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Jérémie Souteyrat pour Zoom Japon www.zoomjapon.info gratuit numéro 50 - mai 2015 5 0 façons de lire le Japon

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Zoom Japon, numéro 50 (Mai 2015)

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Jérémie Souteyrat pour Zoom Japon

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50façons de lirele Japon

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ZOOM ACTU

ÉDITOTournantOn dit que le passagede la cinquantaine estun moment importantdans la vie d’unhomme. On peut sansdoute dire la mêmechose d’un magazine.

Zoom Japon publie en ce mois de mai sonnuméro 50. Grâce à votre soutien, maisaussi à celui de nos annonceurs, noussommes en mesure de publier tous les moisun magazine gratuit de qualité. Notreobjectif est de vous faire découvrir les diversvisages du Japon sans chercher à les embellirou à les enlaidir. Ce numéro 50 ne divergepas de cette mission avec un dossier consa-cré à 50 ouvrages susceptibles de vousaccompagner dans votre plongée dans l’uni-vers nippon. Une fois de plus, nous pou-vons vous dire : “bonne lecture !”.

LA RÉ[email protected]

FUTUR Prêt à décrocherla luneLe Japon ambitionne de lancer vers

2018 Slim, un engin de 150kg, qui devra

se poser sur la Lune. Il sera alors le

quatrième pays à parvenir à réaliser

cette prouesse après l'ex-URSS, les Etats-

Unis et la Chine. Il s’agira pour lui de se

poser près d'un endroit découvert par la

sonde Kaguya, appelé cratère Marius.

Tous les efforts seront concentrés sur la

précision de l’atterrissage afin de

préparer une future mission sur Mars.

RECORD Le train le plusrapide du mondeUn prototype du futur train à

sustentation électromagnétique a

atteint la vitesse de 603 km/h pour la

première fois franchie dans le monde.

Ce succès conforte les Japonais dans

l’idée de mettre en service dès 2027

la nouvelle ligne baptisée Chûô

Shinkansen. Elle reliera dans un

premier temps Tôkyô à Nagoya. Les

286 kilomètres qui séparent les deux

villes seront parcourus en 45 minutes.

milliards de yens (1,8

milliard d’euros). Tel est

le montant de l’excédent commercial

enregistré par le Japon en mars. Le pays

renoue ainsi avec une balance

commerciale positive pour la première

fois depuis 2011. De quoi redonner des

couleurs à l’économie nationale.

229

L E REGARD D’ERIC RECHSTEINER

La campagne électorale bat son plein dans ce quartier résidentiel du centre de la capitale japonaise. A la dif-férence de la plupart des candidats qui choisissent de sillonner leur circonscription à bord de camionnette,en saluant les passants, YAMAMOTO Herumi a préféré sortir sa bicyclette pour s’adresser à ses concitoyens etdéfendre son programme devant eux. Une démarche originale qui ne semble pas les mobiliser pour autant.

Quartier d’Azabu-jûban, arrondissement de Minato

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Couverture : Jérémie Souteyrat pour Zoom Japon

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Livraison express par ou plus économique par

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4 ZOOM JAPON numéro 50 mai 2015

ZOOM ACTU

O n s’est beaucoup intéressé aux activitésdes communautés locales qui ont permisde créer des emplois et d’apporter une

certaine joie de vivre aux sinistrés désœuvrés. entrejanvier et février 2013, nous avons publié une séried’articles sur les produits créés dans ce cadre. deuxannées se sont écoulées depuis et nous avons denouveau enquêté pour faire le point sur ces initia-tives.

Ono-kunOno-kun, avec son visage innocent, ses longs braset ses longues jambes est une mascotte cousuemain par les femmes qui se réunissent dans le locald’habitations provisoires devant la gare d’Ono, àHigashi-Matsushima. Jusqu’à maintenant, Ono-kun s’est vendu à plus de 20 000 exemplaires. Unsuccès pour un business local mais l’objectif estd’en vendre 100 000 unités. On est en train de ré-fléchir à ce qu’il adviendra une fois que ces femmesauront quitté les logements provisoires.Ono-kun est une mascotte représentant un singe.elle a été créée à partir d’une chaussette remplie decoton. Le déclic s’est fait à partir d’une mascottedu même genre qui avait été offerte aux habitantsdes logements provisoires ; la présidente du comitédes habitants des logements, TAkedA Fumiko aentamé la vente de cette mascotte dès le 20 avril2012, un an après le séisme. Chaque Ono-kun estune pièce unique confectionnée avec différentstypes de chaussettes et cousue à la main. Au-delàde son côté mignon, le fait d’avoir été créée dansles logements précaires a touché le cœur de tous.Grâce au bouche-à-oreille, le succès est arrivé rapi-dement.

Ses acheteurs sont devenus ses “parents adoptifs”non seulement un peu partout au Japon mais aussià l’étranger. La plupart des clients sont très fidèlesau point d’en acheter plusieurs. Pour qu’un maxi-mum de personnes viennent en acheter sur place àHigashi-Matsushima, seuls les visiteurs des logementsprovisoires sont prioritaires pour se le procurer.Les commandes quant à elles ne peuvent être ho-norées qu’au bout de six mois ! La fabrication estassurée par une vingtaine de femmes de 30 à 60ans ; un effectif qui a doublé depuis le début. Cer-taines mères de famille en fabriquent chez elles cequi permet ainsi de créer de nouveaux emplois.Ono-kun est vendu 1 000 yens (7,80 €). “Je n’auraisjamais imaginé un tel succès. J’avais prévu d’arrêterquand nous quitterions les logements provisoires”,explique Mme TAkedA. Fin 2014, 80 logementsprovisoires devant la gare d’Ono ont été fermés. Il

Pour redonner un sens à leur vie, deshabitants ont lancé des projets. Certainsd’entre eux sont aujourd’hui des succès.

SÉRIE Que mille idées s’épanouissent

n’en reste plus qu’une vingtaine. On peut encoreutiliser la salle de réunion, mais pour continuernos activités, il faudrait avoir un local indépendant.Alors, un projet de “gare virtuelle” a vu le jour. Ils’agit d’une base d’activité avec un coin pour lavente de produits agricoles et un café-restaurant.Un terrain a été réservé à côté des logements pro-visoires et des fonds ont été récoltés grâce à un fi-nancement participatif sur Internet.On a aussi assisté à la naissance du “Grand Ono-kun”, version costumée de la mascotte avec créa-tion de produits dérivés et des livres. On noteune augmentation de ses apparitions dans lesmédias. Si l’on a pu craindre un certain ressenti-ment à l’égard de ce grand succès, il n’en est rienpour ces femmes pleines d’idées créatrices etfières de leur activité. “Il m’est arrivé de pleureren pensant à l’avenir. Mais je commence à sourire

En l’espace de deux ans, la mascotte Ono-kun est devenue un best-seller.

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au fond de mon cœur”, confie Mme TAKEdA ense rappelant les mois passés. Ono-kun est au-jourd’hui au centre de sa vie et tout en cherchantun nouveau chez-soi dans le quartier d’Ono,elle parle de son attachement pour cette mascotte.“Tous ces liens tissés avec les gens ont été importantset le séisme ne nous a pas apporté que de mauvaiseschoses”, assure-t-elle.

Atelier Ceramika“J’ai bien conscience que notre rêve prend forme peuà peu”, estime Mme AbE Narumi, représentantede l’association Atelier Ceramika de Minato Machi.Elle a ouvert cet atelier de tuiles espagnoles en juin2012 dans le centre commercial Kibô no Kane[Les Cloches de l’espoir] à Onagawa. Ses tuiles re-présentent les paysages d’avant le séisme et continuentde donner des couleurs à la ville en attirant lesvoyageurs originaires d’autres régions du Japon.Jusqu’au 11 mars 2011, elle avait suivi des coursde poterie. A l’automne de la même année, quandun ami lui a montré des tuiles espagnoles, séduitepar leurs formes originales et la richesse de leurscoloris, elle a voulu reprendre une activité créatrice.En janvier 2012, elle s’est rendue à Tôkyô poursuivre des cours de tuiles et en mars elle est partieà Valence et Tolède pour apprendre sur place lestechniques. “Je veux redonner des couleurs à la villed’Onagawa en reconstruction”, affirme-t-elle. C’esten ces termes qu’elle a sollicité l’aide de l’architectebAN Shigeru, chargé de la construction des loge-ments provisoires. Ayant obtenu un four, un donde la Kyôto University of Art and design, elle aouvert un atelier de céramique en juin 2013.Si les tuiles espagnoles sont faites de motifs géo-métriques, celles de l’atelier de Mme AbE repré-sentent les événements, les paysages et les culturesde la région, avec l’idée de “mettre en avant les spé-cificités d’Onagawa”. Ces créations ont un côténostalgique qui attire l’œil. depuis, un hôtel-conteneur de la ville (ouvert par les habitantsaprès le séisme alors qu’il n’y avait plus d’hôtels) apassé une grosse commande de 60 tuiles espagnoles,

en guise de plaques numérotées pour les cham-bres-conteneurs.En avril 2013, l’atelier a acquis le statut d’associationlui permettant de bénéficier d’une aide gouverne-mentale pour l’emploi d’urgence. Son personnelest composé de trois temps pleins, de trois mi-temps, et de deux temps partiels. Pour développerdes activités ancrées dans la région, cet atelieressaie d’améliorer les techniques de base de tout lepersonnel. Et pour promouvoir leurs tuiles auprèsdes habitants et des visiteurs, différents ateliers detravail sont organisés.Tous ces efforts ont porté leurs fruits. En 2014, laville leur a passé une commande conséquente: destuiles pour les premiers logements publics réservésaux sinistrés. En discutant avec Urban RenaissanceAgency, un organisme gouvernemental pour laconstruction, les membres de l’association ontparticipé à la création d’un espace avec 101 tuilesposées dans les six immeubles des logementspublics. Le thème choisi s’est porté sur des paysagesrégionaux comme cette scène de la danse du lionsur la mer lors de fêtes traditionnelles.Afin de faire connaître les tuiles à plus de gens, ilsont diffusé un livret original résumant toutes leursactivités. Un partenariat a pu se réaliser avec unesociété Internet de Kôbe. Le producteur de bièreSapporo leur a apporté également son soutienpour la création de “tuiles souvenir” sur lesquellesles visiteurs peuvent laisser l’empreinte de leurspas et un message. Quant aux tuiles sur mesure,leur carnet de commandes est plein pour les troismois à venir.“Jusqu’à la dernière touche, on reste très concentré.Tout le personnel a atteint un niveau où chacun estfier de sa réalisation. Quand nos tuiles seront unjour utilisées partout dans la ville, on pourra organiserune visite guidée pour raconter l’histoire de chacuned’elles. Je serais ravie de créer des tuiles originalesqu’on baptisera tuiles d’Onagawa”, confie Mme AbE.Ces nouveaux objectifs ne manquent pas de luidonner un regard éclatant. KUMAGAI Toshikatsu & YOKOI Yasuhiko

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ZOOM DOSSIER

Pour vous informer sur le Japon, vous avez àvotre disposition de nombreux outils. il ya bien sûr Zoom Japon qui vous offre chaque

mois la possibilité de vous plonger dans l’actualitéjaponaise sous toutes ses formes. en dehors de votremensuel préféré (du moins nous l’espérons), lesmédias ne s’intéressent malheureusement pas beau-coup aux affaires du Japon. Le pays du soleil-levanta droit de cité lorsqu’une catastrophe s’y produitou quand un événement économique importants’y déroule. L’indice nikkei qui passe le seuil des20 000 points intéresse de nombreux journaux àl’instar des difficultés rencontrées dans la gestionde la crise à la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi. en dehors de cela, les articles ou les reportagessur l’archipel se font rares de nos jours. il fut uneépoque où le Japon et les Japonais intéressaientdavantage. ils étaient alors dominants sur la scèneéconomique mondiale. Les entreprises japonaisesimposaient leurs produits sur toute la planète et leyen leur permettait d’investir partout dans le monde. Face à ce curieux pays qui devenait une source d’in-quiétude, les médias multipliaient les contenus – pas

façons de lire le Japon

Pour célébrer notre cinquantième numéro,nous vous invitons à découvrir cinquanteouvrages qui nous ont marqués.

toujours très bien informés – et lui consacraientrégulièrement de grands dossiers. Ce temps est belet bien révolu et il faut bien se résoudre à acceptercette réalité. Cela dit, l’avènement d’internet acontribué à ouvrir de nouveaux champs de connais-sance sur le Japon et a permis de créer de nouveauxaccès à des sources d’information que l’on pouvaitdifficilement consulter. La plupart d’entre elles res-tent cependant en langues étrangères. Cela limiteles possibilités de s’informer pour ceux encore nom-breux qui ne les maîtrisent pas.Voilà pourquoi, il nous reste les livres. au momentoù la lecture semble perdre de plus en plus d’adeptesen raison de la montée en puissance de ces produitsélectroniques qu’on dit portables, il faut soulignerque les ouvrages constituent une source d’informa-tion essentielle sur le Japon. il ne s’agit pas simple-ment d’ouvrages d’érudition sur ce pays, sa culture,son histoire ou sa société, mais aussi de livres de lit-térature ou encore des mangas dont les traductionsse sont multipliées au cours des deux dernièresdécennies. Les éditeurs ont accompli un travailconsidérable en la matière, en se lançant dans l’ex-ploration de nouveaux horizons littéraires aprèss’être longtemps cantonnés à certains auteurscomme MisHiMa Yukio ou kawabata Yasunari.bien leur en a pris puisque l’énorme succès d’un

MurakaMi Haruki a prouvé qu’il n’était pas obli-gatoire d’être un écrivain occidental pour séduireles lecteurs. Dans ses œuvres qui ont une portée universelle, leslecteurs ont découvert le Japon et sa société commeils ont aussi pu le faire en se plongeant dans la lectured’autres romanciers comme Ogawa ito ou Higa -sHinO keigo. Ces deux derniers auteurs ont réussià conquérir un public grâce à leur style bien sûr,mais aussi parce qu’ils apportent des clés pour mieuxappréhender leur pays. On peut dire la même chosedes mangaka dont les productions ne sont plus per-çues comme de la sous-culture. Mizuki shigeruaussi bien qu’uMezu kazuo ont ouvert les yeux denombreux lecteurs sur la façon dont ils percevaientleur propre pays. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé devous proposer une sélection de 50 livres sur le Japonécrits ou non par des Japonais. Ce sont ceux quinous ont le mieux aidés à saisir le Japon. Ce ne sontévidemment pas les seuls, mais il fallait faire unchoix. nous les avons numérotés, mais ce classementn’a aucune valeur sauf de nous rappeler que nousdevions en choisir 50 et pas un de plus. il ne nousreste plus qu’à vous souhaiter une bonne et enri-chissante lecture.

JEAN DEROME & ODAIRA NAMIHEI

Dans cette librairie japonaise, les œuvres de MURAKAMI Haruki sont mises à l’honneur, car l’écrivain bénéficie d’une très grande popularité dans l’archipel.

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ZOOM DOSSIER

Pour vous informer sur le Japon, vous avez àvotre disposition de nombreux outils. il ya bien sûr Zoom Japon qui vous offre chaque

mois la possibilité de vous plonger dans l’actualitéjaponaise sous toutes ses formes. en dehors de votremensuel préféré (du moins nous l’espérons), lesmédias ne s’intéressent malheureusement pas beau-coup aux affaires du Japon. Le pays du soleil-levanta droit de cité lorsqu’une catastrophe s’y produitou quand un événement économique importants’y déroule. L’indice nikkei qui passe le seuil des20 000 points intéresse de nombreux journaux àl’instar des difficultés rencontrées dans la gestionde la crise à la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi. en dehors de cela, les articles ou les reportagessur l’archipel se font rares de nos jours. il fut uneépoque où le Japon et les Japonais intéressaientdavantage. ils étaient alors dominants sur la scèneéconomique mondiale. Les entreprises japonaisesimposaient leurs produits sur toute la planète et leyen leur permettait d’investir partout dans le monde. Face à ce curieux pays qui devenait une source d’in-quiétude, les médias multipliaient les contenus – pas

façons de lire le Japon

Pour célébrer notre cinquantième numéro,nous vous invitons à découvrir cinquanteouvrages qui nous ont marqués.

toujours très bien informés – et lui consacraientrégulièrement de grands dossiers. Ce temps est belet bien révolu et il faut bien se résoudre à acceptercette réalité. Cela dit, l’avènement d’internet acontribué à ouvrir de nouveaux champs de connais-sance sur le Japon et a permis de créer de nouveauxaccès à des sources d’information que l’on pouvaitdifficilement consulter. La plupart d’entre elles res-tent cependant en langues étrangères. Cela limiteles possibilités de s’informer pour ceux encore nom-breux qui ne les maîtrisent pas.Voilà pourquoi, il nous reste les livres. au momentoù la lecture semble perdre de plus en plus d’adeptesen raison de la montée en puissance de ces produitsélectroniques qu’on dit portables, il faut soulignerque les ouvrages constituent une source d’informa-tion essentielle sur le Japon. il ne s’agit pas simple-ment d’ouvrages d’érudition sur ce pays, sa culture,son histoire ou sa société, mais aussi de livres de lit-térature ou encore des mangas dont les traductionsse sont multipliées au cours des deux dernièresdécennies. Les éditeurs ont accompli un travailconsidérable en la matière, en se lançant dans l’ex-ploration de nouveaux horizons littéraires aprèss’être longtemps cantonnés à certains auteurscomme MisHiMa Yukio ou kawabata Yasunari.bien leur en a pris puisque l’énorme succès d’un

MurakaMi Haruki a prouvé qu’il n’était pas obli-gatoire d’être un écrivain occidental pour séduireles lecteurs. Dans ses œuvres qui ont une portée universelle, leslecteurs ont découvert le Japon et sa société commeils ont aussi pu le faire en se plongeant dans la lectured’autres romanciers comme Ogawa ito ou Higa -sHinO keigo. Ces deux derniers auteurs ont réussià conquérir un public grâce à leur style bien sûr,mais aussi parce qu’ils apportent des clés pour mieuxappréhender leur pays. On peut dire la même chosedes mangaka dont les productions ne sont plus per-çues comme de la sous-culture. Mizuki shigeruaussi bien qu’uMezu kazuo ont ouvert les yeux denombreux lecteurs sur la façon dont ils percevaientleur propre pays. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé devous proposer une sélection de 50 livres sur le Japonécrits ou non par des Japonais. Ce sont ceux quinous ont le mieux aidés à saisir le Japon. Ce ne sontévidemment pas les seuls, mais il fallait faire unchoix. nous les avons numérotés, mais ce classementn’a aucune valeur sauf de nous rappeler que nousdevions en choisir 50 et pas un de plus. il ne nousreste plus qu’à vous souhaiter une bonne et enri-chissante lecture.

JEAN DEROME & ODAIRA NAMIHEI

Dans cette librairie japonaise, les œuvres de MURAKAMI Haruki sont mises à l’honneur, car l’écrivain bénéficie d’une très grande popularité dans l’archipel.

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ZOOM DOSSIER

1 bien qu’il se déroule pendant la guerre, lesecond roman de MiSHiMa Yukio exploredes sujets qui restent encore d’actualité

dans la société japonaise actuelle. il s’intéressenotamment à ces gens qui se battent pour colleraux normes sociales, autrement dit tous ces clousqui dépassent et que l’on tente d’aplatir. C’étaitencore plus vrai à cette époque où le régime auto-ritaire réprimait toute forme de dissidence ou decomportementpeu orthodoxecomme l’homo-sexualité du héros.

2 il s’agit d’un des livres de voyage lesplus célèbres sur le Japon qui rapportele périple à pied de l’auteur. Partant de

l’extrême nord de l’archipel, il a parcouru3 218 km en 128 jours pour atteindre le point leplus méridional de l’archipel. Ce qui fait de ce livreune merveilleuse lecture, c’est le talent d’alanbooth à observer et à décrire les gens et les lieuxrencontrés pendant sa marche du “mauvais côté”du Japon, c’est-à-dire sa côte occi-dentale la moinsdéveloppée.

3 abE kôbô était un maître du roman exis-tentialiste et surréaliste. Cette parabolekafkaïenne, qui se déroule au milieu des

dunes de sable de Tottori, à l’ouest du pays, abordela lutte entre le Japon moderne et ses anciens com-portements tribaux. un entomologiste se retrouvepris au piège au fond d’une fosse de sable et ne par-vient pas à s’en échapper. une villageoise qui devientsa compagne accepte ce destin et se sacrifie pour lebien de la communauté. C’est elle qui se montre laplus forte et la pluscapable de trouverune forme debonheur.

4 Les bombardements atomiques deHiroshima et Nagasaki ont été tragiquesà bien des égards au-delà même de leur

force destructrice. Les survivants ont été victimesd’ostracisme parce qu’ils avaient été contaminéspar les radiations. Le roman d’ibuSE Masuji racontele combat d’une jeune femme contre les préjugésalors qu’elle tente d’avoir une vie normale et de semarier malgré les rumeurs. Fondé sur des témoi-gnages de survivants, le livre est écrit dans un stylequasi documentaire, offrant un portrait de la viequotidienne du Japon de l’après-guerre. il est plusque jamais d’actualité depuis l’accident à la centralede Fuku shimaDai-ichi avec leretour des peurset superstitions.

5 Pour beaucoup de jeunes amateurs demanga, ce mode d’expression est souventassocié à la violence, à des robots, des super-

héros ou de jolies minettes. Mais la longue histoiredu manga ne se résume pas qu’à cela. TaTSuMi

Yoshihiro, qui nous a récemment quittés, en est undes acteurs et des témoins les plus intéressants. Cetteautobiographie lui a pris dix années de sa vie. Elleporte sur la période 1948-1960 et aborde de façontrès réaliste comment l’auteur a dû s’y prendre poursurvivre en marge de la société. Cette œuvre est aussison combat pour obtenir une reconnaissance deson travail d’ar-tiste dans unJapon en pleinemutation.

6 Ecrit alors qu’il n’avait que 23 ans, cepremier roman raconte l’histoire d’ungroupe de jeunes en maison de correc-

tion qui sont évacués de la capitale alors menacée,vers la campagne. Loin d’échapper aux horreursde la guerre, ils sont victimes de la haine et de l’os-tracisme des villageois. ils comprennent alors quela société – malgré un environnement buco-lique – est fondamentalement mauvaise enversceux qui n’appartiennent pas au groupe. Membrede mouvements pacifistes et anti-nucléaires depuisqu’il est étudiant, ÔE montre tout son mépris pourla violence etl’engagement dupays dans cetteguerre insensée.

8 Quand la solitude commence vraimentà peser, on commence à considérer lesrencontres fortuites comme une planche

de salut. Mais la plupart du temps, cela se terminepar des rapports sexuels insatisfaisants et une tris-tesse encore plus forte. Mais l’héroïne d’akaSaka

Mari a la chance de faire connaissance d’un ancienyakuza et se lance avec lui dans un incroyable road-trip. Ce roman s’adresse à tous les Japonais dansla vingtaine ou la trentaine vivant sous la pressionsociale obligeant à se conformer à un certain stylede vie, mais pré-férant vivre enretrait sans trou-ver l'âme sœur.

7 au terme d’une guerre, de deux bombesatomiques et de sept années d’occupation,les relations nippo-américaines sont com-

plexes, et à certains égards, restent à déterminer.Dans cette histoire collective sans intrigue (son pre-mier roman), MurakaMi ryû va au-delà de l’in-trospection afin de dépeindre la vie nihiliste d’ungroupe de personnes vivant près d’une base améri-caine à kanagawa. Nous sommes en 1970. Le mou-vement étudiant a échoué dans ses assauts contrela société. Ses per-sonnages trouventrefuge dans ladrogue et le sexe.

9 Dans l’histoire du manga, Akiramarqueun tournant. Quand OTOMO katsuhiroa commencé à publier cette histoire révo-

lutionnaire dans les pages du magazine YoungMagazine en 1982, personne n’avait jamais rien vude tel : des dessins réalistes, des décors d’une grandeprécision et des personnages qui avaient vraimentl’air de Japonais. Cet ensemble a été mis au serviced’un récit de science-fiction qui mêle des souvenirsde guerre nucléaire, des sectes religieuses, de la tech-nologie et desvoyous. Son adap-tation au cinémafera aussi date.

10 MurakaMi Haruki est surtoutconnu au Japon pour ses romans defantasy. Mais en 1996, de retour au

Japon après 9 années passées à l’étranger, il décidede donner une dimension plus sociale à sa littérature.Pour cela, il s’entretient avec les victimes de l’attentatau gaz sarin commis par la secte aum dans le métrode Tôkyô en mars 1995. Le livre qui en découlemet en évidence de nombreux aspects de la men-talité japonaiseet l’approchesensationnelledes médias nip-pons.

MISHIMA YukioConfession d’un masqueTrad. Renée VilloteauFolio, 1983

Alan BoothLes Chemins de SataTrad. Alain LabauActes Sud, 1992

ABE KôbôLa Femme des sablesTrad. G. Bonneau & T. Oku, Stock, 2002

IBUSE MasujiPluie noireTrad. Colette YuguéFolio, 2004

TATSUMI YoshihiroUne vie dans les margesTrad. N. Bougon & V. T.Okada, Cornélius, 2011

ÔE KenzaburôArrachez les bourgeons, tirez sur les enfantsGallimard, 2012

MURAKAMI RyûBleu presque transparentTrad. G. Belmont & G. Morel, Picquier, 1999

AKASAKA MariVibrationsTrad. Corinne AtlanPicquier, 2003

OTOMO KatsuhiroAkiraTrad. Sylvain CholletGlénat, 1990

MURAKAMI HarukiUndergroundTrad. Dominique Letellier10/18, 2014

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Chez le libraire Tsutaya à Daikanyama, à Tôkyô, on a créé un environnement propice à la lecture.

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11 Quatre femmes travaillant de nuitdans une usine confectionnant desbentô se retrouvent entraînées dans

une affaire de meurtre lorsque l’une d’entre ellestue son mari violent. Bien qu’elles aient des carac-tères différents, elles partagent la même frustrationà l’égard de leur vie en raison des problèmes d’argentou de l’éloignement familial. kiriNo nous présenteune image nettement moins attirante de ce Japonoù les femmes dela classe moyenneluttent contre l’in-justice sociale.

13 HANAwA kazuichi est sans doutel’un des meilleurs mangaka. il estaussi célèbre pour être un pas-

sionné d’armes à feu, ce qui lui a valu d’être arrêtépour avoir transformé une pièce de collection enune véritable arme prête à l’emploi. Ce récit auto-biographique relate les deux années passées enprison entre 1995 et 1997. Au-delà de son expé-rience personnelle, ce qui est fascinant dans cemanga, c’est la description minutieuse de la viedans les prisons nippones. L’auteur s’attache àrapporter les plus petits détails, ce qui permet decomprendre à quel point il s’agit d’un universtotalement à part. Parallèlement à cela, onconstate que la prison dans ce pays est aussi unmiroir de la société japonaise et qu’elle n’a vrai-ment rien à voir avec le monde carcéral en occi-dent. Par ailleurs, l’intérêt de ce livre est de fairecomprendre aux lecteurs – en particulier ceuxqui n’ont rien de commun avec la culture locale –que la prison au Japon est un endroit qu’il fautabsolument éviter. HANAwA kazuichi rapportecette expérience avec le talent qu’on lui connaît.Un ouvrage quiest bien plusqu’un simpledivertissement.

12 Le plus surprenant dans cette col-lection de zuihistu (genre litté-raire qui permet à l'auteur d'ex-

primer, au gré de son humeur, sa subjectivité),c’est leur fraîcheur et leur modernité alors mêmeque l’auteur relate un monde éloigné dans le tempset de son caractère. Même si SEi Shônagon a com-posé ce texte à l’ère Heian (795-1185) , ce qu’ellerelate et surtout la manière dont elle le fait montreque la nature hu-maine n’a finale-ment pas telle-ment changé.

15 Ancien délinquant juvénile, NoSAkA

Akiyuki savait une chose ou deux surla guerre pour avoir grandi sous les

bombes. Le protagoniste de ce roman, qui aspire àsoulager les gens de leur douleur, espère faire unpeu d'argent. Et quelle meilleure façon d’y parvenirque la pornographie ! Les aventures de cette bandede pornographes offrent un regard privilégié sur cepassé osé tout endépeignant lasexualité mascu-line japonaise.

14 La discrimination se retrouve par-tout dans le monde et vise des per-sonnes étrangères. Au Japon, elle

est unique en ce sens que les victimes appartiennentà la même race que les auteurs. Les Burakumin sontune caste dont les ancêtres accomplissaient, selonle bouddhisme, des “métiers sales” (bouchers, tan-neurs, fossoyeurs, etc.). Ces derniers n’avaient pasde voix littéraire jusqu’à ce que NAkAgAwA kenjiapparaisse. Ses histoires montrent comment le poidsde l'inégalitésociale finit parempoisonner lavie des gens.

KIRINO NatsuoOutTrad. R. Nakamura & R. de Ceccatty, Points, 2007

SEI ShônagonNotes de chevetTrad. André BeaujardGallimard, 1985

NAKAGAMI KenjiLe CapTrad. Jacques LévyPicquier, 1996

NOSAKA AkiyukiLes PornographesTrad. Jacques LallozPicquier, 1996

HANAWA KazuichiDans la prisonTrad. Thibaud DesbiefEgo comme X, 2005

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Chez le libraire Tsutaya à Daikanyama, à Tôkyô, on a créé un environnement propice à la lecture.

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11 Quatre femmes travaillant de nuitdans une usine confectionnant desbentô se retrouvent entraînées dans

une affaire de meurtre lorsque l’une d’entre ellestue son mari violent. Bien qu’elles aient des carac-tères différents, elles partagent la même frustrationà l’égard de leur vie en raison des problèmes d’argentou de l’éloignement familial. kiriNo nous présenteune image nettement moins attirante de ce Japonoù les femmes dela classe moyenneluttent contre l’in-justice sociale.

13 HANAwA kazuichi est sans doutel’un des meilleurs mangaka. il estaussi célèbre pour être un pas-

sionné d’armes à feu, ce qui lui a valu d’être arrêtépour avoir transformé une pièce de collection enune véritable arme prête à l’emploi. Ce récit auto-biographique relate les deux années passées enprison entre 1995 et 1997. Au-delà de son expé-rience personnelle, ce qui est fascinant dans cemanga, c’est la description minutieuse de la viedans les prisons nippones. L’auteur s’attache àrapporter les plus petits détails, ce qui permet decomprendre à quel point il s’agit d’un universtotalement à part. Parallèlement à cela, onconstate que la prison dans ce pays est aussi unmiroir de la société japonaise et qu’elle n’a vrai-ment rien à voir avec le monde carcéral en occi-dent. Par ailleurs, l’intérêt de ce livre est de fairecomprendre aux lecteurs – en particulier ceuxqui n’ont rien de commun avec la culture locale –que la prison au Japon est un endroit qu’il fautabsolument éviter. HANAwA kazuichi rapportecette expérience avec le talent qu’on lui connaît.Un ouvrage quiest bien plusqu’un simpledivertissement.

12 Le plus surprenant dans cette col-lection de zuihistu (genre litté-raire qui permet à l'auteur d'ex-

primer, au gré de son humeur, sa subjectivité),c’est leur fraîcheur et leur modernité alors mêmeque l’auteur relate un monde éloigné dans le tempset de son caractère. Même si SEi Shônagon a com-posé ce texte à l’ère Heian (795-1185) , ce qu’ellerelate et surtout la manière dont elle le fait montreque la nature hu-maine n’a finale-ment pas telle-ment changé.

15 Ancien délinquant juvénile, NoSAkA

Akiyuki savait une chose ou deux surla guerre pour avoir grandi sous les

bombes. Le protagoniste de ce roman, qui aspire àsoulager les gens de leur douleur, espère faire unpeu d'argent. Et quelle meilleure façon d’y parvenirque la pornographie ! Les aventures de cette bandede pornographes offrent un regard privilégié sur cepassé osé tout endépeignant lasexualité mascu-line japonaise.

14 La discrimination se retrouve par-tout dans le monde et vise des per-sonnes étrangères. Au Japon, elle

est unique en ce sens que les victimes appartiennentà la même race que les auteurs. Les Burakumin sontune caste dont les ancêtres accomplissaient, selonle bouddhisme, des “métiers sales” (bouchers, tan-neurs, fossoyeurs, etc.). Ces derniers n’avaient pasde voix littéraire jusqu’à ce que NAkAgAwA kenjiapparaisse. Ses histoires montrent comment le poidsde l'inégalitésociale finit parempoisonner lavie des gens.

KIRINO NatsuoOutTrad. R. Nakamura & R. de Ceccatty, Points, 2007

SEI ShônagonNotes de chevetTrad. André BeaujardGallimard, 1985

NAKAGAMI KenjiLe CapTrad. Jacques LévyPicquier, 1996

NOSAKA AkiyukiLes PornographesTrad. Jacques LallozPicquier, 1996

HANAWA KazuichiDans la prisonTrad. Thibaud DesbiefEgo comme X, 2005

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Même si le portable a détrôné le papier dans les trains, il reste quelques passionnés de lecture.

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16 L’improbable auteure de ce premierroman de l’histoire mondiale étaitune dame d’honneur à la cour impé-

riale qui, étant une femme, n’aurait jamais dû êtreaussi érudite et talentueuse au niveau de l’écriture.Quoi qu’il en soit, MUraSakI Shikibu racontemagistralement l’histoire du prince Genji et sesexploits amoureux. L’auteure nous offre un portraitpoétique et psychologique de la vie de courtisan àl’ère heian (794-1185).On y découvre tous lesus et coutumes ainsique les intrigues imagi-nées par les aristocrates.

17 Durant toute sa vie courte et tour-mentée, cet écrivain influencé parle marxisme a toujours vécu avec un

sentiment de culpabilité d’être né dans une bonnefamille. Ce roman, en particulier, décrit le déclinde l’aristocratie japonaise au lendemain de la guerreà travers l’histoire de kazuko et de sa famille quifut jadis fort riche. Elle tente de trouver l’apaisementet la sérénité au milieu du chaos de l’après-guerre.Le succès du livre est à l’origine de l’expression “peu-ple du soleil couchant”, faisant référence au paysdu Soleil-levantqui a perdu sarichesse spiri-tuelle et maté-rielle à la guerre.

18 Dans les années 1990, sont apparuesles gyaru reconnaissables à leur atti-tude impertinente, leurs vêtements

voyants et leur maquillage. En 2003, kaNEhara achoisi l'une de ces adolescentes comme héroïne deson premier roman. Mais le monde qu’elle décritest beaucoup plus sombre. Son personnage se percela langue et setatoue avant deplonger dans l'an-goisse post-bulle.

19 Un an après la fin de la SecondeGuerre mondiale, la police est surles traces d’un tueur en série. Cette

histoire policière n’est en fait qu’un prétexte pourmontrer la ville de Tôkyô réduite à un tas de gravatsoù les survivants, comme dans Allemagne annéezéro de rossellini errent en quête de sens dans lechaos et la destruction. Dans ce premier opus d’unetrilogie consacrée au Japon d’après-guerre, DavidPeace marie forme et contenu en adoptant un lan-gage répétitif pour créer une histoire lyrique etenvoûtante aussiproche de la poé-sie que d’unroman classique.

20 Une des histoires les plus éton-nantes et émouvantes sur laguerre et un chef-d'œuvre de

la bande dessinée. Les mémoires de Nakazawa

keiji commencent dans les jours qui ont précédéle bombardement atomique de hiroshima et sepoursuivent après la guerre. L’histoire pacifiste deNakazawa va au-delà du message anti-guerre habi-tuel pour s’attaquer à des thèmes tels que la discri-mination contre les Coréens et les survivants del'atomisation, la responsabilité de l'empereur, le rap-port entre histoireet mémoire et labataille entre lebien et le mal.

21 Ihara Saikaku (1641-1693) estl'un des meilleurs écrivains japo-nais de l'ère pré-moderne. au

cours de l'ère Edo autoritaire et conservatrice, il alancé un nouveau type de prose réaliste à traverslequel il a décrit le “monde flottant” lié à l’émergenced’une classe moyenne plus libérale. hélas, ses per-sonnages – les femmes en particulier – sont inévi-tablement confrontés à la moralité stricte del’époque et doivent choisir entre le conformismeet la liberté au risque d'être condamnés à mort. Ilspréfèrent sou-vent un bonheurde courte duréequ’une vie terne.

MURASAKI ShikibuLe Dit du GenjiTrad. René SieffertPOF, 1988

DAZAI OsamuSoleil couchantTrad. G. Renondeau & H. de Sarbois, Gallimard, 1986

KANEHARA HitomiSerpents et piercingsTrad. Brice Matthieussent10/18, 2006

David PeaceTokyo, ville occupéeTrad. Jean-Paul Gratias Rivages noir, 2012

IHARA SaikakuCinq amoureusesTrad. G. BonmarchandGallimard, 1986

NAKAZAWA KeijiGen d’HiroshimaTrad. V. ZouzoulkovskiVertige Graphic, 2005

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22 Féministe, pacifiste et réfor-matrice sociale, YOSaNO

akiko est l'une des plus célè-bres écrivaines du pays tout en étant une femmetrès controversée. Publié en 1901, son livre Che-veux emmêlés est sans doute son chef-d'œuvre.bien que la plupart des 400 textes de ce recueilsoient des poèmes d'amour, YOSaNO akikoexploite la forme traditionnelle du tanka (poèmesans rimes, de 31 syllabes sur cinq lignes) afind'affirmer une nouvelle idée de la féminité. Loinde la norme sociale acceptée, les femmes repré-sentées dans ce livre sont fortes, autoritaires ets e x u e l l e m e n tlibres. Une pos-ture qui passaitmal à l’époque.

23 Paru en 1929, ce roman consacreKObaYaShI Takiji comme l’écri-vain de la classe ouvrière. Né en

1903 dans une famille pauvre du nord du Japon,il ambitionne de devenir banquier avant de décou-vrir la vie misérable des ouvriers. avec Le Bateau-usine, il aborde ce sujet, en plongeant le lecteur dansces navires où l’on pêche et on met en boîte le crabe– produit de luxe – dans des conditions inhumainesqui conduisent les hommes à se révolter. Ce chef-d’œuvre de la littérature prolétarienne conduirason auteur à la mort. Il connaîtra un nouveau succèsdans les années 2000 au moment où la société japo-naise se précarise.Les jeunes y cher-chent desréponses à la crise.

24 Dans cette œuvre exception-nelle, KaMIMURa Kazuo, l’undes très grands mangaka,

cherche à savoir si les hommes sont prédestinéscomme cela semble être le cas de Yukie son héroïne.Celle qui croyait être la fille d’une fille mère et d’unpuissant propriétaire est en fait orpheline d’unemère qui l’a abandonnée et d’un père violent. Tou-jours en quête de l’amour absolu, elle ne le trouverapas. Ce magnifique récit dessiné avec soin illustreles rapports com-pliqués entre leshommes et lesfemmes au Japon.

25 Rédigée en 1927, cette nouvellen’a été publiée qu’en 1934, à titreposthume, un an après le décès de

l’écrivain. Elle est pourtant l’un des textes les plusétudiés par les enfants japonais car elle met en évi-dence un élément constitutif de l’âme japonaise :le sacrifice pour autrui. MIYazawa Kenji, né dansla préfecture d’Iwate dans le nord-est, a souventabordé ce sujetdans ses écrits.Cela lui vautd’être l’objet d’unvéritable culte.

26 alors que le Japon est en train devivre les derniers instants de sabulle financière avant qu’elle

n’éclate, la romancière se lance dans un récit quimontre les dégâts liés à l’usage intempestif d’unecarte de crédit. Ce texte permet de saisir à quel pointle pays a été atteint par cette maladie qu’est laconsommation à outrance. Et même si le Japon nevit plus aujourd’hui au-dessus de ses moyens, onsent très bien quecertains pour-raient bien faireune rechute.

27 C’est l’histoire d'une improba-ble rencontre entre une femmede ménage accompagnée de

son fils et un ancien professeur de mathématiquesà la mémoire défaillante. Elle est révélatrice dutalent fou d’Ogawa Yôko, l’un des grands nomsdu roman contemporain. au-delà de ce scénariooriginal, elle nous propose un subtil roman surl'héritage et la filiation, un récit à travers lequeltrois générations se retrouvent sous le signe d'unemémoire égarée. Elle pose aussi la question duvieillissementdans un pays oùun quart de lapopulation aplus de 65 ans.

28 Les livres sur la guerre du Paci-fique, sur les exactions commisespar l’armée impériale sont nom-

breux. Ils relatent la plupart du temps le point devue des vainqueurs et ne permettent pas de com-prendre l’état d’esprit qui pouvait régner au Japonà cette époque. Michael Lucken comble avec brioce vide avec un essai documenté grâce auquel denombreuses questions trouvent enfin des réponses.S’il ne fallait lire qu’un seul ouvrage sur cettepériode chaotique, ce serait celui-là, car il offreune vision du conflit bien différente des autresouvrages souvent manichéens dans leur approche.Une référenceabsolue à lire etrelire.

KAMIMURA KazuoLe Fleuve ShinanoTrad. Jacques LallozAsuka, 2008

MIYAZAWA KenjiTrain de nuit dans la voielactéeTrad. Hélène MoritaMotifs, 2000

MIYABE MiyukiUne Carte pour l’enferTrad. C. Tanaka & A. Fieschi, Picquier, 2001

OGAWA YôkoLa formule pre?fe?re?e du professeur Trad. R.-M. Makino-Fayolle, Actes Sud, 2008

YOSANO AkikoCheveux emmêlésTrad. Claire DodaneBelles lettres , 2010

KOBAYASHI TakijiLe Bateau-usineTrad. E. Lesigne-AudolyAllia, 2015

Michael LuckenLes Japonais et la guerreFayard, 2013

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22 Féministe, pacifiste et réfor-matrice sociale, YOSaNO

akiko est l'une des plus célè-bres écrivaines du pays tout en étant une femmetrès controversée. Publié en 1901, son livre Che-veux emmêlés est sans doute son chef-d'œuvre.bien que la plupart des 400 textes de ce recueilsoient des poèmes d'amour, YOSaNO akikoexploite la forme traditionnelle du tanka (poèmesans rimes, de 31 syllabes sur cinq lignes) afind'affirmer une nouvelle idée de la féminité. Loinde la norme sociale acceptée, les femmes repré-sentées dans ce livre sont fortes, autoritaires ets e x u e l l e m e n tlibres. Une pos-ture qui passaitmal à l’époque.

23 Paru en 1929, ce roman consacreKObaYaShI Takiji comme l’écri-vain de la classe ouvrière. Né en

1903 dans une famille pauvre du nord du Japon,il ambitionne de devenir banquier avant de décou-vrir la vie misérable des ouvriers. avec Le Bateau-usine, il aborde ce sujet, en plongeant le lecteur dansces navires où l’on pêche et on met en boîte le crabe– produit de luxe – dans des conditions inhumainesqui conduisent les hommes à se révolter. Ce chef-d’œuvre de la littérature prolétarienne conduirason auteur à la mort. Il connaîtra un nouveau succèsdans les années 2000 au moment où la société japo-naise se précarise.Les jeunes y cher-chent desréponses à la crise.

24 Dans cette œuvre exception-nelle, KaMIMURa Kazuo, l’undes très grands mangaka,

cherche à savoir si les hommes sont prédestinéscomme cela semble être le cas de Yukie son héroïne.Celle qui croyait être la fille d’une fille mère et d’unpuissant propriétaire est en fait orpheline d’unemère qui l’a abandonnée et d’un père violent. Tou-jours en quête de l’amour absolu, elle ne le trouverapas. Ce magnifique récit dessiné avec soin illustreles rapports com-pliqués entre leshommes et lesfemmes au Japon.

25 Rédigée en 1927, cette nouvellen’a été publiée qu’en 1934, à titreposthume, un an après le décès de

l’écrivain. Elle est pourtant l’un des textes les plusétudiés par les enfants japonais car elle met en évi-dence un élément constitutif de l’âme japonaise :le sacrifice pour autrui. MIYazawa Kenji, né dansla préfecture d’Iwate dans le nord-est, a souventabordé ce sujetdans ses écrits.Cela lui vautd’être l’objet d’unvéritable culte.

26 alors que le Japon est en train devivre les derniers instants de sabulle financière avant qu’elle

n’éclate, la romancière se lance dans un récit quimontre les dégâts liés à l’usage intempestif d’unecarte de crédit. Ce texte permet de saisir à quel pointle pays a été atteint par cette maladie qu’est laconsommation à outrance. Et même si le Japon nevit plus aujourd’hui au-dessus de ses moyens, onsent très bien quecertains pour-raient bien faireune rechute.

27 C’est l’histoire d'une improba-ble rencontre entre une femmede ménage accompagnée de

son fils et un ancien professeur de mathématiquesà la mémoire défaillante. Elle est révélatrice dutalent fou d’Ogawa Yôko, l’un des grands nomsdu roman contemporain. au-delà de ce scénariooriginal, elle nous propose un subtil roman surl'héritage et la filiation, un récit à travers lequeltrois générations se retrouvent sous le signe d'unemémoire égarée. Elle pose aussi la question duvieillissementdans un pays oùun quart de lapopulation aplus de 65 ans.

28 Les livres sur la guerre du Paci-fique, sur les exactions commisespar l’armée impériale sont nom-

breux. Ils relatent la plupart du temps le point devue des vainqueurs et ne permettent pas de com-prendre l’état d’esprit qui pouvait régner au Japonà cette époque. Michael Lucken comble avec brioce vide avec un essai documenté grâce auquel denombreuses questions trouvent enfin des réponses.S’il ne fallait lire qu’un seul ouvrage sur cettepériode chaotique, ce serait celui-là, car il offreune vision du conflit bien différente des autresouvrages souvent manichéens dans leur approche.Une référenceabsolue à lire etrelire.

KAMIMURA KazuoLe Fleuve ShinanoTrad. Jacques LallozAsuka, 2008

MIYAZAWA KenjiTrain de nuit dans la voielactéeTrad. Hélène MoritaMotifs, 2000

MIYABE MiyukiUne Carte pour l’enferTrad. C. Tanaka & A. Fieschi, Picquier, 2001

OGAWA YôkoLa formule pre?fe?re?e du professeur Trad. R.-M. Makino-Fayolle, Actes Sud, 2008

YOSANO AkikoCheveux emmêlésTrad. Claire DodaneBelles lettres , 2010

KOBAYASHI TakijiLe Bateau-usineTrad. E. Lesigne-AudolyAllia, 2015

Michael LuckenLes Japonais et la guerreFayard, 2013

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29 Impressionné par la littératurefantastique et policière d’EdgarAllan Poe, HIRAI tarô a décidé

de devenir écrivain et de choisir un pseudonymeforgé à partir du nom de son auteur préféré : EdO-gAwA Ranpo. Ce roman longtemps resté inédit enFrance est justement un très bel hommage du maîtredes “mauvais genres” nippon à son inspirateuranglais. On y trouve à la fois une énigme en chambreclose, du suspense et de l’anticipation. Il est considérécomme le chef-d’œuvre de cet auteur qui fut pen-dant longtemps l’écrivain le plus riche du Japon,tant ses romansplaisaient et sevendaient commedes petits pains.

30 Avant de devenir le politicienconservateur honni par une par-tie de la jeunesse actuelle, ISHI-

HARA Shintarô a été un écrivain adulé par les plusjeunes. Ce roman, qui lui a valu de recevoir le pres-tigieux prix Akutagawa en 1955, a été à l’origined’un véritable phénomène de société. Il décrivaitalors une jeunesse insouciante qui ne pensait qu’àse balader sur les plages d’Enoshima. La “tribu dusoleil” (taiyôzoku) comme on l’a surnommée a bienvécu. Comme leromancier, elle avieilli et oublié leplaisir de vivre.

31 La nourriture occupe une placeimportante dans la vie des Japonaisqui apprécient la bonne chère. Avec

ce roman, OgAwA Ito évoque la cuisine comme unélément susceptible de bouleverser des vies. Elle ad’abord chamboulé celle de son héroïne qui, aprèsune rupture amoureuse, retourne chez sa mère, loinde la capitale. Elle ouvre alors un restaurant grâceauquel elle va dis-tribuer du bon-heur. une œuvreréjouissante auplus haut point.

32 Plus de 25 ans après son décès,MAtSuMOtO Seichô reste undes écrivains les plus populaires

de l’archipel. La plupart de ses œuvres ont été adap-tées au cinéma ou à la télévision, et de nombreuxmagazines lui consacrent encore des dossiers spé-ciaux. Ce roman, paru en 1957 sous forme de feuil-leton dans la revue de voyages Tabi lui a permis des’imposer comme l’un des maîtres de la littératurepolicière, succédant ainsi à EdOgAwA Ranpo. Avecses intrigues autourdes trains, il acontribué à popu-lariser le genre.

33 Pendant très longtemps, la japo-nologie française s’est cantonnéedans l’étude du Japon ancien. Il

était très difficile de trouver des ouvrages franco-phones sur la période contemporaine. Heureuse-ment, une nouvelle génération de chercheurs etd’universitaires est apparue avec la volonté d’explorerce Japon nouveau issu de la capitulation d’août1945. Publié en 2007, cet ouvrage est le fruit de cetravail. Il contribue à offrir de nombreuses pistesde réflexion et surtout il ne néglige aucun aspect duJapon contemporain. du cinéma à la politique, enpassant par lachanson, le filonest très riche.

34 Si EdOgAwA Ranpo fut le pion-nier de la littérature policière auJapon et MAtSuMOtO Seichô

son digne successeur, on peut dire que HIgASHInO

Keigo, né en 1958 l’année où MAtSuMOtO s’im-posait avec Tokyo Express, assure désormais la relèveavec brio. Plus ancrées dans la société contempo-raine, ses histoires interpellent les lecteurs par la jus-tesse de l’analyse qu’il porte sur ses contemporains.dans ce roman où intervient l’un de ses personnagesfétiches, le physicien YuKAwA Manabu toujoursprompt à prêter main-forte à la police pour résoudredes enquêtes difficiles, l’écrivain s’interroge sur lesmotifs qui peuvent amener à conduire u n hommeà se sacrifier par amour. Comme d’autres de sesœuvres, ce livre afait l’objet d’uneadaptation aucinéma et à la télé.

35 Formidable succès de librairie enFrance, le premier livre de FlorentChavouet est une belle leçon de

choses sur le Japon. Ce qui le caractérise, c’est lafraîcheur de son regard sur le pays du Soleil-levantet surtout son approche pleine d’innocence à l’égardde ce pays et de sa société. A la différence de nom-breux gaijin (étrangers), il n’a pas choisi d’emprunterla voie de la facilité, en balaçant à la tête des lecteursles clichés et les stéréotypes sur le Japon. Il a sim-plement choisi de rapporter des scènes de la vie quo-tidienne, des images de quartiers traversés au fil deses promenades dans la capitale. Le résultat est toutsimplement bluffant. Outre la qualité de son traitet l’humour qui s’en dégage, le dessinateur a réussià brosser un portrait saisissant de vérité et de sim-plicité qui vauttous les grands dis-cours sur ce pays.

iSHiHaRa ShintarôLa Saison du soleilTrad. Kuni Matsuo Julliard, 1958

ogawa itoLe Restaurant de l’amourretrouvéTrad. Myriam dartois-akoPicquier, 2013

MaTSuMoTo SeichôTokyo ExpressTrad. Rose-Marie FayollePicquier, 1994

Jean-Marie BouissouLe Japon contemporainFayard, 2007

HigaSHino KeigoLe Dévouement du suspect XTrad. Sophie Rèfleactes Sud, 2011

Florent ChavouetTokyo sanpoPicquier, 2009

Edogawa RanpoLe Démon de l’île solitaireTrad. Miyako Slocombewombat, 2015

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36 Si l’on pense que tezuKa osamus’adressait surtout aux enfants,c’est une erreur. Le père du manga

moderne voulait aussi un public plus âgé. Ayako enest une des plus belles illustrations. Paru entre 1972et 1973, ce récit porte notamment sur la périodede l’immédiat après-guerre au cours de laquelle lasociété japonaise a profondément été bouleversée.ici, le mangaka s’intéresse notamment à la réformeagraire de 1947dont les effets sontencore visibles denos jours.

37 Les Japonais font de moins enmoins l’amour. C’est ce qui ressortd’une étude très sérieuse publiée

début 2015 par l’association de planning familial.en cause, les difficultés à rencontrer l’âme sœur.C’est ce que sous-tend le roman de KawaKaMi

hiromi dont l’héroïne tsukiko, trentenaire épa-nouie dans son travail, ne parvient pas à nouer derapports avec des hommes de son âge. Sa seule rela-tion, platonique,un ancien prof delycée dont elle sesent complice.

38 Grâce à ce roman publié sousforme de feuilleton de 1905 à1906 dans la revue littéraire Hoto-

togisu (Le Coucou), SôSeKi natsume a trouvé uneexcellente façon de porter un regard critique sur lasociété japonaise alors en pleine mutation aprèsl’ouverture à l’occident. en choisissant de faireintervenir un chat qui a élu domicile chez un pro-fesseur d’anglais, l’écrivain exprime des réserves vis-à-vis de l’emballement de ses concitoyens pour toutecette nouveautéqu’ils accueillentsans prendre assezde recul.

39 Parmi la jeune génération desmangaka, aSano inio est assuré-ment l’un des plus grands. Son

imagination, son trait et les sujets traités en font unauteur majeur de ces dernières années. Dans cettehistoire, il s’intéresse à cette jeunesse qui vit d’ex-pédients, mais qui conserve des rêves d’avenir malgréles difficultés. toutefois, comme rien n’est faciledans l’univers de cet auteur, l’un des personnagesprincipaux meurt. Sa petite amie reprend alors leflambeau et va mener à son terme l’ambition de cemusicien qui, avant de mourir, a composé La chan-son. un mangapuissant sur ceJapon où toutn’est pas perdu.

40 Ce qui frappe le lecteur dansPays de neige, c’est la qualitéd’écriture de KawaBata

Yasunari, prix nobel de littérature 1968. Malgrél’absence d’action, on ne se lasse jamais de le repren-dre comme on apprécie chaque année de vivre lachute des premières neiges. L’écrivain avait ses habi-tudes dans la station thermale d’echigo Yuzawa,dans la préfecture de niigata, où il a composé ceroman entre 1934 et 1937. Cette connaissance dulieu l’a amené à rédiger de magnifiques passages surles paysages, l’artisanat et les villages sous la neigeomniprésente. une belle façon de découvrir le“Japon de l’envers”comme on ledésigne dans l’ar-chipel.

41 Le regard que le mangaka pose surson pays en 1972 est plus que cri-tique. après l’échec de la contes-

tation étudiante et des mouvements de gauche àimposer un autre modèle, le Japon s’engage sur lavoie qui l’amènera à imposer ses produits dans lemonde entier. Peu satisfait de cette perspective,uMezu Kazuo imagine une histoire terrible. uneécole est transportée dans un futur où tout estdévasté et où les élèves vont mourir faute de nour-riture. L’auteur entendainsi démontrer que leJapon tel qu’il s’est recons-truit ne propose en défi-nitive que peu d'espoir.

43 ouvrage quasi introuvableaujourd’hui, il est un bon exem-ple du talent de dessinateur

d’iShinoMori Shôtarô, mais il est surtout un témoi-gnage précieux de la façon dont le Japon percevaitsa puissance économique dans les années 1980. al’époque, tout réussissait au pays du Soleil-levantet à travers le monde, on se demandait quels étaientles secrets de cette insolente réussite. Les réponsesse trouvent dans ce livre d’économie pas commeles autres qui faisait aussi la démonstration que lemanga pouvaitservir à illustrerdes sujets parfoistrès sérieux.

42 Le deuil est au cœur de cettenouvelle qui a consacré en 1988cet écrivain. Comment sur-

monter la mort d’un être proche, en l’occurrencesa grand-mère, dernier maillon d’une famille écla-tée ? C’est la question qu’aborde YoShiMoto

Banana qui a dû se poser cette question en 2012lorsque son pèretakaaki, célèbrepoète et philo-sophe, est décédé.

44 il y a un peu plus de 20 ans,Muriel Jolivet publiait Un Paysen mal d’enfants (La Décou-

verte) dans lequel elle mettait le doigt sur la déna-talité au Japon. KaKuta Mitsuyo n’aborde pasdirectement le sujet, mais la romancière s’interrogesur le désir d’enfant inassouvi qui peut conduireune jeune femme, Kiwako, à enlever une enfant età tenter de construire une relation avec elle malgréla nécessité de devoir fuir en permanence. Plein desuspense et de réflexion sur la société actuelle, celivre a connu unimmense succès auJapon et a étéadapté au cinéma.

45 C’est pour publier cette histoirefleuve qu’a été fondé en 1964 lemensuel Garo qui deviendra l’un

des magazines de référence dans l’univers du manga.Shirato Sanpei avait l’ambition d’intéresser lesplus jeunes à l’injustice sociale, en leur offrant tousles mois une saga documentée et dessinée avec soin.Las, les enfants n’ont pas accroché, mais les étudiantsqui étaient alors en pleine contestation l’ont plé-biscité, trouvant dans ce récit de nombreux élémentsen écho avec le Japon. a le relire aujourd’hui, ons’aperçoit que laplupart des thèmesabordés restentd’actualité.

TEZUKA OsamuAyakoTrad. Jacques LallozDelcourt, 2004

KAWAKAMI HiromiLes Années doucesTrad. E?lisabeth SuetsuguPicquier, 2005

NATSUME SôsekiJe suis un chatTrad. Jean CholleyGallimard, 1986

ASANO InioSolaninTrad. Thibaud DesbiefKana, 2008

KAWABATA YasunariPays de neigeTrad. Bunkichi FujimoriAlbin Michel, 1971

UMEZU KazuoL’école emportéeTrad. A. PrezmanGlénat, 2004

YOSHIMOTO BananaKitchenTrad. D.Palme?& K. Sato?Gallimard, 1996

ISHINOMORI ShôtarôLes Secrets de l'économiejaponaise en bande dessinéeAlbin Michel, 1989

KAKUTA MitsuyoLa Cigale du huitième jourTrad. Isabelle SakaïActes Sud, 2015

SHIRATO SanpeiKamui-denTrad. Frédéric Malet Kana, 2010

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mai 2015 numéro 50 ZOOM JAPON 13

ZOOM DOSSIER

L’avenir du livre passe peut-être par ces tablettes.

46 Dans les campagnes japonaises,on est superstitieux et on croitaux fantômes. MIzukI Shigeru

nous raconte son enfance et les histoires qu’on luiracontait et qui ont à tout jamais pénétré son âme.Premier manga distingué par le Grand prix de labande dessinée au festival d’Angoulême, NonNonbâa amené de nombreux lecteurs français jusque-làpeu enclins à liredes mangas, à s’yintéresser et à lesapprécier.

48 Amoureux de la langue japo-naise, INoue Hisashi était unécrivain hors pair. Il a composé

des œuvres qui demeurent parmi les plus intelli-gentes de la littérature japonaise contemporaine.Mais ce n’est pas simplement sa maîtrise de la langueet des jeux de mots qui rendent cet écrivain indis-pensable à lire. Dans bon nombre de ses romans oude ses pièces de théâtre, il s’est intéressé à la sociétéqui l’entourait et aux hommes qui la composaient,brossant des portraits sans concession de l’une etdes autres. Malheureusement, il a été trop peu tra-duit en raison des difficultés à rendre en langueétrangère les nuances qu’il apportait dans la rédac-tion de ses œuvres. on ne peut donc que se féliciterd’avoir la traduction des 7 roses de Tokyo. Il fautsurtout féliciter le traducteur, Jacques Lalloz, qui aaccompli une prouesse – et ce n’est pas un vainmot – en nous offrant une version française impec-cable de ce roman dans lequel justement l’un despersonnages se bat pour préserver la langue japonaiseface aux assauts de l’anglais dans les mois qui ontsuivi la fin de la Seconde Guerre mondiale. Restemaintenant às’atteler à la tra-duction d’autresde ses romans.

47 Publié initialement sous la formed’un reportage dans le mook (uneinvention nippone) XXI, Les

Evaporés du Japon est devenu un ouvrage grâceauquel on en apprend plus sur ce phénomèneincroyable des disparitions volontaires. Chaqueannée, on en recense entre 80 000 et 100 000, selonla police. C’est même devenu une véritable industrieavec des sociétés spécialisées qui aident des individusou des familles à s’évanouir dans la nature afind’échapper à l’enfer de l’endettement ou à la menacedes yakuza à quil’on doit de l’ar-gent.

50 Couronné en 2010 par le prixNaoki, l’une des grandes récom-penses littéraires japonaises, ce

roman évoque une période du Japon méconnueen France, l’entre-deux-guerres. Par le biais dutémoignage d’une jeune domestique au service d’unefamille bourgeoise de la capitale, on perçoit la façondont les Japonais ont vécu la montée du militarismeà un moment oùcertains d’entreeux aspiraient àplus de liberté.

49 Les éditions Chandeigne propo-sent depuis plusieurs années lestextes écrits par les premiers

voyageurs qui ont parcouru le Japon au XVIe siècle.De Luís Fróis à François Caron, elles nous ont offertde beaux récits. Ce recueil contient les premierstémoignages sur l’archipel depuis la mythiqueCipango de Marco Polo jusqu’aux premières annéesde sa découverte. La parole n’est pas seulement celledes religieux, mais celle de marchands et de marinsdont les motiva-tions étaient diffé-rentes.

mIzukI ShigeruNonNonBâTrad. P. Honnoré & Y. maeda, Cornélius, 2006

L. mauger & S. RemaelLes Evaporés du JaponLes arènes, 2014

Xavier de CastroLa Découverte du JaponChandeigne, 2013

nakaJIma kyôkoLa Maison au toit rougeTrad. Sophie RèfleSeuil, 2015

Inoue HisashiLes 7 roses de TokyoTrad. Jacques LallozPicquier, 2011

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14 ZOOM JAPON numéro 50 mai 2015

ZOOM CULTURE

H umeur par KogA ritsuko

Je rêvais de faire partie de ces femmes fran-çaises qui, selon les magazines japonais, ontchacune leur valeur et qui ne se comparent pasavec les autres. C'est vrai, celles que je connaisne se laissent pas facilement influencer par lesmodes passagères. Beaucoup d'entre elles s'entiennent bravement au style qui leur fait se sen-tir bien dans leur peau, ce qui n'est pas le casau Japon où la plupart évitent d'être différentesdes autres.si on parle de la forme physique, le poids estla préoccupation quotidienne principale demes compatriotes jusqu'à un certain âge. AuJapon, les filles faisant 1,58m comme moivisent 42 - 43 kilos, ce qui m'est simplementimpossible. en réalité, ce n'est pas la forme,mais c'est le chiffre sur la balance qui leurimporte avant tout. selon cecritère nippon, lorsqu'ondépasse 50 kilos, on estgrosse et c'est la honte. il ya 10 ans quand je pesais 47kilos, mes amis françaism'ont trouvée très fine alorsque je faisais relativementronde au Japon. Le temps estpassé, hélas, ayant largement dépassé les 50kilos, je me trouve aujourd'hui plus grosse quela plupart des femmes. Pourtant je mange trèspeu de pain, de fromage et de patates. il suffitde respirer pour grossir dans ce pays ! Jeregrette d'avoir été trop imprudente à causede la taille moyenne à la française qui est trèshumaine, et du fait que certaines n'hésitent àse montrer en maillot de bain en été malgréleurs rondeurs .Comme je ne me sens pas bien dans ma peauactuelle, j'ai cherché des régimes efficaces surinternet. J’avertis mes lectrices que “le régimejaponais”, dont je n'avais jamais entendu parlerau Japon, à savoir mincir en mangeant du rizet en utilisant des baguettes, n'a aucun sens.Car j'ai grossi en le suivant. Je pense qu’il fautlui préférer “le régime artichaut”. tout ça pourdire que je partage le même souci que lescitoyens français ! Ça se fête ?

50, un chiffre qui fait son poids

Histoire Le chaînonmanquantThierry Groensteen avait ouvert la

voie en 1991 avec L’Univers du manga

publié chez Casterman. Cet ouvrage

reste une référence même si d’autres

comme Karyn Poupée avec son Histoire

du manga (Tallandier, 2010) ou Jean-

Marie Bouissou avec Manga, histoire et

univers de la bande dessinée japonaise

(Editions Philippe Picquier, 2010) ont

tenté avec plus ou moins de réussite

de nous en mettre plein la vue avec

une érudition mangaesque parfois peu

crédible. Seul Dico Manga, dictionnaire

encyclopédique de la bande dessinée

japonaise sous la direction de Nicolas

Finet et Stéphane Ferrand (Fleurus,

2008) pouvait rivaliser avec l’œuvre de

Thierry

Groensteen.

Désormais, il

en existe un

autre.

Histoire(s) du

manga de

Matthieu

Pinon et

Laurent

Lefebvre apporte non seulement son

lot d’informations sur le manga dans

l’archipel (et en France), mais il le

remet surtout dans le contexte

historique du pays. Cela permet de

saisir la place de ce mode d’expression.

Richement illustré, ingénieusement

mis en page, ce livre témoigne de la

passion des deux auteurs. Fruit d’une

belle aventure éditoriale, il mérite bien

tous ces éloges.

Histoire(s) du manga moderne de matthieu

Pinon et Laurent Lefebvre, éd. Ynnis,

29,99 €.

DvD Chef-d’œuvre à voirPrès de 30 ans après sa sortie en salles

et près de 15 ans après sa première

édition DVD, Les Ailes d’Honnêamise est

de retour grâce à

l’éditeur @Anime

qui en propose

une nouvelle

mouture en DVD

et surtout une

édition combo

Blu-Ray. Ceux qui

n’ont pas déjà eu

la chance de voir

le chef-d’œuvre

du studio Gainax peuvent donc

découvrir le destin de Shiro. Ce brillant

pilote de la Royal Space Force va

s’engager dans un combat contre

l’armée afin d’éviter la guerre. A voir.

Les Ailes d’Honnêamise, de YAmAgA Hiroyuki,

@Anime, 19,99 € (DVD), 25,99€ (édition

collector combo).

événement Ôe à LyonDans le cadre des 9e Assises

Internationales du Roman qui se

déroulent du

lundi 25 au

dimanche 31

mai 2015 aux

Subsistances

et dont Zoom Japon est partenaire, ÔE

Kenzaburô interviendra le 25 mai lors

d’un dialogue avec la journaliste

Raphaëlle Rérolle du quotidien Le

Monde. Une présence rare du prix Nobel

de littérature 1994 qu’il convient de ne

pas manquer si l’on trouve dans cette

région.

8 bis quai St Vincent, 69001 Lyon - 6€

durée 90 mn / traduction simultanée

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16 zooM Japon numéro 50 mai 2015

zooM cuLTuRe

o n ne le dira sans doute jamais assez,mais les événements tragiques qui ontendeuillé le Japon le 11 mars 2011

constituent un tournant dans l’histoire du pays,mais aussi et surtout dans la vie de centaines demilliers de personnes. Il y a bien sûr les milliers devictimes et leurs familles à jamais marquées par leterrible séisme. C’est sans compter tous ceux quiont été touchés au plus profond de leur âme parcette vague destructrice et meurtrière qui a toutemporté sur son passage en ce début d’après-midide mars 2011. Je reviendrai vous voir (Ai ni ikuyo)s’intéresse justement à ceux-là par le biais del’histoire vraie de Nobumi, auteur à succès delivres pour la jeunesse. Comme beaucoup de Ja-ponais, les images de destruction l’ont beaucouptouché et conduit à se mobiliser pour apporterun peu de réconfort aux survivants. Mais son ini-tiative consistant à offrir des livres s’est rapidementheurtée à un mur d’incompréhension. Face à cette réaction inattendue, le jeune auteurdécide de se rendre sur place pour prendre lamesure du désastre. “Je veux regarder ces enfantsdans les yeux ! Je veux voir ce qu’il se passe parmoi-même !”, annonce-t-il à son épouse. Et cequ’il va découvrir dépasse l’entendement. Ens’emparant de ce récit, Morikawa George et lesnombreux autres mangaka, qui ont participé à lacréation de cette œuvre unique, ont réussi àtranscrire par le dessin l’émotion, mais aussi cespectacle de désolation que le héros voit apparaître

lorsqu’il se précipite vers la zone de destruction.Au départ, c’est presque un jeu pour lui. Il courtcomme un enfant curieux. Ce qu’il découvre esttout simplement inimaginable. Cette scène décritesur une double page est parfaitement rendue.Seul, face à cet enchevêtrement de maisonsbroyées, de véhicules compressés ou de bateauxarrachés à la mer, il prend conscience de l’étenduedu drame. Même si on ne voit pas son visage, ondevine son émotion. L’histoire bascule. On comprend alors pour lesJaponais ce n’est pas tant les destructions matériellesqui les frappent que l’altération du paysage. “Moiaussi, c’est la première fois que je vois ce paysage demes propres yeux. Je ne trouve aucun mot”, dit soncompagnon de voyage tandis que Nobumi prisdans ses pensées se répète : “J’imaginais, j’essayais

Toute comme l’histoire qu’il rapporte,Je reviendrai vous voir offre une belle leçonde vie. Assurément le manga du mois.

MANGA L’humanité et rien d’autre

d’imaginer… Et pourtant… ”. En ce sens, Je re-viendrai vous voir parvient parfaitement à mettrele lecteur dans la peau de ce Tokyoïte un peunaïf et plein de bons sentiments. Le mangal’amène aussi à devenir acteur de cette aventureà la fois terrible, mais aussi terriblement touchante.Nobumi découvre l’humanité. Il comprend quede simples gestes valent bien plus qu’un envoibien attentionné de livres. On pleure avec luiquand ces vieillards ou ce pêcheur exprimentleur gratitude pour avoir reçu un repas chaud.On s’émeut de l’histoire de ces enfants qui ontpu échapper à la mort et on sourit de voir l’auteurpouvoir enfin lire des livres. Une belle leçon devie et d’espoir dont on ne peut que recommandervivement la lecture.

ODAIRA NAMIHEI

RéféRenceSJe reviendrai vous voir de MoRikawa George d’aprèsl’œuvre de nobuMi, trad. de Yano Tetsuya,éd. akata, 6,95 €.

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RESTAURANT JAPONAIS

Ouverts tous les jours de 11h30 à 22h30 M

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Palais RoyalMusée du Louvre

Palais RoyalMusée du Louvre

PyramidesPyramides

MQuatre-SeptembreQuatre-Septembre

MOpéraOpéra

rue

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av. de l’Opéra

rue de Rivoli

rue St.-Honoré

bd. des Italiens

rue

Ste.

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rue des Petites-Champs

27, Bd des Italiens 2e ParisTél. 01 40 07 11 81

Bd des Italiens

32 bis, rue Sainte Anne 1er ParisTél. 01 47 03 38 59

Sainte Anne

163, rue Saint-Honoré 1er ParisTél. 01 58 62 49 22

Saint-Honoré

mai 2015 numéro 50 zoom jApon 17

zoom cuLTuRe

n ous qui vivons loin de l’Extrême-Orient,dans un pays où les médias s’intéressentpeu à cette partie du monde sauf quand

une catastrophe s’y produit, nous n’avons guèreidée des bouleversements géopolitiques qui s’yproduisent et qui auront inéluctablement desconséquences sur notre environnement. Maisle jour où ces effets se feront sentir, il sera peut-être trop tard pour y réagir. Le principal phé-nomène est la montée en puissance de la Chine.Il ne s’agit pas simplement de son imposanteréussite économique grâce à laquelle elle s’esthissée au second rang mondial, détrônant aupassage le Japon. Il s’agit surtout de son désir(légitime ?) de définir un nouvel ordre interna-tional où elle occuperait la place de leader. Larécente création de la Banque asiatique d’inves-tissement pour les infrastructures (AIIB dansson acronyme anglais) initiée par Pékin est l’il-lustration de cette volonté de s’imposer en Asieen lieu et place d’institutions déjà existantes,mais dominées par les pays industrialisés commela Banque mondiale sise à Washington et dirigéepar un Américain ou encore la Banque asiatiquede développement certes implantée à Manille,mais présidée par un Japonais. Il n’est d’ailleurspas étonnant que les Etats-Unis et le Japonaient multiplié les mises en garde contre l’AIIBet finalement décidé de ne pas participer à safondation.En France, les médias ont été peu diserts surcette initiative chinoise comme ils l’ont été plus

généralement sur la situation en Asie orientaleces derniers mois. Pourtant la situation est loind’être apaisée. Désireuse d’étendre son influence,la Chine a renforcé sa présence militaire notam-ment dans des zones où les différends territoriauxsont nombreux en mer de Chine méridionale eten mer de Chine orientale. La situation est telle-ment tendue qu’un haut diplomate occidentalen poste à Taïwan expliquait à la fin de l’annéedernière que “cette région ressemble à la situationde l’Europe en juillet 1914, à la veille de la PremièreGuerre mondiale”.Vu d’Europe où l’on se préoccupe plus del’Ukraine, cette affirmation peut sembler exagérée,mais elle ne l’est pas. Chaque jour, la presse localerapporte des incidents qui illustrent à quel point

les choses sont tendues. Le même diplomateajoutait : “il suffirait d’un rien pour qu’un petitaccrochage ne se transforme en crise majeure”.C’est ce que Claude Leblanc a imaginé dans sonroman L’Engrenage qui vient de paraître auxéditions Komikku. Plutôt que d’écrire un essaisur ce sujet très sérieux, le fondateur de ZoomJapon, qui s’occupe aujourd’hui des affaires asia-tiques au quotidien L’Opinion, a préféré l’abordersous forme d’une fiction écrite à partir de faits etde personnages réels.En dehors de l’incident de départ et la conclusion,tous les élements de l’histoire sont vrais et véri-fiables. Pour rendre le récit encore plus riche,l’éditeur a eu l’excellente idée d’y inclure quelquesfacsimilés grâce auxquels la dimension docu-mentaire est renforcée sans pour autant nuireau bon déroulement du récit. L’auteur met enévidence l’opposition entre la Chine et le Japon.Les deux rivaux ont des ambitions régionalesqui les amènent à se livrer à une course biendangereuse. Le troisième acteur de cette histoire,en quelque sorte l’arbitre de la compétition sino-japonaise, s’appelle Barack Obama. Lui quivoulait faire de l’Asie le pivot de sa politiqueétrangère se retrouve en définitive entraîné dansun jeu trouble d’influence dont Caroline Kennedy,ambassadrice des Etats-Unis au Japon et prota-goniste importante du roman, disait, il y a unesemaine sur CBS, qu’il fallait enfin en prendreconscience en Occident. Tout l’intérêt de L’Engrenage est donc de nousalerter sur les enjeux et les transformations quis’opèrent en Asie. Dans un style alerte et vivant,il donne de nombreuses clés pour comprendrece qui se passe dans la tête des dirigeants destrois principales puissances de la planète. Un jolitour de force que nous devions saluer comme ilse doit. A se procurer d’urgence.

LAURENT BERGER

Avec L’Engrenage, Claude Leblanc nousinitie aux bouleversements géopolitiquesen cours en Asie orientale.

POLITIQUE FICTION Au plus près de la réalité

RéféRencesL’engrenage, à l’aube de la Troisième Guerremondiale de claude Leblanc, éd. Komikku, 16€.

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18 ZOOM JAPON numéro 50 mai 2015

ZOOM CULTURE

A vouons-le, les premières et louables ten-tatives des années 2006-2008 des éditionsPika (avec Dreamland de Reno Lemaire

en tête) et du magazine Shogun des humanoïdesAssociés n'ont guère porté leurs fruits, même sil'exception Dreamland, soutenue par ses lecteurset un auteur très investi, est aujourd'hui un indé-niable succès. Boris Vald, l'auteur de Catacombespublié chez Pika depuis 2008, a fait partie de ces"pionniers". Bien que la série ait rencontré sonpublic, il sort épuisé de l'aventure et met un termeà la série avec le quatrième tome (sur six initialementprévus) qui sortira cet l'été. A qui la faute ? Christel hoolans, responsable éditorial chez kana,confirme que le lancement, l'année dernière, deSave Me Pythie de la talentueuse Elsa Brants estun pari. il est encore trop tôt pour dresser unpremier bilan des ventes, mais elle remarque queles attentes des lecteurs ont changé et que lenombre de projets "manga" de qualité est plusnombreux chaque année. il n'est pas impossibleque certains d'entre eux voient bientôt le jourchez kana…Les éditions Ankama, qui s'appuient sur la mannefinancière du jeu Dofus et de ses nombreuses dé-clinaisons papier, ont lancé plusieurs séries àsuccès comme City Hall ou Radiant avec, auxcommandes, des auteurs ayant déjà fait leurspreuves dans des formats d'albums classiques de48 pages couleurs mais qui s'y sentaient à l'étroit.Ankama est satisfait de la réception de ces titres(Radiant de Tony Valente, qui n'a graphiquementrien à envier aux créations nippones, marche d'ail-leurs de mieux en mieux), mais l’éditeur ne comptepour le moment pas publier plus d'une nouveautépar an. il est aussi assez encourageant de constater

que, chez Ankama en tout cas, les titres "hexago-naux" se vendent pour la plupart mieux que ceuxachetées au Japon. serions-nous à un tournant ?si l'équilibre financier est plus difficile à trouverpour une série française (qui coûte plus cher àproduire qu'une licence japonaise), il se murmurenéanmoins que de “gros” éditeurs, pourtant encoreassez réticents il y a peu, pourraient se lancerbientôt dans l'aventure. Parions qu'ils n'aurontpas à le regretter.

Save me Pythie, un manga modernePour avoir refusé les avances d'Apollon, l'accortePythie est punie par le dieu et est condamnée àprédire les pires catastrophes sans jamais pouvoirles empêcher… Save Me Pythie est sans conteste

LA bonne surprise de l'année dernière. Qu'elles'inscrive dans la veine manfra (manga français)est la cerise sur le gâteau. Dynamique, drôle etsans cesse surprenante, la série marie avec brio unhumour saugrenu très nippon (grosse influenceassumée de Rumiko "Lamu" TAkAhAshi) et lespersonnages bien connus (ou pas) de la mythologiegrecque. Mais Elsa Brants ne se contente pas d'unesimple relecture du mythe, elle incorpore avecbonheur à son histoire des éléments contemporainssouvent inattendus et toujours réjouissants –avecune mention spéciale au concours de talents "À larecherche de l'antique star". Les références franco-belges d'Elsa sont, sanssurprise, à trouver du côté de la Rubrique-à-Bracde Gotlib ou de Fred (Philémon) et F'murr (Le

Le paysage du manfra, le manga français, abien changé depuis une dizaine d'années. Il commence à trouver sa place en librairie.

EDITION Oyez oyez, le manfra sort du bois

Avec Save my Pithye publié chez Kana, Elsa Brants

a réussi à imposer un manga made in France.

Radiant de Tony Valente n’a rien à envier aux

meilleures créations nippones.

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s

ZOOM CULTURE

génie des alpages). Zeus, qui accompagne incognitoles héros de l'histoire sous la forme d'un… pouletest une bonne illustration de cet humour décalé. Elsa Brants est une des dignes représentantes decette nouvelle vague d'auteurs qui renouvellent etréveillent le monde parfois ronronnant de la BDfranco-belge. Elle dessine douze heures par jour,sept jours sur sept et le résultat est à la hauteur dutravail engagé. Aujourd'hui, après des débuts clas-siques dans le monde de l'édition (coloriste, albumpour enfants), elle n'imagine plus faire autre choseque du manga. Que les dieux l'entendent !

Save Me Pythie, Elsa Brants, Kana. 2 tomes. 7,45€le volume.

Head-Trick, un coup de boule dans lafourmilièreAvec un univers graphique très abouti, une narrationd'une fluidité exemplaire et un humour décapant,cet enfant caché de Captain Tsubasa et Kimengumiadopte les codes du shônen traditionnel avec, à labaguette, des auteurs ayant tout compris de sonfonctionnement. En 2003, les frères Émeric et Damien Chazal (letandem E et D), deux inconscients biberonnés aumanga, contactent la maison d'édition Shûeishapour leur proposer un manga made in France.D'abord surpris par la démarche culottée des deuxscénaristes (alliés pour l'occasion au dessinateurMika), puis séduit par la qualité du projet Oméga24, un responsable éditorial accepte de travailleravec eux à la réalisation d'un pilote pour le magazineMonthly Shônen Jump. Après un an de travail et90 pages produites, le trio se rend au Japon en2005 pour apprendre que la BD ne pourra pasvoir le jour, car l'arrêt du mensuel vient d'êtredécidé. Ce coup du sort ne décourage pas nosFrançais qui vont frapper aux portes d'autresmaisons d'éditions nippones. Si ces rendez-vousne débouchent pas sur un contrat, il leur faitmieux comprendre les méthodes quasi-industriellesdes éditeurs japonais: les études de marché auprès

des jeunes lecteurs dignes d'Hollywood ou le peude marge de manœuvre artistique des auteurs.Damien/D se souvient d'avoir assisté, dans les bu-reaux de Kôdansha, à une réunion entre le stafféditorial et une dessinatrice de shôjo. “Quand ellea présenté le storyboard de son prochain chapitre,son héroïne giflait un garçon. A la fin du meeting,elle l'embrassait !”, raconte-t-il. Peu enclin aux compromis, l'équipe décline l'offred'éditer Oméga 24 chez Pika, pourtant très en-thousiaste. “Au Japon, il fallait raconter l'histoired'un Japonais normal et, ici, celle d'un petit Français.On en a eu marre”. D garde malgré tout un bonsouvenir de ces années “d'apprentissage”. “C'étaitun mal pour un bien qui nous a ouvert les yeux surle monde de l'édition, tant au Japon que chez nous”.Bien qu'échaudés, les deux frères mûrissent toutde même une nouvelle histoire, Head-Trick, sanspression et avec la certitude que si elle devait voirle jour, ils seraient les seuls maîtres à bord. La ren-

contre, fortuite, avec le dessinateur belge K'Yatdont le trait dynamique et la passion les séduit,les décide à s'auto-éditer en 2010. Le projet n'estpas sans risque puisqu'ils rémunèrent leur dessi-

nateur sur leurs fonds propres et mettent gratui-tement sur internet les premiers chapitres de labande dessinée. Sans grande campagne de com-munication mais en s'appuyant sur le vaste réseaudes lecteurs de Scantrad (qui traduisent et mettenten ligne des manga pas encore disponibles enFrance) la série engrange 20 000 lecteurs au boutde six mois. Un premier succès qui leur permetde démarcher des banques pour lancer une éditionpapier et ouvrir une boutique en ligne. Le premiervolume voit le jour en 2011 et s'appuie parallèlementsur un merchandising malin et cohérent avecl'univers de Head-Trick (statuette, maillot de footfabriqué en France…) qui aide à financer et faireconnaître la série. D remarque qu'on s'intéresse beaucoup aux produitsdérivés, mais il tient à préciser qu'ils n'ont pourbut que d'acheter leur liberté et produire le mangaqu'ils auraient voulu lire. Certaines réalisations sedémarquent tout de même par leur originalité. Laboisson imaginaire et emblématique du manga, leMilkiky, est par exemple devenue une réalité àl'aide d'un industriel de l'agro-alimentaire convaincuet d'une campagne de financement participatifauprès des lecteurs, bouclée en quelques jours.Grâce notamment à ces canettes roses, la moitiédu chiffre d'affaires de leur entreprise familiale (lepapa prête main forte sur les salons) est réaliséepar le merchandising qui soutient une distribution100 % indépendante du livre, bien loin des tiragesde l'édition classique (mais les premiers volumesatteignent tout de même désormais les 10 000 exem-plaires vendus, une belle réussite).ED éditions est donc une affaire qui roule et sanscompromis artistique. Une éventuelle traductionallemande est à l'étude mais les deux frères prennentleur temps et préfèrent consacrer leur énergie auxfuturs volumes de leur bébé. Ils n'ont qu'un seulobjectif en tête, toujours le même, rester libre.

Head-Trick, Émeric et Damien Chazal, ED Édi-tions. 7 tomes. 6,95 € le volume.

JÉRÉMIE LEROI

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Les personnages de Head-Trick ont réussi à

conquérir de très nombreux lecteurs.

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20 ZOOM JAPON numéro 50 mai 2015

ZOOM GOURMAND

Depuis 1947, les cours de kateika (affairesdomestiques), qui étaient jusqu’à cettedate réservés aux filles, sont devenus obli-

gatoires à l’école pour tous les élèves sans distinctionde sexe. A partir de 11 ans, ils sont tenus d’appren-dre la couture, la cuisine, le ménage et cela continuependant 6 ans.La première année, ils suivent d’abord un coursd’éducation alimentaire. Cela porte à la fois sur lesrepas et sur la nécessité de bien s’alimenter. Lesenfants apprennent également à bien se comporterà table en disant Itadakimasu [Bon appétit] audébut du repas et Gochisosama [Merci, c’était déli-cieux] quand ils quittent la table. Ils s’intéressentégalement à la façon de faire les courses. Ils s’inter-rogent sur le besoin de prendre un sac réutilisablepour se rendre au supermarché. Ils mettent égale-ment en question l’environnement dans lequel ilsvivent, en s’intéressant à la consommation d’eauou d’électricité. Ils travaillent autour du thème des3R : Réduire (les déchets), Réutiliser et Recycler. Une fois que cet aspect théorique est bien compris,ils passent aux cours pratiques. En couture, ils com-mencent par apprendre à utiliser l’aiguille et le fil:enfiler une aiguille, coudre tout droit, et faire unnœud à la façon tamamusubi. Puis ils apprennentcomment utiliser la machine à coudre et le fer àrepasser. Tout un programme.Comme devoir pour les vacances d’été, les ensei-gnants peuvent demander quelque chose en rela-tion avec le kateika. Par exemple, la réalisation d’unzôkin (chiffon pour le nettoyage) cousu à la mainà partir d’une vieille serviette. L’année dernière,mon fils de 11 ans a choisi de faire un petit ourspour le sujet libre. En cuisine, ils apprennent d’abord comment pré-

Au Japon, on enseigne à tous les enfantsles travaux domestiques. De la couture àla cuisine, c’est une matière importante.

EFFORT La cuisine, ça s’apprend jeune

parer le thé japonais. L’objectif est de leur enseignerà allumer le gaz et le régler par rapport à la taille dela casserole ou bien de la bouilloire. On leurapprend en suite à cuire des légumes en préparantde la salade afin qu’ils sachent le temps de cuissonnécessaire pour chaque légume. Ils sont aussi soli-cités pour préparer la sauce vinaigrette en utilisantdes cuillères doseuses. Cette année, dans le cadre du cours de kateikadansune école primaire, j’ai eu l’occasion de participerà un cours spécial “Pancake” destiné à des élèvesen sixième année. Il s’agissait de leur dernier cours.Normalement, on peut acheter la farine spécialepour pancake, mais nous avons fait toute la recettede A à Z. Les élèves étaient divisés en groupes de4-5 personnes. Après ma démonstration, ils ontfait 2 fois la pâte, ont monté la crème Chantilly,puis chacun a imaginé sa décoration selon son ins-piration. Ce fut un moment riche et sympathiquepour tout le monde, y compris pour moi. J’espèrequ’ils referont la recette pour leur famille !

MAEDA HARUYO

L’apprentissage de la cuisine commence tôt.

La couture, c’est aussi une affaire d’homme.

Le manuel de kateika utilisé par les élèves.

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ZOOM GOURMAND

L A RECETTE DE HARUYO

PRÉPARATIONPâte et cuisson des pancakes1 - Dans un grand bol, mélanger les œufs et le sucre

avec un fouet.2 - Ajouter la farine et la levure chimique tamisées

ensemble puis mélanger avec une spatule.3 - Incorporer le lait et l’extrait de vanille.4 - Faire chauffer la poêle et huiler. 5 - Verser la pâte puis laisser cuire pendant 2-3

minutes.6 - Retourner puis laisser cuire encore 2-3 minutes.7 - Réserver.

Crème Chantilly1 - Monter la crème fleurette avec le sucre. 2 - Equeuter les fraises puis les couper en deux.3 - Dresser la crème chantilly sur le Pan cake le plus

grand puis disposer les fraises.4 - Disposer le Pan cake de deuxième grande taille

puis répéter jusqu’à 8-10 couches. 5 - Servir aussitôt ou réserver dans le réfrigérateur.

CONSEIL On peut varier les fruits, par exemple, avec de labanane, de la pomme, des framboises ou encore desmyrtilles. Mais il faut choisir des fruits pas trop juteux.

INGRÉDIENTS(pour 4 personnes)

Pour la pâte2 œufs80g de sucre70g de farine T451 cuillère à café de levure chimique

3 cuillères à soupe de laitUn peu d’extrait de vanille

Pour la crème Chantilly200ml de crème fleurette20g de sucreFraises

Tour de pancake(pour les gourmands)

Le pancake, appelé hotcake auJapon, est un des goûtés populaireschez les enfants. Haruyo nous par-tage sa recette originale de la tour depancake qu’elle a fait réaliser auxélèves d’une école primaire pendantun cours de kateika.Simple à préparer et idéal pour lespetites fêtes d’enfants !

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22 ZOOM JAPON numéro 50 mai 2015

A ncien résident au Japon, le romancierDavid Mitchell a dit un jour que “si vousne deviez vous rendre qu’une seule fois au

Japon, assurez-vous d’aller aux îles Oki”. Elles conser-vent un air de vieux Japon, disait-il, encore viergesde Pachinko, c’est-à-dire d’immeubles d’habitationen hauteur, et d’espaces de malbouffe. Bref un par-fait antidote au stress des grandes villes.

A peine 65 kilomètres, moins de trois heures enferry sur la mer du Japon, séparent les îles Oki dela côte occidentale de Honshû. Mais s’y rendrerevient à effectuer un voyage de trois siècles dansle temps. Comme le remarquait un visiteur : “s’iln’y avait pas les routes, cet endroit serait envahi parla forêt”. Dôgo, l’île la plus grande, est accessiblepar avion au départ d’Ôsaka depuis 1965, mais letourisme n’a jamais vraiment décollé. Les îles Okiétaient considérées comme tellement lointainesque deux empereurs, Go-Toba en 1221 et Go-Daigo en 1332, y ont été exilés.

Leur avenir semble cependant assuré. En 2013, grâceà leur écosystème unique et leur géo-histoire, ces îlesont rejoint le Réseau mondial des géoparcs del’Unesco. L’année suivante, Nishinoshima, laseconde île de l’archipel, a été visitée par 270 étran-gers, c’est-à-dire deux fois plus qu’en 2012. Toutefois,les îles Oki restent intactes et peu fréquentées. Si vous n’êtes pas pressé, le ferry est le meilleurmoyen pour vous y rendre. Le voyage en avion estbien trop rapide. Après tout, la meilleure façond’apprécier ces îles est de le faire tranquillementpour échapper à ce que le poète anglais Matthew

Si vous êtes en quête d’un endroit coupédu monde pour vous ressourcer, pensezà vous rendre dans cet archipel original.

Parmi les nombreuses attractions, les falaises de Kuniga, les plus hautes du Japon, figurent en tête de liste.

AVENTURE Vivez la magie des îles Oki

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A ncien résident au Japon, le romancierDavid Mitchell a dit un jour que “si vousne deviez vous rendre qu’une seule fois au

Japon, assurez-vous d’aller aux îles Oki”. Elles conser-vent un air de vieux Japon, disait-il, encore viergesde Pachinko, c’est-à-dire d’immeubles d’habitationen hauteur, et d’espaces de malbouffe. Bref un par-fait antidote au stress des grandes villes.

A peine 65 kilomètres, moins de trois heures enferry sur la mer du Japon, séparent les îles Oki dela côte occidentale de Honshû. Mais s’y rendrerevient à effectuer un voyage de trois siècles dansle temps. Comme le remarquait un visiteur : “s’iln’y avait pas les routes, cet endroit serait envahi parla forêt”. Dôgo, l’île la plus grande, est accessiblepar avion au départ d’Ôsaka depuis 1965, mais letourisme n’a jamais vraiment décollé. Les îles Okiétaient considérées comme tellement lointainesque deux empereurs, Go-Toba en 1221 et Go-Daigo en 1332, y ont été exilés.

Leur avenir semble cependant assuré. En 2013, grâceà leur écosystème unique et leur géo-histoire, ces îlesont rejoint le Réseau mondial des géoparcs del’Unesco. L’année suivante, Nishinoshima, laseconde île de l’archipel, a été visitée par 270 étran-gers, c’est-à-dire deux fois plus qu’en 2012. Toutefois,les îles Oki restent intactes et peu fréquentées. Si vous n’êtes pas pressé, le ferry est le meilleurmoyen pour vous y rendre. Le voyage en avion estbien trop rapide. Après tout, la meilleure façond’apprécier ces îles est de le faire tranquillementpour échapper à ce que le poète anglais Matthew

Si vous êtes en quête d’un endroit coupédu monde pour vous ressourcer, pensezà vous rendre dans cet archipel original.

Parmi les nombreuses attractions, les falaises de Kuniga, les plus hautes du Japon, figurent en tête de liste.

AVENTURE Vivez la magie des îles Oki

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ZOOM VOYAGE

Arnold présentait comme “ce mal étranger de la viemoderne”.Après quelques heures passées en mer, vous apercevezles premières îles, bosses noires volcaniques sembla-bles à des débris d’une collision cosmique. Peu après,le bateau trace son chemin à travers un dédale debosses, certaines d’entre elles n’étant qu’un monticulerocheux totalement nu et d’autres plus grandes sontnoires et couvertes de pins. On compte quelque 180îles dans l’archipel d’Oki. La plupart ne sont pas trèsgrandes et quatre seulement sont habitées : Dôgo,Nishinoshima, Ama (Nakanoshima) et Chiburijima.Chacune d’entre elles a son charme et son caractère.Elles méritent d’être vues comme Nishinoshima, laseconde île de l’archipel avec 3 900 habitants, et sonincroyable côte de Kuniga.Longue de 7 kilomètres, il s’agit de falaises de basalteérodées par la mer couronnée par le Matengai. Hautede 257 mètres, il s’agit de la plus grande falaise duJapon. Ces dernières années, ces extraordinairessculptures naturelles sont devenues le décor préféréde nombreux amateurs de kayak de mer et de plon-gée sous-marine, deux des très nombreuses activitésnautiques proposées dans ces îles. Ne manquez pasd’emprunter un petit hors-bord au départ du portde Beppu à Nishinoshima pour vous rapprocher deces falaises et en apprécier leur côté spectaculaire.Comme des formations rocheuses fantasmagoriquessurgissant de la mer, certaines ressemblent à desdoigts escarpés de géants tandis que d’autres formentdes arches naturelles sur la rive. Chacune d’entreelles possède un nom évocateur : le palais du roi dra-gon, le passage vers le Paradis.Le trajet prend un tour plus stressant lorsque,défiant le bon sens et les lois de la physique, votrebateau prend la direction d’une étroite crevasse aumilieu des falaises rouges et noires, à peine assezlarge pour laisser passer un vélo… Pourtant lebateau s’engage à peine vitesse dans l’explorationd’une grotte sombre si étroite que vos épaules peu-vent heurter la paroi si vous n’y prenez garde. Puis,pour le plaisir, le pilote éteint les lumières pourque la nuit vous enveloppe. La grotte porte bien

L’archipel s’apprécie de différentes façons. Sur terre bien sûr, mais aussi sur mer. De nombreuses activités

nautiques sont proposées ainsi que des excursions en bateau pour en découvrir les nombreux charmes.

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ZOOM VOYAGE

son nom : la caverne du jour et de la nuit. Heureu-sement, après un moment un peu inquiétant, unfaisceau de lumière apparaît au-dessus de votretête avant que le bateau retrouve la haute mer.De retour sur la terre ferme, une voix provenantdu haut-parleur de la mairie informe tout le mondequ’il est 18h. Il est temps pour les plus jeunes derentrer chez eux. De votre côté, l’appétit creusépar l’air de la mer, vous prenez la direction duminshukupour le dîner. Il est préférable de réservervotre nuit à l’avance dans l’un des minshuku del’île, l’office du tourisme de Nishinoshima le feravolontiers pour vous. La plupart de ces gîtes sonttenus par de charmantes vieilles dames. Avec unpeu de chance, votre hôte viendra vous accueillirsur le quai avec un petit drapeau afin de vous gui-der jusqu’à votre logis.Une curieuse tradition dans ces minshuku veutque le nom des clients soit inscrit sur de petitesardoises disposées sur le mur extérieur. Du coup,ce n’est pas le meilleur endroit pour se cacher. Dansvotre chambre, vous trouverez du thé vert fraîche-ment préparé avec quelques petites pâtisseries auharicot rouge disposées sur une table basse, le seulmeuble dans la pièce en dehors du téléviseur. Assissur le tatami le long de la grande table installéedans la salle à manger avec les autres convives, vouspourrez profiter d’un excellent repas préparé avecles produits du terroir : fruits de mer fraîchementpêchés comme du calmar, des hiougi-gai (sorte depétoncles dont la coquille est pourpre et orangevif), des sazaeou encore une belle daurade préparéeen sashimi. L’ensemble sera accompagné de bar-dane, d’aubergine, de racines de lotus servis sousforme de tempura.Le lendemain, en vous promenant dans la ville,vous remarquerez sans doute ce qui ressemble à depetites chaussettes blanches accrochées à de petitsséchoirs motorisés. En vous approchant, vousconstaterez qu’il s’agit de calmars vidés et nettoyés.Le calmar est avec le tourisme la principale res-source des îles Oki. Dès lors, le calmar a tendanceà se retrouver sur votre table à tous les repas. Il fait

Le sanctuaire Takuhi est un endroit incroyable. Pour y parvenir, il faudra affronter des serpents.

Séchoir à calmars. C’est la principale ressource des îles avec le tourisme.

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même l’objet d’un culte au sanctuaire Yurahimeoù l’on célèbre le dieu de la mer. Le jour d’après,prenez le bus qui part du port pour vous rendreau sommet des falaises de Kuniga pour avoir uneidée de la beauté des lieux vue de haut. Le cheminqui mène au sommet a été élu parmi les 100 meil-leurs sentiers de randonnée du pays. C’est un espacemerveilleux couvert de pâturages et gouverné parles vaches et les chevaux. Les premières ne man-quent pas de vous le prouver en somnolant immo-bile au milieu de la route. Elles bloquent ainsi letrafic à la manière d’une manifestation pacifiquecontre la présence de la civilisation dans cet endroitidyllique et verdoyant. Au sommet des falaises,vous vous retrouvez enveloppé par une petitebrume en train de dominer les petites criquessituées à des centaines de mètres plus bas.Pas moins enchanteur, il y a le sanctuaire Takuhi.Il s’agit du plus ancien lieu de culte des îles Oki. Ilest caché au sommet de la montagne la plus hautede l’île (452 mètres). Sa principale caractéristiqueest d’avoir été bâti à moitié dans une grotte. Le pay-sage qui s’offre à vous lorsque vous vous rendez danscet endroit. De petits sentiers serpentent autour decollines douces et verdoyantes parsemées de petitssanctuaires et de bovins aux cornes bizarrement for-mées. On aperçoit aussi des papillons noirs aussigros que des chauves-souris qui paressent de fleuren fleur. Puis, la route goudronnée disparaît pourlaisser place au chemin raide qui mène au sanctuaire.Vous trouverez là une boîte contenant des bâtons.Prenez en un. Il ne s’agit pas d’un bâton de marche.Ils sont utilisés pour frapper le sol afin d’effrayer lesserpents que vous pourriez croiser sur ce cheminétroit. Le chant incessant des cigales se transformeen une sorte de rugissement intimidant au fur et àmesure que vous progressez au milieu de l’épaissevégétation. L’univers humide et enveloppant de ceroyaume des serpents qu’est Takuhi n’a rien à voiravec les falaises de Kuniga ouvertes sur le ciel. Parfoisdes ouvertures laissent entrevoir la mer, brillantesous le soleil, au milieu de laquelle des îlots pris dansla brume ressemblent à une queue de dragon.

Devant le sanctuaire, se trouve un magnifique cèdrevieux de 800 ans. Le bâtiment lui-même est aussiétonnant que les rumeurs le laissaient entendre. Leshabitants vous raconteront qu’il a été construit aprèsavoir été tiré hors de la grotte au milieu de l’ère Heian(794-1185). Comme Yurahime, le sanctuaireTakuhi est dédié au dieu gardien de la mer. Dans letemps, les habitants venaient allumer un feu à l’ex-térieur du sanctuaire afin de guider les bateaux encas de mauvais temps. C’est de là qu’il tient son nom.Takuhi signifie la torche. Cela devait être assezimpressionnant puisque le maître des estampesHiroshige a immortalisé la scène dans l’une de sesœuvres. Les bateaux font hurler leur corne lorsqu’ilssont en vue de ce sanctuaire unique en son genre.En contemplant cet endroit magique entouré demontagnes couvertes d’arbres scintillant sous lesoleil, ayez une pensée pour ces deux empereursqui furent bannis ici il y a 700 ans. Il vous seraalors impossible de conclure que de vivre ici lereste de sa vie ne devait pas être en définitive aussiterrible que cela.

STEVE JOHN POWELL

POUR S’Y RENDRELes ports de Shichirui, préfecture de Shimane,et de Sakai Minato, préfecture de Tottori,desservent par bateau les îles Oki.Au départ de Tôkyô, empruntez le shinkansenjusqu’à Okayama (3h25) puis l’express Yakumojusqu’à Matsue (2h22). Il y a ensuite 40 mn debus jusqu’à Shichirui (1 000 yens). Pour SakaiMinato, même trajet jusqu’à Okayama.Empruntez alors l’express Yakumo jusqu’àYonago (2h09) avant de prendre la ligne Sakaijusqu’au terminus (43 mn).Le prix de la traversée est à partir de 3 240yens en ferry. Il est de 6 170 yens par bateaurapide.Pour l’avion, il n’y a pas de vol direct entreTôkyô et les îles Oki. Il faut transiter parl’aéroport Itami à Ôsaka. Comptez au totaldeux heures de vol pour vous rendre de Tôkyôsur l’archipel Oki via Ôsaka grâce à la JapanAirlines. Il vous en coûtera environ 70 000 yensl’aller-retour.

ZOOM VOYAGE

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même l’objet d’un culte au sanctuaire Yurahimeoù l’on célèbre le dieu de la mer. Le jour d’après,prenez le bus qui part du port pour vous rendreau sommet des falaises de Kuniga pour avoir uneidée de la beauté des lieux vue de haut. Le cheminqui mène au sommet a été élu parmi les 100 meil-leurs sentiers de randonnée du pays. C’est un espacemerveilleux couvert de pâturages et gouverné parles vaches et les chevaux. Les premières ne man-quent pas de vous le prouver en somnolant immo-bile au milieu de la route. Elles bloquent ainsi letrafic à la manière d’une manifestation pacifiquecontre la présence de la civilisation dans cet endroitidyllique et verdoyant. Au sommet des falaises,vous vous retrouvez enveloppé par une petitebrume en train de dominer les petites criquessituées à des centaines de mètres plus bas.Pas moins enchanteur, il y a le sanctuaire Takuhi.Il s’agit du plus ancien lieu de culte des îles Oki. Ilest caché au sommet de la montagne la plus hautede l’île (452 mètres). Sa principale caractéristiqueest d’avoir été bâti à moitié dans une grotte. Le pay-sage qui s’offre à vous lorsque vous vous rendez danscet endroit. De petits sentiers serpentent autour decollines douces et verdoyantes parsemées de petitssanctuaires et de bovins aux cornes bizarrement for-mées. On aperçoit aussi des papillons noirs aussigros que des chauves-souris qui paressent de fleuren fleur. Puis, la route goudronnée disparaît pourlaisser place au chemin raide qui mène au sanctuaire.Vous trouverez là une boîte contenant des bâtons.Prenez en un. Il ne s’agit pas d’un bâton de marche.Ils sont utilisés pour frapper le sol afin d’effrayer lesserpents que vous pourriez croiser sur ce cheminétroit. Le chant incessant des cigales se transformeen une sorte de rugissement intimidant au fur et àmesure que vous progressez au milieu de l’épaissevégétation. L’univers humide et enveloppant de ceroyaume des serpents qu’est Takuhi n’a rien à voiravec les falaises de Kuniga ouvertes sur le ciel. Parfoisdes ouvertures laissent entrevoir la mer, brillantesous le soleil, au milieu de laquelle des îlots pris dansla brume ressemblent à une queue de dragon.

Devant le sanctuaire, se trouve un magnifique cèdrevieux de 800 ans. Le bâtiment lui-même est aussiétonnant que les rumeurs le laissaient entendre. Leshabitants vous raconteront qu’il a été construit aprèsavoir été tiré hors de la grotte au milieu de l’ère Heian(794-1185). Comme Yurahime, le sanctuaireTakuhi est dédié au dieu gardien de la mer. Dans letemps, les habitants venaient allumer un feu à l’ex-térieur du sanctuaire afin de guider les bateaux encas de mauvais temps. C’est de là qu’il tient son nom.Takuhi signifie la torche. Cela devait être assezimpressionnant puisque le maître des estampesHiroshige a immortalisé la scène dans l’une de sesœuvres. Les bateaux font hurler leur corne lorsqu’ilssont en vue de ce sanctuaire unique en son genre.En contemplant cet endroit magique entouré demontagnes couvertes d’arbres scintillant sous lesoleil, ayez une pensée pour ces deux empereursqui furent bannis ici il y a 700 ans. Il vous seraalors impossible de conclure que de vivre ici lereste de sa vie ne devait pas être en définitive aussiterrible que cela.

STEVE JOHN POWELL

POUR S’Y RENDRELes ports de Shichirui, préfecture de Shimane,et de Sakai Minato, préfecture de Tottori,desservent par bateau les îles Oki.Au départ de Tôkyô, empruntez le shinkansenjusqu’à Okayama (3h25) puis l’express Yakumojusqu’à Matsue (2h22). Il y a ensuite 40 mn debus jusqu’à Shichirui (1 000 yens). Pour SakaiMinato, même trajet jusqu’à Okayama.Empruntez alors l’express Yakumo jusqu’àYonago (2h09) avant de prendre la ligne Sakaijusqu’au terminus (43 mn).Le prix de la traversée est à partir de 3 240yens en ferry. Il est de 6 170 yens par bateaurapide.Pour l’avion, il n’y a pas de vol direct entreTôkyô et les îles Oki. Il faut transiter parl’aéroport Itami à Ôsaka. Comptez au totaldeux heures de vol pour vous rendre de Tôkyôsur l’archipel Oki via Ôsaka grâce à la JapanAirlines. Il vous en coûtera environ 70 000 yensl’aller-retour.

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26 ZOOM JAPON numéro 50 mai 2015

• Stage intensif de japo-nais pour débutantStage 1 : du 20 mai au 26juin mer. & ven. - 24h. de19h-21h. 299€ TTCStage 2 : du 3 au 31 juillet2015 Lundis, mercredis &vendredis - 24 heures de18h30-20h30 299€ TTC.matériel compris. Inscriptionsur www.espacejapon.com

•Paris Fudosan le spécia-liste de l'immobilier franco-japonais à Paris recherchedes STUDIOS à louer pourses étudiants et expatriés ja-ponais. Tel : 01 4286 8739 [email protected]

•Authentique Shiatsu. Ma-nière traditionnelle Japonaisepar physiothérapeute. Tel: 07 5315 9572. 6 rueRude 75116. Près d'étoile

ZOOM ANNONCES

Charlotte HODEZ, AvocatSidonie ROUFIAT, Avocat et Médiateur

Mettent leurs compétences à votre dispo-sition en matière de :

• Droit du séjour et du travail des étrangers• Droit du travail (individuel et collectif)• Droit de la famille• Droit médical et réparation de préjudices corporels• Droit pénal Conseil et assistance devant les juridictions.Résolution amiable des conflits

Notre atout : notre expérience des relations franco-japonaises

Les honoraires sont déterminés en commun accord avec le client selon la na-ture du dossier. N’hésitez pas à nous contacter pour plus de renseignements.

HODEZ ROUFIAT AVOCATS ASSOCIES (A.A.R.P.I.)25 boulevard Voltaire - 75011 Paris

Tél. 01 55 80 57 40, [email protected]

Tarifs des annonces (pour 100 carac.)

Emploi 50€ttcEvénement 45€ttcCours 40€ttcAmitié 40€ttcLogement 35€ttcDivers 30€ttc

Options20 car. suppl. 5€ttcoption web 20€ttc(publication immédiate sur le web + 5 img.)

cadre 50€ttcgras 50€ttcimg. papier 100€ttc

Dégustation de ThéConcert de Koto

(harpe japonaise 25 cordes)

JazzVendredi 8 Mai

Dégustation à 18h~entrée gratuite,

Concert à 18h40~ , 5€Restaurant Nakagawa3 rue St Hubert 75011Métro 3 Rue St Maur

A partir de 19h30 restau-ration japonaise possible.

[email protected] 33 34 14 73

Théâtre"Quatre sœurs"(Sasameyuki)

d’après un roman deTANIZAKI Junichiro

Les 6 et 7 mai à 20h30Tarifs : 15 € / 10 €

Réservation : 01 4476 [email protected]

Réservation obligatoire,places limitées

Espace Culturel Bertin Poirée 8-12 rue Bertin Poirée 75001Les places réservées serontlibérées à partir de 20h20Théâtre de Femmes

Franco-Japonais Séraphhttp://cie-seraph.org

Spectacle"Danses du Monde"Le nouveau et unique

groupe de danse awa deParis sera à l’INALCO

Présentation de la dansedu cerf-volant au rythme

du taiko !Le jeudi 7 mai à 20h

INALCO65 rue des Grands Mou-

lins 75013 Paris

Hyouge MonoExpo vente des créations

du groupe“Hyouge Jissaku”

inspirées de l’univers dugrand maître de thé,

FURUTA Oribe.

Ustensiles pour la cérémo-nie du thé,

plats à gâteaux, flacons et coupelles à saké,

tissu kireji etc.Atelier dégustation

de matcha(thé vert en poudre)

du 23 juin au 1er juillet.Du mardi au vendredi

13h à 19h.Samedi 13h à 18h.

Espace Japon12 rue de nancy 75010

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26 ZOOM JAPON numéro 50 mai 2015

• Stage intensif de japo-nais pour débutantStage 1 : du 20 mai au 26juin mer. & ven. - 24h. de19h-21h. 299€ TTCStage 2 : du 3 au 31 juillet2015 Lundis, mercredis &vendredis - 24 heures de18h30-20h30 299€ TTC.matériel compris. Inscriptionsur www.espacejapon.com

•Paris Fudosan le spécia-liste de l'immobilier franco-japonais à Paris recherchedes STUDIOS à louer pourses étudiants et expatriés ja-ponais. Tel : 01 4286 8739 [email protected]

•Authentique Shiatsu. Ma-nière traditionnelle Japonaisepar physiothérapeute. Tel: 07 5315 9572. 6 rueRude 75116. Près d'étoile

ZOOM ANNONCES

Charlotte HODEZ, AvocatSidonie ROUFIAT, Avocat et Médiateur

Mettent leurs compétences à votre dispo-sition en matière de :

• Droit du séjour et du travail des étrangers• Droit du travail (individuel et collectif)• Droit de la famille• Droit médical et réparation de préjudices corporels• Droit pénal Conseil et assistance devant les juridictions.Résolution amiable des conflits

Notre atout : notre expérience des relations franco-japonaises

Les honoraires sont déterminés en commun accord avec le client selon la na-ture du dossier. N’hésitez pas à nous contacter pour plus de renseignements.

HODEZ ROUFIAT AVOCATS ASSOCIES (A.A.R.P.I.)25 boulevard Voltaire - 75011 Paris

Tél. 01 55 80 57 40, [email protected]

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Emploi 50€ttcEvénement 45€ttcCours 40€ttcAmitié 40€ttcLogement 35€ttcDivers 30€ttc

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cadre 50€ttcgras 50€ttcimg. papier 100€ttc

Dégustation de ThéConcert de Koto

(harpe japonaise 25 cordes)

JazzVendredi 8 Mai

Dégustation à 18h~entrée gratuite,

Concert à 18h40~ , 5€Restaurant Nakagawa3 rue St Hubert 75011Métro 3 Rue St Maur

A partir de 19h30 restau-ration japonaise possible.

[email protected] 33 34 14 73

Théâtre"Quatre sœurs"(Sasameyuki)

d’après un roman deTANIZAKI Junichiro

Les 6 et 7 mai à 20h30Tarifs : 15 € / 10 €

Réservation : 01 4476 [email protected]

Réservation obligatoire,places limitées

Espace Culturel Bertin Poirée 8-12 rue Bertin Poirée 75001Les places réservées serontlibérées à partir de 20h20Théâtre de Femmes

Franco-Japonais Séraphhttp://cie-seraph.org

Spectacle"Danses du Monde"Le nouveau et unique

groupe de danse awa deParis sera à l’INALCO

Présentation de la dansedu cerf-volant au rythme

du taiko !Le jeudi 7 mai à 20h

INALCO65 rue des Grands Mou-

lins 75013 Paris

Hyouge MonoExpo vente des créations

du groupe“Hyouge Jissaku”

inspirées de l’univers dugrand maître de thé,

FURUTA Oribe.

Ustensiles pour la cérémo-nie du thé,

plats à gâteaux, flacons et coupelles à saké,

tissu kireji etc.Atelier dégustation

de matcha(thé vert en poudre)

du 23 juin au 1er juillet.Du mardi au vendredi

13h à 19h.Samedi 13h à 18h.

Espace Japon12 rue de nancy 75010

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