zoom japon 2

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Cinéma-manga Un mariage de raison gratuit numéro 2 juillet-août 2010 Jérémie Souteyrat pour Zoom Japon www.zoomjapon.info LE JAPON À L’HONNEUR plus de 100 films en présence d’invités Inédits du Japon MK2 Bibliothèque (13 e ) Hommage à Koji WAKAMATSU Forum des images (1 er ), MK2 Bibliothèque (13 e ) Focus sur Shinobu TERAJIMA MK2 Bibliothèque (13 e ) Focus sur Rinko KIKUCHI MK2 Bibliothèque (13 e ) Rétrospective Sadao YAMANAKA Maison de la culture du Japon à Paris (15 e ) Rétrospective Akira KUROSAWA Cinémathèque française (12 e ) Le Japon vu par... MK2 Quai de Seine | MK2 Quai de Loire (19 e ) Histoires de fantômes japonais CENTQUATRE (19 e ) Séances jeune public Forum des images (1 er ) Nuit ONE PIECE Forum des images (1 er ) www.pariscinema.org ECONOMIE La voiture n’a plus la cote p. 3 LIVRE Ban Shigeru, maître du papier p. 17 VOYAGE Plongée au cœur de la fête pp. 22-26

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Zoom Japon, numéro 2 (juillet 2010)

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Cinéma-manga

Un mariage de raison

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010

Jérémie Souteyrat pour Zoom Japon

www.zoomjapon.info

LE JAPON À L’HONNEURplus de 100 films en présence d’invités

Inédits du Japon MK2 Bibliothèque (13e)Hommage à Koji WAKAMATSU Forum des images (1er), MK2 Bibliothèque (13e)

Focus sur Shinobu TERAJIMA MK2 Bibliothèque (13e)

Focus sur Rinko KIKUCHI MK2 Bibliothèque (13e)

Rétrospective Sadao YAMANAKA Maison de la culture du Japon à Paris (15e)

Rétrospective Akira KUROSAWA Cinémathèque française (12e)

Le Japon vu par... MK2 Quai de Seine | MK2 Quai de Loire (19e)

Histoires de fantômes japonais CENTQUATRE (19e)

Séances jeune public Forum des images (1er)

Nuit ONE PIECE Forum des images (1er)

www.pariscinema.org

ECONOMIELa voituren’a plus la cote p. 3

LIVREBan Shigeru,maître dupapier p. 17

VOYAGEPlongée aucœur de lafête pp. 22-26

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éDITO Chapitre 2

Les 50 000 exemplaires dupremier numéro de ZoomJapon ont été épuisés enmoins de 15 jours. Un suc-cès qui nous ravit et nousmotive encore davantage.

Pour ce second numéro, nous avons décidé detripler le tirage — Japan Expo et Festival ParisCinéma obligent — et augmenter la pagina-tion pour vous donner encore davantage d’in-formations sur le pays du Soleil-levant. Nousnous sommes notamment intéressés aux rela-tions particulières qui se sont tissées entre lecinéma et le manga au cours des dernièresannées. Nous avons aussi voulu vous emmenerà la découverte des fêtes (matsuri) qui vontenflammer le pays tout au long de l’été sans pourautant oublier d’autres aspects de l’actualitémade in Japan. Bonne lecture.

LA RÉ[email protected]

zoom aCTu

CULTURE RévolutionnaiReFace aux dinosaures de l’édition

qui semblent peu enclins à s’adapter

aux nouvelles formes de diffusion,

plusieurs auteurs ont décidé

de se regrouper et de proposer AiR,

une nouvelle publication électronique

pour iphone, ipod Touch et ipad, où

tous ceux qui souhaitent se libérer du

carcan des éditeurs pourront s’exprimer.

http://electricbook.co.jp

pOLITIqUE Kan le sauveur ?La nomination de Kan naoto

à la tête du gouvernement

est plutôt bien perçue

par l’opinion. Selon

un sondage du Yomiuri

Shimbun, 73 % des

personnes interrogées

se félicitent de ce

changement. Elles sont désormais

66 % à faire confiance au parti démocrate.

C’est l’été. Il fait

chaud et c’est

traditionnellement la saison de la bière.

Sauf que depuis 1994, année record en

terme de consommation de ce breuvage,

les japonais boudent de plus en plus

leur petite mousse. En 2009, les ventes

ont baissé de 6,7 % par rapport à 2008.

-6,7 %

U n jOUR AU jApOn

Mme SHIMOHIRA, chauffeur de la compagnie de taxis Hinomaru, fait "le plein" de son véhicule élec-trique. L'arrondissement de Chiyoda à Tokyo et la compagnie Hinomaru viennent de mettre en placeun service de taxis entièrement électriques pour réduire les émissions de CO2.

Retrouvez d’autres photos du collectif Sha-dô sur www.shadocollective.com

Le 10 juin 2010, Tokyo, arrondissement de Chiyoda

2 zoom japon numéro 2 juillet-août 2010

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juillet-août 2010 numéro 2 zoom japon 3

zoom aCTu

D epuis l’introduction, en avril 2009, de la primeet d’un crédit d’impôt destinés à favoriser lerenouvellement du parc automobile, les

constructeurs ont retrouvé un peu le sourire. En 2009,les ventes de véhicules neufs ont progressé de 3,8 % parrapport à l’année précédente, un chiffre positif pour lapremière fois depuis quatre ans. Pourtant cette aug-mentation cache une tendance qui ne manque pasd’inquiéter les professionnels du secteur. Ceux qui

ont profité de l’incitation fiscale et de la prime à lacasse appartiennent à la tranche d’âge des 50 ans etplus. Une étude du ministère des Affaires généralesmontre d’ailleurs que la part des dépenses liées à l’au-tomobile a augmenté en 2009 chez les 50 ans et plus,alors qu’elle a baissé chez les moins de 30 ans. Celafait plusieurs années que la voiture ne suscite plus l’en-vie de consommer chez les jeunes qui ont vu leur pou-

voir d’achat se réduire de façon significative (embauchetardive, salaires et primes en baisse) et qui ne font plusde la possession d’un véhicule une priorité. Outre lecoût à l’achat, l’entretien ou encore le parking inci-tent les jeunes à se tourner vers d’autres solutions. Labicyclette connaît un certain engouement, mais ce sontsurtout les services d’autopartage (carsharing) qui ontle vent en poupe, notamment dans les villes. Orix Car-sharing, la principale société spécialisée dans l’auto-partage, confirme cet enthousiasme chez les jeunespuisque 53 % de ses membres ont moins de 30 ans.Pour une somme modique, l’abonné peut réserver etutiliser une voiture pour une durée moyenne de2 heures 15. Il lui en coûtera 190 yens [1,6 euro] lesquinze minutes, ce qui est très abordable et donc ren-force l’attrait de l’autopartage.Pour les constructeurs automobiles, la prise de distancedes jeunes vis-à-vis de la voiture est une source d’in-quiétude dans la mesure où les aides de l’Etat pour sou-tenir le marché seront bientôt arrêtées. Par ailleurs, ilsconstatent que les modèles propres comme la Prius deToyota et l’Insight de Honda séduisent davantageles plus de 50 ans que les moins de 30 ans. Ils doi-vent donc réfléchir à la mise sur le marché de véhiculessusceptibles de relancer l’intérêt de la jeunesse pour lesquatre roues. Avec son modèle CR-Z hybride et spor-tif, Honda a trouvé un début de réponse puisque depuisson lancement, en février 2010, les moins de 30 ans ensemblent très friands (42 % des acheteurs). D’autresconstructeurs comme Nissan investissent à plus longterme, en lançant une campagne de marketing à desti-nation des enfants en bas âge et au travers d’eux desjeunes parents. Le travail est donc loin d’être terminéet il leur faudra redoubler d’efforts pour donner envieà la jeunesse nippone de reprendre le volant.

GABRIEL BERNARD

Malgré une embellie des ventes devéhicules en 2009, les constructeurss’inquiètent du désintérêt des jeunes.

Les jeunes privilégient désormais l’autopartage (Carsha-ring) plutôt que la possession d’un véhicule.

ECOnOMIE La jeunesse tournele dos à la voiture

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4 zoom japon numéro 2 juillet-août 2010

a u cours des dix dernières années, le secteurdu manga a beaucoup évolué. Certains spé-cialistes évoquent même l’idée d’une crise liée

à une transformation des modes de vie. Il y a 20 ans,lorsque vous empruntiez les transports en commundans l’Archipel, la plupart des voyageurs lisaient. Beau-coup d’entre eux dévoraient des magazines de manga,curieux de connaître la suite des aventures de leurshéros préférés. Désormais, les Japonais ne lisent presqueplus dans les rames de train ou de métro. Ils préfè-rent pianoter sur leur téléphone portable grâce auquelils peuvent regarder la télévision, surfer sur Internet ouencore lire des manga. La distribution de manga enligne est encore balbutiante, mais elle enregistre unetrès forte croissance depuis deux ans. Plus 150 % pourcertains sites de distribution comme Comic Plus, pro-priété du géant de l’édition kôdansha. Mais en atten-dant que les ventes en ligne puissent compenser lespertes liées à la chute des ventes des magazines, les édi-teurs doivent imaginer des solutions susceptibles deleur éviter de perdre encore plus d’argent. De toutes celles envisagées, les maisons d’édition favo-risent les adaptations audiovisuelles (dessins animés,téléfilms ou films) des œuvres qu’elles publient. Unetendance de plus en plus marquée si l’on en croit leschiffres. En 2009, on en a recensé environ 150, soit30 de plus que l’année précédente. “Les jeunes Japo-nais lisent de moins en moins de romans au profit desmanga. Ces mêmes jeunes constituent le gros de la clien-tèle des cinémas. Il est donc normal que l’on se tournevers les manga comme source de scénario si l’on veut tou-cher le plus grand nombre”, concède kORE-EDA Hiro-

kazu. Le réalisateur de Nobody knows et Still Walkings’est lui-même lancé dans l’adaptation de manga avecKûki Ningyô (Air doll) de GôDA Yoshiie. De son côté,MIkI Takahiro, metteur en scène de l’adaptation ciné-matographique de Solanin, manga d’ASANO Inio,note que “la principale motivation qui se cache der-rière la plupart des adaptations récentes de mangaau cinéma est l’argent”. En effet, les éditeurs peuvents’y retrouver de plusieurs façons. Les chaînes de télé-vision ou les studios leur versent des droits qui peu-

vent, selon les titres, représenter de coquettes sommes.S’ils participent, comme c’est souvent le cas, à la pro-duction de l’adaptation audiovisuelle, ils pourrontaussi compter sur un pourcentage des recettes. Enfin,ils encouragent les producteurs de télévision et decinéma à s’intéresser à leurs produits, car ils saventque c’est un excellent moyen de dynamiser les ventesde leurs ouvrages. Une grande partie des adaptations sont des dessinsanimés pour la télévision ou le cinéma, mais récem-

CINÉMA-MANGAun mariage de raisonFace à la baisse des ventes de leurs magazines, les éditeurs de manga ont trouvé une parade. Ils favorisent les adaptations télévisées et cinématographiques de leurs grandes séries, ce quileur permet d’assurer de nouvelles recettes et d’empêcher une dégringolade de leurs revenus.

STRATégIE Et ils eurent beaucoup d’enfants...Depuis quelques années, les bandesdessinées sont devenues une sourced’inspiration pour les cinéastes.

zoom DoSSIER

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ment les manga sont devenus des sources d’inspi-ration pour les téléfilms et les longs métrages. Parmiceux qui ont retenu l’attention, on peut citer Jin[éd. Tonkam] de MURAkAMI Motoka. Ce manga,qui raconte l’histoire d’un chirurgien qui se retrouveprojeté au XIXe siècle, est devenu une série diffu-sée sur la chaîne TBS à l’automne 2009. Elle a trèsbien été reçue par le public, assurant à la chaîne desaudiences très fortes. On peut aussi citer le cas de20th Century Boys d’URASAwA Naoki [éd. PaniniManga] dont le film en trois parties [distribué enFrance par kaze] a été un grand succès populaire,lui permettant de figurer parmi les meilleuresentrées au box-office. Dans les deux cas, les adap-tations ont permis aux éditeurs de vendre davan-tage de manga des séries concernées. En ce quiconcerne Jin, l’éditeur Shûeisha ne cache pas sasatisfaction devant la réussite du feuilleton télévisé.Avant sa diffusion, les 16 volumes édités de la séries’étaient vendus à plus de 2,5 millions d’exemplaires.Fin avril 2010, le chiffre a dépassé la barre des 4 mil-lions d’exemplaires. On comprend pourquoi les maisons d’édition semontrent très réceptives aux offres des producteursde télévision et de cinéma. Ces derniers cherchent

aussi des recettes faciles.En adaptant des mangapopulaires, ils savent qu’ilsauront de grandes chancesde séduire un public de

fans prêts à dépenser les 1800 yens [16,2 euros] d’uneplace de cinéma pour voir comment leurs héros pas-sent sur grand écran, ou à passer une soirée devant latélé et ses nombreuses pages de pub pour découvrirle scénario de leur manga préféré. En définitive, c’estun cercle vertueux qui a été mis en place. Il sert avanttout les intérêts des éditeurs et des producteurs. Lesauteurs ne sont pas les mieux lotis dans ces opéra-tions. Mais ce n’est pas toujours facile d’adapter un mangaet le succès n’est pas toujours au rendez-vous. kORE-EDA Hirokazu, que l’on considère comme l’un desmeilleurs cinéastes japonais, en sait quelque chose.“Si cela avait été un manga qui s’était vendu à un mil-lion d’exemplaires, cela aurait été sans doute plus facilepour moi de trouver les financements pour le projet Airdoll”, reconnaît-il. Malgré les difficultés, il a réussi àmener à son terme son film, mais celui-ci n’a pasconnu la même réussite que 20th Century Boys. “Lesmanga japonais sont de grandes qualités, mais celane garantit pas que leur adaptation soit à la même hau-teur”, poursuit kORE-EDA Hirokazu qui a pourtantréalisé une magnifique adaptation de l’œuvre de GôDA

Yoshiie. C’est là que le bât blesse. Une très grandepartie des adaptations au cinéma et à la télévision estde piètre qualité, se contentant souvent de reproduirele contenu de ces bandes dessinées sans chercher à entirer la substantifique moelle.

ODAIRA NAMIHEI

juillet-août 2010 numéro 2 zoom japon 5

une bonneopération pourles éditeurs

zoom DoSSIER

I nTERVIEw

De plus en plus de longs métrages sont adaptés demanga. Qu’en pensez-vous ?NAKANO Haruyuki : En 2009, on a recensé 35 films dontles scénarios ont été tirés de manga. En 2010, il y en auraplus d’une quarantaine. Au japon, un manga publié dansun magazine devient d’abord un dessin animé pour la té-lévision ou un téléfilm. Si les audiences sont bonnes, onenvisage alors une adaptation cinématographique. Tel étaitle circuit de production habituel. pour les auteurs et leséditeurs, l’adaptation d’une œuvre au cinéma ou à la té-lévision présentait de nombreuxavantages, notamment celuide favoriser les ventes des ou-vrages et celles du magazinedans lequel elle était parue.pour les chaînes de télévision etle monde du cinéma, les atoutsétaient aussi importants. nonseulement une adaptation àsuccès était une bonne publi-cité, mais elle permettait detransformer des lecteurs enspectateurs, ce qui n’était pasnégligeable. Cependant, aucours des dernières années, lamultiplication des adaptationscinématographiques et télévi-suelles n’assure plus de bonnesventes pour les livres. par ailleurs,les audiences ne sont plus aurendez-vous. par exemple, en2006, 60 % des programmes denuit étaient constitués par desdessins animés. Actuellement,ces derniers ne représententplus que 20 % de cette programmation, car leur audiencestagne. En définitive, si les films et les dessins animés adap-tés de manga ne sont pas intéressants, les fans de cesbandes dessinées ne les regarderont pas. En tant quecontenu commercial, le manga dispose d’un énorme po-tentiel. Il existe de très nombreuses œuvres qui peuventconnaître le succès une fois adaptées à la télévision ou aucinéma. Comme on ne décrète pas la réussite d’une pro-duction en s’appuyant seulement sur la promotion, je pensequ’il faut avoir l’envie de produire des œuvres de qualitéque ce soit pour la télévision ou le cinéma.

Pourquoi le secteur du manga ne met pas le holà ?N. H. : Comme je le disais précédemment, personnene s’y oppose, car on pense que l’adaptation cinéma-tographique se traduit par un accroissement des ventesde livres et de magazines. A l’instar de Kôdansha ou de

Shôgakukan, les grands éditeurs japonais continuent àinvestir dans les adaptations de manga. pour les auteurs,c’est aussi intéressant en raison des droits qu’ils perçoi-vent en plus. Toutefois, selon les pratiques commercialesjaponaises, si un manga est adapté au cinéma, les droitsdu mangaka se réduisent au versement d’un droit d’uti-lisation de l’œuvre et c’est tout. L’auteur ne recevra riend’autre. parmi les mangaka, certains pensent que cela n’aguère d’intérêt sinon de favoriser un peu les ventes grâceà la publicité faite autour du film. Mais dans le cas où un

film adapté d’un manga n’aaucun effet sur les ventes, lesmangaka ont tendance à remet-tre en cause le système.

Parmi les longs métrages tirésde manga, quel est votre pré-féré ?N. H. : Le Château de Cagliostro(1979) de MIyAZAKI Hayao. Il a suutiliser avec brio la trame dumanga et c’est une œuvre dontla finition ne peut décevoir ni lefan de l’œuvre originale ni l’ama-teur de dessins animés. Au lieude se contenter de transposer lemanga d’origine, MIyAZAKI a réa-lisé une œuvre qui le dépassegrâce à l’histoire et aux tech-niques propres au cinéma d’ani-mation. Comme le montre cetexemple, je crois que l’on peutse passer de faire une adaptationcinématographiqe d’un mangaà partir du moment où l’on n’est

pas en mesure de faire ressortir l’intérêt de l’œuvre ori-ginale ou si l’adaptation ne peut rien apporter de plusque le manga original.

On dit que le manga est en crise. Si on compare sasituation à celle du cinéma, est-elle pire ?N. H. : Le secteur du manga n’est pas en crise. Tant qu’oncontinue à publier de bonnes œuvres, on ne peut pasparler de crise. quelque 12 000 nouveaux titres demanga ont été édités en 2009. C’est vrai que la diffusionbaisse, mais le problème est surtout celui des éditeurs.D’après moi, c’est le cinéma qui est plutôt en crise.Comme le montre cette tendance à multiplier les adap-tations de manga ou de séries télévisées, le cinéma aperdu, au cours des dernières années, sa capacité à créerdes œuvres originales. C’est cela qui est inquiétant.

pRopoS RECuEILLIS paR GabRIEL bERnaRD

naKano haruyuki croit à l’avenir du manga

Né en 1954, NAKANO Haruyuki est un desmeilleurs spécialistes du manga. Il a publié detrès nombreux essais sur le sujet. Le dernieren date Manga Shinkaron [De l’évolution dumanga, inédit en français] est paru en 2009.

à SuIVREGanTzOKU HiroyaEd. TonkamAdaption prévue en 2011

NINOMIYA Kazunari (Lettresd'Iwo Jima) et MATSUYAMA

Kenichi (Death Note)seront les principalesvedettes de ce film.www.gantz-movie.com

à SuIVRELE paVILLon DES hommESYOSHINAGA FumiEd. KanaAdaption prévue le 1/10/2010

Réalisé par HAYASHI Tôru,spécialsite des téléfilms, ce film sera l’un desévénements de l’automne.http://ohoku.jp

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6 zoom japon numéro 2 juillet-août 2010

zoom DoSSIER

observateur attentif du cinéma japonais, SAITô

Morihiko n’a pas sa langue dans la poche etrate rarement l’occasion de critiquer les films

récents qu’il juge souvent de piètre qualité. Aussipouvait-on s’attendre à un jugement sévère desa part concernant Solanin, l’adaptation dumanga éponyme signé ASANO Inio. “Je l’aitrouvée particulièrement intéressante. Parcertains aspects, elle m’a rappelé le cinémajaponais des années 1970 quand celui-ci produisait des films consacrés à la jeu-nesse”, explique-t-il tranquillement, satis-fait de constater que la production nes’est pas contentée d’acheter des droitspour faire un film sans âme. Ce n’estévidemment pas le cas de Solanindonton sent qu’il a été porté par un enthou-siasme général du début à la fin duprojet. “J’ai découvert le manga quandil est sorti sous forme de livre en 2005”,se souvient IMAMURA Takako, la pro-ductrice du film qui travaille pourAsmik Ace Entertainment. “J’ai étéséduite par la façon dont l’auteur apu décrire le quotidien de ces jeunes,leurs amours, mais surtout leur quêtede réussite qui est bien plus ancréedans la réalité que d’autres histoires.Avant, quand on abordait des récitsliés à la musique, la plupart dutemps, cela se résumait à raconterles hauts et les bas des apprentismusciens jusqu’à ce qu’ils connais-sent la gloire. Solanin a uneapproche radicalement différente oùles personnages cherchent toujours àavancer malgré les difficultés pouratteindre leur rêve. Dans notre sociétéactuelle où même avoir un rêve sem-ble compliqué, je me suis dit que cemanga ferait un très bon film”, ajoute-t-elle. Il est vrai que l’œuvre d’ASANO Inio estforte et se prête parfaitement à uneadaptation si l’on fait un effort d’imagi-nation pour prendre suffisamment dedistance avec elle et en tirer le meilleur.L’omniprésence du doute tout au long

du récit prend le lecteur aux tripes au fil des pages, sus-citant l’émergence de sentiments contradictoires faceaux situations que doivent affronter les personnageset à leurs réactions. La justesse avec laquelle l’auteur décritla dureté de notre monde où la place laissée au rêve estde plus en plus restreinte ne laisse pasindifférent. Les dialogues aussisoignés que le dessin imposentaussi le respect et constituent un

défi supplémen-

Il n’est pas toujours facile de transposer un manga sur grand écran. Mais avec unebonne dose de passion, tout est possible.

ADApTATIOn Solanin, un casd’école exemplaire

taire pour son adaptation cinématographique. Les pro-ducteurs ont bien saisi les difficultés qui surgiraient s’ilsse contentaient de filmer le contenu du manga commel’ont fait ceux qui ont adapté Ikigamide MASE Motorôou 20th Century Boysd’URASAwA Naoki. Résultat d’unservice minimum, ces deux films ont déçu, car ils n’ontpas réussi à exploiter la richesse des deux œuvres dont aété tiré leur scénario.Ce n’est pas le cas de Solanin qui a bénéficié d’un trai-tement particulier dans le choix de l’équipe qui l’a réa-lisé. “Ce qui est particulièrement important dans cemanga, ce sont les mouvements délicats de ces deux jeunesamants troublés qui vivent dans un tout petit apparte-ment de Tokyo et l’émotion qui se dégage de la dernièrescène de concert au cours de laquelle Meiko interprètela chanson écrite par son petit ami décédé. Nous avonsdonc confié à TAKAHASHI Izumi la tâche d’écrire un scé-nario qui dépeint la douleur omniprésente au sein dela jeunesse et nous avons demandé à MIKI Takahiro dese charger de la réalisation. Son expérience dans ledomaine du clip vidéo et son aptitude à saisir les émo-tions liées à la musique nous ont confortés dans notrechoix”, assure IMAMURA Takako. S’appuyant sur un solide scénario, MIkI Taka-hiro a pu faire la démonstration de sa sensibilitéet de sa capacité à ne pas tomber dans le mélo,piège dans lequel serait tombé un autre réalisa-

teur plus soucieux de la forme que du fond. Pourun premier film, il a réussi un véritable tour deforce, en donnant à Solanin une deuxième vie. Lechoix des interprètes MIYAZAkI Aoi (Meiko), kôRA

kengo (Taneda) et kINDô Yôichi (katô) contri-bue aussi à la réussite de l’adaptation. kôRA kengoa expliqué dans un entretien paru dans le bimen-suel Kinejun qu’il pouvait très bien s’identifier auxpersonnages du manga et que les angoisses vécuespar Taneda, il les avait aussi connues. C’est ce quiexplique sans doute que la fragilité des êtres telleque l’a décrite ASANO Inio dans son manga s’ex-prime si bien dans ce film. Voilà aussi sans doutepourquoi un critique aussi sévère que SAITô Mori-hiko soit sorti emballé de la salle de cinéma devantun spectacle qui rend hommage à une œuvreunique, en lui permettant d’exister autrement.

G. B.

à LIRE LIVRE Les éditions Kanaproposent la traductionfrançaise de Solanin, le chef-d’œuvre d’asano Inio. Deuxvolumes à dévorer poursuivre la vie de Taneda etmeiko dans une société où ilfaut lutter pour avoir encorele droit de rêver.www.mangakana.com

SOLAnIn © 2005 Inio ASAnO / Shogakukan Inc.

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juillet-août 2010 numéro 2 zoom japon 7

zoom DoSSIER

I nTERVIEw

Quand avez-vous commencé à dessiner ?ASANO Inio : je devais avoir environ 6 ans sous l’influencede ma sœur. Le premier manga que j’ai lu s’intitulait LeCollège fou, fou, fou (éd. Tonkam). C’est elle qui me l’avaitconseillé. j’ai donc appris à lire les manga avec Le Col-lège fou, fou, fou. Mais j’ai eu une période creusequand j’étais au collège au cours de laquelle je n’avaispas envie de lire ou de dessiner des manga. C’est versl’âge de 17 ans que j’ai retrouvé le goût de dessinerquand j’ai eu l’occasion de lire Nejishiki de TSUgE yoshi-haru. L’atmosphère pessimiste qui s’en dégageait et le

contenu inspiré par le quotidien de l’auteur ont eu ungrand impact sur moi qui ne connaissais alors que lesmanga à gros tirage. j’ai ainsi pris conscience de l’im-mense potientiel d’expression dont pouvait disposer lemanga.

Comment avez-vous réagi en apprenant que Solaninallait être adapté au cinéma ?A. I. : je me suis dit que j’avais de la chance. Une foisqu’un manga a été publié en feuilleton, il finit par êtreédité sous forme d’un volume et tombe dans l’oubli.Aussi j’ai été très heureux que la vie de mon œuvre seprolonge avec ce film. Même si je pense que Solanin estun manga facile à adapter au cinéma, je me suis quandmême demandé si je ne changerai pas d’avis du fait desdifférences qu’il pourrait y avoir entre l’œuvre origi-nale et son adaptation. En effet, le manga s’inscrit dansun univers quotidien restreint où les sentiments s’expri-ment de façon légère.

Pouvez-vous nous en dire davantage sur ce que vousavez voulu faire avec Solanin ?A. I. : Lorsque j’ai commencé à dessiner Solanin, jem’étais fixé comme règle de faire un manga facile à lireet à comprendre. je crois que j’y suis parvenu mêmesi je pensais que je pouvais très bien me passer de pro-poser des personnages, des expressions et une histoirecomme on les rencontre habituellement dans les manga.je me suis surtout attaché à décrire dans cette histoirece que je ressentais à l’époque. Cela s’est traduit dansl’œuvre finale par un certain détachement et une légè-reté qui m’étaient propres, ce qui m’a valu de rece-voir parfois des critiques. Mais comme je ne cherchaispas à créer des héros parfaits, je suis satisfait du résul-tat auquel je suis parvenu.

J’ai l’impression que Solanin est le reflet du Japonactuel. Etait-ce votre objectif ? Les personnages prin-cipaux que sont Taneda et Meiko appartiennent-ils

à cette “génération perdue” dont on a beaucoup parlédans le pays au cours de la dernière décennie ?A. I. : je n’ai pas fait une priorité de l’ancrage dans uneépoque. Mais comme je le disais tout à l’heure, j’aivoulu décrire de façon directe l’état d’esprit de monentourage et celui qui me caractérisait à ce moment-là. Il se peut donc qu’on retrouve l’atmosphère d’uneépoque. Tout comme Taneda et Meiko, je fais peut-être partie de cette génération perdue. Toutefois, lespersonnes concernées ne saisissent pas forcément ceque cette expression recouvre et moi-même, je ne suispas sûr de la comprendre. On peut simplement direque cette génération n’a pas de grandes ambitions.je pense que tout le monde peut être satisfait dans lamesure où il n’est pas nécessaire d’avoir de grandesambitions. Il y a cependant pas mal de gens qui,même s’ils sont heureux, ont besoin de façon insi-dieuse de se casser la tête ou de souffrir alors qu’ilsn’ont pas à souffrir. Solanin a été publié il y a 5 ans. jecrois que la vision des jeunes de 20 ans a sans doutepas mal évolué depuis.

Quelle a été votre impression quand vous avez vul’adaptation de votre manga au cinéma ?A. I. : j’ai été satisfait de voir que l’atmosphère qui sedégageait de mon travail avait été largement préservée.j’ai eu l’impression que le passage de Meiko dans lamoulinette du cinéma l’avait pas mal changée même siles expressions sont sensiblement les mêmes par rap-port à l’œuvre originale. Meiko est devenue une femmeplus égocentrique et énergique que je ne l’avais imagi-née. Taneda est lui aussi plus malheureux que je ne lepensais. j’ai compris que ce que j’avais pu imagineren faisant ce manga s’exprimait de façon complètementdifférente quand ce sont des acteurs qui en interprètentle contenu. Compte tenu des points forts et des fai-blesses du cinéma et du manga, il est très difficile d’es-sayer de les comparer.

pRopoS RECuEILLIS paR GabRIEL bERnaRD

aSano Inio regarde le monde qui tourne

l’aise pour filmer les différentes scènes de musique,notamment le concert final d’une très grande intensité.Conscient de l’importance de la musique dans l’adap-tation de son manga, ASANO Inio a exigé que les acteurssoient capables de se produire sur scène. La productiona tenu compte de la demande et a fait notamment appelà kINDô Yôichi, qui dans la vie réelle est bassiste dugroupe Sanbomaster, de jouer le rôle de katô, l’amide Taneda et Meiko, pour qu’il apporte une dose sup-plémentaire de crédibilité lorsque les personnages répè-tent ou jouent sur scène. Sa présence, son côté bon-homme et son jeu lui confèrent une place importantedans le film aux côtés de MIYAZAkI Aoi (Meiko) etkôRA kengo (Taneda), les deux vedettes de Solanin.La première avait déjà interprété un personnage tiréd’un manga, komatsu Nana, dans le film Nana (2005)d’ôTANI kentarô. Le second, qui a beaucoup tourné

C ’est un film que je voudrais voir plusieurs fois”.Telle a été la première réaction d’ASANO Inio,l’auteur de Solanin, lorsqu’il a vu pour la pre-

mière fois le long métrage adapté de son œuvre. Cer-tains pourraient dire que cet enthousiasme est un peuexagéré surtout qu’il émane de celui qui a inspiré le film.Mais connaissant le personnage, on sait très bien queses paroles sont sincères et que l’auteur a trouvé dans lapremière réalisation de MIkI Takahiro de quoi le satis-faire. Non seulement le metteur en scène ne trahitpas son travail original, mais il lui donne une nouvelledimension, notamment au travers des nombreusesscènes musicales au cours desquelles s’expriment les

doutes et les convictions des personnages. C’est ce quele cinéma permet à la différence du manga dont il ne sedégage aucun son. MIkI Takahiro a fait ses armes dansla réalisation de clips vidéo. Il était donc tout à fait à

FILM La bonne surprise du printempsPremier film de MIKI Takahiro, l’adaptationde Solanin est très réussie. A découvrir dans le cadre du Festival Paris Cinéma.

Né en 1980, ASANO Inio est originaire de lapréfecture d’Ibaraki. Il a fait ses débuts en 2001avec Uchû kara konnichiwa [Bonjour de l’espace,inédit en français]. Par la suite, il a notammentpublié Un monde formidable [éd. Kana] et Hikari nomachi [Quartier de lumière, inédit en français].

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▶MIYAZAKI Aoi interprète de façon très convaincante le rôlede Meiko.©

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zoom DoSSIER

ces deux dernières années, semble apprécier les rôlesde musicien puisqu’il apparaît au générique de Ban-dage, film de kOBAYASHI Takeshi produit par IwAI

Shunji qui se déroule dans le milieu du rock. Ces deuxjeunes acteurs au talent prometteur apportent beau-coup à la dimension dramatique de Solanin, avec beau-coup de finesse. kôRA kengo dans la peau du jeuneTaneda qui doute de tout, qui ne voit aucun espoir dansle futur joue son rôle avec justesse, notamment lorsqu’ilse retrouve sur scène. La séquence du concert donnéà l’occasion de la fête de fin d’étude est très forte. Tanedaest à la fois dans son rêve, celui de pouvoir s’épanouirgrâce à la musique, mais soudain il est rattrapé par laréalité. Alors qu’il entame l’ultime chanson du concert,il surprend ses compagnons et s’adresse au public d’étu-diants avec une sorte d’énergie du désespoir, leur expli-quant qu’ils ne doivent rien attendre du lendemain. Enfaisant passer la caméra du visage presque déformé d’unTaneda vers celui de Meiko dont le regard fixe avec insis-tance le chanteur, le réalisateur donne encore plus d’in-tensité à ce moment-clé du film qui se reproduira entoute fin lorsque le groupe, sans Taneda décédé, sereforme autour de Meiko pour interpréter LA chan-

son écrite par le défunt qui résume à elle seule l’état d’es-prit d’une jeunesse résignée à vivre dans “cette vie faited’au revoir”. Là encore, MIkI Takahiro filme la scèneà la manière d’un concert ordinaire à la différence prèsqu’il promène aussi sa caméra dans le public et s’attardesur des visages visiblement émus par la chanson. Et lespectateur qui regarde le film est à son tour submergépar l’émotion. La boucle est bouclée. D’un mangasublime, MIkI Takahiro est parvenu à tirer un film toutaussi impressionnant que l’on reverra avec plaisir et émo-tion, c’est sûr. G. B.

R EnCOnTRE

mIKI Takahiro connaît la musique

Quel a été votre parcours professionnel ?MIKI Takahiro : Après mes études à l’université dewaseda, je suis entré chez Sony Music Entertainmenten 1998. Durant les années que j’ai passées dans cetteentreprise, j’ai réalisé de nombreux clips pour desartistes comme Orange Range, yUI, K, Funky MonkeyBabys, KIMURA Kaera ou encore UVERworld. En 2005,j’ai obtenu le MTV Award pour le meilleur clip vidéode l’année pour un titre d’Orange Range. Un an plustard, j’ai quitté Sony Music pour me consacrer à d’au-tres activités, notamment dans la publicité. En 2009,j’ai été récompensé par un Lion d’or au Festival inter-national du film publicitaire de Cannes.

Comment en êtes-vous venu à réaliser votre pre-mier long métrage ?M. T. : C’est le producteur KUBOTA Osamu d’IMj Enter-tainment qui me l’a demandé. je l’avais rencontré cinqans plus tôt lorsque je travaillais chez Sony Music. jelui avais alors dit que je souhaitais m’essayer au cinéma.

Quand a eu lieu votre rencontre avec Solanin ?Etiez-vous déjà un fan de l’histoire ?M. T. : je l’ai lu pour la première fois quand j’ai étédésigné pour réaliser le film. Mais je connaissais et j’ap-préciais déjà l’œuvre d’ASAnO Inio. Comme j’avais luLe Quartier de la lumière et Un Monde formidable[éd. Kana], je me suis rapidement retrouvé dans sonunivers quand j’ai commencé la lecture de Solanin. j’aiété particulièrement impressionné par les scènes de

musique très détaillées à tel point que j’avais l’impres-sion d’entendre de la musique sortir des cases dumanga.

C’est un manga au contenu très fort…M. T. : En effet. Voilà pourquoi j’ai voulu transcrire lesentiment d’impatience qui s’est emparé de la jeunesseactuelle. Dans la vie, les moments où l’on doute, oùl’on se sent perdu et où l’on a l’impression de stag-ner peuvent s’avérer étonnamment confortables alorsque les moments où l’on s’accepte et où l’on tented’avancer s’accompagnent d’une douleur. C’est cettedouleur qui touche souvent les jeunes et que tout lemonde a ressenti au moins une fois dans sa vie que j’aivoulu aborder dans Solanin.

Avez-vous discuté avec ASANO Inio ?M. T. : Avant le tournage, je l’ai rencontré plusieursfois, car je voulais qu’on retrouve dans le film des détailset des éléments forts de l’œuvre originale. ASAnO a for-mulé deux souhaits. Il voulait que les acteurs soientcapables de se produire sur scène et que KATô, le troi-sième personnage de l’histoire, soit un peu enveloppé.

Quelles ont été les principales difficultés rencon-trées pendant le tournage ?M. T. : Elles se sont concentrées surtout autour de lamusique. Comment devais-je filmer les scènes deconcert ? A qui fallait-il confier la production musicale ?Dans un manga, la musique des concerts est confiéeà l’imagination du lecteur. Dans un film, si l’on n’en-tend pas de musique lors des prestations en public,cela n’a plus rien de réaliste. Tout en me disant quej’irai au-delà de l’œuvre originale avec une musiquesusceptible d’émouvoir le spectateur, je savais que çan’avait aucun sens de faire l’adaptation de ce mangasi je n’accordais pas sa place à la musique.

Et en dehors de cela ?M. T. : Il est arrivé que certains dialogues tirés dumanga sonnent faux dans la bouche des acteurs. Dansces moments-là, avant la prise, nous discutions ensem-ble pour faire quelques ajustements. nous répétionsensuite pour nous assurer que les dialogues soient lesplus justes possibles. par ailleurs, l’œuvre originale com-porte de nombreux monologues. Dans un film, les sen-timents des personnages ne peuvent s’exprimer sousforme de monologue. Il a donc fallu travailler la ges-tuelle et l’expression physique de ces états d’âme.

pRopoS RECuEILLIS paR oDaIRa namIhEI

DR

à VoIRFESTIVaL paRIS CInéma Cette année, le Festival

paris Cinéma a décidé de mettre le japon à l’honneur. une initiative dont on ne peut que se féliciter puisqu’une centaine de films pour laplupart inédits en France seront présentés à cetteoccasion. Solanin figure parmi eux. Il sera présentéle 4 juillet à 19h30. En espérant qu’un distributeuravisé soit présent dans la salle pour permettre au film de connaître une distribution digne de ce nom en France.

à éCouTERSoLanInAsian Kung-fu GenerationKi/oon Records KSCL 1575

Comme tout bon film qui se respecte, la bande originale est très importante. Elle l’est d’autant plus qu’il s’agit d’une œuvre où la musique est omniprésente. Voilà pourquoi,les producteurs, qui ont été très attentifs au casting, ont fait preuve de la même vigilance pour la chanson titre, en la confiant à l’un des groupes les plus en vue du pays :Asian Kung-fu Generation. Sur des paroles d’ASANO Inio, GOTÔ Masafumi, le leader du groupe a composé une très belle mélodie.

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Moment de complicité entre Taneda (KÔRA Kengo) et Meiko(MIYAZAKI Aoi).

8 zoom japon numéro 2 juillet-août 2010

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zoom CuLTuRE

MAngABakuman arriveConsidéré comme le meilleur manga

de l’année 2009 au japon, Bakuman arrive

enfin en France. Comme son titre

ne l’indique pas, cette série signée

oba Tsugumi et obaTa

Takeshi, qui avaient

déjà commis Death

Note, met en scène

deux collégiens qui

s'apprêtent à passer

leur concours

pour le lycée.

mais dans un

pays où l'avenir

professionnel

n'est plus aussi

limpide que par le passé, l'idée de

suivre la filière traditionnelle n'enchante

guère moRITaKa mashiro, alias Saikô, ni

son compère TaKaGI akito surnommé

Shûjin. Le premier hésite à devenir un

employé modèle pour faire plaisir à ses

parents tandis que le second veut écrire

des scénarios pour des manga, mais n'a

pas le talent pour les dessiner. au fond

de lui, Saikô a la fibre du dessinateur.

Récompensé quand il était plus jeune

pour son talent, il a hésité à se lancer

après la mort de son oncle, mangaka

de son état, mais qui n'avait jamais réussi

à réellement s'imposer dans ce monde

très dur. malgré l’incroyable défi que cela

représente, les deux jeunes se mettent

au travail pour écrire et faire publier le

meilleur manga. une série qui décrit sans

fard l’univers impitoyable de l’édition.

un manga tout à fait remarquable

qui en dit long sur la société japonaise.

Bakuman, OBA Tsugumi et OBATA Takeshi,

éd. Kana, 6,25 €

DISqUE Le dragon souffleLe groupe Dragon ash n’avait pas fait

parler de lui depuis près de 16 mois.

Il revient avec un nouveau single dont le

titre, Ambitious, fait écho à ses premières

compositions à la fin des années 1990.

une musique énergique, des paroles qui

vont droit au but, la recette est plutôt

efficace. Il s’agit pour la formation de

renouer avec la réalité, en rappelant à ses

fans qu’il ne faut jamais baisser les bras.

AMBITIOUS (Victor Entertainment, Inc.).

DVD poésie moderneTrois histoires, trois moments de la vie de

Takaki et d'akari qui au

fil du temps et de leurs

déménagements

respectifs se sont

perdus de vue. jusqu’au

jour où Takaki décide de

retrouver celle qui

l’aime depuis si

longtemps. une belle

réalisation signée ShInKaI makoto.

5cm per second, de SHInKAI Makoto, Kaze, 24,99 €

DVD L’effet Yonaavec ce film, Rintaro fait une nouvelle fois

la démonstration

qu’il figure parmi

les plus grands noms

de l’animation

japonaise. a découvrir

ou à revoir de toute

urgence si vous l’aviez

manqué en salles.

Yona, la légende de l’oiseau

sans aile, de RInTARO, wild Side, 19,99 €

H UMEUR par KOgA Ritsuko

je rêvais de parler français, comme dans les films. Maisen commençant par a, b, c, puis en passant par l'em-ploi du subjonctif avant d’arriver à comprendre le ver-lan et les SMS envoyés par des Français, le chemina été très très long. je suis arrivée en France sans connaître cette langue,sauf trois mots : “bonjour”, “merci” et “pardon”. Unguide de poche m’a suffi pour mon premier trajet.pour le reste je me suis débrouillée avec mon anglaisniveau débutant, ce qui était idéal pour que les Fran-çais me comprennent. Un peu plus tard, j'ai apprisl’expression “ça va”, grâce à laquelle j’ai commencéà dialoguer : “ça va ?” “Oui, ça va, merci. A bientôt !”Bien qu'il me fût impossible d’en dire plus, j'ai vécupendant trois mois avec ce vocabulaire magique (j'aicompris plus tard que c'était bien d'arrêter la conver-sation à ce moment-là. Sinon lesFrançais racontent toute leur viependant des heures même si onles connaît à peine). Au début, la vie m’a semblé plu-tôt belle et je me sentais commeun petit génie. Dès que j'ai com-mencé à fréquenter une écolede langue, je suis devenue unesous-douée de première catégorie. je ne compre-nais rien, j'entendais “patate” quand le professeurdisait “peut-être”. Un jour, malgré tout j'ai tenté d'al-ler voir un film pour enfants, en croyant pouvoirle comprendre un peu. Or, je n’ai même pas com-pris le sens du mot “chien” ! je me suis alors miseà étudier du matin au soir. peu à peu, j'ai comprisque le français ressemblait aux mathématiques.C’était une question de logique et de mémoire, saufque la grammaire française a trop d'exceptions quiconfirment les règles. Mais de toute façon commeles Français les maîtrisent rarement, j'ai le droit dedire "malgré que...".En tout cas, le français n'est pas une langue que l'onpeut apprendre dans la rue, sinon on ne pourrait pasdire plus que “Té où ?....on fé koi ? Bof, ché pas, suinaze...ah putin !”. pourtant, c'est ce que l'on entendaussi dans les films ! j’ai fini par tout comprendre !

Le français commequ’on le parle

10 zoom japon numéro 2 juillet-août 2010

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zoom CuLTuRE

H UMEUR par KOgA Ritsuko

Le manga a été le moteur du lancement de JapanExpo. Il reste aujourd’hui au cœur de l’événement.Mais que cherchez-vous aujourd’hui à apporter dedifférent ?Thomas Sirdey : Actuellement, nous avons quatrepôles principaux. Il y a d’abord Culture manga qui com-prend la bande dessinée, l’animation et les produits déri-vés. On y a aussi rattaché les arts martiaux parce quec’est une des premières passerelles qui s’est créée avecles manga d’action. Il y a un pôle Culture moderne quiva représenter tout ce qui est industrie des hautes tech-nologies, le tourisme, les institutions ou encore les écoles.On a le pôle Pop culture qui réunit le cinéma, les jeuxvidéo et la mode. Enfin, il y a le pôle Culture & Tra-ditions qui est historiquement notre première incar-tade hors manga où l’on essaie de présenter la littéra-ture, la cuisine et les arts traditionnels.

Comment le public de Japan Expo a-t-il évolué ? T. S. : Il a beaucoup changé. On se rend compte quela mode et la musique concentrent désormais unegrande partie de l’intérêt du public. Par ailleurs, du faitde nos efforts, les visiteurs sont en contact avec la cul-ture traditionnelle, secteur vers lequel ils ne seraient pasallés seuls. C’est d’ailleurs l’une de nos principales mis-

sions que de leur permet-tre d’avoir accès à cet as-pect de la culture japo-naise. C’est pourquoi nousorganisons des concerts deshamisen ou de koto. Maisà chaque fois, ces représen-tations sont accompa-

gnées d’explications de telle sorte que le visiteur se di-vertit et apprend en même temps. Nous sommes très at-tentifs à cette formule. Nous voulons aussi que ce soitinteractif, en faisant participer le public aux activités.Cette année, nous allons ainsi introduire le tir à l’arc tra-ditionnel (kyûdô). Les gens vont ainsi pouvoir s’initieret apprécier cette activité sans intermédiaire. Avec lepliage de papier (origami),on a la même approche. Nousparticipons à l’opération Mille grues pour Hiroshima.Pendant Japan Expo, les gens réalisent des grues que nousenvoyons ensuite à Hiroshima comme symbole de lapaix. Pendant les séances, nous sensibilisons le publicde cette manière.

Y a-t-il un profil type du visiteur ?T. S. : Il a entre 15 et 25 ans. Il y a parité entre les gar-çons et les filles, ce qui n’était pas le cas auparavant.Le visiteur a une culture de consommation qui est assezproche de celle du Japon et il l’assume bien. Quand ondemande au visiteur pourquoi il se rend à Japan Expo,il répond d’abord que c’est pour se retrouver dans sacommunauté et la deuxième réponse, c’est acheter. Tou-tefois, il veut aussi des activités. Il ne conçoit pas sonpassage à Japan Expo comme une simple sortie pourfaire des achats.

Est-ce que le public n’a pas tendance à vieillir ?T. S. : Les 15-25 ans restent très majoritaires. Ils repré-sentent 64 % du public. Le reste est partagé de façonéquilibrée entre les plus jeunes et les plus vieux. Ça veutdire que les parents ont sans doute eux-mêmes parti-cipé aux premières éditions de Japan Expo par le passéet qu’ils y viennent aujourd’hui accompagnés de leursjeunes enfants. Ce qui nous a obligé à mettre en placedes nurseries, choses auxquelles on n’avait pas pensé ini-tialement. Nous avons désormais deux nurseries. Nousavons créé un espace pour les enfants qui permet auxparents d’aller tranquillement profiter de Japan Expoet nous avons développé et renforcé la partie bien-êtreà la japonaise. L’augmentation de cette frange de visi-teurs est notable depuis deux ans.

Quelle est leur perception du Japon ? T. S. : Les plus âgés y sont déjà allés. Les plus jeunes entre-tiennent le rêve de s’y installer. C’est un mythe pour eux.C’est la raison pour laquelle on organise dans le cadre deJapan Expo des conférences sur travailler au Japon, vivreau Japon, étudier au Japon pour essayer de les éclairer surles réalités japonaises, sur ce qui est bien et sur ce qui l’estmoins. Ils ont une vision souvent idéalisée du Japon. Maisc’est ce qui fait la magie de la culture.

PROPOS RECUEILLIS PAR ODAIRA NAMIHEI

Du 1er au 4 juillet, le Parc des expositions de Paris-Nord Villepinte se transforme enterritoire japonais. Thomas Sirdey qui acofondé l’événement en fait la présentation.

jApAn ExpO quatre jours pour faire le plein

Thomas Sirdey est l’un des trois cofondateurs de JapanExpo. Il en est aujourd’hui le vice-président. Après les165 000 visiteurs en 2009, il espère dépasser la barredes 180 000 cette année.

pRaTIquEConSEIL Il estpréférable d’acheterson billet d’entrée à l’avance pour éviterune queueinterminable.www.japan-expo.com

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juillet-août 2010 numéro 2 zoom japon 11

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12 zoom japon numéro 2 juillet-août 2010

zoom CuLTuRE

D ans le cadre du Festival Forêt, biodiversité, pay-sages qui se déroule, du 11 au 14 août, dans le

magnifique canton de Jumilhac le Grand, en Périgordvert, le Japon va bénéficier d’un traitement de faveur.Celui-ci permettra notamment de montrer au public,qui parfois s’imagine l’Archipel comme un pays dominépar le béton, l’importance qu’occupe la forêt dans la cul-ture nippone. Des conférences et des projections defilms organisées à Saint-Pierre-de-Frugie et à Saint-Yrieix-la-Perche (Limousin) apporteront des réponses auxnombreuses questions que l’on peut se poser sur le rap-

port que les Japonais peuvent entretenir avec leur envi-ronnement. ANDô Toshihiko, président de la TotoroForest Foundation, s’attachera à décrire les efforts pourpréserver la biodiversité tandis que la cinéaste kAwASE

Naomi présentera son film La Forêt de Mogari et que lephotographe SUZUkI Arito exposera ses Arbres japonaisà Sarlande (Dordogne). O. N.

T out a commencé presque par hasard lorsqu’a étédécouvert dans les combles du monastère royal

de Brou à Bourg-en-Bresse, un cabinet-écritoire de stylenamban (cf. photo ci-dessus). Authentifiée, cette pièceexceptionnelle et rare devait être exposée. C’est de cetteidée qu’est née l’exposition L’Or du Japon qui rassem-ble quelque 170 laques anciens japonais conservés dansles collections publiques et inédits pour une grandepartie d’entre eux. On ne peut que se féliciter de voirtous ces objets réunis dans un lieu aussi magnifique quece monastère. C’est d’autant plus heureux qu’il existetrès peu de pièces de style namban sur le territoire fran-çais. Le terme namban (Barbares du sud) désignait lesPortugais et les Espagnols qui avaient pris pied au Japonau XVIe siècle avant d’en être chassés par les autoritésjaponaises qui voyaient d’un très mauvais œil l’influencegrandissante de ces individus qui, outre leur désir d’évan-géliser l’Archipel, s’intéressaient à l’artisanat local, encommandant des objets comme certains de ceux expo-sés à Bourg-en-Bresse. A ces pièces très rares s’ajoutent

L e Centre de photographie de Lectoure a choisicette année pour son traditionnel Eté photogra-

phique de s’intéresser au Japon avec plusieurs exposi-tions et projections de films. Le coup d’envoi seradonné le 17 juillet avec la projection de Hiroshimamon amour en présence d’Emmanuelle Riva qui exposeles photos qu’elle a prises de la cité atomisée lors dutournage du film. En écho à ses photos et à cellesd’Henri Salesse, l’artiste japonais contemporain OkABE

Masao donnera un éclairage contemporain sur lestraces de la Seconde Guerre mondiale dans la mémoireet la vie actuelle des Japonais. Une approche particu-lièrement intéressante quand on sait que ce conflitpèse encore beaucoup dans les choix du Japon. A découvrir jusqu’au 22 août.

O. N.

d’autres laques d’époques postérieures qui démontrentl’incroyable talent des artisans-artistes japonais. Le cata-logue édité pour l’occasion [éd. IAC Editions d’art,28 €] mérite de figurer dans votre bibliothèque, car ilapporte de précieuses informations complémentairessur cet “or” japonais qui nous a éblouis le temps d’unesomptueuse exposition. Jusqu’au 25 juillet. L’exposi-tion sera ensuite transférée au musée d’Arras du 28 aoûtau 21 novembre. GABRIEL BERNARD

BOURg-En-BRESSE Les trésors des laques anciens

LECTOURE Regards croisés surl’Archipel

SAInT-pIERRE-DE-FRUgIE Le Périgords’intéresse à Totoro

pROVInCE un tour du japon en France

pRaTIquES’Y REnDRE 24450 Saint-pierre-de-Frugiewww.perigordvert.com/st-pierre-de-frugie/start.php3

pRaTIquES’Y REnDRE 5 rue Sainte-Claire 32700 Lectoure.Tél. 05 62 68 83 72 - www.centre-photo-lectoure.fr

pRaTIquES’Y REnDRE 63 boulevard de brou 01000 bourg-en-bresse Tél. 04 74 22 83 83 - ouvert de 9 h à 18 hwww.brou.monuments-nationaux.fr

Cabinet-écritoire namban, Bourg-en-Bresse, musée dumonastère royal de Brou, fin XVIe ou début XVIIe siè-cle. © coll. Musée du monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse.

Extrait de La Forêt de Mogari (Mogari no mori) deKawase Naomi avec Uda Shigeki, Ono Machiko.

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que l’enfance n’est pas toujours une période merveilleusecomme pourrait le laisser croire la relation qui s’est ins-tallée entre Shinko et Kiko”, explique le réalisateur. Voilà pourquoi ce film s’adresse tout à la fois à unpublic jeune et à des spectateurs plus âgés. Le fait quel’action du film dans sa période contemporaine sedéroule à la charnière des années 1950-1960 dont lesJaponais les plus âgés sont actuellement très nostal-giques en est une confirmation supplémentaire. Enmême temps, le passage à l’histoire ancienne, met-tant en scène une jeune princesse en mal d’amitié, estde nature à susciter l’intérêt des plus jeunes. kATA-BUCHI a donc réussi un tour de force, en créant unehistoire très fournie avec des personnages qui nelaissent personne indifférent. Le film ne sortira qu’enDVD, c’est bien dommage. Pour le voir sur grandécran, rendez-vous au Festival Paris Cinéma qui aprévu de le projeter à l’occasion dans le cadre de sonprogramme spécial Japon.

GABRIEL BERNARD

zoom CuLTuRE

14 zoom japon numéro 2 juillet-août 2010

p our le grand public, le nom de kATABUCHI

Sunao n’évoque pas grand chose. Il a pour-tant été assistant de MIYAZAkI Hayao avant

de sortir de son giron pour se lancer seul dans la réa-lisation de son premier long métrage Arîte hime (Prin-cesse Arite) en 2001. Mais le succès mitigé de ce coupd’essai lui a valu de rester dans l’ombre quelques annéesde plus, se contentant de quelques petits boulots avantque le studio Madhouse ne lui confie deux projets,l’un pour la télévision, l’autre pour le cinéma. L’adap-tation du manga Black Lagoon pour le petit écran afavorisé son retour au premier plan et lui a valu d’êtreengagé pour réaliser Mai Mai Miracle (Mai Mai Shinkoto sennen no mahô) qui s’avère être une très belle réus-site. “C’est au patron de Madhouse, MURATA Jungo, quel’on doit ce projet. Originaire de la préfecture de Yama-guchi, il était tombé sur le roman de TAKAGINobuko etl’avait beaucoup apprécié, car il y avait retrouvé desambiances de sa propre enfance. Il souhaitait en faire uneadaptation. De mon côté, je m’étais fixé comme objectifpour mon prochain film de traiter le sujet de l’amitié.Comme ce thème est aussi au cœur du récit de MmeTAKAGI, je me suis retrouvé naturellement à diriger leprojet”, rappelle kATABUCHI Sunao. “Dans l’œuvre originale, le personnage de Kiko est toutà fait secondaire. Je l’ai ramené au premier plan, car je

voulais vraiment décrirele processus de l’amitié.J’en ai fait un second per-sonnage principal pourbien souligner son rôlecrucial dans la construc-tion de la relation avecShinko”, poursuit-il. C’est

évidemment ce qui fait le charme de ce film. kATA-BUCHI Sanao excelle dans l’expression des sentimentsdes différents personnages de l’histoire, à tel pointqu’on peut penser qu’il y a un troisième personnageprincipal incarné par Tatsuyoshi. “Dans le roman,Tatsuyoshi n’occupe le devant de la scène que dans unseul passage lorsqu’il se rend dans un quartier popu-laire pour venger la mémoire de son père. J’ai voulupour ma part mettre davantage l’accent sur lui, en luidonnant une identité visuelle plus imposante, en s’ins-pirant de Kyûzô, l’un des Sept samouraïs de KURO-SAWA Akira, interprété par MIYAGUCHI Seiji. Dansle film de KUROSAWA, c’est le samouraï le plus puissant,celui qui se promène toujours avec son sabre. Pour lavoix, j’ai demandé au doubleur de ne pas oublier qu’ilavait affaire à un écolier mais qui voudrait parlercomme TAKAKURA Ken [acteur qui a souvent incarnédes rôles de durs]. Je voulais le mettre en avant, carTatsuyoshi incarne le malheur dans cette histoire avecla mort de son père. Ça m’a ainsi permis de montrer

DVD Katabuchi Sunao fait des miracles

pLuS D’InFoSDVD C’est le 25 aoûtque sortira le DVD de Mai Mai Miracle chezKaze. un événement à ne pas manquer.www.kaze.fr

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Avec Mai Mai Miracle, le réalisateurrevient sur le devant de la scène. Dommage que le film ne sorte qu’en DVD.

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Festival Paris Cinéma, du 3 au 13 juillet 2010Tarifs : 5€ la séance / 30€ le Pass Paris CinémaInfos sur www.pariscinema.org Extraits sur www.dailymotion.com/festivalpariscinema

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16 zoom japon numéro 2 juillet-août 2010

zoom CuLTuRE

p aru initialement en 2008 de l’autre côté des Alpes,l’ouvrage de Marco Pellitteri a reçu de la Fonda-

tion du Japon, organisme officiel qui pro-meut la culture japonaise, des subventionspour être traduit en anglais et connaître unediffusion internationale. Cette décision endit long sur l’intérêt que les autorités japonaisesportent à la façon dont la culture populairemade in Japan est perçue, consommée et digé-rée à travers le monde. C’est justement l’objet dece livre qui étudie d’un point de vue européen l’im-pact de la pop culture nippone. En un peu plus de700 pages, il analyse de façon très convaincante com-ment la jeunesse européenne “est tombée” dedans, enmettant l’accent sur deux phases : 1975-1995 et 1996à nos jours. La démonstration est d’autant plus efficaceque l’auteur tente de prendre de la hauteur par rap-port à ce qui a déjà été publié sur le sujet, offrant ainsiun regard frais sur la Japan Mania dont on nous parle

La culture populaire nippone nousenvahit. Un essai s’interroge sur son rôle.

RéFLExIOn une puissance globale

V ous en rêviez, karyn Poupée l’a fait. En moinsde 400 pages, la journaliste française vous of-fre sur un plateau d’argent son Histoire du

manga. Elle y raconte les grandes étapes de son dévelop-pement, brosse les portraits des principaux acteurs et ana-lyse le processus qui a conduit à en faire une industriedu divertissement. Le style est agréable et l’on prend plai-

sir à plonger dans les cha-pitres qui détaillent décen-nie après décennie lesmoments clés au coursdesquels le manga acommencé à pointer lebout de son nez avantde conquérir le cœurdes Japonais et au-jourd’hui des habi-tants de toute la pla-nète. On fait ainsi laconnaissance de Shô-chan, “jeune reporterflanqué d’un animal,

dont les aventures ont été publiées dans le journalAsahi Graph à partir de 1923”, explique l’auteur. S’ilrappelle Tintin, il ne s’en est pas inspiré dans la mesureoù le personnage dessiné par Hergé n’est apparu qu’en1929 dans Tintin chez les Soviets. Shô-chan est un despremiers grands succès de la bande dessinée au Japonet annonce le premier “boom” du manga dans les an-nées trente sur fond de montée du militarisme. L’un desattraits de l’ouvrage est de remettre l’évolution du mangadans le contexte historique du pays, ce qui permet demieux saisir encore l’impact de ce mode d’expression.Rappelons que le sous-titre du livre de karyn Poupée

est “l’école de la vie japonaise”. En effet, à la lecture decet ouvrage documenté, on en apprend beaucoup surle Japon et les Japonais. Pourtant, ce qui pourrait four-nir un sentiment de satisfaction se transforme au fil despages en une sorte de malaise. Devant la quantité d’in-formations données par la journaliste qui suppose d’avoirune connaissance quasi encyclopédique du manga, ilest étonnant de ne trouver aucune référence. Les deuxseules notes de l’ouvrage se trouvent dans l’introduc-tion. Elles concernent le pluriel du terme manga et lefait que les propos de Moebius qui y figurent ont étérecueillis “lors d’un entretien exclusif inédit”. Soit.

Les Français lisent beaucoup de manga.Mais ils n’en connaissent pas l’histoire. Une carence comblée par un livre très riche.

ESSAI Des manga, en veux-tu en voilà !

zoom CuLTuRE

chaque année avec insistance quand approche la JapanExpo. La lecture de ce travail universitaire n’a rien d’unpensum. Bien au contraire, dans la mesure où il ouvredes perspectives et soulève des questions intéressantes

sur notre propre intérêt à l’égard de la culturede masse venue du Japon. On peut bien sûr

regretter que le texte soit en anglais, mais ilmérite qu’on fasse l’effort de s’y plonger et

d’y lire entre autres un texte signé Jean-Marie Bouissou (qui devrait publier pro-

chainement un ouvrage “référence” surles manga) consacré à la bande dessi-née japonaise en tant que “produit cul-

turel global”. Reste à savoir ce que leJapon entend faire de cette force d’attraction. Marco

Pellitteri pose la question, mais n’y répond pas.O. N.

RéFéREnCEmaRCo pELLITTERI The Dragon and the Dazzle :Models, strategies and Identities of JapaneseImagination : A European Perspective,éd. Tunué, 28 € - www.tunue.com

Mais on reste sur sa faim. Il ne s’agit pas d’un travail uni-versitaire, c’est entendu. Cependant, cette déferlantede données aurait pu être accompagnée sinon denotes d’au moins de quelques références bibliogra-phiques utiles pour prolonger la lecture et empêcherle lecteur assommé par tant de connaissances de s’in-terroger sur leur origine.

ODAIRA NAMIHEI

RéFéREnCEKaRYn poupéE Histoire du manga, l’école de la viejaponaise, éd. Tallandier, 23 € - www.tallandier.com

Page 17: ZOOM Japon 2

juillet-août 2010 numéro 2 zoom japon 17

I l était un petit homme qui avait une drôle de mai-son. La maison est en carton. Les escaliers sont enpapier”, dit la chanson. Mais ce qu’elle ne dit pas,

c’est qu’il existe un architecte génial qui fabrique desmaisons avec du papier. Son nom est BAN Shigeru etil est un “des grands architectes internationaux, groupeassez fermé dont il fait partie”, rappelle Philip Jodi-dio, auteur du remarquable ouvrage consacré à cet“architecte de papier”. Un livre remarquable à biendes égards. Par sa taille, un format XL, son poids, prèsde 6 kg, et la qualité des images reproduites, sans par-ler du texte qui permet de comprendre la philosophiesur laquelle s’appuie ce personnage atypique. Il s’est

fait connaître grâce aux constructions conçues pourles victimes de catastrophes naturelles. Réalisés notam-ment avec des structures de papier, ces abris rappellentque l’architecte a été influencé par l’utilisation de cematériau depuis ses débuts. “Pour être admis à monécole d’art au Japon, il fallait créer une tour de plus d’unmètre, en ne se servant que de carton, et sans gaspiller lesmatériaux. J’étais très bon pour travailler selon des règlesstrictes et avec une quantité limitée de matériaux. J’airevu mon professeur, il y a quelques années, et il m’a dit :‘Tu fais toujours la même chose…’”, explique-t-il dansl’introduction de cette monographie qui lui est consa-crée. Comme à son habitude, l’éditeur Taschen aapporté un soin tout particulier à la photogravure,offrant au lecteur des reproductions du travail de BAN

Shigeru qui le laisse souvent bouche bée. Et en feuil-letant ce livre, on se plaît à rêver de pouvoir un jourse payer une maison signée par un homme qui s’inté-resse aux autres et à l’environnement. Si ses construc-tions sont magnifiques, elles sont toujours fonction-nelles, ce qui n’est pas la qualité la plus partagée chezles architectes qui font du beau. On reste ainsi sansvoix devant la Bibliothèque d’un poète connue aussisous le nom de “Paper tube structure 04”. Construiteà Zushi, au sud de Tokyo, sa structure dépend encoreune fois du papier. Elle est une des premières réali-sations (1990-1991) de BAN Shigeru et annonce cequi fera sa renommée mondiale. En témoigne le gran-diose Centre Pompidou-Metz inauguré au printemps2010. Merci M. BAN.

G. B.

Architecte de talent, on lui doit entreautres le Centre Pompidou-Metz. Taschen lui rend un bel hommage.

ARCHITECTURE ban Shigeru aimeles maisons en carton

zoom CuLTuRE

RéFéREnCEphILIp joDIDIo, Shigeru Ban, Complete Works 1985-2010, éd. Taschen, 99 € - www.taschen.com

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18 zoom japon numéro 2 juillet-août 2010

zoom TEnDanCE

gADgET L’iphone tatamisé

L ’un des termes japonais les plus utilisés aujourd’huidans le monde est sans doute kawaii (mignon)

que l’on met à toutes les sauces et qui est synonymed’un style de mode venu de l’Archipel. Conscientede l’importance de l’attrait des étrangers pour les pro-duits culturels nippons, la société Ascii Media works

a lancé, au début du printemps2010, le premier magazine spé-cialisé dans la culture kawaii ettéléchargeable sur iPhone ouiPod Touch. En anglais pourles besoins d’un lancementmondial, cette applicationdevrait bientôt avoir des ver-sions françaises, espagnoles etchinoises, trois marchés impor-

tants pour les produits nippons. Très illustré (c’est songrand intérêt), Tokyo Kawaii Magazine est un mustpour les amateurs de mode. ODAIRA NAMIHEI

C aptain Tsubasa [éd. Glénat], le mythique mangade TAkAHASHI Yôichi consacré au foot, a, dit-on,

influencé toute une génération de footballeurs. En sera-t-il autant avec Pédaleur né de wATANABE wataru quimet en vedette non pas le ballon rond, mais la petite

reine ? On le saura dans quelquesannées. Le premier volume de lasérie est désormais accessible enfrançais aux propriétaires deiPhone ou de iPod Touch grâceà YouToo manga qui lance la pre-mière plate-forme de télécharge-ment de manga sur l’AppStored’Apple. D’autres titres sont télé-

chargeables parmi lesquels La Déchéance d’un hommeadapté du roman de Dazai Osamu ou Bushidô : l’âmedu Japon qui résume les codes des samouraïs. O. N.

puisque la société Oblagon pro-pose une application très pra-tique qui explique (en français)les différentes techniques utili-sées par les lutteurs lors de leurscombats. Très bien illustrée,cette application peu onéreuseest plutôt bien conçue. Nicolas Sarkozy devrait se ren-dre au Japon en 2011. Assistera-t-il à un tournoi desumo ? On ne le sait pas encore, mais d’ici là, il peuttoujours apprendre à l’apprécier. O. N.

MAgAZInE La mode japonaiseen direct et en anglais

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SpORTSumo pour les nuls

j acques Chirac, l’ancien président de la Républiquefrançaise, est un grand fan de sumo. Son succes-

seur, quant à lui, s’est toujours demandé comment onpouvait “être fasciné par ces combats de types obèses auxchignons gominés”. Son aversion pour les lutteurs desumo s’explique peut-être par son manque de connais-sance à l’égard de cette discipline. On sait en revancheque le chef de l’Etat adore les gadgets, en particulierles téléphones portables. Cet amour pour les nou-velles technologies pourrait l’aider à apprécier le sumo

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juillet-août 2010 numéro 2 zoom japon 19

zoom nIhonGo

pIpO AU jApOn

L e grand jour, celui du départ pour le Japon,enfin. Comme tout jeune Français passionnéde culture japonaise qui longtemps a nourri le

rêve de poser un jour les pieds sur l'Archipel, Pipose dit que ça y est, le moment est venu de confron-ter ses fantasmes avec la réalité. Un jour comme celui-ci, il n'est bien sûr plus question de s'organiser, de pla-nifier, encore moins d'étudier. On savoure l'excitationde celui qui a préparé le coup, mêlée au doute de l'élèvede 1ère année en japonais qui se demande si, après tout,il va être à la hauteur. On veut être digne, ou tout sim-plement, on veut se la péter.Dans l'avion, on patiente, assis. Comme dans une salled'attente, et malgré le sommeil qui pèse, on est à l'affûtdu moment où il va vraiment falloir se lancer. Onconsulte les mémoires lexicales et sémantiques de soncerveau, et on se dit que nom de nom on se souvient deenpitsu, shinbun et terebimais on ne sait plus saluer, cequi serait quand même pourtant bien pratique.

はじめまして。HajimemashiteEnchanté.

Ouf, ça revient. La confusion que peut induire un telmot est due à la relative pauvreté phonétique du japo-nais alliée à la structure syllabique de la langue. Tantque celle-ci n'est pas véritablement intégrée et qu'on nese rend donc pas compte à l'oreille de nos propres erreursde prononciation, le risque demeure de l'écorcher parde vagues contrepèteries aussi involontaires qu'inabou-ties. Alors pour éviter les hajimemashita, hajima-

LAngUE premiers pas dansla langue de mishima

meshite et autres hajimemasheti, faites comme Pipo :répétez inlassablement à haute voix, jusqu'au momentoù vos oreilles sauront vous dire que vous vous êtestrompé. Vous pourrez ensuite développer :

はじめまして。ピポです。よろしくお願��

いします。Hajimemashite. Pipo desu. Yoroshiku onegai shimasu. Bonjour, je m'appelle pipo. Très heureux de faire votre

connaissance.

Voilà qui sonne bien japonais. Ça prend forme. Onse sentirait pousser des ailes. Yoroshiku onegai shimasu…Une des expressions les plus usitées à l'oral, mais aussidans les courriers ou les échanges de mails. Car pourcelle ou celui qui souhaite dépasser le cadre linguistiquefinalement très restreint d'une quelconque expériencetouristique, elle constitue nécessairement les prémicesd'une bonne entente, d'un accord sérieux, d'une allianceheureuse, d'une confiance solide, d'une complicité par-faite, voire d'une amitié sincère. Quelle que soit doncl'issue de la rencontre, la relation que celle-ci induit rendinéluctable le recours à la formule magique. La culturefrançaise n'y apporte pas d'équivalent et une traductionforcée donnerait quelque chose du genre : Je m'en remetsà votre indulgence. Plus naturellement, on est simple-ment heureux de faire connaissance et on espère biens'entendre.Lectrices, lecteurs, merci pour votre bienveillance.

PIERRE FERRAGUT

Pipo quitte la France, prêt à s’immerger.Première étape de sa passionnante expédition,savoir saluer : c’est simple et… indispensable.

pRaTIquELE moT Du moIS

出発�����

(shuppatsu) départ

出発�����

はいよいよ今日���

ですね。Shuppatsu wa iyoiyo kyô desu ne.C’est pour aujourd'hui, le grand départ ?

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le 16 avril 2008, Tanpopo. Pour les cinéphiles, celaévoque le film éponyme d’ITAMI Jûzô qui raconte lesefforts d’une restauratrice pour faire les meilleursrâmen (nouilles). A Saint-Malo, le seul point com-mun avec le long métrage, c’est “la démarche vers laperfection”, explique François. “Nous avons choisi ce

nom en raison de sa sonorité etparce qu’il était facile à retenir”.Mais pour que les gens aientenvie de garder ce nom en tête,il faut leur servir une bonne cui-sine. Pas de doute, le couple aégalement atteint son objectifsur ce plan-là. Travaillant avecdes produits locaux, Naoko etFrançois ont imaginé éduquerla clientèle au goût japonais.“C’est très important. Nous pré-venons nos clients qu’un repaschez nous dure entre 2 et3 heures”, rappelle François, tan-dis qu’il déballe un sac remplide wakame fraîchement récoltépar un producteur des envi-

rons. “C’est une chance d’avoir des algues fraîches decette qualité”, renchérit Naoko qui réfléchit déjà cequ’elle en fera en cuisine. Elle conçoit son menu (18 €le midi, 35 € le soir) telle une poétesse qui composedes haiku. Elle rend compte de la saison et offre à celleou celui qui le découvre un moment de plaisir intense.Chapeau l’artiste ! GABRIEL BERNARD

zoom GouRmanD

L es Malouins ont bien de la chance. Non seule-ment, ils vivent dans une magnifique cité, maisils ont aussi la possibilité de

pouvoir manger japonais à la japo-naise, c’est-à-dire de profiter d’unecuisine qui réveille tous les sens. Ilsont de la chance, car le couplefranco-japonais qui tient le Tan-popo (Fleur de pissenlit) est tombésous le charme de Saint-Malo etil le lui rend bien, en partageant sapassion pour le travail bien fait etson envie de former les palaismalouins à une “cuisine japonaisetraditionnelle et créative”. Pour enarriver là, kURIYAMA Naoko, maî-tre de la cuisine, et son compagnonFrançois Evangelisti ont dû crava-cher. Formée à l’école Tsuji à Osaka,l’une des plus réputées de l’Archi-pel, Naoko aurait pu tranquillement rester à Aix-en-Provence où elle a travaillé pendant deux ans etdemi. Mais elle voulait créer en profitant de sa forma-tion. François a, quant à lui, pas mal bourlingué etaussi compris que le talent de Naoko ne pouvait pasêtre gâché à satisfaire la demande de sushi. “Nousaurions pu aller dans le sud-ouest d’où je suis originaire”,confie François, mais il a préféré remonter vers le nord,vers la Bretagne. “Les Bretons sont plus proches de lamentalité japonaise”, ajoute Naoko tout sourire. Aprèsavoir hésité entre Saint-Brieuc et Saint-Malo, le cou-ple a posé ses valises dans la cité corsaire et ouvert,

Installés dans la cité malouine depuis 2008, Naoko et François proposent une cuisine inventive et raffinée.

RESTAURAnT quand Saint-malorime avec Tanpopo

zoom GouRmanD

par amour du poissonCes derniers mois, la télévision française a

diffusé de nombreuses images du marché

de Tsukiji à Tokyo pour rappeler que c’est

par cet endroit que transitent les milliers

de tonnes de thon rouge que les méchants

japonais consomment sans vergogne.

obsédée par la possible interdiction de la

pêche du thon rouge, elle n’a pas pris la

peine de présenter ce lieu

si particulier où le rythme

de vie tranche avec celui

du reste de la ville.

heureusement que

le livre de philippe

Delacourcelle, le chef

du pré Verre à paris et

à Tokyo, et du

photographe Franck

Landron est là pour

nous servir de guide au milieu

des allées où l’on croise des poissonniers

à scooter et qui sont bordées d’étals

débordant de produits de la mer.

on y trouve de tout, ouvrant ainsi de

nombreuses perspectives à l’amateur de

poissons et autres crustacés qui au fil des

pages sent l’eau lui monter à la bouche.

Ce livre découverte, qui témoigne aussi

de l’amour que le chef français porte à la

cuisine japonaise, n’aurait pas été complet

sans quelques recettes de poisson. philippe

Delacourcelle en propose une soixantaine.

Elles permettent de s’initier facilement au

goût japonais sans être difficile à réaliser.

C’est évidemment un bon point

supplémentaire pour cet ouvrage

accompagné d’un DVD sur Tsukiji.

philippe Delacourcelle et Franck Landron,

Tsukiji, le plus grand marché aux poissons

du monde, éd. Agnès Viénot, 24,90 €

pRaTIquES’Y REnDRE 5, place de la poissonnerie 35400Saint-malo Tél. 02 99 40 87 53 - Fermé lundi.www.tanpopo-stmalo.fr

François et Naoko devant le Tanpopo

20 zoom japon numéro 2 juillet-août 2010

Page 21: ZOOM Japon 2

L A RECETTE DE nAOKO, chef de Tanpopo

INGRÉDIENTS (pour 2 personnes)

1 daurade royale (environ 800 g)

pour la sauce :1 blanc de poireau coupé finement1 c. à café de gingembre haché2 c. à soupe d’umeboshi (prune séchée)1/2 c. à soupe de vinaigre de riz1 c. à soupe de sauce de soja 1 c. à soupe de mirin1 c. à soupe de saké

1/2 feuille de pâte pour rouleau de printempsAlgue coréenne (kankoku nori) coupée finement Un peu de wakame (algue) séché

PRÉPARATION1 - Tremper le wakame séché dans l’eau pour lui rendre son humidité. 2 - Mélanger les différents ingrédientsqui vont composer la sauce à savoir le poireau, le gingembre, la prune séchée, le vinaigre de riz, la sauce desoja, le mirin et le saké. 3 - Découper la pâte pour rouleau de printemps en lamelles de 4cm de longueur.Les frire ensuite dans un bain d’huile à 160° jusqu’à ce qu’elles deviennent craquantes. 4 - Lever les filets dela daurade. Les escaloper ensuite en petits morceaux de 3 mm d’épaisseur. 5 - Déposer sur une assiette lewakame qui aura été préalablement égoutté. Ajouter dessus la chair de la daurade découpée en petits mor-ceaux. Verser la sauce avant de les saupoudrer avec l’algue coréenne et les fines lamelles de pâte pour rou-leau de printemps frit.

zoom GouRmanD

pêchée à partir de février jusqu’en septembre, la dauradeou dorade, selon l’espèce, est donc un poisson de saison.Elle est particulièrement maigre, puisqu’elle ne fournitque 1 g de lipides pour 100 g, ce qui la rend très digeste.Ce poisson présente également l’avantage de fournir d’im-portantes quantités de protéines de très bonne qualité(16 g pour 100 g). La daurade est d’autre part riche enmagnésium, en fer, en phosphore et en calcium. Bref,c’est un poisson idéal pour tous ceux qui veulent faireattention à leur ligne, tout en bénéficiant de ses bienfaitscomme la vitamine B et l’iode dont il regorge. La dau-rade est aussi un poisson idéal pour le sashimi.La daurade est généralement vendue entière. Avantde l’acheter, assurez-vous de sa fraîcheur en vérifiant

qu’elle a un aspect brillant, un corps rigide et des écaillesadhérentes. Son œil doit également être luisant etbombé. On distingue trois espèces de daurade. Il y ala daurade royale. Elle est la seule à pouvoir prétendreà l’orthographe "daurade". Elle mesure entre 30 et 50cm et pèse jusqu’à 3 kg. Ses écailles sont argentées etelle possède un croissant doré entre les yeux. Sa chairest très blanche, très fine et moelleuse. C’est l’espèce laplus succulente. Il y a aussi la dorade rose. Elle possèdedes reflets dorés, des nageoires roses et une tâche noireprès des ouïes. Enfin il y a la dorade grise. Ses écaillessont de couleur grisâtre et ne possèdent pas de reflet.Vous l’aurez compris, il est préférable de choisir la dau-rade royale pour le sashimi.

DR

juillet-août 2010 numéro 2 zoom japon 21

Sashimi de daurade, sauce gingembre et umeboshi(Tai no sashimi shôga to umeboshi no sôsu)

Page 22: ZOOM Japon 2

Solitude — après le feu d’artificeune étoile filante

m ASAOkA Shiki, l’un des grands poètes del’instant, nous indique dans ce haïku(poème court) que nous sommes en été et

qu’en cette période les Japonais se divertissent, en assis-tant notamment à des feux d’artifice (hanabi) qui embra-sent les cieux de l’Archipel. Dans la seule région de Tokyo,

on dénombre plus de 150 rendez-vous pyrotechniquesqui nous rappellent que les Japonais figurent parmiles grands maîtres de la spécialité. A Tokyo, ancienne-ment Edo, les feux d’artifice appartiennent à cette cul-ture du plaisir et de la fête qui caractérise la cité au faîtede sa prospérité et de sa population d’un million d’âmesau milieu du XVIIIe siècle. La rivière Sumida et sesgrands ponts qui la traversent se sont imposés avecle temps comme les principaux lieux de détente à l’ins-tar de Ryôgokubashi (pont de Ryôgoku) qui devint leplus célèbre sakariba (quartier fréquenté) d’Edo et qui,depuis 1733, accueille chaque année l’un des plusimportants feux d’artifice du pays avec environ 20 000projectiles tirés en un peu moins de 90 minutes. C’est

le 6 août 1613 que le premier feu d’artifice aurait ététiré au Japon devant TOGUkAwA Ieyasu, le grand shô-gun fondateur du Japon moderne, lors de sa rencon-tre avérée avec un commerçant anglais John Salis venului remettre une lettre du roi d’Angleterre, James Ier.Après cette date, les grands seigneurs vont se sentirobligés de rivaliser entre eux pour organiser des feuxd’artifice dans leurs régions respectives, attirant unefoule de curieux chaque fois plus importante d’autantque le troisième shôgun TOGUkAwA Iemitsu, grandamateur de feux d’artifice, encouragea leur développe-ment. Symboles de pouvoir et de richesse, les feux d’ar-tifice devinrent aussi un instrument religieux lorsque leshôgun TOGUkAwA Yoshimune en fit tirer un en 1733

C’est l’été. Dans l’Archipel, c’est la saisonoù l’on ne compte plus les matsuri. Dunord au sud, le pays danse, chante et défile.

FÊTES La tradition a vraiment du bon

yosh

ika

Saka

i

Les lanternes sont de sortie lors de la Fête de Gion à Kyoto.

22 zoom japon numéro 2 juillet-août 2010

Page 23: ZOOM Japon 2

pour faire fuir les mauvais espritsresponsables, selon lui, de lafamine et de l’épidémie de cho-léra dont le Japon avait été vic-time l’année précédente. Bien avant que les feux d’artificene prennent une dimension reli-gieuse, il existait dans tout le paysdes fêtes et des rites qui mobili-saient la population. Celle-ci par-ticipait, en fonction des saisons, àces rassemblements destinés à s’at-tirer les bonnes grâces des dieuxou à chasser les esprits chagrins.Dans les régions rizicoles, il s’agis-sait de pratiques purificatoiresgrâce auxquelles la croissance duriz et la récolte seraient bonnes.Si ces principes gouvernentencore les grands rendez-vous del’année, ils ont pris un caractèrefestif et commercial plus pro-noncé au fil des ans puisqu’au-jourd’hui la technologie suffit bien souvent à garan-tir la qualité et la quantité des récoltes. Ces fêtesdemeurent néanmoins très populaires. Pour le seul feud’artifice de la Sumida à Tokyo, pas moins d’un millionde personnes se rassemble chaque année pour admirerles prouesses pyrotechniques des artificiers nippons.Mais bien souvent, il ne s’agit pas simplement de regar-der. La population locale et les gens de passage sontinvités à participer. Ainsi à Gujô (voir p. 26), tout lemonde est invité à entrer dans la danse de Gujô (Gujôodori).A Goshogawara, préfecture d’Aomori (voir notrecarte p. 24), tout au long de l’année, les habitants ras-semblés en petits comités préparent les géants de papier(Tachi neputa), certains mesurent plus de 20 mètres dehaut, que l’on promènera dans les rues de la ville débutaoût pour célébrer les retrouvailles de deux étoiles, maisaussi pour éloigner les esprits malveillants et les épidé-mies. La fête de Gion (Gion matsuri) relève de la mêmevolonté. Fondée au Xe siècle à kyoto sur ordre impé-

L E BOn pLAn

Après avoir été la Mecque de l’électronique où lesTokyoïtes se rendaient pour trouver le composantdont ils avaient besoin pour bricoler leurs appareilsélectriques ou leurs ordinateurs, le quartier d’Akiha-bara s’est peu à peu transformé. Il est devenu aucours des dernières années le lieu de rendez-vousdes fans de manga, de dessins animés et autres élé-ments de ce que l’on appelle de façon abusive la cul-ture otaku. Entre les boutiques spécialisées dans lesbandes dessinées, celles où l’on est accueilli par des

jeunes femmes habillées en soubrette et désormaisquelques magasins classiques de vêtements, Bandai,le fabricant de jouets et producteur de jeux vidéo, aouvert fin avril 2010 son gundam Café. Situé àquelques mètres de la sortie de la gare d’Akihabara,ce nouvel établissement est la première incursion deBandai dans le secteur de la restauration. Toute-fois, le choix du quartier et le fait que le café soitentièrement décoré avec des reproductions de robots(grande spécialité de l’entreprise) devraient lui per-mettre de séduire le public japonais très friand deces engins et les touristes étrangers de plus en plusnombreux dans ce quartier à la mode. Les serveusesvêtues comme certains personnages de dessins ani-més et toujours souriantes sont un atout supplémen-taire pour ce lieu agréable où l’on fera volontiers unepause après avoir déambulé dans les rues animéesd’Akihabara.Gundam CaféDu lundi au vendredi 10h-23h, samedi 8h30-23h, dimanche 8h30-21h30. www.g-cafe.jp

Robots forever

rial après les ravages liés à lapropagation d’une maladiecontagieuse, elle avait pourbut d’apaiser les revenantsdont le mécontentement està l’origine des catastrophessanitaires. Chaque année, cerendez-vous est célébré avecferveur. Il mobilise encore lapopulation et des centainesde milliers de touristes. Ilsviennent assister aux paradescolorées au cours desquellesl’eau joue un rôle très impor-tant dans la mesure où elle estl’instrument essentiel du pro-cessus de purification qui laveet emporte au loin les mala-dies, les mauvais esprits et lessouillures. C’est pourquoi denombreuses fêtes se déroulent

au bord de l’eau ou sur lesrivières avec des bateaux déco-

rés de lanternes comme à Tsushima ou à Osaka (voirnotre carte p. 24). Des milliers de fêtes se déroulentdans tout le pays chaque été. Chacune d’entre ellesmérite qu’on s’y rende tant l’atmosphère qui y règne estchaleureuse et sympathique. Mais l’esprit festif ne selimite pas à la période estivale. Tout au long de l’année,il existe d’autres moments tout aussi intenses où l’ondécouvre une autre facette du Japon. C’est en cela queles traditions ont du bon. GABRIEL BERNARD

zoom VoYaGEyo

shik

a Sa

kai

Point d’orgue de la Fête de Gion, la grandeparade du 17 juillet. Ce jour-là, des chars déco-rés et tirés par des hommes défilent.

RéFéREnCEpouR En SaVoIR pLuS En 1980, Laurence Caillet,auteur du remarquable ouvrage La Maison Yamazaki (éd. plon, coll. Terre humaine,1991), a publié Fêtes et rites des quatre saisons au Japon (éd. poF, coll. La bibliothèque japonaise).Longtemps épuisé, ce document formidablea été réédité en 2002, permettant à tous les curieux du folklore nippon de s’immerger au plus profond dans la culture japonaise.

DR

juillet-août 2010 numéro 2 zoom japon 23

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24 zoom japon numéro 2 juillet-août 2010

zoom VoYaGE

Morioka

Goshogawara

Sendai

Nasukarasuyama

Fujiyoshida

KatoriTokyo

Toyama

Tsushima

Kushimoto

Yamaga

KochiTokushima

KyotoOsaka

Nanao

Akita

Nishimo

Yamagata

H o n s h u

S h i k o k u

K y u s h u

Hokkaido

Sôma

TokTokTokTok

yo

150 km

Du 3 au 6 août.Un défilé de lanternes géantes pour éloigner les maladies et l’infortune.

Du 23 au 25 juillet.Courses de chevaux, cavaliers en habits de guerrier.Les ingrédients de moments forts et intenses.

Sôma Noma Oi

Du 23 au 25 juillet.Créée en 1560, cette fête propose notamment des spectacles de Kabuki et un défilé de décors colorés.

Yama Age Matsuri

Du 9 au 18 juillet.Depuis plus de 300 ans, des chars magnifiquement décorés défilenttous les week-ends dans les rues.

Sawara no Taisai

Akita Kantô Matsuri

Du 16 au 18 août.On dit que ces magnifiques danses au flambeau remontent à la période Kamakura (XIIe-XIVe siècles).

Nishimo Naibon Odori

Du 5 au 7 août.Avec leurs chapeaux décorés de fleurs, les groupes de danseurs défilent dans les rues au son d’une musique légère et rythmée.

Yamagata Hanagasa Matsuri

Du 6 au 8 août.Cette fête colorée existe depuis 1618. Dans tous les quartiers de la ville, on hisse les décorations faites en bambou et en papier japonais.

Sendai Tanabata Matsuri

Le 31 juillet.Initié au début du XVIIIe siècle, ce grand rendez-vous du feu d’artifice rassemble chaque année près d’un million de personnes qui veulent voir les prouesses des artificiers.

Sumidagawa Hanabi TaikaiDu 26 au 27 août.C’est la fête du feu. Dans les rues, on allume des bottes de paille hautes de trois mètres qui illuminent ainsi la ville.

Yoshida no Himatsuri

Du 24 au 25 juillet.Cette fête liée au souvenir de la guerre de Genpei à la fin XIIe siècle met en scène des bateaux décorés.

Kôchi MatsuriDu 9 au 12 août.Pendant quatre jours, la population dans leurs costumes colorés danse sur la musique de yosakoi.

Yosakoi Odori

Du 12 au 15 août.Malgré son origine méconnue, cette fête dansée organisée depuis le XVIe siècle attire les foules.

Awa OdoriDu 1er au 4 septembre.Au son du shamisenet du kokyû, des danses et des chants envahissent les rues de la ville.

Owarakaze no Bon

Du 1er au 3 août.Danses au rythme des pipos et des tambours qui trouvent leur origine dans les légendes de la région.

Morioka Sansa Odori

Du 4 au 8 août.Des géants de papiers de plus de 20 mètres sont sortis à la tombée de la nuit.

Tachineputa Matsuri

Du 24 au 25 juillet.Cela fait plus de 500 ans que la ville organise cette fête avec des bateaux décorés et illuminés. Des instants inoubliables garantis.

Owari Tsushima Tennô Matsuri

Le 7 août.Dans une ambiance chaleureuse, des défilés d’immenses lanternes embrasent la ville.

Ishizaki Hôtôsai

Du 1er au 31 juillet.C’est une des trois grandes fêtes du pays. Un événement à ne manquer sous aucun prétexte.

Gion Matsuri

Du 24 au 25 juillet.Avec une histoire de plus de 1 000 ans, cette procession de bateaux est très appréciée.

Tenjin Matsuri

Du 15 au 16 août.Au cours de la fête des lanternes, 1 000 jeunes femmes une lanterne sur la tête défilent en dansant.

Yamaga Tôrô Matsuri

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CARTE Vingt fêtes à ne pas manquerPendant la période estivale, on ne compte plus le nombre de matsuri. Nous en avons sélectionné quelques unes pour votre plaisir.

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samouraïs et celle des paysans. Le nouveau gouverneura alors invité les habitants à danser ensemble pouroublier les différences de classes sociales. La chansonla plus longue de la danse de Gujô, Yacchiku, racontel’histoire de cette révolte. HANYU NORIKO

S ituée au centre du Japon, à environ 200 kilo-mètres de Tokyo, Gujô Hachiman, incorporéedans la villle de Gujô en 2006, se transforme

en discothèque en plein air pendant tout l’été. De lami-juillet jusqu’au début du mois de septembre, la villeorganise trente-deux nuits de fête dans des quartiersdifférents. Classée comme Patrimoine culturel imma-tériel de premier rang, Gujô Odori (danse de Gujô)attire les amateurs de danses folkloriques. C’est unedanse participative. Autour du kiosque ambulant surlequel les musiciens de l’Association de promotion dela Danse de Gujô jouent de la musique en live, n’im-porte qui peut entrer dans les cercles de danse. Enyukata [kimono en coton] ou en jeans, les habitantsou les touristes de passage, tout le monde s’y mêle.La Gujô Odori est constituée de dix danses. Chaquedanse a sa mélodie et sa chorégraphie. Les danses lenteset rapides sont alternées. Les pas de geta [sandalesen bois] marquent le rythme comme des claquettes. Le moment le plus fort est la période d’Obon entrele 13 et le 16 août. On danse toute la nuit ! La villedevient alors une vraie discothèque à ciel ouvert avecl’interdiction totale des véhicules dans le centre de laville. Obon est une période religieuse où les Japonaisreçoivent les âmes des ancêtres chez eux. Dans cer-taines régions, l’accueil et l’envoi des âmes sont accom-pagnés de danses. Gujô Odori fait partie de cette caté-gorie de Bon Odori (danse pratiquée pendant Obon)et cela, depuis quatre cents ans, à Gujô Hachiman.C’était aussi une danse pour la réconciliation et la cohé-sion sociale. Au XVIIIe siècle, une révolte de paysansa eu lieu dans la région. Une des plus importantes de

zoom VoYaGE zoom VoYaGE

De la mi-juillet au début de septembre,la ville prend des airs de discothèque en plein air. Chacun peut y participer.

gIFU Tout le monde peut entrer dans la danse et s’amuser à Gujô

la période Edo et la seule qui a conduit au renverse-ment du gouverneur et du gouvernement shogunal. Ala fin de la révolte, les responsables ont été condam-nés à la peine de mort. Les combats et la fin tragiquedes meneurs ont accentué la fracture entre la classe des

Installés sur un kiosque mobile, les musiciens donnent le rythme et entraînent la foule dans des danses endiablées.

pRaTIquES’Y REnDRE L’office du tourisme offre aux 100 premiers lecteurs venus un tenugui (servietteen coton) de motif de danse. pour le recevoir, dites Zoom Japon aux hôtesses d’accueil.pendant les fêtes d’Obon, les hôtels sont complets.

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26 zoom japon numéro 2 juillet-août 2010

La ville ouvre la porte d’un centre de quartier toute la nuit pour que les touristes sans hébergement puissent s’y reposer. Se renseigner à l’office du tourisme sur la location de yukata et de geta.http://gujohachiman.com/kanko/index_e.htm

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q uartier du luxe avec ses grands magasins et sesboutiques de grandes marques, Ginza est assu-rément un endroit à visiter

lorsqu’on se trouve à Tokyo. Même si lesprix pratiqués dans les grandes enseignescomme Matsuzakaya sont de nature àrefroidir les ardeurs du touriste, il estnéanmoins intéressant de déambulerdans les rayons de ce temple de laconsommation où le service rendu est àla hauteur des prix affichés sur les éti-quettes. Après avoir marché quelquesheures dans Ginza, une pause déjeunerou un dîner s’impose. Dans les petitesrues du quartier, les restaurants sontnombreux, mais si l’on peut recomman-der un endroit parmi les centaines, on

citera le Hanachirusato au deuxième étage d’un immeu-ble en face justement de Matsuzakaya. Ce petit res-taurant au décor plutôt moderne propose notammentle kawara soba (soba sur tuile) une spécialité de la pré-fecture de Yamaguchi. Il s’agit de soba (nouilles au sara-sin) au thé vert servis sur une tuile chauffée à 300° . Cette

présentation étonnante permet auxsoba qui grésillent sous l’effet de lachaleur d’exhaler leur parfum. Pour1200 yens [10,60 euros], ce plat raviratous vos sens. Vous sortirez alors durestaurant ragaillardi prêt à affron-ter de nouvelles heures de marche.

ODAIRA NAMIHEI

Etre dans la capitale et pouvoir dégusterune spécialité du sud-ouest du pays. Une occasion à ne pas manquer.

gASTROnOMIE Ginza vousréserve une drôle de tuile

SHOppIng Le paradis pour les fans de manga

Disposant de 11 boutiques dans tout

le pays dont 4 à Tokyo, cette chaîne

spécialisée dans les manga d’occasion et les

produits dérivés est une véritable caverne

d’ali baba. même si l’on n’est pas amateur,

une petite visite s’impose pour saisir

la richesse de ce pan de la culture nippone.

MAnDARAKE

5-52-15 nakano, nakano-ku, Tokyo

www.mandarake.co.jp

RéTROSpECTIVE Si vous aimezles impressionistes

Situé à 5 mn à pied de la gare de Tokyo,

le musée bridgestone propose jusqu’au

25 juillet une exposition consacrée à

l’impressionisme. L’occasion aussi de voir la

nouvelle acquisition du musée Au cirque :

dans les coulisses de henri de Toulouse-

Lautrec. Entrée : 800 yens [7 euros].

BRIDgESTOnE MUSEUM OF ART

1-10-1 Kyôbashi, Chûô-ku, Tokyo

www.bridgestone-museum.gr.jp

pRaTIquEaDRESSE 6-8-6 Ginza, Chûô-ku,Tokyo, Ki no mi blg 3F.Tél. 03-3572-577412h-14h et 18h-21h, samedi-dimanche 12h-15h et 17h-20h

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