l'ecole primaire, 15 mars 1943

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SION, 15 Mars 1943. No 11. PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE ORCANE DE LA VALAISANNE D'EDUCATION AB 0 N N E MEN TAN NUE L: Fr. 7.50 62ème AnDée. Les abonnements se règlent par chèque postal Il c 56 Sion. ou à ce défaut contre remboursement Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. CI. BÉRARD, Instituteur, Sierre -- les annonces sonl reçues exclusivement par -- PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, SION Avenuf' dE' 10 Gor'" T éléohon e 2 12 36

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Page 1: L'Ecole primaire, 15 mars 1943

.M, Darbellay René, inst. Liddes

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DUCREY FRÈRES MARTIGNY

SION, 15 Mars 1943. No 11.

PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE

ORCANE DE LA SOC1~TÉ VALAISANNE

D'EDUCATION

AB 0 N N E MEN TAN NUE L: Fr. 7.50

62ème AnDée.

Les abonnements se règlent par chèque postal Il c 56 Sion. ou à ce défaut contre remboursement Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. CI. BÉRARD, Instituteur, Sierre

-- les annonces sonl reçues exclusivement par --PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, SION Avenuf' dE' 10 Gor'" T éléohone 2 12 36

Page 2: L'Ecole primaire, 15 mars 1943

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MI' Gillioz Alfred - Lens: MI' Lam-on Pierre - Vissoie: MI' Solioz Denis - Ayent : MI' Chabbey Casimir - Evolène : Ml' Anzévui Marius - Hérémence: Ml' Bourdin Emile - St­Martin: Ml' Beytrison Joseph - Vex: Mr Pitteloud David - Grimisuat: Mr Balet Alphonse - Savièse: Ml' Varonc Cyprien - Ardon: Mr La.m,p,ert Marili's - Chamoson: Mr lliollaz Albert - Conthey :Mr ,PapiJloud Albert. ~ Nendaz: M)' G lassey Marce~lin - Fully: Mr Dorsaz H f'nri - Ley­t.ron: Ml' Gaudard Joseph - Riddes: Ml' Delaloye Gustave - Saxon: Mr Vernay Albert - Bagnes: Ml' Vaudan-Carron AI fl'cd - Orsières: Mr Pouget René - Vernayaz: MT Co­quoz Jean - Bouveret: Mr Clerc Germain - Troistorrents : Mr nossier Eugène - Val d'IlUez: Mr Défago Adolphe -

~ Vou vry : Mr Curdy Gratien - Vétroz: Ml' Coudray Elie. ~

SION) 15 ilt/ars 1943. No 11. 62ème Année_

L'Ée E lM 1 E ORGANE Ot LA SOC,t;Tt VALAISANNE D'ÊDUCATION

S OMMAI-RE: CüMlMlUNICAT.rONIS DIVEiRlSE'8 : ,Comis normal de travaux manuels. - Allocations de renchéris'sement. - Associa­tion des rnaîtres de gymnastique. - PARTIE P,EIDA!GOGIQUE : L 'étoile helvétiquo SUl' les école ', valai.sannes. - Ex·amens psy­chologiques d'orientation professionne-lle. - Gratitude. Les sanctions à l 'é role. - !JI ,faut revise·r l'échelle des notes. - PAR­TIE ,PRATIQUE : Il..I,angue 'française, ce·ntr€'s d'intérêt, 1ère et ·2ème "-emaines. - Dictée de contrôle. - Sc-iences. - l-Hstoire. - Les belle c; histoires. - Opinions.

~~~~~~~~~

i ~g~~~!~~~~!?~~.I.~tV~~~~! ~ ~~~~~~~

52ème cours nornlaI suisse de travaux manuels et d'école acth7e à Sion

Selon la coutullle et la tradition , la Société suisse de travail l11anuel et de l'éfonne scol::dre organise son 52ème cours normal 'rle travail m.anuel et d'école active du 12 juillet au 7 août 1943. Sion, la capitale du Valais, a été choisie COlTI1Ue « VoroIt » . C'est ainsi que le cours est placé sous le patronage du Départelnent de 'l'Instruction publique du canton du Valais. La Confédération lui assure son appui financier . Le cOlnité ainsi encouragé a clécidé ~ l'organisation des cours suivants :

A, Cours techniques

1. Enseignenlent des travaux manuels: cours préparatoire 1ère Ù 4èm_e année scolaire, du 19 jumet au 7 aoüt .

2. Cartonnage: 4ènle Ù 6ème année scolaire, du l7 juillet au 7 août.

3. Travail sur bois: 7ème Ù 9ème année scolaire, du 12 juil- • leI: au 7 août .

B. Cours didactiques

1. Ecole active, degré inférieur, lèTe à 3ème année scolaire, du 19 juillet au 7 août.

2. Ecole .active, degré moyen : 4ème à 6ème année scolaire, du 19 juillet au 7 août

Page 3: L'Ecole primaire, 15 mars 1943

- 322 - .

3. Ecole active, degré inférieur: 7ènH' Ù 9ème <'Innée sco­laire :

, a) centre d'intérêt, du 26 juillet au 7 aoùt, b) biologie, du 19 juiJlet au 27 juillet.

4. Enseignement langue ' maternelle: 5ème à 9ème année scolaire, du 12 juillet au 17 juillet.

5. Culture de la 111usique populaire: du 12 au 17 juille~. 6. Dessin technique, degré supérieur, du 19 au 27 juillet. Dans le cadre de ce progra111me, la Société Pro Aero donne-

ra deux cours de « construction d'avions lllodèles ». Le premier qui aura lieu du 13 au 20 juillet est destiné aux débutants, tan­dis que le deuxième du 21 au 29 juil1et s'adresse à ceux qui pos­sèdent déjà certaines notions à ce sujet.

Ces deux cours seront dirigés par 1\1[1' Arnold Degen, expert de l'Aero-Club Suisse pour la constrùction d'avions modèles. 'Le programme et les renseignements complémentaires figure­ront dans le journal « Le travail manuel scolaire» du Inois de nlars. Il n'y aura aucune majoration dans le prix du cours.

Pour obtenir le programnle com'plet ainsi que la feuille d'inscription il y a lieu de s'adresser au Département de l'Instruc­~ion publique de son canton, ou bien à l'une des expositions de Bâle, Berne, Fribourg, Lausanne, Locarno, Neuchâtel et Zurich ou enfin à la direction du cours (Ml' Maxime Evéquoz, secré­taire au Département de l'Instruction publique du canton ,du Va­lais, à Sion).

Lès inscriptions pour le cdurs doivent être envoyées au Dé­partement de l'Instruction publique de son canton pour le 10 avril 1943 au plus tard.

Le directeur du cours se fera un plaisir de donner il cha­cun les renseignements dont il Ipourrait avoir besoin.

La perspective de passer quelques semaines dans un pay 'à la lUlnière toujours fidèle, au pied des collines de Valère et -de Tourbillon ne saurait qu'ajouter à l'intérêt de ces cours.

Après le travail, quelles heures de délassement vous sont promises en ce Valais, ardent comme la Provence! Venez nODl­

bre,uxJ Vous repartirez avec une moisson de nlagnifiques. sou-venirs. , ,

Sion, février 1943.

N. B. En vue d'encouragei' le personnel enseignant à se per­fectionner dans l'art de l'enseignement, le Département rem­boursera aux participants à ce cours, la finance d'inscription et les frais de voyage à l'aller et au retour.

OR SA T, vins du Valais, vins de solen et de santé.

- 323-

Jillocations de renchérissement A la fin de janvier 1943, le traitement du personnel ensei­

gnant a été augmenté de 10 fr. et de 5 fr. 'par enfant. C'était une ~l11ocation provisoire. ,

Dans le courant de février, le Conseil d'Etat complète la prime précédente en y ajoutant 15 fI'. avec effet rétroactif au 1er janvier 1943.

La nouvelle allocation servie pendant l'année en cours est donc de 25 fI'. par nlois et de 5 fI'. par enfant et l'ensemble des primes de renchérissenlent accordées .iusqu'~1 maintenant s'élè­vent mensuellelnent à :

fois.

h. 60.- par lnénage d'instituteur lnarié ou veuf, fI'. 20.-- par enfant en dessous de ~O ans, fr. 50.- par célibataire. Pour chaque ménage, ces allocations ne sont servies qu'une

Secrétariat du Dépadelnent.

flssociation des maîtres de' GNinnastique du \7alais Romand

Notr-e association organise une série de cours de gym~ast~­que auxquels Mesdames les Institutrices et Messieurs les InstI­tuteurs sont cordialement invités.

S ieJ'l'e : Dil'. Curdy Paul, 111aison d 'école, le 2() l11ars, à 13.30 h . .chelnignon-Dessus: Dil'. Bruchez Joseph, nudson d 'école, 'le 27

lnars, à 13.30 h. Grône: Dir. Blanc Raymond, lnaison d 'école, le 27 luars il

13.30 h. Grimisuot: Dil'. Roux Geol'ges , maison d'école, le 27 mars, ~

13.30 h , Vétrot: Dil'. CUl'dy Paul , nlaison d 'école, le 27 mars, Ù. 13.30 h. Leytron : Dil'. Curel)T Paul, maison d'école, le 27 mars, à 8.30' h. .oI'sières: Dir. Darbelley Paul, maison d'école, l,e 27 mars , il

13.30 h. ~Ch{ible: Dil'. Vuignier Joseph, maison d'école, le 27 111 ars ,

13.30 h. 1j1al'tigny-Bourg: Dil'. Pellaud Franc~s , l maiSon d 'école, ' l~

mars, à 13.30 h. Vernayaz: Dir. V~ügnier Joseph, Iuaison d'écol,e, le 3 avril,

13.3"0 h.

Page 4: L'Ecole primaire, 15 mars 1943

- 324-

VOl.lVl'Y: Dil', Curdy Paul, maison d'école, le 3 avriJ, ù J 3.30 h. TI'oü;forrents : Dir. Gross Raymond, maison d 'école, le 27 mars ,

à 13.30 h.

Mase : Dir. Pralong Honoré, luaison d'école, Je 27 111ars, à 13.30 h. Nendaz : Dir. Pralong Honoré, nlaison d'école de Basse-Nendaz

le 3 avril, à 13.30 h.

Nous conlptons sur une 110lnbreuse participation à ces cours. Que les retardataires s'empressent rte verser Jeur cotisation au compte de chèques Ilc 838. Le Co llu'té.

.r:j-J;;' ~~

, PARTIE PEDAGOGIQUE 1 ~

Sur le chemin de Damas

lJ'étoiIe helvétique sur les écoles valaisannes Nicolas de Flue est l'étoile . bienfaÙante qui s'est levée sur

la jeune ·confédération. D'après la chronique ecclésiastique de Sachseln, le prédestiné aurait vu une étoile avant de naître, pré­sage de la lumière qu'il devait répandre au loin. Cette étoile s'est levée le 21 mars 1417, jour de sa naissance et de Ison baptême ' flle est nl0ntée à l'horizon dans une ascension ininterrompue de 70 ans et s'est réunie au Soleil divin le 21 mars 1487.

Les dons de la bonté divine sont sans repentance. Dans la crise juvénile de Ja seconde moitié du 15ème siècle, Nicolas de Flue a été 'pour notre pays « la plus haute incarnation de son génie» et son génie tutélaire; son esprit droit continue à ins­pirer la nation qu'il a préservée de la ruine.

S'il est un élément de notre peuple qui doit recevoir plus abondanlment les rayons de l'étoile helvétique, c'est la jeunesse. Les âmes encore neuves et pleines de sève ont une plus étroite affinité avec la pureté des saints; elles sont plus accessibles au~ lumières d'en haut.

Actuellement cette irradiation spirituelle est plus nécessaire)' car les feux follets de suggestions nlalsaines qui s'échappent des 111arais d'une civilisation matérielle prétentieuse la sollicitent dans les directions les plus divergentes et l'égarent dans les limons d'un enlisenlent moral.

Et qu'on ne dise pas qu'en Nicolas de Flue.la vertu brille d'un éclat trop intense! « La vie de cet hom.D'le des Alpes dégage

un parfum si l'are) on y respire tant de sinlplicité, tant de véâté> tant de noblesse) une tendresse si touchante pour le mystère du Dieu qui se fit chair ... , une paix si authentique et pal' surcroît tant c,l'humanité qu'il continue d'éJnouvoir nos cœurs à nous tous) qui que nous SOrTonsJ et cle o les entraîner autour du sien. » (Ch. Journet.)

1

Ne craignons pas de faire luire aux yeux de nos élèves cette étoile bienfaisante, qui, loin d'obscurcir l'incandescence du So­leil divin dont elle n'est qu'un docile satellite, rend la lumière éternelle plus accessible à notre faible vue.

C'est dans ce but que . les réflexions suivantes sont offert.es aux lecteurs de l' « Ecole prÎlnaire ». On peut par exenlple les utiliser en une· semaine de courtes causeries journalières q-qi se termine ou comnlence avec la fête du B. Nicolas de Flue. Pour ramener les jeunes esprits à la débandade naturelle vers l'étoile qu'on présente à leurs regards, on peut se servir d'une il11a~e, d'un texte ou rte quelque autre signe intuitif placé au bon endrOIt.

L'idée centrale de cette senlaine pourrait être celle qui a été évoquée souvent dans les lnilieux croyants: Nicolas cIe Flue, le type du Suisse chrétien. , , ,

Mieux qu'en toute autre personne, nos eleves trouvent lu le modèle vivant pour les situations les plus communes de l.a vic quotidienne de chez nous. L'énumération suivante ne faIt que rappeler les traits que chacun connaît : .

1. Le foyer chrétien de la maison paternelle: !La prière ,le travaIl, 'l'.accom,pli SSE'ment des devoirs d'état et le sens civi·que étaient les fondements spirituels de cette maison.

2. Le miroir des 'enfants: Un de ses biogr,aphes dit: « Nicola:s ,fut le plus charmant enfant qu 'on pût voir, fidèle à observer 1e,s avis et les exemples de ses parents. Son e·sprit de mortification fut ex­traordinail'e.» Pour ses ca.marades d'enfance, il est « un garçon ctlas­i.e, bon, vertue·ux, .pieux, véridique, qui 'n'irTite personne.» ~,ls le voient. rechercher la .prière et la <.;olitucle au retour du tra\aIl des champs.

3. Sa belle, jeunesse: « IMaLgTé s'es jeùnes et ses austérités, Nicola., · de Flue était un beau jE'une homme, vi,goureux , d'une taille élancée, plein de coura.ge et clïnte-lligence. » (,Codaghel1!go.)

iait loin de la licence effrénée des mercenaires et vécut pour Dieu au 'militaire o:bligatoire, pal' obéissance et par amour du pays. 1.1 1'00-

tait loin de l.a ' licence effrénée des mercenaires et vécut pour Dieu a.u 'milieu des camps, aveo une conscience droite et pure. D'après le té­moignage d'un de ,sec; C'amarades de combat, il ,faisait le r:-1oins, de domma,go ,possible à. l'-ennemi; il c:herchait autant que pOSSIble a. le 1ll'otégel'.

Page 5: L'Ecole primaire, 15 mars 1943

- 3f(,6 -

5. Le type du pay.san sui~se. PrOIJrié~E!,ire d'un dOlnaine ,ini'pûrtant où_ il vivait en homme libre, 'Nicolas, était terrien au fond de l'ame et prati1quait à un haut de.gré le,s verstus paysannes.' « Nicolas n'a ja·mais cam-.é ni éprouvé de ma,nvaise humeur paree qu'id confoI'­:mait toujours 'sa vie ·à la volonté de Dieu», dit de lui Arnold An­'dE'rha1den, ,son ami de jeunesse. « o.ra et labora », voillà qui résume

a "de,

û. Des enfants semblables à lui. Ce paysan était ch~,f de If.amille, père de dix enfants. Il a .fondé s'On foyer sur le roc 'Solide des vertur.: familiales. Son épouse était d1gne de lui. La famille suisse trouve 'llà l'exemple de l 'amour conjugal le plus 'pUT ,et de l'aHection 'pate-r­'ne11e l.a ,plus dévouée, ainsi que de la piété ,filia,je la plus respe,c­tueuse.

7, Le citoyen,gardien du bien commun. La sainteté, loin de ré­iréc.ir le cœur de Niüolas, a Mainé c:.on sens civique. Il a été I.e pre­mier ,confédéré qui aH eu mie notion ,plus largE' de la patrie crue s'es plus éminents 'contemporains.

(A ce 'pro,po's, le maître pourrait ex.pliquer comment le vrai chré­tien ,est en même temps ,le me,iEenr dtoyen, ainsi 'que le souligne Pie XI dans ,son encyclique sur l'éducation chrétie,nne de la jeunes'se).

8, Le code vivant du magistrat. Ardent défenqeur des droits du !peu.ple et d,eg ,ancie,nnes libertés, Nicolas se montrait ,en même temps .Je plus zélé défe.nse;ur de' l'ordre légal ,et de 'la irioralité. Quoi,que ' i1I~( iré, c'est-à-dire privé de la science qui s'acquiert dans les éc.oles, il 'fut un magistrat idéaJl, ,animé de l'es'prit qui, seul, vivilfie lec:. ,coutu­lnl€'S, les codes et les paragraphes législatifs. Il peut dire: « Je ne Ime so,uviens pas d'avoir jamais {ait acception de 'personne, ni d',êt're ' 'sorti du sentier de la, justice. » Il n'en a p,a q été moins en hutte rà la rOl1 tradiction,

9. « Tu aimel'as le Seigneur ton Dieu de toute ton âme.» C'est la. loi suprême de la vie du B. Nicolas de Flue. Dieu est le soleil 'autour duquE·l a é, olué l'étoide helvétique pour .finü· par s'y réunir 'tout à d'ait. POUl' répondre à l'appel d'en haut, l'ermite du Ranft ,ft

'tout ,sacrifié : ,son beau domaine, sa famille bien aimée qui a con­senti à la séparation, si situa-tÏon civile et son pay", et enfin il s'est '-sacrLfiésui-même . .?vLais la Providence qui a agréé son oHra.nde to­tale le C'OIlJBerve à ceux Iqu 'i,l devra encore servir.

10, L'ange de la paix, le sauveur de la patrie. 'C 'es·t le ,servÎC'e ,su­prême que le « Saint vivant », comme on appe.lait le B. , Jicolas d e FlUé, rendait à son pay",

11, Defunctus adhuc loquitllr.» Notl'e foi ne se résigne pas rà faü~~ 'halte devant le tombeau. Nous croyons que, d 'outre-tombe, le ,frère Nicolas poursuit !Sa mission 'religieuse et nationale .. ,

II

Nous avons rapp~lé la longue li,ste des aspects de Gette v,Îy 'adInirable pour lll:ettre chaque éducateur 9.evant un choix a,sse,~ ample. ' .'

- 3~7-

« NIais c'est là un lnysticisme tout à fait étranger à la jeu­nesse d'aujourd'hui!» s'écrie maint lecteur. Nous admettons qu'on ne cueille pas une étoile comme une ponlme du verger' 'pourtant c'est l'étoile qui nous éclaire.

Nous, éducateurs chrétiens, nous souffrons aussi du froid matériCllisme et de l'étroit psychologisme de notre temps. Il y a dans nos foyers modestes des âmes où. le mysticisme chrétien de bon aloi, héritage des époques de foi, accomplit encore l'œuvre de Dieu. C'est aussi se Inéprendre sur les aptitudes rèligieuses d'enfants baptisés et admis il la communion précoce que de ré­duire leur piété à quelques formules qui ne viendraient que dn bout des lèvres. Dans ces jeunes âmes aussi , « l'esprit souffle où il veut» ,

L'histoire si riche du B. Nicolas de Flue offre à notre vo­lonté pédagogique d'autres aspects que les étapes biographiques citées plus haut. Nous n'en citons que deux.

10 Parmi les images qui représentent des visions du Bienheu­

'l'eux, nous trouvons un visage couronné entouré d'un cercle et accompagné de six pointes; les trois pointes tournées vers le de­'dant synltbolisent la vie intinle de la. Trinité; .les trois a~t:es tour­uées vers le dehors figurent les trOIS Inervellles des dIVIns mys­tères : Une vierge qui enfante un Dieu, une petite hostie où se cache le Sauveur du Inonde, la brièveté de la vie humaine faite pour se survivre en une félicité éternelle.

20 Voici quelques pensées favorites que l'ermite, a apprises 'du Christ pèlerin:

Dieu nous demande l'a.umône, La. visjon du Dieu incaTné et de -son '('Ol'PS my:-;tique Le monde est déj-à jugé, La par.:siol1 du Sauveur, ,La victoire du Christ ressuscité, ,La gloire qui élè, e 10 Christ dans le ci el pourra illuminer ceux

\erui .rentourE·ront,

L 'amoul' du pèl erin pOUl' 18 ,' homm es,

III

Le rôle paciJicateul' du B, Nicolas de Flue nous semble ~voir une portée actuelle ' qui s' hClrmonise Clvec ICl Inission eu~opeenne de ICl Suisse. N.ous qui, à l'abri d'une maison sûre, assls!ons au draine poignant de l'humanité, compâtissons à nos fr~~es et sœurs dans la tourmente et partageons leurs ardents deSlrs cle paix, nous pouvons intéresser nos enfants au sort des autres en­fants du monde.

L'ernlite du Ranft a envoyé son nless~ge , à la diète ?e Stans et" obtenu le rétablis'seIilent de, la concorde' .. Le pape PIe x~~ ~ 'émis un double ' lnessage à Noël 1941 et 1'942 à l'adresse ~e,$

Page 6: L'Ecole primaire, 15 mars 1943

- 3'28 -

peuples pour leur rappeler les conditions d'une paix entre les hations et les règles fondaIuentales de l'ordre intérieur des Etats . Pourquoi ne mobiliserions-nous la puissance d'intercession des enfants pour que le Inessage papal ait le nlême succès que celui du Ranft ?

L'étoile helvétique continue ,de luire et brille aussi au-dessus de nos écoles . Mais pour que les jeunes reçoivent sa douce lu-mière il faut lui ouvrir leurs yeux et leurs cœurs. C. G.

R~m,: Nous 'sagn aJlons aux lecteurs de « l'Ecole primaire» la '({-Petite Biographie de Nicolas de FIUJe » par Charles Journet, Edi­tions le la Baconnière·, 194.'2, Neuchâtel. Cet auteur décrit aussi le 'milieu o::pirituel de Nicolas de Flue, il montre les liens étroits qui ?'attachent notre Bienheuref-x au mouvement mystiquE' alors très mtense en Alsace dans le groupe des « Gottesfreunde» (amis de Dieu). 'Ce mouvement a laissé dans lIa piété alsacienne des tra.r,e,s ,si ,pTO­Ifondes que r.elles-ci existent encore mainte,nant.

Examens ps~choIogiques et d'orientation professionnelle

(Suite)

Nous avons vu dans notre article précédent l'aide apportée 'à l'enfant bien doué par l'examen d'orientation professionnelle \dans le choix d'une profession.

Voyons Iuaintenant le cas d'un enfant retardé , 2) Bien souvent l'enfant retardé, qui n'a eu que des insuc­

cès et des déceptions à l'école, montre dans la vie un sens prati­que qui lui pérmet de faire un bon apprentissage.

:Maurice est un garçon de' 15 ans, peu développé physique­filent et intellectuel1elnent. Les résultats scolaires sont peu sa­tisfaisants et la conduite de Maurice laisse à désirer aussi bien à l'école qu';) la maison.

Le diagnostic du docteur laisse sous-entendre une olophré­nie (arriération qui tenel à s'aggraver). Nous voyons après l'e­'xamen, d'O. P. que Maurice, (qui a un âge 111ental -de 10 ans) ,a 'une bonne luémoire, Inais Ipar contre lille habileté manuelle et une attention faibles ainsi que des conflits psychologiques. rcoffilne il s'intéresse aux travaux de jardinage, nous l'encoura­'geons dans cette voie, qui nous semhle favorable pour lui au 'point de vue physique et psychologique. Pour l'éloigner de son milieu où l'atmosphère familia le n'est pas propice à son déve­'loppement, nous le plaçons dans un institut pour un apprentis­sage de jardinier ou d'horticulteur.

~ 329 ~

Les institutions semblent presque toujours le mieux convenir pOUl' l'éducation intellectuelle et professionnelle des anormaux et des infirmes. Ceux-ci sont suivis, encouragés et placés dans les 'conditions les plus favorables à leur état.

Pou~tant bien souvent les handicapés restent dans leur mi­'lieu et sont livrés à eux-mêmes ou sans appui pour entrer dans la vie.

Marie est une jeune fille de 19 ans, elle est née avec un seul bras. Elle a suivi ses classes nornlalement lnalgré son infirmité, puis elle a aidé sa lnère à la maison et suivi des cours de sténo­'graphie et de dactylographie. Marie désire gagner sa vie, se ren­dre utile et devenir indépendante. Elle s'est présentée dans plu­sieurs maisons de comInerce niais n'a pas été engagée. Partout on craint qu'elle ne donne pas satisfaction et on préfère ne p a s essayer. Nous examinons la jeune fille; l'intelligence est nor­'male, Inais au cours de l'examen Marie est si troublée, elle craint tant de ne pas rénssir que cela influence ses résultats. Nos épreu­ve's manuelles qui sont faites pour des adolescents norrnallX au point de vue physique ne donnent pas non plus de~ résultats très positifs. .

Heureusement au cours de l'-entretien, nous voyons eri Marie une jeune fille résolue à gagner sa vie, ayant du bon sens et ~n 'grand désir de réussir. Nous lui proposons d'entrer ,dans une fa­'brique d'horlogerie pour faire certains trvaux de contrôle. IVr~rie 'se montre enchantée, et le patron auquel nous 1 envoyons est disposé à faire cet essai. Au bout de quelques semaines, nous ap ­prenons avec satisfaction que Marie est une , des meilleures co.n~ trôleuses de l'atelier, elle travaille à la chaîne et va plus vIte' avec son unique bras que ses compagnes avec leurs deux lnains.

3) L'enfant présentant des h:.oubles de caractère est bien sou­vent un enfant à traiter psychologiquem.ent avant de le lancer 'dans sa profession ou son lnétier. L'apprenti.ssag~ risq~e ~'êtrè 'compromis soit parce que l'enfant ne- sera JamaIS satIsf~Jt du nlétier ou du patron, soit parce qu'il nlontrera des traIts ~e 'caractère ou une maladresse que le patron ne pourra pas lole-rel'.

Nous avons vu à la consultation un jeune garçon de l '! ans, très bien doué, qui refusait absolument de. continuer s,es é~u.des 'et qui voulait à tout prix faire un ap~renhssage de IneCalUC~en: Les résultats scolaires étaient mauvaIS et les parents avalent (changé leur fils plusieurs fois d'école. .

Après un exalnen sérieux, nous voyons que ce ,garçon souf­fre de forts sentiments d'infériorité et de culpabilité et que s~s difficultés l'empêchent de réussir à l'école. Nous a,:ons ~ons~Il: lé aux parents un traitement psychologique, conseIl qu~ a e!e suivi et le <1arçon a pu continuer ses études, ayant repns gout an t;avai~ u~e fois ses conflits résolus . Cela ne l'empêchera pas

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de t~'availle~ plus tard dans la branche mécanique si son désir persIste, Inals son choix aura été fait en toute liberté d'esprit et 'ne sera pas une fuite devant la réalité comme précédemm.ent.

4). Les enfants indécis ont aussi souvent des difficultés psy­chologIques ou un teInpérament lymphatique; ils montrent alors peu de volonté et de désir de réussir. Dans des cas seInblables ~ous conseillerons 1?lutôt à l'enfant, en tenant compte de ses ap~ tItudes, une p~O.f~SSIO? dans un cadre bi~n déterminé, sans gran­d~s responsablhtes ou les luttes et les l'Isques sont minimes où "la routine joue un rôle important. '

C

Maintenant voyons rapidement les moyens employés pour l~s ex~~ens d'Orientation professionnelle. Lè psychologue a à sa dIsposItIOn un certain nombre ·de tests et de questionnaires déter­minés.

Qu 'est-ce qu'un test? Voyons ce que nous dit là-dessus Ed. Claparède.

. «. Un test est une épreuve ayant pour objet la détennina-hon d'un caractère psychique ou physique d'un individu. Les tests psychologiques visent plus à déceler une qualité mentale qu'une aptitude au sens objectif du mot. C'est-à-dire qu'on cher­chera à déterminer certaines facultés générales dont dépendent les ~ptitlldes aux diverses professions. Un enfant est-il du type pratIque ou du type abstrait ou littéraire? A-t-il de la mémoire? est-il adroit de ses mains? A-t-il de la persévérance ou de l'i­magin'ation créatrice?

Les tests professionnels proprement dits se divisent en tests synthétiques qui imitent l'opération même qu'il s'agit d'accOIn­plir dans la profession et en tests analytiques qui résultent de la 'décomposition de ]a profession en actes élémentaires (actes ob­jectifs) , tests sans rapport avec la profession mais qu 'on a dé­couvert corrélateur avec elle. »

De plus en plus, semble-t-il, l'on se sert poùr 1 orientation professionnelle des tests psychologiques et des tests analytiques. L'établissement et la déterm.ination des tests est une chose fort difficile et bien oes recherches et des progrès resten t à faire dans ce donlaine. .

Les entretiens et les questionnaires conlplètent ces examens' ils permettent de connaître les goûts, les habitudes, les loisirs, tles intérêts et le caractère .du sujet; tqut cela est très important 'dans le succès de la profession.

C'est pour cela qu'il est très important que l'orienteur soit 'Un psychologue averti qui ait non seulement une connaissance 'des métiers et du Inarché du travail, mais aussi une connaissance approfondie des facnltés psychiques. E. H .

(du Service médico-pédagoyiquf' valaisan.)

Gratitude Il y a des enfants qui battent leur nourrice. Il y a des ser­

'pents qui tuent leur sauveteur. Périodiquement, certaine littérature d'arrivés se plaît à s'a­

lil' l'école primaire. Parce qu'on a « découvert» le monde avec un romancier ou un poète, on bave sa r.ancœur de ne l'avoir pas découvert plus tôt, avec le maître d'école. On reproche à l'hum­ble pédagogue ·de n'avoir pas .été avant tout un poète,. de n'avoIr pas brûlé gramInaires et manuels pour conduire les enfants aux buissons; enfin de n'avoir pas fait de sa classe un palais aux enchantements . Voici, du reste un exemple du langage .de ces .: découvreurs » :

«. Qu'y avait-il pourtant de spontané en nous, sinon l'amol1i~ du jeu, c'est-à-dire du mouvement et le goût des choses' sauva­ges? Ils (les instituteurs) nous ont offert juste le contraire. I1 s nous ont privés de mouvement. Ils nous ont introd'uits en pleine civilisation. Ils nous ont fait asseoir devant des livres; or le 'livre était pour nous une chose morte, alors que tout en nous aspirait à la vie». . '.

N'êtes-vous pas élTIU de cette plainte douloureuse? N'éprou­vez-vous nul remords d'avoir réprimé chez les enfants l'Wl1our du jeu et le goût des choses sauvages? de les avoir, - ô crime impardonnable - fait asseoir devant cie livres, alors que vous deviez seulement les repaître ' du grand livre de la nature?

Peut-être l'auteur de ce cuisant reproche, en découvrant aux jours de sa nlûre jeunesse, - à travers des livres, naturellement - l'erreur de ses anciens maîtres, ne s'est-il pas encore .r~ndll compte que l'amour du jeu ne saurait suffire dans la vie; qüe le goût des choses sauvages peut toujours se satisfaire chez les nè­gres et sur les champs de bataille; que l'imagination et la poésie ne sont pas le tout de l'homme; que l'éducation de l 'intel1igenc~ et du cœur y cOlnpte aussi pour quelque chose, et que ce n'est pas ' très beau de reprocher à nos vieux nlaîtres d'y avoir mis l'accent. Sur une classe de vingt à trente élèves, il n'y a pas beaucoup de poètes; et, pour la pl~p~rt, ~~e élémentaire ~?n­naissance de la gramnlalfe et de l anthmebque, une premIere 'éducation de l'esprit et du cœur, est plus importante que cen~ 'qui chante la gratuité des actions humaines et les . miracles de 1a nature.

*'1:*

Certains maîtres, pour paraître à la page, ont passé dans le camp de la gratuité et de la soi-disant poésie. Et cela don.na des élèves qui, à travers toutes les ' classes du collège; regardaIent de 'haut 'leurs professeurs trop , peu « artistes .», ét passaient leur temps à écrire ' des ,poèmes plus ou nioins hermétiques, ornés de

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belles fautes d'orthographe. Arrivés devant la vie - une vie 'aussi réaliste et aussi violente que celle d'aujourd'hui - ils ne trouvent pas dénlodé un ,plaidoyer pour l'angélisme; ils confient 'au rêve le soin, non seulement de refaire un Inonde meilleur, mais de conquérir le Inonde futur et de donner Dieu. Leur be­soin de plaider est une preuve qu'ils ne sont pas heureux et 'qu'ils n'ont pas la véritable liberté intérieure; que les poètes 'qu'ils adorent n'ont délivré que l'imagination et le rêve en leur 'sounlettant COlllme des esclaves les ' facultés 'supérieures; enfin, 'qu'il n'y a de nouveaux cieux et de nouvelles terres que le Toy::mme des vivants après la résurrection des corps.

Si ' les artistes en herbe savaient faire taire leur ' impatience, iils se souviendraient avec reconnaissance de leurs Inaîtres an­lciens, qui pouvaient bien n'avoir pas comme eux le ,sentiment de 1a gratuité et de la liberté, mais qùi leur ont donné tout de même 'quelque chose de plus précieux, de plus essentiel à la personne 'humaine: une intelligence docile et une volonté courageuse, le sentiment du devoir, l'acceptation de la vie: tout ce qu'il faut 'Pour conserver et augmenter ici-bas la maigre joie des enfants

, 'des hommes.

*** Après tous ceux qui furent vraiInent artistes et poètes, après

tous les grands hommes dignes <éle ce nom, mon humble chant s'élève pour célébrer les hum'bles régents d'autrefois et de tou-Ijours : un chant de louange et de gratitude. M. MI.

Les sanctions à l'école Une bonne discipline n en1pêche pas toute infraction au

règlement. Des sanctions doivent intervenir à l'occasion des man­quements graves afin de maintenir dans toute sa vigueur l'ordre. principe de tout progrès ,

Les partisans de la liberté ~'t outrance ont cherché les moyens ~es plus extraordinaires pour que les sanctions ne soient pas ap­pliquées pai' le Inaître.

L'abbé de Saint-Pierre, dont l 'esprit fourmillait de 'projets, avait sur ce point une organisation toute prête: un jury choisi l)anni les pairs du délinquant au nombre de sept et statuant sous la présidence du régent avec l'appareil -de justice.

Quelques théoriciens seraient disposés à ne donner au Iuaέtre d'autre moyen d'action que ce qu'ils appellent « l'opinion gé­nérale» : à lui de se créer parmi les élèves une sorte de parti tel

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qu'il n'ait, le cas échéant, qu'à les laisser intervenir pour ré­primer les oppositions ou les écarts.

. Kant voyait, lui aussi, des inconvénients aux récOlllpense,s cornIlle aux châtiments. « Si on punit l'enfant quand il fait mal et si on le récOlnpense quand il fait bien, dit-il, il fait alors le 'bien pour être bien traité». A quoi M. Gréard répond: « C'est de l'en~ant surtout qu'il doit être permis de penser qu'il n'est ni an­ge ni bête. Arracher de son cœur la crainte de la punition et l'es­})()ir de la récompense, c'est briser deux ,des plus précieux res­'Sorts de sa vie intérieure. Faute de l'aiguillon de l'émulation, di-

, sait Pascal, les élèves de Port-Royal tombent dans la négligence. Enlile, qui n 'a ni aiguillon ni frein, disait Voltaire, finira par fai­re des sottises ; et le cinquième livre de Rousseau n'est pas pré­cisélllent pour délnontrer le ,contraire. »

Rousseau et Spencer veulent que l'élève soit puni, non par les parents ou les Inaîtres, nlais par les conséquences de ses' fautes et les réactions naturelles qu'ell es provoquent. Exmnirions un peu ces deux systèlnes.

:t:**

1. Système des conséquences naturelles de Rousseau. Hous­..eau veut que l'enfant soit puni par les conséquences de ses fau­'tes. « Si Enlile tonlbe, dit-il, s il se fait une bosse à la tête, s'il se coupe les doigts, au lieu de In'empresser autour de lui d'un 3iL' alarmé, je resterai tranquille au moins pour un temps ».

Sans doute, l'enfant apprendra en se brü1ant à ne plus tou­cher' au feu; piqÎlres et coupures l'avertiront de se défier des ins­truments tranchants ou pointus. Mais les conséquences ne sont pas toujours certaines et un tel système peut devenir dangereux. Si par exemple, vous ne remplacez pas une vitre que l'enfant a cassée à la fenêtre de sa chambre à coucher, cette expérience pé­dagogique peut porter une incurable atteinte à la santé du petit coupable.

Rousseau ajoute : « Il ne faut jamais infliger aux enfants le chfttiment COInnle châtiment, mais il doit arriver COlnUle une suite de leur mauvaise action. Ainsi vous ne déclamerez point contre le n1ensonge; vous ne les punirez point pour avoir Inenti; mais vous ferez en sorte que tous les mauvais effets du mensonge se Tassen1.blent sur leur tête quand ils ont Inenti » .

Ce systèlne a été pratiqué bien avant Rousseau par les édu­cateurs catholiques, lllais avec plus de finesse psychologique et dans une mesure limitée. Saint J .-B. de la Salle, par exeIllple, l'ap­pliquait très judicieusement. Voici ce que dit la Conduite des Eco­les: « un enfant vient-il, par sa faute, deux ou trois fois en re­tard, on l'obligera de s'y trouver, pendant une semaine ou deux, ml premier moment de l'entrée. Fait-il plusieurs fautes en lisant,

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on }ui dira :de préparer selon sa capacité une ou ' deux pages de' manière à l~s lire sans se tromper; il expiera un devoir mal écrit en le recopiant à .domicile de son mieux, une leçon non sue e11 l'étudiant au foyer paternel, une tenue négligée en se ill.ettant quelque temps debout}).

Voilà qui est raisonnable . Mais Rousseau ne l'est pas en vou­lant appliquer son système à toutes sortes de fautes. « Il est bien des circonstances où les conséquences ne sont pas en rapport avec la faute et se font sentir trop :tard. Ce système finirait par ~éformer la cons?ience, ca,r ~'enfant prendrait l'habitude de juger de la gravité de ses fautes par les conséquences. Remarquons aus­si que les fautes les plus graves n'ont pas toujours de conséquen­ces directes et peuvent même ne pas en avoir de naturel1es »'.

:1:

* * 2. Système des réactions naturelles de Spencer. Spencer trou­

ve -que les punitions données sont trop souvent artificielles (ré­primandes, châtÏInents ,corporels, arrêts, cachots, pensums) et qu'elles ne devraient être que ,des réactions naturelles des actes et des conséquences des transgressions.

« Quand un enfant se laisse tomber ou se heurte contre une table, dit-il , il ressent une douleur dont le souvenir tend à le ren­dre plus attentif... S'il touche à la barre de fer de la cheminée s'il passe la main sur la flamme d'une bougie ou fait rejaillir une goutte d'eau bouillante sur sa peau, la brûlure qu'il ressent est une leçon qui ne sera pas aisément oubliée ».

De même, si l'enfant est inexact, il Inanquera sa promenade. S'il a brisé d es objets, il devra s 'en passer. S'il tache ses habits , il ne sortira 'P'as de la maison. S'il . ne travaille pas , il n'obtiendra pas la place convoitée, etc.

Spencer trouve à son systèn1e de nOlnbreux avant~ges qu'il 'développe con1.plaisamment : il donne à l'enfant l'idée du bien et du mal, lui fait cOln'Prendre la justice de la pénalité; cette 'Péna-1ité infligée par la nature l'irrite Inoins que si elle était infligée par son entourage; enfin les parents n'étant pas obligés de sé­vir , les relations de l'enfant avec eux restent douces et cordiales.

M . Gréard a fait une critique sévère de ces idées. « Attendre que le jeune h01l1.lne s'instruise exclusivenlent par ses 'Pn>pres. fautes, n'est-ce pas la plus >redoutable des ·chimères ? ... Les dé­'fauts et les vices les plus à craindre ne sont pas ceux qui se Illani­festent par une sorte d'éruption violente, laquelle peut en effet parfois trouver en elle-même son châtiment et son remède; ce· sont ceux qui se fonllent à l'ombre, se développent et grandissent presque sans qp.e celui ,qui les couve en ait nettement conscience . . 'Contre ces penchants 'secrets, obscurs, mal définis, il n'y a pas de' ­réaction de la nature et le bienfait de l'éducation est d'intervenir:' 'à temps ».

~ 335-

Il ajoute que c'est condamner l'enfant à un régime sévère que de conlpter uniquement, pOUl' exercer sa volonté, sur les Téactions naturelles et les conséquences inévitables. D'ailleurs les conséquences inévitables provoquent souvent une peine hors de proportion avec la faute qui les a produites. « Je ne sais rien de plus inhumain, dit-il encore, que ce mécanisme des réactions na­tm'elles, toujours prêt à le saisir brutalement, comlne un engre­nage auquel à peine a-t-il présenté le doigt qu'il est pris».

Au point de vue moral, la condamnation In'est pas moins 'nette. Le système a 'pour effet d'abaisser le caractère qu'on se propose d'élever, « Dans la doctrine de M-. Spencer, continue M. Gréard, il n'existe ni bien ni mal en 'soi. On y chercherait vaine­ment l'idée d ' une obligation morale; M. Spencer ne prononce pas 'un e seule fois le mot devoir. C'est le résultat d'un acte .qui en 'détermine seul la nature et la valeur. Supposez qu'en enfant ait la main assez leste pour échapper à la réaction d'une iIl1:pruden­ce, l' esprit assez délié pour esquiver les conséquences d;une faute , ' e volà quitte. Il s'agit, non de bien faire , mais d'être adroit, non ·d'être sage et honnête, n1ais de réussir. Toute la morale se résout ainsi en une question d 'habileté avec l'intérêt pour mobi­le. Certes l'intérêt et l'habileté ont leur place légitime dans le monde, mais à. la condition qu'ils soient subordonnés fl une rè­gle supérieure. L'enfant aussi bien ne s'y trompe point: il se sent coupable ù n'en pas douter , quand il fait mal; et à llloins qu'il ne soit foncièrement Inauvais, il ne demande qu'à réparer S11

faute » . En somme, Rousseau et Spencer bâtissent sur Ile vide. Con­

'c1usion : leurs systèmes n e sont p as applicables à l' école. Dans la plupart des cas de transgression du règlement il ne faut pas attendre que l'enfant subisse les conséquences de son ·ncte. L'éducateur a le devoir 'd'intervenir et d 'appliquer lme sanc­lion. Dans quel esprit doit-il l'appliquer? C'est ce qui resterait :\ exprimer. L . RiboLZ/et.

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II faut reviser r échelle des notes L'échelle des notes varie selon les établissements d'instruc­

tion, les cantons et aussi les examens auxquels sont astreints les candidats. Parfois, le barême va de 1 à 10, 10 étant la meilleure note; plus souvent encore- le nl~ximum se traduit par un 6 ; enfin nos livrets scolaires exigent que 1 soit la note excelsior, et 5 la plus mauvaise.

,Ces notes ont d'ailleurs les valeurs respectives suivantes: 1 très bien, 2 bien, 3 passable, 4 mal, 5 très mal. Mais il faut reconnaître que ce langage des chiffres ' perd

bien souvent sa signification, et ceux-ci n'ont plus une valeur absolue. Suivant le maître ou l'expert, non seulement l'appré­ciation des travaux se fait différeInInent, - ,c'est là d'ailleurs une autre affaire, - m ais la sévérité dans l'attribution des notes varie énormément.

Il faut dire que, dans la règle, on pèche p ar faiblesse, ~es notes attribuées ne correspondent pas à leur signification offi­cielle. De la sorte le résultat des examens est faussé. Or, il fau­drait remédier à cet état de chose. En Valais, cela est plus ur­gent encore qu'ailleurs, car nous avons les examens d'énlanci­pation.

Ceux-ci risquent de ne plus dire grand'chose. En effet, théoriquement les élèves sont émancipés seulement

s'ils obtiennent un 2 'comnle Inoyenne, donc, la note bien. Tous les autres doivent redoubler la dernière année de classe. Mais, dans la pratique, on émancipe tous les candidats, - et l'on a raison, - les uns parce qu'ils ont réussi leur examen, les autres parce que ce sont des déficients, qu'il est inutile de faire reve­nir en classe, leur présence ne pouvant que nuire à la bonne marche de l'école, et une année supplénlentaire d'étud e n'étant d'aucun profit pour ces éléments.

A vec le mode de taxation prévu, la lTIoitié des élèves ou à peu près devrait échouer à l'examen. Car enfin, la m,oyenne en­tre 1-5 est bien 2lj2; il devrait donc se rencontrer autant d'é­lèves ayant une note inférieure à 2 Ij~ que supérieure à cette taxation. Et d'après cela le 50 ?-6 au Inoins ne devrait pas réus­sir l'examen. Or, nous le répétons, ce n'est plus le cas, puisque ceux qui ne sont pas émancipés sont de rares exceptions.

On est donc trop indulgent, et c'est d'autant plus Inalheu­l'eux que cette indulgence ne sert qu'aux cancres. En effet, on hésite volontiers à appliquer la note 1 si l'on trouve quelques er­'l'eurs, quelques fautes d'orthographe dans la rédaction, quel­ques incorrections de style. Et l'on a parfaitenlent raison., Le t~a,· vail sera peut-être taxé 2 ... et il est possible que cet élève, prenuer de sa classe se rencontre avec le dernie,r à qui l'on don-, ,

'~

JI

~ 337

nera, par complaisance, pour lui éviter un éch ec, égalelnent la note 2. Comle l'exanlen porte sur 4 disciplines, la note moyenne finale obtenue p a r les J::>ons et par les mayvais é.lèves v~rie par­fois de peu; et, encore une fois , ce sont les "dernIers .qUI, en pro­fitent. Alors, aux yeux des parents, le 'lllmtre a tnche durant toute l'année, en octroyant une note plus Inauvaise que celle qui a été donnée par M.onsieur l'inspec~eur.

Ainsi, sans qu'il soit possible d'en imputer la f~ute aux exa­minateurs cela donne lieu à des injustices l1lal1lfestes. Sans doute les' élèves hors ligne font rarement Il1auvaise figure à l'exa~len d'énlancipation; mais le nonlbre de ceux-ci est res­treint.

Il n'y a pas 10ngtenlpS, deux frères s sont présentés à l 'e­xamen c1;élnancipation : le plus faible, une année, avant yautr~. Il obtint la note générale 5. Ces deux élèves frequenta1~nt s~­l1ulltanément la même classe; le cade t, beaucoup .plus intellI­gent et plus instruit, enseignait les devoirs à l'aî~é. l,l, fr.é qu~nta l'école une année encore après son frere dont Il s etaIt faIt le précepteur durant le cours précédent; il ~~t ainsi. tout le loisir d~ continuer sa formation, d'autant pl~lS qu 11 travaIlla avec ardeul en vue de 1 exanlen. Il aurait pu être éll1ancipé nornlalenlent en note 4. Il joua de malchance et obtint la note o. Il .en ?leu~'a de dépit. Not~z bien, l'expert a~Taitété .d'une ~tricte .1us,h~e a :o~ 'égard; et le travail du candIdat ::lVnJt . certmnenlent ete pa!~ .~ sa valeur. Son frère, par contre, avaIt probablement beneflcIe de l'indulgence de l'exam.inateur. ,

Les maîtres qui, COlnme nous. envoient toutes. les annees. un fort contingent d'élèves à l'exalnen d'énlancipahon pourraIent relever de nOlnbreuses anomalies semblable? N?us avons soul~­vé ce cas, seulement pour montrer que la sItuatIOn actuelle pre­sente des lacunes et qu'il serait bon d'y remédier. D'autant plus que ce serait si facile!

An lieu de prononcer l'énlancipatio.n. avec un tota~ de 8, donc avec la note moyenne bien, ne seraIl-lI pas plus logIque de le faire à la note passable c'est-à-dire avec un ~otal de .12 2, D,:n~ les collèges où l'échelle des notes monte de 1 a 6 on est oeneJ a 1ement promu en note 3.

En procédant ainsi on ferait une distinction entre. les bons et les Inauvais élèves. L'examen aur~it un sens ~t le lIvret sc~~ laire attesterait quelque chose, t~ndl~ que tel n est pas le c Il lnaintenant et l'examen d'éInancIpahon per~ de sa valeur. risque de décourager les bons élèves et de faIre le seul bonheur

des cancres. Sans doute, il ne faut pas attacher trop d'~l~portance. ~ux

exanlens de toute nature, et nous nous sonlnles f.aIt; un~ opInIOn à ce sujet. Mais tout le monde ne raisonne pas aInSI. C est pour-

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- 3'38 -

~uoi, afin qu'il ne soit pas porté préjudice aux bons élèves, nous 'demandons instamment aux autorités compétentes de revoir :cette question. Nous connaissQns bien des patrons et des chefs 'd'entrepris,es qui. av.ant d'eng~ger ~ln apprenti ou l'ln employé, se font presenter le lIvret scolaIre . C est donc un cas de conscien­'ce de donner à ce bulletin une valeur réelle. Cl. Bérard.

'·i~ ~~P~A~18~~ T~J ~K~E~, ~p~. ~JR~" A~. >-8QTfl.'>:K~QQ8. ~U~, to-:1E~~1 ~Œ

LANGUE FRANÇAISE

Première semaine

Centre d'intérêt: LABOUR et SEMAILLES

L RECITATION

Le senleur

Sans te lasser, -bon paysan, Prends ton grain et jettes-en' Sur les sillons à pleine main

La1l'ce ton grain ! Fais-nous du blé! Fais-nous du pain! « Va, dit le grain, sème toujours! .Te sortirai des noirs labours Vert comme l'herbe dans le pré,

Je grandirai : Tu n1e verras, épi doré. 'il

Sème pour tous, petits et grands, 'Pour les heureux, pOUl' les souffrant.s. Pour que chacun Inange à sa fain1,

Lance ton grain! Fais-nous du blé! Fais-nous du pain!

klaul'ice BouchoI'.

La chanson du semeur

Quand le pâle soleil d'automne .-se montre dans le ciel troublé. Redis ton refrain monotone, a paysa'n, semeu r de blé !

- 3.39 -

Dans les sillons avec Inystère, D'un geste large de ta main, Tu laisses tomber le bon grain En chantant l'espoir de la terre!

Vive le blé, Le joli blé!

Le bon froment qui nous fait vivre De la misère il nous délivre;

Vive le blé, Le joli blé!

A la Saint-Jean, les brunes filles 'Et les vaillants gàrs de chez nous Dès l'aube prennent leurs faucilles Et s'en vont couper les blés roux; On entend babiller les cailles, Une cloche sonnt> au lointain, Et, dans la -douceur du matin , Un frisson d'or court sur les pailles

Vive le blé, Le joli blé!

Le bon , froment qui nous fait vivre De la misère il nous délivre;

Vive le blé, Le joli blé! Auguste Gaud.

n VOCABULAIRE

Les sen1ailles, semeur, ensemencer, seIner , un semis. Le labour, labourer, laboureur, labourage, labeur, élaborer. La charrue brabant, le soc, le coultre, le versoir, les 111an-

cherons; la herse; le rouleau; le semoir . Les chevaux de labour, les bœufs, l'attelage. La motoculture, le tracteur. Les sillons, les mottes, les vers, les oiseaux, fendre, ouvrir,

tourner la terre. ,Les grains de blé. Un paysan, un agriculteur. Le champ, ' la glèbe, la terre nourricière .

IlL ORTHOGRAPHE

Préparation: S'en référer au numéro 1.

Labours

Un coup de fouet fit plier les reins de la jUlnent de flèche; ' les quatre bœufs baissèrent les cornes ef tendirent , les jarrets; le soc, avec un bruit de faux qu'on aiguise, 's'enfonça? la terre

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- 340-

s'ouvrit, brune, fonnant un- haut remblai qui se brisait en mon­tant et croulait sur lui-lnême, comme les eaux divisées par l'é-trave d'un navire. R . Bazin.

Laboureur au travail

Milou allait lentement, la main sur le 111ancheron de la charrue, encourageant son cheval d'une voix douce. Le sillon s'ouvrait devant lui, et il se pénétrait de l'odeur de la terre fraέchement remuée. Arrivé au bout, il recommençait retournait en arrière, entamait un deuxième sillon et revenaii dans l'autre sens, toujours sallS ressentir aucune fatigue. On n'entendait rien sinon quelquefois le grincement du soc heurtant un caillou. '

!t1. Olivier .

Les semailles

Jean, ce l11_atin-Ià, un semoir de toile bleue noué sur le ven­tre en teno.it la poche ouverte de la main gauche et, de la droi­te, tous les trois pas, il y prenait une poignée de blé que d ' uu geste à la volée, il jetait. '

Seul , en avant, il marcha it, l'air grandi: et, derrière enfouir le grain, une herse roulait ]enteinent, attelée de chevaux qu'un charretier poussait i\ longs coups de fouet Hers, cl aquant au-dessus de leurs oreilles.

pOUl"

deux régu-

De toules parts,· on semait; il y avait un autre semeur ;'1

gauche, ù trois cents lnètres , un autre plus loin, vers la droite et d'autres encor~ s'enfonçaient en ~ace dans la perspectiv~ fuyante des terrams plats ... Tous avalent le geste, l'envolée de la semence, que 1'011 devinait comme une onde de vie autour d'eux.

Semailles

Tout le vjUage est aux chmnps. Lù-haut, sur le plat de la colline où J'on sème, il y a une aninlation extraordinaire qui contraste avec le reste de la forêt. Partout, bête et O'ens sont à J'œuvre : la vie rustique est en plein réveil. Ici, ont'> herse un chmnp; Ih, un paysan marche lentement, un sac de toile blanche sur la poitrine; sa main y plonge en mesure et d'un geste cir­c~laire il répand dans les sillons labourés des poignées Ld'orge et d'avoine dont les graines s'éparpillent sur ]a terre en rendant un .son Inétallique. André Theul'Îet.

LabouI1eurs

Ils étaient deux ho~nmes à travailler là. Le plus jeune, Ul)

gars de dix-sept ou dix-huit ans, aux m·embres encore mal jointés et: aux mains énormes, épandait du fumier ; il chantait; s'a voix

" -! 341 -

douteuse d~adolescent détonait par éclats lourds qui s'ellvolaient quand lnême, tant l'air était sonore.

L'autre, qui labourait, ne 'chantait pas; nIais, conl11le son compagnon, il sentait la joie de l'heure. Il venait de se reposer tout un dimanche et, en ce 'COlllmencelnent de seulaine, l'outil 1ui !paraissait léger. Il était de taille haute et droite, avec une tête fine et des jainbes un peu longues. Son chapeau rond, posé très en arrière, laissait à découvert sa face brune, lnaigre, complète­lllent rasée; ses yeux noirs jouaient avec agilité. E. Pérochon.

Le semeur

Dans une pièce de terre qui touchait à la route, un homnle venait vers nous en faisant de. grands gestes. Pendant un ins­"tant je crus qu'il lne menaçait, mais, quand il fut près·, .le vis qu'il serrait quelque chose dans son bras gauche, pendant que le bras droit faisait le geste de faucher à la hauteur de sa tête.

J'étais si intriguée que je regardai maître Sylvain. Au même instant, il dit ·comme s'il me répondait: « C'est Gaboret qui fait ses semailles».ll1arguel.ite Audoux.

Ezercicoe d'applicaUoa

Sen rHérer au nouméro 1.

IV. COMPOSI'l'ION l''RANÇAISE

La phrase - Le paragraphe - La rédaction

Faire des phrases avec les Illots du vocabulaire. Faire conjuguer les verbes du vocabulaire. Le laboureur nous fournit le pain ; nous lui devons la recon­

naissance, Un jeune citadin se 1110que des paysans parce qu'ils ont les

'lnains calleuses' Inontrez-Iui qu'il a tort.

Observation directe et souvenir. - Un labour ur (on un se­meur) au travail.

NOMS. - Les anünaux qu'il conduit: -des mulets, des che~ vaux. '- Les parties c.aractéristiques de son costume: une cas ­quette; un gros foulard ou un cache-nez; une veste ou une bl~u­se; un pantalon avec des pièces; des souliers ferr'és. - A la lnaln: un fouet.

VERBES. - Les actions accomplies par le laboureur au havail : il appuie sur les man.cherons; il soulève la ~ha~nle; il 1.a dirige; il nettoie le soc ;' il encourage ses chevaux~ Il SIffle ou Il chante parfois.

Page 13: L'Ecole primaire, 15 mars 1943

, ADJE~T\IFS. - Comment sont la casquette du laboureur: usee, aplatIe. - Son pantalon: rapiécé, raccommodé. - Ses sou­liers ferrés : lourds, boueux. - Son pas : pesant. - Son visage: rude. ~ Sa peau : tannée. - Sa voix : sonore, rauque, joyeuse.

- a., Des tomb~re~ux de fUI?lîer pénètrent ,dans un champ. IOn les decharge. DeCrIvez la scene. ~ b. Décrivez un labou­reur et son attelage pendant la pause. - c. Uh semeur finit d'ensemencer un champ. Montrez-le pendant qu'il travaille. 'L'ensemencement terminé, ,il ,se retourne, regarde un moment sa terre... et réfléchit. Quels sont ses pensées et ses sentients ? - Conseils : La première partie n'est que l'utilisation des don­nées antérieures acquises. (Travail du semeur.) La deuxième par­tie mérite réflexion: d'abord, la satisfaction du semeur en con­templant son travail. Ses espoirs concernant la moisson future. Ses craintes aussi et peut-être la vague ou fugitive impression que son travail est utile à l'humanité.

Centre d 7inférêt: LA MOISSON

L RECITATION

Le champ de blé

Le Inatin, dans le champ de blé, On entend comme un air de fête; Tirli ! tirli ! Soleil levé, C'est le réveil de l'alouette

Au champ de blé, Lariré!

A u champ de blé !

Tout brin de paille en la moisson, C'est un flûteau lorsque la brise Vient accompagner la chanson, La chanson de la perdrix grise

Au chalnp de blé, Lariré!

Au champ de blé !

Les oiseaux n'y chanteront plus Cal' bientôt les faux, les faucilles Vont mettre le sol tout à nu Et chasser les voix si gentilles

' Au champ de blé" :-Lariré!

Du champ de blé! Hugues Lapaire. '

- 3'43 -

, Midi

Midi, roi des étés, épandu sur la plaine, TOlnbe en nappe d'argent des hauteurs du ciel bleu. Tout se tait. L'air flamboie et brûle sans haleine; La terre est assoupie en sa robe de feu.

L'étendue est Îlnmense et les champs n'ont point d 'olnbre, Et la source est tarie où buvaient les troupeaux: La lointaine forêt dont la lisière est sombre Dort , là-bas, immobile, en un pesant_ repos,

Seuls, les grands blés Inûris, tels qu 'une mer dorée, Se déroulent au 10,in, dédaigneux du sommeil: Pacifiques enfants de la terre sacrée, Ils épuisent sans peur la coupe du soleil.

Parfois, comme un soupir de leur âme brûlante, Du sein des épis lourds qui murnlluent entre eu x Une ondulation 111ajestueuse et lente 'S'éveille, et va mourir à l'horizon poudreux,

Leconte ùe Lisle,

n. VOCABULAIRE

NOMS. - Le blé, les 11leules, les balles, la paille; le mois­sonn'eur a une faux, une .faucille, on rentre les gerbes; les gla­(neurs; la batteuse, la moissonneuse; la grange. Messidor, les lnois­sons, le battage, le van, la tarrare, l'm'eau, l'andain, le sil1on, le chaume, le coquelicot, le bleuet,

ADJECTIFS. - Le blé a des epls bien drus; les meules pointües; la faucille aiguisée, la faux tranchante' les moisson-, neurs actifs, 'courageux, fatigués, courbés; de lourds épis, des glaneurs consciencieux; des glanures abondantes; la , batteuse bruyante. La moisson dorée, Une odeur forte, ' saine; une sen­teur chaude; le grand soleil; une forte chaleur; la saison esti­vale, les travaux rustiques; les moissonneurs hâlés, les chemi­ses ouvertes, les poitrines ruisselantes de sueur, les gestes caden­cés, les efforts réitérés.

VERBES. - Le blé lève, grandit, pousse; les épis se farInent, Hs Inûrissent, ils grossissent, ils se dorent· on llloissonne les épis, on lie les gerbes on dresse les Ineules; on enlève les -gerbes, on 1es rentre dans l~ grange; on bat le blé, on le met en sacs, Le Inoissonneur ne ralentit pas son effort, ses brasse lèvent et s'a­haissent sans discontinuer: ses yeux évaluent le lI' a v ail à four­nir, ses pieds courent. piétinent: soli corps se baisse, se relève d 'une 'façon luécanique, '

Page 14: L'Ecole primaire, 15 mars 1943

- 344 ~

Le coquelicot, le bluet parsèment les champs de blé qu'ils émaillent de taches vives.

Exercices. - 1. Donnez des adjectifs qualificatifs convenant au blé, au moissonneur, au pain.

f 2. Nommez des plantes dont on peut faire la nloisson.

lU. ORTHOGRAPHE

Pl'éparation: S'en . référer au numéro 1.

Le respect des moissons

Il ne faut pas, nIa fille, que tu inlites l'enfant étourdi qui, voyant onduler cette mouvante mer d'or que le coquelicot et le 'bleuet égaient de leur éclat stérile, va au travers chercher ces flenrs. Que ton petit pied suive bien la ligne étroite du sentier. Respecte notre père nourricier, ce bon blé qui, de sa faible tige, soutient avec peine sa tête pesante, où est notre pain de demain. Chaque épi que tu détruirais ôterait la vie au pauvre, au tra­vailleur qui, toute l'année, a pâli pour le faire venir. J. Michelet.

Un petit moissonneur

Ma joie suprêlue était d'aller, au soleil levant, 1110issonner avec les moissonneurs. Avec ma petite faucille, je coupais le 'blé dans mon sillon. On ne me pennettait pas d'emporter ce que j'avais moissonné. Je ne devais regarder comme mien que ce que j'avais glané. · Mais, de ces glanures, je faisais des gerbes qui m.'appartenaient. J e battais mon blé, je l'enfernlais dans un sac, et l'envoyais au moulin. Et quel moment, lorsque .le rece­vais au retour une blanche farine! Je la pétrissais en gâteaux, et je faisais cuire ces gâteaux dans un petit four que j'avais construit. E. Quinet.

Moisson

Le flot bruissant des épis se creusait d'un seul frisson qui, tout droit, s'éloignait jusqu'aux confins du Ségala, au pied du 'château. Puis le vent creusait un autre pli d'ombre bleue, et cela faisait un long froissement dont le bruit se perdait au loin. Lorsque, aux heures lourdes, le vent cessait, les épis se tenaient 'bien droits sur leurs tiges et serrés comme un pelage que, çà et ià, trouait le dos des lieurs et des glaneuses. 'Cependant, à l'ho­rizon, le ciel pâli semblait refléter la blondeur des champs.

Dans quelques pièces fauchées, le sol, hérissé de chaulne, formait des esplanades où les treizains de gerbes semblaient dor­mir, front contre front, ainsi que les soldats. Les sauterelles cri­blaient l'air bleu; les cailles piaillaient, invisibles. Plus loin, vers

- 345-

la route, les prelnières Ine1l1es arrondissaient leurs dos de gros­ses bêtes donnantes et blondes; puis le vent, qui revenait, s'enfla, 'creusa la plaine et le grand bruissement des blés se balança dans le soir en ondes lentes, comme une énorme r espiration.

H. Béraud.

La rentrée des grains

La moisson battait son plein. Les lourds chariots, chargés 'de gerbes à en craquer, descendaient, soulevant une poussière rouge, et s'engouffraient dans les granges, suivis des journaliers qui les soutenaient avec des fourches, par crainte des cahots, tandis que des bandes de poules couraient entre les roues, et, 'l'œil vif picoraient les. grains ft la hâte. E. 11loselly.

Mo~sson

On a lié la 11101sson du grand champ de blé. En avant, dans les javelles, deux enfants étendent les liens qu'ils font tournoyer avant de les allonger, le nœud sur le sol. Viennent ensuite les femmes qui, d'un mouvel11ent -rapide de leurs faucilles, ramas­sent les javelles, . en placent deux sur chaque lien, la p'remière à plat, la seconde retournée, pour que les épis secs se trouvent au milieu. Derrière, les trois hommes saisissent par les deux bouts le lien, les croisent, les tordent, serrant la gerbe sous leurs genoux, avec un geste de nlécontentenlent quand la paille trop sèche casse. Jules Leroux.

Ca que coûte une gerbe de blé

Gerbe de blé, si tu pouvais parler, si tu pouvais dire C0111-

bien de gouttes de notre sueur pour t'arroser, pour te lier, pour séparer ton grain ~de la paille avec le fléau, pour te préserver tout 1'hiver, pour te remettre en terre au printemps, pour te recou­vrir, te fumer, le herser, et enfin pour te 1110issonner encore!

Gerbe de blé, tu fais blanchir et tomber les cheveux, tu courbes les reins, tu uses les genoux. Le pau vre monde travail1e 'quatre-vingts ans pOllr obtenir une gerbe qui lui servira d'o-reiller poUl' mourir. George Sand.

E][el"eiee~ d'application

S'en référer au nouméro 1.

IV. COMPOSITION FRANÇAISE

La phrase - r.e paragraphe - La rédactioD

Faire des phrases avec les IT10ts dl~ vocabulaire. Faire conjuguer les verbes du vocabulaire.

1

1 i

Page 15: L'Ecole primaire, 15 mars 1943

-346-

La grêle a ravagé ses Inoissons' peignez la consternation du paysan. '

Il fait chaud; les moissonneurs sont à leur besogne; décrivez la scène.

Les moissonneurs prennent leur goûter à l'Olubre d 'un grand cerisier. Imaginez et racontez.

Conlposition libre. - Imitation d'une dictée. - En rentrant de l'école, un de vos camarades a vu des co­

quelicots dans un champ de blé. Il en cueille une énorme botte au milieu de laquelle se trouvent des épis de blé. Il offre ce bou­quet à sa Inère qui l'embrasse, puis le gronde. Pourquoi? Conl­'posez ce récit et faites vos réflexions .

Conseils. Devoir facile, le plan est tout indiqué; bien 'équilibrei' les diverses parties du sujet. Montrer votre camarade qui, tout à sa cueillette, s'avance au Inilieu du champ de blé et joint étourdiment aux coquelicotts quelques beaux épis. Ima­giner ensuite un dialogue entre la mètre et son fils. L'enfant a montré un bon cœur et il a obéi à un sentiment délicat en con­fectionnant un gros bouquet champêtre pour sa Inaman. Par contre il a fait montre d'une étouderie coupable en abîmant les 'épis d~ blé. Il a fallu au paysan de longs travaux pour obtenir une belle lTIoisson. Nous devons respecter son travail, et il n'est pas plus 'permis de cueillir les épis de blé que de gaspiller le pain.

Dict é e de centrôle

Ceux qui sont près de Inourir ne sont pas toujours prêts à mourir. Ces ouvriers sont debout depuis l'aurore. Plutôt la mort que le déshonneur! Corrige-toi le plus tôt possible de tes mauvai­ses habitudes. Quelques métaux sont. chers parce qu'ils sont ra­res. Quoique ces élèves paresseux soient intelligents, leurs pro-, ul'ès sont presque nuls. On aime les personnes polies; quant à ~elles qui ne le sont -pas on ne les estime guère. Observe les chauves-souris. quand, à la chute du jour elles donnent la chasse aux insectes maÎfaisants et tu reconnaîtras qu'elles sont utiles.' Que de D'ens désirent ardenllnent des choses qu'ils regrettent

b . P "1 r d amèrement quand ils les ont obtenues. al' ce qu l llle repon ra, je verrai s il a tort ou raison. Flatte-le, si tu le veux, quant À

moi je ne le ferai pas . Quoi qu'il arrive, soyons toujo~rs hon­nêtes et humains . Hé ! Paul, riens donc avec nous. Eh bIen! que 1'aites-vous donc! Renonce au plus tôt' à tes 11laùvaises habitudes' 'Quoi que tu me dises, je ne te crois pas, parce que tu as Inenti trop souvent.

- 347-

SCIENCES ; :

Un grain de blé

J. Examinons les grains de blé

a. Extérieur. - Couleur jaune, brun clair .

Arrondis, Fendus comnle u~ pain. Une extrémité prés-ente parfois quelques rides. L'extrémité oppo.sée, blanchâtre, porte quelques poils très fins.

Grosseur non unifornle. Je pèse un .certain nOlTIbre de grains p,ris au hasard. En divisant le poids tot~l par le nombre de grai~s, 'j'obtiens le poids ITIoyen d'un grain. Combien alors dans Up. kilo, dans un sac de 50 kilos? (Faire le calcul) .

La grosseur du grain varie avec les espèces de blé, et aussi dans la même espèce, '

Ils sont durs. Essayer de rayer avec l'ongle ou de briser. Les laisser tomber sur la table. Bruit ' sec caractéristique.

b. Intérieur. - Prenez un grain ayant séjourné longtemps dans l'eau. Il est plus gros que les grains secs 1110i1'1s dur.

Fendons-le dans le sens ,de la longuelu·. L'intérieur apparaît très blanc, entouré d'une Inince écorce de couleur jaunâtre.

Exalninons de près la base du grain opposée à l'extrémité portant des poils. Nous y remarquons un petit renfleUlent qui nons rappelle la petite plante examinée dans le haricot (plantule).

Le grain étant plus petit, cette plantule a des dimensions plus restreintes, est donc lTIoins facilellleJÜ visible.

Remarquons également que le grain n'est pas formé de deux ·parties (cotylédons) conlme le haricot. Le grain de blé n 'a qu'un 'seul cotylédon.

Le reste est une réserve de nourriture qui sera utilisée par 'la petite plante quand on sèmera le grain; elle .pOUl'!'::1 ains~ se dé­velopper, grandir et devenir capab.le ·de puiser ~l~e-m.eme sa 'nourriture dans le sol (avec ses racmes) et dans l ~l1r (avec ses 'feuilles) .

Il. Ce que l'on fait avec les grains de blé

Avec un objet dur, écrasons un grain de blé sec. La masse blanche..,du centre se réduit en poussière. L'écorce fOrIne comme de petites écailles jaunâtres. Il est dif·ficile de les séparer.

" La partie blanche constitue la farine. Les morcea~tx, d'é-'Corce forment ce qu'on appelle le son. (En montrer.)

Page 16: L'Ecole primaire, 15 mars 1943

~ 348-

Celte s6paration de la farine et du son est effectuée avec des machines spéciales installées dans des lTIoulins (à vent ou à eau) .

Avec la farine, on fait du pain, des gâteaux, des pâtes ali­mentaires, des pains à cacheter, de la colle.

Le' son est utilisé pour la nourriture des animaux, soit à sec (lapins), soit mélangé à des pommes de terre cuites , mouillé avec de l'eau (volailles, porcs, etc.)

III. Un épi de blé

'Mais qu'est-ce donc qu'un grain de blé? Voyez cet épi de blé. A l'extrémité de cette tige mince, COlUp­

tons les différentes parties qui le cOlnposent (une vingtaine en­viron). Chacune de ces parties porte le nOlTI d'épillet.

Examinons de quoi chaque épinet est formé: deux lalnes; jaune clair renfermant un certain nombre de la'lnes plus petites 1(6 au maximum). A l'intérieur de l'épillet, un grain ou deux, ou trois, jamais plus.

Les petites lames constituent ce que l'on désigne sous le non1 de baIes quand on bat le blé.

Le grain de blé n'est autre chose que le fruit du blé.

Du Journal des instituteurs.

HISTC>IRE

Visite d'un ancien monastère Si possible, faire visiter aux élèves un ancien monastère. Si­

non, le leur faire visiter en imagination en utilisant une gravure ou un dessin au tableau.

Les monastères qui existent cncore de nos jours, étaient très nombreux an moyen âge; c'est là que se retiraient les hon11nes 'qui voulaient. prier Dien et travailh.T loin du monde barbare.. Nous allons visiter une de leurs de.nleures et essayer de nous représen tel' leur vie.

Comment ~e présente le lTIonrtstèl'e. - Le monastère est une construction, ou plutôt un ensemble de constructions très im­portantes . Il couvre une vaste étendue, il est entouré de nHl­Tailles épaisses, solides, qui limitent toute la propriété des nloi-nes.

Le travail manuel des moines. - Entrons. LE' frère portier vient nous ouvrir et nous fait pénétrer dans une vaste cour. Il nous HlOntre, tout autour, les chalnbres qui sont réservées aux

- 349 -

voyageurs de passage, les granges où l'on entasse les réco1tes'~, le moulin où on nlou-d le grain, la boulangerie où l'on fait le pain, le four où l'on cuit. On sèm~ du lin et du chanvre, et dans 1a « tissanderie » on tisse les vêtements et le Iinae. Partout des ., 5 InOlnes sont occupes à accomplir les travaux manuels les .plus variés. Le Illonastère se suffit à lui-même et il prépare tout ce qui est nécessaire à sa vie.

Les anciennes forêts gauloises que les Ron1ains ,avaient un peu éclaircies et coupées de routes, étaient redevenues épaisses et impénétrables, depuis les invasions barbares et les nlalheurs qui !es ~vaient su~vies. Toujours en guerre, les peuples trouvaient lnutJle de cultIver la terre pour voir leurs récoltes détruites par les ennemis. Aussi de nombreuses paIiies de la Gaule étaient flutrefois sauvages, désertes, habitées seulement par -des anÎlnaux 'féroces, ou par des handits ne vivant que de vols.

Les lTIoines eurent le courage ,de pénétrer dans ces affreuses Jorêts. Parfois seuls, parfois accompagnés de quelques chrétiens 'qu'ils avaient convertis, ils s'abritaient dans des cavernes ou sous des huttes de roseaux, priaient la nuit, travaillaient sans relâche le jour. La hache à la main, ils abattaient les arbres immenses, frayaient des sentiers, selTIaient le blé ou plantaient la vigne dans ïesclairières. Bien souvent, par leur bonté et leur douceur, ils amenaient à se repentir les bandits qui avaient d'abord cherché :1 les tuer, et qui venaient ensuite les aider dans leur travail , et partager leur vie religieuse. Parfois même, ils apprivoisaient les 'animaux de la forêt qui ne leur faisaient aucun ma1. C'est grnce au travail courageux des moines que les paysans ont pu ensuite' cultiver ]a terre et la rendre belle ct fertile comme elle est au­jourd'hui.

Le travail intellectuel des moines. - Pénétrons dans une seconde cour; elle est entourée -d'une galerie couverte que sou­tiennent des piliers qui font penser ù ceux d'une cathédrale: c'est le cloître, silencieux et paisible. Quelques moines se promè­nent en méditant ou en devisant ù voix basse. L:\ s ouvrent les 'cellules où ils couchent, les salles où ils travail1ent. Dans le si-1encc, ils lisent des ouvrages anciens, ils copient des manuscrits; avec ,de vives couleurs, ils « enluminent» de beaux livres de pié­té. Leurs « m,Ïniatures» sont des chefs-d 'œuvre.

La vie religieuse des moines. - A heure fixe, le son de la 'cloche vient interrompre le travail et appelle tous les 1110ines à 'la chapelle, où ils chantent les offices et disent les prières. Au­tour, ou derrière, s'étend le petit cimetière très simple, où, quanrl ils Jl1eurent on les enterre à l'ombre du clocher.

, Conclusion. - Les hommes qui vivaient là accomplissaient une œuvre utile, ils travaillaient de lenrs mains, ils -copiaient 0e

Page 17: L'Ecole primaire, 15 mars 1943

- 350-

'nombreux livres, dessinaient de belles miniatures qui nous sont ~estées. Ils prot~geaient les paysans des alentours, ils donnàie-nt 'asile à ceux qui étaient poursuivis: Ils ont contribüé à reùdre "un :peu moins barbares les honlmes de leur temps.

Les belles histoires

L'incendie

Le feu s'était déclaré dans une grange pleine de fourrage ·sec. Il n'avait pas tardé à prendre des proportions effrayarites et à menacer la maison d'habitation. Réveillés au rnilieu de la nuit, 1e père, la m:ère et leurs enfants se sauvèrent précipita111ment, à moitié vêtus. Mais, dans les 'chambres du deuxième étage, dor­maient une jeune servante · et un petit garçon qui piquait les bœufs au labour.

On dort bien quand on a peiné tout le jour. Aussi, lorsque les deux 111alheureux s'éveillèrent enfin, la 111.aison était en flan1.~ mes et il semblait i'mpossible de fuir.

Tout à coup, un honlme s'élance: c'est un de ces passants que personne ne connaît et dont on se nléfie dans les campagnes. Il pose une longue échelle contre la muraille branlante: par deux. fois, il monte au risque d'être enseveli sous les décombres ou as­phyxié par la fumée.

Il réussit à sauver les deux enfants. On le cherche pour le féliciter, pour le récompenser: il a disparu. Il a fait son de­'Voir: il ne veut 'pas être remercié.

Il le sera pourtant, et la voix de sa conscience lni adressera les plus douces, les meilleures des félicitations.

Bl'émoncl et MOl.lstiel'.

. Julien R'S's, sauveteur de treize ans

L'affaire s'est ,passée le 17 octobre 1936. La péniche belge « Véra», patron Rys, était à quai à Cambrai. Julien et ses deux sœurs, dix ans et deux ans, jouaient ensemble dans l'étroite ca­hine. Un bidon d'essence tomba d'une planche, le liquide se ré­pandit, prit feu au contact des foyers de fonte. Les trois gosses ~'urent en un instant environnés de flanlmes. .

Le jeune Julien prit à pleines 111ai11s le bidon et alla le jeter par-dessus ,le bord. du bateau. Il dut tenir pendant dix mètres de coursive ' el d'esca1ier la masse incandescente dans ses frêles mains.

- 351 -

. Atrocement ·brûlé jusqu'aux os, il aurait pu s 'enfuir, - aller c·hereher du sec~urs: No~. Il pénétra de nouveau da,ns la péniche, arrach~ au braSIer tour a tour ses deux petites sœurs, éteignit de ses maIns ensanglantées les flammes qui dévoraient leurs vête­me~ts . ~t s'~ff?rça de sauver ces jeunes vies pour lesquelles il avalt faIt herOIquement le sacrifice de la sienne.

La plus jeune des petites Rys succomba, hélas! deux jours plus tar?; l'autr~ fut. sauvée. Juli~n Rys dut entrer à l'hôpital de Cambral. .Il avaIt la .lamlbe gauche, les bras, les mains profondé­ment attemts. Il lutta pendant des 1TIois contre la nlort et celle-ci se lassa. .

Le roi Léopold a exprimé le désir de voir Julien Rys quand H retournera en Belgique.

En apprenant cette nouvelle, le jeune' enfant s'écria: « Moi: ~l1ais qu'ai-je donc fait?» Aussi modeste qu'il avait· été brave, Il ne vo~ait dans cet acte héroïque que 1'accomplissement de son deVOIr. (Extrait du JOllrnal du 15 nov. 1937.)

OPINIONS

Interroger, comme enseigner, c'est choisir.

Dans son discours de réception h l 'Aeadémje !française, iVL Je ,duc de IBroglie, .faisant, comme d'usage, l'éloge de son prédécesseur, \M. dCI ]a Gorce, ra.conta l'anecdot.e suivante, qui n e mAnque pas d E <:laveur ni d 'à propos:

Un examinateur, Sajnt-ilVLarc-Girardin, interrogeait. un candidat SUI' la géographie et le ·candidat ré,ponclait bi.on. Alors il poussa. les ~quest.ions jusqu'aux détails les p,lus puérihs, et le candidat resta mueL Après un silence ,p1eil1 d'angoisse pOUl' le malh.eul'eux élève, le profes­seur le ra"sura : « Je vous donne, lui (lit.-il, une très honnE' note .pOUl' ·ce {lue .\' ous appris, et. une bien meilleure pa]' ce que vous avez eu J 'esprit. de ne p'as ,a.pprendre, Quelle belle chose ·que cl e ;~.voir di -'cerner C·Q que l'on doit ou PE·Ut. ignorer! »

Au rnoment où s'annonce la 'satSlll1 des examens et des concours, voi,là, certes, une .iolie leçon, qui g'arlresQ,e à la, fois aux profe'sseurs 'aux .exanii na teurs et aux ,cand ida t8. Puisset-Hs en faite leur profit! !Savoir f·aire dans un programme d'études ou d'examen, la distinctioIi. . 'E'ntre les notions qui ne .l'néritent .pas l'honneur d'encombrer la mé­\moire et celles « qu'il n'f:>"lt palS .permis d'ignorer », n 'e<:lt-ce pa.s lJà l'i­Idéal auquel tous les éducateurs devraient tendre?

Il Ifa.ut que les examinat,eurs commencent. Le!=< ma.îtres et les élè­'ves suivront aisémént.

Page 18: L'Ecole primaire, 15 mars 1943

~ 35'2 -

Contre les devoirs à domicile. (A tit re docu,mentai.re)

L'attention c'st la faculté qui ,fatigue de plus la cellule cérébrale, Et ü'est après Ulle attention c;outenue réclamée pendant plusieurs heu­J'es de cla-sse s'exerçant 3ur des ceEules encore peu ,consistantes, en 'Voi e de dév eloppement, de proHfération, qu'on pourrait impunéme,n t 'imposer des travaux à donücile ? Le système nerveux commande tou­-te,s les fon ctions de )'o)',ganisme qui le nourrit lu,i-même, Voit-on l' en ­\fant, là peine l'entré après s ix he,ures decl,asse, s' immobi lis er à une tablo insufisamme,nt écla irée, dans de,s attitudes dMectu,euses, à un 'âge où ,la n a ture lui impose le mouvE'ment et cela a u milieu d'un a ir ronfin é ,est ~ouvent dans de. condit ions socia les de régime ,alimen­ta irE' peu réparateur? Auss i r encontr,e-t-on un en s,emble de ,causes 'plus Ifavorables à l'appau\' rissement du sang, là l 'alan.guissement nu­triti,f pOUl' préparer le te-r!',ain à la tub er,culose, !Méthodes illog iques. rroutinièr€ls, meurtri ères gelon le mot de Legouvé, que c,elles qui 'viennent je,ter le trouble dans les énergies des jeunes organes, dans \l'harmonie de leurs fonctions, Qu'on abandonne donc un terrain où IS enhsfl l e cerveau d es jeunes enfants, Docteur KubOl'n.

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