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BILAN ET PROJETS
Lors de son dernier Conseil fédéral, EÉLV a appelé à « changer de cap », inquiet de l’obstination des gouvernements européens à ré-duire le déficit, ce qui débouche sur une spirale de rigueur et de récession (1). Rigueur et récession dont on sait qu’ils font le lit du désespoir d’une jeunesse privée d’emploi, de la montée de l’extrême droite, de l’intolérance, de l’homophobie.
Le 5 juin, Clément Méric était tué en pleine rue. Quelle haine, à ce point exacerbée, peut expliquer que des humains battent à mort un autre humain, tout simplement parce qu’il défendait ses idées ? Des idées antifascistes. Plusieurs rassemblements (en Franche-Comté comme ailleurs) ont montré combien il était urgent de déconstruire, systématiquement, les discours de l'extrême droite. Le gouverne-ment a la responsabilité de défendre les droits humains et de mettre fin à une politique absurde de rigueur conduisant à la désespérance et à la multiplication de positions extrêmes.
Quant à l’actualité franc-comtoise, le premier semestre fut bien char-gé, avec deux conventions régionales - la première sur la transition énergétique et la seconde sur la transition industrielle (2) , un voyage à Bruxelles au sein des institutions de l'Union européenne et pour rencontrer le groupe des élus écologistes au Parlement européen. La rentrée de septembre sera, elle aussi, bien occupée pour les mili-tants EÉLV de Franche-Comté : nous nous retrouverons les 15 et 16 novembre 2013 pour deux moments forts de débats et de déci-sions, le Congrès régional et l’Assemblée générale nationale décen-tralisée (3). Ce sera également le moment d’élire notre nouveau CPR.
Enfin, nos pensées, en ce mois de juin, vont vers notre ami Yves Ketterer, qui a engagé le 10 juin une grève de la faim devant le ministère de la Santé. Il se bat depuis des années pour que les labo-ratoires fournissent à nouveau des vaccins sans aluminium pour nos enfants. Son combat est le nôtre et nous vous appelons à signer la pétition www.change.org/VaccinSansAluminium et à la diffuser lar-gement autour de vous (4).
Le contexte national est préoccupant : nous souhaitons que la pause estivale soit pour tous l’occasion de se ressourcer et de revenir en forme pour continuer à porter nos idées et les faire aboutir. Sans oublier, bien sûr, de participer aux Journées d'été d'EÉLV, qui auront lieu cette année à Marseille du 22 au 24 août (Cf. article de Suzy Antoine) et seront, comme d'habitude, intéressantes et fes-tives... Si vous souhaitez en être, rendez-vous sur le site eelv.fr et prenez contact avec le Secrétariat régional.
Brigitte Monnet et Bernard Lachambre Cosecrétaires régionaux
(1) On trouvera ce texte sur le site d’EÉLV : http://eelv.fr/2013/05/28/
gouvernement-un-changement-de-cap-simpose/
(2) Voir l'article à ce sujet dans ce numéro.
(3) AG qui préparera le Congrès fédéral des 29 et 30 novembre.
(4) Voir l'article à ce sujet dans ce numéro.
JUILLET-AOUT 2013 / n°187 / 1,70 €
ET SI L’ÉCOLOGIE ÉTAIT L’AVENIR DE L’INDUSTRIE ?
Un oxymore ? Que nenni !
2
Tel est le titre d’un livret publié
par EÉLV en mai dernier (1). Christophe
Porquier, délégué à l'industrie pour
EÉLV, a présenté les propositions du
mouvement et animé une Convention
régionale à Montbéliard le 6 juin der-
nier. Le texte qui suit est un compte
rendu de cette Convention, mais il re-
prend aussi des éléments du livret en
question et du Hors-Série d’Alternatives
Économiques n° 97, « Faut-il dire adieu
à la croissance ?», qu’on ne saurait trop
conseiller de lire.
C’est quoi, l’industrie ?
On pense souvent aux gros sites industriels tels que
PSA, Alstom ou General Electric dans le nord-est de la
Franche-Comté, ou aux filières traditionnelles de la sidé-
rurgie, de la métallurgie, de la chimie. Si les propos qui
suivent ne concernent pas l’industrie agroalimentaire,
qui est une branche à part, il n’en reste pas moins que le
monde de l’industrie est très diversifié. Au côté de
grands groupes, on y trouve des PME et même de Très
Petites Entreprises. La crise de l’industrie et la désindus-
trialisation sont manifestes en France, mais les branches
et les territoires sont très inégalement touchés. Des
filières marchent bien, comme l’industrie du luxe et de
la chimie (bien présentes en Franche-Comté), d'autres
sont sinistrées ou au moins en difficulté. Et la France est
coupée en deux : celle du Nord-Est (Nord-Pas-de-Calais,
Picardie, Champagne-Ardennes, Lorraine, Franche-
Comté) subit de plein fouet le déclin industriel.
Enfin, dans certains secteurs, l’activité industrielle
n’est pas là où l’on croit. Christophe Porquier cite
l’exemple d’Apple : « Apple, ce n’est pas une usine, c’est
de la stratégie, du marketing ; la partie industrielle se
trouve dans une multitude d’usines en Asie, qui fabri-
quent puis assemblent. L’iPhone en sort à 179 $ et il est
revendu par Apple 599 $. »
Des spécificités françaises et des tendances
lourdes
On compare souvent les caractéristiques de l’indus-
trie de part et d’autre du Rhin ; s’il y a des différences
significatives, certaines évolutions touchent
tous les pays de l’OCDE.
Contrairement à ce qui se passe en Alle-
magne, la France a peu d’entreprises de
taille moyenne. Sa politique industrielle a
longtemps été favorable à la centralisation,
aux grands programmes, aux grands groupes
(nucléaire, aéronautique, espace, automo-
bile, etc.), au détriment d’un tissu de grosses
PME dynamiques.
D’une façon générale et plus particulière-
ment dans bon nombre de PME, les investis-
sements dans l’innovation et la recherche
sont moins importants en France que dans
d’autres pays (2) - voir graphique. Et la
production industrielle française est plus souvent de
gamme moyenne. Elle entre ainsi plus en concurrence avec
celle des pays émergents.
La répartition du profit des entreprises s’est complètement
inversée : la part distribuée aux actionnaires est passée de
33 % à 80 % depuis 1970. Cette progression s’est faite au
détriment de l’investissement. L’autofinancement des en-
treprises reste bas et leur endettement s’accroît. La situa-
tion est opposée en Allemagne - voir graphique.
Dessin publié avec
l’aimable autorisation de
Charlie Hebdo
Parmi les tendances lourdes qui touchent tous les pays
européens, même si c’est à des degrés divers, l’automati-
sation et la délocalisation ont fait baisser les effectifs in-
dustriels. À cela s’est ajoutée l’externalisation de nom-
breux emplois (entretien…), qui étaient auparavant comp-
tés dans le secteur industriel et le sont maintenant dans la
catégorie des services.
Les propositions des écolos
Le projet des écologistes, Vivre mieux (3), la proposi-
tion d’Eva Joly pour la dernière présidentielle, un million
d’emplois (4), fixent le cadre des propositions des écolo-
gistes. Dans ce projet, l’évolution, la transformation de
l’industrie française se concentre sur deux volets. Le pre-
mier consiste à réduire l’impact de l’industrie sur la dégra-
dation de notre environnement, avec des technologies plus
propres, plus économes, avec une meilleure utilisation des
matières premières, un meilleur retraitement des déchets,
plus de recyclage, etc. Le second doit accompagner, impul-
ser même la transition écologique de notre société, en
répondant à de nouveaux besoins : nouveaux outils pour
se déplacer, nouveaux matériaux pour construire et isoler
les bâtiments, nouveaux moyens de communication, amé-
lioration des technologies de production et de stockage
des énergies renouvelables, chimie verte, réduction de
l’obsolescence et amélioration du recyclage…
Christophe Porquier présente les huit
propositions d’Europe Écologie Les Verts qui
permettront à l’industrie de relever ce double
défi :
Une politique territorialisée de soutien
aux entreprises : accompagner les choix stra-
tégiques, aider au financement des entre-
prises et particulièrement des PME doit être
du ressort des collectivités locales (régions,
agglos), afin de mieux coller aux besoins des
territoires.
Le soutien à l’innovation : l’aide publique doit être
ciblée sur les secteurs innovants, par exemple en réorien-
tant le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE).
Une fiscalité juste et écologique : en augmentant la
part de la fiscalité écologique et en corrigeant par exemple
les inégalités de taux d’imposition des sociétés. Ces taux
sont, de fait, autour de 30 % pour les entreprises de moins
de 10 salariés et autour de 13 % pour les très grandes en-
treprises.
Soutenir la démocratie sociale et la responsabilité
sociale des entreprises : l’innovation n’est pas seulement
technologique, elle est aussi sociale.
Accompagner l’évolution professionnelle vers l’indus-
trie verte.
Développer l’économie circulaire : pour que les dé-
chets d’une fabrication deviennent une ressource pour
d’autres entreprises. Cette démarche intègre aussi le recy-
clage et la réduction de l’obsolescence
La mise en place d’un fonds de reconversion indus-
trielle. Actuellement, on traite les problèmes quand ils
apparaissent avec des restructurations, des plans sociaux,
etc. Ce fonds devra aider et accompagner les branches
dans leur reconversion sans attendre. Il vaut mieux préve-
nir que guérir, et encore mieux anticiper. La Banque Pu-
blique d’Investissement (BPI) pourra être le fer de lance
financier de cette politique.
Une stratégie européenne de filières, pour réussir la
transition écologique : les pays européens ont trop sou-
vent des stratégies de compétition dans ce secteur plutôt
que des stratégies de coopération. Les exemples sont
nombreux dans l’éolien offshore, les nouveaux modes de
déplacement, l’efficacité énergétique.
Sans vouloir conclure, Christophe Porquier termine-
ra son intervention sur une note (plutôt) optimiste et vo-
lontariste. La France et l’Europe ont de nombreux atouts
pour faire évoluer leur industrie, un système de formation
performant, même s’il est perfectible, un système social
qui peut accompagner les reconversions, des compétences
et des centres de recherche… Les idées écologistes
arrivent à maturité et la société est prête, au
moins dans une certaine mesure, à s’engager
dans une transition écologique. Ce qu’il faut
aujourd’hui, c’est une volonté politique forte et
une ligne directrice claire : oui aux réformes, à
condition de savoir où elles nous mènent.
Bernard lachambre
(1) On peut le consulter ou le télécharger sur Internet :
http://www.youblisher.com/p/611770-Livret-industrie/
(2) D’après Alternatives Économiques (HS n°97) : 2,2 % du
PIB en France, 2,8 % en Allemagne et aux États-Unis.
(3) Vivre mieux, éditions Les Petits Matins, 2012 et sur le
site d’EÉLV : http://eelv.fr/wp-content/uploads/2012/03/
projetpdf.pdf
(4) À consulter par exemple sur : http://toulouse.eelv.fr/
presidentielle-2012/projet-1-million-demplois/
3
Près d'une centaine de personnes se sont retrou-
vées à Ornans pour parler de la Loue, le vendredi 7 juin, à
l'invitation de l'association « Pour un Canton Vivant », pré-
sidée par Eliane Meneguin. Signe de l'importance du pro-
blème : la présence du maire et conseiller général Jean-
François Longeot, du conseiller régional Eric Durand et du
député de la circonscription Éric Alauzet. Ainsi , après celle
de l'automne 2011 sur la dépendance, l'association renoue
avec les conférences-débat. Et c'est Isabelle Guillame qui a
présenté les différents intervenants : Pascal Reilé, hydro-
géologue, Alain Cuinet, spécialiste en hydrobiologie, le
garde fédéral de pêche Alexandre Cheval et Jacques Breuil,
vice-président du Conseil général du Doubs, le CG 25 ayant
été co-organisateur avec la Préfecture des Assises de la
Loue en octobre 2012.
La fragilité des milieux karstiques
Pascal Reilé démontre à l'aide de quelques cartes
bien choisies comment fonctionne le bassin versant de la
Loue, regrettant au passage que la région de Mouthe-
Pontarlier ne soit pas correctement prise en compte, alors
qu'on sait, depuis l'incendie des usines Pernod en 1901,
que la Loue est en grande partie une résurgence du Doubs.
Dans les régions calcaires, les sols sont peu épais et
très rapidement lessivés en cas de forte pluie. Les nitrates
et les phosphates ont vite fait de traverser le calcaire pour
se retrouver dans les rivières. Il n'y a ni stockage de l'eau, ni
épuration naturelle comme dans d'autres régions. La
« charge » de l'agriculture s'ajoute à celle de l'habitat, qui a
augmenté, des industries et des anciennes décharges ré-
parties un peu partout.
Des actions ont bien été menées pour améliorer le
fonctionnement des stations d'épuration, ou en établissant
des plans d'épandage de fumier et de lisier. Mais elles ne
semblent pas suffisantes puisque la mortalité des pois-
sons continue. La question se pose donc de réviser notre
vision et d'adapter les pratiques de consommation et les
pratiques agricoles à la fragilité du karst.
Nitrates et phosphore
Alain Cuinet va revenir sur certaines études,
comme celle de la source de Plaisir-Fontaine ou les ana-
lyses réalisées sur la Basse Loue, qui démontrent la très
grande variation de la teneur en nitrates. Celle-ci peut
passer de 6 à 8 mg par litre en période sèche à 25 ou
30 mg en cas de forte pluie. Il ne faut pas faire attention
uniquement aux nitrates, mais aussi à l'azote ammonia-
cal, qui peut poser des problèmes parce que c'est un
consommateur d'oxygène dans le milieu aquatique.
En définitive, si la teneur en phosphates a été
divisée par 6 entre 1973 et 2010, en partie grâce à la
sensibilisation des consommateurs sur les lessives sans
phosphates puis à leur interdiction, la quantité d'azote a
doublé pendant la même période. Et là, il faut bien évo-
quer l'augmentation de la population et les change-
ments de pratiques agricoles avec, par exemple, l'épan-
dage de lisier.
L'hydrobiologiste évoque pour terminer l'état
du fond de la rivière. Tout le monde a pu observer les
phénomènes de colmatage du fond et il semble que ce
soient les eaux qui circulent entre les galets ou les gra-
viers qui sont les plus polluées. Ces eaux qui circulent
dans les sédiments peuvent représenter 40 % du débit
de la Loue et les processus d'auto-épuration ne fonction-
nent plus correctement.
4
Rivières malades
DES CITOYENS AU CHEVET DE LA LOUE
5
Vingt fois moins de poissons
La garde-pêche parle du fruit de ses observa-
tions : depuis 10 ans, aucune rivière comtoise ne s'est
améliorée. Et Alexandre Cheval est bien obligé de
faire un constat pessimiste : « Si tout ce qu'on a fait
depuis 20 ans avait servi à quelque chose, on n'en
serait pas là aujourd'hui. » C'est un vrai constat
d'échec. D'ailleurs, les pêcheurs à la mouche ont dé-
serté la rivière.
Chaque année, les responsables de la pêche
font un inventaire de la faune piscicole : on est passé
de 600 à 700 kg de poissons à l'ha à 30 kg ! La son-
nette d'alarme tirée depuis 20 ans n'a donc pas servi.
On peut parler de vraie catastrophe écologique.
Les stations d'épuration sont en partie en
cause, les pratiques agricoles aussi. Mais c'est toute
notre manière de consommer qu'il faut changer,
parce qu'elle contribue à la dégradation des rivières.
Et la Loue pourrait être un pourvoyeur d' « emplois
non délocalisables » avec le tourisme vert. Une partie
des élus agissent dans le bon sens, mais il faudrait
une plus grande implication de tous les responsables
politiques.
Après l'état des lieux, les actions
Pour Jacques Breuil, l'initiative de la soirée est
intéressante parce qu'il est très important de ne pas
se limiter aux seuls élus et d'informer l'ensemble des
citoyens. En octobre, les Assises de la Loue ont fait un
état des lieux avec le concours de scientifiques. Il faut
maintenant renforcer les actions. Le Conseil général
encourage par des subventions l'amélioration du
fonctionnement des réseaux et des stations d'épura-
tion. Après la mise aux normes des bâtiments d'éle-
vage, les plans d'épandage sont en train d'être affinés
pour mieux tenir compte des analyses de sols et de la
présence des dolines.
Un débat intéressant et quelques conclusions
Pendant plus d'une heure, le débat s'est installé
entre le public et les quatre intervenants. Faut-il désespérer
de la situation ou reverra-t-on un jour une Loue propre ? La
pollution de la Loue pose-t-elle un problème sanitaire pour
les baigneurs ou les pratiquants de sports nautiques ? Quel
est le rôle respectif des différentes causes de pollutions :
agriculture, effluents domestiques, fromageries, industries,
traitement du bois ? Comment en est-on arrivé à une évolu-
tion des pratiques agricoles vers des changements qui sont
défavorables aux rivières ? Le débat a été calme et serein et
tout le monde s'en est félicité, les interventions et les argu-
ments des uns et des autres ont été de grande qualité. Les
réponses apportées par les intervenants ont été plutôt ras-
surantes sur les risques sanitaires pour l'homme, mais assez
pessimistes sur l'avenir de la Loue.
En effet, les interrogations sont fortes sur le mo-
dèle économique qui engendre de tels inconvénients. Éric
Durand, conseiller régional EÉLV, s'interroge : « La filière
comté va-t-elle profiter de la fin des quotas pour augmenter
sa production et mettre ainsi encore plus en péril la Loue ?
Les projets de porcheries pour fabriquer des saucisses de
Morteau avec du porc local et non importé est logique en
soi, mais les conséquences sur l’environnement ne doivent
pas être omises. »
Éric Alauzet, député EÉLV de la circonscription,
évoque d'autres éléments qui pourraient intervenir dans la
dégradation de la qualité des eaux de la Loue et de la
faune aquatique : le réchauffement climatique, la pollution
de l'air, la présence de substances chimiques comme les
perturbateurs endocriniens. Il a critiqué la course à la com-
pétitivité à tout prix en soulignant que l'écologie ne s'op-
posait pas forcément à l'économie, mais que c'était une
autre manière de l'aborder.
Aux Assises de la Loue, l'association SOS Loue avait
proposé un contrat de territoire pour regrouper les
moyens et mettre plus de cohérence dans les actions en-
treprises. Le chemin semble encore long, mais cette cohé-
rence est une condition nécessaire pour qu'un jour la Loue
retrouve la limpidité de ses eaux, la propreté de ses bancs
de galets et la richesse de sa flore et de sa faune.
Gérard Mamet
L'Institut franc-comtois des Vins et du Goût (IFCVG),
dont le siège se trouve au Château Pécault, à Arbois,
organise dans le cadre du Plan régional de l'Alimentation
des « conférences gourmandes » avec, chaque fois, une
dégustation de produits régionaux. Le thème de la con-
férence du 6 juin était « Les prairies fleuries, source de
gourmandises », avec dégustation de deux comtés diffé-
rents, de gelée de pissenlit et de miel. Une initiative
intéressante pour l'esprit comme pour les papilles...
La recherche d'un équilibre agro-
environnemental
C'est d'abord Jean-Yves Vansteelant, chargé de
mission au Parc national régional du Haut-Jura, qui ex-
plique que les prairies permanentes représentent en
France 13 millions d'hectares, soit 40 % des surfaces
agricoles. Mais attention, chaque année, 1 % des sur-
faces disparaît, à cause de l'urbanisation par exemple.
Les prairies permanentes s'opposent aux prairies
artificielles et aux prairies temporaires. Ce sont ces prai-
ries permanentes qui présentent la plus grande biodi-
versité : jusqu'à 120 espèces différentes sur une dizaine
de mètres carrés. Elles offrent une nourriture variée aux
animaux et présentent aussi un intérêt pour les abeilles
et pour les paysages.
François Dehondt, directeur du Conservatoire bo-
tanique de Franche-Comté, rappelle ensuite que les
prairies permanentes n'existent pas sans l'intervention
de l'homme. À l'origine, il y a eu le défrichement
pour offrir une alimentation au cheptel et c'est la
fauche ou la dent du bétail qui maintiennent les prai-
ries. Sans cela, en quelques dizaines d'années, après
les fourrés et les arbustes, c'est la forêt qui s'installe
de nouveau.
Et les pratiques agricoles ont une grande in-
fluence sur la composition floristique des prairies : la
fumure azotée qui favorise les graminées au détriment
des légumineuses, la date de fauche, le piétinement,
etc. Les espèces les plus appréciées par le bétail sont
éliminées au profit de celles qui constituent les
« refus » : chardons, gentiane, rumex. Un des objectifs
pour le maintien de la biodiversité va donc être de
trouver le bon équilibre entre agriculture et environ-
nement.
Garde-manger et livret A
Pierre-Emmanuel Belot, chargé du contrôle
laitier à la Chambre d'Agriculture, montre comment
peuvent se combiner les différents types de prairies
dans un système d'exploitation agricole :
- Les prairies intensives, qui sont très produc-
tives mais supposent une date de fauche précise. Si les
conditions climatiques sont défavorables, elles peu-
vent perdre rapidement l'essentiel de leur valeur nutri-
tive. C'est, en quelques sorte, le garde-manger de
l'agriculteur.
- Les prairies intermédiaires.
- Les prairies extensives « fleuries ». Si elles sont
moins productives, elles conservent leur valeur ali-
mentaire dans la durée.
6
Les prairies fleuries, source de gourmandises
VOUS REPRENDREZ BIEN UN PEU DE FLEURS ?...
C'est une sorte de « livret A » pour les éleveurs, puis-
qu'elles seront très peu affectées par les pépins clima-
tiques. Et remarque intéressante au passage : certaines
plantes aromatiques vont même jouer un rôle de
« phytothérapie » pour le bétail.
La combinaison de ces différentes sources
d'herbe et de de fourrage et la pratique des complé-
ments alimentaires (les « concentrés »), va avoir une
incidence sur la production et sur la qualité du lait.
L'élevage comtois à la croisée des chemins
Un agriculteur, une apicultrice et deux produc-
trices de confitures et de plantes médicinales ont en-
suite apporté leur témoignage. Philippe Cantet, l'agri-
culteur, a été lauréat national du Concours des prairies
fleuries, organisé par les 24 Parcs naturels régionaux et
les 5 Parcs nationaux. Il livre le lait de ses 28 vaches, qui
broutent à plus de 1 000 m d'altitude, à la fruitière de
Grande-Rivière (Jura). À cette altitude, il n'est guère
question d'intensification.
Dans la conférence, il a donc surtout été question
du maintien de la biodiversité des prairies et c'est dans le
débat qui a suivi que les effets néfastes de l'agriculture
intensive sur les rivières comtoises ont été évoqués (voir
par ailleurs l'article sur la Loue).
On peut regretter aussi que la démonstration sur le
rapport entre la biodiversité des prairies et la qualité du
comté n'ait pas été davantage approfondie. C'est un par-
ticipant de Pontarlier qui a rappelé que les plantes ingé-
rées par les vaches pouvaient contenir des milliers de
substances différentes et que celles-ci influençaient les
qualités organoleptiques (1) du lait, et donc du comté qui
en est issu.
Or, avec la fin programmée des quotas laitiers,
l'enjeu est très important. L'élevage franc-comtois va-t-il
choisir la fuite en avant dans le productivisme et dans le
déni des questions environnementales ou chercher à
maintenir la qualité de l'AOP comté, dans une volonté de
trouver un équilibre avec le respect de la biodiversité des
prairies et de la protection des milieux aquatiques ?
Gérard Mamet
7
Le débat sur la transition énergétique en Franche-
Comté a montré l’intérêt et la mobilisation des Franc-
Comtois pour l’avenir de notre territoire. La participation
des citoyens a permis d’élever le débat en cohérence
avec les besoins régionaux.
À l’automne sera ouverte une consultation pu-
blique sur notre Schéma régional d’Aménagement et de
Développement durable du Territoire (SRADDT). Celui-ci
fixe les orientations fondamentales jusqu’en 2025. Ce
temps de dialogue territorial vous offre la possibilité de
participer à la conception nouvelle d’un modèle de déve-
loppement durable de notre région. Les réalités écolo-
giques, sociales et économiques nécessitent d'être
toutes trois prises en compte pour progresser vers une
plus grande cohésion des territoires, une réelle préserva-
tion de la biodiversité et une économie au bénéfice de
tous.
Nous vous invitons à participer nombreux
sur le site de la région pour l’avenir de la Franche-
Comté : http://www.franche-comte.fr
Nous vous rappelons que vous pouvez assis-
ter aux assemblées du Conseil régional ou visionner en
direct les débats des assemblées plénières du Conseil
régional de Franche-Comté sur le site : http://
www.franche-comte.fr/.
Les rendez-vous de la rentrée sont (dès 10
heures) :
Vendredi 18 octobre : Orientations budgétaires
2014
Vendredi 15 novembre : Décision modificative n°2
(budget) 2013
Jeudi 12 et vendredi 13 décembre : Budget primitif
2014
Vous pouvez également consulter sur le site
officiel de la Région toutes les décisions qui ont été prises
lors des plénières passées, ainsi que les modalités des
aides octroyées par la région (par exemple, appel à pro-
jets, Effilogis).
Pour le groupe des élus régionaux d’Europe
Écologie - Les Verts de Franche-Comté (1),
Isabelle Nouvellon
(1)Retrouvez-nous sur : http://elus-verts-crfc.blogspot.fr/
(vidéos des élus EÉLV en plénière et autres infos).
8
Conseil régional de Franche-Comté
VOUS AVEZ DIT DÉMOCRATIE
PARTICIPATIVE ?
9
Après le bilan des élus, après un premier forum en mars, des réunions de travail, le groupe local EÉLV de Besançon a diffusé un premier tract pour lancer le débat (1).
Quel message veut-on faire passer ?
Que les élections municipales vont se dérouler dans un contexte marqué par une crise chronique qui pèse sur les finances publiques. La réponse n'est ni dans les re-cettes libérales ni dans la croissance, mais dans de nou-veaux modèles de développement, de production et de « vivre-ensemble ».
Que la réorientation des politiques économiques dépend pour beaucoup d'un nouveau souffle européen, que nous espérons voir se lever lors des élections euro-péennes de 2014. Elle dépend aussi de la politique gou-vernementale, qui nous laisse sur nombre de points insa-tisfaits malgré des avancées certaines.
Qu'au niveau local, nous avons la responsabilité d'agir pour vivifier notre territoire et de débattre des enjeux essentiels.
Ces enjeux, nous en avons identifié sept :
La démocratie
Renouveler les conditions de la prise de décision pu-blique, sa préparation, son suivi et relier démocratie participa-tive et démocratie représentative sont, pour nous, deux impé-ratifs tant pour la ville que pour l'agglomération.
La transition écologique et l'emploi
Nous disons clairement non à des projets dits « de dé-veloppement », comme celui de la ZAC d'Auxon, non-sens économique et écologique. Nous disons clairement oui à des projets de développe-ment locaux au bénéfice de tous (éco-pole pour favoriser l’im-plantation d'une industrie d'avenir, rénovation de l'habitat, agriculture de proximité, etc.).
Le logement
Se loger, réduire les charges de chauffage, rénover, construire, favoriser l'habitat participatif, éviter l'étalement urbain constituent pour les écologistes des axes majeurs des politiques du logement et de l'urbanisme.
La mobilité Le tram va transformer la ville en améliorant les
déplacements et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, mais il reste beaucoup à faire pour diversifier et coordonner l'ensemble des modes de transport (bus, vélo, marche, etc.).
La jeunesse, l'éducation
La défense de l'université est un défi majeur pour Besançon et la région.
La question des rythmes scolaires doit être l'oc-casion d'élaborer un véritable projet pour l'enfance et la jeunesse avec les enseignants, les associations d'éduca-tion populaire, les associations de parents...
Le « vivre-ensemble »
Il ne se résume pas à la tranquillité publique, pour laquelle les caméras de surveillance ne peuvent rem-placer la présence humaine.
Il impose de renforcer les différentes politiques de solidarité et de les articuler au niveau local entre ce qui relève de la compétence de l'État, du Département et de la Ville.
La culture
Bibliothèques, musées, théâtres, mais aussi pra-tiques des amateurs et associatives : il faut maintenir et enrichir l'offre pour un public plus large.
Vous le constatez, il ne s'agit pas (encore) d'un
programme, mais de lignes directrices qu'il nous faudra développer et rendre concrètes.
Pour le groupe local,
Anne Vignot et Michel Boutanquoi
(1) Une AG se prononcera fin juin (en fait, ce sera fait quand vous lirez cet article) sur une stratégie de premier tour (autonomie, négociation avec le PS en vue d'un éven-tuel accord pour une liste commune, négociation avec d'autres partenaires).
LE GROUPE LOCAL DE BESANÇON EN CAMPAGNE
Municipales 2014
10
Un militant EÉLV franc-comtois à l’honneur
CONCOURS LÉPINE : MÉDAILLE D'ARGENT
CONTRE LES POLLUTIONS
Claude Simonin n’a l’allure ni d’un
héros, ni d’un jeune premier ; il passe
inaperçu quand on le rencontre dans la
rue. Et pourtant, cet agriculteur de 64 ans
a décroché une médaille d’argent au con-
cours Lépine (1).
Son parcours
Né en 1948 à Jussey (Haute-Saône), dans une fa-
mille de huit enfants, il a passé son enfance à Gevigney
(toujours dans le 70). Après une scolarité ordinaire, qui
s’est terminée par l’obtention du « certif’» (2) en 1962,
il travaille avec son frère dans la ferme familiale jusqu’au
service militaire. À son retour, passionné d’agriculture, il
souhaite poursuivre la tradition familiale, mais faute de
terre disponible, il ne peut réaliser son rêve. Il suit alors
une formation de chauffeur routier et travaille à Vesoul.
C’est alors qu’un grave accident l’oblige à se reconver-
tir : il obtient un poste à l’équipement, où il restera pen-
dant 19 ans, jusqu’à sa retraite. Il se consacre alors à sa
petite ferme, dans laquelle il élève des bêtes de con-
cours. Claude Simonin est marié, a eu trois enfants, dont
un est devenu agriculteur ; il est également l’heureux
grand-père de trois petits- enfants.
« Inventeur pas bricoleur » (L’Est Républicain,
23 mai 2013
À force de ranger des sangles lorsqu’il rentrait du
foin, Claude Simonin a eu l’idée d’inventer un enrouleur.
Mais n’ayant pas une âme de bricoleur, il se fait aider par
une entreprise locale de Gevigney-et-Mercey. Il dépose
le 20 mai 2010 la demande de brevet de son invention,
qui lui sera délivré le 28 décembre 2012, et c’est ce qui
lui vaut une invitation à participer au concours Lépine
2013.
De la suite dans les idées
Mais Claude Simonin ne s’arrête pas là. En effet, il
est révolté par le comportement de certains de ses col-
lègues agriculteurs, qui laissent des déchets plastiques
en bordure de chemin. L’agriculture produit environ
100 000 tonnes de déchets plastiques par an, dont
50 000 sont récupérées et recyclées, pas toujours dans
de bonnes conditions ; les 50 000 autres tonnes restent
dans la nature, ou sont brûlées à l’air libre, contribuant
ainsi à la pollution de notre planète. Parmi ces déchets,
les filets de bottes de foin et les films d’enrubannage.
Sa conscience écologique se ré-
veille alors et, comme il n’est pas à court
d’idées, il conçoit l'« enrouleur de plas-
tiques usagés », un appareillage très
simple, qui consiste à enrouler les filets
(des bottes de paille par exemple) et les
films plastiques dès la séparation d’avec
le fourrage. Il importe en effet que ces
filets restent propres et ne comportent
ni souillures, ni corps étrangers.
L’axe d’enroulement comporte des crochets qui s’escamo-
tent de façon que la manivelle soit amovible.
Cela permet d’obtenir une boule propre (important pour
le recyclage) de 25 kg, comprenant environ 80 filets, fa-
cile à manipuler.
11
En attente de ramassage, ces boules peuvent être
stockées dans le hangar à foin, en remplacement de
quelques bottes. Elles prendront néanmoins moins de
place que l’ensemble des bottes de foin.
Le chemin qui mène chez les Verts
C’est cette invention qui a amené Claude Simonin à
se rendre à Besançon, au 14 rue de la République, en
juillet 2012, juste après les élections législatives. Il s’était
réjoui de l’élection d’un député écologiste franc-comtois,
Éric Alauzet, et voulait le rencontrer pour lui présenter
son projet, qui n’était encore (et n'est d’ailleurs toujours)
qu’à l’état de prototype. Au bout de quelques rencontres
et de la rédaction du projet, l’invention est envoyée à
l’ADEME (3), qui n’a pas encore répondu à la sollicitation.
Et du travail pour notre député
Claude Simonin martèle : « Si les députés ne votent
pas une loi pour lutter contre les pollutions agricoles, les
agriculteurs ne bougeront pas et ne feront pas d’efforts.
Je les connais bien, je viens de ce milieu et je sais ce qu’ils
pensent. » C’est la raison pour laquelle il a sollicité Éric
Alauzet pour lui demander de rédiger et faire voter un
décret qui oblige les agriculteurs à récupérer les filets et
films d’enrubannage, et les vendeurs de ces matériaux à
organiser les collectes pour leurs clients (ces vendeurs
savent exactement les quantités utilisées par chaque
agriculteur), tout cela sous le contrôle de la préfecture.
De plus, il a constaté que l’intérieur des boules déga-
geait de la chaleur. Et les idées de continuer d’affluer :
peut-être pourrait-on en tirer un matériau d’isolation
pour les maisons ; ou bien les utiliser comme combustible
pour une chaufferie ; ou encore...
Parviendra-t-il à convaincre ? Pas si simple pour un
homme issu d’un milieu modeste, que le « tout informa-
tique » a laissé au bord de la route, qui n’est pas introduit
dans des réseaux et qui ne connaît pas des gens « bien
placés ». Et ensuite, combien de temps faudra-t-il pour
que l’invention de Claude Simonin (4) soit utilisée par les
agriculteurs et que l’on ne voie plus les déchets plastiques
agricoles dans la nature ? Mais notre homme est un opti-
miste. Après nos premières rencontres, il a pris sa carte
chez Europe Écologie. Nous lui souhaitons la bienvenue et
le félicitons pour son action sur le terrain, en faveur du
respect de l’environnement.
Suzy Antoine
(1) Louis Jean-Baptiste Lépine, 1846-1933
Plusieurs concours Lépine ont lieu par an, dans des en-
droits différents. Celui qui nous intéresse dans cet article
est le concours Lépine international, qui a eu lieu à Paris,
Porte de Versailles, du 30 avril au 12 mai 2013.
(2) Certificat de fin d’études primaire :
(3) Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Éner-
gie
(4) Claude Simonin - 10, route de Jussey - 70500 Gevigney-
et-Mercey - Tél : 03 84 76 77 40 / 06 82 08 42 13
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Comment recevoir La Feuille Verte?
12
Le 3 mai, l’Association Familiale Laïque (AFL) de Lure
(70) a coorganisé avec l’Association Luronne de Protection
de l’Environnement et de la Nature (ALPEN) une confé-
rence-débat sur les champs électromagnétiques (CEM).
Plus d’une centaine de personnes étaient présentes ce soir
-là à Lure, ce qui montre la préoccupation de la population
face à cette pollution invisible qui envahit notre cadre de
vie, tant dans les habitations qu’en dehors.
Pierre Le Ruz, docteur en physiologie, expert euro-
péen en matière de CEM et président du CRIIREM (Centre
de Recherche et d’Information Indépendantes sur les
Champs Électromagnétiques) avait fait le déplacement
pour expliquer les phénomènes physiques en jeu et leurs
conséquences sur le vivant. Il n’est pas possible de résumer
son exposé en quelques lignes, mais voici les lignes de
force de son propos.
L'électro-smog , vous connaissez?
M. Le Ruz a commencé par parler des ondes « basse
fréquence » de 50 herz (Hz). Il a expliqué que les conduc-
teurs électriques qui traversent nos campagnes en haute,
moyenne ou basse tension, ainsi que ceux qui équipent
nos habitations, engendrent un champ électrique et un
champ magnétique, qui lui-même crée un courant induit
dans notre organisme. Plus la tension est élevée, plus les
champs sont importants. Ils se mesurent en volts par
mètre (V/m) pour les champs électriques et en micro-Tesla
(µT) pour les champs magnétiques. Au-delà de certaines
valeurs, ces champs présentent des effets nocifs. Les cou-
loirs de lignes à haute tension posent un vrai problème
sanitaire aux personnes qui vivent à proximité. Par ailleurs,
les champs électromagnétiques engendrés par les conduc-
teurs 220 V peuvent polluer les pièces d’habitation. C’est
particulièrement gênant pour les lieux de repos. Une ex-
position chronique à cet « électro smog » a des effets phy-
siologiques délétères (voir plus loin).
Par ailleurs, une pollution électromagnétique d’im-
portante croissante provient des ondes dites
« hyperfréquence » ou « micro-ondes », engendrées par
les relais de téléphonie mobile, les téléphones cellu-
laires, les radars, les fours à micro-ondes (qui émettent
des ondes à l’extérieur, même quand ils fonctionnent
bien), les équipements wifi et Wimax, les téléphones
mobiles d’intérieur (DECT), et bien d’autres sources en-
core. Comme les ondes basse fréquence, ces ondes sont
indétectables sans appareil, mais certaines personnes,
dites électrosensibles, les ressentent plus ou moins for-
tement.
Stress métabolique
En fait, nous sommes tous électrosensibles, car
notre système nerveux est un système bioélectrique. À
l’instar des animaux, un certain nombre de nos cellules
contiennent des microcristaux de magnétite, qui se met-
tent à vibrer sous l’effet des CEM. Jusqu’à un certain
niveau, variable selon les individus, leur état de santé et
leur âge (les enfants sont beaucoup plus vulnérables que
les adultes), l’organisme s’en accommode. Au-delà, le
stress métabolique subi engendre des dysfonctionne-
ments organiques potentiellement cancérigènes à partir
d’un certain niveau. Un certain nombre d’effets cliniques
sont répertoriés : fatigabilité, irritabilité, nausées, cé-
phalées, anorexie, dépression, brachycardie, tachycar-
die, hyper ou hypotension, somnolence, insomnie, diffi-
culté de concentration, allergies cutanées, eczéma, pso-
riasis, modifications de la formule sanguine, perturba-
tions de l’électroencéphalogramme et de la reproduc-
tion, atteintes aux organes des sens (vision, ouïe, odo-
rat).
Des normes sont sensées protéger la population.
Elles diffèrent sensiblement d’un pays à l’autre, les fran-
çaises étant particulièrement laxistes. À titre d’exemple,
pour les hyperfréquences, les Français peuvent être
Lure : Conférence-débat
SATANÉS CHAMPS MAGNÉTIQUES !
13
exposés à 41 V/m, quand les Suisses sont protégés à partir
de 4 V/m, et les Toscans de 0,5 V/m. Il faut savoir que les
équipements électroniques ne doivent pas être exposés à
plus de 3 V/m, sous peine de dysfonctionnement, soit 13
fois moins que les personnes vivant en France ! Les recom-
mandations scientifiques internationales, quant à elles,
préconisent de ne pas dépasser 0,6 V/m. (1)
François Vetter
(1) M. Le Ruz nous laissé sa documentation et ses supports
de présentation. Si vous souhaitez approfondir la question,
organiser une causerie sur ce sujet ou vérifier votre niveau
d’exposition aux CEM (nous disposons d’un peu de matériel
de mesure), vous pouvez prendre contact avec l’AFL de
Lure : 06 65 47 65 29 ou [email protected].
Nous vous invitons également à visiter le site du CRIIREM :
www.criirem.org.
LA PUB NOUS AIME, ON AIME LA PUB
Quatre pleines pages de pub en couleur pour
célébrer la naissance du nouveau smartphone Galaxy S4
de Samsung ! Passons sur l'obscénité du fric engagé dans
une pareille campagne (et aussi des retombées finan-
cières attendues, bien sûr) ; passons même sur l'emploi
de l'anglais – Dual Camera, Drama Shot, Sound and Shot -
dans une pub destinée à un public français : il faut vrai-
ment être un vieux schnock pour faire encore de telles
remarques alors même que notre beau pays, sous la hou-
lette de socialistes quasi analphabètes dans leur propre
langue, introduit des cours en anglais dans son Universi-
té. En fait, le plus beau dans cette publicité, c'est son
slogan : Mon smartphone, ma vie. Tout est dit en quatre
mots. Et c'est vrai qu'il suffit de regarder autour de soi
pour le constater : pour des millions de gens, la vie
semble être devenue proprement impensable sans
smartphone (1)…
Qu'on se le dise : Toulouse, ça fait plouc.
Pour être dans le coup, maintenant, on est prié de dire
So Toulouse. Pour les « créatifs » de la Ville rose, le nom
seul de leur cité ne suffit manifestement plus à attirer
l'attention... et surtout les visiteurs - objectif 2013 : en
accueillir plus de 6 millions !... So Toulouse se veut donc
un outil de « marketing territorial », destiné à vendre du
Toulouse comme de la bagnole, de la godasse ou de la caca-
houète. (Notons que Tellement Toulouse eût été insuppor-
tablement ploucquissime !) Nul doute qu'on ne tardera pas
à voir apparaître l'équivalent dans d'autres villes ou régions
(l'ineffable Gérard Collomb a déjà, lui, Only Lyon). En atten-
dant, c'est la ville de Nougaro et de Zebda qui est livrée aux
marketeux, aux pubeux, aux anglomanes.
So what ?...
Gérard Roy (1) Au fait, ça nous écorcherait de dire plutôt
« ordiphone », « TP » (pour « terminal de poche »), voire,
comme nos cousins québécois, « téléphone intelli-
gent » (encore qu'on puisse voir dans cette expression
comme un vague oxymore) ?
Ils ont de la suite dans les idées,
les journalistes de M, le magazine du
Monde (1). Après avoir consacré leur
couverture du 9 mars à l' « agaçante »
Cécile Duflot (voir La Feuille Verte
d'avril dernier, pp. 24-25), les voilà qui
titrent celle du 15 juin : « Caroline
Fourest, la laïque qui rend hystérique »
- autre façon de dire que celle-ci aussi
agace passablement.
Journaliste et essayiste considérablement média-
tisée (peut-être trop, ce qui expliquerait en partie cet
agacement ?) depuis quelque temps, Caroline Fourest,
c'est sûr, ne laisse pas indifférent. On ne s'attardera pas
sur le fait que la droite la déteste, toutes tendances
confondues : c'est normal, et c'est très bien ainsi, vu sa
vie personnelle (lesbienne revendiquée, elle partage
l'existence de Fiametta Venner, avec qui elle a fondé la
revue ProChoix), les combats qu'elle mène (pour le ma-
riage gay, contre l'homophobie, contre le Front natio-
nal, etc.) et les valeurs qu'elle défend (le féminisme,
une laïcité sans compromis par exemple). Comme elle le
dit elle-même en citant Diderot, « il y a des hommes
dont il est glorieux d'être haï ». Notons que cette détes-
tation va jusqu'à la menace et l'agression physiques, à
tel point que Caroline Fourest « bénéficie » désormais
d'une protection policière.
La tarte à la crème islamophobe
Plus « intéressante », si l'on peut dire, la franche
inimitié que lui voue une très large partie de la gauche
(en admettant que soient réellement « de gauche »
tous ceux qui s'en revendiquent, mais on ne s'engagera
pas ici dans ce débat). Certes, cette animosité peut en
partie s'expliquer : par certaines erreurs ou approxima-
tions dans ses enquêtes ; par la proximité réelle
(Philippe Val) ou supposée (Manuel Valls) qu'elle entre-
tient / entretiendrait avec des personnalités qui, à tort
ou à raison, hérissent le poil d'une certaine gauche ; par
la jalousie (compréhensible ?) de certains qui, réfléchis-
sant et se battant peu ou prou sur les mêmes
« créneaux », se retrouvent moins placés qu'elle sous
les feux médiatiques, etc. Mais on n'acceptera pas, en
revanche, les accusations récurrentes portées contre
elle par toute une fraction de la
gauche : Caroline ferait le jeu des ra-
cistes et des islamophobes.
M'étant déjà longuement expliqué à ce
sujet, je ne reviendrai pas sur l'aveu-
glement des uns et la perversité des
autres qui placent sur le même plan le
racisme et la méfiance envers une reli-
gion. Dans le cas qui nous occupe, le
simplisme du raisonnement saute aux
yeux : Fourest milite pour une stricte laïcité, elle s'en
prend aux dérives des islamistes (entre autres, elle
s'élève contre le port du voile), elle dénonce (en sep-
tembre 2001, lors de la conférence contre le racisme
tenue à Durban) l'antisémitisme virulent de certains sou-
tiens à la cause palestinienne, donc elle est anti-
musulmane, donc elle est raciste puisque les musulmans,
dans leur quasi-totalité, ne sont pas des « blancs » ou, si
l'on préfère, des Européens. Et toc ! Imparable !
Intégrisme, où ça ?
Évidemment, il est beaucoup plus facile (et bien plus
payant en matière de popularité) de s'en prendre ainsi
au « racisme » et à l' « islamophobie » de Caroline que
de partager ses combats. Pour une certaine extrême
gauche, par exemple (la même qui se pâmait d'admira-
tion devant Hugo Chavez et ne déteste pas les diatribes
antijuives des autorités iraniennes, lavées de toute infa-
mie puisque anti-israéliennes), toute réticence dans le
14
Elle court, elle court, la Fourest
VAS-Y, CARO !
Dessin publié avec l’aimable
autorisation de Charlie Hebdo
15
soutien aux « bonnes » causes (et Allah sait si la Palestine
en est une !) est immédiatement assimilable à une posi-
tion hostile. De même, démont(r)er les ambiguïtés d'un
Tariq Ramadan (lequel réclama naguère, rappelons-le, un
« moratoire » sur les lapidations de femmes adultères !)
ou ne pas se voiler pudiquement la face devant le
sexisme et l'intégrisme qui font des ravages dans certains
quartiers populaires, c'est forcément faire preuve de dis-
crimination envers les opprimés, de préférence musul-
mans. Caroline a récemment aggravé encore son cas en
défendant les Femen, qui sont au féminisme soft et bien
élevé de certaine)s ce que Voltaire est à Bernard-Henri
Lévy.
On l'aura compris : comme Cécile Duflot, comme Domi-
nique Voynet, comme Sophia Aram dans un autre genre
(mais finalement pas si éloigné que ça), Caroline Fourest
fait partie de ces « agaçantes » qui filent de l'urticaire aux
dogmatiques, aux bien-pensants, aux songe-creux et aux
mous du genou. Dans une société où le débat intellectuel
ressemble de plus en plus à un sirop de barbapapa dans
une eau tiédasse, ça fait du bien de lire ou d'entendre ce
genre de teigneuses.
Continuez, les filles !
Gérard Roy
(1) Entre parenthèses, il est permis de trouver assez
déconcertant (doux euphémisme) le succès de cette publica-
tion, sorte de catalogue BCBG futile et friqué.
Bebolucija
UN PRINTEMPS BOSNIAQUE ?
La Bosnie - ou plus exac-
tement et plus complètement
la Bosnie-Herzégovine -, tout
le monde s'en fiche, ou peu
s'en faut. Depuis que ces sau-
vages de Bosniaques, de
Serbes et de Croates ont ces-
sé de s'étriper joyeusement
comme ils l'ont fait avec un
bel enthousiasme entre avril
1992 et décembre 1995, les
médias se désintéressent
presque totalement de ce
petit pays des Balkans ; les touristes, eux, font trois pe-
tits tours sur le pont de Mostar (refait à l'identique
après sa destruction par les Croates) et puis s'en vont
vite retrouver les plages de la proche Dalmatie. Tout au
plus souligne-t-on de temps en temps que la Bosnie est
un pays bien compliqué (que voulez-vous, c'est ça, les
Balkans !), que le taux de chômage y tutoie les 46 % et
que 18 ans après les calamiteux accords de Dayton, les
trois « ethnies » principales, et tout particulièrement les
représentants politiques d'icelles, s'y regardent toujours
en chiens de faïence. Même les sinistres Karadzic
et Mladic, incarcérés à La
Haye, ne font plus que très
exceptionnellement recette.
Et pourtant, à l'heure où
j'écris ces lignes, il est en train
de se passer là-bas (à deux
heures d'avion de Paris,
comme on disait à l'époque où
Mitterrand faisait tout pour ne
pas gêner la Serbie et ses sup-
plétifs locaux dans leur entre-
prise de nettoyage ethnique)
ce qu'on appellera peut-être un jour le « printemps bos-
nien » (1). Certes, ça n'a - pour le moment ? - que peu à
voir avec les « printemps » arabes ou turc, pas plus
qu'avec le « printemps érable » des étudiants québécois
en 2012 ou le tout nouveau (et désormais plus estival que
printanier) « printemps brésilien ». Mais le mouvement
entamé début juin à Sarajevo a un caractère si particulier
qu'il pourrait bien (en tout cas, c'est ce qu'il faut souhaiter
à ce merveilleux pays) faire enfin bouger des lignes com-
plètement bloquées depuis la fin de la guerre.
16
Pas de numéro, pas de passeport !
Tout a commencé à cause d'une situation
ubuesque. Depuis début février, les députés bosniens
(auprès desquels nos élus sont des parangons de vertu,
d'efficacité et de dévouement au bien public) sont inca-
pables de se mettre d'accord sur un nouveau système
d'enregistrement administratif des nouveaux-nés. On
doit à la vérité de préciser que, si les représentants des
trois « ethnies » ont leur part de responsabilité, ce sont
surtout les députés de la Republika Srpska (République
serbe), l'une des deux « entités » du pays (l'autre étant
la Fédération croato-musulmane ou croato-bosniaque),
qui font des pieds et des mains pour paralyser un État
central dont ils ne veulent pas et que Dayton s'est ingé-
nié à créer aussi faible que possible (2). Or, sans cet en-
registrement administratif, les nouveaux-nés ne peuvent
plus obtenir ni passeport, ni sécurité sociale.
C'est Belmina Ibrisevic, une petite fille de 3 mois,
qui a été le détonateur de la colère bosnienne. Atteinte
d'une grave maladie, elle avait besoin d'une intervention
médicale à l'étranger, rendue impossible par l'absence
de numéro d'identification. L'affaire a fait grand bruit
sur les réseaux sociaux et un mouvement spontané de
rage et d'écœurement a abouti, le 6 juin, à la « prise en
otages », par une foule de Sarajeviens excédés, mais
parfaitement calmes et pacifiques (3), des députés coin-
cés dans le Parlement avec les 350 participants étran-
gers à une conférence.
La révolution des poussettes
Le mouvement était lancé. Baptisé
« bebolucija » (mot-valise formé à partir de beba - bébé -
et de revolucija - révolution), il a rapidement pris de l'im-
portance. Le 11 juin, près de 10 000 citoyens (et un grand
nombre de bébés en poussettes !) ont de nouveau pro-
testé dans la capitale contre l'incroyable incurie de leurs
députés grassement payés (en gros, ils touchent 7 à 8
fois le salaire moyen du pays, sans compter les multiples
avantages qu'ils s'octroient). Depuis, les manifestations
se succèdent et ont gagné plusieurs autres villes : Zenica,
Tuzla, Prijedor, Brcko, Mostar, etc. Les étudiants - traités
de « bâtards » par le chef du parti gouvernemental de la
Republika Srpska - ont même pris le relais à Banja Luka,
« capitale » de la RS, malgré l'interdiction décrétée par
les autorités de l'entité.
Comme les autres « printemps », celui-ci est popu-
laire, spontané, sans leaders et ne doit rien aux partis,
de toute façon aussi discrédités que leurs élus (même si
les Bosniens désabusés continuent à voter majoritaire-
ment pour eux) ; bien plus que les autres (sauf peut-être
le québécois), il est totalement pacifique et non-violent :
les manifestants décident même des moments de si-
lence absolu... pour permettre à leurs députés de tra-
vailler ! Mais ce qui constitue - pour le moment du
moins - sa caractéristique la plus remarquable, et peut-
être la plus porteuse d'espoir, outre qu'il rassemble les
foules les plus nombreuses depuis les manifestations
pour tenter d'éviter la guerre en 1992, c'est son carac-
tère totalement multiethnique.
17
Tous ensemble, tous ensemble, ouais !
Depuis 1995, les politiciens (surtout du côté serbe,
mais pas seulement) s'ingénient à maintenir, voire à ac-
croître les divisions ethniques, en jouant sur des peurs et
des méfiances réciproques qui leur permettent de main-
tenir leur pouvoir et leurs privilèges ; ils sont en cela puis-
samment aidés par une division administrative aussi inco-
hérente que paralysante (sans parler de son coût finan-
cier démentiel). Or ce mois de juin aura vu, pour la pre-
mière fois depuis 20 ans, des citoyens de toutes les ré-
gions du pays se réveiller d'une sorte de longue léthargie
due non seulement aux séquelles d'une guerre impi-
toyable, mais aussi à une situation économique et sociale
catastrophique. Bosniaques, Croates et Serbes réunis
sont peut-être en train d'ébranler sérieusement un sys-
tème pourri. Autre raison de se réjouir : dans une Saraje-
vo à 80 % musulmane depuis les déplacements de popu-
lation des années 90, les extrémistes islamistes (il y en a,
généreusement subventionnés par certains pays du
Moyen-Orient, qui financent par exemple de luxueuses
mosquées) ne jouent strictement aucun rôle dans ce
mouvement.
Pour le moment, le « moteur » de cette colère po-
pulaire est surtout l'exaspération, voire le dégoût, devant
un système politique totalement « bloqué » et inefficace,
soigneusement maintenu dans son incohérence par des
politicards jamais à court d'idées pour empêcher l'État
bosnien de fonctionner (4) ; mais est-il exagérément opti-
miste, dans une région où le pire est toujours possible, de
voir dans cette « bebolucija » l'amorce d'une conscience
citoyenne transcendant enfin les divisions ethniques et
religieuses soigneusement entretenues par ceux qui en
profitent - mafias politiques, autorités religieuses (5) ? La
réponse ne devrait guère tarder : après la mort de la pe-
tite Belmina, il est difficile d'imaginer que la tension re-
tombe…
Gérard Roy
(1) Oui, bosnien, et non bosniaque. Les Bosniaques
(ex-Musulmans dans la terminologie officielle yougoslave) constituent avec les Serbes et les Croates le peuple bosnien, c'est-à-dire le peuple de Bosnie-Herzégovine.
(2) Ça va, vous suivez ?... (3) Ce qui n'est pas forcément évident dans un pays
où j'ai vu, à la porte d'un musée, un panneau d'interdic-tion d'entrer... avec une arme !
(4) Arguant de « l'insécurité » qui règnerait dans la capitale, les plus extrémistes des députés serbes d'abord, croates ensuite ont décidé de ne plus aller siéger à Sarajevo !
(5) Ah ! les popes orthodoxes qui bénissaient les miliciens partant pour leur « nettoyage ethnique » au début des années 90 !...
Les deux photos de cette page ont été prises
par Gérard Roy lors de son
séjour en Bosnie.
18
Cette rubrique a pour ambition de proposer un re-
gard critique sur l'actualité scientifique, en montrant tan-
tôt les dangers, tantôt les espoirs suscités par les re-
cherches et les découvertes. La revue La Recherche a pu-
blié, dans son numéro de juin 2013, un dossier spécial de
17 pages sur les perturbateurs endocriniens, ces subs-
tances qui perturbent le fonctionnement hormonal et me-
nacent notre santé. Une autre revue, Pour la Science, du
même mois, publie aussi un article sur le sujet. Cela valait
bien une attention particulière de La Feuille Verte.
1. Des poisons qui malmènent les hormones
Le distilbène est une hormone de synthèse (voir 4),
le chlordécone un insecticide, les PCB ont servi d'isolants
électriques et le bisphénol A est un composant de certains
plastiques (voir 3). Ces produits ont en commun de pertur-
ber le système hormonal. Les hormones circulent dans le
sang, agissent sur des cibles variées et concernent l'en-
semble du corps. Or le nombre de maladies liées au dérè-
glement hormonal ne cesse d'augmenter depuis vingt ans.
Une des difficultés dans la compréhension de ces maladies,
c'est que les perturbateurs endocriniens, comme les hor-
mones, agissent à très faible dose. Pire : il n'y a pas forcé-
ment des effets proportionnels à la dose. Si, à partir de
zéro, on augmente progressivement la dose, les effets aug-
mentent d'abord, passent par un maximum puis diminuent
(forme en U inversé). On a même des cas où la dose élevée
aboutit à l'effet inverse de la faible dose. Pour cette raison,
les tests habituels de toxicité, basés sur l'idée que c'est la
dose qui fait le poison, sont inadaptés. (La Recherche n°
476, juin 2013, pp. 40 à 45).
2. La contre-attaque s'organise pour les élimi-ner
Les tests règlementaires utilisés actuellement pour
détecter les effets toxiques d'un produit, avant sa mise sur
le marché, ne sont pas adéquats pour les perturbateurs
endocriniens. Ils permettent de repérer des effets cancéri-
gènes, la mort ou les malformations du fœtus, mais pas
des effets plus discrets, n'intervenant parfois que sur la
descendance. Une autre cause de difficulté est l'action à
faible dose. En toxicologie classique, en diminuant progres-
sivement les doses, on arrive à un seuil de concentration
en dessous duquel le produit n'a plus d'effets (dose dite
acceptable). Or avec les perturbateurs endocriniens, si on
continue les expériences au-delà, avec des concentrations
bien plus faibles, on peut détecter de nouveau des effets à
un moment donné. Les chercheurs sont en train de mettre
au point de nouveaux protocoles de test incluant les
faibles doses et donc une gamme de concentrations plus
étendue. (La Recherche n° 476, juin 2013, pp. 46 à 48).
3. La carte d'identité du bisphénol A
Le bisphénol A a d'abord été étudié dans les
années 30 pour ses faibles propriétés d'œstrogène. À par-
tir des années 60, il est massivement utilisé dans la fabri-
cation de certains plastiques et résines. La production
annuelle est de 3,8 millions de tonnes. On le retrouve
dans les plastiques en polycarbonate (bouteilles, embal-
lages alimentaires, CD, DVD...), les revêtements internes
des boîtes de conserve, les colles et les peintures, les
tickets de caisses et les reçus de carte bancaire, etc. La
voie alimentaire représente 80 % des expositions au bis-
phénol A, par la diffusion du produit du contenant vers la
boisson ou l'aliment. En France, la loi interdit depuis le 1er
janvier 2013 le bisphénol A dans les conditionnements de
produits alimentaires destinés aux enfants de moins de 3
ans. En 2015, l'interdiction s'étendra à tous les condition-
nements de produits alimentaires. (La Recherche n° 476,
juin 2013, pp. 49 et 53).
4. Le distilbène en France, un scandale au long
cours
Science et écologie
SPECIAL PERTURBATEURS ENDOCRINIENS
19
En 1970, deux médecins américains de Boston
observent six cas de cancer rare chez des jeunes filles de
15 à 22 ans. Ils suspectent rapidement un problème de
santé publique et, poursuivant leur enquête, il font le
rapprochement avec la prise d'un médicament, appelé en
France le distilbène, pendant le premier trimestre de
grossesse des mères. Dès 1971, ce médicament est
contre-indiqué aux USA pour les femmes enceintes. En
1972, lors d'une conférence à Paris, un des médecins
américains met en garde ses collègues français contre
l'utilisation du produit. Mais il faudra attendre 1977 pour
que la contre-indication intervienne en France chez les
femmes enceintes, et encore de manière très discrète.
C'est en 2010 que le distilbène est décrit comme le pre-
mier perturbateur endocrinien connu. Bien que ses effets
aient été progressivement observés aussi chez les enfants
puis les petits-enfants, une surveillance des femmes ex-
posées et de leur descendance vient seulement d'être
mise en oeuvre, en 2013. (La Recherche n° 476, juin 2013,
pp. 50 à 54).
5. Perturbateurs endocriniens : l'EFSA botte en touche
Le 20 mars 2013, l'Autorité européenne de Sécurité
des Aliments, l'EFSA (1), a rendu public son avis sur les
perturbateurs endocriniens à la suite d'une demande de
la Commisson européenne. Alors que de très nombreuses
publications montrent les effets de ces substances sur les
écosystèmes et la santé humaine, l'EFSA considère que le
fondement scientifique de ces effets « n'est pas con-
cluant », bafouant au passage le principe de précaution.
Pire, l'EFSA suggère même que les faibles doses n'auraient
pas forcément un effet néfaste et que l'organisme pour-
rait s'adapter. L'EFSA se fourvoie donc avec le vieux sché-
ma selon lequel « c'est la dose qui fait le poison », ralen-
tissant ainsi la mise au point et la généralisation de tests
mieux adaptés à la détection des perturbateurs endocri-
niens. (Pour la science n° 429, juin 2013, pp. 14-15).
Commentaire général :
Avec les perturbateurs endocriniens, il y a bien,
au départ, une difficulté méthodologique pour détec-
ter leur nocivité, parce que leurs effets ne sont pas de
type « linéaire », c'est-à-dire proportionnels à la dose,
et parce que les conséquences sur la descendance ne
peuvent pas être signalées tout de suite. Mais, chaque
fois, des médecins ont assez rapidement observé des
pathologies inexpliquées et, en poursuivant leurs inves-
tigations, ils ont fait des rapprochements avec ces subs-
tances.
Ensuite, il y a eu beaucoup de temps perdu et
de nombreux drames auraient pu être évités. Les
causes du retard sont multiples : inertie des habitudes,
ignorance et manque d'information des personnels de
santé, peur d'affoler les patients, poids du lobby des
fabricants qui pourrait être aussi à l'origine de la ré-
cente position de l'EFSA, etc.
EÉLV a toujours été favorable au renforcement
des tests préalables à la mise sur le marché et au déve-
loppement des systèmes d'alerte. Dès que des effets
indésirés graves sont mis en évidence, il faut que les
responsables politiques aient le courage d'affronter les
lobbies et d'imposer rapidement des principes de pré-
caution stricts. C'est leur rôle de défendre la primauté
absolue de l'intérêt général en matière de santé pu-
blique.
Gérard Mamet
(1) EFSA : European Food Safety Authority, Auto-
rité européenne de Sécurité des Aliments.
20
OUI, TOUT DE SUITE !
EÉLV-Franche-Comté
apporte son soutien sans
faille à Yves Ketterer, militant
écologiste franc-comtois, qui
a entamé le 10 juin une grève
de la faim devant le ministère
de la Santé, et demande avec
lui et l'association E3M
(Entraide aux Malades de
Myofasciite à Macrophages)
la mise à disposition sans
tarder de vaccins sans alumi-
nium. En effet, bien qu'utilisé
comme adjuvant (depuis 90
ans aux USA), l'aluminium non seulement n'a jamais
fait la preuve de son innocuité, mais est aujourd'hui de
plus en plus fortement soupçonné de faire courir des
risques, d'autant plus que, dans le cas des vaccins, il est
directement introduit dans l'organisme, sans l'effet
barrière des voies digestive et cutanée ; ses effets né-
fastes pourraient se manifester des années, voire des
dizaines d'années plus tard…
EÉLV rappelle à la Ministre de la Santé, Marisol
Touraine, qu'elle s'était engagée à permettre aux fa-
milles d'avoir le choix (vaccin avec ou sans aluminium),
comme c'était le cas avant 2008. La suspension cette
année-là du DTPolio sans aluminium s'est faite sur la
base de déclarations inexactes, comme l'a démontré
l'enquête de l'AFSSAPS (devenue ANSM, Agence de
Santé du Médicament). L'Autorisation de Mise sur le
Marché (AMM) du DTPolio sans aluminium est toujours
valide .
Alors que l’Académie
de Médecine reconnaît que
l’aluminium contenu dans
les vaccins migre vers le
cerveau, que le Conseil
d'État a reconnu le lien de
causalité entre cet adju-
vant et la myofasciite à
macrophages (fin 2012,
début 2013) et que l'alumi-
nium est soupçonné de
favoriser, voire de provo-
quer, diverses autres mala-
dies graves, la sécurité
vaccinale doit-elle continuer à rester un sujet mineur ?
Combien de malades faudra-t-il pour réagir ? Les autori-
tés sanitaires françaises doivent appliquer le principe de
précaution en remettant immédiatement à disposition
un vaccin DTPolio sans adjuvant ou sur phosphate de
calcium (utilisé pendant des décennies sans effets indé-
sirables), le DTPolio étant obligatoire pour les enfants
en collectivité (1).
Brigitte Monnet et Bernard Lachambre
Cosecrétaires régionaux EÉLV
(1) N'oubliez pas de signer en ligne la pétition portée par
Change.org :
http://www.change.org/fr/pétitions/nous-demandons-
des-vaccins-sans-aluminium-pour-protéger-nos-enfants
Site E3M : http://myofasciite.fr
Blog E3M: http://blog.myofasciite.fr
Des vaccins sans aluminium ?
RETRAITES : UN JEU DE DUPES Le gouvernement veut réformer les retraites. Pour
cela, il a commandé un rapport, un de plus. Il invite les
partenaires sociaux à une concertation. Et il annonce un
projet de loi pour la fin de l'été. Le premier ministre
s'engage à une juste répartition des efforts et de son
côté, le président affirme qu'il ne s'agit pas de remettre
tout à plat.
Alors de quoi s'agit-il ? Visiblement, de combler le
déficit à moyen terme. Autrement dit, de poursuivre le
travail d'ajustement à la baisse entrepris depuis 20 ans
et la réforme Balladur.
À qui fera-t-on croire qu'en mettant sur la table
les propositions du rapport Moreau et uniquement
celles-ci, en limitant le temps de la discussion au cœur
de l'été, une réelle concertation s'organisera et on verra
s'ouvrir la possibilité de réfléchir au système et à ses
évolutions souhaitables ?
Ce qui va advenir relève du jeu de dupes : je
monte au créneau sur la retraite des fonctionnaires
pour que soit lâché un peu de lest sur la durée de coti-
sation ! Je cause indexation des pensions et on finit sur
une petite augmentation des contributions salariales et
patronales !
L'avenir des retraites ne mérite-t-il pas qu'on
prenne le temps de tout mettre sur la table, et pas uni-
quement quelques chiffres auxquels, on les sortant de
leurs contextes, on peut faire dire n'importe quoi ?
Pourquoi soudain cette urgence quand, depuis
vingt ans, on bricole, on rafistole et on précarise ?
Est-on si pressé de passer un nouveau coup de ra-
bot qui, à coup sur, sera suivi d'un autre ?
Comme pour la fiscalité, comme pour les
allocations familiales, le gouvernement avance en
canard, dodeline sur un horizon immédiat, comme inca-
pable d'une vision à plus long terme. Il ne reste alors
qu'à négocier un nouveau recul des droits sociaux au
lieu de tenter de penser leur refonte.
Nous sommes dans le règne du compromis
social-démocrate : on se satisfait du fait que chaque
partenaire abandonne un petit quelque chose (comme
dans le cadre de l'ANI), sans jamais oser dessiner
d'autres perspectives.
Le courage politique consisterait d'abord à
affronter les oppositions idéologiques, à ouvrir le débat
de fond en liant les questions qui le méritent. Peut-on -
un simple exemple - parler de la retraite sans aborder
les questions du travail (accès, conditions, déroulement
de carrière, formation, etc.) ?
Le courage politique consisterait non pas à sim-
plement franchir l'obstacle, mais à poser les bases d'une
refondation. Et cela exige du temps pour passer d'un
compromis fragile et peu durable à un consensus qui
marque une rupture et un renouveau (1).
C'est peu dire que nous n'avons pas fini d'ac-
cumuler les déceptions.
Michel Boutanquoi
(1) Le terme consensus a pris une connotation
péjorative et quasiment le sens de compromis à travers
l'expression « consensus mou ». Serge Moscovici
(psychologue social et père du député du Doubs) a mon-
tré dans son livre Dissensions et consensus que le con-
sensus est une élaboration collective qui permet, à partir
de deux représentations en conflit, d'en produire une
nouvelle et ainsi de produire du changement.
On passe de la logique « qui gagne ? qui perd ? »
à une logique de création. Pour le dire autrement, la
protection sociale demeure une valeur et une exigence
essentielles. La question est aujourd'hui de savoir com-
ment on la fait vivre dans un monde qui n'est plus celui
de l'après-guerre.
21
Une concertation, quelle concertation ?
Dessin publié avec l’aimable
autorisation de Charlie Hebdo
C'est le thème qu'avait choisi de développer le
groupe bisontin de « Roosevelt 2012 » (1), mardi 18 juin,
à la salle Battant. Inutile de laisser planer le moindre sus-
pense : la réponse est non. La conférencière, Laurence
Scialom, spécialiste de l'économie financière, est revenue
sur la loi de séparation des activités bancaires. Voici
quelques éléments d'analyse et de réflexion.
Des risques inconsidé-
rés... non assumés
Les banques généralistes
ont deux types d'activités : les dé-
pôts et les placements. Depuis le
développement de l'ingénierie
financière, les banques ont des
comportements extravagants :
elles prennent des risques inconsi-
dérés sur des placements
spéculatifs. Or, depuis 1996, ce sont elles-mêmes
qui calculent ce risque, comme un risque météo (le fait de
prendre son parapluie ne fait pas pleuvoir). Or dans le
fonctionnement financier, le risque est aussi « interne » :
le fait que les banques prennent certaines décisions va
changer la donne et provoquer des comportements mi-
métiques qui ne sont pas du tout pris en compte dans le
modèle.
Mais pourquoi les banquiers se gêneraient-ils ?
D'une part, ils bénéficient d'une garantie de l'État qui leur
permet d'avoir des taux avantageux de prêts. Cela corres-
pond, en France, à une sorte de « subvention de
48 milliards pour l'année 2011 », somme bien supérieure
à ce que les banques paient en impôts et taxes. Par ail-
leurs, elles se débarrassent aussi du risque par le système
opaque de la « titrisation », qui va le diffuser dans l'en-
semble du système financier, rendant celui-ci extrême-
ment vulnérable en cas de crise, comme on l'a vu en
2008. Et plus le système est dérégulé, plus les crises sont
graves.
Dans ce type de cycle, on a d'abord une période
d'euphorie, avec distribution massive de crédit : l'immobi-
lier, les actions grimpent, la bulle spéculative gonfle. À un
moment donné, la belle machine s'enraye, le doute puis la
panique s'installent. Les cours s'effondrent, entraînant les
banques puis les économies dans la crise. Et il y a en
fait « privatisation des gains » (des fortunes
énormes se constituent pendant les périodes d'eu-
phorie) et « socialisation des pertes » au moment
de la crise (puisque ce sont les contribuables qui
paient à ce moment-là).
Une réforme vraiment
minimale
À partir de ce qui vient
d'être dit, on peut entrevoir cer-
tains éléments de solution. Par
exemple, obliger les banques à
mettre davantage de capital dans
le risque pour qu'elles aient un
comportement prudentiel. Mais
une partie de la réforme ne sert à
rien, puisque la loi votée « interdit
des opérations qui n'existent pas », dixit la conféren-
cière.
Une autre partie de la solution serait de limiter
la taille des banques puisque les études montrent que
plus une banque accroit sa taille, « plus elle déforme son
bilan par des activités de marché ». À la question « Est-
ce que le système financier soutient l'activité écono-
mique ? », Laurence Scialom répond : « Jusqu'à un cer-
tain seuil, qui est aujourd'hui largement dépassé. » Ac-
tuellement, le système financier « pèse » sur la crois-
sance.
Mais la question-clé reste la séparation entre les
activités de dépôts et les activités de placements. Or,
dans une banque généraliste comme le Crédit Agricole,
c'est le même capital qui garantit les sommes placées
sur les marchés et les dépôts des particuliers.
22
Séparation des activités bancaires
LA FINANCE EST-ELLE AUJOURD'HUI SOUS CONTRÔLE ?
23
Les activités spéculatives peuvent donc mettre en
danger les dépôts. Et tant que les banques bénéficient de
cette protection et de la garantie de l'État, elles sont
dans une sorte d'impunité qui les pousse à prendre des
risques inconsidérés qui, aux dires de la conférencière,
ne profitent qu'aux traders et aux dirigeants des
banques, et même pas à leurs actionnaires. Pire, en cas
de crise, c'est l'ensemble de l'économie qui trinque.
Or Bercy - comprendre Moscovoci - n'a pas voulu
d'une vraie séparation. On fait moins bien qu'en Angle-
terre ou aux États-Unis. La séparation se fait sur « un
critère mou », « sur la base de la satisfaction des besoins
du client » (2), et ne concerne qu'une très petite partie
des activités. Les amendements sur les paradis fiscaux
ont même été refusés au départ par le gouvernement, au
grand dam des députés PS, qui se sont plaints de n'avoir
aucune marge de manoeuvre (les choses ont un peu bou-
gé depuis l'affaire Cahuzac).
Signalons enfin que nos députés EÉLV,
Éric Alauzet en tête, se sont démenés dans une bataille
d'amendements pour essayer d'améliorer la loi, avec
des résultats très mitigés. Sur son livre, que j'ai acheté
(3), Laurence Scialom a écrit la dédicace suivante : « À
force d'efforts, on va y arriver... » J'avoue que j'ai des
doutes : il manque pour l'instant une vraie volonté poli-
tique.
Gérard Mamet
(1)° Collectif citoyen fondé par des personnalités
comme Stéphane Hessel, Susan George, Edgar Morin,
Patrick Pelloux, etc. Leur Manifeste a été signé par plus
de 100 000 personnes.
(2)°Voir le Bulletin de la Fédération bancaire
française : http://www.fbf.fr/fr/files/96GJ3P/AB561.pdf
(3) Laurence Scialom, Économie bancaire, La
Découverte (janvier 2013).
PTCI
GAZ DE SCHISTE, LE RETOUR !
Les journalistes ont fait beaucoup de bruit autour
de la « protection de la diversité culturelle », mise à
mal par le président de la Commission européenne,
José Manuel Barroso. Mais personne ne nous a dit que
l’extraction des gaz de schiste entrait à nouveau par la
petite porte.
En effet, grâce au PTCI (Partenariat Transatlan-
tique de Commerce et d’Investissement), l’accord de
libre échange que l’Europe s’apprête à négocier avec les
États-Unis et le Canada, les grandes compagnies pétro-
lières américaines pourront bientôt attaquer la France
en justice. La loi de juillet 2011 qui interdit la fractura-
tion hydraulique pour extraire les gaz de schiste consti-
tuera une entrave illégale à la bonne marche des af-
faires.
La tentation est grande de s’abandonner au chant
des sirènes des économistes. Notre pays regorge de ces
« petites bulles », qui nous rendraient autonomes par
rapport aux pays producteurs de pétrole, abaisseraient
la facture énergétique et pourraient créer des emplois.
Mais on oublie bien vite que la fracturation hydraulique
est désastreuse pour l’environnement, que l'empreinte
carbone du gaz de schiste équivaut à celle du charbon et
que notre pays serait transformé en gruyère.
Soutenons nos élus qui bataillent pour le dévelop-
pement des énergies alternatives, respectueuses de
l’environnement. Continuons l’éducation de la popula-
tion pour apprendre à économiser l’énergie, isoler nos
maisons, consommer moins et mieux. L’argent n’ira pas
dans les mêmes escarcelles, certes, mais il profitera plus
à notre pays. Et en prime, l’héritage que nous laisserons
à nos enfants et petits-enfants sera plus propre et por-
teur d’espoir.
Il va sans dire que cet accord PTCI requiert aussi
notre vigilance sur bien d’autres aspects : normes sani-
taires des plantes et de la viande, OGM, politiques so-
ciales et environnementales (qui seront fortement in-
fluencées par la perte de souveraineté des démocraties
européennes). Il subsiste encore beaucoup d’opacité et il
est impératif que nous, écologistes, agissions pour faire
lever le voile sur toutes ces questions.
Suzy Antoine
Cow-boys. Le Texas a exécuté le 12 juin son 499e con-
damné depuis le rétablissement de la peine de mort aux
Etats-Unis en 1976. Encore un effort et ça fait un
compte rond.
Symbiose. Les députés de la Douma ont adopté une loi
pénalisant la « propagande » en faveur des « relations
sexuelles non traditionnelles », c'est-à-dire « non con-
formes aux traditions russes » - comprenez l'homo-
sexualité. En Géorgie, l'Église orthodoxe mène les ma-
nifs anti-homo au nom de la lutte contre « un péché
devant Dieu », « une anomalie et une maladie ». Russes
et Géorgiens, qui ne s'aiment guère, arrivent quand
même à s'entendre sur quelque chose.
Grecs. Le peuple inventeur de la philosophie a manifes-
té parce qu'on voulait lui arrêter la télé. Socrate, re-
viens, ils sont devenus fous !
Culture. D'après Le Monde, l'ERT (l'audiovisuel fermé
par le gouvernement, puis rouvert par décision de jus-
tice) « privilégiait des programmes de qualité et jouait
un rôle actif dans [la] vie culturelle grecque ». Je con-
firme : elle retransmettait la messe du dimanche.
Nuance. Le mot « race » disparaît de la législation fran-
çaise. Dorénavant, on ne niquera plus la race de ta
mère, mais son ethnie.
Orient. Un adolescent exécuté à Alep par des dji-
hadistes syriens pour avoir « blasphémé ». Encore un
pays où on va fort se divertir après la chute du tyran.
Chiche ! Ludovine de La Rochère (déjà, rien que le
nom, j'adooore), présidente de la Manif pour tous, se
dit « prête à passer sous le char de Tiananmen » pour
s'opposer à la loi Taubira. Quoique viscéralement anti-
militariste, je suis volontaire pour le conduire moi-
même, ce char.
Radins. Zahia Dehar, la - très jeune - call-girl héroïne du
feuilleton Benzema-Ribery et compagnie, déclare
qu'elle « n'aime pas les footballeurs, parce qu'en plus de
leur mauvais comportement, ils ne paient pas très
bien ». Décidément, chez les footeux, tout est à jeter.
Progrès. Jean-François Copé, à propos de la primaire
parisienne organisée par son parti avec le succès que
l'on sait : « À l'UMP, nous apprenons la démocratie. »
Ben mon colon, y a encore du boulot, hein !
Lyrique. L'ineffable NKM après son brillant succès à
ladite primaire : « Il souffle ce soir un parfum de liberté
qui sied si bien à Paris et à son histoire. » Ça sent plutôt
le Chanel, non ?
Con(ne)s. En Israël, féministes (vraiment ?) et ultraor-
thodoxes s'affrontent au mur des Lamentations, les
unes pour avoir le droit de prier comme les hommes, les
autres pour les en empêcher. Dans la série « Les contro-
verses les plus cons de la planète », celle-ci monte d'em-
blée sur le podium.
24
UN MOIS, ÉMOIS, ET MOI
Dessin publié avec l’aimable autorisation de
Charlie Hebdo
Dessin publié avec l’aimable autorisation de
Charlie Hebdo
25
Stades. On aura tout vu : les Brésiliens manifestent
contre le Mondial de foot ! À quand des manifs au
Vatican contre le port de la soutane ?
Dimanche. Plusieurs députés PS (dont Bartolone et
Le Roux) sont pour l'ouverture dominicale des magasins
de bricolage. Et pourquoi pas les toilettages pour chiens ?
Visionnaire. Le Hezbollah libanais décide d'arrêter les
tirs en l'air, des autorités religieuses chiites d'Iran et
d'Irak ayant signalé que cette pratique était prohibée par
l'islam. Costaud, quand même, le Mahomet : au 7e siècle,
il interdisait déjà fusils et kalachnikovs !
Avions. Droite et gauche sont parfaitement d'accord
pour développer (et subventionner) l'aéroport de Dole.
Perny, le président PS du Conseil général du Jura, appelle
cela « une forme d'intelligence collective ». Concernant
ces guignols, c'est pas le mot « intelligence » qui me se-
rait venu en premier à l'esprit.
Au voleur ! Le PC compte regagner plus de 40 villes aux
prochaines municipales, en particulier Aubervilliers et
Montreuil, que nos amis communistes estiment s'être
fait « voler » en 2008. Si le PC a gardé quelque chose de
son époque stalinienne, c'est bien la manipulation éhon-
tée du langage.
Debout ! Marine Le Pen estime qu'en se suicidant, l'his-
torien d'extrême droite Dominique Venner a voulu
« réveiller le peuple de France ». Personnellement, ça ne
me déplairait pas que tous les fachos essaient de nous
« réveiller » de la même façon.
Inquiétude. La grotte de Lourdes submergée par les
flots torrentiels du Gave de Pau. À l'heure où j'écris, on
ignore si la Vierge a pu nager jusqu'à la sortie.
Dégénérescence. Medef et CFDT sont les deux princi-
paux signataires du rapport Réinventer la croissance,
dans lequel il est question, en vrac, d' « améliorer par-
tout la compétitivité », de proposer « une vision con-
quérante de l'économie française », de « promouvoir
l'esprit d'entreprise dès l'école », et j'en passe. La CFDT,
c'était pas cette bande de gauchistes qui publia jadis
Les Dégâts du progrès ?
Podium. Pour la plupart des Russes, c'est Léonid
Brejnev qui fut le « meilleur dirigeant du XXe siècle ».
Seul le chauvinisme slave a pu les empêcher de choisir
Sarko ou Berlusconi.
Méga. Au Nicaragua, l'ex-révolutionnaire sandiniste
Ortega veut faire creuser (par les Chinois) un « canal de
Panama bis » à travers son pays. L'Éthiopie, elle, a com-
mencé sur le Nil et au grand dam de l'Égypte la cons-
truction du plus grand barrage d'Afrique. Nos décideurs
à nous, amateurs d'aéroports et de LGV, sont vraiment
des petits rigolos.
Love. « Je suis à tes côtés pour te servir », « Utilise-
moi », « J'ai besoin de toi »... Ma parole, elle a un vrai
talent d'écriture, Christine Lagarde ! Au lieu d'envoyer
sa lettre à Sarkozy, elle aurait dû proposer sa prose à la
collection Harlequin.
Taïaut ! Le groupe EÉLV à l'Assemblé nationale dépose
une proposition de loi « visant à interdire la chasse à
courre, à cor et à cri ». Histoire de ne pas se brouiller
avec les chasseurs, l'une des élues (1) retire sa signa-
ture et précise : « La chasse à courre est une tradition.
C'est plutôt une bonne tradition. Actuellement, il y a des
sujets plus graves, avec les difficultés économiques et
sociales. » Encore une qui fait de la « politique autre-
ment ».
Féministe. Estimant que « 60 % des femmes de Kiev
[d'où est parti le mouvement des Femen] sont des filles
de joie », l'un des avocats des salafistes tunisiens qui
tentent de se porter partie civile dans le procès des trois
Femen déclare : « Une femme libre préfère être affamée
que de manger par ses seins. » Lui, on ne sait pas par
quoi il mange, mais c'est sûr qu'il pense par sa queue.
Gérard Roy
(1) Qu'on s'abstiendra de nommer pour ne pas faire de
pub à une élue de Poitou-Charentes...
Dessin publié avec l’aimable autorisation de
Charlie Hebdo
Les Journées d’été d'EÉLV sont ouvertes à
tout le monde, adhérents ou non, curieux, voisins…
Elles auront lieu cette année à Marseille, du jeudi 22 au
samedi 24 août 2013, à l’université de Marseille Saint-
Charles.
En effet, c’est la bouillonnante Marseille, Capi-
tale européenne de la culture 2013, qui va nous ac-
cueillir cette année. Au cœur de la cité phocéenne, à
quelques minutes à pied de la Canebière, l’université
de Saint-Charles, située à côté de la gare, est le lieu
idéal pour découvrir toutes les écologies au soleil du
Midi.
Au programme, six grandes plénières, rassem-
blant à chaque fois plus de 2 000 écologistes, une dou-
zaine de forums, pour approfondir les sujets qui ont fait
ou qui feront l’actu, et près d’une centaine d’ateliers
pour analyser en détail les débats, mais également ap-
prendre à utiliser des outils et toujours mieux com-
prendre le monde…
Ateliers, débats, concerts, animations, buvette
et restaurateurs ambulants, visites et actions mili-
tantes : cette année, Marseille va voir la vie en vert!
Nous avons tout prévu : accessibilité handicap,
accueil des enfants et baby-sitting.
Un accès très facile
Cette année, c’est très simple: nous serons au
pied de la gare TGV. D’où que vous veniez, il est quasi-
ment impossible de vous perdre ; mais à toutes fins
utiles, voici l’adresse et quelques informations :
Université Marseille Saint-Charles, Place Victor
Hugo 13003 Marseille—Coordonnées GPS: 43.304, 5.378
Venir en train : Gare TGV Marseille Saint-Charles.
Sortez de la gare, tournez la tête vers la droite… on est
là, à moins de cent mètres.
Venir en voiture (covoiturage, bien sûr !) : Depuis
l'A7, filez droit vers Marseille. À la Porte d’Aix (un arc de
triomphe entouré d’un carrousel de voitures), suivez le
panneau « Gare TGV » qui vous fera sortir vers la gauche
de la place. Vous êtes arrivés : on est là.
Venir en avion (vous habitez loin…) : Prenez l’avion
jusqu’à Marseille-Provence. Arrivés à l’aéroport, prenez le
train en direction de Marseille, puis suivez le paragraphe
« en train ».
Venir à pied, à vélo ou à roulettes (on ne sait ja-
mais) : Le plus simple est de prendre le métro, jusqu’à
l’arrêt « Marseille Saint-Charles ». Sortez de la station,
sortez de la gare, tournez la tête vers la droite, on est là!
Pour les personnes à mobilité réduite
Les Journées d’été de Marseille, au sein du campus,
ne seraient pas vraiment un long fleuve tranquille pour les
personnes à mobilité réduite sans les quelques aménage-
ments et services que l’équipe d’organisation aura mis en
place. Au premier abord, le campus peut paraître difficile
car situé sur une butte ; en fait, les lieux que nous fré-
quenterons sont tous accessibles, les abords des bâti-
ments concernés par nos activités sont plats ou pourvu
d’ « esplanades », avant un autre niveau desservi par une
rampe ou la voirie interne au campus.
Alors pas d’inquiétude, le maximum sera encore fait
pour que tout le monde puisse être accueilli dans de
bonnes conditions. La route sépare le campus de la gare,
qui n'est qu'à quelques minutes ; si vous avez des pro-
blèmes pour vous déplacer malgré le faible temps de par-
cours, n’hésitez pas à nous appeler, notamment en préve-
nant le référent Handicap des JDE.
Une fois arrivé au campus, à l’accueil, si vous avez
des problèmes de mobilité, il vous sera remis un plan
pour vous proposer les cheminements les plus courts et/
ou les plus faciles. Pour permettre aux personnes à mobi-
lité réduite de se rendre aux ateliers qui auront lieu dans
un bâtiment un peu excentré et difficile d’accès, il vous
sera proposé de vous transporter en Proxi-pouss, la for-
mule marseillaise des rickshaws asiatiques.
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JDE
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Des points de prise en charge vous seront propo-
sés, aux heures des ateliers notamment. Les lieux et
salles équipés de boucles magnétiques vous seront pré-
cisés dans le programme.
Cette année, le CROUS ne semble pas en mesure
de fournir des chambres pour personnes en fauteuil rou-
lant. Pour l’hébergement (surtout si vous réservez une
chambre en cité U), quel que soit votre handicap, ou
simplement votre difficulté à la marche, contactez
David Marais (1) qui, selon les besoins, vous conseillera
au mieux des possibilités (cela vaut aussi pour les gens
déjà inscrits).
La restauration sera organisée comme l’an dernier,
composée de multiples stands de producteurs locaux,
dans un espace nettement plus « carrossable » que les
pelouses du campus de Poitiers. Pour faciliter votre bon
accueil, remplissez le formulaire « Personne en situation
de handicap », et pour toute question, avant ou pendant
les JDE, n’hésitez pas à faire appel à David, votre réfé-
rent handicap
Hébergement : ça se bouscule !
Les hébergements sont pris d’assaut : dépêchez-
vous de réserver le vôtre. Les dernières informations de
l'Office de tourisme nous font craindre un manque de
chambres d'hôtel à proximité du site.
Faites-le vite, très vite : après, il sera trop tard
pour trouver un hébergement dans la ville !
La hotline de l’équipe des Journées d’été est
désormais ouverte du mardi au vendredi, de 14h à 17h,
au 01 53 19 53 19, et presque 24 h/24 par mail
La fête
Les Journées d’été, c’est aussi (et surtout) l’occa-
sion de faire la fête… Animations et concerts jalonnent
ces trois jours d’épuisants débats. Samedi soir, une fête
de clôture est organisée, pour nous faire danser et nous
amuser jusqu’au bout de la nuit. Mais pour en connaitre
les contours, il faudra être très patient et aimer les sur-
prises…
Samedi 24 aout en soirée, horaire et lieu à défi-
nir.
Suzy Antoine
(1) [email protected] ou 06 09 86 84 72