recherche agronomique suisse, numéro 4, avril 2015

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RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE Avril 2015 | Numéro 4 Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich | FiBL Production animale Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval Page 136 Production végétale Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures Page 160 Eclairage Conflits d’objectifs entre promotion de la biodiversité et protection phytosanitaire Page 174

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Page 1: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

RECHERCHEAGRONOMIQUESUISSE

A v r i l 2 0 1 5 | N u m é r o 4

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Production animale Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval Page 136

Production végétale Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures Page 160

Eclairage Conflits d’objectifs entre promotion de la biodiversité et protection phytosanitaire Page 174

Page 2: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

SommaireAvril 2015 | Numéro 4

Le franches-montagnes est la seule race de chevaux d’origine suisse encore existante. Elle doit lutter contre une baisse de sa population et du nombre de naissances, ainsi que contre un manque de rentabilité au niveau de la production. Dans le cadre de l’élaboration d’un rapport de stratégie pour le maintien du franches-montagnes, le Haras national suisse d’Agroscope a enquêté sur la conformité de cette race de chevaux à la demande du marché. (Photo: Martin Rindlisbacher)

ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

EditeurAgroscope

Partenairesb Agroscope (Institut des sciences en production végétale IPV;

Institut des sciences en production animale IPA; Institut des sciences en denrées alimentaires IDA; Institut des sciences en durabilité agronomique IDU), www.agroscope.ch

b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.ofag.chb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.chb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.chb Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,

Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.chb Institut de recherche de l'agriculture biologique FiBL, www.fibl.org

Rédaction Direction et rédaction germanophoneAndrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 58 466 72 21, fax +41 58 466 73 00

Rédaction francophoneSibylle Willi, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, case postale 1012, 1260 Nyon 1, tél. +41 58 460 41 57

SuppléanceJudith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, case postale 1012, 1260 Nyon 1, tél. +41 58 460 41 82

e-mail: [email protected]

Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Responsable Corporate Communication Agroscope), Evelyne Fasnacht, Erika Meili et Sibylle Willi (Agroscope), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich), Thomas Alföldi (FiBL).

AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne/App: CHF 61.–*

* Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch

AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Agroscope, case postale 64, 1725 Posieux e-mail: [email protected], fax +41 26 407 73 00

Changement d'adressee-mail: [email protected], fax +41 31 325 50 58

Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch

ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse

© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

135 Editorial

Production animale

136 Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval Ruedi von Niederhäusern et al.

Production animale

144 Digestibilité et dégradabilité d’ensilages protéagineux-céréales immatures Yves Arrigo, Silvain Henneberger et Ueli Wyss

Production animale

152 Qualité des ensilages plantes entières de triticale, d’avoine et de pois fourragers

Ueli Wyss et Yves Arrigo

Production végétale

160 Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures

Bernhard Speiser, Esther Mieves et Lucius

Tamm

Production végétale

166 Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur

Emilie Carrera et al.

Eclairage

174 Conflits d’objectifs entre promotion de la biodiversité et protection phytosanitaire

Karin Ruchti et Christoph Studer

178 Portrait

179 Actualités

183 Manifestations

Page 3: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Editorial

135

Dr Stefan Rieder,Responsable de division de recherche Agroscope, Haras national suisse HNS, Avenches

Le réseau de recherche équine en Suisse fête ses dix ans d’existence

Chère lectrice, cher lecteur,

En avril 2005, invitées par la direction du Haras national suisse, quelque 40 per-

sonnalités de la filière suisse du cheval se réunissaient à Avenches en vue d’un

échange. Cette rencontre avait pour objectif de présenter l’ensemble des compé-

tences, activités, projets et besoins de la filière équine suisse dans le but d’amélio-

rer sa mise en réseau et de renforcer le transfert de connaissances de la recherche

à la pratique. L’idée d’un réseau de recherche équine en Suisse était née.

Depuis 2006, des représentant-e-s de la recherche, de l’industrie, de l’éle-

vage chevalin, des détenteurs et des utilisateurs de chevaux de même que

d’autres milieux concernés se retrouvent une fois par an, en avril, au Théâtre du

Château d’Avenches. A ce jour, étudiants, doctorants, «postdocs» et scienti-

fiques confirmé-e-s ont présenté pas moins de 127 conférences et 234 posters. Il

s’agit généralement de travaux réalisés au sein d’une institution suisse. En outre,

des hôtes suisses et étrangers ont présenté au total 31 conférences sur des

thèmes de société actuels en lien avec le cheval.

Grâce au soutien généreux de nombreux sponsors, des prix ont pu être remis

chaque année pour récompenser les contributions les meilleures et les plus ori-

ginales, afin de motiver les jeunes chercheurs-euses et donc de promouvoir

l’innovation au sein de la branche équine. Un grand nombre de ces travaux ont

ensuite été présentés dans des congrès à l’étranger et ont eu un impact au-delà

de nos frontières.

Quel enseignement tirer de ces dix années d’existence? Nous constatons

qu’environ la moitié des contributions a porté sur des thèmes médicaux, un quart

sur l’élevage et la génétique (y compris la reproduction), et un autre quart sur la

détention des chevaux - avec des travaux dans les domaines des sciences compor-

tementales, de l’alimentation, mais aussi des constructions et de l’économie.

Quelques contributions revêtaient en outre une dimension plus culturelle, abor-

dant le cheval dans l’archéologie, l’histoire, les arts ou le droit.

Il ne fait aucun doute que la réunion annuelle du réseau de recherche

équine a rapproché tous les acteurs de la filière équine suisse, en particulier

ceux des hautes écoles et des instituts de recherche. Des projets ont été lancés,

les professionnels, jeunes et moins jeunes, ont pu échanger et confronter leurs

idées sur de nombreux thèmes. Comparé à 2005, nous possédons aujourd’hui

des chiffres beaucoup plus précis sur les diverses tendances et l’importance

socio-économique du cheval dans notre pays.

Toutes ces connaissances serviront à relever les défis du futur. La croissance

continuelle de la population de chevaux dans notre pays renferme un potentiel

de conflits. Nos réserves en sol sont limitées, la protection du paysage et une

exploitation durable de nos ressources sont des priorités politiques. Or, la filière

équine fait partie de la branche des loisirs et génère environ un demi-milliard de

francs de recettes en faveur de notre agriculture. Dans quelle mesure va-t-elle se

développer de façon durable au cours des prochaines années? Seul le futur nous

le dira! Quoi qu’il en soit, le réseau de recherche équine offre à la filière suisse du

cheval une plateforme en mesure de lui donner des impulsions.

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 135, 2015

Page 4: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

136 Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 136–143, 2015

dat de prestations 2014 - 2017, d’établir une stratégie en

collaboration avec les acteurs de la branche concernés.

La question de la conformité aux exigences du marché

suisse a donc été au centre des travaux réalisés en 2014.

Problématique

Le monde du cheval en Suisse a vu ces dernières décen-

nies un développement et une popularisation impor-

tante et quantifiable (Poncet et al. 2007 et 2009; Schmi-

dlin et al. 2013). La population des équidés (chevaux,

poneys et petits chevaux, ânes, mulets et bardots) a aug-

menté de près de 40 % depuis 1983. Fin 2013, environ

104’000 équidés de plus de 150 races différentes vivaient

en Suisse. Une majorité des équidés en Suisse sont des

demi-sang (41 %). Près d’un quart sont des poneys (24 %).

Avec près d’un cinquième, soit approximativement

20’000 animaux (19 %), le franches-montagnes est la

race la plus représentée au sein de la population d’équi-

dés en Suisse (Schmidlin et al. 2015).

I n t r o d u c t i o n

Mandat

Le franches-montagnes est la seule race de chevaux

d’origine suisse encore existante. A la suite de la Confé-

rence sur la protection de l’environnement de Rio de

Janeiro en 1992 et la ratification, en 1994, de la Conven-

tion sur la diversité biologique (CBD), la Suisse est tenue

de contribuer au maintien et à l’utilisation durable des

ressources génétiques tant végétales qu’animales (OFAG

1998).

Le Haras national suisse (HNS) est le centre de com-

pétences de la Confédération pour les équidés au sein

d’Agroscope. Les projets pour le maintien de la diversité

génétique et pour l’amélioration de la commercialisa-

tion de l’élevage franches-montagnes y sont hautement

valorisés. Pour soutenir et promouvoir le développe-

ment durable de la race franches-montagnes, Agroscope

a été chargée par le Conseil fédéral, au travers du man-

Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du chevalRuedi von Niederhäusern1, Lea Schmidlin1, Ariane Sotoudeh1, Markus Neuditschko1 et Salome Wägeli2

1Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, Haras national suisse,1580 Avenches, Suisse2Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL), 3052 Zollikofen, Suisse

Renseignements: Ruedi von Niederhäusern, e-mail: [email protected]

P r o d u c t i o n a n i m a l e

Marché du cheval en Suisse – Quo vadis FM? (Photo: Martin Rindlisbacher)

Page 5: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval | Production animale

137

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 136–143, 2015

Comme beaucoup d’autres races locales

d’origine européenne, le franches-montagnes

doit lutter contre une baisse de sa population

et du nombre de naissances ainsi que contre

une production insuffisamment rentable. Dans

le cadre de l’élaboration d’un rapport de

stratégie pour le maintien du franches-

montagnes, le Haras national suisse HNS

d’Agroscope a enquêté sur la conformité du

cheval franches-montagnes (FM) par rapport

aux attentes du marché. Pour cela, un sondage

a été effectué auprès de propriétaires de

chevaux et des entretiens ont été menés avec

des experts de la filière du cheval. Les résultats

permettent de conclure que pour une majorité

de propriétaires ayant participé au sondage, les

caractéristiques déterminantes lors de l’achat

d’un cheval se recoupent avec l’appréciation

des qualités et la perception générale du

franches-montagnes. Ainsi, le FM possède des

qualités qui sont en principe requises sur le

marché des chevaux de loisirs. Les qualités

suivantes ont été relevées: le bon caractère, la

polyvalence, la bonne santé, la robustesse ainsi

que la bonne valorisation du fourrage. L’image

de marque FM est en revanche moins positive-

ment connotée chez les non-propriétaires que

chez les propriétaires de FM. Les résultats du

sondage et des entretiens d’experts

démontrent qu’il est nécessaire d’améliorer les

stratégies de commercialisation et l’image du

FM si l’on veut augmenter les ventes de

chevaux franches-montagnes et, par ce biais,

promouvoir à long terme l’accroissement du

nombre de naissances.

La population d’équidés en Suisse varie constamment:

des nouveaux chevaux, poneys ou ânes arrivent réguliè-

rement sur le marché. Cependant, un certain nombre

d’animaux quitte aussi le marché à la suite de l’exporta-

tion ou de la mort de l’animal. Le renouvellement annuel

nécessaire est estimé à 6000 équidés utilisables (âge ≥ 3

ans), dont un tiers est couvert par l’élevage suisse et

deux tiers par des importations. Ces dernières ont connu

une croissance constante malgré le contingent d’impor-

tation, alors que le nombre de naissances a fortement

baissé. Actuellement, les franches-montagnes perdent

annuellement une légère proportion de leurs parts de

marché, soit 4 % en 2013 par rapport à la population

équine totale et 2,7 % au sein de la race. A l’opposé, les

poneys gagnent en parts de marché, environ 0,5 % en

moyenne (2003 – 2013) par rapport à la population

équine totale et 7 % au sein de la race (Schmidlin et al.

2015).

M a t é r i e l e t m é t h o d e

Pour pouvoir tirer des conclusions sur l’adéquation du

franches-montagnes au marché, le groupe de travail a

lancé, au début de l’été 2014, une enquête auprès des

propriétaires suisses d’équidés. Le questionnaire standard

a été envoyé par la société Identitas AG, gestionnaire de

la banque de données sur le trafic des animaux Agate.

L’enquête a permis de réunir des informations sociodé-

mographiques de base, mais aussi de répondre aux ques-

tions suivantes:

•• Utilisation: comment les équidés sont-ils utilisés en

Suisse et en quoi l’utilisation du franches-montagnes

diffère-t-elle du reste de la population?

•• Image du FM: comment le cheval franches-montagnes

est-il perçu?

•• Comportement des consommateurs: quels sont les

critères les plus importants pour l’achat d’un cheval,

où les chevaux sont-ils achetés, quelles sont les

catégories d’âge et les niveaux de formation recher-

chés, quel est le prix payé?

•• Sources d’information: par quels canaux l’acheteur

s’informe-t-il avant d’acheter un cheval?

En complément à l’enquête, neuf experts en étroite col-

laboration avec la filière équine suisse ont été interrogés

dans le cadre d’entretiens structurés.

Les données de l’enquête ont été évaluées en plusieurs

étapes. L’échantillon a été divisé en cinq groupes. Cette

répartition a permis d’analyser les différences et les

points communs entre éleveurs, utilisateurs et proprié-

taires de franches-montagnes et propriétaires d’autres

races de chevaux:

•• Elevage FM: éleveurs de chevaux de la race franches-

montagnes

•• Purs FM: propriétaires d’équidés chez qui le pourcentage

de chevaux franches-montagnes est d’au moins 75 %

•• Mixtes FM: propriétaires d’équidés chez qui le

pourcentage de chevaux franches-montagnes est d’au

moins 50 %

•• Mixtes poneys: propriétaires d’équidés chez qui le

pourcentage de poneys est d’au moins 50 %

•• Aucun FM: propriétaires d’équidés qui ne possèdent

aucun franches-montagnes.

Les analyses descriptives (tableaux et graphiques) ainsi

que les calculs de corrélations ont été conduits avec les

logiciels R 2.15.2 et Microsoft EXCEL 2010.

Page 6: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Production animale | Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval

138

R é s u l t a t s

Utilisation

L’analyse des différents groupes a montré que les proprié-

taires qui ne possèdent pas de franches-montagnes sont

davantage intéressés par la participation aux manifesta-

tions de sports équestres. En général, on constate une

nette orientation vers l’utilisation de chevaux de loisirs,

quel que soit le groupe. Ces résultats se recoupent avec

toutes les autres données disponibles en Suisse et dans les

pays voisins (Schmidlin et al. 2013; Corpataux et al. 2014).

Interrogés sur leur niveau de formation professionnelle

le plus élevé, les trois groupes de personnes possédant

des FM présentent une structure relativement homo-

gène. Environ 50 % des personnes interrogées sont titu-

laires d’un certificat fédéral de capacité (CFC) et environ

un tiers dispose d’une formation supérieure. Seul le

groupe des utilisateurs «Aucun FM» présente un pour-

centage nettement plus élevé de diplômés (38 %), mais

un pourcentage plus faible de personnes titulaires d’un

CFC (39 %).

Résultats de l’utilisation

Comme le montre la matrice de corrélation ci-dessous

(fig. 1), les poneys sont utilisés de manière très semblable

aux chevaux franches-montagnes (r= 0,98). Le mode

d’utilisation qui correspond le moins (0,13; 0,22) à celui

des franches-montagnes est celui des Quarter Horse et

des chevaux islandais. La comparaison de quatre races

de chevaux quant à leur utilisation dans les différentes

disciplines montre que le franches-montagnes est utilisé

à environ 36 % exclusivement pour des activités de loisirs

et dans les disciplines suivantes: attelage (~18 %), dres-

sage et gymkhana (~13 % chacun), saut d’obstacles

(~8 %) et équitation western (~6 %). Dans l’ensemble, les

franches-montagnes sont utilisés de manière très variée,

mais en général les propriétaires les utilisent dans une à

deux disciplines au maximum.

Une étude de la Haute école des sciences agrono-

miques, forestières et alimentaires HAFL (Musard 2011)

a donné des résultats semblables en ce qui concerne

l’utilisation des franches-montagnes.

Critères déterminants lors de l’achat d’un cheval

Les caractéristiques du cheval les plus déterminantes lors

de l’achat ont été évaluées de manière homogène dans

tous les groupes. La santé du cheval et la qualité de la

corne des sabots sont les principaux critères qui pré-

valent lors de l’achat, suivis du caractère coopératif de

l’animal et de sa docilité. L’aptitude aux concours n’a été

jugée importante par aucun des groupes, ce qui s’ex-

plique par l’orientation des personnes interrogées vers

l’équitation de loisirs exclusivement ou avec une partici-

pation minime à des compétitions sportives. La couleur

de la robe a également été classée comme un critère

sans importance lors de l’achat. Seuls les éleveurs de

franches-montagnes ont considéré l’aptitude à l’atte-

lage comme relativement importante. Lors des inter-

views, les neuf experts interrogés ont quant à eux souli-

gné l’importance d’une bonne formation de base des

chevaux (fig. 2).

Encadré | Statistiques de référence de

l’enquête:

Nombre de personnes sondées:

10 050 propriétaires suisses d’équidés

(6769 germanophones, 3281 francophones)

Nombre de réponses:

2625, pourcentage de répondant 26,1 %, 76 %

de femmes (âge Ø 40,3 ans), 24 % d’hommes

(âge Ø 50,6 ans)

Le présent échantillon affiche une structure

démographique très proche de celle de

l’ensemble des propriétaires d’équidés enre-

gistrés en Suisse (cf. Schmidlin et al. 2015).

Figure 1 | Matrice relationnelle «Utilisation»1.1DS-CH = Chevaux demi-sang suisses, y compris autres chevaux demi-sang; FM = franches-montagnes; ASF = cheval à sang froid; PS = Pur-sang; QH = Quarter Horse; IL= Islandais; PY = Poney.

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 136–143, 2015

DS-CH

0,48 FM

0,22 0,95 ASF

0,80 0,80 0,68 PS

0,54 0,13 0,39 0,14 QH

0,26 0,22 0,19 0,14 0,46 IL

0,52 0,98 0,93 0,86 0,072 0,12 PY

0,55 0,93 0,89 0,93 0,14 0,15 0,96 Autres

Page 7: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval | Production animale

139

Perception du franches-montagnes

En ce qui concerne la perception du franches-montagnes,

la bonne santé, la bonne qualité des sabots, le caractère

coopératif et la docilité ont été considérés comme tout à

fait positifs. Par conséquent, le franches-montagnes pos-

sède précisément les qualités qui semblent très impor-

tantes pour les propriétaires d’équidés lors de l’achat

d’un cheval. La race a cependant été jugée de manière

légèrement plus négative par ceux qui ne possédaient

pas de franches-montagnes que par ceux qui en possé-

daient déjà (fig. 4).

A la question de savoir pourquoi ils avaient choisi

cette race de chevaux, les propriétaires de franches-

montagnes ont répondu en citant les caractéristiques

suivantes par ordre de priorité: le caractère (42 % des

réponses), la polyvalence (17 %) et la robustesse/santé/

bonne valorisation du fourrage (16 %).

Analyse de l’image

Parmi les participants à l’enquête propriétaires d’un

franches-montagnes, l’image de la race a été classée

comme très bonne par environ la moitié des personnes

(Image ≤ 2). Chez les personnes qui ne possèdent pas de

franches-montagnes en revanche, ce pourcentage est

de l’ordre de 15 %. Les valeurs > 4 ont été relevées prin-

cipalement dans les catégories de propriétaires sans

franches-montagnes. Par conséquent, l’image du FM est

Ces résultats se recoupent largement avec ceux d’une

étude sociologique réalisée en 2012 (Flierl 2012).

Parmi les autres aspects importants qui interviennent

dans la décision d’achat, la confiance dans le vendeur est

prépondérante; toutes les personnes interrogées s’ac-

cordent à dire qu’elle est un critère essentiel. Le coup de

foudre semble également jouer un grand rôle dans

l’achat d’un cheval, quel que soit le groupe considéré. La

présence d’une attestation de performances et le justifi-

catif de bons résultats d’élevage n’ont été jugés impor-

tants que par les éleveurs de franches-montagnes. L’ori-

gine suisse joue un plus grand rôle pour les éleveurs et

utilisateurs de franches-montagnes que pour les pro-

priétaires d’autres races. Un prix bas est un critère qui

n’est jugé important par aucun des groupes (fig. 3).

Les experts consultés se sont exprimés de la façon

suivante quant aux aspects cruciaux pour la vente d’un

cheval: le cheval à vendre doit être tout de suite utili-

sable et posséder un excellent caractère. Les attributs

sportifs sont moins demandés. L’attitude du vendeur

ainsi que le lieu de la vente sont très importants: honnê-

teté, empathie et propreté participent grandement à ce

que l’acheteur se sente entre de bonnes mains. La prise

en charge du client avant et après la vente du cheval est

également très importante. Le site Internet devrait tou-

jours être à jour et le vendeur toujours rester disponible

pour offrir ses conseils à l’acheteur.

Figure 2 | Evaluation des propriétés du cheval à l’achat.

Figure 3 | Evaluation des autres aspects importants dans l’achat d’un cheval.

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 136–143, 2015

Bonne aptitude à l'attelage

Animal convenant également aux débutants

Aptitude à plusieurs disciplines

Bons sabots (qualité de la corne)

Bonne santé

Aptitude aux concours

Bonne formation de base

Tête expressive

Morphologie correcte

Belle robe

Allant bien de l'avant

Bonnes allures

Docilité

Caractère coopératif

Très

impo

rtant

impo

rtant

Plut

ôt im

porta

nt

Indi

ffére

ntPl

utôt

sans

impo

rtanc

eSa

ns im

porta

nce

Aucun−FM Mixtes−PY Mixtes−FM

Purs−FM Elevage−FM Expert−FM

Origine suisse

Conditions de garde

Santé de la race

Prix bas

Confiance dansle vendeur/deuse

Coup de foudre

Bonnes valeurs d'élevage

Attestation de performances

Très

impo

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Impo

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Plut

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Indi

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Plut

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Sans

impo

rtanc

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Aucun−FM Mixtes−PY Mixtes−FM

Purs−FM Elevage−FM Experts−FM

Page 8: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Production animale | Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval

140

évaluée de manière plus critique à l’extérieur que dans

le milieu FM (fig. 5). Cette tendance se retrouve égale-

ment dans les réponses sur les qualités du franches-

montagnes (fig. 4).

Les efforts de la FSFM, du HNS et des éleveurs en vue

de promouvoir l’image sur le marché ainsi que les ventes

des franches-montagnes ont été évalués globalement

de manière très positive par les différents groupes d’uti-

lisateurs. Fait marquant, seuls les éleveurs de franches-

montagnes ont une position légèrement plus critique

par rapport aux organisations affiliées, FSFM et HNS,

que les autres personnes sondées.

Lieu de vente du cheval

Concernant les priorités en termes de lieu de vente du

cheval, la vente chez l’éleveur est arrivée en tête de clas-

sement dans tous les groupes, suivie de la vente chez

une personne privée. Les foires ou les centres équestres

sont moins demandés par les partenaires commerciaux.

Classes d’âge et niveaux de formation recherchés

Près de la moitié des utilisateurs ont indiqué qu’ils cher-

chaient un poulain ou un cheval de trois ans débourré

ou non. Dans le groupe «Purs FM», le pourcentage était

de 60 %, soit davantage que dans le groupe «Aucun FM»

avec 40 % (fig. 6). La maturité précoce des franches-mon-

tagnes, leur caractère réputé docile et le système d’éva-

luation à l’aide du test en terrain pour les chevaux FM de

trois ans portent leurs fruits et peuvent être considérés

comme propices aux ventes.

Actuellement, la demande en chevaux formés ne peut

pas être couverte par le marché intérieur, c’est pourquoi

la majorité de ces chevaux sont importés.Selon les experts, il y a aujourd’hui divergence entre

l’offre et la demande sur le marché. Tandis que de nom-

breux éleveurs sont contraints par leurs structures

(manque d’infrastructure et de compétences pour la

poursuite de l’élevage) de proposer leurs chevaux à l’âge

de six mois, le consommateur final recherche en général

un cheval formé, directement utilisable. Aussi l’offre de

poulains est-elle excédentaire, les prix en baisse et le taux

d’animaux abattus relativement élevé (environ 45 %).

Propension des clients à payer

Comme le montre la figure 7, les propriétaires de chevaux

qui n’ont aucun franches-montagnes (Aucun FM) sont

prêts à payer un prix plus élevé. Les chevaux ayant l’expé-

rience des concours sont généralement vendus à un prix

plus élevé, quel que soit le groupe. Néanmoins, les prix de

vente indiqués se situent à un niveau très bas. Les groupes

«Elevage FM» et «Purs FM» notamment ne sont pas prêts

à payer un supplément pour les chevaux plus âgés et for-

més. Dans le groupe «Purs FM», les prix de vente indiqués

pour les chevaux de quatre à six ans sans expérience des

concours ainsi que pour les chevaux de six ans et plus (avec

ou sans expérience des concours) sont même plus bas que

les prix de vente des chevaux de trois ans débourrés.

L’étude de Flierl (2012) confirme ces résultats: la

majeure partie des chevaux qui ont été achetés par des

cavaliers amateurs coûtaient entre 5000 et 10 000 francs.

Figure 4 | Appréciation du franches-montagnes.

Figure 5 | Analyse de l’image du franches-montagnes2.

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 136–143, 2015

Entiè

rem

ent e

xact

Exac

t

Plut

ôt e

xact

Indi

ffére

nt

Mixtes−PY Mixtes−FMAucun−FM

Purs−FM Elevage−FM

Caractère coopératif

Docilité

Bonnes allures

Allant bien de l'avant

Belle robe

Morphologie correcte

Tête expressive

Bonne formation de base

Aptitude aux concours

Bonne santé

Bons sabots (qualité de la corne)

Aptitude à plusieurs disciplines

Animal convenant également aux débutants

Bonne aptitude à l'attelage

Aucun−FM(1409)

Mixtes−PY(187)

Mixtes−FM(330)

Purs−FM(342)

Elevage−FM(283)

Nom

bre

de p

ropr

iéta

ires

de c

heva

ux e

n %

0

2

0

4

0

6

0

8

0

10

0Image <=2.0 2.0< Image <=3 3.0< Image <=4 Image >4

2Image ≤ 2: très bonne; 2.0 < Image ≤ 3.0: bonne; 3.0 < Image ≤ 4.0: mauvaise; Image > 4.0: très mauvaise

Page 9: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval | Production animale

141

chevaux ont été exportés (AFD 2013). Cependant, les

conditions douanières ainsi que le taux de change peu

favorable entravent la vente à l’étranger sur le long

terme ( Schmidlin et al. 2015).

Sources d’information privilégiées

Selon l’enquête, les propriétaires de chevaux qui sou-

haitent acheter un cheval s’informent essentiellement

dans leur environnement direct et par Internet. En

second lieu, ils consultent les petites annonces, des pro-

Les cavaliers de concours ont généralement acheté leurs

chevaux dans une fourchette de prix allant de 10 000 à

20 000 francs (Flierl 2012). Selon Flierl (2012), le prix de

vente n’est pas un critère déterminant lors de l’achat. Par

ailleurs, il n’existe pas non plus de relation significative

entre le budget consacré à l’achat d’un cheval et sa race.

85 % des personnes sondées déclarent pouvoir s’offrir

des chevaux aisément à très aisément.

Le prix d’un cheval est défini uniquement par la pro-

pension à payer du client. Il n’y a que peu de données

chiffrées officielles sur les prix de vente des chevaux. Les

listes de ventes des fédérations d’élevage estiment le

prix moyen d’un cheval franches-montagnes adulte et

formé à 7000 francs (2013, n=76 chevaux, canton du

Jura). Cet échantillon se base sur des chevaux bien for-

més et commercialisés avec un soutien professionnel

conforme à une stratégie de qualité. Beaucoup d’éle-

veurs s’orientent vers une stratégie de prix avec un faible

investissement en temps et en moyens financiers ainsi

qu’un effort de commercialisation modeste qui mène à

des prix de vente entre 4500 et 6500 francs pour des che-

vaux adultes et formés. Par contre, les coûts de produc-

tion (prix intégral) d’un cheval FM de trois ans formé au

niveau du test en terrain se situent entre 10 000 (Musard

2011) et 14 000 francs (SNG 2012; Schmidlin et al. 2015). En France, les prix de vente des chevaux de loisir se

situent entre 1800 et 3000 euros ou 1700 euros pour des

poneys. Les races étrangères comme le cheval lusitanien,

le PRE, le frison, l’appaloosa, le Paint ou le Quarter Horse

se vendent à des prix légèrement plus élevés, en moyenne

5000 euros (IFCE 2013).

Malgré les prix élevés, on observe une demande pour les

chevaux franches-montagnes à l’étranger. En 2013, 325

Figure 6 | Classes d’âges et niveaux de formation souhaités par les clients3.

Figure 7 | Prix d’achat des chevaux selon la catégorie d’âge et le niveau de formation.

3Vert: pas débourré; sC: sans expérience de concours; aC: avec expérience de concours.

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 136–143, 2015

31%19%

20%6% 7%

6%6%

5%

Elevage−FM

12%

17%26%

5%

15% 5%15%

5%

Utilisateurs Purs−FM

9%

21%19%

8%

14%6%

15%

8%

Utilisateurs Mixtes−FM

7%

18%13%12%

16%

11% 16%

7%

Utilisateurs Aucun−FM Cheval, 4-6 ans (sC)

Jeune cheval, 3 ans (brut)

Jeune cheval, 3 ans (débourré)

Cheval, 4-6 ans (aC)

Autres

Cheval de plus de 6 ans (sC)

Cheval de plus de 6 ans (aC)

Poulains

(283) (342)

(350) (1576)

Prix d’achat

Prix

en

CHF

1000

5000

1000

015

000

2000

0Po

ulains

Jeun

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val, 3

ans m

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rut)

Jeun

e che

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ans m

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rré)

Chev

al, 4

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ience

des

conc

ours

Chev

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xpér

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Chev

al d

e pl

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ans a

vec e

xpér

ience

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conc

ours

Chev

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ans s

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ience

des

conc

ours

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Aucun−FM Mixtes−PY Mixtes−FM Purs−FM Elevage−FM

Page 10: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

142

Production animale | Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval

fessionnels et les fédérations d’élevage. Les éleveurs de

FM sont les seuls pour lesquels les présentations-ventes

jouent un plus grand rôle (fig. 8).

C o n c l u s i o n s

Pour la majorité des propriétaires ayant participé au son-

dage, les caractéristiques déterminantes lors de l’achat

d’un cheval se recoupent avec l’appréciation des qualités

et la perception générale du franches-montagnes. Ainsi,

le FM possède des qualités qui sont en principe deman-

dées sur le marché des chevaux de loisirs. Les qualités

suivantes ont été relevées: le bon caractère, la polyva-

lence, la bonne santé, la robustesse ainsi que la bonne

valorisation du fourrage. Ces caractéristiques seraient

liées à une haute longévité et à des faibles coûts de

détention. Le groupe de référence des poneys montre

un profil d’utilisation quasi identique à celui du franches-

montagnes et s’avère ainsi être le concurrent direct du

franches-montagnes, surtout du fait de leur population

croissante. L’image du franches-montagnes au sein de la

communauté FM est excellente. Un potentiel d’amélio-

ration subsiste dans le groupe de propriétaires de che-

vaux sans chevaux FM. Les efforts de commercialisation

de la FSFM, du HNS ainsi que des éleveurs ont, pour la

plupart, été évalués positivement. Il n’est pas possible de

déterminer dans quelle mesure les efforts des dernières

années ont contribué au maintien de la population

franches-montagnes. Des clarifications supplémentaires

sont nécessaires.Les chevaux de trois ans détiennent la plus grande

part du marché des chevaux FM commercialisés, ce qui

est réjouissant d’un point de vue économique (immobi-

lisation du capital, coûts de détention). Il faut cepen-

dant mentionner qu’actuellement la structure de l’offre

(beaucoup de poulains, commercialisation peu profes-

sionnelle) ne correspond pas à la structure de la

demande (chevaux adultes, commercialisation profes-

sionnelle). La vente de chevaux adultes (formés ou non)

n’est pas rentable, même lorsque la qualité et la com-

mercialisation correspondent aux attentes des clients.

Ce constat est en flagrante opposition avec la propen-

sion à payer ainsi que l’énoncé de l’ensemble des per-

sonnes sondées qui affirment que le prix d’achat n’est

pas un argument important dans l’acquisition d’un che-

val. Les importations de chevaux sont l’une des raisons

pouvant expliquer les prix de référence si bas en Suisse.

L’importation de chevaux est favorisée par les prix de

production – et de ce fait le prix des produits – plus bas

à l’étranger qu’en Suisse.

Pour arrêter ou inverser la tendance négative dans

la croissance de la population et le nombre de nais-

sances des franches-montagnes, il est nécessaire de

développer un dispositif d’actions efficace. L’améliora-

tion de la rentabilité de l’élevage équin (et de ce fait la

stabilisation des effectifs d’élevage) doit être priori-

taire. Ce but ne pourra guère être atteint du côté des

coûts, mais grâce à des efforts de commercialisation

accrus (FSFM 2011). Pour ce faire, on pourrait dévelop-

per une «brand community» (Geissler 2009), procéder à

une sensibilisation au prix, à une prospection du mar-

ché adapté au segment de clientèle visé, à la direction

de l’offre ainsi qu’à la promotion active des canaux de

distribution. Etant donné les conditions d’exportation

difficiles, l’accent devrait être mis sur le gain de parts de

marché en Suisse. n

Figure 8 | Sources d’informations privilégiées lors de la recherche d’un cheval.

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 136–143, 2015

Elevage−FM

13%18%8%

28%

17%13%

3%

11%

23%14%

27%8%

15%

2%

Utilisateurs Purs−FM

14%25%

11%

29% 7%12%

2%

13%

24%

16%

28,5% 7%11%0,5%

(283) (342)

(350) (1576)

Utilisateurs Aucun−FMUtilisateurs Mixtes−FM

Dans les petites annonces

Par les contacts

Autres

Sur l‘internet

par une présentation-vente d‘élevage

Par un professionel

Par une fédération

Page 11: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

143

Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval | Production animale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Bibliographie ▪ OFAG, 1998. Rapport du groupe de travail «Les ressources génétiques dans le domaine des animaux de rente en Suisse»; Office fédéral de l’agriculture.

▪ Corpataux S, v. Niederhäusern, R, Wägeli S, 2014: Kundenzufriedenheit in der Pensionspferdehaltung. Tagungsband. 1. Netzwerktagung Osna-brück, 6.–7.10.2014. Osnabrück, Deutschland (uniquement en allemand).

▪ AFD, 2013. Chiffres de l’Administration fédérale des douanes, 2013. ▪ Flierl S., 2014. Empirische Studie zur Entscheidungsgrundlage aktiver Pferdebesitzer in der Schweiz in Bezug auf Reitweise, Pferd und Stall, Diplomarbeit im Studiengang Diplomsoziologie an der Technischen Uni-versität Dresden (uniquement en allemand).

▪ Geissler C., 2009. Brand Communities. Harvard Business Manager. Accès:http://www.harvardbusinessmanager.de/heft/artikel/a-621445.html[17.12.2014]

▪ IFCE, 2013. Les prix des chevaux en France. Institut Français du cheval et de l’équitation. Accès: http://www.haras-nationaux.fr/information/ac-cueil-equipaedia/filiere-economie/les-marches/prix-des-chevaux-en-france.html[10.12.2014].

▪ Musard A., 2011. Etude de marché du cheval des Franches-Montagnes. Travail de Bachelor, Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen.

▪ Schmidlin L, Bachmann I., Flierl S., Schwarz A., Roesch A., Rieder S. & von Niederhäusern R., 2013. Impact économique, social et environne-mental du cheval en Suisse – Bilan 2013. Agroscope Station de recherche Liebefeld-Posieux ALP-Haras, Haras national suisse Avenches

▪ Schmidlin L., von Niederhäusern R., Rieder S. & Guidon D., 2015. Straté-gie pour la préservation du cheval franches-montagnes, 2015. Agroscope Haras national suisse

▪ FSFM, 2011. Stratégie 2020 de la Fédération suisse du franches- montagnes, Avenches, Suisse.

▪ SNG, 2012. Vollkostenberechnungen Pferdeaufzucht, Beratungsstelle Pferd, Schweizerisches Nationalgestüt, Avenches.

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 136–143, 2015

Il ruolo del Franches-Montagnes nel mercato

equino svizzero

Come molte altre razze locali di origine europea,

i Franches-Montagnes (FM) devono lottare

contro una diminuzione della popolazione e del

numero delle nascite così come contro la

mancanza di redditività a livello di produzione.

Nel quadro della preparazione di un rapporto

sulla strategia per il mantenimento dei FM,

l’Istituto nazionale svizzero d’allevamento

equino di Agroscope ha analizzato la conformità

del cavallo di razza Franches-Montagnes al

mercato realizzando un sondaggio presso i

proprietari equini e intervistando diversi esperti

del ramo. I risultati permettono di giungere alla

conclusione che per la maggior parte dei

proprietari intervistati nel sondaggio, le

caratteristiche determinanti nell’acquisto di un

cavallo coincidono con l’apprezzamento delle

qualità e la percezione generale del Franches-

Montagnes. Il FM possiede dunque qualità che

sono in principio richieste sul mercato equino

svizzero. Sono state individuate le qualità

seguenti: buon carattere, polivalenza, buona

salute, robustezza e buona valorizzazione del

foraggio. L’immagine della marca FM è invece

connotata meno positivamente presso i non

proprietari che presso i proprietari di FM. I

risultati del sondaggio nonché i colloqui con gli

esperti dimostrano che è necessario migliorare

le strategie di commercializzazione e l’immagine

del cavallo FM al fine di aumentare le vendite di

cavalli Franches-Montagnes e in questo modo

promuovere a lungo termine l’aumento delle

nascite.

The role of the Franches-Montagnes on the

Swiss horse market

Like many other local breeds of European

origin, the Franches-Montagnes (FM) must fight

against a fall in population and number of

births, as well as a lack of profitability at the

production level. As part of preparing a

strategy report for preserving the FM breed,

Agroscope Swiss National Stud Farm SNSF

investigated the market compliance of the FM

horse by conducting a survey of horse owners

and interviewing experts in the sector. The

results allow us to conclude that for a majority

of owners taking part in the survey, the crucial

characteristics when purchasing a horse overlap

with the appreciation of the qualities of the FM

and the general perception about this horse.

The FM therefore possesses qualities that are in

principle in demand on the leisure-horse

market. The following qualities were noted: a

good temperament, versatility, good health,

hardiness and good feed utilization. By con-

trast, the FM brand image has fewer positive

connotations with non-owners than with FM

owners. The results of both the survey and the

expert interviews demonstrate the need to

improve FM marketing strategies and image in

order to increase sales of FM horses and thus

promote long-term growth in the number of

births.

Key words: horses, franches-montagnes,

market monitoring, leisure activities.

Page 12: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

144 Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015

Les mélanges simples, composés de deux céréales et

d’une à deux protéagineuses, sont les plus fréquents

étant donné leur simplicité de mise en œuvre et leur

faible coût. Les valeurs nutritives des MCPI sont plutôt

moyennes et varient beaucoup en fonction de l’année,

du stade de maturité des plantes et des proportions en

espèces récoltées dans le mélange (Coutard 2014; Arrigo

2014).

Dès qu’elle entre dans le calcul d’une ration, la valeur

nutritive d’un aliment revêt toute son importance et

doit être la plus réelle possible. Pour la prédiction des

valeurs des MCPI, les références sont lacunaires. En effet,

outre les innombrables combinaisons botaniques pos-

sibles, les variétés impliquées, le stade de récolte, les

conditions météorologiques ou les caractéristiques des

sols, les phénomènes de conservation peuvent aussi

intervenir (Wyss et Arrigo 2015) et, finalement, la ration

de l’animal. Lors de l’essai réalisé en 2013 concernant

l’estimation de la valeur nutritive des MPCI (Arrigo 2014),

le principe de l’additivité avait été retenu pour prédire la

digestibilité de la matière organique (dMO) et de la

dégradabilité de la matière azotée (deMA).

Afin de vérifier cette hypothèse d’additivité et de

compléter nos bases de données, des ensilages de deux

mélanges et de leurs trois composants (triticale, avoine

et pois) ont fait l’objet de déterminations de la digestibi-

lité in vivo de la matière organique (dMO) et de la dégra-

dabilité in sacco de la matière azotée (deMA).

A n i m a u x , m a t é r i e l e t m é t h o d e s

Deux mélanges ont été semés le 29 octobre 2012 et de

même pour leurs constituants, soit du triticale (Triamant),

de l’avoine (Willand) et des pois fourragers (Arkta). Les

deux mélanges se différenciaient par la quantité semée

en pois (tabl. 1): le mélange POIS-b (basse concentration

en pois) avec 50 kg/ha (45 grains/m²) – soit la quantité

maximale semée lors de l’essai précédent (Arrigo 2014)

et le mélange POIS-h (haute concentration en pois) avec

75 kg /ha (68 grains/m²). Aucun traitement contre les

adventices ou d’autres maladies n’a été effectué. Un

I n t r o d u c t i o n

Les mélanges de protéagineux et de céréales immatures

(MPCI) permettent de constituer des réserves de four-

rages en prévision des pénuries engendrées par les

sécheresses estivales. Ces mélanges offrent des rende-

ments en matière sèche (MS) intéressants dans les zones

marginales à la culture du maïs. Nécessitant peu d’in-

trants, ils sont fréquemment utilisés en agriculture biolo-

gique dans la perspective d’une certaine autonomie

fourragère. Les MPCI semés en automne permettent de

lutter contre l’érosion des parcelles en hiver.

Digestibilité et dégradabilité d’ensilages protéagineux-céréales immaturesYves Arrigo1, Silvain Henneberger2 et Ueli Wyss1

1Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, 1725 Posieux, Suisse2Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse

Renseignements: Yves Arrigo, e-mail: [email protected]

Mélange triticale-avoine-pois à la récolte. (photo: Yves Arrigo)

P r o d u c t i o n a n i m a l e

Page 13: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Digestibilité et dégradabilité d’ensilages protéagineux-céréales immatures | Production animale

145

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015

Nécessitant peu d’intrants, les mélanges de

protéagineux et de céréales-immatures

(MPCI) peuvent assurer un stock de fourrage

en cas de pénurie. Afin de vérifier le principe

de l’additivité dans la prédiction de la valeur

nutritive, des essais de digestibilité in vivo et

de dégradabilité in sacco ont été effectués

pour évaluer des ensilages de deux mélanges

avec des teneurs en protéagineux différentes.

Le mélange à basse concentration en pois

(POIS-b) était constitué de 60 % de triticale,

28 % d’avoine et 13 % de pois. Le mélange à

haute concentration en pois (POIS-h) était

constitué de 35 % de triticale de 24 % d’avoine

et 41 % de pois fourrager. Les ensilages des

trois constituants des mélanges (triticale,

avoine et pois fourragers) ont aussi été

analysés. Des deux mélanges, POIS-h obtient

les digestibilités les plus élevées pour la

matière organique (76,5 vs 61,9 %). La

dégradabilité in sacco ne distingue pas

statistiquement les mélanges. POIS-h atteint

6,4 MJ NEL (énergie nette pour lactation) par

kg matière sèche (MS) tandis que POIS-b

n’obtient que 4,9 MJ NEL/kg MS. Les

mélanges reconstitués à la crèche avec les

ensilages purs obtiennent des valeurs

similaires à celles des mélanges semés.

L’hypothèse d’additivité des constituants

pour prédire les mélanges s’est avérée bonne

pour POIS-b, le mélange à dominance

céréales, alors que pour POIS-h les valeurs

étaient fortement sous-évaluées.

apport azoté sous forme de nitrate d’ammoniac a été

réalisé en avril 2013 à raison de 54 unités de N/ha.

L’ensilage des différents fourrages s’est déroulé dans

de bonnes conditions le 11.7.2013. Les céréales étaient au

stade laiteux pour l’avoine et pâteux pour le triticale. Les

taux en matière sèche variaient de 25,6 % pour les pois à

38,1 % pour le triticale. Des analyses botaniques des par-

celles ont été réalisées lors des deux semaines précédant la

récolte et lors de celle-ci. Les parcelles ont été récoltées en

fin de matinée avec une faucheuse rotative sans condition-

neur. Le fourrage a été pressé sans adjonction d’agents de

conservation en balles rectangulaires dans l’après-midi au

moyen d’une presse équipée de six couteaux (New Holland

type BB90/50). Les balles ont été enrubannées et stockées

dans un bâtiment. Les caractéristiques fermentaires des

fourrages ont fait l’objet d’un suivi au moyen de silos de

laboratoires (Wyss et Arrigo 2015).

Des déterminations in vivo et in sacco ont été réali-

sées pour les ensilages issus des deux mélanges cultivés

et pour les ensilages de triticale, d’avoine et de pois.

Afin d’étudier l’additivité, les deux mélanges ont été

reconstitués avec les ensilages purs pour être détermi-

nés in vivo et in sacco (fig. 1).

L’essai de digestibilité a été réalisé avec quatre

béliers castrés de race Brun Noir du pays (type Oxford)

par traitement, rationnés à raison de 1,1 × 0,380 MJ

d’énergie métabolisable / kg de PV0,75. Les poids des

béliers sont restés stables (88,0 ± 10,8 avant la période

de bilan; 88,0 ± 10,5 à la sortie de l’essai).

L’essai de dégradabilité a été réalisé avec trois

vaches fistulées de race Holstein en gestation (poids vif

763 ± 86 kg) selon la procédure habituelle (Dohme et al.

2007; incubation des sachets pendant 2, 4, 8, 16, 24 et

48 heures).

Parallèlement, la digestibilité de la matière orga-

nique a fait l’objet de déterminations par la méthode

enzymatique (Aufrère et al. 2007) et par la méthode

utilisant du jus de panse (Tilley et Terry 1963).

semis kg/ha

composition botanique, % matière fraîche

prévue au semis1 récoltée le 11.07.2013

POIS-b POIS-h cultures pures POIS-b POIS-h POIS-b POIS-h

Triticale (Triamant) 90 90 160 41,3 35,0 60,1 34,8

Hafer (Willand) 40 40 130 22,7 19,2 27,1 24,1

Erbsen (Arkta) 50 75 160 36,0 45,8 12,9 41,1 1Selon poids 1000 grains (triticale 45 g, avoine 35 g, pois 110 g) et poids d’une plante récoltée en mélange.

Tableau 1 | Densité des semis et compositions botaniques des mélanges

Page 14: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Production animale | Digestibilité et dégradabilité d’ensilages protéagineux-céréales immatures

146

Les valeurs nutritives ont été calculées avec les équa-

tions éditées dans le Livre Vert (Agroscope 2014) et les

données expérimentales.

R é s u l t a t s

Les cultures se sont très bien développées dans de

bonnes conditions climatiques. Aucune zone de verse

n’a été enregistrée. Les mélanges ont atteint des rende-

ments en MS supérieurs à ceux des cultures pures (tabl. 2).

Sans tenir compte des pois dont une partie putréfiée n’a

pas pu être ensilée, le rendement moyen récolté était de

7950 kg de MS par ha. Ces rendements concordent avec

les résultats de 8000 kg obtenus par Coutard et Fortin en

2014.

Lors des deux dernières semaines de culture, les pois

ont augmenté encore leur masse sèche de 16 % et

l’avoine de 3 % alors que les deux mélanges n’ont plus

beaucoup évolué et que le triticale a stagné la dernière

semaine.

Mélanges semés – mélanges récoltés

Les conditions météorologiques influencent fortement

la germination et l’évolution des mélanges. Par consé-

quent, les compositions botaniques prévues lors du semis

et celles déterminées à la récolte divergeaient (tabl. 1).

Avec une densité au semis de 50 kg/ha de pois (45 grains/

m²), la part à récolter prévue au semis (36 %) n’a pas été

atteinte puisque la récolte atteignait seulement 13 %

(en 2012 avec 50 kg/ha, on obtenait 14 %; Arrigo 2013).

Par contre, avec la densité de 75 kg/ha de pois (68 grains/

m²), on approchait du taux recherché (41 % réalisé vs

46 % prévu).

Les mélanges obtiennent des teneurs en nutriments

moyennes (tabl. 2). Les valeurs du mélange POIS-b cor-

respondent assez bien à l’additivité des teneurs des ensi-

lages produits avec les espèces pures. Pour le mélange

POIS-h, les teneurs en acides aminés et en lipides obte-

nues par additivité des composants ne correspondent

pas aux valeurs du mélange original analysé. Cela pour-

rait s’expliquer par le fait que le facteur de pondération

du triticale est nettement dominant dans le mélange

POIS-b (68 %), alors qu’il ne l’est plus dans le mélange à

haute teneur en pois POIS-h (45 %).

Les teneurs des ensilages (tabl. 2) montrent que le

pois présente des valeurs nettement plus élevées pour la

matière azotée (MA), les cendres, le calcium, le phos-

phore, le magnésium, le potassium, pour tous les acides

aminés et pour l’acide gras alpha-linolénique (C18:3). Le

pois a les teneurs les plus basses en constituants parié-

Essais de digestibilité et dégradabilité

7 traitements déterminés:

2 mélanges originaux semés

2 mélanges reconstitués à la crècheavec les ensilages de triticale, d’avoine et de pois

3 espèces seules

Reconstitution des mélanges par pondération (additivité) des coefficients de digestibilité et dégradabilité des ensilagesseules

POIS-b semé

TriticaleAvoinePois

POIS-h semé

TriticaleAvoinePois

POIS-b R crèche

TriticaleAvoinePois

POIS-h R crèche

TriticaleAvoinePois

Triticale Avoine Pois

POIS-b R pond.

TriticaleAvoinePois

POIS-h R pond.

TriticaleAvoinePois

Figure 1 | Schéma expérimental.

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015

Page 15: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Digestibilité et dégradabilité d’ensilages protéagineux-céréales immatures | Production animale

147

valeurs entre 45 et 60 %. Le mélange POIS-h, excepté

pour la dMA, obtient les digestibilités les plus élevées. A

l’opposé, mis à part pour les digestibilités de la cellulose

brute (dCB) et de la lignocellulose (dADF), c’est l’avoine

qui a les coefficients les plus bas.

La dégradabilité de la matière azotée (deMA) de

l’ensilage de pois se distingue avec 84,6 % (p<0,01) des

deux mélanges et du triticale. Avec 74,6 %, l’avoine

obtient la plus petite deMA (tabl. 3).

La comparaison entre les digestibilités et dégradabi-

lités issues des mélanges semés, des mélanges reconsti-

tués à la crèche (ou dans les sachets nylon) ou calculées

par additivité des digestibilités ou dégradabilités des

espèces cultivées seules est présentée dans le tableau 4.

Dans le cas du mélange POIS-b (à dominance de céréales),

les dMO, dCB, digestibilité de l’énergie brute (dEB) et

deMA du mélange semé ne se distinguent pas de celles

du mélange reconstitué à la crèche, mais se différen-

cient de celles obtenues par additivité (p=0,03 à p<0,01),

qui sont plus élevées. Dans le cas du mélange POIS-h,

excepté pour les dMA et dEB, les digestibilités et la

dégradabilité des trois variantes sont différentes

taux (cellulose brute, lignocellulose et parois), en acide

oléique (C18:1) et en sucres (WSC et ESC). En revanche,

l’avoine a les teneurs les plus élevées en constituants

pariétaux, en graisse et en acides gras palmitique (C16:0),

oléique (C18:1) et linoléique (C18:2). L’avoine présente

par contre les teneurs en acides aminés les plus basses.

Expérimentation animale

A l’exception de l’avoine, les ensilages distribués seuls

n’ont pas été particulièrement appréciés par les mou-

tons.

La dMO de l’ensilage POIS-h (riche en pois) se dis-

tingue (p<0,01) de celle des autres variantes. Ce mélange

détient la dMO la plus élevée de l’essai, suivie par le pois

et le triticale. L’avoine obtient un coefficient moyen

(tabl. 3). Les ensilages différencient également (p<0,01)

les autres nutriments. Pour la MA, le pois obtient avec

72,4 % un coefficient de digestibilité (dMA) 2,9 fois

supérieur à celui de l’avoine. Le mélange POIS-b et le

triticale avoisinent les 40 %. Pour les constituants parié-

taux, le mélange POIS-h domine, avec des valeurs supé-

rieures à 70 %, les autres ensilages présentent des

POIS-b POIS-h triticale avoine pois

Kg matière sèche par ha récoltés 10 085 7766 6813 7110 52 981

Matière sèche, en % 38,2 39,0 42,3 34,6 25,5

Matière azotée 69 68 64 52 158

Cellulose brute 318 316 301 326 289

Lignocellulose (ADF) 351 359 333 363 327

Parois (NDF) 514 542 501 527 439

Cendres 53 57 44 56 73

Sucres WSC (hydrosolubles) 116 118 185 84 70

Sucres ESC (solubles à l’éthanol) 85 80 112 54 25

Amidon 96 102 65 47 123

Graisse 16,1 16,7 12,6 38,1 20,4

Energie brute, en MJ 19,5 18,9 18,9 20,1 18,9

Calcium 4,4 4,9 2,1 2,4 12,6

Phosphore 2,5 2,4 2,5 2,3 4,0

Magnésium 1,1 1,2 1,1 0,9 2,1

Potassium 14,2 13,8 9,6 18,7 20,3

Acides aminés totaux 52 51 47 40 119

Lysine 2,6 2,6 1,9 1,9 6,6

Méthionine 0,9 0,9 0,9 0,8 1,8

Acide palmitique C16 2,7 2,8 2,4 5,5 3,2

Acide oléique C181C9 2,7 3,1 1,3 13,3 0,8

Acide linoléique C182C9C12 4,9 5,1 4,1 12,6 4,9

Produits fermentaires 57 71 47 71 1441Pois rampants, récolte partielle, car un solde putréfié a été laissé au champ; l’estimation de récolte en pois sur la base des échantillons serait d’env. 15 000 kg MS/ha.

Tableau 2 | Rendements, composition chimique des ensilages à l’affourragement, en g/kg matière sèche

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015

Page 16: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Production animale | Digestibilité et dégradabilité d’ensilages protéagineux-céréales immatures

148

(p<0,01). Par additivité, on obtient, pour le mélange

POIS-h, des valeurs nettement inférieures à celles des

deux autres variantes, les valeurs du mélange semé

étant plus élevées.

Prédiction de la digestibilité

Les deux méthodes de laboratoire, qui utilisent pour

déterminer la dMO soit du jus de panse, soit des enzymes,

sous-estiment les valeurs obtenues in vivo, le mélange

POIS-h obtenant les plus grandes différences (>30 %) et

l’ensilage de pois les plus faibles (<10 %). Les deux

méthodes donnent des estimations relativement simi-

laires. La dMO de l’avoine semble être mieux évaluée par

la méthode selon Tilley et Terry (1968), qui utilise du jus

de panse (fig. 2).

Valeurs nutritives

Pour les ensilages en espèces pures, l’avoine obtient les

valeurs nutritives dans la MS les plus faibles [(4,5 MJ

d’énergie nette pour la production laitière (NEL), 54 g

protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à par-

tir de l’énergie fermentescible (PAIE)], suivie du triticale

(5,3 MJ NEL, 65 g PAIE) et du pois (5,6 MJ NEL, 71 g PAIE).

De par sa bonne digestibilité, le mélange POIS-h riche en

Tableau 3 | Coefficients de digestibilité in vivo et dégradabilité in sacco des ensilages

POIS-b POIS-h Triticale Avoine Pois Sx p

dMO 61,9cd±0,5 76,5a±2,2 65,2bd±3,3 58,3c±4,1 69,5b±2,4 1,4 <0,01

dMA 42,8c±2,9 56,1b±7,0 38,5c±2,5 24,9d±3,0 72,4a±2,3 2,3 <0,01

dCB 55,0b±1,3 74,6a±3,9 59,6b±3,2 58,6b±6,2 52,1b±2,9 2,0 <0,01

dADF 49,7b±1,1 71,4a±3,8 55,8b±1,5 53,4b±4,9 51,1b±1,4 1,6 <0,01

dNDF 47,6bc±0,7 72,1a±3,7 53,7bc±3,7 44,6c±8,2 58,5b±2,6 2,4 <0,01

dEB 60,3c±1,0 74,3a±2,2 61,9bc±3,6 57,4c±3,9 67,1b±2,1 1,4 <0,01

deMA 77,0b±1,9 75,7bc±0,5 76,5b±1,6 71,4c±2,5 84,6a±1,0 0,9 <0,01

Sx= erreur standard de la moyenne; p = seuil de signifi cation.

Les valeurs d’une même ligne portant un indice distinct sont statistiquement différentes. dMO = digestibilité de la matière organique; dMA = dig. de la matière azotée;

dCB = dig. de la cellulose brute; dADF = dig. de la lignocellulose; dNDF = dig. des parois; dEB = dig. de l’énergie brute; deMA = dégradabilité de la matière azotée.

POIS-b semé

POIS-b reconstitué1

POIS-bpondéré2 Sx p

dMO 61,9b 62,1ab 63,9a 0,5 0,03

dMA 42,8a 32,0b 42,4a 1,9 <0,01

dCB 55,0b 56,3ab 58,8a 0,9 0,03

dADF 49,7b 53,2a 54,8a 0,7 <0,01

dNDF 47,6b 52,2a 52,2a 0,8 <0,01

dEB 60,3 59,0 61,2 0,7 0,15

deMA 77,0b 79,8a 77,1b 0,7 0,05

POIS-h semé

POIS-h reconstitué1

POIS-hpondéré2 Sx p

dMO 76,5a 73,5b 64,8c 0,7 <0,01

dMA 56,1b 66,9a 54,6c 2,1 <0,01

dCB 74,6a 67,0b 57,2c 1,2 <0,01

dADF 71,4a 64,9b 53,8c 1,2 <0,01

dNDF 72,1a 65,5b 52,6c 1,2 <0,01

dEB 74,3a 71,9a 62,3b 0,7 <0,01

deMA 75,7c 83,5a 80,5b 0,2 <0,011Coeffi cients des mélanges reconstitués à la crèche avec les ensilages de triticale, d’avoine et de pois.2Coeffi cients obtenus par pondérations des coeffi cients déterminés pour le triticale, l’avoine et les pois.

Sx= erreur standard de la moyenne; p = seuil de signifi cation.

Les valeurs d’une même ligne portant un indice distinct sont statistiquement différentes. dMO = digestibilité de la matière organique; dMA = dig. de la matière azotée;

dCB = dig. de la cellulose brute; dADF = dig. de la lignocellulose; dNDF = dig. des parois; dEB = dig. de l’énergie brute; deMA = dégradabilité de la matière azotée.

Tableau 4 | Coefficients de digestibilité des mélanges semés reconstitués et pondérés

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015

Page 17: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Digestibilité et dégradabilité d’ensilages protéagineux-céréales immatures | Production animale

149

Mélanges originaux vs reconstitués vs calculés

Les deux mélanges reconstitués à la crèche obtiennent des

valeurs proches de celles des mélanges originaux (tabl. 5).

Par additivité des compositions chimiques, des coeffi-

cients de digestibilité et dégradabilité issus des ensilages

de triticale, d’avoine et de pois, on obtient des approches

pois obtient une bonne valeur nutritive de 6,4 MJ NEL,

74 g PAIE /kg MS, qui le situe au niveau d’un ensilage de

maïs. Hormis celui de pois, tous les ensilages sont défici-

taires en matière azotée avec un rapport inférieur à 15 g

de matière azotée par MJ NEL. L’ensilage de pois atteint

28 g de MA/MJ NEL.

0,0

10,0

20,0

30,0

40,0

50,0

60,0

70,0

80,0

90,0

POIS-b semé

POIS-b reconst. crèche

POIS-h semé

POIS-h reconst. crèche

Triticale Avoine Pois

dmO

, %

in vivo

Pepsine cellulase

Tilley Terry

Figure 2 | Prédiction de la digestibilité de la matière organique des ensilages par méthodes de laboratoire.

NEL MJ / kg MS

NEV MJ / kg MS

PAIEg / kg TS

PAIN g / kg TS

MA/NELg / MJ

Triticale 5,3 (4,8)1 5,2 (4,5) 65 (59) 39 (44) 12

Avoine 4,5 (5,0) 4,1 (4,9) 54 (60) 32 (61) 11

Pois 5,6 (5,9) 5,6 (5,9) 71 (75) 98 (96) 28

mélanges

POIS-b seméin vivo 4,9 4,6 62 42 14

POIS-b reconst. crèchein vivo 5,0 4,7 60 40 13

POIS-b pond.2 des ens. pures 5,2 5,0 63 42 13

POIS-b pond.3 coeff. LV + teneurs ensilages seuls 5,0 4,7 63 42 14

POIS-b pond.4 valeurs LV 4,9 4,8 61 52 18

mélanges

POIS-h seméin vivo 6,4 6,6 74 42 11

POIS-h reconst. crèchein vivo 6,1 6,1 70 52 14

POIS-h pond.2 des ens. pures 5,2 5,0 64 55 17

POIS-h pond.3 coeff. LV + teneurs ensilages seuls 5,2 5,1 64 42 13

POIS-h pond.4 valeurs LV 5,2 5,1 64 64 21

NEL énergie nette pour lactation; NEV = énergie nette viande; PAIE = protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à partir de l’énergie disponible; PAIN = protéines absor-

bables dans l’intestin synthétisées à partir de la matière azotée dégradée.1Entre parenthèses: valeurs éditées dans la feed base (Agroscope 2014).2Calculé par pondération des compositions chimiques et des coeffi cients dMO, dMA et deMA, etc. des ensilages expérimentés en pure.3Pondérations des coeffi cients dMO, dMA et deMA des constituants éditées dans la feed base (LV) et des nutriments issus des mélanges analysés.4Pondérations des valeurs NEL, NEV, PAIE ou PAIN des constituants éditées dans la feed base (LV).

Tableau 5 | Valeurs nutritives des ensilages de pois et céréales et des mélanges

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015

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Production animale | Digestibilité et dégradabilité d’ensilages protéagineux-céréales immatures

divergentes selon les mélanges. Pour le mélange POIS-b,

dominé par les céréales, les valeurs pondérées sont légè-

rement surestimées (6 % pour les NEL), alors que pour le

mélange POIS-h les valeurs calculées sont nettement

sous-estimées (-19 % pour les NEL).

Cette différence d’estimation entre les mélanges se

retrouve également lorsqu’on utilise les valeurs dMO et

deMA des tables (Agroscope 2014) dans le calcul.

La prédiction simpliste qui consiste à pondérer les

valeurs NEL, NEV, PAIE et PAIN éditées dans les tables

(Agroscope 2014) pour les ensilages de triticale, d’avoine

et de pois donne des valeurs proches pour le mélange

POIS-b, mais sous-estiment aussi la prédiction du

mélange POIS-h.

Dans le cas de l’utilisation d’une dMO «universelle»

de 65 % [(valeur moyenne des 2 mélanges étudiés dans

cet essai et des trois réalisés en 2012 (Arrigo 2014)], le

mélange POIS-b obtiendrait une valeur énergétique de

5,2 vs 4,9 MJ NEL et de 64 vs 62 g PAIE, soit une suréva-

luation énergétique de 6 % et protéique de 4 %. Quant

au mélange POIS-h, en obtenant 5,2 vs 6,4 MJ NEL et 64

vs 74 g PAIE, il serait sous-estimé de 18 % pour les NEL et

de 14 % pour la matière azotée.

C o n c l u s i o n s

Une prédiction de la valeur nutritive des MCPI requiert

impérativement une analyse botanique à la récolte pour

établir les coefficients (dMO, dMA, deMA) par additivité,

car les quantités semées ne reflètent pas la composition

botanique à la récolte.

Dans cet essai, le principe d’additivité fonctionne

relativement bien pour prédire le mélange dominé par

le triticale, c’est-à-dire avec peu d’influence des deux

autres plantes dans le calcul. Par contre, pour le mélange

POIS-h, qui avait une composition botanique plus pro-

portionnée entre les espèces et une digestibilité très

élevée, la prédiction selon le principe d’additivité était

nettement sous-estimée.

Ce travail souligne la fragilité de la prédiction de la

valeur nutritive par additivité d’un mélange sans domi-

nance d’un type de plantes (céréales ou protéagineuses).

La prédiction à l’aide d’équations basées sur la composi-

tion botanique ou certains nutriments serait plus appro-

priée et pourrait améliorer la prédiction des MCPI, mais

cela nécessite encore la récolte de nombreuses données.

Les prédictions des dMO avec les méthodes de labora-

toire pourraient faciliter cette acquisition de données.

Sous-estimant cependant les dMO in vivo des MCPI, elles

devraient ponctuellement être validées par des essais in

vivo. n

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015

Page 19: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

151

Digestibilité et dégradabilité d’ensilages protéagineux-céréales immatures | Production animale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

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Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015

Digestibility and degradability of silages

from whole-plant pea–cereal mixtures

Requiring few inputs, protein plant–imma-

ture cereal mixtures can guarantee forage

stocks in times of shortage. In order to test

whether and how the principle of additivity

predicts nutritional value, we conducted in

vivo digestibility tests and in sacco degrada-

bility tests (crude protein degradability, CPD)

to evaluate silages from two mixtures with

different protein-plant (i.e., pea) contents.

The mixture with low pea content, PEAS-l,

contained 60 % triticale, 28 % oats and 13 %

peas, whereas that with high pea content,

PEAS-h, contained 35 % triticale, 24 % oats

and 41 % peas). The same tests were

conducted with the silages of the constitu-

ents (triticale, oats and forage peas). Of the

two mixtures, PEAS-h had the highest

digestibility figures (for organic matter:

76.5 vs. 61.9 %. The CPD was statistically

similar between the mixtures. Furthermore,

PEAS-h produced 6.4 MJ net energy content

for lactation (NEL) per kg of dry matter

(DM), whereas PEAS-l produced 4.9 MJ NEL/

kg DM. Mixtures reconstituted at the

manger with the pure silages produced

values similar to those of sown mixtures.

The constituent additivity hypothesis

correctly predicted the values for PEAS-l, the

cereal-dominated mixture, but strongly

underestimated those for PEAS-h.

Key words: digestibility; degradability;

pea-cereal mixtures, nutritive values,

additivity.

Digeribilità e degradabilità degli insilati di

piante intere di cereali e piselli

Le miscele di piante proteiche e cereali interi

non ancora maturi sono poco impegnative in

termini di lavoro e cura. Esse garantiscono

quindi uno stock di foraggio in caso di

penuria. Per valutare il principio di additiva-

zione nella stima del valore nutritivo, sono

state effettuate prove di digeribilità in vivo e

di degradabilità in sacco su insilati composti

da due miscele diverse con percentuali di

piante proteiche differenti. La miscela

POIS-b, con una percentuale bassa di piselli,

era composta da 60 % di triticale, 28 %

d’avena e 13 % di piselli. La miscela POIS-h,

con una percentuale elevata di piselli,

conteneva 35 % di triticale, 24 % d’avena e

41 % di piselli. Gli stessi test sono stati

condotti anche sulle rispettive componenti

(triticale, avena e piselli).

La miscela POIS-h è risultata la più digeribile

(per sostanza organica 76,5 vs 61,9 %). Non

si sono invece riscontrate differenze tra le

due miscele per quanto riguarda la degrada-

bilità della proteina grezza nel rumine. Il

valore nutritivo di POIS-h ammonta a 6,4 MJ

di energia netta per la lattazione (NEL) per

kg di sostanza secca (SS), mentre quello di

POIS-b soltanto a 4,9 MJ NEL/kg SS. Le

miscele ricostituite con insilati puri in

mangiatoia raggiungono valori simili a quelli

ottenuti dalle miscele seminate. L’ipotesi

dell’additivazione, in cui per la stima dei

valori nutritivi delle miscele vengono

addizionate le singole componenti, si è

confermata valida per POIS-b, la miscela con

una percentuale dominante di cereali,

mentre per POIS-h i valori sono risultati

decisamente sottovalutati.

Page 20: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

152 Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015

ment cultivés dans les régions peu adaptées à la culture

du maïs et dans des exploitations biologiques (Thaysen

2010).

En France, les ensilages plantes entières sont utilisés

comme réserves de fourrage en cas de période de séche-

resse (Brunschwig 2011). Entre 1985 et 1990, Agroscope

avait entrepris des essais d’ensilage avec du triticale et

un mélange d’orge et de pois fourragers (Schneider et al.

1991; Wyss 1994) et en avait tiré les conclusions suivantes:

si les plantes sont récoltées à un stade de développe-

I n t r o d u c t i o n

En Suisse, on cultive et ensile toujours davantage de

céréales plantes entières associées à des pois fourragers,

et ce principalement pour deux raisons. D’une part, il

est possible de semer ces plantes à l’automne, après la

récolte du maïs, pour récolter le fourrage l’été suivant.

D’autre part, on améliore ainsi l’apport en fourrage

structuré des vaches laitières ou des vaches allaitantes.

Les mélanges céréales-protéagineux sont particulière-

Qualité des ensilages plantes entières de triticale, d’avoine et de pois fourragersUeli Wyss et Yves Arrigo

Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, 1725 Posieux, Suisse

Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: [email protected]

P r o d u c t i o n a n i m a l e

Le fourrage haché a été ensilé dans des silos de laboratoire. (Photo: Yves Arrigo, Agroscope)

Page 21: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Qualité des ensilages plantes entières de triticale, d’avoine et de pois fourragers | Production animale

153

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015

En 2012 et 2013, des essais ont été menés à

Agroscope avec divers mélanges de triticale,

d’avoine et de pois fourragers et également

avec ces plantes seules. Le fourrage à ensiler

a été prélevé à deux dates, haché et ensilé

dans des silos de laboratoire. En outre, dans

certains mélanges, l’influence d’un agent

conservateur d’ensilages sur la fermentation

principale et les postfermentations a été

étudiée.

Le fourrage à ensiler présentait d’une part

des teneurs en sucres et des coefficients de

fermentation élevés et d’autre part des

teneurs en nitrate basses.

Les mélanges et les plantes seules, ensilés au

premier prélèvement, affichaient des teneurs

en acide butyriques relativement élevées et

par conséquent une mauvaise qualité

d’ensilage. Parmi les trois plantes contenues

dans le mélange, c’est en particulier l’avoine

qui est à l’origine de la mauvaise qualité.

Par l’ajout d’un agent conservateur d’ensi-

lage chimique, la formation d’acide buty-

rique et d’éthanol de même que les pertes

gazeuses ont pu être réduites et la stabilité

aérobie des ensilages améliorée.

ment trop précoce (stade laiteux), le rendement maxi-

mal n’est d’une part pas atteint et les ensilages pré-

sentent d’autre part souvent des teneurs en acide buty-

rique élevées. Si au contraire les plantes sont récoltées

tardivement, elles peuvent déjà perdre des graines et le

fourrage plus grossier sera alors plus difficile à compac-

ter, avec le risque de présence de moisissures et d’échauf-

fement lors du désilage.

Le moment idéal de récolte se situe au milieu du

stade pâteux (environ deux à trois semaines avant la

récolte des grains). A ce moment, les plantes présentent

une teneur en matière sèche (MS) de 35 %. Pour empê-

cher la fermentation butyrique et donc améliorer la sta-

bilité aérobie du fourrage au moment du désilage, il est

conseillé d’utiliser un agent conservateur d’ensilage. En

empêchant les fermentations indésirables provoquées

par des bactéries butyriques, l’agent prévient les post-

fermentations.A l’automne 2011 et 2012, divers mélanges composés

de triticale, d’avoine et de pois fourragers ont été cultivés

à Agroscope à Posieux. En 2012, des cultures de triticale,

d’avoine et de pois fourrager ont en outre été cultivées

seules afin d’étudier l’additivité de la digestibilité dans les

mélanges. Les essais de digestibilité ont été réalisés avec

des moutons (Arrigo 2014; Arrigo et al. 2015). Ces essais

ont permis d’analyser l’aptitude à l’ensilage des mélanges

et des plantes seules et d’évaluer leur qualité.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Au cours des années 2012 et 2013, respectivement trois

et deux mélanges composés de triticale, d’avoine et de

pois fourragers ont été récoltés et ensilés à deux dates

différentes (fig. 1). Les données détaillées de ces

mélanges et les dates de récolte figurent dans le tableau

1. Par ailleurs, en 2013, des plantes de triticale, d’avoine

et de pois fourragers ont été ensilées séparément. Le

fourrage a été haché et ensilé dans des silos de labora-

toire d’une capacité de 1,5 litre (trois répétitions par

variante). Lors de l’ensilage, des échantillons ont été pré-

levés pour déterminer la matière sèche (MS) et les nutri-

Mélange Triticale Avoine Pois fourragers 1re date de prélèvement 2e date de prélèvement

A 90/40/30 90 40 30

14.06.2012 28.06.2012B 90/30/40 90 30 40

C 90/20/50 90 20 50

D 90/40/50 90 40 5027.06.2013 11.07.2013

E 90/40/75 90 40 75

Tableau 1 | Quantité de semences (kg/ha) et date de prélèvement

Page 22: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Production animale | Qualité des ensilages plantes entières de triticale, d’avoine et de pois fourragers

154

ments de même que la teneur en nitrate et le pouvoir

tampon. Les coefficients de fermentation ont été calcu-

lés sur la base de la teneur en MS, de la teneur en sucres

(hydrates de carbone hydrosolubles) et du pouvoir tam-

pon (Weissbach et Honig 1996). Après une durée de

conservation de 90 jours, les silos de laboratoire ont été

ouverts et une série d’échantillons prélevée. En plus des

nutriments, les paramètres de fermentation (pH, acides

fermentaires, ammoniac et éthanol) ont été analysés.

Les pertes gazeuses ont été calculées selon les diffé-

FourrageDate deprélève-

ment

MS%

Cendresg/kg MS

Matière azotée

g/kg MS

Cellulose brute

g/kg MS

ADFg/kg MS

NDFg/kg MS

Sucresg/kg MS

Amidong/kg MS

Nitrates g/kg MS

Pouvoirtampong/kg MS

CF

A 90/40/30

14.06.2012

29,5 43 89 296 323 554 254 – 0,1 34 90

B 90/30/40 28,7 49 90 309 345 588 173 – 0,8 37 66

C 90/20/50 30,8 43 82 289 325 544 279 – 0,2 31 103

A 90/40/30

28.06.2012

36,8 47 79 293 345 559 142 120 0,2 34 69

B 90/30/40 36,8 48 82 294 347 549 136 135 0,3 37 69

C 90/20/50 35,9 51 74 282 316 532 150 121 0,1 31 74

D 90/40/5027.06.2013

27,0 49 78 327 360 569 216 < 10 0,1 49 62

E 90/40/75 23,2 60 99 338 370 565 168 34 0,4 62 45

D 90/40/5011.07.2013

35,7 44 72 297 323 529 148 138 0,3 42 64

E 90/40/75 32,5 49 83 295 339 518 156 113 0,2 48 59

Triticale

27.06.2013

34,1 38 56 306 337 552 313 < 10 < 0,1 33 109

Avoine 23,0 57 54 356 389 645 164 < 10 < 0,1 54 47

Pois fourragers 19,8 63 143 277 302 389 180 115 0,1 65 42

Triticale

11.07.2013

38,1 38 58 293 315 511 264 105 < 0,1 29 112

Avoine 32,5 49 50 320 360 592 92 124 < 0,1 45 49

Pois fourragers 25,6 62 133 270 326 402 215 114 0,3 64 52

MS: matière sèche; CF: coefficient de fermentationADF: lignocellulose; NDF: parois cellulaires; sucres: hydrates de carbone hydrosolubles.

Tableau 2 | Composants du matériel initial au moment de l’ensilage

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015

Figure 1 | A la première date de prélèvement, les plantes ont été fauchées avec une motofaucheuse. (Photo: U. Wyss, Agroscope)

Page 23: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Qualité des ensilages plantes entières de triticale, d’avoine et de pois fourragers | Production animale

155

Le fourrage des trois mélanges de la première année

d’essai (2e récolte) et de tous les mélanges de la deuxième

année d’essai ont été ensilés avec et sans agent conserva-

teur. L’agent conservateur utilisé, le Kofasil Ultra, est un

produit chimique contenant de l’hexamine, du nitrite de

sodium, du benzoate de sodium et du propionate de

sodium. Le dosage s’élevait à 4 l ou 4,7 kg par tonne de

fourrage.

rences de poids entre le début et la fin de l’essai. La sta-

bilité aérobie a été déterminée au moyen de mesures de

la température, relevées et enregistrées toutes les 30

minutes. Ces relevés ont été effectués sur une période de

9 à 14 jours. Les ensilages ont été qualifiés de stables du

point de vue aérobie aussi longtemps que la tempéra-

ture des ensilages ne dépassait pas la température

ambiante de plus de 1° C.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

A 90/40/30

B 90/30/40

C 90/20/50

A 90/40/30

B 90/30/40

C 90/20/50

D 90/40/50

E 90/40/75

D 90/40/50

E 90/40/75

Prop

ortio

n en

% d

e la

mat

ière

fraî

che

27.06.2013 11.07.2013

1re date de prélèvement

14.06.2012

2e date de prélèvement

28.06.2012

TriticaleAvoinePois fourragers

1re date de prélèvement

2e date de prélèvement

Figure 2 | Proportions des trois plantes dans les divers mélanges lors des deux années d’essai et dates de récolte.

FourrageDate de

prélèvementCendresg/kg MS

Matière azotéeg/kg MS

Cellulose bruteg/kg MS

ADFg/kg MS

NDFg/kg MS

Sucresg/kg MS

Amidong/kg MS

A 90/40/30

14.06.2012

50 95 377 422 650 104 –

B 90/30/40 57 98 394 436 672 49 –

C 90/20/50 51 91 346 380 598 93 –

A 90/40/30

28.06.2012

39 84 316 352 559 98 97

B 90/30/40 45 101 304 338 525 119 118

C 90/20/50 44 81 282 310 507 92 163

D 90/40/5027.06.2013

47 83 350 388 604 66 8

E 90/40/75 62 102 349 390 582 89 13

D 90/40/5011.07.2013

42 75 291 334 531 83 96

E 90/40/75 51 91 310 347 548 63 102

Triticale

27.06.2013

45 64 340 368 550 234 < 10

Avoine 54 57 386 449 731 39 < 10

Pois fourragers 69 154 289 344 387 89 63

Triticale

11.07.2013

40 62 309 341 527 111 65

Avoine 54 55 369 406 660 58 47

Pois fourragers 56 150 285 322 383 56 123

MS: matière sèche; ADF: lignocellulose; NDF: parois cellulaires; sucres: hydrates de carbone hydrosolubles.

Tableau 3 | Composants des ensilages

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015

Page 24: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Production animale | Qualité des ensilages plantes entières de triticale, d’avoine et de pois fourragers

156

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Matériel initial – Coefficients de fermentation élevés

On peut visualiser sur la figure 2 les proportions des trois

plantes dans les différents mélanges par rapport à la

matière fraîche au moment de la récolte. Alors que le

triticale prédominait la première année, les mélanges

contenaient davantage d’avoine et de pois fourragers la

deuxième année (fig. 3).

En 2012, les plantes sont arrivées plus rapidement à

maturité qu’en 2013. Au premier prélèvement, les deux

variétés de céréales étaient au stade laiteux. Au deu-

xième, le triticale était au stade pâteux et l’avoine tou-

jours au stade laiteux. Les teneurs en nutriments des

divers mélanges et des plantes seules figurent dans le

tableau 2. Les teneurs en MS ont augmenté en fonction

de l’accroissement du degré de maturité et la plupart

FourrageDate de

prélèvementMS%

pHAcide

lactiqueg/kg MS

Acide acétiqueg/kg MS

Acide butyriqueg/kg MS

Ethanolg/kg MS

NH3/N tot.%

PointsDLG

Pertesgazeuses

%

Stabilitéaérobieheures

A 90/40/30

14.06.2012

26,5 5,1 21 1 31 29 34 20 11,2 336

B 90/30/40 24,8 5,1 20 1 37 29 36 15 11,3 336

C 90/20/50 28,8 4,6 36 11 14 20 30 44 7,7 336

A 90/40/30

28.06.2012

33,2 4,4 36 13 4 12 8 93 2,8 204

B 90/30/40 32,3 4,4 35 18 1 7 9 100 1,9 293

C 90/20/50 35,0 4,2 41 17 1 8 7 100 2,0 295

D 90/40/5027.06.2013

25,9 4,4 44 20 8 20 10 65 4,5 216

E 90/40/75 22,8 4,5 57 18 3 14 12 86 2,9 159

D 90/40/5011.07.2013

34,0 4,6 33 15 4 12 11 89 3,4 259

E 90/40/75 31,0 4,7 36 11 13 14 10 51 4,5 312

Triticale

27.06.2013

32,8 4,5 25 9 12 19 9 58 4,2 312

Avoine 22,1 4,7 28 2 42 13 7 6 6,4 312

Pois fourragers 18,9 4,0 145 22 4 18 12 90 4,3 222

Triticale

11.07.2013

35,4 4,5 29 21 2 8 11 100 3,8 289

Avoine 30,0 5,1 19 1 21 22 10 31 7,1 312

Pois fourragers 24,4 4,3 123 27 0 13 10 93 3,4 198

MS: matière sèche; N-NH3/N tot.: proportion d'azote ammoniacal par rapport à l'azote total.

Tableau 4 | Paramètres de fermentation des ensilages

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015

Figure 3 | Le mélange triticale-avoine-pois à la deuxième date de prélèvement en 2013. (Photo: U. Wyss, Agroscope)

Page 25: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Qualité des ensilages plantes entières de triticale, d’avoine et de pois fourragers | Production animale

157

En ce qui concerne l’aptitude à l’ensilage des mélanges

et des plantes seules, tous affichaient des coefficients de

fermentation relativement élevés. Si ces valeurs sont

supérieures à 45, le fourrage est considéré comme facile

à ensiler (Weissbach et Honig 1996). Par contre, la teneur

en nitrate était dans l’ensemble assez basse et, selon

Kaiser et al. (1999), le fourrage avec moins de 1 g de

nitrate par kg de MS est considéré comme exempt de

nitrate. Le nitrate freine la croissance des bactéries buty-

riques et empêche ainsi les fermentations butyriques.

Teneurs en acide butyrique en partie élevées

Les résultats des analyses de nutriments des ensilages

figurent dans le tableau 3. Comparé à la matière première,

la plupart des nutriments étaient plus élevés dans les ensi-

lages, à l’exception des teneurs en sucres et en amidon. La

teneur en sucres, par le biais du processus de fermenta-

tion, s’est abaissée de 50 % et la teneur en amidon de

75 % par rapport aux valeurs de la matière première. Dans

le cas des ensilages de plantes seules, l’avoine a présenté

les teneurs en constituants pariétaux les plus élevées et

les pois fourragers les teneurs en protéines les plus éle-

vées.

Dans le présent essai, comme cela se constate égale-

ment dans des études antérieures (Weissbach et Haacker

1988; Schneider et al. 1991), des teneurs en acides buty-

riques plus élevées ont aussi été enregistrées dans cer-

tains ensilages (tabl. 4). C’était le cas en particulier dans

les ensilages du premier prélèvement, autrement dit les

ensilages réalisés avec le fourrage qui affichait les teneurs

en MS les plus basses. En conséquence, ces ensilages pré-

sentaient aussi des pH plus élevés, un nombre de points

DLG plus bas et les pertes gazeuses les plus élevées. Selon

Weissbach et Haacker (1988), ce phénomène est dû aux

teneurs en nitrate basses dans le matériel initial et donc à

l’absence d’effet inhibiteur sur les spores de bactéries

butyriques. Dans le cas des plantes seules, l’avoine en par-

ticulier a été fortement touché par la formation d’acide

butyrique. Les teneurs en constituants pariétaux plus éle-

vées et le caractère grossier du fourrage de même que la

fermentation lactique moins intense et la baisse du pH

ont certainement joué un rôle. Les ensilages d’avoine

présentaient également le nombre de points DLG le plus

bas. Quant aux ensilages de pois fourragers, ils ont aussi

créé la surprise, car ils présentaient les teneurs en acide

lactique les plus élevées et donc les pH les plus bas.

Les analyses relatives à la stabilité aérobie ont montré

que les ensilages restaient assez stables lors du désilage.

Les teneurs en acide butyrique en partie élevées, qui du

point de vue de la qualité fermentaire sont certes indési-

rables, ont inhibé l’activité des levures et amélioré la sta-

bilité des ensilages.

des nutriments ont diminué, en faveur de l’amidon qui a

augmenté. Les deux mélanges D et E, qui présentaient

une proportion plus élevée de pois fourragers, ont affi-

ché la même teneur en matière azotée que les mélanges

A, B et C. Dans le cas des plantes seules, les pois fourra-

gers se sont distingués par des teneurs en matière azo-

tée plus élevées, une teneur en cendres brutes égale-

ment plus élevée et des teneurs en constituants

pariétaux plus basses. L’avoine présentait la teneur en

constituants pariétaux la plus élevée et la teneur en

sucres la plus basse.

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015

0,0

5,0

10,0

15,0

g/kg

mat

ière

sèc

he

Acide butyrique

0,0

5,0

10,0

15,0

20,0

25,0

g/kg

mat

ière

sèc

he

Ethanol

0,0

2,0

4,0

6,0

%

Pertes gazeuses

04896

144192240288336

A90

/40/

30B

90/3

0/40

C90

/20/

50

A90

/40/

30B

90/3

0/40

C90

/20/

50

D90

/40/

50E

90/4

0/75

D90

/40/

50E

90/4

0/75

D90

/40/

50E

90/4

0/75

D90

/40/

50E

90/4

0/75

heur

es

Stabilité aérobie

sans conservateur avec agent conservateur

2012 2013

2e date de prélèvement

1ère date de prélèvement

2e date de prélèvement

Figure 4 | Acide butyrique, éthanol, pertes gazeuses et stabilité aérobie des ensilages avec et sans agent conservateur d’ensilage.

Page 26: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

158

Production animale | Qualité des ensilages plantes entières de triticale, d’avoine et de pois fourragers

Agents conservateurs et qualité de l’ensilage

L’utilisation d’un agent conservateur a influencé d’une

part la fermentation initiale et, d’autre part, les postfer-

mentations. Comme on peut le voir sur la figure 4, l’utili-

sation d’un agent conservateur réduit les teneurs en

acide butyrique et en éthanol dans les ensilages. Ceci est

probablement dû à l’effet inhibiteur des substances

actives chimiques sur les bactéries butyriques et les

levures. En réduisant les fermentations indésirables, les

pertes gazeuses étaient plus faibles dans les ensilages

traités que dans les ensilages non traités. En moyenne, les

ensilages traités ont atteint 94 points DLG tandis que les

ensilages non traités affichaient seulement 83 points. Les

pH et les teneurs en acide lactique et acétique étaient

pratiquement identiques avec et sans agent conservateur

d’ensilages. Par contre, on a relevé tant dans les ensilages

traités que dans ceux non traités en moyenne 118 et 87 g

de sucres hydrosolubles, ce que l’on peut aussi attribuer à

la réduction des fermentations indésirables. L’agent

conservateur a aussi montré un effet sur la stabilité aéro-

bie. Dans pratiquement tous les cas, les ensilages traités

se sont échauffés moins rapidement (fig. 4).

C o n c l u s i o n s

•• La proportion d’avoine dans un mélange composé de

céréales plantes entières et de pois fourragers ne

devrait pas être trop élevée, car l’avoine influence

négativement la qualité fermentaire des ensilages.

•• Les mélanges de céréales plantes entières et de pois

fourragers doivent être ensilés de préférence au stade

pâteux, autrement dit avec une teneur en MS de 35 %.

Si l’on récolte le fourrage plus tôt, il y a davantage de

problèmes avec l’acide butyrique.

•• L’ajout d’un agent conservateur d’ensilage peut

réduire la formation d’acide butyrique et améliorer la

stabilité aérobie des ensilages.� n

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015

Page 27: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

159

Qualité des ensilages plantes entières de triticale, d’avoine et de pois fourragers | Production animale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

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Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015

Quality of whole-crop silage from

triticale, oats and forage peas

Experiments with various mixtures

containing triticale, oats and forage

peas were carried out at Agroscope

Posieux in 2012 and 2013. The crops

were harvested on two dates,

chopped, and ensiled in laboratory

silos. In addition, the influence of a

chemical silage additive on lactic acid

fermentation as well as the aerobic

stability was studied for some mix-

tures. Results showed that the ensi-

laged materials had high sugar

contents, high fermentability coeffi-

cients, and low nitrate contents. Some

of the mixtures and individual plants

ensiled on the first date had a rela-

tively high butyric acid content and

hence poor silage quality. Of the three

plants contained in the mixture, oats

were particularly responsible for the

poor quality. The addition of a chemi-

cal silage additive reduced butyric acid

and ethanol formation as well as

fermentation gas losses; in addition, it

improved the aerobic stability of the

silages.

Key words: whole crop silage, cereals,

forage peas, silage quality, aerobic

stability.

Qualità degli insilati con piante intere

di triticale, avena e piselli proteici

Nel 2012 e 2013, presso Agroscope a

Posieux, sono state effettuate analisi

con diverse miscele a base di triticale,

avena e piselli proteici. I prodotti

colturali sono stati mietuti in due date

diverse, trinciati e insilati in silo da

laboratorio. In alcune miscele, è stata

inoltre analizzata l’influenza di un

coadiuvante per l’insilamento sulla

fermentazione principale e il riscalda-

mento successivo.

Nell’insilato sono stati da una parte

individuati livelli elevati di zuccheri e

di coefficienti di fermentazione e

dall’altra tenori bassi di nitrati.

Le miscele e le erbe che sono state

utilizzate dopo la prima data di

raccolta presentavano in parte livelli

relativamente alti di acido butirrico e

pertanto anche una cattiva qualità di

insilamento. Dei tre prodotti colturali

contenuti nella miscela, in particolare

l’avena era responsabile della cattiva

qualità.

Tramite l’aggiunta di un coadiuvante

chimico per l’insilamento, è stato

possibile ridurre la formazione di acido

butirrico ed etanolo e la perdita di gas

di fermentazione e migliorare la

stabilità aerobica degli insilati.

Page 28: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

160 Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 160–165, 2015

Selon l’index des produits phytosanitaires de l’OFAG, la

quantité de cuivre pur autorisée est de 4 kg/ha/an pour la

plupart des cultures et 6 kg/ha/an pour la vigne. L’ordon-

nance sur l’agriculture biologique limite à 4 kg/ha/an la

quantité maximale de cuivre pour la vigne. Il s’agit d’une

moyenne à respecter sur une période de cinq ans; ponc-

tuellement, jusqu’à 6 kg/ha/an peuvent être utilisés cer-

taines années. En outre, Bio Suisse fixe une limite de

2 kg/ha/an pour les cultures de petits fruits et de 1,5 kg/

ha/an pour les fruits à noyaux. S’il existe un risque élevé

d’infection par le feu bactérien, jusqu’à 4  kg/ha/an

peuvent être appliqués sous réserve d’une autorisation

cantonale.

Comme le cuivre s’accumule dans le sol, son utilisa-

tion en agriculture biologique fait l’objet de critiques

récurrentes. Il est en outre généralement admis que les

quantités maximales autorisées sont réellement utili-

sées. Cette étude part de l’hypothèse que, au contraire,

les quantités de cuivre utilisées par les agriculteurs bio

suisses sont plus faibles, car ils sont conscients de la pro-

blématique du cuivre et font de gros efforts pour en

minimiser l’application. L’enquête menée auprès de pay-

sans bio décrite dans cet article présente pour la pre-

mière fois des valeurs chiffrées des quantités de cuivre

effectivement utilisées en pratique.

M é t h o d e s

Enquête

Dans le cadre de cette étude, 38 producteurs de Bio

Suisse ont été interrogés. L’enquête se fonde sur l’enre-

gistrement des traitements phytosanitaires destiné au

contrôle d’exploitation et couvre la période 2009–2012.

Pour les fruits et les légumes, un nombre limité de pro-

ducteurs ont été interrogés, sélectionnés parmi les four-

nisseurs les plus importants d’un détaillant particulier.

Les agriculteurs interrogés assurent une part considé-

rable de la production biologique suisse (tabl. 1). Toute-

fois, ils ne sont pas nécessairement représentatifs en

termes de taille d’exploitation ni de répartition géogra-

phique. Selon toute vraisemblance, la taille des exploita-

I n t r o d u c t i o n

Dès les années 1880, le cuivre a été utilisé dans les

vignobles suisses pour lutter contre le mildiou (Plasmo-

para viticola). Entre 1920 et 1960, le cuivre a été abon-

damment utilisé; de nombreux vignerons ont appliqué

en moyenne jusqu’à 50 kg/ha/an (Räz et al. 1987) (fig. 1).

En Allemagne, les quantités appliquées ont parfois

atteint 80 kg/ha/an, voire plus (Kühne et al. 2009).

Aujourd’hui, la quantité maximale autorisée de fon-

gicides à base de cuivre est limitée. La limite se réfère

toujours à la proportion de cuivre pur contenu dans les

substances actives (hydroxyde de cuivre, oxychlorure de

cuivre, bouillie bordelaise, etc.). En Suisse, les quantités

maximales autorisées de fongicides à base de cuivre sont

définies: (i) par l’autorité compétente en matière d’auto-

risation des produits phytosanitaires (Office fédéral de

l’agriculture, OFAG) pour l’agriculture d’une manière

générale; (ii) par l’ordonnance sur l’agriculture biolo-

gique pour l’ensemble des producteurs bio, et (iii) par les

cahiers des charges de Bio Suisse pour ses membres.

Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes culturesBernhard Speiser1, Esther Mieves2 et Lucius Tamm1

1Institut de recherche de l’agriculture biologique FiBL, 5070 Frick, Suisse2Universität Kassel, Fachgebiet Ökologischer Pflanzenschutz, 37213 Witzenhausen, Allemagne

Renseignements: Bernhard Speiser, e-mail: [email protected]

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Figure 1 | Dans ce vignoble, le dépôt bleu sur les échalas témoigne d’une utilisation de quantités élevées de cuivre depuis des décen-nies (photo datant de 1989). (Photo: Andreas Häseli, FiBL)

Page 29: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures | Production végétale

161

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 160–165, 2015

Aujourd’hui, l’utilisation de fongicides à base de

cuivre est soumise à des limites quantitatives.

Pour les producteurs biologiques suisses, les

limites applicables sont fixées par l’autorité

compétente en matière d’autorisation des

produits phytosanitaires, par l’ordonnance sur

l’agriculture biologique et par les cahiers des

charges de Bio Suisse. Les quantités maximales

s’élèvent à 1,5 kg/ha/an pour les fruits à noyaux,

à 2 kg/ha/an pour les petits fruits et à 4 kg/ha/an

pour les autres cultures. Une enquête a été

menée auprès des producteurs de Bio Suisse pour

savoir quelles quantités de cuivre étaient réelle-

ment appliquées en pratique. Les producteurs ont

été interrogés sur les quantités de cuivre utilisées

sur la période 2009–2012. La quantité moyenne

de cuivre utilisée pour les surfaces d’assolement

et pour les surfaces viticoles a été estimée.La quantité moyenne de cuivre utilisée pour les

pommes, toutes les espèces de petits fruits, les

choux, les tomates, les concombres et les

variétés résistantes de vigne, est inférieure à 1

kg/ha/an. Pour les poires, les abricots et les

carottes, elle est comprise entre 1 et 2 kg/ha/an

et pour les cerises, les pommes de terre, les

céleris et les variétés de vigne européennes

traditionnelles, elle est supérieure à 2 kg/ha/an.

La quantité moyenne de cuivre utilisée est de 0,7

kg/ha/an sur les surfaces d’assolement et de 2,5

kg/ha/an sur les surfaces viticoles. Cette enquête

montre que les paysans bio suisses utilisent

nettement moins de cuivre que les quantités

maximales autorisées. Toutefois, l’apport de

cuivre dans l’environnement doit encore être

réduit. Pour cela, l’agriculture biologique

poursuit aujourd’hui une stratégie combinée, qui

comprend la culture de variétés résistantes, des

adaptations de la conduite culturale, des

optimisations de l’application de cuivre et

l’utilisation de produits de substitution.

tions ayant fait l’objet de l’enquête est supérieure à la

moyenne et la Suisse orientale est surreprésentée.

Pour la viticulture, un appel a été lancé auprès de

producteurs de Bio Suisse, parmi lesquels douze vigne-

rons ayant déclaré utiliser du cuivre sur leur exploitation

ont été choisis. Quelques exploitations viticoles impor-

tantes ne figuraient pas dans cette liste, contrairement à

la sélection de producteurs de fruits et légumes. De plus,

la proportion de surfaces plantées en variétés fongi-

résitantes dans les exploitations étudiées était supé-

rieure à celle observée dans l’ensemble de la Suisse.

L’estimation de la moyenne pondérée par la surface (voir

ci-dessous) permet toutefois de corriger ce biais.

Évaluation

La moyenne pondérée par la surface, calculée pour l’en-

semble des producteurs et de la période, a été utilisée

pour exprimer la quantité de cuivre appliquée pour

chaque culture.

À partir des données relatives aux légumes de plein

champ et aux pommes de terre, la quantité moyenne de

cuivre utilisée pour les surfaces d’assolement (pour l’en-

semble des cultures) a été estimée comme suit: (i) parmi

les cultures d’assolement, les pommes de terre, les

carottes, les céleris et les choux peuvent être traités au

cuivre; (ii) la quantité pondérée par la surface de cuivre

utilisée pour ces quatre cultures a été déterminée; (iii)

sur une exploitation modèle étudiée de façon plus pré-

cise, l’ensemble de ces quatre cultures représentait 52 %

des surfaces d’assolement; (iv) cette donnée a été utili-

sée pour estimer la quantité de cuivre appliquée sur

l’ensemble des surfaces d’assolement (l’ensemble des

cultures = 100 % des surfaces).

Les données relatives à la vigne ont été exploitées

séparément selon les deux groupes de variétés: les varié-

tés européennes et les variétés fongi-résistantes, les pre-

mières étant nettement plus sensibles au mildiou. La

quantité moyenne de cuivre appliquée sur les vignobles

bio a été estimée comme suit: (i) dans les vignobles bio

suisses, la proportion de variétés européennes est esti-

mée à 75 % et celle des variétés fongi-résistantes à 25 %

(communication personnelle d’Andreas Häseli, FiBL). (ii)

Les quantités moyennes de cuivre appliquées sur les

deux groupes de variétés ont été déterminées séparé-

ment. (iii) Ensuite, la moyenne pondérée par la surface a

été calculée pour les deux groupes de variétés.

R é s u l t a t s

La quantité moyenne de cuivre utilisée varie fortement

selon la culture (tabl. 1). Dans le cas des pommes, des

petits fruits, des choux, des tomates et des concombres,

elle est inférieure à 1 kg/ha/an. Dans celui des poires, des

abricots et des carottes, elle se situe entre 1 et 2 kg/ha/an,

et dans le cas des cerises, des pommes de terre et des

céleris, elle est supérieure à 2 kg/ha/an. En viticulture, la

quantité de cuivre appliquée sur les variétés fongi-résis-

tantes est près de six fois moindre que celle utilisée pour

les variétés européennes. La quantité de cuivre utilisée,

Page 30: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Production végétale | Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures

162

estimée à partir d’une surface d’assolement moyenne,

s’élève à 0,7  kg/ha/an, tandis que la quantité estimée

à  partir d’une surface moyenne de vignoble est de

2,5 kg/ha/an.

La part réellement utilisée de la quantité maximale

de cuivre autorisée varie fortement selon les cultures

(tabl. 1, dernière colonne). Dans le cas des fraises, des

myrtilles, des framboises, des groseilles, des choux, des

tomates, des concombres, la part utilisée est inférieure

à 25 % de la quantité maximale autorisée. Dans le cas

des abricots, des mûres et des carottes, la part utilisée

est comprise entre 25 et 50 % de la quantité maximale

et dans celui des pommes, des poires, des cerises, des

pommes de terre et des céleris, elle est supérieure à

50 % de celle-ci. En viticulture, la part appliquée rap-

portée à la quantité maximale autorisée diffère forte-

ment selon qu’il s’agit de variétés fongi-résistantes ou

de variétés européennes. En ce qui concerne la culture

de fruits à pépins et à noyaux, seuls quelques produc-

teurs utilisent la quantité maximale autorisée. Dans les

autres cultures, aucun des agriculteurs interrogés n’at-

teignait cette limite.

D i s c u s s i o n

Cette enquête montre que les paysans bio suisses uti-

lisent en moyenne nettement moins de cuivre que les

quantités maximales autorisées. Les effets de l’utilisation

du cuivre doivent être évalués en fonction des quantités

réellement appliquées. Dans certaines cultures, elles

peuvent être 10 à 30 fois plus faibles que les quantités

maximales autorisées.

Les producteurs interrogés utilisent volontairement

des quantités inférieures aux limites autorisées. Cette

réduction n’est possible qu’en luttant par d’autres

moyens contre les maladies. Selon la culture, différentes

solutions sont disponibles (voir plus loin). Pour pouvoir

minimiser les applications de cuivre sur leur exploita-

tion, les producteurs doivent cependant être prêts à

consentir des frais plus élevés et/ou à prendre davan-

tage de risques.

Les producteurs de fruits et légumes interrogés

assurent une part sensible de la production biologique

suisse. En revanche, les données relatives à la viticulture

n’incluent pas certaines exploitations viticoles impor-

CultureProducteurs interrogés

Quantité de cuivre(kg/ha/an)

Part réellement utilisée de la quantité maxi-male autorisée (%) Nombre

Part de la surface bio (%)

Cultures fruitières 13

Pommes 10 50 0,9 60

Poires 6 50 1,2 80

Abricots 3 40 1,7 43

Cerises 2 10 2,5 63

Mûres 2 50 0,6 30

Fraises 5 30 0,4 20

Myrtilles, framboises, groseilles 5 30 0,1 5

Pommes de terre et légumes 7

Pommes de terre 6 10 2,8 70

Carottes 4 * 1,4 35

Céleris 3 * 2,7 68

Choux 6 * 0,1 3

Estimation des surfaces d’assolement 0,7

Cultures en serres 6

Tomates 5 * 0,2 5

Concombre 6 * 0,1 3

Vignes 12

Variétés européennes 8 11 2,9 73

Variétés fongi-résistantes 9 8 0,5 13

Estimation des surfaces de vignobles 2,5*La part de la surface bio n’a pas pu être déterminée pour ces cultures.

Tableau 1 | Producteurs interrogés, quantité moyenne de cuivre utilisée et part réellement utilisée de la quantité maximale autorisée pour différentes cultures. Les quantités maximales autorisées varient selon la culture (voir introduction)

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 160–165, 2015

Page 31: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures | Production végétale

163

de vignes résistantes, pour éviter l’apparition de

souches de mildiou résistantes. Diverses variétés résis-

tantes de pommiers, requérant une utilisation mini-

male de cuivre, sont également disponibles. La culture

de ces variétés est cependant freinée par les besoins

du marché, par exemple par la demande de la variété

Gala, très appréciée, mais sensible à la tavelure. Grâce

à un intense effort de marketing du commerce de

détail, la proportion de variétés résistantes a pu être

continuellement augmentée et représente actuelle-

ment plus de 40 % en Suisse. De même, il existe

aujourd’hui diverses variétés de pommes de terre résis-

tantes, mais leur commercialisation se heurte aux

mêmes obstacles que celle des variétés résistantes de

pommiers ou de vignes.

Cette enquête met également en lumière l’impor-

tance de la conduite culturale en particulier pour les

cultures en serres. L’humidité de l’air dans les serres peut

être régulée de façon à éviter les infections. L’applica-

tion de cuivre n’est alors nécessaire qu’en périodes de

forte humidité prolongées, pendant lesquelles la régu-

lation de l’humidité est insuffisante. Dès lors, la quan-

tité moyenne utilisée sur les tomates et les concombres

est très faible mais pas nulle.

L’enquête montre également l’influence de la

conduite culturale pour la production de cerises. Ainsi,

dans un verger haute-tige en plein air, un producteur

doit utiliser jusqu’à 4 kg de cuivre/ha/an. Un autre pro-

ducteur de cerises de table exploite un verger moderne

avec protection contre les intempéries. Cette pratique

réduit si fortement le risque d’infection par la tavelure,

la cylindrosporiose, la pourriture amère et en partie

également la moniliose, que les traitements par le

cuivre peuvent être considérablement réduits. Dans

l’optique d’une minimisation de l’utilisation du cuivre,

les vergers modernes avec protection contre les intem-

péries sont à privilégier, alors que, du point de vue de la

préservation des paysages, les vergers haute-tige sont

plus avantageux.

L’efficacité de la réduction du dosage de cuivre peut

être optimisée par les mesures techniques suivantes: (i)

les modèles prévisionnels permettent de faire coïncider

le mieux possible les applications de cuivre avec les

périodes d’infection anticipées. Les modèles utilisés en

pratique sont, par exemple, RIMpro (tavelure de la

pomme), Vitimeteo-Plasmopara (mildiou de la vigne) et

phytoPRE (mildiou de la pomme de terre). (ii) Les tech-

niques modernes favorisent l’application uniforme du

dépôt de cuivre sur les surfaces supérieure et inférieure

de la feuille (fig. 2 et 3). Compte tenu de l’action pure-

ment protectrice du cuivre, l’application doit être homo-

gène pour être efficace. (iii) Les formulations modernes

tantes, de sorte que la quantité moyenne de cuivre uti-

lisée a dû être extrapolée. Les quantités de cuivre appli-

quées, déterminées pour l’agriculture biologique suisse,

sont du même ordre de grandeur que les quantités uti-

lisées par les paysans bio allemands. Les agriculteurs

interrogés lors des enquêtes les plus récentes des asso-

ciations agricoles allemandes utilisent environ 1 à 2 kg/

ha/an selon les cultures (Kanthak et al. 2014).

Le cuivre est souvent utilisé aussi en production inté-

grée et conventionnelle pour les raisons suivantes: (i) le

cuivre est la seule substance active autorisée pour lutter

contre certaines maladies; (ii) pour la gestion des résis-

tances; (iii) pour des raisons de coûts. Une étude alle-

mande montre que les quantités de cuivre utilisées par

unité de surface dans la plupart des cultures en agricul-

ture conventionnelle sont plus faibles qu’en agriculture

biologique. Cette différence s’explique par le fait que

de nombreux autres fongicides sont autorisés en agri-

culture conventionnelle (Kühne et al. 2009).

Possibilités actuelles de réduction du cuivre

L’agriculture biologique poursuit aujourd’hui une stra-

tégie combinée destinée à minimiser l’utilisation du

cuivre: cultiver des variétés résistantes ou tolérantes,

adapter la conduite culturale, optimiser les applications

de cuivre et utiliser des produits de substitution.

L’intérêt des variétés résistantes apparaît claire-

ment dans cette enquête, particulièrement en viticul-

ture où les quantités de cuivre appliquées sur les varié-

tés fongi-résistantes sont six fois plus faibles que sur

les variétés européennes. Une application minimale de

cuivre est toutefois conseillée, même sur les variétés

Figure 2 | Une application sous les feuilles des produits phytosani-taires permet une meilleure pulvérisation à la surface inférieure du limbe. Dans les cultures de pommes de terre, cette technique ne convient que jusqu’à la fermeture des rangs. Par la suite, les «Droplegs» s’empêtreraient dans les plants et les endommage-raient. (Photo: Bernhard Speiser, FiBL)

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 160–165, 2015

Page 32: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

164

Production végétale | Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures

de cuivre permettent d’obtenir une bonne répartition à

la surface des feuilles et offrent une meilleure résistance

à la pluie, ce qui permet de réduire les doses.

Les produits de substitution contribuent également

à réduire l’utilisation de cuivre. Le soufre, l’argile et le

bicarbonate de potassium figurent parmi les consti-

tuants habituels du programme de traitement des pro-

ducteurs bio suisses et remplacent les applications de

cuivre à de nombreux stades de culture. En Allemagne,

l’utilisation de sulfure de calcium est répandue en agri-

culture biologique. Il est appliqué du début des cultures

jusqu’en milieu de saison et le produit peut être utilisé

pendant la phase d’infection. En Suisse, l’utilisation de

sulfure de calcium comme produit phytosanitaire est

encore soumise à autorisation; ce produit ne peut donc

pas être utilisé actuellement. L’application de phospho-

nate de potassium (phosphite de potassium) comme

produit de substitution fait encore l’objet de discussions.

En Allemagne, ce produit a été utilisé en viticulture bio

jusqu’en 2013. Actuellement, son emploi en agriculture

biologique n’est pas autorisé; une demande d’autorisa-

tion dans l’UE a cependant été déposée. Il est peu pro-

bable que cette demande aboutisse. Les critiques

portent en particulier sur la présence de résidus de phos-

phonate dans les produits récoltés et dans le vin (EGTOP

2014).

Autres sources de cuivre

Cette étude traite de l’application de fongicides à base

de cuivre. Il existe cependant d’autres sources de cuivre

dans l’environnement. En agriculture, des quantités

considérables de cuivre proviennent de l’épandage d’en-

grais de ferme, d’engrais commerciaux, de composts et

de résidus de fermentation. Dans une étude autrichienne,

la charge moyenne de cuivre due à l’épandage de fumier

a été estimée à près de 0,2 kg/ha/an pour le fumier de

volaille, à 3 kg/ha/an pour le fumier de porc et à 1,5 kg/

ha/an pour le fumier de dinde (Zethner et al. 2007). La

teneur en cuivre dans les engrais dépend directement

du contenu en cuivre des aliments. En particulier, les ali-

ments pour porcelets sont fortement enrichis en cuivre.

Pour minimiser également cet apport de cuivre, Bio

Suisse a fixé des limitations strictes pour la teneur en

cuivre des aliments bio pour animaux. Par exemple,

selon la liste contraignante des aliments pour animaux,

la teneur autorisée en cuivre dans la nourriture pour

porcelets conforme au cahier des charges de Bio Suisse

est de 6  mg/kg, alors que, dans la nourriture conven-

tionnelle 170 mg/kg sont autorisés.

Par ailleurs, il existe également des sources non agri-

coles importantes de cuivre. Les plus importantes sont le

trafic routier (abrasion des freins), les conduites d’eau

potable, les lignes électriques aériennes et les toitures

(Hillenbrand et al. 2005). La quantité totale de cuivre

due au trafic routier dans l’environnement est nette-

ment plus élevée que la charge due aux fongicides. Tou-

tefois, l’apport par unité de surface résultant du trafic

est vraisemblablement plus faible, car ces émissions

concernent des surfaces non agricoles et les eaux.

C o n c l u s i o n s

L’apport de cuivre dans l’environnement doit encore

être réduit. Toutefois, renoncer totalement aux fongi-

cides à base de cuivre est actuellement impossible tant

en agriculture biologique que conventionnelle. Il est en

revanche possible de réduire davantage l’utilisation de

cuivre, en affinant la stratégie de réduction du cuivre

décrite schématiquement ci-dessus et en la mettant réso-

lument en œuvre.

Le développement de nouveaux types de fongicides

pourrait être un facteur décisif en vue d’une suppression

totale du cuivre. Actuellement, différents projets de

recherche visant à trouver des alternatives au cuivre sont

en cours. Le projet CO-FREE a pour objet de faire pro-

gresser simultanément le développement de nouveaux

fongicides, l’élaboration de nouveaux modèles prévi-

sionnels et l’amélioration de l’acceptation de variétés

résistantes par le marché.� n

Figure 3 | En mélangeant une substance fluorescente à la bouillie pulvérisée, il est possible d’observer sous lumière ultra-violette comment le dépôt se distribue sur les feuilles. Cette méthode per-met de vérifier l’efficacité de nouvelles techniques d’application. (Photo: Bernhard Speiser, FiBL)

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 160–165, 2015

Remerciements

Nous tenons à remercier pour leur précieuse collaboration le détaillant et tous les producteurs qui ont participé à cette étude.

Page 33: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

165

Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures | Production végétale

Ria

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Sum

mar

y

Bibliographie ▪ EGTOP, 2014. Final Report on Plant Protection Products (II). www.ec.eu-ropa.eu/agriculture/organic.

▪ Hillenbrand T., Toussaint D., Böhm E., Fuchs S., Scherer U., Rudolphi A. & Hoffmann M., 2005. Einträge von Kupfer, Zink und Blei in Gewässer und Böden – Analyse der Emissionspfade und möglicher Emissionsminde-rungsmaßnahmen. Texte 19 / 05. Umweltbundesamt, Dessau.

▪ Kanthak S., Kienzle J. & Patzwahl W., 2014. Saisonberichte und Stand der Umsetzung der Kupferminimierungsstrategie. Présentations au séminaire professionnel sur le cuivre 2014 du 21 novembre 2014 à Berlin. http://kupfer.jki.bund.de.

▪ Kühne S., Strassemeyer J. & Rossberg D., 2009. Anwendung kupferhalti-ger Pflanzenschutzmittel in Deutschland. Journal für Kulturpflanzen 6, 126–130.

▪ Räz B., Schüepp H. & Siegfried, W., 1987. Hundert Jahre Plasmopara- Bekämpfung und Kupfereintrag in die Rebberge. Schweizerische Zeit-schrift für Obst- und Weinbau 123, 272–277.

▪ Zethner G., Sattelberger R. & Hanus-Illnar, A., 2007. Kupfer und Zink im Wirtschaftsdünger von Schweine- und Geflügelmastbetrieben. Umwelt-bundesamt, REP-0073, Vienne.

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 160–165, 2015

Uso di rame in diverse colture da parte di

biocontadini svizzeri

I quantitativi di fungicidi a base di rame

sono attualmente limitati. Per i bioproduttori

svizzeri valgono le limitazioni imposte dal

servizio di omologazione per prodotti

fitosanitari, dall’Ordinanza bio e dalle

direttive di Bio Suisse. I quantitativi massimi

ammessi ammontano a 1,5 kg/ha/anno per

frutta a granella, a 2 kg/ha/anno per bacche

e a 4 kg/ha/anno per le altre colture.

Abbiamo analizzato quanto rame viene

impiegato effettivamente nella pratica.

Per questa valutazione abbiamo interrogato

diversi produttori di Bio Suisse in merito

all’uso di rame negli anni 2009–2012. Da

questi dati abbiamo estrapolato l’uso medio

di rame sulle superfici di avvicendamento e

nei vigneti.

Per quanto riguarda le mele, tutte le specie

di bacche, i cavoli, i pomodori, i cetrioli e le

varietà di vite resistenti, l’impiego medio di

rame è risultato inferiore a 1 kg/ha/anno.

Per le pere, le albicocche e le carote il valore

si è situato tra 1 e 2 kg/ha/anno e per le cilie-

gie, le patate, il sedano e le varietà di vite

europee tradizionali ha superato 2 kg/ha/

anno. L’uso medio di rame su superfici di

avvicendamento è risultato pari a 0,7 kg/ha/

anno, nei vigneti 2,5 kg/ha/anno.

Da questo sondaggio emerge che i contadini

bio svizzeri spargono nettamente meno

rame di quanto è permesso. L’agricoltura

biologica persegue attualmente una strate-

gia combinata per minimizzare l’uso di rame,

che implica la coltivazione di varietà resi-

stenti, adeguamenti nella gestione delle

colture, ottimizzazione dell’uso di rame e

impiego di prodotti alternativi.

Crop-specific copper applications by Swiss

organic farmers

There are currently quantitative restrictions

on the use of copper-based fungicides. In

Switzerland, restrictions are imposed on

organic farmers by the licensing authority

for pesticides, the Swiss Organic Farming

Ordinance and the Bio Suisse Standards. The

maximum permitted quantities are 1.5 kg/

ha/a in pome fruit, 2 kg/ha/a in soft fruit

and 4 kg/ha/a in other crops. We have

examined the actual quantities of copper

applied on farms.

For this study, we surveyed Bio Suisse

producers on their use of copper-based

fungicides in the years 2009–2012 and

extrapolated the average quantities of

copper applied on crop rotation plots and

viticulture plots.

Average copper applications were less than

1 kg/ha/a in apples, all soft fruit species, cab-

bages, tomatoes, cucumbers and resistant

grape cultivars. Between 1 and 2 kg/ha/a

were applied to pears, apricots and carrots,

whereas cherries, potatoes, celeriac and

traditional European grape cultivars received

more than 2 kg/ha/a. Copper was applied at

average rates of 0.7 kg/ha/a in crop rotation

plots and 2.5 kg/ha/a in viticulture plots.

This survey shows that Swiss organic

farmers apply significantly less copper than

the maximum permitted quantities. The

organic farming sector is pursuing a com-

bined strategy for minimizing copper

applications that involves resistant cultivars,

adaptations in crop husbandry, optimized

copper applications and the use of alterna-

tive products.

Key words: Bio Suisse, copper fungicides,

plant protection, organic farming, Switzerland.

Page 34: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

166 Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 166–173, 2015

cules vont s’allonger. Dans un premier temps, les réserves

en amidon de la pomme de terre vont permettre la crois-

sance des germes. Dans un deuxième temps, à la suite de

la levée, les feuilles fourniront l’énergie nécessaire par

photosynthèse (Mazoyer 2002).

Les variétés sont caractérisées par la rapidité de leur

vieillissement qui peut être défini comme étant l’évolu-

tion de l’âge physiologique du tubercule (Delaplace

2007). L’âge physiologique est un processus de transfor-

mation des tissus végétaux de réserves (l’amidon), qui

aura une influence sur la capacité du tubercule à croître

et à tubériser (Delaplace 2007). Les trois principaux fac-

teurs faisant varier le vieillissement sont la génétique de

la variété, l’âge chronologique du tubercule et l’environ-

nement dans lequel il se trouve (Reust 1981; Delaplace

2007). Au début de la vie du tubercule, c’est la génétique

de la variété qui détermine majoritairement sa vitesse

de vieillissement. A la suite de l’endodormance, c’est

l’environnement qui devient déterminant (Delaplace et

al. 2008). Les composantes de l’environnement qui

influent sur le vieillissement sont principalement les

caractéristiques pédoclimatiques du lieu de production

ainsi que la température de conservation (Reust 1981).

Le vieillissement passe par trois stades consécutifs

particulièrement importants pour les agriculteurs, car ils

déterminent le rendement et la qualité de la production.

Peu après la levée de la dormance, la croissance des

germes est lente et la dominance apicale est forte, ce qui

implique qu’un seul germe principal se développe. Par la

suite, la dominance apicale va diminuer et d’autres

germes à croissance plus rapide vont apparaître. Enfin,

les ressources du tubercule (l’amidon) s’épuisent, le

tubercule est alors trop vieux et présente de multiples

germes ramifiés (Rousselle et al. 1996). Le vieillissement

influence également le nombre et la rapidité de crois-

sance des tiges, mais aussi le démarrage de la formation

des tubercules fils (appelée tubérisation) et leur nombre

par plante de pomme de terre. Dans certains cas, où le

vieillissement est très avancé, il est possible d’observer

un phénomène de boulage (fig. 1), c’est-à-dire la forma-

tion de tubercules fils sur les germes sans que la plante

ne lève. Ces tubercules fils sont de moindre qualité, ce

I n t r o d u c t i o n

La liste suisse des variétés de pomme de terre 2015

recommande 32 variétés (Schwärzel et al. 2014). Cha-

cune d’elles dispose d’une physiologie propre qui peut

être caractérisée par deux phases consécutives, la dor-

mance et l’incubation. La durée de chaque phase est

propre à chaque variété. Le développement de la pomme

de terre commence avec la formation du tubercule. Une

fois celui-ci formé, il va passer par une première phase

de dormance durant laquelle il ne va pas germer. Cette

phase peut être divisée en deux parties successives. La

première est l’endodormance, période pendant laquelle

le tubercule est incapable de germer quelles que soient

les conditions. La seconde période est une dormance

maintenue artificiellement par des conditions de conser-

vation retardant le démarrage de la germination (tem-

pérature entre 4 et 10 °C) (Rousselle et al. 1996; Martin

et Gravoueille 2001). A la fin de cette phase de dormance,

le tubercule va entamer sa germination et entrer dans sa

phase d’incubation durant laquelle les germes des tuber-

Emilie Carrera, Gaétan Riot, Werner Reust, Jean-Paul Dutoit, Jean-Marie Torche et Brice Dupuis

Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 1260, Nyon, Suisse

Renseignements: Brice Dupuis, e-mail: [email protected]

Essai dégermage à La Frêtaz (photo: Gaétan Riot)

Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Page 35: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur | Production végétale

167

Réu

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 166–173, 2015

La physiologie du tubercule de pomme de

terre est caractérisée par deux phases

consécutives: la dormance et l’incubation. La

dormance est la période durant laquelle le

tubercule est en repos végétatif et ne germe

pas, tandis que l’incubation commence à la

germination et se termine au moment de la

formation des premiers tubercules fils. La

durée des périodes de dormance et d’incuba-

tion est propre à chaque variété. Les variétés

à dormance courte seront plus difficiles à

conserver et les variétés à incubation courte

vieilliront plus rapidement. Si le vieillisse-

ment du tubercule est trop avancé, le plant

lèvera avec difficulté et les rendements

seront faibles. De plus, certaines variétés

sont particulièrement sensibles au déger-

mage, manipulation provoquant l’accéléra-

tion artificielle du vieillissement des plants.

Des essais spécifiques ont été mis en place

par Agroscope afin de caractériser la physio-

logie des variétés de pommes de terre

inscrites dans la liste recommandée 2015.

Ces essais ont montré qu’il n’y avait pas de

lien entre la durée de la dormance, la durée

de l’incubation et la sensibilité au déger-

mage. Ils ont également permis de caractéri-

ser la physiologie de l’ensemble des variétés

de la liste recommandée 2015 (les résultats

obtenus sont présentés dans un tableau

synthétique). Cette caractérisation est

primordiale afin de garantir un stockage

approprié des plants, de déterminer les

conditions et la durée de la prégermination,

de garantir une bonne levée et un dévelop-

pement végétatif rapide, autant d’éléments

déterminants pour un rendement élevé en

tubercules.

qui engendre des pertes conséquentes pour les produc-

teurs (Martin et Gravoueille 2001; Rousselle et al. 1996).

En connaissant les différentes durées des stades du vieil-

lissement, il est possible de déterminer le moment le

plus opportun pour la plantation d’une variété donnée,

c’est-à-dire quand le plant présente un nombre impor-

tant de germes à croissance rapide (Reust et Hebeisen

2003). En effet, une germination abondante garantit un

nombre important de tiges, une tubérisation impor-

tante ainsi qu’un rendement conséquent.

Les plants de pommes de terre des variétés à dor-

mance courte conservés dans des conditions sous-opti-

males peuvent commencer à germer dès le stockage. Si

cette germination est trop importante, ceux-ci doivent

être dégermés avant la plantation. Dans le cas où le vieil-

lissement de ces plants est déjà avancé, ceux-ci vont pré-

senter des retards à la levée ainsi qu’un faible dévelop-

pement végétatif et par conséquent donner un

rendement faible. Dans des cas extrêmes où le vieillisse-

ment des plants est très avancé, il est possible d’observer

le développement de tubercules fils en l’absence de

feuillage, c’est-à-dire du boulage (fig. 1.). La sensibilité

au dégermage permet donc d’évaluer l’état de vieillisse-

ment du plant. Les variétés présentant des yeux superfi-

ciels sont en général plus sensibles au dégermage, car

leurs germes se cassent plus facilement lors de la mani-

pulation des plants (Rousselle et al. 1996).

Deux essais distincts sont menés chaque année par

Agroscope afin de mesurer la sensibilité au vieillisse-

ment des différentes variétés de pomme de terre. Le

premier essai repose sur l’étude de la durée de la dor-

mance et de l’incubation. Le second s’intéresse à la diffé-

rence de développement et de rendement entre des

plants dégermés et des plants non dégermés conservés

dans des conditions optimales.

Figure 1 | Boulage au champ. (photo: Werner Reust)

Page 36: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Production végétale | Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur

168

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Les caractéristiques physiologiques de 29 variétés de

pomme de terre ont été étudiées dans deux essais. Afin

que ces deux essais soient réalisés avec des tubercules

présentant des antécédents culturaux identiques, tous

les plants des différentes variétés utilisées ont été pro-

duits au même endroit, à Goumoëns-la-ville, à 650 m

d’altitude (Reust et Hebeisen 2003).

L’essai incubation commence, comme illustré dans

la figure 2, par la plantation des tubercules G0 à Gou-

moëns-la-ville (VD). La détermination pour chaque

variété de la date de tubérisation au champ de l’individu

G1 est obtenue grâce à l’arrachage de plants deux fois

par semaine et à l’observation de l’apparition des pre-

miers tubercules. Une fois cette date déterminée, les

tubercules se développent sans intervention extérieure

jusqu’à la récolte. Après celle-ci, les tubercules sont stoc-

kés pendant deux semaines à 18 °C afin que la peau se

cicatrise. Vingt tubercules de chaque variété sont ensuite

disposés dans une caisse de 17×40×60 cm sur un lit de

perlite de 3 cm (fig. 3). Les pommes de terre sont ensuite

entreposées dans des conditions idéales pour la germi-

nation, c’est-à-dire à 18 °C et 80 % d’humidité relative

(HR). La perlite est arrosée une première fois lors de la

mise en place de l’essai, puis deux fois par semaine

Avril

Mai

Juin

Juillet

Août

Septembre

Octobre

Novembre

Décembre

Janvier

Février

Mars

Avril

Mai

Juin

Dégermage

Cicatrisation à 18 °C (Changins)

Stockage à 18 °C, 80 % HR

Boulage (G2)

Récolte (G1)

Germination

Plantation (G0)(Goumoëns-la-Ville)

Tubérisationau champ (G1)

Laps de temps variablesPhase d’incubationPhase de dormance

Essai incubationEssai dégermage

Stockage à4 °C, 80% HR

Prégermination Stockage à 15°C, 80% HR

Grou

pe A

Groupe B

Prégermination Stockage à 15 °C,

80% HRGroupe A et B

Plantation à La Frêtaz (G2)(Groupe A et B)

Figure 2 | Schéma de l’essai dégermage et de l’essai incubation. Les traits bleus indiquent la phase de dormance du tubercule et les traits verts la phase d’incubation. Les carrés oranges re-présentent des laps de temps variables selon les variétés analysées dans le cadre de ces essais.

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 166–173, 2015

Page 37: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur | Production végétale

169

première fois dans l’obscurité pendant 4 mois à 15 °C et

80 % HR, puis dégermé manuellement avant d’entamer

une nouvelle phase de prégermination à la lumière

(15 °C; 80 % HR) avant la plantation. Les groupes A et B

de chaque variété sont ensuite plantés côte à côte au

champ sur le site de La Frêtaz (Bullet, VD) à 1200 m d’alti-

tude selon un dispositif en bloc aléatoire complet avec

3 à 4 répétitions. Chaque parcelle d’essai compte deux

lignes de 25 tubercules (30 cm entre les plants et 75 cm

entre les buttes). Pour chacune d’elles, le pourcentage

de plants ayant levé et le rendement des tubercules sont

alors comptabilisés (Reust et Hebeisen 2003; Dupuis et al.

2014). Les résultats ont été ensuite traités de façon sem-

blable à ceux de l’essai incubation. La variété Bintje a

été utilisée comme témoin pondérant les fluctuations

annuelles dues à l’environnement. La différence moy-

enne de rendement entre les groupes A et B de la variété

étudiée a été soustraite à la différence moyenne de ren-

dement entre les groupes A et B de la variété Bintje pour

l’année correspondante. Durant les années où la variété

Markies a été étudiée, la variété Bintje n’a pas été culti-

vée. Ces années-là, la moyenne de la variété Bintje sur

toutes les années étudiées a été utilisée.

Pour chacun des trois caractères physiologiques

observés (durée de la dormance, de l’incubation et sen-

sibilité au dégermage), les variétés ont été regroupées

selon trois classes. Ces trois classes ont été déterminées

en utilisant la formule suivante: taille des classes = ampli-

tude entre les extrêmes/3. Pour la durée de la dormance,

il a été distingué les variétés à dormance courte, à dor-

mance moyenne et à dormance longue. Un regroupe-

ment similaire a été réalisé afin de qualifier la durée de

la période d’incubation des variétés. Après regroupe-

ment de ces deux critères, les variétés ont été triées

selon neuf classes (positionnement matriciel) considé-

rant conjointement la longueur des périodes de dor-

mance et d’incubation. Enfin, les variétés ont été clas-

sées selon leur sensibilité décroissante au dégermage en

distinguant les variétés fortement, moyennement et

faiblement sensibles.

R é s u l t a t s

Les résultats de ces essais ont permis de caractériser la

physiologie de la plupart des variétés inscrites à la liste

recommandée des pommes de terre 2015.

Toutes les variétés, à l’exception d’Amandine,

d’Agata, de Lady Christl et de Victoria, ont une dor-

mance plus longue que Bintje (fig. 4). Parmi toutes les

variétés étudiées, Innovator présente la plus longue dor-

mance et Pirol la plus longue incubation. Amandine et

Annabelle sont les variétés ayant respectivement la dor-

jusqu’à la fin de celui-ci. Les tubercules sont contrôlés

tous les deux jours et la date de germination est établie

lorsque 80 % des tubercules sont munis de germes. La

date d’apparition d’une nouvelle génération de tuber-

cules sur les germes (boulage G2) est également contrô-

lée tous les deux jours (Reust et Hebeisen 2003). Les

résultats pour chaque variété sont ensuite exprimés en

degrés-jours. Ils sont composés de la somme des tempé-

ratures journalières entre l’initiation de la tubérisation

et la germination (période de dormance) ainsi que de la

somme entre la germination et le boulage (période

d’incubation) (Reust et al. 2001). Les données de tempé-

rature au champ sont collectées à partir de la station

météorologique de Goumoëns (réseau Agrométéo),

grâce à une sonde de température à 10 cm de profon-

deur dans le sol. Après la récolte, c’est la température de

stockage (18 °C) qui sera utilisée pour le calcul des

degrés-jours. Afin d’atténuer les différences annuelles

provoquées par l’environnement dans cet essai, la

variété Bintje a été utilisée comme témoin. En effet, les

écarts de degrés-jours moyens entre la variété et Bintje

et les variétés étudiées ont été utilisés dans l’analyse des

données.

L’essai dégermage suit les mêmes étapes que l’essai

incubation jusqu’à la fin de la phase de cicatrisation des

tubercules (fig. 2). Après cette étape, les tubercules sont

placés 4 à 5 mois à 4 °C et 80 % HR puis séparés en deux

groupes (A et B). Le groupe A est maintenu pendant 2 à

5 mois supplémentaires à 4 °C et 80 % HR, puis mis en

prégermination à la lumière à 15 °C et 80 % HR pendant

une période qui peut varier de 4 à 6 semaines selon la

variété, afin d’obtenir des germes d’une longueur suffi-

sante pour être plantés. Le groupe B est prégermé une

Figure 3 | Caisse de l’essai incubation. (photo: Gaëtan Riot)

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 166–173, 2015

Page 38: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Production végétale | Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur

170

mance et l’incubation la plus courte. Il n’existe pas de

variété de pomme de terre dans les classes 7 et 9. Ces

classes désignent soit une variété ayant une dormance

courte et une incubation longue (classe 7), soit une dor-

mance et une incubation longues (classe 9). La plus

grande partie des variétés se situent dans la troisième

classe, c’est-à-dire que celles-ci sont dotées d’une dor-

mance longue suivie d’une incubation courte.

La perte moyenne de rendement de la variété Bintje en

cas de dégermage atteint 49 %. Les variétés les plus sen-

sibles au dégermage sont, selon le graphique (classe 1),

Alexandra, Annabelle, Celtiane, Ditta, Lady Felicia,

Nicola, Gwenne et Bintje. Les variétés présentant le

moins de sensibilité au dégermage (classe 3) sont Chal-

lenger, Charlotte, Fontane, Gourmandine, Innovator,

Jelly, Laura, Markies et Verdi. La variété la plus sensible

est Celtiane et la moins sensible Fontane.

Les trois caractéristiques physiologiques étudiées sur

les variétés dans les deux essais sont relativement indé-

pendantes les unes des autres (tabl. 1). La sensibilité au

dégermage et la durée d‘incubation sont les deux carac-

téristiques présentant le coefficient de corrélation le

plus élevé (r = 0,31ns).

D i s c u s s i o n

Les trois caractéristiques étudiées, c’est-à-dire la durée

de la dormance, la durée d’incubation et la sensibilité au

dégermage, sont des facteurs qui influencent le vieillis-

sement des tubercules de pomme de terre.

Le tableau 2 montre que chacune des variétés de la

liste recommandée 2015 présente des caractéristiques

physiologiques propres.

Les variétés à dormance courte devront être stockées à

basse température (2 – 3 °C) pour éviter qu’elles ne ger-

ment durant le stockage. Les variétés à dormance courte

et à incubation rapide sont conseillées pour les cultures

précoces, car elles auront un développement optimal au

moment de la plantation et par conséquent un rende-

ment maximal à la récolte (Rousselle et al. 1996).

Les variétés à dormance longue et à faible sensibilité

au dégermage devront impérativement être préger-

mées quelle que soit leur vitesse d’incubation, afin d’évi-

ter tout retard de levée au champ. Il s’agit des variétés

Challenger, Fontane, Innovator, Jelly, Panda et Verdi.

Les variétés à dormance longue, à incubation moyenne

et moyennement sensibles au dégermage pourront éga-

lement être prégermées sans trop de risques liés au

dégermage, car la vitesse de croissance des germes est

relativement lente. Il s’agit des variétés Agria, Antina et

Agata Agria

Alexandra Amandine

Annabelle

Ditta

Bintje

Celtiane

Antina Challenger

Erika

Fontane Gourmandine

Gwenne

Innovator

Jelly L. Christl L. Claire

L. Felicia

L. Rosetta

Laura Markies

Panda

Pirol

Venezia

Verdi

Victoria

-700

-500

-300

-100

100

300

500

700

-500 -300 -100 100 300 500 700

Axes en degrés-jours

Durée de la dormance et de l'incubation de variétés de pommes de terre

!"#$%&'())*"&+,()

-&',.%/"&)'",#0()

-&',.%/"&)*"&+,()

)'",#0()

Classe 9

!"#$%&'())*"&+,()

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-&',.%/"&)*"&+,()

)'",#0()!"#$%&'())

*"&+,()

-&',.%/"&)'",#0()

-&',.%/"&)*"&+,()

)'",#0()Dormance longue

Incubation courte

Incubation longue

Dormance courte

Classe 7 Classe 8

Classe 4 Classe 5 Classe 6

Classe 1 Classe 2 Classe 3

Figure 4 | Durées moyennes de dormance et d’incubation (en degrés-jours) de différentes variétés analysées comparative-ment à celles de la variété Bintje. Les neuf différentes classes ont été précédemment définies dans le texte.

r r2 p

sensibilité au dégermage/durée de dormance

0,03 <0,01 ns

sensibilité au dégermage/durée d‘incubation

0,31 0,09 ns

durée d‘incubation/durée de dormance -0,20 0,04 ns

Tableau 1 | Résultats des régressions linéaires simples entre la durée de dormance, la durée d’incubation et la sensibilité au déger-mage pour les 29 variétés étudiées. Le r est le coefficient de corré-lation, le r2 est le coefficient de détermination et le p donne la significativité de la régression (ns=non significatif).

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 166–173, 2015

Page 39: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur | Production végétale

171

Parmi les variétés à dormance courte, Charlotte ne

nécessite pas de précaution particulière, car elle est

peu sensible au dégermage. En revanche, les variétés

Agata, Amandine, Lady Christl, Nicola et Ratte pré-

sentent non seulement une dormance courte mais

aussi une sensibilité au dégermage moyenne à élevée.

Tout comme Celtiane, Ditta et Lady Felicia, ces variétés

devront donc être plantées lorsque les germes sont à

peine visibles. Pour ces variétés, une «stimulation» des

plants semble plus indiquée qu’une prégermination

proprement dite. Cette stimulation consiste à stocker

les plants pendant 3 à 4 jours dans un local à 15 – 20 °C

juste avant la plantation.

Les variétés Alexandra, Annabelle, Bintje et Gwenne

se conservent relativement bien (dormance moyenne),

par contre elles sont fortement sensibles au dégermage.

Pour ces variétés également, une stimulation des plants

semble plus indiquée qu’une prégermination classique.

Toutefois, la variété Gwenne présente une incubation

très longue, ses germes se développent lentement, ce

qui réduit le risque lié au dégermage. Les autres variétés

à dormance moyenne, telles que Désirée, Erika, Gour-

mandine, Lady Claire, Lady Rosetta, Laura, Markies,

Pirol et Victoria posent peu de problèmes d’un point de

vue physiologique. Il convient toutefois de surveiller de

près la germination de Victoria, car elle est dotée d’une

incubation courte et est moyennement sensible au

dégermage.

En cas de report de la plantation en raison de

conditions météorologiques défavorables, il est pos-

sible de freiner la croissance des germes ainsi que le

vieillissement des plants par une prégermination à la

lumière.

Une enquête réalisée auprès des quatre principales

coopératives de producteurs de plants de pommes de

terre en Suisse (établissements multiplicateurs) a révélé

que trois variétés de pomme de terre posaient occasion-

nellement des problèmes de levées irrégulières. Il s’agit

de Gourmandine, Alexandra et, dans une moindre

mesure, Amandine (résultats non publiés). La forte sen-

sibilité au dégermage des variétés Alexandra et Aman-

dine pourrait expliquer les problèmes rencontrés au

champ. Le cas de Gourmandine est plus atypique, car

malgré ses caractéristiques physiologiques plutôt favo-

rables, celle-ci pose occasionnellement des problèmes à

la levée. Etant donné sa dormance moyenne, il est peu

probable que les retards à la levée soient dus à un réveil

du plant plus tardif. De plus, les germes de cette variété

grandissent moyennement vite (incubation moyenne) et

elle est peu sensible au dégermage. Par conséquent, il

est peu plausible que les retards à la levée observés

soient dus à des cassures de germes à la plantation. Il est

Venezia. En revanche, les variétés à dormance longue et

sensibles au dégermage, telles que Celtiane, Ditta et

Lady Felicia, devront impérativement être plantées

lorsque leurs germes sont à peine visibles (stade point

blanc), sous peine d’observer des manques à la levée liés

à des cassures de germes à la plantation.

VariétésDurée de la dormance

Durée de l’incubation

Sensibilité au dégermage

Agata Courte Courte Moyenne

Agria Longue Courte Moyenne

Alexandra Moyenne Moyenne Élevée

Amandine Courte Moyenne Élevée1

Annabelle Moyenne Courte Élevée

Antina Longue Moyenne Moyenne

Bintje Moyenne Moyenne Élevée

Celtiane Longue Courte Élevée

Challenger Longue Courte Faible

Charlotte Courte1 Moyenne Faible

Désirée Moyenne1 Moyenne1 –

Ditta Longue Courte Élevée

Erika Moyenne Longue Moyenne

Fontane Longue Moyenne Faible

Gourmandine Moyenne Moyenne Faible

Gwenne Moyenne Longue Élevée

Hermes Longue2 Courte2 –

Innovator Longue Courte Faible

Jelly Longue Moyenne Faible

Lady Christl Courte Moyenne Moyenne

Lady Claire Moyenne Moyenne Moyenne

Lady Felicia Longue Courte Élevée

Lady Rosetta Moyenne Moyenne Faible2

Laura Moyenne Longue Faible

Markies Moyenne Longue Faible

Nicola Courte1 Moyenne Élevée

Panda Longue Moyenne Faible

Pirol Moyenne Longue Moyenne

Ratte Courte2 – Moyenne-élevée2

Venezia Longue Moyenne Moyenne

Verdi Longue Courte Faible

Victoria Moyenne Courte Moyenne

Tableau 2 | Durée de la dormance, durée de l’incubation et sensibi-lité au dégermage des 32 variétés de la liste des variétés recom-mandées 2015 (synthèse des données issues des deux essais et d’informations complémentaires).

1Informations recueillies auprès de sites internet regroupant plusieurs obtenteurs.2Informations recueillies dans les fiches de variétés de pomme de terre d’Agroscope.

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 166–173, 2015

Page 40: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

172

Production végétale | Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur

à noter cependant que les yeux de cette variété sont très

superficiels, ce qui rend fragiles les germes en cas de

manipulation du tubercule. Dans le cadre de notre expé-

rimentation, les germes n’ont été cassés qu’une seule

fois. Par contre dans des conditions habituelles de pro-

duction, il est possible que les germes puissent être cas-

sés plus d’une fois entre la sortie du stockage et la plan-

tation. Il est donc très important de veiller à manipuler

cette variété avec beaucoup de précautions dès l’appari-

tion des germes.

C o n c l u s i o n s

Cette étude a mis en évidence que chaque variété de

pomme de terre présente des caractéristiques physiolo-

giques propres (tabl. 2). Une bonne connaissance de la

physiologie des variétés est primordiale afin de pouvoir

garantir un stockage approprié des plants, une bonne

levée et un développement végétatif rapide, autant de

facteurs qui sont déterminants pour un rendement élevé

en tubercules. n

-30 -20 -10 0 10 20 30 40 50 60 70

Agata

Agria

Alexandra

Annabelle

Antina

Celtiane

Challenger

Charlotte

Ditta

Erika

Fontane

Gourmandine

Gwenne

Innovator

Jelly

L. Christl

L. Claire

L. Felicia

Laura

Markies

Nicola

Pirol

Venezia

Verdi

Victoria

(%)

Sensibilité au dégermage de variétés de pommes de terre

faible sensibilité au dégermagegrande sensibilité au dégermage

52,6 n=2

n=12

23,1

50,7

17,1

72,4

70,2

17,1

39,4

16,4

70,2

n=2

n=2

n=2

n=2

n=2

n=2

n=2

n=2

n=2

n=2

n=2

n=2

n=2

n=2

n=2

n=2

n=2

n=2

n=9

n=2

n=2

n=2

39,4

51,1

58,3

58,3

73,2

52,6

64,4

41,8

37,9

41,6

52,6

50,7

60,2

n=13

49

45,6

Classe 1 Classe 2 Classe 3

Figure 5 | Sensibilité au dégermage des différentes variétés analysées comparativement à celle de Bintje (=0) (différence moyenne en %). Les chiffres en bleu représentent le pourcentage moyen de perte de rendement de la variété Bintje pour les années d’essai de chacune des variétés testées. Les chiffres en noir indiquent le nombre d’années de test pour chaque variété. Les lignes rouges déli-mitent les trois différentes classes de sensibilité au dégermage.

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 166–173, 2015

Page 41: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

173

Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur | Production végétale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Tuber physiology of different potato varieties

has consequences for the grower

The physiology of the potato tuber is charac-

terized by two consecutive periods: the

dormancy and the incubation. During the

dormancy period, the tuber is under vegeta-

tive rest and is unable to sprout. The incuba-

tion period begins at sprouting and ends when

the first progeny tuber appears on the stolons.

The duration of both periods varies depending

on the variety. Varieties with a short dormancy

period will be difficult to store, and varieties

with a short incubation period will show a fast

aging. An old tuber will emerge with difficul-

ties and the yield will be low. In addition,

some varieties are susceptible to desprouting,

which accelerates tuber aging. Specific trials

have been managed by Agroscope in order to

characterize the physiology of the varieties

listed in the 2015 Swiss list of recommended

potato varieties. No link was found between

the duration of the dormancy period, the

duration of the incubation period, and the

susceptibility to desprouting. The identified

physiological characteristics of the varieties are

presented in a summary table. This characteri-

zation is important in order to optimize the

potato seed storage, identify the optimal

duration of pre-sprouting, and guarantee a

fast emergence and a rapid development of

the plant. All these elements will contribute to

high tuber yield.

Key words: potato, physiology, physiological

age, dormancy, incubation, presprouting, yield,

varieties, storage, desprouting.

Fisiologia delle varietà di patate e conse-

guenze per il produttoreLa fisiologia del tubero di patata è caratteriz-

zata da due fasi consecutive: la dormienza e

l'incubazione. La dormienza è il periodo di

riposo vegetativo durante il quale il tubero non

germina, mentre l'incubazione inizia con la

germinazione e si conclude con la formazione

dei primi tuberi figli. La durata dei periodi di

dormienza e di incubazione è un fattore

caratteristico di ogni varietà. Le varietà con un

periodo di dormienza breve presenteranno

maggiori difficoltà di conservazione mentre le

varietà con periodo di incubazione breve

invecchieranno più rapidamente. Se l'invecchia-

mento del tubero si trova in uno stadio troppo

avanzato, la piantina spunterà con difficoltà e

la resa sarà scarsa. Inoltre, alcune varietà sono

particolarmente sensibili alla degerminazione,

una manipolazione che provoca l'accelerazione

artificiale dell'invecchiamento delle piantine.

Agroscope ha condotto sperimentazioni

specifiche, finalizzate alla caratterizzazione

della fisiologia delle varietà di patate inserite

nella lista raccomandata 2015. Gli esperimenti

hanno dimostrato l'assenza di una correlazione

tra la durata della dormienza, la durata

dell'incubazione e la sensibilità alla degermina-

zione. Essi hanno inoltre consentito di caratte-

rizzare la fisiologia dell'insieme delle varietà

della lista raccomandata 2015 (i risultati

ottenuti sono presentati in una tabella di

sintesi). Tale caratterizzazione è fondamentale

per garantire un adeguato immagazzinamento

delle piantine, determinare le condizioni e la

durata della pregerminazione, garantire una

buona emergenza e uno sviluppo vegetativo

rapido. Tutti questi elementi sono determinanti

per un'elevata resa del tubero.

Bibliographie ▪ Delaplace P., 2007. Caractérisation physiologique et biochimique du processus de vieillissement du tubercule de pomme de terre (Solanum tuberosum L.), Université de Liège, Liège, Belgique.Thèse: 171.

▪ Delaplace P., Fauconnier M. L, Du Jardin P, 2008. Méthodes de mesure de l'âge physiologique des tubercules semences de pomme de terre (Sola-num tuberosum L.). Biotechnologie Agronomie Societe Et Environnement 12, 171–84.

▪ Dupuis B., Tallant M., Riot G., Hebeisen T., Ballmer T. & Vetterli C., 2014. Essais pomme de terre 2013. Plantes Agroscope Transfer 26.

▪ Martin M. & Gravoueille J.-M., 2001. Stockage et conservation de la pomme de terre. Institut technique des céréales et des fourrages.

▪ Mazoyer M., 2002. Larousse agricole. Larousse.

▪ Reust W., 1981. Physiologie de la pomme de terre. Revue suisse d'Agriculture 13, 34.

▪ Reust W. & Hebeisen T., 2003. Vieillissement physiologique des plants de pommes de terre: comportement des variétés. Revue suisse d'Agriculture 35, 17–20.

▪ Reust W., Winiger F. A., Hebeisen T. & Dutoit J. P., 2001. Assessment of the physiological vigour of new potato cultivars in Switzerland. Potato Research 44, 11–7.

▪ Rousselle P., Robert Y. & Crosnier J.-C., 1996. La pomme de terre: pro-duction, amélioration, ennemis et maladies, utilisations. Editions Quae.

▪ Schwärzel R., Torche J.-M., Ballmer T., Musa T. & Dupuis B., 2014. Liste suisse des variétés de pomme de terre 2015. Recherche Agronomique Suisse 5.

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 166–173, 2015

Page 42: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

174 Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 174–177, 2015

La biodiversité et l’agriculture ont besoin l’une de l’autre.

D’un côté, la diversité biologique représente une res-

source essentielle pour l’agriculture. De l’autre, l’agricul-

ture est importante pour la promotion et la conservation

de la biodiversité. Au cours des vingt dernières années,

différents programmes en faveur de la préservation et

de la promotion de la diversité biologique ont été lancés

sur les surfaces agricoles. Bien qu’il existe des synergies

prouvées entre la protection phytosanitaire et la promo-

tion de la biodiversité, des problèmes phytosanitaires

relevés dans la pratique indiquent qu’une réflexion cri-

Les mesures de promotion de la biodiversité entrent

parfois en conflit avec la protection phytosanitaire. En

effet, certaines maladies et certains organismes nui-

sibles peuvent apparaître en plus grand nombre dans et

autour des structures écologiques. Les bonnes pratiques

agricoles et des mesures d’entretien adaptées peuvent

diminuer les effets négatifs de la promotion de la biodi-

versité. Comme il n’existe pratiquement pas d’études

scientifiques à ce sujet, une analyse approfondie des

effets de la promotion de la biodiversité semble indi-

quée.

Conflits d’objectifs entre promotion de la biodiversité et protection phytosanitaireKarin Ruchti et Christoph Studer

Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse

Renseignements: Karin Ruchti, e-mail: [email protected]

Attaque de feu bactérien sur un poirier Gelbmöstler. Cette maladie n’est souvent pas détectée sur les arbres très volumineux. (Photo: Karin Ruchti)

E c l a i r a g e

Page 43: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Conflits d’objectifs entre promotion de la biodiversité et protection phytosanitaire | Eclairage

175Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 174–177, 2015

tique à ce sujet s’impose, afin de déterminer si ces

mesures en faveur de la biodiversité sont toujours oppor-

tunes. Souvent, les problèmes phytosanitaires sont dus

au côtoiement, sur un espace restreint, de formes de

production poursuivant des objectifs différents. Au tra-

vers de recherches bibliographiques et de discussions

avec des experts, une étude a été menée afin de déter-

miner si et dans quelle mesure les surfaces et les struc-

tures censées favoriser la biodiversité (appelées par la

suite «surfaces de biodiversité») augmentent la pression

des organismes nuisibles dans les différents systèmes de

production. Il s’agissait également d’évaluer si une sépa-

ration géographique des différents systèmes peut atté-

nuer ces problèmes (Ruchti et Studer 2014).

Conflits d’intérêt dans différentes cultures

En grandes cultures et en production fourragère, certains

organismes nuisibles et pathogènes peuvent migrer

depuis des habitats comme les ourlets, les haies ou les

lisières de forêt et causer des dommages aux plantes

cultivées. Les limaces, par exemple, sont favorisées par les

surfaces de promotion de la biodiversité (p.ex. les ourlets

ou les jachères florales) car aucun travail du sol n’y est

effectué (fig. 1). On peut donc s’attendre à de plus fortes

attaques de certaines espèces de limaces dans les cultures

sensibles situées près de telles surfaces (Eggenschwiler et

al. 2012). L’ergot du seigle (Claviceps purpurea) peut se

développer sur les graminées non fauchées des surfaces

écologiques et des bordures de champs, puis se propager

dans les cultures céréalières avoisinantes (Richter et al.

1997; Schubiger F. X., ART et Ramseier R., HAFL; comm.

pers.). Sur les surfaces non exploitées, les bords de route,

les jachères florales et autres surfaces extensives, le char-

don des champs (Cirsium arvense) peut représenter un

risque pour les surfaces voisines une fois que ses graines

sont arrivées à maturité (Zwerger 1996). La présence

accrue du chardon dans les grandes cultures (Hintsche et

Pallut 1995) est attribuée par Häni et al. (2008) et Zwer-

ger (1996) à la part plus importante de surfaces de biodi-

versité, ainsi qu’à un manque d’entretien ou à des chan-

gements dans l’exploitation des surfaces cultivées, entre

autres. En Autriche et en Allemagne, une densité dange-

reusement élevée du colchique d’automne (Colchicum

autumnale) a été constatée ces dernières années sur les

surfaces herbagères exploitées extensivement (Jung et al.

2010). Ce mode d’exploitation favorise en effet le col-

chique d’automne, car il n’est pas maintenu sous contrôle

par une coupe tardive (Winter et al. 2011). La culture

maraîchère de plein champ peut être affectée par des

adventices en fin de floraison poussant sur les surfaces de

compensation écologiques avoisinantes (Neuweiler R.,

ACW; comm. pers.). Une végétation dense (haies, ronds

d’orties ou cultures voisines et végétation de bordure de

taille élevée) peut favoriser les attaques de mouches de

la carotte (Psila rosea) dans les cultures de carotte (Herr-

mann et al. 2010).

Arboriculture

Les arbres fruitiers haute-tige qui ne sont pas entretenus

de manière appropriée peuvent contribuer à la dissémi-

nation de ravageurs et de maladies en tant que plante-

hôte. La mouche de la cerise (Rhagoletis cerasi) peut se

Figure 1 | Les éléments de structure favorisant la biodiversité comme les ourlets peuvent cau-ser des problèmes en matière de protection des cultures avoisinantes. (Photo: Katja Jacot)

Page 44: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Eclairage | Conflits d’objectifs entre promotion de la biodiversité et protection phytosanitaire

176

multiplier fortement lorsque les cerisiers ne sont pas

suffisamment entretenus ou que les fruits ne sont pas

récoltés (Hensel G., DLR et Linemann M., Ebenrain;

comm. pers.). Quand les populations de mouches sont

importantes et que ces dernières ne trouvent pas suffi-

samment de cerises pour la ponte, elles se déplacent

pour trouver de nouvelles plantes-hôtes (Daniel et

Grunder 2012; Katsoyannos et al. 1986). Dans le canton

de Bâle-Campagne, une migration vers les vergers com-

merciaux de cerisiers en provenance de cerisiers haute-

tige non entretenus et non récoltés situés à proximité a

été observée (Linemann M., Ebenrain; comm. pers.). Un

suivi effectué dans la région de la Hesse rhénane, en

Allemagne, confirme cette observation. Hensel et Dahl-

bender (2013) ont constaté une très forte augmentation

de la pression du ravageur sur les vergers commerciaux

en provenance de vergers âgés, non entretenus et inex-

ploités. La densité de mouches de la cerise peut ainsi

atteindre un niveau élevé, ce qui peut nécessiter un trai-

tement phytosanitaire.

En Suisse, la lutte contre le feu bactérien (Erwinia

amylovora), une dangereuse maladie bactérienne,

constitue une tâche exigeante en raison des structures

de petite taille. Parmi les plantes-hôtes importantes

figurent, outre certaines plantes ornementales des jar-

dins, l’aubépine, qui se développe dans les haies et les

lisières de forêt, ainsi que certains arbres fruitiers haute-

tige. Les plantes hôtes infectées représentent une source

d’infection dangereuse pour les cultures fruitières et les

pépinières (Müller U., Arenenberg; comm. pers.). Sur les

arbres très volumineux, les infections ne sont souvent

pas détectées (Szalatnay D., Strickhof; comm. pers.). Si

l’on néglige de prendre des mesures d’assainissement

ou d’éradication, la pression de l’agent infectieux aug-

mente localement et le risque d’infection s’accentue (EIP

inférieur1). De plus, l’efficacité de la streptomycine et

des autres moyens de lutte diminue (Szalatnay D., Strick-

hof; comm. pers.).

La séparation géographique comme solution?

En raison des problèmes massifs causés par le feu bacté-

rien, le canton de Thurgovie a été divisé début 2010 en

deux zones arboricoles (fig. 2): une zone de surveillance

stricte et de lutte contre le feu bactérien et une autre où

les mesures de lutte sont facultatives et généralement

pas indemnisées. Dans la première zone, l’objectif

consiste à éviter des dégâts pouvant menacer l’existence

des vergers commerciaux. Dans la seconde zone, le but

est de sauvegarder les arbres fruitiers haute-tige pré-

cieux sur le plan écologique et paysager2 (Hugentobler

2011). Notre étude montre que le fait de séparer géogra-

phiquement des systèmes principalement orientés vers

la production de ceux favorisant la biodiversité peut,

dans certains cas, diminuer la pression des organismes

nuisibles. Cependant, ce concept comporte aussi des

risques et est difficilement applicable en Suisse en raison

1EIP: potentiel infectieux épiphyte.2 Un projet de soutien est actuellement en cours pour différentes espèces d'arbres dans les deux zones.

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 174–177, 2015

Zone arboricole 1 – surveillance intensive

Zone arboricole 2 – surveillance extensive

48 communes sont attribuées à la zone arboricole 132 communes sont attribuées à la zone arboricole 2

Figure 2 | Division du canton de Thurgovie en deux zones arboricoles: (1) surveillance stricte et lutte contre le feu bactérien (priorité = arboriculture commerciale) et (2) mesures de lutte facultatives (priorité = protection des arbres fruitiers haute-tige). (Graphique: Bruno Hugentobler)

Page 45: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Conflits d’objectifs entre promotion de la biodiversité et protection phytosanitaire | Eclairage

177

de la production et de la promotion de la biodiversité.

Cette étude est censée déclencher une discussion sur

le potentiel de conflits entre la promotion de la biodi-

versité actuelle et la protection phytosanitaire. Comme

il n’existe cependant pratiquement pas d’études scien-

tifiques sur le sujet, une analyse approfondie semble

indiquée, basée sur des données de terrain, des effets

positifs visés ainsi que de potentiels effets indésirables

de la promotion de la biodiversité sur la protection

des plantes. Les résultats détaillés de l’étude présentée

ici figurent dans le rapport «Conflits d’objectifs entre

la  protection phytosanitaire et la promotion de la

biodiversité»3 et peuvent être obtenus auprès de:

[email protected]. n

des structures de petite taille et des rotations. De plus,

les avantages de la biodiversité fonctionnelle devraient

l’emporter sur certains aspects négatifs.

C o n c l u s i o n s

La biodiversité fournit incontestablement de précieuses

ressources génétiques pour l’alimentation et l’agricul-

ture et rend de nombreux services écosystémiques. Par

ailleurs, l’agriculture revêt une grande importance pour

la promotion et la conservation de la biodiversité. Cette

étude a permis de considérer la promotion de la biodi-

versité sous un angle critique. Elle a montré que des

conflits d’objectifs peuvent surgir entre la protection

des plantes et les mesures de promotion de la biodiver-

sité. Les surfaces sur lesquelles la biodiversité est pro-

mue peuvent faire augmenter la pression des maladies

et des organismes nuisibles en abritant leurs plantes

hôtes ou en leur fournissant des habitats. Les mesures

de promotion de la biodiversité doivent donc être inté-

gralement évaluées et adaptées, si nécessaire, aux parti-

cularités régionales. Pour prévenir les problèmes phyto-

sanitaires, il faudrait imposer une gestion et un entretien

corrects des surfaces de promotion de la biodiversité.

Cette approche semble plus appropriée en Suisse pour

diminuer les effets involontaires des mesures de promo-

tion de la biodiversité qu’une séparation géographique

Bibliographie ▪ Daniel C. & Grunder J., 2012. Integrated Management of European Cher-ry Fruit Fly Rhagoletis cerasi (L.): Situation in Switzerland and Europe. Insects 3, 956–988.

▪ Eggenschwiler L., Speiser B., Bosshard A. & Jacot K., 2012. Improved field margins highly increase slug activity in Switzerland. Agronomy for Susta-inable Development 33, 349–354.

▪ Häni F., Popow G., Reinhard H., Schwarz A. & Voegeli U., 2008. Pflanzen-schutz im nachhaltigen Ackerbau. Handbuch für prozessorientiertes Han-deln. Edition LMZ, 466 p.

▪ Hensel G. & Dahlbender W., 2013. Hinweise Kirschfruchtfliege. Power Point Präsentation, unveröffentlicht. Dienstleistungszentrum Ländlicher Raum, Rheinland Pfalz, Oppenheim, 13 p.

▪ Herrman F., Wedemeyer R., Liebig N., Buck H., Hommes M. & Saucke H., 2010. Entwicklung situationsbezogener Strategien zur Vermeidung von Möhrenfliegenschäden auf Praxisbetrieben. Universität Kassel, D-Witzenhausen, Fachgebiet Ökologischer Pflanzenschutz, 60 p.

▪ Hintsche E. & Pallutt B., 1995. Zunehmendes Auftreten der Ackerkratz-distel. Pflanzenschutz Praxis 3, 23–25.

▪ Hugentobler B., 2011. Projekt «Zukunft Obstbau» – Weisung für die Pflanzung von hochstämmigen Bäumen und Hecken. BBZ Arenenberg. Accès: http://www.landwirtschaftsamt.tg.ch/documents/WeisungenZu-kunftObstbau.pdf [13.5.2013].

▪ Jung L. S., Winter S., Kriechbaum M., Eckstein R. L., Donath T. W. & Otte A., 2010. Regulation of meadow saffron (Colchicum autumnale L.) in ex-tensively managed grasslands. Grassland Science in Europe 15, 660–662.

▪ Katsoyannos B. I., Boller E., Benz G., 1986. Das Verhalten der Kirschen-fliege, Rhagoletis cerasi, L. bei der Auswahl der Wirtspflanzen und ihre Dispersion. Mitteilung der Schweizerischen entomologischen Gesell-schaft 59, 315–335.

▪ Richter W., Pflaum J., Vogel R., Wyss U. & Wolff J., 1997. Vorkommen von Mutterkorn bei Gräsern von extensiv genutztem Grünland und Einfluss von Siliermitteln auf Mutterkornalkaloide. Futterkonservierung und Grünland, Futterbau: Tagung der DLG-Ausschüsse, Gumpenstein, 30.Juni – 2. Juli 1997.

▪ Ruchti K. & Studer C., 2014. Zielkonflikte zwischen Biodiversitätsförde-rung und Pflanzenschutz. Schlussbericht. Berner Fachhochschule, Hoch-schule für Agrar-, Forst- und Lebensmittelwissenschaften HAFL, 64 p.

▪ Winter S., Penker M. & Briechbaum M., 2011. Die Herbstzeitlose – eine Problempflanze für Landwirtschaft und Naturschutz? Jahrbuch der Öster-reichischen Gesellschaft für Agrarökonomie, vol. 20 (2), 221–230.

▪ Zwerger P., 1996. Zur Samenproduktion der Ackerkratzdistel (Cirsium ar-vense L.). Zeitschrift für Pflanzenkrankheiten und Pflanzenschutz, Son-derheft XV, 91–98.

3Les auteurs remercient l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) pour le finance-ment de cette étude.

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 174–177, 2015

Page 46: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

178

P o r t r a i t

Ruedi von Niederhäusern: «Pour moi, c’est le team qui compte!»

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 178, 2015

Apprentissage en agriculture, cours de chef d’exploita-

tion et en 1991, la maîtrise. Puis plus rien pendant plu-

sieurs années. Ensuite, en 2008, un diplôme en Advanced

Studies à l’Institut pour le management des associations

(Université de Fribourg), suivi en 2010 d’un Executive

Master of Business Administration à la Haute école ber-

noise: Ruedi von Niederhäusern (1965) aime la diversité.

Il a grandi à Bümpliz, à la périphérie de Berne, dans un

contexte urbain. Pourtant, il sait dès l’âge de 12 ans qu’il

sera un jour agriculteur. «Le métier d’agriculteur et

l’amour des animaux sont inscrits dans mes gènes», dit-il

avec un sourire. Si ses parents ne sont pas du métier, il

compte beaucoup d’agriculteurs parmi les membres de

sa famille. Aussi passe-t-il toutes ses vacances scolaires

dans une ferme à la campagne.

Alors qu'enfant, le catalogue des taureaux le fasci-

nait, aujourd’hui ce sont les étalons FM. C’est à la suite

d’un travail de six mois à la clinique vétérinaire de Berne

en 1984, où il s’occupe des chevaux, qu’il en vient à s’in-

téresser à la plus belle conquête de l’homme. Dès lors, la

passion des chevaux ne le quittera plus. Depuis 1986, il

travaille au Haras national, d’abord en tant que palefre-

nier, puis en tant qu’étalonnier à Weinfelden (TG), et

plus tard en qualité de responsable de l’exploitation

agricole de 120 ha «Les Long-Prés» (qui a appartenu au

Haras jusqu’en 1998), puis à nouveau comme palefrenier,

dans la comptabilité analytique et comme responsable

de produit. Finalement, depuis le 1er janvier 2014, Ruedi

von Niederhäusern est responsable du groupe de

recherche d’Agroscope Elevage et détention de chevaux.

«Je ne suis pas un chercheur, mais plutôt quelqu’un de

polyvalent, un gestionnaire et un responsable qui fait

en sorte que ses collaborateurs travaillent dans les meil-

leures conditions possibles». Et d’ajouter: «Ce qui

compte, c’est ce que nous réalisons en tant qu’équipe.

Mon nom importe peu».

Des prestations traditionnelles pour les éleveuses et

éleveurs aux exigences de la recherche de pointe en

sciences équines, les attentes vis-à-vis du Haras national

ne pourraient être plus diverses. «Le plus grand défi

consiste à trouver une voie médiane pour le futur afin

de répondre à ces attentes parfois si opposées.» Et de

conclure: «Il n’y a pas de meilleur job pour moi!» S’il

avait un vœu? Il souhaiterait que l’agriculture tradition-

nelle suisse, qui produit des céréales et du lait, prenne

au sérieux la filière équine comme alternative de pro-

duction et lui accorde la considération nécessaire.

Que fait ce père de deux enfants – un garçon (1995) et

une fille (1997) – hyper-occupé quand il n’est pas au

Haras? Il se voue avec passion à la formation de ses

quatre chiens de troupeaux avec lesquels il participe à

des concours nationaux et internationaux. Par ailleurs, il

détient chez lui à Lugnorre (FR) une jument FM de trois

ans qu’il dresse pour la monte western. Quand il lui reste

un peu de temps, il aime sillonner les montagnes, les skis

de randonnée aux pieds – toujours en compagnie de ses

chiens.

Christine Caron-Wickli, Agroscope

Ruedi von Niederhäusern, responsable du groupe de recherche Elevage et détention de chevaux au Haras national d’Agroscope.

Page 47: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

179

A c t u a l i t é s

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 179–183, 2015

Actualités

A la pointe de la politique agricole Disponible en trois langues (fr, de, it), la newsletter élec-

tronique «Quoi de neuf à l’OFAG?» propose, tous les

deux mois environ, une sélection des informations les

plus pertinentes de l’Office fédéral de l’agriculture.

S'adressant directement aux agriculteurs et aux agricul-

trices, ainsi qu’à tout le secteur agricole, cette newslet-

ter informe de manière rapide, courte et transparente

sur la politique agricole et sur les nouveautés de l’office.

«Quoi de neuf à l’OFAG?» met en avant des actualités

sélectionnées avec soin par les spécialistes de l’OFAG,

telles que des messages du directeur de l’office en exclu-

sivité, des informations pratiques pour les agriculteurs

et des nouvelles sur les évènements à venir. Elle offre

également la possibilité de pouvoir commander rapide-

ment et gratuitement les dernières publications de l’of-

fice.

Intéressé(e)s à recevoir «Quoi de neuf à l’OFAG?»

Abonnez-vous sans tarder sous:

www.blw.admin.ch/newsletter/fr

Nos objectifs– Etre plus proches des agriculteurs et des agricultrices

– Informer de manière rapide, courte et transparentesur la politique agricole et sur nos actualités

– Être à vos côtés, tout simplement

Vos avantages– Des thèmes d’actualité extrêmement variés

– Des informations sélectionnées pour vous parnos spécialistes

– Une vision objective des actualités agricoles

– L’exclusivité de pouvoir commander rapidementnos dernières publications

Notre «petit plus»Chaque collaborateur et chaque collaboratrice de l’OFAGapporte son expertise à notre newsletter. C’est parceque nous mettons toutes nos compétences à votre serviceque notre lettre d’information propose un large éventailde sujets.

Intéressé(e)s ?

Abonnez-vous sans tarder ! Vous recevrez notrepublication tous les deux mois.

www.blw.admin.ch/newsletter/fr

Restez à la pointe de l’actualité agricolegrâce à la newsletter de l’OFAG !

Madame, Monsieur,

Vous recevez aujourd’hui le troisième numéro de la lettre d’information de

l’Office fédéral de l’agriculture: « Quoi de neuf à l’OFAG ? ». Nous vous

en souhaitons bonne lecture.

Sécurité alimentaire et intensification

durable

Assurer la sécurité alimentaire est un défi central pour l’avenir. Mais quel

rôle joue la production agricole en Europe à cet égard? Une étude publiée

récemment fournit des réponses qui peuvent s’appliquer à la Suisse.

» Suite

Paquets d’ordonnances

Train d’ordonnances automne 2014

Le Conseil fédéral devrait décider fin octobre 2014 des nouvelles

dispositions d’ordonnances qui entreront en vigueur le 1er janvier 2015.

Le DEFR et l’OFAG adapteront au même moment leurs ordonnances.

L’audition sur ces ordonnances a duré du 12 mai au 4 juillet 2014. 146

avis ont été exprimés. Le rapport d’audition sera disponible peu après la

décision du Conseil fédéral.

Train d’ordonnances printemps 2015

L’OFAG prépare un train d’ordonnances pour le printemps 2015.

L’audition y relative devrait durer de mi-novembre 2014 à mi-janvier 2015.

La décision du Conseil fédéral sur ce train d’ordonnances devrait tomber

en mai 2015.

Mise en œuvre des premiers projets de

qualité du paysage

Le nouvel instrument suscite un grand intérêt: dès la première année, 25

cantons ont déjà présenté 71 projets qui ont reçu l’approbation de

l‘OFAG. Au plan régional, les conventions d’exploitation sont maintenant

conclues et les mesures de promotion de la diversité paysagère en voie

de réalisation. Les rapports relatifs aux projets approuvés sont publié

s sur

le site Internet de l’OFAG.

» En savoir plus

Mosaïque de forêts, pâturages et prairies de fauche à Obersee Näfels,

GL (Kantonsmarketing Glarus, Samuel Trümpy)

La mauvaise gestion favorise l’apparition

d’adventices résistantes

L’utilisation d’un même herbicide sur une longue période, sans stratégie

de gestion de la résistance adaptée, conduit presque immanquablement à

l’apparition de plantes adventices résistantes à ce produit. Le risque est

plus grand dans les cultures de plantes réputées tolérantes aux

herbicides que dans celles de variétés communes. En effet, avec des

variétés résistantes, il est très tentant de renoncer à la diversification

nécessaire, mais plus compliquée, des méthodes de lutte auxquelles on a

recours. Imputer le problème aux plantes tolérantes aux herbicides, et en

particulier à celles qui sont génétiquement modifiées, est trop facile et de

surcroît injustifié. La résistance aux herbicides est en premier lieu due à

une mauvaise gestion de la part des utilisateurs.

» Suite

Edito

A la pointe de l’actualité

agricole

Chères lectrices, chers lecteurs,

Au lancement de cette lettre

d’information, nous évoquions

notre credo : « plus proche, plus

attractif, plus court et plus

interactif ». Après trois éditions,le

succès est au rendez-vous : nos

articles suscitent des réactions de

votre part, ils sont repris dans la

presse et le nombre d’abonnés ne

cesse d’augmenter. Cet outil

répond à un besoin, il nous

permet de vous informer des

nouveautés de la politique

agricole. Pour que vous soyez à

la pointe de l’actualité.

Répondant au souhait d’un

lecteur, nous vous proposons dès

maintenant un lien sur les offres

d‘emploi proposées par l’OFAG.

Merci de votre fidélité et de vos

remarques. Bonne lecture !

Anne RizzoliPorte-parole

Nouveau dépliant pour les

signes officiels de la

Confédération pour les produits

de montagne et d’alpage !

» Version électronique

» Version imprimée à commander

auprès de [email protected]

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» Pour consulter les offres

d‘emploi proposées par l’OFAG

Succès des négociations sur

les Principes pour un

investissement responsable

dans l’agriculture et les

systèmes alimentaires (rai)

» En savoir plus

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180 Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 179–183, 2015

Actualités

N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s

nées en vigueur depuis 1996 lors de leur numérisation.

Cette harmonisation a été laborieuse, mais a permis

d'avoir un jeu de données comparables à l'échelle natio-

nale. Avec le système national d'information pédolo-

gique NABODAT, l'OFEV met à disposition des cantons

une solution informatique aboutie pour la sauvegarde, la

gestion et l'utilisation des informations numérisées sur

les sols.

Besoin d'agir pour la Confédération et les cantons

Contrairement aux pays voisins comme l'Allemagne ou

l'Autriche, la Suisse n'a pas effectué un inventaire des

sols à l'échelle du pays. Il n'existe à ce jour aucune carte

pédologique pour plus de deux tiers de la surface agri-

cole utile. Des informations fiables sur les sols de l'en-

semble des surfaces agricoles ne sont disponibles que

dans quelques cantons (BL, ZG, ZH). Dans d'autres can-

tons, seules certaines zones ont été cartographiées (par

exemple AG, GE, GL, LU, SG, SH, SO, VS). Des inventaires

supplémentaires sont nécessaires en particulier dans les

régions où l'aménagement du territoire est source de

conflits marqués par rapport à l'utilisation des sols et

pour lesquelles il n'existe pas d'informations suffisantes

sur la qualité des sols. Les cantons sont compétents en la

matière, mais ils ont besoin de soutien notamment pour

permettre plus tard la comparaison des informations sur

les sols à l'échelle nationale. Les cantons ont également

besoin de conditions-cadres cohérentes pour que les

inventaires puissent être réalisés à faibles coûts. Il leur

faut enfin des bases méthodologiques actualisées et un

soutien technique. Agroscope considère donc que des

efforts supplémentaires sont indispensables. Il s'agit par

exemple d'établir des bases de travail homogènes pour

l'exécution et d'encourager la collaboration entre Confé-

dération, cantons et spécialistes externes. A partir des

données issues des inventaires de sols, il est possible

d'élaborer des bases pour l'aménagement du territoire.

L'intégration des informations relatives aux sols permet-

tra de tenir compte de la valeur du sol et de ses diffé-

rentes fonctions dans les futures décisions concernant

l'exploitation et le développement territorial.

Urs Grob, Andreas Ruef, Urs Zihlmann, Leta Klauser et Armin Keller,

Agroscope

La publication est disponible uniquement en allemand et peut être

téléchargée gratuitement dans l’app «Publications Agroscope» (www.

agroscope.ch/apps) ou sur www.agroscope.ch/science

Umwelt Agroscope Science | Nr. 14 / Februar 2015

Agroscope-Bodendatenarchiv Bodendaten aus Bodenkartierungen 1953–1996

Autoren

Urs Grob, Andreas Ruef, Urs Zihlmann,

Leta Klauser, Armin Keller

Les données du sol de quatre décennies

Agroscope Science no 14 / 2015

Les données du sol fiables sont rares en Suisse: les infor-

mations sur la répartition et les propriétés des différents

sols ne sont disponibles que pour un tiers de la surface

agricole utile. Elles constituent une base indispensable

pour pouvoir gérer efficacement les exigences en matière

d’exploitation en assurant la durabilité de la politique des

ressources et la sécurité de l’alimentation.

Avec le soutien des Offices fédéraux du développe-

ment territorial (ARE), de l'environnement (OFEV) et de

l'agriculture (OFAG) ainsi que des cantons, Agroscope a

mis à disposition sous forme numérique des informations

approfondies sur les sols provenant des archives de la

recherche agricole. On estime qu'il aurait coûté plus de

quarante millions de francs s'il avait fallu recréer ces don-

nées à neuf. Ces travaux ont été effectués en collabora-

tion étroite entre Agroscope, les services cantonaux, les

experts externes et la Société suisse de pédologie (SSP).

Comme les profils de sol ont été établis sur plusieurs

décennies, ils ont dû être traduits dans le modèle de don-

Page 49: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

181Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 179–183, 2015

Actualités

Bien réussir la manipulation des bovins: perce-voir, comprendre, communiquer

Nouveau guide technique sur la manipulation

détendue des bovins

L’élevage allaitant et d’autres types d’élevage extensif

destinés à la production de viande de pâturage sont con-

sidérés comme particulièrement respectueux des bovins.

En raison du peu de contact avec les humains, les ani-

maux deviennent souvent craintifs à leur égard. Cela

rend plus difficile l’interaction avec eux, et lorsque celle-

ci devient inévitable, cela engendre du stress, tant chez

l’humain que chez le bovin. Bien comprendre le compor-

tement des bovins et respecter certaines règles de base

peuvent faciliter et détendre l’interaction avec eux.

Deux expertes du FiBL ont donc recueilli dans un

guide pratique des résultats de leurs propres recherches

et des expériences d'autres professionnels au sujet de la

manipulation respectueuse de bovins. Cette publication

transmet les bases des perceptions sensorielles et de

l’apprentissage des bovins domestiques et montre com-

ment les éleveurs d’un cheptel peuvent créer une rela-

tion positive avec leurs bovins.

Auteurs: Johanna Probst, Anet Spengler Neff

Édideurs: FiBL, Bio Suisse, Demeter, MABD, IBLA

1re édition 2014, 24 pages, ISBN 978-3-03736-266-2,

N° de commande FiBL: 1659

La publication peut être commandée auprès du FiBL pour Fr. 9.– ou

peut être téléchargée gratuitement depuis www.shop.fibl.org > Mani-

pulation.

2004 Ausgabe Deutschland

QFICHETECHNIQUE

2014

2004 Ausgabe DeutschlandAusgabe Deutschland

L’élevage allaitant et d’autres types

d’élevage extensif destinés à la pro-

duction de viande de pâturage sont

considérés comme particulière-

ment respectueux des bovins.

En raison du peu de contact

avec les humains, les animaux

deviennent souvent crain-

tifs à leur égard. Cela rend

plus difficile l’interaction

avec eux, et lorsque celle-

ci devient inévitable, cela

engendre du stress, tant

chez l’humain que chez

le bovin.

Bien comprendre le com-

portement des bovins et

respecter certaines règles

de base peuvent faciliter et

détendre l’interaction avec eux.

Cette fiche technique transmet

les bases des perceptions senso-

rielles et de l’apprentissage des

bovins domestiques et montre com-

ment les éleveurs d’un cheptel peuvent

créer une relation positive avec leurs bovins.

Bien réussir la manipulationdes bovins: percevoir,comprendre, communiquer

Page 50: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

182

Actualités

www.agroscope.admin.ch/communiques

C o m m u n i q u é s d e p r e s s e

27.03.2015 Mélanges graminées-trèfles pour une production fourragère efficace et durable en Europe Les mélanges de trèfles et de graminées présentent de

nets avantages par rapport aux monocultures de grami-

nées, et ce dans différentes conditions climatiques.

L’étude publiée dans la revue scientifique Global Change

Biology s’appuie sur des études réalisées sur seize sites

dans neuf pays d’Europe centrale et septentrionale. Elle

montre que les mélanges de trèfles et de graminées

atteignent un rendement en azote supérieur de 55 % par

rapport à celui des monocultures de graminées. Il suffit

d’un tiers de trèfles dans le mélange pour obtenir un tel

résultat.

12.03.2015 La qualité en grandes cultures sous la loupe des experts Agroscope fournit aux agriculteurs des données objec-

tives sur la qualité des récoltes et sur les facteurs qui

l’influencent. Ses recherches proposent des solutions

afin de répondre aux exigences des producteurs et des

transformateurs. Réunis durant deux jours à Morat à

l’occasion des 2e Journées Nationales Grandes Cultures,

des experts de la recherche, de la production, de la

transformation et de la consommation ont dégagé des

pistes d’avenir pour assurer la qualité en grande culture.

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 179–183, 2015

Informations actuelles de la recherche pour leconseil et la pratique:Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois par

année et informe sur les avancées en production

végétale, production animale, économie agraire,

techniques agricoles, denrées alimentaires, environ-

nement et société. Recherche Agronomique Suisse

est également disponible on-line et app sous:

www.rechercheagronomiquesuisse.ch.

Talon réponse à envoyer à:Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux,Tel. +41 58 466 72 21, E-Mail: info@rechercheagronomiquesuisse.chwww.rechercheagronomiquesuisse.ch

Recherche Agronomique Suisse est une publica-

tion d’Agroscope et de ses partenaires: l’Office fédéral

de l’agriculture OFAG, la Haute école des sciences

agronomiques, forestières et alimentairesHAFL,AGRI-

DEA Lausanne & Lindau, l’Ecole polytechnique fédé-

rale de Zurich ETH Zürich, Département des Sciences

des Systèmes de l’Environnement et l’institut de re-

cherche de l’agriculture biologique FiBL. Elle paraît en

allemand et enfrançais et s’adresse aux scientifiques,

spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseig-

nants, organisations de conseil et de vulgarisation, of-

fices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et

autres personnes intéressées.

RECHERCHEAGRONOMIQUESUISSEO c t o b r e 2 0 1 4 | N u m é r o 1 0

Ag

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Züri

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FiB

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EnvironnementDiversité des papillons diurnes et des zygènes dans les herbages de basse montagne Page 392

Production végétale Sélection de variétés de pommes tolérantes au feu bactérien Page 414

EclairageLes bactéries de la rhizosphère freinent la croissance de l'agent du mildiou Page 430

RECHERCHEAGRONOMIQUESUISSE

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EnvironnementDiversité des papillons diurnes et des zygènes dans les herbages de basse montagne

Production végétale Sélection de variétés de pommes tolérantes au feu bactérien

EclairageLes bactéries de la rhizosphère freinent la

RECHERCHEAGRONOMIQUESUISSE

F é v r i e r 2 0 1 5 | N u m é r o 2

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Production végétale Utilisation des produits phytosanitaires en Suisse de 2009 à 2012 Page 48

Production animale Production de foin et de haylage de deux mélanges avec graminées Page 64

Eclairage Bases génétiques de l’absence de cornes chez les bovins Page 72Commandez un numéro gratuit!

RECHERCHEAGRONOMIQUESUISSE

Nom/Société

Prénom

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Code postal /Ville

Profession

E-Mail

Date

Signature

Page 51: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

183

Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen

Actualités

M a n i f e s t a t i o n s

Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations

L i e n s i n t e r n e t

Avril 2015

16.04.201510e Réunion annuelle du Réseau de recherche équine en SuisseHaras national suisse HNSAvenches

Mai 2015

13.05.2015Gesunde und leistungsfähige Nutztiere: Futter an Genotyp oder Genotyp an Futter anpassen?Fachtagung ETH Zürich, Vetsuisse Zürich und Bern, Agroscope INTETH-Zentrum

31.05.2015Breitenhof-Tagung 2015Treffpunkt der SteinobstbrancheAgroscope Steinobstzentrum Breitenhof, Wintersingen

Juin 2015

14. – 17.06.201554. IALB-Tagung ( Internationale Akademie land- und  hauswirtschaftlicher Beraterinnen und Berater)3. EUFRAS-KonferenzEffizienz in der Land- und ErnährungswirtschaftAgrideaSolothurnInformations: http://url.agridea.ch/IALB2015

25.06.2015Agroscope: 125 Jahre Forschung in WädenswilAgroscope Wädenswil

V o r s c h a u

Mai 2015 / Numéro 5

Dans les régions de montagne suisses, la biodiversité repré-sente une ressource importante à divers points de vue. Les chercheurs et chercheuses de l’ETHZ et du FiBL ont interrogé des exploitants de montagne au sujet des deux approches mises en place par la Confédé-ration pour promouvoir la bio-diversité: l’approche axée sur les mesures et l’approche axée sur les résultats. (Photo: Gabriela Brändle, Agroscope)

D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o

•• Approche axée sur les résultats pour l’encouragement

de la biodiversité: acceptation en région de montagne,

Sophia Rudin et al., ETH Zürich et FiBL

•• Quelle est l’influence du taux de change sur les

exportations agroalimentaires suisses?,

Andreas Kohler et Ali Ferjani, Agroscope

•• Classes ou labels? Prix et qualité de la viande bovine,

Stefan Mann et Daniel Erdin, Agroscope et Union

suisse des paysans

•• Ramularia collo-cygni, un nouveau champignon

pathogène de l’orge, Peter Frei et Katia Gindro,

Agroscope

•• Du laboratoire à la pratique: congrès international

sur la reproduction de l’être humain et de l’animal,

David Kradolfer et al., ETH Zurich et Faculté Vetsuisse

Zurich

•• Sécurité microbiologique et chimique des aliments,

Marc Mühlemann, Agroscope

•• Liste recommandée des variétés de colza d’automne

pour la récolte 2016, Agroscope

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 179–183, 2015

Pyramide alimentaire personnalisée online

www.mapyramide.ch

«Ma pyramide» est un nouvel outil online, qui permet

à chacun de composer sa propre pyramide alimentaire

selon ses préférences, en vue d’une alimentation variée et

équilibrée. Plaisir et diversité sont au cœur de cette offre,

disponible gratuitement sous www.mapyramide.ch, pro-

posée par la Société suisse de nutrition (SSN) et l’Office

fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétéri-

naires (OSAV).

Page 52: Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

Mittwoch, 13. Mai 2015

Gesunde und leistungsfähige Nutztiere:Futter an Genotyp oder Genotyp an Futter anpassen ?

Themen:

• WasdefiniertkünftigeSchweizerNutztiersysteme?• BrauchtesneueBedarfsnormenfürmoderneGenotypen?• ZieleinderSchweizerMilchviehzucht• HighlightsausderForschung

Ort:

Zürich, ETH Zentrum, Hauptgebäude, Rämistrasse 101Auditorium Maximum (HG F 30)

Anmeldung:

Bis spätestens Dienstag, 28. April 2015, an folgende Adresse:

ETH ZürichInstitut für AgrarwissenschaftenSekretariat / LFW B 58.18092 ZürichSchweiz

E-Mail: [email protected]

Universität ZürichUZH

Internationale Akademie land- und hauswirtschaftlicher Beraterinnen und BeraterIALB

54. IALB-Tagung 3. EUFRAS Meeting 14. – 17. Juni 2015 in Solothurn, Schweiz

Effizienz in der Land- und ErnährungswirtschaftSein und Schein in Betrieb und Beratung

Reichhaltiges Programm zur AuswahlPlenumsveranstaltungen u. a. mit Bernard Lehmann zum Thema «Die Schweizer Landwirtschaft – ein Überblick» und «Die Schweizer Landwirtschaft – im Lichte der Effizienz»

Fach- bzw. Projektforen und Workshops u. a. zu den Themen: Arbeitseffizienz – Arbeitsorganisation Ressourceneffizienz Handlungsorientiertes Lernen Effizienz und Effektivität im Alltag der Beratung

Ein Open Space behandelt das Thema «Effizienz und Effek-tivität – das Spannungsfeld zwischen Wunsch und Realität im Berufsalltag und wie wir damit umgehen können».

Acht spannende Fachexkursionen ermöglichen einen Einblick in die Praxis und den Austausch mit Landwirtinnen und Landwirten vor Ort.

Detailprogramm und Anmeldunghttp://url.agridea.ch/de/IALB2015

AuskunftRoland Künzler, Tel. +41 (0) 52 354 97 87, [email protected] Schoop, Tel. +41 (0) 52 354 97 43, [email protected]

Anmeldeschluss15. Mai 2015

TagungsortTagungslokal Landhaus, Landhausquai 4, Solothurn