numero 4 2010

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RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE Avril 2010 | Numéro 4 Agroscope | OFAG | HESA | AGRIDEA | ETH Zürich Environnement Produits phytosanitaires et risques pour l’avifaune Page 128 Economie agricole Agriculture biologique en Suisse : abandons et conversions Page 142 Production végétale Nébulisation à froid des produits phytosanitaires en serre Page 148

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numero 4 2010

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Environnement Produits phytosanitaires et risques pour l’avifaune Page 128

Economie agricole Agriculture biologique en Suisse : abandons et conversions Page 142

Production végétale Nébulisation à froid des produits phytosanitaires en serre Page 148

127 Editorial

Environnement

128 Oiseaux et produits phytosanitaires : évaluation des risques et monitoring

Michela Gandolfi et Otto Daniel

Environnement

134 La Convention sur la diversité biologique menace-t-elle la lutte biologique ? Franz Bigler

Economie agricole

142 Agriculture biologique en Suisse : abandons et conversions

Ali Ferjani, Linda Reissig et Stefan Mann

Production végétale

148 Nébulisation à froid des produits phytosanitaires en serre: avantages et inconvénients

Jacob Rüegg et René Total

Production animale

154 Aptitude de deux lignées Holstein pour la production de veaux blancs

Nathalie Roth et Peter Kunz

Eclairage

162 Cinq ans du Réseau de recherche équine en Suisse

Dominik Burger, Mireille Baumgartner,

Iris Bachmann, Christine Grivel,

Anne Rizzoli, Ruedi von Niederhäusern

et Pierre-André Poncet

166 Portrait

167 Actualités

171 Manifestations

ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

EditeurAgroscope

Partenairesb Agroscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil

ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux ALP et Haras national suisse HNS; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART)

b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berneb Haute école suisse d’agronomie HESA, Zollikofenb Centrales de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,

Department of agricultural and foodscience

Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]

Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: [email protected]

Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Eliane Rohrer (ACW), Gerhard Mangold (ALP et HNS), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HESA), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich)

AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou

[email protected]

AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]

Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch

ISSN infosISSN 1663-7917 (imprimé)ISSN 1663-7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse

© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Haute école spécialisée bernoiseBerner FachhochschuleHaute école suisse d’agronomie HESASchweizerische Hochschulefür Landwirtschaft SHL

Office fédéral de l’agriculture OFAGDépar tement fédéral de l ’économie DFE

Agroscope

SommaireAvril 2010 | Numéro 4

Tarier des prés dans du colza.Les oiseaux et autres animaux sauvages sont-ils en con-tact avec les produits phytosantaires ? Quels sont les risques pour eux ? Cette problématique est étudiée par le Groupe d’écotoxicologie de la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW (Photo : Markus Jenny, Fehraltorf)

Editorial

127Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 127, 2010

Chère lectrice, cher lecteur,

près de 100 000 chevaux vivent en Suisse. Ce nombre est révélateur de l’impor-

tance de la branche au sein de l’agriculture, puisque la branche chevaline uti-

lise environ 10 % de la surface agricole utile. Pas moins de 265 000 personnes

sont impliquées dans l’élevage et l’utilisation du cheval en Suisse. Comme dans

d’autres secteurs, la qualité, l’efficacité et la durabilité sont urgemment re-

quises dans la filière du cheval dans le cadre de l’ouverture à l’Europe.

Rôle du Haras national suisse HNS

Le Haras national suisse HNS occupe un rôle important et central dans cette

filière. C’est LE centre de compétences en la matière qui, en tant qu’institu-

tion fédérale, permet d’anticiper les questions et les problèmes de la branche

et de proposer des solutions. Ceci afin de promouvoir la compétitivité et le

bien-être du cheval en Suisse, mais également de contribuer à la conserva-

tion de la biodiversité. Elaboré ces dernières années, le programme de for-

mation et de formation continue du HNS est unique en son genre au sein de

l’Europe, de même que son travail en réseau bien ancré. En effet, le réseau

étroit formé par les nombreuses institutions nationales et internationales,

privées ou universitaires, associations, fédérations et haras d’Etat permet de

fournir des résultats de recherche efficaces et interdisciplinaires, directe-

ment transmissibles à la pratique.

Le Réseau de recherche équine en Suisse en est un exemple parlant. Pour

la cinquième fois et fort du succès des années précédentes, le haras organise

la réunion annuelle du Réseau de recherche équine en Suisse le 30 avril 2010

à Avenches. Pas moins de 32 travaux scientifiques du HNS et d’autres institu-

tions suisses seront présentés publiquement lors de cette édition sous forme

de posters ou d’exposés. Cette plate-forme de la recherche équine suisse,

inter disciplinaire et ouverte à tous, favorise l’échange entre les chercheurs

ainsi que les synergies potentielles. Elle permet également d’optimiser le

transfert de connaissances vers les utilisateurs du cheval et à ces derniers de

définir directement leurs besoins en matière de recherche. C’est ainsi que le

HNS et son Réseau de recherche équine peuvent jouer un rôle décisif dans la

reconnaissance précoce des besoins et des problèmes de la branche. En tant

que manifestation scientifique annuelle la plus importante du paysage che-

valin suisse, ce congrès reconnu internationalement et désormais indispen-

sable apporte une contribution incontournable au développement de l’agri-

culture suisse.

Les défis posés par le développement de l’agriculture suisse, et donc par

la filière équine, seraient difficiles à relever en faisant cavalier seul. Seule

une collaboration organisée en réseau de haut niveau et dans tous les do-

maines peut y parvenir. Le Haras national suisse permet de le concrétiser.

Le travail en réseau du Haras national suisse

Pierre-André PoncetDirecteur du Haras national suisse HNS

Michael GysiDirecteur d’ALP-Haras

I n t r o d u c t i o n

Les enseignements de l’histoire

Les produits phytosanitaires (PP) sont utiles, car ils ai-

dent à combattre les organismes nuisibles et à obtenir

de meilleurs rendements agricoles. Les premiers PP de

synthèse datent des années 1940 ; à l’époque, ils étaient

perçus comme étant «LA» solution : la découverte du

DDT a valu à son inventeur, le docteur P. Müller, le prix

Nobel en 1948. Le fait que les PP puissent avoir des ef-

fets secondaires négatifs pour l’environnement n’a été

envisagé que plus tard. Dans les années 1950 et 1960, en

effet, diverses populations d’oiseaux ont drastiquement

diminué, ce qui a été attribué aux effets du DDT et de ses

métabolites sur la reproduction (Hartner 1981). A la

suite de cette découverte, les autorisations du DDT pour

des applications agricoles ont été progressivement reti-

rées. En raison de la forte persistance de cette substance

et de sa faculté de bioaccumulation tout au long de la

chaîne alimentaire, les espèces concernées ont mis des

décennies à s’en remettre. Cette expérience a montré

qu’afin d’éviter les surprises désagréables, il fallait aussi

étudier les inconvénients des PP avant une autorisation,

et pas seulement leurs avantages.

Oiseaux et produits phytosanitaires : évaluation des risques et monitoringMichela Gandolfi et Otto Daniel, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil

Renseignements : Michela Gandolfi, e-mail : [email protected], tél. +41 44 783 62 70

E n v i r o n n e m e n t

Nid d’oiseau dans un vignoble du Tessin. (Photo: Michela Gandolfi, Zurich)

128 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 128–133, 2010

Avant toute homologation, l’impact et les

effets secondaires des produits phytosani-

taires (PP) sur l’environnement doivent être

évalués. A la Station fédérale de recherche

Agroscope Changins-Wädenswil ACW, le

groupe d’écotoxicologie étudie à l’aide de

modèles les risques éventuels présentés par

les PP pour les plantes et les animaux,

notamment pour l’avifaune. Toutefois, un

modèle ne peut jamais rendre compte de la

réalité dans toute sa complexité, sans un

certain taux d’incertitude. Une fois le produit

autorisé, des programmes de monitoring sur

le terrain peuvent apporter des informations

complémentaires sur les risques éventuels

des PP pour les oiseaux. Ces monitoring ont

leurs limites, mais constituent néanmoins un

bon outil pour compléter les analyses

de risques établies avec des modèles. Ils

peuvent aider à mieux comprendre les

dangers que les PP représentent pour les

oiseaux, à déceler des problèmes imprévus

et à définir des mesures pour diminuer

les risques.

Oiseaux et produits phytosanitaires : évaluation des risques et monitoring | Environnement

C’est pourquoi les procédures actuelles d’homologa-

tion des PP s’appuient sur un processus de comparaison

de l’utilité et des risques. La base est une analyse des

risques objective et scientifiquement fondée.

M é t h o d e

Etude de l’écocompatibilité des produits

phytosanitaires

En vertu de la législation, seuls les PP sans effets secon-

daires inacceptables sur l’être humain et sur l’environne-

ment peuvent être mis sur le marché (RS 916.161, Ordon-

nance du 18 mai 1995 sur les produits phytosanitaires).

Toute homologation de PP doit par conséquent être pré-

cédée d’une étude d’écocompatibilité.

Le groupe d’écotoxicologie de la Station de re-

cherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW analyse si

et comment les plantes et les animaux peuvent entrer en

contact avec des PP et si ces derniers constituent un dan-

ger pour eux. Le spectre des espèces évaluées va des or-

ganismes aquatiques (poissons, animaux et végétaux

leur servant de nourriture), en passant par les orga-

nismes du sol (vers de terre, arthropodes et microorga-

nismes vivant dans les sols) et les insectes (auxiliaires et

autres arthropodes) jusqu’aux mammifères et aux oi-

seaux (Daniel et al. 2007).

La présente publication est centrée sur les oiseaux,

car de nombreuses espèces de l’avifaune sont très liées

aux terres agricoles : en Europe, un quart des espèces

aviaires nichent sur les terres agricoles et un nombre

bien plus important y recherchent leur nourriture (Schif-

ferli 2000).

Pronostiquer les risques avant l’homologation

La prévision des risques que l’utilisation des PP fait en-

courir aux oiseaux implique la connaissance d’informa-

tions sur la toxicité du produit et sur l’exposition des oi-

seaux aux PP sur le terrain. Comme le disait Paracelse,

«seule la dose fait le poison». C’est donc avant tout cette

relation entre la toxicité du produit et le taux d’exposi-

tion des oiseaux qui permet de mesurer le risque.

La toxicité des PP pour les oiseaux est testée en labo-

ratoire par des entreprises spécialisées. Les entreprises

requérantes soumettent les résultats de ces analyses aux

autorités d’homologation. Il s’agit de tests de toxicité

orale aiguë, de toxicité alimentaire à court terme et

d’études de reproduction sur des espèces standard sen-

sibles, notamment le canard colvert (Anas plathyrhyn-

chos) et le colin de Virginie (Colinus virginianus). Dans les

tests aigus et à court terme, on observe à partir de quelle

dose les oiseaux considérés présentent des troubles com-

portementaux (p. ex. comportement alimentaire),

129Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 128–133, 2010

Rés

um

é

perdent du poids ou meurent. Le taux de mortalité per-

met de définir la DL50, dose létale pour 50 % des animaux

étudiés. Dans les études de reproduction, on observe les

doses à partir desquelles il y a des effets sur le nombre

d’oeufs pondus, la qualité de ces oeufs, le nombre de

poussins en bonne santé qui éclosent, ainsi que sur leur

comportement et leur poids. La limite à déterminer ici est

le dosage auquel aucun effet (No Observed Effect Level =

NOEL) n’est observable sur la reproduction.

L’exposition des oiseaux aux PP est essentiellement

de nature alimentaire. Il est admis en effet que les oi-

seaux entrent en contact avec les PP en consommant de

la nourriture «contaminée» dans les champs traités.

Après les semis, les oiseaux granivores peuvent ingérer

directement des graines de céréales traitées qu’ils

trouvent sur le sol. Les insectivores peuvent se nourrir

d’insectes provenant de champs traités et les herbivores

de plantes consommables qui y poussent. Le degré d’ex-

position se mesure en valeurs ETE (Expected Theoretical

Exposure) ; cet indice est composé de deux éléments : le

taux de résidus de PP attendu sur la nourriture d’une

part et la quantité de nourriture absorbée par les oi-

seaux d’autre part (fig. 1a). Le calcul de cet ETE nécessite

d’avoir des informations sur la pratique agricole, sur le

comportement des PP dans l’environnement, de même

que sur la biologie et l’écologie des oiseaux exposés (fig.

130

Environnement | Oiseaux et produits phytosanitaires : évaluation des risques et monitoring

1b – 1e). Les paramètres agronomiques sont le taux d’ap-

plication (TA), le «Multiple Application Factor» MAF

(facteur d’applications multiples, mesure de l’effet d’ap-

plications répétées), et la «Crop Interception» CI (part

de PP que la plante retient lors d’un traitement ; fig. 1b).

Il existe encore une autre valeur clé, le Ftwa, qui rend

compte la dégradation des PP déposés sur la nourriture

(fig. 1c). Les paramètres biologiques sont le type d’oi-

seau, le type de nourriture et la teneur en résidus atten-

due (RUD), le poids corporel (PC) et le taux d’ingestion

(TI) de l’oiseau (fig. 1d). Au besoin, on procède en outre

à des observations supplémentaires de terrain pour dé-

terminer l’utilisation de l’habitat des espèces avicoles

concernées (PT), leur comportement alimentaire (PD)

ainsi qu’un éventuel comportement d’évitement des PP

en question (AV ; fig. 1e).

Pour évaluer le risque, on compare la valeur ETE avec

la limite de toxicité préalablement définie. Il en résulte

une valeur dite TER («Toxicity-Exposure-Ratio»). Le TER

est alors mis en relation avec des valeurs de seuil telles

que définies : 10 pour la mortalité et 5 pour la reproduc-

tion. Si le TER est inférieur à la valeur seuil, un risque

aigu ou un risque concernant la reproduction n’est tou-

tefois pas à exclure.

La procédure détaillée est fixée dans la directive de

l’UE sur l’évaluation du risque pour les oiseaux et les

mammifères SANCO (2002). Cette directive a récemment

été soumise à une révision totale, puis publiée en dé-

cembre 2009 par l’EFSA (European Food Safety Autho-

rity). Le groupe d’écotoxicologie d’ACW étudiera cette

année les modifications contenues dans la nouvelle di-

rective et les mettra en oeuvre de manière ciblée ; il sera

ainsi possible d’optimiser encore davantage l’évaluation

des risques et de l’harmoniser avec la législation de l’UE.

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Limites du pronostic des risques

Dans le domaine des prévisions, il s’agit d’éviter la sous-

estimation des risques ; c’est pourquoi l’évaluation inclut

certaines marges de sécurité. Il reste néanmoins tou-

jours une part d’incertitude, car l’environnement est un

système si complexe qu’on ne peut le contrôler ni le saisir

dans sa totalité. En outre, diverses causes peuvent avoir

des effets imprévus sur le terrain :

• Une constellation particulière de facteurs et de

conditions de terrain : des oiseaux déjà affaiblis par

des maladies, des conditions climatiques défavo-

rables, par le manque de nourriture ou par la

présence d’autres facteurs de stress peuvent dévelop-

per une sensibilité étonnamment élevée aux PP

(Buerger et al. 1994). De même, la structure du milieu

agricole local et la présence ou non d’habitats

naturels peut influer sur la fuite et le rétablissement

des animaux concernés, et, par conséquent, sur les

risques au niveau de la population (Hart 1990a).

• Des formulations particulièrement problématiques :

les PP préparés sous forme de granulés, d’appâts ou

de semences traitées ont une forte concentration de

substance active. Les PP de ce type sont ceux avec le

plus haut taux d’incertitude relative au risque, car la

précision de leur application et le comportement des

oiseaux peuvent influer sur l’exposition de manière

déterminante (Hart 1990b).

PP critiques

Certaines classes de PP présentent des risques relative-

ment importants pour les oiseaux. Il s’agit souvent de

classes de matières actives assez anciennes, comme les

carbamates, les produits organophosphorés et les ro-

ETE = (RUD * TA * CI * MAF * Ftwa) * (TI/PC) * PT * PD * AV Résidus dans l‘aliment Prise de nourriture

Figure 1a | Calcul de la valeur ETE (Expected Theoretical Exposure).

Figure 1b | Pratique agronomique.

– Culture et moment de l’application– Type d’application (aspersion, traitement

des semences, granulés ...)– Taux d’application : TA (kg matière active/ha)– Nombre d’applications : MAF (Multiple

Application factor)– Stade de croissance : CI (Crop Interception)

Figure 1e | Ecologie des oiseaux.

– Espèce typique pour la culture et la saison ?– Aussi dans des surfaces non traitées ? PT (Part of Time

in the treated area)– Autres types de nourriture ? PD (Part of Diet

of different food types)– Comportement d’évitement ? AV (Avoidance Factor)(les facteurs écologiques requièrent généralement des études de terrain)

Figure 1c | Comportement des PP dans l’environnement.

– Propriétés physico-chimiques – Dégradation dans eau, sol,

végétation, insectes et vers: Ftwa (time-weighted averaging factor)

Figure 1d | Biologie des oiseaux.

– Type d’oiseau (p. ex. petit insectivore) : PC (poids corporel), TI (taux d’ingestion)

– Type de nourriture (p. ex. petits insectes)– Résidus : valeurs RUD = Residues per Unit Dose,

pour 1 kg matière active/ha(Valeur standard tirée de la bibliographie ou mesurèe)

Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 128–133, 2010

Oiseaux et produits phytosanitaires : évaluation des risques et monitoring | Environnement

131

produit phytosanitaire doit être entièrement incorporé

dans le sol, en s’assurant qu’il soit également incorporé

en bout de sillon.» et SPe 6 «Pour protéger les oiseaux,

tout produit phytosanitaire accidentellement répandu

doit être récupéré.» Si l’on n’observe pas ces dispositions

de sécurité, les semences ou les granulés peuvent être

plus accessibles et consommés à doses mortelles par les

oiseaux (Barnett et al. 2007).

Les cas d’utilisation inadéquate de PP doivent être

limités. Un renforcement des contrôles pourrait éven-

tuellement être utile, mais demanderait un gros travail

(Ellenberg 1992). Il paraît plus efficace d’informer et de

sensibiliser les utilisateurs à ce problème.

Monitoring actif et ciblé

Une fois le produit autorisé, il serait bon, pour certains

PP présentant des risques, de contrôler et de surveiller

de manière ciblée leurs effets réels sur le terrain. Par

exemple, un programme de surveillance a pu démontrer

que la dieldrine, produit de traitement des semences,

constituait un danger pour les oiseaux. Un second moni-

toring, réalisé après retrait de l’autorisation de ce PP, a

pu prouver que ce problème était résolu (Riley 1990).

Aux Etats-Unis, ces études de terrain «actives» consti-

tuent souvent même une condition de base pour l’ob-

tention d’une autorisation (Turner 1990). Ce type

d’étude peut également être utilisé pour comparer des

systèmes de culture. Fluetsch et Sparling (1994) ont par

exemple étudié l’avifaune des cultures fruitières conven-

tionnelles (traitées avec des insecticides, acaricides, fon-

gicides et herbicides de synthèse) et des cultures frui-

tières biologiques (protection phytosanitaire au moyen

d’extrait naturels de plantes et d’auxiliaires, sans utilisa-

tion d’herbicides). L’étude comparative met en évidence

que, dans les vergers conventionnels, les oiseaux ont

une mortalité plus élevée, un taux de succès reproductif

réduit et que la diversité des espèces est plus faible.

Les études de terrain peuvent aussi servir à vérifier

que les modèles de pronostic des risques protègent suf-

fisamment les oiseaux. Dans le cadre de la révision de la

directive de l’UE concernant les oiseaux et les mammi-

fères (SANCO 2002), une comparaison entre les risques

pronostiqués et les risques effectivement observés sur le

terrain a été réalisée à partir des données bibliogra-

phiques existantes (EFSA 2008, appendice 2). Dans

quelques cas, moins d’oiseaux morts que prévu ont été

dénombrés sur le terrain (faux négatifs). En revanche,

des mortalités d’une ampleur imprévue ont été consta-

tées avec plusieurs applications de terrain pronostiquées

comme non problématiques (faux positifs), confirmant

ainsi le fait que les modélisations comportent inévita-

denticides (Devine et Furlong 2007). Des cas d’empoi-

sonnement d’oiseaux sont rapportés avec diverses sub-

stances actives, notamment le chlorpyriphos et le diazi-

non (Cox 1991), le thirame (Riedel et Grün 1986), le dimé-

thoate, le méthiocarb et le carbosulfan (BVL 2004) ainsi

que le carbofuran (Dietrich et al. 1995; Jenni-Eiermann

et al. 1996; Barnett et al. 2007; Kupper et al. 2007). Dans

l’UE, toutes ces molécules font actuellement l’objet

d’une vérification dans le cadre d’un programme de réé-

valuation de toutes les matières actives (selon la direc-

tive 91/414/CEE, art. 8). Les substances actives qui reste-

ront autorisées après cette nouvelle évaluation consti-

tueront des candidates possibles pour un programme de

monitoring après autorisation.

Monitoring «passif» après autorisation

La surveillance «passive» – le recensement des cas d’em-

poisonnement d’oiseaux – permet de glaner des rensei-

gnements complémentaires sur le danger de l’emploi

des PP. Dans plusieurs pays, il existe des services spéciali-

sés auxquels annoncer les cas d’empoisonnement d’ani-

maux sauvages. Au Royaume-Uni par exemple, c’est le

DEFRA (Department for Environment, Food and Rural

Affairs) et, en Allemagne, le BVL (Bundesamt für Ver-

braucherschutz und Lebensmittelsicherheit). Ces orga-

nismes enregistrent systématiquement tous les empoi-

sonnements d’animaux et les publient régulièrement.

En Suisse, les oiseaux trouvés morts sont généralement

signalés et envoyés à la Station ornithologique suisse de

Sempach ou aux stations régionales correspondantes.

Les causes de la mort sont recherchées ponctuellement,

en étudiant notamment s’il existe un lien avec l’utilisa-

tion de PP. Ce travail requiert des analyses morpholo-

giques et toxicologiques ciblées sur les animaux morts et

éventuellement des examens sur le lieu de découverte.

La plupart des empoisonnements d’animaux sau-

vages sont non intentionnels et généralement dus à un

dosage excessif ou à la non observation des dispositions

de sécurité. Il est rare que des oiseaux soient intention-

nellement intoxiqués avec des PP. Un dosage excessif

peut se produire fréquemment lors de traitements de

petites surfaces ou de l’application de PP difficiles à

doser, par exemple en répandant des granulés à la main

(Kupper et al. 2007). En Suisse, il existe une série de dis-

positions de sécurité (Ordonnance sur les produits phy-

tosanitaires, RS 916.161, 18 mai 2005, annexe 5) : les ap-

pâts rodenticides doivent toujours être disposés de ma-

nière contrôlée et les rongeurs morts toujours retirés de

la zone de traitement (SPr 1, 2 et 3). Pour les semences

traitées, les antilimaces et les granulés, deux précau-

tions sont notifiées : SPe 5 «Pour protéger les oiseaux, le

Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 128–133, 2010

132

blement un certain taux d’incertitude résiduel.

Limites et possibilités du monitoring

Le monitoring passif permet dans certains cas de détec-

ter des effets inattendus des PP sur le terrain (voir p. ex.

Stanley et Bunyan 1979). Il est toutefois probable que les

cas d’empoisonnement documentés ne reflètent qu’une

partie des effets réels des PP (Balcomb 1986), pour plu-

sieurs raisons : les oiseaux morts restent souvent non

détectés, spécialement s’ils sont petits et peu spectacu-

laires ; en règle générale, seules les espèces les plus

grandes et les plus impressionnantes, comme les rapaces,

les oies ou les canards (Jenni-Eiermann et al. 1996), sont

repérées. L’expérience montre aussi que seule une faible

partie d’entre eux sont annoncés et, là encore, ce sont

surtout des oiseaux appartenant à des espèces particu-

lièrement belles et rares. De plus, les cadavres sont gé-

néralement très vite emportés et consommés par des

prédateurs ou des animaux nécrophages. Dans une

étude, Balcomb (1986) a montré que 62 à 92 % des oi-

seaux morts disparaissent dans les 24 heures. Mineau et

Collins (1988) ont indiqué des taux de disparition sem-

blables, en particulier pour les petits oiseaux chanteurs.

Les oiseaux, très mobiles, peuvent, en cas d’empoison-

nement, se réfugier dans un endroit qu’ils considèrent

comme sûr et mourir plus tard, loin de l’endroit où ils se

sont intoxiqués (Vyas 1999). Il convient de noter aussi

que les PP peuvent avoir une action retardée, selon leur

mécanisme d’action ou par une accumulation progres-

sive dans les tissus graisseux (Evans 1990). Et pour finir,

rappelons que, si le cadavre est découvert après un cer-

Literaturb Balcomb R., 1986. Songbird carcasses disappear rapidly from agricultural

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Environnement | Oiseaux et produits phytosanitaires : évaluation des risques et monitoring

Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 128–133, 2010

tain délai et loin du lieu d’empoisonnement, il est sou-

vent difficile d’établir une relation de causalité entre

l’application de PP et l’empoisonnement de l’animal.

Quant à l’aptitude du monitoring «actif» à saisir direc-

tement les effets des pesticides sur les oiseaux, elle fait

l’objet de controverses. C’est surtout la représentativité

et la proximité à la réalité de ce type d’études très coû-

teuses qui sont remises en question (Oelke 2002). Les ré-

sultats de ces études de terrain dépendent dans une large

mesure des conditions, de la méthode de saisie et de la

précision des relevés. Si des effets sont observés, leur in-

terprétation est souvent ardue, car il est difficile de sépa-

rer clairement les effets des PP des effets généraux de

l’intensification de l’agriculture (Scharenberg 2008). Par

ailleurs, rappelons que l’absence de cadavres ne signifie

pas qu’il n’y ait pas eu de victimes (Fischer 1990).

La principale faiblesse du monitoring «actif» ou

«passif» est qu’il est difficile de saisir, de mesurer et de

documenter les effets des PP sur le comportement et sur

la reproduction de façon directe. Et ce sont peut-être

justement de tels effets qui constituent le principal dan-

ger pour les populations d’oiseaux et le principal risque

pour la biodiversité.

Malgré ses limites et son utilité restreinte dans la sai-

sie directe des effets des PP sur le terrain, le monitoring

constitue un outil important pour compléter les pronos-

tics de risques précédant l’autorisation. Cette technique

peut aider à mieux comprendre la nature des risques sur

les oiseaux, à déceler des problèmes imprévus et à défi-

nir des mesures pour diminuer ces risques. n

133

Ria

ssu

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Sum

mar

y

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Birds affected by pesticides?

Risk assessment and monitoring

Prior to authorization, the side-effects

of pesticides on the environment must

be evaluated. The Ecotoxicology group

at ACW assesses by means of models

the potential risks of pesticide uses to

plants and animals, including birds.

Since a model can never incorporate

the whole complexity of reality, uncer-

tainty remains. With the help of pas-

sive or active monitoring after authori-

zation, additional information can be

gathered about safety or danger of a

pesticide to birds. Even if monitoring

studies have their limits, they are an

important complement to the risk as-

sessment based on models. They help

to understand the risks of pesticides

for birds, to identify unexpected prob-

lems and to define measures for risk

mitigation.

Key words: birds, pesticides, risk,

monitoring.

Uccelli e prodotti fitosanitari:

valutazione dei rischi e monitoraggio

Gli effetti collaterali dei prodotti

fitosanitari (PFS) sull’ambiente devono

essere valutati prima di un’autorizza-

zione. Il gruppo di ecotossicologia

di ACW esamina con l’aiuto di modelli

i potenziali rischi dei PFS su piante e

animali, tra cui gli uccelli. Poiché un

modello non può mai cogliere integral-

mente la complessità della realtà, alcu-

ne incertezze rimangono. Grazie a studi

di monitoraggio è possibile ottenere

anche dopo un’autorizzazione ulteriori

informazioni sulla sicurezza o i rischi

dei PFS sugli uccelli. Il monitoraggio

ha i suoi limiti, tuttavia è un importante

complemento alla prognosi del rischio

con modelli. Infatti può contribuire a

capire meglio l’impatto dei PFS sugli

uccelli, ad individuare problemi

imprevisti e a definire misure per la

riduzione dei rischi.

Oiseaux et produits phytosanitaires : évaluation des risques et monitoring | Environnement

Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 128–133, 2010

134 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 134–141, 2010

I n t r o d u c t i o n

Il est de plus en plus fréquent de trouver dans le monde

des animaux et des végétaux qui ne sont pas indigènes,

qui ont été importés volontairement ou non. Le déve-

loppement du commerce international, la multiplication

des voyages et le tourisme y sont pour beaucoup. Une

partie de ces espèces s’établissent, se développent et

peuvent se transformer en organismes nuisibles pour

l’agriculture ou la sylviculture, ou encore menacer les

espèces indigènes dans leurs biotopes naturels. La lutte

biologique contre les ravageurs, qui utilise certains or-

ganismes pour limiter les populations d’autres orga-

nismes, est une des méthodes les plus sûres sur le plan

écologique et les plus intéressantes sur le plan écono-

mique. Elle permet de contrôler et de combattre les or-

ganismes nuisibles indigènes ou non dans les écosys-

tèmes naturels et dans ceux exploités par l’homme. Elle

emploie des parasitoïdes, des prédateurs, des patho-

gènes et des phytophages pour enrayer le développe-

ment des ravageurs et l’apparition de maladies et d’ad-

ventices. L’application de la Convention sur la diversité

biologique peut toutefois générer un grave problème

pour l’emploi d’organismes auxiliaires dans la protec-

tion phytosanitaire biologique.

Qu’est-ce que la Convention sur la diversité biologique ?

La Convention sur la diversité biologique poursuit trois

objectifs :

• la conservation de la diversité biologique ;

• l’utilisation durable de tous les éléments

de la diversité biologique (ressources génétiques,

espèces et écosystèmes) ;

• le partage juste et équitable des avantages

découlant de l’exploitation des ressources génétiques

(Access and Benefit Sharing, ABS).

La Convention sur la diversité biologique est une

convention-cadre internationale. Ses dispositions sont

obligatoires pour les états signataires. Il est désormais

reconnu au niveau international que les Etats possèdent

un droit souverain sur les ressources biologiques situées

à l’intérieur de leurs frontières nationales (elles sont

considérées comme leur propriété) et que, par consé-

quent, les traités qui régissent l’accès à ces ressources et

leur utilisation commune doivent être rédigés et ratifiés

par les parties du contrat. Ce type d’accord est résumé

par le concept «Access and Benefit Sharing, ABS» (accès

et partage équitable des avantages des ressources géné-

tiques). L’ABS est valable pour tous les auxiliaires échan-

gés entre les états signataires de la Convention sur la

diversité biologique. A l’avenir, les chercheurs et les ex-

perts spécialisés dans la lutte biologique contre les rava-

geurs devront satisfaire aux exigences ABS, qui doivent

être adoptées lors du dixième meeting de la Conférence

des signataires de la Convention sur la biodiversité en

2010. Ces derniers temps, la mise en oeuvre de la Conven-

tion sur la biodiversité a déjà entravé les travaux (col-

lecte, identification et étude de la biologie) et l’exporta-

La Convention sur la diversité biologique menace-t-elle la lutte biologique ?Franz Bigler, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich

Renseignements : Franz Bigler, e-mail : [email protected], tél. +41 44 377 72 35

E n v i r o n n e m e n t

A l’origine, l’acarien prédateur Phytoseiulus persimilis vient d’Amérique du Sud. Depuis plus de 40 ans, il est utilisé avec succès dans le monde entier dans les cultures sous serre contre l’acarien commun, Tetranychus urticae. (Photo : Mario Waldburger, ART)

135Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 134–141, 2010

La Convention sur la diversité biologique

a été ratifiée en 1992. Elle poursuit trois

objectifs : 1) la conservation de la diversité

biologique ; 2) l’utilisation durable de tous

les éléments de la diversité biologique, 3)

la garantie de l’accès aux ressources géné-

tiques ainsi que le partage juste et équitable

des avantages découlant de l’exploitation

des ressources génétiques. Elle garantit en

outre le droit souverain des Etats sur leurs

ressources génétiques. Les traités qui régis-

sent l’accès à ces ressources et leur utilisation

commune doivent être rédigés et ratifiés par

les parties du contrat (Access and Benefit

Sharing, ABS). Ceci s’applique également aux

organismes qui sont collectés et étudiés en

vue de leur utilisation potentielle dans la

lutte biologique contre les ravageurs. Ces

derniers temps, la mise en oeuvre de la Con-

vention sur la biodiversité a déjà fait obstac-

le à la collecte et à l’exportation des organis-

mes destinés à la recherche dans le domaine

de la lutte biologique dans de nombreux

pays. L’application de cette pratique à gran-

de échelle pourrait remettre en question

la lutte biologique, qui dépend de la biodi-

versité. D’ici la fin de l’année 2010, les pays

signataires de la Convention sur la diversité

biologique doivent ratifier une proposition

détaillée sur les ABS. En collaboration avec

l’Organisation des Nations Unies pour

l’alimentation et l’agriculture (FAO) et avec

son soutien financier, l'Organisation Interna-

tionale de lutte Biologique et intégrée contre

les Animaux et les Plantes Nuisibles (OILB) a

rédigé un document de base, publié derni-

èrement sous la forme d’un rapport FAO

(ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/meeting/017/

ak569e.pdf). Le rapport contient des recom-

mandations qui simplifient la collecte et

l’échange d’organismes pour la lutte biolo-

gique, ainsi que des pro positions de condi-

tions-cadres solides destinées aux décideurs

politiques et aux acteurs de la lutte biolo-

gique. Le rapport veut également inciter les

responsables de la protection biologique des

végétaux à participer aux discussions avec

l’organe représentant l’ABS dans leur pays,

afin que leurs intérêts soient pris en compte.

La Convention sur la diversité biologique menace-t-elle la lutte biologique ? | Environnement

tion des organismes naturels destinés à la recherche

dans le domaine de la lutte biologique dans quelques

pays. L’application stricte et à grande échelle des règles

ABS pourrait remettre en question la lutte biologique

contre les ravageurs, pourtant très efficace et sûre sur le

plan écologique. Si ces mesures venaient à être appli-

quées, tout projet de recherche en lutte biologique né-

cessiterait une autorisation préalable dans chaque pays

d’origine potentiel, ainsi que l’adoption de conditions

réciproques (éventuellement avec des mécanismes mo-

nétaires) en vue du partage des avantages. Les experts

en lutte biologique devraient se pencher et identifier à

temps les conséquences possibles des dispositions ABS,

potentiellement génératrices de contraintes et d’obs-

tacles, y compris pour la communauté universitaire à but

non lucratif. Jusqu’à présent, la plupart des experts et

des chercheurs spécialisés dans ce domaine ignorent

quels en seront les effets sur l’application et la recherche.

Ces deux à trois dernières années, les spécialistes de

la lutte biologique ont été confrontés à quelques cas

d’application stricte des ABS. Les institutions de re-

cherche concernées ont rapporté ces cas à l’Organisa-

tion Internationale de Lutte Biologique et Intégrée

contre les Animaux et les Plantes Nuisibles (OILB) (www.

iobc-global.org). Après consultation de l’Organisation

des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture

(FAO) (www.fao.org), les auteurs (voir encadré 1) ont

rédigé un rapport en 2009 sur le thème des ABS et de la

lutte biologique contre les ravageurs sur mandat et avec

le soutien financier de la FAO, en tant que membre de la

Commission globale de l’OILB sur le «Biological Control

and Access and Benefit Sharing». Le rapport concerne

notamment l’emploi des animaux invertébrés dans la

lutte biologique contre les ravageurs. Les principes dé-

crits peuvent toutefois être appliqués directement à

l’emploi de pathogènes dans la lutte biologique. Le rap-

port pour la FAO traite de la lutte biologique dans l’agri-

culture et la sylviculture en particulier, bien que celle-ci

soit également de plus en plus pratiquée dans les écosys-

tèmes naturels.

C o n t e n u d u r a p p o r t F A O

Pratiques de la lutte biologique

Le rapport FAO décrit les pratiques anciennes et ac-

tuelles de lutte biologique contre les ravageurs en lien

avec l’emploi et l’échange de ressources génétiques, im-

portantes pour les auxiliaires. Il existe deux types princi-

paux de lutte biologique. Le premier, la lutte biologique

Rés

um

é

136 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 134–141, 2010

Environnement | La Convention sur la diversité biologique menace-t-elle la lutte biologique ?

classique, consiste à importer un auxiliaire, générale-

ment originaire du même pays que le ravageur, afin de

lutter contre ce dernier dans le pays où il a été introduit.

Après l’importation, l’auxiliaire doit s’établir, se repro-

duire et se développer, pour avoir une action durable et

permanente sur le ravageur. Le deuxième type de lutte,

la lutte biologique avec lâcher périodique d’auxiliaires,

implique de produire et de lâcher des auxiliaires indi-

gènes ou exotiques. Les auxiliaires permettent de régu-

ler les ravageurs et meurent dès qu’il n’y en a plus ou, au

plus tard, au moment de la récolte. Ils doivent donc être

lâchés périodiquement à intervalles plus ou moins longs.

L’autorisation de l’emploi d’auxiliaires dans un autre

pays n’engage pas la responsabilité du pays d’origine. La

lutte biologique contre les ravageurs est une activité qui

nécessite l’accès aux ressources génétiques et mobilise

beaucoup de ressources au niveau de la recherche sans

offrir de revenus financiers importants. Jusqu’à mainte-

nant, les auxiliaires utilisés dans la lutte biologique n’ont

jamais été brevetés, et cela ne devrait pas changer dans

un proche avenir.

Recherche et partage des connaissances

Les études sur les ravageurs et leurs ennemis naturels

doivent souvent être effectuées dans plusieurs pays. De

tels travaux coûtent cher et n’offrent en général aucune

perspective de gains à partager entre les pays qui les fi-

nancent et les utilisateurs potentiels des ressources gé-

nétiques. Les pays d’origine peuvent toutefois bénéfi-

cier du transfert des connaissances, par exemple dans le

domaine de la taxonomie, la méthode moléculaire utili-

sée pour déterminer les espèces et les écotypes. Ils

peuvent également participer aux études communes sur

le terrain et en laboratoire et obtenir de nouvelles

connaissances sur des espèces peu étudiées jusque-là.

Ces travaux aident à mieux connaître et mieux com-

prendre la biodiversité. Quelques exemplaires des rava-

geurs et de leurs ennemis naturels sont généralement

envoyés dans d’autres pays pour y être identifiés par des

spécialistes et pour les besoins des études taxonomiques.

Conservés ensuite dans les règles de l’art, ils font office

d’exemplaires de référence.

Des études détaillées doivent parfois être réalisées

dans le pays d’origine pour évaluer le potentiel des pré-

dateurs naturels à servir d’auxiliaires. D’autres études,

portant par exemple sur la spécificité des hôtes et impli-

quant des plantes et des animaux naturellement absents

dans le pays d’origine, devraient pouvoir être réalisées

en quarantaine dans le pays cible ou dans un pays tiers.

A ce stade, de nombreuses collaborations sont possibles

dans la recherche et la formation communes et le trans-

fert des connaissances, avec les pays d’origine des auxi-

liaires. En revanche, dans les phases ultérieures du pro-

jet, comme la sélection des auxiliaires en laboratoire,

l’identification des impacts environnementaux ou en-

core le lâcher et le contrôle de l’effet des auxiliaires dans

le pays cible, ces possibilités de recherche commune sont

relativement limitées.

Les partenaires locaux dans les pays d’origine jouent

toujours un rôle capital pour les études et les recherches

dans le domaine de la lutte biologique. En outre, si l’on

tient compte de l’engagement moral contenu dans les

ABS, le partenariat avec les organismes de recherche lo-

caux est absolument nécessaire. Les partenaires locaux

sont d’ailleurs souvent appelés à devenir les leaders du

développement de la lutte biologique dans leur pays.

Matthew J. W. Cock, CABI Europe-

Switzerland, 2800 Delémont, Suisse

Joop C. van Lenteren, Wageningen University,

6700 EH Wageningen, Pays-Bas

Jacques Brodeur, Université de Montréal,

4101 Montréal, Canada

Barbara Barratt, AgResearch Limited,

50034 Mosgiel, Nouvelle-Zélande

Franz Bigler, Agroscope Reckenholz-Tänikon

ART, 8046 Zurich, Suisse

Karel Bolckmans, Koppert B. V.,

2650 AD Berkel en Rodenrijs, Pays-Bas

Fernando L. Cônsoli, Université de São Paulo,

13418-900 Piracicaba-SP, Brésil

Fabian Haas, icipe, 00100, Nairobi, Kenya

Peter G. Mason, Agriculture and Agri-Food

Canada, Ottawa, Ontario, Canada

José Roberto P. Parra, Université de São Paulo,

13418-900 Piracicaba-SP, Brésil

Encadré 1 | Les membres de la Commission

de l'OILB Global sur le Biological Control

and Access and Benefit Sharing et auteurs

du rapport FAO sont :

137Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 134–141, 2010

La Convention sur la diversité biologique menace-t-elle la lutte biologique ? | Environnement

Financement de la lutte biologique

Il existe deux catégories de fournisseurs d’auxiliaires

pour la lutte biologique avec lâchers périodiques: les

entreprises privées et celles qui bénéficient de fonds

publics, fournissant leur production aux agriculteurs

sans but lucratif. Les entreprises commerciales sont indé-

pendantes et produisent des auxiliaires qu’elles vendent

directement aux utilisateurs. Jusqu’ici ces entreprises

travaillaient surtout dans les pays développés. Depuis

peu, les producteurs privés opèrent également au ni-

veau international, notamment dans les pays émergents,

où ils produisent et commercialisent parfois les auxi-

liaires. Certains pays émergents et en voie de dévelop-

pement soutiennent la production d’auxiliaires par des

fonds publics, souvent pour des secteurs de niche dans

des cultures agricoles et forestières à grande échelle. Les

auxiliaires sont alors fournis gratuitement ou à très bas

prix aux producteurs. Dans le cas de la lutte biologique

classique contre les ravageurs qui ne nécessite pas une

grosse production d’auxiliaires, les projets sont généra-

lement financés par les fonds publics et les organisations

internationales, et aucun auxiliaire n’est vendu.

Bénéfices pour les utilisateurs et les consommateurs

En agriculture et en sylviculture, ce sont les agriculteurs

qui profitent le plus de la lutte biologique classique; les

problèmes de ravageurs sont résolus sans qu’il soit né-

cessaire d’utiliser activement des auxiliaires. En se pro-

pageant et en se multipliant, les auxiliaires contribuent

à la réduction des ravageurs, et donc des pertes de ré-

colte. Ils augmentent ainsi la sécurité des denrées ali-

mentaires et améliorent les conditions de vie. La lutte

biologique classique est pratiquée avec succès partout

dans le monde. Tous les producteurs de denrées alimen-

taires en profitent, notamment ceux qui vivent en autar-

cie. Ce dernier point est particulièrement important

dans les pays émergents et en voie de développement,

car le degré d’auto-approvisionnement de la population

rurale y est élevé. La lutte biologique classique a pris une

grande importance au cours des dernières années, par-

tout où il est désormais interdit d’utiliser des pesticides

dans les biotopes proches de la nature et les parcs pu-

blics. Dans ces conditions, le lâcher périodique d’auxi-

liaires peut également contribuer à la lutte contre les

organismes nuisibles en respectant l’environnement.

La lutte biologique permet de réduire l’emploi des

pesticides et de limiter les résidus dans les denrées ali-

mentaires et l’environnement, au grand bénéfice des

consommateurs. Grâce à la réduction des pesticides et de

leurs résidus, les producteurs de denrées vivrières et agri-

coles des pays émergents et en voie de développement

peuvent remplir les hautes exigences de qualité des mar-

chés d’exportation de l’hémisphère nord. L’écoulement

de leurs produits sur ces marchés profitables leur permet

de réaliser des bénéfices, ce qui contribue à créer des em-

plois et à faire rentrer des devises dans ces pays.

Figure 1 | Le parasitoïde des oeufs Trichogramma brassicae a été introduit en France en 1973 en provenance de l’actuelle Moldavie, dans l’intention de lutter biologiquement contre la pyrale du maïs. Aujourd’hui, près de 150 000 hectares sont traités chaque année en Europe occidentale contre la pyrale du maïs avec ce trichogramme.(Photo: Mario Waldburger, ART)

Figure 2 | Le parasitoïde larvaire Heterospilus prosopidis vient d’Amérique du Nord. En Suisse, des études sont en cours sur l’utilisation de cet auxiliaire dans la lutte contre les ravageurs des denrées stockées. (Photo: Gabriela Brändle, ART)

138 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 134–141, 2010

Environnement | La Convention sur la diversité biologique menace-t-elle la lutte biologique ?

Ampleur de la lutte biologique

Au moins 7000 cas ont été documentés jusqu’ici dans les-

quels des auxiliaires ont été introduits dans des pays

cibles. Ces importations portaient sur environ 2700 es-

pèces d’auxiliaires, provenant de 119 pays sources et im-

portées dans 146 pays cibles. Les pays en voie de déve-

loppement pratiquent le plus souvent la lutte biolo-

gique et, parallèlement, sont ceux qui fournissent le

plus d’auxiliaires. Les pays émergents et en voie de déve-

loppement exportent légèrement plus d’auxiliaires

qu’ils n’en importent.

Pour les besoins de la lutte biologique avec lâchers

périodiques, plus de 170 espèces d’auxiliaires ont été

produites, vendues ou fournies gratuitement, avec envi-

ron 30 espèces représentant plus de 90 % du marché

mondial. Ces dernières années, on observe que, dès l’ap-

parition d’un nouveau ravageur, même exotique, la dé-

marche consiste d’abord à lui trouver un prédateur na-

turel indigène avant d’importer un auxiliaire exotique,

ce qui est très positif. En effet, cela diminue considéra-

blement le risque que le lâcher d’auxiliaires exotiques

puisse nuire à la biodiversité et rend la lutte biologique

encore plus sûre. Les pays en voie de développement

peuvent souvent utiliser de tels auxiliaires et bénéficier

ainsi de la recherche et du développement des pays in-

dustrialisés. Par exemple, les travaux effectués dans les

pays développés à climat tropical et subtropical (comme

l’Australie et les Etats-Unis) profitent souvent directe-

ment aux pays en voie de développement situés dans

des régions à climat similaire.

Contrôle des ressources génétiques et possibilités

de profit

Dans la lutte biologique classique contre les ravageurs,

les instituts de recherche nationaux ou internationaux

effectuent normalement les travaux de recherche néces-

saires. Une fois qu’un auxiliaire s’est établi et que la lutte

donne des résultats satisfaisants, l’institut de recherche

n’assume généralement plus les contrôles ultérieurs.

L’auxiliaire se reproduit et contribue, lorsque tout se

passe bien, à lutter efficacement contre le ravageur. Il se

propage dans l’aire géographique qui lui correspond,

souvent également dans d’autres pays. C’est le sens de la

lutte biologique classique: offrir un bien public gratuit,

en renonçant à la protection de la propriété et à mono-

poliser l’accès aux auxiliaires. Toutes les connaissances

sont mises à disposition du public, en invitant les autres

pays à profiter des avantages conférés par la lutte biolo-

gique classique. Les bénéfices qu’en retirent les agricul-

teurs, les consommateurs et l’économie locale n’ap-

portent aucun retour financier à l’institut de recherches

ou aux donateurs.

Dans la lutte biologique avec lâcher périodique d’au-

xiliaires, les entreprises productrices assument le coût de

la recherche et du développement dans les pays indus-

trialisés. Ces entreprises vendent ensuite leurs auxiliaires

dans un but lucratif sur les marchés du monde entier. Les

utilisateurs des auxiliaires bénéficient d’une protection

efficace contre les ravageurs, de rendements plus élevés

et d’une qualité éventuellement supérieure. Ils peuvent

cultiver des denrées alimentaires sans pesticides et ob-

tiennent ainsi un meilleur prix pour leurs produits. Les

consommateurs, eux, obtiennent des denrées alimen-

taires saines à un prix acceptable. Dans ce type de lutte

biologique, il n’est pas possible de breveter les auxi-

liaires. N’importe qui peut donc collecter des auxiliaires

dans la nature et les utiliser, dans la mesure où la com-

mercialisation n’est pas réglementée par les autorités

locales. Les entreprises peuvent faire breveter des pro-

cédés de production, mais en général le savoir-faire est

gardé secret et n’est pas breveté.

Environ trente grandes entreprises privées pro-

duisent des auxiliaires pour les lâchers périodiques dans

le monde, dont vingt en Europe. Parallèlement, on re-

cense environ cent petits fournisseurs qui occupent

moins de cinq personnes. Le marché de la vente de ces

auxiliaires aux utilisateurs a été estimé à environ

100 – 135 millions de US$ en 2008. Avec un rendement sur

chiffre d’affaires net d’environ 3 – 5 %, le produit total

de l’industrie de la lutte biologique avec lâcher pério-

dique d’auxiliaires représente moins de 15 millions de

US$ par an. Ces chiffres indiquent qu’il s’agit d’une acti-

vité dégageant des rendements modestes, pratiquée

par des petites et moyennes entreprises.

Réglementation de l’importation des auxiliaires

Ces vingt dernières années, l’importation des auxiliaires

est de plus en plus réglementée par les législations natio-

nales ou internationales. Les normes internationales pour

les mesures phytosanitaires n°3 de la Convention interna-

tionale pour la protection des végétaux (CIPV) définissent

les obligations des différents participants, mais ne

contiennent aucune disposition relative aux ABS.

Depuis le début de la lutte biologique contre les or-

ganismes nuisibles, les auxiliaires ont plutôt été échan-

gés gratuitement et librement, sur une base multilaté-

rale, sans recourir à des conventions réciproques d’utili-

sation commune. Les pays sont à la fois donateurs et

139Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 134–141, 2010

La Convention sur la diversité biologique menace-t-elle la lutte biologique ? | Environnement

Points de vue des utilisateurs

Dans le domaine de la lutte biologique contre les rava-

geurs, les opinions et les positions divergent en ce qui

concerne les ABS. Pendant longtemps, dans la lutte bio-

logique classique, leurs conséquences possibles n’ont

pas été envisagées. Aujourd’hui, les intéressés ont da-

vantage conscience des enjeux politiques et de la néces-

sité de permettre l’échange des auxiliaires, afin de ga-

rantir la lutte biologique, reconnue d’utilité publique.

Les utilisateurs savent depuis longtemps que la lutte

biologique classique contre les organismes nuisibles ne

leur rapporte aucun bénéfice financier. Déjà parce que ce

serait en contradiction avec les principes éthiques. En

outre, il n’existe aucun moyen ni mécanisme pour exiger

une participation financière des bénéficiaires, comme les

exploitations agricoles et les individus pratiquant l’auto-

approvisionnement. Les différentes formes non moné-

taires de partage des avantages – activités de recherche

communes financées essentiellement par les pays récep-

teurs ou formation des scientifiques issus des pays dona-

teurs par d’autres scientifiques des pays récepteurs – per-

mettraient de retourner aux pays émergents et en voie

de développement une grande partie des acquis com-

muns générés par les projets de ce type et d’améliorer

ainsi les capacités de recherche et les connaissances.

Les utilisateurs de la lutte biologique avec lâcher pé-

riodique d’auxiliaires sont en revanche davantage

conscients du problème soulevé par les ABS, peut-être

parce que cette technique génère quelques profits. Les

gros producteurs d’auxiliaires, comme les membres de

l’International Biocontrol Manufacturers Association

(IBMA) et de l’Association of Natural Biocontrol Produ-

cers (ANBP), se déclarent prêts à étudier les principes et

les exigences des ABS et à proposer des formes possibles

d’exploitation équitable des ressources génétiques. S’il

fallait payer pour chaque prédateur naturel étudié et

éventuellement utilisé pour aboutir à un produit, la plu-

part des entreprises privées produisant des auxiliaires

ne seraient plus en mesure de poursuivre leurs activités.

Dans l’ensemble, les producteurs partent du principe

que les activités communes et l’échange de connais-

sances entre les pays donateurs et les pays récepteurs

représentent une approche plus réaliste, car les rende-

ments et les marges de bénéfices sont relativement ré-

duites dans ce type de lutte biologique.

utilisateurs des auxiliaires. Jusqu’ici, dans la pratique, il

s’est toujours avéré judicieux de collaborer avec un orga-

nisme de recherche du pays d’origine des auxiliaires.

Mais, devant la demande croissante d’études détaillées

sur l’évaluation des risques et des impacts environne-

mentaux, il devient de plus en plus indispensable de

s’appuyer sur une recherche commune dans les pays

d’origine.

D’un autre côté, on observe une tendance générale à

restreindre l’accès aux ressources génétiques, notam-

ment aux auxiliaires nécessaires à la lutte biologique.

Plusieurs raisons expliquent cette attitude, comme les

dispositions ABS et la législation sur la protection des

végétaux. L’échange multilatéral gratuit d’auxiliaires, tel

qu’il était pratiqué jusqu’à présent, et le réseau interna-

tional très efficace de chercheurs et d’utilisateurs de la

lutte biologique représentent une base solide qui de-

vrait être prise en compte dans le cadre des ABS.

Certains pays ont ou vont introduire de nouvelles lé-

gislations pour le règlement de l’accès aux ressources

génétiques. Si celles-ci ne tiennent pas compte des be-

soins spécifiques de la lutte biologique, la situation de-

viendra très difficile, pour les chercheurs internationaux

comme pour leurs partenaires nationaux et les utilisa-

teurs. Ces législations entreront probablement en vi-

gueur prochainement. De nouvelles dispositions ABS

internationales ne tenant pas compte des besoins de la

lutte biologique risquent également de voir le jour, po-

sant de nouveaux obstacles à la recherche et à l’applica-

tion, et ralentissant encore le processus.

Figure 3 | Le parasitoïde larvaire Eupelmus vuilleti vient d’Afrique. Il sert également à lutter contre les ravageurs des denrées stockées.(Photo: Gabriela Brändle, ART)

140 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 134–141, 2010

Le rapport FAO est disponible dans son intégralité sous ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/meeting/017/ak569e.pdf

C o n c l u s i o n s e t r e c o m m a n d a t i o n s

Les dispositions relatives à l’accès et à l’utilisation

équitable des ressources génétiques (ABS) devraient

tenir compte des propriétés spécifiques de la lutte

biologique contre les ravageurs :

• les pays qui fournissent des auxiliaires pour la lutte

biologique, peuvent également être utilisateurs de

cette technologie;

• de nombreux auxiliaires sont échangés et utilisés,

mais la valeur financière totale réalisable reste mi-

nime ;

• les organismes ne sont pas brevetés, ce qui veut

dire qu’ils peuvent à tout moment être utilisés par

tout le monde ;

• les informations relatives à la lutte biologique

classique et partiellement à la lutte biologique

avec lâcher périodique d’auxiliaires sont accessibles

et utilisables par le public ;

• les atouts de la lutte biologique sont importants

pour la société: bénéfices pour l’environnement,

la santé des hommes et des animaux, et possibilité

de diminuer les pesticides ;

• la lutte biologique contre les ravageurs est largement

répandue dans les pays industriels comme dans les

pays en voie de développement.

• la lutte biologique est pratiquée essentiellement

dans l’agriculture et la sylviculture, mais de plus en

plus aussi pour protéger les biotopes naturels des vé-

gétaux et animaux envahissants.

Compte tenu de ces faits et des aspects positifs de la

lutte biologique, le rapport FAO préconise les recom-

mandations suivantes :

1. Les gouvernements devraient s’appuyer sur l’échange

multilatéral d’auxiliaires pratiqué jusqu’ici. Cette

base de collaboration se complète et se développe

réciproquement, en garantissant un partage juste

et équitable dans le monde des avantages tirés de

la lutte biologique contre les ravageurs.

2. Les dispositions relatives à l’accès et à l’utilisation

équitable des ressources génétiques (ABS) devraient

stimuler le développement de la lutte biologique en

facilitant l’échange multilatéral des auxiliaires.

3. Les différents pays devraient être incités à créer une

centrale de contact pour faciliter les recherches, l’ac-

cès aux informations, la mise en réseau institution-

nelle et le soutien taxonomique, ainsi que pour

conseiller les intéressés sur les dispositions en vigueur

pour la lutte biologique, dont les ABS.

4. Les dispositions ABS relatives à la lutte biologique

devront tenir compte des avantages non monétaires

comme les programmes de recherche communs, la

formation et / ou le transfert de connaissances /

technologie, tels que les pratiquent déjà de

nombreuses institutions qui travaillent dans

ce domaine.

5. Un document devrait être rédigé et diffusé, décrivant

les «bonnes pratiques» pour l’ABS concernant la lutte

biologique et contenant des directives pour les

activités de recherche communes, équitables et

non restrictives, à l’intention des organisations et

institutions de lutte biologique.

6. Pour améliorer la transparence des échanges

d’auxiliaires, des mécanismes devraient être créés

afin de donner aux pays d’origine et aux pays cibles

l’accès gratuit à des bases de données contenant

des informations sur les auxiliaires.

7. Dans des situations d’urgence touchant la sécurité

des denrées alimentaires, avec conséquences huma-

nitaires, les gouvernements devraient coopérer avec

la FAO, afin d’accélérer l’échange des auxiliaires. n

Environnement | La Convention sur la diversité biologique menace-t-elle la lutte biologique ?

141Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 134–141, 2010

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Does the convention on biological

diversity impede biological control?

The Convention on Biological Diversity

(CBD) was established in 1992 with

three objectives: 1) conserve nature,

2) sustainably use biodiversity and

3) ensure access and fair and equitable

sharing of the benefits arising form

the use of biodiversity. It also ascer-

tains that countries have sovereign

rights over their genetic resources.

Agreements governing the access to

these resources and the sharing of the

benefits arising from their use need to

be established between involved par-

ties (Access and Benefit Sharing ABS).

This also applies to species collected

for potential use in biological control.

Recent applications of CBD principles

have already made it difficult or im-

possible to collect and export natural

enemies for biological control research

in several countries. If such an ap-

proach is widely applied it would im-

pede this very successful and environ-

mentally safe pest management meth-

od based on the use of biological

diversity. The CBD is required to agree

a comprehensive Access and Benefit

Sharing process in 2010. In collabora-

tion and with financial support of the

Food and Agriculture Organisation

(FAO), the International Organisation

for Biological Control of Noxious Ani-

mals and Plants (IOBC) has prepared

a position paper on Access and Benefit

Sharing for Biological Control that has

been published recently as an FAO

report (ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/

meeting/017/ak569e.pdf). The report

makes recommendations which would

facilitate the practice of collection and

exchange of biological control agents,

propose a workable framework to

assist policy makers and biological

control practitioners, and urge biologi-

cal control leaders in each country to

get involved in the discussions with

their national ABS contact point to

take their needs into consideration.

Key words: genetic resources, biologi-

cal control, natural enemies, IOBC.

La convenzione sulla biodiversità è una

minaccia per la lotta biologica?

La Convenzione sulla diversità biologi-

ca (CBD) è stata adottata nel 1992. Gli

obiettivi che si prefigge sono tre: 1) la

conservazione della diversità biologica,

2) l’impiego sostenibile dei suoi ele-

menti, 3) la garanzia dell’accesso alle

risorse genetiche e la ripartizione

giusta dei vantaggi dallo sfruttamento

della biodiversità. Essa, inoltre, garanti-

sce agli Stati il diritto sovrano di sfrut-

tare le loro proprie risorse genetiche.

Gli accordi che disciplinano l’accesso e

l’utilizzo in comune di queste risorse

devono essere convenuti dalle parti per

iscritto (Access and Benefit Sharing,

ABS). Ciò si applica anche per gli orga-

nismi analizzati per un potenziale

impiego nella lotta biologica. Le recenti

applicazioni dei principi della CBD han-

no già reso difficoltoso raccogliere ed

esportare organismi ai fini della ricerca

sulla lotta biologica in diversi Paesi.

L’ampia applicazione di questa prassi

potrebbe compromettere la lotta biolo-

gica basata sull’uso della diversità bio-

logica. Entro la fine del 2010 gli Stati

firmatari della CBD dovranno varare

una proposta completa di ABS. In colla-

borazione con l’Organizzazione delle

Nazioni Unite per l’Alimentazione e l’A-

gricoltura (FAO) e con il suo sostegno fi-

nanziario, l’International Organisation

for Biological Control of Noxious Ani-

mals and Plants (IOBC) ha redatto un

documento di posizione pubblicato

recentemente come rapporto FAO

(ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/

meeting/017/ak569e.pdf). Il rapporto

contiene raccomandazioni che agevola-

no la raccolta e lo scambio di organismi

per la lotta biologica, nonché proposte

per condizioni quadro funzionali, con

l’obiettivo di sostenere tutti coloro che

sono chiamati a prendere decisioni in

ambito politico e della lotta biologica.

Inoltre, esorta i responsabili della lotta

biologica dei singoli Paesi a cercare il

dialogo con il servizio nazionale di con-

tatto ABS affinché vengano prese in

considerazione le loro esigenze.

La Convention sur la diversité biologique menace-t-elle la lutte biologique ? | Environnement

I n t r o d u c t i o n

De 2005 à 2007, le nombre d’exploitations biologiques a

baissé de 4,2 % (Reissig et al. 2009). Quelles sont les rai-

sons de cette baisse et quels sont les types d’exploitation

qui abandonnent le plus fréquemment l’agriculture bio-

logique ?

La Station de recherche Agroscope Reckenholz-

Tänikon ART a mis en place un projet en collaboration

avec BioSuisse, pour étudier les causes qui expliquent

l’abandon de ce mode de production, les obstacles qui

pénalisent la conversion à l’agriculture biologique et, en-

fin, pour trouver d’éventuelles mesures à prendre. Dans

un premier temps, les chercheurs ont étudié les causes qui

Agriculture biologique en Suisse : abandons et conversions Ali Ferjani, Linda Reissig et Stefan Mann, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART,

Tänikon, 8356 Ettenhausen

Renseignements : Ali Ferjani, e-mail : [email protected], tél. +41 (0)52 368 31 31

E c o n o m i e a g r i c o l e

Surtout les paysans de montagne sont ceux qui renoncent le plus à l'agriculture biologique. De 2005 à 2007, il y a eu plus d'abandons que de conversions.

142 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 142–147, 2010

En janvier 2009, la Station de recherche

Agroscope Reckenholz-Tänikon ART a réalisé

une enquête auprès de 3425 exploitations

agricoles en Suisse afin d’étudier l’abandon

de la production biologique entre 2005 et

2007, ainsi que les obstacles à surmonter

pour s’y convertir. Cette étude détermine les

facteurs qui ont influencé l’abandon de la

production biologique à l’aide d’une analyse

factorielle et d’une régression logistique.

Les exploitations qui ont renoncé à

l’agriculture biologique sont avant tout des

exploitations laitières de montagne. Les

raisons économiques (prix des produits

biologiques, paiements directs réduits), la

charge des enregistrements et des contrôles

(«les directives changent trop fréquem-

ment») et l’approvisionnement difficile en

concentrés ou en paille adaptés sont les

principales raisons invoquées pour l’abandon

de ce mode de production. Un taux

important d’exploitations sont prêtes à

renoncer à l’agriculture biologique (14 %),

en particulier dans la production laitière.

L’analyse de régression confirme les résultats

de l’enquête.

Agriculture biologique en Suisse: abandons et conversions | Economie agricole

ont poussé les chefs d’exploitation à abandonner la pro-

duction biologique. Une des priorités de l’étude portait

sur les mesures à prendre pour favoriser efficacement le

développement de l’agriculture biologique.

M é t h o d e

L’étude a été réalisée à partir d’une enquête écrite. Au

total, 3425 exploitations ont été contactées, dont 1145

exploitations biologiques et 281 exploitations ayant ces-

sé l’agriculture biologique entre 2005 et 2007. Le taux de

réponses était de l’ordre de 45,6 % pour les exploita-

tions biologiques et de 31 % pour les exploitations ayant

renoncé à ce mode de production.

Les facteurs de démission ou d’adhésion ont été dé-

duits des raisons indiquées dans le questionnaire pour

expliquer l’abandon de la production biologique ou la

conversion à ce type d’agriculture à l’aide d’une analyse

factorielle et d’une régression logistique (Backhaus

2003). Cet article présente les résultats des groupes d’ex-

ploitations biologiques et d’exploitations ayant aban-

donné ce mode de production.

R é s u l t a t s

Attitude face à l’agriculture biologique

La question «Pourquoi avez-vous décidé d’opter pour

l’agriculture biologique ?», et les 14 arguments avancés

pour l’agriculture biologique munis de quatre réponses

possibles (échelonnées de «très important» à «pas im-

portant») avaient pour but d’évaluer l’opinion des per-

sonnes interrogées sur l’agriculture biologique.

Dans le groupe des exploitations qui sont restées fi-

dèles à l’agriculture biologique, la conviction écolo-

gique profonde des agriculteurs est une raison impor-

tante ou très importante de conversion (57 %), suivie du

«Bien-être des animaux» et de l’argument «Convient à la

conception personnelle de l’exploitation». Les considé-

rations financières (p. ex. «Prix des produits plus élevés»

avec 38 %) viennent en second plan. Au contraire, pour

les exploitations qui ont abandonné l’agriculture biolo-

gique, les aspects financiers sont prépondérants, no-

tamment les arguments «Peut améliorer le revenu agri-

cole» (70 %), «Autorise plus de paiements directs» (69 %)

suivis du «Prix des produits plus élevés» (63 %).

Facteurs pénalisants dans l’agriculture biologique

Le questionnaire demandait aux agriculteurs de préciser

leur opinion sur les problèmes de l’agriculture biolo-

gique et proposait 26 raisons potentielles de quitter ce

mode de production. Là aussi, les personnes interrogées

devaient évaluer l’importance de ces raisons dans leur

143

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 142–147, 2010

144

décision sur une échelle de quatre degrés (de «très impor-

tant» à «pas important»). Les raisons expliquant l’aban-

don de l’agriculture biologique ont été relevées aussi

bien auprès des exploitations qui ne pratiquent plus ce

mode de production que chez celles qui le pratiquent

encore. Pour les exploitations qui ont effectivement arrê-

té l’agriculture biologique, les attentes semblent souvent

avoir été déçues, car les raisons citées comme importantes

ou très importantes sont un «Revenu difficilement amé-

liorable, même avec la culture bio» (72 %) ou un «Prix des

produits ne couvrant pas les dépenses supplémentaires»

(71 %) (fig. 1). De plus, ces exploitations jugeaient les di-

rectives biologiques trop changeantes (76 %) et trop sé-

vères (72 %). Les problèmes liés à l’achat de concentrés

adéquats (70 %) jouaient un rôle majeur sur ce point, sans

doute à cause de l’adaptation des directives de BioSuisse

à l’ordonnance de l’UE qui impose désormais que tous les

aliments pour animaux soient d’origine biologique.

Les exploitations qui continuent l’agriculture biolo-

gique acceptent un peu mieux les directives, 63 % consi-

dèrent que des directives trop changeantes ou trop sé-

vères pourraient les pousser à abandonner l’agriculture

biologique. La charge de travail généralement plus éle-

vée en agriculture biologique a tendance à causer da-

vantage de problèmes, notamment la pression des mau-

vaises herbes (72 %). Les exploitations biologiques

jugent également la situation financière pesante, citant

plus particulièrement le niveau trop bas (73 %) et l’évo-

lution incertaine (72 %) des paiements directs. Enfin, de

nombreuses exploitations désapprouvent le coût des

contrôles biologiques (72 %) et les charges administra-

tives (60 %).

Combinaisons des raisons qui motivent l’abandon

Les raisons qui expliquent l’abandon de l’agriculture

biologique ou les problèmes qui interviennent dans la

Economie agricole | Agriculture biologique en Suisse: abandons et conversions

Changements trop fréquents des directives

Revenu difficilement améliorable, même avec la production bio

Directives trop sévères

Prix des produits ne couvrant pas les dépenses supplémentaires

Paille et concentrés adaptés difficiles à obtenir

Contrôles biologiques trop chers

Pression des mauvaises herbes

Paiements directs trop bas

Volume de travail trop élevé

Ecoulement et commercialisation insuffisamment organisés

Demande future en produits bio incertaine

Trop grandes pertes de revenu

Insécurité sur l’évolution des paiements directs

Trop lourdes charges administratives

Difficultés à s’approvisionner en nutriments

Exigence de gros investissements

Inquiétude face au droit de livraison

Image négative de l’agriculture biologique

D’autres formes d’agriculture améliorent aussi la qualité de l’environnement

Je n’aime pas être surveillé

Difficulté d’obtenir les semences adaptées

Niveau insuffisant de connaissances en agriculture bio

Pression des maladies et des ravageurs

Vulgarisation insuffisante pour les exploitations biologiques

636063706272727363453543726040423522252527254523

Très et assez important Pas et peu important

Exploitations biologiques%

0% 20% 40% 60% 80% 100% 120% 140% 160% 180% 200%

767272717062605954514949484638363331313030242012

%

303030183020181730425245173048474763576757584363

%

101417161426322531303236363946444754535843616269

%

Exploitations ayant cessé l‘agriculture biologiqe

Figure 1 | Classement des raisons d'abandon des exploitations interrogées.

Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 142–147, 2010

145

conversion ne sont pas tous indépendants les uns des

autres. L’analyse factorielle permet d’identifier ceux qui

sont indépendants. Six facteurs de ce type ont pu être

extraits pour les besoins l’étude. Ils représentent chacun

un groupe de raisons motivant l’abandon (tabl. 1).

A l’aide de modèles de régression logistique, les

chercheurs ont étudié dans quelle mesure ces facteurs

d’influence et d’autres encore, relevés dans le cadre du

sondage, ont un impact sur le risque de quitter l’agricul-

ture biologique. Les facteurs «Valeur ajoutée et direc-

tives» et «Image» notamment ont joué un rôle capital

dans la décision de quitter ce mode de production

(tabl. 1). La probabilité que les paysans et les paysannes

ayant invoqué ces arguments abandonnent l’agriculture

biologique était 2,4 fois plus élevée que pour leurs collè-

gues qui n’avaient pas de problème sur ce plan. L’évolu-

tion du revenu au cours des cinq dernières années a éga-

lement un impact considérable sur la décision. Lorsque

les chefs d’exploitation indiquaient que leur revenu

avait tendu à s’amenuiser, la probabilité qu’ils quittent

l’agriculture biologique était multipliée par 3,6. Enfin, la

charge de travail joue elle aussi un grand rôle. Lorsque

les exploitants jugent la charge de travail trop lourde ou

beaucoup trop lourde, la probabilité qu’ils abandonnent

l’agriculture biologique est trois plus élevée que pour

leurs collègues qui indiquent une charge de travail ré-

duite ou équilibrée. Les exploitations de production lai-

tière sont celles où la probabilité de démission est la plus

élevée, (4,1 fois plus que pour les autres types d’exploi-

tation).

Volonté de continuer l’agriculture biologique

Une des questions du sondage portait sur la volonté de

poursuivre dans l’agriculture biologique. 14,1 % des

agriculteurs et agricultrices interrogés songent à quitter

l’agriculture biologique. Parmi eux, 58,3 % gèrent une

Agriculture biologique en Suisse: abandons et conversions | Economie agricole

Tableau 1 | Groupement des facteurs

Facteurs Liste

Valeur ajoutée et directives (facteur 1)

Paille et concentrés adaptés difficiles à obtenir, revenu difficilement améliorable, même avec la production bio, changements trop fréquents des directives, prix des produits ne couvrant pas les dépenses supplémentaires, directives trop sévères, demande future en produits biologiques incertaine, inquiétude face au droit de livraison, écoulement et commercialisation insuffisamment organisés, exigence de gros investissements

Connaissances et environnement(facteur 2)

Vulgarisation insuffisante pour les exploitations biologiques, niveau insuffisant de connaissances en agriculture bio, difficulté d’obtenir des semences adaptées, surfaces de compensation écologique difficiles à respecter, d’autres formes d’agriculture améliorent aussi la qualité de l’environnement

Technique de production et surcroît de travail (facteur 3)

Pression des mauvaises herbes, volume de travail trop élevé, pression des maladies et des ravageurs, trop grandes pertes de revenu, difficultés à s’approvisionner en nutriments

Administration et contrôles (facteur 4)

Trop lourdes charges administratives / de suivi, je n’aime pas être surveillé, contrôles biologiques trop chers

Paiements directs(facteur 5)

Paiements directs trop bas, insécurité sur l’évolution des paiements directs

Image (facteur 6) Je rejette catégoriquement l’agriculture biologique, image négative de l’agriculture biologique

Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 142–147, 2010

146

exploitation de montagne. Pour des raisons topogra-

phiques et climatiques, la plupart sont producteurs de

lait (38,4 %). Ils pensent souvent qu’une conversion n’ap-

porte pas d’avantages, mais plutôt des inconvénients et

aucune amélioration du résultat de l’exploitation. Les

changements souhaités par les chefs d’exploitation vont

dans le même sens que les raisons qui motivent l’aban-

don de l’agriculture biologique : des directives biolo-

giques stables, des prix plus élevés pour les produits bio-

logiques, des contrôles moins chers et des paiements

directs plus élevés sont les principaux arguments qui

pourraient inciter certains agriculteurs à reprendre

l’agriculture biologique.

D i s c u s s i o nL’étude visait essentiellement à analyser les démissions au

sein de l’agriculture biologique de 2005 à 2007 et les rai-

sons qui les expliquent. Que faudrait-il changer dans les

conditions commerciales et les paramètres incitatifs pour

que les agriculteurs se décident à nouveau pour ce mode

de production? L’enquête auprès des agriculteurs montre

que les aspects financiers sont prioritaires pour décider

de renoncer ou d’adhérer à l’agriculture biologique. Les

principales raisons qui motivent la démission sont : direc-

tives trop souvent modifiées et renforcées, suppléments

de prix obtenus pour les produits écologiques trop faibles,

aliments biologiques pour animaux trop chers ou diffici-

lement disponibles et paiements directs pour la produc-

tion biologique trop bas. 14 % des agriculteurs biolo-

giques songent actuellement à quitter ce mode de pro-

duction, de nombreuses exploitations l’ont déjà fait. Pa-

rallèlement, le nombre d’exploitations qui envisagent

une conversion est relativement limité (26).

C o n c l u s i o n sLes résultats descriptifs et analytiques de cette étude

permettent de tirer les conclusions suivantes pour le

développement de l’agriculture biologique :

• Les contrôles devraient être simplifiés et contribuer

à un contact positif avec les chefs d’exploitations

agricoles.

• Les directives devraient être stabilisées. Leur

renforcement devrait être annoncé et justifié

à l’avance.

• Les possibilités de commercialisation devraient

être développées.

• Les exploitations biologiques existantes devraient

être soutenues et servir d’exemple. n

Tableau 2 | Analyse des raisons de démission

Variable dépendante Probabilité de démission Coefficient Probabilité

Arg

umen

ts c

ontr

e l’a

gric

ultu

re b

iolo

giqu

e Valeur ajoutée et directives (Facteur 1) 0,837*** 2,310

Connaissances et environnement (Facteur 2) – 0,030*** 0,971

Technique de production et surcroît de travail (Facteur 3) – 0,209*** 0,811

Administration et contrôles (Facteur 4) – 0,147*** 0,863

Paiements directs (Facteur 5) – 1,342*** 0,261

Image du paysan par rapport à l’agriculture biologique (Facteur 6) 0,862*** 2,368

Stru

ctur

e et

pro

prié

tés

Convient à la conception personnelle de l’exploitation (Oui = 1; Non = 0 ) – 1,114*** 0,328

Exploitations à titre principal (Oui = 1; Non =0) – 0,567*** 0,567

Charge de travail (élevée = 1; autre = 0) 1,110*** 3,033

Chef d’expl. ayant grandi dans l’agriculture (Oui = 1; Non =0) 1,586*** 4,840

Durée de l’exploitation biologique (années) – 0,144*** 0,866

Vente directe (Oui = 1; Non =0) 0,245*** 1,277

Exploitation de production laitière (Oui = 1; Non = 0) 1,421*** 4,143

Surface agricole utile (ha) 0,025*** 1,025

Non morcelée (Oui = 1; Non = 0) 1,192*** 3,292

Âge du chef d’exploitation (années) – 0,028** * 0,972

Réduction du revenu (Oui = 1; Non = 0) 1,292*** 3,640

Constante – 4,056*** 0,017

*** Significatif à 1 %, ** significatif à 5 % et * significatif à 10 %.

Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 142–147, 2010

Economie agricole | Agriculture biologique en Suisse: abandons et conversions

147

Ria

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Sum

mar

y

Bibliographieb Backhaus K., Erichson B., Plinke W. & Weiber R., 2003. Multivariate

Analysemethoden. Eine anwendungsorientierte Einführung, 10. Auflage. Springer-Verlag Berlin.

b Bundesamt für Statistik, 2007. Struktur der landwirtschaftlichen Betriebe 2007. Adresse: http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/de/index/themen/07/01/key.html

b Reissig L., Ferjani A. & Zimmermann A., 2009. Ausstieg aus dem Biolandbau – steigende Tendenz in der Schweiz. Agrarforschung 14 (4), 124 – 128.

Organic Farming in Switzerland:

opting in and opting out

The Agroscope Reckenholz-Tänikon

ART Research Station conducted a

survey on 3425 Swiss farms in January

2009. Its aim was to examine the drop-

out rate from organic farming over the

period 2005 – 2007, to determine the

types of farms and regions primarily

affected, and the reasons leading

farms to opt out. In the present study,

the factors influencing a decision to

opt out of organic farming are deter-

mined by means of a factor analysis

and logistic regression. The bulk of

those opting out are dairy farms in the

mountain region. Economic reasons

(price of organic products, low direct

payments), the time and effort of re-

cord-keeping and checks («Guidelines

change too often») and problems ob-

taining suitable concentrated feed /

straw were the most commonly cited

reasons for opting out. There is a high

disposition towards opting out of

organic farming (14 %), especially

in the case of dairy farms. The

regression analysis confirms the

results of the survey.

Key words: organic farming, survey,

factor analysis, logistic regression.

Agricoltura biologica in Svizzera:

chi la intraprende e chi la abbandona?

Nel gennaio 2009, la Stazione di ricerca

Agroscope Reckenholz-Tänikon ART ha

condotto un’inchiesta tra 3425 aziende

agricole svizzere con l’obiettivo di ana-

lizzare l’abbandono della modalità di

produzione biologica, osservato tra il

2005 e il 2007, nonché le difficoltà che

si incontrano se si vuole intraprendere

tale tipo di gestione. Nel presente con-

tributo si riportano i fattori d’influenza

e i motivi determinanti che spingono

ad abbandonare l’agricoltura biologica,

rilevati tramite un’analisi dei fattori

e una regressione logistica. Tra chi ab-

bandona sono numerose le aziende

lattiere di montagna. Tra i motivi mag-

giormente addotti vi sono le condizioni

economiche (prezzi dei prodotti bio,

pagamenti diretti esigui), il dispendio

per le registrazioni e i controlli («le

direttive sono modificate troppo

frequentemente») e le problematiche

legate all’acquisto di foraggio concen-

trato o di paglia adatti. La volontà ad

abbandonare l’agricoltura biologica

è alta (14 %), soprattutto tra le aziende

specializzate nella produzione lattiera.

L’analisi di regressione conferma i

risultati del sondaggio.

Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 142–147, 2010

Agriculture biologique en Suisse: abandons et conversions | Economie agricole

dans la serre fermée, en général le soir après le travail.

Les ventilateurs produisent un faible courant d’air qui

transporte la fine nuée de gouttelettes à travers la serre

durant la nuit. Le diamètre des gouttelettes est très pe-

tit (5 à 30 μm), contre 100 à 400 μm dans les traitements

par pulvérisation standard. Selon le produit phytosani-

taire utilisé et le dosage, la substance active est 10 à 100

fois plus concentrée dans les gouttelettes de vapeur que

lors d’applications avec des volumes de plusieurs cen-

taines de litres par hectare. Le matin, une fois la nébuli-

sation à froid achevée, la serre est ouverte et bien aérée

avant le début du travail. La nébulisation à froid permet

Nébulisation à froid des produits phytosanitaires en serre: avantages et inconvénientsJacob Rüegg et René Total, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil

Renseignements : Jakob Rüegg, e-mail : [email protected], tél. +41 44 783 64 28

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Appareil de nébulisation à froid «PFALZTECHNIK» avec lequel le fongicide Forum (diméthomorphe) a été appliqué, à raison de 0,4 litre pour 20 litres d’eau et 2 litres de bioaérosol pendant une heure dans un compartiment de serre (0,31 hectare de surface au sol), sur des tomates. L’appareil a été utilisé conformément aux recommandations du distributeur local Hortiplus Sàrl.

148 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 148–153, 2010

I n t r o d u c t i o n

L’application d’insecticides et de fongicides au pulvérisa-

teur à rampe ou à lance sur les cultures en serre, comme

les tomates, les concombres ou les aubergines, implique

une importante charge de travail. Il est donc compré-

hensible qu’un processus d’application nettement plus

simple, comme la nébulisation à froid, paraisse intéres-

sant aux yeux des producteurs. Avec les appareils de

nébulisation à froid du commerce dotés d’une ou deux

buses à air comprimé, le produit phytosanitaire, mélan-

gé à un faible volume d’eau (5 à 40 l / ha) est pulvérisé

La nébulisation à froid offre le grand avanta-

ge de simplifier et d’alléger les travaux liés

à l’application des produits phytosanitaires

en serre. Cependant, les premières mesures

effectuées dans deux serres où étaient

cultivées respectivement des tomates et des

aubergines ont montré que la répartition

de la matière active à partir d’un appareil

stationnaire était très inégale. De plus,

ponctuellement, les résidus trouvés sur le

produit récolté étaient trop élevés.

L’utilisation de la nébulisation à froid peut

et doit donc être améliorée par des mesures

techniques appropriées. En outre, le choix et

le dosage des produits doivent pouvoir se

baser sur une information disposant de

données bien étayées.

Nébulisation à froid des produits phytosanitaires en serre: avantages et inconvénients | Production végétale

d’appliquer un insecticide ou un fongicide avec une

heure de travail par hectare, contre une journée entière

de travail, voire plus, avec les techniques standard. Les

points forts de la nébulisation à froid sont ainsi la simpli-

cité de son utilisation et le gain de temps important

qu’elle permet. Il convient néanmoins de s’interroger sur

les points faibles de cette technique d’application, et sur

leurs conséquences.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Premiers essais d’Agroscope Changins-Wädenswil ACW

Dans deux exploitations qui cultivent à grande échelle

sous serre, respectivement des tomates et des auber-

gines, les dépôts de produits phytosanitaires (insecti-

cides, fongicides) ont été détectés et mesurés sur le sol,

la végétation et la structure de la serre. Juste avant que

les producteurs mettent en marche leurs appareils de

nébulisation à froid «PFALZTECHNIK» (fig. 1), des boîtes

de Pétri munies de rondelles de papier-filtre (7 cm de

diamètre) ont été placées sur le sol, contre les parois et

sur le plafond de la serre, ainsi qu’à la face supérieure et

inférieure des feuilles de plantes choisies (fig. 2a et b ;

3b). Le budget à disposition a limité la pose de ces filtres

collecteurs à deux ou trois endroits par serre. Le lende-

main matin, après nébulisation et aération de la serre,

les rondelles de papier-filtre ont été recueillies et mises

dans des éprouvettes en verre. Les échantillons ont en-

suite été envoyés au laboratoire certifié ISO Veritas de

Zurich pour rechercher et mesurer les dépôts de subs-

tance active. Si les plantes portaient des fruits prêts à

être récoltés, quelques échantillons de fruits ont aussi

été prélevés et transmis au même laboratoire pour ana-

lyse, environ deux jours avant la récolte. L’utilisation

Figure 1 | Appareil de nébulisation à froid «PFALZTECHNIK». L’insecticide Pirimor (pirimicarbe) et le fongicide Switch (cyprodinil, fludioxonil) ont été appliqués, à raison de 0,8 kg pour 15 litres d’eau et 2 litres de bioaérosol pendant une heure dans une serre (0,87 hectare de surface au sol), sur des aubergines. L’appareil a été utilisé conformément aux recommandations du distributeur local, Hortiplus Sàrl.

Figure 3a et b | Doubles rangs d’aubergines, avec environ 1,7 plant par mètre carré. Le 16 mai 2009 : hauteur des plants 90 cm, indice de surface foliaire 1,9. Des rondelles de papier-filtre ont été instal-lées dans différents endroits de la végétation, sur le dessus et le dessous des feuilles, ainsi que sur le sol et sur la structure de la serre, afin de mesurer les dépôts.

Figure 2a et b | Doubles rangs de tomates le 16 mai 2009, hauteur des plants 190 cm, indice de surface foliaire 2,6; des rondelles de papier-filtre blanches ont été placées sur le dessus et le dessous de feuilles se trouvant sur les parties supérieures, inférieures, inté-rieures et extérieures des doubles rangs. D’autres rondelles de papier-filtre ont été posées sur le sol et sur la structure de la serre.

149Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 148–153, 2010

Rés

um

é

150 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 148–153, 2010

Production végétale | Nébulisation à froid des produits phytosanitaires en serre: avantages et inconvénients

d’une substance de marquage était impossible, à cause

des contaminations indésirables dans des serres com-

merciales. Les figures 4 et 7 montrent schématiquement

le plan des serres avec le détail de la position des appa-

reils de nébulisation et du dispositif de mesure des dé-

pôts. Les figures 5, 6 et 8 présentent une sélection des

résultats sous forme de schéma.

Réglage et dosage adaptés à la culture

Les dépôts mesurés aux positions A, B et C (fig. 5, 6, 8)

montrent très clairement qu’un appareil de nébulisation

à froid stationnaire posé à même le sol et un ventilateur

par 500 m2 environ ne permettent pas d’obtenir une ré-

partition égale de la matière active dans les deux serres

examinées. Dans le passage où l’appareil était placé, les

dépôts étaient très importants sur le sol et sur les plantes

avoisinantes, alors que la position A, et encore plus le

point B, ont enregistré des dépôts bien moins impor-

tants, voire très faibles. Sur le dessus des feuilles, le dé-

pôt était presque toujours plusieurs fois supérieur à ce-

lui de la face inférieure. Pour les aubergines comme

pour les tomates, les résidus laissés sur les fruits, préle-

vés deux jours avant la récolte commercialisée, étaient

très variables et parfois nettement trop élevés. Globale-

ment, les dépôts sur les parois et le plafond étaient plu-

tôt faibles à moyens. Des estimations indiquent que, la

plupart du temps, 43 à 46 % seulement de la substance

active se retrouvent sur les feuilles des plantes, tandis

que 16 à 19 % se déposent sur le sol de la surface cultivée

et moins de 2 % sur la structure de la serre. La quantité

restante de substance active se trouvait sur le sol du pas-

sage de la serre, où était installé l’appareil de nébulisa-

tion à froid, ou encore s’était échappé de la serre et dis-

persé à l’extérieur (Stanghellini 2009). Ces calculs sont

basés sur un petit nombre d’emplacements, toutefois, et

ne donnent qu’un ordre de grandeur.

Ces données, certes encore modestes, montrent tout

de même qu’il est urgent de se poser, dès maintenant, la

question du dosage des produits phytosanitaires

lorsqu’on utilise la nébulisation à froid (voir encadré).

Actuellement, la plupart du temps, la quantité de pro-

duit autorisée par hectare est extrapolée à la surface de

la serre; ce faisant, la taille de la surface cible, soit, sui-

vant le produit et le ravageur, la surface totale de

feuillage et de tiges de la végétation ou des fruits, n’est

que peu, voire pas du tout prise en compte. Des pre-

mières mesures indiquent que, chez l’aubergine par

exemple, l’indice de surface foliaire (surface foliaire par

unité de surface au sol) augmente considérablement de

la mi-mai à la mi-juillet, passant de 1,9 à 4,5 (fig. 9). Dans

ces conditions, maintenir le même dosage n’a aucun

sens. Pour adapter celui-ci, il serait important de

connaître non seulement la modification des surfaces

cibles en fonction des cultures et de la croissance, mais

aussi quels sont les taux optimaux de fixation du produit

atteignables par les appareils de nébulisation à froid.

Les plantes proches du passage de la serre où était

installé l’appareil de nébulisation à froid présentaient

parfois de très nettes brûlures aux feuilles et les résidus

trouvés sur les fruits étaient beaucoup trop élevés. Des

mesures effectuées à une douzaine d’emplacements

dans les deux serres pour évaluer le mouvement de l’air

provoqué par les ventilateurs ont montré que l’air circu-

lait bel et bien. Cependant, la vitesse atteinte par le cou-

rant, généralement inférieure à 0,2 m/s, ne remplissait

pas bien sa fonction. L’effet de dispersion de la subs-

B

130m

67m

A

C

Circulation de l‘air

Appareil de nébulisation à froid

Figure 4 | Schéma de la surface au sol de la serre des aubergines, à sept chapelles. Position de l’appareil de nébulisation à froid (rouge), circulation de l’air (bleu) provoquée par les ventilateurs et points A, B et C où les dépôts ont été mesurés (noir).

Figure 5 | Coupe transversale schématique de la serre avec les doubles rangées d’aubergines, le 16 mai 2009. Valeurs des dépôts de l’insecticide nébulisé, Pirimor (pirimicarbe), en ng/cm2, sur des rondelles de papier-filtre, et valeurs des résidus en mg/kg sur les aubergines mûres pour la récolte, deux jours avant la récolte, aux points A, B et C. Les emplacements où les rondelles de papier-filtre ont été placées, sur le sol, sur les plantes ou sur la structure de la serre, sont indiqués en jaune.

Position A Position B

820

291

282 245

303

588

1524

234

394

345

132 452

100 204

85 283

103 367

2161418

333 1983

172 1507

459 1083

A: Plante Ø 897 Dessus feuille Ø 1498 Dessous feuille Ø 295

A: SolØ 1172

B: SolØ 264

B: Plante Ø 216 Dessus feuille Ø 327 Dessous feuille Ø 105

1814

3488

Position C

2.67 mg/kg 0.90

mg/kg

0.11 mg/kg

Pirimor (primicarbe) LMR 1,00 mg/kg Aubergines 16 mai 2009

Nébulisation à froid des produits phytosanitaires en serre: avantages et inconvénients | Production végétale

151Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 148–153, 2010

tance active n’était pas suffisant et doit être amélioré.

Plusieurs solutions sont possibles: soit utiliser plusieurs

appareils de nébulisation à froid à l’hectare, soit instal-

ler le ou les appareils en hauteur, au-dessus de la végé-

tation, ou même avoir une installation mobile, similaire

à celle des rampes d’arrosage horizontal montées sur

roues. Cependant, même si des améliorations de ce type

peuvent être apportées, la répartition de la substance

active restera vraisemblablement inégale entre le dessus

et le dessous des feuilles. Ces écarts seront certainement

diminués avec des produits à action translaminaire ou

avec une pression de vapeur élevée. Jusqu’ici, toutefois,

seules de très rares recherches ont été entreprises sur les

cultures maraîchères en serre.

En Allemagne, les organes officiels ne recom-

mandent la nébulisation à froid qu’avec des réserves,

voire pas du tout, les résultats des essais effectués dans

ce pays mettant également en lumière la problématique

de la répartition inégale des produits nébulisés (Meinert

et al. 1996; Harmut et Krämer 2005). Des recherches an-

térieures menées sur des plantes ornementales avaient

également montré qu’une répartition égale sur la cou-

verture végétale était difficile à obtenir (Owens et Ben-

net 1978). En Suisse, les instances de conseil publiques et

privées manquent d’informations consistantes dans le

domaine de la nébulisation à froid, car les données ex-

périmentales sont encore très modestes. Comme dans le

cas de l’application de produits phytosanitaires par arro-

sage au goutte-à-goutte, la vulgarisation ne peut être

étayée concrètement que par la constitution progressive

d’une base de données et d’expériences. Ces nouvelles

méthodes d’application sont certainement pertinentes

pour une exploitation moderne des serres, parallèle-

ment aux systèmes de pulvérisation standard. Cepen-

dm a

19m

168m

Circulation de l‘air

Appareil de nébulisation à froid

BA C

Figure 7 | Schéma de la surface au sol de la serre des tomates ; essai réalisé dans un compartiment à deux chapelles. Position de l’appareil de nébulisation à froid (rouge), circulation de l’air (bleu) provoquée par les ventilateurs et points A, B et C où les dépôts ont été mesurés (noir). En plus des points A, B et C, les dépôts ont éga-lement été mesurés au sol dans le couloir traversant la serre, de-vant (d), au milieu (m) et à l’arrière (a).

Figure 6 | Coupe transversale schématique de la serre avec des loubles rangées d’aubergines, le 16 mai 2009. Valeurs des dépôts du fongicide nébulisé, Switch (cyprodinil, fludioxonil) en ng/cm2, sur des rondelles de papier-filtre, et valeurs des résidus en mg/kg sur les aubergines mûres pour la récolte, deux jours avant la récolte, aux points A, B et C.

Figure 8 | Valeurs des dépôts du fongicide nébulisé, Forum (diméthomorphe) en ng/cm2, sur des rondelles de papier-filtre, et valeurs des résidus en mg/kg sur les tomates mûres pour la récolte, le 18 juillet 2009, deux jours avant la récolte, aux points A, B et C. Les valeurs des dépôts mesurés aux points d, m et a, sur le sol du passage, sont également mentionnées.

Figure 9 | La même culture d’aubergines à la mi-juillet: hauteur des plants 250 cm, indice de surface foliaire 4,5.

Position A Position B

707

141

193 173

177

413

1246

109

240

191

79 300

62 131

53

197

59 258

1161191

207

1597

98 1395

309 808

A: Plante Ø 715Dessus feuille Ø 1248Dessous feuille Ø 182

A: SolØ 982

B: SolØ 183

B: Plante Ø 142Dessus feuille Ø 222Dessous feuille Ø 63

1878

3795

Position C

1.85 mg/kg 0.38

mg/kg

0.04 mg/kg

Switch (cyprodinil) LMR 0,50 mg/kg Aubergines 16 mai 2009

Forum (diméthomorph) LMR 0,20 mg/kgTomates 18 juillet 2009

853

14

54 46

22

97

1086

15

20

70

50 42

32 57

18 48

20 65

140 735

318 891

36 217

234 835

894 3596

1083 4186

3.10 mg/kg 0.31 mg/kg 0.84 mg/kg

Position BPosition CPosition A

Plante Ø 426 Dessus feuille Ø 670 Dessous feuille Ø 182

SolØ 970

SolØ 50

Plante Ø 42 Dessus feuille Ø 53 Dessous feuille Ø 30

d 14198

m 89378

a 11096

Plante Ø 2440 Dessus f. Ø 3891 Dessous f. Ø 989

152

dant, ces techniques doivent être utilisées de manière à

ce que l’efficacité biologique soit bonne, que l’appari-

tion de résistances chez les ravageurs soit retardée le

plus longtemps possible et que la présence de résidus

inacceptables soit à tout prix évitée. Pour être utile aux

producteurs, la vulgarisation doit, en collaboration avec

l’industrie, indiquer et définir clairement, sur la base de

leurs caractéristiques (par ex. action systémique et/ou

translaminaire), quels sont les produits appropriés à la

nébulisation à froid ou à l’arrosage au goutte-à-goutte.

Partout où cela est possible, les insecticides devraient

être remplacés par l’utilisation d’auxiliaires appropriés.

Des expériences faites aux Pays-Bas et en Suisse montrent

que, en fonction des années, des cultures et de la pré-

sence des ravageurs, la nébulisation à froid doit être

complétée avec des traitements sélectifs ponctuels par

pulvérisation et/ou vaporisation avec des appareils à

rampe verticale conventionnels, que l’on fait passer

entre les rangs le long de la haie foliaire. Pour ces der-

niers également, les études en matière de réglage des

appareils et de dosage des produits adaptés aux cultures

doivent aussi être poursuivies (voir encadré). La base de

données est, ici aussi, encore trop mince pour permettre

un conseil fiable et professionnel. n

Actuellement, pour la plupart des fongicides,

des insecticides et des acaricides, les autori-

sations accordées en Suisse ne mentionnent,

concernant l’utilisation en serre, que la

concentration en pourcentage pour la fabri-

cation de la bouillie. Le volume de bouillie

à utiliser pour une culture précise à un stade

de développement donné n’est pas indiqué

clairement. Lors de la nébulisation à froid, on

transpose généralement la quantité de pro-

duit par hectare usuelle dans les cultures

maraîchères au champ, à la surface au sol de

la serre. Là aussi, la façon d’adapter la quanti-

té de produit ainsi calculée à la surface foliaire

en croissance de la culture n’est pas claire-

ment expliquée. A l’avenir, la Station de

recherche Agroscope Changins-Wädenswil

ACW cherchera à élaborer, en collaboration

avec l’industrie suisse et européenne, des

données de dosage faciles à utiliser en

fonction de la culture et de la surface foliaire

présente. Comme cela se fait déjà en arbori-

culture fruitière, en viticulture et en culture

de baies, des instructions de dosage doivent

être établies en fonction des cultures, incluant

le type d’appareil à utiliser pour l’application,

avec le réglage et les caractéristiques d’utilisa-

tion appropriés.

Encadré 1 | Dosage des produits phytosani-

taires en serre

Production végétale | Nébulisation à froid des produits phytosanitaires en serre: avantages et inconvénients

Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 148–153, 2010

153

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Bibliographieb Harmuth P. & Krämer P., 2005. Jahresbericht des Pflanzenschutzdienstes

Baden-Württemberg. Landesanstalt für Pflanzenschutz, Reinsburgstrasse 107, 70197 Stuttgart Deutschland.

b Meinert G., Schmidt K., Wagner R. & Merz F., 1996. Untersuchungen zur Minimierung der Boden- und Luftbelastung durch Pflanzenschutz-mittel in Gewächshäusern bei verbesserter biologischer Wirksamkeit. Abschlussbericht zum Forschungsvorhaben. Landesanstalt für Pflanzen-schutz, Reinsburgstrasse 107, 70197 Stuttgart Deutschland.

b Owens J. M. & Bennett G. W., 1978. Spray Particle Size Distribution in Greenhouse ULV Applications to Poinsettia. J. of Economic Entomology 71 (2), 353 – 357.

b Stanghellini C., 2009. Emissions by aerial routes from protected crop systems (greenhouses and crops grown under cover). A position paper. Report 224. EFSA Eurpean Food Safety Authority. Wageningen UR Greenhouse Horticulture, Wageningen January 2009.

Strengths and weaknesses of cold-

fogging for pesticides application

in greenhouses

Cold-fogging crop protection products

in greenhouses is an easy to handle

and time and labour saving method.

However measurements of depo-

sitions on commercial tomato and

eggplant crops in two greenhouses

in Switzerland revealed that active

ingredients distribution in the green-

houses was very uneven. Furthermore

there were spots where unacceptably

high residues were found on

harvested fruit. Cold-fogging

application method must and can be

improved through technical measures.

The choice and the dosage of the

products should rely on solid data

sets made available to the extension

service.

Key words: cold-fogging, application

techniques, crop protection, tomatoes,

eggplants, greenhouse, deposition,

distribution.

Vantaggi e inconvenienti della

nebulizzazione a freddo

per l’applicazione di prodotti

fitosanitari in serra

La tecnica della nebulizzazione a

freddo semplifica l’applicazione dei

prodotti fitosanitari su colture in

serra con un investimento di lavoro

estremamente ridotto. Tuttavia, le

prime misurazioni effettuate in due

serre (una coltivata a pomodori e l’altra

a melanzane), hanno però dimostrato

che la distribuzione della sostanza

attiva partendo da un apparecchio

stazionario era molto irregolare.

Inoltre i residui riscontrati sul raccolto

erano a puntino troppo elevati.

L’utilizzo della nebulizzazione a

freddo può e deve essere migliorata

con delle misure tecniche appropriate.

La scelta e il dosaggio dei prodotti

devono basarsi su informazioni

solide e sicure.

Nébulisation à froid des produits phytosanitaires en serre: avantages et inconvénients | Production végétale

Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 148–153, 2010

I n t r o d u c t i o n

Les conditions topographiques sont très variables en

Suisse. Les exploitations de montagne et de plaine ayant

choisi de pratiquer la pâture intégrale emploient peu

d’aliments concentrés, ce qui peut causer des problèmes

de santé et réduire la fertilité des vaches à haute perfor-

mance. La race Holstein néo-zélandaise a été sélection-

née non seulement pour sa production laitière élevée et

certains critères morphologiques, mais aussi pour obte-

nir de bonnes longévité et fertilité et un poids plus

faible. Cette race peut atteindre une production laitière

acceptable en pâture intégrale grâce à son ingestion

d’herbe élevée par kilo de poids vif. En Suisse, le rende-

ment économique d’une race bovine dépend non seule-

ment de la production laitière des vaches mais égale-

ment de la performance d’engraissement des veaux.

L’étude de cette performance chez des veaux Hol-

stein Friesian néo-zélandais intéresse donc les exploita-

tions pratiquant la pâture intégrale. Dans le cadre d’un

travail de Bachelor à la Haute école suisse d’agronomie

(Roth 2009), la performance à l’engraissement de veaux

Holstein Friesian néo-zélandais et suisses a été compa-

rée dans les conditions de la pratique en Suisse.

Aptitude de deux lignées Holstein pour la production de veaux blancsNathalie Roth, Peter Kunz, Haute école suisse d’agronomie HESA, 3052 Zollikofen

Renseignements : Nathalie Roth, e-mail : [email protected], tél. +41 31 910 22 75

P r o d u c t i o n a n i m a l e

L’aptitude à l’engraissement de ces veaux Holstein-Friesian néo-zélandais a été testée dans le cadre d’une thèse de Bachelor.

154 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 154–161, 2010

Dans le cadre d’un travail de Bachelor à

la Haute école suisse d’agronomie (HESA), la

performance d’engraissement de 11 veaux

mâles Holstein Friesian néo-zélandais a été

comparée à celle de 26 veaux Holstein

Friesian suisses. Les deux groupes ont été

engraissés pendant 100 jours dans les mêmes

conditions d’alimentation et de détention.

Les veaux accédaient librement à un mélan-

ge d’eau et de poudre de lait au distributeur

automatique. A partir du 17e jour

d’engraissement, ils ont reçu en outre de

l’ensilage de maïs à volonté. La ration a

été complétée par un supplément minéral

et une pierre à sel. Les gains de poids

quotidiens des veaux néo-zélandais ont

été comparables à ceux des veaux suisses.

Ceux des veaux suisses étaient de 130 g plus

élevés ; leur poids vif moyen et leur poids

final étaient également supérieurs, mais les

différences étaient non significatives. Les

pieds avant des veaux néo-zélandais étaient

plus légers, indiquant une plus faible propor-

tion d’os dans la carcasse, ce qui représente

un avantage pour l’acquéreur. Les carcasses

des deux groupes ont été classifiées principa-

lement dans les classes +T3 à -T3 du système

CH-TAX, avec un léger avantage pour les

veaux néo-zélandais.

Aptitude de deux lignées Holstein pour la production de veaux blancs | Production animale

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Essai d’engraissement de veaux en deux groupes

Les veaux ont été détenus en stabulation libre sur litière

profonde paillée. La surface totale de 70 m2 a été subdivi-

sée comme suit : 20 m2 pour les 11 veaux NZ et 50 m2 pour

les 26 veaux CH. Pour optimiser l’utilisation des places dis-

ponibles, le nombre de veaux suisses a été augmenté.

L’étude a été réalisée entre mars et juin 2009 (fig. 1).

La consommation d’aliment (kg de poudre de lait et

d’ensilage de maïs) a été enregistrée en continu pour

chaque groupe. L’état de santé des veaux a été suivi dans

un journal de traitement pendant toute la période d’en-

graissement. Les animaux ont été pesés chaque mois : en

début d’engraissement, trois fois pendant l’engraisse-

ment et 24 h avant l’abattage. Six veaux suisses avaient

déjà atteint ou dépassé le poids maximal de 210 kg après

86 jours. Ils ont donc été abattus plus tôt que prévu. Un

pesage supplémentaire a alors été nécessaire pour le

groupe suisse parce que l’ingestion alimentaire n’était

enregistrée que pour le groupe complet. Les 31 veaux

restants (20 suisses, 11 néo-zélandais) ont été abattus

après 100 jours d’engraissement.

155

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 154–161, 2010

Figure 1 | Calendrier et déroulement de l’essai d’engraissement. Thèse de Bachelor de Nathalie Roth (2009).

Mars

Début essaiengraissement

3 pesées intermédiaires

Relevés ingestion

(poudre de lait, ensilage de maïs)

Relevés à l‘abattoir(pH, couleur de la viande)

Abattages 1&2 Relevés poids des pieds avant

Pesées avantabattage (PV)

Avril Mai JuinJuinJuin

Figure 2 | Quartiers arrière des veaux de l’essai (NZ&CH) avec leurs étiquettes d’identification dans la chambre froide : la couleur de la viande et le pH du muscle longissimus dorsi ont été mesurés sur les carcasses suspendues.

156

Lors de l’abattage, les pieds avant (des onglons à

l’articulation carpale) ont été détachés et pesés, puis les

carcasses ont été refroidies. Après 3,5 jours (88 h post

mortem), la couleur et le pH de la viande ont été déter-

minés dans le muscle long dorsal (M. longissimus dorsi).

Le pH a été mesuré, avec un ph-mètre de Mettler Toledo,

dans une coupe du muscle long dorsal (M. longissimus

dorsi) au niveau d’une côte des quartiers arrière gauche

et droit (fig. 2).

Pour la comparaison des deux groupes, les variables

mesurées (accroissement journalier, poids vif final, poids

mort et proportion de poids des pieds avant) ont été

analysées statistiquement par covariance, avec le poids

initial comme covariable. La couleur de la viande a été

comparée avec le test exact de Fisher. La charnure (CH-

TAX) a été comparée avec un test Mann-Whitney. Tous

les tests ont été évalués avec un niveau de signification

de 5 % (p < 0,05). Comme la consommation alimentaire

était déterminée par groupe et non par animal indivi-

duel, elle n’a pas pu être analysée statistiquement.

Caractérisation des deux groupes de veaux

L’essai incluait 37 veaux mâles Holstein Friesian d’origine

génétique différente. Tous les veaux étaient nés en Suisse.

Ils ont été subdivisés en deux groupes selon leur origine

génétique, reflétant des buts d’élevage différents :

Le groupe suisse (CH) comprenait 26 veaux Holstein-

Friesian. Les pères provenaient principalement de Suisse

et d’Amérique du Nord et avaient une valeur d’élevage

lait moyenne de + 466 kg (ET ± 552) (Fédération suisse

d’élevage Holstein, mai 2009). Les veaux ont été acquis

sur le marché par la Gefu Oberle AG en choisissant des

animaux convenant bien à l’engraissement. Deux veaux

présentaient un poids initial déjà très élevé (95 et 103

kg). Ils ont été exclus de toutes les analyses de données,

sauf pour la consommation alimentaire et le rendement

économique, dont les données n’étaient pas enregis-

trées individuellement. Pour toutes les analyses statis-

tiques, cependant, le groupe suisse comprenait 24 veaux.

Les 11 veaux du groupe néo-zélandais (NZ) prove-

naient d’exploitations avec pâture intégrale, qui uti-

lisent la génétique néo-zélandaise dans leur élevage. Il

s’agissait de veaux avec 1 à 3 générations de génétique

Holstein-Friesian néo-zélandaise. La valeur d’élevage

lait suisse des pères était en moyenne de – 386 kg

(ET ± 154) (Fédération suisse d’élevage Holstein, mai

2009). Le nombre de vaches et d’inséminations avec de

la génétique Holstein néo-zélandais étant restreint en

Suisse, seuls un nombre limité de veaux mâles d’origine

néo-zélandaise était disponibles.

Une enquête téléphonique immédiatement après la

mise en stabulation a permis de décrire les conditions sur

Production animale | Aptitude de deux lignées Holstein pour la production de veaux blancs

Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 154–161, 2010

Tableau 2 | Composition chimique des compléments minéraux

Aliments Prix[CHF / dt MS]

Teneurs par kg MS (indications du fabricant)

Ca[g]

P[g]

Mg[g]

Na[g]

Se[mg]

Iode[mg]

Co[mg]

Cu[mg]

Zn[mg]

Mn[mg]

Complément minéral Homin Ca:P 2:1 280 120 60 30 60 20 20 20 200 2000 500

Pierre de sel MINALOCa : P 2,7 : 1 300 140 60 40 120 8 6 3 50 720 800

Tableau 1 | Teneur en énergie et valeur nutritive de l’ensilage de maïs et des deux poudres de lait

Aliments Prix[CHF / dt MS](UFA 2009)

Teneurs par kg MS (ALP 2004)

MS[%]

EMV[MJ]

PB[g]

CB[g]

CE[g]

LB[g]

Fe[mg]

Ensilage de maïs (dès le 17e jour) 30 28 12,3 74 183 kA 30 kA

Gefumilk 20 – 20 (engraissement initial) 400 93 18,9 200 0 65 180 50

Gefumilk Swissspray(finition) 400 93 19,5 210 0 65 210 22

mS = matière sèche; emV = énergie métabolisable veau; PB = protéines brutes; cB = cellulose brute; ce = cendres brutes; LB = lipides bruts; Fe = fer, – pas d’indication.

157

les exploitations dont proviennent les veaux. Les condi-

tions de détention (extérieur / intérieur, isolés / en

groupe), l’alimentation (lait, foin, maïs etc.) et l’état de

santé (journal de traitement) des veaux ne différaient

pas systématiquement entre les deux groupes.

Après une administration préventive de sélénium et

de vitamine E lors de la mise en stabulation (contre la

maladie du muscle blanc), les veaux ont reçu les médica-

ments suivants à travers le lait : SK-60 (Biokema SA, Cris-

sier), CAS 45 K et Amoxan 70 (UFAMED AG, Sursee). Pour

cause de maladie, deux veaux NZ et trois veaux CH ont

en outre reçu un antibiotique à large spectre (Advocid

18 %, Pfizer AG, Zurich).

Alimentation

Tous les veaux ont été initialement nourris avec un mé-

lange poudre de lait-eau. Dès le 17e jour d’engraisse-

ment, la ration a été complétée par de l’ensilage com-

plet de maïs donné en crèche. Les animaux avaient accès

à la paille fraîche de la litière. Dès le 40e jour d’engraisse-

ment, la poudre de lait initiale a été remplacée par une

poudre de lait de finition avec une teneur en protéines

brutes plus élevée (tabl. 1). La différence essentielle

était la teneur en fer, réduite de 50 mg à 22 mg / kg MS

en phase finale pour obtenir la couleur de viande claire

requise par le marché.

Les veaux ont en plus reçu le complément minéral

Homin 1263 (2 : 1) de Gefu Oberle et la pierre à sel Mina-

lo (2,7 : 1) de Multiforsa (tabl. 2), qu’ils pouvaient

consommer à choix.

Sur la base de l’ingestion totale de la ration, l’indice

de consommation a été calculé en kg MS / kg croît et en

MJ NEV / kg croît.

R é s u l t a t s

Performances d’engraissement

L’utilisation du fourrage diffère peu entre les deux

groupes (tabl. 3). L’âge moyen des veaux différait signi-

ficativement au début de la période d’engraissement

mais pas à la fin. Six veaux suisses ont dû être abattus

environ 14 jours avant la fin prévue de l’engraissement,

soit après 86 jours. Le poids des deux groupes ne diffé-

rait pas significativement au début de l’engraissement,

ni à la fin, si on les corrige par rapport au poids initial.

L’accroissement journalier moyen a évolué parallèle-

ment dans les deux groupes. Pendant tout l’engraisse-

ment, les animaux suisses ont gagné en moyenne 130 g

par jour de plus que les animaux néo-zélandais (fig. 3).

Cependant, les prises de poids ne différaient pas signifi-

cativement. Le poids supérieur de 11 kg des veaux suisses

s’explique entièrement par leur poids supérieur au dé-

Aptitude de deux lignées Holstein pour la production de veaux blancs | Production animale

Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 154–161, 2010

Tableau 3 | Performances d’engraissement des veaux

Groupe NZ Groupe CH

Nombre d’animaux n = 11 n = 24

Durée d’engraissement (jour) 100 86 (n = 4) ou 100 (n = 20)

Indice de consommation (IC) poudre et ensilage de maïs (kg MS/kg croît) 37,2 38,4

Indice de consommation (IC) poudre et ensilage de maïs (MJ NEV/kg croît) 1,96 2,02

Moyenne (Ø) + / – écart-type (ET) Ø* ET Ø ET

Âge initial ( jour) 31a + / – 9,2 39b + / – 11,6

Poids vif initial (kg/veau) 64,9a + / – 8,5 70,2a + / – 6,5

Âge final (jour) 131a + / – 9,2 137a + / – 10,9

Poids vif final (kg/veau) 197,1a + / – 23,2 215,2a + / – 18,4

Gain moyen quotidien (g/veau) 1322a + / – 184 1450a + / – 151

Poids mort (kg/veau) 108,2a + / – 15,6 119,4a + / – 10,5

Poids des jambes antérieures (kg/veau) 2,49a + / – 0,22 2,84b + / – 0,19

* Des indices différents (a, b) indiquent des différences significatives entre groupes (p < 0,05).

158

but de l’engraissement. En revanche, les pieds avant re-

présentaient une partie moindre du poids chez les veaux

néo-zélandais que chez les veaux suisses.

La qualité des carcasses appréciée selon le système

CH-TAX était satisfaisante pour les deux groupes. Les

veaux néo-zélandais avaient tous le degré d’engraisse-

ment optimal 3 et une charnure entre +T et A. Les ani-

maux suisses étaient également classés entre +T3 et A3,

sauf trois (A2, A2, 2X2 ; fig. 4).

Couleur de la viande et pH du muscle

La couleur de la viande a été jugée par un expert (blanc,

rose, rouge) et comparée à une échelle standardisée (1 =

blanc ; 6 = rouge ; tabl. 4). Aucune différence significa-

tive n’est apparue entre les deux groupes. Leur géné-

tique différente n’influence donc pas ces caractères. Le

pH du muscle dorsal après 88 h ne différait pas non plus

entre les deux groupes.

Comparaison des résultats avec d’autres études

En Suisse, un grand intérêt a été porté à la génétique

d’Amérique du Nord dans les années 1960 et la race Tache-

tée noire fribourgeoise a été remplacée par la race Hol-

stein nord-américaine, meilleure laitière. La Fédération

suisse d’élevage de la race Tachetée noire a rapidement

développé un programme d’évaluation national indépen-

dant, de sorte que l’élevage des Holstein est maintenant

bien établi en Suisse et compétitif au niveau international.

L’élevage suisse s’oriente encore maintenant sur une vache

à haut rendement laitier avec le but de maximiser la per-

formance. C’est pourquoi les Holstein Friesian suisses sont

généralement comparées avec des études effectuées avec

des Holstein Friesian nord-américaines.

Plusieurs auteurs ont comparé la production de

viande entre lignées de Holstein Friesian (Reklewski et al.

1985 ; Keane 2003 ; McGee et al. 2005 ; MacDonald et al.

2007). Ces études concernaient généralement des tau-

rillons, ce qui empêche une comparaison directe avec les

études suisses, portant généralement sur l’engraisse-

ment de veaux blancs. Par rapport aux lignées Holstein

du Danemark, de Pologne, d’Allemagne, de Hollande,

de Suède, d’Amérique et d’Israël, les veaux néo-zélandais

montraient régulièrement des poids vifs inférieurs en

début d’engraissement, les veaux nord-américains ayant

les poids les plus élevés dans toutes les comparaisons

effectuées. L’accroissement journalier, le poids vif final

et le poids des carcasses des veaux néo-zélandais étaient

également toujours inférieurs à ceux des Holstein nord-

américains (Reklewski et al. 1985 ; Stolzman et al. 1988 ;

Keane 2003). La qualité des carcasses était cependant

semblable pour les deux lignées. Les animaux néo-

zélandais avaient partiellement même un taux d’en-

graissement supérieur et une proportion d’os inférieure

(Reklewski et al. 1985).

Aspects économiques

La rentabilité de l’engraissement a été comparée entre

les deux groupes par un calcul des marges brutes compa-

rables. Pour rendre la comparaison plus robuste, le calcul

s’est basé sur le prix moyen des veaux entre 2006 et 2008,

Production animale | Aptitude de deux lignées Holstein pour la production de veaux blancs

Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 154–161, 2010

Figure 4 | Taxation des carcasses en pourcentage des animaux par groupe (CH : n = 24, NZ : n = 11).

45

40

35

30

25

20

15

10

5

0T+3 T3 T-3 A3 A2 2X2

NZ (n=11) CH (n=24)

Pour

cent

age

des

anim

aux

par

grou

pe

Taxation des carcasses

Figure 3 | Courbes d’accroissement moyen (GMQ, g / jour) des deux groupes pendant 100 jours d’engraissement.

200018001600140012001000

800600400200

00 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

GMQ veaux CH GMQ veaux NZ

Gai

n m

oyen

quo

tidi

en d

es d

eux

grou

pes

(g)

Durée d’engraissement (d)

159

qui était de CHF 14,50 / kg poids mort pour un veau T3

(Proviande 2008), plutôt que sur le prix exceptionnelle-

ment bas de juin 2009 (CHF 11,70 / kg PM). La marge

brute comparable du groupe néo-zélandais surpassait

toujours celle du groupe suisse, même si les animaux

suisses étaient vendus à un meilleur prix, vu leur poids

final supérieur. La différence est due à trois positions

principales du bilan économique : le prix d’achat, les

frais alimentaires et le produit de vente. Le prix d’achat

du groupe néo-zélandais était inférieur de 77 CHF / ani-

mal par rapport au groupe suisse en raison du poids in-

férieur et d’une classification CH-TAX inférieure. Les

frais alimentaires du groupe néo-zélandais étaient éga-

lement inférieurs de 88 CHF / animal en raison du gain de

poids plus faible. Le produit de vente à l’abattoir (en

supposant un prix de CHF 14,50 / kg PM pour les veaux

T3) ne différait que de 112 CHF / animal entre le groupe

néo-zélandais (CHF 1558) et le groupe suisse (CHF 1670).

C’est pourquoi un veau néo-zélandais obtient une

marge brute comparable supérieure de 53 CHF à celle

d’un veau suisse.

D i s c u s s i o n e t c o n c l u s i o n s

L’expérience montre que les deux lignées de Holstein

Friesian conviennent à l’engraissement dans les condi-

tions de production suisses. Les deux groupes ont livré

des résultats semblables, correspondant aux valeurs

normales pour l’engraissement des veaux en Suisse

(Kunz 2009).

Le gain de poids quotidien des deux groupes était de

1320 g (NZ) et 1450 g (CH) mais ne différait pas significa-

tivement. D’autres études rapportent également un

accroissement inférieur significatif avec des animaux

néo-zélandais par rapport à des animaux nord-améri-

cains (Keane 2003 ; Stolzman et al. 1988 ; Reklewski et al.

1985). L’accroissement inférieur des veaux néo-zélandais

peut être expliqué par un poids initial moindre. De plus,

les Holstein Friesian NZ adultes atteignent un poids

maximal inférieur aux lignées européennes et nord-

américaines (MacDonald et al. 2007 ; Berry et al. 2005 ;

Kolver et al. 2000).

Notre étude a confirmé que les animaux NZ ont une

proportion d’os plus faible dans la carcasse en raison

d’un poids inférieur des pieds avant (Reklewski et al.

1985). Ceci représente un avantage pour l’acquéreur

mais n’augmente pas le revenu du producteur.

Après correction due au poids initial différent,

le poids final des deux groupes ne différait pas significa-

tivement. Contrairement à ces résultats, Keane (2003) a

obtenu des poids finaux supérieurs avec des animaux

européens et nord-américains qu’avec les animaux néo-

zélandais. La qualité des carcasses ne différait pas dans

l’étude de Keane (2003). Dans notre étude, les animaux

néo-zélandais ont montré une qualité légèrement supé-

rieure, sans que la différence soit significative.

Considérant qu’il s’agit d’une race laitière pure,

même les veaux néo-zélandais avec leur âge inférieur

présentaient une bonne charnure. Malgré leur moindre

gain quotidien et leur poids final inférieur, les veaux

néo-zélandais arrivent tout à fait à atteindre le degré

d’engraissement 3 désiré.

Les animaux néo-zélandais ont pu être achetés moins

chers, en raison d’un poids et d’une classification infé-

rieurs. A l’abattage, le supplément de qualité CH-TAX

par kg de poids mort était plus élevé pour les veaux néo-

Aptitude de deux lignées Holstein pour la production de veaux blancs | Production animale

Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 154–161, 2010

Tableau 4 | Couleur de la viande et pH du muscle pour les deux groupes de veaux

Groupe NZ Groupe CH

Nombre d’animaux n = 11 n = 24

Moyenne (Ø) + / – écart-type (ET) Ø* ET Ø ET

Couleur de la viande: jugement visuel1 1,2 + / – 0,40 1,4 + / – 0,49

Couleur de la viande: échelle standardisée2 3,0 + / – 0,63 3,3 + / – 1,08

pH du muscle dorsal (88 h post mortem) 5,545 + / – 0,065 5,537 + / – 0,053

* Les différences entre les deux groupes ne sont pas significatives.1 Jugement d'un expert : 1 = blanc, 2 = rose, 3 = rouge 2 comparaison avec une échelle de couleurs : 1 = blanc à 6 = rouge

160

zélandais. Avec des frais d’alimentation moindres, la

marge brute est supérieure chez les animaux néo-

zélandais, même si les prix du marché fluctuent.

En conclusion, dans les conditions de l’essai, les

Holstein Friesian néo-zélandais ont présenté des gains

de poids légèrement plus faibles et des poids à l’abat-

tage inférieurs mais une meilleure marge brute pour

l’engraisseur. n

Bibliographieb ALP, 2004. Fütterungsempfehlungen und Nährwerttabellen für

Schweine. Landwirtschaftliche Lehrmittelzentrale LmZ, Zollikofen, 242 p.b Berry D. P., Horan B. & Dillon P., 2005. Comparison of growth curves

of three strains of female dairy cattle. Animal Science 80, 151 – 160.b Keane M. G., 2003. Beef Production from Holstein Friesian bulls and

steers of New-Zealand and European/American descent, and Belgian Blue x Holstein Friesians, slaughtered at two weights. Livestock Production Science 84, 207 – 218.

b Kolver E. S., Napper A. R., Copeman P. J. A. & Muller L. D., 2000. A comparision of New-Zealand and overseas Holstein Friesian heifers. Proceedings of the New-Zealand Society of Animal Production 60, 265 – 269.

b Kunz P., 2009. Fütterung von Mastkalb und Mastrind. Vorlesungs-unterlagen TP-17 (non publié). Schweizerische Hochschule für Landwirtschaft, Zollikofen CH, 15 p.

b MacDonald K. A., McNaughton L. R., Verkerk G. A., Penno J. W., Burton L. J., Berry D. P., Gore P. J. S., Lancaster J. A. S. & Holmes C. W., 2007. A Comparison of Three Strains of Holstein-Friesian Cows Grazed on Pasture: Growth, Development, and Puberty. Journal of Dairy Science 90 (8), 3993 – 4003.

b McGee M., Keane M. G., Neilan R., Moloney A. P. & Caffrey P. J., 2005. Production and carcass traits of high dairy genetic merit Holstein, standard dairy genetic merit Friesian and Charolais × Holstein-Friesian male cattle. Irish Journal of Agricultural and Food Research 44, 215 – 231.

b Proviande (Branchenorganisation der Schweizer Fleischwirtschaft), 2008. Der Fleischmarkt im Überblick 2008. Produzentenpreise, 57 p.

b Reklewski Z., Jasiorowski H., Stolzman M., Lukaszewicz M. & De Laurans A., 1985. Beef performance of male crossbreds of different Friesian cattle strains under intensive feeding conditions. Livestock Production Science 12, 117 – 129.

b Roth N., 2009. Vergleich von zwei Typen von Holstein Friesian Mast-kälbern. Bachelor Thesis (non publié). Schweizerische Hochschule für Landwirtschaft, Zollikofen, 66 p.

b Stolzman M., Jasiorowski H., Reklewski Z., Zarnecki A. & Kalinowska G., 1988. Comparison of ten Friesian strains in Poland under field conditions. Strain comparison for growth rate. Livestock Production Science 18 (3 – 4), 217 – 237

b UFA, 2009. Kosten in den Griff kriegen. UFA Revue 1, 40 – 42.

RemerciementsNous remercions chaleureusement les personnes suivantes pour leur aide précieuse et pour la bonne collaboration : Jörg Oberle de Gefu Oberle AG et son équipe, Famille Risi de Sempach Station (chef d’exploitation) et Adrian Scheidegger de Frischfleisch AG Sursee et son équipe.

Production animale | Aptitude de deux lignées Holstein pour la production de veaux blancs

Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 154–161, 2010

161

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

The Suitability for Fattening of Various

Strains of Holstein Friesian Calves

To determine their suitability for fat-

tening, 11 male New Zealand Holstein

Friesian calves and 26 Swiss Holstein

Friesian calves underwent a compara-

tive study within the framework of a

Bachelor Thesis at the Swiss College

of Agriculture SHL. Both test groups

were held and fed under the same

conditions for 100 days. The calves

had free access to a pure milk powder-

water mixture throughout the entire

duration of the test via an automatic

feeder. In addition, the calves were

given maize silage ad libitum as of the

17th day. This was supplemented with

a mineral preparation and a salt lick.

The weight gains of the New Zealand

calves were comparable to the pub-

lished results for the Swiss calves,

although average weight gains for the

Swiss calves were approximately 130 g

higher. This affected the development

of the average live weight and the

final weight of the Swiss calves. How-

ever, the differences were not statisti-

cally significant. The New Zealand

calves reached a considerably lower

forefoot weight, which points to a

lower bone content of the carcasses,

and an advantage for the buyer. The

carcasses for both groups were classi-

fied from T+3 to T-3 according to the

CH-TAX-system, with slight advantag-

es for the New Zealand calves.

Key words: Holstein Friesian, strain

comparison, fattening calves, daily

gains, growth curves, carcass quality.

Idoneità di due linee Holstein

per l’ingrasso di vitelli

Nell’ambito di una tesi di bachelor alla

scuola superiore svizzera di agricoltura,

SHL, sono stati confrontati undici vitelli

di sesso maschile della linea neozelan-

dese Holstein Friesian sulla loro idonei-

tà per l’ingrasso con altri 26 vitelli della

linea svizzera Holstein Friesian. I due

gruppi sono stati messi all’ingrasso alle

stesse condizioni di stabulazione e

foraggiamento per una durata di 100

giorni. Durante questo periodo, i vitelli

avevano libero accesso ad un abbevera-

toio automatico dal quale ricevevano

una miscela di acqua e latte in polvere.

Dal 17.esimo giorno d’ingrasso, i vitelli

ricevevano inoltre dell’insilato di

mais a volontà. Le razioni sono state

completate con un supplemento

minerale e una pietra salina. L’aumento

del peso d’ingrasso giornaliero

raggiunto dai vitelli neozelandesi è

confrontabile con quello ottenuto dai

vitelli svizzeri. La crescita giornaliera

media dei vitelli svizzeri era di 130 g

superiore e , di conseguenza, lo era an-

che il loro sviluppo del peso medio vivo

e finale Tuttavia, non vi sono differenze

significative. Le zampe anteriori dei

vitelli neozelandesi risultavano più

leggeri, indicando uno spessore osseo

più debole della carcassa il che rappre-

senta un vantaggio per l’aquirente.

Le carcasse dei due gruppi sono state

classificate principalmente da +T3 a -T3

del sistema CH-TAX con lievi vantaggi

per i vitelli neozelandesi.

Aptitude de deux lignées Holstein pour la production de veaux blancs | Production animale

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En seulement cinq ans d’existence, le Réseau de re-

cherche équine en Suisse, congrès annuel et public créé

et organisé par le Haras national suisse d’Avenches, est

devenu la plateforme interdisciplinaire des chercheurs

autour du cheval en Suisse. Reconnu nationalement et

internationalement, ce congrès constitue un pont trans-

parent et interactif entre la science et la pratique. Cette

année encore, pas moins de 32 présentations scienti-

fiques sont attendues, de même que la distribution des

prix pour jeunes chercheurs, sans oublier les discus-

sions autour de thèmes actuels importants.

A l’instar du Haras national suisse HNS, de nombreux

groupes de recherche en Suisse se penchent sur les ques-

tions les plus diverses autour du cheval. Une bibliomé-

trie de Clément et Bassecoulard (2004), couvrant 6775

publications des années 1998 à 2000 sur le cheval, situe

la Suisse au 14e rang mondial. La recherche équine a évo-

lué longtemps de façon peu coordonnée, souvent dans

l’ignorance des travaux d’autres groupes, en situation

de concurrence ou encore sans le contact et l’échange

de connaissances nécessaires avec les usagers de la fi-

lière du cheval. Les cercles intéressés de la branche, soit

finalement les utilisateurs du cheval, étaient ainsi insuf-

fisamment informés et ne pouvaient guère faire part de

leurs besoins. Afin d’améliorer la situation, le Réseau de

recherche équine en Suisse a été lancé en 2005 par le

HNS et poursuivi par des rencontres annuelles depuis.

Les buts de celles-ci sont :

• l’établissement d’une plateforme pour la recherche

équine en Suisse

• la présentation des travaux et projets actuels

• l’échange scientifique

• le transfert de connaissances vers les utilisateurs

• la détermination des besoins de la branche

• l’intégration du public

Une telle manifestation est encore unique en Europe.

Les congrès interdisciplinaires comparables, comme la

Journée de recherche organisée annuellement par les

Haras nationaux français, l’European Association for

Animal Production (EAAP) ou encore les Göttinger Pfer-

detage allemands par exemple, intéressent surtout les

chercheurs et les usagers scientifiques directs, comme

les vétérinaires et les agronomes.

Organisation

Lors des rencontres annuelles du Réseau de recherche

équine, les travaux de recherche sont présentés sous

forme de conférences et de posters. Il s’agit de rapports

scientifiques, de thèses, de PhD, de Master, de Bachelor

ou encore de bons travaux de semestre issus de tous les

domaines. Auparavant, chaque contribution est experti-

sée par une commission scientifique interdisciplinaire*,

puis, si la qualité le permet, le résumé est alors publié

Cinq ans du Réseau de recherche équine en Suisse

E c l a i r a g e

162 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 162–165, 2010

Dominik Burger, Mireille Baumgartner, Iris Bachmann, Christine Grivel, Anne Rizzoli, Ruedi von Niederhäusern

et Pierre-André Poncet, Haras national suisse HNS, 1580 Avenches

Renseignements : Dominik Burger, e-mail : [email protected], tél. +41 26 676 63 00

Quand l'union fait la force: la recherche en réseau.

* Prof. Dr. Jörg Auer et PD Dr. Anton Fürst, Faculté Vetsuisse de l'Université de Zurich; PD Dr. Vinzenz Gerber, Faculté Vetsuisse de l'Université de Berne; Dr. Stefan Rieder, Haute école suisse d’agronomie de Zollikofen et Prof. Dr. Rico Thun, rédacteur en chef des Archives Suisses de Médecine Vétérinaire

dans un cahier spécial du périodique Archives suisses de

médecine vétérinaire, qui fait également office de docu-

ment de congrès (Proceeding) (Nationalgestüt 2006,

2007, 2008, 2009). A la fin de la manifestation, différents

prix, décernés par la commission scientifique et par des

représentants des associations de sport et d’élevage, sont

distribués, récompensant les meilleurs jeunes chercheurs

pour leurs travaux. Toutes les activités de ces journées, de

même que la plupart des contributions ainsi que d’autres

informations et interviews sont archivées sur le site inter-

net du congrès www.reseaurechercheequine.ch, rendues

ainsi accessibles à un large public (National gestüt 2010).

Afin de garantir un transfert de connaissances at-

trayant et compréhensible, des séminaires (2006 / 2007),

des tables rondes (2008) et une session plénière (2009)

sont organisés en parallèle pour tous les publics, spécia-

lisés ou non, sur des thèmes choisis. Ces thèmes, souvent

anticipateurs et représentatifs d’enjeux actuels impor-

tants comme l’éthique dans le sport et l’élevage ou la

protection des animaux, complètent les sujets plus

conventionnels, comme la santé, l’entraînement ou la

sélection. Depuis deux ans, une traduction simultanée

est offerte au public lors de cette manifestation bilingue.

Le programme de 2009, qui a su convaincre, sera repris

en 2010.

En plus de l’échange scientifique et du transfert de

connaissances, ces rencontres annuelles servent égale-

ment à la détermination proactive des problèmes et des

besoins de la branche. A cette fin, un questionnaire est

distribué depuis 2007 lors des rencontres du Réseau et

d’autres manifestations du HNS. En 2008 – 2009, il a été

également envoyé à 32 associations suisses de sport et

d’élevage.

Les moyens financiers indispensables à cette mani-

festation sont réunis chaque année grâce à la générosité

de groupes d’intérêt provenant de l’industrie, des assu-

rances et d’associations. Ils sont évoqués sur le site inter-

net, dans le matériel publicitaire et lors de la journée

annuelle.

Les partenaires du Réseau

Des 119 groupes de chercheurs participant au Réseau

de recherche équine en Suisse depuis cinq ans, 52 pro-

viennent d’institutions et de fondations publiques, 18

d’organismes privés suisses et 49 de l’étranger, dont huit américains (fig. 1). Les institutions vétérinaires sont

clairement dominantes. Les premiers auteurs pro-

viennent surtout des deux facultés Vetsuisse de Berne

(68) et de Zurich (35), mais aussi du HNS (22) et de la

Haute école suisse d’agronomie de Zollikofen (13). L’im-

plication du haras d’Avenches dans la collaboration en

réseau est apparente par les co-auteurs (41). On

constate également un grand éventail d’autres institu-

tions intéressées, mais les grands absents sont les par-

tenaires en sciences humaines. Lors de l’interprétation

de ces chiffres, il est important de considérer la variété

importante du niveau scientifique des différentes

contributions.

Participants aux réunions annuelles

Le nombre de participants au Réseau de recherche est

en continuelle augmentation. Le pic a ainsi été atteint

en 2009 avec 245 personnes. Ces chiffres font des jour-

nées du Réseau la plus grande manifestation scienti-

fique autour du thème du cheval organisée périodique-

ment en Suisse. La croissance de ce congrès est due à la

présence toujours croissante des représentants de la fi-

lière du cheval et de l’industrie. Le nombre de chercheurs

Cinq ans du Réseau de recherche équine en Suisse | Eclairage

163Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 162–165, 2010

Figure 1 | Distribution des instituts de recherche par le nombre de résumés publiés dans les Archives suisses de médicine vétérinaire, dans le cadre du Réseau de recherche equine en Suisse entre 2006 et 2010.

AutresETH Zurich (4)Haute école suisse d’agriculture, Zollikofen (23)

Haras national suisse HNS, Avenches (63)

Faculté Vetsuisse Université de Zurich (55)

Faculté VetsuisseUniversité de Berne (132)

portement comptant quatre contributions chacune et

trois titres traitent de l’alimentation.

Problèmes et besoins de la filière du cheval

Les questionnaires distribués depuis 2007 pour cerner

les problèmes et les besoins de la filière du cheval ont

été remplis par 245 personnes, dont 111 se décrivent

comme éleveur actif et 188 comme cavalier et / ou atte-

leur ; dans ces deux groupes, 28 et respectivement 17

personnes sont des représentants d’associations. On y lit

que les éleveurs jugent les sujets fertilité, sélection et

génétique primordiaux pour la recherche, alors que les

cavaliers et atteleurs préfèrent les sujets maladies, bien-

être et affourragement. Dans ce cadre, plusieurs cha-

pitres, parfois complexes comme l’éthique, l’application

de la loi pour la protection des animaux, le transfert de

connaissances ou encore la question du cheval et de

l’environnement, ont été identifiés et thématisés en col-

laboration avec l’Observatoire Filière Cheval.

Ces résultats et ces constatations vont dans le sens de

la seule étude de ce type conduite en Europe, celle du

Comité d’orientation scientifique et technique (COST)

des Haras nationaux français (Duchemin et Bernard

2007), et correspondent au besoin croissant en général

de solutions concrètes aux problèmes, de conseils et de

connaissances inter- et transdisciplinaires.

Objectifs d’avenir

164 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 162–165, 2010

Eclairage | Cinq ans du Réseau de recherche équine en Suisse

et de praticiens vétérinaires reste constant (fig. 3). Cin-

quante-trois éminents représentants d’organisations de

sport et d’élevage participaient au congrès en 2009. Une

nette augmentation d’intéressés provenant d’instituts

de recherche de pays voisins est à noter.

Sujets scientifiques

La recherche équine suisse s’intéresse presque unique-

ment à des thématiques vétérinaires depuis de nom-

breuses années. Les facultés vétérinaires de Zurich et de

Berne sont au 37e et 42e rang mondial des institutions de

recherche, selon Clément et Bassecoulard (2004) qui ont

étudié les publications entre les années 1998 et 2002.

L’analyse des contributions scientifiques présentées lors

des rencontres annuelles du Réseau de recherche équine

en Suisse montre également une dominance claire des

thèmes vétérinaires (prévention, médecine interne et sys-

tème locomoteur), suivis de la génétique, du bien-être et

du comportement (fig. 3). Cependant, on dénote au fil

des ans, et particulièrement en 2010, une aug mentation

frappante de thèmes moins sanitaires, répondant à l’am-

bition d’interdisciplinarité de la recher che équine suisse

dans l’intérêt de la filière du cheval (www.reseaurecher

cheequine.ch). Ainsi en 2010, on ne compte que dix sujets

purement vétérinaires sur 32 titres. Toujours en 2010,

onze sujets relèvent de l’élevage, de la reproduction et de

la génétique; les questions de performance et de com-

Figure 2 | Nombre de participants au Réseau de recherche équine en Suisse entre 2006 et 2009, selon la fonction.

Chercheurs

Détenteurs et représ. associations

Vétérinaires praticiens

Etudiants et doctorants

Industrie et sponsors

Presse

Organisation et Haras nationalsuisse HNS

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

2009 2008 2007 2006

Nombre de participants

En plus du maintien des réunions annuelles du Réseau

de recherche équine, il est prévu d’intensifier la collabo-

ration entre les différents instituts de recherche par un

journal électronique périodique qui communiquera les

projets et coopérations actuels. Ces objectifs, joints à

une plus forte collaboration entre médias, associations

et organisateurs, pourraient faciliter et coordonner les

synergies tout en impliquant la filière cheval, mais pour-

raient également créer de nouveaux groupes de travail

(par exemple sur la recherche génomique) et libérer de

nouveaux moyens financiers. Les besoins des chercheurs

seraient ainsi également mieux pris en compte.

Actuellement, un réseau européen est en création

entre des groupes de recherche intéressés, en collabora-

tion avec la Horse Commission de l’EAAP. D’autres syner-

gies et possibilités sont également attendues des activi-

tés en lien avec la recherche et le transfert de savoir de

la récente European State Stud Association (ESSA).

Conclusions

Le succès des réunions annuelles du Réseau de recherche

équine en Suisse, spécialement auprès des utilisateurs,

démontre la nécessité d’une approche pluridisciplinaire.

Le savoir, mais aussi la confiance, se gagne par une com-

munication compréhensible et transparente. L’obten-

tion de solutions orientées vers la pratique, applicables

et utilisables rapidement, découle de la possibilité de

décrire les problèmes et besoins de la filière à la re-

cherche. Par la mise en réseau nationale, internationale

et pluridisciplinaire de la façon de penser et d’agir, la

recherche peut profiter de nouvelles synergies et colla-

borations, de même que de la mobilisation de moyens

financiers supplémentaires. Les premières pierres sont

posées pour atteindre le but que s’est fixé l’agriculture

suisse: aller dans le sens de la rentabilité et du bien-être

du cheval. n

Cinq ans du Réseau de recherche équine en Suisse | Eclairage

165Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 162–165, 2010

Figure 3 | Contributions scientifiques lors des journée du Réseau de recherche équine en Suisse entre 2006 et 2010, selon la thématique.

25

20

15

10

5

0

Nom

bre

de c

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ions

2006

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pris

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hist

oire

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héol

ogie

dive

rs

2007 2008 2009 2010

Bibliographieb Clément F. & Bassecoulard C., 2004. La recherche équine en France

et dans le monde au travers d’une analyse bibliométrique. INRA Prod. Anim. 17 (1), 69 – 76.

b Duchemin M. H. & Bernard A., 2007. Evaluation quantitative des besoins en matière de recherche équine. Rapport d’étude COST Haras nationaux France, Paris.

b Nationalgestüt, 2006. 1. Jahrestagung Netzwerk Pferdeforschung. Schweizer Archiv für Tierheilkunde 148 (4), 199 – 213.

b Nationalgestüt, 2007. 2. Jahrestagung Netzwerk Pferdeforschung. Schweizer Archiv für Tierheilkunde 149 (4), 173 – 187.

b Nationalgestüt, 2008. 3. Jahrestagung Netzwerk Pferdeforschung. Schweizer Archiv für Tierheilkunde 150 (4), 181 – 193.

b Nationalgestüt, 2009. 4. Jahrestagung Netzwerk Pferdeforschung. Schweizer Archiv für Tierheilkunde 151 (4), 177 – 287.

b Nationalgestüt, 2010. Netzwerk Pferdeforschung Schweiz. Accès: http://www.reseaurechercheequine.ch [18. Februar 2010].

166 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 166, 2010

P o r t r a i t

Hans Ramseier : tout a commencé par un accident

Hans Ramseier avait 21 ans lorsqu’il a été victime d’un

grave accident de la route. Les premiers diagnostics

n’étant pas très positifs, il se faisait à l’idée de passer sa

vie en chaise roulante. C’est alors qu’on lui a annoncé que

sa lésion de la colonne vertébrale pouvait malgré tout

être opérée... Peu de temps après, il était de nouveau sur

pied; un handicap devait persister. Ensuite ? Ce fils de pay-

sans originaire de l’Emmental allait terminer son appren-

tissage agricole et n’avait jamais envisagé d’exercer un

autre métier. L’agriculture était toute sa vie. Un change-

ment d’orientation s’imposait. Il s’est décidé pour une

formation d’ingénieur agronome ETS au technicum agri-

cole de Zollikofen. Aujourd’hui, le technicum s’appelle

«Haute école suisse d’agronomie HESA», Hans Ramseier y

enseigne : l’agriculture est toute sa vie.

Une prédilection pour les cultures spéciales

«Cela fait plus de vingt ans que je suis à la HESA, je com-

mence à prendre racine !», déclare Hans Ramseier avec un

sourire. Vingt ans, certes, mais pendant lesquels il a exer-

cé d’innombrables fonctions et s’est toujours montré ou-

vert à de nouvelles idées. La protection des végétaux et la

compensation écologique, qu’il enseigne, sont complé-

mentaires à ses yeux : «L’agriculture doit produire des

denrées alimentaires de haute qualité tout en tenant

compte des impératifs écologiques.». S’il a opté pour la

production intégrée, on devine un net intérêt pour une

agriculture biologique axée sur la demande des consom-

mateurs. Ses activités de recherche l’amènent à étudier

les grandes cultures préservant les ressources. Actuelle-

ment, des essais prometteurs consistent à cultiver sous

semis de trèfle blanc. Cette couverture du sol permet de

limiter la croissance des mauvaises herbes et de fixer

l’azote. Quand on sait que la fabrication d’engrais azotés

de synthèse est très gourmande en énergie… Toujours

dans une perspective globale, Hans Ramseier s’engage

pour la préservation de la biodiversité et des cultures spé-

ciales : la fabrication de bières locales à partir d’orge de

brasserie et de variétés russes de millet commun, par

exemple, est à l’ordre du jour.

Conseiller et encourager

Pour Hans Ramseier, le côté pratique est essentiel : «J’ai

parfois besoin de revenir à la terre !». Cet agriculteur dans

l’âme s’occupe – souvent personnellement – des petites

parcelles d’essai situées à côté du campus de Zollikofen. Et

son enthousiasme est communicatif : heureusement, car

c’est lui qui accompagne les jeunes pendant le stage préli-

minaire. Il aide chaque année des dizaines de personnes à

trouver une exploitation et se tient à disposition quoi qu’il

arrive. «Hans», première personne de contact à la HESA,

demeurera aux yeux de beaucoup d’entre eux un mentor

précieux, qui aura su les encourager, et avec lequel les liens

dureront parfois bien au-delà des études. La HESA se féli-

cite de pouvoir compter sur la figure sympathique de Hans

Ramseier – malgré les circonstances qui l’y ont amené. A

quelque chose, malheur est bon!

Urs Wehrli, chargé de l’information, Haute école suisse d’agronomie,

3052 Zollikofen

Hans Ramseier (Photo : Reto Baula, HESA)

2010, année mondiale de la biodiversité

Hans Ramseier fait partie des initiateurs du con-

cours «Biodiversité dans l’agriculture». Seront

récompensés les projets visant à promouvoir la

diversité (diversité génétique, diversité des espèces

et diversité des biotopes). Délai de candidature :

le 15 juin 2010. Informations : www.agrigate.ch.

167Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 167–171, 2010

A c t u a l i t é s

Actualités

Journée professionnelle du 6 mai 2010L’agriculture et la médecine vétérinaire ensemble dans la recherche en nutrition animale

Le thème de la

journée profes-

sionnelle de cette

année sera la col-

laboration entre

la recherche

agro nomique et

la recherche en

médecine vétéri-

naire dans le do-

maine de la nutrition animale. Pour la première fois, cette

journée est organisée en collaboration par la station de

recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, la faculté

Vetsuisse de l’université de Zurich, la faculté de Vetsuisse

de l’université de Berne et l’EPF Zurich.

Pour commencer, les responsables des différents ins-

tituts de recherche présenteront les particularités et les

buts de leur recherche et programmes de recherche res-

pectifs. Ensuite, les connexions entre la recherche en

nutrition animale du point de vue agricole et de la mé-

decine vétérinaire seront approfondies.

Une exposition de nombreux posters présentant les

travaux actuels des organisations participantes et

d’autres instituts de recherche et de formation attend

les participantes et participants après le repas de midi.

Pour finir la journée, Alfred Buess, président du

conseil de recherche agronomique, fera le point sur la

recherche actuelle sur les animaux de rente en Suisse.

Programme :

Le programme détaillé et le talon d’inscription se

trouvent sur les sites Internet d’ALP www.agroscope.ch

et de «Institut für Nutz tierwissenschaften der ETH-

Zürich» www.an.ipas.ethz.ch

Des chercheurs américains fabriquent de la viande de volaille à base de soja Des chercheurs de l’Université de Missouri ont présenté

une imitation de poulet à base de soja, qui ressemble

beaucoup à l’original. Grâce à une technique spéciale de

transformation, ils sont parvenus à fabriquer du suprême

de poulet avec de la farine de soja. Leur objectif a été

d’imiter au mieux tant le goût et la couleur que la struc-

ture et la consistance de la viande de poulet. Les avan-

tages de cette invention pour les consommateurs sont liés

à la santé. Le soja contient d’importantes composantes

nutritionnelles qui baissent le taux de cholestérol, renfor-

cent les os et peuvent prévenir les tumeurs de la prostate

et du sein. En outre, le soja est une bonne source d’acides

gras essentiels. Seul l’affinement du goût est encore né-

cessaire avant la commercialisation du produit.

Agra-Europe 7 / 10, 15 février 2010

Les boissons au soja ne remplacent pas le lait Les boissons au soja ne sont pas un substitut complet du

lait, selon le Secrétaire d’Etat parlementaire du minis-

tère allemand de l’agriculture. Les boissons au soja ne

peuvent pas non plus être vendues comme «lait de soja».

La dénomination «lait» ne peut s’appliquer qu’à un ali-

ment d’origine animale. Or, même s‘il ressemble au lait

et s’il peut être utilisé comme du lait, le lait de soja n’en

reste pas moins un aliment végétal.

Agra-Europe 7 / 10, 15 février 2010

Projet de recherche sur le décodage du génome ovin Le décodage de la séquence ADN dans le génome ovin

est l’objectif d’un projet mené par des chercheurs de

l’Institut Leibniz sur la biologie des animaux de rente à

Dummerstorf, en collaboration avec des collègues aus-

traliens, néo-zélandais, britanniques et américains. Se-

lon les indications de l’institut, le séquençage complet et

la détermination de la structure génomique devraient

permettre d’approfondir la compréhension de la biolo-

gie et de l’évolution des ruminants. Les résultats servent

de base non seulement à la compréhension détaillée du

génome ovin, mais aussi à l’élaboration de nouvelles

stratégies en matière de sélection. On pourrait par

exemple développer des moutons adaptés à l’environne-

ment, qui seraient capables de tirer le meilleur profit des

conditions régionales et donc, de produire de très bons

rendements.

Agra-Europe 7 / 10, 15 février 2010

La nutrition animale est un thème important aussi bien pour l'agronomie que pour la médecine vétérinaire.

Actualités

168 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 167–171, 2010

Portes ouvertes à Changins du 18 au 20 juin 2010

Le site de Changins ou-

vrira ses portes au public

du vendredi 18 au di-

manche 20 juin 2010,

sous le thème «L’alimen-

tation de demain : un

défi pour la recherche

d’aujourd’hui».

Six postes seront propo-

sés aux visiteurs pour il-

lustrer les défis de l’ali-

mentation de demain.

Poste 1 : Un environnement préservé

ACW et des partenaires comme la CIPEL, Sol-Conseil ou

la CPS favorisent une production alimentaire respec-

tueuse de notre environnement. Ce poste vous permet

de découvrir :

• différentes méthodes alternatives appliquées

à la lutte contre les adventices, les maladies et

les ravageurs ;

• différentes actions de préservation de la qualité des

eaux, de la diversité des plantes sauvages dans notre

paysage agricole et de la fertilité des sols.

Poste 2 : La plante et son milieu

L’importance de la variété et de la certification dans le

système de production suisse, ceci sur les principales es-

pèces de grandes cultures, arboricoles ou médicinales,

est présentée sur ce poste. Les travaux de maintien des

ressources génétiques sont également richement illus-

trés. Les actions au cœur ou en aval de ces thèmes sont

présentées par nos partenaires DSP, Swisssem, la FSPC et

Sol-Conseil. L’influence du climat, du lieu ou de la fu-

mure sont également expliqués.

Poste 3 : Sécurité et suffisance alimentaire

Comment s’assurer en Suisse d’une production suffi-

sante de produits sains ? Ce poste présente certaines re-

cherches réalisées sur les principales espèces fourragères

et de grande culture. Il aborde différents aspects de la

sécurité microbiologique des produits et les contamina-

tions fongiques provoquant des toxines sur les grains de

céréales et de maïs. Egalement présentés dans ce poste:

le programme de recherche ProfiCrops, qui vise la com-

pétitivité de notre agriculture, et l’ADCF, y sont égale-

ment présentés.

Poste 4 : Emotions, jeux, concours

Plusieurs animations sont prévues pour le plaisir des

grands et des petits. Initiation ludique à la découverte

du travail et des produits agricoles, un parcours des sens

(goût, odorat, toucher, vue) et de nombreuses autres

attractions initieront les plus jeunes et leurs parents à

l’importance et à la beauté de notre agriculture. Un par-

cours en mini-tracteur, un lâcher de ballons et d'autres

jeux sont également prévus. Chaque enfant sera donc

également un hôte de marque.

Poste 5 : Qualité, plaisir et santé

Les aliments de qualité et goûteux savoureux contri-

buent à notre bonne santé et au plaisir de la table. La

recherche d'ACW est illustrée par de nombreuses dégus-

tations – pain, vin, distillats, fruits, pommes de terre,

Ribelmaïs et huiles – qui démontrent la diversité des

goûts obtenus selon les méthodes de production, le lieu

ou la variété. Agridea, la CPC, l’EIC, Swisspatat et la FUS

seront également présents à ce poste.

169Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 167–171, 2010

Actualités

N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s

Bruit et vibrations lors de la traite Effets sur l’homme et l’animal

Rapport ART 720Les mesures de rénovation des salles de traite visant à

réduire le bruit et les vibrations permettent d’améliorer

la santé de la mamelle et de faire baisser le taux de cel-

lules somatiques dans le lait (rapport FAT n° 625, actuel-

lement rapport ART).

C’est pourquoi les «Directives concernant le mon-

tage des installations de traite» recommandent de ne

pas dépasser des seuils de 70 dB(A) pour le bruit et de

0,3 m/s2 pour les vibrations (Standard de la branche, an-

nexe 3, al. 7). Toutefois, on sait encore peu de choses sur

les effets du bruit et des vibrations sur le bien-être de la

vache et du trayeur. L’étude avait pour but, à l’aide de

paramètres éthologiques et physiologiques appropriés,

d’évaluer l’ampleur du stress causé à l’animal. Les effets

sur le trayeur ont été étudiés sur la base d’interviews. Le

bruit de 80 dB(A) et les vibrations de 0,5 m/s2 au niveau

des pare-bouses et de la structure tubulaire de la salle de

traite, tout comme la combinaison des deux, ont conduit

à un changement de comportement chez les animaux,

ainsi qu’à une accélération de leur fréquence cardiaque.

Néanmoins, les différences observées entre les variantes

d’essai avec une intensité de bruits et de vibrations plus

élevées et la variante de référence (70 dB(A), 0 m/s2)

étaient si faibles en valeur absolue qu’elles ne per-

mettent pas de conclure à un impact négatif sur le bien-

être des animaux. Les trayeurs interrogés à Tänikon ont

déclaré ne pas sentir les vibrations de 0,5 m/s2. Par contre,

ils ont avoué trouver très désagréable le bruit d’une in-

tensité de 80 dB(A) et ont constaté des répercussions

négatives sur la qualité de leur travail.

Maren Kauke, Pascal Savary,

Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART

Poste 6. Ethique et alimentation

Diverses recherches visant à produire mieux sont présen-

tées à ce poste : économie de l’eau d’irrigation, produc-

tion de fourrage dans des conditions sèches, valorisation

des zones de montagne ou marginales. L’importance

d’une production régionale, bio et saisonnière y est aussi

présentée. Les visiteurs y trouveront des réponses con-

cernant la production d’agro-carburants en Suisse, le rôle

d’ACW dans le dossier OGM et la manière dont Médiplant

contribue à la lutte contre le paludisme dans le monde.

Conférences

Marcel Mazoyer, agronome et économiste, professeur ti-

tulaire de la chaire d’agriculture comparée et développe-

ment agricole à l’INRA Paris-Grignon donnera une confé-

rence intitulée L'alimentation de demain, un défi pour

aujourd’hui. Aline Clerc, ingénieure EPFL en génie rural et

en environnement, responsable des domaines de l’agri-

culture, de l'environnement et de l’énergie à la Fédéra-

tion romande des consommateurs (FRC) donnera une

conférence intitulée sur les Produits régionaux de saison

– importance des labels.

Cafés-scientifiques

Des cafés scientifiques seront organisés durant toute la

durée des portes ouvertes, d’une durée de 15 minutes,

suivies de 15 minutes de discussion. Ces mini-conférences

interactives favoriseront un contact étroit entre les cher-

cheurs et le public.

170 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 167–171, 2010

Actualités

C o m m u n i q u é s d e p r e s s e

19.03.2010 / ART Les arbres finissent par cacher la montagneLe changement structurel de l’agriculture ne passe pas inaperçu dans le paysage des régions de montagne. Les arbres et les buissons envahissent les prairies et les pâturages qui ne sont plus ex-ploités, tandis que la diversité biologique souffre de l’exploitation trop intensive des autres sur-faces. La recherche tente de trouver des solutions.

13.03.2010 / HNSRéunion du Réseau de recherche équine en Suisse : chevaux et cavaliers sous la loupeLe 30 avril prochain se tiendra la 5e rencontre du Réseau de recherche équine à Avenches, sous l’égide du Haras national suisse HNS. Les derniers résultats de la recherche scientifique sur la perfor-mance, les maladies et leur prévention, l’élevage et la génétique ou encore le comportement des équidés seront présentés.

11.03.2010 / ACW La culture in vitro redonne vie à d’anciennes variétés de pomme de terre suissesAu cours de l’année 2009, 17 variétés de pommes de terre anciennes ont pu être réintroduites dans le commerce suisse. Tombées dans l’oubli car contaminées par différentes maladies et patho-gènes, elles ont été assainies et multipliées à la station de recherche Agroscope Changins-Wä-denswil ACW, pionnière en matière de biotechno-logie végétale.

25.02.2010 / ACW Le climat stresse la vigneLes facteurs environnementaux – eau et tempéra-ture – ont une influence décisive sur le développe-ment de la vigne. La station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW étudie le rôle joué par les conditions du sol et du climat, comme la réserve en eau des sols, la répartition des précipitations et l’évolution climatique (hausse des températures). Ces facteurs peuvent largement déterminer les stress environnementaux chez la vigne et influen-cer la qualité des raisins et des vins.

171Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 167–171, 2010

Actualités

M a n i f e s t a t i o n sL i e n s I n t e r n e t

Avril 2010

22.4.20105e journée d’information sur la recherche bio : Quoi de nouveau sur le boeuf bio ? Agroscope Liebefeld-Posieux ALPPosieux

22.4.2010Zustand der Biodiversität in der SchweizAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTReckenholz, Zürich

30.4.20105e réunion du réseau de recherche équine en SuisseHaras national suisse HNS Avenches

Mai 2010

05. – 06.05.201010. Tagung – Landtechnik im AlpenraumAgroscope Reckenholz-Tänikon ART, Feldkrich, Österreich

06.05.2010L’agriculture et la médecine vétérinaire ensemble dans la recherche en nutrition animale ALP, ETHZ, Facultés Vetsuisse Universités Zurich et Berne ETH ZürichInformations : www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen et www.an.ipas.ethz.ch

Juin 2010

03.06. – 05.06.2010IGN-Tagung 2010 : Internationale Gesellschaft für NutztierhaltungAgroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon, Ettenhausen

06.06.2010Breitenhoftagung 2010, Treffpunkt der SteinobstbrancheAgroscope Changins-Wädenswil ACWWädenswil

16.06. – 17.06.2010Tänikoner AgrartechniktageAgroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon, Ettenhausen

18.06. – 20.06.2010Portes ouvertes 2010Agroscope Changins-Wädenswil ACWChangins, Nyon

Informations : www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen

Liens intéressants pour les produits phytosanitaires

Index des produits phytosanitaires en Suisse

http://www.blw.admin.ch/psm/produkte/ index.html?lang=frDans l’index des produits phytosanitaires en Suisse, on

peut rechercher par le produit, par la matière active, par

le ravageur ou encore par le domaine d’application. On

peut ainsi obtenir toutes les informations sur un produit

pour une culture donnée en Suisse.

EU Pesticide Database

http://ec.europa.eu/sanco_pesticides/public/ index.cfmDans la banque de données européenne, les informations

peuvent être recherchées par le pesticide, le produit com-

mercial ou la matière active.

Ordonnance sur la mise en circulation des produits phyto-

sanitaires (Ordonnance sur les produits phytosanitaires,

OPP) du 18 mai 2005 http://www.admin.ch/ch/f/as/2005/3035.pdf

Mai 2010 / Numéro 5

• Effets de la fumure sur une pelouse à nard raide

R. Tenz et al. ART

• La disparition d'espèces réduit la production

fourragère, A. Stampfli et M. Zeiter HESA

et Université de Berne

• Production de viande au pâturage sur des prairies

temporaires: intérêt de la fétuque élevée,

E. Mosimann et al. ACW et HESA

• Augmenter la productivité, M. Lips ART

• Liste recommandée des variétés de colza

d’automne pour la récolte 2011

La diversité et la composition botanique des prairies riches en espèces réagissent à la fumure et au mode d’exploitation. (Photo: Gabriela Brändle, ART)

D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o

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