l'ecole primaire, 15 janvier 1943

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SION, 15 Janviel' 1943. No 7. PARAISSANT 14 fOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE ' ORCANE DE LA SOC11:TÉ VALAISANNE D'EDUCATION 62ème ABONNEMENT ANNUEL: Fr. 7.50 . Les abonnements se règlent par chèque postal Il c 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement (fout ce qui conc:erne la publication doit être adressé directement à M. CI. BÉRARD. Institutey.r, Slel're -- Les annonces 501\1 1 - PUBLICITAS S .. , reçues exc uSlvement por -- A d l' (flete Anonyme Suisse de Publicité SION venue e a are T éléohone 2 12 36

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Page 1: L'Ecole primaire, 15 janvier 1943

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SION, 15 Janviel' 1943. No 7.

PARAISSANT 14 fOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE '

ORCANE DE LA SOC11:TÉ VALAISANNE

D'EDUCATION

62ème AnDê~

ABONNEMENT ANNUEL: Fr. 7.50 . Les abonnements se règlent par chèque postal Il c 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement (fout ce qui conc:erne la publication doit être adressé directement à M. CI. BÉRARD. Institutey.r, Slel're

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Page 2: L'Ecole primaire, 15 janvier 1943

VOTRE ESTOMAC VOUS LAISSERA EN PAIX 1

après avoir mangé. Si vous éprouvez des brûlures au creux de l'estomac ou le long de l'œsophage, rien n'est plus facile que de mettre un terme à votre tourment. Mâchez, avant et après les re­pas ou quand vous êtes incommo­dé par des renvois acides, 1 à 2 comprimés A lacol. Ils feront disparaître sûrement les dou­leurs. L'A lucol, aussitôt ingéré, tapis-se la paroi de l'estomac d'une ge­lée qui absorbe l'excès nuisible d 'acide gastrique, sans entraver la digestion.

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SION, 15 Janvier 1943. No 7 . . 62ème Année.

L'ÉCOLE PRIMAIRÉ ORGANE DE LA SOCIt:TË V Al.AISANNE D!t:DUCA nON

SOMMAIRE: COIMlMlUINiI·CATIO!NiS nIVEIRISE'S: Les anc-iens mani­Ifestent leur recoilllaissance. - Dangers aux,quels sont exposés les écoliE·rs en 'lu.geant. - Durée des leçons aux 'cours complé­mentaires. - ·M. Emile Bourdin, ,Président du Grand .conseil. -_ A propos de nos traitements .. - Un beau ,cadeau ·de Noël. -_ Le meilleur an. - PARTIE PEnAIGOGIQUE : .Majorités anticipées. _ De 'l'éducation de,s sen!'? - Valeur d'une !bonne .parole. - Les distraits. - iE léments de notre grandeur. - RMlexions sur il:} s ilence. - PARTIE P.RATIQUE: Langue .française, rentrES d'in­térêt, première et deuxième se,maines. - Di·ctée de contrôle. Les belles histoir e.s.

Pê'Q~~':)~·. . . ~

t COJM[1\ArUNI1CCA TIONS DIVERSES ~ ~ DÉPARTEMENT © S.V.E. © S.lV.R UNJION @ ~ ~Oé~ ~.

Les anci e ~s m anifeste le Ir recc nnais sance

Par l'entren1ise cf.e l'un d'eux, les anciens instituteurs qlli ont été mis au 'bénéfice de la retraite ont témoigné leur gratitude à Monsieur le Conseiller d'Etat Pitteloud par la jolie lettre que nous publions ci-dessous.

Nous avons cru bon de rendre publics ces sentiments de re­connaissance malheureusement trop rares aujourd'hui.

MonsieUl' le Conseiller d'Etat Cyr. Pitteloud" Chef du Département de l'Instl'uction Publique, du Valais, Sion

Monsieur le Conseill d'Etat,

Le moins digne de tous, j'ai reçu l'agréable mission de vous présenter les plus respectueux et les plus vifs remerciements des anciens instituteurs, ci-devant non retraités, pour l'heureuse so­lution que vous avez bien voulu donner à leur cas.

Nous savions que rien de ce qui touche à l'éducation n'é­chappe à votre soHicitude. Collèges, écoles secondaires, ménagè­Ires, écÛ'les primaires et enfantines, maîtres et autorités locales ont bénéficié de vos lumières et de· votre inlassable ·activité, tant

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au point de 'vue spirituel que matériel et 'cela d'une façon parti- ' cu1ièrement heureuse. Nous savions aussi que nous n'étions pas, pour vûus, Monsieur le Conseiller d'Etat, des «oubliés», mais nous nous rendions ·coIIllPte des difficultés que vous deviez ren- . contrer et surmonter. Aussi notre reconnaissance n'en est que !plus profonde. Nos famiJ.Ies non plus n'oublieront pas votre gé­néreux geste en notre faveur.

Daignez, Monsieur le oCûns.eiUer d'Etat, agréer l'hommage le ,plus respectueux de nos vœux les meil/leurs et les plus ardents.

Pour vos reconnaissants et dévoués serviteurs, les vétérans non retraités.

5 janvier 1943. L. P., inst.

Dangers ,auxquels sont exposés les écoliers en lugeant Du bureau suisse d'études pour la prévention des accidents,

nous recevons la circulaire suiv.ante; nous nous faisons un de­voir de la ,publier à l'intention du personnel enseignant.

Le Chef du Département de l'Instruction Publique: Cyr. PITTELOUD.

L 'hiver dernier, quelques très Igraves aocidents de luge .se sont produits, dont furent victimes des écoliers. Pennettez-nous de rappeler ici un cas ,particul!ièrement grave:

Des écoliers lugeaient avec ,leur classe sur ,un chemin cou­pant une route principale. Afin de prévenir les ·collisions, un membre du ·COlipS enseignant se tenait à la croisée des chemins et avertissait à temps les écoliers lorsqu'un véhicule surgissait sur la grande route. Tout ana très bien aussi longtemps que cette personne resta à son poste. Mais à un illpment donné, elle le quitta Ipour effectuer une descente avec s·es élèves et omit de ·désigner quelqu'un Ipour la remplacer. Pendant cette brève ab· sence, une luge montée par trois emants vint se jeter contre un camion Iqui passait. Deux enfants furent tués sur le ·coup et le troisième retiré grièvement h1essé de dessous les roues du lourd véhi'cule.

Nous pourrions vous citer .e.JllcÜ're d'·autres cas analogues. C'est pourquoi nous nous permettons de vous dem.ander de bien vouloir rendre attentif ~e personnel enseignant aux dangers qu'offre la pratique de la luge par les écoliers lorsqu'ils sont l.aissés sans surveillance. H serait aussi possihle de 'Prévenir cer­tains accidents là où .les pistes de ,luges débouchent sur des routes ouvertes à la circu1lation, si les autori,tés scolaiTes inter­venaient auprès des communes pour qu'elles en fassent sabler les

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derniers Inètres avant l'arrivée sur la route. Il deviendrait ainsi impossible'. aux .·.petits Jug€urs de venjr ;se .lancer ,cqn,.t're .. ~e~, ~éï , ~ hi cules' à · ces, endroits ,là. ' . ' , . . ,.'

Nous ' serions dortc fort heureux; Mess'ieurs, si vous vouliez bien ',signaler d'une manière toute p.articuHère au ' ip~'r~onnel .en-. ,seignant ces ,dangers de la luge. Peut-être vous,. seraIt-iliposslble d'envoyer une circulaire ou de lancer un avertIssement dans la feuille scolaire officielle.

C'est dans cette espérance, que nous vous prions d'agréer, Messieurs, nos salutations distinguées. .

Bureau suisse d'études pour la prévention des Qcçidents.

Durée des leçons aux cours complémentaires Le Département a reçu un certain nombre de rapports de clô­

tUl'e des cours complémentaires. Il a dû malheureusement cons·· tater que dans plusieurs cas, les prescriptions légales concernant la durée 'des leçons ne sont pas observées. Certains maîtres don­nent 7 à 8 heures de leçons par jour au · lieu de 6.

L'avertissement publié dans l' « Ecole Primaire:> riu 15 dé­celnbre 1942 est donc demeuré sans effet pour certazns.

Une dernière fois, les instituteurs so~t re~~us at~en~ifs ,au,x conséquentes de la non observation des dlSposltzons legates a ce

sujet. Sion, le 13 janvier 1943.

Département de l'Instruction publique.

R envoi d'ar ticles L'abondance des matières nous oblige à renvoyer ;divers ar­

ticles. Leurs auteurs voudront bien nous ·excuser. (Red.)

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Page 4: L'Ecole primaire, 15 janvier 1943

m. Emile Bourdin Président du Grand Conseil

Com~e . il se ~eva~t, l' « Ecole prinlaire:. a relaté en son tem~s, ,l~ brIllant: elechon de notre collègue Mr Bourdin, dépu­té d ~eremence, a la charge de s'econd vice-président du Grand ConseIl.

, MalheureuseInent~ ??~re revue étant un ,périodique, nous n, av,o.~s pas eu la,p,os~sIbllit~, au moment où le distingué président d H~Iemence a ete InvestI de ,la plus haute fonction dane;; la magIstrature cantonale, de joindre notre voix au concert de lou­ang~s :de la 'presse: C~pendant nous ne voulons pas laisser passer cet evenenlent, qm faIt un si grand honneur au personnel ensei­gnant, sans apporter à Mr Bourdin notre hommage et ,celui de tous les instituteurs.

. On ,se 'rappelle encore l'-enthousiasme av'8'C lequel la popula-,t:on du val d'Hérens, Jes autorités com-munales et -cantonales ont feté notre collègue pour sa brillante nomination. Les instituteul'!s se.s~n.t réjouis à leur tour de cette flatteuse distinction dont l'éclat

, rejaIllIt un peu sur toute la corporation.

. ?râce à son travail, à son dévouement, à sa droiture et à son 'intellIgence, Ml' Bourdin, fils de ses œuvres, a gravi tous les échelons dans la politique vala,i'Sanne. L'administration d'une grande commune, les relations constantes avec les directions de pUis"santes ~?ciétés indus~riell~s ~t commerdales l'ont préparé à la tache qu 11 assume aUJourd hUI avec une haute compétence et

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une rare distinction. L'actuel président du Grand Conseil s'est imposé à J'attention de 'ses -collègues par ses nombreuses inter­ventions qui, toutes, dénotaient d'une connaissance approfondie des besoins du pays. C'est \pourquoi il a :été appelé depuis de lon­gues années déjà à siéger dans d'important'es counmissions par­lementaires, cene des finances en particulier, où il a été c'onstam­ment occupé le poste délicat de rapporteur. Là com'me a~lleurs, Ml' Bourdin s'est fait apprécier par son solide hon sens et sa connaissance parfaite de la structure de notre économie can­tonale.

Toujours, au Grand Conseil et dans les commissions, il s'est laissé guider par le seul intérêt supéflieur du pays, en dehors de toute politique de clan ou de cloche-r. Dans cet olrdre d'idée en particulier, il s'est fait le défenseur des paysans et des monta­'gnards trop longtemps méconnus. Bien placé par sa profession d'instituteur et sa tâche de président de commune pour connaî­tre les besoins de l'école valaisanne, il a donné un appui incondi­tionné à toutes les propopsitions ayant pour but de prOlnouvoir le développeInent de l'enseignement à tous les degrés, mais plus particulièrenlent de l'enseignement pr1maire et ménager.

Conscient de l'insuffisance de nos traitements, Ml' le député Bourdin s'est efforcé, par ses interventions à la commission des finances surtout d'obtenir, des autorités, l'a.mélioration du sort du personnel enseignant. Il a su ,le faire avec habileté et prudence. C"est d'ailleurs la raison dllsuccès de ses démarches.

Aussi mue par un sentiment de reconnaissance, l' «: Ecole primaire )/ se faisant l'interprète de tout le corps enseignant, sai,­sit l'occasion de ce renouvellement de l'année pour apporter a Mr le président du Grand Conseil ses félicitations, ses remercie-ments et ses vœux. Cl. Bérard.

A propos de n~s tr itenlents

Mon che}' collègue)

En réponse à votre lettre, je suis heureux de vous tranquilli­Iser : le tableau ,publié dans le dernier nU!Il1éro de l' « Ecole pri­'maire » par le -secrétariat du Département de l'Instruction publi­'Que, au sujet des traitements du Personnel enseignant, est par~ faitement exact. D'autre part il est d'une telle clarté que le pre­mier venu peut déterminer sans risque de se tromper, quelle e~t sa situation. C'est pourquoi les calculs que vous m'avez sounus lSont confovmes à la réalité pour autant qu'ils s'appliquent à des cas concrets, ce dont je ne suis pas du tout convaincu.

Page 5: L'Ecole primaire, 15 janvier 1943

Après 'quinze ans d'enseignement, 'l'instituteur 'célihatâir~~ '" ~pratiquant dans sa cOlumune, perçoit un traï'tement ' < '.

:mensuel de Fr: . 360.-plus une allocation de vie chère de . 25.~ ,

Total Fr. 385.- ' On verse en plus à l'instituteur Inarié .

Total ,Classes d'une durée de plus de 7 mois, supplélnent de

Total 11 est versé en outre 25 fI', par ,enfant; pour 5 ,cela fait

Total Et pour 10, autre cas signalé par vous, ajoutez .

Total S'ils enseignent en dehors de leur domicile le céli­

'bataire et le marié reçoivent en outre 'Ainsi un instituteur luarié peut prétend-re au Inaxi-

mum à Entre le maI~ié qui gagne ~t le célibataire qui reçoit b différence est de .

Fr. 20.­Fr. 405.- ' Fr. 40.­Fr. 445.­Fr. 125.­Fr. 570.­Fr. 125.--­Fr. 695.- .

Fr. 30.-

Fr. 725.­Fr. 695.­Fr. 385.­Fr. 310.-

Ce quj prouve simplenlent, 'Inon cher, que l'Etat du Valais \fait tout son devoir en faveur de la protection de Ja famille de 'ses employés. Et l'on ne peut que l'en féliciter. Mais je suis d'ac­cord avec vous, on ne doit pas ignorer ,1'insuffisal1ce actuelle d,es traitements de base. 'Cette situation, j'en suis persuadé, n'é­iChappera pas non plus à l'es'prit d'équité de nos autorités. En ce début d'année réservé aux souhaits, je fonne aussi le ~œu iqu'une aInélioration intervienne bientôt dans le sens d'une aug­mentation uniforme des allocations de renchérissement.

Sierre, le 6 janvier 1943. Cl. Bérard.

Un beau cadeau de noël Nous savions que Monsieur le Conseiller d'Etat Pitteloud,

chargé du Départeulent de ~'Instruction publique, avait, depuis plusieurs années déjà, l'intention de faire quelque chose en fa­veur des anciens instituteurs que diverses -causes, la plupart d'or­dre pécuniaire, avaient empêchés de profiter de la caisse ordinaire 'de retraite du Personnel enseignant.

Aujourd'hui, malgré les difficultés résultant de la guerre, il nous apporte, sous la fornle annoncée par l'Ecole primaire du 31 décembre, en guise de cadeau de fin d'année, l'heureux résultat de ses efforts et Iq rbll~~;l"it)n de nos vo:~ux.

Nous nous pennectClI1:3 de le Drier d~agr(~l~r un grand et l'P.:; '

pedueux merci.: lui prolllettant d'employer ce qui reste d.3 no:-.

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énergies : à lui pr011 V Cl' notr~ reeonnaissnl ,'(' ainsi ,qu'.au COn'j'il d'Etat tout entier ct i:. Messieurs l.es Inspedeurs

Notre graHt.u.-],3 va également ,'1 Mon"ieur 1. .. :lléfet et dépuL~ Thomas présldent Inlatigable de la Socidé valaisanne d'édul'~l­tl(\P, do~t l'én~rgj,~ et le'- d{:vouernent nou~ ont été d'un gnlnd 5{,~GUrS comme al!')~i 1!~., précien~ \.'Oll<sf'iJS ct renseignements ùe Monsieur le Chef de service Evéquoz.

Nous n'oublierons pas non plus Messie1J.l"s les lue:mbres de la Haute Assenl11ée, en particulier ceux de la COlnmission des fi­nances qui ont compris notre situation et fait bon accueil au 'Projet de Monsieur le Conseiller d'Etat Pitteloud.

Un ancien, au nom de ses collègues non l'etl'ai{és.

Le meilleur an Bonjour, bon an ! ... Des tonnes de cartes et de lettres vien­

nent de porter le joeux salut à ,ceux qui, se trouvant loin des yeux, sont dem-eurés néanmoins prés du cœur.

Bonne et heureuse année! sage formule qui réSUIne tout, laissant à la ,divine Providence le soin de ,choisir pour chacun Le qui lui convient le n1Ïeux: abondantes récoltes pour -le paysan, prospérité -dans les affaires pour l'industriel et le comm,erçant, 'travail assuré pour l'ouvrier, succès pour ,l'étudiant, le travailleur inte1lectuel, le privilégié marqué du s'ceau de la vie religieuse, et, , par dessus tout, pour tous : la s'an té.

IVf:ais, à supposer que ces vœux soient tous. géné.re~sement exaucés, ceux pour qui nous les fonnons seront-IIiJ.s parfaitement heureux ?.. Nous pourrions le croire. Cependant, si nous réflé­chissons bien (et le comlnencement d'une année, étape dans notre vie, s'y prête admirablelnent) si nous .r~filéchiss?ns bien, nou~ constaterons que le vrai bonheur ne conSIste pas a amasser et a jouir mais bien à faire rayonner la bonté a~touT de nous, ~ou: conformer l'e plus possible à la volonté de DIeU, autrement -dIt, a bien jouer, ici ,bas, le rôle qui nous a été dévolu, aoceptant .avec ila mêlne sérénité et une égale reconnaissance les biens et les maux, constamment, jusqu"au dernier acte, nous demandant ~ussi à chaque instant si nous sornrrnes à notre rplace et . tout entIers au devoir. '

Si nous avons oublié d'inclure dans nos vœux cette pensée du devoir et de la soumission joyeuse à la volonté de :ç>ieu, il ne nous reste qu'à prier Ile Tout Puiss.aIit, d'accorder à ,ceux que nous aimons, cette insigne faveur. De cette façon, nous auro~s souhaité et demandé, pOUl' eux, non seulement un bon an, malS le meilleur an. X., inst,

Page 6: L'Ecole primaire, 15 janvier 1943

~~~~~~ i P ART][E PEDAGOG][QUE 1 ~, """ , .~~

Sur le chelnin de Damas ---._-~--

majorités anticipées Vingt ans sonnés! C'est la 111ajorité légale. Le Jeune homme

jouit de ses droits civils. IJ est jugé capa.ble du discernelnent né­cessaire à l'exercice du droit d'élire, de voter, de signer des con­hats d'achat, etc.

La coutume, les règlernents et des lois lui reconnaissent d'autres droits avant vingt ans révolus .

A partir de 16 ans, il peut aller librement au cinéma, à lnoins que la cormmission de censure n'interdise Inonlentanénlel1t tel ou tel filIn pour les jeunes gens en-dessous de 18 ans.

Pourquoi intel'dit jusqu'à 16 ou 18 ans l' C'est une lnesure pratique parce qu'on juge peut-être qu'il est difficiJe ,d'étendre iJ.a limite au delà. en réalité il existe des films audacieux qui nui­sent bien plus aux jeunes gens en pleine crise qu'à des gaa:çons de 12 ou d e 14 ans tout entiers au spectacle des choses extérieures et peu enclins à réfléchir aux dessous des choses. L'adolescent dont le sentiment s'éveille aux choses de l'amour et dont l'esprit pourchasse la solution de p roblèmes troublants, risque fort de subir un choc terrible en voyant des réalisations inférieures et inêlnes immorales de son rêve de bonheur.

Pie Xl, parlant dans sa ,leUre « Vig.ilanti cura» de l'aUrait particulier du cinéma sur les jelules, dit : « C'est justement à l'âge où le sens moral est en fOl'mation, où se développent les n otions et les sentiments de justice et de droiture, des devoirs et des obliga­tions de l'idéal de la vie, que le cinématographe prend, pal' sa pl'opagande directe, une position énergiquement prépondérante. 'Et Inalheureusern.ent, dans l'état actuel des choses, c'est presque 'toujours en mal. Aussi, IOl'squ'on pense à un tel Dlassacre d'âmes de jeunes gens et d'enfants, à tant d'innocences qui se perdent tians les salles de cinéma, la terrible condamnation de Notre­Seigneur contre les corrupteurs des petits vient à l'esprit. »

Nous pourrions aller pJus loin et ajouter ceci : Un film qui préconise des solutions de conflits domestiques opposées au bien de la famiJlle comme à la loi de Dieu fait du tort aux spectateurs plus âgés qui luttent contre des difficultés de ce genre, et l'expé­'rience montre que ces situations-là ne sont pas rares .

- 2{)1 -

M. Jean de la Cour G,randmaison dit: «Ayons donc, uile bonne fois, le mérite de la /l'anchise: « Interdit aux moins de 18 ans» sert beaucoup moins de sauvegarde que d'appât aux ins­tincts les plus troubles des habitués, jeunes et vieux, des salles obscures. Il leur fait espérer je ne sais quelle excitation malsaine, quelle pel'uprsité savante, qui fouettera leur attention blasée et leur sensibilité émoussée)}.

Il arrive même que le titre des affiches est plus provocant que le film annoncé.

Grâce ft une campagne virgow'euse entre.prise aux Etats-Unis 'Sous l'impulsion de s ca tholiques, on a constaté que l'on peut ga­gner de l'argent sans exploiter l 'ani'lnal qui somm eille dans cha­que homnle.

Nos jeunes connaissent une autre majorité anticipée. La loi valaisanne du 24 novembre 1916 dit :

. « La fréquentation des débits de boissons est interdite,' a) aux personnes qui n'ont pas atteint l'âge de 18 ans révo­

lus, à moins qu'elles ne soient accompagnées de leurs parents ,: b) cl. tous les élèves fréquentan t les Cours complémentaiJ'es

et les cours préparatoires au recrutement, pendant la dUl'ée d e ce cours. »

La loi ne veut nullem ent insinuer qu'à partir de l'âge in­diqu é, l'auberge ou tout autre ilieu analogue convien ne aux jeu­nes. Nous rappelons ici quelques paroles tirées d'un appel du Général Guisan à la jeunes·se du pays: « Une défense intégrale du pays cloit ITlettre la jeunesse en garde contre tout abus des bois­sons fortes. Un peuple qui se laisse gagner pal' la pratique de ['al­coolisme attaque sa propre substance et mine sa force vitale. )}

On frémit à la pensée de beaucoup de jeunes entre 15 et '20 ou 25 ans qui ont été ou sont encore l'objet de tant d'efforts édu­catifs et qui gaspillent leurs énergies dans des loisirs malsains physiquement et llloralement: cinéma, boissons, tabac, ,laisseT­nller sensuel. Que pro'mettent des adolescents qui, nantis de sa­laires convenables, dépensent leur argent au fur et à mesure? Qu els pères seront ces prodigues dans 20, 10 ou 5 ans, même plus tôt?

Des chefs d'action sociale et r eligieuse aussi bien que des au­t or ités ecclésiastiques, civiles et scolair es voient le ·danger; ils 'Constatent qu'i'l est très difficiJe de recruter une petite équipe de jeunes dévoués s.al1s réserve.

Il y a quatre ans, des Evêques d u Canada écr ivaient à leurs fidèles: « Avide d'indépendance et de plaisirs, la jeunesse de nos jours - sauf exception, va sans diI'e - supporte impatiemment toute contrainte. Elle exige et elle obtient une émancipation de plus en plus précoce, cinq ou six ans plus tôt que ses aînés. On ne

'J

Page 7: L'Ecole primaire, 15 janvier 1943

- 202-

' me~urera qu: .plus tar~ les 1?lI!el}-tables conséquences de ce fait socwl et famzlwl, dont li serazt ln]Uste, sans doute, de rendre res-pnnsables ceux-là seuls qui en sont les victimes. » .

C'est dans une lettre sur la tempérance que les évêques du Canada exprim.ent ces craintes; ils disent que, du côté féminin 'Conune du côté masculin, ce qui aggrave à l'heure présente cette a.l?oolisa~ion ins.idieuse et néfaste, c'est que, depuis un quart de slecle, SOIt depUIS la grande guerre pour être pr-écis, l'âge initial .>où l'on a toute licence de boire chez soi et hors de chez soi s'est rforteulent abaissé. -

Hs déplorent eu particulier ces clubs dit sociaux où les deux sexes se coudoient dans une p:romiscuité d'autant plus funeste ~t répréhensible que l''alcool, sous mille fonnes, y dispose .les éœurs à toutes les légèretés, et la chair aux plus inavouables con­voitises.

Dans ces voix du CanaeLa, nous reconnaissons le m ême a ocent q ue dans les a vertissell1.ents de ehefs de chez nous. C. G

De l'éducation des sens « Des recher1ches ont p rouvé que les cen tres sensoriels et les

per'Ceptions sensor ielles se développen t les prelniers, que la nlé­~10ire '~roît ~n qualité et en quantité avec ;leu r développem ent, p ar 1 exepClce, d autant plus qu e les sens sont iplus exercés. » (Des'c'œ u ­dres) .

Ces constatations sont banales, et expérimentées par la plu­part des :l1laîtres, lnais il est bon d'y revenir , car dans la p r a­ti9ue trop s'Ouvent on n'en tient pas assez compte, possédé par l'Idée d'un progralnme de connaissances à remplir en un telThpS três court, spécialelment 'dans nos classes de six mois. Le déve­loppement des sens est pourtant une étape très importante -de base - sur laquelle s'édifie toute finstruction ultérieure. Il ne faut pas hésiter à consacrer du tenlps à exercer tous les sens, et non pas seulelnent la vue et l'ouïe comlne on le croit géné­r,alement.

« Les sens sont des .portes ouvertes sur l'âIne » a dit un édu­cateur. Dans la mesure où i-ls seront déve-loppés, J'être sera sus­ceptible d'enrichissement. Toute acquisition nouvelle, tout rai­sonement se faisant par l'intermédiaire des sens, ceux-ci sont donc mis à contribution à chaque moment de lIa vie s·colaire. Ils sont donc un instrulnent à exercer et à affiner d'lille Inanière sys­tématique, graduée, suivie: il ne faut pas regretter de consacrer des leçons spéciales pour les exercices sensoriels dans les p etites classes, et de faire de n ombreux exercices occasioneis dans ,les classes lnoyennes et supér ieures.

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Le sens de la vue, lIIlis si souvent à 'Contribution, se . .dé-ve­lo.ppe de 'ce faH pres'que automatiquement. Mais ·cela ne suffit pas: il faut apprendre aux enfants, non seulem-ent à voir, mais ,surtout à regarder. Par exelnp1le un élève :qui examine, même très attentivement, une gravure commentée par le ,maître à 'la leçon de choses, ne fait Ipas le même exercice visuel que celui qui ob­serve la gravure ou l'objet de .la Ileçon, remarque de lui-même certaines particularités, avant les explkations du Imaître. Tous Jes enfants ont vu et revu le clo'cher du village, la maison d'école, etc. , :Inais combien palIDli eux pourraient les décrire ou les des­siner avec précision ?

Demander à l'enfant de regarder un objet déterm iné, pour en apporter l'image exacte, est un eX'ceHent exepcice qui n 'em­piète pas su r -l'horair e et n'el111Pêche nullement de remplir Je pro­grarmnle imposé. Voici à titre de sug·gestions, d 'au tres exercices qui peuvent se faire occasiônnellement: prof.i.ter d'une r écréa­tion où l'on ne p eut p as sortir ou d 'un imom-ent de flottement au cours de la journée pour faire les jeux de Kim (jeux bien con­nus des éclaireurs) qui consistent à disposer devant l es enfants UI}

certain nombre d'objets ,dispar ates - pendant quelques secon­des - d e les r ecouvrir en sui.te, et de d e\Il1an der aux enfants ce qu'ils ont obser vé . Ces jeux peuvent être variés et comp liqués à l'infini, selon la fantaisie du maître, - on peu t p ar 'exemple at­t irer l' atten tion soit sur la couleur, soit sur la fornle des ob jets eXlposés.

Ces mêmes jeux peuvent servir d'exerckes auditifs si l e nl aÎ-t re, se plaçant derrière les élèves, Iproduit des sons en frappant ou en lais'sant tomber à terre différents objets que ,les enfants doivent reconnaître. Autre exercice occasionnel: fixer une fois ou l'autre _comme rédaction un court sujet d'ob,servation en de­mandant de décrire «les bruits entendus au réveil - les bruits de la rue - les bruits perçus dans le si.lence de -la forêt, ~ dans la solitude dès montagnes», etc., etc. Que d'observations intéres­santes les enfants ' apporteront en s'habituant à «écouter», que de nuances ils percevront peu à 'peu dans les bruits entendus ! Avec les .plus grands, aux. leçons de solfège, reconnaître les sons musicaux en partant d'une note donnée.

Au 'cours d'une leçon de sciences, botanique par exemple, at­tirer f attention sur l' odeur du végétal étudié; reconnaître, les yeux fermés, au parfum, n on seulement ,les f leurs connues, mais d 'autres p lantes, cer tain es r acines, ,les feuilles froissées, les con­diments, etc. , faire r emarqu er certaines odeu rs dans la nature : après une !pluie, - au lIIloment d e la floraison de cert a ines espèces d'arbres, - à l'époque des ,foins.

On peut ·colIIlbiner quelques-uns de ces exercices avec des exercices gustatifs, pour arriver à 'ce que certains adjectifs, restés vagues pOUl' beaucoup de nos écoliers qui -les confondent, se rat-

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tach nt à une sensation précise. Nous pensons à certains adjec­tifs employés souvent sans dis'crimination parce que lna'l com­pris : âcre, acide, amer, aigre, etc.

Cette dernière r emarque s'applique égaleJ.nent ,au t oucher, les enfants usant sans distinction d'épithétes de sens différents : rugueux, l'èche, doux, lnoe.lleux , velouté, s oyeux, 'etc. Saisir cha­que oocasion 'pou r faire palper des ' ob jets; observer tactilement, les yeux fermés, tleu r forme, leur gain, leur poids, leur épaisseur , etc. '

L es sen s exercés occasionneHelnent dans ch aque leçon au d~gré. moyen et supérieur , doivent fair e l'objet d'exel~cices en soi, reguhers, au degré inférieur, Icar l'assi,milation d 'une donnée nou­velle sera d'autant plus complète et d u rable qu e le plus grand no~br~ de ,sens y ~uront participé. L 'enfant ainsi déve~oppé sera p repare de la manlere .la 'Pl~s heulieuse à répondre aux exigences des pr.ogralnmes scolaIres; Il sera plus éveiUé, plus observateur, p lus VIvant dans les leçons, et les notions acquises seront mieux fixées dans sa ll1émoire et mieux cOlThprises par son intelligence.

. Pilus tard, dans ,la vie, il aura la possibilité de percevoir plus rapIdement 1es choses, de les considérer dans leur ensemble il sera :mieux pTéparé pour n'importe quelle activité rProfessi~n­ne11e, ses sens aiguisés et affinés lui permettant de jouir mi.eux qu'un autre, des joies pures et 'gr'atuites offertes par la nature, Ja musique et l'art en général.

Service médico-pédagogique valaisan.

Valeur d'une bonne parole

« Nous ne valons que par la joie que nous savons dOlmen. Pen­sée que j'ai lue dans « Mon billet » article si judicieux de Vitae. Combien est grande et vraie cette parole. Quel est le ln oyen à notre portée le moins coûteux et le plus sûr pour répandre au­tour de nous le médicmnent nécessaire à bien de nos lnisères ? ;C'est sans contredit ce que La Fontaine appelle dans l'un de ses 'Contes: «La meilleure et la pire des choses.» N'eunployons cet organe que dans le premier cas où il soulage et 'réconfOlie, à si lpeu de frais , tant de pers Olmes qui en ont besoin. Les occasions 'de nous servir de ce baume ne nous qlanquent certes pas. 'On ne peut les énumérer toutes, elles sont en nombre incalculable.

Comment combattre le découragement, maladie si COlnmune, Tendue encore plus fréquente .par la tourmente qui souffle actuel­~ement sur le monde entier ? Par une bonne parole dHe avec 'tact et au nloment voulu. T out être humain éprouve cet abatte­'ment m oral d evant les difficultés de la vie, du plus jeune enf ant

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qui ne peut obtenir ce qu'il désire, au vieillard qui ne voit pas arriver sans appréhension l'heure du départ dans l'éternité.

Qui dans la vie peut dire qu'il n'a pas eu des ennuis atté­nués ,par une bonne parole?

L'enfant, par exemple, n 'est pas sans éproùver quantité de 'difficultés ,cach ées au r egard de celui qui n'est point observateur. 'S'il m anque de tendresse en famine, il s'attachera à celui qui sait par quelques bonnes p aroles lui donn er ce dont il a un besoin ~nlpépieux . E st-il mal vu ou mal jugé par ses sup érieurs et ses t am.arades : un encouragement jetterait un r ayon de lumièr e dans sa triste existence. Il est battu, puni, b afoué, lnaltraité: que de­vient-il si Ipersonne, par le bau me d'un bon m ot, n e vien t lui porter secours ! Vous trou vez 'ceci exagéré ? ce sont p ourtant des cas qui se présentent, heureusement fort rares .

Espérance brisée, espoir déçu: partage de la jeune fille ou du jeune hom'me qui deviendraient peut-être des désesp érés si Une âme charitable ne se trouve sur leur r oute p our ranimer par un bon conseil la flalume -de l'espéranc~ qui va s'éteindre.

L'homme vit autant d'espoir que de pain. Ceci est vrai pour tous les jeunes gens qui recherchent une vie toujours meilleure. (J'ai connu jadis un jeune homme qui avait une ex,istence bien lsoilItbre lnais qui croyait lnalgré tout en un avenir plus olément . Il n'osait lui faire face et conta ses déboires à quelque personne 'de confiance qui, par ses bonnes paroles, ses conseils et ses en­couragements le persuada que la vie n'était pas aussi triste qu'il le croyait. Petit à petit, eUe l'a nus sur ]e chemin de la réalité que son espérance toujours déçue Jui empêchait d'apercevoir.

'Le jeune homme, la jeune fille donc, plus que tout autre être hmnain, ont besoin du baulne consolateur de {a bonne pa­'l'ole. Apprenons à venir ains,i en aide à ceux qui ont, comme no,us ie voyons, un besoin si impérieux d'être soutenus . Apprenons­leur que lorsqu'on arrive au bas de la pente, on se Telève pour recommencer d'un autre côté sans jamais 'se décourager car Dieu est au bout.

Le ver rongeur qui tounnente tant d'âmes arrêtées ,devant les écueils de la vie ne peut être enlevé que par des paro.les en­touraO'eantes. Nous sommes tous des Inalades à ce point de vue. là. Ce~lx qui supportent plus facilement le mal doivent s'ingé-1l.ieur à découvrir et à ,panser ceux qui sont le plus atteints. Ils vaudront par la joie qu'ils auront su rendre à ceux qui l'avaient perdue depuis ,longtemps et qui n'auraient pu la retrouver par-eux-Inêmes. F. Vallanches.

Vins du Valais ORSAT dissipent la tristesse.

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Les distraits

. Retenir, ne serait-·ce que pendant une demi-heure, .complè­tement l'attention des jeunes enfants sur un sujet donné, .paraît être un vrai tour de force.

Il est vrai que certains cas de « distraits perpétuels » relèvent p:lutôt du Service médico-pédagogique, mais ce n'est pas la géné­'ralité. C'est ,donc du « commun des distraits », autant dire de presque tous Jes élèves de nos classes primaires, que nous vou­'lons nous occuper un instant, tâchant de dépister quelques cau­ses de distractions pour essayer d'y porter -remède.

Le plus souvent l'enfant est distrait parce que la chose qu'on veut lui fai:fe apprendre ou con"lprendre ne fait pas partie des préoccupations ordinaires de son âge. On lui impose une nou­veauté et si cette nouveauté n 'est p as présen tée sous un habit qui lui plaît, l'enfant la subit pJutôt qu'il ne s'y intéresse. Par contre, un fait p résenté d'une façon concrète, intuitive, vivante, n'a pas besoin de longs développements pour être gravé dan s le cœur et l'esprit d'élèves même très jeun es . Comparez par exempJe un récit d 'histoire fait de vive voix au même récit étudié dans un livre : Une seule audition du récit or al rendu bien vivant suffit tandis qu'il faudra lire et relire un gran d n on"lbre de fois le même fait dans le Evre d'histoire pour le retenir peut-être moins bien , parce que n 'ayant pas fr appé l'illnagination, ce fait a été noyé dans un brouillard d'idées ou de p réoccupations étrangères. Un ancien collègue nous avouait dernièrement qu'étant jeune écolier, iJ avait dû écr ire mille fois le Inot « caoutchouc» mail orthogra­ph ié dans une dictée, après quoi il se trompait encore! L'art de fixer et de maintenir son attention sur un sujet unique ne s'ac­quief1t donc pas par un effort constant fait pour discitp.liner 113. pensée, piquer la curiosité, tenir l'esprit en éveil Iloin des rêveries stériles.

Il faut aussi se rappeler que le cerveau de l'enfant lI.1'est Ipas capable d'un long effort. Comn"le ses n"luscles, il a besoin souvent de repos et de détente; voilà pourquoi on a eu la slage idée de fractionner les heures de classe, d'y inter,caller le quart d'heure de récréation, ce qui n'elnpêchera pas .le maître de « couper » en­core une leçon par une « variante» lorsque l'attention fléchit.

E t, pour finir, rappelons-nous notre propre fonnation, en ce qui concerne l"art de n 'aborder qu'un sujet à -la fois. Si nous y avons réussi, f.aisons passer nos élèves par le même chemin, sinon continuons à chercher ca r (vérité de La Palice) on ne peut donner que ce que l'on a.

S'il ne nous arrive pas, comme au grand physicien André-Marie Ampère d'essuyer le tableau noir avec notre ,mouchoir et d'en­fouir le torchon d'ans notre 'Poche, soyons du moins assez ab­sOl'bés par notre leçon lpour que nos élèves y trouvent J'exeIIllple qui est ,toujours contagieux. N., inst.

--1 207 -!.'j

Eléments de notre grandeur Notre pays ne cesse de nous parler de grandeur. Notre his­

toire est faite de cela. Certes, comme tous les peuples, le nôtre a connu les heures où tout chancelle en soi et autour de soi. L'hom­me tourné vers la terre, pour ne Ipoint l'avouer, ne ,connaît pas moins les heures de découragement. Une leçon de persévérance dans l'effort quotidien se dégage ,cependant de notre histoire.

Persévérance, le mot est bien vieux. D'autres, aux sonorités rp'lus neuves, pourraient le renl.iplacer. Mais est-il bes'Oin de mots, après tout? N'est-ce pas pour suppléer à notre sécheresse inté­rieure que nous feuilletons le dictionnaire à ,la recherche de sons traduisant notre pensée? Que peuvent-ils pour traduire une per­manence? P ersévérance, le mot est un peu délnodé, j'en con­-viens. NIais ,comment ne serait-il pas aussi vieux que notre pays, 'puisque c'est lui qui a guidé les pas paysans depuis toujours? G'est lui - non p as le niot, mais ce qu'il p orte de valeur acti­ve ~ qui a fO r.l11é les générations au cours des ,siècles, Persévé­i·ance, que n e con tiennent point ces quelques syl!labes? Queltles images n'éveillent-elles point? L'homme p ersévérant · n'est pas fOI'cément celui qui serre les dents, Icrispe 1es Inusc1es : Ce sont les signes de colère, et la colère n'a jamais r ien construit de so­lide. L 'homme persévérant est en revanche celui qui p eut et sait réfléchir, qui porte en lui une puissance de foi, une vo~onté dure et in telligente. Il est quelqu'un -de semblable à tout Je m'Onde exté­r ieurement, mais, intérieurement, il n e resselnble qu'à lui seul. C'est celui qui s'est d'abord donné une ilnission, ou 'qui l'accepte en héritage avec la vie, et qui jamais ne connaîtra de trève avant qu'elle soit relnpHe, Peut.:.êtr,e que cette mission, trop gr ande, n e s'achève jan"lais. Alors, Je den'lier devoir pour cet h Offilne est d e mourir sans défaiLlance pour que l'exelnple qu'il transmet à ceux qui viennent après lui soit pur.

Car, de quoi vivons-nous ,sinon d'exemple? Où puisons-nous notre force et notre valeur à 'Part dans les gestes de ceux qui fu­Tent avant nous. Et notre pays, intérieuren"lent, est tellement toujours si selnblable à ilui-lnême, son essence a telle,ment peu chancré, que l'exelnple donné, lui aussi, est delueUTé toujours le mêm~. L'exelnple est devenu, avec la succession des âges, .J'expé­rience coUective où nous allons puiser nos valeurs particUlières. Chaque peuple qui a sa raison d'être possède son expérience col­tective qui forme son patrimoine spir1tueJ - indépendant des productions de l'esprit. Notre patrimoine spirituel - dans le sens -que j'accorde à ce mot - c'est la. force q~i e~t en. chacun de n ?u,s, unie à la puissance de tous et qUI nous aIde a SUIvre une destInee 'Comln une. Destinée ·com·m une, c'est-à-dire affirn"lation ou néga-

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1ion de la v,alleur d'un peuple, c'est-à-dire nécessité ou non-néces­sité d'être. Destinée commune, c'e.st la chaîne qui nous unit aux générations passées, qui nous unira à celles en devenir. C'est la permanence de nous-mêmes, -par-delà la mort, malgré la ilnort. C'est l'éternité qui est en chacun, la force de création et de 'con­tinuation. C'est ce que, tout en faisant strictelnent notre devoiT particul~er, nous mettons dans la part de tous, du présent et de l'avenir, comme nous prenons des forces à l'essence des morts: Il reste toujours d'un homme par-dessus la terre qui le recouvre au cimetière, un ref,let de ses valeurs. A cause de cela, nous plon-

. geons nos racines très loin dans les âges passés .

La persévérance est donc la force dont nous vivons encü\re. Elle est la garantie de notre -durée. Persévérance ajoutée cha­que jour à la destinée commune. Et toutes ces particules ont for­mé ce que nous appelons la race.

La race, est-ce à dire uniquement nos particularités d'ordre anatomique ou physiologique qui nous ,différencient des autres ? (Je ne le crois pas. La race trouve sa pleine affirmation dans les qualités de continuation d'un peuple. Il n'y aurait 'pas de Valai­'sans sans cette qualité maîtresse de persévérance, sans cette obstination réfléchie parfois même violente, de l'homme contre la terre et ses éléments hostiles. I.l n'y aurait qu'une population disparate, sans liens 'communs. Il y aurait des hom'l11.e éloignés les uns des autres par les conditions topographiques, ,remplissant leur devoir avec une indépendance sauvage. Indépendants, nous 1e sommes, certes. ComInent en serait-il autrement? Mais par­dessus cette apparence d'autonom.ie et les particularités de vie qui en découlent, persiste ~a chaîne qui unit l'homme au vnlage, le village à la vallée et toutes les vallées à lIa Vallée, ~e Valais Là est la grande gaTantie de notre cohérence et de notre unité.

A étudier chaque vallée indépendamment de sa voisine, cette idée s'avérerait conlplètement fausse. Ce serait recueillir ~a meil­leure preuve de notre déséquilibre. Certes, il serait osé d'affirmer qu'il n'y a point de fêlure par endroit. Parce que la vie réserve pour chacun sa part d'âpreté et de violence nous somInes tentés d'oublier la collectivité.

Ainsi considéré, ,le Valais ne donne pas ~a véritable ÏJnage de lui-mêlne. Il apparaît comme un ensemble de peuplades, dé­nlunies de liens communs, alors que Inalgré les différences eth­nographiques et linguistiques, il n'y a qu'une âme, qui forme un peuple : Toutes les vallées joignent ~eur opulence ou Jeur pauvre­té à Ja Vallée, la montagne donne la main à la plaine; les gestes accomplis par les pays~ns, fussent-i,ls à l'extrême limite de la -côte ou dans les vergers aux bords du Rhône, parlent un langage unique. Il n'y a que deux Valais, celui de la ,montagne . et celui

1 ~ (

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de lia plaine. Que resterait-iJ alo,rs de notre raison d'être? Mais iŒ y a la cohésion des efforts de tous, Ja montagne, le coteau, la plaine qui se mélangent et donnent au pays sa forme, son unité, sa permanence.

C'est là qu'il faut pénétrer le Valais. Passée Ira porte de St­Maudce, Je Valais vient à soi dans sa diveflsité, sa grandeur chao­tique, sa disproportion. Et Je yoyageur s'imagine être entré dans une partie de la terre demeurée à l'ère primaire. Peu se'n faut que éette impression soit la seule durable dans son esprit. Analyse su­perficielle et qui, précisément, déforme le pays. Que chaque val­lée soit autonome pour son langage, ses traditions, ses coutumes, nul ne le conteste. Mais eIL1es ne demeurent pas moins unies par le même sentÎlnent de confiance. Ma:lgré son étonnante diversité, le peuple vit du même exemple des ancêtres. Et cet exemple, de quelque vallée qu'il vienne, est également persuasif. Il suffit de parcourir 'les coteaux, d'ouvrir les yeux et de regarder. Et surtout de voulolÎr comprendre. La ,leçon, partout, est nette, claire, victo­rieuse du temps. Le labeur a laissé partout son empreinte s,acrée. L'empreinte est vieiLle comme la terre. J'imagine les prenlÎers habitants du Valais, avec quelle ténacité ils durent continuer, sans ia moindre trève, sans la moind,r e velléité de défaillance qui eût été fatale. Jamais le découragenlent ne put entrer dans les cœurs. Le désert fût monté de Ja terre, alors; les gestes si longtelnps persévérés eussent été vains; tous ces efforts n'auraient récolté qu'tille désespérante sécheresse. En serait-il autrement, aujourd' hui, des siècles plus tard ? Que resterait-il de tout cela, si l'outil tombait des n1.ains paysannes? A quoi se résumerait, d'un jour à l'autre, le travail des morts?

Persévérance dès le début, tous lès jours, dan toutes les v.::tll­lées, voilà l'élément essentiel qui cOimpose la grandeur de ce .peu­pIe. Dans ce pays où découraaement est synonyme de défaite, les muscles s'usent sans relâche. Les muscles seu,ls? Non . Eux ne font qu'obéir à cette volonté silencieuse et tenace qui les aninle depuis toujours.

Notre patrinloine commun ne sera jamais autre chose que cela . Les autres richesses découlent de cêlIe-là, ne sont que les Succédanées de cette foi dure conlille la pierre. Et c'est à ce trés~r qu'il faut ajouter sa part de va.Ieur, de confiance.

La persévérance a été la force créatrice du Valais, sans lla ­quelle nous n'aurions qu'une faible raison d'être, ou peut-être au­'cune raison d'être. Un peuple peut revendiquer son droit à l'exis­tence quand il ne cesse de s'affirmer. Cesser de nous affirmer, c'est laisser s'introduire dans le corps de cet édifice le virus de la pourriture, de 'la désagrégation, de lia honte. Cesser de nous af­firmer' c'est rompre avec notre passé, changer de route. C'est ab­'diquer, trahir.

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Je ne crois pas que ,le Valais ait jamais eu pareille nécessité de vouloir continuer. I.l vM une heure importante pour son his­toire future. Peut-être, à cause de certains aspects de la vie, de certaines facilités de gains offertes par les circonstances, est-il précisément en train de perdre son unité. La chaîne cOllnporte des fêlures qui peuvent avoir des conséquences graves. La face du pays change, on doit se l'avouer. Bientôt, son avenir tracera sa voie dans les boyaux souterrains des m-Ïnes, où des êtres nés dans la lUlnière-; pour la lumière, se forgent un idéal. On ne peut pas 'lutter - ce serait d'ailleurs manquer à un devoir patriotique -contre ces nécessités. Peut-être trouverons-nous, là aussi, un mo­tif de nous affinner. Pourvu qu'à cause de cet état de choses ne se creuse point de fossé entre l'a pa.ssé et sa substance sacrée et l' avenir et ses mirages.

Car le Valais doit garder ce qui fait sa grandeur pour conti­nuer d'être. Et ce qui constitue sa véritab1e grandeur ne sera ja­mais que l'application intelligente, adaptée à l'heure présente, de la grande leçon de persévérance créatrice que lui donne son passé.

Jean Follonier.

Réllexions sur le silence Chaque fois qu'on parle du silence à l'écolte, je revois une

classe disparue avec la rustique maison qui l'abritait. Le siience y était sacré, Icoupé par les voix alternées des enfants et celle plus grave de la maîtresse parfois aussi !par un éclat insolite du gros « bagnard» qui nous chauffait.

Chacun de nos mouvem.ents était ouaté pour ne troubler en rien l'aJnbiance silencieuse dans laquelle nous passions toutes nos heures de cilasse. Après des années, je retrouve notre an­goisse d'une maladresse bruy.ante et un petit sahot tout neuf pour­rait raconter CO'lTIllllent il fut fendu tant sa propriétaire lnit d'ar­

',deur à ,le débarrasser de la haute et dure semelle qui s'était fixée à la sienne ... selnelle qui aurait valu une retenue à sa proprié­taire si eUe avait troublé la tranquülité de la dlasse par une chute intempestive ,et bruyante.

Certes, comlne le dit un texte ,que nos 'petits élèves trou ­vent dans leur livre de lecture « Il faut du silence pour étudier». Il Y a des mOll1.ents où celui-ci doit être ,complet, 'mais j'en con­nais aussi où maîtres et é1èves ont un ,réel plaisir né de l'en­train et de ,l'enthousiaslne, je crois que ,ce sont les meilleurs. On n'entend pas v01er une mouche, mais c'est toute une hrave équipe qui vit avec nos héros et nos patriotes, qui voyage dans notre magnifique pays, qui s'assbnile une règŒe de grammaire, des Inots nouveaux, qui s'exprhne librement ou qui est .fière d 'avoir sur-

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mont~ une, difficulté ?'arithmétique. Quelle meilleure récom'pen .. ,se ,q~~ d~ s ~ntendTe dIre avec enthousiasme: Ah ! Monsieur, .com­me c etaIt SImple, comme ,c'est facile!

, Je veux croire que la, ~i~c~pline du silence assouplie adap­tee ~u genre de classe a de!lnlh."ement rempl~.cé ,celle que j'évo­qual:s en COnllIllençant et qUI avaIt nOlUS réels: contrainte et iner­tie.

, La professio~ marq~e son homIne et 'l'ares sont ceux qui echappent aux ,defonnatlOns professionnet1es. Le siilence ,m'en suggère de~x qu'on nO~ls impute à tort ou à raison: « 'parler trop haut ), l1leilleure manIère de n'être 'pas écouté, « parler trop long,temps» et «rabâcher» façons infaillibles de décroûter son j~une auditoire. Savoir garder le srIence ! quelle force

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en éduca­han: un regard, un coup d'œil attristé suivis ·du silence ou une très brève rel1lal'que d'un ton ca1lme font plus impression sur un déli~quant qu'U? long sermon; un geste de compréhension, un SOUTIre de bonte gagnent plus sûrelnent un ,cœur qu'un flot de paroles.

Le silence indique une maîtrise de soi à laquelle -l'enfant es·t infiniment sensible. Il favorise un enrichisselnent intérieur, lUl approfondissement de nos Iconnaissances : ,pour TIl0ins par­ler en classe, nous devrons aller à l'essentiel, nous résumer et faire nôtre, simplicité et darté.

« Parler moins haut», « Parler moins longuement» et taire pW'ler nles élèves, vous avouerai-je qu'au début de cette nouvelle année, c'est .le 'petit mot d'ordre que j'ai ·inscrit sur Inon journal de classe. Y. G.

mot de la fin

Distraction

Saint François de Sales avait défié un pieux diocésain de réciter un Pter sans distraction, lui pro'mettant son propre che­vaJ s'il réussissait.

L'homnle comn1ença: Notre Père qui êtes aux cieux, que votre nom soit sanctifié, que -votre règne arrive, que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donnez-nous aujhourd'hui notre ,pain quotidien ... avec la selle, Monseigneur?

- Oui, tout, tout, sourit le prélat, tandis que le brave hom­me confus, se retirait sans essayer de tenter une Slecol1de fois !l'épreuve.

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~][E PRATJ[QUE l LANGUE f ANÇA SE

Première semaine

Centre d'intérêt: LES ASTRES, LA NUIT

1. RECl A.TION

La lune blanche

La lune blanche Luit dans les bois; De cha.que branche Part une, voix, S ous la ramée ...

Etoiles filantes

Il ipl eut, i.l peut, b ergère, Tout là -h aut, tout 1à -lbas. La pluie est s i légère Qu e 1'011 n e l'entend ,pas.

Il p leut: cela traverse Tout ' le .ciel et ,s'enfuit. Il p leut : c'e,st une averse D'étoiles dans la n uit.

~

L'étang refl ète, Profond m iroir, La ~ülhouette

Du saule n oir Où le vent p'leurs ...

Il p leut! il pleut! Peut-être Au firmamen t qu i dor t

Un v aste et tendr e Apaisement

Un ciel vÎE1nt de naître Comme un papillon d'or.

Semible descendre Il p.leut! les étincelles Du lfirmament Que l'astre irise ... f::'E'81t ,l 'heure exquise

POUl' n ous -fon t flamb oyer La poudre de ses ai1es Qu'il vient de dé,p loyer.

P. Verlaine.

Le grand Lustukru

Entendez-vous dans la plaine Le bruit venant jusqu'à nous? On dirait un bruit de chaîne Se traînant sur les cailloux. C'est le grand Lustukru qui passe, Qui repasse et s'en ira. Emportant dans sa besace

Tous les petits gas Qui ne dorment . pas.

Jean Rïchepin.

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Quelle est cette voix démente Qui traverse nos volets ? Non, ce n'est pas la tourmente Qui joue avec les 'galets. C'est le grand Lustukru qui gronde, Qui gronde... et bientôt rira En r amassant ,à la ronde

Tous les petits gas Qui ne dorment pas.

Qui voulez-vous que je m ette Dans le sac au vilain vieux ? Mon Doric et ma, Jeannette Viehnent de fermer les yeux; Allez-vous-en, le méchant homme, Quérir ailleurs vos repas 1 Puisqu'ils font leur petit somnle,

Non, vous n'aurez pas Mes deux petits gas.

n. VOCABULAIRE

Botrel.

NOMS. - Les astres, le scintillelnent, le fourmillement; une planète, un satelHte, une comète, un aérolithe, un météore, une nébuleuse, un halo, .le firmament, les nues, la voie lactée; l'im­mensité, l'infini, une phase, une éclipse, l'équinoxe, le solstice; la sérénité, la limpidité; un astr0l1onle, un astrologue, un télescope, la cosmographie; le ciel, les étoiles; une constellation, la Grande Ourse, Vénus ou l'étoile du berger.

ADJECTIFS. - Une nuit obscure, sereine, limpide, lumineu­se, resplendissante; la voûte céleste, constellée, ténébreuse, azu­rée; une clarté diaphane, transparente, blafarde, blanchâtre, lai­teuse, diffuse; une lueur scintillante, tremblante; un espace in­fini, illimité; une éclipse totale, partielle; l'étoile polaire, les étoiles filantes; le. ciel criblé d'étoiles, semé d'étoiles, constellé d'étoiles; 1 a clarté laitell se des étoiles; la voie lactée.

VERBES. - Le soleil décline; l'horizon s'empourpre, s'em­brase, rougeoie: la lumière s'estompe, s'évanouit; l'ombre s'étend, enveloppe; la lune élnerge, surgit; les étoiles étincellent, resplen­dissent; les astres constellent, parsèment; les phases lunaires se suivent, se succèdent. les étoiles apparaissent, brillent, scintillent; leur lueur s'allume au ciel, tremble, danse, vacille, puis pâlit et s'efface.

Exercices. - La racine télé: au loin. Expliquer, en les dé­'composant, les mots télescope, télévision, télémètre, télégraphe, téléphone.

Donner dix mots de la falnille de luire.

Page 13: L'Ecole primaire, 15 janvier 1943

Sens des expressions: demander la lune ; il f ait nuit noi r e ; être dans la lune.

Exp.loyez dans une phr ase l es mots suivants relatifs au so­Ileil et aux astr es : soleil, en soleillé; lune, luna ir e ' étoile étoilé; 'aube, aubépine. ' ,

1 HI. ORTHOGRAPHE

Préparation : S'en référer au numoré 1.

L'étoile du berger

Voyez la plus belle étoile du ciel. Sa flamme ne trenililote pas 'comme celle des autres . C'est l'étoile du berger, c'est' sa 'com­pagne du matin et du soir. Elle l'éclaire avant le jour, quand il part avec son troupeau dans la rosée, et aussi, la nuit venue, quand il rentre ses bêtes en traînant ses pieds las . K. Seguin.

La lune

Mon oncle pl'étend qu'elle rit . Moi, quand je regarde sa cor­ne pointue, je dis : « Il pleuvra demain}) . Lorsqu'elle se lève rou­'ge et fumeuse et pareille à un lointain incendie, c'est du vent et de l'orage. Si elle flotte, claire comme un plat d'argent, sur un ciel bien net et que la forêt donne, calme, dans une Icendre bleue je peux compter sur un beau jour de travail. Elle éloigne les dan~ gers de la nuit, les voleurs et les bêtes de proie, les petits lapins font des rondes sous ses regards . Elle règne sur notre sonlmeil et sur les bâtiments de la ferme accroupis comme d"énormes bê­tes arrêtées dans la plaine. Gabriel lVlaurière.

Une nuit orageuse

Une nuit de plonlb, tluorne et lugubre, pesa sur la canlpagne plutôt luorte qu'endormie. Pas le Inoindre bruit; rien qu'un si­lence formidable, interrompu de temps à autre par des gémisse­ments sourds dans les nuées. On ne saurait se faire une idée du complet anéantisseluent des choses sous cette atmosphère écra­sante. Les arbres, dont le feuillage s'émeut al1 plus léger souffle, apparaissaient, dans la lueur bleuâtre des éclairs, immobiles com­me d'immenses pieux fichés en terre. On n'entendait pas luêlne le bruissement si -doux de.s saules de Pierre-Brune, où ne chan­taient plus les rossignols. Comme un houline paralysé par la :peur, la nature épouv,antée se taisait, dans l'attente de quelque effroya­ble cataclysme.

Le .ciel était d'un gris sOlnbre, parsenlé çà et là de larges raies r ouges ou violacées. Le t onn erre grondait toujours par in­t ervalles, et ses éclats, sans avoir acquis la sonor ité bruyante qui annonce l'orage près de crever , devenaient de plus en plus dis­tincts, accentués, retentissants. Evidemment, la ten1.p ête appro-chait. Ferdinand Fabre.

-:;- :215-

Bruits du soir

L.a lune s'était levée, ronde et brillante, derrière les champs. ILes grenouillés causaient, et l'on entendait dans les prés'la flûte mélodieuse des crapauds. Le trémolo ailgu des grillons semblait répondre au trembleJ.nent des étoiles. Le vent frois sait douce­ment les branches des aulnes. Des collines au-dessus du fleuve descendait le chant fragile d'un r ossignol. Romain Rolland.

Les étoiles

Dieu a com-lnandé aux é toiles de paraître et elles ont ré­p ondu: Nous voilà. Elles sont la p arure du deI. Elles projettent sur nous ,leur -lu mière. Ce sont elles qui nous dirigent dan s les -océans lointains jusqu'aux Qin1.ites du ,monde.

Mgr de la Bouillu ie.

A la belle étoile

Cependant la n uit était venue tout à fait. Il ne restait plus sur la crête des m ontagn es qu'une poussière de soleil, une vapeur de lumière du côté du couchant.

Si vous avez jalnais p assé -la nuit à la belle étoile, vous sa­vez qu'à l'heure où nous donnons, un Inonde lnystérieux s'é­veille dans la solitude et le silence. Alors les sources 'chantent b ien plus clair, les étangs allument de petites f lammes. Tous les es­prits de la montagne vont et viennent librement; et il y a dans l'air des frôlements, des bruits imperceptibles, corn·me si l'on entendait les branches grandir, l'herbe pousser. Le jour, c'est la 'vie des êtres; mais la nuit, c'est la vie des choses ... Une fois, un cri long, n1.élancolique, parti de l'étang qui luisait plus bas, mon­ta vers nous en ondulant. Au même instant une belle étoile fi­lante glissa par-dessus nos têtes dans la même direction, comme si cette plainte que nous venions d'entendre portait une lumière avec elle. Alphonse Daudet.

Un clair de lune

Une heure après le coucher du soleil, la lune se montra au­dessus des arbres. Une brise embaumée seilnblait la précéder tom·me sa fraîche haleine. La reine des nuits monta peu à peu dans le ciel : tantôt elle suivait paisiblement sa course azurée, tantôt elle reposait sur des groupes de nuages qui ressemblaient à la cime des hautes montagnes couronnées de neige.

La scène sur la terre n'était pas moins ravissante; le jour bleuâtre et velouté de la lune descendait dans les intervalles des arbres et poussait des gerbes de lumière jusque dans l'épais­seur des plus profondes ténèbres. Là r ivière qui coulait à Ines

Page 14: L'Ecole primaire, 15 janvier 1943

'pieds, tour à tour se perdait dans les bois, tour à tour reparais­sait toute brillante des constellations de la nuit qu'elle l'eflétait dans son s'ein.

Dans une vaste prairie, de raut re côté de la rivièr e, la clarté de la lune dormait sans m ouvement sur les gazons. Des bouleaux agités par les brises formaient des îles d'om bres flottantes sur lille m er immobile. de lumièr e. Châteaubriand.

Exercices d'applica.tion

S'en référer au numéro 1. .

IV. COMPOSITION FRANCAISE

La phrase - Le paragraphe - La rédaction

Faire des phrases avec les mots du vocabu1aire. Faire con juguer les verbes du vocabulaire. Votre village en h iver à 9 heures du soir. Il fait nuit noire; vous allez faire nne cOlnmission chez un

'voisin; observations, im.pression.

Le leva de lune. - 1. A quel endroit du ciel et à quel mo­ment vous est-elle apparue? - 2. Quelle était sa forme, sa cou­leur et à quoi ressemblait-elle? - 3. Comment étai,t sa lumière et les ombres qu'elle form,ait ? - 4. La lune se déplaçait-elle? dans quelle diTection? - 5. Par quoi était-elle cachée parfois et quels changenlents avez-vous remarqué autour de vous?

Une promenr,de par une nuit claire - 1. La pro.menade : avec qui? où ? - 2. Le deI, la lune, les étoiles, les nuages. - 3. ILa température. - 4. La route ou la rue: lUll1ière, bruits. - 5. impressions ressenties: fraîcheur. calme, silence.

La nuit au village (ou à la ville). - Voici la nuit; dans votre village ou votre vine, tout ,change d'aspect. Les travailleurs ren­trent, les portes se fernlent, les 111111ières s'alluluent; peu à peu les bruits s'éteig lent. Décrivez cette fin de journée, vue du de­hors.

Devoir de l'élève. - Nous étions allés, nles parents et moi, passer la soirée chez des mnis. Le tenlps avait bien vite passé, car ma mère, regardant l'horloge de la cheminée, s'écria: «Mais Voici onze heures! » Cela nous fit tous lever, nous quittâmes nos b ons amis et nous voici dans la rue.

J'eus un InOllVement de surprise: camill e la rue était calme, toute la ville dormait ! Il n 'y av.ait d'éveillés que les becs de gaz et deux chats qui se promenaient le long des m urs . J'avais envie de courir de gauche à droite, comnle si j 'étais devenu le proprié­taire de la rue. .

- 217 -

COlnm.e la ville était silencieuse! Nous entendions le bruit de nos c~aus~~r~s su.r l,e sol; m?n père ~e fit même parler plus bas, car Je [fi etaiS mIS a parler a mon aIse. Toutes les persiennes !étaient fermées , les portes bien closes; de tem.ps en temps une 'h~mière b~illait à .mes fenêtres: je me demandais qui pduvait bIen dorllllr a vec une lampe allumée? Une 'personne malade ou bien un petit enfant ou quelqu'un .qui venait aussi d e se coucher 'tard?

Le ciel était magnifique rempli d'étoiles; je retrouvais la Grande Ourse; la lune devait se cacher derrière un grand toi,t, car je la devinai sans la voir.

Je n 'avais plus envie de m e coucher; l'air doux et frais m'a­'vait réveillé. Mais nou s arrivions à la lnaison. Mon père enfonça 'la clef dans la surr ure. Nous étions chez nous .

Le lendeinain Inatin, en retrouvant la ville b ruyante, animée, je ne savais plus si je la préférais ainsi ou telle que je l'avais vue la nuit. Et je m e disais que, san s doute, elle est a ussi agréable quand elle dor t que lorsqu'elle t ravaille.

Deu xième s.emame

Centre d'intérêt ~ LE SOIR

l. RECITATION

So.leil couchant

Les ajoI}cs éclatants, parure du granit, Dorent l' âpre sommet que le couchant a llume; Au loin, brillante encore p ar sa barre d 'écunle, La nler sans fin · com mence où la terre finit.

A mes pieds, c 'est la n uit, le silence. Le nid Se tait, l'ho:rnme est rentré sous le chaume qui fUlne; Seul, l'Angél.us du soir, ébranlé dans la brUIne, A la vaste rumeur de l'Océan s'unit.

Alors, comm e du fond d'un abîme, des traînes, Des landes, des ravins, montent des voix lointaines De pâtres attardés ramenant le bétail.

L'horizon tout entier s'enveloppe , dans l'ombre, Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre Ferme les branches d'or de son sang rouge éventail.

J.-M. de Hérédia.

Page 15: L'Ecole primaire, 15 janvier 1943

Soir

La lune est rouge au brumeux horizon. D~ns un brouillard qui danse, la prairie S'endort fumeuse et la grenouille crie Par les joncs verts où circule un frisson.

Les fleurs des eaux refer.ment leurs corolles. Des peupliers profilent, aux lointains, Droits et serrés, leurs spectres incertains; Vers les buissons errent les lucioles;

Les chats-huants s'éveillent et sans bruit Rament l'air noir avec leurs ailes 10uTdes, Et le zénith s'elnplit de lueurs sourdes. Blanche Vénus émerge et c'est la nuit. Verlaine.

fi. VOCABULAIRE

NOMS. - Le soir, le crépuscule, la pénombre, le couchant, ,les rayons obliques du soleil.

ADJECTIFS. - Une lueur crépusculaire, une sérénade; les montagIies sont empour.prées, puis elles deviennent violettes; le soleil se couche; une brise fraîche descend de la montagne. On rva se coucher.

VERBES. - Les om,bres s 'aHongent, l'étoile du berger 'pa­raît; les laboureurs reviennent du travail, les troupeaux rentrent; les villageois devisent assis sur le pas des portes.

m. ORTHOGRAPHE

Prépar,ation : S'en référer au numéro 1.

Le soir au champ

Il était , à peu près cinq heures; le ciel pâlissait et des étour­neaux volaient au ras des haies vives, frôlant les fleurs de su­reau avec un bruit étouffé. Le vent, qui portait des odeurs de fumée et de marécages, siffait doucement. Toute la plaine, jus­'qu'au pied des terres froides, n'était qu'un seul labour d'un brun 'gras. Un beau soir de l'arrière-saison engourdiss.ait.la campagne.

H. Béraud.

Le soir tombait

Aucun souffle d'air ne remuait les 'branches, aucun frisson de vent ne passait sur la surface unie et claire de la Seine. Il fai­sait tiède, il faisait bon vivre. La fraîcheur bienfaisante de la 'Seine montait vers le ciel serein.

-,21~,: '7

Le 'soleil s'en allait derrière·, les arbres ... et le ciel devint flamboyant comme un brasier, i,'eau calme du fleuve semblait changée en sang. Les : reflets 'dè l'horizoil ' rendaient :rouges les maisons, les objets, 'les gens, 'G. 'de ,Maupassant.

l " Le soir sur la mer

Cependant ' ie jour t~rn.bait. Le cie~ s'était couvert ' d~ nuages et leurs ombres s'amoncelaient 'sur la lande qui s'a~longeait dé­mesurément. Le soleil descendait à l'horizon; ses derniers rayons, perçant l'opaque rideau 'des nuées, s'abattaient en nappe de feu et traçaient sur la mer obscurde de longs sillons de lumière, Il se fit un silence profond; puis une rafal'e nlus froide rasa la lan­lie en sifflant; un voile sombre sembla s'étendre sur les choses, il y eut dans la nature comme un frisson de deuil: le soleil dis-parut. A. Sorel.

Au coucher du soleil

Les prés, que l'on va faucher, s'étalent sous les soleils cou­chants comme une mer blonde. Les 'Ombres des grands peupliers s'y allongent avec le soir et tournent lentem-ent, à n1.esure qu~ passent les heures.

Puis ce sont des crépuscules aux clartés interminables. Le soleil est couché depuis longtemps qu'une lumièr,e transparente et bien bleue baigne encore les choses, qui ont l'air de s'enve­lopper. avant le sommeil, de repos -et de silences. Et les nui~s 'viennent, olaires comme des jours.

Quelques bruits montent encore : une gaffe to.mbant au fond d'un bateau, une pierre à aiguiser passant sur l'acier d'une faux, le chant d'une caille appelant sa couvée au creux d'un sillon ..

Moselly.

Soir d'été

Le soleil descendait lentement à J'horizon rougi. Les hiron­delles, dans leur VOtl, effleuraient les enfants de leurs ailes im­mobiles. Le soir était venu. Catherine et Jean se :pressèrent l'un contre l'autre.

Catherine laissait toi11ber une à une ,ses fleurs sur la route. Ils entendaient, dans le grand silence, lIa crécelle infatigable du grillon. Ils avaient peur tous deux et ils étaient tristes, parce que la tristesse du soir pénétrait leurs petites âmes. Ce qui les entou­rait leur était · familier, tnais ils ne reconnaissaient plus ce qu'ils connaiss'aient le ' lnieux. Anatole France'. .

Page 16: L'Ecole primaire, 15 janvier 1943

- 220-

Le soir, au bord de l'eau

Lorsque le soleil comlnençait à baisser, ,c'était le chœur des rainettes. L'une commençait à créceler, une autre suivait, toutes s'y mettaient, et c'était un coassemen~ vibrant, grinçant, têtu, qui soudain cessait à quelque mystérieux signal. .

C'était l'heure où 1e,s bour.dons reCOn1Jnlencent à rôder, où passent dans l'air rafraîchi die petites libellules verte~, de longs moustiques finement gréés, des éphémères soyeuses Iportant leur triple aigrette avec solennité, où parfois sur l'eau moirée se Ipique l'éclair bleu d'un martin-pêcheu r. Dans les buissons et les ro­seaux, les fauvettes des lnarais s'affairaient joyeusement, s'ag­grippaient à quelque jonc flexible qui les balançait, pll!Ïs vole­taient au-dessus de leurs nids avec un battement rapide de leurs ailes qui se doraient dans un rai de lun1Ïère r,asante. Jules Leroux.

Le soir qui tombe

Le bleu du ciel était devenu tout pâle, presque incolore, avec un peu de jaune à l'ouest, un peu de rouge à l 'est, et quelques nuages allongés d'un brun foncé zébraient le zénith comme des lames de bronze. De ce ciel défaillant tombait, ünperceptiblement, ce voile grisâtre qui, dans le jour encore, apporte l'incertitude à l'apparence des choses, les fait douteuses et vagues, noie les for­mes et les contours de la nature qui s'endort dans l'effacement du crépuscule cette triste et douce agonie de la vie, de la lunlière. Seul dans la petite ville aux maisons hlêmes, le réverbère placé en tête du pont brillait encore d'un étincellement de jour sur le verre de sa lanterne, mais déjà le chevet de sa grande église aux étroites fenêtres ogivales se détachait ténébreuselnent violacé sur l'argent blafard du couchant. et la campagne ne parai,ssait plus qu'un espace confus. Et la rivière, qui avait pris successivement des verdeurs intenses, puis des tons d'ardoises, n'était plus qu'un 'murmure sans couleur. E. de Goncourt.

Exercices d'application

S'en référer au numéro 1.

IV. COMPOSITION FRANÇAISE

La phrase -! Le paragraphe - La rédaction

F 'aire des phrases avec les mots du vocabulaire. Faire conjuguer les verbes du vocabulaire. Les troupeaux rentrent ~e l'étable. Après une bonne journée de travail les agriculteur:s devisent

assis sur Je pas des portes; que peuvent-ils bien dire?

- ,221.-

Le soleil va se coucher; observez les ombres qui s'aIJongent et les derniers rayons qui colorent les montagnes.

Imitation d'une dictée.

Le soir au villag,e : les derniers travailleurs qui rentrent; ies ·che:minées qui fument; les ménagères affairées; les pay,sans assis devant leurs maisons ou faisant quelques menus travaux.

Dictée de G ntrôle A,ccord du verbe

Vivent la gloire et la prospérité de notre patrie. L'homme comme la prIante s'étiole dans l'obscurité. L'a.mour de la poule pour ses poussins se manifeste quand un péril les menace. Que chacun de vous aille lnaintenant où l'appellent Ises affaires. Le travail, 1a vo.lonté et la persévérance triomphent de iIJresque toutes les dif­ficultés. Bon nombre d'homlmes estiment et apprécient les .gens 'loyaux, mais n'ont pas le courage de les imiter. Une parole, un ~ùurire, un regard de Louis XIV suffisait pour transformer en esclaves les plus orgueilleux de ses courtisans. L'ardeur, le zèle de cet employé mérite qu'on lui donne de J'avancement. Il pleu­vait des bombes et des obus sur Sébastopol. Les balles et les boulets pleuvaient sur ces malheureux soldats. AUClffi danger, au­cun péril n'arrêtait ce brave.

Les beUes istoire:s

Une leçon de justice

Ces jours-là furent jours de printemps .clairs et frai,s. Tandis que sa mère cousait près de la fenêtre ouverte et que Claes, son père, fredonnait que~que .refrain, Thyl avait 'coiffé son chien d'un couvre-chef judiciaire. Le pauvre animal jouait des pattes con1JlThe s'il eût voulu rendre un arrêt, mais c'était pour se débarrasser de sa coiffure.

Soudain, Thyl ferma la fenêtre, courut dans la chambre, ·sauta sur les chaises et les tables, les mains tendues vers le pla­fond. Son père et sa mère virent qu'il ne .se démenait si fort que pour atteindre un oiseJet tout mignon et petit qui, les ailes 'frémissantes, criait de peur, blotti contre une poutre, dans un :recoin du plafond.

L'enfant allait se saÎlSir de lui, lorsque Claes parlant vive­ment, lui dit :

- Pourquoi sautes-tu ainsi?

Page 17: L'Ecole primaire, 15 janvier 1943

- Pour le prendre" ~épo~qit l'enfant, le ,mettre .eu, cage, lui 'do'rlner-d'es graines et le faite chantei~ pour ' m.'6i. , (' ,:, . ' .; .,

Cependant l'oiseau, criant d'angoisse, voletait dans l~ cham-bre en heurtant de la tête des . vitraux de 1ft fenêtre. '

L'enfant ne cessait de sauter, Claes lùi mit pesamm'e~1t la main sur l'épaule:

-- Prends-l'e, dit-il; Iuets-1t: en cage, fais-le chanter pour toi, (mais, 1l11oi aussi, je te mettrai dans une cage fermée de bons bar­'l'eaux de fer et je te ferai chanter aussi. Tu aimes courir, tu ne J.e pourras plus; tu seras à l'ombre quand tu auras froid, au soleil ~uand tu auras chaud'. Puis, un dimanche, nous sortions, ayant oublié de te donner de la nourriture, et nous de reviendrons que ~e jeudi, et, au retour, nous trouverons Thyl m01i de faim 'et tout raide.

La mère pleurait. L'enfant s'élança. 1 - Que fais-tu ? de~manda son père. - J'ouvre la fenêtre à l'oiseau, répondit-il. 'En effet, l'oiseau, qui était un chardonneret, .sortit ,par fa

fenêtre, jeta uri cri joyeux, 'monta comme une flèche dans l'air, puis, s'allant placer sur un pommier voisin, se lissa les ailes du bec et se s'ecoua le plumage.

Clae,s d,it alors à Sol1. fiis : - Fils, n'ôte jamais à h01nme ni bête sa liberté, qui est le

plus grand bien de ce monde, et laisse chacun aUer au soleil quand il a froid, à rombre quand il a chaud. Ch. Decorter.

La pieuvre

Gilliatt reconnut la pieuvre. Elle le tenait. Il était la tlllouche de cette araignée.

Des huit bras de la pieuvre, trois adhéraient à la roche, cinq adhéraient à Gilliatt. Gilliatt avait sur lui deux ,cent cinquante suçoirs. Complication d'angoisse et de dégoût.

Nous l'avons dit : on ne s'arrache pas à la pieuvre. Gilliatt n'avait qu'une ressource, son couteau. Il n'avait de libre que la main gauche. Son couteau était ouvert dans cette main. ,

Le poulpe en effet n'est vulnérable qu'à la tête. Gilliatt ne l'ignorait point. Il n'avait jamais vu de pieuvre de cette dimen­'Sion. Du premier coup, il se trouvait pris par la grande es.pèce. Un autre se fût troublé.

Tout à coup, la tête détacha du rocher sa sixième antenne, et, la lançant sur Gilliatt, tâcha de lui saisir le bras gauche. En même temps, elle avança vivement sa tête. Une seconde de plus ... Gilliatt, saigné au flanc et les deux bras garrottés était 'mort.

-223~

Mais Gilliatt v~ill~it. ' GUètté, il guettait. Il évita l'antenne et, a,u m0,?1ent où l~ bête allait mordre sa poitrine, son poing armé s abattIt sur la tete... Ce fut fini. Toute 1a bête tomba ..

Gillia~t referma son couteau. Victor Hugo.

, Dans la forêt gauloise, au temps de la conquête romaine

~mbor. le Loup e~t le ,chef d'une peuplade gauloise. Ami de yercIngétorIx ,et conSCIent de la supériorité des légions de César, Il refuse toute grande bataille, mais harcèle inlassablement les Romains. LI habite dans une clairière de l':iJ~'IIlense forêt. '

Cette clairière, au fond :de Ja Forêt de SanD" n'avait J'amais l R . P 0'.

vu es ommns.. ~u.r tra,:erses ~es halliers et ses marécages, b.raver ses e~ux InvIsIb.les, Il fallmt ,connaître les passages mysté­rIeux, parfOIS souterraIns, les pistes sans nombr.e tracées par les fauves.

Là séjournait Ambor le Loup, avec sa femme ses enfants son père, ses serviteurs, ses chevaux, ses porcs et s~s 'chiens, O~ y trouvait aussi un loup et un ours domestiqués.

: Ce ,.matin-là, debout ~rès de sa maison ronde, Amhor regar­daIt trOIS de ses enfants Jouer avec les chiens. Une ·corne sonna dans la futaie profonde. Am/bol' dressa l'oreille; son père, pr.es­que aussi fort que lui, ,mais qui avait perdu un bra.s à la bataille sortit ,de la maison; sa feInme, belle Gauloise, au teint d'églantine: parut à son tour.

Les chiens aboyèrent" l'o,urs grogna ·et le :loup hurla. '- Silence! fit Ambor. L'es bêtes se turent. La 'corne sonna encore, ,plus proche; un homme surgit au

fond de la clairière, petit, trapu, le ,poil noir. Quand l'ho'mme fut près d'Ambor, il dit:

- Force et victoire, à toi et là ta race, Ambor le Loup! - Autant à toi fils Ide Llovack ! Assurément tu n'es pas venu

sans cause dans ma clairière. . - Les Romains ont franchi les Rocs Bleus et les ,collines.

S'ils vont plus Ioin , tes alliés seront exterminés, ,leur ville ,détruite, et ceux que les soldats laisseront survivre vendus aux mar-chands. '

- Les Romains sont-ils nomlbreux ? L'envoyé des Amvars croit qu'ils sont IPlus de quatre

cents. -' C'est beaucoup. Les 'guerriers de Srogâ sont prêts? ~ Ils sont prêts, chef invincible, - Tu ne m'a.s pas dit à 'quelle distance ont 'paru les ennemis. - A deux jouI"l)ées et demie de la ville. - Ils doivent ou franchir ,les , défilés des Aigles ou tourner

1es marais. Fils de Llova,ck, c'est deux jours par les défilés ,plus de trois par l'autre voie... "

Page 18: L'Ecole primaire, 15 janvier 1943

- 29..A,· -

Ambor parut pensif, puis: - N'est-ce pas une avant-garde? - Les feux ont parlé sur les cimes: les légions suivent une

autre route ...

. - La .forêt se lèvera ... Va ! que les tiens soient prêts. Avant la fIn du Jour, nous serons en marche.

Le père et la fennme avaient écouté, ardents, mais Îlnln-obi­les; les enfants, après une paus·e, s'étaient remis à jouer. AIMor a:l!a pre~dre la corne des ancêtres. Elle était vieille de p1us d'un slecle, tres grande.

Ambor sonna l'appel de guerre, que -d'autres sonneurs ré-pétèrent de futaie en futaie. :. J.-H. Rosn,y-Ainé.

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Ml' Gillioz AlJred - Lens: MIr Lamon Pierre - Vis soie : IMT Solioz Deni·s - Ayent: Mr Chabbey Casimir - Evolène: M.r Anzévui Ma.rius - Hérémence: Mr Bourdin EmN·e - St­Martin: Mr Bey'tris'Ûn Jo'seph - Vex: MT Pitteloud David - Grimisuat: Ml' Ba1et AltphoTI>se - Savièse: .Mr V.arone CY'prien - Ardon: Ml' La"mpert M,ariu'S - Chamoson: Mr Biollaz Albert - Conthey : ,Ml' ~.rupilhloud A'lbert - Nendaz: Ml' GLassey M8.iI"celilin - Fully: Mr Dor.saz He·nri - Ley­tron: Ml' Ga:udard J os'eph - Riddes: Mir Del,aJloye Gustave - Saxon: Ml' Vernay .AJlliel'lt - Bagnes: Mr Vaudan-Carron Alfred - Orsières: \Ma' Poug>et Hené - Vernayaz: MT Co­quoz Jean - Bouveret: Mr Clerc Germain - Troistorrents: 1 Ml' Rossier Eugène - Val d'IlIiez: ,M·r Défago Adolphe -

~ Vouvry: Mr Curdy Gratien - Vétroz: Mr Coudray Elie. ~