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PRÉPARATION PHYSIQUE ET FORMATION DU FOOTBALLEUR PAR J.DEVISMES Ce qui caractérise le plus l'évolution du football moderne, c'est le for- midable bond en avant que les joueurs ont fait dans leurs prestations physiques durant ces dernières années. Ces progrès sont le fruit d'un entraînement savamment dosé, et parfaitement maîtrisé. FOOTBALL Le joueur de haut niveau est un technicien et un tacticien qui s'exprime grâce à ses qualités physiques et men- tales dans une organisation de jeu où il trouve sa place. LA PREPARATION PHYSIQUE Une saison de football se divise en trois périodes : - la période préparatoire, - la période de compétition, parfois entrecoupée d'une trêve suivie d'une mini- période préparatoire à la deuxième phase de la com- pétition, - la période de transition ou de récupération. La période préparatoire Elle est composée de 3 phases : le développement des qualités de base, la phase spécifique et la phase de pré- compétition. Le développement des qualités de base du footbal- leur Pendant 15 jours au mini- mum, endurance et force sont développées en priorité avec la souplesse. Avec la technique, ces qualités sont les soutiens de la vitesse ini- tiée sous forme d'éducatifs, de formes jouées et d'exer- cices d'appuis et de déplacements exécutés en vivacité. Le nombre de séances journalières varie entre 2 et 3. Leur durée progressivement augmente. Les phases de repos relatif sont utilisées pour atteindre la surcompensation. Ce travail ne peut se faire qu'après avoir effectué des tests d'évaluation. Les tests du suivi physiologique des joueurs doivent porter à la connaissance de l'entraîneur les données sur lesquelles s'appuiera la préparation physique des joueurs de football. Le docteur Legall. médecin du centre de Clai- refontaine pratique les tests suivants : La puissance maximale aérobie, exprimée en vitesse maximale aérobie, sur tapis roulant complétée par le test de Léger-Boucher. La vitesse de sprint mesurée par des cellules photoélectriques disposées tous les 10 m de la ligne de départ jusqu'à 40 m. Elles enregis- trent les temps suivants : 10 m arrêté, puis 10 à 20 m, 20 à 30 m, 30 à 40 m en 10 m lancé, et 40 m. La détente verticale au tapis de Bosco (voir article revue n° 264). La souplesse dynamique et articulaire glo- bale. Us qualité musculaire des muscles de la cuisse (quadrieeps et isehio-jambiers) exprimée à vitesse lente et rapide, mesurée au Cybex, ou dynamomètre isocinétique. Le dynamomètre permet de mesurer rapidement les valeurs de la force puissance exprimée par un groupe musculaire en amplitude complète de mouve- ment. Une limite de la mesure est représentée par la vitesse de mouvement qui se différencie des vitesses lentes (60°/sec.) aux vitesses rapides (180°/sec. et plus). L'utilisation de méthode isocinétique est un moyen de dia- gnostic, de prévention, de contrôle après rééducation, et de suivi de la progression pen- dant l'entraînement. La connaissance des résultats des tests ci-des- sus mentionnés, permet de mieux entraîner et d'individualiser l'entraînement. Ainsi, on travaille : La vitesse maximale aérobie (VMA), expres- sion de la puissance maximale aérobie et la détermination des plages de fréquence car- diaque et des vitesses de course dans ses fac- teurs puissance, capacité et en récupération. Le développement de l'endurance s'effectue de la capacité vers la puissance à partir d'ef- forts longs de 20 à 40 minutes, courus avec une intensité située entre 75 et 85 % de la VMA, en continu, vers des efforts plus courts et plus rapides en changements d'allures ou variations de vitesse. On utilise ensuite la méthode des « efforts intermittents » des durées longues aux durées courtes. L'augmentation de l'intensité de l'entraîne- ment peut s'effectuer en gardant la distance globale mais en la fractionnant en distances plus courtes et en diminuant le temps de l'ef- fort à accomplir. Exemple pour une distance totale de 6000 m : Première séance : 3x2000 m en 6 min/km. Deuxième séance : 3x2000 m en 5 min 30/km. Troisième séance : 2x2000 m et 2x1000 m en 5 min/km. Quatrième séance : 6x1000 m en 4 min 30/km. Cinquième séance : 6x 1000 m en 4 min/km. Puis les distances vont dimi- nuer (800-600-400 m), et les vitesses vont augmenter. La capacité lactique est développée d'une part par l'entraînement de la puis- sance aérobie et d'autre part. par la répétition d'efforts brefs de 10 à 60 m entrecou- pés de repos brefs. La vitesse de sprint sera développée à partir d'efforts brefs sur 10-15-20-30 et 40 m (2-3-4-5 sec.) entre- coupés de pauses en récupé- ration complète, et soutenue par la pratique de bondisse - ments horizontaux et verti- caux, vers des efforts plus longs. L'amélioration de la force, soutien des efforts de vitesse, de détente et de frappe en particulier, s'effectue en par- tant des facteurs endurance et vitesse avec charges légères, jusqu'au facteur puissance selon différentes méthodes utilisées dans les clubs de haut niveau. Ces méthodes sont : - l'isométrie, en particulier pour la muscula- ture abdominale (exemple : en équilibre fes- sier, jambes fléchies, pieds au-dessus du sol, tenir 20 à 30 secondes, faire deux à trois répétitions), et pour la pré-fatigue des jambes : dans la position adossé contre un mur. jambes fléchies à 90°. tenir la posture jusqu'à ce que des tremblements secouent les muscles de la cuisse ; - l'électrostimulation. qui est une technique employée pour augmenter la force musculaire en faisant travailler le muscle en isométrie sous l'effet d'une stimulation électrique. C'est une méthode complémentaire aux autres méthodes ; - l'isocinétie, par l'utilisation du dynamo- mètre type cybex ou biodex, décrit plus haut ; - la pliométrie (revue EP.S n° 264 p. 44) ; - la méthode par contraste des charges ou méthode bulgare, qui alterne une ou des séries d'exercices avec une charge moyenne (60 % du maximum) : et une ou des séries d'exercices avec une charge légère (30 % du maximum) ou mieux avec des exercices sans charge ; - la méthode des charges non maximales (50 à 70 % du max.) déplacées à vitesse maximale et répétées 6 à 8 fois ; - le circuit-training à dominante musculaire adapté à l'entraînement du footballeur (voir encadré). 54 Revue EP.S n°268 Novembre-Décembre 1997 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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PRÉPARATION PHYSIQUE ET FORMATION DU FOOTBALLEUR PAR J.DEVISMES

Ce qui caractérise le plus l'évolution du football moderne, c'est le for­midable bond en avant que les joueurs ont fait dans leurs prestations physiques durant ces dernières années. Ces progrès sont le fruit d'un entraînement savamment dosé, et parfaitement maîtrisé.

FOOTBALL Le joueur de haut niveau est un technicien et un tacticien qui s'exprime grâce à ses qualités physiques et men­tales dans une organisation de jeu où il trouve sa place.

LA PREPARATION PHYSIQUE

Une saison de football se divise en trois périodes : - la période préparatoire, - la période de compétition, parfois entrecoupée d'une trêve suivie d'une mini­période préparatoire à la deuxième phase de la com­pétition, - la période de transition ou de récupération. La période préparatoire Elle est composée de 3 phases : le développement des qualités de base, la phase spécifique et la phase de pré­compétition. Le développement des qualités de base du footbal­leur Pendant 15 jours au mini­mum, endurance et force sont développées en priorité avec la souplesse. Avec la technique, ces qualités sont les soutiens de la vitesse ini­tiée sous forme d'éducatifs, de formes jouées et d'exer­cices d'appuis et de déplacements exécutés en vivacité. Le nombre de séances journalières varie entre 2 et 3. Leur durée progressivement augmente. Les phases de repos relatif sont utilisées pour atteindre la surcompensation. Ce travail ne peut se faire qu'après avoir effectué des tests d'évaluation. Les tests du suivi physiologique des joueurs doivent porter à la connaissance de l'entraîneur les données sur lesquelles s'appuiera la préparation physique des joueurs de football. Le docteur Legall. médecin du centre de Clai-refontaine pratique les tests suivants : La puissance maximale aérobie, exprimée en vitesse maximale aérobie, sur tapis roulant complétée par le test de Léger-Boucher. La vitesse de sprint mesurée par des cellules photoélectriques disposées tous les 10 m de la ligne de départ jusqu'à 40 m. Elles enregis­trent les temps suivants : 10 m arrêté, puis 10 à 20 m, 20 à 30 m, 30 à 40 m en 10 m lancé, et 40 m. La détente verticale au tapis de Bosco (voir article revue n° 264). La souplesse dynamique et articulaire glo­bale. Us qualité musculaire des muscles de la cuisse (quadrieeps et isehio-jambiers) exprimée à vitesse lente et rapide, mesurée au Cybex, ou dynamomètre isocinétique. Le dynamomètre permet de mesurer rapidement les valeurs de la force puissance exprimée par un groupe

musculaire en amplitude complète de mouve­ment. Une limite de la mesure est représentée par la vitesse de mouvement qui se différencie des vitesses lentes (60°/sec.) aux vitesses rapides (180°/sec. et plus). L'utilisation de méthode isocinétique est un moyen de dia­gnostic, de prévention, de contrôle après rééducation, et de suivi de la progression pen­dant l'entraînement. La connaissance des résultats des tests ci-des­sus mentionnés, permet de mieux entraîner et d'individualiser l'entraînement. Ainsi, on travaille : La vitesse maximale aérobie (VMA), expres­sion de la puissance maximale aérobie et la détermination des plages de fréquence car­diaque et des vitesses de course dans ses fac­teurs puissance, capacité et en récupération. Le développement de l'endurance s'effectue de la capacité vers la puissance à partir d'ef­forts longs de 20 à 40 minutes, courus avec une intensité située entre 75 et 85 % de la VMA, en continu, vers des efforts plus courts et plus rapides en changements d'allures ou variations de vitesse. On utilise ensuite la méthode des « efforts intermittents » des durées longues aux durées courtes. L'augmentation de l'intensité de l'entraîne­ment peut s'effectuer en gardant la distance globale mais en la fractionnant en distances plus courtes et en diminuant le temps de l'ef­fort à accomplir. Exemple pour une distance totale de 6000 m :

Première séance : 3x2000 m en 6 min/km. Deuxième séance : 3x2000 m en 5 min 30/km. Troisième séance : 2x2000 m et 2x1000 m en 5 min/km. Quatrième séance : 6x1000 m en 4 min 30/km. Cinquième séance : 6x 1000 m en 4 min/km.

Puis les distances vont dimi­nuer (800-600-400 m), et les vitesses vont augmenter. La capacité lactique est développée d'une part par l'entraînement de la puis-sance aérobie et d'autre part. par la répétition d'efforts brefs de 10 à 60 m entrecou-pés de repos brefs. La vitesse de sprint sera développée à partir d'efforts brefs sur 10-15-20-30 et

40 m (2-3-4-5 sec.) entre­coupés de pauses en récupé­ration complète, et soutenue par la pratique de bondisse -ments horizontaux et verti­caux, vers des efforts plus longs. L'amélioration de la force, soutien des efforts de vitesse, de détente et de frappe en particulier, s'effectue en par­tant des facteurs endurance et vitesse avec charges légères,

jusqu'au facteur puissance selon différentes méthodes utilisées dans les clubs de haut niveau. Ces méthodes sont : - l'isométrie, en particulier pour la muscula­ture abdominale (exemple : en équilibre fes­sier, jambes fléchies, pieds au-dessus du sol, tenir 20 à 30 secondes, faire deux à trois répétitions), et pour la pré-fatigue des jambes : dans la position adossé contre un mur. jambes fléchies à 90°. tenir la posture jusqu'à ce que des tremblements secouent les muscles de la cuisse ; - l'électrostimulation. qui est une technique employée pour augmenter la force musculaire en faisant travailler le muscle en isométrie sous l'effet d'une stimulation électrique. C'est une méthode complémentaire aux autres méthodes ; - l'isocinétie, par l'utilisation du dynamo­mètre type cybex ou biodex, décrit plus haut ; - la pliométrie (revue EP.S n° 264 p. 44) ; - la méthode par contraste des charges ou méthode bulgare, qui alterne une ou des séries d'exercices avec une charge moyenne (60 % du maximum) : et une ou des séries d'exercices avec une charge légère (30 % du maximum) ou mieux avec des exercices sans charge ; - la méthode des charges non maximales (50 à 70 % du max.) déplacées à vitesse maximale et répétées 6 à 8 fois ; - le circuit-training à dominante musculaire adapté à l'entraînement du footballeur (voir encadré).

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FOOTBALL 1. Le circuit-training du footballeur 12 ateliers. Les joueurs sont deux par deux et passent d'un atelier à l'autre. Le temps de travail est de 30 secondes, le temps de récupération de 30 secondes entre chaque atelier. Il est réalisé de 2 à 6 fois.

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FOOTBALL La souplesse, indispensable en complément des séances ou séquences de renforcement musculaire, est une qualité primordiale à entretenir quand un manque est constaté ou que la raideur s'installe. Les assouplissements généralisés, les étire-ments plus spécifiques football en tension active et en tension passive, et l'amélioration du relâchement musculaire aideront le footbal­leur à réduire les tensions, à s'exprimer plus efficacement et à récupérer plus rapidement.

La phase spécifique Si le travail dans la phase de base vise au déve­loppement des qualités physiques du joueur-

athlète en priorité, celui de la phase spécifique vise à améliorer celles du joueur-footballeur. Technique, tactique et jeu intègrent le niveau de développement physique obtenu pour exprimer les gestes techniques et les phases de jeu plus vite, plus fort, plus précis, plus sou­vent et plus longtemps. Le contrôle du niveau de jeu des joueurs s'effectue en priorité lors des matches de préparation.

La phase de précompétition Les matches de préparation sont utilisés pour améliorer le rythme de compétition des joueurs. Ils donneront les renseignements pour peaufiner le jeu de l'équipe, dans cette phase qui précède le début de la compétition. Au cours des différentes phases de la période préparatoire, la place de la préparation phy­sique varie de 50 à 70 % de la préparation glo­bale, selon les clubs, dans la phase de base, pour ne plus en occuper que 20 à 30 % dans ht phase de précompétition. Au début de la période préparatoire, le volume de l'entraînement sera prédominant sur l'in­tensité de la charge pour ensuite céder le pas à ce deuxième facteur (voir schéma).

La période de compétition Elle est donnée par les matches à disputer. Si ceux-ci sont programmés régulièrement (un par semaine), il est possible de continuer de progresser lors des quelques semaines (2 ou 3) à intensité forte suivies d'une semaine de

régénération au cours de laquelle l'intensité de charge sera moindre. Mais si les matches sont rapprochés (à 3 ou 4 jours), les entraînements sont axés sur la récupération des efforts du match joué et de la préparation de celui à venir.

La période de transition C'est la période de récupération située entre la fin d'un champion­

nat et le début de l'autre. Elle est utilisée pour récupérer nerveusement et museulairement. pour se soigner en cas de blessure de fin de saison.

Elle comprend, après une période de repos de 8 à 10 jours, une période de récupération active des qualités de base. Cette seconde période de reconstruction donnera les bases pour aborder dans de bonnes conditions la reprise de l'entraînement.

2. Séances de la période préparatoire Début de saison : 4e journée de reprise. Matin (9 h 5* séance) • échauffement généralisé : 6 min, • mobilité de la colonne vertébrale et étirements : 6 min. - exercices de vivacité (cerceaux - piquets) : 6 min, - 2000 m à 5 min. au 1000 m et 1000 m à 5 min. : 20 min, - course intermittente : 16 min. (3 min-3 min : 3 min-3 min ; 2 min-2 min à 90 % et 100 % de VAM). - mobilité colonne vertébrale et étirements : 3 min. Durée totale : 60 min. Après-midi (17 h 6eséance) -5c 2:10 min, - échauffement généralisé avec ballon : 5 min, - jeu à 8 c 8 sur 1/2 terrain, thème : garder le ballon 3 touches - 2 touches -1 touche : 10 mn, - assouplissements colonne vertébrale, étirements : 5 min, - abdominaux, dorsaux : 5 min. - technique individuelle et à deux (sur place et en mou­vement) : 20 min, - circuit-training 12 ateliers 30 sec-30 sec, 2 fois 16 min, - jeu 8 c 8 20 min, - étirements et compléments individuels : 15 min. Durée totale de la séance : 106 min.

3. La préparation physique des joueurs pendant la semaine entre deux matches Une semaine peut se dérouler avec les dominantes physiques suivantes : 0 : match et récupération +1 : repos ou récupération + musculation du haut du corps. + 2 : endurance et force, + : 3 puissance aérobie alactique et lactique, + 4 : puissance aérobie alactique lactique, - 2 : vitesse force, -1 : vivacité.

Ou celles ci-dessous pratiquées également : 0 : match et récupération + soins. + 1 : repos et soins, + 2 : force explosive, aérobie puissance. + 3 : pliométrie. vitesse, + 4 : match de préparation, - 2 : vitesse, force, -1 : vitesse et aérobie.

Dès la fin du match, tout est mis en œuvre pour accélé­rer la récupération. Les deux premiers jours après le match sont utilisés pour poursuivre la récupération et pour poser les bases du travail de la semaine. Les deux jours suivants (j + 3 et j + 4) visent à l'amélio­ration du jeu (amélioration défensive, finition, etc.). La préparation physique est intégrée à ces séances d'en­traînement. Les deux jours qui précèdent le match à venir (j-2 et j-1 ) sont employés à la préparation du match et à la straté­gie (placement sur coups de pieds arrêtés). Les gar­diens de but s'entraînent spécifiquement 2 à 3 fois par semaine, puis rejoignent le groupe pour le jeu ou l'en­traînement collectif.

Schéma explicatif de l'évolution des paramètres « volume-intensité » pendant la période préparatoire

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LA PRÉ-FORMATION PAR C. DUSSEAU

4. Une journée d'entraînement en période de compétition Le jour J + 3. Séance du matin à 9 h Durée de 1 h à 1 h 15 : - match de basket et étirements, -pliométrie 80 à 10 bonds, - sprint en montée 10 fois 20 m, - deux équipes de 8 : jeu 4 contre 4 sur terrain : 40 m sur 30 m et 2 buts avec gardiens, appuis offensifs 3 touches - 2 touches -1 touche, 3 fois 5 min, - étirements. Séance de l'après-midi à 17 h Durée 1 h 30 : - échauffement et exercices de vivacité, - tirs au but, - jeu dirigé à 9 c 9,45 min, (16 m 50 aux 16 m 50), - capacité lactique : 10 fois 20 m avec récupération incomplète, • jeu sur 1/2 terrain (1 touche - 2 touches), 15 min, défenseurs et milieux contre attaquants et milieux. Tra­vail tactique, - étirements.

LA FORMATION PHYSIQUE DU JEUNE FOOTBALLEUR Le suivi du développement des jeunes foot­balleurs effectué par le Dr Jean-Marcel Ferret (Olympique Lyonnais) et le Professeur Pierre Rochcongar (Stade Rennais) a permis de don­ner les orientations suivantes pour la forma­tion physique des jeunes footballeurs. Ils conseillent de travailler : - avant 12-13 ans : coordination, agilité, viva­cité*, souplesse, adresse ; -de 11-12 à 14-15 ans : vitesse (vivacité et fréquence des appuis), bondissements hori­zontaux et verticaux : -de 12 à 16 ans : endurance aérobie, éduca­tion postulate ; - à partir de 15-16 ans : force (endurance) et force (détente), vitesse spécifique ; - après 16-17 ans : force (vitesse) et force (puissance), puissance aérobie et anaerobic. Cette formation tient compte des périodes sensibles du développement des différents systèmes en relation avec révolution phy­sique, physiologique et psychologique du jeune footballeur. Cette formation physique sera abordée avec des dominantes par les éducateurs, dans les différentes étapes de l'éveil, de l'initiation, de la préformation et de la formation. Contrôle médical et suivi médical sont indis­pensables. Le footballeur de haut niveau n'est plus le fait du hasard, mais le fruit d'une for­mation qui tient compte des dominantes d'ac­tions et de qualités propres du jeune footbal­leur.

Jacques Devismes Entraîneur national F.F.F.

* La vivacité est une composante importante de la vitesse pour le footballeur. Elle met en jeu le facteur fréquence des foulées plus que le l'acteur longueur. L'entraînement de la maîtrise des appuis et des déplacements, dans des espaces réduits avec des obstacles rapproches, les exercices de vitesse coordination et ceux qui impliquent les notions de feintes, de dribbles el d'exécution de gestes [ethniques avec des contraintes de réalisation (peu de temps - peu d'espace), améliorent la vivacité.

Si la direction technique nationale a eu depuis six ans, la volonté de lancer un programme important de pré-forma­tion, dans lequel s'inscrivent les centres de préformation, c'est parce qu'elle est persuadée que l'avenir et l'évolution de notre football se dessi­nent ici.

PLAN DE FORMATION Plusieurs étapes jalonnent la formation du footballeur français. • L'éveil concerne les 6-7 ans et 8-9 ans, c'est « vision 2000 ». le football à l'école, le jeu en 4 contre 4. • L'initiation concerne les 9-10 ans et 11-12 ans. ce sont les classes de 6e et 5e à horaire aménagé, l'étude des fondamentaux. • La pré-formation concerne les 12-13 ans jus­qu'aux 15-16 ans, ce sont les classes de 4e - 3e

et les centres inter-régionaux, le perfectionne­ment. • La formation concerne les 15-16 ans jus­qu'aux 20 ans. ce sont les centres de forma­tion, l'affinement de la préparation au haut niveau. • L'élite pro, concerne les 20 ans jusqu'aux 31-32 ans et plus, c'est la 1re et 2e division, c'est le haut niveau.

LES 12/15 ANS Une nécessité La pré-formation est une étape-clé dans la réussite de la formation du futur footballeur professionnel. C'est l'âge d'acquisition des bases fonctionnelles spécifiques du football, que les enfants découvraient jadis, dans une certaine mesure, dans le jeu des rues et des ter­rains vagues. A leur entrée dans l'âge de for­mation, les joueurs ont souvent des lacunes techniques et tactiques, notamment, qui obli­

gent les éducateurs à faire du « rattrapage ». Pour toutes ces raisons, la direction technique nationale a décidé, en accord avec le conseil fédéral, d'ouvrir la voie en mettant en place ses centres inter-régionaux de pré-formation afin de : - mieux préparer l'élite du futur pour être parmi les nations fortes du football en 2000/2010 ; - profiter de cette période privilégiée pour acquérir une plus grande motricité donc une plus grande technique ; - prévenir et limiter les blessures par un suivi médical efficace et une adaptation du travail. C'est un travail journalier (du lundi au ven­dredi) avec une orientation essentiellement technique. On maintient l'équilibre de vie qui passe par un cursus scolaire normal, une vie de famille au moins en fin de semaine et pen­dant les vacances, et une vie associative en continuant à jouer dans leur club d'origine.

Un programme Au football, la technique est première et pri­mordiale ; savoir contrôler, dribbler, passer, tirer, c'est pouvoir s'inscrire dans le jeu. Le faire de façon raisonnée en harmonie avec ses partenaires malgré l'opposition des adver­saires, c'est le but de la tactique et de ses prin­cipes fondamentaux ; nous la traitons plus comme tactique de base (ou individuelle) que comme jeu d'équipe ou stratégie. Le travail avec ballon que nous préconisons implique en lui-même le développement des qualités physiques de base. Un complément physique est cependant nécessaire : un quart du temps d'entraînement est consacré à un tra­vail spécifique d'endurance et de vitesse (qua­lités essentielles), et également de souplesse, coordination d'appuis, déplacements, ainsi que la pratique d'autres sports collectifs. Notre souci n'est pas de former ou de préparer une équipe pour la compétition du week-end.

EPS N° 268 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 57 Revue EP.S n°268 Novembre-Décembre 1997 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé