recherche agronomique suisse, numéro 5, 2015

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RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE Mai 2015 | Numéro 5 Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich | FiBL Environnement Encouragement de la biodiversité axé sur les résultats: acceptation en région de montagne Page 188 Economie agricole Influence du taux de change sur les exportations agroalimentaires suisses Page 196 Eclairage Congrès international sur la reproduction humaine et animale Page 224

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Page 1: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

RECHERCHEAGRONOMIQUESUISSE

M a i 2 0 1 5 | N u m é r o 5

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Environnement Encouragement de la biodiversité axé sur les résultats: acceptation en région

de montagne Page 188

Economie agricole Influence du taux de change sur les exportations agroalimentaires suisses Page 196

Eclairage Congrès inter national sur la reproduction humaine et animale Page 224

Page 2: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Dans les régions de montagne suisses, la biodiversité repré-sente une ressource importante à divers points de vue. Les cher-cheurs et chercheuses de l’ETH Zurich et du FiBL ont interrogé des exploitants de montagne au sujet des deux approches mises en place par la Confédération pour promouvoir la biodiversité: l’approche axée sur les mesures et l’approche axée sur les résultats. (Photo: Gabriela Brändle, Agroscope)

ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

EditeurAgroscope

Partenairesb Agroscope (Institut des sciences en production végétale IPV;

Institut des sciences en production animale IPA; Institut des sciences en denrées alimentaires IDA; Institut des sciences en durabilité agronomique IDU), www.agroscope.ch

b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.ofag.chb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.chb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.chb Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,

Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.chb Institut de recherche de l'agriculture biologique FiBL, www.fibl.org

Rédaction Direction et rédaction germanophoneAndrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 58 466 72 21, fax +41 58 466 73 00

Rédaction francophoneSibylle Willi, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, case postale 1012, 1260 Nyon 1, tél. +41 58 460 41 57

SuppléanceJudith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, case postale 1012, 1260 Nyon 1, tél. +41 58 460 41 82

e-mail: [email protected]

Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Responsable Corporate Communication Agroscope), Evelyne Fasnacht, Erika Meili et Sibylle Willi (Agroscope), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich), Thomas Alföldi (FiBL).

AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne/App: CHF 61.–*

* Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch

AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Agroscope, case postale 64, 1725 Posieux e-mail: [email protected], fax +41 26 407 73 00

Changement d'adressee-mail: [email protected], fax +41 31 325 50 58

Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch

ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse

© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

SommaireMai 2015 | Numéro 5

187 Editorial

Environnement

188 Encouragement de la biodiversité axé sur les résultats: acceptation en région de montagne

Sophia Rudin, Otto Schmid et Florian Knaus

Economie agricole

196 Quelle est l’influence du taux de change sur les exportations agroalimentaires suisses? Andreas Kohler et Ali Ferjani

Economie agricole

202 Classes ou labels? Prix et qualité de la viande bovine

Stefan Mann et Daniel Erdin

Production végétale

210 Ramularia collo-cygni – un nouveau champignon pathogène de l’orge

Peter Frei et Katia Gindro

Société

218 Réorganisation du système de connais-sances agricoles en Suisse

Robert Obrist, Heidrun Moschitz et Robert

Home

Eclairage

224 Du laboratoire à la pratique: congrès inter national sur la reproduction humaine et animale

David Kradolfer, Martin Kaske et Susanne E.

Ulbrich

Eclairage

228 Sécurité microbiologique et chimique des aliments

Marc Mühlemann

231 Actualités

232 Interview

235 Manifestations

Liste variétale

Encart Liste recommandée des variétés de colza d’automne pour la récolte 2016

Alice Baux, Carolin Luginbühl et Yves Grosjean

Page 3: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Editorial

187

Jean-Philippe Mayor et Arnold Schori, Agroscope

Diversité génétique et efficience en sélection

Chère lectrice, cher lecteur,

La diversification du blé remonte au Néolithique et aux débuts de l’agriculture.

L’évolution du blé vers les formes actuelles a été initiée dans le Croissant fertile

par croisements spontanés entre trois graminées sauvages. Le talent des agricul-

teurs, les migrations humaines et les échanges de semences ont favorisé l’appari-

tion et l’utilisation par l’homme des mutations les plus utiles, aboutissant à la

vaste diversité actuelle du blé et de sa culture, bien au-delà de sa zone d’origine.

La diversité génétique est la matière première de tout progrès en création

variétale. Les gènes (et non les variétés), intéressent le sélectionneur, car ils

peuvent être combinés par croisement. Pour la conservation de ce patrimoine, on

parle justement de banques de gènes, et non de collections de variétés.

Collaborations internationales

Le sélectionneur privilégie les gènes intéressants présents dans des variétés les

plus proches de ses objectifs de sélection. Il organise pour cela des échanges de

géniteurs au niveau planétaire.

Ces échanges sont actuellement fragilisés par de nouveaux systèmes de pro-

tection variétale, par la concentration de la sélection auprès de quelques acteurs

majeurs et partiellement par le Protocole de Nagoya. Celui-ci considère les res-

sources génétiques comme «patrimoine national» et non plus comme «patri-

moine commun de l’humanité», avec les dérives possibles vers la marchandisa-

tion du vivant.

Enfin, le développement fulgurant de la transgénèse, actuellement liée au

brevet, interdit l’utilisation en sélection d’une part croissante de variétés

modernes. Ainsi, sur soja, la quasi-totalité des nouvelles variétés nord-améri-

caines ne sont plus utilisables en croisement, en raison des brevets et des diffé-

rences de législation concernant la culture des OGM.

Les sélectionneurs d’Agroscope entretiennent un vaste réseau de collabora-

tion et d’échange de matériel génétique avec les acteurs des domaines publics et

privés de l’amélioration variétale, dans le monde entier et pour certains depuis

des décennies. Ainsi, 57 % des blés d’automne et 100 % des sojas d’Agroscope ont

au moins un ascendant étranger.

Ces échanges représentent une situation gagnant-gagnant pour les parte-

naires et sont d’une absolue nécessité pour la poursuite du progrès génétique et

la relève des défis à venir, comme l’adaptation aux nouvelles maladies, au chan-

gement climatique ou à l’intensification écologique.

Une collaboration entre Agroscope, l’obtenteur allemand Deutsche Saatvere-

delung AG et Delley Semences et Plantes SA sur blé de printemps verra le jour

cette année. Ce rapprochement impliquera un programme de croisement com-

mun, le partage du matériel génétique disponible, des lieux de sélection et

d’infrastructures ainsi qu’une mise en commun des compétences. Cette collabo-

ration aboutira à la co-obtention de variétés, à un renforcement et à une meil-

leure efficience du programme suisse, élargissant ainsi notre impact vers de nou-

veaux marchés. Notre mission de servir en priorité les besoins suisses et nos

objectifs à long terme (rusticité et résistances, qualité et rendement) seront ren-

forcés, de même que notre contribution à la sélection mondiale.

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 187, 2015

Page 4: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

188 Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 188–195, 2015

Pour contrer la diminution de la biodiversité dans les

zones agricoles suisses, la Confédération paie des

contributions pour la biodiversité selon une approche

axée sur les mesures (AAM) et une approche axée sur

les résultats (AAR) (Conseil fédéral 2014). L’AAM per-

met aux agricultrices et agriculteurs de recevoir des

paiements directs quand ils mettent en œuvre des

mesures d’exploitation précisément définies (Burton et

al. 2013). La réalisation insuffisante des objectifs écolo-

giques avec l’AAM a provoqué l’introduction supplé-

mentaire de l’AAR – en Suisse dans le cadre de l’ordon-

nance sur la qualité écologique (Lachat et al. 2010;

Mann 2010).

I n t r o d u c t i o n

Dans les régions de montagne Suisses, la biodiversité

représente une ressource importante à divers points de

vue car ces régions, en tant que hauts lieux de biodiver-

sité uniques, contiennent un riche réservoir génétique,

une faune et une flore diversifiées et développent les

milieux les plus divers (Klaus 2013). Dans les régions de

montagne, la biodiversité est actuellement menacée

d’une part par l’intensification des surfaces favorables et

d’autre part par l’abandon des surfaces marginales

(Peter et al. 2009; Dietschi et al. 2007; MacDonald et al.

2000; Tasser et al. 2002).

Encouragement de la biodiversité axé sur les résultats: acceptation en région de montagneSophia Rudin1, Otto Schmid2 et Florian Knaus1

1Ecosystem Management, Département des sciences des systèmes de l’environnement, ETH Zurich, 8092 Zurich, Suisse2Institut de recherche de l'agriculture biologique FiBL, 5070 Frick, Suisse

Renseignements: Sophia Rudin, e-mail: [email protected]

Mesures en faveur de la biodiversité en cours de réalisation, axées sur les résultats: prairie extensive en montagne, de qualité écologique 2 pour des espèces cibles et caractéristiques entourée de bosquets d’épineux indigènes, d’arbres isolés et de lisières de forêt étagées comme éléments de mise en réseau écologique. (Photo: Florian Knaus)

E n v i r o n n e m e n t

Page 5: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Encouragement de la biodiversité axé sur les résultats: acceptation en région de montagne | Environnement

189

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 188–195, 2015

Pour maintenir et encourager la biodiversité

dans la zone agricole, la Confédération soutient

les surfaces de promotion de la biodiversité

(SPB) en suivant deux approches différentes:

avec l’approche axée sur les mesures (AAM), les

agricultrices et agriculteurs sont dédommagés

pour des mesures définies; avec l’approche

axée sur les résultats (AAR) ils le sont pour des

résultats définis. On attend de cette deuxième

approche, qui dans l’ordonnance sur les

paiements directs se fonde sur l’AAM, une plus

grande efficacité. C’est particulièrement

important en zone de montagne, où on

s’attend à une aggravation des pertes de

biodiversité. La réussite des mesures axées sur

les résultats nécessite un grand engagement

des agriculteurs de montagne et leur adhésion

à cette approche. L’acceptation de l’AAR

comparée à l’AAM a été analysée dans cette

étude, ainsi que la disposition des agriculteurs

de montagne à s’engager dans cette voie. Sur

les 146 agriculteurs suisses-allemands de

montagne interrogés par questionnaire écrit,

trois quarts d’entre eux préfèrent l’AAM à

l’AAR pour l’encouragement de la biodiversité,

au motif qu’elle implique moins de contrôles et

garantit mieux le versement des paiements

directs. Les agriculteurs de montagne qui

pratiquent une agriculture biologique et/ou

extensive sont plus disposés à appliquer l’AAR.

Tous les sondés demandent une prolongation

des horizons de planification et une augmenta-

tion des contributions pour les SPB avant de

s’engager plus fortement pour l’AAR comme

pour l’AAM. Ces résultats pourraient être

utilisés par les pouvoirs publics pour élaborer

des concepts de communication et de forma-

tion plus efficaces, plus adaptés aux besoins de

différents groupes de paysans, et plus

conformes aux objectifs pour les agriculteurs

de montagne.

L’AAR permet aux paysannes et paysans de recevoir des

contributions pour la biodiversité s’ils obtiennent des

résultats écologiques, comme par exemple l’apparition de

certaines espèces cibles (Burton et al. 2013). Les agricul-

teurs décident eux-mêmes des mesures à prendre pour

atteindre le résultat écologique souhaité. Vu qu’on

cherche à favoriser spécifiquement certaines espèces cibles

et caractéristiques, cette approche permet d’atteindre des

résultats écologiques importants pour la biodiversité avec

plus d’efficacité qu’avec l’AAM (Sabatier et al. 2012).

Les paysannes et paysans de montagne suisses

doivent faire preuve d’un grand engagement pour réa-

liser les mesures axées sur les résultats. Cet engagement

ne peut se développer que si l’AAR jouit d’une bonne

acceptation. On ne sait cependant pas encore si les pay-

sans de montagne suisses acceptent l’AAR parce qu’il

n’y a pas encore d’études empiriques. Le présent travail

doit combler cette lacune en étudiant l’acceptation de

l’AAR par les paysans de montagne suisses par rapport

à l’AAM, et en analysant les raisons et les facteurs qui

influencent la disposition en faveur de cette approche.

Le travail résume aussi les conditions-cadres que les

paysans de montagne considèrent comme nécessaires

pour renforcer l’encouragement de la biodiversité. En

font partie des facteurs comme la vulgarisation et la

formation en écologie ainsi que certains aspects de la

politique agricole.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Pour répondre aux questions posées au début, un ques-

tionnaire de huit pages a été élaboré en allemand. Il

comportait des questions sur des caractéristiques socio-

démographiques et gestionnelles, l’engagement actuel

des paysans de montagne pour encourager la biodiver-

sité, l’acceptation de l’AAR, la disposition à s’engager à

l’avenir pour un encouragement de la biodiversité axé

sur les résultats, ainsi que le soutien désiré pour

atteindre cet objectif. L’intensité de la production a été

évaluée par la charge en bétail et la fréquence des

coupes des prairies. L’engagement actuel pour l’encou-

ragement de la biodiversité a été évalué à l’aide de la

proportion de SPB de différents niveaux de qualité en

comparaison avec l’ensemble de la surface agricole utile.

La disposition à s’engager pour un encouragement de

la biodiversité axé sur les résultats a été enregistrée via

des questions sur des mesures concrètes d’encourage-

ment de la biodiversité axées sur les résultats. Les ques-

tions étaient de type fermé, les réponses multiples ont

été notées sur une échelle de cinq degrés (1 = pas juste,

2= pas vraiment juste, 3 = partiellement juste, 4 = assez

juste, 5 = juste).

Page 6: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Environnement | Encouragement de la biodiversité axé sur les résultats: acceptation en région de montagne

190

Le questionnaire a été testé au printemps 2014 dans

une étude préliminaire qualitative comprenant 21 pay-

sans de montagne lucernois participant au projet MERIT

pour vérifier la pertinence des questions et les complé-

ter du point de vue de la pratique. Le questionnaire

révisé a ensuite été envoyé à 1000 paysans de montagne

suisses-allemands ayant droit aux paiements directs,

choisis au hasard dans la banque suisse des données

agricoles. Sur les 1000 questionnaires, 257 ont été

envoyés en Suisse orientale (y compris Zurich), 302 en

Suisse centrale, 13 en Suisse du nord-ouest et 428 dans

les parties germanophones de l’Espace Mittelland (can-

tons de Berne, Fribourg, Soleure, Neuchâtel et Jura) et

du Valais. L’échantillon a été stratifié selon les critères

zone de montagne (zones de montagne I à IV) et sys-

tème de production (production biologique ou non bio-

logique). Le choix au hasard stratifié a été effectué par

l’Office fédéral de l’agriculture. Un total de 146 ques-

tionnaires remplis ont été mis en valeur statistiquement

(retour 20 %). L’échantillon est représentatif du point de

vue de l’âge, de la surface agricole et de la charge en

bétail. L’échantillon n’est pas représentatif pour la pro-

portion de producteurs biologiques; les fermes bio sont

surreprésentées dans l’échantillon (moyenne suisse en

zone de montagne: 18 %, échantillon 35 %).

Les questionnaires ont été mis en valeur à l’aide de

statistiques descriptives et de tests statiques (tests t pour

les raisons du choix de l’AAR et de l’AAM et corrélation

de Pearson resp. test du khi carré pour l’analyse des fac-

teurs d’influence). Tous les calculs ont été effectués avec

le programme SPSS (Version 22.0., Armonk, NY: IBM

Corporation).

R é s u l t a t s

Nette préférence pour l’approche axée sur les mesures

Trois quarts des paysans de montagne interrogés pré-

fèrent l’AAM à l’AAR pour l’encouragement de la biodi-

versité, indépendamment des caractéristiques sociodémo-

graphiques et entrepreneuriales (fig. 1). Les agriculteurs

Figure 1 | Préférences des agriculteurs de montagne interrogés concernant les types d’approche pour l’encouragement de la biodiversité (n = 146).

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 188–195, 2015

0

10

20

30

40

50

60

70

80

Approche axée sur les résultats (AAR)

Approche axée sur les mesures (AAM)

Pour

cent

ages

des

agr

icul

teur

s [%

]

Approche axé sur les résultats:

Comparaison Suisse-Europe

L’AAR se trouve en partie dans l’ordonnance fé-

dérale sur la qualité écologique, au chapitre des

surfaces de promotion de la biodiversité (SPB) du

niveau de qualité 2 (définition d’un nombre mini-

mal d’espèces cibles), et en partie dans les pro-

jets de mises en réseau (Conseil fédéral 2014).

Il y a en Allemagne et en France des AAR purs

(Nitsch 2014). En Suisse, l’AAR et couplée à

l’AAM parce que la condition de base pour

l’obtention des paiements directs est le respect

de certaines mesures des SPB de niveau de

qualité 1 (prescriptions entre autres sur la pro-

portion minimale de la surface agricole, sur les

dates et la fréquence des coupes et des utilisa-

tions des prairies et des pâturages).

L’intérêt pour l’AAR a augmenté dans toute

l’Europe au cours de la dernière décennie (Bur-

ton et al. 2013): Des projets de recherche sont

en cours, comme celui cofinancé par l’Office

fédéral de l’agriculture – le projet de l’UE ME-

RIT, Merit-based income from sustainable land

management in mountain farming (MERIT

2014). L’Institut de recherche de l'agriculture

biologique (FiBL) de Frick et des partenaires de

quatre pays européens de l’Arc alpin (Autriche,

France, Italie et Slovénie) étudient si des sys-

tèmes étatiques et privés d’encouragement de

la diversité naturelle, davantage axés sur les

résultats que sur les mesures, pourraient s’avé-

rer particulièrement intéressants pour les agri-

culteurs et pour la politique. Le département

de l’environnement de la Commission euro-

péenne a en outre organisé fin septembre 2014

à Bruxelles une conférence sur le thèmes des

paiements pour la biodiversité axés sur les ré-

sultats dans les programmes agro-environne-

mentaux et a réalisé sur son site internet une

plateforme d’information avec des exemples

(RBAPS 2014).

Page 7: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Encouragement de la biodiversité axé sur les résultats: acceptation en région de montagne | Environnement

191

culteurs de montagne une explication plus claire de ce

qu’ils doivent faire pour avoir les paiements directs et

une meilleure garantie de recevoir vraiment les paie-

ments directs. Les agriculteurs de montagne qui pré-

fèrent l’AAR pensent que celle-ci favorise plus directe-

ment et efficacement la biodiversité.

Exploitations bio et extensives plus engagées

La disposition des agriculteurs de montagne à réaliser

des mesures d’encouragement de la biodiversité axées

sur les résultats est influencée significativement par

leur engagement actuel pour l’encouragement de la

biodiversité, leur mode de production et l’intensité de

leur production (tabl. 2). Plus les agriculteurs de mon-

tagne s’engagent déjà pour la biodiversité avec des

SPB de tous les niveaux de qualité, plus ils auront ten-

dance à vouloir s’engager ensuite pour un encourage-

ment de la biodiversité axé sur les résultats. Les agricul-

de montagne qui préfèrent l’AAM ne se différencient pas

significativement des agriculteurs de montagne qui pré-

fèrent l’AAR. Il existe cependant de petites différences

non significatives entre les deux groupes: il y a davan-

tage d’agriculteurs de montagne biologiques parmi les

agriculteurs de montagne qui soutiennent l’AAR (43%)

que parmi les agriculteurs de montagne préférant l’AAM

(35 %). Les agriculteurs de montagne qui préfèrent l’AAR

ont une charge en bétail un peu plus faible (1,1 UGBF)

que les agriculteurs de montagne qui préfèrent l’AAM

(1,3 UGBF).

Les raisons de préférer l’une des deux approches dif-

férentes sont multiples (tabl. 1). Les agriculteurs de mon-

tagne qui préfèrent l’AAM pensent que cette approche

nécessite moins de contrôles et de spécialistes pour la

mise en valeur des résultats des mesures, qu’elle est plus

simple à contrôler et qu’elle offre donc les mêmes condi-

tions à tous les agriculteurs. L’AAM apporte à ces agri-

Raison Approche Valeur moyenne1 Valeur-p2

Cette approche favorise plus directement et plus efficace-ment la biodiversité.

MOA 3,42***

ROA 4,09

Cette approche me montre mieux ce que je dois faire pour avoir les paiements directs.

MOA 4,19**

ROA 3,53

Cette approche nécessite moins de contrôles et de spéci-alistes pour la mise en valeur des résultats des mesures.

MOA 4,10***

ROA 2,87

Cette approche me donne une meilleure garantie de rece-voir vraiment les paiements directs.

MOA 4,11**

ROA 3,31

Cette approche est plus simple à contrôler et offre donc les mêmes conditions à tous les agriculteurs.

MOA 4,19**

3,471Valeurs de l’échelle: 1 = pas juste, 2= pas vraiment juste, 3 = partiellement juste, 4 = assez juste, 5 = juste2Test t qui compare les valeurs de la préférence pour l’AAR et l’AAM. Niveau de signification: *p < 0,05, ** p < 0,01, *** p < 0,001.

Facteurs d’influenceValeur Pearson resp. valeur du khi carré

Valeur P

Engagement actuel pour les surfaces de promotion de la biodi-versité (SPB)

0,234 a **

Engagement actuel pour les mesures d’encouragement de la biodiversité axées sur les résultats

18,964 b ***

Production biologique selon Bio Suisse versus production inté-grée selon IP-Suisse

5,413 b *

Production biologique selon Bio Suisse versus production con-ventionnelle selon les prestations écologiques requises (PER)

8,610 b **

Charge en bétail [UGBF/ha] ‒0,264 a **

Fréquence des coupes dans les prairies intensives ‒0,250 a **aCorrélation Pearson, b test du khi carré.

Niveau de signification: *p < 0,05, ** p <0,01, *** p < 0,001.

Tableau 1 | Raisons expliquant la préférence pour l’AAR ou l’AAM du point de vue des agriculteurs de montagne interrogés (n = 146)

Tableau 2 | Facteurs influençant la disposition des agriculteurs de montagne interrogés à réaliser des mesures d’encouragement de la bio-diversité axées sur les résultats (n = 146)

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 188–195, 2015

Page 8: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Environnement | Encouragement de la biodiversité axé sur les résultats: acceptation en région de montagne

192

teurs de montagne qui travaillent en bio sont

davantage prêts à favoriser la biodiversité avec des

AAR que les agriculteurs de montagne qui produisent

des denrées alimentaires en intégré selon les directives

d’IP-Suisse ou en conventionnel selon les prestations

écologiques requises (PER). Les agriculteurs de mon-

tagne qui font de la production intensive sont moins

prêts à s’engager pour un encouragement de la biodi-

versité axé sur les résultats que les agriculteurs de mon-

tagne qui cultivent leurs terres de manière plus exten-

sive.

Sécurité de planification à plus long terme exigée

Une sécurité de planification à plus long terme est exi-

gée dans le domaine des paiements directs, afin d’aug-

menter les mesures d’encouragement de la biodiversité.

Les agriculteurs de montagne préfèrent en outre des

contributions pour la biodiversité plus élevées, une

bonne vulgarisation et une augmentation de la

demande pour leurs produits (fig. 2). Les canaux de vul-

garisation préférés sont les services cantonaux de vulga-

risation, les revues agricoles spécialisées, le préposé

local à l’agriculture (agriculteur qui fonctionne comme

intermédiaire entre l’agriculture et la commune) et

l’union paysanne régionale. Pour les agriculteurs de

montagne qui préfèrent les AAR, les formations conti-

nues, l’acceptation sociale des mesures (par la famille,

les voisins, les collègues et la société) et une étroite col-

laboration avec d’autres agriculteurs de montagne sont

plus importantes que pour les agriculteurs de montagne

préférant les AAM.

D i s c u s s i o n

La majorité des agricultrices et agriculteurs de montagne

interrogés préfèrent les mesures d’encouragement de la

biodiversité axées sur les mesures avant tout pour des

motifs financiers, pour la clarté des instructions pour

l’exploitation et pour la meilleure garantie de recevoir

les contributions pour les SPB. Une minorité des agricul-

teurs de montagne interrogés est prête à se préoccuper

davantage des résultats écologiques (espèces cibles défi-

nies) et des mesures d’encouragement de la biodiversité

qui sont nécessaires pour cela dans leur exploitation. Ils

pensent en effet que cela permet de favoriser plus effi-

cacement la biodiversité.

La préférence des agriculteurs de montagne est vrai-

semblablement faussée en direction de l’AAR par la sur-

représentation des agriculteurs biologiques. Il n’y a pas

de chiffres comparables en Suisse. Dans une étude faite

0%

5%

10%

15%

20%

25%

Grande

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Agriculteurs de montagne qui préfèrent l'approche axée sur les résultats

Agriculteurs de montagne qui préfèrent l'approche axée sur les mesures

Figure 2 | Facteurs cités par les agriculteurs de montagne concernant le soutien de la réalisation de l’encouragement de la biodiversité (n = 146; réponses multiples possibles).

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 188–195, 2015

Page 9: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Encouragement de la biodiversité axé sur les résultats: acceptation en région de montagne | Environnement

193

L’augmentation des paiements directs écologiques peut

en plus obtenir un élargissement ou une amélioration

des SPB. Des incitations pourraient être créées par un

élargissement des paiements, surtout pour les prairies

et pâturages extensifs et peu intensifs, ou par un dépla-

cement des paiements directs vers la qualité et la mise

en réseau des SPB.

Outre les aspects financiers, la vulgarisation faite par

les vulgarisateurs régionaux, les préposés communaux à

l’agriculture ou les associations paysannes locales est

utile pour montrer les possibilités et l’utilité de l’encou-

ragement de la biodiversité dans les exploitations. Pour

les agriculteurs qui préfèrent l’AAR, la vulgarisation

devrait plutôt porter davantage sur les interactions éco-

logiques et les besoins des espèces cibles et caractéris-

tiques. Pour interpeller les agriculteurs qui préfèrent

l’AAM, il faudrait focaliser la vulgarisation sur la compa-

tibilité de l’économie et de l’écologie dans les exploita-

tions. Comme l’avaient montré plusieurs discussions

avec des agriculteurs de montagne pendant l’étude pré-

liminaire, les possibilités de réalisation de mesures d’en-

couragement de la biodiversité dans l’exploitation et leurs effets positifs pourraient être intégrés de manière

dans le sud de l’Allemagne, dans laquelle les agriculteurs

biologiques étaient aussi surreprésentés, 36 % des agri-

culteurs de montagne interrogés préféraient l’AAR

(Matzdorf et al. 2010).

Les agriculteurs biologiques montrent une forte dis-

position à s’engager pour l’encouragement de la biodi-

versité et ils ont tendance à consacrer de plus grandes

proportions de leur surface agricole utile aux SPB (Scha-

der et al. 2008).

Plus la charge en bétail est donc l’intensité de la produc-

tion est élevée, moins il est probable qu’un agriculteur

s’investisse pour l’encouragement de la biodiversité

(Dupraz et al. 2003; Wilson et al. 2000). Cela signifie que

la production biologique peut influencer positivement

l’encouragement de la biodiversité tandis que l’exploi-

tation intensive l’influence plutôt négativement.

Les réponses concernant les conditions-cadres pour

l’encouragement de la biodiversité révèlent que la pro-

portion de SPB dans la surface agricole utile peut être

augmentée si la sécurité de planification des agricul-

teurs est améliorée. Il faut pour cela que la politique

agricole soit définie à plus long terme (pour plus long-

temps que les quatre années actuellement usuelles).

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 188–195, 2015

Figure 3 | Étude de la flore et de la faune sur le terrain dans la région d’Entlebuch, dans le cadre du projet MERIT, pour déterminer le potentiel de multiplication des mesures d’encouragement de la biodiversité axées sur les résultats (qualité écologique 2). (Photo: Otto Schmid)

Page 10: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

194

Environnement | Encouragement de la biodiversité axé sur les résultats: acceptation en région de montagne

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plus importante dans la formation des futurs agriculteurs.

Cela favoriserait à long terme l’acceptation des approches

axées sur les mesures aussi bien que sur les résultats.

C o n c l u s i o n s

Une intervention bénéficiant d’un large soutien est

nécessaire pour contrer la réussite insuffisante de la

compensation écologique (Lachat et al. 2010) et l’aggra-

vation attendue de la régression de la biodiversité dans

les régions de montagne (Peter et al. 2009). Les offres

de vulgarisation et de formation devraient tenir compte

des différentes attentes et points de vue des agricul-

teurs en ce qui concerne l’AAR et l’AAM. Le soutien spé-

cialisé devrait s’orienter davantage en fonction des

groupes-cibles et des producteurs individuels. Les

connaissances de base sur l’écologie et la biodiversité

devraient trouver une place plus importante dans les

plans de formation des formations agricoles. La poli-

tique agricole, qui devrait permettre aux agriculteurs

une meilleure planification à long terme, représente un

pilier particulièrement important. Elle devrait placer

plus au centre l’encouragement ciblé de la biodiversité,

c’est-à-dire augmenter les paiements directs écolo-

giques pour les SPB, surtout ceux pour la qualité et la

mise en réseau. n

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 188–195, 2015

Page 11: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

195

Encouragement de la biodiversité axé sur les résultats: acceptation en région de montagne | Environnement

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Sum

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Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 188–195, 2015

Results-oriented approach to biodiversity

promotion: acceptance among Swiss mountain

farmers

To conserve and enhance biodiversity in agricul-

tural areas, the Swiss Confederation uses two

different approaches that support biodiversity

enhancement areas (Biodiversitäts-Förder-

flächen, BFF). The action-oriented approach

(Massnahmen-orientierter Ansatz, MOA)

compensates farmers for prescribed manage-

ment measures, whereas the result-oriented

approach (Resultat-orientierter Ansatz, ROA)

compensates farmers for proven ecological

results. This second approach, which in the Swiss

Ordinance on Direct Payments in Agriculture

builds on the MOA, is expected to be more

effective and efficient. This is of particular

significance in the mountain regions where

future biodiversity losses are expected to

increase. The successful implementation of

result-oriented measures demands much commit-

ment and initiative of the mountain farmers. To

develop such commitment, farmers must first

accept the ROA. To assess how mountain farmers

perceive the ROA compared with the MOA and if

they are willing to implement result-oriented

measures, 146 Swiss German farmers in moun-

tain zones I–IV were interviewed using a written

questionnaire. Three out of four farmers interviewed prefer the

MOA over the ROA for biodiversity enhancement

because they think the MOA involves fewer

inspections and assures more direct payments

than the ROA. Organic and low-input mountain

farmers are more willing to implement the ROA

than conventional farmers. All respondents call

for a more long-term planning horizon and

higher payments for biodiversity enhancement

areas to compensate them for any increased

commitment with respect to both the ROA and

the MOA. Mountain farmers who prefer the ROA

prefer other specific framework conditions for

the successful implementation of result-oriented

measures than mountain farmers who prefer the

MOA. These results can be used to deliver

targeted and effective communications to the

public sector and educational programmes to

mountain farmers.

Key words: result-oriented measures, biodiver-

sity measures, ecological compensation area,

Swiss mountain farmers.

Approccio orientato ai risultati per la promo-

zione della biodiversità: accoglienza nelle

regioni di montagna

Per conservare e promuovere la biodiversità

nelle zone agricole la Confederazione sostiene

le superfici per la promozione della biodiver-

sità (SPB) con due approcci diversi. Per quanto

riguarda il metodo basato sulle misure (MBM),

i contadini sono indennizzati per misure

definite mentre per quanto riguarda il metodo

basato sul risultato (MBR) sono indennizzati

per risultati definiti. Da questo secondo

approccio, che nell’Ordinanza sui pagamenti

diretti svizzera si fonda sul MBM, ci si aspetta

una maggiore efficacia ed efficienza. Ciò è

importante soprattutto nelle regioni di

montagna nelle quali si prevedono maggiori

perdite di biodiversità. Affinché sia possibile

realizzare con esito positivo le misure basate

sul risultato è necessario un grande impegno

da parte dei contadini di montagna che può

rinforzarsi solo se vi è consenso per il MBR.

Sono pertanto stati analizzati il consenso per

questo metodo rispetto al MBM e la disponibi-

lità alla realizzazione di misure orientate al

risultato da parte dei contadini di montagna. A

questo scopo è stato inviato un questionario a

146 contadini della Svizzera tedesca nelle

regioni di montagna da I a IV.

Tre quarti dei contadini di montagna intervi-

stati prediligono il MBM rispetto al MBR per la

promozione della biodiversità perché comporta

meno controlli e perché è un modo più sicuro

per ottenere i pagamenti diretti. I contadini di

montagna che gestiscono la propria azienda in

modo biologico ed estensivo sono maggior-

mente disposti ad applicare il MBR. Per un

maggior impegno nell’applicazione del MBR

ma anche del MBM, tutti gli intervistati

chiedono orizzonti di pianificazione più lunghi

e contributi per SBP più elevati. I contadini di

montagna che preferiscono il MBR propendono

per altre condizioni quadro specifiche per la

realizzazione con esito positivo delle misure

basate sul risultato rispetto ai contadini che

prediligono il MBM. Questi risultati potrebbero

essere utilizzati dagli enti pubblici per elabo-

rare strategie di comunicazione e di forma-

zione più mirate ed efficaci per i contadini di

montagna.

Page 12: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

196 Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 196–201, 2015

blèmes économiques dans un avenir proche, et que la

reprise économique aux Etats-Unis est encore lente sept

ans après la crise financière, beaucoup considèrent

encore le franc suisse comme une valeur refuge. C’est ce

qui explique qu’immédiatement après l’annonce de la

BNS, la valeur du franc suisse ait augmenté de près de

20 % par rapport à l’euro et au dollar américain. Même

si cette envolée du franc suisse n’était qu’une réaction

démesurée des marchés au départ, il est difficile de

savoir à quel point le franc suisse est surévalué et com-

ment sa valeur évoluera à l’avenir.

La question de la répercussion des fluctuations du

taux de change sur la compétitivité des entreprises

suisses à l’étranger attire donc de nouveau l’attention

publique et politique. On peut se demander notamment

I n t r o d u c t i o n

Depuis la crise financière mondiale en 2008, le franc

suisse s’est considérablement revalorisé en termes réels

par rapport aux monnaies des plus importants parte-

naires commerciaux de la Suisse. La revalorisation a

certes été stoppée par la fixation le 6  septembre 2011

d’un taux plancher par rapport à l’Euro par la Banque

nationale suisse (BNS). Mais le 15 janvier 2015, surprise

totale: la BNS annonce la suppression immédiate du taux

plancher en place depuis un peu plus de trois ans; le

cours du franc suisse par rapport à l’euro est de nouveau

déterminé librement par les marchés monétaires inter-

nationaux. Comme les acteurs du marché ne s’attendent

pas apparemment à ce que la zone euro résolve ses pro-

Quelle est l’influence du taux de change sur les exportations agroalimentaires suisses?Andreas Kohler et Ali Ferjani

Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU, 8356 Ettenhausen, Suisse

Renseignements: Andreas Kohler, e-mail: [email protected]

Terminal à conteneurs à Hambourg: les exportations du secteur agricole et agroalimentaire suisse s’avèrent remarquablement résilientes face aux fluctuations du taux de change. (Photo: Hapag-Lloyd AG, Hambourg)

E c o n o m i e a g r i c o l e

Page 13: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Quelle est l’influence du taux de change sur les exportations agroalimentaires suisses? | Economie agricole

197

Rés

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é

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 196–201, 2015

Ces dernières années et depuis la suppres-

sion du taux plancher de l'Euro par la Banque

nationale suisse en janvier 2015, le franc

suisse est devenu nettement plus fort que

toutes les monnaies des principaux parte-

naires commerciaux de la Suisse. Cet article

analyse, à l’aide de modèles empiriques,

comment les exportations du secteur agricole

et agroalimentaire réagissent à une apprécia-

tion du franc suisse. Selon cette étude, une

appréciation ponctuelle de 1 % entraîne un

recul provisoire des exportations d’env. 0,8 %

en moyenne au bout de quatre trimestres.

Cet effet différé est probablement dû aux

contrats de longue durée et aux change-

ments lents des habitudes de consommation.

Une réévaluation continue impliquant une

appréciation du franc suisse de 1 % chaque

trimestre, conduit par contre à un recul

permanent des exportations d’environ 0,9 %

par trimestre. L’estimation des effets du taux

de change sur les exportations agricoles et

agroalimentaires montre qu’ils se situent

donc dans le même ordre de grandeur que

les effets ressentis par l’ensemble des

exportations suisses. Par conséquent, les

exportations du secteur agricole et agroali-

mentaire s’avèrent remarquablement

résilientes face aux fluctuations du taux de

change. Ce phénomène est sans doute dû au

fait que dans ce secteur aussi, les entreprises

réussissent à différencier leurs produits par la

qualité qu’elles proposent, et qu’elles

peuvent ainsi, au moins partiellement,

échapper à la concurrence par les prix à

l’étranger.

comment les exportations réagissent à une réévaluation

du franc suisse. A l’aide de modèles économétriques, cet

article étudie la réaction des exploitations agricoles et

agroalimentaires suisses aux fluctuations du taux de

change. Nous voulons savoir de combien les exporta-

tions baissent en moyenne, si la valeur du franc suisse

augmente. Le but est d’estimer la réaction de l’ensemble

du secteur pour pouvoir la comparer avec la réaction des

exportations des autres secteurs économiques.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Pour savoir à quel point les exportations du secteur agri-

cole et agroalimentaire réagissent à une réévaluation du

franc suisse, plusieurs sources d’information ont été uti-

lisées: nous utilisons la statistique des exportations de

l’Administration fédérale des douanes (AFD), les taux de

change de la BNS et de l’Office statistique de l’Union

européenne (Eurostat) ainsi que les chiffres du produit

intérieur brut (PIB) des partenaires commerciaux, mis à

disposition par l’Organisation de coopération et de

développement économique (OCDE). Au total, l’analyse

a porté sur les données de 36 partenaires commerciaux,

comprenant tous les pays faisant partie de l’OCDE (hor-

mis le Chili et la Grèce) ainsi que le Brésil, la Russie, l’Inde,

l’Afrique du Sud et l’Indonésie, pour chaque trimestre de

1999 à 2012. Pendant cette période, entre 80 % et 90 %

de toutes les exportations agricoles et agroalimentaires

de la Suisse allaient vers ces 36 pays. L’Europe est de loin

le marché le plus important, suivi par l’Asie et l’Amé-

rique.

Nous avons notamment étudié les chapitres douaniers 01

à 24, qui comprennent toutes les exportations agricoles

et agroalimentaires de la Suisse. Ces chapitres englobent

aussi bien les produits bruts que les produits transformés.

De 1999 à 2012, les sept chapitres douaniers suivants

représentaient entre 80 % et 90 % des exportations agri-

coles et agroalimentaires (mesurées en francs suisses):

•• 04: lait, oeufs, miel (les exportations de fromage

dominent dans cette catégorie)

•• 09: café, thé, épices (capsules de café Nespresso)

•• 18: cacao (chocolat)

•• 19: préparations à base de céréales (aliments pour

bébé, produits de boulangerie)

•• 21: préparations alimentaires diverses (concentrés)

•• 22: boissons et liquides alcooliques (boisson énergé-

tique Red Bull et vins)

•• 24: tabac et succédanés de tabac fabriqués

De 1999 à 2012, les pourcentages ont considérablement

changé dans ces sept chapitres douaniers. Tandis que le

pourcentage de café et de boissons ne représentait par

exemple qu’environ 7 % des exportations en 2002, il en

représentait environ 43 % en 2012 (cf. Kohler 2015 pour

une analyse détaillée de la structure des exportations).

La statistique d’exportation de la Suisse est dominée par

les produits manufacturés comme les capsules de café

Nespresso, le Red Bull, le chocolat et le fromage, derrière

lesquels se tiennent des grandes entreprises comme

Nestlé Suisse, Red Bull SARL, Lindt & Sprüngli, Mondelez

International ou Emmi SA. Ceci doit être pris en compte

lors de l’interprétation des résultats. Dans l’analyse, les

valeurs des exportations (en francs suisses) sont défla-

tées, c’est-à-dire qu’elles sont divisées par l’indice des

valeurs moyennes des produits agricoles et des denrées

Page 14: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Economie agricole | Quelle est l’influence du taux de change sur les exportations agroalimentaires suisses?

198

alimentaires de l’AFD, pour supprimer l’impact des varia-

tions de prix. Cette méthode permet de se prononcer sur

l’évolution réelle des exportations (cf. AFD 2006).

Pour représenter l’influence du taux de change, un

indice de taux de change réel effectif a été calculé, qui

représente la valeur extérieure du franc suisse par rap-

port aux 23 monnaies nationales officielles des 36 pays

mentionnés. L’indice de taux de change réel effectif est

corrigé de l’inflation et pondère le rapport d’échange

entre le franc suisse et les 23 monnaies nationales diffé-

rentes avec les pourcentages d’exportation des pays

correspondants (Fluri et Müller 2001). Comme la part

des exportations dans la zone euro est très élevée, l’évo-

lution de l’indice reflète en grande partie l’évolution de

la valeur du franc suisse par rapport à l’euro.

Outre les variations de prix relatives réelles, décrites

par l’indice de taux de change réel effectif, les fluctua-

tions de la demande étrangère de produits agricoles et

de denrées alimentaires suisses sont également prises

en compte. La fluctuation de la demande étrangère

réelle est estimée à partir des variations du PIB réel des

36 pays considérés, sachant que chaque PIB a été pon-

déré par le pourcentage d’exportations correspondant

(moyenne géométrique pondérée). Comme les exporta-

tions suisses se font principalement avec l’Allemagne, la

France et l’Italie, le PIB respectif de ces pays reçoit une

pondération proportionnellement élevée.

Afin d’estimer l’impact des fluctuations du taux de

change sur les exportations du secteur agricole et agroa-

limentaire suisse, nous utilisons à la fois des modèles de

séries chronologiques et des modèles avec données de

panel (Kohler et Ferjani 2015). Nous apprécions particu-

lièrement les modèles dits «autoregressive-distributed-

lag» selon la méthode des moindres carrés (Wooldridge

2009) et les modèles dynamiques avec données de panel

selon la méthode d’Arellano et Bond (1991). La compa-

raison entre les modèles de séries chronologiques et les

modèles avec données de panel permet d’évaluer la sen-

sibilité des résultats par rapport à la spécification du

modèle et à la méthode d’estimation. Les modèles

décrivent les variations des exportations dans le temps

en fonction des variations des exportations ces dernières

années et des variations de l’indice de taux de change et

du PIB. Nous admettons également de manière explicite

que les variations du taux de change tout comme les

fluctuations de la demande étrangère peuvent avoir des

effets retardés. Enfin, cette analyse tient également

compte des effets saisonniers ainsi que de l’introduction

du cours plancher franc-euro.

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Avant d’aborder les résultats de l’analyse empirique, il

est important de jeter un œil sur les données. La figure 1

montre l’évolution des exportations agricoles et agroali-

mentaires et de l’indice du taux de change, une courbe

ascendante indiquant une réévaluation du franc. L’ana-

lyse descriptive montre que les exportations réelles ont

continué à augmenter de 2008 à 2011, même pendant la

forte réévaluation du franc suisse, toutefois à un taux

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1999q1 2000q4 2002q3 2004q2 2006q1 2007q4 2009q3 2011q2 2013q1

Valeur réelle exportée (lissée) Indice du taux de change réel effectif

Sources: AFD, BNS, Eurostat, OCDE. Remarque: les valeurs d’exportation réelles sont lissées sur la base d’une moyenne mobile.

Figure 1 | Evolution de l’indice du taux de change et des exportations agricoles et agroalimentaires réelles (1999q1: 1er trimestre 1999).

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 196–201, 2015

Page 15: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Quelle est l’influence du taux de change sur les exportations agroalimentaires suisses? | Economie agricole

199

avant que les exportations n’accusent une baisse unique

d’environ 16 %. Cette situation est comparable à celle

qui a suivi la suppression du cours plancher, lorsque le

franc suisse s’est immédiatement apprécié d’environ

20 % d’un seul coup par rapport à l’euro et au dollar

américain. La réaction retardée des exportations s’ex-

plique sans doute par les contrats de longue durée et par

la lenteur avec laquelle les habitudes de consommation

changent. En outre, les gros exportateurs comme Nestlé

Suisse, Red Bull SARL, Lindt & Sprüngli et Emmi SA

couvrent certainement leurs risques de change sur les

marchés monétaires.

Par contre, si le franc suisse s’apprécie d’1 % à chaque

trimestre, les exportations agricoles et agroalimentaires

baissent en moyenne de 0,9 % par trimestre (significatif

pour un seuil de significativité de 5 %). Une réévaluation

continue du franc suisse de 1 % se traduit donc par une

baisse trimestrielle permanente des exportations

d’env. 0,9 %. Cependant, cet effet est davantage le fruit

d’une approche hypothétique que le reflet d’une situa-

moins soutenu que par le passé. L’analyse empirique per-

met d’estimer l’influence du taux de change sur les

exportations et de la quantifier.

Les modèles de séries chronologiques et les modèles

avec données de panel, discutés précédemment, per-

mettent de distinguer les effets temporaires des effets

permanents. Plus précisément, ils permettent de diffé-

rencier les effets d’une réévaluation ponctuelle du franc

de ceux d’une réévaluation continue. On constate que

les résultats ne dépendent pas de la spécification du

modèle, ni de la méthode d’estimation. En d’autres

termes, les effets estimés sont très semblables quel que

soit le modèle.

La figure  2 indique la réaction des exportations à

une appréciation ponctuelle du franc suisse de 1 % au

moment de la réévaluation (trimestre 0) ainsi qu’un à

douze trimestres plus tard. On constate qu’au bout de

quatre trimestres, une appréciation ponctuelle du franc

suisse de 1 % conduit à une baisse provisoire des expor-

tations agricoles et agroalimentaires de 0,8 % en

moyenne. La réaction des exportations après quatre tri-

mestres atteint le seuil de significativité de 5 % et est

donc statistiquement significative. Les réactions dans

tous les autres trimestres ne sont pas statistiquement

significatives (c.-à-d. que le zéro tombe dans l’intervalle

de confiance de 95 % en grisé à la fig. 2).1 En d’autres

termes, lorsque le franc suisse est réévalué de 20 % et

reste ensuite à ce niveau, il faut attendre une année

1La probabilité d‘erreur (ou seuil de significativité) et l’intervalle de confiance sont deux valeurs statistiques qui indiquent quelle confiance on peut avoir dans les effets estimés. La probabilité d’erreur montre quelle est la probabilité que l’hypo-thèse nulle (c.-à-d. que l’effet estimé soit nul) ait été rejetée à tort bien qu’elle soit juste en réalité. Un intervalle de confiance de 95 % signifie que nous pouvons avoir la certitude à 95 % que le véritable effet de taux de change se situe dans notre intervalle de confiance construit. Plus précisément, 95 % de tous les intervalles de confiance construits contiennent l’effet de taux de change effectif.

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0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12trimestreSources: AFD, BNS, Eurostat, OCDE

Intervalle de confiance de 95 % Pourcentage de variation des exportations par trimestre t

Figure 2 | Effet temporaire estimé du taux de change provenant du modèle dit autoregressive-distributed-lag.

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 196–201, 2015

Page 16: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

200

Economie agricole | Quelle est l’influence du taux de change sur les exportations agroalimentaires suisses?

tion réelle. Les périodes très longues de réévaluation

continue sont plutôt rares et ne traduisent pas un équi-

libre de marché. Selon la théorie économique, le taux de

change devrait se stabiliser à long terme de façon à ce

que les monnaies aient le même pouvoir d’achat dans

deux espaces monétaires (parité du pouvoir d’achat).

Cette hypothèse n’en reste pas moins intéressante dans

le cas de la Suisse; puisque le franc suisse s’est apprécié

d’environ 2 % par trimestre en moyenne depuis le début

de la crise financière mondiale et la mise en place du

taux plancher franc-euro. Cela correspond à une rééva-

luation réelle de près de 30 % en un peu plus de trois ans.

La résilience des exportations de produits agricoles et de

denrées alimentaires suisses par rapport aux fluctuations

du taux de change est remarquable. Les exportations

agricoles et agroalimentaires réagissent donc en

moyenne comme l’ensemble des exportations suisses.

Différentes études montrent que les exportations

baissent en moyenne d’un peu moins de 1 %, lorsque le

franc suisse s’apprécie de 1 % (SECO 2010; Tressel et Arda

2011; Hanslin et al. 2014). Selon Hanslin et al. (2014), la

réaction des exportations agricoles et agroalimentaires

se situe dans le même ordre de grandeur que celles des

exportations de machines, d’instruments de précision,

d’horlogerie et de bijouterie ainsi que du textile. La réac-

tion des exportations de produits chimiques et pharma-

ceutiques est moindre.

Ceci suggère que les produits agricoles et agroalimen-

taires suisses sont relativement difficiles à substituer à

l’étranger, ce qui permet aux entreprises d’imposer de

légères hausses de prix (p. ex. lors de la conclusion de

nouveaux contrats de livraison). Le manque de possibili-

tés de substitution tient sans doute à ce que les entre-

prises misent sur une qualité élevée pour démarquer

leurs produits par rapport à leurs concurrents. Les appel-

lations d’origine contrôlée (p. ex. pour le fromage AOC

ou les produits carnés), la suissitude (p. ex. chocolat

suisse) ou les marques premium (p. ex. Nespresso ou Red

Bull) parviennent manifestement à communiquer avec

succès les différences de qualité. La politique agricole

suisse avec sa stratégie qualité y contribue aussi en

créant les incitations et les conditions-cadres propres à

stimuler les producteurs de matières premières indi-

gènes. Grâce à une stratégie compétitive axée sur la dif-

férenciation des produits par leur qualité, les entreprises

semblent pourvoir échapper, tout au moins partielle-

ment, à la concurrence par les prix à l’étranger.

Le fait que le coût des intrants importés (p. ex. cacao,

café ou tabac) ait tendance à baisser en cas de réévalua-

tion du franc suisse pourrait avoir pour effet de freiner

la réaction des exportations. Avec les produits comme le

fromage et les produits de boulangerie, qui utilisent des

matières premières indigènes comme le lait et le beurre,

les contributions à l’exportation de produits agricoles

transformés («Loi chocolatière») jouent sans doute éga-

lement un rôle compensatoire.2

Enfin, les entreprises semblent aussi réussir à conquérir

de nouveaux marchés, afin de réduire les risques de

change en misant sur la diversification. Le pourcentage

des exportations vers l’Asie et l’Amérique a ainsi aug-

menté entre 2002 et 2012, tandis que celui des exporta-

tions vers l’Europe a baissé (Kohler 2015).

C o n c l u s i o n s

Les exportations du secteur agricole et agroalimentaire

suisse ne réagissent, en moyenne, pas excessivement aux

variations temporaires et permanentes de taux de

change. Leur réaction est donc du même ordre de gran-

deur que celle de l’ensemble des exportations suisses.

Faut-il en conclure que les fluctuations de taux de

change ne posent aucun problème à la compétitivité du

secteur agricole et agroalimentaire suisse? Partielle-

ment seulement, car les exportations d’un secteur ne

sont qu’un indicateur de sa compétitivité parmi d’autres.

D’autres indicateurs sont les coûts relatifs de la main-

d’œuvre et le taux d’occupation qui en dépend. Cette

analyse ne permet pas de tirer de conclusions sur les

répercussions des fluctuations du taux de change sur ces

indicateurs. Cependant les résultats permettent d’espé-

rer que ces répercussions seront moins graves que sup-

posées à première vue, puisque les ventes à l’étranger

de ce secteur semblent remarquablement résilientes en

moyenne. Une étude approfondie sur la réaction de

lignes particulières de tarifs douaniers (groupes de pro-

duits) parmi les exportations agricoles et agroalimen-

taires permettrait d’avoir une vision plus détaillée de la

situation. n

2Dans le cadre de la «Loi chocolatière», les exportateurs peuvent demander des contributions à l’exportation en faisant état de la différence entre le prix des matières premières en Suisse et à l’étranger (prix de référence). Le budget annuel est compris entre 70 et 80 millions de francs suisses (AFD 2015).

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 196–201, 2015

Page 17: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

201

Quelle est l’influence du taux de change sur les exportations agroalimentaires suisses? | Economie agricole

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

How strongly does the exchange rate

influence Swiss agri-food exports?

In the last few years, and since the abolition

of the minimum exchange rate by the Swiss

National Bank in January 2015, the Swiss

franc has appreciated strongly against all

currencies of Switzerland’s most important

trading partners. With the help of empirical

models, we analyse how strongly aggregate

exports of the agri-food sector react to an

appreciation of the Swiss franc. According to

our analysis, a one-time appreciation of 1 %

leads on average to a temporary decline in

exports of approx. 0.8 % after four quarters.

This lagged effect could be the result of

long-term contracts and inert consumption

habits. By contrast, a sustained appreciation

in which the Swiss franc appreciates by 1 %

each quarter leads on average to a perma-

nent decrease in exports of approx. 0.9 %

per quarter. The estimated exchange rate

effects for agri-food exports are therefore of

the same order of magnitude as those for

aggregate Swiss exports. Hence, agri-food

sector exports also prove remarkably

resilient to exchange rate fluctuations. The

reason for this may be that businesses in this

sector are also able to successfully differenti-

ate their products on the basis of quality,

and hence are able – at least in part – to

avoid price competition abroad.

Key words: exchange rate, exports, agricul-

ture and food sector.

In che misura il tasso di cambio influenza le

esportazioni svizzere di prodotti agricoli e

alimentari?

Negli ultimi anni e da quando, nel gennaio

2015, la Banca nazionale svizzera ha abolito

il cambio minimo, il franco svizzero si è

nettamente apprezzato rispetto a tutte le

valute dei principali partner commerciali.

Con l'ausilio di modelli empirici, analizziamo

in che misura le esportazioni aggregate del

settore agricolo e alimentare reagiscono a

una rivalutazione del franco svizzero.

Secondo la nostra analisi, una rivalutazione

una tantum dell'1 per cento comporta dopo

quattro trimestri una temporanea contra-

zione delle esportazioni pari in media allo

0,8 per cento circa. Questo effetto ritardato

potrebbe essere la conseguenza di contratti

a lungo termine e di abitudini di consumo in

lento mutamento. Una rivalutazione

persistente, vale a dire se il franco svizzero si

rivaluta dell'1 per cento ogni trimestre, porta

invece in media a una contrazione perma-

nente delle esportazioni dello 0,9 per cento

circa a trimestre. Gli effetti stimati del tasso

di cambio sulle esportazioni di prodotti

agricoli e alimentari sono pertanto in linea

con gli effetti sulle esportazioni complessive

della Svizzera. Di conseguenza, anche le

esportazioni del settore agricolo e alimen-

tare si presentano notevolmente resilienti

alle fluttuazioni del tasso di cambio. Il

motivo potrebbe essere che anche le imprese

di questo settore riescono a differenziare

efficacemente i propri prodotti grazie

all'elevata qualità, sottraendosi così almeno

in parte alla concorrenza dei prezzi che

caratterizza i mercati esteri.

Bibliographie ▪ Arellano M. & Bond S., 1991. Some Tests of Specification for Panel Data: Monte Carlo Evidence and an Application to Employment Equations. The Review of Economic Studies 2 (2), 277–297.

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Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 196–201, 2015

Page 18: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

202 Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 202–209, 2015

E c o n o m i e a g r i c o l e

Viande de bœuf et de veau: les différences de prix entre les classes de qualité augmentent, tandis qu’elles s’amenuisent entre les labels de qualité. (Photo: Proviande, Berne)

Stefan Mann1 et Daniel Erdin2

1Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU, 8356 Ettenhausen, Suisse2Union suisse des paysans, 5201 Brugg, Suisse

Renseignements: Stefan Mann, e-mail: [email protected]

Classes ou labels? Prix et qualité de la viande bovine

I n t r o d u c t i o n

Le positionnement de la Suisse sur les marchés interna-

tionaux étant devenu de plus en plus explicite du fait de

la globalisation, l’opinion s’est largement répandue que

la Suisse pouvait subsister uniquement grâce à son lea-

dership en matière de qualité (Ortner 2000; Lobsiger et

Wyss 2008; Bystricky et al. 2014). Cet article décrit la

montée de la prise de conscience par rapport à la qualité

dans le secteur agricole en prenant l’exemple de la poli-

tique des prix sur le marché de la viande bovine. Contrai-

rement à de nombreux autres marchés, la définition des

différentes qualités sur le marché de la viande se fait

moins par les concepts de marques que par les labels

qualité attribués en fonction des processus de produc-

tion d’une part, et par la répartition des carcasses en dif-

férentes classes d’autre part.

Ce travail développe et vérifie la thèse selon laquelle

la logique de la qualité sur le marché de la viande suisse

suit deux courants contraires: on suppose d’un côté que

les différences de prix entre les classes de qualité aug-

mentent avec le temps, car il s’agit de standards de plus

en plus largement acceptés. On suppose d’un autre côté

Page 19: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Classes ou labels? Prix et qualité de la viande bovine | Economie agricole

203

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 202–209, 2015

Les classes de qualité sont attribuées au

résultat de production proprement dit, tandis

que les labels de qualité sont attribués à un

processus de production. Comme les labels

sont toujours associés à des idéologies (à

l’exemple du label Bio contre le producti-

visme) et que les idéologies ont de moins en

moins de poids dans la société, on pourrait

penser que les différences de prix ente les

classes de qualité se creuseraient, tandis que

celles entre les labels qualité auraient plutôt

tendance à se réduire. Des régressions faites

sur le marché des veaux et sur 4180 séries de

données du marché bovin ont largement

confirmé cette tendance dans la période de

2000 à 2014. Pendant la période d’observa-

tion, les différences de prix se sont creusées

entre les classes du système suisse d’estima-

tion et d’assurance de la qualité CH-TAX,

alors que les suppléments de prix dont

bénéficiaient les produits bio ont fondu. Pour

les labels «TerraSuisse» et «AQ-Viande

Suisse», aucune discrimination par les prix

n’a pu être identifiée d’emblée.

que les labels jouent un rôle moins important dans la déter-

mination des prix, car ils ne se répercutent qu’indirecte-

ment sur la qualité de la viande et que par conséquent, à

long terme, ils seront inférieurs aux classes, lesquelles sont

directement associées à la qualité de la viande.

Pour vérifier cette thèse, nous feront d’abord un

aperçu sur les classes et les labels suisses ainsi que sur

l’impact de la classification et de son organisation dans

la littérature. La deuxième partie sera consacrée à la

présentation des données et des modèles économé-

triques utilisés, puis les résultats seront abordés dans

une troisième partie. L’article s’achèvera par des conclu-

sions sur le rôle du système suisse d’assurance qualité

CH-TAX et des différents labels.

Classes et labels sur le marché bovin

Les Etats-Unis sont clairement les pionniers de l’évalua-

tion systématique des carcasses puisqu’ils ont publié les

premières recommandations sur les standards de qualité

dès 1916 (USDA 1997). Depuis le début des années 1980,

l’Union européenne utilise le système dit EUROP-System

(Fisher 2007). Le système similaire en Suisse, du nom de

CH-TAX, a été conçu sur la base des travaux de Leuenber-

ger (1980) et de Schläpfer (1988). Il est appliqué pour les

bovins et les ovins depuis les années 1990. La classe C est

la plus élevée et décrit des animaux très bien en viande,

que l’on reconnait chez les bovins par des cuisses et des

lombaires particulièrement larges et des épaules très pro-

noncées. Inversement, X est la classe de produits la plus

basse et est attribuée à des bovins ayant des cuisses faible-

ment développées, des lombaires étroits et des épaules

plates. Tandis que les bovins à viande ne sont pratique-

ment jamais taxés d’un X, les vaches laitières destinées à

la transformation sont généralement réparties dans les

classes T, A et X. Jusqu’en 1999, les abattoirs étaient eux-

mêmes responsables du classement. Depuis 2000, l’orga-

nisation interprofessionnelle Proviande est investie d’un

mandat de prestations et est présente lors de la taxation

aussi bien sur les marchés de bétail que dans les abattoirs.

Le marché de la viande suisse est également diversi-

fié en termes de qualité grâce à l’attribution de labels.

Le label sans doute le plus traditionnel pour désigner les

produits biologiques est le label du bourgeon, qui est

attribué depuis 1981 en Suisse par l’organisation inter-

professionnelle Bio Suisse, un groupement d’organisa-

tions cantonales et régionales. Les principales conditions

requises pour la détention des bovins sont l’affourrage-

ment d’aliments bio et les restrictions en matière d’utili-

sation d’antibiotiques.

Le label TerraSuisse (Birrer et al. 2012) est l’exemple

typique d’un nouveau développement. Il est utilisé

exclusivement par le distributeur Migros et se situe donc

Page 20: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Economie agricole | Classes ou labels? Prix et qualité de la viande bovine

204

un peu entre le label et la marque. Dans le programme

TerraSuisse, les agriculteurs sont tenus de participer aux

deux programmes nationaux de bien-être animal, «Sys-

tèmes de stabulation particulièrement respectueux des

animaux» (SST) et «Sorties régulières en plein air d’ani-

maux de rente» (SRPA). En outre, il est interdit à l’exploi-

tation d’exporter du fumier et du lisier.

Comme dernier exemple d’un label de qualité, il faut

mentionner encore le programme coordonné par

l’Union suisse des paysans, «AQ Viande Suisse» (AQ). Ce

label ne va pas au-delà des exigences fixées par la légis-

lation, mais suppose un contrôle plus intensif du respect

de ces directives.

Qu’est-ce qui distingue les classes des labels?

Bien que les points de recoupement soient rares dans la

littérature entre classes et labels de qualité, il est cepen-

dant possible de dégager quelques points communs et

différences en associant les deux domaines de recherche.

VanDyke (2000) déclarait ainsi avec optimisme: «When

agricultural grades and standards are clearly defined

and used, they provide the common language for defi-

ning product value» («Lorsque les classes et les standards

sont clairement définis et utilisés, ils établissent un lan-

gage commun permettant de définir la valeur du pro-

duit»). Ces attentes élevées sont indirectement confir-

mées par des études qui critiquent le fait que la teneur

en matière grasse de la viande (un paramètre important

pour les consommateurs) ne soit pas prise en compte

dans le système de classification actuel (Cox et al. 1990).

L’aspect important de la fiabilité du classement qualité

est mis en lumière par Chalfant et Sexton (2002). Ils

constatent que la classification floue du système

conduira à une baisse de la différenciation des prix.

Cette réflexion – considérant le niveau des différences

de prix comme un indicateur de la fiabilité du système –

est particulièrement importante pour notre probléma-

tique.

Il s’agit ici d’un parallèle par rapport aux labels pour

qui la fiabilité est également une condition importante

de la valeur économique (Jahn et al. 2005). La principale

différence entre les labels et les classes est cependant

illustrée dans la figure 1: contrairement à la classe, le

label ne se réfère jamais aux propriétés du produit lui-

même, mais à des propriétés convenues et contrôlées du

processus de production. A priori, on pourrait donc sup-

poser que les labels ne peuvent pas refléter de manière

aussi précise la qualité d’un produit que les classes de

qualité.

L’exemple du label bio dévoile cependant encore

une autre différence entre les labels et les classes: les

différences de méthode de production ont souvent

aussi des composantes d’origine culturelle. L’agriculture

biologique a ainsi fait figure de défi du système produc-

tiviste (Clunies-Ross et al. 1994) ou de lutte contre la

matérialisation (Darnhofer 2005). Les classes de qualité

n’ont pas une telle fonction de symbole.

A l’échelle macro-économique, depuis la fin de la

guerre froide, on argumente occasionnellement que les

idéologies perdraient de leur importance (Betz 1992;

Méthodes de production Résultat de production

Labels Classes

Figure 1 | Différence entre les labels et les classes.

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 202–209, 2015

Page 21: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Classes ou labels? Prix et qualité de la viande bovine | Economie agricole

205

ponibles sur des périodes de temps les plus longues pos-

sibles, ce qui a permis d’obtenir une compilation de 4180

prix, qui ont été expliqués de manière économétrique.

Un petit échantillon de ces données est représenté sous

forme graphique dans la figure 2, à partir de l’exemple

des veaux produits selon l’AQ appartenant aux classes

qualité C, H, T et A. Les fluctuations saisonnières des prix

sont visibles au premier coup d’œil. En outre, on constate

que les prix ont globalement augmenté en 2004 une fois

que la confiance des consommateurs a été rétablie sur le

marché de la viande de veau après la crise de la vache

folle (ESB). Le graphique permet également d’observer

une différence croissante entre les prix des classes de

qualité.

L’explication économétrique des différents prix

observés s’appuie sur les variables données dans le

tableau 1. L’analyse graphique montre également la

nécessité des variables saisonnières (rupture structurelle

en 2004 d’une part, aspect saisonnier d’autre part). L’au-

tomne sert de saison de référence. Il est également

évident que l’espèce des bovins exerce elle aussi une

influence sur le niveau des prix. La viande de veau et la

viande de fabrication sont des marchés que les consom-

mateurs perçoivent comme totalement distincts. Par

conséquent, des modèles d’explication ont été estimés

séparément pour ces deux marchés ainsi que pour le

marché «résiduel» du bétail. De plus, le fait que des prix

Kalinovsky et Radchenko 2011). On est amené à penser

que cette évolution sociale se retrouve également à

l’échelle micro-économique. Cependant, à partir des

relations observées, les classes de qualité sont certaine-

ment plus éloignées de ces divisions idéologiques que

les divers labels qui postulent quasiment a priori la supé-

riorité d’un mode de production déterminé. Il s’agit

donc de montrer ici que ces dernières années, en matière

de formation des prix, l’importance des labels a diminué

tandis que celle des classes de qualité a augmenté.

M é t h o d e

L’étude se base sur les prix mensuels de la viande de bœuf

et de veau exprimés en fr. par kg de poids à l’abattage et

relevés par l’Union suisse des paysans durant la période

2000 à 2014. Dans ces données, les prix sont différenciés

par espèce animale, classe de qualité et label employés.

Dans une première phase de l’étude, on est parti de

l’exemple de la viande de veau, qui se situe générale-

ment dans les quatre classes de qualité supérieures, pour

expliquer de manière économétrique la différence de

prix des classes de qualité C, H et A par rapport à la classe

T, qui est la classe de qualité la plus fréquente.

La deuxième phase consistait en une explication plus

approfondie des prix de la viande de bœuf. Les prix les

plus équilibrés possibles ont été extraits des données dis-

Figure 2 | Prix de la viande de veau en 2000−2014 (C = classe supérieure, A = classe inférieure).

10

12

14

16

18Kälber QM CHTA

Fr./k

g de

poi

ds à

l’ab

atta

ge

2001

−01

2002

−01

2003

−01

2004

−01

2005

−01

2006

−01

2007

−01

2008

−01

2009

−01

2010

−01

2011

−01

2012

−01

2013

−01

2014

−01

Axe des ordonnées: Fr./kg de poids à l’abattage Classe C Classe H Classe T Classe A

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 202–209, 2015

Page 22: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Economie agricole | Classes ou labels? Prix et qualité de la viande bovine

206

systématiquement différents des prix de référence

soient payés pour les bœufs et les taurillons a également

été pris en compte.

Deux autres variables concernent les circuits de commer-

cialisation des animaux. Les marchés de bétail sur les-

quels une partie des animaux est vendue ont été pris en

compte. En outre, certains agriculteurs fournissent leurs

produits franco à l’abattoir, ce qui laisse supposer un sup-

plément de prix.

Les autres variables concernent directement notre pro-

blématique. Les labels décrits (Bio, TerraSuisse et AQ)

ainsi que les classes de qualité C, T, A, et X (avec H comme

référence) sont utilisés pour expliquer les différences de

prix. Ces sept variables ont également été multipliés par

la variable temps pour savoir si les hausses et baisses de

prix variaient avec le temps.

R é s u l t a t s

L’analyse exploratoire à partir de l’exemple de la

viande de veau montre déjà qu’entre 2001 et 2014,

toutes les classes de qualité étudiées se sont démar-

quées de plus en plus de la classe T, vers le haut pour

les classes C et H bien entendu, et vers le bas pour la

classe A.

Le tableau 3 présente le modèle de régression plus

complet des prix de la viande bovine qui confirme la

différence croissante également pour les autres types

de viande bovine. Les différences par rapport à la classe

H décrites ici augmentent par exemple d’un tiers de

centime par kilo chaque mois dans le cas de la classe T.

Pour les veaux, la différence entre les prix des classes T

et H augmente même d’un demi-centime par kilo et

par mois.

Une telle évolution ne peut pas être observée pour les

labels qualité. On constate certes un supplément de

prix initial de près de deux francs par kilo pour la

viande bio, mais il baisse d’environ un demi-centime

par mois. La situation est encore plus précaire pour les

autres labels. En effet, il n’est pas possible de constater

un supplément de prix systématique par rapport à la

marchandise conventionnelle ni pour TerraSuisse ni

pour AQ, qui représente de plus en plus la qualité de

base. Les résultats montrent au contraire que les prix

des produits AQ sont de plus en plus bas.

Variable Signification Moyenne

Durée Continu à partir de 1 = janvier 2000 (unité = mois) 95,01

Juin 2004 Après juin 2004 = 1, sinon 0 0,73

Hiver Prix des mois de décembre, janvier, février 0,25

Printemps Prix des mois de mars, avril, mai 0,25

Eté Prix des mois de juin, juillet, août 0,25

Veaux Viande de veau = 1, sinon 0 0,20

Transformation Vaches destinées à la transformation = 1, sinon 0 0,18

Taurillons Taurillons = 1, sinon 0 0,24

Bœufs Bœufs = 1, sinon 0 0,20

Marché Vente sur les marchés de bétail = 1, sinon 0 0,16

Franco Prix y compris livraison à l’abattoir = 1, sinon 0 0,27

Bio Production biologique = 1, sinon 0 0,17

AQ AQ Viande Suisse = 1, sinon 0 0,70

TerraSuisse Label Migros = 1, sinon 0 0,05

C Classe C = 1, sinon 0 0,08

T Classe T = 1, sinon 0 0,51

A Classe A = 1, sinon 0 0,20

X Classe X = 1, sinon 0 0,05

Tableau 1 | Statistique descriptive

Variable Coefficient

Classe C 0,623** (16,78)

Classe H 0,403** (10,86)

Classe A −0,491** (−13,22)

Classe C*temps 0,00456** (12.21)

Classe H*temps 0,00334** (8,94)

Classe A*temps −0,0072** (−19,26)

**p < 0,01; valeurs t entre parenthèses.

Tableau 2 | Résultats des calculs de régression du prix de la viande de veau, 2001−2014

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 202–209, 2015

Page 23: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Classes ou labels? Prix et qualité de la viande bovine | Economie agricole

207

Total Transformation Veaux Reste

n 4180 754 854 2572

Temps0,00688** 0,0 0,00585** 0,00620**

−5,6 −1,4 −3,8 −5

Juin 20040,811** 0,916** 1,37** 0,603**

−18,3 −10,2 −13,5 −14,0

Hiver−0,262** −0,0400 −0,216** −0,340**

(−7,54) (−0,57) (−2,63) (−10,16)

Printemps−0,546** 0,434** −1,74** −0,438**

(−15,78) −6,2 (−21,33) (−13,12)

Eté−0,518** 0,452** −1,96** −0,323**

(−14,99) −6,4 (−24,05) −9,7

Veaux5,42**

−132,5

Transformation−1,39**

(−25,74)

Taurillons−0,153** −0,170**

(−3,62) (−4,90)

Bœufs0,704** 0,715**

−14,6 −17,1

Marché0,418** −0,189 0,126*

−5,6 (−1,25) −2,0

Franco−0,309** 0,529** −0,532

(−6,77) −4,0 (−11,81)

Bio1,84** 1,93**

−14,5 −15,0

AQ−0,149 −0,885** −0,379**

(−1,27) (−5,01) (−2,95)

TerraSuisse0,4 0,3

−1,1 −0,9

Classe C0,329** 0,2 0,699**

−2,8 −0,1 −5,8

Classe T−0,941** 2,50** −0,876**

−9,5 −19,5 (−10,13)

Classe A−0,938** 1,04** −0,785** −1,01†

(−10,29) −7,3 (−3,82) (−1,76)

Classe X−2,27**

Référence−17,9

Bio*temps−0,00466** −0,00806**

(−4,49) (−6,93)

QM*temps−0,00265** −0,00237*

(−2,62) (−2,22)

TerraSuisse*temps0,0 −0,00291

−1,5 (−1,30)

Klasse C*temps0,00192† 0,0 −0,000990

−1,7 −0,6 (−0,89)

Classe T*temps−0,00312** −0,000707 −0,00585** −0,00163*

−9,5 (−0,55) (−3,62) (−2,27)

Classe A*temps−0,00352** −0,00104 −0,106** −0,00139*

(−4,14) (−0,71) (−5,49) (−1,76)

Classe X*temps−0,00560**

(−17,94)

Constant7,90** 3,02** 14,31** 8,21**

−57,6 −24,1 −126,9 −59,2

R2 0,9 0,8 0,7 0,7†p < 0,1; *p < 0,05; **p < 0,01; valeurs t entre parenthèses.

Tableau 3 | Résultats des calculs de régression de l’ensemble du modèle

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 202–209, 2015

Page 24: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

208

Economie agricole | Classes ou labels? Prix et qualité de la viande bovine

Les variables explicatives dans le modèle fournissent

quelques informations supplémentaires intéressantes.

La différence des fluctuations saisonnières des prix en

fait partie. Tandis que les veaux se vendent à leur prix le

plus élevé en hiver, il est préférable de vendre les vaches

destinées à la fabrication au printemps ou en été pour

obtenir un bon prix. Sur le marché de la viande bovine,

les bœufs atteignent généralement 70 centimes de plus

que les génisses qui se situent légèrement au-dessus des

taurillons. Enfin, tandis que la vente sur les marchés de

bétail semble être rentable du point de vue agricole, la

livraison aux abattoirs ne l’est pas. Les animaux livrés

franco sont payés en moyenne 30 centimes/kg de moins.

C o n c l u s i o n s

Les résultats empiriques confirment largement la thèse

selon laquelle les différences de prix entre les classes de

qualité augmentent, tandis que celles entre les labels

qualité s’affaiblissent. La seule restriction qui doit être

faite est que certains labels qualité, comme «AQ Viande

Suisse» ou «TerraSuisse», ne permettent pas d’emblée

une discrimination positive par les prix.

Depuis 2000, la Confédération investit chaque année

quatre millions de francs pour que les bovins et les porcs

soient taxés par un organe indépendant. Les différences

de prix croissantes entre les classes de qualité semblent

indiquer que ces fonds soutiennent la stratégie qualité

de l’agriculture suisse en ce qui concerne le marché des

bovins.� n

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 202–209, 2015

Page 25: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

209

Classes ou labels? Prix et qualité de la viande bovine | Economie agricole

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Classi o marchi? Prezzi della carne di

manzo e qualità

La differenza tra classi di qualità e marchi

di qualità consiste nel fatto che questi

ultimi vengono assegnati sulla base del

processo produttivo, le prime, invece, sulla

base dell'effettivo risultato della produ-

zione. Poiché i marchi sono costantemente

legati anche a ideologie (per esempio la

contrapposizione tra biologico e produtti-

vismo) e queste ultime rivestono sempre

meno importanza nella società, è lecito

presupporre che, mentre le differenze di

prezzo tra le classi di qualità continuano

ad aumentare, quelle tra i marchi di

qualità tenderanno a ridursi. Le analisi di

regressione effettuate sul mercato dei

vitelli, da una parte, e su 4180 set di dati

del mercato dei bovini, dall'altra, confer-

mano ampiamente questo schema tra il

2000 e il 2014. Nel periodo di osserva-

zione, si registra infatti un ampliamento

del range dei prezzi tra le singole classi del

sistema di qualità svizzero CH-TAX, mentre

diminuisce il rincaro dei prodotti biologici.

Per i marchi «TerraSuisse» e «GQ Carne

Svizzera» non viene, fin da principio,

rilevata nessuna discriminazione di prezzo.

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Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 202–209, 2015

Grades or labels? Beef prices and quality

The difference between quality grades

and quality labels is that the latter are

awarded on the basis of production

processes, whilst the former are conferred

on the strength of the actual production

results. In the course of a de-ideologisa-

tion of society, it might be assumed that

the price differences between quality

grades would grow larger and larger,

while those between quality labels would

tend to shrink. Regressions for the calf

market on the one hand and for 4180

cattle-market datasets on the other largely

confirm this pattern between 2000 and

2014. In the period under consideration, a

price spread occurs between the individual

grades of the CH-TAX system, whilst the

surcharge for organic products shrinks. No

price discrimination is identified a priori

for ‘Terrasuisse’ and ‘QM’ labels.

Key words: labels, grades, beef, quality.

Page 26: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

210 Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 210–217, 2015

tions climatiques s’y prêtent, et notamment lors d’alter-

nance d’épisodes très ensoleillés et couverts, ces nécroses

peuvent s’étendre très rapidement sur toute la surface

foliaire, en provoquant la sénescence précoce de la

feuille et la perte de ses fonctions photosynthétiques et

métaboliques. Ce développement drastique des nécroses

foliaires entraîne des chutes de rendement, sur le plan

quantitatif et qualitatif, pouvant dépasser 20%.

Pendant longtemps, les grillures foliaires des céréales

ont été imputées à des troubles d’ordre physiologique. A

la fin du 19e siècle, Cavara (Cavara 1892) décrit un nou-

veau champignon présent dans les nécroses foliaires de

cultures d’orge du nord de l’Italie, qu’il nomme Ophio-

cladium hordei. Dès 1986, la présence de ce champignon

est mentionnée en Suisse, puis dans tous les pays du nord

des Alpes. Entre temps, Ophiocladium hordei a changé

de nom pour s’appeler désormais Ramularia collo-cygni.

Les grillures de l’orge sont principalement causées

par Ramularia collo-cygni qui produit une molécule phy-

totoxique, la rubelline D (Miethbauer et al. 2003). Mais

elles peuvent aussi être dues à des stress physiologiques

liés aux conditions climatiques. Il reste toutefois difficile

d’attribuer la formation des nécroses à des stress bio-

tiques ou abiotiques en l’absence de sporulation du

champignon.

Depuis 2002, les grillures ont un statut officiel de

maladie, assorti d’un seuil d’intervention à l’apparition

des premières nécroses visibles sur les trois dernières

feuilles. Le chlorothalonil a été le premier fongicide

homologué en Suisse en 2003 contre les grillures. Ce

contexte a motivé Agroscope à entamer des recherches

afin de mieux comprendre la biologie, l’épidémiologie

et la transmission de cette maladie, ou encore son impli-

cation avec des nécroses d’origine physiologique.

R é s u l t a t s

Grillures physiologiques et pathologiques

Grillures dues à Ramularia collo-cygni

Les recherches effectuées ont déjà livré certaines don-

nées sur la biologie et le cycle de vie de Ramularia collo-

cygni (fig. 1). Toutefois, certains points restent encore à

I n t r o d u c t i o n

Au nord des Alpes, les grillures de l’orge sont signalées

dès le début des années 90 et depuis lors ne cessent de

gagner du terrain. Les symptômes foliaires apparaissent

d’abord comme des petites taches nécrotiques de

quelques millimètres de diamètre sur les feuilles les plus

exposées à la lumière, au moment de l’épiaison (BBCH51)

et après la floraison de la culture (>BBCH61). Si les condi-

Ramularia collo-cygni – un nouveau champignon pathogène de l’orgePeter Frei et Katia Gindro

Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 1260 Nyon, Suisse

Renseignements: Peter Frei, e-mail: [email protected]

Forte attaque de Ramularia collo-cygni sur orge de printemps (variété Célika).

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Page 27: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

211

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 210–217, 2015

Ramularia collo-cygni – un nouveau champignon pathogène de l’orge | Production végétale

Les grillures constituent une menace pour la

culture de l’orge et mènent à d’importantes

pertes de rendement sur le plan quantitatif

et qualitatif. Ces symptômes peuvent être

dus à un stress d’ordre physiologique, mais

avant tout à la présence du champignon

Ramularia collo-cygni. En l’absence de

sporulation, ces deux types de nécrose

foliaire sont pratiquement impossibles à

distinguer. Afin de combattre ce pathogène,

Agroscope a lancé une vaste étude pour

mieux connaître sa biologie. Le champignon

a été suivi par analyse moléculaire depuis les

stades les plus précoces de la culture, ce qui a

permis d’établir qu’il pouvait être transmis

par les graines. De nouvelles formes de

dissémination ont également été décou-

vertes, dont le rôle doit encore être précisé

dans l’épidémiologie et la survie du champi-

gnon. Des essais fongicides ont été réalisés

avec différentes stratégies d’application. Ils

ont montré que, en l’absence d’autres

maladies foliaires dans la culture, un seul

traitement à partir du stade BBCH37 suffit

pour combattre efficacement les grillures de

l’orge.

élucider. Ce champignon peut être considéré comme un

endophyte qui se développe de façon asymptomatique

dans la plante hôte. L’éventail de ses plantes hôtes est

vaste et ne cesse de s’agrandir. Les principales cultures

touchées sont les céréales, l’orge, le blé, le triticale,

l’avoine et le maïs (Huss 2008), ainsi que de nombreuses

autres graminées telles que l’orge des rats (Hordeum

murium), le chiendent (Agropyron repens), le raygrass (Lolium sp.), le pâturin (Poa sp.) et l’agrostis jouet-du-vent

(Apera spica-venti). Des essais d’infections artificielles en

conditions contrôlées ont montré qu’une même souche

de R. collo-cygni peut infecter un grand nombre de

plantes hôtes différentes, sans montrer de préférence

particulière.

Les premiers symptômes sur l’orge apparaissent sur

les feuilles exposées à la lumière entre l’épiaison et la fin

de la floraison. Par temps humide, le champignon pro-

duit des spores en abondance sur la face inférieure des

feuilles, sous forme de petites touffes blanches de coni-

dophores émergeant des stomates et ne portant chacun

qu’une seule spore. Au niveau microscopique, les coni-

dophores ont la forme d’un cou de cygne, particularité

qui a donné son nom au champignon (collo-cygni = cou

de cygne). Les spores peuvent alors infecter d’autres

plantes. Seule cette étape de sporulation permet d’attri-

buer avec certitude les symptômes de grillure à la pré-

sence du champignon. En cas de fortes attaques, des

taches peuvent aussi être observées sur les barbes, les

Présence dans les grains

Détectable par PCRmais sans symptômes

Sporulation sur feuilles sénescentes

Protection par un traitement fongicide

BBCH 37–51

Symptômes sur épis et barbes

Symptômes sur feuilles

Sporulation abondante sur feuilles sénescentes

BBCH 0 BBCH 12 BBCH 25–31

BBCH >77 BBCH 69–73 BBCH (41)–51

Figure 1 | Cycle de développement de Ramularia collo-cygni selon Walters modifié (Walters et al. 2008).

Page 28: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

212

Production végétale | Ramularia collo-cygni – un nouveau champignon pathogène de l’orge

graines et les gaines des feuilles au niveau de la tige.

Dans de plus rares cas, les premières taches peuvent être

observées sur les feuilles sénescentes à la base des

plantes au printemps, aux stades fin de tallage et redres-

sement (BBCH25 à BBCH32). Dans ce cas, ces taches spo-

rulantes sont légèrement rougeâtres, ce qui permet

d’éviter toute confusion avec les symptômes d’autres

maladies connues de l’orge, telles que l’helmintospo-

riose (Pyrenophora teres), la rynchosporiose (Rhynchos-

porium secalis) et l’oïdium (Erysiphe graminis). Des outils

moléculaires ont été adaptés pour détecter très préco-

cement le champignon, avant même que les symptômes

apparaissent (Havis et al. 2006; Frei et al. 2007). Les plan-

tules peuvent être contaminées soit par des spores pro-

duites en automne, soit par la graine, ce qui a été

démontré et confirmé en laboratoire. L’ADN du cham-

pignon a été détecté en effet dans le péricarpe, le

corps farineux et l’embryon des graines. Ce fait signifie-

rait que le champignon peut se développer en même

temps que la graine germe, en colonisant progressive-

ment les tissus de la plante au fur et à mesure que la

plantule se développe. Le mycélium de R. collo-cygni

est intercellulaire et ne détruit pas les cellules de la

plante hôte. La nécrotisation de la feuille est principa-

lement due aux toxines photodynamiques produites

par le champignon. Ces molécules de la famille des

rubellines (Miethbauer et al. 2003), une fois activées

par la lumière, détruisent les membranes cellulaires. Ce

Figure 2 | Structures de dissémination de Ramularia collo-cygni produites sur milieu nutritif gélosé. A. Sclérotes (20–40 µm). B. Microconidies (2 µm) portées par des microconidiophores. C. Chlamydospores (6–10 µm). D. Détail de C.

Produit Dose / ha Matière active 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Bravo 500 1,5 l Chlorothalonil 41,0 % (500g/l) X

Proline 0,8 l Prothioconazole 25,0 % (250 g/l) X X X X X

Opera 1,75 lPyraclostrobin 12,5 % (133g/l)Epoxiconazol 4,7 % (50g/l)

X X X X X X X

Cherokee 2,5 lPropiconazol 5,17 % (62,5 g/l)Cyproconazol 4,13 % (50,0 g/l)Chlorothalonil 31,0 % (375 g/l)

X

Aviator Xpro 1,25 lBixafen 7,5 % (75 g/l)Prothioconazole 15,0 % (150 g/l)

X

Bell 1,5 lBoscalid 20,8 % (233 g/l)Epoxiconazole 6,0 % (67 g/l)

X X X

Tableau 1 | Fongicides utilisés dans les essais de traitement de l’orge contre Ramularia collo-cygni

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 210–217, 2015

Page 29: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

213

Ramularia collo-cygni – un nouveau champignon pathogène de l’orge | Production végétale

cultures en milieu PDA ont montré que le champignon

peut produire différents types de spores telles que des

chlamydospores, des conidies et des microconidies

(fig.  2) considérées comme rares (Salamati et Raitan

2006). Sur SBA, il est possible d’observer la formation

de très nombreux sclérotes de petite dimension (100 à

300 µm). Le rôle de ces différentes propagules dans le

cycle épidémiologique de R. collo-cygni reste encore à

élucider. De même, il se pourrait que les microconidies

jouent le rôle de spermatie dans la formation de la

structure sexuée du champignon, mais cela reste

encore à démontrer.

processus explique pourquoi les feuilles du haut, plus

exposées à la lumière, sont les premières à présenter

les symptômes typiques de taches nécrotiques brunes

de quelques millimètres, oblongues et cerclées de

jaune.

R. collo-cygni est difficile à isoler car cette opéra-

tion n’est possible que lors de la sporulation du cham-

pignon. Les cultures mycéliennes se font essentielle-

ment sur des milieux nutritifs gélosés tels que le PDA

(Potato Dextrose Agar), ou sur SBA (Straw Bran Agar,

paille et son de blé), pour la production de spores. Des

observations microscopiques effectuées sur de vieilles

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

traitement BBCH

traitement BBCH

traitement BBCH

traitement BBCH

traitement BBCH

traitement BBCH

traitement BBCH

Produitdose

37–41 45–51 37–41 45–51 37–41 45–51 37–41 45–51 37–41 45–51 37–41 45–51 37–41 45–51

Proline0,8 l/ha

138 129 120 128 106 110 106 110 116 114

Opera1,75 l/ha

119 131 110 122 107 104 107 104 115 111 131 120 119 117

Bell1,5 l/ha

129 129 123 121 120 117

Bravo1,5 l/ha

120 112

Cherokee2,5 l/ha

119 122

Aviator Xpro1,25 l/ha

99 104

Cellules bleu clair: augmentation statistiquement significative du rendement.

Tableau 2 | Rendements relatifs des essais sur orge menés à Goumoëns-la-Ville entre 2007 et 2013 selon différentes stratégies de lutte contre Ramularia collo-cygni (non traité = 100 %)

2008 2009 2010 2011 2012

traitement BBCH traitement BBCH traitement BBCH traitement BBCH traitement BBCH

Produitdose

37–41 45–51 37–41 45–51 37–41 45–51 37–41 45–51 37–41 45–51

Proline0,8 l/ha

136 133 103 108 105 108 103 108

Opera1,75 l/ha

124 126 103 103 101 108 105 108 109 106

Bell1,5 l/ha

100 101

Bravo1,5 l/ha

Cherokee2,5 l/ha

132 135

Aviator Xpro1,25 l/ha

107 103

Cellules bleu clair: augmentation statistiquement significative du rendement.

Tableau 3 | Rendements relatifs des essais sur orge menés à Changins entre 2007 et 2013 selon différentes stratégies de lutte contre Ramularia collo-cygni (non traité = 100 %). Les essais 2007 et 2013 n’ont pas été récoltés à cause des conditions climatiques défavorables

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 210–217, 2015

Page 30: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

214

Grillures d’origine physiologique PLS

Les taches physiologiques, aussi appelées taches de pollen,

ont longtemps passé pour la cause principale du dessè-

chement des feuilles. Les PLS (Physiological leaf spots)

sont des taches d’origine physiologique, ce qui signifie

qu’aucun microorganisme n’est impliqué dans le dévelop-

pement des symptômes (Obst et al. 1995); Wu et v. Tiede-

mann 2002). Ces derniers peuvent être observés lors de

brusques alternances entre temps couvert et fort rayon-

nement solaire. Durant ces rapides transitions climatiques,

les stomates ne s’ouvrent pas instantanément, ce qui pro-

voque l’accumulation très rapide de radicaux libres (radi-

caux d’oxygène = ROS) phytotoxiques (Obst et al. 1995).

Ces molécules, en détruisant les membranes des cellules,

provoquent ainsi des nécroses sur les feuilles exposées.

L’interaction des ROS et des rubellines produites par R.

collo-cygni mène à une déstructuration progressive des

membranes et de l’intégrité cellulaires, et ainsi à la

réduction drastique de la capacité photosynthétique des

feuilles (Miethbauer et al. 2003).

Lutte contre les grillures

Sensibilité variétale

Pour le moment, aucune différence de sensibilité n’a été

décrite entre les variétés d’orge de printemps et d’orge

d’automne. Le seul changement observé est la période

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

2008 2009 2010 2011 2012 2013

P. teres F

R. secalis F-2

P. teres F-1

Grillures F

P. teres F-2

Grillures F-1

R. secalis F

Grillures F-2

R. secalis F-1

année d’observation

taux

d’a

ttaq

ue e

n %

Figure 3 | Taux d’attaque, moyenne en % de la surface foliaire atteinte de 50 feuilles par étage foliaire des différentes maladies foliaires de l’orge dans les essais non traités à Changins (BBCH 69-73). P. teres: Pyrenophora teres (helminthos-poriose); R. secalis: Rhynchosporium secalis (rynchosporiose); grillures: Ramularia collo-cygni (ramulariose). F: feuille étendard; F-1: deuxième feuille; F-2: troisième feuille.

Année Lieu Rhynchosporiose Helminthosporiose Grillures

2007CHA --- --- ---

GlV Faible Forte Forte

2008CHA Très faible Très faible Forte

GlV Très faible Très faible Forte

2009CHA Très faible Très faible Faible

GlV Très faible Très faible Faible

2010CHA Très faible Très faible Faible

GlV Très faible Très faible Faible

2011CHA Très faible Très faible Faible

GlV Très faible Très faible Faible

2012CHA Très faible Très faible Faible

GlV Très faible Très faible Faible

2013CHA Très forte Faible Forte

GlV Très forte Faible Faible

Tableau 4 | Taux d’attaque des maladies foliaires de l’orge dans les parcelles non traitées des essais sur orge à Changins (CHA) et Goumoëns-la-Ville (GIV) de 2007 à 2013 selon différentes stratégies de lutte contre Ramularia collo-cygni

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 210–217, 2015

Production végétale | Ramularia collo-cygni – un nouveau champignon pathogène de l’orge

Page 31: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

215

celles d’une surface de 9 m² ont été traitées au pulvéri-

sateur à dos (300 l/ha) avec les produits présentés dans

le tableau 1. Un suivi épidémiologique a été effectué

chaque année dans les parcelles non traitées et les résul-

tats publiés sur le site www.agrometeo.ch, rubrique

grandes cultures / orge.

Deux essais ont dû être abandonnés à Changins à la

suite d’une forte attaque du virus de la jaunisse nani-

sante (2007) et de la tempête de grêle du 21 juin 2013.

Sur les sept années d’expérimentation, cinq essais de

Goumoëns-la-Ville ont fourni des rendements signifi-

cativement supérieurs au témoin non traité, avec un

gain maximal de 38 % en 2007 (tabl. 2). À Changins en

revanche, le rendement n’a été amélioré par le traite-

ment qu’une seule fois, et de peu, en 2008 (tabl. 3). Ces

résultats s’expliquent par la pression des différentes

maladies foliaires de l’orge, résumées dans le tableau 4,

et par le taux de grillures présent dans les essais (fig. 3

et 4).

C o n c l u s i o n s

En dépit des nouvelles connaissances acquises sur la bio-

logie et l’épidémiologie de Ramularia collo-cygni, ainsi

que des outils moléculaires développés pour détecter

très tôt le pathogène, plusieurs questions restent encore

ouvertes pour assurer une lutte plus ciblée. Cela importe

d’autant plus que la transmission peut se faire d’une

culture à l’autre par la semence et que le champignon

est présent dans l’embryon de façon latente. Les facteurs

d’apparition des grillures, liée à la précocité des variétés.

Les grillures apparaissant toujours à la fin de la floraison,

et se manifestent ainsi plus tôt chez les variétés hâtives.

Une trentaine de variétés européennes d’orge de prin-

temps et d’automne ont été semées chaque année

(2006 – 2009) sur différents sites de cinq pays européens,

l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, l’Ecosse et la

Suisse, dont deux sites en Suisse romande (Nyon et Gou-

moëns-la-Ville). Vu la grande différence de précocité

entre les variétés, ces essais ont été contrôlés trois fois

durant la période de culture (BBCH51, 69 et 83). La syn-

thèse des observations (BBCH 51 à BBCH 83) montre que

toutes les variété sont plus ou moins sensibles aux gril-

lures causées par R. collo-cygni.

Essais fongicidesDans le cadre des essais d’homologation d’Agroscope

(2007 à 2013), deux programmes de traitement ont été

évalués. Une première série a été traitée au stade

BBCH37 (apparition de la feuille étendard) ou au seuil

d’intervention défini pour les maladies foliaires (appari-

tion des premières grillures sur les trois dernières

feuilles); une autre série a été traitée à partir du stade

BBCH45 (gonflement de la gaine de la feuille étendard),

en privilégiant le positionnement d’un unique traite-

ment à la limite du dernier stade autorisé BBCH51

(début épiaison, barbes apparentes). Chaque année, des

essais randomisés (4 répétitions par procédé, variété

Plaisant) ont été menés sur les domaines d’Agroscope à

Changins (CHA) et Goumoëns-la-Ville (GlV). Les par-

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

P. teres F R. secalis F Grillures F

P. teres F-1 R. secalis F-1 Grillures F-1

P. teres F-2

R. secalis F-2 Grillures F-2

année d’observation

taux

d’a

ttaq

ue e

n %

Figure 4 | Taux d’attaque, moyenne en % de la surface foliaire atteinte de 50 feuilles par étage foliaire des différentes maladies foliaires de l’orge dans les parcelles non traitées à Goumoëns-la-Ville (BBCH 69-73). P. teres: Pyrenophora teres (helminthosporiose); R. secalis: Rhynchosporium secalis (rynchosporiose); grillures: Ramularia collo-cygni (ramulariose) et PLS (physiological leaf spots). F: feuille étendard; F-1: deuxième feuille; F-2: troisième feuille.

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 210–217, 2015

Ramularia collo-cygni – un nouveau champignon pathogène de l’orge | Production végétale

Page 32: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

216

physiologiques qui ont permis le passage de l’état d’en-

dophyte à l’état de pathogène ne sont pas connus mais

ont été déterminants pour la propagation du champi-

gnon et ses conséquences sur les rendements. Une étude

en Allemagne a montré que R. collo-cygni était déjà pré-

sent dans les semences en 1960 (Hess M., communication

personnelle). De même, le rôle exact de la toxine pro-

duite par le champignon, notamment dans sa virulence

sur l’orge, doit encore être élucidé.

En ce qui concerne la lutte, les fongicides autorisés

mis à disposition sont efficaces. Les essais d’Agroscope

ont montré qu’une seule application après le stade

BBCH37 suffit en général à limiter le développement du

champignon. Si la parcelle n’est pas atteinte avant le

stade BBCH37 par des attaques massives de rhynchospo-

riose, helminthosporiose, oïdium ou rouille naine, cet

unique traitement qui protège la feuille étendard

s’avère efficace. Quand la pression de ces maladies est

importante avant le stade BBCH37, un traitement spéci-

fique est alors conseillé. n

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 210–217, 2015

Production végétale | Ramularia collo-cygni – un nouveau champignon pathogène de l’orge

Page 33: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

217

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Ramularia collo-cygni, un nuovo patogeno

fungino dell’orzo

Essendo causa di cali significativi di resa,

sia sul piano quantitativo che qualitativo,

le bruciature fogliari rappresentano una

seria minaccia per le colture di orzo.

Benché gli stessi sintomi possano anche

essere dovuti a uno stato di stress di

natura fisiologica, le cause sono da

ricercare in primo luogo nella presenza del

fungo Ramularia collo-cygni. In mancanza

della sporulazione, tuttavia, è pratica-

mente impossibile distinguere tra questi

due tipi di necrosi fogliare. Per combattere

questo patogeno, Agroscope ha avviato

un ampio studio volto ad approfondire le

conoscenze sulla sua biologia. Grazie a un

monitoraggio del fungo fin dalle primis-

sime fasi della coltivazione per mezzo di

un esame genetico-molecolare, è stato

possibile scoprire che la trasmissione può

avvenire attraverso i semi. Sono state poi

individuate anche altre modalità di

diffusione, pur restando ancora da chiarire

quale ruolo svolgano sul piano epidemio-

logico e della sopravvivenza del fungo.

Una serie di test fungicidi, realizzati

mettendo in atto differenti strategie

d’applicazione, ha dimostrato che, in

assenza di altre malattie fogliari nella

coltivazione, un unico trattamento a

partire dalla fase BBCH37 è del tutto

sufficiente per risolvere con efficacia il

problema delle bruciature fogliari

dell’orzo.

Bibliographie ▪ Cavara F., 1892. Ueber einige parasitische Pilze auf dem Getreide. Zeit-schrift für Pflanzenkrankheiten III, 16–25.

▪ Frei P., Gindro K. G., Richter H. & Schürch S., 2007. Direct-PCR detection and epidemiology of Ramularia collo-cygni associated with barley necrotic leaf spots. Journal of Phytopathology 155, 281–8.

▪ Havis N., Oxley S. J. P. , Piper S. R. & Langrell S. R. H., 2006. Rapid nes-ted PCR-based detection of Ramularia collo-cygny direct from barley. FEMS Microbiology Letters 256, 217–23.

▪ Huss H., 2008. Die Sprenkelkrankheit nun auch auf Mais. Der Pflanzen-arzt 11–12, 6–7.

▪ Miethbauer S., Heiser I. & Liebermann B., 2003. The phytopathogenic fungus Ramularia collo-cygni produces Biologically active Rubellins on infected barely leaves. Journal of Phytopathology 151, 665-8.

▪ Obst A., Baumer M. & Huber G., 1995. Nichtparasitär bedingte Blattver-bräunungen bei Gerste- ein Problem mit zunehmender Bedeutung. Gesunde Pflanzen 74, 308–14.

▪ Salamati S. & Raitan L., 2006. Ramularia collo-cygni on spring barley, an overview of its biology and epidemiology. Proccedings, 1 European Ramularia Workshop Göttingen, 19–35.

▪ Walters D., Havis N. & Oxley S. P., 2008. Ramularia collo-cygni: the biology of an emerging pathogen of barley. FEMS Microbiology Letters 279, 1–8.

▪ Wu Y-X & von Tiedemann A., 2002. Evidence for oxidative stress invoved in physological leaf spot formation in winter and spring barley. Phytopa-thology 145, 145–55.

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 210–217, 2015

Ramularia collo-cygni – un nouveau champignon pathogène de l’orge | Production végétale

Ramularia collo-cygni, a new patho-

genic fungus of barley

Leaf spot constitutes a threat to barley

cultivation, leading to significant

quantitative and qualitative yield

losses. Although these symptoms can

be due to physiological stress, they are

primarily caused by infestation with

the Ramularia collo-cygni fungus. In

the absence of sporulation, these two

types of leaf necrosis are practically

impossible to tell apart. In order to

control the pathogen Ramularia

collo-cygni, Agroscope has launched a

major study to learn more about its

biology. The fungus was monitored by

molecular analysis from the earliest

stages of cultivation, allowing us to

ascertain that it can be transmitted by

seed. New forms of transmission of the

disease have also been discovered

whose roles in the epidemiology and

survival of the fungus have yet to be

determined. Fungicide trials have been

conducted with different application

strategies. These have shown that, in

the absence of other leaf diseases in

the crop, a single treatment from the

BBCH 37 (flag-leaf) stage onwards is

sufficient for the effective control of

barley leaf spot.

Key words: Ramularia collo-cygni,

biology, barley, fungicides.

Page 34: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

218 Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 218–223, 2015

connaissances fondamentales tant pour la production

de denrées alimentaires de haute qualité que pour la

préservation des biens collectifs, notamment la protec-

tion des animaux ainsi que le maintien de paysages

ruraux et de la vitalité de l’espace rural (Conseil fédéral

suisse 2012). Le concept d’un «système intégré d’alimen-

tation», fondé sur la durabilité et résistant aux perturba-

tions externes (Lötscher 2012), est devenu le principe

directeur. Promouvoir un développement durable cons -

titue une tâche complexe impliquant de nouvelles

approches afin que l’agriculture puisse poursuivre simul-

tanément plusieurs objectifs. C’est l’association de

conditions-cadres politiques, de découvertes scienti-

fiques et de l’expérience pratique qui génèrera des inno-

vations aboutissant à des solutions durables et adaptées

au contexte local (Moschitz et al. 2015).

Cet article montre comment le SCA en Suisse s’ef-

force de relever ces défis afin de promouvoir un déve-

loppement rural durable. Comme cette étude prend en

compte l’ensemble du système de connaissances agri-

I n t r o d u c t i o n

Nouveaux buts des systèmes de connaissances agricoles

Les systèmes de connaissances agricoles (SCA) englobent

l’ensemble des institutions et organisations publiques et

privées chargées de la recherche, de la formation et de

la vulgarisation dans le secteur agricole (Buess et al.

2011; Hermans et al. 2015).

Dans le cadre des réformes de la politique agricole

introduites à la fin du 20e siècle, le centre d’intérêt des

SCA s’est déplacé vers le développement durable de

l’espace rural. Les objectifs ont été redéfinis, qu’il

s’agisse des thématiques orientées vers les techniques

de production ou des questions liées à l’environnement.

Des activités nécessitant des compétences en économie

et en gestion ont été développées (Brunori et al. 2013).

Ce glissement du centre d’intérêt découle de la subordi-

nation des paiements directs au respect des prestations

écologiques requises en Suisse depuis 1999 (OFAG 2009).

Le SCA suisse s’efforce actuellement de développer des

Réorganisation du système de connaissances agricoles en SuisseRobert Obrist, Heidrun Moschitz et Robert Home

Institut de recherche de l’agriculture biologique FiBL, 5070 Frick, Suisse

Renseignements: Robert Obrist, e-mail: [email protected]

Échange de connaissances à l’occasion d’une démonstration de machines agricoles. (Photo: Marion Nitsch)

S o c i é t é

Page 35: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Réorganisation du système de connaissances agricoles en Suisse | Société

219

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 218–223, 2015

Le système de connaissances agricoles (SCA) en

Europe était et est aujourd’hui encore conçu

comme un transfert linéaire de connaissances

des scientifiques vers les agriculteurs. Avec le

changement de la politique agricole et l’intro-

duction du couplage entre les performances

environnementales et les paiements directs à la

fin du 20e siècle, de nouvelles structures se sont

développées, en particulier en Suisse. Cet

article identifie les facteurs qui influent sur la

transformation actuelle du SCA en Suisse afin

de promouvoir un développement agricole

multifonctionnel et durable. Lors d’un atelier

réunissant des représentants des différents

acteurs du SCA, une «matrice de performance

du système d’innovation» a été élaborée. Les

résultats révèlent une évolution en cours dans

la conception du rôle des scientifiques, des

vulgarisateurs et des formateurs: leur mission

ne se limite plus à la transmission du savoir

mais se mue en un rôle de modérateurs,

générant ainsi des connaissances nouvelles par

un effort commun de différents acteurs. Ce

changement de paradigme implique la pour-

suite du développement du SCA en Suisse.

L’approche dans le choix des thèmes de

recherche, la poursuite efficace d’une recherche

orientée vers la pratique, la présentation claire

des résultats de la recherche et leur discussion

avec les parties prenantes ainsi que la mise en

pratique concertée des conclusions doivent

encore être organisées plus précisément.

coles, elle est axée sur les interactions entre les diffé-

rents acteurs et sur les facteurs qui favorisent ou qui

entravent ces interactions.

La situation actuelle du SCA en Suisse est tout

d’abord présentée ainsi que les résultats d’un atelier sur

les facteurs qui favorisent ou qui freinent le développe-

ment durable dans le SCA. Des suggestions sont ensuite

formulées sur la base de ces constatations afin d’assurer

la poursuite du développement du SCA.

Système actuel de connaissances agricoles suisse

L’échange d’informations entre les institutions chargées

de l’application des lois et des décrets se fait de manière

régulière et bien formalisée (avec des listes officielles de

participants, des ordres du jour et des procès-verbaux).

Ces rencontres assurent une remontée d’informations de

«bas» (niveau cantonal) en «haut» (niveau fédéral), ce

qui est nécessaire car la politique agricole est en grande

partie élaborée au niveau fédéral mais mise en œuvre au

niveau cantonal. Les plateformes et les groupes de tra-

vail les plus importants réunissent les directions, les

comités directeurs ou les représentations des différents

départements concernés (p. ex. conférence des services

d’agriculture cantonaux, différents groupes de travail au

niveau fédéral chargés de l’amélioration structurelle, de

l’efficacité de l’utilisation des ressources, des paiements

directs, etc.). En outre, des représentants des autorités

fédérales sont habituellement invités à participer à ces

réunions.

L’échange de connaissances sur des questions rela-

tives aux techniques de production a lieu principalement

au niveau des communautés de travail et des plate-

formes de communication et de coopération. Ces plate-

formes, coordonnées par différentes institutions,

servent en premier lieu à l’échange d’expériences et aux

discussions sur des projets communs et des développe-

ments techniques dans le domaine agricole. Les projets

novateurs sont souvent portés par des plateformes et

des groupes de travail spécialisés et peuvent, à l’initia-

tive d’une ou plusieurs institutions du SCA, être lancés

par les cantons ou des acteurs particuliers (Barjolle 2011;

Buess et al. 2011). Comme exemple de projets novateurs

de ce type, citons les marchés paysans ou les projets ASC

(agriculture soutenue par la communauté). De plus en

plus souvent, d’autres acteurs sont également impliqués.

Ainsi, lors des séminaires professionnels du FiBL, des ges-

tionnaires de produits de l’organisation faîtière (Bio

Suisse), des transformateurs (p. ex., meuneries agricoles)

et des distributeurs (grossistes) sont amenés à jouer un

rôle actif. Cette approche favorise la compréhension

réciproque et la disposition à trouver une solution com-

mune aux problèmes.

M é t h o d e

Pour déterminer quels facteurs du SCA favorisent ou

entravent un soutien plus efficace à une agriculture

durable et à un développement de l’espace rural, un ate-

lier a été organisé dans le cadre du projet européen de

recherche SOLINSA1 (www.solinsa.net), avec douze

acteurs représentant différents groupes d’intérêt du

SCA. Au cours de l’atelier, la méthode de la «matrice col-

lective de performance du système d’innovation» a été

1Le projet de recherche SOLINSA (Agricultural Knowledge Systems in Transition: Towards a more effective and efficient support of learning and innovation networks for sustainable agriculture, www. solinsa.net) – Développement de réseaux de formation et d’innovation pour une agriculture durable – a bénéficié d’un soutien financier de la Commission européenne (7e programme-cadre pour des actions de recherche, convention de subvention N° 266306).

Page 36: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Société | Réorganisation du système de connaissances agricoles en Suisse

220

appliquée, comme décrit dans le manuel Reflexive Moni-

toring in Action (Mierlo et al. 2010). La figure 1 présente

la structure du SCA, tandis que cette matrice permet

d’analyser de manière systématique les fonctions et les

interactions au sein du SCA pour identifier les facteurs

qui stimulent ou qui freinent le développement durable

(tabl. 1). Dans les colonnes figurent les acteurs concernés

du système (associations paysannes, organismes de vul-

garisation, écoles d’agriculture, etc.), tandis que les

lignes représentent différents aspects du système:

•• Dans le SCA, «Infrastructure» signifie infrastructures

physiques, par exemple les structures de communica-

tion entre instituts et exploitations agricoles, les voies

de transport, les établissements de recherche et de

développement ou le financement de la recherche

publique et privée.

•• Le «Cadre législatif» comprend l’ensemble des règles

formalisées du système, tels que les paiements

agricoles directs.

•• Les «Institutions sociales» sont les valeurs, les normes

et les aspects culturels qui influencent la façon de

communiquer des acteurs, la manière d’interpréter

«bonnes pratiques» et la façon dont s’effectuent les

échanges.

•• «Interactions» désigne la façon dont les acteurs

interagissent et coopèrent. Il peut s’agir de liens

informels ou de réseaux étroitement imbriqués. Il

s’agit à la fois de relations verticales (entre les acteurs

à différents niveaux) et horizontales (entre acteurs

d’un même niveau).

•• «Aptitudes» représente les aptitudes techniques et

organisationnelles des acteurs leur permettant de

s’adapter aux nouveautés et, le cas échéant, de les

intégrer dans la pratique. Parmi elles figurent notam-

ment l’esprit entrepreneurial et une formation

appropriée.

•• La «Structure du marché» se réfère aux interactions

entre les acteurs du marché, en l’occurrence, entre

diffuseurs et demandeurs de connaissances.

La trame de la matrice du SCA a été présentée sur un

grand poster. Tous les participants ont alors été priés

d’indiquer dans la trame, au moyen d’étiquettes adhé-

sives, les facteurs du SCA qui, selon eux, stimulent ou

entravent un soutien plus efficace au développement

durable de l’espace rural. Les résultats ont ensuite été

discutés, les étiquettes ont été regroupées ou leur

contenu a été reformulé. À l’issue de cet échange appa-

raît une matrice qui reflète l’ensemble des points de vue

des acteurs présents sur la situation du SCA en Suisse.

Outre ce résultat élaboré et reconnu par l’ensemble des

participants, un autre effet de cette approche participa-

tive est de permettre à tous les acteurs de connaître le

point de vue des autres participants. Bien que la méthode

choisie demande explicitement de nommer aussi les fai-

blesses du système, l’absence d’anonymat dans le

Recherche EPF Recherche

fondamentale

Recherche appliquée, plateformes OFAGRecherche et vulgarisation

Formation SEFRI Formation, recherche

et innovation

EnvironnementOFEV/OFAG

Environnement

Développement rural

SECODéveloppement rural

Vétérinaires OSAVSanté animale

Santé publique OFSPSanté publique

Expl

oita

tions

agr

icol

es

Confédération Inter-cantonal Cantons

EPFZ

Agroscope FiBL

Services agricoles

Nutrinet

Services canto-naux de

vulgarisation

Conférence des directeurs cantonaux

de l’agriculture

Méd

ias,

ON

G, c

onse

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rivés

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pro

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rôle

et d

e ce

rtifi

catio

n

Privé

EPFZChimistes cantonaux

Offices cantonaux

UniversitésVétérinaire

cantonal

Universités, hautes écoles

EPFZ et universités

AGRIDEA FiBL

regiosuisse

Hautes écoles spécialisées (agric, alim, org. travail)

Services de santé

Écoles d'agriculture

Offices de protection de la nature

Universités, hautes écoles

Figure 1 | Le système de connaissances agricoles en Suisse, classé par sources de financement (d’après Barjolle 2011).

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 218–223, 2015

Page 37: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Réorganisation du système de connaissances agricoles en Suisse | Société

221

l’aspect «Institutions sociales», les interactions entre les

acteurs sont considérées comme positives par de nom-

breux participants. Ainsi, les services de vulgarisation et

les écoles de formation professionnelle paraissent entre-

tenir de bonnes relations avec la recherche et la pratique,

même si celles-ci pourraient être intensifiées. L’échange

d’informations entre les institutions chargées de l’appli-

cation des lois et des décrets a lieu de manière régulière,

est bien formalisé et assure la communication entre le

niveau cantonal et le niveau fédéral. L’échange de

connaissances sur les questions relatives aux techniques

de production a principalement lieu au sein des groupe-

ments de travail et des plateformes de communication

et de coopération qui sont coordonnés par différentes

institutions. Ces plateformes servent en premier lieu à

l’échange d’expériences et aux discussions sur des pro-

jets communs et des développements techniques dans

le domaine agricole (Barjolle 2011). Cependant, les

contacts informels entre les acteurs jouent également

un rôle important et favorisent souvent les innovations.

Le niveau de formation généralement élevé des agricul-

teurs (aspect «Aptitudes») et l’ancrage du principe de

durabilité dans la politique suisse (aspect «Cadre législa-

tif») sont d’autres facteurs positifs importants.

Les principaux freins au développement durable

sont des facteurs qui limitent la propension à la prise de

risque. Ces facteurs concernent les aspects «Cadre légis-

latif», «Structure du marché» et à nouveau «Interac-

tions» – abordés sous différents angles. Les réglementa-

tions contraignantes dans l’agriculture se traduisent par

la lourdeur des tâches juridiques et administratives pour

tous les acteurs, ce qui les rend moins disponibles pour

contexte de l’atelier pousse à souligner plus fortement

les aspects positifs. Les critiques acerbes des institutions

représentées ont été évitées lors de l’atelier.

R é s u l t a t s

Le tableau 1 présente une vue d’ensemble succincte des

résultats de la «matrice de performance du système d’in-

novation» pour le SCA en Suisse. Il indique les facteurs

du SCA en Suisse qui favorisent (+) ou freinent (–) les

innovations en faveur d’un développement durable de

l’espace rural. Les principaux freins et moteurs sont

décrits ci-après; par manque de place, tous les facteurs

ne peuvent être présentés dans cet article.2

Les facteurs ayant les effets les plus stimulants dans

le SCA en Suisse se situent, selon les participants à l’ate-

lier, dans les quatre aspects «Infrastructure», «Institu-

tions sociales», «Interactions» et «Structure du marché».

Une dotation appropriée en ressources et une stabilité

de l’infrastructure financière, notamment en faveur des

établissements de formation et de recherche, per-

mettent d’engager des personnes très compétentes et

motivées. Les paiements directs garantis par l’État

assurent aux agriculteurs des ressources financières leur

permettant de concrétiser des idées nouvelles. Fonda-

mentalement, tous les acteurs sont disposés à apprendre

les uns des autres et à collaborer entre eux, ce qui est

une condition essentielle pour l’innovation. Les agricul-

teurs sont généralement décrits comme favorables à

l’expérimentation. En plus de ces points positifs dans

ActeursAgri-

culteursAssociations paysannes

Associations sectorielles

Organismes publics

Services de vulgarisa-

tion

Écoles de formation

profession-nelles

Établissements d’enseignement

supérieur

Instituts de recherche

Acteurs de la chaîne de valeur ajou-

tée

Sous-trai-tants

ONG

Aspects

Infra- structure

+ + + + +–

Cadre législatif

+ + + + +

– – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – –

Institutions sociales

+ + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + +

– – – – – – – – – – – –

Interactions+ + + + + + + + + +

– – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – –

Aptitudes+ + + + + +

+– – – – – – – –

Structure du marché

+ + + + + + + + + + + + + +

– – – – – – – – – – – – – –

Le nombre de (+) ou de (–) reflète la quantité de facteurs stimulants ou inhibiteurs: ( ) aucun; (+) 1–2; (+)(+) 3–4; (+)(+)(+) 5 et plus.

Tableau 1 | «Matrice de performance du système d’innovation» du SCA en Suisse et facteurs favorisant (+) ou freinant (–) le soutien d’un développement durable

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 218–223, 2015

2Pour plus de détails, voir Home et al. (2013), où tous les facteurs sont présentés.

Page 38: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Société | Réorganisation du système de connaissances agricoles en Suisse

222

le développement créatif et l’expérimentation. Sur le

«marché des connaissances», la concurrence entre l’offre

et la demande augmente certes la qualité de l’offre,

mais en période de changement du système de connais-

sances, de nombreux acteurs ont un comportement

défensif et sont peu enclins à l’innovation, car ils consi-

dèrent que cette attitude augmente leurs chances de

survie. En ce qui concerne les services de vulgarisation,

on remarque qu’il est difficile de «vendre» les cours axés

sur l’acquisition de compétences méthodologiques,

alors qu’ils constituent une clé des innovations durables.

Selon les parties prenantes, les principaux freins à l’inno-

vation dans l’aspect «Interactions» sont principalement

le peu d’échanges entre organismes publics ainsi

qu’entre les acteurs de la vulgarisation, les établisse-

ments d’enseignement supérieur et les instituts de

recherche dans leurs domaines respectifs. En outre, les

acteurs sont souvent trop peu ouverts à la collaboration

en dehors des réseaux existants; par exemple, l’absence

de financement de la recherche par les organisations

agricoles a été soulignée. Par ailleurs, il n’y a pas de

feedback entre les acteurs de la chaîne de valeur ajoutée

et ceux de la recherche. Un autre frein mérite d’être

remarqué: malgré la bonne formation reconnue des

agriculteurs, leur formation entrepreneuriale est insuf-

fisante, ce qui entrave leur comportement novateur en

faveur du développement durable.

D i s c u s s i o n e t c o n c l u s i o n s

Actuellement, les services de vulgarisation agricole en

Suisse se concentrent en premier lieu sur les aspects rela-

tifs aux techniques de production. Les conseils s’ins-

crivent principalement dans une optique de commercia-

lisation et portent sur les moyens de production (engrais,

produits phytosanitaires, aliments pour animaux, etc.).

Les conseils relatifs au développement et à la stratégie

de l’exploitation sont généralement prodigués à l’occa-

sion des changements générationnels. Aujourd’hui déjà

et certainement aussi à l’avenir, l’évolution des

conditions-cadres est toujours plus rapide sous l’effet de

la politique (p. ex. libéralisation des marchés), de la

société (p. ex. demande de prestations environnemen-

tales) ou de changements naturels (p. ex. changement

climatique). Dès lors, des compétences entrepreneuriales

accrues sont attendues des chefs d’exploitation. De plus

en plus, l’élaboration de stratégies individuelles pour les

exploitations est mise en avant. Il est donc essentiel de

connaître les forces et les faiblesses de ses collaborateurs.

À l’avenir, l’offre diversifiée de formation permanente

existant dans le domaine de la gestion et du développe-

ment d’entreprises devrait être davantage exploitée.

Les aptitudes des apprentis sont prises en compte dans la

formation de base avec les deux cursus sanctionnés par

un «Certificat fédéral de capacité» et une «Attestation

de formation». Comme l’enseignement a lieu dans des

classes séparées, les petites écoles ont de plus en plus de

difficultés à atteindre le nombre minimal d’élèves requis.

Le nombre d’exploitations agricoles diminue d’année en

année. Elles se spécialisent de plus en plus, tant dans le

secteur de la production végétale que celui de l’élevage.

Les services cantonaux de vulgarisation doivent s’adap-

ter à ces évolutions en se spécialisant eux-mêmes en

conséquence et en acquérant de nouvelles compétences.

Les défis actuels et surtout futurs de la formation et de

la vulgarisation ne pourront être relevés que par une

coopération renforcée entre les cantons. À cet égard, les

vulgarisateurs actuellement en activité et les vulgarisa-

teurs futurs au service des cantons doivent acquérir des

compétences supplémentaires. En plus des spécialistes

des techniques de production et des experts en gestion

et développement d’entreprises, il faudra pouvoir dispo-

ser à l’avenir de spécialistes capables de jouer un rôle de

médiateurs, d’initier et de soutenir les évolutions suscep-

tibles d’améliorer le développement durable dans l’agri-

culture.

Dans la recherche, davantage d’incitations et de pos-

sibilités doivent être ménagées pour intégrer les

connaissances fondées sur l’expérience de la pratique

agricole dans les projets. Comme Home et Moschitz

(2013) l’ont montré, un ensemble de mesures sont néces-

saires à cet effet, visant à la fois les chercheurs à titre

individuel et les conditions-cadres politiques et institu-

tionnelles. Ces mesures pourraient, par exemple, avoir

pour effet de ne plus retenir l’excellence scientifique des

requérants comme unique critère de soutien aux projets

de recherche, mais également leurs capacités à coopérer

avec les praticiens. De même, les projets incluant une

coopération entre recherche et pratique devraient être

davantage soutenus. Toutefois, cette approche ne peut

aboutir que si l’échange de connaissances entre la

recherche et la pratique est une dimension intégrée

dans la formation des chercheurs, des vulgarisateurs et

des agriculteurs. Tous les acteurs doivent devenir

capables d’échanger au-delà des limites de leur domaine

professionnel et de développer des innovations en asso-

ciant les cultures du savoir des uns et des autres en un

processus d’apprentissage commun (voir également Fry

et al. 2011; Moschitz et al. 2015). n

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 218–223, 2015

Page 39: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Réorganisation du système de connaissances agricoles en Suisse | Société

223

Ria

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Sum

mar

y

Bibliographie ▪ Barjolle D., 2011. Agriculture Knowledge System: Country Report, Switzerland.

Unpublished report for FP7 – EU research project SOLINSA (GA 266306) – WP3 – ETH-D-USYS.

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Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 218–223, 2015

Reconfiguring the agricultural knowledge

system in Switzerland

The Agricultural Knowledge System (AKS) in

Europe has been, and often continues to be,

characterised by the idea of linear knowledge

transfer from science to farmers. Particularly in

Switzerland, new structures have arisen as a

result of the turnaround in agricultural policy

and the introduction at the end of the twenti-

eth century of cross-compliance between the

provision of environmental services and direct

farm payments. The aim of this paper is to

illustrate the factors impacting on the reform

of Switzerland’s current AKS, with a view to

supporting innovation for multifunctional and

sustainable rural development. A collective

Innovation System Performance matrix was

developed in a workshop with representatives

of the various AKS stakeholder groups. From

the results, we can reasonably conclude that a

change is underway in the understanding of

the role of stakeholders in science, extension

and education, with the latter progressing

from mere conveyors of information to

facilitators who generate new knowledge

jointly with the various actors. In Switzerland

as elsewhere, the AKS must be reconfigured in

order to achieve this paradigm change. There

is still a need to shape more clearly the choice

of research topics, the efficient and effective

performance of practice-oriented research, the

processing of research results, stakeholder

discussions, and joint implementation.

Key words: agricultural knowledge system,

innovation, system performance matrix,

stakeholder interactions.

Ridefinire il sistema della conoscenza in

agricoltura in Svizzera

Il sistema della conoscenza in agricoltura (SCA)

in Europa era ed è tuttora spesso caratteriz-

zato dall’idea del trasferimento lineare delle

conoscenze dalla scienza agli agricoltori. Con

la svolta della politica agricola e con l’introdu-

zione della relazione tra prestazioni ambientali

e pagamenti diretti alla fine del 20° secolo si

sono sviluppate, soprattutto in Svizzera, nuove

strutture. L’obiettivo del presente contributo è

di indicare i fattori che influiscono sul rinnova-

mento dell’attuale SCA in Svizzera affinché

possano essere sostenute innovazioni per uno

sviluppo rurale multifunzionale e sostenibile.

In un workshop con rappresentanti dei diversi

attori dello SCA è stata elaborata una collet-

tiva «Innovation System Performance Matrix».

I risultati permettono di concludere che è in

corso un cambiamento della percezione dei

ruoli da parte dei partecipanti per quanto

riguarda la scienza, la consulenza e la forma-

zione: da semplici trasmettitori di informazioni

a moderatori che producono nuove cono-

scenze assieme a diversi attori. Per realizzare

questo cambiamento d’impostazione è

necessario che lo SCA si sviluppi ulteriormente

in tal senso anche in Svizzera. Il procedimento

per quanto riguarda la scelta dei temi di

ricerca, l’attuazione efficace e incisiva della

ricerca orientata alla pratica, l’elaborazione dei

risultati della ricerca, la discussione con le parti

interessate e la realizzazione comune va

ulteriormente definito.

Page 40: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

224 Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 224–227, 2015

Avec 216 participants issus de 13 pays, l’intérêt suscité

par la Conférence de février 2015 a dépassé toutes les

attentes. La diversité était au rendez-vous, tant dans la

provenance des participants que dans les domaines de

recherche présentés. Outre la médecine humaine, de

nombreuses contributions portaient sur la reproduction

des animaux de rente tels que les bovins, les porcs et les

chevaux. Mais les présentations ont également porté sur

les nouvelles connaissances relatives aux lapins, chiens,

lynx et dromadaires.

Plus de 200 spécialistes internationaux de la recherche

fondamentale en sciences agronomiques, en bioméde-

cine et en médecine vétérinaire clinique se sont rencon-

trés lors de la Conférence de février (Februartagung),

du 11 au 14 février 2015 à Zurich, pour échanger des

connaissances sur les progrès les plus récents dans les

domaines de la physiologie et de la pathologie de la

reproduction. Un cours de formation continue sur la

fertilité de la vache laitière a ensuite été donné au

Tierspital.

Les participants au congrès de février dans le bâtiment des sciences agronomiques LFW de l’ETH Zurich. (Photo: Jochen Bick)

David Kradolfer1, Martin Kaske2 et Susanne E. Ulbrich1

1ETH Zurich, Institut des sciences agronomiques, chaire de physiologie animale, 8092 Zurich, Suisse2Service sanitaire bovin, Faculté Vetsuisse Zurich, 8057 Zurich, Suisse

Renseignements: Susanne E. Ulbrich, e-mail: [email protected]

Du laboratoire à la pratique: congrès inter-national sur la reproduction humaine et animale

E c l a i r a g e

Page 41: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Du laboratoire à la pratique: congrès inter national sur la reproduction humaine et animale | Eclairage

225Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 224–227, 2015

Recherche fondamentale et recherche clinique

Les organisateurs avaient particulièrement à cœur de

promouvoir la collaboration entre la recherche fonda-

mentale et la recherche clinique. Les deux approches

peuvent être considérées comme complémentaires car

elles abordent parfois les mêmes problèmes avec les

mêmes outils, mais avec des motivations très différentes.

Les uns se concentrent sur l’application clinique d’une

problématique, et s’intéressent prioritairement aux

aspects liés à la thérapie du malade. Les autres en

revanche s’attachent à expliquer les mécanismes à l’ori-

gine de la santé. Ces mécanismes peuvent n’avoir aucune

application clinique dans un premier temps, mais servir

de base pour de nouvelles préparations efficaces en cli-

nique. Pour les aspects touchant à la physiologie et à la

pathologie de la reproduction chez l’homme et chez

l’animal, ces deux approches sont indispensables.Les différents modèles animaux utilisés sont égale-

ment très utiles pour établir de nouvelles hypothèses

pour l’espèce animale concernée ainsi que pour

l’homme. Dans la médecine de la reproduction de

l’homme et de l’animal, la demande de traitements ne

cesse d’augmenter, mais de nombreux mécanismes de

régulation fondamentaux sont parfois insuffisamment

expliqués, voire totalement inexpliqués. La reconnais-

sance des compétences réciproques permet de contri-

buer au progrès commun dans le domaine très com-

plexe de la reproduction.

Rôle du système immunitaire dans la reproduction

Le congrès a notamment mis l’accent sur le système

immunitaire maternel, un élément très important pour

la fertilité. La conférencière Claire Wathes (Royal Veteri-

nary College, Herts, UK) a ouvert les feux sur le sujet,

avec un exposé sur l’influence du stress métabolique sur

le système immunitaire des vaches laitières. Durant la

période périnatale, la consommation d’énergie d’une

vache est tellement élevée qu’elle ne peut être couverte

que par la mobilisation des réserves corporelles de la

mère. Cela conduit à une diminution du nombre de cer-

taines cellules immunitaires spécialisées, les granulocytes

neutrophiles, dans le sang, et donc à une sensibilité

accrue de la vache aux infections. C’est un problème par-

ticulièrement préoccupant car durant la mise-bas et la

période post-partum, les bactéries peuvent pénétrer

dans le système reproducteur par le canal pelvien ouvert.

Après la mise-bas, environ 20 à 30 % des vaches déve-

loppent une métrite, une inflammation de la couche

musculaire de l’utérus, puis une endométrite, une

inflammation de la muqueuse de l’utérus qui diminue

leur fertilité. Des études indiquent que les virus jouent

également un rôle important dans l’apparition d’endo-

métrites et de problèmes de fertilité. Il a ainsi été mon-

tré qu’une infection due au BVDV, un virus largement

répandu qui peut provoquer de fortes diarrhées, peut

empêcher l’activation des gènes nécessaires aux défenses

immunitaires et au maintien de la gestation à son début.

Un autre conférencier invité, Mats Troedsson (Uni-

versity of Kentucky, USA), a présenté un autre aspect de

l’endométrite. Chez les juments, l’insémination pro-

voque une inflammation passagère de la muqueuse de

l’utérus qui disparaît après 24 à 36 heures chez les

juments fertiles. Ce processus physiologique normal

libère l’utérus des spermatozoïdes et des bactéries qui

s’y sont introduits. Près de 10% des juments, le plus sou-

vent des animaux âgés, développent toutefois une

endométrite qui dure plus longtemps. Si cette inflam-

mation n’a pas encore disparu cinq jours après l’ovula-

tion, c’est-à-dire au moment où l’embryon passe de

l’oviducte à l’utérus, cela conduit à une diminution du

taux de gestation.

Grossesse et diabète

Anne Navarrete Santos (Université Martin Luther, Halle-

Wittenberg, Allemagne) a expliqué l’effet du diabète

durant la grossesse. Chez les femmes, le diabète de type

I provoque plus de troubles de fertilité et de complica-

tions durant la grossesse. Outre ces impacts directs sur

l‘embryon, il y a aussi des effets à long terme via la pro-

grammation métabolique. Les enfants et les adultes sont

ainsi plus souvent atteints de surpoids et de diabète si

leur mère souffrait de diabète durant sa grossesse. Le

développement embryonnaire du lapin ressemble beau-

Encadré 1 | Conférence de février 2015

Du 11 au 14 février 2015, la Conférence de

février 2015 (Februartagung 2015) chapeautait

deux rencontres scientifiques internationales:

le 48e congrès annuel international de physio-

logie et pathologie de la reproduction, ainsi

que la 40e conférence de médecine humaine et

vétérinaire, organisés par l’ETH Zurich (groupe

de physiologie animale, prof. Susanne Ulbrich)

et par l’Université de Zurich (clinique pour la

médecine de la reproduction, prof. Heiner

Bollwein).

Deux symposiums satellite ont en outre été

mis sur pied à cette occasion, sur les thèmes

de la reproduction du cheval et la fertilité de la

vache laitière.

Page 42: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Eclairage | Du laboratoire à la pratique: congrès inter national sur la reproduction humaine et animale

226

coup à celui de l’homme, raison pour laquelle le lapin

convient bien comme modèle animal. L’utilisation de

lapins diabétiques a ainsi permis d’étudier les modifica-

tions moléculaires qui se produisent dans l’embryon

durant la gestation. C’est une condition essentielle pour

trouver le traitement optimal du diabète de gestation

pour l’embryon et pour la mère.

Formation sur la fertilité de la vache laitière

Après la clôture de ce congrès qui fut une réussite, une

formation continue d’un jour organisée par le Service

sanitaire bovin suisse (SSB), destinée spécifiquement aux

vétérinaires praticiens, a eu lieu à la Faculté Vetsuisse de

Zurich. L’accent était mis sur la fertilité de la vache lai-

tière. Les praticiens suisses ont fait preuve d’un intérêt

bien plus grand que prévu. Martin Kaske, responsable

du SSB, a souhaité la bienvenue à plus de 100 proprié-

taires de cabinet pour gros animaux, assistants et étu-

diants; de nombreuses inscriptions ont effectivement

malheureusement dû être refusées en raison de la capa-

cité limitée de l’auditoire.

Heiner Bollwein (Université de Zurich) a consacré son

exposé au sens et au non-sens des différentes thérapies

hormonales chez les vaches souffrant de troubles ova-

riens dus à une inactivité des ovaires, une ovulation

retardée ou à des follicules kystiques des ovaires. A l’aide

d’exemples tirés de la littérature et des résultats de ses

propres études, il a pu prouver de manière impression-

nante que si l’indication est claire, l’utilisation réfléchie

de prostaglandines, de GnRH et de suppléments de pro-

gestérone peut augmenter fortement les chances de

réussite d’une insémination; d’autre part, il existe égale-

ment de nombreux protocoles de synchronisation du

cycle et d’insémination qui sont utilisés en pratique mais

dont l’efficacité n’a jamais pu être démontrée. Les parti-

cipants ont ensuite pu suivre des exposés consacrés aux

options thérapeutiques en cas d’endométrite chronique

et à la valeur du diagnostic par échographie au moment

de l’insémination. Ulrich Witschi (Swissgenetics) a pré-

senté de nouveaux résultats qui prouvent que le sperme

sexé conduit à des succès d’insémination satisfaisants en

pratique, de sorte que son utilisation s’avère tout à fait

Figure 1 | Les organisateurs du congrès Heiner Bollwein (clinique pour la médecine de la reproduction de l’Université de Zurich) et Susanne Ulbrich (chaire de physiologie animale de l’ETH Zurich) entourent les trois lauréats (de gauche à droite): Jochen Bick (meilleur poster, ETH Zurich), Jan-Dirk Haeger (meil-leur exposé Postdoc, Haute école vétérinaire de Hanovre) et Killian Simmet (meilleur exposé des doc-torants, Université Ludwig-Maximilian, Munich). (Photo: Stefan Bauersachs)

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 224–227, 2015

Page 43: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Du laboratoire à la pratique: congrès inter national sur la reproduction humaine et animale | Eclairage

227

semaines de lactation. Les maladies inflammatoires qui

débutent dans la mamelle ou la matrice constituent éga-

lement des causes importantes pour des résultats d’insé-

mination insatisfaisants. Mais on observe que dans les

exploitations ayant une production laitière supérieure à

la moyenne, la fertilité du troupeau s’avère souvent

satisfaisante – un indice clair de l’importance énorme du

management pour la compatibilité entre la santé ani-

male, la fertilité, une période d’utilisation plus longue et

des performances élevées. Ces deux exposés ont ainsi

présenté d’une part les possibilités de surveillance du

métabolisme à l’aide des résultats du contrôle laitier

ainsi que les options permettant de minimiser le défi

métabolique lié à la lactation chez les vaches à haute

performance grâce à une amélioration du management.

L’ambiance studieuse, les nombreuses discussions et les

échos très positifs des participants ont montré que ce

symposium a permis de susciter de nombreuses réflexions

et propositions pour les praticiens en médecine bovine.

Pour le SSB, c’était un lancement parfait pour les jour-

nées de formation continue planifiées plus tard dans

l’année.

Synthèse

Durant ces quatre jours, le thème de la reproduction a

été considéré sous des angles complètement différents

et on a pu avoir une perspective de l’orientation que

prendra la recherche à l’avenir. L’ETH Zurich et l’Univer-

sité de Zurich fourniront conjointement d’autres contri-

butions importantes pour les sciences agronomiques et

la médecine vétérinaire. n

rentable et judicieuse pour le client. Les expériences

faites jusqu’ici avec l’utilisation de SpermVital ne sont

pas encore évidentes; les évaluations indiquent toutefois

un succès meilleur en cas d’insémination trop précoce.

Marion Piechotta (Haute école vétérinaire de Hanovre),

a présenté le potentiel et les limites du diagnostic de

gestation effectué par détermination de la concentra-

tion des PAG (Pregnancy Associated Glycoproteins) dans

le lait des vaches. Cette méthode va assurément gagner

en importance à l’avenir.

Les thèmes présentés après la pause de midi concer-

naient davantage l’approche à l’échelle du troupeau

que celle à l’échelle de l’animal individuel. Maren Feld-

mann (Haute école vétérinaire de Hanovre) a montré

l’importance des chiffres-clé de la fertilité pour évaluer

la fertilité actuelle du troupeau et pour identifier les

problèmes spécifiques. Les valeurs moyennes du temps

de repos, de la période de service, du succès de la pre-

mière insémination et du taux de réforme dû à l’inferti-

lité donnent une bonne vue d’ensemble, les chiffres

étant presque tous fortement influencés par le taux de

détection des chaleurs.

Dans leurs exposés, Rupert Bruckmaier (Physiologie

vétérinaire de l’Université de Berne), et Martin Kaske

(Faculté Vetsuisse de Zurich) ont souligné le rôle très

important de l’état métabolique des vaches au début de

la lactation pour la fertilité. L’impact négatif d’une pro-

duction laitière moyenne croissante sur les chiffres-clés

de la fertilité du troupeau peut effectivement être

prouvé. Le bilan énergétique négatif des vaches à haute

performance joue un rôle essentiel durant les premières

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 224–227, 2015

Page 44: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

228 Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 228–230, 2015

que les produits subissent pendant la transformation, le

transport et l’entreposage chez les fabricants et les dis-

tributeurs, mais aussi pendant le transport et l’entrepo-

sage par les ménages privés. La sécurité alimentaire ne

prend fin qu’à l’expiration de la date de consommation

ou à la préparation et la consommation du produit par

le consommateur. Les fabricants doivent garantir la sécu-

rité de leurs produits jusqu’à ce moment-là. C’est pour-

quoi on tient compte, dans les calculs, de l’ingestion

orale d’impuretés par les consommateurs, mais aussi de

l’ingestion par inhalation ou par contact avec la peau

des utilisateurs de produits chimiques. Cela s’effectue à

l’aide de systèmes de modélisation assistés par ordina-

teur ainsi que de banques de données sur la sécurité ali-

mentaire et la santé publique.

Bases de la sécurité alimentaire microbiologique

Il existe différents systèmes de modélisation pour la

sécurité alimentaire microbiologique comme par

exemple le PMP, le ComBase ou le SymPrevius pour illus-

trer la multiplication ou la diminution de microorga-

nismes pathogènes. La formule mathématique (1) utili-

sée à cet effet est simple:

Ho–R+I ≤ FSO où: FSO = Objectif de sécurité alimentaire

Ho = Niveau de contamination initial

R = Réduction cumulée totale de la

contamination initiale

I = Croissance cumulée de la

contamination initiale

Cela peut être formulé de la manière suivante: la conta-

mination microbiologique de la matière première moins

la somme de tous les effets réduisant la contamination

plus la somme de tous les effets augmentant la contami-

nation doit s’élever au maximum à l’objectif de sécurité

alimentaire. Cette formulation a été choisie de sorte à

éviter toute conséquence négative sur la santé du

consommateur.

En général, les modèles présentent la multiplication

ou la destruction de microorganismes pathogènes

attendue lors des différentes conditions de fabrication

Les denrées alimentaires peuvent être contaminées

par diverses impuretés chimiques et microbiologiques.

Grâce à des systèmes éprouvés en matière de sécurité

alimentaire, il est possible de les limiter à un niveau

non préjudiciable pour la santé. Cet article présente

quelques banques de données sur la sécurité

alimentaire et la santé publique. Les méthodes de calcul

de base et les systèmes assistés par ordinateur pour le

calcul du risque chimique et microbiologique y sont

brièvement présentés. Deux méthodes de comparaison

des divers risques et classes de risque sont également

mentionnées.

La sécurité alimentaire basée sur le risque couvre l’en-

semble de la chaîne alimentaire, de la production pri-

maire des matières premières jusqu’à la consommation

des produits finis. Elle tient compte des modifications

Sécurité microbiologique et chimique des alimentsMarc Mühlemann

Agroscope, Institut des sciences en denrées alimentaires IDA, 3003 Berne, Suisse

Renseignements: Marc Mühlemann, e-mail: marc.mü[email protected]

Exemple de contaminations microbiologiques dans une boîte de Pétri.

E c l a i r a g e

Page 45: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Sécurité microbiologique et chimique des aliments | Eclairage

229Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 228–230, 2015

et de stockage des denrées alimentaires. Aussi bien le

PMP que le ComBase (fig. 1) se basent sur la croissance

de microorganismes cultivés en laboratoire sur des

milieux nutritifs. Par rapport à la croissance de micro-

organismes issus de l’environnement de la production,

ils montrent une croissance plus fréquente et plus

importante dans des matrices naturelles. Le programme

payant SymPrevius permet de disposer d’une estimation

proche de la pratique lors de situations données pour

des aliments et des processus de production spécifiques.

Bases de la sécurité chimique des aliments

Toute une série de paramètres sont particulièrement

importants pour l’évaluation de produits chimiques:

a) données relatives à l’absorption, à la répartition, au

métabolisme et à l’élimination chez les mammifères;

b) données relatives à la toxicité aiguë et à long terme

chez les animaux de laboratoire;

c) mode d’action toxique;

d) test in vivo et in vitro par rapport à la cancérogénicité,

à la génotoxicité, à la neurotoxicité, à la toxicité sur la

reproduction et le développement;

e) exposition à des substances chimiques ou absorption

de produits chimiques et

f) accès à des données concernant des études épidémio-

logiques sur l’homme. Pour les substances avec un seuil

toxicologique, on définit des quantités d’absorption

acceptables, voire tolérables; il s’agit des valeurs ADI

(acceptable daily intake) et TDI (tolerable daily intake).

Celles-ci représentent les quantités ingérables quoti-

diennement durant toute la vie sans risque mesurable

pour la santé. Les valeurs en question sont calculées avec

prudence à partir de données d’animaux de laboratoire

et en utilisant un facteur de risque de 100. En revanche,

des substances cancérigènes et génotoxiques peuvent

avoir un effet dommageable pour la santé à long terme

même en doses infimes. Elles sont évaluées à l’aide du

concept MoE (margin of exposure). Cette valeur permet

de calculer le rapport entre une dose provoquant une

tumeur chez les animaux et l’absorption de cette subs-

tance par l’homme. Cela signifie que, plus la quantité de

cette substance absorbée par l’homme est faible, plus le

MOE y relatif est élevé et la substance analysée a un

impact moindre à court terme sur la santé humaine.

Pour les calculs, on peut utiliser par exemple le

modèle BMD, le ConsExpo et la base de données PRIMo

ainsi que le modèle PROAST pour les statisticiens. Le

modèle BMD découle des principes cités préalablement.

Le PRIMo utilise toutes les données de consommation

nationales au sein de l’UE. Le ConsExpo évalue en

revanche aussi bien l’ingestion orale d’une substance

que l’absorption cutanée. Il ne sert donc pas à l’évalua-

tion des produits chimiques dans les aliments, mais à

celle dans les objets usuels et les biens de consommation,

par exemple des substances (semi) volatiles, des biocides,

des cosmétiques, des jouets et des aérosols.

Priorisation des risques

La comparaison de divers risques et différentes classes de

risque comme par exemple les risques microbiologiques

et chimiques représentent des problèmes connus et d’un

caractère urgent. Pour surmonter ce problème, des sys-

tèmes de priorisation ont été développés récemment par

la FDA (Food and Drug Administration, USA) et l’EPF de

Zurich en collaboration avec l’Office fédéral de la santé

publique. Il s’agit de systèmes dits experts qui requièrent

de nombreuses données spécifiques de toxicologie,

d’épidémiologie, de calcul de probabilités et de consom-

mation de denrées alimentaires. En outre, Agroscope a

développé un modèle pratique qui utilise les caractéris-

tiques indirectes des risques et qui fait partie du savoir

actuel des gestionnaires du risque. Comme principal

indicateur pour l’analyse des risques, on utilise le concept

DALY (disability adjusted life years). Le concept DALY,

Figure 1 | Capture d’écran de la page d’accueil du système de modélisation ComBase.

Page 46: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Eclairage | Sécurité microbiologique et chimique des aliments

230 Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 228–230, 2015

développé par la Banque mondiale, doit permettre de

mesurer l’impact de diverses maladies sur la société. Il

permet d’enregistrer non seulement la mortalité, mais

aussi l’atteinte portée à une vie normale sans douleurs

liées à une maladie. Cette valeur de référence est ensuite

modélisée à l’aide de deux facteurs d’influence, regrou-

pés en blocs séparés, par rapport au produit et à la

contamination. Un bloc regroupe les facteurs d’influence

relatifs à l’exposition et l’autre contient des indications

concernant la manière dont une société pourrait réagir

face à un risque (fig. 2). n

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Figure 2 | Capture d’écran du modèle convivial de priorisation de divers risques et classes de risque.

Other Legitimate Criteria:relevant for value chain

1 Human Health &6 Exposure Criteria

Product x Hazard x Processing-> FLEXIBILITY

Page 47: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

231

Aktuelles

A c t u a l i t é s

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 231, 2015

Sonntag, 31. Mai, 9.30 Uhr

Breitenhof-Tagung 2015Agroscope Steinobstzentrum Breitenhof in Wintersingen BL

ReferateBegrüssung zur Breitenhof-Tagung

Robert Baur, Agroscope, Leiter Pflanzenschutz und Extension Obst- und Gemüsebau und Vorsitz Beirat Steinobstzentrum Breitenhof

Ausblick auf die Schweizer Steinobsternte und Vermarktung 2015 Hansruedi Wirz, Früchtezentrum Basel

BetriebsrundgangDie Kirschessigfliege – Zahlen und Fakten

Bewässerung bei Süsskirschen – so funktioniert’s!

Massenware versus blaue Qualität – Zwetschgenanbau quo vadis?

Ausstellung und InfoständeInformationen – Gespräche – Gemütlichkeitwww.agroscope.ch

Fest- wirtschaftab 11:30im Zelt

GENETIK DER TIERE

VERBAND AM PFERD

WOHER KOMMTDIE MILCH?

STREICHELZOOSCHWEIN

ENTWICKLUNGZEBRAFISCH

TIERSCHUTZ PONYREITEN

BIENEN VORGESTELLT

6.6.201510:00 –17:00

im tierspital bern

WILDTIERECKE

PFERDE-FORTPFLANZUNG

LAUFENDEROPERATIONSSAAL

FORSCHUNG AMTIERSPITAL

NEURO-UNTERSUCHUNGAM KLEINTIER

HERZGERÄUSCHESEHEN & HÖREN

TIERARZTSTUDIUMDAS SKILLS-LAB

RÖNTGENRATESPIEL

WEITERE INFOS: WWW.VETSUISSE.UNIBE.CH

Page 48: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

232 Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 232–233, 2015

Heidrun Moschitz: «Les villes devraient s’intéresser davantage à l’alimentation»

ration de la jeunesse rurale allemande à Berlin. J’ai

ensuite cherché un autre emploi pour me rapprocher des

montagnes et j’ai été embauchée au FiBL.

Vous avez répondu à une offre d’emploi?

Oui, mais je pense que c’est mon mémoire de fin d’études

«Gestion durable des sols dans les Alpes» qui m’a ouvert

les portes. Il s’intégrait dans un projet européen auquel

participait également le FiBL. J’ai ainsi fait la connais-

sance de collaborateurs du FiBL où l’on ne m’avait pas

oubliée quand je me suis manifestée après avoir travaillé

six mois sur un projet au Nigeria et un an à Berlin. J’ai

obtenu un contrat de deux ans dans le cadre d’un projet

européen sur la politique en matière d’agriculture biolo-

gique en Europe centrale et orientale.

La thèse de doctorat était donc la suite logique de votre

activité au FiBL?

Oui, pour moi c’était clair, je voulais obtenir le doctorat.

Quand j’ai commencé au département des sciences éco-

nomiques et sociales, nous n’étions qu’une demi-dou-

zaine de chercheurs et pratiquement personne n’était

docteur. Mon projet a donc rapidement éveillé l’intérêt

de Matthias Stolze, responsable du département. Ma

décision a été rapide également: j’étais fascinée par le

travail au FiBL où je souhaitais rester et approfondir

l’étude des relations entre les politiques. Mon sujet de

thèse était «Les réseaux politiques dans l’agriculture bio-

logique européenne». Le directeur actuel de l’OFAG,

Bernard Lehmann, qui était alors titulaire de la chaire

d’économie agricole à l’ETH Zurich, s’est montré ouvert à

ma demande et m’a prise sous son aile, alors que le pro-

jet dans lequel s’insérait le travail était déjà très avancé.

C’était une bonne chose tant pour moi que pour le

département des sciences économiques et sociales du

FiBL, car un premier contact a ainsi été établi avec cette

chaire de l’ETH Zurich.

Vous avez déjà mentionné à plusieurs reprises votre

intérêt pour les relations entre les politiques, quelles

sont vos motivations?

Je ne sais pas exactement ce qui a suscité mon intérêt,

mais je me suis engagée très jeune dans des activités

politiques et des associations. Avant mes études, je diri-

geais un groupe d’enfants pour la Ligue bavaroise de

protection de la nature. Pendant mes études, j’ai été

I n t e r v i e w

Heidrun Moschitz travaille depuis douze ans au FiBL, au

département des sciences économiques et sociales. Les

principales thématiques de cette agronome bavaroise

de 40 ans sont les systèmes alimentaires urbains (Urban

Food Systems), la sociologie rurale et les questions en

lien avec la politique agricole. Outre son intérêt pour

l’agriculture biologique, c’est sa passion pour les mon-

tagnes qui a motivé sa venue en Suisse.

Heidrun Moschitz, vous êtes née dans une petite ville et

vous n’avez pas de racines paysannes. Comment se fait-

il que vous travailliez dans un institut de recherche

agronomique?

Je me suis toujours intéressée à la politique. Les sciences

agronomiques étaient une des orientations possibles

dans mes études. Pendant mon premier semestre à l’Uni-

versité de Weihenstephan, j’envisageais encore de m’in-

vestir dans d’autres domaines. Le facteur décisif a été ma

rencontre avec d’autres étudiants, qui ont eu l’initiative

de créer un cursus associant agriculture et environne-

ment. Il était axé sur l’interface entre l’utilisation du sol,

l’écologie et le développement rural, ce qui m’a convain-

cue. Après mes études, j’ai d’abord travaillé pour la fédé-

Page 49: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

233

I n t e r v i e w

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 232–233, 2015

membre du Comité directeur de l’organisation pour la

jeunesse de la Ligue qui compte plus de 25 000 membres.

Nous y avons mené de nombreuses discussions politiques

et organisé des actions, par exemple sur le thème des

OGM et de l’étanchéification de la surface des sols. J’ai

ainsi appris beaucoup de choses dans les domaines de la

gestion de projets, du développement d’organisations et

de la conduite de réunions. Aujourd’hui encore, elles me

sont très utiles au FiBL.

Comment s’est développé le département des sciences

économiques et sociales du FiBL au cours des douze der-

nières années?

D’abord, le nombre de collaborateurs a fortement aug-

menté. Ensuite, beaucoup de choses ont changé égale-

ment sur le plan du contenu. Quand j’ai commencé, le

département offrait des services de conseils en gestion

d’exploitation et en marketing. Depuis cette époque,

nous nous sommes fortement développés en tant que

département de recherche; les aspects sciences sociales

et politiques sont devenus beaucoup plus importants. La

durabilité et son évaluation sont de nouveaux éléments

qui se sont ajoutés à notre activité depuis que mon col-

lègue Christian Schader a montré dans sa thèse que

l’agriculture biologique était un instrument efficace

pour atteindre l’ensemble des objectifs majeurs du déve-

loppement durable. Mon champ d’activité s’est égale-

ment élargi du fait de ma plus forte implication dans des

sujets traitant de sociologie et de sciences politiques.

Quelles sont aujourd’hui les principales orientations de

votre travail au FiBL?

Actuellement, je m’occupe principalement de systèmes

alimentaires urbains (Urban Food Systems) dans le cadre

de trois projets: «Supurbfood», «Système d’alimentation

de Bâle» et «Better Gardens». À cela s’ajoutent, à plus

petite échelle, des projets portant sur des modèles inno-

vants de commercialisation de céréales rares et sur le

potentiel de l’agriculture biologique en Bulgarie pour le

développement des zones rurales, qui comptent parmi

les plus pauvres d’Europe. Dans mes recherches, j’ac-

corde également une grande importance à la participa-

tion des acteurs concernés et à une approche transdisci-

plinaire. Il est intéressant d’observer comment différents

points de vue peuvent influencer un problème et ses

solutions et comment un consensus peut finalement être

dégagé.

L’agriculture urbaine est actuellement très en vogue.

Effectivement, c’est un bon moyen d’attirer l’attention

des citadins sur la question de la nourriture et de l’ali-

mentation. Par ailleurs, l’agriculture urbaine offre la

possibilité d’acquérir une expérience concrète. Toutefois,

le système alimentaire urbain est bien davantage que la

somme de projets d’agriculture urbaine: c’est la façon

dont une ville assure son alimentation. Les trois-quarts

de la population suisse vivent aujourd’hui dans des villes

et disposent donc d’un potentiel énorme pour influencer

le mode de production des aliments. Ce potentiel est

encore peu utilisé actuellement.

Quelles approches envisagez-vous?

Une approche importante consiste à impliquer les res-

ponsables publics des achats qui gèrent l’approvisionne-

ment des administrations, des écoles, des hôpitaux et

d’autres institutions de soins. Notre politique nutrition-

nelle doit également devenir plus active. Il est de plus en

plus paradoxal qu’à peine 2 % de la population agricole

doivent résoudre tous les problèmes. Actuellement, la

politique nutritionnelle est principalement une poli-

tique agricole. Les consommateurs et leur santé ne sont

guère pris en compte. Les politiques agricole, environne-

mentale, sanitaire et de l’aménagement du territoire

sont fortement déconnectées les unes des autres. L’ali-

mentation est cependant beaucoup plus que la gestion

des sols. Les villes devraient donc s’intéresser davantage

à cette question et mettre en place des plateformes per-

mettant un échange entre consommateurs et produc-

teurs. Nous y travaillons en coopération avec les autori-

tés des villes, les utilisateurs de jardins familiaux, les

«jardiniers citadins» (Urban Gardeners), les consomma-

teurs, mais aussi avec les agriculteurs.

Un des objectifs du FiBL est la transposition rapide des

résultats de la recherche dans la pratique, par la vulga-

risation. Que pouvez-vous apporter à vos partenaires?

Dans le cadre du projet «Solinsa»*, par exemple, nous

avons essayé d’identifier les éléments qui freinent la

transposition des innovations dans la pratique. Cepen-

dant, les résultats de notre travail ne sont pas toujours

conçus en vue de la pratique paysanne, nous travaillons

souvent avec un objectif politique et cherchons à exercer

une influence par cette approche. n

Adrian Krebs, FiBL

*Support of Learning and Innovation Networks for Sustainable Agriculture, (développement de réseaux de formation et d’innovation pour une agriculture durable), projet européen 2011–2014.

Page 50: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

234

N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s

Actualités

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 234–235, 2015

Afin d’étudier la rentabi-

lité de la vente directe,

huit exploitations dont

la prestation brute de la

vente directe est supé-

rieure à Fr. 10 000.– ont

été analysées. Les presta-

tions réalisées ont été

comparées aux coûts

complets des cinq

groupes de produits suivants: fruits et légumes, oeufs,

viande, jus et moûts ainsi que vins et spiritueux. Tandis

que les trois groupes de produits oeufs, viande, vins et

spiritueux ont permis une valorisation du travail, c.-à d.

une indemnisation du travail fourni par la main-d’œuvre

familiale de plus de Fr. 28.– de l’heure (coûts d’opportu-

nité), les deux autres groupes de produits fruits et

légumes ainsi que jus et moûts se situaient en dessous

de ce seuil. Par conséquent, la rentabilité étant très

hétérogène d’un groupe de produits à l’autre, il n’est

pas possible de tirer de conclusions sur la rentabilité des

produits transformés et non transformés en général.

L’évaluation des huit exploitations par catégorie de

prestations brutes (chiffres d’affaires) donne un résultat

similaire. Il n’est pas possible d’observer un net effet

d’échelle, car la catégorie de prestation brute moyenne

atteint, avec Fr. 45.80 par heure de main-d’oeuvre

(MOh), une valorisation du travail nettement meilleure

que la catégorie supérieure qui affiche une prestation

environ deux fois plus élevée, mais une valorisation du

travail de Fr. 27.40 par MOh. L’influence des canaux de

commercialisation qui demandent peu de travail (p. ex.

livraison à domicile ou livraison à des détaillants) et l’as-

sortiment proposé jouent apparemment un plus grand

rôle que les économies liées à la taille de l’exploitation.

La structure des coûts est dominée par les coûts spéci-

fiques de la marchandise vendue (deux tiers) et le travail

investi (un quart). Les autres postes de coûts comme la

part de frais généraux de l’exploitation ne représentent

pas plus de 10 %.

Hauke Reitz, Daniel Hoop et Markus Lips

EconomieAgroscope Transfer | N° 61 / 2015

Rentabilité de la vente directe Prestations brutes et coûts complets de cinq groupes de produits et de quatre catégories

de prestations brutes

Avril 2015

Afin d’étudier la rentabilité de la vente directe, huit exploitations dont la presta-tion brute de la vente directe est supérieure à Fr. 10 000.– ont été analysées. Les presta-tions réalisées ont été comparées aux coûts complets des cinq groupes de produits suivants: fruits et légumes, œufs, viande, jus et moûts ainsi que vins et spiritueux. Tandis que les trois groupes de produits œufs, viande ainsi que vins et spiritueux ont permis une valorisation du travail, c.-à-d. une indemnisation du travail fourni par la main-d’œuvre familiale de plus de Fr. 28.– de l’heure (coûts d’opportunité), les deux autres groupes de produits fruits et légu-mes ainsi que jus et moûts se situaient en dessous de ce seuil. Par conséquent, la ren-tabilité étant très hétérogène d’un groupe de produits à l’autre, il n’est pas possible de tirer de conclusions sur la rentabilité des produits transformés et non transformés en général. L’évaluation des huit exploitations

par catégorie de prestations brutes (chiffres d’affaires) donne un résultat similaire. Il n’est pas possible d’observer un net effet d’échelle, car la catégorie de prestation brute moyenne atteint, avec Fr. 45.80 par heure de main-d’œuvre (MOh), une valo-risation du travail nettement meilleure que la catégorie supérieure qui affiche une pres-tation environ deux fois plus élevée, mais une valorisation du travail de Fr. 27.40 par MOh. L’influence des canaux de commercia-lisation qui demandent peu de travail (p. ex. livraison à domicile ou livraison à des détail-lants) et l’assortiment proposé jouent appa-remment un plus grand rôle que les écono-mies liées à la taille de l’exploitation. La structure des coûts est dominée par les coûts spécifiques de la marchandise vendue (deux tiers) et le travail investi (un quart). Les autres postes de coûts comme la part de frais généraux de l’exploitation ne repré-sentent pas plus de 10 %.

En termes de prestation brute, la commercialisation directe est le plus important secteur de la para-agriculture.

Auteurs

Hauke ReitzDaniel HoopMarkus Lips

Sommaire

Introduction 2 Méthode 2 Résultats 4 Conclusions 5 Bibliographie 6 Remerciements 6 Impressum 6

Phot

o: L

ukas

Egl

off,

Agr

osco

pe

Rentabilité de la vente directe

Drosophila suzukii: quatre nouvelles fiches techniques publiées en français, allemand et italien

•• Drosophila suzukii en viticulture. Recommandations

2015

•• Stratégie de lutte contre Drosophila suzukii dans les

fruits à noyaux

•• Stratégie de lutte contre Drosophila suzukii en vergers

haute-tige

•• Drosophila suzukii. Stratégie 2015 pour les petits fruits

Disponibles sous:

www.agroscope.ch/publikationen ou dans l’application

publications Agroscope.

Plantes Agroscope Fiche technique | N° 19 / 2015

Stratégie de lutte contre Drosophila suzukii en vergers haute-tige

Auteurs: Groupe de travail Drosophile du cerisier (Groupe d’accompagnement Arboriculture) Mars 2015

En 2014, la drosophile du cerisier (DC) a occasionné d’importants dégâts dans les vergers haute-tige de cerises et de prune s. Avec une récolte abondante, de nombreux fruits destinés à la distillation ou à la conserve ont éclatés suite à la météo défavorable du mois de juillet. Beaucoup de fru its ont été réc oltés trop tard o u pas d u tout, ce qui a favorisé le développement massif de DC. Afin d’éviter pareille situation à l’avenir, les mes ures clé d e protection et d’accompagnement sont pr ésentées ci-après. Objectif: limiter le développement des populations de DC tôt da ns l’année et ne pas créer des conditions de multiplication favorables. Les arbres non-récoltés sont des viviers pour DC et mettent e n danger les arbres et cultures vo isins à matur ité plus tar dive. La responsabilité ainsi que la mise en place de mesures d’hygiène et de la gestion de la récolte sont du ressort des producteurs. 1. Surveillance: Pour la détection précoce de DC, les arbres situés en bordure et proches d’ habitats naturels (haies, forêts, etc.) peuvent être surveillés à l’aide de plusieurs pièges Riga ou modèles comparables et c ontrôlés hebdomadairement pour la présence de l’insecte. En c as de c apture, il faut s’ attendre à des dégâts sur les fruits. Tamiser le liq uide, faire tomber les insectes dans une cuvette blanche et diluer avec de l’eau. Identifier les mâles à leurs caractéristiques et les com pter. Le niv eau des captures peut également être comparé à celles enregistrées régulièrement sur www.drosophilasuzukii.agroscope.ch.

2. Contrôles d‘attaque: Des contrôles réguliers d’au moins 50 fruits par échantillon aident à détecter les infestations précoces et permettent d’adapter rapidement la gestion de la r écolte et de la protection phytosanitaires, d’intensifier les mesures d’hygiène et d’anticiper la récolte si nécessaire. Contrôler les échantillons pour les pontes et les piqûres de pontes et/ou l es placer 2h dans de l’eau tiède salée et contrôler les asticots.

3. Mesures d‘hygiène: Les arbres no n-récoltés ou récoltés trop tard sont des foyers de multiplication pour DC et mettent en danger les cultures plus tar dives. Les fruit s mûrs doiv ent être régulièrement récoltés a u moment optimal. Eliminer les fruits attaqués (fosse à lisier, tonneau de fermentation, usine d’incinération, installation de biogaz; ne pas composter!).

Les vergers haute-tige sont très attractifs pour DC

Femelle sur une cerise

Surveillance: Piège Riga, Piège Agroscope, Piège en PET avec des trous de 3mm

Page 51: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

235

Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen

Actualités

M a n i f e s t a t i o n s

Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations

L i e n s i n t e r n e t

Mai 2015

13.05.2015Gesunde und leistungsfähige Nutztiere: Futter an Genotyp oder Genotyp an Futter anpassen?Fachtagung ETH Zürich, Vetsuisse Zürich und Bern, Agroscope INTETH-Zentrum

31.05.2015Breitenhof-Tagung 2015, Treffpunkt der SteinobstbrancheAgroscope Steinobstzentrum Breitenhof, Wintersingen

Juni 2015

06.06.2015Tag der offenen Türe VetSuisse Fakultät Uni BernVetsuisse-Fakultäten Bern und Zürich, AgroscopeTierspital Bern

13.06.2015Journée suisse des Grandes Cultures BioFRI, Ebenrain, Bio Suisse, agridea, FiBL et SativaCourtételle JUInformations: www.grandes-cultures-bio.ch

14. – 17.06.201554. IALB-Tagung ( Internationale Akademie land- und hauswirtschaftlicher Beraterinnen und Berater)3. EUFRAS-KonferenzEffizienz in der Land- und ErnährungswirtschaftAgrideaSolothurnInformations: http://url.agridea.ch/IALB2015

25.06.2015Agroscope: 125 Jahre Forschung in WädenswilAgroscope Wädenswil

Octobre 2015

29.10.2015Selection and spread of antibiotic resistances in agro-ecosystems and food production environmentsAgroscope IPAInstitut agricole de Grangeneuve IAG, 1725 Posieux

V o r s c h a u

Juin 2015 / Numéro 6

Les céréales sont indispen-sables à l’alimentation humaine et animale. Le numéro de juin de Recherche Agro-nomique Suisse contient un article sur la qualité des semences de seigle et de triti-cale, ainsi que la liste des varié-tés de céréales recommandées pour la récolte de 2016.

D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o

•• Causes de la qualité inconstante des semences de seigle

et de triticale, Thomas Hebeisen et al., Agroscope

•• Examen du ray-grass d’Italie: 37 variétés à l’épreuve,

Daniel Suter et al., Agroscope

•• Pomme de terre: l’Empire Pectobacterium contre-

attaque, Patrice de Werra et al., HAFL et Agroscope

•• Analyse du cycle de vie des produits agricoles suisses

en comparaison avec des produits importés,

Maria Bystricky et al., Agroscope

•• Potentiel quantitatif de valorisation du petit-lait dans

l’alimentation humaine en Suisse, Katrin Kopf-Bolanz,

HAFL, Agroscope et ESU-services GmbH

•• La santé des abeilles en Suisse, Anja Ebener et

Benjamin Dainat, Service sanitaire apicole SSA

•• Le phosphore dans l’agriculture, Klaus Jarnosch,

ETH Zurich

•• Pleins feux sur les questions de semences,

Thomas Hebeisen, Agroscope

•• Liste recommandée des variétés de céréales pour la

récolte 2016, Agroscope

Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 234–235, 2015

Blog du futur de l’ETH de Zurich

www.ethz.ch/zukunftsblog

Le blog du futur de l’ETH de Zurich publie des faits et

des points de vue sur la durabilité, en particulier dans

les domaines suivants: changement climatique, alimen-

tation mondiale, villes du futur, énergie et ressources

naturelles. On trouve parmi les 50 auteur-e-s qui parti-

cipent au blog du futur de l’ETH non seulement des pro-

fesseur-e-s de l’ETH et d’autres universités, spécialistes

en durabilité, mais aussi des étudiant-e-s de même que

des rédacteurs-trices invités du monde politique, écono-

mique, des OGN et des autorités.

Page 52: Recherche Agronomique Suisse, numéro 5, 2015

Jeudi, 29 octobre 2015

Selection and spread of antibiotic resistances in agro-ecosystemsand foodproduction environments

Topics:• Fate and effects of antibiotics in organic fertilizers on soil bacteria:Dr Kornelia Smalla

• Antibiotic resistance in environmental microbiomes and their selectivetransfer: Dr FionaWalsh

• Rational antimicrobial use in animals: from theory to practice,Dr Luca Guarabassi

• Preliminary results of the Agroscope research program“REDYMO”,which emphasizes on the reduction and dynamics of antibiotic-resistantand persistent microorganisms along the food chain, and other Swissresearch projects on antibiotic resistance in the environment

Public-cible scientifique: agronomes, vétérinaires, microbiologistes, spécia-listes de l’environnement, autres personnes intéresséesLangue: anglaisLieu: Institut agricole de Grangeneuve IAG, 1725 PosieuxDurée: de 9h00 à 15h00Frais: Repas de midi à la charge des participant-e-sInscription et renseignements: [email protected]élai d’inscription: 30.9.2015

• Démonstrations de machines• Techniques culturales• Variétés et fumure• Pour Bio et PER

Journée suisse des GrandesCultures Bio

13 juin 2015 à Courtételle JU

OrganisateursPlus d’informations sur la visited’exploitations (vendredi) et surla journée des grandes cultures(samedi) surwww.grandes-cultures-bio.ch.

Profitez d’une visite guidée etdécouvrez trois exploitationsbiologiques de pointe de larégion le vendredi 12 juin.