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HAUTE ECOLE LEONARD DE VINCI ECOLE NORMALE CATHOLIQUE DU BRABANT WALLON
Site de Louvain-‐la-‐Neuve Département Normale Préscolaire
Voie Cardijn, 10 1348 Louvain-‐la-‐Neuve
A n n é e a c a d é m i q u e 2 0 1 4 -‐ 2 0 1 5
Comment aménager une classe pour favoriser l’accueil et instaurer un cadre
d’apprentissage auprès d’enfants dyspraxiques en enseignement spécialisé ?
Travail de fin d’études présenté par Céline Jeandrain en vue de l’obtention du diplôme de Bachelière d’institutrice préscolaire
OPTION : « Différencier dans tous les sens » -‐ Fabienne Labalue et Adrien Mogenet
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Remerciements Je tiens tout particulièrement à remercier mon maître de stage Mme Isabelle Lonnoy pour son accueil chaleureux au sein de sa classe. Je tiens à exprimer toute ma reconnaissance à ma promotrice, Mme Labalue, pour ses précieux conseils tout au long de l’élaboration de ce travail de fin d’études. J’adresse mes sincères remerciements à tous les professeurs, intervenants et toutes les personnes qui, par leurs paroles, leurs conseils et leurs critiques ont guidé mes réflexions. Je remercie également mes parents pour leur soutien durant ces trois années de formation. De manière plus générale, je remercie l’ensemble des personnes qui ont permis l’aboutissement de ce travail.
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Table des matières Introduction ....................................................................................................................... 4
1. Première partie : Le récit d’un cheminement personnel professionnalisant ................. 5
2. Deuxième partie : Comment aménager une classe pour favoriser l’accueil et instaurer un cadre d’apprentissage auprès d’enfants dyspraxiques en enseignement spécialisé ? ..... 9 2.1. Introduction .......................................................................................................... 9 2.2. La dyspraxie ........................................................................................................ 10 2.2.1. Qu’est-‐ce que la dyspraxie ? ............................................................................... 10 2.2.2. La dyspraxie et ses différentes dénominations .................................................. 11 2.2.3. Les problèmes rencontrés .................................................................................. 12 2.2.4. Quels sont les besoins de ces enfants ? .............................................................. 14 2.2.5. Quand faut-‐il suspecter une dyspraxie ? ............................................................ 15 2.2.6. Quels accompagnements ? ................................................................................. 16
2.3. Aspects du développement ................................................................................. 18 2.3.1. L’aspect sensoriel ................................................................................................ 18 2.3.2. L’aspect moteur .................................................................................................. 20 2.3.3. L’aspect perceptuel ............................................................................................ 21 2.3.4. L’aspect organisationnel ..................................................................................... 22 2.3.5. La dyspraxie expliquée aux enfants .................................................................... 23 2.3.6. Albums pour les enfants ..................................................................................... 24
2.4. L’aménagement de la classe ................................................................................ 25 2.4.1. Espace et matériel .............................................................................................. 25 2.4.2 L’aménagement individuel .................................................................................. 27 2.4.3 L’aménagement collectif ..................................................................................... 27
3 Conclusion ................................................................................................................. 28
4 Bibliographie .............................................................................................................. 29
5 Annexes ..................................................................................................................... 31
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Introduction Dans le cadre de ce travail, vous trouverez deux grandes parties. L’une abordera mon
parcours personnel au cours des trois années de formation. L’autre fera l’objet d’une question de recherche liée à une de mes expériences professionnelles vécue en stage dans l’enseignement spécialisé. Concernant la première partie, le fil conducteur mettra l’accent sur les moments vécus avant la formation et sur le choix de m’inscrire à l’école normale. Dans le texte vous trouverez différentes références au modèle de Paquay qui reflète bien, selon moi, les étapes par lesquelles je suis passée avant de devenir enseignante. De plus, vous comprendrez mieux pourquoi j’ai fait mon choix d’orientation optionnelle dès mon inscription à l’école. La deuxième partie sera consacrée à la mise en lien entre mon vécu en stage et la théorie à propos de la thématique suivante : « Comment aménager une classe pour favoriser l’accueil et instaurer un cadre d’apprentissage auprès d’enfants dyspraxiques en enseignement spécialisé? » La dyspraxie est un trouble du « comment faire » et dans ce travail, vous découvrirez sa définition, la manière dont on peut la détecter, les problèmes qui sont régulièrement rencontrés face à un enfant dyspraxique ainsi que les accompagnements nécessaires pour répondre aux besoins de l’enfant. Une partie sera consacrée aux différents aspects du développement de l’enfant dyspraxique. Il est très important de comprendre les aspects sensoriels, moteurs, perceptuels et organisationnels pour pouvoir comprendre les difficultés des enfants et les préparer au mieux aux apprentissages. De plus, il n’est jamais facile d’expliquer ce qu’est la dyspraxie aux autres enfants, mais surtout à l’enfant concerné. Une partie sera dédiée aux conseils pratiques autour de la manière avec laquelle il faut expliquer la dyspraxie aux enfants. Pour finir, vous trouverez une manière plus personnalisée d’aménager la classe pour accueillir l’ensemble des enfants. Le matériel et l’espace de la classe ont été élaborés grâce à mes différentes observations en stage et à la théorie lue dans les ouvrages. Cet aménagement sera réfléchi de manière à favoriser l’autonomie et à ce que chacun puisse trouver sa place en classe.
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1. Première partie : Le récit d’un cheminement personnel professionnalisant
Mon parcours s’est orienté vers des études professionnelles dès ma 4ème secondaire.
Puis, en 7ème puériculture, j’ai eu la chance de pouvoir réaliser un stage en enseignement spécialisé avec des enfants autistes. Au premier abord, je ne pensais pas que ce stage allait autant me transformer. J’ai découvert une nouvelle manière d’aborder l’enseignement et de le vivre avec les enfants. Il faut savoir que lorsque nous sommes dans l’enseignement spécialisé, il y a une grande implication personnelle dans le savoir-‐vivre de la vie de tous les jours et dans l’apprentissage. J’avais encore beaucoup à partager et à apprendre auprès de ces enfants. En terminant mes études de puéricultrice, j’ai eu l’idée de me tourner vers des études d’institutrice maternelle. J’ai pris connaissance de l’option « différencier dans tous les sens » et du stage qui avait lieu en dernière année. C’était une manière de pouvoir à nouveau me tourner vers des enfants handicapés. C’est non seulement un domaine que j’avais hâte de pouvoir redécouvrir mais aussi une manière de pouvoir confirmer mes choix. (Personne, Paquay, 1994). J’avais envie de mieux connaître le développement de l’enfant et ce qui se profilait après la crèche. En passant la porte de l’ENCBW, j’étais confiante pour les trois années qui allaient suivre mon entrée à l’école supérieure. Et pourtant, je suis arrivée avec un petit bagage dans lequel tout était centré sur le bien-‐être et le jeu en tant que tel. Ce qui ne m’a pas spécifiquement aidé dans mes études. Dans le cadre de mes formations, il fallait que je puisse parler de réels apprentissages à la vie en société et dans le cadre scolaire. Au départ, on pourrait comparer mon arrivée en classe à l’enregistrement des bagages à l’aéroport. C’est-‐à-‐dire, une année à franchir avant d’atteindre la porte d’embarquement et de pouvoir partir en stage. Après avoir laissé mon bagage à l’accueil, j’ai marché en direction de la porte d’embarquement. J’ai fait quelques pas et suis tombée nez à nez avec des formateurs qui me bombardaient d’informations. Cela avait l’air important. Par sécurité, ils ont mis des barrières autour des premiers futurs passagers. J’en faisais évidemment partie et nous étions complétement agglutinés les uns contre les autres. Ces formateurs de l’ENCBW utilisaient des mots qu’on ne comprenait pas tout à fait. Ce dont je me rappelle plus précisément ce sont des phrases qui mettaient l’accent sur la coopération et la professionnalisation. Comment pouvais-‐je être coopérative dans cette situation entourée de personnes totalement inconnues ? J’ai écouté ces professionnels jusqu’au bout en prenant conscience de leurs attentes et des buts qu’ils s’étaient fixés à notre sujet. Ils m’ont parlé avec un langage que j’essayais tant bien que mal de comprendre : métacognition, identité professionnelle, interdisciplinarité, psychologie des apprentissages, etc.
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J’ai pris conscience que l’aéroport avait besoin de personnes compétentes sur le terrain. J’ai été formée aux ateliers de formation professionnelle qui, d’après Françoise Dupuis, « permettent d’analyser les réalités, les réussites et les obstacles rencontrés lors des stages. » (2001, p.2) J’étais impatiente de pouvoir aller en stage pour pouvoir mettre en pratique ce que j’avais appris. (Praticien artisan, Paquay, 1994) Il y avait beaucoup d’informations de la part des professeurs à emmagasiner en très peu de temps : travaux écrits, préparations de stage, horaire, etc. J’avais quelques craintes puisque j’étais dans l’impossibilité de donner priorité à toutes leurs attentes. Mes paupières s’alourdissaient et je sentais qu’il fallait que je me détende. En ouvrant les yeux, je suis devenue une hôtesse de l’air s’occupant des enfants qui prennent l’avion seul. Je tenais la main d’un petit garçon qui s’amusait de mon manque de fermeté. J’ai commencé à avoir un doute quant à mes capacités en tant que future professionnelle. Est-‐ce que j’étais vraiment prête à assumer ce rôle ? Il aurait peut-‐être fallu que je sois plus rigoureuse dans les objectifs que je m’étais fixée ? J’étais actuellement un praticien réflexif (Paquay, 1994). C’était une situation qui nécessitait une remise en question et une recherche de réponses à ces questions. Finalement, j’y ai vite pris goût. Un goût qui s’est rempli d’amertume lorsque j’ai appris qu’il fallait que je me présente auprès de l’ensemble de l’équipage de l’avion que j’allais prendre. J’étais actuellement hôtesse dans un avion. Quel public… Tous les yeux de ces petits enfants sont rivés sur moi. Avec le sourire, j’ai entrepris un long discours rappelant les règles de vie et de sécurité que j’avais appris à connaître et à comprendre. Il est vrai que souvent je parle très vite lorsque j’explique les choses mais au moins je suis certaine de ne rien oublier. De plus, j’aime beaucoup communiquer avec les petits et ces moments de partage sont essentiels à la création d’un lien entre les enfants et moi. Puis, les jours ont passé, et à chaque envol, un des formateurs me demandait d’écrire de longues préparations en lien avec ce que j’avais pu observer. C’était une nécessité à ma formation et l’ensemble se devait d’être complet. Je commençais petit à petit à me perfectionner et je m’appliquais tant bien que mal à la tâche. J’ai pris beaucoup de plaisir à être une hôtesse en 1ère année. J’ai appris à créer un contact avec les voyageurs et le personnel de l’avion. Pourtant je rêvais déjà d’une autre vie… Nouvel atterrissage sur une terre totalement inconnue : ma 2ème année de formation. J’avais encore en tête l’année précédente et le travail harassant en tant qu’hôtesse. En marchant en ville, j’ai trébuché sur un gros caillou et je suis tombée. Quelle souffrance ! Je suis restée couchée à terre quelques secondes et j’ai senti le froid du sol me traverser le corps. De nouvelles informations me parvenaient. Elles venaient s’entremêler entre-‐elles et cela me rendait nerveuse.
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Je sentais que je commençais à avoir quelques difficultés à surmonter l’ensemble des demandes faites par les formateurs. Face à ces difficultés, j’ai décidé de me battre pour pouvoir aller au bout des choses. J’ai décidé de mettre des gants de boxe. J’avais eu des gants de velours pour prendre les enfants par la main mais cela ne suffisait pas. Dans les entraînements de boxe, si le formateur ne réussit pas à nous mettre à terre, c’est parce que la force qui est en nous peut surmonter toutes les épreuves. J’avais quand même analysé et étudié différents cours théoriques plusieurs mois à l’avance. L’un de mes professeurs m’avait donné un gros dossier sur la psychologie du développement. Celui-‐ci me permettait d’analyser toutes les tranches d’âge associées à leurs caractéristiques. C’est ainsi que j’ai petit à petit pris connaissance du développement affectif, intellectuel et social de chacun des enfants que j’allais rencontrer en stage. Par ailleurs, il fallait que je m’entraîne régulièrement sur le terrain. La psychomotricité était un bon moyen d’observer les différents déplacements des tout-‐petits. Il m’a fallu quelques coups durs et quelques défaites avant de pouvoir comprendre certaines choses. Je devais être plus précise dans mes travaux écrits et il fallait que j’apprenne à demander de l’aide dans la réalisation de certaines expériences. Avant d’avoir accès aux examens tant attendus, il fallait que j’achève mes différents entraînements. L’un d’entre eux consistait à prendre connaissance et conscience de son élocution face à une autre personne. Les paroles d’une future boxeuse se devaient de rester professionnelles et le succès me montant à la tête, il m’était parfois difficile de me contenir. J’ai donc eu des cours de maîtrise de la langue orale et écrite. Après tout, je ne pouvais qu’y gagner en m’initiant à l’écrit. Les lettres destinées aux parents seraient écrites sans fautes. Que demander de plus ? Dans la semaine il y avait aussi l’apprentissage du rangement… ou du classement ? Non c’était peut-‐être du tri des jeux ? Finalement, certains entraînements restaient difficiles à assimiler. J’étais plus compétente dans certaines tâches et moins dans d’autres. C’est ce qui faisait de moi la personne que j’étais. Et puis les jours passaient et les examens écrits approchaient à grand pas. J’étais stressée mais il fallait que je me sorte cette idée de la tête. Je me souviens de ce moment précis où j’ai posé mes deux pieds dans l’auditoire. C’était une concrétisation de tout le parcours réalisé jusque-‐là. Ces examens mettaient un point d’honneur à mes entraînements. J’ai entendu la voix d’un des formateurs retentir dans ma tête et c’est là que j’ai compris la raison de ma venue. Les examens écrits furent coriaces et ne me laissaient aucun moment de répit. C’était presque la fin de ma 2ème année. Je regardais attentivement mon stylo se vider de son encre. Il faut avouer que moi aussi j’étais vidée de toute énergie.
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Après plusieurs délibérations, j’entamais enfin une dernière année de formation. Je commençais tout doucement à faire des liens entre le parcours tracé jusqu’à présent et ma pratique sur le terrain. Je pouvais rebondir dans beaucoup de situations qui demandaient un minimum de maîtrise tant au point de vue théorique que pratique. Les mois ont passé et au vu de mes évolutions, j’ai pu aller en stage pour pouvoir affiner mes méthodes apprises au travers de la théorie. Je passais énormément de temps avec les enfants en variant les apprentissages et les jeux. Je pense que les enfants me considéraient comme un maître instruit. (Paquay, 1994) Je leur demandais souvent de m’appeler « maître » et c’est de là que partaient nos fous rires… Des fous rires d’enfants, des sourires innocents… et c’est ce qui me rendait heureuse : de faire ce que je faisais de mieux, enseigner et partager. J’ai repensé aux différentes formations auxquelles mes professeurs nous demandaient de participer. J’ai souvent exprimé mes doutes et mes craintes mais tout au long de celles-‐ci, on continuait à nous former. J’ai été amenée à développer mon côté acteur social autour des cours tels que la sociologie de l’éducation et la diversité culturelle. J’ai aussi été initiée aux arts et à la culture et j’ai également pris connaissance du rôle d’être un enseignant. (Paquay, 1994) Finalement, je devenais un technicien car j’apprenais à planifier, gérer et évaluer toutes les situations d’apprentissage. (Paquay, 1994) Je comprenais enfin les choses. J’avais pris le temps d’analyser chacune des situations qui avait pu me mettre en difficulté et j’y avais remédié. J’ai planifié mes attentes, géré les moments d’activités et évalué les enfants en fonction des niveaux et des besoins de chacun. J’aimerais mettre l’accent sur mon stage vécu en enseignement spécialisé. J’ai pu mieux comprendre pourquoi il était important d’être une hôtesse, une boxeuse et une enseignante. Une enseignante ? C’était un mot qui me plaisait beaucoup. Et tout cela a été possible grâce à ces trois années de formation. Finalement j’approchais à grand pas de toutes les compétences qui étaient demandées pour devenir une enseignante. Je suis une hôtesse par mon contact facile, mon partage et mon attention. Je suis une boxeuse par ma combativité, mon courage et ma détermination. Je suis une enseignante pour l’éducation de l’enfant et l’apprentissage que j’ai envie de transmettre. Je suis… C’est à ce moment précis qu’on prend conscience que ce n’est que le début d’une longue aventure périlleuse. Mon histoire m’ouvre les portes vers le monde professionnel tant attendu. J’ai évolué, j’évolue et j’évoluerai encore.
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2. Deuxième partie : Comment aménager une classe pour favoriser l’accueil et instaurer un cadre d’apprentissage auprès d’enfants dyspraxiques en enseignement spécialisé ?
2.1. Introduction
J’ai fait un stage en enseignement spécialisé dans une classe dite transitoire avec des enfants caractériels âgés de six à douze ans. Tout d’abord j’ai cherché à comprendre pourquoi ces enfants étaient dans une classe de transition. Avant et pendant mon stage, les enseignants ainsi que la direction expliquaient que les enfants n’aimaient pas le changement. Il était indispensable qu’ils aient une stabilité du point de vue des enseignants, du groupe-‐classe et de l’espace qui leur était mis à disposition. L’enseignante m’a expliqué que les enfants étaient dans sa classe car la plupart étaient arrivés en cours d’année. Elle devait prendre le temps de connaître leur niveau scolaire pour que les années suivantes ils puissent aller dans des classes adaptées à leurs besoins. J’ai alors pris le temps d’observer le groupe-‐classe de manière collective ainsi que chaque enfant de manière plus individuelle. Suite à mes observations et aux réponses apportées par l’institutrice, j’ai constaté qu’une petite fille avait des difficultés dans le coloriage, le rangement, la mise de son manteau, etc. L’enseignante m’a expliqué qu’elle avait déjà constaté des signes distinctifs d’un enfant dyspraxique. Elle a tout de suite fait une demande pour faire des tests médicaux et poser un diagnostic. Je savais que cet enfant allait passer des tests et pour cette raison, je me suis renseignée sur les troubles « dys » que je ne connaissais pas spécifiquement. A la lecture des troubles, mon regard s’est principalement porté sur la dyspraxie puisque je voulais comprendre comment la détecter et aider l’enfant dans la vie de tous les jours. Au fur et à mesure des journées passées en stage, j’ai pu davantage faire des liens entre ce que je voyais et la théorie que j’avais découverte. L’enfant avait beaucoup de mal à rester en place, elle écrivait très mal son prénom et sa concentration était limitée. A la fin de mon stage il s’est avéré que la petite fille a été diagnostiquée comme dyspraxique. Finalement, la dyspraxie est un handicap que j’ai décidé d’aborder dans mon sujet de travail de fin d’études. Le choix de ma question s’est alors porté sur l’aménagement de la classe.
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2.2. La dyspraxie
2.2.1. Qu’est-‐ce que la dyspraxie ?
« Dys » est un préfixe qui vient du grec et qui exprime l’idée de difficulté, de manque. « Praxie » est un mot grec qui signifie action, mouvement. Ce mot signifie aussi l’adaptation du mouvement au but recherché. (Sylvie Breton et France Léger, 2007 p.25)
La dyspraxie est un trouble du développement neurologique qui affecte la capacité de planifier, d’exécuter et d’automatiser des séquences appropriées de mouvements, aboutissant à la réalisation d’un geste, pour interagir avec le milieu environnant. Elle touche la personne dès la naissance et jusqu’à la fin de ses jours. (Sylvie Breton et France Léger, 2007, p.23) C’est lorsque l’enfant a environ trois ans que les parents ressentent ses difficultés de coordination.1 Malheureusement, le diagnostic de dyspraxie se fait assez tard (autour de 6,5 ans ou plus), ce qui prive l’enfant d’une thérapie précoce, essentielle pour lui. On peut dire que l’enfant rencontre des difficultés visuo-‐spatiales qui sont nécessaires pour réaliser une action nouvelle dans un but précis. Comme l’explique Michèle Mazeau, « Il s’agit bien d’une pathologie dont les répercussions fonctionnelles sont scolaires. » (2005, p.54) « Ainsi malgré les efforts souvent inimaginables déployés par l’enfant, devant cet amoncellement de défis à sa pathologie, c’est un jugement de travail « bâclé », négligé qui lui sera renvoyé, générant un grand sentiment d’impuissance et d’injustice. » (2005, p.23) On parle souvent de dyspraxie développementale pour traduire l’atteinte congénitale, c’est-‐à-‐dire la présence du handicap depuis la naissance et qui est non spécifique. Ce qui signifie qu’elle ne touche pas une zone précise du cerveau mais plutôt le développement d’un ensemble de fonctions neurologiques. (Sylvie Breton et France Léger, 2007 p.23-‐24) La dyspraxie est un handicap scolaire caché et invisible, auquel l’enfant est confronté depuis la maternelle. Il concerne 4 à 6% de la population et les garçons en sont atteints de deux à quatre fois plus souvent que les filles (Sylvie Breton et France Léger, 2007 p.24). Comme le disent Sylvie Breton et France Léger : « dans la documentation et selon les pays, il existe plusieurs appellations et définitions de ce trouble. Les deux termes les plus employés actuellement sont la dyspraxie et le DCD (Trouble d’acquisition de la coordination). » (2007, p. 29)
1 Selon Michèle Mazeau, “la coordination c’est la combinaison organisée de mouvements en fonction d’un but avec une programmation globale du geste dans ses aspects temporels et spaciaux. Cela implique des capacités de mémoire et d’attention.” (2005)
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2.2.2. La dyspraxie et ses différentes dénominations
Selon Sylvie Breton et France Léger : « le terme « apraxie » signifie une absence complète du mouvement volontaire. Il arrive que les médecins emploient le mot apraxie dans la dyspraxie développementale pour décrire une altération spécifique d’une fonction. Ainsi, on pourra retrouver plusieurs types d’apraxies dans le diagnostic de dyspraxie de l’enfant. » (2007, p.24).
La dyspraxie développementale Selon Michèle Mazeau, 1995, Sylvie Breton et France Léger, 2007, on distingue :
Types d’apraxies Définition Exemples
Apraxie idéatoire
Difficultés à réaliser un geste avec un
outil
-‐ Les ciseaux -‐ La fourchette et le couteau -‐ Le crayon
Apraxie idéo-‐motrice
Difficultés à réaliser un geste sans outil
-‐ Dire « au revoir » avec la main -‐ Faire « chut » -‐ Faire semblant de « … » (mimer)
Apraxie d’habillage
Difficultés à agencer, orienter ou
disposer les vêtements lors de l'habillage
-‐ Les habits sont enfilés à l’envers -‐ Difficultés à faire ses lacets -‐ Difficultés à fermer son
manteau
Apraxie constructive2
Difficultés à réaliser des gestes
d’assemblage de pièces élémentaires les unes par rapport aux autres pour
construire le tout
-‐ Assembler des cubes ou les pièces d’un puzzle pour reproduire un dessin
-‐ Construire des objets ou des personnages avec des légos, clipos…
Apraxie visuo-‐spatiale
Difficultés à fixer son regard sur une cible
immobile
-‐ Fixer une personne lorsqu’on lui parle
-‐ Fixer son regard sur une page d’un livre
Apraxie bucco-‐faciale Incapacité à imiter sur commande verbale, des mouvements avec la bouche
-‐ Tirer la langue -‐ Gonfler les joues
2 Lorsque le type de dyspraxie n’est pas précicé, on parle de dyspraxie constructive à cause de l’importance de sa fréquence.
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2.2.3. Les problèmes rencontrés Souvent, les troubles neurologiques ne viennent pas seuls. Un des troubles le plus
fréquemment associé à la dyspraxie est le trouble déficitaire de l’attention, avec ou sans hyperactivité (TDA/H). Ce trouble regroupe l’inattention, l’impulsivité et l’hyperactivité. Plusieurs enfants dyspraxiques présentent ces caractéristiques mais elles peuvent être en lien à des difficultés propres à la dyspraxie sur le plan du traitement de l’information, de la perception visuelle et de la vitesse d’exécution. Il faut donc faire attention à ne pas diagnostiquer trop vite un enfant comme étant TDA/H (Sylvie Breton et France Léger, 2007 p.26-‐27). En tant qu’enseignante, il faudra régulièrement s’assurer que l’enfant porte son regard sur les consignes données oralement. On peut aussi observer et constater la présence de difficultés d’apprentissages touchant différentes matières à l’école et d’intensité différente en fonction des enfants. Les déficits entraînés par la dyspraxie dans plusieurs domaines du développement ont de grandes répercussions dans les apprentissages scolaires : l’écriture, les arts plastiques, etc. (Sylvie Breton et France Léger, 2007 p.26-‐27). La dyspraxie entraîne des difficultés dans le « comment faire » et ces dernières se répercutent dans divers domaines. La dyspraxie affecte chaque enfant différemment. De ce fait tous les enfants sont uniques et n'éprouvent pas les mêmes difficultés. Il s’agit ici, d’exemples régulièrement observés et rencontrés chez ces enfants. Voici quelques situations que les parents, enseignants peuvent observer chez l’enfant dyspraxique (Sylvie Breton et France Léger, 2007 p.54 et 55) :
• Alimentation : -‐ Il se sert avec difficulté de ses ustensiles (couteau, fourchette) ; -‐ Il préfère utiliser ses doigts pour manger ; -‐ Il a des difficultés à se servir un verre d’eau et le renverse fréquemment ; -‐ Parle la bouche pleine.
• Rangement : -‐ Il ne range pas ses effets personnels ; -‐ Il perd ou ne trouve plus ce qui lui appartient.
• Apprentissages scolaires : -‐ Il utilise avec beaucoup de difficultés les crayons, les ciseaux, les bâtons de colle, etc. -‐ Il exécute en désordre les étapes d’une tâche ; -‐ Il a du mal à se repérer dans un établissement.
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• Loisirs : -‐ Il suit difficilement les règles du jeu ; -‐ Il se fait ignorer ou rejeter par les autres dans les jeux d’équipes ; -‐ A des difficultés dans le bricolage et les travaux manuels3.
• Comportement ludique : -‐ Il prend peu les objets pour les manipuler, les découvrir comprendre leur
fonctionnement : délaisse l’objet après quelques manipulations ; -‐ Il évite les jeux de construction ; -‐ Il répète souvent les mêmes jeux et a tendance à s’approprier les jouets qu’il aime et
refuse souvent de les partager.
• Relations aux autres : -‐ L’enfant a des difficultés à respecter les règles sociales et doit souvent faire appel à
l’adulte ; -‐ Il vit dans l’insécurité et l’anxiété devant quelque chose de nouveau. Il peut exprimer
de fortes réactions émotionnelles (pleurs, cris, colères) ; -‐ Il a tendance à s’isoler ou à observer les compagnons plutôt que de jouer avec eux.
« Le plus frustrant pour lui est que même s’il veut faire quelque chose bien et qu’il n’y arrive pas, il s’en rend compte et il se compare. » (Témoignage d’une stagiaire dans une classe ordinaire avec un enfant dyspraxique) L’enfant dyspraxique ne parvient pas à construire une bonne estime de lui. Durant toute son enfance il est préoccupé par la comparaison avec les autres. Il tente tant bien que mal de répondre aux attentes de ses parents, il veut être capable d’y arriver, mais n’y parvient jamais tout à fait. Ses gestes ne sont pas totalement contrôlés. On peut observer un réel manque d’autonomie qui est visible dans toutes les situations de vie : à la maison, à l’école et dans les loisirs. Cela a une grande répercussion dans la relation qu’il peut avoir avec les autres.
3 Travail utilisant davantage le corps que l’intellect.
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2.2.4. Quels sont les besoins de ces enfants ?
La théorie de la motivation a été fondée par Abraham Maslow et elle repose sur une hiérarchie de cinq besoins propres à chaque individu. (M. Solomon, G. Bamossy & S. Askegaard, 2008) :
-‐ Les besoins physiologiques : qui incluent la faim, la soif, la sexualité, et autres besoins physiologiques tels que de se mettre à l'abri.
à Prévoir des moments pour sensibiliser les enfants à manger correctement, à boire. Il faut aussi prévoir des moments de récréation durant la journée.
-‐ Les besoins de sécurité : qui englobent tout ce qui est du ressort de la protection contre les agressions physiques et émotionnelles.
à Il faudra un environnement stable (aménagements, matériel) où l’enfant pourra se sentir en confiance et en sécurité.
-‐ Les besoins d'appartenance : où l'on trouve les notions d'affection, d'intégration à un groupe d'amitié.
à Donner des responsabilités à l’enfant pour qu’il se sente impliqué dans le groupe, expliquer à l’ensemble des enfants ce que c’est la dyspraxie tout en favorisant l’entraide.
-‐ Les besoins d'estime : qui englobent au niveau interne, l'estime de soi, l'autonomie et l'accomplissement et, au niveau externe, le statut, la reconnaissance, et l'attention.
à Valoriser l’image de soi en mettant l’accent sur ses réussites, ses forces. Il y a plusieurs formes d’intelligences et il faut utiliser les atouts de l’enfant : au niveau linguistique et leur bonne capacité d’observation.
-‐ Les besoins de s’accomplir : qui procurent l’énergie permettant de devenir ce que l’on est. Développement personnel, exploitation de ses potentiels et accomplissement de soi.
à En lien avec l’article 6 des missions prioritaires de l’enseignement fondamental et secondaire: 1° promouvoir la confiance en soi et le développement de la personne de chacun des élèves;
2° amener tous les élèves à s'approprier des savoirs et à acquérir des compétences qui les rendent aptes à apprendre toute leur vie et à prendre une place active dans la vie économique, sociale et culturelle;
3°préparer tous les élèves à être des citoyens responsables, capables de contribuer au développement d'une société démocratique, solidaire, pluraliste et ouverte aux autres cultures;
4° assurer à tous les élèves des chances égales d'émancipation sociale.
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2.2.5. Quand faut-‐il suspecter une dyspraxie ?
« La dyspraxie se dévoile quand l’enfant n’arrive pas à percevoir et à agir aussi rapidement et adéquatement que la majorité des petits de son âge et de son temps. » (Pannetier, Evelyne, 2007) Généralement elle peut-‐être suspectée dès la maternelle par l’institutrice de la classe. Comme l’expliquent Michèle Mazeau et Claire Le Lostec, « certains enfants, malgré leur bonne volonté et leur application, ne peuvent pas, en raison d’une organisation cérébrale atypique, réaliser certaines tâches. Alors que d’autres activités, qui sont plus complexes, leur restent normalement accessibles. » (2001, p.1) Suite à mon observation en stage et en me référant à ce qu’explique Michèle Mazeau, on peut suspecter un enfant d’être dyspraxique si :
-‐ L’enfant conçoit bien les gestes mais n’arrive pas à les organiser ni à les réaliser de façon harmonieuse ;
-‐ Il maladroit, lent, n’aime pas les jeux moteurs ; -‐ Il présente des difficultés en psychomotricité fine : découpage, collage, etc. ; -‐ Il présente un retard graphique important et durable : ses dessins sont pauvres,
toutes ses réalisations graphiques sont médiocres, brouillonnes ; -‐ Il possède souvent un excellent langage.
Témoignage d’un parent ayant un enfant dyspraxique : « Mon enfant était lent et maladroit et n’était pas motivé par les activités. Un jour l’enseignante de la classe m’a expliqué : « Il y a lent et lent. Là il est très lent. » « Néanmoins mon enfant a eu un langage très précoce et développé qui lui a permis de compenser son handicap (il a un QI verbal de 130 alors qu’il est moyen à moyen faible dans les autres items). »
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2.2.6. Quels accompagnements ?
« Nous avons eu la chance d’être orientés vers le centre « Diabolo »4 à Meux. Une neuropsychologue a fait faire des tests à notre fils et nous a bien conseillé. Il y a là, une équipe pluridisciplinaire qui nous a dirigés vers une logopède. Il a d’abord suivi un programme pour tenter d’améliorer son écriture. Vu le peu de progrès, on a mis en place un ordinateur et son apprentissage. Mais pas de logiciel particulier. Il a un peu travaillé son attention et fait un peu de Brain gym5. Il a aussi suivi quelques séances de kiné. » (Témoignage d’un parent d’enfant dyspraxique) Michèle Mazeau explique : « Il conviendra de faire appel à des professionnels compétents en la matière, qui travaillent de préférence en réseau en vue de coordonner les prises en charge. Ceux-‐ci mettront en place les adaptations nécessaires et pourront donner des conseils et répondre aux questions… inévitables pour ce trouble spécifique de l’apprentissage encore trop méconnu dans le milieu de la logopédie, au diagnostic difficile à poser. » (2005) Suite à mes observations en stage, j’ai principalement constaté que les parents, enseignants et les thérapeutes collaboraient ensemble pour pouvoir proposer des aides qui soient cohérentes et efficaces pour l’enfant. Il y a régulièrement des tests qui sont effectués auprès des enfants pour mieux cibler où ils se situent dans leur dyspraxie : situer les évolutions, régressions de chacun des enfants. En fonction des résultats, l’enseignante accompagne l’enfant dans son apprentissage « personnalisé ». Cette collaboration a pour but de voir où l’enfant en est d’un point de vue de sa scolarité, de faire le point sur les réussites et les difficultés tout en étant centré sur les besoins de l’enfant.
4 Le centre “Diabolo” est un espace paramédical d’aide à la communication. 5 Ensemble de mouvements simples, agréables et amusants qui permettent à l’apprenant de récupérer et/ou élargir ses capacités d’apprentissage, et de favoriser l’intégration cérébrale.
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Michèle Mazeau ajoute : « Il faut mettre en place très tôt des rééducations adaptées (orthoptie6, logopédie7, kiné ou psychomotricité fonctionnelle8, ergothérapie9, soutien psychologique). Seules les rééducations bien ciblées et des aménagements pédagogiques permettront de réels progrès. » (2005, p.17) Certains enfants finissent par pouvoir poursuivre une scolarité normale si :
-‐ Le niveau intellectuel et verbal est normal ; -‐ Il n’y a pas d’autre trouble cognitif associé (langage, mémoire de travail, attention,
etc.) ; -‐ L’enfant apprend à gérer ses difficultés sans dramatiser ; -‐ S’il ne présente pas trop d’importants troubles visuo-‐spatiaux (ce qui est fréquent).
Maintenant que vous connaissez mieux le handicap, vous pourrez comprendre pourquoi il est important de se centrer sur les besoins de l’enfant en priorité. La dyspraxie est un trouble neurologique dont le diagnostic est encore difficile à établir et avec lequel l’enfant doit apprendre à vivre au quotidien. La suite de la théorie sera consacrée aux différents aspects du développement de l’enfant pour mieux dresser un portrait de l’enfant dyspraxique. 6 C'est le dépistage, la rééducation, la réadaptation et l'exploration fonctionnelle des troubles de la vision. 7 Technique qui a pour but de corriger les défauts de prononciation chez les enfants. 8 Méthode visant à améliorer l’usage d’une fonction motrice (espace, temps, schéma corporel, coordination, latéralité, etc. 9 Discipline paramédicale qui s’occupe de la prévention, de l'évaluation, du traitement et de l'étude scientifique des troubles de la communication humaine et des troubles associés.
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2.3. Aspects du développement
2.3.1. L’aspect sensoriel
Les fonctions sensorielles permettent de filtrer, organiser et traiter l’information sensorielle provenant de notre corps et de l’environnement, afin de produire une réponse adaptée10. Chez l’enfant dyspraxique, la gestion de l’information sensorielle est affectée et cause différents problèmes. On classe les désordres sensoriels en deux grandes catégories : le désordre d’intégration sensorielle et le désordre de modulation sensorielle. « Le désordre d’intégration sensorielle est fréquemment associé à la dyspraxie chez l’enfant. Il se définit par une incapacité du cerveau à interpréter et à organiser efficacement les informations captées par les sens. L’enfant paraît incapable de se servir de ces renseignements pour orienter son action. » (Sylvie Breton et France Léger, 2007 p.41) Quelques manifestations relevées lors d’un désordre d’intégration sensorielle :
-‐ Une incapacité à maintenir une posture stable et contrôlée et à bouger de façon harmonieuse vers un but précis. Il aura des mouvements maladroits, imprécis et saccadés ;
-‐ Mauvaise utilisation des différentes parties de son corps lors d’imitations de mouvements ou de postures. L’enfant a des difficultés à percevoir son corps de manière complète ;
-‐ Difficultés d’éveil, de vigilance et d’attention ; -‐ Pauvre discrimination tactile avec une incapacité à identifier la fréquence et la
position d’une stimulation reçue par le sens du toucher. (l’enfant ne sera pas capable de dire combien de fois on lui a tapé sur l’épaule).
La discrimination tactile11 est importante dans les aspects du développement de l’enfant. Elle permet une exploration de l’objet et de l’environnement. Elle contribue aussi à enrichir sa conscience corporelle.
Ensuite, le désordre de modulation sensorielle est un mécanisme de régulation du système nerveux central qui a pour rôle de filtrer les messages pertinents et ceux qui ne le sont pas. S’il y a un désordre de modulation sensorielle, deux cas se présentent :
1. Certaines informations vont devenir envahissantes, la moindre stimulation sera alors dérangeante ou désagréable pour l’enfant.
2. Certaines informations vont être étouffées par le cerveau. L’enfant aura besoin de stimulations intenses et nombreuses pour réagir.
10 Producion d’actions efficaces permettant d’atteindre un but prédéterminé. 11 Habileté de discriminer un objet à travers d’autres objets et ce, seulement par le sens du toucher.
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Quelques manifestations relevées lors d’un désordre de modulation sensorielle: -‐ Résiste à se faire toucher, n’aime pas se faire laver ou couper les cheveux ; -‐ Résiste à se faire guider physiquement : donner la main, se laisser prendre par
l’épaule, etc. ; -‐ Craint les mouvements : ne pas avoir les pieds en contact avec le sol ; -‐ A peur des mouvements dans l’espace : crise de panique ; -‐ A une intolérance à certains sons ou odeurs : agressivité, anxiété, etc.
Ces désordres sensoriels varient en fonction de la personne et du temps. Certaines caractéristiques restent présentes tout au long de la vie. D’autres, se transforment et dans d’autres cas, elles s’atténuent avec le temps et peuvent disparaître. (Sylvie Breton et France Léger, 2007 p.41-‐45). Pistes de régulations:
-‐ L’utilisation des ciseaux, les puzzles et les jeux de construction nécessitent un bon contrôle postural en particulier du tronc et de la tête ;
-‐ Une chaise stable pour que l’enfant soit bien assis et travaille en toute confiance ; -‐ Favoriser les séances de psychomotricité fonctionnelle.
(Sylvie Breton et France Léger, 2007 p.151).
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2.3.2. L’aspect moteur La motricité globale :
La motricité globale fait référence aux mouvements globaux : ramper, marcher, courir, sauter, etc. Un enfant dyspraxique est principalement maladroit dans les jeux à dominante motrice comme l’équilibre, la coordination, la vitesse d’exécution et la synchronisation d’actions. L’enfant manque d’harmonie lorsque les activités demandent l’utilisation de plusieurs parties du corps. La lenteur d’exécution caractérise les gestes de l’enfant dyspraxique et cela se répercute dans tous les types d’activités motrices. (Sylvie Breton et France Léger, 2007 p.45). La motricité fine :
La motricité fine caractérise l’apprentissage du maintien et de la manipulation d’objets avec les mains et les doigts. Enormément d’activités en maternelle demandent de bonnes habiletés sur le plan moteur fin. Malheureusement, l’enfant dyspraxique éprouve de grandes lacunes dans l’acquisition de son autonomie à cause des difficultés de préhension et de relâchement, les manipulations, l’utilisation de ses deux mains simultanément, etc. La première cause de ces difficultés est la préférence manuelle12. Souvent, cette préférence s’établit plus tardivement chez un enfant dyspraxique. Les conséquences sont visibles, car il y a un retard sur le raffinement des habiletés motrices et cela empêche la coordination et l’utilisation des deux mains : une qui manipule et l’autre qui stabilise l’objet. (Sylvie Breton et France Léger, 2007 p.46-‐47). Ensuite, la préhension d’objets et d’outils manque de précision chez l’enfant dyspraxique. On observe cela lorsque l’enfant prend un crayon de manière instable. Cette prise inadéquate amène à des grandes difficultés dans les activités graphiques puisqu’elles demandent de prendre l’outil de manière souple pour pouvoir faire des gestes fins. De plus, l’enfant aura de grandes difficultés à manipuler les objets dans la main en utilisant ses doigts. La coordination œil-‐main, telle qu’elle est demandée dans les activités graphiques et les tâches de découpage sont des vraies épreuves éprouvantes pour les enfants. (Sylvie Breton et France Léger, 2007 p.46-‐47). Exemples :
-‐ L’enfant a du mal à suivre un labyrinthe avec son crayon sans dépasser les limites. -‐ Il n’arrive pas à découper une forme en respectant le contour. -‐ Difficultés à enfiler des perles.
12 La main spontanément privilégiée pour les activités qui ne nécessitent qu’une seule main.
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2.3.3. L’aspect perceptuel
La perception est la fonction par laquelle l’esprit, à partir de sensations, se représente un objet ou l’environnement. Dans la dyspraxie, les problèmes concernent surtout la perception visuelle, c’est-‐à-‐dire la capacité à recevoir, à analyser et à interpréter des renseignements visuels en leur donnant un sens et en les comparant à ce qui est déjà en mémoire. Selon le type de renseignements reçus, on parle de perception visuelle, auditive ou tactile. La perception visuelle permet d’extraire et d’organiser l’information visuelle de notre environnement et de comprendre ce que l’œil voit. L’enfant dyspraxique éprouve principalement des lacunes dans la perception de l’espace. Il interprète mal le sens et l’orientation des objets entre eux. (Sylvie Breton et France Léger, 2007 p.47-‐48) Ces difficultés sont visibles au travers de différents exemples :
-‐ Difficultés à construire des blocs ou reproduire des modèles. -‐ Des difficultés à suivre des consignes de direction, à se placer dans la bonne position
pour imiter des gestes ou des postures. -‐ Difficultés à reproduire un dessin.
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2.3.4. L’aspect organisationnel
« L’aspect organisationnel fait référence à la capacité d’organisation dans différents types de situations (organisation de la vie quotidienne, du temps, de la tâche, de la pensée et du discours et de l’environnement) et à l’élaboration de stratégies de résolution de problèmes. » (Sylvie Breton et France Léger, 2007 p.49) Les effets d’un manque d’organisation :
-‐ L’enfant n’arrive pas à mémoriser et reprendre efficacement les étapes à suivre pour résoudre un problème à cause de son manque de méthode
-‐ Il semble dépourvu et incapable de se souvenir des moyens qu’il a déjà utilisés car il ne maîtrise pas la recherche de l’élaboration des stratégies
-‐ Chaque situation est un nouveau problème à résoudre car il ne se sert pas de ses connaissances antérieures pour aborder une nouvelle tâche et il ne fait pas de lien entre les situations. (Amanda Kirby et Lynne Peters, 2010, p. 31-‐32)
Le manque de concentration et la plus grande fatigue mentale contribuent d’autant plus à mettre l’enfant dyspraxique en situation d’échec. Pistes de régulations : « La chose à ne jamais dire à un dyspraxique : « Tu vois tu sais le faire ! Donc tu peux y arriver quand tu veux ». Justement ce n’est pas parce qu’il y arrive une fois que cela ne lui demande pas une énergie énorme et qu’il peut la fournir à chaque fois ! » (Témoignage d’un parent avec un enfant dyspraxique). De plus, il faut toujours faire attention à ce que l’enfant soit à l’écoute de ce qui est demandé par l’enseignante. Il est indispensable de mettre en place un aménagement et un matériel adéquat pour ces enfants.
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2.3.5. La dyspraxie expliquée aux enfants
Lors de mes recherches, je me suis intéressée à une manière d’expliquer la dyspraxie aux enfants. C’est une manière de mettre des mots sur le handicap et sur ce qu’un enfant peut ressentir. Notre cerveau est capable d’emmagasiner un bon nombre d’informations dans une situation donnée grâce à des sortes de chemins qui s’entrecroisent : sur ce qu’on voit, ce qu’on entend, ce qu’on peut ressentir (le toucher), ce qu’on sent grâce à notre odorat, ce qu’on peut goûter et tout cela grâce à nos sens. Le cerveau est constitué de « petites machines » qu’on appelle les neurones. Ils décodent les informations puis d’autres décident ce qu’on doit faire. Par exemple : lorsqu’on voit une tasse avec un liquide marron on se demande si c’est du chocolat ou du café (ton cerveau décode l’odeur du chocolat), on va le goûter (le cerveau décode que c’est du chocolat, mais il est déjà froid). On dépose la tasse et on va chercher maman pour le faire réchauffer. Il y a aussi des chemins qui partent du cerveau en apportant des messages et des ordres vers les muscles du corps. Ceux-‐ci permettent de sentir, goûter le chocolat, puis poser la tasse et ensuite partir chercher maman. Quand on est dyspraxique, il y a quelque chose qui ne va pas dans ces chemins. Ils ne marchent pas bien. Ils sont peut-‐être bloqués à un endroit précis et les informations ou les messages ne peuvent plus passer. Du coup, le corps n’arrive pas à faire ce que le cerveau te demande de faire car il lui manque certaines informations sur le comment faire. Par exemple lorsqu’un bébé nait, il ne sait pas encore faire grand-‐chose et dépend beaucoup de sa maman. Petit à petit, il apprend à manger avec une cuillère. Au début c’est difficile car il la fait tomber, ne sait pas comment la tenir, ne sait pas la remplir, a des difficultés à porter la cuillère jusqu’à sa bouche… mais une fois qu’il a répété et renouvelé ses gestes plusieurs fois, il y arrive beaucoup mieux. Il commence à préciser ses gestes. Son cerveau a enregistré un plan (comment faire une action et dans quel ordre). Il n’a plus besoin de réfléchir à la manière de faire. Ses gestes se sont automatisés. Les enfants dyspraxiques n’arrivent pas à bien se rappeler du plan retenu précédemment. Ils doivent toujours faire attention. C’est pour cela que tu n’arrives pas à faire deux choses à la fois. La dyspraxie n’est pas une maladie. On ne guérit pas mais on apprend à se débrouiller et à surmonter ses difficultés. C’est un handicap caché, invisible. (Dyspraxique Mais Fantastique, 2003)
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2.3.6. Albums pour les enfants
Il est important pour un parent, tout comme pour un enseignant de pouvoir faire découvrir aux enfants ce qu’est la dyspraxie. Pour mieux l’expliquer et l’illustrer, il faut avoir recours à des albums de jeunesse qui peuvent faire référence à la vie quotidienne des enfants dyspraxiques. Il arrive que les enfants fassent référence à leurs héros dans les albums. Ceux-‐ci permettront de mettre des mots sur la réalité des choses et de dédramatiser tout en valorisant ce que l’enfant sait faire.
Le premier livre qui a attiré mon attention est « Max est maladroit » car c’est une histoire qui parle d’un garçon qui apprend aux enfants dyspraxiques à déculpabiliser en se donnant le droit à l’échec. A la fin de l’histoire, Max retrouve le plaisir et la confiance en lui tout en prenant son temps. C’est un album qui est adressé à des enfants à partir de la 3ème maternelle. Le deuxième « Et encore à l’envers ! » sensibilise les adultes aux difficultés au quotidien des enfants ayant des troubles de la coordination. C’est un album qui s’adresse à des enfants à partir de la 1ère maternelle. Pour finir, il y a « Le secret d’Alexis » qui permet d’expliquer la dyspraxie aux enfants. C’est un album qui est adressé à des enfants à partir de la 3ème maternelle. Dans ce chapitre j’ai voulu vous faire découvrir les différents aspects du développement de l’enfant dyspraxique. Cela vous a permis de découvrir les pistes qui pouvaient être mises en place pour l’accompagner. Maintenant que vous avez pris connaissance des aspects, je peux parler de l’aménagement de la classe.
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2.4. L’aménagement de la classe
2.4.1. Espace et matériel
Avant de développer cet aspect, chacune des adaptations doit être réfléchie en fonction des enfants. Il faudra pouvoir s’appuyer sur les différents besoins spécifiques de l’enfant dyspraxique. J’ai voulu créer et imaginer une classe où le matériel et l’espace pourraient faciliter la vie de chacun. Je me suis appuyée sur la théorie lue dans des ouvrages mais aussi sur ce que j’ai pu observer en classe de stage. Suite à la découverte de la dyspraxie et de ses différentes dénominations, j’ai voulu développer trois apraxies qui reflètent, selon moi, les plus grandes difficultés de la vie quotidienne en classe. Les classes en maternelle sont généralement séparées en différents coins et l’enfant peut parfois perdre tout repère spatial. Prenons l’exemple d’un enfant avec une apraxie visuo-‐spatiale. « … Placez l’enfant dyspraxique face au professeur, de façon à lui éviter de devoir faire des mouvements désordonnés, pour mieux entendre les instructions. » (Amanda Kirby et Lynne Peters, 2010, p.67). Dès lors, dans une classe, il est très important d’avoir un coin rassemblement qui accueille et amène l’ensemble des enfants à se placer face à l’enseignant. Pour ce faire, l’adulte aura aménagé son espace de manière à ce que tous les enfants puissent s’y retrouver. «Un enfant dyspraxique n’est pas toujours conscient de l’espace qu’il occupe. Sans s’en rendre compte, il peut s’étaler sur l’espace de son voisin. » (Amanda Kirby et Lynne Peter, 2010, p.67). Raison pour laquelle, l’enseignante peut utiliser un ruban adhésif de couleur (une couleur de référence par enfant) pour que l’enfant puisse mieux visualiser son espace et qu’il apprenne à rester dans ses limites. (Amanda Kirby et Lynne Peter, 2010, p.67). Au vu de mes observations en stage, il est aussi important de savoir que souvent, une enseignante prend le temps de passer par les préambules. Ceux-‐ci devront être courts et clairs pour ne pas perdre l’attention des enfants dyspraxiques. L’adulte devra régulièrement répéter chacune de ses actions pour que l’enfant puisse se situer dans ce qui lui est demandé. Concernant les autres coins, l’enseignante peut mettre en place des pictogrammes rappelant les endroits et les espaces où l’enfant peut se déplacer. Ils vont principalement amener l’enfant à apprendre à être autonome dans la classe. Il faut autant que possible organiser l’environnement pour amener l’enfant à avoir des repères suffisants pour ne pas avoir besoin de l’aide de l’enseignante pour aller chercher un jeu. De plus, il faudra laisser du matériel facilement accessible à l’enfant qui permettra de favoriser les initiatives de sa part.
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En maternelle, l’enfant est amené à réaliser des gestes avec différents outils comme le pinceau, le crayon, les ciseaux, la craie, etc. Lorsque l’enfant est fort démuni face à l’utilisation de ces outils, cela signifie qu’il a une apraxie idéatoire. Celle-‐ci se présente dans les activités de bricolage, de peinture, de graphisme, de dessin, etc. Pour cela, l’enseignante devra utiliser un matériel adapté aux enfants. « J’ai davantage travaillé la psychomotricité fine car tous les autres enfants de la classe arrivaient à découper, donc j’ai travaillé avec lui le découpage… J’ai travaillé le fait de tenir un crayon en main. Après, je n’ai pas non plus insisté là-‐dessus car rien ne sert de pointer sa faiblesse. » (Témoignage d’une stagiaire dans une classe ordinaire avec un enfant dyspraxique). Beaucoup d’activités nécessitent la préhension d’un outil. Pour cette raison, l’adulte pourra proposer une boîte à outils en classe. Il est indispensable que l’enfant dyspraxique puisse disposer d’un matériel qu’il puisse à tout moment choisir et qui lui convient le mieux. L’enfant y trouvera des ciseaux de guidance13, différentes tailles et formes de manchons14, des gros marqueurs effaçables, des grandes feuilles, etc. (Amanda Kirby et Lynne Peter, 2010, p.47). Enfin, si l’enfant dyspraxique à des difficultés à réaliser des gestes d’assemblage de pièces élémentaires c’est que souvent il a une apraxie constructive. Voici ce que l’enseignante peut mettre en place pour aider l’enfant :
-‐ Endroit calme pour pouvoir se concentrer : l’enfant dyspraxique est sensible aux bruits ;
-‐ Puzzles et blocs de construction de grande taille avec des couleurs vives et un dessin simple ;
-‐ Favoriser les jeux de construction où le système d’assemblage est très facile à faire et à défaire ;
-‐ Eviter de surcharger l’environnement visuel de l’enfant pour l’aider à s’y retrouver.
13 Se référer à l’image des ciseaux de guidance dans les annexes p.34 14 Se référer à un exemple de manchon dans les annexes p.34
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2.4.2 L’aménagement individuel
Comme expliqué dans la partie avec « les problèmes rencontrés », avec « les relations aux autres » :
-‐ L’enfant a du mal à respecter les règles sociales et doit souvent faire appel à l’adulte. -‐ Il vit dans l’insécurité et l’anxiété devant quelque chose de nouveau. Il peut exprimer
de fortes réactions émotionnelles (pleurs, cris, colères)… -‐ Il a tendance à s’isoler ou à observer les compagnons plutôt que de jouer avec eux.
Suite à mon observation en stage, la classe ne sera ni trop grande ni trop petite et sera aménagée avec des coins bien distincts. Etant donné que l’enfant dyspraxique a du mal à respecter certaines règles sociales, l’adulte proposera à chacun des enfants un espace individuel. Dès l’accueil, les enfants seront amenés à aller dans leur espace pour pouvoir jouer de manière individuelle. Cet espace est indispensable pour que l’enfant puisse s’y sentir en sécurité. Il sera composé d’une table et d’une chaise qui seront orientés de manière à ce que l’enfant ait une vue sur l’enseignante. « A la maison comme à l’école, il avait un plan incliné pour mieux voir. » (Témoignage d’un parent avec un enfant dyspraxique » La table devra être légèrement inclinée pour pouvoir favoriser la concentration de l’enfant sur ce qui est face à lui. L’espace individuel permettra à l’enfant de se recentrer sur lui-‐même et de jouer seul dans un premier temps.
2.4.3 L’aménagement collectif
Après avoir fait mon stage en enseignement spécialisé, je suis convaincue qu’il est très important de rythmer la journée d’un enfant par des moments de collectivité. En classe de stage, une grande table accueillait l’ensemble des enfants pour les collations, le dîner et les activités. Il est important de signaler qu’un enfant dyspraxique a besoin de la présence de l’adulte pour rentrer plus facilement en relation avec les autres enfants. La plus grande difficulté pour un enfant est celle de ne pas pouvoir jouer avec les autres lorsqu’il en a envie. Les temps collectifs permettront d’apprendre à jouer avec autrui mais aussi à partager ce qu’on a (ce qui vient de l’espace individuel, de la maison,…) La place des enfants autour de la table est à déterminer en fonction des affinités ou non des enfants entre eux. L’enseignante peut proposer aux enfants de travailler par binôme ou par petits groupes pour favoriser la communication entre eux. Le point négatif à la table collective est que tous les enfants voient ce que les autres font. Cela amène à une plus grande distraction de leur part.
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3 Conclusion En conclusion, la partie personnelle m’a permis de retracer mon parcours vécu sur les
trois années de formation. Grâce au modèle de Paquay, j’ai pu mieux cibler les étapes par lesquelles je suis passée pour devenir une enseignante.
Grâce à la partie théorique, vous avez pu découvrir que la dyspraxie est un trouble neurologique qui est plus connu sous le nom de dyspraxie développementale c’est-‐à-‐dire qu’elle est présente dès la naissance. Elle touche 4 à 6% de la population. Il faut dès la maternelle, observer les actions et les attitudes des enfants pour pouvoir détecter au plus rapidement un éventuel handicap. Souvent, l’enfant est privé d’une thérapie précoce en maternelle. Lorsque j’ai commencé la rédaction de ce travail, j’ai découvert que l’enfant n’était diagnostiqué comme étant dyspraxique qu’à l’âge de l’entrée en primaire. Néanmoins il est important de savoir qu’une dyspraxie sévère peut-‐être observée et diagnostiquée dès la maternelle. Certains enfants ont des difficultés dans certaines tâches qui peuvent être facilement associées à la dyspraxie. Si par exemple l’enfant est maladroit mais qu’il s’avère dans un premier temps qu’il n’est pas handicapé, l’enseignante peut malgré tout mettre en place des aménagements pour faciliter la vie des enfants concernés. Dans le cadre de ce travail, vous avez découvert plusieurs les pistes mises en œuvre pour accueillir un enfant dyspraxique en enseignement spécialisé. Il faut savoir qu’en enseignement ordinaire, l’enfant a aussi besoin d’aménagements et d’un matériel spécifique pour qu’il ne se sente pas continuellement en situation d’échec face à ses difficultés. Il ne s’agit pas de travailler la facilité mais bien de tenir compte des besoins de l’enfant et de les adapter au fonctionnement de la classe. En m’appuyant sur la théorie découverte dans les ouvrages ; l’enfant aurait-‐il des difficultés à entrer en relation avec les autres par la contrainte de son handicap, par la peur de mal faire où du jugement des autres ? Quel pourcentage d’enfants dyspraxiques peut reprendre un enseignement ordinaire ? J’ai découvert que la dyspraxie développementale signifiait que le handicap était présent depuis la naissance. Y-‐a-‐t-‐il une chance que l’enfant naisse sans handicap et qu’elle se présente petit à petit durant l’évolution de l’enfant ? L’année passerelle que j’envisage de réaliser pour devenir institutrice primaire me permettra peut-‐être d’affiner mes questionnements futurs. Cela me permettra d’ouvrir davantage de portes quant à mon futur en tant que professionnelle. J’espère réaliser à nouveau un stage en enseignement spécialisé pour pouvoir encore apprendre à détecter d’autres handicaps.
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4 Bibliographie Ouvrages :
• BRETON, S. & LEGER, F. (2007). Mon cerveau ne m’écoute pas : comprendre et aider l’enfant dyspraxique. Ste Justine (Québec) : Collection du CHU
• DUPUIS, F. (2001). Devenir enseignant : Le métier change, la formation aussi. s.l. : Ministère de la Communauté Française
• KIRBY, A. & PETERS, L. (2010). 100 idées pour aider les élèves dyspraxiques : La
dyspraxie, « handicap invisible » ? Comment néanmoins assurer une réussite scolaire… s.l. : Tom pousse.
• MAZEAU, M. (1995). Déficits visuo-‐spatiaux et dyspraxies chez l’enfant. Paris :
MASSON
• MAZEAU, M. (2005). Neuropsychologie et troubles des apprentissages, s.l. :Ed. Masson.
• MAZEAU, M. & LE LOSTEC, C. (2010). L’enfant dyspraxique et les apprentissages :
Coordonner les actions thérapeutiques et scolaires. s.l. : Ed. Elsevier Masson.
• PANNETIER, E. (2007). La dyspraxie, une approche clinique. Ste Justine Montréal (Québec) : Collection CHU
• SOLOMON, M., BAMOSSY, G. & ASKEGAARD, S (2008). Behoefteniveaus in de
hiërarchie van A. Maslow. Amsterdam : Pearson Education Benelux Sites internet :
• DMF. (2003). Dyspraxique Mais Fantastique : Pour mieux connaître la dyspraxie et venir en aide aux enfants dyspraxiques. En ligne www.dyspraxie.info, consulté le 25 mai 2015.
• Le cartable fantastique. (1901). Le cartable fantatique. En ligne http://www.cartablefantastique.fr/Association/HomePage, consulté le 25 mai 2015
Albums jeunesse :
• DE SAINT MARS, D. & BLOCH, S. (2004). Max est maladroit. s.l. : Edition Calligram
• TERUEL, E. & EUGENE, J. (2008). Et encore à l’envers !. s.l. : Edition Arphilvolis
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• SEGUIER, E. (2014). Le secret d’Alexis : Comment expliquer la dyspraxie aux enfants. s.l. : Edition Tom Pousse
Texte législatif :
• Décret définissant les missions prioritaires de l'enseignement fondamental et de
l'enseignement secondaire et organisant les structures propres à les atteindre. (1997). Moniteur belge
Syllabus de cours :
• Léopold Paquay (1994). Quelles conceptions du métier d’enseignant. Syllabus, Ecole
normale catholique du Brabant-‐Wallon, Louvain-‐la-‐Neuve.
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5 Annexes Questionnaire pour un parent d’enfant dyspraxique :
- Quel âge avait votre enfant lorsque vous avez appris qu’il était dyspraxique ? 6 ans (entrée 1 ère primaire)
- Quelle a été votre réaction à l’annonce du diagnostique ?
Entre stress de voir comment il pourrait s’en sortir et soulagement de savoir ce qu’il avait et de pouvoir mettre des choses en place pour l’aider. -‐ Avez-‐vous observé des actions/attitudes qui vous ont permis de déterminer le handicap ? Pas vraiment, il était lent et maladroit mais on pensait que c’était dû à ses problèmes visuels (il est astigmate et hypermétrope). Et comme en maternelle, il y arrivait quand l’instit le prenait près d’elle, on se disait : « ok il est capable mais il n’est pas motivé par les activités. » En 1 ère primaire l’instit a dit « il y a lent et lent, là il est très lent ! »
- Avez-‐vous eu des aides particulières (professionnels ou autre) qui vous ont aidé à
surmonter l’annonce du handicap ? Nous avons eu la chance d’être orientés vers le centre « Diabolo » à Meux. Une Neuropsychologue lui a fait des tests et nous a fort bien expliqué.
- Si oui, quels professionnels et qu’ont-‐ils mis en place ?
Il y a là une équipe pluridisciplinaire qui nous a dirigés vers une logopède. Il a d’abord suivi un programme pour tenter d’améliorer son écriture. Vu le peu de progrès on a mis en place un ordinateur et son apprentissage. Mais pas de logiciel particulier. Il a un peu travaillé son attention et fait un peu de Brain gym. Il a suivi aussi quelques séances de kiné.
- Votre enfant a-‐t-‐il suivi un enseignement ordinaire et/ou est-‐il allé en
enseignement spécialisé ? Comme je suis dans le milieu j’ai tout de suite pensé à un projet d’intégration dans l’ordinaire donc.
- En fonction de l’enseignement, était-‐ce un choix de votre part ou celle d’un
professionnel qui a proposé de rediriger votre enfant ? C’est mon choix, mais il a été fait en collaboration avec l’équipe enseignante de l’école de mon fils.
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- Votre enfant a-‐t-‐il besoin d’aide dans les tâches de la vie quotidienne ? Mon fils a actuellement 11 ans. Il n’est donc plus trop aidé mais il y a encore des choses qu’il fait difficilement. Ses lacets, couper des viandes dures, se brosser les dents…
- Si oui, qu’avez-‐vous mis en place pour l’aider au quotidien ? Nous choisissons des vêtements faciles à mettre et où l’avant est facilement reconnaissable pour qu’il ne les mette pas à l’envers. Je prends de pulls qu’il faut juste enfiler et j’évite les tirettes et boutons. Il a eu des chaussures à velcro très longtemps. J’ai acheté une brosse à dents électrique et du dentifrice dans un flacon Theramed plus facile à doser. Il a mangé longtemps avec ses mains dès que je ne le regardais pas.
- L’institutrice de votre enfant met en place des outils dans sa classe pour aider votre enfant ? Si oui, lesquels ?
A la maison comme à l’école, il avait un plan incliné pour mieux voir, il utilise un bic effaçable plutôt qu’un porte-‐plume. On fait parfois des photocopies A3 Il sait qu’il peut souligner avec un code couleur quand il doit classer des mots plutôt que de réécrire. Il peut utiliser une numérotation quand il doit classer chronologiquement par ex. On évite au maximum l’écriture QUAND CE N’EST PAS INDISPENSABLE. On a banni les exercices de copie qui ont été considérés comme stériles. Le journal de classe était écrit par l’instit pour éviter une fatigue inutile. Quand il devait travailler sur un texte, on le mettait sur un présentoir pour qu’il soit bien visible devant lui ou à côté. Je trouve important de dire que petit il a marché à 18 mois, qu’il ne jouait pas avec les Duplos et dessinait très rarement que si « obligé ». Il a eu un langage très précoce et développé qui lui a permis de compenser son handicap (il a un QI verbal de 130 alors qu’il est moyen à moyen faible dans les autres Items. Les notes trop hétérogènes n’ont pas permis d’établir un QI global).
La chose à ne jamais dire à un dyspraxique : « Tu vois tu sais le faire ! Donc tu peux y arriver quand tu veux » Justement ce n’est pas parce qu’il y arrive une fois que cela ne lui demande pas une énergie énorme et qu’il peut la fournir à chaque fois !
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Questionnaire pour une stagiaire présente dans une classe ordinaire avec un enfant dyspraxique :
Quand tu es arrivée dans ta classe de stage, as-‐tu remarqué que l’enfant était différent des autres? J’ai remarqué qu’il était plus lent que les autres pour réaliser les activités. Les autres enfants lui prenaient souvent ses jouets sans qu’il ne dise rien. Il était un peu plus en retrait que les autres. Les simples gestes de la vie quotidienne avaient l’air plus compliqués pour lui (mettre sa paille dans son jus)
-‐ Si oui, quelles ont été les observations qui t’ont permises de confirmer qu’il était bel et bien dyspraxique ?
Je ne connaissais pas la dyspraxie avant d’avoir cet enfant dans ma classe en 1ère maternelle. J’ai tout simplement posé des questions à ma maître de stage car j’ai remarqué qu’il y avait une différence au point de vue compréhension puis réalisation de consigne. Donc c’est elle qui m’en a informé. Le diagnostic avait déjà été posé pour lui et il était suivi en dehors de l’école.
-‐ L’enfant se rend-‐il compte de son handicap ? Oui, car il a les idées et le cerveau d’un autre enfant. Le plus frustrant pour lui est que même s’il veut faire quelque chose bien et qu’il n’y arrive pas, il s’en rend compte et il se compare. Il y a une énorme frustration pour lui, encore plus quand d’autres enfants profitent de ce handicap.
-‐ Qu’as-‐tu mis en place pour pouvoir l’aider tout au long de ton stage ? J’ai davantage travaillé la psychomotricité fine car tous les autres enfants de la classe arrivaient à découper, donc j’ai travaillé avec lui le découpage. Pour tout ce qui était visser, dévisser. J’ai travaillé le fait de tenir un crayon en main. Après, je n’ai pas non plus insisté là-‐dessus car rien ne sert de pointer sa faiblesse. J’ai mis d’autres activités plus réflexives en avant qui lui permettait de le valoriser aussi.
-‐ Quelles ont été les plus grandes difficultés que tu as rencontrées avec l’enfant ? Le rythme plus lent, il fallait prévoir plus de temps pour cet enfant pour ne pas le désavantagé ou le pénaliser.
-‐ L’enseignante a mis des outils/aménagements pour faciliter la vie de l’enfant ? Des ciseaux de guidance par exemple. Elle avait mis un porte manteau plus à sa hauteur. Mis à part ça, je n’en ai pas constaté.
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-‐ Les autres enfants se moquent-‐ils de l’enfant dyspraxique ? Il ne s’agit pas de moquerie en tant que telle, mais les autres enfants ont conscience qu’il a plus de difficultés pour s’imposer ou coordonner certains mouvements, donc ils profitent pour le dépasser en psychomotricité, pour lui prendre des jeux, pour lui marcher un peu sur les pieds. Il ne disait jamais rien ou n’exprimait jamais son mécontentement. Utilisation d’un manchon sur un crayon
Ciseaux de guidance