Comment les contraintes peuvent-elles influencer le processus créatif?

Travail de fin d’études Présenté par Nathalie Michels

En vue de l’obtention d’un « bachelier en Institutrice Préscolaire » Année académique 2017/2018

2

3

Je tiens à remercier tous les professeurs de l’Ecole Normale Catholique du Brabant Wallon qui

m’ont transmis leurs savoirs, leur passion et qui ont contribué à ma formation lors de mes quatre années d’études d’institutrice primaire et de maternelle.

Merci tout particulièrement à Madame Ketels, Madame Pollet et Madame Ginevro pour leur

accompagnement, leurs conseils et leur bienveillance lors de l’aboutissement de mon aventure à l’ENCBW plus précisément pour la mise en œuvre de mon travail de fin d’études.

Un grand merci aussi à toutes mes maitres de stage ainsi qu’aux élèves qui m’ont accueillie dans leurs classes, laissé expérimenter, observer, tester, découvrir, apprendre et qui m’ont

guidée et aidée à créer mon identité d’enseignante d’aujourd’hui.

Je souhaite aussi remercier ma famille, mon compagnon et mes amis proches qui ont été de véritables appuis tous les jours et un soutien non négligeable.

4

Tabledesmatières

I . INTRODUCTION ...........................................................................................................................5

I I . LA PARTIE PERSONNELLE .......................................................................................................6

2.1 Avant ma formation à l’ENCBW......................................................................................................................6

2.2 Pendant ma formation à l’ENCBW.................................................................................................................8

2.3 Pourquoi la spécialisation en option « créativité » ?.............................................................................10

2.4. Mon regard critique sur mon parcours et sur mon profil d’enseignant. Quelle est ma

posture d’enseignante aujourd’hui ?.................................................................................................................11

I I I . LA PARTIE THEORIQUE ........................................................................................................13

3.1 La créativité............................................................................................................................................13

3.1.1 La définition.....................................................................................................................................................13

3.1.2 Le processus créative...................................................................................................................................14

3.1.3 Les freins à la créativité...............................................................................................................................17

3.1.4 Pourquoi développer la créativité des enfants ?.................................................................................18

3.1.5 Mesurer créativité ?......................................................................................................................................19

IV. LA PARTIE PRATIQUE ...........................................................................................................20

4.1 Les contraintes.......................................................................................................................................204.1.1 La définition.....................................................................................................................................................20

4.1.2 Les contraintes et la créativité..................................................................................................................21

4.1.3 Quel est l’impact des contraintes dans les différentes étapes du processus créatif ?...............21

4.1.4 Mon profil créatif évoluant grâce à des contraintes..........................................................................24

4.2 Stage de créativité............................................................................................................................................25

4.2.1. Le contexte.....................................................................................................................................................25

4.2.2 Quelques activités proposées ayant des contraintes spécifiques.................................................25

4.2.2 Comment les contraintes peuvent-elles aider à débloquer les freins à la créativité ?...........29

V. CONCLUSION ............................................................................................................................30

VI. BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................................................31

VII. ANNEXES ..................................................................................................................................33

5

I. INTRODUCTION

Arrivée à un moment clé de ma formation à l’ENCBW, j’ai envie de partager mon travail de fin d’études avec vous, qui portera son attention sur le processus créatif et l’influence des contraintes sur celui-ci. Ce sujet bien spécifique pour lequel j’ai eu un intérêt particulier va m’aider à me positionner en tant qu’enseignante dans la société. En effet, lors de ma dernière année à l’ENCBW, j’ai eu la chance de me spécialiser autour de cette thématique au choix. Mon orientation vers la créativité était plutôt spontanée, espérant acquérir plus de connaissances dans ce domaine peu exploité avant. La première partie de ce travail décrira minutieusement mon parcours professionnel et donnera éventuellement une réponse sur mes choix professionnels faits auparavant.

La deuxième partie regroupera les éléments théoriques qui me permettront de mieux comprendre et analyser les observations faites en stage.

La troisième partie s’attardera plus sur l’aspect pratique et l’expérience faite en stage actif qui me permettra de trouver une réponse ou non à ma question de départ.

Vous pouvez imaginer mon parcours comme un voyage d’un petit pépin de pommier, qui avait prit goût à s’intéresser à la vie professionnelle et à vivre une aventure incroyable. Ce pépin avait beaucoup de doutes et de questions, ce qui avait pour circonstance qu’il avait du mal à grandir au début. Il devait s’habituer à quelque chose de nouveau et s’accrocher pour surmonter des obstacles. Parfois il pleuvait et il faisait bien chaud, le petit pépin était en plein élan pour travailler, apprendre et grandir. Malheureusement le climat changeait de temps en temps, la sécheresse, un vent, parfois un orage, emportaient le pépin et l’empêchaient de planter ses racines.

Un jour, il trouve un sol fertile et plante sa première racine. Le pépin gagne en confiance et commence à grandir et apprendre un maximum. Dans très peu de temps, il trouve assez de force pour percer le sol et montrer ses premières feuilles vertes à la nature qui l’entoure. Il commence à montrer tout ce qu’il a appris et essaye d’évoluer. La nature commence à donner, à ce pépin qui devient une petite plante, les meilleures conditions pour se développer. Rapidement, cette petite plante de pommier prend énormément de plaisir d’être sur terre et se compare aux autres. Elle admire les grands pommiers, portant de fruits énormes, et rêve de devenir un jour aussi grand.

Après quatre années, ce petit pommier a déjà une taille considérable et commence d’avoir des fleurs voire même les premières pommes. Ce n’est pas un secret, à ce moment en tant que petite plante, j’attends de devenir un grand pommier. Pendant la lecture, je vous invite d’imaginer ce petit pommier grandir. Bonne lecture !

6

II. LA PARTIE PERSONNELLE

2.1 Avant ma formation à l’ENCBW

Depuis ma plus tendre enfance, les métiers touchant à l’enseignement m’ont toujours intriguée. En effet, l’école est l’un des premiers endroits les plus fréquentés par le jeune enfant. De ce fait, on remarque à quel point le rôle de l’instituteur/trice est important. J’ai toujours ressenti un profond respect et une admiration pour mes enseignants. Cela pourrait s’expliquer par mon expérience de multiples jeux symboliques durant lesquels je prenais beaucoup de plaisir à interpréter le rôle de celles-ci devant mes copines.

J’ai eu la chance de grandir dans une petite structure maternelle et primaire au

Luxembourg, où je développais toujours d’un lien très affectif avec mes institutrices. J’adorais venir à l’école pour apprendre et surtout pour jouer avec mes amis. J’ai toujours perçu l’école comme étant un endroit amusant où se mêlent jeux, apprentissages, découvertes, partage, expérimentations et liberté d’expression. C’était un vrai cocon confortable. Celui-ci me permettait souvent de prendre du recul par rapport à certaines difficultés auxquelles j’étais confrontée à la maison et d’ainsi, oublier le temps d’un instant la maladie de mon papa. De plus, l’apprentissage était pour moi un jeu d’enfant. Tous les enseignants que j’ai eu la chance de rencontrer m’ont permis d’acquérir une confiance en moi. L’ambiance e le cadre de la classe ont toujours optimisé ma scolarité. J’ai pu développer ma personnalité ainsi que de multiples compétences tout en suivant mon rythme et mes besoins, ce qui m’a permis de grandir et de devenir une adulte responsable de mes actes.

En fréquentant le secondaire, je me suis intéressée de plus en plus aux différentes facettes de l’enseignement fondamental. J’ai eu le loisir de me questionner quant aux différentes méthodes d’enseignement qui influençaient positivement ou négativement le développement cognitif, moteur et affectif du jeune enfant.

Lors d’échanges avec des amis, j’ai pu remarquer rapidement que ma vision positive

de l’école n’était pas perçue de la même façon par tout le monde. J’ai eu échos de « mauvaises expériences », des soulagements de ne plus devoir y retourner, etc. Ce constat m’a fortement interpellée et a guidé mon intérêt vers ce domaine en particulier qui est l’enseignement.

À la fin du secondaire, j’ai donc choisi la section humaine et sociale, où l’on proposait des cours d’initiation de sociologie et de pédagogie. Les cours me permettaient d’avoir un regard critique sur la société et ses différents intervenants et de me questionner sur son fonctionnement.

7

De plus, j’ai décidé de me former en vue d’obtenir un brevet d’animateur, qui m’a permis de travailler avec des enfants, dans des colonies, d’animer des stages pendant les vacances scolaires, de faire du babysitting. Je me suis également engagée en tant que cheffe scoute.

Mon choix d’études supérieures ne fut pas une mince affaire, j’hésitais fortement entre la psychologie et l’enseignement. Après réflexion, j’ai décidé de me lancer dans les études d’enseignement fondamental.

Ce choix fut guidé entre autres par des rencontres avec des personnes déjà engagées dans ce domaine. Deux membres de la famille qui enseignaient depuis des années m’ont raconté leurs expériences relatant les points forts et faibles de ce métier selon leur point de vue. Ensuite, j’avais des amis en cours de formation d’instituteur/trice qui racontaient toujours avec énormément de passion leur vécu sur le terrain.

Non seulement les rencontres, mais aussi certains films ont eu un impact sur mon intérêt vis-à-vis de l’enseignement. Le film « La Vague » qui a pour but la réflexion sur la manière de donner cours et de transférer ses savoirs et croyance, m’a fortement interpellée.

Un autre film que j’ai énormément apprécié et pendant lequel j’ai beaucoup ri « Primaire », car il montre la réalité de la vie d’une institutrice qui jongle entre la vie professionnelle à l’école et sa personnelle à la maison avec beaucoup humour.

Je peux donc conclure que mon choix d'études découle fortement du partage du vécu

de personnes du corps enseignant. Cependant pour être sûre de ne pas prendre la mauvaise décision concernant ma vie professionnelle, j’ai décidé de faire un stage pour avoir un avant-goût de ce que l’enseignement représente.

Ce stage m’a permis de sentir que j’avais réellement envie de devenir enseignante et de m’engager pleinement dans ce métier, afin que chaque enfant qui fréquente ma classe puisse ressentir le même cocon que j’avais ressenti moi-même étant enfant. Par le plus grand des hasards et heureusement, ma meilleure amie a décidé de faire les mêmes études. Nous avons donc décidé de partager cette aventure et d’aller habiter ensemble pour bénéficier de la même formation. Finalement, il ne restait plus qu’à décider l’école et la ville dans laquelle nous poursuivrions notre cursus.

Ce dernier choix fut influencé par mon envie d’améliorer mon français et donc de partir à l’étranger. Comme l’Etat Luxembourgeois n’accepte que la Belgique et depuis peu la Suisse pour faire les études d’instituteur/trice, je cherchais une bonne formation aux alentours de Bruxelles. Mon regard a été attiré par l’ENCBW, une Haute Ecole dont la réputation est positive en termes de qualité de contenu de cours, de professeurs et de diplôme.

8

J’ai donc déposé ma lettre de candidature pour le primaire et j’ai été plus qu’heureuse d’apprendre que j’avais été retenue pour bénéficier de ce cursus de formation.

2.2 Pendant ma formation à l’ENCBW Il y a 4 ans, j’ai commencé ma formation à l’ENCBW par des études dans

l’enseignement primaire.

Ma première année la Haute Ecole fut captivante, j’ai bénéficié d’une première approche du développement de l’enfant, des différentes pédagogies, des différentes méthodes d’apprentissages. D’autres cours tels que la géographie, l’histoire ou l’art étaient également au programme. Maitre instruit (Paquay, 2001)

J’ai découvert un autre monde : celui de l’enseignement. Les multiples travaux de groupe m’ont permis de réaliser qu’enseigner n’était pas un métier individuel, mais qu’il s’agissait de coopérer et de s’entraider. Cela a un impact énorme sur le cadre scolaire en général. De plus, une école est constituée d’une équipe pédagogique qui dépend de ces acteurs : s’il n’y a pas d’entraide, la qualité des cours ainsi que le bien-être dans l’école ne sont sûrement pas les mêmes ! Acteur social (Paquay, 2001)

Néanmoins, lors de mon premier stage pratique, je me suis interrogée sur ma capacité à me positionner en tant que référent d’une classe et donc sur ma qualité d’institutrice. « Suis-je à ma place ? Ai-je envie de faire ceci toute ma vie ? Suis-je capable d’être une bonne institutrice ?» Voici quelques questions qui se sont formées dans ma tête et qui m’ont plongée dans une certaine insécurité. Le soutien de ma famille et de mes amis m’a encouragée à continuer et à avoir la volonté de m’améliorer. Personne (Paquay, 2001) Le cours de psychologie de la relation et de la communication m’a permis de réaliser que la communication est un élément-clef de l’enseignement et que cela s’apprend. J’ai donc souvent utilisé ce cours pour me sentir plus à l’aise devant une classe. Pendant cette première année, j’ai aussi dû faire preuve de persévérance et d’adaptation afin de me retrouver dans ce milieu assez nouveau. Le cours de psychologie des apprentissages m’a fait comprendre que pour enseigner il n’y avait pas une seule méthode et qu’il fallait tester, chercher pour pouvoir trouver celle qui nous convient. Praticien artisan (Paquay, 2001)

En deuxième, ce fut une année qui s’est révélée importante au niveau de mon bien-être personnel : j’ai découvert de plus en plus cette passion pour le métier d’enseignant. J’ai commencé à mieux me comprendre, me connaître et à apprivoiser ce statut de professeur que j’incarnais. La théorie, les cours de méthodologie et de techniques de gestion du groupe m’ont aidée et m’ont fait réaliser qu’enseigner était un art, une passion et qu’il fallait construire petit à petit son identité professionnelle à partir de toutes ces expériences faites et éléments théoriques analysés. Personne & praticien artisan (Paquay, 2001)

9

Les cours d’art et de musique combinés pour, à la fin de l’année, présenter une pièce de théâtre m’ont permis d’exploiter mon expressivité et tout l’aspect non verbal qui sont indispensable pour le métier d’enseignant. Ces cours ont aussi permis de me placer au sein d’un groupe et de me sentir utile et nécessaire afin que l’ensemble forme un tout cohérent. Acteur social (Paquay, 2001)

Le soutien et les échanges avec les professeurs ainsi qu’avec les maitres de stage ont fait que j’étais certaine d’avoir choisi le bon métier.

La troisième année avait donc clairement comme but personnel de m’améliorer et professionnaliser un maximum. J’ai eu la chance de pouvoir partir en stage court à l’étranger, à l’ile de la Réunion et d’expérimenter un tout autre fonctionnement de l’enseignement. Ce voyage m’a permis de prendre recul et d’avoir un regard encore plus critique sur toutes les facettes de l’enseignement. J’ai pu échanger avec des enseignants internationaux et faire des liens entre les différents pays et différentes manières et méthodes utilisées dans nos classes. Cet échange très riche a construit une bonne partie de mon identité d’enseignante d’aujourd’hui. Bien sûr, j’ai aussi énormément de souvenirs inoubliables qui ont une valeur très personnelle. Personne & praticien artisan & réflexif (Paquay, 2001)

Pour mon travail de fin d’études, bachelier en Institutrice primaire, je me suis spécialisée en choisissant l’option « Français langue étrangère ». J’ai eu l’opportunité de travailler dans une classe « DASPA » avec des élèves migrants ne parlant pas la langue française. Mon objectif était donc de proposer des activités ludiques à travers lesquelles ces enfants apprenaient rapidement, efficacement en leur donnant du goût et du plaisir pour apprendre les bases de la langue française pour pouvoir vivre et découvrir de nouvelles choses et surtout de les former et les accompagner à s’intégrer dans leur pays d’adoption. Cette expérience était fascinante. J’ai rencontré des enfants pleins d’espoir, avec cette envie d’apprendre et de s’adapter au plus vite pour s’intégrer et bénéficier d’une vie meilleure. Une fois de plus, j’ai compris à quel point le métier d’enseignant était important et pourquoi il pouvait changer la vie d’un individu.

Vu qu’à l’époque au Luxembourg, les études d’institutrice/teur combinaient maternelle et primaire, j’ai dû faire une quatrième année à l’ENCBW pour me spécialiser en tant qu’institutrice maternelle.

L’année passerelle maternelle n’a pas toujours été facile au début de l’année, car ayant eu trois années d’expérience dans le primaire, le changement était assez flagrant et brusque. Néanmoins, j’ai essayé de m’adapter au plus vite pour comprendre l’apprentissage et le comportement chez les tout petits enfants. Le cours de psychomotricité m’a beaucoup aidée à comprendre le développement moteur, mais aussi cognitif et affectif d’un enfant de 0 à 5 ans. J’ai pu expérimenter en stages, en tant que psychomotricien ce qui a changé radicalement ma vision de la pratique et l’accompagnement des enfants. Le cours de psychologie du développement était aussi indispensable pour faire des liens entre les

10

apprentissages et le développement afin d’adapter les activités proposées en classe. Ces deux cours m’ont permis d’accompagner les enfants au maximum, à leur rythme individuel et de faire des observations très différentes de celles en primaire au niveau méthodologique. Praticien réflexif & maitre instruit (Paquay, 2001)

L’année passerelle m’a permis d’avoir une vraie continuité entre le primaire et la maternelle. Je sais maintenant ce que les enfants ont fait comme parcours en maternelle et vers où ils vont devoir aller en primaire.

Grâce à cette expérience, cette chance d’avoir pu suivre ces formations qui seront étroitement liées, je me sens capable de créer et proposer des activités réfléchies et efficaces aux enfants. Acteur social (Paquay, 2001) Je dois avouer que travailler en maternelle est très différent du primaire, mais c’est tout aussi intéressant et captivant. J’ai ressenti un énorme plaisir à enseigner pendant mes stages et j’ai eu un tout autre contact avec les enfants, encore plus affectif, ce qui est inoubliable.

Les rencontres et les échanges avec certains professeurs de l’ENCBW et avec mes maitres de stage m’ont permis de développer une passion pour le métier en maternelle contrairement à mes a priori du début de l’année.

Aujourd’hui, je me verrais très bien enseigner en classe maternelle grâce à cette année passerelle dans laquelle j’ai pu découvrir une autre facette du praticien en moi, qui me permet de compléter mon identité enseignante.

Les vrais moments forts d’apprentissages de l’année passerelle étaient les stages, parce que comme j’avais déjà tout un bagage de primaire, les stages m’ont permis d’utiliser ce bagage et de l’adapter/réajuster à la maternelle. Ce n’était pas toujours évident, mais ce n’est qu’en le vivant qu’on l’apprend. Pendant toute cette année, j’étais ma propre étudiante et j’apprenais en même temps que les enfants. Personne (Paquay, 2001)

2.3 Pourquoi la spécialisation en option « créativité » ? Mon travail de fin d’études en maternelle se concentre sur l’option « créativité », ce

qui est à mon avis un aspect incontournable dans nos classes maternelles, mais malheureusement souvent pas assez exploité de façon interdisciplinaire. Bien que j’étais consciente de la nécessité de la créativité, je n’avais jamais pensé activement à incorporer une notion créative dans mes préparations de cours, hors arts plastiques, et je n’étais pas consciente à quel point c’était important pour le développement d’un enfant. C’était donc le moment pour s’aventurer sur ce terrain peu exploité avant. Qu’est-ce que la créativité en faite ? Quelle importance a-t-elle dans notre vie en général? Est-ce que cela s’apprend ? Qui est considéré comme créatif et qui ne l’est pas ?

J’ai eu une attention particulière en concevant les activités pour mon stage en créativité, sur le fait de donner des contraintes ou non aux élèves. En effet, je me posais sans arrêt la question : « les contraintes influencent-elles la créativité ? » Mon objectif de stage

11

était de développer un maximum la créativité des enfants et de leur faire comprendre que chaque individu a une façon différente pour exprimer sa créativité. Pour tester, observer et trouver un maximum de réponses à ma question, j’ai donc proposé des activités avec des contraintes réfléchies au préalable. J’ai souvent proposé les mêmes activités avec des contraintes différentes pour comparer et tirer une conclusion à la fin de mes recherches et réflexions. (Praticien réflexif)

2.4. Mon regard critique sur mon parcours et sur mon profil d’enseignant. Quelle est ma posture d’enseignante aujourd’hui ?

Pour mieux souligner mon positionnement en tant qu’enseignante dans la société d’aujourd’hui je vais me référer aux compétences professionnelles de l’enseignant selon L.Paquay (2011).

Mon parcours professionnel était comme souvent un chemin avec des obstacles à

surmonter et des objectifs à atteindre pour finalement dépasser la ligne d’arrivée, qui mène la vie professionnelle.

Depuis la formation à l’ENCBW jusqu’aujourd’hui, je me considère comme étant

« une personne » qui est en projet d’évolution professionnelle, car je suis en recherche constante des pistes d’améliorations afin de perfectionner ma pratique enseignante. Actuellement, il me manque une dernière étape pour pouvoir officiellement enseigner, pendant laquelle j’essaye de me spécialiser un maximum dans un domaine en particulier. Cette étape est mon travail de fin d’études.

Néanmoins, je sais que je vais évoluer tout au long de ma pratique pour me perfectionner, car un enseignant n’arrête jamais de tester, de changer, de se former pour évoluer au fil du temps et des années.

Être une « personne » selon Paquay, c’est aussi être en relation constante avec les collègues et personnes du terrain pour échanger et travailler ensemble le mieux possible. Tous ces aspects me poussent à me forger ma propre identité d’adulte.

Je suis également « un acteur social », car j’adore m’engager dans des projets

collectifs qui ont tous un même but, par exemple la fête de carnaval dans une école de stage pour laquelle j’ai participé avec ma classe et créé une petite pièce de théâtre. J’adore être en projet tout en coopérant avec les autres (adultes et enfants), tous ensemble.

J’analyse quotidiennement des enjeux anthropo-sociaux, ce qui est évident dans ce métier où l’on est constamment en contact avec la société. Je dois donc interagir avec des enfants, parents, collègues et autres personnes de l’enseignement et essayer de gérer de multiples situations quotidiennes. Echanger, s’informer, régler des disputes, chercher des solutions, trouver des pistes d’améliorations est à l’ordre du jour d’une enseignante. Lors de toute ma formation, j’ai beaucoup réfléchi sur ma pratique et ses effets, conséquences, dans les rapports de réflexion, les co-évaluations, les échanges avec

12

professeurs et maitres de stages. Je suis une enseignante en recherche de nouveautés pour m’améliorer ce qui fait de moi un « praticien réflexif ». Un moment interpellant était lors de mon stage en créativité où j’ai pu comprendre que pour certains enseignants le résultat était plus important que le chemin qui y a mené.

Le « praticien artisan » rentre également dans mon profil d’enseignante : en effet, l’enseignant est responsable de nombreux devoirs. Mes qualités sont la ponctualité ainsi que l’organisation. Je suis soigneuse dans ma pratique au niveau des préparations et du contenu des cours et je prends beaucoup de temps extrascolaire pour échanger avec les parents d’élèves, ranger la classe ainsi qu’aider des collègues.

En utilisant des techniques et en mettant en œuvre des savoir-faire techniques, ainsi

qu’en appliquant les règles formalisées, je prouve aussi que je suis « un technicien » de l’enseignement.

Finalement, je ne serai pas une enseignante, sans avoir acquis des savoirs didactiques et épistémologiques ainsi que pédagogiques, psychologiques et philosophiques. Avec ces atouts je suis un « maitre instruit » qui est prêt à transmettre ses savoirs aux enfants de ses classes.

Cette analyse et le recul détaillé sur ma posture d’enseignante me permettent de

mieux me positionner quant à ma formation et au niveau de mon identité d’enseignante.

13

III. LA PARTIE THEORIQUE

3.1 La créativité

Cette partie a été co-réalisée par Noémie Kirps et Nathalie Michels.

Pour Louise Poliquin « La créativité, c’est ce qui nous différencie des machines. Sans elle, nous serions que des producteurs et des consommateurs. » (Cité dans Faucille, 2009, p.2)

Faire un détour par quelques notions qui serviront aux lecteurs comme appui théorique me semble intéressant et important, afin d’être au clair avec les éléments développés dans la partie pratique de ce travail de fin d’études.

La théorie a donc comme but de définir le mot « créativité », le « processus créatif »

et les « freins à la créativité », afin de pouvoir par la suite faire des liens entre les éléments théoriques, la pratique ainsi que la question centrale analysée.

3.1.1 La définition

Qu’est-ce que la créativité ? Ayant consulté et analysé différentes sources, j’ai pu constater que la créativité pouvait se définir de différentes manières. Néanmoins il n’y a pas de définition toute faite.

Dans la notion de créativité nous retrouvons trois termes latins : Ceres, crescere et

creare qui signifient croissance, croître et produire. (Barbone, 2011, p.5). Selon le Petit Larousse illustré, la créativité est «la capacité d’imagination, d’invention,

de création. » (Larousse, 2008, p.267).

Après une définition littéraire, voici celle que Philippe Brasseur (2002), actuellement animateur d’ateliers créatifs et auteur d’un ouvrage dédié à la créativité propose : « [il s’agit de] la capacité de penser hors de tout conformisme, d’inventer ce qui n’existe pas encore, de créer quelque chose de vraiment personnel.» (Brasseur, 2002, p.8).

Lubart définit, quant à lui, la créativité comme « la capacité à réaliser une production qui soit à la fois nouvelle et adaptée au contexte dans lequel elle se manifeste. » (Lubart, 2003, p.10)

Ces trois définitions reprennent des idées clés très importantes à retenir à mes yeux. En effet, je constate que de nombreuses notions reviennent d’une définition à l’autre.

Lorsque nous parlons de créativité, nous entendons souvent parler d’une invention d’une nouveauté, d’idées innovatrices afin de créer quelque chose à partir d’éléments et

14

d’idées personnelles. Ce quelque chose peut être très vaste et s’étaler dans de nombreux domaines !

Il s’agit de « la production d’idées nouvelles et appropriées qui concerne n’importe

quel domaine de l’activité humaine, allant de la science à l’art, en passant par l’éducation, les affaires et la vie quotidienne. » (Lardinois, 2005, p.2)

La créativité est malheureusement souvent fortement, voire uniquement, liée aux arts

plastiques dans l’esprit des gens, ainsi que dans nos classes de maternelle. C’est pour cela qu’il me semble important de clarifier les différentes définitions, afin de clarifier que la créativité ne se limite pas seulement aux domaines artistiques, mais qu’elle trouve une place signifiante dans tous les domaines de la vie soit scolaire, soit professionnelle, soit personnelle.

La créativité n’est donc pas simplement « avoir des idées », mais il s’agit de produire,

créer, inventer, apporter…

3.1.2 Le processus créative

La créativité est un processus paradoxal, dans le sens où il met en œuvre des éléments

opposés. D’un côté, il y a des connaissances, un savoir, mais qu’il faut d’un autre côté

abandonner. Faire une sorte de vide, laisser s’installer une espèce de chaos dans le cerveau

qui permette de rester ouvert à des événements inattendus, pour sortir de ce qui est

relativement normatif et rigide qui provient aussi de l’apprentissage et des connaissances.

Bien sûr, il faut une base. Dire qu’il faut de l’ignorance pour la créativité, c’est sûrement faux.

Je crois qu’il faut à un moment donné faire abstraction de ce que l’on sait, tout en s’appuyant

dessus. C’est pour cela que c’est paradoxal. (Pierre Magistretti, 2011, p.6)

Mais d’où vient alors cette créativité ? D’après Todd Lubart, Professeur à l’université Paris V et spécialiste de la créativité, elle naît de l’alliance de plusieurs éléments (psychologie, personnalité, émotions, etc.), qui va amener des niveaux de créativités variables. En effet, le potentiel créatif existe en chacun de nous, mais selon la tâche demandée, nous serons plus ou moins créatifs.

15

Nous entendons aussi souvent parler des deux hémisphères de notre cerveau, qui fonctionnent en interaction.

Le cerveau gauche et le cerveau droit : cette dichotomie spatiale des fonctions de notre cerveau est très fréquente, malgré tout elle est aussi très soumise à la critique de différents scientifiques qui affirment qu’il n’y aurait aucune séparation spatiale, mais deux modes de fonctionnement différents. L’hémisphère droit touche à l’imagination, à l’intuition et au fonctionnement artistique, c’est donc lui qui nous pousse vers la créativité, alors que l’hémisphère gauche, lui, cible les raisonnements et le fonctionnement logiques, la connaissance. (Lubart, T. 2003)

Sans même nous en rendre compte, nous utilisons les deux parties de notre cerveau, mais c’est en les associant pleinement, sans limites, qu’une personne est créative.

Il existe deux phases qui formalisent l’intervention de ces deux hémisphères dans le processus créatif : la phase divergente et la phase convergente.

En ce qui concerne la phase de « divergence », qui se situe dans l’hémisphère droit, nous travaillons l’imagination, nous nous mettons à rêver. Celle-ci est fort présente chez les enfants ainsi que chez les artistes. En effet, la pensée divergente va nous faire « sortir de la boîte », sortir du chemin de la réponse unique. Il existe différentes composantes qui favorisent cette pensée notamment la persévérance, la flexibilité, l’ouverture, la curiosité et le désir d’explorer. La pensée divergente est au cœur de la créativité.

La phase de « convergence » se situe dans l’hémisphère gauche. Au cours de celle-ci, nous analysons, nous essayons de rester conforme à un modèle et élaborer une idée qui résulte à cette action. Cette phase tente de raisonner et d’attaquer logiquement le problème, elle se centre sur celui-ci afin de le résoudre. Il existe différentes composantes qui favorisent cette pensée notamment la pensée critique, la motivation pour le besoin d’accomplissement

pensée

tous azimuts

gratuité être

action

objectif précis

utilité faire

Créativité & ! !innovation"

16

et la prise de risque. Cependant cette pensée pourrait influencer de manière négative le processus créatif.

Le processus de créativité est donc un mélange entre la pose de problème, la phase de divergence et la phase de convergence.

Il existe quatre phases lors du processus créatif (Lardois. E. 2005, p.21)

Il existe également un autre outil afin de s’ouvrir à la créativité, celui-ci est proposé par Roger Von Oech, conférencier, auteur et créateur de jouets dont l’objectif est l’étude de la créativité. Durant ce processus créatif, la personne entre également dans la peau de quatre personnages:

Préparation

• Phase durant laquelle l'individu définit un problème précis. Il s'agit d'une étape indispensable.

Incubation

• Il s'agit de la par}e préliminaire à la créa}on. Le cerveau doit emmagasiner le problème afin de laisser cogiter l'individu.

Illumination

• Il s'agit de la phase de divergence, qui est fortement dépendante des deux étapes précédentes. Lors de celle-ci les idées sont générées.

Véri>ication

• Lors de ce~e dernière phase, les idées générées sont validées et comparées avec les schèmes logiques. Idéalement il faudrait suspendre ce~e phase afin qu'une idée originale ne soit éliminée.

explorateur  ar+ste  juge  conquérant 

Explorer la 

situa+on 

Imaginer  

des 

solu+ons 

Evaluer, 

sélec+onner  

Me;re en 

œuvre et 

« vendre » 

l’idée 

La clé =      différer le jugement 

Les 4 personnalités du créa+f (d’après Roger VON OECH)"

17

Il s’agit d’un outil idéal pour les personnes ayant besoin de visuel, car l’individu peut

facilement s’identifier à un personnage :

1) L’explorateur : Recherche d’informations nouvelles, attirer l’attention vers l’insolite. Exemple : L’enfant va explorer et tâtonner le matériel mis à disposition.

2) L’artiste : Expérimente et joue avec une variété d’approches, cherche une idée originale. Exemple : L’enfant va expérimenter et manipuler le matériel en fonction de ce qu’il a envie de faire.

3) Le juge : Évalue les idées et décide de leur sort. Exemple : Grâce aux différentes expérimentations effectuées lors de l’étape précédente, l’enfant va évaluer si son idée de départ est réalisable. Si oui, il la développera.

4) Le conquérant : Tue les idées afin d’apporter le côté créatif à sa réalisation. Exemple : L’enfant va communiquer sa production finale.

Ce processus créatif s’applique à absolument tous les domaines, dans des proportions différentes bien entendu.

3.1.3 Les freins à la créativité

La créativité peut cependant être influencée par différents facteurs qui engendreraient un blocage lors du processus créatif. J’ai décidé de lister quelques-uns de ces freins : (Eric Lardinois, 2005, p.7)

Blocages

Cerveaugauche• Craintedecommettreuneerreur• Arrêtsurlapremièresolution• DifFicultédechangerdemodèledepenser• Utilisationsystématiquedu"non"critique• Incapacitédeserelaxeretàincuber• Incapacitéàsemettreencontactavectouslessens

Cerveaudroit• Peurdepasserpourunfarfelu• Peurd'êtremisdecôté• Dépendanceàl'égarddesautres• Désird'appartenance,deconformisme

18

« La créativité, c’est également un état d’esprit, une attitude intérieure, une veine d’or. C’est s’ouvrir à l’inconnu, au jamais vu, au jamais pensé. Le secret : telle une éponge, profiter à 100% de son environnement. » (Eric Lardinois, 2005)

3.1.4 Pourquoi développer la créativité des enfants ?

Les enfants se trouvent déjà dans une pensée divergente, celle-ci peut cependant parfois être freinée à l’école, suite aux règles définies.

Mais comme nous l’indique la définition de la créativité, il faut savoir prendre des risques et sortir des sentiers battus afin de donner vie à une idée hors du commun, une idée innovatrice.

En tant qu’enseignante il est important de proposer des activités aux enfants pour que ceux-ci puissent développer leur créativité. Il s’agit donc de stimuler leur créativité en leur proposant des activités innovantes, dans une cadre libre, mais structuré avec certaines contraintes ce qui les entraîne dans une dynamique créative. Il est également important de laisser une place d’envergure à l’imagination.

Selon le dictionnaire Larousse (2008,p.520), il s’agit de: «la fonction par laquelle l'esprit voit, se représente, sous une forme sensible, concrète, des êtres, des choses, des situations dont il n'a pas eu une expérience directe.»

Selon Caroline Bouchard (2008, p. 36) en ce qui concerne l’imagination, d’un point de vue affectif chez un enfant, celle-ci apparaît dès la naissance, et ce grâce à différents événements vécus, aux sentiments et aux différentes expériences personnelles. Il s’agit d’un moyen d’assimiler le réel.

Exemple: l’enfant joue à des jeux de faire semblant : jouer au docteur.

D’un point de vue cognitif, l’imagination va permettre à l’enfant de spontanément inventer des histoires.

Exemple: l’enfant raconte des histoires venues tout droit de son imagination.

Développer la créativité chez les enfants est important, car elle renforce l’estime de soi et permet l’expression d’idées et d’émotions. Elle va consolider l’identité du jeune enfant lors de la preuve d’originalité dans différents jeux.

La créativité permet également de voir les choses différemment ce qui a un impact sur

l’ouverture sur les autres et sur l’environnement. Une personne plus créative va souvent avoir plus de facilités au niveau de la recherche d’idées ou de solutions. De plus, on dit que la créativité contribue au développement de la concentration, de l’autodiscipline et de la pensée critique.

19

La créativité est quelque chose qui se développe, d’où l’importance de proposer un

maximum d’activités qui favoriseront l’accroissement de l’imagination. Plus les enfants bénéficient tôt d’une stimulation de la créativité, mieux sera leur développement personnel.

3.1.5 Mesurer créativité ?

Dans les années 1960, George Land a été commandé par la NASA de faire un test permettant de mesurer la créativité chez des scientifiques et des ingénieurs de cette firme américaine. Le test étant très simple, Land décide de le proposer à 1600 enfants âgés de cinq ans. Le résultat est positif, 98% de ces enfants peuvent être considérés comme créatifs. Hors, cinq ans plus tard, en refaisant les mêmes tests avec les mêmes 1600 enfants (maintenant 10 ans), les résultats sont questionnant : uniquement 30% des enfants sont maintenant encore considéré comme très créatifs. Il refait le même test, encore cinq ans plus tard et constate que seuls 12% des ces enfants pouvaient être considéré comme très créatif. Land décide de proposer son test auprès de 300 000 adultes et conclut avec des résultats catastrophiques, c’est-à-dire que seuls 2% peuvent être considérés comme très créatifs. Sa conclusion est donc que ce manque de créativité n’est pas inné, mais qu’il s’apprend, notamment à l’école. Selon lui, l’école échappe donc la créativité en valorisant plus le conformisme. (Cité dans Bathélémy, 2017)

Ce test me permet donc de souligner encore une fois l’importance de développer la créativité chez les enfants dès le plus jeune âge. En effet, elle représente une qualité irremplaçable au niveau professionnel et elle sera beaucoup demandée dans la société de demain.

20

IV. LA PARTIE PRATIQUE

4.1 Les contraintes

4.1.1 La définition

Qu’est-ce qu’une contrainte ? Le mot contrainte vient du latin « constringo » ce qui veut dire lier ensemble étroitement, enchaîner. (Wiktionnaire, 2017)

Selon Larousse une contrainte peut avoir trois utilisations différentes précisées ci-dessous :

- Action de contraindre, de forcer quelqu'un à agir contre sa volonté ; pression morale

ou physique, violence exercée sur lui

- Obligation créée par les règles en usage dans un milieu, par les lois propres à un

domaine, par une nécessité, etc.

- État de gêne de quelqu'un à qui on impose ou qui s'impose une attitude contraire à

son naturel, à son penchant.

Je précise que dans cette partie je vais uniquement parler des contraintes créatives,

plus précisément des contraintes artistiques volontaires, qui sont encore un peu différentes que ce que le Larousse nous propose.

Cette contrainte volontaire s’adapte à tous les secteurs d’activités, y compris ceux les plus éloignés du monde de l’art.

Néanmoins, je retire quelques notions qui sont en lien avec la définition de la

contrainte créative : contraindre, agir contre sa volonté, règles et imposer. De manière générale : « Une contrainte est une règle obligatoire qui réduit la liberté d’action.»

Dans la suite de cette partie trois, je vais développer ce qui pour moi est une contrainte créative, ainsi que son importance et son impact dans le processus créatif.

21

4.1.2 Les contraintes et la créativité

Imaginez devoir inventer quelque chose de neuf. Ceci peut être ce que vous voulez,

dans la forme, la taille et le matériel que vous souhaitez. Cette permission d’autonomie

créative est tellement libératrice, n’est-ce pas? Ou bien êtes-vous bloqués dans vos idées ?

Si vous êtes comme la plupart des gens, vous seriez probablement paralysés par cette

tâche. Sans plus de guidage où commenceriez-vous ?

En effet, plusieurs testeurs ont constaté qu’une liberté créatrice illimitée et sans bornes n’est

pas toujours pratique. En réalité, chaque projet est restreint par plusieurs facteurs, comme le

coût, le matériel disponible et les incontournables lois de physique.

Tous ces facteurs sont des contraintes créatives et sont des besoins et limites qui doivent

obligatoirement être tenus en compte pour pouvoir atteindre un but. (Rodriquez, 2017)

Thomas Stearns Eliot « Forcée à fonctionner dans un cadre strict, l’imagination tourne

à plein régime, et produit ainsi ses idées les plus riches. Sans aucune contrainte, le travail risque de s’éparpiller. » (Cité dans Achard, 2013)

Les contraintes créatives s’appliquent à travers les métiers, par exemple pour les architectes, les écrivains, les scientifiques, etc. Les contraintes sont aussi omniprésentes dans toutes les activités proposées de l’enseignement. Dans de multiples domaines, les contraintes jouent un rôle important comme conducteurs de découverte et d’invention.

4.1.3 Quel est l’impact des contraintes dans les différentes étapes du processus créatif ?

Les contraintes font donc partie du processus créatif et constituent une sorte de guide qui permet de prendre des décisions forcées et incontournables ou bien volontairement choisies sur base des données existantes. Pour mieux les souligner leur impact sur le processus créatif, j’illustre les principales ci-dessous à l’aide d’exemples éducatifs concrets.

1. Contrainte matériel le: Le matériel disponible pour réaliser une activité créative ou autre, joue un rôle principal, car il va nous influencer/limiter dans nos actions

22

créatrices. Lorsqu’il n’a y pas beaucoup de choix de matériaux l’individu va souvent devoir trouver un moyen pour réaliser l’activité demandée le mieux possible en trouvant des solutions et donc en étant créatif. Il va être obligé de prendre ce qui est présent et imaginer autre chose de ce qu’il avait pensé au début. Exemple: Les enfants doivent créer un bonhomme, mais uniquement en utilisant des matériaux « mous ». Grâce à la contrainte matérielle, ils vont éventuellement être plus attentifs aux objets qui les entourent et découvrir de nouvelles possibilités pour créer ! Ils vont être limités dans leur choix et ils vont être obligés de passer par les quatre personnages du processus créatif. (Explorer la situation, imaginer des solutions, évaluer, sélectionner, mettre en œuvre et « vendre » l’idée) Souvent, le résultat est surprenant pour l’individu en question, car il n’aurait jamais eu ce résultat sans la contrainte donnée. Ce genre d’activités stimule l’imagination de l’enfant et va le faire évoluer dans son processus créatif.

2. Contrainte spatiale : L’espace proposé pour accomplir une tâche demandée a également un impact remarquable sur notre créativité. Souvent un espace plus judicieux entraine un sentiment liberté qui peut être bénéfique ou maléfique dépendant d’un individu à l’autre. De nouveau en limitant ou agrandissant l’espace, l’individu va devoir s’adapter et adapter sa production et passer par les quatre personnages de la créativité. La contrainte spatiale peut prendre différentes formes. Exemple : Laisser dessiner les enfants sur une feuille A4, A3, A2, sur un grand panneau au mur, dans le couloir de l’école, dans la cour, dans la forêt. Le résultat de toutes ces œuvres va être en partie influencé par l’endroit et l’espace donné aux enfants.

3. Contrainte temporelle : Le temps est un autre élément essentiel dans notre processus créatif. Lorsqu’on donne une contrainte de temps, la plupart des individus doivent s’organiser. Selon Philippe Brasseur (2015) cette organisation est essentielle pour bien développer et stimuler sa créativité. Pour lui, une personne créative est à la fois un peu farfelue et à la fois très organisée, « un fou du roi discipliné ». Lorsqu’on impose donc une contrainte temporelle, l’individu sait qu’il a un temps limité pour créer inventer quelque chose. Il peut plus ou moins estimer ce qui est possible dans cette zone temporelle. De nouveau, il explore la situation, trouve des solutions, évalue et sélectionne. Dans ce cas, la contrainte temporelle influence aussi le processus créatif d’un point de vue rapidité. En effet, celui-ci s’exerce à être un maximum efficace dans le temps proposé. Sans aucune directive de temps, l’individu est souvent trop libre et se perd dans ces idées qui ne deviennent jamais plus concrètes suite à l’abondance de temps. Exemple : On demande aux enfants d’inventer/ de construire quelque chose, mais

23

uniquement le temps qu’ils entendent la musique. Si la musique s’arrête, ils doivent aussi s’arrêter et observer leur construction. Souvent une construction non achevée peut se révéler très créative.

4. Contrainte verbale : La contrainte verbale peut, d’une façon simplifiée, aussi être expliquée comme consigne. Je na vais cependant pas rentrer dans les détails pour cette contrainte. Selon Patrick Ducler (1993) « …la consigne place l'élève en position d'exécutant (la consigne instruit de façon précise sur ce qui est à faire ... ), les consignes sont du côté de l'application. » Pour lui la contrainte « ... limite les possibles d'une production, mais reste féconde.

Par deux points : d'une part, la prise en compte de la contrainte peut se faire dans des

réponses hétérogènes, donc préserve dans le cours même, le caractère moteur de la

variante. D'autre part, la contrainte rappelle que, si la production artistique est

ouverte, elle n'est pas pour autant indéterminée. »

Je précise que les contraintes matérielles, temporelles et spatiales peuvent donc bien évidemment aussi être explicitées verbalement. Néanmoins, une contrainte verbale peut également limiter l’individu dans son exécution sans pour autant le faire de manière précise. Exemple : les enfants sont mis en activité et doivent raconter une histoire. Cependant, l’enseignant donne une consigne supplémentaire. Il s’agit d’inventer librement une histoire en intégrant des mots imposés : « grenouille, chanter, loupe, avion, courir » Les enfants peuvent librement laisser court à leur imagination, mais sont toujours influencés par les mots qu’ils doivent employer. Nécessairement et comme pour toutes les contraintes, ils passent par les quatre personnages de la créativité sans souvent s’en rendre compte.

5. Contrainte f inancière : La contrainte financière est souvent un des éléments-clefs qui empêche les enseignants à se lancer dans des projets de classe. En effet, l’argent joue un rôle majeur et permet aux écoles de financer des activités atteintes. Beaucoup d’enseignants sont donc eux-mêmes bloqués et manquent de créativité lorsqu’on leur annonce que le budget ne permettra pas de financer leur projet. Souvent l’envie ou la motivation de rechercher un autre projet tout aussi attrayant avec un coût inférieur n’est pas présente et l’idée est vite abandonnée.

24

Exemple : Les enfants ont envie de fabriquer un grand château en bois pour leur thème de chevaliers et princesses. L’enseignante a comme idée d’acheter 4 grands panneaux en bois pour construire ce château en classe. Or, l’école n’accepte pas la demande. Au lieu de laisser tomber le projet à l’eau, on pourrait en discuter avec les élèves, expliquer la contrainte et proposer des alternatives. (Un petit château en maquette, un château en carton, un château de sable, etc.)

6. Contrainte naturelle/physique : Parfois les contraintes sont naturelles, c’est à dire inchangeables et définies par la nature et non par l’homme. Les lois de la physique sont irréversibles. L’homme n’a donc aucun impact sur ces contraintes et doit accepter le fait qu’il ne peut pas changer la situation, mais qu’il doit plutôt s’adapter à celle-ci. Exemple : Un enfant veut construire un vrai Igloo dans la cour sans qu’il y ait de la neige. En effet, on pourrait encore imaginer produire de la neige artificiellement, comme des machines existent. Or, la neige fondera rapidement à cause de la chaleur abondante. Cette idée est donc impossible, cependant l’on pourrait trouver une alternative, ce qui serait de nouveau très créatif !

Les contraintes ne sont donc pas les limites de la créativité, mais le fondement de celle-ci.

4.1.4 Mon profil créatif évoluant grâce à des contraintes

Avant de commencer mon stage en créativité et de tester des activités créatives avec les enfants, j’ai voulu moi-même développer ma créativité notamment en changeant quelques de mes habitudes ou en testant de nouvelles choses, hors du commun. Ceci m’a permis de mieux comprendre le processus créatif et de ressentir les quatre personnages de la créativité. (Explorateur, artiste, juge, conquérant) Les professeurs de l’option « créativité » nous ont invités à tester quelques activités ayant des contraintes précises qui m’ont permis d’évoluer dans ma propre créativité : Comme exemple, j’ai dû créer une œuvre d’art à l’aide d’ustensiles de cuisine. Au départ cela me semblait bizarre, mais j’ai joué le jeu pour finalement bien aimer ma création. (Annexe 1) On nous a aussi demandé d’inventer une mascotte à partir d’objets que l’on trouve chez nous à la maison. Je dois dire que j’ai longuement cherché afin de trouver le matériel qui allait représenter le corps de ma mascotte, une fois lancé dans la création mes idées fluctuaient et j’ai ressenti cette artiste en moi qui explosait d’idées. (Annexe 2) En effet, à mes yeux j’étais une personne assez créative de départ, car j’avais une facilité de sortir du commun, de trouver des idées et des solutions. Cependant, j’ai vite constaté lors de mon expérience que ma créativité a été freinée par ma peur de ne pas bien faire ou d’être trop hors du commun par rapport aux autres, de me ridiculiser.

25

Toutes ces expériences étaient donc riches et nécessaires avant de pouvoir commencer un stage proposant des activités créatives à des enfants. J’ai eu plus de facilités par la suite de concevoir mes préparations et d’interpréter les réactions des enfants en action. Aujourd’hui je comprends qu’être créatif ne s’arrête pas à l’artistique, mais que cela englobe diverses facettes. Un leitmotiv pour mon profil créatif est donc : « Ne craignez pas la perfection, vous ne l’atteindrez jamais » de Salvador Dali. (Cité dans Retailleau, 2009)

4.2 Stage de créativité

4.2.1. Le contexte

Mon stage de créativité s’est déroulé dans l’Ecole du Biéreau à Louvain-la-Neuve. J’ai pu tester les activités dans une classe de 3e maternelle avec 23 élèves. Souvent, pour mieux pouvoir observer les enfants j’ai eu la chance de diviser le groupe avec mon maître de stage. Ayant un groupe plus restreint, l’accompagnement individuel des enfants était assuré au mieux. Dès le premier jour, j’ai expliqué aux enfants pourquoi j’étais là et que j’allais travailler avec eux autour de la créativité lors de tout mon stage. J’ai fait un tour de parole des représentations initiales des enfants sur ce que pour eux le mot créativité ou être créatif voulait dire, afin de mieux choisir mes activités par la suite. J’ai été étonnée par quelques réponses : « C’est créer une machine, un robot, quelque chose» « C’est inventer quelque chose de nouveau ». La plupart des enfants comprenaient donc parfaitement ce mot, mais en creusant plus loin, j’ai vite pu remarquer qu’ils ont besoin d’explorer un peu plus ce domaine. En leur demandant s’ils avaient déjà créé quelque chose, s’ils avaient déjà été créatifs, ils me répondaient que non et j’ai même eu la réponse « Mais Madame, c’est impossible ! » Mon but était donc de faire évoluer leur créativité et de leur faire comprendre que chacun d’entre nous était créatif à sa façon.

4.2.2 Quelques activités proposées ayant des contraintes spécifiques

Voici quelques activités que j’ai menées en stage ayant des contraintes, souvent matérielles. J’ai testé d’un côté des activités plus libres, avec des consignes moins précises et d’un autre côté, des activités plus imposées avec des consignes plus précises.

1. Activité « crayon »: La première activité que j’ai proposée pour introduire la créativité s’est déroulée en groupe classe contenait une contrainte matérielle. J’ai pris un simple crayon et j’ai donné la consigne suivante « Voici un crayon ordinaire. Je vais essayer d’être créative et de transformer ce crayon. En quoi pourrais-je le transformer ? Ah voilà, pour moi ce crayon représente une longue vue.

26

À toi ! As-tu une idée pour transformer ce crayon ? » Les enfants pouvaient uniquement utiliser le crayon pour démontrer et s’exprimer. J’ai été réellement époustouflée par les idées que les enfants me proposaient. Ayant fait l’exercice moi même une fois, j’avais de réelles difficultés à trouver spontanément des idées. Evidemment au début, ils étaient très timides et disaient qu’ils n’avaient pas trop d’idées, mais une fois le premier lancé, les autres suivaient. Exemples de transformations : rouge à lèvres, bâton-oreilles, une moustache, une canne, une paille, une trompette, un poteau, une bougie, un tourne-vice, etc. J’ai rejoué ce jeu avec une assiette en carton, les idées étaient tout aussi intéressantes.

2. Activité « Œuvre d’art » : Lors d’ateliers, les enfants pouvaient créer leur propre œuvre d’art. Je proposais une feuille A2 et de peindre debout. De plus, je mettais du matériel moins habituel, afin que les enfants puissent tester différentes techniques. Des exemples du matériel proposé : des brosses à dents, des ballons, des sprays, des éponges, des plumes, de coton-tige, etc. L’atelier proposait une contrainte matérielle et spatiale. On remarquait que le format était très inhabituel pour les élèves et certains d’entre eux découvraient de peindre debout. Ils pouvaient prendre le temps qu’ils voulaient et c’était très différent d’un enfant à l’autre (de 15 minutes à une heure) Les enfants étaient très fiers de leurs œuvres et adoraient faire une exposition à la fin pour voir les créations des autres et les différents résultats. J’ai été étonnée par l’insécurité et la prudence de certains enfants de ne pas avoir de pinceaux. Ils avaient besoin de s’adapter à la situation et d’imaginer des solutions. (Annexe 3)

3. Activité « statue » : Sortie au musée. J’ai eu la chance d’animer un atelier au musée universitaire de Louvain. Comme tous les ateliers tournaient autour de la musique et de la danse, j’ai choisi de travailler sur une statue d’une danseuse. D’abord, j’ai fait observer cette statue et en groupe, nous l’avons analysée en détail (sa position, ses habits, son expression). Ensuite, j’ai demandé aux enfants de prendre la même position que la statue et la même expression. Après cet exercice j’ai annoncé que nous allions être créatifs. Les enfants qui le souhaitaient pouvaient démontrer leur position de danse inventée. Puis, chaque enfant devait imaginer une couleur et un prénom pour la statue. J’ai été étonnée que certains enfants en donnant un prénom et une couleur à la statue imaginent toute l’histoire de celle-ci. Exemple : rebelle, robe noire, elle danse toute la nuit et dort toute la journée ou encore Lily, robe jaune, elle traverse une rivière et saute d’une pierre à l’autre en faisaient à chaque fois une autre position de danse. Dans cet exercice, j’ai donné une contrainte verbale, une sorte consigne qui permettait aux enfants d’analyser cette œuvre d’un autre œil. (Annexe 4)

27

4. Activité « blanc » : Avec un demi-groupe, j’ai proposé une activité avec des

matériaux différents. La seule contrainte était que tous ces matériaux étaient blancs et qu’ils ne pouvaient pas utiliser de couleurs, uniquement le matériel proposé. À partir de là, ils devaient choisir une place qu’ils aiment bien dans la salle et s’installer. Une fois tout le monde trouvé sa place, ils pouvaient se lancer dans la création de quelque chose à leur endroit. Ils pouvaient prendre le temps qu’ils voulaient ainsi que l’espace qu’ils voulaient. Les enfants ont eu du mal au début que la couleur proposée soit uniquement blanche. Or, en observant les autres, ils se mettaient rapidement en projet de création. Une fois l’idée en tête, certains d’entre eux voyaient toute une histoire, un monde devant eux se construire. La contrainte de la couleur blanche perturbait les enfants au début, car on a souvent la tendance de penser à beaucoup de couleurs pour créer et pour être créatifs. Néanmoins, après un petit temps d’adaptation ils comprenaient vite que ce n’était pas nécessairement pas couleur qui les rendait créatifs. La petite exposition que je proposais à la fin leur faisait comprendre que chacun a eu sa manière de créer. (Annexe 5)

5. Activité « carré musique » : Cette activité très hors du commun était très appréciée par les enfants. Un grand carré blanc était collé par terre, chaque enfant avait un ou deux pastels gras en main. Ils devaient se mettre à genoux. Lorsque la musique commençait, ils devaient dessiner des traits continus sur le rythme la musique, sans lever le pastel. Tous ensemble ils tournaient donc autour de ce carré et se lâchaient complètement sur la musique. J’ai remarqué que les enfants avaient beaucoup de plaisir de faire des « gribouillages ». Certains enfants trouvaient au début que cela ne ressemblait à rien, mais adoraient le résultat final. D’autres essayaient de ne pas dépasser sur le trait des autres, mais je leur disais que pour une fois c’était permis et que c’était le but de l’activité. L’activité avait une contrainte spatiale, matérielle, verbale et temporelle. Elle surprenait les enfants tellement qu’ils demandaient de le refaire. (Annexe 6)

6. Activité « story cubes »: Les « story cubes », dés d’histoires sont un autre moyen pour développer l’imagination des enfants. Ici on retrouve une contrainte verbale, car les dés proposent des images que nous devons intégrer dans notre histoire. Néanmoins, il y reste une liberté énorme quant à l’interprétation des images et leur utilisation dans l’histoire. Cet exercice ne propose pas de contraintes spatiales, les enfants peuvent être debout, mimer en décrivant ou même le jouer dehors. Le temps n’est pas limité, l’histoire peut avoir la longueur choisie.

28

Être créatif est aussi pouvoir s’exprimer avec la parole et conter spontanément. Spontanément raconter une histoire sans support semble difficile pour la plupart des gens, un support, une contrainte favorisent cette spontanéité et fait évoluer le processus créatif. (Annexe 7)

7. Activité « land art » : Une balade dans les bois est importante de temps en temps,

car cet espace peut aider à développer une multitude de connaissance et compétences. La nature peut et doit donc aussi faire part dans notre processus créatif. En effet, une activité dehors limite les enfants au niveau matériel et donne une contrainte spatiale. Dans mon activité, la contrainte était plutôt matérielle, car ils devaient créer quelque chose à partir d’éléments de la nature, sans arracher celle-ci. L’espace jouait aussi un rôle majeur, car ils avaient pouvaient créer ou ils voulaient. Une fois de plus, les idées étaient très différentes et intéressantes. La créativité ne s’arrêtait pas à la création, mais de nouveau, en faisant le tour, différentes histoires se créaient autour des constructions. Les enfants avaient souvent envie de perfectionner. Néanmoins, cette contrainte était assez vaste, que j’ai pu remarquer que certains élèves avaient des problèmes de trouver des idées et qu’ils me demandaient d’aide, j’ai rajouté une contrainte verbale personnelle de créer un bonhomme. (Annexe 8) Pendant les deux semaines de stage, j’ai donc testé de façon intensive différentes

manières pour rendre les enfants créatifs et pour les pousser plus loin dans le développement de leur processus créatif. J’ai voulu leur faire comprendre que tout ce que j’ai imposé et apporté était dans le but de montrer que chacun pouvait être créatif et qu’il ne fallait pas nécessairement beaucoup de matériel pour cela. Il suffit parfois de regarder avec un autre œil et d’être confronté à une situation pour créer à partir de choses qui existent déjà quelque chose de nouveau et d’innovant.

Après mes deux semaines de pratique je suis certaine que j’ai donné goût à la majorité de la classe d’être créatif et d’inventer un maximum, de sortir hors du commun. Les enfants étaient vraiment dans cette sorte de thème qui s’est imposé lors de ma présence. Cependant, j’aimerais préciser que même si la créativité joue un rôle important dans notre système éducatif, il faut savoir l’incorporer de manière consciente et équilibrée pendant toute l’année scolaire. Clairement l’école doit donner sa place au processus créatif et doit donc jongler entre la pensée divergente et convergente, les deux indispensables au processus.

29

4.2.2 Comment les contraintes peuvent-elles aider à débloquer les freins à la créativité ?

Les blocages à la créativité sont multiples, mais comment pourrait-on les surmonter? Une piste est en effet l’imposition de contraintes! Mais comment les contraintes peuvent-elles débloquer ce qui nous freine d’être créatif? Sommes-nous capables de débloquer ce frein ?

Comme déjà thématisée plus haut, une trop grande liberté freine la créativité. Nous avons donc conclu que les contraintes aidaient à se centrer et trouver des solutions à un problème, une contrainte donnée. Il n’est pas facile de débloquer seul sa créativité, surtout pas pour des enfants! Une contrainte donnée d’une personne extérieure est normalement en lien avec la phase créative dans laquelle cet individu se trouve et va l’aider à se dépasser et à évoluer dans ce processus créatif. Une définition de la contrainte était « une règle obligatoire qui réduit la liberté d’action ». Ayant cette définition en tête, je vais essayer de donner quelques exemples précis de comment débloquer les freins à la créativité en me référent sur ce qui a été thématisé dans la partie théorique auparavant.

- L’individu qui a peur de passer comme un farfelu va avoir la contrainte de créer quelque chose de farfelu. On pourrait lui mettre un matériel peu connu, un temps très réduit et un espace assez large.

- L’individu qui va s’arrêter à la première solution, va avoir comme contrainte de continuer et de trouver une autre solution. (contrainte temporelle)

- L’individu qui a des difficultés de changer de modèle de pensée va avoir une contrainte de tout inverser.

- L’individu qui a une incapacité de se relaxer va d’abord peut-être devoir trouver un espace dans lequel il se sent à l’aise avant de créer, d’être créatif.

Les contraintes peuvent donc en effet débloquer la créativité si elles sont imposées de

manière consciente. Il ne faut jamais oublier que : « La créativité, c’est inventer, expérimenter, grandir, prendre des risques, briser les règles, faire des erreurs et s’amuser. » (Mary Lou Cook) D’où l’importance de débloquer les freins à la créativité!

30

V. CONCLUSION En conclusion, cette spécialisation dans l’option « créativité » m’a permis d’élargir mes

connaissances dans ce domaine qui est à mon avis passionnant et indispensable dans nos classes maternelles ainsi que primaires ! J’ai eu la chance d’évoluer personnellement dans ma créativité et de comprendre que chaque être humain avait les capacités d’être créatif. En effet, ce processus de créativité s’apprend et c’est pour cela qu’il devrait avoir une place importante dans l’enseignement fondamental. J’ai pu constater grâce aux échanges et observations faites dans ma pratique ainsi qu’aux analyses et recherches faites lors de la partie théorique, que beaucoup d’enseignants passent à côté de la créativité dans la conception de leurs activités. Être créatif ne se limite pas seulement aux arts plastiques ! Il est prouvé scientifiquement que la créativité engendre un tas d’autres compétences utiles et nécessaires qui seront notamment demandées dans la vie professionnelle. L’absence de la prise en compte de l’importance de faire évoluer la créativité des enfants, m’a fortement interpellée lors de tout ce travail. Et pourtant, c’est tellement facile de l’intégrer dans ses préparations. En effet, j’ai compris que les contraintes jouent un rôle majeur dans le processus créatif et qu’il est utile de s’en rendre compte pour pouvoir accompagner les enfants au mieux dans leur aventure créative. Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, les contraintes stimulent le processus créatif et peuvent en effet débloquer les freins à la créativité. Moins de choix égal plus de créativité, voici la règle d’or qui répond bien de manière synthétisée à ma question de départ. Après de multiples recherches et des tests que j’ai menés moi-même auprès d’enfants ainsi que d’adultes, ma conviction est celle-ci : une trop grande liberté bloque la plupart des gens et les met dans une position inconfortable où ils se retrouvent un peu perdus. La contrainte limite le projet, les idées et permet de se concentrer sur des éléments clefs pour ensuite tester, choisir, innover et créer. Les contraintes influencent donc fortement le processus créatif de manière positive et sont nécessaires pour aider l’individu à faire des choix, afin d’être créatif. Comment évoluera notre système éducatif au fil des années ? Laissera-t-il plus ou encore moins de place à la créativité ? Est-ce que les gens vont accepter que la créativité ne se limite pas uniquement aux arts plastiques ? Je trouverai peut être la réponse à toutes ces questions un jour, mais pour l’instant une chose est certaine : « L’art nait de la contrainte et meurt dans la liberté.» de Michel Ange. (Cité dans Montourcy, 2017) Grâce à cette aventure de fin d’année, en tant que future enseignante, peu importe le cycle dans lequel je travaillerai, j’aurai toujours un côté créatif en moi qui laissera aux enfants de mes classes aussi un moyen pour s’exprimer de manière innovatrice. En libérant la créativité en nous, nous avions de fortes chances de trouver des solutions pour demain. À vous de jouer … accueillez la contrainte, trouvez des solutions et soyez créatifs !

31

VI. BIBLIOGRAPHIE Achard, C. (2013). Une bibliothèque littéraire à Olonne. En ligne :

https://fr.linkedin.com/pulse/la-créativité-se-perd-avec-lâge-pourquoi-et-comment-y-laurent-faibis.

Barbone, R. (2011). A l’origine du terme créativité. Prismes - Créativité : De l'espace pour une

pensée libre, n15, p.5.

Barthélemy, J. (2017). La créativité se perd avec l’âge : pourquoi, et comment y remédier ?. En ligne : https://fr.linkedin.com/pulse/la-créativité-se-perd-avec-lâge-pourquoi-et-comment-y-laurent-faibis.

Brasseur, P. (2002). Soyons créatif 1001 jeux et activités pour développer l'imagination des

petits et des grands. Paris : Castermann. Source de l’illustration de la page 15 : Brasseur, P. (2010). La créativité, ça s’apprend.

Tournai : D.E.S.I.R Source de l’illustration de la page 16 : Brasseur, P. (2010). La créativité, ça s’apprend.

Tournai : D.E.S.I.R

Brasseur, P. (2015, 16 novembre). La discipline du creative. En ligne: https://www.youtube.com/watch?v=CLQCCfqE1co.

Créativité. (2008). In Larousse (p. 267). Belgique Larousse. Constringo. (2017). Dans Wiktionnaire le dictionnaire libre.

https://fr.wiktionary.org/wiki/constringo#la Contrainte. Encyclopédie Larousse. En ligne :

https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/contrainte/18670.

Ducler, P. (1993). Consignes et contraintes dans le dispositif du cours d'Arts plastiques. (PDF).

En ligne : http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:FxX5iZMc4roJ:www.pedagogie.ac-nantes.fr/medias/fichier/consignes-et-contraintes-en-apl_1453534868291-pdf%3FINLINE%3DFALSE+&cd=1&hl=nl&ct=clnk&gl=be&client=safari.

32

Faucille, J. (2009). La créativité a encore frappé. (PDF). En ligne : https://www.cadredesante.com/spip/IMG/pdf/Creativite.pdf.

Gervais, M. (2013). Libérons la créativité de nos enfants. Paris : Editions de La Martinière. Lardinois, E. (2005). La créativité par la pratique. Charleroi : ID-Solution Lubart, T. (2003). Qu’est-ce qu’un pédagogie de la créativité. Pédagogie de la créativité : de l'émotion à l'apprentissage, n33, p.3. Magistretti, P. (2011). PRISMES Créativité : De l'espace pour une pensée libre (n15).

Lausanne: Revue pédagogique Hep Vaud. Montourcy, K. (2017). Michel-Ange a écrit « L’art naît de la contrainte et meurt dans la liberté

». En ligne: https://fr.linkedin.com/pulse/michel-ange-écrit-lart-naît-de-la-contrainte-et-meurt-montourcy.

Paquay, L., Altet, M., Charlier, E. & Perrenoud, PH. (2001). Former des enseignants

professionnels. Quelles stratégies ? Quelles compétences ?. Bruxelles : De Boeck supérieur.

Source de l’illustration de la page 1 : Pixabay. En lien : https://pixabay.com/en/light-bulb-idea-self-employed-3104355/.

Source de l’illustration de la page 3 : Pixabay. En lien : https://pixabay.com/en/marguerite-

summer-flower-blossom-1506796/. Source de l’illustration de la page 5 : Pixabay. En lien : https://pixabay.com/en/tree-apple-

apple-tree-nature-fruit-923776/. Source de l’illustration de la page 30 : Pixabay. En lien : https://pixabay.com/en/apple-apple-

tree-fruits-fruit-food-1986660/.

Retailleau, F. (2009). Les Petites Phrases de Salvador Dali. En ligne : http://dali-spirit.blogspot.com/2009/07/petites-phrases-de-salvador-dali.html.

Rodriguez, B. (2017, 13 juin). The power of créative constraints. En ligne :

https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=v5FL9VTBZzQ.

33

VII. ANNEXES à voir version papier !