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Jérémie Souteyrat pour Zoom Japon www.zoomjapon.info gratuit numéro 28 - mars 2013 SUPPLÉMENT DE 104 PAGES Les 50 qui font le Japon de demain Manga Côté coulisses BILLETS EN VENTE : WWW.SALONDULIVREPARIS.COM - WWW.FNAC.COM - WWW.FRANCEBILLET.COM PARTENAIRES OFFICIELS AVEC LE SOUTIEN DE SALON DU LIVRE 33 e MARS 2013 22-25 6 MANGAKAS INVITÉS ! DÉCOUVREZ LEURS NOMS SUR WWW.SALONDULIVREPARIS.COM PORTE DE VERSAILLES PARIS GRATUIT POUR LES ÉTUDIANTS* Bronx (Paris) - Photographie Laurent Édeline *Étudiants de moins de 26 ans sous réserve d’inscription en ligne

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Zoom Japon, numéro 28 (mars 2013)

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Jérémie Souteyrat pour Zoom Japon

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SUPPLÉMENT DE 104 PAGESLes 50 qui font le Japon de demain

MangaCôté coulisses

BILLETS EN VENTE : WWW.SALONDULIVREPARIS.COM - WWW.FNAC.COM - WWW.FRANCEBILLET.COM

PARTENAIRES OFFICIELS AVEC LE SOUTIEN DE

SALON DULIVRE

33e

MARS2013

22-25

6 MANGAKAS INVITÉS !DÉCOUVREZ LEURS NOMS SUR

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ÉDITO Mission 2

Il y a un an, Zoom Japonpubliait un supplémentintitulé Mission qui racon-tait le travail admirable del’Ishinomaki Hibi Shimbunlors du séisme du 11 mars

2011. Nous avons décidé de continuer à sou-tenir ce quotidien local en l’associant à un nou-veau projet consacré aux 50 qui font le Japon dedemain dont l’objectif est de montrer la viva-cité de la société japonaise en cette période dif-ficile. Ces cinquante personnalités sélection-nées par nos soins et le journal d’Ishinomakiont répondu favorablement à notre démarche.Qu’elles en soient ici remerciées, car elles prou-vent qu’il existe, contrairement à ce que l’onpourrait croire ici en Europe, une véritablemobilisation pour faire bouger le pays et l’em-mener vers de nouveaux horizons.

LA RÉ[email protected]

ZOOM ACTU

ÉCONOMIE La Chine ne faitplus rêver Les relations tendues entre Pékin et Tôkyô,

notamment sur la question des îles

Senkaku, pèsent fortement sur les

investissements japonais en Chine puisque

ceux-ci ont baissé de 20 % au mois de

janvier 2013 par rapport à la même période

de l’année dernière. Une tendance qui

devrait se poursuivre au cours des prochains

mois, estime-t-on du côté nippon.

ÉCONOMIE Un déficitcommercial qui empire Avec un déficit de 1.629,4 milliards de yens,

soit 13 milliards d'euros, la balance

commerciale japonaise a enregistré, en

janvier, son plus mauvais résultat depuis

1979, date de la première publication de

cette statistique. Cela s’explique

notamment par les importations d’énergie

en hausse depuis 2011 et un yen faible qui

renchérit les produits importés.

Deux ans après

l’accident de la centrale

de Fukushima Dai-ichi, les Japonais sont

plus que jamais désireux de mettre un

terme à la dépendance du Japon à l’égard

du nucléaire. C’est ce qu’indique un

sondage de l’Asahi Shimbun dans lequel

71 % des Japonais le disent avec conviction.

71 %

L E REGARD D’ERIC RECHSTEINER

La vie semble s'être soudainement arrêtée il y a deux ans autour de la centrale accidentée de Fukushima. Cettevoie de chemin de fer à l'abandon était, il y a encore deux ans, très fréquentée. La ligne Jôban entre Nippori (Tôkyô)et Iwanuma (préfecture de Miyagi) traverse la zone d’exclusion des 20 kilomètres.

Le Japon vu du train

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Couverture : Chez TANIGUCHI Jirô. Photo de Jérémie Souteyrat

2 ZOOM JAPON numéro 28 mars 2013

ZOOM ACTU

Le nouveau Premier ministre n’aura pasattendu longtemps avant de mettre en œuvreson plan de relance révolutionnaire.

V ainqueur incontestable des élections géné-rales anticipées, le 16 décembre dernier, leParti libéral-démocrate (PLD) avec à sa tête

ABE Shinzô n’a pas tardé à multiplier les annonces pourredonner un coup de fouet à unpays en plein doute depuis plusde deux décennies. Ce que leParti démocrate n’avait pas faiten 2009 lorsqu’il avait remportéhaut la main le scrutin, le PLDa joué à fond la carte de l’actionavec un programme écono-mique baptisé Abenomics.Conscient que la priorité desJaponais était avant tout d’ordreéconomique, le nouveau Pre-mier ministre a donc décidé delancer un plan de relance auda-cieux qui fait figure d’expériencepour la plupart des pays occi-dentaux. Il faut rappeler que leJapon a connu les mêmes affresque l’Europe au début des années1990 avec l’éclatement de la bulle financière qui a finipar avoir raison de la croissance de l’économie nippone.Confronté à une situation de blocage, le pays est entrédans une spirale déflationniste d’où il ne semblait pasen mesure de sortir. Voilà pourquoi le nouveau chef dugouvernement a choisi la manière forte avec un plandes plus ambitieux qui sera financé par le déficit. Vud’Europe où l’on ne parle plus que de coupes budgé-

taires et d’économies, cette idée suscite une certainecuriosité, car elle présage peut-être ce qui sera entreprissur le Vieux continent lorsqu’on se rendra compte quel’austérité ne permet pas d’améliorer la situation géné-rale. Pour y parvenir, ABE Shinzô a d’abord repris lamain sur la Banque du Japon pour lui fixer un tripleobjectif : relancer l'inflation, financer les dépensespubliques avec la planche à billets et faire baisser le cours

du yen pour faciliter les exporta-tions. Non seulement il est parvenuà faire chuter la devise de 15 % enquelques jours, mais la Bourse deTôkyô a retrouvé la confiance qu’elleavait perdue depuis plusieursannées. La question est de savoirsi cela va permettre de refaire démar-rer un moteur économique enpanne. Les plus optimistes rappel-lent que ce type de politique avaitété mené avec succès dans les années1930 et que les fondements de l’éco-nomie japonaise ne sont pas aussimauvais qu’on peut croire. Les pluspessimistes mettent l’accent sur l’en-dettement record de l’archipel. Cedernier point ne semble pas effrayerABE Shinzô qui veut agir vite. Les

élections pour le Sénat où le PLD n’a pas la majoritéauront lieu en juillet. Il est indispensable pour lui de lesremporter. Pour cela, il doit montrer qu’il est en pre-mière ligne sur le front économique. Les Japonais luien sont déjà gré puisque, selon un sondage de l’AsahiShimbun (16-17 février), 62 % d’entre eux lui accor-dent leur confiance. Un mois plus tôt, ils étaient 54 %.

GABRIEL BERNARD

POLITIQUE Abe Shinzô joue lesapprentis sorciers

Dans son édition du 12 février, Newsweek

Japon appelait à repenser le pays.

mars 2013 numéro 28 ZOOM JAPON 3

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ZOOM ACTU

En 1923, quelques heures après le tremblement deterre qui a dévasté Tôkyô et sa région, PaulClaudel, ambassadeur de France au Japon, rap-

portait l’ampleur de la catastrophe, découvrant “une ave-nue semée de débris et de cadavres, des cadavres, encoredes cadavres sans vêtements, sans peau, des formes rougeset noires tordues comme des sarments. Une odeur épou-vantable de matière brûlée et de cadavres”. La naturea souvent été cruelle dans l’archipel et à chaque fois, ellea laissé derrière elle des cadavres, itai en japonais. C’estsous ce titre que l’ouvrage de ISHII Kôta est paru au Ja-pon en 2011 quelques mois après le terrible séisme suivid’un non moins effroyable tsunami qui a laissé derrièreson passage la désolation et encore des milliers de ca-davres. La traduction française de ce livre paraît le 7 marssous le titre moins sec mais tout aussi éloquent : Millecercueils. C’est à peu près le nombre de cadavres qui ontété recensés dans la ville de Kama ishi où l’auteur s’estretrouvé au lendemain de la catastrophe. CommePaul Claudel, il a arpenté ce qu’il restait des rues de ceport de 40 000 âmes dont certains quartiers ont litté-ralement été effacés de la surface de la terre. “Il était im-pératif que j’inscrive en moi ce cataclysme qui allait bou-leverser le sort du Japon”, explique-t-il dans l’avant-pro-pos pour justifier son désir de se rendre dans les régionssinistrées. “En découvrant, jour après jour, le spectaclede la désolation qui s’y étaient abattues, je me deman-dais comment les Japonais allaient appréhender cetteréalité, celle de tous ces gens morts de façon si affreuse”,ajoute-t-il avant de rappeler que la page ne pourrait vrai-ment être tournée que le jour où “les hommes accep-teront de vivre avec le poids de la tragédie qui les a frap-pés et des séquelles qu’elle a laissées. C’est de cette ré-

flexion qu’est née ma décision de noter au fil des joursle récit des scènes terribles qui se déroulaient dans lesdépôts mortuaires. En m’intéressant à celles et ceux quis’étaient retrouvés là, je voulais retracer le processus quiles mèneraient à s’approprier ces paysages dévastés, jon-chés de cadavres, et témoigner aussi de la façon dontils allaient se relever de cette épreuve et reprendre le coursde leur vie, malgré les blessures laissées par la catas-trophe”. Au fil des pages, ISHII Kôta rapporte, avec ladistance nécessaire pour que cela ne ressemble pas à duvoyeurisme, le quotidien d’une ville et de ses habitantsqui doivent gérer des cadavres. Ce qui frappe dans cerécit, c’est le souci d’autrui qui habite chaque person-

A l’occasion du deuxième anniversaire duséisme et du tsunami qui ont frappé le nord-est du pays, plusieurs ouvrages viennent desortir.

11 MARS Des livres pour ne pas oublier

nage croisé comme MATSUOKA Kimihiro. Cet employémunicipal chargé de transporter les cadavres récupé-rés dans la ville dès le premier jour n’a jamais flanchéou renoncé à cette terrible tâche parce que “je crois quesi je faisais partie des victimes, j’aimerais pouvoir retour-ner auprès de ma famille. Ces gens-là ne sont pas mortsparce qu’ils l’ont voulu. C’est pour ça que je voudraisles aider à retrouver ceux qu’ils aimaient. En tout cas,c’est ce qui me pousse à continuer”. Chacun des pro-tagonistes se sent investi d’une mission importante querésume parfaitement une autre phrase que MATSUOKA

disait à chaque mort retrouvé : “C’est bien, tu vas en-fin pouvoir retourner auprès des tiens”. Ces phrases sim-

Au lendemain du tsunami, sur le mur du gymnase qui accueille des réfugiés du tsunami, on vient inscrire des messages

pour retrouver des personnes disparues. A Ôfunato, préfecture d’Iwate.

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ZOOM ACTU

ples émeuvent, mais donnent aussi une énergie formi-dable, car elles montrent que les hommes sont capablesde se surpasser pour les autres. C’est une leçonextraordinaire. A plus de 250 kilomètres au sud deKama ishi, le 11 mars a aussi provoquéle chaos, un chaos dont les conséquencesne sont pas encore complètement éva-luées. A proximité de la petite ville de Fu-taba, la centrale de Fukushima Dai-ichi aété accidentée, provoquant l’exode forcé demilliers de personnes. Parmi elles, un homme,MATSUMURA Naoto, a refusé de partir et d’éva-cuer la zone interdite décrétée par les autori-tés. C’est son histoire tout aussi forte que celledes héros ordinaires de Kamaishi que le photo-journaliste Antonio Pagnotta nous livre dans LeDernier homme de Fukushima. Comme dansMille cercueils, on contaste que l’attitude de cet agri-culteur est dictée par un altruisme incroyable. “Son refusd’obéir aux autorités et de se soumettre au silence était unchoix humain - un choix pour l’humanité”, écrit AntonioPagnotta dans les premières pages de ce livre qui rapportele destin hors du commun de cet homme. “J’ai beaucoupde temps pour penser. Il est triste de voir ma ville natalesombrer, mais je ne déserterai pas. La centrale nucléairem’a tout pris, ma vie et mes biens. Rester ici, c’est ma fa-

çon de combattre pour ne pas oublier, ni ma colère ni monchagrin”, explique MATSUMURA Naoto pour justifier sadécision face aux gens qui travaillent pour Tepco, la so-ciété propriétaire de la centrale de Fukushima Dai-ichi.“Ils n’ont ni larmes ni sang, en d’autres termes ils ne sontpas humains”, dit-il. Plus engagé que ISHII Kôta vis-à-vis

Présent à Tôkyô, le vendredi 11 mars2011 à 14h46, lorsque la terre s’est

mise à trembler, WATANABE Kenichi a vécu,comme bon nombre de Japonais, lacatastrophe via la télévision. “Quand j’aiappris qu’une explosion avait touché unréacteur de la centrale de Fukushima Dai-ichi, j’ai stoppé mon travail et pris la déci-sion de rentrer en France. Alors que tousles accès à Tôkyô étaient bloqués, la télé-vision ne disait rien de l’état d’alerte maxi-mum dans lequel nous semblions noustrouver. Je me souviens avoir été dominépar une peur noire, par le sentiment d’être

contrôlé par une force que je ne pouvaisidentifier. C’est cette expérience sur placequi m’a poussé à réaliser un film sur Fukus-hima”, raconte le réalisateur. Ce derniera donc décidé de prendre sa camérapour aller à la rencontre de ceux qui ontsubi les conséquences de cet accidentsans précédent dans l’histoire du Japon.Dans un pays où le mythe de la sécu-rité était profondément enraciné dansles têtes, Fukushima a eu un effet dévas-tateur d’autant plus important que lesmédias n’ont pas joué leur rôle (voirZoom Japon n°24 d’octobre 2012). C’est

ce que rapporte le documentaire deWATANABE Kenichi diffusé sur Arte le 5mars à 22h25 dans le cadre d’une pro-grammation spéciale consacrée à cetévénement. Il donne non seulement laparole aux victimes, mais il a aussi

recueilli de nombreux avis de spécialistesafin de mieux établir la réalité de la situa-tion sur place et de rappeler que deuxans après la tragédie, rien n’est réglé etque l’ensemble de l’humanité estconcerné. Un film engagé à ne pas man-quer. O. N.

Le monde après Fukushima, de WATANABE

Kenichi (77 mn). Mardi 5 mars à 22h25sur ArteFukushima, chronique d’un désastreannoncé, de SUZUKI Akio et NAKAI Akihiko(47 mn). Jeudi 7 mars à 22h50 sur Arte.

TÉLÉVISION Fukushima, deux ans après

mars 2013 numéro 28 ZOOM JAPON 5

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de son récit, Antonio Pagnotta offre néan-moins une histoire poignante qui soulève

bien des interrogations sur ce que pourrait êtrenotre propre réaction face à une telle situation.

Dans le manga signé ICHIGUCHI Keiko et in-titulé Les Cerisiers fleurissent malgré tout, on

retrouve cette colère dans les propos de l’héroïneItsuko qui vit en Italie et doit retourner au Japon

au printemps 2011. Malgré le séisme et sesconséquences, elle veut y retourner pour tenir sa

promesse de revoir son ancienne institutrice. Lamangaka nous livre une œuvre tout aussi forte que

les livres de ISHII Kôta et Antonio Pagnotta avec enplus une sensibilité féminine qui nous emporte. Une

magnifique façon de rappeler l’importance d’entre-tenir le lien, kizuna en japonais. Notre coup de cœur.

ODAIRA NAMIHEI

RÉFÉRENCESMILLE CERCUEILS, A KAMAISHI APRÈS LE TSUNAMI DEMARS 2011, de ISHII Kôta, trad. par le groupeHonyakudan, éd. du Seuil, 2013, 19€LE DERNIER HOMME DE FUKUSHIMA, de AntonioPagnotta, éd. Don Quichotte, 2013, 17,90€LES CERISIERS FLEURISSENT MALGRÉ TOUT, de ICHIGUCHI

Keiko, trad. par Claudia Migliaccio, éd. Kana, coll. Madein, 2013, 15€

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Quatre années d'existence et 13 millions devolumes vendus. Tel est le bilan pour le moinsflatteur du manga Bakuman [éd. Kana] signé

par le duo OBA Tsugumi et OBATA Takeshi, auteursdéjà remarqués de Death Note. L'hebdomadaire Shô-nen Jump appartenant à l'éditeur Shûeisha en a assuréla publication de janvier 2009 à juillet 2012, date àlaquelle la série s'est achevée. Le manga est sorti enFrance, en juillet 2010, et compte aujourd'hui 13volumes (au 4 janvier 2013)Les raisons de ce succès sont multiples. D'une part, ilest profondément ancré dans la réalité du quotidien demillions de jeunes Japonais qui peuvent facilements'identifier aux différents personnages. Un quotidienoù l'école et les examens occupent une place centraleavec peu de temps pour se distraire. Le manga consti-tue pour nombre d'entre eux un moyen de se changerles idées. Pour de nombreux lecteurs, le réalisme aveclequel les deux auteurs parviennent à décrire sans excès

ce que vivent laplupart desf a m i l l e sexplique aussison succèstransgénéra-

tionnel. A l'instar du film Colourful de HARA Keiichi(DVD chez Kazé) qui illustrait bien les rapports parents-enfants dans le contexte du collège, Bakuman exploreaussi à sa manière l'univers scolaire nippon qui connaîtdepuis plusieurs décennies une profonde mutation. D'au-tre part, la possibilité de ne pas avoir à vivre une vie ternede salarié ordinaire, en devenant mangaka, explique aussipourquoi Bakuman a séduit un public considérable.Enfin le manga offre une occasion rare de voir l'enversdu décor, de comprendre comment fonctionne cetteextraordinaire machine à rêver. Un point qui n'est pasnon plus étranger à la réussite de Bakuman.Fin 2009, celui-ci a terminé numéro un du classementannuel établi par Kono manga ga sugoi ! [Ce manga estformidable !], une référence dans le monde du manga.En France, il a été élu meilleur shônen de l'année lorsdes Japan Expo Awards en 2011. Il n'était donc pas éton-nant que la télévision s'intéresse à son adaptation. Celle-ci est confiée au studio J. C. Staff qui a notamment pro-duit avec succès Honey and Clover. A la différence dela plupart des séries d'animation, Bakuman est dif-fusé sur la chaîne publique éducative NHK Education.Cela lui donne une crédibilité supplémentaire auprèsdu grand public. La réalisation est assurée par KASAI

Ken'ichi assisté par AKITAYA Noriaki. Ce vétéran de J.C. Staff a une quarantaine d'animés à son actif. Sonexpérience profite largement à Bakuman dont la réali-

Une occasion rare desaisir le fonctionnementde cette machine à rêver

MANGA Faites entrer les artistesPour devenir mangaka, il faut bien sûr du talent. Mais cela ne suffitpas. Il faut faire preuve d’une volonté à toute épreuve comme leraconte si bien Bakuman dont la version animée sort en DVD.

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Un restaurant de râmen dans le quartier de Yoyogi, à Tôkyô.

6 ZOOM JAPON numéro 28 mars 2013

MORITAKA Mashiro et TAKAGI Akito , les deux héros

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ZOOM DOSSIER

sation est nette et sans bavure. Il y a un côté un peu rétroqui s’ajoute au charme de l'histoire. La diffusion de latroisième et dernière saison qui a commencé en octo-bre 2012 s'achèvera au printemps 2013. Pour la petitehistoire, la publicité étant interdite sur la chaînepublique, les auteurs de l'adaptation ont dû supprimertoutes les références à des produits existant notammentle magazine Shônen Jump, leader des magazines de pré-publication dans l’archipel (voir encadré ci-dessous).Au Japon, les métiers du graphisme bénéficient d'unecote de popularité importante auprès des jeunes.Lorsqu'on connaît l'importance du marché (environ3 000 milliards de yens par an), il est évident que lesvocations sont nombreuses. Tout le monde ne sou-haite pas devenir mangaka, néanmoins de nombreuxlycéens s'exercent et s'inscrivent dans des écoles spécia-lisées. Dans l'archipel, on en recense plus d'une cen-taine. Sachant que le gouvernement japonais a faitde la culture populaire une de ses priorités dans ledomaine de ses exportations, le secteur apparaît commeporteur, ce qui n'est évidemment plus le cas de l'au-tomobile ou de l'électronique grand public. Par ail-leurs, c'est aussi la possibilité pour les heureux élusde conjuguer plaisir et passion. Reste que ce n'est pasfacile et Bakuman décrit de façon assez réaliste et iné-dite l'univers du manga.Mais le rêve de devenir mangaka n'est pas réservé auxseuls Japonais. A travers le monde, et en France notam-ment qui demeure le second marché pour le mangaaprès le Japon, les adolescents manifestent de plus enplus leur envie de créer aussi leurs propres histoires etpersonnages. Un peu partout dans l'hexagone, des écoleset des cours de manga se créent pour répondre à unedemande de plus en plus forte. Outre les manuels des-tinés aux autodidactes, des associations comme EspaceJapon et AAA à Paris ou ToulouseManga dans le sud-ouest et Espace Lyon Japon proposent des cours d'ini-tiation ou des formations plus approfondies à un public

toujours plus nombreux. L'intérêt ne devrait pas dimi-nuer puisque les éditeurs commencent à publier desmangas signés par des auteurs français comme Jenny(Pink Diary chez Delcourt).Reste qu’on ne s'improvise pas mangaka. Telle estla leçon que les deux héros de Bakuman compren-nent très vite. Même si le jeune MORITAKA Mashiroest un dessinateur doué, son oncle, qui fut lui-mêmemangaka, ne lui a jamais dit qu'il pourrait le devenir.Car c'est un métier exigeant. Outre le talent, il fautacquérir une expérience et un savoir-faire que seul untravail de longue haleine permet d'engranger. Unmangaka est comme un artisan qui travaille dans sonatelier, son studio. Avec son camarade TAKAGI Akito,Moritaka va pouvoir profiter de celui qui apparte-nait à son oncle décédé par excès de dessins. Ils y trou-vent tout le matériel utile pour la réalisation de leurrêve, notamment des collections incroyables de man-gas ("mon oncle disait que la meilleure source de docu-mentation pour faire un manga, c'étaient les mangaseux-mêmes"). Avec les planches originales de l'on-

cle de Moritaka, ils découvrent également des mil-liers de nemus, des mangas crayonnés, qui constituentla première étape dans le processus de réalisation d'unmanga. "Il faut commencer par dessiner ça. On l'en-voie ensuite à son éditeur. S'il donne son accord, onpeut commencer à dessiner. Mais avant de donnerson accord, il peut demander plusieurs fois de refaireles dessins", explique MORITAKA. C'est une étape cru-ciale, surtout lorsqu'on travaille à deux. Le scénaristecrayonne des pages pour que le texte s'accorde avecl'histoire. A partir de là, le dessinateur travaille le des-sin et réfléchit lui aussi à la composition au fur et àmesure de sa progression. Une fois que ce principefondamental est acquis, il ne reste plus qu'à se lancerdans l'aventure. Il faut alors déterminer le publicauquel on s'adresse et imaginer un récit qui pourraretenir son attention. Ensuite une bonne maîtrise dela plume, en particulier la fameuse plume G que “tousles pros utilisent”. Il n'en faut pas plus pour être publiéet peut-être connaître la gloire.

ODAIRA NAMIHEI

Le rêve de tout dessinateur est de voir ses œuvres empilées dans les librairies

HISTOIRE Shônen Jump fait la pluie et le beau temps

Lancé par l'éditeur Shûeisha en 1968en tant que bimensuel, Shônen Jump

est passé hebdomadaire l'année suivante,au moment où le Japon devenait la troi-sième puissance économique de la pla-nète. Tout un symbole pour cette publi-cation dont les trois mots clés étaient"effort" (doryoku), "victoire" (shôri) et "ami-tié" (yûjô). Pour être publiée dans ShônenJump, une série devait posséder au moinsune de ces caractéristiques. Par ailleurs, lemagazine ne s'est pas appuyé sur les grandsnoms du manga pour démarrer, préférantjouer la carte des nouveaux talents.

Cette recette lui a été favorable puisqueShônen Jump après des débuts modestes(105 000 ex.) a rapidement connu le suc-cès. En 1971, il passe la barre du milliond'exemplaires vendus par semaine et finit,deux ans plus tard, par détrôner ShônenMagazine, la référence dans le secteur. Aucours des années suivantes, il continue àengranger les succès et atteint en 1995 unrecord mondial avec plus de 6,5 millionsd'exemplaires. Dragon Ball ou encore SlamDunk pour ne citer que ces séries ont lar-gement contribué au succès de ShônenJump.Comme ses concurrents, le maga-

zine enregistre un recul de ses ventes à par-tir de 1995. Pour beaucoup d'observateurs,la fin de certaines séries cultes comme SlamDunk expliquerait le retournement du mar-ché. En 1997, la diffusion dépasse à peine2,3 millions d'exemplaires. Mais fort de sesvaleurs initiales et grâce à la publication denouvelles séries attachantes comme OnePiece à partir de 1997, Hunter x Hunter en1998, Naruto en 1999 ou encore DeathNote en 2003, Shônen Jump a retrouvé lesfaveurs du public. Depuis le début de 2010,il peut compter sur plus de 3 millionsd'exemplaires vendus par semaine. O. N.

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mars 2013 numéro 28 ZOOM JAPON 7

RÉFÉRENCESBAKUMAN de OBA Tsugumi et OBATA Takeshi, trad. parThibaud Desbief, éd. Kana, 13 vol. déjà parus sur 20.BAKUMAN de KASAI Ken’ichi, DVD chez Kaze, 39,95€.

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A gauche, le n°1 de Shônen Jump.

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ZOOM DOSSIER

8 ZOOM JAPON numéro 28 mars 2013

En cette ère où les blogs et la communicationélectronique sont en passe de s’imposer, leJapon semble être l’un des derniers pays où les

gens continuent à prendre plaisir à lire des documentsimprimés. Et des rendez-vous importants commele Tokyo Art Book Fair sont fréquentés chaque annéepar des milliers de jeunes enthousiastes. Parmi cespublications qui attirent, figurent les fanzines. Bonmarché, réalisés avec des bouts de ficelle et diffusésen petite quantité (de 100 à 200 exemplaires), ilsappartiennent à cette catégorie d’objets fabriquésselon la philosophie du bricolage. Les fanzines fontpartie d’un univers éditorial à part et sont échangésentre amis ou distribués par courrier et lors d’évé-nements particuliers. Au Japon, notamment, le mondedu fanzine est très restreint et ses publications sontla plupart du temps oubliées par le radar de la culturedominante. L’exception notable à ce phénomène sontles dôjinshi ou magazines de mangas indépendantsqui ont pour particularité de reprendre des person-nages de séries importantes, de romans ou de filmspour les faire évoluer dans de nouvelles histoires oudes mondes parallèles. Certaines de ces dôjinshi sonttrès populaires et se vendent à plusieurs milliersd’exemplaires. Elles sont évidemment hors la loipuisqu’elles enfreignent le droit du copyright, maisles éditeurs japonais évitent de les traîner en justice,car elles jouent en définitive un rôle important dansla création d’une base de fans pour les personnagesqu’elles détournent. NARITA Keisuke, 35 ans, est sansdoute le plus connu de tous les acteurs de ce secteur.Depuis des années, il promeut cette philosophie etorganise régulièrement des rassemblements d’édi-teurs de fanzines à Tôkyô. Il édite Expansion of Life,une publication qui explore notamment le véganisme,le féminisme et le monde de l’homosexualité. Tandisqu’il représente la vieille garde de la scène under-ground, une nouvelle génération commence à appa-raître avec des personnages comme NAKANO Nami.Ses mangas baptisés de façon ironiques “amitié roman-tique” n’ont évidemment rien à voir avec les œuvresqui connaissent tant de succès dans l’archipel et àl’étranger. Ses histoires érotiques comportent sou-vent des mots obsènes et sont très proches de l’espritdu mensuel Garo. “Plutôt que d’essayer de choquermes lecteurs, je cherche à dire que nous devons essayerde vivre de façon plus spontanée sans avoir à nouscacher derrière un masque”, explique-t-elle. Commedans d’autres pays, les fanzines japonais actuels sonttrès liés à la scène punk ou à l’esprit contestatairetel qu’il existait dans les années 1960. Ils s’intéressentprincipalement à la musique et aux styles de vie alter-

natifs. Dans le domaine musical, le fanzine le plus connus’appelle El Zine. Il couvre à la fois la scène punkinternationale et locale dont la notoriété a dépasséles frontières de l’archipel ces dernières années. Lesfilles sont très présentes dans la publication et cas-sent l’image stéréotypée de la femme japonaise tran-quille et soumise. Yayoi, qui en assure la direction,

TENDANCE Les fanzines se portent bienAvant d’être publiés dans des grandsmagazines, ils sont nombreux à faire leursclasses dans des publications alternatives.

a déjà à son actif Catch that Beat! paru entre 1996 et2002. “Au lieu de faire des interviews de mes groupespréférés comme Le Tigre ou des personnes peubanales comme ce propriétaire de sex-shop KITAHARA

Minori, je veux partager avec mes lecteurs des idéesautour de la sexualité et de la politique. Cela m’a d’ail-leurs valu d’être traitée de féministe”, lâche-t-elle. Âgéeaujourd’hui de 35 ans, elle travaille dans un bureau.

Naturalo Punk, Jasmine Zine, Expansion of Life ou encore Cantera figurent parmi les fanzines les plus réputés de la

scène culturelle underground du pays. Ils publient de nombreux mangas.

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Elle a troqué son jeans et ses t-shirts pour un tailleur,mais elle n’a pas oublié la philosophie qui l’animaitpar le passé. Son message est aujourd’hui repris pard’autres comme Kanatin et Yumeko qui publient lefanzine Namae. Leur mission est de “voguer sur lesmers de l’amour et de la joie à l’aide d’une carte pleined’imagination”. Moins engagées politiquement queYayoi, le duo dynamique derrière Namae écriventdans un style plus léger qui frôle souvent les frontièresdu non-sens. Elles présentent également différentesfaces de la culture alternative au Japon et dans le restede l’Asie. Popdrome Service est un autre groupe ins-tallé à Tôkyô qui défend une approche éclectique.On trouve ainsi dans leurs fanzines (Carson Zine,Kathy Zine, Romangetic Island) aussi bien des arti-cles sur le punk, des mangas que des illustrations d’en-fant tout en affichant une vision très subjective quitranscende les conventions sociales.L’univers de la mode alternative est également aumenu de nombreux fanzines qui traitent le sujet defaçon différente. Cantera s’intéresse au côté mignonde la mode tandis que Jasmine Zine présente de bellesphotos en noir et blanc qui rappellent les magazinesde mode des grands éditeurs. D’autres fanzines par-lent de la mode en se concentrant sur son aspect alter-natif. Un exemple typique de ces publication est Natu-ralo Punk dont le leitmotiv est “la mode pour tout lemonde”. Il publie des articles sur la mode des rues

même si son approche est un peu plus radicale. Les fanzines d’art sont ceux qui ont actuellement levent en poupe. Ils sont de meilleure qualité et béné-

ficient d’une impression en couleurs et d’un papierdigne de ce nom. En revanche, leur prix est plus élevéque les fanzines traditionnels. Watermelon Zine donts’occupe MIYAZAKI Chie se trouve assez facilementdans les librairies d’art et dans certaines galeries. Cetype de publication servent souvent à promouvoir letravail d’artistes en dehors du circuit traditionnel.Voilà pourquoi leur distribution est plus facile queles autres fanzines. C’est aussi pour cette raison queles fanzines d’art se font régulièrement critiquer parles défenseurs du fanzine à l’ancienne. Pour eux, cespublications n’ont rien à voir avec l’esprit undergroundet ne sont qu’un moyen pour atteindre le circuit com-mercial habituel. Parmi les exceptions les plus inté-ressantes figure le fanzine gratuit consacré à la photoDoo Fanzine créé par l’artiste TERASAWA Dougenoriginaire d’Ôsaka. Ses premiers numéros se sontconcentrés sur l’art du graffiti et sur cette traditionbien japonaise des clichés de rue.

GIANNI SIMONE

Pour en savoir plus sur ces fanzines, vous pouvez vousrendre sur les sites suivants :Irregular Rhythm Asylum: http://a.sanpal.co.jp/irregular/Lilmag: http://lilmag.org/ Books Dantalion: www.books-dantalion.com/Tokyo Art Book Fair: http://zinesmate.org/

Nyaozine s’intéresse notamment au manga, tout en ayant

un regard sur la scène artistique.

Les gens disent que vos armesprincipales sont le photocopieur et lamachine à coudre.NARITA Daisuke : Ils ont raison. (rires) Jesuis diplômé d’une école de mode.Chaque jeudi, j’organise une réunionautour de la fabrication de vêtements.Tout est prétexte à laisser s’exprimer lacréativité !

Comme la plupart des personnes quiévoluent dans l’univers des fanzines,vous avez commencé par la musique.N. D. : En effet. Il y a une vingtaine d’an-nées, j’étais punk. Comme j’étais incapa-ble de jouer de la musique, j’ai cherchéà exprimer mes vues dissidentes concer-nant la guerre, la politique et les grandsmédias. J’ai débuté avec un magazinebaptisé U-Do-Sha dans lequel j’ai renduhommage au groupe anarco-punk Crasset publié des guides photo consacrés àBerlin et New York. Ma toute dernièreréalisation s’appelle Tongue Confuzine.Il s’agit d’une publication qui compile desphrases déjantées dans différenteslangues que je considère comme utiles.On peut ainsi y trouver : “Au secours ! La

police me poursuit !” ou “Etes-vousouvert à de nouvelles expériences ?” J’aiaussi mis en place un système de distri-bution de fanzines grâce auquel je dif-fuse mes propres productions et cellesd’autres de mes collègues.

En 2004, vous avez créé IrregularRhythm Asylum (IRA). Pouvez-vousnous en dire un peu plus à son sujet ?N. D. : Pendant des années, j’ai connupas mal de problèmes de trésorerie.

Aujourd’hui, nous avons réussi à faireen sorte que les produits distribués parnos soins couvrent, bon an mal an, nosdépenses. Comme je suis concepteurde site Internet, je ne m’inquiète pastrop de l’aspect financier d’IRA. Detoute façon, pour vous dire la vérité,le fric ne m’intéresse guère. Ce quim’importe c’est d’aider les autres dansleur quête d’autonomie et de créativité.Le marché, je m’en fous. La scène alter-native commence enfin à prendre de

l’ampleur au Japon. Ce qui est aussi unebonne chose à mes yeux, c’est que l’IRAest devenu un point de ralliement pourtoutes les personnes qui, pour une rai-son ou pour une autre, refuse le statuquo culturel et social. Il nous permetégalement d’entrer en contact avec deséditeurs de fanzines à l’étranger.Que trouve-t-on à l’IRA ?N. D. : On distribue des CD, essentielle-ment de la musique punk, des vêtements,des badges, des livres, en particulier dela littérature anarchiste et des ouvragespubliés par des éditeurs indépendantscomme AK47 Press et Microcosm. On aaussi bien sûr des fanzines. La plupart d’en-tre eux sont en japonais, mais on en trouveaussi en anglais. Mais comme je le disais,IRA est avant tout un point de rencontre.Les gens peuvent s’y rendre, se relaxer surun canapé, prendre un bon café et dis-cuter avec des personnes intéressantes etrester autant de temps qu’ils le souhaitent.Ici, vous avez la possibilité de croiser desgens créatifs que vous avez peu de chancede rencontrer à Shibuya ou Harajuku. Nousaimons tout ce qui sort de l’ordinaire.

PROPOS RECUEILLIS PAR G. S.

NARITA Daisuke, le parrain de fanzines

I NTERVIEW

IRA assure aussi la promotion d’artistes étrangers comme Filastine

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ZOOM DOSSIER

C hez les éditeurs de l’archipel, cela fait quelquesannées déjà que le sourire a disparu des visages.Il y a eu un retournement du marché et l’on

doit se creuser la tête pour trouver des recettes sus-ceptibles d’attirer un public sollicité de toutes parts etde plus en plus exigeant. Pour comprendre ce chan-gement, il suffit de prendre le train ou le métro. Il y aencore une quinzaine d’années, les voyageurs étaientplongés dans des livres ou des magazines quand ils sedéplaçaient. Les hommes avaient souvent la tête dansle dernier numéro de leur magazine de prépublicationpréféré, tremplin indispensable pour les mangaka, etdévoraient des histoires dont ils parleraient avec leursamis. Désormais, le papier a quasiment disparu desrames. Les gens pianotent sur leur téléphone portable,regardent des émissions de télévision, échangent avecleurs proches via les réseaux sociaux, mais ils ne lisentplus de manga ou presque. Autant il était facile par lepassé de récupérer un de ces magazines abandonné parson propriétaire après lecture au cours de son déplace-ment, autant il est quasi impossible d’en trouver unaujourd’hui. Le changement d’habitude et ses consé-quences sur le monde de l’édition remonte exactementà 2005 lorsque pour la première fois de l’histoire del’édition du manga au Japon le chiffre d’affaires générépar les ventes de livres a dépassé celui des magazines,compliquant ainsi l’activité de nombreuses publicationspériodiques spécialisées dans le manga. Chez Kôdansha,l’un des leaders du secteur et éditeur de plusieurs maga-zines de prépublication, seul Shônen Magazine, le fleu-ron fondé en 1959, est encore bénéficiaire. Tous lesautres titres y compris Young Magazine qui fut long-temps une de ses valeurs sûres connaissent désormaisdes difficultés. Pour s’en sortir les éditeurs ne peuventcompter que sur les recettes obtenues par la vente des

mangas sous forme de volume. Mais comme le souli-gnent de nombreux observateurs, les mangas qui car-tonnent aujourd’hui ne paraissent pas forcément dansles principaux magazines des éditeurs. Toujours chezKôdansha, le manga qui se vend aujourd’hui le mieux,Shingeki no kyojin de ISAYAMA Hajime (1,5 milliond’exemplaires), n’est pas prépublié dans Shônen Maga-zine, mais dans Bessatsu Shônen Magazine apparu en2009 et spécialisé dans les histoires fantastiques. Il enva de même pour Les Vacances de Jésus et Bouddha deNAKAMURA Hikaru qui paraissent non pas dans Shû-kan Morning, mais dans le mensuel Morning 2. SeulShônen Jump, l’hebdomadaire publié par Shûeisha estparvenu à limiter les dégâts. Il a certes perdu de sasuperbe avec des ventes divisées par deux au cours de ladernière décennie, mais à la différence de ses concur-

EDITION Des lendemains qui déchantent ?Pour les éditeurs japonais, les règles du jeuont changé dans l’univers du manga. Ilsdoivent désormais s’adapter.

rents, il attire encore des lecteurs réguliers grâce à desséries comme One Piece, son plus grand succès depuisdes années. Il n’est pas étonnant que les personnages deBakuman, mangaka en herbe, rêvent de pouvoir êtrepubliés dans ce magazine. La prépublication reste encoreaujourd’hui le passage obligé pour les auteurs, mais ilest probable que dans les années à venir les choses évo-luent encore. Chez les éditeurs, on scrute attentivementles chiffres de vente hebdomadaires pour savoir quellesérie plaît ou pas pour la promouvoir ou l’éliminer. L’uni-vers du manga est particulièrement dur et les éditeursse montrent de plus en plus difficiles à satisfaire. Commedans d’autres secteurs, ils veulent des résultats. Pour lesmangaka, cela se traduit par un stress encore plus impor-tant. La réussite dans ce métier n’est pas assurée.

O. N.

Depuis 2005, les mangas sous forme de livres génèrent plus de revenus que les magazines de prépublication.

DR

10 ZOOM JAPON numéro 28 mars 2013

HISTOIRE Seirindô : de Garo au Kojiki

Pour les amateurs de manga japonais, lenom de Seirindô est intimement lié au

magazine Garo publié entre 1964 et 2002.La maison fut d’ailleurs fondée pour éditerce mensuel qui a marqué l’histoire dumanga (voir notre article p. 16 consacréà l’exposition que Zoom Japon organisepour lui rendre hommage). A tel point quele site Internet de l’éditeur ne porte pasle nom de Seirindô, mais celui de Garo.Créée en 1962 par NAGAI Katsuichi, la mai-son d’édition avait comme ambition depublier les œuvres de SHIRATO Sanpei, man-gaka talentueux spécialisé dans les histoires

de samouraïs dont lesjeunes Japonais raffolaientà l’époque. La plupart deses histoires étaientparues sous forme d’ou-vrages de prêt que leslecteurs louaient dansdes boutiques spéciali-sées (kashihon ya) pourquelques yens. Mais àla fin des années1950, le mode de dis-tribution des mangasévolue et le pouvoir

d’achat des Japonais leurpermet dé sormais de sepayer des mangas et desmagazines. C’est pours’adapter à ce bouleverse-ment que Seirindô est fon-dée. Quelques mois plustard, Garo apparaît et devientle fer de lance de l’éditeur.Comparé aux mastodontes dusecteur (Kôdansha, Shôgaku-kan, Shûeisha), Seirindô est uneminuscule entreprise, mais l’étatd’esprit qui l’habite lui permet

de séduire les plus grands talents del’époque. Garo devient une référence. Maiscela ne suffit pas. Au fil des années, notam-ment à partir de la fin des années 1970, lesventes du magazine s’effondrent. Seirindôdoit réviser ses ambitions et sera mêmeobligé de mettre un terme à la publicationde Garo. Même si l’éditeur a conservé sesidées plutôt progressistes, il cherche à assu-rer des rentrées d’argent en publiant desmangas historiques comme l’adaptationdu Kojiki (voir Zoom Japon n°23 de sep-tembre 2012) qui a connu un certain suc-cès auprès du public. O. N.

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S ONO Sion est un des cinéastes les plus intéres-sants que le cinéma japonais a révélé ces der-nières années. Il s’est bâti une solide réputation,

notamment à l’étranger, avec ses réalisations souventfortes et parfois dérangeantes. Habitué des festivals,il prouve, film après film, que son talent n’est pas usurpéet qu’il appartient à cette catégorie de cinéastes qui refu-sent de se plier à une discipline ou un quelconque codede conduite. A l’instar d’un TOMITA Katsuya qui a dûs’en inspirer, il défend sa liberté de création et de choix.Pour lui, un film est un moyen de faire bouger les lignes,

ÉVÉNEMENT The Land of hope à La Pagodeest un poète à fleur de peau qui rappelle le regrettéWAKAMATSU Kôji. Son intérêt pour les événements demars 2011 ne pouvait pas non plus se limiter à un seulfilm. “La réalisation du premier film a jeté les bases d’unsecond”, expliquait-il lors de la sortie de The Land ofhope (Kibô no kuni) en octobre dernier à Tôkyô. Pour-tant il a bien failli ne pas voir le jour puisque dans unpremier temps il n’a pas trouvé d’argent pour le finan-cer. Il faut dire que le thème, le coût humain après unaccident nucléaire du même type que celui qui a eu lieuà Fukushima, n’est pas de nature à enthousiasmer lesproducteurs dans un pays où “le sujet de l’énergienucléaire reste tabou”. Grâce en partie à de l’argent venude Grande-Bretagne, SONO Sion a pu réaliser une œuvrequi se veut un manifeste dans lequel s’exprime une nou-velle fois une profonde colère. Il a voulu rapporter sousforme de fiction ce que les gens, victimes de la catas-trophe, ressentaient au fond d’eux-mêmes sans qu’ilspuissent réellement l’exprimer ouvertement dans lesmédias. Cette histoire de deux familles voisines arbi-traitrement séparées par une clôture qui marque la créa-tion d’une zone d’exclusion s’inspire de la réalité. “Uneréalité pour le moins kafkaesque”, souligne le cinéaste.C’est ce film que Zoom Japon vous invite à découvrirlors d’une avant-première exceptionnelle, le vendredi8 mars à 20 h au cinéma La Pagode en présence du réa-lisateur qui expliquera sa démarche et répondra auxquestions du public. Un rendez-vous d’autant plus fortqu’il se déroulera quasiment deux ans jour pour jouraprès la catastrophe. Nul doute que The Land of hopeet son metteur en scène séduiront les spectateurs fran-çais. ODAIRA NAMIHEI

Dans le cadre de son ciné-club, Zoom Japonpropose une avant-première du dernier filmde SONO Sion en sa présence le 8 mars à 20h.

d’amener le spectateur à s’interroger sur le monde quil’entoure. Profondément touché par les événements tra-giques du 11 mars 2011, SONO Sion a voulu témoignerà sa manière du choc que le séisme et le tsunami ontprovoqué dans son pays. Dans Himizu, sorti en 2011et présenté au Festival de Venise la même année, il avaitraconté le destin de deux jeunes adolescents au milieudu désastre naturel face auquel l’ensemble de la sociétéattend de ses membres qu’elle ne fasse qu’un pour sur-monter les problèmes. Pourtant ses personnages ne par-viennent pas à participer à cet élan. Ils sont en rup-ture avec le monde qui les entoure et expriment leurcolère dans un tourbillon magnifique et mis en scèneavec brio par un cinéaste plus sensible que pourrait lelaisser penser ses œuvres au premier abord. SONO Sion

The Land of Hope de SONO Sion sortira en France le 24 avril 2013.

PRATIQUETHE LAND OF HOPE (KIBÔ NO KUNI) de SONO Sion.Vendredi 8 mars à 20h. 9,50€ (t.r. 7,50€). Réservationconseillée au 01 45 55 48 48.Cinéma La Pagode, 57bis rue de Babylone 75007 Paris -www.rendezvousaveclejapon.fr

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originaire de Nantes. Ce que les autres membres dujury ont convenu. Mais c’est finalement le manga signéIGARASHI Daisuke qui a remporté les suffrages pourson graphisme et la poésie de son histoire extraordi-naire, “étrange mais pas dérangeante”. Côté littéra-ture, les jurés ont également souligné la qualité desromans qu’ils ont été amenés à lire. Ils ont aimé la drô-lerie d’un OKUDA Hideo dans Les Remèdes du docteurIrabu (éd. Wombat), ont été sensibles au réalismede La Fusée de Shitamachi de IKEIDO Jun (éd. Books),et ont apprécié l’écriture et le style de ISAKA Kôtarô

dans Pierrot la gravité (éd. Philippe Picquier), déjàrécompensé par le Prix Zoom Japon en 2012 avec LaPrière d’Audubon (éd. Philippe Picquier). Mais c’estNAKAMURA Fuminori et son Pickpocket (éd. PhilippePicquier) qui a finalement été choisi. La fluidité dutexte, la traduction exemplaire et une histoire qui“happe littéralement le lecteur” ont été les argumentsdéterminants pour le jury. Les deux prix seront remis,le 25 mars prochain, lors d’une cérémonie au Salondu livre de Paris.

GABRIEL BERNARD

RÉFÉRENCESLES ENFANTS DE LA MER (KAIJÛ NO KODOMO) deIGARASHI Daisuke, trad. par Victoria-Tomoko Okada,éd. Sarbacane, 15€PICKPOCKET (SURI) de NAKAMURA Fuminori, trad. parMyriam Dartois-Ako, éd. Philippe Picquier, 17,50€

M algré le froid et la neige qui commençaientà poindre le bout de son nez, ils étaienttous là. Venus de Perpignan, Toulouse,

Nantes et Paris, les quatre membres du jury 2013 duPrix Zoom Japon - deux femmes et deux hommes -étaient bien décidés à défendre leur choix. “Je sens queça va être compliqué”, a commencé à dire l’un d’en-tre eux, estimant que la qualité des ouvrages à dépar-tager donnerait lieu à des débats serrés. Conscients dedevoir récompenser à la fois le travail d’écriture, detraduction et d’édition, ils avaient pris des notes surchacun des livres qu’ils avaient lus tout au long de l’an-née, au total une soixantaine. Du roman historiqueau polar, en passant par la littérature pure, du seinenau shônen sans oublier le shôjo, les quatre lecteurs ontpu apprécier la diversité des titres publiés en France.Pour l’édition 2013, un nombre plus important d’édi-teurs ont présenté leurs livres, ce qui a donc permisd’élargir les domaines et les styles. Comme en 2012,c’est par le manga que les discussions ont commencé.Au terme du premier tour de table, au cours duquelchaque juré devait donner une liste de ses quatre titrespréférés, en justifiant son choix, une tendance en faveurde deux titres — Les Enfants de la mer de IGARASHI

Daisuke (éd. Sarbacane) et Anjin-san de GeorgeAkiyama (éd. Le Lézard noir) — s’est dessinée. “Laqualité de l’édition pour ces deux livres est remarqua-ble. Ce sont deux très beaux objets”, a rappelé Alisson

PRIX ZOOM JAPON Une cuvée exceptionnellePour la deuxième année, un jury composé delecteurs de Zoom Japon a récompensé le meilleur roman et le meilleur manga.

de Shinji Aoyama

de Katsuya Tomita

“Une filature

plus précieuses

’une des “LL’une des

plus précieuses

“Une filaturechorale

et cinéphile” LE MONDE

plus précieuses

découver

plus précieuses et imprévues

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LES INROCKS

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ZOOM CULTURE

D ébut février, une des grandes chaînes privéesde télévision japonaise consacrait un longreportage à la présence en France de Kyary

Pamyu Pamyu, la chanteuse qui incarne sans doute lemieux aujourd’hui la montée en puissance de la musiquejaponaise à l’étranger. La jeune femme, telle une grandevedette internationale, a suscité l’enthousiasme du publicvenu nombreux l’applaudir à La Cigale. Sa présence àParis coïncide avec le désir des autorités japonaises defaire de la musique une nouvelle arme d’exportation mas-sive après le manga et les films d’animation. L’Orga-nisation japonaise du commerce extérieur (Jetro) contri-bue activement à la promotion de l’industrie musicalenippone depuis plusieurs années comme le confirmeWATANABE Shigenobu, son directeur-général adjointen France. “Nous apportons particulièrement notre sou-tien à l’industrie créative pour développer des canauxde vente sur les marchés étrangers. La participation auMidem qui a eu lieu à Cannes en janvier 2013 constitueune des facettes de notre engagement aux côtés des profes-sionnels japonais pour qu’ils puissent avoir une meilleurereconnaissance au niveau international. Le Midem estun des plus grands salons de la musique dans le monde etdes professionnels du monde entier s’y rendent. De plus,la France apprécie la culture populaire japonaise commele montre le succès de la Japan Expo. Elle a en outre unegrande capacité de diffusion culturelle et une influenceimportante sur le marché mondial. Nous pensons quenotre participation au Midem est une mission importanteet notre réussite à ce salon l’est tout autant”, explique-t-il. Cet engagement public satisfait les entreprises japo-naises qui commencent à saisir toute l’importance d’êtreprésentes sur des marchés extérieurs dans la mesure oùla tendance est à la baisse au niveau local. En 2002, l’in-

STRATÉGIE Tout pour la musique

est peut-être mieux placée que les autres dans la mesureoù elle ne représente que des musiciens. La barrière dela langue peut être encore un obstacle. Pour WATANABE

Shigenobu du Jetro, l’important est de mettre en avantdes artistes de qualité et c’est cela qui permettra de gagnerdes parts de marché. “Dans le domaine musical, le Japonpropose une musique attractive et raffinée avec un grandéventail de styles. De la pop au rock, en passant par le jazzou la musique tirée des génériques de dessins animés, l’of-fre est grande. Même si certaines musiques sont populairesà l’étranger, la production musicale made in Japan resteencore un marché de niche. C’est pourquoi, dans le cadrede la stratégie plus globale de notre politique de promotiondu Cool Japan, nous entendons poursuivre nos efforts pourlui permettre d’être encore plus diffusée dans le reste dumonde”. Un volontarisme qui devrait satisfaire KyaryPamyu Pamyu laquelle pourra peut-être un jour rem-plir Bercy. O. N. AVEC YAMADA YÔKO

Après avoir fait de l’exportation du manga etde l’animation une de leurs priorités, lesautorités misent sur l’industrie musicale.

dustrie musicale générait un revenu annuel de 481,5milliards de yens. Dix ans plus tard, il atteint pénible-ment les 282 milliards. Evidemment, le Japon n’est pasle seul pays à connaître cette évolution, mais à la dif-férence des Anglo-Saxons, par exemple, les musiciensjaponais restent encore discrets à l’étranger. “C’est trèsimportant pour nous de pouvoir compter sur le soutien desautorités japonaises dans notre démarche pour mieux faireconnaître les artistes japonais dans le reste du monde”,assure MATSUI Sôta, l’un des représentants du label HatsUnlimited, présent sur le stand du Japon au Midem.Cela permet notamment de promouvoir les collabo-rations entre artistes nippons et étrangers. “Nous discu-tons actuellement avec Warner Music France pour le vio-loniste HAKASE Tarô et le ténor Amaury Vassili quitravaillent ensemble”, ajoute-t-il satisfait des perspectivesqui s’offrent à son entreprise dans le domaine de la pro-motion des artistes japonais. Il reconnaît que sa société

14 ZOOM JAPON numéro 28 mars 2013

Kyary Pamyu Pamyu, valeur sûre de la scène musicale japonaise à l’exportation

DR

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mars 2013 numéro 28 ZOOM JAPON 15

ZOOM CULTURE

plein de sensibilité sur cet univers si particulier. La ren-contre avec Takuya n’est bien sûr pas étrangère à cetteréussite cinématographique dans la mesure où le jeunehomme ne correspond en rien au lutteur de sumo ordi-naire. D’une part, il n’a pas choisi lui-même d’en deve-

nir un. D’autre part, il est loin d’avoir le physique del’emploi. Pour remplir la mission que lui a confiée sonpère, il va devoir faire preuve de persévérance. C’estd’ailleurs le sens du sous-titre du film qui apparaît surl’affiche sous la forme des deux caractères chinois shinbô(persévérance). Il s’agit là d’un énorme défi pour le jeunehomme qui se retrouve confronté à un monde où lesrègles sont totalement différentes de la vie ordinaire.Jill Coulon a suivi avec sa caméra cette initiation diffi-

cile au sein d’une structure très hiérarchisée où la paroleest quasi absente. La performance de la réalisatrice estde mettre le spectateur dans une position privilégiéepour observer le fonctionnement de l’écurie sans pourautant que cela s’apparente à du voyeurisme. Les diffé-rents protagonistes ont fini par oublier la présencede la caméra, ce qui contribue à les humaniser davan-tage. On comprend mieux ainsi les difficultés queTakuya doit surmonter pour devenir un lutteur dignede ce nom. On a parfois tendance à s’identifier à luiet à saisir ces moments de doute qui le traversent.La confiance qui s’est aussi installée entre la cinéasteet le jeune lutteur renforce aussi la cohésion du pro-pos. Elle a permis à Jill Coulon d’échapper aux clas-siques interviews que l’on retrouve souvent dansce genre de film pour se concentrer sur l’observa-tion. La réalisatrice est en quelque sorte la petitesouris que l’on évoque lorsqu’on souhaite accéderà un endroit qui nous est interdit. Elle préfère par-ler de journal intime auquel elle a pu avoir accès.Le sumo devient alors un prétexte pour appréhen-der le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Onne peut donc que recommander d’aller voir enfamille Tu seras sumo, surtout si ses enfants sontdes adolescents. Le film n’apporte pas de réponseaux questions liées à ce moment si particulier dela vie, mais il témoigne avec sensibilité et sub-tilité de la façon dont on peut les aborder. Une

belle histoire à laquelle on se sent rapidement partieprenante. Une jolie réussite pour Jill Coulon et assuré-ment une des belles surprises de ce début d’année. C’esten tout cas le coup de cœur de Zoom Japon. En sallesle 13 mars 2013. G. B.

ÉVÉNEMENTTU SERAS SUMO (SHINBÔ) de Jill Coulon. 83 mn. Produitpar Thomas Balmès, Patrick Winocour et Ryota Kotani.www.tuserassumo-lefilm.com

O riginaire d’Asahikawa, à Hokkaidô, OGUSHI

Takuya est un lycéen comme les autres, dumoins en apparence. Le jeune homme,

comme bon nombre de ses camarades, se projette dansl’avenir. Athlétique, il rêve de devenir judoka, mais sonpère en décide autrement. A 18 ans au Japon, on n’esttoujours pas majeur et la parole du paternel a son impor-tance d’autant plus que Takuya n’a plus sa mère et quesa sœur aînée a déjà quitté le foyer. “Il n’y a plus de placepour toi à la maison”, lui dit son père remarié, en le pous-sant à intégrer une écurie de sumo. L’honneur de lafamille est en jeu et il ajoute : “Ne t’avise pas à échouer”.Takuya s’embarque alors pour un long voyage qui va leconduire à Tôkyô où il doit rejoindre l’écurie ÔshimaBeya dont l’entraîneur vient lui aussi d’Asahikawa. Dujour au lendemain, une énorme responsabilité s’abatsur les épaules de Takuya qui a non seulement pour mis-sion de devenir lutteur de sumo mais surtout de ne pasdéshonorer le nom de sa famille. Dès les premières scènesdu film de Jill Coulon, le spectateur peut sentir la pres-sion qui s’exerce autour de Takuya qui n’a pas d’autrealternative que d’accepter de relever ce défi incroyable.C’est d’ailleurs toute la qualité de ce documentaire quimise sur le parcours du jeune homme, sa capacité às’adapter à sa nouvelle vie dans un environnement quin’a plus rien à voir avec ce qu’il connaissait à Asahikawa,ville tranquille au cœur de Hokkaidô. On aurait putomber sur un film classique destiné à présenter le sumoà un public d’Occidentaux curieux de voir “ces com-bats de types obèses aux chignons gominés” comme lesavaient présentés un certain Nicolas Sarkozy en 2004,un film bourré de clichés et de stéréotypes sur le Japonidéalisé ou rêvé en Occident. Bien au contraire, Jill Cou-lon propose un documentaire éblouissant de vérité et

CINÉMA Takuya au pays du sumoLe 13 mars sort en salles l’excellentdocumentaire de Jill Coulon consacré àl’univers des lutteurs. A ne pas manquer.

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ZOOM CULTURE

L es Français sont après les Japonais les plus grandsconsommateurs de mangas. Malgré un certaintassement du marché depuis deux ans, les ama-

teurs restent nombreux. Pourtant, on peut regretter uneméconnaissance de l’histoire de ce mode d’expressionqui a connu son développement le plus important à lafin des années 1950. Pour aider à une meilleure appré-hension du manga, Zoom Japon organise, dans le cadredu Salon du livre de Paris qui se déroule du 22 au 25 mars2013, une grande exposition autour du magazine demanga Garo. Fondé en 1964, ce mensuel s’est imposécomme l’une des principales plates-formes d’expressionpour les mangaka les plus talentueux de l’époque. Inti-tulé Garo : une histoire dans l’histoire, ce rendez-vousexceptionnel sera l’occasion non seulement de raconterle destin de cette publication, mais aussi de la replacer àla fois dans le contexte historique de l’archipel et dansl’histoire du manga lui-même. S’appuyant sur une col-lection unique en France de Garo, l’exposition présen-tera de nombreux exemplaires du magazine afin d’illus-trer la diversité des talents qui y ont participé notammentau cours des dix premières années de son existence. Le point de départ est 1959 avec l’apparition des deuxpremiers magazines de manga vendus en kiosque. Shô-nen Magazine et Shônen Sunday marquent ainsi un tour-nant décisif dans l’évolution du marché des médias auJapon. Pour la première fois en France, les premiers numé-ros de ces magazines seront présentés au public. Demême, les visiteurs de l’exposition pourront découvrirle premier numéro de l’hebdomadaire Asahi Journal.Ce magazine d’information générale paraît aussi pourla première fois en 1959. Ancré à gauche, il sera la réfé-rence des fondateurs de Garo dont l’ambition sera decréer un magazine de mangas pour les jeunes orientés à

EXPOSITION Garo au Salon du livre de Paris

ver le premier numéro de COM, mais également lesnuméros uns de la plupart des magazines de manga quiapparaissent à cette période (Shûkan Manga Action,Shônen Jump, Big Comic, Shônen Champion). Unepremière en France que Zoom Japon est fier de présen-ter. L’arrivée de ces nouvelles publications sonnent leglas de Garo dans la mesure où, dès le début des années1970, le pays se normalise et la jeunesse contestataires’assagit pour profiter pleinement des bienfaits du déve-loppement économique. Le manga de masse prend peuà peu l’ascendant sur le manga “expérimental” signéGaro. C’est ce que vous pourrez découvrir au Salon dulivre. Des visites guidées gratuites seront proposées pen-dant la durée de l’exposition. O. N.

Zoom Japon propose un rendez-vousexceptionnel avec l’histoire du manga et celle du Japon contemporain.

gauche. Pour s’en convaincre, il suffit d’ob-server la couverture du premier numérode Garo et de la comparer à celui d’AsahiJournal pour comprendre la similitude.Créé pour accueillir Kamui-den [LaLégende de Kamui, éd. Kana], l’œuvremagistrale de SHIRATO Sanpei qui s’inter-roge sur le fonctionnement de la société nip-pone au travers d’un récit se déroulant pen-dant la période féodale, Garo est d’une certainefaçon un mensuel militant. Bon nombre desmangaka qui vont s’y produire (MIZUKI Shi-geru, TSUGE Yoshiharu, TATSUMI Yoshihiro,HAYASHI Seiichi, KATSUMATA Susumu) publientdes œuvres engagées tant sur le plan de la formeque celui du fond. Les premières années de viede Garo correspondent à un moment crucial dansl’histoire du Japon d’après-guerre. Le pays a retrouvédes couleurs sur le plan économique. Il s’apprêteà devenir la troisième puissance économique de la pla-nète. Mais le géant économique est aussi un nain poli-tique inféodé aux Etats-Unis, ce qui provoque la colèred’une partie de la société nippone qui conteste notam-ment la guerre du Vietnam et l’utilisation des bases amé-ricaines au Japon comme soutien aux opérations menéesen Indochine. Garo s’en fait l’écho dans les mangaspubliés, mais aussi dans les textes qui apparaissent entreles différentes histoires. Des intellectuels choisissentGaro pour s’exprimer, c’est ce qui explique en grandepartie l’influence considérable du mensuel en dépit d’unediffusion relativement faible. A l’apogée de sa gloire à lafin des années 1960, Garo a un tirage de 80 000 exem-plaires. La qualité des œuvres qu’on y trouve incite deséditeurs plus importants que la modeste maison d’édi-tion Seirindô à lancer des magazines concurrents. MêmeTEZUKA Osamu, le père du manga moderne, se sentobligé, en 1967, de créer COM pour rivaliser avec Garo.Les visiteurs de l’exposition pourront également obser-

16 ZOOM JAPON numéro 28 mars 2013

Garo (à droite) s’inspire largement de la maquette de l’Asahi

Journal (à gauche) publié cinq ans auparavant.

ÉVÉNEMENTGARO, UNE HISTOIRE DANS L’HISTOIRE Du 22 au25 mars 2013 au Salon du livre de Paris. Stand Y22.www.salondulivreparis.com

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Japon, 11 Mars 2011, un tremblement de terre, un tsunami, Fukushima.

Est-il possible de faire des projets après cela ?Quand une promesse devient hommage.

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ZOOM NIHONGO

PIPO AU JAPON

Confondant, le japonais l'est parfois sans égardpour le jeune apprenant aussi fougueux que cré-dule. Phonétiquement pauvre, la langue japo-

naise compte un nombre d'homonymes pour lemoins impressionnant. Pour s'en convaincre, il suffitpar exemple de consulter le Kôjien (広辞苑 : diction-naire de référence de la langue japonaise) et de s'ar-rêter à kikan (きかん). On décompte en effet pource terme pas moins de 24 entrées et autant de sensdifférents. Hormis la prononciation, il n'y a aucunpoint commun entre 期間 (période), 季刊 (publica-tion trimestrielle) ou encore 帰還 (rapatriement). Laseule façon de faire la distinction, c'est le recours auxkanji et au sens qu'ils véhiculent. A l'oral, les carac-tères chinois ne sont bien sûr d'aucune aide et c'estle contexte qui lève les doutes, mais il arrive toute-fois qu'il faille parfois expliquer que par exemple le"kikan" dont on veut parler s'écrit avec le "ki" de 季節 (kisetsu / saison). C'est qu'il existe quand mêmeenviron 200 kanji à pouvoir se prononcer "ki", et quela culture des sous-entendus (et donc des malenten-dus) qu'entretiennent viscéralement les Japonaisn'empêche qu'il faille parfois donner un petit coupde pouce au cerveau dans ce choix dont il n'a que l'em-barras.La pie niche haut. L’oie niche bas. Où l’hibou niche?L’hibou niche ni haut ni bas. L'hibou niche pas. Maisencore : Mur gâté, trou s'y fit, rat s'y mit, chat l'y vit,chat l'y prit. En français, cela s'appelle des trompe-oreilles. Des répliques dont le sens ne surgit qu'unefois que l'orthographe est connu, débarrassant

LANGUE Petits exercices dediction nippons

l'oreille de tous quiproquos phonétiques malencon-treux, malentendus, malvenus. Riche de ses réitéra-tions phoniques, la langue japonaise n'est pas en resteavec ce qu'elle appelle les hayakuchi kotoba (早口言葉), ces "mots qui se disent vite". Il en existe toute uneflopée et sont, pour celui qui cherche à rendre plus lim-pide son parler nippon, un moyen amusant, sinon ef-ficace, de travailler sa prononciation. Exemples :

隣となりの客きゃくはよく柿

かき食くうう客きゃくだ。

Tonari no kyaku wa yoku kaki kuu kyaku da.Le client d'à côté est un client qui mange beau-

coup de kakis.

庭にわには二

に羽は鶏にわとりがいる。

Niwa ni wa ni wa niwatori ga iru.Il y a deux poules dans le jardin.

Ces innombrables fourchelangues sont devenus au Ja-pon un critère de qualité pour toutes les applicationsde reconnaissance vocale. Et pour ceux que l'exercicetente, une application leur est entièrement dédiée :Hayakuchi kotoba training (早口言葉トレーニング /170 yens sur l'App Store japonais) avec une classifi-cation par niveau de difficulté. Un outil de plus dansl'exploration d'une langue qu'il convient de bienconnaître pour éviter de se retrouver coincé au por-tillon.

PIERRE FERRAGUT

Lorsque les Japonais bafouillent, ils "semordent la langue" (shita o kamu). Quelques révélations s'imposent.

PRATIQUELE MOT DU MOIS

驚おどろく (odoroku) : être surpris, s'étonner

彼かれの話はなす早はやさに驚

おどろいた。

Kare no hanasu hayasa ni odoroita.J'ai été surpris par la vitesse avec laquelle il parle.

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20 ZOOM JAPON numéro 28 mars 2013

s’agissait pas d’ouvrir un restaurant inabordable. Qua-lité et raffinement ne signifient pas pour eux additionsalée. Pour preuve, leur menu du midi à 20 euros qui secompose de quatre plats à commencer par des amuse-bouches joliment présentés et fort appétissants. Il y aensuite l’étuvée de navet à la coquille St-Jacques ou àla crevette (kabura-mushi), une salade fine, une demi-

aubergine à la sauce aigre-douce dengaku-miso, dusaumon ou du pouletgrillé, des sushis, du sas-himi ou des tempura auchoix. Préparé avec soinet avec des produits frais,ce menu est un vrai régal.Les plus gourmands peu-vent se lancer dans ladécouverte d’autres platsconcoctés par ces chefs.Un menu à 45 euros avec6 plats, un autre à

80 euros avec 10 plats et celui à 90 euros avec 15 platsdevraient leur permettre de satisfaire leur désir de dégus-ter une cuisine de qualité. Reste à prendre son tempspour l’apprécier. C’est le regret de M. YAMADA qui voitdes clients de plus en plus pressés alors que sa cuisinedemande que l’on temporise un peu entre chaque platpour en saisir toutes les saveurs. La carte des sake estaussi intéressante et devrait ravir les amateurs. Il estdonc probable que Wakaba devienne rapidement uneadresse incontournable à Paris.

OZAWA KIMIE

ZOOM GOURMAND

I nstallé à Paris depuis 1974, YAMADA Yukihiro,64 ans, est en quelque sorte un vétéran de la com-munauté japonaise à Paris. Mais cet homme pas-

sionné ne manque pas dedynamisme et il vientd’ouvrir dans le 7èmearrondissement de Parisun restaurant baptiséWakaba. Ce nom quisignifie “feuille tendre”traduit parfaitement l’étatd’esprit de ce personnagequi a roulé sa bossed’Ôsaka à Paris avec l’en-vie permanente de bâtirde nouvelles choses. Aprèsdes études d’anglais à laSorbonne et toujours intéressé par les langues étrangèresil monte uns société de traduction puis une entreprisede traitements d’images informatiques. Ce touche-à-tout a néanmoins toujours entretenu une passion pourla cuisine, ce qui l’a conduit à travailler pendant plu-sieurs années au sein du restaurant Kinugawa, à Paris,l’une des meilleures tables nippones de la capitale avantque celui-ci ne ferme. Voilà pourquoi, il a choisi de conti-nuer, en lançant son propre restaurant avec la compli-cité de KAWAMOTO Mitsuo lui aussi ancien de Kinu-gawa. Avant de s’installer en France, KAWAMOTO Mitsuoa travaillé comme chef dans l’un des grands établisse-ments de Kyôto, apportant ainsi avec lui tout le raffine-ment de cette cuisine si réputée pour sa subtilité et lesoin apporté au dressage. Mais pour les deux amis, il ne

Ouvert en novembre 2012, l’établissementdirigé par YAMADA Yukihiro et le chefKawamoto Mitsuo en impose déjà.

RESTAURANT Wakaba joue dansla cour des grands

Les sushis et les makipour les nulsSe lancer dans la réalisation de sushis est

une opération que nous sommes

nombreux à ne pas entreprendre. La

crainte de ne pas savoir découper

convenablement le poisson, la peur de

rater la cuisson du riz ou encore son

assaisonnement nous conduisent bien

souvent à renoncer et à nous tourner vers

ses nombreuses boutiques qui livrent en

quelques minutes du poisson cru qui n’est

malheureusement pas toujours à la

hauteur de nos attentes. Aussi faut-il

dépasser ses réticences pour se lancer

dans la préparation de sushis. OKUNO

Matoko, qui a déjà publié plusieurs

ouvrages sur le sujet, propose une

nouvelle édition de son guide de

préparation simple grâce auquel même le

débutant le plus maladroit pourra réussir

à faire ses sushis et autres maki. Des

conseils pratiques et des explications

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L A RECETTE DE YUKIHIRO, chef de Wakaba

INGRÉDIENTS (pour 2 personnes)

250g de poitrine de porc2 à 3 feuilles de chou chinois Un peu de gingembre rapé.

Pour la sauce5 cuillères à soupe d'eau 2 cuillères à soupe de sauce de soja1 cuillère à soupe de mirin1 cuillère à café de sucreUn peu de fécule

PRÉPARATION

1 - Dans une grande casserole, mettre un peu d'eau et poser une assiette sur laquelle poser les feuilles de chouchinois et puis le morceau de la poitrine de porc avec la peau ou sans peau. 2 - Cuire à couvert environ 20 minutes.3 - Entretemps, préparer la sauce dans une casserole. Il faut diluer le fécule avec de l'eau, y ajouter la sauce desoja, le mirin et le sucre, bien les mélanger et bouillir. 4 - Quand la poitrine est cuite, couper la viande en tranche.5 - Couper le chou chinois grossièrement et poser les tranches de poitrine dessus. 6 - Verser la sauce sur la viande.7 - Disposer un peu de gingembre rapé au bord de l'assiette pour l’ajouter ensuite à la sauce.

ZOOM GOURMAND

Arrivé au Japon au milieu du VIème siè-cle, le bouddhisme a beaucoupinfluencé la culture alimentaire japo-naise. Sa diffusion dans l’archipel aconduit, en 676, l’empereur Tenmuà interdire la consommation deviande. Ce n’est qu’à partir de l’arri-vée des missionnaires portugais etespagnols que la viande fut à nou-veau servie et consommée avec dela sauce soja. Mais elle restait un luxe.Préparée à l’occasion de grandesfêtes, elle était également donnéeaux malades pour favoriser leur réta-blissement. La majeure partie des

Japonais n’y ont donc pas droit. Ilsdevront attendre la fin du XIXème siè-cle pour que la viande fasse partieintégrante de leur alimentation. Leporc ou le bœuf deviennent des ali-ments accessibles et sont accommo-dés avec de la sauce de soja ouencore du miso (pâte de soja fer-menté). C’est à cette époque que lesJaponais découvrent le tonkatsu (porcpané) qui va peu à peu s’imposercomme l’un de leur plat favori. Laviande grillée (yakiniku) que l’ontrempe ensuite dans différentessauces est aussi un plat dont les Japo-

nais raffolent de plus en plus. Les éle-veurs de cochons ou de bœufsvoient prospérer leurs affaires. Cer-taines régions - Kôbe, Hida-Takayama, Wakayama - deviennentcélèbres grâce à la qualité de leurviande de bœuf tandis que Kago-shima se distingue grâce à son porc.Pour la viande de cheval, on setourne vers Kumamoto et à Hok-kaidô, on apprécie la viande de mou-ton servie dans un plat baptisé Gen-gis Khan. Au cours des dernièresdécennies, la viande a peu à peutaillé des croupières au poisson.

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KABA

Poitrine de porc à la vapeur(Buta no mushini)

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22 ZOOM JAPON numéro 28 mars 2013

L es amateurs d’histoire et de vieilles pierres sontparfois déçus par le Japon parce que les guidestouristiques se concentrent la plupart du temps

sur les temples et les sanctuaires qui ont passé les sièclesmalgré les catastrophes naturelles et les incendies ou surles châteaux impressionnants par leur architecture, maisqui, pour la plupart, ne sont que des reconstructionsrécentes dans la mesure où ils ont été détruits à la fin duXIXème siècle lors de la phase de modernisation du paysou lors des bombardements américains pendant laSeconde Guerre mondiale. Voilà pourquoi Himeji et

son château du XVIIème siècle classé Trésor national (voirZoom Japon n°4, octobre 2010), Kyôto (voir ZoomJapon n°22, juillet-août 2012)ou encore Nara (voirZoom Japon n°1, juin 2010) avec leurs innombrablestemples inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco sontles principales destinations pour ceux qui souhaitent sereplonger dans l’histoire ancienne du Japon. Ailleurs,les affres de la guerre ou la course à la croissance onteu raison des quartiers anciens qui fleuraient bon ceJapon des films de samouraïs avec ces rues commerçanteset leur agitation quotidienne. C’est du moins ce que l’onpeut croire si l’on ne cherche pas à sortir des sentiers bat-tus. Il reste en effet, ça et là, des espaces qui ont échappéau tragique destin que l’histoire moderne et contempo-raine a réservé à la plupart des zones urbaines bâties à

l’époque d’Edo (1603-1868). Beaucoup de Japonais quiont la nostalgie de cette période se rendent aux studiosde la Tôei, Uzumasa Eigamura, situés à Kyôto pour sereplonger dans cette atmosphère. Mais il s’agit de décorsde cinéma, certes encore utilisés, mais l’illusion ne durepas longtemps même si l’on peut admirer une répliquegrandeur nature du fameux pont de Nihonbashi quiétait au XVIIème siècle le point de départ de toutes lesroutes japonaises. La visite de ces studios vaut néan-moins le détour dans la mesure où l’on peut assister endirect au tournage de certaines séries historiques. Maispour avoir un contact plus réel avec l’architecture envogue dans ce Japon des siècles passés, il suffit de pren-dre le train à Nara en direction du sud. A une vingtainede kilomètres sur la ligne Kashihara exploitée par la com-

Plutôt que de se rendre dans les grandscentres historiques, Zoom Japon vous convieà découvrir des lieux moins connus.

Le quartier de Bikan à Kurashiki est très apprécié pour son atmosphère romantique à la tombée de la nuit.

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mars 2013 numéro 28 ZOOM JAPON 23

ZOOM VOYAGE

pagnie Kintetsu (descendre à Yagi Nishiguchi) ou surla ligne JR Sakurai (descendre à Unebi), se trouve lequartier d’Imai (Imaichô) qui regroupe quelque 600demeures construites dans leur grande majorité auXVIIème siècle. La plus ancienne, la maison de la familleImanishi, date de 1650. Imposante, elle est une très belleillustration de l’architecture de l’époque. Elle se situe àl’extrémité est du quartier à proximité de la maison dela famille Toyoda dont la construction remonte à 1662.Propriété d’un négociant en bois, elle est caractéristiquede ces bâtisses qui servaient à la fois de maison d’habi-tation et de magasin. On peut la visiter et ainsi décou-vrir une architecture impressionnante et étonnante. Ily a d’abord la cour intérieure couverte où était installéela cuisine. En pénétrant dans la maison, le magasin (mise)est tout de suite sur la gauche. A l’époque, les affaires setraîtaient autour d’un bol de thé et les clients se déchaus-saient pour venir discuter des prix et des quantités avecle patron. Ce dernier, qui devait être un excellent com-merçant, s’était fait aménager une pièce dans laquelle ilpouvait s’enfermer pour compter les recettes du jour ety dormir pour les protéger. Dotée d’une porte en bois àfermeture automatique (qui fonctionne encore), cettepièce étonnante sans fenêtre pour éviter les cambrio-leurs était réservée au seul propriétaire des lieux. Mêmeson épouse ne pouvait pas y pénétrer. D’autres maisonsde ce type sont ouvertes au public. Elles sont en géné-ral grandes et illustrent la richesse de ce quartier qui estdevenu le centre commercial de la région. La prome-nade dans les rues étroites d’Imaichô est des plus agréa-bles. On remarque notamment qu’elles ne sont jamaistrès longues. Souvent coupées par d’autres ruelles, cespassages ont ainsi été conçus pour éviter au maximumles embuscades. L’intérêt de la promenade est aussi d’ob-server les toits avec leurs magnifiques ornements. Depuisquelques années, les autorités font de gros efforts pourredonner vie à ce quartier et lui permettre de retrouverson atmosphère originale. Ils ont ainsi enterré les filsélectriques qui polluaient le paysage, rendant à Imai-

Pour visiter Kurayoshi, certains visiteurs se promènent avec

comme guide Quartiers lointains de TANIGUCHI Jirô. Jéré

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24 ZOOM JAPON numéro 28 mars 2013

ZOOM VOYAGE

chô son cachet. Pour profiter pleinement de l'atmo-sphère tranquille de ce lieu, rien ne vaut d'y passer unenuit ou deux. Une association propose de louer au tou-riste une de ses fameuses maisons anciennes entière-ment rénovée. Baptisée Imaian Raku, cette demeureoffre tout le confort au cœur de ce magnifique quar-tier. Pour 10 000 yens la nuit (15 000 yens les deuxnuits), le jeu en vaut la chandelle. Seul bémol, il n'existepas pour l'instant de version en langue étrangère du sitede présentation (http://web1.kcn.jp/imaisaisei-net/raku/). Néanmoins, grâce aux outils de traductionautomatique disponibles sur la Toile, il est assez facilede comprendre les informations mises en ligne. A Kurashiki, le visiteur étranger rencontrera moins dedifficultés linguistiques. La ville, qui compte près d’undemi million d’âmes, est bien plus habituée à rece-voir des hôtes venus des quatre coins du monde pouradmirer notamment son quartier de Bikan. A 25 kilo-mètres d’Okayama, sur la ligne JR Sanyô, Kurashikipossède en effet un quartier historique qui a conservésa beauté d’antan avec de belles bâtisses aux murs blancs.Traversé par un canal, il est la principale attraction dela ville qui a connu son âge d’or grâce au transport demarchandises qui transitaient par cette fameuse voied’eau. Si l’avènement du train l’a privée d’une grandepartie de ses revenus liés au commerce, la ville a néan-moins bénéficié du transport ferroviaire qui lui apportetout au long de l’année des dizaines de milliers de tou-ristes. On est loin de la tranquilité d’Imaichô, mais lequartier de Bikan ne manque pas de charme avec sesboutiques, ses restaurants et ses musées. Parmi eux, ilfaut absolument visiter le musée Ôhara dont l’éton-nante façade néoclassique détone au milieu desdemeures de l’époque d’Edo. Fondé par un richissimeentrepreneur, cet établissement abrite une collectionde chefs-d’œuvre occidentaux signés Picasso, Monet,Matisse ou encore Rodin. Pour ceux qui préfèrent seconcentrer sur l’art japonais, le quartier de Bikan abritele musée d’art populaire (mingei) de Kurashiki, l’un desplus riches de l’archipel en la matière. Il est surtout agréa-ble de s’y promener le soir. Les bords du canal arbo-rés s’illuminent alors et donnent à l’ensemble une atmo-

sphère romantique à laquelle peu de personnes par-viennent à résister. On croise ainsi des couples plusou moins jeunes qui profitent de ces instants pour seretrouver. Les jeunes mariés viennent y faire des pho-tos qui rempliront les premières pages de leur album.Dans les rues perpendiculaires ou parallèles au canal,les restaurants sont nombreux et proposent des menusvariés qui satisferont toutes les bourses et toutes lesenvies. Pour l’hébergement, Kurashiki dispose detoutes les catégories d’hôtels. Néanmoins, si l’on veutprofiter au maximum de l’ambiance qui règne dans lequartier de Bikan, une nuit dans l’auberge tradition-nelle (ryokan) Yoshii s’impose. Les prix pratiqués nesont pas ceux d’une auberge de jeunesse, mais le ser-vice et la qualité des prestations sont à la hauteurdes 25 200 yens (dîner et petit-déjeuner compris) que

coûte la chambre. L’établissement fréquenté en sontemps par SAKAMOTO Ryôma, héros tragique desdébuts de la modernisation du Japon à la fin du XIXème

siècle, attire bien entendu les fans (et ils sont très nom-breux) de ce personnage historique.Moins connu dans l’archipel, le mangaka TANIGUCHI

Jirô, qui bénéficie en revanche d’une belle cote depopularité en France, est lui-même amateur de l’époqued’Edo. Il a situé plusieurs de ses histoires dans desdécors de cette période si importante de l’histoire duJapon. Peut-être doit-il son attachement à ces annéesau décor qu’il a côtoyé pendant son enfance à Kurayo-shi dans la préfecture de Tottori. Il a d’ailleurs uti-lisé des vues des vieux quartiers de la ville pour illus-trer Quartiers lointains (éd. Casterman), l’un de sespremiers grands succès. Pour s’y rendre, on peut

Les toits d’Imaichô constituent l’une des curiosités les plus intéressantes.

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mars 2013 numéro 28 ZOOM JAPON 25

ZOOM VOYAGE

emprunter le train (ligne Sanin) au départ de la garede Himeji. Après une visite du magnifique château,un petit détour vers Kurayoshi vous offrira une belleplongée dans la province nippone. Bourgade de 50 000habitants, elle a été un centre commercial impor-tant dans cette partie du Japon tout au long du XVIIème

siècle. En témoignent les nombreux entrepôts del’époque qui subsistent et qui donnent encore à la villeun caractère opulent qui a pourtant disparu depuisbien longtemps. La cité en est bien conscientepuisqu’elle mise sur la nostalgie pour attirer les visi-teurs. A l’instar de Quartiers lointains qui invite le lec-teur à se plonger dans un passé plein de souvenirsde jeunesse, une promenade dans les petites rues deKurayoshi plonge le visiteur dans une sorte de mélan-colie douce. Il arrive que l’on croise des voyageurs avecle manga de TANIGUCHI comme guide. Ce qui frappeau-delà des beaux bâtiments blancs qui en imposentencore, c’est la présence de nombreuses boutiques quiinvitent le client à faire un voyage dans le temps. Ici,il n’est pas question de revenir à l’époque d’Edo, maisplutôt d’explorer les années 1950-1960 pour lesquellesles Japonais vouent un véritable attachement. On yretrouve ainsi l’atmosphère qui règne dans l’œuvre deTANIGUCHI. C’est aussi un endroit avec de nombreuxartisans qui vendent notamment leurs produits tis-sés. La visite dans la préfecture de Tottori peut se pro-longer par un arrêt à Yasugi, à une soixantaine de kilo-mètres de Kurayoshi. C’est dans cette petite cité, à20 minutes par navette gratuite au départ de la gare,que se trouve le merveilleurx musée Adachi (voirZoom Japon n°24, octobre 2012). Cet établissementest étonnant parce qu’il dispose non seulement del’une des collections les plus riches en matière d’artmoderne japonais et d’un extraordinaire jardin japo-nais que les responsables du musée présentent comme“une œuvre d’art vivante”. En fonction des saisons, dela couleur du ciel et de l’évolution des feuillages, ilchange de forme. De grandes baies vitrées offrentau visiteur médusé la chance de profiter d’un spec-tacle inoubliable.

D’Imaichô à Kurayoshi, il existe encore bien deszones historiques encore préservées qui donnent unepetite idée de ce que devait être la vie entre le XVIIème

et le XIXème siècle. Les autorités japonaises, après desannées de désintérêt, ont commencé à y investir pourpermettre à ces quartiers de conserver leur âme. A

Imaichô, par exemple, ce n’est que très récemmentque des arrêtés interdisent de reconstruire ou derénover les maisons du quartier dans un style dif-férent de celui des autres demeures. On a bienconscience que ce patrimoine historique constitueune chance non négligeable pour le développementdu tourisme. Il y a une réelle volonté d’utiliser leregain d’intérêt à l’égard de cette période historiquepour assurer l’avenir de villes qui ont perdu en grandepartie leur superbe d’antan.

GABRIEL BERNARD

A Kurayoshi, l’accent est mis sur l’artisanat.

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