l'ecole primaire, 10 octobre 1913

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se l'on conservait des noisettes. Il en pdt tant Que sa màin put en conte- nir; mais lQrsQu'ilo voulut la retirer du vase, il ne le put: l'ouverhlTe était trop étroite. Il pleurait, se désespérait, ne voulant point lâ<:her prise, et pourtant rien ne venait, ni sa main, ni les noiset- tes. . «Mon enfant, lui dit alors Un vieil · lard, tu en veux trop: n'en prends que la moitié: tu l'auras ». On écrira ce texie au tableau, après l'avoir lu à haute voix. Les ·enfants le copieront et on leur en fera épeler ensuite les mots diHiciles: gourmand, sot (féminin de ces deux mots); noisettes (nom de l'arbre qui donne ces fruits); lâcher prise (sens de cette expression); vieil- lard (vieillesse, vieux, vieille), tu en veux. Puis, on expliquera certains mots, tels que sot, étroite, désespérait et, enfin, le sens du texte, en collaboration avec les enfants, qui rediront ensuite cette anecdote dans un exer- cice de rédaction, en y ajoutant une petite ré- flexion. -1: ,k Une jeune fille (ou un jeune homme) de votre connaissance s'est vantée .devant vous de ne rien devoir à personne et d'en être heu- reuse. Que pensez-vous de ce sentiment? PLAN. - 1. N'est-ce pas une très grande illusion que de se persuader qu'on ne doit rien à personne? Que de choses ne devons- nous pas, d'abord à ceux qui nous ont pré- cédés dans la vie, et, en second lieu, à 1111 nombre considérable de contemporains, les uns, pour la plupart inconnus de nous, d'au- tres connus. Et à ceux nous entourent, de quels services de toutes sortes ne leur som- mes-nous pas redevables? II. Que signifiait donc le langage de cette jeune fille? Elle parlait évidemment en étour- die et restreignait sa vue à un horizon bien étroit, que sa suffisance 'et peut-être aussi un esprit quelque peu chagrin obscurcissait et diminuait encore. Peut-être voulait-elle dire que, pour réus- sir à un examen, elle n'avait eu besoin de re- courir à aucune protection, que son succès était dû à ses seuls efforts, à travail per- sonnel? Mais, même ' dans ce cas, ne serait- elle pas, du moins,' la débitrice de ses pa- rents et de ses maîtresses, qui lui ont procu- le bienfait de l'instruction, celles des au- teurs qui ont composé les livres dont elle a fait usage? ... Sous quelque point de vue que 96 l'on envisage la question, exe.mple .que l'on choisisse, il faut qUOI qu' on en veuille se reconnattre le deblteur de quelqu'un. sommes tous solidaires les uns des autres. . III. C'est donc l'orgueil, qui, seul;Opeut en faire juger autrement et c'est encore l'orJrlei.l, aggravé de l'égoïsme, qui porte à se re]ou!.r . de n'être redevable de rien à personne. « MOI! et c'est assez! Je n'ai besoin de personne; je me complais donc en je méprise les autres; je les mes me suffisent et puisque ]e ne leur dOlS nen, je n'ai rien à faire pour eux. Me voilà dis.- pensée de la reconnaissance et, par coup, de la charité. Je ne dépends de person- ne et je n'ai à me gêner pour personne .. IV. Voilà les conséquences de ce sentiment fait pOUl' retrécir le coeur, jusqu'à le pour fausser le jugement et donner une ch- rectioll déplorable à la vie.» CONCLUSION. - Réjouissons-nous, au contraire, en constatant que nous sommes les débiteurs toujours insolvables d'autrui et ef- forçons-nous d'alléger du m.oins . dettes par une reconnaissance effective :t'1l11assable. .. - .. Bécltatlon = SI J'ETAIS ROI Si j'étais roi, Pierre, il faut que tu saches, Disait Gros-Jean, que soudain j'aurais, moi, Un grand cheval avec de beaux panaches. Monté dessus, je garderais mes vaches, Si j'étais roi! ' Si j'étais roi, tiens, lui répondit Pierre, Voici Gros-Jean ce que je ferais moi: J'adoucirais le sort de mon vieux père, Je donnerais du pain blanc à ma mère, . Si j'étais roi! Mme de SEGUR. Explications. Lequel des deux enfants trouvez-vous qui avait raisoll, de Gros .. Jeall qui veut un cheval tout empanaché' pour gar- der les vaches ou de petit Pierre qui veut aider son vieux père et donner une bonne nourriture à sa mère? ;C'est le petit Pierre, pas? Jean est un petit ' égoïste et un petit sot. Il est égoïste car il ne pense qu'à lui: il est sot parce qu'on ne va jamais garder les vaches monté sur un cheval et surtout sur un cheval empanaché. SION, 10 Octobre 1913 L' EOOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA SOCI ITJl VALAISAliliE D'EDUCATIOli Notre nouveau livre de lecture Le persoilllel ensei.e; : nant prÏlllaire valaisan çuecueillera certainement avec la phl:s 'Vive s'atisfaction la bon- ne nouvel'le que nos ·écoles vont eu- fin être dQtées d'un livre de lecture ' l)OUT elles et pu- blié par les soins du Départeme:Qt cantonal ' de l'Instruction l)ublique. Cet ouvrage, enrichi d'une Icentaine d'i-llustrati.ons, est ap,pelé à . paraîtr .e dans quelQues semaines, le crit, entièrement livrl&, s'en trou- vant actuellement à J'inlpression. Il a pour titre: Livre de lecture cl l'u- sa. qe des écoles primaires canton cl1,t Valais (cours Inoyen et supé- rieur) . , Le nouveau nlaTIuel- dont J.a l', é,- dalJtion fut confié.e à une commis- sion de trois nlenlhres, . conl1)osé.e cl 'hommes d ',école d'es pl us COIn pé- t€nts - est ,aplpelê combler U'ILe importante Jacune. On se rendra quelque peu :compte du contenu dJ1 recueil en question ·l)ar la ,place T , a- servée à chacun des chapitres: Reli- J?:ion, ;2,2 Ill"OrCeaux, Patrie 13, mille 21, MQr.ale 121 3, Eon claS'se 10., La nature 2 1 3, Sciences et hygiène 36, A,griclllture :30, lOoo.tes et récits 92. Dans les cha.pitres ReJi.qion, mo- rale., etc., la Oonlnüssion n'a palS voulu introduire Ile genre sermon, trop albstrait, que 'les enfants ne 'com- prennent 1Joint et ,qui les f,atigQe inutilenlent. Elle .a, toujours alvec le souci de sa:u,vegarder le point de vue li tté.raire de l "oeuvre, :tiaj t ap'peI aux phulles les plus connues. n part, pour relever ,le >caractère na- tionall du tr,avail, il .a .été fait choix de guekmes paSS8ig'eS S'aillants de l 'Histoire de la .suis-se et du Va.lais, de biographies d'hbmnles oélèbres et de lllorceaux ent1)runtés aux msil- leurs auteurs Viala.isans. En eXaIlliI1aILt le côté purement instructif, nous remarlquons qlle l'histoire natureHe et l 'hY!g'iène en _- trent ici pçur une l,arg'e part. Enfin, lln important Ghapitre s'y trouve -consacré l'arboriculture. Vu l'im'portance croissant.e de la des arbres dans le Valais. la commission .a estimé devoir faire connaître l 'Jarbre. "fruitier aux en- fantS' et les 'familiari.ser alVec les principes leS' ,pJus nécessaires' de la culture D'une Iua.nière côté esthétique n'a .pas é.té 'Il!é l g'1i'gê. L'il- lustration a été l'objet de soins Sl)€- ,cial1x, les Idiehés choisis repTlésen- tant essentiellement des oeuvres de maîtreS'. lcitier les com-

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Page 1: L'Ecole primaire, 10 octobre 1913

se où l'on conservait des noisettes. Il en pdt tant Que sa màin put en conte­nir; mais lQrsQu'ilo voulut la retirer du vase, il ne le put: l'ouverhlTe était trop étroite. Il pleurait, se désespérait, ne voulant point lâ<:her prise, et pourtant rien ne venait, ni sa main, ni les noiset-tes. .

«Mon enfant, lui dit alors Un vieil·· lard, tu en veux trop: n'en prends que la moitié: tu l'auras » .

On écrira ce texie au tableau, après l'avoir lu à haute voix. Les ·enfants le copieront et on leur en fera épeler ensuite les mots diHiciles: gourmand, sot (féminin de ces deux mots); noisettes (nom de l'arbre qui donne ces fruits); lâcher prise (sens de cette expression); vieil­lard (vieillesse, vieux, vieille), tu en veux.

Puis, on expliquera certains mots, tels que sot, étroite, désespérait et, enfin, le sens du texte, en collaboration avec les enfants, qui rediront ensuite cette anecdote dans un exer­cice de rédaction, en y ajoutant une petite ré­flexion.

• -1: ,k

Une jeune fille (ou un jeune homme) de votre connaissance s'est vantée .devant vous de ne rien devoir à personne et d'en être heu­reuse. Que pensez-vous de ce sentiment?

PLAN. - 1. N'est-ce pas une très grande illusion que de se persuader qu'on ne doit rien à personne? Que de choses ne devons­nous pas, d'abord à ceux qui nous ont pré­cédés dans la vie, et, en second lieu, à 1111 nombre considérable de contemporains, les uns, pour la plupart inconnus de nous, d'au­tres connus. Et à ceux q~i nous entourent, de quels services de toutes sortes ne leur som­mes-nous pas redevables?

II. Que signifiait donc le langage de cette jeune fille? Elle parlait évidemment en étour­die et restreignait sa vue à un horizon bien étroit, que sa suffisance 'et peut-être aussi un esprit quelque peu chagrin obscurcissait et diminuait encore.

Peut-être voulait-elle dire que, pour réus­sir à un examen, elle n'avait eu besoin de re­courir à aucune protection, que son succès était dû à ses seuls efforts, à s~ travail per­sonnel? Mais, même ' dans ce cas, ne serait­elle pas, du moins, ' la débitrice de ses pa­rents et de ses maîtresses, qui lui ont procu­ré le bienfait de l'instruction, celles des au­teurs qui ont composé les livres dont elle a fait usage? ... Sous quelque point de vue que

96

l'on envisage la question, q~elque exe.mple .que l'on choisisse, il faut ~tou]ours,. qUOI qu' on en veuille se reconnattre le deblteur de quelqu'un. N~us sommes tous solidaires les uns des autres. .

III. C'est donc l'orgueil, qui, seul;Opeut en faire juger autrement et c'est encore l'orJrlei.l, aggravé de l'égoïsme, qui porte à se re]ou!.r

. de n'être redevable de rien à personne. « MOI! et c'est assez! Je n'ai besoin de personne; je me complais donc en moi-mêm~; . je méprise les autres; je les dédaig~e; mes seule~ fo~ces me suffisent et puisque ]e ne leur dOlS nen, je n'ai rien à faire pour eux. Me voilà dis.­pensée de la reconnaissance et, par contre~ coup, de la charité. Je ne dépends de person­ne et je n'ai à me gêner pour personne .. ~

IV. Voilà les conséquences de ce sentiment fait pOUl' retrécir le cœur, jusqu'à le ferl11e~, pour fausser le jugement et donner une ch­rectioll déplorable à la vie.»

CONCLUSION. - Réjouissons-nous, au contraire, en constatant que nous sommes les débiteurs toujours insolvables d'autrui et ef­forçons-nous d'alléger du m.oins . l~OS dettes par une reconnaissance effective :t'1l11assable. .. -..

Bécltatlon =

SI J'ETAIS ROI Si j'étais roi, Pierre, il faut que tu saches, Disait Gros-Jean, que soudain j'aurais, moi, Un grand cheval avec de beaux panaches. Monté dessus, je garderais mes vaches,

Si j'étais roi! '

~_ Si j'étais roi, tiens, lui répondit Pierre, Voici Gros-Jean ce que je ferais moi: J'adoucirais le sort de mon vieux père, Je donnerais du pain blanc à ma mère, .

Si j'étais roi! Mme de SEGUR.

Explications. Lequel des deux enfants trouvez-vous qui avait raisoll, de Gros .. Jeall qui veut un cheval tout empanaché ' pour gar­der les vaches ou de petit Pierre qui veut aider son vieux père et donner une bonne nourriture à sa mère?

;C'est le petit Pierre, n'~st-ce pas? Gros~ Jean est un petit ' égoïste et un petit

sot. Il est égoïste car il ne pense qu'à lui: il est sot parce qu'on ne va jamais garder les vaches monté sur un cheval et surtout sur un cheval empanaché.

SION, 10 Octobre 1913

L'EOOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA

SOCIITJl VALAISAliliE D'EDUCATIOli

Notre nouveau livre de lecture

Le persoilllel ensei.e;:nant prÏlllaire valaisan çuecueillera certainement avec la phl:s 'Vive s'atisfaction la bon­ne nouvel'le que nos ·écoles vont eu­fin être dQtées d'un livre de lecture spé,0iailem~nt l~édigé 'l)OUT elles et pu­blié par les soins du Départeme:Qt cantonal ' de l'Instruction l)ublique. Cet ouvrage, enrichi d'une Icentaine d'i-llustrati.ons, est ap,pelé à .paraîtr.e dans quelQues semaines, le nlalnU~­crit, entièrement livrl&, s'en trou­vant actuellement à J'inlpression. Il a pour titre: Livre de lecture cl l'u­sa.qe des écoles primaires d~(, canton cl1,t Valais (cours Inoyen et supé­rieur) .

,Le nouveau nlaTIuel- dont J.a l',é,­dalJtion fut confié.e à une commis­sion de trois nlenlhres, . conl1)osé.e cl 'hommes d ',école d'es pl us COIn pé­t€nts - est ,aplpelê ià combler U'ILe importante Jacune. On se rendra quelque peu :compte du contenu dJ1 recueil en question ·l)ar la ,place T,a­servée à chacun des chapitres: Reli­J?:ion, ;2,2 Ill"OrCeaux, Patrie 13, F~­mille 21, MQr.ale 1213, Eon claS'se 10., La nature 213, Sciences et hygiène 36, A,griclllture :30, lOoo.tes et récits 92.

Dans les cha.pitres ReJi.qion, mo-

rale., etc., la Oonlnüssion n'a palS

voulu introduire Ile genre sermon, trop albstrait, que 'les enfants ne 'com­prennent 1Joint et ,qui les f,atigQe inutilenlent. Elle .a, toujours alvec le souci de sa:u,vegarder le point de vue li tté.raire de l "œuvre, :tiaj t ap'peI aux phulles les plus connues. n 'autr~ part, pour relever ,le >caractère na­tionall du tr,avail, il .a .été fait choix de guekmes paSS8ig'eS S'aillants de l 'Histoire de la .suis-se et du Va.lais, de biographies d'hbmnles oélèbres et de lllorceaux ent1)runtés aux msil­leurs auteurs Viala.isans.

En eXaIlliI1aILt le côté purement instructif, nous remarlquons qlle l'histoire natureHe et l 'hY!g'iène en_­trent ici pçur une l,arg'e part.

Enfin, lln important Ghapitre s'y trouve -consacré là l'arboriculture. Vu l'im'portance croissant.e de la ,~ulture des arbres dans le Valais. la commission .a estimé devoir faire connaître l 'Jarbre. "fruitier aux en­fantS' et les 'familiari.ser alVec les principes leS' ,pJus nécessaires' de la

culture arlbori'clo~e. D'une Iua.nière ~;énér31e, ~e côté

esthétique n'a .pas é.té 'Il!élg'1i'gê. L'il­lustration a été l'objet de soins Sl)€­,cial1x, les Idiehés choisis repTlésen­tant essentiellement des œuvres de maîtreS'. lcitier les enf~nts là com-

Page 2: L'Ecole primaire, 10 octobre 1913

prendre l'aœt et ià l'aimer, 'Û' est .aussi l'objet d'un livre de lecture, et cem, n'en peut que rehausser la \/"a[eu1' éducative.

;Oomme 'Conclusion de cet article bibliog;rapl1Ï'que - avant-coureur dB l'ouvrage ,annoTh'3é: et si in1patiem­·ment attendu - nous ne SlauTions faire miel1x Ique d'en citer · la pré-face . . La voici:

«Ce livre de lecture, destiné aux cours moyen et supérieur des écoles primaires, renfenne un choix de mor­ceaux signés, pOur la plupart, des· bons. auteurs qui ont écrit pOUr les enfant$. Seul, à vra~i dire, ce qui est bien pensé et hien dit, est vraiment éducatif et pro­pre à ·çaptiver les intelligence,s mobiles de douze à quinze ans: c'est pourquoi les text~s adoptés de préférence sont ceux qui, à la valeur du fond, à l'ins~ piration chrétienne et élevée des. idées, unissent la .p~rfection de la forme, l'aç­tion, le mouvement et la; vie.

» Personne,. non plus, ne s'étonnera de la place importante réservée aUx aU­teurs qui ont décrit les beautés de nos· 'Sites. ou fait revivre les. nombreuses lé­gendes. de notre terre valaisanne; auss-i bien, si c~t ouvrage doit porter Un Cé\­chet distinctif de famille, c'est assuré­ment ·celui que lui donnent les extrait.s tirés de ces derniers éçrivains.

» Toutefois, le choix de poésies d'au­teurs {:ontemporairis étant un point dé­licat, il a fallu se borner aux meilleu­res pages de ceux que ' le Valais a per­dus.

»L'histoire et la géographie ' étant traitées dans des ouvrages spéciaux, on a dû écarter .aussi, comme faisant dou· ble emploi, tous les textes relatifs à ces deux branches.

» Parce que instrument essentiel'jJour l'enseignement du frança,is, lè présent ouyrage est' plutôt littéraire qu'encyclo­pédique; néanmoins, il offre deS' notions

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intéressantes sur les diverses connais. sances qu'if n'est pluS' permis d'ign aujourd'hui, sans toutefois r:em un ·cours méthodique de leçons ses. (1

» L'ensemble des morceaux de ture est réparti en chapitres, dont les ' titres: contes et récits, religion, mille, école! morale et politesse, nature, sciences naturelles, hyrziène arboriculture.

» L'ennui naquit Un jour de l'unifor mité: afin d'éviter cet écueil, le .Dép tement n'a pas reculé devant la dépen­se que nécessitait une illustration de bon goût. C'est dans ce même but aussi que les morceaux de poésie ont été mê· lés à la prose.

» Aucun questionnaire, aucune défi. nition des expres·sions en caractères gras ' ou en italique n'a été' mis au bas des pages: les p'raticiens estiment que les questions, pour être réelfement pro fit ables, doiv~nt être rédigées par maître et le sens des m.ots diffi cherché, autant que possible; par élèves eux-mêmes, à l'aide du ' dicti naire.

»Un seul morceau: «Le laboureur et ses enfant~) a été étudié, à titre d'e· xemple, au double point de vue du et de la forme.

» Il va sans dire que l'instituteur est seul juge compétent pour décider, sui. vant la fovce de ·ses élèvesJ dèce qui de· mande une explication ou Un éc1airds­sement. Dans aucun ca~, l'action' du maître ne doit être limitée, car elle est nécessaire pour infuser la vie et de l'entrain dans l'enseignement. »

(Suivent des diredlons-pédagorziques sur l'emploi du manuel).

En attendant que soit mis en vente manuel en impression, nous eng le personnel enseignant à ne pas. d'acquisition d'ouvrages spéciaux pouvant tenir provisoirem.ent lieu, de tirer le meilleur parti t de ceux

lement en usage, cela a,fin de prévenir des dépenses. inutiles et d'autres incon\.. vénients, comme 1~ bigarrure des clas­siques..

•••• Précis d'ln8trnctlon civique

(Butte.)

VI - LE SUFFRAGE UNIVER?EL Sa l'égitimité. - Le suf~rag;e umver­

sel est l'instrument nécess~Ire de la souveraineté nationale. Ou bIen la s0l!­veraineté nationale n'est qu'un ya1l1 mot ou bien tous. les citoyens. dOIvent égaiement jouir du droit de .suf~r~e. Si 'vous admettez que tous les. 1l1d1Vldus dont se êompose la nation sont citoyens, que tous les citoyens sont égaux, vous ne pou-vez pas ne pas reconnaî.tre p~r une conséquence nécessaire qu'Ils dOl­vent tousconcourhi par leur vote a_u gouvernement du pays. Aussi, dl!- jour. où l'on ~ pris au sérieux la doctnne qe la souveraineté nationale, on a, c9l!lpr!s qu'il fall~it donner ~ l'ég~lité polItIque des citoyens sa sanctIon reelle: on a; II!­stitué lè suffrage universel.

Ses avantages sociaux. - Le slfffra­ge universel est d'.abord p'rofondeme~t juste. Il est équitable que tous. les CI­toyens, puisque la loi les ·contra;1l1t t~u.s à payer l'impôt, à subir le serVIce mIlI­taire à supporter enfin leur part des chan'ces. communes· de la nation, p,arti­cipent par le vote, qui est l'expressiQn de leur volonté à l'établissement de la loi. On ne peut décider de la destinée d'un être libre sans son aveu.

En 'Secorid lieu, les avantages so­ciaux du suffrage universel sont con­sidérables. En mettant aux mains ,cle tous les citoyens le bulletin de vote, on leur ôte Îe fusil. Le suffrage universel désarme le& agitateurs et supprime les principales raisons d'être des émeutes et des révolutions. . .

Par le vote, en effet, les· électeurs sont certains de faire triompher leur volon-

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té, lentement il est vrai, 'mais. sûrement et ~acifiquement. L'universalité du. droit de vote donne d'ailleurs à la 101 une autorité nouvelle. Quand la maio­rité a parlé, il ne reste qu'à s'incliner; il n'appartient pas à quelques-uns de défaire ou de contredire l'œuvre de tous. .

Enfin nous ajouterons -que le suffr.a~ ge universel a aussi une portée moral~. En appelant au s·cnitin tous les ·Cl~ toyens, il ,accroît leur dignité et la cons· cience de leur resp'onsabiIité; il les for­ce à s'éc1airer., à réfléchir; il faut aux plus humbles et aux plus ignorants, une obligation d'avoir .des sentiments et des opinions., d'aimer la patrie, de s'in,: téresser à sa fortlln~ et de connaître ses intérêts.

Il y a UJ} jour dans, l'année Où le journalier, où · l'homme qui traîne les fardeaux, qui casse des pierres au. bord des routes, juge les représentants, les élus de la nation.

Il y a un jour dans l'année Où le plus modeste -citoyen prend part à la vie im­mense du pays tout entier, où la plus étroite poitrine se dilate à l'air vaste des affaires publiques, Un jour où le plus faible sent en lui la grandeur de la souveraineté nationale, où le plus

. humble sent en lui l'âme de la patrie,

XXX CONDITIONS POUR BIEN VOTER

1. Le vote doit être libre. - L'élec­teur ne doit pas se laisser intimider ou séduir'e; l'intimidation et la ·corruption' sonf d'ailleurs pun-ies miT la loi chez ,ceux qui tentent de les exercer. Mais on pourrait se laisser i:ltimider tantôt par un gouvernement, tantôt par un parti violent; on pourrait se laisser cor~ rompre par des promesses d'avanta" ges, pers.onnels ou pour la. conrTIune, qui faussent la liberté du vote; c'est ce qui ne doit pas avoir lieu sous peine de mal remplir son devoir d'honnête hom-me et de- citoyen. .

Page 3: L'Ecole primaire, 10 octobre 1913

2. Le vote doit être désintéressé. C'est l'intérêt général du pays. tout en­tier qu'on doit avoir en vue dans l'élec­tion d'un député, ·comme ·c'est l'intérêt de la commune qu'on a en vue dans l'é­lection d'un conseiller municipal, et nOn le sien propre. Vendre son suffraRe pour de l'argent ou pour Un pot de vip est un ade puni p'ar la loi; ma i,s il y $\

des manières de céder à des, motifs con­damnables qui n~ tombent pas facile­ment sous le coup, des Jois et qui ne sont pas Dour cela moins blâmables.

3. Le vote doit être consciencieux. -,­Il est déià consciencieux ea étant PUJO d'intérêts exclusivement personnels. Mais cette ,condition ne suffit pas pour qu'il soit consciencieux en tous les sens. Un vote consciencieux est Un vote réflé­chi. Il faut -s'appliquer à ne choisir par­mi ceux qui représentent 'son opinion politi,que que les plus honnêtes et les. plus ·cap·ables,.

4. Le vote doit être éclairé. - E.Il d'autres termes, vous' devez aVGir les. connaissances qui rendent capables d'exer,cer le droit électoral, ainsi que les informations nécessaires relatives aux personnes entre lesquelles vous avez à fixer voire choix. ' Vous devez donc vous mettre au courant de ·ce qui éclaire le dtoyen pour le moment où nous ~ommes électeurs.

Que votre jugement résiste alors aux grandes Rhrases, aux belles paroles, d'où qu'elles, viennent. Jugez et votez en hommes sensés qui savent ce qu'ils font et ce qu'ils veulent, Défiez-vous de ces excessives préventions pour ou C011-

tre qûe la passion répand en se mêlant aux luttes électorales.

La ra,ison doit dominer les passions et lës p.artis:. Ce' n'est pas facile, mais il faut y appliquer tous nos efforts.

POUr assurer l'indépendance et éten­dre les lumières du corps électoral, il faut une presse libre et impartiale qui pénètre profondément dans les masses

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populaires, qui discute toutes les ques­tions importantes et qui mette §linsi la nation en mesure de prononcer Un ver-dict compétent et éclairé. ' d

Il faut aussi des réunions libres, soit pendant la période électorale, pour aP­précier lesçandidMs" pour étudier les programmes., soit en tout temps pour développer l'éducation politique du peuple.

5. Le vote doU être secret, - Le vo. te publk à haute voix présenterait des inconvénients graves. Beaucoup n'ose­raient pas·' déclarer publiquement leur sentiment et leurs préférences. C'est donc avec un bulletin fermé qMe le ci­toyen exprimera son vote. Tout en sau­vegardant le secret du vote, la loi doit avoir bonne opinion du courage de_s électeurs; elle doit les traiter ,comme des citoyens libres et non com_me des serfs tremblants qUi n'oseraient voter qu'en cachette et à la faveur d'un dé-guisement. '

6. Le suffrage universel doit être en· core uri, suffrage direct, sinon absolu­ment, du ,moins le plus souvent , poss.i. ble. Il convient dans la. plupart des {:as ,que les citoyens choisissent directement leurs mandata~res.. Pour être choisi au suffrage direct, il faut jouir d'un crédit plus considérable, dans un rayon '()lus grand, car alors le poids du patronage local ne pèse plus aussi lourdement sur le cercle étendu des électeurs,.

Cependant, on conçoit que dans; cer­tains"cas, et quand il s'a.git de 'foflmer des assemblées d'un caradère spécial, il soit équitable et utile de recourir aU suffrage 'indirect et aUx ~lections à deux ou trois degrés. C'est le mode électoral établi par la Constitutkm fédérale pOUf la nomination du Conseil fédéral . et du Tribunal féd~ral par l'Assemblée fédé­rale, et Pat: la Constitution cantonale pour l'élection du Conseil ,d'Etat et de , la Cour d'Appel par le Grand Conseil.

(A. $'ltivre.) -...

101

'- propol des tâches seolalres

Belle inoubliable et surtout utile fut pour n~us, instituteurs val ais'alls , la journée de Sierre du 16 avril, trop cOU}."­te hélas! En. effet, le 'Sujet mis à l'étu­d~ comportait des. détails pratiques, des développements qui pouvaient être mis en évidence par la discussion, laquelle dut être écourtée faute de plus. de temps.

Pour 'ce motif ie m,'accorderai la li-berté d'émettre aujourd'hUi deux idée,s concernant, l'une les tâches à donner aux débutants et la seconde, les «heu-res d'études». .

A mon humble avis, tous les, élève_s· de nos écoles prima.ires et complémen­taires devraient recevoir des tâches orales à préparer à domicile. Quant aux tâches écrites, elles devraient être quotidienne$ pour les~ élèves qui n'on! plus besoin de surveIllance en çe qUi concerne la tenue et, hebdomadaires ou bi~hebdomad(!Jires pour les jeunes: élè­ves dont la bonne tenue est encore à former.

Inutile d'insister sUr les avantages de toutes sortes qu'il y a à intéresser les parents à ces tâches scolaires, avan­tages qu'a, du reste, en un langage clair et énergique, excellemment fait ressortir M. l'Inspecteur du district d.e St-Maurice.

D'autre part, il paraît certain que, 'si les tâches à domicile doivent être la rè­gle chez nous, il y a; des localités et des circonstances - plus nombreuses peut­être qu'on ne le pense - où les «heu­res d'études» seraient appelée~ à ren­dre de très bons services, à s'imposer inême, ainsi que l'ont démontré les ex·, cellentes raisons émises par M. le Rév. Curé de St~Maurice, Ne serait-il pas POssible, pOUr concilier les avantages des deux systèmes, d'instituer, là où les. « heures d'études» sont introduites, la tâche à domicile hebdomadaire pour grands et petits, afin de permettre aUX

pa'rents de voir, au moins le dimanche,

par exemple, les enfants travailler sous leurs yeux et 'Se faire exhiber en même temps toute$ les tâches écrites faites ert classe la semaine précédente?

L, P., inst. -------.~._.~.~.-------

EnselgneDlent de l'écriture (Méthodes el Procédés)

Autrefois, l'eI1JseiJ;!nement de l'écritu~ re OCCll'p'ait à l'école primaire une pla­ce prépondérante; on sait avec qu~l soin et quelle habileté écrivaient les 'an­ciens instituteur:s.· Une réaction a suivi, mais elle a été trop forle, car~ m~lgré l'emploi, dans le commerce, de 1'31 ma­chine à écr.ire, la bonne écriture reste très appréciée et ce sera' touiours être

, agréable aux gens Qui vous. lisent que de leur épargner la fatigue et l"ennui d'uri déchiffrement.

On doit donc chercher à faire aCQ ué­rir à l'enfant une écriture très lisible et assez rapide. Cela de.tnalI1de un ensei­.gnement métho~ique et des S'oins persé­vérants.

1. L'ECRITURE ET L'HYGIE NE. - Deux genres d'écritulfe sont en usa­ge dans nos écoles et elles ont chacune leurs Chauds partisans et leurs détrac­teurs; l'écriture droite et l'écriture pen· chée.

On repro'Che à l'écriture penchée, di­te anglaise, d'être moins lisible, . plus difficile à apprendre, d'imposer à l'en­fant une attitude défectu.euse dont les suites seraient très graves et amène­raient à la longue des différences nota­bles dans l'acuité visuelle d~s deux yeux et une déformation) de la colonne vertébrale appelée scoliose.

Les p,artisans de l'écriture penchée, à leur tour, reprochent à l'écritu.re droite d'être moins rapide et moins élégante, d'être difficile à faire verticale: l'avant~ bras 'se déplacant beaucoup plus facile­ment dans un sens oblique Que dans un sens parallèle au bord de la: table.

En toU/te sincérité, et d'accord avec les

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hv(riénistes, nous pensons que les dé­formatio11JS physiques ·constatées parfois proviennent uniquement de la mauvai­se tenue des élèves dan's leurs boocs et non du genre d'écriture employée, car dans l'une et l'autre la position du corps doit être la même: l'enfant assis bien d'aplomb devant la table, les deux iambes en avoot (le cahier seul étant penché pour l'écriture anglaise), les yeux à environ trente centimètres du p'a­pier, les doigts allongés, sans raideU1",

début, vain,cre toutes les difficultés: . pente, forme, hauteur, etc. ' . Au cours élémentaire on cotp}nencera à habitUier l'élève à écrire sur son ca.­hier de classe. La 'fèglure dite multiple permet d'écrire à volonté en grosse écri. ture, en moyenne ou en fine et même (au cours sUP'érieUlr) en ronde et en bâtarde.

sur ' le porte-plume. . ' Si le maître veille attentivement à ce

que ces conditions sQient observées, il est certain que rien n'entravera le dé­veloppemen~ dU! corps.

II. LES PROCEDES. - L'exercice d'écriture exige un .modèle.

Il v a avantage à avoir un modèle collectif que le maître tracera au: ta­bleau noir, devant ses élèves, en carac­tères assez grands pour. être bien vus de tous. Il indiquera OUI rappellera en même temps la hauteur et la largeur des caradères, la fo'rme, la pente, etc.; et mettra, dès ce moment, les élèves en garde contre les défauts habituels.

Le pro·fesseUlf exigera des enfants qu' ils regardent attentivement chaque let­tre avant de l lal tracer, puis, il passera dans les bancs et rectifiera, à l'en,cre de couleur, les défectuosités.

Il existe des modèles, lithographiés que l'on peut fixer aUi tableau! au mo­ment de la leçon. Ils, rendent des servi­ces aux maîtres Qui ne sont -pas calli­graphes, m~:is il est bien préférable de les tracer soi-même à la ,craie.

Au cours préparatoire, on emploiera d'abÛ'rd l'ardoise, mais comme elle a le défaut d'alourdir la main, il faudra la quitter, aus'sitôt que possible .J)our le cahier SU!! lequel l'enfant écrira d'ru­bord au crayon tendre. Les ~ahiers pré­parés avec un modèle gravé et l'esquis­se de quelqueS éléments ou de quelques lettres rendront des servkes avec les ieunes enlfants Qui ne peuvent, dès le

III.' LA LECON D'ECRITURE. Elle se divisera tou~ours en de'ux par­ties. Le maître trace d'abord le modèle au tableau en donnant les expHcations nécessaires et rappelant de temps à au­tre l'a' tenue du corps, du ,cahier et de la plume; puis les enfants écriront à lem tour.

Il est nécessaire de régler l'allure des élèves, les uns éorivant trop vite etsarns soin, les autres s'attardant outre mesu­re; aussi est-ce une très bonne habitude de faire poser les plumes ' après chaq ligne.

Il faudra éviter de ' faire non ment des exercices d'écriture trop l qui fatigueraient la main, mais aussi trop multiplier les exercices écrits qui feraient vite perdre le bénéfice de ié· çons d'écriture, . Dan~ l'appréciation des devoirs, il se­

ra tOUlioUJrs nécessaire de tenir ,compte de l'écriture.'

Partie pratiqn~

Un brin de mOl'ale LA PO LlrESSE

Pour découvrir l'origine de la pOli· tesse, il faudrait la savoir bien et ce n'est pas une ,chose aisée. On confond presque to~jours avec la civi­lité et la flatterie, dont la. première est bonne, mais moins excellente et moins rare que la politesse, et la secondej mauvaise et insupportable, lorsque cet­te même · politesse ne lui prête pas

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. agréments. Tout le monde est capable d'apprendre la civilité, qui ne consiste qu'en certains termes et certaines; céré­monies arbitraires, sujettes, comme le langage, aux pays et aux modes,; mais la politesse ne s'apprend point sans une disposition n.aturelle, qui, à la vérité, fi;

besoin d'être perfectionnée par l'instruc­tion et par l'usage du monde, Elle · est de tous les temps et de tous les p,ays· et ce qu'el~e emprunte d'eux hÛ est si peu essentIel qu'elle se fait sentir aU travail du style ancien et des coutumes· les plus étrangères.

La flatterie n'est pas moins, naturel­le, ni. moins i!ldénendante des temps et des lI~ux,. pUlsque les passions qui lai prodUlsent ont toujours, été et seront toujours. qans le monde. Il semhle que l~s condl,tlOns élevéesl devraient garan­br de cette bassesse, mais. il se trouve ~es f1~tteu~s dans tous les états·. Quan4 l,es~nt ,et 1 usage du monde enseignent a deg~lser ,ce défaut sous' le masque de la polItessel en se rendant agréahIe il de~lent '-plus pernicieux; mais toutes les ~OIS . qu Il se, montrera à découvert, il m~plre le mepris et le dégoût, souvent me~e aux personnes, en faveur desquel: les Il est employé; il est donc autre chi),. se q~e la politesse, qui plaît toUjOUliS et qUI est toujours estimée.

En effet, on juge de sa nature par le term~ do~1t on se ;sert pour l'exprimer, on n y decouvre nen que d'innocent et de louable. Pol~-r un ouvrage, dans le lang~~e pes artrsans, c'est en ôter tout ce qu 11 y a de rude et d'ingrat, y met­t~~ le lustre et la douceur dont ia ma~

. ttere qui le compose se trouve sus.cepti· ble~ e~ ~n mot le finir et le perfection~ nel, SI ~ ~n donne à cette expression un sens ~P1ntuel, . on trouve de même que Ce qu, elle renferme est bon et louable. Un dlSCOUr$, un sens poli, des manières ~f ~e~ c,onver.sation6 pofies, cela ne

gOlfle-t-ll pas que ces choseSI sont ~xemPtes de l'enflure, de la rudesse et

es autres défauts ,contraires au bon

sens et Aà la sodété civile, et qu'elles · sont. revetues de la douceur, de la mo­destIe et de la justice que 1'esprit cher­ch~, ~t dont la s?ciété .a besoin pOUr être paISIble et agreable? . . . -..

Variétés Le Prinee des poètes

,Un écrivain: distingué, élu récemment pnnce ~es poèt~s de langue français~, . a donne en SUlsse, dans ces derniers temps, u~e ,série de conférences·, Nous croyons mteresser. nos lecteurs. en leur donnant une page extraite de l'œuvre de Paul Fort. Ce morceau est tiré du ,:olume: La. MOnÜ1Jf(lle, avec en sous­tttre : Forêt, plaine, mer.

Lorsque au premier soleil la terre frémis­?ante a vu ses germes purs s'élever vers le Jour, et que tous les sommets ont senti sur leurs pentes l'herbe les caresser de ses mains de ve'lours, .

les cl~chettes ont ravi le réveil des 'villa­ges 1 blottIs sous les vapeurs tremblantes des vallees, les troupeaux ont blanchi l'air bleu de la montagne et les souhaits des clocheHe8 ont suivi les bergers.

l:e vent chargé a balayé les brumes et le sol~I1, aux lèvres, a doré les pipeaux. Le jour a descendu les blancs torrents qui fument quand les troupeaux montaient vers un azu; nouveau.

Sous les glaciers jetant leurs sources vio· lettes. la montagne semblait couverte de ru· bans, et le son des pipeaux et le bruit des c1oche~es faisaient de la montagne le hochet du prmtemps.

Vherbe tendre baisait l'air pur à son pas­sage et les bergers, au doux soleil. ouvraient J~urs mains. l'âme et le corps faisilient un di­VI11 assemblage et l'homme se sentait léger comJ1ïe 1.1.11 pa rfum.

Un amour infini chantait au cœur des hom­mes pour le solei,l en fleurs éclos dans Ce ciel bleu, pour le rocher, la source les buissons bleus d'aromes, pour tout, po~r leurs trou-pea ux pour leurs champs et pour eux. .

Des . lointains la montagne était un doux

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· visage, la roseur des villages accentuait ses plis et son vivant sourire et son vivant lan­gage étaient l'œuvre de Dieu et des hommes unis.

Quand je m'approchai d'elle, ce' fut une prière qui monta de mon cœur vers ce rêve divin, et pardonnant au ciel les haines de l'hiver, j'allai tremper mon cœur aux sour­ces du matin.

/'

La noblesse ingénue des choses m'en­chantait les arbustes confus étaient harmo­nieux et tissaient la lumière en délicats filets qui flottaient à leur,s branches comme des voiles bleus.

Un rire délicat s'exhalait des pipeaux. De cékstes désirs venaient toucher les âmes, Les herbes et les sources. les bergers. les trou­peaux doucement frémissaient dans l'ai~ de la montagne.

Tout n'était plus qu 'amour, que joie et que délices . le sourire des cieux était la seu­lè règle, et les glaciers eux-mêmes, comme de blancs calicès, offraient leur gorge pure au vol ardent des aigles.

J'allais, sachant aimer, ignorant que j'ai­mais quels baisers je prenais ' aux lèvres d~ zéphyr. Je remerciais Dieu de l'instant 51

parfait.

Les parfums, le zéphyr , les cloches et .les chants enveloppaient n1(\\ âme et la portaIent à Dieu! Au bord des neiges éterhelles, ~t s'y penchant, le soleil du printemps berçatf sa fleur de feu.

XXX

Blettes pédagogique", LA GEOGRAPHIE D'AUTREFOIS

La géographie, comme on Fen~eignajt .i:­dis n'était .pas capable de nous . faIre connal­tre ' le monde extérieur. Te vois encore ces horribles petits livres. où des milliers c:le noms étaient rangés par catégories. ,No~s apnrenions par cœur la Iist,e des detrods d'Europe. comme celle des adiectifs en « al » qui font «ais » au pluriel. Et quels atlas, avec des cartes pl;ates et mürnes! Dans les classes. d'autres cartes pendaient très haut et n'étaient atteintes que par la poussière. Nos l11aîtres n'enseignaient la g-éographie qu:à re­gret. J'en ai connu un qui ne l:ensei~~aIt pas du tout. C'était un homme tres ongmal. Il avait beaucoup d'esprit elt de savoir et ne

vo~lait être écouté que par les ~ons . élè.ve~; les autres dormaient; il respectait .~ falsalt respecter leur sommeil. Un de mes camar~des éveilla, un jour, un de ces dOr111..eurs q~1 ~l­lait jusqu'au ronflement: Le malfre lUI dit: « Vous me ferez une carte d 'Europe~ vous la montrerez à M. l'Inspecteur quandl il vien­dra' cela prouvera que nous faisons de la géographie. » Voilà comment je n'ai appris la géographie que lo-rsqu 'il m'a fal1u l'ensei­gner.

XY'(

BERNE. M. Trœsch, inspectèl.1r sco-laire de ce canton, vient de publier le~ résul· tats d'une enquête qu'il a faite. au sUjet ,des logements des instituteurs bernOls.. Il en resul­te que tout n'es~ pas . pour le, mleu~ c~ans ,~n meilleure des repubhques. C est a111S1 qu Il nous apprend que, dans le beau et grand canton de Berne: il existe encore 619 loge­ments de maîtres d'école qui ne se composent que d'une seule pièce. Il y en a 279 n'ayant au­cune fenêtre au soleil. Un grand nombre n'ont pas même le cube d'air exigé pour .la cellule des prisonniers! M. T~œsch .en Clt~ un dans l'Oberland, où il est lill.pOSSlble qu un' adulte puisse se tenir deb?ut,. le plafond étant à 1 m. 06 du. sol. Un msütuteur loge toute sa famille, soit 11 personnes, dans deu~ chambres. Il écrit à l'inspecteur: « Nous VI'

vons serrés comme de petits cochons! :. Après cela . ne nous étonnons .donc pa~

trop si en Valais quelque chose laIsse aussI à désirer sous ce rapport, ce dont nous n'a­vons pas d'ailleurs à nous cacher.

XX.X ' L'ALPHABET EN CHOCOLAT

Un maître d iéc01e vient d'appliquer une originale méthode d'enseignement: l'alphabet en chocolat. Il remet à ses petits, élèves ,les lettres moulées en chocolat. et dès que 1 un d'entre euX est parvenu à composer son nom avec ces caractères comestibles il est auto-risé à les manger. .

L'appât de la ~ourma?dis.e, surex.cit~ ces petits cerveaux, et 11 paralf .9.u en trOIs lOurs à peine les élèves reconnaissent toutes les lettres et composent de nombreux mL..". Il ne coûte que d'essayer. Mais sans doute le moyen n'est pas à la pÜ'ftée de chacun.

XXX t Ceux qui s'appliquent trop aux petites

cho'ses deviennent ordinairement incapabl des grandes.

SION, 15 Novembre 1913 ~=========~==~~=============================

L'EOOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA

SOCIETE V ALAISAIliE D'EDUCATIOli

J e sois le Bon Pasteur

L'évangill~ du 2m e dimanche après pâques qui rapporte la! touchante pa­rabole' du bon Pasteur, mérite d'être rappelé à la méditation des. maîtres et maîtresses. catholiques., comme le sont ceux qui nous' lisent. Et elle revêt une actualité 'Spécial{ au moment de la: ren-trée des c1a1sses,. 1

Il n'y a qu'un seul Bon Pasteur, c'est Jésus-Christ. C'est parce qu'il n'y a qu'un seul Pasteur qu'il ne doit y avoir qu'un seur troupeau. Jésus-Christ est le seul médiateur, au sens absolu du mot, entre les âmes et Dieu. Seul Il peut di­re: «Je suis ' la Voie, la Vérité et la Vie» . Tous ceux qui se mêlent, en de­hor,s de Lui, de ,conduire les, âmes, de les nourrir et de les faire vivre, sont de mauvais. bergers. 'Us ne peuvent leJ.lr donner qu'une pâture empoisonnée et funeste. Mais Jésus :se sert souvent de certains. hommes. p.our réaliser Ses vues SUr d'autres hommes.

C'est par le moyen d'une âme humai­ne vivante qu'II se révèle à une autre âme humaine vlÏvante. En. est-il un seul parmi 'ceUx dont le cœur a battu d'un véritable amOUr pour Jésus.· Christ, qui .n'ait gardé le souvenir d'un homme ou de plusieurs hommes, prêtres, maîtrf.5, camarades, amis, dont la parole ou l'~xemple ont un jour servi à éveiller ou à activer dans 'Son cœur la petite flam­me si bienlfai'Sante de ,cette vie nouvel­Je? Ceux-là donc ont bien été, pour un trustant au moins, dans un :sens dép en.­dan! et secondaire. mlais. réellement. de vral'S pasteurs pour notre âme, puls-

qu'ils l'ont conduite a:Ux gras, pâtura· ges. A' ,côté des ministres, consacrés} dispensateurs, de la doctrine et de la gràce des, sacrements, qui sont pasteurs en. un sens tout particulier, il est donc permis . de distinguer une autre 'catégo­rie de pasteurs,. EUe renferme tous. ceux qui, d'une manière ou d'une autre, con­tribuent à conduire les âmes à Jésus,­Christ, tôus ceux par cOIl'séquent qui remplissent" vraiment, dans sa pleine acceptatioll'~ la nohle tâche d'éduca-teurs. . .

Tout ceux -là repLf'oduisent , au moins dans quelqueS-Uil/5 de ses traits) le divin' idéal du Bon Pasteur tracé pa,r le Sauveur dans l'Evângi1e~ Ils aiment les. brebis cOrn/me les aime le Bon P aS­teur, CelUi auquel les, brebis 3>ppartien­nent. Comme Lui, [1s, donnent leur vie pour elles. Ce n'est pas tout d'un coup qu'ils la donnent, par une mort Violen­te, m·ai's ils la donrrent goutte à goutte\ dans. la l1lultitude des. sagifices quoti­diens. Ils ne sont paIS, des mercenaires.

Le .mercenaire c'est c~IUi qui travail­le pOUr Un salaire. Le gain matériel, voilà &On but C'est un marchand. Il donne son' temps, s:on trav-aLl, S'On ingé­niosité, ;sa science. 0Il' lUi. donne eù re­tour une_somme d'argent. Il ne se croit d'autre obligation que des obligations de iustice. Qu'il y ait équivalence entre ' son travail et son sailaire, i'1 se tient en paix et se considère coinme libéré de tout autre devoir. Les, brebis l'le lui api. partiennent pas. Son cœUr n'est Pas. à elles,. Il les garde tant qu'il peut le faire sans danger. C'est lai tâche 'convenue. Mais quant à se donner tout entier, ,comme on se donne quand on aime, il