recherche agronomique suisse, numéro 4, avril 2015
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Production animale Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval Page 136
Production végétale Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures Page 160
Eclairage Conflits d’objectifs entre promotion de la biodiversité et protection phytosanitaire Page 174
SommaireAvril 2015 | Numéro 4
Le franches-montagnes est la seule race de chevaux d’origine suisse encore existante. Elle doit lutter contre une baisse de sa population et du nombre de naissances, ainsi que contre un manque de rentabilité au niveau de la production. Dans le cadre de l’élaboration d’un rapport de stratégie pour le maintien du franches-montagnes, le Haras national suisse d’Agroscope a enquêté sur la conformité de cette race de chevaux à la demande du marché. (Photo: Martin Rindlisbacher)
ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
EditeurAgroscope
Partenairesb Agroscope (Institut des sciences en production végétale IPV;
Institut des sciences en production animale IPA; Institut des sciences en denrées alimentaires IDA; Institut des sciences en durabilité agronomique IDU), www.agroscope.ch
b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.ofag.chb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.chb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.chb Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,
Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.chb Institut de recherche de l'agriculture biologique FiBL, www.fibl.org
Rédaction Direction et rédaction germanophoneAndrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 58 466 72 21, fax +41 58 466 73 00
Rédaction francophoneSibylle Willi, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, case postale 1012, 1260 Nyon 1, tél. +41 58 460 41 57
SuppléanceJudith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, case postale 1012, 1260 Nyon 1, tél. +41 58 460 41 82
e-mail: [email protected]
Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Responsable Corporate Communication Agroscope), Evelyne Fasnacht, Erika Meili et Sibylle Willi (Agroscope), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich), Thomas Alföldi (FiBL).
AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne/App: CHF 61.–*
* Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch
AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Agroscope, case postale 64, 1725 Posieux e-mail: [email protected], fax +41 26 407 73 00
Changement d'adressee-mail: [email protected], fax +41 31 325 50 58
Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch
ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse
© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS
135 Editorial
Production animale
136 Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval Ruedi von Niederhäusern et al.
Production animale
144 Digestibilité et dégradabilité d’ensilages protéagineux-céréales immatures Yves Arrigo, Silvain Henneberger et Ueli Wyss
Production animale
152 Qualité des ensilages plantes entières de triticale, d’avoine et de pois fourragers
Ueli Wyss et Yves Arrigo
Production végétale
160 Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures
Bernhard Speiser, Esther Mieves et Lucius
Tamm
Production végétale
166 Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur
Emilie Carrera et al.
Eclairage
174 Conflits d’objectifs entre promotion de la biodiversité et protection phytosanitaire
Karin Ruchti et Christoph Studer
178 Portrait
179 Actualités
183 Manifestations
Editorial
135
Dr Stefan Rieder,Responsable de division de recherche Agroscope, Haras national suisse HNS, Avenches
Le réseau de recherche équine en Suisse fête ses dix ans d’existence
Chère lectrice, cher lecteur,
En avril 2005, invitées par la direction du Haras national suisse, quelque 40 per-
sonnalités de la filière suisse du cheval se réunissaient à Avenches en vue d’un
échange. Cette rencontre avait pour objectif de présenter l’ensemble des compé-
tences, activités, projets et besoins de la filière équine suisse dans le but d’amélio-
rer sa mise en réseau et de renforcer le transfert de connaissances de la recherche
à la pratique. L’idée d’un réseau de recherche équine en Suisse était née.
Depuis 2006, des représentant-e-s de la recherche, de l’industrie, de l’éle-
vage chevalin, des détenteurs et des utilisateurs de chevaux de même que
d’autres milieux concernés se retrouvent une fois par an, en avril, au Théâtre du
Château d’Avenches. A ce jour, étudiants, doctorants, «postdocs» et scienti-
fiques confirmé-e-s ont présenté pas moins de 127 conférences et 234 posters. Il
s’agit généralement de travaux réalisés au sein d’une institution suisse. En outre,
des hôtes suisses et étrangers ont présenté au total 31 conférences sur des
thèmes de société actuels en lien avec le cheval.
Grâce au soutien généreux de nombreux sponsors, des prix ont pu être remis
chaque année pour récompenser les contributions les meilleures et les plus ori-
ginales, afin de motiver les jeunes chercheurs-euses et donc de promouvoir
l’innovation au sein de la branche équine. Un grand nombre de ces travaux ont
ensuite été présentés dans des congrès à l’étranger et ont eu un impact au-delà
de nos frontières.
Quel enseignement tirer de ces dix années d’existence? Nous constatons
qu’environ la moitié des contributions a porté sur des thèmes médicaux, un quart
sur l’élevage et la génétique (y compris la reproduction), et un autre quart sur la
détention des chevaux - avec des travaux dans les domaines des sciences compor-
tementales, de l’alimentation, mais aussi des constructions et de l’économie.
Quelques contributions revêtaient en outre une dimension plus culturelle, abor-
dant le cheval dans l’archéologie, l’histoire, les arts ou le droit.
Il ne fait aucun doute que la réunion annuelle du réseau de recherche
équine a rapproché tous les acteurs de la filière équine suisse, en particulier
ceux des hautes écoles et des instituts de recherche. Des projets ont été lancés,
les professionnels, jeunes et moins jeunes, ont pu échanger et confronter leurs
idées sur de nombreux thèmes. Comparé à 2005, nous possédons aujourd’hui
des chiffres beaucoup plus précis sur les diverses tendances et l’importance
socio-économique du cheval dans notre pays.
Toutes ces connaissances serviront à relever les défis du futur. La croissance
continuelle de la population de chevaux dans notre pays renferme un potentiel
de conflits. Nos réserves en sol sont limitées, la protection du paysage et une
exploitation durable de nos ressources sont des priorités politiques. Or, la filière
équine fait partie de la branche des loisirs et génère environ un demi-milliard de
francs de recettes en faveur de notre agriculture. Dans quelle mesure va-t-elle se
développer de façon durable au cours des prochaines années? Seul le futur nous
le dira! Quoi qu’il en soit, le réseau de recherche équine offre à la filière suisse du
cheval une plateforme en mesure de lui donner des impulsions.
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 135, 2015
136 Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 136–143, 2015
dat de prestations 2014 - 2017, d’établir une stratégie en
collaboration avec les acteurs de la branche concernés.
La question de la conformité aux exigences du marché
suisse a donc été au centre des travaux réalisés en 2014.
Problématique
Le monde du cheval en Suisse a vu ces dernières décen-
nies un développement et une popularisation impor-
tante et quantifiable (Poncet et al. 2007 et 2009; Schmi-
dlin et al. 2013). La population des équidés (chevaux,
poneys et petits chevaux, ânes, mulets et bardots) a aug-
menté de près de 40 % depuis 1983. Fin 2013, environ
104’000 équidés de plus de 150 races différentes vivaient
en Suisse. Une majorité des équidés en Suisse sont des
demi-sang (41 %). Près d’un quart sont des poneys (24 %).
Avec près d’un cinquième, soit approximativement
20’000 animaux (19 %), le franches-montagnes est la
race la plus représentée au sein de la population d’équi-
dés en Suisse (Schmidlin et al. 2015).
I n t r o d u c t i o n
Mandat
Le franches-montagnes est la seule race de chevaux
d’origine suisse encore existante. A la suite de la Confé-
rence sur la protection de l’environnement de Rio de
Janeiro en 1992 et la ratification, en 1994, de la Conven-
tion sur la diversité biologique (CBD), la Suisse est tenue
de contribuer au maintien et à l’utilisation durable des
ressources génétiques tant végétales qu’animales (OFAG
1998).
Le Haras national suisse (HNS) est le centre de com-
pétences de la Confédération pour les équidés au sein
d’Agroscope. Les projets pour le maintien de la diversité
génétique et pour l’amélioration de la commercialisa-
tion de l’élevage franches-montagnes y sont hautement
valorisés. Pour soutenir et promouvoir le développe-
ment durable de la race franches-montagnes, Agroscope
a été chargée par le Conseil fédéral, au travers du man-
Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du chevalRuedi von Niederhäusern1, Lea Schmidlin1, Ariane Sotoudeh1, Markus Neuditschko1 et Salome Wägeli2
1Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, Haras national suisse,1580 Avenches, Suisse2Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL), 3052 Zollikofen, Suisse
Renseignements: Ruedi von Niederhäusern, e-mail: [email protected]
P r o d u c t i o n a n i m a l e
Marché du cheval en Suisse – Quo vadis FM? (Photo: Martin Rindlisbacher)
Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval | Production animale
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Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 136–143, 2015
Comme beaucoup d’autres races locales
d’origine européenne, le franches-montagnes
doit lutter contre une baisse de sa population
et du nombre de naissances ainsi que contre
une production insuffisamment rentable. Dans
le cadre de l’élaboration d’un rapport de
stratégie pour le maintien du franches-
montagnes, le Haras national suisse HNS
d’Agroscope a enquêté sur la conformité du
cheval franches-montagnes (FM) par rapport
aux attentes du marché. Pour cela, un sondage
a été effectué auprès de propriétaires de
chevaux et des entretiens ont été menés avec
des experts de la filière du cheval. Les résultats
permettent de conclure que pour une majorité
de propriétaires ayant participé au sondage, les
caractéristiques déterminantes lors de l’achat
d’un cheval se recoupent avec l’appréciation
des qualités et la perception générale du
franches-montagnes. Ainsi, le FM possède des
qualités qui sont en principe requises sur le
marché des chevaux de loisirs. Les qualités
suivantes ont été relevées: le bon caractère, la
polyvalence, la bonne santé, la robustesse ainsi
que la bonne valorisation du fourrage. L’image
de marque FM est en revanche moins positive-
ment connotée chez les non-propriétaires que
chez les propriétaires de FM. Les résultats du
sondage et des entretiens d’experts
démontrent qu’il est nécessaire d’améliorer les
stratégies de commercialisation et l’image du
FM si l’on veut augmenter les ventes de
chevaux franches-montagnes et, par ce biais,
promouvoir à long terme l’accroissement du
nombre de naissances.
La population d’équidés en Suisse varie constamment:
des nouveaux chevaux, poneys ou ânes arrivent réguliè-
rement sur le marché. Cependant, un certain nombre
d’animaux quitte aussi le marché à la suite de l’exporta-
tion ou de la mort de l’animal. Le renouvellement annuel
nécessaire est estimé à 6000 équidés utilisables (âge ≥ 3
ans), dont un tiers est couvert par l’élevage suisse et
deux tiers par des importations. Ces dernières ont connu
une croissance constante malgré le contingent d’impor-
tation, alors que le nombre de naissances a fortement
baissé. Actuellement, les franches-montagnes perdent
annuellement une légère proportion de leurs parts de
marché, soit 4 % en 2013 par rapport à la population
équine totale et 2,7 % au sein de la race. A l’opposé, les
poneys gagnent en parts de marché, environ 0,5 % en
moyenne (2003 – 2013) par rapport à la population
équine totale et 7 % au sein de la race (Schmidlin et al.
2015).
M a t é r i e l e t m é t h o d e
Pour pouvoir tirer des conclusions sur l’adéquation du
franches-montagnes au marché, le groupe de travail a
lancé, au début de l’été 2014, une enquête auprès des
propriétaires suisses d’équidés. Le questionnaire standard
a été envoyé par la société Identitas AG, gestionnaire de
la banque de données sur le trafic des animaux Agate.
L’enquête a permis de réunir des informations sociodé-
mographiques de base, mais aussi de répondre aux ques-
tions suivantes:
•• Utilisation: comment les équidés sont-ils utilisés en
Suisse et en quoi l’utilisation du franches-montagnes
diffère-t-elle du reste de la population?
•• Image du FM: comment le cheval franches-montagnes
est-il perçu?
•• Comportement des consommateurs: quels sont les
critères les plus importants pour l’achat d’un cheval,
où les chevaux sont-ils achetés, quelles sont les
catégories d’âge et les niveaux de formation recher-
chés, quel est le prix payé?
•• Sources d’information: par quels canaux l’acheteur
s’informe-t-il avant d’acheter un cheval?
En complément à l’enquête, neuf experts en étroite col-
laboration avec la filière équine suisse ont été interrogés
dans le cadre d’entretiens structurés.
Les données de l’enquête ont été évaluées en plusieurs
étapes. L’échantillon a été divisé en cinq groupes. Cette
répartition a permis d’analyser les différences et les
points communs entre éleveurs, utilisateurs et proprié-
taires de franches-montagnes et propriétaires d’autres
races de chevaux:
•• Elevage FM: éleveurs de chevaux de la race franches-
montagnes
•• Purs FM: propriétaires d’équidés chez qui le pourcentage
de chevaux franches-montagnes est d’au moins 75 %
•• Mixtes FM: propriétaires d’équidés chez qui le
pourcentage de chevaux franches-montagnes est d’au
moins 50 %
•• Mixtes poneys: propriétaires d’équidés chez qui le
pourcentage de poneys est d’au moins 50 %
•• Aucun FM: propriétaires d’équidés qui ne possèdent
aucun franches-montagnes.
Les analyses descriptives (tableaux et graphiques) ainsi
que les calculs de corrélations ont été conduits avec les
logiciels R 2.15.2 et Microsoft EXCEL 2010.
Production animale | Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval
138
R é s u l t a t s
Utilisation
L’analyse des différents groupes a montré que les proprié-
taires qui ne possèdent pas de franches-montagnes sont
davantage intéressés par la participation aux manifesta-
tions de sports équestres. En général, on constate une
nette orientation vers l’utilisation de chevaux de loisirs,
quel que soit le groupe. Ces résultats se recoupent avec
toutes les autres données disponibles en Suisse et dans les
pays voisins (Schmidlin et al. 2013; Corpataux et al. 2014).
Interrogés sur leur niveau de formation professionnelle
le plus élevé, les trois groupes de personnes possédant
des FM présentent une structure relativement homo-
gène. Environ 50 % des personnes interrogées sont titu-
laires d’un certificat fédéral de capacité (CFC) et environ
un tiers dispose d’une formation supérieure. Seul le
groupe des utilisateurs «Aucun FM» présente un pour-
centage nettement plus élevé de diplômés (38 %), mais
un pourcentage plus faible de personnes titulaires d’un
CFC (39 %).
Résultats de l’utilisation
Comme le montre la matrice de corrélation ci-dessous
(fig. 1), les poneys sont utilisés de manière très semblable
aux chevaux franches-montagnes (r= 0,98). Le mode
d’utilisation qui correspond le moins (0,13; 0,22) à celui
des franches-montagnes est celui des Quarter Horse et
des chevaux islandais. La comparaison de quatre races
de chevaux quant à leur utilisation dans les différentes
disciplines montre que le franches-montagnes est utilisé
à environ 36 % exclusivement pour des activités de loisirs
et dans les disciplines suivantes: attelage (~18 %), dres-
sage et gymkhana (~13 % chacun), saut d’obstacles
(~8 %) et équitation western (~6 %). Dans l’ensemble, les
franches-montagnes sont utilisés de manière très variée,
mais en général les propriétaires les utilisent dans une à
deux disciplines au maximum.
Une étude de la Haute école des sciences agrono-
miques, forestières et alimentaires HAFL (Musard 2011)
a donné des résultats semblables en ce qui concerne
l’utilisation des franches-montagnes.
Critères déterminants lors de l’achat d’un cheval
Les caractéristiques du cheval les plus déterminantes lors
de l’achat ont été évaluées de manière homogène dans
tous les groupes. La santé du cheval et la qualité de la
corne des sabots sont les principaux critères qui pré-
valent lors de l’achat, suivis du caractère coopératif de
l’animal et de sa docilité. L’aptitude aux concours n’a été
jugée importante par aucun des groupes, ce qui s’ex-
plique par l’orientation des personnes interrogées vers
l’équitation de loisirs exclusivement ou avec une partici-
pation minime à des compétitions sportives. La couleur
de la robe a également été classée comme un critère
sans importance lors de l’achat. Seuls les éleveurs de
franches-montagnes ont considéré l’aptitude à l’atte-
lage comme relativement importante. Lors des inter-
views, les neuf experts interrogés ont quant à eux souli-
gné l’importance d’une bonne formation de base des
chevaux (fig. 2).
Encadré | Statistiques de référence de
l’enquête:
Nombre de personnes sondées:
10 050 propriétaires suisses d’équidés
(6769 germanophones, 3281 francophones)
Nombre de réponses:
2625, pourcentage de répondant 26,1 %, 76 %
de femmes (âge Ø 40,3 ans), 24 % d’hommes
(âge Ø 50,6 ans)
Le présent échantillon affiche une structure
démographique très proche de celle de
l’ensemble des propriétaires d’équidés enre-
gistrés en Suisse (cf. Schmidlin et al. 2015).
Figure 1 | Matrice relationnelle «Utilisation»1.1DS-CH = Chevaux demi-sang suisses, y compris autres chevaux demi-sang; FM = franches-montagnes; ASF = cheval à sang froid; PS = Pur-sang; QH = Quarter Horse; IL= Islandais; PY = Poney.
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 136–143, 2015
DS-CH
0,48 FM
0,22 0,95 ASF
0,80 0,80 0,68 PS
0,54 0,13 0,39 0,14 QH
0,26 0,22 0,19 0,14 0,46 IL
0,52 0,98 0,93 0,86 0,072 0,12 PY
0,55 0,93 0,89 0,93 0,14 0,15 0,96 Autres
Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval | Production animale
139
Perception du franches-montagnes
En ce qui concerne la perception du franches-montagnes,
la bonne santé, la bonne qualité des sabots, le caractère
coopératif et la docilité ont été considérés comme tout à
fait positifs. Par conséquent, le franches-montagnes pos-
sède précisément les qualités qui semblent très impor-
tantes pour les propriétaires d’équidés lors de l’achat
d’un cheval. La race a cependant été jugée de manière
légèrement plus négative par ceux qui ne possédaient
pas de franches-montagnes que par ceux qui en possé-
daient déjà (fig. 4).
A la question de savoir pourquoi ils avaient choisi
cette race de chevaux, les propriétaires de franches-
montagnes ont répondu en citant les caractéristiques
suivantes par ordre de priorité: le caractère (42 % des
réponses), la polyvalence (17 %) et la robustesse/santé/
bonne valorisation du fourrage (16 %).
Analyse de l’image
Parmi les participants à l’enquête propriétaires d’un
franches-montagnes, l’image de la race a été classée
comme très bonne par environ la moitié des personnes
(Image ≤ 2). Chez les personnes qui ne possèdent pas de
franches-montagnes en revanche, ce pourcentage est
de l’ordre de 15 %. Les valeurs > 4 ont été relevées prin-
cipalement dans les catégories de propriétaires sans
franches-montagnes. Par conséquent, l’image du FM est
Ces résultats se recoupent largement avec ceux d’une
étude sociologique réalisée en 2012 (Flierl 2012).
Parmi les autres aspects importants qui interviennent
dans la décision d’achat, la confiance dans le vendeur est
prépondérante; toutes les personnes interrogées s’ac-
cordent à dire qu’elle est un critère essentiel. Le coup de
foudre semble également jouer un grand rôle dans
l’achat d’un cheval, quel que soit le groupe considéré. La
présence d’une attestation de performances et le justifi-
catif de bons résultats d’élevage n’ont été jugés impor-
tants que par les éleveurs de franches-montagnes. L’ori-
gine suisse joue un plus grand rôle pour les éleveurs et
utilisateurs de franches-montagnes que pour les pro-
priétaires d’autres races. Un prix bas est un critère qui
n’est jugé important par aucun des groupes (fig. 3).
Les experts consultés se sont exprimés de la façon
suivante quant aux aspects cruciaux pour la vente d’un
cheval: le cheval à vendre doit être tout de suite utili-
sable et posséder un excellent caractère. Les attributs
sportifs sont moins demandés. L’attitude du vendeur
ainsi que le lieu de la vente sont très importants: honnê-
teté, empathie et propreté participent grandement à ce
que l’acheteur se sente entre de bonnes mains. La prise
en charge du client avant et après la vente du cheval est
également très importante. Le site Internet devrait tou-
jours être à jour et le vendeur toujours rester disponible
pour offrir ses conseils à l’acheteur.
Figure 2 | Evaluation des propriétés du cheval à l’achat.
Figure 3 | Evaluation des autres aspects importants dans l’achat d’un cheval.
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 136–143, 2015
Bonne aptitude à l'attelage
Animal convenant également aux débutants
Aptitude à plusieurs disciplines
Bons sabots (qualité de la corne)
Bonne santé
Aptitude aux concours
Bonne formation de base
Tête expressive
Morphologie correcte
Belle robe
Allant bien de l'avant
Bonnes allures
Docilité
Caractère coopératif
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Aucun−FM Mixtes−PY Mixtes−FM
Purs−FM Elevage−FM Expert−FM
Origine suisse
Conditions de garde
Santé de la race
Prix bas
Confiance dansle vendeur/deuse
Coup de foudre
Bonnes valeurs d'élevage
Attestation de performances
Très
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Impo
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Aucun−FM Mixtes−PY Mixtes−FM
Purs−FM Elevage−FM Experts−FM
Production animale | Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval
140
évaluée de manière plus critique à l’extérieur que dans
le milieu FM (fig. 5). Cette tendance se retrouve égale-
ment dans les réponses sur les qualités du franches-
montagnes (fig. 4).
Les efforts de la FSFM, du HNS et des éleveurs en vue
de promouvoir l’image sur le marché ainsi que les ventes
des franches-montagnes ont été évalués globalement
de manière très positive par les différents groupes d’uti-
lisateurs. Fait marquant, seuls les éleveurs de franches-
montagnes ont une position légèrement plus critique
par rapport aux organisations affiliées, FSFM et HNS,
que les autres personnes sondées.
Lieu de vente du cheval
Concernant les priorités en termes de lieu de vente du
cheval, la vente chez l’éleveur est arrivée en tête de clas-
sement dans tous les groupes, suivie de la vente chez
une personne privée. Les foires ou les centres équestres
sont moins demandés par les partenaires commerciaux.
Classes d’âge et niveaux de formation recherchés
Près de la moitié des utilisateurs ont indiqué qu’ils cher-
chaient un poulain ou un cheval de trois ans débourré
ou non. Dans le groupe «Purs FM», le pourcentage était
de 60 %, soit davantage que dans le groupe «Aucun FM»
avec 40 % (fig. 6). La maturité précoce des franches-mon-
tagnes, leur caractère réputé docile et le système d’éva-
luation à l’aide du test en terrain pour les chevaux FM de
trois ans portent leurs fruits et peuvent être considérés
comme propices aux ventes.
Actuellement, la demande en chevaux formés ne peut
pas être couverte par le marché intérieur, c’est pourquoi
la majorité de ces chevaux sont importés.Selon les experts, il y a aujourd’hui divergence entre
l’offre et la demande sur le marché. Tandis que de nom-
breux éleveurs sont contraints par leurs structures
(manque d’infrastructure et de compétences pour la
poursuite de l’élevage) de proposer leurs chevaux à l’âge
de six mois, le consommateur final recherche en général
un cheval formé, directement utilisable. Aussi l’offre de
poulains est-elle excédentaire, les prix en baisse et le taux
d’animaux abattus relativement élevé (environ 45 %).
Propension des clients à payer
Comme le montre la figure 7, les propriétaires de chevaux
qui n’ont aucun franches-montagnes (Aucun FM) sont
prêts à payer un prix plus élevé. Les chevaux ayant l’expé-
rience des concours sont généralement vendus à un prix
plus élevé, quel que soit le groupe. Néanmoins, les prix de
vente indiqués se situent à un niveau très bas. Les groupes
«Elevage FM» et «Purs FM» notamment ne sont pas prêts
à payer un supplément pour les chevaux plus âgés et for-
més. Dans le groupe «Purs FM», les prix de vente indiqués
pour les chevaux de quatre à six ans sans expérience des
concours ainsi que pour les chevaux de six ans et plus (avec
ou sans expérience des concours) sont même plus bas que
les prix de vente des chevaux de trois ans débourrés.
L’étude de Flierl (2012) confirme ces résultats: la
majeure partie des chevaux qui ont été achetés par des
cavaliers amateurs coûtaient entre 5000 et 10 000 francs.
Figure 4 | Appréciation du franches-montagnes.
Figure 5 | Analyse de l’image du franches-montagnes2.
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 136–143, 2015
Entiè
rem
ent e
xact
Exac
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Plut
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Mixtes−PY Mixtes−FMAucun−FM
Purs−FM Elevage−FM
Caractère coopératif
Docilité
Bonnes allures
Allant bien de l'avant
Belle robe
Morphologie correcte
Tête expressive
Bonne formation de base
Aptitude aux concours
Bonne santé
Bons sabots (qualité de la corne)
Aptitude à plusieurs disciplines
Animal convenant également aux débutants
Bonne aptitude à l'attelage
Aucun−FM(1409)
Mixtes−PY(187)
Mixtes−FM(330)
Purs−FM(342)
Elevage−FM(283)
Nom
bre
de p
ropr
iéta
ires
de c
heva
ux e
n %
0
2
0
4
0
6
0
8
0
10
0Image <=2.0 2.0< Image <=3 3.0< Image <=4 Image >4
2Image ≤ 2: très bonne; 2.0 < Image ≤ 3.0: bonne; 3.0 < Image ≤ 4.0: mauvaise; Image > 4.0: très mauvaise
Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval | Production animale
141
chevaux ont été exportés (AFD 2013). Cependant, les
conditions douanières ainsi que le taux de change peu
favorable entravent la vente à l’étranger sur le long
terme ( Schmidlin et al. 2015).
Sources d’information privilégiées
Selon l’enquête, les propriétaires de chevaux qui sou-
haitent acheter un cheval s’informent essentiellement
dans leur environnement direct et par Internet. En
second lieu, ils consultent les petites annonces, des pro-
Les cavaliers de concours ont généralement acheté leurs
chevaux dans une fourchette de prix allant de 10 000 à
20 000 francs (Flierl 2012). Selon Flierl (2012), le prix de
vente n’est pas un critère déterminant lors de l’achat. Par
ailleurs, il n’existe pas non plus de relation significative
entre le budget consacré à l’achat d’un cheval et sa race.
85 % des personnes sondées déclarent pouvoir s’offrir
des chevaux aisément à très aisément.
Le prix d’un cheval est défini uniquement par la pro-
pension à payer du client. Il n’y a que peu de données
chiffrées officielles sur les prix de vente des chevaux. Les
listes de ventes des fédérations d’élevage estiment le
prix moyen d’un cheval franches-montagnes adulte et
formé à 7000 francs (2013, n=76 chevaux, canton du
Jura). Cet échantillon se base sur des chevaux bien for-
més et commercialisés avec un soutien professionnel
conforme à une stratégie de qualité. Beaucoup d’éle-
veurs s’orientent vers une stratégie de prix avec un faible
investissement en temps et en moyens financiers ainsi
qu’un effort de commercialisation modeste qui mène à
des prix de vente entre 4500 et 6500 francs pour des che-
vaux adultes et formés. Par contre, les coûts de produc-
tion (prix intégral) d’un cheval FM de trois ans formé au
niveau du test en terrain se situent entre 10 000 (Musard
2011) et 14 000 francs (SNG 2012; Schmidlin et al. 2015). En France, les prix de vente des chevaux de loisir se
situent entre 1800 et 3000 euros ou 1700 euros pour des
poneys. Les races étrangères comme le cheval lusitanien,
le PRE, le frison, l’appaloosa, le Paint ou le Quarter Horse
se vendent à des prix légèrement plus élevés, en moyenne
5000 euros (IFCE 2013).
Malgré les prix élevés, on observe une demande pour les
chevaux franches-montagnes à l’étranger. En 2013, 325
Figure 6 | Classes d’âges et niveaux de formation souhaités par les clients3.
Figure 7 | Prix d’achat des chevaux selon la catégorie d’âge et le niveau de formation.
3Vert: pas débourré; sC: sans expérience de concours; aC: avec expérience de concours.
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 136–143, 2015
31%19%
20%6% 7%
6%6%
5%
Elevage−FM
12%
17%26%
5%
15% 5%15%
5%
Utilisateurs Purs−FM
9%
21%19%
8%
14%6%
15%
8%
Utilisateurs Mixtes−FM
7%
18%13%12%
16%
11% 16%
7%
Utilisateurs Aucun−FM Cheval, 4-6 ans (sC)
Jeune cheval, 3 ans (brut)
Jeune cheval, 3 ans (débourré)
Cheval, 4-6 ans (aC)
Autres
Cheval de plus de 6 ans (sC)
Cheval de plus de 6 ans (aC)
Poulains
(283) (342)
(350) (1576)
Prix d’achat
Prix
en
CHF
1000
5000
1000
015
000
2000
0Po
ulains
Jeun
e che
val, 3
ans m
axim
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rut)
Jeun
e che
val, 3
ans m
axim
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Chev
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vec e
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des
conc
ours
Chev
al, 4
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des
conc
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Chev
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vec e
xpér
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Chev
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Aucun−FM Mixtes−PY Mixtes−FM Purs−FM Elevage−FM
142
Production animale | Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval
fessionnels et les fédérations d’élevage. Les éleveurs de
FM sont les seuls pour lesquels les présentations-ventes
jouent un plus grand rôle (fig. 8).
C o n c l u s i o n s
Pour la majorité des propriétaires ayant participé au son-
dage, les caractéristiques déterminantes lors de l’achat
d’un cheval se recoupent avec l’appréciation des qualités
et la perception générale du franches-montagnes. Ainsi,
le FM possède des qualités qui sont en principe deman-
dées sur le marché des chevaux de loisirs. Les qualités
suivantes ont été relevées: le bon caractère, la polyva-
lence, la bonne santé, la robustesse ainsi que la bonne
valorisation du fourrage. Ces caractéristiques seraient
liées à une haute longévité et à des faibles coûts de
détention. Le groupe de référence des poneys montre
un profil d’utilisation quasi identique à celui du franches-
montagnes et s’avère ainsi être le concurrent direct du
franches-montagnes, surtout du fait de leur population
croissante. L’image du franches-montagnes au sein de la
communauté FM est excellente. Un potentiel d’amélio-
ration subsiste dans le groupe de propriétaires de che-
vaux sans chevaux FM. Les efforts de commercialisation
de la FSFM, du HNS ainsi que des éleveurs ont, pour la
plupart, été évalués positivement. Il n’est pas possible de
déterminer dans quelle mesure les efforts des dernières
années ont contribué au maintien de la population
franches-montagnes. Des clarifications supplémentaires
sont nécessaires.Les chevaux de trois ans détiennent la plus grande
part du marché des chevaux FM commercialisés, ce qui
est réjouissant d’un point de vue économique (immobi-
lisation du capital, coûts de détention). Il faut cepen-
dant mentionner qu’actuellement la structure de l’offre
(beaucoup de poulains, commercialisation peu profes-
sionnelle) ne correspond pas à la structure de la
demande (chevaux adultes, commercialisation profes-
sionnelle). La vente de chevaux adultes (formés ou non)
n’est pas rentable, même lorsque la qualité et la com-
mercialisation correspondent aux attentes des clients.
Ce constat est en flagrante opposition avec la propen-
sion à payer ainsi que l’énoncé de l’ensemble des per-
sonnes sondées qui affirment que le prix d’achat n’est
pas un argument important dans l’acquisition d’un che-
val. Les importations de chevaux sont l’une des raisons
pouvant expliquer les prix de référence si bas en Suisse.
L’importation de chevaux est favorisée par les prix de
production – et de ce fait le prix des produits – plus bas
à l’étranger qu’en Suisse.
Pour arrêter ou inverser la tendance négative dans
la croissance de la population et le nombre de nais-
sances des franches-montagnes, il est nécessaire de
développer un dispositif d’actions efficace. L’améliora-
tion de la rentabilité de l’élevage équin (et de ce fait la
stabilisation des effectifs d’élevage) doit être priori-
taire. Ce but ne pourra guère être atteint du côté des
coûts, mais grâce à des efforts de commercialisation
accrus (FSFM 2011). Pour ce faire, on pourrait dévelop-
per une «brand community» (Geissler 2009), procéder à
une sensibilisation au prix, à une prospection du mar-
ché adapté au segment de clientèle visé, à la direction
de l’offre ainsi qu’à la promotion active des canaux de
distribution. Etant donné les conditions d’exportation
difficiles, l’accent devrait être mis sur le gain de parts de
marché en Suisse. n
Figure 8 | Sources d’informations privilégiées lors de la recherche d’un cheval.
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 136–143, 2015
Elevage−FM
13%18%8%
28%
17%13%
3%
11%
23%14%
27%8%
15%
2%
Utilisateurs Purs−FM
14%25%
11%
29% 7%12%
2%
13%
24%
16%
28,5% 7%11%0,5%
(283) (342)
(350) (1576)
Utilisateurs Aucun−FMUtilisateurs Mixtes−FM
Dans les petites annonces
Par les contacts
Autres
Sur l‘internet
par une présentation-vente d‘élevage
Par un professionel
Par une fédération
143
Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval | Production animale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Bibliographie ▪ OFAG, 1998. Rapport du groupe de travail «Les ressources génétiques dans le domaine des animaux de rente en Suisse»; Office fédéral de l’agriculture.
▪ Corpataux S, v. Niederhäusern, R, Wägeli S, 2014: Kundenzufriedenheit in der Pensionspferdehaltung. Tagungsband. 1. Netzwerktagung Osna-brück, 6.–7.10.2014. Osnabrück, Deutschland (uniquement en allemand).
▪ AFD, 2013. Chiffres de l’Administration fédérale des douanes, 2013. ▪ Flierl S., 2014. Empirische Studie zur Entscheidungsgrundlage aktiver Pferdebesitzer in der Schweiz in Bezug auf Reitweise, Pferd und Stall, Diplomarbeit im Studiengang Diplomsoziologie an der Technischen Uni-versität Dresden (uniquement en allemand).
▪ Geissler C., 2009. Brand Communities. Harvard Business Manager. Accès:http://www.harvardbusinessmanager.de/heft/artikel/a-621445.html[17.12.2014]
▪ IFCE, 2013. Les prix des chevaux en France. Institut Français du cheval et de l’équitation. Accès: http://www.haras-nationaux.fr/information/ac-cueil-equipaedia/filiere-economie/les-marches/prix-des-chevaux-en-france.html[10.12.2014].
▪ Musard A., 2011. Etude de marché du cheval des Franches-Montagnes. Travail de Bachelor, Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen.
▪ Schmidlin L, Bachmann I., Flierl S., Schwarz A., Roesch A., Rieder S. & von Niederhäusern R., 2013. Impact économique, social et environne-mental du cheval en Suisse – Bilan 2013. Agroscope Station de recherche Liebefeld-Posieux ALP-Haras, Haras national suisse Avenches
▪ Schmidlin L., von Niederhäusern R., Rieder S. & Guidon D., 2015. Straté-gie pour la préservation du cheval franches-montagnes, 2015. Agroscope Haras national suisse
▪ FSFM, 2011. Stratégie 2020 de la Fédération suisse du franches- montagnes, Avenches, Suisse.
▪ SNG, 2012. Vollkostenberechnungen Pferdeaufzucht, Beratungsstelle Pferd, Schweizerisches Nationalgestüt, Avenches.
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 136–143, 2015
Il ruolo del Franches-Montagnes nel mercato
equino svizzero
Come molte altre razze locali di origine europea,
i Franches-Montagnes (FM) devono lottare
contro una diminuzione della popolazione e del
numero delle nascite così come contro la
mancanza di redditività a livello di produzione.
Nel quadro della preparazione di un rapporto
sulla strategia per il mantenimento dei FM,
l’Istituto nazionale svizzero d’allevamento
equino di Agroscope ha analizzato la conformità
del cavallo di razza Franches-Montagnes al
mercato realizzando un sondaggio presso i
proprietari equini e intervistando diversi esperti
del ramo. I risultati permettono di giungere alla
conclusione che per la maggior parte dei
proprietari intervistati nel sondaggio, le
caratteristiche determinanti nell’acquisto di un
cavallo coincidono con l’apprezzamento delle
qualità e la percezione generale del Franches-
Montagnes. Il FM possiede dunque qualità che
sono in principio richieste sul mercato equino
svizzero. Sono state individuate le qualità
seguenti: buon carattere, polivalenza, buona
salute, robustezza e buona valorizzazione del
foraggio. L’immagine della marca FM è invece
connotata meno positivamente presso i non
proprietari che presso i proprietari di FM. I
risultati del sondaggio nonché i colloqui con gli
esperti dimostrano che è necessario migliorare
le strategie di commercializzazione e l’immagine
del cavallo FM al fine di aumentare le vendite di
cavalli Franches-Montagnes e in questo modo
promuovere a lungo termine l’aumento delle
nascite.
The role of the Franches-Montagnes on the
Swiss horse market
Like many other local breeds of European
origin, the Franches-Montagnes (FM) must fight
against a fall in population and number of
births, as well as a lack of profitability at the
production level. As part of preparing a
strategy report for preserving the FM breed,
Agroscope Swiss National Stud Farm SNSF
investigated the market compliance of the FM
horse by conducting a survey of horse owners
and interviewing experts in the sector. The
results allow us to conclude that for a majority
of owners taking part in the survey, the crucial
characteristics when purchasing a horse overlap
with the appreciation of the qualities of the FM
and the general perception about this horse.
The FM therefore possesses qualities that are in
principle in demand on the leisure-horse
market. The following qualities were noted: a
good temperament, versatility, good health,
hardiness and good feed utilization. By con-
trast, the FM brand image has fewer positive
connotations with non-owners than with FM
owners. The results of both the survey and the
expert interviews demonstrate the need to
improve FM marketing strategies and image in
order to increase sales of FM horses and thus
promote long-term growth in the number of
births.
Key words: horses, franches-montagnes,
market monitoring, leisure activities.
144 Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015
Les mélanges simples, composés de deux céréales et
d’une à deux protéagineuses, sont les plus fréquents
étant donné leur simplicité de mise en œuvre et leur
faible coût. Les valeurs nutritives des MCPI sont plutôt
moyennes et varient beaucoup en fonction de l’année,
du stade de maturité des plantes et des proportions en
espèces récoltées dans le mélange (Coutard 2014; Arrigo
2014).
Dès qu’elle entre dans le calcul d’une ration, la valeur
nutritive d’un aliment revêt toute son importance et
doit être la plus réelle possible. Pour la prédiction des
valeurs des MCPI, les références sont lacunaires. En effet,
outre les innombrables combinaisons botaniques pos-
sibles, les variétés impliquées, le stade de récolte, les
conditions météorologiques ou les caractéristiques des
sols, les phénomènes de conservation peuvent aussi
intervenir (Wyss et Arrigo 2015) et, finalement, la ration
de l’animal. Lors de l’essai réalisé en 2013 concernant
l’estimation de la valeur nutritive des MPCI (Arrigo 2014),
le principe de l’additivité avait été retenu pour prédire la
digestibilité de la matière organique (dMO) et de la
dégradabilité de la matière azotée (deMA).
Afin de vérifier cette hypothèse d’additivité et de
compléter nos bases de données, des ensilages de deux
mélanges et de leurs trois composants (triticale, avoine
et pois) ont fait l’objet de déterminations de la digestibi-
lité in vivo de la matière organique (dMO) et de la dégra-
dabilité in sacco de la matière azotée (deMA).
A n i m a u x , m a t é r i e l e t m é t h o d e s
Deux mélanges ont été semés le 29 octobre 2012 et de
même pour leurs constituants, soit du triticale (Triamant),
de l’avoine (Willand) et des pois fourragers (Arkta). Les
deux mélanges se différenciaient par la quantité semée
en pois (tabl. 1): le mélange POIS-b (basse concentration
en pois) avec 50 kg/ha (45 grains/m²) – soit la quantité
maximale semée lors de l’essai précédent (Arrigo 2014)
et le mélange POIS-h (haute concentration en pois) avec
75 kg /ha (68 grains/m²). Aucun traitement contre les
adventices ou d’autres maladies n’a été effectué. Un
I n t r o d u c t i o n
Les mélanges de protéagineux et de céréales immatures
(MPCI) permettent de constituer des réserves de four-
rages en prévision des pénuries engendrées par les
sécheresses estivales. Ces mélanges offrent des rende-
ments en matière sèche (MS) intéressants dans les zones
marginales à la culture du maïs. Nécessitant peu d’in-
trants, ils sont fréquemment utilisés en agriculture biolo-
gique dans la perspective d’une certaine autonomie
fourragère. Les MPCI semés en automne permettent de
lutter contre l’érosion des parcelles en hiver.
Digestibilité et dégradabilité d’ensilages protéagineux-céréales immaturesYves Arrigo1, Silvain Henneberger2 et Ueli Wyss1
1Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, 1725 Posieux, Suisse2Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse
Renseignements: Yves Arrigo, e-mail: [email protected]
Mélange triticale-avoine-pois à la récolte. (photo: Yves Arrigo)
P r o d u c t i o n a n i m a l e
Digestibilité et dégradabilité d’ensilages protéagineux-céréales immatures | Production animale
145
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015
Nécessitant peu d’intrants, les mélanges de
protéagineux et de céréales-immatures
(MPCI) peuvent assurer un stock de fourrage
en cas de pénurie. Afin de vérifier le principe
de l’additivité dans la prédiction de la valeur
nutritive, des essais de digestibilité in vivo et
de dégradabilité in sacco ont été effectués
pour évaluer des ensilages de deux mélanges
avec des teneurs en protéagineux différentes.
Le mélange à basse concentration en pois
(POIS-b) était constitué de 60 % de triticale,
28 % d’avoine et 13 % de pois. Le mélange à
haute concentration en pois (POIS-h) était
constitué de 35 % de triticale de 24 % d’avoine
et 41 % de pois fourrager. Les ensilages des
trois constituants des mélanges (triticale,
avoine et pois fourragers) ont aussi été
analysés. Des deux mélanges, POIS-h obtient
les digestibilités les plus élevées pour la
matière organique (76,5 vs 61,9 %). La
dégradabilité in sacco ne distingue pas
statistiquement les mélanges. POIS-h atteint
6,4 MJ NEL (énergie nette pour lactation) par
kg matière sèche (MS) tandis que POIS-b
n’obtient que 4,9 MJ NEL/kg MS. Les
mélanges reconstitués à la crèche avec les
ensilages purs obtiennent des valeurs
similaires à celles des mélanges semés.
L’hypothèse d’additivité des constituants
pour prédire les mélanges s’est avérée bonne
pour POIS-b, le mélange à dominance
céréales, alors que pour POIS-h les valeurs
étaient fortement sous-évaluées.
apport azoté sous forme de nitrate d’ammoniac a été
réalisé en avril 2013 à raison de 54 unités de N/ha.
L’ensilage des différents fourrages s’est déroulé dans
de bonnes conditions le 11.7.2013. Les céréales étaient au
stade laiteux pour l’avoine et pâteux pour le triticale. Les
taux en matière sèche variaient de 25,6 % pour les pois à
38,1 % pour le triticale. Des analyses botaniques des par-
celles ont été réalisées lors des deux semaines précédant la
récolte et lors de celle-ci. Les parcelles ont été récoltées en
fin de matinée avec une faucheuse rotative sans condition-
neur. Le fourrage a été pressé sans adjonction d’agents de
conservation en balles rectangulaires dans l’après-midi au
moyen d’une presse équipée de six couteaux (New Holland
type BB90/50). Les balles ont été enrubannées et stockées
dans un bâtiment. Les caractéristiques fermentaires des
fourrages ont fait l’objet d’un suivi au moyen de silos de
laboratoires (Wyss et Arrigo 2015).
Des déterminations in vivo et in sacco ont été réali-
sées pour les ensilages issus des deux mélanges cultivés
et pour les ensilages de triticale, d’avoine et de pois.
Afin d’étudier l’additivité, les deux mélanges ont été
reconstitués avec les ensilages purs pour être détermi-
nés in vivo et in sacco (fig. 1).
L’essai de digestibilité a été réalisé avec quatre
béliers castrés de race Brun Noir du pays (type Oxford)
par traitement, rationnés à raison de 1,1 × 0,380 MJ
d’énergie métabolisable / kg de PV0,75. Les poids des
béliers sont restés stables (88,0 ± 10,8 avant la période
de bilan; 88,0 ± 10,5 à la sortie de l’essai).
L’essai de dégradabilité a été réalisé avec trois
vaches fistulées de race Holstein en gestation (poids vif
763 ± 86 kg) selon la procédure habituelle (Dohme et al.
2007; incubation des sachets pendant 2, 4, 8, 16, 24 et
48 heures).
Parallèlement, la digestibilité de la matière orga-
nique a fait l’objet de déterminations par la méthode
enzymatique (Aufrère et al. 2007) et par la méthode
utilisant du jus de panse (Tilley et Terry 1963).
semis kg/ha
composition botanique, % matière fraîche
prévue au semis1 récoltée le 11.07.2013
POIS-b POIS-h cultures pures POIS-b POIS-h POIS-b POIS-h
Triticale (Triamant) 90 90 160 41,3 35,0 60,1 34,8
Hafer (Willand) 40 40 130 22,7 19,2 27,1 24,1
Erbsen (Arkta) 50 75 160 36,0 45,8 12,9 41,1 1Selon poids 1000 grains (triticale 45 g, avoine 35 g, pois 110 g) et poids d’une plante récoltée en mélange.
Tableau 1 | Densité des semis et compositions botaniques des mélanges
Production animale | Digestibilité et dégradabilité d’ensilages protéagineux-céréales immatures
146
Les valeurs nutritives ont été calculées avec les équa-
tions éditées dans le Livre Vert (Agroscope 2014) et les
données expérimentales.
R é s u l t a t s
Les cultures se sont très bien développées dans de
bonnes conditions climatiques. Aucune zone de verse
n’a été enregistrée. Les mélanges ont atteint des rende-
ments en MS supérieurs à ceux des cultures pures (tabl. 2).
Sans tenir compte des pois dont une partie putréfiée n’a
pas pu être ensilée, le rendement moyen récolté était de
7950 kg de MS par ha. Ces rendements concordent avec
les résultats de 8000 kg obtenus par Coutard et Fortin en
2014.
Lors des deux dernières semaines de culture, les pois
ont augmenté encore leur masse sèche de 16 % et
l’avoine de 3 % alors que les deux mélanges n’ont plus
beaucoup évolué et que le triticale a stagné la dernière
semaine.
Mélanges semés – mélanges récoltés
Les conditions météorologiques influencent fortement
la germination et l’évolution des mélanges. Par consé-
quent, les compositions botaniques prévues lors du semis
et celles déterminées à la récolte divergeaient (tabl. 1).
Avec une densité au semis de 50 kg/ha de pois (45 grains/
m²), la part à récolter prévue au semis (36 %) n’a pas été
atteinte puisque la récolte atteignait seulement 13 %
(en 2012 avec 50 kg/ha, on obtenait 14 %; Arrigo 2013).
Par contre, avec la densité de 75 kg/ha de pois (68 grains/
m²), on approchait du taux recherché (41 % réalisé vs
46 % prévu).
Les mélanges obtiennent des teneurs en nutriments
moyennes (tabl. 2). Les valeurs du mélange POIS-b cor-
respondent assez bien à l’additivité des teneurs des ensi-
lages produits avec les espèces pures. Pour le mélange
POIS-h, les teneurs en acides aminés et en lipides obte-
nues par additivité des composants ne correspondent
pas aux valeurs du mélange original analysé. Cela pour-
rait s’expliquer par le fait que le facteur de pondération
du triticale est nettement dominant dans le mélange
POIS-b (68 %), alors qu’il ne l’est plus dans le mélange à
haute teneur en pois POIS-h (45 %).
Les teneurs des ensilages (tabl. 2) montrent que le
pois présente des valeurs nettement plus élevées pour la
matière azotée (MA), les cendres, le calcium, le phos-
phore, le magnésium, le potassium, pour tous les acides
aminés et pour l’acide gras alpha-linolénique (C18:3). Le
pois a les teneurs les plus basses en constituants parié-
Essais de digestibilité et dégradabilité
7 traitements déterminés:
2 mélanges originaux semés
2 mélanges reconstitués à la crècheavec les ensilages de triticale, d’avoine et de pois
3 espèces seules
Reconstitution des mélanges par pondération (additivité) des coefficients de digestibilité et dégradabilité des ensilagesseules
POIS-b semé
TriticaleAvoinePois
POIS-h semé
TriticaleAvoinePois
POIS-b R crèche
TriticaleAvoinePois
POIS-h R crèche
TriticaleAvoinePois
Triticale Avoine Pois
POIS-b R pond.
TriticaleAvoinePois
POIS-h R pond.
TriticaleAvoinePois
Figure 1 | Schéma expérimental.
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015
Digestibilité et dégradabilité d’ensilages protéagineux-céréales immatures | Production animale
147
valeurs entre 45 et 60 %. Le mélange POIS-h, excepté
pour la dMA, obtient les digestibilités les plus élevées. A
l’opposé, mis à part pour les digestibilités de la cellulose
brute (dCB) et de la lignocellulose (dADF), c’est l’avoine
qui a les coefficients les plus bas.
La dégradabilité de la matière azotée (deMA) de
l’ensilage de pois se distingue avec 84,6 % (p<0,01) des
deux mélanges et du triticale. Avec 74,6 %, l’avoine
obtient la plus petite deMA (tabl. 3).
La comparaison entre les digestibilités et dégradabi-
lités issues des mélanges semés, des mélanges reconsti-
tués à la crèche (ou dans les sachets nylon) ou calculées
par additivité des digestibilités ou dégradabilités des
espèces cultivées seules est présentée dans le tableau 4.
Dans le cas du mélange POIS-b (à dominance de céréales),
les dMO, dCB, digestibilité de l’énergie brute (dEB) et
deMA du mélange semé ne se distinguent pas de celles
du mélange reconstitué à la crèche, mais se différen-
cient de celles obtenues par additivité (p=0,03 à p<0,01),
qui sont plus élevées. Dans le cas du mélange POIS-h,
excepté pour les dMA et dEB, les digestibilités et la
dégradabilité des trois variantes sont différentes
taux (cellulose brute, lignocellulose et parois), en acide
oléique (C18:1) et en sucres (WSC et ESC). En revanche,
l’avoine a les teneurs les plus élevées en constituants
pariétaux, en graisse et en acides gras palmitique (C16:0),
oléique (C18:1) et linoléique (C18:2). L’avoine présente
par contre les teneurs en acides aminés les plus basses.
Expérimentation animale
A l’exception de l’avoine, les ensilages distribués seuls
n’ont pas été particulièrement appréciés par les mou-
tons.
La dMO de l’ensilage POIS-h (riche en pois) se dis-
tingue (p<0,01) de celle des autres variantes. Ce mélange
détient la dMO la plus élevée de l’essai, suivie par le pois
et le triticale. L’avoine obtient un coefficient moyen
(tabl. 3). Les ensilages différencient également (p<0,01)
les autres nutriments. Pour la MA, le pois obtient avec
72,4 % un coefficient de digestibilité (dMA) 2,9 fois
supérieur à celui de l’avoine. Le mélange POIS-b et le
triticale avoisinent les 40 %. Pour les constituants parié-
taux, le mélange POIS-h domine, avec des valeurs supé-
rieures à 70 %, les autres ensilages présentent des
POIS-b POIS-h triticale avoine pois
Kg matière sèche par ha récoltés 10 085 7766 6813 7110 52 981
Matière sèche, en % 38,2 39,0 42,3 34,6 25,5
Matière azotée 69 68 64 52 158
Cellulose brute 318 316 301 326 289
Lignocellulose (ADF) 351 359 333 363 327
Parois (NDF) 514 542 501 527 439
Cendres 53 57 44 56 73
Sucres WSC (hydrosolubles) 116 118 185 84 70
Sucres ESC (solubles à l’éthanol) 85 80 112 54 25
Amidon 96 102 65 47 123
Graisse 16,1 16,7 12,6 38,1 20,4
Energie brute, en MJ 19,5 18,9 18,9 20,1 18,9
Calcium 4,4 4,9 2,1 2,4 12,6
Phosphore 2,5 2,4 2,5 2,3 4,0
Magnésium 1,1 1,2 1,1 0,9 2,1
Potassium 14,2 13,8 9,6 18,7 20,3
Acides aminés totaux 52 51 47 40 119
Lysine 2,6 2,6 1,9 1,9 6,6
Méthionine 0,9 0,9 0,9 0,8 1,8
Acide palmitique C16 2,7 2,8 2,4 5,5 3,2
Acide oléique C181C9 2,7 3,1 1,3 13,3 0,8
Acide linoléique C182C9C12 4,9 5,1 4,1 12,6 4,9
Produits fermentaires 57 71 47 71 1441Pois rampants, récolte partielle, car un solde putréfié a été laissé au champ; l’estimation de récolte en pois sur la base des échantillons serait d’env. 15 000 kg MS/ha.
Tableau 2 | Rendements, composition chimique des ensilages à l’affourragement, en g/kg matière sèche
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Production animale | Digestibilité et dégradabilité d’ensilages protéagineux-céréales immatures
148
(p<0,01). Par additivité, on obtient, pour le mélange
POIS-h, des valeurs nettement inférieures à celles des
deux autres variantes, les valeurs du mélange semé
étant plus élevées.
Prédiction de la digestibilité
Les deux méthodes de laboratoire, qui utilisent pour
déterminer la dMO soit du jus de panse, soit des enzymes,
sous-estiment les valeurs obtenues in vivo, le mélange
POIS-h obtenant les plus grandes différences (>30 %) et
l’ensilage de pois les plus faibles (<10 %). Les deux
méthodes donnent des estimations relativement simi-
laires. La dMO de l’avoine semble être mieux évaluée par
la méthode selon Tilley et Terry (1968), qui utilise du jus
de panse (fig. 2).
Valeurs nutritives
Pour les ensilages en espèces pures, l’avoine obtient les
valeurs nutritives dans la MS les plus faibles [(4,5 MJ
d’énergie nette pour la production laitière (NEL), 54 g
protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à par-
tir de l’énergie fermentescible (PAIE)], suivie du triticale
(5,3 MJ NEL, 65 g PAIE) et du pois (5,6 MJ NEL, 71 g PAIE).
De par sa bonne digestibilité, le mélange POIS-h riche en
Tableau 3 | Coefficients de digestibilité in vivo et dégradabilité in sacco des ensilages
POIS-b POIS-h Triticale Avoine Pois Sx p
dMO 61,9cd±0,5 76,5a±2,2 65,2bd±3,3 58,3c±4,1 69,5b±2,4 1,4 <0,01
dMA 42,8c±2,9 56,1b±7,0 38,5c±2,5 24,9d±3,0 72,4a±2,3 2,3 <0,01
dCB 55,0b±1,3 74,6a±3,9 59,6b±3,2 58,6b±6,2 52,1b±2,9 2,0 <0,01
dADF 49,7b±1,1 71,4a±3,8 55,8b±1,5 53,4b±4,9 51,1b±1,4 1,6 <0,01
dNDF 47,6bc±0,7 72,1a±3,7 53,7bc±3,7 44,6c±8,2 58,5b±2,6 2,4 <0,01
dEB 60,3c±1,0 74,3a±2,2 61,9bc±3,6 57,4c±3,9 67,1b±2,1 1,4 <0,01
deMA 77,0b±1,9 75,7bc±0,5 76,5b±1,6 71,4c±2,5 84,6a±1,0 0,9 <0,01
Sx= erreur standard de la moyenne; p = seuil de signifi cation.
Les valeurs d’une même ligne portant un indice distinct sont statistiquement différentes. dMO = digestibilité de la matière organique; dMA = dig. de la matière azotée;
dCB = dig. de la cellulose brute; dADF = dig. de la lignocellulose; dNDF = dig. des parois; dEB = dig. de l’énergie brute; deMA = dégradabilité de la matière azotée.
POIS-b semé
POIS-b reconstitué1
POIS-bpondéré2 Sx p
dMO 61,9b 62,1ab 63,9a 0,5 0,03
dMA 42,8a 32,0b 42,4a 1,9 <0,01
dCB 55,0b 56,3ab 58,8a 0,9 0,03
dADF 49,7b 53,2a 54,8a 0,7 <0,01
dNDF 47,6b 52,2a 52,2a 0,8 <0,01
dEB 60,3 59,0 61,2 0,7 0,15
deMA 77,0b 79,8a 77,1b 0,7 0,05
POIS-h semé
POIS-h reconstitué1
POIS-hpondéré2 Sx p
dMO 76,5a 73,5b 64,8c 0,7 <0,01
dMA 56,1b 66,9a 54,6c 2,1 <0,01
dCB 74,6a 67,0b 57,2c 1,2 <0,01
dADF 71,4a 64,9b 53,8c 1,2 <0,01
dNDF 72,1a 65,5b 52,6c 1,2 <0,01
dEB 74,3a 71,9a 62,3b 0,7 <0,01
deMA 75,7c 83,5a 80,5b 0,2 <0,011Coeffi cients des mélanges reconstitués à la crèche avec les ensilages de triticale, d’avoine et de pois.2Coeffi cients obtenus par pondérations des coeffi cients déterminés pour le triticale, l’avoine et les pois.
Sx= erreur standard de la moyenne; p = seuil de signifi cation.
Les valeurs d’une même ligne portant un indice distinct sont statistiquement différentes. dMO = digestibilité de la matière organique; dMA = dig. de la matière azotée;
dCB = dig. de la cellulose brute; dADF = dig. de la lignocellulose; dNDF = dig. des parois; dEB = dig. de l’énergie brute; deMA = dégradabilité de la matière azotée.
Tableau 4 | Coefficients de digestibilité des mélanges semés reconstitués et pondérés
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Digestibilité et dégradabilité d’ensilages protéagineux-céréales immatures | Production animale
149
Mélanges originaux vs reconstitués vs calculés
Les deux mélanges reconstitués à la crèche obtiennent des
valeurs proches de celles des mélanges originaux (tabl. 5).
Par additivité des compositions chimiques, des coeffi-
cients de digestibilité et dégradabilité issus des ensilages
de triticale, d’avoine et de pois, on obtient des approches
pois obtient une bonne valeur nutritive de 6,4 MJ NEL,
74 g PAIE /kg MS, qui le situe au niveau d’un ensilage de
maïs. Hormis celui de pois, tous les ensilages sont défici-
taires en matière azotée avec un rapport inférieur à 15 g
de matière azotée par MJ NEL. L’ensilage de pois atteint
28 g de MA/MJ NEL.
0,0
10,0
20,0
30,0
40,0
50,0
60,0
70,0
80,0
90,0
POIS-b semé
POIS-b reconst. crèche
POIS-h semé
POIS-h reconst. crèche
Triticale Avoine Pois
dmO
, %
in vivo
Pepsine cellulase
Tilley Terry
Figure 2 | Prédiction de la digestibilité de la matière organique des ensilages par méthodes de laboratoire.
NEL MJ / kg MS
NEV MJ / kg MS
PAIEg / kg TS
PAIN g / kg TS
MA/NELg / MJ
Triticale 5,3 (4,8)1 5,2 (4,5) 65 (59) 39 (44) 12
Avoine 4,5 (5,0) 4,1 (4,9) 54 (60) 32 (61) 11
Pois 5,6 (5,9) 5,6 (5,9) 71 (75) 98 (96) 28
mélanges
POIS-b seméin vivo 4,9 4,6 62 42 14
POIS-b reconst. crèchein vivo 5,0 4,7 60 40 13
POIS-b pond.2 des ens. pures 5,2 5,0 63 42 13
POIS-b pond.3 coeff. LV + teneurs ensilages seuls 5,0 4,7 63 42 14
POIS-b pond.4 valeurs LV 4,9 4,8 61 52 18
mélanges
POIS-h seméin vivo 6,4 6,6 74 42 11
POIS-h reconst. crèchein vivo 6,1 6,1 70 52 14
POIS-h pond.2 des ens. pures 5,2 5,0 64 55 17
POIS-h pond.3 coeff. LV + teneurs ensilages seuls 5,2 5,1 64 42 13
POIS-h pond.4 valeurs LV 5,2 5,1 64 64 21
NEL énergie nette pour lactation; NEV = énergie nette viande; PAIE = protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à partir de l’énergie disponible; PAIN = protéines absor-
bables dans l’intestin synthétisées à partir de la matière azotée dégradée.1Entre parenthèses: valeurs éditées dans la feed base (Agroscope 2014).2Calculé par pondération des compositions chimiques et des coeffi cients dMO, dMA et deMA, etc. des ensilages expérimentés en pure.3Pondérations des coeffi cients dMO, dMA et deMA des constituants éditées dans la feed base (LV) et des nutriments issus des mélanges analysés.4Pondérations des valeurs NEL, NEV, PAIE ou PAIN des constituants éditées dans la feed base (LV).
Tableau 5 | Valeurs nutritives des ensilages de pois et céréales et des mélanges
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015
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Production animale | Digestibilité et dégradabilité d’ensilages protéagineux-céréales immatures
divergentes selon les mélanges. Pour le mélange POIS-b,
dominé par les céréales, les valeurs pondérées sont légè-
rement surestimées (6 % pour les NEL), alors que pour le
mélange POIS-h les valeurs calculées sont nettement
sous-estimées (-19 % pour les NEL).
Cette différence d’estimation entre les mélanges se
retrouve également lorsqu’on utilise les valeurs dMO et
deMA des tables (Agroscope 2014) dans le calcul.
La prédiction simpliste qui consiste à pondérer les
valeurs NEL, NEV, PAIE et PAIN éditées dans les tables
(Agroscope 2014) pour les ensilages de triticale, d’avoine
et de pois donne des valeurs proches pour le mélange
POIS-b, mais sous-estiment aussi la prédiction du
mélange POIS-h.
Dans le cas de l’utilisation d’une dMO «universelle»
de 65 % [(valeur moyenne des 2 mélanges étudiés dans
cet essai et des trois réalisés en 2012 (Arrigo 2014)], le
mélange POIS-b obtiendrait une valeur énergétique de
5,2 vs 4,9 MJ NEL et de 64 vs 62 g PAIE, soit une suréva-
luation énergétique de 6 % et protéique de 4 %. Quant
au mélange POIS-h, en obtenant 5,2 vs 6,4 MJ NEL et 64
vs 74 g PAIE, il serait sous-estimé de 18 % pour les NEL et
de 14 % pour la matière azotée.
C o n c l u s i o n s
Une prédiction de la valeur nutritive des MCPI requiert
impérativement une analyse botanique à la récolte pour
établir les coefficients (dMO, dMA, deMA) par additivité,
car les quantités semées ne reflètent pas la composition
botanique à la récolte.
Dans cet essai, le principe d’additivité fonctionne
relativement bien pour prédire le mélange dominé par
le triticale, c’est-à-dire avec peu d’influence des deux
autres plantes dans le calcul. Par contre, pour le mélange
POIS-h, qui avait une composition botanique plus pro-
portionnée entre les espèces et une digestibilité très
élevée, la prédiction selon le principe d’additivité était
nettement sous-estimée.
Ce travail souligne la fragilité de la prédiction de la
valeur nutritive par additivité d’un mélange sans domi-
nance d’un type de plantes (céréales ou protéagineuses).
La prédiction à l’aide d’équations basées sur la composi-
tion botanique ou certains nutriments serait plus appro-
priée et pourrait améliorer la prédiction des MCPI, mais
cela nécessite encore la récolte de nombreuses données.
Les prédictions des dMO avec les méthodes de labora-
toire pourraient faciliter cette acquisition de données.
Sous-estimant cependant les dMO in vivo des MCPI, elles
devraient ponctuellement être validées par des essais in
vivo. n
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015
151
Digestibilité et dégradabilité d’ensilages protéagineux-céréales immatures | Production animale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
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Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015
Digestibility and degradability of silages
from whole-plant pea–cereal mixtures
Requiring few inputs, protein plant–imma-
ture cereal mixtures can guarantee forage
stocks in times of shortage. In order to test
whether and how the principle of additivity
predicts nutritional value, we conducted in
vivo digestibility tests and in sacco degrada-
bility tests (crude protein degradability, CPD)
to evaluate silages from two mixtures with
different protein-plant (i.e., pea) contents.
The mixture with low pea content, PEAS-l,
contained 60 % triticale, 28 % oats and 13 %
peas, whereas that with high pea content,
PEAS-h, contained 35 % triticale, 24 % oats
and 41 % peas). The same tests were
conducted with the silages of the constitu-
ents (triticale, oats and forage peas). Of the
two mixtures, PEAS-h had the highest
digestibility figures (for organic matter:
76.5 vs. 61.9 %. The CPD was statistically
similar between the mixtures. Furthermore,
PEAS-h produced 6.4 MJ net energy content
for lactation (NEL) per kg of dry matter
(DM), whereas PEAS-l produced 4.9 MJ NEL/
kg DM. Mixtures reconstituted at the
manger with the pure silages produced
values similar to those of sown mixtures.
The constituent additivity hypothesis
correctly predicted the values for PEAS-l, the
cereal-dominated mixture, but strongly
underestimated those for PEAS-h.
Key words: digestibility; degradability;
pea-cereal mixtures, nutritive values,
additivity.
Digeribilità e degradabilità degli insilati di
piante intere di cereali e piselli
Le miscele di piante proteiche e cereali interi
non ancora maturi sono poco impegnative in
termini di lavoro e cura. Esse garantiscono
quindi uno stock di foraggio in caso di
penuria. Per valutare il principio di additiva-
zione nella stima del valore nutritivo, sono
state effettuate prove di digeribilità in vivo e
di degradabilità in sacco su insilati composti
da due miscele diverse con percentuali di
piante proteiche differenti. La miscela
POIS-b, con una percentuale bassa di piselli,
era composta da 60 % di triticale, 28 %
d’avena e 13 % di piselli. La miscela POIS-h,
con una percentuale elevata di piselli,
conteneva 35 % di triticale, 24 % d’avena e
41 % di piselli. Gli stessi test sono stati
condotti anche sulle rispettive componenti
(triticale, avena e piselli).
La miscela POIS-h è risultata la più digeribile
(per sostanza organica 76,5 vs 61,9 %). Non
si sono invece riscontrate differenze tra le
due miscele per quanto riguarda la degrada-
bilità della proteina grezza nel rumine. Il
valore nutritivo di POIS-h ammonta a 6,4 MJ
di energia netta per la lattazione (NEL) per
kg di sostanza secca (SS), mentre quello di
POIS-b soltanto a 4,9 MJ NEL/kg SS. Le
miscele ricostituite con insilati puri in
mangiatoia raggiungono valori simili a quelli
ottenuti dalle miscele seminate. L’ipotesi
dell’additivazione, in cui per la stima dei
valori nutritivi delle miscele vengono
addizionate le singole componenti, si è
confermata valida per POIS-b, la miscela con
una percentuale dominante di cereali,
mentre per POIS-h i valori sono risultati
decisamente sottovalutati.
152 Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015
ment cultivés dans les régions peu adaptées à la culture
du maïs et dans des exploitations biologiques (Thaysen
2010).
En France, les ensilages plantes entières sont utilisés
comme réserves de fourrage en cas de période de séche-
resse (Brunschwig 2011). Entre 1985 et 1990, Agroscope
avait entrepris des essais d’ensilage avec du triticale et
un mélange d’orge et de pois fourragers (Schneider et al.
1991; Wyss 1994) et en avait tiré les conclusions suivantes:
si les plantes sont récoltées à un stade de développe-
I n t r o d u c t i o n
En Suisse, on cultive et ensile toujours davantage de
céréales plantes entières associées à des pois fourragers,
et ce principalement pour deux raisons. D’une part, il
est possible de semer ces plantes à l’automne, après la
récolte du maïs, pour récolter le fourrage l’été suivant.
D’autre part, on améliore ainsi l’apport en fourrage
structuré des vaches laitières ou des vaches allaitantes.
Les mélanges céréales-protéagineux sont particulière-
Qualité des ensilages plantes entières de triticale, d’avoine et de pois fourragersUeli Wyss et Yves Arrigo
Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, 1725 Posieux, Suisse
Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: [email protected]
P r o d u c t i o n a n i m a l e
Le fourrage haché a été ensilé dans des silos de laboratoire. (Photo: Yves Arrigo, Agroscope)
Qualité des ensilages plantes entières de triticale, d’avoine et de pois fourragers | Production animale
153
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015
En 2012 et 2013, des essais ont été menés à
Agroscope avec divers mélanges de triticale,
d’avoine et de pois fourragers et également
avec ces plantes seules. Le fourrage à ensiler
a été prélevé à deux dates, haché et ensilé
dans des silos de laboratoire. En outre, dans
certains mélanges, l’influence d’un agent
conservateur d’ensilages sur la fermentation
principale et les postfermentations a été
étudiée.
Le fourrage à ensiler présentait d’une part
des teneurs en sucres et des coefficients de
fermentation élevés et d’autre part des
teneurs en nitrate basses.
Les mélanges et les plantes seules, ensilés au
premier prélèvement, affichaient des teneurs
en acide butyriques relativement élevées et
par conséquent une mauvaise qualité
d’ensilage. Parmi les trois plantes contenues
dans le mélange, c’est en particulier l’avoine
qui est à l’origine de la mauvaise qualité.
Par l’ajout d’un agent conservateur d’ensi-
lage chimique, la formation d’acide buty-
rique et d’éthanol de même que les pertes
gazeuses ont pu être réduites et la stabilité
aérobie des ensilages améliorée.
ment trop précoce (stade laiteux), le rendement maxi-
mal n’est d’une part pas atteint et les ensilages pré-
sentent d’autre part souvent des teneurs en acide buty-
rique élevées. Si au contraire les plantes sont récoltées
tardivement, elles peuvent déjà perdre des graines et le
fourrage plus grossier sera alors plus difficile à compac-
ter, avec le risque de présence de moisissures et d’échauf-
fement lors du désilage.
Le moment idéal de récolte se situe au milieu du
stade pâteux (environ deux à trois semaines avant la
récolte des grains). A ce moment, les plantes présentent
une teneur en matière sèche (MS) de 35 %. Pour empê-
cher la fermentation butyrique et donc améliorer la sta-
bilité aérobie du fourrage au moment du désilage, il est
conseillé d’utiliser un agent conservateur d’ensilage. En
empêchant les fermentations indésirables provoquées
par des bactéries butyriques, l’agent prévient les post-
fermentations.A l’automne 2011 et 2012, divers mélanges composés
de triticale, d’avoine et de pois fourragers ont été cultivés
à Agroscope à Posieux. En 2012, des cultures de triticale,
d’avoine et de pois fourrager ont en outre été cultivées
seules afin d’étudier l’additivité de la digestibilité dans les
mélanges. Les essais de digestibilité ont été réalisés avec
des moutons (Arrigo 2014; Arrigo et al. 2015). Ces essais
ont permis d’analyser l’aptitude à l’ensilage des mélanges
et des plantes seules et d’évaluer leur qualité.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Au cours des années 2012 et 2013, respectivement trois
et deux mélanges composés de triticale, d’avoine et de
pois fourragers ont été récoltés et ensilés à deux dates
différentes (fig. 1). Les données détaillées de ces
mélanges et les dates de récolte figurent dans le tableau
1. Par ailleurs, en 2013, des plantes de triticale, d’avoine
et de pois fourragers ont été ensilées séparément. Le
fourrage a été haché et ensilé dans des silos de labora-
toire d’une capacité de 1,5 litre (trois répétitions par
variante). Lors de l’ensilage, des échantillons ont été pré-
levés pour déterminer la matière sèche (MS) et les nutri-
Mélange Triticale Avoine Pois fourragers 1re date de prélèvement 2e date de prélèvement
A 90/40/30 90 40 30
14.06.2012 28.06.2012B 90/30/40 90 30 40
C 90/20/50 90 20 50
D 90/40/50 90 40 5027.06.2013 11.07.2013
E 90/40/75 90 40 75
Tableau 1 | Quantité de semences (kg/ha) et date de prélèvement
Production animale | Qualité des ensilages plantes entières de triticale, d’avoine et de pois fourragers
154
ments de même que la teneur en nitrate et le pouvoir
tampon. Les coefficients de fermentation ont été calcu-
lés sur la base de la teneur en MS, de la teneur en sucres
(hydrates de carbone hydrosolubles) et du pouvoir tam-
pon (Weissbach et Honig 1996). Après une durée de
conservation de 90 jours, les silos de laboratoire ont été
ouverts et une série d’échantillons prélevée. En plus des
nutriments, les paramètres de fermentation (pH, acides
fermentaires, ammoniac et éthanol) ont été analysés.
Les pertes gazeuses ont été calculées selon les diffé-
FourrageDate deprélève-
ment
MS%
Cendresg/kg MS
Matière azotée
g/kg MS
Cellulose brute
g/kg MS
ADFg/kg MS
NDFg/kg MS
Sucresg/kg MS
Amidong/kg MS
Nitrates g/kg MS
Pouvoirtampong/kg MS
CF
A 90/40/30
14.06.2012
29,5 43 89 296 323 554 254 – 0,1 34 90
B 90/30/40 28,7 49 90 309 345 588 173 – 0,8 37 66
C 90/20/50 30,8 43 82 289 325 544 279 – 0,2 31 103
A 90/40/30
28.06.2012
36,8 47 79 293 345 559 142 120 0,2 34 69
B 90/30/40 36,8 48 82 294 347 549 136 135 0,3 37 69
C 90/20/50 35,9 51 74 282 316 532 150 121 0,1 31 74
D 90/40/5027.06.2013
27,0 49 78 327 360 569 216 < 10 0,1 49 62
E 90/40/75 23,2 60 99 338 370 565 168 34 0,4 62 45
D 90/40/5011.07.2013
35,7 44 72 297 323 529 148 138 0,3 42 64
E 90/40/75 32,5 49 83 295 339 518 156 113 0,2 48 59
Triticale
27.06.2013
34,1 38 56 306 337 552 313 < 10 < 0,1 33 109
Avoine 23,0 57 54 356 389 645 164 < 10 < 0,1 54 47
Pois fourragers 19,8 63 143 277 302 389 180 115 0,1 65 42
Triticale
11.07.2013
38,1 38 58 293 315 511 264 105 < 0,1 29 112
Avoine 32,5 49 50 320 360 592 92 124 < 0,1 45 49
Pois fourragers 25,6 62 133 270 326 402 215 114 0,3 64 52
MS: matière sèche; CF: coefficient de fermentationADF: lignocellulose; NDF: parois cellulaires; sucres: hydrates de carbone hydrosolubles.
Tableau 2 | Composants du matériel initial au moment de l’ensilage
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015
Figure 1 | A la première date de prélèvement, les plantes ont été fauchées avec une motofaucheuse. (Photo: U. Wyss, Agroscope)
Qualité des ensilages plantes entières de triticale, d’avoine et de pois fourragers | Production animale
155
Le fourrage des trois mélanges de la première année
d’essai (2e récolte) et de tous les mélanges de la deuxième
année d’essai ont été ensilés avec et sans agent conserva-
teur. L’agent conservateur utilisé, le Kofasil Ultra, est un
produit chimique contenant de l’hexamine, du nitrite de
sodium, du benzoate de sodium et du propionate de
sodium. Le dosage s’élevait à 4 l ou 4,7 kg par tonne de
fourrage.
rences de poids entre le début et la fin de l’essai. La sta-
bilité aérobie a été déterminée au moyen de mesures de
la température, relevées et enregistrées toutes les 30
minutes. Ces relevés ont été effectués sur une période de
9 à 14 jours. Les ensilages ont été qualifiés de stables du
point de vue aérobie aussi longtemps que la tempéra-
ture des ensilages ne dépassait pas la température
ambiante de plus de 1° C.
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
A 90/40/30
B 90/30/40
C 90/20/50
A 90/40/30
B 90/30/40
C 90/20/50
D 90/40/50
E 90/40/75
D 90/40/50
E 90/40/75
Prop
ortio
n en
% d
e la
mat
ière
fraî
che
27.06.2013 11.07.2013
1re date de prélèvement
14.06.2012
2e date de prélèvement
28.06.2012
TriticaleAvoinePois fourragers
1re date de prélèvement
2e date de prélèvement
Figure 2 | Proportions des trois plantes dans les divers mélanges lors des deux années d’essai et dates de récolte.
FourrageDate de
prélèvementCendresg/kg MS
Matière azotéeg/kg MS
Cellulose bruteg/kg MS
ADFg/kg MS
NDFg/kg MS
Sucresg/kg MS
Amidong/kg MS
A 90/40/30
14.06.2012
50 95 377 422 650 104 –
B 90/30/40 57 98 394 436 672 49 –
C 90/20/50 51 91 346 380 598 93 –
A 90/40/30
28.06.2012
39 84 316 352 559 98 97
B 90/30/40 45 101 304 338 525 119 118
C 90/20/50 44 81 282 310 507 92 163
D 90/40/5027.06.2013
47 83 350 388 604 66 8
E 90/40/75 62 102 349 390 582 89 13
D 90/40/5011.07.2013
42 75 291 334 531 83 96
E 90/40/75 51 91 310 347 548 63 102
Triticale
27.06.2013
45 64 340 368 550 234 < 10
Avoine 54 57 386 449 731 39 < 10
Pois fourragers 69 154 289 344 387 89 63
Triticale
11.07.2013
40 62 309 341 527 111 65
Avoine 54 55 369 406 660 58 47
Pois fourragers 56 150 285 322 383 56 123
MS: matière sèche; ADF: lignocellulose; NDF: parois cellulaires; sucres: hydrates de carbone hydrosolubles.
Tableau 3 | Composants des ensilages
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015
Production animale | Qualité des ensilages plantes entières de triticale, d’avoine et de pois fourragers
156
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Matériel initial – Coefficients de fermentation élevés
On peut visualiser sur la figure 2 les proportions des trois
plantes dans les différents mélanges par rapport à la
matière fraîche au moment de la récolte. Alors que le
triticale prédominait la première année, les mélanges
contenaient davantage d’avoine et de pois fourragers la
deuxième année (fig. 3).
En 2012, les plantes sont arrivées plus rapidement à
maturité qu’en 2013. Au premier prélèvement, les deux
variétés de céréales étaient au stade laiteux. Au deu-
xième, le triticale était au stade pâteux et l’avoine tou-
jours au stade laiteux. Les teneurs en nutriments des
divers mélanges et des plantes seules figurent dans le
tableau 2. Les teneurs en MS ont augmenté en fonction
de l’accroissement du degré de maturité et la plupart
FourrageDate de
prélèvementMS%
pHAcide
lactiqueg/kg MS
Acide acétiqueg/kg MS
Acide butyriqueg/kg MS
Ethanolg/kg MS
NH3/N tot.%
PointsDLG
Pertesgazeuses
%
Stabilitéaérobieheures
A 90/40/30
14.06.2012
26,5 5,1 21 1 31 29 34 20 11,2 336
B 90/30/40 24,8 5,1 20 1 37 29 36 15 11,3 336
C 90/20/50 28,8 4,6 36 11 14 20 30 44 7,7 336
A 90/40/30
28.06.2012
33,2 4,4 36 13 4 12 8 93 2,8 204
B 90/30/40 32,3 4,4 35 18 1 7 9 100 1,9 293
C 90/20/50 35,0 4,2 41 17 1 8 7 100 2,0 295
D 90/40/5027.06.2013
25,9 4,4 44 20 8 20 10 65 4,5 216
E 90/40/75 22,8 4,5 57 18 3 14 12 86 2,9 159
D 90/40/5011.07.2013
34,0 4,6 33 15 4 12 11 89 3,4 259
E 90/40/75 31,0 4,7 36 11 13 14 10 51 4,5 312
Triticale
27.06.2013
32,8 4,5 25 9 12 19 9 58 4,2 312
Avoine 22,1 4,7 28 2 42 13 7 6 6,4 312
Pois fourragers 18,9 4,0 145 22 4 18 12 90 4,3 222
Triticale
11.07.2013
35,4 4,5 29 21 2 8 11 100 3,8 289
Avoine 30,0 5,1 19 1 21 22 10 31 7,1 312
Pois fourragers 24,4 4,3 123 27 0 13 10 93 3,4 198
MS: matière sèche; N-NH3/N tot.: proportion d'azote ammoniacal par rapport à l'azote total.
Tableau 4 | Paramètres de fermentation des ensilages
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015
Figure 3 | Le mélange triticale-avoine-pois à la deuxième date de prélèvement en 2013. (Photo: U. Wyss, Agroscope)
Qualité des ensilages plantes entières de triticale, d’avoine et de pois fourragers | Production animale
157
En ce qui concerne l’aptitude à l’ensilage des mélanges
et des plantes seules, tous affichaient des coefficients de
fermentation relativement élevés. Si ces valeurs sont
supérieures à 45, le fourrage est considéré comme facile
à ensiler (Weissbach et Honig 1996). Par contre, la teneur
en nitrate était dans l’ensemble assez basse et, selon
Kaiser et al. (1999), le fourrage avec moins de 1 g de
nitrate par kg de MS est considéré comme exempt de
nitrate. Le nitrate freine la croissance des bactéries buty-
riques et empêche ainsi les fermentations butyriques.
Teneurs en acide butyrique en partie élevées
Les résultats des analyses de nutriments des ensilages
figurent dans le tableau 3. Comparé à la matière première,
la plupart des nutriments étaient plus élevés dans les ensi-
lages, à l’exception des teneurs en sucres et en amidon. La
teneur en sucres, par le biais du processus de fermenta-
tion, s’est abaissée de 50 % et la teneur en amidon de
75 % par rapport aux valeurs de la matière première. Dans
le cas des ensilages de plantes seules, l’avoine a présenté
les teneurs en constituants pariétaux les plus élevées et
les pois fourragers les teneurs en protéines les plus éle-
vées.
Dans le présent essai, comme cela se constate égale-
ment dans des études antérieures (Weissbach et Haacker
1988; Schneider et al. 1991), des teneurs en acides buty-
riques plus élevées ont aussi été enregistrées dans cer-
tains ensilages (tabl. 4). C’était le cas en particulier dans
les ensilages du premier prélèvement, autrement dit les
ensilages réalisés avec le fourrage qui affichait les teneurs
en MS les plus basses. En conséquence, ces ensilages pré-
sentaient aussi des pH plus élevés, un nombre de points
DLG plus bas et les pertes gazeuses les plus élevées. Selon
Weissbach et Haacker (1988), ce phénomène est dû aux
teneurs en nitrate basses dans le matériel initial et donc à
l’absence d’effet inhibiteur sur les spores de bactéries
butyriques. Dans le cas des plantes seules, l’avoine en par-
ticulier a été fortement touché par la formation d’acide
butyrique. Les teneurs en constituants pariétaux plus éle-
vées et le caractère grossier du fourrage de même que la
fermentation lactique moins intense et la baisse du pH
ont certainement joué un rôle. Les ensilages d’avoine
présentaient également le nombre de points DLG le plus
bas. Quant aux ensilages de pois fourragers, ils ont aussi
créé la surprise, car ils présentaient les teneurs en acide
lactique les plus élevées et donc les pH les plus bas.
Les analyses relatives à la stabilité aérobie ont montré
que les ensilages restaient assez stables lors du désilage.
Les teneurs en acide butyrique en partie élevées, qui du
point de vue de la qualité fermentaire sont certes indési-
rables, ont inhibé l’activité des levures et amélioré la sta-
bilité des ensilages.
des nutriments ont diminué, en faveur de l’amidon qui a
augmenté. Les deux mélanges D et E, qui présentaient
une proportion plus élevée de pois fourragers, ont affi-
ché la même teneur en matière azotée que les mélanges
A, B et C. Dans le cas des plantes seules, les pois fourra-
gers se sont distingués par des teneurs en matière azo-
tée plus élevées, une teneur en cendres brutes égale-
ment plus élevée et des teneurs en constituants
pariétaux plus basses. L’avoine présentait la teneur en
constituants pariétaux la plus élevée et la teneur en
sucres la plus basse.
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015
0,0
5,0
10,0
15,0
g/kg
mat
ière
sèc
he
Acide butyrique
0,0
5,0
10,0
15,0
20,0
25,0
g/kg
mat
ière
sèc
he
Ethanol
0,0
2,0
4,0
6,0
%
Pertes gazeuses
04896
144192240288336
A90
/40/
30B
90/3
0/40
C90
/20/
50
A90
/40/
30B
90/3
0/40
C90
/20/
50
D90
/40/
50E
90/4
0/75
D90
/40/
50E
90/4
0/75
D90
/40/
50E
90/4
0/75
D90
/40/
50E
90/4
0/75
heur
es
Stabilité aérobie
sans conservateur avec agent conservateur
2012 2013
2e date de prélèvement
1ère date de prélèvement
2e date de prélèvement
Figure 4 | Acide butyrique, éthanol, pertes gazeuses et stabilité aérobie des ensilages avec et sans agent conservateur d’ensilage.
158
Production animale | Qualité des ensilages plantes entières de triticale, d’avoine et de pois fourragers
Agents conservateurs et qualité de l’ensilage
L’utilisation d’un agent conservateur a influencé d’une
part la fermentation initiale et, d’autre part, les postfer-
mentations. Comme on peut le voir sur la figure 4, l’utili-
sation d’un agent conservateur réduit les teneurs en
acide butyrique et en éthanol dans les ensilages. Ceci est
probablement dû à l’effet inhibiteur des substances
actives chimiques sur les bactéries butyriques et les
levures. En réduisant les fermentations indésirables, les
pertes gazeuses étaient plus faibles dans les ensilages
traités que dans les ensilages non traités. En moyenne, les
ensilages traités ont atteint 94 points DLG tandis que les
ensilages non traités affichaient seulement 83 points. Les
pH et les teneurs en acide lactique et acétique étaient
pratiquement identiques avec et sans agent conservateur
d’ensilages. Par contre, on a relevé tant dans les ensilages
traités que dans ceux non traités en moyenne 118 et 87 g
de sucres hydrosolubles, ce que l’on peut aussi attribuer à
la réduction des fermentations indésirables. L’agent
conservateur a aussi montré un effet sur la stabilité aéro-
bie. Dans pratiquement tous les cas, les ensilages traités
se sont échauffés moins rapidement (fig. 4).
C o n c l u s i o n s
•• La proportion d’avoine dans un mélange composé de
céréales plantes entières et de pois fourragers ne
devrait pas être trop élevée, car l’avoine influence
négativement la qualité fermentaire des ensilages.
•• Les mélanges de céréales plantes entières et de pois
fourragers doivent être ensilés de préférence au stade
pâteux, autrement dit avec une teneur en MS de 35 %.
Si l’on récolte le fourrage plus tôt, il y a davantage de
problèmes avec l’acide butyrique.
•• L’ajout d’un agent conservateur d’ensilage peut
réduire la formation d’acide butyrique et améliorer la
stabilité aérobie des ensilages.� n
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015
159
Qualité des ensilages plantes entières de triticale, d’avoine et de pois fourragers | Production animale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
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▪ Weissbach F. & Honig H., 1996. Über die Voraussage und Steuerung des Gärungsverlaufs bei der Silierung von Grünfutter aus extensivem Anbau. Landbauforschung Völkenrode 46 (1), 10–17.
▪ Weissbach F. & Haacker K., 1988. Über die Ursachen der Buttersäuregä-rung in Silagen aus Getreideganzpflanzen. Das wirtschaftseigene Futter 34, 88-99.
▪ Wyss U., 1994. Gärqualität von Gerste-Proteinerbsen-Ganzpflanzensila-gen. Agrarforschung 1 (1), 19–21.
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015
Quality of whole-crop silage from
triticale, oats and forage peas
Experiments with various mixtures
containing triticale, oats and forage
peas were carried out at Agroscope
Posieux in 2012 and 2013. The crops
were harvested on two dates,
chopped, and ensiled in laboratory
silos. In addition, the influence of a
chemical silage additive on lactic acid
fermentation as well as the aerobic
stability was studied for some mix-
tures. Results showed that the ensi-
laged materials had high sugar
contents, high fermentability coeffi-
cients, and low nitrate contents. Some
of the mixtures and individual plants
ensiled on the first date had a rela-
tively high butyric acid content and
hence poor silage quality. Of the three
plants contained in the mixture, oats
were particularly responsible for the
poor quality. The addition of a chemi-
cal silage additive reduced butyric acid
and ethanol formation as well as
fermentation gas losses; in addition, it
improved the aerobic stability of the
silages.
Key words: whole crop silage, cereals,
forage peas, silage quality, aerobic
stability.
Qualità degli insilati con piante intere
di triticale, avena e piselli proteici
Nel 2012 e 2013, presso Agroscope a
Posieux, sono state effettuate analisi
con diverse miscele a base di triticale,
avena e piselli proteici. I prodotti
colturali sono stati mietuti in due date
diverse, trinciati e insilati in silo da
laboratorio. In alcune miscele, è stata
inoltre analizzata l’influenza di un
coadiuvante per l’insilamento sulla
fermentazione principale e il riscalda-
mento successivo.
Nell’insilato sono stati da una parte
individuati livelli elevati di zuccheri e
di coefficienti di fermentazione e
dall’altra tenori bassi di nitrati.
Le miscele e le erbe che sono state
utilizzate dopo la prima data di
raccolta presentavano in parte livelli
relativamente alti di acido butirrico e
pertanto anche una cattiva qualità di
insilamento. Dei tre prodotti colturali
contenuti nella miscela, in particolare
l’avena era responsabile della cattiva
qualità.
Tramite l’aggiunta di un coadiuvante
chimico per l’insilamento, è stato
possibile ridurre la formazione di acido
butirrico ed etanolo e la perdita di gas
di fermentazione e migliorare la
stabilità aerobica degli insilati.
160 Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 160–165, 2015
Selon l’index des produits phytosanitaires de l’OFAG, la
quantité de cuivre pur autorisée est de 4 kg/ha/an pour la
plupart des cultures et 6 kg/ha/an pour la vigne. L’ordon-
nance sur l’agriculture biologique limite à 4 kg/ha/an la
quantité maximale de cuivre pour la vigne. Il s’agit d’une
moyenne à respecter sur une période de cinq ans; ponc-
tuellement, jusqu’à 6 kg/ha/an peuvent être utilisés cer-
taines années. En outre, Bio Suisse fixe une limite de
2 kg/ha/an pour les cultures de petits fruits et de 1,5 kg/
ha/an pour les fruits à noyaux. S’il existe un risque élevé
d’infection par le feu bactérien, jusqu’à 4 kg/ha/an
peuvent être appliqués sous réserve d’une autorisation
cantonale.
Comme le cuivre s’accumule dans le sol, son utilisa-
tion en agriculture biologique fait l’objet de critiques
récurrentes. Il est en outre généralement admis que les
quantités maximales autorisées sont réellement utili-
sées. Cette étude part de l’hypothèse que, au contraire,
les quantités de cuivre utilisées par les agriculteurs bio
suisses sont plus faibles, car ils sont conscients de la pro-
blématique du cuivre et font de gros efforts pour en
minimiser l’application. L’enquête menée auprès de pay-
sans bio décrite dans cet article présente pour la pre-
mière fois des valeurs chiffrées des quantités de cuivre
effectivement utilisées en pratique.
M é t h o d e s
Enquête
Dans le cadre de cette étude, 38 producteurs de Bio
Suisse ont été interrogés. L’enquête se fonde sur l’enre-
gistrement des traitements phytosanitaires destiné au
contrôle d’exploitation et couvre la période 2009–2012.
Pour les fruits et les légumes, un nombre limité de pro-
ducteurs ont été interrogés, sélectionnés parmi les four-
nisseurs les plus importants d’un détaillant particulier.
Les agriculteurs interrogés assurent une part considé-
rable de la production biologique suisse (tabl. 1). Toute-
fois, ils ne sont pas nécessairement représentatifs en
termes de taille d’exploitation ni de répartition géogra-
phique. Selon toute vraisemblance, la taille des exploita-
I n t r o d u c t i o n
Dès les années 1880, le cuivre a été utilisé dans les
vignobles suisses pour lutter contre le mildiou (Plasmo-
para viticola). Entre 1920 et 1960, le cuivre a été abon-
damment utilisé; de nombreux vignerons ont appliqué
en moyenne jusqu’à 50 kg/ha/an (Räz et al. 1987) (fig. 1).
En Allemagne, les quantités appliquées ont parfois
atteint 80 kg/ha/an, voire plus (Kühne et al. 2009).
Aujourd’hui, la quantité maximale autorisée de fon-
gicides à base de cuivre est limitée. La limite se réfère
toujours à la proportion de cuivre pur contenu dans les
substances actives (hydroxyde de cuivre, oxychlorure de
cuivre, bouillie bordelaise, etc.). En Suisse, les quantités
maximales autorisées de fongicides à base de cuivre sont
définies: (i) par l’autorité compétente en matière d’auto-
risation des produits phytosanitaires (Office fédéral de
l’agriculture, OFAG) pour l’agriculture d’une manière
générale; (ii) par l’ordonnance sur l’agriculture biolo-
gique pour l’ensemble des producteurs bio, et (iii) par les
cahiers des charges de Bio Suisse pour ses membres.
Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes culturesBernhard Speiser1, Esther Mieves2 et Lucius Tamm1
1Institut de recherche de l’agriculture biologique FiBL, 5070 Frick, Suisse2Universität Kassel, Fachgebiet Ökologischer Pflanzenschutz, 37213 Witzenhausen, Allemagne
Renseignements: Bernhard Speiser, e-mail: [email protected]
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Figure 1 | Dans ce vignoble, le dépôt bleu sur les échalas témoigne d’une utilisation de quantités élevées de cuivre depuis des décen-nies (photo datant de 1989). (Photo: Andreas Häseli, FiBL)
Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures | Production végétale
161
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 160–165, 2015
Aujourd’hui, l’utilisation de fongicides à base de
cuivre est soumise à des limites quantitatives.
Pour les producteurs biologiques suisses, les
limites applicables sont fixées par l’autorité
compétente en matière d’autorisation des
produits phytosanitaires, par l’ordonnance sur
l’agriculture biologique et par les cahiers des
charges de Bio Suisse. Les quantités maximales
s’élèvent à 1,5 kg/ha/an pour les fruits à noyaux,
à 2 kg/ha/an pour les petits fruits et à 4 kg/ha/an
pour les autres cultures. Une enquête a été
menée auprès des producteurs de Bio Suisse pour
savoir quelles quantités de cuivre étaient réelle-
ment appliquées en pratique. Les producteurs ont
été interrogés sur les quantités de cuivre utilisées
sur la période 2009–2012. La quantité moyenne
de cuivre utilisée pour les surfaces d’assolement
et pour les surfaces viticoles a été estimée.La quantité moyenne de cuivre utilisée pour les
pommes, toutes les espèces de petits fruits, les
choux, les tomates, les concombres et les
variétés résistantes de vigne, est inférieure à 1
kg/ha/an. Pour les poires, les abricots et les
carottes, elle est comprise entre 1 et 2 kg/ha/an
et pour les cerises, les pommes de terre, les
céleris et les variétés de vigne européennes
traditionnelles, elle est supérieure à 2 kg/ha/an.
La quantité moyenne de cuivre utilisée est de 0,7
kg/ha/an sur les surfaces d’assolement et de 2,5
kg/ha/an sur les surfaces viticoles. Cette enquête
montre que les paysans bio suisses utilisent
nettement moins de cuivre que les quantités
maximales autorisées. Toutefois, l’apport de
cuivre dans l’environnement doit encore être
réduit. Pour cela, l’agriculture biologique
poursuit aujourd’hui une stratégie combinée, qui
comprend la culture de variétés résistantes, des
adaptations de la conduite culturale, des
optimisations de l’application de cuivre et
l’utilisation de produits de substitution.
tions ayant fait l’objet de l’enquête est supérieure à la
moyenne et la Suisse orientale est surreprésentée.
Pour la viticulture, un appel a été lancé auprès de
producteurs de Bio Suisse, parmi lesquels douze vigne-
rons ayant déclaré utiliser du cuivre sur leur exploitation
ont été choisis. Quelques exploitations viticoles impor-
tantes ne figuraient pas dans cette liste, contrairement à
la sélection de producteurs de fruits et légumes. De plus,
la proportion de surfaces plantées en variétés fongi-
résitantes dans les exploitations étudiées était supé-
rieure à celle observée dans l’ensemble de la Suisse.
L’estimation de la moyenne pondérée par la surface (voir
ci-dessous) permet toutefois de corriger ce biais.
Évaluation
La moyenne pondérée par la surface, calculée pour l’en-
semble des producteurs et de la période, a été utilisée
pour exprimer la quantité de cuivre appliquée pour
chaque culture.
À partir des données relatives aux légumes de plein
champ et aux pommes de terre, la quantité moyenne de
cuivre utilisée pour les surfaces d’assolement (pour l’en-
semble des cultures) a été estimée comme suit: (i) parmi
les cultures d’assolement, les pommes de terre, les
carottes, les céleris et les choux peuvent être traités au
cuivre; (ii) la quantité pondérée par la surface de cuivre
utilisée pour ces quatre cultures a été déterminée; (iii)
sur une exploitation modèle étudiée de façon plus pré-
cise, l’ensemble de ces quatre cultures représentait 52 %
des surfaces d’assolement; (iv) cette donnée a été utili-
sée pour estimer la quantité de cuivre appliquée sur
l’ensemble des surfaces d’assolement (l’ensemble des
cultures = 100 % des surfaces).
Les données relatives à la vigne ont été exploitées
séparément selon les deux groupes de variétés: les varié-
tés européennes et les variétés fongi-résistantes, les pre-
mières étant nettement plus sensibles au mildiou. La
quantité moyenne de cuivre appliquée sur les vignobles
bio a été estimée comme suit: (i) dans les vignobles bio
suisses, la proportion de variétés européennes est esti-
mée à 75 % et celle des variétés fongi-résistantes à 25 %
(communication personnelle d’Andreas Häseli, FiBL). (ii)
Les quantités moyennes de cuivre appliquées sur les
deux groupes de variétés ont été déterminées séparé-
ment. (iii) Ensuite, la moyenne pondérée par la surface a
été calculée pour les deux groupes de variétés.
R é s u l t a t s
La quantité moyenne de cuivre utilisée varie fortement
selon la culture (tabl. 1). Dans le cas des pommes, des
petits fruits, des choux, des tomates et des concombres,
elle est inférieure à 1 kg/ha/an. Dans celui des poires, des
abricots et des carottes, elle se situe entre 1 et 2 kg/ha/an,
et dans le cas des cerises, des pommes de terre et des
céleris, elle est supérieure à 2 kg/ha/an. En viticulture, la
quantité de cuivre appliquée sur les variétés fongi-résis-
tantes est près de six fois moindre que celle utilisée pour
les variétés européennes. La quantité de cuivre utilisée,
Production végétale | Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures
162
estimée à partir d’une surface d’assolement moyenne,
s’élève à 0,7 kg/ha/an, tandis que la quantité estimée
à partir d’une surface moyenne de vignoble est de
2,5 kg/ha/an.
La part réellement utilisée de la quantité maximale
de cuivre autorisée varie fortement selon les cultures
(tabl. 1, dernière colonne). Dans le cas des fraises, des
myrtilles, des framboises, des groseilles, des choux, des
tomates, des concombres, la part utilisée est inférieure
à 25 % de la quantité maximale autorisée. Dans le cas
des abricots, des mûres et des carottes, la part utilisée
est comprise entre 25 et 50 % de la quantité maximale
et dans celui des pommes, des poires, des cerises, des
pommes de terre et des céleris, elle est supérieure à
50 % de celle-ci. En viticulture, la part appliquée rap-
portée à la quantité maximale autorisée diffère forte-
ment selon qu’il s’agit de variétés fongi-résistantes ou
de variétés européennes. En ce qui concerne la culture
de fruits à pépins et à noyaux, seuls quelques produc-
teurs utilisent la quantité maximale autorisée. Dans les
autres cultures, aucun des agriculteurs interrogés n’at-
teignait cette limite.
D i s c u s s i o n
Cette enquête montre que les paysans bio suisses uti-
lisent en moyenne nettement moins de cuivre que les
quantités maximales autorisées. Les effets de l’utilisation
du cuivre doivent être évalués en fonction des quantités
réellement appliquées. Dans certaines cultures, elles
peuvent être 10 à 30 fois plus faibles que les quantités
maximales autorisées.
Les producteurs interrogés utilisent volontairement
des quantités inférieures aux limites autorisées. Cette
réduction n’est possible qu’en luttant par d’autres
moyens contre les maladies. Selon la culture, différentes
solutions sont disponibles (voir plus loin). Pour pouvoir
minimiser les applications de cuivre sur leur exploita-
tion, les producteurs doivent cependant être prêts à
consentir des frais plus élevés et/ou à prendre davan-
tage de risques.
Les producteurs de fruits et légumes interrogés
assurent une part sensible de la production biologique
suisse. En revanche, les données relatives à la viticulture
n’incluent pas certaines exploitations viticoles impor-
CultureProducteurs interrogés
Quantité de cuivre(kg/ha/an)
Part réellement utilisée de la quantité maxi-male autorisée (%) Nombre
Part de la surface bio (%)
Cultures fruitières 13
Pommes 10 50 0,9 60
Poires 6 50 1,2 80
Abricots 3 40 1,7 43
Cerises 2 10 2,5 63
Mûres 2 50 0,6 30
Fraises 5 30 0,4 20
Myrtilles, framboises, groseilles 5 30 0,1 5
Pommes de terre et légumes 7
Pommes de terre 6 10 2,8 70
Carottes 4 * 1,4 35
Céleris 3 * 2,7 68
Choux 6 * 0,1 3
Estimation des surfaces d’assolement 0,7
Cultures en serres 6
Tomates 5 * 0,2 5
Concombre 6 * 0,1 3
Vignes 12
Variétés européennes 8 11 2,9 73
Variétés fongi-résistantes 9 8 0,5 13
Estimation des surfaces de vignobles 2,5*La part de la surface bio n’a pas pu être déterminée pour ces cultures.
Tableau 1 | Producteurs interrogés, quantité moyenne de cuivre utilisée et part réellement utilisée de la quantité maximale autorisée pour différentes cultures. Les quantités maximales autorisées varient selon la culture (voir introduction)
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 160–165, 2015
Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures | Production végétale
163
de vignes résistantes, pour éviter l’apparition de
souches de mildiou résistantes. Diverses variétés résis-
tantes de pommiers, requérant une utilisation mini-
male de cuivre, sont également disponibles. La culture
de ces variétés est cependant freinée par les besoins
du marché, par exemple par la demande de la variété
Gala, très appréciée, mais sensible à la tavelure. Grâce
à un intense effort de marketing du commerce de
détail, la proportion de variétés résistantes a pu être
continuellement augmentée et représente actuelle-
ment plus de 40 % en Suisse. De même, il existe
aujourd’hui diverses variétés de pommes de terre résis-
tantes, mais leur commercialisation se heurte aux
mêmes obstacles que celle des variétés résistantes de
pommiers ou de vignes.
Cette enquête met également en lumière l’impor-
tance de la conduite culturale en particulier pour les
cultures en serres. L’humidité de l’air dans les serres peut
être régulée de façon à éviter les infections. L’applica-
tion de cuivre n’est alors nécessaire qu’en périodes de
forte humidité prolongées, pendant lesquelles la régu-
lation de l’humidité est insuffisante. Dès lors, la quan-
tité moyenne utilisée sur les tomates et les concombres
est très faible mais pas nulle.
L’enquête montre également l’influence de la
conduite culturale pour la production de cerises. Ainsi,
dans un verger haute-tige en plein air, un producteur
doit utiliser jusqu’à 4 kg de cuivre/ha/an. Un autre pro-
ducteur de cerises de table exploite un verger moderne
avec protection contre les intempéries. Cette pratique
réduit si fortement le risque d’infection par la tavelure,
la cylindrosporiose, la pourriture amère et en partie
également la moniliose, que les traitements par le
cuivre peuvent être considérablement réduits. Dans
l’optique d’une minimisation de l’utilisation du cuivre,
les vergers modernes avec protection contre les intem-
péries sont à privilégier, alors que, du point de vue de la
préservation des paysages, les vergers haute-tige sont
plus avantageux.
L’efficacité de la réduction du dosage de cuivre peut
être optimisée par les mesures techniques suivantes: (i)
les modèles prévisionnels permettent de faire coïncider
le mieux possible les applications de cuivre avec les
périodes d’infection anticipées. Les modèles utilisés en
pratique sont, par exemple, RIMpro (tavelure de la
pomme), Vitimeteo-Plasmopara (mildiou de la vigne) et
phytoPRE (mildiou de la pomme de terre). (ii) Les tech-
niques modernes favorisent l’application uniforme du
dépôt de cuivre sur les surfaces supérieure et inférieure
de la feuille (fig. 2 et 3). Compte tenu de l’action pure-
ment protectrice du cuivre, l’application doit être homo-
gène pour être efficace. (iii) Les formulations modernes
tantes, de sorte que la quantité moyenne de cuivre uti-
lisée a dû être extrapolée. Les quantités de cuivre appli-
quées, déterminées pour l’agriculture biologique suisse,
sont du même ordre de grandeur que les quantités uti-
lisées par les paysans bio allemands. Les agriculteurs
interrogés lors des enquêtes les plus récentes des asso-
ciations agricoles allemandes utilisent environ 1 à 2 kg/
ha/an selon les cultures (Kanthak et al. 2014).
Le cuivre est souvent utilisé aussi en production inté-
grée et conventionnelle pour les raisons suivantes: (i) le
cuivre est la seule substance active autorisée pour lutter
contre certaines maladies; (ii) pour la gestion des résis-
tances; (iii) pour des raisons de coûts. Une étude alle-
mande montre que les quantités de cuivre utilisées par
unité de surface dans la plupart des cultures en agricul-
ture conventionnelle sont plus faibles qu’en agriculture
biologique. Cette différence s’explique par le fait que
de nombreux autres fongicides sont autorisés en agri-
culture conventionnelle (Kühne et al. 2009).
Possibilités actuelles de réduction du cuivre
L’agriculture biologique poursuit aujourd’hui une stra-
tégie combinée destinée à minimiser l’utilisation du
cuivre: cultiver des variétés résistantes ou tolérantes,
adapter la conduite culturale, optimiser les applications
de cuivre et utiliser des produits de substitution.
L’intérêt des variétés résistantes apparaît claire-
ment dans cette enquête, particulièrement en viticul-
ture où les quantités de cuivre appliquées sur les varié-
tés fongi-résistantes sont six fois plus faibles que sur
les variétés européennes. Une application minimale de
cuivre est toutefois conseillée, même sur les variétés
Figure 2 | Une application sous les feuilles des produits phytosani-taires permet une meilleure pulvérisation à la surface inférieure du limbe. Dans les cultures de pommes de terre, cette technique ne convient que jusqu’à la fermeture des rangs. Par la suite, les «Droplegs» s’empêtreraient dans les plants et les endommage-raient. (Photo: Bernhard Speiser, FiBL)
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 160–165, 2015
164
Production végétale | Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures
de cuivre permettent d’obtenir une bonne répartition à
la surface des feuilles et offrent une meilleure résistance
à la pluie, ce qui permet de réduire les doses.
Les produits de substitution contribuent également
à réduire l’utilisation de cuivre. Le soufre, l’argile et le
bicarbonate de potassium figurent parmi les consti-
tuants habituels du programme de traitement des pro-
ducteurs bio suisses et remplacent les applications de
cuivre à de nombreux stades de culture. En Allemagne,
l’utilisation de sulfure de calcium est répandue en agri-
culture biologique. Il est appliqué du début des cultures
jusqu’en milieu de saison et le produit peut être utilisé
pendant la phase d’infection. En Suisse, l’utilisation de
sulfure de calcium comme produit phytosanitaire est
encore soumise à autorisation; ce produit ne peut donc
pas être utilisé actuellement. L’application de phospho-
nate de potassium (phosphite de potassium) comme
produit de substitution fait encore l’objet de discussions.
En Allemagne, ce produit a été utilisé en viticulture bio
jusqu’en 2013. Actuellement, son emploi en agriculture
biologique n’est pas autorisé; une demande d’autorisa-
tion dans l’UE a cependant été déposée. Il est peu pro-
bable que cette demande aboutisse. Les critiques
portent en particulier sur la présence de résidus de phos-
phonate dans les produits récoltés et dans le vin (EGTOP
2014).
Autres sources de cuivre
Cette étude traite de l’application de fongicides à base
de cuivre. Il existe cependant d’autres sources de cuivre
dans l’environnement. En agriculture, des quantités
considérables de cuivre proviennent de l’épandage d’en-
grais de ferme, d’engrais commerciaux, de composts et
de résidus de fermentation. Dans une étude autrichienne,
la charge moyenne de cuivre due à l’épandage de fumier
a été estimée à près de 0,2 kg/ha/an pour le fumier de
volaille, à 3 kg/ha/an pour le fumier de porc et à 1,5 kg/
ha/an pour le fumier de dinde (Zethner et al. 2007). La
teneur en cuivre dans les engrais dépend directement
du contenu en cuivre des aliments. En particulier, les ali-
ments pour porcelets sont fortement enrichis en cuivre.
Pour minimiser également cet apport de cuivre, Bio
Suisse a fixé des limitations strictes pour la teneur en
cuivre des aliments bio pour animaux. Par exemple,
selon la liste contraignante des aliments pour animaux,
la teneur autorisée en cuivre dans la nourriture pour
porcelets conforme au cahier des charges de Bio Suisse
est de 6 mg/kg, alors que, dans la nourriture conven-
tionnelle 170 mg/kg sont autorisés.
Par ailleurs, il existe également des sources non agri-
coles importantes de cuivre. Les plus importantes sont le
trafic routier (abrasion des freins), les conduites d’eau
potable, les lignes électriques aériennes et les toitures
(Hillenbrand et al. 2005). La quantité totale de cuivre
due au trafic routier dans l’environnement est nette-
ment plus élevée que la charge due aux fongicides. Tou-
tefois, l’apport par unité de surface résultant du trafic
est vraisemblablement plus faible, car ces émissions
concernent des surfaces non agricoles et les eaux.
C o n c l u s i o n s
L’apport de cuivre dans l’environnement doit encore
être réduit. Toutefois, renoncer totalement aux fongi-
cides à base de cuivre est actuellement impossible tant
en agriculture biologique que conventionnelle. Il est en
revanche possible de réduire davantage l’utilisation de
cuivre, en affinant la stratégie de réduction du cuivre
décrite schématiquement ci-dessus et en la mettant réso-
lument en œuvre.
Le développement de nouveaux types de fongicides
pourrait être un facteur décisif en vue d’une suppression
totale du cuivre. Actuellement, différents projets de
recherche visant à trouver des alternatives au cuivre sont
en cours. Le projet CO-FREE a pour objet de faire pro-
gresser simultanément le développement de nouveaux
fongicides, l’élaboration de nouveaux modèles prévi-
sionnels et l’amélioration de l’acceptation de variétés
résistantes par le marché.� n
Figure 3 | En mélangeant une substance fluorescente à la bouillie pulvérisée, il est possible d’observer sous lumière ultra-violette comment le dépôt se distribue sur les feuilles. Cette méthode per-met de vérifier l’efficacité de nouvelles techniques d’application. (Photo: Bernhard Speiser, FiBL)
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 160–165, 2015
Remerciements
Nous tenons à remercier pour leur précieuse collaboration le détaillant et tous les producteurs qui ont participé à cette étude.
165
Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Bibliographie ▪ EGTOP, 2014. Final Report on Plant Protection Products (II). www.ec.eu-ropa.eu/agriculture/organic.
▪ Hillenbrand T., Toussaint D., Böhm E., Fuchs S., Scherer U., Rudolphi A. & Hoffmann M., 2005. Einträge von Kupfer, Zink und Blei in Gewässer und Böden – Analyse der Emissionspfade und möglicher Emissionsminde-rungsmaßnahmen. Texte 19 / 05. Umweltbundesamt, Dessau.
▪ Kanthak S., Kienzle J. & Patzwahl W., 2014. Saisonberichte und Stand der Umsetzung der Kupferminimierungsstrategie. Présentations au séminaire professionnel sur le cuivre 2014 du 21 novembre 2014 à Berlin. http://kupfer.jki.bund.de.
▪ Kühne S., Strassemeyer J. & Rossberg D., 2009. Anwendung kupferhalti-ger Pflanzenschutzmittel in Deutschland. Journal für Kulturpflanzen 6, 126–130.
▪ Räz B., Schüepp H. & Siegfried, W., 1987. Hundert Jahre Plasmopara- Bekämpfung und Kupfereintrag in die Rebberge. Schweizerische Zeit-schrift für Obst- und Weinbau 123, 272–277.
▪ Zethner G., Sattelberger R. & Hanus-Illnar, A., 2007. Kupfer und Zink im Wirtschaftsdünger von Schweine- und Geflügelmastbetrieben. Umwelt-bundesamt, REP-0073, Vienne.
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 160–165, 2015
Uso di rame in diverse colture da parte di
biocontadini svizzeri
I quantitativi di fungicidi a base di rame
sono attualmente limitati. Per i bioproduttori
svizzeri valgono le limitazioni imposte dal
servizio di omologazione per prodotti
fitosanitari, dall’Ordinanza bio e dalle
direttive di Bio Suisse. I quantitativi massimi
ammessi ammontano a 1,5 kg/ha/anno per
frutta a granella, a 2 kg/ha/anno per bacche
e a 4 kg/ha/anno per le altre colture.
Abbiamo analizzato quanto rame viene
impiegato effettivamente nella pratica.
Per questa valutazione abbiamo interrogato
diversi produttori di Bio Suisse in merito
all’uso di rame negli anni 2009–2012. Da
questi dati abbiamo estrapolato l’uso medio
di rame sulle superfici di avvicendamento e
nei vigneti.
Per quanto riguarda le mele, tutte le specie
di bacche, i cavoli, i pomodori, i cetrioli e le
varietà di vite resistenti, l’impiego medio di
rame è risultato inferiore a 1 kg/ha/anno.
Per le pere, le albicocche e le carote il valore
si è situato tra 1 e 2 kg/ha/anno e per le cilie-
gie, le patate, il sedano e le varietà di vite
europee tradizionali ha superato 2 kg/ha/
anno. L’uso medio di rame su superfici di
avvicendamento è risultato pari a 0,7 kg/ha/
anno, nei vigneti 2,5 kg/ha/anno.
Da questo sondaggio emerge che i contadini
bio svizzeri spargono nettamente meno
rame di quanto è permesso. L’agricoltura
biologica persegue attualmente una strate-
gia combinata per minimizzare l’uso di rame,
che implica la coltivazione di varietà resi-
stenti, adeguamenti nella gestione delle
colture, ottimizzazione dell’uso di rame e
impiego di prodotti alternativi.
Crop-specific copper applications by Swiss
organic farmers
There are currently quantitative restrictions
on the use of copper-based fungicides. In
Switzerland, restrictions are imposed on
organic farmers by the licensing authority
for pesticides, the Swiss Organic Farming
Ordinance and the Bio Suisse Standards. The
maximum permitted quantities are 1.5 kg/
ha/a in pome fruit, 2 kg/ha/a in soft fruit
and 4 kg/ha/a in other crops. We have
examined the actual quantities of copper
applied on farms.
For this study, we surveyed Bio Suisse
producers on their use of copper-based
fungicides in the years 2009–2012 and
extrapolated the average quantities of
copper applied on crop rotation plots and
viticulture plots.
Average copper applications were less than
1 kg/ha/a in apples, all soft fruit species, cab-
bages, tomatoes, cucumbers and resistant
grape cultivars. Between 1 and 2 kg/ha/a
were applied to pears, apricots and carrots,
whereas cherries, potatoes, celeriac and
traditional European grape cultivars received
more than 2 kg/ha/a. Copper was applied at
average rates of 0.7 kg/ha/a in crop rotation
plots and 2.5 kg/ha/a in viticulture plots.
This survey shows that Swiss organic
farmers apply significantly less copper than
the maximum permitted quantities. The
organic farming sector is pursuing a com-
bined strategy for minimizing copper
applications that involves resistant cultivars,
adaptations in crop husbandry, optimized
copper applications and the use of alterna-
tive products.
Key words: Bio Suisse, copper fungicides,
plant protection, organic farming, Switzerland.
166 Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 166–173, 2015
cules vont s’allonger. Dans un premier temps, les réserves
en amidon de la pomme de terre vont permettre la crois-
sance des germes. Dans un deuxième temps, à la suite de
la levée, les feuilles fourniront l’énergie nécessaire par
photosynthèse (Mazoyer 2002).
Les variétés sont caractérisées par la rapidité de leur
vieillissement qui peut être défini comme étant l’évolu-
tion de l’âge physiologique du tubercule (Delaplace
2007). L’âge physiologique est un processus de transfor-
mation des tissus végétaux de réserves (l’amidon), qui
aura une influence sur la capacité du tubercule à croître
et à tubériser (Delaplace 2007). Les trois principaux fac-
teurs faisant varier le vieillissement sont la génétique de
la variété, l’âge chronologique du tubercule et l’environ-
nement dans lequel il se trouve (Reust 1981; Delaplace
2007). Au début de la vie du tubercule, c’est la génétique
de la variété qui détermine majoritairement sa vitesse
de vieillissement. A la suite de l’endodormance, c’est
l’environnement qui devient déterminant (Delaplace et
al. 2008). Les composantes de l’environnement qui
influent sur le vieillissement sont principalement les
caractéristiques pédoclimatiques du lieu de production
ainsi que la température de conservation (Reust 1981).
Le vieillissement passe par trois stades consécutifs
particulièrement importants pour les agriculteurs, car ils
déterminent le rendement et la qualité de la production.
Peu après la levée de la dormance, la croissance des
germes est lente et la dominance apicale est forte, ce qui
implique qu’un seul germe principal se développe. Par la
suite, la dominance apicale va diminuer et d’autres
germes à croissance plus rapide vont apparaître. Enfin,
les ressources du tubercule (l’amidon) s’épuisent, le
tubercule est alors trop vieux et présente de multiples
germes ramifiés (Rousselle et al. 1996). Le vieillissement
influence également le nombre et la rapidité de crois-
sance des tiges, mais aussi le démarrage de la formation
des tubercules fils (appelée tubérisation) et leur nombre
par plante de pomme de terre. Dans certains cas, où le
vieillissement est très avancé, il est possible d’observer
un phénomène de boulage (fig. 1), c’est-à-dire la forma-
tion de tubercules fils sur les germes sans que la plante
ne lève. Ces tubercules fils sont de moindre qualité, ce
I n t r o d u c t i o n
La liste suisse des variétés de pomme de terre 2015
recommande 32 variétés (Schwärzel et al. 2014). Cha-
cune d’elles dispose d’une physiologie propre qui peut
être caractérisée par deux phases consécutives, la dor-
mance et l’incubation. La durée de chaque phase est
propre à chaque variété. Le développement de la pomme
de terre commence avec la formation du tubercule. Une
fois celui-ci formé, il va passer par une première phase
de dormance durant laquelle il ne va pas germer. Cette
phase peut être divisée en deux parties successives. La
première est l’endodormance, période pendant laquelle
le tubercule est incapable de germer quelles que soient
les conditions. La seconde période est une dormance
maintenue artificiellement par des conditions de conser-
vation retardant le démarrage de la germination (tem-
pérature entre 4 et 10 °C) (Rousselle et al. 1996; Martin
et Gravoueille 2001). A la fin de cette phase de dormance,
le tubercule va entamer sa germination et entrer dans sa
phase d’incubation durant laquelle les germes des tuber-
Emilie Carrera, Gaétan Riot, Werner Reust, Jean-Paul Dutoit, Jean-Marie Torche et Brice Dupuis
Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 1260, Nyon, Suisse
Renseignements: Brice Dupuis, e-mail: [email protected]
Essai dégermage à La Frêtaz (photo: Gaétan Riot)
Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur | Production végétale
167
Réu
mé
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 166–173, 2015
La physiologie du tubercule de pomme de
terre est caractérisée par deux phases
consécutives: la dormance et l’incubation. La
dormance est la période durant laquelle le
tubercule est en repos végétatif et ne germe
pas, tandis que l’incubation commence à la
germination et se termine au moment de la
formation des premiers tubercules fils. La
durée des périodes de dormance et d’incuba-
tion est propre à chaque variété. Les variétés
à dormance courte seront plus difficiles à
conserver et les variétés à incubation courte
vieilliront plus rapidement. Si le vieillisse-
ment du tubercule est trop avancé, le plant
lèvera avec difficulté et les rendements
seront faibles. De plus, certaines variétés
sont particulièrement sensibles au déger-
mage, manipulation provoquant l’accéléra-
tion artificielle du vieillissement des plants.
Des essais spécifiques ont été mis en place
par Agroscope afin de caractériser la physio-
logie des variétés de pommes de terre
inscrites dans la liste recommandée 2015.
Ces essais ont montré qu’il n’y avait pas de
lien entre la durée de la dormance, la durée
de l’incubation et la sensibilité au déger-
mage. Ils ont également permis de caractéri-
ser la physiologie de l’ensemble des variétés
de la liste recommandée 2015 (les résultats
obtenus sont présentés dans un tableau
synthétique). Cette caractérisation est
primordiale afin de garantir un stockage
approprié des plants, de déterminer les
conditions et la durée de la prégermination,
de garantir une bonne levée et un dévelop-
pement végétatif rapide, autant d’éléments
déterminants pour un rendement élevé en
tubercules.
qui engendre des pertes conséquentes pour les produc-
teurs (Martin et Gravoueille 2001; Rousselle et al. 1996).
En connaissant les différentes durées des stades du vieil-
lissement, il est possible de déterminer le moment le
plus opportun pour la plantation d’une variété donnée,
c’est-à-dire quand le plant présente un nombre impor-
tant de germes à croissance rapide (Reust et Hebeisen
2003). En effet, une germination abondante garantit un
nombre important de tiges, une tubérisation impor-
tante ainsi qu’un rendement conséquent.
Les plants de pommes de terre des variétés à dor-
mance courte conservés dans des conditions sous-opti-
males peuvent commencer à germer dès le stockage. Si
cette germination est trop importante, ceux-ci doivent
être dégermés avant la plantation. Dans le cas où le vieil-
lissement de ces plants est déjà avancé, ceux-ci vont pré-
senter des retards à la levée ainsi qu’un faible dévelop-
pement végétatif et par conséquent donner un
rendement faible. Dans des cas extrêmes où le vieillisse-
ment des plants est très avancé, il est possible d’observer
le développement de tubercules fils en l’absence de
feuillage, c’est-à-dire du boulage (fig. 1.). La sensibilité
au dégermage permet donc d’évaluer l’état de vieillisse-
ment du plant. Les variétés présentant des yeux superfi-
ciels sont en général plus sensibles au dégermage, car
leurs germes se cassent plus facilement lors de la mani-
pulation des plants (Rousselle et al. 1996).
Deux essais distincts sont menés chaque année par
Agroscope afin de mesurer la sensibilité au vieillisse-
ment des différentes variétés de pomme de terre. Le
premier essai repose sur l’étude de la durée de la dor-
mance et de l’incubation. Le second s’intéresse à la diffé-
rence de développement et de rendement entre des
plants dégermés et des plants non dégermés conservés
dans des conditions optimales.
Figure 1 | Boulage au champ. (photo: Werner Reust)
Production végétale | Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur
168
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Les caractéristiques physiologiques de 29 variétés de
pomme de terre ont été étudiées dans deux essais. Afin
que ces deux essais soient réalisés avec des tubercules
présentant des antécédents culturaux identiques, tous
les plants des différentes variétés utilisées ont été pro-
duits au même endroit, à Goumoëns-la-ville, à 650 m
d’altitude (Reust et Hebeisen 2003).
L’essai incubation commence, comme illustré dans
la figure 2, par la plantation des tubercules G0 à Gou-
moëns-la-ville (VD). La détermination pour chaque
variété de la date de tubérisation au champ de l’individu
G1 est obtenue grâce à l’arrachage de plants deux fois
par semaine et à l’observation de l’apparition des pre-
miers tubercules. Une fois cette date déterminée, les
tubercules se développent sans intervention extérieure
jusqu’à la récolte. Après celle-ci, les tubercules sont stoc-
kés pendant deux semaines à 18 °C afin que la peau se
cicatrise. Vingt tubercules de chaque variété sont ensuite
disposés dans une caisse de 17×40×60 cm sur un lit de
perlite de 3 cm (fig. 3). Les pommes de terre sont ensuite
entreposées dans des conditions idéales pour la germi-
nation, c’est-à-dire à 18 °C et 80 % d’humidité relative
(HR). La perlite est arrosée une première fois lors de la
mise en place de l’essai, puis deux fois par semaine
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Dégermage
Cicatrisation à 18 °C (Changins)
Stockage à 18 °C, 80 % HR
Boulage (G2)
Récolte (G1)
Germination
Plantation (G0)(Goumoëns-la-Ville)
Tubérisationau champ (G1)
Laps de temps variablesPhase d’incubationPhase de dormance
Essai incubationEssai dégermage
Stockage à4 °C, 80% HR
Prégermination Stockage à 15°C, 80% HR
Grou
pe A
Groupe B
Prégermination Stockage à 15 °C,
80% HRGroupe A et B
Plantation à La Frêtaz (G2)(Groupe A et B)
Figure 2 | Schéma de l’essai dégermage et de l’essai incubation. Les traits bleus indiquent la phase de dormance du tubercule et les traits verts la phase d’incubation. Les carrés oranges re-présentent des laps de temps variables selon les variétés analysées dans le cadre de ces essais.
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 166–173, 2015
Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur | Production végétale
169
première fois dans l’obscurité pendant 4 mois à 15 °C et
80 % HR, puis dégermé manuellement avant d’entamer
une nouvelle phase de prégermination à la lumière
(15 °C; 80 % HR) avant la plantation. Les groupes A et B
de chaque variété sont ensuite plantés côte à côte au
champ sur le site de La Frêtaz (Bullet, VD) à 1200 m d’alti-
tude selon un dispositif en bloc aléatoire complet avec
3 à 4 répétitions. Chaque parcelle d’essai compte deux
lignes de 25 tubercules (30 cm entre les plants et 75 cm
entre les buttes). Pour chacune d’elles, le pourcentage
de plants ayant levé et le rendement des tubercules sont
alors comptabilisés (Reust et Hebeisen 2003; Dupuis et al.
2014). Les résultats ont été ensuite traités de façon sem-
blable à ceux de l’essai incubation. La variété Bintje a
été utilisée comme témoin pondérant les fluctuations
annuelles dues à l’environnement. La différence moy-
enne de rendement entre les groupes A et B de la variété
étudiée a été soustraite à la différence moyenne de ren-
dement entre les groupes A et B de la variété Bintje pour
l’année correspondante. Durant les années où la variété
Markies a été étudiée, la variété Bintje n’a pas été culti-
vée. Ces années-là, la moyenne de la variété Bintje sur
toutes les années étudiées a été utilisée.
Pour chacun des trois caractères physiologiques
observés (durée de la dormance, de l’incubation et sen-
sibilité au dégermage), les variétés ont été regroupées
selon trois classes. Ces trois classes ont été déterminées
en utilisant la formule suivante: taille des classes = ampli-
tude entre les extrêmes/3. Pour la durée de la dormance,
il a été distingué les variétés à dormance courte, à dor-
mance moyenne et à dormance longue. Un regroupe-
ment similaire a été réalisé afin de qualifier la durée de
la période d’incubation des variétés. Après regroupe-
ment de ces deux critères, les variétés ont été triées
selon neuf classes (positionnement matriciel) considé-
rant conjointement la longueur des périodes de dor-
mance et d’incubation. Enfin, les variétés ont été clas-
sées selon leur sensibilité décroissante au dégermage en
distinguant les variétés fortement, moyennement et
faiblement sensibles.
R é s u l t a t s
Les résultats de ces essais ont permis de caractériser la
physiologie de la plupart des variétés inscrites à la liste
recommandée des pommes de terre 2015.
Toutes les variétés, à l’exception d’Amandine,
d’Agata, de Lady Christl et de Victoria, ont une dor-
mance plus longue que Bintje (fig. 4). Parmi toutes les
variétés étudiées, Innovator présente la plus longue dor-
mance et Pirol la plus longue incubation. Amandine et
Annabelle sont les variétés ayant respectivement la dor-
jusqu’à la fin de celui-ci. Les tubercules sont contrôlés
tous les deux jours et la date de germination est établie
lorsque 80 % des tubercules sont munis de germes. La
date d’apparition d’une nouvelle génération de tuber-
cules sur les germes (boulage G2) est également contrô-
lée tous les deux jours (Reust et Hebeisen 2003). Les
résultats pour chaque variété sont ensuite exprimés en
degrés-jours. Ils sont composés de la somme des tempé-
ratures journalières entre l’initiation de la tubérisation
et la germination (période de dormance) ainsi que de la
somme entre la germination et le boulage (période
d’incubation) (Reust et al. 2001). Les données de tempé-
rature au champ sont collectées à partir de la station
météorologique de Goumoëns (réseau Agrométéo),
grâce à une sonde de température à 10 cm de profon-
deur dans le sol. Après la récolte, c’est la température de
stockage (18 °C) qui sera utilisée pour le calcul des
degrés-jours. Afin d’atténuer les différences annuelles
provoquées par l’environnement dans cet essai, la
variété Bintje a été utilisée comme témoin. En effet, les
écarts de degrés-jours moyens entre la variété et Bintje
et les variétés étudiées ont été utilisés dans l’analyse des
données.
L’essai dégermage suit les mêmes étapes que l’essai
incubation jusqu’à la fin de la phase de cicatrisation des
tubercules (fig. 2). Après cette étape, les tubercules sont
placés 4 à 5 mois à 4 °C et 80 % HR puis séparés en deux
groupes (A et B). Le groupe A est maintenu pendant 2 à
5 mois supplémentaires à 4 °C et 80 % HR, puis mis en
prégermination à la lumière à 15 °C et 80 % HR pendant
une période qui peut varier de 4 à 6 semaines selon la
variété, afin d’obtenir des germes d’une longueur suffi-
sante pour être plantés. Le groupe B est prégermé une
Figure 3 | Caisse de l’essai incubation. (photo: Gaëtan Riot)
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 166–173, 2015
Production végétale | Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur
170
mance et l’incubation la plus courte. Il n’existe pas de
variété de pomme de terre dans les classes 7 et 9. Ces
classes désignent soit une variété ayant une dormance
courte et une incubation longue (classe 7), soit une dor-
mance et une incubation longues (classe 9). La plus
grande partie des variétés se situent dans la troisième
classe, c’est-à-dire que celles-ci sont dotées d’une dor-
mance longue suivie d’une incubation courte.
La perte moyenne de rendement de la variété Bintje en
cas de dégermage atteint 49 %. Les variétés les plus sen-
sibles au dégermage sont, selon le graphique (classe 1),
Alexandra, Annabelle, Celtiane, Ditta, Lady Felicia,
Nicola, Gwenne et Bintje. Les variétés présentant le
moins de sensibilité au dégermage (classe 3) sont Chal-
lenger, Charlotte, Fontane, Gourmandine, Innovator,
Jelly, Laura, Markies et Verdi. La variété la plus sensible
est Celtiane et la moins sensible Fontane.
Les trois caractéristiques physiologiques étudiées sur
les variétés dans les deux essais sont relativement indé-
pendantes les unes des autres (tabl. 1). La sensibilité au
dégermage et la durée d‘incubation sont les deux carac-
téristiques présentant le coefficient de corrélation le
plus élevé (r = 0,31ns).
D i s c u s s i o n
Les trois caractéristiques étudiées, c’est-à-dire la durée
de la dormance, la durée d’incubation et la sensibilité au
dégermage, sont des facteurs qui influencent le vieillis-
sement des tubercules de pomme de terre.
Le tableau 2 montre que chacune des variétés de la
liste recommandée 2015 présente des caractéristiques
physiologiques propres.
Les variétés à dormance courte devront être stockées à
basse température (2 – 3 °C) pour éviter qu’elles ne ger-
ment durant le stockage. Les variétés à dormance courte
et à incubation rapide sont conseillées pour les cultures
précoces, car elles auront un développement optimal au
moment de la plantation et par conséquent un rende-
ment maximal à la récolte (Rousselle et al. 1996).
Les variétés à dormance longue et à faible sensibilité
au dégermage devront impérativement être préger-
mées quelle que soit leur vitesse d’incubation, afin d’évi-
ter tout retard de levée au champ. Il s’agit des variétés
Challenger, Fontane, Innovator, Jelly, Panda et Verdi.
Les variétés à dormance longue, à incubation moyenne
et moyennement sensibles au dégermage pourront éga-
lement être prégermées sans trop de risques liés au
dégermage, car la vitesse de croissance des germes est
relativement lente. Il s’agit des variétés Agria, Antina et
Agata Agria
Alexandra Amandine
Annabelle
Ditta
Bintje
Celtiane
Antina Challenger
Erika
Fontane Gourmandine
Gwenne
Innovator
Jelly L. Christl L. Claire
L. Felicia
L. Rosetta
Laura Markies
Panda
Pirol
Venezia
Verdi
Victoria
-700
-500
-300
-100
100
300
500
700
-500 -300 -100 100 300 500 700
Axes en degrés-jours
Durée de la dormance et de l'incubation de variétés de pommes de terre
!"#$%&'())*"&+,()
-&',.%/"&)'",#0()
-&',.%/"&)*"&+,()
)'",#0()
Classe 9
!"#$%&'())*"&+,()
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)'",#0()!"#$%&'())
*"&+,()
-&',.%/"&)'",#0()
-&',.%/"&)*"&+,()
)'",#0()Dormance longue
Incubation courte
Incubation longue
Dormance courte
Classe 7 Classe 8
Classe 4 Classe 5 Classe 6
Classe 1 Classe 2 Classe 3
Figure 4 | Durées moyennes de dormance et d’incubation (en degrés-jours) de différentes variétés analysées comparative-ment à celles de la variété Bintje. Les neuf différentes classes ont été précédemment définies dans le texte.
r r2 p
sensibilité au dégermage/durée de dormance
0,03 <0,01 ns
sensibilité au dégermage/durée d‘incubation
0,31 0,09 ns
durée d‘incubation/durée de dormance -0,20 0,04 ns
Tableau 1 | Résultats des régressions linéaires simples entre la durée de dormance, la durée d’incubation et la sensibilité au déger-mage pour les 29 variétés étudiées. Le r est le coefficient de corré-lation, le r2 est le coefficient de détermination et le p donne la significativité de la régression (ns=non significatif).
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 166–173, 2015
Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur | Production végétale
171
Parmi les variétés à dormance courte, Charlotte ne
nécessite pas de précaution particulière, car elle est
peu sensible au dégermage. En revanche, les variétés
Agata, Amandine, Lady Christl, Nicola et Ratte pré-
sentent non seulement une dormance courte mais
aussi une sensibilité au dégermage moyenne à élevée.
Tout comme Celtiane, Ditta et Lady Felicia, ces variétés
devront donc être plantées lorsque les germes sont à
peine visibles. Pour ces variétés, une «stimulation» des
plants semble plus indiquée qu’une prégermination
proprement dite. Cette stimulation consiste à stocker
les plants pendant 3 à 4 jours dans un local à 15 – 20 °C
juste avant la plantation.
Les variétés Alexandra, Annabelle, Bintje et Gwenne
se conservent relativement bien (dormance moyenne),
par contre elles sont fortement sensibles au dégermage.
Pour ces variétés également, une stimulation des plants
semble plus indiquée qu’une prégermination classique.
Toutefois, la variété Gwenne présente une incubation
très longue, ses germes se développent lentement, ce
qui réduit le risque lié au dégermage. Les autres variétés
à dormance moyenne, telles que Désirée, Erika, Gour-
mandine, Lady Claire, Lady Rosetta, Laura, Markies,
Pirol et Victoria posent peu de problèmes d’un point de
vue physiologique. Il convient toutefois de surveiller de
près la germination de Victoria, car elle est dotée d’une
incubation courte et est moyennement sensible au
dégermage.
En cas de report de la plantation en raison de
conditions météorologiques défavorables, il est pos-
sible de freiner la croissance des germes ainsi que le
vieillissement des plants par une prégermination à la
lumière.
Une enquête réalisée auprès des quatre principales
coopératives de producteurs de plants de pommes de
terre en Suisse (établissements multiplicateurs) a révélé
que trois variétés de pomme de terre posaient occasion-
nellement des problèmes de levées irrégulières. Il s’agit
de Gourmandine, Alexandra et, dans une moindre
mesure, Amandine (résultats non publiés). La forte sen-
sibilité au dégermage des variétés Alexandra et Aman-
dine pourrait expliquer les problèmes rencontrés au
champ. Le cas de Gourmandine est plus atypique, car
malgré ses caractéristiques physiologiques plutôt favo-
rables, celle-ci pose occasionnellement des problèmes à
la levée. Etant donné sa dormance moyenne, il est peu
probable que les retards à la levée soient dus à un réveil
du plant plus tardif. De plus, les germes de cette variété
grandissent moyennement vite (incubation moyenne) et
elle est peu sensible au dégermage. Par conséquent, il
est peu plausible que les retards à la levée observés
soient dus à des cassures de germes à la plantation. Il est
Venezia. En revanche, les variétés à dormance longue et
sensibles au dégermage, telles que Celtiane, Ditta et
Lady Felicia, devront impérativement être plantées
lorsque leurs germes sont à peine visibles (stade point
blanc), sous peine d’observer des manques à la levée liés
à des cassures de germes à la plantation.
VariétésDurée de la dormance
Durée de l’incubation
Sensibilité au dégermage
Agata Courte Courte Moyenne
Agria Longue Courte Moyenne
Alexandra Moyenne Moyenne Élevée
Amandine Courte Moyenne Élevée1
Annabelle Moyenne Courte Élevée
Antina Longue Moyenne Moyenne
Bintje Moyenne Moyenne Élevée
Celtiane Longue Courte Élevée
Challenger Longue Courte Faible
Charlotte Courte1 Moyenne Faible
Désirée Moyenne1 Moyenne1 –
Ditta Longue Courte Élevée
Erika Moyenne Longue Moyenne
Fontane Longue Moyenne Faible
Gourmandine Moyenne Moyenne Faible
Gwenne Moyenne Longue Élevée
Hermes Longue2 Courte2 –
Innovator Longue Courte Faible
Jelly Longue Moyenne Faible
Lady Christl Courte Moyenne Moyenne
Lady Claire Moyenne Moyenne Moyenne
Lady Felicia Longue Courte Élevée
Lady Rosetta Moyenne Moyenne Faible2
Laura Moyenne Longue Faible
Markies Moyenne Longue Faible
Nicola Courte1 Moyenne Élevée
Panda Longue Moyenne Faible
Pirol Moyenne Longue Moyenne
Ratte Courte2 – Moyenne-élevée2
Venezia Longue Moyenne Moyenne
Verdi Longue Courte Faible
Victoria Moyenne Courte Moyenne
Tableau 2 | Durée de la dormance, durée de l’incubation et sensibi-lité au dégermage des 32 variétés de la liste des variétés recom-mandées 2015 (synthèse des données issues des deux essais et d’informations complémentaires).
1Informations recueillies auprès de sites internet regroupant plusieurs obtenteurs.2Informations recueillies dans les fiches de variétés de pomme de terre d’Agroscope.
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 166–173, 2015
172
Production végétale | Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur
à noter cependant que les yeux de cette variété sont très
superficiels, ce qui rend fragiles les germes en cas de
manipulation du tubercule. Dans le cadre de notre expé-
rimentation, les germes n’ont été cassés qu’une seule
fois. Par contre dans des conditions habituelles de pro-
duction, il est possible que les germes puissent être cas-
sés plus d’une fois entre la sortie du stockage et la plan-
tation. Il est donc très important de veiller à manipuler
cette variété avec beaucoup de précautions dès l’appari-
tion des germes.
C o n c l u s i o n s
Cette étude a mis en évidence que chaque variété de
pomme de terre présente des caractéristiques physiolo-
giques propres (tabl. 2). Une bonne connaissance de la
physiologie des variétés est primordiale afin de pouvoir
garantir un stockage approprié des plants, une bonne
levée et un développement végétatif rapide, autant de
facteurs qui sont déterminants pour un rendement élevé
en tubercules. n
-30 -20 -10 0 10 20 30 40 50 60 70
Agata
Agria
Alexandra
Annabelle
Antina
Celtiane
Challenger
Charlotte
Ditta
Erika
Fontane
Gourmandine
Gwenne
Innovator
Jelly
L. Christl
L. Claire
L. Felicia
Laura
Markies
Nicola
Pirol
Venezia
Verdi
Victoria
(%)
Sensibilité au dégermage de variétés de pommes de terre
faible sensibilité au dégermagegrande sensibilité au dégermage
52,6 n=2
n=12
23,1
50,7
17,1
72,4
70,2
17,1
39,4
16,4
70,2
n=2
n=2
n=2
n=2
n=2
n=2
n=2
n=2
n=2
n=2
n=2
n=2
n=2
n=2
n=2
n=2
n=2
n=2
n=9
n=2
n=2
n=2
39,4
51,1
58,3
58,3
73,2
52,6
64,4
41,8
37,9
41,6
52,6
50,7
60,2
n=13
49
45,6
Classe 1 Classe 2 Classe 3
Figure 5 | Sensibilité au dégermage des différentes variétés analysées comparativement à celle de Bintje (=0) (différence moyenne en %). Les chiffres en bleu représentent le pourcentage moyen de perte de rendement de la variété Bintje pour les années d’essai de chacune des variétés testées. Les chiffres en noir indiquent le nombre d’années de test pour chaque variété. Les lignes rouges déli-mitent les trois différentes classes de sensibilité au dégermage.
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 166–173, 2015
173
Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Tuber physiology of different potato varieties
has consequences for the grower
The physiology of the potato tuber is charac-
terized by two consecutive periods: the
dormancy and the incubation. During the
dormancy period, the tuber is under vegeta-
tive rest and is unable to sprout. The incuba-
tion period begins at sprouting and ends when
the first progeny tuber appears on the stolons.
The duration of both periods varies depending
on the variety. Varieties with a short dormancy
period will be difficult to store, and varieties
with a short incubation period will show a fast
aging. An old tuber will emerge with difficul-
ties and the yield will be low. In addition,
some varieties are susceptible to desprouting,
which accelerates tuber aging. Specific trials
have been managed by Agroscope in order to
characterize the physiology of the varieties
listed in the 2015 Swiss list of recommended
potato varieties. No link was found between
the duration of the dormancy period, the
duration of the incubation period, and the
susceptibility to desprouting. The identified
physiological characteristics of the varieties are
presented in a summary table. This characteri-
zation is important in order to optimize the
potato seed storage, identify the optimal
duration of pre-sprouting, and guarantee a
fast emergence and a rapid development of
the plant. All these elements will contribute to
high tuber yield.
Key words: potato, physiology, physiological
age, dormancy, incubation, presprouting, yield,
varieties, storage, desprouting.
Fisiologia delle varietà di patate e conse-
guenze per il produttoreLa fisiologia del tubero di patata è caratteriz-
zata da due fasi consecutive: la dormienza e
l'incubazione. La dormienza è il periodo di
riposo vegetativo durante il quale il tubero non
germina, mentre l'incubazione inizia con la
germinazione e si conclude con la formazione
dei primi tuberi figli. La durata dei periodi di
dormienza e di incubazione è un fattore
caratteristico di ogni varietà. Le varietà con un
periodo di dormienza breve presenteranno
maggiori difficoltà di conservazione mentre le
varietà con periodo di incubazione breve
invecchieranno più rapidamente. Se l'invecchia-
mento del tubero si trova in uno stadio troppo
avanzato, la piantina spunterà con difficoltà e
la resa sarà scarsa. Inoltre, alcune varietà sono
particolarmente sensibili alla degerminazione,
una manipolazione che provoca l'accelerazione
artificiale dell'invecchiamento delle piantine.
Agroscope ha condotto sperimentazioni
specifiche, finalizzate alla caratterizzazione
della fisiologia delle varietà di patate inserite
nella lista raccomandata 2015. Gli esperimenti
hanno dimostrato l'assenza di una correlazione
tra la durata della dormienza, la durata
dell'incubazione e la sensibilità alla degermina-
zione. Essi hanno inoltre consentito di caratte-
rizzare la fisiologia dell'insieme delle varietà
della lista raccomandata 2015 (i risultati
ottenuti sono presentati in una tabella di
sintesi). Tale caratterizzazione è fondamentale
per garantire un adeguato immagazzinamento
delle piantine, determinare le condizioni e la
durata della pregerminazione, garantire una
buona emergenza e uno sviluppo vegetativo
rapido. Tutti questi elementi sono determinanti
per un'elevata resa del tubero.
Bibliographie ▪ Delaplace P., 2007. Caractérisation physiologique et biochimique du processus de vieillissement du tubercule de pomme de terre (Solanum tuberosum L.), Université de Liège, Liège, Belgique.Thèse: 171.
▪ Delaplace P., Fauconnier M. L, Du Jardin P, 2008. Méthodes de mesure de l'âge physiologique des tubercules semences de pomme de terre (Sola-num tuberosum L.). Biotechnologie Agronomie Societe Et Environnement 12, 171–84.
▪ Dupuis B., Tallant M., Riot G., Hebeisen T., Ballmer T. & Vetterli C., 2014. Essais pomme de terre 2013. Plantes Agroscope Transfer 26.
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▪ Reust W., Winiger F. A., Hebeisen T. & Dutoit J. P., 2001. Assessment of the physiological vigour of new potato cultivars in Switzerland. Potato Research 44, 11–7.
▪ Rousselle P., Robert Y. & Crosnier J.-C., 1996. La pomme de terre: pro-duction, amélioration, ennemis et maladies, utilisations. Editions Quae.
▪ Schwärzel R., Torche J.-M., Ballmer T., Musa T. & Dupuis B., 2014. Liste suisse des variétés de pomme de terre 2015. Recherche Agronomique Suisse 5.
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 166–173, 2015
174 Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 174–177, 2015
La biodiversité et l’agriculture ont besoin l’une de l’autre.
D’un côté, la diversité biologique représente une res-
source essentielle pour l’agriculture. De l’autre, l’agricul-
ture est importante pour la promotion et la conservation
de la biodiversité. Au cours des vingt dernières années,
différents programmes en faveur de la préservation et
de la promotion de la diversité biologique ont été lancés
sur les surfaces agricoles. Bien qu’il existe des synergies
prouvées entre la protection phytosanitaire et la promo-
tion de la biodiversité, des problèmes phytosanitaires
relevés dans la pratique indiquent qu’une réflexion cri-
Les mesures de promotion de la biodiversité entrent
parfois en conflit avec la protection phytosanitaire. En
effet, certaines maladies et certains organismes nui-
sibles peuvent apparaître en plus grand nombre dans et
autour des structures écologiques. Les bonnes pratiques
agricoles et des mesures d’entretien adaptées peuvent
diminuer les effets négatifs de la promotion de la biodi-
versité. Comme il n’existe pratiquement pas d’études
scientifiques à ce sujet, une analyse approfondie des
effets de la promotion de la biodiversité semble indi-
quée.
Conflits d’objectifs entre promotion de la biodiversité et protection phytosanitaireKarin Ruchti et Christoph Studer
Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse
Renseignements: Karin Ruchti, e-mail: [email protected]
Attaque de feu bactérien sur un poirier Gelbmöstler. Cette maladie n’est souvent pas détectée sur les arbres très volumineux. (Photo: Karin Ruchti)
E c l a i r a g e
Conflits d’objectifs entre promotion de la biodiversité et protection phytosanitaire | Eclairage
175Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 174–177, 2015
tique à ce sujet s’impose, afin de déterminer si ces
mesures en faveur de la biodiversité sont toujours oppor-
tunes. Souvent, les problèmes phytosanitaires sont dus
au côtoiement, sur un espace restreint, de formes de
production poursuivant des objectifs différents. Au tra-
vers de recherches bibliographiques et de discussions
avec des experts, une étude a été menée afin de déter-
miner si et dans quelle mesure les surfaces et les struc-
tures censées favoriser la biodiversité (appelées par la
suite «surfaces de biodiversité») augmentent la pression
des organismes nuisibles dans les différents systèmes de
production. Il s’agissait également d’évaluer si une sépa-
ration géographique des différents systèmes peut atté-
nuer ces problèmes (Ruchti et Studer 2014).
Conflits d’intérêt dans différentes cultures
En grandes cultures et en production fourragère, certains
organismes nuisibles et pathogènes peuvent migrer
depuis des habitats comme les ourlets, les haies ou les
lisières de forêt et causer des dommages aux plantes
cultivées. Les limaces, par exemple, sont favorisées par les
surfaces de promotion de la biodiversité (p.ex. les ourlets
ou les jachères florales) car aucun travail du sol n’y est
effectué (fig. 1). On peut donc s’attendre à de plus fortes
attaques de certaines espèces de limaces dans les cultures
sensibles situées près de telles surfaces (Eggenschwiler et
al. 2012). L’ergot du seigle (Claviceps purpurea) peut se
développer sur les graminées non fauchées des surfaces
écologiques et des bordures de champs, puis se propager
dans les cultures céréalières avoisinantes (Richter et al.
1997; Schubiger F. X., ART et Ramseier R., HAFL; comm.
pers.). Sur les surfaces non exploitées, les bords de route,
les jachères florales et autres surfaces extensives, le char-
don des champs (Cirsium arvense) peut représenter un
risque pour les surfaces voisines une fois que ses graines
sont arrivées à maturité (Zwerger 1996). La présence
accrue du chardon dans les grandes cultures (Hintsche et
Pallut 1995) est attribuée par Häni et al. (2008) et Zwer-
ger (1996) à la part plus importante de surfaces de biodi-
versité, ainsi qu’à un manque d’entretien ou à des chan-
gements dans l’exploitation des surfaces cultivées, entre
autres. En Autriche et en Allemagne, une densité dange-
reusement élevée du colchique d’automne (Colchicum
autumnale) a été constatée ces dernières années sur les
surfaces herbagères exploitées extensivement (Jung et al.
2010). Ce mode d’exploitation favorise en effet le col-
chique d’automne, car il n’est pas maintenu sous contrôle
par une coupe tardive (Winter et al. 2011). La culture
maraîchère de plein champ peut être affectée par des
adventices en fin de floraison poussant sur les surfaces de
compensation écologiques avoisinantes (Neuweiler R.,
ACW; comm. pers.). Une végétation dense (haies, ronds
d’orties ou cultures voisines et végétation de bordure de
taille élevée) peut favoriser les attaques de mouches de
la carotte (Psila rosea) dans les cultures de carotte (Herr-
mann et al. 2010).
Arboriculture
Les arbres fruitiers haute-tige qui ne sont pas entretenus
de manière appropriée peuvent contribuer à la dissémi-
nation de ravageurs et de maladies en tant que plante-
hôte. La mouche de la cerise (Rhagoletis cerasi) peut se
Figure 1 | Les éléments de structure favorisant la biodiversité comme les ourlets peuvent cau-ser des problèmes en matière de protection des cultures avoisinantes. (Photo: Katja Jacot)
Eclairage | Conflits d’objectifs entre promotion de la biodiversité et protection phytosanitaire
176
multiplier fortement lorsque les cerisiers ne sont pas
suffisamment entretenus ou que les fruits ne sont pas
récoltés (Hensel G., DLR et Linemann M., Ebenrain;
comm. pers.). Quand les populations de mouches sont
importantes et que ces dernières ne trouvent pas suffi-
samment de cerises pour la ponte, elles se déplacent
pour trouver de nouvelles plantes-hôtes (Daniel et
Grunder 2012; Katsoyannos et al. 1986). Dans le canton
de Bâle-Campagne, une migration vers les vergers com-
merciaux de cerisiers en provenance de cerisiers haute-
tige non entretenus et non récoltés situés à proximité a
été observée (Linemann M., Ebenrain; comm. pers.). Un
suivi effectué dans la région de la Hesse rhénane, en
Allemagne, confirme cette observation. Hensel et Dahl-
bender (2013) ont constaté une très forte augmentation
de la pression du ravageur sur les vergers commerciaux
en provenance de vergers âgés, non entretenus et inex-
ploités. La densité de mouches de la cerise peut ainsi
atteindre un niveau élevé, ce qui peut nécessiter un trai-
tement phytosanitaire.
En Suisse, la lutte contre le feu bactérien (Erwinia
amylovora), une dangereuse maladie bactérienne,
constitue une tâche exigeante en raison des structures
de petite taille. Parmi les plantes-hôtes importantes
figurent, outre certaines plantes ornementales des jar-
dins, l’aubépine, qui se développe dans les haies et les
lisières de forêt, ainsi que certains arbres fruitiers haute-
tige. Les plantes hôtes infectées représentent une source
d’infection dangereuse pour les cultures fruitières et les
pépinières (Müller U., Arenenberg; comm. pers.). Sur les
arbres très volumineux, les infections ne sont souvent
pas détectées (Szalatnay D., Strickhof; comm. pers.). Si
l’on néglige de prendre des mesures d’assainissement
ou d’éradication, la pression de l’agent infectieux aug-
mente localement et le risque d’infection s’accentue (EIP
inférieur1). De plus, l’efficacité de la streptomycine et
des autres moyens de lutte diminue (Szalatnay D., Strick-
hof; comm. pers.).
La séparation géographique comme solution?
En raison des problèmes massifs causés par le feu bacté-
rien, le canton de Thurgovie a été divisé début 2010 en
deux zones arboricoles (fig. 2): une zone de surveillance
stricte et de lutte contre le feu bactérien et une autre où
les mesures de lutte sont facultatives et généralement
pas indemnisées. Dans la première zone, l’objectif
consiste à éviter des dégâts pouvant menacer l’existence
des vergers commerciaux. Dans la seconde zone, le but
est de sauvegarder les arbres fruitiers haute-tige pré-
cieux sur le plan écologique et paysager2 (Hugentobler
2011). Notre étude montre que le fait de séparer géogra-
phiquement des systèmes principalement orientés vers
la production de ceux favorisant la biodiversité peut,
dans certains cas, diminuer la pression des organismes
nuisibles. Cependant, ce concept comporte aussi des
risques et est difficilement applicable en Suisse en raison
1EIP: potentiel infectieux épiphyte.2 Un projet de soutien est actuellement en cours pour différentes espèces d'arbres dans les deux zones.
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 174–177, 2015
Zone arboricole 1 – surveillance intensive
Zone arboricole 2 – surveillance extensive
48 communes sont attribuées à la zone arboricole 132 communes sont attribuées à la zone arboricole 2
Figure 2 | Division du canton de Thurgovie en deux zones arboricoles: (1) surveillance stricte et lutte contre le feu bactérien (priorité = arboriculture commerciale) et (2) mesures de lutte facultatives (priorité = protection des arbres fruitiers haute-tige). (Graphique: Bruno Hugentobler)
Conflits d’objectifs entre promotion de la biodiversité et protection phytosanitaire | Eclairage
177
de la production et de la promotion de la biodiversité.
Cette étude est censée déclencher une discussion sur
le potentiel de conflits entre la promotion de la biodi-
versité actuelle et la protection phytosanitaire. Comme
il n’existe cependant pratiquement pas d’études scien-
tifiques sur le sujet, une analyse approfondie semble
indiquée, basée sur des données de terrain, des effets
positifs visés ainsi que de potentiels effets indésirables
de la promotion de la biodiversité sur la protection
des plantes. Les résultats détaillés de l’étude présentée
ici figurent dans le rapport «Conflits d’objectifs entre
la protection phytosanitaire et la promotion de la
biodiversité»3 et peuvent être obtenus auprès de:
des structures de petite taille et des rotations. De plus,
les avantages de la biodiversité fonctionnelle devraient
l’emporter sur certains aspects négatifs.
C o n c l u s i o n s
La biodiversité fournit incontestablement de précieuses
ressources génétiques pour l’alimentation et l’agricul-
ture et rend de nombreux services écosystémiques. Par
ailleurs, l’agriculture revêt une grande importance pour
la promotion et la conservation de la biodiversité. Cette
étude a permis de considérer la promotion de la biodi-
versité sous un angle critique. Elle a montré que des
conflits d’objectifs peuvent surgir entre la protection
des plantes et les mesures de promotion de la biodiver-
sité. Les surfaces sur lesquelles la biodiversité est pro-
mue peuvent faire augmenter la pression des maladies
et des organismes nuisibles en abritant leurs plantes
hôtes ou en leur fournissant des habitats. Les mesures
de promotion de la biodiversité doivent donc être inté-
gralement évaluées et adaptées, si nécessaire, aux parti-
cularités régionales. Pour prévenir les problèmes phyto-
sanitaires, il faudrait imposer une gestion et un entretien
corrects des surfaces de promotion de la biodiversité.
Cette approche semble plus appropriée en Suisse pour
diminuer les effets involontaires des mesures de promo-
tion de la biodiversité qu’une séparation géographique
Bibliographie ▪ Daniel C. & Grunder J., 2012. Integrated Management of European Cher-ry Fruit Fly Rhagoletis cerasi (L.): Situation in Switzerland and Europe. Insects 3, 956–988.
▪ Eggenschwiler L., Speiser B., Bosshard A. & Jacot K., 2012. Improved field margins highly increase slug activity in Switzerland. Agronomy for Susta-inable Development 33, 349–354.
▪ Häni F., Popow G., Reinhard H., Schwarz A. & Voegeli U., 2008. Pflanzen-schutz im nachhaltigen Ackerbau. Handbuch für prozessorientiertes Han-deln. Edition LMZ, 466 p.
▪ Hensel G. & Dahlbender W., 2013. Hinweise Kirschfruchtfliege. Power Point Präsentation, unveröffentlicht. Dienstleistungszentrum Ländlicher Raum, Rheinland Pfalz, Oppenheim, 13 p.
▪ Herrman F., Wedemeyer R., Liebig N., Buck H., Hommes M. & Saucke H., 2010. Entwicklung situationsbezogener Strategien zur Vermeidung von Möhrenfliegenschäden auf Praxisbetrieben. Universität Kassel, D-Witzenhausen, Fachgebiet Ökologischer Pflanzenschutz, 60 p.
▪ Hintsche E. & Pallutt B., 1995. Zunehmendes Auftreten der Ackerkratz-distel. Pflanzenschutz Praxis 3, 23–25.
▪ Hugentobler B., 2011. Projekt «Zukunft Obstbau» – Weisung für die Pflanzung von hochstämmigen Bäumen und Hecken. BBZ Arenenberg. Accès: http://www.landwirtschaftsamt.tg.ch/documents/WeisungenZu-kunftObstbau.pdf [13.5.2013].
▪ Jung L. S., Winter S., Kriechbaum M., Eckstein R. L., Donath T. W. & Otte A., 2010. Regulation of meadow saffron (Colchicum autumnale L.) in ex-tensively managed grasslands. Grassland Science in Europe 15, 660–662.
▪ Katsoyannos B. I., Boller E., Benz G., 1986. Das Verhalten der Kirschen-fliege, Rhagoletis cerasi, L. bei der Auswahl der Wirtspflanzen und ihre Dispersion. Mitteilung der Schweizerischen entomologischen Gesell-schaft 59, 315–335.
▪ Richter W., Pflaum J., Vogel R., Wyss U. & Wolff J., 1997. Vorkommen von Mutterkorn bei Gräsern von extensiv genutztem Grünland und Einfluss von Siliermitteln auf Mutterkornalkaloide. Futterkonservierung und Grünland, Futterbau: Tagung der DLG-Ausschüsse, Gumpenstein, 30.Juni – 2. Juli 1997.
▪ Ruchti K. & Studer C., 2014. Zielkonflikte zwischen Biodiversitätsförde-rung und Pflanzenschutz. Schlussbericht. Berner Fachhochschule, Hoch-schule für Agrar-, Forst- und Lebensmittelwissenschaften HAFL, 64 p.
▪ Winter S., Penker M. & Briechbaum M., 2011. Die Herbstzeitlose – eine Problempflanze für Landwirtschaft und Naturschutz? Jahrbuch der Öster-reichischen Gesellschaft für Agrarökonomie, vol. 20 (2), 221–230.
▪ Zwerger P., 1996. Zur Samenproduktion der Ackerkratzdistel (Cirsium ar-vense L.). Zeitschrift für Pflanzenkrankheiten und Pflanzenschutz, Son-derheft XV, 91–98.
3Les auteurs remercient l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) pour le finance-ment de cette étude.
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 174–177, 2015
178
P o r t r a i t
Ruedi von Niederhäusern: «Pour moi, c’est le team qui compte!»
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 178, 2015
Apprentissage en agriculture, cours de chef d’exploita-
tion et en 1991, la maîtrise. Puis plus rien pendant plu-
sieurs années. Ensuite, en 2008, un diplôme en Advanced
Studies à l’Institut pour le management des associations
(Université de Fribourg), suivi en 2010 d’un Executive
Master of Business Administration à la Haute école ber-
noise: Ruedi von Niederhäusern (1965) aime la diversité.
Il a grandi à Bümpliz, à la périphérie de Berne, dans un
contexte urbain. Pourtant, il sait dès l’âge de 12 ans qu’il
sera un jour agriculteur. «Le métier d’agriculteur et
l’amour des animaux sont inscrits dans mes gènes», dit-il
avec un sourire. Si ses parents ne sont pas du métier, il
compte beaucoup d’agriculteurs parmi les membres de
sa famille. Aussi passe-t-il toutes ses vacances scolaires
dans une ferme à la campagne.
Alors qu'enfant, le catalogue des taureaux le fasci-
nait, aujourd’hui ce sont les étalons FM. C’est à la suite
d’un travail de six mois à la clinique vétérinaire de Berne
en 1984, où il s’occupe des chevaux, qu’il en vient à s’in-
téresser à la plus belle conquête de l’homme. Dès lors, la
passion des chevaux ne le quittera plus. Depuis 1986, il
travaille au Haras national, d’abord en tant que palefre-
nier, puis en tant qu’étalonnier à Weinfelden (TG), et
plus tard en qualité de responsable de l’exploitation
agricole de 120 ha «Les Long-Prés» (qui a appartenu au
Haras jusqu’en 1998), puis à nouveau comme palefrenier,
dans la comptabilité analytique et comme responsable
de produit. Finalement, depuis le 1er janvier 2014, Ruedi
von Niederhäusern est responsable du groupe de
recherche d’Agroscope Elevage et détention de chevaux.
«Je ne suis pas un chercheur, mais plutôt quelqu’un de
polyvalent, un gestionnaire et un responsable qui fait
en sorte que ses collaborateurs travaillent dans les meil-
leures conditions possibles». Et d’ajouter: «Ce qui
compte, c’est ce que nous réalisons en tant qu’équipe.
Mon nom importe peu».
Des prestations traditionnelles pour les éleveuses et
éleveurs aux exigences de la recherche de pointe en
sciences équines, les attentes vis-à-vis du Haras national
ne pourraient être plus diverses. «Le plus grand défi
consiste à trouver une voie médiane pour le futur afin
de répondre à ces attentes parfois si opposées.» Et de
conclure: «Il n’y a pas de meilleur job pour moi!» S’il
avait un vœu? Il souhaiterait que l’agriculture tradition-
nelle suisse, qui produit des céréales et du lait, prenne
au sérieux la filière équine comme alternative de pro-
duction et lui accorde la considération nécessaire.
Que fait ce père de deux enfants – un garçon (1995) et
une fille (1997) – hyper-occupé quand il n’est pas au
Haras? Il se voue avec passion à la formation de ses
quatre chiens de troupeaux avec lesquels il participe à
des concours nationaux et internationaux. Par ailleurs, il
détient chez lui à Lugnorre (FR) une jument FM de trois
ans qu’il dresse pour la monte western. Quand il lui reste
un peu de temps, il aime sillonner les montagnes, les skis
de randonnée aux pieds – toujours en compagnie de ses
chiens.
Christine Caron-Wickli, Agroscope
Ruedi von Niederhäusern, responsable du groupe de recherche Elevage et détention de chevaux au Haras national d’Agroscope.
179
A c t u a l i t é s
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 179–183, 2015
Actualités
A la pointe de la politique agricole Disponible en trois langues (fr, de, it), la newsletter élec-
tronique «Quoi de neuf à l’OFAG?» propose, tous les
deux mois environ, une sélection des informations les
plus pertinentes de l’Office fédéral de l’agriculture.
S'adressant directement aux agriculteurs et aux agricul-
trices, ainsi qu’à tout le secteur agricole, cette newslet-
ter informe de manière rapide, courte et transparente
sur la politique agricole et sur les nouveautés de l’office.
«Quoi de neuf à l’OFAG?» met en avant des actualités
sélectionnées avec soin par les spécialistes de l’OFAG,
telles que des messages du directeur de l’office en exclu-
sivité, des informations pratiques pour les agriculteurs
et des nouvelles sur les évènements à venir. Elle offre
également la possibilité de pouvoir commander rapide-
ment et gratuitement les dernières publications de l’of-
fice.
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– Informer de manière rapide, courte et transparentesur la politique agricole et sur nos actualités
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Vos avantages– Des thèmes d’actualité extrêmement variés
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Restez à la pointe de l’actualité agricolegrâce à la newsletter de l’OFAG !
Madame, Monsieur,
Vous recevez aujourd’hui le troisième numéro de la lettre d’information de
l’Office fédéral de l’agriculture: « Quoi de neuf à l’OFAG ? ». Nous vous
en souhaitons bonne lecture.
Sécurité alimentaire et intensification
durable
Assurer la sécurité alimentaire est un défi central pour l’avenir. Mais quel
rôle joue la production agricole en Europe à cet égard? Une étude publiée
récemment fournit des réponses qui peuvent s’appliquer à la Suisse.
» Suite
Paquets d’ordonnances
Train d’ordonnances automne 2014
Le Conseil fédéral devrait décider fin octobre 2014 des nouvelles
dispositions d’ordonnances qui entreront en vigueur le 1er janvier 2015.
Le DEFR et l’OFAG adapteront au même moment leurs ordonnances.
L’audition sur ces ordonnances a duré du 12 mai au 4 juillet 2014. 146
avis ont été exprimés. Le rapport d’audition sera disponible peu après la
décision du Conseil fédéral.
Train d’ordonnances printemps 2015
L’OFAG prépare un train d’ordonnances pour le printemps 2015.
L’audition y relative devrait durer de mi-novembre 2014 à mi-janvier 2015.
La décision du Conseil fédéral sur ce train d’ordonnances devrait tomber
en mai 2015.
Mise en œuvre des premiers projets de
qualité du paysage
Le nouvel instrument suscite un grand intérêt: dès la première année, 25
cantons ont déjà présenté 71 projets qui ont reçu l’approbation de
l‘OFAG. Au plan régional, les conventions d’exploitation sont maintenant
conclues et les mesures de promotion de la diversité paysagère en voie
de réalisation. Les rapports relatifs aux projets approuvés sont publié
s sur
le site Internet de l’OFAG.
» En savoir plus
Mosaïque de forêts, pâturages et prairies de fauche à Obersee Näfels,
GL (Kantonsmarketing Glarus, Samuel Trümpy)
La mauvaise gestion favorise l’apparition
d’adventices résistantes
L’utilisation d’un même herbicide sur une longue période, sans stratégie
de gestion de la résistance adaptée, conduit presque immanquablement à
l’apparition de plantes adventices résistantes à ce produit. Le risque est
plus grand dans les cultures de plantes réputées tolérantes aux
herbicides que dans celles de variétés communes. En effet, avec des
variétés résistantes, il est très tentant de renoncer à la diversification
nécessaire, mais plus compliquée, des méthodes de lutte auxquelles on a
recours. Imputer le problème aux plantes tolérantes aux herbicides, et en
particulier à celles qui sont génétiquement modifiées, est trop facile et de
surcroît injustifié. La résistance aux herbicides est en premier lieu due à
une mauvaise gestion de la part des utilisateurs.
» Suite
Edito
A la pointe de l’actualité
agricole
Chères lectrices, chers lecteurs,
Au lancement de cette lettre
d’information, nous évoquions
notre credo : « plus proche, plus
attractif, plus court et plus
interactif ». Après trois éditions,le
succès est au rendez-vous : nos
articles suscitent des réactions de
votre part, ils sont repris dans la
presse et le nombre d’abonnés ne
cesse d’augmenter. Cet outil
répond à un besoin, il nous
permet de vous informer des
nouveautés de la politique
agricole. Pour que vous soyez à
la pointe de l’actualité.
Répondant au souhait d’un
lecteur, nous vous proposons dès
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d‘emploi proposées par l’OFAG.
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remarques. Bonne lecture !
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signes officiels de la
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d‘emploi proposées par l’OFAG
Succès des négociations sur
les Principes pour un
investissement responsable
dans l’agriculture et les
systèmes alimentaires (rai)
» En savoir plus
Photo ©FAO/Giulio Napolitano
No 3 | 05.09.2014
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180 Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 179–183, 2015
Actualités
N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s
nées en vigueur depuis 1996 lors de leur numérisation.
Cette harmonisation a été laborieuse, mais a permis
d'avoir un jeu de données comparables à l'échelle natio-
nale. Avec le système national d'information pédolo-
gique NABODAT, l'OFEV met à disposition des cantons
une solution informatique aboutie pour la sauvegarde, la
gestion et l'utilisation des informations numérisées sur
les sols.
Besoin d'agir pour la Confédération et les cantons
Contrairement aux pays voisins comme l'Allemagne ou
l'Autriche, la Suisse n'a pas effectué un inventaire des
sols à l'échelle du pays. Il n'existe à ce jour aucune carte
pédologique pour plus de deux tiers de la surface agri-
cole utile. Des informations fiables sur les sols de l'en-
semble des surfaces agricoles ne sont disponibles que
dans quelques cantons (BL, ZG, ZH). Dans d'autres can-
tons, seules certaines zones ont été cartographiées (par
exemple AG, GE, GL, LU, SG, SH, SO, VS). Des inventaires
supplémentaires sont nécessaires en particulier dans les
régions où l'aménagement du territoire est source de
conflits marqués par rapport à l'utilisation des sols et
pour lesquelles il n'existe pas d'informations suffisantes
sur la qualité des sols. Les cantons sont compétents en la
matière, mais ils ont besoin de soutien notamment pour
permettre plus tard la comparaison des informations sur
les sols à l'échelle nationale. Les cantons ont également
besoin de conditions-cadres cohérentes pour que les
inventaires puissent être réalisés à faibles coûts. Il leur
faut enfin des bases méthodologiques actualisées et un
soutien technique. Agroscope considère donc que des
efforts supplémentaires sont indispensables. Il s'agit par
exemple d'établir des bases de travail homogènes pour
l'exécution et d'encourager la collaboration entre Confé-
dération, cantons et spécialistes externes. A partir des
données issues des inventaires de sols, il est possible
d'élaborer des bases pour l'aménagement du territoire.
L'intégration des informations relatives aux sols permet-
tra de tenir compte de la valeur du sol et de ses diffé-
rentes fonctions dans les futures décisions concernant
l'exploitation et le développement territorial.
Urs Grob, Andreas Ruef, Urs Zihlmann, Leta Klauser et Armin Keller,
Agroscope
La publication est disponible uniquement en allemand et peut être
téléchargée gratuitement dans l’app «Publications Agroscope» (www.
agroscope.ch/apps) ou sur www.agroscope.ch/science
Umwelt Agroscope Science | Nr. 14 / Februar 2015
Agroscope-Bodendatenarchiv Bodendaten aus Bodenkartierungen 1953–1996
Autoren
Urs Grob, Andreas Ruef, Urs Zihlmann,
Leta Klauser, Armin Keller
Les données du sol de quatre décennies
Agroscope Science no 14 / 2015
Les données du sol fiables sont rares en Suisse: les infor-
mations sur la répartition et les propriétés des différents
sols ne sont disponibles que pour un tiers de la surface
agricole utile. Elles constituent une base indispensable
pour pouvoir gérer efficacement les exigences en matière
d’exploitation en assurant la durabilité de la politique des
ressources et la sécurité de l’alimentation.
Avec le soutien des Offices fédéraux du développe-
ment territorial (ARE), de l'environnement (OFEV) et de
l'agriculture (OFAG) ainsi que des cantons, Agroscope a
mis à disposition sous forme numérique des informations
approfondies sur les sols provenant des archives de la
recherche agricole. On estime qu'il aurait coûté plus de
quarante millions de francs s'il avait fallu recréer ces don-
nées à neuf. Ces travaux ont été effectués en collabora-
tion étroite entre Agroscope, les services cantonaux, les
experts externes et la Société suisse de pédologie (SSP).
Comme les profils de sol ont été établis sur plusieurs
décennies, ils ont dû être traduits dans le modèle de don-
181Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 179–183, 2015
Actualités
Bien réussir la manipulation des bovins: perce-voir, comprendre, communiquer
Nouveau guide technique sur la manipulation
détendue des bovins
L’élevage allaitant et d’autres types d’élevage extensif
destinés à la production de viande de pâturage sont con-
sidérés comme particulièrement respectueux des bovins.
En raison du peu de contact avec les humains, les ani-
maux deviennent souvent craintifs à leur égard. Cela
rend plus difficile l’interaction avec eux, et lorsque celle-
ci devient inévitable, cela engendre du stress, tant chez
l’humain que chez le bovin. Bien comprendre le compor-
tement des bovins et respecter certaines règles de base
peuvent faciliter et détendre l’interaction avec eux.
Deux expertes du FiBL ont donc recueilli dans un
guide pratique des résultats de leurs propres recherches
et des expériences d'autres professionnels au sujet de la
manipulation respectueuse de bovins. Cette publication
transmet les bases des perceptions sensorielles et de
l’apprentissage des bovins domestiques et montre com-
ment les éleveurs d’un cheptel peuvent créer une rela-
tion positive avec leurs bovins.
Auteurs: Johanna Probst, Anet Spengler Neff
Édideurs: FiBL, Bio Suisse, Demeter, MABD, IBLA
1re édition 2014, 24 pages, ISBN 978-3-03736-266-2,
N° de commande FiBL: 1659
La publication peut être commandée auprès du FiBL pour Fr. 9.– ou
peut être téléchargée gratuitement depuis www.shop.fibl.org > Mani-
pulation.
2004 Ausgabe Deutschland
QFICHETECHNIQUE
2014
2004 Ausgabe DeutschlandAusgabe Deutschland
L’élevage allaitant et d’autres types
d’élevage extensif destinés à la pro-
duction de viande de pâturage sont
considérés comme particulière-
ment respectueux des bovins.
En raison du peu de contact
avec les humains, les animaux
deviennent souvent crain-
tifs à leur égard. Cela rend
plus difficile l’interaction
avec eux, et lorsque celle-
ci devient inévitable, cela
engendre du stress, tant
chez l’humain que chez
le bovin.
Bien comprendre le com-
portement des bovins et
respecter certaines règles
de base peuvent faciliter et
détendre l’interaction avec eux.
Cette fiche technique transmet
les bases des perceptions senso-
rielles et de l’apprentissage des
bovins domestiques et montre com-
ment les éleveurs d’un cheptel peuvent
créer une relation positive avec leurs bovins.
Bien réussir la manipulationdes bovins: percevoir,comprendre, communiquer
182
Actualités
www.agroscope.admin.ch/communiques
C o m m u n i q u é s d e p r e s s e
27.03.2015 Mélanges graminées-trèfles pour une production fourragère efficace et durable en Europe Les mélanges de trèfles et de graminées présentent de
nets avantages par rapport aux monocultures de grami-
nées, et ce dans différentes conditions climatiques.
L’étude publiée dans la revue scientifique Global Change
Biology s’appuie sur des études réalisées sur seize sites
dans neuf pays d’Europe centrale et septentrionale. Elle
montre que les mélanges de trèfles et de graminées
atteignent un rendement en azote supérieur de 55 % par
rapport à celui des monocultures de graminées. Il suffit
d’un tiers de trèfles dans le mélange pour obtenir un tel
résultat.
12.03.2015 La qualité en grandes cultures sous la loupe des experts Agroscope fournit aux agriculteurs des données objec-
tives sur la qualité des récoltes et sur les facteurs qui
l’influencent. Ses recherches proposent des solutions
afin de répondre aux exigences des producteurs et des
transformateurs. Réunis durant deux jours à Morat à
l’occasion des 2e Journées Nationales Grandes Cultures,
des experts de la recherche, de la production, de la
transformation et de la consommation ont dégagé des
pistes d’avenir pour assurer la qualité en grande culture.
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 179–183, 2015
Informations actuelles de la recherche pour leconseil et la pratique:Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois par
année et informe sur les avancées en production
végétale, production animale, économie agraire,
techniques agricoles, denrées alimentaires, environ-
nement et société. Recherche Agronomique Suisse
est également disponible on-line et app sous:
www.rechercheagronomiquesuisse.ch.
Talon réponse à envoyer à:Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux,Tel. +41 58 466 72 21, E-Mail: info@rechercheagronomiquesuisse.chwww.rechercheagronomiquesuisse.ch
Recherche Agronomique Suisse est une publica-
tion d’Agroscope et de ses partenaires: l’Office fédéral
de l’agriculture OFAG, la Haute école des sciences
agronomiques, forestières et alimentairesHAFL,AGRI-
DEA Lausanne & Lindau, l’Ecole polytechnique fédé-
rale de Zurich ETH Zürich, Département des Sciences
des Systèmes de l’Environnement et l’institut de re-
cherche de l’agriculture biologique FiBL. Elle paraît en
allemand et enfrançais et s’adresse aux scientifiques,
spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseig-
nants, organisations de conseil et de vulgarisation, of-
fices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et
autres personnes intéressées.
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Züri
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EnvironnementDiversité des papillons diurnes et des zygènes dans les herbages de basse montagne Page 392
Production végétale Sélection de variétés de pommes tolérantes au feu bactérien Page 414
EclairageLes bactéries de la rhizosphère freinent la croissance de l'agent du mildiou Page 430
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EnvironnementDiversité des papillons diurnes et des zygènes dans les herbages de basse montagne
Production végétale Sélection de variétés de pommes tolérantes au feu bactérien
EclairageLes bactéries de la rhizosphère freinent la
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Production végétale Utilisation des produits phytosanitaires en Suisse de 2009 à 2012 Page 48
Production animale Production de foin et de haylage de deux mélanges avec graminées Page 64
Eclairage Bases génétiques de l’absence de cornes chez les bovins Page 72Commandez un numéro gratuit!
RECHERCHEAGRONOMIQUESUISSE
Nom/Société
Prénom
Rue/N°
Code postal /Ville
Profession
Date
Signature
183
Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen
Actualités
M a n i f e s t a t i o n s
Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations
L i e n s i n t e r n e t
Avril 2015
16.04.201510e Réunion annuelle du Réseau de recherche équine en SuisseHaras national suisse HNSAvenches
Mai 2015
13.05.2015Gesunde und leistungsfähige Nutztiere: Futter an Genotyp oder Genotyp an Futter anpassen?Fachtagung ETH Zürich, Vetsuisse Zürich und Bern, Agroscope INTETH-Zentrum
31.05.2015Breitenhof-Tagung 2015Treffpunkt der SteinobstbrancheAgroscope Steinobstzentrum Breitenhof, Wintersingen
Juin 2015
14. – 17.06.201554. IALB-Tagung ( Internationale Akademie land- und hauswirtschaftlicher Beraterinnen und Berater)3. EUFRAS-KonferenzEffizienz in der Land- und ErnährungswirtschaftAgrideaSolothurnInformations: http://url.agridea.ch/IALB2015
25.06.2015Agroscope: 125 Jahre Forschung in WädenswilAgroscope Wädenswil
V o r s c h a u
Mai 2015 / Numéro 5
Dans les régions de montagne suisses, la biodiversité repré-sente une ressource importante à divers points de vue. Les chercheurs et chercheuses de l’ETHZ et du FiBL ont interrogé des exploitants de montagne au sujet des deux approches mises en place par la Confédé-ration pour promouvoir la bio-diversité: l’approche axée sur les mesures et l’approche axée sur les résultats. (Photo: Gabriela Brändle, Agroscope)
D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o
•• Approche axée sur les résultats pour l’encouragement
de la biodiversité: acceptation en région de montagne,
Sophia Rudin et al., ETH Zürich et FiBL
•• Quelle est l’influence du taux de change sur les
exportations agroalimentaires suisses?,
Andreas Kohler et Ali Ferjani, Agroscope
•• Classes ou labels? Prix et qualité de la viande bovine,
Stefan Mann et Daniel Erdin, Agroscope et Union
suisse des paysans
•• Ramularia collo-cygni, un nouveau champignon
pathogène de l’orge, Peter Frei et Katia Gindro,
Agroscope
•• Du laboratoire à la pratique: congrès international
sur la reproduction de l’être humain et de l’animal,
David Kradolfer et al., ETH Zurich et Faculté Vetsuisse
Zurich
•• Sécurité microbiologique et chimique des aliments,
Marc Mühlemann, Agroscope
•• Liste recommandée des variétés de colza d’automne
pour la récolte 2016, Agroscope
Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 179–183, 2015
Pyramide alimentaire personnalisée online
www.mapyramide.ch
«Ma pyramide» est un nouvel outil online, qui permet
à chacun de composer sa propre pyramide alimentaire
selon ses préférences, en vue d’une alimentation variée et
équilibrée. Plaisir et diversité sont au cœur de cette offre,
disponible gratuitement sous www.mapyramide.ch, pro-
posée par la Société suisse de nutrition (SSN) et l’Office
fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétéri-
naires (OSAV).
Mittwoch, 13. Mai 2015
Gesunde und leistungsfähige Nutztiere:Futter an Genotyp oder Genotyp an Futter anpassen ?
Themen:
• WasdefiniertkünftigeSchweizerNutztiersysteme?• BrauchtesneueBedarfsnormenfürmoderneGenotypen?• ZieleinderSchweizerMilchviehzucht• HighlightsausderForschung
Ort:
Zürich, ETH Zentrum, Hauptgebäude, Rämistrasse 101Auditorium Maximum (HG F 30)
Anmeldung:
Bis spätestens Dienstag, 28. April 2015, an folgende Adresse:
ETH ZürichInstitut für AgrarwissenschaftenSekretariat / LFW B 58.18092 ZürichSchweiz
E-Mail: [email protected]
Universität ZürichUZH
Internationale Akademie land- und hauswirtschaftlicher Beraterinnen und BeraterIALB
54. IALB-Tagung 3. EUFRAS Meeting 14. – 17. Juni 2015 in Solothurn, Schweiz
Effizienz in der Land- und ErnährungswirtschaftSein und Schein in Betrieb und Beratung
Reichhaltiges Programm zur AuswahlPlenumsveranstaltungen u. a. mit Bernard Lehmann zum Thema «Die Schweizer Landwirtschaft – ein Überblick» und «Die Schweizer Landwirtschaft – im Lichte der Effizienz»
Fach- bzw. Projektforen und Workshops u. a. zu den Themen: Arbeitseffizienz – Arbeitsorganisation Ressourceneffizienz Handlungsorientiertes Lernen Effizienz und Effektivität im Alltag der Beratung
Ein Open Space behandelt das Thema «Effizienz und Effek-tivität – das Spannungsfeld zwischen Wunsch und Realität im Berufsalltag und wie wir damit umgehen können».
Acht spannende Fachexkursionen ermöglichen einen Einblick in die Praxis und den Austausch mit Landwirtinnen und Landwirten vor Ort.
Detailprogramm und Anmeldunghttp://url.agridea.ch/de/IALB2015
AuskunftRoland Künzler, Tel. +41 (0) 52 354 97 87, [email protected] Schoop, Tel. +41 (0) 52 354 97 43, [email protected]
Anmeldeschluss15. Mai 2015
TagungsortTagungslokal Landhaus, Landhausquai 4, Solothurn