Viège, à (Loèche et enfin à -Sion ont re­mis la question à l'ordre du jour. Les succès immédiats obtenus dans ces ex .. positions et les fruits à longue échéan­ce que l'on est en droit d'en attendre ont ramené l'attention publique sur un phénomène de notre vie nationale, une

question brûlante dont la solution ur­gente est le préliminaire obligé de la vaste question sociale.

ILe <Département de l'Instruction pu­blique s'est sans doute laissé guider palf des considérations de ce genre ~n inscrivant au programme de la réu­nion générale de 1921 «la lutte contre l'alcoolisme par l'école. »

A première vue, il peut paraître sur­prenant d'accaparer les moments pré­cieux d'une assemblée générale en fa­veur d'une question qui, aux yeux de plusieurs, est pour le moins accessoire, sinon étrangère à l'école primaire. Pas­se encore de conduire les élèves à une conférence antialcoolique que le caprI­ce d'un apôtre de l'abstinence, pour ac­quit de conscience et mû par un zèle moins éclairé qu'intempestif, vient dé­biter aussi naïvement qu'infructueuse­ment devant un auditoire infantile. Le danger alcoolique, d'ailleurs, est pure­ment imaginaire.

IPlût à Dieu que la réalité donnât un démenti formel aux partisans de la lut­te antialcoolique, considérés à tort ou à raison comme des pessimistes et des fanatiques.

IMais hélas, l'une des conclusions de cette étude sera de contredire cette opi­nion d'un optimisme trompeur et dan­gereux et de montrer que la lutte anti­alcoolique s'impose à l'école pour s'as-

surer une existence viable, une activité féconde.

. :L'alcoolisme n'est pas né d'hier. L'histoire nous montre la prospérité ou la déchéance des nations liée très étroi­tement à leur attitude vis-à-vis de l'al­cool. Que de fois s'est répété pour les peuples comme pour les individus le «IMane, Thécel, Pharès» de la dernière nuit orgiaque de 'Balthazar!

Alcoolisme moderne (Mais l'alcoolisme moderne dépasse

en intensité et en généralité les excès des ,âges passés.

,D'une part, la chimie et la technique moderne ont outillé les gigantesques distilleries et brasseries à l'instar des fabriques de munitions qui préparent la mort et la dévastation. A ces fleu­ves de liquide empoisonné vient puiser l'innombrable multitude que l'indus­trialisme moderne, destructeur du foyer familial et tueur des joies saines de la nature a détachée du sol nourricier; aux bords du même fleuve vient s'a­breuver la foule des jouisseurs de tout genre qui, dédaigneux des consolations religieuses ,et familiales, croit trouver là le succédané de toutes les joies, le con­diment de toutes les fêtes et le Léthé des désillusions et des remords.

ID'autre part, la science moderne a scruté avec la précision de ses métho­des et la variété de ses moyens de re­cherche les ravages nzultiples et effra­yants de l'alcoolisme. Médecins et psychologues, juristes et sociologues\ pédagogues et moralistes ont appliqué à l'étude de cette maladie sociale leurs procédés d'investigation si féconds; ils en ont suivi l'apparition, l'évolution dans les différentes phases jusqu'à l'é­tat aigu de folie connu sous le nom de delirium tremens et de mort subite par suite de l'intoxication alcoolique. Ils ont élaboré la connaissance scientifique de l'alcoolisme ·au point de vue médi-

cal, psychologique, socialogique et pé­dagogique.

But du rapport ILa présente étude se propose la con­

naissance pédagogique du problème: L'influence de l'alcool sur l'enfant et les moyens de l'en préserver. 'Les au­tres points de vue méritent sans doute toute l'attention et la sympathie de l'é­ducateur; mais ce serait d'une part dé­passer le cadre fixé par le programme de l'assemblée générale, et d'autre part, il existe d'excellents ouvrages que le lecteur peut aisément se procurer et consulter, ouvrages qui présentent l'a­vantqge d'avoir été composés par des spécialistes aussi versés dans la con­naissance des questions scientifiques que familiarisés .avec la psychologie des milieux sociaux *). .

*) CorusuHer: «ILa grande mine », par Et. Desdo'ltx, Li­

hmirrie S~-.paul, F.rJlboulI"g'. (t: Les trésors de la Saill1lte A.bs.titllence»,

:PM .M!grr Savoy, Bruxelles. IX ·La question de l'alcool », par le Dr

BUil1Jge, Bâle. </. 'l'Alcoolisme », par le Dr Be:rtillon, Le­

colfif,re, ,Paris. Note s~w l'~tsa!Je de ces o1vvrages

et de la présente ét1tde:

Les faits Choi,slÏs et les statilSüq,ues ,utmsées !par les promoteutr:S de la luite contre l'alcoo­lisme sembleront à plus d'un lecteur arran­g1és et IÏnteliPrétés d 'une façon tefl'drurucie'lllse pour les besoins de la ca·use. Car' plusieurs peŒllseront qu'il lewr est fu.cile d'iclh'mer telle ou ~elle propOisition en citant d'a.utres faits dûment 'observés et en contradiction flag.ranie avec les concl'lllsioilllS des hrochures cité~s Ou de la présente étude.

J'a'CCueil1e de bonne gtrâJœ leur objection et reconnais lVoJontielis que les faits qu"Hs al­lèguent aUiront été observés exactemerut.

M,a·is ils voudront bien :remarquer que les hommes de Isciencê, en étahHssant leurs sta­tistiques OUJ eaJI fa,isant leurs expériences, ont observé oUJl1I -gil'larld nombre de cas dlans des coodiHollts très valfiées, de sorte qu.e l'on ,peut

g

ILa lècture de l'un de ces ouvrages ne saurait 'être assez recommandée à tout éducateur pour acquérir sur cet impor­tant problème des convictions raison­nées et profondes.

Ravages de l'alcoolisme jQu'il me soit permis de rappeler le

résultat de cette lecture. (Au point de vue économique, l'usage

de la bière, du cidre, du vin et de l'al­cool constitue un gaspillage incompré­hensible, puisque la fermentation en­lève aux fruits et aux céréales les 3/4, les V7 ou la totalité de leur valeur nu­tritive; le reste est déprécié par l'alcool auquel il reste mélangé.

(Le peuple suisse paye actuellement à l'alcool un tribut d'hommage annuel d'environ 700 millions de francs.

'Il y a dans notre pays un cabaret par 150 habitants, en Valais un caba­ret par 8-8 habitants.

'La consommation de boissons alcoo­liques semble présider à tous les actes importants ou non de la vie priVée et publique, familiale et nationale. L'hé­gémonie tyrannique des habitudes al­cooliques est acceptée à peu près par tous sans récrimination, de gaîté de cœur.

La plupart des familles tomb,ées dans la misère doivent leur triste état à l'alcool comme facteur principal ou concomitant.

admettre IPraüque.ment l'égralité de circonstan­ces, de ohanœs de ·la pa't.t des non-atbstinetrrts (Ou, ibUlVeU!fs) et de la part des abstiœnts (ou m()1dérés). A déf·(lfUtt dune idellltité de condi­tions impos-slilble à réallLser SMout en cette tllDatière, une égalité pratique est admise com­me .sulflfisanrfe pM la crjtique la plus exigeante.

Si tels f.aûts ou !méfuits particuliers mis au compte de l ~alcoOlHlsme Ille 'semblent plhS corn­\porter une' condusioll1 aussi catégorique et gé­nérale l'ensemble des faits fonne 'Uln réquisi­tOVl'e dccablant dont la valeu1' p1'obante ne SGlll.

rait ~t1'e méconnue par auC'lm esprit loyal.

Page 6: L'Ecole primaire, avril 1921

Quels avantages physiques ou mo­raux nous vaut cett~ dépendance . ser­vile, cette obséquiosité empressée à l'é­gard de l'alcool?

'L'alcool promet la force, l'endurance; l'expérience prouve qu'après une courte phase de surexcitation survient une longue période de fatigue.

iLa consommation de boissons alcoo­liques atteint la capacité intellectuelle en diminuant la précision et la rapidité de la perception, en ralentissant la mé­moire et ert troublant le raisonnement.

L'alcool attaque ltmtement, mais su­rement, nos organes vitaux: estomac, foie, cœur, vaisseaux sanguins. reins, cerveau.

\Les sociétés d'assurance enregistrent chez les buveurs une proportion anor­male d'accidents produits surtout le lundi. '!Les caisses de maladies 'font une constatation concordante . .

L'alcool conduit prématurément à l' Mpitalles plus empressés de ses ama­teurs devenus des ruines humaines. '

iLes asiles d'aliénés et les prisons re­crutent leur triste clientèle de préfé­rence chez les alcooliques.

JLes tables de mortalité témoignent d'une longévité marquée des milieux abstinents.

IMais la malédiction alcoolique n'at­teint pas seulement la personne du bu­veur, victime plus ou moins responsa­ble d'une ambiance sociale où l'alcool est à l'honneur. ~La lugubre énuméra­tion ci-dessus ne. dévoile que la moin­dre partie de ses ravages.

,L'alcool perpètre ses crimes les plus atroces dans le sanctuaire de la tamil­l~ où il traîne dans un long martyre la femme du buveur et, conséquence plus effroyable encore, transmet des tares multiples aux enfants, victimes innocen­tes de la déchéance paternelle, souvent de la déchéance sociale.

IL'impartialité exigerait que l'on par­lât des bienfaits de l'alcool. lL'·Ecriture

sainte dit: «l,Le vin a été créé dès le commencement pour être la joie de l'homme, et non pour l'enivrer.» Pour­quoi l'homme, en se souvenant de l'in­tention de la ,providence, a-t-il oublié la partie négative de l'enseignement di­vin, clause restrictive dont l'oubli a changé en poison le fruit délicieux de la vigne?

Ce-n'est qu'à titre de mention que ie parle de l'usage médical des boissons alcooliques, usage qui se restreint d'ail· leurs de plus en plus.

Cause de ralcooiislne moderne lLe tableau des ravages de l'alcoolis­

me est si déconcertant que l'on se de­mande comment des !êtres raisonnables peuvent se précipiter en foule, le s,.ourire sur les lèvres, dans un abîme de mal­heur et de honte. lSans doute, l'homme ne recherche l'alcool que pour ses pré­tendus bienfaits; il veut jouir, ou plu­tôt, il veut se dédommager des autres joies, saines et élevées, qui lui font dé­faut; il veut se désennuyer, oublier. C'est aussi l'opinion d'une 'âme dont toute l'ambition est de donner aux au­hes le véritable bonheur. Voici en effet ce que dit \Mgr) de 'Keppler dans son dé­licieux traité «Vers la joie»: «C'est l'envie d'échapper à ses pensées, à ses poignants soucis, d'éviter à tout pri~ de rester seul avec soi qui explique la tou­te-puissance de l'alcool; on l'aime, non pour la jouissance qu'il procure,- non parce que jouir est, pour beaucoup d'in- , dividus, l'unique but de la vie, mais surtout parce qu'il fait trêve à nos an­goisses et qu'il est devenu le Léthé du monde moderne. Aussi tout ce qu'on peut dire à ceux qui en abusent, pour les avertir du péril auquel ils s'exposent, ne fait aucune impression sur leur esprit. Ils tiennent à s'empoisonner, et rien ne les convertit, lors même que les funes­tes effets de l'alcool leur sont clairement démontrés; car non seulement le poison

èst doux, mais il mène à sa suite la stu­peur et l'oubli. ISi jamais Nietzsche a éc~it une parole juste, c'est celle-ci: La n;ere de l' orgie, ~e n'est pas la joie, c'est l absence de la Joie! »

lEst-ce exagéré de dire que l'alcoolis­me constitue un fléau, l'un des fléaux modernes dont "Faguet a dit: « Les for­·mes du désespoir moderne sont l'alcoo­lisme et le suicide. Ces deux monstres c~oissent à vue d'œil dans des propor­tIons effrayantes. Ils indiquent que le monde s'ennuie.»

IL'alcoolisme est devenu, pour beau­c~up ~e ,nos c~nte~P?rains, l'ivrognerie heredItaire et mguenssable par le sim­ple jeu des forces aveugles de la nature.

L'alcoolisme, maladie sociale , 'Et f.ait gui doit être mis en relief,

1 alcoolIsme est une maladie sociale. ,D'après un moraliste de haute valeur on n'a pas de l'alcoolisme une notio~ exacte, si on ne se le représente que comme une tare isolée si on ne pense qu'à quelques-uns de ~es méfaits. II est devenu une épidémie de la société une maladie physique, morale et social~ que ne gl!éri~sent ni le silence optimiste, ni la raillene facile, ni même des jérémia­des. Il faut l'emploi de tous les mo­yens.

Sans la réforme de nos mœurs aicoo- ' li;tues, point de réforme alcoolique; sans reforme alcoolique, point de réforme so-ciale. .

['alcoolisme et l'enfance \C'est dans ce milieu imprégné d'al­

coolisme qu'est placé le berceau de l'en­fant, l'objet de notre sollicitude d'édu­cateurs.

ISi l'étude détaillée des effets géné­raux de l'alcoolisme dépassait le cadre de ce rapport, il n'en est pas de même de l'hérédité alcoolique et des influen­ces de l'alcool sur l'enfance; car, d'une

part, une connaissànce exacte, ou p1u­tôt la vue claire et précise, l'intuition du mal est nécessaire à la plupart des hom­mes pour les décider à l'action' elle est utile aussi pour nous guider 'dans le choix des moyens à employer: d'autre part,. cet aspect spécial du problème al­coolIque est rarement traité avec l'am­pleur désirable dans les ouvrages dont on dispose.

Hérédité alcoolique :D'après le témoignage des médecins

c' e~t souvent la source même de la vi~ q~l est c~ntaminée par l'alcool. Le psal­mIste faIt cet aveu: «In iniquitatibus conceptus sumo » Ce crime qui contami. ne ainsi l'origine, ce n'est pas seulement la faute d'Adam, c'est aussi quelquefois l'ivr~sse .des parents. N'est-ce pas une pensee dIgne de l'attention deI tout ami de l'enfance que de songer que dans cette première phase obscure et 'mysté­ri.euse de l'existence, où' s'esquissent ra­pIdement les traits du chef d'œuvre de la création visible, des êtres humains sont livrés à l'influence délétère de l'al­c~o~ ~ 'le jardinier, soucieux de-la pro's­pente de ~es plantes, sait qu'elles sont le plus senSIbles au moment de la germi­nation et les préserve en serre chaude du so~ffle f~oid du vent. Et l'orgamsme hum~m, bIen plus délicat pendant le pre~Ier sta~e. de son développement, seraIt expose Impunément au contact à l'imprégnation d'un agent auquel le~ adultes eux-mêmes ne sont pas insensi .. bles!

IQuel fruit peut sortir d'un sol arrosè par l'alco01? Au lieu d'un long com­mentaire, je place sous les yeux du lec­teur le tableau classique du professeur 'l?emme, dont les observations poursui­VIes pendant plusieurs années sur 10 familles modérées ayant 61 enfants et sur 1 0 fa~illes. de buveurs ayant 57 enfants ont! fournI les résultats suivants:

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E f t familles modérées familles de buveurs

n an s normalement constitués 50 9

Enfants morts-nés 3 12

terrifient si souvent des meres incons­ciemment causes des tortures de leurs bébés: convulsions, dysenterie, ménin-

Epfants morts en bas gite, épilepsie. . L'enfant grandit. !Des parents igno-age de maux d'estomac 2

Enfants épileptiques 2 »difformes 2

sourds-muets idiots bornés,

non-idiots 2 ivrognes par hérédité

13 3 2 8

avec épilepsie 5 Enfants nains 5

D'autres observations analogues prouvent que les habitudes alcooliques des parents passent généralement aux enfants 'par le fait de la transmission de la. VIe et de la continuité du genre: h~mam. Il n'y a là rien que de bien lo­gique: Des pères ivrognes engendrent ~es enfants anormaux. D'ailleurs entre 1 enfant anormal placé dans un asile et l'enfant parfaitement bien constitué, il y a une foule de degrés intermédiaires' rares sont les sùjets entièrement indem~ nes.

rants . et aveugles lui assurent déjà la jouissance de son droit à l'alcool gui fait chaque jour son apparition à la table familiale, et ils répètent à tout venant l'hymne du bon verre qui forti­fie, réchauffe, égaye et ouvre l'esprit. Cet ensemble de faits et de conversa­tions créent ou nourrissent des souve­nirs, des associations d'idées, une chaîne à la fois physique et psychique d' habi­tudes difficiles à détruire.

I!-e,s.t:arents ignorent-ils les lois de l'heredIte?

L'alcool et l'éducation familiale

L'enfant est là. Est-il croyable que des paren~s fon~ ~p'pel au malaga, à d'au­tr~s vms medicinaux" au café addition­~e ,d~ cognac pour nourrir, fortifier ou guenr ,des enfan~s à peine sevrés, que des me!es. enplOlent même l'eau-de-vie po~r redUIre au silence le nourrisson qUI essaye ses cordes vocales? L'évi­dence t;e 'p~rrnet pas, hélas, de douter d~ l~ reahte. de ces faits. L'alcool même . d!lue ralentzt la croissance de l'entant, s attaque sans .façon au système ner­veux. en. f,orma~lOn et atteint gravement la vl~a~de du Jeune organisme, sa foq:e de resIst~nc: aux multiples maladies du premIer age. C'est à cette intempé­rance que sont dus des accidents qui

L'alcool et l'enfant à son entrée à l'école

L'enfant est remis entre nos mains. Comment le traiter? ILe laboureur ne saurait cultiver ses champs avec suc­cès sans la connaissance préalable du sol, de ses ressources et de ses défauts. Au moins aussi avisés que l'homme des champs, nous, éducateurs, voudron~ connaître les multiples influences qUI ont déjà agi sur la jeune vie con!i~e à notre sollicitude. Les mœurs famtltales actuelles ont établi entre la consomma­tion des boissons alcooliques et la plu­part de nos élèves des relations étroites, de sorte qu'à peu près tous portent dans . leur corps et leur âme l'empreinte de l'action néfaste, ~ui échappe malheu­reusement souvent à l'œil du médecin lui-même. Ce n'est pas généralement l'intoxication aiguë nettement déclarée, mais plutôt un état intermédiaire entre la santé et la maladie, qu~ empêche cette surabondance de vie, cet épanouisse­ment joyeux et sponta~é, manifes.tation d'un organisme parfaitement sam.

Tares physiques de l'enfant alcoolique

ILes tares des enfants alcooliques se déclarent plus nettement, ou . plutôt se

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cachent difficilement. C'est dans cette ­catégorie que vous rencontrez ces êtres chétifs, malingres, rachitiques, souffre­teux, sujets à des troubles nerveux et au sommeil agité. 'Si la force physique a été ménagée, elle se fait facilement jour en actes violents.

IL' hérédité directe leur a apporté une forte prédisposition à l' alcoolisme~ ma­ladie pour le développement de laquelle suffit une excitati'on efficace que nos milieux sociaux provoquent en abon-dance.

A l' hérédité indirecte doivent être at-tribués les nombreux troubles fonction­nels que la statistique découvr~ avec une fréquence anormale chez les en­fants d'alcooliques: la tuberculose" pul­monaire, l'arr.êt de croissal!ce, les cram­pes et l'épilepsie, la surdimutité et l'i­diotie, le cortège lugubre des misères dont le soulagement réclame le plus fré­quemment les soins du médecin en fa­veur de nos enfants.

Enfin le manque de vitalité expose cette partie déshéritée de notre clientèle scolalre à être plus aisément victime des nombreuses épidémies qui assail­lent le jeune âge et qui, quoique géné­ralement bénignes, prennent parfois .dans l'organisme affaibli une tournure plus grave.-

Educateurs, arrlêtez vos regards lon-guement . et amoureusement sur ces corps étiolés de nos modestes salles de classe pour laisser pénétrer dans votre âme la compassion et la charité agis-sante!

Tares intellectuelles de l'enfant . alcoolique

Non moins écœurantes sont les dé­couvertes du psychologue dans l'esprit de l'enfant alcoolique.

IPour examiner à sa juste valeur l'ha­bitude de recourir au verre quand il faut fournir un effort intellectuel extra­ordinaire, on a recouru à l'expérience.

'Smith, IKrapelin et Joss ont examiné des sujets tantôt avant, tantôt après la consommation d'alcool; ils ont aussi comparé des groupes de sujets de ca­pacité aussi égale que possible, l'un abstinent, l'autre non abstinent. 'Leurs conclusions peuvent s'énoncer dans les propositions suivantes:

1 ° Dans les actes mixtes où prédo­mine l'automatisme, par exemple dans la lecture à haute voix, on a constaté chez les non-abstinents une courte p~­riode initiale de plus f!.rande capacité, suivie d'une plus longue période de moindre capacité, de sorte que la mo­yenne a été en faveur des abstinents.

20 Dans les actes purement ou prin­cipalement intellectuels, tels ilue la dis­tinction d'impressions, les associations logiques, le raisonnement, ·on a constaté immédiatement après la consommation de l'alcool un ralentissement de l'acti­vité psychique, même sous l'influence de doses moyennes ou faibles d'alcool. Ce ralentissement est allé en croissant.

30 La qualité du travail des non-abs­tinents est inférieure à celle des absti­nents.

40 iL'influence de l'alcool commence immédiatement après la consommation et dure de f2 à 24 heures, dans le cas d'ivresse de 7 à 3 jours.

Ces conclusions n'ont rien d'éton­nant. ILe corps est l'organe de l'âme, le cerveau l'outil du travail intellectueL Un système nerveux détraqué ne peut pas lêtre l'instrument docile de la pen-sée.

Vous reconnaîtrez facilement ces vic-times de l'alcoolisme: enfants frappés d'une incapacité d'attention presque in­vincible, la croix du maître, élèves su­perficiels, distraits par un rien, légers, impuissants d'efforts intellectuels sui­vis. Chez d'autres, les tares intellectuel­les se traduisent par un esprit lourd, borné, bouché.

Les habitudes alcooliques exercent

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$Uf l'école populaire l'effet d'un obsta­cle qui compromet gravement le succès de l'enseignement.

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voit s'esquisser chez l'enfant buveur les traits du futur révolté contre la loi de l'école, plus tard contre la loi de Dieu et celles de la société. lEt qui donc consent à supporter la

responsabilité de cet état de choses? 'Les parents alcooliques? Ils sont les plus ardents à déclamer dans les caba­rets ou au lavoir contre l'incapacité, l'insouciance ou la tyrannie du régent. Les autorités sociales elles-mêmes n'o­sent regarder en face la cause réelle du mal. !En dénonçant le véritable malfai­teur, le corps enseignant défend ses in­térêts et son honneur.

ILiés à leurs parents par une affinité alcoolique, soumis à l'influence néfaste de leurs coupables excès et quelquefois commensaux de leurs trop copieuses li­bations, ces sujets alcooliques créent à la discipline scolaire les embarras les plus considérables. Enfants négligés, mal préparés, enclins au mal, voilà la clientèle que l'alcoolisme recrute pour nos écoles.

Tares morales de l'enfant alcoolique

JL'école a aussi une tâche morale et religieuse, une mission éducative: la formation du caractère chrétien. Cette tâche éducative s'étend et devient plus lourde aù fur et à mesure que la fam.ille se désagrège.

\N'est-ce pas doublement regrettable, dans ces conditions, que beaucoup de familles, déjà 'Oublieuses de leur devoir le plus sacré, ajoutent à la tâche ainsi aCCI:ue le poids énorme des tares mo­rales dues à l'alcoolismf'?

'L'alcool est donc aussi l'un des obs­tacles principaux à la réalisation du but d'éducation morale qui incombe à l'école.

Résumons: La consommation alcoolique~ même à

faible dose~ nuit à la rapidité et à l'exactitude des

perceptions, diminue la fidélité, la capacité et la

promptitude de la mémoire, -trouble la netteté du jugement, déprécie tout le travail intellectuel.

Les habitùdes alcooliques obscurcissent les notions du devoir, abolissent la maîtrise de soi-même, émoussent la conscience des fautes, constituent l'excitation continuelle qui

déclenche le mécanisme des prédis­positions directes ou indirectes créées par l'pérédité.

C'est donc dans son fondement mê ... me que l'alcoolisme atteint et mine notre travail d'éducation et jette sour­noisement l'ivraie là où nous avons semé le bon grain.

Car sous l'influence de l'alcool~ les instincts bas et perveJfs qui dorment au fond de toute jeune âme, s'éveillent pré­maturément, à un âge où la volonté n'a pas encore la force de les dompter. La -­puissance des sentiments nobles est bri­sée. L'enfant est moins sensible ri l'é­loge et au blâme, moins accessible aux motifs d'honneur. Son exactitude sa persévérance au travail baissent;' ses petites révoltes réprimées par la mai­trise habituelle éclatent. Et comme dans ces moments, la connaissance d~ soi­même et la conscience de ses fautes lui échappent, il s'élève, dans l'âme de la pauvre victime des mouvements d'insu­bordination, de haine et de colère con­tre la prétendue pédanterie, le caprice l'injustice et l'antipathie du maître. O~

Conséquences pratiques: Abstinence infantile

Quelle conséquence pratique impose la constatation de ces faits? Comment soustraire nos élèves à une influence purement néfaste?

lPuisque m1ême les plus faibles doses d'alcool agissent' sur l'organisme délicat et sur; l'lâme sensible de l'enfant à la façon d'un poison, il faut l'élever dans l'abstinence totale de toutes les boissons alcooliques.

Cette conclusion catégorique et géné­rale est celle des spécialistes dont les opinions divergent encore sur l'usage de l'alcool par les adultes mais dont ~'a~is ~st pratiquement una~ime quand 11 s agIt des enfants et d~s jeunes gens.

'Voici comment s'expriment trois d'en­tre eux:

« lPour les enfants au-dessous de 15 ans, l'usage de l'alcool est nuisible dans tous les cas et sévèrement à interdire. »

« Celui qui donne à un enfant de l'al­cool, commet un crime à l'égard de cet enfant et de la patrie.»

«:Pour l'enfant et l'adolescent, même la plus petite quantité de boissons al­cooliques doit être considérée comme un excès. »

·De là résulte l'im)1ératif catégorique : Aux enfants au-dessous de 15 ans

ne donn~z ni. bière~ ni cidre~ ni vin~ ni eau-de-vze~ nt aucune de ces boissons dites hygiéniques qui ne sont que des travestissements de l'alcool.

Comme11t les enfants s'habituent-ils à l'alcool?

,Et n'allez pas me dire qu'exprimer une réprobation aussi solennelle de la consommation des boissons alcooliques c'est enfoncer une porte ouverte, puisqu~ nos enfants ne sont pas exposés aux ex­cès. IL' alcool exerce un attrait ànormal même, sur de jeunes enfants, malgré une repugnance instinctive initiale bien vite vaincue; l'habitude fait goûter les excès des adultes.

IL'enfant reçoit sa part à la table fa· miliale où le vin est devenu un élément du menu journalier et 'Où les dîners -des fêtes religieuses et des réjouissances mondaines l'habituent à des doses plus

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forts .. Les s~ènes d'auberge, ainsi que les. cOl1stata!lOnS du régent les lende­l?amS ~es :fietes n~ laissent aucun doute a ce sUl.et. Que dIre du criminel plaisir de certams adultes à soûler des enfants? 'Peut-:~tre diront-~ls. que l'furs père;~ po~sses par la sIuplde pretention de cU1ra~ser leurs fils de bonne heure con­tre l':vresse par des quantités croissan­tes d alcool" en font autant et qu'il n'est pas rare, helas! de VOIr des mères mê­mes endormir leurs nourrissons avec de l'eau-de-vie! '

~ui es! rendu responsable des Insucces scolaires des enfants

alcooliques? Et les suites de telIe~ mœurs? Tou­

te cette étude yous en parle. Se~ls des parents aveugles ou corrompus s'obsti­nent dans le refus d'attribuer aux tris­tes fruits de l'hérédité alcoolique ou à de coupables usages justement flétris les obstacles insurmontables créés ainsi à l'éducation. !Ils disent, et les habitués du cabaret le crient le plus fort: «L' é­c~le ne fait pas .son devoir. Le régent tIre de bons tT~l1tements et laisse nos gosses croupir dans , 1'ignorance! »

Devoir de la société envers les victimes de l'hérédité alcoolique

- IPuisque la maison paternelle néglige le plus souvent, quelquefois rrravemerit son devoir à l'égard de l'édu~ation abs~ tin ente et que l'œuvre de la formation des jeunes âmes est sérieusement com­pro~ise p~r les habitudes alcooliques ~ocIale~ eXls.tantes, les autres aKents educaüfs dOiVent suppléer à cette dé­faillance familiale et promouvoir effi­cacement l'abstinence infantile.

L'honneur de l'initiative dans la lutte contre l'alcoolisme de la génération 'qui monte dans la vie revient aux apôtres de la tempérance et de l'abstinence, ainsi qu'aux sociétés, ligues et fédéra­tions qu'ils ont organisées.

IMais en face de l'imutensité du mal,

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de l'imminence du péril et de la gran­deur de la tâche, ces efforts isolés et intermittents ne suffisent pas. De plus, le. caractère de fléau social que 'revêt l'alcoolisme moderne réclame une ac~ tion sociale pour préserver les enfa~ts intacts et guérir ceux que la contagIOn a déjà atteints.

Devoir de l'école C'est l'école au nom de la société et

comme instit~tion sociale d'éducation, qui doit assumer cette tâche difficile et souvent ingrate, mais nécessaire et ur­gente. Sa mission d'auxiliaire de la fa­mille, son intérêt direct, la vitalité et la fécondité de son action bienfaisante ausm

si bien que la prospérité nationale l'e­xigent.

Nous élèverons donc nos élèves dans l'abstinence totale. Comment, c'est-à­dire dans quel esprit et par_ quels mo­yens?

Esprit de l'éducation abstinente

Cet esprit ne saurait être autre que celui du divin Educateur qui est venu sauver ce qui était perdu: tortiter in re, suaviter in modo.

Quand il s'agit' d'enfants que ni l'hé­rédité, ni l'habitude alcoolique · n'a, en­core affaiblis, notre tâche, facile et pleine de promesses, consiste à les pré­sel'ver et à les prémunir contre les sé­ductions auxquelles tous sont. exposés dans nos milieux sociaux.

C'est l'enfant alcoolique, héritier d'une vie lourdement chargée et affli­gé innocemment de predispositions ma­ladives et même criminelles, qui est di­gne de notre plus tendre sollicitude. Il faut le considérer non comme un coupa­ble, mais comme un malheureux, la vic­time d'une hérédité peu enviable et

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d'une éducation première manquée, un sujet qui porte le poids de fautes dont , la responsabilité tombe sur d'autre~.

Cette situation nous trace nos oblIga­tions à l'égard de ces élèves: ~ Tout en exigeant l'accomplissement du devoir, tout en écartant le danger avec force et en poursuivant le vice avec indignation,' l'éducateur reste bon pasteur. 2>

IDans cette partie de notre missjon éducative, comme dans toute autre tâ­che semblable où il s'agit de préserver nos élèves de la contagion du mal ou de les guérir du vice, une sait.Ie ,Péda­gogie, fondée sur une psycholog1e'.elJrou­vée, nous dicte les règles que VOICi:

Ne pas laisser pénétrer dans l'âme les idées (préjugés) favorables à ~'acte qu'il s'agit d'éviter; empêcher qu'~l ;te se contracte une alliance entre ces ldees et le sentiment· si l'idée adverse occupe déjà le champ' de la conscience,. y if!-­troduire des idées opposées (antIalcoo­liques) et les nourrir jusqu'à ce qu'el­les soient devenues assez fortes pour neutraliser l'effet des premières; enfin, si l'acte existe déjà en l'état de pré­disposition héréditaire ou d'habitude, atténuer la force des lois organiques par l'abstinence aussi fréquente que possible, fortifier les tendances op~osees et contrebalancer peu à peu la pUIssan­ce qui pousse vers l'alcool., (I?'après Eymieu, Gouvernement de sOl-meme.) ,

Avant de parler des détails de la lut­te, une remarque s'impose pour préve­nir des objections et des malentendus et dépouiller les indications suivant~s de leur apparence d'étroit,esse e~ d'lsol~­ment· L'éducation anftalcoollque dod être iondée sur la base large et solide de la formation du caractère. Tout ce que fait l'école pour garantir l'enfant contre les surprises ~~ ses i~s~inc!s ~t l'entraînement du mlhel.1 facllIte mdl­rectement, mais efficacement, cette tâ­che particulière de notre œuvre sociale.

Moyens de lutter contre l'alcoolisme

A. L'enseignement antîalcooli. , que

Suivant la nature moême de l'éduca~ tion scolaire et les moyens d'action dont elle disp.ose, l'enseignement antialcooli­que est l'arme la plus habituelle et la plus commode à manier dans la lutte en treprise.

~'idée conduit à l'acte; la connais­sance devient une puissance génératrice d'action, à condition que le maître lui­m1ême, intimement convaincu, parle de l'abondance du cœur et laisse déborder, de temps à autre, l'indignation contre le mal en même temps qu'une compas­sion sincère pour les victimes et un amour véritable pour ceux que guette la m'ême misère. ,L'action lente, mais sûre de cet enseignement mine à la longue la solidité des préjugés cou­rants et prépare à l'amateur de trop co­pieuses gorgées une goutte de fiel dans l'enivrant breuvage; elle desserre les liens réputés indissolubles entre les idées de joie et d'alcool et ouvre des perspectives de jouissances plus envia­bles, plus nobles, plus riches.

Cet enseignement sera généralement plutôt occasionnel que systématique. Outre des raisons d'opportunité, le ca­ractère de l'éducation donnée dans les écoles primaires semble s'accommoder plus aisément de ce procédé: On peut y aller progressivement, y revenir fré­quemment sans le risque d'amener le dégoût ou d'éveilleJ" la défiance, enfin faire- saisir plus simple(1lent l'étroite connexion entre la consommation alcoo~ lique et les ravages qu'on lui impute. (L'essentiel n'est pas d'inculquer à nos élèves une connaissance aussi complète et aussi systématique que possible de la question antialcoolique, mais sans liens vivants avec nos actes quotidiens; ce

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qui importe, c'est de met/t"e l'idée d'abs­tinence., en connexion . étroite, multiple et vanee avec les notlOns pratiques de liberté, d'obligation morale, d'obéissan .. ce à Dieu, de responsabilité, de dépen­dance réciproque et de solidarité chré­tienne, d'ordre, de courage, d'énergie et d'honneur, cet ensemble d'idées directri­ces qui forme comme la trame invisi­ble de toute vie humaine comme il faut.

Cette façon de procéder n'est que l'ap­plication d'une des lois qe la vie de l'â­me. IL'idée incline à l'acte dans la me­sure où elle_se rapproche des sens, où elle s'incarne, dans la mesure aussi où elle est liée à d'autres éléments psycho~ lqgiques plus nombreux: pensées, rai~ sonnements, souvenirs, images, sensa­tions, sentiments, émotions, habitudes. (iD~al?rès Eymieu.)

'Ajoutons que nous rencontron~ chez l'enfant plusieurs circonstances favora­bles à l'éducation antialcoolique: f!.ran­de impressionnabilité, souplesse de l'or­ganisme, souvent l'absence d'habitudes déjà contractées.

Forster exprime son opinion sur l'en­seignement antialcoolique de la ,fason suivante: «On croit qu'il suffira, pour être compris, de lancer dans nos écoles telles qu'elles sont un appel isolé à la tempérance, sans qu'il soit nécessaire de faire travailler d'abord la pâte PJlf le !evain moral. On se trompe. Il faut que toute ['école soit d'abord pénétrée par une aspiration morale qui ait pour tin suprême la maîtrise intérieure ...... . Parlons aux jeunes de la présence d'es­prit, par exemple; montrons-leur tout le prix de cette alliance de l'intelligence et de la vie ....... Rien lW sera plus na-turel que de tirer ensuite de ces entre­tiens des applications toutes naturelles à l'alcool qui est notre plus grand en­nemi, précisément parce qu~il coupe le lien qui rattache nos ' acte$ et nos pa­roles à notre moi profond et qu'il nous

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livre ainsi sans contrôle aux sollicita­tions du moment.»

'Le maître qui se propose donc de don­ner une leçon antialcoolique doit partir d'un. fait ou d'un exemple tiré de la vie; il commente ce donné concret suivant les aspirations et les besoins de la jeune -âme, met en relief la connexion de cau­se à effet entre le phénomène signalé et la consommation de boissons alcooli­ques, amène l'auditoire scolaire à tirer lui-même, si possible, la conclusion mo­rale d'abstinence ou de tempérance qui résulte du dialogue entre maître et élè­ves et demande finalement des apnlica-tions à la vie actuelle et à l'avenir. Cet­te méthode, employée avec conviction et tact, variée suivant les circonstances et faisant un appel continuel à la collabo­ration des élèves, ne peut manquer de frapper l'esprit impressionnable et d'y graver fortement les convictions anti­alcooliques. ',Le plus souvent les enfants auront prononcé intérieurement le ver­dict avant que l'éducateur l'ait formulé en termes précis. En rattachant ces lem :ons à l'intérêt supérieur et primordial de la formation du caractère, à la sau­vegarde de la dignité, au sentiment de la liberté et de la responsabilité, elle cesse de _paraître mesquine, étroite et ex­clusive.

IL'enseignement antialcoolique, donné avec une chaleur communicative, entraî­ne non seulement la conviction, mais aussi l'effort, le sacrifice.

IEn disant que ces leçons doivent être occasionnelles, on n'entendait nullement insinuer qu'il faut semer des historiet­tes au hasard. L'éducateur doit dresser le plan de son influence~ voir d~avance le point où il veut aboutir et relier de temps à autre par des synthèses puis­santes et compréhensives les enseigne­ments épars dans une branche, dans un mois' ou dans toute autre période. Vers la fin de la scolarité seront pla­cées un certain nombre de le:çons ou de

causeries systématiques pour permettre de saish- d'un coup d"œi1l'ensemble des raisons qui militent en faveur de l'abs­tinence et de la tempérance.

Ces quelques indications méthodolo~ giques générales me permetten~ d~ p.as­ser brièvement en revue les pnncipales branches du programme des écol~s pr~­maires, sans insister sur le côté dIdactI­que de la matière, et de citer dans ch~­cune d'elles, souvent sous forme d'énu­mération les ressources qu'elle offre au maît~e généreusement dévoué~ à la cause de l'abstinence pour nos elèves. 'L'assemblée générale me fournira t'oc­casion de traiter à titre d'exemples, deux ou trois suj~ts tirés de ces séries.

10 Reaigio&'ll ~ ISe modérer ou s'abstenir. c'est se re­

noncer, se mortifier. C'est avant tout la religion qui n?us dicte nos dev?irs dans l'usage de~ bIen~ terr~stres; a ~l!e re­vient le role przmordtal dans l educa-tion antialcoolique.

Voici quelques sujets pour nos éc~les: Histoire sainte: -L'ivresse de INoe, le

festin de ,Balthazar, le festin d"Hérode ~ l'abstinence de 'Daniel et de ses compa­gnons celle de saint Jean Baptiste; tex­tes d~ l'Ecriture parlant de l'usage du ~n. .

\Catéchisme: Indiquer à l'occa~lOn des différents commandements les fau­tes causées par l'intempérance dans la boisson ;traiter l'ivrognerie, ou mieux l'alcoolisme systématiquement au Ve commandement.

ILiturgie: 'Signification religieuse du vin.

!Sans l'inspiration religieuse, le ~o~-vement de l'abstinence risque de dege­nérer en un rigorisme hautain.

2. Langue maternelle : Cette branche, par sa variété et. ~a

souplesse par l'impression profonde qu'elle p;ut produire dans l'âme de l'é­lève, se pr:ête merveilleusement et sans

recherche à l'enseignement antialcooli­que. Citons dans le livre de lecture à l'usage des écoles primaires du canton du Valais (cours moyen et supérieur) les numéros .t53, 1'55, 1'57, 158, 159, 196, 199,247, Q'511 , etc., morceaux aux­quels on peut rattacher directement ou il1dire~t~nie~t des considérations pro­pres a msplrer aux enfants le désir et l'estime de l'abstinence et de la tempé­rance. ILes observations et réflexions des élèves g~idées par le tact pédagog~­que du mattre n'auront pas gral.1de peine à dégager d'un commentaire dia­logué des conclusions d'une portée mo­rale indéniable.

3. Calcul:

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:Ici, l'élève peut tirer de son expérien­ce quotidienne et de ses rudiments de connaissances mathématiques tous les éléments d'un problème: prix des den­rées, consommation journalière, pratique des opérations. Avec ces données il lui est aisé de calculer par exemple les dép~nses alcooliques d'un buveur', d'une famIlle, les économies d'un abstinent la quantité de lait, de pain, etc., qu'o~ pourrait acheter avec la somme dépen­sée chaque semaine pour l'alcool, le temps que met une famille abstinente à économiser la somme nécessaire à l'a­chat d'une maisonnette, et ainsi de sui­te. N'est-ce pas là un enseignement bien vivant? JEn préparant ainsi, sous la conduite discrète du maître, les données du problème, en élaborant ces donn!es et en extrayant de ces cas concrets une notion abstraite qu'il généralisera plus tard, l'élève a le sentiment de trouvail­les personnelles qui, par leur intime liaison avec une fO'ule d'idées et de sou­venirs, remplissent les conditions d'une leçon accueillie avec empressement et , profondément enracinée.

En s'élevant progressivement et avec u!1e sage lenteur du point de vue jndi­vlduel et familial au point de vue com-

munal et national, non seulement on sauvegarde et favorise les inténêts du. programme de calcul, mais on a gran­de chance d'avoir ancré dans l'esprit de 1'élève ces deux équations utiles:

alcoolisme gaspillage, pauvreté) deites;

abstinence ou tempérance = aisan­ce) bien-être.

'Les différents arguments frappent diversement tel ou tel esprit. Y en a-t~i1 un seul qui soit complètement inacces­sible à l'argument métallique?

Un certain nombre de problèmes ainsi traités fo'urnissent la matière d'u­ne synthèse dont la conclusion par rap­port à la vie économique est facile à prévoir.

4. Enseignement national: ('Histoire, géographie, enseignement

civique.) \Un coup d'œil attentif sur le maté­

riel de l'exposition itinérante suisse me fournit de nombreux sujets qui s'impo­sent pour ainsi dire d'eux-mêmes. J'é­numère simplement:

iL'alcool et l'alimentation nationale. )L'alcool et les finances nationales

(dette publique). L'alcool et la défense nationale. 'L'alcool et l'école de recrues. IL'alcool et l'alpinisme. IL'alcool et la santé publique. 'l'alcool et la dégénérescence (pour

le cours complémentaire). :L'histoire nationale et quelques faits

de l'histoire générale (destruction des tribus américaines par «l'eau de feu », les expéditions sans alcool au pôle nord, etc.) permettent d'illustrer d'une façon frappante des sujèts abstr(j.its.

5. Sciences naturelles: ILe programme de l'école primaire

glane dans le vaste domaine des scien­ces naturelles quelques chapitres, de préférence ceux qui ont une importance pratique. Y a-t-il beaucoup de questions

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qui, par leur contact immédiat avec la JAu lieu d'augmenter la capacité in- . vie réelle et journalière, s'imposent à tellectuelle, il la diminue. l'attention de l'éducateur au m,ême titre ILa maladie de l'alcool est causée uni-que l'alcool? quement par les boissons alcooliques, et

!D'après l'opinion d'un spécialiste de l'alcool dë la bière, du cidre, du-vin et l'e.nseignement antialcoolique, c'est aux d'innombrables liqueurs ne diffère- pas saences naturelles qu'incombe la tâche essentiellement de l'alcool sous forme de poser le fondement en donnant des d'eau-de-vie. notions exactes sur la nature et la va- !L'alcool est un poison pour le jeune leur de l'alcool et le danger de sa con- organisme. sommation; elles créent la base sur la- . lL'eau est la boisson naturelle du quelle les autres branches, en particu- corps de l'homme. lier l'enseignement religieux et moral, ,L'abstinence totale est en tout point . élèvent l'édifice de l'abstinence et de ia recommandable. tempérance. Telle est aussi l'opinion de i Mgr Egf!,er~ éVlêque de JSt-Gall et pro- iPrésenter les faits simplement, clai-moteur du mouvement abstinent parmi rement, faire avant tout appel à la rai­les catholiques suisses. Après avoir son, accueillir et solliciter au besoin les travaillé longtemps, mais, à son avis, réflexions des élèves, les rectifier et les sans beaucoup de succès, au moyen des compléter, mettre en relief les circons­armes religieuses et morales, .Mgr Eg- tances démonstratives sans les isoler ger formule cette conclusion: «II faut de l'ensemble, formuler en une proposi­d'abord instruire les gens sur les rava- tion typique la conclusion plus ou moins ges qu'exerce l'alcoolisme sur leur bien- générale -gui se dégage de la leçon, s'em- . être terrestre et leur santé. Ces ravages parer ensuite de la vérité nettement re­peuvent être vus et touchés et seront connue pour la faire estimer et aimer, pris en considération. Ce n'est que lors- l'élever; à la hauteur d'un bien désira­que cette conviction aura préparé le ter- ble, enfin entraîner la volonté à l'ac­rain qu'ils seront accessibles aux motifs tion conforme à la vérité vue et accep-d'ordre moral et religieux. » 1 tée joyeusemerit, voilà une méthode effi-

C'est dans l'esprit de cet illustre cace de l'enseürne~ent antialcoolique champion de la lutte antialcoolique que dans le cadre des SCIences naturelles. je préconise pour les sciences naturel­les et dans les limites qui leur sont tra­cées un enseignement alcoolique systé­matique qui, ~ mon avis, doit aboutir aux conclusions suivantes:

IL'alcool n'est pas un aliment. ILa fermentation des fruits constitue

un gaspillage. lL'alcoolisme nuit à la prospérité éco­

nomique. !L'alcool n'est ni nécessaire, ni même

utile d'une façon générale. \L'alcool constitue un danger pour le

corps et l'esprit. ,Au lieu de fortifier, il ~ffaiblit.

Ces indications méthodologiques pour­raient aisément s'étendre à d'autres branches de l'enseignement. :Mais il importait bien moins d'être complet que d'avoir montré, à l'aide de quelques exemples, l'e§prit de cette méthode va­riée, souple et vivante au point de s'a­dapter aisément à la fois à l'âme en­fantine et à la matière enseignée, sans dénaturer ni l'une ni l'autre.

6. Réllexions:

ISi certains sujets ne semblent pas pouvoir entrer aisément dans le cadre d'une b'~anch~ ou si l'occasion d'en par-

1er se préserlte inopinément, il y a la ressource de causeries libres ou impro-

. visées, dites réflexions, que le maître pla­cera au début ou à la fin de la classe. AinSi, pour prémunir les, ~lèves contre les préjuf!.és les plus speCleux de leur âge, il sera bon de prévoir un échange d'idées sur des questions telles que les suivantes:

ILe courage véritable (contre la fan­faronnade du buveur).

:L'ami comme il faut (contre l'ivresse de · complaisance).

'L'emploi des loisirs (contre les lon­gues stations au cabaret).

ILe qu'en dira-t-on (contre la tyran­nie de l'alcool dans la vie sociale).

,La répercussion de nos actes (contre les crimes commis à l'état d'ivresse · et contre l'hérédité alcoolique).

7. RI2D'Dseignements sur les succé­danés des boissons alcoolë­ques:

;Un complément indispensable de l'en­seignement antialcoolique consiste à faire connaître aux enfants les succé­danés des boissons alcooliques: l'usage plus fréquent du lait pur ou du lait ad­ditionné de faibles quantités de café, de thé ou de chocolat, la consommation de fruits frais ou séchés, suivant la saison: l'introduction de cidre et de vins sans alcool, enfin l'eau fraîche et limpide, la boisson hygiénique par. excellence, même pour un estomac d'adulte.

8 '. 'rableal1lx et Dedures:

L'enseignement antialcoolique . doit aussi suggérer l'idée par la vue, soIt en exposant périodiquement des tableaux et graphiques intéressants, soit en procu­rant aux grands .des lectures antialcoo· liques. 'Il faut avouer qu~, sur ce, der: nier point, la bibliographIe fr~nçals~ a la fois attrayante et instructIve n est pas riche.

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B. €q.ucation antialcoolique par l'acte .

;~ais o~ s'a,buserait étrangement si, partIsan d un mtellectualisme outré on croyait la tâche terminée après a~oir dénoncé les ravages de l'alcool et mon­tré aux enfants le but et le chemin' il faut surtouf. les faire agir; car l' dcte est l'essentiel. C'est en agissant confor­mément à la conviction acquise que Iton creuse le sillon profond. -

iL'éducation antialcoolique par l'acte, cette sorte d'ascétisme de l'abstinence, est d'abord affaire de la famille _ qui, seule, règle le menu journalier. Il faut donc atteindre les parents et préconiser auprès d'eux un régime sans -akool pour leurs enfants sur les bancs de l'é­cole. Quelle que soit l'attitude person­nelle des pères et mères dans cette ques­tion quand il s'agit des adultes, il s'en trouvera relativement peu qui refuse­ront de se rendre aux raisons hygiéni­ques et morales qui réclament l'absti­nence pour Jeurs jeunes enfants. Par l'intermédiaire de nos élèves, les échos de notre enseignement antialcoolique auront pénétré dans la maison pater­n,elle qui aura été de la sorte familiari­sée avec l'idée de l'abstinence sans y susciter la méfiance réservée souvent à toute tentative direct~.

Comment aborder le sujet directe­ment? Chez nous les rapports officiels entre parents et éducateurs scolaires, tels que les soirées de parents avec con­férences et échanges d'idées, les récep­tions à la maison d'école, les visite$ à domicile, ne sont pas organisés et ne s'imposent pas aussi impérieusement que dans les villes populeuses. D'ail­leurs les allées et venues quotidiennes dans nos agglomérations peu étendues amènent un contact fréquent entre pa­rents et maîtres. C'est dans ces rencon­tres fortuites ou recherchées où l'on par­le naturellement de l'œuvre commlme

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qu'ull conseil habilement glissé entre deux mots d'éloge et d'encouraKement tr?uvera ~on accueil. :Peut-ëtre est-il meme possIble ~e fai!e to~cher du doigt ~u.x parents bIen dIsposes la relation eVI~~nte el!t~e telle f~ute ou tel défaut de, I.edyque .et ses ha,bItudes alcooliques. A:1als a qUOI bon pretendre insinuer des regl~s de co~duite là où le tact péda­gogIque et 1 amour de l'enfance indl­q~ent comme instinctivemnt la voie à sUIvre!

dale, l'~cole, aux!1iaire de la famille, et la ~aro~sse, famIlle religieuse, doivent SUf!lre ~ toutes les exigences de l'édu­catt?n Jusque vers l'âge de 15 ·ans. MalS . . pouvons-nous affirmer que les conddLOns sociales actuelles sont nor­males} et qu'~n particulier sous le rap­port des habItudes à inculquer dans I~u~age des boissons, la grande ma fo­nte des parents remplit dans une me­sure convenable les devoirs d'éduca­te~rs? C'est à la négligence et à la dé-II est à peine besoin de dire que la

collaboratio~ ,et l'entente entre le régent et les autontes scolaires sont nécessai­r~~ et q~e le concours des autres auto­ntes socIalt;s per~.et d'aboutir ~ une ré­sultante qUI constItue un facteur sérieux du renouvel!ement social auquel vise la transf?rmatIOn urgente de nos mœurs alcoolIques.

'La. vie sC,o!aire ~lle-même offre des ~cca~LOns d educatLOn abstinente par l ~ct~~n: promenades et fêtes scolaires ~u 1 mfIuence, du . maître doit obtenir 1 abs~nce de ~ alcool, recommandations la veIlle de~ Jours de fêtes, sanctions c?ntre .les. delmquants qui, par leurs ex­ce?, nUIraIent visiblement à l'œuvre sco­laIre.

C. Ligues d'enfants abstinents !Pour copce~trer.? intensifier et faire

ray~nner 1 actlOn educative contre l'al­c?ohsme, en même temps que pour gros­SIr les rangs des militants abstinents l~s promoteurs du mouvement antialcoo: hque on~ o!ganisé la jeunesse en ligues et aSSOCIatIOns, connues en 'Valais sous le nom ,de «:RéveW ». ·A ces groupe­ments d enfants s'appliquent les criti. ques adress~es,. à tort ou à raison, à toute orFJ,a~lsatLOn infantile en dehors

,de~ sOCletes naturelles et historiques. Lom de parta.ger l'enthousiasmé béat de tout. ,c~ q~l s.ent la manie de créer d~~ SOCIetes, J estIme que, dans des con­dItIons normales, la famille, cellule so-

chea~ce ~u. fo~er .familial disloqué par la dech~IshanisatIon croissante et la g~ande lll?ustrie qu'est imputable le fleau de .1 a~co?lisme qui mine lente­ment, malS Irresistiblement les fonde­~ents de la société. En fa~e de l'état d abandon où grandissent ou végètent beaucoup d'enfants, en -face aussi des dangers de leur entourage et de l'ur­gence d'u~e pr,oP?ylflxie énergique, on ne peut n~er 1 utIlIte des ligues d'en­fants a~stments: Peut-être même leur re~onnaltra-t-on une sorte de nécessité. . La forme de ces li~ues loin d'être ri­

gId~, doit s'adapter avec} une souplesse doc!le aux:, conditions locales et ne ja. mats et!lpzeter sur le domaine réservé à l~ fan:ulle. Avec ces réserves et sous la dlrectl??- ,d'u? guide prudent et dévoué, les SOCIetes .d enfants abstinents, J)lacées s?r le t~r~alll de la formation du carac­tere chretIen, peuvent devenir. pour leurs membres une source d'énergie, de dé­vouement. et de .bonheur et rendre à la c~use an~Ialcoohque des services siR"na­les. pOilees d'une large et réelle auto­no!!ue sans !chapper à la conduite dis­crete du madre} elles préparent des jeu­nes ~ens q~e la liberté de la vie p'ost­scol~lfe ~e Jett~ra pas au dépourvu dans les capnces d une existence sans frein ou dans les embarras du serf affranchi.

D. Ouvrir d'autres sources de joie

IL'école elle-même et les ligues d'en-

fants abstinents auront mille occasions de travailler pour l'assainissement so­cial contre l'invasion de l'alcoolisme en alimentant les sources traditionnelles de joies enfantines qui coulaient autre­fois si abondantes et que l'esprit mo­derne s'efforce de tarir sous l'amas de plaisirs factices et malsains; je veux parler de ces mille petits riens que le bambin non gâté ou blasé tourne en jouets, du bonheur inconscient de tout enfant bien né de vivre dans l'atmos­phère chaude et bienfaisante de là fa­mille, des premières émotions religieu­ses; ajoutons-y comme surcroît ces arts d'amateurs et occupations attrayantes et utiles auxquels s'adonnera avec plain sir le jeune homme devenu ouvrier, ap­prenti ou étudiant, et qui pourront peut­être même distraire l'homme au milieu des soucis de l'existence: le jardinage, certains sports modérés, la vie avec la nature, l'habitude d'une saine lecture, une foule d'innocents plaisirs dont le souvenir sans amertume prévaudra con­tre les réminiscences empoisonnées des coupes pleines et des petits verres.

€. La personnalité du régent Il peut sembler que l'emploi assidu

de tous ces moyens, procédés et indus­tries doive conduire infailliblement au succès. Si jamais le culte du mécanisme des méthodes et la confiance aveugle en leur infaillible efficacité peut conduire à des déceptions, ce sera bien le cas id. Il a été rappelé plusieurs fois au cours de cette étude que la conviction sincère du maître doit dicter les arguments et que son enthousiasme communiéatif doit passer, par le véhicule de sa parole chaude et entraînante, dans l'âme de ses auditeurs. 'N'était-ce pas dire que le principe de vie de ce mouvement d'abs­tinence parmi nos élèves est la person­nalité du maître qui est engagée inté­gralement dans cette cause? L'attitude équivoque de l'éducateur qui, à l'école,

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fulminerait ,contre l'alcool et qui, dans son for intérieur et dans sa vie privée, réserverait aux jouissances du verre une trop large part, créerait une situation contradictoire impossible à voiler long­temps. Le succès de la lutte antialcooli­que exige de la part du maître la pra­tique de la plus stricte tempérance. L'é­ducateur populaire, plus que tout au­tre, a le devoir d'entraîner par son exemple et d'éviter tout ce qui pourrait s'interpréter dans le sens d'une prédi­lectioill marquée pour les boissons al­cooliques.

Mème en s'imposant des limites très étroites, rarement respectées même dans les milieux qui croient avoir droit au renom de tempérance dans toute la for­ce du terme, le maître· non abstinent risque d'effaroucher l'esprit trop sim­pliste de l'enfant qui ne comprend pas encore J.es raisons de la double mesure appliquée aux jeunes et aux adultes.

IAlors c'est l'abstinence que vous exi­gez de nous? ILe mot « exigez» est vrai­ment trop fort. !pour exiger, il faut en avoir l'autorité. iMais voici un trait qui vous fera deviner ma pensée: Le car­dinal Manning avait cru pouvoir con­cilier la tempérance personnelle avec la croisade de l'abstinence pour les autres. ILorsqu'un jour il exhorta un ouvrier à renoncer à la boisson pour ne pas se ruiner avec sa famille, il reçut cette ré­ponse: «IMylord, vous buvez aussi, mais non pas des liqueurs bon marché comme moi.» « 'M1ais plus une goutte à partir d'aujourd'hui!» répliqua le car­dinal, vivement frappé par la réflexion de l'ouvrier, et à sa ~ort, on compta à Londres 28,000 abstinents catholiques entraînés par son exemple.

!La lutte antialcoolique est une sorte de rachat. Toute rédemption morale se fait par le sacrifice} conformément au divin modèle, et nous voudrions être en quelque sorte corédempteurs en tirant (l'enfance et la jeunesse des chaînes de

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l'esclavage de l'alcool. Ce . serait pré­somption de vouloir réussir par une au .. tre voie. ,Nous sommes ici en face d'un point de la réforme sociale qui, comme toute réforme véritable, doit partir de l'intérieur et transformer quelques âmes pour rayonner ensuite et s'étendre sur ceux qui sont habitués à suivre un cou­rant établi.

Telle est aussi l'opinion des évêques suisses qui, dans leur lettre collective de 1893, s'expriment ainsi: «Veut-on ar­river à la réforme de la vie actuelle, vie qui n'aspire qu'à jouir, il faut que quelques-uns! s'élèvent' jusqu'au-dessus du pfécepte strict, pour le salut de ceux qui s'en sont écartés ou qui sont en dan­ger de s'en écarter. -Le motif détermi­nant de l'abstinence ne doit ,être que ce­lui des conseils évangéliques, savoir: L'amour dévoué pour Jésus-Christ et la charité pour les hommes.»

'Le professeur ,Hilty est encore plus explicite: <~ Il y a au moins trois classes d~ personnes de tout peuple qui seraient tenues à l'abstinence si elles sont con­vaincues, ainsi que je' le supnase, des dangers actuels de l'alcoolisme: le clergé, le corps médical et le personnel enseignant. Tant que ceux-ci ne sont, pas abstinents, leur e:({emple sera con­sidéré comme faisant loi. Mais quand la plupart d'entre eux seront abstinents, ce qui me paraît possible, la cause est à moitié gagnée, et il n'est plus néces .. saire de. travailler péniblement par l'en­seignement antialcoolique. 'L'exemple de ces trois classes agit de lui-même et bien plus efficacement que les paroles.»

Vous persistez donc à vouloir nous enrôler dans 1'abstinence? Ce serait là, comme dirait IPla ton, un beau risque; ni votre bien-être matériel, ni votre san­té, ni votre compétence professionnelle, ni votre valeur morale n'y sombreraient! Mais l'estime des concitoyens? Et les relations sociales? Et la bonne occasion que la fréquentation. des auberges pour

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acquérir une connaissance exacte de la population? Je n'entreprendrai pas de réfuter ni m1ême d'énumérer les .objec­tions, toutes sérieuses, contre l'abstinen­ce, objections dont l'enchevêtrement forme un nœud inextricable. Ce nœud, faut-il essay~r de le défaire? Ce serait dépenser en pure perte beaucoup de peine et de _patience. Maints de nos col­lègues l'ont tranché par un acte de vo­lonté, et à part les «ennuis» inévita­bles de tout acte d'indépendance qui heurte les préjugés et a seulement l'air de vouloir s'imposer, leur décision leur a valu entre autre une plus grande li­berté.

F. Abstiilence aux écoles normales

'L'abstinence totale se recommande particulièrement aux plus jeunes mem­bres du corps enseignant qui disposent encore d'une plus grande facilité d'a­daptation et n'ont 'pas encore li 'comp­ter avec des habitudes aussi solidement enracinées. Les jeunes qui vont entrer dans nos rangs au fur et à mesure que les années renouvellent les générations , auront entendu plus distinctement les cris de détresse de l'enfance menacée par l'alcool. Beaucoup d'entre eux se seront préparés à cette tâche spéciale de leur fonction d'éducateurs non seu­lement par une étude plus exacte de la question alcoolique et des détails de la lutte, mais encore et surtout par la pra­tique de l'abstinence pendant leurs an­nées de formation. -La se~ence jetée aux écoles normales lève peu à peu et au­torise l'espoir d'envisager une collabo­ration plus active du corps enseignant primaire au relèvement social par la guerre à l'alcool.

IL'insistance avec laquelle j'ai parlé de l'abstinence a pu éveiller l'idée que je la considère comme 'obligatoire. Ce serait là un rigorisme que la doctrine catholique ne justifie pas. Quelque re-

commandable que soit l'abstinence, elle reste pour la plupart d'entre nous une question d'ascétisme moral et pédago­gique. Tout éducateur fidèle aux pres­criptions de la tempérance peut et doit tnavailler de tout son pouvoir à l'édu­cation antialcoolique de notre jeunesse sous la forme de l'abstinence infantile.

Conclusions lArrivé à la fin de mon rapport, qu'il

me soit permis de mettre en relief la sé­rie des principales conclusions qui s'en sont dégagées au fur et à mesure:

Il ° (L'alcoolisme moderne est une é­pidémie sociale.

2° Cette épidémie atteint beaucoup d'enfants, soit par l'hérédité, soit par la consommation précoce d'al­cool.

3° L'alcoolisme infantile est la cau­se de nombreuses tares phYSiqueS, intellectuelles et morales.

4 () Ces tares empêchent le succ~s de l'éducation scolaire.

5° ,L'abstinence infantile s'impose jusque vers l'âge de Il"5 ans.

6° La sotiété doit protéger l'enfan­ce contre les dangers de l'alcoo­lisme.

7° C'est à l'école, au nom de la so­ciété, que cette tâche incombe.

8° iL'éducation abstinente doit se placer sur l~ terrain de la forma­tion du caractère chrétien.

9° IL'arme spécifique de l'école con­tre l'alcoolisme est l'enseigne­ment alcoolique, généralement oc­casionnel, excepté dans les scien­ces naturelles où il doit être sys­tématique.

10° ILe régent s'efforcera de gagner les parents à la cause de l'absti­nence infantile.

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'1 '1 0 ILes ligues d"enfants abstinents sont à promouvoir.

12° :L"âme de l'éducation abstinente est la personnalité du maître qui, à défaut de l'abstinence elle-mê­me, doit pratiquer la plus stricte tempérance.

Courage! Quel que soit notre choix pour notre

vie personnelle, tempérants ou absti­nents, nous avons à accomplir, dans le champ étroit de notre activité, une tâ­che dont la grandeur, loin de nous ef­frayer et décourager, doit stimuler no­tre zèle et enflammer notre enthousias­me~

Sursum corda! Ce serait méconnaître l'importance

du travail indispensable founll dans nos modestes salles de classe et ignorer le fait que tout courant populaire bien­faisant et durable tire son origine de la

. pénible et obscure besogne de ceux qui élèvent la jeunesse, si l'on 'essayait de détourner un: éducateur de sa su­blime mission par la perspective d'une plus vaste sphère d'action. :Mais il ne peut ,être qu'utile d'élargir notre ho­rizon et d'exalter notre énergie par la vue de l'édifice grandiose au fondement duquel chacun de nous apporte sans bruit la pierre nécessaire. Cet édifice n'est autr~ que la société ~ctuelle renou­velée, suivant la pensée de Pie IIX qui a envoyé les paroles suivantes d'encou­ragement à des éViêques luttant contre le fléau: '

«'Par votre zèle à combattre le vice abominable de l'alcoolisme, vous ne lut­tez pas seulement contre ce fléau, mais encore contre les maux indescriptibles dont il est la source. Vous vous dépen­sez pour les intérêts de la religion, pour le bien-'être de vos semblables, pour la prospérité de votre patrie, et si, avec la grâce de 'Dieu, vos eff'Ûrts sont cou-

.!!! '!!!!!!! ,

Page 14: L'Ecole primaire, avril 1921

ronnés de succès, vous attirez des bien .. faits multiples sur votre peuple.»

Que notre zèle soit soutenu par cette parole du divin IEducateur: «En vérité, je vous le. dis, toutes les fois .que vous l'avez fait (c'est-à-dire l'œuvre de mi-

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séricorde) à l'un de 'ces plus petits de mes frères} c'est à moi que vous l'avez fait.» (IMatth. xxv. 40.)

Sion, le dimanche du bon Pasteur 1921.

C. ORIBL/NO.

ICLIINDIEN"" 1I0HMII), liON,

Supplément du ~o .f. de "f &cole" ('J9~lJ

Le Dimanche moderne

Tous les sociol'og'ues vnaiment chré­tiens lont sÏlgnalé let préconisé l'influence salurtai1re et 'mQ1r.alisa~dce dU' ,di'manohe. Auss1i rpeut..lol1J :p!feSique .diif,e Iq,ue l'ohser­v,ation 'complète de lél! ltOi dominioale ']orme à elle :seule toute une fia ce .de la ,ré-Eor,me sodale. ''Deux 1f1ai!soll's, !en ,effe~, ,même 'au Sleul Ipoint de V'u,~ na~Ulr,el, la if,endent de première imp'orlail1JCe: -L'é­lévation qu'elle donne laux pensées de l'h'omrme et à toute 'Sa ,oondui~e; le sen­timent d'égalité qutelle 'met au: cœur de ceux !q ui jouisisent des mêmes 'biens et p.artidpent laux mêmes ,oérémonies. L'un et l'autte ·de ces :avantag;eSl est en ~,a.n­de ipa~tie di:spaifu !p'alr suite 'des Ipréten­dues exig.ences ·de la vie moder.ne.

~ lPas de .phil'anihro,pie !sans. lamour de j Dieu. 'En négligeant 'DieU! ,~t les intérêts

de sIOn âme, auX!quels le dimandh~e est spéciallement Œiéservé, l'homme :tauss·e sa vision des ,ohoses ,~t méoonnaît la v.raie filature des re1ations ,sociales. Au lieu d'un 81UIÛU'r ifocip1flÛ,que basé sur le sa­crifke, il n'y' voit ,plus qu~un ·oommefce de S1a tisf,actions sensi'bl'es. Le ~adh'ain '~st :agn~able 'OU désagréable, 1011 Ibien il n'exi!s1e pa:s. Les lamu!Sements devien­nent des besüins et les ,cérémonies reli­gieuses un ennui, les intérêts m:até­'rids prennent le dessus et il n'en falllt Ipa!s davoot:age pOUif faire d'unohrétien un es!prit fermé laux exig;enC'~s de notre culte d',a dolf.aHon et de reoonnaisslance envers Dieu, FauIt,eur de .-tou.t ·bien. Cœ­lestium donorum distributor Deus.

'Plremièrement, le dimianche n'est plus un l'our de sanctification. Les ,préo'ccur pahons :spirituelles lOut Ipassé à l'a'r,riè·

Ire-.p~a:n. 'ua tâohe essentielle ,du dima.nr che est Ipour hearucoulp lél!ujoil1!f,d'hui de s',arlliUlSef., de courir ici et là, de 'Vloir cliu m1onde, d'éprouVler des sen~atjons. P.l~s de cal,me ser,ein de l'â'me, ,plus de lOle vlr,aiment et intensément ifeligieus1e, ,plus d'émotion ,douoe, devant les mystères de la f,oi. On 'ass,iste 'rapidement - et enoOIf,e ~qu.and on est ,catholique pr.ati­quant, - le plus souvent à une messie basse, ,puis IOn SP. livre iaux disrbractions et "aUX pl'aisi'lis. On laisse là le 'SUil'\na­turel pOUf. 'se teter à 'COlipS ,perdu .dans l'è 'Sein ,de l,a nJa.ue: ,courses :de ·m011ta­gne, :sparts, 'pl~omen'ades, spectacles, soiTées, tout ce 'qui est 'humain, tout ce que le ,monde 'offTe de plus 'Ou moins li­cite, lest emlbralssé avec '~mpressem,ent.

A tr.avefS ,cette ·f.oule de Ipréoocwp.a­HOUiS d''Û'rdre 'llIai,U!rel et :de .penoh'a'11t 11Ia-\ tu~aliste, que devien~ ta :gtrallde pensée de la drélJ!ité d de l~uni:()l1J à IDioo et :a.u ip'f,ocnain? On l'a dit ISlouV'en~, il n'y ,a

_____ 9l11ii1l1_

Une parole de Jésus sur la Croix

JéSiUlS, swr la croix, a di~ ce mot sublime et doUilOlwreux: SITIO. j'ai soilÏ. .

De[luis lors, ~u long des jours et des ,siè­oIes, l'humanité tOUlt erutière a rélpété ce mot. Les lèvres et les âmes l'oot crie ou m1lJl'1muxé) et tout êbre à son toor Je p1'Qnonce avec l'ac­cent du déseSjpOi.r ou de la Œoi.

Mon jowr esif: 'Venu, nlOltl Dieu! L'la1Ube en aJVIa.it lui <.i.'1Pu~s lOOIgtemps déjà sous l'e1l1lPiire de !Votre pa;role et SQiUJS l'influence de votre amollir; sous l'aiOt,ion aUSlSi de la. lente souf· france dont VOUIS 'vous servez pOUJl' votre œU· vre !de rénolVation.

L"éprewve est !Venue, et maintenanif: de tou­te mon âme je la prononce, SeigneUJl', la pa­role dOiUlloUJl'em>e: J'ai .soit 8111'10.

J'ai soif de Celltte paix que seuil Vous don­nez et qui translio\l'lme la we, de ~ette stabilité, de ce rejp08 viViant qui existe seulement en VOUiS.

'1~i Isoi~ de lumière; 'so~f de coonaître, de 'vok, de pOSlS.'éldet, comme noUJs pos>sèderons et venrons dans 1'éternité.

J'ai soif de ,sympatthie pr.ofonde, de ten-

""'!' t"~,

Page 15: L'Ecole primaire, avril 1921

ch-es~, dirvinatrice d'âme, d'UJ11ion intime et forte en V OIUJS.

Moo. âme a soi~ Ide se déNo.uer, de se don­ner, d'être cOOllPfi'se et aimée, de tout co.m­'lPfend;re ~ de touJt partager.

J'ai soilf d'i1nlfimi, d 'immortalité, de ce~ épa­, nouissement de l'âme que nous coonaîtrons

setlJlement au delà. de .ce ,qui paISse. J'ai soriŒ de vie, de la seule Vie, pleine,

étevne1le, aNec tO'llites no.s tend,~es:ses relrou­vées dans le sein de rAmollI infini,

,Mon Dieu! J'ai soi~ de Vous! Ce . cri qUe ~e pOillB,se à cette heure, bien

des fo.is encore mon âme VO'lliS le redira avant d"aUer à VOUIS, ô J1ésus! Je le prononcerai avec VD.UlS: SITIO!

LOTlsqu~i1 a jailli de ' Vo.s l(w1res, Vous aviez fait votre tâche en ce monJde. VO'UIS aviez prié agi, sOUJffwt, et « Vous n 'aviez peJl"du aucUlu' de ceux Igue Vo1!l'e Père Vous a:vait confiés. :. - Qu'il en soit ainsi pour moi et si dans la sobitUide et aux heulfes où je V'ais à vous oomme à l'Ami bienlvaisant, je VOu.s jette en­core mon alP!pe1 dOUiloulfeux, que cW. moins, ~vec v.otre appui,. raocco.l11tplisse ma tâdhe, que Je sms une vallliall1~e, une dhil'éiienne, une alPôtre, et que jamais mes seocets élans vers ce qui es,t éternel ne me fas,sent oublier ceux ,qui SUif la te~re peinenlr et so.ulffrell1t. Que j'aime touÜOUfIS et de plus en plus tr~S IProches et mes frères humains, Ensuite seu­lement j'aulflai le d['oH de dii:re a:vec VOUlS: «Seigneur, je n'ai perdu aUlcwn de ceux que VOiUS m 'aviez confié»... Je ne VOuiS ai pas demandé de me n!tireif dlU monde. mais de me pelI"mettre d"y faire votre volonté et l'œu­vre que Vous m'aviez desllinée. Mainten.ant VOuiS po UlVez , après m',moir pllir:ifiée. m~atti­rer à Voos dans votre Lumière et votre amour Où vivent défjà ceux que j'ai tant aimés et où d 'au.tres me reioindlr'011It UIl1 jourr-. Calr plus 'que Ij'amais , j'ai soi~ de les .retrouver, ~s bien aimés, soN de vivre avec eux, s-oif de con­naître, de posséder, d'aimel" soif de VOlLS mon Dieu! ' ,

~ Aux derniers , .inSltants de la Passion du

Christ, !orSique, les pieds et les mains trans­percés, ayant !l'épandu StLl' le sol hUll11ain . pour le .féconder, toUit so.n sal1Jg béni il vivait ses dernières heures et se pénétraÙ cœ la souf­fmnce humaine à un degré que nous ne pou­vons comprendre, l'EwngPe nous dit que la ter.re était .coiU1Vene de ténèbres,.

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Seignrur, il y a dal1Js notli-'e vie et pour no.tre âme des heures aussi biell1 enveloppées de ténèbres, des heurr-es doulourelllSes où le voile jeté SIllrr- ll10tre cœur lui oaohe la vue même des dhoses a;pai,santes, où nous ' souf­kons 'SlaltllS que rien ici -bas puisse nous con­soler.

Heu,roo.x ceux qui, à de telles heures et dans les ténèbres erlér,ierures peuvecrt du moins VOUIS ,contempler, Seut VÏJv,ant, ô Jésus­Christ! Heureux ceux qUii ,peulVent étreindre de leU11s hras lru;'sês Œes pieds Ide la - CrOix, <llPlPuyer leUtr flfont fatig,uê srur vos mains hramrrJercées et reposer leur cœu.r que la douJeUŒ" a brisé .sur ce Cœur qui a tant soulf­fert et qui sait cOlll1lpafi,r et aimer!

(Exllrait de « Journal et pensées de cha:que ja.Lttr »" de Elisaœth Leseur. - J. de Gigo<rd, éditewr, 15 rue Cassette, Palfis).

Tous an Ciel ..

Ce 1our-IJà, ~ la ;porte du paradis, ~rrlva un prêtre clIont toute la vie s'était pass~e dans ullle famille particulièrQ.

Il avait l'air stupéHé. La mort l'avait pris d"UJ11 seul coup, et

d'un coup de s-ang, ettL pleine force, à 44 ans ... Il ne paraissait pas rasSlIJJré .... Et pourtant c était un jUtste et un savant.

S. Pierre l'examina longuement, froide­men1, s'OulPesalll:t les dix talents et leur ré­sultante.

- J'étai,s très fort en grammai're... et il en ,faut bien des grammairiens! Et le m'û-ccu~

pais aussi de mon pe lit élève .... S. Pierre leva les yeux vers le s' cieuX" su­

:périeurs. .. Il y eut une seconde d:angois-

se.· .. - Entre tout de même! ILe précepteur se précipita. - Pas si Io.in! ... Là! ...

@

Il n'était pas sitôt entré -qu:'un autre abbé a,rriva. Il s:était éieÏ:11Jt tout dou.cement, malgré les sOlin,s, mail gré les médecins, ' malgré tout.

- Quels titres as-tu, demanda S. Pier!l'e,

lPour la gloire dUJ paradis? "

- rai œait mM devoir .•. S' Pierre .salua. - J!étais exad tà, dire la slainte messe et

mon bréviaire... exaJCt pour la r ésidence ... exad aux heures indiquées pour recevoir mes paroissiens. .. «I~peAldalf»... Je me dépen­-sais . ..

- «Et 'SUiperimpendar » ••• ? lEt tu te pro-diguais ... ?

- « Impendlar» .seulement... Ma i s les dhoses dont fétais v.raimenf chargé, je les ai faites' ... bien fuites ... très bien faites.

- Parce que tu as été fidèle en ces cho­ses, ,tu seras constitué SillT de plus grandes . .. Entre ... Mets-toi là ... près du conifrèrê qu.i vieut d 'arriver ...

~ Et ce fut un alUllre ... Ul1J grand, fort .... - Que faisais-tu, toJ, sur la planète?

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- Je prêchai,s!. .. et ,je IPrêohais!. .. et je ,

prêchais! - V Evangile . .. ? OUi des nuances tarabis­

cotées pOUŒ" leslCl!uelles il [alut des jumelles marines .... ?

- L'Evangile, S. Pierre, rien que l'Evan­gile.

- Alors, nous sommes frères.... 'f'aJi prê­ohé, moi aussi... C'est la grall1:de COll5IÎ.gtne de Diell... Dul' métier! ... mais superbe, quand on a l'intelLigence et le .cœur pleins du Maître ... Il me semble qu"un autre de res confrères ani ve là -bas ... ?

En etlifet, Ultl jeune prêtre 'Sill.rgissait, très pâle, très émacié co.mme cewc qui sont morls de ra poitrine.

- Bon S. Pierre, je me suis consacré au catéohisme. Je le faisais to.US les jours; je le soignais, je le perlais... Jamais je n'ai padé aux enbnts sans préparation et sans prières. lis aimaient: leur catéchisme; ils y aVlaiént des fêtes, des récompenses; les communions y é laient piteuses et ifécondes ... .je m'y suis tué ...

- Parfait!. " je vais Vo.US mettre tous les deux ensemble... Je vous .conduis moi-mê· me ••• ..

'Buis arriva 'llI1J prêtre iL dheveux blancs démarohe lourde; !bonne f,igl1lre de bOIl! v,ieu~ palPa.

Comme tUi as de la peine â. cheminer! observe Pierre.

- C 'est ,que je n"ai pas pris beaucoup de mOUJVement SUT la terre... je suis ankylosé,

- Ce tIJI'est pas comme moi SIllJf le lac de Galilée, quand je remontais mes filets char­gés ode poissons ....

- Mais, 'hODJ S. Pier,re, moi aussi ~ 'ai re­monté les miens chargés de lPois,sons ... ·

- Des gros . .. ?

- Assez so.uvent!... Le confessionnal m'a attiré toute ma vie; j'avais la certitude d"y ~aire du bien, et .je m 'y suis donné. Des joors entiers, j"ai revivilHé des âmes ...

- Etais-tu sévère ... ? - lPas 1P1lliS qu'il ll1e fanait . .. J'ai pa.r-

dorurué 77 Œois 7 fois , eil je n"ai j:annais mis le pied SLU la mèche qui f.umait encore.

.-:.. Ne craill1s-tu pas que Dieu te repr o­che d 'avoir été trop boo ... ,?

- Humblement je lui If~ondrai : « Sei­gn.eur . .. et vous .• . ? »

- C'est vrai, sloupire S. P ierre . . . j'en sais ,quelque chose!

Et, pas'slant sur ses yeux une main brus­que/ il ouvrit la porte du paradis.

Enœ:iJn alPparut UIl1 prêtre maigre, jaune, fatigué .. ' Il avait une 'barhe de quatre jo.urs, pas ' de ralbat, et,même au seùil du paradis, J'l semblait inquiet de quelque chose qui n'é­tait pas le paradis.

_ Que taisais-tu en dessous, sur la terre? - Je m'ocoupais des hommes .. . - Que dis-tu ... ? Répète ... ? _ Je m'occu:pais des hommes et des, jeu­

nes gens. - Ton dossier, tout ide suite! ... Un ange tend à tapôtre le livre dans le­

quel tout est écrit.

A mesure que S. Pierre lit, sa main ca­resse sa loogue barbe, ses yeux s éclairent et, avec amo.llI, fixent l'âme .qui attel!1d son sort, pn!sque diéSlÎll1téressée de lui.

. ... Ainsi., tOUtt jeune vicaire, en plus de

Page 16: L'Ecole primaire, avril 1921

ton , minisièfe général, tu demandes à t'occu­per des IJeunes gens et des, hommes", Le soir, tu Ife spires dans les .salles br ltJyantes, la pou$sière du pa troUiage, " tu pl'épares des séances, .. ' tu fais des cercles d'études .... tu t'inquiètes «iomnellemeDJt li' de ce qu'on dit dans les ateliers et les usines" .. tu! Y ré­pOllllds dans des conŒérences auxquelles tu in­vites des prêtres amis qui te res,semblen.t, et que a"attends ici... Tu .prOjpages in.lassable­ment l'e bon jOUirnal.., lVoilà qui va faire pla,isi,r â mon 'ancien confrère .pauli! .. , Tu con~esses les !hommes d'abord." les hom mes .su,rtout!, .. ~u penses san.s cesse à leur misère matérielle et morale. ,. Ils -savent qu' ils iPeuvent compter ,SUII' toi" .. que tu es leUr ,Chose... II: leur prêtre!. .. »

Et sai.nt Pierre .s'exalte ...

- ... Mais vietllS SUil' mon cœur! ... Em­brasse le podier du paradis!. .. e11 attendant que les vieux évêques d"auke'fois .. , que le Ohrist, premier ouvrier, te reçoivent dans les ta!bernades éternels, ...

Et) ouvrant la lPode du parad,is à deux battants, S. ,Pierre cria d 'une voix où rou­laient ' tous ses ,souvenirs d"apostolat:

- Septième ci~l! ... Pier1'e l' FJ1'mite,

Croquis litté'raires , ,LA VIEILLE MA'I'SON

U"'haut, ,SUIf la cotline, la vieille maison 'sc dresse, ,solitai..re. Comme une antique aïetvle am: vêtements très vieU!X, <bUX vêtements pas­sés, 'Son vieux toit d'ardoi'ses mOil.lJssues coi1fe d'êpais niurs, des mUTS couleUifs de terre, des murs du iVieuoc temps. Les poutres, les larges poutres dUi plafond 'sont noircies !par la fu­mée, les portes ·rangées par les miotes, les vieux meubles sont tout usés, tout polis par la ca'l'esse des sièoles, poHs et pa:tinés par tant de mains qui! depwis longtemps ont dis­paru, mains potelées et roses, vieilles mains crevilssées et paroheml!Ilées, Tout cela est vieuoc, :très Niiea.wc et si dligne, 'si vénérahle!

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Combien, en effet, ont- !habHé en cette anœs~ traIe demeure, qlUl~ sonrt: maintenant là-bas, os­setœilJts blanchis dlor,ma,11It i t'ombre de la ;vieille église, (tans le cimetière <bUX cyprès toujoUlr.s noirs,

tDepUlÎs des siècles, elle a 'Soutenu, protégé mille exi'sterrces, elle est le foyer, le Fieri où une activité intelligente :pense aux besoins, pourvoit au bien-être d~ toUiS. Que d~U!I11r 'bles ménages elle a ahrités, qiUe de bébés elle a VIU naHre, que d 'amours elle a VllJ éclore [Jar des ,iours de ;priflJtemps, que de v,ieil1~r'ds aux !blancs' oherveux elle a lV'lIJ mowri·r 'SOllJS .s0'l1 tOLt, quand tombent les [euilles, 'à l'aurf:Olrrne. Elle

est si iVieille, si vieiHe, que personne ne pour· l'ait dire qUland elle fut bâtie, les plus vieux l'on~ to'llljOOI"S vue, là-haut sm la colline a,s-­sise comme ooe grand'mère au mdlieu de ~ HIs, les cha:rtllPs de blé dlOirés par le solei.l, Et tandl1s que les :hommes soot emportés pal 'la mort comme ,par une tempête éternelle, 'elle, r!antique demeure, es,t toudours là, symbole de calme, de iI'e,pos, d:-'éterni té.

Que d'orages elle a 'vus, que de iel11!Pêtes

elle a essu~ées , mais malgu-é tout, se carrant sur ses vieux mlJJl's épais, 'SoUde ,SUif sa base, elle a tout supporté, tout IVaiocu. Tout, aUr tour d 'elle, se lÏane, meurt et passe, elle seule survit, elle seule demeure. 1

Il faut la 1V0ir le soir, lorsque le ,soleil cou­chant incentilie tom le cieI.... elle se dresse splendide dans cette auréole de gloi're, auréole de :p0UJliPfe et d'or, et .ses ~eiiêtres sont. des braises ardentes et ses a,rdoises brillent, flam­boiet1lt, et ses mous,ses vertes èt dorées soin­tillent dans les ray;ons du soleil .. " Alors, la vieillle Il11J,ÜSOII1J ,semble :revi,vre et :raûeooir. Probablement elle ·sooge aux :temps 10intalÎ'ns de sa na.is·sance, elle voit les maçons qUIÎ cons­trmsirent ses murs, elle revoit la poussière d'or qui, l'entoUJra d'une buée lé~re, lorsque les charpentiers tail'lèrent et scièrent 'sa char­:pente, elle entend les chansons des' gais corn,.. pagnons. . .. Elle revoit, eUe entend tout en rêve .. , et soo ;vieux cœur rneurlil'i, blessé pail' les morsures du temps, son v:ieux cœu.r afllky­los'é par les hivers, SOtl! vieux cœull" d 'aïeule se réchauffe ... et il ilue 'semble alors qu'eUe

se met à cha:nter, ivn de Joie, sous la caresse du 'Soleil. R'ENZO.

Souvenir de voyage en Valais

tH

iNous lisons Idans ,,'Le Mercure", organe des voyagelJJl's <!e commerce, la :relation sui­vante des dernièr.es inondations en Valais. Ce récit, très vivant, écrit d''llI1e plUJItJe alerte, intéres·sera œrtainemenrt: nos lecteurs à ti,t·re documenta.ue des jours de cruelle angoisse ' qu'a vocu<s àj ce mo·ment le Valais.

Celui qui: [l!'a 'Pas vu le Rhône dans les journées des 24, 25 et 26 s~1embre 1920, à toujours mémorables dans ce 'canton suisse, ne se 'figllJrera j<amalÎs le spectade territf.ian t -que représente la masse d'eaiU: qu'il déversait, boueuse, écumante, !bon:di'ssant à ras de ses digues, à une vitesse de 3 mètres et avec un débit de 550 mètres cubes à la seconde, à la ha u feur Ide Sierre.

Que f''thorrjme se sent petit et oraintif de­vant ce spectacle de la Il'dure s,auvage et aux pris{!·s avec cette puiS'sance du neuve, rom­pan~ et renversant tout, dominant de sa vo­lonté toutes ,celles des êtres menacés et cons­ternés qui le roppl[ent en quelque sorte ae leur éparglIler son coulfroux!

Et pOUirtant, ceux que les nécessités de la vie ont a~léS' dans ces parages conserve­ront de ces journées historiques des souve­nirs d'où padais la note 'humoristique n'était pas absente.

Ainsi, dans ces heures kagiques ~ù la vie prurail&sait à 00 moment presrque Inter­rompue, on ' la voyait par instant reprendIre ses droits, ma,rquée tantôt lPa1'l des actes de courage mérÜoires et tan1ôt par d'eS scènes imprévues presque comiques ou par des actes sUllPrenants de présence d 'esprit, de la pa.rt de œux qui délfendaient les biens q.ue leur activité av'ait créés la, et qu'ils étaient bien résolus à reconstruire dès que le fleuve irrité se serait calmé.

Vans les plaines hasses, el1rvaihies hr'œque­ment par l'eau, les habitants des fermes n'ont pas eu le temps de fuï.r, et ce ne furt que grâce il des actes de véritahle bravoure et de génie défensif spontané que gens et bêtes ont échappé à la mort,

Voo a v·ltJ là des hommes qui, dJ<bprès leur pr'o,pre diTe, n"avaient jamais été mouillés qUe pa'r la pllUlie, se Je1er sans hésitation à l'eau entraînant après eux mule ou mulet récalci­trant, ar,rivant à !bon !port s'ans POUVOiT se re11.ld're compte <lli la manière en laquelle leur sauvetage s'était ~fai:t, si c'était à la nage ou à gué. Dans un autre endroit plus isolé, tout ce qui étai,t vivant 'S:était réfugié pendant 48 heures au premier étage de la ferme, les gens dans lUne chambre, le bétail 'dans une aut're, attendant !patiemment du secOU!l'S.

Plus loin, après de longs et pénibles ef­forts, l'on c.royaï.t être pa,rvenu là. sauver bêtes et gens, lorsque UJl1e mère affolée constata que le bébé qU"elle avaH mis en lieu sft1', éta,it ,resté dans la malsoo abandonnée. Aus­sitôt, un courageux de se lancer immédiate­ment dans la masse ']:irmoneuse, au secours du petit, et ide ramener quelques minutes 'Plus tard, le Iberceau flottant, avec son préciewc contenu" un :cha,rmant bébé rose qui ne s'é­taU pas même réveillé pendant son périlleux vQly.age!

IBn deJhors de ces moments angoissants, il y en eut d'autres et mêmé' de gais, tels par exemple, les 'Scènes tYlPiques des transborde­nrents de voyageurs en camions aûtornobiles de Sion à Oampe1 et vice-versa. C'était vrai­ment amtljSant Ide IVoir ces dhargements hu­mains, assis au( petit bonheur sur des baucs de fortune et des véh,icules également impro­visés où ron !pouvait lire en grosses lettres le .titre ordinaire: li: Transport de .ffil!térTaUI de coostfiUcNon» ou Stllr un autre, c Minote­rie de PlainpaJ.ais~.

Que de moments délicieux passés pendant le traJjet cahotique de ces lourds véhioules à travers la vase et les dé'bris de :foute nature jonchant ra .route! /Légumes, outils, meubles, bois emportés, gisent pêle-mêle donnant par-

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. fOUIt a.u paysage que MUS traversons un· as­peot d'~ désolation. Aussi le voyageur, pour se distraire, .reporte-t-il son attention sur l'en­semble de ,ses voÏ's,ins d"ÏŒ1IfoTtune, et sourit-il volontiers aux contra,stes qu'il y découv!l'e et auoc réflexions qu'il y entenid,. Ici, c'est uc brave ouvrier noir et barbu des «Usines de Chippis» qui ~ume calmerrreut sa pipe, coude à. cou4e avec ill!lle princesse or,ientale, cou­ver,te de bijoux pLus oU! moins ~aux, qui v,ient de quitter son coupé de 1re das-se et Ille pa­raît tnême [pas se :rendre compte de' ce ,qui se. passe, tant il est vrai que les instants tragi­ques de la ·vie déi.rUJÏsent les bar!l'ières qui ,sépa:rent les hommes et les Tapprochent les U!l1S des -auMes, g.r.✠à FinstÎlnct de la cOllser­v~tiQl11! ilJà, un daTœUir 'raconte sans 'sourcil-1er que les lièv'res de Ta pla,ine, surpris par l'eau, se :SOll1t <réiliugiés sm des courges flot­tantes, se laissant aller à la dérive, au petit bonlheur, m{!nalllt une gymnastique endiablée pour. se ma:intenir en équilibre s'Ur leurs ra­deaux peu commoldes. Plus loin, 1'enteu1.ds l'histoire idI'iOO paysan de Château~Neu5, ayant fait griill'lJPer to.ure une famille de coohons sur un ,peupl.ier pOrtl!l' les 's·auver d 'une mor,t cer­,~adne. Ainsi, ·les uns et les autres font passer leurs a.uditeurs des sentiments de la terreur la pLuS' réelle aux exclamations de la p:us ~ranche 'gaîtée.

A IUn moment dotlttlé, bf<tltsque ar!l'êt. Tout le monde desœruV ~es s·cènes que nous venous de naHeT Ife commencent, puis chacun s:'oc­cupe de l'heme de départ dUi proohain train qui le ramènera soU ,ohez lui, soit à l'une des stations où ses a~f,ah'es l'appellent.

Ainsi se dilis)bque l\l.t1i groÜjpe d'iuldiv,idus que le ihasa.:t1œ a réunis quelques minutes j ainsi va la vie, et le vieux voyagettr de ,com­nwce, philosophe par méti&, ell'Lfjn réinstal­lé d:aJns un com de cOrrltlJaTtiment, rev.it les moments intéressal!lfl:s dont il v,ient d'être té­moin, puis, ibrusqru.ement, :tire son horaire de sa podhe, et ,prépare :pour demain Fitiné­[faire d'un nouveau voyage où ~'a'lltres v1ci,s-situdes ~"attOOctent peut-être. .

, 'Ls BOREL.

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Le Mélilot blanc de Sibérie Le mélHot tire soo nom du miel, plante à

miel, pat1ce qu'il est f,réquemment visli,té par les albeiWles. Il dégage, lorsqu ion le froisse ou qu'on le 'sèdhe, une odeur -agrea:ble de coumarine que 1'0111 lfetrO'lllVe auslSIÎ .chez d'a'Ur 'tres 1,Jlantes, IPIUJS pariicUJ1ièrement chez une fooaiSise \pll"écQice de nos prairies, la ~IOUJve odo. rante. Une autre espèce} le melilot bleu, sé- . clhlé' et, réduit 00 !poudre, entre Idans la corn­pos>ition du scttahziger.

Ce Ille SOlllt pas ces cons!Ïdératioots qui doi. 'Vent attirer l'attention de l'a:gu-iouilteUlf valai­san dies .rég1ions inondées !SI1.Lf cette p~ante, ma~s bien rplu~ôt deux autres de :ses pll."écieu­ses :propriétés:

1. sa· rus.tidtë et 'Sa vern.ue iacHe 'SUT ter­ra.fulls ne!lllis. et ,secs, et

2. 'sa ql1.lJaJité, :comme [plame JêgtuJ1TlÎfieuse, d"·aJocumule.r dans lSes tissus Fazote de l'at­mosphère.

Relati'Vement au premier point, il SUlflHt de rajppeler qlUe le méltill.bt, blanc ou jaune, croît slPontanémen1 dJalllS les endroits To'aheux ou pie.rtreU!X, 'S'UIf le ballast des Ivoies de ch~in de fer, même lorsqu'il n'y a ipaJS la moiruire prurcelle ter.reuse; c'est ŒûttLC avec l'eS[Jarcette la plante-coloo t1es ielrrains maigres neuœs (nlolVa~'tus), tou~ 'COIll1Jme les itacOltluets et les tUISIsilages en glénérall sont les ,premiens oc­. cupants des ter.rains "humides mLs à. :l1IUJ pa,r les gHslSlements, iŒ11jportants OIU non. Ces .plan­tes co!oI11IDsaJt.rkes 1?0nifient !peu à peu le sol prur leur action 'VégétatiIVe et looll"s délhris et petf!mettent ainsi la venue d'auitres plaames qui lPaifalahèJVen t ~ 'engaz'Ûnnement. . 'Le mélilot 'V,ient dOl1!c racilemell1t su.r 'le li­mOIll et le g.r~vier ,sec; sa orois!sance est ra­

.:Pilde et il est assez semblable à 'la luzerne ' C01l11i1Tle al,lure ~ale, bien que les feuilles en di.ffèrent queLque peu et que sa tige beau.­couip plus forte et rigfudJe devienne faci'lement l1gneu:se.

ComJme tou~es les pl~ntes '1égurrnlÎneuses, l"esprurœtte, la luzerne, le trèlfle, le lotier, ~a lupuline, etc., le rnéIIflot a la propriété de PUl­ser dall1!s 'Pai:r atmoslPihénique Pazote qu.i lui eSit ooces,s'ake, et cela ,grâce aux 'bactéries qui peuplent les Uiodos!ités ou :renflements, carac­téri'stilq:ues pou.r ch!aK}ue genre de légumineur se, des moines de ces plantes j dhez le trèfle, ces e~crOÏlS's·ances Iblall1ldhMres :reS!Semblent à

de ~olftes têtes d"éjpinglej iClhez J'esparcette, el­les sont pln.ts fones et élrurgies en 'S[latUlles. . Vazo.te de 11air qui par ,~Slsion :pénètre ckul1!s le sol est aloos étiSlSlimil}é par les bacté: ries proci té:es pour enltrer tdia:ns la co.nsti tUJtj.on

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.de la ipilante. . Le Il11éi1Not n'est gmère atpprêhendë avec

ÏP'lai:silf par le bé1flaJl, du mÛ'iOJs palS au début j plus tard, 'SIUIf'toU~ s'i:l ne fonne qu"ooe quan­tité réduite de 1a ratioil1J, le bêtaiil s}y 'habitue. Le .méhlloi de Sibérie, à fleums blanches est une forme . déjà rumêliOŒ'léJe, plus vigoUJreuse et plus prodtudive du rn.ém01 sa.wvage j le bétail le consomme ,sans réjpugnalllce. C'est la gra:ine de ce médlÛ't IqlUe l'ASSOCIATION AORI­'CODE DU V ALAIS s"eg·t procurée ,g·ur nos c.otliseils, [J'our ,fraoiJLie'r la bOlllification des ter­m.ins dlé)posés !par l'ÎIltol11ldaiiion.

La s'emel1!ce. cre ce rrr.êJlilo~ est, à Illotre avis, ce qu'il y ,a de meillewr à ell'l/P~oyer pOUIr atmélliorer ces dépôts limoneux et gnve1eux maigres et secs. Il suJffira donc d'en semer à !tai'son au moins de 25 à . 30 kg, par hectare en cherchant à recoo~rir la grarine l3..'llIs·si bioo ,que possible à l'a herse, au rouleau ou en­oore au .fIateau de ~er, cfuLn:s les endroits filon <régaJlês ou Itliv~lés, et les plantes ne tarderon.t /palS à pousser et à cOUlvrir le rerll"ain. , Au pesüdn, on poura-ait s'ornger à u.tiliser la plante comme foulrmge, quitte à Tendre au sol le ~urnielr qui en ProviendraJiJf. Ce pro­,cêdê, emlPloyé ,sm terrain encore ~u régu­lier, presente des dililfiiCU liés et des dépenses très dm!pormntes pOIlir la -récolte du ifourrage, ·son translPori à lill Ifocme auquel s'aûO'll~ent c:el­les du transporl et de l'épandage du fumier.

Il serait, à notre avis, plus économiq.ue de la:ilslselr la récolte SUIf place pou.r la faluoher arvaltllt de l'enlfouir :pau- 1.lll1. laboull". On peut aJlusStÏ., SlUf1tOOt si les plantes ne sont pas en­core trop llligmeu.ses, les écra'ser ,si~pletnell1t à l"ailde d 'un paquet de chaînes fixé à l'avant de la Clharlfue pour pwmettre l'en~et'Il'age par­fait du ,mélilot dan.s la raie.

En tô,üit ,OéllS, l'incorporatiolll de la $olte de. méllilot dans cette terre noulVel'le inaigre, ,lllil donnera lie l'humus, de l 'azote {!t du COll'rps, preparant ail11's,j le te<rlfain pour 'les 001-twres o(l'ldlinaill"es awc un complémellit d'en­glmis pthO!slPlmtOO~ et potaJsl~;iques, SuifViM1:t les cas, et pom peu que La terre a.trnenée par l'eau ne 'soit pa's trop mauIVaÎ'se, une ooroale, le seigle ou 'Pa'voine ou ellCOTe la pomme de ter're, [J!ouIlTaï.t même déjà suiwe en seconde année. Ma.is il ,sera 'soUiVent preféralblle de Te-

fa:ire Ult] ,seconId. 'semi's de n1IêlHot l'aMée sui­:vante, alfillt d'enridür une fois de plus la terre neUjVe en hllilnlllS et azote prowooant de la dé­composition des plantes entières de mélilot COlUdhées dans la raie de la dhrurJ.'\ue.

Cene plrrutilque des engu"Ms verts devraiit au reste, COŒ11JJ11e nous l'alV'ons sou'Ven.t 1}Jil'0:'Po,sé, se gooéra'l,i,ser SUtr les terres cultÎ1vées ordi­naitres du VaJ.a·is, tal!1t pOIlir c~nser les foll1les qoontiftés ,do azote di'SI1Jraites du domaine pa'r la fumu.re des v:igll1.es que poUJr boniHer, en lem donnant p':I\lJS de cO!llP's, pM incolllPo~ ration d'hn.1Jmus, les terres légères de cette ré­gion. Dans ce cas, des semÎls de 'lulPuHne, de forèJfle, dans les œreales poutrràient swflîire sall1!s nuiTe à la prodlUction réguJiè're. L'enfouisse­ment 'Se ferait à l'oorière-saison.

O. MART,INET.

Variétés LE «MISERERE» D'ALLEGRI A ,PIf.'OIPOIS de lee mQiflOealU célèbre d'la!f't

,musical, q,ue le looUèg'e f:ri'bo'tvng1eoi.s de \S.:lint~Mklhel :a 'exécuté derniè:œment, oln f'éllPIp'!eUe fa ·oorie~'S:e laJneodote ,qlUe voioi, nou1t à fai,t la Cltuelle :

«C'êtlai~ en 1767, le 'illeJr1ortedi die lié\! Seûnaine Sla.i:nie. M'OZlal11t, né en 1756, avai~ ,aliÜ:fS Il la/us. POlUl! lia IPfiemière f'ois, il :arrhnait à Rome ,00 ,ool1l1\pagŒl:ie de ISIQlll [pèr'e, martre de 'chapelle à Sialz­brotUmg. Le 'soilr m1êtne, Iles deux voya ... geuTs cOIUiraient à Slaint-Pie11fe entoodlfoe le M is.er er e de Gil.1eg,olr'>Îo AUég1ri, ,qui iouisslalrt :à ()etbe é,p:oq;ue Id'une réjpulba­tion sans ,p,atl'leille . .on asslU'pait ,qu'e l,es palPes law,aienlt délfenidlu de lie mettl'1e ·en plarti'tiom ,ei: d'en '~a.ir.e ,des ;copies.

ua ,céliêblrÎ'ré du mlolrcea.u et' h;lS ·olbslba­dôs :qu'il ~alnait VaDIlJor.e lPioWr se Ile IprO­ourer ai,guislai'Emt le ;dés·Lr .q:ui ihUiflI11:en­taiit le 'j eune M'Ozlalflt ide l'e poss·éider. P.ol1'r y la1rrÎ'\r,er, il la,oOoffi1pHt ,um Vléritahle tOUT Ide fOfice. Ayan1t ten/du ,toutes sies facu1i:és, i'1 rélUISIS1it, ,plail" il.lJn etflfOIrt .qui tient du pfodilg,e, à 'Le fixer ,eI1ltièr.ement dans sla 'mlémo1lie lalPifès Ulne seUile 'élIUldHVOln, et ~1 l'écfÏ<vit, alu COUflalIlt de la, !pl'wme, en lren'tJr/anit 'à l'lélJu'bètrige.

) Ji 1

Page 18: L'Ecole primaire, avril 1921

ILe Is'uldenlde111laJÎn, une seconlae ,a UJdi­

filO\Il, ,qu'il ,suivit oor Isa partitiotn calohée daJl1ls le 'ilOlnld ;de sIon dtalPela u, lui ~o'll'r­IlIit l'loldOaS~OI11 Ide 'red:r,esser deux 'OlUl trois elireurs et ide oomhl'er ,q uel\quies lléllcUines. Il ,se itro'UIV.a ,de lia slol1iie en Ipasseslsion de l',e~emplliaiœ -u'nÏtq1ue Ida [Il'Y1S1ftérieux Miserere.

OelHle ,aveurbulr1e fit g:nanJd brUN à R o­rne. !Je IPape lui..Jmême, mÏJS ,étU co,umant, en eXlpJl1i1mla ;boute SOI11 adlmi1'IaH'oJ!1,

~

LOUIS XfV ET ,LA ,REINE DE MORT

64

Tour à. tour les divers 1urys et, a10utons~ le, l'opinion publique eUe-même se .révèleni en IFra,ruce favorables au maintien de la peill1e de mort !Louis XLV a formulé à. ce sujet, dans ull1e lettre à son ms, une opinion qui nous paraît fort sage. ,Le graJnd Œ'oi écr,ivait:

Nous serions trop heMeux, mon fils, si nous n'avions jamais qu'à obliger et à faire des grâces. Mais Dieu même, Idont la bonté nla poin~ de bornes, ne t!!'ouve pas tOllljOtUJrS à récompenser et est Iquelquefois .contr'aint d(! punir. Qudque douleur q.u.e nous ayons de faire le mal, nous devons en être consolés quand nous sentons en nous-mêmes que nous le faisons comme lui, par la seule v,ue juste et légitime d 'un bien mille fois plus consi­dérahle. Ce n'est !pas répandre le sang. de nOoS SUJjets, c'est plutôt le ménager et le conserver, que d'exterminer les homicides et les malfai. teurs; c'~st se laisser touodher de compassion plutôt pou!!' U!l1J nOmlbre inîini d 'iooooents 'que poUJr un 'Petit nombre de cOoupahles. L'indul­gence pour, ces malheUifeux particuliers serait .une cl'UiaJuté uni'verseUe et pulbli'que.

fil UN 80UMBNLR DE PIE IX

On a rappelé récemment l\lJl1 faH de la vie de ,Pie IX, qui se passa au Vatican en mai 1862.

Un jour, v,int un visiteUir qui demandait à vOÎT le Pape, mais n.'avait pas de lettre d'au­dience. On lu.i ,refusa l'entrée des anticham­bres. Il inSlÎsta extrêmement, SO\1S le prétexte qum aovait un. secret â communiquer au Saint-

Père. On le condluisH œonlC à travers la salle des Suisses, .celle des .gardes-nobles, et on Fil1trocLuisit dans l'a'l1tichamlbre des camér,iers, Mg,!" 'p'aœa étalit de service. Il Il'enouvela sa dema,nde devant le !prélat et supplia qu'il Je ]'ais's-ât ,pénétrer auprès de Pie IX.

!Le camérier se rendit a'lors chez le Pape, qu'il trouva ~noU!i11é sur son prie'·Uieu. A­près s'être ar'rêté quelques ,instants, et. 'Voyant que le ,Pape ne 'se levait 'Pa's, Mgr Pacca s',ap. ,procha de lui et Lui communiqua le dësl,r '\:.~ visiteur. Pie IX réporudJi,t ces mots de 'lE­

vangile: _ .Laissez les morts ensevelir les morts. {Le prélat, ne sachant ce Ique celte 'répons~

sig!l1i~,iait, croyant que 'le 'Pape ne l'avait pas compris, :répéta ce qu~i,l avait dit. Alors Pie IX, plus eJOPli cite , repaliit sruns se lever:

_ Je ne donne !pas audliea1ce â un mort Le camérier, ne comprenant pas, se ,reüra.

A'lTivé dans l'anticham'bre, il v.it plusieurs personnes qui entouraient le visiteur expirant. n avait ,sur lui un poignard et un revolver chargé. UnIe apoplexie lÎoUld:royante l' a'vai t frappé au mometl1,t où H alloait assa'S'siner le

P~pe.

~ OURII-EJU6IE BNll~BARlrSE ,PBMlININE Une dèmoiselle alligŒa,i:se, m~S!s Har.ris'Ofil

Betl, s Iest ,c{)'J11jptètement !V'O!Uœ à l'exploHation d'lUne grnl11,de ~erme, où eUe élève des quan­tifés ide iVol:aitlIels diiVea1ses avec un \plein suc­cè's'. E~erle en maltièi'e d'ag1fÎrcuature et d'é­levage, !la œermière Jf.ait lP'r:olSpérer son entre­!prise a,rvec le ICOOICOUll'iS de 20 femmes ou jeu­nes lfilles, œf, à ,la Œerme de Welwyn., il n'y a IPt(lIS 1ID seul !homme.

:Miss HnlSoo Ben ·a dléclaTé ,que sli ooe Œemme veut Il"éuJs1S.ii' /dans les ahires, elle doit: JaIVoiJt; ides idées, !l11ettre {a main. à la pMe, ne pas \pQil',ter de blouses de /fIantaisie pou'r ltTaIVaillilelr, ne pas C'ommenCeT sa heM­gue 4atrd, Ise dire qu'H eslt: Istupide d'OiUlblier de ;raœ.omimode~ :seS! bas quarut les troUlS &Ont oolCore peftLts. Tll'aiVa,i[ et économie, relIe est la ~o:rmulle 'de S'1llQCŒ de ;lia fermière de Wel-

wyn.

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Graisseur d'âmes

« A Emile N .. " graisseur à Ivry. 1>

Il y a des gens qui voiUrlJraien,t cOllnaîtro:;.

un sailllt. Moi, d'en cOllnlais un! ... Il n 'a ni la peau anémiée, ni yeux l?lancs,

ftlÎ manteau violet; il ne brandit pas UIlle fleUJr de Hs aJU bout d'U!Th manJdhe à Ibalai,

.JI n'est IJ1reme paS' chauve, comme on s:obs­tÏlne - 'i,e n 'ai jamais 'su pOl1Jrquoi - à re-présenter S. 'Joseph. '. ,

'NOfli .. , il ~'a !fien de tou,t cela... rien du saint moderne classique.

PotIJr,{.au,t, c'est un saint tout de même.

~ 11 porte de laages culottes achetées à la

Sama.r:itaine. .. pauvll'e SamatrHaine!... Ses reins SOlllt ceints d'une 10iThg.ue ceinture rou­ge ... cetle-l.à. 'aJclhetée au' Baza.'f de l'Hôtel-de­VHle.

Ses chalJlsSlUJres sont épaisses et nationales. Et 'ses oheveux, en !brosse.

Comme prdession, il es,t simplement grais­seur dans une Ulsine de boîtes à conserves.

Ohaque tiOUlf, il se lève à 6 h., entend, la messe a 6 :ho 1/2 dans sa pail'oisse, une pauVtl'e égJ.ise de faUlbowrg, anciel1Jl1e usine elle-même, et ,il y communie avec une [oi d'en~all1t

,P,uis, ayant tait !Sa pil'ovision de bleu et d,.'amoutr. .. certain d'aimer et d'être infini­'ment aimé, .ce qui, pour lui, ' est l'uulÎque ' chose, il déjeune sur lé pou.ce et s·oo. va à l'usine.

ILà, iJ ,gr-ailS,se ....

~ Il gu-aisse d'abord sa MajeJSté... ie veux

dire la machine principale, puis les machi­nes-outils, puis les outils.

Quand il a Hni, illl'ecommence. <Il n'y a que luù. 'q!U1il n'engraisse pas, et pour­

fant, il est maigre comme un cent de clous,. 1'1 aime !beauc'Oup 'soo métier. Parlois, ill :rencontre le pattou, et il lui

dit: ({ Je SlUlÎs biet1! !pluS! heUJl"eux ,que vous! ... J'ai ici-bas ·beauooup m'Oins de tracas dlans la

tête, et je ierai là-haut pl,us facilement mon s,alut ... »

Il aurait !pu lllionter en 'grade daus l'usi'ne ga'g1l1er davantage. Il a touJjowrs :ret'llIsé; s~ graisse ,Ici ,SiUIÎ.fit.

Il a une manière à Lui de la Ibafue, de la faire blondir, de la rendre aérioone.

Qwmd une maohine crie, et elle crie parce qu'elle 'smtffifre, il court l'a:douci.r et 1a cal­mer:

- 'Patience" ma bOUIlle gtrnsse!... tu iras bientôt mieux ... je vai,s t'en mettre Uille ban-ne provision ... .

Et amnMeusement, ;avec sa palette, il luhri­fie les a.J:1bre:s d'ader et les üges .... . Paliou,t où il y a UŒ1 rrottemen.t, il glisse une gO\1tte d~huile et, <llvec IUlle plume, il étend sla prDvi­&00 ûlllisqll'aux tou.t peti,ts ... petits engrena­ges.

Une madhiine graissée pa,r '!Illon saint est une machill1e bénie qui semible devoi'r dU!fer lou~'ot1J(,s. .. torujoors.

Mais, il ne gxaÎsiSe Ipas sèulement les ma­ohines, il glI'aÎsse aussi, et surtOout, les âmes.

tD"albord, par :s'On exemple: il est toU/joUlfs content.

- T.u gâtes le métier! 1ui crient certains oUlVtriers.

- iMais tni, si ,tu étais ipaill'on, n'airnerais~ tu pas que ces machines, qui coûtent s,~ cher, et qui s'Ont la condition de ton travail, fus­sent !bioo graissées?

- Tru devrais, au moins, demander de l'augmentation!

- Oemam.des-en, toi ... tu as ~emme et en­,iants'. . .. 'j'appUJieni .ta demande &t eUe est juste. Moi'- je ·suis seul, et ce que de gagne me lsulffit. .

Il assiste tranquillement à des palabres d'un bolchévisme intense; p11lis', d'un mot de bon: Sett1!S, clair comme 'UJl1! trayon, il :remet bien des oh oses en place:

---, Oroyez-moi., mes amis, «il [aut touljoœrs une tête ». V'Ous connaissez l'ancienne, êtes­vous si sûrs que l'autre sera meiJ:leUil"e?

Chacun de ses aotes, chaOOJ11e de ses paro­les est U!l1 haume et ua:ie détente ....

' Il es~ l :'huile, ijamais le vina.igre.

" t'f""""""""'" 1- • • .......... i ... .

Page 19: L'Ecole primaire, avril 1921

Va-utre soir, le dhômage excitait ,foufes les têtes.

Il expliqua que ce dhômage, exploité par des journaux qui en vivent, avait des causes indépendantes de to:wt le moode et que, faire du désordre dans la rue, ne bciJitera-Ït !IlJulle-ment la ,reprise des affaires. •

Ces dell'niers jours, il aJPprend qu:on pré­pare «un COl..lJp». Quelques fortes têtes daï,.. VeŒ1t voler toU!s les lrupins du colllttremaître, et même la cai,sse, -si c'est pos'sihle. Plusieurs jeunes gros' se sont laisisé entraîner. Il les prend en particulier ... il les fait dîner avec lUJi et, a.u nom de leur éducatLoll1 et de leurs familles, il les lI'amèllle et leur doone l'horreur de ce qu'ils allaient commettre.

~ Quand SelS huit heures sont finies, le grais­

seur monte voir les camarades malades, leur tl"end les services qu il peut, humblement, simplement, faisant les commis-sio'llS comme ooe petite Oblate.

Et si la mort a.pproche, il devient ragent de liaison entre le prêtre et le moribond; il a des trouvailles de cœur ' pour facilIter les sacrements et remonter les cOl..lJrages abattus.

Il n 'aime pas seuJement poUJr 3.1mel1'er à re­cevoir les sacrements.

Il aime, même si 00 ne les ifeçoit pas, et il prie particulièrement pOUlI' ceux-là.

«.n aime»... tout coUtrt. Il est le Ibon parlfum de cette bonté immense

quJ ·s'appelle le Christ

~

PaJrifois, on le tl"emercie .... Tout arrive! Alors, il répond: '- Mais, je ne ~ai,s .rien d'extra·ordinaire!

. .. ~Le bon Dieu a vouJu que '~e sois gl'ais­-seur, alors je grais,se pour ,que tout aille bien autoUJr de moi.

- Vous devez même soulffritr deva!l1t UI1

mal auqwel vous ne pouvez -rien? .. «- On pewt toujours quelque chose!» ... Et quand on l'envie: - Mais, il ne dépend que .de vous d'être

lheUJreux comme moi. Allez le prier , Lui!. .. Il ~l..lJt le premier oovr,ier.... « Il est «doux

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et hUI111!ble de oœA1I1" :t .•• Il a dit des paroles de .si rpro~ond amoUJr: « Venez à moi, vO·US tous -qui pleurez... vous tous qui peinez, et cre vous consolerai».... Et, vous le .consta­t€rez -vous-mêmes: d,amais on ne sort d'une égbse sans être recott1Œorté. Alors moi, j 'y vais tous les joUITs.

Aussi, Üe 'V~us le Irépète: Si les g1!ahsewrs d 'usine n 'ont pas de patron, de crois que Diel..lJ leulf prépare .un!... oh! « en douce», 111a.1Ulrel;emoot... 'comme on dit à l'atelier, mai,s c'est la profession qui veut cela ....

Pierre l' ]j]rmite.

Le cœur de Joseph de Maistre (A PROPOS D'UN RECENT CBI:J:rENiAIRE)

Il n 'est pas trop ta,rd pou:r parler ell1.COi"e de lui, et :si quinze joUllis «Font d'une mort récente une vieille nouve.J1e», celllt ans n ont pEVS bit de Joseph de Maistre Ult1 mort.

POllIl" pader de lui 'comme il l'eût aimé, nou,s i'rons jusqu'au &ond de son cœUIT.

On sait quel père il fut, et combien ont lu sa correspoOld,ance avec ses enfants, où il s'efforce d'aider leur mère de loin à formei' leurs âmes. Mais ce .que 1'0111 connaît moiltls, c'est la pl!l!ce que tint Mme de Maistre dans sa vie.

1 Ils se complétaient l'U11l et l'autre merveil- ' leusement. Telle qu'il avait rêvé une épouse, Dieu la lllii dOll1lla; et ce serait une injtusfice que de ne 'Pas honorer ave·c lui la mémoire de celle qu'il aima le plu,s au monde.

Elle avait nom f'raltlçoi.se-Maorguerite de Morand.

La veille du mariage, il avait écrit à son ami Costa de 'Beawega:rdl:

« Le mariage, !}Jour l'homme tant 'soit peu sage, se tait comme le s'alut, avec orainte et trernJblemelllit . . ' Mon oCOUIpation de tous les instants sera d'imaginer tous les moyens pos­sibles de me ,rooŒre agréable et néces's~l1re à ma compagne, afin d'avoir toUis les joUJrs de­vant mes yeux un être heureux par moi. Si quellque -ohose ~essemjblej à 'Ce ,qu'on peult ima-

giner diu ciel, c'est cela!::t Dès le lendemain, et pour toute sa vie, la crainte et le tremble­ment avait diSipaTu. Mais il Ille s 'était pas trompé. Quel-que ohose commençait, q.ui pour tous les deux devait res,sembler 9usq,u'au bout à ce qu~i1s pouvaient ima.giner du ciel.

Il avait dtêcouiVert ce .késor que l 'Esprit­Saint n'a pas craint . de nommer La pllUs rare et 'la meillew:e chose de la terre:

« Qui trowvera lune femme fade? Elle es,t plus précielllse .que ce qu'on a,pporte des extré­mités du monde. Le cœUJr de son tW0UOC .se 'oOOlfiera en elle; elle ne ma'llquera pas de ri­chesses. Tous les Jours dle S'a) vie, eUe 1ui pro­cure le :bien et damais le .mal. »

Après 'Vingt ans de mariage, Joseph de Maistre écrira de celle qu'.n surnommait dans ; ~intimité « Madame Prudence»: « Le contras­te entre nous deux est ce quJOl1 peut imagi­ner de iP1illls original. Moi, je ·suis., comme vous avez pu vous en apercevoir, le sênateu.r et surtout je me ~êne fort peu pour dire ma !pensée. Ell~, au contraire, n'affirmera j,amais avant midi que le soleil esrt levé, de peUIT de se cOITIIPrometlTe. Elle sait ce qlU'il faut faire oUnJe [J'a-s faÎtI'e le 10 octobre 1808, à 10 h. dru m., pOUIT éviter illJl1 illl,conV'énient qui, au­trement, arriverait dans la nuit du 15 au 16 mars 1810. - « -Mais, mon cher ami, tu ne fais attentioDJ il .rien, tu cra.i.s -que persoone me pense à mal. Moi, je 'sais, on m'a dit, j'ai deviné, de prévois, i.e t'avertis. - Mais, ma chère enfant, laisse-moi donc tranquille, tu peI1cLs ta peine, (je prévois que je ne !prévoirai g:aIl1MÜS, eest ton alfŒaire »... Elle es,t mon supplément, et il a,r.rive de lâ que, lorsque je sui.s garçon comme à présetn,t, je sOl..lJffre ridi­cuJ.ement de me voir obligé de penser à mes affaires: j'aimerai mieux couper dlJ.li bois. Au surplUls, Madame, j'entends avec !ll1li extrême plaisir les louanges qu'on lui donne, et qui me sont revenues de plusieurs côtés, sur la manière dont elle sta'Cquitte des devoirs de la maternHé. Mes enfants doivent baiser ses pas, car pOUtl" moi tie n 'lai paiS ce talent Ide l'é­ducatiom. ,Elle en a un que je regarde comme le ihwitième don du Saint-Esprit. Ce st ce1ui d'une cer,ta,ine persécution amoureuse au mo-

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yen de l~queUe il lui est donné de tour1tlenter ses em5ants du matin au soir, pour les ,faire s'albstenir et approodre sans cesser d 'être ten­drement aimés. Comment ifait-elle? Je rai tOllÛOUlfS vu sallls le cOl11JPrendre, ,car pOW" moi je n ;y entends rien. »

ILa dtatioo est longue. Mais y a-t-il un meilleur moyen de bire connaître l'épouse que d 'entendre le mari?

Mme de Maistre 'surt atteindre l~hérorsme. Fugitive de·vault lia Révoh.l./fli.on, elle tint tête à la misère a:vec le même calme jntr~pide et la même assurance qu'il opposait auoc fau~ dog­mes de 1789. Elle avait édhappé à :travers les plus gra!ll1ds dangers, aux Iballes et aux pri­sons jllJcdbines, mais par qwelles épreuves elle dut passer! «:Mon père, ma mère, mon frère, ma .sœur, êcr.it Constance de Mai'srtTe, Olllt vé­cu quatre ans en état d 'émigration, d'tme pe­tite somme de 3000 f'T-., ISaJUVée Ide la confis.­cation gacolbine. M.a mère .faisa.it la cuisine', ma -sœuli' !balayait, mon f.rère portait 00 petit panier de charbon pour le' pot-a.u .. feu journa­lier, Toute cette str.Lcte économie ~in de ne rpas faire d 'emprunt. Ma mère en était à son demier louis-, lmsque linon père rut, appelé en Sardaigne.

Lo'r.squ'il partit pour St-Péter·sbourg, il sa­vait qu'il pouvait se :reposer sur elie, et lui laisser en gamde la tradition de sa famille à maintenir et à perpétuer. Avec quel génie du cœUIT ,Mme de Maistre y réussit, lui-même en rendit le plus ibeau témoignage:

« Grois-tu, demanda-t-il un joUIt' à Coos­tance, .que j'aurais beaucoup d'obligations à ta mère, .si elle avait composé Ull1 roman, au lieu de 5aire ton frère? Mais «ifai're ton frè­re », ce n'est pEVS le mettre au monde et le poser dans son berceau. Faire ton frère, c'est faire de 1ui un brave Jeune homme, qui croit en Dieu et n 'a pa:s peur du cauoo. »

Il devait écrN-e dans les «Soirées de St­rPéterslboUJrg » :

« l'homme monl est peut-être îormé .à dix ans, et, s 'il ne l'a pas été SiUJr les genoux de sa mère, ce Isera toujOUrl'S U!ll gran.d malheUrr. Rien ne peut remplacer cette édulcation. Si la mère surtout s'est fait 'Un devok d imprlmeT

" \ t""

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ptolontdément SUIt le front de son foi1s le ca­radèTe dJiNin, on pe,um être â peu près sd'r que la main du ,vice ne t'eJkeroa damais. ~

Ces lignes ont '00 tOUlr albs,rrai;f: et wne por­tée 'd'ordre général, mais qui ne sent le phi­losqphe lS~émoUlvoir â les écrire? Il pense d 'a-, bord à sa mère, qUJi 'Venait, la :prière dU! soir termi11ée, l'endormir à la mt1Jsique il1JC0111!Pa­l'ahle des 'Vers de \Radne. Puis l'image de MIme de IMaistre 'se lève, et pendant qu'il cherche du rega·rd une mai~on inconnue à l'autre boUJt de l'EulI'ope, peurt-être le mot des Saintes ECl1'itUires 'a-t-il c!han.té dans son cœur: Prurs Ibona mu1ier bona! ,La bonne part est une bonne femme! . Antoiile LESliRiA.

. ralD r

Le grand orgue Qwand le dernier [idèle tut pa,rti .... Quand d'eus, au loin, perçu le brutt c'.e

la dernière porte, se :fermant sur le dernier bedewu ....

Alor,s, à fâtons, je .sUlÎs aHé dans ma grande, dIa(]js ma Iblafllche égHse, où la lu­mière semble ne o,amai,s tour!: à fAit mourir ....

J...a clarté laiteUlSe de la lune y filtre par un ,vitrail, se brise à l'a,rête d'un 'Ohapitea.u, coule le long d ·.uJl1e colonne, S'étale, glaciale, sur la dalle . ...

Véglise est comme fallltonnale. ll.Jà.-haiUt, dans le mystère des voûtes, Lui,

domine, tout-puissant.

• Je le di sHiflog;ue , comme on dis1,il1'gue l\.1fi1

beau régiment idJalll'S l'omJbre.... Ses ha~üs

tu:yaux sonrt alignés, tels des Can0lJ1S qai vise­raient le ciel. . .. Du fond de sa masse éll'10r­'lIJe, il semble observer ce que je Vi~lS fai.i"e à cette lheUl1'e inso1i:te.

lEt de lui di.g,: C'est ton jour demain , ô orgue! .. , Es-tUJ prêt ... ?

Es-tu prêt sur ton c1a··Il'~r . . . :J \~aOiS les mine détoocs de tes transmissions ... ? dans les t11.llyaux prolfonds où i"ooieront les tonner­Tes de tes accords ... ? Ton moteur est-il au !10int ... ?

Je tourne un bouton et la lumière ruis-selle.

Il semble prêt, l'orgue. Tous ses t1llYa1I.lX étiIrucellent. Tous ses bois 'Sont blonds et ôrés. Les touches d'ivoi,re ap.pellent !a carN,SC

ou la ŒOliCe impérieUlse des doigts. Comme les soldats, dans le « ,Rêve» de De­

taille, 'les violons, violO!I1JCelles, harpes, con­trebasses, 'Chaulclement enveloppés dans lem.rs cOUlvertures, reposent, ou'Vriers de la même

. œuvre, les uns ,contre les 'autres, tOUiS :lippU­yés cOll1tre le grand frère, attendant Pheuae du réveil en btrla're.

Et, sous les voûtes, semblent flotter les âmes mystérieuses de tourtes les harnlO(lies . prêtes à se précipiter au !premier sigtnal, dans l'atonrie des sons, d'y éveiller la 'Vie, d 'éclater dans les trompettes., de œanter dans les Hires, les hautbois, les cors et de pleurer dans la voix humaine.... « Omnis creatura ingemi,sdt .... »

Oui, il est prêt, l'orgue! J'éteins l'électricité. Mais, comme me mère regarde SOU1J enfant,

je le contemple encore, lui, voix, cris, et fon~ nerre de tant de choses, s'endormiT, soIM.­nel, dans -le Ifepos de la nuit.

e Enlfin ... le pâle jour esrt VeA1IU, c.~dre bru­

nreux de la plus chaudie des harmonies. L'orgue s'est :réveillé au bruit de ses ser­

viteUl1's . Pendrunt des heures, il a vu les préparaHis

du combat, Yélglise s'emplir, les Lumières du sancftuailfe ·s'allumer.... Pu'ts deux grands couips de !hallebarde... c'est l'évêque qUoi en-

tre. Alors, le maître est venu, et l'orgue s'est

offert: « Que lVel\lX-tu de moi.··? » Et il fré­missait !Sous les doi,gts encore lointa,ins, c(mt­me piaffe un cl1eval de sang quand un fin ca­val,ier rassemble les 'rênes.

« Ce que ~e 'Veux de toi, ô orgue ... ? rd"a­bord, que tu écoutes. lt

• Un prê-vre, en effet, ·vient de mooter en

chaire pOUII' préciser le 'Sens de la cérémonie. En un la'ngage magnifique, :il montre que

l'orgue est la symphonie grandiose de toutes 'les voix du ciel et de la terre, de toutes les douleuTs, de toutes les esJPéPa(1ces, de toutes les prières.

Il dit qu.e l'Eglise' l'aime, cd orgue, et l 'ho­nore .... IElle 1V0udlI'ait que tous les organis­tes soient des âmes de Lumière... qu'ils aient le respect de l'encenS' d~harmonie qui s 'élève en~re leurs doigts... conscience Ide ce qu'ils

.doivent éveiller ou endormir dans les cœurs. •. . Elle rvoudlrait que tous ceux qui ,chan­foot à la tribune comprennent la beauté de ce qu'ils disent, et le disent avec 5ierfé et dis~ tindion ... ·se sentant l'expression de la foi séculaire de loute leur race.

'Il raoppdle que tout dws la nature chante la gloire de Dieu, le murmure de la forêt ) le mugissement de la tempête, le :bou:rdolIlnement de l'insecte, les mélodieux «nocturnes l> du rossignol.

Et aussi l'âme humaine, moins éclatante, mais aurkement tpui'S'sante et ~haude et hono­rante, parce que libre ... l'âme humaine, vio­lon vivant, qui vi:bresoUos le COUip d:'~rchet de la douleoc et de l'amoulI'... conque sonore où alboUJtissent le cri de toutes les révoltes et le 's'anglot de toutes les prières... implora­tion suprême, yeux leovés, mains tendues de toute la paulVre ihumanHé.

,Mais la voix de la nature et la voix de l'âme ne suffiosent pas ... elles ne sont pas toulÏOUl1'S là. . . pas touôou,rs prêtes . . . .

C'est alors que l'org.ue est né ... l'orgue, synthèse, ampliücation, !l1lagnifiœnœ de tout . .. l'orgue, voix des pierres, cris mUillâiples et opposés comme les toos des verrières ... rorgue, voix de la terre, des enfers et du ciel. . . . «Moagn-ilicat anima :mea!... Dies irre, dies Hia!... Te -Deum laudamus'!· , . »

~

,Mais là-haut, l'orgue s'impatiente, il ne peut pl'lliS attendll'e .... Les doigts du maître se ,sont mainienant posés SUir lui.... C'est

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SOill fou,r, son heUtre ... sa minute sacrée .... « Veni Oreator!» ... .

,Les voûtes s'emplissent, les verrières fré­missent entre lewr·s agra~es de plomb, les cœU!fS toquent plus fort dan.s les poitrines, les maiœ deviennent fébriles. . . certains yetliX se 'Voilent de larmes.

Après êt're montée, très haut, l'harmonie s'étend et plaRe ....

L'Hostie vient d'être érigée là-ba.s, sur l'autel ....

La 'Voix de l'orgue alors redescend. Elle' rampe comme le tapis du iemple; elle se sou­lève comme un esdave; elle se dresse dOUlce­ment comUle un brin d'hel~be; elle 's'incline a vec grâce et [rakheur comme une jeune neur endiamantée de rosée; elle se lève comme des mains impLorantes; eHe scande ses accords ... 00 dirait 00 peuple entier qui mM'que le pas 1

de'Vant la Divinité .... Désormais, rien one le retient plus! Sous les ailes g11'andes ouv~tes sou1fHe le

vent de l'immense eSipace. L 'assistance est delbout .... « Gloria in eXlcelsis Deo! l> •••

o Ce soir- ~à, à la même heure que la veiJ.le,

je sui's aUé le revoir, I11QU grand orgue. Je voulais le féliciter .•.. Il ét:ait llà., très ·calme dans le royaume du

silence. Ile ,ciel ent'rait pa.r la même verrière. Mais le rayon de :l 'astre des nuits illumi­

nait towt le ha'll~ de la tr~bune, comme s'il avait 'che~c1hé le maître, et, ne le trouvant plus, baisait au tront son :Îrn:strUJtneLl1.t magmifique, ipou:r lui di're « merd» de la part du Dieu .qur'il avait si fbien chanté ....

Pie'l·'1'e Z' ]jJ1·mite.

·--_œ_a ......... ~------

Les oiseaux et l'agriculture Nous sommes à l'iheUlfe du tfenou'Veau: les

plantes entrent en pleine ,végétation, les ·ar­bres portent leUJI1S fleu'f's, prames'ses des fr,uÜs; La tfécolte de l'année se prépare dans les

"~"~t"~, .", , , 1 l , · e ,

Page 21: L'Ecole primaire, avril 1921

champs·, les praj'ries, les veil'gers, la 'vigme, les bois et la forêt. En même temp~, les inse.ctes vont pulluiler pa-!" myr:iades, ellll1emis, a'vec les rongewrs, de la récolte dont ils pOUJrswvent la 'destruction ûu!sqiUe dans les gIeUliers. M,ais c'est aussi l-a saison des nids et les oiseaux 'voot en'hrer en chasse pour protéger les biens de la te'fire contre leurs déprédations.

Voi1seau n 'a pa's été wllti,quemoot créé pQl\Jlf égayer de -ses ,dhanns la natllll'e, il a une m1s~ sion bien au,trement importante à: ,rempliT. Il est l'auxiLia!ÎTe vig1Ïilant, i:l1ifatigruble de l'agri­cultu,re 'qlUiÏ tOLl1jowrs ne le paye pas de re­tour, 1runt es1 gJraru:le rill11prévoyance humai­ne. Sans l'oiseau, aUCUil1e agri,culture ne se­rait pos'sible, en détnci:sarn.f les insectes et les petits tfongeurs, il fait un trav-a:il que des mil­lions de maill1S rd !hommes ale lfeT'aient pas de moitié 'auss1 bieŒlJ et rutl!ssi complètement. Qui, pa,r exemple, hors le petit oisearu, pO'l1!frait guetier et saisir le charançon, long de cinq miolliunètres quand, au mHieu d~un ch,amp de blé, il s'apprête â. déposer ses œ!lfs dans les

gI·ains en formation? Aussi n 'est-'ce pas sans raisOrIJ. qu'on a !St1lI11ommé l'oiserullJ insectivore «range .galfdielll de l'épi de iblé» de ce bel épi de blé qui tlOI.lJS Idonne le pain ql.lJotidien.

Cha·qoo végétal nOilllf1"it 'au moins six espè­ces d'ÎlILsectes, ce qll.lJÏ ~ait, en adoptant le cal­cuil qui porte le nombre des espèces végéta­les â 120,000, qu'il peut bien y aNoÎ>r 'sur la sUIlif.ace d€l l,a terre de 7 à. 800,000 espèces d'i11Isoctes.

/PaT. contre, on évalu~ à 350 environ les es­pèces d"O'Îlseaux qui pOll1dent dans notre pays. !Mais toutes ll1ej soot pas égaJ.emeut utiles à l'aglricuillwre; il y en a tp,êmeJ dans le nom­bre, qui lui ~ont IbeaJUlCoup de mal', non pa's dilfectement, en atfaqooflit les récoltes, mais indirectement eIJl détr'l1Jisant beaucoUjp d'oi­seaux rnas,seUlfs d 'insectes. ,Presque ,tous les oiseaux de proie diu:!:nes s'Ont, pour celte rai-5011, des êtres Imalfai;sants, tels s,oot, entre arurtres, le rfaucoll1, le hOlbereaou, l'émerillon, La ,créœreUe, Pépervier, le milan, l'autoUil', le bu­z.ani. Seules méritent qu'on fasse illlIle excep­lion honorable en le1l1f faveJUr la !buse com­mune et ~a buse hondrée, dont chaque iil1di-

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vidu dié'yoo,re aJ1lt1JUe1lement près de 6000 sou­:r~s. IPMmi les oÎlseaulX de proie nocturnes, le grand-duc es~ 'véritahlement seUil à Œ."edouter. Quant à -la chouette, au h,ibou, au -s'cops, à l'et1f.raie, etc., que l'ignorance powrs'll!Ît sotte­;ment 'comme oiseaux de mauvais augure, le ouJrtivateur dev,rait les ,bénk, CM, mil1ë fois 1Dieuoc que les abats, ils pOUlf8uivent les Tats et les 1S00000Jls dai!lJS les granges et les gre!!1ietrs, et, dan'SI les dhamps, ils détruisent d'innom­brables q'Ua~tités de campagllJJolls, de mllllots, de loirs et de lérots. Notons eIlJJcore que, dans la -saison des hannetoos, toutes les espèces en font leUJr prindpale nouxritIDre, et qu'en­lin 'seules, alVec l.'engouleved1lf, elles peuvellli' faiTe la chasse amc papillOll1s noctumes et aux insectes crépusoulaires.

La pie, le geai et la corneille noÎ['e sont généTalement considérés, et 'souvent avec !fai­son, comme uuisibles et cependant il fam iŒlis­orire à l'actilf de la pie qu'elle ooa'sse vigou­reLl1seunent les larves qu'elle va cherClher jus­que dlalllS la laine des moutons et sur le dos des vaches, où elles forment des tUiJl1eUJfs so~ vent 'volumineuses.

Ile corlbeallJ lJiOO plus ne mérite pa's tout le mal qu'on en dit, c'es,t -00 g'J'and destructew de IOmJbr.Îlcs, de laorves,siUJrtout de vers blancs. La corneille manrtelée ou meunière, le freux OUi 'c()J'l!leille mois,sonneuse, le ohou/cas ou pe­tite co,meille des cloc!hers soot aussi des oi­seruuoc éminemment utHes. Il en est de 'même de la cOIlillei.hle bleue, qui se plaît 'S'U!f les tas Ide genbes aJU moment de la moisson et se nO'11ll'rit uniquement de gros insectes et de sauterelles. 'PaTmi les oiseaux des autres fa­milles, l'alouette, le moill1eau, le bmll1at, la mé­sooge, le friquet, le pili1Son, la linotte, le bou­vrewl, le 10Œ."iot, le tarin" le chaTdOl11l1eret, le verdier, le 'SanSOŒ1t.1let, etc., 500ft à double ali­ment.ation, camLcores et ill1!sedi'Vores,lliUÎs,i­hIes sous le p:remier Tapport, wtiles S'DUS le second. .M'ais tout compte !fait, la somme des ava.ntages l'emporte SUIf celle des inconvé­nients. D'ailloo!fs ils foot surtout une gll"ande consommation de fruits sauvages et de grai­nes de plantes inutiles, pall1fo1s même nuisi­bles à nos cultures. Un de ces oiseaux sus-

pects, le moineau, notre vulgaire piel1'l'ot, le plus mal [amé de tous et 'qu'oll] regrurde géné­ralemell1t comme un Wronté pilla:rd, a été rélha'bilité et on l'la !l'appeLé là où on l'avait jadis traqué et même mis sa tête à prix, com­me en Hongrie, en PTuls'se, dhns le pays de Bade et dans plusieurs parlies de l'Angle­terre. Les pigeons eu~-m'êmes, aussi bien les sauvages que les domestiques, filOUS Tendent d'incon~es~aJbles ser'vi'ces, car, s~i1s ne détrui­sent pas d'imlsectes et s'il'S fout quelque dOIT1i­mage au temps des semailles, ils COllsom­l11eJnJt, pendoot le Teste de l'année, les graines de la nielle, du bluet, de la vesce s'auvage, plall1tes très nuisibles aux récoltes, et surtout celles de liérule, qui sont vénélneuses et -que les autres gralliÎvores ne pewve'l1ot manger im­puil1Jément.

Ces oÎ;sea'u.x doot nous venol!1lS de domll1er l'énumération, forcément incomplète, mous font !payer Il\!ll [peu leUil's 'serviœs; au cootrai· re, ceux ,qui 'soll1li: excI.wsivement insedivores, nous les Tendent gratuitement, telssoni les grimpereaux, les pics, les hirondelles, les fau­IVettes, les ,fooSiserolles" les poupillots, les Calf

blancs, les gll'i'ves, les traquets" les bergeron­nettes, les Ihoohequ.eues, les IfOS:Sig1l1ds, les roitelets, les -coocous, qu,i u:otamment détrui­sent les ,Chenil[es velues que :les auœres oi­s.e3!UX n'osent attaquer, les twglodytes, les engoulevents, les !fouges-gorges, etc.

L'lhomme en reconnaissatllce du bien qu'il en tfeçoit at~nüt dû prendre les oiserulliX sous sa protection :S!Pécia[e. Loin de là, c'est lu~, c1es.t l 'Ja!!1r.i.culteUJr rrlfès soulVent .qui est leur ennemi ~ plws impitoyable. On ne :s'aurai,t se Ifaire une idée de La qUJall11ité de petits oiseaux - c'eSlt pat! centanl1es de mille - qui se dé­truit chaque a'11l1ée et, par suite des monceaux de hlé, de if.ruits et ~ pièces Ide vins dont no­tre ;récoIrte est diminuée. Nos campag'nes se dépeuplent d 'oiseaJUx, 1e mal est grall1d, un jour, qUIÎ n'est petut-être pas IOÎlI.1o, il 'sera sans ~emède. ,Robert DElL YS.

:~ Une vie oisive est ,Ullle mort an1:ic~e, Gratry.

'il

Variétés

PROF A!NATEUR PUNI Le fait rapporté lPar les !journaux italiens

~l 'a pas manqué de provoquer l\Jl1e émotion bien compn~hensib:e dans la contrée de Flo­rence où il s'est !proœLl1it.

Un vigoUJreux geooe homme de 24 ans, du nOUl! de Giacomelli, se promenait accompagné de son chiel!l" ,am eO:LVÎ'rons de Orespiwa avec un ami- En pa'ssant devant une nma'ge de la Sainte Vierge encastrée dans me muraille, celui-ci se décoUJVrit respectueusement. Giaco­~1li, au contraire, voulant fai,re l'esprit fort, se raillait de son comprugnoll, pr,it s'On chien et lui frotta le mll'sea-u conrtre la Sainte Vier­ge. Mais à. :peine 'avait-iL aoccompli cet acte sacri'lège qu'il resta fixé s,ur place sans pou­voir 1alÎlre Utl1 mOUNement. Tous les elff,oLl'ts, de soo ami et d'autres :personnes !pOUT le tirer de cette situation :fulJ:en~ :vains. li ne resta rioo à [aire ,qu:1à tra'nsporter le tThl1heureux à ·son domidle.

Les médecins, enftre autres le docteur Boggi de Tanglia, purent enfirtl" après !pLusci.eUlfs heu­'l'es. de Peines, Ifamener le mouvemoo,t dans les mernlbres engourdis. Mai,s alors .se pro­duisit Uill autre .phénomène: ,Le profanateur commem.ça â pousser des aboiements qui ne s'arrêt.aient ni jOUlf, n:i nuit. Un gnnd nom­bre de personnes se ifendirent devant la mai­oSonl pOiUtr entendre ces cris étranges et être t'émoÎn de ce ter.r.i~iant spedade.

Le libéra:l "Cor,riere della Sera" qui ra­COMe cet ~vQ1.emet1.t lajou1e que les. personnes de foi y voÎmt une puni1iolll' d'En-Haut, tan­dis que d"autres ne veulent lecOillsidérer 'que comme un cas eurieulX d'autosuggestion. De quelque Illom que iton désigne .cet état patho­logi,que, il e;st difficile de n'y pas Tecoooaître le doi~t de Dieu.

* ~ ~ t Il y ·a longte~ps qu'un des maîtl-es de

la morale antique Fa dit: «,L'esprit deS! en­fants u'est pas wn lvase que noUlS ayons â rem­pli'r; c'est 00 foyer iClU'il Ifaut échalUJÏfer. »

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"Le Je rue" 1111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111::/:::::::/://111/:/::1//1Il:

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cune (non compris la couverture) et forme ainsi au bout de l'année, un joli volume d'environ 200 pages.

Pour s'abonner ou recevoir N° spécimen, s'adresser à l'Administra­tion du journal, Imprimerie Delacoste-Borgeaud, Lausanne, auprès de la­quelle les abonnements peuvent se régler sans frais à son cOlnpte de chè­que postal (II. 792).

Voici le programme du nouveau recueil, tel qu'exposé par son fon­dateur dans le 1er N° (janvier 1911).

Chère Jeunesse des Ecoles, Sion, Décembre 1910.

Voici un petit journal fondé spécialement à votre intention. Son programme peut se résumer en ces trois mots :

Edifier - ·Instruire - Récréer Edifier, r.'est-à- dire vous porter au bien et à la vertu par de sages conseils et de bons

exemples puisés dans la religion et la morale . . Instruire, c'est-à-dire conserver et augmenter le petit savoir que vous pouvez avoir

déjà acquis au sein de la famille ou' sur les bancs de l'école, grâce à vos chers parents et à vos maîtres et maîtresses capables et dévoués.

. Récréer, c'est-à-dire mêler l'agréable à l'utile pour vous faire trouver, après le tra­vaIl, un délassement honnête et permis, une récréation saine par une lecture appropriée à votre âge et à votre intelligence.

. . Tous, jeunes garçons et. gentilles fillettes, qui maintenant savez lire, vous regarderez ce petIt Journal comme un conseIller, un guide et Un ami sûr.

Il a voulu s'appeler Le Jeune Catholique parce qu'il vous est particulièrement destiné et qu'il s'adaptera à vot~e foi et à vos croyances. A ses côtés vous serez et resterez, toujours et partout, des enfants alm~nt!l, soumis et respectueux de notre Sainte Mère l'Eglise, dans laquelle vous êtes nés et ou vous voulez mourir.

Ainsi, ch~rs enfants, ce petit journal sera pour vous un aimable compagnon qui vien­dra tou~ les mOl~ ~l'appe! à votre porte. Ouvrez-la lui toute grande et ne vous contentez pas de le bIen a~cueIllIr, malS tâchez, en actifs zélateurs et vaillantes zélatrices que vous devez être, de le. faIre connaître et de le répandre autour de vous. Par là, tout en contribuant à une bonn~ ~ctlOn, ce sera affirmer que le Jeune Oatholique est venu à son heure prendre sa place au mIlIeu de vous tous. Puisse-t-il l'y occuper toujours, s'il nous est donné d'atteindre le but pI:.oposé. Pour l'Aministratio'll et la Rédaction.'

P. PIGNAT.

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