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Koga Ritsuko pour Zoom Japon www.zoomjapon.info gratuit numéro 48 - mars 2015 11 mars 2011- 11 mars 2015 Le Tôhoku debout !

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Zoom Japon, numéro 48 (mars 2015)

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Koga Ritsuko pour Zoom Japon

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11 mars 2011- 11 mars 2015

Le Tôhoku debout !

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ZOOM ACTU

ÉDITOGanbareDepuis le terribleséisme du 11 mars2011 et le tsunami quiont dévasté la côtenord-est de l’archipel,les habitants de cesrégions se battent pour

reconstruire et retrouver une vie normale.Zoom Japon s’est associé depuis cette dateau quotidien Ishinomaki Hibi Shimbunafin de rendre compte des évolutions danscette cité portuaire touchée de plein fouetpar la déferlante. A l’occasion du quatrièmeanniversaire de la tragédie, nous vous pro-posons un dossier réalisé avec nos confrèresde ce quotidien pour faire un bilan deschangements intervenus et pour montrerque bon an mal an la population tente detourner la page et de retrouver un rythmede vie semblable à celui d’avant mars 2011.

LA RÉ[email protected]

ÉCONOMIE Une situationparadoxaleEntre morosité et signes de reprise,

l'économie offre un tableau contrasté.

Les statistiques du mois de décembre

2014 ont été dévoilées par le ministère

de l’industrie : avec d'un côté une

inflation qui s'essouffle et une

consommation qui n'en finit plus de

chuter, de l'autre une production

industrielle en rebond (+ 1 % en

décembre) et un chômage au plus bas

(3,4 % en décembre).

SOCIÉTÉ Les vacances,c’est obligatoire Il y en a pour qui toute excuse est

bonne pour partir en vacances, et

d'autres que la loi doit forcer à

s'arrêter de travailler. Les seconds se

vivent au Japon où certains salariés

n'utilisent aucun des vingt jours de

leurs congés annuels payés. C'est

pourquoi le gouvernement envisage

de passer une loi pour les obliger à

prendre au moins un quart de leurs

vacances, à savoir cinq jours.

Le gouvernement

a adopté son

budget militaire

en augmentation de 2,8 %. A 4 980

milliards de yens (36 milliards

d’euros), il s’agit de la troisième

année consécutive de hausse depuis

qu’ABE Shinzô est revenu au pouvoir

en décembre 2012.

2,8 %

L E REGARD D’ERIC RECHSTEINER

Depuis quelques années, les Japonais découvrent leur patrimoine industriel et s’y intéressent de plus en plus.Conscients sans doute que ces sites ont contribué et contribuent encore pour certains d’entre eux au déve-loppement de leur économie, ils sont nombreux à participer à des sorties souvent nocturnes pour en prendretoute la mesure. Ils découvrent alors des ensembles architecturaux qui ne manquent pas de classe lorsqu’ilssont illuminés. La baie de Tôkyô est un des hauts lieux de ce tourisme industriel.

Zone industrielle de Kawasaki

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Couverture : Koga Ritsuko pour Zoom Japon

2 ZOOM JAPON numéro 48 mars 2015

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4 ZOOM JAPON numéro 48 mars 2015

C ela fait quatre ans que le grand séismequi a affecté le nord-est du Japon s'estproduit le 11 mars 2011. Moins d'un

an plus tard, le gouvernement a créé l’Agencepour la reconstruction dont la mission a étélimitée à 10 années à partir de la survenue de lacatastrophe. La période de reconstruction inten-sive au cours de laquelle le gouvernementaccorde des subventions aux collectivités localesest de 5 ans à compter du séisme. Si le Premierministre Abe Shinzô, qui a soutenu la candida-ture de Tôkyô pour l'organisation des JeuxOlympique en 2020 a bien déclaré que “sansla reconstruction des régions sinistrées, il n’y auraitpas de renaissance du Japon”, il n'empêche queles sinistrés ne recevront plus d’aides directesde l’Etat à compter de 2016. Voilà pourquoinous avons voulu savoir ce qu'il en était de lasituation des 6 préfectures et des 62 communesconcernées.

Pour le savoir, nous nous sommes rendus à Ishi-nomaki, préfecture de Miyazaki, siège de l'Ishi-nomaki Hibi Shimbun, quotidien local aveclequel nous collaborons depuis mars 2011.Située à 420 km au nord-est de Tôkyô, à 50 kmde Sendai, au bord de l’océan Pacifique, la villed’Ishinomaki a subi la plus grande perte humainede la catastrophe avec plus de 3 700 habitantsdécédés ou portés disparus. Lors du séisme, untsunami de 8,6 m de hauteur s’est abattu sur leport au sud de la ville, avant de ravager les zonesindustrielles et les quartiers d’habitation. Il aremonté à contre-courant le fleuve Kyû-kitakamiqui traverse longitudinalement la ville pour attein-dre le centre-ville et provoquer d’énormes dégâts.A regarder plus concrètement les chiffres, 73 km2, soit 13,2% de la superficie de la com-mune (555,78 Km2) ont été submergées, ce quicorrespond à la superficie de la ville de Nice. Acause de ces inondations, 76% de ses habitations,soit 57 000 maisons ont été endommagées, dont20 000 totalement détruites.Depuis 2012, l’équipe de Zoom Japon s’est renduechaque année dans cette cité accompagnée de

journalistes de l’Ishinomaki Hibi Shimbun quiconnaissent mieux que quiconque leur ville, afind’observer ce lieu sinistré et l’état de sa recons-truction.

RENAISSANCE Attention chantier !Quatre ans ont passé depuis le séisme du11 mars 2011. La ville commence àreprendre forme.

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Manga-kan, le musée consacré au mangaka ISHINOMORI Shôtarô se situe proche du fleuve que le tsunami a remonté.

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Au mois de février 2012, le gouvernement a crééà Tôkyô l’agence pour la Reconstruction dontl’existence est limitée à dix ans à partir de la sur-venue de la catastrophe. Les cinq premièresannées ont été définies comme période dereconstruction spéciale au cours de laquelle legouvernement doit concentrer ses efforts pourréaménager les terrains et favoriser un retour àla normale pour les habitants sinistrés. Pour cela,le gouvernement a décidé de consacrer un bud-get de 25 000 milliards de yens. Cette enveloppeest composée d'une taxe spéciale pour la recons-truction provenant de la taxe, de l’impôt sur lesentreprises (10% d’augmentation pendant 3 ansà partir du mois de mars 2012, mais cette hausseest appliquée en même temps que la baisse dutaux d’imposition sur les entreprises) et de lahausse de l'impôt sur le revenu (plus 2,1% pen-dant 25 ans à partir de 2013).

L’AGENCE POUR LA RECONSTRUCTION

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Fin décembre 2014, nous sommes arrivés à lagare d’Ishinomaki après avoir pris le shinkansenà Tôkyô, puis le car. Sur la façade de la gare, onpouvait encore apercevoir le slogan accrochédepuis 2011 “Courage, Ishinomaki !”. Sur la place,submergée il y a quatre ans, les bus arrivent etrepartent, et à côté de la file de taxis, salariés etétudiants pressent le pas. Un banal paysage quo-tidien. Devant nous, la grande rue avec des bis-trots proprets appartenant à des chaînes, c’estaussi le paysage ordinaire d’une ville de campagne.Ici, nos yeux sont attirés immanquablement parles statues des héros de mangas créés par Ishino-mori Shôtarô, mangaka originaire de la préfecturede Miyagi. Ces statues se tiennent debout auxendroits stratégiques, depuis la gare, en passantpar les rues principales et les rives du fleuve Kyû-kitakami qui coule juste à côté. Elles ont été éri-gées dans le cadre de la campagne “La ville demanga”, dont le centre est le musée mémorialdédié à ce créateur des mangas, IshinomoriManga-kan, construit sur une petite île du fleuve.Ce musée qui a aussi subi des dégâts terribles dutsunami, est resté fermé pendant un an et demi.Mais pendant tout ce temps, les statues ont conti-nué à se dresser vaillamment, comme si elles vou-laient donner du courage à ceux dont le cœuravait tendance à s’assombrir en marchant danscette ville endommagée.Après le séisme, la ville d’Ishinomaki a établi, unplan de reconstruction décennal en balisantchaque étape de sa réhabilitation. Les trois pre-mières années ont été définies comme unepériode de reconstruction, les quatre années sui-vantes comme celle de la renaissance et les troisdernières comme celle du développement. Ceplan est financé, en principe, dans le cadre dubudget gouvernemental pour la reconstruction,mais l’approbation des crédits se fait au niveaude l’Etat. Comme il faut que l’autorité localedemande l’approbation des crédits de la part del’Etat pour chaque action, les demandes faitespar les habitants n’ont pas toujours été acceptées.Surtout dans la première période où les efforts

ZOOM DOSSIER

se sont concentrés sur la reconstruction des basesde la vie quotidienne et des infrastructures, ense basant sur le principe de “reconstruire commeavant”. Les actions visant à améliorer en mêmetemps la situation qui était déjà mauvaise avantla catastrophe ont été refusées et le manque desouplesse de l’Etat a été pointé du doigt de la partde ceux qui œuvrent sur place. “Juste après leséisme, l’urgence était telle que, très souvent, on nepouvait pas attendre l’approbation de l’Etat. Desvies humaines en dépendaient. Parfois on étaitobligé de forcer les choses pour faire face à uneurgence qui se présentait devant vous”, raconte unancien employé de la mairie. Il est arrivé aussique l’avancement des entreprises de reconstruc-tion ait été ralenti parce qu’il fallait régler desdivergences entre les sinistrés : que privilégier :l’habitat ou les équipements culturels ? Le diri-geant du journal Ishinomaki Hibi Shimbun,Ôhmi Kôichi estime que “c’est pour cela qu’il fautun leader capable de prévoir à long terme très tôtd’établir un plan clair du futur et d’avancer devantles citoyens afin de le réaliser”.

Actuellement, Ishinomaki est sortie de sa périodede reconstruction. Elle est entrée dans celle dela renaissance. Pourtant, 23 000 personnes viventencore dans des habitations provisoires, soit dansdes logements préfabriqués dont la durée d’uti-lisation est limitée à deux ans par la loi d’aide auxsinistrés du séisme, soit dans les logements tem-porairement loués par la préfecture. Après unedécision de la préfecture de Miyagi prise au moisde janvier de cette année limitant à cinq ans lapériode d’utilisation de logement provisoire, laplupart des 70 000 sinistrés qui y habitent encoredans les 14 communes de la préfecture, vontdevoir trouver une autre solution dans un an. Enraison de l’importance des dégâts, cette limitationde durée d’utilisation de logement provisoiren’est pas appliquée à la commune d’Ishinomaki,et depuis l’année dernière, l’administration pro-pose à ceux qui ne peuvent pas reconstruire leurmaison eux-mêmes, des logements sociauxpublics pour les sinistrés, qui sont loués à un loyermodéré (voir Zoom Japon n°38, mars 2014). Or, pour ceux dont le revenu est instable et les

Au bord du fleuve Kyû-Kitakami, l’ancien quartier résidentiel accolé au centre-ville. Cette cabane montre la hauteur de la future digue qui mesurera 6m.

Un des personnages du manga Cyborg 009 observe des travaux dans le centre-ville.

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personnes âgées qui habitaient toujours la maisonleur appartenant et qui n’ont pas l’habitude depayer un loyer, le refus à cette obligation soudainede payer un loyer est fort et le taux d’occupationde ces logements sociaux reste encore faible aubout d’un an. Face à cette situation, de nombreuxhabitants critiquent les sinistrés qui ont des fondsnécessaires, mais qui manquent d’autonomie.Evidemment, pour ceux qui ont perdu leur mai-son, des aides ont été accordées dans le cadre dubudget de reconstruction de même qu’un sys-tème de crédit gratuit ou un effacement des prêtsimmobiliers contractés pour leur maison avantle séisme. Mais malgré tout cela, puisque rien nerendra gratuitement la situation exactementpareille qu’avant le séisme, il est demandé, enprincipe, à chacun ses efforts pour rester auto-nome et être capable d’évoluer.En entrant dans l’étape de la renaissance, les plansd’aménagement de quartier se sont concrétisés,et depuis l’an dernier, des travaux ont débutédans certains quartiers. Prenant en exemple lecentre-ville d’Ishinomaki où les logements publicspour les sinistrés ont été construits ; les habitantset commerçants de la rue de la Mairie ont crééun “Comité de quartier”. Comme il s’agit d'éleverun quartier entièrement nouveau, avec lesconseils et les aides du bureau d’études d’amé-nagement urbain de l’Université Nationale deYokohama et d’une entreprise spécialisée implan-tée à Ishinomaki, ce comité a établi et présentéà la mairie un plan d'action concernant leséchanges entre anciens et nouveaux habitants,le confort de la vie quotidienne du quartier, lesanimations et la sécurité. Celui-ci devrait prendrefin en mars 2018. Mais pourquoi ce centre-ville d’Ishinomaki asubi de tels dégâts ? C’est parce qu’il n’y avait pasde digues le long du fleuve qui coule le long dela ville. Cette absence s’explique par le fait qu’his-toriquement, ce fleuve Kyû-kitakami faisait fonc-tion de port. Dès 2011, il a été décidé d’ériger

des digues de protection vers l’embouchure duKyû-kitakami comme moyen de sécurisation.Ces digues devraient avoir une hauteur maxi-mum est 8,7m, sur une longueur de 10 km envi-ron (10 km sur la rive droite, 9,1km sur la rivegauche). Le plan de construction des digues unefois acquis, la ville a organisé à plusieurs reprisesdes réunions d’explications auprès des habitants,et avançait le projet en tenant compte des aviset des demandes de chacun. Les travaux ont fina-lement débuté et, l’année prochaine, ces digues,sous l’aspect d’une promenade, devraient êtreachevées. Certes, face à un bouleversement totaldu paysage, il y a toujours des voix qui s’élèventpour critiquer. “On a l’impression de vivre entouréde murs”, “Ce serait encore plus dangereux de nepas pouvoir voir l’eau qui arrivera !”, etc.Concernant la zone côtière où les dégâts ont étéles plus importants, le déplacement groupé desquartiers d’habitation et la construction de brise-lames sont prévus. Le quartier de Minami-hama

qui fait face à la baie d’Ishinomaki, la plus prochedu centre-ville, n’est aujourd’hui qu’un vaste ter-rain vague, semblable à d'autres quartiers. Actuel-lement, les travaux de remblaiement y sont par-tiellement en cours. Le long de la mer dans cettezone où il y a eu le plus grand nombre de décèset les dégâts les plus importants, l’Etat et la pré-fecture projettent de créer un parc pour commé-morer toutes les victimes du séisme et s’y recueil-lir. Au nord, à l’intérieur des terres, se trouve lemont Hiyori, où beaucoup d’habitants s’étaientréfugiés. Au pied de cette montagne, se trouvaitl’école élémentaire Kadonowaki, où aucune vic-time n’a été dénombrée malgré le séisme, le tsu-nami et l'incendie grâce aux mesures d’évacuationqui avaient été prévues. A la fin de 2014, uncomité composé d’experts intérieurs et extérieursde la ville a proposé de conserver le bâtiment decette école aujourd’hui en ruine comme un mes-sage, une leçon pour le futur. Mais, parmi lessinistrés, certains ne désiraient plus voir cetteruine leur rappelant de douloureux souvenirs.Des voix se sont fortement élevées pour deman-der son démantèlement. En plus du démantèle-ment partiel et de l’entretien, 300 millions à unmilliard de yens seraient nécessaires pour uneconservation partielle ou totale. La décision resteen suspens. Compte tenu de la concentration des travaux dereconstruction en zone sinistrée, on a constatéque la main-d’œuvre et les matériaux de construc-tion viennent à manquer et que les prix augmen-tent. A cause de cela, les demandes d’offre pourles travaux publics ne fonctionnent pas et l’onobserve des retards dans l’avancement des travauxdéjà engagés qui se répercutent dans la recons-truction de la ville entière. Parallèlement à Tôkyô,de grands travaux se mettent en route pour lesJ.O. de 2020. Entre passé, présent et avenir, leJapon se doit désormais déployer ses vraies capa-cités d’opération.

KOGA RITSUKO

Des visiteurs viennent rendre hommage au quartier de Minami hama. Au fond à gauche, l’école élémentaire de Kadonowaki en ruine couverte de filets de protection.

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Un des rares bars ouverts, nommé “Résilience”

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personnes âgées qui habitaient toujours la maisonleur appartenant et qui n’ont pas l’habitude depayer un loyer, le refus à cette obligation soudainede payer un loyer est fort et le taux d’occupationde ces logements sociaux reste encore faible aubout d’un an. Face à cette situation, de nombreuxhabitants critiquent les sinistrés qui ont des fondsnécessaires, mais qui manquent d’autonomie.Evidemment, pour ceux qui ont perdu leur mai-son, des aides ont été accordées dans le cadre dubudget de reconstruction de même qu’un sys-tème de crédit gratuit ou un effacement des prêtsimmobiliers contractés pour leur maison avantle séisme. Mais malgré tout cela, puisque rien nerendra gratuitement la situation exactementpareille qu’avant le séisme, il est demandé, enprincipe, à chacun ses efforts pour rester auto-nome et être capable d’évoluer.En entrant dans l’étape de la renaissance, les plansd’aménagement de quartier se sont concrétisés,et depuis l’an dernier, des travaux ont débutédans certains quartiers. Prenant en exemple lecentre-ville d’Ishinomaki où les logements publicspour les sinistrés ont été construits ; les habitantset commerçants de la rue de la Mairie ont crééun “Comité de quartier”. Comme il s’agit d'éleverun quartier entièrement nouveau, avec lesconseils et les aides du bureau d’études d’amé-nagement urbain de l’Université Nationale deYokohama et d’une entreprise spécialisée implan-tée à Ishinomaki, ce comité a établi et présentéà la mairie un plan d'action concernant leséchanges entre anciens et nouveaux habitants,le confort de la vie quotidienne du quartier, lesanimations et la sécurité. Celui-ci devrait prendrefin en mars 2018. Mais pourquoi ce centre-ville d’Ishinomaki asubi de tels dégâts ? C’est parce qu’il n’y avait pasde digues le long du fleuve qui coule le long dela ville. Cette absence s’explique par le fait qu’his-toriquement, ce fleuve Kyû-kitakami faisait fonc-tion de port. Dès 2011, il a été décidé d’ériger

des digues de protection vers l’embouchure duKyû-kitakami comme moyen de sécurisation.Ces digues devraient avoir une hauteur maxi-mum est 8,7m, sur une longueur de 10 km envi-ron (10 km sur la rive droite, 9,1km sur la rivegauche). Le plan de construction des digues unefois acquis, la ville a organisé à plusieurs reprisesdes réunions d’explications auprès des habitants,et avançait le projet en tenant compte des aviset des demandes de chacun. Les travaux ont fina-lement débuté et, l’année prochaine, ces digues,sous l’aspect d’une promenade, devraient êtreachevées. Certes, face à un bouleversement totaldu paysage, il y a toujours des voix qui s’élèventpour critiquer. “On a l’impression de vivre entouréde murs”, “Ce serait encore plus dangereux de nepas pouvoir voir l’eau qui arrivera !”, etc.Concernant la zone côtière où les dégâts ont étéles plus importants, le déplacement groupé desquartiers d’habitation et la construction de brise-lames sont prévus. Le quartier de Minami-hama

qui fait face à la baie d’Ishinomaki, la plus prochedu centre-ville, n’est aujourd’hui qu’un vaste ter-rain vague, semblable à d'autres quartiers. Actuel-lement, les travaux de remblaiement y sont par-tiellement en cours. Le long de la mer dans cettezone où il y a eu le plus grand nombre de décèset les dégâts les plus importants, l’Etat et la pré-fecture projettent de créer un parc pour commé-morer toutes les victimes du séisme et s’y recueil-lir. Au nord, à l’intérieur des terres, se trouve lemont Hiyori, où beaucoup d’habitants s’étaientréfugiés. Au pied de cette montagne, se trouvaitl’école élémentaire Kadonowaki, où aucune vic-time n’a été dénombrée malgré le séisme, le tsu-nami et l'incendie grâce aux mesures d’évacuationqui avaient été prévues. A la fin de 2014, uncomité composé d’experts intérieurs et extérieursde la ville a proposé de conserver le bâtiment decette école aujourd’hui en ruine comme un mes-sage, une leçon pour le futur. Mais, parmi lessinistrés, certains ne désiraient plus voir cetteruine leur rappelant de douloureux souvenirs.Des voix se sont fortement élevées pour deman-der son démantèlement. En plus du démantèle-ment partiel et de l’entretien, 300 millions à unmilliard de yens seraient nécessaires pour uneconservation partielle ou totale. La décision resteen suspens. Compte tenu de la concentration des travaux dereconstruction en zone sinistrée, on a constatéque la main-d’œuvre et les matériaux de construc-tion viennent à manquer et que les prix augmen-tent. A cause de cela, les demandes d’offre pourles travaux publics ne fonctionnent pas et l’onobserve des retards dans l’avancement des travauxdéjà engagés qui se répercutent dans la recons-truction de la ville entière. Parallèlement à Tôkyô,de grands travaux se mettent en route pour lesJ.O. de 2020. Entre passé, présent et avenir, leJapon se doit désormais déployer ses vraies capa-cités d’opération.

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Des visiteurs viennent rendre hommage au quartier de Minami hama. Au fond à gauche, l’école élémentaire de Kadonowaki en ruine couverte de filets de protection.

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Un des rares bars ouverts, nommé “Résilience”

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Nous avons pris un taxi sous la pluie dansla ville d’Ishinomaki. Le chauffeur a mar-monné : “Ici, de la pluie, on n’en veut

plus”. D’après lui, après le séisme, les terrains sesont affaissés de 1,2 m au maximum à Ishinomaki.Aussi à la moindre pluie, les eaux débordent departout encore aujourd’hui. Comme cela, malgréquatre ans passés, la ville est confrontée encore àdivers problèmes empêchant ses citoyens d’avoirune vie comme avant, y compris dans leur cœur.Il est à craindre que des blessures demeurerontsans avoir été soignées. “Tout juste après le séisme,dans la confusion totale, on a beaucoup glorifié lapatience et le courage des habitants de la région duTôhoku qui ont fait face à la catastrophe en silence,mais en réalité, en taisant les souffrances subies, lesséquelles psychologiques sont prégnantes”, affirmeAKIYAMA Yuhiro, journaliste à l'Ishinomaki HibiShimbun. Nous avons alors interrogé TAKEUCHI

Hiroyuki, ancien journaliste, devenu directeurde “kizuna no eki” (Station de liaison), un lieucréé pour que les gens puissent se réunir et échan-ger (voir Zoom Japon, n°40, mai 2014). “Ceux quiviennent ici se lâchent et se plaignent. On entenddes mots qui ne sont pas sortis devant les journalistesavec leur calepin et leur crayon. Angoisses concernantla vie quotidienne, instabilité psychologique de ceuxdont les membres de la famille sont portés disparus.Ceux-ci ne peuvent être traités de la même manièreque les morts. Ces familles ne savent où se placerpsychologiquement. Il leur faudra faire le deuil àun moment donné. Ces jours-ci, je pense souvent auterme "syndrome post-traumatique". J'ai l'impressionque le nombre de personnes atteintes par ce genrede problèmes ne cesse d’augmenter. C’est très inquié-tant. A mon avis, on peut dire la même chose desenfants qui reçoivent une éducation qui les incite àêtre courageux sans se plaindre”. Mme ÔHTA Tomoko qui habite à Sendai, a créél’association “Kids Media Station” dans le butd’encourager la prise de parole de ces enfants, etde transmettre leurs messages plus largement dansle futur. A Ishinomaki, elle forme des “kodomokisha” (graines de journalistes). Les enfants se ren-dent sur les zones sinistrées pour réaliser desenquêtes et rédiger des articles en se basant surleurs propres impressions. Les frais nécessairessont pris en charge par diverses organisations sou-tenant la reconstruction ou par des dons indivi-duels ou d’entreprises. Peace Boat Center, actifsur place dès le début du séisme, accueille toujoursdes bénévoles de l’extérieur de la préfecture en les

mettant en contact avec les endroits qui le néces-sitent. Depuis octobre 2011, cette associationpublie aussi le bimensuel Kasetsu Kizuna Shimbun(Journal de liaison des habitants des logementsprovisoires) afin de fournir des informations auxhabitants de logements provisoires. Le journal yest distribué directement et donné de la main àla main en les sortant ainsi de leur isolement eten prévention des suicides. Les dépenses sont assu-rées par de rares publicités des commerçants duquartier et une subvention de l’association amé-ricaine, AmeriCares.

L’association Mirai Sapôto Ishinomaki (Supportpour le futur Ishinomaki) a mis en place au cen-tre-ville Tsunagu-kan (Maison des souvenirs àtransmettre) où ils exposent des panneaux mon-trant l’état des sinistres, et organisent des ren-contres pour écouter des sinistrés raconter leursexpériences personnelles. Ils ont aussi développé

ZOOM DOSSIER

RENCONTRE A fleur de peauLes blessures liées à la catastropherestent vives. Il faut les soigner pourtourner la page.

une application pour smartphones et tablettesavec laquelle l’on peut voir les dégâts causés parle sinistre et découvrir le passé, le présent et lefutur d’Ishinomaki ; l’utilisateur peut se prome-ner en regardant la photo au moment du sinistrede chaque coin de la ville. Mais le futur de leursactivités est incertain. “Les activités de ce lieu sontfinancées par des subventions. Une fois la périodede reconstruction intensive passée, la pérennitéfinancière n’est pas assurée. De plus, il y a des gensqui sont contre le fait que le séisme devienne l’objetde tourisme. Nous, nous pensons simplement queces activités sont nécessaires pour préserver des vieshumaines”, raconte NAKAGAWA Masaharu, lereprésentant de cette organisation, qui est arrivéici de Kyôto comme bénévole et qui est toujourslà. Après le séisme, la ville a accueilli au total 280 000bénévoles en un an. Malgré la situation chaotiquedu début, un système d’aide supérieur s’est misen place très tôt. C’est le résultat d’une collabo-ration étroite entre l’administration (y comprisles Forces d’autodéfense), le Centre de Bénévolatqui accueillait les volontaires individuels et leComité de coordination des associations en plusde l’Université d’Ishinomaki Senshû qui a offertses locaux comme base d’activités de bénévoles. Aujourd’hui, dans les zones sinistrées, il y a encoredes habitants qui vivent dans l’angoisse à caused’une vie quotidienne précaire. Tout autour decela, des gens travaillent pour l’avenir de ce lieucomme nous venons de voir, le pays qui définitle budget, et les communes qui ajustent entre cesparties. Pour que la renaissance puisse avoir lieudans les meilleures conditions, il est indispensableque toutes les parties tissent des liens forts visantle même but, sans oublier de veiller sur ce qui estinvisible. KOGA RITSUKO

A la Maison des souvenirs, témoignages de la gravité de la catastrophe subie en mars 2011.

Peace Boat Center accueille encore des bénévoles

venant de différentes régions de l’archipel.

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Quand un Japonais aide quelqu’un, il utilise l’ex-pression “Otagaïsama” pour éviter de blesser etde gêner les personnes à qui on apporte son sou-tien, une façon de dire “Face aux difficultés, noussommes tous dans la même galère”. De cetteexpression pleine de chaleur et de gentillesse, onressent la multiplicité de liens humains qui nousréconfortent les uns les autres. Après le terrible séisme qui a frappé l’est duJapon, la ville d’Ishinomaki totalement anéantie,a reçu, du monde entier, une aide précieuse. Tousces soutiens ont encouragé les habitants en leurfaisant espérer un lendemain meilleur. Si laFrance a dépêché des équipes de secours et nousa fait parvenir une aide financière ainsi que dumatériel et de la nourriture, etc. c’est le matérield’ostréiculture qui a représenté, pour lespêcheurs, un soutien on ne peut plus stimulant.

Avec une production d’huîtres en 2012 d’environ160 000 tonnes, le Japon se situe au 4ème rangmondial. La France qui en a produit environ80 000 tonnes se place au 5ème rang. La préfec-ture de Miyagi où se situe la ville d’Ishinomakiest l’un des principaux lieux de production d’huî-tres. Ses larves, réputées pour leur excellente qua-lité, fournissent aussi bien le marché intérieurque l’international. Si les habitants d’Ishinomaki et les Français par-tagent en commun l’amour des huîtres, ce n’estpas seulement en tant que consommateurs maisbien davantage. Ils partagent une histoire… desolidarité en tant que producteurs. Dans lesannées 1960/70, alors qu’une épidémie décimaitles huîtres françaises, ce sont les huîtres d’Ishi-nomaki qui ont sauvé les producteurs français. A cause d’une épidémie, l’Ostrea edulls qui occu-pait pratiquement 100 % du marché français àcette époque a failli disparaître à cause d’une épi-démie. Les producteurs français étaient partisdans le monde entier à la recherche d’une huître

JAPON-FRANCE Un esprit bien partagé

Les huîtres d’Ishinomaki ont étéexportées en France au moment où uneépidémie décimait ses parcs ostréicoles.

pouvant la remplacer et c’est finalement au Japonqu’ils l’ont trouvé. Ils ont surtout découvert quela Grassostra gigas cultivée dans la région duTôhoku, notamment à Ishinomaki, était trèsrésistante à la maladie.Si en France, fière de sa tradition ostréicole, l’in-troduction d’une espèce étrangère a pu susciterun vif débat, finalement, la décision a été prised’importer la Grassostra gigas sauvegardant ainsisa production et sa culture culinaire.Ces huîtres dont l’ADN puise son origine dansles fortes houles des côtes à rias d’Ishinomaki ontpris aussi racine dans les mers françaises. Songoût a séduit le palais des Français et dans lesannées 80, 99% des huîtres vendues sur le marchéfrançais étaient d’origine japonaise.Depuis que l’épidémie touchant les huîtres enFrance sévissait tous les dix ans, ce sont les larvesde la préfecture de Miyagi, notamment cellesd’Ishinomaki qui ont été importées. C’est ainsi qu’en 2011 alors que les formalitésdouanières s’achevaient et que les larves étaient

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Les ostréiculteurs d’Ishinomaki ont repris l’élevage d’huîtres grâce au soutien de producteurs français.

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8 ZOOM JAPON numéro 48 mars 2015

ZOOM DOSSIER

Quand un Japonais aide quelqu’un, il utilise l’ex-pression “Otagaïsama” pour éviter de blesser etde gêner les personnes à qui on apporte son sou-tien, une façon de dire “Face aux difficultés, noussommes tous dans la même galère”. De cetteexpression pleine de chaleur et de gentillesse, onressent la multiplicité de liens humains qui nousréconfortent les uns les autres. Après le terrible séisme qui a frappé l’est duJapon, la ville d’Ishinomaki totalement anéantie,a reçu, du monde entier, une aide précieuse. Tousces soutiens ont encouragé les habitants en leurfaisant espérer un lendemain meilleur. Si laFrance a dépêché des équipes de secours et nousa fait parvenir une aide financière ainsi que dumatériel et de la nourriture, etc. c’est le matérield’ostréiculture qui a représenté, pour lespêcheurs, un soutien on ne peut plus stimulant.

Avec une production d’huîtres en 2012 d’environ160 000 tonnes, le Japon se situe au 4ème rangmondial. La France qui en a produit environ80 000 tonnes se place au 5ème rang. La préfec-ture de Miyagi où se situe la ville d’Ishinomakiest l’un des principaux lieux de production d’huî-tres. Ses larves, réputées pour leur excellente qua-lité, fournissent aussi bien le marché intérieurque l’international. Si les habitants d’Ishinomaki et les Français par-tagent en commun l’amour des huîtres, ce n’estpas seulement en tant que consommateurs maisbien davantage. Ils partagent une histoire… desolidarité en tant que producteurs. Dans lesannées 1960/70, alors qu’une épidémie décimaitles huîtres françaises, ce sont les huîtres d’Ishi-nomaki qui ont sauvé les producteurs français. A cause d’une épidémie, l’Ostrea edulls qui occu-pait pratiquement 100 % du marché français àcette époque a failli disparaître à cause d’une épi-démie. Les producteurs français étaient partisdans le monde entier à la recherche d’une huître

JAPON-FRANCE Un esprit bien partagé

Les huîtres d’Ishinomaki ont étéexportées en France au moment où uneépidémie décimait ses parcs ostréicoles.

pouvant la remplacer et c’est finalement au Japonqu’ils l’ont trouvé. Ils ont surtout découvert quela Grassostra gigas cultivée dans la région duTôhoku, notamment à Ishinomaki, était trèsrésistante à la maladie.Si en France, fière de sa tradition ostréicole, l’in-troduction d’une espèce étrangère a pu susciterun vif débat, finalement, la décision a été prised’importer la Grassostra gigas sauvegardant ainsisa production et sa culture culinaire.Ces huîtres dont l’ADN puise son origine dansles fortes houles des côtes à rias d’Ishinomaki ontpris aussi racine dans les mers françaises. Songoût a séduit le palais des Français et dans lesannées 80, 99% des huîtres vendues sur le marchéfrançais étaient d’origine japonaise.Depuis que l’épidémie touchant les huîtres enFrance sévissait tous les dix ans, ce sont les larvesde la préfecture de Miyagi, notamment cellesd’Ishinomaki qui ont été importées. C’est ainsi qu’en 2011 alors que les formalitésdouanières s’achevaient et que les larves étaient

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Les ostréiculteurs d’Ishinomaki ont repris l’élevage d’huîtres grâce au soutien de producteurs français.

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sur le point d’être expédiées en France, le 11mars, est survenue la catastrophe. Les tsunamisont déferlé sur les côtes en détruisant tout. Laville d’Ishinomaki où les dégâts ont été les plusimportants, 3176 habitants ont perdu la vie et425 ont été portés disparus. De plus, beaucoupde personnes ont perdu à peu près tout ce qu’ilspossédaient: leur maison, leur bateau et leur ins-tallation ostréicole en mer…A Ishinomaki, ce sont souvent des gens âgés quiétaient ostréiculteurs. Après avoir perdu leurbateau et tout leur matériel, beaucoup renoncè-rent à reprendre la production d’huîtres. Le gouvernement français et les producteurs fran-çais leur ont tendu la main. Des producteurs dusud de la France, eux aussi, les ont rejoints “Nousdevons beaucoup aux gens de Miyagi qui nous onttant aidés pour l’importation des larves”. Diversesassociations des deux pays avaient collaboré avecces gens, c’est ainsi que des fonds et du matérielont pu être offerts sous diverses formes aux pro-ducteurs et aux laboratoires de recherches.Parmi ces institutions, la société franco japo-naise d’océanographie a offert au Centre destechniques de production maritime de Miyagi,des microscopes stéréo et bio-microscopes uti-lisés pour des études de larves indispensables àl’ostréiculture. Ces matériels sont arrivés àtemps, juste avant le début du ramassage deslarves qui se fait pendant la courte période d’été.Cela a grandement facilité la reprise des culturesd’huîtres.Le local de la Coopérative industrielle de pêchede la préfecture de Miyagi a reçu, dans le cadredu “Projet français Merci Miyagi”, des cordesservant à construire des radeaux d’élevage. Sesmembres se souviennent “Cela a été une aide vrai-ment précieuse d’avoir reçu ce dont on avait le plusbesoin, alors que l’on n’avait plus rien après leséisme”. Et ils remercient les Français “Si on n’étaitpas arrivé pas à reprendre l’élevage d’huîtres, beau-coup d’entre nous auraient sûrement renoncé àvivre de la mer et on ne serait pas arrivé au mêmeniveau de reconstruction que maintenant”. Un pêcheur d’Ishinomaki raconte : “ Je ne suisjamais allé en France et je n’ai jamais rencontréde Français, mais je sais que dans ce pays lointain,il y a des gens qui élèvent des huîtres comme moiet qui en mangent et les apprécient. Ils nous ontaidés lors du séisme, c’est pourquoi je vais m’efforcerà faire renaître l’élevage japonais d’huîtres pourrépondre à leur générosité” . Tout en pensant auxcamarades français à 9000 km d’ici, son regardse porte sur l’horizon lointain tout en esquissantun sourire.En repensant à l’expression “ Face aux difficultés,nous sommes tous dans la même galère”, on peutdire aujourd’hui qu’une culture culinaire entrenos deux pays a bien pris forme.

AKIYAMA YUHIRO

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Larves d’huîtres offertes par la France après le séisme

passent au microscope.

Fin septembre, les familles d’ostréiculteurs prélèvent de leur coquille les huîtres, une à une.

Chaque été, c’est le début des préparatifs : les

larves sont  fixées sur les coquilles Saint-Jacques.

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I l aura fallu quatre ans, quatre longues annéespour que les lignes JR Ishinomaki et Sensekisoient enfin rétablies et que les habitants

puissent à nouveau croiser la silhouette familièredu train et entendre le bruit si particulier de sonpassage sur les rails. Un signal fort pour une po-pulation qui avait fini par douter de la bonnevolonté de l’ancienne société publique ferroviaire,d’autant qu’à quelques dizaines de kilomètresde là, une autre ligne exploitée par la toute petitecompagnie Sanriku Tetsudô a réussi à remettreen service ses deux tronçons Kita Riasu (71 kmentre Kiji et Miyako) et Minami Riasu (36,6 kmentre Kamaishi et Sakari) bien avant le géant JREast qui a traîné des pieds pour entreprendreles travaux indispensables à une reprise normaledu trafic sur l’ensemble de ses deux lignes gran-dement endommagées lors du séisme et du tsu-nami du 11 mars 2011. A l’instar du réseau de la Sanriku Tetsudô, leslignes Ishinomaki et Senseki ont la particularitéd’avoir été construites le long de la côte, offrantainsi aux passagers des paysages uniques d’unegrande beauté. Mais cette proximité avec la merleur a été fatale dans les minutes qui ont suivi leterrible tremblement de terre d’il y a quatre ans.La déferlante, qui a balayé le nord-est de l’archipel,a emporté les rails, les ouvrages d’art et la plupartdes gares, laissant derrière elle le chaos et ladésolation. A Onagawa, terminus de la ligne Ishi-nomaki, bon nombre de Japonais ont gardé enmémoire l’image de ce train retourné et cabosséque la puissante vague a transporté sur plusieurscentaines de mètres avant de le laisser reposersur des tombes à flanc de colline. Cela sonnaitsymboliquement comme la mort du train danscette région. Or la disparition du chemin de fer est synonymede la condamnation à terme de la région elle-même. C’est la raison pour laquelle, un peu plusau nord d’Onagawa, les responsables de la SanrikuTetsudô n’ont pas pu se résoudre à abandonnerleurs deux tronçons. Quelques jours après la ca-tastrophe de 2011, ils avaient réussi à remettre enservice avec les moyens du bord une portion de11 km, provoquant une vive émotion au sein dela population. “Cela m’a autant bouleversé que leretour des premiers tramways, à Hiroshima, troisjours après l’atomisation de la ville”, a d’ailleursécrit le professeur HARA Takeshi, de l’universitéMeiji Gakuin, à Tôkyô, dans un ouvrage consacréaux trains et aux séismes. Et quand en avril 2014,

l’ensemble des deux tronçons ont enfin été rétablis,c’est l’ensemble du Japon qui a célébré ce retour àla normale. Il faut dire que le chemin de fer estimportant sur le plan touristique, mais qu’il estessentiel dans la vie quotidienne de la populationlocale composée de nombreuses personnes âgées.La mise en place de bus de substitution n’a pasété perçue comme une solution viable à longterme par les habitants. L’irrégularité du traficroutier, les conditions météorologiques parfoistrès dures dans cette région sont autant de bonnesraisons pour amener JR East à se lancer enfin

AVENIR La bataille du rail a été gagnéeQuatre ans après le tsunami qui a toutemporté y compris les trains, leur remiseen service suscite l’enthousiasme local.

dans les travaux de remise en service des deuxlignes dans leur ensemble. Leur réouverture complète au printemps 2015est une extraordinaire nouvelle, car elle est perçuecomme la véritable expression d’une volonté detourner la page après quatre années de tergiver-sations qui n’ont pas favorisé la reconstructionde cette région meurtrie par le déchaînementde la nature. Le retour du train signifie que l’onpeut de nouveau envisager de s’installer. A Ona-gawa, par exemple, la disparition de la gare n’apas incité à la reprise des constructions de loge-

Le 11 mars 2011, à Onagawa. Le train n’a pas fait le poids face à la terrible déferlante.

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Le retour de train est un tournant dans la phase de reconstruction de la région.

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I l aura fallu quatre ans, quatre longues annéespour que les lignes JR Ishinomaki et Sensekisoient enfin rétablies et que les habitants

puissent à nouveau croiser la silhouette familièredu train et entendre le bruit si particulier de sonpassage sur les rails. Un signal fort pour une po-pulation qui avait fini par douter de la bonnevolonté de l’ancienne société publique ferroviaire,d’autant qu’à quelques dizaines de kilomètresde là, une autre ligne exploitée par la toute petitecompagnie Sanriku Tetsudô a réussi à remettreen service ses deux tronçons Kita Riasu (71 kmentre Kiji et Miyako) et Minami Riasu (36,6 kmentre Kamaishi et Sakari) bien avant le géant JREast qui a traîné des pieds pour entreprendreles travaux indispensables à une reprise normaledu trafic sur l’ensemble de ses deux lignes gran-dement endommagées lors du séisme et du tsu-nami du 11 mars 2011. A l’instar du réseau de la Sanriku Tetsudô, leslignes Ishinomaki et Senseki ont la particularitéd’avoir été construites le long de la côte, offrantainsi aux passagers des paysages uniques d’unegrande beauté. Mais cette proximité avec la merleur a été fatale dans les minutes qui ont suivi leterrible tremblement de terre d’il y a quatre ans.La déferlante, qui a balayé le nord-est de l’archipel,a emporté les rails, les ouvrages d’art et la plupartdes gares, laissant derrière elle le chaos et ladésolation. A Onagawa, terminus de la ligne Ishi-nomaki, bon nombre de Japonais ont gardé enmémoire l’image de ce train retourné et cabosséque la puissante vague a transporté sur plusieurscentaines de mètres avant de le laisser reposersur des tombes à flanc de colline. Cela sonnaitsymboliquement comme la mort du train danscette région. Or la disparition du chemin de fer est synonymede la condamnation à terme de la région elle-même. C’est la raison pour laquelle, un peu plusau nord d’Onagawa, les responsables de la SanrikuTetsudô n’ont pas pu se résoudre à abandonnerleurs deux tronçons. Quelques jours après la ca-tastrophe de 2011, ils avaient réussi à remettre enservice avec les moyens du bord une portion de11 km, provoquant une vive émotion au sein dela population. “Cela m’a autant bouleversé que leretour des premiers tramways, à Hiroshima, troisjours après l’atomisation de la ville”, a d’ailleursécrit le professeur HARA Takeshi, de l’universitéMeiji Gakuin, à Tôkyô, dans un ouvrage consacréaux trains et aux séismes. Et quand en avril 2014,

l’ensemble des deux tronçons ont enfin été rétablis,c’est l’ensemble du Japon qui a célébré ce retour àla normale. Il faut dire que le chemin de fer estimportant sur le plan touristique, mais qu’il estessentiel dans la vie quotidienne de la populationlocale composée de nombreuses personnes âgées.La mise en place de bus de substitution n’a pasété perçue comme une solution viable à longterme par les habitants. L’irrégularité du traficroutier, les conditions météorologiques parfoistrès dures dans cette région sont autant de bonnesraisons pour amener JR East à se lancer enfin

AVENIR La bataille du rail a été gagnéeQuatre ans après le tsunami qui a toutemporté y compris les trains, leur remiseen service suscite l’enthousiasme local.

dans les travaux de remise en service des deuxlignes dans leur ensemble. Leur réouverture complète au printemps 2015est une extraordinaire nouvelle, car elle est perçuecomme la véritable expression d’une volonté detourner la page après quatre années de tergiver-sations qui n’ont pas favorisé la reconstructionde cette région meurtrie par le déchaînementde la nature. Le retour du train signifie que l’onpeut de nouveau envisager de s’installer. A Ona-gawa, par exemple, la disparition de la gare n’apas incité à la reprise des constructions de loge-

Le 11 mars 2011, à Onagawa. Le train n’a pas fait le poids face à la terrible déferlante.

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Le retour de train est un tournant dans la phase de reconstruction de la région.

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ments dans la mesure où la demande était faiblefaute de transports en commun dignes de cenom. Avec un service de train fonctionnantnormalement, la physionomie de toutes les villesconcernées – higashi-matsushima, ishinomakiou encore Onagawa pour n’évoquer que les prin-cipales – va changer et bon nombre d’entre ellesvont connaître un regain d’activités. Le réta-blissement complet de ces deux lignes marquecomme la fin d’une longue période de convales-cence après un grave accident. il faut maintenantfaire en sorte d’effacer les cicatrices encore nom-breuses. “Grâce à cela, Ishinomaki va pouvoiraller de l’avant”, confie YOShidA Azusa, jeuneenseignante, pour qui l’absence de train pendanttoutes ces années a été vécue comme un cauche-mar. Faisant ses études à Sendai, la jeune femmea rencontré pas mal de difficultés pour se déplacer.Prévue pour juin, la reprise du service normalsur les 50,2 km de la ligne Senseki est un tournantcar désormais il faudra à peine une heure pourrelier Sendai à ishinomaki. Un changement qui réjouit SASAKi Kazuo, lechef de gare d’ishinomaki nommé à ce poste enjuin 2014. Pour lui, il ne fait aucun doute que laville a tout à gagner de ce retour à la normale.“On passe de la phase de reconstruction à celle dudéveloppement”, assure-t-il. Pour celui qui s’estaussi occupé de la promotion de la région au seinde JR, la remise en service des deux lignes devraitagir comme “un accélérateur pour le tourisme”.“Jusqu’à présent, il était très difficile de fixer la po-pulation et d’accroître les activités. Le train va per-mettre de redynamiser les échanges et apporter dusang neuf”, explique-t-il avec confiance. “Il estévident que la reprise du service va attirer l’attentiondes médias nationaux sans parler de celle des opé-rateurs touristiques. Et cela va avoir pour conséquenced’attirer les gens”, ajoute-t-il. SASAKi Kazuo a sansdoute en tête l’extraordinaire engouement provoquépar la réouverture de deux tronçons de la SanrikuTetsudô en avril dernier. Célèbre pour la qualitéde ses fruits de mer et son musée consacré aumangaka iShinOmORi Shôtarô, la ville d’ishinomakidispose de nombreux atouts pour satisfaire lesgourmets et les curieux. Ce n’est pas Ôhmi Kôichi qui dira le contraire.Le patron du quotidien Ishinomaki Hibi Shimbuns’est beaucoup investi depuis les tragiques évé-nements de mars 2011 pour redonner à sa régiontoute sa vigueur. La remise en service du tronçonde la ligne ishinomaki entre Onagawa et ishi-nomaki est, à ses yeux, fondamentale pour sortircette partie de la région de l’isolement danslequel elle a été plongée après le passage dutsunami meurtrier. “C’est un projet qui vise à ré-générer une zone qui a perdu 80 % de ses habitants”,confie-t-il. “Onagawa est à la fois le terminus etle point de départ de cette ligne de train, ce qui luidonne une importance capitale”. Confiant dans

le potentiel de sa ville, il évoque les chantiers àvenir et les transformations que cela va lui ap-porter. Autour de la gare d’Onagawa imaginéepar l’architecte BAn Shigeru qui sera inauguréele 21 mars, de nombreux projets sont déjà encours. Le fait que le lauréat du prix Pritzker2014 soit le maître d’œuvre de ce bâtiment estaussi très important puisqu’il a été très impliquédans la construction de logements d’urgencedans cette ville (voir Zoom Japon, n°19, avril 2012).C’est en quelque sorte une continuité logique à la-quelle on assiste aujourd’hui. La plupart de ceuxqui veulent redonner son souffle à la ville souhaitent

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qu’elle puisse s’appuyer sur ses points forts. “La dé-cision de ne pas créer de remblai susceptible de gâcherle paysage est une bonne chose”, estime Ôhmi Kôichi,en montrant la magnifique vue sur la baie.“Puisque tous les terrains faisant face à la mer ap-partiennent désormais à la mairie, il a été décidéde créer un chemin d’une quinzaine de mètres delargeur qui permettra aux voyageurs sortant de lagare de se rendre directement sur le front de meroù ils pourront trouver une zone commerciale etun parc”, explique-t-il. il s’est battu pour qu’Ona-gawa ne connaisse pas le sort d’autres citéstouchées par le séisme, mais dont la reconstructiona été confiée à des bureaucrates sans imagination.“L’urbanisme n’est pas une affaire de bureaucrates.Si les gens qui ont la possibilité de changer leschoses ne le font pas, alors il ne se passera rien”,assure le patron de l’Ishinomaki Hibi Shimbunqui se félicite de ne pas avoir connu ce destin àOnagawa. Jouxtant la gare, un complexe thermalbaptisé Yuppopo va aussi voir le jour tandis qu’àl’automne 2015 la rue commerçante devrait êtretotalement achevée pour permettre à la populationet aux touristes de profiter des excellents poissonset fruits de mer pêchés dans la baie. On peut donc être sûr que l’inauguration officiellede la ligne ishinomaki sera saluée par des larmesde joie comme cela avait été le cas, l’an dernier,avec la réouverture des deux tronçons de laSanriku Tetsudô. Le train possède encore unextraordinaire pouvoir d’émotion. Et ceux d’entrevous qui pourront emprunter ces lignes ne man-queront pas de le remarquer, rien qu’en contem-plant les paysages qu’il traverse dans cette partiesi belle du Japon.

ODAIRA NAMIHEI & HIRAI MICHIKO

ÔHMI Kôichi s’est beaucoup investi pour qu’Onagawa présente un nouveau visage et puisse revivre.

La pose de nouveaux rails ouvre des perspectives.

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ZOOM CULTURE

h uMEuR par KOga Ritsuko

je rêvais de me balader dans Paris comme dansmon jardin. il ne s'agissait non seulement d'y mar-cher avec un chien parisien jusque dans les super-marchés, mais aussi de maîtriser les transports encommun. La 1ère étape : la promenade dans Parisn'était pas très compliquée et encore aujourd'hui,je ne m'y perds presque jamais grâce aux ruesportant chacune un nom, ce qui n'existe pas aujapon. La 2ème étape : le métro. Pas compliquénon plus, sauf la première fois, quand on ne saitpas comment ouvrir une porte qui n'est pas auto-matique. La 3ème étape est de prendre le busqui, lui, demande un vrai savoir-faire. avant departir vers une nouvelle destination, je metschaque fois 20 min pour vérifier l'itinéraire du bus.De plus, jamais tranquille dans le bus, il faut restervigilante pour ne pas louper l'arrêt où descendre.Pour me rassurer, un jour jeme suis dit que, même si jeloupe quoi que ce soit, je nevais pas me retrouver en Rus-sie, les bus restent dans Paris.cette philosophie marche sibien que je suis aujourd'huicomplètement autonome, ycompris dans l'utilisation dutram et du RER, sauf lors de nombreux incidentstechniques, interruptions à cause de colis suspectset grèves liées à des mouvements sociaux. Pouréviter ces soucis, le Vélib’ est un bon choix. c’estun luxe de se déplacer à vélo en regardant Paris,cette ville touristique la plus visitée du monde. En même temps, la balade parisienne cache undanger. certes, depuis toujours nous, les japonais,sommes les premières victimes des pickpocketset ça m'est arrivé suffisamment de fois pour m’enprévenir. Pourtant, ces derniers temps le dangers’est aggravé : deux amis proches ont été braquéstrès violemment par des voleurs. un ami dans savoiture s’est battu contre deux agresseurs ayantbrisé la vitre, a eu le nez cassé. Derrière l’Opéra,une amie a été entourée et physiquement frappéepar 4 filles voulant lui arracher son sac. Pour lapremière fois de ma vie, à Paris, je ressens unecertaine crainte. Me promener avec un gros chienparisien serait-il finalement le meilleur choix ?

L'art de la balade parisienne

MusiquE Fujikura Daiensoleille Paris “J’ai toujours voulu écrire un opéra.

L’opéra, c’est l’occasion idéale de créer,

grâce à la musique, un univers dans son

entier – une utopie, en somme – et y

raconter une histoire. C’est une forme

d’évasion du réel”, affirme FUJIKURA Dai

qui offre au Théâtre des Champs-

Elysées sa dernière œuvre, Solaris.

Adapté du roman de Stanislas Lem, le

maître polonais de la littérature de

science-fiction, cet opéra est une

occasion unique de découvrir le grand

talent de ce musicien hors-norme qui

bénéficie pour cette création mondiale

du soutien artistique de Nicolas Riche

pour la partie dansée, de TESHIGAWARA

Saburô à la mise en scène et Erik

Nielsen à la direction musicale. Excusez

du peu. On ne peut être que tenté

d’aller découvrir comment FUJIKURA Dai

a choisi d’aborder cette quête éternelle

de l’homme à mieux se connaître pour

en savoir plus sur le monde qui

l’entoure. Un programme alléchant.

Solaris, opéra de FujiKuRa Dai, mis en scène

par tEshigawaRa saburô. création mondiale

au théâtre des champs-Elysées les 5 et 7

mars à 19h30. Opéra de Lille les 24, 26 et 28

mars. tarifs de 5 à 110 €.

Réservations : 01 49 52 50 50 ou

www.theatrechampselysees.fr

EXPOsitiOn Des dessins etdes motsYamauchi Johji a côtoyé et travaillé

avec les plus grands mangaka. De

TEZUKA Osamu à ISHINOMORI Shôtarô, il

les connaît tous. Mais ce dessinateur

est avant tout un créateur des “mots-

images”, ces illustrations créées à

partir de mots et de dessins

mélangés. Outre une conférence, il

animera des ateliers le 25 et le 28

mars (14h-16h). A ne pas manquer du

24 mars au 4 avril.

Maison de la culture du Japon à Paris

101 bis, quai Branly 75015 Paris

Du mardi au samedi de 12h à 19h

nocturne le jeudi jusqu’à 20h

Manga Coup de froidVedette de ce début d’année, avec la

grande exposition

qui lui est consacrée

à Angoulême,

TANIGUCHI Jirô

bénéficie d’une

actualité éditoriale

soutenue. Ice Age

Chronicle of the Earth

en est l’illustration

chez Kana. Une belle réflexion

concernant les effets de la technologie

sur la nature. Publiée à la fin des

années 1980, cette œuvre met en

évidence tout le talent du mangaka.

Ice Age Chronicle of the Earth, de TAnIguChI

Jirô, Kana, coll. Made in, Vol. 1, 18 €.

Kaw

au

ch

iRi

nko

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Page 13: Zoom Japon 048

decembre2014_zoom_japon 25/11/14 15:36 Page15

RESTAURANT JAPONAIS

Ouverts tous les jours de 11h30 à 22h30 M

M

Palais RoyalMusée du Louvre

Palais RoyalMusée du Louvre

PyramidesPyramides

MQuatre-SeptembreQuatre-Septembre

MOpéraOpéra

rue

Rich

elie

u

av. de l’Opéra

rue de Rivoli

rue St.-Honoré

bd. des Italiens

rue

Ste.

-Ann

e

rue des Petites-Champs

27, Bd des Italiens 2e ParisTél. 01 40 07 11 81

Bd des Italiens

32 bis, rue Sainte Anne 1er ParisTél. 01 47 03 38 59

Sainte Anne

163, rue Saint-Honoré 1er ParisTél. 01 58 62 49 22

Saint-Honoré

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zOOm cuLtuRe

L orsqu’on évoque la Nouvelle vague japo-naise, irrémédiablement le nom d’ÔShIMa

Nagisa est prononcé. Mais lorsqu’on de-mande de citer un de ses films, la plupart dutemps, on n’échappe pas à L’Empire des sens (Aino korîda, 1979) ou à Furyo (Senjô no meri kuri-sumasu, 1983), deux longs-métrages qui ont donnéau cinéaste japonais l’occasion de faire la carrièreinternationale que ses premiers films ne lui avaientpas permis. Si les plus cinéphiles d’entre nousconnaissent Contes cruels de la jeunesse (Seishunzankoku monogatari, 1960) dont les deux person-nages principaux extorquent de l’argent à des au-tomobilistes naïfs attirés par l’héroïne et qui fut lepremier succès japonais d’ÔShIMa à la Shôchiku,les autres réalisations du cinéaste ne bénéficientpas de la même notoriété en dehors des frontièresde l’archipel même si l’on a pu découvrir par lepassé certaines d’entre elles comme Nuit et brouillardau Japon (Nihon no yoru to kiri). Sorti la mêmeannée, il fit scandale, car le réalisateur s’attaquaitde front à la politique du gouvernement et sadécision de renouveler le traité de sécurité nippo-américain. retiré des salles quatre jours après samise en exploitation par les dirigeants de la Shôchiku,ÔShIMa Nagisa décida de quitter le studio pourcréer sa propre société de production afin de

Osh

ima

Prod

uctio

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HOMMAGE L’événement Oshima nagisaZoom Japon est partenaire de la sortie du coffret proposant 9 films du maître et de sa rétrospective à la Cinémathèque.

pouvoir mener sa carrière comme bon lui semblaitet s’attaquer à tous les sujets tabous de la société ja-ponaise. Dans un pays en pleine agitation politique,ses films ne passent pas inaperçus, suscitant l’en-thousiasme des uns et l’irritation des autres. C’estune partie de ces films moins connus, voire inconnusdu public français que Carlotta a réunis dans uncoffret que tout nippo-cinéphile se doit de posséder.outre les chefs-d’œuvre que sont La Pendaison(Kôshikei, 1968), Le Petit garçon (Shônen, 1969)et La Cérémonie (Gishiki, 1971) – aussi disponiblesen éditions individuelles –, ce formidable ensemblede neuf films du maître décédé en 2013 proposeplusieurs pépites qu’il sera aussi possible de voirsur grand écran pendant la rétrospective organiséeà la Cinémathèque française. C’est l’occasion deféliciter à nouveau cette noble institution qui,depuis quelques années, a choisi de rendre hommageau cinéma nippon. Parmi les trésors peu connus

RéféRencescoffret nagisa Oshima, 6 DVD et 3 Blu-Raycontenant 9 films restaurés. Le Petit garçon, Lapendaison et La Cérémonie sont égalementdisponibles sous forme de DVD individuels. 60,19 € le coffret ou 19,99 € le DVD.Rétrospective intégrale nagisa Oshima, du 4 marsau 2 mai à la cinémathèque française. Plus d’informations sur www.cinematheque.fr.

du coffret édité par Carlotta sous la précieuse di-rection de Mathieu Capel dont les présentationsapportent un souffle nouveau à la critique ciné-matographique sur le Japon, on peut citer Journaldu voleur de Shinjuku (Shinjuku dorobô nikki,1968), un pur moment de plaisir au cours duquelle cinéaste fait la démonstration de son inventivité.C’est aussi un formidable documentaire sur cequartier qui était à l’époque le haut lieu de lacontestation. Il y a aussi Carnets secrets des ninjas(Ninja bugeichô, 1967) dont la particularité estd’être un montage d’un manga très populairepublié par ShIrato Sanpei entre 1959 et 1962.Un film tout à fait original qui met en évidencel’esprit créatif d’ÔShIMa, mais aussi tout le talentdu mangaka qui faisait alors le bonheur de Garo,l’un des magazines les plus innovants du moment(voir Zoom Japon, n°43, septembre 2014).

GABRIEL BERNARD

Le Petit garçon (Shônen) qu’ÔSHIMA a réalisé en 1969.

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zoom cuLTuRe

Y uMEMAkurA Baku est l’un des auteursles plus populaires du Japon. Son travaila souvent été influencé par ses voyages

et ses activités personnelles comme les arts martiaux.Bon nombre de ses œuvres ont été adaptées sousforme de manga. Nous l’avons rencontré pourévoquer son intérêt pour la bande dessinée et sesrelations avec TANIguChI Jirô qui a adapté LeSommet des dieux (éd. kana).

J’ai lu quelque part que dès l’âge de 10 ansvous aviez décidé d’être écrivain.YUMEMAKURA Baku : En effet, mais l’écritureétait une des nombreuses choses que j’envisageaisde faire à cette époque. La photographie étaitaussi une de mes passions. Je n’ai d’ailleurs jamaisarrêté d’en faire même après être devenu unécrivain professionnel.

Est-ce que vos parents partageaient votrepassion pour la littérature ?Y. B. : Oui. Mon père voulait lui-même devenirécrivain même s’il ne m’en a jamais parlé. Cen’est qu’après sa mort que ma mère a évoqué sesaspirations de jeunesse. Elle m’a même donné lapossibilité de lire ses poèmes.

Quand vous étiez lycéen, vous commencez àproduire votre propre magazine. Quel étaitson thème ?

RéféRencesLe sommet des dieux, de Taniguchi Jirô d’aprèsl’œuvre de YumemakuRa Baku, traduit par sylvainchollet, éd. kana, collection made in, 5 vol. , 18 €.

Y. B. : J’écrivais surtout de la fantasy ou dumoins quelque chose qui lui ressemble. Il s’agissaitd’histoires assez étranges inspirées par le folkloreet les légendes du Japon.

De nos jours, c’est assez facile de se procurerce genre de publication autoproduite dans deslibrairies spécialisées ou lors de conventions. Y. B. : A l’époque, je les vendais ou je les échan-geais. Je produisais aussi un magazine avec desamis. Tandis qu’ils étaient plutôt portés sur lalittérature pure, je préférais m’adonner à lascience-fiction ou la fantasy. J’étais une sorted’outsider.

Quand avez-vous commencé à vous intéresserà des activités d’extérieur ?Y. B. : Disons qu’elles ont fait partie de monenfance. J’ai grandi à Odawara, une petite villesituée à une cinquantaine de kilomètres au sudde Tôkyô. Et en dehors de lire des mangas à lamaison, je passais une grande partie de mon

temps à jouer dehors. Près de chez moi, il y avaitune belle rivière et j’avais pris l’habitude d’ypêcher. De sorte que chaque jour était une sorted’aventure pour moi.

Je suppose que votre ville natale a dû beaucoupchanger depuis cette époque.Y. B. : Oui. Il y a 50 ans, ma maison étaitentourée de champs de légumes et de rizières. Jedevais les traverser pour me rendre à la rivière.Tout a disparu aujourd’hui. C’est devenu unezone résidentielle où il y a très peu de place pourl’aventure.

Après vos études, vous avez commencé à écrire,mais sans grand succès.Y. B. : En effet. C’est la raison pour laquelle jesuis devenu ouvrier journalier entre 22 et 24 ans.

Pouvez-vous en dire plus ?Y. B. : J’ai fait toutes sortes de boulots. En été, jetravaillais en montagne dans la préfecture de Na-gano et l’hiver, je bossais dans une station de ski.Entre-temps, j’écrivais. Mais il m’est aussi arrivéde travailler dans le bâtiment et les transports,mais aussi de faire la plonge dans un restaurant…J’ai dû m’adapter pour pouvoir continuer à écrire.

En 1975, vous êtes allé au Népal pour participerà votre premier trek dans l’Himalaya.Y. B. : Oui. Ce fut mon premier voyage à l’étran-ger. J’étais très intéressé par l’alpinisme sans êtrepour autant un chasseur de sommets. Pour moi,conquérir une montagne ou atteindre un sommetà tout prix n’a jamais été une fin en soi. Ce quej’aimais faire, c’était de choisir une vallée, d’installerun camp et partir à la recherche de plantessauvages comestibles. Je passais une semaine àtraîner dans la montagne jusqu’à épuisement demes provisions avant de rentrer.

RENCONTRE Viser toujours plus hautRomancier à succès, YUMEMAKURA Bakurevient sur son œuvre et son travail avecles mangaka qui l’ont adaptée.

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L’alpinisme vous a donc amené à voyager àtravers le monde ?Y. B. : oui. Je suis allé dans de nombreux endroitscomme tian shan en Chine, le mont kallash autibet et l’Himalaya à de nombreuses reprises. Il ya 3 ou 4 ans, je me suis rendu au Venezuela pourgravir le mont roraima, l’une des montagnes lesplus célèbres de ce pays.

Pourquoi avez-vous décidé de travailler avecTaniguCHi Jirô sur Le Sommet des dieux ?Y. B. : Je pensais simplement que tanIgUCHI

était en mesure d’adapter de façon satisfaisantecette histoire sous forme de roman graphique. LeSommet des dieux est une histoire qui porte surles alpinistes. Il se trouve que tanIgUCHI avaitdéjà publié un manga qui se déroulait dans despaysages montagneux. Je savais donc à quoi m’at-tendre avec lui. Il possède une façon très particulièrede rendre la nature et sa beauté. J’apprécie samanière de rendre les tempêtes de neige. Il a cettecapacité de communiquer la grandeur de l’Himalayaet de transformer ces petites illustrations enquelque chose de grandiose. son style est vraimentdifférent du manga et de l’animé japonais qui en-registrent tant de succès à l’étranger.

Le sommet des dieux n’a pas été votre premièrecollaboration avec TaniguCHi ?Y. B. : tout à fait. En 1989-1990, il a travaillésur une adaptation de Garôden (Casterman,2011), une série de nouvelles consacrées aux artsmartiaux et d’autres formes de combat.

En 1996, une seconde adaptation de ces histoiressous forme de manga a été publiée. Mais cettefois, elle a été réalisée par iTagaki keisuke.Pourquoi ?Y. B. : Ce n’était pas prévu. au Japon, la plupartdes mangas sont d’abord publiés sous forme d’épi-sodes dans des magazines. Malheureusement, lemagazine dans lequel était parue la premièreversion signée tanIgUCHI avait cessé de paraître.Voilà pourquoi il n’a pu travailler que sur le

premier volume de mes nouvelles. Quelques annéesplus tard, j’ai rencontré ItagakI qui travaillaitalors sur un manga consacré aux sports de combat.Comme il avait envie de faire revivre Garôden,nous avons décidé de travailler ensemble.

Comment pouvez-vous comparer le style deTaniguCHi et celui d’iTagaki ?Y. B. : La principale différence réside dans lamanière qu’ils utilisent la distorsion et l’exagérationdes traits. Les mangaka ont souvent tendance àfaire usage de la distorsion pour la caricature. ta-nIgUCHI l’emploie dans un cadre réaliste tandisqu’ItagakI dépasse la réalité et a tendance àexagérer les choses. Dans une scène, par exemple,vous pouvez découvrir un homme ayant unebarre de fer qu’il vient d’arracher à mains nues.C’est quelque chose que tanIgUCHI n’auraitjamais présenté de cette manière.

ont-ils aussi deux caractères différents ?Y. B. : ItagakI est sans doute le plus déluré desdeux. Il aime bien profiter des plaisirs de la vie.tanIgUCHI est le plus sérieux et le plus diligent.Jusqu’à très récemment, il avait pris l’habitude dedessiner 6 heures par jour. Il sortait peu pour

aller boire tandis qu’ ItagakI aime vraiment sortirdans les bars pour boire et bavarder. Cela ne veutpas dire pour autant qu’il néglige son art.

Garôden met l’accent sur plusieurs styles decombat du karaté au catch. En tant que fan,quel est celui que vous préférez ?Y. B. : Lorsque j’écrivais le livre, j’étais plutôtintéressé par le catch, mais aujourd’hui je penchede plus en plus pour cette forme de combat quepromeut l’Ultimate Fighting Championship.

Pour revenir au Sommet des dieux, les deux al-pinistes que vous évoquez dans votre histoiresont inspirés par deux alpinistes japonais Ha-sEgawa Tsuneo et MoriTa Masaru. Pourquoiavez-vous choisi de raconter leur histoire ?Y. B. : En vérité, mon objectif initial était de créerdes personnages de fiction. Le problème, c’est quedans le milieu des alpinistes, chacun sait qui a étéle premier à escalader tel ou tel sommet et dansquelles circonstances. J’ai donc réalisé que des per-sonnages de fiction ne seraient finalement pas trèscrédibles. Voilà pourquoi je me suis tourné versdes personnages réels pour évoquer des ascensionsparticulières. a l’issue de mes recherches, j’avaisopté pour katô Buntarô comme modèle, mais ils’est avéré que son personnage ne collait pasvraiment avec ce que j’avais en tête. C’est là que jeme suis aperçu que HasEgawa et MorIta étaientparfaits dans la mesure où ils étaient rivaux. C’étaitbien plus facile de créer une histoire à partir de ça.

Concernant le processus de création, TaniguCHi

explique que, pour lui, c’est le moment de ré-flexion où les idées viennent petit à petit. Qu’enest-il pour vous ?Y. B. : Je partage tout à fait cette approche.Ecrire, c’est comme une sorte de travail manuel.Vous jetez sur le papier des idées que vous avezen tête. La chose la plus excitante, c’est quand ilfaut faire le tri entre tout ce qui tourbillonnedans ma tête. J’adore ça.

PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN DEROME

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P armi les sujets de préoccupation de nom-breux parents japonais figure le phéno-mène des hikikomori, ces jeunes qui re-

fusent tout contact avec l’extérieur et vivent reclus,comme le rappellent Maïa Fansten, Cristina Fi-gueiredo, Nancy Pionnié-Dax et Natacha Vellutdans leur ouvrage Hikikomori, ces adolescents enretrait (Armand Colin, 2014). Si l’on en croit leministère de la Santé, 1,2 % des Japonais a vécucette situation. 2,4 % des 20-30 ans en ont faitl’expérience. Des chiffres qui sont loin d’êtreanodins, mais face auxquels les autorités et lesplus âgés ont du mal à trouver des réponses. Laplupart du temps, les jeunes concernés sontaccablés de reproches. On les accuse d’être sim-plement des fainéants qui profitent de ne rienfaire alors que leur situation est loin d’être ré-jouissante. C’est ce que tente d’aborder Laurence Thrushdans son premier long-métrage tourné au Japonaprès avoir pris conscience du phénomène dansun documentaire diffusé à la télévision britannique.Réalisé en 2008, De l’autre côté de la porte (Tobirano mukô) s’intéresse à Hiroshi, un adolescent, qui,du jour au lendemain, décide de s’enfermer danssa chambre et de ne plus en sortir. Pendant deuxans, il refuse d’entrer en contact avec qui que cesoit et plonge sa famille dans le plus grand désarroi.Comme beaucoup d’autres, ses parents ne com-prennent pas ce qui a pu amener leur enfant àchoisir l’enfermement volontaire. Mais cherchent-ils vraiment à comprendre ? On peut en douter

lorsque la mère de Hiroshi déplore que “s’il ne sortpas de sa chambre, s’il ne retourne pas à ses cours, ilne pourra plus jamais aller à l’école et n’aura jamaisun bon travail”. En d’autres termes, il ne pourrapas devenir un membre à part entière de cettesociété où tout semble déterminé à partir dumoment où les individus ont franchi pour lapremière fois l’entrée de l’école. L’énorme pressionqui pèse sur les épaules de la jeunesse n’a fait ques’accentuer ces dernières années, notamment avecl’accroissement de la précarité. Le fait que les troisquarts des personnes concernées par ce phénomènesont de sexe masculin renforce l’idée qu’une grandepartie de la pression sociale s’exerce sur eux et quel’absence de perspectives en pousse certains à sereplier sur eux-mêmes. Il y en a bien quelques-unsqui pètent les plombs (kireru) et commettentparfois l’irréparable. Mais ceux-là sont heureusementpeu nombreux. En s’appuyant sur des faits et des expériences réels,Laurence Thrush a bâti un scénario très solide etbien documenté qui lui permet de ne pas tomberdans le pathos. “Je suis parfaitement conscient, en

tant qu’Occidental, de ne pas comprendre la culturejaponaise, c’est pourquoi j’étais très mal à l’aise àl’idée de prendre des libertés créatives”, explique-t-il.C’est ce qui donne toute sa force au film quiexprime parfaitement toute l’impuissance desparents face à la décision de leur fils de se couperdu monde. En choisissant de tourner en noir etblanc, le cinéaste ajoute à ce climat déjà lourd unenouvelle couche de mystère autour de ce phénomène.Il joue beaucoup sur l’image du corps de l’adolescentqui n’apparaît pas complètement comme s’il n’ap-partenait pas à l’environnement dans lequel il estcensé évoluer. Hiroshi ne sort de son état de hiki-komorique le jour où il prend lui-même consciencede son image qui se reflète dans un CD. La scèneest d’ailleurs l’une des plus réussies. Grâce à cefilm, on est amené à se poser bien des questionsqui dépassent largement le cadre nippon. Si leterme hikikomori n’a pas encore fait son apparitiondans le Larousse, il est entré dans l’Oxford EnglishDictionary, la référence de la langue anglaise, en2010, un an après la sortie de De l’autre côté de laporte. ODAIRA NAMIHEI

CINÉMA Un certain regard sur le JaponS’appuyant sur des témoignages et desfaits réels, Laurence Thrush livre un trèsbeau film sur les hikikomori.

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Avec De l’autre côté de la porte, Laurence Thrush exprime toute sa sensibilité.

RÉFÉRENCESDe l’autre côté de la porte (Tobira no mukô), de Laurence Thrush. Noir & blanc. 1h50. Avec Negishi Kenta, Oguri Kento, Innami Masako. Sortie en salles le 11 mars.

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100 à 200 yens, il peut bénéficier d’un repas com-plet : plat principal, bol de riz, soupe miso et petiteassiette de condiments. Le menu revient ainsi enmoyenne à 800 yens (5 euros environ). C’est leprix d’un sandwich jambon fromage à Paris !Voici ces menus en détail :EEn optant pour le menu Croquettes de pommede terre de ce restaurant, on aura un plat principalet deux assiettes de condiments servis au comptoir(riz et soupe miso à volonté). En option, on peutaussi commander un œuf cru pour faire “TKG”.De quoi s’agit-il ? C’est un mot forgé récemmentdans la société nippone. J’ai appris sa significationaprès mon retour au Japon. C’est l’abréviation deTamago (œuf) Kake (verser) Gohan (riz). Il s’agitde “Bol de riz avec œuf cru”. La recette est simple.On prend un œuf bien frais, on le casse dans unrécipient, on y ajoute un trait de sauce de soja eton bat bien l’ensemble avec les baguettes. On versecette mixture sur le riz préalablement préparé dansun bol. Le plat se déguste ensuite mélangé ou nonmélangé. Ce “TKG” est très réputé au Japon. Ilest souvent servi au petit-déjeuner dans les ryokan(auberges japonaises). Il existe même une saucespéciale TKG à la place de la sauce de soja !Le curry est aussi très populaire. Comme ce res-taurant est géré en parallèle par une boucherie,tous les plats s’accompagnent d’une viande de qua-

ZOOM GOURMAND

La pause déjeuner apparaît comme unmoment privilégié dans la journée d’unsalaryman (salarié ou cadre d’entreprise

au Japon). Mon mari ne me démentira pas. Lequartier résidentiel où se situe son bureau necomportant pas de restaurants, il part tous lesmatins travailler avec son bentô. Contrairementà lui, je ne travaille seulement que deux jours parsemaine au centre d’Ôsaka et peux ainsi essayerdifférents restaurants. Trouver une bonne adressepour déjeuner reste chaque midi très excitant etme permet de trouver de nouvelles idées pourconcocter les repas du soir.Voici quelques exemples de mes aventures gas-tronomiques du midi : (1) Menu Croquettes de pomme de terre 800 yens(2) Menu Curry au bœuf avec salade 1000 yens(3) Gobôten Udon 620 yens (4) Menu Poisson vapeur 700 yens(5) Menu Soba avec Seiro mushi gohan 850 yens(6) Menu Oya-meshi 720 yens

Le choix du “menu” dans un restaurant, et non àla carte, reste très avantageux pour un salaryman.Pour le prix d’un plat principal, auquel il rajoute

Depuis qu’elle a repris son travail,MAEDA Haruyo se fait plaisir endécouvrant de bons restaurants à midi.

EXPÉRIENCE Les samouraïs ont faimlité garantie! On mange également assez souvent des nouillesau déjeuner. Ôsaka est un lieu privilégié pour lesgourmands. On y trouve des plats de toutes lesrégions du Japon. On peut par exemple y goûterla spécialité de Fukuoka, le Gobôten Udon, platcopieux mais simple à cuisiner. Chaque restauranta sa propre façon de le préparer, mais de manièregénérale on associe des tempura de gobô (beignetde bardanes) à un plat d’udon. On a sinon souvent l’habitude de mêler les sucreslents, de manger des nouilles avec du riz, surtoutdans la région du Kansai ! On trouve par exempleles soba (nouilles au sarrasin) avec Seiro mushigohan (riz assaisonné vapeur) ou Udon avec Oya-meshi (riz et tempura de poulet), etc…Il existeaussi Oya-ko-meshi : Oya (parents) pour le poulet,ko (enfant) pour l’œuf, et meshi (repas) pour leriz. Ce menu Udon & Oya-meshi me plaît beau-coup. J’en mange 2 à 3 fois par mois !

Pas facile de trouver des restaurants avec un bonrapport qualité prix, mais on y parvient quandmême ! Source de plaisir et d’une alimentationbien équilibrée, ces déjeuners nous aident à sup-porter les longues journées de travail de cettesociété japonaise (10 à 15 h/j., 5 à 6 j/sem.). Voilàpourquoi on les appelle les “Salaryman lunch” !

MAEDA HARUYO

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ZOOM GOURMAND

L A RECETTE DE HARUYO

PRÉPARATIONGobôten1 - Eplucher la bardane puis la couper comme on

taille un crayon. Laisser tremper dans l'eaufroide pendant 10 min.

2 - Mélanger la farine de tem-pura avec l’eau puis ajouterles bardanes égouttées.

3 - Frire dans une huile chaufféeà 180 degrés pendant 2 minde chaque côté.

Bouillon1 - Faire chauffer de l'eau avec le konbu. 2 - Juste avant ébullition, enlever le konbu. 3 - Faire bouillir ce dernier, puis attendre et ajouter le

katsuobushi. Laisser infuser pendant environ 5 minpuis passer à l’étamine.

4 - Assaisonner avec la sauce de soja, le mirin et le sel.

A la finMettre des nouilles udon dans un bol, ajouter lasoupe bien chaude puis disposer le tempura degobô. Bon appétit !!

INGRÉDIENTS (pour 1 personne)

400 ml de dashi jiru (bouillon) préparé avec450 ml d’eau5 cm d’algue konbu10 g de katsuobushi (bonite séchée et râpée)

1 cuillère à soupe de sauce de soja1/2 cuillère à soupe de mirin (liqueur de riz)Un peu de sel1/2 cuillère à soupe de gobô (bardane)25 g de farine de tempura35 ml d’eau

Gobôten udon(Udon aux beignets de bardanes )

CONSEILS- Vous pouvez trouver des gobô dans des supermarchés ou bien dans des magasins BIO.

Sinon les gôbo peuvent se remplacer par des salsifis.- On peut acheter le sachet de soupe d’udon en granule dans des épiceries japonaises.

Haruyo nous a reproduitle Goboten Udon qu’elle adécouvert lors de sonsalaryman lunch.Pour préparer vous-même des nouilles udon,retrouvez sa recette dansle numéro précédent deZoom Japon.

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Le compte à rebours a commencé depuis unan. Tout le monde sait désormais que le shin-kansen, le train à grande vitesse japonais, des-

servira à compter du 14 mars 2015 la ville de Kana-zawa et qu’il ne faudra plus que 2h28 pour parcourirles quelque 590 kilomètres qui la séparent de lacapitale. Jusqu’à cette date, il fallait compter entre4h05 et 4h20 avec au moins un changement, ce quisignifiait qu’un détour par cette belle cité portuaire

n’était pas très facile à moins de bien préparer cedéplacement. Désormais avec le prolongement dela ligne à grande vitesse qui reliait Tôkyô à Naganojusqu’à Kanazawa, il est presque possible d’envisagerun aller-retour dans la journée. Ce serait évidem-ment dommage de ne pas rester plus longtempspour profiter de la richesse de la ville, mais pour lesvoyageurs qui n’ont pas la possibilité de rester long-temps dans l’archipel, c’est une nouvelle option quis’offre à eux et qu’il ne faut pas négliger. Les nou-velles rames déjà mises en service l’an dernier sur letronçon Tôkyô-Nagano transporteront les heureuxtouristes à 260 km/h de moyenne à travers un pay-

sage essentiellement composé de montagnes. Onprend ainsi conscience des difficultés que les voya-geurs d’antan rencontraient pour se déplacer à l’in-térieur même du pays. Désormais, en un peu moinsde 2h30, on peut découvrir deux facettes du Japon,la côte Pacifique avec la mégalopole tokyoïte et lamer du Japon avec son atmosphère vraiment dif-férente. Désormais baptisée Hokuriku shinkansen,cette nouvelle ligne (qui est en réalité le prolonge-ment de la ligne Nagano shinkansen) propose pourles plus exigeants des voyageurs sa “Gran Class”, unconfort digne des premières classes des compagniesaériennes, avec des fauteuils ultra-confortables et

Grâce à la mise en service d’un nouveautronçon à grande vitesse, la citéportuaire n’est plus qu’à 2h30 de Tôkyô.

Fondé en 1676, le Kenroku-en est un des trois plus beaux jardins japonais du pays avec celui d’Okayama et de Mito. Un must à ne pas manquer.

VISITE Une petite escapade à Kanazawa

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Le compte à rebours a commencé depuis unan. Tout le monde sait désormais que le shin-kansen, le train à grande vitesse japonais, des-

servira à compter du 14 mars 2015 la ville de Kana-zawa et qu’il ne faudra plus que 2h28 pour parcourirles quelque 590 kilomètres qui la séparent de lacapitale. Jusqu’à cette date, il fallait compter entre4h05 et 4h20 avec au moins un changement, ce quisignifiait qu’un détour par cette belle cité portuaire

n’était pas très facile à moins de bien préparer cedéplacement. Désormais avec le prolongement dela ligne à grande vitesse qui reliait Tôkyô à Naganojusqu’à Kanazawa, il est presque possible d’envisagerun aller-retour dans la journée. Ce serait évidem-ment dommage de ne pas rester plus longtempspour profiter de la richesse de la ville, mais pour lesvoyageurs qui n’ont pas la possibilité de rester long-temps dans l’archipel, c’est une nouvelle option quis’offre à eux et qu’il ne faut pas négliger. Les nou-velles rames déjà mises en service l’an dernier sur letronçon Tôkyô-Nagano transporteront les heureuxtouristes à 260 km/h de moyenne à travers un pay-

sage essentiellement composé de montagnes. Onprend ainsi conscience des difficultés que les voya-geurs d’antan rencontraient pour se déplacer à l’in-térieur même du pays. Désormais, en un peu moinsde 2h30, on peut découvrir deux facettes du Japon,la côte Pacifique avec la mégalopole tokyoïte et lamer du Japon avec son atmosphère vraiment dif-férente. Désormais baptisée Hokuriku shinkansen,cette nouvelle ligne (qui est en réalité le prolonge-ment de la ligne Nagano shinkansen) propose pourles plus exigeants des voyageurs sa “Gran Class”, unconfort digne des premières classes des compagniesaériennes, avec des fauteuils ultra-confortables et

Grâce à la mise en service d’un nouveautronçon à grande vitesse, la citéportuaire n’est plus qu’à 2h30 de Tôkyô.

Fondé en 1676, le Kenroku-en est un des trois plus beaux jardins japonais du pays avec celui d’Okayama et de Mito. Un must à ne pas manquer.

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un service à la place qui vous feront oublier quevous êtes à bord d’un train. Quelle que soit la classeque vous choisirez, vous serez surpris par le confortde ce train et sachant que 40 % du parcours sontcomposés de tunnels, vous serez heureux de ne pasavoir à subir cette désagréable sensation d’avoir lesoreilles bouchées chaque fois que la rame pénètredans un tunnel. Les ingénieurs nippons ont trouvéla solution et l’ont appliquée.Parmi tous les endroits à visiter au Japon, Kanazawafigure dans le top 5. Idéalement située, la cité por-tuaire s’est imposée dans l’histoire du pays commel’un des principaux centres commerciaux du pays.Sa force d’attraction lui a aussi permis d’accueillirde nombreux artisans et artistes qui ont contribuéà transformer une partie de la richesse des mar-chands en œuvres d’art. Epargnée par les bombar-dements de la Seconde Guerre mondiale, la ville aconservé une bonne partie de son patrimoine archi-tectural avec notamment ses anciennes demeuresde samouraïs dans le quartier de Nagamachi (9 mnen bus à partir de la sortie Est de la gare, arrêtKôrinbô) ou l’ancien quartier des plaisirs de HigashiChayagai (12 mn en bus à partir de la sortie Est dela gare, arrêt Hashibachô). Elle dispose aussi d’unmagnifique trésor le Kenroku-en, l’un des trois plusbeaux jardins japonais avec ceux d’Okayama et deMito. Créé en 1676, ce parc magnifique se visite àtoute saison et constitue bien souvent la premièreétape de la visite (ouvert tous les jours de 7h à 18h,17h de la mi-octobre à mars, 300 yens). Il est le fruitd’une recherche esthétique très poussée à laquelleil est difficile de ne pas succomber. Sous la neigecomme au moment de la floraison des cerisiers, leKenroku-en ne déçoit jamais. Depuis plus de troissiècles, les jardiniers l’entretiennent avec amour etsa beauté éclatante n’est que le résultat logique del’attachement que les habitants ont pour ce lieu.On peut aussi profiter de la quiétude du jardin, endégustant un thé vert dans le pavillon Shiguretei(700 yens pour un macha et sa pâtisserie). Implantéà proximité de l’ancien château dont il ne reste enrevanche plus grand-chose, le jardin se situe aussi

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Depuis début 2015, des spots télés annoncent l’inauguration de la ligne pour le 14 mars.

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à deux pas du Musée du XXIe siècle de Kanazawa(Kanazawa nijûichiseiki biju tsukan). Comme sonnom le laisse entendre, cet édifice n’a rien à voiravec le patrimoine historique de la ville. C’est d’ail-leurs un de ses nombreux points forts que d’avoirsu sortir du classicisme dans lequel elle aurait pu secomplaire. En confiant sa conception aux géniauxSEJIMA Kazuyo et NISHIzAwA Ryûe du cabinetd’architecture SANAA il y a dix ans, les autoritéslocales ont fait le pari de faire évoluer l’image deleur ville. C’est à la même époque que la gare avaitconnu une formidable transformation sous l’égidede SHIRAE Ryûzô. Des millions de personnes sepressent chaque année pour découvrir ce muséeconsacré à l’art contemporain dont la structuremême est déjà une œuvre d’art (ouvert du mardiau dimanche de 10h à 18h (20h le vendredi et lesamedi), gratuit sauf pour les expositions tempo-raires). Parmi les principales attractions du lieu, onpeut citer la piscine (swimming pool) et le Blue pla-

net sky que les visiteurs plébiscitent. Après cette visite pour laquelle il faut compter aumoins une heure, il sera peut-être temps de se res-taurer. Comme partout ailleurs au Japon, il est trèsfacile de trouver un restaurant à Kanazawa. Tou-tefois, il est recommandé de se rendre dans le quar-tier situé autour du marché d’Ômichô (Ômichôichiba) à une quinzaine de minutes de la gare.Fondé, il y a plus de 280 ans, ce marché vaut ledétour. L’atmosphère qui y règne est chaleureuse.Les marchands sont toujours prêts à vous faire goû-ter leurs produits. A l’intérieur même du marché,vous trouverez d’excellents restaurants comme Sus-hidokoro Genpei (tél. 076-261-4349, 11h-15h et17h-21h, fermé le dimanche) qui propose les meil-leurs poissons de la région ou encore Kotetsu pourson crabe (tél. 076-264-0778, 11h30-15h, ouverttous les jours). Après ce repas revigorant, prenez la direction del’ancien quartier des plaisirs de Higashi chayagai

qui a conservé son charme d’antan. Outre de nom-breuses boutiques qui raviront les amateurs de sou-venirs en tous genres, on peut visiter d’anciennesmaisons de geisha. Les deux plus connues sont Kai-karô (9h-17h, 700 yens) dont les murs ou les portescoulissantes ont été décorés par des artistes et Shima( 9h-18h, 400 yens) où l’on peut découvrir les objetsdont se paraient les geisha. On peut prolonger leplaisir de la visite, en y dégustant un thé vert dansune salle qui donne sur un joli jardin intérieur. Lequartier est très fréquenté par les Japonais qui appré-cient les nombreuses boutiques qui promeuventl’artisanat local. Vous y trouverez forcément unpetit cadeau à rapporter. Dans la même veine, vous pouvez prolonger la pro-menade jusqu’au quartier de Nagamachi, célèbrepour ses demeures de samouraï. C’est un véritablevoyage dans le temps qui vous attend. A certainsendroits, on pourrait se croire transporter dans unfilm de samouraïs. Il est très agréable de déambulerdans les petites rues. La maison de la familleNomura (8h30-17h30, 500 yens) est une des plusintéressantes à découvrir. Il sera temps alors deretourner à la gare pour prendre le train du retourvers la capitale. Pensez à acheter un ekiben (voirZoom Japon, n°34, octobre 2013). L’Omatsu ozen(900 yens) dans sa belle boîte est savoureux. Il vousaidera à passer les 2h30 du voyage arrosé d’un thévert ou d’une bière bien fraîche. A moins que vousvouliez prendre votre temps et passer une journéesupplémentaire à Kanazawa la belle.

GABRIEL BERNARD

INFOS PRATIQUESPOUR S’Y RENDRE Au départ de Tôkyô, leshinkansen vous y emmènera en 2h28 àcompter du 14 mars. Avant cette date, vouspouvez prendre le shinkansen de la ligneJôetsu jusqu’à Echigoyuzawa où vouschangerez pour l’express Hakutaka (4h05,12 trains par jour). Vous pouvez aussiemprunter le Tôkaidô shinkansen jusqu’àMaibara où vous changerez pour l’expressShirasagi (4h20, 15 trains par jour).

Conçu par le cabinet d’architecture SANAA, le Musée du XXIe siècle est des lieux les plus visités de la ville.

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