zoom japon 9

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Mensuel gratuit numéro 9- avril 2011 www.zoomjapon.info Séisme ( s ) Eric Rechsteiner pour Zoom Japon

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Zoom Japon, numéro 9 (avril 2011)

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Page 1: ZOOM Japon 9

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2011

www.zoomjapon.info

Séisme(s)

Eric Rechsteiner pour Zoom Japon

Page 2: ZOOM Japon 9

éDITO Ebranlés

Le 11 mars 2011 restera unmoment important dansl’histoire du Japon aumême titre que le 1er sep-tembre 1923, date dugrand tremblement de terre

de Tokyo. Au-delà des milliers de victimes etde l’ampleur des destructions, ce séisme s’estaccompagné d’une crise nucléaire sans pré-cédent. S’il est encore trop tôt pour tirer lesenseignements de cet enchaînement tragiquede circonstances, on peut néanmoins d’ores etdéjà affirmer qu’il y aura un après 11 marscomme il y avait eu un après-guerre au coursduquel l’ensemble du pays s’était rassemblé der-rière l’idée qu’il fallait rattraper l’Occident.Cette fois, l’objectif sera sans doute bien dif-férent, mais on peut parier que l’enthousiasmepour l’atteindre sera le même.

LA RÉ[email protected]

zoom aCTU

CULTURE mitsukoshiEtoile, c’est finiouvert en 1992, rue de Tilsitt non loin des

Champs Elysées, l’Espace des arts

mitsukoshi Etoile a joué un rôle important

dans la diffusion de la culture japonaise

en France. Il a accueilli 46 expositions et

de nombreux événements notables.

malheureusement, ce magnifique lieu

d’exposition ferme ses portes après vingt

ans d’existence. C’est bien dommage.

pOLITIqUE pas de cabinetd’union nationaleLes partis de l’opposition ont annoncé une

trêve au lendemain du séisme et leur désir

de se mobiliser pour participer aux efforts

de reconstruction. En revanche, ils ont

décliné la proposition du premier ministre

Kan naoto qui leur a proposé de créer des

postes ministériels supplémentaires pour

certains de leurs membres. Le rêve de voir

une union sacrée s’est ainsi envolé.

Conséquence directe du séisme du 11 mars

et de l’arrêt de la centrale de Fukushima,

la production électrique devrait

enregistrer un déficit de 15 millions de kw.

Un vrai problème avec l’été qui arrive et

l’usage de l’air conditionné.

15 000 000 kw

U n jOUR AU jApOn

Le quartier de Shinjuku est un des poumons de la capitale japonaise. Sa gare est la plus grande dumonde et on peut s’y perdre très facilement. C’est aussi un endroit où l’on trouve des centaines derestaurants et de bars où l’on vient seul ou accompagné pour se remettre d’une journée harassante.

Retrouvez d’autres photos du collectif Sha-dô sur www.shadocollective.com

Le 4 février 2011, quartier de Shinjuku à Tokyo

© A

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2 zoom japon numéro 9 avril 2011

Couverture : A Higashi-Matsushima par Eric Rechsteiner

Page 3: ZOOM Japon 9

zoom aCTU

Le traitement du séisme et de l’accident dela centrale de Fukushima Dai-ichi par lesmédias français soulève bien des questions.

V oici les premières répliques d’un film qui sor-tira en 2019 : Elle : “Tu n’as rien vu à Fuku-shima. Rien.”Lui : “J’ai tout vu… Ainsi la cen-

trale, je l’ai vue. J’en suis sûr. La centrale existe àFukushima. Comment aurais-je pu éviter de la voir ?”Elle : “Tu n’as pas vu de centrale à Fukushima. Tu n’asrien vu à Fukushima…”Lui : “Je n’ai rien inventé.” Elle :“Tu as tout inventé.” Intitulé Fukushima mon amouren hommage à un vieux film réalisé il y a 60 ans parun certain Alain Resnais, le film racontera l’histoired’un journaliste françaisarrivé au Japon pour cou-vrir une catastrophe natu-relle, laquelle prendra uneautre tournure après unesérie d’incidents dans lacentrale nucléaire de Fuku-shima, à 250 kilomètres aunord de Tokyo. A peinearrivé sur les lieux du cata-clysme, l’homme se replieravers le sud par crainte desradiations et tentera tous les jours de faire péniblementson travail de journaliste en glanant on ne sait où sesinformations. Il rencontrera alors une Japonaise dontil tombera follement amoureux. Il voudra alors laconvaincre de fuir l’archipel contaminé par les radia-tions. Mais en vain. La jeune femme lui rappellera qu’iln’a en définitive rien vu ni compris de la situation quiprévalait dans son pays. Elle déclinera l’offre et finirapar le quitter, le laissant à ses fantasmes et ses illusions

sur le Japon. Evidemment, il y a peu de chance qu’untel film soit réalisé. Néanmoins, dans les jours qui ontsuivi le terrible séisme de Sendai, les chaînes de télé-vision française ont dépêché dans l’archipel plusieursenvoyés spéciaux qui, faute de pouvoir ramener desimages pleines d’émotion comme on les aime dans lesjournaux télévisés, ont trouvé dans l’accident de la cen-trale de Fukushima Dai-ichi matière à susciter l’angoisseet la peur dans des foyers situés à plus de 15 000 kilo-mètres de là. Plutôt que de s’intéresser à la situationréelle et à la façon dont les Japonais pouvaient réagir,ils ont souvent exprimé leurs propres craintes. AinsiAlain de Chalvron s’est illustré à plusieurs reprises. Inter-rogé sur les risques d’un séisme, il lançait : “on espère que

l'architecte qui a construit l'hô-tel ne s'est pas emmêlé les pin-ceaux dans ses calculs, c'est toutce qu'on peut faire”, expliquantpar la même occasion qu’ilne se séparait pas de ses pas-tilles d’iode en cas d’explo-sion de la centrale. Pendantplusieurs jours, lui etquelques autres ont entre-tenu la rumeur, confortantles autorités françaises qui

ont multiplié les déclarations alarmistes fondées surdes informations non vérifiées. Même si la situation àla centrale de Fukushima Dai-ichi n’est pas encore réglée,la façon dont la question a été traitée par les médiasfrançais soulève bien des interrogations sur le travaildes journalistes qui privilégient de plus en plus l’émo-tion au détriment des faits. Bref, un jour, on n’aura plusbesoin d’aller au cinéma.

GABRIEL BERNARD

méDIAS Bientôt en salles :Fukushima mon amour

DR

Un des envoyés spéciaux de France 2 chargé de couvrir

le séisme du 11 mars et ses conséquences.

avril 2011 numéro 9 zoom japon 3

Page 4: ZOOM Japon 9

I ci, les monts, les vallées, les promontoires et la mersont un décor presque aussi mouvant que la vie deshumains ; dans cette nature trépidante, dans cette

fantasmagorie meurtrière, on constate mieux la fuite effré-née, vers l’infini, du temps irréparable, tout meurt et toutrenaît plus vite. La mort plane plus menaçante qu’en Occi-dent. Le roseau pensant est ici un roseau bien frêle, et qui,s’il pensait trop, s’effraierait de sa chétivité.”C’est en cestermes que le journaliste Ludovic Naudeau parlait dela nature capricieuse au Japon pour évoquer “la bra-voure des Japonais” dans son livre intitulé Le Japonmoderne.Nous étions alors en 1909. Celui qui avaitcouvert la guerre russo-japonaise de 1904-1905 était,écrivait-il, “tombé sous le charme” des Japonais dont le

courage l’avait impressionné. Il estimait, comme l’his-torien britannique Henry Thomas Buckle, que le com-portement des hommes résulte d’une “collision” entredeux séries de phénomènes : ceux quise passent en eux, les phénomènesinternes, et ceux qui se passent autourd’eux, les phénomènes externes. La vio-lence de certains phénomènes naturelsdans l’archipel avait donc pour conséquence de rendrela population japonaise courageuse et capable de seredresser en cas de cataclysme. Si cette capacité à faireface au malheur avait fasciné le reporter français il y aun peu plus d’un siècle, elle continue de marquer l’es-prit des journalistes du monde entier, notamment ceuxqui ont couvert le séisme du 11 mars 2011. Malgrél’extrême violence de la secousse et du tsunami qui luia succédé, les Japonais sont restés calmes et résignés,suscitant à la fois l’admiration et l’étonnement. Dans

de nombreux journaux, on a beaucoup insisté sur cetteforce de caractère et sur l’entraide qui s’est aussitôtmise en place. En janvier 1995, l’incurie des pouvoirs

publics pour venir en aide aux victimesdu séisme de Kôbe avait déclenché unvaste mouvement de solidarité à traverstout le pays. De nombreuses associationsavaient été créées et on ne comptait plus

les bénévoles prêts à se mobiliser pour apporter le sou-tien nécessaire à une population sous le choc. Le mou-vement a été tellement puissant que les autorités ontfini par légiférer et mettre en place un cadre légal pourles organisations à but non lucratif (NPO). Le trem-blement de terre du 11 mars a aussi engendré un vasteélan de solidarité et de mobilisation dans tout le pays(www.tasukeaijapan.jp). A Tokyo et dans beaucoupd’autres villes, on a organisé des collectes auxquellesles Japonais ont massivement participé, apportant des

Séisme(s)

Tous les moyenssont bons pours’en sortir

RéACTIOn L’espoir fait vivre…Quelle que soit l’ampleur des destructions,les Japonais ne baissent pas les bras. Uneattitude qui ne manque pas de surprendre.

zoom doSSIEr

Eric

Rec

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japo

n

Sur le mur du gymnase qui accueille des réfugiés du tsunami, on vient inscrire des messages pour retrouver des personnes disparues. A Ofunato, préfecture d’Iwate

4 zoom japon numéro 9 avril 2011

Page 5: ZOOM Japon 9

zoom doSSIEr

Au lendemain du séisme qui afrappé le nord-est du pays, vousavez pu effectuer desobservations. Quelles sont vospremières conclusions ?SATAKE Kenji : Le séisme, qui s'estproduit le 11 mars au large de lacôte pacifique du nord de Honshu,est la conséquence d’une rupture dela plaque le long de la fosse du ja-pon, là où la plaque du pacifiquepasse sous le nord de Honshu. Samagnitude de 9 sur l’échelle deRichter en a fait le séisme le plus im-portant de l'histoire du japon et lequatrième dans le monde depuis unsiècle. Ce tremblement de terregéant a donné lieu à de puissantessecousses et à un énorme tsunami.D'après les observations aérienneset les photographies, l'inondationliée au tsunami a pénétré jusqu’à5 km des côtes. Les stations GpS in-diquent que la côte près de Sendais’est déplacée de plus de 4 m hori-zontalement et affaissée d'environ0,8 m. L'affaissement a permis lesinondations côtières, même après leretrait de la vague du tsunami.

Est-ce que le Japon a connu desséismes de cette ampleur ?S. K. : On peut citer le tremblement

de terre de l'an 869 que l’on a bap-tisé séisme de jôgan. Il est évoquédans des chroniques anciennes. Ilétait écrit que ce séisme géant avaittué des milliers de personnes et letsunami qui lui avait succédé avaitinondé des kilomètres carrés de terre.Des études sur des dépôts ont

prouvé effectivement que le tsunamiavait pénétré dans les terres à plu-sieurs kilomètres de la côte actuelle.On estime la récurrence d'un tel phé-nomène tous les 450 à 800 ans.

Qu’avez-vous noté en particu-lier ? S. K. : A la suite des premières recon-naissances aériennes que j’ai pu faire,je peux dire que les zones d'inonda-tion liées au tsunami du 11 mars sonttrès similaires à celles du tremble-ment de terre de jôgan. nous tra-vaillons sur la mise en place d’unmodèle pour comprendre le trem-blement de terre de l’an 869 etnous pensons qu’on peut l’interpré-ter comme un supercycle sismiquequi libère la déformation accumu-lée dans les zones de subduction.C’est un phénomène typique dansla plupart des zones de subductionqui peut revenir à des intervalles dequelques à plusieurs centaines d’an-nées. néanmoins, les tremblementsde terre géants n’ont lieu que surdes périodes de temps plus longuesà l’instar de ceux qui ont eu lieu enIndonésie ou au Chili. Ils appartien-nent à ce qu’on appelle le supercy-cle.

PROPOS RECUEILLIS PAR O. N.

SaTaKE Kenji, l’homme de terrain

produits de première nécessité ou des vêtements sou-vent accompagnés de petits mots d’encouragement.Le soutien moral dont ont bénéficié les sinistrés leura sans doute permis de surmonter les difficultés despremiers jours. Cela ne supprime évidemment pas lapeine et le chagrin ressentis après une telle catastrophe,mais cela met du baume au cœur et redonne l’envie deretrouver le plus vite possible une vie normale. Aussiétrange que cela puisse paraître pour ceux qui ne sontpas japonais, il y a un terme qui est très vite apparudans les paroles prononcées à la fois par les victimes etceux qui n’ont pas eu à souffrir du séisme, il s’agit dumot “espoir” (kibô). Est-ce lié au fait que l’espoir faitvivre ? Toujours est-il que de nombreuses personnesvoient dans cette situation sans précédent la possibi-lité pour le pays de rebondir. Il est vrai que le Japon aréussi par le passé à relever la tête et à sortir des diffi-cultés de façon incroyable. Voilà pourquoi, on entendici et là un discours volontariste qui rappelle celuides années d’après-guerre. “Tout le pays et toute la popu-lation sont concernés. Mais si les gens sont abattus et quel’argent cesse de circuler, le Japon aura du mal à se redres-ser. L’Etat doit concentrer toutes ses dépenses dans leszones sinistrées et les familles qui en ont les moyens doi-vent dépenser pour sauver le pays. Dons, sorties au res-taurant, achats impulsifs, tout est bon”, pouvait-on lirerécemment en première page de l’Asahi Shimbun. Sym-boliquement, la classe politique a montré dans sonensemble la voie à emprunter. Dans les heures qui ontsuivi le séisme, le Premier ministre KAN Naoto et lesecrétaire général du gouvernement EDANO Yukio sontapparus en public en portant une sorte de bleu de tra-vail, une manière de dire au pays qu’ils avaient déjàentrepris de reconstruire. TANIgAKI Sadakazu, numéroun du Parti libéral-démocrate, principale formationde l’opposition, a également sorti sa veste bleue, mon-trant ainsi aux Japonais qu’il entend lui aussi se retrous-ser les manches. Même s’il a refusé de rejoindre l’équipegouvernementale comme lui a proposé le Premierministre, il doit désormais mettre de l’eau dans son vinet assouplir ses positions à l’égard de son rival qu’il étril-lait depuis plusieurs semaines avant le séisme. Il voterasans doute le budget sans trop faire de vagues, car sonengagement vis-à-vis de la reconstruction sera aussiévalué à l’aune de ses choix politiques. Chacun est donclié à l’autre et chacun doit soutenir l’autre pour espé-rer sortir de ce très mauvais pas. Cela prendra bien sûrdes années avant que l’effort demandé à la collecti-vité porte ses fruits. Mais on peut souligner que quinzejours après le passage du tsunami, dans certaines loca-lités dévastées, les premières maisons (certes modestes)reconstruites ont été livrées, que la plupart des routesont retrouvé un trafic normal et que la principale lignede chemin de fer sera entièrement rétablie avant le10 avril. “Tout meurt et tout renaît plus vite”, consta-tait Ludovic Naudeau il y a 102 ans. Quelques décen-nies plus tard, le poète HASHI Kanseki confirmait :“On sort le cercueil — un pont se pose dans le paysage”.

ODAIRA NAMIHEI

I nTERVIEw

Spécialiste des tremblements deterre, SATAKE Kenji appartient àl’Institut de recherche sur lesséismes de l’université de Tokyo.Son expertise lui a valu departiciper dans les heures qui ontsuivi le séisme et le tsunami du11 mars à une mission chargéed’étudier la nature de lacatastrophe.

avril 2011 numéro 9 zoom japon 5

En septembre 2007, le très sérieuxmagazine de vulgarisation scien-

tifique Newton a publié un numérospécial au titre prémonitoire “Séismegéant de magnitude 9” et au surtitretout aussi évocateur “Une énergie1000 fois supérieure au tremblementde terre de Kobe”. Dans l’introductiondu dossier, on rappelait que lenombre de séismes enregistréschaque jour dans l’archipel étaientd’environ 300, mais qu’ils étaient enréalité bien plus nombreux, car les sis-mographes n’étaient pas assez sen-sibles pour détecter tous les mouve-ments de la terre. parmi tous cestremblements de terre, il y en avaitun par siècle qui dépassait tous les au-tres par sa puissance et ses effets dé-vastateurs. Le japon n’était doncpas à l’abri d’un séisme géant demagnitude 9 et devait s’y préparer

afin d’éviter le pire. Le 11 mars2011, à 14h26, ce que le magazineavait imaginé s’est produit. Une ter-rible secousse de magnitude 9 suivied’un tsunami meurtrier a dévasté la

côte nord-est du japon, semant lamort et la désolation. Cette région nefigurait pas parmi les zones que lesauteurs du dossier avaient étudiées.pour eux, c’est la région du Tôkai, ausud-ouest de Tokyo, et la côte nord-est de Hokkaidô qui étaient les plusexposées à un séisme géant. Celaprouve une nouvelle fois qu’il est trèsdifficile de prévoir les tremblementsde terre et leur localisation précisemême si certaines régions sont pluspropices à de telles catastrophes. Au-tre détail intéressant dans ce numérode Newton, l’accent mis sur la sécu-rité nucléaire en cas de séisme. Cen’est pas la centrale de Fukushima quiétait étudiée, mais celle de kashiwa-zaki-kariwa, dans la préfecture de nii-gata, qui avait été violemment se-couée en juillet 2007 par un séismede magnitude 6,8. O. N.

Une véritable épée de damoclès

D AnS LES kIOSqUES

Page 6: ZOOM Japon 9

zoom doSSIEr

PLAQUE DES PHILIPPINES

PLAQUE DU SUD-OUEST

PLAQUE

EURASIENNEToyama

Shizuoka

Na

Matsuyama

KitakyûshûHiroshima

Nagasaki

Yo

Kyôto

Nagoya

Kôbe

Osaka

Kanazawa

F o s s ed e S a g a m i

F o s s ed e N a n k a i

Ansei-Tôkai - 1854

Kôbe - 1995

Niigata - Chûetsu - 2004

Niigata - 1964

Fukui - 1948

S h i k o k uK y û s h û

Séisme de Hôei28 octobre 17075 000 mortsMagnitude 8,6

21 décembre 19461 330 morts

Séisme d'Ansei-Nankai

3 000 morts24 décembre 1854

Magnitude 8,4

Séisme de ShôwaNankai

Magnitude 8,0

Séisme de Nobi28 octobre 18915 000 mortsMagnitude 8,0

Séisme de Fukui28 juin 19483 769 mortsMagnitude 7,1

Séisme de lapéninsule de Noto25 mars 20071 mortMagnitude 6,9

Séisme de Kôbe17 janvier 19956 437 mortsMagnitude 7,3

Séisme de Tônankai7 décembre 19441 223 mortsMagnitude 7,9

Séisme d'Ansei-Tôkai

1 000 à 3 000 morts23 décembre 1854

Magnitude 8,4

Séismede Niig

68 mor23 octo

Magnitu

Un archipel soumisaux caprices de la terre

Limites des plaques lithosphériques

Mouvement et collision des plaques lithosphériques

Plaque principale

Sens du mouvement des plaques

Subduction : enfoncement d'une plaque sous une autre

Coulissement Principaux séismes

Plaque secondaire

6 zoom japon numéro 9 avril 2011

Page 7: ZOOM Japon 9

zoom doSSIEr

PLAQUE

NORD-

AMÉRICAINE

PLAQUE PACIFIQUE

PLAQUE

DU

NORD-EST

PLAQUE

EURASIENNE

Yamagata

Akita

Morioka

Aomori

Hakodate

Sapporo

agano

Tôkyô

okohama

Sendai

F o s s e d e s K o u r i l e s

Fo

ss

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du

J

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Fo

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n

Kantô - 1923

Sendai - 2011

Hokkaido-Tôhô oki - 1994

H o k k a i d ô

H o n s h û

Séisme de HokkaidôTôhô oki4 octobre 199411 mortsMagnitude 8,2

Séisme de Niigata

26 morts16 juin 1964

Magnitude 7,5

Séisme de Tokachi oki

1 mort26 septembre 2003

Magnitude 8,0

Séisme de Shôwa Sanriku3 mars 19331 522 mortsMagnitude 8,1

Séisme de Sendai

Plus de 29 000 morts*

* Provisoire

11 mars 2011

Magnitude 9,0

Séisme du Kantô

142 800 morts1er septembre 1923

Magnitude 7,9

Séisme d'Aizu

3 700 morts27 septembre 1611

Magnitude 7,9

Séisme de Jôgan

1 000 morts13 juillet 869

Magnitude 8,3 - 8,6

Séisme d'Iwate-Miyagi

17 morts14 juin 2008

Magnitude 7,2

gata-Chûetsu

rts bre 2004

ude 6,8

150 km

avril 2011 numéro 9 zoom japon 7

Page 8: ZOOM Japon 9

zoom doSSIEr

U ne victime est toujours une victime de trop.Pour les responsables japonais confrontés àune nature capricieuse et parfois meurtrière,

il est indispensable de jouer à fond la carte de la préven-tion afin de limiter au maximum les conséquencesfunestes d’un séisme. Même si chaque tremblement deterre de grande envergure apporte son lot de mauvaisessurprises et de souffrances, les Japonais ont su s’adap-ter au fil du temps, en tirant notamment les leçons descatastrophes passées afin d’améliorer autant que fairese peut les infrastructures, les opérations de secours

et la reconstruction. Concernant le tremblement deterre du 11 mars et le tsunami qui l’a accompagné, beau-coup d’observateurs ont souligné que les autorités avaientbeaucoup mieux réagi qu’en janvier 1995 lors du séismede Kôbe. A l’époque, la très mauvaise coordination dessecours avait été dénoncée par les habitants des zonessinistrées et les médias qui ne comprenaient pas qu’unpays aussi moderne que le Japon ne soit pas en mesurede mobiliser toutes ses forces pour venir en aide à unepopulation meurtrie. Un dessin paru dans la presseavait très bien résumé la situation. En deux parties,il montrait d’un côté le shinkansen avec pour légende“270 km/h”, de l’autre, il y avait une ambulance enforme d’escargot sous laquelle on pouvait lire“270 mètres à l’heure”. Il va sans dire que les pouvoirs

pRéVEnTIOn des années d’expérienceDans l’ensemble, les pouvoirs publics ontbien réagi aux conséquences du tsunami.Seul le dossier nucléaire a été négligé.

publics ont retenu la leçon. La pénurie de personnelmédical avait cruellement pesé en 1995 alors que leséisme avait eu lieu dans une région très urbaniséeet en principe bien pourvue en médecins. La catas-trophe du 11 mars 2011 s’est déroulée dans une zonerurale où il y a évidemment moins de docteurs et d’in-firmières. Aussi les autorités n’ont pas hésité à accep-ter dans les heures qui ont suivi les offres d’assistancemédicale venues de l’étranger. En principe, un méde-cin étranger ne peut pas exercer sur le territoire japo-nais. Comme le rappelait récemment un représentantde l’ambassade du Japon à Paris, le gouvernement nip-pon a levé l’interdiction pour que les personnes bles-sées puissent être soignées le plus rapidement possi-ble. Cette décision prise au niveau national résumeassez bien le changement intervenu depuis 1995. C’esten effet le pouvoir central qui coordonne l’ensembledes opérations, réduisant ainsi les délais d’interven-tion. Lors du séisme de Kôbe, la présence des forcesd’autodéfense requise par les autorités locales avait étéretardée par les tergiversations bureaucratiques à dif-férents niveaux de l’administration. Dans les heuresqui ont suivi le tsunami du 11 mars, les militairesétaient à l’œuvre grâce aux nouvelles méthodes de ges-tion de la crise. En revanche, l’accident de la centralede Fukushima, conséquence directe du tremblementde terre, est inédit. Ne pouvant pas s’appuyer sur unprécédent, le gouvernement japonais a montré ses dif-ficultés à y faire face. Il a notamment trop tardé à pren-dre le contrôle de la situation, laissant la société Tepcose débrouiller. Le Premier ministre KAN Naoto aattendu 4 jours avant de créer une cellule chargéede gérer la question de la centrale. Espérons que ceretard n’aura pas de lourdes conséquences sur le pays.Mais il est désormais certain que le risque nucléairefigurera dans les plans gouvernementaux en cas denouveau cataclysme.

O. N.

Savoir réagir en cas de séisme,c’est ce qu’on enseigne à tous

les japonais dès leur plus jeuneâge. Depuis le grand tremblementde terre du kantô, le 1er septembre1923, qui a profondément marquéles esprits, chaque premier jour duneuvième mois de l’année estconsacré à la prévention contre lescatastrophes naturelles, en particu-lier les séismes. Un peu partout dansl’archipel, on organise des exerciceset on incite la population à y partici-per afin d’acquérir quelques réflexesde base qui, en cas de secousses im-portantes, pourront sauver des vies.Des véhicules équipés de simulateursde séisme permettent ainsi aux ci-toyens qui le souhaitent de compren-dre l’importance de se mettre sous

une table pour se protéger notam-ment la tête. On recommande éga-lement de se saisir du kit de survie

dont tous les foyers devraient êtrepourvus (eau, lampe de poche, bis-cuits) afin de pouvoir tenir le tempsque les secours interviennent. Il fautévidemment réagir très vite sans pa-nique. Voilà ce que le mensuel JuniorAERA expliquait dans son édition deseptembre 2010. S’adressant à unlectorat composé d’élèves du pri-maire et du secondaire, ce magazinepublié par le groupe Asahi Shimbundonnait de nombreux conseils pra-tiques. On recommandait aux en-fants d’avoir toujours sur eux un sif-flet et une lampe à LED. Le premierpermet de signaler sa présence si l’onest prisonnier des décombres. La se-conde rassure et a une durée de vieplus longue qu’une lampe ordinaire.

O. N.

Les bons réflexes, ça s’acquiert très jeune

D AnS LES kIOSqUES

8 zoom japon numéro 9 avril 2011

U R G E N C E

JAPONpour faire un don*www.croix-rouge.frou par chèque : Croix-Rouge française «catastrophe Japon 2011»75678 Paris Cedex 14

* Si les besoins relatifs à cette action sont couverts ou que les contraintes opérationnelles ne permettent pas la poursuite del’action, les dons seront affectés à une autre cause. Vous pouvez accéder aux détails des règles de frais de gestion sur les dons appliqués par la Croix-Rouge française etaux informations fiscales sur : www.croix-rouge.fr (espace « Transparence » - « Dons pour la Croix-Rouge japonaise »)

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Page 9: ZOOM Japon 9

Alis

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esco

tes-

Toyo

saki

zoom doSSIEr

j e me rappelle ce dimanche après-midi. Une jour-née ensoleillée de mars qui apportait les senteursdu printemps, avec une légère brise de fin d’hi-

ver. Dans le parc de Yoyogi, des couples et des groupesd’amis s’étaient réunis pour un pique-nique sous les pru-niers en fleurs. Le rose tendre contrastait avec la peluredégarnie des arbres et invitait à la calme contemplation.Nous étions au surlendemain du grand séisme, un cata-clysme de magnitude 9 dont le tsunami avait pulvérisétoute la côte nord-est du pays. A Tokyo, la puissance etla longueur de la secousse avait reveillé le spectre duKantô Daishinsai, le grand tremblement de terre duKantô. Une catastrophe prévue, attendue et calculéedepuis 1923, date à laquelle Tokyo s’était transforméen champ de ruines. Dans ce parc du centre de la capi-tale, on aurait plutôt pensé à un dimanche férié où lamoitié des habitants serait partie en week-end. Maistout autour, le calme des rues atteste d’une situationanormale, jamais vue. Pas d’images sur les écrans géants,pas de musique ni de haut-parleurs dans les rues. Vidésde leur clientèle, les magasins à la mode de Shibuyacontrastent avec les queues gigantesques devant les sta-tions-service et les supermarchés de la périphérie. Tokyo by night ressemble à une ville sinistrée, ce qu’elleest en réalité. “Il n’y a pas eu de victimes ici, mais nousvivons par procuration toute l’horreur de la situation àquelques centaines de kilomètres de chez nous”, dit Hase,un journaliste indépendant. En effet, la réaction desgens de la capitale a été si solidaire que, dès le 14 mars,les gens ont repris le travail dans des conditions épou-vantables. “Le jour du séisme, tout s’est arrêté à Tokyo,il y avait une foule de gens qui marchaient vers leur domi-cile ou des abris, c’était impressionnant”, ajoute Hase.A présent, le trafic des trains est tellement réduit qu’onmet des heures à arriver au bureau. “Shôganai ! Onn’y peut rien. Dans le Tôhoku les gens souffrent horrible-ment, gambare nihon !Courage !” crie un salarymanqui fait la queue depuis une heure juste pour rentrerdans la station de Meguro. La situation de crise du paysa fait valoir dans le monde entier l’étonnante endu-rance des Japonais. D’un air placide, il se mettentméthodiquement à attendre pour l’essence, la nour-riture et le métro alors que la veille ils allaient faire leurcourse à pied à 2 heures du matin dans les superettesdu quartier. Au paradis de la consommation nippone,cette force d’adaptation est le reflet d’un long entrai-nement psychologique que même le confort urbainn’a pas réussi à annihiler. Loin d’être passifs face à unecatastrophe naturelle, les Japonais cherchent immé-diatement à réagir.

“On ne pense pas à partir à l’étranger ou se réfugier autrepart. On est déjà dans la logique de l’après-séisme, de lareconstruction”, affirme un éditeur accoudé au comp-toir d’un bar. Il est 18 heures et quelques habitués arri-vent, s’échangeant de grands sourires. “Ah ONO-san, tuvas bien. Je croyais que tu étaismeluto-dawnu ! “ ONO-san a de la famille près de Fukushima, mais se contentede rigoler à cette plaisanterie vraiment douteuse. “C’estquoi melt down ?” L’air naïf d’un photographe fait mar-rer tout le monde. Le terme anglais “melt down” res-sassé par tous les médias japonais pour désigner la fusiondes réacteurs de Fukushima est en vogue à Tokyo. Onsourit en silence en se réchauffant autour du poêle àcharbon comme si on était à l’après-guerre. Il y a là un scénariste au chômage, un photographe dontla fête d’anniversaire a été annulée, un éditeur qui n’aplus de quoi imprimer, car les usines de papier duTôhoku ont été détruites, un restaurateur indien decurry rice qui ferme tous les jours à 17h, un salarymancoincé ici à cause de la brusque interruption du métro.

ATmOSpHèRE a Tokyo, 48 heures après…Devant la tragédie qui a frappé le nord-estde l’archipel, les Tokyoïtes, à l’image desautres Japonais, pensent déjà à l’avenir.

Tout le monde a perdu quelque chose dans cette criseénorme et ne parle que de la menace nucléaire en regar-dant sur son smartphone les derniers tweets. Mais celafait déjà partie du quotidien. Amour de la patrie, soli-darité, résignation, confiance exagerée dans le gou-vernement ? Cinq jours après la catastrophe, la villela plus peuplée du monde qui vit dans la crainte jour-nalière d’un nuage radioactif n’a jamais paru aussi éner-gique. “On a beau s’inquiéter, il faut faire tourner lamachine ! Qu’est-ce-qu’on peut faire dans l’immédiat, àpart travailler ?” lâche l’éditeur. Le photographe lui esten train de distribuer à tout le monde un gros paquetde kleenex qui lui a été envoyé par un sponsor. Tokyosouffre en effet d’une pénurie grave de papier toilette,seul indice qui dénote un léger stress de la populationnippone. Devant la contemplation d’une fleur de ceri-sier, l’âme japonaise s’élève vers l’éphémérité de la vie,mais dans les embouteillages, les incertitudes de l’aveniront parfois le dessus.

ALISSA DESCOTES-TOYOSAKI

avril 2011 numéro 9 zoom japon 9

Dimanche 13 mars 2011, dans le parc de Yoyogi à Tokyo

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zoom CULTUrE

H UmEUR par kOGA Ritsuko

En venant en France je rêvais de pouvoir m'exprimersans cacher mes sentiments les plus profonds. En lamatière, presque chaque Français est mon modèle.On se moque souvent des japonais, en disant qu’ilssont un peuple qui ne sait pas dire non ou qui sou-rit dans toutes les situations en baissant la tête. Cen'est pas tout à fait faux ! Au début de mon séjouren France, lorsque j’étais invitée chez des copainsparisiens, ils me demandaient si je voulais boirequelque chose. je répondais alors avec hésitation "ahoui, ah mais non mais merci mais... ". Dans mon pays,on sert à boire sans demander l'avis des invités ou onleur propose directement un choix de boissons. L'hos-pitalité ne se manifeste pas de lamême manière en France. par lasuite mes copains m'ont dit "oui- non ou merde ?!! " Cette phrases'est gravée et désormais j'aiappris à m'exprimer en gardantà l'esprit que j'ai "merde" commedernier atout.Or mon souci n'était pas résolu.En France oui ou non ne suffit pas. Si l’on n’a pasd'opinions, on n’existe pas. A l'école, si on ne ditmot, on n’est pas noté. Avec des amis, si je ne parlepas, on m'oublie. Dans mon ancien travail, lorsquej'ai protesté à la suite d'une injustice commise parmon patron, celui-ci m'a dit : "j'étais jusqu’à présentsatisfait de toi qui étais une Japonaise toute calme.Je suis maintenant déçu que tu sois devenue Française".Depuis, je m'affirme pour ne pas être victime despréjugés liés à mon origine. pourtant, depuis le11 mars, beaucoup de médias admirent le calme etla pudeur des japonais face à la douleur occasion-née par les catastrophes et ils nous demandent d'oùcela vient. je réponds donc : cela existait déjà lorsquevous vous en amusiez ! moi, malgré la façon de m'ensortir à la française, si je me trouve confrontée à undésastre en France, je pense que je me comporte-rai comme ces japonais, c'est ma nature et j'en suisfière. mais je n’oublierai pas non plus de prendremes papiers si je dois aller me réfugier quelque part.Obligée !

Une dignité et uncalme qui ébranlent

mUSIqUE on se lève touspour Tokumarua l’écoute de son quatrième disque Port

Entropy, pour lequel il recourt à

l’harmonica, l’accordéon et le xylophone

(entre autres…), l’on peine à croire que ce

petit génie qu’est ToKUmarU Shûgo, ait

commencé à jouer dans un groupe punk

lors de son adolescence. mais c’est pour

mieux se démarquer de cette première

expérience que ce jeune Tokyoïte laissa

libre cours à

l’inspiration

qu’avait suscitée

l’écoute des

Beatles et Sufjan

Stevens ou

encore Brian

Wilson. À mi-

chemin entre les

sonorités de

Cornelius,

Lullatone ou

encore HaSHImoTo

Kazumasa,

l’univers de

ToKUmarU Shûgo

laisse une saveur

d’enfance bucolique.

Compositeur malin et arrangeur

talentueux ToKUmarU Shûgo distille une

musique empreinte d’électro-pop

acidulée. Ce jeune guitariste japonais

entamera donc une tournée européenne

au cours du mois d’avril et nous fait

l’honneur de la commencer par une date

parisienne au divan du monde !

Lundi 4 avril à 19h30

au Divan du monde. Entrée : 12€

75 rue des martyrs 75018 paris

jeudi 7 avril à 20h à la péniche à Lille

DISqUE La pêcheSorti en février, l’album de namBa akihiro

est sans doute celui qui s’impose dans

cette période chaotique que traverse le

japon. dans un style et des rythmes qui

rappellent Green day, cet opus est chargé

d’une énergie positive et communicative.

de quoi redonner le sourire et la pêche à

ceux qui les ont perdus.

pUnk ROCk THROUGH THE nIGHT (Avex Inc.).

mAnGA retour vers le futurparmi les nombreux mangas parus ces

dernières semaines, le premier volume de

Tokyo, fin d’un monde a retenu notre

attention. Ce thriller d’anticipation signé

noUjoU junichi est particulièrement bien

ficelé. Le scénario est prenant de la

première à la dernière page et sa mise en

image très réussie. n’hésitez donc pas à

partir à la recherche de Yuma oda et de

son secret.

TOkyO, FIn D’Un mOnDE, jUnICHI nOUjOU,

COLL. AkATA, ED. DELCOURT, 6,95€.

CIné-CLUb La Ballade del’impossible à La pagodedepuis son lancement, le ciné-club de

zoom japon vous a réservé quelques

surprises. En voici une nouvelle avec

l’avant-première nationale le samedi

9 avril à 10h30 de La Ballade de

l’impossible adaptée du roman éponyme

signé mUraKamI Haruki. La projection sera

suivie d’une discussion avec le réalisateur

Tran anh Hung. La recette sera reversée

aux victimes du séisme du 11 mars.

57 bis, rue de Babylone 75007 Paris

Tél. 01 46 34 82 51

10 zoom japon numéro 9 avril 2011

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La ballade de l'impossibleLa ballade de l'impossibleLa ballade de l'impossibleNorwegian Wood

LE 4 MAI AU CINÉMADécouvrez la bande-annonce sur prettypictures.fr

un film de Tran Anh Hungun film de Tran Anh Hungun film de Tran Anh Hung

Adapté du roman de Haruki Murakami - Musique de Jonny GreenwoodAdapté du roman de Haruki Murakami - Musique de Jonny GreenwoodAdapté du roman de Haruki Murakami - Musique de Jonny Greenwood

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zoom CULTUrE

d e toute évidence, il n’est pas besoin de lire deslivres d’histoire pour comprendre commentle Japon a vécu dans les mois qui ont suivi sa

défaite en 1945 et comment il s’est adapté aux nouvellesréalités qui s’offraient à lui. Il suffit de se procurer LaPlaine du Kantô [Kantô heiya] le manga de KAMIMURA

Kazuo dont les éditions Kana publient ces jours-ci le se-cond tome de la trilogie. L’histoire commence le 15 août1945, date de la capitulation du Japon et du discours del’empereur à la radio dans lequel il demandait aux Japo-nais de “supporter l’insupportable”.Ce jour-là, un avionde l’armée américaine s’écrase en rase campagne àquelques mètres de chez Kinta, le héros de cette histoire.Ce dernier n’a que sept ans. Il assiste à la confrontationentre les paysans du coin armés de leurs bambous tail-lés qui refusent la défaite. Ils voudraient bien éliminerle pilote, mais ils ont peur du “démon” comme ils l’ap-pellent. Seul le grand-père de Kinta ne craint pas de l’ap-procher et réussit à s’entretenir en anglais avec lui.L’homme de lettres décide même de l’héberger. PourKinta, c’est la première d’une très longue série de décou-vertes qui vont contribuer à façonner sa personnalité dansune période pour le moins difficile. Recueilli par songrand-père, Kinta a tout de même la chance de pouvoirvivre dans un environnement qui favorise son épanouis-sement. “Même si on n’est pas du même pays, même si onparle pas la même langue, entre hommes, on finit toujourspar se comprendre”, lâche le garçon devant ses copains mé-dusés de le voir mâcher du chewing gum récupéré au-

près du pilote. C’est le début de l’occupation du pays parles troupes américaines et le début de sa reconstructionmême si la région où vit Kinta a été épargnée. Il n’em-pêche que le jeune garçon va vivre des moments clés dansl’histoire de son pays. “Je me demande si nous n’avons pasété trahis par ce pays, mais toi, tu es encore jeune, je ne mefais pas de souci pour toi…”, lui déclare son grand-père encette soirée du 15 août 1945. Kinta l’écoute, le visage grave. La précision du trait permet de saisir les moindres expres-sions des personnages imaginés par KAMIMURA Kazuo,mais aussi d’apprécier les paysages de cette fameuseplaine du Kantô, grenier de Tokyo, auxquels l’auteur at-tache beaucoup d’importance dans le déroulement de sonhistoire. C’est ce qui donne toute sa force à ce gekiga, mangaréaliste dont la lecture s’adresse à un public de jeunesadultes. En effet, les situations que va rencontrer le jeuneKinta dans les semaines et les mois qui suivent la défaitedu Japon sont rapportées de façon très crue par l’auteur.Il ne cherche pas à choquer, mais plutôt à rappeler quele monde des adultes est loin d’être une île enchantée enparticulier à cette époque de grands bouleversements. C’estle moment où les Japonais doivent “apprendre” la démo-cratie sans pour autant éliminer les cadres qui ont occupéun rôle important pendant la guerre. Cela échappe bien

Dans ce récit en trois tomes, KAMIMURAKazuo nous entraîne dans le Japon del’immédiat après-guerre.

mAnGA Une bien belle leçon d’histoire

sûr à Kinta, mais pas à tous ceux qui ont vécu le milita-risme et l’impérialisme. “Il n’y a absolument aucune mo-rale dans l’armée ! Si vous voulez devenir des hommes, n’al-lez pas à l’armée, devenez yakuzas !” explique Ken revenudu front avec la ferme intention de participer à la recons-truction. Mais ce dernier n’est pas prêt à “supporter l’in-supportable” et finit par s’en prendre à l’occupant améri-cain qui profite un peu trop de la situation. La violenceest omniprésente dans ce manga au travers de différentessituations dont Kinta est témoin. Elle est toutefois rela-tivisée par la présence rassurante du grand-père, hommede lettres on l’a dit, et de plusieurs intellectuels qui appa-raissent dans son entourage et celui du garçon. KAMIMURA

Kazuo montre ainsi que le nouveau départ du Japon nepeut pas avoir lieu sans la participation des écrivains etdes artistes. “Avec tout ce qu’il a déjà vécu, je suis sûr queKinta va devenir un grand dessinateur”, déclare un ami dugrand-père, peintre de son état, qui a remarqué la prédis-position du garçon pour le dessin. Dans la plaine du Kantô,c’est l’esquisse du Japon d’après-guerre qui apparaît. Parpetites touches, KAMIMURA Kazuo le fait surgir devantnos yeux avec un talent et une qualité de dessin qui par-fois nous laissent sans voix. Une trilogie à posséder d’ur-gence. GABRIEL BERNARD

Le grand-père de Kinta. Cet homme de lettres observe avec distance l’évolution du Japon vaincu et désormais occupé

réFérEnCESLa pLaInE dU KanTô de KamImUra Kazuo, trad.de Samson Sylvain, coll. Sensei, éd. Kana, 18 €.deux volumes déjà parus. www.mangakana.com

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zoom CULTUrE

d epuis que le malheur s’est abattu sur l’archi-pel, le 11 mars dernier, et devant le sang-froid dont la population a fait preuve, de

nombreuses voix se sont faites entendre pour tenterde nous expliquer qui étaient ces Japonais fatalistes etincapables de réagir comme des hystériques. Lesmédias français étaient pourtant àl’affût. Ils la voulaient leur imagesusceptible de frapper l’opinionpublique. Ils en rêvaient. Mais ladignité de ces femmes et de ceshommes frappés par une catastropheles a obligés à tourner leur regard dansune autre direction, celle de la centralenucléaire de Fukushima Dai-ichi et sesréacteurs en surchauffe. Là encore, onsentait qu’ils auraient aimé rapporter unvaste mouvement de panique au sein dela population japonaise. Au lieu de cela,ils ont rencontré des Japonais, inquietscertes, mais bien décidés à ne pas abandon-ner le navire comme ont pu le faire de nom-breux ressortissants français apeurés par des commu-niqués alarmistes de l’ambassade de France à Tokyo.Heureusement qu’il y avait les envoyés spéciaux deschaînes de télévision et des radios pour en rajouter,pour apporter des précisions sur le caractère des Japo-nais que la plupart d’entre eux découvraient pour lapremière fois. Peut-être aurait-il fallu que tous ceschampions de l’information spectacle lisent avant de

partir l’excellent ouvrage d’Elena Janvier. Derrièrece pseudonyme se cachent en réalité trois femmes quiconnaissent parfaitement le pays du Soleil-levant poury avoir vécu de nombreuses années. Elles nous livrenten un peu plus de 120 pages un portrait intéressantdes Japonais dans leur façon de vivre au quotidien.Plutôt que de se lancer dans un essai, elles ont choisila forme du dictionnaire qui permet pour chaqueentrée d’exprimer en quelques lignes des vérités sur leJapon et sa population. Rien de polémique. De sim-

ples constats qui nous permettent fina-lement de comprendre qu’il y a des

êtres sur cette terre qui n’ont pasbesoin de se comporter comme

nous pour exister. A plusieursreprises, les auteurs s’amusent à

nous le rappeler. Quand ellesévoquent le terme “scie”, voilàce qu’elles écrivent : “AuJapon, pour scier du bois, ontire la scie vers soi, puis onrelâche le mouvement enpoussant. Nous opérons ensens inverse”. Façon nip-pone ni mauvaise de

couper le bois, dirait un mauvaishumoriste. Quoiqu’il en soit, ce petit ouvrage contri-bue à remettre les pendules à l’heure et balaie d’unrevers de la main de très nombreuses idées reçues. C’estson grand mérite au-delà de la qualité d’écriture destrois auteurs qui mettent aussi un peu de poésie dansleur approche du Japon. En cette période difficile, çafait du bien. L’approche de Florent gorges est bien différente. Spé-cialiste de l’univers du jeu vidéo, il connaît aussi trèsbien le Japon et il a choisi l’humour pour en parlerdans son Anthologie du franponais. “Ça ressemble à dufrançais, ça sonne français, ça a l’odeur du français, mais

ce n’en est point. Au Japon, ce “dialecte” est presque devenuun art à part entière, aussi mystique et impénétrableque l’art du Nô. Qui veut pratiquer ce jargon doit néces-sairement sacrifier la syntaxe, maltraiter le vocabulaire,torturer la grammaire. Bref, crucifier Molière !” constatel’auteur dans son introduction. Pour qui est allé auJapon, c’est une évidence. Les Japonais adorent uti-liser le franponais comme les Français s’adonnent dés-ormais avec délectation au franglais. La différence,c’est que le franponais ne s’utilise pas dans la conver-sation courante. On l’emploie surtout dans la publi-cité ou pour attirer l’œil des passants vers les devan-tures des magasins. Le plus souvent, le choix des motsest lié à leur valeur phonétique et non à leur sens, cequi donne souvent lieu à des bizarreries. “La grasse”est ainsi utilisé pour désigner un club de gym tandisque “Partouze” est une marque de mouchoirs. Il y aaussi ce petit restaurant baptisé “Bistrot de bave”. Flo-rent gorges et son acolyte Mizuya en ont recensé beau-coup d’autres, photos à l’appui. Un voyage sympa-thique en Franponie qui nous permet en cette périodeun peu compliquée de retrouver le sourire.

GABRIEL BERNARD

Comme aurait pu dire le regretté PierreDesproges, ils ne sont pas des gens comme nous. Normal, ils parlent franponais.

DICTIOnnAIRES Les japonais pour les nuls

réFérEnCEanTHoLoGIE dU FranponaIS de Florent Gorges etmizuya, éd. omaké Books, 7 €. http://lefranponais.fr

réFérEnCEaU japon, CEUx qUI S’aImEnT nE dISEnT paS jET’aImE de Elena janvier, éd. arléa, 13 €. www.arlea.fr

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zoom CULTUrE

a la fin du printemps de 1944, alors que lestroupes américaines débarquaient en Nor-mandie pour entreprendre la reconquête de

l'Europe face aux forces allemandes, une petite cérémo-nie était organisée à des milliers de kilomètres de là enl'honneur de 66 nouveaux soldats incorporés. Les per-sonnes concernées étaient réunies dans le Centre de re-logement Minidoka à Hunt dans l'Idaho. Minidokaétait l'un des dix centres mis en place par l'Autorité fé-dérale de relogement (WRA), laquelle avait été crééeen 1942 dans le but de regrouper les quelque 120 000"Nikkei" - citoyens d'origine japonaise - déportés de laCôte Ouest au lendemain de l'attaque de Pearl Harbor.Tous les futurs soldats présents ce jour-là dans le campde Minidoka étaient des "Nisei", des Japonais-Américainsnés sur le territoire américain dans les années 1920 deparents japonais immigrés aux Etats-Unis, les "Issei". L'ob-jectif de l'armée américaine était d'offrir une opportu-nité aux internés de "prouver leur loyauté et leur patrio-tisme" à l'égard des Etats-Unis comme l'affirmait alorsle lieutenant B. M. Harrington dépêché sur place. Em-porté par son élan, ce dernier expliqua que “les forces amé-ricaines étaient très heureuses d'accueillir des Japonais enson sein, même si [votre] pays est en guerre contre les Etats-Unis. Le fait que [vous] jeunes Japonais soyez volontairespour combattre votre pays [le Japon] devrait prouver à tousqu'il existe quelques Japonais qui sont de bons Américains". Le camp de Minidoka, c’est celui dans lequel Keiko, l’hé-roïne du roman de Jamie Ford, va passer une grande par-tie de la guerre loin de sa ville natale de Seattle et sur-tout loin de Henry Lee, Américain d’origine chinoise,son ami malgré les récriminations de son père, Chinoisde souche et farouche anti-japonais. Dans Hôtel des sou-venirs doux-amers, l’auteur revient sur cette période trou-

LITTéRATURE amours contrariésqui fréquente le même collège que Henry, un établis-sement pour les blancs. Henry a même l’interdictionde parler le chinois chez lui et il doit sortir dans la rueavec un badge sur lequel on peut lire “je suis Chinois”.L’amour naissant entre les deux jeunes adolescents estdonc voué à l’échec, car l’Etat et la famille de Henry s’yopposent. Le premier va éloigner Keiko au cœur del’Amérique tandis que la seconde va tout faire pour em-pêcher l’idylle de se poursuivre malgré la distance et lesmois qui passent. Jamie Ford aborde le sujet avec subtilité et montre la puis-sance des sentiments qui peuvent résister à l’éloignementet à l’usure du temps. Il utilise cette histoire d’amour pourtraiter le thème de la discrimination à l’égard des Japo-nais, montrant la bassesse de certains Américains prêtsà tout pour exprimer leur rejet de l’autre. On retrouvedans l’écriture de l’écrivain une simplicité qui permet deplonger dans son histoire avec facilité d’autant plus queses personnages sont particulièrement attachants, en par-ticulier le saxophoniste noir Sheldon dont l’enregistre-ment mythique avec le pianiste Oscar Holden va ser-vir de fil rouge au récit. Comme dans les romans de MU-RAKAMI Haruki où la musique est omniprésente, Hô-tel des souvenirs doux-amers est rythmé par le jazz, cettemusique symbole de liberté dont ont été privés des mil-liers de personnes. Elle est encore là le jour où Henryretrouve son premier amour et qu’il découvre que le pèrede Keiko a combattu au sein du 442e régiment composéd’Américains d’origine japonaise pour “prouver qu'il exis-tait quelques Japonais qui sont de bons Américains” commel’avait souligné le lieutenant B. M. Harrington à la finde la guerre.

ODAIRA NAMIHEI

réFérEnCEHôTEL dES SoUVEnIrS doUx-amErS, jamie Ford,trad. de l’anglais par philippe Beaudouin,coll. outside, éd. alphée, 21,90 €

Pour son premier roman, Jamie Ford revientsur la douloureuse histoire des Américainsd’origine japonaise pendant la guerre.

ble de l’histoire américaine qui a vu ce grand pays dé-mocratique se comporter comme un Etat autoritaire,enfermant des citoyens américains dans des camps enraison de leur origine ethnique. Moins polémiqueque Quand l’empereur était un dieu, le roman de JulieOtsuka paru en 2004 aux éditions Phébus, le livre deJamie Ford souligne malgré tout le violent sentimentanti-japonais qui régnait à l’époque. Le choc de l’attaquesurprise contre Pearl Harbor en décembre 1941 étaitalors présent dans toutes les têtes. Il s’agissait de fairepayer cet affront et les habitants du quartier japonaisde Seattle étaient considérés comme des ennemis po-tentiels même si la plupart d’entre eux ne parlaient pasun mot de la langue de TANIzAKI à l’instar de Keiko

14 zoom japon numéro 9 avril 2011

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avril 2011 numéro 9 zoom japon 15

zoom CULTUrE

on oppose souvent en France l’univers de la cul-ture populaire et celui de la littérature, esti-mant que le premier ne peut jouer dans la

même catégorie que le second bien plus noble. AuJapon, la question ne se pose pasou du moins on refuse de consi-dérer le manga ou l’animationcomme des éléments de secondordre. L’important étant la qua-lité de l’œuvre et non sa nature.Aussi, lorsqu’un monument de lalittérature, en l’occurence DAzAI

Osamu, rencontre Madhouse, l’undes studios les plus doués dansle secteur de l’animation, onobtient un résultat de grande qua-lité que personne ne conteste. LaDéchéance d’un homme, dernierroman de DAzAI Osamu avantson suicide en 1948, raconte l’his-toire de Yôzô qui se considèrecomme un monstre. Il n’arrive pasà trouver sa place auprès de ses semblables et, surtout,de la gente féminine. Il fait semblant, utilise l’humourpour cacher ses mauvais côtés. En réalité, il ne s’aimepas et ne sait donc pas aimer les autres. Il recherche l’au-todestruction jusqu’à tenter de se suicider. Réaliséeen 2009 à l’occasion du centième anniversaire de la nais-sance de l’écrivain, l’adaptation de ce roman que l’on asouvent présenté comme autobiographique a été confiéeà ASAKA Morio qui travaille depuis de nombreusesannées pour Madhouse. “Je me suis beaucoup amusé de

l’ambiance ironique qui se dégageait de l’œuvre originale.En lisant à nouveau ce livre, j’ai éprouvé de la sympathieà l’égard de DAZAI tout en étant amené à rire de l’iro-nie contenue dans le flot de cette histoire”, raconte-t-il.C’est ce qui ressort de son film qui retranscrit parfai-tement l’atmosphère du roman et la psychologie despersonnages. Toutefois, concède le réalisateur, “il existeune énorme différence entre l’animé et le roman en ce qui

concerne la présence ou non d’élé-ments temporels. Il y a des passagesparticuliers dans le film où je mesuis demandé si je devais donner ounon un vrai temps de réflexion auspectateur et s’il en apprécierait lesrépercussions. Si cette histoire detemps m’importe tant, c’est parceque je pense que si on ne parvientpas à s’imaginer clairement unmonde, on ne peut rien yconstruire”. Qu’il se rassure, LaDéchéance d’un homme est unevéritable réussite qui rend parfai-tement hommage au roman épo-nyme. Cet animé confirme toutle bien que l’on pouvait penser desœuvres produites par Madhouse.

On peut aussi se féliciter que l’éditeur Kazé ait choiside sortir ce titre qui inaugure par la même occasion unecollection baptisée Kazé Néo dont le contenu vise unpublic exigeant sur la qualité. Carton plein pour ce pre-mier essai. G. B.

Kazé sort l’adaptation très réussie dudernier roman de DAZAI Osamu, La Déchéance d’un homme.

VIDéO quand l’animé rendhommage à la littérature

réFérEnCELa déCHéanCE d’Un HommE, de aSaKa morio, dVd (24,95 €) et Blu-ray (29,95 €), éd. Kazé néo,www.kaze.fr

Association culturelle Franco-Japonaise de

Cours de japonais : adultes, adolescents

Programme d’échangeavec l’Université de Tenri, au Japon (étudier le japonais pendant 1 an)

Stage linguistique au Japon en juillet (3 semaines)

TENRI

du 12 au 23 Avril Kazuko MISAWA / peinture

EXPO

8 avril à 20h30 : City CaféChamber Music

CONCERT

programme d’avril 2011

1971 - 2011

Page 16: ZOOM Japon 9

15e Festival de l’Imaginaire DU 10 MARS AU 15 JUIN 2011

Renseignements et location : MAISON DES CULTURES DU MONDE

101 boulevard Raspail, 75006 Paris01 45 44 41 42

FNAC – Carrefour – Géant : 08 92 68 36 22 (0,34 euros / min) www.fnacspectacles.com

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omc.irena

d ‘après la World Toilet Organization, nous pas-sons plus de trois ans de notre vie aux toilettes.Ça n’en a pas l’air, mais cela représente un sa-

cré bout de temps. Alors autant que ces instants passéssoient les plus confortables possibles. Comme dans d’au-tres secteurs, les industriels japonais ont su faire des toi-lettes un objet de consomma-tion que de nombreux non Ja-ponais rêvent de posséder dèsqu’ils y ont goûté. Non seule-ment les fabricants japonaiscomme Toto ou Inax ont in-venté les toilettes chauffantesqui assurent une sensation bienplus agréable que nos tradition-nelles lunettes en plastique oubois froids, mais ils ont au fil desannées innové et créé de véri-tables lignes de toilettes que leconsommateur va choisir avecautant de sérieux que s’il choi-sissait sa voiture. Depuis 6 ans, il existe à Paris une bou-tique qui s’est spécialisée dans la diffusion des toilettesmade in Japan, répondant ainsi à une demande croissante.Il est vrai que posséder un petit coin japonais dans sonappartement est bien plus facile que de créer un jardinjaponais digne de ce nom. Cela dit, pour acquérir unede ces merveilles de la technologie nippone, il faut êtreprêt à y mettre le prix. A partir de 790 €, on trouve le WClave-main combiné, un classique dans de nombreux pe-tits appartements au Japon. Il s’agit du WC de base qui

Les stars américaines en sont folles. Lestoilettes made in Japan essaient aussi des’implanter en France.

bOUTIqUE qui veut montersur le trône japonais ?

vaut largement nos toilettes. A 1 645 €, il y a l’abattantWashlet de Toto, leader incontesté du genre depuis 1978.Sa douchette à plusieurs jets en fait un must, même siaujourd’hui le fabricant nippon et ses concurrents pro-posent des modèles bien plus évolués en termes de fonc-tions et de confort. Toto a ainsi créé la ligne Neorest (voirphoto ci-contre) qui outre l’automatisation du couver-cle, de la lunette et de la chasse d'eau s’occupe d’absor-ber les odeurs et assure le lavage avec de multiples réglagespossibles. Pour s’en équiper, il ne faut pas être pingre. Ce

modèle coûte 9 568 €. Pour ce prix-là, on entre en possession de la Rollsdes toilettes alors qu’on est loin depouvoir s’offrir une véritable Rolls avecune somme pareille. Si vous hésitez,si vous souhaitez plus de renseigne-ments ou des informations pratiques,l’équipe du Trône, boutique qui n’a ja-mais mieux porté son nom, se fera unplaisir de vous apporter son expertiseen la matière. Ensuite, tout est unequestion de priorité. De nos jours, onregarde de très près sa literie au pointde dépenser de petites fortunes pourbien dormir. Bientôt, on prêtera da-

vantage attention à son petit coin auquel nous consacronsune partie de notre vie.

ODAIRA NAMIHEI

zoom TEndanCE

praTIqUELE TrônE 85 rue d’assas 75005 paris. Tél. : 01 42 45 01 73.lundi, mardi, jeudi, vendredi de 9h30 à 17h30,mercredi sur rendez-vous, samedi de 14h à 17h30.www.letrone.com et www.letrone-eshop.fr

produits japonais en un petit clicpas besoin de monter à paris ou d’aller à

Tokyo pour se procurer des objets

authentiquement japonais. Grâce à

Internet, tout est possible. Sur de

nombreux sites japonais, on peut

évidemment trouver son bonheur, mais

bien souvent ils ne proposent pas de

version de leur contenu en langue

occidentale ou bien ils n’assurent pas la

livraison de leurs produits en dehors des

frontières de l’archipel. Bref, on peut

revenir frustré(e) d’une sortie sur la Toile

en quête de produits nippons.

Heureusement, la rennaise Kyoko Besnard

a eu la bonne idée de lancer japon

tendance, un site Internet en français sur

lequel on peut trouver toutes sortes

d’objets et de tissus qui raviront les

amateurs. outre son avantage

linguistique, ce site se distingue

également par une interface agréable qui

rend la navigation très aisée. on trouve

facilement ce que l’on cherche et on peut

aussi passer d’une rubrique à une autre

très facilement. Cerise sur le gâteau, les

prix ne sont pas prohibitifs. on peut donc

se faire plaisir très facilement sans se

ruiner, ce qui de nos jours n’est pas

évident lorsqu’il s’agit d’objets nippons

très tendance.

http://japon-tendance.com

16 zoom japon numéro 9 avril 2011

Page 17: ZOOM Japon 9

zoom nIHonGo

pIpO AU jApOn

L e plus difficile avec le bain au Japon, c'est la tem-pérature. Adepte des douches rapides et revigo-rantes, le petit Français a parfois bien du mal à

supporter la chaleur du bain japonais. Surtout que pourpréserver cette chaleur, les salles de bain sont générale-ment dépourvues d'ouverture, et l'aération n'est utili-sée que lorsque tout le monde a fait trempette, pouréliminer un maximum d'humidité et rendre l'air enfinplus respirable. Moment privilégié dans le quotidiendes Japonais désireux de se détendre après une journéebien remplie, le bain est pour le petit nouveau Pipo uneépreuve, un rite initiatique, une sorte de bizutage oùil apprend dans l'adversité d'une salle de bain humideet suffocante que la culture s'appréhende aussi bien parl'esprit que par le corps.

大丈夫������

ですか。ぬるくないですか。Daijôbu desu ka ? Nurukunai desu ka ?Ça va ? L'eau n'est pas trop tiède ?

いいえ、ちょうどいいです。Iie, chôdo ii desu.non, c'est juste comme il faut.

Après cet examen de passage, l'expérience continue avecla sortie de bain et le regroupement des membres dufoyer autour d'une table basse pour prolonger le prélas-sement et se réhydrater un bon coup. Tenue décontrac-tée aidant, les langues se délient et la conversation serelâche. C'est le moment pour Pipo de pratiquer sonjaponais. Attention quand même car la chaleur du bainest montée à la tête, et les sous-entendus du japonais

LAnGUE pour parler, mettez-vous dans le bain (2)

font qu'il faut parfois bien s'accrocher. Le père, verre enmain, a pris un peu d'avance et invite Pipo à trinquer :

飲�

む?Nomu ?Tu bois ?

何��

を?Nani o ?boire quoi ?

ビールだよ。ビール!Bîru da yo. Bîru !De la bière, pardi !

誰��

が?Dare ga ? qui ça ?

ピポくんだろう。ほら! コップ、コップ !Pipo-kun darô. Hora ! Koppu, koppu ! ben pipo !… Tiens ! Approche ton verre !

Pour s'habituer à cette culture de l'implicite, il convientde garder la tête... froide.

PIERRE FERRAGUT

Moment de détente privilégié, le bain entretientune vraie convivialité. L'occasion de s'ouvrir audialogue.

praTIqUELE moT dU moIS

はっきり (hakkiri) : clair, clairement

よく外国人������

に「日本人�����

ははっきりしない」と言�

われます。Yoku gaikokujin ni “nihonjin wa hakkiri shinai” toiwaremasu.Les étrangers disent souvent des japonais qu'ils nesont pas clairs.

avril 2011 numéro 9 zoom japon 17

Page 18: ZOOM Japon 9

un cadre moderne et typique à la fois, le petit jardinjaponais au premier étage par exemple, ce restaurantjaponais est sans doute l’un des plus importants de laville. La variété de la carte et surtout sa qualité en fontpar ailleurs l’une des meilleures tables de la cité dela lumière. On le doit évidemment en grande partieau travail de MIYAUCHI Mitsuo qui a su mettre sontalent au service d’une clientèle exigeante composéede nombreux habitués. “70 % des clients de midi vien-

nent plusieurs fois parsemaine”, explique-t-il.Quand on peut dégusterrégulièrement le fameuxdobin mushi (émincé depleurotes aux fruits demer) ou le sakanashioyaki (poisson grilléau sel) à deux pas de sonbureau pour un prix rai-sonnable, respective-ment 15 € et 20 €, pour-quoi s’en priver. Lesmenus de midi sont

aussi abordables compte tenu de la qualité de la pres-tation (32€ - 35€ - 42€ - 45€ - 54€). Le soir, cela peutmonter à 115 €. Si l’on ajoute le teppanyaki (cuisinesur plaque chauffante) au sous-sol qui réserve de nom-breuses et belles surprises, sans oublier le salon de thé,on comprend pourquoi MIYAUCHI Mitsuo se mon-tre si serein malgré le défi qui consiste à satisfaire tantde bouches chaque jour. GABRIEL BERNARD

zoom GoUrmand

L ’homme se tient droit. Une certaine assurancese dégage de sa personne. On sent en lui uneforce tranquille. Autant le dire d’emblée, le

chef MIYAUCHI Mitsuo impressionne. Travailler à sescôtés comme le fait M. KASHIHARA depuis de nom-breuses années oblige àdonner le meilleur desoi en permanence,mais on sent une réellesatisfaction de faire par-tie de son équipe chezceux qui l’entourent.Son expérience y estsans doute pour beau-coup. Arrivé an Franceil y a 27 ans en prove-nance directe de Kyoto,M. MIYAUCHI a parti-cipé au lancement durestaurant Kinugawa, l’une des très bonnes adressesjaponaises à Paris, que son ami KINUgAWA Kyôichiavait décidé d’ouvrir dans la capitale française. Fortde sa connaissance de la cuisine traditionnelle de Kyotoqu’il a pratiquée pendant des années dans l’archipel,le chef MIYAUCHI a ainsi pu enchanter les palais denombreux Parisiens qui ont enfin compris ce qu’étaitla cuisine japonaise avec un grand C. Le succès deKinugawa a amené le propriétaire à ouvrir un nouvelétablissement sis 26 rue Bayard dont la direction a étéconfiée au maître MIYAUCHI. Sur trois niveaux,Hanawa est un grand restaurant dans tous les sens del’adjectif. Avec une capacité de 150 couverts dans

A deux pas des Champs Elysées, un grandrestaurant dirigé par une pointure vouspropose une cuisine raffinée et abordable.

RESTAURAnT Hanawa, la classeà tous les étages

mettez un peu de sakedans votre iphonedepuis quelques mois maintenant, le sake

est devenu une boisson à la mode. outre

les bars à sake qui se multiplient, on

rencontre de plus en plus d’amateurs ou

de simples curieux dans les épiceries

spécialisées à la recherche de la bonne

bouteille qui surprendra et/ou ravira ses

amis. pourtant notre connaissance de

cette boisson est, reconnaissons-le,

limitée. Il existe encore très peu

d’ouvrages sur la question et les efforts

consentis par certaines enseignes qui

organisent des dégustations ne

permettent pas de toucher un très large

public. aussi peut-on saluer la nouvelle

initiative de l’américain john Gauntner,

l’un des meilleurs connaisseurs du sake

dans le monde.

on lui doit de très

nombreux livres

et guides qui

n’ont pas encore

été traduits dans

la langue de

molière. Il vient

de lancer une

application pour

iphone qui

reprend en

grande partie son excellent dictionnaire

sur le sake dans lequel on apprend tout

ce qu’il faut savoir sur ce divin breuvage.

Le seul hic, c’est que cette application

n’existe qu’en anglais. on attend donc la

bonne âme qui voudra bien se lancer dans

sa traduction afin de permettre aux

francophones de pénétrer les secrets de

fabrication du sake.

www.sake-world.com

praTIqUES’Y rEndrE Hanawa, 26 rue Bayard 75008 paris Tél. 01 56 62 70 70 - 12h-15h et 18h-23h.Fermé le dimanche.

18 zoom japon numéro 9 avril 2011

Gab

riel b

erna

rd

Page 19: ZOOM Japon 9

L A RECETTE DE mITSUO, chef de Hanawa

INGRÉDIENTS (pour 4 personnes)

1 belle daurade

50ml de sauce de soja condensé50ml de mirin100ml de saké

Du tôfuquelques pois gourmands ou du brocoli bouillis

PRÉPARATION

1 - Lever les filets de daurade et verser sur la chair de l'eau bouillante pour éliminer l'odeur de poisson. 2 - Ver-ser dans une casserole la sauce de soja, le mirin et le saké. 3 - Déposer le filet de daurade dans ce mélange.4 - pendant la cuisson, couvrir avec un papier d'aluminium. 5 - quand les filets sont cuits et que leur couleurest bien dorée, ajouter le tôfu coupé en morceaux. 6 - quand les tofu sont chauds, déposer-les avec le filetde daurade dans une assiette. 7 - pour le dressage, ne pas oublier d’ajouter quelques pois gourmands oudu brocoli pour donner un peu de couleur. Ils auront préalablement été cuits et passés sous l’eau froide pourqu’ils gardent leur éclat vert.

zoom GoUrmand

parmi les ingrédients que l’on ren-contre souvent dans la cuisine japo-naise figure assurément le tôfu. Il enexiste deux sortes, le mou (kinugo-shi) et le ferme (momengoshi), quise distinguent surtout par leur tex-ture et non par leur goût qui estsimilaire. néanmoins, en cuisine, latexture a aussi son importance etvous choisirez le tôfu qui correspondà ce que vous aimez en la matière.Le tôfu est fabriqué à partir du sojaque l’on a préalablement fait trem-

per dans l’eau pendant une dou-zaine d’heures. Il est ensuite mixé,cuit et filtré. Le tônyu ou lait de sojaest le liquide recueilli après filtragetandis que l’okara est la pâte quireste dans le filtre. On met à chauf-fer le tônyu avant d’y ajouter la sau-mure (nigari). Après la cuisson, onplace le mélange dans un mouleperforé recouvert d’un morceau detissu. On obtient ainsi le tôfu quel’on pourra ensuite utiliser en l’ayantau préalable longuement égoutté.

A moins d’être un puriste, il n’estplus nécessaire aujourd’hui de pro-céder à toute cette opération pouravoir du tôfu. La fabrication artisa-nale a quasiment disparu. Elle a étéremplacée par un processus indus-triel qui donne, cela dit, de bonsrésultats. En France, on en trouvedans bon nombre de boutiques dediététique, les épiceries asiatiqueset même dans de nombreusesgrandes surfaces. n’attendez pluspour vous en procurer.

Gab

riel b

erna

rd

mijoté de daurade(Tai no nitsuke)

avril 2011 numéro 9 zoom japon 19

Page 20: ZOOM Japon 9

p arcourir une ville en compagnie d’un ami quiy vit, n’est-ce pas le meilleur moyen d’y décou-vrir quelques endroits uniques qu’un guide

traditionnel ou un voyage en groupe ne permettra pasde voir ? Malheureusement tout le monde ne disposepas d’un ami dans chaque cité du monde et souventon doit se contenter de visiter les lieux en suivant lesconseils de tel ou tel auteur ou de suivre la cadence par-fois infernale des groupes qui ne font que passer sansprendre le temps de savourer la nouveauté. C’est la rai-

son pour laquelle NATSUME Sachiko a choisi de créeren janvier 2011 sa société baptisée Circola Kyoto.S’adressant à un public francophone, sa petite entre-prise a pour vocation de proposer aux touristes de pas-sage la possibilité de visiter l’ancienne capitale impé-riale comme s’ils étaient guidés par un ou une ami(e).“A l’Universite de Kyoto et à l’Institut franco-japonaisde Kyoto où j’ai enseigné une dizaine d’années, il m’estsouvent arrivé de faire visiter ma ville à des professeursinvités et des conférenciers de passage”, raconte-t-elle.Elle a ainsi pu constater le plaisir que ces personnespouvaient resentir à être accompagnées par une per-sonne du cru. “J’ai donc voulu proposer une solution àceux qui n’ont pas la chance de connaître quelqu’un sur

place, d’autant plus que le nombre de touristes françaisne cesse d’augmenter. Quelques agences locales proposentdes visites en car, mais elles sont en anglais et les Fran-çais n’aiment pas en général se déplacer en groupe”, ajoute-t-elle. Sûre de son fait, elle a donc développé son idéeet offre désormais un service de guide personnalisé

Plusieurs initiatives permettent de découvrirle pays du Soleil-levant de façon originale.Nous en avons sélectionné deux.

A vélo, à Tokyo, on dépasse aussi les autos, mais surtout on en prend plein la vue

VISITE Voir Tokyo et Kyoto autrement

praTIqUECIrCoLa KYoTo 210-4 owari-cho,nakagyo-ku, Kyoto, 604-0934 Tél. : 81-(0)90-9692-0809 ou http://circola.takara-bune.net. pour 4 000 yens, vous avez à votre disposition unguide francophone qui vous fera découvrir de façonpersonnalisée l’ancienne capitale impériale.

kOEZ

UkA

yuki

ko

20 zoom japon numéro 9 avril 2011

Page 21: ZOOM Japon 9

zoom VoYaGE

pour un coût des plus raisonnables. “En général, il fautcompter environ 25 000 yens [215 euros] pour un guide-interpète. Circola Kyoto propose le même service pour4 000 yens les trois heures”, explique-t-elle. En plus, lespersonnes qui assurent les visites guidées sont très moti-vées. Elèves ou anciens élèves de NATSUME Sachiko,elles souhaitent mettre en pratique leur maîtrise de lalangue française auprès de touristes francophones quirêvent de voir la ville autrement. Ces guides-amis,comme elle les a baptisés, “vont chercher les invités à lagare de Kyôto et les accompagnent jusqu’à leur hôtel oùils définissent les grandes lignes de leur programme. Nousavons décidé de limiter à trois heures la durée du service,mais le guide-ami est libre de continuer comme le feraitune vraie connaissance en fonction de son emploi dutemps”. L’idée est aussi de sortir des sentiers battus.NATSUME Sachiko rappelle à juste titre que la plupartdes touristes qui se rendent dans sa ville y viennentpour voir notamment un jardin zen. “Classiquement,ils se rendent au Temple Ryôan et au Pavillon d’or quise trouvent dans le même quartier. Mais la plupart dutemps, c’est noir de monde et il est difficile d’en profiter.Je préfère emmener mes ‘amis’ au Temple Daitoku oùil y a également trois tacchû [maison de moine] ouvertesau public. Les jardins zen du temple sont très beaux etil y a aussi un autre type de jardin, le koto-in, avec uneforêt de bambous. Qui plus est, la pièce réservée à la céré-monie du thé est idéale pour comprendre L’Eloge del’ombre de TANIZAKI Junichirô [éd. POF]. L’une desmaisons de moine a été transformée en restaurant où l’onpeut déguster la cuisine végétarienne bouddhique dansun cadre idéal et pour une somme modique. Il y a beau-coup moins de monde qu’au Temple Ryôan et surtoutpresque pas de touristes étrangers”, confie-telle. Voilà unautre argument de poids qui ravira sans doute celles etceux qui veulent rapporter des souvenirs originaux deleur voyage à l’autre bout du monde. Mais rien n’em-pêche bien sûr de demander au “guide-ami” de faireun tour dans un lieu aussi célèbre que le Pavillon d’or.Il y a fort à parier que la façon dont il vous le présen-tera sera bien plus intéressante que les habituelles pla-titudes que les guides traditionnels répètent à longueur

d’année à des touristes fatigués de “faire la ville” au pasde course. Originale, la formule développée par Cir-cola Kyoto devrait faire école. NATSUME Sachiko ima-gine déjà de lancer le même service à Tokyo. En attendant de pouvoir bénéficier d’un service de“guide-ami” dans la capitale, on peut tout de même selancer à sa découverte d’une façon originale à laquellebon nombre de touristes ne pensent pas quand ils sedemandent de quelle manière ils pourront s’approprierl’immense cité. Il s’agit de la bicyclette. A première vue,l’idée peut sembler farfelue, car Tokyo n’est pas uneville où la petite reine semble avoir sa place. Pourtant,on constate que les cyclistes sont plus nombreux etqu’en ces temps où l’on encourage les modes de trans-port alternatifs, le vélo séduit. C’est la raison pourlaquelle KOEzUKA Yukiko a créé, en 2006, une sociétéqui propose aux touristes de visiter une partie de lacapitale à bicyclette. “Il est vrai que le réseau ferré de laville permet aisément de s’y déplacer. On peut même choi-sir de faire des visites guidées de la ville en autocar et celapeut être agréable. Mais à vélo, on découvre une cité com-

avril 2011 numéro 9 zoom japon 21

plètement différente. On n’emprunte pas les sentiers bat-tus. On passe par les petites rues qui donnent toute sonépaisseur à la capitale. C’est surtout une très bonne façonde voir comment les Tokyoïtes, je veux dire ceux qui yrésident vraiment, vivent”, explique la patronne deTokyo great Cycling Tour (TgCT). Son désir prin-cipal est d’apporter au visiteur la possibilité de com-prendre que la capitale japonaise ne se résume pas àcertains quartiers comme Shibuya ou Shinjuku. Elleconcentre donc une partie de ses activités dans la par-tie orientale de la ville qui connaît actuellement unregain d’activité [voir Zoom Japon n°3 de septembre2010] avec la construction de la tour Tokyo Sky Tree.“Le Tokyo Bay Ride a pour but de montrer le contrasteentre le Tokyo d’avant et les nouveaux quartiers en pleineébullition. Le Sumo Wrestler’s Ride est une invitationà la découverte de la culture locale au travers d’une baladedans les rues d’Ueno, Asakusa et Ryôgoku”, ajoute-t-elle,soulignant qu’il s’agit avant tout de la faire en toutedécontraction. Un maximum de 14 personnes pargroupe enfourchent ainsi les vélos de TgCT, en ayantau préalable été formés au bon usage de la bicyclettedans la capitale. Avec à sa tête un guide expérimenté,la petite troupe s’élance dans les rues et s’arrête lorsquele besoin s’en fait sentir. “Malheureusement, nous nedisposons pas encore de guide en français, mais je sais quebon nombre de francophones parlent très bien anglais.Ils pourront donc suivre les explications, et compte tenude la taille du groupe, c’est très facile de demander auguide de réexpliquer si on en ressent le besoin”, affirmeKOEzUKA Yukiko. Depuis sa création, TgCT connaîtun succès croissant, car il apporte une vraie valeur ajou-tée au touriste. Celui-ci pourra alors dire qu’il a vrai-ment vu Tokyo. GABRIEL BERNARD

Le Temple Daitoku moins fréquenté, mais tout aussi bien

que le fameux Temple Ryôan et son jardin de pierres.

praTIqUEToKYo GrEaT CYCLInG ToUr 1-3-2, Shinkawa,Chuo-ku, Tokyo 104-0033 Tél. : +81 (0)3 4590 2995ou www.tokyocycling.jp. Il faut compter10 000 yens [87 euros] pour un circuit de six heures(9h-15h). Le prix comprend la location de vélo,l’assurance et le déjeuner sous la forme d’un bentô.

Page 22: ZOOM Japon 9

zoom VoYaGE

a vant de partir en voyage, en général, on sedocumente. On se rend chez son libraire pré-féré et on achète un ou deux guides pour se

faire une idée des endroits à visiter etdes choses à faire une fois sur place.Compte tenu de leur poids souventconséquent, on préfère les laisser chezsoi et noter sur une feuille de papierles lieux que l’on ira voir. HarryCheng a imaginé de faire ce travail dedéfrichage. Il propose ainsi un guidequi ne ressemble à aucun autre guidepuisqu’il se présente sur la forme d’undocument dépliable à la manièred’une carte touristique sur lequelfigure quelques petites cartes, maissurtout 26 listes de lieux, plats, sou-venirs ou encore stations thermalesqu’un touriste digne de ce nom doitavoir vus, goûtés ou achetés. Intitulésimplement Been there, Done that [ Je suis allé là-bas,j’ai fait ça], cet objet qui tient facilement dans la pochearrière d’un jean ou dans un sac à main peut être qua-lifié de guide même s’il n’en est pas un à proprementparlé car il ne fournit aucune information détaillée.Ne cherchez pas l’adresse de tel ou tel musée ou lenuméro de téléphone de telle ou telle auberge, car ilsn’y figurent pas. Quand on lui demande s’il entendréinventer notre façon de voyager, Harry Cheng, quia grandi à Kobe, se gratte un peu la tête avec un petitsourire aux lèvres. “La plupart du temps avant de se ren-dre dans un pays, on consulte Internet ou un guide tou-ristique dans lequel on trouve de nombreux détails très

Pourquoi s’encombrer d’un volumineuxguide quand vous pouvez avoir le meilleursur une grande feuille pliée en trois.

GUIDE Le japon dans la pocheprécieux sur une région ou sur une ville. Avec Be There,Be Done, je fournis 26 listes avec trente possibilités àchaque fois. Ainsi, si on cherche quelque chose autour dusake, d’un seul coup d’œil, on découvre trente brasserieset autant de possibilités de goûter ainsi de très bons sake.Dès lors, ce que je propose ressemble à une sorte de pense-bête qui s’avère extrêmement pratique”, explique-t-il. Eneffet, à côté de chaque proposition figurent quatre

petites cases à cocher : “àfaire, fait, encore, j’adore”. Levoyageur peut ainsi au fil deson périple dans l’archipelmarquer les endroits où ilest passé, ceux qu’il a aimésou ceux qu’il voudrait voirou revoir. “Je crois que cetteapproche donne au voyageurun sentiment d’avoir accom-pli quelque chose. C’est unpeu comme une bonne réso-lution que vous tenez. En cesens, on peut dire que BeenThere, Done That est unevraie nouveauté dans ledomaine des guides touris-

tiques”, ajoute Harry Cheng qui préfère limiter les infor-mations fournies. “De toute façon, en un seul clic, voustrouvez les coordonnées de tous les endroits proposés. Pour-quoi faire compliqué quand on peut faire simple”. Unlarge sourire éclaire son visage. Il nous a convaincus eton se demande pourquoi personne n’y avait pensé avantlui. G. B.

22 zoom japon numéro 9 avril 2011

L E bOn pLAn

En dépit des malheurs qui frappent le japon depuisle 11 mars, cette année encore les cerisiers et leursfleurs éclatantes seront au rendez-vous et appor-teront, espérons-le, à ceux qui les contempleront

un peu de réconfort en ces moments difficiles. “Sousles fleurs de cerisier grouille et fourmille l’humanité”,rappelait le poète kObAyASHI Issa dans un de ses pluscélèbres haïku. Gageons que ce sera encore le caslongtemps. Commencée depuis la mi-mars dansl’extrême sud de l’archipel, la floraison des cerisiersva se poursuivre cette année jusqu’à la mi-mai pourla partie la plus septentrionale. C’est donc bon àsavoir si l’on veut aller admirer (hanami) ces arbresdont la beauté éphémère fait oublier temporaire-ment tous les tracas et tous les malheurs. Cela peutêtre une idée de voyage que de suivre le rythme dela floraison et ainsi découvrir miyajima, kanazawaou encore Hirosaki lorsque les cerisiers ont décidéd’attirer le regard du monde avec leurs plus bellesfleurs. Elles sont capables de vous faire tourner latête. “Le monde est devenu un cerisier en fleurs”, écri-vait un autre grand poète Ryôkan. C’est à tel pointvrai qu’il existe même une association qui ne s’oc-cupe que de cela. Sur son site Internet qui n’est mal-heureusement qu’en japonais, on peut néanmoinsen cliquant ici et là découvrir la carte magique des100 plus beaux lieux japonais qu’elle a recensés,photos à l’appui, où l’on pourra admirer ces magni-fiques fleurs et pourquoi pas composer des poèmes.association pour les fleurs de cerisierwww.sakuranokai.or.jp

Le temps des cerisiers

réFérEnCEBEEn THErE, donE THaT est commercialisé àcompter du 1er avril au prix de 1000 yens [8,70euros]. pour en savoir plus, vous pouvez consulter lesite www.haveyoubeentheredonethat.travel.

Page 23: ZOOM Japon 9

CURIOSITé La gare d’osakafait peau neuve

Le 4 mai prochain sera inauguré en grande

pompe le nouveau bâtiment de la gare jr

d’osaka. a la différence des gares

françaises, celles du japon sont souvent des

petites villes dans la ville. Baptisée osaka

Station City, la nouvelle infrastructure est

impressionnante et vaut que l’on s’y arrête

un peu pour y jeter un coup d’œil.

OSAkA TERmInAL bLDG

Tél. : 06-6346-1637 - www.osakastationcity.com

ExpOSITIOn L’obsession dunucléaire

a compter du 9 avril et jusqu’au 29 mai,

le musée s’intéresse à la façon dont

la question nucléaire, en particulier

l’atomisation de Hiroshima et nagasaki, a

inspiré les artistes contemporains dans des

domaines aussi différents que le manga, la

peinture, la photographie ou la sculpture.

mEGURO mUSEUm OF ART

2-4-36 meguro, meguro-ku, Tokyo 153-0063,

Tél. : 03-3714-1201, http://mmat.jp

zoom VoYaGE

C ’est à Tokyo que l’on mange les meilleurs sushi.Personne n’osera vraiment remettre en causecette affirmation tant les restaurants de pois-

son cru sont nombreux et de qualité bien supérieureà ceux que l’on trouve ailleurs dans le monde. Il estdonc logique que la capitale japonaise innove dans ledomaine comme en témoigne Yasai sushi Potager.Comme son nom peut le laisser supposer, ce nouveaurestaurant propose des légumes (yasai), mais pas depoisson. Les sushi, que propose KAKIzAWA Aya, chefet propriétaire de ce lieu implanté dans le quartier envogue de Roppongi Hills, sont uniques en leur genre.Premier établissement du genre, ce restaurant met àsa carte le meilleur des légumes produits dans l’archi-pel associés au riz le plus fin pour le plus grand plai-sir de tous ceux qui souhaitent découvrir de nouvellessaveurs. La patronne n’utilise que des légumes de sai-son et travaille avec des producteurs locaux pour obte-nir le meilleur de leurs récoltes. Outre une présen-tation pleine de couleurs et de formes qui rappellent

les sushi classiques, les réalisations de la jeune chefméritent qu’on s’y arrête le temps qu’il faut pour lesdévorer des yeux avant de les savourer.

ODAIRA NAMIHEI

Dans son nouvel établissement, la jeuneKAKIZAWAAya met les légumes à l’honneur.

RESTAURAnT Le sushi réinventé

S’Y rEndrESUSHI poTaGEr roppongi Keyakizaki dôri,roppongi Hills, 6-9-1-1F, roppongi, minato-ku,Tokyo, Tél. 03-3497-8822 - www.sushi-potager.comouvert : 11h-15h et 17h-23h

avril 2011 numéro 9 zoom japon 23

Page 24: ZOOM Japon 9

www.japan-expo.com

LE FESTIVAL DES LOISIRS JAPONAIS

PARC DES EXPOSITIONS DE PARIS-NORD VILLEPINTEDU 30 JUIN AU 3 JUILLET 2011

ACCÈS RER B - Autoroute A1, A3 ou A104 (Sortie 2) - Parc des Expositions (Accès Visiteurs) HORAIRES D’OUVERTURE 11h - 19h (tous les jours) TARIFS Jeudi : 9€ 12€ 15€ 12€ 31€ 35€

RÉSEAU FNAC : FNAC FNAC RÉSEAU TICKETNET :

U 30 JUIN OSIT D

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J N AU 3 TIONS DE P

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