l'ecole primaire 15 octobre 1942

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SION, 15 Octobre No 1 :PARAISSAHT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE LA ·. SOCléTÉ VALAISANNE D'EDUCATION AB 0 N N E MEN TAN NUE L: Fr. 7.50 62ème Année. les abonnements se règlent par chèque postal" c 56 Sion. ou à ce défaut contre remboursement Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. CI. BÉRARD. Instituteur, Sierre -- Les annonces sont reçues exclusivement par -- PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité SION Avenue de la Gare Téléphone 2 12 36

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Page 1: L'Ecole primaire 15 octobre 1942

Répertoire des Bonnes Adresses

tcole de Commerce de Jeunes Gens BIERRB

confiée aux Chanoines de St~Ma.uricE". - Internat. -Confort. - Cours préparatoi­re (1 an). - Cours commer­ciaux (3 ans) . OUVERTURE DES COURS

à Pâques.

fca·sse Sc>ciété Mutuelle

ALLEMAND, ANGLAIS ou ITALIEN garanti en 2 mois, parlé et écrit. (Nouv. cours tous les 15 jours). Diplômes, langues, secrétaire stén 0 - da ct y 1 0, interprète et comptable en 3, 4 et 6 mois. Pr~p. emplois fédéraux en 3

mois. Classes de 5 élèves. É COL EST A M É, Lucerne 50 ou Neuchâtel 50

et Zurich. Limrnatquai 30.

,e' dU valaï;l SION

20 ag·ences dans le canton.

(.'ontrol .. otlici('1 peruuHae.... . .__ 1

Toutes opérations de banque aux conditions les plus favorab~

SION, 15 Octobre 194~. No 1

:PARAISSAHT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE

ORG~NE D~ LA ·.SOCléTÉ VALAISANNE D'EDUCATION

AB 0 N N E MEN TAN NUE L: Fr. 7.50

62ème Année.

les abonnements se règlent par chèque postal" c 56 Sion. ou à ce défaut contre remboursement Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. CI. BÉRARD. Instituteur, Sierre

-- Les annonces sont reçues exclusivement par --PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité SION Avenue de la Gare Téléphone 2 12 36

Page 2: L'Ecole primaire 15 octobre 1942

Enseignemant ménager et professionnel: CHEZ NOUS

' Manuel ,cl'éducation ménagèl'8 dédié aux jeunes fille::; des écot :-; primair

pal' F,-:M, (;n.AND, Un \'o.lu-me in-Hl cal'tonné, illu.'tl'é , Fr. 3.-

L'esprit qui anime cet ouvrage. le' pensées qu'il éveille lEG ré­flexions qu'il ,fait naître, de même quo les notions pratiques qu'il donne Ubéral,e.meni, en ont fait tout do uite la clE'f de ,oûte de- l'enseigne­ment ménager dans les éroles, le manue.l préféré de nos jeunas filles et .l'a;mi auquel on garde toujours uno 'pla·ce clans la bi,bliothèque fa­miliale.

NOS BONNES RECETTES Manuel de cuisine

à L'usage des écoles ·ménagères pal' L. ~/LELLET-BRIOD

Un \olume in-16 cartonné, avec 29 illustrations. . . . . Fr. 3.-L'auteur a élaboré son ,manuE·1 s2lon un méthode 'progressive

en commençant toujours 'pal' les mets le:::; plus si,mples à alp'prêter. iI .... or,dre et la précision sont néc'essaires d~l;l1s un ménage bien tenu et dans la 'préparation d'une nourriture saine et appétissante. Les recettes sont simples, claires et peu coùteuses, qualités d'autant plus néc,essaires qu~ les tem,ps sont durs.

MANUEL DE CUISINE à l'usaga des cours et école. 'profes. ionnels, pen ionna t, ...

et maîtresses de rmaison ipar G. H Y\iVtARD

Un volume in~8° rartonné .... , . . . . . . . . Fr. 5.-L 'auteur, ,praticien éprouvé et prof,esseul', a conçu son ouvrage

dans un esprit pratique. Le Manuel (le cuisine contient. 750 recettes simples et claire·ment x'posées convenallt à la C'uis in familiale.

Une alimentation rationnelle et écono­mique malgré les restrictions actuelles

·publié par le Dé<partement de nnstruction publiqu ~ avec la col1::vboration du Départ,ement de 1 agri,culture

Une broc-hure in-3° ..•......... .. .. Fr. 0.50 Dans la 'Pl'emièr a ,11arti e le Dr Fleisch donne le ' bases l'ullE"aii,

Inentation ra tio llJ1elle. La seconde rontient des receitp:-; coL ,de con­seils pour lr.L ·pré.paration de .plats siiluples. C'e t la théorie et la l))'a ­tique ex'pliquées clairement en que.l,ques page. qui ~el'ont un gnide utIle dans le.:> conditions actuelles.

LIBRAIRIE PAVOT Lausanne - Genève - Neuchâtel - Vevey. Montreux - Berne - Bâle

SION) 15 Octobl'e 194-2. No 1.. 62ème Année.

L'ÉCOLE PRIMAIRE ORGANE DE lA SOCltTË VALAISANNE D;ÉDUCATION

SlQlVùl\1iAIR'E: COMM\UiNI,CATIOlNlS DIVE'RlSIES: l'nstructiol1. .concer­nant -le don des métaux. --.:. Retraite 'de-s anciennes élèves. - Notre retraite. - Abonnements -à 1"EIOOILE PIR'nMlA!IRIE. - Avis - PAR­TI'E PEVAGOGIQUE : Le visruge -d3 ,mon pays. - Nos cLasses e'rl-1antines. - Souvenir -de la rentrée. - Dyna;misme dirigé. - En avant 1. - PARTItE PRA1'IQUlE: Langue (française, centres d'in­tér,êt, 1ère et 2ème semaines. - Dictée de c.ontrô.lE·. - Les belles histoires. - N éerologie. - Bilbliographie.

Instruction concernant l'action nationale du don des métaux

Le Corps enseignant ainsi que les ,é'lèves des classes pri­nl.aires 'et secondaires seront ,appeiJ.és à collaborer à l'action na­tionale du Don des Métaux.

A cet effet, il y aura lieu de prévoir dans 'le prograJ.nme d'en~ sei.gnement une leçon de choses en vue d'initi'er 'les élèves à cette action d'une iUl.pofttanoe vitale pour notre économie nationale. L'Office crantonal de l'EconOlnie de guerre ardressel'a ,au' Person­nel enseignant une brochure destinée à la Ileçon de ,choses prév'U~.

Dans les centres de la plaine, là savoir Sion, Sierre, Marti­gny, St-l\1aurice, Monthey, Viège et Brigue, 'cette action débutera le 19 o'Ctobre et sera dirigée par les Edaireurs.

Hans les lautres COlnmunes, ,eUe débutera 'lOTS de la rentrée des reliasses, mais au plus tôt le 19 octobre et au plus tard le 7 novembre 1942.

Pour assureT à cette a.ction le maximum de réussite, il se­l'aH opportun de charger tes élèves de faire une tournée de pro­pagande auprès de chaque mérraoge quelqU'es jours avant la visite destinée à recueiillh' les métaux offerts par la popullation.

Pour tous renseignements complémentaires, 1'1 y aura lieu de se mettre en rfrpport avec l'autorité communale.

, , ~Le JChef du IDépaI'tement de l'Instruction publique:

'Cyr. PITTlELOIUD. '

Page 3: L'Ecole primaire 15 octobre 1942

Ecole normale des IfiUes ISion

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Retraite des anciennes élèves La rentrée prématurée des élèves . de 'l'Ecole normale n'ayant

pas· permis Worganisatiorn ·de ~a retraite des Institutrices au début de septembre comme à l'ordinaire, M'ünsieur le Chef du Dépar­tement de 'l'Instruction publiquE1 'VIeut bien accorder . trois jours de Icongé ·aux nOITIl!3.tJiennes.

Nous ~'en remelfcions bi,en sincèrement et avons le plaisir d'inviter les !anCÎ'ennes· lélèves à la rel-rai,te qui se donnera à leur -intention )du 28 octobre lau soir au 'matin du 1er novembre.

Toutes' les institutri'Oes qui ont fait Jeurs études dans un au-1re étahlisseIn!ent sont aussi très cordia'}ement invitées à cette retraite.

Le ----ix de la pension est 13 fr. et 20 coupons de .repas. Prière ide 's'inS'crÎ're jusqu'au 25 octobre.

La Direction.

Notre retraite Quand nous étions normaliennes, Il'annonce ide t'ouverture

de la retraite ne 1aissait ~'~s de nous impressionner ,que'lque peu. Trois jours de silence, de prièfle, de sérieuse réflexion. rien de bien tentant pour des jeunes, amies de tout ce qui rit, lde tout ce qui chante. Penser à 'la m'Oct quand on a 15 ans, ,méditer sur l'en­fer, .lSur les devoirs de la vie ,chrétienne, quel cauchemir! L'on s'y m 'ettait tout' de 'même, tant bien que mal, parfois plutôt mal que bien, on s'y m'ettait 'enfin de toute sa 'bonne vo'lonté. Dès la première ~nstruction le Père P.rédioateur avait 'Soin de rassurer son craintif auditoire, 'la grâ.oe de Dieu aidant, on s'apercevait que ce n'était pas si terrih~e et, qu'après tout, 'S'il y a des vé­rités 'capables ide donner le frisson, elles ne sont pas moins con­soiantes : leUes nous donnent le vrai -sens de la vi'e, et 'a'vec lui un inconfusible optimis·me. Bref J'a retraite se poursuivait avec 'gé­nérosité et s'achevait dans une joie profonde. Pour quelques-unes n'a-t-eltle pas inauguré parfois une vie nouvelle?

Institutrices, nous n'lavons plus ces craintes puériles: nous osons voir ,et réfléchir. L'expérience nous instruit chaque jour. La vie n'est pas la libeIié joyeuse et insouciante qui nous appa­raissait « enfin}) à notre sortie de l'Ecole Normale. Nous savons réfléchir et pourtant une certaine .crainte de rentrer en nous-mê­m,es nous saisit peut-être encore ,quand on nous parle de retraite.

C'est si 'comm~de de se laisser vivre tout doucement: il ne faut pas prendre la vie au tragique. Lia retraite nous enseigne à pren-

dre la vie non pas au tragique, ln ais au seneux. EUe nous rap­pelle le but de cette vie. Que nous nous en rendiOns compte DU non il est certain que le matérialiSime ,a-ctuel tend à nous le faire ou­blier, oui, mêlne à nous, institutrices, à nous qui deyons cepen­dant montrer à nos élèves, la voie droite, le but à aUèindre. Nous voulons .l' « Ecule pour -la vie», la vie d'aujourd'hui, de demain, cette vie ,qui passe, mais ceHe-Ià en fonction .de cene qui delneure.

La vie, a-t-on dit, est « une belle aventure à ,courir». Une belle aventure qu'ill faut préparer. Aussi bien des ,gens aujourd'­hui qui veulent T'emplir l~ur vie, ceux surtout qui ont mission de ,conduire les autres, lconsacrent de longues heures à Ja retraite, à la réflexion.

Nous avons sans doute toutes entendu citer l'exemple du marécha'l Foch: .Lorsqu'il avait une grande offensiv1e à préparer, il allait d'abord à l'église passer une demi-heure devant 1e St. Sacrement.

Des soldats, des ouvriers, des intellectuels font actuellement leur retraite chaque année. Des écrhllains de renom consacrent à cet exercice une setnaine entière, et ils ne croient pas perdre leur temps!

Nous ,savons, pour l'avoir expérimenté souvent, quel renou­veau de vie nous donne la retraite. Renouveau de vie spiritueUe, 'malgré toute notre vigüance, cette vie qui tend bien un neu, ,cha­que jour à s'étioler; il ,lui faut ,de telnps à ,autre une nour,riture plus abondante. Renouveau de vie intellectuelle aussi. La retraite n'est pas un cours, et pourtant que de choses utHes eHe nous ap­·prend, dont notre classe bénéficiera.

Les prédicateurs, habituellement ·des professionnels de l'en­seignement, connaissent nos difficultés, nous aident à les résou­dre, nous font part de 1eurs expériences, font revivl~e à nos yeux le :bel idéal de l'institutrice chrétienne.

A cette aide précieuse qu'est la parole de prédicateur s'en joint au ,cours de la retrtaite une autre plus puissante encore: la grâce de Dieu. E[~e nous .est donnée, durant ces trois jours palfticulièrem-ent abondante; et ~es sacdfices que nous avons dû nous imposer pour la recevoir la rendent pius spécia'lement effi­cace.

La c1asse va recomilnencer. C'est pour nous une bien grande joie de reprendre cette tâche ,que nous aimons. Nous voyons déjà ces cheTS ·enfants ,qui nous attendent. Ils nous reviennent après de longues vacances, pl'eins de vÏe et de santé, plein's de bonne volonté ,aussi, de désir d':apprendre.

Ils ,reviennent à n'ous pleins de ,confiance. Nous ·allons à eux de tout notre ,cœur, ~'eur donnant Ile meil~eur de nous-mêmes.

Leur faire ·connaître ,et ,aimer le vrai, ~e beau, le bien, n'est­ce pas notre ,grande ambition? Les préparer ' à vivre leur vie

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grande et belle - elle peut l'être dans le Icadre Je plus modeste, - n'est-ce :pas notre vie à nous institutrices?

Songeant donc à ces ·chers enf'ants, voulant leur donner une plus grande richesse de ,vie, nous viendrons nous enrichir d'abord nous-m,êmes dans une bonne retraite! Sr. A.

Abcnuement à l'Eecle primaire Nous tenons à rappeler au début de J}' année ·scol'aire que

l'abonnement à l' « Ecole Ptrimaire» est fixé pour tout le monde à fI'. 7.50. Tout prélèvement supérieur à ce ·montant ne ,concerne pas le journal.

AVIS Nous pripns nos correspondants de ne pas attendre le der­

nier .nloment avant de nous faire parvenir leurs Icommunications. Les articles paraîtront dans l'ordre de leur réception.

P ARTI]E PEDAGOGIQUE 1 Le visage de mon pa~s

Encore une année! Trente jours par an au pays, c'est peu de chose, M·ais ce temps suffit pour une reprise de contact. COln­me une p-lante altér~e qu'on retrempe dans l'eau fraîche, mon cœur se remet à vivre. La saison donnée nous rend les saisons Iperdues : l'hiver tranquille sous la neige, le doux printemps, la flor.aison de J'épine-vinette et de réglantine; et plus tard, mainte­nant, le bel automne impossible avec sa transparence, la campa­gne dépouillée de ses fruits, ,qui ne laisse partout que 'liberté et lumière. Tout cela, c'est ce que l'absent ne connaît plus, et dont la nostalgie des paisibles dimanches le fait rêver, comme les hé­breux sur Jles fleuves de Baby1one. ,M'ais l'été, un p'eu de .J'été, 'lui est rendu; alors, d'une ·année à .l'autre, son regard mélancolique ou réjoui mesure tour-à-tour ,ce qui reste, 'ce ,qui 'change ·et... ce qui meurt.

. Ce qui l'este? La TERRE. Le ·so'lleil. La pluie. Les bonnes saisons. La danse des couleurs ·sur les 'coteaux, l'alternance des foins blonds avec l'or des blés et -la verte douceur des pâturages;

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le TRAVAIL de la terre, la ·paix que donne l'œuvre de nos mains, la joi·e de toucher et de serrer à pleins bras ile foin, le froment et toute l'odorante ,richesse que fournit la glèbe; la com-· lnunion quotidienne avec üelle '.que nous connaissons et ainl0ns, notre Mère saluée au premier jour et au dernier, 'quand elle nous recevra dans son sein avec nos peines endormies et notre éphé­mère bonheur;

la FOI encore nous reste, qui nous apprend le ciel et dirige nous regards. Elle fait des visages sereins comme ·celui de ma re­grettée mère, tout rayonnants de comtemplation divine et d'espé­rance. Et pour ma consolation je rencontre toujours eette vieille infirme, son 'amie, qui ne 'ces·se de 'louer Dieu parce que nous ha­bitons un beau pays préservé, où la terre est un reflet ,al'dent du ciel. Et cette forte race des doux continue, peut-être en la per­sonne de ces deux jeunes évolénardes, grande et petite sœur, qui, par le dimanche soir apaisé, s'en reviennent de Notre Dame de la Garde, gracieuses et modestes dans leur 'costume, priant tout haut le chapelet 'que leurs mains égrènent. H nous reste tout cel:a, depuis le solI retourné jusqu'à ,la croix qui domine ia flèche de nos 'églises, Dieu merci, et n'Os cloches qui chantent la même espé­ranc'e, la même gloire toujours.

Ce qui change, 'c'est pour renaître ou pour mourir. La guerre elle-même ne contribue-t-el1e pas, dans certains domaines, à nous refaire plus humains, à restituer certaines choses que nous ne connaissions plus? La nécessité de nous ravitailler et de fournir au pays le pain du corps a étendu la face de nos champs, rouvert nos moulins; pour 'le fléau qui chantait à 10ngueuTs d'hivers et qui ne suffit plus, 'la batteuse emplit le vallon de son ·bourdonne­ment.

Le souci de retrouver une étoffe solide que J'étranger n'of­fre plus nous rend les brebis que nous 'ai.mions. Le jour de la dés­alpe, sous un soleil .de fête, le vinage entier attendait autour du parc le troupeau bêlant; la joie berçait le cœur des jeunes et des vieux, tout comme autrefois; tel vieux garçon allait pleurer .parce que sa bête préférée avait perdu sa corne ...

Ce qui meurt. Hélas! i,l f.aut ·ajouter ce ·chapitre. Ce qui meurt, c'est LA MAISON, par 'ce lourd changement qui enlaidit le visage du pays, par ce goût du confort et ce goût .de la heauté qui a barbouillé nos villages et nos mayens de volets peints et de tôles; par cette pal'esse enfin qui produit saleté et désordre et, fatalement, désaffection à l'égard dé la .bonne maison pater­neUe.

C'est encore le COS'I1U~ME .qui meurt. Au fond du vallon, dans le cirque :des hauts glaciers et des cimes, une rustique ,cha­pelle voit accourir, comme .autrefois, la population de la grande paroisse . .conlme autrefois? Non, hélas! La dignité des costumes féminins en faisait une vision de noblesse et de beauté. Les jeu-

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nes filles, aujourd'hui, ont 'choisi les étoffes ŒégèT·es et Iles cou­leurs voyantes qui 1es moulent si désastreusement; et si vous 'avez la charité de 'leur dire 'combien 'oela leur va mal, la m'Ûue qu'elles feront achèvera ce tableau désespéré. La mort des cos­tumes est aussi triste que la disparition des fleurs.

Il me semble que la JOIE; elle ,aussi, dans une 'certaine llle­sure, est en train de lllourir - je devrais plutôt dire 'le CONTEN­TEMENT DE L'AME, - par l'effet.de l'argent. Comme en 1914-1918, la commune rurale devient industrielle ·et ouvrière avec tout ce que· 'cela comporte d'erreurs, de folie et de vertige, quand l'argent tombe en abondance -entre de jeunes mains avides. Alors, parce qu'il est plus comlllode ,d'espérer le grand soir que de faire des écononlies, rien ne retient plus le jeune homllle : ni la terre, ni la ,maison natale, ni l'église. La messe :du dinmanche, longtemps écoutée distraitenlent ·et à distance autour d 'une cha­pelle de la montagne, n'est bientôt plus qu'un accessoire inconnu; mais pour rien au monde il ne faudrait 'manquer la partie de cartes ou le cirque Knie. Une femme en pleurs vient emprunter de l'argent pour acheter un pain: son m'ari, ,qt.lÏ 'a reçu la quin­zaine la veille, l'a entièr'ement dépensée au café pendant la nuit.

Par 'suite disparaît également l'AMOUR DE LA TERR'E. J'entends dire ceci: « que l'agHculture, et surtout l'agricul­

ture de nos montagnes, vit en état de surélévation 'et d 'équilibre instable COlllme le Rhône entre ses digues, - entretenue par des subsides qui manqueront un jour, 1a laissant lllourir de sa belle mort. »

Ce jour-là nos nl10ntagnes ne mourront pas s·eules. Le jour où ne vira plus 'que l'industJ:ie et 'la Igl'ande agriculture industria­Usée, nous serons une ,masse d 'hOlllm'es sans racines, prêts à êt re déportés au luoindre .signe des vainqueurs ou des fous. Vraiment le sens de la Iiberté ne se trouve que dans 'la terre, la terre connue, aimée, respectée en sa possession, qui 'apprend le travail, la nle­sure ·et l"espérance . .

« Tot nos tzandze et rein nos 'm .eleil'e »

dit un proverbe. C'est-à-dire: Tout change, mais rien ne change en bien. Les instituteurs et institutric-es de 'mon pays peuvent beaucoup pour faire m·entir cet adag'e. Ils sèmeront dans le cœur de l'·enf.ant un juste amour de ' notre teTre, un ·amour plein de sagesse et de mesure, grâce là quoi ils voudront conserver ce qui doit être ,immuabJe, et rechercher un progrès .de vie plutôt que de mort.

C'est pourquoi, une fois d-e plus, j',ai eu tant de. joie à parler aux instituteurs et institutrices de mon noble pays.

Chanoine Maree'! .MOC-ctHEL'ET. P. 'S. Les instituteurs v:alaisans ne resteront pas indifférents

devant ,ce vibrant appd que leur adresse .J'auteuT du « ViJllage endormi». (R.)

G

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nos Classes Enfantines (Conf.érencE:" donnée ,par Mlle REY

lors de l'ass€!m!blée générale d,e,s institutrice.s le 19 avril 1942.)

Loin de moi la 'pensée de 'm·éconnaître .le très grand mérite, da nos .C'olIègues de,s ·classes inf,érie,ures. Je sais 'pour en a\"oir vues :à l'œuvre, le dévo·uement ,que néces,site ladire·ction d'une classe, En­fantine te·lIe ·qu'on la conçoit ·ohez nous. !Mon 'but ast au contraire ,de le'5 réhabiliter - ,si c'est nécessaire - en -donnant :à ces 'pre,mières années de scolarité l'im,portance, qu'el1e,s ,mé.ritent.

Voyons d'abord ,les !préjugés contre- lesquels il /faudrait lutter. D'abord ,quant au -ohoix du .per,sonnel tout est (bon vour les Ve,tits. Una maîtresse réussit-elle dans une dasse infériEmre, vite, 'pour la récom:penser on -la ,fait monter 'plus !haut, ,c'est dommag,e de déipe,nse·r un te,l talent au service des .petits. Si par contre~ .la titulaire ' d'une ,classE' supérieure n 'obtient pas les ,résultats attendus, on l,a relègue ·chez .les débutants, là on réussit toujours.

Il serait intérassant de savoir si, 'paDmi ,le 'personne,l ,enseignant on ne partage ~pas un 'peu - je ,ne dirai ce dédain - mais c·e ,s·enti­·ment de ,coill,misération ,à l'égard ,des petites classes.

Cest regrettable et, co·mme cette imf'ntalité !fait ülJble rase d.e l'importance d 'un bon départ. IChose bizarre catte importance, ·~er­

sonne ne la met en doute ·dans .le domaine matériel Ainsi, dans la ,construrtion d 'une maison, voyez le soin qu'on apporte aux ,fonda­tions. Begar,dez nos ar.büriculteursQ'ueHe attE'ntion ils vouent là ,Leurs jeunes plantations; u.ne fois .la couronne for.mée, l'arbre 'parti, ,point n 'ast (besoin d'un ,prÛtfe,ssionnel pour s'en occuper.

,serait-'ce troip de·mander qu'une ·pareille solIi.citude entoure, nos jeunes écüliers?

Le rôle de 1'.école, au détbut surtout, dev.rait consister non pas ,à faire emluagasiner ,par la mémoire un grand nombre de connais-sances, mais à 'pré!parer 180s :lll-oyE'ns d'action: apprendre là lienfant là voir, à sentir, à ,penser. 11 ne faut 'Pas oUibli8or que toute ,manÎlfas­tation de Ja vie 'psyrhologique repose sur les sensatiçms ,causées par les excitations du deho.rs et sur 'les représen.tations qui en nai,S'­sent. ,Ces deux iacte,urs: sensation et rEprésentation sont en ra,pport étroit. C'est par -le,s organes ,des sens Ique l'excitation matérielle ar­rive au cerveau. Il découle de ,ce ,princ.i'pe, qu 'en dé.velo,p:pant chez l'enfant sa capatCité sensorielle on donne une ibase, solide :à son ,ju­gE'ment et à son raisonne'ment.

Ce n'est Ipas non 'Plous par une 'méthode 'purelment livres'que et verbale que ,nous donnerons à nos petits le goût de .l 'e1ifo.rt. .ce-r­taine,s connaissances 'que nous lui imposons sont si loin de ,lui, da ses (besoins , ,de son degré de dévelo'ppement qu'e·Iles pas,sE'nt comme .J'eau du dége,l sur la terre dUIlcie. Que de ,mal ne nous ·doofinons-nou.s pas en ·pure .perte ,parce que notre ensei,gn8oment n 'est pas aJda'pté.

1

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8 -=-

Moins de paro.lss f·t un peu ,plus de réflexion. Pren.ons, de grâce, un 'Peu de temps ipour ér.outer et mieux comprendre l'enfant et notre enseignement sera ,plus ,fructueux. On nous dira: « Cest 'perdre un te.m'ps J>rédeux ». Ayons le courage de braver quel'ques c·ritiquss ou de·s incom'préhensions, pt nous Je,rons œuvre :bonne.

On a ôfait de loubahles ef,forts ,pour rénover l'enseignement d~ns les ,cours, ·moyens et supérieurs: méthode dss centres d ' intér.ê~s, enseignement a'gricole., enseilg'nemE'nt ménager, gy,mnasüque, etc,. les petits rE'stent dans l'ombre. Toujours on surcharge leurs classes, 40. 50 ,élèves. On n'en est 'pas· à une diz'aine près. Et ,qu.el sort est ,souvent réseryé aux débutants ·dans ies classes ,à plusi.eurs degrés!

C'est .à son entrée à l'école, 'qu'il iJmporte de renru'e là l'enfant l'étude attrayante. Est-ce 'que nos 'méthodes remlplissentcettE' con­dition? Voyons, un 'peu comment sont ,généralement 'Présentées les diverses branches du 'program,me. La .lee,ture et la langue maternel­le ·d'rubord qui prennent la plus grande 'place au début. Elles ·se ,li­mitent au syllabairE' ardu et à la ,ma-chinale co'pie. Pourquoi .ne ,pas \"arier ces exer.cice.g ·par l emploi des jeux de lecture globale? On écrit sur des Ibandes de carton, des ,mots faisant suit; ,à la ,lecture phonéüque, et on les accom.pagne de }'image autant que possib.le; ,les el1Jfants les déchiUrent tout seuls. On les aplPE'lLe simultanément au 'Pupitre 'pour le contrôle.

Rentrés à leur plar.e, ils c-opient et s' exercent là l'écrire a,près avoir tourné le billet sur ,la ta.ble. Un se'cond ,contrô.le ,peut se ,faire, au tableau noir. On a soin d'écrire ces ,mots aussi bien en .caractères i,mprimés ,qu'en caractèrE's 'manuscrits pour rattacher ,cet exercice au ,livre. On ,peut aussi se servir de lettres mobile,s ; ,faire composer des mots, les 'faire lire. gssayons de ,ce genre ,d'ex,81rc-Ïces et notre i.nitiative en découvrira quantité d'autres ~peut-être mieux adaptés. C'est un ·ache·minemE·nt vers « la 'lecture intelligente» Ipour employer un terme de l\ŒgT Dévaud - et l'initiative 'a l'ortholgra:p'he. {L'enfant arrive sa.ns 'peine à ,posséder un joli i})a:garge de ,mots.

Tout de 'suite il y aura ,matière à dictée ou là ,petites phrases là com'p.léter. Ce sera ,plus intéressant que ,l 'éternelle ,copie.

Une autre E'rreur à mon avis consiste à rfair,e utiliseT là l,'enfant dès ,qu'il lit ·à 'peu 'près ·coura.mment plusieurs livres" à ap.prendre par ,cœur naturellement! et le voi,là attelé, à la lettre, on lui d'ait aip·prendre des règles, des définitions, ,dont il ne ,saisit pas un traître mot. Voi]à comment on forme de,$' ade'ptes docile·s des beaux mots et dE's beaux discours. Un !maître d'une classe supérieure délplorait la carence d'initiative et d"i,dées personneHes ,chez ses élèves. Est-ce quo 'ce Imal ne viendrait ,pas d'en !bas déjlà?

,Pas,sons là: ï"eiIl,se.ignement de l'arithrnétique. Si le ver·balisme est désastreux dans l'acquisition de toutes les branches du 'programmé'-, à 'P,lus 'forte raison s'il s'agit du ,calcul où nous pénétrons dans 18 domaine de l'abstraction.

,- : 9 -

,La pre,mière étape consiste dans l'acquisition du ,concept du no'm­bre en partant .'du O.

Il est .indis'pensahle de ,posséder 'pour ,cet ens~ilgnement uri ma­tériel approprié: jeux, bûohettes, disques de carton. IPour les .pre­miers nombres utiliser les objeGs cl',école. [.e dessin est un auxiliairo ,prée,ieux pour l'a'oquisition de cette !branche.

Ici, ·surtout on brûle les étapes. ILes exercices de ,calcul consis­tent tro,p souvE-nt là ,faire ap.prendre dès le début la ta:ble dn X. L'en­fant n 'a ;pas -même .la notion exttJcte des 9 premie-rs nombres -qu 'on exige la ridicule Ipsal,modie du 2 X 1 = 2 et ainsi 'de suite jU3-qu'aux livrets 8 et 9.

Notez bien qu 'arrivé au 9, il a com·pl'ètement oublié le 2. Te ne cont.este 'pas l'utilité du livret, 'mais chaque chose en son teiIIlps Avant dE' lui donner des exerciC'e,s de con1ibinaisons de nombres + ~ X =, le familiariser avec la numération. Ne lui donnons pas des ad,ditions et des soustrac.tions 'à 3 ou 4 chiffres a.lors qu'il ne sa~ t compter que les dizaines. IPour l 'acquisition de }a dizaine, .Mlle Des­,cœudres 'propose un matériel sim,p1e et peu .coûteux. Des ·boîtes d'al­,lumettes sont re'couvertes dE' pa'pier bleu de 3 côtés (dessous et sur les côtés), le dessus étant re'couvert de ,papier jaune. Dans ehéllque boî­ta on introduit 10 jetons de 1~ mm. ,de dia.mètre ou des haricots, gra,ins d,e maï.s. On met la de ·ces 'boîtes dans une ·plus grande pour repré­senter la centainE' avec un 100 ,bien visible sur le couy-ercle. Ce IYll:l1.é .. riel se prête à ,quantité cl'exercic.es de décomp03ition et sert i !'?n­dre ·concrets tc'us les no,mbres entre 1'0-20 et 100.

Pr,enons le nombre 87 par exemple; l'enfant perçoit 'd'un 8eul coup d'œil les huit boîtes E-t les 7 jetons. è'3st autrement intuitif qu e les bùchettes ou les rangées de boules sur ·le boulier.

,Pour en revenir à .la ta.ble de X, une ,manière plus intelligente de la ,fair,e entrer ,c'est de ;faire compter 'par '2, par 3, par 4, pal; 5, 6, 7, 8, 9, faire observE'rque dans le livret 2 les produits ~e sniv ·:nt 'pal' 2, dans le ,3 par 3, etc. Ecrire les produits au table:m nOIr et ~a~l'e trouver les 2 ter.mes. Donner la réponse et l'un des termes et ~ aIre trouve·!' l'autr,e, ,les différentes manières de former un mème produit, etc.

On dE'vrait ,fournir ,plus souvent ,à l'enfant l'occasion de s'pxpri­mer non seulement par ,écrit mais par le langage-. Nos anfants TJar­lent 'ma.!' .la faute n'en serait-elle pas 'pour une 'bonne :part au mu­tisme exigé tro'p longte·mips là l'école et \qui e,n fait un milieu ,froid et artificiel.

J'ai essayé de ·poseT ,cette ,question .à me·s élèves de 9 à 10 <l.l1S

un lundi matin.' Pensez toutes une phrase. Au début 5 ou 6 :sur 25 m'apportèrent e,ette réponse incroyable: « Je sais rien ». 4 s~ conten­tèrent de r,épéter une phrase dé/à dite. Très !peu ·me . ser:v1l'ant !les matière·s vécues sur lE's ,événements du dimanche. !Miême exp.éri.e~­ce poUl' la composition orale d'un 'Problème sur l'addition: la 'moi-

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tié ,à 'peu .près S'E'st ·contentée d'imiter .2 exemplesdé,jà vua ... Dans un verger on compte, etc. Dans une écurie il y a, etc. Quelques-unes 'pourtant ,m'ont trouvé de très jo.lies idées. ILe .fait d'écrire .les ·meil­leures répoNsea au tableau noir ,les a stimulées à en trouver de tout là Ifait inédites.

Il y au·r.ait encore bien là dire aur l'ense1g.nE.ment du 'Clhant, de la gymnastique con1;me moyen d'exrpression ,chez ,les petits, ,mais je m 'excuse ·d 'en avoir déj/à trolp dit. Je ter,mine en souhaitant que ce,s quelques ·eonsidérations 'contribuent 'Pour une Ip,etite ipart, grâce à une meillE'ure co:mpréhension de l'enfant, et ipar a·uite là un en­seignement ·mieux adapté, ,à obtenir ,sa Icollabol'ation a·ctive-, condi­tion essentielle 'pour un travail de -baae .profond et durable.

Souvenirs de la rentrée A la veille de la rentrée, ma mère allait ,au grenier et en re­

venait avec une brassée de livres et de cahiers 'empoussiérés. Ainsi f.aisait-eUe chaque année, nous r.appela.nt qu'il faudra dès demain, songer à autre ·choses qu'aux petites vaches brunes que nous surveillions dans les pTés. \Alors, comme t'Ous :les gamins du village, j'avais l'envie de .fuir, pOUl' échapper à :cette nouve~le vie, de hurler la -douleur qui déchira.it mon âme d'enfant.

L'école, dès deula.in, :alors :que le ·soleil ·est Inaintenant dans sa pleine maturité, qua.nd on peut s'étendre sur Je gazon roux, regaTider ,~e .ciel qui .est pur, 'qui descend près de soi; puirs se: ~ever brusquement, sauter sur le sorbier et Icroquer ces baies rouges dont la pellicule ·s'accroche .aux gencives; casser ·entr·e ses dents 'la noÎ'sretne ,que le geai oubHe sur Œ'arbuste du ravin. L'école, quand on peut vivre sa vie merveilleuse de l',automne, au ·milieu de ·ce triomphe de la .vallée! Je sentais en moi une peine lnuette, sans forme précise qui gonflait mon cœur brusquelnent déçu, Et je voulais pleurer.

Mon Ipère assembla.it quelques planches len un coffre pour transporter mes livres deux fois par jour, de la maison à l'école, de l'école à la maison. Ah ! ces clous, ils m'eussent fait moins mal si -on les avait enfoncés dans m 'a chair. Ils sonnaient comme une porte qui se referme pour toujours sur cette période ·de libération, tristement, lugubrement. Il falla.it oublier, ·mais c'est dur pour un cœur d'enfant d'oub1ier les' v.acances, ça lui fait mal. C'est dur pour lui d'accepter la grande !leçon du travail continu -et dirigé,

Puis, le soir sortait des 'entra.illes de la terre. Un soir fa.it de rouge, de jaune, de toute la gamme des cuivres et des ocres. -Un soir -mélancolique d'arrière-automne, plein de 'cette odeur âcre de fumée ' qui se traîne 'au-dessus des champs, d'un lointain bruit de sonriette, du chant des eaux et du vent frais qui v'Ous dit que bientôt tout sera fini. Al-ors les ,gamins faisaient irruption chez

l l'épicier, lui d~Inandaient du grossier papier d'emballage pour doubler leurs lIvres. Et nous \IlOUS retrouvions tous, nous nous r~voyions 'après des mois où chacun s'occupa de lui-même, du nId de mésanges qu'il avait découvert sur le ll1_élèze des bêtes qu'on surveillait aux bO'rds des haies, sur les biens .de · la. com­mune.

Nous nous disions rien, ou preS'que. Mais nous échangions un regard, un sourire. Puis nous filions à ,la nlaison. Demain -et ceI.a mêlait à notre tristesse comme un nouveau bonheur -recommenceront les jeux 'dans ,la cour de l'école - une sorte de talus légèrenlent incliné - les poursuites infinies dans les venelles grises, les batailles, les cris. Dès delnain, on saura si Louis sera le chalnpion d·e la classe depuis que Lucien a été éma.ncipé. Autant de choses qui suffisaient brusquenlent à nous faire ainler l'école.

Etait-ce bien l'école? Ou seulelnent ces quarts d 'heure de récréation, ces après-Inidi de congé, ces roulades clans -la neige mœlleuse et fraîche ? Je 'crois que cela seul représentait pour nous l'école.

Le lna~tre~ le régent comlne on l'appelle toujours au village, nous accueIllaIt comlne tous les régents du pays. Et .J'école com­mençait; nous songions déjà là cette prelnière récréation. A quoi va-t-on jouer pour la prmnière fois? Cela nous préoccupait -da­vantage que les problèmes à rédiger et dont la solution demeu­rait inconnue.

C'était la vie, notre vie de petits sauvages à crânes tondus, aux bras écorchés par les premiers contacts avec 'la destinée paysan n e. L a vie d 'enfants, faite du souvenir de toutes ces jour­nées qui étaient bien à soi de l'aube au ·crépuscule, où l''On était libre comm·e un dieu.

... Les années ont passé. L'automne, encore une fois, met toute -la vallée en apothéose de hunière et de. couleurs. Le dernier chant de la terre et du labeur vient à soi dans sa musique silen­cie:use. On ~e plaît à écouter passer les heures, à tenir en ,main la chaude transparence -de 'l'air.

En cette veille de rentrée, qu'est-ce ,qui a changé dans le village? Rien, au juste. Je surprends . dans les coins -des yeux une larm·e d'enfant qui voudrait couler sur tout ce qui fut. D'autres cœurs, maintenant, ont mal à pleurer. Pleurer quoi? Le savent­ils mieux que moi autrefois, mieux que n'iInporte qui? Cette pei­ne ·est toujours la Ili.êm-e, toujours également lnystérieuse et va­gue. Et pourtant, comme autrefois, on la sent· et c'est en vain qu'on essaie -de la consoler.

Je surprends dans les rues villageoises les mêmes gestes, les mêmes expressions 'sur les visages. Je sais aussi -que ,ceux-ci, pas plus que nous, n'aim'er-ont ces heures d~imlnobilité sur les bancs

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de l'école, pendant lesquelles il faut chasser bien des images de sa tête et se plier à l'abstraction d-e la science humaine. .

. ~ais l'enfant ne sait pas cela. Il ne saura jamais que nous lUI aIdons à acquérir sa plénitude d'hom,me.

L'enfant n'écoute que son sang ,qui brûle, qui le harcèle SaI~S ce~s.e. Ah ! qu'on puisse sortir, courir, lsauter par-dessus les hales resIneuses, Illa'rauder, jouer des tours à Baptiste, le vieux garçon original Jet irascible. C'est cella l'enfance, -cet âge merveil­leux dans son inconscience, l'incarnation du mouvement perpé­tuel.

.Les maîtres n'ont pas, pour autant, motif de désespérer. Ce seraIt ,?ne erreur de vouloir freiner cette puissance qui se réveille, ce déSIr d'activité. 'Ceci est, au contraire, fort rassurant. Il y a encore du sang bien vivant dans la génération qui monte. Il suf­fira de lui montrer le chemin, de l'y diriger, de lui .donner toute sa valeur humaine.

L'enfant n'aimera jamais ces parois couvertes de cartes et de tableaux, parce que l'enfant n'·aime que la liherté. Mais l'âme du maître réveillera dans 'ce cœur le désir de vivre pleinement, d'acquérir toute sa valeur et de pouvoir re,mplir sa mission d'homme. '

M,erveilleux souvenir d'autrefois qui viennent à nous aux heures troubles et incertaines, n'ont-ils pas toute la sa;veur d'un fruit mûr, tout le charme de ces chaudes journées d'automne qu'on voudrait voir durer toujours?

Vers cet âge de l'enfance où tout suffit à son bonheur, on de­vrait reporter son cœur -et se dire qu'après tout rien n'a changé d 'autrefois et que par ,conséquent on peut trouver beaucoup de motifs d'espérer. Jean FOLLONIER.

DNnamisme dirigé Une classe est un peuple en miniature. Vous y Tencontrez

les tendances, les goûts, l'es caractères les !plus divers, parfois les plus opposés. Ce petit peuple doit cependant vivre et tflavailler en paix sous l'égide d'un Illaître qui, s'il ·est ,digne de ce nom, doit posséder, à sa tanle, les qualités d'un véritable hom·me d'Etat: sens psychologique aigu, dévouement sans limites, /fer­meté, bonté ne frisant jamais la faiblesse, aIllour sincère et égal de tous oeux qu'il gouverne, besoin invincible d'activité let de perfectionnement dans le cadre voulu par Dieu, résumé par ce seul mot, le devoir.

Dans ce monde disparate que form-e une classe prima~re, que l'on devra conduire à bon port et dont (il faudra concilier les intérêts, il y aura, en herbe, s'ans doute, des avares et des pro-

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digues, des naïfs et des rusés, des égoïstes et des gene['eux, des apathiques et des turbulents, des distraits et des éveillé.s, . etc., autour d'un groupe souvent très restreint de privilégiés particu­Hèrement bien doués et équilibrés que tout le m.onde rregardera instinctivement, qui par envie, qui par désir d'imitation. Or, parmi cette élite, cette sorte de « cadTle» de ['éco'le -se trouvent souvent des sujets idont le «dynamisme spontané» dépl'aît au maître ou, tout au moins lui cause du souci pour -la discipline de la classe.

C'est de ces prétendus « insupportables », qualifiés ainsi dans la famille déjà, que nous, voudrJons dire deux lmots, car, bien compris et lbien dirigés, ces élèves forment ensuite des éléments de choix pour ola société. Ils méritent d'abord id'être bien étu­diés, en récréation surtout. En leur présence il ne faut jamais manquer de calme. Aucune de leurs «étourderies» ne doit don­ner lieu à une réaction bruyante. Si réellement il y a faute vo­lontaire entraînant une sanction, celle-ci doit ~ntervenir.. au bon Illoment pour être acceptée et porter ses fruits. Il nous souvient d'avoir vu une gravure humoristique représentant un gros Mon­sieur :tirant fortement J'oreille de son garçonnet en lui criant: Veux-tu faire « risette à papa? ! » - Cette attitude burlesque du gros Monsieur est pourtant ·celle 'que choisirait un maître 'pu­niss!ant sous le 'coup d'une sorte d'énervement provoqué par une étourderie peut-être sans malice. La punition, dans -ce cas ne res­semblerait-elle pas plus à un acte de vengeance qu'à lun procédé d'éducation? Alors, me dÎ'rez-vous, il faut tout supporter ide la part des «chahutteurs» ? Loin de là. Il lest d'abord tout indiqué ,de prévenir le «chahut» ou l'incartade en donnant à ce dyna­misme spontané un aliment et une direction. Cela \ne pourra natu­rellement pas se faire d'un -coup, avant que le caractère de l'élè­ve soit bien connu. On y [préludera en s'imposant à toute la 'Classe par son caractère ferme et jovial, (car un régent triste est un triste régent) par la supériorité et la maîtrise \de son en~eigne- _ ment, par une culture générale soignée qui n'échappe pas à l'es­prit d'observation de la classe. Ensuite, ,Joaipunition arrêtée, il y a avantage à la faire précéder d'une obseTvation ·adéquate au­tant que possible donnée en particu1iet. Loyalement alors, pres­que toujours, le fautif reconnaîtra ses torts ·et, peu à peu, il s'amendera. Il est intéressant, entre 'autres, Ide voir dans l'ou­vrage de Fœrster « L'école et le caractère», de quelle manière on peut donner au «dynamisme» des turbulents un aliment utHe en leur faisant exécuter des tâches de confiance 'ou en faisant appel à leur loyauté et à leur sentim-ent de l'honneur. Comme nous le disions 'plus /haut, il faut au maître de vrais. talents d'hom­mes d'Etat, IsurtOUt ,un doigté très fin pour faire des éléments « pénib'les» de ~a classe l'élite d'une société, alors que pour le bien-être et son repos personnels l'instituteur aurait été tenté de désirer l'absence de ces éléments débordants de vie et de santé.

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Il serait intéress'ant, n'est-il pas vrai, pour un éducateur de par­courir 'la biographie des 'jgrands hOlnInes (tel paT exemple d'un Du ,Guesclin « toujours battant ou battu»), lesquels ont eu une enfance pénibl'e parce que inco-mpris. Il y aurait là sans doute matières rutiles à méditer pour J;l1aîtres et parents qui n'ont pas toujours des anges ,à éduquer. N.) inst.

En avant Au nloment où s'ouvrent la plupart des classes primaire-;

valaisannes, la guerre continue à étendre ses l'avages à traven le monde let "l'on n "entrevoit ni lia fin de cette tragédie, ni la ,façon dont ,eHe se dénouera. C'est pourquoi, à l'heure où nous allon"i reprendre une tâche interrOlnpue durant quelques longs Inois, il est bon de nous demander dans quelles conditions se trouvent placés nombre de collègues étrangers.

Les journaux ont relaté en son tenlps lia courageuse 'attitude des instituteurs norvégiens qui ont refusé d'achnettr·e toutes les prétentions du gouverlieluent Quissling. NI'l1s par un patriotisine édairé, et conscients de 'la grandeur de tleur n1Ïssion, ils ont dé­noncé avec une crânerie qui les honore, les fausses conceptions

. du régÏIne. Une telle attitude leur a valu, et ils .le savaient, les camps de concentration avec toutes les souffrances morales et physiques que cela comporte.

Dans l'a plupart des pays européens, les Inaîtres d'école sont bâillonnés; on leur ilupose une doctrine qui, Sur bien des points est en opposition avec la morale chrétienne; et c'est ainsi que, pour accmuplir leur devoir professionnel ils sont parfois obligés de m·ettre leur conscience en veilleuse. D'ailleurs bien des dasses sont fermées, les l'naîtres étant partis au front où beaucoup sont tombés dans l'accomplisselnent d'un devoir sacré.

L'on peut se représenter aussi ce que sont, "dans les pays en guerre, la plupart des écoles actuellement ouvertes et dans queUe atmosphère de fièvre et d'inquiétude œuvrent aujourd'hui maîtres et élèves. Les deuils, ,les nlisères, les soucis s'accumulent dans les fanlilles; l'incertitude règne partout; pour se giarer des bombardements aériens 'Ün passe des nuits entières dans des abris souterrains où l'on vit de mortelles angoisses. L'organisme est affaibli par toutes sortes de privations, les nerfs sont ébranlés et tout le système psychique est mis à rude épreuve.

Comme . nous sommes heureu~ en regard de' nos collègues des pays 8111'- lesquels s'est 'abattue la tOUl1lneute! Sans d'Oute,

. nous ressentons bien ,quelques contre-coups du grand conflit qui ensangT~nte le monde; de temps, à autre des ' m 'aîtres sont appelés sous les' drapeaux et doivent momentanément abandonner leUTS classes';' nos élèves sont plus distraits~ plus nerveux que leurs

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aInes; nos locaux ne sont pas toujours chauffés autant qu'il le faudrait, etc. Mais qu'est tout cela en regard des ,s'Üuffrances phy­siques et morales que l'on endure ailleurs!

Et puis, nous avons le grand privilège de pouvoir penser librement, d'exp.dmer nos opinions s'ans crainte des camps de concentration, de choisir le credo politique qui nous plaît, et de 'pratiquer notre religion .sans brimade. Ce sont là de précieux avantages dont nous ne saurions nous laisser dép'ÜuillJ.er sans pro­fondément souffrir.

Oui, nos classes se sont ouvertes cette ,année dans une at­mosphère de calme contrastant 'avec les événements douloreux qui se déroulent autour de nous. Aussi, notre premier sentiment doit être celui de la reconnaissance envers 1a divine Providence qui a protégé notre Patrie d'une manière si miraculeuse. Nous ne manquerons pas de le communiiquer ,à nos ,élèves en 'l'eur mon­trant quel grand bonheur est le nôtre, ·et aussi quelles obligations découlent pour nous des faveurs dont nous bénéficions. Et tirant la lecon des événements nous insisterons durant le présent cours sur IO'éducation religieuse, morale et patriotique.

C'est d'ailleurs ·en donnant à ~Ia jeunesse actueHe une telle éducation que l'on préservera l'humanité -de nouvelles horreurs seInblables à eelles que le monde subit aujourd'hui. Car dans la période qui suivra lIa guerre il faudra s'attendre ,à de nouveaux remous, à des conflits soCÎlaux qui seront :aigus et qui n'épargne­ront aucun pays; afin 'que chez nous ils se dénouent 'sans ,lutte sanglante, sans laisser trop .cIe haine dans les (cœurs, nous .nous attacherons à fonner le ·caractère de nos élèves, ne craignant pas d'exiger d'eux des efforts s'alutaires, et si possible joyeusement consentis. En s'inspir.ant de -l'exemple que nous saurons leur donner en voyant comment tout le monde et partout est as­treint ~ujourd'hui ·à un travail intense, Hs comprendront qu'ils ont aussi l'oblig,ation de se discipl.iner, de prendre une part du fardeau imposé à chacun. .

Nous leur inspirerons aussi l'amour du pays et de ses Ins­titutions, le rspect Ides ,autorités. Mais nou~ nous garderons d'en faire des· âmes serviles; nous nous efforcerons plutôt .cIe respe·c­ter leur 'personnalité, leur montrant bien que plus tard, lors­qu'ils auront acquis une form~tion suffiS'ante, ils devront avoir le courage de .leurs opinions ·et 'l'obligation morale de les défendre.

Si nous réussissons à leur donner le sens et l'amour du de­voir, parfois bien austère, 'la virilité sans !laquelle ils resteraient faibles ·en présence du danger et ,des tentations, le respect des hiérarchies, et si, par dessus tout, nous faisons d'eux de bo~s ,chrétiens, nous jouirons de la paJÎx du ,cœur .car nous aurons faIt tout notre devoir d',éducateurs.

En avant donc pour une nouvelle année scolaire fructueuse et bien remplie. ' Cl. Bérard.

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JPARTIE JPRATJ[QUE

LANGUE FRANÇAISE

Première semaine

Centre d'intérêt: LA PATRIE

J. RECITATION

Le pays natal

Petit village au bord 'des bois, Petit village au bord des plaines,

Parmi les pommieŒ, non loin des grands chênes, Lorsque j'aperçois Le coq et la croix

De ton clocher d'ardoises grises, De ton clocher fin A travers ormes et sapins,

Je vois des yeux dans le ciel étoilé : Là je suis né... Ph. Lebesgue.

A ma patrie

J'ai l'âme toujours attendrie Elle est si belle, étant pétrie Et j'ai des lal'mes dans ,les yeux, Avec ,le sang des anciens preux, Lorsq:ue je son:ge là ma patrie, Ave·c l'amour d'où naît la vie A la teTrE< de mes aïeux. Et 1'idéal qui vient des cieux.

Pazs du rêve et du ,mystère, Que la nature a ,fiancé A la légende du .passé. Dans .la monta.gn~ chez ma mère Qui m'a bercé .pour ·m'endormir, Là, je veux vivre et là, mourir!

Louis' de Cou.rtén.

Lettre d'un petit écolier à Slon papa solda·t

Pa.pa ·chéri, c'est Ipour te ·dire Que je suis en class~ aujourd'hui. Je suis content, j'ai le sourir3, Car le travail ' ·chasse l'ennui.

Et !puis 'lac·am·pa.tgne e·st désert€', Nos vilg;nee O:llft-donnér.leurs ,grains"

NOlslprés n'on~tplmHeur rOlbe verte; A la ruche est r,entré l'·essaim ...

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Papa, j'ai beaucoup dE;- eourage, J G veux faire tant de progrès Que tu 1e voies à mon message, La fois prochaine où j'écrirai.

II. VOCABULAIRE

B. Siudy.

NOMS. -.- Les ancêtres, les aïeux, nos pères. Le patrimoine, la commun <lut(· d'origine, de Dace, d'intérêts, de langue, d'histoi­re, etc.. La solidarité, la nationalité. Un compatriote, un pays, une payse, un concitoyen, un étranger, un exilé, un pr0scrit, le bannisseJ11ent, l'ém.igration, un élnigré, un énligrant, un ünmi­grant, la naiulialisation. L'attachement à la patrie., le Ch::tllViuis­me. La nation, l'a Confédération, 'l'Helvétie, le Clanton, la CO-lU­

mlme. L'hylnne national, les couleurs nationales; la devise na­tionale. La république, la délnocratie. Les loi:;, les ,~outllme." les mœurs. Le pou voir législatif, exécutif, judiciaire. Le l;onseil {'Oill­munal, ]es conseillf:.rs, le président. Le Grand Conseil, lèS dépu­tés; le Conseil d 'Etat, le Conseil fédéral, le président de ' la Confé­dération. 'Berne, la ville fédérale; Sion, le chef-lieu du canton.

ADJECTIFS. - La terre natale, la terre luaternelle; un exil cruel, pénible; des sentiments patriotiques, exaltés ou modérés; des intérêts identiques, so'lidaires, selnblables; un passé com­mun; un souvenir vivace, vivant; des aspects fanliliers, les de-voirs civiques.

VERBES. - S'expatrier, rapatrier, ém.igrer, exiler, proscri­re, bannir, remén~orer, commémorer, ressusciter le passé, résider à l'étranger, être natif, originaire d'un pays.

Quelques expressions. - L'esprit de clocher, la terre d'exil, le lnal du pays, la mère-patrie, une patrie d'adoption.

lU. ORTHOGRAPHE

Préparation: 1) Lecture -du texte par le nlaître. 2) Expli­cation du sens des mots. 3) Rappel dès -règles de grammaire,

Mon pays

Je n'habitais pas dans un pays riche et aglf'élable, mais j'ai­mais mon viUage et je ne le quittais pais volontÎler's.

.M,a terre ne semb'lait pas .très attirante pour un étranger, mais elle avait pour moi le plus grand charme.

La patrie

La ptahie, c'est 'le pays natal où vivaient auhefois nos pères, nos ancêtres; c'est le sol où nous habitons. Les habitants d'une

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même patrie sont compatriotes, ils sont parfois de la même raee, ils parlent la même langue.

On aime ;son pays, le coin de terre où l'on est né, son lieu de naissance, où l'on vit le jour. On le quitte à regret, on est lIualheureux en exil, loin de -chez soi, loins des choses familières, connues, habituelles, dans un pays étranger. On se rappelle la patrie, on s'en souvient ,quand on en est éloigné.

Vercingétorix

Il sortit 'seul et à cheval des portes de la ville. Il descendit les sentiers de la montagne et apparut devant César.

Il montait un cheval de bataille harnaché comme pour une fête. Il portait s-es plus belles armes. Il redressait sa haute t.aille et il s'approchait avec la fière attitude d'un vainqueur. Les Ro­mains ,qui entouraient César eurent un Inoment de stupeur et de crainte quand lis virent .chevaucher vers eux l'homme qui les avait si souvent fait trembler ... L'air farouche, le corps étince­lant d'or, d'argent ,et d'émail, H dut paraître plus granrl qu'un être hum,ain, auguste comme un héros. C. J ullian.

Retour au pays natal

Me voilà en route ! La vue des villages qui fuient devant moi ressuscite tout mon passé d'enfant! Maisonnettes ceinturées de lierre et ·coiffées de tuiles rouges; basses-cours où traînent des troncs d 'arbres et des soos de charrues rouillées; jardinets ,plan­tés de soleils à grosses panses d'or; seuils branlants, fenêtres éborgnées, barrières contre lesquelles ,les bébés appuient leurs nez crottés et leurs fronts bombés, pour regarder le train; 'cette simplicité, c,ette grossièreté me rappellent la campagne où je bu­vais la liberté et le vent, étant petit.

Tout parle à ma mémoire : ce mur bâti de pierres posées au hasard, cette vigne, qui a fait pétiller dans ma cervelle, ainsi que la mouss·e du vin mousseux, les réminiscences des vendanges, et ce bois sombre qui me rappelle la forêt de sapins où il faisait si triste -et où j'aimais tant ·à ·m'enfoncer ·pour avoir peur.

Ah, je sens ,que je suis bien un morceau de toi, un éclat ~e tes rochers, pays pauvre ,qui embaume les fleurs, .terre de VI­gnes et de volcans ! -Ces paysa!ls., ces paysannes qUI passent, ce sont mes frères en veste de laIne, mes sœurs en tablIer rouge" . Ils sont pétris de la mêrne argile; ils ont dans le sang le nlême fer. Deux mots de patois qui ont tout d 'un ,coup brisé le silence d'une petite gare perdue près d'un bois de sapins, ont ;faill~ me faire évanouir. Nous ·approchons ! Jules Valles.

L'amour du pays natal

Un sauvage tient plus à sa hutte qu'un prince à son palais,

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et le montagrand trouve plus de charme à sa montagne que l'ha­bitant de la pl!aine à son sillon. Demandez là un berger écossais s'il voudrait changer son sort contre celui du premier potentat de la terre. Loin de sa tribu chérie, il en ,garde partout le sou­venir; partout il redemande ses troupeaux, ses torrents, ses nua-ges. Châteaubriand.

L'am our de la terre natale

Il faut voir r entrer un « poilu » fils des cha'Inps pour con1-prendre.

Sous l 'habit civil repris, un ruban de guerre à la boutonnière, il se hâte par les sentiers les plus courts, ceux ·qu 'il ,suivait à la chasse, à la pêche, avec ses amis ...

Il va vite. Pourtant, les gestes et les ,coins de jadis lui re­vienn ent. Il pren d le teInps de cueillir une fleur à la haie, un brin rouge et blanc de 'chèvr,efeuille, et repart , les lèvres embau­mées.

Il observe d'un coup d 'œil r apide les chan gements su rve­nus.

Le coin natal paraît grandi, les taillis ayant p lus d 'ampleur, les arbres p lus de jet, les h autes herbes plus de fouet : Inarque des saisons révolues. Ici, des chan1ps Olit fait place à des h er­bages, là des vignes ont disparu : signe des jours d'attente.

Le soleil seul eI11plit ses yeux du m êm e éclat . Il regarde, ravi, les choses chatoyer... 'v

Et soudain, comme un goût amer lui revi/ent à la bouche, il retrouve le sentiment qui l'lavait soulevé là-bas; m oins âpre, car rien n 'est gisan t ou en flammes, il n 'entend point de sanglots, il ne voit point d'agonies. Mais le Inême apitoiement et le m ême amour infini pour la terre revivent en lui. Joseph de Pesquidoux

L'âme de la terre passe dans l'homm e '

Il y a cette différ ence entre l'insurgé de montagne comme le Suisse et l'insuTgé de f01'êt que, presque t oujours, fatale in­fluence du milieu, l'un se bat pour un idéal, et l'autre ·pour des préjugés. L 'un plane, l '/autre rampe. L 'un combat pour l'hullla­nité, l'autre pour la solitude; l'un veut la liberté, l'autre veut l'i­solement, Comn1unes! .com'lnunes !criaient les héros -de Morat. L'un a affaire aux précipices, l'autre aux fondrières ; l'un ,est l'homme des torrents et des écumes, l'autre est l'homme des fla ­ques st'agnantes d 'où sort la fièvre; l'un a sur la tête l'azur, l'au­tre :une broussaille; l'un est sur une cime, l'autre est dans ' une ombre.

ORS AT, vins du Valais, vins de soleil et de santé.

Page 12: L'Ecole primaire 15 octobre 1942

· -20-

L'éducation n'est point la même, faite par les sommets ou par les bas-fonds. La montagne est une citadelle, la forêt est une embuscade; l'une inspire l'audace, l'autre le piège. L'antiquité plaçait les dieux .sur les faîtes ·et les satyres dans les halliets. Le satyre c'est le sauvage; dem!i-homme, demi-bête. Les p.ays libres ont des Apennins, des Alpes, des Pyrénées, un Olympe. Le par­nasse est un mont. Le Mont-Blanc était le colossal auxiliaire de Guillaume Tell; ·au fond et au-dessus des immenses luttes des esprits contre la nuit qui emplissent les poèmes de l'Inde, on aperçoit l'Hamalaya. La Grèce, l'Espagne, l'Italie, l'Helvétie, ont pour figure la ,montagne; la Cimmérie, la Germanie ou Bretagne, a le bois. La forêt est barbare. V. H.

Exercices d~application

Raisonnen1ent individuel et simultané des règles d'applica­tion. Exercice de conjugaison. Recherche des synonymes, des ho­monymes' des dérivés, des composés. Exercices d'élocution, de vocabulaire. Imitation à la composition franç·aise : résumé, déve­loppement, imitation, etc.

IV. COMPOSITION FRANÇAISE

La phrase - Le paragl"aphe - La composition

Faire des phrases avec les mots du vocabulaire. Faire conjuguer les verbes du vocabulaire. Pourquoi j'aime mon vinage. La Suisse est belle: je l'aime. 1. Où êtes-vous né? Quel attrait cette ville ou ce village

a-t-il pour vous? Pourquoi y êtes-vous attaché? 2. Votre village (ou: votre ville). Est-il beau? l'aimez-vous?

le quitterez-vous?

N. B. ~ Il faut d'abord le décrire en ne retenant que ce qui est oar.actéristique, puis exprimer vos sentiments : soyez ·sincère.

3. Un parent (ou un ami) ·a 'quitté le pays depuis quelque temps. Vous lui écrivez pour ilui donner des nouvelles du pays,. et vous voudriez que votre lettre fît naître en lui le regret du ·pays natal.

4. Aux vacances, vous revenez chez vous. 4bis. Un vieillard revient au pays natal après de longues an­

nées d'absence. Supposez qu'un de vos amis ou parents soit parti à l'étran­

ger depuis quelques années. Vous lui écrivez pour lui donner des nouvelles du pays.

Il faut faire un choix dans la multitude des détails qui se présentent à l'esprit et ne retenir que ce qui peut évoquer le

pays pour le voyageuT r aspect du pays a été 'modifié, on a démoli, construit, agpandi tel ou tel édifice; on a transfoTmé l'éclairage, la voirie, les transports; 'On ,a changé les cultures, les industries locales, etc. On parlera des habitants.

Que vous rapp.elle le Grütli? L'histoire suisse est-elle belle? montrez-le. Nicolas de Flüe et Hans \Waldmann (parallèle). 'Composition libre. Imitation d'une dictée. .

Deuxième semaine

Centre d'intérêt: LA GUERRE

I. RECITATION

La Patrie aux soldats morts

Vous ne reverrez plus l~s monts, les bois, la terre, Beaux yeux de mes soldats qui n'aviez que vingt ans, Et qui êtes tombés en ce dernier printemps. Où plus que jamais douce apparut la lumière ...

Hélas ! où sont vos corps jeunes, puissants et fous, Où, vos bras et vos mains et les gestes superbes Qu'avec 1a grande faux vous faisiez dans les herbes? Hélas ! la nuit Ïlnmense est descendue en vous ...

M,ais je ne veux pas, Moi, qu'on voile vos noms clairs, Vous qui dormez là-bas dans un s.ol de bataille Où s'enfoncent encor les blocs de la ·mitraille Quand de nouveaux combats opposent leurs éclairs.

Je recueille en mon cœur votre gloire meurtrie, Je T'enverse sur vous les feux de mes flambeaux Et je monte la garde autour de vos tombeaux Moi qui suis l'avenir, parce que la Patrie. Emile Verhaeren.

Après la bataille

Mon père, ce héros .au sourire si doux, Suivi d'un seul housard qu'il aimait entre tous Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille, Barcourait à cheval, le soir d'une bataille, Le champ c0l:lvert de morts sur qui tombait la nuit. Il lui sembla, d,ans l'ombre, entendre un faible bruit. C'était un Espagnol de l'armée en déroute Qui se traînait, sanglant, sur les bords de la route, Râl'ant, brisé, livide, et mort plus qu'à moitié,

Page 13: L'Ecole primaire 15 octobre 1942

----22 .-

Et qui disait: « A boire, à boire, par pitié ».

·Mon père, élnu, tendit à son housard fidèle Une gourde de rhum qui pendait à sa selle Et dit: « Tiens, donne à boire à ce pauvre blessé. »

Tout à coup, au mo,ment où le housard baissé Se penchait vers lui, l'homln~, une espèce de Maure, Saisit un pistolet qu'il étreignait encore Et vise au front mon père, en crÏiant: « Caralnba. » Le coup passa ,si près que le chapeau tomba Et que le cheval fit un écart en arrière. « Donne-lui tout de m.êlll'e à boire », dit mon père. V. Hugo.

Ile VOCABULAIRE

Les IllotS d'après les idées:

1. Un état est indépendant, libre, autonOlue, protégé, neutre, belligérant. Il a des ennem.is, des adversaires, des alliés.

2. La guerre est dédarée, allulnée, provoguée, déchaînée. Elle éclate. On nlobilise; on prend les arnles; on ouvre les hos­tilités. On distingue la guerre de l1l0UVelnent et la guerre de po­sition.

3. Les armées se concentrent, prennent l'offensive, manœu­vrent, se nlettent en marche, avancent, luttent, se battent, se mesurent, s'alignent, s'Iaffrontent, assaillent, chargent, enfon­cent, écrasent l'ennemi. Elles se déploient, se développent, défi­lent. Elles se retirent, plient, fléchissent, se replient, se refonnent, battent en retraite, reculent, fuient, sont déciInées.

4. On dit: livrer une bataille, combattre avec succès, renl­porter une victoire, réduire à l'impuissance, essuyer un désastre, mettre en déroute, tenir tête, tenir en échec, faire face à l'enne­mi, résister, se sacrifier.

5. Les cOlnbats sont sanglants, acharnés; les succès, heu­reux; les victoires triomphantes, glorieuses; les défait~s, honora­bles; la résistance, énergique.

6. Le pays est envahi, subit l'invasion. La frontière est fran­chie; les forts sont investis; sautent, les villes se rendent.

7. L'ennemi opprime, persécute, tyrannise, pille, T,ançonne, ruine, bombarde, prend des otages.

8. On dit subir un joug, supporter une fatigue, endurer une souffrance.

9. On signe un traité, un armistice, la paix. On doit s'enga­ger, respecter, garantir les clauses du traité. On peut violer, re­nier ses engagements, déchirer un traité.

10. Une recrue, . un soldat, un militaire, un fantassin, un dragon, un infi:r~mier, un caporal, un sergent, un fourrier, ' un ser-

:gent-major, un lieutenant, un capitaine, un major, un colonel, le général.

11. La section, la compagnie, le bataillon, la brigade, la divi­sion, le corps d',armée; le groupe, le convoi, ·1e parc.

12. L'infanterie, l"artillerie, les mitrailleurs, l'aviation, -le train, les subsistances, les services sanitaires; les services complé­mentaires, la D. A. P.

- 13. Le fusil, la mitrailleuse, les canons, les grenades, les bombes, les obus, les avions, l>es tanks, les mines, les torpilles, aes .sous-marins, la flotte, 'les tranchées, Iles fils barbelés, les gaz, les champs de mines, etc.

III. ORTHOGRAPHE

Préparation: S'en référer au centre d'intérêt précédent.

La guerre

La guerre a éclaté entre ces deux pays. Les soldats ont cou­TU aux ar.mes et sont allés à la frontière pour défendre leur pa­trie. Aujourd'hui ils se battnt comme des braves. Les fusils, les mitrailleuses et les canons tirent sans arrêt. Les avions ronflent dans le ciel et laissent tomber des bombes sur les routes, sur les ponts, sur les troupes et sur les villes. Des villages brûlent; les g-ens 'sont slans abri. La guerre est horrible. .

La guerre s'ainle

Etrecontraint d'appeler la guerre une chose sainte! Et cela est pourtant. Ce fléau peut avoir son heure légitime! Le sang qu'elle répand peut être versé sans remords! Hélas oui! Lors­·que l'étra,nger pousse ses canons sur la terre maternelle, lorsque le sabot de ·ses chevaux s'enfonce dans les sillons, lorsque sa tor­.che incendie nos villages, lorsque les monuments de l'art, lors­que les bibliothèques s'écroul'ent sous ses projectiles, lorsque les femmes meurent par le fer et les enfants par la faim} lors­que la fureur monte aux yeux, lorsque le désespoir entre au -cœur, oui, la guerre pour le foyer, 1a guerre pour -la p.atrie, 'la guerre pour l'indépendance devient la guerre sainte, Alors l'ar­lIte de meurtre devient l'arme de justice, Ile glaive est .sacré, la mort ne frappe pas, elle exécute. Et, même vaincus, ceux qui combattent alors ce fier et bon combat, ceux qui se plantent, fu­sH en main, deyant la frontière forcée comme devant une mère insultée, ceux-là, fussent-ils écrasés, dispersés et battu's, ceux­là, obéissent à cette voix trop oubliée, la voix du devoir, méri-

. tent la reconnaissance de l'histoire, car, ne pouvant sauver la liberté, ils sauvent du moins l'honneur. J. Claretie.

~.

Page 14: L'Ecole primaire 15 octobre 1942

- .:24-

Héroïsme des Suisses

Leur héroïsnle se montra surtout pendant la dés,astreuse re­traite de Rus·sie, où le terrible hiver du Nord amena la débâcle de la Grande Armée de Napoléon. A Ja Bérésina, lorsque les pon­tonniers français construisirent dans l'eau glacée les ponts par où s'écoula l'année, il ne restait que quinze cents hommes des quatre réghnents suisses. A denli morts de faim, sous les rafa­les d'un vent glacial, ces héros, avec les débris de la division franç.aise Merle, couvrirent la retraite de l'armée que poursui­vaient les masses russes des Cosaques et des chasseurs sibériens. Quand la nuit arrêta le combat, ,leur troupe ne .comptait plus que trois cents hommes, dont une centaine étaient blessés. Le géné­ral l\t[erle restait là, pâle d'émotion contenue, à regarder les res­tes de sa division: «Braves Suisses, s'écria-t-il, vous méritez tous la croix de la Légion d'honneur! » de Vallière.

Un champ de bataille

On marchait absorbé, quand plusieurs de nous, levant les yeux, jetèrent un cri de saisissement. Soudain, chacun regarda autour de soi: on vit une terre toute piétinée, nue, .dévastée, tous les arbres coupés à quelques pieds du sol, et, plus loin, des ma­melons écrêtés; le plus élevé paraissait le plus difforme.

Il ressemb'lait à un vO~'can éteint et 'détruit. Tout autour, la terre était couverte de débris de casques et de cuirasses. de tron­çons d'armes, de lambeaux d'uniformes et d'étendards tachés de s,ang.

Sur ce sol désolé, gisaient trentre milliers de 'cadavres à demi dévorés. Quelques squelettes, restés sur l'éboulement de l'une de ces collines, dominaient tout. L'empereur passa vite; personne ne s'arrêta. Le froid, la faim, l'ennemi passaient. Seu­lement, on détournait la tête en mlarchant, pour jeter un triste et dernier regard sur ce vaste tombeau de tant de compagnons d'armes sacrifiés inutilement 'et qu'il fallait abandonner.

Ph. de Ségul'.

L'enfer de Sébastopol

Sébastopol n'existe plus. Ce n'est plus qu'un. gigantesque chaos de l'uines. D'innombrables incendies font rage dans . les quartiers de banlieue, tandis .qu'on a pu v,aincre .les flammes au centre de la ville. Le plus affreux, ,c'est ·qu'il n'y a pas possibilité d'inhumer les morts amis ou ennemis. Etant donnée la grand~ chaleur, le danger d'épidémies de vient toujours plus menaçant. La puissance et la densité du feu ennelni devant Sébastopol dé­passe tout ce qu'a pu enregistrer déjà l'histoire de la guerre. mo­derne.

L'armée allelnande attaque nuit et jour par vagues, comp­tant que l'artillerie anéantisse tout ce qui est ·encore vivant à Sé­bastopol, de sorte que l'infanterie ne rencontre bientôt plus au­cune résistance.

Dans les rues, les cadavres s'entassent les uns par-dessus les autres. On sait bien que dans les conjonctures actuelles, Sébas­topol ne pourra plus tenir longtemps, mlais on est résolu à ,la défendre maison par maison, ou plutôt, ruine par ruine, jus­qu'au dernier souffle de vie.

Exercices d~applicaUon

S'en référer au centre d'intérêt précédent.

IV. COMPOSITION FRANÇAISE

La phI'ase - Le paragraphe - La cOlIRPosition

Faire des phrases avec oles mots du vocabulaire. Faire conjuguer les verbes du vocabulaire. Des soldats sont cantonnés ,au village. Une sentinelle: son attitude - s'a consigne. Les soldats prennent leur repas sur la place du village:

-observez, décrivez. Nos soldats à la frontière. Je sel~ai soldat. Les soldats font l'exercice: vous observez et vous faites pàrt

de vos réflexions. L 'arrivée des soldats au vinage. Un défilé. La Suisse veut et peut se déf.endre.

--Ce protecteur de la Suisse: Nicolas de FUie. Nos montagnes, forHfioations naturelles.

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Page 15: L'Ecole primaire 15 octobre 1942

Centres d'intérêts traités durant le cours scolaire 191!2/43

1. La patrie La guerre 2. La chasse Hygiène et santé 3. Maladies Bonté et charité 4. La peur Le courage 5. Noël Nouvel-An 6. Les sports Le temps 7. La nuit et les 'astres Le soir 8. Le matin et l'aurore Bêtes de la m'aison 9. La basse-cour A l'étable et sur le pré

10. Le ,printemps Jardins et vergers" Il. Labours et semaiHes La moisson 12. Blé, meunier, boulanger Les foins 13. Les oiseaux Les insectes 14. Instructions-sciences

*** En dehors du centre d'intérêt, nous donnerons dans chaque

numéro., une dictée de contrôle se \rapportant aux règles de g~ammaire. 'Les maîtres pourront s'en servir comme répétition pow' leurs grands élèves.

On trouver-a aussi chaque fois une ou deux petites histoires,_ spécialement choisies, d'où l'on pourra tirer d'utiles leçons.

Dictée de contrêle

Révision du nom

Visite d'un Bazar

Je me souviens qu'étant tout enfant je fus élnerveillé en visitant avec rn-es grand'tantes et mes grands-p:arents l'un des, plus beaux baz-ars de Paris. Dans une longue galerie se trouvaient des jouets de toutes sortes; des soldats annés de chassepots, des gardes champêtres, des gardes-chasse, des gendarmes, des ser­gents-majoTs, des sous-lieutenants, des chefs de bataillon, des lieutenants-colonels, des génér.aux de briga'de, des -contre-l3.mh'aux, des vice-.amiraux, des chars-à-bancs, Ides tilburys, des landaus,. des chiens-loups, des chevaux.

Dans une autre galerie s'-entassaient des altos, des barytons, des pianos pour dilettenti de mon âge, et des porte-plume, des compas, des tire-Egnes pour 'les écoliers. P1us 'loin des porte­feuilles, des porte-manteaux, des réveille-matin, des porte-mon-

.:.- 27 -

naie, des garde-'manger, des lits-c'ages, des ciels-de-lit, des coffres­forts, des verrous, des passe-partout, des éventails, des vit~aU:x, des tulles, .. des gazes, 'Voire m,êlne des tableaux 'qui, ~ans !être des .Raphaels, ne manquaient cependant pas de v~eur; des loco- ' m,otIves et des 'bateaux n'ayant rien de comnlun avec 'les puis­sants moyens ode tr,ansport( créés par le génie des Stéphenson 'et des Fulton. J Mllais je n' avais vu réunis tant de ,spécimens des chefs-d'œuv.re de 'l'industrie parisienne, tant d'objets divers fa­briqués en Europe et dans les deux Aluériques.

Les belles histoires

Je défendrai ma Patrie L'enfant grec

Après la prise d'Athènes par les troupes rOluaines, la ville fut co~plètenlent ruinée et Joa popuI.ation réduite à l'esc'lavage. Les vaInqueurs se partagèrent entr.e eux ·les habitants et les dé­pouilles résultant du pHlage.

Le général ronlain,chargé de répartir les enfants, voulut auparavant s'assurer s'ils ·avaient reçu quelque instruction, afin de réserver les pius int<ellligents pour les officiers. Il ordonna donc qu'on fît écrire à chaque enfant quelques mots sur sa tablette.

En -examinant ensuite lui-lnêlne ce que ~es enfants avaient écrit, le général put lire sur la tablette de l'un d 'eux ces beaux vers d'Honl'ère : « Heureux, trois fois heureux, celui qui est Inort dans les champs d'Ilion ; il n'a pas vu le deuil de la patTie ! » '

Surpris et ému, le général fit appeler l'enfant devant lui. H se présenta sans troub~e, le vi·s'age à la fois triste 'et fier,

et semb'lait Tésigné d'aVianoe à l'a peine qui 'l'attendait. Après l'avoir un moment regardé èn sHence, le général lui

prit la main avec bonté: « Toi, dit-il, qui sait aimer ta patrie mê­me quand elle est détruite, tu es digne de vivre libre. Reste dans ton pays, mon enfant. » Rollin.

La contrebande

M. X ... revenait de Belgique avec sa belle-mère. La brave dame -avait -acheté à M1alines de fort belles dentelles et les avaH adroitement cachées dans ses maUes, au ,milieu de ses robes. Arrivés à la frontière, son gendre lui dit: - « N'oubliez pas de déclarer vos dentelles, chère bene-maman. - P,ar exem­ple il me faudrait payer des droits énormes. - Mais ces droits, vous les devez! -" Je les dois! A 'qui? Pourquoi? - Parce qu'il y a une loi pour l'importation qui frappe d'un impôt... -

Page 16: L'Ecole primaire 15 octobre 1942

- ~8-

Je la trouve absurde, moi, cette loi, j'y échappe, c'est mon droit. - Mais c'est de la contrebande, et la 'contrebande est une fraude! - Assez! reprit-elle sèchement. Vous n'avez pas la prétention de m'apprendre ce que j'ai à faire. Donc, taisez-vous. »

Il se tut, mais, quand on en vint à l'examen des manes, et que le douanier demanda aux voyageurs s'ils n'avaient rien à. déclarer, mon ami répondit: « Oui, monsieur, madame a ici des dentel1es qui, je crois, doivent payer l'entrée».

La fureur de la daIne, vous vous l'imaginez. ENe ne pou­vait den dire, le douanier était là; il lui faUut ouvrir ses maHes, dérouler ses dentelles de Malines et payer un droit qui lui parut 'exorbitant ...

'Mais l'histoire .eut un dénouement bien imprévu. La vue de l'honnêteté a un tel as een dant , même sur ceux qu'eHe condalnne ou .irrite, que, la visite finie et les deux voyageurs restés s'euls, la belle-mère de mon ami se retourna vers 'lui, et, après un mo­ment de silence, lui sautant ·au cou:

« M-on gendre, dit-elle, vous êtes un brave homme, il faut que je vous embrasse. » Ernest Legouvé.

NÉCROLOGIE

t Rde Sr M. Hélène MA. Y Le 24 juin dernier, au Monastère des moniales BerIllardines

de Collombey s'éteignait dans lIa paix du Seigneur et sa 44èlne 'année, la Révérende Sœur M .. Hélène M'ay. .

EUe y éta'it ent'rée en 1912 et y avait parachevé 'Ses études sous 'l'habHe dire·ction d'une ·maîtresse émérite et d'un élninent prof'esseur de l'école normale. Durant ,plus de vingt années, eUe consacra à 'l'enseignement toutes les ressources de son intelligente ini.tiative et de son .dévouement tout maternel. .,

Elle supporta les souffrances d'une longue maladie avec l'attitude filia'le du totai iabandon et de la plus joyeuse confiance.

Quand le Seigneur eût passé, 1re sourire qui auréollait son front virginal semblait refléter 'l'écho de ces paroles que 'Ja Sainte Egli­se met sur nos lèvres: « Veni Sponsa Christi! »

Nous 'avions ~e .doul-oureux privilège d'assister pour ses fu­né rail.'l es , aux Offices 'si touchants ,et si beaux de 'la .liturgie cister­cienne. Dans le petit cim·etière de sa Iclôture bénie, eUe repose au­jourd'hui avec ses Sœurs, attendant le grand jour!

Qu'elle prie pour nous! N. : .. ' .' ' . , ,-, . " ,

~ . . " . :

- ,29 -

BIBLIOGRAPHIE'

Comptabilité double Cours théorique et 'pratitque

Edouard Schiess,

profE's-seur à l'Ecole des Hautes Etudes r.ommercia:les de LausannE'.

Mr, l~ Dr Schi~ss, proJesseur à l'Université de Lausanne, inspec­teur federa,l ,.ct,es ecoles cÛ'mmerciales de la Suisse romande, 'pré­sente, aux ·edItlOns Payot, un manuel de .comptaJbilité ,qui ne ressem­ble en ·rien à tout ·ce 'qui a -été Ipuhlié juS'qu'ki s·ur la matière,

La méthode, ,c.o·mplètement inédite, inattaqu8Jl>l.e au point dE' vue scientifi.que, 'Part des éM·ments les ,plus si.mples et s'ap,puie sur les documents ' commer.ciaux les !plus courants, factures, 3flfets de r.Offi­

merce; l'auteur en analyse l',élaboration., 'puis ' note la passation des écritures auxquelles donnent lieu le règlement ou le translfert en d'autres mains de ·ces pièces co·mp-iables-.

L'utilisation judircieuse de couleurs guide 'l'autodidacte dans ses études et contribue puissamment à .mieux '.fixer dans son es-prit la ,marche des olpératioI1s. L'élève ,comprend que le {'merf d'entrepris€'

eSpère l'augmentation de ·ses ,actifs (couleur verte) appréhende l'aUigmentation de .. son passif (couleur rOUige) pense . qu'en dernière analy.se il nag.era dans le bleu ,(.compte

capital).

Toutes l€'s ex'p.lications et tous les exercices qui 'hgurent dans ce remarqu8Jl>le ouvrage s'enchaînent avec une rigoureuse logique de laqueUe découlent avec ·clarté des déductions ,comptables ·parfaite­,ment ,sûres.

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Cet ouvrage a ,sa .pIace marquée, non seulement dans les écoles ,commEH~ciales, mais il est appelé à rendre ·de 'pré,cieux services aux maitr,es Elnseignant dans les ·cours :com1merciaux, dans les cours des arts et métiers, da:ns les cour,s co·mplémentaires, et au .degré sUipé-rieur des écoles p ri,m air es. i

Ajoutons que ,Mr Je Dr ISc:hiess est un péda'gogue hautement qua­lifié et apprécié, un ,psychologue averti, et aussi un :praticien ex'pé­rimenté, 'puisque, avant d'occupeT les hautes fonctions que lui ont ,"alue,s ses méritE's et ses ,connaissances, il a travai.llé durant de nom­breuses annéeB d·ans une usine, /puis dam: une administr·ation et én­·fin dans une banque.

Est-il be·soi.n ·de dire que le Valais doit beaucoup à ,Mr l'Inspec­tE'ur fédéral de l'enseigne.ment commerr.ial ,puisque, sans son ;précieux

Page 17: L'Ecole primaire 15 octobre 1942

- 30-

appui, plu,sieurs de nos écoles secondairE's auraient ·été 'pnvees des subventions de la Confédération et ·auraient dû cesser toute activité au .grand ·préjudice d~ dévelolPiPement de l'instruction déVns notre can­ton.

De nombreux membres du corps ensetgnant va.laisan ont eu l,e 'Privi.lège de suivre des. COUTS de vacances dirigés et organisés là Sion, à Lausanne et là Neuchâtel, avec une haute com·péte.nce et une,' ,rare distinction pal' ,Ml' le Dr Sehiess, IConnaissant l'auteur ils app.récie­ront d'autant mi,e,ux cet 'ouvrage que toute la Iprèsse rom.ande a ac­cueilli avec les .plus .grands élogES,

La Librairie Payot, <dont les 'publications pédagogi,ques de 'va­le.ur ne ·se cüm'ptent .plus, a ·particulièrement soigné la présentation typogra'phique de 'ce livre Iqui constitue ainsi -à tous .les .points de, yue un véritéVble chef-d'œuv,re. IC'est 'PoUl~quoi, e·n Le recom,mandant à nos lecteurs nous sommes sûr de .ne ,pas .I€·s <déC'evoir. 'L'auteur et ·l'éditeur ont ,droit à nos relmer.ciements et ,à nos ,fMi.citations.

Cl. Bérard.

1, Edouard Schiess, 'pro,fesseur à l'Ecole des Hautes Etudes com­m,e.rciales de Lausanne. Comptabilité double, cours théori'que et ,pratique avec ·de .nombreuses Iplanches en couleurs, un volumE' in-'4 broohé enslpirale .à 'la Librairie Payot. Prix . . . ,Fr. 6.6'0

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