avant-propos rein et pathologies (1)

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REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - AVRIL 2013 - N° 451 // 23 A A A A A A V V V A A A N N N N T T T T - - - P P P P P R R R OPOS © 2013 – Elsevier Masson SAS – Tous droits réservés. a Biochimie A – Pôle Biologie médicale et pathologie Hôpitaux universitaires de l’Est Parisien (AP-H) Site Saint-Antoine 184, rue du Faubourg Saint-Antoine 75571 Paris cedex 12 et EA-4530 – UFR Pharmacie – Châtenay-Malabry – Université Paris Sud * Correspondance [email protected] Bruno Baudin a, * Rein et pathologies (1) biologique, ce qui n’est pas si souvent le cas en biologie médicale. La mesure du débit de filtra- tion glomérulaire (DFG) fait encore débat ; même si la suprématie de la créatinine est avérée, c’est la façon dont on l’inscrit dans un score d’estimation du DFG qui pose problème, encore et toujours, et surtout parce que les autorités décisionnaires ne sont pas d’accord entre elles ; en France, elles ne sont pas au même degré de prudence vis-à-vis des nouveaux scores (MDRD, CKD-EPI…) et ce n’est guère mieux au niveau international. Il faut dire que ce DFG varie en fonction de l’âge (problèmes spécifiques avec les enfants et les plus de 75 ans), l’origine ethnique (paramètre bien difficile à prendre en compte !), l’index de masse corporelle (oui mais dans certaines limites), plus encore le DFG dépend de sa valeur même (selon qu’il est dans les limites physiologiques ou fortement abaissé). Faut-il pour cela jeter l’urée, si chère à nos études du XX e siècle ? Et les bandelettes pour dépister une protéinurie ? Non, toutes ont encore leurs emplois, encore faut-il en savoir faire bon usage. Et les nouveaux marqueurs (cystatine C, β2-microglobuline, NGAL, KIM 1), sont-ils vraiment novateurs ? Je me suis chargé de faire le point sur tous ces problèmes relatifs à l’exploration du rein dans le chapitre 2 intitulé « L’exploration du rein en 2013 »; U n dossier sur la biologie du rein en 2013, est-ce vraiment d’actualité ? Vous voulez rire ! Un célèbre canard aurait pu lancer son fameux « Quoi de neuf docteur ? ». Et encore, il ne s’agit ce mois-ci que du premier tome. Nous y voilà… deux dossiers « Rein et pathologies », le premier dans ce numéro d’avril 2013 de la Revue Francophone des Laboratoires, le deuxième prévu pour le numéro de septembre. Alors pourquoi tant de bruit ? C’est que le rein en fait toujours beaucoup, d’abord parce que les maladies rénales sont très fréquentes, qu’elles sont reliées à de nombreux états pathologiques, et puis surtout parce que la définition de l’insuffisance rénale est

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Page 1: Avant-Propos Rein et pathologies (1)

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - AVRIL 2013 - N° 451 // 23

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© 2013 – Elsevier Masson SAS – Tous droits réservés.

a Biochimie A – Pôle Biologie médicale et pathologieHôpitaux universitaires de l’Est Parisien (AP-H)Site Saint-Antoine184, rue du Faubourg Saint-Antoine75571 Paris cedex 12et EA-4530 – UFR Pharmacie – Châtenay-Malabry – Université Paris Sud

* [email protected]

Bruno Baudina,*

Rein et pathologies (1)

biologique, ce qui n’est pas si souvent le cas en biologie médicale. La mesure du débit de filtra-tion glomérulaire (DFG) fait encore débat ; même si la suprématie de la créatinine est avérée, c’est la façon dont on l’inscrit dans un score d’estimation du DFG qui pose problème, encore et toujours, et surtout parce que les autorités décisionnaires ne sont pas d’accord entre elles ; en France, elles ne sont pas au même degré de prudence vis-à-vis des nouveaux scores (MDRD, CKD-EPI…) et ce n’est guère mieux au niveau international. Il faut dire que ce DFG varie en fonction de l’âge (problèmes spécifiques avec les enfants et les plus de 75 ans), l’origine ethnique (paramètre bien difficile à prendre en compte !), l’index de masse corporelle (oui mais dans certaines limites), plus encore le DFG dépend de sa valeur même (selon qu’il est dans les limites physiologiques ou fortement abaissé). Faut-il pour cela jeter l’urée, si chère à nos études du XXe siècle ? Et les bandelettes pour dépister une protéinurie ? Non, toutes ont encore leurs emplois, encore faut-il en savoir faire bon usage. Et les nouveaux marqueurs (cystatine C, β2-microglobuline, NGAL, KIM 1), sont-ils vraiment novateurs ?

Je me suis chargé de faire le point sur tous ces problèmes relatifs à l’exploration du rein dans le chapitre 2 intitulé « L’exploration du rein en 2013 »;

Un dossier sur la biologie du rein en 2013, est-ce vraiment d’actualité ? Vous voulez rire ! Un célèbre canard aurait pu lancer son

fameux « Quoi de neuf docteur ? ». Et encore, il ne s’agit ce mois-ci que du premier tome. Nous y voilà… deux dossiers « Rein et pathologies », le premier dans ce numéro d’avril 2013 de la Revue Francophone des Laboratoires, le deuxième prévu pour le numéro de septembre.

Alors pourquoi tant de bruit ? C’est que le rein en fait toujours beaucoup, d’abord parce que les maladies rénales sont très fréquentes, qu’elles sont reliées à de nombreux états pathologiques, et puis surtout parce que la définition de l’insuffisance rénale est

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La coordination de ce dossier a été assurée par le Pr Bruno Baudin, Biochimie A, Pôle Biologie médicale et pathologie, Hôpitaux universitaires de l’Est Parisien (AP-H), Site Saint-Antoine, Paris et EA-4530, UFR Pharmacie, Châtenay-Malabry, Université Paris Sud.

Sommairethématique

Physiologie du rein et bases physiopathologiques des maladies rénales ..................................... p. 25

L’exploration du rein en 2013 ............... p. 39

L’insuffisance rénale aiguë ...................... p. 55

Diagnostic, suivi biologique de l’insuffisance rénale chronique et prise en charge de l’insuffisance rénale chronique terminale ...................... p. 59

Exploration de la protéinurie au laboratoire ......................................................... p. 75

QCM .............................................................................. p. 83

mais pour la mieux comprendre, j’ai chargé le Professeur Bernard Lacour (mon mentor au cours de mon année d’internat à Necker) de nous faire tous les rappels de physiologie nécessaires (chapitre 1 : « Physiologie du rein et bases physiopatholo-giques des maladies rénales »). Gageons que ses qualités d’enseignant feront de ce chapitre 1 une référence en la matière pour la décennie. Nous entrerons ensuite dans le domaine de la pathologie, tout d’abord avec l’insuffisance rénale aiguë, puis l’insuffisance rénale chronique (chapitres 3 et 4, respectivement) ; Bernard Lacour, chef du service de biochimie de l’Hôpital Necker – Enfants Malades à Paris, s’est associé à son collègue de travail dans ce domaine, le Professeur Ziad Massy, chef du ser-vice de néphrologie de l’Hôpital Ambroise-Paré à Boulogne-Billancourt.

Dans le chapitre 3, seront rappelées les grandes causes de « L’insuffisance rénale aiguë », et seront détaillés leur diagnostic clinique, biologique et radiologique, ainsi que leur prise en charge et leur surveillance. Le chapitre 4 traitant de l’insuf-fisance rénale chronique est plus lourd tant cette pathologie l’est aussi, tout comme sa prise en charge avec la dialyse, la transplantation rénale, la lutte contre les ostéodystrophies et l’anémie (« Diagnostic, suivi biologique de l’insuffisance rénale chronique et prise en charge de l’insuffi-sance chronique terminale »). La biologie y tient une bonne place tant au niveau du diagnostic, de la classification en stades de sévérité, que du suivi évolutif et thérapeutique, avec la créatinine et les scores bien sûr, mais aussi les ionogrammes san-guins et urinaires, l’évaluation des équilibres acido-basique et phosphocalcique, le suivi nutritionnel (protidique, glucidique et lipidique), le contrôle de l’érythropoïèse et des troubles hématologiques, ou encore du système rénine-angiotensine. Les avancées en terme de prise en charge médica-menteuse sont conséquentes tant au niveau de l’immunosuppression nécessaire à la transplan-tation rénale que celui de la lutte contre l’hyper-tension secondaire à l’atteinte rénale, ou encore des traitements supplétifs à l’hypocalcémie et à l’anémie ; tous ces traitements sont suivis par des examens de biologie médicale (biochimie, hématologie, microbiologie, pharmacologie entre autres). On ne fait pas de transplantation rénale sans biologie ; elle est même omniprésente. La biologie est utile aussi au suivi de la qualité des dialyses par l’analyse des bains de dialyse et les dosages sanguins chez le dialysé, montrant l’effi-cacité de la dialyse d’une part, et l’importance du laboratoire dans les centres de dialyse d’autre part.

Le chapitre 5, le dernier pour ce tome 1, s’intitule « Exploration de la protéinurie au laboratoire» ; j’en ai confié la réalisation à deux collègues biologistes du Centre hospitalier de Valence (Lydvine Raidelet et Thierry Lebricon), qui travaillent depuis de nombreuses années dans ce domaine et en particulier sur l’étude des protéinuries par électrophorèse. Ils font le point sur les problèmes inhérents au dosage quantitatif des protéines urinaires en nous faisant part de leur expérience dans leur hôpital confrontée à celles des collègues au niveau national. Ils font ensuite la part belle à l’analyse électrophorétique des protéines uri-naires et à l’immunofixation des immunoglobulines et des chaînes légères contenues dans les urines de patients porteurs de syndromes myéloprolifératifs, en particulier de myélome multiple. Des méthodes sans pré-concentration des urines voient le jour, tout comme l’application de l’électrophorèse capillaire à l’analyse des protéines urinaires.

Que nous restera-t-il pour le tome 2, prévu pour septembre 2013 ? Hé bien encore beaucoup d’encre et de papier avec les relations complexes liant le rein aux hormones, le problème spécifique du diabète qui est la 1re cause d’insuffisance rénale chronique, l’étude des cristaux urinaires et des calculs rénaux par spectrométrie infrarouge, enfin nous parlerons de la néphrotoxicité, de celle des médicaments en particulier.

Bonne lecture, prenez soin de vos reins, et contrôlez les fonctions rénales de vos patients en respectant les règles de bonnes pratiques.