recherche agronomique suisse, numéro 11+12, décembre 2013
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RECHERCHEAGRONOMIQUESUISSE
N o v e m b r e – D é c e m b r e 2 0 1 3 | N u m é r o 1 1 – 1 2
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Production végétale Souchet comestible (Cyperus esculentus L.): situation actuelle en Suisse Page 460
Environnement Réduction de la dérive: essai pratique Page 484
Politique agricole Dispositions d’exécution de la politique agricole 2014–2017 Page 492
ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
EditeurAgroscope
Partenairesb Agroscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW;
Agroscope Liebefeld-Posieux et Haras national suisse ALP-Haras; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART), www.agroscope.ch
b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.blw.chb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.chb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.chb Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,
Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.ch
Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: [email protected]
Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP-Haras), Erika Meili (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich)
AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch
AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, e-mail: [email protected], Fax +41 26 407 73 00
Changement d'adressee-mail: [email protected], Fax +41 31 325 50 58
Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch
ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse
© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS
Le souchet comestible (Cyperus esculentus L.) est une néophyte invasive qui s'est largement disséminée en Suisse au cours des deux dernières décennies. Une fois installée, cette mauvaise herbe redoutée dans les cultures est difficile à éradiquer et les moyens de lutte sont coûteux en temps et en argent. (Photo: Carole Parodi, ACW) 459 Editorial
Production végétale
460 Souchet comestible (Cyperus esculentus L.): situation actuelle en Suisse Christian Bohren et Judith Wirth
Production végétale
468 Disponibilité en eau et production fourragère en zone de grandes cultures Eric Mosimann et al.
Production végétale
476 Effets d’une sécheresse estivale sévère sur une prairie permanente de montagne du Jura
Marco Meisser et al.
Environnement
484 Réduction de la dérive: essai pratique
Simon Schweizer, Peter Kauf, Heinrich Höhn et
Andreas Naef
Politique agricole
492 Dispositions d’exécution de la politique agricole 2014–2017
Thomas Meier
Eclairage
498 PA 14–17: le web participatif au service de la vulgarisation
Kim Anh Joly et Sylvie Aubert
501 Portrait
502 Actualités
507 Manifestations
Listes variétales
Encart Liste suisse des variétés de pommes de terre 2014
Ruedi Schwärzel, Jean-Marie Torche, Theodor
Ballmer, Tomke Musa et Thomas Hebeisen
Fiches techniques
Encarts Variétés de pommes de terre Erika, Gwenne et Verdi
SommaireNovembre–Décembre 2013 | Numéro 11–12
Editorial
459Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 459, 2013
Chère lectrice, cher lecteur,
D’importants jalons ont été posés à plusieurs niveaux en 2013 pour assurer
l’avenir de l’agriculture et de la filière alimentaire suisses. Le Parlement a
adopté au printemps la Politique agricole 2014 – 2017 (PA 14 – 17) qui introduit
un certain nombre de changements fondamentaux (cf. article à la page 492).
Ceux-ci permettront de promouvoir les prestations adéquates au moyen d’inci-
tations financières ciblées. Le contrat de prestations pour la recherche agrono-
mique menée par la Confédération dans le cadre d’Agroscope durant la
période 2014 à 2017 a été lui aussi modifié. Il est maintenant axé sur six points
forts thématiques qui mettent l’accent sur un certain nombre de priorités.
Les effets de la recherche portent sur le long terme
La différence essentielle entre les deux catégories de mandats de prestations
réside dans la dimension temporelle de leurs effets. Les mesures de politique
agricole exigent des agriculteurs qu’ils fournissent des prestations soumises à
un contrôle annuel et que ces prestations aient en outre rapidement un
«effet», entre autres sur l’environnement. A l’inverse, les prestations fournies
par Agroscope constituent un investissement sur le long terme, dans l’avenir
du secteur agroalimentaire suisse. Il faudra certainement attendre après 2017
pour que les résultats de la recherche menée par Agroscope soient percep-
tibles, du fait que les nouvelles connaissances doivent d’abord être «inté-
grées» par les agriculteurs avant d’avoir un quelconque effet. C’est pourquoi
le mandat confié à Agroscope a été conçu pour qu’il traite de défis du
domaine agroalimentaire auxquels il n’est pas possible d’apporter des solu-
tions dans le cadre de la PA 14 – 17.
Conflits d’objectifs entre efficience des ressources et compétitivité
L’agriculture suisse nécessite un réaménagement – en particulier dans les
domaines de l’efficience des ressources et de la compétitivité - mais aussi au
niveau de l’organisation de l’exploitation, dimension sociale comprise, si l’on
veut que le secteur puisse relever les défis du futur. Ces thématiques vont encore
gagner en actualité et nous mobiliser fortement. Apporter des solutions aux
problèmes dans ces domaines est une opération complexe qui demande de sur-
monter des conflits d’objectifs tenaces. Face à cette complexité, se contenter
d’ajuster le système des paiements directs ne suffira pas à régler les problèmes.
Des approches nouvelles sont nécessaires. Agroscope et la recherche mondiale
ont pour mission d’indiquer de nouvelles voies pour répondre aux défis du futur.
La recherche, pierre angulaire de la politique agricole
L’efficacité d’une politique agricole est fonction de la solidité de l’alliance
entre recherche et volonté politique. La conception des futures conditions-
cadre politiques de l’économie agroalimentaire repose sur les résultats d’une
recherche solide et innovante. Aussi est-il d’une importance primordiale que la
recherche agronomique sur les problématiques pertinentes soit menée à un
niveau d’excellence. Les objectifs d’actualité et les objectifs pertinents pour
l’avenir doivent être déterminés au vu des résultats de la recherche publiés au
plan international, résultats obtenus également grâce à Agroscope, de même
qu’en interaction avec les différentes parties prenantes.
Bernard Lehmann, directeur de l’Office fédéral de l’agriculture OFAG
Des approches novatrices pour construire l’avenir
Le souchet comestible (Cyperus esculentus L. var. aureus) se répand toujours plus vite dans des zones où se côtoient cultures maraîchères et grandes cultures.
I n t r o d u c t i o n
Le souchet comestible appartient à la famille des Cypera-
ceae. On lui connaît deux sous-espèces (Zangheri 1976):
subspecies (ssp.) sativus Boeck. (cultivée sous le nom de
«chufa» surtout dans la région de Valence en Espagne,
pour ses grands tubercules à saveur douceâtre) et ssp.
aurea Ten. (souchet floribond à petits tubercules sphé-
riques). La désignation exacte de notre adventice pro-
blématique est Cyperus esculentus ssp. aurea Ten. Le
manuel Flora Helvetica (2012) ne signale aucune sous-
espèce et mentionne les noms vernaculaires «Essbares
Zypergras», «souchet comestible» et «zigolo dolce»;
dans les pays de langue anglaise, on utilise le nom «yel-
low nutsedge». Il est question ci-dessous de la sous-
espèce aurea sous son nom vernaculaire «souchet comes-
tible». Cette plante monocotylédone vivace ressemble
aux laîches (Carex) indigènes, mais sa tige et ses feuilles
ont une couleur jaune verdâtre caractéristique.
Cycle de vie
Le souchet comestible est originaire de régions subtropi-
cales. L’espèce se multiplie par ses tubercules hypogés.
Ces derniers, s’ils se trouvent à la surface du sol, survivent
à des températures très basses (fig. 1) et germent au
printemps à l’époque des semis de maïs (dès que la tem-
Christian Bohren et Judith Wirth
Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon, Suisse
Renseignements: Christian Bohren, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 44 25
Souchet comestible (Cyperus esculentus L.): situation actuelle en Suisse
460 Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 460–467, 2013
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Rés
um
é
Le souchet comestible Cyperus esculentus L.
fait partie de la famille des Cyperaceae. Il se
multiplie exclusivement par ses tubercules
hypogés et s'est largement disséminé en
Suisse au cours des deux dernières décennies.
Cette progression de l'infestation a été
favorisée par les changements dans les
modes d'exploitation des champs, par la
grande difficulté de la lutte herbicide et par
la méconnaissance de cette adventice parmi
les exploitants. Le déplacement et le trans-
port des tubercules par les véhicules, les
machines et avec les légumes racines, le
manque de données sur les parcelles infes-
tées et l'absence de mesures d'accompagne-
ment favorisent la dissémination du souchet.
La lutte obligatoire rendrait service aux
exploitants, aux entrepreneurs de travaux
pour tiers et aux acheteurs des produits
récoltés en facilitant la coordination des
mesures. L'assainissement des parcelles forte-
ment infestées coûte beaucoup de temps et
d'argent aux exploitants.
pérature du sol atteint 9 °C). Leurs sites de prédilection
sont humides, sur des sols marécageux. La sécheresse et
le froid retardent leur germination, dont le taux n’est
toutefois que très peu diminué. Les tubercules de diffé-
rentes tailles (calibres 0,5 – 15 mm) donnent parfois une,
mais habituellement plusieurs pousses (fig. 2); on a
même observé jusqu’à cinq pousses pour un tubercule.
La littérature indique des informations très diverses
quant au nombre de tubercules formés: cela va de 365 à
20 000, en passant par plus de 6900 par plante et par
année, sachant que le rythme de formation de tuber-
cules est plus élevé en conditions humides (Webster
2005; Tumbleson et Kommedahl 1961; Ransom et al.
2009; Li et al. 2001). Lors d’essais en serre, nous avons
observé en pots de 1,5 l un taux moyen de formation de
tubercules de 1:35 en 110 jours. Une variation de de 10 à
120 tubercule par tubercule-mère était observée. Le taux
de germination de ces tubercules néoformés était de 85
– 90 %.
Comme le maïs, le souchet comestible réagit aux
basses températures après la germination par un retard
de croissance des parties superficielles et par un jaunis-
sement marqué. La croissance des racines et rhizomes
semble être moins retardée durant les périodes froides
suivant la germination, car on voit apparaître de nou-
velles pousses à 5 – 20 cm de la plante-mère très peu de
temps après la remontée des températures (fig. 3).
Chaque tubercule développe au moins un rhizome en
Figure 1 | Lorsque le champ se présente ainsi durant l'hiver, la cote d'alerte est atteinte. (Photo ACW)
461Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 460–467, 2013
Souchet comestible (Cyperus esculentus L.): situation actuelle en Suisse | Production végétale
direction de la surface du sol. Un épaississement du rhi-
zome (tubercule basal) se dessine juste sous la surface du
sol pour donner naissance aux tiges et aux feuilles vers
le haut, à des racines vers le bas et à des rhizomes latéra-
lement. D’autres tubercules basaux peuvent se former le
long des rhizomes, et de nouveaux tubercules fonda-
teurs à leur extrémité (fig. 4). Ces derniers sont d’abord
blancs et mous, pour devenir brun clair puis brun foncé
selon leur maturation. Les tubercules hivernés sont noirs
et durs. Selon les données bibliographiques, plus du
80 % des tubercules se trouvent dans la couche superfi-
cielle du sol, jusqu’à 15 cm (Stoller et Sweet 1987).
Les pousses épigées (aériennes) forment de nombreuses
feuilles longues, herbacées, de couleur jaune-vert; une
tige de section triangulaire nette de 30 – 70 cm de hau-
teur, dépourvue de feuilles et de nœuds, apparaît
ensuite. À son extrémité supérieure se forme l’inflores-
cence garnie d’épillets jaune or (fig. 5). Ces derniers sont
entourés de nombreuses bractées de différentes lon-
gueurs (Schmitt et Sahli 1992). Le début de la floraison
dépend fortement des températures. La période princi-
pale de floraison dure de début juillet à fin août; les pre-
mières inflorescences peuvent apparaître déjà au début
juin. Le souchet comestible est auto-incompatible et
forme une quantité de semences variable selon les
années (Dodet et al. 2008). Dans nos régions, on ne
connaît pas de constitution significative de populations
issues de semis. La croissance cesse avec les premiers
froids, les parties épigées des plantes ainsi que les
racines et les rhizomes meurent. Seuls les tubercules
passent l’hiver.
Sites
Dans le monde: Le souchet comestible est présent sur
tous les continents. À l’origine, sa dispersion se limitait
aux régions subtropicales. L’espèce est très répandue sur
le continent américain. Dans les années 1970 déjà, le
souchet comestible figurait dans la liste des dix adven-
tices les plus redoutées dans le monde entier (Mulligan
1979; Holm et al. 1977). L’espèce a une grande capacité
d’adaptation à son environnement et se montre peu exi-
geante quant aux caractéristiques du site. Toutefois, elle
profite de l’abondance de lumière, d’azote et d’eau ainsi
que d’un sol découvert.
Dissémination en Suisse: La présence du souchet en Suisse a changé au cours des vingt dernières années.
Schmitt et Sahli (1992) ont signalé des occurrences au Tes-
sin, avec une présence vraisemblablement naturelle dans
la zone humide des Bolle di Magadino (il était connu dès
1989 en tant qu’adventice problématique; comm. pers. U.
Feitknecht) ainsi que des isolats à Herzogenbuchsee (BE)
et Otelfingen (ZH). Dans les rapports annuels de l’Office
central vaudois de la culture maraîchère, l’espèce est
mentionnée depuis 1998 comme adventice probléma-
tique dans la région du Chablais, et depuis 2004 dans la
plaine de l’Orbe. Günter (2003) signale une dissémina-
tion notable à Herzogenbuchsee, avec une infestation
passant de 3 % de la superficie en 1992 à 20 % en 2003.
Waldispühl (2007) signale d’autres sites à Langenthal
(BE), Witzwil (BE), Seuzach (ZH) et Jeuss (FR). D’autres
infestations ont été signalées dans les cantons de Lucerne
(Ballwil, Inwil), St. Gall (Diepoldsau, Widnau), Tessin (Sot-
toceneri), Thurgovie (Frauenfeld), Zoug (Cham) et Zurich
(Ellikon an der Thur). Cette liste est incomplète, car de
nouvelles annonces de champs infestés s’y ajoutent
chaque année (fig. 6). Les régions touchées en Suisse sont
surtout celles où alternent les cultures maraîchères et
agricoles sur les mêmes surfaces.
Pourquoi est-ce une adventice problématique?
Identification trop tardive: Au stade juvénile, le souchet
comestible ressemble fortement aux millets, ce qui com-
plique son identification précoce. Pourtant, le limbe des
feuilles en forme typique de V et leur nervure principale
bien visible sont des caractères distinctifs visibles. Le
repérage de plantes isolées dans les champs nouvelle-
ment infestés exige un examen attentif. Plus ces plantes
sont nombreuses et grandes, plus il est facile de les
remarquer à leur couleur jaune verdâtre typique (fig. 7).
L’importante dissémination du souchet comestible que
l’on peut observer actuellement en Suisse tient vraisem-
blablement à l’augmentation de la coopération entre les
exploitations, ainsi qu’à la relative méconnaissance de
cette adventice problématique.
Transport involontaire de tubercules: Au champ, la plus
grande partie des tubercules (seule partie de la plante à
survivre à l’hiver) se trouve dans l’horizon superficiel du
sol (jusqu’à 20 cm); on en a toutefois trouvé jusqu’à une
Figure 2 | Un tubercule peut former plusieurs pousses; calibre des tubercules: 0,5 – 15 mm. (Photo ACW)
462 Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 460–467, 2013
Production végétale | Souchet comestible (Cyperus esculentus L.): situation actuelle en Suisse
Néophyte invasive: Le souchet comestible figure sur la
Watch-List (liste d’observation) d’info flora (ancienne-
ment CPS-SKEW), le Centre national de données et d’in-
formations de la flore suisse (www.infoflora.ch). Cette
liste recense les néophytes invasives susceptibles de cau-
ser de gros dégâts; leur dissémination doit être observée
et freinée si nécessaire. Le potentiel invasif du souchet
comestible menace les cultures agricoles (mais il n’est
guère menaçant dans d’autres environnements) par son
profondeur de 50 cm. Les tubercules adhèrent aux par-
ties de légumes-racines récoltées (pommes de terre,
carottes, betteraves sucrières et rouges, etc.) ainsi qu’aux
outils, machines, roues des véhicules et chaussures. Ils
sont dispersés directement sur d’autres surfaces cultivées
par les machines et véhicules, ou indirectement avec les
résidus de récolte ou par des déplacements de terre.
Mauvaise efficacité des herbicides: La position érigée
des feuilles ainsi que la nature de la surface foliaire
empêchent une bonne adhérence des herbicides. Cer-
tains d’entre eux obtiennent toutefois de bons résultats
même lors de fortes infestations, et facilitent le bon éta-
blissement de la culture concernée (p. ex. Dual Gold sur
maïs). Malgré cette bonne efficacité herbicide sur les
feuilles et tiges visibles en surface (par exemple 60 – 95 %,
ce qui peut suffire à protéger la culture de la concur-
rence de l’adventice), le souchet comestible trouve
encore des niches pour former de nouveaux tubercules.
Le nombre de tubercules continue ainsi de progresser
insidieusement, et même exponentiellement avec l’aug-
mentation de la densité de présence de souchet sur la
parcelle. On ne connaît pas encore de cas de résistance
de C. esculentus L. var. aurea aux herbicides.
Figure 3 | Au cours des quelques semaines suivant la germination, un tubercule-mère peut former de nombreuses pousses. (Photo ACW)
Figure 4 | Une fois installée, cette adventice redoutée ne se laisse plus guère éradiquer. Elle se multiplie grâce à ses tubercules survi-vant à l'hiver dans le sol. La lutte contre des infestations massives implique des investissements coûteux. (Photo ACW)
mars/avril
mai/juinseptembre
463Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 460–467, 2013
Souchet comestible (Cyperus esculentus L.): situation actuelle en Suisse | Production végétale
système particulier de propagation au moyen de tuber-
cules. La durée de vie des tubercules dans le sol est d’en-
viron cinq ans selon la littérature, mais la capacité germi-
native semble diminuer au cours des années (Kassl 1992).
Lutte
On ne connaît pas encore de méthodes efficaces pour
venir à bout du souchet comestible à long terme dans les
cultures agricoles et maraîchères. Les mesures isolées,
telles la lutte «normale» au moyen d’herbicides ou un
sarclage supplémentaire, n’ont pas d’effet durable.
Affaibli, le souchet comestible peut se régénérer rapide-
ment dans la culture et former suffisamment de nou-
veaux tubercules pour réapparaître l’année suivante en
effectifs encore plus importants. Pour maîtriser cette
adventice problématique, la stratégie de lutte doit être
plus large. L’invasion ne pourra être freinée que si l’on
coordonne différents éléments de lutte pour en tirer des
synergies.
Objectifs:
– Les agriculteurs et les entreprises de travaux agricoles
doivent recevoir une information exhaustive sur le
souchet comestible.
– Toutes les mesures de lutte doivent avoir pour objectif
final de réduire la formation de tubercules.
– Le transfert involontaire de tubercules entre les
champs doit être empêché.
– Les champs fortement infestés doivent être assainis.
– Le développement du souchet comestible doit être
surveillé tout au long de la période de végétation,
afin de pouvoir prendre des mesures adéquates de
lutte après la récolte.
Repérage précoce: Il est très important que les nouveaux
foyers d’infestation soient repérés tôt (Neuweiler 2011).
Les petits foyers comprenant peu de plantes peuvent
être déterrés et éliminés (mais pas au compost ni au
fumier) ou tués par stérilisation du sol. Plus l’invasion est
avancée, plus la lutte est difficile et coûteuse.
Premières mesures: La première démarche à accomplir
pour une lutte efficace contre le souchet comestible est
de renseigner et d'informer de manière approfondie les
agriculteurs et entrepreneurs. Chaque exploitant doit
prendre la responsabilité de ses champs. Tous doivent
avoir l’occasion d’observer et de toucher la plante en
nature (en pots), surtout dans les régions infestées mais
aussi dans les autres régions. Les informations doivent
être données et retransmises oralement et par écrit. Les
acheteurs de racines et tubercules récoltés sur des
champs infestés doivent apposer une identification à ces
lots et les travailler séparément.
Transfert involontaire: D’une part, il faut éviter de dépla-
cer des tubercules dans le champ et pour cela repérer
assez tôt une première infestation. D’autre part, il faut
empêcher le transfert d’une parcelle à une autre. Les
véhicules et les machines ne doivent pas être déplacés
d’un champ infesté vers un champ sain sans être au pré-
alable nettoyés minutieusement. Les chaussures doivent
être également nettoyées. Les taupes et campagnols
sont également susceptibles de transporter des tuber-
cules. Les parcelles infestées doivent être cartographiées
et les cartes mises à disposition des entrepreneurs, afin
qu’ils engagent leurs machines en dernier sur les par-
celles infestées. Les résidus de récolte des légumes-
racines cultivés sur des parcelles infestées ne doivent pas
être mélangés avec les résidus de récolte des parcelles
saines, mais restitués à des parcelles déjà infestées. Les
Figure 5 | Inflorescence du souchet comestible. L'apparition de telles inflorescences sur un champ est un signal d'alarme. (Photo: ACW)
Figure 6 | Sites répertoriés d'infestation de souchet comestible (Cyperus esculentus L.) en Suisse, été 2013. (Photo ACW)
464 Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 460–467, 2013
Production végétale | Souchet comestible (Cyperus esculentus L.): situation actuelle en Suisse
D’autre part, il faut implanter dans la pratique des
mesures d’hygiène (nettoyage des chaussures, des
machines et des véhicules). Il faut aussi contrôler minu-
tieusement les substrats infestés, les légumes-racines
récoltés, les résidus de récolte et le matériel de planta-
tion (semences de pommes de terre, oignons et bulbes,
plants de pépinière, vivaces ornementales). Enfin, toutes
les mesures de lutte doivent viser à réduite nettement le
nombre de tubercules dans le sol.
Assolement: La culture de plantes sarclées sur des par-
celles infestées est problématique. Le danger d’exporta-
tion de tubercules de souchet par les machines récol-
teuses et avec les récoltes est très élevé. Il en va de même
pour le déchaumage si les machines ne sont pas net-
toyées soigneusement après le travail. Dans les céréales
fortement concurrentielles, les peuplements denses
n’empêchent pas le développement du souchet comes-
tible dans les lacunes de peuplement et dans les pas-
sages, et n’évitent pas qu’ils y forment suffisamment de
tubercules pour que le problème soit encore aggravé
l’année suivante. Dans les prairies artificielles, le souchet
peut se multiplier fortement, surtout la première année
lorsque le peuplement de la prairie n’a pas encore
atteint sa densité définitive. La destruction d’une prairie
artificielle dense par la pâture peut favoriser la forma-
tion de tubercules de souchet. Il est généralement admis
qu’une prairie artificielle dense âgée de trois ans réduit
fortement le peuplement de souchet comestible, ce qui
permet la maîtrise du problème au cours des années sui-
vantes. Cette hypothèse n’a toutefois pas été confirmée
jusqu’ici par des essais.
résidus de récolte ou les déchets des entreprises horti-
coles ne doivent pas être déposés sur les champs ou sur
des composts en tas bordant les champs, car ce type de
compostage ne tue pas les tubercules de souchet.
Herbicides: La lutte chimique offre peu de chances de
succès. Seuls quelques herbicides, parmi ceux qui pré-
sentent un bon degré d’efficacité, peuvent être appli-
qués dans les cultures en place. Les herbicides spécifique-
ment antigraminées ne sont pas efficaces contre le
souchet comestible. La station de recherche Agroscope
ACW mène actuellement des essais avec diverses subs-
tances herbicides. Le degré d’efficacité de la méthode
est déterminé selon le nombre de tubercules trouvés à
l’automne et au printemps suivants. L’évaluation de l’ef-
ficacité après l’application d’un herbicide sur la base des
dégâts causés aux organes aériens des plantes n’est pas
optimale, car on ne peut pas juger directement du
nombre de tubercules formés d’après la biomasse visible.
C’est pourquoi il est important de connaître l’efficacité
sur la formation de tubercules, car seule la diminution
de leur nombre indique l’efficacité durable de la mesure
de lutte.
Travail du sol: Les premiers résultats de nos essais montrent
qu’un travail du sol réalisé à un stade précoce de la crois-
sance du souchet comestible réduit notablement la forma-
tion de tubercules. Une répétition du procédé liée à l’en-
fouissement immédiat d’herbicides améliore son efficacité.
Le travail du sol en bandes pour la culture de plantes sar-
clées ne suffit pas à lutter contre le souchet comestible, car
seuls deux tiers de la surface sont travaillés.
Engrais verts: La culture d’engrais verts très concurren-
tiels tels le seigle fourrager, le sarrasin, le sorgho ou
l’avoine après un travail tardif du sol peut freiner effica-
cement la multiplication du souchet comestible. Les pre-
miers résultats d’essais réalisés en serre sont très promet-
teurs; des essais en plein champ sont prévus.
Stérilisation du sol: On peut stériliser de petites surfaces
infestées que l’on exploite pour des cultures spéciales.
Des appareils de traitement à la vapeur chauffent le sol
à 80 – 90 °C jusqu’à une profondeur de 30 cm (Keller
2013). Mais le procédé est coûteux et la chaleur détruit
quasiment toute vie dans le sol.
Combinaison de diverses mesures: Aucune mesure ne
suffit à elle seule à combattre efficacement le souchet.
Des combinaisons de mesures doivent être testées pour
développer une stratégie de lutte efficace et durable.
Divers essais sont en préparation chez Agroscope.
Figure 7 | L'infestation progresse souvent depuis le bord du champ. Le souchet comestible se distingue par sa couleur jaune verdâtre. (Photo ACW)
465Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 460–467, 2013
Souchet comestible (Cyperus esculentus L.): situation actuelle en Suisse | Production végétale
Assainissement de champs infestés: Les champs forte-
ment infestés doivent être retirés des surfaces d’assole-
ment et assainis. D’après les premiers résultats d’essais
menés par ACW, on obtient une bonne efficacité avec un
traitement herbicide appliqué à la fin du printemps sur
les jeunes pousses, et un travail consécutif du sol. L’effi-
cacité est encore améliorée par une répétition du pro-
cédé 6 – 8 semaines plus tard. Toutefois, cette stratégie
prend du temps et le champ ne pourra être mis en
culture qu’au début de l’été, à condition que la culture
tolère l’herbicide utilisé. Cette mesure devrait être répé-
tée chaque année, jusqu’à ce que l’infestation ait dimi-
nué à un niveau supportable. La planification de la rota-
tion des cultures doit tenir compte des mesures à prendre
pour assainir un champ.
La lutte coûte du temps et de l’argent: Le souchet comes-
tible est une adventice extrêmement tenace. Sa biologie
rend la lutte particulièrement difficile et coûteuse. La
maîtrise d’une première infestation exige des interven-
tions manuelles fastidieuses, et une infestation avancée
doit faire envisager l’abandon de l’exploitation d’une
parcelle et la mise en œuvre de mesures d’assainisse-
ment. Il faut s’attendre à devoir répéter et adapter les
mesures d’assainissement dans la durée. Les coûts sup-
plémentaires occasionnés par ces opérations sont à la
charge de l’exploitant.
Mesures d’accompagnement
Les exploitants ne peuvent à eux seuls arrêter l’invasion
du souchet et le déplacement de ses tubercules. Il est
donc nécessaire de promulguer une obligation d’an-
nonce et de lutte concernant le souchet comestible. De
plus, il est utile que cette adventice soit déclarée parti-
culièrement dangereuse. Cependant, l’obligation d’an-
nonce ne devrait pas servir à punir les exploitants tou-
chés, mais à faciliter la cartographie des parcelles
infestées. Les cartes établies devraient permettre d’em-
pêcher le trafic de véhicules et machines dans le sens des
parcelles infestées vers celles encore saines. Les exploi-
tants et les entrepreneurs auraient ainsi la responsabi-
lité importante d’empêcher la migration passive de
tubercules. D’autre part, l’obligation de lutter contrain-
drait les acheteurs de pommes de terre, betteraves
sucrières et autres légumes racines à traiter séparément
les lots en provenance des champs infestés. Si une obli-
gation d’éradication est illusoire, une obligation de
lutte faciliterait la coordination des mesures d’hygiène.
On ne devrait plus voir d’exploitant constater au
champ que «la nouvelle graminée» ne réagit pas aux
mesures de lutte antigraminées et qu’elle s’est déjà lar-
gement répandue. Les conseillers sont sollicités d’infor-
mer à temps tous les agriculteurs, et pas seulement dans
les régions actuellement touchées.
Tous les acteurs de la branche doivent tirer à la même
corde, pour éviter que toutes les terres agricoles du Pla-
teau suisse ne soient infestées.
C o n c l u s i o n s
•• Le souchet comestible survit à l'hiver et se multiplie
exclusivement par ses tubercules hypogés; le taux de
multiplication est très élevé.
•• Les tubercules sont exportés des champs par les
machines, les véhicules et les chaussures ainsi qu'avec
les produits récoltés (bulbes, tubercules, légumes
racines etc.).
•• En général, les herbicides, même associés à un
sarclage, ne suffisent pas à réduire le nombre de
tubercules de souchet au point de diminuer le danger
de leur exportation.
•• Des mesures d'accompagnement telles l'obligation de
l'annonce et de la lutte ainsi que la cartographie des
champs infestés devraient aider les entreprises de
travaux pour tiers à adapter leurs programmes de
travail, et les acheteurs des produits récoltés à
prendre en charge les légumes racines dans l'ordre
correct ainsi qu'à traiter les déchets de parage de
manière adéquate.
•• Il faut envisager de renoncer à récolter les parcelles
fortement infestées. n
466 Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 460–467, 2013
Production végétale | Souchet comestible (Cyperus esculentus L.): situation actuelle en Suisse
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467
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 460–467, 2013
Novità sullo zigolo dolce (Cyperus
esculentus L.)
Lo zigolo dolce (Cyperus esculentus L.)
fa parte della famiglia delle ciperacee.
Si moltiplica esclusivamente attraverso
piccoli tuberi nel suolo. Negli ultimi
due decenni la sua diffusione in
Svizzera è fortemente aumentata,
poiché è cambiata la gestione dei
campi. Controllare questa malerba è
enormemente difficile e questa
fastidiosa malerba non è abbastanza
conosciuta dagli agricoltori. L’attuale
diffusione dello zigolo dolce è favorita
dalla disseminazione dei tuberi
attraverso macchine agricole e prodotti
raccolti (frutti a radice), la mancanza di
un registro dettagliato delle parcelle
contaminate e l’assenza di misure di
accompagnamento. La lotta obbligato-
ria rappresenterebbe una soluzione
che potrebbe essere sfruttata da
produttori, contoterzisti e consumatori
di prodotti vegetali. Per gli agricoltori il
risanamento di parcelle fortemente
infestate è oneroso e impegnativo.
Souchet comestible (Cyperus esculentus L.): situation actuelle en Suisse | Production végétale
Yellow nutsedge: Actualities on
Cyperus esculentus L. in Switzerland
Yellow nutsedge (Cyperus esculentus L.),
a Cyperaceae species, propagates
exclusively with tubers in the ground.
Its abundance in Switzerland has
largely increased in the last 20 years,
due to changes of land use and
important difficulties to control. The
species is not well known to farmers
yet, and tubers are increasingly
displaced by vehicles, machines, root
crops and with shoes. Infested fields
are not mapped yet. Effective strate-
gies to control the weed in the sense
of reducing tuber production and
therefore reducing contamination of
neighboring fields are missing.
Agroscope started recently a trial
programme for development of control
strategies. A legal obligation to
announce foci and to control would
help farmers, contractors and purchas-
ers of crops to coordinate actions for
preventing tuber production and
displacement.
Key words: Cyperaceae, changes of
land use, invasive species, manage-
ment, herbicide.
468 Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 468–475, 2013
Comparaison de cultures fourragères avec et sans irrigation.
I n t r o d u c t i o n
Pour participer au programme «production de lait et de
viande basée sur les herbages» de la Confédération (Barth
et al. 2011), une part d’herbe d’au moins 80 % est requise
dans la ration des herbivores. Actuellement, la moitié des
élevages laitiers suisses ne remplissent pas ce critère
(Schmid et Lanz 2013). En effet, la majorité des exploita-
tions de plaine utilisent de l’ensilage de maïs, en raison du
potentiel de production élevé de cette culture (Winckler
et al. 2012). Cependant, si le maïs ensilage donné aux
vaches gardées à l’étable permet une productivité laitière
supérieure à celle des troupeaux nourris au pâturage, ces
derniers génèrent un revenu significativement supérieur,
comme le montre un essai effectué en Suisse centrale
(Hofstetter et al. 2011; Gazzarin et al. 2011). Des compa-
raisons entre stratégies fourragères manquent pour
d’autres régions d’élevage, notamment en conditions
plus sèches. En été, le bassin lémanique est moins arrosé
que la Suisse centrale. De mai à août, la pluviométrie
moyenne est respectivement de 325 mm et 530 mm dans
ces deux régions (données MétéoSuisse pour Changins et
Sempach, moyennes 1981 – 2010). Avec le changement cli-
matique et la réduction prévisible des précipitations en
période estivale, les besoins en eau d’irrigation seront de
plus en plus importants dans l’ouest du pays (Fuhrer et
Jasper 2009) où l’on s’attend à une extension des surfaces
de maïs. Déjà en 2003 et 2011, les systèmes herbagers
dans le bassin lémanique ont été fortement pénalisés par
les sécheresses qui ont induit une diminution de l’ordre
de 40 % du rendement annuel des pâturages (Mosimann
et al. 2012). Pour apporter des références de comparaison
entre stratégies fourragères dans les régions sèches de
grandes cultures, il est donc nécessaire de mieux connaître
les effets de la limitation en eau.
L’essai «Maïzen’herbe» se déroule dans le bassin
lémanique et compare diverses voies de production de
fourrages (cultures en rotation vs surfaces toujours en
Eric Mosimann, Claire Deléglise, Marielle Demenga, David Frund, Sokrat Sinaj et Raphaël Charles
Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon, Suisse
Renseignements: Eric Mosimann, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 47 36
Disponibilité en eau et production fourragère en zone de grandes cultures
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Disponibilité en eau et production fourragère en zone de grandes cultures | Production végétale
469
Rés
um
é
Agrarforschung Schweiz 4 (11–12): 468–475, 2013
Un essai de comparaison entre diverses
stratégies fourragères (cultures en rotation
versus prairies temporaires) a été mis en
place en 2009 dans le bassin lémanique, à
une altitude de 390 m. Dès 2010, deux
régimes d’approvisionnement en eau ont été
testés, correspondant à des quantités
annuelles moyennes de 900 mm (pluviomé-
trie du site) et de 1200 mm (apports d’eau
supplémentaires par irrigation).
Lors des périodes de sécheresse en 2010 et
2011, les apports d’eau ont été les plus
efficaces sur les mélanges graminées-trèfles.
Une quantité de dix litres d’eau au mètre
carré a permis d’augmenter leur rendement
de 120 kg MS/ha, alors que cette augmenta-
tion n’était que de 50 kg MS/ha pour le maïs.
En revanche, une forte dégradation de la
composition botanique des prairies tempo-
raires a été constatée dès leur troisième
année. Elle s’est accompagnée d’une baisse
constante de production. L’effet des apports
d’eau se traduit par une faible baisse des
teneurs en N pour l’ensemble des cultures et
par une augmentation des teneurs en K des
mélanges graminées-légumineuses (consom-
mation de luxe). Les teneurs des autres
éléments analysés (P, Ca et Mg) ont peu été
influencées. Cette étude met en évidence les
faiblesses des herbages en situation de
sécheresse et les avantages que procurent les
cultures de maïs et de luzerne.
herbe) soumises à deux régimes hydriques: (‘limité’ = plu-
viométrie locale vs ‘non-limité’ = pluviométrie locale +
apports supplémentaires d’eau). Les objectifs sont de
répondre aux questions suivantes:
1. Quel est l’effet de la disponibilité en eau sur la
production de fourrage?
2. Quelles cultures fourragères choisir en zone de
grandes cultures exposées à la sécheresse?
Les résultats de trois années d’essai (2010 – 2012) sont
présentés ici, en mettant l’accent sur le rendement et les
exportations en éléments nutritifs.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Site expérimental
L’essai a été implanté en avril 2009, après labour d’un blé
d’automne, sur une parcelle située à Prangins (VD, alti-
tude 390 m). Les données de pluviométrie proviennent
de la station météo de Changins pour la période hiver-
nale et de relevés effectués sur la parcelle d’essai durant
la période hors gel.
Le sol brun calcaire est anthropisé, faiblement pseu-
dogleyifié, avec peu de pierres issues de la moraine de
fond. Sa profondeur utile est de 90 cm. La texture
moyenne dans les 20 premiers cm est argilo-limoneuse
avec 31 % d’argile et 43 % de silt. Il devient un peu
moins argileux dès 30 cm. Au début de l’essai, les ana-
lyses indiquaient un pH-H2O de 8,2, une capacité
d’échange cationique (CEC) de 17,7 méq par 100 g de
sol et une bonne teneur en matière organique de 3 %.
Les teneurs en phosphore (P) et potassium (K) extraites
à l’acétate ammonium EDTA (Sinaj et al. 2009) sont res-
pectivement satisfaisante et très riche.
Dispositif expérimental
Le dispositif expérimental en split-plot a permis de com-
parer cinq variantes de cultures (tabl. 1) et deux sous-
variantes d’approvisionnement en eau (‘limité’ et ‘non-
limité’) à l’aide de quatre répétitions. Les quarante
parcelles de l’essai mesuraient 12 m x 6 m. Les cultures
ont été mises en place et travaillées avec des machines
agricoles (travaux du sol, semis, sarclages et traitements),
puis récoltées avec des machines expérimentales qui per-
mettent de peser et d’échantillonner toutes les bio-
masses produites sur chaque parcelle.
Variantes culturales
Les deux premières variantes culturales consistaient en
une rotation maïs, orge, dérobée luzerne + ray-grass
d’Italie (RGI) sur deux ans et sont décalées d’une année.
Production végétale | Disponibilité en eau et production fourragère en zone de grandes cultures
470 Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 468–475, 2013
La troisième variante comprenait une succession variée
de cultures (rotation longue). Les variantes 4 et 5 ont
toujours été couvertes d’herbe avec un mélange grami-
nées-trèfles. Elles ont été fauchées selon deux fréquences
(variante 4: 7 à 8 coupes/année = simulation pâturage;
variante 5: 5 coupes/année = prairie de fauche). Les
caractéristiques techniques de l’essai sont décrites dans
le tableau 1.
Sous-variantes de disponibilité en eau
A partir d’avril 2010, des apports d’eau supplémentaires
ont été appliqués sur les parcelles de la sous-variante
‘non-limité’, sur la base de mesures de tension dans le sol.
Ils ont été effectués au goutte-à-goutte, à l’aide de
tuyaux percés espacés de 50 cm (75 cm pour le maïs) et
disposés à même le sol. Les quantités d’eau appliquées
variaient de 5 à 15 l/m² par jour selon le déficit hydrique
atteint. Les mesures de tension ont été réalisées dans
toutes les variantes et sous-variantes d’une répétition
avec des sondes Watermark© (bougies poreuses) placées
à deux profondeurs (20 et 40 cm) et connectées à un boî-
tier qui enregistre trois mesures par heure. Les apports
étaient déclenchés manuellement dès que la tension
dans le sol excédait 60 cb (1 cb = 1 kPa), seuil théorique
d’épuisement de la réserve utile du sol (Puech et al. 2003).
Fertilisation
L’essai a été fertilisé avec des engrais minéraux du com-
merce. Les quantités d’azote, différenciées selon les
cultures (tabl. 1), ont été appliquées sous forme de
nitrate d’ammoniaque (27,5 %) et, ponctuellement sur
les céréales, avec de l’urée liquide. Compte tenu de l’état
de fertilité des éléments de fond au début de l’essai, et
pour être sûr de ne pas limiter le développement des
Tableau 1 | Caractéristiques des cinq variantes culturales: dates de semis et de récolte (première et dernière coupes sur les variantes 4 et 5), cultures, variétés, nombre de coupes et quantité de N minéral (kg N/ha)
V1 V2 V3 V4 V5
Rotation deux ans Rotation deux ans Rotation longue Prairie Prairie
2009
27/04 27/04 Orge printemps 14/04 14/04 14/04Maïs Eunova Mst 210 Mst 430 Mst 430
Ronaldinio 29/07 N 40 4 coupes 7 coupes 5 coupesN 110 30/07
26/08 Luzerne-RGI N 130 N 220 N 1602 coupes
02/10 Orge automne N 30Plaisant 29/10 29/10 19/11 22/10
2010
1 coupeN 100 25/04 N 30 15/03 14/04
Pois printemps 07/0511/05 Gregor
25/06 Maïs N 0 7 coupes 5 coupes25/06 Ricardinio 19/07
Luzerne-RGI N 120 20/07 AP N 240 N 1502 coupes 16/09 1 coupe
N 30 30/09 N 029/09 Orge automne 08/10 Blé automne
19/10 Plaisant Arina 27/10 19/10
2011
1 coupe20/04 N 30 N 100 N 100 06/04
11/0506/05
Maïs 24/06 15/07 8 coupes 5 coupesRicardinio 24/06 15/07 AP
N 120 Luzerne-RGI 1 coupe N 180 N 15001/09 2 coupes 30/09 N 004/10 Orge automne N 30 04/10 Orge automne
Fredericus 07/10 Fredericus 09/11 07/10
2012
1 coupeN 100 30/04 N 30 N 100 04/04
04/0514/05 Maïs 8 coupes Mst 330 MA
04/07 Ricardinio 04/07 4 coupes10/07 N 120 10/07 Sorgho N 180
Luzerne-RGI 28/08 Hayking N 902 coupes 2 coupes
N 30 29/09 Orge automne N 80Plaisant 22/10
24/10 25/10 Méteil 29/10 24/10
Les densités de semis suivantes ont été appliquées: Maïs 95 000 plantes/ha; orge d’automne 300 grains/m2; luzerne-ray-grass d’Italie (RGI) 35 kg/ha; Mst 210* = trèfles violet et d’Alexandrie + ray-grass d’Italie et Westerwold 30 kg/ha; pois de printemps 262 kg/ha; AP = avoine-vesce de printemps 200 kg/ha; blé d’automne 450 graines/m2; sorgho hybride 40 kg/ha; Mst 430* = trèfles blanc et violet, ray-grass anglais, dactyle tardif, fléole des prés, fétuque rouge et pâturin des prés 36 kg/ha; Mst 330 A* = trèfles blanc, violet et d’Alexandrie, ray-grass anglais, dactyle tardif, fléole des prés et fétuque des prés 34 kg/ha.*Mélanges standard (Mst): la composition des mélanges de graminées et légumineuses figure dans la Liste des mélanges standard (Mosimann et al. 2012).
Disponibilité en eau et production fourragère en zone de grandes cultures | Production végétale
471Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 468–475, 2013
Tableau 2 | Rendement en MS et quantités d’eau par variante culturale et sous-variante hydrique, ainsi que la réponse aux apports d’eau durant trois années. Les niveaux de signification statistique des rendements totaux par variante sont issus de comparaisons post-hoc après analyse de la variance (*** P < 0,001; ** P < 0,01; * P < 0,05)
Année Culture
Rendement MS(dt MS/ha)
Quantité d'eau(l/m2)
Apport d'eau
quantité réponse
limité non-limité limité non-limité (l/m2) (g MS/l)
Variante 1 Total 2010-12 585,6 641,1*** 2711 3630 920 0,6
2010Orge grain 90,7 94,3
371 474 1030,3
Orge paille 60,4 69,9 0,92010 Luzerne-RGI (automne) 37,8 55,8 442 719 277 0,62011 Luzerne-RGI (printemps) 55,0 53,0 106 132 25 -0,82011 Maïs 172,4 195,0 311 677 366 0,6
2011-12Orge grain 83,5 77,2
812845
033
-1,9Orge paille 57,4 54,2 -1,0
2012 Luzerne-RGI (automne) 28,3 41,8 669 784 115 1,2Variante 2 Total 2010-12 539,4 590,4** 2711 3844 1133 0,52010 Luzerne-RGI (printemps) 29,4 27,9 218 218 02010 Maïs 167,7 179,9 321 710 389 0,3
2010-11Orge grain 54,4 63,1
496792
0296
0,3Orge paille 31,3 46,2 0,5
2011 Luzerne-RGI (automne) 29,9 33,7 534 744 210 0,22012 Luzerne-RGI (printemps) 42,2 40,9 228 234 7 -1,92012 Maïs 184,4 198,6 332 563 231 0,62012 Orge 583 583Variante 3 Total 2010-12 366,3 417,4** 2711 3522 811 0,62010 Mst 210 143 143 02010 Pois grain 29,9 24,5 256 415 159 -0,32010 Avoine vesce d'été (AP) 49,6 66,2 154 301 147 1,1
2010-11Blé grain 48,7 59,7
540857
0317
0,3Blé paille 31,3 60,1 0,9
2011 Avoine vesce d'été (AP) 36,9 34,5 172 251 79 -0,3
2011-12Orge grain 84,5 74,0
777801
024
-4,5Orge paille 60,1 66,6 2,7
2012 Sorgho 25,1 31,8 231 317 86 0,82012 Méteil 438 438 0Variante 4 Total 2010-12 251,4 377,3*** 2711 3871 1159 1,12010 Mst 430: 8 coupes 110,3 165,0 813 1320 507 1,12011 Mst 430: 8 coupes 78,0 125,7 756 1144 388 1,22012 Mst 430: 8 coupes 63,1 86,7 1142 1407 264 0,9Variante 5 Total 2010-12 258,8 402,5*** 2711 3834 1122 1,32010 Mst 430: 5 coupes 117,0 172,3 813 1309 496 1,12011 Mst 430: 5 coupes 85,2 122,3 756 1185 429 0,92012 Mst 330: 4 coupes 56,7 107,8 1142 1339 197 2,6
cultures, une fumure uniforme de 90 kg P2O5 /ha et
280 kg K2O /ha a été distribuée sur l’ensemble des
variantes en mars 2011 et en avril 2012.
Mesures et calculs
Pour l’orge et le blé, les grains et les pailles ont été
récoltés séparément. Broyées, les pailles du pois sont
restées au champ. Toutes les biomasses exportées des
parcelles ont été pesées et fractionnées en deux
échantillons. L’un était pesé et séché pour obtenir le
taux de matière sèche (MS) et calculer le rendement
en MS. Le second a été séché, puis moulu en vue de
déterminer ses teneurs en éléments nutritifs. Les
teneurs des végétaux en N, P, K, Ca et Mg ont été
déterminées selon les méthodes de référence des sta-
tions de recherche Agroscope (1996). Les exportations
en éléments nutritifs ont été calculées en multipliant
les quantités de MS produites par les teneurs pour cha-
cune des récoltes.
La réponse aux apports d’eau a été calculée en
divisant la différence de rendement en MS entre les
deux sous-variantes par la quantité d’eau apportée
dans les parcelles du procédé ‘non-limité’.
Analyses statistiques
Le test des effets de la variante de culture (V1 à V5) et de
la sous-variante d’approvisionnement en eau (‘limité’ et
‘non-limité’) sur les rendements en MS et exportations en
Production végétale | Disponibilité en eau et production fourragère en zone de grandes cultures
472 Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 468–475, 2013
minéraux a été effectué à l’aide d’analyses de la variance
à deux facteurs pour un dispositif expérimental en split-
plot (parcelles divisées), suivies de tests post-hoc. Les
variables de réponse utilisées sont les rendements, ou les
exportations de minéraux, de chacune des variantes
(cumul des différentes cultures et des trois années d’es-
sai; tabl. 2 et 4).
Les tests de l’effet de l’approvisionnement en eau sur
les teneurs en minéraux des cultures, ainsi que sur les
exportations de minéraux par culture, ont été réalisés à
l’aide d’une analyse de variance à un facteur (disponibi-
lité en eau), en considérant les données des différentes
années et des différentes variantes comme répétitions
(tabl. 3 et 5).
Ces analyses ont été réalisées avec le logiciel R, ver-
sion 3.0.1 (R Development Core Team 2008).
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
En 2009, l’essai a été conduit sans différenciation du
régime hydrique. Il a ainsi été vérifié que la parcelle était
homogène et que le rendement des cultures se situait à
un niveau moyen à bon par rapport aux valeurs de réfé-
rence pour l’agriculture suisse (Sinaj et al. 2009). Les résul-
tats présentés ici concernent 2010 à 2012, années durant
lesquelles les deux sous-variantes de disponibilité en eau
ont été testées.
Régime hydrique
Après deux années plutôt sèches (813 et 756 l/m2 par
année), en particulier durant l’été 2010 et le printemps
2011, l’année 2012 a été plus humide (1142 l/m2). Les
périodes où les besoins en eau sont les plus importants
sont caractérisés par une forte augmentation de la ten-
sion de l’eau dans le sol (>200 cb à 20 cm, fig. 1) et
peuvent être distinguées selon les cultures. En été 2010,
ce sont le maïs et les prairies qui ont le plus souffert de
la sécheresse; en automne 2010, les dérobées et les prai-
ries; au printemps 2011, les céréales et les prairies; en fin
d’été 2011, le maïs et les dérobées; en fin d’été 2012: le
maïs et les prairies. Ainsi par exemple, des quantités
d’eau supplémentaire de 220 l/m² en juillet 2010 pour le
maïs (V2) et de 159 l/m² en mai 2011 pour la prairie (V5)
ont été apportées dans les sous-variantes ‘non-limité’. En
moyenne des trois années, les deux sous-variantes tes-
tées correspondaient à des pluviométries annuelles
moyennes de 900 (‘limité’) et de 1250 mm/année (‘non-
limité’). Une analyse des besoins en eau d’une culture de
soja, valable par analogie pour d’autres cultures esti-
vales comme le maïs, a montré que le nombre de situa-
tions de stress hydrique varie de 0 à 5 selon les années,
les régions et le sol (Waridel et al. 1997). Il s’avérait aussi
que l’irrigation est opportune chaque année dans la
région lémanique, si l’objectif est de satisfaire les besoins
en eau de la culture.
Production de matière sèche et réponse aux apports d’eau
Les cultures en rotation sur deux ans des variantes 1 et 2
ont produit les plus grandes quantités de MS, avec en
moyenne des trois années 187,5 dt MS/ha/année pour la
sous-variante ‘limité’ et 205,3 dt MS/ha/année pour la
010
020
030
0cb
-¹
V1 − Rotation 2 ansDérobée Maïs Orge Dérobée
010
020
030
0cb
-¹
V2 − Rotation 2 ansMaïs Orge Dérobée Maïs
010
020
030
0cb
-¹
V3 − Rotation longue
Pois Dér. Blé Dér. Orge Dérobée
010
020
030
0cb
-¹
V4 − Prairie (7 à 8 coupes/année)
010
020
030
0cb
-¹
V5 − Prairie (5 coupes/année)
1,06 1,08 1,10 1,04 1,06 1,08 1,10 1,04 1,06 1,08 1,10
2010 2011 2012
Figure 1 | Tension de l’eau à 20 cm dans le sol pour les cinq varian-tes culturales de 2010 à 2012.
Disponibilité en eau et production fourragère en zone de grandes cultures | Production végétale
473Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 468–475, 2013
Si les mélanges graminées-trèfles (V4 et V5) ont très
bien valorisé les apports d’eau, leur production a en
revanche diminué au cours des années, en raison
notamment d’une dégradation de leur composition
botanique. En automne 2011, la présence massive de
dactyle (Dactylis glomerata L.) dans la variante 5 a
conduit à sa rénovation par ressemis au printemps sui-
vant. Dès lors, la nouvelle prairie a très bien valorisé les
apports d’eau, avec une augmentation du rendement
de 90 % en 2012.
Le ratio entre la différence de rendement entre
sous-variantes et la quantité d’eau apportée précise ces
observations. La réponse aux apports d’eau (tabl. 2) est
la meilleure dans les variantes 4 et 5, avec en moyenne
respectivement 1,1 et 1,3 g MS par litre d’eau au m².
Ainsi, une quantité d’eau de 10 litres/m² peut engen-
drer une augmentation moyenne du rendement des
prairies de 120 kg MS/ha. L’eau est moins bien valorisée
par les cultures annuelles, à l’exception des pailles de
céréales et des dérobées en automne (entre 0,5 et 0,6 g
MS par litre d’eau au m² dans les variantes 1 à 3). Au
printemps, les dérobées luzerne-RGI ont plutôt été
pénalisées par les apports d’eau.
sous-variante ‘non-limité’ (tabl. 2). La production des
prairies, variantes 4 et 5, atteignait en moyenne 85,0 et
130,0 dt MS/ha/année pour les deux sous-variantes res-
pectives. Les gains de production obtenus durant trois
ans en évitant les déficits hydriques sont significatifs
(variantes 1, 4 et 5: p < 0,001 ; variantes 2 et 3: p < 0,01).
Ils sont les plus importants avec les mélanges graminées-
trèfles (V4 et V5), dont le rendement a augmenté en
moyenne sur trois ans de 53 % grâce aux apports d’eau.
L’augmentation moyenne était de 9 % pour les cultures
annuelles avec de fortes variations entre années, en par-
ticulier pour l’orge, le blé ou la dérobée avoine-vesce
d’été (AP). En 2012, le rendement des céréales était
même pénalisé par l’irrigation, conséquence possible de
déséquilibres physiologiques. Des essais d’irrigation sur
soja ont montré des antagonismes entre les parties végé-
tatives et génératives suite à une disponibilité trop
importante en eau avant floraison (Charles et al. 1999).
Selon les années, le rendement du maïs a augmenté de 7
à 13 % dans la variante ‘non-limité’. Selon une étude
récente, les températures durant la période de forma-
tion des épis expliquent une grande part de la variabilité
du rendement (Baux 2013).
Tableau 3 | Teneurs en minéraux des cultures (g/kg MS) en moyenne des trois années 2010-2012. Les niveaux de signification statistique sont issus de l’analyse de la variance (*** P < 0,001; ** P < 0,01; * P < 0,05 ; ms [marginalement significatif] 0,05<P<0,1; pas de symbole = non significatif)
Variante CultureN (g/kg MS) P (g/kg MS) K (g/kg MS) Ca (g/kg MS) Mg (g/kg MS)
limité non-limité limité non-limité limité non-limité limité non-limité limité non-limité
1 - 2 Maïs 10,1 9,2 * 1,8 1,8 7,3 7,6 2,5 2,1 * 1,4 1,2 *1 - 3 Orge grain 16,3 15,9 ms 4,0 4,2 4,9 5,0 0,5 0,5 1,3 1,31 - 3 Orge paille 4,3 3,9 ms 1,0 0,9 15,6 17,2 ms 3,2 3,2 0,7 0,71 - 2 Luzerne-RGI 33,4 31,4 * 3,7 3,8 32,9 36,0 ** 17,3 14,5 *** 2,1 1,9 ms3 Pois grain 33,4 34,3 4,8 5,3 ** 10,6 11,8 ** 1,1 1,1 1,3 1,33 Dérobée AP 23,0 24,5 3,5 3,8 24,2 26,1 11,0 12,0 1,7 2,0 **3 Blé grain 19,0 16,3 * 3,5 3,5 4,4 4,4 0,5 0,4 1,2 1,3 *3 Blé paille 5,8 4,0 ms 1,0 0,8 ms 11,5 9,8 3,6 2,7 ms 0,7 0,6 ms3 Sorgho 18,9 17,9 ms 4,4 4,1 24,7 24,1 8,3 7,3 * 1,8 1,94 Mst 430: 8 coupes 27,1 26,5 4,1 4,3 31,4 34,7 ** 11,6 11,4 2,4 2,45 Mst 430: 5 coupes 25,5 23,6 3,7 3,8 29,5 32,2 * 14,4 14,5 2,7 2,6
Variante CultureExportations N Exportations P Exportations K Exportations Ca Exportations Mg
limité non-limité limité non-limité limité non-limité limité non-limité limité non-limité
1 Rotation 2 ans 921 967 159 176 * 813 987 *** 318 321 82 882 Rotation 2 ans 784 780 121 138 * 659 786 ** 257 238 77 763 Rotation longue 616 657 116 127 494 592 160 197 44 534 Prairie 692 1017 *** 101 159 *** 775 1294 *** 293 437 *** 60 90 ***5 Prairie 661 944 *** 94 152 *** 742 1284 *** 365 577 *** 67 104 ***
Tableau 4 | Exportations de minéraux dans les cinq variantes au cours des trois années 2010-2012 (kg/ha). Les niveaux de significativité sont issus de comparaisons post-hoc après analyse de la variance (*** P < 0,001; ** P < 0,01; * P < 0,05).
474
Production végétale | Disponibilité en eau et production fourragère en zone de grandes cultures
Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 468–475, 2013
Teneurs en éléments nutritifs et exportations
Le tableau 3 indique les teneurs en N, P, K, Ca et Mg des
biomasses des différentes cultures. Ces valeurs corres-
pondent à la moyenne des résultats des trois années
d’essai. De manière générale, les apports d’eau ont pro-
voqué une diminution des teneurs en N (significative
pour la plupart des cultures en rotation) et en Ca (signi-
ficative pour maïs, luzerne-RGI et sorgho). L’augmenta-
tion des teneurs en K (significative pour luzerne-RGI,
pois et prairies) est due à l’action de l’eau sur la libéra-
tion de cet élément par les argiles dans le sol. Elle s’est
traduite par une consommation de luxe de K par les
cultures mentionnées.
Le bilan de trois ans reporté au tableau 4 indique
que les exportations en minéraux ont été les plus faibles
dans la variante 3 chargée en céréales. Les valeurs du
tableau 5 montrent que les cultures herbagères, luzerne-
RGI et Mst 430, ont mobilisé les quantités les plus éle-
vées d’éléments nutritifs, en particulier de N, K et Ca, en
sous-variante ‘non-limité’. Une explication des fortes
exportations en N est que l’absence de stress hydrique a
favorisé la minéralisation de la matière organique par
les micro-organismes du sol. Simultanément à la forte
augmentation du rendement en MS évoquée précédem-
ment, les apports d’eau ont multiplié par un facteur de
1,5 à 1,7 les exportations d’éléments nutritifs dans les
variantes 4 et 5 au cours des trois ans. Cet effet n’était
par contre pas significatif pour la plupart des cultures
annuelles des variantes 1 à 3.
C o n c l u s i o n s
La caractérisation de la production de fourrages a été
effectuée pour deux régimes de disponibilité en eau, tels
que l’on peut les observer sur le plateau suisse (900 ver-
sus plus de1200 mm/année). En 2010 et en 2011, les résul-
tats montrent que les herbages ont davantage été péna-
lisés par la sécheresse que les cultures annuelles. Dans ces
conditions, la réponse des herbages aux apports d’eau
est excellente: dix litres d’eau au m² permettent un gain
de rendement de l’ordre de 120 kg MS/ha. Cette réponse
est plus faible et plus variable d’une année à l’autre avec
les cultures de maïs et de céréales. Les analyses ont révélé
que les teneurs en éléments minéraux ont peu été
influencées par la disponibilité en eau. En conséquence,
le calcul des besoins en fertilisants des cultures effectué
sur la base du rendement annuel est pertinent. Les varia-
tions de production des prairies temporaires sont non
seulement liées à la réserve en eau dans le sol, mais aussi
à un effet de vieillissement, voire de dégradation de leur
végétation. Cette étude montre bien l’importance de
développer des mélanges spécifiques pour les régions
sèches. Ce constat concerne particulièrement les for-
mules de graminées et de légumineuses destinées à des
cultures d’une durée supérieure à trois ans (mélanges
longue durée). Les résultats de l’essai démontrent l’inté-
rêt des cultures annuelles dans les zones exposées à la
sécheresse, où le maïs et la luzerne permettent de sécuri-
ser l’approvisionnement en fourrages. n
Remerciements
L’essai Maïzen’herbe a bénéficié du soutien financier de l’Association pour le développement de la culture fourragère (ADCF).
Tableau 5 | Exportations de minéraux par les cultures en moyenne des trois années 2010-2012 (kg/ha/année). Les niveaux de significativité sont issus de comparaisons après l’analyse de la variance (*** P < 0,001; ** P < 0,01; * P < 0,05 ; ms [marginalement significatif] 0,05<P<0,1; pas de symbole = non significatif)
Variante CultureExportations N Exportations P Exportations K Exportations Ca Exportations Mg
limité non-limité limité non-limité limité non-limité limité non-limité limité non-limité
1 - 2 Maïs 176,7 175,9 31,0 35,2 ** 128,4 145,7 44,2 40,9 24,1 23,31 - 3 Orge grain 126,8 122,3 31,3 32,2 38,6 39,4 4,1 4,1 10,2 10,31 - 3 Orge paille 21,8 23,0 5,2 5,5 81,5 101,9 * 16,6 19,1 ms 3,4 4,3 *1 - 2 Luzerne-RGI 185,2 197,1 20,3 24,0 185,7 227,7 96,4 92,8 11,5 12,33 Pois grain 100,0 84,0 14,2 13,0 31,7 28,9 3,2 2,7 ms 3,8 3,1 ms3 Dérobée AP 98,5 123,0 14,8 18,5 ms 103,4 130,5 47,7 62,8 7,2 10,13 Blé grain 92,2 97,3 17,2 21,1 21,3 26,3 2,6 2,7 5,9 7,53 Blé paille 17,9 23,5 3,1 4,7 * 35,4 59,1 * 11,5 15,9 2,2 3,4 *3 Sorgho 47,3 56,7 11,0 13,0 62,4 76,8 20,9 23,1 4,6 6,1 ms4 Mst 430: 8 coupes 230,7 339,1 * 33,6 53,1 *** 258,4 431,3 *** 97,5 145,5 * 20,0 30,1 **5 Mst 430: 5 coupes 220,4 314,8 * 31,3 50,7 *** 247,3 428,0 *** 121,5 192,4 ** 22,3 34,8 ***
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Disponibilité en eau et production fourragère en zone de grandes cultures | Production végétale
Ria
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Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 468–475, 2013
Water availability and forage production in
arable crops areas
A comparison trial between various feed
strategies (crop rotation versus ley) was estab-
lished in 2009 in the western part of Switzerland,
at an altitude of 390 m. From 2010, two water
regimes were tested, corresponding to the
average annual amounts of 900 mm (local
rainfall) and 1200 mm (additional water supply
by drop irrigation).
During periods of drought in 2010 and 2011,
water supplies were the most effective on
grass-clover mixtures. A quantity of ten liters of
water per square meter has increased perfor-
mance of 120 kg DM/ha, while the increase was
only 50 kg DM/ha for maize. In contrast, a sharp
deterioration in the botanical composition of
leys was observed from the third year. It was
accompanied by a steady decline in production.
The effect of additional water supply results in a
small decrease in N contents for all crops and an
increase in K content of grass-legume mixtures
(luxury consumption). The contents of the other
elements analyzed (P, Ca and Mg) have been
little affected. This study highlights the weak-
nesses of grassland during drought and the
benefits of maize and alfalfa.
Key words: forage, water availability, grassland,
crops.
Disponibilità in acqua e produzione foraggera
in zona di campicoltura
Nel 2009 è stato istituito nel bacino lemanico
ad un altitudine di 390 m, una prova di
confronto tra diverse strategie foraggere
(rotazione delle colture vs prati temporanei). A
partire dal 2010 si sono testati due regimi
d’approvvigionamento idrico, corrispondenti
alle quantità annuali medie di 900 mm (pluvio-
metria del luogo) e di 1200 mm (apporti
supplementari d’acqua per irrigazione).
Durante i periodi di siccità nel 2010 e 2011 gli
apporti d’acqua sono stati più efficaci sulle
miscele graminacee-trifogli. Una quantità di
dieci litri d’acqua per metro quadrato ha
permesso di aumentare la loro resa di 120 kg
SS/ha, mentre questo aumento raggiungeva
solamente i 50 kg SS/ha per il mais. Tuttavia, si
è constatato, a partire dal loro terzo anno, una
forte degradazione della composizione
botanica dei prati temporanei. Essa era
accompagnata da una costante riduzione di
produzione. L’effetto degli apporti in acqua si
traduce in una debole riduzione dei tenori in N
per l’insieme delle colture e in un aumento dei
tenori in K delle miscele graminacee-legumi-
nose (consumazione di lusso). I tenori degli
altri elementi analizzati (P, Ca e Mg) sono stati
poco influenzati. Questo studio evidenzia le
debolezze degli erbai in caso di siccità e i
benefici che offrono le colture di mais e di erba
medica.
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476 Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 476–483, 2013
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Effets d’une sécheresse estivale sévère sur une prairie permanente de montagne du JuraMarco Meisser1, Claire Deléglise1, Eric Mosimann1, Constant Signarbieux2, Robert Mills2, Patrick Schlegel3,
Alexandre Buttler2 et Bernard Jeangros1
1Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1, Suisse 2Laboratoire des systèmes écologiques (ECOS), EPFL, 1015 Lausanne, Suisse3Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras, 1725 Posieux, Suisse
Renseignements: Marco Meisser, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 47 42
I n t r o d u c t i o n
Les prairies et les pâturages occupent une place cen-
trale dans l’agriculture de l’Arc jurassien. L’herbe est à
l’origine de la typicité des produits (appellations AOC-
AOP). Le climat et la nature des sols de cette région
sont très variés. Alors que les précipitations y sont plu-
tôt abondantes, le sous-sol est souvent drainant, du
fait de phénomènes de fissuration et de karstification.
Ces conditions particulières augmentent le risque de
déficit hydrique.
Dans le contexte du changement climatique, la
réponse des herbages au stress hydrique, lors de périodes
de sécheresse, est encore mal connue. Sur le plan agro-
nomique, le premier effet attendu est une baisse de ren-
dement. Lors des sécheresses de 2003, 2010 et 2011, la
baisse de rendement des pâturages était de l’ordre de
40 % (Mosimann et al. 2012 et 2013). Des modifications
dans les valeurs nutritives et les teneurs en nutriments du
fourrage, ainsi que dans la composition botanique de la
prairie, sont également prévisibles, mais les références
manquent quant à la nature et à l’ampleur de ces chan-
gements. L’importance des réponses est potentiellement
très variable et dépend de nombreux facteurs (durée du
stress, type de végétation, niveau moyen de précipita-
tions, fréquence d’utilisation de la prairie; Fay et al. 2000;
Gilgen et Buchmann 2009; Vogel et al. 2012). L’influence
des pratiques d’exploitation en situation de sécheresse
demande aussi à être précisée.
Les réponses des plantes à la sécheresse sont de
nature morphologique ou physiologique. Par exemple,
pour réduire les pertes en eau, la plante ferme ses sto-
Figure 1 | Une parcelle couverte (procédé sec) occupée par les brebis (procédé pâture).
Effets d’une sécheresse estivale sévère sur une prairie permanente de montagne du Jura | Production végétale
477
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 476–483, 2013
Afin de préciser les impacts du stress
hydrique sur la valeur agronomique et
diverses caractéristiques physiologiques et
fonctionnelles d’une prairie permanente,
une expérience a été conduite en été 2012
sur le domaine de La Frêtaz (VD, 1200 m).
Deux facteurs ont été testés dans un design
2 × 2: le mode d’utilisation (fauche vs pâture)
a été croisé avec le régime hydrique (sec vs
témoin). La sécheresse a été simulée à l’aide
de tunnels maraîchers pendant une durée de
84 jours. Les parcelles pâturées ont été
utilisées environ toutes les quatre semaines
par des brebis, tandis que les parcelles
fauchées ont fait l’objet de trois coupes
pendant la saison.
La productivité et la qualité du fourrage ont
été observées tout au long de la saison. La
composition botanique et les valeurs de
traits des principales espèces ont été éva-
luées avant et après la sécheresse. La
photosynthèse nette, le potentiel hydrique
et la respiration du sol ont également été
mesurés.
Outre d’importantes baisses de rendement,
l’expérience a montré qu’une sécheresse
sévère avait également des impacts sur les
teneurs en nutriments et la valeur nutritive
du fourrage. Les mesures écophysiologiques
témoignent d’un ralentissement général de
tout l’écosystème (baisse du métabolisme
des plantes et de l’activité microbienne du
sol, moindre minéralisation). Les parcelles
pâturées, caractérisées par un couvert plus
ras, ont davantage souffert du sec que les
parcelles fauchées.
mates. Ce phénomène ralentit l’assimilation et surtout
la croissance (Volaire et al. 2009), entraînant notamment
une forte réduction de la hauteur des plantes et une
augmentation des teneurs en matière sèche (MS) des
tissus.L’étude des traits fonctionnels des plantes permet de
décrire les réponses des populations végétales et/ou des
écosystèmes aux variations des facteurs du milieu (Schell-
berg et Pontes 2012). Les traits fonctionnels sont des
caractéristiques morphologiques ou physiologiques
mesurables à l’échelle de la plante et qui influencent
indirectement la performance des espèces par leurs
effets sur la croissance, la reproduction ou la survie
(Violle et al. 2007). La hauteur végétative des plantes ou
les teneurs en MS des limbes sont des exemples de traits.
En partant des observations réalisées à l’échelle des dif-
férentes espèces de la communauté végétale, on peut
calculer les valeurs moyennes à l’échelle de la commu-
nauté entière (traits agrégés; Garnier et al. 2004). En
effet, selon Grime (1998), le fonctionnement d’un éco-
système peut être décrit à partir des valeurs de traits des
espèces les plus abondantes. Les traits n’apparaissent pas
seulement en tant que réponse de la communauté végé-
tale aux changements du milieu; ils affectent également
le fonctionnement de l’écosystème (traits d’effet). Les
«services agronomiques», plus particulièrement la pro-
ductivité et la valeur nutritive, peuvent ainsi être prédits
pas certains traits (Louaut et al. 2005; Pontes et al. 2007).
Cette étude décrit les effets d’une sécheresse sévère
(obtenue expérimentalement) sur les caractéristiques
écologiques, agronomiques et physiologiques d’une
prairie permanente de l’Arc jurassien soumise à deux
modalités d’utilisation, fauche et pâture. Il s’agit en par-
ticulier d’expliquer les réponses agronomiques en situa-
tion de sécheresse en faisant intervenir différents
champs de recherches complémentaires: étude bota-
nique, écophysiologie du sol et des plantes, approche
fonctionnelle de la végétation.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
L’expérience a été réalisée sur le domaine de La Frêtaz
(1200 m d’altitude; Jura vaudois) pendant l’été 2012. Le
dispositif comprenait deux facteurs: régime hydrique
(sec vs témoin) et mode d’utilisation (fauche vs pâture).
Huit des seize parcelles expérimentales de 6 × 12 m ont
été recouvertes d’un tunnel maraîcher (procédé Sec),
entre le 19 juin et le 3 septembre, de façon à simuler
une sécheresse sévère. Les huit autres parcelles sont res-
tées non couvertes (procédé Témoin). Au sein des deux
groupes, quatre parcelles étaient fauchées (procédé Fa)
et les quatre autres pâturées (procédé Pa). Le procédé Fa
a fait l’objet de trois coupes pendant la saison; le pro-
cédé Pa a été pâturé six fois. Dans ce dernier cas, les
parcelles étaient pâturées environ toutes les quatre
semaines par deux brebis pendant 36 à 60 heures (fig. 1).
Deux relevés botaniques de cinquante points ont
été effectués sur des emplacements prédéfinis dans
chaque parcelle. Ces observations ont été faites à deux
reprises: au début de la période de végétation (mai) et
au terme de l’épisode de sécheresse (fin août). Les
espèces observées sur chaque point ont été comptées
une seule fois. Les contributions spécifiques (Daget et
Poissonet 1969) ont été calculées séparément pour cha-
cune des 16 parcelles.
Production végétale | Effets d’une sécheresse estivale sévère sur une prairie permanente de montagne du Jura
478 Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 476–483, 2013
Avant chaque utilisation (fauche ou pâture), et sur cha-
cune des seize parcelles, quatre surfaces de 1 m2 ont été
fauchées. Le fourrage provenant de ces emplacements a
été pesé puis mélangé. Deux échantillons de fourrage
ont été prélevés: le premier pour déterminer la teneur
en matière sèche (MS) et le second pour l’analyse
chimique. Les rendements en biomasse ont été calculés
en prenant la moyenne des quatre surfaces de 1 m2. Pour
les procédés pâturés, les récoltes ont été effectuées juste
avant que les brebis n’entrent dans les parcelles expéri-
mentales. Les teneurs en matière azotée (MA), en consti-
tuants pariétaux (NDF et ADF), en cendres (CE) et en
sucres ont été estimées à l’aide du NIRS. Les teneurs en
minéraux (Ca, P, Mg, K, Cu, Fe, Mn et Zn) ont été déter-
minées après calcination (550 °C) par spectrométrie
d’émission optique (ICP-EOS). Enfin, la densité en éner-
gie du fourrage (NEL) a été calculée à l’aide des formules
de régression dévelopées par Agroscope Liebefeld-
Posieux (Agroscope 2003).
Les mesures écophysiologiques ont porté sur deux
paramètres essentiels: la photosynthèse nette et le
potentiel hydrique foliaire. Le premier paramètre donne
une indication du taux de carbone atmosphérique assi-
milé par unité de surface foliaire, il est mesuré à l’aide
d’un analyseur de gaz à infrarouge portatif. Le second
fournit une estimation de l’état hydrique de la plante
dans les conditions de l’expérimentation; il est déter-
miné avec une chambre à pression de Scholander. Deux
espèces ont été suivies, le dactyle aggloméré (Dactylis
glomerata) et l’alchémille vulgaire (Alchemilla vulgaris).
La respiration du sol a été mesurée tous les quinze jours
avec un analyseur à gaz infrarouge LI-COR 8100 relié à
une chambre de mesure. Les mesures sur chaque par-
celle ont été faites pendant 2 minutes sur un disque en
PVC de 10 cm de diamètre dépourvu de végétation. Les
flux de CO2 ont été calculés automatiquement en utili-
sant la régression fournie par LI-COR.
Les valeurs de traits ont été mesurées selon les proto-
coles standardisés de Cornelissen et al. (2003). Les para-
mètres considérés étaient (i) la hauteur végétative des
plantes, (ii) la teneur en MS des limbes (TMSL), (iii) la
surface spécifique foliaire (SLA, rapport entre la surface
du limbe et son poids) ainsi que (iv) la teneur en azote
foliaire (TNF). Les données ont été recueillies pour les 16
espèces principales présentes sur les parcelles. Les
valeurs agrégées ont été calculées à partir de la moyenne
des traits des espèces, pondérée par leur contribution
spécifique (Garnier et al. 2004).
La mise en valeur statistique des rendements annuels
a été effectuée à l’aide d’une analyse de variance
(ANOVA) à deux facteurs, tout comme les observations
réalisées au terme de la sécheresse [part des trois princi-
paux groupes de plantes (graminées, légumineuses et
dicotylédones non-légumineuses), teneurs en nutri-
ments, valeurs nutritives et valeurs de traits]. La réponse
aux traitements des huit principales espèces végétales
(Agrostis capillaris, Dactylis glomerata, Festuca praten-
sis, Lolium perenne, Poa pratensis, Poa trivialis, Trifo-
lium repens et Ranunculus acris) a aussi été testée à
l’aide d’une ANOVA, mais en considérant sur chaque
0
5
10
15
20
25
30
01/06 01/07 01/08 01/09 01/10
Tem
péra
ture
(° C
)
Date
0
200
400
600
800
1000
01.06 01.07 01.08 01.09 01.10
PAR
(µ m
ol ·
m-²
· s-¹)
Date
TémoinSec
Figure 2 | Température de l’air à 30 cm du sol et rayonnement photosynthétiquement actif (PAR). La période de sécheresse est indiquée par le rectangle bleu.
Effets d’une sécheresse estivale sévère sur une prairie permanente de montagne du Jura | Production végétale
479Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 476–483, 2013
Rendement annuel en biomasse
La sécheresse a eu un effet important sur la production
de biomasse. Sur l’ensemble de la saison, la baisse de
rendement entre les traitements T et S a été de 25 %
pour les procédés fauchés, contre 49 % pour les procédés
pâturés (fig. 3), alors que les rendements des parcelles
témoins fauchées (Fa T) et pâturées (Pa T) étaient com-
parables. Les couverts fréquemment utilisés et dont les
plantes sont maintenues à un stade jeune (pâturage)
sont plus sensibles au stress hydrique que les couverts
dont l’utilisation est moins fréquente (Vogel et al. 2012;
Mosimann et al. 2013).
Composition botanique
La composition botanique n’a que peu été influencée
par les traitements. A la fin du mois d’août, la part des
trois groupes fonctionnels était comparable entre les
procédés (tabl. 1). Une analyse plus détaillée montre
cependant que certaines espèces réagissent plus forte-
ment au stress hydrique que d’autres, à commencer par
le trèfle blanc (Trifolium repens). En effet, entre mai et
août, cette espèce a fortement augmenté dans les traite-
ments T alors qu’elle est restée stable dans les traite-
ments S (p < 0,001; écarts entre mai et août). La fétuque
des prés (Festuca pratensis) et le pâturin des prés (Poa
pratensis) ont également été affectés par le traitement
de sécheresse mais plus marginalement (p < 0,10; idem).
A l’instar du trèfle blanc, la proportion de ces deux gra-
minées n’a progressé que dans les traitements T.
Valeur nutritive du fourrage
Le tableau 2 montre les teneurs en nutriments et en
énergie observées à la fin de la sécheresse. Les teneurs
en Ca, Mg, Cu, Mn et Zn n’ont pas été influencées par les
traitements et ne figurent pas dans le tableau. Les
teneurs en nutriments des traitements T correspondent
aux valeurs de références d’un herbage de type E2 (équi-
libré, stade 2) pour l’herbe pâturée et E4 (équilibré,
stade 4) pour l’herbe fauchée (Agroscope 2013). En effet,
au moment de la récolte à fin août, le fourrage de la
parcelle l’écart de contribution spécifique entre mai et
août (différences d’abondance avant et après la séche-
resse). La mise en valeur statistique des observations
écophysiologiques (photosynthèse nette et potentiel
hydrique foliaire) n’a porté que sur le mode d’utilisation
«pâture»; la mise en valeur a été effectuée à l’aide d’une
ANOVA à un facteur (régime hydrique). Enfin, les rela-
tions entre les valeurs de traits et les teneurs en nutri-
ments et en énergie ont été décrites en utilisant des
régressions linéaires simples ou de puissance.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Conditions météorologiques
Lors de la sécheresse, appliquée pendant 84 jours (entre
mi-juin et début septembre), les parcelles S n’ont reçu
aucune pluie tandis que les parcelles T ont reçu 300 l/m2.
Cette valeur correspond à une pluviométrie moyenne
pour la période considérée. Les températures mesurées
sur les parcelles S (sous les couverts) étaient les mêmes
que celles mesurées sur les parcelles T (fig. 2). Le rayon-
nement utilisable pour la photosynthèse (PAR) était par
contre un peu plus faible: les jours de fort ensoleille-
ment, l’écart entre parcelles couvertes et non couvertes
a atteint un peu plus de 20 % (fig. 2).
0
20
40
60
80
100
Témoin Sec Témoin Sec
Rend
emen
t (dt
MS
· ha-
¹)
Fauche Pâture
a b ab c
Figure 3 | Rendement annuel en biomasse (moyennes et erreurs-type). Les différents motifs correspondent aux récoltes. Les valeurs portant des lettres différentes sont significativement différentes (post-hoc Tukey HSD, p < 0,05).
Mode d’utilisation Niveau de signification
Fauche PâtureSEM
Utilisation (U)
R. hydrique (R) U × RTémoin Sec Témoin Sec
Graminées 65,0 67,5 66,7 69,8 4,2 ns ns ns
Légumineuses 17,1 18,2 19,3 12,6 2,7 ns ns ns
Autres plantes 17,9 14,3 14,0 17,6 2,7 ns ns ns
SEM = erreur standard de la moyenne.
NS = non significatif.
Tableau 1 | Proportions (%) des trois principaux groupes de plantes au terme de la sécheresse (fin août). Le résultat de l’analyse de variance est également présenté.
Production végétale | Effets d’une sécheresse estivale sévère sur une prairie permanente de montagne du Jura
480 Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 476–483, 2013
variante fauchée était plus vieux (repousse de 9 semaines,
deuxième cycle) que celui provenant de la variante pâtu-
rée (repousse de 5 semaines, quatrième cycle). Cette dif-
férence de stade de développement explique les écarts
observés entre Fa et Pa pour les teneurs en MA, en NEL,
en sucres et en K.
Les concentrations en MA, en NEL, en P et en K
étaient significativement plus basses dans le procédé S
que dans le procédé T. Ces teneurs plus basses induites
par la sécheresse ont surtout été observées pour le
mode d’utilisation Pa (interactions utilisation × régime
hydrique). Les hydrates de carbone solubles (sucres) pré-
sentent un profil différent: les teneurs ont augmenté
dans les procédés S. Enfin, la moindre contamination du
fourrage par de la terre durant la sécheresse explique les
teneurs en CE et en Fe plus faibles dans les traitements S.
Observations écophysiologiques
Le suivi des deux espèces (Dactylis glomerata et Alche-
milla vulgaris) sur les parcelles pâturées a montré que la
photosynthèse était fortement réduite lors de la séche-
resse. La diminution a été moins forte pour le dactyle
que pour l’alchémille (fig. 4a). Au niveau du potentiel
hydrique foliaire, les valeurs du dactyle étaient égale-
ment moins négatives que celles de l’alchémille (fig. 4b).
Ces résultats indiquent que la tolérance à la sécheresse
est plus élevée chez la première de ces espèces.
En situation de sécheresse, la plante ferme ses sto-
mates pour éviter les pertes d’eau liées à l’évapotranspi-
ration, ce comportement peut cependant différer d’une
espèce à l’autre (Signarbieux et Feller 2011). Ce faisant,
l’assimilation diminue, mais pas autant que la croissance
(Boschma et al. 2003). Les sucres sont moins remobilisés
Mode d’utilisation Niveau de signification
Fauche PâtureSEM
Utilisation (U)
R. hydrique (R) U × RTémoin Sec Témoin Sec
MA (g/kg MS) 146 123 194 144 3,7 *** *** ***
NDF (g/kg MS) 456 461 452 488 17 ns ns ns
ADF (g/kg MS) 277 267 264 267 3,7 ns ns ns
CE (g/kg MS) 100 90 105 77 6,2 ns ** ns
Sucres (g/kg MS) 101 108 83 104 4,5 * ** ns
NEL (MJ/kg MS) 5,8 5,8 6,3 6,0 0,05 *** ** *
P (g/kg MS) 3,9 2,9 4,3 2,6 0,14 ns *** *
K (g/kg MS) 27,8 27,4 35,6 25,6 0,71 *** *** ***
Fe (mg/kg MS) 486 240 503 159 126 ns * ns
SEM = erreur standard de la moyenne.
*** P < 0,001; ** P < 0,01; * P < 0,05; NS = non significatif.
Tableau 2 | Teneurs en matière azotée (MA), en parois (NDF), en lignocellulose (ADF), en cendres (CE), en sucres solubles, en énergie (NEL), en phosphore (P), en potassium (K) et en Fer (Fe) au terme de la sécheresse (fin août). Le résultat de l’analyse de variance est également présenté.
0
5
10
15
20
25
30
24.05 19.06 19.07 09.08 20.08 18.09 17.10
P n (µ
mol
CO
2 . m-²
. s-¹)
-5
-4
-3
-2
-1
0
24.05 19.06 19.07 09.08 20.08 18.09 17.10
Ψb(
Mpa
)
D. glomerata K D. glomerata T A. vulgaris K A. vulgaris T
****** ** ***
************ ***
******
***
Figure 4 | Evolution du potentiel de la photosynthèse nette (Pn) et du potentiel hydrique foliaire (Ψb) pour les deux espèces considérées, Dactylis glomerata et Alchemilla vulgaris, au cours de la saison 2012 pour l’utilisation pâture. Le début et la fin da la période de sécheresse sont représentés par les lignes verticales en traitillé. Les moyennes et erreurs standard sont don-nées ainsi que les différences significatives pour la même espèce entre le procédé T et S. *** P < 0,001; ** P < 0,01.
Effets d’une sécheresse estivale sévère sur une prairie permanente de montagne du Jura | Production végétale
481Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 476–483, 2013
La baisse de la respiration du sol pendant le pic de séche-
resse témoigne de l’importance du régime hydrique
pour la respiration racinaire et microbienne (Raich et
Tufekcioglu 2000; Davidson et al. 2000). Après la séche-
resse, le retour de la pluie a en grande partie effacé les
différences entre les traitements. L’augmentation de la
respiration constatée en septembre sur les parcelles
pâturées S (comparativement aux parcelles pâturées T)
pourrait s’expliquer par la minéralisation post-séche-
resse des déjections animales.
Traits fonctionnels et relations avec la valeur nutritive
La sécheresse a également influencé les valeurs des traits
agrégés: comparativement aux procédés T, les hauteurs
de végétation des plantes et la surface spécifique foliaire
(SLA) des limbes étaient plus faibles dans les procédés S
(tabl. 3). Les teneurs en MS des limbes (TMSL) étaient par
contre plus élevées.
La SLA est un paramètre fortement corrélé au taux
de croissance relatif des plantes herbacées (Poorter et
Remkes 1990), ainsi qu’à l’aptitude d’une plante à
concourir pour l’interception de la lumière et la capture
des ressources. Les espèces possédant une SLA élevée se
caractérisent par leur aptitude à renouveler fréquem-
ment les feuilles (tissus jeunes), à recycler l’azote foliaire
(teneurs élevées dans les limbes) et à concourir pour la
lumière (croissance rapide; Wright et al. 2004). En situa-
tion de stress hydrique, le métabolisme ralentit et la
densité des tissus augmente. La plante passe d’une stra-
tégie de croissance à une stratégie dite de conservation
des ressources (Grime et al. 1997; Lavorel et Garnier
2002). La baisse de la SLA et l’augmentation de la teneur
en MS des limbes reflètent ces processus.
Le tableau 4 montre que la SLA et la TMSL sont d’as-
sez bons prédicteurs pour estimer les teneurs en MA et
en énergie. Ces résultats confirment ceux obtenus par
d’autres chercheurs (Louaut et al. 2005; Al Haj Khaled
et al. 2006; Pontes et al. 2007).
vers d’autres parties de la plante et tendent à s’accumu-
ler dans les limbes afin de combattre la perte en eau par
évapotranspiration en augmentant le potentiel osmo-
tique des cellules des feuilles (Thomas et James 1999).
Dans notre étude, les écarts constatés entre les traite-
ment S et T dans la photosynthèse (fig. 4a) et la valeur
nutritive (tabl. 2) reflètent très bien le ralentissement du
métabolisme végétal en situation de sécheresse.
Respiration du sol
La figure 5 présente la respiration du sol au terme de la
période de sécheresse (fin août) et peu après celle-ci
(septembre). La sécheresse a entraîné une diminution
importante de la respiration du sol, son effet étant plus
important sur les parcelles fauchées que sur les parcelles
pâturées. Après la sécheresse, les parcelles fauchées ont
retrouvé des valeurs comparables (pas de différence
significative entre les procédés T et S). Sur les parcelles
pâturées, le taux de respiration était plus élevé pour le
procédé S.
0
2
4
6
8
10
12
Fauche Pâture Fauche Pâture
Resp
iratio
n du
sol
(µ m
ol ·
m² ·
s-¹)
ab c a b
a a a b
Sécheresse (fin août) Récupération (septembre)
Témoin Sec Témoin Sec Témoin Sec Témoin Sec
Figure 5 | Respiration du sol au terme de la sécheresse (fin août) et pendant la période de récupération (septembre). Les erreurs stan-dard de la moyenne sont données.Pour une même période de mesure, les valeurs portant des lettres différentes sont significativement différentes (post-hoc Tukey HSD, p < 0,05).
Mode d’utilisation Niveau de signification
Fauche PâtureSEM
Utilisation (U)
R. hydrique (R) U × RTémoin Sec Témoin Sec
H vég. (cm) 28,8 18,9 19,4 9,2 0,67 *** *** ns
SLA (m2/kg) 27,3 23,3 32,3 24,2 0,68 *** *** *
TMSL (%) 24,5 30,0 21,5 28,3 0,57 *** *** ns
SEM = erreur standard de la moyenne.
*** P < 0,001; * P < 0,05; NS = non significatif.
Tableau 3 | Valeurs de traits agrégés pour la teneur en MS des limbes (TMSL), la surface spécifique foliaire (SLA) et la hauteur végétative (H vég.) au terme de la sécheresse (fin août). Le résultat de l’analyse de variance est également présenté.
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Production végétale | Effets d’une sécheresse estivale sévère sur une prairie permanente de montagne du Jura
Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 476–483, 2013
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C o n c l u s i o n s e t p e r s p e c t i v e s
La sécheresse entraîne globalement un ralentissement
du métabolisme des plantes ainsi qu’une baisse de l’ac-
tivité microbienne dans le sol (réduction de la minérali-
sation). Ces processus expliquent, entre autres, la baisse
de rendement et les teneurs plus faibles observées pour
la MA, l’énergie, le P et le K. L’interaction entre régime
hydrique et mode d’utilisation est également mani-
feste: les herbages utilisés fréquemment, et dont les
couverts sont ras, souffrent plus fortement des effets
de la sécheresse.
Les traits fonctionnels constituent un outil intéres-
sant pour évaluer la réponse des herbages au stress
hydrique. Ils confirment en outre l’intérêt de cette
approche pour estimer la valeur nutritive des fourrages.
En raison de la grande variabilité en Suisse des condi-
tions du milieu et des communautés végétales, il est
important d’étendre les observations à d’autres situa-
tions pour mieux caractériser les effets de la sécheresse
dans le contexte du changement climatique. n
y x r 2 Equation P
MA TMSL 0,75 y = – 7,98∙x + 365 ***
NDF TMSL 0,43 y = + 9,29∙x + 208 ***
NEL TMSL 0,53 y = + 13,6∙x - 0,25 ***
MA TNF 0,61 y = + 60,6∙x – 1,05 ***
NEL TNF 0,52 y = + 0,503∙x + 4,70 ***
MA SLA 0,88 y = + 7,23∙x – 40 ***
NEL SLA 0,71 y = + 0,058∙x + 4,44 ***
Le niveau de signification P des équations (test F de Fisher) est indiqué.
*** P < 0,001.
Tableau 4 | Relations entre les valeurs de traits agrégés [teneur en MS des limbes TMSL (%); teneur en azote foliaire TNF (%); surface spécifique foliaire SLA (m2/kg)] et les paramètres caractérisant la valeur nutritive [matière azotée MA (g/kg MS); NDF (g/kg MS) et teneur en énergie NEL (MJ/kg MS)]; n = 24. Le niveau de significa-tion P des équations (test F de Fisher) est indiqué.
483
Effets d’une sécheresse estivale sévère sur une prairie permanente de montagne du Jura | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 476–483, 2013
Effects of a severe drought on a
permanent meadow in the Jura
mountains
In order to determine the impacts of
a severe summer drought on the
agronomic value and diverse physi-
ological and functional characteristics
of a permanent meadow, a trial was
carried out in 2012 on a mountain farm
located in the Swiss Jura (1200 m). Two
factors – management type (mowing
vs grazing) and moisture (drought
vs control) – were tested with a
2 × 2-design. The drought stress was
simulated by means of rain shelters for
a duration of 84 days. The grazed plots
were grazed every four weeks with
ewes, whereas the mowed plots were
cut three times in the season.
The biomass and the quality of the
forage were monitored across the
season. The botanical composition of
the meadow and the functional traits
of the 16 most abundant species were
assessed before and after the drought
treatment. The photosynthesis rate,
the pre-dawn leaf water potential and
the respiration of the soil were all
measured.
Apart from important yield losses, the
drought stress also led to changes in
the nutrient contents and the nutritive
value of the forage. The ecophysiologi-
cal measurements reflected a slow-
down of the whole ecosystem. The
grazed plots, characterized by a
shorter vegetation, were more
impacted by the drought than the
mown plots.
Key words: grassland, permanent
meadow, drought, nutritive value,
photosynthesis rate, leaf water
potential, soil respiration, functional
traits.
Effetti di una grave siccità estiva sui
pascoli permanenti della montagna
giurassiana
Durante l’estate 2012 si è condotto una
prova presso il demanio di La Frêtaz
(VD, 1200 m) per poter precisare gli
impatti dello stress idrico sul valore
agronomico e diverse caratteristiche
fisiologiche e funzionali di un pascolo
permanente. Due variabili sono state
testate in un disegno 2 × 2: il modo
d’uso (sfalcio vs pascolo) è stato
incrociato con il regime idrico (secco vs
testimone). Per una durata di 84 giorni
è stata simulata una siccità mediante
l’uso di tunnel orticoli. Le parcelle da
pascolo erano utilizzate praticamente
tutte le quattro settimane da pecore,
mentre quelle falciate sono state
utilizzate tre volte durante la stagione.
La produttività e la qualità del foraggio
sono stati oggetto di un monitoraggio
durante tutta la stagione. La composi-
zione botanica e i valori delle caratteri-
stiche delle principali specie sono state
valutate prima e dopo la siccità. Si
sono anche realizzate delle misurazioni
della fotosintesi netta, del potenziale
idrico e della respirazione del suolo.
Oltre le importanti riduzioni di resa,
l’esperienza ha mostrato che una grave
siccità comporta anche degli impatti
sui tenori nutrienti e sul valore
nutritivo del foraggio. Le misure
ecofisiologiche e pedologiche testimo-
niano un rallentamento generale di
tutto l’ecosistema (riduzione del
metabolismo delle piante e dell’attività
microbica del suolo, minore mineraliz-
zazione). Le parcelle pascolate,
caratterizzate da una coperture più
rada hanno sofferto molto più la siccità
di quelle falciate.
484 Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 484–491, 2013
I n t r o d u c t i o n
L’application de produits phytosanitaires (PPS) par pulvé-
risation entraîne la dérive d’une partie de la bouillie sous
forme de gouttelettes chargées de substances actives qui
se déposent hors de la zone cible du traitement. Cet
apport direct aux eaux et aux surfaces non visées repré-
sente une part importante de la charge infligée à l’envi-
ronnement par les PPS. La dérive peut être réduite par
différents moyens contribuant à l’«écologisation» sou-
haitée de l’agriculture, sans qu’il soit nécessaire d’impo-
ser des restrictions supplémentaires à la production.
Moyens de réduire du risque
La quantité de PPS déposée hors de la culture diminue
rapidement avec la distance. Le risque pour l’environne-
ment peut être donc diminué si l’on respecte une dis-
tance de sécurité par rapport à la surface sensible, et que
Simon Schweizer1, Peter Kauf2, Heinrich Höhn1 et Andreas Naef1
1Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil, 8820 Wädenswil, Suisse2Institut für Angewandte Simulation IAS, Zürcher Hochschule für Angewandte Wissenschaften ZHAW,
8820 Wädenswil, Suisse
Renseignements: Simon Schweizer, e-mail: [email protected], tél. +41 44 783 61 91
Réduction de la dérive: essai pratique
E n v i r o n n e m e n t
Figure 1 | Chaque application de produits phytosanitaires engendre de la dérive.
Réduction de la dérive: essai pratique | Environnement
485
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 484–491, 2013
L'application de produits phytosanitaires
(PPS) par pulvérisation porte atteinte aux
eaux et aux surfaces non visées par dérive
directe de la bouillie: les gouttelettes
chargées de substances actives sont empor-
tées et déposées hors de la surface à traiter.
Le risque auquel ces dérives exposent
l'environnement est évalué lors de la
procédure d'autorisation des PPS. Des
distances minimales de sécurité (interdiction
d'application) de 6 à 100 mètres par rapport
aux eaux de surface sont imposées si
nécessaire. Si la dérive est réduite par des
moyens adéquats, ces distances peuvent être
diminuées. Quatre mesures de réduction de
la dérive ont été mises à l'épreuve dans les
conditions pratiques de la production de
pommes en Suisse. Une haie et les buses à
injection ont réduit la dérive de quelque
75 %, un filet antigrêle tendu sur la culture
de quelque 65 % alors qu'un filet à grandes
mailles servant de brise-vent au bord de la
parcelle n'a réduit la dérive que de 20 %
environ.
l’on renonce à l’utilisation de PPS dans cet intervalle.
D’autre part, on peut aussi réduire la dérive par des
mesures efficaces: techniques de pulvérisation réduisant
la dérive (type de pulvérisateur, type et taille des buses,
pression de pulvérisation, ventilation associée et vitesse
d’avancement) ou par des barrières physiques (haies
brise-vent ou filets). On n’a pas pris en considération ici
d’autres possibilités telles par exemple la pulvérisation
uniquement vers l’intérieur des rangées du bord de par-
celle ou l’ajout d’adjuvants.
Situation en Suisse
Le risque imposé à l’environnement par la dérive est éva-
lué lors de la procédure d’autorisation d’un PPS. L’impor-
tance du risque découle du rapport entre la toxicité et
l’exposition (quantité prévisible). Ce rapport est exprimé
par la valeur TER (Toxicity Exposure Ratio), un indicateur
d’évaluation du risque. La toxicité d’une substance active
est déterminée par des tests écotoxicologiques pratiqués
sur des organismes modèles. Pour évaluer l’exposition à
la dérive, on utilise des fonctions standardisées d’exposi-
tion basées sur de nombreuses mesures réalisées dans la
pratique (Ganzelmeier et al. 1995; FOCUS 2001; Raut-
mann et al. 2001). On fait la distinction entre les diverses
cultures et techniques d’application. Les catégories les
plus importantes sont les cultures fruitières, la vigne et
les cultures basses; parmi les cultures verticales telles les
cultures fruitières et la vigne, on distingue les stades pré-
coces et tardifs. Pour l’évaluation des risques posés par la
dérive, on part de l’hypothèse que le traitement se fait
selon la bonne pratique agronomique: il n’est appliqué
que lorsque les conditions météorologiques sont favo-
rables, avec un pulvérisateur bien entretenu et des para-
mètres d’application adaptés à la culture ainsi qu’à son
stade d’avancement (OFEV et OFAG 2013).Selon les résultats de l’évaluation du risque, les dis-
tances de sécurité par rapport aux eaux sont fixées de
manière à garantir le respect des valeurs limites de TER.
Ces distances peuvent être de 6, 20, 50 ou 100 m. La
mise en œuvre de techniques de réduction de la dérive
devrait permettre de diminuer les distances de sécurité
imposées (OFAG 2008). La plus petite distance de sécu-
rité aux eaux pour toutes les utilisations de PPS est en
Suisse de 3 mètres selon l’ORRChim (2005) et de 6 mètres
pour les exploitations qui fournissent les prestations
écologiques requises (PER).
Les distances de sécurité par rapport aux eaux
concernent une part importante de la surface produc-
tive de l’agriculture suisse. Une étude topographique
de la situation dans les cantons de TG, ZH, VD et VS
(publication en préparation), réalisée au moyen d’un
système d’information géographique (SIG), a révélé
qu’une distance de 100 mètres de toutes les eaux impli-
querait l’imposition de restrictions pour plus de 20 % de
toutes les surfaces cultivées (sans les surfaces herba-
gères). C’est pourquoi la réduction de la dérive présente
un grand intérêt pour permettre la diminution des dis-
tances de sécurité.
La réglementation suisse destinée à réduire les
risques liés à la protection phytosanitaire est actuelle-
ment en révision. Pour la dérive, c’est un système cumu-
latif qui est en discussion: la distance de sécurité pres-
crite pourrait être diminuée par la combinaison de divers
dispositifs de réduction de la dérive.
Objectif de l’essai
Les facteurs de réduction de la dérive ont été évalués
pour le système susmentionné, au moyen de tests réali-
sés avec diverses combinaisons de chacun des dispositifs
examinés. On a pu ainsi établir pour chaque dispositif un
facteur moyen de réduction.
Environnement | Réduction de la dérive: essai pratique
486 Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 484–491, 2013
L’essai a été organisé et réalisé dans des conditions
proches de la pratique. L’arboriculture fruitière a servi
de modèle de culture. Quoiqu’elle couvre une surface
totale modeste, la culture fruitière occupe une grande
place dans la problématique de la dérive: d’une part,
elle fait l’objet d’un usage intensif de PPS, et d’autre
part la dérive est plus importante dans les cultures verti-
cales (p.ex. vergers) que dans les cultures basses (p.ex.
champs).
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Dispositif expérimental
Les mesures des dérives ont été réalisées du 30 octobre
au 16 novembre 2012 dans le verger expérimental du
Centre professionnel BBZ d’Arenenberg à Güttingen
(TG). La parcelle était complantée de pommiers Golden
Delicious, Arlet et Idared conduits en fuseau sur porte-
greffe M9. Les distances de plantation étaient de
3,5 × 1,1 m, la hauteur des arbres de 2,80 m (hauteur du
filet antigrêle), le diamètre moyen des couronnes de
1,25 m, l’année de plantation 1998. La moitié de la par-
celle en largeur était clôturée par une haie brise-vent
(fig. 2, surface de mesures a), l’autre moitié pouvait à
choix rester ouverte ou être clôturée par un filet vertical
(surface de mesures b).
La dérive a été déterminée au moyen de la techno-
logie des traceurs, en collaboration avec le groupe
«Global Application Technology» de la firme Syngenta.
Cela signifie qu’à la place d’un PPS, on a pulvérisé et
quantifié un traceur (substance fluorescente). Les
dépôts du traceur ont été mesurés aux distances de 0, 1,
3, 5, 10, 15, 20, 30, 50 et 75 m du bord de la parcelle.
Cinq bandelettes de papier filtre de 250 cm² chacune
ont été posées au sol (fig. 2, fig. 3a) à chaque distance
et pour chaque mesure. À chaque passage de traite-
ment, les cinq rangées extérieures ont été traitées des
deux côtés au moyen d’un pulvérisateur de type usuel:
Holder NI800 avec ventilateur OVS50, 7 buses Albuz
ATR80 jaunes de chaque côté, pression de pulvérisation
9,5 bar, vitesse d’avancement 6,2 km/h, volume de ven-
tilation total 13 000 m3/h, quantité de bouillie 400 l/ha
avec 180 g de traceur Helios SC500 (Syngenta). Les
3 m
Stationmétéorologique
Haie
Filet
verti
cal /
Aucu
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arriè
re
Ban
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les 5
rang
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mes
Surfa
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e mes
ures
b
40 m
40 m
Orientation de l’essai
Surfa
ce d
e mes
ures
a
5 m
10 m
15 m
20 m
Figure 2 | Disposition de l'essai, représentation à l'échelle.
Figure 3a | Mesure des dépôts au moyen de bandelettes de papier filtre. On voit au premier rang la méthode de réduction de la dérive «filet en bordure de la parcelle», à l'arrière-plan la haie brise-vent.
Figure 3b | Bandelettes collectrices sous éclairage ultra-violet. En haut: buse à injection d’air. En bas: buse à jet conique creux, les deux à distance de 5 m du bord de la parcelle. (Photo: Stefan Wolf, Syngenta)
Réduction de la dérive: essai pratique | Environnement
487Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 484–491, 2013
direction du vent dépassait 40° et la vitesse du vent était
inférieure à 0,5 m/s (18 de 56 répétitions). Les mesures
utilisées ont été acquises dans les conditions suivantes:
directions du vent -39,6 à 20,3°, vitesses du vent 0,6 à 2,8
m/s, températures 3 à 10,5 °C, hygrométries 59,3 à 100 %.
Calcul des valeurs de réduction de la dérive au moyen
d’un bootstrap non paramétrique
Les facteurs de réduction de la dérive sont normalement
évalués selon la norme ISO 22369 – 2 (2010) par la compa-
raison d’un procédé candidat avec un procédé de réfé-
rence. Dans le cas présent, l’expérimentation n’avait
cependant pas pour but de comparer une technologie
prise isolément à une référence donnée. Il s’agissait
d’évaluer des facteurs de réduction pour plusieurs dispo-
sitifs susceptibles d’une mise en œuvre combinée. D’ha-
bitude, on utilisait un modèle de régression multifacto-
riel généralisé pour un protocole d’essai multifactoriel
de ce type. Cela n’était pas possible ici, car l’influence
des conditions météorologiques sur les valeurs mesurées
n’était pas quantifiable. Aucun des dispositifs d’analyse
testés (modèles linéaires et non linéaires) n’a donné des
résultats satisfaisants.
Comme alternative, une méthode comportant deux
étapes a été développée: dans la première étape, on a
comparé des paires de procédés ne se distinguant que
par un seul paramètre. Par exemple, il y avait six paires
d’alternatives pour les types de buses (fig. 4 premier
dépôts sur les bandelettes (fig. 3b) ont été évalués
quantitativement, par fluorométrie, dans les labora-
toires de Syngenta.
Quatre dispositifs destinés à réduire la dérive ont été
testés: 1. Buses à injection d’air (Lechler ID 90 – 015 vertes
à 8,5 bar), 2. Filet antigrêle au-dessus du verger (mailles
de 3,3 × 8 mm, densité optique 15 %), 3. Haie brise-vent
(charme, hauteur 4,4 m, largeur 85 cm, densité optique
82 %) et 4. Filet vertical en bordure de la parcelle (hau-
teur 3,8 m, identique à celui tendu au-dessus du verger).
Les dispositifs à examiner ont été classés dans les catégo-
ries «Technologie des buses», «Barrière physique au-des-
sus de la parcelle» et «Barrière physique en bordure de
la parcelle» et combinés dans toutes les variantes raison-
nables. Il en est résulté douze différentes combinaisons
(procédés T1 à T12, fig. 4). Chaque procédé a fait l’objet
d’au moins trois répétitions.
Durant toute la période de mesure, les conditions
météorologiques ont été très changeantes. La direction
et la vitesse du vent, la température et l’hygrométrie ont
été enregistrées toutes les 30 secondes durant chaque
passage de traitement (application y c. 8 minutes d’at-
tente pour que le dépôt soit complet). L’interprétation
de ces enregistrements s’est faite sur la base des valeurs
moyennes (moyennes vectorielles pour la vitesse et la
direction du vent). La direction du vent a été calculée en
tant qu’écart à l’orientation de l’essai. On a exclu de
l’interprétation toutes les répétitions dont l’écart de la
T10T6
T12T8
T2
T4
barr
ière
ve
rtic
ale
Haie
bris
e-ve
nt
File
t ver
tical
T 7 T11
Buses à inhectiond‘air
T3
T5 T9T1
X
Y
Z
Buses à jetconique creux
Figure 4 | Représentation de tous les procédés en matrice tridimensionnelle. Chaque cube représente un procédé (T: Treatment), chaque plan un niveau de facteur. X: barrière physique en bordure de la parcelle; Y: barrière physique au-dessus de la parcelle; Z: technologie des buses.
Environnement | Réduction de la dérive: essai pratique
488 Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 484–491, 2013
plan ↔ arrière-plan). Un facteur de réduction a été
calculé pour chacune des paires alternatives, où l’on
n’a comparé les valeurs mesurées des dépôts que pour
les passages réalisés dans des conditions analogues de
direction et vitesse du vent (critères d’analogie: diffé-
rences de direction ≤ 30°, de vitesse ≤ 0,5 m/s). Après
application des critères d’analogie pour les conditions
de vent, il restait pour ces comparaisons par paires 10
à 30 mesures pour chaque distance au bord de la par-
celle. Dans la deuxième étape, on a réuni les effets de
réduction individuels des paires afin d’obtenir la
réduction moyenne de la dérive pour chaque dispositif.
On a utilisé un bootstrap non paramétrique (Efron et
Tibshirani 1998; Davison et Hinkley 2003) pour calculer
les facteurs de réduction de la dérive avec leurs varia-
bilités réalistes.
Le bootstrap non paramétrique est une méthode
comportant un pas de simulation d’une distribution réa-
liste du facteur de réduction à partir des valeurs de
mesure utilisables des comparaisons par paires (fig. 5a).
À cet effet, on a procédé à un tirage aléatoire de don-
nées de mesure (avec restitution). La comparaison des
médianes des deux tirages a donné un facteur de réduc-
tion. Ces tirages avec comparaisons des médianes ont
été réitérés jusqu’à stabilisation de la répartition du fac-
teur de réduction (fig. 5b). Statistiquement, cela corres-
pond à un échantillonnage de distributions non para-
métriques pour déterminer la distribution d’une valeur
recherchée (les méthodes paramétriques ne sont pas
applicables ici, par exemple du fait qu’il n’est pas pos-
sible d’établir une distribution normale plausible sur la
base de trop petits nombres d’échantillons).
Une telle distribution du facteur de réduction a été
établie pour chaque paire comparée dans la qualifica-
tion d’un dispositif. Ces distributions ont alors été agré-
gées pour donner le résultat final: le facteur de réduc-
tion d’un dispositif individualisé avec sa variabilité,
compte tenu des différentes combinaisons et condi-
tions météorologiques.
R é s u l t a t s
La plausibilité des mesures faites à Güttingen a été
confirmée par une comparaison avec les fonctions de
dépôt (90es centiles et médianes) selon Rautmann (Raut-
mann et al. 2001; Rautmann 2003). Les dépôts résultant
du procédé T1 (fig. 6) correspondent largement à ces
fonctions.
L’exploitation des données a été limitée aux dis-
tances comprises entre 3 et 20 m, correspondant à la
norme ISO 22866 (2005) selon laquelle la distance de
mesure ne doit pas dépasser la moitié de la largeur de la
surface d’application (ici 40 m pour chaque surface à
mesurer). Les valeurs de réduction de la dérive établies
au moyen des bootstraps non paramétriques pour les
quatre dispositifs examinés figurent dans le tableau 1.
Répartition dufacteur de réductionde T1 / T2
Valeurs de mesure de la pairecomparative T1 / T2 (n=15)
Bootstrap non-paramétrique (réitérations)
T1 (5 m) T2 (5 m)
Nombre de bootstrap réitérations
10 20 30 100 300 500 700 1000 1500Ré
duct
ion
0,5
0,6
0,7
0,8
Stabilisation de la répartitiondu facteur de réduction
Figure 5 | A) Une distribution du facteur de réduction a été déterminée à partir des échantillons (p.ex. buses, compa-raison par paires T1 / T2, distance 5 m). B) La distribution du facteur de réduction s'est stabilisée après quelque 500 réitérations.
A) B)
Réduction de la dérive: essai pratique | Environnement
489Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 484–491, 2013
quant à ses propriétés de réduction de la dérive sont sa
hauteur (plus haute que la culture traitée), sa densité
(pas trop basse, pas trop élevée) et son type: il est impor-
tant que le développement du feuillage de la haie soit
précoce. Wenneker et Van de Zande (2008) recom-
mandent l’érable, le sureau, l’aubépine ou le charme.
Avec une densité optique de 82 %, la haie de charme de
Güttingen a permis une réduction de la dérive qui, avec
des valeurs médianes de 78 à 95 %, peut être considérée
comme bonne.
Les procédés intégrant le filet vertical en bordure de
parcelle ont été testés dans des conditions de vents par-
ticulièrement défavorables. Après application des cri-
tères d’analogie (voir ci-dessus), on n’a pu retenir que
35 données de mesure par distance. Ce faible effectif de
mesures associé à une grande variabilité a entraîné une
énorme dispersion des résultats. L’apparition de valeurs
en partie négatives de réduction de la dérive pour le
filet vertical est à considérer dans cette perspective.
Pourtant, on peut retenir qu’un filet vertical n’offre
guère de potentiel de réduction de la dérive, bien que
ce filet soit identique à celui tendu au-dessus du verger.
Il faudra procéder à d’autres essais pour savoir si l’on
peut attendre un meilleur effet d’un autre matériel, par
exemple d’un filet de protection anti-insectes à petites
mailles ou d’un voile de protection contre le vent.
D i s c u s s i o n
Moyens de réduire la dérive
L’utilisation de buses à injection d’air a réduit la dérive
de quelque 75 %, ce qui correspond à l’estimation de
Van de Zande et al. (2012). Les résultats de l’estimation
faite par ces derniers ont été obtenus par l’analyse de la
distribution de la taille des gouttelettes (part volumique
des gouttelettes < 100 µm) et vérifiés par des mesures
au champ.
Selon Herbst et al. (2012), un filet antigrêle disposé
au-dessus de la culture réduit la dérive d’au moins 50 %,
voire jusqu’à 75 % selon le type de buses. Ces résultats
ont été confirmés à Güttingen, où le filet antigrêle a
réduit la dérive de 67 à 84 % en moyenne (il a été tenu
compte des procédés avec buses à injection d’air aussi
bien qu’avec buses à jet conique creux).
Les indications données sur les taux de réduction
réalisés par des haies brise-vent varient de 10 % en hiver
(Wenneker et Van de Zande 2008) à 90 % lorsque le
feuillage est complètement développé (Ucar et Hall
2001). Selon Richardson et al. (2004), la réduction de la
dérive par une haie est la plus élevée à proximité immé-
diate de celle-ci. L’effet de réduction semble diminuer
avec la distance, ce que les résultats de la présente étude
tendent à confirmer. Les critères d’évaluation d’une haie
Distance du bord du champ [m]
Dépô
t en
% d
e la
qua
ntité
util
isée
Médiane (Rautmann 2003)90es Centiles (Rautmann et al. 2001)Procédé T1, Güttingen 2012
0 20 40 60
0,01
0,1
1
10
Figure 6 | Comparaison des valeurs des dépôts à Güttingen (procédé T1) avec les fonctions de dépôt (90es centiles et médianes) selon Rautmann (Rautmann et al. 2001; Rautmann 2003).
490
Environnement | Réduction de la dérive: essai pratique
Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 484–491, 2013
Interprétation des résultats
Les facteurs de réduction indiqués dans le tableau 1 ne
sortent pas du cadre des résultats obtenus par diverses
institutions européennes, bien que les dispositifs aient
été évalués en combinaison dans cet essai. Il est donc
possible d’établir une réglementation de diminution
des distances de sécurité qui admette le cumul des fac-
teurs de réduction de la dérive. Cette interprétation est
souhaitable du point de vue des producteurs, car elle
leur donne la plus grande liberté possible dans le choix
de la méthode de réduction de la dérive. Cependant, il
y a une dispersion relativement grande des facteurs de
réduction de la dérive; les quartiles sont en partie éloi-
gnés de la médiane (tabl. 1). Cela tient principalement à
la prise en compte des diverses combinaisons de disposi-
tifs; mais aussi à la prise en considération, conforme à la
pratique, des différentes conditions météorologiques. Il
faudra en tenir compte lors de l’élaboration d’une
réglementation de diminution des distances de sécurité.
La prudence sera de mise particulièrement pour ce qui
concerne la combinaison de plusieurs méthodes suscep-
tibles d’entraîner ensemble une très importante réduc-
tion de la dérive. À ce sujet, Herbst et al. (2012) ont
constaté n’avoir jamais mesuré une réduction de 99 %
de la dérive, sauf à utiliser des pulvérisateurs à pan-
neaux récupérateurs.
Les valeurs de réduction ont pu être calculées pour
des distances de 3 à 20 m du bord de la parcelle. Ces
résultats ne permettent pas de déduire mathématique-
ment la quantité potentielle de dépôts à des distances
plus grandes: Rautmann et al. (2001) ont montré que la
fonction de dépôt ne pouvait pas être extrapolée en
série continue dans les cultures verticales. En particulier,
on peut supposer que le facteur de réduction de la
dérive diminue avec la distance en présence de barrières
physiques placées en bordure de parcelle (cf. Richardson
et al. 2004).
C o n c l u s i o n s
Les effets des méthodes de réduction de la dérive testées
à Güttingen correspondent dans une large mesure aux
résultats obtenus dans d’autres essais réalisés en Europe.
Il est donc possible, sur la base de ces résultats, d’envisa-
ger une réglementation autorisant la diminution des dis-
tances de sécurité en fonction de diverses combinaisons
de dispositifs de réduction de la dérive. Il faudra cepen-
dant tenir compte de la grande dispersion des facteurs
de réduction lors de l’utilisation de ceux-ci. Ces disper-
sions montrent la variabilité de la réduction de la dérive
dans les conditions pratiques.
Avec l’utilisation du bootstrap non paramétrique
dans la conception d’un essai multifactoriel, une méthode
a été développée qui a permis d’évaluer des dispositifs de
réduction de la dérive en diverses combinaisons et dans
différentes conditions météorologiques. n
Médianes et quartiles de la réduction de la dérive [%]
3 m 5 m 10 m 15 m 20 m
Buses à injection d'air (n=105)
8086
8187
7985
8389
7688
74 74 67 45 33
Filet antigrêle (n=105) 6778
6787
7696
8492
7994
49 56 64 67 57
Haie brise-vent (n=80) 9598
8494
8598
8696
7892
89 73 62 66 48
Filet vertical (n=35) 2178
2970
1955
735
-44-13
-8 8 -36 -22 -73
Tableau 1 | Médianes et quartiles de la réduction de dérive en % pour les quatre procédés examinés, selon la distance par rapport au bord de la parcelle. Résultats du calcul des données de l'essai multifactoriel réalisé au moyen du bootstrap non paramétrique. n: nombre de me-sures par distance.
491
Réduction de la dérive: essai pratique | Environnement
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 484–491, 2013
Spraydrift – mitigation measures in field
trials
Drug-containing droplets from the applica-
tion of plant protection products (PPP) can
be transported and deposited outside of the
target area, which is called direct spray drift
and affects adjacent waterbodies and other
non-target areas. The environmental risk
expected through spray drift of PPP is
estimated as part of the authorization-pro-
cess. If necessary, spray free buffer zones of
6 to 100 m must be applied towards surface
waters. If drift is reduced by appropriate
measures, the width of these buffer zones
could be diminished. Four drift reduction
measures have been tested under practical
conditions of Swiss apple production.
Windbreak hedges or injector nozzles
reduced drift by approx. 75 % each, a hail
net on the top of the orchard by approx.
65 %. A coarse-mesh net as a windbreak at
the edge of the field showed an effect of
about 20 % drift reduction only.
Key words: risk mitigation measures, spray
drift, nozzles, windbreaks, hail net, vertical
net, buffer zones, plant protection products,
orchard, bootstrap, tracer.
Misure per ridurre la deriva in una prova
nella pratica
Nell’applicazione mediante irroratrice di
prodotti fitosanitari le acque superficiali e
altre superficie limitrofe non interessate
sono contaminate dalla deriva: goccioline
contenenti sostanze attive vengono
trasportate e depositate al di fuori della
zona di destinazione. Nel corso del
processo di omologazione di un prodotto
fitosanitario l’atteso rischio ambientale è
stimato attraverso la deriva. Se necessario
si stabiliscono delle zone cuscinetto tra 6 e
100 m di distanza dalle acque superficiali
(distanza di sicurezza con divieto d’appli-
cazione). Queste distanze possono essere
ridotte, se la deriva è ridotta mediante
delle misure idonee. Quattro misure per
ridurre la deriva sono state testate alle
condizioni pratiche nella produzione di
mele svizzere. Sia siepi che ugelli a
iniezione hanno ridotto la deriva di ca. il
75 %, la posa di una rete antigrandine a
coprire il frutteto di ca. il 65 %, mentre una
rete a maglie larghe posata come frangi-
vento a bordo del campo ha ottenuto
solamente il 20 % di riduzione.
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492 Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 492–497, 2013
I n t r o d u c t i o n
La politique agricole 2014 – 2017 (PA 14 – 17) reprend
une grande partie des mesures de politique agricole
déjà en vigueur. Les principales modifications
concernent le système des paiements directs, dont l’ef-
ficacité et l’efficience sont améliorées. Dans le système
développé des paiements directs, les mesures sans
objectif spécifique seront remplacées par des instru-
ments ciblés. Les contributions pour la garde d’animaux
de rente consommant des fourrages grossiers et pour la
garde d’animaux dans des conditions de production
difficiles seront intégrées aux contributions à la sécurité
de l’approvisionnement liées à la surface. La contribu-
tion générale à la surface sera supprimée; les moyens
financiers ainsi libérés seront utilisés pour développer
des instruments de paiements directs dans les domaines
présentant des lacunes quant à la réalisation des objec-
tifs et pour alimenter les contributions de transition.
Ces dernières garantissent le passage au nouveau sys-
tème dans des conditions socialement acceptables. Le
montant des contributions de transition sera réduit
chaque année en proportion de l’augmentation des
moyens financiers nécessaires pour les instruments
orientés sur les objectifs.
Dans le contexte de la stratégie qualité, la portée
des instruments de promotion de la qualité et des
ventes est élargie de manière ciblée. Grâce à l’exten-
sion de l’art. 11 de la loi sur l’agriculture (LAgr), le
Conseil fédéral peut soutenir à titre subsidiaire des
mesures du secteur agroalimentaire afin d’améliorer et
de garantir la qualité, la durabilité et la création de
valeur ajoutée dans les domaines de la production, de
la transformation ou de la commercialisation; cela per-
La politique agricole 2014–2017 prévoit une nouvelle contribution pour les surfaces en forte pente et des contributions plus élevées pour les surfaces en pente afin de favoriser le maintien d’un paysage ouvert. (Photo: OFAG)
Thomas Meier, Office fédéral de l’agriculture OFAG, 3003 Berne, Suisse
Renseignements: Thomas Meier, e-mail: [email protected], tél. : +41 31 322 25 99
Dispositions d’exécution de la politique agricole 2014–2017
P o l i t i q u e a g r i c o l e
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Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 492–497, 2013
Dispositions d’exécution de la politique agricole 2014–2017 | Politique agricole
Après une prise de position claire du Parle-
ment en faveur de la révision de la loi sur
l’agriculture, dite politique agricole 2014–
2017, et le non-aboutissement du référen-
dum, le Conseil fédéral a adopté les disposi-
tions d’exécution. Les actes modifiés
entreront en vigueur le 1er janvier 2014. Le
présent article donne un aperçu de l’élément
central de la révision, soit la réglementation
relative aux nouveaux instruments de
paiement direct, et met en lumière la
corrélation entre les modifications d’ordon-
nances et les adaptations de la loi. De
nombreuses nouvelles dispositions légales
sont directement applicables sans que des
modifications soient nécessaires à l’échelon
des ordonnances (échelon réglementaire).
mettra également de renforcer la collaboration le long
des chaînes de valeur ajoutée et d’encourager l’innova-
tion dans ces domaines.
En vertu de l’art. 14 LAgr, le Conseil fédéral est désor-
mais habilité à protéger, dans le cadre du droit public, la
désignation de produits élaborés de manière particuliè-
rement durable. La transposition de cette disposition
doit être concrétisée dans le cadre d’un processus impli-
quant les parties prenantes; elle sera définie à l’échelon
réglementaire dans un second temps.
La révision de la LAgr comprend la modification de
neuf autres lois fédérales. Les adaptations de la loi sur le
Tribunal fédéral, de la loi fédérale sur le droit foncier
rural, de la loi fédérale sur le bail à ferme agricole, de la
loi sur l’aménagement du territoire et de la loi sur le
génie génétique n’exigent aucune modification d’or-
donnance, car ces dispositions sont directement appli-
cables. Les modifications de la loi sur le tarif des douanes,
de la loi sur la protection des eaux et de la loi sur les
épizooties sont mises en œuvre dans le cadre du présent
train d’ordonnances.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Innovations dans le système des paiements directs
La nouvelle ordonnance sur les paiements directs (OPD)
s’est étoffée puisqu’elle intègre désormais l’ordonnance
sur les contributions d’estivage, l’ordonnance sur la qua-
lité écologique et l’ordonnance sur les éthoprogrammes.
L’objet de l’OPD comprend désormais tous les types de
paiements directs. L’ordonnance définit les conditions et
plafonnements généraux et spécifiques aux mesures, le
montant des contributions ainsi que la procédure. Les
dispositions relatives aux contrôles et aux réductions en
font également partie. Elle comprend les nouvelles
réglementations suivantes:
Conditions
L’échelonnement des contributions en fonction du
nombre d’animaux a été supprimé. Par contre, l’échelon-
nement selon la surface est conservé pour la contribu-
tion de base dans le cadre des contributions à la sécurité
de l’approvisionnement. Le plafonnement des paie-
ments directs selon le revenu et la fortune ne s’applique
qu’à la contribution de transition.
Prestations écologiques requises (PER)
L’exploitation réglementaire des objets inscrits dans les
inventaires fédéraux d’importance nationale est désor-
mais intégrée aux PER. Des adaptations ont été appor-
tées dans les domaines de la protection du sol et de la
protection phytosanitaire ainsi que du bilan de fumure.
Les PER seront aussi intégralement requises pour l’agri-
culture biologique, mais les exigences émanant de l’or-
ganisation professionnelle nationale resteront cepen-
dant déterminantes pour ce qui concerne les règles
d’assolement et la protection du sol.
Surfaces donnant droit aux contributions et effectifs
déterminants d’animaux
Les surfaces donnant droit aux paiements directs sont les
surfaces agricoles utiles (SAU). Il ne sera plus versé de
paiements directs pour les surfaces nouvellement clas-
sées en zone à bâtir. En raison du changement de sys-
tème, la période pour le calcul des effectifs de bétail
déterminants se référera dorénavant à l’année civile pré-
cédente. Pour le calcul des paiements directs, il est
renoncé à une distinction entre animaux de compagnie
et animaux de rente en ce qui concerne les équidés. Les
conditions et les exigences actuelles concernant l’esti-
vage sont en règle générale maintenues. Elles s’appli-
queront désormais aussi aux contributions à la biodiver-
sité et à la qualité du paysage, qui pourront être
accordées dans les régions d’estivage à partir de 2014.
Contributions au paysage cultivé
Les contributions au paysage cultivé regroupent les
contributions pour le maintien d’un paysage ouvert,
pour les surfaces en pente, pour la mise à l’alpage et la
contribution d’estivage. Une partie de l’actuelle contri-
bution générale à la surface est versée au titre de la
contribution au maintien d’un paysage ouvert. L’objectif
est de freiner, voire d’empêcher l’embroussaillement ou
la progression de la forêt. Cette contribution n’est pas
versée dans la zone de plaine puisque le maintien d’un
Politique agricole | Dispositions d’exécution de la politique agricole 2014–2017
494 Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 492–497, 2013
paysage ouvert y est assuré sans contributions. Les
actuelles contributions pour terrains en pente et la
contribution d’estivage sont intégrées aux contributions
au paysage cultivé. Une contribution supplémentaire
pour surfaces en forte pente sera allouée aux exploita-
tions dont plus de 30 % des terrains présentent une
déclivité supérieure à 35 %. Cette contribution aug-
mente linéairement en fonction de la part de terrains en
pente: la contribution de 100 francs par hectare pour
une part de terrains en forte pente égale à 30 % peut
atteindre jusqu’à 1000 francs par hectare pour une part
de 100 % de terrains en forte pente. A partir de 2017,
des contributions pour surfaces en pente seront aussi
accordées dans la région de plaine et pour un nouveau
troisième degré de déclivité (plus de 50 %). Afin de
garantir une charge en bétail appropriée dans les régions
d’estivage, une contribution de mise à l’alpage sera
désormais versée aux exploitations à l’année qui estivent
leurs animaux dans le pays. Elle remplace l’actuel supplé-
ment d’estivage, qui disparaît avec la suppression des
contributions pour la garde d'animaux consommant des
fourrages grossiers (contributions UGBFG) et de celles
pour la garde d'animaux dans des conditions difficiles
(contributions GACD). Son montant sera identique dans
toutes les zones. Autre nouveauté pour la contribution
d’estivage: les moutons estivés sur des pâturages tour-
nants avec des mesures de protection des troupeaux
bénéficieront de la même contribution que les moutons
surveillés en permanence par un berger. Les contribu-
tions spéciales pour l’estivage de courte durée des vaches
laitières sont maintenues jusqu’à la fin 2017.
Contributions à la sécurité de l’approvisionnement
Les contributions à la sécurité de l’approvisionnement
regroupent la contribution de base, la contribution pour
la production dans des conditions difficiles et la contri-
bution pour terres ouvertes et cultures pérennes. L’actuelle contribution UGBFG et la contribution sup-
plémentaire pour les terres ouvertes et les cultures
pérennes sont réallouées sous la forme d’une contribu-
tion de base uniforme. Grâce à celle-ci, le soutien peu
important accordé aux grandes cultures et aux cultures
pérennes sera relevé au même niveau que celui dont
bénéficient les surfaces herbagères. Les conditions de
production difficiles dans la région de montagne et la
région de collines, que la contribution GACD permet
aujourd’hui de prendre en compte pour la garde d’ani-
maux, seront compensées dès 2014 par la contribution à
la production dans des conditions difficiles. Pour les sur-
faces herbagères permanentes, il est procédé à un éche-
lonnement selon l’intensité de la production. Selon ce
système, les surfaces de promotion de la biodiversité
(SPB) donnent droit à la moitié de la contribution de base.
Pour que des contributions pour les surfaces herbagères
permanentes puissent être versées, un effectif minimum
de bétail doit être atteint. Dans une exploitation, seules
les surfaces herbagères qui présentent la charge mini-
male en bétail requise sont prises en compte dans les
contributions à la sécurité de l’approvisionnement.
Contributions à la biodiversité
Les contributions à la biodiversité regroupent la contri-
bution pour la qualité et la contribution pour la mise
en réseau.
Elles correspondent en grande partie aux contribu-
tions versées jusqu’ici pour la compensation écolo-
gique, la qualité biologique et la mise en réseau. Des
contributions pour la qualité, dont le financement est
désormais entièrement assuré par la Confédération,
sont allouées pour trois niveaux de qualité. Le niveau I
correspond à l’actuel niveau OPD et le niveau II à l’ac-
tuel niveau de l’ordonnance sur la qualité écologique.
Le niveau III permettra de promouvoir, à partir de 2016,
des objets inscrits dans des inventaires d’importance
nationale (p. ex. les bas-marais, les sites de reproduc-
tion de batraciens, les pâturages et prairies secs). La
zone riveraine d’un cours d’eau ainsi que les surfaces à
litière et les surfaces herbagères riches en espèces de la
région d’estivage s’ajoutent aux éléments écologiques
qui bénéficient actuellement déjà d’un soutien. Pour
la mise en réseau, la Confédération prendra désormais
à sa charge 90 % des contributions. Il est prévu d’ex-
ploiter les synergies existantes avec les projets de pro-
motion de la qualité du paysage, notamment pour ce
qui est de la procédure, afin de réduire les tâches
administratives des agriculteurs et des services chargés
de l’exécution.
Figure 1 | Les nouvelles contributions à la qualité du paysage permettent d’encourager les prestations destinées à préserver et à développer la diversité et la qualité des paysages cultivés. (Photo: OFAG)
Dispositions d’exécution de la politique agricole 2014–2017 | Politique agricole
495Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 492–497, 2013
Contribution de transition
La contribution de transition réduira l’écart financier
entre les paiements directs généraux actuels et les paie-
ments directs liés aux prestations d’une exploitation. Elle
diminuera de manière continue en fonction de l’aug-
mentation de la participation aux programmes faculta-
tifs. Une valeur de base est calculée pour chaque exploi-
tation. A la fin de l’année, on détermine quels moyens
financiers restent encore à disposition pour la contribu-
tion de transition et quel taux ou coefficient de la valeur
de base est réalloué aux exploitations.
Dispositions finales
Comme le recensement obligatoire dans un système
d’information géographique des surfaces et de leur
affectation n’entrera en vigueur qu’en 2017, le troisième
degré de déclivité de plus de 50 % et les contributions
pour des surfaces en pente dans la région de plaine
seront également introduits cette année-là. Les contri-
butions du niveau de qualité III pour les surfaces inscrites
dans les inventaires d’importance nationale entreront
en vigueur en 2016. Pour 2014, les PER doivent encore se
conformer aux dispositions de l’OPD du 7 décembre
1998 (état au 1er janvier 2013).
Répartition financière
Conformément au budget 2014 proposé par le Conseil
fédéral, une enveloppe financière de 2 809 millions de
francs est réservée aux paiements directs (tabl. 1).
Une partie des contributions du paysage cultivé ne
seront pas versées avant 2017. Pour la promotion de la
biodiversité, le besoin passera de 306 à quelque 350 mil-
lions de francs en 2017 compte tenu de la participation
accrue aux mesures. Les moyens financiers nécessaires
pour la contribution à la qualité du paysage s’avèrent
quelque peu supérieurs à ceux prévus à l’origine, en rai-
son du grand intérêt manifesté par les cantons pour ce
programme. Ils augmentent ainsi de 35 à 110 millions
d’ici 2017. Entre 2014 et 2017, il faut aussi s’attendre à
une progression des contributions au système de pro-
duction (de 390 à 417 millions de francs) et des contribu-
tions à l’efficience des ressources naturelles (de 48 à 74
millions de francs). Au vu de la situation actuelle, le coef-
ficient de calcul de la contribution de transition devrait
s’élever à 0,60 en 2014 et à 0,32 en 2017.
Principales modifications dans les autres dispositions
d’exécution
Au total, 21 ordonnances du Conseil fédéral sont modi-
fiées au 1er janvier 2014. Le tableau ci-dessous présente
les principales modifications.
Contribution à la qualité du paysage
Les nouvelles contributions à la qualité du paysage per-
mettent d’encourager les prestations destinées à préser-
ver et à développer la diversité et la qualité des paysages
cultivés (fig. 1). Les mesures sont définies dans le cadre
de projets sur la base d’objectifs régionaux. Ces contri-
butions seront versées selon une clé de répartition spéci-
fique au projet et sur la base d’accords contractuels.
Jusqu’à la fin 2017, les moyens de la Confédération des-
tinés aux contributions à la qualité du paysage seront
plafonnés et répartis entre les cantons en fonction de la
SAU et des pâquiers normaux (PN) dans la région d’esti-
vage. Il n’y a pas de limitation du nombre de projets par
canton.
Contributions au système de production
Les actuelles contributions bio et extenso ainsi que les
contributions au bien-être des animaux (SST et SRPA)
seront maintenues dans le cadre des contributions au
système de production. La contribution extenso sera
dorénavant aussi accordée pour les pois protéagineux,
les féveroles et les tournesols. Une nouvelle contribution
sera octroyée pour la production de lait et de viande
basée sur les herbages. La part minimale de fourrage
provenant des pâturages et des prairies dans la ration
alimentaire s’élève à 85 % dans la région de montagne
et à 75 % dans la région de plaine. Les contributions
SRPA sont légèrement augmentées.
Contributions à l’efficience des ressources
Il est prévu de soutenir temporairement (jusqu’en 2019)
des mesures à l’échelle nationale dans le but d’encoura-
ger l’exploitation durable des ressources naturelles et
d’optimiser l’efficience de l’utilisation des moyens de
production. Les procédés d’épandage des engrais de
ferme réduisant les émissions, les modes d’exploitation
préservant le sol ainsi que l’utilisation de techniques
d’application précise dans le domaine des produits phy-
tosanitaires se sont avérés efficaces.
(en millions de francs)
Contributions à la sécurité de l’approvisionnement 1111
Contributions au paysage cultivé 501
Contributions à la biodiversité 307
Contributions à la qualité du paysage 35
Contributions au système de production 390
Contributions à l’efficience des ressources 48
Contribution de transition 417
Total 2809
Tableau 1 | Besoins financiers estimés pour les instruments de paiement direct en 2014
496
Politique agricole | Dispositions d’exécution de la politique agricole 2014–2017
Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 492–497, 2013
OrdonnanceN° RS
Bases légales modifiées (sauf indication contraire, article de la LAgr)
Principales modifications
Ordonnance sur le droit foncier rural (ODFR)211.412.110
• aucune
• Prise en compte du travail effectif requis pour le stockage et la vente de produits issus de la propre production agricole dans le calcul des unités de main d'œuvre standard (UMOS).
• Suppléments et facteurs UMOS supplémentaires pour des cultures spéciales et des branches de production spécifiques.
Ordonnance sur les con-tributions à des cultures particulières (jusqu’à présent: Ordonnance sur les contributions à la culture des champs)910.17
• nouvel art. 54;• abrogation des art. 55, 56 et 59.
• Contributions à des cultures particulières, en vue d’un approvisionnement approprié en aliments fourragers pour les animaux de rente.
• L’attractivité de la production de céréales fourragères est améliorée à l’aide de la contribution à la sécurité de l’approvisionnement grâce à un soutien renforcé des grandes cultures par rapport à l’exploitation des herbages.
• Par contre, la contribution pour la culture de betteraves sucrières peut être réduite de CHF 1900.–/ha à CHF 1400.–/ha et la contribution pour les oléagineux (soja exclu) et les semences de CHF 1000.–/ha à CHF 700.–/ha, compte tenu de leur rentabilité.
• Pour promouvoir la production de protéines végétales, la contribution pour les légu-mineuses à graines (soja incl.) demeure inchangée (CHF 1000.–/ha).
• Suppression des contributions pour les plantes à fibres et pour l’utilisation à des fins techniques dans le cadre d’installations pilotes et d’installations de démonstration.
Ordonnance sur la ter-minologie agricole (OTerm)910.91
• Limitation des mesures en faveur des ac-tivités proches de l’agriculture aux aides à l’investissement, à la recherche et la vulgarisation (art. 3, al. 1bis)
• Définition de la production agricole et des activités proches de l‘agriculture.• La taille minimale pour la reconnaissance formelle d’une exploitation est fixée à 0,25
UMOS. • Exclusion de la SAU des surfaces comportant des installations photovoltaïques.• Augmentation du coefficient UGB à 1,0 pour les «autres vaches», comme pour les
vaches laitières.
Ordonnance sur les améliorations structu-relles (OAS)913.1
• art. 89, al. 1, let. d et 93, al. 1, let. e: Ad-aptations des aides à l’investissement en vue d’abaisser les coûts de production et d’améliorer à long terme la compétitivité des exploitations soutenues
• art. 89a, 97, al. 1 et 7, 108, al. 1bis et 2 et 166, al. 2, LAgr, abrogation art. 87, al. 2
• art. 106, al. 1, let. d et al. 2, let. e• art. 107a, al. 1
• Définition de la production agricole et des activités proches de l‘agriculture.• La taille minimale pour la reconnaissance formelle d’une exploitation est fixée à
0,25 UMOS. • Exclusion de la SAU des surfaces comportant des installations photovoltaïques.• Augmentation du coefficient UGB à 1,0 pour les «autres vaches», comme pour les
vaches laitières.• Garantie de la neutralité concurrentielle grâce à une procédure d’audition dans le cas
de projets importants, à la publication obligatoire des projets dans la feuille officielle cantonale et à la possibilité offerte aux entreprises artisanales de faire opposition.
• Elargissement des crédits d’investissement aux mesures destinées à améliorer la pro-duction et l’adaptation au marché des cultures spéciales, ainsi que pour le renouvelle-ment des plantes pérennes.
• Crédits d’investissement pour les bâtiments et installations de petites entreprises arti-sanales également dans la région de plaine.
Ordonnance sur les mesures d’accompagne-ment social dans l’agriculture (OMAS)914.11
• Prorogation jusqu’à fin 2019 de l’octroi d’aides à la reconversion professionnelle (art. 86a, al. 3).
• Base légale pour que les moyens financiers mis à disposition par la Confédération dans le fonds de roulement puissent être redistribués aux cantons ayant moins de liquidités.
• Harmonisation avec l’ordonnance sur les améliorations structurelles.
Ordonnance sur les im-portations agricoles (OIAgr) 916.01
• L’OFAG est habilité à adapter certains droits de douane (loi sur le tarif des dou-anes art. 10, al. 3).
• Compétence de l’OFAG de fixer les droits de douane pour le sucre et les céréales panifiables.
• Réduction de CHF 3.– par 100 kg du prix de référence pour le calcul des droits de douane pour les céréales panifiables.
Ordonnance sur la pro-motion des ventes de produits agricoles (OPVA) 916.010
• Compte tenu de l’ouverture continuelle des marchés, la Confédération peut prendre des mesures pour soutenir l’orientation de l’agriculture et de la fili-ère alimentaire vers une stratégie de qualité commune (art. 2, al. 3, 10, 11, 12, al. 1-3, 14, al. 4).
• La Confédération est habilitée à proté-ger, dans le cadre du droit public, la dési-gnation de produits élaborés selon des critères particuliers du développement durable (art. 14, al. 1, let. f).
• Base légale pour l’encouragement des initiatives d’exportation.• Les projets régionaux de promotion des ventes ne doivent plus être cofinancés; les
sous-projets réalisés dans le cadre de projets organisés à l'échelle nationale ou suprarégionale peuvent cependant toujours être encouragés.
• Soutien des mesures dans le domaine de la conception des emballages (layout/ design), lorsqu’elles assurent l'identification de la provenance suisse au point de vente.
• Les exigences concernant l’identité visuelle commune (Suisse.Naturellement) sont maintenant également appliquées à des projets suprarégionaux et à des projets non liés à un produit (p. ex. communication pour les prestations d'intérêt public).
Ordonnance sur la pro-motion de la qualité et de la durabilité dans le secteur agroalimentaire (OQuaDu)
• Soutien temporaire de programmes de qualité et de durabilité générateurs de valeur ajoutée.
• Promotion temporaire de projets innovateurs dont l’objectif est de créer de la valeur ajoutée.
Ordonnance sur les fruits (jusqu’à présent: Ordonnance sur les fruits et légumes)916.131.11
Art. 58 • al. 1: nouveau aussi pour les petits fruits;• al. 2: contributions de reconversion limi-
tées à 2017 pour la production de fruits et de légumes.
• Introduction de contributions à la fabrication de produits issus de petits fruits. • L’introduction de mesures selon l’art. 58, al. 2, fera l’objet d’un examen en 2014,
en collaboration avec la branche.
Tableau 2 | Principales modifications des autres ordonnances et bases légales
497
Dispositions d’exécution de la politique agricole 2014–2017 | Politique agricole
Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 492–497, 2013
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
New regulation on the Swiss agricultural
policy for 2014–2017
Since the Swiss parliament voted
overwhelmingly in favour of the revised
Federal Act on Agriculture, the so-called
Agriculture Policy for 2014–2017, and too
few signatures in favour of a referendum
against the policy were collected, the
Federal Council has now drawn up
provisions for implementation. The
modified decrees will come into force on
1st January 2014. This article outlines the
key points, the regulations concerning
the new tools for direct payments, and
demonstrates how the changes to the
regulation relate to the modifications of
the law. In addition, many provisions in
the revised Act can be applied without
the need for implementing regulations.
Key words: agricultural policy 2014–2017,
legislation, direct payments, market
subsidies, reform of agricultural policy.
Disposizioni d’esecuzione sulla Politica
agricola 2014–2017
Alla luce della chiara posizione del
Parlamento a favore della revisione
della legge sull’agricoltura, la cosid-
detta Politica agricola 2014–2017 e del
fallimento del referendum, il Consiglio
federale ha varato le rispettive
disposizioni d’esecuzione. Le modifiche
degli atti normativi entreranno in
vigore il 1° gennaio 2014. L’articolo
illustra l’elemento cardine, vale a dire il
disciplinamento dei nuovi strumenti
dei pagamenti diretti, nonché le
interazioni tra le modifiche d’ordi-
nanza e gli adeguamenti della legge.
Numerose nuove disposizioni conte-
nute nella legge sono direttamente
applicabili senza dover essere discipli-
nate a livello d’ordinanza.
Bibliographie ▪ 12.021, 2012. Message concernant l’évolution future de la politique agricole dans les années 2014 – 2017 (Politique agricole 2014-2017) du 1er février 2012.
▪ Mo 06.3635 Evolution future du système de paiements directs.
OrdonnanceN° RS
Bases légales modifiées (sauf indication contraire, article de la LAgr)
Principales modifications
Ordonnance sur le bétail de boucherie (OBB)916.341
• art. 48, al. 2bis
• Allocation dès 2015 de 40 % des parts de contingent tarifaire pour la viande d’ani-maux des espèces bovine, ovine, caprine et chevaline, d’après le nombre d’animaux abattus.
• Suppression des contributions pour les marchés publics de veaux.
Ordonnance sur le sou-tien du prix du lait (OSL)916.350.2
• Fixation du supplément pour le lait trans-formé en fromage à 15 ct./kg et du sup-plément pour le lait produit sans ensilage à 3 ct./kg (art. 38, al. 3 et 39, al. 3);
• Le Conseil fédéral peut désormais exclure
de ces suppléments le fromage à faible teneur en matière grasse (art. 38, al. 2 et 39, al. 2).
• Le lait transformé en fromage dont la teneur en matière grasse est inférieure à 150 g par kg de matière sèche ne donne plus droit au supplément pour le lait transformé en fromage ni au supplément de non-ensilage. Cette disposition ne s’applique pas au Glarner Schabziger (produit traditionnel et important pour l’économie régionale), au Werdenberger Sauerkäse, au Liechtensteiner Sauerkäse et au Bloderkäse (inscrits au registre des appellations d’origine et des indications géographiques).
• Le supplément de non-ensilage est également octroyé pour le lait de brebis et de chèvres nourries sans ensilage et transformé en fromages à pâte extra-dure, dure, mi-dure ou à pâte molle qui sont inscrits comme appellation d’origine contrôlée.
• Les suppléments ne seront plus octroyés que pour la transformation du lait entier, du lait maigre et du lait standardisé; les crèmes utilisées pour la production de mascar-pone ne donnent plus droit à des suppléments.
Ordonnance concernant l’allocation de contribu-tions pour payer les frais d’élimination des sous-produits animaux916.407
Loi sur les épizooties• art. 45a • abrogation de l’art. 62
• Extension dès 2014 des contributions à l’élimination des chevaux et à la volaille.• Les contributions à l’élimination des sous-produits animaux prévues en cas de situa-
tion extraordinaire ne seront plus versées uniquement en relation avec l’ESB, mais également dans le cadre d’autres épizooties.
Tableau 2 | suite
498 Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 498–500, 2013
L’entrée en vigueur prochaine de la Politique agricole
2014 – 2017 (PA 14 – 17) se fera dans l’effervescence. Les
exploitantes et exploitants agricoles seront amenés à
révéler leurs compétences entrepreneuriales pour aug-
menter la compétitivité de leurs exploitations. Au pre-
mier plan figurent un placement stratégique de leurs
produits sur les marchés et une gestion intelligente des
ressources de l’exploitation. En ce début d’automne, les
familles paysannes ainsi que leurs conseillères et conseil-
lers ne connaissent pas encore les détails de fonctionne-
ment du nouveau système des paiements directs. Et
pourtant, c’est bien ensemble qu’ils vont faire face aux
enjeux de cette réforme. Pour les aider à relever un tel
défi, complexe et exigeant, AGRIDEA a lancé la plate-
forme internet «Focus AP-PA.ch».
Cette histoire commence en novembre 2006, lorsqu’à la
suite des débats parlementaires sur la Politique agricole
2011, le Conseil fédéral reçoit le mandat d’évaluer le sys-
tème des paiements directs en vue d’une prochaine
réforme. En mars 2011, le projet de la future législation
agricole pour la période 2014 – 2017 est mis en consulta-
tion par le Conseil fédéral. Dès lors, la machine législa-
tive est lancée: allers et retours entre Conseil fédéral,
Chambres fédérales, acteurs importants de la politique
agricole, consultations et possibilités de référendum.
Dans un climat d’incertitude qui durera plus de 30 mois,
les familles paysannes mettent en œuvre leur stratégie
et essaient de planifier l’avenir, malgré de nombreuses
inconnues.Pour répondre au mieux aux préoccupations des
acteurs du système de connaissance et d’innovation agri-
cole et leur permettre d’être au cœur de l’actualité, la
plateforme Focus AP-PA.ch (www.focus-ap-pa.ch) est
déployée le 19 avril, au lendemain de la mise en consulta-
tion des ordonnances d’application de la PA 14 – 17. Cette
plateforme vit au rythme des nouveautés et des informa-
tions dévoilées par l’Office fédéral de l’agriculture.
Qu’est-ce que la plateforme Focus AP-PA.ch?
La plateforme «Focus AP-PA.ch» est un outil web parti-
cipatif qui fournit aux actrices et acteurs de l’agricul-
ture et de l’espace rural des informations de première
main, documentation et outils sur les nouveautés pour
faciliter la mise en œuvre de la PA 14 – 17. Pour être
proche de ses destinataires, elle est accessible dans
trois langues nationales l’allemand, le français et en
partie en italien.
Au lendemain de la mise en consultation des ordonnances d’application de la PA 14–17, AGRIDEA a mis en ligne la plateforme www.focus-ap-pa.ch.
PA 14-17: le web participatif au service de la vulgarisationKim Anh Joly et Sylvie Aubert
Agridea, 1006 Lausanne
Renseignements: Kim Anh Joly, e-mail: [email protected], tél. +41 21 619 44 57
E c l a i r a g e
PA 14-17: le web participatif au service de la vulgarisation | Eclairage
499Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 498–500, 2013
Focus AP-PA.ch, c’est:
•• une plateforme d’information développée par
AGRIDEA qui avec l’appui de ses partenaires – l’Office
fédéral de l’agriculture (OFAG) et le Forum La Vulg
Suisse (FVS) – rassemble et met à disposition des
informations pertinentes et actuelles concernant la PA
14 – 17.
•• un fonds documentaire contributif qui facilite
l’échange et le partage de documents et outils
pratiques en vue de la mise en œuvre des nouvelles
mesures.
•• un lieu d’échange et de partage de savoirs. L’en-
semble des partenaires du système de connaissance
agricole – administration, recherche, vulgarisation et
formation dont les cantons - travaille en étroite
collaboration pour alimenter cette plateforme de
leurs questionnements, expériences et connaissances.
La plateforme favorise l’échange de l’information au
sein du réseau.
Deux produits phares de Focus AP-PA.ch
Outil de calcul des contributions de la PA 14 – 17
AGRIDEA met à disposition un outil de calcul des contri-
butions PA 14 – 17 pour une exploitation agricole
(Tableur Excel), basé sur le nouveau système des paie-
ments directs qui entrera en vigueur le 1er janvier pro-
chain. Cet outil est conçu pour encourager les familles
paysannes à réfléchir à la stratégie future de leur entre-
prise. Il est proposé avec la recommandation de faire
cette évaluation et les réflexions qui en résultent avec
l’appui de la vulgarisation agricole.
Jusqu’alors, ce calculateur était diffusé dans un
réseau suivant une liste fermée. Le téléchargement libre
et gratuit sur Internet de cet outil permet une diffusion
à plus large échelle. Cette accessibilité facilitée permet
aux vulgarisatrices et vulgarisateurs ainsi qu’aux agricul-
trices et agriculteurs qui le souhaitent de calculer le
montant prévisionnel des paiements directs d’une
exploitation agricole donnée sur la base des chiffres
officiels publiés les plus récents. Une troisième version
de cet outil intégrant les montants détaillés définitifs a
été déployée après la publication officielle du train d’or-
donnances relatif à la PA 14 – 17.
Depuis sa mise à disposition, plusieurs services de
vulgarisation agricole orientent leurs clients vers ce pro-
duit et les ont poussés à évaluer la future situation des
paiements directs sur leur exploitation. S’ensuit un
appui sous la forme de conseil individuel ou, à l’exemple
de la campagne AP14 Check du Canton de Berne, la pos-
sibilité de participer à un groupe d’intérêt (http://www.
inforama.vol.be.ch/inforama_vol/de/index/beratung/
beratung/agrarpolitik_2014 – 2017/ap14-check.html). Il
s’agit dans les deux cas pour les familles paysannes de
réfléchir à l’évolution de leur entreprise, de valider ou
fixer de nouvelles lignes directrices intégrant ce nou-
veau contexte.
Outils pour réaliser un bilan des fourrages
La production de lait et de viande basée sur les her-
bages (PLVH) était le grand sujet à controverse au prin-
temps, au moment de la mise en consultation du paquet
des ordonnances d’application de la PA 14 – 17. Des
documents explicatifs (Factsheet) et un calculateur
(tableur Excel) permettant de réaliser un bilan des four-
rages de l’exploitation ont été mis disposition par AGRI-
DEA en collaboration avec l’OFAG sur la plateforme
Focus AP-PA.ch. Ces outils facilitent la compréhension
de la nouvelle contribution proposée et apportent sur-
tout des précisions sur les conditions d’obtention. Une
discussion ouverte a ainsi pu avoir lieu entre milieux
paysans et administration fédérale sur les difficultés de
mise en œuvre de cette nouvelle mesure, éléments qui
ont pu être intégrés dans les prises de position.
Premiers enseignements
Surnommée «task force», une équipe de quatre per-
sonnes à AGRIDEA (fig. 1) est chargée d’animer cette
plateforme, Cette équipe a coordonné le déploiement
de Focus AP-PA.ch au printemps passé. Aujourd’hui, elle
gère certes l’entretien et la maintenance technique,
Figure 1 | Task force (de gauche à droite): Esther Thalmann, Bruno Arnold, Sylvie Aubert, Kim Anh Joly.
Eclairage | PA 14-17: le web participatif au service de la vulgarisation
500 Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 498–500, 2013
mais surtout la diffusion des contenus et les développe-
ments à venir. L’accomplissement de l’ensemble de ces
tâches illustre une collaboration réussie rendue possible
par le bon climat de coopération entre l’ensemble des
partenaires investis dans ce projet.
Le Forum La Vulg Suisse soutient fortement la démarche
de Focus AP-PA.ch car elle permet de:
•• rassembler les forces et avoir une démarche et des
outils uniformes pour toute la Suisse; cette synergie
équivaut à une économie de force et de moyens dans
les services cantonaux de vulgarisation, ce qui aug-
mente le champ d’action auprès des agriculteurs;
•• mettre à jour en continu des informations et des outils
permettant ainsi de coller au plus près à la réalité.
Tout un chacun trouve la même information au même
endroit et au même moment, ce qui met tout le
monde sur un pied d’égalité.
Malheureusement, la possibilité d’échanger sur ce qui se
passe dans la pratique et en particulier l’utilisation de
Focus AP-PA.ch par les partenaires pour échanger et
communiquer sur leurs actions n’est que peu voire pas
utilisée.
Foire aux questions à venir sur Focus AP-PA.ch
La plateforme Focus AP-PA.ch offre un espace pour les
connaissances, «Le savoir? Le voilà, partout sur la toile,
disponible, objectivé. (…) Objectivé, certes, mais, de plus,
distribué» comme le déclare le philosophe Michel Serres.
AGRIDEA souhaite faire un pas de plus pour mieux
répondre aux attentes de ses partenaires qui seront
chargés d’accompagner le changement au sein des
exploitations agricoles suisses. La traduction des nou-
velles conditions-cadres en une mise en œuvre concrète
et opérationnelle représente un enjeu important pour
ces prochains mois. Objectif: ne pas rater le train de la
nouvelle politique agricole! La plateforme est donc en
train de se doter d’une foire aux questions ou FAQ. Cet
outil permettra aux personnes intéressées de poser leurs
questions de manière à obtenir une réponse objective et
valide. Participation et coopération des actrices et
acteurs de la PA 14 – 17 seront au cœur de la réussite
d’une telle initiative.
C o n c l u s i o n s
Appréhender une réforme de politique agricole aussi
importante que celle de la PA 14 – 17 signifie un pas vers
l’inconnu et demande une remise en question straté-
gique pas évidente. Il s’agit de s’approprier le change-
ment à tous les niveaux, aussi bien celui de la famille
paysanne, que du conseil et de la formation agricole, de
la défense professionnelle, ou encore de l’administration.
Le web participatif, tel qu’offert sur Focus AP-PA.ch, offre
la possibilité de parler le même langage au même
moment, de disposer rapidement des mêmes informa-
tions actuelles et d’échanger lorsque l’on en ressent le
besoin.
Cette nouvelle manière de communiquer ouvre de
multiples possibilités de se renseigner et d’obtenir des
outils pour comprendre les effets sur sa situation. Mais
ce flot de savoir demande à être accompagné pour évi-
ter le risque de provoquer une réaction de rejet, de
replis face une information non maîtrisée, contraire aux
objectifs des partenaires de Focus AP-PA.ch. Cette
action a donc un fort potentiel de succès, si elle est
concertée avec un appui professionnel des personnes
compétentes, adapté aux potentiels ouverts par le web
participatif. n
La politique agricole 2014–2017 dans les
médias sociaux
Vous avez certainement vu ce
logo sur les pages de l’OFAG concernant la
politique agricole 2014-2017. L’OFAG teste un
nouveau canal d’information pour les actuali-
tés de la politique agricole et a ainsi activé en
avril 2013 un compte sur le réseau Twitter. A ce
jour, le compte accuse 34 messages et 120 sui-
veurs.
Les premières expériences montrent que ce
sont avant tout des journalistes, des agences
agricoles et des leaders d’opinion dans le do-
maine qui sont actifs sur ce réseau social. Un
premier bilan sera tiré début 2014, avec l’en-
trée en vigueur des ordonnances.
Anne Rizzoli, Office fédéral de l’agriculture
501Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 501 2013
P o r t r a i t
«Avec mon travail dans la recherche agronomique, j’ap-
porte ma pierre à l’édifice de l’alimentation moderne. Je
travaille pour la bonne cause. C’est motivant!» Depuis
juin 2013, Corinne Jud dirige à Posieux (FR) la division
d’analytique du futur Institut des sciences en production
animale d’Agroscope. Recherche, organisation, gestion –
«Mon travail est très varié. Le mélange est parfait!»
Ce n’est pas un hasard si Corinne Jud (née en 1979) est
devenue chercheuse. «Enfant déjà, je questionnais sans
cesse mes parents pour comprendre la vie», explique-t-
elle. Pour qu’elle puisse assouvir sa soif de connaissances,
ses parents lui ont offert une sacoche militaire en cuir
afin d’y mettre ses livres d’exploratrice et un sifflet avec
lequel appeler à l’aide si nécessaire.
Après sa maturité obtenue au gymnase de Wattwil
(SG), Corinne Jud a travaillé une année à Genève chez
Ares-Serono SA comme opératrice de saisie pour des
essais cliniques. Cette expérience a définitivement scellé
son destin de chercheuse: elle étudierait la biochimie! Et
à l’Université de Fribourg, qui proposait un cursus
bilingue. Après son travail de diplôme, en 2003, sur les
rythmes circadiens, elle a enchaîné en 2009 avec son tra-
vail de thèse sur le thème de «L’influence de la lumière
sur l’horloge interne des souris et des hommes», récom-
pensé en 2009 par l’un des prix d’excellence de Chorafas*
remis à l’échelle internationale.
2e chapitre de sa vie professionnelle: l’Institut de
nanotechnologie Adolphe Merkle, Université de Fri-
bourg. De février 2010 à fin juin 2011, elle a dirigé le
laboratoire des protéines de la Chaire de physique de la
matière molle, avec comme activité principale l’optimi-
sation de la purification des protéines des cristallins de
veaux. Ses travaux de recherche consistaient à étudier
les interactions des protéines du cristallin pour mieux
comprendre les causes physiques et moléculaires de la
cataracte. Puis, dès juillet 2011, Corinne Jud a travaillé à
la Chaire des bionanomatériaux où elle était respon-
sable de la mise en place, et plus tard de la direction, du
laboratoire cellulaire. Parallèlement, elle a dirigé – en
qualité de future utilisatrice – la transformation de la
Clinique Garcia en institut de nanotechnologie. En jan-
vier 2013, elle a été promue maître-assistante tout en
continuant à contribuer à la mise au point d’un modèle
de la zone alvéolaire des poumons par culture cellulaire
pour tester l’influence des nanoparticules sur cette zone,
la plus profonde des poumons.
Corinne Jud est mariée et habite à Marly. Tomates
jaunes, carottes violettes et pommes de terre bleues
colorent ses loisirs: avec son mari, elle se consacre à la
culture de légumes peu ordinaires. Parmi ses autres hob-
bies: les promenades, l’égyptologie, le sport – «Malheu-
reusement, je n’ai pas assez de temps pour le sport!» –
sans oublier ses trois chats.
Chez Agroscope à Posieux, elle s’est parfaitement
bien adaptée. Au cours des mois à venir, elle va participer
à la mise en place du nouvel Institut des sciences en pro-
duction animale afin qu’il se profile en tant qu’institut.
«Le potentiel est là», elle en est convaincue. L’un de ses
objectifs: obtenir de bons résultats avec son équipe, tout
en veillant à ce que ses collaboratrices et collaborateurs
soient certes stimulés, mais pas engloutis par le travail.
Si elle pouvait faire un vœu dans le domaine de la
recherche? – «Une pression raisonnable quant à la publi-
cation d’articles. C’est la qualité qui prime et non la
quantité.»
Christine Caron-Wickli, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras
Corinne Jud: «Je travaille pour la bonne cause»
*Depuis 1996, les prix de la Fondation Dimitri N. Chorafas sont attribués à des lau-réat-e-s des universités partenaires d’Europe, d’Amérique du Nord, du Moyen-Orient et d’Asie. Chaque année, 20 à 30 prix sont décernés aux doctorants élus par leur université pour l’excellence de leur travail de thèse dans des domaines divers.
502 Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 502–507, 2013
Actualités
A c t u a l i t é s
Henri Gilliand et Brice Dupuis, Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon
Theodor Ballmer, Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich
Surfaces* de plants de pommes de terre visitées et admises en Suisse 2013
*Surfaces provisoires, sous réserve de changements dus à des refus aux analyses virologiques (ELISA).
VariétéSurface inscrite
(ha)
Surface refuséeou retirée
(%)
Surface admise
Total pour toutes les classes de certification
(ha)
Répartition des surfacespar variété
(%)
Lady Christl 32,2 0,1 32,1 2,2
Agata 44,5 0,0 44,5 3,0
Annabelle 46,3 5,5 43,8 2,9
Amandine 46,1 0,0 46,1 3,1
Celtiane 12,5 0,0 12,5 0,8
Charlotte 174,2 1,7 171,3 11,5
Lady Felicia 42,3 6,2 39,7 2,7
Gourmandine 32,3 12,2 28,4 1,9
Bintje 20,0 0,6 19,9 1,3
Victoria 110,0 4,8 104,7 7,0
Ditta 52,3 0,0 52,3 3,5
Nicola 14,6 0,0 14,6 1,0
Désirée 39,3 0,0 39,3 2,6
Laura 13,9 9,9 12,5 0,8
Agria 431,8 4,8 410,8 27,5
Jelly 29,9 0,0 29,9 2,0
Challenger 17,7 17,5 14,6 1,0
Lady Claire 53,6 0,0 53,6 3,6
Innovator 97,5 0,0 97,5 6,5
Lady Rosetta 37,0 0,5 36,8 2,5
Pirol 12,0 0,0 12,0 0,8
Fontane 57,9 0,0 57,9 3,9
Hermes 12,1 1,7 11,9 0,8
Markies 68,9 5,4 65,1 4,4
Antina 2,5 0,0 2,5 0,2
Panda 31,5 3,2 30,5 2,0
Blaue St-Galler 6,1 0,0 6,1 0,4
Alexandra 3,1 0,0 3,1 0,2
2013 1541,9 3,1 1493,9 100
2012 1532,0 3,2 1483,0 100
503
A c t u a l i t é s
Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 502–507, 2013
N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s
ALP actuel 47
Les aliments pour animaux ne sont pas des produits thé-
rapeutiques. C’est pourquoi les allégations relatives aux
vertus curatives des aliments pour animaux ne sont pas
autorisées, ce qui est également ancré dans la législation
concernant les aliments pour animaux.
Pour de nombreuses personnes, le cheval représente
un fidèle compagnon pour les loisirs et le sport. Il n’est
dès lors pas étonnant que tout un chacun souhaite ache-
ter uniquement le meilleur pour son animal et se sente
ainsi concerné par les aliments pour animaux présentés
d’une façon «innovante». Cependant, de tels produits
ne satisfont souvent pas aux exigences de la législation
sur les aliments pour animaux, surtout en ce qui concerne
les allégations thérapeutiques. Si les dispositions ne sont
pas respectées, le Contrôle officiel des aliments pour
animaux d’Agroscope ALP-Haras peut prendre des
mesures administratives afin de garantir une distribu-
tion des produits conforme à la loi. La vente de produits
non conformes peut être interdite.
La présente fiche technique:
•• indique comment les amis du cheval peuvent recon-
naître rapidement les aliments pour animaux non
conformes et les formulations non autorisées;
•• explique la différence entre aliments pour animaux et
médicaments vétérinaires;
•• fournit des indications relatives aux exigences géné-
rales en matière de déclaration.
Walter Glauser et Heinrich Boschung
Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras
ALP actuel
Aliments pour chevaux: attention aux allégations thérapeutiques Fiche technique destinée à la pratique
nº 47 | 2013
Auteurs
Walter GlauserHeinrich BoschungAgroscope Liebefeld-Posieux ALP-HarasTioleyre 4CH-1725 [email protected]@agroscope.admin.ch
Les aliments pour animaux ne sont pas des produits thérapeutiques. C’est pour-quoi les allégations relatives aux vertus curatives des aliments pour animaux ne sont pas autorisées, ce qui est également ancré dans la législation concernant les aliments pour animaux. Pour de nombreuses personnes, le cheval représente un fidèle compagnon pour les loisirs et le sport. Il n’est dès lors pas éton-nant que tout un chacun souhaite acheter uniquement le meilleur pour son animal et se sente ainsi concerné par les aliments pour animaux présentés d’une façon «innovante». Cependant, de tels produits ne satisfont souvent pas aux exigences de la législation sur les aliments pour ani-maux, surtout en ce qui concerne les allé-gations thérapeutiques. Si les dispositions
ne sont pas respectées, le Contrôle officiel des aliments pour animaux d’Agroscope ALP-Haras peut prendre des mesures admi-nistratives afin de garantir une distribution des produits conforme à la loi. La vente de produits non conformes peut être interdite.
La présente fiche technique
• indique comment les amis du cheval peuvent reconnaître rapidement les aliments pour animaux non conformes et les formulations non autorisées;• explique la différence entre aliments pour animaux et médicaments vétérinaires;• fournit des indications relatives aux exigences générales en matière de déclaration.
Oliv
ier
Bloc
h, A
gros
cope
Impressum
Editeur: AgroscopeLiebefeld-Posieux ALP-Haraswww.agroscope.ch
Rédaction:Christine Caron-Wickli, Agroscope
Mise en page:RMG Design, Fribourg
Impression:Tanner Druck AG,Langnau im Emmental
Copyright:Reproduction autorisée sous condition d’indication de la source et de l’envoi d’une épreuve à l’éditeur.
ISSN 1660-7589
alp actuel 47_fr.indd 1 23.10.13 09:22
Aliments pour chevaux:attention aux allégations thérapeutiques
504
Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 502–507, 2013
Actualités
Rapport ART 767
La présente compilation de données contient des bases
et des valeurs indicatives pour l’indemnisation des
machines agricoles utilisées en commun. Les tarifs d’in-
demnisation ont un caractère purement indicatif. Ce
sont des valeurs calculées qui permettent d’utiliser la
machine en couvrant les coûts entre les exploitations
agricoles, dans le cadre des hypothèses admises. Dans la
pratique, les tarifs d’indemnisation négociés sont sou-
mis à la loi de l’offre et de la demande. Il peut donc y
avoir des écarts plus ou moins grands par rapport aux
tarifs ART. Les rendements se réfèrent uniquement au
temps de travail effectif au champ; les temps de panne,
de préparation et de trajet (sauf pour les véhicules de
transport) ne sont pas pris en compte. Par conséquent,
les tarifs indiqués ne peuvent pas être comparés direc-
tement à ceux des entreprises de travaux agricoles
(www.agrartechnik.ch). Les tarifs d’indemnisation s’ap-
pliquent par séquence de travail. Les coûts de carburant
sont toujours compris.
Pour le calcul des coûts dans les cas particuliers, les
hypothèses doivent être adaptées à la situation concrète
de l’exploitation.
Christian Gazzarin et Markus Lips, ART
Auteurs
Christian Gazzarin et Markus Lips, ART, christian.gazzarin@ agroscope.admin.ch
Impressum
Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction: ART
Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch
ISSN 1661-7576
Rapport ART 767
Coûts-machines 2013
Valable jusqu’en septembre 2014
Septembre 2013
La présente compilation de données contient des bases et des valeurs indica-tives pour l’indemnisation des machines agricoles utilisées en commun. Les tarifs d’indemnisation ont un caractère pure-ment indicatif. Ce sont des valeurs calcu-lées qui permettent d’utiliser la machine en couvrant les coûts entre les exploita-tions agricoles, dans le cadre des hypo-thèses admises. Dans la pratique, les tarifs d’indemnisation négociés sont soumis à la loi de l’offre et de la demande. Il peut donc y avoir des écarts plus ou moins grands par rapport aux tarifs ART. Les ren-dements se réfèrent uniquement au temps de travail effectif au champ; par consé-quent, les temps de panne, de préparation
et de trajet (sauf pour les véhicules de transport) ne sont pas pris en compte. Par conséquent, les tarifs indiqués ne peuvent pas être comparés directement à ceux des entreprises de travaux agricoles (www.agrartechnik.ch). Les tarifs d’indemnisa-tion s’appliquent par séquence de travail. Les coûts de carburant sont toujours com-pris. Pour le calcul des coûts dans les cas parti-culiers, les hypothèses doivent être adap-tées à la situation concrète de l’exploita-tion.
Sommaire
01. Véhicules à moteur 802. Equipements supplémentaires pour
vehicules à moteur 1203. Chars et remorques 1604. Travail du sol 1605. Semis et entretien 2006. Fumure et compostage 2407. Récolte de céréales, colza et maïs 3008. Récolte des pommes de terre,
du tabac et des betteraves 3209. Récolte des fourrages 3410. Stockage, reprise et distribution
du fourrage 3811. Autres équipements de ferme 4012. Travaux forestiers et engins de chantier 4213. Arboriculture fruitière (Données
se basent sur 8 ha) 4414. Viticulture et Vinification (Pour vigne -
rons-encaveurs avec 3–6 ha de vigne) 4615. Cultures maraîchères (Données
se basent sur 20 ha) 50
Les coûts de revient par unité de produit sont essentiellement déterminés par les coûts de machines. (Photos: Christian Gazzarin, ART)
Coûts-machines 2013
N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s
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Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 502–507, 2013
Actualités
Rapport ART 768
En 2012, les revenus par exploitation ont baissé par rap-
port à l’année précédente, en grande partie en raison des
rendements plus bas dans la production végétale. Le
revenu agricole se monte à 56 000 francs par exploitation,
contre 59 500 francs l’année précédente, ce qui repré-
sente une baisse de 5,9 %. Le revenu agricole rémunère
465 200 francs de fonds propres investis dans l’exploita-
tion ainsi que le travail de 1,21 unité de main d’œuvre
familiale par exploitation. Grâce à la nette baisse des taux
d’intérêt, le revenu du travail par unité de main d’œuvre
familiale à plein temps a augmenté de 0,5 % par rapport
à 2011, passant de 43 500 à 43 700 francs. La variation du
revenu du travail par rapport à l’année précédente
dépend considérablement du type d’exploitation. Les
exploitations de transformation, par exemple, ont pu
augmenter leur revenu du travail par unité de main-
d’œuvre familiale de 28 % par rapport à l’année précé-
dente, notamment grâce aux bons résultats de la produc-
tion porcine. Les exploitations de grandes cultures ont,
quant à elles, accusé une baisse de 9 % de leur revenu du
travail par unité de main-d’œuvre familiale, car l’année
2012, relativement moyenne, n’a pas pu réitérer les excel-
lents résultats de l’année végétale 2011.
Le revenu extra-agricole reste au même niveau qu’en
2011. Il représente 32 % du revenu total. Le revenu total
par exploitation a baissé de 3500 francs (–4,0 %) pour
atteindre 82 700 francs.
Dierk Schmid et Andreas Roesch, ART
Rapport ART 768
Evolution économique de l’agriculture suisse en 2012Rapport principal n° 36 du Dépouillement centralisé des données comptables
(série temporelle 2003–2012)
Impressum
Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction: ART
Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch
ISSN 1661-7576
Auteurs
Dierk Schmid et Andreas Rœsch, [email protected]œ[email protected]
Septembre 2013
En 2012, les revenus par exploitation ont baissé par rapport à l’année précédente, en grande partie du fait des rendements plus bas dans la production végétale. Le revenu agricole se monte à 56 000 francs par exploitation, contre 59 500 francs l’an-née précédente, ce qui représente une baisse de 5,9 %. Le revenu agricole rému-nère 465 200 francs de fonds propres investis dans l’exploitation ainsi que le travail de 1,21 unité de main-d’œuvre familiale par exploitation. Grâce à la nette baisse des taux d’intérêt, le revenu du travail par unité de main-d’œuvre familiale à plein temps a aug-menté de 0,5 % par rapport à 2011, pas-sant de 43 500 à 43 700 francs. La variation du revenu du travail par rapport à l’année précédente dépend considérablement du type d’exploitation. Les exploitations de transformation par exemple, ont pu aug-menter leur revenu du travail par unité de
main-d’œuvre familiale de 28 % par rap-port à l’année précédente, notamment grâce aux bons résultats de la production porcine. Les exploitations de grandes cul- tures ont, quant à elles, accusé une baisse de 9 % de leur revenu du travail par unité de main-d’œuvre familiale, car l’année 2012, relativement moyenne, n’a pas pu réitérer les excellents résultats de l’année végétale 2011.Le revenu extra-agricole reste au même niveau qu’en 2011. Il représente 32 % du revenu total. Le revenu total par exploita-tion a baissé de 3500 francs (–4,0 %) pour atteindre 82 700 francs.
L’année 2012, relativement moyenne, n’a pas pu réitérer les excellents résultats de l’annéevégétale 2011. (Photo: Robert Meier, Agroscope)
Des résultats détaillés portant sur l’ensemble de l’exploitation se trou-vent dans les tableaux des pages 10 à 19.
Evolution économique de l’agriculture suisseen 2012
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www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen
Actualités
Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 502–507, 2013
C o m m u n i q u é s d e p r e s s e
18.10.2013 L‘Université de Hohenheim et Agroscope ont signé un contrat de coopération De par ses conditions naturelles, l‘agriculture en Suisse
est très proche de celle du sud de l’Allemagne. Les condi-
tions cadres de la politique sont par contre très diffé-
rentes. Pour les agronomes des deux pays, la coopéra-
tion en est d’autant plus intéressante et prometteuse.
Lors de la cérémonie de signature qui a eu lieu le
17.10.2013, l’Université de Hohenheim et Agroscope ont
décidé d’approfondir leur collaboration à l’avenir.
14.10.2013 Le millésime viticole 2013 est-il vraiment aussi tardif qu’on veut bien le dire? Agroscope fait le pointIl y a longtemps que la vigne n’avait pas fleuri aussi tardi-
vement: le mois de mai a été glacial et la dernière décade
de juin caractérisée par un dernier et vigoureux retour de
froid. Ce développement printanier laborieux a d’autant
plus frappé les esprits que l’année 2013 succède à une
série presque ininterrompue de millésimes très précoces
depuis plus de vingt ans. Certains médias ont pris le relais
des préoccupations de quelques professionnels, parlant
même parfois de millésime particulièrement tardif.
Qu’en est-il vraiment? Depuis 1925, l’observation en
continu des principaux stades de développement du
cépage Chasselas au centre de recherche Agroscope de
Pully permet d’apporter des éléments de réponse.
A un printemps vraiment maussade a succédé bien
heureusement un été splendide en juillet et août, hor-
mis quelques violents épisodes orageux accompagnés
de grêle qui ont touché certains vignobles. Meteosuisse
signale même qu'il s'agit du septième été le plus chaud
depuis le début des mesures en 1864 sur le plan national.
La floraison amorcée le 1er juillet s'est terminée le 8 du
même mois, ce qui est très court. Le retard de deux
semaines enregistré au début de la floraison n'atteignait
déjà plus que 9 jours en fin de floraison.
Dans ce contexte favorable, la maturation a débuté
le 18 août, le retard se réduisant encore à 5 jours par
rapport à la moyenne 1925–2013, ou à 11 jours si l'on
considère les vingt dernières années. Le mois de sep-
tembre aura été favorable à la maturation, offrant
notamment de très belles conditions au début et à la fin
du mois. Le retard important d'une quinzaine de jours
noté à la floraison était ainsi pratiquement résorbé à fin
septembre. Les vendanges 2013 se sont donc déroulées
durant le mois d'octobre à des dates conformes à la
moyenne de longue durée.
03.10.2013 Economie verte: l’éco-conception doit faire progresser l’économie agroalimentaire Le secteur agroalimentaire doit aussi apporter sa contri-
bution à l’économie verte. Les analyses de cycle de vie
sont un moyen de développer des produits respectueux
des ressources. Le recours aux méthodes d’éco-concep-
tion dans l’agriculture n’en est toutefois qu’à ses débuts.
01.10.2013 AlpFUTUR: quel avenir pour l’économie alpestre en Suisse? Dans le programme de recherche «AlpFUTUR – Avenir
des pâturages d’estivage en Suisse», 17 institutions ont
étudié pendant cinq ans et de manière approfondie les
perspectives d’avenir de l’économie alpestre suisse. Le
1er octobre, environ 160 chercheurs, alpagistes, repré-
sentants des autorités, conseillers et autres personnes
intéressées par les alpages se sont réunis à Schüpfheim
(LU) et ont pu obtenir une vue d’ensemble des résultats
et des recommandations. La nouvelle publication Alp-
FUTUR avec ses deux documentaires en DVD illustre la
mise en pratique des résultats.
26.09.2013 Prunes et pruneaux suisses: une incroyable diversité variétale Pour l’agriculture et la recherche, la diversité des varié-
tés de fruits est une ressource pour cultiver des arbres
bien adaptés aux conditions locales et pour sélection-
ner de nouvelles variétés enrichies des propriétés inté-
ressantes des plus anciennes. Agroscope dispose
aujourd’hui des résultats sur la diversité variétale des
prunes et des pruneaux. Le nombre de variétés géné-
tiquement distinctes est plus élevé que prévu: sur
400 accessions étudiées, les deux tiers possèdent des
profils uniques, soit 285 variétés. À titre de comparai-
son, ce taux de diversité est nettement moins élevé
chez les pommes puisque, sur les 2500 variétés recen-
sées en Suisse, 1300 sont des variétés distinctes, soit à
peine plus de la moitié.
www.agroscope.admin.ch/communiques
507
Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen
Actualités
Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 502–507, 2013
M a n i f e s t a t i o n s
Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations
L i e n s i n t e r n e t
Centre national de données et d’infor-mations sur la flore de Suisse
www.infoflora.ch
Info Flora est une fondation privée, d’utilité publique, à
but non lucratif, active dans le domaine de l'information et
de la promotion des plantes sauvages en Suisse. Sur son site
Internet, vous y trouverez un carnet en ligne pour trans-
mettre vos observations, des informations sur les plantes
néophytes envahissantes, des publications, des cours sur la
flore sauvage suisse et bien d’autres choses encore.
Novembre 2013
21.11.2013Congrès PAN-RPGAA 15 ans de plan d’action national la conservation de la diversité variétale des plantes cultivées – où en sommes-nous aujourd’hui? OFAG et Commission suisse pour la conservation des plantes cultivéesInforama Rütti, ZollikofenInformations: www.cpc-skek.ch
25. – 26.11.2013Swiss Food InnoTech ForumSwiss Food ResearchCongress Center, Messe Basel
Janvier 2014
18.01.2014Journée d’information HAFLHaute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFLZollikofenInformations: www.hafl.bfh.ch
21. – 24.01.2014Agroscope à AgrovinaMartigny
23.01.2014Nachhaltigkeitstagung 2014«Wasser in der Landwirtschaft – heute und in Zukunft»AgroscopeAgroscope, 8046 Zurich
31.01.2014Pflanzenschutztagung Feldbau 2014Agroscope, 8046 Zurich
V o r s c h a u
Janvier 2014 / Numéro 1
Le 1er janvier 2014, les trois stations de recherches actuelles (ACW, ALP-Haras et ART) seront réunies sous un même toit, celui d’Agroscope. Le nouveau mandat de prestations d’Agroscope (2014 -2017) englobe six pôles thématiques qui seront traités en commun par plusieurs instituts d’Agroscope. Vu la pénurie annoncée des ressources, la mis-sion de la recherche agroalimen-taire consistera désormais à trou-ver des solutions innovatrices.
D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o
•• L’économie agroalimentaire devant des défis de
taille, Michael Gysi et Bernard Lehmann, Agroscope
et OFAG
•• La diversité génétique dans l'agriculture, Roland
Kölliker et al., Agroscope
•• Série Proficrops: Des idées qui ont changé la
recherche en production végétale, Anna Crole-Rees
et al., Agroscope et Institut Entrepreneurship &
Management IEM
•• Structures fines et grossières des ingrédients d’ali-
ments pour poulets à l’engrais, Danielle Albiker et
Ruedi Zweifel, Aviforum
•• Réseau agri benchmark: Comparaison de la produc-
tion agricole dans le contexte international, Hilde-
gard Garming et Ester Bravin, Johann Heinrich von
Thünen-Institut (Braunschweig) et Agroscope
Donnerstag, 23. Januar 2014
1.Agroscope-Nachhaltigkeitstagung 2014«Wasser in der Landwirtschaft – heute und künftig»
Institut für Nachhaltigkeitswissenschaften
Themen• Wasserressourcen in der Schweiz heute und morgen• Auswirkungen des Klimawandels auf die Landwirtschaft• Anpassungen bei Landnutzung und Bodenbearbeitung• Neues zur Bewässerung verschiedener Kulturen• Politische Rahmenbedingungen
Anmeldeschluss: 10. Januar 2014
TagungsortAgroscopeVortragssaal in Zürich, ReckenholzReckenholzstrasse 191, 8046 Zürich
Detailprogramm und Anmeldungwww.agroscope.ch > Veranstaltungen> 1. Agroscope-Nachhaltigkeitstagung
Informations actuelles de la recherche
pour le conseil et la pratique:
Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois
par année et informe sur les avancées en
production végétale, production animale,
économie agraire, techniques agricoles,
denrées alimentaires, environnement et
société. Recherche Agronomique Suisse
est également disponible on-line sous
www.rechercheagronomiquesuisse.ch
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RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe
Talon réponse à envoyer à:Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-PosieuxALP-haras, case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21,fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.chwww.rechercheagronomiquesuisse.ch
Nom/Société
Prénom
Rue/N°
Code postal /Ville
Profession
Date
Signature
Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz est une publica-
tion des stations de recherche agronomique
Agroscope et de leurs partenaires. Les parte-
naires sont l’office fédéral de l’agriculture
ofAg, la haute école des sciences agrono-
miques, forestières et alimentaires hAfL,
AgRiDeA Lausanne & Lindau et l’ecole
polytechnique fédérale de zurich eTh zürich,
Département des Sciences des Systèmes de
l’environnement. Agroscope est l’éditeur.
cette publication paraît en allemand et en
français. elle s’adresse aux scientifiques,
spécialistes de la recherche et de l’industrie,
enseignants, organisations de conseil et de
vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux,
praticiens, politiciens et autres personnes
intéressées.