francisco candido xavier fr série historique 04 renoncement yjsp

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Cliquez sur l’image pour télécharger le dossier WORDFrancisco Candido XavierRENONCEMENTHISTOIRE REELLE. AU SIECLE DE LOUIS XIV. EN FRANCE, EN ESPAGNE, EN IRLANDE,EN AMERIQUE. HEROÏSME ET MARTYRE DALCYONE.ROMAN D'EMMANUELTome 4A travers ce roman, Emmanuel décrit l’existence d’Alcyone, un être qui passe par une incarnation de renoncements et de dévouement pour ceux qui l’entourent, donnant la preuve de son héroïsme et de sa loyauté dans le Paris frivole du règne de Louis XIV.Il présente tout le sacrifice d’amour de cet Esprit d’abnégation qui vient à nouveau se confronter aux luttes terrestres et vivre avec celui pour qui elle avait intercédé au niveau spirituel, se proposant de l’aider dans ses épreuves d’expiation et de réparations lors de cette nouvelle existence sur terre. Un grand amour du passé, les justesses et les erreurs de ce groupe de personnes qui réincarnent ensemble pour de nouvelles conquêtes spirituelles et le dévouement plein d’amour de la douce Alcyone, servent de toile de fond au déroulement émouvant de cette trame marquée aussi par des sentiments violents, nous mettant en garde quant à l’illusion de la matière face aux réalités éternelles de l’Esprits.Emmanuel nous offre une fois de plus, le récit de l’une de ses incarnations sous le personnage du père Damien, vicaire de l’Eglise Saint-Vincent, à Avila en Espagne, agrémenté de données historiques sur les faits qui ont marqué la vie au XVII ième siècle.A travers l’histoire d’Alcyone et de Charles, l’auteur nous propose un large éventail de réflexions applicables à notre propre existence.

TRANSCRIPT

Xavier Candido Francisco

RENONCEMENT

par lesprit EmmanuelXavier Candido Francisco

RENONCEMENTA travers ce roman, Emmanuel dcrit lexistence dAlcyone, un tre qui passe par une incarnation de renoncements et de dvouement pour ceux qui lentourent, donnant la preuve de son hrosme et de sa loyaut dans le Paris frivole du rgne de Louis XIV.

Il prsente tout le sacrifice damour de cet Esprit dabngation qui vient nouveau se confronter aux luttes terrestres et vivre avec celui pour qui elle avait intercd au niveau spirituel, se proposant de laider dans ses preuves dexpiation et de rparations lors de cette nouvelle existence sur terre. Un grand amour du pass, les justesses et les erreurs de ce groupe de personnes qui rincarnent ensemble pour de nouvelles conqutes spirituelles et le dvouement plein damour de la douce Alcyone, servent de toile de fond au droulement mouvant de cette trame marque aussi par des sentiments violents, nous mettant en garde quant lillusion de la matire face aux ralits ternelles de lEsprits.

Emmanuel nous offre une fois de plus, le rcit de lune de ses incarnations sous le personnage du pre Damien, vicaire de lEglise Saint-Vincent, Avila en Espagne, agrment de donnes historiques sur les faits qui ont marqu la vie au XVII ime sicle.A travers lhistoire dAlcyone et de Charles, lauteur nous propose un large ventail de rflexions applicables notre propre existence.Francisco Candido XavierRENONCEMENThistoire relle. au sicle de louis xiv.

en france, en espagne, en irlande,en amrique. hrosme et martyre dalcyone.roman D'EMMANUELTome 4

EDITION ORIGINALE OUVRAGES DEJA TRADUITS EN FRANAIS

Srie: Andr Luiz (Collection La vie dans le monde Spirituel) 1-16

1. Nosso Lar, la Vie dans le Monde Spirituel,

2. Les Messagers3. Missionnaires de la Lumire

4. Ouvriers de la Vie Eternelle

5. Dans le Monde Suprieur

6. Agenda Chrtien

7. Libration, par l'esprit Andr Luiz 8. Entre le Ciel et la Terre

9. Dans les Domaines de la Mdiumnit

10. Action et Raction 11. Evolution entre deux Mondes

12. Mcanismes de la Mdiumnit

13. Et la Vie Continue

14. Conduite spirite

15. Sexe et destin 16. Dsobsession

Srie: Emmanuel Les Romans de lhistoire

17. Il y a deux mille ans

18. 50 ans plus tard19. Paul et Etienne

20. Renoncement

21. Av Christ

Srie: Source Vive

22. Chemin, Vrit et Vie.

23. Notre Pain

24. La Vigne de Lumire

25. Source de Vie

Divers

26. Argent

27. Choses de ce Monde (Rincarnation Loi des Causes et Effets)

28. Chronique de lAu-del

29. Contes Spirituels

30. Directives

31. Idal Spirite

32. Jsus chez Vous

33. Justice Divine

34. Le Consolateur

35. Lettres de lautre monde

36. Lumire Cleste

37. Matriel de construction

38. Moment

39. Nous

40. Religions des Esprits

41. Signal vert

42. Vers la lumire

SOMMAIRESOUVENIRS DU PASSE

7premire partie

10I. LES SACRIFICES DE L'AMOUR

10

II. DESIRS ARDENTS DE JEUNESSE

24III. EN ROUTE VERS L'AMERIQUE

54IV. LA VARIOLE

71V. L'ENFANCE D'ALCYONE

102VI. NOUVELLES ETAPES

121VII. CHEMINS DE COMBATS

135deuxime partie

151I. LE PERE CHARLES

151II. DE RETOUR A PARIS

172III. TEMOIGNAGE DE FOI

201IV. RETROUVAILLES

217V. EPREUVES REDEMPTRICES

250VI. UME AMERE SOLITUDE

264VII. L'ADIEU

278Biographie

295 Liste des ouvrages en langue brsilienne

298souvenirs du passQui pourra retenir les souvenirs du pass qui illuminent les chemins de l'ternit ?

L'image d'Alcyone, l'poque de son enfance, me revient en mmoire. Elle se promenait souvent au coucher du soleil avec le pre Damien, sur un vieux parvis en Espagne.

Son regard infantile tourn vers le ciel, attentive, elle lui demandait :

Pre Damien, qui a bien pu faire les nuages qui ressemblent tant de grandes fleurs lourdes qui ne tombent

Jamais du ciel ?

Dieu, mon enfant

Puis, comme si son cur de fillette ne pouvait se dsintresser des choses les plus simples et les plus humbles, elle reprenait ses questions :

Et les pierres ? Qui aurait cr les pierres qui gisent au sol ? C'est Dieu aussi.

Alors, aprs un moment de rflexion, les yeux plongs dans le grand crpuscule, la petite s'exclamait :

Ah ! Comme Dieu est bon ! Personne n'a t oubli !

Il fallait voir avec quelle bont singulire elle manifestait de l'intrt pour le devoir accompli, combien elle tait dvoue la vrit et au bien.

Trs vite, j'ai compris que la famille d'Avila tait constitue d'amitis profondes dont l'origine se perdait dans la nuit des temps.

Les annes des minutes l'horloge de l'ternit ont dfil pleines d'agitation et d'amour. Celle qui fut une enfant en d'autres temps devint une bienfaitrice pleine de sagesse. Sa vie n'a pas t ordinaire, ce fut un tmoignage permanent de sacrifices sanctifis. Ds son plus jeune ge, Alcyone s'tait transforme en un centre d'affection, vritable source de lumire laissant entrevoir les clarts clestes de sa spiritualit intrieure. Sa conduite, dans la joie et dans la douleur, dans le bonheur et face aux difficults tait faite d'enseignements gnreux en toutes circonstances. Je ne l'ai jamais vue satisfaire ses propres dsirs, et jamais n'ai-je trouv en elle de l'indiffrence devant l'uvre de Dieu. Peu inquite de son bonheur personnel, elle s'intressait nanmoins avec ardeur la paix et au bien-tre de tous. Elle vitait de laisser entrevoir aux regards trangers, ses gestes de perfection spirituelle, mais elle cherchait toujours rvler les nobles ides qui animaient ceux qui l'entouraient pour qu'ils soient aims, qu'ils restent optimistes et heureux.Mes expriences se droulaient tranquillement dans les arcanes du temps, ma mort m'avait entran vers de nouveaux chemins, cependant, je n'ai jamais oubli ce doux visage d'ange, en transit sur terre.

Plus tard, j'ai pu m'agenouiller devant elle et comprendre sa sublime histoire. Le rsultat de cette rencontre se trouve retrac dans ces quelques lignes sans prtention littraire.

Voici une uvre pleine de sentiments pour ceux qui apprcient l'exprience humaine qui parle le langage du cur. Elle rsonnera plus fort encore en ceux qui sont incarcrs, condamns, oublis de cet amour qui couvre les pchs, conformment aux enseignements de Jsus. Bon nombre d'apprentis de l'vangile se laissent sduire par des ides de rdemption risque, proccups qu'ils sont d'obtenir des rcompenses sur terre ou au ciel. Alors, nous parlerons ici de rincarnations criminelles ; attendons-nous pour autant d'amres dceptions ; dans l'au-del, existe des curs qui errent dans l'oisivet strile o l'espoir et la responsabilit ressemblent davantage des trsors oublis. Et mme, si nous ne pouvons nier le caractre incorruptible de la Justice divine, nous ne devons oublier l'optimisme, la confiance, le dvouement et toutes les nergies que l'amour cherche veiller au fond de nos consciences.

Pour les mes sincres qui sanglotent, enchevtres dans les filets de l'abattement et du dcouragement, l'histoire d'Alcyone est un vritable baume de rconfort. Telle une vision pleine d'amour pour la spiritualit ternelle, elle fera jaillir des pages lumineuses de son exprience ces questions qui resteront poses au lecteur qui se sent opprim et accabl :

Pourquoi retiens-tu la notion de punition implacable quand Notre Pre nous offre la source inpuisable de son amour ? Pourquoi donnes-tu tant d'importance la souffrance ? Lve-toi ! As-tu oubli Jsus ? Puisque le Matre a souffert pour nous tous, lui qui tait sans faute, comment se peut-il que tu ne ressentes du plaisir travailler, par amour en son nom ?La psychologie d'Alcyone est bien plus complexe qu'on ne l'imagine premire vue. Par la grandeur de son dvouement, nous voyons l'amour renonant la gloire de la lumire pour se plonger dans le monde des tnbres. Par ce geste divin, la terre n'est plus seulement un lieu d'expiation, d'exil affligeant, mais aussi une cole sublime, digne d'tre visite par les gnies clestes. Aux horizons de la plante, l'ombre reste vigilante, la mort, la douleur... Il n'y a pas de doute cela. Mais celui qui suivra les chemins qu'Alcyone a empreintes, transformera tout ce patrimoine en de prcieux trsors pour la vie ternelle.

Ici donc, travers ces lignes, nous t'offrons cher lecteur, des souvenirs du pass.

Ne crois pas, pour autant, que pour tre anciens, ils n'en sont pas moins prcieux. Ce sont des hritages cachs dans le coffre de nos curs, bijoux pleins de valeur que nous parpillons au hasard. En ce vaste monde, n'oublions pas qu'ils sont nombreux ceux qui pensent avoir atteint des succs retentissants et le bonheur illusoire. En vrit ils n'ont pas encore appris ni mme ralis entre les murs d'un foyer, cette exprience sacre qu'est la victoire de la paix.

EMMANUEL

Pedro Leopoldo, le 11 janvier 1942.

PREMIERE PARTIE

I

LES SACRIFICES DE L'AMOUR

Le paysage form d'ombres se trouvait dans une rgion indfinissable au langage humain. Des substances diffrentes de celles qui composent le sol terrestre constituaient une crote sillonne de chemins tortueux entre des arbustes desschs et des cactus caractristiques aux zones arides. L'horizon se perdait au loin dans les tristes lignes de ce tableau mlancolique cette heure inquitante du crpuscule.

Le froid aggrav par les fortes rafales d'un vent humide qui soufflait cinglant, laissait dans l'air une vague Impression de pnible complainte. On aurait dit une terre d'exil destine des criminels condamns des peines Ingrates.Cependant, on entendait des voix que le vent fort touffait presque, comme celles de prisonniers pleins d'attentes et d'espoir.Dans un coin sombre et trange, un petit groupe d'Esprits repentants commentaient leurs futurs projets. Avec leurs tuniques singulires et leurs grandes capes, ils ressemblaient de curieux personnages sortis d'un culte ignor sur terre. Certains paraissaient inquiets, taciturnes, d'autres rvlaient des regards pleins de dcouragement. Maintenant, dit l'un d'eux qui de toute vidence se distinguait parmi les autres, nous devons renouer avec nos idaux, donner un nouvel lan notre volition affaiblie. Notre pass remonte des temps anciens et il est ncessaire que nous gardions nos forces pour les luttes venir. La providence misricordieuse du Tout-Puissant nous accorde de surcrot d'autres expriences venir sur terre. Mditons sur nos pnibles chutes au tourbillon des passions du monde et soyons dtermins vaincre nos faiblesses. Combien d'annes avons-nous perdues en d'amres souffrances, pris de remords dvastateurs ?... Rappelons-nous les angoisses de la voie expiatoire et remercions Dieu de l'occasion qu'il nous offre de retourner aux tches purificatrices. Oublions la vanit qui avilit nos curs ; l'ambition et l'gosme qui torturent nos mes ingrates, et prparons-nous aux expriences justes et ncessaires.La voix de l'orateur tait noye de larmes. Le souvenir pnible du pass bouleversait le groupe d'anciens prtres dvis du noble chemin que le Seigneur leur avait trac.Ils changrent des impressions entre eux. Certains parlrent de leurs difficults profondes, d'autres commentaient leur dsir de travailler avec dvouement, jusqu' la victoire. Ce qui m'impressionne le plus, se dsolait un compagnon, c'est le fantasme de l'oubli qui brouille notre esprit sur terre. Avant cette exprience, nous chafaudons mille projets de dvouement, de persvrance ; nous nous prvalons de nos bonnes intentions, mais une fois le moment venu de les mettre en uvre, nous rvlons les mmes faiblesses ou arrivons aux mmes dfauts qui nous ont mens aux portes du crime et des rparations affligeantes. Mais, o serait le mrite, expliqua l'ami qui taient dirigs ces commentaires, si le Crateur ne nous consentait pas cet oubli temporaire ? Qui pourrait atteindre le succs escompt affrontant de vieux ennemis sans le baume de cette bndiction cleste sur la blessure du souvenir ? Sans la paix de l'oubli transitoire, la terre cesserait peut-tre d'tre une cole bnie pour devenir un nid abominable de haines perptuelles. Cependant, objecta l'interlocuteur, une telle situation m'effraie. Je ressens une norme angoisse rien qu' l'ide de perdre nouveau la mmoire ; presque inconscient de mes connaissances spirituelles, j'avancerai sur les routes terrestres tel un mort vivant qui on aurait retir sa facult de respirer. Mais comment apprendrais-tu l'humilit tout en ayant les rminiscences actives de l'orgueil en tte ? Pourrais-tu embrasser un fils sentant en lui la prsence d'un ennemi intime ? Trouverais-tu la force ncessaire la sanctification des liens conjugaux l'gard de la femme que tu as afflige en d'autres temps, l'induisant la prostitution et des aventures infmes ? Ne perois-tu pas que l'oubli sur terre est l'une des plus puissantes manifestations de la bont divine envers les cratures criminelles et gares ? Je reconnais que l'exprience humaine pour celui qui a observ, mme de loin, les splendeurs de la vie spirituelle signifie, de fait, une rparation dans une spulture particulirement pnible ; mais nous, mon cher Menandro, nous sommes depuis longtemps abrutis par le crime. Notre conscience a besoin d'expiations rdemptrices. La mort la plus terrible qui soit est la chute, et la terre nous offre le juste remde, nous donnant la possibilit de nous relever. Nous renatrons sous une forme prissable et chaque jour de l'exprience humaine, nous mourrons un peu, jusqu' ce que nous ayons limin avec la poussire du monde les monstres infernaux qui habitent en nous...L'ami rflchit ces profondes rflexions et laissant entendre qu'il tait convaincu, il orienta la conversation vers un autre sujet, trs attentif il demanda : Quand sera dtermine la localisation dfinitive sur terre de notre exprience venir ? tout moment. Comme tu le sais, nombreux sont ceux qui sont dj partis. Les bienfaiteurs de notre destin qui prconisent la concession de nouvelles opportunits ncessaires nos efforts rdempteurs, nous ont dj envoy un dernier message, souhaitant un heureux dnouement nos futures prgrinations. cet instant mme, il se passa quelque chose que le groupe d'mes souffrantes et prometteuses ne russit pas percevoir. Une forme lumineuse descendit de la vote cleste telle une toile se dtachant de l'immense collier des astres de la nuit qui paraissait maintenant plus sombre, enveloppante et profonde. Touchant presque au centre du paysage obscur, elle prit une forme humaine bien que l'on ne puisse distinguer ses traits physionomiques telle son aurole tait aveuglante de splendeur. Nanmoins, comme cela arrive souvent dans le cadre des impressions humaines conditionnes aux besoins de chaque crature, aucun des participants ne remarqua de faon exacte la prsence gnreuse, si ce n'est par un intime sentiment d'allgresse pntr de profonds espoirs ; personne n'aurait pu dfinir l'enthousiasme naissant qui s'installait ce moment-l parmi eux, un avant-got de victoire palpable travers les propos que chacun tenait. Quelqu'un signala qu' cet instant prcis des bndictions divines baignaient le groupe jusque-l confus et accabl.Menandro et Polux, les deux amis particulirement remarqus par les arguments avancs, manifestaient une joie sublime qui inondait leur cur et cet enthousiasme bni s'est prolong jusqu' ce que la petite assemble ait t dissoute, aprs leurs adieux.Polux voulut encore rester pendant de longues minutes mditer sur la magnanimit du Trs-Haut et sur la grandeur de l'avenir. Il ne percevait pas la prsence de la sublime entit entoure de lumire qui tait ses cts, pleine d'affection, alors qu'une profonde motion lui envahissait l'esprit, le conduisant aux rminiscences d'un pass bien lointain. cet instant, il se sentit touch par des sentiments intraduisibles. Pourquoi tait-il autant de fois tomb sur les chemins de la vie parmi les hommes ? Il avait support tant de luttes cherchant toujours Dieu travers l'amour purifi et divin. Il avait entrepris des expriences laborieuses pour vivre l'vangile de Jsus et le servir en esprit et en vrit ; nanmoins, dans ses luttes intrieures, les passions subalternes avaient toujours triomph. En quelle constellation se trouvait Alcyone, l'me de son me, la vie de sa vie ? Et il se souvint de ses rsignations et de ses (sacrifices pour sa rdemption, se rappelant que si son me vertueuse tait toujours pleine d'abngation, lui, son tour tait rest presque invariablement fragile et vacillant, aggravant ses checs. Il y a quelques sicles de cela, sa qute de salut et de perfectionnement la lumire de l'vangile de Jsus-Christ, s'tait solde par un chec car l'instant de couronner son oeuvre pour la vie ternelle, il avait misrablement failli, tel un banal criminel. Dsespr, il s'tait rabaiss cruellement et la rvolte avait aggrav ses douloureuses peines, l'obligeant cder, encercl par de nouvelles tentations. Il se rappelait, maintenant, le visage de sa bien-aime, plein de larmes d'une tendresse arrire. Sa mmoire paraissait plus lucide. Sa vision spirituelle se dessinait tout au long des sicles passs. Alcyone toujours pure et dvoue, lui toujours incorrigible et cruel. Lors de ses dernires expriences, dsireux de se livrer l'asctisme rgnrateur, il avait demand recevoir l'habit de prtre du catholicisme romain, prfrant s'abstenir des agrments vertueux d'un foyer pour souffrir de l'isolement et des besoins profonds du cur. Il voulait marquer au fer l'amour cristallis et fidle en son esprit. Mais, face aux dangereuses tentations, de telles intentions avaient aussi chou. Il souilla les sanctuaires, trahit les devoirs saints, oublia les engagements sacrs et quitta nouveau le monde tel un rebelle endurci. Polux considrait ses erreurs du pass excrables et, sous le coup de sa conscience, il se mit pleurer.

Mais o tait Alcyone qui semblait trangre ses msaventures ? Tant d'annes de prgrinations taient passes, l'esprit dsol marqu par d'pres remords sans qu'il n'ait jamais plus eu le bonheur de baiser ses mains caressantes et bienfaitrices. De temps en temps, il recevait des messages d'incitation et de rconfort ; cependant, il n'arrivait pas calmer le douloureux vide de son absence, ni viter le dcouragement qu'il ressentait d'tre tomb dans l'abme des amertumes cruelles.Avec ses amis, Polux trouvait toujours les mots justes pour convaincre les plus tenaces ou consoler les plus tristes. Ses grandes connaissances lui confraient des capacits spirituelles que d'autres ne possdaient pas.Mais, en cette heure de l'ternit, il se sentait profondment seul et malheureux.Sous le coup d'atroces souvenirs, sentant que l'instant du retour sur terre tait imminent, il se rfugia dans la prire et murmura tout bas, les yeux levs vers le ciel : Jsus, Matre cher et gnreux, accordez les forces ncessaires un cur malade et pervers !... Veuillez daigner fermer les yeux devant mes faiblesses et voyez Seigneur, combien je souffre !... Fortifiez ma volont vacillante et, si possible, mon Sauveur, donnez-moi la grce d'entendre Alcyone, avant de partir !...Mais, l'vocation directe de sa bien-aime, le chagrin le saisit et domina l'lan de sa prire mouvante et pnible. Dans un geste d'humilit, il baissa les yeux discrtement, comme s'il avait honte de sa propre douleur. cet instant, l'entit aimante qui l'accompagnait se mit prier intensment, faisant de vritables efforts pour se rendre visible. Petit petit, s'teignirent les rayons de lumire qui l'entouraient de reflets divins. L'obscurit du paysage l'enveloppa compltement, et une jeune fille d'une singulire beaut toucha le pnitent sur l'paule, en un geste d'une mouvante tendresse. Polux ! a-t-elle murmur avec une indicible douceur.Il leva la tte et poussa un cri de surprise. Alcyone !... Alcyone !..., a-t-il rpondu dans un lan de joie, se mettant genoux alors qu'il baisait ses mains, pris de reconnaissance. Depuis combien de temps suis-je priv de ton affection ? ! Mes jours sont des millnaires d'innarrables afflictions. Es-tu venue rpondre l'appel du misrable que je suis?... Mais ! Oui, Dieu envoie toujours ses anges aux malheureux, comme il a envoy Jsus aux pcheurs... Lve-toi pour tmoigner ton amour au Trs-Haut, dit-elle avec tendresse ; ne te juge pas abandonn sur les chemins de la rgnration. Le Seigneur est avec nous, comme je suis toujours avec toi. De nouvelles expriences t'attendent ! Jsus n'abandonne pas nos nobles intentions. Souffre et travaille, Polux, et le jour viendra o nous serons runis pour toujours dans la radieuse ternit. Dieu est la source de la joie immortelle, et quand nous aurons triomph de nos imperfections, nous nous baignerons dans cette fontaine d'allgresses infinies. Pauvre de moi ! soupira-t-il rvlant un profond dsespoir. Ne te plains pas ! ajouta l'entit gnreuse. On doit cesser de se plaindre quand le Tout-Puissant nous permet de renouveler nos efforts pour atteindre de sublimes conqutes. De nouvelles tches t'attendent sur cette terre gnreuse. Tu as demand une autre occasion de te consacrer Dieu et la providence a rpondu ton ardent dsir. Oui, rpondit Polux qui fondait en larmes, j'ai suppli de pouvoir renouveler mes efforts de prtre dvou au service divin. Une fois de plus, je veux me mesurer aux preuves d'abngation et d'asctisme par l'exemple de l'amour envers mon prochain. Je mobiliserai toutes mes nergies pour avancer et diminuer l'chelle de l'volution l'norme distance qui nous spare. Je veux vivre sans foyer et sans enfants aimer, je veux connatre la solitude que tu as si souvent connue en ce monde, quand tu te sacrifiais pour moi. Mes nuits doivent tre dsertes et tristes, je marcherai aux cts de ceux qui tombent et qui souffrent pour servir Jsus, dans l'amour et le pardon.Alcyone le regardait en extase, les yeux pleins de larmes, prise d'motion et de compassion. Les affirmations et les promesses de son bien-aim pntraient son me comme de douces caresses. Depuis longtemps, elle travaillait avec ferveur pour arriver cet instant divin o Polux russirait enfin comprendre et sentir le Matre au plus profond de son cur; plutt que de l'interprter intellectuellement uniquement. Jsus bnira nos espoirs, s'exclama-t-elle affectueusement. Nous qui venons du mme souffle de vie, arriverons ensemble dans les bras de l'ternel. Polux sanglota plusieurs reprises. Je t'attendrai, dit-elle, sur les chemins de l'infini. Je combattrai tes cts dans les moments les plus difficiles, je te donnerai la main au bord des abmes tnbreux. M'as-tu pardonn comme toujours ? demanda Polux, la voix entrecoupe d'motion par ces retrouvailles. Ceux qui s'aiment ont dans leur me une comprhension mutuelle. Dieu pardonne en nous accordant la possibilit de rdemption.Et, voulant lui donner du courage, elle continua : Combien de fois suis-je aussi tombe sur les routes longues et tortueuses. Aurais-je par hasard un pass sans erreurs ? !... Tu n'es pas le seul supporter des expiations justes et pnibles. Des millions d'mes, cet instant mme, clament la douleur du remord et voquent les bndictions divines pour se bnficier du travail rectificateur. Ne serait-ce pas la raison d'une joie infinie que celle de la concession suprme de pouvoir recommencer ? Tu as dj reu l'autorisation du Seigneur pour reprendre la lutte, l'instant bni du retour la tche est l. As-tu pens aux tortures effrayantes de ceux, qui en cet instant, se sentent opprims et amers, dans l'attente angoisse d'avoir cette chance qui t'est donne ?Polux la regarda rconfort, mais il objecta mlancoliquement : Ah ! Je sens que je pourrais atteindre des sommets dans mes ncessaires rparations ; mais, pour cela Alcyone, j'aurais besoin de ta constante assistance. Je vais passer par des preuves de dure abngation et d'asctisme, mais... si je pouvais, au moins, te voir sur terre... Tu serais ma bonne toile et la nuit venue, quand descendraient du ciel les bndictions de la paix, je me rappellerais de toi et je trouverais dans ce souvenir le courage et les forces ncessaires !...Elle sembla mditer profondment et rpliqua : J'implorerai Jsus de m'accorder la joie de retourner sur terre et de rpondre mon idal qui est celui du devoir sacr. Toi ! tu reviendrais ? a-t-il demand, ivre d'espoir. Pourquoi pas ? dit Alcyone avec douceur. La plante terre ne serait-elle pas un lieu galement situ dans le ciel ? As-tu oubli ce que la terre, cette mre gnreuse, nous a enseign par la grandeur de ses expriences ? C'est nous ses enfants qui trop souvent entachons sa face gnreuse par des dlits excrables et, cependant, c'est en son sein que le Matre est apparu dans une modeste table, et de l, a port la croix divine, nous menant vers la rmission. Ah ! si Dieu permettait ce misrable pnitent que je suis, dit Polux domin par une joie manifeste, d'aventure de t'entendre dans l'troit cercle terrestre, je crois que je n'aurais rien craindre sur les sentiers rparateurs...Alcyone remarqua sa joie dbordante et tout en pondrant ses commentaires, mot aprs mot, elle nuana : mon avis, tu devrais d'abord entendre la voix du Christ, et si dans son infinie bont Il permet mon retour sur terre, nous ne devrons jamais oublier que si nous retournons l-bas, ce n'est pas pour jouir de joies prmatures mais pour souffrir ensemble sur le chemin rdempteur, jusqu' ce que nous puissions raliser le vol suprme du bonheur et de l'union, vers des sphres plus leves. Dans l'uvre de Dieu, la paix sans travail, c'est de l'oisivet usurpe. N'loigne pas tes yeux du sacrifice que nous devons faire pour nous-mmes ! Oui, Alcyone, tu es mon ange protecteur, a-t-il murmur entre les larmes. Aide-moi parcourir les routes purificatrices. Ne m'abandonne pas. Dis-moi comment je dois procder. Rpte que tu ne t'loigneras pas de mon chemin. Inspire-moi le dsir de racheter mes pchs, jusqu'au bout...Il s'agenouilla plein d'humilit, le misrable gardait la tte dans ses mains, schant ses larmes copieuses.Alcyone lui caressait les cheveux avec tendresse et lui dit doucement : Ne crains pas la purification qui te conduira l'exultation sur le sentier ternel. Le calice du remde doit tre apprci pour ses vertus curatives, et non pour le got du contenu qui produit une sensation dsagrable pendant quelques secondes. Soit reconnaissant envers Dieu dans le sacrifice, Polux ! L o le Matre lui-mme a reu la gifle et la croix du martyre, tu ne dois esprer, ni t'attendre des avantages particuliers l'cole de la reconstruction intrieure. N'coute pas les fausses promesses, ne fais pas attention aux caprices pernicieux ns du cur. Obis au Pre et prends Jsus pour appui tout moment. La porte troite est et sera toujours, le merveilleux symbole de la divine illumination. Fuis les fantaisies empoisonnes qui travaillent contre les aspirations sanctifiantes de l'esprit. Souviens-toi des expriences angoissantes que tant de fois nous avons entreprises sur terre pour la conqute de notre union perptuelle. Nous n'avons pas soif de satisfactions trompeuses. Nous avons soif de Dieu, Polux ! L'amour infini qui transforme les mes a son origine sacre dans la misricorde paternelle. Je te veux ternellement, comme je sais que cette union est ta sublime aspiration ; cependant, serait-il juste de nous limiter une joie goste ? Aimons-nous pour toujours, l'ternit sanctifiera nos chemins avec Notre Pre au-dessus de nous. Livrons-nous son amour, au travail sacr de ses uvres. En ses augustes mains, mon aim, palpite la lumire qui claire les abmes. Serait-il une plus grande gloire que de pratiquer la divine volont qui se traduit en amour, dvouement et flicit ? Sur les nouveaux chemins parcourir, souviens-toi du Pre Aim, rponds-lui en toutes circonstances. Ne berce pas dans ton cur les germes de la vanit et de l'gosme. Sacrifie-toi ! Combats-toi, toi-mme. Les triomphes extrieurs ne sont qu'apparents et peuvent tre mensongers. La victoire spirituelle appartient l'me hroque qui sait s'unir au ciel, malgr les temptes du monde, travaillant pour s'amliorer.

Polux pleurait malheureux, et pris d'une forte motion, il se mit prier : Je comprends tes paroles sages et affectueuses ! Je ferai tout pour me joindre Dieu et toi, ternellement. Supplie Jsus pour que je sois prudent et bon en ce monde.C'est alors qu'il ressentit un choc inattendu, ses mains la poitrine, il se tut quelques instants, puis se remit parler, tonn et hsitant : Alcyone chrie, je ne sais si c'est l'motion de cette heure divine qui perturbe mes nergies les plus profondes ; mais, j'ai l'impression que quelque chose me touche le front, une force insoutenable semble menacer mon cerveau vacillant ; alors que je ressens de pnibles sensations, comme lorsque nous perdons nos forces petit petit avant de tomber...Et, aprs une autre courte pause, il s'tonna nouveau, rvlant une arrire tranget : Ils m'appellent... j'entends des voix qui viennent de loin... qu'est-ce que a peut tre? !...Son visage tait devenu blme, laissant percevoir qu'il coutait des interpellations venant d'un autre monde, il demanda moiti effray et surpris : Comment interprter ces appels ? ! C'est le triste moment ? Ah ! Non, non ce n'est pas possible !...Mais cet instant, la jeune fille s'est assise ses cts ; affectueusement, elle tenait son front fatigu et dans un geste gnreux lui caressant les cheveux avec une extrme tendresse, elle lui dit : Calme-toi. Ils t'appellent sur terre. Tu vas t'endormir et t'veiller une nouvelle exprience dans le contexte de la vie humaine. Tu quitteras mes bras pour te retrouver dans ceux de l'affectueuse mre que Jsus t'a choisie.Polux ressentait une trange sensation, marque par un abattement soudain ; mais, se sentant entour de l'affection d'Alcyone, il avait l'impression d'tre la plus heureuse des cratures. Il luttait contre le sommeil, dsesprment, ne voulant perdre le bonheur de ces moments sublimes, ragissant affectueusement, il dit :

Je ne dsirerais une autre mre que toi. Tu as, pour moi, toutes les qualits sacres pour tre une mre, une sur, une compagne ou une fiance bien-aime...Elle aussi ressentait une grande motion, les yeux larmoyants, elle ajouta avec tendresse : Oui, nous sommes deux coeurs en une seule me sous la protection du Trs-Haut !Polux, prsent, prouvait une intraduisible affliction. Son regard tait inquiet, il tait sous le coup d'anxieuses attentes manant de son monde intrieur, sa poitrine respirait pniblement comme si son cur allait rompre son thorax, provoquant une angoisse indfinissable. Son tat gnral donnait l'impression qu'il s'agissait d'un moribond plong dans les antres de la mort. Il fixa des yeux inquiets sa bien-aime comme un enfant cherchant le rconfort, et il lui dit avec difficult : Alcyone, ne serait-ce pas cette mme souffrance que nous connaissons sur terre l'occasion du dcs ? ! ...(I)(1) Les phnomnes de la rincarnation, comme ceux qui marquent le dtachement de l'esprit incarn, comprennent les formes les plus varies et se ralisent conformment aux besoins de chacun. - Note d'Emmanuel. Oui, mon chri, l'angoisse que tu ressens prsent est une autre crise priodique. Je sais, dit-il, et je suis certain que j'aurai de telles crises sur terre, d'autres niveaux, jusqu' ce que je me libre de la mort du pch... Un jour, je trouverai la rsurrection ternelle, l'harmonie sans fin... Je resterai tes cts pour toujours...La jeune femme l'embrassa avec plus de tendresse. Alcyone, murmura-t-il difficilement, je ne sais si tu me pardonnes au point de permettre mon esprit misrable la demande d'une faveur cleste...Elle devina ses penses les plus secrtes et ne voulant pas paratre suprieure, trs dlicatement, elle lui dit affectueusement : Dit, Polux ! Que ne ferais-je pas pour ton bonheur ? Je souhaite... que tu m'embrasses... au moins une fois, avant de partir...Des larmes d'motion jaillirent des yeux de la fiance spirituelle qui le tenait tendrement contre son cur comme si elle tenait son enfant, elle rpondit pleine de douceur : Avant cela, levons notre baiser d'amour et de reconnaissance Jsus. Supplions son cur magnanime de donner notre idal divin sa protection et son soutien.L'interlocuteur fixa sur son visage anglique ses grands yeux tourments et murmura : J'accompagnerai tes prires...Alcyone leva les yeux au ciel toile resplendissant au-del des ombres qui enveloppaient cette rgion de dsesprance, et pria avec ferveur : Matre aim...Aprs une courte pause, Polux rpta mu : Matre aim...La jeune-fille sentit que les sanglots tranglaient sa voix, mais comme il l'accompagnait, elle continua :

Avec vnration et affection, bon Jsus, nous souhaitons pouvoir baiser vos pieds. Recevez dans le sanctuaire de vos gloires divines le pauvre souvenir des serviteurs humbles dans le besoin. Nos mes sont pleines de gratitude pour votre bont. Permettez, Sauveur, que nous puissions honorer votre nom en cultivant le pardon, la vrit et l'amour selon vos enseignements. Bnissez nos luttes libratrices. Donnez-nous la force de tmoigner de notre ternelle fidlit, soutenez nos esprits jusqu'au jour o nous pourrons nous unir vous, dans la clart sans fin de l'ternit lumineuse...Alcyone interrompit sa prire, vritable incantation divine fragmente d'arrts ponctuels. Dans le paysage dso-lateur apparut une lumire intense que Polux ne pouvait percevoir. De gnreux missaires s'approchrent des deux enfants de Dieu qui priaient de tout leur cur l'aide de Jsus.La jeune fille, ce moment-l, s'est incline sur son bien-aim et avec le calme d'une mre affectueuse et attentionne, l'embrassa longuement sur les lvres avec une infinie tendresse.Polux aurait souhait exprimer sa joie, dire la douce motion qui baignait son esprit, demander le retard de cette heure glorieuse sur le chemin ternel, mais il ne le put. Des larmes plein les yeux roulaient sur ses joues comme un collier de perles divines, et disaient tout haut son immense motion. Le regard fix sur Alcyone, tel un agonisant sur terre qui dsirerait garder pour toujours le tableau le plus cher qui soit, il ferma ses paupires fatigues et se rendit un profond sommeil.C'est ainsi que les messagers du Christ se sont approchs de la jeune fille mue, qui leur livra son bien-aim dans un profond sacrifice, tout en leur disant doucement : Mes frres, n'oubliez pas que je vous confie un trsor !...Puis, elle reprit son habit de lumire et s'loigna du paysage brumeux, telle une toile solitaire qui retournait au paradis.Un peu plus tard, elle s'approchait d'une merveilleuse sphre, incomparable de magnificence et de grandeur. Le spectacle extraordinaire qu'elle offrait, excdait en tout ce qui aurait pu reprsenter la beaut pour l'tre humain. La vision sacre de l'ensemble dpassait tout ce qu'avaient pu idaliser les penseurs du christianisme. Trois soleils ardents dversaient sur le sol gnreux des ocans de lumire mirifique, en des nuances inoues, comme des lampadaires clestes allums pour des festins paradisiaques de gnies immortels. De parfaites constructions ornes de fleurs indicibles tailles en filigrane d'or irradiaient diffrentes couleurs. Des tres ails allaient et venaient obissant des objectifs suprmes, vous la ralisation de travaux de nature suprieure inaccessible la comprhension des terriens.Alcyone pntra dans un temple aux majestueuses proportions, domine par des penses intraduisibles. Bien au-dessus du vaisseau fantastique, s'levait une tour translucide, travaille dans une substance solide et transparente semblable au cristal, d'o jaillissaient des mlodies harmonieuses.L'imposant sanctuaire tait une vaste ruche consacre au travail et la prire.Alcyone passa devant des compagnons qui lui taient chers, traversa des pices pleines d'une clatante lumire et, s'approchant d'Antnio une entit anglique qui, conformment sa position hirarchique d'excellence, accomplissait l des tches dvolues l'uvre de Jsus lui dit avec humilit :

Cher ami, j'ai dcid de te demander la permission de retourner temporairement aux activits terrestres. Comment cela ? demanda Antnio surpris, serait-ce que nous sommes tous ici dans l'impossibilit d'assister la terre ? Ne sommes-nous pas au service du Christ, uvrer spirituellement pour lever cette plante ? Je m'explique, lui dit la jeune fille, timidement : Je supplie Jsus de m'accorder le don d'un corps charnel.Le gnreux mentor la dvisagea plein de respect. Il comprit ses intentions profondes et esquissant un sourire de bont, il lui demanda : Mais, et tes travaux sur le systme Syrius ? Ne coopres-tu pas avec les bienfaiteurs de l'art sur terre ? Aprs les nombreux efforts mis en uvre, je crois que nous saurons bientt donner aux hommes les lments ncessaires l'inspiration, nous avons trouv la solution certains problmes de rythme et d'harmonie. Si c'est possible, ajouta la jeune fille avec motion, j'aimerais interrompre ces recherches qui me sont si chres, pour les reprendre plus tard. Mais, Alcyone, pondra l'orienteur en insistant sur les mots qu'il prononait, pourquoi risquer d'assumer de nouvelles responsabilits? Je comprends les raisons qui t'amnent cette demande ; nanmoins, je pense que tu peux travailler d'ici mme pour ceux que tu aimes, en les encourageant et en les assistant de la sphre o tu te trouves. J'admets, cher Antnio, que l'absence de certains torture mon cur. Serait-il condamnable le dsir fervent d'atteindre le bonheur travers les renoncements de l'amour afin de semer le bien ? ! Pardonne-moi si la prsente demande cause ton me affectueuse une certaine tranget, toi qui m'as tant aide sur les glorieux chemins de Dieu. Rappelle-toi que Jsus lui-mme regrettait la compagnie de Lazare et, qu'aujourd'hui encore, dans la majest de sa Gloire divine, il s'occupe des disciples tombs qui souffrent et pleurent...Le sage protecteur l'coutait mu en silence. De plus, continua-t-elle plus vivement, je n'aspire pas retourner sur terre, uniquement pour suivre Polux que vous m'avez permis de conseiller et de consoler. Mais presque tous les compagnons qui me sont chers, dans leurs efforts volutifs du pass sont actuellement sur cette plante, et pour la plupart prisonniers de sinistres consquences. Il arrive que leurs plaintes douloureuses et affligeantes montent jusqu' moi et se refltent pniblement en mon me. J'entends leurs prires angoissantes et celles de nos assistants qui, des fluides pesants du globe, m'envoient des messages qui sont de vritables appels au secours auxquels je ne peux rester insensible, mme si je cherche trouver le rconfort dans ma profonde confiance en Dieu. Oui, l'interrompit Antnio compatissant, je comprends les raisons sacrosaintes qui te poussent.Et, comme s'il tenait lui donner toutes les explications possibles sa porte, il continua : Malgr nos profonds souhaits, chre Alcyone, je ne crois pas que Polux cette fois encore obtienne le succs convoit. Son effort d' prsent sera une exprience salutaire, mais, il est peu probable qu'il arrive ses fins. Et c'est mon dvouement qui m'oblige aujourd'hui te parler en des termes aussi sincres, car c'est en vrit ce qui nous semble le plus probant. Toutefois, je sais que certains de tes amis sont tombs dans les tnbreux mandres de la cruaut, trahissant leurs obligations sacres. Ceux qui furent tes proches, plusieurs fois se sont perdus dans l'ivresse de l'autorit et dans les fantaisies de la fortune, ou pris de despotisme et d'ambitions dmesures n'ont pas rsist aux tentations. Et le plus lamentable est qu'ils se sont mutuellement compliqu la tche, nourrissant les feux de la haine au bois de l'gosme, carbonisant de gnreuses intentions et annulant les courageux efforts de ceux qui les ont aid en toute abngation et en toute noblesse. Et malgr cela ils n'ont pas pardonn, ni oubli le mal. Les mauvaises herbes ont envahi le champ de tes espoirs divins. Tes engagements avec le Seigneur sont rellement menacs. Je justifierais ainsi les raisons qui t'amnent prendre une telle dcision, quand bien mme je ne peux applaudir l'extension des sacrifices que tu t'apprtes entreprendre.La jeune femme exprimait dans son regard, une sincre reconnaissance pour les paroles de comprhension qu'il venait de prononcer et lui dit : Mon cher bienfaiteur, j'ai tellement envie de caresser celle qui jadis fut ma mre dvoue !... Ne serait-il pas juste de chercher assister ceux qui m'ont aide pntrer les sentiers de la rdemption ? coute-moi, Alcyone, lui ft observer Antnio solennellement. Tes prires sont louables et tes aspirations des plus justes ; mais, comme je t'ai conseill d'avertir Polux, je dois aussi te prvenir cette fois. Tu dois avoir conscience de la tche ardue qui t'attend et des responsabilits que tu souhaites assumer. Oui, rpondit la jeune fille sans hsitation, je suis dispose payer mes dettes du pass, si vous me le permettez au nom du Seigneur. As-tu dj rflchi aux obstacles venir ? Te souviens-tu que Jsus lui-mme, pntrant la sphre terrestre, a d s'annihiler dans des sacrifices poignants. Te rappelles-tu que les lois plantaires ne touchent pas seulement les esprits en apprentissage ou en rparation, mais aussi les missionnaires de la ligne la plus leve. Tu ressentiras galement l'oubli transitoire, dans une moindre mesure peut-tre, en vertu de tes conqutes ; tu prouveras le mme besoin de comprhension et la mme soif d'affection qui palpite en d'autres mortels. Pour clairer ces problmes, le Matre a laiss la communaut des disciples de profonds enseignements dans l'vangile. Reprsent par de mauvais prtres et de faux docteurs, le monde n'a-t-il pas voulu tenter Jsus lui-mme. As-tu dj rflchi ton rapprochement avec Polux, prisonnire dans un corps de chair ? Nous savons que Polux est parti avec des devoirs d'une grande importance pour la collectivit ; te sens-tu prpare neutraliser la puissante loi de l'attraction des mes ? Je le dis en connaissance de cause sachant la vigueur de tes sentiments affectifs face la grandeur des sublimes obligations assumes devant Dieu. Seras-tu suffisamment forte pour entendre ses souhaits amoureux, tout en le laissant assumer sa tche, sans danger, affrontant seul la solitude ? De toute vidence, conformment ses principes naturels la loi terrestre te rempliera de dsirs et t'induira voquer la possibilit de lui donner des enfants affectueux. Sans parler bien sr des liens crs en d'autres temps, comme envers ceux qui furent des parents aimants et qui souffriront de puissantes luttes et passeront par des preuves difficiles. Le chemin de presque tous tes amis est sem d'embches qu'eux-mmes ont plantes par indiffrence pour la misricorde du Tout-Puissant. Te sens-tu assez forte pour supporter d'aussi graves engagements ? Je connais de nombreux frres qui, aprs avoir demand des missions risques comme celle-ci, sont revenus chargs de mille problmes rsoudre retardant ainsi de prcieuses acquisitions. Je connais la gravit de ma dcision, expliqua la jeune fille avec beaucoup d'humilit, mais, bien que me sachant faible pour ceux que j'aime, j'espre que le Seigneur me fortifiera dans les jours d'ombre et d'affliction. Pour la croix que sa bont a accept de supporter au bnficie de la terre, je me rends sa sublime volont raffirmant malgr tout ma sincre prire...Antnio dvisagea la jeune fille pris d'admiration et lui dit : J'admire tes fermes intentions et je sais que la confiance que tu as en le Christ notre Seigneur est un gage sacr de victoire ; mais je dois encore te rappeler que la situation sur terre de ceux qui se proposent au service lgitime de la vertu est encore et toujours un motif de souffrances atroces. Ne sais-tu pas que dans ces missions sublimes, la crature brigue le droit de suivre le Matre sur ses pas divins. Sur terre, le disciple de la vrit et de l'amour tient de Jsus et de Dieu, et la masse vulgaire ne pardonne pas une telle condition, l'accablant de pesants tourments parce que ses sentiments ne sont pas analogues ceux qui la conduisent des incohrences et des mfaits. Il ne peut y avoir d'accord entre la vertu et le pch. Et comme le pch domine encore le monde, la tche apostolique sera toujours la voie d'un pnible spectacle de sacrifices pour le commun des mortels. Tous ceux qui ont suivi Jsus ont vu leur destin marqu par les signes du martyre et quand ils ne se soumettent pas, ils sont crucifis dans des douleurs humiliantes, se retirant abandonns, crass par l'opprobre humain, calomnis, humilis, incarcrs, blesss. Rares sont ceux qui restent sereins jusqu'au bout plein d'un amour immacul !... As-tu rflchi ces expriences par lesquelles ton me pourrait passer pendant quelques temps sous l'emprise de l'angoisse ? !... Oui, mon cher ami, j'ai rflchi tout cela et je suis rsolue tmoigner, aussi cruel que cela soit. Heureuse tu seras, si tu peux accepter la souffrance sur terre, s'exclama le mentor avec une grande tranquillit. Les tres humains, pour la plupart, au nom d'intrts mesquins ne considrent pas la douleur comme un rachat et un paiement, mconnaissant la joie de souffrir pour cooprer sincrement la construction du Royaume du Christ. Jsus, qui voit dans mon cur, m'aidera transformer la torture en un chant de grces et oublier les tentations les moins dignes dont les esprits vulgaires peuvent m'entourer, face la difficile tche requise qui est celle de la rdemption et de la grandeur de la vie.Antnio profondment mu devant de si courageuses rsolutions, lui dit finalement : Et bien soit, puisque ta dcision est prise et que tes Intentions sont justes et la hauteur de la situation, je permets que tu retournes sur terre, au nom du Seigneur.Alcyone dbordait d'une joie indicible. La douce motion de cet instant la transporta d'espoir et de bonheur. Sachant, lui dit son instructeur, que tu partiras non plus occasionnellement comme cela arrive la plupart du temps, mais pour une mission de sacrifice qui exigera beaucoup de travail et de renoncement, tu es ds maintenant releve de tes obligations dans cette sphre, afin de t'adapter et de vaincre les situations dfavorables des rgions infrieures qui nous sparent du monde.Et comme je le pressens, tu devras dpenser presque dix annes terrestres.Alcyone, pleurant de joie et de gratitude, s'approcha d'Antnio et prenant sa main droite, elle lui murmura : Que Dieu te le rende !... Que sa misricorde te bnisse ! s'exclama l'instructeur lui caressant les cheveux. Je t'accompagnerai dans mes prires et je resterai convaincu de ta victoire future !...La crature aime de Polux demeura dans le temple jusqu' la fin du jour.Au crpuscule, alors que les rayons des trois soleils s'estompaient peu . peu en des couchers de soleils blouissants, Alcyone s'est jointe un groupe d'amis pour prier avec ferveur suppliant les bndictions du Pre misricordieux.Le firmament se remplissait de clarts polychromiques et des satellites d'une fabuleuse beaut surgissaient dans l'immensit, enveloppant le paysage divin d'un ocan de lumire.L'affectueuse bienfaitrice baisa le front de ses compagnons de service divin et partit...Quelques instants plus tard est arrive au temple une petite caravane d'entits joyeuses, il s'agissait d'une expdition qui oprait des sphres de Syrius. L'un de ses participants, aprs avoir observ l'immensit du ciel, est entr dans le temple et s'est dirig vers Antnio lui demandant : Qui est ce voyageur qui part vers les zones d'ombre ? C'est Alcyone, qui entame une nouvelle prgrination parmi les esprits incarns... Que dis-tu ? rpliqua-t-il pris d'tonn ment, Alcyone va nouveau boire au calice de l'amertume d'un tel renoncement ? Ce sont les sacrifices de l'amour, mon fils, a rpondu le prpos au Christ, affichant sa comprhension et sa srnit. Seul l'amour peut l'amener s'absenter de notre cher foyer.Alors, ils sont tous sortis dans le magnifique jardin qui entourait le sanctuaire, et, contemplant l'entit lumineuse qui s'loignait, se dirigeant vers les rgions obscures, ils envoyrent cet tre dvou qui partait pour un long et dangereux voyage, leurs vux les plus fervents de confiance et d'amour en de sincres prires.II

DSIRS ARDENTS

DE JEUNESSE

Le 7 juin 1662, le tout Paris ne commentait rien d'autre que les somptueuses ftes populaires du Carrousel que Louis XIV avait organises devant les Tuileries. Le bruit courrait que le roi tait perdument amoureux de Louise de La Vallire, et les festivits n'avaient d'autre motif que de rendre hommage la favorite malgr la rserve avec laquelle Ils se livraient tous deux l'exercice de leur passion.Ces deux dernires nuits avaient t l'occasion de bruyants dbordements populaires anims par des rendez-vous lgants dans les salons les plus riches de la cour. Nombre de provinciaux avaient envahi les htels, des familles originaires du Nord surtout et des villes avoisinantes, attirs par le spectacle d'un tel vnement.On disait que le souverain se montrerait maintenant plus accessible et plus gnreux. Paris en avait assez des guerres l'tranger et se souvenait avec crainte des terribles luttes en internes gnres par les troubles de la Fronde. La priode d'influence du Cardinal de Mazarin tait termine et l'esprit populaire se nourrissait de rumeurs aux perspectives enthousiastes et aux suprmes espoirs... La ville entire attendait anxieusement des amliorations dans le domaine public et la cration de nouvelles institutions.Ce jour-l dans l'aprs-midi, partageant la joie gnrale, deux jeunes se promenaient en calche aux environs de la porte de Saint-Denis dans l'agitation de la vieille ville, ils commentaient les dlicieuses motions de la veille.Le vhicule trs lger suivait tranquillement le trot d'un magnifique cheval normand dont les rnes taient tenues avec prestance par Cyril Davenport qui avait ses cts la jeune Suzanne Duchesne, sa cousine, qui portait avec grce une toilette de rigueur. Dans le petit vhicule tait pos un magnifique bouquet d'azales frachement cueilli par la jeune femme dans un jardin de Montmartre. Le jeune couple avait entrepris cette excursion depuis midi. Suzanne avait souhait rendre visite deux familles importantes de leurs relations pour renouer avec d'anciennes amitis. Elle se livrait aux commentaires les plus grisants en compagnie de son cousin qui bien que rpondant gentiment ses manifestations affectives, semblait maintenant afficher une proccupation inhabituelle alors que la jeune fille bavardait, obissant l'usage et aux caprices des futilits de tous temps : Je n'ai pas vraiment apprci les dcorations des salons de Madame de Choisy, la fte a beaucoup perdu de son charme avec toutes ces parures colores et volantes. Je n'ai pas bien fait attention, dit Cyril plong dans d'autres rflexions. Entendre des commrages m'a vraiment puise, je suis allergique la mdisance.

Cependant comme d'habitude, nous ne pouvons rester indiffrents ce qui se passe dans notre environnement social, pour cela mme, je suis anxieuse de retourner la tranquillit de notre paisible Blois.Et comme son cousin ne rpondait pas, trs vive et bavarde, elle continua : Sais-tu dj comment s'est produite l'aventure amoureuse du roi ? Non. Louis'11 n'avait pas remarqu l'humble descendante des Le Blanc parmi les femmes qui frquentent la cour, car il n'avait d'yeux que pour Henriette12. Leur idylle a ainsi commenc, mais sa belle-sur a dcid de protger sa rputation et, pour loigner tout soupon, elle s'est mise rencontrer le roi en compagnie de Mademoiselle de La Vallire qui faisait partie de sa suite ce moment-l. Au cas o surviendraient des commentaires indiscrets, on aurait pu dire que Louis frquentait cette maison non pas pour la voir, mais pour rencontrer la pauvre jeune fille. C'est de ce petit jeu qu'a surgi cette situation humiliante laquelle Henriette ne pouvait s'attendre.(1) Louis XIV.(2) Henriette, Anne d'Angleterre. - Note d'Emmanuel

Aprs un bref clat de rire ironique, Suzanne conclut impitoyable en ces termes : Louis est follement tomb amoureux et nous avons maintenant un scandale qui est un vritable plat de rsistance pour l'apptit vorace des mauvaises langues. Tu ne connaissais pas tous ces dtails, apparemment ? Ah !, fit le jeune Davenport rvlant son souhait de changer de conversation, ce que je n'ignore pas, c'est que le souverain est mari avec la reine. Voyons ! Cyril ! La pauvre femme n'est qu'une victime de la politique espagnole.Observant, nanmoins, que le jeune homme se taisait, Suzanne dcida d'aborder un autre sujet de critiques sociales qui avait attir son attention, elle lui demanda : Tu as remarqu Henriette au bal ? Ses invits taient scandaleusement vtus...Le jeune homme fit un geste d'ennui et rpliqua : J'ai peine not les costumes. Nanmoins, tu as dans tous les morceaux.Renouvelant ses observations cassantes, elle poursuivit : Henriette nous met tous en difficult, nous qui avons des liens avec les les. Ce que je peux dire, c'est que son temprament serait diffrent si elle avait quelques principes d'ducation irlandaise. Mais la pauvre princesse a beaucoup souffert dans son enfance, dit Cyril dfendant sa cause. Ces circonstances ne devraient pas tre une raison pour l'amener commettre tant d'tourderies. Je pense que la souffrance doit servir temprer le caractre d'une certaine manire... De toute faon, lui fit observer le jeune homme, elle est marie. Remettre en cause ses attitudes est une tche qui relve de son mari. Et bien a alors ! Et tu crois, par hasard, que Monsieur Philippe (1) est en mesure de lui imposer l'ducation spirituelle dont elle a besoin ?(1) Philippe d'Orlans, frre de Louis XIV. - Note d'Emmanuel. Qui sait ?Cette rponse faite sur un ton de profond dsintrt discrdita toute discussion sur le sujet. Le reconnaissant, Suzanne fit une longue pause et s'abstint de tout commentaire.L'lgant vhicule qui revenait de son long parcours, se dirigea vers la rue Barillerie (2) dans l'Ile de la Cit. Davenport se gara quelques minutes devant une maison commerciale pour prendre ensuite l'itinraire de l'ancienne rue Saint-Denis, au trot du magnifique animal.(2) Boulevard du Palais, nagure rue de la Barillerie. - Note de la traductrice

Aprs un long moment, la jeune femme reprit la parole manifestant son inquitude fminine : Tu n'aimerais pas venir avec nous au thtre du Petit-Bourbon ? Non, non ; aujourd'hui je n'ai pas envie de voir un programme de Monsieur Molire.La voiture approchait du vieux pont Saint-Michel sur les bords de la Seine.Le crpuscule avanait, l'air tait parfum de l'odeur des primevres. Un vent doux caressait les cimes fleuries de deux grands arbres proximit. Impressionn peut-tre par la beaut suggestive de l'aprs-midi qui s'habillait d'un ciel indigo, le jeune Davenport regarda sa compagne avec une expression diffrente et lui dit : Suzanne, mon me est pleine de sensations ignores de moi-mme que j'aimerais partager avec quelqu'un qui me comprenne. Je ne veux pas parler de la cour, ni du thtre. J'ai besoin d'changes sur des thmes spirituels qui traduisent ce que je ressens, avec quelqu'un qui devine ce que j'prouve. Qu'ai-je faire des aventures du roi ou de la comdie qui sduit les plus futiles ?Sa compagne rougit. Elle serra sa poitrine discrtement o son cur battait la chamade. Depuis combien de temps attendait-elle ce moment sublime en compagnie de Cyril pour mesurer ensemble l'intensit de leur affection ? Elle l'admirait depuis son enfance, il tait pour elle le personnage de ses rves de femme, et ce n'tait un secret pour personne dans la famille qu'elle nourrissait le projet d'une union par les liens conjugaux. Tous deux taient ns en Irlande, mais sa mre d'origine franaise avait oblig son pre aller vivre dans son pays d'origine depuis plusieurs annes. Suzanne, cependant, n'avait jamais perdu le contact avec sa terre natale. Malgr les difficults propres son poque, elle retournait priodiquement en Irlande.

Elle venait d'avoir vingt ans, alors que Cyril en avait environ vingt cinq. Ne serait-ce pas le moment opportun de raliser ce sublime idal ? En vrit elle avait toujours attendu, anxieusement, que son cousin fasse le premier sa dclaration d'amour pour rpondre avec plus d'assurance ses chers projets de bonheur. Cyril, cependant, ne s'tait jamais prononc ce sujet.

Elle de son ct cherchait toujours justifier ses rserves par la singularit du temprament qui le caractrisait. Bien qu'tant la fois jovial et sincre, mais aussi nergique et impulsif, il restait trs discret quand il s'agissait de donner sa parole. Rarement il faisait des promesses parce qu'il savait qu'aprs s'tre compromis, viendraient les engagements qu'il faudrait tenir vaille que vaille, tant bien que mal.Suzanne passait souvent en revue toutes les possibilits existantes et finissait par se considrer dans une situation plutt favorable. D'ailleurs, elle tait sre que son cousin, aprs s'tre retir des services qui le retenaient la Sorbonne, partirait pour l'Irlande o sa famille l'attendait pleine d'espoir de le voir assumer les travaux de la proprit agricole o ses parents et ses frres vivaient.Le regard brillant, la jeune fille lui avait alors rpondu mi-satisfaite et mi-mue : Supposerais-tu que je ne puisse te comprendre ? Parle, Cyril !... Ne dsirerais-tu pas profiter un peu de cette douceur du soir ? Arrtons la calche. Asseyons-nous l prs du pont, quelques minutes, regarder glisser les eaux calmes...Le jeune homme obit souriant et satisfait. Il abrita la voiture dans un endroit proche et, donnant le bras son lgante compagne, ils se dirigrent vers les pierres qui se trouvaient aux extrmits de la construction trs ancienne. Ses yeux taient plongs dans une passion dominatrice. Suzanne, lui dit-il en lui prenant le bras avec tendresse comme s'il cherchait un abri, je n'ai jamais ressenti ce que je ressens maintenant. Mon me est pleine de rves et d'espoirs sublimes. Ah ! L'amour est le gnreux vin de la vie!...La jeune fille devint toute ple. Serait-ce le moment tant attendu de sa vie ? Certainement ! Cyril lui rvlerait enfin ses sentiments les plus intimes, lui parlerait du rve dor de ses espoirs de jeune femme. Ils se marieraient trs bientt... O iraient-ils, abandonneraient-ils la France pour l'Irlande afin de cultiver leur bonheur conjugal conformment aux douces traditions familiales. Plonge dans de belles visions, ses yeux brillaient d'une intense joie, alors que le jeune Davenport poursuivait : Construire un foyer, avoir des enfants qui nous aiment et garantir leur bonheur, ne serait-ce pas l'idal le plus noble qui soit ?Suzanne Duchesne lui serrait la main avec affection, elle dsirait de tout cur le prendre dans ses bras et laisser libre cours son affection, embrasser maintes reprises sa belle chevelure. Elle se sentait tourdie de joie et d'espoir, mais alors qu'elle ne s'tait pas encore veille de sa vision fantastique, il lui demanda fraternellement, aprs une longue pause : Se peut-il qu'elle rponde mes sentiments avec la mme passion ?Elle ? La question sonnait trangement aux oreilles de la jeune fille qui s'effora de dominer ses premires impressions de stupeur. Mais alors, une autre femme disputait avec elle le mme rve d'amour ? Une monstrueuse jalousie corrompit sur l'instant ses plus beaux sentiments. Son cur se referma subitement. Elle ne supporterait pas un tel affront. Elle lutterait pour avoir Cyril, jusqu'au crime ou jusqu' la mort. Pour cela, elle avait suivi ses pas comme une fidle sentinelle ; depuis l'enfance, le titre d'pouse, ses yeux, devait lui revenir tel un patrimoine incontest. Remarquant, nanmoins, que son cousin notait la lenteur de sa rponse, elle se remplit de courage face une situation aussi difficile et rpliqua : Elle ? J'ignore qui tu fais rfrence, mon cher. Explique-toi pour que je puisse te comprendre. Madeleine Vilamil, dit le jeune homme avec extase.Ah ! Maintenant elle avait enfin dans ces deux mots prononcs la rponse la question qui pour elle tait une vritable nigme. Il venait d'identifier cette grande ennemie dvolue. Elle ne lui pardonnerait jamais. Prise d'un profond dsespoir, elle se souvint mme que c'tait elle qui avait prsent son cousin sa jeune amie, la veille des clbres ftes parisiennes. Elle avait remarqu qu'ils avaient immdiatement dmontr un intrt rciproque ; et que, depuis lors, ils changeaient des propos anims l'occasion mais elle n'aurait jamais pu imaginer la possibilit d'une relation affective avec de telles consquences. Ce n'est qu' ce moment-l qu'elle perut l'intrt de Cyril pour la compagnie de Madeleine. Elle avait encore l'impression de la voir, au bal de la veille, avec cette attrayante fantaisie espagnole qui avait attir l'attention de personnes minentes la cour. Dans le cadre de son imagination surexcite, elle ne la considrait plus comme une compagnie amicale de promenades et de divertissements, mais comme une adversaire dangereuse qu'elle devait loigner de son chemin... Elle l'avait connue lors d'une visite que Madeleine avait faite avec son pre, un noble espagnol ruin, au palais de Blois o avait dj sjourn la cour de France. Elle avait apprci son intelligence et ses manires simples ; et son pre Jacques Duchesne Davenport avait immdiatement manifest pour la jeune fille de l'admiration et une amiti sincre. Non seulement par affinit naturelle, mais aussi pour satisfaire son pre dvou et aimant, par une singulire concidence, Suzanne s'tait prise d'affection pour Madeleine. Elle et sa soeur Caroline lors de leurs frquents voyages Paris, lui rendaient souvent visite la rsidence Saint-Honor, et prenaient du plaisir en sa joyeuse compagnie pleine d'esprit. Cependant ds lors, la jeune Vilamil tait condamne son aversion cruelle. La noble amiti s'tait convertie en une haine subite et dangereuse. En vrit, Madeleine ne pouvait pas savoir ce qu'elle cogitait en son for intrieur, mais Suzanne ne russissait pas retenir le besoin de vengeance qui, parfois subitement, envahissait impitoyablement son cur. Elle ne tolrerait pas une telle prfrence venant de son cousin, elle ressentait dans l'me une insulte froce. Tu te souviens, peut-tre, de cette dernire mlodie aragonaise que Mademoiselle Vilamil a joue avec tant de grce ? lui demanda le jeune homme nourrissant ses propres souvenirs.Affreusement ple, s'efforant de dguiser l'intense motion qui la dominait, la jeune femme fixa Cyril d'un regard nergique et rfuta firement : Mais enfin ce sont des enfantillages de ta part. Franchement, j'ai toujours considr ton sens artistique raffin ; de plus Madeleine ne peut, en aucune manire, correspondre aux exigences de ton nom et de ta position. Exigences de nom ? rpondit le jeune homme agac. Tu penses, alors, que je me marierais pour obir aux autres, en dsaccord avec mes propres aspirations ? Ce n'est pas vraiment cela, rpliqua la jeune femme comprenant combien il tait rsolu ; je ne veux pas dire qu'elle ne mrite pas des sentiments affectueux ; mais je ne pense pas qu'elle soit la crature indique pour prendre ta main. Pourquoi ? demanda le jeune homme sur un ton courrouc. Tu dsirerais peut-tre que j'approuve ton mariage avec une pauvrette espagnole ne aux confins de Grenade ? Et si quelqu'un affirmait que nous sommes irlandais des confins de Belfast, en serions-nous moins respectables pour autant ?Suzanne se mordit les lvres rvlant une profonde colre et rpondit : Cyril, o places-tu l'autel sacr de la famille ? Pourquoi te montres-tu si dsintress de nos profondes traditions ? Je t'ai prsent Madeleine, il y a quelques jours peine, je ne peux croire qu'en ton esprit se soient crs des liens aussi fous et aussi rprhensibles. Je l'ai prise comme amie intime en raison de l'affection que papa lui porte et que je ne peux refuser de satisfaire par obissance l'amour et la gratitude que je lui consacre. Nos affinits, nanmoins, ne vont pas au-del, puisque je ne vois pas de raison suffisamment juste cela dans le cadre de nos relations. Comme je l'ai dj dit, il s'agit peine d'une prdilection de papa et...Mais elle ne put finir, le jeune homme lui renvoyant un regard plus dur, lui coupa la parole en ces termes : Ne m'accuse pas, Suzanne. J'ai toujours rpondu aux attentes de mon oncle, avant mes propres parents. Je reconnais son bon sens et je ne permettrai pas...Cette fois, cependant, ce fut la jeune femme qui, voulant pondrer la discussion chauffe, profita de cet instant de pause pour lui dire contrarie : coute, Cyril, calme-toi. L'irritation empche toute comprhension mutuelle.Elle le fixa avec une angoisse dguise. Et alors qu'elle sentait ses rves de bonheur si profondment menacs, elle le trouvait plus beau que jamais. En d'autres occasions, elle aurait gard l'espoir, mais ce moment-l elle n'en tait plus aussi sre. Cyril n'tait-il pas son idal d'homme ? Quelle puissante attraction la retenait prisonnire de son rve de bonheur sans pouvoir renoncer en faveur de celle qui occupait si sincrement son cur ? Elle sentit qu'une forte motion touchait ses fibres les plus intimes et c'est avec difficult qu'elle noyait son chagrin dans sa poitrine oppresse, craignant de pleurer devant son cousin plong dans de graves rflexions. Cyril, dit-elle sur un ton plus dlicat, ne t'nerve pas, sincrement je veux t'aider.Le jeune homme s'mut de ce changement soudain, et il rpondit : Oui, je compte sur ta bonne volont. Aide-moi, je dois y rflchir. J'ai besoin d'orientations et de me fortifier l'esprit. Je ne suis pas absolument sre de ce que je vais dire, s'exclama-t-elle cherchant changer d'attitude, mais je pense que tu dois considrer la situation avec mesure. Le pre de Madeleine est un noble espagnol ruin qui est en dsaccord avec les membres les plus influents de la cour de France. Qui, de plus, est Paris depuis un certain temps et passe par de srieuses difficults financires, mme s'il fait partie de la suite de la reine. Je connais D. Ignace Ortegas Vilamil, dit le jeune homme ; j'tais avec lui avant-hier soir au Carrousel. Sans aucun doute il s'agit d'un homme pauvre, mais il est trs sympathique et porteur d'un temprament extroverti que j'ai fort apprci. Mais c'est un noble sans fortune dont la situation est franchement condamnable vu qu'il l'a perdue au jeu et par vanit, comme le bruit court. Je pense nanmoins que nous devons faire preuve de comprhension l'gard de notre prochain, obtempra le jeune homme convaincu. Mon pre, comme tu ne l'ignores pas, n'a pas fait d'excs ni a risqu son argent dans des aventures ; il n'empche qu'il compte aujourd'hui sur de trs modestes ressources, tant donn les perscutions religieuses qui svissent en Irlande.Suzanne comprit que tout argument ce moment prcis lui serait dfavorable. D. Ignace, ajouta-t-elle feignant l'ironie, ne serait mme pas en mesure d'offrir une dote sa fille... Jamais, je ne me marierai visant une dote, Suzanne !...La jeune femme cachait avec difficult sa rancur, mais se retenant toujours, elle dit : Il s'agit cependant d'une question importante, et peut-tre que c'est pour cela que Madeleine refuse de rpondre tes caprices juvniles... Comment cela ? fit-il, impressionn par sa faon de s'exprimer. Peut-tre ignores-tu, dit-elle rsolue comme quelqu'un qui garde les atouts du jeu pour la fin, que ton lue est fiance par dcision de ses parents son cousin Antero de Oviedo Vilamil qui a grandi ses cts, comme un frre.Cette fois, c'est Cyril qui dmontra une attitude de singulire stupeur. Sans pouvoir se dominer, la contrarit s'est empare de lui. La jalousie qui dvastait la jeune Duchesne treignait maintenant son cur. Serait-ce possible ? demanda-t-il livide. Oui, dit la jeune femme, jouissant en son for intrieur de la douleur du jeune homme, on dit que D. Ignace vit depuis presque deux ans aux crochets du jeune homme qui ne s'est pas livr un tel sacrifice sans intention dlibre. Chacun sait que sa cousine est son rve le plus cher, cependant Madeleine semble rester insensible cette affection. Le fait est que la famille Vilamil est vraiment endette et dans de graves proportions.Cyril Davenport tait immerg dans une mer de rflexions profondes. Il ne cderait aucun obstacle. Madeleine avait touch son cur comme aucune autre femme ne l'avait fait jusqu' prsent. Il gardait en mmoire le son de leurs derniers mots prononcs. Il inhalait encore le parfum de sa main si lgre entre les harmonieuses vibrations de leur dernire danse. L'enchantement des musiques aragonaises qu'elle avait joues la veille, lui revenait en mmoire. Leurs sentiments taient plongs dans le mme moi lorsqu'elle lui parlait de son Espagne lointaine. Les sujets castillans ne l'avaient jamais intress jusque-l et, maintenant, voil que cette immense affection veillait en lui de nouveaux lans qui embrasaient son me tel un volcan ardent. Il tait convaincu que Madeleine n'tait pas insensible son amour. Au bal, il lui avait serr la main avec passion. Leurs yeux brillaient d'une sublime affection. O qu'il soit, il lutterait contre son rival jusqu'aux confins de la terre ? Il devait tout prix loigner Antero de Oviedo. Sa prsence lui tait indsirable. Les yeux dans le vide, hallucin par l'motion qui le dominait, le jeune Davenport semblait ne plus voir sa cousine ses cts, ni mme la beaut silencieuse du crpuscule qui s'vanouissait avec l'apparition des premires toiles. Je n'abandonnerai pas ! s'est-il cri voix haute, comme s'il parlait une ombre importune.Entendant cette exclamation trange et inattendue, Suzanne ressentit un choc intense. Cette phrase prononce comme un cri, l'effraya, elle justifiait ses craintes, alors elle lui dit : Allons, Cyril. Il fait presque nuit et on m'attend pour le spectacle.Le jeune Davenport la suivit en silence, ils montrent en voiture, Cyril prit les rnes presque machinalement et ils partirent. Suzanne jeta au sol quelques azales fltries dans un geste d'ennui alors que chacun d'eux s'engouffrait dans un pnible mutisme, le vhicule partit rapidement en direction d'une rsidence cossue devant le pont au Change o sa cousine habitait.En vain, la jeune Duchesne insista pour que Cyril allt au thtre, elle le supplia mme de rentrer un moment chez elle. Il refusa toutes ses dlicates invitations et, changeant de direction, il partit au galop vers son htel Saint-Germain.De temps en temps, le fouet claquait sur le dos du bel animal qui, alors, semblait souffrir de la mme inquitude que son matre.Aprs avoir gar le vhicule dans un norme hangar destin aux voitures de l'poque et avoir conduit le cheval aux curies les plus proches, Cyril Davenport, touffant d'angoissantes penses, sortit dans la rue, soucieux de sentir son front tourment caress par le doux vent de la nuit. Il traversa des rues et des places plonges dans ses profondes rflexions, tranger au mouvement des pitons et des vhicules tout le long du chemin. Absorb dans ses penses, il avait hte d'tre rendu et de rsoudre les problmes qui le torturaient.Il tait arriv la conclusion que son existence allait bientt changer. Il ne pouvait supporter plus longtemps de vivre insouciamment, et sa rencontre avec Mademoiselle Vilamil l'induisait penser srieusement au mariage. Cependant, comment trouver l'quation juste ? Aprs une priode d'tudes Paris, il continuait au service de la Sorbonne o il avait une rmunration rgulire sans toutefois de vritables perspectives financires. Son pre, Samuel Davenport, l'avait dj appel plusieurs fois souhaitant sa prsence en Irlande du Nord o, malgr les difficults dont il avait souffert, il possdait une belle proprit agricole. Comment rsoudre la situation ? Devrait-il se marier et partir pour les les, ou visiter avant le foyer paternel, pour se marier ensuite ? Dans la premire hypothse, son attitude pouvait causer de srieuses discutions en famille ; dans la seconde, l'intrus Antero pouvait sortir gagnant et annuler ses plans. Il se souvint de la sympathique figure de son oncle qui l'avait toujours compris et soutenu dans les moments difficiles, et considra l'ventualit d'aller Blois pour lui demander conseil. Il dcida de prendre rendez-vous avec Madeleine, le lendemain soir, prs de l'glise Notre-Dame, puis, il ferait le voyage une fois d'accord avec la jeune fille qui avait rempli son cur de rves mirifiques.Aprs avoir travers un immense labyrinthe de rflexions, il retourna l'htel bien au-del de minuit. Il se coucha extrmement nerveux, ne russissant s'endormir que trs tard dans la nuit.Le lendemain, il se jeta dans le travail, l'me inquite, ses penses tournes vers la soire quand il aurait la joie de revoir sa bien-aime et de revivre les douces motions qui animaient son cur.Bien avant l'heure, Cyril tait arriv devant la majestueuse cathdrale, il faisait les cent pas. Afin d'viter la curiosit des passants, il pntra dans la cathdrale o il est rest pendant un long moment. Son regard tait indiffrent aux trsors artistiques qui l'entouraient. Les colonnes prcieuses, les arabesques dores, les bas-reliefs, les statues merveilleuses, se diluaient dans une atmosphre de rve. Les vitraux et les prtres, les fleurs et les objets de culte n'voquaient rien son cur. Quand apparurent dans le ciel les premiers astres de la nuit, Davenport est retourn sur le parvis, se promenant nerveusement sur les beaux escaliers qui donnaient l'intrieur de l'difice, et que le progrs dans Paris avait fait disparatre quelques annes plus tard avec la surlvation des sols.Entre ses sentiments d'afflictions, il remarqua, une voiture qui s'tait arrte proximit, et d'o sont sorties trois lgantes cratures qui se dirigrent vers le sanctuaire.Madeleine Vilamil avec Colette et Ccile, deux amies de sa jeunesse, taient arrives sous prtexte d'assister aux offices religieux de la soire, mais quelques minutes plus tard, agissant de connivence, Mlle Vilamil s'est loigne en compagnie du jeune Davenport, tous deux anxieux d'changer leurs sentiments rciproques.Alors que le vhicule attentait post devant l'glise Inform que les jeunes filles se livraient la prire, Madeleine prit avec plaisir le bras qui lui tait offert, et fit quelques pas le long de la grande place qui tait entoure l'poque de vieilles maisons.Cyril semblait tre le plus heureux des hommes. Par un mystrieux mcanisme que son esprit ne russissait pas comprendre, en cette jeune fille se rsumait, maintenant, tous les rves de son existence. Il lui confiait ses idaux les plus intimes, lui rvlait les sentiments profonds de son me brlante. Lui-mme tait surpris de la confiance spontane qu'il lui tmoignait, si peu habitu qu'il tait s'ouvrir.Face aux circonstances, Madeleine Vilamil tait touche de sublimes motions. Elle n'avait pas l'habitude de se fier aux premires marques d'affection. Sa mre descendante d'une famille traditionnelle du sud de la France, et son pre ancien noble espagnol, avaient donn leur fille unique une ducation stricte. Pour la premire fois, la jeune fille rpondait une demande de cet ordre sur une place publique, davantage consacre selon elle, des cratures vulgaires et sans titres de noblesse morale. L'invitation de Cyril tait, ses yeux, un peu choquante pour sa vanit fminine ; nanmoins, obissant aux dsirs ardents de son cur, elle avait accept de le rencontrer loin de tout regard malveillant. De plus, elle ne souhaitait pas le recevoir chez elle, sa mre tait malade depuis de longues annes dj, et les dbordements de son pre, destitu de toute fonction dans la sphre politique faisait qu'il tenait parfois des propos froissants pour les rgles de civilit franaise.Avant que le jeune homme ne se fasse des ides concernant ses parents qu'elle aimait de tout son cur, Mademoiselle Vilamil avait jug essentiel de faire part au jeune Davenport de leurs difficults domestiques. Et comme elle tait incapable de rsister au doux magntisme que le jeune irlandais exerait sur elle, elle se trouvait l sous le ciel toile aux premires heures de la nuit, changeant des confidences.Cyril commena par commenter la beaut des mlodies qu'elle avait joues au clavecin, les sentiments et vibrations qu'elle lui avait inspirs, alors que Madeleine contait au jeune homme admiratif les coutumes de sa terre natale, cherchant donner ses mots des connotations particulires comme si elle ne dominait pas compltement la langue franaise.Tout ce qui touchait sa personnalit tait grce et lgret aux yeux du jeune Davenport qui se sentait transport d'un bonheur sans commune mesure en sa compagnie.Arrivs ce stade, Cyril expliqua quelque peu gn devoir exprimer ses intentions : Madeleine, j'ai hte de te dire combien mon affection est profonde. Tu sauras comprendre le sens de mes paroles. Je ne suis pas du genre adopter des attitudes superficielles, ni ne peux approuver les carts de la jeunesse d'aujourd'hui. Je le dis afin que tu ne voies pas d'tourderie dans mes propos. Je t'aime beaucoup trop et ces quelques Jours ensemble suffisent pour que je reconnaisse la place irremplaable que tu occupes dans mon cur. Mais, pourrais-je compter sur ton amour pour toujours ? cette question directe, la jeune fille rpondit compltement droute : Oui!... J'ai toujours idalis une crature qui me comprendrait vraiment et, maintenant que nous nous sommes rencontrs, j'ai l'espoir de pouvoir trouver le bonheur. Depuis le jour o nous nous sommes vus pour la premire foi, Je rve de toi et je dsire plus que tout au monde les Joies d'un foyer plein de fleurs et d'enfants.Elle tait toute rouge, elle se sentait comme emporte pur les ailes de l'amour, allant d'motion en motion, vivant un rve. Elle se laissait berce par la douce musique de ses paroles qu'elle attendait depuis si longtemps. Il tait pour elle l'homme idal ; sa voix caressante et ferme la pntrait en son for intrieur comme un souffle parfum de vie. Elle voulait parler exprimer ses sentiments les plus nobles, mais l'motion tranglait sa voix, alors que son cur dsirait prolonger l'infini cet instant divin. Comprenant son silence, le jeune homme s'est alors rappel des avertissements de Suzanne, il fit un geste significatif et ajouta : Cependant, Madeleine, j'ai le cur plein de sombres prsages !... Ils disent que la souffrance est commune ceux qui s'aiment ; j'ai hte de plus d'explications... Comment ? demanda la jeune femme dans un mouvement d'impulsion instinctive comme pour effacer tous les doutes.Rvlant une certaine inquitude, il ajouta comme s'il mesurait la responsabilit de chacun de ses mots : Quelqu'un dispute-t-il avec moi les trsors de ton cur ? Que dis-tu ? rpliqua la jeune femme avec surprise. Je sens que ton me se dirige mon cur comme une source cristalline de vrit, ajouta Davenport en accentuant ses mots, et je crois en ta sincrit car il serait discourtois de douter de tes sentiments ; mais, qui sait, Madeleine, tes parents te destinent peut-tre un autre qui te mrite pour la fortune que je ne possde pas ou pour les titres qui me manquent ? ce stade de leur conversation, sa voix tait devenue triste et mue, comme un enfant dispos se rsigner face aux obstacles et malgr son violent dsir.La jeune fille son tour se mit pleurer convulsivement, elle semblait se rveiller d'un rve. L'image de son cousin torturait maintenant sa pense, comme s'il s'agissait d'un bourreau cruel. Les luttes domestiques lui revenaient en mmoire, les normes dettes contractes par son pre envers Antero de Oviedo, leur alliance pour un futur mariage faisant le sacrifice de ses idaux. Elle ne russissait pas dissimuler l'immense douleur qui dominait son cur sensible l'ide de perdre Cyril, oblige par les conventions humaines de renoncer son union avec le jeune homme qu'elle devinait tre la source d'un possible bonheur.Elle tait livre aux sanglots, alors que le jeune irlandais profondment mu lui tenait la main la couvrant de baisers. Ne pleure pas, Madeleine ! L'amour a toujours confiance, et de plus serais-je compltement inutile ?Se rappelant des paroles impitoyables de Suzanne que ces larmes confirmaient, il prit une dcision et ajouta : Personne ne pourra t'imposer un mariage contre ta volont. Si tu m'aimes, je saurai te dfendre envers et contre tout. Tu n'appartiendras pas un misrable uniquement pour de mesquines questions financires. L'argent n'entrera jamais dans nos plans de bonheur !...Aprs avoir entendu ses pondrations consolatrices et affectueuses, la fille de D. Ignace scha ses larmes et rpondant ses appels, elle lui conta en dtails les difficults de sa famille marque par de graves problmes depuis l'poque o ils vivaient Grenade. Elle tait ne dans cette clbre ville espagnole o son pre jouissait d'une position politique d'une certaine importance. Elle avait eu une enfance joyeuse, mais ds le dbut de ses tudes, elle avait vcu quasiment prisonnire dans un couvent d'Avila car son pre souhaitait dvelopper ses dons intellectuels. l'occasion des quelques jours de l'anne qu'elle passait en vacances dans le foyer familial, elle pouvait constater les souffrances de sa mre qui allaient en s'aggravant au vu des extravagances paternelles. son dpart du couvent, ses parents se trouvaient dj installs Madrid o ils avaient dmnag avec beaucoup de difficults. Au milieu de tous ces cruels tourments moraux, sa mre avait trouv de l'aide en la personne d'Antero le neveu de son mari, duqu avec tout le dvouement et la tendresse maternelle. Tout petit encore, ses parents avaient adopt le jeune enfant et le considraient comme leur propre fils. Aujourd'hui, Antero tait un homme psychologiquement difficile aux sentiments condamnables qu'il savait dissimuler avec habilit, mais qui, aux yeux de sa mre pour qui il tait devenu un soutien et une consolation, prsentait une dote apprciable tant donn les constants garements de son pre. Ils vivaient Madrid compltement ruins quand le mariage de la fille de Philippe IV avec Louis XTV avait donn l'occasion son pre et son cousin d'assumer des fonctions politiques intressantes. Depuis 1660, ils taient Paris dans l'espoir d'une vie nouvelle. D. Ignace, nanmoins, ne russit pas assumer sa charge au-del de quelques mois parce qu'il tait en dsaccord avec la cour vu ses franches critiques adresses l'gard de Sa Majest. Loyal ami de l'infante espagnole, il ne pouvait supporter de se taire devant les humiliations cruelles infliges la reine, qui avec une patience de sainte avait recours la religion pour tolrer et oublier les dviations amoureuses de son mari. Inform de ses fermes protestations, le souverain le dmit de ses fonctions et Antero de Oviedo n'a t conserv dans ses obligations rmunres que par l'influence des amis de Marie-Thrse, ce qui les maintint l'abri de certaines difficults. Cela faisait presque deux ans que la famille vivait aux dpens du jeune homme, malgr l'affliction qu'une telle situation pouvait leur causer.Son pre, continuait Madeleine les yeux en pleurs, avait un cur gnreux, mais il nourrissait une passion invtre pour le jeu. Une telle obsession avait gaspill tous les biens qu'ils possdaient et, aprs de lamentables aventures, rien n'tait rest de leur heureux pass. Sa mre rsistait hroquement aux revers de la vie, mais elle souffrait maintenant du cur et passait ses jours dans l'attente angoissante de la mort qui rapprochait.Mademoiselle Vilamil fit une longue pause afin de scher ses larmes alors que Cyril lui caressait les mains avec motion.Puis, prouvant un grand embarras se sentant oblige d'voquer un sujet aussi dlicat, elle se mit parler avec une certaine gne de l'intention qu'avait son pre de la marier son cousin. Celui-ci lui avait dj manifest son amour, mais elle s'esquivait toujours prise de rpugnance. Elle nourrissait le dsir ardent de lui lancer au visage un refus formel vu le ddain que cette union lui inspirait, mais elle se retenait car elle savait la reconnaissance que nourrissait sa mre malade son gard et la situation de son pre qui lui devait quelques milliers de francs.C'est alors que le jeune Davenport dguisant mal la Jalousie qui le dvorait l'interpella s'exclamant : Mais ton pre, pour qui tu as une si grande vnration, aurait-il le courage de vendre le bonheur de sa fille pour une poigne de sous ? Je ne le crois pas, dit la jeune femme convaincue, dmontrant avec sincrit sa confiance filiale o refltait dans ses yeux la candeur de ses dix-neuf printemps ; mon pre, malgr ses erreurs a toujours t mon meilleur ami.Cyril prit la tte de Madeleine entre ses mains avec une affection infinie, soucieux de la consoler. Aprs quelques instants d'un silence plus loquent qu'un long discours, la jeune Vilamil, comme si elle tait renvoye un lointain pass, lui demanda inopinment : Cyril, crois-tu aux devins ? Mon Dieu pourquoi cette question ? s'exclama-t-il intrigu. C'est que, alors que j'tais encore Grenade, dit-elle avec innocence, l'occasion de l'une de mes rapides visites la maison, un jour, je me suis trouve la porte de l'Alhambra avec quelques collgues d'tudes lorsque nous avons t attires par un vieil homme qui lisait les lignes de la main des passants intresss par son trange science. Rpondant la demande de mes amies, je me suis approche et lui ai donn ma main. Il a sembl mditer un moment puis il a dit : Voil une jeune fille bien ne, mais elle n'est pas bien prdestine. Et aprs m'avoir fixe dans les yeux avec une expression inoubliable, il s'est arrt de sourire et il a poursuivi me donnant un conseil : Prpare-toi, mon enfant, accroche-toi ta foi en Dieu, parce que ton calice en ce monde dborde d'amertume. Souviens-toi que nous ne vivons pas qu'une seule vie. Nous avons plusieurs existences et la tienne actuelle est prometteuse de temps laborieux pour ta rdemption. Ses paroles m'ont impressionne tel point que je suis tombe en larmes. J'ai ressenti un choc norme et il a fallu que mes amis nie reconduisent la maison o je me suis calme. Et D. Ignace n'a rien fait concernant ce stupide vieillard ? demanda le jeune Davenport brusquement en lui coupant la parole. Mon pre a t furieux, et aprs m'avoir rprimande svrement, il a pris les mesures ncessaires ordonnant que le sorcier aille devant le Tribunal de l'Inquisition qui a appliqu les mesures disciplinaires requises pendant une semaine et l'a retenu incarcr plus de trois mois. Plus tard, le Gnral des Jsuites a inform papa qu'il s'agissait d'un plerin fou d'origine gyptienne qui tait entr dans le royaume par le Maroc. Et tu as accept ce qu'il t'a dit ? interrogea Cyril montrant une certaine anxit et voulant effacer toute mauvaise impression dans l'esprit de la jeune fille. Bien qu'impressionne, expliqua Mademoiselle Vilamil, je n'ai pas cru aux tristes prdictions mais je dois reconnatre que jusqu' prsent, Cyril, ma vie a plutt t une mer tourmente de proccupations infinies. J'ai mme l'impression que j'atteindrai mes vingt ans portant le poids suffocant d'une vieillesse prmature.Aprs une courte pause, elle ajouta : Je ne veux pas faiblir ou me laisser aller de si mauvais prsages venant d'un inconnu qui plus est. Je me sens forte dans ma foi en Dieu et je suis convaincue que le pouvoir cleste m'assistera dans mes luttes sur terre ; nanmoins, j'ai not un dtail dans la conversation du vieillard que jamais je ne pourrai oublier et qui se rapporte aux autres vies. Le destin est plein de circonstances mystrieuses. Notre vie ne commence pas l'instant o nous naissons. Nous devons avoir exist en d'autres temps. Je crois que nous avons aim et ha. Et les efforts que nous dployons se destinent au travail de rdemption de nos fautes. Les avertissements du vieillard ne sont pas les seuls m'y faire rflchir, j'ai aussi fait des rves trs significatifs...Son compagnon, de toute vidence mal l'aise, qui coutait ses propos lui prit la main et rtorqua : Que dis-tu l, Madeleine ? Tu divagues ? Tu ne peux te livrer de telles ides. Si je rencontrais cet infme sorcier, je doublerais les peines qui lui ont t affliges par les inquisiteurs.Dsireux de la dbarrasser de telles penses, il continua Nous nous marierons et nous trouverons le bonheur infini. Nous resterons Paris ou nous irons o tu voudras. Je me battrai pour toi, je suis fort et plein d'nergie. Dans quelques annes, nous rirons de ces craintes infantiles, provoques par un mendiant irresponsable. Les gyptiens, comme les orientaux, ont toujours t de grands imbciles. Si tu le souhaites, nous habiterons en Irlande auprs des miens. Plus tard, je te ferai connatre Londres ; nous voyagerons jusqu'en Ecosse car nous savons que o que nous soyons notre amour sincre sera la cl de notre bonheur immortel. Les mes qui s'aiment se meuvent sur des chemins pleins de lumire.La jeune fille l'coutait trs mue, elle semblait avoir oubli ses ides transcendantes et profondes, et lui rpondit charme : Oui, nous serons heureux pour toujours. Je te suivrai n'importe o, prise du dsir ardent de connatre des terres nouvelles o nous pourrons vivre le bonheur qui nous unit!... Des terres nouvelles ? dit Cyril une ide soudaine lui venant l'esprit, ne serait-ce pas intressant d'essayer les vastes horizons de l'Amrique ? Ah ! a c'est un de mes rves, fit la jeune fille les yeux ptillants. J'ai une soif inexplicable d'un nouveau monde qui nous ouvrirait ses distances. Nos grandes villes corrompues, nous puisent et nous touffent ! Grenade, Avila, Madrid et Paris ne diffrent pas beaucoup les unes des autres. Partout, je vois les hommes vivre comme des fous, se disputant des ralisations qui ne font qu'augmenter leurs souffrances intrieures. J'ai toujours rv de grandes forts ombrages, de larges fleuves, de paysages verts et sans fin... Nous construirons l-bas notre nid d'amour, conclut le jeune homme amoureux.Et ils ont longuement parl de l'Amrique comme deux enfants avides de partager des engagements sacrs.Au terme de leurs changes, le jeune Davenport inform des inquitudes profondes de sa bien-aime promit de rendre visite ses parents le lendemain dans la soire la rsidence Saint-Honor, afin de crer les conditions propices leur future relation.Aprs que Colette et Ccile soient venues chercher leur amie pour rentrer, Cyril fixa du regard la voiture qui s'loignait jusqu' ce qu'elle ait compltement disparu. Il est encore rest pendant un long moment mditer assis sur un banc peine clair la lueur de la nuit.Le lendemain en fin d'aprs-midi, il prit sa calche et s'est dirig vers la rsidence des Vilamil faisant son possible pour effacer les apprhension