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SATÔ Tetsuro pour Zoom Japon www.zoomjapon.info Musique Les nouveaux enfants du rock gratuit numéro 7 - février 2011

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Zoom Japon, numéro 7 (février 2011)

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MusiqueLes nouveaux

enfants du rock

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éDITO Rock’n Roll

La jeunesse japonaise a levague à l’âme ces temps-ci.Les perspectives d’em-bauche à la fin des étudesne sont guère favorables etles conditions de travail se

dégradent de plus en plus. Même si elle est fon-cièrement pessimiste comme le montre l’en-quête 2011, la jeunesse du monde conçue parla Fondation pour l’innovation politique (leJapon figure au dernier rang pour ce qui est del’optimisme), tous les jeunes ne se résignentpas. Nombre d’entre eux ont trouvé dans lamusique une manière d’exprimer leurs étatsd’âme. Utilisant tous les moyens de commu-nication à leur disposition, ils sont bien déci-dés à faire bouger l’archipel. Nous avons ren-contré ces nouveaux enfants du rock quidonnent de la voix.

LA RÉ[email protected]

zoom aCTU

SymbOLE naissance deSorakara-chanDans quelques mois,

la nouvelle tour Tokyo

Sky Tree sera

inaugurée. Considéré

comme un moyen pour

donner un nouvel élan à la

ville [voir zoom n°3], l’édifice

de 634 mètres s’est doté d’une

mascotte baptisée Sorakara-chan.

TEnDAnCE protégeons lesanimauxDans un pays où le taux de natalité reste

catastrophique, la population reste fidèle

à l’idée qu’il faut protéger sa famille

même si celle-ci n’est composée que

d’animaux. Depuis quelques années, les

propriétaires de chiens, chats ou oiseaux

n’hésitent plus à souscrire des assurances

pour payer leurs soins vétérinaires. Une

tendance qui devrait se renforcer.

Cela fait des années

que les amateurs de

salles obscures râlent, car à 1 800 yens

[16 euros] la place, le cinéma devient un

luxe. Tôhô Cinemas a décidé de baisser

son prix à 1 500 yens à titre d’essai dans

six de ses complexes avant de l’étendre à

l’ensemble de son réseau en 2012.

1 500

U n jOUR AU jApOn

En ce début d’année, il est de bon ton d’aller au temple pour prier. Sur ce site, cohabitent un templebouddhiste et un sanctuaire shintoïste dédié à la déesse Inari, protectrice des céréales. On y trouvenotamment la statue du renard (kitsune), son messager.

Retrouvez d’autres photos du collectif Sha-dô sur www.shadocollective.com

Le 9 janvier 2011, temple myôgonji, Tokyo

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Photo de couverture : Noko du groupe Shinsei Kamattechan

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En 2010, près de 70 % des prostituéesarrêtées étaient Japonaises. Il y a 10 ans,elles ne représentaient que 4 % des cas.

S igne des temps, les affaires de prostitution met-tant en cause des Japonaises sont en forte aug-mentation. Un phénomène qui illustre de façon

dramatique la crise qui frappe le pays et pousse nom-bre de personnes à vendre leur corps pour survivre. En2010, dans la seule ville de Tokyo, sur les 129 personnesarrêtées pour prostitution, près de 70 % d’entre ellesétaient de nationalité japonaise. Il y a dix ans, les Japo-naises ne représentaient qu’à peine 4 % des arrestationsdans des affaires de prostitution. Ce renversement detendance qui a commencé ily a cinq ans inquiète d’autantplus les autorités que les indi-vidus concernés sont jeuneset les groupes criminels sem-blent de plus en plus impli-qués. L’éclatement de la bullefinancière au début desannées 1990 avait été pourbeaucoup de jeunes àl’époque un coup dur, car celaremettait en cause leur modede vie fondé sur la consommation à outrance. Bon nom-bre de jeunes lycéennes avaient alors pratiqué l’enjokôsai (aide relationnelle) consistant à passer quelquesheures avec un homme d’un certain âge contre verse-ment d’argent. En 1996, une enquête avait révélé que4,4 % des lycéennes et 3,8 % des collégiennes avaientfait l’expérience de l’enkô (contraction de l’expressionenjo kôsai). A l’époque, cela avait suscité une vagued’émotion importante, amenant les autorités à lancer

des campagnes d’information et de prévention. Auregard des chiffres de la prostitution publiés fin 2010,il semble que les efforts consentis n’ont pas eu les effetsescomptés. Selon le département en charge de ces ques-tions au sein de l’Agence de la police nationale, des ado-lescentes figurent parmi les personnes arrêtées l’an-née dernière dans la capitale. Le quartier de Kabukichôà Shinjuku, réputé pour ses bars, est un des hauts lieuxde la prostitution, mais les responsables de la policesavent que l’usage de la téléphonie mobile et d’Inter-net rend plus difficile une localisation précise des lieuxde rendez-vous entre les prostituées et leurs clients. Parailleurs, le retour en force du crime organisé dans cesecteur et son emprise éventuelle sur des jeunes ne ras-

surent pas les autorités. Cesdernières renforcent doncleurs effectifs notamment auniveau féminin afin de donnerun peu plus de poids aux opé-rations de prévention. Dansles mois à venir, les nouvellesrecrues vont sillonner lesendroits sensibles pour abor-der les personnes qu’elles juge-ront comme cibles potentiellesafin de leur expliquer les

risques et les conséquences liés à la prostitution. Celasuffira-t-il pour enrayer le phénomène ? De nombreusesvoix en doutent, estimant qu’en l’absence de perspec-tives d’avenir, beaucoup de personnes trouveront danscette activité un moyen simple et efficace de gagner leurvie. Fin décembre 2010, le Tokyo Shimbun rapportaitle cas d’une jeune femme qui se vendait 20 000 yens[180 euros].

GABRIEL BERNARD

SOCIéTé La montée de laprostitution inquiète

DR

A Kabukichô, les hôtels ne manquent pas

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n e plus se taire. Utiliser la musique pour s’af-firmer ou pour faire entendre leur voix. Telest désormais le credo de nombreux artistes

nippons qui veulent grâce à leur talent participer àleur manière à l’affirmation de certaines valeurs etrevendiquer leur droit à la parole. Si la plupart d’en-tre eux appartiennent à la scène indépendante et refu-sent les diktats de l’industrie musicale implantée àTokyo, certains de ces musiciens ont réussi à imposerleur différence auprès des grandes maisons de disques.Celles-ci doivent, elles aussi, se ranger à l’idée que lemonde de la musique est en train de changer et quele petit monde tranquille de la pop japonaise ( J-pop)ne ronronnera plus tout à fait comme avant. Lorsque

certains artistes comme le groupe RC Successionavaient tenté, en 1988, de dénoncer la place prise parle nucléaire dans l’archipel avec Summertime Blues,sa maison de disques avait décidé de sus-pendre sa commercialisation malgré lesuccès remporté par l’adaptation de lachanson d’Eddie Cochran. Au pays duconsensus, il était dit qu’on ne pouvaitpas aborder les questions qui fâchent ou qui déran-gent. IMAwANo Kiyoshirô, leader de RC Succession,n’a pas pour autant abdiqué et a poursuivi une car-rière solo au cours de laquelle il a utilisé son talentpour titiller une société qu’il jugeait un peu endormie.En 1999, dans son album Fuyu no jûjika [La Croix del’hiver], il a repris Kimigayo, l’hymne national, sur unrythme rock désacralisant le morceau compilé en 905et mis en musique en 1880 à la manière d’un SergeGainsbourg, qui avait donné à La Marseillaise, un air

de reggae. Le décès d’IMAwANo Kiyoshirô en mai2009 a suscité une énorme vague d’émotion dans toutle pays, mais son engagement et son désir de se servir

de la musique pour faire entendre un dis-cours différent des habituels refrains sanssaveur entonnés par la plupart desvedettes de la J-pop ont fait des émules.Aux quatre coins de l’archipel, des

groupes ou des artistes en solo sont apparus et ontréussi à accroître leur audience grâce à la multiplica-tion des concerts ou la distribution de leurs œuvresvia Internet sans oublier la possibilité pour eux deproduire beaucoup plus facilement des albums grâceà la démocratisation des nouveaux outils numériques.Au cours des quinze dernières années, le Japon a assistéà une véritable petite révolution musicale qui pour-rait bien bouleverser l’ensemble du marché dans unavenir proche. Cela ne signifie pas pour autant que

Les nouveauxenfants du rock

pas facile deparler des sujetsqui fâchent

Originaires pour la plupart de province, ils rejettent la vision de la musiquetelle qu’elle est diffusée depuis Tokyo. Ils revendiquent leurs racines ets’intéressent de plus en plus à des sujets de société.

mUSIqUE Toujours prêts à l’ouvrir…Dans tout le pays, des dizaines d’artistes etde groupes défendent le droit d’exprimerleurs différences.

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Shinsei Kamattechan, la dernière sensation de la scène rock.

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Depuis les années 1960, l’imagedu rock en Occident est associéeà celle de contre-culture. Ce n’estpas le cas au Japon.MÔRI Yoshitaka : On dit souvent eneffet qu’il y a très peu d’éléments decontre-culture dans le rock japonaisen comparaison avec l’Occident. jem’inscris cependant en faux contrecette affirmation. Comme l’a trèsbien montré julian Cope dans son li-vre Japrocksampler : How the Post-warJapanese Blew Their Minds on Rock 'n'Roll [éd. bloomsbury] consacré aurock nippon, il y a eu des groupesdans la lignée de joe with Flower Tra-vellin' band produit par UCHIDA yûyaqui ont joué un rôle semblable à ce-lui de leurs homologues en Europe.Dans la seconde moitié des années1970, les groupes indépendants etles rockeurs de Tokyo ont joué un rôlenon négligeable dans le milieu de lasous-culture lié au punk et à la newwave. mais ce qui les a différenciés dece qui se passait en Europe, c’est quela plupart de ces groupes ne sont passortis de la scène underground,parce qu’ils n’ont pas réussi à conqué-rir un public plus large. Il faut aussiajouter qu’à la différence de l’Occi-dent, l’attitude du japon à l’égard dela drogue a été sans concession. Ducoup, la culture de la drogue souventliée à celle du rock ne s’est pas enra-cinée dans l’archipel. Il en a été demême avec la scène psychédélique.Reste le cas exceptionnel d’ImAwAnO

Kiyoshirô qui a vécu l’âge d’or durock des années 1960 et a pu fairel’expérience d’un succès auprès dugrand public. Il chantait en japonaiset il a su réinterpréter au niveau ja-ponais l’approche contestataire durock. Cela lui a permis de laisser unetrace importante y compris auprès deceux qui ne s’intéressaient pas beau-coup au rock.

Comment a évolué l’industriemusicale au cours des deux der-nières décennies ?M. Y. : A partir de la fin des années1980, la pop et le rock japonais ontété regroupés sous l’appellation dej-pop. malgré l’éclatement de labulle financière, cela a contribué àfavoriser les ventes de CD tout aulong de la décennie suivante.Chaque année, on recensait plusd’une vingtaine d’albums dont lesventes dépassaient le million d’exem-plaires. mais au tournant des années2000, les changements de mode devie, l’avènement d’Internet et des dif-

férents outils numériques ont eu desconséquences négatives sur lesventes de disques. En dix ans, ellesont chuté considérablement, fragili-sant bon nombre de maisons dedisques.

Est-ce que les difficultés liées à lacrise économique et sociale qui afrappé le Japon depuis le débutdes années 1990 ont eu un impactsur le rock nippon ? M. Y. : La forte baisse des ventes deCD n’a pas forcément eu de consé-quences négatives sur le monde dela musique. Au contraire. Grâce àInternet et au développement depetits labels, les possibilités de diffu-ser ses œuvres ont augmenté. par ail-leurs, le développement des outilsnumériques a facilité la productionmusicale au niveau individuel. Le rôledu CD est aussi moins important quepar le passé pour les artistes qui seconcentrent davantage sur lesconcerts. Dans l’industrie musicale,on a donc assisté à un changementimportant. Le produit enregistré aperdu sa première place au profit dumarchandising et des performancesen public. Les jeunes se désintéres-sent de plus en plus du marché et setournent vers ceux qui expriment unmessage les concernant. Cela a favo-risé une diversification de l’offremusicale ces dernières années. Lesgroupes qui s’intéressent aux pro-blèmes de la société japonaise (frac-ture sociale, pauvreté) sont nom-breux. C’est particulièrement vraiparmi les formations de hip-hop

dont les paroles reflètent souvent cespréoccupations.

Parmi les jeunes artistes dumoment, on a l’impression que lessujets politiques, environnemen-taux, mais aussi la question deleurs racines régionales occupentune place importante. Qu’en pen-sez-vous ?M. Y. : Au niveau de la scène under-ground, il est évident que les jeunesmusiciens sont sensibilisés aux ques-tions politiques et qu’ils souhaitentexprimer leur propre identité. néan-moins, il faut distinguer la musiqueet l’expression “politique” dans lamesure où les artistes s’inspirent deleur expérience personnelle et l’ex-priment. Ils sont loin de l’intérêtgénéral tel qu’un politicien peut l’en-visager. L’exemple de Shinsei Kamat-techan est particulièrement intéres-sant de ce point de vue. partant del’expérience personnelle et indivi-duelle de ses membres, il met sur laplace publique des sujets qui parlentà la génération du moment et quidemandent une réponse politiquede la part des dirigeants du pays. Çale distingue d’artistes comme bobDylan ou john Lennon dont le mes-sage politique était beaucoup plusdirect et universel. néanmoins, il estévident que sur la scène hip-hop etpunk hardcore les artistes ont un dis-cours engagé. Originaire de Hok-kaidô, le groupe de hip-hop Thablue Herb défend ses racines régio-nales. Il a créé une communautédont le nom, Struggle for pride [Lut-ter pour sa fierté], est tout un pro-gramme.

Comment voyez-vous le rock japo-nais dans les années à venir ?M. Y. : je pense qu’il va continuerde se développer autour de deuxaxes. D’un côté, il y aura toujours laj-pop et sa stratégie fondée sur lacommunication télévisuelle et lesventes massives. De l’autre, il y aurade petites communautés sur Inter-net autour desquelles des groupescharismatiques connaîtront le suc-cès. Ces groupes-là risquent de voirleur carrière prendre une tournureplus internationale grâce à l’activitédes communautés liées à la scèneindépendante sur Internet. je croisque parmi eux, il y en aura qui s’as-socieront à ce mouvement de soli-darité transnational que l’on voitpoindre actuellement.

PROPOS RECUEILLIS PAR O. N.

môRi Yoshitaka, un regard d’expert

la musique contestataire n’avait jamais existé au Japonavant IMAwANo Kiyoshirô. Dans les années 1960, aumoment où les étudiants japonais se radicalisaient etprotestaient contre le traité de sécurité nippo-amé-ricain, des artistes, folks pour la plupart, se chargeaientd’interpréter ce malaise, mais ils ne bénéficiaient pasdes facilités dont disposent aujourd’hui Tha BlueHerb ou TAKAHASHI Yû pour se faire entendre. Parailleurs, Internet a considérablement changé la donne.En témoigne le succès du groupe Shinsei Kamatte-chan qui a bâti sa notoriété sur ses interventions surla Toile. Le groupe originaire de Chiba évoque dansde nombreuses chansons la douloureuse question desbrimades à l’école (ijime) qui a notamment amenéson leader Noko à se couper du reste de la société(hikikomori) avant de trouver dans la musique unmoyen d’exprimer son mal de vivre dans une sociétéoù l’on a bien du mal à accepter les différences, le clouqui dépasse. Pourtant, ce qui ressort aujourd’hui dela montée en puissance de ces nouveaux enfants durock, c’est l’affirmation de leur différence. Bon nom-bre d’entre eux originaires de province revendiquentleurs racines et refusent de se plier à la mode venuede Tokyo. Ils incarnent ainsi à leur manière un mou-vement de fond qui touche l’ensemble du pays, lamontée du régionalisme. Le groupe de hip-hop ThaBlue Herb en est la parfaite illustration. Cette for-mation, sans doute l’une des meilleures du Japon, estnée à Hokkaidô. Comme d’autres, elle a bataillé pourconserver son caractère local, parvenant à créer sonpropre label pour promouvoir les artistes du cru ets’assurer que le filtre tokyoïte ne brisera pas leur élan.A l’autre bout de l’archipel, à okinawa, Cocco défendelle aussi son héritage culturel dans sa musique commeen témoigne son dernier album Emerald, mais dansun engagement citoyen. Après avoir passé deux ansà ramasser seule les détritus sur les plages, elle a orga-nisé en 2003 un concert d’une seule chanson, Hea-ven’s Hell, appelant à un sursaut de la population àokinawa. Son initiative a eu une portée considéra-ble et en a fait l’icône de la région la plus pauvre dupays. Néanmoins, il ne faut pas s’imaginer que le Japons’est transformé en un lieu de contestation perma-nente dont la musique serait une des expressions. Lascène musicale reste dominée par des artistes consen-suels, mais il existe désormais un peu partout dans lepays des musiciens qui utilisent leur talent pour s’in-terroger sur l’état de la société comme le font un nom-bre croissant de jeunes qui refusent la précarité et l’in-justice. TAKAHASHI Yû en fait partie. Cetauteur-compositeur rappelle dans ses chansons ladétresse qui s’est emparée de ses contemporains pourqui le bonheur semble de plus en plus difficile à attein-dre. D’autres artistes comme Taiyôzoku à Hokkaidone sont pas aussi sombres dans leur approche, mais ilsrevendiquent aussi leur part de bonheur. Ils ne sem-blent d’ailleurs pas prêts à suspendre leurs revendica-tions et à la fermer.

ODAIRA NAMIHEI

I nTERVIEw

février 2011 numéro 7 zoom japon 5

Sociologue, MÔRI Yoshitaka estenseignant à la Tokyo Universityof the Arts. Observateur attentifde l’évolution de la scènemusicale, il a publié de nombreuxarticles et ouvrages sur le sujet.Parmi eux, on peut citer Sutorîtono shisô [La Pensée de rue, éd.NHK, 2009].

DR

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6 zoom japon numéro 7 février 2011

Kanazawa

S h i k o k u

K y u s h u Kobe

OkayamaNagasaki

Kyoto

Isé

Fukuoka

Okinawa(Naha)

Osaka

KISHIDA Shigeru (guitare/chant), SATÔ Masashi (basse) et MORI Nobuyuki (batterie) ont fondé Quruli en 1996 à Kyoto. Nourris au départ de folk, ils se sont ouverts par la suite à l’électro pour compter aujourd’hui parmi les piliers du rock nippon. A la sortie de leur premier album, Sayonara stranger en 1999, ils se sont installés dans la capitale japonaise. Leur single Tokyo décrivait leur malaise à y vivre. Depuis 2004, KISHIDA Shigeru s’implique dans l’organisation du Festival Miyako dans le but de promouvoir les artistes locaux.

Quruli

Groupe de reggae fondé en 1991. Il organise le festival Yokohama Reggae Matsuri depuis 1995. Celui-ci est devenu la plus importante manifestation de reggae au Japon. Grâce à eux, il existe maintenant le “J-Reggae” au même titre que la J-pop.

Mighty Crown

www.mightycrown.com

www.quruli.net

Celle que l’on peut présenter comme l’une des consciences d’Okinawa a commencé sa carrière en 1997, à l’âge de 20 ans. Personnage atypique dans l’univers de la musique, elle tente de rappeler l’importance de sauvegarder l’héritage culturel et écologique local. Son dernier album Emerald sorti en 2010 est d’ailleurs très marqué par ses origines okinawaises.

Cocco

www.cocco.co.jp

Oni (chant, guitare) et Pikachu (chant, batterie) sont deux filles originaires d’Osaka. Elles ont fondé Afrirampo en 2002. Si l’année 2010 a marqué leur séparation, elles laissent la trace d’un groupe de rock underground d’avant-garde. Farouchement hostiles à l’idée de s’installer à Tokyo, elles prétendent même avoir vécu un temps dans une forêt au Cameroun ! Osaka possédait à leurs yeux tous les éléments indispensables à leur carrière (studio d’enregistrement, salles de concerts et une scène musicale très développée qui rivalise à bien des égards avec celle de Tokyo). Leur esthétique très colorée restera comme la marque de fabrique d’Afrirampo.

Afrirampo

Depuis 2004, ce groupe Emo/Power Pop est une des principales attractions de la scène musicale locale. Leur premier album produit par Chris Shaw, producteur notamment de Weezer a démontré tout son potentiel. Il est très engagé dans la relance du rock made in Fukuoka. Pendant les années 1970, la ville était en effet l’un des grands centres de la création musicale avant d’être supplanté par la suite par Tokyo et les autres grandes cités du pays.

Holidays of the Seventeen

www.ho17.com

www.afrirampo.com

We are uchu no koDisk Union IND-4754

Johnan City Boyz Fabtone RecordsFABC-102

Kotoba ni naranai, Egaowo Misete kure yo Victor EntertainmentVICL-63550

EmeraldVictor EntertainmentVICL-63648

CMD (MC) a formé Dazzle 4 Life en 2000. Il a été rejoint par T-TRIPPIN’ (Talk Box) en 2004. Le groupe présente un évident caractère spirituel, fortement teinté de shintoïsme. L’un de ses morceaux les plus connus intitulé Amateras est une référence directe à la déesse du soleil Amaterasu.

Dazzle 4 Life

www.dazzle4life.com

Phat VibesVictor EntertainmentVICL-63548

Life StyleEMI Music JapanTOCT 26804

ampoara

ty Crown

lili

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S

S h i ki kk ko ko k uS k u

OkOkayyyy mamaam

KKKoobebebebeb

Ces artistes qui font bouger le Japon

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février 2011 numéro 7 zoom japon 7

Sapporo

Aomori

Hakodate

Niigata

H o n s h u

H o k k a i d o

Tokyo

Sendai

ChibaYokohama

Yokote

Groupe punk-rock formé en 1999 à Sapporo par quatre copains de lycée. Les Taiyôzoku avaient envie de “jouer une musique du soleil (taiyo)”. Leurs textes restent caractérisés par cette attitude originelle très positive. Le premier album est entré dans le top 10 en 2003. Après le départ du batteur et du bassiste en 2008, Hanao (chant) et Sorabo (guitare) ont recruté Maru (basse) et Ryô (batterie) issus du même lycée de Sapporo. Taiyôzoku a créé son propre label en 2008, Banana Moon Records avec pour objectif de dynamiser toute la scène rock de Hokkaido.

Taiyôzoku

www.taiyouzoku.com

Noko(chant, guitare), Mono (claviers), Chibagin (basse)et Misako(batterie) ont formé Shinseikamat-techan au lycée en 2000. Leur particularité est d’utiliser Internet (streaming de concerts, diffusion de clips ou de morceaux). Noko se présente comme un hikikomori, c’est-à-dire un être coupé de la société et très dépendant du Net. Sur le forum 2Channel, ses interventions attirent souvent l’attention des médias et de milliers d’internautes.

Shinsei Kamattechan

C’est en 1997 que cette formation de hip-hop a fait ses premières armes à Sapporo. Regroupé autour de Ill-Bosstino/Boss the MC, O.N.O, DJ Dye et Jerry “Koji” Chestnuts, le groupe se distingue par ses paroles et les messages très engagés qu’il y fait passer. Très fier de ses racines nordistes, il ne manque jamais une occasion de critiquer l’industrie de la musique trop centralisée autour de Tokyo.

Tha Blue Herb

Groupe Hip-Hop tendance jazzy, Gagle est né en 1996 autour de DJ Mitsu the Beats, DJ Mu-R et Hunger (MC). Bien installés à Sendai, ils y ont monté un studio d’enregistrement. Si le Hip-Hop est un genre musical urbain, Gagle l’a enrichi d’une sensibilité plus proche de la nature. Il s’est beaucoup investi pour animer la vie musicale locale. Il organise l’Eastern Voyage dans le cadre du Sendai art festival, manifestation phare de la municipalité. Le groupe est aujourd’hui un des principaux acteurs du dynamisme culturel de la région du Tôhoku.

Gagle

www.gagle.jphttp://kamattechan.com

Sous son air tranquille de chanteur de folk se cache un révolté, un garçon qui ne veut plus rester silencieux face à l’injustice et à une société en pleine déconfiture. Energique sur scène, TAKAHASHI Yû livre une musique forte et engagée qui illustre ses préoccupations du moment. Ses prestations sur scène sont très appréciées et il bénéficie désormais d’un public fidèle qui attend avec impatience ses nouvelles chansons dans lesquelles il pourra se retrouver.

Takahashi Yû

www.tbhr.co.jp

Life StoryTha Blue Herb recordingsTHBR-014

3150BounDEE Inc. DDCL-7004

SoreizenPony Canyon PCCA-3203

TsumanneWarner Music JapanWPCL-10886

www.takahashiyu.com

Bokurano Heisei Rock’n rollAitsura Label GTCG-0615

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SSendndaai

150 km

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D u 3 au 5 septembre 2010, wATANABE Ken avoulu mettre le feu à Tokyo et créer dans lacapitale un nouveau rendez-vous pour l’in-

dustrie du disque. “Le Japon a beau être le second mar-ché de la planète en termes de ventes de disques, il n’existeaucun salon digne de ce nom dans l’archipel. Tout lemonde connaît le MIDEM, mais rien de semblable n’avu le jour au Japon. Face à cette situation de fermeturedans laquelle les sociétés japonaises semblent se com-plaire, j’ai voulu profiter du bouillonnement qui existesur la scène indépendante pour mettre en place la pre-mière édition de Tokyo Boot Up !” confie cet hommequi travaille depuis 35 ans dans le secteur musical. Ila notamment participé à la promotion du groupeDreams come true à l’international. “Aux Etats-Unis,il existe South By South West (SXSW). C’est un ren-dez-vous important. Il a été lancé par des managersd’artistes indépendants qui voulaient promouvoir leurspoulains. Au Japon, ça manquait cruellement. C’est

d’autant plus dommage que le rock japonais connaît unnouvel âge d’or. La scène indépendante japonaise estsans doute la meilleure du monde avec des artistes depremier plan. Malgré cela, les maisons de disques japo-naises ne font rien pour les soutenir ou les promou-voir auprès du public. Elles semblent complètementbouchées”, affirme wATANABE Ken, conscient de

ORGAnISATIOn L’union fait la forceLancement réussi pour Tokyo Boot Up !, lepremier marché de la scène indépendante.

Okamoto’s sur la scène du Loft, le 3 septembre 2010.

l’énorme travail qui l’attend après le succès de la pre-mière édition de Tokyo Boot Up ! Au cours des troisjours, plus de 90 groupes se sont produits sur les scènesnotamment de Loft, Marz et Marble, permettant àla majorité d’entre eux de faire la démonstration deleur talent devant un public qui ne les connaissaitpas. wATANABE Ken considère son initiative commeune étape indispensable dans la carrière d’un groupesi celui-ci veut dépasser le simple cadre local. “Je trouvevraiment dommage que la majorité des artistes japo-nais adopte encore cet état d’esprit. Il y a tellement mieuxà faire”, raconte-t-il. Compte tenu de l’évolution dupays et de la tendance pour certains de ces groupes às’impliquer dans les débats de société, il estime d’au-tant plus important de renforcer leur poids. “Je croisqu’un grand nombre de ces artistes sont préoccupés parla fracture sociale et qu’ils sont désireux de la combat-tre. Mais pour que cela serve à quelque chose, il est indis-pensable qu’ils puissent se faire entendre au-delà dela scène indépendante. Gagner la confiance des grandesmaisons de disques n’est pas chose aisée actuellement etje crois que la plupart des jeunes artistes en ontconscience. Il faut donc procéder autrement et faireen sorte d’amener un plus large public à mieux com-prendre leur démarche”, assure le fondateur de TokyoBoot Up ! Son ambition est claire : devenir le décou-vreur de talents numéro un. Lors de l’édition 2010,wATANABE Ken a particulièrement apprécié owari-kara, Sonic Attacks Blaster, okamoto’s et Coun-terparts parmi les dizaines de groupes qu’il a vus etentendus. Il les a choisis, car ces formations lui ontprocuré au-delà de leurs qualités artistiques du plai-sir. “La fraîcheur de la nouveauté”, résume-t-il.“Aujourd’hui, c’est un élément très important dans ladémarche des auditeurs, en particulier chez les jeunes.Ils n’attendent plus que les médias classiques leur par-lent de tel ou tel artiste. Cela ne veut pas pour autantdire qu’ils ne s’intéressent plus à la musique, ils souhai-tent juste participer à la découverte de talents”, affirmele fondateur de Tokyo Boot Up ! Il l’a justement créépour associer le public et ainsi donner plus de poidsà son initiative. Il faudra bien sûr du temps pour queTokyo Boot Up ! trouve sa vitesse de croisière etdevienne un rendez-vous aussi incontournable quele MIDEM ou SXSw. Mais wATANABE Ken estconfiant. Il prépare déjà l’édition 2011 qui se tiendraaussi du 3 au 5 septembre. D’ici là, il entend commu-niquer le plus possible pour rappeler à ceux qui endouteraient encore toute l’importance pour la scènemusicale de disposer d’un tel rendez-vous à l’échelleinternationale. “Les artistes japonais ont toutes les qua-lités pour s’exporter. Mais il est indispensable de leur endonner les moyens et qu’ils en prennent conscience”, rap-pelle-t-il.

ODAIRA NAMIHEI

8 zoom japon numéro 7 février 2011

Pouvez-vous présenter le groupe ?Mono : Il y a noko (guitare, chant),Chibagin (basse), misako (batterie) etmoi (claviers). je connais noko et Chi-bagin depuis la maternelle. misakonous a rejoint après la publicationd’une petite annonce sur le net.nous nous sommes ensuite faitconnaître à Chiba [ville située à l’estde Tokyo] pour en arriver où nous ensommes aujourd’hui.

On présente souvent Kamattechancomme un groupe otaku. Est-cevrai ? M. : Faut croire que c’est vrai. Sur leplan de la mentalité, Kamattechanest très différent de la plupart desautres groupes japonais et puis, nousavons toujours eu une très forte acti-vité sur le net. nous avons en parti-culier mis à disposition des inter-nautes la plupart de nos chansons.par ailleurs, comme nous sommesplutôt enclins à rester enfermés cheznous plutôt qu’à faire des sortiespubliques, je pense que la dénomi-nation d’otaku n’est pas volée.

Est-ce que le fait d’avoir grandidans la banlieue a eu une impor-tance pour vous ?

M. : je ne crois pas que d’avoir vécuà Chiba ait eu une influence sur noschansons. je pense qu’elles s’appa-rentent davantage à un journalintime dans lequel nous exprimonsnos sentiments et nous rapportonsnos expériences qui n’ont pas tou-jours été très positives.

La diffusion de votre musique surla Toile est-elle une sorte dedéclaration d’indépendance vis-

à-vis du système ?M. : je pense que l’époque où l’onpouvait compter sur les ventes deCD est révolue. Un groupe ne peutplus compter seulement sur la pro-duction de musique. nous avonschoisi de distribuer nos morceauxsur Internet parce que nous avionsvu d’autres groupes le faire et quecela nous semblait être une trèsbonne solution.

Vous accordez aussi beaucoupd’importance aux prestations enpublic…M. : En effet. C’est très importantpour nous car c’est un très bonmoyen de rester en contact avecnos fans.

Comment voyez-vous l’avenir durock japonais ?M. : A la différence de ce qui sepasse à l’étranger, j’ai l’impressionque la plupart des groupes japonaisont un sens plus développé de lamélodie et s’intéressent davantageà cet aspect. C’est pourquoi je medis qu’ils auront du mal à s’imposerdans une société de plus en plusdure.

PROPOS RECUEILLIS PAR O. N.

Shinsei Kamattechan se livre

I nTERVIEw

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De gauche à droite, Chibagin,Misako, Noko et Mono. Les quatremembres de Shinsei Kamattechan.

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Page 9: ZOOM Japon 7

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blue

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février 2011 numéro 7 zoom japon 9

zoom DoSSieR

Vous êtes originaires de Hokkaidô.On a souvent dit que vos racinesrégionales avaient une grandeimportance pour vous. Pour quellesraisons y êtes-vous attachés ?Boss : La raison en est toute simple. C’estla région qui nous a vus naître, où nousavons grandi et où nous résidons encore.jusqu’à ce que nous formions Tha blueHerb, tout le business du hip-hop étaitconcentré à Tokyo. Les labels, les maisonsde disques, les médias, tout passait parla capitale. Les personnes originaires deprovince, si elles voulaient percer, de-vaient oublier leur passé, leurs racinespour s’installer à Tokyo et faire du rap. Eton voyait des mC (maîtres de cérémonie)venir de la capitale pour faire des concertsà Hokkaidô et tomber les filles. C’était enquelque sorte la mise en place d’un sys-tème de soumission. Ce système étaitvraiment insupportable. Si on n’arrivaitpas à se faire accepter par quelqu’un, onn’avait aucune chance de sortir undisque. nous ne pouvions plus tolérercette situation. A Hokkaidô, il y avait toutun tas de personnes dont nous pouvionsétudier la musique. nous nous ensommes beaucoup inspirés. En produi-sant un son qui ne pouvait provenir quede cet endroit, nous avons réussi à retour-ner la situation qui voulait que tout se dé-cide à Tokyo. Désormais, on constate unetendance similaire dans d’autres partiesdu japon. Il y a plein d’endroits sympasdans ce pays. Et même si nous avonsplein d’amis dans tout l’archipel, nous ai-mons revenir à Hokkaidô, à Sapporo,cette ville recouverte par la neige oùj’aime écrire.

Quels sont les sujets qui vous inspi-rent ?Boss : Ça dépend beaucoup du momentoù j’écris. je m’intéresse évidemmentbeaucoup à la situation dans laquelle setrouve le japon actuellement et à son ave-nir. Le japon est un pays tranquille, maiscela a un prix, celui d’une société souscontrôle. C’est aussi un pays où il existede merveilleuses traditions, mais il y aégalement tout un tas de choses démo-dées que nous ne pouvons plus accepter.Il y a aussi ce voisin à l’ouest dont l’ap-pétit de dragon est en train de se réveil-ler. Vous voyez, les sujets d’inspiration nemanquent pas.

J’imagine que vous rencontrez denombreux musiciens japonais et quevous en écoutez aussi beaucoup. J’au-rais aussi voulu avoir votre sentimentsur IMAWANO Kiyoshirô.Boss : nous participons à de nombreuxconcerts. C’est l’occasion pour nous derencontrer des musiciens de grand talent.mais chez moi, je n’en écoute pas beau-coup. j’ai bien sûr des montagnes de CDque j’ai achetés, mais que je n’ai pasécoutés (rires). En revanche, il m’arrivesouvent d’écouter ImAwAnO Kiyoshirô.Avec des potes, après une petite fête,quand la lumière du jour commence àpoindre dans ciel de Hokkaidô, je passe

souvent la reprise qu’il a faite d’Imaginede john Lennon.

Vos compositions sont bien sûr trèsconnues à Hokkaidô et dans le restedu Japon. Ne pensez-vous pas que leschansons de Tha Blue Herb puissents’exporter ? Viendriez-vous en Francesi on vous le proposait ?Boss : bien sûr. Toutefois, il faut se sou-venir que l’on fait du rap. De même quede nombreux rappeurs étrangers vien-nent se produire au japon, les spectateursjaponais ne comprennent pas toujours cequ’ils racontent. Reste que si l’on s’ap-plique bien, on finit par faire passerquelque chose. Et c’est ça qui compte.Voilà pourquoi j’aimerais beaucoup queTha blue Herb puisse se produire enFrance par exemple. Il y a la barrière dela langue et ce n’est pas forcément facileà surmonter. mais en nous appliquant, ilest tout à fait possible de passer outre.Cela prend un peu plus de temps pourfaire passer le message. je sais qu’on nousécoute en France. nous avons reçu desmessages de Français qui nous disaientqu’ils appréciaient notre musique etqu’ils nous écoutaient régulièrement.C’est franchement cool. Reste maintenantà aller un peu plus loin. Si parmi les trèsbons rappeurs français, il y en avait quise lançaient dans la traduction de notretravail, ce serait vraiment génial.

Un petit mot pour nos lecteurs ?Boss : j’espère que nous pourrons nousrencontrer un de ces jours lors d’unconcert en France. PROPOS RECUEILLIS PAR GABRIEL BERNARD

Tha Blue Herb, pour le meilleur et pour le vivre

I nTERVIEw

S i le rock engagé est un nouveau phénomèneau Japon, comment peut-on définir le rockque l'on trouve dans les bacs nippons ? Avis

de Nico, chanteur du groupe punk alternatif fran-çais, Tagada Jones et patron de la boîte de produc-tion Enrage. “Le rock japonais se nourrit essentielle-ment des influences. Les musiciens prennent le meilleurde ce qu'ils entendent à l'étranger et en font un mix éton-nant. Ils reproduisent tout ça à merveille, le trans-cendent même, pour obtenir un son incroyable, prochede la perfection”, explique-t-il.

Dans le catalogue du label Enrage, on trouve lesgroupes japonais D-out mais aussi Plastic Tree, Ver-sailles Philharmonic quartet ou encore Ra:In, legroupe du guitariste de X Japan. Du rock allié à uneimage, un look. C'est ce que l'on appelle le visual-kei.X Japan, fondé en 1982, en a été le précurseur. Sarecette ? Une guitare dure qui se nourrit du rock, maisaussi du métal et du punk et qui se mêle à une iden-tité visuelle très travaillée. L'influence majeure deX Japan a été le groupe américain Kiss qui a défrayéla chronique dans les années 1970. En quinze ans, XJapan a vendu plus de 30 millions d’albums et 2 mil-lions de vidéos. “Le niveau des Japonais est très élevé, le travail autourdu look est aussi très intéressant et définit le style japo-

VU DE FRAnCE Un style vraiment uniqueUn musicien et responsable d’une boîte deproduction française juge le rock made inJapan. Respect.

nais, poursuit Nico. Après, en ce qui concerne l'enga-gement dans les paroles, c’est un phénomène très nou-veau. On trouve du rock dur, mais on ne prend pasencore vraiment position comme nous pouvons le fairedans Tagada Jones. Mais j'ai une grosse lacune : je necomprends pas le japonais (rires) ! Même si je tiens àme faire traduire les paroles des groupes que l'on signe”.Récemment, Tagada Jones a joué avec Sunsowl etMaximum the Hormone, le groupe métal japonaisqui a vendu, l'an dernier, 350 000 exemplaires de sondernier album au Japon. “Le rock japonais est vrai-ment unique. Tout comme l'accueil que l'on reçoit là-bas. Dans la salle, le public est plus enjoué et passionnéque n'importe où ailleurs.”

JOHANN FLEURI

De gauche à droite, O.N.O le beatmaker et Boss, le MC (maître de cérémonie).Les deux membres de Tha Blue Herb.

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10 zoom japon numéro 7 février 2011

zoom CULTURe

H UmEUR par KOGA Ritsuko

je rêvais de ne plus avoir à offrir des chocolats auxhommes le jour de la St-Valentin (c'est comme çaau japon !). On m'avait dit qu'en France c'était leshommes qui offraient des cadeaux à leur chérie.je m'attendais à ce qu'un bel homme dynamiqueme donne un bouquet de roses avec des motsd'amour, et à vivre une belle histoire d'amour sansme fatiguer. En effet, les rencontres ne manquentpas en France. Dans la rue, on me dit "ni hao" aumoins trois fois par jour. je ne sais jamais quoi répon-dre. Sinon, où que j'aille il y a toujours quelqu'und'étrange qui vient me deman-der d'où je viens. me drague-t-il ? je l'ignore, mais comme cen'est pas toujours évident àdeviner je lui réponds par poli-tesse. Dès que je lui parle demon origine, il m'explique com-bien il est sincère car il respectel'esprit japonais. Sans oser lecouper, plus je l'écoute, plus je suis persuadée qu'ilparle au reflet de son fantasme. Ça me donne enviede lui dire que je suis Chinoise et de m'en aller vite. A part ça, les hommes dynamiques je peux les trou-ver dans les bars. Si je leur parle ils ne perdent pasde temps, ils sont clairs et efficaces pour atteindreleur but : passer quelques nuits agréables avec unefemme de passage, pas plus. même combat qu'aujapon, sauf que les japonais gèrent la nuit avec dusaké ou de l'argent, les Français avec des paroles.Ces derniers maîtrisent tous les mots tendres possi-bles comme si tout était vrai, et après font commesi de rien n'était. quand ça se passe comme ça avecune japonaise nouvelle en France ne connaissantpas les règles du jeu, elle passe des jours à se poserla question : il m'a lâchée ? pourtant il m'a dit dixfois “Que tu es belle !” comme dans une chansonque j'aime bien, Caramels, bonbons et chocolats…Aujourd'hui, je vis avec mon compagnon qui ne ditpas de mots d'amour et m'offre des fleurs en potque je laisse mourir chaque fois à contre-cœur. Çale déçoit. En définitive, peut-être vaudrait-il mieuxs'offrir chacun ses chocolats.

Des chocolats pour ne pas être chocolat

ExpOSITIOn L’île de latentationaprès nous avoir emmenés en balade à

Tokyo, Florent Chavouet revient à espace

japon pour nous transporter à

manabeshima, île de la mer intérieure, qui

a la particularité d'être peu connue du

grand public. avec le même sens de

l'observation, son coup de crayon

inimitable et un humour dont il ne se

sépare jamais, Florent a su une

nouvelle fois capter le

quotidien du japon tel

qu'on nous le

montre

rarement dans

les reportages

réalisés à la va-

vite. L'auteur,

disons même

l'artiste, a

pour sa part

pris son

temps, nous

donnant ainsi

l'occasion de faire connaissance avec les

habitants de cette île, de découvrir leurs

us et coutumes, leurs travers mais surtout

leur extraordinaire chaleur. nous aurions

donc bien tort de ne pas profiter de cette

invitation à ce voyage pas comme les

autres. attention cette invitation n'est

valable que jusqu’au 12 février et

seulement à espace japon. Florent

Chavouet viendra signer son livre le

samedi 12 février à partir de 15h. Un

rendez-vous évidemment à ne pas

manquer.

12, rue de nancy - 75010 paris

Tél. : 01 47 00 77 47 - www.espacejapon.com

mardi-vendredi 13h-19h, samedi 13h-18h.

DISqUE Dans la luneGrâce à un sens très développé des

mélodies, Bump of Chicken s’est imposé

depuis une décennie comme l’une des

valeurs sûres de la j-pop. Leur nouvel opus

confirme les qualités de ce groupe qu’il

n’est pas facile de prendre en défaut. nul

doute qu’avec ce sixième album, Bump of

Chicken va survoler les débats.

COSmOnAUT (Toy’s Factory).

EDITIOn Lettres d’iwo jimaon le sait, la guerre du pacifique a été

l’une des plus dures de l’histoire. malgré

une défaite annoncée, les soldats japonais

ont lutté jusqu’à la mort pour préserver

quelques cailloux stratégiques. KaKeHaSHi

Kumiko le raconte de façon magistrale et

poignante dans ce livre adapté en 2007 au

cinéma par Clint eastwood.

LETTRES D’IwO jImA, KAKEHASHI KUmIKO,

TRAD. pAR myRIAm DARTOIS-AKO,

ED. LES ARènES, 19,80€.

CIné-CLUb Tokyo Sonata àLa pagodeVoir ou revoir le meilleur film japonais

produit depuis 20 ans. Voilà une

invitation qui ne se refuse pas à moins

d’avoir franchement une excuse coulée

dans le béton. Le samedi 12 février à

10h30 au cinéma La pagode, Zoom Japon

vous propose ce chef-d’œuvre de

KURoSawa Kiyoshi. La projection sera suivie

d’une discussion avec le sociologue YaTaBe

Kazuhiko.

57 bis, rue de Babylone 75007 Paris

Tél. 01 46 34 82 51

Flor

ent

Cha

voue

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zoom CULTURe

février 2011 numéro 7 zoom japon 11

H ANAKUMA Yûsaku n’est assurément pas unmangaka comme les autres et son œuvre s’ins-crit évidemment dans un registre bien diffé-

rent de celui auquel la plupart des éditeurs nous onthabitués ces dernières années. Il faut préciser quel’homme a fait ses débuts chez Garo, mensuel de pré-publication le plus intéressant de son temps, et qu’ila poursuivi en faisant évoluer ses personnages chez Ax.Digne successeur de Garo, cette revue mensuelle édi-tée par Seirin Kôgeisha, a cette même ambition de met-tre en avant des auteurs au graphisme et à l’imagina-tion non conforme aux standards habituellement envigueur dans le monde de l’édition nippone. A la lec-ture de Tokyo Zombie, on comprend d’emblée qu’uneœuvre de cette nature ne pouvait qu’apparaître dansune publication avant-gardiste. De la même façon, onne s’étonne guère de la trouver publiée en France chezImho qui, depuis des années, nous fait découvrir despans méconnus du manga avec une folle envie de noussurprendre. Reconnaissons-le, ça marche à chaque fois.Que ce soit avec MIzUNo Junko, SAKABASHIRA Imiriou encore KANEKo Atsushi, l’éditeur de la rue de Bel-leville nous a réservé ces dernières années de bien bellessurprises. Avec HANAKUMA Yûsaku, c’est un nouveauchapitre qui s’ouvre et qui nous transporte dans un uni-vers délirant rempli de zombies. Publié initialementen 1999 dans les premiers numéros du mensuel Ax,

Tokyo Zombie est un manga “apocalyptique” si l’on encroit l’artiste. Il met en scène Fujio et sa coupe afroet Mitsuo le chauve, les deux personnages récurrentsdans l’œuvre de HANAKUMA Yûsaku. Fans de jiu-jitsu,les deux hommes ne ratent jamais une occasion de s’en-traîner même pendant les heures de travail. Une situa-tion intolérable pour leur chef qui les considère commedes ratés et cherche à les humilier. Alorsque dans une autre entreprise, lespersonnes mises en cause auraientbaissé la tête et attendu que l’oragepasse, Fujio frappe mortellementl’individu, les obligeant à allercacher le corps au sommet du“fuji noir”, énorme pile de détri-tus en forme de montagne. LeJapon comme on l’aime.HANAKUMA en rajoute unecouche dès qu’il peut, mon-trant et/ou dénonçant les tra-vers de la société japonaise oùles profs battent leurs élèves,les hommes préfèrent les col-légiennes et les zombies fontla loi. C’est ce que les deuxhommes découvrent, en allantenterrer leur chef. Ils tombent nez à nez avec ces êtresqui vont fondre sur la capitale et vont obliger la popu-lation à vivre derrière un mur de protection. Mais elleest soumise au bon vouloir d’une élite armée qui l’aréduite à l’esclavage. L’auteur poursuit à sa manièresa dénonciation d’un système dans lequel l’être humainn’a comme alternative que de mourir au travail oudévoré par des zombies lorsqu’il ose se rebeller. Le zom-bie fight, sorte de combat de gladiateurs adapté à l’uni-

vers farfelu de HANAKUMA, va devenir le lieu d’où par-tira la révolte. Fujio et Mitsuo seront évidemmentles héros. En dépit de sa tendance à toujours vouloiren rajouter, l’auteur parvient toutefois à nous entraî-ner dans son monde pour le moins étrange. Le Japonest finalement sauvé grâce au jiu-jitsu. La reconstruc-tion peut donc commencer“comme à l’après-guerre”,période qui fait rêver denombreux Japonais, y

compris HANA-

KUMA pourtant né en 1967 ! Tokyo Zombie peut aussise lire comme cela et c’est justement ce qui en fait uneœuvre passionnante et pas aussi “potache” qu’on pour-rait le croire au premier abord. Il faut juste se souvenirde son premier lieu de publication et ajouter queHANAKUMA Yûsaku continue de “sévir” tous les moisdans Saizô, un des magazines les plus impertinents aupays du Soleil-levant.

GABRIEL BERNARD

Malgré son air délirant et la volonté de sonauteur d’en rajouter, ce manga inclassableoffre un regard original sur le Japon actuel.

mAnGA Tokyo Zombie ou le retour des maux vivants

RéFéRenCeToKYo zomBie de HanaKUma Yûsaku, trad. paraurélien estager, éd. imHo, 12 €. www.imho.fr

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zoom CULTURe

T okyo fascine de plus en plus de réalisateursétrangers. Depuis que Sofia Coppola y a réa-lisé avec succès Lost in Translation (2003), la

capitale japonaise est devenue le décor de nombreuxfilms rendant grâce à sa beauté cinégénique. Dans CaféLumière (2004) de Hou Hsiao Hsien, on avait pu dé-couvrir Minowa-bashi, un des quartiers résidentiels ani-més de Tokyo. Tourné en grande partie le jour, le filmoffrait une merveilleuse vision de cette cité grouillantepleine de vie et d’espoir. Avec Carte des sons de Tokyo,la réalisatrice espagnole Isabel Coixet a choisi de trai-ter la ville d’un point de vue radicalement différent, met-tant l’accent sur son côté sombre et dérangeant. A ladifférence de Tokyo ! (2008), film à sketchs réalisé parMichel Gondry, Léos Carax et Bong Joon-ho, qui n’uti-lisait pas la première ville du Japon comme un élémentdéterminant des trois histoires racontées, le long mé-trage d’Isabel Coixet fait de Tokyo un élément centralde son récit cinématographique. Sans l’atmosphère desquartiers choisis, sans la présence de cette ville charmeusemais aussi inquiétante par certains côtés, son film au-rait perdu toute sa saveur. La complexité des rapportsqui se nouent entre les principaux personnages reflètele poids que semble faire peser la capitale sur chacund’entre eux. Dans Carte des sons de Tokyo, la réalisatrice espagnoleillustre aussi le choc culturel que la capitale du Japonpeut provoquer chez les étrangers qui y débarquent. Iln’est donc pas étonnant que Ryû, l’héroïne japonaise

de son film interprétée par la désormais incontourna-ble KIKUCHI Rinko, travaille à Tsukiji, le marché auxpoissons, lieu on ne peut plus japonais, tandis que Da-vid l’Espagnol incarné avec un certain brio par SergiLópez possède un magasin de vins dans un de ces nom-breux quartiers cosmopolites et chics que l’on re-trouve dans toutes les grandes capitales. La rencontreentre ces deux êtres est liée à la disparition de Midori,la fiancée de David, qui s’est suicidée. Le père de cettedernière, un homme d’affaires respecté, décide d’élimi-ner David qu’il rend responsable du suicide de sa fille.Pour arriver à ses fins, il demande à son secrétaire de faireappel à un tueur à gages qui n’est autre que Ryû. Sous sesairs effacés et tranquilles, la jeune femme qui découpe

Avec Carte des sons de Tokyo, Isabelle Coixetpropose sa vision des rapports amoureuxdans une ville aux multiples visages.

CInémA C’est beau une capitale la nuit du poisson et transporte des caisses pour “ne pas avoirà réfléchir” est donc une redoutable exécutrice. IsabelCoixet met la distance nécessaire entre le personnageet son quotidien d’employée modèle pour le rendre toutà fait crédible. Ryû va donc se mettre en chasse de sa nouvelle cible avecla froideur propre à son métier. Il n’est pas question defaire du sentiment. Pourtant, elle va rapidement tom-ber sous le charme de cet Espagnol expatrié qui va sus-citer en elle une passion dont elle ne pourra pas se dé-barrasser. La première rencontre entre les deux person-nages a lieu dans la boutique de David, dans la partie“occidentalisée” de la capitale. L’homme invite ensuitela jeune femme à dîner dans un restaurant de râmen,en territoire “japonais”. C’est l’occasion de compren-dre que David, qui mange ses nouilles sans faire de bruit,n’a pas vraiment réussi à se fondre dans le quotidien ja-ponais. Enfin leur rencontre intime a lieu le même soirdans un love hotel, le Bastille, parfait compromis entreun concept japonais (nulle part ailleurs que dans l’ar-chipel on rencontre ce genre d’endroit) et un décor àl’occidental (la chambre choisie par le couple ressem-ble à l’intérieur d’une rame du métro parisien). C’estd’ailleurs dans cet endroit mixte que Ryû et David par-viennent le mieux à s’exprimer. Ailleurs, dans la ville,c’est souvent le silence qui prédomine dans leurs rap-ports. Dans ces moments-là, ce sont les “sons” de la villequi se substituent à l’absence de dialogues. Il y a les bruitsliés à l’activité du plus grand marché aux poissons dumonde, il y a bien sûr les bruits des trains omniprésentsdans la capitale et tous les autres sons que l’on rencon-tre à Tokyo. Mais la relation amoureuse entre Ryû etDavid ne peut pas durer. En ne respectant pas soncontrat, la jeune femme se met en danger et ellemeurt sous les balles de son commanditaire qui la tueà Tsukiji. David quitte alors le Japon. Chacun chez soien définitive, car Tokyo ne semble tolérer l’amour qu’enterritoire neutre. GABRIEL BERNARD

KIKUCHI Rinko et Sergi López, un amour impossible

12 zoom japon numéro 7 février 2011

RéFéRenCeSCaRTe DeS SonS De ToKYo de isabel Coixet avecRinko Kikuchi et Sergi López. www.cartedessonsdetokyo-lefilm.com

bode

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Page 13: ZOOM Japon 7

ACCÈS Métro ligne no 2 - Adresse : PARC CHANOT- PARC D’EXPOSITION, Rond Point du Prado 13008 MarseilleHORAIRES D’OUVERTURE Vendredi : 13h-19h 11h-19h 11h-18h

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Page 14: ZOOM Japon 7

zoom CULTURe

i l était une fois une île, ogishima, située au sud deSendai, une île pas tout à fait comme les autrespuisqu’elle a décidé de se refermer sur elle-même

au moment où le Japon choisissait de s’ouvrir au mondeà la fin du XIXe siècle. Il faut savoir que cette île a tou-jours vécu en décalage avec le reste de l’archipel, accep-tant d’entretenir des rapports avec l’extérieur quand lepays tout entier vivait coupé du monde. C’est donc ununivers tout à fait particulier que découvre Itô, un jeuneinformaticien, un beau matin à son réveil. Il a été re-cueilli après avoir échappé à la police qui l’avait arrêtépour une tentative de vol dans une supérette. Son ar-rivée dans l’île n’est pas un hasard. C’est ce qu’il apprendtrès vite de la bouche de son guide Hibino. “Avec So-negawa arrivé ici il y a trois semaines à peu près, ça faitseulement deux personnes extérieures à Ogishima en centcinquante ans”, lui explique ce dernier alors qu’il lui faitfaire le tour de l’île avant de l’emmener voir Yûgo. “Ilsavait que tu allais venir”, ajoute Hibino. “Il ne fait pasde prophétie. Il sait, c’est tout”. Le fameux Yûgo n’est au-tre qu’un épouvantail doué de parole et qui sait l’ave-nir. Personnage central dans cette histoire signéeISAKA Kôtarô, l’épouvantail joue un rôle crucial, caril sait tout sur les habitants de l’île et leurs affaires qu’ellessoient licites ou illicites. Pour Itô, la découverte de cetépouvantail extraordinaire s’accompagne de celled’autres personnages hauts en couleurs, mais attachants.Il y a Sakura, justicier, poète et amateur de fleurs. Il ya Sonoyama le peintre qui ment comme un arracheurde dents ou encore Usagi, femme obèse incapable debouger. “Elle avait le teint brun et des bras qui devaientfaire deux fois le tour de mes cuisses”, note Itô la premièrefois qu’il la rencontre. Toutes ces femmes et tous ceshommes occupent une place particulière dans le récit

LITTéRATURE L’épouvantail qui en savait tropl’île devenu petit à petit son ami. Peu à peu, ils décou-vrent que la “mort” de Yûgo avait été planifiée parl’épouvantail lui-même. Celui-ci devait disparaître pourpermettre la réalisation d’un enchaînement d’événe-ments et l’empêcher d’intervenir. Yûgo l’épouvantailétait un amoureux des oiseaux. Il ne pouvait pas ac-cepter de participer malgré lui au massacre des der-niers pigeons migrateurs dont on pensait pourtantqu’ils avaient disparu de la surface de la terre. Inca-pable de se suicider, il a donc profité de son influencesur des habitants de l’île pour organiser sa disparitionet ainsi sauver les oiseaux. Avec cette fable écologique,ISAKA Kôtarô nous rappelle qu’il y a des chosespour lesquelles il faut accepter de se sacrifier, que l’in-térêt général ne se limite pas aux seuls êtres humains,mais qu’il concerne aussi la nature. Il le fait de façonsubtile, nous offrant par la même occasion une bellegalerie de portraits. Parmi eux, figure notamment Shi-royama, le flic pervers de Sendai, camarade d’enfanced’Itô, qui passe son temps à faire souffrir son prochain.Un personnage cruel qui ne mérite évidemment pasde vivre dans un monde où les derniers pigeons mi-grateurs auront été sauvés. Il mourra donc selon le planébauché par Yûgo et que l’auteur nous distille petità petit. on le savoure comme un bon vin et on prendplaisir à découvrir page après page les éléments quivont conduire au dénouement de l’affaire. Ce romanpolicier à mi-chemin entre le récit fantastique et la fa-ble est un vrai moment de plaisir. Il nous montre unenouvelle fois que la littérature japonaise n’a pas finide nous surprendre et qu’elle a encore de nombreuxtrésors à nous offrir.

ODAIRA NAMIHEI

RéFéRenCeLa pRièRe D’aUDUBon, iSaKa Kôtarô, trad. parCorinne atlan, éd.philippe picquier, 22,50 €-www.editions-picquier.fr

14 zoom japon numéro 7 février 2011

ISAKAKôtarô nous entraîne dans un mondeoù tout dépend de la bonne volonté d’un morceau de bois à figure humaine.

que construit l’auteur et dans lequel il nous entraînepar petites touches. Malgré son isolement, ogishimaconnaît les mêmes tracas que les autres sociétés. Il ya des gentils et il y a des méchants. La seule différence,c’est ce que tous les problèmes rencontrés sont réglésgrâce à l’intervention de Yûgo, l’épouvantail qui saittout. C’est lui qui régule la vie sur ce minuscule boutde terre. Il sait tout, mais il ne dit pas tout. Ainsi ilne prévient pas qu’un beau matin il sera retrouvé dé-membré aux quatre coins d’une rizière. “Il était dansun état lamentable. Il ne s’agissait plus de Yûgo, maisde morceaux épars qui avaient constitué Yûgo”, expliqueItô qui se retrouve à jouer au détective alors qu’il étaitarrivé sur l’île en tant que fuyard. Dans un style alerteet plaisant, ISAKA Kôtarô entraîne le lecteur dans l’en-quête menée par Itô assisté par Hibino, son guide sur

Page 15: ZOOM Japon 7

m ISHIMA Yukio, FUKASAKU Kinji, oSHIMA

Nagisa ou encore KITANo Takeshi. Toutce que le cinéma et le théâtre ont compté

ou comptent comme personnalité de premier plansont un jour ou l’autre tombés sous le charme deMIwA Akihiro. Méconnu en occident, ce person-nage atypique est une vedette au pays du Soleil-levantoù sa popularité transcende les générations. Il est lechouchou du public qui apprécie le talent de cethomme qui, depuis plusieurs décennies, interprètedes rôles de femmes et a décidé de vivre comme s’ilen était une. “Habillé en garçon, on se moquait de moi.On me regardait de haut à cause de ma petite taille(1,61 m). J’étais humilié”, se souvient-il au début dutrès bon documentaire que Pascal-Alex Vincent luiconsacre. “J’ai alors décidé qu’on devait me regarder de

bas en haut perché sur de hauts talons”, poursuit celuiqui va percer l’écran, en 1968, dans l’adaptation ciné-matographique duLézard Noir signée par le promet-teur FUKASAKU Kinji. Le texte d’EDoGAwA Rampoavait été adapté au théâtre par un certain MISHIMA

Yukio mais sans grand succès populaire. L’auteur,amoureux transi de MIwA, lui a alors demandé de

Un très beau documentaire rend hommageà l’interprète culte du film de FUKASAKU.

TéLéVISIOn a la rencontre du Lézard noir

février 2011 numéro 7 zoom japon 15

zoom CULTURe

reprendre le rôle. “Il me l’a proposé trois fois, m’ex-pliquant qu’il voulait que le public vienne enfin voirses pièces”, raconte l’acteur qui va donner une dimen-sion gigantesque au personnage de femme fatale, man-geuse d’hommes. C’est ce qui a amené ensuite la Shô-chiku à se lancer dans la production du film qui estdevenu l’un des plus grands succès du cinéma japo-nais. Mais MIwA a d’autres cordes à son arc, notam-ment des cordes vocales qui lui ont valu de faire aussicarrière dans la chanson. Très bien documenté, le filmde Pascal-Alex Vincent est un bel hommage à celuiqui a aussi fait avancer la cause des homosexuels dansl’archipel. A voir ou à revoir grâce à la multidiffusionsur la chaîne CinéCinéma. O. N.

DVD Claymore, la série qu’il nous faut

a VoiRmiwa, a La ReCHeRCHe DU LézaRD noiRde pascal-alex Vincent. Sur CinéCinéma le dimanche6 février à 14h30 et le samedi 12 février à 19h45.

L ‘information circulait depuis plusieurs mois surla Toile : Kaze avait acquis la licence Claymore.Nous n’avions plus qu’à attendre que le tra-

vail d’édition soit achevé pour qu’enfin on puisse appré-cier à sa juste valeur l’adaptation du manga éponymepar le studio Madhouse. C’est fait depuis le 5 jan-vier 2011. La réputation de Madhouse n’est plus àfaire. on lui doit notamment Summer Wars ou MaiMai Miracle pour ne citer que les deux derniers grandssuccès distribués en France, par Kaze justement. Ini-tialement diffusée au Japon en 2007 par la chaîne

NTV (Nippon Terebi), la série animée Claymore aconnu un succès important dans l’archipel grâce à laqualité du travail de son réalisateur TANAKA Hiroyukiqui a réussi à la fois à conserver toutes les caractéris-tiques de l’œuvre originale et à lui donner une autredimension. Il faut dire qu’il était attendu au tournantpar les fans du manga. Ces derniers pouvaient crain-dre de voir leur œuvre préférée perdre son âme dansune adaptation mi-figue mi-raisin. Ils ont vite été ras-surés dès la diffusion des premiers épisodes fidèles àl’histoire. Celle-ci raconte la lutte des claymores (com-battantes mi-démons mi-humaines) contre desdémons sanguinaires qui s’en prennent aux humainset l’amitié entre Claire, une de ces claymores, et Raki,

un jeune garçon, comme l’a imaginé YAGI Norihirodans son manga. Les scènes de combats sont plutôtbien réussies et l’on se laisse facilement transporterdans cet univers de la fantasy devenu une des grandesspécialités japonaises. Voilà pourquoi, on aurait tortde ne pas profiter de ce coffret de 3 DVD de belle fac-ture. Noël est passé. Mais s’il vous reste quelques éco-nomies, n’hésitez pas à vous procurer ce titre qui illus-tre le savoir-faire nippon dans ce domaine. G. B.

RéFéRenCeCLaYmoRe de TanaKa Hiroyuki d’après le manga deYaGi norihiro. Coffret de 3 DVD - 26 épisodes de25 mn - 59,95 € - www.kaze.fr

Très attendue, la production du studioMadhouse débarque enfin en France.

MISHIMA Yukio (à gauche) avec MIWA Akihiro.

DR

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C ‘est en 1666 que la ville de Lorient a vu le jour.Voulue par Colbert pour répondre au dévelop-pement de la Compagnie française des Indes

orientales qui entendait tailler des croupières à saconcurrente hollandaise déjà présente au Japon, la citéportuaire, ne serait-ce qu’en raison de son nom, était des-tinée à s’intéresser unjour ou l’autre au pays duSoleil-levant. StéphanieMichel-Policard rappellevolontiers l’histoire dela ville pour soulignerque l’ouverture de sa bou-tique Concept d’orienten mars 2009 dans cetteville du Morbihan s’ins-crit dans une longue tra-dition d’ouverture versl’Extrême-orient. Cette ancienne architecte était “pas-sionnée d'architecture japonaise, des jardins zen et de dé-coration japonaise”, raconte-t-elle. “J’ai été initiée au goûtdu Japon par une très bonne amie et j’ai voulu faire décou-vrir et partager cette passion aux Bretons”. Lorsqu’on pé-nètre dans le magasin, on est tout de suite saisi par le soinapporté à la mise en valeur de tous les produits venus duJapon. “J'ai essayé de faire ressortir au travers de ma bou-tique ma passion pour le raffinement du Japon”, ajoute-t-elle avec une pointe de fierté. Concept d’orient remplitparfaitement sa mission et l’on apprécie dans cette bou-tique le goût de sa propriétaire qui sait donner envie auclient de sortir son portefeuille pour acheter l’un des nom-

Désireuse de partager sa passion pour lesbeaux objets nippons, une anciennearchitecte a ouvert une bien belle boutique.

bOUTIqUE Lorient tombesous le charme japonais

breux objets exposés. C’est un peu comme si l’on péné-trait dans une maison japonaise dont l’hôte aurait subi-tement décidé de vider tous ses placards pour vous mon-trer la variété et la beauté de ses biens. A la manière d’uninventaire à la Prévert, Stéphanie Michel-Policard nousdétaille les objets qu’elle met en vente : “Une grande va-riété de céramiques (bols, plats, coupelles, gobelets...), desthéières en fonte, des boîtes à thé, des textiles et des créationsjaponisantes, des kimonos, des carillons, des baguettes, deslivres, des tenugui, des kami fûsen, des geta, des boîtes à

bento, des manekineko, des tis-sus japonais, des noren, de l’en-cens, du papier washi, des éven-tails… et bien d’autres objets tra-ditionnels ou plus modernes”. Dequoi ravir une clientèle “enquête d’authenticité qui appré-cie la démarche d'exigence et dequalité des produits japonais”,confirme la patronne deConcept d’orient. Même si laqualité a un prix, Stéphanie

Michel-Policard sait que les passionnés du Japon ne sontpas tous fortunés. “ J'ai essayé de faire une sélection ouverteà toutes les bourses et donc je propose des produits à tous lesprix”, souligne-t-elle. Un endroit fort sympathique à dé-couvrir pour faire ou se faire plaisir.

ODAIRA NAMIHEI

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zoom TenDanCe

pRaTiqUeConCepT D’oRienT 10, bd du maréchal joffre56100 Lorient. Tél. : 02 97 11 04 40.ouverture du lundi après-midi au samedi de 10h à 12h et de 14h30 à 19h.www.conceptdorient.fr

Gentils tricotsmesdames, gentilstricots nouveauxpar le passé, on a souvent reproché aux

japonais de copier ou du moins s’inspirer

fortement des produits occidentaux pour

concevoir leur propre production. on l’a

dit pour l’optique, l’automobile et

d’autres secteurs industriels dans lesquels

les industriels nippons ont ensuite su

s’imposer. Désormais, quand on évoque

l’espionnage industriel, on ne pense plus

aux japonais,

mais aux

Chinois (voir

l’affaire

Renault

mettant en

cause certains

de ses cadres qui auraient vendu des

secrets à des entreprises chinoises). mais

on ne doit pas oublier que les occidentaux

peuvent aussi être tentés de s’inspirer du

savoir-faire japonais. en témoigne japan

Couture addicts, un blog collectif qui

s’adresse à tous les fans de couture

japonaise. on y trouve toutes sortes de

conseils pratiques pour débusquer des

patrons et tissus. on s’y échange des

informations et des petits trucs. ils

permettront ainsi à celles et ceux qui se

sentent l’âme de couturier de réaliser des

vêtements, mais aussi des objets en tissus

tout droit venus de l’archipel. Une mine

d’information, mais surtout une ambiance

conviviale qui incite à l’échange. japan

Couture addicts est un site qui vous incite

à partager. il donne envie de se lancer

dans la réalisation de vêtements tout

aussi craquants les uns que les autres.

http://japancouture.canalblog.com

DR

8/12 rue Bertin Poirée, Paris 1er TEL. 01 44 76 06 06 www.tenri-paris.com [email protected]° Châtelet sortie rue de Rivoli, Pont-Neuf

ESPACE CULTUREL BERTIN POIREE

“ SOIREE JAPON ” mardi 22 février Rakugo en français, Danse traditionnelle, Dégustation de TAKOYAKI

“ Aux quatre coins du monde " du 15 février au 5 mars

SPECTACLES

Association culturelle Franco-Japonaise de

Cours de japonais : adultes Programme d’échange avec l’Université de Tenri, au Japon (étudier le japonais pendant 1 an)

ECOLE DE LANGUES DE TENRI

Stage linguistique au Japon en juillet (3 semaines)

Rentrée à partir du 21 février

TENRI

Page 17: ZOOM Japon 7

zoom niHonGo

pIpO AU jApOn

a près s'être enfin posé, après avoir pris la mesurede l'exiguïté des lieux et l'obligation pour l'oc-cidental que l'on est de remettre en cause son

rapport avec l'espace, après avoir senti que l'air que l'onrespire n'est plus le même, que la lumière éclaire autre-ment, que tout d'un coup tout semble aller très viteparce que chaque instant n'est que découverte et qu'onne veut rien louper, après s'être dit que bon, voilà, ony est, c'est là que tout commence, il faut faire connais-sance. Selon un apprentissage bien scolaire et toujoursdépendant de la logique linguistique de sa langue mater-nelle, comme Pipo on penche facilement pour la for-mule "anata no namae wa nan desu ka"pour demanderle nom de son interlocuteur. Facilement car très prochede l'équivalent français "quel est votre nom?" Pourtant,il y a plus naturel et surtout plus simple.

お名前���

は…?O namae wa…?Vous vous appelez ?

Et pour répondre, continuons dans la simplicité :

ゆみです。Yumi desu.yumi.

Ce qu'il y a de bien avec le japonais, c'est que l'on n'estpas obligé d'achever ses phrases, et encore moins d'y inté-grer absolument un verbe. on préfère les sous-enten-dus. Forcément, il faut être attentif dans le dialogue, à

LAnGUE Faire connaissance,rien de plus simple

l'écoute de son interlocuteur. Mais c'est surtout uneénorme contrainte en moins. Le japonais ressemble par-fois à un jeu où chaque réponse vient compléter la ques-tion. on reste concentré sur ce que va dire son inter-locuteur pour reprendre le fil qu'il tend. La question n'estqu'une amorce, une ébauche de phrase, mais elle annoncedéjà la forme que prendra la réponse. Mieux, elle l'im-pose.

趣味���

は…?Shumi wa…?Vous aimez…?

読書����

です。Dokusho desu.La lecture.

マンガは…?Manga wa…?Les manga…?

大好���

きです。Daisuki desu. j'adore.

Un seul objectif finalement : rester en phase.PIERRE FERRAGUT

A l'oral, la langue japonaise fait souventl'économie de bien des difficultés. Lesdébutants apprécieront…

pRaTiqUeLe moT DU moiS

興味����

(kyômi) : intérêt

ゆみさんもマンガに興味����

があるので、気�

が合�

いそうです。Yumi san mo manga ni kyômi ga aru no de, ki ga aisôdesu.Comme Yumi aussi s'intéresse aux manga, on devrait bien s'entendre.

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un kaiseki, c’est-à-dire cette cuisine sophistiquée etcomposée d’une multitude de petits plats. Ici on misedavantage sur la simplicité, la qualité et la fraîcheurdes produits. “Ça fait toute la différence”, rappelleM. KIMURA. originaire du nord-est du Japon, “là oùle riz et saké sont bons”, il a le sens du terroir et aimecuisiner des petits plats goûtus avec des légumes bioet en provenance directe quand c’est possible de sonpays natal. Dans sa petite cuisine ou derrière le comp-

toir quand il découpe lepoisson, M. KIMURA

prend un véritable plaisirà manipuler et donner lemeilleur de tous ses pro-duits. Le résultat dans l’as-siette ou le bol est éton-nant. on se régale et on enredemande. Comme unmagicien, KIMURA Shige-taka transforme quelqueslégumes et un poulpe ende délicieux amuse-bouches. Le spectacle vaut

le déplacement et les prix pratiqués sont raisonnablescompte tenu encore une fois du soin apporté dans lechoix de la matière première. Le midi, il faut compterentre 14 € et 20 € selon le plat que vous choisissez. Lesoir, M. Kimura propose notamment un mini kai-seki pour 40 € grâce auquel vous pourrez apprécier toutle talent de ce cuisinier hors pair.

GABRIEL BERNARD

zoom GoURmanD

j ’habite dans le 14ème arrondissement. Est-ce que tuconnais un bon japonais ? Je n’ai pas envie d’aller àOpéra, je voudrais bien trouver quelque chose de

bon pas trop loin de chez moi”. Cette phrase, j’ai dû l’en-tendre des dizaines de fois. Seul l’arrondissement chan-geait. Nous sommestous à la recherche dubon restaurant japonais,de la perle rare dans cetocéan de pseudo sushiyaqui servent du poissoncru (thon, saumon) etdes yakitori surgelés augoût insipide. Ça tombebien, il existe dans le14ème arrondissement, àquelques pas de la sta-tion Pernety, un excel-lent restaurant qui portesimplement le nom de son chef : Kimura. De primeabord, le lieu ressemble à un petit restaurant quel-conque. Ici le décor à la japonaise est réduit à sa plussimple expression. “Après tout, ce qui compte, c’est ce quevous avez dans votre assiette”, dit doucement MmeKIMURA qui s’occupe avec son mari de ce lieu qui metvos papilles sens dessus dessous. Le couple a repris, ily a neuf mois, ce restaurant qui appartenait à un autreJaponais, M. AwANo, qui en avait fait un haut lieu dupoisson cru connu sous le nom de Kirakutei. Parti ten-ter sa chance en Corée du Sud, il a laissé aux KIMURA

le soin de continuer à promouvoir la cuisine japonaiseavec un grand C. Ne vous attendez cependant pas à

Un couple de Japonais a repris une ancienne sushiya et l’a transformée en un lieu où il fait très bon manger.

RESTAURAnT Kimura, défenseurdu goût et des saveurs

mettez un peu decharbon dans votre eaunous sommes de plus en plus sensibles à la

qualité de l’eau. Bon nombre d’entre nous,

trouvant que l’eau du robinet a un goût,

préfèrent acheter des bouteilles d’eau de

source ou d’eau minérale. Certes ces eaux

ont un meilleur goût et contribuent pour

certaines d’entre elles à nous apporter de

bons éléments pour notre organisme.

Toutefois, elles sont commercialisées dans

du plastique, ce qui est loin d’être écolo à

un moment où nous voulons aussi faire

plus attention à notre planète, en évitant

de limiter nos rejets de

plastique. Voilà

pourquoi on peut se

tourner vers une

solution

alternative

venue du

japon et

connue sous le

nom de charbon

de Kishu. produit depuis le Viiie siècle

dans l’archipel, il s’agit d’un bâtonnet de

charbon actif qui fixe les goûts

désagréables de l’eau grâce au processus

d’adsorption. Cela rend l’eau bien plus

agréable à boire. Les amateurs de thé

peuvent placer directement le bâtonnet

dans la bouilloire pour obtenir une eau

dans laquelle le thé pourra exprimer

toutes ses saveurs. economique (il a une

durée de vie de trois mois), le charbon de

Kishu produit avec du bois d’Ubamegashi,

une variété de chêne, est désormais

disponible en France. inutile donc de s’en

priver. on peut le commander en ligne à

l’adresse ci-dessous :

www.moncharbon.com

pRaTiqUeS’Y RenDRe 38 rue pernety 75014 paris Tél. 01 45 42 33 15 - 12h30-14h et 19h-22h.Fermé le samedi midi, dimanche midi et le lundi.

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Gab

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L A RECETTE DE SHIGETAKA, chef de Kimura

INGRÉDIENTS (pour 4 personnes)

Un demi potiron que l’on trouve dans les épiceries chinoises3 c. à café de dashi instantané900 ml d’eau180 ml de mirin5 c. à café de sucre180 ml de sauce de soja

Pour le service :4 petits bols

PRÉPARATION1 - Découper le potiron en petits morceaux d’environ 3 cm de long 2 - Gratter la peau de manière à ce qu’ellene soit pas trop épaisse. 3 - mettre tous les morceaux dans une casserole d’eau froide. 4 -porter à ébullition.5 - Ajouter le dashi instantané, le sucre et le mirin. 6 - Faire cuire entre 25 et 35 minutes selon le potiron.Vérifier la cuisson avec une pique. Lorsque celle-ci pénètre facilement dans la chair du légume et qu’elle trans-perce facilement la peau, cela signifie que les morceaux sont cuits. 7 - Ajouter la sauce de soja. 8 - prolongerla cuisson de 5 minutes afin de donner une belle couleur au potiron. 9 - placer plusieurs morceaux de poti-ron dans un bol avec deux ou trois cuillères du jus de cuisson.

zoom GoURmanD

Les légumes bénéficient dans la cuisine japonaise d’untraitement particulier, notamment dans la cuisine Shô-jin (Shôjin ryôri) qui en a fait sa base avec les céréales etles algues. Cette cuisine particulière est liée à la religionbouddhiste, mêlant subtilité et simplicité. Initialementservie dans les temples et préparée par les moines, lacuisine Shôjin est très proche de la nature en ce sensqu’elle s’adapte aux produits de saison. nutritive, elleest aussi diététique, ce qui explique son succès auprèsde nombreux japonais soucieux de manger équilibré.C’est aussi une expérience spirituelle dans la mesure oùsa relation originelle avec le bouddhisme contribue, dit-on, à favoriser une purification de l’esprit. “La cuisine

Shôjin ryôri célèbre le beau. Elle n'utilise aucun assaison-nement épicé et met en valeur la saveur naturelle desaliments”, rappelle l'ancien moine bouddhiste FUjII

Sôtetsu dans un ouvrage qu’il a consacré à cette cui-sine végétarienne. Voilà pourquoi, elle n’utilise pas l'aïl,l'oignon, la ciboulette ou encore l'échalotte jugés tropforts et contraires aux principes ascétiques du boud-dhisme. même le dashi (voir Zoom Japon n°4, octo-bre 2010), élément de base de la cuisine japonaise,obéit à une autre règle. Il n’est pas préparé comme ilse doit à base de poisson, mais à base d’algues ou delégumes. Il est donc peu probable qu’après un repasde cuisine Shôjin vous vous sentiez lourd.

Gab

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potiron cuit à la Shôjin(nankin no fukumase)

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S i l’expression “se ressourcer” a un sens pour vous,si elle correspond à un profond désir de faireune pause de façon à retrouver le tonus qui com-

mençait à vous faire défaut, rendez-vous à Karuizawa,dans la préfecture de Nagano, à un peu plus d’une heurede Tokyo. Sa proximité avec la capitale japonaise en afait un des lieux de villégiature de la bourgeoisietokyoïte. Les célébrités du monde des affaires, de lapolitique et de la culture y possèdent bien souvent desomptueuses résidences secondaires qui, au milieu de

la nature verdoyante, donnent un cachet certain à cettepetite cité d’environ 18 000 âmes. Son charme attireen toutes saisons des milliers de visiteurs qui viennentadmirer le paysage montagneux ou faire du shoppingdans les nombreux magasins d’usine qui se sont implan-

tés non loin de la gare desservie par le Shinkansen.En lisant ces quelques lignes, vous devez commencer àdouter de l’invitation à se ressourcer dans un endroitque les habitants de la capitale ont, semble-t-il, décidéd’un commun accord d’envahir dès qu’ils en ont la pos-sibilité. Pourtant, ce lieu d’où vous reviendrez complè-tement reposé et apaisé existe bien à Karuizawa. Rete-nez-bien son nom : Hoshinoya. Pour l’atteindre, il fautun peu s’éloigner du centre-ville. En sortant de la gare,vous pouvez prendre un taxi (il vous en coûtera envi-ron 2 000 yens [18 euros]) ou emprunter une navettegratuite qui circule toutes les heures. Hoshinoya estla première illustration de l’hospitalité et du service àla japonaise adaptés aux exigences d’une clientèle qui

Au pied du Mont Asama, un centre hôtelierd’un nouveau genre vous procure, le tempsd’un séjour, une bonne dose de bonheur.

Hoshinoya, quelle que soit la saison, vous garantit des heures inoubliables au milieu d’une nature enchanteresse.

bIEn-ÊTRE Hoshinoya, cap sur la plénitude

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Hos

hino

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zoom VoYaGe

souhaite profiter pleinement d’un environnement horsnorme. Implanté au pied du Mont Asama et entourépar la forêt, Hoshinoya permet ainsi de prendre ses dis-tances avec les mauvais côtés de la vie moderne, touten bénéficiant de tous ses avantages. D’une certainefaçon, on se coupe du monde le temps de son séjour.Tout commence dès l’accueil situé à environ deux kilo-mètres du centre hôtelier proprement dit. Le visiteurvenu en voiture l’abandonne. Il la retrouvera à sondépart. Dès que l’on pénètre dans le petit centre deréception, le ton est donné. Un musicien entouré depercussions vous accueille avec une musique apaisantequi sera omniprésente dans tous les lieux publics deHoshinoya. Cette réception est une sorte de sas entrele monde réel et un univers enchanté et tranquille. Apartir de cet instant, le client devient le centre de toutesles attentions. L’ensemble du personnel — nombreux— est à sa disposition pour rendre son séjour le plusagréable possible, un séjour qu’il va pouvoir organiserselon ses envies, en profitant notamment des nom-breuses activités proposées autour de l’eau.L’eau est en effet l’un des éléments clés de Hoshinoya.Profitant de la présence d’une source d’eau chaude, lafamille Hoshino avait créé en 1904 un établissementde bain que l’héritier actuel a décidé en 2005 de trans-former en un centre hôtelier de grande classe, tout enmaintenant le lien très fort qui existe entre ce lieu etl’eau. Au milieu de l’immense parc où il a implantéles maisons qui accueillent les clients coule une rivièredont le doux bruit envahit l’espace et contribue à main-tenir son atmosphère reposante. L’eau, c’est aussi le bainpublic baptisé Tombo no yu qui dispose notammentd’un bassin extérieur donnant sur la nature. ouvert aupublic dans la journée, il est réservé aux clients de Hoshi-noya une heure tous les matins. Un autre espace dédiéau bain est à la disposition de la clientèle. Ce Medita-tion Bath comme son nom l’indique est un lieu où l’onpeut se rendre quel que soit le moment de la journéepour profiter des bienfaits de l’eau chaude dans uneambiance feutrée et totalement apaisante. Enfin, l’eauest également une source d’énergie pour Hoshinoya quiproduit grâce à elle 60 % de sa consommation éner-

février 2011 numéro 7 zoom japon 21

gétique. Une manière pour les responsables du lieude rappeler concrètement leur attachement à la préser-vation de l’environnement et leur désir de le partageravec leurs hôtes. Plusieurs activités en relation avec la nature environ-nante sont proposées tout au long de l’année. Parmielles, la plus enthousiasmante est la promenade guidéedans la forêt qui entoure le centre hôtelier. Hoshinoyaen a fait un sanctuaire pour les oiseaux, créant pour l’oc-casion Picchio, un centre de recherche sur la faune sau-vage. Chaque matin, une balade de deux heures est orga-nisée sous les auspices d’un guide qui vous fait partagersa passion. Selon les saisons, on peut observer diffé-rentes espèces de volatiles et ainsi découvrir une richesselocale insoupçonnée. La marche dans la forêt à flancde volcan ouvre naturellement l’appétit. Au retour, ilest recommandé de faire sa pause déjeuner à Kasuke,le restaurant de cuisine japonaise implanté au cœur deHoshinoya dans le bâtiment principal du centre hôte-lier. Cet espace vaut qu’on s’y attarde à la fois pour son

aménagement intérieur (le restaurant est disposé enterrasse) et surtout la qualité de sa cuisine. Après avoirrelaxé son esprit, reposé son corps, Hoshinoya vousoffre la possibilité d’émoustiller vos papilles avec desproduits locaux préparés avec grand soin. Il est tempsensuite de retourner profiter de votre appartement poury prendre, pouquoi pas, un bain au saké qui achèveravos dernières résistances s’il en restait. Vous ne souhai-terez alors qu’une seule chose : rester encore et encore.Hoshinoya est en effet le lieu parfait pour se ressour-cer. A essayer de toute urgence et sans modération.

GABRIEL BERNARD

S ERVICE

Grâce à son succès enregistré à Ka-ruizawa, Hoshinoya a décidé d’éten-dre son concept dans d’autres ré-gions, en respectant le caractère dechaque lieu et en adaptant les acti-vités proposées aux conditions lo-cales. Depuis décembre 2009, Hoshi-noya s’est implanté à Kyoto dans uncadre fantastique en pleine nature aubord de la rivière Oi. Un lieu idéalpour profiter pleinement des ri-chesses de l’ancienne capitale impé-riale. En 2012, Hoshinoya ouvrira uncentre à Okinawa avant d’en inaugu-rer un autre un an plus tard au pieddu mont Fuji. Le choix de ses en-droits traduit évidemment le souci dela société d’être en harmonie avec lanature.

mais cela a un prix. Un séjour (mi-nimum deux jours pour bien en pro-fiter) coûte 52 000 yens [480 euros]à Hoshinoya Karuizawa. Une sommerondelette qui se justifie néanmoinspar le très haut niveau du service ap-porté. L’occasion de goûter l’excel-lence japonaise dans des endroitsidylliques. Un excellent choix pourachever un voyage dans l’archipel,car cela permet de vous requinqueravant de retrouver le rythme érein-tant du quotidien. Enfin la garantied’un souvenir qui restera longtempsgravé dans la mémoire. ne tardezpas à réserver, car on se bousculedésormais et les places sont parfoisdifficiles à trouver.

G. B.

Du sur-mesure qui gagne du terrain

pRaTiqUeS’Y RenDRe Hoshino, Karuizawa-machi, nagano,389-0194 Tél. : 81-267-45-6000 ouwww.hoshinoya.com/en/. au départ de Tokyo,emprunter le shinkansen asama. Descendre à lagare de Karuizawa et prendre la sortie sud pour untaxi ou la navette gratuite.

Hoshinoya KyotoHos

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zoom VoYaGe

a ppréciée par les Tokyoïtes qui s’y rendentrégulièrement pour profiter de la nature,Karuizawa s’est dotée au fil des années de

nombreuses structures qui ont renforcé son attraitauprès du public. Le fait qu’elle soit fréquentée par denombreuses grosses fortunes n’est pas non plus étran-ger au fait que la petite ville dispose de plusieursmusées intéressants. Le Musée d’art contemporainSezon (ouvert d’avril à novembre) expose de grandsartistes étrangers et japonais à l’instar du Musée d’artcontemporain de Karuizawa, inauguré en août 2008.Il dispose d’œuvres signées KUSAMA Yayoi ou NARA

Yoshitomo. Considérée comme un lieu particuliè-rement romantique, Karuizawa possède l’un des trois

musées dans le monde consacré à l’œuvre de l’illustra-teur français Raymond Peynet. Ses “amoureux” quifont tant rêver les Japonaises en quête de romantismeattirent chaque années des milliers de fans qui visi-tent ce lieu plein de charme et font une halte à la bou-

Tout en profitant de l’hospitalité deHoshinoya, un petit tour dans la petite cité et ses alentours s’impose.

TOURISmE Karuizawa la belletique. Autre curiosité, Ishi no kyôkai (L’église de pierre)construite en l’honneur de UCHIMURA Kanzô, écri-vain et évangéliste chrétien, qui a joué un rôle impor-tant au début du XXe siècle dans la propagation de lafoi chrétienne et dont un petit musée retrace la vieà l’arrière du bâtiment. Cette église imaginée par l’ar-chitecte américain Kendrick Kellogg est étonnante àl’extérieur comme à l’intérieur. Une succession d’archesen pierre sert de structure à l’édifice qui bénéficie àl’intérieur de la lumière naturelle grâce à la présenced’une grande baie vitrée située à l’extrémité du bâti-ment. Implantée dans la forêt, l’église de pierre estunique en son genre et vaut largement qu’on y fasseune halte prolongée.Comme partout ailleurs, la présence des touristes aentraîné la multiplication de restaurants et de bou-tiques à Karuizawa. Côté cuisine, il y en a pour tousles goûts et toutes les bourses. Cuisine japonaise biensûr, mais aussi cuisine française notamment à l’hô-tel Bleston Court. NAKASU Tatsuo, son jeune chefqui vient de participer brillamment au Bocuse d’orà Lyon, propose des plats qui font honneur aux pro-duits du terroir et ravissent le palais. Accompagné devins japonais de la région dont la qualité en étonneraplus d’un, ce moment passé au Bleston Court vouslaissera un beau souvenir. Côté souvenir, Karuizawan’est pas avare de magasins. La ville dispose notam-ment d’un grand nombre de boutiques d’usine regrou-pées à la sortie sud de la gare. C’est le coin des bonnesaffaires dans des domaines aussi variés que la confec-tion ou la vaisselle. A moins de vouloir renouvelersa garde-robe avant de rentrer en France, on peut secontenter de ramener de Karuizawa un peu de bière.Plusieurs micro-brasseries existent et produisent d’ex-cellentes boissons comme la Yona Yona Ale ou laKaruizawa Kôgen Beer National Trust. Un souve-nir original qui se consomme bien frais.

G. B.

Ishi no kyôkai [L’église de pierre] est un lieu unique construit

en 1988 par l’architecte américain Kendrick Kellogg.

Gab

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22 zoom japon numéro 7 février 2011

L E bOn pLAn

Si vous êtes familier du japon, vous savez sans doutece qu’est un kotatsu. pour les autres, il s’agit d’unetable basse équipée d’une chaufferette et recouverted’une couette que les japonais apprécient beaucoup

l’hiver. pour la première fois, une compagnie de che-min de fer a équipé une de ses rames avec cesfameux kotatsu et propose jusqu’au 27 mars lessamedis, dimanches et jours fériés un aller-retoursur sa ligne entre Kuji et miyako dans la préfectured’Iwate, au nord-ouest de l’archipel. Le voyage de100 minutes s’effectue le long de la côte pacifiquedans un cadre magnifique et dans une ambiancetrès chaleureuse. L’occasion aussi de découvrir le fol-klore local puisque plusieurs animations, mettanten scène des personnages tout droit sortis deslégendes locales, sont organisées le temps duvoyage. Les amateurs de photographie sont aussichoyés puisque le train stoppe sa course sur un pontenjambant la mer pour que les amoureux des beauxpaysages s’en donnent à cœur joie avec leur appa-reil photo. En moins de deux heures, vous engran-gez des images et des ambiances qui resteront long-temps dans votre mémoire. Départ de Kuji à 13h04.Arrivée à miyako à 14h40. Départ de miyako à15h07. Arrivée à Kuji 16h42. Il vous en coûtera 1800yens plus les frais de réservation de 300 yens, soitun total de 2100 yens [19,50 euros]. La gare de Kujiest accessible à partir de Hachinohe (Tôhoku Shin-kansen).Compagnie de chemin de fer Sanrikuwww.sanrikutetsudou.com

Bien au chaud

Sanr

iku

Tets

udô

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HôTEL Une touche japonaisedans votre sommeil

Situé à trois minutes de la gare de

Suidôbashi (lignes Chûô et Sôbu), cet hôtel

de confort occidental attache cependant

une très grande importance au service à la

japonaise. Un excellent rapport qualité-prix

à partir de 18 900 ¥ [169 euros] pour un

établissement si accueillant.

HOTEL nIwA TOKyO

1-1-16 misaki-cho, Chiyoda-ku, Tokyo 101-0061

Tél. : 03-3293-0028 - www.hotelniwa.jp

LIVRE Guide de l’architecturecontemporaine

on peut se rendre à Tokyo pour faire du

shopping, visiter quelques musées ou

simplement se balader dans les rues. on

peut aussi vouloir y découvrir toute sa

richesse architecturale contemporaine.

Si c’est votre cas, ne partez pas sans ce

petit ouvrage très bien fait et très pratique.

21ST CEnTURy TOKyO

julian worrall & Erez Golani Solomon,

éd. Kodansha, 20$, www.kodansha-intl.com

zoom VoYaGe

a vouons-le. Nous connaissons assez mal l’artmoderne japonais, car nous n’avons guère l’oc-casion d’en admirer en dehors de l’archipel.

Nous pouvons bien sûr citer MURAKAMI Takashi, lechef de file du néo-pop japonais, car il a eu droit decité au Château de Versailles. Mais en dehors de lui etquelques autres dont nous avons le nom sur le bout delangue, mais dont on ne se souvient pas vraiment, raressont les artistes contemporains que nous sommes enmesure de nommer. Voilà pourquoi, il ne faut pas raterl’occasion de visiter l’expositionCollection 3 : Art japo-nais 1950-2010 au Musée national d’art à osaka.Quelque 110 pièces sont montrées dans un ordre chro-nologique, permettant ainsi au visiteur d’appréhenderl’évolution du travail des artistes nippons au lende-main de la Seconde Guerre mondiale et surtout d’éva-luer leurs sources d’inspiration principalement euro-péennes (abstraction, art figuratif ou surréalisme). Al’instar d’un ISHII Shigeo, ils traduisent les transfor-mations parfois douloureuses de leur pays. Un rendez-

vous à ne pas manquer si d’aventure vous êtes de pas-sage dans la capitale du Kansai.

ODAIRA NAMIHEI

Jusqu’au 20 février, les principaux artistesjaponais ont rendez-vous dans le Kansai.

mUSéE objectif art à osaka

RéFéRenCeaRT japonaiS 1950-2010 jusqu’au 20 février.musée national d’art à osaka. entrée : 420 yens.Du mardi au dimanche 10h-17h (19h le vendredi) -www.nmao.go.jp

février 2011 numéro 7 zoom japon 23

“Anxious City : Complicity” (1956) par ISHII Shigeo.

The

nat

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saka

Page 24: ZOOM Japon 7

A V E C M I N T A N A K A T A K E O N A K A H A R A H I D E O S A K A K I M A N A B U O S H I OD I R E C T E U R D E P R O D U C T I O N B E R N A T E L I A S S O N A I T O R B E R E N G U E R D É C O R S R Y O S U G I M O T O M O N T A G E I R E N E B L E C U A P H O T O G R A P H I E J E A N C L A U D E L A R R I E U ( A . F . C . )

P R O D U C T E U R E X É C U T I F J A V I E R M É N D E Z P R O D U C T E U R J A U M E R O U R E S S C É N A R I O E T M I S E E N S C È N E I S A B E L C O I X E T

W W W . C A R T E D E S S O N S D E T O K Y O - L E F I L M . C O M