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Copyright 2005 El Kalima 1 SAINTETÉ EN ISLAM ET EN CHRISTIANISME Conférences du Centre EL KALIMA n°1 Khalil Kochassarty

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SAINTETÉ EN ISLAM ET EN CHRISTIANISME

Conférences du Centre EL KALIMA

n°1

Khalil Kochassarty

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Khalil Kochassarty Sainteté en Islam et en Christianisme

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INTRODUCTION

Pour connaître une religion, dans ses origines, sa structure, son enseignement,

une première approche est d’étudier son livre saint dans le texte puis dans les différents commentateurs et théologiens qui se sont échelonnés le long de son histoire. Ainsi, nous sont transmises de cette religion, sa doctrine, ses lois et ses idées spécifiques, le tout saisi dans son contexte historique et son expression littéraire. Ceci établi, on sent le besoin pour connaître une religion plus intégralement, d’une autre approche, pour apprendre, non ce qu’elle est, mais son impact sur l’homme et ses effets. Car toute révélation religieuse à l’homme le transforme inévitablement. Chaque religion engendre une qualité d’homme ; elle les marque de son idée et dessine sur leur visage les traits de sa spiritualité, de son éthique et de ses exigences de vie.

Aborder la question de la sainteté et des saints, nous permettra donc une

nouvelle ou autre lecture de l’Islam et du Christianisme et nous donnera une connaissance encore plus totale, jaillie du vécu et de l’expérience même des adeptes de l’une et de l’autre tradition religieuse. Car les saints, ne sont pas seulement des témoins d’un événement religieux mais aussi des êtres humains transformés par cet événement.

Par ailleurs, puisque nous sommes ici pour vivre ensemble le dialogue islamo-

chrétien, nous verrons combien les saints des deux religions se rencontrent et se rapprochent, quoique empruntant des voies différentes : ne sont-ils pas tous attirés et transfigurés par le même Dieu ? Ne sont-ils pas tous soucieux de vivre le bien et de rejeter le mal, de se conformer à la volonté de Dieu et à ses préceptes ? Avant que ces pèlerins de l’Absolu, de quelque religion soient-ils, ne se réunissent dans la même maison de Dieu, ils ont toutes les chances de se rencontrer déjà ici sur les chemins du long voyage.

Seule la sainteté et les saints unissent les hommes et sauveront une humanité

qui s’entredéchire, des hommes qui s’entretuent et s’exterminent poussés par la haine, l’orgueil et la volonté de domination. Car les saints sont des êtres libres et poussés par l’Esprit d'amour, ils échappent aux cloisonnements entre les communautés des hommes et à toutes leurs prisons, pour respirer, en communion avec les hommes libres, l’air de Dieu.

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PREMIERE PARTIE : LA SAINTETÉ EN ISLAM

I. Nature et fonction du wali en Islam

1. Terminologie

Pour éviter toute ambiguïté, clarifions d’abord le sens des termes-clefs de notre sujet : le mot (wali), au pluriel (awliya) est couramment traduit par “saint”. En fait, ces deux termes ne sont qu’analogiques et ne traduisent pas totalement la même réalité. Nous devrions dire que le wali est en Islam ce que le saint est en Christianisme, chacun de ces termes correspondant à sa propre vision spirituelle.

Éymologiquement parlant, le terme “saint” devrait être traduit par (qiddis) qui vient du syriaque (qadicho) et qui correspond au “sanctus” latin. C’est ainsi que s’expriment les arabes chrétiens. Ce vocabulaire n’est guère connu en Islam. On trouve cependant cette racine dans l’eulogie traditionnelle : « Que Dieu sanctifie son secret » (qaddassa Allahu sirrahu). Qu’il soit entendu qu’ici j’emploierai les mots wali, awliya pour être plus fidèle à la terminologie islamique et à sa réalité.

2. Sens du mot wali

Le sens premier de wali est celui de “proximité” (qurb). Mais aussi celui qui “assiste” (nassir) qui “régit” : (mudabbir). Wilaya exprime l’exercice de la fonction de wali et par extension, sa zone de compétence, walaya exprime un état et paraît plus adéquat pour former le terme qui constitue le wali.

a. “Wali”dans le Coran

Les mots wali - awliya sont présents 227 fois dans le Coran et apparaissent avec des significations diverses :

- signification positive : « Les awliya Allah ne sont exposés ni à la crainte, ni à l’affliction » (Coran 10, 62) ;

- signification négative : il est mention des (awliya de Satan) ; il s’agit de la hiérarchie opposée aux awliya Allah, (C. 4 : 75) dont le Pôle est le dajjal.

Wali est aussi mentionné comme l’un des noms divins : « Allah est le wali de ceux qui croient ; il les fait sortir des ténèbres vers la lumière » (Coran 2, 25).

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« Allah est le wali des pieux » (Coran 45, 19). Les exégètes se sont efforcés de classer les différentes significations dans le Coran. Elles se ramènent à deux principales : la première en relation directe avec la notion de proximité est selon le contexte, celle de compagnon, parent, allié, conseiller. La deuxième est celle de protecteur ou de gouverneur ou de celui qui prend en charge et met en sécurité.

b. “Wali” dans le hadith

Tirmidhi (mort vers 898) 35 zuhd : « Le plus digne d'envie de mes awliya auprès de moi est un croyant dont les possessions sont légères, qui trouve sa joie dans la prière, accomplit parfaitement le service de son Seigneur et lui obéit en secret. Il est obscur parmi les hommes et nul ne le montre du doigt... »

Tirmidhi 53 z : « Sachez qu’Allah a des serviteurs qui ne sont ni prophètes, ni martyrs et que les prophètes et les martyrs envient, en raison de leur position et de leur proximité d’Allah : on disposera pour eux au jour de la résurrection des chaises de lumière. Leurs visages seront lumière. Ce sont les awliya Allah ».

Ibn Arabi, (mort en 1240) michkat 91 : « Celui qui est l’ennemi de mon wali je lui déclare la guerre ».

Ibn Hanbal, (mort en 855) 3, 43 : « Parmi mes serviteurs, mes awliya sont ceux qui se souviennent de moi ».

Ibn Hanbal, 2, 514 : « J'ai mis en réserve pour mes awliya 99 miséricordes ».

Bien que les élaborations théologiques de la notion de wali partent du Coran, les hadith ou parole du prophète les précisent et les développent. Les quelques hadith cités et glanés dans les ouvrages de tassawwuf ne représentent qu’un nombre minime. Signalons aussi que ces hadith cités sont des hadith qudsi où, par la bouche du prophète, c’est Dieu Lui-même qui s'exprime à la première personne.

c. “Wali” chez quelques auteurs

Ibn Taymiyya, (mort en 1328) : « Les awliya sont les rapprochés (al-mutqarribun), terme coranique désignant la plus haute catégorie des élus et que le Coran (56, 10-11) mentionne également sous le nom de « ceux qui précèdent, les devanciers » (al-Sabiqun).

Ibn Ajiba, (soufi marocain du 18e s.). Il donnera .comme équivalent de walaya le mot (“el uns”), l’intimité avec Dieu.

Ibn Arabi insistera sur la notion d’assistance divine : (nussra) les awliya ce sont ceux que Dieu a pris en charge en les assistant dans leur combat contre les quatre adversaires : la passion (el hawa), l’ego (el nafs), le monde (el dounia), le démon (el chaitân).

Tirmidhi fait une distinction fondamentale entre (wali haqq Allah) et le (wali Allah haqqan). Cette distinction repose sur la notion de droit d’Allah qui résulte de sa souveraineté absolue sur les êtres. Tirmidhi voit là deux modalités ou degrés de vie spirituelle. L’une est fondée sur la pratique du sidq, véracité, sincérité qui implique l’accomplissement des obligations intérieures et extérieures. L’autre repose sur l’opération de la grâce (el minna). Dans le premier cas, l’être se caractérise par la

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(‘ibada) l’observance. Dans le second, par la (ubudiyya), que l’on peut traduire par servitude, avec la conscience d’une indigence ontologique radicale. La ‘ibada qui se situe au plan des actes n’exclut pas totalement l’illusion d’une certaine autonomie. La ‘ubudiyya qui se rapporte à l’être l’oblitère définitivement. Le droit de Dieu sur la créature a pour corollaire implicite le droit de la créature sur le créateur : le wali haqq Allah dont la sainteté consiste à servir le droit d’Allah, donne pour recevoir. Tandis que le wali Allah haqqan, lui, ne sert qu’Allah et n’a rien à échanger. Mais la servitude absolue qui est la sienne est l’espace vide où se déploie la Plénitude Absolue : c’est pourquoi l’une des caractéristiques de la walayya authentique est la descente de la (sekina), la paix, la présence de Dieu. D’où ce hadith : « Les saints sont ceux qu’on ne peut voir sans se souvenir d’Allah ». Le trait essentiel des awliya c’est cette transparence qui fait d’eux des lieux théophaniques privilégiés.

II. Qui sont les awliya ?

1. Quatre types de awliya

C 4, 69 : « Quiconque obéit à Dieu et au Prophète est au nombre de ceux que Dieu a comblé de bienfaits ; avec les prophètes, les justes, les martyrs et les gens de bien : quels bons compagnons que ceux-là. Telle est la grâce de Dieu. Et quel suffisant connaisseur que Dieu ».

Dans ce texte, le Coran mentionne quatre types de personnes en qui Dieu a mis sa faveur :

- les prophètes (al. Anbiya’) sont ceux qui ont reçu l’inspiration plénière de Dieu et qui ont pour mission d’enseigner aux hommes, par l’exemple et le précepte, la révélation.

- les justes (al. siddiqun) sont les personnes dont l’idéal est la sincérité et la vérité et qui sont entièrement vouées au service de la vérité par leur personne, leurs moyens, leurs influences et tout ce qu’elles possèdent.

- les martyrs (al. shuhada') ce sont les témoins qui par leurs paroles et leurs actions et même par leur vie témoignent de leur fidélité à Dieu et à leur foi.

- les gens de bien (al. sâlihun) ce sont les justes qui suivent la voie du bien et qui se gardent et gardent les autres de la voie du mal.

2. Muhammad l’homme parfait

Muhammad est considéré comme l’homme en qui Dieu a mis toutes les perfections. Ainsi, il est le modèle ultime de la sainteté comme il est le sceau de tous les prophètes, il est par excellence « l’homme parfait », l’homme achevé, accompli, qui détient toutes les qualités. Perfection propre à Muhammad ; elle est le but de toute vie spirituelle et la définition même de la walâya. Il s’ensuit que la walâya du wali ne peut être que la participation à la walâya du Prophète. Sa vie, ses actes, ses paroles ont eu, aux yeux de l’Islam, un caractère éminemment exemplaire. C’est en suivant et en imitant le prophète dans ses actions, ses options et même sa manière de vivre que le croyant fait acte de piété et de dévotion : c’est par là

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seulement qu’il peut avoir accès à la perfection. Cette façon de voir est basée sur des textes du Coran et du hadith. En voici quelques uns :

C 33, 21 : « Vous avez dans le prophète de Dieu un bel exemple ». C 33, 45 : O toi le Prophète, nous t’avions envoyé comme témoin, comme

annonciateur de bonnes nouvelles, comme avertisseur, comme celui qui invoque Dieu – avec sa permission – et comme une brillante lumière ».

C 4, 80 : « Celui qui obéit au Prophète obéit à Dieu ». Ajoutons pour finir le hadith suivant : « Celui qui me voit, voit Dieu ».

3. Vertus des awliya

Un hadith qui se réfère à Aîcha (une des femmes du Prophète) mentionne 10 vertus que doit pratiquer celui qui veut avoir une santé morale et spirituelle :

- la véracité, - diminution des intérêts secondaires, - partager sa nourriture avec le voisin qui a faim, - satisfaire les demandes des mendiants, - échanger l’amabilité par l’amabilité, - honnêteté dans la fidélité, - gentillesse à l’égard de la famille et de la parenté, - fidélité à l’égard des amis, - bienveillance à l’égard des hôtes, - la racine de toutes ces vertus est dans la modestie et le repentir. Au 10e siècle, le mystique Abu Abd Allah as-Sâlimi nous donne une

description des qualités des awliya Allah : « Ceux qui sont reconnaissables à l’amabilité de leurs paroles, leurs bonnes manières, leur obéissance, leur générosité, leur force d’âme, leur acceptation des excuses de toute personne, leur douceur à l’égard de toute créature, les bonnes comme les mauvaises.

4. les malamiya

Le terme (lama) signifie blâmer. Certains awliya ont poussé le renoncement et la discrétion (kutman) au point de vouloir s’attirer le blâme de la société à partir d’un certain comportement qui frise le ridicule et même la sottise. Ils vivaient sous le seul regard de Dieu. Quand ils sont présents, personne ne fait attention à eux, quand ils se retirent, personne ne prend garde à leur absence. Ils se fondent dans la masse (amma). Aucune ascèse apparente, aucune dévotion surrérogatoire visible, aucune intervention manifeste du surnaturel dans la trame de leur vie très ordinaire, ne les signale au regard. Le “blâme” c'est à la fois celui qu’ils s’adressent à eux-mêmes dans un effort sans relâche pour déceler leurs propres imperfections et celui auquel ils s'exposent de la part de l’élite. Les fuqaha) les traitent avec condescendance et critiquent leur banalité spirituelle.

Les malamiya sont en ce monde, les cachés, les purs, les sûrs, ceux qui s’occultent parmi les hommes. Pour eux seuls la théophanie est perpétuelle. Le malami n’use point de pouvoirs exceptionnels et s’abstient de proférer des propos extatiques où le vulgaire croit voir les signes de la plus haute sainteté.

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III. Rapport entre le wali et le nabi (le prophète)

Une question s’est posée très vite en Islam concernant le rapport entre le wali d’une part et le nabi d’autre part. C’est un des points particuliers de la doctrine de Tirmidhi qui souleva la colère des fuqaha et lui valut des persécutions qu’il évoque dans un document autobiographique. Pour lui, le prophète (nubuwa) a un terme qui coïncide avec la fin du monde. Lorsque se lèvera le jour de la résurrection, l’annonce eschatologique et la promulgation de la loi divine, qui sont la mission du nabi, seront devenues sans objet : avec la consommation des siècles, s’achève le temps de la foi et de la loi.

La wâlaya, au contraire, subsistera éternellement. Ce qui explique que Dieu se soit lui-même qualifié de wali, alors que nabi ne figure jamais parmi les noms divins.

Est-ce à dire que les awliya sont supérieurs au prophète ? Non. Tout nabi est éminemment et par définition wali. C’est en la personne même des prophètes que la wâlaya est supérieure à la nubuwa : elle est la face cachée et perdurable de leur être dont le mandat qu’ils exercent ici-bas ne représente que l’aspect extérieur et transitoire.

Signalons que le prophète authentique doit être impeccable : (ma'soum), c’est-à-dire que par la mission dont il est doté il devient immunisé contre le péché. L’impeccabilité du prophète consiste en ce qu’il n’éprouve même pas l’envie de commettre un péché. Tandis que le wali authentique est préservé : mahfoudh), par un charisme de tout ce qui peut contredire la loi et l’observance. Le wali n’est pas à l’abri de la tentation et il peut lui arriver d’y céder mais la grâce divine le préserve de persévérer dans sa faute.

IV. Hiérachie des awliya

Les awliya se répartissent en catégories (tabaq.at) nombreuses et leurs états spirituels (ahwal) sont divers. La première est celle des pôles (aq.tab) qui totalise tous les états et toutes les stations (maq. amat), soit de façon immédiate, soit de façon dérivée et à titre de substitut (abdal). Il arrive que l’on élargisse le sens du mot (q.utb) pôle et qu’on l’applique à tous ceux qui sont les pivots d’une station spirituelle et qui les possèdent en plénitude. Ainsi on dira d’un cheikh qui préside une assemblée qu’il est le pôle. Mais au sens strict, le pôle est un vocable qui ne s’applique qu’à un seul être à chaque époque. On l’appelle aussi secours (ghawth). Il est d’entre les rapprochés (al-muta.qaribun)-Parmi les pôles, il en est dont l’autorité se manifeste et qui deviennent le califat extérieur. De même qu’en vertu de leur degré spirituel il dit le califat intérieur, tels sont : Abu-Bakr, Omar, Othman, Ali, Hassan, Mu'awiya, Omar abdel-Aziz, Al-Mutawakkil. D’autres ne détiennent que le califat intérieur : Ahmad Ibn Haroun al-Rachid al-Sebti, Abu Yazid al-Bustami.

La deuxième est celle de imam, qui ne sont jamais plus de deux à une époque donnée. L’un d’eux s'appelle Abd-er-Rab), l’autre (Abd-el-Malik Tandis que le pôle se nomme (Abd Allah).

Ajoutons d’autres précisions sur les fonctions de ces catégories : le (q,utb) est à la fois le centre du cercle de l’univers et sa circonférence. Il est le miroir de Dieu.

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C’est sur lui que pivote le monde, en lui Dieu s’épiphane perpétuellement. Le plus parfait des pôles est celui qui est muhammadien. Ceux qui lui sont inférieurs se répartissent hiérarchiquement conformément au rang des prophètes dont ils sont héritiers : car il y a parmi eux des héritiers de Jésus, d’Abraham, de Joseph etc. Chaque pôle voit sa position déterminée par celle des prophètes dont il hérite, mais tous viennent de la « lucarne des lumières » qui est le prophète Muhammad (C 24, 35).Ils sont donc supérieurs les uns aux autres mais cette supériorité ne concerne que leur connaissance spirituelle.

Chacun des deux imâm a un rôle respectif : l’imâm de la gauche Abd-er-Rab, veille sur la bonté du monde, l’imam de la droite, Abd-el-Malik a pour tâche de veiller sur le monde des esprits. Le pôle et les deux imâm font partie de la catégorie suivante : celle des quatre piliers : awtad, qu’ils constituent grâce à l’adjonction d’un quatrième personnage (watad), qui est le substitut de khidr1. Par eux, Allah protège les quatre directions du monde l’Orient, l’Occident, le Sud, le Nord et en tant que piliers ils portent les noms suivants : Abd-el-Hai, Abd-el-'Alîm, Abd-el-Qader, Abd-el-Mourid.

V. Les héritiers des prophètes

Il s’agit de awliya à qui, par pur privilège, Allah accorde des signes miraculeux du même type que les miracles propres à tel ou tel grand prophète. Ils en sont un peu comme les héritiers. Ainsi, il y a l’héritage de Moïse (wirata moussawiyya), l’héritage de Jésus la (wirata issawiyya) et l’héritage de Muhamraad (wirata muhammadiyya). La muhammadiyya s’applique aux êtres gratifiés d’une science spirituelle qui est le fruit de la pratique d’un des aspects de la loi apportée par Muhammad. Il fait donc référence au prophète historique. Pour eux, les signes de Dieu ne se manifestent pas extérieurement mais dans leur coeur, sous forme de science et d’état spirituel. Ils croissent en science au sujet du Seigneur à tout instant. Les signes (âyat) donnés aux enfants d’Israël étaient apparents, ainsi la Présence de Dieu (sakina) se manifestait extérieurement sur l’arche d’alliance ; ceux qui sont donnés aux héritiers de Muhammad sont dans leur cœur : ainsi ils sont ignorés du peuple et ne sont connus que de l’élite.

Pour ce qui est de la wiratha moussawiyya, elle est un privilège d’un certain Abu Yaza au Magreb, à qui Allah a accordé le même signe miraculeux qu’à Moïse. Lorsque Moïse descendit du mont Sinaï, Dieu le revêtit de lumière sur son visage. Ainsi, Abu Yaza était illuminé et nul ne pouvait voir son visage sans être ébloui et perdre la vue.

La qualification de Issawi s’applique d’abord aux disciples mêmes de Jésus (al-Hawâriyun) C 3, 52 et 5, 12. Les héritiers Issawi ont pour caractéristique principale, la réalisation de l’unité divine par l’élimination de toute figuration sensible. En effet,

1 Les commentateurs identifient Khidr au mystérieux compagnon de Moïse mentionné dans C 18.64. Il est le guide des voyageurs : les mystiques voudraient qu’il les accompagne dans leur itinéraire, les éclaire et les protège... et même les revête du khirqa du tassawuf.

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les chrétiens légitiment les images mais survient ensuite la loi de Muhammad qui interdit les représentations figurées. Or, Muhammad contient la réalité essentielle de Jésus et la loi de Jésus est enveloppée dans la loi de Muhammad. Les charismes propres au wali issawi présentent une analogie avec les miracles attribués à Jésus : il est doté d’une énergie spirituelle qui agit efficacement sur les êtres, et son comportement à l’égard des créatures quelle que soit sa religion est marquée par la miséricorde et la douceur. Cependant Muhammad contient la totalité des types prophétiques et intègre en sa personne les vertus spécifiques de chacun d'eux.

VI. Wali et miracles

Les miracles : (mu'jiza) sont le privilège des prophètes. Ils en ont parfois besoin pour prouver l’authenticité de leur mission et non pas pour se faire valoir. C’est un charisme lié à leur fonction prophétique.

Tandis que les miracles (karama) qui sont le lot des awliya sont des grâces extraordinaires dont ils sont favorisés. En fait, les vrais awliya ont tendance à renoncer à ces charismes, affirmant que ces phénomènes ne sont pas nécessaires à la sainteté ; au contraire ils peuvent être un danger. C’est pourquoi, le wali cache ses charismes, car le vrai wali ne doit même pas savoir qu’il en est un.

Cependant, ces grâces extraordinaires peuvent édifier les fidèles et leur servir à distinguer un wali authentique d’un imposteur. La plupart des maîtres ont peur des miracles et ne tiennent pas pour de vrais awliya ceux qui s’y complaisent. L’un d’eux dit que : « L’égalité d’âme dans l’épreuve est plus admirable que le don des miracles. Le vrai miracle c’est la substitution d’une qualité à un défaut ». Mais il ne faut pas exclure la rayonnante influence de puissantes personnalités d’autant plus efficaces qu’elles ont renoncé à tout point de vue personnel. La perspicacité surnaturelle du regard vraiment purifié et même des pouvoirs liés à certains stades du développement spirituel sont les signes extérieurs de tels charismes.

VII. Des femmes saintes : waliyat

Sanaï, un mystique persan disait : « une femme pieuse est meilleure que mille hommes mauvais ». Et pourtant Sanaï était plutôt connu pour son antipathie pour la femme. C’est lui, en effet, qui avait écrit que la constellation nommée « ours majeur » s’appelle en arabe (bamat al na'ch) : « les filles du cercueil » et il ajoute « il vaut mieux que les filles soient dans un cercueil que vivantes ». Et pourtant, l’histoire prouve que la femme a joué un rôle important dans le développement de la mystique en Islam. La figure de Rabia al A'daouia, dans l’histoire de la mystique est une des plus brillantes et des plus fascinantes. Ancienne joueuse de flûte, elle s’est convertie et est devenue le chantre de l’amour pur, clamant l’amour de Dieu. Elle passa sa vie à Bassorah, retirée du monde et y mourut en 801. En s’appuyant sur le texte du Coran 5, 54, elle ne craignit pas de désigner l’amour divin par le terme (hub) et de proclamer qu’un amour totalement gratuit est celui-là seul dont Dieu est digne.

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Une célèbre anecdote de Râbi‘a : « Un jour plusieurs soufis rencontrent Râbi‘a qui courrait portant du feu dans une main et de l’eau dans l’autre. Ils lui dirent : « ô dame du monde futur, où vas-tu et que signifie cela ? » elle répondit : « je vais pour incendier le paradis et noyer l’enfer en sorte que ces deux voiles disparaissent complètement devant les yeux des pèlerins, que le but leur soit connu et que les serviteurs de Dieu le puissent voir, Lui, sans aucun objet d’espoir ni motif de crainte. Qu’en serait-il si l’espoir du paradis et la crainte de l’enfer n’existaient pas. Hélas, personne ne voudrait adorer son Seigneur ou lui obéir ».

D’autres femmes contemporaines de Râbi‘a, à Bassorah et en Syrie, ont fait preuve de grande piété. Parmi elles : Mariam de Bassorah et Rihana surnommée El Wahila, (éprise d’amour). Parmi les descendants du prophète, quelques femmes sont renommées pour leurs vertus et leur piété, telles Saïda Nafisa et Saïda Zayneb dont les tombeaux au Caire sont visités par les fidèles. Les filles ou les femmes des mystiques étaient admises dans les réunions des confréries et manifestaient une grande aptitude à être instruites dans les voies mystiques, et à les vivre profondément. On raconte que la fille du mystique Abu Bakr El-Katani lors d’une session mystique, pendant que le cheikh Nouri parlait de l’amour, s’est évanouie et mourut. Il est arrivé aussi qu’une femme mystique ait entraîné son mari à la vie de foi et de piété, telle Fatima de Nishapur, femme de Ahmed Khidruya. Elle était de la confrérie de Dhu Nun et de Bistâmi.

Ajoutons que les soufis ont toujours manifesté un attachement particulier à Mariam, la mère immaculée de Jésus. Elle est considérée comme le symbole de l’Esprit dont elle a reçu le divin souffle et ainsi par la lumière divine elle a conçu. Elle est objet d’une haute vénération même des musulmans dans les multiples sanctuaires érigés en son honneur.

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DEUXIEME PARTIE : LA SAINTETE EN CHRISTIANISME

I. Ancien Testament

1. La sainteté absolue de Yahvé

L’Ancien Testament réserve le qualificatif de saint à la majesté divine incréée et absolument inaccessible. La sainteté de Dieu apparaît comme quelque chose d’inviolable, d’inaccessible et d’élevé au-dessus de tout être créé. Les trois fois saints d’Isaïe (le Trisagion) 6, 3, accentue la sainteté absolue de Dieu. Dieu s’appelle lui-même saint, parce que son nom est saint (Lév. 11, 44 ; Ps. 99, 3 ; Is. 40, 25).

Un autre aspect de la sainteté, c’est l’aspect moral. Yahvé, en promulguant le décalogue, exige de son peuple qu’il soit saint. Pour les prophètes, Dieu est la pureté absolue, tandis qu’en face de Lui, l’homme, y compris Moïse, Isaïe et les prophètes, sont pécheurs.

2. L’homme, quoique pécheur est appelé à être saint

Cependant, l’homme, quoique pécheur est appelé à la sainteté : « Soyez saints parce que je suis saint » (Lév. 11, 14). Et Dieu est disposé à pardonner le péché (Is. 41, 14 ; Os. 11, 9). Car, Dieu le saint ne veut pas la destruction de son peuple. Il exige qu’il soit saint parce qu’il est devenu lié à Dieu par l’alliance « il est devenu la propriété de Dieu » (Lév. 20, 26 ; Jér. 2,-3).

3. La sainteté culturelle

La sainteté culturelle a aussi sa place dans l’Ancien Testament ; elle symbolise et favorise la sainteté intérieure. Yahvé en prescrivant les règles cultuelles, s’est réservé des personnes (les lévites, les prêtres, les prophètes etc.) ; des lieux (le buisson ardent, Jérusalem, le Tabernacle, le Temple...) ; des temps (le sabbat, les jours de fête, années jubilaires...) ; des objets (ceux employés au culte : des ustensiles, les sacrifices, les pains de proposition, les ornements liturgiques, l’autel des holocaustes). Cultuellement, tout cela est sacré, c’est-à-dire interdit aux usages profanes.

4. La “magie” de la sainteté ; réaction des prophètes

Bien que cette sainteté physique n’eut pour but que de symboliser et garantir la sainteté intérieure, il arriva qu'on lui ait donné exagérément, un rôle indépendant, comme une sorte de qualité transmissible par simple contact (Ex. 29, 37). Évidemment, les prophètes ont réagi devant ces déviations qu’ils ont désapprouvées et condamnées. Car, il faut distinguer entre la sainteté véritable propre à Yahvé et le caractère sacré qui arrache au profane certaines personnes et

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certains objets, les situant dans un état intermédiaire, qui voile et manifeste à la fois la sainteté de Yahvé.

II. Nouveau Testament

1. Jésus est saint

Jésus, Verbe-de-Dieu fait homme, est venu dans le inonde pour y instaurer le Royaume de Dieu. Il est saint en sa personne et en sa mission. En lui, il n’y a aucun péché :

Nicodème, dit à Jésus : « Rabbi, nous savons que tu es un maître qui vient de la part de Dieu, car personne ne peut opérer les signes que tu fais si Dieu n’est pas avec lui. Jn. 3, 32 Qui de vous me convaincra de péché ? Si je dis la vérité pourquoi ne me croyez vous pas ? Jn. 8, 46 Désormais, je ne m’entretiendrai plus guère avec vous, car le prince de ce monde vient. Certes, il n’a en moi aucune prise Jn. 14, 30

2. Jésus source et exemple de sainteté du chrétien

Sa sainteté est le fondement et l’exemple de la sainteté du chrétien.

À ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Ceux-là sont nés de Dieu Jn. 1, 12 De sa plénitude, nous avons reçu grâce sur grâce. Jn. 1, 16 Quant à vous, vous possédez une onction reçue du Saint, et tous vous savez. 1 Jn 2, 20 De même que celui qui vous a appelé est saint, vous aussi devenez saints dans toute votre conduite. 1 P. 1, 15

3. L’homme chemine dans la voie de la sainteté en répondant aux appels de l’Évangile

L’homme sauvé par l’oeuvre de Rédemption réalisée par Jésus devra suivre un cheminement dans une foi lucide et engagée, et répondre aux appels de l’Évangile sous la conduite de l’Esprit-Saint qui guide et sanctifie :

Je suis consacré au ministère de l’Évangile de Dieu afin que les païens deviennent une offrande qui sanctifiée par l’Esprit-Saint, soit agréable à Dieu. Rm. 15, 16 Dieu vous a choisis dès le commencement pour être sauvés par l’Esprit qui sanctifie et par la foi en la vérité. C’est à cela qu’il vous a appelé par notre Évangile à posséder la gloire de Notre Seigneur Jésus-Christ. 2 Th. 2, 13

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Ces appels sont :

a. Rupture avec le péché

Sous toutes ces formes, pour se mettre en accord et en harmonie avec le règne de l’Amour :

En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste proclamant dans le désert de Judée : Convertissez-vous, le règne de Dieu s’est approché ». Mt. 3, 1-2

b. Une nouvelle naissance dans l’Esprit

- naissance personnelle par le baptême qui fait participer à la Pâque de Jésus : mourir avec Lui, pour ressusciter avec Lui.

Nul s’il ne naît d’eau et d’Esprit ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Jn. 3, 5 Par le baptême en sa mort, nous avons été avec Lui, afin que comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous menions aussi une vie nouvelle. Rm. 6, 4

- naissance communautaire ou de l’Église : Pentecôte qui continue à travers l’histoire ; l’Esprit est toujours à l’œuvre (Actes 2).

4. La sainteté à laquelle nous convie Jésus n’est pas une sainteté légaliste.

La sainteté n’est pas légaliste, conséquente à l’observance d’une loi ou de quelques rites. Elle n’est pas liée à une fonction ou à une situation sociale, ou un privilège quelconque. Elle est : Rencontre d’Amour avec Dieu, par Jésus-Christ, dans son Esprit et se traduit par :

a. L’imitation de Jésus

Vous soyez parfaits comme votre père céleste est parfait. Mt. 5, 48 Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Lc. 6, 36

b. Un esprit et une option : les Béatitudes

Heureux ceux qui ont une âme de pauvres, car le Royaume des Cieux est à eux.... Mt. 5, 3-12 ; Lc. 6, 20-22

c. La seule loi de Jésus

Aimer jusqu’à livrer sa vie pour ceux qu’on aime.

Voici mon commandement : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Nul n’a d’amour plus de grand que celui qui livre sa vie pour ceux qu’il aime ». Mt. 22, 34 Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je ne suis plus qu’airain qui sonne ou cymbale qui retentit… I Cor. 13, 1-13

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5. Ce cheminement n'est réalisable que par :

a. La prière

- Jésus a donné l’exemple de la prière - Il nous a demandé de prier sans cesse (Mt. 7, 6) avec insistance (Lc. 18) - Il nous a enseigné la prière (Mt. 6, 9 5 ; Lc. 11, 2-4)

b. La liberté des enfants de Dieu

Libération : - de toutes les prisons intérieures et extérieures. - de la loi (Ro. ; Gal. 3, 23) -des oeuvres de la chair, par l’Esprit (Gal. 5, 22)

c. Une ascèse

- Mourir pour vivre - Renoncer à des biens en vue du Royaume (Mt. 16, 24 -19, 16 ; Lc. 9, 23). - Le courage de la fidélité : c’est vivre la croix du Christ (Jn. 15, 18).

III. Canonisation

La canonisation c’est reconnaître chez certaines personnes un comportement évangélique vécu avec héroïsme et excellence dans la transparence de la vérité et dans une théophanie due à une vie intense de prière et d’union a Dieu. Dieu, dans sa miséricorde et sa bienveillance, visite la terre des hommes par ses saints, donnés comme modèles ou comme défenseurs des droits de l’homme ou pour répondre à un besoin ou à une détresse humaine. Les saints canonisés ne sont pas exclusifs. La canonisation se fait par l’Église qui s’exprime par la voix commune des fidèles et par son Magistère.

IV. Communion des saints

Les saints ne sont pas des isolés. Ils réalisent leur poursuite de Dieu, par Jésus, dans un mouvement collectif et communautaire. Unis à Jésus et vivifiés par son Esprit, tous sont profondément solidaires d’une même cause, et entraînés par la même motivation.

Ainsi, tous les saints, ceux qui cheminent encore sur les routes de la terre et ceux qui sont déjà arrivés dans la Maison du Père, sont en étroite communion et tous forment la même famille du Royaume de Dieu.

L’intercession des saints ne met aucune opacité entre les hommes et Dieu ; elle n’infirme en rien les relations directes des hommes avec Dieu. S’adresser à un saint n’est pas l’adorer, ni le vénérer à l'encontre de Dieu. Un saint n’a d’existence et de valeur qu’en Dieu. Le prier, c’est une démarche qui nous introduit dans le monde de Dieu, où il est le maître absolu, le Père infiniment loué et aimé.

L’intercession des saints, c’est les faire entrer dans notre vie, pour qu’elle devienne, par eux, plus transparente et plus témoignante de l’Évangile.

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V. Les saints aujourd’hui

Chaque époque a eu ses saints, ses saintes. Le saint d’une époque n’a pu être étranger aux valeurs et à la culture de son temps, ni à sa manière d’être et de vivre. Il est normal qu’il en soit marqué, ainsi compris par ses contemporains.

Notre 20e siècle a parfois du mal à comprendre et à admettre tel ou tel saint d’une autre époque. N’y a-t-il pas là une question de probité scientifique et intellectuelle que de placer et comprendre chaque personnage dans le contexte de son milieu et dans son époque ?

Notre époque ne manque pas de saints. Ils ont leur visage moderne, ne cherchant nullement le merveilleux et les moyens extraordinaires. Ils se sont laissés saisir par le Christ Jésus, et tentent de vivre à fond et intégralement l’esprit évangélique dans leur propre milieu et à travers leurs activités et tâches quotidiennes, par leur exemple de vie.

- Ils lancent au monde un défi où ils traduisent la victoire de l’amour, de la justice, de la paix, de la fraternité universelle, sans aucune restriction.

- Entraînés dans le sillon de l’amour du Christ, ils s’engagent réellement au service des pauvres, des marginaux sous toutes ses formes, des isolés comme peuples ou comme personnes ; ils épousent leur cause et leur combat, dans la non-violence, pour les libérer de leurs misères et leurs humiliations. Combien parmi eux sont morts dans l’offrande de leur vie, ou d’épuisement !

- D’autres fascinés par la vie avec Dieu sont devenus les promoteurs d’une contemplation silencieuse et d’une vie de prières ardentes, faisant passer dans un monde qui se veut opaque à Dieu, un faisceau de sa lumière et la consolation de sa Présence.

CONCLUSION

Une religion est testée par ses saints. Quand la religion engendre des saints et des saintes, c’est qu’elle est vivante, dynamique, fidèle à ses origines et à sa mission, animée par le souffle de Dieu. Dans le cas contraire, quand elle devient inféconde, se meut dans la banalité et la vanité, ressemble à un arbre qui perd ses feuilles et ses fleurs, où tout bourgeon de sainteté est absent, c’est qu’elle est rongée, de l’intérieur, par la tiédeur, l’indifférence et la complicité avec les gloires de ce monde. Sa flamme s’est éteinte.

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Table des matières

INTRODUCTION ..................................................................................................................................... 2 PREMIERE PARTIE : LA SAINTETÉ EN ISLAM ........................................................................................... 3

I. Nature et fonction du wali en Islam .................................................................................................... 3 1. Terminologie ................................................................................................................................. 3 2. Sens du mot wali ........................................................................................................................... 3

a. “Wali”dans le Coran ................................................................................................................ 3 b. “Wali” dans le hadith .............................................................................................................. 4 c. “Wali” chez quelques auteurs ................................................................................................ 4

II. Qui sont les awliya ? ........................................................................................................................... 5 1. Quatre types de awliya ................................................................................................................. 5 2. Muhammad l’homme parfait ....................................................................................................... 5 3. Vertus des awliya .......................................................................................................................... 6 4. les malamiya ................................................................................................................................. 6

III. Rapport entre le wali et le nabi (le prophète) .................................................................................... 7 IV. Hiérachie des awliya.......................................................................................................................... 7 V. Les héritiers des prophètes ................................................................................................................. 8 VI. Wali et miracles ................................................................................................................................. 9 VII. Des femmes saintes : waliyat ........................................................................................................... 9

DEUXIEME PARTIE : LA SAINTETE EN CHRISTIANISME .......................................................................... 11

I. Ancien Testament .............................................................................................................................. 11 1. La sainteté absolue de Yahvé ...................................................................................................... 11 2. L’homme, quoique pécheur est appelé à être saint ................................................................... 11 3. La sainteté culturelle .................................................................................................................. 11 4. La “magie” de la sainteté ; réaction des prophètes .................................................................... 11

II. Nouveau Testament ......................................................................................................................... 12 1. Jésus est saint ............................................................................................................................. 12 2. Jésus source et exemple de sainteté du chrétien ....................................................................... 12 3. L’homme chemine dans la voie de la sainteté en répondant aux appels de l’Évangile .............. 12

a. Rupture avec le péché ........................................................................................................... 13 b. Une nouvelle naissance dans l’Esprit .................................................................................... 13

4. La sainteté à laquelle nous convie Jésus n’est pas une sainteté légaliste. ................................. 13 a. L’imitation de Jésus ............................................................................................................... 13 b. Un esprit et une option : les Béatitudes................................................................................ 13 c. La seule loi de Jésus ............................................................................................................... 13

5. Ce cheminement n'est réalisable que par : ................................................................................ 14 a. La prière................................................................................................................................. 14 b. La liberté des enfants de Dieu ............................................................................................... 14 c. Une ascèse ............................................................................................................................. 14

III. Canonisation .................................................................................................................................... 14 IV. Communion des saints .................................................................................................................... 14 V. Les saints aujourd’hui ....................................................................................................................... 15 CONCLUSION ........................................................................................................................................ 15

Edition et mise en page : www.domuni.eu