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Jérémie Souteyrat pour Zoom Japon www.zoomjapon.info gratuit numéro 46 - décembre 2014 Bienvenue au paradis

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Zoom Japon, numéro 46 (décembre 2014)

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Jérémie Souteyrat pour Zoom Japon

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Bienvenueau paradis

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ZOOM ACTU

ÉDITOAlléchantPour terminer l’année2014 en beauté, nousvous proposons dedécouvrir l’un dessecrets les mieux gardésde l’archipel : les depa-chika. Les sous-sols des

grands magasins sont des paradis pour lesgourmands qui y trouvent tous les produitssusceptibles de les satisfaire. Du vin au saké,en passant par les poissons les plus fins etles confiseries les plus tentantes, rien n’estlaissé au hasard dans ces endroits extraor-dinaires. Une façon pour Zoom Japon devous souhaiter de très belles fêtes de find’année et de vous annoncer un numérotout à fait exceptionnel en janvier autourde TanigUchi Jirô. invité du festival d’an-goulême, le mangaka sera le rédacteur enchef invité de Zoom Japon en janvier.

LA RÉ[email protected]

FUTUR Le rêve d’unecité sous-marineLe géant japonais de la construction

Shimizu a conçu “Ocean Spiral” avec des

ingénieurs, des architectes et des

océanographes. Un projet qui n’est pas

aussi irréaliste qu’il y paraît puisque

l’entreprise japonaise imagine de la

construire à l’horizon de 2030. Elle

pourrait accueillir 5 000 résidents. Reste

son coût élevé : 21 milliards d’euros.

www.shimz.co.jp/theme/dream/ocean

spiral.html

SURGELÉSPicard à laconquête du JaponDepuis le 20 novembre, le groupe

français s’est lancé à l’assaut du

marché japonais grâce à son

association avec le groupe de

distribution nippon Aeon. Dans huit

de ses supermarchés, les

consommateurs japonais peuvent

découvrir les plats surgelés qui ont

fait la réputation de l’entreprise

hexagonale. Prochain objectif,

l’ouverture de boutiques en 2016.

Tel est le

pourcentage des

Japonais qui estiment que la politique

du gouvernement ABE est un échec. Ils

sont 30 % à penser le contraire. Ils se

prononceront le 14 décembre lors des

élections législatives anticipées. Le parti

d’ABE Shinzô devrait les remporter.

39 %

L E REGARD D’ERIC RECHSTEINER

Alors que pendant des années, le comportement des Japonais dans les trains était irréprochable, depuisquelques années, les compagnies de chemin de fer se sentent obligées de rappeler aux passagers quelquesrègles de base. Ces derniers temps, elles insistent beaucoup sur l’utilisation des portables dans les rames afinde gêner le moins possible ses voisins. Bientôt peut-être, elles rappelleront qu’il est interdit de se coucher.

Dans un wagon de la ligne Yamanote, à Tôkyô

© Eric Rechsteiner

Couverture : Jérémie Souteyrat pour Zoom Japon

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ZOOM ACTU

L a région d’Ishinomaki est privilégiée. Elledispose d’une grande richesse avec ses pro-duits de la mer et ses ressources agricoles.

Elle est aussi dotée d’une réelle capacité technolo-gique comme l’illustre, d’une façon exceptionnelle,l’ensemble de ses lycées agricoles, maritimes, com-merciaux et technologiques. “Le projet collaboratifdes lycées d’Ishinomaki” est un mouvement quis’est manifesté en 2013 pour regrouper l’ensemblede ces énergies.Trente élèves venant du lycée Ishinomaki-kita,du lycée maritime de Miyagi, du lycée commerciald’Ishinomaki, du lycée commercial féminin d’Ishi-nomaki et du lycée technologique d’Ishinomakise sont lancés dans le développement de produitstypiques de la ville avec le soutien d’entreprises lo-cales. Dans le cadre de la formation des ressourceshumaines dirigée par le comité éducatif de la pré-fecture de Miyagi, l’objectif de l’opération consistaiten l’épanouissement des ressources humaines afinde résoudre les problèmes locaux, tout en s’assurantque les lycéens participent à l’élaboration des pro-

duits. Il est courant au Japon que des lycées déve-loppent de nouveaux produits, mais réunir plusieurslycées dans le même but est un phénomène unique.Si en 2013, le projet de pizza a été abandonnépour des raisons de coût, en 2014, le thème choisise résumait à la phrase suivante : “Se concentrer surtout ce que produit Ishinomaki”. Il s’agissait d’aug-menter la consommation de riz tout en promouvantles produits de la mer. L’idée s’est alors imposéeautour de la farine de riz, de la pulpe de soja, de labaleine et des crustacés.

Lycée Ishinomaki-kita“Nous les artisans de farine de riz”“A quelle température doit s’effectuer le pétrissage ?”.Il ne s’agit pas là d’une question entendue lorsd’une réunion en entreprise mais bien de celle quese posaient les sept élèves du lycée d’Ishinomaki-

Des lycées de la région ont lancé unprojet grâce auquel ils défendent avecsuccès les produits locaux.

SÉRIE L’union fait toujours la force

kita. Pendant le cours, ils ont décidé d’utiliser unefarine obtenue à partir de riz récolté afin de fabriquerdes galettes et du pain. Les galettes devant avoiraussi un goût d’algue et de petites crevettes. Sebasant sur les réactions des années précédentes eten tenant compte également du coût de fabrication,du goût, de la texture et du croquant, ils n’ont eucesse de proposer des séances de tests de dégustationdans les autres lycées et d’échanger leurs avis. Cepain à base de farine de riz est désormais en ventedans les écoles et sa qualité est digne des meilleursprofessionnels. Après avoir établi des échanges avecle directeur d’une pâtisserie qui leur a apporté sonsoutien, la commercialisation d’un pain à base depulpe de soja est désormais envisagée. Pour NAru-SAwA Akane (17 ans), responsable à l’origine duprojet Malutto (Tous ensemble) qui a joué un rôlefédérateur entre les autres lycées, “le sens de mon

Comme nous vous l’avions annoncé dans notrenuméro de mars, nous avons entamé la publica-tion d’une série d’articles rédigés par l’équipe del’Ishinomaki Hibi Shimbun dans le but d’informerles lecteurs sur la situation dans l’une des villes lesplus sinistrées. Malgré ses difficultés, ce quotidienlocal continue à enquêter et à apporter chaquejour son lot de nouvelles. Si vous voulez le soute-nir dans sa tâche, vous pouvez vous abonner à saversion électronique pour 1000 yens (moins de7 euros) par mois :https://newsmediastand.com/nms/N0120.do?com-mand=enter&mediaId=2301

La mise au point des produits a donné lieu à de nombreuses séances de dégustation.

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L a région d’Ishinomaki est privilégiée. Elledispose d’une grande richesse avec ses pro-duits de la mer et ses ressources agricoles.

Elle est aussi dotée d’une réelle capacité technolo-gique comme l’illustre, d’une façon exceptionnelle,l’ensemble de ses lycées agricoles, maritimes, com-merciaux et technologiques. “Le projet collaboratifdes lycées d’Ishinomaki” est un mouvement quis’est manifesté en 2013 pour regrouper l’ensemblede ces énergies.Trente élèves venant du lycée Ishinomaki-kita,du lycée maritime de Miyagi, du lycée commerciald’Ishinomaki, du lycée commercial féminin d’Ishi-nomaki et du lycée technologique d’Ishinomakise sont lancés dans le développement de produitstypiques de la ville avec le soutien d’entreprises lo-cales. Dans le cadre de la formation des ressourceshumaines dirigée par le comité éducatif de la pré-fecture de Miyagi, l’objectif de l’opération consistaiten l’épanouissement des ressources humaines afinde résoudre les problèmes locaux, tout en s’assurantque les lycéens participent à l’élaboration des pro-

duits. Il est courant au Japon que des lycées déve-loppent de nouveaux produits, mais réunir plusieurslycées dans le même but est un phénomène unique.Si en 2013, le projet de pizza a été abandonnépour des raisons de coût, en 2014, le thème choisise résumait à la phrase suivante : “Se concentrer surtout ce que produit Ishinomaki”. Il s’agissait d’aug-menter la consommation de riz tout en promouvantles produits de la mer. L’idée s’est alors imposéeautour de la farine de riz, de la pulpe de soja, de labaleine et des crustacés.

Lycée Ishinomaki-kita“Nous les artisans de farine de riz”“A quelle température doit s’effectuer le pétrissage ?”.Il ne s’agit pas là d’une question entendue lorsd’une réunion en entreprise mais bien de celle quese posaient les sept élèves du lycée d’Ishinomaki-

Des lycées de la région ont lancé unprojet grâce auquel ils défendent avecsuccès les produits locaux.

SÉRIE L’union fait toujours la force

kita. Pendant le cours, ils ont décidé d’utiliser unefarine obtenue à partir de riz récolté afin de fabriquerdes galettes et du pain. Les galettes devant avoiraussi un goût d’algue et de petites crevettes. Sebasant sur les réactions des années précédentes eten tenant compte également du coût de fabrication,du goût, de la texture et du croquant, ils n’ont eucesse de proposer des séances de tests de dégustationdans les autres lycées et d’échanger leurs avis. Cepain à base de farine de riz est désormais en ventedans les écoles et sa qualité est digne des meilleursprofessionnels. Après avoir établi des échanges avecle directeur d’une pâtisserie qui leur a apporté sonsoutien, la commercialisation d’un pain à base depulpe de soja est désormais envisagée. Pour NAru-SAwA Akane (17 ans), responsable à l’origine duprojet Malutto (Tous ensemble) qui a joué un rôlefédérateur entre les autres lycées, “le sens de mon

Comme nous vous l’avions annoncé dans notrenuméro de mars, nous avons entamé la publica-tion d’une série d’articles rédigés par l’équipe del’Ishinomaki Hibi Shimbun dans le but d’informerles lecteurs sur la situation dans l’une des villes lesplus sinistrées. Malgré ses difficultés, ce quotidienlocal continue à enquêter et à apporter chaquejour son lot de nouvelles. Si vous voulez le soute-nir dans sa tâche, vous pouvez vous abonner à saversion électronique pour 1000 yens (moins de7 euros) par mois :https://newsmediastand.com/nms/N0120.do?com-mand=enter&mediaId=2301

La mise au point des produits a donné lieu à de nombreuses séances de dégustation.

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engagement a été de rassembler les gens de mon âge.En fait c’est un peu comme entrer dans la société”.Ces expériences fortement appréciées des acheteursla stimulent pour fabriquer des produits toujoursmeilleurs.

Lycée maritime de Miyagi“Un beau travail sur les produits de la mer”

Du lycée maritime de Miyagi, deux membres duclub de cuisine ont créé des recettes originales : unbeignet de baleine et un beignet onctueux de crus-tacés. Malgré leur timidité lors de la première pré-sentation du projet à un responsable d’une sociétélocale, les bons conseils des professeurs et la gentillessede tout le monde les ont beaucoup aidés. Le leaderdu club, YAMAMoto Kôdai (18 ans) se remémorela joie ressentie après tant d’efforts. “C’était bien detravailler en collaboration avec les élèves d’autreslycées. On a pris conscience de l’importance de réaliserconcrètement quelque chose”, affirme-t-il. Son pèredirige une usine de produits de la mer à onagawa.Son souhait est “de lui apporter une aide en apprenanttoujours davantage”.

Lycée commercial féminin d’Ishinomaki“L’intelligence pour promouvoir les produits”

Le club des études commerciales du lycée com-mercial féminin d’Ishinomaki a répondu à l’appellancé par leur professeur : “Et si on faisait quelquechose pour la reconstruction ?” Si, concrètement,elles n’étaient pas en mesure de fabriquer lesproduits alimentaires elles-mêmes, leur collaborationa été utile en particulier dans le domaine du mar-keting où elles ont apporté des idées originales.Elles ont ainsi assuré une meilleure présentationdes produits. Elles avaient déjà été récompenséespar un prix pour la fabrication d’une canette ori-ginale, conçue en collaboration avec une entreprise.Cette expérience leur a servi pour ce nouveauprojet. La responsable du club, tAKAhAShI Mitsuko(18 ans), se souvient que “sur l’emballage et

l’étiquette, on a voulu préciser un maximum dedétails sur le produit. Lors de mes courses quotidiennes,j’avais pris l’habitude de faire attention à ce quiétait écrit sur les emballages et les étiquettes.” Celatraduit bien ses réflexes de professionnelle.

Lycée technologique d’Ishinomaki“L’architecture au service de la vente”

Pour la deuxième année consécutive, le projetMalutto a installé son stand lors du Salon Miyagi2014, qui s’est tenu dans 5 endroits dont la villede Sendai, les 8 et 9 novembre derniers. Pour cetévénement, on a compté sur le lycée technologiqued’Ishinomaki dont sept membres du club d’archi-tecture ont utilisé du bois de cèdre pour créer etmonter un stand de belle taille. Pour les conseiller,ils ont fait appel au patron d’une société locale.“Cela nous a permis d’apprendre les techniques deprofessionnel. On a réalisé quelque chose de superbe”,disent-ils avec fierté. Au fil du temps, leur habiletéa progressé. “Ce sont des jeunes sérieux qui apprennent

très rapidement. A partir de là, avec des idéesnouvelles et personnelles, on peut dire qu’ils irontloin !”, estime aujourd’hui leur conseiller.

Une pierre qui se transforme en diamant

Si le projet Malutto a tâtonné à ses débuts et a dûsurmonter de nombreuses épreuves, les lycéens sedisent tous simplement satisfaits “d’avoir pu sefaire des amis dans d’autres lycées”. Les entreprisesparticipantes ont fait preuve d’un généreux pa-ternalisme “en leur faisant découvrir le plaisir decréer un produit commercial et ressentir la réactiondes gens”. Ces lycéens ne manquent pas d’idéesqui peuvent changer notre région. Le projetMalutto est en mesure de transformer une pierreen diamant. Pour un lycéen ou une lycéenne,“concrétiser tout ce qui est d’Ishinomaki”, c’estun objectif qui nous remplit de joie. C’est unemanière d’exprimer leur attachement à cetteville où ils sont nés et ont grandi.

OHMI SHUN

Le stand réalisé par le lycée technologique d’Ishinomaki a permis de vendre les produits des autres lycées.

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ZOOM DOSSIER

D ’après certains visiteurs étrangers, les depa-chika, autrement dit les sous-sols desgrands magasins, figurent parmi les

secrets les mieux gardés du pays. Il est facile de com-prendre pourquoi un Américain ou un Européenpeut être ébloui par ces lieux. Ailleurs vous aurezdu mal à trouver quelque chose de semblable. Mêmele rayon d’épicerie fine du célèbre Harrods à Lon-dres a peu de chance de rivaliser avec l'un des nom-breux depachika à Tôkyô. Il n’est alors pas étonnantque les touristes tombent sous le charme lorsqu’ilspénètrent dans ces temples de la consommationglamour, mais on peut se demander pourquoi lesJaponais les apprécient tant. D’autant que la plupartdes produits vendus dans ces lieux valent une for-tune. Cependant, les gens continuent à les fréquen-ter, tant et si bien que ces marchés en sous-sol contri-buent jusqu'à un quart du chiffre d'affaires del'ensemble du grand magasin. Ne reculant devantrien, Zoom Japon s’est donc rendu au depachika deTakashimaya à Nihonbashi, pour tenter de com-prendre les raisons de leur succès.L’endroit est rempli de femmes bien habillées, maisnous décidons de nous tourner vers l’un des rareshommes qui s’y trouvent. L’homme d’affaires vadroit au but. “C’est vrai que les depachika ne sont pasdes endroits bon marché, mais ici vous pouvez trouverdes produits de grande qualité pour un rapport qua-lité-prix raisonnable. Que l’on vienne ici pour déjeunerà l’un des comptoirs qui s’y trouvent ou que l’on y achètedes choses pour dîner chez soi, procure toujours la sen-sation que l’on fait quelque chose de spécial”, confie-t-il. Après cette première approche faite auprès d’unhomme, nous décidons de nous tourner vers uneélégante femme. Elle semble avoir une quarantained’années. “Je suis mariée, mais je suis ce qu’on appelleici une femme de carrière. Je n’ai pas beaucoup detemps à consacrer à la cuisine. J’essaie de faire du mieuxque je peux, mais je dois reconnaître que je dépendsbeaucoup de ces endroits pour composer mon dîner”,explique-t-elle. MIo Mayumi, en charge de la com-munication de Takashimaya, nous rappelle que plusde 70 % des femmes dans cette tranche d’âge tra-vaillent que ce soit à plein-temps ou à mi-temps.Parmi elles, on trouve beaucoup de femmes mariées.“Elles sont souvent dans une situation délicatepuisqu’elles cherchent à trouver un équilibre entre leurcarrière professionnelle et leurs responsabilités au seindu foyer. Elles ont souvent peu de temps pour cuisinerdes plats japonais qui exigent un long temps de pré-

Bienvenue au paradisPartez à la découverte de l’un des secrets lesmieux gardés du Japon : les sous-sols desgrands magasins. Réservés aux gourmands.

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D ’après certains visiteurs étrangers, les depa-chika, autrement dit les sous-sols desgrands magasins, figurent parmi les

secrets les mieux gardés du pays. Il est facile de com-prendre pourquoi un Américain ou un Européenpeut être ébloui par ces lieux. Ailleurs vous aurezdu mal à trouver quelque chose de semblable. Mêmele rayon d’épicerie fine du célèbre Harrods à Lon-dres a peu de chance de rivaliser avec l'un des nom-breux depachika à Tôkyô. Il n’est alors pas étonnantque les touristes tombent sous le charme lorsqu’ilspénètrent dans ces temples de la consommationglamour, mais on peut se demander pourquoi lesJaponais les apprécient tant. D’autant que la plupartdes produits vendus dans ces lieux valent une for-tune. Cependant, les gens continuent à les fréquen-ter, tant et si bien que ces marchés en sous-sol contri-buent jusqu'à un quart du chiffre d'affaires del'ensemble du grand magasin. Ne reculant devantrien, Zoom Japon s’est donc rendu au depachika deTakashimaya à Nihonbashi, pour tenter de com-prendre les raisons de leur succès.L’endroit est rempli de femmes bien habillées, maisnous décidons de nous tourner vers l’un des rareshommes qui s’y trouvent. L’homme d’affaires vadroit au but. “C’est vrai que les depachika ne sont pasdes endroits bon marché, mais ici vous pouvez trouverdes produits de grande qualité pour un rapport qua-lité-prix raisonnable. Que l’on vienne ici pour déjeunerà l’un des comptoirs qui s’y trouvent ou que l’on y achètedes choses pour dîner chez soi, procure toujours la sen-sation que l’on fait quelque chose de spécial”, confie-t-il. Après cette première approche faite auprès d’unhomme, nous décidons de nous tourner vers uneélégante femme. Elle semble avoir une quarantained’années. “Je suis mariée, mais je suis ce qu’on appelleici une femme de carrière. Je n’ai pas beaucoup detemps à consacrer à la cuisine. J’essaie de faire du mieuxque je peux, mais je dois reconnaître que je dépendsbeaucoup de ces endroits pour composer mon dîner”,explique-t-elle. MIo Mayumi, en charge de la com-munication de Takashimaya, nous rappelle que plusde 70 % des femmes dans cette tranche d’âge tra-vaillent que ce soit à plein-temps ou à mi-temps.Parmi elles, on trouve beaucoup de femmes mariées.“Elles sont souvent dans une situation délicatepuisqu’elles cherchent à trouver un équilibre entre leurcarrière professionnelle et leurs responsabilités au seindu foyer. Elles ont souvent peu de temps pour cuisinerdes plats japonais qui exigent un long temps de pré-

Bienvenue au paradisPartez à la découverte de l’un des secrets lesmieux gardés du Japon : les sous-sols desgrands magasins. Réservés aux gourmands.

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paration. Elles finissent par dépendre des depachikapour y parvenir”, confirme-t-elle.Les femmes mariées ne sont pas les seules à s’y rendre.Un nombre important des femmes qui fréquententces lieux sont des célibataires d’une vingtaine oud’une trentaine d’années. Nous en interpellons unealors qu’elle était sur le point de partir. Nous luidemandons ce qu’elle a acheté aujourd’hui. Yasukoest une employée de bureau qui vit seule dans le cen-tre de Tôkyô. Quand elle ne sort pas dîner avec desamis ou des collègues, elle aime manger chez elle enregardant ses feuilletons préférés à la télévision.Aujourd’hui, elle a acheté du poisson frit, une saladeet un gâteau au chocolat. “Pour moi, c’est comme sij’allais à Disneyland”, dit-elle. “C’est un plaisir per-manent. Chaque jour, je peux changer de menu”. Lajeune femme est pressée de rentrer chez elle. “Cesont des individus attirés par la mode qui disposentd’un revenu conséquent qu’ils sont prêts à dépenserdans nos magasins. Les jeunes femmes comme celleque vous venez de rencontrer ne cessent pas de suivreles dernières tendances”, assure-t-elle.Puisque nous évoquons les tendances et les modes,une des choses que la plupart des femmes aimentfaire, c’est de partir en quête de douceurs. Un depa-chika est sans aucun doute le meilleur endroit oùl’on trouve une gamme sans cesse renouvelée degâteaux, de pâtisseries et autres desserts. Dans cer-tains de ces sous-sols de grands magasins, on nerecense pas moins de 50 échoppes dont la principalemission consiste à satisfaire les envies sucrées de laclientèle, en proposant tout aussi bien des friandisesjaponaises que du chocolat français.

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ZOOM DOSSIER

Nous nous tournons vers une femme qui approchede la quarantaine. on dirait une publicité vivantepour Chanel. Elle a juste acheté un camembert etse dirige vers un autre stand comme le vendeur defromages continue de la remercier avec insistancesans qu’elle y accorde attention. “Ce que j’appréciequand je fais mes courses au Japon, c’est le service. Etle depachika est le lieu où il atteint la perfection. J’aibeaucoup voyagé à l’étranger, mais je n’ai jamais ren-contré quelque chose de comparable dans un autrepays. Voyez la façon dont il se courbe, sa politesse. Quedire de la manière avec laquelle les vendeurs emballentles produits. C’est sans doute ce qu’il y a de mieux”,nous déclare-t-elle. D’après elle, il s’agit d’une ques-tion de culture et d’habitudes. Voilà pourquoi toutle monde estime que c’est normal. “J’adore ça.Chaque fois que je viens ici, j’ai l’impression d’êtreune princesse !”.Mio Mayumi nous entraîne un peu plus loin pourpoursuivre la visite des lieux. Elle nous expliquecomment leur disposition a évolué au cours des der-nières années. “De nombreux depachika dans la capi-tale ont entrepris de se rénover. Les zones réservéesaux cadeaux ont été réduites pour laisser la place àdes espaces pour les plats prêts-à-consommer préparéspar des restaurants renommés. De petites cuisines ontété installées pour permettre de fournir à la clientèledes produits de première fraîcheur”, affirme la jeunefemme. Nous l’interrompons, car nous avons repéréun groupe de femmes qui se bousculent autour d’unstand. “Les clients ne résistent pas à la tentation d’ache-ter de nouveaux produits. Ils sont prêts à faire la queuependant des heures pour acheter des beignets. C’est

arrivé, il y a quelques années, à l’ouverture de KrispyCream et avant ça lorsque les premières gaufres belgesont été commercialisées”, note Mio Mayumi. D’aprèselle, plusieurs grands magasins ont même créé leurspropres marques pour attirer les clients en quêtede produits rares.il commence à se faire tard et le nombre de clientsdans les allées du depachika n’a pas baissé. il est mêmepossible que le nombre de clients ait augmenté.Nous suivons une femme qui passe d’un rayon àl’autre d’un pas pressé. “J’apprécie que ces endroitsrestent ouverts tard. Comme je travaille, je ne peuxpas me rendre dans les épiceries pendant la journée.Ces depachika me sauvent la vie. En outre, quandla fermeture approche, la plupart des stands qui ven-dent des produits frais et périssables cassent les prix.C’est donc très pratique pour moi de faire mes coursesà ce moment de la journée” explique-t-elle.Mio Mayumi nous confirme que la décision deretarder d’une heure la fermeture a été une bonnechose pour tout le monde. “Les clients sont de touteévidence satisfaits, car ils peuvent venir ici à la dernièreminute pour leur dîner ou pour acheter du pain pourleur petit-déjeuner du lendemain. Depuis la mise enplace de cet aménagement, nos ventes ont augmentéde 7 %”, assure-t-elle.Notre mission est terminée, mais nous nous rendonscompte que nous n’avons pas mangé de la journée.Nous nous précipitons vers le stand de sushi pouracheter un petit plateau alléchant. Proposé initia-lement au prix de 1500 yens, nous avons la chancede l’acheter à 800 yens. C’est vraiment le paradisde la nourriture ! JEAN DEROME

Toraya est l’un des pâtissiers japonais les plus connus du Japon. Ses activités remontent au XVIe siècle.

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ZOOM DOSSIER

S AkAMoTo Yukari est née à Tôkyô, maiselle a grandi aux Etats-Unis. Elle a reçuune formation de chef et de boulanger

dans une école de cuisine française avant deprendre des cours d’œnologie à l’Association amé-ricaine des sommeliers. Elle a travaillé en tantque sommelière au prestigieux New York Barand Grill de l’hôtel Park Hyatt à Tôkyô. Elle aaussi passé un examen des plus rigoureux pourdevenir spécialiste de shôchû, cet alcool distillé ja-ponais, après avoir fait son apprentissage à Ashikaga,dans la préfecture de Tochigi, au nord de lacapitale. Elle donne des cours sur la nourriture etl’alcool, publie des articles et organise des visitesguidées des magasins et des marchés de Tôkyô.Elle nous rapporte ses souvenirs de sommelièrelorsqu’elle travaillait au depachikade Takashimaya,à Nihonbashi.

Que faisiez-vous exactement chez Takashimaya ?SAkAmOTO Yukari : J’étais sommelière dans lerayon du vin. Mais j’étais aussi en charge des autresalcools comme le saké, le shôchû, le whisky japonaisou encore la bière.

Comment se passait une journée type ?S. Y. : D’abord, nous nous tenions debout àattendre les premiers clients que nous accueillionsen nous courbant et en leur lançant “Irasshaimase”(bienvenus). C’est quelque chose que tous lesJaponais considèrent comme normal, mais c’estamusant de voir le visage des clients étrangers. Ilssemblent tellement surpris ! Ensuite, j’attendaisqu’un client vienne me demander un conseil. Cer-tains savaient déjà ce qu’ils voulaient et n’avaientpas besoin d’aide. D’autres, en revanche, se pré-sentaient m’expliquant qu’ils se rendaient à unefête en me présentant ce qu’ils avaient acheté pourdîner pour que je leur recommande un vin.Chaque jour était différent et cela changeait enfonction des saisons. Au Japon, les grands magasinssont habituellement plus fréquentés en été et à lafin de l’année. Ce sont deux moments où les gensoffrent des cadeaux à des parents, des enseignantsou des relations professionnelles. En été, pendantla saison d’o-chûgen, les gens choisissent généralementde la bière tandis qu’en décembre au moment d’o-seibo, le cadeau le plus populaire le kôhaku, uneboîte contenant une bouteille de vin rouge et unebouteille de vin blanc. Le saké se vend bien tout aulong de l’année tandis que le champagne est pluspopulaire au moment de la Saint-Valentin.

Pensez-vous que la crise économique a eu unimpact sur les ventes saisonnières ?S. Y. : A la fin des années 1990 et au début de ladécennie suivante, les pratiques de se faire des ca-deaux en ont pris un sérieux coup dans la mesureoù de nombreuses personnes et entreprises ontréduit leurs dépenses. Toutefois, depuis quelquesannées, les depachikaont enregistré de bons chiffresd’affaires, notamment avec des produits très chers. J’ai travaillé chez Takashimaya qui est un magasintrès traditionnel, le plus ancien du Japon, particu-lièrement apprécié par les personnes les plus âgées.Pour elles, la tradition de la saison des cadeauxconstitue un rituel social important. Pas questiondonc d’aller à l’encontre de ces pratiques. Et peuimporte la situation économique, il n’est pasquestion pour elles de s’y soustraire. Dans cecontexte, la situation de Takashimaya ou de Mit-sukoshi est bien différente de celle de Matsuya ouIsetan qui attirent une clientèle plus jeune.

Est-ce que le type de nourriture vendue d’unmagasin à l’autre est différent ?S. Y. : Il y a de grandes différences y compris ausein des magasins de la même enseigne. Par exemple,le client type du Takashimaya de Shinjuku a enmoyenne une trentaine d’années et a des goûtsbien différents des clients plus âgés du magasin deNihonbashi.

Beaucoup de gens considèrent le depachikad’Ise-tan comme le meilleur. Qu’en pensez-vous ?S. Y. : Il y a 7 ou 8 ans, ils ont procédé à unegrande opération de rénovation et ont modifié

leur façon de présenter la nourriture. En compa-raison, si vous vous rendez au Takashimaya deYokohama, vous verrez une présentation plusclassique. C’est évidemment pratique, mais cen’est pas très joli. Isetan a pour sa part misé sur laprésentation de ses produits. Vous pouvez vousen rendre compte dans ses rayons de prêt-à-porterou de joaillerie. Cela n’est pas réservé à la seulenourriture. En ce sens, Isetan a été un pionnier.D’autres grands magasins lui ont emboîté le pas.Mitsukoshi a entrepris des changements il y aquelques années tandis que le Matsuya de Ginza aprocédé à sa rénovation cette année.

On peut donc dire que les grands magasinstentent de s’adapter à leur temps et aux besoinsrenouvelés de leur clientèle…S. Y. : En effet. Faire ses courses sur Internet estde plus en plus populaire et souvent moins cher etpratique. Voilà pourquoi les grands magasinsdoivent trouver les moyens d’attirer la clientèle.

Une des choses qui permet d’attirer la clientèleest cette habitude dans les depachikade proposeraux clients de goûter les produits. A tel pointque certains guides touristiques suggèrent auxtouristes avec un budget serré de se rendre dansces lieux pour faire des économies en ne dépensantrien pour déjeuner.S. Y. : C’est vrai. Dans mon rayon aussi, nousavions l’habitude d’introduire de nouveaux vinstandis que dans le rayon consacré au saké, onmettait chaque semaine en avant une nouvellebrasserie. De cette façon, le client peut goûter

RENCONTRE Yukari au pays des merveillesTravailler dans ces grands magasins oùles mets les plus fins sont proposés exigeun certain savoir-faire. Témoignage.

On y trouve tout ce que l’on souhaite et les vendeurs sont des professionnels bien formés.

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S AkAMoTo Yukari est née à Tôkyô, maiselle a grandi aux Etats-Unis. Elle a reçuune formation de chef et de boulanger

dans une école de cuisine française avant deprendre des cours d’œnologie à l’Association amé-ricaine des sommeliers. Elle a travaillé en tantque sommelière au prestigieux New York Barand Grill de l’hôtel Park Hyatt à Tôkyô. Elle aaussi passé un examen des plus rigoureux pourdevenir spécialiste de shôchû, cet alcool distillé ja-ponais, après avoir fait son apprentissage à Ashikaga,dans la préfecture de Tochigi, au nord de lacapitale. Elle donne des cours sur la nourriture etl’alcool, publie des articles et organise des visitesguidées des magasins et des marchés de Tôkyô.Elle nous rapporte ses souvenirs de sommelièrelorsqu’elle travaillait au depachikade Takashimaya,à Nihonbashi.

Que faisiez-vous exactement chez Takashimaya ?SAkAmOTO Yukari : J’étais sommelière dans lerayon du vin. Mais j’étais aussi en charge des autresalcools comme le saké, le shôchû, le whisky japonaisou encore la bière.

Comment se passait une journée type ?S. Y. : D’abord, nous nous tenions debout àattendre les premiers clients que nous accueillionsen nous courbant et en leur lançant “Irasshaimase”(bienvenus). C’est quelque chose que tous lesJaponais considèrent comme normal, mais c’estamusant de voir le visage des clients étrangers. Ilssemblent tellement surpris ! Ensuite, j’attendaisqu’un client vienne me demander un conseil. Cer-tains savaient déjà ce qu’ils voulaient et n’avaientpas besoin d’aide. D’autres, en revanche, se pré-sentaient m’expliquant qu’ils se rendaient à unefête en me présentant ce qu’ils avaient acheté pourdîner pour que je leur recommande un vin.Chaque jour était différent et cela changeait enfonction des saisons. Au Japon, les grands magasinssont habituellement plus fréquentés en été et à lafin de l’année. Ce sont deux moments où les gensoffrent des cadeaux à des parents, des enseignantsou des relations professionnelles. En été, pendantla saison d’o-chûgen, les gens choisissent généralementde la bière tandis qu’en décembre au moment d’o-seibo, le cadeau le plus populaire le kôhaku, uneboîte contenant une bouteille de vin rouge et unebouteille de vin blanc. Le saké se vend bien tout aulong de l’année tandis que le champagne est pluspopulaire au moment de la Saint-Valentin.

Pensez-vous que la crise économique a eu unimpact sur les ventes saisonnières ?S. Y. : A la fin des années 1990 et au début de ladécennie suivante, les pratiques de se faire des ca-deaux en ont pris un sérieux coup dans la mesureoù de nombreuses personnes et entreprises ontréduit leurs dépenses. Toutefois, depuis quelquesannées, les depachikaont enregistré de bons chiffresd’affaires, notamment avec des produits très chers. J’ai travaillé chez Takashimaya qui est un magasintrès traditionnel, le plus ancien du Japon, particu-lièrement apprécié par les personnes les plus âgées.Pour elles, la tradition de la saison des cadeauxconstitue un rituel social important. Pas questiondonc d’aller à l’encontre de ces pratiques. Et peuimporte la situation économique, il n’est pasquestion pour elles de s’y soustraire. Dans cecontexte, la situation de Takashimaya ou de Mit-sukoshi est bien différente de celle de Matsuya ouIsetan qui attirent une clientèle plus jeune.

Est-ce que le type de nourriture vendue d’unmagasin à l’autre est différent ?S. Y. : Il y a de grandes différences y compris ausein des magasins de la même enseigne. Par exemple,le client type du Takashimaya de Shinjuku a enmoyenne une trentaine d’années et a des goûtsbien différents des clients plus âgés du magasin deNihonbashi.

Beaucoup de gens considèrent le depachikad’Ise-tan comme le meilleur. Qu’en pensez-vous ?S. Y. : Il y a 7 ou 8 ans, ils ont procédé à unegrande opération de rénovation et ont modifié

leur façon de présenter la nourriture. En compa-raison, si vous vous rendez au Takashimaya deYokohama, vous verrez une présentation plusclassique. C’est évidemment pratique, mais cen’est pas très joli. Isetan a pour sa part misé sur laprésentation de ses produits. Vous pouvez vousen rendre compte dans ses rayons de prêt-à-porterou de joaillerie. Cela n’est pas réservé à la seulenourriture. En ce sens, Isetan a été un pionnier.D’autres grands magasins lui ont emboîté le pas.Mitsukoshi a entrepris des changements il y aquelques années tandis que le Matsuya de Ginza aprocédé à sa rénovation cette année.

On peut donc dire que les grands magasinstentent de s’adapter à leur temps et aux besoinsrenouvelés de leur clientèle…S. Y. : En effet. Faire ses courses sur Internet estde plus en plus populaire et souvent moins cher etpratique. Voilà pourquoi les grands magasinsdoivent trouver les moyens d’attirer la clientèle.

Une des choses qui permet d’attirer la clientèleest cette habitude dans les depachikade proposeraux clients de goûter les produits. A tel pointque certains guides touristiques suggèrent auxtouristes avec un budget serré de se rendre dansces lieux pour faire des économies en ne dépensantrien pour déjeuner.S. Y. : C’est vrai. Dans mon rayon aussi, nousavions l’habitude d’introduire de nouveaux vinstandis que dans le rayon consacré au saké, onmettait chaque semaine en avant une nouvellebrasserie. De cette façon, le client peut goûter

RENCONTRE Yukari au pays des merveillesTravailler dans ces grands magasins oùles mets les plus fins sont proposés exigeun certain savoir-faire. Témoignage.

On y trouve tout ce que l’on souhaite et les vendeurs sont des professionnels bien formés.

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avant de faire son choix. Chez Takashimaya, il yavait beaucoup plus de produits à goûter dans lepassé. Ils sont maintenant un peu plus intelligentset les mettent à l’abri derrière le comptoir. Ils at-tendent qu’un client manifeste vraiment sonintérêt pour lui présenter. Quoi qu’il en soit, laplupart des Japonais ont une mentalité différente.Ils pensent que d’avoir de la nourriture gratuitesans la payer n’est pas très poli. Ils prennent en gé-néral un morceau à goûter seulement s’ils ontvraiment l’intention de l’acheter.

Pouvez-vous dire combien il y a de boutiquesreprésentées dans un depachika ?S. Y. : En général, on en recense 150, mais Tôbu,dans le quartier d’Ikebukuro en a 250.

Qu’avez-vous vraiment apprécié lorsque voustravailliez dans un depachika ?S. Y. : Sur un plan égoïste, j’avais la chance devoir la cuisine évoluer en fonction des saisons. Surun plan plus professionnel, c’était agréable de voirun client revenir encore et encore, et de développerune relation de proximité avec lui. C’est parceque nous avons montré que nous faisions attentionà notre clientèle que celle-ci manifeste un fort at-tachement à l’égard de certains depachika.

Pourtant certains étrangers, en particulier ceuxqui vivent au Japon, se plaignent du servicequ’ils reçoivent dans les depachika. A leurs yeux,c’est un peu exagéré notamment en matièred’emballage. Ne partagez-vous pas ce sentiment,vous qui avez grandi aux Etats-Unis ?S. Y. : Je comprends ce que vous dites, mais jedois dire que j’adore ça. Je vis au Japon depuis desannées et chaque fois que je vais aux Etats-Unis, jesuis frappée par le manque de courtoisie dans lesmagasins là-bas. Les employés ne vous saluentjamais et ne vous remercient jamais. Au Japon, ilsfont tout pour que vous vous sentiez comme unepersonne spéciale. Tout ce qu’on entend autourde la notion d’omotenashi (hospitalité) est vrai.Par exemple, si vous achetez une boîte de bougieset que vous voulez les offrir séparément à vosamis, ils se feront un plaisir de vous donner dessacs supplémentaires. Quand j’ai commencé à tra-vailler à Takashimaya, l’un de mes premiers boulotsconsistait à emballer les produits, ce qui était loind’être simple parce que le papier et la façon de fairedépendent de l’occasion.

Pourquoi les Japonais, les Japonaises en parti-culier, aiment tant les depachika ?S. Y. : Tout d’abord, beaucoup de marques ré-putées au Japon disposent de stands. Aussi il estfacile de trouver ce qu’il y a de meilleur auniveau de la nourriture. Chez Takashimaya,vous pouvez trouver un stand Peck de Milan.Encore aujourd’hui, lorsque je me rends chez

Takashimaya, je ne manque jamais de m’acheterune ciabatta, une focaccia avec du jambon oudu salami de chez Peck. Je peux aussi trouverd’authentiques croissants qui me donnent l’im-pression d’être dans une vraie boulangerie fran-çaise. Nous sommes vraiment gâtés au Japon.Un autre point fort des depachika est lié à lapossibilité d’y manger sur place ou d’acheter unbentô que l’on pourra déguster dans un autreendroit comme sur les toits aménagés des grandsmagasins. Peu d’étrangers savent ça. Aussi lorsqueje fais des visites guidées, je ne manque jamaisde mettre en évidence ces lieux qui sont aménagéspour que vous puissiez apprécier votre tempuraet autres tonkatsu.

Avez-vous des conseils à donner à ceux qui vou-draient se rendre dans un depachika lors de leur

prochain séjour au Japon ?S. Y. : Les étrangers sont souvent fascinés par lesfruits dont les prix sont très élevés. Senbikiya, parexemple, vend par exemple des melons à 15 000yens ou des boîtes de 6 pêches à 10 000 yens.Mais si vous achetez l’un de ses desserts avec desfruits dessus, vous pouvez avoir une idée de leurqualité sans avoir à vous ruiner. Par ailleurs, lesgrands magasins organisent souvent des événementsliés à la nourriture dans les étages supérieurs,comme ceux où des représentants de régionscomme Hokkaidô ou Kyûshû viennent faire lapromotion des produits de leur terroir. Ces évé-nements sont promus sur les sites Internet desgrands magasins. Mais si vous ne pouvez pas lirele japonais, n’hésitez pas à vous renseigner auprèsde l’accueil du magasin.

PROPOS RECUEILLIS PAR J. D.

Les prix de certains fruits comme ce melon à 16 200 yens atteignent parfois des prix fous.

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CONSEILS Les meilleurs depachika de TôkyôLors de votre prochain séjour dans lacapitale, ne manquez pas de visiter l’un de ces temples de la nourriture.

T ôkyô est la capitale des depachika dansle monde. Ils sont éparpillés dans toutela ville. Aussi la personne qui voudrait

les passer tous en revue devrait y consacrer toutun voyage. La visite du depachika de Tôbu nedemande pas moins de huit heures, à raison dedeux minutes par stand. Nous avons donc de-mandé à SAKAMOTO Yukari de dresser sa liste deses depachika préférés. Ils sont tous situés à proxi-mité des gares les plus importantes de la capitale.Vous pouvez donc les ajouter à votre liste deschoses à faire.

Takashimaya (magasin de Nihonbashi)2-4-1 Nihonbashi, Chûô-kuTél. 03-3211-4111Ouvert tous les jours, 10h-20hGare la plus proche : Gare de Tôkyô (Yaesu Northexit) ou station de métro la plus proche : Nihonbashi(Lignes Ginza ou Tôzai, B2 exit)www.takashimaya.co.jp/tokyo (en japonais)

Le principal magasin de Takashimaya est situédans l’un des bâtiments les plus chics de la capitale.Pour ceux qui veulent faire l’expérience de mangersur place, nous recommandons Shunpanro (poissonfugu) et Imahan (sukiyaki). Kano Shojuan possèdeun petit café où l’on peut goûter leurs desserts ja-ponais traditionnels et modernes.Puisqu’on évoque la tradition, Minokichi estune boutique qui a 300 ans d’histoire à Kyôto.Takashimaya vous permet d’acheter l’un de sesbentô avant d’aller le déguster sur le toit aménagédu magasin. Un petit tour au Fruits ParlorLemon vous permettra de vérifier qu’au Japon,certaines boutiques peuvent vendre des fruits àdes prix incroyablement élevés. Cachée audeuxième étage, vous trouverez la boutique duchocolatier Pascal Caffet pour déguster destruffes avec un verre de champagne. Pour ce quiest de l’alcool, le rayon saké de ce magasinpropose régulièrement des dégustations ce quene font pas les autres grands magasins.

Mitsukoshi (magasin de Nihonbashi)1-4-1 Nihonbashi Muromachi, Chûô-kuTél: 03-3241-3311Ouvert tous les jours, 10h-19hStation de métro la plus proche : Mitsukoshi-mae (ligne Ginza)www.mitsukoshi.co.jp (en japonais)

Ouvert en 1904, il s’agit du grand magasin le plusancien du Japon. Les clients apprécient de regardercomment on fabrique le baumkuchen, ce gâteauvendu par Club Harie. Si vous préférez des chosesplus locales, essayer Kayuan et Wabisa. YoshikawaSuisan est connu pour ses magnifiques présentationsde poisson. Si vous voulez manger sur place, Ten-pura Yamanoue ou Izumoya (anguille grillée) dis-posent d’un comptoir.

Daimaru 1-9-1 Marunouchi, Chiyoda-kuTél. 03-3212-8011Ouvert tous les jours, 10h-20hGare la plus proche : Gare de Tôkyô (YaesuNorth exit)www.daimaru.co.jp (en japonais)

Daimaru se trouve juste à côté de la gare de Tôkyô.Il dispose d’une incroyable variété de bentô. Aussi

si vous comptez faire un long voyage en train,nous vous recommandons de faire un petit détourpar son depachika pour y trouver de quoi vousnourrir. Baumkuchen est une nouvelle fois lechampion des douceurs venues d’Europe tandisque Nanrin’ya est populaire pour les douceursnippones. Si vous êtes accro aux aliments conservésdans la saumure, rendez-vous directement au 11eétage chez Kintame.

Isetan 3-14-1 Shinjuku, Shinjuku-kuTeél. 03-3352-1111Ouvert tous les jours, 10h-20hStation la plus proche: Shinjuku-sanchome (ligneMarunouchi)http://isetan.mistore.jp/store/shinjuku/transla-tion/english.html (en anglais)

Si vous ne pouvez visiter qu’un seul depachika à

L’un des points importants est la mise en valeur des produits.

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Tôkyô, alors choisissez celui-là. Parmi les vedettes,le maître chocolatier Jean-Paul Hévin. Du côtédes confiseries, Ameya Eitaro vend des bonbonstrès tendance qui constituent d’excellents souvenirstandis que Suzukake emballent ses douceurs dansdes boîtes en bambou. Vous en voulez plus ?Essayez les macarons de Pierre Hermé ou les ca-ramels de Henry LeRoux. Pour manger sur place,le Kitchen Stage permet de goûter aux réalisationsde chefs venus des restaurants les plus populairesde la ville. Le rayon saké propose une collectionrare de koshu ou vieux saké. Cerise sur le gâteau,le jardin sur le toit du magasin est un des plusbeaux de la capitale.

Takashimaya (magasin de Shinjuku)5-24-2 Sendagaya, Shibuya-kuTél. 03-5361-1111Ouvert tous les jours, 10h-20hGare la plus proche : Shinjuku (lignes Yamanoteou Chûô, South exit)www.takashimaya.co.jp/shinjuku (en japonais)

Si vous trouvez le pain japonais pas assez à votregoût ou que le pain français ou italien vousmanque, faites un tour chez Peck. Sinon Kikunoi,un restaurant très connu de Kyôto, propose sesplats ici. Si vous êtes en quête d’un restaurant, il y

a trois étages qui en regorgent. On y trouve dutonkatsu (porc pané) chez Katsukura ou des soupesde raviolis chez Din Tai Fung.

Tôbu1-1-25 Nishi-Ikebukuro, Toshima-kuTél. 03-5981-2211Ouvert tous les jours, 10h-20hGare la plus proche : Ikebukuro (ligne Yama-note)www.tobu-dept.jp/ikebukuro (en japonais)

Voici le plus grand depachika du pays avec 250boutiques réparties dans deux bâtiments. La variétéest ahurissante, en voici quelques-uns : Tsukugonpour ses oden (pot-au-feu japonais) et Pao Paopour ses gyoza (raviolis). La sélection de bières estune des meilleures de la ville.

Tokyu Toyoko-ten Food Show2-24-1 ShibuyaTél. 03-3477-3111Ouvert tous les jours, 10h-21hGare la plus proche : Shibuya (ligne Yamanote),Station de métro la plus proche : Shibuya (ligneHanzomon)www.tokyu-dept.co.jp (en japonais)

Le comptoir d’En Dashi Chazuke propose unesélection de riz chauds préparés dans de savoureuxbouillons avec une variété de garnitures tandisqu’Uoriki sert de délicieux sushi à des prix rai-sonnables. Une partie de ce depachika abrite unemultitude de stands proposant de nombreusesdouceurs.Le rayon saké organise des promotions hebdo-madaires. Ne manquez pas l’occasion de goûterla production locale.

Mitsukoshi (magasin de Ginza)4-6-16 Ginza, Chûô-kuTél. 03-3562-1111Ouvert tous les jours, 10h-20hStation de métro la plus proche : Ginza (lignesGinza, Marunouchi et Hibiya)www.mitsukoshi.co.jp (en japonais)

L’un de ses principaux avantages est de se trouverdans l’un des endroits les plus sympas de la ville :le carrefour de Ginza.

Vous pouvez trouver d’autres informations surles depachika dans son livre Food Sake Tokyopublié par Little Bookroom. Ne manquez pas deconsulter son site http://foodsaketokyo.com.

J. D.

Malgré le nom de la boutique, vous n’êtes pas à Paris mais bien au sous-sol d’un grand magasin japonais.

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CONSEILS Les meilleurs depachika de TôkyôLors de votre prochain séjour dans lacapitale, ne manquez pas de visiter l’un de ces temples de la nourriture.

T ôkyô est la capitale des depachika dansle monde. Ils sont éparpillés dans toutela ville. Aussi la personne qui voudrait

les passer tous en revue devrait y consacrer toutun voyage. La visite du depachika de Tôbu nedemande pas moins de huit heures, à raison dedeux minutes par stand. Nous avons donc de-mandé à SAKAMOTO Yukari de dresser sa liste deses depachika préférés. Ils sont tous situés à proxi-mité des gares les plus importantes de la capitale.Vous pouvez donc les ajouter à votre liste deschoses à faire.

Takashimaya (magasin de Nihonbashi)2-4-1 Nihonbashi, Chûô-kuTél. 03-3211-4111Ouvert tous les jours, 10h-20hGare la plus proche : Gare de Tôkyô (Yaesu Northexit) ou station de métro la plus proche : Nihonbashi(Lignes Ginza ou Tôzai, B2 exit)www.takashimaya.co.jp/tokyo (en japonais)

Le principal magasin de Takashimaya est situédans l’un des bâtiments les plus chics de la capitale.Pour ceux qui veulent faire l’expérience de mangersur place, nous recommandons Shunpanro (poissonfugu) et Imahan (sukiyaki). Kano Shojuan possèdeun petit café où l’on peut goûter leurs desserts ja-ponais traditionnels et modernes.Puisqu’on évoque la tradition, Minokichi estune boutique qui a 300 ans d’histoire à Kyôto.Takashimaya vous permet d’acheter l’un de sesbentô avant d’aller le déguster sur le toit aménagédu magasin. Un petit tour au Fruits ParlorLemon vous permettra de vérifier qu’au Japon,certaines boutiques peuvent vendre des fruits àdes prix incroyablement élevés. Cachée audeuxième étage, vous trouverez la boutique duchocolatier Pascal Caffet pour déguster destruffes avec un verre de champagne. Pour ce quiest de l’alcool, le rayon saké de ce magasinpropose régulièrement des dégustations ce quene font pas les autres grands magasins.

Mitsukoshi (magasin de Nihonbashi)1-4-1 Nihonbashi Muromachi, Chûô-kuTél: 03-3241-3311Ouvert tous les jours, 10h-19hStation de métro la plus proche : Mitsukoshi-mae (ligne Ginza)www.mitsukoshi.co.jp (en japonais)

Ouvert en 1904, il s’agit du grand magasin le plusancien du Japon. Les clients apprécient de regardercomment on fabrique le baumkuchen, ce gâteauvendu par Club Harie. Si vous préférez des chosesplus locales, essayer Kayuan et Wabisa. YoshikawaSuisan est connu pour ses magnifiques présentationsde poisson. Si vous voulez manger sur place, Ten-pura Yamanoue ou Izumoya (anguille grillée) dis-posent d’un comptoir.

Daimaru 1-9-1 Marunouchi, Chiyoda-kuTél. 03-3212-8011Ouvert tous les jours, 10h-20hGare la plus proche : Gare de Tôkyô (YaesuNorth exit)www.daimaru.co.jp (en japonais)

Daimaru se trouve juste à côté de la gare de Tôkyô.Il dispose d’une incroyable variété de bentô. Aussi

si vous comptez faire un long voyage en train,nous vous recommandons de faire un petit détourpar son depachika pour y trouver de quoi vousnourrir. Baumkuchen est une nouvelle fois lechampion des douceurs venues d’Europe tandisque Nanrin’ya est populaire pour les douceursnippones. Si vous êtes accro aux aliments conservésdans la saumure, rendez-vous directement au 11eétage chez Kintame.

Isetan 3-14-1 Shinjuku, Shinjuku-kuTeél. 03-3352-1111Ouvert tous les jours, 10h-20hStation la plus proche: Shinjuku-sanchome (ligneMarunouchi)http://isetan.mistore.jp/store/shinjuku/transla-tion/english.html (en anglais)

Si vous ne pouvez visiter qu’un seul depachika à

L’un des points importants est la mise en valeur des produits.

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ZOOM CULTURE

HuMEuR par KOGA Ritsuko

Je rêvais de faire la bise à la française commej'avais vu dans les films. C’était très exotiquepour moi et je pensais que la bise était un trucmagique qui brisait immédiatement les bar-rières dans la relation humaine. Plus honnête-ment, je rêvais d'embrasser de beaux garçonsen ne faisant pas d'effort particulier grâce àcette magnifique coutume (tous les Françaisme semblaient beaux avant de les connaîtreréellement).Arrivée en France, j'ai d'abord vécu à tours oùon faisait quatre bises. Plus tard, j'ai déménagéà Paris où l’on n’en faisait plus que deux. J'aitrouvé ça froid au début, mais aujourd'hui,même 2 bises me paraît lourdingue surtout lorsdes soirées chez des amis avec une vingtainede personnes que je vois pour la première fois.En plus, j'ai compris que labise ne m'aidait absolumentpas à briser les barrières dela communication. J'admiremes amis ou ma famille fran-çaise qui arrivent à vite ani-mer la conversation avec desinconnus. Peut-être commebeaucoup de Japonais, j'aitendance à garder une certaine distance avecl'autre et je la réduis doucement avec le temps.A Paris, il m’arrive souvent que des inconnuss’adressent à moi. Par exemple, un jour en tra-versant une rue, un Occidental m'a soudainraconté qu'il était né dans un quartier à tôkyô.Et alors ? Je me suis dit qu'il n'avait rien captédu Japon dans son esprit. C'est pareil pour ladistance physique. Je ne comprends pas pour-quoi en France des gens viennent s’asseoir àcôté de moi alors qu’il y a des places libres ail-leurs ! L'équilibre de l'espace m'est aussi impor-tant que l'espace de chacun ! Quand j'essaied'agir comme eux, je ne me sens vraiment pasà l'aise. Cette année encore, je pense que lePère Noël ne va malheureusement pas m'ap-porter cette façon d’être française. tant pis !Mais avec des efforts, je vous fais plein de bisespour bien finir l'année 2014 ! (tout en gardantune certaine distance).

Quand la bise fut venue…

MANGA Matsumotonous bluffe encoreMATSUMOTO Taiyou ne cesse de nous

étonner et c’est tant mieux. Dans un

univers du manga où l’on a tendance

à publier des œuvres qui se

ressemblent pour répondre aux

exigences du plus grand nombre,

l’auteur de Number 5, d’Amer béton ou

encore de Ping Pong se distingue avec

une approche plus libre de son travail

de mangaka. Sunny dont les éditions

Kana publient le premier volume en

est la

parfaite

illustration. Il

nous

surprend à

plus d’un

titre. Non

seulement

son dessin

évolue de

façon

extrêmement

forte, mais il aborde aussi une partie

de sa propre existence. Inspirée par

sa jeunesse dans un orphelinat, cette

série de nouvelles lui donne l’occasion

de montrer toute la profondeur de

son talent. Grâce à son trait et aux

personnages qu’il fait vivre,

MATSUMOTO nous émeut sans pour

autant donner dans le larmoyant.

C’est juste magnifique. Il y avait

longtemps qu’un auteur de manga, à

l’exception d’ASANO Inio, n’avait

suscité autant d’émotion à la lecture

de son travail. A se procurer

d’urgence.

Sunny de MAtSuMOtO taiyou, traduit et

adapté par thibaud Desbief, éd. Kana,

tome 1, 12,70 €.

SHôJO La belle amnésiqueVictime d’un accident de moto, Shiori se

réveille amnésique. Elle n’a plus aucun

souvenir et doit réapprendre à vivre

dans ces

conditions,

d’autant que

l’image qu’elle

renvoie est loin

d’être flatteuse.

Dans ce shôjo de

qualité, IKETANI

Ricaco soulève

des questions

intéressantes sur

le poids du passé

et les difficultés

à l’assumer lorsqu’on n’en a aucune

idée. Le sens de la mémoire et le

rapport aux autres sont abordés avec

beaucoup de sensibilité.

Six Half de IketanI Ricaco, trad. par PBVt,

éd. Delcourt, tome 1, 6,99 €.

ESSAI Pas des moutonsOn ne peut que remercier l’équipe de

l’Université de Genève

qui a réuni et traduit

une série de textes qui

montrent qu’il existait,

contrairement à de

nombreuses idées

reçues, une opposition

claire et étayée à la

politique d’expansionnisme du Japon

en Asie. Un ouvrage essentiel pour

saisir la complexité de la situation

dans ce pays au cours des années qui

ont mené à la guerre.

Japon colonial 1880-1930. Les Voix de la

dissension, sous la direction de Pierre-François

Souyri, éd. Les Belles lettres, 35 €.

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Grande sélection de fi lms japonais récentsAvant-première dudernier fi lm du

7 réalisateurs invités :Seventh CodeKiyoshi KUROSAWA et plus

Événements *entrée libre-Table ronde autour de la nouvelle Nouvelle Vague japonaise-Rencontre Fukushima : regards croisés -Séance spéciale dramas

3, 6, 13 déc Val-d'Oisejanvier 2015 Régions

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moc.ehtaptnomuagsamenic

28 nov > 20 déc 18 fi lms :La Maison au toit rouge de Yôji YAMADA (Avant-première)BACKWATER de Shinji AOYAMAThe Light Shines Only There de Mipo Ô Tamako in Moratorium de Nobuhiro YAMASHITAHommage à Seijun SUZUKI et plus

Maison de la culturedu Japon à Paris

Studio GhibliSouvenirs de Marnie

16 zooM Japon numéro 46 décembre 2014

zooM cuLtuRe

e n cette période de fin d’année, beaucoupd’entre nous se cassent la tête pour trouverle cadeau idéal à offrir. Du côté des livres,

les idées ne manquent pas comme l’illustre lasortie des Notes de chevet de Sei Shônagon illustréespar hokusai (voir p. 17) ou encore quelquespépites du côté manga (voir p. 14). Au niveau desDVD et autres Blu-Ray, la récolte est en revancheplus maigre. Les amateurs de MiyAzAki hayaoseront satisfaits de trouver son dernier long-métrageLe Vent se lève édité par le studio Ghibli dans lesdeux formats (17,99 € pour le DVD et 22,99 €pour le Blu-Ray). Ceux et celles, qui n’ont pasencore vu le chef-d’œuvre de son compère TAkA-hATA isao, Le Conte de la princesse Kaguya, luiaussi proposé par le studio Ghibli, devront patienterjusqu’au 4 mars prochain pour l’acquérir. En attendant, et dans un genre totalement différent,les curieux et les amoureux du 7e art ont la possibilitéde découvrir ou redécouvrir un cinéaste culte :Suzuki Seijun. Déjà sortis il y a quelques années,trois films importants dans la carrière du cinéasteconnaissent une nouvelle jeunesse grâce à EléphantFilms. L’éditeur propose en effet Détective bureau2-3, La Jeunesse de la bête et La Marque du tueurdans des versions restaurées en haute définitionpar l’américain Criterion dont le travail est saluédans le monde entier. Sous forme de coffrets indi-viduels dans les deux formats DVD et Blu-Ray,les trois films bénéficient chacun d’une présentationpar le critique Charles Tesson qui met en perspectiveces longs-métrages qui ont influencé de nombreuxcinéastes comme John Woo ou encore QuentinTarantino. Chronologiquement, Détective bureau 2-3 estune entrée en matière pour le moins intéres-

sante. Nous sommes en 1963 et le public com-mence à se lasser des films policiers classiquesqui envahissent régulièrement les écrans. C’estl’époque aussi où les salles de cinéma commencentà perdre des spectateurs attirés par la magie dupetit écran qui commence à trouver sa placedans les foyers nippons. Avec ce film, Suzuki

Seijun casse les codes et surprend un public quine s’attendait pas à se trouver face à un personnageinattendu interprété avec brio par ShiShiDO Jô.Plutôt que d’en faire un héros habituel, Suzuki

Seijun plonge son personnage dans des situationsplus rocambolesques les unes que les autres,donnant à son film des airs de parodie. C’est unvrai moment de plaisir qui se traduit par un

Trois des grands succès du cinéastejaponais ressortent dans des versionsrestaurées en haute définition. Un must.

DVD Mettez du Suzuki dans votre vie

énorme succès. La Nikkatsu a compris qu’elletenait un phénomène et surtout un filon à ex-ploiter. La même année, elle produit La Jeunessede la bête dans lequel Suzuki Seijun place labarre encore plus haut. La violence et la surenchèredominent, faisant de ce film une œuvre sommetoute très différente de Détective bureau 2-3dont il est, dit-on, la suite. On sent que lecinéaste attache plus d’importance au travailformel que dans son précédent opus. Cette im-pression est encore plus forte dans La Marquedu tueur que Suzuki Seijun tourne trois ansplus tard. Considéré comme son chef-d’œuvre,ce long-métrage illustre l’inventivité du réalisateurjaponais qui s’attache dans chaque plan à trouverdes idées nouvelles. Cela lui donne un rythmeétonnant dans lequel le spectateur tombe et nepeut s’échapper jusqu’à la dernière minute. Dequoi ravir les amateurs de films de genre quiveulent savoir où les cinéastes spécialisés du mo-ment ont été chercher leurs idées.

ODAIRA NAMIHEI

RéféRenceSDétective bureau 2-3 de Suzuki Seijun (1963) avecShishido Jô, éd. elephant films, à partir de 16,99 €.La Jeunesse de la bête de Suzuki Seijun (1963) avecShishido Jô, éd. elephant films, à partir de 16,99 €.La Marque du tueur de Suzuki Seijun (1967) avecShishido Jô, éd. elephant films, à partir de 16,99 €.

Dans La Marque du tueur (1967), SUZUKI Seijun fait preuve d’inventivité dans chacun de ses plans.

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RESTAURANT JAPONAIS

Ouverts tous les jours de 11h30 à 22h30 M

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Palais RoyalMusée du Louvre

Palais RoyalMusée du Louvre

PyramidesPyramides

MQuatre-SeptembreQuatre-Septembre

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rue de Rivoli

rue St.-Honoré

bd. des Italiens

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rue des Petites-Champs

27, Bd des Italiens 2e ParisTél. 01 40 07 11 81

Bd des Italiens

32 bis, rue Sainte Anne 1er ParisTél. 01 47 03 38 59

Sainte Anne

163, rue Saint-Honoré 1er ParisTél. 01 58 62 49 22

Saint-Honoré

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zooM cuLtuRe

L ’année qui s’achève aura assurément étécelle de Hokusai en France. L’extraordinaireexposition qui lui est consacrée au Grand

Palais de Paris (voir Zoom Japon, numéro 45) fer-mera ses portes dans quelques semaines, le 18 janvier.Pour celles et ceux qui veulent prolonger leurplaisir ou bien faire un joli cadeau à des prochesqui n’auraient pas eu la chance de s’y rendre, outrel’excellent catalogue publié par la Réunion desmusées nationaux, il existe une merveilleuse alter-native proposée par l’éditeur Citadelles & Maze-nod.Ce dernier a choisi d’éditer un magnifiqueouvrage dans lequel les amateurs du maître del’estampe trouveront leur bonheur et ceux quiveulent découvrir l’un des monuments de la lit-térature japonaise en auront pour leur argent.En effet, les œuvres de Hokusai empruntées àplusieurs grands musées internationaux côtoientles Notes de chevet de Sei Shônagon dans la tra-duction et adaptation d’André Beaujard qui faitautorité depuis 80 ans. Quel plaisir de pouvoirposséder un livre de cette qualité grâce auquelon prend un réel plaisir à lire un texte vieux de1000 ans et à voir à quel point Hokusai possédaitun talent extraordinaire. En outre, la maisond’édition française a choisi de relier les pages àla japonaise, c’est-à-dire de les coudre entre ellesd’un beau fil rouge qui réhausse de belle manière

l’ensemble. Le rendu est étonnant et cette qualitéau niveau éditorial justifie amplement le prixrelativement élevé de cette édition (179 euros).On est loin bien sûr de l’édition de poche publiéepar Gallimard dans sa collection Connaissancede l’Orient (même traduction), mais c’est in-comparable. Ce que Citadelles et Mazenod metsur le marché, c’est une quasi œuvre d’art et elledoit être comprise comme telle pour justifierson coût. En 2007, un autre éditeur français, Diane deSelliers, avait publié une remarquable édition duDit du Genji illustré par la peinture traditionnellejaponaise, montrant qu’une œuvre de cette qualitéméritait de bénéficier d’un traitement particu-lier. Depuis cette date, les trois volumes sont

épuisés et beaucoup regrettentde ne pas avoir eu la possibilitéde se les procurer au momentde leur sortie. Aussi ne manquezpas cette nouvelle opportunitéavec les Notes de chevet de SeiShônagon. Les deux œuvressont des références de la litté-rature japonaise, offrant un re-gard profond sur le Japon an-cien. Le seul regret que l’onpeut avoir pour la présente édi-tion du chef-d’œuvre écrit parla dame d’honneur de la prin-cesse, puis impératrice Sadako,est le choix de l’éditeur de rac-courcir un peu le texte pourmaintenir l’équilibre entre l’écritet les images. Très clairement,c’est le travail de Hokusai quis’impose au regard des lecteurs.Dès la page titre, on découvreun détail montrant Sei Shôna-gon en train de composer son

chef-d’œuvre et on comprend l’intérêt de proposerune sorte de dialogue entre les deux artistes parle biais de leurs œuvres respectives. Comme l’écritavec justesse Geneviève Rudolf dans le texte d’in-troduction qui accompagne l’ouvrage, “l’acuitéde leur regard, si simple que soient les choses ou lesêtres qu’ils dépeignent, tient à un goût profond dela beauté, qui leur donne une extraordinaire ré-ceptivité au monde”. Plus on avance dans la lecturede l’ouvrage, plus on se laisse envahir par l’émotionqui se dégage de cette complicité involontaire etanachronique dans la mesure où sept siècles sé-parent les deux artistes. Mais qu’importe. Cequi compte, c’est de profiter de l’instant quis’offre à nous. Ne le manquez pas.

GABRIEL BERNARD

En mettant en correspondance le travail de Sei Shônagon et Hokusai, Citadelles & Mazenod nous fait un beau cadeau.

BEAU LIVRE Deux chefs-d’œuvres en un

RéféRencesnotes de chevet illustrées par Hokusai de seishônagon, traduction et adaptation d’AndréBeaujard, éd. citadelles et Mazenod, 179 €.352 pages. Reliure japonaise en tissu sous boîtiercontenant 300 illustrations couleur de Hokusai.

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ZOOM CULTURE

O n s’est habitué avec le cinéma japonaisà découvrir des œuvres souvent origi-nales et abordant de manière subtile

l’âme de ses contemporains. Au revoir l’été deFukada kôji n’échappe pas à cette approchequ’on pourrait qualifier de classique. en effet, leréalisateur ne cache pas son admiration pourNaruse Mikio, son illustre prédécesseur dontles films ont souvent porté sur une envie decomprendre le fonctionnement des êtres humains.“La place de NAruse dans ma cinéphilie est es-sentielle. Il n’est d’ailleurs pas anodin que l’un despersonnages de mon film Hospitalité se prénommeMikio. La comparaison est peut-être violente,mais la place qu’il occupe est aussi importante quecelle que j’accorde à eric rohmer, tant je perçoisde similitudes dans leur cinéma”, confie Fukada

kôji. de toute évidence, l’intérêt qu’il porteainsi au Français se retrouve aussi dans ses filmset dans la façon dont il aborde les sujets. et puis,on est frappé par la place centrale qu’il accordeaux femmes comme a pu le faire rohmer. Commelui, il cherche à en percer le mystère. dans Aurevoir l’été, c’est un élément important. en choi-sissant de transporter ses deux personnages prin-cipaux, sakuko et sa tante Mikie, dans le villagenatal de cette dernière pour des vacances stu-dieuses, le cinéaste nous entraîne dans une lenteet poétique transformation des comportementsdes deux femmes qui s’opère au contact de deux

autres personnages, masculins ceux-là. ukichi,l’ancien amant de Mikie et gérant d’un love hotelclandestin, et Takashi, un réfugié de la régionde Fukushima, vont ainsi perturber le déroulementprogrammé de leur séjour. Compte tenu du sujet,on aurait pu penser que le jeune réalisateurlaisserait à ses comédiennes toute latitude pourexprimer leurs propres émotions par rapport àces changements. “Je ne fais que très peu d’impro-visation. au revoir l’été était très précisément écrit,à 90 %, y compris les répliques mal dites ou les mo-ments où certains personnages se trompent. Jeconsidère que la mise en scène commence dès l’écriture.Les sentiments et pensées des protagonistes naissentde cette organisation”, explique Fukada kôji trèssûr de son fait. Cette maîtrise quasi totale ne pro-voque pas pour autant l’ennui. Malgré un rythmelent lié à la torpeur de l’été, le film ne manque pasde ressort dans la mesure où le cinéaste tente

d’ouvrir son film au monde qui entoure ses per-sonnages. C’est en cela que l’on retrouve l’influencede Naruse Mikio. “Ce qui m’intéresse est la plupartdu temps de restituer une vision du monde selon lecroisement des regards des protagonistes. J’aimeraisainsi faire apparaître un monde à part entière”, as-sure-t-il. Il y parvient avec brio. Il aborde de nom-breux sujets qui font ressortir certains traits duJapon actuel. Il ne le fait pas de façon brutale,mais avec cette subtilité qui permet en définitivede faire mouche plus efficacement. Même s’il en-visage d’aborder prochainement la question nu-cléaire de façon plus frontale, Fukada kôji lefait très bien avec Takashi. Au revoir l’été ne selimite pas à une exploration des sentiments maisdonne au bout du compte un regard sur le Japoncontemporain qui ne manque pas de nous inter-peller. Chapeau M. Fukada.

O. N.

Avec Au revoir l’été, le jeune cinéastemontre l’étendue de son talent et installedéfinitivement son nom dans le 7e art.

CINÉMA Fukada Kôji impose son style

RÉFÉRENCESAu revoir l’été (Hotori no Sakuko) de Fukada Kôji.2013. 2h06. Avec Nikaidô Fumi, Tsuruta Mayu,Taiga, Furutachi Kanji et Sugino Kiki. Dist.Survivance. En salles le 17 décembre.

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un fast food de temps en temps, mais les traiteursdes supermarchés proposent des plats variés etplus équilibrés.Ce système nous aide aussi pendant la période deshôgatsu (jour de l’an), événement le plus impor-tant pour les Japonais. C’est une fête de famillecomme Noël en France. Pour cela, il faut préparer

ZOOM GOURMAND

La journée d’une shufu, autrement dit d’unemère au foyer, est très chargée. En plusquand on travaille, on n’a pas beaucoup

de temps pour préparer le dîner, surtout pour desenfants affamés. D’habitude, je prépare le repasprincipal à l’avance comme Nikujaga (Mijoté depommes de terre à la viande), curry, pot-au-feu,gyûdon (bol de riz au bœuf), etc. Mais je n’ai passouvent le temps de préparer le fukusai (plat d’ac-compagnement). Dans ce cas-là, en rentrant dutravail, je passe par un supermarché où il y a tout,que j’appelle mon sauveur !Au rayon libre-service d’agemono (fritures), ontrouve plusieurs sortes de croquettes de pommede terre (nature, au curry, à l’algue hijiki, etc.),des tempuras de crevette, de pomme de terre, decitrouille, ou encore de chinchard (aji) qui coû-tent environ 70 yens la pièce. A côté, on trouvedes plats prêts à réchauffer pour environ 400 yens.Il y a des okonomiyaki (voir Zoom Japon, numéro44), des tendon (bol de riz aux tempuras), desyakisoba (nouilles sautées), des pâtes ou du gratin.Ensuite, le rayon de sushi nous attend avec desparts pour une personne ou pour une familleentière à des prix beaucoup moins élevés qu’aurestaurant. Puisque chaque supermarché a sa cui-sine dans son magasin, tous les plats sont dekitate(tous frais) et avec un peu de chance on peutmême acheter des tempuras tout chaud ! Aussicomme les traiteurs ne peuvent pas les garderjusqu’au lendemain, pour tout vendre le jourmême les prix baissent à la fin de la journée, vers18h30 – 19h, 5 croquettes passent à 200 yens aulieu de 350 yens ! Cela m’aide beaucoup aussi !J’en profite aussi lorsque je déjeune seule le jouroù je ne travaille pas. C’est sympa de manger dans

MAEDA Haruyo n’a pas toujours le tempsde préparer la cuisine. Comme d’autresJaponaises, elle a une solution.

EXPÉRIENCE Madame peut être servie

des plats spéciaux appelés osechi ryôri. C’est unpeu comme les bentô, mais le contenu est plusriche et luxueux. Si on le fait soi-même, il fautenviron une semaine de préparation. Et bien sûr,il faut bien choisir de bons ingrédients. Cela nousrevient assez cher. Autrefois, il était hors de ques-tion de les acheter tout fait, mais aujourd’hui, lestyle de vie a changé et ce n’est plus un tabou. Apartir de novembre, on peut trouver des cata-logues d’osechi ryôri dans des supermarchés etaussi dans les grands magasins. Ceux qu’on trouvedans ces derniers sont plus fournis. Il y a aussi desrayons avec des échantillons en cire. Cette année,j’ai vu une proposition à 200,000 yens ! C’estbien trop cher ! Sinon, on en trouve à 20 000yens. Cela reste cher, mais si on devait achetersoi-même tous les ingrédients, cela reviendraitpeut-être plus cher sans compter le temps pourcuisiner. Mon choix est évident. Les plats du trai-teur sont vraiment les sauveurs des shufu !

MAEDA HARUYO

Pas le temps de préparer des beignets, pas de problème. Vous en trouverez des biens frais au supermarché.

Même pour les repas de fête, le traiteur est là.

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ZOOM GOURMAND

L A RECETTE DE HARUYO

PRÉPARATION1 - Eplucher la patate douce, couper en rondelles et

laisser tremper dans l’eau froide pendant 10 minpour enlever l’écume.

2 - Cuire la patate douce dans l’eau bouillante jusqu’àce que la patate douce soit cuite (environ 20 mn) .

3 - Bien égoutter.

4 - Bien écraser. 5 - Ajouter le sirop, le sucre et le mirin puis faire bouillir

en remuant.6 - Incorporer le marron coupé en quatre et mélanger.7 - C’est prêt à être dégusté.

INGRÉDIENTS(pour 5-6 personnes)

350g de patate douce100g de marron au sirop100g de sirop de marron50g de sucre20ml de mirin (liqueur de riz)

On peut utiliser le film plastique pour leur don-ner une forme kinchaku (aumônière).C’est un plat d’osechi ryôri que l’on sert aumoment des fêtes du Nouvel an.

Kurikinton(Kinton de marron)

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22 ZOOM JAPON numéro 46 décembre 2014

S itué à l'est de la capitale, asakusa est l'undes quartiers les plus appréciés de la villedans la mesure où il a conservé l'esprit

populaire de shitamachi, la ville basse. Malheu-reusement, c'est devenu un haut lieu du tourismeoù le commerce a pris le pas sur d'autres consi-dérations et où les visiteurs se rendent pour voirla plupart du temps toujours la même chose. Tou-tefois, il existe un autre visage d'asakusa que le

spécialiste de l'histoire de la ville Machida Shi-nobu nous a fait découvrir.Rendez-vous a été pris avec lui un samedi matinensoleillé. comme d'habitude, la Porte du ton-nerre (Kaminarimon), qui marque l'entrée dutemple Sensôji, est noire de monde. Notre guidedécide de nous emmener vers l'asakusa YominBunka Shiryôkan 30-tsubo no himitsu Kichi ouMusée secret de 100 mètres carrés de la culturepopulaire d'asakusa. cette petite galerie est aussidingue que son nom peut le laisser entendre. Ellea été ouverte en 2011 par Kudô Yûji, ancien pré-sident du très respecté fabricant de jeux hudson.

Machida Shinobu, qui en est le conservateurhonoraire, nous explique que Kudô a décidé àl'âge de 50 ans de vendre ses parts de l'entrepriseà son frère pour créer ce lieu atypique. "Il aimevraiment Asakusa. Il a donc consacré 150 millionsde yens pour établir ce musée qui n'est qu'un simplepasse-temps pour lui", confie-t-il.L'établissement est ouvert toute l'année et les col-lections qui y sont présentées changent tous lestrois mois. Le jour où nous l'avons visité, l'endroitétait rempli de vieux lecteurs de cassettes dontune grande partie appartient à l'un des amis deMachida. "C'est le plus grand collectionneur du

Tout le monde y vient pour voir lafameuse Porte du tonnerre. Mais lequartier réserve d’autres surprises.

La gigantesque tête de chef cuisinier du magasin Niimi domine littéralement le quartier. Une façon originale de découvrir cette partie de la capitale.

DÉCOUVERTE Asakusa, côté coulisses

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S itué à l'est de la capitale, asakusa est l'undes quartiers les plus appréciés de la villedans la mesure où il a conservé l'esprit

populaire de shitamachi, la ville basse. Malheu-reusement, c'est devenu un haut lieu du tourismeoù le commerce a pris le pas sur d'autres consi-dérations et où les visiteurs se rendent pour voirla plupart du temps toujours la même chose. Tou-tefois, il existe un autre visage d'asakusa que le

spécialiste de l'histoire de la ville Machida Shi-nobu nous a fait découvrir.Rendez-vous a été pris avec lui un samedi matinensoleillé. comme d'habitude, la Porte du ton-nerre (Kaminarimon), qui marque l'entrée dutemple Sensôji, est noire de monde. Notre guidedécide de nous emmener vers l'asakusa YominBunka Shiryôkan 30-tsubo no himitsu Kichi ouMusée secret de 100 mètres carrés de la culturepopulaire d'asakusa. cette petite galerie est aussidingue que son nom peut le laisser entendre. Ellea été ouverte en 2011 par Kudô Yûji, ancien pré-sident du très respecté fabricant de jeux hudson.

Machida Shinobu, qui en est le conservateurhonoraire, nous explique que Kudô a décidé àl'âge de 50 ans de vendre ses parts de l'entrepriseà son frère pour créer ce lieu atypique. "Il aimevraiment Asakusa. Il a donc consacré 150 millionsde yens pour établir ce musée qui n'est qu'un simplepasse-temps pour lui", confie-t-il.L'établissement est ouvert toute l'année et les col-lections qui y sont présentées changent tous lestrois mois. Le jour où nous l'avons visité, l'endroitétait rempli de vieux lecteurs de cassettes dontune grande partie appartient à l'un des amis deMachida. "C'est le plus grand collectionneur du

Tout le monde y vient pour voir lafameuse Porte du tonnerre. Mais lequartier réserve d’autres surprises.

La gigantesque tête de chef cuisinier du magasin Niimi domine littéralement le quartier. Une façon originale de découvrir cette partie de la capitale.

DÉCOUVERTE Asakusa, côté coulisses

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monde", dit avec enthousiasme Machida Shi-nobu. "Il possède non seulement près de 2 000 lec-teurs de cassettes, mais il a aussi des téléviseurs, desmachines à laver, des tas d'appareils électriques qu'ilbricole lui-même". certains des appareils présentéspossédaient un mini-téléviseur intégré ou un petitclavier de piano. Nous avons même pu voir unaiwa TPR-101 de 1968 considéré comme le toutpremier lecteur de cassette jamais produit dansle monde. Lorsque Kudô Yûji se présente, il nousraconte comment il a conçu son musée. "Je suistrès intéressé par l'histoire de Tôkyô, en particuliersa culture populaire", explique-t-il. "Les gens vien-nent principalement à Asakusa pour respirer cetteatmosphère un peu rétro qui y règne. Voilà pourquoij'ai voulu présenter mes collections et celles desautres". Kudô est également le propriétaire d'uncabaret restaurant situé à proximité de son musée.dans l'entrée, on trouve des objets anciens,notamment plusieurs dioramas réalisés par YaMa-MoTo Takaki qui décrivent le quartier à l'èreMeiji (1868-1912) ainsi qu'une douzaine d'af-fiches publicitaires anciennes appartenant à l'im-pressionnante collection de Kudô composée de300 objets d'époque. La plus rare du lot est uneaffiche de Glico dont la valeur dépasse les 300000 yens sur le marché.après avoir quitté Kudô, nous nous dirigeonsvers un petit restaurant propriété de YatsumeSeiyaku, un spécialiste de médecine chinoise, oùnous avons prévu de goûter la fameuse anguilleYatsume. "Ce n'est pas aussi bon que ça", nous glisseKudô avant de partir. "Je me souviens quand j'étaisgamin que personne ne voulait en manger. L'an-guille servait surtout comme ingrédient dans lesmédicaments". a notre arrivée sur place, noussommes accueillis par Kaiji Shôtarô, le présidentde Yatsume Seiyaku, et ôShiMa Yûko en chargede sa communication extérieure. Elle nousexplique que l'entreprise a été fondée à l'ère Meijiet que c'est le seul endroit au japon où l'on peutgoûter l'anguille Yatsume. apparemment noussommes les premiers occidentaux à le faire. on

Dans le petit musée créé par KUDÔ Yûji dont MACHIDA Shinobu est le conservateur, on découvre de nom-

breuses maquettes qui évoquent le quartier et le Tôkyô d’antan.

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nous propose une assiette de kabayaki (anguillegrillée dans une sauce à base de soja). Nous devonsreconnaître que l’anguille est particulièrementsavoureuse en dépit de la mauvaise publicité quenous en fait Kudô. Puis KaiJi Shôtarô pose surla table ce qui ressemble à des pierres dorées. "Ils'agit en fait de vitamines composées selon la tra-dition médicinale chinoise. Enveloppées dans unefeuille d'or de 24 carats, elles ont une odeur deplantes et leur goût ressemble à du chocolat amer",nous explique-t-il. il ajoute que la production demédicaments traditionnels devient de plus enplus difficile, car la convention de Washingtoninterdit l'importation de certains ingrédientsimportants. Pour mieux nous faire comprendrece qu'il est en train de nous expliquer, il nousentraîne dans une pharmacie chinoise de l'autrecôté de la rue. La boutique regorge de produitsbizarres comme le yuutan qu'on utilise commemédicament pour soigner les maux d'estomac,une tête de singe et une vipère. certains produits

les plus chers comme la corne de rhinocérosdépassent les 10 millions de yens. il y a même unpénis de tigre qui servait dans le temps à gérer lesproblèmes d'érection.Tandis que nous évoquons asakusa, nous appre-nons que la fête des lanternes (Kanto matsuri)est sur le point de commencer. Nous laissons nosamis de Yatsume pour nous rendre à Sensôji. Surle chemin, nous croisons l'un des amis deMachida. KONO Michio est comédien et pro-priétaire d'un restaurant où l'on sert de la baleine.il est très connu au Japon pour son "bakayarô"(du con) qu'il lance à chaque fois qu'il est invitésur un plateau de télévision. Nous arrivons justeà temps pour le début de la fête. Elle a pour ori-gine la préfecture d'akita, dans le nord-ouest del'archipel. Les participants se déplacent en portantd'immenses perches de 12 mètres au bout des-quelles sont fixées des lanternes (kantô) dont lepoids avoisine les 60 kilos.il est déjà midi et il est temps de nous restaurer.

Malgré la très bonne anguille servie plus tôt, nousavons besoin de quelque chose de plus consistantdans l'estomac. Machida Shinobu nous entraînealors chez Peter's, une petite échoppe spécialiséedans le curry de riz et tenue par une vieille dametrès gentille. Le restaurant est situé dans unimmeuble délabré à l'écart des voies touristiques,ce qui ne l'empêche pas de figurer parmi les meil-leures tables de certains guides gastronomiques.a l'intérieur, l'un des murs a été peint par unartiste spécialisé dans le kamishibai (théâtre depapier). Nos jambes ont du mal à trouver leurplace sous la table. Le mobilier semble avoir étéconçu pour des gens bien plus petits. "C'était par-fait pour les Japonais d'avant", raconte Machida

Shinobu. il se trouve que le restaurant a étéouvert en 1964.Notre dernière destination est Kappabashi, unerue proche d'asakusa qui est célèbre pour ses bou-tiques qui alimentent les établissements de restau-ration. Nous avons pris rendez-vous avec NiiMi

hitoshi dont le magasin a été fondé il y a plus de100 ans par son arrière-grand-père. il s'agit du plusgrand et du plus connu de Kappabashi. On ytrouve de tout y compris certains objets volumi-neux. il possède une énorme toque qui est devenuele symbole du quartier.Niimi-san nous montre une bouilloire énorme.Faite en aluminium, elle est d'une légèreté surpre-nante. apparemment, un modèle plus petit a étéutilisé par arnold Schwarzenegger, il y a quelquesannées, dans une publicité télévisée pour desnouilles instantanées. "On la met souvent en avantet il arrive qu'on l'utilise lors d'événements importantscomme les fêtes locales", explique NiiMi hitoshi."Nous avions reçu une commande pour dix exem-plaires de cette bouilloire. Nous avions demandé aumaître artisan responsable de la première de les fabri-quer pour nous. Malheureusement, il est mort alorsqu'il travaillait sur la troisième bouilloire. Désormais,chacune d'entre elles peut se négocier pour le prixd'une Toyota Corolla; entre 500 000 et 600 000

Venue du nord-ouest de l’archipel, la fête des lanternes est très impressionnante.

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yens", poursuit-il. Nous faisons ensuite un tour dela boutique. C'est le paradis des chefs qu'ils soientprofessionnels ou amateurs. Ils peuvent y trouvertout ce dont ils ont besoin. "Tout le monde vientici. Pas seulement les hôteliers ou les restaurateurs.On reçoit le personnel des ambassades et même duPalais impérial", raconte fièrement NIImI Hitoshi.Les seuls produits qu'ils ne vendent pas, ce sont lesrépliques de plats en résine que les touristes appré-cient tant. "Avant on en proposait à l'époque où cegenre de produits étaient de bonne qualité. Quandles restaurants ont commencé à réclamer des produitsparticuliers, nous avons cessé d'en vendre", explique-t-il. Puis, il nous entraîne derrière une porte quiconduit vers le toit d'où l'on peut admirer de prèsle portrait géant. "Il s'agit de mon grand-père",explique NIImI Hitoshi. "Quand le magasin a ouverten 1907, ma famille avait décidé de choisir la têted'un inconnu pour en faire son logo. Après avoirhérité de l'affaire, mon père a décidé de créer un por-trait en trois dimensions et choisi de prendre le visage

de mon grand-père comme modèle et de lui ajouterune moustache", dit-il en riant. De près, la tête estencore plus impressionnante lorsqu'on l'examineen détail. "Mon père m'a raconté que c'est le mêmeartiste qui a travaillé sur la création du château deCendrillon à Tokyo Disneyland. Le visage a été peintà la main. Elle a l'air comme neuve, car elle vientd'être repeinte. Bientôt elle retrouvera son bronzagedû à la pollution", ajoute-t-il.

JEAN DEROME

CARNET D’ADRESSESASAKUSA YOMIN BUNKA SHIRYOKAN 30-TSUBONO HIMITSU KICHI 2F Kurosawa Bldg, 1-14-6Kaminarimon, Taitô-ku http://ufo.jp/YATSUME SEIYAKU 1-10-4 Asakusa, Taitô-kuhttp://www.yatsume.co.jp/kabayaki.htm PETER’S -13-1 Nishi Asakusa, Taitô-kuTél. : 03-3844-5984NIIMI 1-1-1 Matsugaya, Taitô-kuhttp://nttbj.itp.ne.jp/0338420213/index.html

Le Peter’s est un de ces petits restaurants où l’on ne se rend pas tout à fait par hasard.

ZOOM VOYAGE

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yens", poursuit-il. Nous faisons ensuite un tour dela boutique. C'est le paradis des chefs qu'ils soientprofessionnels ou amateurs. Ils peuvent y trouvertout ce dont ils ont besoin. "Tout le monde vientici. Pas seulement les hôteliers ou les restaurateurs.On reçoit le personnel des ambassades et même duPalais impérial", raconte fièrement NIImI Hitoshi.Les seuls produits qu'ils ne vendent pas, ce sont lesrépliques de plats en résine que les touristes appré-cient tant. "Avant on en proposait à l'époque où cegenre de produits étaient de bonne qualité. Quandles restaurants ont commencé à réclamer des produitsparticuliers, nous avons cessé d'en vendre", explique-t-il. Puis, il nous entraîne derrière une porte quiconduit vers le toit d'où l'on peut admirer de prèsle portrait géant. "Il s'agit de mon grand-père",explique NIImI Hitoshi. "Quand le magasin a ouverten 1907, ma famille avait décidé de choisir la têted'un inconnu pour en faire son logo. Après avoirhérité de l'affaire, mon père a décidé de créer un por-trait en trois dimensions et choisi de prendre le visage

de mon grand-père comme modèle et de lui ajouterune moustache", dit-il en riant. De près, la tête estencore plus impressionnante lorsqu'on l'examineen détail. "Mon père m'a raconté que c'est le mêmeartiste qui a travaillé sur la création du château deCendrillon à Tokyo Disneyland. Le visage a été peintà la main. Elle a l'air comme neuve, car elle vientd'être repeinte. Bientôt elle retrouvera son bronzagedû à la pollution", ajoute-t-il.

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taiko-france.fr09 81 63 08 93

Tsunagari Taiko Center

Tambour -Taiko-Danse Japonaise

Paris

Cours - stages - concerts

BIEN-ÊTRE ET VITALITÉ

26 ZOOM JAPON numéro 46 décembre 2014

•Paris Fudosan le spécia-liste de l'immobilier franco-japonais à Paris recherchedes STUDIOS à louer pourses clients japonais. Paris Fu-dosan 18 rue de Richelieu75001 Paris 0142868739 [email protected]

• Cours de Japonaisconvivial avec une ensei-gnante japonaise à Paris!!!cafe-japonais.fr 06 6626 5221

• Stage intensif de japo-nais du 23 janvier au 18mars Mer. & ven. 32h de19h-21h 395€ matérielcompris. Informations etinscription sur www.espaceja-pon.com

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UNE ANNEE DE MA VIEAU JAPON - Mon exil(livre) de A.Fujimoto.

Inédit !Le Japon au quotidien

d'une Française mariée àun homme japonais.

Tarifs des annonces (pour 100 carac.)

Emploi 50€ttcEvénement 45€ttcCours 40€ttcAmitié 40€ttcLogement 35€ttcDivers 30€ttcOptions20 car. suppl. 5€ttcoption web 20€ttc(publication immédiate sur le web + 5 img.)

cadre 50€ttcgras 50€ttcimg. papier 100€ttc

Pour passer votre annonce dansZOOM Japon, veuillez vous rendresur www.zoomjapon.info

Charlotte HODEZ, AvocatSidonie ROUFIAT, Avocat et Médiateur

Mettent leurs compétences à votre dispo-sition en matière de :

• Droit du séjour et du travail des étrangers• Droit du travail (individuel et collectif)• Droit de la famille• Droit médical et réparation de préjudices corporels• Droit pénal Conseil et assistance devant les juridictions.Résolution amiable des conflits

Notre atout : notre expérience des relations franco-japonaises

Les honoraires sont déterminés en commun accord avec le client selon la na-ture du dossier. N’hésitez pas à nous contacter pour plus de renseignements.

HODEZ ROUFIAT AVOCATS ASSOCIES (A.A.R.P.I.)25 boulevard Voltaire - 75011 Paris

Tél. 01 55 80 57 40, [email protected]

La petite vie étrange deMonsieur PotsunenKentarô Kobayashi est

l’un des comiques les pluspopulaires au Japon.

Membre du désopilantduo Rahmen’s, il se pro-duit également dans sa

série de one man shows «Potsunen » où il manie

avec une précision d’hor-loger vidéo, théâtre,

stand up, mime… Ken-tarô Kobayashi seul surscène 29 et 30 janvier à20h, 31 janvier 2015 à

15hMaison de la culture duJapon à Paris Réservation01 4437 9595 www.mcjp.frTarif 20 € / Réduit 18 €.

HUMAN ACADEMY L'ECOLE JAPONAISEDE MANGA, ANIME, JEUX VIDEODébut des cours en septembre 2015

Demandez d'abord notre documentation :http://eu.athuman.com

L'human Academy est une institution d'enseignement profession-nel qui a ouvert ses portes en 1994 et qui possède 19 écoles àtravers le Japon. Le cursus « manga » a vu le jour en 2001 et a pulancer la carrière de 145 mangakas tandis que 331 d'entre- euxont été primés, faisant de cette école la plus prestigieuse duJapon avec un total de 586 œuvres récompensées. C'est pourproposer un tel cursus en France que nous avons décidé d'ouvrirune école à partir de septembre 2015 à Angoulême, ville connuepour son festival international de la bande-dessinée. Et ceci avecun diplôme de niveau bac +5 reconnu par l'État !* Créons ici enFrance des mangas, médiums influents et fascinants souvent àl'origine de jeux-vidéo et d'animés. 

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