l'ecole primaire, 31 décembre 1942

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SION, 31 Dé ce mbre 1942. PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLA I RE ORGANE DE LA SOC1ÉTÉ VALAISANNE 0# EDUCATION AB 0 N N E MEN T AN NUE L: Fr. 7.50 62ème An née. Les abonnements se règlent par chèque postal Il c 56 Sion. ou à ce f aut contre remboursement lOtIt ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. CI. BÉRARD. Insti tuteur, Si ef re -- Les annonces sont reçues exclUSivement par __ PUBLICITAS. Société Anonyme Suisse de Pub l icité SION Avenue de la Gare Tél épho ne 2 12 36

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Page 1: L'Ecole primaire, 31 décembre 1942

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SION, 31 Décembre 1942.

PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLA IRE

ORGANE DE LA SOC1ÉTÉ VALAISANNE 0# EDUCATION

AB 0 N N E MEN T AN NUE L: Fr. 7.50

62ème Année.

Les abonnements se règlent par chèque postal Il c 56 Sion. ou à ce défaut contre remboursement lOtIt ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. CI. BÉRARD. Instituteur, Siefre

-- Les annonces sont reçues exclUSivement par __ PUBLICITAS. Société Anonyme Suisse de Publicité SION Avenue de la Gare Téléphone 2 12 36

Page 2: L'Ecole primaire, 31 décembre 1942

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Dr A. WANDER S. A" BERNE

SION, 31 Décembre 1942. No 6. 62ème Année. ,

L'E Cl 1 AIRE ORGANE DE LA SOCltrl: VALAISANNE D'EDUCATION

SOIlV1JMjAIRE: .cO\îv1!MUNICATIOtNiS DIVEHSES: Arrêté modifiant ,les­dispositions pénales de Jla loi s'Ur l'enseignement ~p,rimaire. -Coure::. de directeurs d€< 'ohant. - 18. V. E. - Traitements du ,per­s,onnel snseignant. - Pension des anciens ins-tituteurs. - Une œuvre nationale ,pour les jeunes. - Jubilé d€< Pro Juventute. -PARTIE PEDAGOGIQUE:. !L'enseignement individuaUsé. - De­voir des candidats au brevelt de capa;cité .. - Se moderniser. -L'éco1'e en sie jouant. - iP AHTIE PRATIQUE: Langue françaiSle, centres d'intérêt, 1ère et flème semaines. - Dictée de contrôle. Las belles histoires. - 'BIBLIOGRAPHIE.

La Rédaction de

)3' 0cate !J:,ùnaae présente

à tous ses collaborateurs, abonnés et annonc~ers

ses souhaits les meilleurs pour fannee 1943

~~!~~1~!?~~.I.~~~Ji~!E! 1 .1

Arrêté du 9 décembre 1942,

mo'dlUant 18s dispositions pénales de la 101 du 1er luln 1907 lU l'enseignement primaire et les tcoles normales.

LB CONSEIL D'~TAT DU CANTON DU VALAIS,

Considérblnt que ~es dispositions pénales de la ,loi du 1er jut.n t901 Sur l'elilseignement ,primaire ·et 'les 'E.r.Otles normales ne l'~OJle dent pas aux exigences du moment,

Page 3: L'Ecole primaire, 31 décembre 1942

~ 162-

que les amendes prévues :par la loi de 1007, effi.caces à l'époque, ne sont plus en rapport avec la situation de l'heure,

qu'il im,porte de les ,adapter aux ,conditions économiques actuelles, ~ue ,les peines doivent être pro,portionnées à la ,gravité des in-

tractIons, . vu les dispositions du décret du Grand Consei,} du 14 novembre

1939, accordant au Conseil d"Etat des ,pouvoirs' spéciaux pour Il'avenir, ,sur la proposition du Département de l'Instruc,tion IPublique,

arrête:

Article .premier. - Les dispo,sitions pénales de la loi d~ 1er juin 1907 sont remtplacées .par les suiv,antes :

Art .• . 66 re,:isé: Toute abse-nce non justifiée des éco1es :primaires es~ passIble d une amende de 0,50 fr. pour ~hacune des trois pre­mIères absences s,co,laires et de 1 -ir. pour chacune des autres ab-8ences du même élève. .

. T0l!-te absence non justifiée des cours com,plémentaires est ,pas-611;>1e- d une amende de ,2 ,fr .. par 'leçon pour chacune des deux pre-­IillIèree ,leçons du cour,s s'C,Olaire et de 5 fr. pour chacune des autres leçons.

Art. 67 revisé: Les demandes de congé ou de :permission basées ,sur des motifs reconnus faux <sont l'Punies d'une amende de 2 à 20 francs.

..;\rt. 6,8 revisé: Toute absence de rexamen d'émanci,patiOifl est pasSIble: d une ,amende de 10 A 20. francs. Toute ,ahsence de. l'examen de sortie des cour6 complémentaIres est passi.ble d'une amende de 15 à 20 fr.

Art. 69 revisé : Tout rMus d'obéissance, tout cas d'insubo:rdinatiolil est dénoncé a~. prési~e~t de .la co~mission scolaire qui -prend les mesures COel"CItIve,s dl'ctees pal' ,les cIr,constance,s.

La :polke locale Ipeut être au besoin requis€! par le pré6ident ou ~ son défaut, par un membre de la Commission :sr.olaire" '

La Commission scolaire statue ~mr ces cas et peut prononcer une amende de 10 à 100 francs ou des arrêts de 1 à 1'5 jour,s.

. Si les ,~}rconstances l'exi,gent, ,la ipoJice ,cantonale ,peut être re­'l'mse par 1 mspe'Cteur s·colaire. ,. 4rt. 70 revisé,: ILe,s rparents, tuteurs ou patrons qui entravent

J InstI.tuteur dans 1 exerc,ice de sa prOfession, qui 'pénètrent SBins y être aut~rIsés, d~!ls l.es .locaux scolaires e~ y dem'eurent, malgré une .som­matIon de ,1 mstIt~teur ou des .au~orItés présentes, sont 'punis d'une amende d~ 5 ,à 100 fr., -sans ipréJudI'ce des peine-s plus ,graves prévues par les lOIS ,pénales .

..;\rt. 71 revisé: Les parents, tuteurs ou patrons qui entravent ou néglIgent ~ravement ,l'~duc.ation et l'in5ltruction des enfants confiés à -leurs ,soms, sont 'pum-s . d'une amende de 10 .à 100 fr.

Art. 7,2 et 73: ne ,subissent aucun 'changement. Art. 74 revisé: :Lor~qu'une amende prononcée ~n vertu des ar­

tioc1es précédent.s n'est pas payée dans le délai fixé ,elle ,est trans­formée en arrêts, . à raison de 1 jour -d'arrêta IPOu~ 10 francs d'a-mende. .

La commission scolaire fixe le délai et opère la traIlBlformation. Art. 75: -demeure inchangé.

. Art. 7~6 ravisé:. Les' :pénalités prévueg aux articles 66 67 68 et 69 t~~:. prpnoncées par la Commission ·scolaire 'sauf recou~s 'A' l'iDspec-

Les pénalités ·prévue~ aux arUcles 70 et 71 sont rprononcées !pal" J'inspecteur, sauf recours au Département.

,Celles Iprévues à J',artkle 7'5 -sont IPrononcées par le Chef du Dé­partement, ,-sauf recours au 'Conseil d'Etat.

Art. 77 et 78: ne subis~ent aucun ,changement. Art. 2. - Le Département de l'Instruction :pubUque est chargé

d'ap'pliquer le 'Présent arrêté qui entre i·mmédiatement en vigueur. Ainsi arrêté en COlnseH d'Etat à Sion, le 9 déce'mbre- 1942.

Le Président du ,Conseil d'Etat: Mo Trolliet.

Le Chancelier d'Etat : N. BoteD.

s . V. E. Séance du Comité du 17 décembre 1942.

Cours de directeurs. Au sujet du ,cours dont il est fait men­tion d-clessus, le comité décide de deinander à la Fédération des Sociétés de chant d'organiser ces cours de 'lnanière à en rendre la fréquentation plus facile au personnel enseignant des vallées.

Examen de gymnastique pour l'émancipation. Le Conlité es­time que la course de 80 :m,. en 13" n'est peut-être pas sans danger pour des enfants dont l'entraînelnent est insuffisant.

Traitements. Il ' prie le Départeinent de bien vouloir publier dans l' « Ecole Primaire)} le barêrrne des , traiten'lents.

Retraite. Il prend acte avec reconnaissance de la décision du Département de venir en aide aux membres du corps enseignant qui ne sont pas au bénéHce de la C, R. ,en leur versant la part qu'aurait payée pour eux l'Etat s'ils avaient fait partie de cette institution. Cette snmlme sera répartie sur cinq années dès 1943 .

·Scolarité. Décision est prise de mettre tout en œuvre pour obtenir une prolongation de la scolaIité, en commençant par les classes inférieures.

Fédération des Employés de l'Etat. Le Comité informe cette organisation qu'elle peut compter sur l'appui de la S· V. E.

Communiqu~

. Sous les auspices de la Fédération des Stés de Chant, un -cours de Directeurs se donnera le ·dÎlmanche après-midi, du 10 janvier au 28 février prochains, probablement à St-Maurice. Les instituteur,s qui le désirent peuvent y participer. Aucune finance n'est demandée, mais les élèves paieront les ,chœurs qui leur se­Tont remis .

D'autres détails seront fournis en temps utile par la presse·

Page 4: L'Ecole primaire, 31 décembre 1942

Traitement initial

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1,80

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Traitements du personnel enseignant

Prime d'âge maximum atteint la 15me aunée

1ère année d'·enseignement

Zème )} )}

3ème )} »

4èma )} »

5ème )} »

6ème » »

7ème » »

8ème » »

Bème » »

10ème » »

11 èmE,) » »

12ème » »

13ème » »

14ème » »

1.5ème » »

16ème et auiva.ntea

1ère année d 'enseignement

,Zème » »

3ème. » »

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Sème » »

6ème » »

7ème » »

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11ème » »

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13èrne »

14ème » »

15èmo » et suivante.s

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Instltu teurs

Allocation · familiale au persollnel marié

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Institutrices

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Classes de plus de 7 mois, al/oc. spéciale au personnel marié

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Allocations par enfants

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Cotisatiuns à ~a caisse de retraite

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21.75

14.50

14.75

15.-

16.76

15.75

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16.05

18.-

18.50

19.-

19.60

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20.50

18.-

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13.25

13.50

16.05

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18.25

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Page 5: L'Ecole primaire, 31 décembre 1942

Les instituteurs et les institutrices qui, par suite de la dis­tance, doivent prendre le repas de midi en dehors de leur rési­dence ordinaire, reçoivent une allocation qe 15 fI'. par mois.

Ceux qui résident en idehors de leur domicile reçoivent une al­lO'cation de 30 fr. par mois (Art. 16 de la IO'i).

Au traiteIllent qui précède et qui est fixé par Ua loi du 15 nO'­vembre 1930, s'ajoutent les allocations de renchérissement sui- 1

vantes:

Au personnel célibataire: 25 fr . par mois. Au personnel marié: 35 fr. par IllOis et

15 fI'. par enfant. Déductions,' ,

a) Caisse de compensation 2 % du traitement global. Les COlnmunes ne doivent pas opérer de réduction à ce sujet.

b) CotisatiO'n ù la caisse de retraite: 5 % du traitenlenrt initial et des prÎlnes d'âge. 25 % de chaque majO'ration de ce traitement, mais la 1ère année seulenlent où cene-ci déploie ses effets (art. 12 du règlement) .

c) Abonnement « Ecole Primaire» fI'. 7.50 (perçus en nO'­vembre pour les réguliers et le 1er mO'is d'école pO'ur les remplaçants.

d) CO'tisation pour S. V. E. instituteurs fI'. 1·50, institutrices fI' . 3.- (perçus en novembre).

e) Responsabilité civile fI'. l.- (perçu en nO'vembre).

Secrétariat du Département de ['Instruction publique.

NO'us rappelons de nouveau aux meInbres du corps ensei­gnant que les traitements 1eur sont versés par le service de la 'COluptabilité du Département des Finances. TO'ute réclamation à ce sujet doit donc être adressée au service pDécité.

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Encere une bonne ncuveUe

Pension des anciens instituteurs L'année dernière, l' « Ecole primaire» a publié les dO'léan­

ces des vieux instituteurs qui ne fO'nt pas partie de la caisse de retraite. En ce début de l'année 1943, nO'us sO'mmes heureux de leur annoncer la bO'nne nouvelle : sur la prO'pO'sitiO'n du départe­ment de l'Instruction publique, le Conseil d'Etat a fait drO'it à leur requête, et ces maîtres et maîtresses recevront dO'rénavant une modique pensiO'n.

' On sait que les instituteurs et les institutrioes entrés dans l'enseignement avant 1906 avaient la faculté d'adhérer à la 'caisse de retraite nO'uvellement C'réée. Or, un certain nO'mbre d'entre eux ont refusé de faire partie de cette institution de prévoyance. Sans dO'ute, parmi ceux-ICi il en est qui n'avaient pas l'intentiO'n de cO'ntinuer l'enseignement; leur abstensiO'n se justifie donc. Mais l'attitude du plus grand nO'mbre a été détern;tinée parla si­tuation matérielle qui leur était faite.

A cette épO'que, le traite:ment de l'instituteur porteur du bre­vet prO'visO'ire s'élevait à 345 fI'. pO'ur les 6 mO'is, et c~lui de. l:ins­titutrice à 300 fI'. Les cO'tisations à la caisse de retraIte vanalent, selon la classe choisie, entre 30 et 60 fr., ce qui représentait un pourcentage du traitement allant du 10 au 20 % suivant les cas.

Dans 'ces cO'nditiO'ns, traiter d'impévoyants tO'us les vieux maîtres qui aujourd'hui ne fO'nt pas partie de l~ cai~se de, re­traite, c'est juger les chO'ses d'une façon un peu slmphste. D a.u­tant plus qu'à cette époque il y avait pénurie d'instituteurs PUIS­que l'Etat encourageait le recrutelnent des élèves à l'EcO'le Nor­male en versant des subventiO'ns destinées à cO'uvrir partielle­ment :leurs frais de pension. Et les Inaîtres et maîloresses pou­vaient enseigner aussi lO'ngtemps qu'ils le désiraient. D'autre part, il y a quelque 20 ans, les instituteurs n'étaient pas embar­rassés pO'ur trO'uver une occupation intéressante en dehors de .la carrière. .

La loi de 1930 ayant fait de meilleures cO'nditiO'ns au persO'n­nel ensei anant, la pléthore en est résulté, et, pO'ur la réduire, on a appliqué,t:> à l'endr~it de certai~s maîtr.es ~'injuste arti~le, 22. d,u règlement de la caIsse de retraIte. Des InstItuteurs O'nt ete pr~ves de leur 'enlploi alO'rs qu'ils n'étaient au bénéfice d'aucune pensIOn·

Sans ,dO'ute, l'Etat n'est pas strictement tenu de verser une rente aux maîtres et maîtresses qui, sO'it en' 1906 lO'rs de la fO'n­datiO'n de caisse de retraite, sO'it en 1925 lors de sa réorganisa­tion, O'nt refusé d'y adhérer. Mais il n'en est pas mO'ins vrai qu.e par suite de l'attitude négative de ces membres du corps enseI-

Page 6: L'Ecole primaire, 31 décembre 1942

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gnant - en admettant qu'ils aient tous appartenu à la classe II pour laquelle ils v~rsaient 40 fr. - l'Etat a économisé une som­me globale de 103,285 fr. C'est à la répartition de ,ce montant aux intéressés, que, sur la proposition du chef du département de l'Instruction publique, s'est rallié aujoul'd'hui le Conseil d'Etat. L'autorité supérieure du -canton rend ainsi un juste hOlTI'mage à ces vieux maîtres qui se sont acquittés de leur tâche avec une grande conscience professionnelle et un beau dévoue.ment. Com­me on le voit, les Républiques ne sont pas toujours ingrates.

Aujourd'hui, 54 instituteurs et institutrices ayant quitté l'enseignement ne touchent aucune pension. Parmi les maîtres et maîtresses en activité de service, 13 ne font pas partie de la caisse de retraite. C'est donc 67 melnbres du 'corps enseignant qui seront touchés par la récente décision du Conseil d'Etat.

Le Inontant total que le département des Finances aurait dû verser à ces maîtres et maîtresses s'ils avaient fait partie de la caisse de retraite sera réparti, pour ceux qui ont déjà cessé tou­te activité professionnelle, sur les 5 années à 'venir et, pour les autres sur les cinq premières années qui suivront la fin de leur carrière pédagogique.

Des calculs précis détermineront les montants exa.cts qui re­viendront à chacun, en admettant comme cotisation fI'. 40.­pour c~aque année scolaire de 1907 à 1925 inclusivement, et ef­fectivement, depuis 1925 au moment où ils ont quitté l'enseigne­ment la SOlllme qui aurait été effectiven1ent versée pour eux. Il convient de noter que seuls les instituteurs et les institutrices, à l'e:x:clusion de leurs héritiers bénéficieTont de ces prestations.

Nous sommes heureux de cette solution qui donnera satis­faction à tous les ,collègues entrés avant nous dans la -carrière, à ceux qui 'comme nous et plus que nous encore ont dû lutter et souffrir. Pour beaucoup d'entre eux la situation actuelle -est pé­nible; les traitements de misère qu'ils ont perçus n'ont pas dû leur peitmettre de constituer des réserves. Pourtant, aujoul'd'hui qu'ils ne gagnent rien ils ne doivent pas moins payer au même tarif que nous le lait, le pain et la viande·

En ce début de l'an ils apprécieront ,come il se doit le geste du Haut Conseil d'Etat, let l'appui chaleureux qu'ils ont obtenu du chef du Département de l'Instruction publique. Cl. Bérard.

Devoir des candidats ,au brevet de cap-acité pour tS43. {( Comment ;préparer l,a j f'unesse sui'sse 'à ses devoirs CIVIqUes lt,

d',a:prèa Ile rapport de 'M. M!ockli, ,présenté au congrès de la :SJP.R. Voir l' 1« E-co:le Primaire» du 30 nove:mbre 1942. Il ne reste plus que 20 €'xempII'aires du Rap'port Mtickli; le de­

mander là la direction de l'E:cole normale .des Instituteurs. - JPril: .Fr. 1.-, lPort ,r.ompris - soit 1.15 ,c-ontre remboursement.

- 169-

Une œuvre nationale pour les jeunes Depuis plus de 10 a·ns, l''Oeuvre ,suisse des lectures ,pour ,la jeu­

nesse est sur la brèche . .son activité s'es,t ex€'r'oée particulièrement en Suis-se aLlemande. ,ses débuts ont été modestes, m-ais elle a ,pris un -si réjouissant es-sor e-n lID temip relativement -c.ourt qu'eUe est devenue une rol,lection assez imposante.

Jusqu'ici, 144 brochures ont été impriméE\S: elmes co'm-prennent 25 séries. 'Plus d'un million et demi d'exemplaires ont .fait lIa joie des jeunes lecteurs. Ce ,million et demi a joué un rôle si notable chez nous que les autorités scolaires ,d 'une de nos grandes villes ont pu écrire: « Depuis que la vente dE's brochures de l'o,S['J a été organi­sée .dans nos écoles, noue:; avons 'Pu constater un recul notahle de ,la rlittérature immor.8Jle et de mauvais goût ».

On est en droit de se demander pour,quoi 'cette œuvre n'a ,pas me­né -son entreprise !parallèlement en ,Suisse romande. ["a jeune-sse ro­mande n 'a-t-elle donc pas aus'si soif de ,lecture, N'es,t-elle pas aussi menac-ée Ipar des œuvres médiocres? N'est-eNe 'pas tentée de se tour­ner, faute de miE'ux, vers des œuvres r.onvenant là des .lecteurs adul­te'EI ?

Soyons -certatns que le~ jeunes Romands ont les mêmes besoins que leurs -compatriotes d'Outre-Sarine. >C'est ,pour des raisons finan­cières que l'œuvre s'est tout d'abord développée en Suü;se alémani· que. On a constaté d'emblée qUE' l'à ses édition~ s'épuis-aielIlt plus ra- , 'i>idement. Or, l'·OSLJ ,n'avait -pas de crupital d'ex,ploitation ,puisqu'e-Me est une œuvre d'utilité publique.

Ce stade est aujourd'hui dépassé grâce là la ,collaboration de ùa jeunesse qui a organisé une collecte nationale dans .les écoles et a ,pu mettre ,à la -dis.posHion .de l'OS'LJ un modestE' 'capit8J1 d'explloita­tion. Ce del'1nier, géré prudemment par ,la Fondation Pro Jm"entute, assure l'ave:nir matériel ,de l'OS,LJ.

L'heure est donc venue de gagner les autres régions linguisti­ques de la ,suisse à .l'idéal de l'OSLJ, alors mêlme -qu'un tirage- plus rE'streint 'qu'en Suisse alémrunique rend l'entreprise ,plu~ dificile. IJ s'agit tout d'abord de se tourner vers :loa Suisse romande.

Vo.SlLJ n'ignore -pas ,que ses tirages en langue française n 'attein­dront que la moitié de ceux ,qu'e,lle fait en Suisse alémanique. Les frais d'impression .de ,c-haque brochure sont en r.onséquence plus élE'­·vés. -Mais 'cela ne isi,glIl:iJfie nullement qu'un: jE'une Romand paiera 50 ct. ce qui ne coûte que 40 ,ct. a un élève de Suisse alle'mande-. La vente sera dé.ficitaire et les modesteg bé!l1é:ficE's ,qui sont rérulisés sur les brochures en langue allemande compens'eront 'ce dMi,cit. VoÏJtà -sans doute un principe bien suiss,e.

Jusqu'ici, 15 brochures en langue JfTançaise ont été imprimées. En void la liste:

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42 Müller E. - Ce n'egt que Rudi - SujE·tS littéraires de.p. 9 ans 43 Vogel T. - La Guerre du Grand ,Marais - ,sujets littér. de-p. 9 ans 44 Leemann E. - Agilité et Courage ~ ,sport. 4J5 Constançon M. - La vie du ,Mlajor Davel - Hiographies dep.

12 an~. 51 v. A.Jllmen K. - Les trois ,souhaits - Pour les petits. 53 Binder O. - Félix Martel - Dessin et 'peinture. 75 Chapuisat E. - Le général] Dufour - Biographieg, -dep. 12 ans.

101 Carp€'ntier - Le clu}) des Furets - Réc·réation et jeux, dei:>. 10 ans-

102 Gigon F. - Henri Dunant - Biographies, dep. 1.2 ans. 103 Godet 'ph. - Prunelle - ,Sujets littéraires, de.p. 13 ans. 109 11291-194,1 - 6'50 ans -d'histoire - !Histoire. 131 Eschmann E. - Edison - Biogra'phie~, :dep. 10 ans. 132 de Reynold G. - Le trésor de la Sarine - Sujets littéraires"

depuis 1,3 ans. 133 v. Allmen ·K. - Le che'\"'rette !blanche - Pour -les petits,. 134 Cont€'s de Noël - Sujets olittéraires, dep. 12 ans.

Ces brochures ont ,plu à tous leurs: lecteurs: texte, i.llustrations, présentation, ,les ont éga!]ement enchantés. :Mais une remar,que est générale: le choix est encore beaucoup trop petit! VÛiS1L.J est prête à remédier à cela; eHe n'a qu'un désir: oHrir ·s-cms cess€' aux jeunes Romands: des nouveautés. Mais elle a besoin de l'appui moral et de la collaboration effective-de toute la Suisse ro-mande.

Nous sommes ,persuadés que -c'est tâche pres'sante -pour nous que de pr'Ûcurer ,à nos jeunes d,e saines lectures. Elles ,constituent un ex­cellent auxiliaire de I~;éducation pour ,les pédagogues et les ,parents.. Les organisations cultureilles, les sociétés :pédagogique~, les autorités scolaires se feront ,donc toutes un devoir de soutenir moralement ,cette irnitiaUve. Elles peuvE,nt au reste se faire représenter à l'A~semblée générale de ,l'œuvre.

La Suisse romande com'pte des écrivains renommés mais aussi d'autres, ignorés, qui seraient très capablet< d'écrire pour la jeunesse. E-st-il chose p,lus be,lole 'pour un poète que de devoir écrire ,pour la génération montante,

N'oublions pas les artistes -romands qui sauront joliment ülustrE'r ces œuvres . ,Ce sera 'pour eux l'occasion d'aoc-omplir une tâche d'é­ducation artistique et de c01mbler le 'fossé, qu'on déplore soi .souvent, entre le :peuple et ,l'art.

Les imprimeurs -romands, eux aussi, ne se ,p,laindront pas des commandes qu'ils re'cevront!

Enfin, un~ vérité évidente: c'e~t dans la mesure où les brochures, s'écouleront que r.oSLJ iJ>ourra éditer de nouvelles œuvre's. Point n'est besoin de ,long-s -commentaires: constatons seulement ,qu'un -soin tout ,particulier doit être voué là la vente.

Une re-marque encore: si lOSLJ veut con-currenc-er e:f1ficacement les ouvrages médiocres à bas prix, ",i elle -veux s ',adresser vrai.ment à tous les enfants, elle doit vendre également bon marr.hé ses bro­chures. Il faut donc que -ses tirages soient 'plus élevés .que 'ceux d 'un livre courant et que ode~ e.fforts tout .spéciaux soient \faits pour les écouler. C'est pOUI1quoi dans tous ,les cantons, à \la ville comme à :la cam-pagne, le corps E'nseignant s 'est mis à la disposition de l'OSfLJ à laquelle il a témoigné une agissante sympathie. Cest ,lui '(}lui a 01'­

ganigé la ve·nte régulière des brochures dans ses communes et ses 'Cool.lèges.

L'OSlLJ a déj1à gagné en ISuisse romande des amis de la jeunesse et des éducatc'urs qui ,se oSont mis à la tâche et veulent o'ffrir de sainbs le,ctures à la jeunes~e. Et là aussi, 11"Or~J déve,loppe 'son activité. No­tre corps enseignant est intéressé au 'premier 'chef à -ee que les jeUllE'S bénéficient plus que jamais de publicatio.ns adaptées à leur âge. J.l appuyE'ra les eforts -de 1'0.S!LJ, ,soit en collaJborant ·à la vente, ~oit en faisant connaître les brochures .ft. ses classes, soit en fournis,sant des manuscrito: . qui seront les bienvenus.

Tous ,les intéres-sés voudront bien demander le rapport annuel et ùa brochure « L'Oeuvre suisse des :lectures pour la jeuness\:' » au ,secrétariat, Stam'pfenbadls-tras~e 112, Zuri-ch. Ces imprimAs leur se l'ont envoyés gratuitement. J. Kraft.

Un Jubilé: Les trente ans de Pro Juventute De,puis WI12 la Fondation Pro Juventute est ,sur la brèche et mi­

Hte en faveur -de la jeunes-s-e, de la famitlle, de tout notre _peuple. IBon an, mal an, les secrétaires de distrir.t et de commune de tout 1e pays ont eXE'l',cé leur bienfaisante a:ctivité au ,cours de .plusieur,s généra­tions.

Le rap-port de ,l'exercice 1941-1,gi4!2, puhlication jubi'laire ·dont la modeste pr,ésentation e-st en aoe·ord avec la dureté des temps, fournit 'une excellent vue -d'ense·mble de l'œuvre a,ccomplie au cours de ces deux années dE' .guerre. Le ,compte rendu de l'appui eUicare .que le se­,crétari,at général ,prête aux distri'cts met n'ettement en évidence ,la manière d-ont les problèmes ,de -l'aide ,à la jeunesse doivent être réso­lus ,c.hez nous.

Que d'e1f.orts persévérants ont été accomplis en ,faveur de la Imère et du petit enfant! Fllus dE' -260 congultations -de nourrissons, -centres' pédagogiques et d 'information de premier ordre, jouent un rô.le émi­nent dans notre vie nationa,le. Une large .plae,ea été accordée à l'en­seignement maternel, dans le sens d 'une meilleure 'prote'ction de la famHle-, de la formation de ,la jeune femme à sa tâch,e de mère. ,Citons enfin les -séjours de repos 'pour femmes et 'petits e'l1'fa'nts -dont le~ e,f­fets bienfaisants ,sont in contestahl es.

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Au nombre des tâches concerna;nt l'âge scolaire, .Jes p)lacernents de va'cances et de ,convalescence méritent une mention toute spéciale. 'Le secrétariat général a mis 02;104 places gratuites à ,la rdispo,sition des colla;borateurs des distric.t~ . . Mentionnons encor,e l'aide, toujours plus nécessaire, aux enf.ants de la .montélJgne, le placement des enfants suisses d~ l'·étranger ,(1886) a-ccompli en acr.ord avec la fondation « Se­C'ours aux Suisses », l'œuvre :des Enfants de ,la Grand'Route, lIa collecte de fruits pour les enfants de la 'montagne (1'70,000 kg. pour 13 c,an­tons), l'aide ,aux veuves et or,phelins (Fr. '6'6'4,.965.-).

Les tâches de la section de l'ad'Ûle'scence et des loisirc;; sont tout aussi actuelles. Formation ,professionnel,le des jeunes ge·ns normale­ment doués, ,gérance des secrétariats divers (Cartel suisse de vacan­ces et loisirs 'pour la jeune,sse, Fédération sui,ss-e des Auberges de la 'Jeunes'se, Oeuvre suisc;;e .des ,lecturE\'3 ,pour /la jeunesse, .Cartel pour r·hemins de tourisme pédestre). L'intégration des jeunes dans le ser­vice de 'campagne et l'aide des jeunes stagiaires aux paysannec;; sur-

. chargées ,ont également fait ,l'ObjE·t ·d'eflf.orts ,persévérants, ainsi que ùe 'problème de l'utilisation des loisir,s, Hi actuel, et qui trouve sa «o,lu­tion rationnelle dans la création d',ateliers de loisirs C'ommunauxet d'ateliers 'militaire·s. L'œuvre des va-eances .suic;;ses pour la jeunes,se a pris un réjouissant essor grâce .aux 'colIronies ,de vacances üngui,sti­ques, aux ,camps de v,aCanc.E1S, aux groupe<:: d'excur,sionnistes .des jeu­nes Sui,sses de l'étranger.

ISignalons que :le rap'port annue.l d'un des 1ge di-stricts est donné à titre d'exemple et ,qu 'i,l Iprésente un tableau des 'plus intéres'-'ants de l'artivitré bénévole .des s,ecrétaires de district et de ,commune, acti­vité qui ,s~ ,développe ,sans cesse en ces temps .dirHi cil es. Le'c;; Fr. 1.29,000 'collectés en 19/12 ont f.ait place aux 2:% millions de francs, dûs à de nombreux dons, dotations et Ilags.

Au merci "de la fOIlldaÙon, ,cons.c.iente de la va1eur de 1 appui qu'elle a trouvé .depuic;; 30 a-nrs, s'ajüutecelui du peupl,e suisse tout entier . .(Co·mmuniqué.)

Prêts de livres dans toute la Suisse.

Ren5ei~nements gratuits.

PART][E PEDAGOG][QUE '1 IJ' enseignement individualisé

Travaux des candidats au brevet de capacité

orne AIRTIIÛLE

La lecture de l'ouvrage de M. DoUrens a provoqué chez les candidats un certain nombre de remarques · intéressantes con­cernant divers problèmes touchés par l'auteur; comme ces ques­tions ne sont pas directement en relation avec l'enseignement in­dividualisé (l'écriture script - la valeur des notes et des places - etc.), nous ne nous y arrêterons pas. Nous retiendrons cepen­dant les deux points suivants :

1. l'ouvrage de M. Dottrens et le problème religieux, 2. l'autorité et la liberté à l'école.

L'ouvrage de M. Dottrens et le problème œligieux

Certains candidats relèvent avec étonneunent que l'aspect re­ligieux, surnaturel, ou même simplement moral, fait complète­ment défaut à l'ouvrage de M. DoUrens. .

({ Dans un pays catholique tel que le notre, écrit Sr. M. R., il me sera permis de dire mon regret de n'avoir pas trouvé dans l'œuvre entière le nom de Dieu, Créateur de l'enfant et vers le­quel il doit retourner un jour. »

Et l'Inspecteur d'ajouter : ({ Je partage le regret de Sœur Maurice. Qu'on puisse. écrire

tout un traité d'éducation sans y faire entrer le nom de Dzeu, ce n'est pas pour favoriser la formation complète de l'enfant. »

({ Le but de l'école primaire défini par 'M. Dottrens, écrit de son coté un candidat, est certes de valeur; mais il nous paraît que pour nous, instituteurs chrétiens, le but principal et final a été oublié; notre pédagogie catholique ne dit-elle pas que l'édu­cation morale a pour but de préparer l'éternelle vie en élevant la vie présente. Une lacune frappe dans cet exposé: l'absence totale d'instruction religieuse. Nous som'mes portés à croire qu.e cette indifférence religieuse est le résultat de l'influence françaz-

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se. Souhaitons que le malheur qui frappe actuellement notre grande voisine et qui est le résultat naturel de l'instruction don­née . à ses enfants, serve de leçon et que, comme chez elle un grand courant de meilleure éducation morale et religieus~ se ff!-sse jour chez nous. » (G. R.)

Et l'Inspecteur note : « Reproche non justifié. AI. Dottrens ne propose pas un pro­

gramme d'enseignement, mais un procédé technique pour le français et l'arithmétique. »

Une mise au point est nécessaire· . :M. Dottrens ne s'est pas proposé d'écrire « un traité d'édu­

cahon», mais de rensei.gner simplenlent sur un procédé d'ensei­gnement.

D'autre part, l'enseignement public là Genève étant légale­ment « neutre », M. Dottrens a dü tenir cOlnpte de cet état de chos~s; .les exemples -cités -~ans ,son ouvrage ont été puisés dans les fIchIers des classes de l Ecole du Mail, classes neutres.

Cela étant. dit, il faut bien reconnaître que nous, Valaisans, nous .ne 'P"OUrrlO?S ~dmettre cette n.eutralité scolaire et que, sans VOUI?Il' nleler ,DIeu a tous les ennUIS de la grammaire - ce qui seraIt une gr.osse erreur --: nou~ nous ferions un devoir de propo­ser. un ·certaln nombre d exerCIces ou d'exemples sortant du do­maIne purement « terrestr-e ».

, Si l'on s~ reporte. au~ ~u:vrages que le P. Girard, le grand pedagogue fnbourgeOls, ecnvIt au début du 19ème siècle on reste à la fois énlerveillé par le nombre incroyable d'exer~ices p~üposés et édifié parr la haute valeur morale de l'ensemble. On dI.ra. peut-être: Mais , depuis cent ans, on a fait des progrès! DIstInguons ....

Conclusion: les fiches passe-partout ne suffisent pas: il faut les adapter et les compléter.

La liberté à l'école et l'autorité

Le problème des relations entre la liberté de l'enfant et l'au­torité du maître à l'école est un problème de tous les te~ps. Il semble cependant plus « actuel» que jamais, depuis qu'on parle tant d'école nouvelle et d'école active.

, Or, ~e~u,is ving~ ou trente ans, ne dirait-on pas qu'un Inot d ordre aIt ete donne et que presque tous les écrivains ou corres­'Qondants pédagogiques se sentent obligés de le rendre à leur compte, et ce mot d'ordre, c'est: « Vive la liberté spontanée de l'enfant! »

Combien de fois n'a-t-on pas fait le parallèle entre l'école ancienne et l'école' nouvelle - entre l'école passive et l'école ac-

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tive - entre la prison ou la -caserne et le.·. paradis scolaire! A croire certains, toutes nos écoles d'autrefois étaient des bagnes.

Pour être à la page, beaucoup -cèdent à la tentation: ils en­tonnent un couplet contre l'école traditionnelle celle de la con­trainte, et un couplet en faveur de l'école nouv~lle, celle de la li­berté; et dire que beaucoup de ces pédagogues si à la mode n'au­raient que des éloges à adresser à leurs anciens maîtres - ou bien qu'ils n'ont jamais été à la tête d'une !Classe pour appliquer les beaux principes qu'ils ont triomphalement couchés sur le papier - ou bien qu'ils se gardent de les appliquer quand ils sont en face de cinquante élèves de 6 à 15 ans!

A vouons-le, il y a une grande marge entre l'idéal rêvé et ir­réalisable et la réalité de tous les jours.

Reconnaissons aussi que bien souvent les pensées de cer­tains écrivains sont mal interprétées, ou qu'on attribue trop de valeur à certaines de leurs boutades.

Quoi qu'il ·en soit, M. Dottrens touche ce problème de la li­berté à l'école au début de son ouvrage et il cite en particulier un texte de Dewey, qui résume, dit-il, excellemment son point de vue (P. 26 et suïvantes).

'Ces pages ont provoqué de nombreux commentaires et sus­cité parfois une vive opposition. Voici quelques citations carac-téristiques :

« Sur un point, je ne suis pas d'accord avec l'auteur, celui qui traite de la discipline. Cette conception nouvelle ,de la liberté accordée à l'enfant durant les heures de classe me laisse scepti­que. Je ne .vois pas trop mes écolières s'étendre quand elles en sentent le besoin, ni s'asseoir à terre ! ... » (M. T. M)

« POUl' ce qui concerne l'ordre à l'école, le silence, la bonne tenue, fl'enfant doit se plier à une. discipline générale. J'imagine insupportable cette . classe où chaque élève aurait le loisir de se tenir contme bon lui semble. Où en arriverait-on avec ce régime là ? D'un autre coté, il me s~mble que pour formel' des homm.es au sens complet du terme, il ne suffit pas de laisser à l'enfant la liberté de s'épanouir, mais il faut aussi lui apprendre à se plier, à passel' par-dessus sa volonté pour faire celle bien supérieure du devoir. Et d'ailleurs, je ne crois pas imlposer à mes petites élèves de bien gros sacrifices, ni les comprimer dans un emmail­lotement trop étroit en leur demandant la tranquillité durant les explications et les récitations ... » (A. ·M.) 1

« D'ailleurs, est-il des classes où l'on maintienne les élèves dans ce prétendu emmaillotement pendant des heures ainsi qu'on le laisse supposer? Je me permets ici de fouiller dans mes sou­venirs et de me reporter quelques années en alTière qu'and j'étais sur les bancs d'école bien rigides et bien laids; jamais je ne me

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suis. sentie pour autant une martyre et pourtant il n'était pas question de liberté ei d'individualisation. Pauvres enfants d'au­jourd' hui ... il faudrait peut-être transporter en classe des fau­'teuils, des chaises longues! L'enfant doit être astreint à une dis­cipline sans laquelle il n'est pas de formation possible de la vo­lonté. Aujourd'hui, on regarde trop les enfants comme des phé­nix ... ou des saints; à fOI'ce de vouloir leur éviter toute peine, on les éduque comme si la vie était une partie de plaisir. Pour ap­pliquer les vues de Dewey, il faudrait n'avoir qu'une sélection d'élèves ayant de la volonté et l'amour de l'étude. J'ai pu cons­tater pendant ces trois années d'enseignement qu'il y a peu d'en­fants ayant d'eux-mêmes la volonté d'apprendre. Sans cesse, le maître doit talonner, pousser, encourager les élèves qui ne de­manderaient pas mieux que de rester dans leur ignorance. Sans l'impulsion du maître, l'effort des enfants ,est bien problémati­que. » (R. G.)

1 « Bref! Cette accusation d'emmaillotement est d'une exagé­ration manifeste! Il y a loin de « la pédagogie des bras croisés, des oreilles ouvertes , et des regards éteints des leçons collectives au cours desquelles on ânonne le baba sur une funèbre psal­modie », aux leçons pleines d'entrain, de vie et même de gaieté qu'on peut obtenir avec l'enseignement collectif. » (R. G.)

« A tout prendre, si une discipline trop autoritaire donne des résultats négatifs, une liberté qui deviendrait licence n'aboutirait qu'à des résultats pires encore· N'oublions pas que l'autorité du maître a été justement comparée à « une main de fel' gantée de velours,» (P. B.)

En fait, les élèves resteront toujours des disciples et le maî­tre sera là pour les guider et les aider à faire la conquête de la vérité qui s'impose à tous.

Si certains lecteurs, fidèles à l'école traditionnelle, pensent que M. Dottrens est partisan d'une dis'Cipline relâchée ou mal comprise, 'qu'ils se rendent à l'Ecole du Mail: ils seront sans doute fort surpris de voir les élèves, à la fin d'une récréation, se ranger par classe, sous le préau de ,la cour, et gagner ·ensuite leur salle de travail dans un ' ordre parfait ... si parfait, qu'ils s'accu­seront sans doute d'être plus « novateurs» que M. Dottrens lui-m'ême. L. B.

Sur le chemin de Damas

Se moderniser 'Gratry a écrit daIlB « Les ,Sour,ces» : « Qui ne sait pas se rajeunir

touche à la mort ».

Re,c1evenir jeune est une .gél!geurE' .difficile; c'est peut-être ulIle itllusion

~ fi

voire un tromp~-ù'œil. Chél!que âge a sa mission et sa :raison d'être. E:::.t-ce au début de sa carrière que m'éduC'ateur réa'lise de son mieux les ,conditions d'un ,apostolat Ipédagogique ,fécond? Le maître qui voit succéder sur lEtS bancs de l'écoJe les enfantB de ses 'p're.miers élèves est normalement mie.ux outülé, gràce à son expérience. Dans la cor.poration Ida l'enseignement, les jeunes et les vieux contribuent à former un haumonieux organisme riche et varié.

iMlais il n'en est pas moin« vrai que la durée tend à produire de la lassitude, à épuiser les re'ssource,s, à Ifaire baisser le potentieJ 'mo­ral. Comment éviter l'épuise·ment? EŒl' restrE'ignant l,a dépense, le dévouement? C'est alon:: qu 'il faudrait abaiss:er 'l'âge ode la re.traite forcée. Suivant le ,conseil du divin Maître, nous a1jouterons sans ceSse de l'huile à notre lampe. Ce .faisant, nous avons l'air d'a,lourdir notre f,ardeau; en réalité C"e5:t lJ!e joyeux poids des ailes qui nous souJèvent à tout instant au~dessus de notre médiocrité innée.

Nous tI'éapprovisionnE'r, nous renouvele.r, nous régénérer, voi1à ;la façon de nous rajeunir, vieux et jeunes. Appe]ons cela, si vous voulez bien, nous moderniser. ,Comment? 1<1 y a plusieurs façons. ,Nous en citerons trois.

La première co'ns-iste là: utiliser les moyens techniques des méthoœ d'es récentes: projections et rfilms, phonographes E't radios, tableaux, tes·ts, listes et fiches, ,centres d'intérêt et tr,avail manuell', excursions, enseignement rythmique et autres nouveautés pédagogiques.

Ce sont Là de~ tI'essources ,qui n'ont pa's le don maogique d'opérE'r des mervei,Hes « ips'Û fa,cto» et ne ,constituent ,pas un progrès a.bsoll'll. On .peut Iles e,mp.loyer dans un esprit de routine ou du moins sans avoir saisi l'idée qui le5: a ·sus,citées. On ,peut dire ,qu'il vaut mieux s'en te.nir aux 'procédés t:r.aditionnels judir,ieusemElIlt a;p'Pliqués ,plutôt que d'introduire des innovations qui n'ont pas pris racine da.ons notre âme ou ne ,C'adrent pas avec notre millieu scolaire. Le cultivateur qui met ses pa3 dans le,s traces de son père ,fera de la meilleure be.sogne qUE' celui qui, par manie de mode'l'nité, gaspille son temps et sa peine ene.ssais hasardeux. IMais mieux vaut encore un bon appre,n­tissage des m,éthodes agl'icorr'e~ éprouvées. '

Une autre façon de se moderniser, c'est de tâter le pouls de no­tre époque. Les mouvements de Il'âme humaine et Iles Ifluxcle la vie populaire se répètent sans doute. Mais il Ifaudrait avoir renoncé. à l'usage de ~es sens et de son jugement pour ilgnorel' les signes des temps e.t la physionomie actuelle de la jeunesse. Nous vivons à l'âge de la technique. L'aspect .g,odal de l'existence s"ex1primat en traits ,plus ac,ce,ntués. L'esprit de ,la tradition a été fortement 61ntamé. La jeune génération .a besoin d'une 'cuJlture ,p.lus expücite de la ,sponta­néité, de -la pel'sonnaüité; 'p.lus indépendante d'e l'ambiance natale, elle doit jouir d'une -formation plus 'profonde du caraC'tère. L'rume moderne, sollicitée par des influe.nces contradictoires, ne peut pas se

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contenter d'une v'ie religieuse tro'p exclusivement ,entraînée da;ns le ·chemin battu de la tradition.

Flairer, dépister, dévisag.er et analySer ilies signes du présent et les indices de l'avenir, c'est un.e adaptation plus urgente ,que l'em­ploi de nouvelJ}es techniques. Le scoutisme, -la Jac, la ,cToisade eucha­ristique, les 'congrégations mariale·s, le!' équipes s'portives, ,les grou­pes d'entr'aide·, les ca;mps de travail, les ateli:ers de loisir, etc. ,ce 'sont ,là des ex.pre,ssions d 'un ·esprit nouveau. L'école ne ·peut saisir les jeunes qu'en suivant ,leur évolution, ce qui est .bien .plus diHicile et plus délicat que d'enrichir sa panop.lie didactique de ,quelques ar-mes modernes. .

La régénération la plus efficac:e, la plus féconide pénètre plm: a .fond, jusqu'.au tréfonds de notre œuvre. LE\S hommes arrivés aux v1ngt 'ans autour de 1900 re'connaîtront ,qUEt la "ie re'ligieus,e d'alors, tout en étant sine,ère, fidèle et solide, manquait un Ipeu de chaleur et de lumière. Pie X s'e,st surtout attaché à raviver la ,fllamme eucha­ristique et à tout renouvele'r dans le Ohrist. Aduellement la cons­cience chrétienne Ijouit d'une connaissance plus nette, plus active du fait oentral d.e notre foi; c'est que le Sauveur est le ,Chetf mysti­que d'un 'cor,ps dont nous som'mes les Ime,mbres,. Les virtualités na­turelles et surnaturelles ont trouvé ,Là un ,climat merveiHe·ux. Le culte marial et leo sens catho.Ji.que, :surtout s.ous Il'expres~ion de ,l'ac­tione·atholique, se s·ont nourris au même Joyer.

Dans le domaine temporel, nous assistons à un elfo·rt national qui, au milieu de Ja ,crise mondiale, tend à renouveler l'esprit s'uisse aux sources de se,s origines. Ajoutons-y quelques autres Iphénomènes C'onnexE-s, tels que l'intérêt suscité Ipar la !poIiti.que Jamilia;le et Iles nombreus'es manifestations de solidarité sodale et de charité inter­nationa;]e.

Nous touchons Là au cœur de J'action pédagogique.

L'Eglise ,a rejeté ,comme un poison Ile mod·ernisme qui a ,porté une main sacrHège 'sur les base'sdu christianis'me. Mais ~iIe examine et ' accueille comme une révélation naturelle toutes les fonnes de la vérité et du bien pour Iles' intégrer à son patri!moiDle spiritue~. Vivante, elle Teste .fidèle ,à Etlle-même et 's,e ,c-ontinue ,sa;ns se .:répétM' machina;le­ment. Elle .suit ses enrfants du vingtièmesièe,le. danS' lEts innom­bra'bles et interminables .dédales des .aberrations moder,nes comme eMe recherche les âmes égarées ·ave·c le zèle du ,bon Pasteur et s'at­tache à la conquête ,deo terres nouvelles avec l 'aIldeur d'un s'aint Paul. Tenant d'une main -ferme :les Iré,alités éterneHes, elle étend l'autre vers tout ce qui ,peut être i,ncoJ."lporé .au royaume de .Die-u, abandon­nant là leur décrépitude nature.Lle les f.ormes éphémères de la chry­salide pour sauver 'la vie.

N'est-ce pas Ilà le modèle de ,l'éducateur 'Clhtrétien? Les trois façons de se moderniser ne s'excluent pas, elles se subotldonnent:

. \

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Au centre \-ita.l, au oœur de l'œuvre pédagog,ique agissent leS réalités profo,ndes d'où jaillit la vie: la nature humainE' de l'en­fant avéü lIa gr0f.fe surnatureoJlej Ilia grâJce. Cest en ,puisant à ·ces sources carhées que la jeune âme trouve le moyen d'être bonne, silncère, chaste, dévouée, obéi,ssante, vivant en la prés,ence de DiE'u, aimant les siens et son 'pays. L'histoiTe des enfants d'élite montre avec évidence qu'i:l y a chez eux une vie intérieure quf n'est ni uni­quement ni principalement J'.eÎ'fE{ des influences venues' du dehors; chez les jeune's aux traits moins a'ccusés, ,cette vie intérieure existe au5t1Si. Connaître, respeC'ter, aimer et cultiver les énergies' intrinsè­ques de l'enfant 'et la grâc.e diviDle, c'est l'essence de l'éducation, toujours ancienne et toujours nouve,llie.

Animés de ces dispositions, .nous vouerons une attention cordiale et active à l'ambianC'e, aux conditions extérieures de la croissance, à l'esprit du temps, aux .courants spirituels et aux influence·s multi­plE's ·qui peuvent favoriser ou gê.ner ,l'épanouissement des germes. Nous nous rendons ,bien 'com'pte 'que ce serait une :grave négligence ·que de persévérer dans une routine ,paresseuse, si nous fermions les ye·ux aux risques des te'mps.

Enfin nous ne -méC'onnaîtrons pas l 'utilité de no-uvelles ' techni­ques qui sont souvent des instrum1énts pluS efficaces, plus ,eommodes et mieux adaptés.

Après que David eût reconnu 'son infidélité et se ,fût -rendu comp­te de la voie tortueuse dans Il8Jquelle son adultère l'avait poussé, ill s'écria: « Seigneur, ren?uvelez en moi l'esprit de droiture.)}

Le long du ,chemin, nous vio,lons aussi la foi qui nous lie là no~ tre mission d 'éducateurs; tout Eln répétant les ,gestes proJessionnels, nous nous égarons en dehors du chemin qui mène dr'oit au but et poursuivons ,quelques avantages étrangers. 'L'interruption ,de l'ac­tivité scolaire a estompé la netteté du devoir; l'ouhli ou l'affairisme a enveloppé nos connaissances d'une ·brume -crépusculaire.

Cest même ,chaque matin ·qUE' nous adresserons au bon Pasteur la demande sincère, prél~ude d'efforts renouvelés:

c( Renouvelez en moi l'esprit de droiture.})

Noël 1942. c. G.

Il école en se louant Il y a quelques années on parlait beaucoup de l'école en se

jou~_nt.· L'étude ne devait plus être ardue; elle ne devait plus exi­ger l'effort de la part des élèves; ,ceux-ci devaient apprendre en se jouant. On avait même imaginé, pa~aî!-il, des al~hab.ets. a.vec lettres mobiles en choco~at ou en pralInes. On allaIt aInSI JUS­

qu'à faire appel à la gourmandise des enfants pour leur permettre l'acquisition des connaissances.

Page 12: L'Ecole primaire, 31 décembre 1942

- 1'80-

Il và sans dire que la valeur 'morale de tels procédés d'édu­cation est fort discutable et nous ne -croyons pas que l'on puis­se les préconiser. Il en est de même de la plupart des méthodes pratiquées par l'éco~e en se jouant. Nous avons toujours souri à l'oui des résultats obtenus en ,pratiquant ainsi, car nous esti- _ mons nécessaire d'exiger l'effort dès le premier jour où l'enfant vient en classe.

Voilà pourquoi nous avons lu avec une véritable satisfac­tion dernièrement ces lignes d'Alain, dont les Propos en matière d'éducation, à part certaines réserves doctrinales, sont unanime­ment appréciés.

Alain écrit: « Je ne crois pas trop à ces leçons amusantes qui sont comlue la suite des jeux. Ce sont rêveries de brave~ O'ens qui n'ont pas appris Œe ·métier. La cloche ou le sifflet marq~ent la fin .. des jeux et le retour à un ordre plus sévère; et la prati­que enseigne qu'il n'y faut point un insensible passage, mais au contraire un total changement, et très marqué dans les apparen­ces. L'attention alors est élevée d'un degré. »

Ce 1 sont là propos d'un attardé, d'un ancien, n~ais aussi d'un maître dont nous nous récla·mons. Certaine pédagogie Inoderne affirme que le jeu est un travail qui exige de la discipline, de l'effort et qu'alors se développent et se manifestent les diverses aptitudes de l'enfant. On ne saurait le nier.

Cependant, reconnaissons que l'on n'insiste pas sans raison au­jourd'hui pour que l'école soit un apprentissage de la vie. Or, la vie avec ses dures réalités n'est pas un jeu, ni un divertisse­ment continuels; elle exige un effort réfléchi et constant. L'Îlna­gination et la fantaisie qui se donnent souvent libre cours . du­rant le jeu doivent être réfrénées, reléguées à l'arrière-plan du­rant l'exécution des principales disciplines scolaires.

La plupart des jeux auxquels s'adonnent nos écoliers sont bruyants, désordonnés, tumultueux: par contre, le travail scolai­re s'effectue dans le calme, l'ordre, le silence. Le jeu est et doit rester un délassement, sinon ce n'est plus du jeu. Voilà pourquoi l'élève qu'un jeu finit par énerver, fatiguer, l'abandonne pour passer immédiateluent à un autre, même s'il n'a pas achevé le premier, ou s'il n'en a pas trouvé la solution. Du moins agit .. il ainsi lorsqu'il joue seul. Dans ses divertissements, il ne recherche généralement aucun profit, aucune formation, aucune acquisi­tion de connaissances.

Le travail scolaire se fait selon un horaire déterminé, avec calme et réf'lexion, sans fantaisie; l'enfant doit s'efforcer de con­centrer toute son attention sur sa tâche, d'oublier le Jl.londe ex­térieur, afin qu'aucune distraction ne vienne l'entraver dans son travail. Oh! on dira sans doute que le joueur de foot-ball qui guette le ballon a lui aussi toute son attention en éveil; mais

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entre celle de l'élève qui s'efforce de résoudre un problème et cel­le du ,gardien du but, il y a une différence que nous n'avons pas besoin de souligner.

Et si après la récréation, en rentrant en classe, les élèvès sont encore un peu bruyants, bavards, absents ou distraits, le mait,re sait les rappeler à l'ordre en leur disant: Allons 1 ·mainte­nant le jeu est fini. Et les enfants savent bien ce que cela veut dire, 'car 'c'est alors une autre -atmosphère que l'on respire.

Mais il faudrait pourtant que cette atmosphère continue à rester joyeuse comme celJle qui se crée durant le jeu; que le tra­vail s'accomplisse parce que l'enfant y a pris goût et qu'il a ap­pris à dis'cipliner ses efforts.

L'enfant formé à cette école du travail sérieux. discipliné, aura certainement une meilleure formation, un earactère plus trempé que celui qui a acquis en se jouant toutes les ~onnaissan­ces qu'il possède. Le premier aura reçu une éducation, il est maintenant formé. Le second par contre peut fort bLen avoir em­,magasiné des connaissances dans sa tête, nlais il lui lnanquera [es qualités d'ordre, de discipline et de travail sans lesquelles on n'est vraiment pas un homme de valeur.

Dans son dernier et beau livre, Mme la Doctoresse l\[Clutes­sori montre bien d'ailleurs que l'enfant aime le travail comme tel, et que le jeu ainsi que nous l'entendons ne commence à inté­resser le jeune être que lorsque celui-ci a reçu nog premières dé­formations.

Méfions-nous donc de ce slogan: L'école en se jouant. Subs­tituons-lui plutôt cette formule: L'école joyeuse, par récole acti-ve. Cl. Bérard.

LANGUE fRANÇAISE

Première semaine

Centre d'intérêt: LES SPORTS L RECITATION

Sur la plage

Vêtenlents retroussés, dans l'eau jusqu'aux chevilles, Ivres de liberté, d'air pur, garçons et filles

Page 13: L'Ecole primaire, 31 décembre 1942

Ont pris pour cOlnpagnon de leurs jeux l'Océan. Ils attendent le flot qui vient et d'un élan, Avec des 'cris aigus de joie et d'épouvante, Se sauvent devant lui, mais la vague, vivante, S'élance en bondissant, bouillonne derrière eux, Les atteint, et ce sont des grands rires ,heureux Quand la bande, un instant par l'eau folle cernée, La voit fuir en laissant une blanche traînée. J.-M. Guyau.

Ronde enfantine

Dansez les petites filles , Toutes en rond.

En vous voyant si gentHles" Les bois riront.

Dans€'z les petites folles, Toutes en rond.

Les bouquins, dans Iles éC'ole~,

Bougonneront.

Dansez les Ipetites beliles, Toutes en rond.

Les oiseaux avec leurs ailes Applaudiront.

Dansez les petites fées, Toutes en rond.

Dan':1ez, de bluetscoHfées, L'aurore au front.

V. HUGO.

n. VOCABULAIRE

NOMS. - -- Un amusement, une distraction, un passe-temps. Le jeu, le sport; un sportif, ~n athlète, un joueur, une équipe, un ·champion, un partenaire, un adversaire, un arbitre. Une partie, un mat1ch; l'entraînement. Un enjeu, un pari. Le cyclisme, la na­tation, le patinage, la culture physique, la boxe, l'escrime, le ten­nis, le foot-baIl. La détente, le divertissement, les loisirs, le ter­rain, les cabines, le vestiaire, les compétitions, une rencontre, une sortie; le bureau, les membres; une répétition, les décors, l'or­chestre, une loge, le balcon, le cinéma, une Ipro jecHon, un épisode, des péripéties, un artiste, une vedette, les a,ctualités. Une socié­té, les statuts, le comité, le but de la société, l'adhésion, l'exclu­sion, le procès-verbal, une société sportive, philanthropique, IllU­sicale.

ADJECTIFS. - Un geste prompt, agile, adroit, sûr, preCIS, souple, violent, brutal, inconsidéré, discipliné . Un jeu passion­nant, excitant, acharné, distrayant, divertissant, amusant. Une Course effrénée, bondissante, rapide. Un arbitre impartial. Un coureur allègre, vigoureux, essoufflé, dispos. Des distractions saines, une détente réparatrice, les loisirs dirigés; des membres actifs, honoraires; une pièce comique, drmnatique, lyrique; des décors som'ptueux ; un film documentaire; des péripéties mouve­Inentées, invraisemblables.

- H~3-

VERBES. - Attaquer, esquiver, engager une partie, la dis­puter. Relever un défi, s'affronter, se mesurer, entrer en compé­tition se défier. Saisir une balle au vol, la renvoyer, la manquer, Se h~urter, se bousculer, se presser, se précipiter. 'Se ~assionner, applaudir, acclamer, le vainqueu~, trépigne;, d:enthot1~I~sme, en·· courager les concurrents, les excIter, les f,elIcIter. A:(!J.:erer, coo­pérer collaborer participer à une œuvre, a une SOCIete, etc., 01'­

ganis~r une fête: établir un programme, mont~r une pièce, sur­veiller des répétitions; rédiger, insérer un artIcle, adresser, ex­primer des remeciements à ...

m. ORTHOGRAPHE

Préparation: S'en référer au No 1.

La balançoire

Personne n'en abusait · plus que Victor; une foi" filonté des­sus, on ne pouvait plus l'en faire descendre; debout sur l'es~ar­polette, il mettait toute ~a force, et ,tout ~on ,amour-propre, a la lancer le plus haut possIble, et Il dISparaISsaIt dans le feUIllage des arbres qui s'agitaient comme au vent. V. Hugo.

A bicycleUe.

Ils roulaient coude à coude. Comine il y avait clair de lune, deux ombres très longues, très minces précédaient les nl~'~hines; La -côte était ardue. Chaque pédale tour à tour sembJ aIt aUSSI résistante qu'une marche d'escalier. Elle ~édait ,:p~urt.ant et ,les roues avançaient par saccades. La machIne faISaIt front ~ un côté, puis de l'autre comme une chè'vre, qui IU,tte contre l~n 0111e~. La côte était gravie. Cent mètres de plaIne pUIS l,es ~ach~nes par­tirent toutes seules. Une descente se recourbaIt Jusqu au fond d'un val. Les deux bicyclettes allaient d'une vitesse toujours ~c­crue. Les deux roues avant sautaient ensemble. J. ROInarn.

Les joueurs de quilles

Aujourd'hui dimanche, on se repose au village. ~es joueurs de quilles se sont réunis sur la vieille route. La partIe est enga­gée. Trois quilles sont debout, en ligne. Il ,s'agit de le3 ah,attre. A tour de rôle, les joueurs se placent à dIstance voulue, Ils se baissent, ils visent longuenlent, puis ils lancent la bo~l~. Elle roule, elle roule .. , On la ~;uit du regard. ~an! pan , vOl~a d~ux quilles 'par terre! Celui qui a réussi ce joh coup pent;e bIen etre le gagnant,

OR SA T, vins du Valais, vins de soleil et de santé.

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La glissade

On était en plein hivi'!'. On avait établi dan~ i.Jutc5 les rues en pente de superbes !-!lissades. La 'plus belle était c\.·lle de devant la cour. Le grawl Pierr(! l'avait commencée lui'lnême, en nivelant la neige ave:~ se'3 s3hots sans clous et tout plû ts, et les 8utl'eS l'imHant, ils avaIent peu ;\ peu frayé un siUa;..:e de neige d'abord, de glace ensllite, ql1i H.Y:lit bien cinquanTe lnètres Je long. eette glace fondait un peu à midi, mais regelait Je soir, et, chaque matin, on commen~'Lù~ par la re}Jolir avec amour. Qu'elle Mait belle!

Lisse comme n11 miroir, et plus ~li~,"'ante cent foi~ qu'un par-quet bien ciré. L. Pf'l'gaLld.

Le foot-baIl

A chaque extrélnité de la piste, de~ 'poteaux s~ dressent, re­pl:b,;entant, ceux de d coite un nUllp, ceux de gauch~ un autre. Toute la question (,;on'li~t ,~ à faire l>a~ser entre ceux ci uu entre ceux-là un énonme ballon de peau que les champions des deux partis lanceilt à tour (le rôle. Cdui (Ini tient le ballon èst là, pen­ché en avant, ses compagnons et ses adversaires autour de lui, comme des bêtes aux aguets et qui vont sauter. Tout :\ coup, il jette la balle ou, d'une rapidité folle, il la passe aux mains d'un nutre qui s'élance et qu'il s'agit d'arrêter. Paul Bourget.

Emilie, Oill la p,assionnée des s'ports

Une seule passion dévore Emilie: obtenir par l'effort Je ses muscles des résultats auxquels ne puissent atteindre le·s efforts musculaires d'aucune autre femme, ni de la plupart des hommes. Toute son énergie est asservie à cet objet. Sa vie se divise en 'deux parties : l'une, où elle dispute la maîtrise de lIa raqueUe ou 'de la pédale; l'autre, où elle s'entraîne pour ces disputes. Sa con­versation est merveilleusement étrangère aux choses de l'esprit. Ne lui parlez pas d'un livre ou d'un événement d'art récent, ne faites pas allusion devant eNe à une crise politique ou à un mou­vement social. Elle ne lit 'que certains journaux où sont résumés chaque jour les événements sportifs du monde entier. En revan­che, elle parle de ceux-ci avec une abondance de documents et une propriété d'ex,pressions effrayante; ·elle ne vous fait grâce d'aucun .des termes d'argot spécial, d'aucune .des abréviations fa­milières dont usent les professionnels. Et l'ad'lnirabQe, c'est qu'elle croit très sincèrement que de tels soucis sont les plus nobles des soucis, et qu'elle regarde du haut d'un dédain sincère les mortels 'inférieurs dont 1\l.mbition ne se résume pas à faire manœuvrer, suivant certaines lois arbitraires et précises, l'appareil muscu-laire de leurs bras ou de leurs jarrets. Marcel Prévost.

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Exercices d'application

S'en référer au numéro 1.

IV. COMPOSITION FRANÇAISE

La phrase - Le paragraphe - La rédaction

Faire des phrases avec les mots du vocabulaire. Faire conjuguer les verbes du vocabulaire. Quel est votre sport préféré ? Vous avez assisté à un match de foot-baIl. Racontez ce que

vous avez vu. 1. Les joueurs. 2. La partie s'engage. 3. Le jeu. 4. L'enthou­

siasme des spectateurs. 5· La fin du lllatch. 6. Les réflexions de chacun.

Rédaction libre. - Une partie de biUes. - 1. La partie s'or­ganise ... règles du jeu, 2. La partie ,comm·ence .. l'impatience et l'espérance des joueurs. 3. La partie se poursuit. .. contestations ... coups remarquables... 4. Gagnants et perdants.

Un concours de ski. Une course de montagne. Une course à bicyclette.

Deuxième semaine

Centre d'intérêt: LE TEMPS L RECITATION

La montre

Une montre à moi! quelle affaire! Mon père m'offre ce cadeau Pour m'encourager à bien faire. Elle marche seule; c'est beau: Une montre vraie 1 Elle brille! En argent? Qu'importe ma foi 1 Pourvu qu'avec sa double aiguille Blle marque l'heure pour moi ! Tie-tac ! ,- Je la m·ets à l'oreille, Elle bat ,comme un petit cœur, Elle vit, e'est une Inervei.lle; Elle est à moi seuIl quel bonheur 1

Quelle heure est-il? Déjà six heures '1 Diable ·1 Le sdleil est . levé ...

Page 15: L'Ecole primaire, 31 décembre 1942

- H~6-

Mon livre est ouvert sur ma table, Mon .devoir n'est 'pas achevé ... Finissons; sa besogne faite, C'est drôle comme on est content! Sept heures, ma copie est prête, Et ma montre va, ça s'entend, Mademoiselle, êtes-vous folle? Huit heures déjà, j'ai raison! Il faut donc partir pour l'école.

Viens, ma montre. - « Oui, mon garçon ~, Et tous deux arrivent ensemble A l'heure juste, sans retard. Je suis le premier, il me semble, Remeroions-Ia d'un regard! Alors, parlant comme un bon livre Avec ses ressorts palpitants, La montre a dit: « Fils, pour bien vivre, Il faut savoir régler son temps. » J. Aicard.

TI. VOCABULAIRE

NOMS. - Le temps, ses divisions: années, 12 mois: Janvier, février, mars· .. ; semaines 52, jours 7, .lundi, mardi ... , heures 24, minutes 60, secondes 60. L'aube, l'aurore" le matin, l'après-midi, la soirée, le crépuscule, la nuit en sont les principaux moments. La veille, le cOillinencement, [e milieu la fin, .Je lendemain d'une fête. Les saisons: été, automne, hiver, printemps. Le trimestre , le semestre. Siècle, passé, avenir, présent, éternité, fin du monde. 'Calendriers, almanachs, agendas... Montres, horloges, pendules, réveils, ressorts, balancier, cadran, aiguilles, retard, avance, sa­'bliers, cadrans solaires; anniversaires, vœux, souhaits, annuaire, minuit, midi.

ADJECTIFS. Annuel, séculaire, journalier, quotidien, hebdomadaire. mensuerr, bisannuel, trimestriel, bisextile, semes­triel. Le jour long, court, rapide, fugitif, lent, anniversaire. La 'montre neuve, vieille, usée, cassée, abimée; .les aiguilles fines, pointues, petites, grandes; le cadran blanc, lumineux, coloré, rond carré rectangulaire, ovale. L'été chaud, brûlant, tiède, agré~ble; l'hiver ri,goureux, froid, neigeux, pluvieux, triste, mal­sain; le pintemps gai, doux, riant, verdoyant; J'automne ensoleil­lé, mélancolique, frais.

VERBES. - Diviser, subdiviser, partager, vivre,marquer, 'indiquer, consulter, guider, Iconseiller, s'écouler, passer, .g'en­'fuir, perdre, gaspiller, e~loyer, demander, déplacer, casser, abîmer, user, ,détruire, démoll,ir, vieillir, examiner, retarder, avan-

cer, mesurer, durer, penr, régler, rattraper, suivre, ressembler, remettre, pouvoir, tarder, hâter, arrêter, qffrir, ra.cconlnlo:der, ré­parer, nettoyer, posséder, effeuiller, balancer, réveiller', endormir, travailler, prier, jouer, s'amuser, se récréer, se divertir, faire son devoir, l'accomplir, le remplir, se perfectionner. '

III. ORTHOGRAPHE

Préparation: S'en référer au No 1.

La Dl;'ontre de Rémi

J'avais une 11'lOntre, une .montre à lnoi, ldans ma poche, à la­quelle je pouvais regarder J'heure. Et je la tirai de Ima pO'che pour voir quelle heure il était. Midi! Ah ! midi! .déjà m1di ? Je savais qu'il était midi; ma Inontre me l'avait dit : quelle affaire! Et il me sembla qu'une n10ntre, 'c'est com'me une personne à qui l'on deinande conseil: « Quelle heure est-il, mon an1Îe la montre? Midi, mon cher Rémi. » Hector Malot.

La peDidule .

Il y a sur la cheminée une pauvre pendule ... Médiocre objet, cadeau campagnard, dont, pourtant, les aiguilles dorées ont com­pris dans leurs angles changeants toutes les joies et toutes les douleurs,. entre l'adolescence et la mort.

Heures du matin, heures des mes.ses fraîches, heures d'azur, où la génisse sort de l'étable avec le geste de poser ,son lnufle sur son dos; heure du café au 1 ait dans 1e bol à tUeurs; heul".~s de 13. , grllnde lessive étendue entre la vigne et les groseilliers; heure de l'arrivée du facteur.

Heures d'après-midi où, à la table généreuse, venaient sou­vent s'asseoir des aInis ... Heures du soir: repas sur la ga[erie qui donnait sur la rivière luisante, au 'crépuscule d'été ... Heures des nuits, quand le ciel brillaii dans .la ,campagne silencieuse,

F. James,

Le ,cadran solaire

Il est bien vain sans doute de recher.cher les ,causes de l'at­trait, qu'exerçaient sur moi, du premier jour que je la vis: cette pierre ancienne, cette petite table d'ardoise podant gravées les heures du jour, c.e ' triangle de métal et cette pointe d'o'nIbre mo­bi[e. Je devais me cramponner à l'aide des mains et du menton pour lire l'heure. La table d'ardoise était divisée par une pl'ofonde lézarde et quand mes doigts passaient contre l'un des bords, une des parties basculait et de 'petits insectes sortaient de la crevasse et se livraient sur l'ardoise à dès girations éperdues.

Page 16: L'Ecole primaire, 31 décembre 1942

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De . beaux caractères rO'lU'ains enguinlandaient l'hémicycle des heures dont j'avais voulu connaître le sens dès la première fois; toutes les heures vous blessent, la dernière vous tue.

Cette inscription mfflancolique, gravée depuis plusieurs siè­cles, autant que la magie du soleil qui venait là, complaisamment, traduire en chiffres, les étapes de sa course, me laissait J'impres­sion que quelque chose se passait à ,cet endroit, qui n'était pas tout à fait ordinaire. Je guettais la pointe d'ombre, qui se pro­menait ,lentement sur les petites rainures des quarts d'heure, comme si elle eût été la plume- de Dieu même, et j'osais espérer qu'elle écrirait peut-être, un jour, un mot pour moi.

René Boylesve.

Une horloge

Lentement, p~isiblement, sans se presser, elle sonne les heu­res du même ding, ding oaverneux. Au ·centre du cadran doré, .les aiguilles ouvragées tournent, tournent sans relâ'che tout le long du jour. Le long balancier de cuivre brille comme de l'or; il s'a­gite moUement dans sa cellule éclairée d'une petite lucarne ronde.

L'Almanae'h et l'horloge de l'aveugle

Je me dis: voilà le coucou qui chante, c'est le mois de mars; voilà le merle qui siffle, c'est le mois de mai;' voilà un hanneton, c'est la Saint-Jean; voilà lia cigale, c'·est le mois d'août; voilà la grive, c'est la vendange; voilà les corneilles, c'est l'hiver. C'est

. mon almanach à mOli, voyez-vous. II en est de mêm.e pour les heures du jour. Je me dis parfaitement l'heure qu'il est à l'ob­servation des chants d'oiseaux, du bourdonnement des insectes et des bruits des feuilles qui s'élèvent ou qui ,s'éteignent dans la campagne, selon que le 'soleil monte, s',arrête ou descend dans le ciel. Le matin, tout est vif et gai; à midi, tout baisse; au soir, tout recommence un moment mais plus triste et 'P1lus court; puis tout tombe et tout finit. Lamartine.

Exercices d"applicatloB

S'en référer au numéro 1.

IV. COMPOSITION FRANÇAISE

La phrase - Le paragraphe - La rédaction

Faire des phrases avec les mots du vocabulaire. Faire conjuguer les verbes du vocabulaire. Je n'ai pas perdu mon temps. Montrez donc ce que VO'N'8

avez fait aujourd'hui.

Etablissez l'horaire de votre journée: a) durant les pério-des des classes, b) ~urant les vacances d'été.

Ne remets pas à demain ce que tu peux f.aire aujourd'hui Expliquez cette maxrime anglaise : Le temps est de l'argent.

Montrez que lor,squ'i,l pleut il ne fait pas nécessairement c mauvais temps ».

Imaginez le langage de votre 'montre tout au Jong de la journée.

Faites la description de v.otre montre ou de votre horloge.

Dieté~ de contrale

Le verbe

Notre âme a été créée à l'image de Dieu. La médisance dé­cèle un cœur méchant. La mort nivelle toutes les classes de la société. Vous regretterez plus tard le temps ·que vous employez mal aujourd'hui. II est nécessaire que vous vous nettoyiez tous les jours les mains et le visage. Nous étudiions nos ,leçons quand votre tante est entrée· Pense là tes défauts; penses-y souvent et tâche de t'en corriger. Nos parents et notre maître désirent que nous étudiions avec ardeur. Va retrouver tes sœurs; vas-y Je plus tôt ·possible. Restreins tes dépenses et tu feras honneur à tes af­faires. II est nécessaire ,que vous employiez mieux votre termps. Mes sœurs essuient la vaisselle ·et balayent la, cuisine. Pars le plus tôt et reviens quand je t'appellerai.

Les b elles histoires

Dispute entre frères

Jerne rappelle que je m'apprO'chai un jour de la table de mon frère et brisai par inadv,errtance un petit flacon multicolore ...

- Je te prie de ne jamais toucheF à ·mes affaires, dit Volo­·~lia, en rassemblant les mO:flCeaux du flacon brisé et en les regar­dant d'un air désolé.

- Voyez, répondis-je, le grand malheur! J'ai ,cassé un fla­con: eh bien, que veux,tu ·que j'y, fasse?

Et je souris. - .. Tu l'as cassé ... et tu en ris, par-dessus le mar.ché ... quel

vilain gamin! - Moi, je suis un g~min, et toi tu es grand, mais set. !

Page 17: L'Ecole primaire, 31 décembre 1942

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- Je n'ai nul,le envie de dire des injures, répliqua Volodia en me repoussant avec douceur: va-'Î-t'en !

Ne me pousse pas ! - Va-t'en 1. .. - Je te dis de ne pas IUle Ipousser !

Volodia me prit par la m.ain et voulut ln'éloigner de force de la table, m'ais j'étais .déjà irrité au plus haut degré; je pris Je pied de la table, et je la renversai. ..

Tous les objets de porcelaine et l es ornements en cristal rou­lèrent à terre en se brisant en éclats ...

De toute la journée, pas une parole ne fut échangée entre nous; je Ille sentais coupable; je n'osais pas regarder mon frère: Volodia, au contraire, selon son habitude, babilla et rit comme 'SI

rien ne s'était passé. Léon Tolstoi.

Notre bien ... le bien d'autrui

C'était en automne· Deux enfants cheminaient le ,long d'un clos. Tout à coup, l'un d'eux s'arrêta, les yeux en l'air: il avait aperçu au-dessus de sa tête une bene pomme rouge, luisante, ap­pétissante' qui pendait au bout d'une branche par-dessus le mur;'

Jean restait ünmobile, 'comme fasciné, l'œil brillant, l'eau à la bouche.

({ Viens done », lui dit son cOlnarade en le tirant par la man­ehe. Jean fit quelques pas, puis il se retourna et s'arrêta ·encore, regardant la pomme.

« Jacques, il n'y a personne sur la route, appuie-toi contre le mur, les bras en avant, les jarrets tendus. Je vais monter ,sur ton dos, de là, sur le mur; j'attrape la 'branche, je' l'abaisse, tu cueilles la pomme et nous la mangeons. »

Jacques ne bougeait pas; il restait tout pensif, regardant tour à tour la pomme et son camarade.

~ Elle n'est pas à nous, dit-il enfin. - Elle est à tout le monde, puisqu'elle est sur le chemin.

- Elle tient à la branche, .la branche tient à l'arbre et l'arbr~ est dans le verger, répondit tranquillellient Jacques.

- Que tu es sot! dit Jean; si nous ne la cueillons pas, un autre la prendra.

-La prenne qui voudra, Ice n'est pas mon affaire. De ce qu'on vole, est-ce une raison pour voler?

- Voler? tu appelles cela voler ? - Sans doute, voler, n'est-.ce pas prendre le bien d'autrui?

Cette pomme est-elle à nous, oui ou non? A. Vessiot.

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BIBLIOGRAPHIE

POUR L'AVENIR DE NOS ENFANTS

Les parents qui s'occupent assez tôt de l'avenir ,de ,leurs enfant" qui '\ ont quitter l'ér·ole .font :preuve de prévoyance. !M·ai,s il ne faut Ipas qu'un problème de 'cette importanre soit résolu là la légère. Les deux brochures : «Le choix d'une .prolfee;sion» (pour jeunes hommes, '7ime édition), recommandée par l Union ·suisse des Arts et !Métiers et par l'Association 'sui'8se pour l'Orientation :professionnelle et -la Pro­tection des A'pprE'ntis, et i( Noe; jeune,s fimes et Ile choix ,d'une pro­fession» (4me édition), rédigée .par IMlle IRosa Neuenschwande.r, et égailement r6ocomm,andée par Il'Union s:uisse des Arts eot Métiers et 'par l'Union féminine :des Arts et IMétiers, donnent ode Iprécieux ren · seignemente; à CE' sujet. ,Conçues dans un style fa,dlement compréhen­sible ,à tous, ces deux brochures ·contiennent les règles 'les 'p.lus im­portantes 'pour le choix d'une profession, en tenant :parür.ulièrement compte des conditions en Suisse, ain~ique de nombreuses indications quant à la durée de l'apprentissage·, la formation ,préliminairE' 60t Il60s ,possibilités de p6orfe,ctionnement pour cha;que .proJession. On ne :peut dès Ilors que les recommander chaudement aux ·parente;, instituteurs, pasteurs, autorités tutéllaires, 'e,tc. auxlquel,s elles s·erviront ode dire,c-ti­ve·s baséE's sur ol'ex:pél'ience. Les .deux .brochuree; peuvent être obte­nues au Iprix de 50 ·c-enUmes ,cha·C'une (par quantités de dix exem­plaires, 25 centimes) cheZ! BÜ('Jhler et ,Cie, imprimeurs-éditeurs, à Bel'ne.

C~MP DE SKI DE PRO JUVENTUTE

LE'S «Vacance·s émissles ,pour la jeunelsse» de Pro Juventute veu­lent oHrir .cette année encore à des écolieTs et à odes adolescents ,la ,pos~dlbi.lité de :faire du ski à la montag.ne ·salIl,S Ig<rande,s dépenses et ode passer ,des heure·s e,nsoleülées au milieu dE' ,camarades de leur âge. ElJes organisent dans ce but odh er,s ·camps de ,g,kis, . ér.helon­nés SUl' tout l'hiver afin de permettre aux intéressés d'y ,participer.

Demander -les pro.gramme,s aux «VacancEls suis·se's pour la jeu­'nesse», Pro Juvelntute, Stampfenbachs,tr. 112, Zuri'oh, tél 61747.

VIGI LE SOLITAIRE 1)

,L'histoire du petit souflfre-douleur est un thèmE' qui a valu déjà . maint ,ehElif-d'œuvre. Fritz Brunne'r a réussi à le r6lnouveler de 'la ma­nière la ;plus heureuse en contant dans un livre, Vigi de Solitaire, qui viemt d'être t~aduit, les odéboires, les luttes et Jes joies d'un f'n­fant pauvre mais plein de cœur. Il le montre en classe, victime deg

Page 18: L'Ecole primaire, 31 décembre 1942

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plus forts et surtout de Icelui qui, par un retour des choses, devien­dra son meüleur ami. A la ,maison, Vigi n'est ,pas gâté; c'est .la crisE' et ole père est au chôma.ge. Aus·si emploie-t-il tous ses loisirs à faire desc.ourses. Les ,péripéties les plus variées animent ce récit ,char­mant. Après avoir 'fait 'passer le ,lecteur par ,bien des transes, en bros­sant ,des scènes où se m'êlEmt le pittorisque, l'ave·nture, le dramati­que et -la drôlerie, l 'auteur amène Ipeu 'à peu son petit héros à ,la ~conquête d'un bonheur qui est la récom.pense de ses efd'orts', et de sa vai,llance à surmonter ,les dLftfi.cultés dont sa route était semée. Cette histoire très modrne, aux touches si justes et si vivantes, a toutes les ,quaHtés des œuvres bonnes et durahles. EUe fera la joie -des· en­lant'S d'aujou~d 'hui dont le cœur, .<ruoi qu'on en dise., eoSt touj(')Urs sensLble et ,généreux:

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