l'ecole primaire, 30 novembre 1927

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No Il 30 Novembre ORQI\1)11 DE LA 50c.iété d'édueafioo L'ECOLE PRIMAIRE paraît 14 fois pendant le cours scolaire Abonnement annuel: Fr. 4.60 Les abonnements se règlent par chèque postal Ile 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement. Tout ce qui concerne la publication doit .être adressé directement à If. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au Dé- partement de l'Instruction publique à Sion. Les annonces sont reçues exclusivement par PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicit6. Sion Rue de Lausanne 4 - Téléphone 2.36

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Page 1: L'Ecole primaire, 30 novembre 1927

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L'ECOLE PRIMAIRE paraît 14 fois pendant le cours scolaire

Abonnement annuel: Fr. 4.60

Les abonnements se règlent par chèque postal Ile 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement.

Tout ce qui concerne la publication doit .être adressé directement à If. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au Dé­

partement de l'Instruction publique à Sion.

Les annonces sont reçues exclusivement par PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicit6. Sion

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Page 2: L'Ecole primaire, 30 novembre 1927

~i::z~~~~e~!!c~ , Lisez et jugez: 1

Réhabilitation du Capitaine 1 Antoine Stockalper (DE JEAN GRAVEN)

1827-1927 'h J 'l't t' - (\"nlais). «Superbe l'e a)1] a 1011». . . f '. t· J l 'lute

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46me Année Nu Il 30 Novembre 1927

Organe de la Société "alaisanne d'éducation

SOMMAIRE: Examens de fin d'année. - Allocation de renchérisse­ment. - J ourna.l de classe. - Requête de l'Union du P. E. V. -Annuaire de l'Instruction publique. - Leçon de français. - Leçon de calcul. - « NOS PAGES ». - « Pro Juventute ». - Nouvelle floraison SUl' un vieil arbre. - En glanant... - La doctine sociale.

Exanlens (le fin d'année L'article 99 du Règlenlent des Ecoles primaires prescrit aux

Commissions scolaires la tenue, vers la fin du cours, d'un examen dans les différentes classes de leurs écoles respectives.

De l'observation d~ cet article, il en est comme de celle de bien d'autres. Des commission.s remplissent consciencieusement leur devoir; cl autres ne le font que superficiellement; quelques­unes enfin le négligent notablement sinon totalement.. Et les rai­sons ne manquent pas pour exercer une négligence qui peut, par­fois, avoir des conséquences sérieuses pour les progrès de .l'école: on craint de froisser la susceptibilité ombrageuse de tel institu­teur, qui supporte mal un contrôle, surtout si ce monsieur exerce une certaine influence politique ou autre dans la commune; on on se retranche volontiers derrière l'inaptitude pédagogique ou la difficulté de poser des questions en rapport avec la force des élèves, le programme parcouru; on recule quelquefois, faut-il le dire, devant la peine ou l'ennui de corriger les épreuves; on est arrêté aussi, si les visites d'école sont mal rétribuées, par une Inesquine question d'économie; enfin, on se dit, qu'après tout les examens regardent surtout M. l'Inspecteur, qui seul attribue des notes de succès au personnel enseignant. Bref, nous n'en finirions pas, si nous voulions énumérer toutes les excuses qu'apportent les gens désireux de se soustraire à certaines obligations et de se dé­charger des responsabilités qui mettent quelquefois à mal une po­pularité intéressée.

C'est donc dans le but de suppléer à l'insuffisance du con­trôle exercé par un certain nombre de commissions scolaires, de stimuler, disons plutôt, d'encourager le. personnel enseignant dans l'accomplissement de sa pénible tâche et d'élever par le fait le niveau de l'instruction que le Départelnent, toujours soucieux de l'amélioration et du perfectionnement de l'enseignement à tou~

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les degrés, a décidé d'introduire dans les école primaires, il titre d'essai, des exaniens annuels obligatoires et uniformes pour tout ~e canton.

Cette décision a été, au préalable,' soumise à l'approbation de la ~onférence que 1\1M. les Inspecteurs et la Commission can­tonale d'enseignement primaire ont tenue à Sion, le 3 courant.

Elle suscitera, sans doute, plus d'une critique. Une des plus sérieuses, nous semble-t-il, consistera dans la méfiance que peut inspirer l'impartialité ou la sincérité de certains experts com­Inunaux, car tout le monde connaît les intrigues auxquelles donne trop souvent lieu la non1ination du personnel enseignant par les autorités communales.

Mais si on voulait éviter tout abus, il faudrait renoncer aux mesures même les meilleures et se figer dans l'immobilisme ou l'inertie.

Donc, les examens en question sont appelés à exercer une iI fluence stimulante sur le travail des élèves et des maîtres; et c'est là l'essentiel.

. Passons maintenant aux grandes lignes de leur organisation.

Ces examens, comme une Circulaire du Département l'an­noncera, se tiendront dès la fin du présent cours scolaire, au moins dans la partie française du canton.

Ils se feront le même jour à la date fixée par le Département, la matinée devra être consacrée aux épreuves écrites, et la soirée aux questions orales.

Afin de laisser aux différentes écoles le temps raisonnable de parcourir leur programme respectif, on a choisi deux dates: l'une du 15 au 20 avril pour les écoles de 6 à 7 mois et l'autre vers la fin de mai pour les écoles de plus de 7 mois.

Les qu'estions écrites seront choisies par la Commission can­tonale et porteront sur les branches suivantes: orthographe, com­p.osition et calcul, auxquelles on ajoutera l'inspection ou la vi­sIte, avec attribution d'une note, des cahiers de tâches de toute l'année et des travaux de dessin, qu'on devra, en conséquence, conse!'ver. Les textes de dictée, les sujets de cOlnposition et les exerCIces de calcul seront envoyés autant que possible sur une feuille unique, simple ou double, et on y observera une gradation en rapport avec les différentes volées de l'école. Ainsi le texte de la dictée pourra être unique, mais des signes conventionnels v indiqueront la tranche ou l'étendue destinée à chaque volée. '

Les questions écrites devront parvenir aux présidents des commissions scolaires deux jours au plus tard avant la date fixée pour les examens. Les commissions qui, pour des raisons ma­jeures ne pourraient procéder aux examens le jour indiqué, de-

- 267 ~

vront immédiatement en aviser le Département et s'enlendre avec lui sur une autte date aussi rapprochée que possible.

Inutile de dire que, pour assurer aux examens leur utilité et eInpê~her' les fra~des, la plus grande discrétion s 'imposera ù ceux qUI auront pns connaissance des sujets d 'épretn es a, ant le moment de les communiquer aux élèves.

L 'inspecteur désignera dans chaque comm.une de son c1is ­tri,ct un surveillant pour chaque classe ou chaque école, et ce sur ­veIllant sera pris, dans la règle, parmi les membres de la com ­mission scolaire.

La correction des éprell' es se fera le jour même où elles o~t, été, imposées et d 'entenle entre le maltre de classe et l'experl delegue. Les notes se nlarqueront d 'après une échelle communi ­quée par le ' Département.

L 'examen oral portera sur une ou deux branches choisies préalablement par la Comm.ission cantonale ou tirées au sort par ~'~xpert d.élégué, dans la salle de classe même, en présence des eleves, le Jour de ] ·examen .

L 'examen terminé, les notes seront inscrites par le maltre en présence du surveillant sur deux listes fournies par f'Etat el contresignées par l'instituteur et le délégué. Ces deux listes seron t rer~'lises le lendemain de l'examen au président de la Commission, qUI en gardera une et remettra l'autre à l'Inspecteur scolaire au plus tard trois jours après.

~es communes .supp~rteront les frais d 'examen; l'Etat pren­c1r~ a sa charge la fourmture des listes qui se libelleront comme SUIt:

Examen de lin du cours scolaire 19 ..... -19 ....

Commune de

Date de l'examen

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La moyenne de chaque élève permettra d'établir celle de chaque classe ou de chaque école et de comparer entre elles les classes similaires de la même commune ou du district.

Page 4: L'Ecole primaire, 30 novembre 1927

- 268 -

1:0rs de leurs visites, MM. Jes Inspecteurs qui, jusqu'ici con­s~Cl'~Ient presque tout leur temps aux examens écrits, pourront aInSI porter davantage leur attention à la marche générale de l'école, aux méthodes et aux procédés d'enseignement du maître. Ils pourront, s'ils le désirent, interroger sur n'importe quelle branche, mais de préférence sur celles qui n'ont pas été l'objet de l'examen annuel. . Il va sans dire que les examens dont il s'agit ne modifient en

l'len, ni ne suppriment aucun de ceux qui sont actuellement en vi~u~ur, tels que l'examen d'émancipation ou ceux que les Com­mISSIOns scolaires ou les Inspecteurs ont l'habitude de faire subir.

Les résultats du nouveau contrôle ne serviront aucunement à l'établissement de tableaux cOlnparatifs entre les communes ou entre les districts; ils permettront d'attribuer au personnel ensei­g?ant une note de succès plus en rapport ,avec la réalité, ce qui n est pas toujours le cas actuellement.

~ous espérons que le personnel enseignant redoublera, en consequence de zèle pour s'assurer, à ces examens, des meilleurs résultats possibles. Evidemment, il doit travailler pour un motif plus élevé, un motif surnaturel surtout; mais il ne lui est pas défendu d'avoir un peu d'amour-propre: car l'amour-propre bien réglé engendre l'émulation, chose excellente. Sur ce, nous sou­haitons à tous les membres du corps enseignant bon courage et bon succès pour la nouvelle année scolaire.

L'Allocation de renchérissement

Comme l'avait annoncé le dernier numéro de l'Ecole Pri­maire, ~1. le Chef du Département avait fait -majorer de fI'. 50,000 la rubl'lque du budget « Traitement des Instituteurs ». Cette me­sure ~ été sanctionnée par le _ vote quasi-unanime du Grand ConseIl, en séance du 18 noven1bre. De la sorte, à partir du 1er janvier prochain, l'indemnité mensuelle de renchérissement sera porté de 15 à 25 francs.

Ce Inagnifique résultat, nous le devons tout d'abord ù M. \iValpen, dévoué Directeur de l'Instruction publique, qui a montré une fois de plus combien l'mnélioration de la situation In~térielle du Personnel enseignant lui tient à cœur. Qu'il en -­SOIt chaudement félicité et sincèrement remercié.

La Commission du Budget et en particulier son brillant rap­porteur, M. le Député Thomas, et le Comité de l'Union ont aussi Iargelnent contribué au succès de la requête du P. E. Malheureu­sement, toutes les légitimes revendications du Corps enseignant n'ont pu être satisfaites. La question de l'Allocation familiale n'est pas perdue de vue, elle reviendra sur le chantier avec des temps meilleurs et que nous espérons pas trop éloignés.

journal de classe Daris le dernier numéro de l'Ecolre primétir'e, on exposait i~

nécessité de la préparation journalière de la classe. Jusqu'à présent, le personnel enseignant devait consigner les

indications de cette préparation dans un cahier ou dans un registre dit ~( Journal de classe » et les tenir à la disposition des visiteurs, inspecteurs ou Commissions scolaires. Pour obtenir une tenue plus régulière et surtout plus uniforme de ce journal, pour en rendl'e le contrôle plus facile et plus expéditif et même pour ménager jus­qu'à un certain point le temps que le maître doit y consacrer, le Département de l'Instruction a décidé de rendre obligatoire un modèle parfaitement uniforme et dont on saisira immédiatement le côté pratique.

Il va sans dire que l'inscription à l'aide de mots de rappel, donc extrêmement succincte, des matières à l'ordre du jour, l'objet des leçons, leurs applications orales ou écrites ne dispense nulle­ment l'instituteur consciencieux d'une préparation plus appro­fondie et plus détaillée. Nous ne voulons pas parler de celle qui est en usage à l'école d'application de l'Ecole normale et qui con­siste à mettre par écrit toute une leçon à donner; non; mais il y a un juste milieu entre une préparation de ce genre et une prépa­ration si sommaire qu'elle ressemble singulièrement à un fantôme.

Qu'on ne veuille donc pas regarder le journal de classe comme un contrôle gênant.

Est-ce qu'au service militaire, on ne prévoit pas régulièrement un ordre du jour qui indique les exercices à exécuter dans la journée? Un cuisinier de restaurant ou d'hôtel ne reçoit-il pas chaque jour l'indication du menu?

Et l'on voudrait laisser l'instituteur entrer en classe sans qu'il ait prévu les exercices à donner, les explications à fournir; il aurait la licence de s'y abandonner à tous les hasards de l'improvisation?

Pour cette année, et à titre d 'essai, on fera parvenir à chaque membre du personnel enseig11ant un nombre de feuilles suffisant pour toutes les semaines de classe. Si un mois comprend quelques jours d 'une cinquième ~emaine, on se servira de la feuille sui­vante. Il suffira de mettre le nom du nouveau mois sur la deuxième page et de continuer. Ces feuilles porteront des divisions corres­pondant aux semaines mensuelles et aux différen.ts degrés de cha­que école ou classe. Elles devront être signées lors d~s visites des autorités scolaires .

A la fin de l'année, l'instituteur ou l'institutrice les remettra disposées par ordre de date au président de la Commission sco­laire qui les restituera, après apposition de son visa, ft l 'Inspecteur scolaire.

Voici 111aintenant, à titre de renseigneluent , le -modèle du jour-nal de classe dont il s'agit:

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Nous disons à titre d)essai) pour faire entendre quion pouüà l

dans la suite, modifier le format, la disposition et l'agencement de ces feuilles selon les remarques que MM. les membres du per­sonnel enseignant, ceux des commissions scolaires ~t les Inspec­teurs voudront bien adresser au Département, qui s'efforcera d'en tenir compte dans la mesure possible.

L'année prochaine, le personnel enseignant recevra égale~ Inent, pour la répartition mensuelle du programme, un tableau mural, qui servira, du moins dans ses grandes lignes, aussi long­temps qu'on ne modifiera pas notablement le plan d'études actuel. On en éditera de deux sortes: l'un pour les écoles de 6 à 7 mois et l'autre pour celles qui dépassent cette durée.

Si l'édition de ce tableau est renvoyée à l'année prochaine, c'est que pour l'établir, on désirerait utiliser les indications ou les pro.iets de quelques membres du corps enseignant chargés d'écoles de différents degrés et de différente durée.

Cette répartition mensuelle des branches d'enseigneinent ren­dra d'excellents services: elle empêchera certains Inaîtres ou de trop s'attarder à telle branche ou à telle partie de branche, au risque de n 'en pouvoir parcourir tout le programme, ou d'y avan­cer à enjambées telles que forcément l'enseignement reste super-ficiel , partant infructueux.

Requête de l'Union du P. E. V. Dans sa chronique du 15 novem.bre, M. Bérard annonçait

l'existence d'une requête de l'Union demandant au Département de l'Instruction publique de solliciter du Grand Conseil l'intro­duction d'un sursalaire familial et le versement intégral des vingt-cinq francs d'allocation spéciale. Or, en séance du 18 no­vembre, la Haute Assemblée a voté l'allocation spéciale que M. le Chef du Département de l'Instruction publique a hien voulu demander. La question d'un sursalaire familial n'a pas été sou­levée, mais elle le sera dans des temps meilleurs.

Cependant, il n'en reste pas moins acquis que l'augmentation des dix francs par mois, dont va bénéficier tout le personnel ensei­gnant, à partir du 1er janvier, "est pour une bonne part l'œuvre

de l'Union. La rédaction de la dite requête fut décidée en mai déjà, dans

une séance tenue à Saxon. Le Inanuscrit passa par la suite dans les mains du Comité de la S. V. E., qui fit siennes ces revendi­cations, et parvint enfin au chef du Département. Le chiffre de vingt-cinq francs fut porté au budget par M. vValpen. Or, pen­dant ce temps, le comité de l'Union entreprenait individuellement

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auprès des députés un travail intense pour les amener à admettre notre point de vue.

Les chefs de partis ainsi que M. le Président du Grand Conseil reçurent un exemplaire de la requête envoyée au Dépar­tement et nous promirent leur appui . Le succès était ainsi assuré. Aussi après avoir entendu M. yValpen, qui avait adopté notre ma­nière de ,voir, le Grand Conseil vota sans opposition la réintro­duction de l 'allocatio.n spéciale de vingt-cinq francs.

Il convient d'adresser ici un merci tout spécial à M. le Chef du Département de l 'Instruction publique, à tous les députés instituteurs et en particulier à M. Thomas , pour l'aide efficace apportée dans cette circonstance. D'autre part, la bienveillance avec laquelle MM. les Députés ont accepté nos proposHions té­moige du bien-fondé de notre cause, de leur bon sens, et surtou t de l'influence que nous pourrions exercer si notre organisation emhrassait la totalité des membres du personne!" enseignant qui étend ses ramifications dans toutes les parties du canton.

M.

Chorale des instituteurs

Les membres de la Chorale sont priés d 'assister à l a première répétition qui aura lieu, à Saxon, le 12 décembre, à l 'heure habituell e.

Prendre le Recueil de chants.

Annuaire de l'Instruction Publique

L'Annuaire de l 'Instruction publique pour 1927 va sortir de presse incessamment. Ce sera un volume de 25() pages.

Outre une revue du mouvement pédagogique clans la Suisse a lle­mande et une intéressante chronique scolaire de chacun des Cantons romands, l'Annuaire contient les études suivantes: Le point de vue historique dans l'Enseignement des sciences. - L'Ecole en Allemagne à l 'heure actuelle. - Les Ecoles jurassienn es. Les institütrices mariées. - L'hygiène scolaire.

Les membres du P. E. peuvent se procurer cet intéressant pé­rIodique au prix de fI'. 3.- qui sera retenu sur la dernière mensuali1é. Passer les commandes au Secrétariat du Départem ent de l'Instruction publique.

273 -

Leçon de français

Le ~e111pS COURS ÉLÉMENTAIRE. - Observons. 1. L'ho1'loge. - Ecoutez l'horloge: elle fait tic-tac, tic-tac;

elle marche. Elle a deux aiguilles dont une grande, plus rapide, marque les minutes et une petite, plus lente, marque les heures. C'est un ressort et des rouages intérieurs qui actionnent les aiguilles. On voit des horloges ailleurs qu'en classe: au clocher de l'église, à la gare, au beffroi, et même, dans les grandes villes,

,a,u coin des rues. D'ailleul:s chaque demeure a son horloge. 2. La montre. - Le laboureur dans les champs, le voya­

geur dans ses tournées, l'ouvrier à son travail ont besoin de sa­voir l'heure. Ils ont pour cela, non point une horloge, - où la mettraient-ils? - maîs une montre. La montre se place dans la poche du gousset, se porte comme un bijou, se fixe au . poignet. Les rouages sont beaucoup plus menus' que ceux de l'horloge. On la remonte avec une clef ou avec le remontoir. Qu'elle soit en or, en argent, ou en acier, la n~ontre dit à son maître: Travaille, les heures sont précieuses; Inérite, elles ont pour récompense l'éternité.

3. L'heure. - Le cadran de l'horloge marque douze heures. Quand l'aiguille des heures a fait son premier tour, il est midi; il est minuit quand elle a fini le second. Chaque heure est elle­même divisée en soixante minutes. Il y a des heures où l'on tra­vaille et d'autres où l'on se repose. Jour et nuit, les horloges pu­bliques sonnent les heures: le nombre de coups désigne l'heure qu'il est. A certains clochers, c'est le carillon qui chante l'heure.

4. Le jour. - Vingt-quatre heures forment le jour. La jour­née finit à minuit; elle est à motitié écoulée à midi. Les ouvriers qui trava:i:llent huit heures ont encore, en un jour, huit heures de loisir et huit heures de son~meil. Beaucoup d'ouvriers travail­lent dix ou douze heures. Pour tous les hommes il y aura un jour qui sera le dernier; ce jour-là, le bon Dieu leur demandera s'ils ont bien em ployé toutes les journées de leur vie.

5. La semaine. - La semaine se compose de sept jours: lundi, mardi , mercredi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche. Il y a six jours ouvrables, c'est-à-dire où l'on travaille. Le septième jour, le dimanche, est consacré au bon Dieu; ce jour-là, le chré­tien ne travaille pas; il assiste à la sainte messe et aux offices religieux.

6. Les mois. - L'année commence le 1er janvier. Elle se compose de douze mois. Les mois sont: janvier, février, mars, avril, mai , juin, juillet, août, septembre, . octobre, novembre, dé­cembre. Sept d 'entre eux comptent trente et un jours; quatre en comptent trente; février n'en a que vingt-huit.

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L'année ordinaire a trois cent soixante-cinq jours. Nous som­mes en l'année 192 ... , c'est-à-dire qu'il y a 192 ... ans que Jésus est né. Vous avez six ans, vous êtes donc nés en 192 .... Vous avez vécu six fois trois cent soixante-cinq Jours.

8. Le calendl·ier. - Le calendrier indique le jour où l'on est: dans quelle année, quel mois, le quantiènle du mois, et le jour de la semaine. Il y a des calendriers qui ne désignent qu'un jour à la fois. Il y en a d'autres qui présentent le tableau de tout un

. mois, ou de tout~ une année. Beaucoup de commerçants donnent un calendrier comme ·étrennes à leurs clients.

Conjuguons. - Conjuguer oralement au présent: 1. Regarder l'horloge, écouter le tic-tac de l'horloge, bouger

les aiguilles, a'vancer l'heure, retarder l'heure. 2, Recevoir une. montre, remercier du cadeau, l'attacher avec

soin, 'Ia regarder souvent, en avoir grand . soin. 3. Perdre son temps, jouer une heure, causer dix minutes ,

s'absenter une semaine, avoir un mois de vacances. 4. Se lever à six heures, partir à sept heures pour la messe,

entrer 'en classe à huit heures, souper à sept heures, dire sa prière à huit heures, aller · dormir après sa prière.

5. Savoir lire l'heure, nommer les jours de la semaine, dire' le nom des mois, connaître le mois le plus court.

6: Aller en classe six jours, avoir congé le jeudi, se reposer le dimanche, suivre les offices ce jour-là. .

7. Avoir ùne montre, être en classe tous les jours, être inter­rogé tous les matins, savoir tous les jours ses leçons.

Contons. -;- Ces morceaux serviront de lectures. 1. La montre. - Quand j'étais petit, papa mettait parfois

sa montre à mon oreille; elle faisait tic-tac; je croyais qu'un ani­Iual était caché dedans. ~1aintenant, je sais qu'elle renferme un tas de petites roues; elles ' font marcher des aiguilles sur un ca­dran: ces .aiguilles in<;liquent l'heure.

2. SQuha!ts de nouvel an. - Le premier jour de l'an, cha­cun formule ses vœux de bonheur. L'enfant reconnaissant sou­haite à son père et à sa tendre maman une année sainte et heu­reuse. Il leur promet d'être pieux, obéissant et travailleur. Les frères, les sœurs, les parents se presentent des souhaits. Ce jour­là, tous les amis et connaissance se saluent en disant: « Sainte et heureuse année! »

3. Nouveau calendrier. - La nouvelle année conlmence. Nous recevons un calendrier neuf. On aura plaisir à en enlever un feuillet chaque matin. Que le bon Dièu protège et bénisse cha­cun des Jours que le calendrier indiquera.

. 4: ,Ma journée. - Je me lève à six heures; à sept heures, j'assis,te à la messe; à huit heures, j'entre en class'e; il est onze heures quand' j'en sors; .le dîne à midi. Après-midi, je reviens' en

- ·275 -

classe à une heure; je quitte l'école à quatre heures; je" soupe à sept heures; à huit. heures, je prie et vais prendre mon repos.

5. Le matin.

L'oiseau .chante, l'agneau bêle, L 'enfant gazouille au berceau; La voix de l'hOlume se mêle Au bruit des vents et de l'eau; L'air frémit, l'épi . frissonne, L 'insecte au soleil bourdonne.

Lam.al'tine.

6. Soleil de midi. - A midi, l'astre arrive au sommet de sa course. a superbe soleil de nlidi, tu brunis la face, mais tu Iuûris la moisson; tu es le père de la vie; et, pour te voir, le peuplier porte plus haut ses branches; pour te voir, la mousse sort du creux des rochers. J.H. Fabre.

7. La fin du mois. - Vers la fin du Iuois, le dîner était sou­vent très court et très maigre; mais on le servait toujours sur une nappe éclatante de blancheur, et, en été, on mettait un petit bou­quet sur la table, pour la parfumer et la fleurir.

El'ançois Coppée.

8. La bonne année. - Il est sept heures à peine .. J'entends la voix de mon bébé qui demande à entrer. « Mais petit père, s'écria-t-il, c'est bébé qui vient pour la bonne année r - Entre, mon bon chéri, viens vite nous 'embrasser. » La porte s'ouvre, et mon garçon, les bras en l'air, l 'œil brillant, se précipite sur le lit. G. Droz.

Récitons. - L'horloge.

Pauvre vieille horloge, C'est assez trotter. Au fond de ' ta loge, Tu peux t'arrêter.

- M'arrêter! Et l'heure, Qui donc la dirait? Et dans ta demeure, Qui donc la saurait?

Et la vieille horloge, Achevant son tour Au fond de sa loge, Marche nuit et jour.

S. Brès.

1. Questionnaire. - A qui l'enfant parle-t-il ? - Pourquoi peut-elle s'arrêter? - L 'horloge refuse de s'arrêter pour deux raisons: lesquelles: - Que fait l'horloge? - Se contente-t-elle d'un seul tour? ,- Est-elle un modèle pour vous? - Ppuvez­vous toujours travaillel~ ? Mais pouvez-vous toujours obéir?

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2. Vocabulaire. - Nommer les sept jours de la senlaine: lundi...

Nommer les douze mois de l'année: janvier ... Nommer les mois qui ont trente et un jours: janvier ... Nommer les mois qui ont trente jours: avril... Quel est le mois qui a moins de trente jours? Quels sont les instruments qui servent à mesurer les heures?

3. Conjugaisons. - Avoir assez trotté, dire l'heure à la maison, marcher jour et nuit.

Dessinons. - 1. Le cadran d'une horloge. 2. Le calendrier avec la date.

Leçon de calcul

Carré d'un nombre

Extraction de la racine carrée d'un nombre

Quand- faut-il enseigner ces notions:·

L'élévation d'un nombre au carré et l'extraction de la racine carrée d'un nombre figurent seulement au programme des 7me et 8me années d'études ~rimaires.

Est-ce à dire qu'il ne puisse en être question dans les degrés inférieurs de l'école primaire? Je ne le pense pas. Autrefois, on réservait également l'étude des fractions aux « mieux doués » du degré supérieur. Cette matière était considéré comme inac­cessible aux intelligences ordinaires, donc à la masse. Pourquoi? Parce qu'on n'avait pas bien jusque-là saisi les rapports existants entre les différentes espèces d'unités. Aujourd'hui, les méthodes ont réalisé des progrès; l'on ne craint plus d'aborder les fractions dès le degré inférieur, en leur appliquant les règles de calcul sur les nombres entiers et décimaux, et l'on aboutit à d'excellents résultats.

Ne pourrait-on pas faire de même pour « l'élévation au carré » et « l'extraction de la racine carrée » ? Pour ma part, j'estime qu'on pourrait initier les enfants à ce genre d'opérations bien plus . tôt qu'on le fait d'habitude. Et si j'allais avancer qu'on pourrait commencer dès le degré inférieur, beaucoup jetteraient les hauts cris? Et cependant, c'est là que je veux en venir, car en réalité cette étude commence avec celle de la table de multi­plication.

Eh oui, la table de multiplication, si on la connaissait à fond, donnerait la clef de tant de problèmes. Toute la théorie de

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la divisibilité par 2 et 5, 4 et 25, 3 et 9, peut s!enseigner prati­quement par l'observation des 100 premiers nombres. Il en est de même de la théorie des fractions ordinaires. C'est sur elle éga~ement que repose l'élévation au carré et l'extraction de la raCIne carrée.

. Voyons, pour chaque degré, les exercices auxquels sori étude pourrait donner lieu.

COURS ÉLÉMENTAIRE. - A mesure que les enfants avancent en calcul, ils forment les produits 1 Xl =1; 2 X 2 = 4; 3 X 3 = 9; 4 X 4 = 16; 5 X 5 = 25; 6 X 6 = 36; 7 X 7 = '9; 8 X 8 = 64; 9 X 9 = 81; 10 X 10 = 100.

Ces produits ressemblent aux autres, mais ils sont formés de 2 facteurs égaux, et partant méritent qu'on s'y arrête; car ce sont les carrés des nombres 1 ,2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 et 10.

Bien entendu, on peut laisser de côté le mot carré, mais on atti­rera l'attention sur l'égalité des facteurs, on soulignera les produits et on les inscrira en caractères gras dans la tab1e de Pythagore.

X 2 3 4 5 6 7 9 10

1 2 3 4 5 6 7 8 9' 10 2 2 4 () 8 10 12 1ft. 16 18 20 3 = 3 Ü 9 12 15 18 21 21, 27 30 4 = 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 5 = 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 G 6 12 18 2ft· 30 36 !~2 1~8 54 60 7 7 H 21 28 3G 42 49 Go 63 70 8 8 1G 24· 32 ft·O 4·8 56 64 72 80 9 9 18 27 36 !~5 5ft· 63 72 81 90

1() 10 20 30 4·0 50 GO 7U 80 90 100

Voilà pour l 'élévation au carré.

Et pour l'extraction de la racine carrée? Encore une fois, ne pas prononcer le mot! Mais de même qu'on présente aux enfants des exercices de ce genre:

24_ = ' 6 X .. . ; 24 = 8 X ... ; etc. On aura 4 = 2 X . .. ; 25 = 5 X ... ; 64 = 8 X

A l'instar de ce qui se fait à l'école gardienne, on pourra exercer les enfants à disposer en carrés des gaupes de 4, 9, 16, 25 ... 100 petits carrés ou C'ubes et le problème consistera à r'épondre aux questions suivantes:

a) Dans un grand carré, il y a 36 carrés. Combien y a-t-il de petits carrés sur un côté? '

b) On plante 25 choux en carré. Combien y a-t-il de choux sur une ligne? .

Et c'est tOl,lt. Rien de neuf donc, mais une application nouvelle et intelligente de la table de multiplication.

Page 9: L'Ecole primaire, 30 novembre 1927

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~ Nos Pages '~Œ) C9~ COURRIER DES INSTITUTRICES ~,

=========================== SOMMAIRE: , Vent d'automne. - Les Modestes. La dernière rose

Pensées. - Ouvrages manuels.

~ Vent d'automne ~

Le vent d'automne Qui découronne Le front des pois Est 'plein de voix Et de mystère.

'.Son souffle austère Mêle des chants à des sanglots

Comme des flots.

Sa plainte aiguë, Dans l'étendue, Longtemps gémit, Morte à demi. Grave, elle monte, Puis elle affronte

Les larges toits, les vieux auvents Las et mouvants.

Il les secoue, D'eux il se joue, Puis il les tord Avec effort; Il les soulève Sans donner trève,

Il les retourne et rebondit D'un coup hardi.

Puis, il s'apaise Et court à l'aise, Léger, menu, Sur le pré nu. Avec paresse, Il le caresse:

Plus de fureur, plus de courroux, Son souffle est doux.

Il prie, il chante, Il se tourmente Pour· s'assoüpir. Un long soupir, Puis il s 'élance Dans le silence,

Tel, on entend l'humble refrain Du ,pèlerin.

Quand nos années S'en vont fanées, Un vent jaloux Souffle sur nous. Il nous effeuille, Puis il recueille,

Pour le Seigneur, tous nos amours, Des derniers ,iours.

S. J. B.

Les ' lnodestes Je les admire, mais .le les plains. Les modestes sont des êtres

exquis, venlJ.S seulement trop tard dans un monde trop vieux. Le fait est qu'ils ne sont pas de leur temps. Nous sommes an siècle où l'on se pousse, où l'on s'étale, où l'on déplace le plus d'air possible où l'on se niet en valeur comme un ohjet de grand luxe dans une 'vitrine.

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Qu'est~cë qui votis prend, mademoisellè; d'être modeste? Jè sais bien: on ne se refait pas. Vous avez été bien élevée. Bien élevée? Comment l'entendez-vous? Il y a deux façons d'être ,bjen élevée, : celle qui vient du cœur, et celle que dictent 'les calculs de la froide , raisort.

Le cœur vous apprend la bonté, la douceur, la tendresse, la générosité, il vous apprend à vous connaître, à aimer votre pro­chain, à demeurer sans orgueil, sans vanité, à ne pas faire de peine aux autres, à s'effacer au besoin devant eux) à se montre!' sévère pour soi, indulgente pour nos semblables, à savoir se ré­signer, se priver, renoncer ... Le cœur, si nous l'écoutons, feraÎt de nous des anges d'humanité, de charité, de simplicité ... Vous en rencontrez beaucoup de ces anges-là?

La froide raison nous dresse et nous rend habile à nous con,duire parmi les allées du siècle, de façon à y glaner en passant, toutes les satisfactions possibles. Elle fortifie notre volonté, l'en­durcit, nous invite à ne rien craindre, à oser, à paraître, à briller.

Il ne s'agit plus d'être bonne, mais de ne pas se laisser faire, d'écraser tout ce qui résiste, d'aller toujours de l'avant, d'être pétrie d'égoïsme, de confiance, d'amour de soi . Elle nous dit: « ' Tu vaux ton semblable, il t'intimide? Tu as bien tort, il n'est rien de plus que toi-même. Parle-lui doucement, humblement, il te dédaignera. Montre-toi, sois exigeante, tiens-lui' tête: il te considérera. »

C'est ainsi, .le le reconnais, ' que vont tous les el)fants .du siècle. C'est du moins la tendance à la mode. C'est laid. Mais nous ne SOlnmes pas an siècle de la Beauté. Voulons-nous être dans le mouvement, dans la mêlée, dans la lutte? On ne lutte pas sans donner des coups; on ne s'impose pas sans éclipser quelqu'un.

Quelle tristesse 1 Quel écœurement 1 J'aime lnienx les mo­destes 1 J'aime mieux les simples 1 J'aime mieux les âmes vraies; elles font aussi leur petit bout de chelnin. Pourvu qu'elles ne soient pas trop pressées, elles parviendront quand même à leurs fins. On a beau dire: elles ne sont pas à la page, il arrive tou­jours, dans la vie un moment où c'est justement leur page à elles que l'on préfère. Des gens qui bluffent, on se lasse vite, ils vous étonnent, ils vous subjuguent, et puis, un jour on s'aperçoit de. l'artifice et l'on s'éloigne, écœuré, des êtres truqués.

Après tout, la modestie, pourvu qu'elle soit servie par l'intel­ligence et par le travail, c'est peut-être la méthode .la plus sûre pour se diriger dans la vie; on ne vous remarque d'abord pas, on préférera dix fois, vingt fois les autres, mais du jour où l'on vous aura prise en considération, ce sera pour toujours, 1 car avec les modestes, on n'a jamais de déception. On est assuré qu'ils valent mieux que leur réputation, qw" .... 0 , qu'on déc,ouvre en eux est le

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minimum de ce qu1ils sont capables de faire et ainsi quand ils sont l'objet une fois, de l'opinion favorfl.ble du monde, cette bonne opinion ne risque pas de s'amoindrir jamais; au contraire!

A tout prendre, la mentalité du monde s'est transformée bien moins qu'on ne le croit, et si les exigences de la vie moderne nous recommandent l'audace, le sang-froid, la hardiesse, elles ne piéti­nent pas aussi cruellement qu'il y paraît, les jolîes fleurs de la modestie, celles-ci trouvent toujours, tant elles parfument la vie, des âmes d'élite pour les cueillir.

La dernière rose

Dans le jardin désert, aux allées jonchées de feuilles rousses, parmi les chrysanthèmes aux teintes assoupies, or mourant, vieux rose, mauve pâle, et les grappes rouges des sah ias, la dernière rose a fleuri. Par un gris matin d'octobre, à la faveur de quel­"ques timides rayons de soleil, elle a entr'ouvert sa superbe co­rolle d'un rouge sombre, aux pétales soyeux. Et, parce qu'il y avait dans le ciel un petit coin d'azur et qu'un peu de clarté égayait le jardin autour d'elle, elle a cru, la dernière rose, au re­tour de la belle saison. Mais bien vite elle a été détrompée. L'azur du ciel s'est voilé de gros nuages; une bise brutale, venue des plaines glacées du nord, une pluie froide et serrée ont accablé la pauvre fleur; sa corolle, trop lourde pour sa tige flexible, s'est inclinée douloureusement vers le sol.

Il y a une heure à peine, descendant au jardin, j'ai vu cette dernière rose. Et j'ai eu pitié d'elle, si peu faite pour braver les autans. Sa grâce et sa beauté ln'ont émue, Délicatement, j'ai cueilli cette reine des fleurs, à l'air si malheureux parmi les ro­bustes chrysanthèmes qui résistent, eux, à la tempête. Avec pré­caution, j'ai secoué la riche corolle malmenée et alourdie par la pluie. Puis, j'ai placé ma rose, seule, dans un petit vase de por­celaine blanche, sur ma table de travail. Elle s'est un peu re­dressée et son élégant feuillage retombe gracieusement autour d'elle. Maintenant, la pluie et la neige peuvent faire rage au de­hors: ma dernière rose est à l'abri. Le vent d'automne âpre et dur n'arrachera pas ses pétales pour les faire tourbillonner avec les feuilles mortes. Dans la douce tiédeur de l'appartement, elle a repris vigueur et grâce. Pendant quelques jours, je l'espère, elle enchantera mon regard, et son langage mystérieux me parlera de la belle saison. En l'admirant, j'évoquerai les merveilleuses soirées de juin que l'on prolonge, accoudé à la balustrade du balcon, lorsque dans le jardin les premières roses fleurissent, Lorsqu'elle sera fanée, le discret parfum de ses pétales jaunis flottera, léger, dans ma chambre.

Quand la dernière rose n'est plus, le jardin a perdu un de

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ses charmes. Il y a bien encore les fleurs de l'arrière-saison, mais ni les chrysanthèmes, fleurs de tristesse et de deuil, ni les asters aux teintes effacées, n'ont la beauté " somptueuse, la délicatesse, l'attirance irrésistible de la rose.

Les parterres, les allées sont alors tristes et mornes comme on l'est, dans une lnaison, après la n1.ort ou le départ d'un petit enfant, être de jeunesse, de grâce et de joie.

La dernière rose, c'est le dernier sourire de l'été, c'est l'adieu définitif des beaux jours qui, jusqu'au dernier moment, nous tiennent sous leur charme; c'est aussi le dernier parfum de la nature prête à s'endormir du long sommeil de l'hiver.

A voir fleurir, puis se faner, la dernière rose on éprouve une n1.élancolie vague, et la nostalgie de l'été, si vite ç1isparu, saisit l'âme d'un én1.oi indéfinissable. "

H. BONDALLAZ.

Pensées ... Levez les yeux et " tenez-les fixés sur eette étoile polaire de

votre éternité. Alors vous verrez les évé,nements créés descendl'e tous " dans la pénombre des riens qui passent et que l'Eeriture, cette autre voix directe et personnelle de Dieu; appelle tour à tour une fumée qui glisse et disparaît, un nuage qui se dissout, une ombre qui fuit, . une flem' qui s'étiole, une vague qui se replonge dans l'océan.

Cardinal MERCIER.

Heureuses les âmes qui ont le don de découvrir le côté lumineux de toute chose! Elles portent la joie pal'tout où elles vont; lorsqu'elles s 'éloignent, la joie demeure. Quelque chose dans leur présence, dans leur entretien, répand autour d 'elles un indéfinissable hien-être.

P. FABER.

Quand nous avons fait une faute, cherchons des remèdes et non d es excuses.

Celui qui est déjà un petit homme à quinze ans ne sera, de sa vie, un grand homme.

La persécution, fatale aux âmes lâches et tièdes, est l'épreuve victorieuse des âmes ferventes.

Pourrait-on calculer combien il aurait fallu à la politique de temps, d'efforts et de dépenses, pour faire dans le monde une petite partie de ce que la religion a fait a.vec des promesses et des sanctions spirituelles?

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Ouvrages man~els Camisole

Mesures à prendre:

1. Longueur du dos, 36 cm., y ajouter environ 20 cm. = 56. 2. Longueur d,~vant de la nuque à la taille devant, 47 cm. 3. Hauteur du dessous de bras, 19 cm.

4. Longueur de la manche, DOS DE LA CAMISOLE 54 , cm. et 112 largo du dos 18 cm.

5. Demi-largeur devant, 17 patron réduit au sixième. centimètres 112.

6. Demi-tour de poitrine, ~ 5-45 cm. , ~"'"

7. Demi-tour des hanches pris à 20 cm. au-dessous de la f t'aille, ' 54 cm. 1 ---I;;'!- .~ ~

, 8. Demi·tour d'emmanchu· 1 ~ ore, 20 cm. ~

9. Demi-four de cou, 18 cm. ':t, Remarq.ue,:. Ces mesures ~, -1" ~ d~7''-:'-/.·:''':''

sont approxImatIves et elles ont .;JI

servi au patron que voici. ~ Théorie du dos de la cami- ~I

sole. Tracer un angle droit dont ~ 1

l'horizontale mesure le quart du JI tour de poitrine et la verticale JI aura la longueur du dos. A mi-.1'1 hauteur tracer une horizontale 1 ....-7·~ "k/L.:-~;;~ appelée 'ligne de carrure. Mesurer 1

sur la pr~mière horizontale le 1

tiers de la demi-encolure; remon-ter ce point d'un centiInètre. Tra-cér la courbe de l'encolure.

Sur la ligne de carrure, me­surer la demi-largeur du dos, re-monter ce point du 113 de la de- v- du .,L.~,t, mi-encolure, ressortir de 1 cm. et tracer la ligne d'épaule.

Sur la ligne de poitrine mesurer le quart du tour de poitrine moins deux centimètres. De là, une verticale ayant la hauteur sous le bras.

, Tracer une verticale à la ligne de taille. Cette vertic~le aura 20 cm. Terminer cette ligne par une horizontale appelée lIgne des hanches. Cette dernière mesurera le quart du tour des hanches plus 4 cm. Remon'ter ce point de 2 cm. "et arrondir au bas.

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La ligne d'emmanchure est une courbe qui relie la ligne d'épaule à la ligne de hauteur du dessous de bras.

Réunir l'emnlanchure au bas ' de la camisole par une oblique; cambrer celle-ci à la taille de 1 cm. (A suivre.)

Vente de timbres et de cartes " ,Pro Juventute"

Marchant, on peut dire, la main dans la main avec les auto­,rités scolaires, comptant pai'mi ses collaborateurs locaux un nom­bre considérable d'instituteurs ou d'institutrices, ce n'est peut-être que pour obéir à la tradition que « Pl'O Juventute » vient ici, une fois de plus , demander le bienveillant appui du corps enseignant pour l'aider à assurer le succès de sa vente de timbres et de cartes, appui dont elle a toujours été très heureuse de constater les ré­sultats. Soit qu'il se manifeste par une petite leçon aux élèves ~ur Pro Juventute et son activité, soit qu'il consiste à engagel: les en­fants ' à se mettre au service de nos organes locaux pour la vente des timbres ou à les inciter à en recommander l'achat à leurs fa­milles, cet appui est toujours reçu avec grande reconnaissance par nous et nous sommes assurés de son efficacité.

Le secrétariat général de « Pl',O Juventl.lte » . •

Leçon d'application sur l'œuvre "PI·oJuventute" Matériel intuitif: Timbres et cartes Pro J l.lventute, 1927.

1. Rappel du connu: Comme' moyen intuitif, montrer aux enfants les reproductions agrandies des timbres et les cartes Pro Juventute.

Chaque année, du 1er décembre au 30 avril suivant, on vend de très jolis timbres, des cartes illustrées, en faveur d'une œuvre qui porte le nom de Pro Juventute; en français: Pour la jeunesse.

2. Indication du but. Je vais vous ,expliquer aujourd'hui en quoi consiste cette

œuvre Pro Juventute) pourquoi elle organise chaque année une vente de timbres et de cartes dans toute la Suisse. Vous apprendrez ainsi à aimer cette œuvre et à la soutenir.

3. Donné concret et aperception. Ces deux mots latins Pro Juventute signifient: POlll' la J eu­

nesse. Il s'agit donc d'une œuvre charitable qui s'occupe de l'en­fance et de la jeunesse: des petits bébés, des écoliers comme vous , et aussi, des jeunes gens et des jeunes filles. L'année passée, l'ar­gent 'qü'on a ~'écolté grâce à la vente des timbres et des cartes était destiné aux bébés et aux petits enfants pauvres. Cette année, ce sera le tour des jeunes gens et des jeunes filles. Le bénéfice sera

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attribué à la maison d'accueil pour apprentis, à l'aide pour les apprentissages, aux œuvres nombreuses qui s'occupent de la pro­tection de la jeunesse, cercles d'études, travaux manuels pour gar­çons, concours « Nos Loisirs » , moyens de pennettre à des jeunes gens ou jeunes filles infir~les et peu doués de gagner leur vie .

Que font beaucoup d 'enfants après leur libération de l'école? Ils vont apprendrè un métier. A la campagne, il est plus facile è un jeune homIne de gagner sa vie qu'en ville, où il doit absolu­ment apprendre un métier pour aider sa famille à sortir de la misère. Mais comme la famille ne peut souvent pas subvenir aux frais d'apprentissage, l'œuvre Pro Juventute vient en aide aux apprentis. Puis, elle s'occupe de leur placement, elle ne délaisse pas les jeunes Suisses qui se trouvent dans des pays étrangers. elle leur trouve des situations dans leur patrie.

Je pourrais vous citer des faits touchants concernant des jeu­nes gens aveugles ou sourds-Inuets, paralysés, menacés de tuber ­culose, qui ont été, malgré leur infirmité, instruits et élevés, fOl'ti­fiés physiquelnent, puis formés à une occupation lnanuelle. Celle­ci leur a ainsi procuré du bonheur et un gagne-pain. Et que d'œu­vres de bienfaisance sont soutenues par Pro Juventute !

Vous comprenez nlaintenant que, pour aider la jeunesse pau­vre et Inalheureuse, il faut des ressources , il faut de l'argent. Et voilà pourquoi, on a créé ces jolis tinlbres et ces charmantes cartes de bienfaisance.

.Les timbres de 1927 sont consacrés à la nlémoire de Pesta­lozzi, car cette année, vous le sa ~ez, nous avons céléhré le cente-naire de sa mort. \

Pestalozzi a vécu de 1746 à 1827. C'est un grand bienfaiteur de l'enfance. En 1798, les Français avaient envahi notre pays et certaines régions , surtout les cantons de Schwytz et d 'Unterwal­den furent mises à feu et à sang. Beaucoup de gens moururent dan~ ces O'uerres et un grand pOlllbre d'enfants devinrent ainsi orphelins. b Pestalozzi leur consacra sa vie, les recue~llit dans .un orphelinat qu'il avait fondé lui-même à Stanz. AUSSI.' est-~e bIen juste, n'est-il pas vrai, qu'on commémore son souvenIr? L œuvre Pl'O Juventute a édité de très jolis timbres en l'honne~r de P~sta­lozzi. Les deux premiers, celui de cinq et celui de dIX cenh~le[. représentent les petits enfants auxquels s'intéressait Pestalo.zZl et les timbres de vingt et de trente centimes sont des portraIts de Pestalozzi lui-même.

4. Applications. Puisque l'œuvre Pl'O .Juventute s'occupe de la jeunesse de no­

tre pays, il faut que vous l'aidiez, vous aussi, dans toute .la mesure de vos forces à recueillir les fonds qui lui sont nécessaIres. Vous pouvez y contribuer sans être riches vous-nlêmes. Demandei à vos bons parents d'acheter des timbres et des cartes Pro Juventute. Si 'Vous aveZ quelques sous, achetez-en vous-mêmes. Au moment

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~cles fêtes de Noël et du Nouvel-An, vous serez heureux d'utiliser ces tiInbres et ces cartes.

Veuillez retenir ceci qui est bien intéressant: le bénéfice de la vente des timbres dans notre canton est utilisé en faveur des enfants et des jeunes gens qui habitent notre canton. Cet argent n'est pas expédié à Zurich ou ailleurs.

Ce que vous pouvez faire tous, mes enfants, c'est d 'aider à la vente des timbres et des cartes Pro Juventute. Toutes les classes doivent y coopérer et dans chaque classe, tout écolier qui a du cœur et qui travaille dans une pensée de charité chrétienne. Nous n'avons pas le droit d'être égoïstes . Il faut que chacun s'oublie quelque peu pour les autres et trouve les moyens de diminuer la souffrance de ses frères. Entre tant d'autres, l'œuvre Pl'O Juven­iute est un moyen de pratiquer cette charité, sans laquelle notre foi n'est pas agissante, cette charité qui est le signe caractéristique des enfants de Dieu. F. BARBEY.

N.-B. - Prière à chaque instituteur et institutrice de donner cette leçon avec persuasion et de faire agir les enfants selon les conclusions qui en seront tirées.

~ova et Vetera

Nouvelle floraison SUI- un vieil arbre Du 10 .iuillet au 6 aoùt, 155 éducateurs suisses, recrutés dans les

régions les plus diverses de notre pays aux nuances ethniques si riches, se sont donné rendez-vous à Genève. Les charmes èle la rein e du Léman auraient pu retenir des dilettantes pendant la huitaine traditionnelle de flâneries à travers la ville et aux alentours. Il a fallu un intérêt plus haut et plus durable pour river, pendant un mois, au labeur de l'étude des hommes dont beaucoup venaient à peine d'entrevoir les vacances: la volonté de poursuivre leur for­mation professionnelle.

C'est l'œuvre à laquelle se voue depuis plus de quarante ans la Sodété suisse de travail manuel et de réforme scolaire qui a orga­nisé le 37e cours normal de Genève. L 'auteur de ces lignes, délégué officiel des écoles sédunoises pour étudier les nouvelles méthodes dans leur ensemble, a eu l 'avantage de suivre de près les travaux des 10 sections, tout en participant d'une façon spéciale au cours d'école active destiné aux maîtres de l'enseignement secondaire; en dehors de l'enquête en quelque sorte commandée, il a pu échanger des vues avec de nombreux éc1ucateui's aux expériences très . diverses et aux tempé­raments si variés.

Le cours de Genève, sorte d'école normale itinérante pour prati­ciens familiarisés avec les difficultés de renseignement, comprenait une division technique et une division méthodique.

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La division technique, répartie en 3 sections, avait pour but l'ac­quisition de techniques employées dans les ateliers: Cartonnage, me­nuiserie et travail des métaux. Les deux dernières divisions travail­laient dans des ateliers aménagés à cet effet; la section de cartonnage a pu transf~rmer aisément une salle de dessin en salle-atelier.

,La division des cours méthodique~ échelonnés en trois degrés (degré In,férieur de la 1re à la 3me année de l'école primaire, degré moyen de la 4me à l~ 6me année, degré supérieur et école secondaire) initiait ou perfectionnait les participants dans les méthodes d'ensei­gnement et d'éducation suivant les principes de l'école active et tra­vaillait da.ns des salles de classe sans installations spéciales.

Il , ,me semble plus intéressant et plus utile de vouer une atten­tiqn spéciale aux cours méthodiques pour une double raison: d'une part les cours méthodiques suivent une marche relativement simple et ont déjà abouti à des résultats qu 'on peut considérer comme défini­tivement acquis dans les grandes lignes; d'autre part, les cours mé­th.odiqu,es, plus récents, se meuvent sur un terrain moins stable, révè­lent une contexture plus compliquée, mais présentent un intérêt plus général, plus immédiat et plus vital pour notre organisme scolaire.

Origine des cours méthodiques. Les cours méthodiques ont été introduits en 1920 dans le pro­

gramme de la Sodété suisse de travail manuel et de réforme sco­laire, sous la dénomination d'école active; ils se sont constamment développés et tendent à prédominer clans les préoccupations des mi­lieux pédagogiques suisses parce que leur objectif rentre directement dans le but scolaire.

Le terme d'école active. Quoique le terme d'école active implique une critique trop géné­

rale à l'adresse de l'école traditionnelle et une attitude d'opposition à son égard et qu'il n'exprime d'ailleurs qu'incomplètement l'ensemble des nouvelles méthodes enseignées à Genève et plus imparfaitement , encore l'idéal d'une vie scolaire plus intégrale, je conserve C'e terme pour garder le contact avec les hommes qui, en Suisse et au delà de, nos frontières, travaillent au progirès de nos méthodes d'éduca­tion et d'enseignement sous une enseigne commune.

Nature de l'école active. L'exposé des théories psychologiques et des recherces expérimen­

tales, sur lesquelles s'élève l'édifice de l'école actvie comme sur un fondement, ne serait pas étranger au but de ce rapport. Mais un tel aperçu, même très sommaire, conduirait si loin que je me cüntente d'énoncer brièvement quelques conclusions solidement établies de ces études fondamentales:

1. L'école active constitue le développement naturel de l'école traditionnelle dans le sens entrevu depuis longtemps par des pé­dagogties de marque. Le siècle écoulé ,s'est particulièrement efforcé de rendre l'enseignement intuitif, progrès qui ,reste acqui~; mais, il

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ne s'est pas dégagé suffisamment des méthodes trop étroitement intel­lectualistes et n'a pas assez déblayé les voies d'accès de l'esprit pitr unê culture ' méthodique des sens. La nouvelle étape pédagogique consistera à faire plus totalement appel à toutes les ressourc'es de l'enfant dans la réalisa~ion du but éducatif.

2. L'école active tient en particulier un compte plus large 'du besoin d'activité spontanée qui se révèle dans le jeu 'de l'enfant d'une façon très suggestive et s'exprime en combinaisons et créations mul­tiples, conformes aux lois de la croissance et à l'état psychique de cet âge.

3. Loin de paralyser cette activité créa,trice spontanée, l'école C'ontinuera à la développer et à l'élever jusqu'au niveau du travail intellectuel que l'école traditionnelle a l'ambition de cultiver d'une façon intense.

4. Mais autour de cette activité intellectuelle placée au sommet du développement humain, se groupent, comme opérations préparatoires et préliminaires, des activités psychiques inférieures et aussi des activités physiques. L'école traditionnelle, trop pressés d'arriver au but, n'a pas voué à la formation progressive de ces activités prélimI­naires l'attention nécessaire et a oublié de préparer l'éclosion et' l'épa­nouissement des facultés supérieures par une culture suffisante des facultés inférieures.

5. L'enfant n'est pas 'seulement œil et oreille; ses muscles et en premier lieu ses mains veulent coopérer à la tâche de l'esprit: cons- ' tituer et compter, comme au jeu, des groupes d'objets; découper et dessiner les figures qui l'intéressent; cueillir, sécher et coller les fleurs qu'on lui montre; répéter ou , combiner des expériences. Bref, il veut être en quelque sorte le fils de ses propres œuvres, s'employer avec toutes ses ressources au travail de sa propre formation.

6. L'activité manuelle, qui constitue l'acquisition la plus appa­rente des nouvelles méthodes et réclame, en effet, une pitrt plus large et plus fréquente dans la vie scolaire, n'est pourtant pas la ca­ractéristique unique ni même principale de l'école active, dont le ca­chet propre et général consiste dans l'activité personnelle le plus possible spontanée de l'élève, agent premier et principal de sa pi'opre ' formation.

7. Le rôle du maître est d'éveiller cette activité personnelle spon­tanée, en proposant à l'élève des Objets proportionnés à sa capacité actuelle, de la surveiller toujours et de la diriger, enfin de la stimu'ler et de la soutenir dans le labeur de la réflexion et dans l'acquisition d 'habitudes physiques, intellectuelles, morales et religieuses.

Comment ont été appliqués à Genève ces principes de l'école' active?

Il n'est pas aisé de ressusciter en quelques mots cette vie multiple et intense qui s'est déployée dans les différentes salles de travail, car il ne s'agit pas d'une organisation ' minutieusement réglementée, mais

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d'une activité sans doute dirigée fortement pal' la vision lu but, avee l es imprévus du labeur quotidien.

Le programme des c'ours demandait au x !Jarticip~n:s d'exécuter eux-mêmes le travail qu'ils allaient proposer a leurs el~ves et de l e soumettre ensuite à une critique collective. Les cour~ av~~en.t donc u~1. caractère nettement pratique; la théorie n '~ntervenal,t ~u a tItre sub,s~­cliaire et était présentée en quelques conferences ~~n:rales, ou ~al ~l ­culières, quelquefois discutée dans des 'échanges dldees tres ammes.

q================'~ (1 : : EN CLANANT d)

~ L'enfant chantait ~ L'enfant c1wnÙtit; la mère, au lit, exténuée , Agonisait, beau front dans l'0.111bre se penc!wnt; La mort cLU-dessus d'e lle e1'1'wt clans la nuee, Et j'écoutais ce râle et j'entendais ce chant!

L'enfant avait cinq (ms, et, près de la fenêtre , . Ses l'ires et ses c1wnts faisai ent un chc~rmcmt brUlt; Et la 111ère, cl côté de ce pauvre doux etre . Qui chantait tout le }our, toussait toute la nUlt.

La 1nère alla dormir sous les dall es du cloître, Et le petit enfant se remit cl chanter.. ~ . La douleur est un fruit: Dieu n e le fmt pas crozt1 e Sur la branche trop faibl e encore pour le portel'.

Victor HUGO.

Le berger mm Voici l' heure incertain e où le soleil d~clinc; . . On n'cntc11d d'autre bruit qu'un Angelus lo.mtwn. Quciqu cs moutons, tassés ClU bas d e la colll11e, Broutent paisiblement l' h erb e fraîch e ct le ~hym, Et Slll' la hauteur, drapé dans su capc de .lame, Le vieux berger repose cl côté de son c1uen , . Et laisse , ihsoucieux, pal' les 11lOnts et l:l plwn e, E1'1'er ses yeux lassés qui n e regardent l'Z en. Qu'aux flammes c!e l~idi to~t le, pays s'e1nbrusc, Que la bise tempe~e,. II ~.e s ,el} ~meut pas. " J

Comme un moine a .1amms cloltre dans son extase , Il a l'ail' d'êtl'e 1110 l' t aux choses d'ici-bas. , PClLlvr'e diable , ce n 'es t qu'une tête lUi. peu folle , Un infirme cl moitié couché dans le tombeau , Mais le sol~il Clu front lui met une auréole,

1 \

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Dans la pourpre des soil'S il se taille un ilidrdeéttt. Pourtant il se fait tard, et le couchant flamboie. Lr! jour avec la nuit lulte avant d'expirer; pans l'ébloUissement de ce grand feu de joit, La lune pcu cl peu commence à se montrer. Le vieux, lui, sur sa roche cst toujours immobile, Et ,le bon paysaIl qlli l' entre cl la maison, Non sans tl'emblel' un peu, l'apcl'çoit qui profile Sa silhouettc d'al' SUI' le rOllge horizon.

G. VICAIRE.

~ L'flmitié ~

Vivrc en soi, ce n 'est rien; il fallt vivrc en autrui .. A qui puis-je être utile, agréable aujoul'([' hui? Voilà, chaque matin, ce qu'il faudrait sc dirc: Et , le soir, quand des cieux la clal'té se retil'e , H eureux cl qui son cœur tout bas a l'épandu: Cc jour qui va finir , je nc l'ai pas perdu; Grâce cl mes soins, l'ai vu Sl.l1' une face humain e La trace d'un plaisir ou l'oubli d'une pein e ... QLl e la société porterait de doux fruits, Si pal' de tels pensers nous étions , tous conduits!

ANDRIEUX. '

LA DOCTRINE SOCIALE' II.

Nous avons compris que, étant membres de la société hu­maine, nous avons des devoirs envers les autres hommes, envers la sociét.é dans laquelle nous vivons, et nous les avons résumés dans 'ce mot : le Devoir social. Qui nous enseignera ce devoir: ' '

LA LOI NATURELLE, SON INSUFFISANCE

Notre conscience, allez-vous me dire. Oui, c'est sa mISSIOn; Dieu l'a mise en nous pour nous rappeler le devoir, c'est-à-dire nous faire connaître ce qui est bien et ce qui est mal, ce qui est à faire et à ne pas faire. A cet ensemble de devoirs tels qu'ils sont ainsi déclarés par la conscience, on donne encore le nom de loi naturelle, c'est-à-dire de commandements imposés par le Créateur lui-même à notre nature d'hommes doués de raison et faits pour vivre en société. La conscience, c'est la loi naturelle vivante et parlante en nous.

Comme l'homme distingue avec ses yeux les objets qui l'en-

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tourent, ainsi par sa conscience il discerne le hien du mal, le juste de l'injuste.

Malheureusement, tout le monde n 'a pas de bons yeux; les uns sont myopes: ils ne voient que les objets très gros; d'autres ont les yeux fatigués, affaiblis: ils voient trouble; ciuelques-uns même per­dent la vue et deviennent aveugles.

La conscience, cet œil de l 'âme, a aussi ses maladies; il lui arrive aussi de voir trouble ou de ne distinguer que les injustices énormes et même d'être si affaiblie, si paralysée qu'elle ne voit plus rien.

Vous connaissez l'expression:.: Il il'y a _pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Nous pouvons l'applique}; aussi à la conscience. Quand on est dominé par une passion, un désü' - tout injustes qu'ils puissent être - on ne veut pas entendre les reproches de sa conscience et on l'étouffe, comme on se ])oucherait · les oreilles pour ne pas entendre ou comme on se ·banderait les yeux pour ne pas voir.

Aussi, conscience ou loi naturelle, - comme vous voudrez -restent trop souvent impuissantes, non pas seulement à obtenir de l'homme qu'il leur obéisse, Inais même à lui dire clairement et pleinement son devoir. Les désordres, les abus, les injustices de to~Ite espèce dont l'huluanité a souffert durant bien des siè­cles, en sont le témoignage irrécusable. Songez, par exem.ple, à l'esclavage, au sort misérable de ln. femlue, ·de J'enfant, du pauvre, de l'infirme, jadis au temps du paganisme, et même au.iourd'hui dans les pays qui n'ont pas connu notre roi chrétienne.

DOCTRINE SOCIALE DE L'EGLISE

Mais Dieu a eu pitié de l'humanité déchue et lui a envoyé un législateur pour confirmer, préciser, perfectionner la loi na­turelle. Ce Législateur, c'est son Fils incarné, c'est Jésus-Christ, la Vérité, la Justice, la Charité.

L'ensemble des principes tirés de l'Evangile, c'est-à-dire de l'enseignement du Christ, qui règlent notre devoir social, s'appel­lent: doctrine sociale chrétienne. De cette doctrine, l'Eglise est la dépositaire, car elle est la gardienne de l'enseignement du Christ. -

Vous êtes peut-être surpris ... vous aviez considéré jusque-Hl Je catholicisme - la doctrine de l'Eglise - comme préoccupé, uniquement ou peu s'en fapt, de n.ous enseigner nos devoirs en­vers Dieu et de nous aider à les pratiquer par ses sacrements, son culte, ses cérémonies, et c'est vrai assurément,· mais ce n'est pas tout.

Réfléchissez un peu :. qu'est-ce que Jésus-Christ est venu ap -

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p~r~e~ à la ~erre ? la Vérité, la Justice, la Charité, n'est-ce pas? V ~nte, JustIce, Charité, pour régler les rapports directs entre DIeu et l'homme: ce qui, à proprement parler et dans son sens le plus restreint, est la religion· - mais aussi Vérité Justice Charité, pour régler nos devoü:s envers nOlis-mêmes:' c'est l~ In,orale i:zdividl.lelle; - envers les hommes considérés soit en gé­neral, ~Olt dans l'Etat, la famille, Jes groupements où nous-mêmes nous VIvons: et c'est la morale sociale.

Car enfin, on n'est · pas chrétien seu1ement quand on est à J'église ou que, retiré chez soi, on fait sa prière. On est chrétien ou au moins on devrait, pou.r mériter ce nom, l'être tout le temps: ~ans tous les actes de sa VIe; par conséquent, la doctrine chré­tIenne est l~ guide que Jésus-Christ nous a donné pour régler notre condmte dans tOLlS nos a,ctes, plus même, dans toutes nos pensées.

Que penseriez-vous du raisonnement d 'un épicier qui ne donne pas le poids dg la marchandise qu·on lui demande et qu'on lui pay~, et qui se croirait en droit de le faire sous prétexte que c'est affalre de commerce et non de religion; d'un patron qui profite de la misère d 'un ouvrier pour lui imposer un travail accablant, s~us le prétexte que les affaires sont les affaires et que l'Evangile n en, ~arle pas; d 'un ouvrier qui perd son temps, quand il est paye a l'heure, ou sabote l 'ouvrage sans remords, sous prétexte que c'est affaire de m~_tier et non de religion; d'un chef d'Etat, qui sous prétexte de serVlr son pays, déclarerait que les commande­m .ents de la .religion sont faits uniquement pour les individus, pas poUl: les natIOns, mentirait, ne tiendrait pas. ses promesses, refu-seralt de payer de justes dettes ... , etc. .

Ne sont-ils pas tous profondément dans l'erreur et ne comprenez­vous pas que du moment que la Justice est en jeu, c'est affaire de la doctrine de celui qui est la Justice infinie et qui est venu l'enseigner aux hommes; c'est aussi l'affaire de l'Eglise, dépositai·re de la doctrine de Jésus-Christ.

LES PROGRES PAR LA DOCTRINE SOCIALE DE L'EGLISE

~haque fois que la Société s'inspira de la doctrine sociale de l'E?"hse, elle s'éleva, se civilisa, progressa. Chaque fois, au con~ tr~u~'e, qU'èlI,e s'en. éloigna, elle s'abaissa, connut l'injustice, Ja mIsere, la degradahon, et tomba dans toutes sortes de maux.

Ainsi pour citer un seul exemple: au début du siècle dernier la société française était plus chrétienne de nom que d'esprit, sur~ ~out chAe~ beaucoup de diri"geants; les grandes usines commençaient ~ ~e ba.tIr partout. ~~s conditions de traVail que l'on imposa alors a. 1 ouvrI~r fure~t specIalement dures et constituèrent de réelles injus­tlces SOCIales. C est qu'on songeait au progrès matériel et au profit et CI1-l .'on ne tenait pas compte de la doctrine socia-le de l'Eglise.'

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Socialisme.

Des réformateurs vinrent alors, qu'on appelle socialistes. Ils prétendirent améliorer l'état de la Société; établir des conditions de travail plus justes, HlOins pénibles, donner un peu plus de bien-être aux moins favorisés de la fortune, mais tout cela sans se préoccuper, eux non ' plus, de la doctrine sociale de l'Eglise.

Sur plus d 'un point, ils se sont trouvés d 'accord a,tec l'.Eglise pour réclamer, par exelnple, que les hommes et à plus forle rai­son les femmes et les enfants, ne soient pas écrasés sous le poids de leur besogne, pour exiger que les salaires soient toujours 'lsse.z élevés pour permettre de vivre convenablement, bref pour tra­vailler comme elle à une amélioration générale du sort de l'ou­vrier. Ils continuaient ainsi pour leur part, et peut-être sans s'en douter, l'œuvre que l'Eglise avait commencée, bien longtemps avant eux, dans la société païenne et poursuivait depuis lors: la défense du droit, l'amour de la justice, l'entr'aide fratern~tle. toutes chosès, en effet, que l'Eglise enseigne dans le monde, au nom de Jésus-Christ, depuis mille neuf cents ans.

Mais, d'autre part, il faut reconnaître une divergence fnn­damentale entre les deux doctrines.

L'Eglise, dans l'homme, voit un corps et une âme. Elle sait que la terre n'est pas notre demeure permanente, mais le ciel, qu'il faut mériter ici-bas. Elle n'oublie pas pourtant qu'un certain bien-être matériel (logement, nourriture, repos, distractions, etc.), est nécessaire pour pratiquer facilement la vertu et que Dieu a placé l'homme sur la terre pour la transformer par son travail. Elle favorise en conséquence, de' son mieux, le progrès matériel, elle lutte contre la misère et l'injustice; cependant elle réserve toujours, dans ses préoccupations, la premiè1'e place aux droits, aux besoins, au sort futur de notre âme immortelle. Le bonheur vrai, définitif, de celle-ci n est pas ici-bas, ni dans la richesse, ni dans le confort et les plaisirs de cette vie, ni dans tout ce qu 'on appelle les progrès et les raffinements de la civilisation.

Au contraire, le Socialisme, quoiqu'il prétende souvent qu'il ne s'occupe pas de religion, en réalité travaille à faire croire à ceux qui le suivent, qu'il n'y a pas d 'autre vie après la 111.ort, que l'homme meurt tout entier quand il meurt, qu'en conséquence on doit s'assurer dans ce monde toute la part de bonheur terrestre possible et même en l'arrachant, s'il le faut, par la force et par la violence, à ceux qu'on accuse de s'être attribué une part trop forte et injuste du bonheur de cette terre, c'est-à-dire la richesse, Le Socialisme reproche à tort à l'Eglise de trop prêcher aux hom­mes la résignation ici-bas et le bonheur de la vie future; lui , il exagère grandement en sens opposé.

Mais quand on rapetisse et qu'on déforme de la sorte la destinée

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de l'homme, on est incliné à une recherche excessive du honheUl' purement matériel. Sur cette pente, la loi naturelle est trop souvent impuissante à retenir et l'on risque d'être entraîné très , loin. Les améliorations r éelles que les socialistes ont contribué à obtenir en s'appuyant sur les mêmes principes de Justice que nous - ptin­cipes qu'ils ont puisés souvent sans en avoir conscience dans l'Evan­gile - seraient elles-mêmes mises en danger, le jour où triomphe­raient les principes matérialistes qui insI9irent leur œuvre' des maux incalculables en résulteraient pour la société; car ce ~erait alors peu à peu le règne universel de l'intérêt personnel, c'est-à-dire de l'égoïsme, du « chacun pour soi»; c-e serait peu à peu le retour à la domination des forts sur les faibles et la disparition progressive de la vraie fraternité.

CONCLUSION

Tout le monde ' s'accorde pour reconnaître que notre Société actuelle traverse une crise grave; agissons avec elle comme avec un malade. II faut la' soigner et pour cela courir au médecin. ~e la qua~it.é, de la science du médecin appelé dépendra la gué­rIson; ChOISIssons donc le bon médecin et suivons fidèlement le traitement qu'il indiquera. Quand nous hésitons à choisir entre deux .médecins, avant de confier notre malade à l'un d'eux, nous nous Informons du nombre de guérisons qu'ils ont respectivement ~btenues; et, quand nous voyons que les malades ont guéri avec 1 un et sont n10rts avec l 'autre, notre choix est vite fait.

Agissons de même quant aux doctrines sociales qui se pré­sen~ent pour guérir la Société de ses maux, et puisque la doctrine SOCIale de l'Eglise a fourni autrefois les remèdes des maux beau­C?UP. plus terrible.s encore que ceux dont nous souffrons aujour­d hm, donnons-luI notre confiance et suivons son enseignement.

LECTURE,

LE SOCIALISME

Les socialistes, pour guérir ce mal (la crise sociale actuelle) poussent à la haine jalouse des pauvres contre ceux qui possèdent. Ils. p:'étendent que, toute propriété des biens privés doit être ' sup­prImee, que les bIens d 'un chacun doivent être communs à tous et que leur administration doit revenir aux municipalités ou à l'.~tat. Moyennant ce transfert des propriétés et cette égale répar­tItIOn entre les citoyens des richesses et de leurs avantages, ils Sè

flattent de porter un remède efficace , aux maux présents. Mais eette théorie, loin d'être capable de mettre fin au conflit

ferait tort à l'ouvrier si elle éta.it mise en pratique. D'ailleurs, ell\~ es t souverainement injuste, en ce qu'elle viole les droits légitimes c1e.~ propriétaires, qu'elle dénature les fonctions de l'Etat et tend à bou­leverser de fond en comble l'édifice social.

Léon XIII (» Rerum Novarum »).

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L'EGLISE ET LES ŒUVRES SOCIALES

La question sociale n'est pas une question nouvelle; elle est aussi ancienne que l'inégalité des conditions et la lutte des classp.i-l. La crise du capital et du travail qu'elle a pOUl' but de terminer, n'est pas spéciale non p'lus au temps où nous vivons. Elle existait au temps du paganisme, elle a existé au temps du 'Moyen Age, elltl s'est simplement renouvelée au siècle dernier. Au cours des siécles, c'est toujours l'Eglise qui est intervenue le plus efficacement pOUl' la résoudre.

L'Eglise n'a jamais cessé de s'intéresser à la cause de l'ouvrier. Mais il faut bien reconnaître que, pendant la première moitié du XIXe siècle, sa liberté d'action fut paralysée, en notre pays surtout par la. suppression des corporations brusquement opérée à la fin du siècle précédent.

Sous un prétexte de liberté, l'ouvrier a · été réduit à l'isolement. Dès lors, ne trouvant plus l'appui matériel et moral que lui avant donné jusque là l'association dont 11 était membre, l 'individu était resté seul en face de lui-même, sans aucun lien d'intérêt, d 'hon , neur ou de réputation avec ses compagnons de travail, sans pro­tection ni garantie contre les forts. Dans cet état d'aba.ndon, il Sl~

trouva bien, dans l'inépuisable charité de l'Eglise, le remède à ses misères les plus urgentes. Mais l'Eglise n'avait pu aller plus loin, elle n'avait pu remédier au mal général, et quel mal? « Une concur­rence effrénée, une lutte pour la vie où chacun réduit à ses seu18s forces cherche à l'emporter sur les autres, au risque d'amener leur ruine; une mêlée où l'on se coudoie, où l'on s'écrase, où l'on se foule aux pieds; c'est-à-dire, en résumé, l'oppression en haut, la servitude en bas, l'antagonisme partout et l'union nulle part.)) Voilà quelle était la situation.

L'Eglise du moins, n'avait pas cessé de signaler le mal, et qualld de jeunes officiers français, en 1870, au milieu des loisirs qUE' leu l' imposait la captivité, cherchaient les bases et les conditions de la paix sadaIe, ils répondaient aux désirs non dissimulés de l'Eglise (1).

Par leurs préoccupations et leurs étude.s, ils étaient, :;ous l'ne forme plus appropriée aux besoins généraux de leur temps, les c lllti­nuateurs d'Ozanam qui les avait prophétisés lorsqu'il écrivait: « Il y a beaucoup d'hommes qui ont trop et qui veulent avoir encor'3 il y a beaucoup plus d'autres qui n'ont pas assez, qui n'ont rien E-t qu.i veulent prendre si on ne leur donne pas. Entre ces deux clï.SS8S

d'hommes une lutte se prépare, et cette lutte menace d'être terrible; d'un côté, la puissance de l'or; de l'autre, la puissance du désespoir. Entre ces armées il faudrait nous pl'éc'ipiter, sinon pour empêcher, cln moins pour amortir le choc. »

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Ozanam se jeta entre les deux, mais il n avait et ne pouvait avoir que l'arme de la charité faite à l'individu. Il était réservé il « cette grande semeuse d'idées)) qu'a été l' « Œuvre des Cercles», d ' t'.x .. ~('e~r une véritable action sociale, en provoquant sous les auspices de l'Eglise le mouvement syndical qui devait substituer la foree de l'association à la faiblesse de l'individu. Injustement susp3ctée ct même combattue, l' « Œuvre des Cercles)) a .toujours trouvé un appui dans l'encouragement de l'Eglise, et, il y a vingt-neuf ans, elle reCH­vait sa récom.pense dans l'Encyclique «Rerum Novarum ).

Cette Encyclique, dont un de nos plus célèbres économistes, M. Leroy-Beaulieu, a pu dire qu'elle était un « baiser du Christ à ses pau­vres )), cette Encyclique était la charte immortelle du travailleur, la garantie de ses droits et le code de ses devoirs.

Certains esprits timides s'en étonnèrent, mais ils ne connaissaient pas l'Eglise. Le grand mal de l'impiété contemporaine avait été de détacher le peuple de l'Eglise, sa bienfaitrice séculaire, en lui faisant croire qu'au milieu de ses luttes et de ses souffrances, il n'avait rien à attendre d'elle. Mais il n 'était pas possible que le peuple . fermât son cœur aux tendres sollicitudes de Léon XIII, lui rappelant sans cesse que l'Eglise, en dehors de ses œuvres surnaturelles~ « acc'omplit dans le monde, même pour la félicité de cette vie, une mission de salut )).

Depuis, l 'Eglise n 'a pas cessé de rappeler la nécessité d'une action sociale catholique à exercer au nom de la charité chrétienne.

Mais l'Eglise ne demande pas seulement d 'aller au secours des autres dans une pensée de chaTité chrétienne, elle veut qu 'on y joigne la soumission et la docilité à ses doctrines et à ses .directives.

Mgr GOURAUD:

(1) Mgr Gouraud fait allusion ici à ]\11. de Mun et à NI. de h~ Toul' du Pin . Cet épisode est raconté par M. de Mun lui-même, dans le beau livre qu'il écrivit sur la fin de sa vie, « Ma Vocation socinJp.)), pour exposer les origines et le développement en France du grand mouvement catholique social, dont il fut le promoteur et le gUIde le plus écouté. C'est lui qui fonda l' « Œuvre des Cercles».

RÉSUMÉ

1. L 'histoire de l'humanité nous montre que la loi natllI'elle ne suffit pas) en fait, pour faire pratiquer à l'homme son devoir social.

Mais cette loi naturelle a été rappelée, précisée, perfectionnée par Jésus-Christ. L'ens.em.ble des principes tirés de l'Evangile et réglant notre devoir social' s'appellé doctrine sociale chrétienne, ou doctrine sociale de l'Eglise.

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1 1 2. ~:haque fois que la Société s 'est organisée en s inspirant de a G octnne de l'Eglise, elle s 'est élevée et civilisée.

" 3. Po~r remédier aux 11laux dont souffrai t la Société au siecle dernIer: des réformateurs - les socialistes - ont cherc:hé hors dei' Eglzse une Doctrine sociale.

. Bien ~u ' il Y, ~it accord entre ces de-ux doctrines pour récla­mel ~ertall1es reformes et améliorations il V a tout au fond une dIvergence complète entre elles. ' . , ,

. 4. D?ns l'homme, l'Eglise voit l'âme et le corps' au delà de ~~. '?~ present,e, elle voit la vie future, qui réparera l~s in justices

ICI-d

as et I:ecompensera les mérites. Le socialisme ne s;occupe que , ~ ~a VIe presente et ne croit pas à la vie future ' il est .matel'wlzste. .

d L:E.glise trouve dans sa doctrine sociale les remèdes capables e gue~'lr les plus ~ grands maux. L'Eglise seule est capable par

;ont

alc}hon sur l~s ames de res~aurer suffisamment dans la société ac ne e la Justzce et la Chanté.

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