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FRANCISCO CANDIDO XAVIER DANS LE MONDE SUPERIEUR 1

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Table des Matires

francisco candido xavierDANS LE MONDE

SUPERIEUR

PAR LESPRIT ANDRE LUIZFrancisco Candido Xavier

DANS LE MONDESUPERIEUR Srie Andr Luiz

(Collection La Vie dans le Monde Spirituel)Tome 5Rangeant mthodiquement des informations sur quelques secteurs des sphres les plus proches notre monde matriel, Andr Luiz focalise des aspects significatifs de la vie dans le monde spirituel et la communication entre les tres dsincarns et les tres incarns, spcialement durant le repos du corps physique.

Lauteur spirituel fournit des claircissements sur les causes du dsquilibre de la vie mentale et prsente les traitements spirituels correspondants. Il analyse les termes comme lavortement, lpilepsie, la schizophrnie et le mongolisme, dsignant bien le secours immdiat prts aux ncessiteux par les travailleurs invisibles, qui vitent autant que possible, la folie, le suicide et les extrmes dsastres moraux.

Lorsque llve est prt,

le matre apparat.

Edition brsilienne originalefrancisco candido xavierSrie Andr Luiz

(Collection La Vie dans le Monde Spirituel)Tome no 51. Nosso Lar, la Vie dans le Monde Spirituel,

2. Les Messagers

3. Missionnaires de la Lumire 4. Ouvriers de la Vie Eternelle 5. Dans le Monde Suprieur 6. Agenda Chrtien (en cours de traduction)

7. Libration, 8. Entre le Ciel et la Terre 9. Dans les Domaines de la Mdiumnit 10. Action et Raction 11. Evolution entre deux Mondes

12. Mcanismes de la Mdiumnit

13. Et la Vie Continue

Srie Andr Luiz

(Collection La Vie dans le Monde Spirituel)

Livres complmentaires

14. Conduite spirite (en cours de traduction)

15. Sexe et destin 16. Dsobsession

OUVRAGES DEJA TRADUITS EN FRANAIS

Srie Andr Luiz (Collection La vie dans le monde Spirituel) 1-16

1. Nosso Lar, la Vie dans le Monde Spirituel,

2. Les Messagers

3. Missionnaires de la Lumire 4. Ouvriers de la Vie Eternelle 5. Dans le Monde Suprieur 6. Agenda Chrtien (encours de traduction)

7. Libration, 8. Entre le Ciel et la Terre 9. Dans les Domaines de la Mdiumnit 10. Action et Raction 11. Evolution entre deux Mondes

12. Mcanismes de la Mdiumnit

13. Et la Vie Continue

14. Conduite spirite (encours de traduction)

15. Sexe et destin 16. Dsobsession

17. Av Christ

18. Le Consolateur

19. 50 ans plus tard

20. Il y a deux mille ans

21. Vers la Lumire

22. Justice Divine

23. Lumire Cleste

24. A la Dcouverte de lInvisible

25. Lettres dOutre-Tombe

26. Contes Spirituels

27. Directives

28. Religions des Esprits

29. Chronique de lAu-Del

30. Nous

31. Argent

Srie Source Vive

32. Source de Vie

33. Vigne de Lumire

34. Notre Pain

35. Chemin, Vrit et Vie.

Signal Vert (en cours de traduction)

TABLES DES MATIERESAvant-propos

7A propos des nologismes et du sens des mots

8Lexique

9Dans le voyage volutif

101. Entre deux plans

122. Le discours d'Eusbio

193. La maison mentale

274. Etudiant le cerveau

345. Le pouvoir de l'amour

436. Soutien fraternel

537. Processus rdempteur

628. Dans le sanctuaire de l'me

709. Mdiumnit

7910. Perte douloureuse

8911. Sexe

9812. Une trange infirmit

10613. Psychose affective

11414. Mesure salvatrice

12115. Appel chrtien

12616. Alins mentaux

13217. A l'entre des cavernes

13818. Vieille affection

14419. Nouveau rapprochement

15020. Dans le foyer de Cipriana

156Srie Andr Luiz: Prsentation de chaque livre (1-16)

1626163 Bibliographie de Francisco Candido Xavier

170 Listes des ouvrages en brsilien

173AVANT-PROPOS Ce livre fait partie d'une srie de treize ouvrages qui seront traduits en franais au fil du temps. Ils ont tous t psychographis , c'est--dire reu par criture automatique voir ce sujet Allan Kardec, Le Livre des Mdiums sujet 157 , par le plus connu des mdiums brsiliens, Francisco Cndido Xavier galement connu sous le surnom de Chico Xavier.Chico est n au Brsil, dans la ville de Pedro Leopoldo, tat du Minas Grais, en 1910. Trs tt il travailla au dveloppement de sa mdiumnit. Durant toute sa vie, ce n'est pas moins de 437 ouvrages qu'il crira sous la dicte de divers Esprits, dont Emmanuel, son guide spirituel, et Andr Luiz, mdecin de son vivant qui vcut au Brsil o il exerait sa profession.Andr vcut sa vie sans s'inquiter des choses spirituelles jusqu' ce que vienne sa dsincarnation. Cette tape est conte dans le premier livre de la srie, le plus vendu ce jour, Nosso Lar : La vie dans une colonie spirituelle . On y dcouvre l'arrive du mdecin dans l'au-del aprs qu'il ait quitt son corps physique. Mdecin sur la Terre, perdu dans l'ternit, on le voit voluer, se questionner, remettre ses croyances en question et grandir spirituellement. Il nous raconte son histoire tel qu'il l'a vcue et ressentie.Cette srie a pour but de montrer aux incarns que nous sommes, que rien ne s'arrte la mort du corps physique, loin de l.Ces lectures pourront certainement surprendre de par l'aspect extraordinaire des rcits. Pourtant, celui qui a lu ou lira Le Livre des Esprits, coordonn par Allan Kardec, avec attention, pourra y voir la concrtisation des prceptes et des fondements de la doctrine dlivre par les Esprits.La vie existe des degrs que nous ne souponnons mme pas, et nos frres de l'invisible sont l pour nous clairer, nous guider, pour nous redonner un peu de confiance et de srnit face aux grands questionnements de la vie et de la mort.Chacun de ces treize ouvrages aborde un thme li au Spiritisme, la vie des Esprits dans leurs relations quotidiennes entre eux mais aussi avec les incarns travers la mdiumnit.Ainsi, c'est une porte que nous voudrions ouvrir, aux lecteurs de langue francophone, sur un univers grandiose, tel qu'il est, dans toute son immensit, toute sa splendeur ; l'Univers qui nous entoure.LE TRADUCTEURA PROPOS DES NEOLOGISMES Allan Kardec, lui-mme, disait dans Introduction l'tude de la doctrine spirite du Livre des Esprits que pour les choses nouvelles il faut des mots nouveaux .Le Spiritisme est une doctrine nouvelle qui explore des domaines nouveaux. Ainsi, afin de pouvoir en parler clairement, nous avons besoin d'un vocabulaire limpide, parlant.De plus, dans le respect des livres originaux, ces traductions ont eu besoin de l'emploi de mots n'existant pas dans la langue franaise pourtant si riche. D'autres termes, d'autres expressions ont, quant eux, un sens un peu diffrent de celui gnralement attribu.Tout cela se trouve expliqu dans le court lexique qui suit.LEXIQUE Ce petit lexique a pour but d'expliquer les nologismes employs et le sens de certains mots dans leur acception spirite. DSOBSESSION : Travail d'assistance mdiumnique durant lequel une discussion s'tablie entre l'Esprit obsesseur et une personne charge de l'orientation spirituelle. Nologisme. OBSESSEUR: Esprit, incarn ou dsincarn, se livrant l'obsession d'une autre personne, elle-mme incarne ou dsincarne. Nologisme. ORIENTATION SPIRITUELLE : discussion visant aider et clairer un Esprit souffrant sur sa condition et sur les opportunits d'amlioration de son tat. Se pratique lors des sances de dsobsession , par des orienteurs incarns ou dsincarns. OBSESSION : Acte par lequel un Esprit exerce un joug sur un autre Esprit (voir ce sujet Le Livre des Mdiums, ch. 23 - De l'obsession). PSYCHOGRAPHIE : Du grec psufch (me) et graphia (criture) ; fait d'crire sous la dicte d'un Esprit. Type de mdiumnit. Nologisme. psychographier PSYCHOPHONIE : Du grec psufch (me) et phnia (voix) ; fait de parler sous l'influence d'un Esprit. Mdiumnit d'incorporation. Nologisme. PRISPRIT : Enveloppe semi-matrielle de l'Esprit. Chez les incarns, il sert de lien ou d'intermdiaire entre l'Esprit et la matire ; chez les Esprits errants, il constitue le corps fluidique de l'Esprit. (Le Livre des Mdiums, chapitre 32 - Vocabulaire Spirite) prispritique : qui est relatif au prisprit. Nologisme. VAMPIRE : les vampires, dans le Spiritisme, sont des tres qui absorbent l'nergie et les sensations des personnes. Il ne s'agit plus de buveurs de sang mais de buveurs de fluides qui sont, en ralit, des Esprits ignorants, encore trs attachs aux sensations et la matire. VOLITION : Exercice de la volont dans une exprience parapsychologique. (Petit Robert) Acte par lequel les Esprits se dplacent au moyen de leur volont. Ils flottent pour ainsi dire dans l'air, et glissent sur la terre. voliterDANS LE VOYAGE VOLUTIF

Des quatre coins de la Terre, des voyageurs humains partent quotidiennement, par milliers, en qute du pays de la Mort. Ils partent des illustres centres de la culture europenne, des villes amricaines tumultueuses, des vieilles rgions asiatiques, des pres climats africains. Ils proviennent des mtropoles, des bourgs, des champs...Peu d'entre eux vcurent sur les monts de la sublimation, lis aux devoirs anoblissants. La majorit se constitue d'esprits plus petits, en lutte pour l'obtention de titres qui rehaussent leur personnalit. Ils ne sont pas parvenus devenir des hommes complets. Ils ont travers la mare magnum de l'humanit en exprimentation continuelle. Bien souvent, ils se sont habitus aux vices de toute sorte, perdurant volontairement sur les sentiers de la draison. Pourtant, malgr cela, ils se sont toujours attribus la condition indue d' lus de la Providence ; et, cristalliss dans une telle supposition, ils ont appliqus la justice sur leur prochain, sans prendre conscience de leurs propres fautes, attendant un paradis empli de grces et un enfer de torture sans fin pour les autres. Quand perdus dans les mandres du matrialisme aveugle, ils ont cru, sans que cela soit justifi, que le leur mmoire se clorait dans la tombe ; et s'ils avaient appartenu aux coles religieuses, de rares exceptions, ils ont compt, avec lgret et inconsquence, sur des privilges pour l'obtention desquels ils n'avaient jamais rien fait.O hberger cette caravane trange et infinie ? Comment dsigner la mme destination des voyageurs ayant une culture, une position et des bagages aussi divers ?

Face la Suprme Justice, le Malgache et l'Anglais jouissent des mmes droits. Mais ils seront certainement spars par leur conduite individuelle, face la Loi Divine qui distingue, invariablement, la vertu et le crime, le travail et l'oisivet, la vrit et la simulation, la bonne volont et l'indiffrence. Par ailleurs, saints et malfaiteurs, hommes diligents et hommes fainants prennent part la prgrination continuelle.

Comment valuer selon un barme unique des tres aussi htrognes ? Pourtant, considrant notre origine commune, ne sommes-nous pas tous fils du mme Pre ? Et pourquoi foudroyer les dlinquants d'une condamnation sans appel si le dictionnaire divin inscrit en lettres de feu les mots rgnration , amour et misricorde ? Le Seigneur dciderait-Il que les tres cultivent de manire compulsive l'esprance, pendant que Lui, de Son ct, dsesprerait ? Glorifierait-Il la bonne volont parmi les hommes, pour demeurer Lui-mme dans le cachot obscur de la ngation ? Le sauvage qui aura limin ses semblables par les flches aurait reu les mmes opportunits d'apprentissage que celles de l'europen supercivilis, qui extermine son prochain la mitrailleuse ? Seraient-ils tous deux prpars entrer dfinitivement au paradis de la bonne aventure sans fin, simplement grce au baptme symbolique ou grce un repentir tardif sur le lit de mort ?Les arguments thologiques immuables n'arrivent pas toujours heurter la logique et le bon sens. La vie n'interrompt jamais ses activits naturelles par l'imposition de dogmes tablis sur l'artifice. Et si une simple uvre d'art, dont la finalit est de moisir dans les muses, exige la patience d'annes pour tre entreprise et ralise, que dire de l'uvre sublime du perfectionnement de l'me, destine des gloires immarcescibles ?Plusieurs compagnons d'idal trouvent trange la coopration d'Andr Luiz qui nous rapporte des informations sur quelques-uns des secteurs des sphres les plus proches du commun des mortels.Abuss par la thorie du moindre effort, inexistante dans les cercles levs, ils ont compt, dans la prminence personnelle, sans aucun tmoignage de service et distants du travail digne, sur un ciel de jouissances contemplatives, sur une exubrance de confort mielleux, fis prfreraient l'insouciance des galeries, plongs dans une batitude permanente o la grandeur divine se limiterait de prodigieux spectacles dont les numros les plus surprenants seraient la charge des Esprits Suprieurs, convertis en jongleurs aux vtements brillants.

Cependant, la mission d'Andr Luiz est de rvler les trsors dont nous sommes les heureux hritiers dans l'ternit, richesses imprissables, que nous n'obtiendrons jamais sans l'indispensable acquisition de la Sagesse et de l'Amour.

Pour cela, nous ne travaillons pas en de miraculeux laboratoires de flicit improvise, o des dons et d'ordinaires ailes de cire s'acquirent un prix abject. Nous sommes fils de Dieu, en croissance. Que ce soit dans les champs des forces condenses, tel que ceux de la lutte physique, ou bien dans les sphres et nergies subtiles, tel que celles du plan suprieur, les ascendants qui prsident nos destins sont d'ordre volutif, purs et simples, avec une indfectible justice qui nous suit de prs, la lumire glorieuse et compatissante du Divin Amour.La mort ne fournira de passeport gratuit pour le bonheur cleste personne. Jamais elle ne promouvra automatiquement les hommes au stade d'ange. Chaque tre franchira cette douane de l'ternit avec, exclusivement, les bagages qui auront t sems, et il apprendra que l'ordre et la hirarchie, la paix du travail difiant, sont des caractristiques immuables de la Loi, de tout temps.

Aprs la tombe, personne ne jouira d'un repos auquel il n'a pas droit, car le Rgne du Seigneur ne vient pas avec les apparences extrieures .Les compagnons qui, dans l'exprience humaine, comprennent l'escalier sublime dont il faut vaincre les marches au prix de la sueur, avec le profit des bndictions clestes, l'intrieur de la pratique incessante du bien, ne seront pas surpris par les rcits du messager anim par la volont de servir par amour. Ils savent qu'ils n'auront pas reu le don de la vie pour tuer le temps, ni le prsent de la foi pour confondre leurs semblables, qui se trouvent absorbs dans l'excution des Divins Desseins. Toutefois, les affirmations de l'missaire fraternel provoqueront, chez les adeptes du favoritisme pris dans la toile des vieilles illusions, mcontentement et perplexit.Il est pourtant naturel que chaque laboureur respire l'air du champ qu'il a choisi.Mais nous invoquons, sur tous, la bndiction de l'ternel, tant pour eux, que pour nous.EMMANUEL Pedro Leopoldo, le 25 mars 1947.1

entre deux plansUn splendide clair de lune recouvrait les angles du paysage d'une intense lumire. l'Ouest, de merveilleux cumulus s'parpillaient sur l'horizon, ressemblant des chteaux de mousse laiteuse perdus dans l'immensit azur ; confin dans l'espace infini, le paysage terrestre contrastait avec le doux enchantement des hauteurs, laissant entrevoir une vaste plaine parseme de bosquets d'un lourd vert fonc. Au Sud, des cirrus aux formes changeantes s'inclinaient du Ciel sur la Terre, symbolisant des atours de mousseline vanescente ; j'voquai cet instant la jeunesse de l'Humanit incarne, me demandant si ces rubans blancs du firmament ne seraient pas des bandes clestes protgeant le repos de l'cole terrestre.La solitude imposante de la pleine lune m'inspirait presque de la terreur par la mlancolie de sa majestueuse et indicible beaut.L'ide de Dieu entrana ma pense, m'arrachant des marques de respect et de gratitude que je ne parvenais pas exprimer. En pleine maison de la nuit, je rendais un culte d'amour l'ternel qui en avait cr les fondations dans le silence et dans la paix, pour le soulagement des mes incarnes la Surface de la Terre.Le lumineux disque lunaire irradiait, ainsi, de merveilleuses suggestions. Sous ses reflets, l'volution terrestre avait commenc, et de nombreuses civilisations avaient modifi le cours des expriences humaines. Cette mme lampe suspendue avait clair le chemin des tres primitifs, avait conduit les pas des conqurants, avait dirig le voyage des saints. Tmoin impassible, elle avait observ la fondation des cits somptueuses accompagnant leur prosprit et leur dcadence ; elle avait contempl les incessantes rnovations de la gographie politique du monde ; elle avait brill sur la tte couronne des princes et sur le bton de pasteurs bien misreux ; elle avait assist, tous les jours, depuis de longs millnaires, la naissance et la mort de millions d'tres. Son auguste srnit refltait la paix divine. L, en dessous, dsincarns et incarns, possesseurs d'une intelligence relative, nous pouvions procder des exprimentations, rparer les routes, contracter des engagements ou difier des vertus, entre l'esprance et l'inquitude, apprenant et rptant toujours. Mais la Lune solitaire la blancheur lumineuse nous apportait l'ide de la tranquillit inexpugnable de la Divine Loi.

La rgion de la rencontre est toute proche.Les paroles de l'assistant Caldraro interrompirent ma mditation. L'avis me fit sentir le travail, la responsabilit ; je me rappelais surtout que je ne me trouvais pas seul.Nous ne voyagions pas ensemble sans objectif.D'ici quelques minutes, nous partagerions les travaux de l'instructeur Eusbio, paladin dvou de l'amour chrtien, en service d'aide auprs des compagnons ncessiteux.Eusbio se ddiait, depuis longtemps, au ministre du secours spirituel, avec d'immensment vastes crdits sur notre plan. Il avait renonc des positions bien en vue et il avait ajourn de sublimes ralisations, se consacrant entirement aux affams de lumire. Il supervisait une prestigieuse organisation d'assistance dans une zone intermdiaire, rpondant des tudiants relativement spiritualiss, car encore soumis au cercle de la chair, et des disciples rcemment librs du champ physique.L'norme institution, laquelle il ddiait une administration fulgurante, regorgeait d'mes situes entre les sphres infrieures et suprieures, personnes avec une immensit de problmes et de questionnements de toutes les espces, requrant sa patience et sa sagesse ; cependant, l'infatigable missionnaire, malgr l'accumulation constante de services complexes, trouvait le temps pour descendre hebdomadairement la Surface Plantaire, rpondant aux intrts immdiats d'apprentis qui posaient leur candidature afin de devenir ses disciples, sans recours d'lvation pour venir la rencontre de son verbe illumin, dans la soif suprieur.Je ne le connaissais pas personnellement mais Caldraro recevait son orientation, en conformit avec le milieu hirarchique, et il se rfrait lui avec l'enthousiasme du subordonn qui s'attache son chef, plaant l'amour au-dessus de l'obissance.L'assistant, son tour, fournissait un service actif la Surface de la Terre, rpondant, de manire directe, aux frres incarns. Il s'tait spcialis dans la science du secours spirituel, science que nous pourrions appeler psychiatrie illumine chez les chercheurs du monde, secteur de ralisations qui nie sduisait depuis trs longtemps.

Disposant d'une semaine sans obligations dfinies parmi les charges qui m'incombaient, je sollicitai la permission d'entrer dans le groupe d'ducation dont Caldraro, qui m'accepta avec la gentillesse caractristique des lgitimes missionnaires du bien, et qui se proposa de me diriger amicalement, s'tait fait l'minent orienteur. Je me trouvais avec une opportunit favorable mes intentions d'apprentissage, car l'quipe de prparation qui recevait ses enseignements voyageait dans une autre rgion, engage dans des activits difiantes. Pour cette raison, il pourrait m'accorder toute son attention, rpondant mes attentes.

Les cas le concernant, m'expliqua-t-il aimablement, ne prsentaient pas une grande continuit : ils se divisaient ; ils constituaient des ouvrages improviss, obissaient des ordres de travail ou des situation imprvues. En d'autres champs d'action, une feuille de route se faisait indispensable, les conditions et circonstances, prvues. Mais dans le cadre de responsabilits qui lui taient affectes, les normes diffraient ; il importait d'accompagner les problmes, comme les manifestations imprvues de la vie elle-mme. En raison de telles fluctuations, il n'tablissait pas de programmes concernant des cas particuliers, pas de manire stricte. Il excutait les devoirs qui lui incombaient, o, comme et quand les desseins suprieurs le dterminaient. Le but fondamental de la tche s'inscrivait dans le secours immdiat auprs des malheureux, vitant, quand cela tait possible, la folie, le suicide et les dsastres moraux extrmes. Pour ce faire, le missionnaire en action tait oblig de connatre profondment le jeu des forces psychiques, faisant preuve d'un dvouement pur envers le bien de son prochain. Sur ce point, Caldraro ne laissait planer aucun doute. La bont spontane tait, chez-lui, un indice de vertu, et son inbranlable srnit rvlait sa sagesse.Je ne jouissais pas de sa prsence depuis longtemps, l'ayant serr dans mes bras pour la premire fois la veille. Mais il suffit d'une minute de syntonie pour que s'tablisse entre nous une saine intimit. Bien que je reconnusse sa sobrit verbale, ds le moment de notre rencontre, nous nous mmes changer des impressions comme de vieux amis.

Suivant donc ses pas, affectueusement, l'me rige dans la fraternit et la confiance, je me retrouvais une courte distance d'un parc immense, en pleine nature terrestre.Tout autour, des arbres robustes aux cimes bruissantes, s'alignaient la manire de sentinelles postes dessein afin de veiller sur nous pendant nos services.

Le vent soufflait, chantant en sourdine ; dans ce lieu illumin de clarts inaccessibles la facult de perception du regard humain, quelques centaines de compagnons taient rassembls, temporairement loigns du corps physique par la force libratrice du sommeil.

Des amis de notre sphre nous accueillirent avec zle, dmontrant un intrt affectif, un plaisir de servir et une sainte patience. Je remarquai que bon nombre d'entre eux se tenaient debout ; d'autres, cependant, s'installaient sur les protubrances du sol tapiss d'une douce pelouse, absorbs dans des conversations graves et respectueuses.

Me mettant dans l'ambiance pour ce moment d'extrme beaut spirituelle, Caldraro m'avisa : Dans la runion d'aujourd'hui, l'instructeur Eusbio recevra des tudiants du spiritualisme dans ses plus divers courants qui dposent leur candidature pour les services d'avant-garde.

Oh ! m'exclamai-je, curieux. Il ne s'agit donc pas d'une assemble regroupant des individus affilis indiffremment aux coles de la foi ?

L'assistant m'expliqua tout de suite :

Cette mesure ne serait pas recommande dans le cercle de notre spcialit. L'instructeur s'est attach l'apostolat de l'assistance auprs des tres incarns et des tres rcemment librs de la zone physique en particulier, qui ont besoin d'employer leur temps aux heures de dissertation, pour un profit maximum. L'htrognit de principes entre des centaines d'individus, chacun avec son opinion, obligerait des digressions diffuses, entranant de condamnables pertes d'opportunits.

Il attarda son regard sur la multitude puis ajouta :

Selon un calcul approximatif, nous avons ici mille deux cents personnes. De ce nombre, quatre-vingts pour cent se constituent d'apprentis des temples spiritualistes dans leurs diffrents secteurs, encore inaptes aux grands vols de la connaissance, bien qu'ils nourrissent de ferventes aspirations de collaboration avec notre Plan Divin. Ce sont des compagnons au potentiel de vertus lev. Ils donnent l'exemple de la bonne volont, s'entranent l'illumination intrieure au travers de l'effort louable ; malgr tout, ils n'ont pas encore cr l'essence de la confiance pour leur usage propre. Ils tremblent face aux temptes naturelles du chemin et hsitent dans le cercle des preuves ncessaires l'enrichissement de l'me, exigeant de notre part une attention particulire, puisque, par leurs tmoignages de diligence dans l'uvre qui spiritualise, ce sont les futurs instruments pour les travaux qui viennent. Malgr la clart qui leur souligne les lignes directrices, ils souffrent encore de dsharmo-nies et d'angoisses qui menacent leur quilibre naissant. Pourtant, l'assistance ncessaire ne leur fait pas dfaut. Des institutions pour la restauration des forces leur ouvrent leurs portes accueillantes dans nos sphres d'action. La libration par le sommeil est un recours immdiat de nos manifestations de soutien fraternel. Au dbut, ils reoivent notre influence inconsciemment. Mais par la suite, ils fortifient peu peu leur esprit, gravant notre concours dans leur mmoire, prsentant des ides, des conseils, des suggestions, des informations et inspirations bnfiques et libratrices, au travers de souvenirs imprcis.Il fit une brve pause et conclut :

Les autres sont des collaborateurs de notre plan engags dans un travail d'aide.

L'organisation des travaux tait digne d'une sincre admiration. Nous tions dans un champ essentiellement terrestre. L'atmosphre, imprgne d'armes que le vent rpandait alentours, me rappela mon foyer de la Terre entour de son jardin, pendant les nuits touffantes.

Qu'aurais-je ralis dans le monde physique si j'avais reu, en d'autres temps, la bnite opportunit de l'illumination ? Cette poigne de mortels sous le clair de Lune me faisait penser une assemble de privilgis, favoriss par de clestes gnies. Des millions d'hommes et de femmes endormis dans les villes voisines, prisonniers des intrts immdiats et dsirant ardemment l'change des plus viles sensations, ne pouvaient imaginer, mme de loin, l'existence de cet original rassemblement de candidats la lumire intime, convoqus la prparation intensive visant des excursions plus longues et efficaces dans le domaine de la spiritualit suprieure. Avaient-ils la notion de la sublime opportunit qui leur tait accorde ? Profiteraient-ils du don avec la comprhension suffisante des valeurs ternelles ? Marcheraient-ils tout droit, avec hardiesse, ou stationneraient-ils au contact des premiers obstacles, dans l'effort illuminant ?

Percevant mes questionnements intrieurs, Caldraro ajouta :

Notre communaut de travail se ddie essentiellement au maintien de l'quilibre. Tu n'ignores pas que la modification du plan mental n'est jamais impose aux individus : elle est le fruit du temps, de l'effort, de l'volution ; et l'difice de la socit humaine, ce moment du monde, se trouve branl sur ses fondations, obligeant un nombre immense de personnes procder des rnovations imprvues. Bien entendu, tu ne seras pas surpris si je te dis qu'en face de l'essor de l'intelligence moderne, qui se heurte la paralysie des sentiments, la raison priclite. Le progrs matriel tourdit l'me de l'homme inattentif. Il y a des sicles que de grandes masses demeurent distantes de la lumire spirituelle. La civilisation purement scientifique est un Saturne dvorateur, et l'humanit prsente fait face aux implacables exigences de la rapide croissance mentale. De cela dcoule l'aggravation de nos obligations dans le secteur de l'assistance. Les ncessits de prparation de l'esprit s'intensifient un rythme effrayant.A cet instant, nous atteignmes la foule pacifique. Mon interlocuteur sourit en soulignant : Le hasard n'opre pas de prodiges. N'importe quelle ralisation doit tre planifie, commence, et mene terme. Afin que l'homme physique se convertisse en homme spirituel, le miracle exige une grande collaboration de notre part.Il m'adressa un regard bien significatif et conclut : Les sublimes ailes de l'me ternelle ne se dploient pas dans les recoins troits d'une couveuse. Il faut travailler, polir, souffrir. ce moment, quelqu'un s'approcha, nous adressant la parole : il s'agissait d'un compagnon dvou, nous informant qu'Eusbio entrait dans les lieux. Effectivement, le missionnaire apparut par une ouverture toute pioche, entour de six assesseurs, tous nimbs de halos d'une intense lumire.L'orienteur plein d'abngation n'affichait pas les traits de la vnrable vieillesse avec laquelle nous imaginons, en gnral, les aptres des rvlations divines ; il avait le visage des hommes robustes, en pleine maturit spirituelle. Ses yeux sombres et tranquilles ressemblaient des sources au pouvoir magntique immense. Il nous contempla, souriant, comme un simple collgue, mais sa prsence imposa un respectueux silence. Toutes les conversations qui avaient lieu ici et l cessrent, et devant les fils de lumire que les travailleurs de notre plan tissaient tout autour de l'enceinte, nous isolant d'un ventuel assaut des forces infrieures, seul le vent, calme, levait sa voix, susurrant quelque chose de beau et de mystrieux au feuillage.Nous nous assmes tous, l'coute, pendant que l'instructeur se maintenait debout. L'observant, pratiquement face face, je pouvais prsent apprcier son majestueux visage qui respirait l'assurance et la beaut. Il irradiait de ses traits imperturbables la bont et la comprhension, la tolrance et la douceur. Son ample tunique de couleur vert clair mettait des scintillements d'un vert meraude. Cette personnalit vigoureuse inspirait vnration et tendresse, confiance et paix.Une fois la quitude de l'ambiance consolide, il leva sa main vers les Hauteurs et pria avec une inflexion mouvante dans la voix :

Seigneur de la Vie,Bnis notre intentionD'entrer sur le chemin de la Lumire !...Nous sommes Tes enfants,Encore esclaves des cercles restreints,Mais la soif de l'InfiniDchire les voiles de notre tre.Hritiers de l'immortalit,Nous cherchons Tes sources ternelles,Attendant, confiants, Ta misricorde.Par nous-mmes, Seigneur, nous ne pouvons rien.

Sans Toi, nous ne sommes que des branches coupes

Que le feu de l'exprience

Torture ou transforme...Cependant, unis dans Ton Amour,

Nous sommes les continuateurs glorieux

De Ta Cration Interminable.Nous sommes quelques milliardsDans le champ terrestre ;Et, avant tout,Nous louons Ta grandeurQui n'opprime pas notre petitesse...Dilate notre perception face la vie,Ouvre nos yeuxBrouills par le sommeil de l'illusion,De manire ce que nous partagions Ta gloire sans fin!...Rveille doucement notre oreille,Afin que nous percevions le cantiqueDe Ta sublime ternit.Bnis les semences de sagesseQue Tes messagers rpandirentDans le champ de nos mes ;Fconde notre sol intrieur,Pour que les germes divins de prissent pas.Nous savons, Pre,Que la sueur du travailEt la larme de la rdemptionConstituent un gnreux engraisPour la floraison de nos semailles ;Toutefois,Sans Ta bndiction,La sueur alanguitEt la larme dsespre...Sans Ta main pleine de compassion,Les vers des passionsEt les temptes de nos vicesPeuvent ruiner notre labour son commencement...Rveille-nous Seigneur de la Vie,

la lumire des opportunits prsentes ;

Afin que les attritions de la lutte ne les rendent pas inutiles,Guide nos pieds vers le bien suprme ;Revt notre curDe Ta srnit paternelle.Renforant notre rsistance !Puissant Seigneur,Soutiens notre fragilit,Corrige nos erreurs,claire notre ignorance,Accueille-nous en Ton sein fait d'amour.Que s'accomplissent, Pre Aim,

Tes souverains desseins,

Maintenant et toujours. Ainsi soit-ilL'mouvante demande termine, l'orienteur baissa ses yeux brouills de larmes, et je vis alors, domin par la jubilation, qu'une clart diffrente tombait sur nous en un jaillissement cristallin depuis des hauteurs inconnues.Des particules pareilles de l'argent thris pleuvaient l'intrieur des lieux, s'infiltrant dans les racines des arbres qui se trouvaient les plus proches, au dehors.Un enchantement nouveau se fit en mon me. Au contact des effluves divins, je perus que mes forces s'apaisaient graduellement, au profit d'une rceptivit merveilleuse. Tout autour, les mmes notes d'allgresse et de beaut planaient, car le calme et le bonheur transparaissaient sur tous les visages, tourns, extatiques, vers l'instructeur autour duquel taient visibles de plus intenses ondes de lumire cleste.Une sublime flicit inonda tout mon tre, me plongeant dans un indfinissable bain d'nergies rnovatrices.Mes yeux se rvlrent incapables de retenir les larmes de joie que les scintillements harmonieux distillaient depuis les sources caches de l'esprit. Et, avant que le noble mentor ne reprenne la parole, je remerciai en silence la rponse du Ciel, reconnaissant dans la prire, une fois encore, non seulement la manifestation de la rvrence religieuse, mais aussi le moyen d'accder aux inpuisables jaillissements du Pouvoir Divin.2

le discours d'eusbioDress, le thorax embras par une douce lumire, l'instructeur dit de manire mouvante : Nous nous adressons vous, frres qui ave/, pour le moment, la possibilit d'apprendre dans l'cole physique bnite. Pouss par la ncessit, dans la soif de la science on dans l'angoisse de l'amour qui franchit les abmes, vous avez, vaincu les lourdes frontires vibratoires, vous trouvant au point de dpart du chemin diffrent qui vous l'ail lace. Pendant que votre organisation corporelle se repose dis tance, s'entranant pour la mort, vos mes presque libres partagent avec nous la fraternit et l'esprance, duquant facults et sentiments en vue de la vie vritable. Naturellement, quand vous reprendrez votre enveloppe terrestre, vous ne pourrez conserver le plein souvenir de ces instants en raison de la dficience du cerveau, incapable de supporter la charge de deux vies simultanes ; le souvenir de notre comprhension persistera, malgr tout, au fond de votre tre, vous orientant vers des tendances suprieures pour le terrain de l'lvation, et vous ouvrant la porte intuitive de manire ce que notre pense fraternelle vous assiste.

L'orateur fit une pause brve, nous fixant de son regard calme et lucide, et, sous la lgre et incessante pluie de rayons argents, il poursuivit :

Lasss des sensations rptes dans le plan grossier de l'existence, vous essayez de marcher en d'autres domaines. Vous cherchez la nouveaut, le confort inconnu, la solution de torturantes nigmes ; cependant, n'oubliez pas que la flamme du cur converti en sanctuaire de clart divine, est l'unique lampe capable d'illuminer le mystre spirituel, dans notre marche sur le sentier rdempteur et source d'volution. Dans le monde, au ct de chaque homme et de chaque femme, la Volont de Dieu demeure vive en ce qui concerne les devoirs qui leur reviennent. Chacun devant lui le service qui est sien, comme chaque jour apporte avec lui les possibilits spciales de ralisation dans le bien. L'Univers s'encadre dans un ordre absolu. Oiseaux libres en des cieux limits, nous interfrons dans le plan divin, nous crant des prisons et des liens, libration et enrichissement. Il faut donc que nous nous adaptions l'quilibre divin, rpondant la fonction isole qui nous revient dans la ruche de la vie. Depuis quand faisons-nous et dfaisons-nous, terminons-nous et recommenons-nous ; depuis quand nous engageons-nous dans le voyage rparateur et revenons-nous, perplexes, pour le recommencement ? Sur la scne de la Surface Plantaire, nous sommes les mmes acteurs du drame volutif. Chaque millnaire est un acte bref, chaque sicle est un court tableau. Cela dit, tel des enfants insouciants s'amusant seulement de jeux infantiles, nous perdons dans l'utilisation des corps sacrs l'opportunit sanctifiante de l'existence ; ainsi, nous nous faisons les rprouvs des lois souveraines qui nous entravent dans les toiles de la mort, comme les pirates naufrags indignes de revenir, pour une longue priode, aux luttes en mer. Pendant que des millions d'mes jouissent de bonnes occasions de s'amliorer et de se rajuster, se livrant de nouveau l'effort rgnrateur dans les villes terrestres, des millions d'autres dplorent leur propre droute, perdues dans la tnbreuse retraite de la dsillusion et de la souffrance. Nous ne nous rfrons pas ici aux hroques missionnaires qui supportent les sanglantes blessures des tmoignages angoisss, par esprit de renoncement et d'amour, de solidarit et de sacrifice ; se sont des lumires provisoirement distantes de la Lumire Divine et qui rentrent au domicile terrestre comme le travailleur fidle revient son foyer, la fin du travail quotidien. Nous nous rfrons aux nombreuses multitudes d'mes indcises, prises d'ingratitude et de doute, de faiblesse et d'garement, mes formes la lumire de la raison, mais tombes en esclavage sous la tyrannie de l'instinct.

Et dans un acte d'humilit chrtienne, Eusbio continua :

Nous parlons de nous tous, voyageurs qui nous nous dispersons dans le dsert de notre propre ngation ; de nous, oiseaux aux ailes brises, qui tentons de voler jusqu'au nid de la libert et de la paix, et, cependant, qui nous dbattons dans le bourbier des plaisirs avilissants. Pourquoi ne pas rprimer le cours des passions corrosives qui flagellent notre esprit ? Pourquoi souffrir l'ardeur de l'animalit dans laquelle nous nous complaisons, ds les premires notions de raisonnement ? Toujours le terrible dualisme de la lumire et des tnbres, de la compassion et de la perversit, de l'intelligence et de l'impulsion bestiale. Nous tudions la science de la spiritualit consolatrice depuis les origines de la raison, et cela dit, nous nous consacrons l'avilissement et au massacre depuis les poques les plus recules.

Nous avons chant des hymnes de louange avec Krishna, apprenant le concept d'immortalit de l'me l'ombre des augustes arbres qui poussent sur les cimes de l'Himalaya, et nous descendions, tout de suite aprs, vers la valle du Gange, tuant et dtruisant afin de jouir et de possder. Nous avons pel l'amour universel avec Siddhrta Gautama et perscut nos semblables lors d'alliances avec les guerriers cingalais et hindous. Nous avons t les hritiers de la Sagesse dans les temps lointains du Sphinx, et cependant, de la rvrence de l'initiation nous sommes passs l'hostilit sanguinaire sur les berges du Nil. Accompagnant l'arche symbolique des hbreux, nous avons lu bien des fois les commandements de Jhovah, contenus dans les rouleaux sacrs, et inattentifs, nous les avons oublis au premier son strident de la guerre contre les philistins. Nous avons pleur d'motion religieuse Athnes et avons assassins nos frres de Sparte. Nous avons admir Pythagoi le philosophe, et avons suivi Alexandre, le conqurant. Rome, nous avons apport de prcieuses offrandes aux dieux, dans de merveilleux sanctuaires, exaltant la vertu, pour dgainer les armes quelques minutes plus tard, dans les frictions des temples, dissminant la mort et intronisant le crime ; nous avons crit des phrases harmonieuses propos de la vie, avec Marc Aurle, et nous ordonnions le massacre de personnes dgages de toute culpabilit et utiles la socit. Avec Jsus, le Divin Crucifi, notre attitude n'a pas t diffrente. Sur les dpouilles des martyrs, immols dans les cirques, nous avons vers des rivires de sang en vindicte cruelle, dressant les bchers du sectarisme religieux. Nous avons soutenu les administrateurs arbitraires et ignominieux de Nron Diocltien car nous tions affams de pouvoir. Et quand Constantin nous ouvrit les portes de la domination politique, nous nous sommes transforms de serviteurs apparemment fidles l'vangile, en arbitres du monde criminels. Peu peu nous avons oubli les aveugles de Jricho, les paralytiques de Jrusalem, les enfants du lac de Tibriade, les pcheurs de Capharnam, afin de flatter les ttes couronnes des triomphateurs, bien que nous sachions que les vainqueurs de la Terre ne peuvent pas fuir le plerinage jusqu' la spulture. La reprsentation du Rgne de Dieu est devenue un caprice de l'imagination de personnes ingnues, car nous n'avons pas voulu abandonner notre position la droite des princes, assoiffs de faste mondain. Aujourd'hui encore, aprs que se soient couls presque vingt sicles sur la croix du Sauveur, nous bnissons les baonnettes et les canons, les mitrailleuses et les chars d'assaut, au nom du Pre Magnanime qui fait tinceler le soleil de la misricorde sur les justes et les injustes. C'est pour tout cela que nos celliers de lumire demeurent vides. La bourrasque des passions fulminantes d'hommes et de peuples passe en hurlant, d'un ple l'autre, semant de mauvais prsages. Jusqu' quand serons-nous des gnies destructeurs et pervers ? A l'inverse d'tre de loyaux serviteurs du Seigneur de la Vie, nous avons t des soldats des armes de l'illusion, laissant en arrire-garde des millions de tombes ouvertes sous des alluvions de cendre et de fume. Le Christ nous exhorta vainement rechercher les manifestations du Pre en notre for intrieur. Nous avons uniquement assouvi et dvelopp l'gosme et l'ambition, la vanit et la rverie, la Surface

Plantaire. Nous avons contract de lourds dbits et nous nous sommes soumis l'esclavage des tristes rsultats de nos uvres, nous laissant indfiniment rester dans la moisson des pines.

C'est ainsi que nous avons atteint l'poque moderne o la folie s'est gnralise et o l'harmonie mentale de l'homme est en plein naufrage. Le cerveau volu et le cur immature, nous excellons prsent dans l'art d'anantir le progrs spirituel.

L'minent orienteur laissa dans son discours un plus long intervalle pendant lequel j'observai les compagnons alentours. Hommes et femmes, certains serrant fortement les mains les uns des autres, affichaient une extrme pleur sur leurs visages pouvants. Il tait sr que quelques-uns d'entre eux comparaissaient ici pour la premire fois, comme moi, tant donn la surprise extatique qui se peignait sur leurs traits.

Fixant sur l'assemble un regard percutant, l'instructeur poursuivit :

Au cours des sicles passs, les villes fleurissantes du monde disparaissaient en raison des massacres perptrs par le glaive des conqurants insensibles, ou stationnaient sous l'onde mortifre de la peste inconnue et non combattue. Aujourd'hui, .les collectivits humaines souffrent encore de l'assaut de l'pe meurtrire, et des pluies de bombes assaillent des populations sans dfense ; cependant, la fivre jaune, le cholra et la variole ont t domins ; la lpre, la tuberculose, le cancer essuient des combats sans trves. Mais il existe une nouvelle menace pour le domicile terrestre : le dsquilibre profond, la dsharmonie gnralise, les maladies de l'me qui s'immiscent subtilement, sapant votre stabilit. Vos chemins ne semblent pas parcourus par des tres conscients, mais ils s'apparentent d'tranges sentiers au long desquels s'embourbent des esprits follets pris d'hallucination. En guise de fruit des res sombres caractrises par l'oppression et la mchancet rciproque, dans lesquelles nous avons vcu, nous hassant les uns les autres, nous voyons la Terre transforme en un champ aux hostilits presque interminables. Hommes et nations poursuivent le mythe de l'or facile ; des cratures senses s'abandonnent aux perturbations des passions ; des cerveaux vigoureux perdent la vision intrieure, aveugls par les tromperies de la personnalit et de l'autoritarisme. Engags dans des disputes interminables, des duels d'opinion formidables, conduits par de dlirantes ambitions infrieures, les enfants de la Terre s'approchent d'un nouvel abme que leur regard perturb ne leur laisse pas percevoir. Ce gouffre bant, mes frres, est le gouffre de l'alination mentale qui ne dsintgre pas seulement les patrimoines cellulaires de la vie physique mais qui atteint galement le tissu subtil de notre me, envahissant le cur du corps prisprital. Pratiquement toutes les situations de la civilisation moderne se trouvent compromises dans leur structure fondamentale. Nous avons donc besoin de mobiliser toutes les forces notre porte, au service de la cause humaine qui est notre propre cause.

Le travail salvateur n'est pas une exclusivit de la religion : il constitue le ministre commun tous parce qu'un jour viendra o l'homme devra reconnatre la Divine Prsence en tout ce qui l'entoure. La ralisation qui nous revient ne se rallie pas au particularisme : c'est une uvre gnrale pour la collectivit, l'effort du serviteur honnte et sincre, intress par le bien de tous.

Si vous venez notre rencontre afin de trouver une orientation pour le travail sublime de l'esprit, n'oubliez pas votre propre lumire. Ne comptez pas sur les torches d'autrui pour votre voyage. Dans les plans misreux de souffrance rgnratrice, dans le voisinage de la chair, des millions d'hommes et de femmes, qui abusrent du concours des travailleurs du bien, pleurent amrement, se prcipitant dans les tnbres au moment o ils perdent dans la tombe leurs yeux phmres avec lesquels ils apprciaient le paysage de vie la lumire du Soleil. Ennuys et rcalcitrants, ils esquivent toutes les opportunits d'allumer leur propre lampe. Ils dtestent les frictions de la lutte, prfrent la jouissance corporelle comme objectif suprme de leurs intentions sur la Terre ; et quand la mort ferme leurs paupires rassasies, ils connatront une nuit plus longue et plus dense, emplie d'angoisses et de peurs.

cet instant, Eusbio s'interrompit durant un peu plus d'une minute, comme s'il se souvenait de scnes mouvantes que les images de ses propos voquaient, son regard semblant lointain.Je notai l'anxit avec laquelle l'assemble attendait le retour de ses paroles. La physionomie transfigure de dames profondment touches laissait transparatre une forte impression, et face l'exposition sincre et mouvante, nous nous tenions tous immobiles et tourdis.De longues secondes s'tant coules, l'orateur reprit avec une inflexion nergique et patriarcale : Vous recherchez auprs de nous l'orientation concernant les travaux vous concernent actuellement la Surface de la Terre. Sduits par la clart de la Sphre Suprieure, fascins par les premires notions d'amour universel, vous dsirez la grce de la coopration dans l'ensemencement de l'avenir. Vous rclamez des ailes pour vous envoler dans les hauteurs sublimes, vous avez comme point de mire la coopration l'effort d'lvation.

Indubitablement, l'intention ne peut tre plus noble ; il est cependant indispensable que vous considriez votre ncessit d'intgration dans le devoir de chaque jour. Il est impossible de progresser dans le sicle sans rpondre aux obligations du moment prsent. Il est actuellement devenu indispensable de recomposer les nergies, de rajuster les aspirations et de sanctifier les dsirs. II ne suffit pas de croire l'immortalit de l'me. Notre propre illumination ne peut tre ajourne afin que nous soyons une clart sublime. La reconnaissance de la survivance de l'me et de l'change entre les deux mondes n'est pas suffisante l'audacieuse entreprise de la rdemption. Les personnes lgres et les personnes mauvaises, les ignorants et les insenss peuvent galement correspondre entre eux distance, de pays pays. Avant tout, il faut lever son cur, rompre les murailles qui nous maintiennent dans l'ombre, oublier les illusions de la possession, dchirer les voiles pais de la vanit, s'abstenir de la liqueur ltale du personnalisrne avilissant pour que les lueurs du sommet de la montagne resplendissent dans le fond des valles, afin que le Soleil ternel de Dieu dissipe les tnbres humaines transitoires.

Vous qui dsirez faire partie dornavant de l'avant-garde de la foi vive dans le monde, malgr les dsagrments qui nous font face, il est exig de vos personnes la parfaite dmonstration que vous tes srs de la spiritualit divine.

Le Plan Suprieur ne s'intresse pas l'incorporation d'affams de paradis batifique.

Admettriez-vous, par hasard, de devoir rester sur la Surface Plantaire sans finalits spcifiques ? Si l'herbe tendre doit produire en accord avec les objectifs suprieurs, que dire de la magnifique intelligence de l'homme incarn ? Que ne peut-on pas attendre de la raison illumine par la foi ! Nous recevrions des dpts de connaissance difiante aussi sacrs pour un vain sacrifice ? Nous aurions la semence de telles bndictions pour fortifier nos intentions gostes d'atteindre le ciel sans escales prparatoires, sans activits purificatrices ?

Notre objectif, mes amis, ne souffre pas de l'exclusivisme du culte de l'ego. La Porte Divine ne s'ouvre pas aux esprits qui ne se divinisent pas par le travail incessant de coopration avec le Pre Trs-Haut. Et le sol de la Plante laquelle vous tes provisoirement attachs reprsente le cercle bnit de la collaboration que le Seigneur vous confie. Recueillez la rose cleste dans l'crin de votre cur avide de paix ; contemplez les toiles qui nous font signe de loin tels de sublimes clins d'oeil de la Divinit ; cependant, n'oubliez pas le champ des luttes prsentes.

Le spiritualisme, dans les temps modernes, ne peut limiter Dieu aux murs d'un temple de la Terre car notre mission essentielle est de convertir toute la Terre en un temple auguste de Dieu. Pour notre avant-garde d'ouvriers dcids et valeureux, la phase d'exprimentation futile, d'investigations dsordonnes, de rflexions priphriques est passe. Nous vivons la structuration de sentiments nouveaux, consolidant les colonnes du monde futur, avec la lumire allume en notre domaine intrieur. Il est normal que les apprentis nouvellement arrivs examinent, pratiquent des sondages et voquent des thories brillantes o les hypothses concourent au ct de l'exhibition personnaliste. Tout cela est comprhensible et raisonnable. Toute cole se caractrise par divers cours qui forment ses secteurs et ses disciplines. Mais nous ne nous adressons pourtant pas ici ceux qui rvent encore dans la cellule du moi , pris dans les filets des mille obstacles de la tromperie qui cristallise leurs impressions. Nous parlons vous qui avez ressentis la soif d'universalisme, compagnons anonymes de l'humanit qui s'efforce d'merger des tnbres en direction de la lumire. Comment acceptez-vous la stagnation comme principe et la flicit exclusive comme fin ? Alimentons l'esprance rnovatrice. N'invoquez pas Jsus pour justifier des aspirations de repos indu. Il n'a pas atteint les culminances de la Rsurrection sans avoir gravi le Calvaire, et ses leons se rfrent la foi qui transporte les montagnes.

Ne rclamons donc pas notre entre dans les mondes heureux avant d'avoir amlior notre propre monde. Oubliez la vieille erreur qui consiste croire que la mort du corps constitue une miraculeuse immersion de l'me dans la rivire de l'enchantement. Rendons un culte la vie permanente, la justice parfaite, et adaptons-nous la Loi qui apprciera notre mrite toujours en conformit avec nos propres uvres.

Notre ministre est celui de l'illumination et de l'ternit. Le Gouvernement Universel n'a pas circonscrit nos activits la surveillance d'autels prissables. Nous n'avons pas t convoqus veiller dans le cercle particulier d'une interprtation exclusiviste mais cooprer la libration de l'esprit incarn, ouvrant des horizons plus clairs la raison humaine, reconstruisant l'difice de la foi rdemptrice que les vieilles religions attaches au sens commun des textes oublirent.

Les souffles immenses de l'onde volutionniste balayent tous les milieux de la Terre. Tous les jours, des principes conventionnels tenus comme inviolables pendant des sicles, s'effondrent. L'esprit humain, perplexe, est oblig de procder des transitions angoissantes. La subversion des valeurs, l'exprience sociale et le processus acclr de slection par la souffrance collective perturbent les timides et les irrflchis qui reprsentent une majorit crasante du peuplement de la plante... Comment rpondre ces millions de ncessiteux spirituels, si vous ne recevez pas la responsabilit du secours fraternel ? Comment gurir la folie ses dbuts si vous ne vous transformez pas en aimants qui maintiennent l'quilibre ? Nous savons que l'harmonie intrieure n'est pas un article offert et recherch dans les supermarchs terrestres, mais une acquisition spirituelle seulement accessible dans le temple de l'Esprit.

II est donc urgent que nous allumions notre cur dans l'amour fraternel face au service. La croyance qui attend ne sera pas suffisante dans nos ralisations ; il est indispensable que nous ayons l'amour qui confie et agit, transforme et lve, comme rceptacle lgitime de la Sagesse Divine.

Soyons des instruments du bien avant d'tre des spectateurs de la grce. La tche demande courage et une suprme dvotion Dieu. Quel que soit le cercle dans lequel nous nous trouverions, ce serait en vain que nous attaquerions l'ombre qui se trouve nos pieds si nous ne nous convertissons pas en lumire. Et dans la poursuite de l'action qui nous revient, n'oublions pas que l'vanglisation des relations entre les sphres visibles et invisibles est un devoir qui ne doit tre remis plus tard et qu'il est aussi naturel que l'vanglisation des personnes.

Ne recherchez pas le merveilleux : la soif du miracle peut vous corrompre et vous perdre. Par la prire et par le travail constructif, attachez-vous aux plans suprieurs et ils vous mettront en contact avec les Rserves Divines qui approvisionnent chacun d'entre-nous selon la juste ncessit.

Les dispositions qui vous oppriment dans le paysage terrestre, pour pres et dsagrables qu'ils soient, reprsentent la Volont Suprme.

Ne tentez pas de franchir les obstacles ni mme de les contourner par la fuite dlibre : vainquez-les en employant la volont et la persvrance, offrant l'occasion vos propres valeurs de crotre.

Faites attention ne pas vous dplacer sans la prudence ncessaire sur les chemins de la chair o vous imitez, bien souvent, le papillon tourdi. Rpondez aux exigences de chaque jour en vous rjouissant de satisfaire aux plus petites tches.

N'essayez pas de voler avant d'avoir appris marcher.

Surtout, ne cherchez pas obtenir des droits qui vous reviendraient au banquet divin avant d'avoir liquid les engagements humains.

Le titre d'ange est inaccessible sans que vous ayez t, auparavant, des cratures rflchies. Des lois souveraines et indfectibles prsident nos destins. Nous sommes connus et examins en tout.

Les facilits concdes aux esprits sanctifis que nous admirons nous sont prodigues par Dieu en tout lieu, mais le profit est notre uvre. Les machines terrestres peuvent hisser vos corps physiques des hauteurs considrables, mais vous ne pourrez jamais vous adonner au vol spirituel par lequel vous vous librerez de l'animalit sans vos propres ailes.

La consolation et l'amiti de bienfaiteurs incarns et dsincarns vous rempliront de confort, comme les fleurs suaves et bnites de l'me ; cependant, elles se faneront telles les ross en un jour si vous ne fertilisez pas votre cur avec la foi et la comprhension, avec l'esprance inbranlable et l'amour immortel, engrais sublimes qui vous apportent le dveloppement sur le terrain de vos efforts sans relche.

Ne convoitez pas le repos des mains et des pieds ; avant d'abriter pareil dessein, cherchez la paix intrieure dans la suprme tranquillit de la conscience.

Abandonnez l'illusion avant que l'illusion ne vous abandonne.

Empoignant la direction de votre propre existence, laissez le bien plant dans les empreintes de vos pas.

Seuls les serviteurs qui travaillent gravent dans le temps les bornes de l'volution ; seuls ceux qui se couvrent de la sueur de la responsabilit parviennent imprimer de nouvelles formes de vie et d'idal rnovateur. Les autres, qu'ils s'appellent monarques ou princes, ministres ou lgislateurs, prtres ou gnraux, s'ils se livrent l'oisivet, se classent dans l'ordre des suceurs de la Terre ; ils ne parviennent pas signaler leur prsence provisoire sur la Surface Plantaire ; ils s'agitent comme des insectes multicolores, retournant la poussire d'o ils se hissrent durant quelques minutes.

Au retour, donc, dans votre corps de chair, servez-vous de la lumire pour les difications ncessaires.

Nous participons au glorieux Esprit du Christ. Transformons-nous en clart rdemptrice. Le dsquilibre gnralis et croissant envahit les dpartements de la pense humaine. Nations et idologies, systmes et principes se combattent dsesprment. Une fois la trve tablie dans les relations internationales, ce sont de dplorables guerres civiles qui surgissent, armant les frres contre les frres. L'indiscipline fomente des grves, et l'inquitude perturbe le domicile des peuples. Les sphres d'actions se livrent la guerre entre-elles ; incarns et dsincarns aux tendances infrieures se heurtent frocement, par millions. D'innombrables foyers se transforment en ambiances de dsaccord et de dsharmonie. L'homme se provoque lui-mme en duel, mme dans l'actuel processus acclr de transition.

quilibrez-vous dans l'dification ncessaire, convaincus qu'il est impossible de confondre la Loi ou de trahir les inspirations universelles !

Concluant son discours, Eusbio profra une prire belle et sentie, invoquant les bndictions divines sur l'assemble. De sublimes manifestations lumineuses se firent sentir sur nous tous.Les travaux termins, les compagnons encore prisonniers du cercle physique commencrent se retirer dans un silence respectueux.Caldraro me conduisit en prsence de l'instructeur et me prsenta. Le haut dirigeant me reut avec affabilit et douceur, me comblant de paroles stimulantes. Nous avions besoin de servir, expliqua-t-il, soulignant les ncessits de l'assistance spirituelle amonceles de partout, rclamant des cooprateurs dvous et fidles.

Quand Caldraro se rfra mes projets, Eusbio me montra un sourire paternel et, m'exposant les diverses mesures devant tre prises, il me recommanda de me mettre en contact avec le groupe secouriste auquel l'assistant prtait une collaboration active.

Peu de temps aprs, au moment de se retirer, entour de assesseurs qui formaient son entourage, le noble mentor me rassura avec bienveillance :

Soyez heureux !

Adressant un regard expressif Caldraro, il ajouta :

L'occasion tant donne, conduisez-le au service d'assistance aux cavernes.

Piqu par la curiosit, je le remerciai, touch, et je me disposai attendre.3LA MAISON MENTALE

Me retrouvant de nouveau en compagnie de Caldraro, durant la matine lumineuse, l'intention de m'enrichir de notions pertinentes concernant les manifestations de la vie la proximit de la sphre physique absorbait mon esprit.

Ayant t admis dans la colonie spirituelle qui m'avait accueilli avec une extrme tendresse, je connaissais personnellement certains instructeurs et fidles ouvriers du bien.

Incontestablement, nous vivions tous dans un intense travail avec de rares heures rserves aux excursions de divertissement ; de plus, nous bnficions d'une ambiance de flicit et de joie qui favorise notre marche volutive. Nos temples constituent, en eux-mmes, des centres bnis de confort et revitalisation. Dans les associations culturelles et artistiques, nous avions trouv la continuit de l'existence terrestre, enrichie cependant de multiples lments ducatifs. Le domaine social regorgeait de merveilleuses opportunits pour l'acquisition d'inestimables affections. Les foyers dans lesquels nous avions situ le service diurne se dressaient au milieu de jardins enchanteurs, tels des nids tides et heureux dans des branchages parfums et tranquilles.

Les dcisions et les devoirs ne manquaient pas, pas plus que les ordres et la discipline ; cependant, la srnit tait notre climat et la paix, notre cadeau de chaque jour.

La mort nous avait projets dans une atmosphre diffrente de celle de la lutte physique. La premire sensation avait t un choc. L'imprvu nous avait saisi. Nous avons continu vivre, seulement sans la machine physiologique, mais les nouvelles conditions d'existence ne signifiaient en rien le retrait de l'opportunit d'voluer. Les motifs de comptition bnfique, les possibilits de croissance spirituelle avaient infiniment portes leurs fruits. Je pouvais recourir aux pouvoirs suprieurs, entretenir des relations difiantes, tisser des esprances et des rves d'amour, projeter des expriences plus leves dans le secteur de la rincarnation, me perfectionnant dans le travail et dans l'tude, et dilatant ma capacit servir.

En somme, le passage par la tombe m'avait conduit une vie meilleure ; mais... et les millions d'tres qui franchissent le seuil troit de la mort, demeurant attachs la Surface de la Terre ?D'incalculables multitudes de ce genre se maintenaient dans la phase rudimentaire de la connaissance ; elles possdaient peine quelques informations primaires de la vie ; elles imploraient le soutien des Esprits Suprieurs comme les tribus primitives rclament le concours des hommes civiliss ; elles avaient besoin de dvelopper des facults comme les enfants de grandir ; elles ne demeuraient pas plombes la sphre corporelle par mchancet ; elles demeuraient, hsitantes, sur le sol terrestre comme les petits des hommes se rconfortent au sein maternel ; elles n'ont gard de l'exprience que quelques souvenirs du domaine sensitif, rclamant une rincarnation presque immdiate quand il ne leur tait pas possible de s'inscrire dans nos coles de service et d'apprentissage initiaux. D'un autre ct, de vritables phalanges criminelles et dvoyes s'agitaient, non loin de nous, aprs qu'elles aient eu travers les frontire de la tombe ; elles consumaient parfois d'innombrables annes entre la rvolte et le dsespoir, personnifiant d'horribles gnies de l'ombre, comme cela se produit, dans les cercles terrestres, avec les dlinquants entts scrts par une socit saine ; mais ils terminaient toujours leur folle course dans les recoins obscurs du remords et de la souffrance, se repentant, enfin, de leur perversit. Le repentir est le chemin conduisant la rgnration et en aucun cas un passeport direct pour le ciel, raison pour laquelle ces malheureux formaient des situations relles de souffrance et d'horreur.En diverses expriences, les perturbs et les affligs avaient adopt des apparences dsagrables au regard.

Dans les cas d'obsession, ils s'taient convertis en bourreaux rciproques ou alors, en froids tourmenteurs des victimes incarnes ; quand ils se trouvaient errants ou cantonns dans les vais de punition, ils inspiraient l'effroi toujours en raison des spectacles de douleur et de misre sans limite.

Cependant, il tait ncessaire de convenir qu'eux, les malheureux, et nous qui continuions travailler un rythme normal, nous traversions les mmes portes. Peut-tre qu'en de nombreux cas nous avions abandonn l'enveloppe matrielle sous l'assaut de maladies analogues. Considrant cela, et dsirant connatre la Divine Loi qui n'accorde pas de paradis de faveurs, pas plus que des enfers ternels, la contemplation de ces immenses files d'infortuns m'attristait.Effectivement, j'avais observ un grand nombre d'entre eux dans des chambres rectificatrices au sein de plusieurs institutions de bienfaisance ; cependant, ceux-ci qui se trouvent dans la zone de soutien fraternel prsentaient en leur faveur des symptmes d'amlioration en ce qui concernait la reconnaissance de leurs propres fautes ou des crdits spirituels dont ils jouissaient grce certaines forces qui intercdrent.Les malheureux auxquels nous faisons allusion provenaient toutefois d'autres origines. Ils reprsentaient les ignorants, les rvolts, les perturbs et les impertinents l'me impermable aux mises en garde difiantes, les arrogants et les vaniteux aux plus diverses nuances, ceux qui persvrent dans le mal, les gaspilleurs de l'nergie animique en proie des attitudes perverses face la vie.Mon contact avec eux, en diverses occasions, n'avait t qu'une rencontre fortuite sans grande signification pour mon clairement personnel.Pour quelle raison restaient-ils aussi longtemps dans l'hmisphre obscur de l'incomprhension ? Pour quelle raison retardaient-ils dlibrment la rception de la lumire ? La condition d'tres se condamnant eux-mmes de longues peines ne leur serait-elle pas douloureuse ? Ne se sentaient-ils pas honteux pour la perte de temps volontaire ? Je m'tais surpris bien souvent les contempler... Les traits physionomiques de beaucoup de ces disgracis ressemblaient un monstrueux dessin, provoquant ironie et piti. La mre-nature, prodigue en bndictions de tous ordres, les aurait-elle oublis, ou auraient-ils reu ces traits qui les reprsentaient comme une punition impose par des desseins suprieurs ?Ces interrogations qui bouillonnaient dans ma tte me laissaient afflig face la possibilit que je vivais et qui m'avait t offerte.Au cours de cette matine, je m'approchai de Caldraro avide de savoir. Je lui exposai mes interrogations intrieures, je relatai ses oreilles comprhensives mon inquitude longuement endure ; j'aspirais connatre ceux qui se maintenaient dans la mchancet, le crime, la rbellion.Mon ami m'couta calmement, sourit avec bienveillance et commena par expliquer : Avant tout, Andr, modifions le concept. Pour nous transformer en de vritables lments d'aide aux Esprits souffrants, dsincarns ou non, il nous est indispensable de comprendre la perversit comme une forme de folie, la rvolte comme l'ignorance, le dsespoir comme une infirmit.Face ma perplexit, il ajouta fraternellement : Comprends-tu ? En ralit, ces dfinitions ne sont pas les miennes. Nous les tenons du Christ, dans sa relation divine avec notre position d'infriorit, sur la surface Terrestre.Je pensais que l'instructeur allait s'tendre en une longue exposition verbale propos de ce sujet, apportant de prcieuses rfrences et des commentaires personnels. Rien de tout cela ; Caldraro m'apprit simplement : La ccit de l'esprit est fruit de l'paisse ignorance dans les manifestations primaires, ou de la raison obnubile dans des tats d'avilissement de l'tre. Notre intrt, dans le secours l'esprit dsquilibr, est d'analyser ce dernier aspect de l'ombre qui pse sur les mes ; de cette manire, c'est un devoir que de savoir quelques principes concernant la folie dans le contexte de la civilisation. Pour cela, il convient d'tudier plus minutieusement le cerveau de l'homme incarn et de l'homme dsincarn en position de dsharmonie, tant donn que nous trouvons ici l'organe permettant la manifestation de l'activit spirituelle.

Je dsirais continuer couter les explications claires et persuasives s'couler de ses lvres. Mais Caldraro devint silencieux avant d'affirmer, passs quelques instants :

Nous n'avons que peu de temps afin de discourir de sujets trangers mes activits; toutefois, nous travaillerons ensemble, convaincus que travaillant dans les uvres du bien, nous apprendrons toujours la science de l'lvation.

Il sourit fraternellement et conclut :

Le verbe dpens au service du bien est ciment divin pour les ralisations immortelles. Nous converserons donc en servant nos semblables de manire concrte, et notre bnfice sera croissant.

Je me tus, grandi.

Quelques minutes plus tard, l'accompagnant, je pntrai un vaste hpital o nous nous retrouvmes face au un lit d'un malade particulier que l'assistant devait secourir. Abattu et ple, il se tenait uni une dplorable entit de notre plan, en de misrables conditions d'infriorit et de souffrance. Bien qu'immobile, le malade accusait une forte tension nerveuse sans percevoir, par ses yeux physiques, la prsence du compagnon au sinistre aspect. Ils paraissaient viscralement unis l'un l'autre, comme le laissait voir l'abondance de fils extrmement tnus qui les entremlaient mutuellement, depuis le thorax jusqu' la tte, me faisant penser deux prisonniers d'un filet fluidique. Il tait clair que les penses de l'un vivaient dans le cerveau de l'autre. Commotions et sentiments seraient changs entre eux deux avec une prcision mathmatique. Spirituellement, ils seraient continuellement identifis l'un l'autre. Stupfait, j'observais leur flux commun de vibrations mentales.Je me disposai commenter le phnomne quand Caldraro, percevant mon intention, recommanda :

Examine le cerveau de notre frre incarn.Je me concentrai dans l'observation du dlicat appareil, y centralisant toute ma capacit visuelle de manire l'analyser intrieurement.Face mes pouvoirs visuels, la bote crnienne ne prsenta pas de rsistance. Comme je l'avais observ d'autres reprises, il s'y trouvait le dpartement compliqu de la production mentale ressemblant un laboratoire des plus complexes et des moins accessibles. Les circonvolutions spares entre-elles et runies en lobes maintenus gale distance l'un de l'autre par les scissures, me faisaient penser un appareil lectrique quasiment hors de porte des hommes. Comparant les deux hmisphres, je me souvins de la terminologie classique et je m'attardai de longues minutes dans l'observation des dispositions spciales des nerfs et des caractristiques de la matire grise.La voix de mon orienteur rompit le silence quand il s'exclama : Observe la signalisation.Stupfait, je notai pour la premire fois que les irradiations mises par le cerveau contenaient diffrentes essences. Chaque centre moteur se distinguait par des particularits diverses au travers des forces radiantes. Surpris, je dcouvris que toute la rgion crbrale, par les signaux lumineux, se divisait en trois rgions distinctes. Dans les lobes frontaux, les zones d'associations taient pratiquement brillantes. Du cortex moteur jusqu' l'extrmit de la moelle pinire, la clart diminuait pour devenir encore plus faible dans les ganglions basaux.J'avais dj pass plusieurs minutes dans la contemplation des cellules nerveuses quand l'assistant me conseilla : Tu as examin le cerveau du compagnon qui s'attache au vhicule dense ; observe prsent le mme organe chez l'ami dsincarn qui l'influence de manire directe.L'entit qui ne se rendait pas compte de notre prsence, en raison du cercle des vibrations grossires dans lequel elle se maintenait, fixait toute son attention sur le malade, rappelant la sagacit d'un flin surveillant sa proie.Je m'intressais l'trange blessure de la rgion thoracique et me prparais en rechercher la cause, sondant les poumons, quand Caldraro me corrigea sans affectation : Nous nous occuperons de la plaie pendant le travail d'assistance. Concentre le potentiel de ta vision sur le cerveau.Aprs quelques instants, je conclus qu'hormis la configuration des pices et le rythme vibratoire, j'avais sous les yeux deux cerveaux pratiquement identiques. Le champ mental du dsincarn diffrait, rvlant une sorte de supriorit sur le terrain de la substance qui, dans le corps prisprital, tait plus lgre et moins obscure. J'avais l'impression que si nous lavions de l'intrieur de cerveau de l'ami tendu sur le lit, le librant de certains corpuscules plus lourds, il serait presque gal, en essence, celui de l'entit que j'tais en train d'tudier. Les divisions lumineuses taient en tout point analogues, plus de lumire dans les lobes frontaux, moins de lumire dans le cortex moteur et presque rien dans la moelle pinire, o les irradiations se faisaient diffuses et opaques.J'interrompis l'tude comparative aprs une analyse approfondie et je fixai Caldraro dans une silencieuse interrogation. L'obligeant mentor dit souriant : Ce qu'il y a de plus surprenant pour nous, aprs la mort physique, c'est la nouvelle rencontre avec la vie. Nous apprenons ici que l'organisme prisprital qui nous reprsente dans une matire plus lgre et plus modelable est galement le fruit du processus volutif, aprs la tombe. Nous ne sommes pas des crations miraculeuses destines orner un paradis de carton. Nous sommes des fils de Dieu et hritiers des sicles, conqurant de la valeur d'exprience en exprience, de millnaire en millnaire. Il n'y a pas de favoritisme dans le Temple Universel de l'ternel, et toutes les forces de la cration se perfectionnent dans l'Infini. La chrysalide de conscience qui rside dans le cristal qui roule dans le courant de la rivire se trouve dans un processus de libration ; les arbres qui s'rigent pendant des centaines d'annes supporter les coups de l'Hiver et tre bercs par les caresses du Printemps conquirent la mmoire ; la femelle du tigre lchant ses petits nouveaux-ns apprend les rudiments de l'amour ; le singe hurlant organise la facult de la parole. En ralit, Dieu a cr le monde mais nous nous tenons encore loin de l'uvre complte. Les tres qui habitent l'Univers se couvriront de sueur se perfectionner durant trs longtemps. Nous sommes des crations de l'Auteur Divin et nous devons nous amliorer intgralement. Le Pre ternel a tabli comme loi universelle que la perfection soit l'uvre de la coopration entre Lui et nous, ses enfants.

Le mentor resta silencieux pendant quelques instants sans que le courage suffisant ne vienne mon secours afin de faire un quelconque commentaire sur ses concepts levs.Tout de suite aprs, il m'indiqua la moelle pinire et continua : Je crois que toute allusion aux travaux primordiaux du long drame de notre vie volutive est superflue. Depuis l'amibe dans l'eau tide de la mer, jusqu' l'homme, nous sommes venus en luttant, en apprenant et en slectionnant invariablement. Pour acqurir le mouvement et les muscles, les facults et les raisonnements, nous nous sommes essay la vie et la vie nous a essay, pendant des milliards d'annes. Les pages de la sagesse hindouiste ont t crites hier, et la Bonne Nouvelle de Jsus Christ est un matriau d'aujourd'hui compar aux millnaires que nous avons vcus dans le voyage progressif.Aprs avoir fait un geste significatif avec la main, il poursuivit : Nous avons, dans le systme nerveux, le cerveau initial, dpt des mouvements instinctifs et sige des activits subconscientes ; nous le reprsenterons comme la cave de l'individualit o nous archivons toutes les expriences et enregistrons les moindres faits de la vie. Dans la rgion du cortex moteur, zone intermdiaire entre les lobes frontaux et les nerfs, nous avons le cerveau dvelopp qui runit les nergies motrices dont se sert notre pense pour les manifestations indispensables dans le moment actuel de l'volution de notre manire d'tre. Sur les plans des lobes frontaux, encore silencieux face aux investigations scientifiques du monde, gisent des matriaux d'un ordre sublime reprsentant la partie la plus noble de notre organisme divin en volution, matriaux que nous conquerrons graduellement, dans l'effort d'ascension.Les explications simples et admirables me saisissaient. Caldraro tait un ducateur des plus mrites. Il enseignait sans fatiguer, il savait conduire l'apprenti aux connaissances profondes sans aucun sacrifice de la part de l'lve. J'apprciai sa noblesse quand il continua, mettant un terme au petit intervalle : Nous ne pouvons pas dire que nous possdons trois cerveaux simultanment. Nous n'en avons qu'un mais qui se divise en trois rgions distinctes. Reprsentons-le-nous comme s'il s'agissait d'un chteau de trois tages : au premier nous situons la rsidence de nos impulsions automatiques , symbolisant le sommaire vivant des services raliss ; au second nous localisons le domiciles des conqutes actuelles o s'rigent et se consolident les qualits nobles que nous sommes en train d'difier ; au troisime, nous avons la maison des notions suprieures , indiquant les sommets qu'il nous incombe d'atteindre. Dans l'un d'entre eux habitent l'habitude et l'automatisme ; dans un autre rsident l'effort et la volont ; et dans le dernier rsident l'idal et le but suprieur tre atteint. Nous rpartissons de cette manire nos trois tages : le subconscient, le conscient et le superconscient. Comme nous le voyons, nous possdons en nous-mmes le pass, le prsent et le futur.La pause se faisant plus longue, je laissais libre cours mes rflexions intrieures, selon une ancienne habitude d'enquter.Les prcieuses informations que j'avais entendues ne pouvaient tre plus simples ni plus logiques. Cependant, je me demandais : le cerveau d'un dsincarn serait-il aussi susceptible de tomber malade ? Je savais que la matire grise, dans le monde corporel, pouvait tre attaque par les tumeurs, par le ramollissement, par l'hmorragie ; mais dans la sphre nouvelle, laquelle la mort m'avait conduit, quels phnomnes mortels pourraient s'en prendre l'esprit ?

Caldraro perut mes questionnements et expliqua :

Nous ne discuterons pas ici des maladies physiques proprement dites. Qui accompagne depuis longtemps, comme moi, le ministre des psychiatres vraiment consacrs au bien de leur prochain, sait, autant que cela soit possible, que tous les titres de gratitude humaine demeurent inexpressifs face un Paul Broca qui identifia l'infirmit du centre de la parole, ou d'un Wagner Jauregg qui se ddia la gurison de la paralysie en perscutant les spirochte de la syphilis jusqu' le rencontrer dans la retraite de la matire grise, perturbant les zones motrices. Face des phnomnes tel que ceux-ci, la rupture de l'harmonie crbrale, comme consquence de l'loignement compulsif des principes du corps prisprital par rapport aux agglutinations cellulaires du champ physiologique, est comprhensible ; ces agglutinations restent alors dsordonnes dans leur structure et dans leurs activits normales, comme cela se produit avec le violon incapable d'excuter parfaitement le passage d'une mlodie cause d'une ou deux cordes dsaccordes. Nous ne pouvons, ni ne devons ignorer les lois qui rgissent les domaines de la forme... Il est pour cela impossibilit de vouloir la psychologie quilibre sans la philosophie harmonieuse dans la sphre de la science humaine : ceci est un fait reconnu. Nous nous rfrons seulement aux manifestations spirituelles dans leur essence. Tu demandes si l'esprit d'un dsincarn peut tomber malade... quelle question! Crois-tu que la mchancet dlibre ne soit pas une maladie de l'me, que la haine ne constitue pas un mal terrible ? Supposerais-tu, par hasard, qu'il n'y a pas les vers mentaux de la tristesse et de la rbellion ? Bien que nous ayons la joie d'agir dans un corps plus subtile et plus lger, grce la nature de nos penses et de nos aspirations, dj loignes des zones grossires de la vie que nous avons laisse, nous ne possdons pas encore le cerveau des anges. La conservation de notre forme actuelle reprsente pour nous un travail incessant sur le chemin des conqutes les plus hautement places ; nous ne pouvons nous reposer dans les processus d'illumination ; il nous revient de toujours nous purifier, de slectionner nos inclinations et de passer nos conceptions au crible, de manire ne pas interrompre la marche. Des millions d'tres vivent dans la position qui est la ntre, mais d'autres millions demeurent dans la chair ou parmi nos lignes les plus basses de l'volution sous la main de fer d'une dmence atroce. C'est propos de ceux-l que nous devons rflchir sur la pathologie de l'esprit, secourant les plus malheureux et interfrant fraternellement et indirectement dans la solution de problmes prilleux dans les fils noirs desquels ils s'emmlent. Ce sont des esprits follets aux prises avec le dsespoir, victimes d'eux-mmes dans la terrible cueillette d'pines et de dsillusions. Le corps prisprital humain, rceptacle de nos manifestations est, certains moments, notre plus haute conqute de la Terre au chapitre des formes. Pour les mes claires, dj illumines par la lumire rdemptrice, il reprsente un pont vers le domaine suprieur de la vie ternelle que nous n'avons pas encore atteint ; pour les esprits communs, c'est la restriction indispensable et juste; pour les consciences coupables, c'est une chane indfinissable car qui plus est, il enregistre les erreurs commises, les gardant avec tous les dtails vivants des noirs moments de la chute. Le genre de vie de chacun dans l'enveloppe corporelle dtermine la densit de l'organisme prisprital aprs la perte du corps dense. Or, le cerveau est l'instrument qui traduit l'esprit, source de nos penses. travers lui, donc, nous nous unissons la lumire ou aux tnbres, au bien ou au mal.Percevant l'attention avec laquelle je suivais ses prcieuses explications, Caldraro sourit significativement et me demanda :

Comprends-tu ?

Indiquant les deux souffrants nos cts, il poursuivit :

Nous examinons ici deux infirmes : l'un dans la chair ; l'autre hors d'elle. Tous deux possdent un cerveau intoxiqu se syntonisant absolument l'un avec l'autre. Spirituellement, ils sont tombs du troisime tage, o se situent les conceptions suprieures et, se livrant au relchement de la volont, ils cessrent de s'abriter dans le second tage, sige de l'effort personnel, perdant une prcieuse opportunit de se redresser ; ainsi, ils tombrent dans la sphre des impulsions instinctives o sont archives toutes les expriences de l'animalit antrieure. Tous deux dtestent la vie, se hassent rciproquement, se dsesprent, abritent des ides de tourment, d'affliction, de vengeance. En somme, ils sont fous bien que le monde n'aperoive pas le suprme dsquilibre qui s'observe au cur de l'organisation prispritale.

Je me prparais numrer une longue liste de questions relatives aux deux personnages que nous observions, mais mon interlocuteur commena le travail d'assistance directe et, apposant sa main sur le lobe frontal gauche du malade incarn, il me dit, affable : Contient tes questions impatientes, mon ami. Calme-toi. Tout au long de nos travaux, je t'expliquerai ce qui est la hauteur de ta comprhension.4etudiant le cerveauAvec la main fraternelle applique sur le front de l'infirme, comme s'il lui transmettait de vigoureux fluides de la vie rnovatrice, Caldraro m'expliqua avec bienveillance : Il y a approximativement vingt ans, cet ami mit fin au corps physique de son actuel tourmenteur lors d'un douloureux chapitre sanglant. Voici seulement trois jours que j'ai commenc le service d'assistance auprs de lui ; cependant, je me suis dj inform de son mouvante histoire.Il posa un regard de compassion sur le bourreau dsincarn et il poursuivit : Ils travaillaient ensemble dans une grande ville, dans une quincaillerie. Le meurtrier occupait la place d'employ de la victime depuis son enfance et, ayant atteint sa majorit, il exigea de son patron, qui tait devenu son tuteur, le paiement de plusieurs annes de travail. Le patron s'y refusa catgoriquement, prtextant la fatigue qu'il avait d endurer afin de l'assister durant son enfance et dans sa jeunesse. Il lui fournirait une position avantageuse dans le domaine des affaires, lui concderait des intrts substantiels, mais il ne lui paierait pas un sou en ce qui concernait le pass. Il l'avait gard jusque l comme un fils qui rclamait une assistance continuelle. La dispute clata. Des mots rudes, changs dans des vibrations de colre, enflammrent le cerveau du jeune homme qui, l'apoge de sa rage, l'assassinat, domin par une furie sauvage. Mais avant de fuir les lieux, le criminel courut jusqu'au coffre o s'empilait une grande quantit de papier-monnaie. Il en retira une somme importante dont il s'attribuait le droit, laissant intacte le reste de la fortune qui ferait perdre la piste la police le lendemain. Effectivement, le matin suivant il se rendit lui-mme au magasin o la victime avait pass la nuit pendant que la petite famille tait partie pour un long sjour la campagne, et simulant la proccupation devant les portes fermes, il invita un garde le suivre afin qu'ils forcent tous deux une des serrures. Rapidement, la nouvelle du crime se rpandait. Cependant, la justice humaine embrouille par l'habilet du dlinquant, ne parvint pas claircir l'origine du problme. L'assassin dveloppa des prodiges dans l'intention de sauvegarder les intrts du mort. Il fit sceller le coffre et les livres de compte. Il fournit des inventaires mticuleux, requit la protection des autorits lgales afin de procder un examen minutieux de la situation. Il fut un vritable avocat de la veuve et des deux enfants du tuteur dcd, lesquels, grce son dvouement, reurent un important hritage. Il dplora les faits comme si le dsincarn avait t son pre. Une fois l'affaire classe en raison de l'inanit de la machine judiciaire face l'nigme, il se retira discrtement vers un grand centre industriel o il mit profit ses ressources conomiques dans des activits lucratives.

Le regard du mentor se revtit d'un clat diffrent. Il procda une petite pause puis ajouta : Il est parvenu tromper les hommes mais il ne peut se tromper lui-mme. Concentrant sa pense sur l'ide de vengeance, l'entit dsincarne se mit le poursuivre avec persvrance. Elle s'accrocha son organisation psychique, l'image du lierre sur un mur visqueux. Le meurtrier fit tout son possible pour en attnuer l'assaut constant. Il s'investit dans des entreprises matrielles, dsirant ardemment l'oubli de lui-mme et mettant en pratique des initiatives qui firent affluer dans son coffre d'normes quantits d'argent qui valorisrent ses titres bancaires. Toutefois, observant que les grands patrimoines conomiques ne calmaient ni son inquitude ni sa souffrance inconfessables, il s'empressa de se marier, dsespr pour calmer ses sentiments intrieurs. Il pousa une jeune fille l'me extrmement leve dans la zone suprieure de la vie humaine, laquelle lui donna cinq enfants merveilleux. Dans le climat spirituel de la femme choisie, il parvenait d'une certaine manire s'quilibrer, bien que la victime ne le lcht jamais. A certaines occasions, il s'engouffra dans les plus cruelles dpressions nerveuses, agress par des cauchemars qui paraissaient tranges aux yeux des membres de sa famille ; mais il rsistait toujours, soutenu jusqu' un certain point, par les affections dont dispose son pouse depuis longtemps en nos plans. Cela dit, si les lois humaines correspondent la faillibilit des hommes incarns, les lois divines n'chouent jamais. Conservant les forces tnbreuses accumules dans son destin, depuis la nuit de l'assassinat, notre malheureux ami a gard enfermes dans le sous-sol de sa personnalit toutes les impressions destructrices recueillies durant le moment de la chute. Une confession publique du crime qui, d'une certaine manire, aurait diminu ses angoisses, librant les nergies nfastes qu'il avait archives, lui rpugnait.

A cette hauteur du rcit, Caldraro s'interrompit. Il toucha la zone du cortex et poursuivit : L'esprit criminel assig par la prsence continue de la victime perturbant sa mmoire, finit par se fixer dans la rgion intermdiaire du cerveau car la douleur du remords ne lui permettait pas un accs facile la sphre suprieur de l'organisme prisprital o les principes les plus nobles de l'tre rigent le sanctuaire des manifestations de la Conscience Divine. Terroris par les souvenirs, il tait saisi d'une peur irrpressible face aux juges de la conscience. D'un autre ct, cherchant chaque fois plus assurer la flicit de sa famille, son unique oasis dans le dsert brlant des souvenirs scabreux, le malheureux, alors respect en raison de la position sociale que l'argent lui avait confre, se plongea dans une activit fbrile et ininterrompue. Vivant mentalement de manire pratiquement exclusive dans la rgion intermdiaire, il ne parvenait ressentir un peu de calme qu'en agissant et en travaillant, de n'importe quelle faon, mme dsordonne. Il prit la fuite travers tous les moyens sa porte. Il se couchait extnu par la fatigue du corps, se levant le jour suivant, abattu et fatigu de se livrer inutilement au duel contre son perscuteur invisible pendant les heures de sommeil. Par consquent, il provoqua le dsquilibre de son organisation prispritale qui se rpercuta dans la zone motrice, implantant le chaos organique.Mon interlocuteur fit de l'index un mouvement caractristique et ajouta : Observe les centres corticaux.Surpris, je contemplai ce merveilleux monde microscopique. Les cellules pyramidales qui se distinguaient par leur taille, rvlaient d'elles-mmes l'importance de leurs fonctions au sein du laboratoire des nergies nerveuses. Observant attentivement la situation, il ne me semblait pas tre en train d'examiner le tissu vivant de la substance blanc-gris : j'avais l'impression que le cortex tait une robuste dynamo en fonctionnement. Ne nous trouvions-nous pas devant un appareil lectrique la structure complique ? Malgr ces impressions, je vis que la matire crbrale tait menace par un ramollissement.

Je demeurai perplexe sans savoir comment formuler les commentaires adquats quand l'assistant vint mon secours en expliquant : Nous sommes faces de l'organe prisprital de l'tre humain qui adhre son double physique, de la mme manire que l'troit contact qu'ont certaines parties du corps de chair avec les vtements. Tout le domaine nerveux de la crature constitue la reprsentation des pouvoirs prispritaux valeureusement conquis par l'tre au travers des millnaires et des millnaires. En renaissant parmi les formes prissables, notre corps subtil qui se caractrise, dans notre sphre qui est moins dense, par une extrme lgret et une extraordinaire plasticit, se soumet, dans le plan de la Surface, aux lois du recommencement, de l'hrdit et du dveloppement physiologique en conformit avec le mrite ou le dmrite que nous avons et avec la mission ou l'apprentissage ncessaires. Le cerveau vritable est un appareil des plus complexes o notre moi reflte la vie. Par lui, nous sentons les phnomnes extrieurs selon notre capacit rceptive qui est dtermine par l'exprience ; c'est pour cela qu'il varie d'tre en tre, en raison de la multiplicit des positions dans l'chelle volutive. Pas plus les singes que les anthropodes, qui se trouvent en chemin vers le lien avec le genre humain, ne prsentent des cerveaux absolument gaux entre eux. Chaque individualit le rvle l'image du progrs effectif ralis. Le sauvage prsente un cerveau prisprital avec des vibrations trs diffrentes de celles de l'organe de la pense chez l'homme civilis. De ce point de vue, l'encphale d'un saint met des ondes qui se distinguent de celles mises par le front mental d'un scientifique. L'