l'ecole primaire, 28 février 1942

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No 10 PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE ORGANE DE LA SOCIÉTÉ VALAISANNE D'EDUCATION AB 0 N N E MEN TAN NUE L: Fr. 7.50 Il .. AlIn_ " h' 1 Il 56 S' . d . f t contre remboursement Les abonnements se reglent par c eque posta C Ion, ou a ce eau . . d' . M CI BÉRARD Instituteur, SI.erre J'out ce qui concerne la publication doit être adresse Irectement a .' , ( -- Les annonces sont reçues exclusivement par -- PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, SiON Avenue de la Gare Téléphone 2 12 36

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Page 1: L'Ecole primaire, 28 février 1942

~ Liddes 'hellav René, inst. - des Bonnes

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Gérance de titres - Location de cassettes dans la Chambre forte. ~. .

No 10

PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE

ORGANE DE LA SOCIÉTÉ VALAISANNE D'EDUCATION

AB 0 N N E MEN TAN NUE L: Fr. 7.50

Il .. AlIn_

" h' 1 Il 56 S' . d . f t contre remboursement Les abonnements se reglent par c eque posta C Ion, ou a ce eau . . d' . M CI BÉRARD Instituteur, SI.erre J'out ce qui concerne la publication doit être adresse Irectement a .' , (

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Page 2: L'Ecole primaire, 28 février 1942

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SION, 28 Février 1942. No 10. 61ème Année.

L'ÉCOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA SOCIÉTl: VALAISANNE D'Q)UCATION

SOM'iMAIRE: COIMlMlU1NICATJONS D'IV.EiRISEISI : Cours de .gymnasti­que. - Société des institutrir.es du Vrulais roman.d. - La " 'oix d 'un jeune. - « E toto ,corde ... » - Aibonneome-nts là l'E.co:Ie lPri­mairE'. - PARTIE PlEIDAlGOG,IQU/E: Notre miss,ion d'éducatri,ceJS:. - Au siècle de l'enfant. - EXaJIllens pédago,giques de 'recru'e,s. -L'éducation physique au !point de vue catho1ique. - PARTIE PRATIQUE: Langue française, c-entres d 'intérêt, 1ère ,et 2èJme semaines. - Sciences natureHe,s. - G,éO!grruphie. - Nécrologie.

~"~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

t COJM[MUN][CA T][ONS D][VERSES ~ , DÉPARTEMENT @ S.V.E. @ S.I.V.R @ UNION ~ ~ .1 '

Communications de l' flssociation des maîtres de .G~mnastique du Ua lais Romand Nous invitons tous les membres du Corps enseignant à as­

sister nombreux aux cours de gymnastique qui seront donnés dans le courant du mois de mars. Nous nous voyons obligé de rappeler à nos collègues qu'ils doivent se présenter avec des ha­bits de travail.

Nous espérons que tous nos collègues d'Isérables se rendront à Riddes. Grône, dir. M. Hubert, maison d'école, le 6 mars, à 14 h. Vétroz, dir. M. Hubert, maison d'école, le 7 mars, à 14 h. Nendaz, dir. M. Vuignier, maison d'école Basse-Nendaz, le 6 lTIarS

à 14 heures. Grimisuat dir. M. Roux, maison d'école, le 14 mars, à 14 h. A1ase, dir. M. Bitz, maison d'école, le 6 mars, à 14 heures. Euseigne, dir. M. Vuignier, ,maison d 'école, ie 7 mars, à 14 h. Châble, dir. M. Vaudan Ls, maison 'd'école, le 7 mars, à 14 h. Orsières, dir. M. Hubert, maison d'école, le 13 mars, à 14 h. Martigny-Ville, dir. M. Penaud, maison d'école, le 6 mars, à 14 h . Vel'Ilayaz, dir. M. Bertrand, maison d'école, le 9 lllars, à 14 h. Vouvry, dir. Curdy Paul, maison d'école, le 14 mars, à 14 h . Val d'Iliiez, dir. M. Buttet, maison d'école, le 7 m a rs, à 14 h .

Page 3: L'Ecole primaire, 28 février 1942

- 306 ~

Puily, dir. M. Hubert, 1uaison d 'école le 6 111ars, à 8 h. 30. Liddes, dir. Darbella) P. , 1naison (l'école, le 7 mars, à 14 h. Richles, dir. DelaJoye, nlaiso11 d 'école, le 7 Inars, à 14 h.

De plus, un ,Cours de skis sera donné à Montana, le 5 mn l'S, par Monsieur Pont André. Rendez-vous à la gare de la stntion a 9 heures. Le Comité.

Société d~s Institutrices du Valais romand

L 'Assenlblée g.énérale de la Société des Institutrices du 'a­lais rOlnand aura lieu le jeudi 9 avril. L'ordre du jour de cette réunion paraîtra dans Je prochain nUlnéro de l ' « Ecole primai-re ). Le Con1ité.

La voix d'un jeune

En feuilletant une ancienne collection de l'Ecole prim.aire) mes yeux viennent de tonlber sur un acticle intitulé « Le vieux régent» et signé « Un jeune::., paru dans le nlu11éro 4 du 30 no­vel11bre 1938.

Cet article l11'aya11t causé un réel plaisir, je ne résiste pas au désir d'en reparler, priant Ml' le Rédacteur de l'Ecole primaire d'accorder une petite place dans notre Revue pour quelque~ ci­tations et quelques réflexions s'y rapportant.

Ce jeune, qui a le cœur il la bonne place, écrit entre autres: « ... NIais, passons et parlons un peu de celui qui n e pourra

pas, cette année, rejoindre ce petit nl0nde turbulent et qui, la D10rt dans l'ân1e, devra se contenter de t'muer sa pipe au coin de l'âtre: j 'ai nOl11ilné le vieux rége"nt.

... rien n'eut raisoll de son courage et de ~a vocation ... L ' "11 ..

combrelnent de la carrière est, paraît-il la seule cause de son Inal. heur ... Et nous, les jeunes d'aujourd'hui qui serons les vieux de delnain , avons-nous songé à nos 60 ans?... D es conciusions s'imposent. »

Encore si l 'on pouvait fumer sa pipe, étant au b énéfice d L1Jle luodeste retraite! NIais que dire de ceux qui ont été « lllÎS ù pied :»

sans retraite et sans autre 1110tif que celui de laisser la place ,'t des jeunes. Les cinquante francs de traÏtenlent par IllOis e l les charges de famill e de la plupart ne leur pennettaient pas de prélever les cotisations, encore 1110ins de racheter? Ne seraient­ils pas heureux, ceux-là, que, 11lalgré les soucis de l'heure, notre Chef (à qui nous savons que la chose tient à cœur) et nos hau­tes autorités puissent solutionner au plus tôt leur cas dans le sens, par exenlple d'une demi-retraite ou d 'un e indenlnité globale équi -table? Un ancien.

- 307-

E toto corde ... Le 12, j'avais fait à .Monsieur Hœh une de ces visites que

tout fidèle disciple doit à son Inaître, à -chaque fois qu'il eh a le loisir. Il était alité depuis quelques jours déjà et souffrait vi­sibleInent Inal!JTé ses efforts .pour le cacher. Nous parlâm.es un

" . 1 assez long teJnps, car il faisait bon s'entretel~Ir av.ec un 1.ornme si érudit et si affable en l11.ême tem.ps. Je !lu aValS prOIIUS une prochaine visite.

C'est pour tenir 'paro'le que, le vendredi suivant, je franchis­sais à 8 heures déjà le seuil de l'Ecole nonna'le. Hé1as ! L,es .lnal~­vaises nouvelles tintent vitent à nos oreilles : :Mr Hœh etaIt de­cédé cette nuit nlênle! Au lieu de serrer avec effusion sa tiède nlain, j'eus la doulour use surprise d'étreindre des doigts roidis par la nlort.

Qu'il nle soit permis d 'adresser ici un h0111nlage posthlll11e à ce beau e t noble viei:llard qui fut toute sa vie un hOln'llle au sens exact du tenne. D 'autres traceront dans cette publlication et ail­leurs un panégyrique éloquent, un nlenlel110 plus. ou l110ins of~i­ciel de cette grande [une qui fut au -centre de bIen des pl~ogres dans le domaine scolaire de ces 40 dernières années .. Ces VOlX au­torisées feront une œuvre pie, j e le sais. Néal1l11oins, .l e voudrais dans ces quelques I.ign es évoquer pour les lecteurs de « L'Ecole Pl'inwil'e » des souvenirs beaucoup plus intimes, pincer l es cordes les plus sensibles de leur cœur afin que leur pensée so~~ plus gé­n éreu se encor e, leur souvenir plus durable, leurs pneres plus ferventes.

1\111' Hœh était sans contredit, un homme de vaste culture. StS anciens élèves se rappelleront la richesse d'en~eignement de ses cours de p édagogie . Avec quelle aisance, queUe sûreté, il g.ui­dait le jeune nor111alien dans des labyrinthes .de la pSy'chol~gle.! Les cOl11plexes de 'l'rune 11 étaient plus ce~te étude ~nde, fastI­dieuse, incompréhensible que donne l'enselgn eulellt hvresque .. Il savait si bien se pencher vers nous, nous prendre par la l11am, comme une 111ère apprend ù son enfant à vrain cre Iles obstacles: Chez lui se faire comprendre était un don inné. L 'art du vral éducuteu'r consiste d'ailleurs en cela: savoir se mettre ft ]a portée de son 1110nde et fair toucher le ciel même aux plus p etites Inains . Sans ostentation, je veux citer ici un fait personnel (on .ne l)a rl e d 'ailleurs de souvenirs intim.es que s'ils viennent de sOI-nlenle). Durant nlon prenlier trinlestre à l'Ecole nonnale, ~e . professeur de ... (Ol11issio11 volontaire) tomba 'lllUilade et. dut se fa~re renlpla~ cel'. Naturellel11ent, c 'est Ml' Hœh, le professeur unlvers~l, qUI prend ses cours. Au bout de quelques leçons, j~, r-attrapa~s In~s condisciples, qui 'lu'avaient distancé en cette nlahere, et pns gont à l'étude de cette branche. J ' attribue ce résultat au rayonne1nent au pouvoir conl111unicatif, à 'la sag.acité de Ice bon lllaître.

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Ce qui étonnait aussi chez lui, c'était la fidélité de sa mémoi­re. II savait si bien citer page et numéro du manuel Haustrate à n'importe quelle partie du livre! Une mémoire aussi rétentive ne peut que favoriser un éduoateur. 0

Bon maître, Ml' Hœh le fut toute sa vie, bon de cette gran­deur d'âme qui sait allier sainement da fermeté à la douceur, qui sait vouloir, qui discipline avec tact. Ajoutez à ces qualités in­tellectuelles la droiture, la loyauté, la franchise du vrai Français, je dirai presque du chevalier français.

En dépit ·de ses origines, il considérait notre pays, le Valais surtout, comme une patrie d'adoption aussi chère que la vraie. H lui ·avait donné le meilleur de ses for/ces. Grâce à sa .personnali­té, l'Ecole normale était devenue ce qu'elle restera toujours: une pépinière où 'bien des scions se sont redressés, développés en ar­bres magnifiques, prêts à donner au pays leurs fruits bienfai­sants.

On ne dira jamais assez les mérites de cet homme. Placé sous le vocable de saint Albert, il fut conlme celui-,ci: Grand. Grand de l'héroïsme obscur, le plus beau odes héroïsmes, qui con­siste à remplir sa mission si1lencieusement, dans l'ombre, orgueil­leuse seulement de faire de sa vie une offrande 'continuelle.

Saura-t~on combien de fois ses yeux, complètement éteints depuis 7 ans, se sont usés à des travaux exécutés à des heures tardives? Le propre d'un chef n'est-ce pas d'être le prenlier levé et le dernier couché? D'avoir sur ses épaules le faix de respon­sabilités écrasantes? A un élève qui ne voulait pas accepter une charge, il répondit une fois ced: « Les charges sont des hon­neurs. » Mais, ajouta-t-il plus bas, et com'me se padant à lui-mê­me, ola réciproque est plus vraie. Je songe à ces honneurs qui ont été pour lui des charges durant si longtemps. Et jamais une plain_ o

te, jamais un murmure, ni un geste de lassitude! Non, dans ses moments de grande fatigue, au contraire, il se redressait de façon énergique, reprenant de

o belle façon les élèves qui avaient une te­

nue défectueuse. Ce geste faisait partie de son entité. Aujourd'hui, un grand maître est allé rendre ses comptes

au Plus Grand Maître. Finies les fatigues de toutes sortes, Jes soucis inhérents aux. fonctions redoutables! Le souvenir de ce bon et fidèle serviteur restera impérissable chez nous. L'exemple qu'il nous a laissé d'une vie féconde, . heureuse de résultats, pla­cée toute sous le signe divin éclairera la route enténébrée vers l'avenir de ceux qu'il a formés à son école.

Sur votre tombe, vénéré Maître, Jaissez-nous verser les lar­mes des grandes douleurs, et déposer aussi avec une gerbe de prières émues, nos sentiments de gratitude et d'afection.

Honoré Pralong.

Vins du Valais ORSAT dissipent ta tristesse.

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Abonnements à "L'Ecole Primaire" Un certain nombre d'abonnés ont laissé revenir impayé le

remboursement que l'Administration leur a envoyé en son temps. Ces retardataires ont encore la possibilité de s'acquitter sans

nouveaux frais en versant fI'. 7.85 au compte de chèques IIc 56 d'ici au 15 mars. 0

Passée cette date, de nouvelles cartes de rembours seront Ini-ses à la poste, augmentées d'autres frais . .

Les abonnés en cause voudront bien nous épargner cette peI-ne; nous les en remercions d'avance. L'Administration.

AU PROCHAIN NUMERO

Le manque de place nous oblige de renvoyer au prochain numéro l'une ou l'autre cominunication. Leurs auteurs voudront bien nous excuser. (Réd.)

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i P ART][E PEDAGOG lOUE 1 ~~~&d~~

notre .! mission d'éducatrices Voici le maillent des admissions à 'l'Ecole nOflmale. Quinze,

vingt jeunes fi'lil'es vont se présenter aux examens, désireuses de devenir institutrices.

Devenir institutrices, qu'est-ce que eela signifie pour elles? Devenir institutrice c'est étudier, dépasser le niveau intellectuel des fines de son village, c'est se créer une situatioD: que b~au.c~up envient. c'est s'assurer un gagne-pain honorable. DevenIr InsÎl­tutdce 'c'es.t se consac:rer à l'enseignenlent. Oui, c'est bien to~t cela, c'est bien plus que ,cela aussi. Devenir institutrice devraIt être se donner tout entière à !l'œuvre de l'éducation.

Instituh'ices nous ne devons opas être de simples rnaître·s~es d'écoles marchandes d'orthogralphe, d'histoire oet de géographIe; nous de~ons être éducatrioes. Pour peu que nous ayons approché l'enfant avec un cœur compfléhensif, nous aurons vite 'senti que cet enfant attend de nous autre chose qu'une initiation aux mys­tères de .l'arithmétique ou de la grammaire. Cet enfan~ attend, sans nous le dire, sans même le savoir, que nous l'éduq~l.lons, que nous l'élevions. Elever, c'est mettre au-dessus. Il s'agIt donc de mettre <cet enfant plus haut qu'il est au moment où on nous le confie. Il s'agit de le rendre apte à vivre pius tafld par !IU~-nlêm~ -sa vie humaine et chrétienne, il s'agit de développer ·en lUI ce qUI

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le rendra capable de vivre -cette vie: ses aptitudes Inanuelles son intelligence, son cœur, sa volonté. Il s'agit de fonner, bien ' plus que de faire emmag'asiner des connaissances . .

On s'oocupe d'éducation physique, du moins depuis quelques années . On s'occupe d'enseignelnent, pas toujours assez de for­n'1ation inteHectueHe et 'pratique. Le Inatérialisme dans lequel nous vivons n'a-t-il Ipas peut-être relégué au dernier plan -le souci de ['éducation proprement dite, de l'éducation morale?

Avant l'école, ce -devoir incombe aux parents. De 'fait, C0I11-bien hélas .se désintéressent ,de cette tâche et croient avoir tout fait pour leurs enfants quand ils leur ont procuré le vivre et le vêtement. « Si vous saviez dans qUeil InHieu .le suis tOl1lbée 111'é­crivait, il y a quelque tem.ps, une jeune ins,titurtrice. La piUlpart des parents ne s'occupent pas de l'éducation de leurs enfants. Je dois tout leur apprendre: à se laver, à sa!Jtler; lutter contre l'ha­bitud~ de jurer, de 111entir, etc. Je sens combien ..le ' devrais être pa'r!aIte pOUI~ leur .d~nne.T 'ce que .le dois 'leur donner. C'est pour InOl un SOUCI quotJ.:dlen . » Heureuse êtes-vous de paTter ce noble souci! COlnbien il serait à souhaiter que toutes nous le O'ardions chevillé dans notre cœur. Sans doute, nous ravons dans ~lne cer­taine lnesure : on ne peut aimer vraim.ent ses élèves sans s'inté­resser à -leur formation profonde. Mais peut-être y aurait-il lieu de rendre ce souci plus prenant, de nous préoccuper au moins au­tant ,d'éducation que d'exan'len. Est-ce toujours le cas?

Les causes de cette part trop resheil1te faite à l'éducation 1-Enes sont 'l1lultip'le·s . D'abord celle qui vient d'être signalée: l'e­xa?Jen. Oh, .le ne vel~x pas ~n lllédire, ni proposer de ~e sup­pnulier, car on ne dOIt suppnnIer une chose utile que pour la reluplacer par une Iil'leilleure. Je trouve cependant que ce souci cl'exalnen a1pporte certaines entraves à -la vraie fonnation. On contrôle l'orthographe, l'histoire, la géographie, l'arithlnétique; on ne contrôle guère Jes IProgrès en pO'litesse, en serviabilit~ en sincérité; dès lors tentation pour luaîtres et ,maîtresses de ~'oc­cuper surtout de ce qui sera contrôlé. Pourtant ne nous y tr01n­pons pas: un inspeoteur avisé, sans nous le dire toujours, aura vite .apprécié l'esprit de notre ,classe.

Puis nos écoles sont parfois surchargées: 30 à 40 élèves, autant d'enfants autant de petites l)erSonnalités qu'i-l faudrait trai­ter chacune en particulier. Ce contact individuel es,t nécessaire pour faire œuvre d'éducation. Mais qu on ne s'en effraie pas: il ne demande ~)as nécessairement un temps très long pour chacun. La vie mélne de l'école nous fournit de lnultiples occa'sions d'a­border un enfant en particulier, soit pendant, soit apil"ès 'la cIl asse : une reluarque au sujet d'un devoir mnènera ù signal]er tels travers de caractère' un échec appelleTa lIll encouragenlent· lnême en ré­création, un petit lnot en .'passant, ce « bon petit m.ot au han mo­ment )} pourra avoir des répercussions profondes. Don Bosco,

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qui s'y connaissait en éducation, tenait beaucoup à ces contacts familiers . Tout cela -c1elnande éviclemilnent un esprit attentif, l'ou­bli de' soi, le dévouement, luais est-on éducatrice sans cela?

Quand on. parle d'éducation quelques-unes pensent peut-être à .de longs Se1'1110nS ennuyeux, à des appliCations 'lnorales amené~s de force à [a fin de chaque leçon. Dieu nous en ga'l'de !. Ne prê­chons pas autrelnent que par notre exeluple. Mais je n'appelJlerai pas être prêcheuse que de faire ressortir le petit ,conseil pratique ou moral qui découle natureHelnent de la leç.on, ou nlieux encore de souligner l'application que l'enfant trouv~ lui-nlême. n ne faut pas 111ultipHer les 'conseils tJ1l0raUX, il ne faut pas non plus les négliger totalement.

Mais surtout l'atmosphère de -la classe, 'l'enseignenlent doi­vent être éducatifs. n ne s'agit pas de faire de l'éducation à cer­taines heures de la journée et de l'enseignement à d'autres heu­res. Si nous avons su oréer dans notre olasse une atmo1sphère de piété, de loyauté, de charité, nous sommes éducatrices. Si nous savons inculquer là nos élèves 'le goût du travafi bien fait, des cahiers proprement tenus, .des Ileçons bien apprises, -l'horreur de l'à peu près, le sens du devoir en un n'lot, nous travai'llons effi-: cacement à .Jeur éducation. Donnons à ce ,mot de devoir non pas le sens d'une flI'oide abstraction, Inais son sens réel: expl'es­sion de ICl volonté de Dieu . FaÎTe notre devoir qu'est-ce autre cho­se en effet que faire ce que Dieu veut ,de nous?

Donner aux enfants ce goût du devoir chrétienneln-ent ac­compli, c'est faire œuvre durable d'éducation. Notes et exalnens ne suiv,ront pas nos élèves tout au ùong de 1eur vie, l1lais tout au long de leur vie, eliles auront des devoirs à ren1iPlir dans l'aCCOl1I­plissem'ent desquels elles trouveront leur bonheur.

Quelle belle tàche est la nôtre -de les y préparer. Sr Â..

Hu siècle de l'enfant C'est la Suédoise Ellen Key, institutrice et publi'ciste de l 'é- '

luancipation, qui lança autour de 1900 son livre « Le siècle de l'en j'a nt » . Elle entrevoyait alors un <1ge d'or. Guidée par le senti­ment plus que par la raison, elle vouilait révolutionner ['école tr·a- . d.itionnelle : Plus d'éducation étrangère; l'enfant fera sa propre éducation. P,lus d'autorité, de contrainte et de punition; les énergies doivent

s épanouir dans une atmosphère de liberté et d'anlouT. Plus de salle de dasse, luais des ateliers, des jardins et des places

de sports. Plus cie aeçons sévères, luais l'étude en aIl1ateur .. Surtout plus d'enseignen'lent chrétien; c'est la per,sonnalité qu'il

faut adorer. .

Page 6: L'Ecole primaire, 28 février 1942

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Est-ce que le 19me siècle a réalisé ces rêves et restauré le paradis au bénéfice du jeune âge?

En 1900, da Suisse avait encore une nom:hreuse génél'ation de moins de 14 ans, . quelque 1,250,000 enfants, environ 31,5 % de la population. La pyramide démographique reposait encore sur une large base; la flamme de la vie jaililissait encore forte et haute de foyers féconds où l'esprit chrétien ·de sacrifice continuait d'accepter les charges normlales et même extraordinaires de l'exis­tence familiale.

Mais des voix de sirène proclamaient déjà une autre loi. Les novateurs, mentant à la conscience de leurs propres faiblesses, niaient la dé·chéance origine[,le et le rachat chrétien. Pour ,camou­fler leur impuiss.ance de contenir les poussées juvéniles de la sensualité et de l'01'gueil, leur Inorale laïque prétendait libérer l'enfant des entraves dogmatiques et sublimer les instincts nais­sants et grandissants. C'est .le naturallisme pédagogique qui « ex­clut ou tend à amoindrir l'action surnaturelle du christianisme dans la formation de la jeunesse. »

« Ces malheureux s'illusionnent dans leur prétention de « li­bérer l'enfant», comme ils disent. Ils le rendent bien plutôt es­clave de son orgueil et de ses passions déréglées. »

Vers 1910. Les 'applaudissenlents ont enha'l'di les fauteurs de la pédagogie antichrétienne. Lancée sur \la voie nouvelle et gri­sée par des succès de p.arade, la réfor,me scoLaire pousse au dé­veloppement de ses erreurs initiales. Dieu gêne? On lê raye de la liste; on passe 'le sceptre du législateur de la consdence à sa majesté l'enfant. Nous som!mes en présence de l'éducation auto­nome, réplique pédagogique de l'anarchie politique: « Ni Dieu, ni maître!» Il s'agit de détourner les yeux de l'au-delà « pour ne s'appuyer que SUl' les seules forces de la nature.» Ces systèmes « en appellent èl une prétendue autonomie et à la liberté sans li­mite ' de l'enfant, qui réduisent ou même suppriment l'autorité et l'œuvre de l'éducateur en attribuant à l'enfant, un droit pre­mier et exclusif d'initiative, une activité indépendante de toute loi supérieure, naturelle ou divine, dans le travail de sa propre formation. .»

Pour souligner la nouveauté et la supériorité de lIeur trou­vaille, .les révolutionnaires « ont coutume de donner par mépl'Ïs à l'éducation chrétienne les noms de « hétéronome», « passive», « arriérée», tout simplement parce qu'elle se fonde sur l'autorité et la loi de Dieu. »

Il n'est pas inutile de re1ever l'affinité entre le laisser faire et le laisser passer du libéralis'me économique et culturel et ces courants pédagogiques de la liberté effrénée.

En théorie, les éducateurs chrétiens ont rejeté ,ce laïcisme outrancier; mais .des influences paralysantes antichrétiennes ont souvent ,pénétré chez nous. Pour se défendre efficacement contre

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la contagion, il aurait fallu une vie plus vigoureusement, plus fortement .catholique.

Dans cette période tombe la lnotion .Wettstein qui se rattache au mouvement ,laïcisateur. Au lieu de graviter autour du soleil divin, l'éducation aurait dû recevoir S'a première impulsion de l'Etat, nouveau centre principal d'attraction.

Les mouvements de jeunesse nés dans la seconde dizaine du 19ème sièole ont accentué leur indépendance vis-à-vis de l'insti­tution providentiel1e de la famille quand ils ne s'inspiraient 'plas de l'esprit chrétien.

Autour de 1920. En Europe centrale, des milliers d'enfants végètent ou plutôt dépérissent dans la famine, et en Russie a com­mencé un massa.cre des innocents et un dévergondage de la jeu­nesse arrachée au foyer Idomesti'que ou même jetée en ce monde sans famille, sans père légalement responsable.

Une nouveauté importante de üette période, c'est le so'CÎalisme éducateur, « Il s'attache avant tout à mettre son empreinte sur les esprits et sur les mœurs; ce sont tout particulièrement les enfants que dès le jeune âge il attire à lui sous couleur d'amitié pour les entraîner à sa suite; mais il s'adresse aussi à la masse entière des hommes, pour Ql'l'iver enfin à formel' « l'homme socialiste 'fi,

qui puisse modeler la société selon ses principes.» (Pie XI dans Quadragesimo Anno).

Le pape parle aussi de la curieuse filiation entl'e des mou­vements apparemment opposés,' « Ce socialisme a pour père le libéralisme, et pour héritier le bolchévisme. »

Vers 1930. La flamme de la vie a encore baissé; la statistiq'\le n'enregistre plus que 925,000 enfants de 0 à 14 .ans, soit environ 24,8 % du peuple suisse. La qualité ne flachète pas la diminut~on du nombre, puisque des recherches démographiques accusent une tendance nettement opposée.

Le socialisme éducateur a trouvé le moyen d'alléger Œa tâche des maîtres en prêchant le néo-malthusianisme. Alors Vienne-Ia­Rouge devient un lieu de pèlerinage des mi1itants de la pédagogie anHchrétienne, athée. La richesse ou plutôt le grouillement des méthodes accentue la confusion.

Au .milieu du désarroi qui a aussi troub[é trop d'éducateurs chrétiens, Pie XI publie le 31 décembre 1929 son Encyclique « Divini illius Magistri» Sur l'éducation chrétienne de la Jeunes­se; il y dit entre autres,' « En vérité, on n'a jamais autant que de nos jours discuté sur l'éducation; aussi, les inventeurs de nou­velles théories pédagogiques se multiplient. On imagine, on pro­pose, on discute des méthodes et des moyens propres n,on seu,le­ment à faciliter l'éducation, mais à créer même une educatzon nouvelle d'efficacité infaillible, qui soit capable de disposer les nouvelles générations à la félicité terrestre si convoitée, )}

Dans la cohue des voix discordantes et contradictoires, Pie XI rappelle les traits authentiques et indélébiŒes de la « paedago-

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gia perennis », de l'éternelle sagesse éducative: «Le vl'ai cIué­tien, fruit de Féducation chrétienne, est clonc l' hOlnme slll'natul'el qui pense, qui juge, agit, avec constance et esprit de suite, suivant la dl'oite l'aison éclail'ée pal' la lUInière surnatul'ell~ des exeInples et de la doctrine du Christ. »

En 1940. Faute d'un rajeunisse1nent suffisant, le vieillisse-1uent de la population s'est encore accentué. Depuis le début du siècle, 1e taux de lia natalité est tom.hé de 28,6 % à 15,2 %. -NI. Studer-Auer, en parlant dans «L'offensive de Ia vie» de l'infla­tion de l'al1101u', aurait pu lui opposer la déflIation de la natalité.

Pendant que tant d e berceaux chez nous restent vines la nouvelle lutte sanglante des continents enh'aîne d 'innoll'lbra};les hécatombes de jeunes, arrache des 111.i'11ions d 'enfants à leur,<:; foyers et refuse à des dizaines de I11.i11ions ]e pain suffisant

Con11ue une brise rafraîchissante au nlilieu de la Gourde· at­n'losphère d 'orage, l'allocution du Pape Pie XII SUl' l'éducation de l'enfance évoque et èOI11.plète l'Encyclique de Pie Xr: « Notre l'egal'd el.' notl'e pensée de Père C0111111Ull des fidèles fl'anchissent le seuil de cette salle et se portent rll,ZX ftontièl'es cl' Italie et du Inonde, pOUl' embrasser d'un seul geste tous les enfrtnts, fleurs de l' humanité et .foie de leurs Inèl'es. »

1950 et 1960. Les pronostics de Ia statistique poursuivent le trajet de la courbe qu'a suivie le Imouvement de notre population: Environ 700,000 enfants en 1960, soit 17,5 % de la nation. La p)Tramide s'est nluée en une forme lugubre où se dessine déjà l~. silhouette de l'urne de ;la mort. .. N'est-il pas iUlprudent de vou­loir sonder l 'avenir? Cette vue est sahltaire si, acçOInpagnée d'une confiance inébranlahle en la Providence, elle stÎl11.ule la vo­lonté de servir la vie.

A vec la source de la vie a aussi été atteinte la salutaire disci­pline, il'esprit de sacrifice. L'éducation étaH trop tributaire de ·la passion du 'plaisir, et Join de préparer une jeunesse he.ureuse, l'abdication devant l 'effort a frushé les. enfants · de ]'âpre' satis-faction d'une existence contente de peu. .

Le siècle de l'enfant! Quelle mnère ironie de voir cette 01'­gueiNeuse inscription griffonnée au seuil de l'an 1900! N'est-ce pas un défi à la dignité hmnaine que d'ap,peler de ce non1 une époque qui refuse à des nlÎllions de jeunes êtres le droit à l'exis­tence et barre aux enfants qui échappent à ~a nl0rt blanche l'ac­cès au divin Educateur de la jeunesse? Le siècle des enfants. a cOllllnencé avec le Nouveau-né de l'étable de BethJ.éen'l qui .est venu pour que les ân'les aient la vie et qu'eJlles raient en abon-dance. C. G.

.Les 'Citations de cet [lTticle '.dont l'aluteur n'a pas été i.ncliqLl·é sont th"'êes de l'Encyclique de S. S. Pie XI sur l'éducation chrétienne de la jeunesse.

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Examens pédagogiques des recrues Nous n'avons jamais été partisan des examens quel$. qu'ils

~oient, et nous souscrivons des deux mains aux griefs qu'a for­mulés naguère contre eux, dans une brochure caustique, Mon­~ieur le professeur MaIche, autrefois chef du Département de l'Ins­truction publique du canton de Genève.

Aussi, nous n'avons jamais regretté la suppression des exa­mens de ,recrues et s'il avait été en notre pouvoir nous nous se­rions opposé à leur réintroduction, comme essayèrent de le faire d'ai11eurs toutes l·es sociétés pédagogiques.

Lorsque ce contrôle fédéral fut établi au siècle dernier, 011 en profita pour faire de fâcheuses comparaisons entre les can­'tons, pour en tirer les déductions les plus fausses. Quand le Va­lais se classa à deux ou trois reprises dans les derniers rangs de l'échelle, il en est qui firent revivre tout l'arsenal des vieiŒles lé­gendes .du Larousse taxant Iles · Valaisans de goîtreux ou de .cré- . tins. Pourtant il ne manqua pas en Suisse d'esprits critiques pour -trouver naturels les résultats obtenus 'Par notre canton. Mon­'3ieur Œe Dr Naef de Bâle en particulier écrivait dans son rapport: (Il n'y a rien d'étonnant ni de déshonorant, n'lais c'est là une ,chose toute natureHe, . que le Valais soit classé le dernier et il est probable qu'il en sera encore longltemps ainsi.» (Nous citons ·de mémoire.) Or, aiguillonné par tl'amour-propre, grâce aussi à ft'artifice des cours de 40 heures préparatoires au recrutement, l)1otre canton faisait un grand effort de redressement, à tel point que vingt ans p'lus tard il était classé sixième, à côté, ou lnêm.e avant certains Etats àes mieux favorisés à tous les points de vue. Depuis et jusqu'à la suppression des exan'lens lors de 1a dernière grande guerre, le Valais a toujours fait honorable figure dans lia ·grande fan1ille scolaire suisse.

A ce monlent-là ceux qui s 'étaient gaussés de notre canton ,se sentirent humiliés à -leur tour, et i1s s'opposèrent à la réintro­duction des examens de recrues. Ce en quoi Ïlls eurent parfaite­ment raison, quels qu'aient pu être les lnotifs a·hlégués ou siInple­IDent pensés. Pourtant cette question ne devrait pas recevoir un enterrement de première classe; elle fut débattue dans de nom­breuses conférences et elle revint en discussion devant les Chan'l­bres qui votèrent finalen'lent la réintroduction des ,examens sous \lne fonne nouvelle.

D'abord on décida de les organiser de telile façon que toute comparaison entre les cantons devait être unpossible. C'est un progrès incontestable car chaque é·co.le n'étant plus directement 'classée, le maître pourra donner un enseignement plus . harmo­nieux, excluant tout bourrage de crâne, tout gavage, toute· mélho­'risation intempestive, exercices auxquels on se livrait autrefois pour obtenir un rang honorable à l'examen. La formation du

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Jeune hOlTI'me n'a donc pas à souffrir de ce nouveau système de 'contrôle.

Le règlement élaboré par le Département militaire fédéral précise en effet « que les examens doivent être organisés ,de ma­nière à exercer une influence favorable, d'une part sur le choix 'de la matière d'enseignement, d'autre part sur la façon .de trai­ter les branches civiques en particulier. »

Les examens de recrues . ont donc pour but de donner des in­dications qui pennettront aux autorités responsables d'améliorer renseignement public.

Les candidats ne sont pas questionnés isolélnent, mais par groupes de six que l'expeTt doit faire parler, car c'·est une cau­serie plutôt qu'un exanlen. On part d'un sujet tiré des événements actuels, de la , vie locale, de l'activité professionnelle de la recrue, p'0ur faire une incursion sur l'histoir e, la géographie et l'instruc­tion civique.

L'expert doit s'efforcer de faire appel avant tout à la r éfle­xion. de~ candidats, à -leur raisonnement, beaucoup plus qu'à .leur saVOH' lIvresque. Aux maîtres des cours complémentaires surtout â retenir ce point de vue. Pour préparer leurs élèves à l'eXalllen, ,mais surtout pour obtenir d'eux une meilleure formation géné­rale, ils peuvent les exercer à ces discussions sur la vie économi­'que, poUtique et sociale du pays. Cela peut f aÏtre 'l'objet de nom­breuses Jeçons de civisme,qui, nous en avons la conviction, ga­gneront en intérêt: l'enseignement sera à la fois pratique, concret 'et adapté à notre pays, car, comme l'a si bien dit Ml' Je député 'Pierre Rochat, au Grand Conseil vaudois: « Nous préparons la 'jeunesse de nos écoles pour qu'elle travaiHe, non pas dans n'im­porte quel pays, non pas au service de n'importe quel pays, mais 'au service d'un pays déterminé qui est le nôtre ».

Il faut reconnaître que les examens de recrue ancienne for­inule avaient l'avantage d'astreindre tous les jeunes gens aux épreuves proposées; s'ils avaient été logiquement organisés, ils auraient donc pu donner une image plus exacte du développe­ment de la jeunesse post-scolaire suisse. Aujourd'hui seuls sont 'examinés ceux qui sont incorporés dans l'anmée active puisque 'l'examen a 'lieu durant l'école de recrues dans les différentes pla­ces d'annes de la Suisse. Puis, en supprimant les épreuves de calcul dans lesquelles les Valaisans se sont toujours bien classés, on a élimipé un excellent moyen de déterminer le jugelnent des (candidats. Enfin, les questions orales 'auxquelles on dOlme 'la pré­férence sont un handicap pour les sujets timides qui ont tou­jours vécu dans leur village et aussi pour d'autres aux réactions 'l'entes, ,ce qui dénote pourtant assez souvent un esp'rit pr,atique et 'réfléchi.

Le Valaisan de nos montagnes "en particuHer, pos'sède un ex­'cellent jugement; mais il n'est pas. causeur, i1 reste plutôt replié

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sur lui-lnênle. On le ,comprend: il vient de sa vallée isolée dans 'un coin du monde; chez lui il parle ,le patrois qui reste mallg!l'é 'tout sa langue m,aternelle. Il a donc généralement une certaine diffkulté de s'exprÏlner; un expert ex,périmenté pourra facHement prendre cette ' timidité natureQle pour un manque de formation, pour de l'ignorance ou de la gaucherie.

Pourtant 'les résultats hom'Ologués n'étant plus classés par can­ton mais par incorporation, notre alnour-propre est sauf. Encore 'n'est-ce pas bien sûr. Le.s ,experts du moins n'ignorent pas le 'domicile des candidats examinés; et 'les réflexions échangées à ce sujet peuv,ent .se tranSlnettre de bouche en bouche et aller 'loin.

Dans tous les cas, il y a deux ans, un expert d'une des pla­ces d'armes de la Suisse romande a pu nous faire d'abondantes 'et 'pertinentes remarques sur lIa formation des recrues valaisannes qu'il .avait exprhnées. Mais si les comparaisons ne sont pas totale­ment élilninées, elles 'le sont du moins offi'Ciellement, et c'est le principal; de sorte que pour améliorer la moyenne du canton, l'école ne sera plùs astreinte, COlnme ce fut trop longtemps le cas, à un stupide et néfaste bourrage de crâne. Ainsi 'l'examen ne sera p'lus un but, mais un Inoyen. Cl. Bérard.

'éducation physique au oint de vue catholique (Suite)

III

Le grand élan -des ôgénérationss ,contemporaines vers lE' s,port s'est déclanr,hé comm·e une réaction ,s'alutaire, une re,vanche du COT,PS ma'l­traité, contre la vie sédentaire en lo,cal fermé. De,s ·études de plus en plus longues y -rivaient la je/unes,se de toute dasse so'ciale. Le tJ'lavail en .:faJbrique ou au bureau arrachait ho'mme,s et ,fe;rnmE's à la vie au grand air de l'lagrk-uJture, qui n'occupe ,plus qu'une minorité ,des po­pulations dams -des régions jadis es.sentiellement paysannes. Le re,­nouveau de 'la ,cultuTn ph'ysrique est apparu -comme une entre:pri,se -de santé IpUibliqü·e.

Néamnoins', nul n'ignore l!'eJffet rln-oral imprévu de cettE' restaura­tion sportive. Nous avons touéS pu constater un .nomhre 'Plus ou moins grand de ,cas où le régime strict -du slPortif s'est révélé fort efficruce contre l'alr.~:)QlioS,me. La saine fatigue ·d'une ,course de m-ontagne réta­blit un équi.libre dont ,l'.esprit béné.fi.cie lui-même. La -paresse, l'arpathie sont ·comibattues ,pal' l'entraînement méfuodique. L'apôtre de la jeu­nE'séSesportive que ,fÜ't 'à Fribourg l'abbé Freely assurait au nom de sa grand.e ex.péri,ence ,que le -ie'I'T'ain de Ifooibrual est ,ex'cellent pour ,la culture des quarlités d'e.ndur,ance" de di'S1cipUne, de Ipatiente ténacité, qui sont des facteur,s importants de la formation -du ,caractère.

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Il ne Œ'aut ,rien exagérer. D'autTes tém-oins vous diront .que le 'sport rend g.rossier, violent, eX'I>os'e à dE< ::fâcheuses >compagnies, arrache Je jeune hO'm'me à sa rfami.l.le, :l'entraîne dans des randonnées pleines " d'embùches pour sa vie 'morale, le ,dégoûte des études sérieuses, bref est plutôt un obstacle qU"une ai.de à l'ac('.om,pliss'einent des devoirs des jeunes gE'ns ,chrétiens ....

Comment 'conoilier ,ces avis contraires ?

* '" * Une collaboration positive du COTpS a" . ec l'ân:).e ·nous a 'paru ,pos­

sible, -étant même la ,c,ondition normale de toute notre existence. Une coJIaboration doit donc aussi être possible entre l'éducation ,physique et l'èdu,cation fOl~mellement chrétienne, l'a'PlPrentissage pour le royau­me de Dieu. HéduirE.' le ·cor,ps ,en servitude ne s'o·ppose ,pas là r.ultiver le cor,ps, si ·cu.},tiveT le corps consis.te 'à en ·faire un panfait serviteur.

On voit du m,ême coup que cette ,collaboration a ,ses limiteB. Il ~erait nuJ;f de croire que tout ce qui cultive le corps c,ultive .l'âme. Il serait dangereux d 'admettre que tout 'ce qui se récrame de l'édu­cation ,physique est .nécessairement J)on, et tout pro.fes.s,eur de gymnas­tique, un apôtre. Il serait faux d'imaginer que toutes les alPtitudes ,cor­porelles ·doivent aJJsolume,nt ètre dévelo.ppées au 111aximum, .d,évelop­,pées au même' ,degré 'Clans' un même individu, dévelop,pées à la 'même ér.h~lle 'chez tous. Il y a, en et,fet, une hiérar·chie des valeur,s entre lE's dh erses qualités que procure la culture physique; il Y a des nu­ances dans l'importance re.spe,ctive de la santé, de la [or,ce, de l'endu­ranC'8 et de l'agilité.

La santé est nécessaire à tous, tandis que 'la ,force. muscu.laire, l'endurance à ,la fatigue, l'agilité au ,saut ou à .la ,course ne sont pa$ requises au même titl'e lPar tous les états de vie. Sans doute, 'la santé assure dans un 'certaine mes'ure force, E'nduranceet souplesse, et dana cette mesure 'COJnmune tous en ont besoin. Néan.moins il tombe SOUII le sens qu'un !profe,sseur de "gre'c a moins besoin de mustCles -d'a·cier qu 'un débardeur ou un fo-rge1'on. Le souci rd'entretenir ,sa ,santé dide à oha'cun le devoir de pratiquer les ex€'rcic-es ,physiques nécessaires à la maintenir. On n'exagère pas en ajoutant que ,c'est un ' relevoir .pour les autorités scolaires -d 'en ménagp.r la pos'sibilité à la jeunesse stu­dieuse.

On exagérerait, par ,contre, en prétendant que -les écoles catholi­ques ont 'su y 'pourvoir partout et toujours. Comme beau'coup d'autres, nous nous somm·es lais·sé pendrE' dans le cy,c}.e de 'la vie s'édentaire et -citadine où s'étiolent tant d'écolie,l's, d'ouvriers et rel'il1'te.Jlectuels. Mais en essayant aujourd'hui de ,c'Ol'riger nos errements, nous ne suivons pas s,implement un courant à la mode, nous revenons- 'Plus :fidèlement à l'idéal que nous professons, noU's rej oignons, en partiocu:lie-r, une iiln.pulsion don.née jadis .par .J'Eglise du iIl1oyen-â-ge. N'est-'cE' pas 'BiNe qui- a institué ,1~ 'c:hevalerie, non seulement dans son id·éal de dévoue~ ment, mais avec s·a· formatjon physique ada,ptée à ,cette époque, avec

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l'e~ltl'aî~e.ment ré~"l;l-1iel' néces.saire aux entrep-rises mUitaires .qui 'pou­va~ent a chaque H1stant soLbciter l'intervention -du .ch evalie,r, d,e s€'s paIrs et de -ses hommes cl'annes '?

Ce que nous refus-ons, 'pal' contre, au mouveilnent mode.rne c'est d'obliger tOli't le monde au 1l1ême entraîne.ment. Jadis l'E,o'li~e n'a pas fait de tous des 'cheva:liers .. Nous n'oublierons pas qUB l~ ' but lé­gitime de l'éducation physique popu.lai-re est {le fajre des hommes­sains, et non 'pas des athlètes ,et des ('ham,pions. Nous nous tlllé:fiofiS du sport professiorlnel .qui ifau'sS,ie la hiér.ar.cllie des va:leurs, nous nous méfions des pe>rd'ormance,s qui valent aux héros cl"un jour une gloire criar.cle et un peu -d'a.rgent, mais ·souvent au prix de ,cette, santé qu.e l'éduca tion 'lJ,hysique cloit justement fortifier. Nous ne, vouIons 'pas EJ.u'on renverse l'ordro que l'intellig'E'n~e et. la._ foi assilgnent aux va-JeuY'8.

* * * Si 1.'on a ,erré ·daus "les éco'les en négligeant le ,clévelo:plJement

cOl])orel au profit. de l'e prit - incaJpable au l'este >de l~ien gagnei' à une hypel'Ü'oplüe - on co,mm,etralt. u.ne erreut' pa.l~allèlQ aujoLU'cl'hui, en sépara.nt. la. culture phy,sique clE:- tOli't :contact avec :l'n. cultul'e in­t.f!.llectuelle et. ,pl'ofess,ionnelle. C'est un da:nger auquel on ne semble pa, prendre garde, mais la. ,conception ,de ,l'unit.é !personnelle ,du ('orps ~t do .l'âme réveille notr ,attentjon s'ur ce point.

Quand le .corps tl'avûi:l1e, l'esprit ne 'chàl1le l)aS, Quand le- ' C'Ol'P~

"exerce au 8t>a.cle, l'à,me n'est 'pas endormi dRns le :gymnaste. Elle est au guet. pou]' ·dil'iO·Gl' lf',s mouve'ments, tenir 1 s sens en alerte, ohser­'el' les réussites et les ècllecs, enregistrE'l' R.ve·c joie les ,pl'cgrè.·. Le gymnaste s ' intéresse ,aussi aux proues,ses cle ses com,pagnons, il vl­ibre avec eux, il Requiert au jeu:l esprit. cl'-équipe .. Le ,('e1'-o1c dE' selS .srym­pathio s'é'lar,git; j] 8e sent solidaire de.s .as des ,clubs J1ationa,ll~. Un match de grand style le passionne !plus crue 1e comO)at des HON\('(;S et des Curiaces; .'les Je,ux olymipiques J'.élelCtrise11t. })ilus quo tou .. ' les {)one,Hes œcuméniques,

QU'OIl le veruine ou 'non, qu 'on s'e'n .préoccupe ou non, l'exercice cor­porel réagit sur l'esprit, le sport engendre une my'stique. II ne ,pe,l.,t't pas en ~t:r'e autrement, étant ,donné I\mité .clE:" notre l)e1'50n11e, Allon~­nous gémir sur une jeune,8sB qui 'perd le sens .des v,R;}eurs l'elatives et l'esipl'it de \fineSls0? Il sera plus frutueux de ·comprendre que ·nems n:avons pas su 'la. guidel·. Elle s'e._t ,portée ,d'eUe-m·ème vers lE' 81)01't, et nous étions souveIit assez fiers ·de .nous, pédalgogues, et de not'l'e largeul' de vues, lorsque nous tolérions qu'elle s'y adonnât là sa guise.

Ce qu'il aurait fa'1lu :pour gaI'.Cler là notre jeunes'se, là où e,l1e l',a. perdue, une just~ estimation des valeurs, c'est. que ses m,aîtres de science et de vertu fussent aussi ses Imaîtres .cl0 jeu'. Rev-e im'possible à tlmnsposer dans .la .réalité com:me règle ,commune. Du moins ·re qu'il f,audtra 'pOUl' restaurer 'l'unité ·([e la formation de ll·a .personlle) c'est que 'nous SOYOllS conscients de nos insu.ffisances, que no~s par-

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lions de la gymnastique s·ans mépris, et ,c'est qUE' :les maîtres de cul­ture phys.ique Teçoivent une formation ,pédagogiqu'e ·écJ.airée, leur permettant de voir eux-mêmes et de faiTe senti'r là leurs ,élèves -la juste place de leur s!pécia:lité dans la Iformation complète du jE'une homme et :de ,la jeu'ne filol'e.

Il lfaut arriver il. imprégnm' fens'eignement d·e la gymnastique ,d'un esprit, .mais d'un esprit conforme à notre idéal chrétien. Il n'était 'pas 'sage d'orner l'esprit en négligeant le corps. Nous voulons éviter de ·cultiver .le COIiPS comme -s'il n'était .pas uni à une ame pour former une ·s·eule ,personne. Il !f-aut :réintégrer ,l',éducation p'hy,slÎ.que dans une lumière intelligente et sonder ses .points de contact avec la formation du <cara·ctère et de la volonté. Nous ne pouvons pas nous pas'ser de spécialistes de 'la gymnas,tique, mai,s nous devons comprendre qu'un s'péctaliste est beaucoup Iplus fort quand il a l'es,prit ouvert S'lir les :points d'incidence 'de ,s·a branche -au sein de l'éducation généraJle, hu­maine et ,chrétienne. Ainsi 'la gymnastiq·ue fera non seulelment des ho.mmes robuostes, mais des \hom.mes équiüb-r,és dans la joie de l'es-prit qui ·sait ou i.l v,a. Léon Barbey.

(A suivre.)

~~~ .... * 1 PARTIE PRATIQUE 1 LANGVE fRANÇAISE

Première semaine

Centre d'intérêt: LA MINE ET LES MINEURS J. RECITATION

Un morceau de houille raconte son histoire

Je n'ai pas toujours été noir comme je le suis maintenant. Il y a bien longtemps, je faisais partie d'un arbre qui, avec beau­co~p d'autres, formait une ilm.mense forêt.

·Comme le soleil était très chaud et que les ,pluies fréquentes rendaient le sO'I humide, tous les arbres de la forêt poussaient ad­mirablement.

Les orages en abattaient quelquefois, d'autres mouraient de vieillesse. Les uns et les autres étaient entraînés par les crues du fleuve voisin. Lorsqu'ils rencontraient un obstacle, ils s'entas­saient,et la vase finissait par les recouvrir,

Un jour, l'arbre auquel j;appartenais s'abattit et fut emporté à son tour. . .

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Bientôt il reposa sur des nlilliers d'arbres anlenés avant lui et entassés les uns sur les autres en épaisses ,couches. D'autres ar­bres arrivaient sans cesse et s'empilaient sur nous. De la terre et de Ja vase s'infiltraient entre nos branches et nous recouvraient insensiblement. Peu de temps après je ne vis plus le ciel, et tout fut noir autour de moi.

Je restai là des milliers d'années. Enfin, un jour des hommes creusèrent de profondes galerie~

souterraines pour arriver jusqu'à nous. C'est ainsi que je revis le jour. M'ais je n'étais plus la jolie

branche couverte de feuilles vertes que le fleuve avait entraînée. . J'étais devenu une sorte de pierre noire: j'étais un morceau de: bouillie. Baudrillard et [(uhn.

IL VOCABULAIRE

NOMS. - L'exploitation, l'extraction, un gisement, la benne~. le treuil, le ,câble, le boisage, les étais, une veine, un filon, le mi­nerai, la gangue·, la perforatrice, le porion, la relève, une équipe, un sondage, les annexes de la mine, les hauts-fourneaux, les fours, les usines, les marteaux-pilons, un danger, 'l'a~hyxie, le grisou~ les puits de mine, 'la cage, l'ascenseur, le 'bassin houiller, le car- ' l'eau de la mine, le pic, la berline, le wagonnet, la venthlation& l'air vicié, le boisage, l'éboulement.

ADJECTIFS. - Une descente périlleuse, une chaleur acca­blante, suffocante, torride; une poussière aveuglante; une humi­dité persistante; une atmosphère lourde, humide, malsaine, un bassin exploité, épuisé; un treuil puissant, une main-d'œuvre qua­lifiée, spécialisée, le pays noir; un travail pénible, dangereux, fa­tigant, rude, exténuant; la houille noire, luisante, grasse; souter­rain, irrespirable.

VERBES. - On pratique un sondage, on exploite le minerai ;. on étaie les galeries; les ouvriers se couchent, s'allongent, s'ac­croupissent; on relève une équipe, on relaie les mineurs; les gaz explosent, la benne monte, émerge, on décharge le minerai; on le travaille. Extraire, détacher, étayer, ventiler, charger, remonterb .

cribler, explo~er, s'ébouler, se glisser, heurter, boiser, forer.

III. ORTHOGRAPHE

Préparation: S'en référer au numéro du 15 octobre.

Dans la mine

Un peu plus loin, nous apercevons les ouvriers qui travaillent. A vec leurs pics, ils détachent de gros morceaux de houÎll'le. Il fait très chaud, la besogne est dure, les mineurs suent à grosses gout­tes.

Page 11: L'Ecole primaire, 28 février 1942

'- 322-

Dans la mine

Dans cette ville souterrraine qu'est la 11line, il y a des 'ave­nues: les galeries; une voie ferrée: les rails sur les'quels courent les bennes pleines de charbon; des carrefours: là où 'les galeries aboutissent, au pied des puits de .sortie. Il n'y nlanque. que des TIlaisons : seulenlent quelques écuries pour les chevaux.

Gallouédec et J.11(wrette.

Les mineurs

Les nlÎneurs blêmes, le dos rond, ont sur la fi O'ure cet air écrasé, passif et grave, que donne la lutte disproporti'orinée a vcc les éléInents, la nlenace perpétuelle du grisou. Il faut les voir, les lnalhéureux, le 111atin, à l'heure où l'équipe de nuit sort de la mi­ne ! Un échafaudage à mi-côte, quatre Illadriers, lUle baraque en planches, un trou noir au Inilieu : c'est le puits de descente. Ceux de l'équipe de jour sont 1:.'1; Inal en train, assis ou adossés au mur, ils attendent.

Un signal, un coup de nUll'teau qui vient de .sî bas, ·de si loin! La benne Inonte, eNe émerge: les hOlnnles enjambent, se secouent et ·demeurent un mOll1ent plantés sur le seuil de la baraque, éblouis par les rouges épées du soleil qui pointent, déchirant le voile épais des fumées. E. PouvilloIl.

Les mineurs

Tous allaient ,êtus de gros velours, chaussés de bottes ou de sabots; les visages noirs, sous le casqne de gros cuir présen­taient des stigInates bleus, et Pierre remarqua leurs yeux rouges, leurs faItes épaules voütées, leur démarche lente, la figure et le~ m,ains en avant conune pour tftter dans les ténèbres. Ce ,déhanche-1uent singulier des l1lÎneurs leur donne, après huit heures ' de tra­vail, l'allure des buffles noirs et silencieux. En les reO'ardant pas­ser, Pierre entrevoyait la dureté de la tùche qu'ill allait entrepren­dre ...

Au début d'avril, la taille CJui, jusqu-là, était assez bonne, ~e,~in~ de pl~lS en.p lus « luaigre» e~, pour la prenlière .fois qu 'il etaIt a la n1lne, PIerre COn1!lllença d abaltre dans des veines très étroites. Il lui fallait travailler icouché sur Ile côté et presquè tou­jours dans l'obscurité la plus cOlnplète. Les veines étaient sou­vent si minces ·que, le corps une fois passé, il ne restait guère de place pour la lalnpe. La pre1nière fois qu'on abat dans uüe veine de ce genre, la sensation est horrible. On étouffe et J'on a sans cesse, Ï'ünpression que la veine va s'affaler derrière soi et vous ensevelir. . Une fois sa lam.pe s'éteignit. Il la ralhllna. A nouveau, la pe-

tlle lue~ll' tren1]?la, décrût. Il se trouva dans les ténèbres et, épou-vanté Il s'enfmt. Albert Crémieux.

- 323-

Les mineurs

Les mineurs travaillent sous terre, à une grande profondeur. La mine est creusée de galeries que l'on a consolidées par de gros poteaux. Il y fait si chaud que les 1nineurs ont .Je torse nu. Ils détachent le charbon avec leur pic. Une petite lanl,pe les éclai­re. Des chevaux tirent lentel1le1lt .des vagonnets pleins de char­bon.

La vie du mineur

Au fond de la Inine, les quatre hommes devaient, pour atta­quer la houille, rester couchés sur le flanc, le cou. tordu, les bras levés el brandissant le pic à nlanche court. Autour d'eux, la . teln­pér ature Illon tait jusqu'à 35°, l'air n e circulait pas, l'étouffenlent à la longue ·devenait lTIOrtel. E. Zola.

Mineurs de houille

Les quatre haveurs venaient de s'allonger les uns au-dessus des autres, sur toute la Imontée du f ront .de taille ... , cette veine était si mince, épaisse à peine en cet endroit de cinquante centi­m ètres, qu'il se trouvaient là conlme aplatis entre le toit et le nlur, se traînant des genoux et des coudes , ne pouvant se ;retourner sans se meurtrir les épaules ...

C'était Maheu qui souffrait le plus. En haut, la tenlpérature 1nontait jusqu'à 35°, l'air ne cir culait pas, l'étouffement à la lon­gue devenait l1lortel. Il avait dû, pour voir clair, fixer sa lanlpe à un clou près de sa' tête; et cette lmnpe, qui chauffait son crâne, rilchevait de lui brûler le sang. Mais son supplice s'aggravait sur- . tout de l'humidité. La roche, au-d essus de lui, à quelques centi­nlètres de son visa ge, ruisselait d' eau, de grosses gouttes ,continues et r apides, tOlnbant sur une sorte de rythme entêté, toujours à la Inênle place. Il avait beau tordre le cou, renverser la nuque: el­les battaient sa face, s'écrasaient, claquaient sans relâche.

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Page 12: L'Ecole primaire, 28 février 1942

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Au pays du charbon

Du haut en bas, les maisons sont noires, noires par la boue et la poussière, noires par la fumée des fours et des fourneaux : tout est noir, le sol, le del et jusqu'aux eaux que roule la rivière. Quelques minutes après six heures, les mineurs, la lampe à la main, remontent au jour, leur travail fini. En passant devant la lampisterie, chacun entre et accroc.he sa lampe à un clou.

Exe:rcices d'application

S'en référer au nUInéro du 15 octobre.

Hector Malot.

IV. COMPOSITION FRANÇAISE

La phrase - Le paragraphe - La rédaction

Sujets proposés: I. Vous supposerez qu'au moment où le mi­neur va frapper du pic un bloc de charbon, celui-tCÎ se plaint et le Inenace. Un dialogue s'engage ... Le bloc consent à être utile et se laisse entainer par le pic du Inineur.

Préparation. - a. Premier paragraphe. - Dans la mine: Le mineur est couché dans une position pénible et dangereuse ... Au-dessus de lui, un b!oc de charbon qu'il entame.

h, Deuxiènle .paragraphe. - Le dialogue: Bien poser les raisons invoquées par le charbon (Je . vivais dans l'oubli... Pour-quoi m'arracher sans pitié ... Je me vengerai ... ) et celles invoquées par le mineur (Il est nécessaire à l'industrie ... le vieillard et l'en-fant le réclament... lui, mineur, s'est dévoué pour venir le cher­cher, sa vengeance serait donc injuste ... )

c. Troisième paragraphe. - Le nlineur pourra continuer son œuvre ... et, sous un puissant coup de pic, le bloc se brise.

II. Sur un banc deux vieillards se reposent... L'un a été mi­neur pendant de longues années, l'autre Inarin ... Une discussion

,portables et m3Johines ,de bureau, neuves et d'o'C'casion

Vente, . IOlcatioill, échange; révisions par technicien dirpllÔŒllé.

PAPIER CARBONE RUBAlNS

H. a Ben arle, • 10 ...

~ 325-

s'engage sur les mérites et les dangers de leur métier. Reproduisez ce dialogue runical nlais sincère et animé.

Devoir de rédaction. - 1. Le morceau de houille' raconte son existence jusqu'au jour où Je mineur le détache.

2. Le morceau de houille raconte son histoire: le mineur le détache de la veine, il est chargé sur le wagonnet, il remonte dans la benne. Sur le carreau. Dans le w.agon. Chez 1e marchand de charbon. Dans la charbonnière de la cuisine. (Faire parler le mOflceau de houille.)

Deuxième semaine

- Centre d'intérêt: L'USINE I. RECITATION

L'usine

L'usine s'éveille au petit matin, Et crie... Il lui faut des hom'mes, des hOlnmes! Et son cri perce le repos, brise le somme Des pauvres gens cachés dans un songe lointain.

Elle veut soudain se mettre à l'ouvrage Et crie... Aussitôt, pour la -contenter, Les pauvres gens partent ,en foule lui porter, Vite, chacun sa vie et chacun son courage.

Par la grande route et les chemins creux, Noirs et pressés, ils viennent, cent ou mille, Et pareils aux fourmis qui rentrent dans leur ville, A tous les carrefours, ils s'abordent entre eux. l\larie Noël .

IL VOCABULAIRE

Une usine. - NOMS: une cheminée, des bâtiments, les ate­liers, les hangars; une machine-outil, des courToies, des engre­nages; l'usine, la fabrique" la manufacture, l'atelier, la machi~e­rie le moteur, le volant, 1 arbre de couche, la manette, le leVIer, la 'dynamo, la turbine; le direct.eur, l'ingénie~r, le contrem~ît~e, l'ouvrier le Ilnanœuvre; fer, aCIer, fonte, CUIvre, plomb, etaIn, zinc, al~minium; m'étallurgiste, fondeur, un lamineur, un tréfi­leur, un tôlier, un ferblantier.

ADJECTIFS: une haute cheminée; une fumée noire, épais­se; des machines perfecti0:r:tnées, énormes; des ouvriers attentifs; un mécanicien habile; une usine moderne, bien outillée; des bâ­timents spacieux; la force motrice; un ouvrier diligent; une ac­tivité fébrile; du fer forgé, de l'acier fondu, trempé, un travail accablant, exténuant.

, VERBES: fabrique~, confectionner, produire; mettre en

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mouvement, ronfler, siffler, 'grincer, haleter; fondre, forger, tré­filej',' laluin'er, aciérer, tremper.

Vocabulaire écrit. - Machines qui travaillent le fer; mar­teau-pilon, laÎninoir, presse, cisailles, filières. - Usines: fonde­rie, aciérie, tôlerie, chaudronnerie, tréfilerie, etc. (expliquer ces lllots et les faire entrer dans une phrase). - Adjectifs: ardent, éclatant, incandescent. - Q~alité des métaux: le plomb est ·(lourd et mou). - L'acier est (élastique et cassant). - Le fer est (mal­léable et tenace).

Orthogl'aphe. - Non1s des métaux: nickel, nickelé, zinc, plombier zingueur, acier, ,acéré, aluminium, le laiton, étain, étaulé, étameur.

III. ORTHOGRAPHE

Préparation: S'en référer au numéro du 15 octobre.

Les machines à l'usine

A chaque pas on se trouve devant un Inonstre qui travaille le fer . rouge ou sOlnbre. Ici, ce sont des scies qui divisent des plaques larges comme le corps; là, des pointes percent des blocs de fonte ainsi qu'une aiguille; plus loin, un autre coupe des lamel­les d'acier COlnme des ciseaux feraient d'une feuille de papier. Tout cela Inarche en lllême telnps avec des mouvelnents diffé-rents. Guy de Maupassant.

Le Cileusot

Ici, des brasiers; là, des jets de fiammes; plus loin des blocs de fer ardent vont et viennent, sortent des fours, entrent dans le5 engrenages, en ressortent, y entrent cent fois, changent de formes, toujours rouges. Les machines voraces mangent du feu, ce fer éclatant, le broient, le coupent, le scient, J'aplatissent le filent, le tordent, en font 'des locomotives, des navires, des ca­nons, mille choses diverses, fines comme des ciselures d 'artistes, monstrueuses comme des œuvres de géants, et compliquées, dé-licates, brutales, puissantes. Guy de Maupassant.

Un6 usine de .' produHs' chimiques

Après avoir suivi une longue avenue, je traversai une usine de produits chimiques. Je longeai de petits bâtiments dont les murs paraissaient rongés par les acides. J'apercevais au fond des cours des réduits obscurs où d'étranges machines étaient embus­quées. Parfois, un jet de vapeur jaiLlissait du sol. Des formes hu­maines remuaient. en des caves noires. Dans un ruisseau une eau rougeâtre coulait. Quel' .crim·e accomplissait-on ici?' Sous des hangars, des chanIps de bonbonnes, des tas de matières ver-

~ 327-

dâtres et jaunâtres, des anl3,S de sacs, des fûts . de goudron. Ul'1.e ' ·odeur étrange flottait dans l'air. Je respirais à petits coups. Dans ,les cours, personne; aussi, IÜ'l'sque, tout à coup, une va.peur rousse se 111it à fuser d'un soupirail, je pensai à une catastrophe ·extra­ordinaire. NIais non, ce n'était que -le fonctionnement nornlal ét terrible de l'usiùe. Ici, on fabriquait de l'acide sulfurique, tout simplem.ent. Jean des Vignes Rouges.

L'usine

Une. énorme fraiseuse quî grignotait les bavures d'un bloc 1110teur fondu d'une pièce dont, par surcroît, elle rectifiait le pro­fil, retint un InOluent son attention.

-- C'est beau, dit-il enfin à Fréret qui jouissait ,de son triOlll­phe.

L'ancien 111écano -était sincère. Le spectacle de cette InacJu­ne œuvrant puissanlment, sans ù-coups, sans err.eur, sous la ,con­duite d'un jeune ouvrier au visage intelligent, aux gestes précis, i'enthou siasrnait.

Et 'puis il aimait cette odeur de fonte grasse, d'huile chaude, ce chant rauque des outils faisant leur chelnin dans le l11étal, ce glissement feutré des courroies que soulignaient, par instants,

è. de :hrefs ' cla,quements; et aussi le ronronnement des poulies, haut perchées, dont l'incessante rotation ordonnait ]a bruyante activité de l'im.l1lense atelier.

- C'est beau, répét-a-t-i1. Il respirait à pleins pom.110ns, conune s'il eût voulu accaparer

d 'un seul coup toute l'odeur de l'usine ' en travail. Henl'i . Maci.

Sortie d'usine

Les ouvriers sortaient, graves et silencieux. Les halls, où tous les bruits avaient cessé, évaporaient leurs odeurs de forge. La sueur coulait sur tous -les frQnts, et le halètement qu'on enten­dait tout à l'heure se taisait pour faire place au souffle retrot~vé par ces deux n1Ï'lle poit.rines d'hOIl1îtneS épuisés de tout l'effort de la journée.

Un défilé d'ouv-ri&rs

Il Y avait là un piétinenlent de troupeau, une foule que de brusques aiTêts étalaient en 11lares sur la chaussée, un défilé sans fin d'ouvriers allant au travail, ·leurs outils sur le dos, -leur pain sous le bras. Cette foule, de loin, prenait un ton neutre où le b1eu déteint et le gTis sale dominaieilt.

Les laminoirs

Nous entrons dans la galerie des laminoirs. Des serpents

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'rougis courent par terre, les uns minces comme des ficelles les autres gros comme des ,câbles. On dirait ici des vers de terr~ dé­mesurés, et là-bas des boas effroyables. Car ici on fait des fils

,de fer, et là-bas les rails pour les trains. Des hommes, les yeux couverts d'une toile métallique, les

mains, les bras et les jambes enveloppés de cuir, jettent dans la bouche des machines l'éternel morceau de fer ardent. La machirie le saisit, le tire, l'aUonge, le tire ' encore, le rejette, le reprend, l'amincit toujours. Lui, le fer, il se tortille comme un reptile blessé, semble lutter, mais cède, s'allonge encQre, s'allonge tou­jours, toujours repris et toujours rejeté par la mâchoire d'acier.

Une' coulée d'acier

La cornue se renverse... et, comme un valet qui rempHrait des verres autour d'une table, elle verse.le flot flamboyant d'acier qu'elle porte en ses flancs dans une série de récipients de fonte disposés autour d'elle.

Elle semble se déplacer d'une façon naturelle, toute simple. comme si une âme l'ani,mait. Car il suffit, pour remuer ce~ en­gins fantastiques; ' pour leur faire accomplir leur œuvre, les faire ~ller, venir, tom-ber, se redresser, tourner, pivoter, il suffit de toucher a des leviers gros comme des cannes, d'appuyer sur ,des boutons pareiJs à ceux des sonnettes électriques. Une force, un génie étrange semble planer, qui gouverne les gestes pesants et taciles de ces surpenants appareils. G. de Maupassant.

Exercice d'application: S'en référer au numéro du 15 oc­tobre.

IV. COMPOSITION FRANÇAISE

La phrasa - Le paragraphe - La rédaction

Essayez de décrire une usine en activité: 1. aspect général, mouvements, bruits, travail accompli; 2. impressions ressenties: émerveillement ou stupéfaction. , .

Une machine en action (grue déchargeant un wagon, loco­motive traînant un convoi, effort). - Les ouvriers au travail : division du travail, effort, fatigue. - Objets fabriqués.

Sommaire. - 1. Circonstances: jour, moment, compagnons. - 2. L'usine, son aspect extérieur: ensemble des bâtiments, dif­férentes parties. - 3. L'intérieur: diverses parties: cour, 'ma­chinerie, ateliers, magasins, ouvriers et ouvrières; actions, mou­vements, attitudes; sensations diverses, bruits, odeur. - ,1. Im­pression générale: activité ordonnée, fatigue, effort.

Une usine, - Questionnaire. - Y a-t-il une usine ou une manufacture dans votre commune ou dans le voisinage? _ .. Où

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s'est-elle ' installée? - Comment la reconnaissez-vous de loin? ~ Quelles matières travaille-t-on dans cette usine? - (Juels objets ou produits utiles fabrique-t-on? Combien d'ouvriers em­ploie cette usine? - Comment s'aperçoit-on à distance que l'u­sine fonctionne?

Composition française. - a. Vous vous trouvez devant une usine au Imoment de la sortie des ouvriers. Décrivez ce que VJus avez observé et ajoutez les réflexions personnelles que ce tableau vous inspire.

Conseil. - 1. Le signal de l'arrêt du travail (sirènes, sifflets). - 2. La sortie des ouvriers, leur allure, des physionOlnies parti­culièrement expressives. Voici un passage de A. Daudet tiré de Fromont jeune et Risler ainé: « Les fenlmes sont pressées et s'en vont courant. Elles ont toutes à la maison ou à l'asile un enfant à surveiUer, un vieux parent, le ménag.e à faire. Etouffées par l'air des ateliers, les paupières gonflées, les cheveux ternis de poussière des papiers-velours, une poudre fine qui fait toussèr, elles se hâtent, un panier au bras ... », et,c:

3. Réflexions personnelles. ~ 1. Vous pensez à la vie ùe ces ouvriers ou ouvrières: au lever matinal au travail souvent ntOno­tone, au repas de midi hâtivement absorbé, etc. Cependant, n'ou­bUez pas de signaler les bienfaits de la nouvelle 'législation insti­tuant les loisirs. - 3. L'utilité du travail pour la prospérité de la nation. Chaque travailleur accomplissant sa besone conscien­cieusement a droit au respect de tous.

Dialogue entre un ouvrier d'usine et un cultivateur (compo­sition libre).

SCIENCES NATVRELLES

(j'usine d'aluminium de Chippis L'usine de Chippis est très importante puisque 3000 ouvriers

y travaillent, venant de tout le canton, mais particulièrement du Centre et du Haut. El'le possède plus de 1400 fours et la production de quelques-uns dépasse 100 kg. de métal par cou­lée. Pendant la période des hautes eaux, Chippis a fourni jus­qu'à 60 tonnes d'aluminium par jour. Les fours ne doivent jamais interrompre leur activité; c'es,t ce qui explique' la raison du tra­vail de nuit et du ,dimanche; les ouvriers se relayent toutes ,les 8 heures; il y a donc trois équipes.

* * * L'industrie de l'alulninium fut créée en Suisse en 1888 par

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les usines ,de Neuhausen qui utilisèrent l'énergie produite par la ' chute du Rhin. En 1908 les usines de Chippis entrent en acti­vité . Une ligne de chelnin de fer industrielle à voie nornlale relie la fabrique d'alunlinium ,à Ja gare de Sierre. La fabrique occupe un vaste enlp]aceillent entre le Rhône, la Navizence et la mon­tagne. Cette situation excentrique enlpêche tout nouveau déve­loppelnent à cet ,endroit car, sur tout l'espace disponible, des halles ont été édifiées. C'est pourquoi en 1929 pour donner plus d'extension encore à l'usine, on a dû enlpiéter sur la COlnlnune de Sierre, rive droite du Rhône. Là s'élèvent les lmninoirs, les fon­deries, les ateliers, etc.

La production de l'alunüniunl n'a été rendue possible que grâce à l'utilisation de l'énergie électrique indispensab.le pour la fusion du l11Înerai. C'est ce qui explique la place prépondérante quoc-cupe notre pays dans ce dOluaine. En 1938 la Suisse a ex­porté 21,000 tonnes d'ahllninimn brut, pour une valeur de 41 nüllions de francs.

Le Ineilleur minerai 'Cl'alUI11iniunl est le bauxite (3Ù.unune hy­draté, luélangée d'oxyde de fer et de silice) . Il faut traiter 4 kg. de bauxite pour obtenir un kg. d 'aluminiunl pur. Les résidus trai­tés avec 8 kg. de charbon donnent 2 kg. d'ahllniniulll sous fOr111e de poudre blanche. Ce prmnier traiteInent est effectué à l'étran­ger, notanlnlel1t près de Baux en Provence. D'autres gisem.ents se trouvent en Transylvanie et en Yougoslavie.

A Chippis, la fusion se fait dans les fours Iuunis d'un re­vêteInent en briques réfractaires. Ils ont ,l'apparence de grosses cuves qui Iuesurent environ 1 111. 50 de haut; le courant arrive dans 2 charbons, les électrodes, l'anode et la cathode. L 'alluni­ne .pure est dissoute dans la .cryolithe fondue, à raison de 2 kg. ·d'alumine pour 70 graulilles de cryolithe; l'électrolyse con­sonlnle pour ces quantités 20 à 25 k "Vh. La cryolithe (fluorure double d'alunüniu:m et de sodimn) ne se trouve, en nature, que dans le Grœnland. Elle intervient comIue solvant en abaissant le point de fusion de l'ahunine. La Iuasse liquéfiée pennet .Je pas­sage du courant électrolytique d 'un pôle Ù. l'autre. La tension nor­Inale ·du four en activité est de 6 volts; l'intensité vari.e de 8000 à 50,000 aIupères . Cette faible tension explique pourquoi les ou, vriers qui travaillent aux fours ne courent pas le risque d 'être électrocutés, bien que les cab les soient constamnlent à leur por­tée. L'alun1Îne est dissociée, l 'almniniunl est dégagé à la cathode; i.l s'a.masse au fond du four d 'où il est retiré toutes les 48 heures; les ouvriers 'surveillent ,la fusion et enlèvent les scories qui sur­nagent. L 'oxyde libéré se c0I11bine au charbon de l'anode pour fonner l'acide carbonique. L'ahllninill!ll1 est coulé dans (tes lllOU-1es, puis, les blocs ainsi obtenus passent à la fonderie pour être affinés; on obtient alors un métall d'tule pureté parfaite aUant jusqu'à 99,99 %. Selon les besoins de l'industrie on lui donne la

- 3-31 -

fonne de barres, de dentelles, etc. A Cl1irppis on ne fabrique pas 'd 'objets (casseroles, I!larmites, etc.) en alullliniU!ll1. . .

En Inélangeant à l'ahw.ninitun d'autres ll'létaux qui lui ap­portent leurs propriétés, on fabrique les alliages les plus divers et les pllus résistants. En voici la list~ :

Alliages d'aluminium laminés et pressés fournis pal' Chippis

(u.sage de l'aluminium)

Aluminium pur Rési.stance m·é-canique relativeJl1ent ba . ·s·e. Haute résistance ,chi,mique. partiocuJière.ment dans le · 'ca·s ·d'une pureté de 99,5 % et supérieure. Chip'pis four.nit jti.'squ'à. u.ne -pure­té d·e 99,9·9 %.

AIu.man Al1ia,ge sans traitement thermique (ty'pe AI-lVln). Résistance 'méca.ni­que environ 30 % sUlpéri eUl'e à 'cel­le ·de l'aluminium ·pur, combinée ave C' une résistance chimique éga­le ou mêmesUlpérieure.

Peraluman-1 Alliage sans traitement thermique à faible teneur de J\!Ig (type Al-iiVI'g­:~\'ln) . Hé ista.nce .m·é-canique 'moyen­ne ave,c bonne clucülité, haute l' é­s is tance ·chimique.

Peralmllan-3 A'lhag-e suns traitement thermiqu e à. teneur moyenne de Mg (ty·pe Al­).1~g .. ":Mn). Bonne résistance l11écani­cruo et 11a ute résistance à ,la corTO-'ion, en partic'uliel' à. l'eaü cl e mer.

Pel'aluman-5 Alliage sans traite'ment ther.mique iL hR.ute teneur de NLg (ty'pe Al-;lVDg').' Haute r ésistance ·l11 .. éc-anique etl

chimique, en particulier ô .l"eR.u de .. D1cr.

Ap:plicaHons caractéristiques:

Ustensiles de cuishie. Indus­tri0s chi,mique13, phunna-ceutl­,ques ct al1me.ntaires. EleoCtL'I)- . te'chnique. Chaudronnerie, r e­poussa.ge et emboutissage. ,

Renl;plac·e .l 'Alli.'minium pur <clans les C'as où une résistance mécanique un p eu 'plus grand", est nécessaire. Travaux de tô~

laye et c~e soudure da.nt; tous ,les domaines. Chaudronnerie. Panneautage (le voitures, etc.

Panneautage. Travaux: de tôle­de et de soudure clÇl.IlS tons les domaincs .

Constructions navales, hydr­avions. Chemins de fer et caro roSseries. Al\chite'ctul'e ct déco­l'atloon. Tl'.avaux Bouclés de tOl.'3

genl' es . Emboutissage et chaUm dl'onnerie. IndLlstries cllÎ mi ques ·et alim entclÏre,s .

Constructions navales, Che mins rIe fer. Architecture. ln 'clustl'ies chimi,qu es ct alLmen taires.

De l'amour à la haine, il n 'y a ,qu 'un pas; la haine qui se· v.enge est encore de l amour. J. Sandeau.

Page 16: L'Ecole primaire, 28 février 1942

~ ,332-

AnUcorodal Alliage à traitem,ent thermique à haute résistance ,mér·anique et c.11i­miqli'e (typE! AI-Mg-Si). · Sans ·cui­vre!

Avional Alliage à traitement thermiq ~e à. haute résistance mécanique et chi­mique (ty.pe A'l-Cu-<Mg). Est fourni en plusieurs qualités spéciale·B.

A vion al-plaqué A vional plaqué sur tous ,les càtés d'mIe mince ,couche d'aluminbm très \pur .. Joint ,à la haute résistan-' ce mécani·que une haute résistance chimique.

Aldrey Alliage spér.ial à traitement ther­mique. Joint à une bonnE' ,conduc-" tibilité é.lectriqu,e de bonnes pro­priétés mécaniques.

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,colTetage, etc.

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Forces motrices utilisées'

Toute l'eau du Rhône est dérivée à la Souste près de Loèche, dans le canaJ qui se continue par un tunnel jusqu'à Chippis. Lon­"gueur de toute la canalisation, 9 km., dénivellation 78 m., débit moyen, 43 m 3 par seconde. Les turbines fournissent en hiver 22,00 HP et en été 41,000 HP.

Les 'eaux de la Navizence sont également captées à Vissoie. Le château d'eau ~e trouve près des ruines du castel de Beaure­gard, au-dessus de Niouc, et la halle des turbines à Chippis. Le ,canal de dériv,ation est un tunnel de 8 km. 700; la chute atteint 565 ·mètres; débit moyen 3 m 3 500 seconde; énergie développée, en hiver 11,000 HP, en été 27,000 HP.

- 333-

Une troisième installation utilise ,les eaux de la Borgne cap­tées à la Luette, et ceHes de la Dixence dérivées au Sauterot (Hé­'témenoe). Les turbines som à Bramois. Elles fournissent pour 345 mètres de chute et un débit de 5 m 3 300 en moyenne, en hi­'Ver 11,500 HP, et en été 27,500 HP.

Enfin, l'IUsee et ·le Méretschisee, deux bassins d'accumula­tion, au nord de la Bella-Tolla, actionnent les turbines d'Ober­Ems, dans le val de Tourtemagne à 1360 ·mètre d'atltitude. Ces eaux sont ensuite conduites dans lIa Tourtemagne qui est 'captée :à son tour; une nouvelle usine électrique se trouve dans la rplaine près de Tourtemagne. Cela fait enco,e 7600 H'P. en hiver et 17,000 H'P. en été. Au total 'les usines de Chippis disposent d'en­viron 140,000 H~. avec 5 usines électriques.

La société anonyme pour l'industrie de 1'alunlinium à Chip­pis vient également d'obtenir la concession des eaux du Haut­'Rhône où des travaux de captation sont en cours.

Ainsi qu'on peut s'en rendre compte par ces quelques lignes, 'la création des usines de Chippis a influencé toute l'économie du Valais central. C'est ce que l'on s'efforcera d'expliquer ou de faire trouver aux enfants. Le dév,elappem'ent considérable qu'ont pris 'durant ces trente dernières années les localités de Chippis et de Si erre est dû à l'A. 1. A. G. D'autre part, on ne luanquera pas de noter, comme facteur défavorable, le dépeuplement de certaines 'localités du vall d'Anniviers, St-Luc par exemple.

Nota : Beaucoup d'enfants ont le père, un frère, un oncle qui tIiavaillent à 'l'usine; on leur deluandera de se documenter et d'ap­'porter en classe tous les renseignements qui peuvent rendre cette .leçon plus vivante. Quelques-uns d'entre eux ont eu l'occasion de 'voir .J'usine, d'assister à -la sortie des ouvriers, de participer à l'ar­bre de Noël organisé à leur intention; autant de causeries inté­'ressantes si le maître veut bien se donner un peu de peine.

Dans chaque région où se trouve une fabrique ou une usine électrique, on attirera de préférence il',attention des enfants sur 'l'industrie locale. Il sera toujours facile d'obtenir les renseigne-' ments utiles. Si l'autorisation est aocordée on ne manquera pas de visiter l'usine ou la fabrique. C'est par l'observation directe que la leçon prendra toute sa 'valeur. Cl. Bérard.

Quand tu as fait d:u bien, oublie ,et fais encore mieux. Lavater.

La tolérance e'st la ,charité de l'intelligence. J. Lemaitre.

Nul mérite, nul talent ne peuvent tenir He,u d'un bon C'œur. Mlme de Genlis.

Page 17: L'Ecole primaire, 28 février 1942

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·Résultat du recensement fédéral du 1er décer:nbre 1941 Population de résidence

CODchelJ GUs 1549 Visperterminen '910

Ausserbi'nn . 51 Muncl 668 Zeneg1ge.n 220

Bellwald 295 Naters ·3043 Zermatt 1144

Biel 104 Ried-Brigue 760 ----

Binn 249 Simplon 463 1,2,960

Blitzingen Z05 Thermen 462 Loèche

Ernen 3.1-6 Z wischb ergen 137 Fies'ch 513 ---- Agarn 452

Fieschel'tal 257 10,874 Albinen 3>8'6

Ge&chinen 1'27 Bl'ats'Cll 437 Rarogne occidental El"'gisr.h 2(3.2 Gluringen 114

Lax 217 Ausserberg 611 E'l'S'chmatt 28'6 Mühlebach 10-8 Blatten 377 FesoheI 154

Münster 476 Bür,ch€'ll 534 Gampel 761

Niederw:alld 160 Eischoll 511 Guttet 243 Obergesteln 209 Ferden 370 Inde·n 92

Oberwa1cl ·266 Hohtenn 309 Loèche 2242 Reckingen 358 KLppel 340 Loèche-leS'-Bains 5,26

Ritzingen 97 Nie,dergeste.ln 321 Obere:ms 159 Selkingen 107 TIar'ogne 820 Salquenen 1084

Steinhaus 70 Steg 630 Tourtemagne 65'1 Ulrichen 242 Unt erJJ a ch 400 Unterems 187

,Vy-lel' 304 Varone 539 ----4531 ----

5,527 8,461 Rarogne oriental

Betten 327 Viège Siene

Bister 96 Baltschie-cler 312 Ayer 431. Bitsch 3'80 Eisten 386 Chalais 1622 Filet 111 Embc1 4,26 Chando-lin 183 Go-ppisberg 99 Eyholz 365 Chermignon 1.197 Grei,ch 92 Gra-chen 700 Chip.pis 1017 Grengiols 669 La'lden 385 GrangE'S 831 MartisbE'rg 70 Ranc1a 356 Grimentz 195 Morel 381 Saas-Alm.agel 347 Grône l ,ZOO

Ried-.More.I 3-22 Saas-B al en 343 kogne 271 Saas-Fée j~-69 Lens 16')4

2547 Saas-Grund -523 Miège 573 St-Nicolas 13'80 :iVIo.llens 316

Brigue Stalden 90.1 Montana 1266 Birgi·sc·h 208 Staldenried 433 Ra:ndogne 1088 Br1gue 3144 Tas,ch 392 St-Jean 359 Brilgerbad 109 Tarbe1 1657 St-Léonard 99:--Egge'l"belg 33'1 Viège 2322 St-Luc 311,_

- 335-

Sierre 6284 Martigny V,erJ1ayal ~88:

Venthône 509 Véros'S'az 394 Veyras 300 Bovernier :'lU ----.---

Vissoie 282 Charrat Î !J:5 7,74'2 Full Y 276-2

'20,867 lsérables P4B Monthey La Bâtiaz :)12

Rérens Leytron 162'5 Chan1'péry 807

.A!gettes 278 Martigny-B. 175·1 Collombey-M, lB92

~y e.nt 2261 Martigny -C, 110~ Monthey 4909

Evolène 1274 Martigny -V. ~1200 Port-Valais 1010

Hérémence 1565 Ri-dde-s 108:'3 St-Gingo·J.;ph 696

Mase 365 Saillon 1)58 Troistor,ren ts 1722

St-Martin 1139 Saxon 2200 Val d'lUiez 947

V el'nami èg e 319 Trient 181 Vionnaz 7,29

Vex 88:- Vouvry 1?62 ----Nax 551 17,H1:!.

13,374 8,637 Entremont

Récapitulation par Sion Bag,nes 3652 district

A1rba2! 358 Bourg ... St-Pierre 296 Br-amoi~ 376 Lic1des 825 ConohES 4531 G-rimisuat 775 Orsières â.'3~ Rarogne 01'. 9';J47

Salins 6üt) Semhl'anc,her G77 Brigue lOS7'4 Savièse 23~J. Vollèges ~98

Vjège l '29RO

Sion 0;)13 ----- Ral'ogne occ 3527

VE'ysonnaz ~;,{) -,~ '3 ,!jSG Loèche 8461 Sierre 20,867

15.571 St-Maurice Hérens 8;&37 Sion 15,571.

Conthey (olLonges :1 28 Cont:hey 11200 Ardon l:~~U Dorérraz ,~,(IO ~tf.al'ügny 17,.612 Cbamoson 200J Evionnaz Gt~ Entremont ·8,&86 Conthey 344l' Finhau't 1.1,.3 St~NI-aurice 7,74·2 Nenclaz 34)7 Massongex WC, -:\'lollthey 13,374 Vétroz 1061 Mex 1.28 ----

St-Maurice 2.691 Total 148,589 11 ,ZOO Salvan 1002

t Monsieur le Directeur Hceh L'Ecole nornlale et le Personne] enseignant du Valais sont

en deuil. Ils viennent de perdre une énlinente personnalité du lnonde pédagogique et le 111eilleur -des an1is . M. le Directeur Al­bert Hœh n'·est plus. Il s 'est éteint après peu de jours de 111uladie

Page 18: L'Ecole primaire, 28 février 1942

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et de longues années de cécité. De la nuit il a passé à l'éternelle lumière que Dieu réserve à ses élus.

Est-il bien nécessaire d'énumérer ici tous les lllérites du véné­rable défunt. Ils sont dans toutes les mémoires et dans tous les cœurs. Près de trente ans de direction de notre Ecole normale lui ont iconquis l'estime et l'affection de tous ceux qui l'ont approché à divers titres: autorités, confrères, ·membres du corps ensei~ gnant. Il avait le ,don d 'imposer le 'respect et d'ouvrir les ,cœurs. C'est dire qu'il réussit à merveille dans 'cette tâche extrêmement délicate de la fonnation des jeunes éducateurs comme aussi dans les rapports que sa qualité de Directeur l'obligea,it d'entretenir avec l'autorité scolaire.

C'est en 1903, à la suite de la persécution qui sévissait en France, que Mr Hœh, a1lors Directeur d'un établissement d'ins­truction des Frères de M:arie à Rambervillers, vint en Valais. Il enseigna d'abord les sciences à l'Ecole normale, puis fut nommé Directeur de cette maison en 1908. L'âge, mais surtout l'état de sa vue, le forcèrent en 1935 d'ab~ndonller ses fonctions. Mais il demeura toujours le conseiller écouté, l'ami fidèle qu'il fait tou­jours bon revoir et entendre.

Et c'est là, au sein de cet établissement auquel il a donné le meilleur de lui-même, au milieu de ses vénérés confrères qui lui avaient tressé une couronne de respectueuse affection, que le Maître est venu le cher.cher. Quatre-vingt trois années de pèl~ri­nage, dont soixante sous la houlette de la Vierge Marie et du P. Chaminade aux champs ardus mais combien consolants de l'édu­cation, quelle magnifique carrière! Et quel noble exemple d'a b­négation et de dévouement !

Puissions-nous tous nous en inspirer, nous qui avons connu et aimé Mr le Directeur Hœh et qui lui devons quelque reconnais-sance. A tout le moins prions pour lui. D .

P. S. - L'ensevelissement de Mr le Directeur Hœh a eu lieu lundi 23 février au milieu d 'une participation imposante de meln­bres du vénérable Clergé et du Personnel enseignant. Le COlnité de ~a Société valaisanne d'Education, avec son drapeau avait aussi tenu de rendre un ultime hommage à ce grand alni des insHtuteurs. Au nom de l' « E'cole Primaire » dont il fut le colla­borateur très apprécié et l'ami de toujours, nous présentons à la Direction et au corps professoral de l'Ecole normale, l'homma­ge de notre sympathie émue.

Le .préjugé est une opinino ·s·ans jugement. V'oltaire.

Les petites ·considérations sont le tombeau des grandes. Voltaire.

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