lettre vernimmen numero 112
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LA LETTRE VERNIMMEN.NET :
LA LETTRE VERNIMMEN.NET
N° 112
Janvier 2013
par Pascal Quiry
et Yann Le Fur
ACTUALITE : La Bourse joue-t-elle son rôle de financier de l’économie ?
GRAPHIQUE DU MOIS : Rachats d’actions et dividendes en 2012
RECHERCHE : La création de valeur des LBOs secondaires
QUESTION ET REPONSE : Pourquoi les variations de stocks de produits finis
apparaissent-elles en produits dans le compte de résultat ?
ACTUALITE : La Bourse joue-t-elle son rôle de financier de l’économie ?
La Bourse a principalement cinq rôles :
- Offrir une liquidité à des investisseurs qui peuvent, à un moment donné ou dans le temps
céder tout ou partie des leurs actions dans une société cotée. Cette liquidité est fondamentale
car une action, contrairement à un titre de dette, n’offre pas contractuellement un
remboursement. La liquidité ne peut donc venir que d’une revente à un moment donné à un
autre investisseur. Dès lors la possibilité d’une cotation en Bourse même dans un futur
indéterminé, est un frein de moins à l’investissement en capitaux propres.
- Afficher régulièrement le prix des actifs qui y sont cotés. Que ce prix plaise ou non est un
autre sujet. Il a le mérite d’exister, c’est le prix du marché et le prix auquel il est possible de
céder très vite un paquet d’actions. Les alternatives permettant d’obtenir un prix plus élevé
existent mais sont aléatoires. Elles prennent du temps et peuvent n’être que partielles : vente
du contrôle, sortie de l’investisseur minoritaire par rachat d’actions, attente de jours meilleurs.
- Donner un brevet de respectabilité aux entreprises qui sont cotées car toutes ne sont pas
cotées, il faut respecter des conditions. Le régulateur boursier s’assure que des vérifications
ont été faites au moment de l’introduction en bourse sur la situation de l’entreprise et en fait
régulièrement par la suite, ce qui est loin d’être sans coût pour les émetteurs surtout quand les
IFRS s’en mêlent1. Seules normalement les meilleures entreprises sont donc susceptibles d’être
cotées.
1 En France, les sociétés non cotées établissent leurs comptes en normes françaises mais celles cotées sur Euronext
doivent les publier en normes IFRS et celles sur Alternext ont le choix.
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- Offrir une protection aux actionnaires minoritaires car les règles boursières concernant
l’information et les changements de contrôle offrent souvent de bien meilleures protections
que celle permises un pacte d’actionnaires.
- et enfin faciliter le financement par capitaux propres, car la cotation qui donne un prix à
l’action et une liquidité favorise considérablement la levée de fonds : un prix de référence
existe aux yeux de tous et à tout moment une action achetée peut être revendue. La bourse
est de fait un moyen pour l’entreprise de toucher un nombre beaucoup plus important
d’investisseurs potentiels et donc théoriquement de lever plus de fonds.
C’est justement sur ce dernier point que la Bourse est critiquée. Le montant des dividendes
versés et des rachats d’actions est supérieur, et de loin, à celui des augmentations de capital,
le nombre des sociétés qui s’introduisent en Bourse s’est réduit, en particulier en France,
comme une peau de chagrin, le nombre de radiations volontaires par retrait de bourse2 ou
involontaire suite à un changement de contrôle est largement supérieur à celui des
introductions.
Tout ceci est statistiquement vrai, mais nous semble relever financièrement d’un effet
d’optique.
Les sociétés cotées qui versent des dividendes copieux ou procèdent à des rachats d’actions ne
sont pas les mêmes que celles qui font des augmentations de capital. Il est normal que des
sociétés arrivées à maturité procèdent à des rachats d’actions et/ou à des versements de
dividendes copieux afin de restituer à leurs actionnaires des capitaux propres dont elles n’ont
plus ou pas l’usage. A l’inverse, il est normal que des sociétés en forte croissance ou en
restructuration sollicitent auprès des investisseurs de nouveaux capitaux propres. Le fait que le
solde des appels aux actionnaires moins les restitutions aux actionnaires soit négatif ne change
rien à l’affaire : les entreprises cotées qui ont eu besoin de capitaux propres ont pu en trouver
en bourse comme Arcelor Mittal (4 Md$), Peugeot (1 Md€) ou Technicolor (190 M€) pour se
restructurer, Alstom (350 M€) ou CGG Veritas (414 M€) ou Vranken Pommery (42 M€) pour
financer des opérations de croissance externe ; Energie Partagée (3 M€) ou GL Events (70 M€)
pour financer des investissements ; en se limitant à des opérations datant de moins d’un an.
Par ailleurs, dans ces calculs on oublie facilement les augmentations de capital cachées :
dividendes payés en actions (4,6 Md€ en 2012 pour les entreprises du CAC 40, voir l’article
suivant), conversion d’obligations convertibles en actions, exercice d’options de souscription
accordées aux salariés.
Il ne faut cependant pas se leurrer. En Europe au moins, l’année 2012 n’a pas été très propice
à des augmentations de capital : cours bas qui peuvent poser des problèmes de dilution du
2 Pour plus de détails, voir le chapitre 48 du Vernimmen
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contrôle pour des actionnaires ne pouvant pas souscrire pour leur part3, structure financière
saine pour de nombreuses entreprises cotées qui n’ont pas besoin de capitaux propres
supplémentaires, peu d’opérations de croissance externe à financer, flux de trésorerie
disponible élevés et investissements industriels peu dynamique dans une zone économique
flirtant avec la récession.
Mais il n’y a pas que la France et l’Europe dans le monde. Ainsi l’AMF estime à 270 Md$ le
montant des augmentations de capital dans le monde pour les neufs premiers mois de 2012
contre 280 pour l’ensemble de 2011 et 350 en 2010.
Enfin et surtout, il ne faut pas oublier qu’il y a les flux mais aussi les stocks. Les flux ce sont les
augmentations de capital, les stocks la masse de capitaux propres comptables apportés depuis
la création des entreprises par les actionnaires non contrôlant ou laissés à leur disposition sous
forme de bénéfices non distribués. En Europe compte tenu d’une capitalisation boursière des
sociétés de l’ordre de 11.000 Md€, d’un PBR bien pesé de 1,5 et flottant moyen pondéré de
80%, on peut estimer ce stock d’investissements financés par la Bourse à environ 6.000 Md€
en montant comptable donc historique.
Certains de ces capitaux propres ont été apportés à l’entreprise lorsqu’elle était cotée,
d’autres lorsqu’elle ne l’était pas encore. Mai en tout état de cause le relais a été pris à un
moment donné pour de l’ordre de 6.000 Md€ en Europe par des investisseurs actifs en Bourse
car ils savaient qu’ils pourraient revendre les titres qu’ils achetaient à d’autres investisseurs
qui eux aussi savaient qu’ils pourraient en cas de besoin les revendre à d’autres investisseurs
qui eux aussi. . . Pour 6 000 Md€, des actifs sont financés et portés par des investisseurs qui,
individuellement, peuvent changer rapidement mais qui seront toujours remplacés, de sorte
que collectivement ils et la Bourse portent ces actifs. L’oublier et dire que la Bourse ne finance
plus les entreprises comme on l’entend d’ici et de là, c’est faire l’impasse sur 6.000 Md€ en
Europe. 6.000 Md€, c’est 11 fois le montant des encours de crédits aux entreprises du monde
entier accordés par la plus grosse banque européenne dans ce domaine (BNP Paribas). Ce n’est
donc pas rien.
Il y a une corrélation forte en la vigueur d’un marché boursier, c’est-à-dire du public equity et
celle du private equity, le monde du non coté. C’est un mécanisme vertueux qui s’auto-
entretient. Dans certains pays tout créateur d’une nouvelle entreprise rêve d’atteindre la
consécration que matérialise l’introduction en Bourse. Il n’a pas de peine à trouver des
investisseurs en capital risque si son projet tient la route car ils savent que si le succès est au
rendez-vous, leur investissement pourra trouver sa liquidité sur le marché boursier.
Dans d’autres pays, cela est beaucoup plus difficile car culturellement et fiscalement
l’environnement n’est guère favorable à la prise de risques par capitaux propres. La Bourse est
moins développée, moins dynamique et les entrepreneurs ont plus de mal à trouver des
3 Pour plus de détails, voir le chapitre 43 du Vernimmen 2013
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financements en capital risque. On créé alors moins d’entreprises et elles arrivent moins
facilement au stade de l’introduction en Bourse.
On ne saurait trop insister sur les effets positifs indirects d’une Bourse dynamique sur le
financement en capitaux propres de l’économie. Stade ultime de la liquidité, elle bénéfice au
monde du non coté qui un jour ou l’autre l’utilisera et qui, en attendant, peut être plus actif
car plus confiant dans sa liquidité à terme grâce à elle.
On terminera sur un clin d’œil. Les groupes dont la structure juridique ne permet pas la
cotation en Bourse (les mutualistes) ont le plus souvent une ou plusieurs filiales cotées qui leur
sert de pompe à financement en capitaux propres : Natixis pour BPCE, CASA pour le Crédit
Agricole ou Vilmorin pour Limagrain. Quant à ceux qui ne veulent pas venir en Bourse, ils
organisent souvent leur propre bourse interne comme le groupe Mulliez.
* * *
TABLEAU DU MOIS : Rachats d’actions et dividendes en France en 2012
Avec 4,6 Md€ de rachats d’actions en 2012, les entreprises du CAC 40 ont réduit en 2012 de
20% les restitutions de liquidités sous cette forme à leur actionnaires, à charge pour eux de les
investir auprès de sociétés qui ont besoin de capitaux propres. Ceci correspond bien à la
nature totalement discrétionnaire de cette forme de distribution de liquidités aux actionnaires
qui peut être arrêtée à tout moment4.
Ce n’est donc pas en soi une bonne ou une mauvaise nouvelle. C’est un résidu de la
conjoncture et vu son niveau actuel on reste, sans surprise, loin du plus haut de 2007 (19,2
Md€) et au troisième plus bas niveau sur les 10 dernières années.
12 groupes ont procédé à des rachats d’actions significatifs en 2012 contre 17 en 2011, en
profitant de niveaux de cours perçus alors comme bas au premier semestre et créant autant
d’opportunités pour neutraliser la dilution liée à la création récente de titres (Sanofi, le leader
français de cette année avec plus de 800 M€) ou pour faciliter la sortie d’un actionnaire
minoritaire et renforcer à bon compte la position d’un actionnaire principal mais loin d’être
majoritaire (Publicis, qui est le champion cette année des rachats d’actions en pourcentage
avec 7,6 % du capital et 644 M€).
(4) Pour plus de détails, voir le chapitre 42 du Vernimmen 2013
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Source : Compilation des informations réglementées publiées par les sociétés
Contrairement à l’an passé, aucun groupe du CAC 40 n’a procédé à des cessions significatives
de titres auto détenus, reflet dans la plupart des cas d’une bonne situation financière des
membres de l’élite françaises des groupes cotés comme, a contrario, Alcatel et Peugeot, qui
ont quitté le CAC 40 et donc le périmètre de cette étude, peuvent en témoigner.
Coté dividendes, 40,9 Md€ ont été versés en 2012, soit une progression de 5% par rapport à
l’an dernier. Sur cette somme, 10 % ont été versés en actions dont les deux tiers par GDF Suez
et le quart par BNP Paribas. Les chiffres de cette année illustrent bien le coté roulette russe
des dividendes en actions : là où GDF Suez, BNP Paribas et Carrefour ont convaincu plus de
60% de leurs actionnaires d’opter pour le dividende en actions, Vallourec, Véolia
Environnement ou Michelin n’en ont convaincu que moins du quart. Non en raison de la
pertinence de la stratégie suivie ou de la force de conviction des dirigeants, mais simplement
en fonction de l’évolution à la hausse ou non du cours de bourse pendant la période de choix
des actionnaires.
Rappelons en effet que le paiement du dividende en action s’apparente à une option d’achat à
prix fixe pendant la durée laissée à l’actionnaire pour prendre sa décision. Comme l’an passé le
trio de tête des versements de dividendes représente de l’ordre du tiers des dividendes versés,
il est composé de Total, Sanofi et GDF Suez. Si on ajoute EDF et France Télécom, on atteint
7 618
9 209
6 264
7 869
19 200
11 240
-70
1 952
5 699
4 591
-4 000
0
4 000
8 000
12 000
16 000
20 000
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
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avec 5 groupes presque 50 % des dividendes. Comme quoi, même au sein du CAC 40, les
inégalités sont criantes !
Crédit Agricole et Société Générale se retrouvent seuls cette année à ne pas verser de
dividendes, Alcatel et Peugeot ayant quitté le CAC 40. Cela n’est pas dû à leurs mauvais
résultats, mais à leur volonté de renforcer de façon certaine leurs capitaux propres pour des
raisons prudentielles (Bâle III), ce que l’option du dividende en actions ne permet pas.
Source : Compilation des informations réglementées publiées par les sociétés
Le taux de distribution pour les entreprises du CAC 40 qui ont versé un dividende est de 54 %,
au dessus de sa moyenne historique de 45%. Nous anticipons qu’il pourrait baisser un peu en
2013, car un certain nombre de gros payeurs de dividendes dans des secteurs à maturité ont
atteint un niveau de taux de distribution trop élevé compte tenu de leurs investissements à
venir et de leurs objectifs de structure financière.
GroupeRachat net d'actions
en 2012 (en M€)
Rachats nets en %
de la capitalisation
boursière moyenne
2012
Dividendes versés en
cash en 2012 (en M€)
Dividendes versés en
actions en 2012 (en
M€)
1 TOTAL 68 0,1% 5 182 0
2 SANOFI 822 1,1% 3 487 0
3 GDF SUEZ 345 0,7% 772 2 631
4 FRANCE TELECOM 30 0,1% 3 689 0
5 EDF -3 0,0% 2 125 0
6 L'OREAL 498 0,9% 1 236 0
7 AXA -17 -0,1% 1 626 0
8 DANONE 696 2,4% 838 0
9 VINCI 525 2,7% 950 0
10 LVMH 8 0,0% 1 446 0
11 BNP PARIBAS 0 0,0% 398 1 024
12 VIVENDI 18 0,1% 1 245 0
13 SCHNEIDER ELECTRIC 0 0,0% 919 0
14 SAINT GOBAIN 261 1,4% 646 0
15 ARCELORMITTAL 0 0,0% 915 0
16 AIR LIQUIDE 113 0,4% 723 0
17 PUBLICIS 644 7,6% 123 0
18 UNIBAIL-RODAMCO 0 0,0% 735 0
19 BOUYGUES -1 0,0% 504 0
20 PPR 24 0,2% 441 0
21 PERNOD-RICARD 22 0,1% 443 0
22 CARREFOUR 99 0,9% 144 211
23 EADS 36 0,2% 369 0
24 MICHELIN 0 0,0% 289 89
25 SAFRAN 118 1,0% 258 0
26 STMICROELECTRONICS 0 0,0% 362 0
27 VEOLIA ENVIRONNEMENT 0 0,0% 330 24
28 RENAULT 0 0,0% 316 0
29 ESSILOR 117 0,9% 177 0
30 TECHNIP 102 1,1% 173 0
31 SOLVAY 0 0,0% 266 0
32 ACCOR 0 0,0% 261 0
33 LEGRAND 11 0,2% 245 0
34 ALSTOM 0 0,0% 236 0
35 VALLOUREC 12 0,2% 150 6
36 LAFARGE 0 0,0% 145 0
37 CAP GEMINI 0 0,0% 154 0
38 GEMALTO 35 0,7% 26 0
39 CREDIT AGRICOLE 7 0,0% 0 0
40 SOCIETE GENERALE 0 0,0% 0 0
Cum ul 4 5 9 1 0 ,5 % 3 2 3 4 5 3 9 8 5
Somme rachats nets et
dividendes versés en 2012
(en M€)
En % de la capitalisation
boursière moyenne 2012
5 250 6,0%
4 309 5,8%
3 748 7,9%
3 719 11,6%
2 122 5,5%
1 734 3,1%
1 609 5,8%
1 534 5,3%
1 475 7,6%
1 454 2,5%
1 422 3,2%
1 263 6,2%
919 3,5%
907 5,0%
915 3,4%
835 3,1%
767 9,0%
735 5,4%
503 7,5%
465 3,1%
465 2,2%
454 4,0%
405 2,0%
378 3,6%
376 3,3%
362 10,9%
354 7,3%
316 3,0%
294 2,3%
275 3,1%
266 2,7%
261 4,6%
256 3,5%
236 3,2%
168 3,5%
145 1,4%
154 3,3%
61 1,2%
7 0,0%
0 0,0%
4 0 9 2 0 4 ,4 %
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France Télécom a déjà confirmé le principe d’une baisse de son dividende (de 43%) et d’autres
groupes pourraient le suivre dans cette voie (GDF Suez ? EDF ?). Rappelons5 à notre lecteur qui
serait tenté de leur jeter la pierre que le seul critère financièrement pertinent d’appréciation
d’une politique de distribution est le taux de rentabilité marginale des fonds réinvestis. Le
dividende n’est ni une idole ni une icône ! A contrario, le Crédit Agricole et Société Générale
pourrait reprendre en 2013 le paiement d’un dividende, mais probablement pas avec un taux
de distribution de 50%.
* * *
RECHERCHE : La création de valeur des LBOs secondaires
Parmi les bons mémoires de recherche réalisés l’an passé par des étudiants figurait celui de
François Evers (HEC Paris). En voici le résumé, sachant que le texte intégral se trouve sur la
page mémoires de recherche du site vernimmen.net
L’étude de F.Evers a pour objet d’analyser la création de valeur ainsi que les leviers des
acquisitions avec effet de levier (LBO) secondaires (SBO) en France au cours de la période de
l’après-crise financière. Deux ensembles de données sont utilisés : d’une part un échantillon
unique regroupant 438 LBO menés par des fonds de private equity (PE) en France entre 2007
et 2011 et d’autre part un échantillon de 139 sorties du capital par ce même type de fonds
pour la même période. La sortie du capital via SBO a été la voie préférée des fonds de PE en
2011: 52% des investissements en PE ont été sortis de cette façon.
Les SBO ont commencé à se multiplier au cours des années 2000 et depuis ils ont attiré de plus
en plus l’attention des chercheurs. Si la recherche accepte, en général, trois leviers de création
de valeur lors des LBO, à savoir la valorisation, l’optimisation opérationnelle et l’effet de levier,
elle reste plutôt sceptique à l’égard du potentiel de création de valeur lors des SBO. Les SBO
seraient plus chers que les LBO en raison de l’hypothèse du vendeur qualifié. De plus,
l’essentiel de l’optimisation opérationnelle aurait déjà été réalisé lors des LBO. Par
conséquent, il est souvent argumenté que le seul véritable levier de création de valeur lors des
SBO consiste dans l’utilisation accrue de l’effet de levier. De plus, d’autres leviers, à part
l’objectif traditionnel de la création de valeur, semblent encore jouer un rôle lors des SBO. En
effet, les conditions de marché, tel que le coût de financement réduit avant la crise financière,
sont souvent considérées comme primordiales. Le présent travail constitue l’une des toutes
5 Pour plus de détails, voir le chapitre 41 du Vernimmen 2013
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premières études des leviers des SBO pour la période de l’après-crise financière. En outre, il
s’agit de la première étude qui se concentre exclusivement sur le marché français des SBO.
F. Evers montre que les SBO n’influencent pas significativement la valorisation des acquisitions.
Le fait que les SBO soient en moyenne plus importants que les LBO et qu’ils soient plus
fréquents dans des industries à multiples boursiers élevés semble plutôt affecter la différence
de valorisation. De plus, si les fonds de PE sont plus aptes à augmenter les revenus des
entreprises sous LBO que sous SBO, l’inverse est le cas pour l’optimisation opérationnelle. Une
explication serait le phénomène de la sélection naturelle. Ainsi les entreprises sélectionnées
pour un SBO ont déjà géré avec succès au moins un LBO précédent et la direction et les
employés pourraient être plus aptes à réaliser des gains opérationnels. En combinant ces
résultats, F. Evers conclue que les fonds de PE se concentrent sur l’expansion des activités
d’entreprises plus petites et jeunes lors des LBO et sur l’optimisation opérationnelle
d’entreprises plus importantes et matures dans le cas des SBO.
Finalement, les fonds de PE ne semblent pas favoriser de façon significative l’effet de levier
lors d’un SBO plutôt que lors d’un LBO. Dans l’ensemble, F. Evers montre que tout le potentiel
de création de valeur n’est pas réalisé lors des LBO de premier tour et qu’il reste de la marge
pour la création de valeur au cours des tours ultérieurs.
Par ailleurs, il confirme l’existence d’autres leviers dans l’émergence récente des SBO. F. Evers
montre qu’une sortie via SBO n’est pas seulement liée négativement à des marchés IPO actifs
et au coût du financement, mais également positivement au capital engagé non tiré de
l’industrie du PE et à la pression du fonds sortant de monétiser son investissement.
Finalement, F. Evers ne trouve pas de preuve concluante que la réputation du fonds de PE
sortant ou la profitabilité de l’entreprise cible aient un impact significatif sur la probabilité
d’une sortie de capital via SBO.
La contribution principale de la présente étude consiste dans le résultat que les SBO ne sont
pas seulement motivés par les conditions macroéconomiques des marchés IPO et de la dette,
mais également par la maximisation de profit microéconomique, c’est-à-dire l’objectif de la
création de valeur. D’autre part il s’avère que les conditions structurelles de l’industrie du PE,
par exemple la pression du fonds sortant de monétiser son investissement et le montant du
capital engagé non tiré, jouent également un rôle non négligeable.
QUESTION ET REPONSE : Pourquoi les variations de stocks de produits finis
apparaissent-elles en produits dans le compte de résultat ?
Notons tout d’abord que les variations de stock de produits finis n'apparaissent que dans le
compte de résultat par nature qui classe les charges en frais de personnel, dotations aux
amortissements, achats de matières premières, etc. Elles n'apparaissent pas dans le compte de
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résultat présenté par fonction où apparaissent des coûts des ventes, des frais commerciaux,
des frais administratifs, etc. (1)
Le compte de résultat par nature enregistre les charges de l'exercice que celles-ci se rattachent
ou non à des produits ou à des services vendus au cours de cet exercice. On est donc dans une
logique de production et non de ventes.
Mais ne nous trompons pas, le résultat d'exploitation ou le résultat net donné par le format
par nature correspond bien, comme il se doit, à la différence entre le chiffre d'affaires et la
totalité des coûts directs et indirects supportés pour réaliser ce chiffre d'affaires.
Comment fait-on alors la réconciliation entre des charges enregistrées au compte de résultat
quand elles sont contractées, indépendamment des ventes, et un résultat qui ne tient compte
que des charges rattachables directement ou indirectement aux ventes de l'exercice ?
Par la variation des stocks de matières premières, encours de production et produits finis.
En effet, si on enregistre dans le compte de résultat par nature les achats de matières
premières, la présence de la variation des stocks de matières premières qui vient en négatif
juste en dessous fait apparaitre en global, non les achats, mais la consommation de matières
premières de l'exercice. On se rapproche alors des consommations de matières incluses dans
les produits vendus au cours de l'exercice, mais on n'y est pas encore tout à fait. En effet, si
l'entreprise a stocké plus de produits finis qu'elle n'a déstocké dans l'exercice ou si elle a moins
stocké de produits finis qu'elle n'en a déstocké, il y a alors un écart résiduel qui peut ne pas
être négligeable.
Le correctif ultime est la variation des stocks de produits finis. Quand elle figure en positif en
produits en dessous des ventes, cela veut dire que l'entreprise a plus produit durant l'exercice
qu'elle n'a vendu. Comme un stock de produits finis est valorisé comme la somme des coûts de
production qui l'ont emmené à son état actuel, il contient en autres les coûts de la matière
première qu'il a nécessité.
Autrement dit en mettant les variations des stocks de produits finis en produits, c'est comme si
on les mettait en négatif de la consommation de matière première pour obtenir, in fine, la
seule consommation de matière première nécessitée pour produire les produits vendus dans
l'exercice. En effet, accroitre les produits ou réduire les charges du même montant n'a pas
d'impact sur le résultat qui en est le solde.
Il en est de même par exemple des frais de personnel qui sont enregistrés comme une charge
de l'exercice même si une partie du travail a servi à fabriquer des produits qui seront vendus
l'an prochain. Mais ce n'est pas grave car cette partie va se retrouver dans le stock de produits
finis à la fin de l'exercice et donc dans les variations de stocks de produits finis qui viendront
minorer les charges apparentes dans la détermination du résultat de l'exercice.
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Cela serait pédagogiquement peut être plus simple de les mettre en moins des charges, et non
de les faire apparaitre en produits, afin de bien faire comprendre qu'il ne s'agit pas de produits
comme un chiffre d'affaires mais de charges "comptées" en trop. Mais c'est ainsi.
(1) Pour plus de détails sur ces différentes présentations, voir le chapitre 3 du Vernimmen 2013
* * *
Au sommaire de la Vernimmen.com Newsletter de janvier 2013
• NEWS: The risk-free rate – the time to change is now
• THIS MONTH'S GRAPH : Interest rate yield curves
• RESEARCH: Bond yield and disaster risk premia
• Q&A: Why have UK pension funds shifted their asset allocation away from shares?
• REVIEW OF A BOOK: Corporate Financial Risk Management
Pour la consulter : www.vernimmen.com
Au sommaire du prochain
numéro :
ACTUALITE : L’analyse
financière des groupes
japonais
TABLEAU DU MOIS : Les
taux d’impôt en France en
2013
RECHERCHE : Choix de
financement et caractère
QUESTION : La mesure de
la liquidité
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