recherche agronomique suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

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RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE Novembre–Décembre 2014 | Numéro 11–12 Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich | FiBL Production animale Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes Page 444 Environnement Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse Page 458 Production végétale La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible Page 474

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Page 1: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

RECHERCHEAGRONOMIQUESUISSE

N o v e m b r e – D é c e m b r e 2 0 1 4 | N u m é r o 1 1 – 1 2

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Production animale Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes Page 444

Environnement Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse Page 458

Production végétale La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible Page 474

Page 2: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Chez les vaches allaitantes, une alimentation optimale est importante. Des essais menés par Agroscope ont montré que selon le type de fourrage – sec ou humide – et la race de vache, le fourrage est valorisé différemment. (Photo: Gabriela Brändle, Agroscope)

ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

EditeurAgroscope

Partenairesb Agroscope (Institut des sciences en production végétale IPV;

Institut des sciences en production animale IPA; Institut des sciences en denrées alimentaires IDA; Institut des sciences en durabilité agronomique IDU), www.agroscope.ch

b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.ofag.chb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.chb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.chb Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,

Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.chb Institut de recherche de l'agriculture biologique FiBL, www.fibl.org

Rédaction Direction et rédaction germanophoneAndrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 58 466 72 21, Fax +41 58 466 73 00

Rédaction francophoneSibylle Willi Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, Tél. +41 58 460 41 57

SuppléanceJudith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, Tél. +41 58 460 41 82

e-mail: [email protected]

Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Responsable Corporate Communication Agroscope), Evelyne Fasnacht, Erika Meili et Sibylle Willi (Agroscope), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich), Thomas Alföldi (FiBL).

AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch

AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux e-mail: [email protected], Fax +41 26 407 73 00

Changement d'adressee-mail: [email protected], Fax +41 31 325 50 58

Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch

ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse

© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

SommaireNovembre–Décembre 2014 | Numéro 11–12

443 Editorial

Production animale

444 Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes

Isabelle Morel et Adrien Butty

Production animale

452 Test d’efficacité de divers conser vateurs pour foins humides Ueli Wyss

Environnement

458 Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse

Daniel Bretscher, Sabrina Leuthold-Stärfl,

Daniel Felder et Jürg Fuhrer

Production végétale

466 Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les fusarioses et les mycotoxines du blé

Hans-Rudolf Forrer et al.

Production végétale

474 La culture du maïs pour assainir les sur-faces contaminées par le souchet comes-tible

Martina Keller, René Total, Jürgen Krauss et

Reto Neuweiler

Production végétale

482 Support Obst Arbo: résultats pour les arboriculteurs professionnels

Esther Bravin, Johannes Hanhart, Dante Carint

et Dominique Dietiker

Production animale

490 L’avenir des prairies en Europe – 25e

congrès de la Fédération européenne des herbages Ueli Wyss

492 Interview

494 Actualités

499 Manifestations

Listes variétales

Encart Liste suisse des variétés de pommes de terre 2015

Ruedi Schwärzel et al.

Page 3: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Editorial

443Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 443, 2014

La revue Recherche Agronomique Suisse paraît depuis janvier 2010. La

convention passée entre Agroscope (éditrice) et les institutions partenaires

(fig. 1) a été renouvelée le 23 juin 2014 et nous les remercions de leur

confiance. Pour mémoire, nous avons le plaisir d’accueillir, depuis mai 2014,

l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL). Rappelons que notre

revue Recherche Agronomique Suisse soutient l’adaptation et le développe-

ment de la société rurale en général - technique et scientifique en particulier.

Elle remplit cette mission en produisant, validant et transférant des savoirs et

des compétences, afin de rendre le monde agraire plus intelligible ; en por-

tant sur cette société et son fonctionnement un regard sans complaisance.

Agroscope et les institutions partenaires articulent disciplines scienti-

fiques et savoirs pragmatiques pour les faire converger sur des thèmes fédé-

rateurs ou des questions communes (les sciences de la terre, les sciences de

la vie; l’écologie; etc). Le fossé entre science et société se comble peu à peu

grâce aussi à la revue Recherche Agronomique Suisse qui revendique ce

transfert de connaissances.

L’enquête de satisfaction adressée aux lecteurs de la revue en 2013 a mon-

tré des résultats réjouissants, avec une moyenne générale élevée de satisfac-

tion (voir édito RAS 5 (7 – 8), p. 271, 2014). En outre, il est apparu que l’érosion

constatée dans le monde de la presse écrite s’est stabilisée pour notre revue,

quand bien même les abonnements online n’ont cessé d’augmenter.

A cet égard, nous avons le plaisir de vous annoncer la parution prochaine

d’une version iPad/iPhone et smartphone.

Dans les coulisses de la rédaction

Ainsi, grâce au renouvellement de notre Convention, vous retrouverez ces

prochaines années un comité de rédaction (fig. 2) motivé, qui se réjouit de

continuer sa mission au profit de la société, de l’agronomie, de la recherche

mais avant tout, à votre profit, fidèles lectrices et lecteurs.

Renouvellement de la convention de Recherche Agronomique Suisse

Figure 2 | Le comité de rédaction: Judith Auer1, Sibylle Willi1, Beat Huber2, Evelyne Fas-nacht1, Andrea Leuenberger-Minger1, Thomas Alföldi3, Erika Meili1, Esther Weiss4, Karin Bovigny5 et Jean-Philippe Mayor1 (devant). 1Agroscope, 2HAFL, 3FiBL, 4Agridea, 5OFAG

Figure 1 | Les institutions partenaires: Recherche Agronomique Suisse (J.-P. Mayor), OFAG (B. Lehmann), HAFL (M. Schindler), Agridea (U. Ryser), Agroscope (M. Gysi), FiBL (D. Barjolle) et ETHZ (E. Frossard, absent).

«Faut-il rappeler qu’une

société sans commémoration

réduit le temps à une succes-

sion incohérente d’instants

qui passent et ne vont nulle

part ? Qu’elle détruit

l’historicité hors de laquelle

les vieux n’ont plus d’iden-

tité et les jeunes plus

d’appartenance?»

Boris Cyrulnik

Jean-Philippe Mayor, président de la revue Recherche Agronomique Suisse et responsable Corporate Communication Agroscope CCA

Page 4: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

444 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014

Les principaux facteurs de variation de la capacité d’in-

gestion chez les vaches allaitantes sont la race, le poids

vif, l’état d’engraissement, le stade de lactation et le lait

produit ainsi que le numéro de lactation. Le niveau d’in-

gestion dépend également de la composition de la

ration et de sa valeur nutritive. La régulation du proces-

sus de satiété peut s’opérer tant du point de vue énergé-

tique que physique. Pour cette dernière, le système de

prédiction français fait intervenir la notion des unités

d’encombrement, où chaque aliment est caractérisé par

sa capacité à être ingéré (INRA 2007).

Le taux d’humidité de la ration est rarement pris en

compte dans les systèmes d’estimation de l’ingestion

existants. Dans une revue décrivant les différentes

méthodes de prédiction des quantités ingérées chez les

vaches laitières (Faverdin 1992), la teneur en matière

I n t r o d u c t i o n

Afin de développer un modèle d’estimation de l’inges-

tion pour les vaches allaitantes, l’effet de la nature de la

ration sur l’ingestion a été étudié lors d’un essai. La plu-

part des valeurs d’ingestion obtenues avec le troupeau

de vaches allaitantes présent à Posieux de 2004 à 2012

ont été récoltées à partir de rations composées d’un

mélange d’ensilage d’herbe et de foin. Pour élargir la

base de données, un essai comparatif entre deux rations

iso-énergétiques – l’une à base d’ensilage d’herbe et de

foin et l’autre composée de foin ou regain – a été réalisé

durant la première moitié de la lactation avec des vaches

allaitantes de trois types génétiques différents (fig. 1).

L’effet potentiel de la nature de la ration pourra le cas

échéant être intégré dans le nouveau modèle.

Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantesIsabelle Morel1 et Adrien Butty2

1Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, 1725 Posieux, Suisse2Institut für Agrarwissenschaften, ETH, 8092 Zurich, Suisse

Renseignements: Isabelle Morel, e-mail: [email protected]

Les vaches du troupeau allaitant appartiennent aux races Angus et Limousin ou au croisement Limousin x Red Holstein. (Photo: Isabelle Morel, Agroscope)

P r o d u c t i o n a n i m a l e

Page 5: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes | Production animale

445

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014

L’effet de la nature de la ration sur l’inges-

tion a été étudié dans un essai réalisé avec

36 vaches allaitantes de types génétiques

différents, durant les quatre premiers mois

de lactation. Les vaches appartenaient aux

races Angus (AN), Limousin (LM) et issues du

croisement entre Limousin et Red Holstein

(F1). Deux rations iso-énergétiques distri-

buées ad libitum, l’une sèche (S) composée

de foin et de regain et l’autre humide (H)

composée d’un mélange de foin et d’ensilage

d’herbe, ont été comparées. Les vaches ayant

reçu la ration S ont consommé 0,87 kg MS

par jour de plus que celles de la ration H à

partir du deuxième mois de lactation

(P<0,001) et 0,76 kg de MS par jour de plus

sur l’ensemble de l’essai (P=0,07). Des écarts

importants apparaissent entre types géné-

tiques (F1>AN>LM; P<0,001). La comparaison

des données d’ingestion mesurées dans cet

essai avec les formules de prédiction utilisées

actuellement a montré une sous-estimation

systématique de l’ingestion. En outre, aucune

formule ne prend en compte à la fois l’effet

du type de la ration et celui du type géné-

tique. Une nouvelle équation de prédiction

tenant compte de ces nouvelles données sera

publiée prochainement lors de la mise à jour

du chapitre consacré aux vaches allaitantes

du Livre vert.

sèche des fourrages n’apparaît que dans le système

d’équations de Lewis (1981). Peu de données existent sur

la comparaison entre une ration sèche et humide chez le

bovin. Muller et al. (1992) ont étudié pendant trois

années consécutives l’effet du mode de conservation

d’une même prairie sous forme de foin ou d’ensilage

d’herbe sur l’ingestion et les performances de bœufs ou

de génisses en croissance. Aucune différence n’est appa-

rue entre les deux types de fourrages au niveau de l’in-

gestion.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Animaux

L’essai a été réalisé avec 36 vaches allaitantes suitées,

appartenant à trois types génétiques («races») différents,

à raison de 12 vaches par race, soit Angus (AN), Limou-

sine (LM) et LM × Red Holstein (F1). Ces races se dis-

tinguent aussi bien du point de vue de leur précocité

que de leur niveau de production laitière. Les animaux

ont été répartis de façon équilibrée selon la race, la date

de vêlage et le poids vif à raison de six vaches et veaux

par race dans deux variantes expérimentales correspon-

dant à deux types de rations iso-énergétiques distribuées

aux vaches uniquement. L’essai a porté sur les quatre

premiers mois de lactation. Les veaux sont tous issus d’un

croisement des mères avec un taureau de race piémon-

taise.

Rationnement

La ration humide H (53 % matière sèche MS) était com-

posée d’un mélange d’ensilage d’herbe et de foin

extenso, tandis que la ration sèche S (90 % MS) compre-

nait du foin et du regain (fig. 1). L’équilibre des rations

sur le plan énergétique a été optimisé en faisant varier

les proportions d’ensilage d’herbe et de foin de la ration

Figure 1 | L’ingestion volontaire par des vaches allaitantes de deux rations iso-énergétiques, l’une sèche à base de foin et de regain (à gauche), l’autre humide composée d’un mélange d’ensilage d’herbe et de foin extenso (à droite), a été comparée. (Photo : Isabelle Morel)

Page 6: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Production animale | Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes

446 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014

humide en fonction de la valeur nutritive des différents

lots de fourrages utilisés (tabl. 1 et 2). Les rations expéri-

mentales ont été distribuées ad libitum dans des crèches

montées sur balance permettant l’enregistrement indivi-

duel de l’ingestion des vaches, qui elles-mêmes étaient

munies d’une puce électronique. Un complément miné-

ral-vitaminique sous forme de bac à lécher (UFA 999, UFA,

Herzogenbuchsee, Suisse) et du sel pour bétail (pierres à

lécher de 5 kg) ont été mis à disposition des animaux. Les

veaux avaient libre accès aux mères, mais pas aux rations

de ces dernières. Ils disposaient d’un foin de bonne qua-

lité donné ad libitum dans un espace réservé.

Mode de garde

Les animaux ont été gardés en stabulation libre avec aire

d’affouragement sur caillebotis partiel, aire de repos sur

litière profonde et aire de sortie sur béton.

Mise en valeur

Les données ont été analysées avec une analyse de

variance à deux facteurs suivie d’un test de tukey HSD

(logiciel R).

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Ingestion suivant la forme de la ration

Sur la durée totale de l’essai, les vaches de la variante S

ont consommé en moyenne 0,76 kg MS de plus que

celles de la variante H (P=0,07; tabl. 3). Cette différence

n’est significative qu’à partir du 2e mois de lactation

avec une différence d’ingestion de 0,87 kg MS (P<0,001).

La figure 2 représente l’évolution de la consommation

moyenne des groupes selon la forme de la ration et la

race pendant les 17 premières semaines de la lactation.

Après une ingestion très basse pendant la semaine sui-

vant le vêlage, la consommation de fourrage aug-

mente rapidement par la suite. L’effet du type de

ration sur l’ingestion se manifeste entre la 2e et la 4e

semaine de lactation. Une fois un certain pic de

consommation atteint (entre la 7e et la 9e semaine),

celle-ci se stabilise. Plus tard dans la lactation, les ani-

maux ingèrent régulièrement moins de fourrage

semaine après semaine. Dans la littérature, cette évo-

lution de l’ingestion est comparée à une courbe de lac-

tation (Lawrence et al. 2013).

Semained’essai

Ration sèche S Ration humide H

MS1

(%)NEL1

(MJ/kg MS)PAIE1

(g/kg MS)PAIN1

(g/kg MS)MS(%)

NEL(MJ/kg MS)

PAIE(g/kg MS)

PAIN(g/kg MS)

1 88,8 5,00 80,4 70,7 60,3 5,00 75,7 72,1

2 89,2 5,00 79,1 70,4 49,4 5,00 72,5 72,4

3 89,3 5,20 83,7 77,7 47,9 5,15 74,8 73,6

4 89,4 5,40 88,2 84,9 49,3 5,30 77,1 74,7

5 90,5 5,45 87,6 82,2 49,6 5,20 75,5 75,1

6 91,6 5,50 87,0 79,5 50,8 5,10 73,8 75,5

7 90,3 5,30 82,2 69,1 56,8 5,55 86,7 86,1

8 90,3 5,30 82,2 69,1 56,3 5,55 86,7 86,1

9 89,5 5,35 82,6 69,4 55,4 5,50 83,9 85,2

10 88,6 5,40 83,0 69,7 53,5 5,50 81,1 84,4

11 88,9 5,35 83,6 71,6 54,2 5,45 80,3 83,6

12 88,9 5,35 83,6 71,6 53,3 5,40 79,4 82,8

13 88,9 5,35 83,6 71,6 53,0 5,35 78,5 82,7

14 89,6 5,30 84,1 73,5 53,9 5,30 77,5 82,6

15 90,6 5,50 89,6 86,3 54,7 5,40 79,0 83,8

16 90,6 5,50 89,6 86,3 55,1 5,50 80,7 85,0

17 90,8 5,45 89,4 87,2 52,9 5,35 80,3 86,5

18 91,0 5,40 89,2 88,1 49,3 5,10 76,3 76,4

19 91,0 5,40 89,2 88,1 41,6 5,05 75,5 73,5

Moyenne 89,9 5,34 85,1 77,2 52,5 5,30 78,7 80,11MS = matière sèche, NEL = énergie nette pour la lactation, PAIE = protéines absorbables dans l’intestin, synthétisées à partir de l’énergie disponible, PAIN = protéines absorbables

dans l’intestin, synthétisées à partir de la matière azotée dégradée.

Tableau 1 | Valeur nutritive des rations hebdomadaires des deux groupes

Page 7: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes | Production animale

447Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014

Poids et note d’état corporel des vaches

L’écart maximal de poids vif moyen entre les trois races

au début de l’essai était de 20 kg (AN 685 ± 70, F1 702 ±

46 et LM 682 ± 58 kg). L’évolution du poids vif des ani-

maux montre que l’ingestion supplémentaire mesurée

lors de la distribution de la ration sous forme sèche a été

valorisée chez les F1 sous forme d’une prise de poids

supérieure de 24 kg au cours des quatre premiers mois

de lactation par rapport aux animaux du groupe H; en

revanche, aucune différence n’est observée chez les AN

et un effet inverse est constaté chez les LM avec 15 kg de

prise de poids en plus pour les vaches de la variante H

(fig. 4). Contrairement aux deux autres races, le poids

des deux groupes de Limousines n’était pas équilibré au

début de la période de mesure, avec 12 kg de plus pour

les vaches du groupe H. Au lieu de se réduire en cours

d’essai, l’écart a plutôt eu tendance à augmenter au

cours des mois de lactation, ce qui signifierait que les LM

valorisent mieux une ration humide qu’une ration sèche.

Le BCS (body condition score ou note d’état corporel)

des animaux est resté stable pendant toute la durée de

l’essai, en particulier pour les AN (entre 3,5 et 3,6) et les

LM (de 3,3 à 3,4). En raison de leur génétique laitière, les

F1 présentaient un état corporel moindre par rapport

Ingestion selon la race

Au tableau 3, il apparaît que les trois races se sont distin-

guées de façon marquée les unes des autres principale-

ment à partir du 2e mois de lactation (P<0,001). Selon

nos résultats et ceux de la littérature, des différences de

niveau d’ingestion étaient attendues entre ces races

(Petit et al. 1992; Manninen et al. 1998; Murphy et al.

2008; Emmenegger 2009). Sur l’ensemble de l’essai, on

observe effectivement un écart de consommation de

0,9 kg de MS entre F1 et AN et de 1,4 kg MS entre AN et

LM (F1>AN>LM; P<0,001). Ces effets ainsi que ceux de la

forme de la ration sont bien visibles également sur la

figure 2. Selon Murphy et al. (2008), dont l’étude a été

réalisée sur différents croisements avec du Limousin,

plus la génétique limousine est présente dans les croise-

ments, moins les animaux consomment de fourrage.

Drennan et al. (2004), qui ont comparé entre eux deux

croisements industriels Hereford x Friesian et Limousin x

Friesian, n’ont en revanche pas observé de différence

d’ingestion.

L’analyse de variance n’a pas montré d’interaction

entre les formes de ration et les races, ce qui permet de

conclure que l’effet de la forme de la ration sur l’inges-

tion est indépendant de la race (fig. 3).

ConstituantFoin extenso(tarissement)

Foin extenso(mélange ration H)

Ensilage(mélange ration H)

Foin/ regainration S

Foinveaux

Cendres 66 78 90 91 85

Matière azotée 58 77 170 124 118

Cellulose brute 361 357 223 272 279

Parois cellulaires (NDF) 602 630 389 511 598

Lignocellulose (ADF) 405 396 252 298 225

NEL1 4,1 4,2 6,2 5,4 5,2

PAIE1 58 64 88 86 83

PAIN1 36 48 107 79 751NEL = énergie nette pour la lactation, PAIE = protéines absorbables dans l’intestin, synthétisées à partir de l’énergie disponible, PAIN = protéines absorbables dans l’intestin,

synthétisées à partir de la matière azotée dégradée.

Tableau 2 | Teneurs en nutriments et valeur nutritive des fourrages (par kg MS)

Race (R) AN F1 LM Valeurs P

Forme Ration (FR) H S H S H S R FR R × FR

1er mois 14,7 15,8 15,8 15,4 13,7 14,4 0,1 0,4 0,5

dès le 2e mois 16,3 17,1 17,3 18,3 14,9 15,7 < 0,001 0,0 0,1

essai entier 16,0 16,8 17,0 17,6 14,6 15,4 < 0,001 0,1 0,1

Tableau 3 | Ingestion moyenne en kg MS par race et selon la forme de la ration

(AN: Angus; F1: animaux croisés LM × Red Holstein; LM: Limousin; (H=humide ou S=sèche)

Page 8: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Production animale | Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes

448 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014

aux deux autres races au moment du vêlage (3,1), mais

leur état s’est amélioré en cours de lactation pour

rejoindre celui des LM. En raison de leur production lai-

tière plus élevée, elles mobilisent davantage de réserves

corporelles durant la période post-partum, réserves

qu’elles reconstituent au-delà du 2e mois de lactation.

Poids des veaux et valorisation des rations

Toutes races confondues, les veaux dont les mères ont

reçu la ration H ont pris en moyenne durant l’essai 3,3 kg

de plus que ceux des mères avec la ration S (AN 0; F1 +4;

LM +3 kg). Cette différence n’est pas significative

(P>0,05). La production laitière des vaches n’ayant pas

12

13

14

15

16

17

18

19

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17

Inge

stio

n, k

g m

atiè

re s

èche

par

jour

Semaines de lactation

Angus -sèche

Angus - humide

F1* - sèche

F1* - humide

Limousin - sèche

Limousin - humide

Figure 2 | Evolution de la consommation moyenne des groupes selon la forme de la ration et la race (36 vaches, 6 par groupe).

Figure 3 | Lors de la comparaison entre races, le foin a été préféré au mélange d’ensilage d’herbe et de foin extenso aussi bien pour les Angus et les Limousines que pour les croisements Limousines x Red Holstein (de gauche à droite). (Photo: Isabelle Morel)

* Limousin x Red Holstein

Page 9: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes | Production animale

449Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014

aux veaux qu’une ration sèche, transformée en gain de

masse corporelle par la vache elle-même. Les veaux des

mères F1 sont effectivement ceux qui ont pris le plus de

poids durant l’essai, sans toutefois que la différence

soit significative (P>0,05). Cette tendance due à la pro-

duction laitière plus élevée a également été démontrée

par McGee et al. (2005).

pu être mesurée, la valorisation des rations évaluée à

partir des prises de poids des vaches et des veaux semble

ne pas être identique pour chaque race. Les LM

semblent mieux valoriser la ration sous forme humide

que sèche, alors qu’aucune différence n’apparaît chez

les AN. Chez les vaches F1, une ration humide serait

valorisée sous forme de lait et profiterait davantage

670

680

690

700

710

720

730

740

750

760

770

LG vêlage PV 1er mois PV 2e mois PV 3e mois PV 4e mois

Poid

s vi

f (kg

)

Phase de lactation

Angus - sèche

Angus - humide

F1* - sèche

F1* - humide

Limousin - sèche

Limousin - humide

Figure 4 | Evolution du poids vif des vaches entre le vêlage et le quatrième mois de lactation.

16,317,1 17,3

18,3

14,9 15,7

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

20

H S H S H S

AN F1 LM

Inge

stion

, kg

MS

par j

our

Variantes et races

Données essai

Livre vert

Emmenegger 2009

Figure 5 | Valeurs mesurées et estimées de l’ingestion à partir du 2e mois de lactation.(AN: Angus, F1: animaux croisés LM x Red Holstein, LM: Limousin, H: ration humide; S: ration sèche).

* Limousin x Red Holstein

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450

Production animale | Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014

Comparaison avec les méthodes d’estimation actuelles

La figure 5 présente la comparaison des données d’in-

gestion obtenues dans cet essai avec les valeurs du Livre

vert d’une part (Agroscope 2013) et l’équation de pré-

diction publiée par Emmenegger en 2009 d’autre part.

On constate globalement que les deux méthodes d’esti-

mation actuellement disponibles en Suisse sous-estiment

systématiquement l’ingestion effective de 0,5 à presque

4 kg MS. En outre, le Livre vert actuel ne distingue pas

l’effet des races, alors que la nature de la ration est prise

en compte. A l’inverse, l’équation d’Emmenegger (2009)

propose une correction en fonction de la race, mais pas

du type de ration. La nouvelle équation qui sera publiée

lors de la prochaine mise à jour du chapitre consacré aux

vaches allaitantes du Livre vert tiendra compte de ces

deux facteurs de correction.

C o n c l u s i o n s

Selon cette étude, les animaux nourris avec une ration

sèche à base de foin et de regain ingèrent davantage de

fourrage que s’ils reçoivent une ration de valeur nutri-

tive équivalente, mais sous forme humide. Cette diffé-

rence de près de 900 g de MS par jour en pleine lactation

est importante pour la planification des rations dans la

pratique. Ce peut être un élément de décision quant au

choix du type de fourrage à produire dans l’exploitation,

tout en sachant que la valorisation sous forme de lait

pour les veaux ou de gain de masse corporelle pour la

vache elle-même d’une ration sèche ou humide peut

varier selon la race. Cet effet de la nature du fourrage

sur l’ingestion mérite d’être intégré sous forme d’un

coefficient de correction dans une équation d’estima-

tion de l’ingestion. Les recommandations actuellement

utilisées en Suisse sous-estiment systématiquement l’in-

gestion et n’intègrent pas simultanément l’effet de la

race et celui de la ration. Une nouvelle équation de pré-

diction tenant compte de ces nouvelles données sera

publiée prochainement lors de la mise à jour du chapitre

consacré aux vaches allaitantes du Livre vert.� n

Page 11: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

451

Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes | Production animale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Ingestione di una razione umida o secca

con vacche nutrici

Nel quadro di uno studio condotto con 36

vacche nutrici delle razze Angus (AN),

Limousin (LM) e ottenute dall'incrocio tra

Limousin e Red Holstein (F1) si è analiz-

zato l'effetto del tipo di razione sull'inge-

stione nei primi quattro mesi di lattazione.

Sono state confrontate due razioni

isoenergetiche somministrate ad libitum,

una secca (S) composta da fieno e grume-

reccio, l'altra umida (H, 53 % SS) composta

da una miscela di fieno e insilato d'erba.

Le vacche cui era stata somministrata la

razione S hanno consumato 0,87 kg di SS

in più al giorno rispetto a quelle nutrite

con la razione H a partire dal secondo

mese di lattazione (P < 0,001) e 0,76 kg di

SS in più al giorno su tutto l'arco dello

studio (P = 0,07). Si riscontrano scarti

considerevoli tra le varie razze (F1 > AN >

LM; P < 0,001). Il confronto tra i dati

sull'ingestione rilevati nel corso di questo

studio e le formule di previsione attual-

mente applicate evidenzia che l'ingestione

viene sistematicamente sottovalutata.

Inoltre, nessuna di queste formule

considera contemporaneamente tipo di

razione e razza. Una nuova equazione di

previsione che tenga conto di queste

nuove informazioni verrà pubblicata

prossimamente nel quadro dell'aggiorna-

mento del capitolo sulle vacche nutrici del

Libro verde.

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014

Bibliographie ▪ Agroscope, 2013. Apports alimentaires recommandés et tables de la valeur nutritive pour les ruminants (Livre vert).Accès: http://www.agroscope.ad-min.ch/futtermitteldatenbank/04834/index.html?lang=fr. [août 2014]

▪ Drennan M. J. & McGee M., 2004. Effect of suckler cow genotype and nu-trition level during the winter on voluntary intake and performance and on the growth and slaughter characteristics of their progeny. Irish Jour-nal of Agricultural and Food Research 43 (2), 185–199.

▪ Emmenegger J., 2009. Futteraufnahme und Lebendgewichtentwicklung von Mutterkühen und Mutterkuhkälbern unterschiedlicher Rassen im Le-bensabschnitt Geburt bis zum Absetzen. Bachelorarbeit ETH Zürich, 41 p.

▪ Faverdin P., 1992. Alimentation des vaches laitières: Comparaison des différentes méthodes de prédiction des quantités ingérées. INRA Prod. Anim. 5 (4), 271–282.

▪ INRA, 2007. Alimentation des bovins, ovins et caprins. Ed. Quae, Versailles Cedex, 307 p.

▪ Lawrence P., Kenny D.A., Early B. & McGee M., 2013. Intake of conserved and grazed grass and performance traits in beef suckler cows differing in phenotypic residual feed intake. Livestock Science 152 (2-3), 154–166.

▪ Lewis M., 1981. Equations for predicting silage intake by beef and dairy cattle. Proceedings of the sixth silage conference, Edinburgh, 1981, 35–36.

▪ Manninen M., Aronen I. & Puntila M.-L., 1998. Effect of type of forage offered and breed on performance of crossbred suckler heifers and their calves. Agricultural and Food Science in Finland, 7 (3), 367–380.

▪ McGee M., Drennan M. J. & Caffrey P. J., 2005. Effect of suckler cow ge-notype on milk yield and pre-weaning calf performance. Irish Journal of Agricultural and Food Research 44 (2), 185–194.

▪ Muller A., Micol D., Dozias D. & Peccatte J. R., 1992. Foin ou ensilage pour les bovins en croissance en système herbager. INRA Prod. Anim. 5 (2), 121–126.

▪ Murphy B. M., Drennan M. J., O’Mara F. P. & McGee M., 2008. Perfor-mance and feed intake of five beef suckler cow genotypes and pre-weaning growth of their progeny. Irish Journal of Agricultural and Food Research 47 (1), 13–25.

▪ Petit M., Jarrige R., Russel A. J. F. & Wright I. A., 1992. Feeding and nutri-tion of the suckler cow. In: R. Jarrige, C. Béranger (éd.) World Animal Sci-ence C5. Beef Cattle Production, 191–208.

Intake of a dry or a moist ration by suckler

cows

The effect of type of ration on feed intake

was studied in a trial with 36 lactating cows

of the Angus (AN), Limousin (LM) and

Limousin x Red Holstein cross breeds (F1)

during the first four months of lactation.

Two iso-energetic rations fed ad libitum

were compared: a dry ration (D) composed

of hay and aftermath, and a moist ration (M,

53 % DM) composed of a mixture of hay and

grass silage. The cows fed ration D con-

sumed 0.87 kg DM more per day than those

fed ration M from the second to the fourth

month of lactation (P<0.001), and 0.76 kg

DM more per day over the entire trial period

(P=0.07). Major differences were observed

between the different genetic types

(F1>AN>LM; P<0.001). A comparison of the

ingestion data measured in this trial with

the prediction formulas currently used in

Switzerland revealed a systematic underesti-

mation of feed intake. Moreover, no predic-

tion formula took simultaneous account of

the effect of ration type on the one hand,

and genetic type on the other. A new

prediction equation taking these new data

into account will be published shortly, once

the ‘suckler cow’ chapter of the Swiss

feeding recommendations for ruminants

(Green Book) is updated.

Key words: feed intake, suckler cow, silage,

hay.

Page 12: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

452 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 452–457, 2014

fourrage s’échauffe et moisit. L’emploi d’agents

conservateurs, la plupart à base d’acide propionique,

permet d’empêcher le développement des micro-orga-

nismes.

Dans cet essai, l’efficacité de divers micro-orga-

nismes (bactéries lactiques et levures), d’enzymes

ainsi que du produit Sil All Hay a été testée à l’échelle

du laboratoire avec un fourrage ayant une teneur en

matière sèche (MS) de 75 %.

I n t r o d u c t i o n

Le foin séché au sol n’affiche pas toujours une teneur

en matière sèche supérieure à 85 %, valeur requise

pour garantir une conservation sans problème. Cet

état se rencontre principalement avec les balles très

fortement pressées, d’où l’humidité résiduelle ne peut

s’échapper que lentement. Divers micro-organismes se

développent alors, notamment les moisissures, et le

Test d’efficacité de divers conservateurs pour foins humidesUeli Wyss, Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, 1725 Posieux, Suisse

Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: [email protected]

Installation expérimentale pour mesurer l'échauffement du foin humide. (Photo: Ueli Wyss, Agroscope)

P r o d u c t i o n a n i m a l e

Page 13: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Test d’efficacité de divers conservateurs | Production animale

453

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 452–457, 2014

Le foin séché au sol doit être suffisamment

sec à la récolte pour assurer un stockage sans

problème. Une alternative est l'utilisation

d’agents conservateurs pour empêcher

l’échauffement et l’altération du fourrage.

L'efficacité de divers micro-organismes

(bactéries lactiques, levures et enzymes) ainsi

que d’un produit contenant divers acides a

été testée à l’échelle du laboratoire avec un

foin humide (75 % de matière sèche).

Seul le contrôle positif à base d'acide

propionique est parvenu à éviter l’échauffe-

ment et l'altération du foin humide. Les

variantes étudiées avec différents micro-

organismes ou un produit chimique ne se

sont pas révélées efficaces. Le foin humide

s’étant échauffé, il était fortement moisi à la

fin des tests.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Pour les essais, du regain (2e coupe – riche en graminées,

à prédominance ray-grass) a été humidifié de manière à

obtenir une teneur en MS de 75 %. En raison du nombre

de variantes, l’essai a été réalisé en deux séries. Chaque

variante a été répétée trois fois. Une variante sans ajout

de produit d’ensilage a servi de contrôle négatif et une

variante avec de l’acide propionique de contrôle positif

(produit Luprosil: 99,5 % acide propionique), ceci pour

les deux séries. Les différentes variantes figurent dans les

tableaux 1 et 2. La souche de bactéries lactiques Pedio-

coccus pentosaceus, la souche de levures Pichia anomala

et l’enzyme chitinase de la firme Lallemand ont été étu-

diées seules et en combinaison. Le produit Sil All Hay de

la firme Danstar Ferment, qui contient du sorbate de

potassium, du benzoate de sodium et du propionate de

sodium, a été également testé. Pour tous les traitements,

sauf le contrôle positif, les produits ont été dilués dans

l’eau. Les dosages ont été respectés selon les recomman-

dations des firmes. Pour le contrôle négatif, la même

quantité d’eau a été appliquée.

Les essais ont été réalisés à l’échelle du laboratoire,

sur l’installation développée par Meisser (2001). Le four-

rage a été introduit dans des cylindres en PVC pour être

compressé à 175 kg de MF/m3 (matière fraîche par m3).

Chaque cylindre a été muni d’une sonde pour relever et

enregistrer les températures toutes les 30 minutes pen-

dant la durée de conservation de 30 jours. Les teneurs

en MS et divers paramètres chimiques ont été relevés

avant et après les 30 jours de conservation. Les nutri-

ments ont été déterminés par spectroscopie dans le

proche infrarouge (NIRS). L’azote insoluble (NADF) a

aussi été analysé. La charge en microorganismes (bacté-

ries aérobies mésophiles, moisissures et levures) dans le

foin au début des tests et spécialement les moisissures

dans toutes les variantes et répétitions à la fin des tests

No DescriptionDosage par 100 kg

de fourrage

1 Contrôle négatif –

2 Contrôle positif = acide propionique 600 g

3 enzyme chitinase 0,15 g

4 Pediococcus pentosaceus 1011 UFC

5 Pichia anomala (dosage 1) 1010 UFC

6 Pichia anomala (dosage 2) 1011 UFC

Tableau 1 | Variantes pour la première série No DescriptionDosage par 100 kg

de fourrage

7 Contrôle négatif –

8 Contrôle positif (acide propionique) 600 g

9enzyme chitinase et

Pediococcus pentosaceus0,15 g

1011 UFC

10enzyme chitinase et

Pichia anomala0,15 g

1010 UFC

11Pediococcus pentosaceus et

Pichia anomala1011 UFC1010 UFC

12 Sil All Hay 40 g

Tableau 2 | Variantes pour la deuxième série

Page 14: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Production animale | Test d’efficacité de divers conservateurs

454 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 452–457, 2014

ont été déterminées. L’évaluation statistique a fait l’ob-

jet d’une analyse de variance et d’un test de Bonferroni

(programme SYSTAT 13).

R é s u l t a t s

Teneurs en MS et nutriments

Les teneurs en MS et les nutriments présents dans le

fourrage avant le stockage figurent dans le tableau 3

pour les deux séries. Dans les trois groupes de micro-

organismes bactéries, moisissures et levures, la charge

était élevée, selon les valeurs d’orientation VDLUFA

(tabl. 4). Toutefois, la charge en micro-organismes à la

récolte est élevée, selon Adler et al. (2014), la charge en

micro-organismes dans le foin diminue significativement

si le foin était stocké dans de bonnes conditions jusqu’à

l’affouragement.

Températures pendant la conservation

Toutes les variantes des deux séries, exceptées celles du

contrôle positif, se sont rapidement et considérablement

échauffées (fig. 1 et 2). L’inefficacité de la souche de bac-

téries lactiques ajoutée peut s’expliquer par le fait que

les bactéries lactiques sont actives en conditions anaéro-

bies, ce qui n’est pas le cas avec le stockage du foin

humide. Même le produit Sil All Hay n’a pas empêché

l’échauffement. Il semble que le dosage de 400 g/t soit

insuffisant. Comme le montrent les résultats de Wyss

(2012), le dosage du produit joue ici un rôle déterminant

pour obtenir un effet.

Teneurs en MS et nutriments après stockage

Au cours de la conservation de 30 jours, l’altération du

foin de plusieurs variantes a entraîné la formation d’eau,

ce qui se remarque par des teneurs en MS plus basses.

Après la conservation, seul le foin du contrôle positif a

montré des teneurs en MS supérieures à 75 %. Pour ce

dernier, il n’y a pas d’altération ni de dégradations par

des micro-organismes.

MS CendresMatière azotée

Cellulose brute

ADF NDF SucresNADF

N total

% g/kg MS g/kg MS g/kg MS g/kg MS g/kg MS g/kg MS %

Première série 74,7 80 117 249 271 468 130 3,0

Deuxième série 75,0 74 115 253 274 482 132 2,3

ADF: lignocellulose; NDF: parois; NADF/N total: azote insoluble par rapport à l’azote total.

Tableau 3 | Teneurs en MS et en nutriments du foin avant l’essai pour les deux séries

Bactéries aérobies mésophileslog UFC/g

Moisissureslog UFC/g

Levureslog UFC/g

Première série 8,3 6,3 6,1

Deuxième série 8,3 6,2 6,2

UFC: unité formant colonie.

Tableau 4 | Charge en micro-organismes dans le foin avant les tests

-1,0

0,0

1,0

2,0

3,0

4,0

5,0

6,0

0 48 96 144 192 240 288 336 384 432 480 528 576 624 672 720 768

Diffé

renc

e de

tem

péra

ture

°C

Durée (heures)

Contrôle négatifContrôle positifEnzyme ChitinasePediococcus pentosaceus Pichia anomala-dosage 1Pichia anomala-dosage 2

Figure 1 | Evolution de la température – première série (différence de température avec la température ambiante; tempéra-ture ambiante moyenne 21,5 °C)

Page 15: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Test d’efficacité de divers conservateurs | Production animale

455Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 452–457, 2014

part d’azote insoluble croît par rapport à l’azote total,

plus la digestibilité de la matière azotée diminue.

La détérioration des foins a eu aussi des effets sur les

pertes en MS et sur la teneur en NEL (tabl. 5 et 6). Prati-

quement aucune perte en MS n’a été observée dans le

contrôle positif. Au contraire, dans les autres variantes,

des pertes en MS élevées ont été déterminées. La même

situation est observée à propos des valeurs énergé-

tiques NEL. Des valeurs en NEL significativement plus

élevées ont été observées dans le foin humide du

contrôle positif.

De plus, il y a eu des différences significatives entre le

contrôle positif et presque toutes les autres variantes

concernant les cendres, la matière azotée, les consti-

tuants pariétaux et le sucre (tabl. 5 et 6).

De même, la part d’azote insoluble par rapport à

l’azote total – paramètre important pour décrire le pro-

cessus de dénaturation – a montré des différences signi-

ficatives entre les variantes de la première série. Pour la

deuxième série, les différences n’étaient pas significa-

tives. Le contrôle positif a obtenu dans les deux séries les

valeurs les plus basses. Selon Weiss et al. (1992), plus la

Teneur en MS%

Cendresg/kg MS

Matièreazotée

g/kg MS

Cellulosebrute

g/kg MS

ADFg/kg MS

NDFg/kg MS

Sucresg/kg MS

NADF /N total

%

Pertes en MS

%

NELMJ/kg MS

Contrôle négatif 73,3a 84b 135b 310b 361b 593c 58a 5,7b 11,5b 5,1b

Contrôle positif 78,2b 60a 117a 254a 268a 489a 138b 2,4a 0,2a 5,7a

Enzyme chitinase 73,3a 90b 135b 311b 359b 594c 62a 4,4ab 13,1b 5,1b

Pediococcus pentosaceus 74,1a 84b 130b 306b 352b 576bc 64a 5,3b 9,5b 5,1b

Pichia anomala (dosage 1) 73,6a 88b 129b 313b 360b 590bc 63a 5,6b 12,6b 5,0b

Pichia anomala (dosage 2) 74,5a 74ab 127ab 297b 345b 555b 69a 4,5ab 9,7b 5,3b

SE 0,53 3,1 2,0 3,4 4,5 6,9 4,2 0,42 1,1 0,06

Seuil de signification *** *** *** *** *** *** *** ** *** ***

MS: matière sèche; ADF: lignocellulose; NDF: parois; sucres: hydrates de carbones solubles dans l’éthanol; NADF/N total: azote insoluble par rapport à l’azote total; NEL: énergie nette

pour la production laitière.

SE: erreur standard; n.s.: non significatif; * p<0,05; ** p<0,01; *** P<0,001.

Des lettres minuscules différentes au sein d’une même colonne indiquent des moyennes significativement différentes entre les procédés au seuil de 5 % (test Bonferroni).

-1,0

0,0

1,0

2,0

3,0

4,0

5,0

6,0

0 48 96 144 192 240 288 336 384 432 480 528 576 624 672 720 768

Diffé

renc

e de

tem

péra

ture

°C

Durée (heures)

Contrôle negatifContrôle positif

Enzyme Chitinase + P. pentosaceusEnzyme Chitinase + Pichia anomala

P. pentosaceus + Pichia anomala Sil All Hay

Figure 2 | Evolution de la température – deuxième série (différence de température avec la température ambiante; température ambiante moyenne 21,0 °C)

Tableau 5 | Paramètres chimiques du foin humide pour la première série après conservation

Page 16: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Production animale | Test d’efficacité de divers conservateurs

456 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 452–457, 2014

Evaluation sensorielle et moisissures

Après la conservation d’une durée de 30 jours, le foin

humide de toutes les variantes, sauf celui du contrôle

positif des deux séries, était entièrement moisi. Il déga-

geait une forte odeur d’ammoniac.

Les analyses complémentaires portant sur les moisis-

sures ont confirmé l’évaluation sensorielle. Selon les

valeurs d’orientation de VDLUFA (2012), seules les

valeurs pour le contrôle positif étaient au degré I, ce qui

correspond à des valeurs normales. Pour toutes les

autres variantes, les valeurs ont été classées au degré IV,

ce qui est déjà considéré comme altéré (fig. 3).

C o n c l u s i o n s

•• Le foin humide non traité se conserve mal. Il

s’échauffe et moisit.

•• Le contrôle positif avec l’acide propionique a permis

d’éviter l’échauffement et l’altération du foin.

•• Les divers produits testés ne se sont pas révélés

efficaces. Le foin humide traité s’est échauffé et était

moisi à la fin des tests. Ceci s’explique d’une part par

les conditions de stockage qui ne sont pas idéales pour

les bactéries lactique et, d’autre part, par un dosage

insuffisant. n

0,01,02,03,04,05,06,07,08,09,0

10,011,0

contrôle négatif

Enzyme Chitin

ase

Pichia anomala dosage 1

contrôle positi

f

Enzyme Chitin

ase + P. pentosaceus

Sil All H

ay

log

UCF

/g

Limite entre qualité normale et nombre légèrement élevé

première série deuxième série

b a b b b b b a b b b b

contrôle positi

f

Pediococcus p

entosaceus

Pichia anomala dosage 2

contrôle négatif

Enzyme Chitin

ase + P. anomala

P. pentosaceus + P. anomala

Figure 3 | Moisissures dans le foin humide (UFC: unité formant colonie).

Teneur en MS%

Cendresg/kg MS

Matièreazotée

g/kg MS

Cellulosebrute

g/kg MS

ADFg/kg MS

NDFg/kg MS

Sucresg/kg MS

NADF/N total

%

Pertes en MS

%

NELMJ/kg MS

Contrôle négatif 70,9a 90b 138b 299b 344b 567b 47a 6,3 16,9b 5,2b

Contrôle positif 78,5b 67a 116a 253a 267a 469a 140b 3,4 -0,7a 5,6a

Enzyme chitinase + P. pentosaceus

73,6ab 84ab 132ab 302b 342b 563b 64a 4,3 11,9ab 5,2b

Enzyme chitinase + P. anomala

72,3ab 81ab 130ab 312b 351b 579b 63a 5,3 14,9b 5,1b

P. pentosaceus + P. anomala

72,6ab 83ab 136b 302b 344b 564b 62a 5,7 15,3b 5,3b

Sil All Hay 74,2ab 76ab 131ab 299b 339b 561b 73a 4,7 9,5ab 5,3b

SE 1,35 3,8 3,4 3,1 4,9 6,6 5,4 0,99 2,6 0,05

Seuil de signification * * ** *** *** *** *** n.s. **

MS: matière sèche; ADF: lignocellulose; NDF: parois; sucres: hydrates de carbones solubles dans l’éthanol; NADF/N total: azote insoluble par rapport à l’azote total; NEL: énergie

nette pour la production laitière.

SE: erreur standard; n.s.: non significatif ; * p<0,05; ** p<0,01; *** P<0,001.

Des lettres minuscules différentes au sein d’une même colonne indiquent des moyennes significativement différentes entre les procédés au seuil de 5 % (test Bonferroni).

Tableau 6 | Paramètres chimiques du foin humide pour la deuxième série après conservation

Page 17: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Test d’efficacité de divers conservateurs | Production animale

457Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 452–457, 2014

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Effect of preservatives in moist hay

Field-dried hay must be sufficiently dry

at harvest for problem-free storage.

Alternatively, preservatives that

prevent heating and spoilage may be

added to the hay. In a trial, the efficacy

of various microorganisms (lactic acid

bacteria, yeasts and enzymes) as well

as of a product containing various

acids was tested in moist hay with a

DM content of 75 % on a laboratory

scale.

The positive control with propionic

acid was the only one preventing the

heating and deterioration of the hay.

The variants with different microor-

ganisms or a chemical product were

not effective: the forage heated, and

was highly mouldy at the end of the

test.

Key words: hay, preservatives, lactic

acid bacteria, yeasts, enzymes.

Test di efficacia di vari conservanti per

il fieno umido

Il fieno essiccato al suolo deve essere

sufficientemente asciutto al momento

del raccolto per garantire una conser-

vazione senza problemi. Un'alternativa

è l'utilizzo di conservanti per impedire

il riscaldamento e il deterioramento del

foraggio. È stata testata l'efficacia di

vari microrganismi (batteri lattici, lieviti

ed enzimi) e di un prodotto contenente

diversi acidi su un fieno umido con un

tenore in sostanza secca del 75 per

cento sulla scala del laboratorio.

Soltanto il controllo positivo a base di

acido propionico ha consentito di

evitare il riscaldamento e il deteriora-

mento del fieno umido. Le varianti

testate con diversi microrganismi o con

un prodotto chimico non si sono

rivelate efficaci. Il fieno umido si è

riscaldato e al termine dei test è

risultato decisamente ammuffito.

Bibliographie ▪ Adler A., Kiroje P., Reiter E. & Resch R., 2014. Einfluss unterschiedlicher Trocknungsverfahren auf die Futterhygiene von Raufutter. Bericht über das 19. Alpenländische Expertenforum, 54-67.

▪ Meisser M., 2001. Conservation du foin humide. Revue suisse d'Agriculture 33 (2), 61–65.

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Page 18: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

458 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 458–465, 2014

Le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolu-

tion du climat (GIEC) estime que, sur le plan mondial,

13,5 % des émissions anthropogènes de gaz à effet de

serre peuvent être attribués à l’agriculture. Adoptant

un angle de vue encore plus large, Bellarby et al. (2008)

chiffrent le pourcentage des émissions agricoles directes

et indirectes de 17 à 30 %. Cet écart peut être expliqué

par les différences de segmentation sectorielle et par la

délimitation territoriale des approches des bilans. Les

méthodes-cadres du GIEC pour les inventaires nationaux

de gaz à effet de serre limitent l’observation aux sources

d’émissions de la production agricole directe. En général,

ce type d’approche se fait uniquement dans la perspec-

tive de la production, c’est-à-dire des «impacts environ-

nementaux directs des branches de l’industrie et des ser-

vices à l’échelle nationale» (Jungbluth et al. 2011; EEA

2013). Au contraire, la perspective de la consommation

englobe «tous les impacts environnementaux directs et

indirects le long de la chaîne de production et de

consommation d’un produit consommé sur le territoire

national». Dans l’UE et en Suisse, les denrées alimen-

taires font ainsi partie des biens de consommation les

plus responsables des émissions de gaz à effet de serre

(Jungbluth et al. 2011; EEA 2013).Etant donné la grande diversité des approches utili-

sées pour les bilans, les limites du système et les angles

d’étude sont des facteurs importants dans l’élabora-

tion des stratégies de réduction. Différentes études

récentes tentent donc de représenter l’agriculture et la

filière alimentaire dans une perspective intégrale et

complète (Garnett 2011; Smith et Gregory 2013; EEA

2013). L’étude présentée ici fournit les bases de don-

nées nécessaires pour les décisions de politique agri-

cole et de politique climatique en Suisse. Les émissions

de gaz à effet de serre liées à l’agriculture et la filière

alimentaire suisses sont prises en compte tant dans la

perspective de la production que dans celle de la

consommation. Par ailleurs, ce premier récapitulatif

montre où des recherches sont encore nécessaires. Les

analyses détaillées ultérieures doivent pouvoir s’ap-

puyer sur les principes établis.

I n t r o d u c t i o n

L’agriculture et la filière alimentaire sont des sources

importantes d’émissions de gaz à effet de serre, dans le

monde entier comme en Suisse. Les émissions se pro-

duisent tout au long de la chaîne alimentaire, au travers

de la fabrication des agents de production, des processus

biochimiques dans la production animale et végétale, et

de la transformation et du transport des denrées alimen-

taires. Dans la «Stratégie Climat pour l’agriculture», l’Of-

fice fédéral de l’agriculture a formulé des objectifs de

réduction (OFAG 2011): d’ici 2050, au moins un tiers des

émissions dues à la production agricole doivent être

réduits grâce à des mesures techniques, d’exploitation et

d’organisation (perspective de production). Des adapta-

tions du comportement de consommation et d’alimenta-

tion doivent permettre de réduire les émissions d’un

autre tiers (perspective de consommation). Des inven-

taires d’émissions sont nécessaires pour définir et contrô-

ler les mesures et objectifs.

Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en SuisseDaniel Bretscher1, Sabrina Leuthold-Stärfl1, Daniel Felder2 et Jürg Fuhrer1

1Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU, 8046 Zurich, Suisse2Office fédéral de l’agriculture, 3003 Berne, Suisse

Renseignements: Daniel Bretscher, e-mail: [email protected]

Les importations de denrées alimentaires sont la cause principale de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre dans l’agri-culture et la filière alimentaire en Suisse. (Photo: Kara, Fotolia.com)

E n v i r o n n e m e n t

Page 19: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse | Environnement

459

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 458–465, 2014

L’agriculture et la filière alimentaire sont des

sources importantes d’émissions de gaz à effet

de serre. Les inventaires d’émissions sont à la

base des stratégies de réduction et des

contrôles d’impact. Les efforts faits jusqu’ici

pour tirer des bilans se caractérisent souvent

par des visions sectorielles relativement étroites.

Dans la présente étude, les émissions de

l’agriculture et de la filière alimentaire en Suisse

font l’objet d’une approche intégrale, tant dans

la perspective de la production que dans celle

de la consommation. Tandis que du point de

vue de la production, les émissions ont légère-

ment reculé en dépit de l’augmentation de la

production, les rejets totaux de gaz à effet de

serre par l’agriculture et la filière alimentaire

ont augmenté au total de 15 % depuis 1990.

Cette hausse est principalement due aux

importations de denrées alimentaires, qui ont

augmenté de bien 70 % depuis 1990. Les

résultats mettent en évidence un écart considé-

rable entre les objectifs de la «Stratégie Climat

pour l’agriculture» et l’évolution des émissions

liées à la consommation. Les principales actions

à envisager consistent notamment à encourager

les habitudes alimentaires respectueuses du

climat, mais aussi à accroître l’efficience de tous

les domaines de la production.

M é t h o d e

Principes généraux et portée de l’étude

L’agriculture et la filière alimentaire sont subdivisées en

sept secteurs partiels (secteurs de production) (fig. 1). Le

trajet du point de vente au consommateur à la maison,

la transformation dans les ménages ainsi que les déchets

et leur élimination ne sont pas pris en compte. Lors de

l’enregistrement des émissions liées aux importations et

aux exportations de denrées alimentaires, les limites du

système sont fondamentalement les mêmes. Les émis-

sions causées par les denrées alimentaires exportées ne

sont pas portées au compte de la Suisse et sont mention-

nées comme des valeurs négatives.

Contrairement aux approches territoriales et basées

sur la production, le relevé des émissions liées à la

consommation ne fait l’objet d’aucune méthode stan-

dard. Le principe primaire repose sur les méthodes de

deux études de Jungbluth et al. (2007) et Jungbluth et

al. (2011). Dans tous les domaines, les émissions de

dioxyde de carbone (CO2), de méthane (CH4) et de pro-

toxyde d’azote (N2O) sont calculées. CH4 et N2O sont

convertis en équivalents CO2 (éq. CO2) à partir de leur

potentiel de réchauffement global sur 100 ans. Les fac-

teurs utilisés sont les suivants: pour CH4, facteur 21, pour

N2O, facteur 310.

Bases de données

Les méthodes de calcul des domaines de la production

agricole directe, de la consommation d’énergie ainsi que

de l’utilisation des terres, changement d’affectation des

terres et foresterie, UTCATF (LULUCF: Land Use, Land Use

Change and Forestry) sont soit repris directement de

l’inventaire national des gaz à effet de serre, soit

s’orientent sur les bases méthodologiques correspon-

dantes (OFEV 2013). Dans les domaines des intrants, des

importations et des exportations, l’approche suivie est

celle de l’analyse de cycle de vie. Les importations et les

exportations de biens sont reprises des statistiques doua-

nières suisses et regroupées suivant la disponibilité des

données d’analyses de cycle de vie (facteurs d’émission)

(AFD 2013, tabl. 1).

Dans le domaine de la transformation, les branches

et les groupes de biens 15 et 16, soit la «fabrication de

denrées alimentaires», ont été pris en compte (OFS

2002). Les NAMEA (National Accounting Matrices inclu-

ding Environmental Accounts) attribuent à ces branches

les émissions correspondantes à partir de l’inventaire

national des gaz à effet de serre (Sutter et al. 2009). Les

répartitions entre les différentes branches secondaires

se font en fonction du pourcentage des employés

(équivalents plein temps). Les intrants d’autres branches

pour la «fabrication de denrées alimentaires» sont

déterminés à partir des tableaux EE-IOT (environmen-

tally-extended input-output-tables) et NAMEA

(Nathani et al. 2013).

R é s u l t a t s

Au total, l’agriculture et la filière alimentaire sont res-

ponsables en moyenne de l’émission de 14,6 millions de

tonnes d’éq. CO2 net par an – à noter que les émissions

ont progressé de plus de 15 % entre 1990 et 2011 (fig. 2

et tabl. 2). En Suisse, les émissions de gaz à effet de serre

par habitant causées par l’alimentation étaient de

l’ordre de 2  t éq.  CO2 durant toute cette période. Les

principaux domaines d’émission sont la production agri-

cole directe et les importations de denrées alimentaires.

Tandis que les émissions de la production agricole directe

ont baissé d’environ 8 % de 1990 à 2011 du fait de la

baisse des effectifs animaux et de l’emploi des engrais

minéraux, les émissions dues aux importations de den-

rées alimentaires ont augmenté de bien 70 % durant la

même période.

Page 20: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Environnement | Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse

460 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 458–465, 2014

Perspective de la production

Les émissions dans le domaine des intrants, de la consom-

mation d’énergie et de l’UTCATF sont faibles en compa-

raison. Pour les émissions des intrants, les engrais azotés

gourmands en énergie pèsent notamment lourd dans la

balance avec 0,3–0,4 millions de t éq. CO2 par an (fig. 3).

Au début des années 90 notamment, les émissions de

gaz à effet de serre liées à la production étaient légère-

ment en recul. Au contraire, les émissions des aliments

pour animaux importés ont considérablement augmenté

depuis 1990 (+210 %) et ont pratiquement atteint le

niveau des engrais azotés en 2011. La production de pes-

ticides ne joue pratiquement aucun rôle.

Les émissions de la production agricole directe sont

dominées par les émissions de CH4 issues de la digestion

des animaux de rente (44 %) et par les émissions de N2O

provenant de la fertilisation (38 %). Le reste provient du

stockage des engrais de ferme, 11 % de CH4 et 7 % de N2O.

Parmi toutes les sources d’émissions de la production agri-

cole directe, les bovins jouent le rôle prédominant. Ils sont

responsables de plus de 85 % des émissions de CH4 et

contribuent aussi largement aux émissions de N2O.

Deux tiers des émissions énergétiques des exploita-

tions agricoles sont dus à l’emploi de tracteurs et de

machines, ainsi qu’au séchage de l’herbe, tandis que le

dernier tiers est dû au chauffage des serres. Les ten-

dances sont stables dans le temps, à l’exception du

séchage de l’herbe qui n’a pratiquement plus d’impor-

tance aujourd’hui, ce qui n’était pas le cas en 1990.

L’énergie grise, liée à la fabrication des bâtiments agri-

coles et des machines ainsi qu’à la mise à disposition de

l’énergie directe, n’a pas été prise en compte. Selon

Latsch et al. (2013), la charge énergétique correspon-

dante est pratiquement deux fois plus élevée que la

consommation directe d’énergie.

Les sources et les puits du domaine UTCATF sont esti-

més séparément pour les herbages et les terres arables,

ainsi que pour les sols minéraux et les sols organiques

(sols tourbeux). Les pertes de carbone dans les sols orga-

niques drainés et exploités sont les principales respon-

sables des émissions dans ce domaine. Les sols minéraux

qui représentent une surface nettement plus importante,

sont supposés se trouver en équilibre lorsque l’affecta-

tion agricole reste inchangée. Par conséquent, ils ne pro-

duisent pratiquement pas d’émissions. Les fortes fluctua-

tions des valeurs absolues du domaine UTCATF sont dues

à la variabilité annuelle de la biomasse disponible.

Perspective de la consommation

L’intégration des domaines de la transformation, de l’im-

portation et de l’exportation des denrées alimentaires,

permet d’élargir la perspective de la production à la

Importations de denrées alimentaires

Production agricole directe CH4 et N2O issus de la production agricole directe

(secteur 4 des inventaires nationaux des gaz à effet de serre)

Consommation d’énergie (énergie grise)bTr

ansf

orm

atio

n (tr

ansf

orm

atio

n,

cond

ition

nem

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tran

spor

t)

Intr

ants

ª

UTCATFc

Exportations de denrées alimentaires

Mén

ages

Déc

hets

et

élim

inat

ion

–2,3

9,3

5,6

0,7

0,7

0,0–1,2 1.4

(B)

(A)

Figure 1 | Perspective production (A) et perspective consommation (B) de l’agriculture et de la filière alimentaire en Suisse. Les chiffres et surfaces des rectangles correspondent aux émissions en 2011 en millions de tonnes d’équivalents CO2. Les flèches représentent l’évolution durant la période 1990–2011: tendance stable, émissions en hausse, émissions en baisse.

a: Fabrication d’agents de production agricole

b: Consommation d’énergie dans les

exploitations agricoles

c: UTCATF: Utilisation des terres et changement

d’affectation des terres

Page 21: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse | Environnement

461Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 458–465, 2014

De 1990 à 2011, les exportations ont augmenté de plus

de 140 %. Les émissions les plus importantes peuvent

être imputées aux produits laitiers et aux œufs, qui

parallèlement sont responsables de la majeure partie de

l’augmentation. La répartition des émissions entre les

différents groupes de produits montre que les intensités

d’émissions élevées sont déterminantes pour les pro-

duits carnés, tandis que les quantités absolues jouent un

plus grand rôle pour les produits végétaux.

D i s c u s s i o n

Le total des émissions comptabilisées et la répartition

entre les différents domaines de l’agriculture et de la

filière alimentaire correspondent bien aux résultats des

autres études (Garnett 2008; Jungbluth et al. 2011). Par

rapport aux objectifs de réduction de la stratégie Climat

pour l’agriculture, il reste encore beaucoup à faire

(fig. 5). On constate notamment une augmentation des

émissions dans la perspective de la consommation depuis

1990. Cette hausse peut s’expliquer en grande partie par

la croissance démographique et par les importations de

perspective de la consommation. Le pourcentage de ces

domaines est passé d’environ 42 % à environ 54 % durant

la période observée.

Un peu plus de deux tiers des émissions imputables

au domaine de la transformation sont dus à la fabrica-

tion de denrées alimentaires, tandis que le reste pro-

vient des branches fournisseuses. A côté de l’industrie

des produits boulangers, la transformation du café, du

cacao, des épices, etc., la transformation du lait ainsi

que les abattoirs et la transformation de la viande sont

les domaines qui pèsent le plus lourd dans la balance. Ni

le total des émissions, ni leur répartition entre les diffé-

rentes branches et les différents biens n’ont changé de

manière significative depuis 1990.

La contribution des importations nettes de denrées

alimentaires (importations moins exportations) s’élève

en moyenne à près de 38 % du total des émissions de

l’agriculture et de la filière alimentaire, sachant que les

émissions correspondantes ont nettement augmenté

depuis 1990 (+57 %). La plupart des émissions sont cau-

sées par les importations de viande et de produits car-

nés, de légumes et de fruits, ainsi que de boissons (fig. 4).

Agent de production / Denrée alimentaire

Facteur d’émission Source

Engrais(selon la Liste des positions tarifaires AFD)

2834 Nitrites, nitrates 0,4

Hillier et al. 2011

3101 Engrais d’origine animale ou végétale 0,0

3102 Engrais azotés 2,2

3103 Engrais phosphatés 0,5

3104 Engrais potassiques 0,4

3105 Engrais mixtes, autres engrais 0,7

Pesticides

Insecticides 18,7

Lal 2004Fongicides 14,3

Herbicides 23,1

Aliments pour animaux Aliments pour animaux 0,7 Jungbluth et al. 2007

Import Export

Importation / Exportation

Animaux vivants AV 8,2 9,7

Jungbluth et al. 2007

Viande et produits carnés VPC 9,7 9,1

Poissons et crustacés PC 9,4 9,3

Produits de laiterie et œufs PLO 5,7 5,7

Autres produits d’origine animale APA 0,4 0,8

Plantes vivantes et fleurs PVF 1,2 0,4

Légumes, fruits LF 1,2 0,4

Café, thé, cacao, épices CTC 3,8 1,5

Céréales, produits céréaliers CPC 0,9 1,0

Graines et fruits oléagineux GFO 1,5 1,4

Huiles et graisses animales et végétales HGAV 3,5 7,7

Sucres, sucreries, miel SM 0,8 0,7

Autres denrées alimentaires ADA 0,8 0,7

Boissons BO 1,4 0,2

Tabac et produits à base de tabac TPBT 0,8 0,6

Tableau 1 | Facteurs/intensités d’émissions (données des analyses de cycle de vie) des agents de production et des denrées alimentaires en kg d’équivalents CO2 par kg de produit

Page 22: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Environnement | Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse

462 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 458–465, 2014

denrées alimentaires qui vont de pair. C’est pourquoi, les

inventaires d’émissions GIEC centrés sur le plan sectoriel

et territorial sont insuffisants pour établir des stratégies

de réduction. L’inventaire national des gaz à effet de

serre couvre uniquement les domaines «production

directe agricole», «consommation d’énergie», «UTCATF»

et «transformation», qui représentent en moyenne 58 %

des émissions, sachant que ce pourcentage a baissé en

continu durant la période d’observation.

Le volume d’émissions qui peut être appréhendé par

des mesures prises dans la perspective de la consomma-

tion est donc presque deux fois plus important que celui

qui peut être appréhendé dans la perspective de la pro-

duction. L’étude de Jungbluth et al. (2011) était déjà

arrivée à la conclusion que le secteur des denrées ali-

mentaires prenait beaucoup d’importance dans la pers-

pective de la consommation et que les émissions impor-

tées de l’étranger représentaient bien plus de 50 %.

L’observation intégrale a en outre l’avantage de montrer

si une mesure de réduction conduit seulement à dépla-

cer une émission dans des domaines non pris en compte

et notamment à l’étranger. Qu’une telle tendance ait

existé dans le passé est confirmé par le fait que les émis-

sions liées à la production ont diminué au fil du temps,

tandis que les émissions liées à la consommation ont

augmenté.

Qualité des données et pertinence

Le potentiel d’un domaine par rapport à la réduction des

gaz à effet de serre ne peut pas dépendre exclusivement

du niveau des émissions correspondantes. Des facteurs

tels que l’incertitude ou la sensibilité aux conditions 10,0

15,0

20,0

Mill

ions

de

tonn

es d

’équ

ival

ents

CO

2 pa

r an

ImportationsTransformationUTCATFConsommation d’énergieProduction agricole directeIntrantsExportations-5,0

0,0

5,0

10,0

15,0

20,0

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

Figure 2 | Emissions de gaz à effet de serre de l’agriculture et de la filière alimentaire en Suisse de 1990 à 2011.

UTCATF: Utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie (LULUCF: Land Use / Land Use Change and Forestry)

1990 2011 1990 2011

Millions de t d’équivalents CO2 % %

Intrants 0,58 0,69 4,2 4,5

Production agricole directe 6,09 5,60 43,8 36,2

Consommation d’énergie 0,85 0,72 6,1 4,7

UTCATF 0,56 0,09 4,0 0,6

Total perspective production 8,07 7,10 58,1 45,9

Transformation 1,41 1,41 10,2 9,1

Importations 5,37 9,27 38,7 59,9

Exportations –0,96 –2,31 –6,9 –15,0

Total perspective consommation 5,83 8,37 41,9 54,1

Total 13,90 15,47 100,0 100,0

Tableau 2 | Emissions de gaz à effet de serre de l’agriculture et de la filière alimentaire suisses en 1990 et 2011

Page 23: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse | Environnement

463Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 458–465, 2014

Dans le domaine de la transformation, les incertitudes

portent notamment sur la répartition des émissions au

sein du domaine à l’aide de chiffres indicatifs. En outre,

il n’est pas possible d’attribuer les gaz à effet de serre

aux processus qui couvrent plusieurs branches, comme le

transport, le refroidissement ou le conditionnement.

Sans analyses plus détaillées, il est donc particulièrement

difficile d’établir des stratégies de réduction.

D’autres études sont également nécessaires dans le

domaine des analyses de cycle de vie. La grande impor-

tance et la large fourchette des valeurs spécifiques aux

environnementales sont également décisifs. Dans ce

contexte, il faut souligner les domaines UTCATF et trans-

formation. D’infimes variations des réserves en carbone

du sol peuvent conduire à des émissions significatives ou

à des puits allant jusqu’à 3 millions de t éq. CO2 (OFEV

2013). Pour les données d’analyses de cycle de vie des

denrées alimentaires également et particulièrement

pour la production d’aliments pour animaux, les émis-

sions UTCATF associées ne sont souvent considérées que

de manière très générale. D’énormes lacunes de connais-

sances existent encore dans ce domaine.

0,0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

Mill

ions

de

tonn

es d

’équ

ival

ents

CO

2 pa

r an

Aliments pour animauxPesticidesEngrais mixtes, autres engrais Engrais potassiquesEngrais phosphatésEngrais azotés

Figure 3 | Emissions de gaz à effet de serre du domaine des intrants de 1990 à 2011.

Animaux vivants

Viande et produits carnés

Poissons et crustacés

Produits de laiterie et œufs

APA

PVF

Légumes, fruits

Café, thé, cacao, épices

Céréales, produits céréaliers

Graines et fruits oléagineux

Huiles et graisses animales et végétales

SMADATPBT

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

-0,2 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2

Fact

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d’é

mis

sion

(kg

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lent

CO

2) p

ar k

g

Importations nettes en millions de t.

Figure 4 | Facteurs d’émissions et importations nettes de différents groupes de denrées ali-mentaires (sans les boissons) en 2011. Produits animaux: carrés rouges; produits végétaux: cercles verts; indéterminé: losanges bleus. Les proportions des surfaces correspondent à la contribution aux émissions des importations nettes. Abréviations: voir tableau 1.

Page 24: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

464

Environnement | Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 458–465, 2014

produits dans la littérature montrent que de nom-

breuses recherches sont encore requises. Par ailleurs,

des facteurs d’émissions constants ont été établis pour

tous les produits/marchandises sur l’ensemble de la

période. Dans le domaine des intrants comme dans celui

des importations et exportations des denrées alimen-

taires, les intensités d’émissions sont toutefois générale-

ment en recul.

Enfin, les domaines «Ménage» et «Déchets et élimi-

nation», non pris en compte, sont loin d’être négli-

geables: l’étude de Garnett (2011) considère que ces

domaines (catering compris) sont responsables d’envi-

ron 20 % des émissions liées à l’agriculture et à l’alimen-

tation. En outre, c’est aussi là qu’ont lieu la plupart des

pertes et des déchets de denrées alimentaires, qui, si on

pouvait les empêcher, contribueraient à la réduction des

gaz à effet de serre.

C o n c l u s i o n s e t p e r s p e c t i v e s

Du côté de la production, des mesures dans le domaine

des intrants et de la consommation d’énergie seraient

relativement faciles à mettre en pratique. Mais le volume

d’émissions est trop faible pour en attendre des réduc-

tions d’envergure. Si l’on se limite par contre au grand

domaine de la production agricole directe et de l’UTCATF,

les possibilités techniques de réduction des émissions

sont très restreintes. Les processus biochimiques dans la

production animale et végétale sont étroitement imbri-

qués les uns dans les autres et difficilement influençables.

D’autre part, certaines mesures isolées ne conduisent

souvent qu’à un simple déplacement des émissions ou

entraînent des effets secondaires indésirables. Les straté-

gies supérieures qui visent une augmentation de l’effi-

cience (p.  ex. augmentation de l’efficience de l’azote)

sont nettement plus prometteuses, car premièrement,

elles agissent sur l’ensemble de la filière et deuxième-

ment, elles entraînent également des réductions dans le

domaine des intrants et de l’énergie.

Tandis que les stratégies établies dans la perspective

de la production visent essentiellement à augmenter

l’efficience de la production de plus gros volumes, la

perspective de la consommation inclut également le

comportement des consommatrices et des consomma-

teurs ainsi la composition du panier de la ménagère,

c’est-à-dire les moteurs fondamentaux des émissions.

Les produits animaux qui émettent beaucoup de gaz à

effet de serre jouent un rôle clé. Par conséquent, le pas-

sage à une alimentation de plus en plus végétarienne

serait extrêmement prometteur, d’une part à cause du

grand volume d’émissions de la production animale et

d’autre part, parce que les effets se font sentir dans tous

les domaines de la chaîne alimentaire (cf. p. ex. Stehfest

et al. 2009, Popp et al. 2010, Smith et Gregory 2013).

Avec la mesure «Alimentation plus respectueuse des res-

sources naturelles» du plan d’action Economie verte et

les enseignements tirés du Programme national de

recherche «Alimentation saine et production alimen-

taire durable» (PNR 69), des efforts sont faits pour pré-

senter plus concrètement le potentiel d’amélioration de

l’alimentation sur le plan écologique et pour mieux

l’exploiter. n

Domaine cible Emissions

Domaine cible production

Production dedenrées alimentaires

Emissions perspectiveproduction

Emissions perspective consommation

75

80

85

90

95

100

105

110

115

120

1990

1995

2000

2005

2010

2015

2020

Indi

ce 1

990

= 1

00 %

Figure 5 | Evolution des émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture et de la filière alimentaire en Suisse (perspective de la consommation) ainsi que de la production agricole et des émissions associées (perspective de la production). Les surfaces en couleur correspondent aux objectifs cibles de la «Straté-gie Climat pour l’agriculture».

Page 25: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

465

Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse | Environnement

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 458–465, 2014

Evoluzione delle emissioni di gas serra nella

filiera agroalimentare svizzera

La filiera agroalimentare rappresenta una fonte

significativa di emissioni di gas serra. Gli

inventari delle emissioni sono alla base delle

strategie di riduzione e dei controlli degli

effetti. Finora, tuttavia, i tentativi di bilancia-

mento sono stati spesso caratterizzati da

limitati punti di vista settoriali. Nel presente

studio, le emissioni derivanti dalla filiera

agroalimentare svizzera vengono considerate

con un approccio integrale dalla prospettiva sia

della produzione sia del consumo. Mentre, dal

punto di vista della produzione, le emissioni si

sono leggermente ridotte nonostante la

crescita in termini di output, dal 1990 i gas

serra derivanti dalla filiera agroalimentare sono

aumentati complessivamente del 15 per cento.

La causa principale è costituita dalle importa-

zioni di alimenti, che dal 1990 sono aumentate

di un buon 70 per cento. I risultati rivelano un

notevole divario di obiettivi tra le prescrizioni

della «Strategia sul clima per l'agricoltura» e

l'evoluzione delle emissioni basate sui consumi.

Le più importanti opzioni di intervento sono la

promozione di un'alimentazione rispettosa

dell'ambiente, ma anche l'incremento dell'effi-

cienza in tutti i settori produttivi.

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l’intention de l’Office fédéral de la statistique (OFS), Neuchâtel.

Development of greenhouse gas emissions

in the Swiss agriculture and food sector

The agriculture and food sector is a major

contributor to greenhouse gas emissions.

Emission inventories serve as a basis for

reduction strategies and the respective impact

assessments. To date however, efforts at

assessment have frequently been character-

ised by limited sector perspectives. Adopting

an integral approach, the present study

reviews emissions from the Swiss agriculture

and food sector from the perspectives of both

production and consumption. Whereas

emissions from the production perspective fell

slightly in spite of rising output, greenhouse

gas emissions from the total agriculture and

food sector have risen by a total of 15 % since

1990. The main reason for this is food

imports, which have increased by more than

70 % since 1990. The results reveal a consider-

able gap between the goals of the «Climate

Strategy for Agriculture» and the trend of

consumption-based emissions. The main

options for action are the promotion of a

climate-friendly diet and the increase of

efficiency in all areas of production.

Key words: greenhouse gas emissions, food

system, agriculture, food consumption.

Page 26: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

466 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014

Jusqu’en 1974, Fusarium nivale (aujourd’hui dans le genre

Microdochium), l’agent pathogène de la pourriture des

neiges qui ne forme aucune mycotoxine, était l’espèce de

loin la plus répandue (Häni 1977). Dans 86 % des échantil-

lons de blé, on observait une infestation par Microdo-

chium de 1 % ou plus. En moyenne, 13 % des grains étaient

infestés (tabl. 1). Les fusaries pures ne jouaient qu’un rôle

secondaire et FG n’était identifié que dans 6 % des échan-

tillons. En moyenne, seuls 0,1 % des grains étaient infestés

par FG. C’est pourquoi on n’accordait alors qu’une faible

importance aux fusaries, mais aussi parce qu’on ne parlait

presque pas des mycotoxines à l’époque. A l’exception de

F.  poae, les chiffres des infestations n’ont pratiquement

pas varié dans un autre monitoring réalisé de 1991–1999.

I n t r o d u c t i o n

Importance et présence des espèces de Fusarium

Les champignons Fusarium font partie des principaux

agents pathogènes dans les cultures de céréales. Les

fusaries sont redoutées non seulement pour les pertes

de récolte et de qualité qu’elles causent, mais aussi et

surtout pour les substances toxiques qu’elles produisent,

appelées mycotoxines. L’espèce de Fusarium dominante

dans le blé est Fusarium graminearum (FG). Elle forme

les mycotoxines déoxynivalénol (DON), nivalénol (NIV) et

zéaralénone (ZEA), qui entraînent une faiblesse du sys-

tème immunitaire, une réduction de l’alimentation ou

des troubles de la fécondité.

Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les fusarioses et les mycotoxines du bléHans-Rudolf Forrer1, Tomke Musa1, Fabienne Schwab2, Eveline Jenny1, Thomas D. Bucheli1, Felix E. Wettstein1,

Keqiang Cao3 et Susanne Vogelgsang1

1Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU, 8046 Zurich, Suisse2Duke University, Center for the Environmental Implications of Nanotechnology, Durham, NC 27708, USA3Agricultural University of Hebei, College of Plant Protection, Baoding 071001, Chine

Renseignements: Hans-Rudolf Forrer, e-mail: [email protected]

Les plantes médicinales agissent aussi contre les fusaries: écorce de bourdaine (Fran-gula alnus), racines de rhubarbe (Rheum palmatum) et farine de galle chinoise (Galla chinensis) avec galle du chêne (G. legnosa). (Photo: Hans-Rudolf Forrer, Agroscope)

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Ecorce de bourdaine Frangula alnus

Page 27: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les fusarioses et les mycotoxines du blé | Production végétale

467

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014

Ces dernières années, l’importance des

fusaries et de leurs toxines a fortement

augmenté dans le blé. Les plantes médici-

nales pourraient être un moyen de lutte

écologique. Des suspensions de Galla

chinensis (galle chinoise) et d’acide tannique

ont inhibé la germination des spores et la

croissance du mycélium de Fusarium

graminearum in vitro de 75 à 100 %. En

chambres climatisées avec du blé «Apogee»

infecté de manière artificielle, des traite-

ments à l’acide tannique, à base de

G. chinensis et de Rheum palmatum (rhu-

barbe chinoise) ont réduit la teneur des

grains en déoxynivalénol (DON) de 67 à 81 %.

Bien qu’elle n’ait donné aucun résultat ni

in vitro ni en chambre climatique, l’écorce de

bourdaine (Frangula alnus) a réduit la teneur

en DON de 60 % lors d’essais sur le terrain

avec deux variétés de blé d’automne. L’effet

également élevé de l’acide tannique et de

G. chinensis peut s’expliquer par la toxicité

fongique. Nous expliquons l’effet de F. alnus

par une induction de résistance. Nous avons

pu montrer pour la première fois que des

substances végétales pouvaient offrir une

vraie alternative à l’utilisation de fongicides

de synthèse dans la lutte contre les fusaries

du blé.

2007–2010: 60 fois plus de F. graminearum

Avec l’importance croissante de la sécurité des denrées

alimentaires et des aliments pour animaux, la surveil-

lance des mycotoxines ainsi que des rapports mention-

nant leur augmentation dans le monde, les fusaries dans

les céréales occupent désormais le devant de la scène. Le

dernier monitoring suisse du blé de 2007–2010 montre

que ceci était justifié: 76 % des échantillons étaient

infestés par FG et en moyenne 6 % des grains de blé

étaient infestés (résultats non publiés).

La teneur moyenne en DON de ces échantillons s’éle-

vait à 0,65 ppm (mg/kg) et 17 % des échantillons dépas-

saient la valeur limite de 1,250 ppm pour les céréales

non transformées. Comment expliquer l’augmentation

en flèche de l’infestation par FG et donc la charge en

DON? Les monitorings du blé ont montré que les pro-

blèmes de FG et de DON survenaient généralement là

où le blé faisait suite à des cultures de maïs mises en

place par semis direct ou avec un travail du sol minimal.

Avec ces techniques, les restes des plantes de maïs, sou-

vent atteintes de FG, demeurent à la surface du sol. Le

champignon FG hiverne dans les restes de maïs et forme

des fructifications au début du printemps avec des

ascospores qui infectent le blé à la floraison. La forte

augmentation des problèmes causés par FG peut s’expli-

quer par le fait que de 1960 à aujourd’hui, les cultures de

maïs en Suisse sont passées de moins de 5000 ha à plus

de 60 000 ha, et que ces vingt dernières années, la ten-

dance a été de ménager le sol et de renoncer au labour.

Facteurs de risques: maïs et protection du sol

Le développement très important des infestations par

FG entre 1991–1999 et 2007–2010 est sans doute dû à

l’extension des cultures sans labour, à la mise en place

croissante de variétés de blé sensibles à FG, ainsi qu’au

fort recul de la variété de blé Arina, qui possède des

résistances uniques à FG. Tandis qu’Arina représentait

plus de 80 % de la surface cultivée en blé dans les années

1980 et en représentait encore plus de 60 % dans la

période 1991–1999, ce pourcentage a chuté à moins de

10 % aujourd’hui.

PériodeNombre

d’échantillonsMicrodo-

chium spp.F. gramin–earum (FG)

F. poae(FP)

F. avenaceum (FA)

F. culmo-rum (FC)

F. crookwell-ense (FCr)

1971–1974a 101 12,8 (86) 0,1 ( 6) 0,2 (15) 0,4 (30) 0,2 (13) –

1991–1999b 550 10,1 ( – ) 0,3 ( – ) 1,1 ( – ) 0,2 ( – ) 0,1 ( – ) –

2007–2010c 527 12,7 (90) 6,0 (76) 1,9 (60) 0,9 (38) 0,1 ( 7) 0,1 ( 9)

a) Häni 1977, b) Schachermayr et Fried 2000, c) Vogelgsang et al., en production.

Tableau 1 | Infestation par Fusarium des grains de blé d’automne en 1971–1974, 1991–1999 et 2007–2010 (moyennes de tous les grains avec infestation en %, entre parenthèses % des échantillons de blé avec au moins 1 % d’infestation; –: pas d’indication)

Page 28: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Production végétale | Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les fusarioses et les mycotoxines du blé

468

120

100

80

60

40

20

0

TA 0,

1 %TA

1 %

GC 0,1 %

GC 1 %

RP 0,

2 %RP

1 %

FA 0,

2 %FA

1 %

cd d bc cd ab abc a abc

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014

Connaissant la problématique, la vulgarisation a

conseillé soit de ne pas planter de blé à la suite du maïs,

soit de broyer les restes de maïs et de les enfouir dans le

sol (Blum et al. 2011).

En termes de surfaces, le blé et le maïs sont les prin-

cipales grandes cultures. C’est pourquoi il est n’est pas si

simple de les séparer dans les rotations. D’un point de

vue économique et compte tenu de la protection du sol,

le retour au labour serait lui aussi problématique. La

question FG/DON reste donc un problème d’actualité.

Les cultures conventionnelles quant à elles ont souvent

recours aux fongicides de synthèse.

Dans les cultures bio, le risque d’une infestation par

FG est moindre que dans les autres formes culturales du

fait de l’emploi plus fréquent de la charrue. Avec l’aug-

mentation des cultures de maïs et la tendance à un tra-

vail plus respectueux du sol, le risque de voir les charges

en toxines augmentées s’accroît ici aussi. C’est pourquoi

de 2003 à 2005, nous avons testé l’adéquation d’antago-

nistes, de plantes médicinales et de stimulateurs des

défenses naturelles dans la lutte contre le Fusarium, tout

comme nous l’avions fait pour remplacer le cuivre dans

la lutte contre le mildiou de la pomme de terre (Dorn et

al. 2007). Des résultats prometteurs ayant été obtenus

avec les plantes médicinales, nous nous limiterons à ces

dernières dans cet article.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Sélection de pathogènes et de plantes médicinales

Dans nos essais, nous avons utilisé trois isolats de F. gra-

minearum (FG) et un isolat de F. crookwellense (FCr),

obtenus à partir de grains de blé provenant de diffé-

rentes régions du Plateau. Les conditions de culture et

de multiplication des fusaries sont décrites dans Forrer et

al. (2014).

Les effets du matériel végétal suivant ont été étu-

diés: farine de galle chinoise (Galla chinensis: GC), de

racines de rhubarbe chinoise (Rheum palmatum: RP) et

d’écorce de bourdaine (Frangula alnus: FA). La farine

GC a donné de bons résultats contre M. majus, l’agent

pathogène de la pourriture des neiges des céréales, et

la farine de FA, de GC et de RP contre Phytophthora

infestans dans les pommes de terre (Vogelgsang et al.

2013; Hu et al. 2009; Krebs et al. 2007). Ces produits

végétaux contiennent tous des tannins et d’autres

substances phénoliques ayant des effets antibiotiques

et antioxydants, qui ont trouvé leur application dans la

médecine ou la diététique. Comme GC contient près de

70 % d’acide tannique (tannic acid: TA), nous étudions

également dans nos essais ce polyphénol végétal à

masse moléculaire élevée. Le fongicide de synthèse

Pronto Plus® (principes actifs tébuconazole et spiroxa-

Figure 1 | Influence des suspensions d’acide tannique (TA), Galla chinensis (GC), Rheum palmatum (RP), Frangula alnus (FA) et Pronto Plus®

(PrP) sur la germination des spores (à gauche) et la croissance du mycélium (à droite) de Fusarium graminearum (FG0407); PrP non représenté pour la croissance du mycélium car complètement inhibé avec 0,1 %. Moyennes avec erreurs standards (germination des spores) ainsi que box-plots avec valeurs médianes, max. et min. (croissance du mycélium, les traitements avec des lettres semblables ne se distinguent pas statisti-quement, rang ANOVA avec test de Dunn, p < 0,05). Les données sont représentées par comparaison (%) aux valeurs des procédés témoins.

% croissance du mycélium

% concentration

0

20

40

60

80

100

0,01 0,1 1 10

PrP

TA

GC

RP

FA

% germination des spores

Page 29: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les fusarioses et les mycotoxines du blé | Production végétale

469Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014

pourquoi, seul un isolat FG a été utilisé dans les essais in

vitro. Avec Pronto Plus® (PrP) et des suspensions d’acide

tannique (TA) et de galle chinoise (GC), des concentra-

tions de 0,2 % et de 1 % ont suffi à empêcher totalement

la germination. Avec la rhubarbe chinoise (RP) et l’écorce

de bourdaine (FA) par contre, même des suspensions à

10 % (fig.  1) n’y sont pas parvenues. La situation était

similaire en ce qui concerne la croissance du mycélium:

tandis que PrP inhibait totalement la croissance du mycé-

lium dès une concentration de 0,2 %, des suspensions de

mine) a également fait partie des tests à titre de réfé-

rence pour l’efficacité des produits végétaux (Forrer et

al. 2014).

Tests: laboratoire, chambre climatisée et champ

L’effet des produits végétaux sur la germination des

spores et la croissance du mycélium de FG a été étudié in

vitro en laboratoire. Au cours d’essais en chambre climati-

sée avec des infections artificielles au Fusarium (spores de

FG/FCr en suspensions au moment de la floraison) du blé

de printemps «Apogee» (Bugbee et Koerner 1997), les

chercheurs ont étudié l’effet sur l’infestation des épis et la

contamination des grains par la mycotoxine DON. De

2006 à 2010, des essais sur le terrain ont été effectués avec

les variétés de blé «Runal» et «Levis» infectées de manière

artificielle par des suspensions de spores, comme en

chambre climatique. Enfin, en 2010, un essai sur le terrain

a été réalisé avec des infections semi-naturelles au Fusa-

rium. Nous avions en effet répandu de la paille de maïs

contaminée par FG/FCr sur la parcelle d’essai en novembre

2009. Dans les essais avec des infections artificielles, des

suspensions de produits végétaux à 5 % ont été appli-

quées un jour avant et/ou après l’infection. Dans l’essai en

plein champ, avec des infections semi-naturelles, les trai-

tements ont eu lieu avant et/ou après une période d’in-

fection FusaProg pendant la floraison (Musa et al. 2007;

www.fusaprog.ch). Les procédés, les méthodes d’analyses

et de statistique sont décrits dans Forrer et al. (2014).

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Effet in vitro des plantes médicinales

La germination des spores de l’isolat de F. crookwellense

(FCr) et des trois isolats de F. graminearum (FG) a été

inhibée de la même manière par l’acide tannique. C’est

0 10 20 30 40 50 60 70 80

témoin

1

témoin

2

TA av

. inf.

TA ap

. inf.

PrP av

. inf.

0 25 50 75

100 125 150 175 200

% d’infestation (épi) ppm déoxynivalénol (DON)

a a ab ab b ab a c a a abc bcd d bcd cd ab e

TA av

. et a

p. inf

.

GC av. e

t ap.

inf.

RP av.

et ap

. inf.

FA av

. et a

p. inf

.

TA av

. inf.

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. et a

p. inf

.

GC av. e

t ap.

inf.

RP av.

et ap

. inf.

FA av

. et a

p. inf

.

témoin

1

témoin

2

Figure 2 | Essais en chambre climatisée: influence des suspensions à base d’acide tannique (TA), de Galla chinensis (GC), Rheum palmatum (RP), Frangula alnus (FA) et Pronto Plus® (PrP) avec infection artificielle par Fusarium graminearum du blé de printemps «Apogee» sur l’infestation des épis (surface en %) et sur la teneur des grains de blé en déoxynivalénol (DON). Abréviations: tém. 1 et 2: témoins avec application d’eau du robinet normale et acidifiée à pH 4,0; av. inf., ap. inf. et av. & ap. inf.: Application avant (av), après (ap) et avant et ap-rès (av.& ap.) l’infection (inf.). Moyennes avec erreurs standards de deux répétitions d’essais. Les procédés marqués des mêmes lettres ne présentaient pas de différences statistiquement significatives (test de Tukey, p < 0,05).

Figure 3 | Essai en chambre climatique: matrice du diagramme de dis-persion qui illustre les rapports entre le rendement, le poids de mille grains (PMG), l’infestation des épis et la teneur en DON du blé Apogee lors des essais en chambres climatisées. Les chiffres dans les cases correspondent aux coefficients de corrélation de Spearman; le secteur avec des valeurs absolues supérieures à 0,9 est mis en évidence.

Rendement

PMG

Infestation

DON

0,66 -0,74 -0,64

0,66 -0,92 -0,93

-0,74 -0,92

-0,95

-0,64 -0,93 0,95

Page 30: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Production végétale | Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les fusarioses et les mycotoxines du blé

470 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014

1 % des produits végétaux GC et TA ont permis d’obtenir

des réductions de croissance de 80–85 % (RP: 10 %). Avec

FA, il n’a pas été possible de mesurer une inhibition sta-

tistiquement significative. Les essais ont montré que TA

et GC avaient de bons effets inhibiteurs sur les champi-

gnons, néanmoins dix fois inférieurs à ceux du fongicide.

RP avait également un faible potentiel inhibiteur, mais

pas FA. Des résultats semblables ont été obtenus in vitro

avec GC et M. majus, le champignon responsable de la

pourriture des neiges (Vogelgsang et al. 2013).

Essai avec la variété de blé «Apogee»

Comme les suspensions de TA et de GC avaient un pH de

près de 4,0, nous avons mis en place deux procédés

témoins à l’eau du robinet – l’un d’entre eux avec de

l’eau acidifiée jusqu’à atteindre un pH de 4,0. Les épis

des deux procédés témoins affichaient environ 60 % de

surface infestée en moyenne des deux séries d’essais et

des procédés et la teneur en DON des grains Apogee

s’élevait à plus de 125  ppm (mg/kg). Comme dans les

tests in vitro, PrP a eu le plus fort effet inhibiteur sur

l’infestation et a réduit la contamination en DON de

98 %. Pour les produits végétaux, le TA appliqué avant et

après l’infection a réduit l’infestation de manière statis-

tiquement significative de 80 %. Tous les produits végé-

taux, à l’exception de FA et d’un procédé TA (traitement

uniquement avant l’infection), ont réduit la teneur en

DON de manière significative de 67–80 % (fig. 2).

Comme le montre la matrice du diagramme de dis-

persion des données de mesures des essais réalisés en

chambres climatisées avec «Apogee», des relations très

étroites ont été observées entre l’infestation des épis,

les poids de mille grains et la teneur en DON des grains,

avec des coefficients de corrélation absolues de plus de

0,90 (fig. 3).

Les résultats présentent une forte corrélation avec

ceux des expériences in vitro: un excellent effet de PrP,

suivi de TA, GC et RP, mais aucun effet de FA.

Essais sur le terrain avec des infections artificielles

De 2006 à 2010, les effets de TA, GC et FA ont été étudiés

dans le cadre d’essais en plein champ avec des infections

artificielles provoquées par des suspensions à base de

spores de FG et FCr. Pour des raisons de ressources, RP

n’a pas été testée. Le résultat de l’infection dans les

essais en plein champ dépend de divers facteurs externes,

comme le développement de la plante hôte et les condi-

tions météorologiques au moment de l’infection. La

figure 4 montre comment l’infestation et le rendement

ont évolué au fil des ans. En dépit de différences marquées entre les années,

des corrélations étroites hautement significatives

(p  <  0,001) ont été observées entre les valeurs de

mesures (Spearman, n = 227): –0,806 entre l’infestation

et le rendement, –0,840 entre le rendement et la

teneur en DON, et 0,899 entre la teneur en DON et en

NIV. Hormis FA, qui a donné des effets aussi bons sur le

terrain que TA et GC, les résultats obtenus correspon-

daient à ceux des essais in vitro et en chambres climati-

sées. Il est également intéressant de constater que PrP

à l’exception du rendement, n’a pas eu de meilleurs

résultats, statistiquement parlant, que les produits

végétaux (fig. 5).

Avec PrP, le rendement était en moyenne de 37 % et

avec les produits végétaux de 13–23 % (TA) supérieur à

celui du témoin. Le rendement plus élevé obtenu avec

PrP peut en partie être expliqué par le large spectre

d’efficacité de ce fongicide dans le cas de maladies des

feuilles et des épis. Les bons résultats de FA non toxique

pour les champignons ne peuvent s’expliquer que par

l’induction de mécanismes de résistance, c’est-à-dire

l’élicitation de défenses immunitaires propres à la

plante. Une induction de résistance par FA a également

été identifiée dans des essais contre le mildiou de la

vigne (Gindro et al. 2007).

Figure 4 | Essais en plein champ: infestation de Fusarium et rende-ment de deux variétés de blé («Runal» et «Levis», six procédés, cf. fig. 5) et infections artificielles par Fusarium graminearum et F. crookwellense en 2006–2010. Les boxplots avec médiane com-prennent les données des deux variétés et de tous les procédés. Les boxplots, qui se caractérisent par les mêmes lettres, ne présen-taient pas de différences statistiquement significatives (test de Tukey, p < 0,05); 2007 n’a pas été prise en compte dans la comparai-son des années, car seuls cinq procédés ont été testés.

2006 2008 2009 2010

2006 2007 2008 2009 2010

50

40

30

20

10

0

8

6

4

2

0

% d’infestation des épis

rendement (t/ha)

2007

a – b d c

a – b c a

Page 31: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les fusarioses et les mycotoxines du blé | Production végétale

471Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014

les 6–7 juin. Conformément au classement dans la liste

des variétés de céréales recommandées par Agroscope

(www.swissgranum.ch), nous avons mesuré un rende-

ment plus élevé de 25 % pour «Levis» (catégorie I) par

rapport à «Runal» (catégorie supérieure). La résistance

Essai sur le terrain avec des infections semi-naturelles

Dans cet essai réalisé en 2010, le système de prévision

FusaProg (Fusarium et DON) a été utilisé pour détermi-

ner la période d’application des produits (Musa et al.

2007). FusaProg indiquait des périodes d’infection pour

Figure 5 | Essais en plein champ avec les variétés de blé d’automne «Runal» et «Levis» avec des infections artificielles par Fusarium graminearum et F. crookwellense en 2006 et 2008–2010: influence des suspen-sions à base d’acide tannique (TA), de Galla chinensis (GC), Frangula alnus (FA) et Pronto Plus® (PrP) sur l’infestation des épis par Fusarium, le rendement du blé, la teneur des grains de blé en déoxynivalénol (DON) et en nivalénol (NIV). Moyennes avec erreurs standards de 4 essais avec 2 variétés et 4 répétitions. Abréviations et statistiques comme dans fig. 2.

01234567

t/ha Runal

01234567

t/ha Levis

0

2

4

6

8

Témoin

TA(1)

TA(2)

GC(1)

GC(2)

FA(1)

FA(2)

PrP(1)

ppm DON Runal

0

2

4

6

8

10

Témoin

TA(1)

TA(2)

GC(1)

GC(2)

FA(1)

FA(2)

PrP(1)

ppm DON Levisdifférences non significatives, p=0,118 a ab ab ab ab ab ab b

a b bc b bc bc bc ca bc bc a b bc ab c

10

Figure 6 | Essai en plein champ avec les variétés de blé d’automne «Runal» et «Levis» et infections semi-natu-relles par Fusarium causées par les chaumes de maïs: influence des suspensions à base d’acide tannique (TA), de Galla chinensis (GC), Frangula alnus (FA) et Pronto Plus® (PrP) sur le rendement du blé et la teneur des grains de blé en déoxynivalénol (DON). Moyennes avec erreurs standards de 4 répétitions. Abréviations: (1) Applications le 7.6.2010, (2) le 7.6.2010 et le 8.6.2010; lettre sous les colonnes comme dans fig. 2.

0,0 2,5 5,0 7,5

10,0 12,5 15,0 17,5 20,0

Témoin

TA av

. inf.

% d’infestation des épis

0,0

1,0

2,0

3,0

4,0

5,0

6,0

7,0 t/ha rendement

0,0

5,0

10,0

15,0

20,0

25,0 ppm DON

0,0

0,5

1,0

1,5

2,0

2,5 ppm NIV

a b bc b bc c a b b b b c

a b c bc bc c a b cd bc cd d

TA av

. et

ap. in

f. GC av

. et

ap. in

f. FA av

. et

ap. in

f.

PrP av

. inf.

Témoin

TA av

. inf.

TA av

. et

ap. in

f. GC av

. et

ap. in

f. FA av

. et

ap. in

f.

PrP av

. inf.

Témoin

TA av

. inf.

TA av

. et

ap. in

f. GC av

. et

ap. in

f. FA av

. et

ap. in

f.

PrP av

. inf.

Témoin

TA av

. inf.

TA av

. et

ap. in

f. GC av

. et

ap. in

f. FA av

. et

ap. in

f.

PrP av

. inf.

Page 32: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

472

Production végétale | Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les fusarioses et les mycotoxines du blé

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014

aux fusarioses des épis est classée comme moyenne pour

«Runal» et comme «moyenne à faible» pour «Levis».

Dans les échantillons du procédé témoin «Runal», nous

avons mesuré 3,7 mg/kg (ppm) resp. 8,5 mg/kg DON avec

«Levis». Ces contaminations en DON correspondent bien

aux valeurs relevées dans la pratique pour du blé semé

directement après du maïs (Vogelgsang et al. 2011).

Comme dans les essais en plein champ avec infec-

tions artificielles, l’effet des produits végétaux sur les

infections semi-naturelles était bon à très bon. Sur la

moyenne des deux variétés et dans le cas d’un et de deux

traitements, la teneur en DON a été réduite de 54 %

resp. 70 % avec TA, de 27 % resp. 54 % avec GC et de 59 %

resp. 55 % avec FA (fig. 6). Les fongicides à base de Tria-

zoles ont également permis d’obtenir des réductions de

DON de 50 % (Forrer et al. 2000) resp. 60 % (Edwards et

al. 2010) en Suisse et en Grande-Bretagne. Dans cet essai,

PrP a réduit la teneur en DON du blé de 87 %, ce qui

devrait venir du choix de la période de traitement opti-

male grâce à FusaProg.

Comme dans les essais en plein champ avec infection

artificielle, l’efficacité de FA était très bonne ici aussi.

Notre supposition selon laquelle FA induit des résis-

tances sur «Runal» et «Levis» en a été renforcée. Le fait

qu’une deuxième application de FA n’apporte pas

d’amélioration, comme c’est le cas avec les produits

végétaux toxiques pour les champignons comme TA et

GC, est un indice supplémentaire qui confirme cette

hypothèse. L’écorce de bourdaine a également donné

de bons résultats en ce qui concerne le rendement,

qu’elle a amélioré en moyenne de 10 % par rapport au

témoin (PrP: 22 %). Le fait que FA ne soit pas passé der-

rière TA (9 %) pour le rendement montre que l’induction

des résistances et la production des agents inhibitrices

ne se font pas au détriment du rendement. Une ques-

tion demeurait néanmoins encore en suspens: pourquoi

FA n’avait-elle aucune influence sur l’infestation par le

Fusarium et la teneur en DON dans les essais avec «Apo-

gee»? La réponse est peut-être qu’«Apogee» ne dispose

pas de locus de caractères quantitatifs (quantitative trait

locus = région d’un chromosome qui a une influence sur

le développement d’un critère phénotypique quantita-

tif) du chromosome 3BS, important pour la résistance au

Fusarium. Ce manque de résistance n’a pas d’importance

pour «Apogee», car la variété était destinée à la produc-

tion de blé dans les stations spatiales (Bugbee et Koerner

1997).

C o n c l u s i o n s

Ces essais montrent que l’induction de résistance à l’aide

d’écorce de bourdaine (FA) constitue un bon moyen de

réguler les fusaries et de réduire le risque des myco-

toxines dans les cultures de blé bio. Cela pourrait égale-

ment être une alternative à l’utilisation des fongicides

appliqués sur les épis dans la production intégrée. Pour

ces deux systèmes culturaux, l’acide tannique agissant

directement de manière toxique sur les champignons

(TA) ainsi que la galle chinoise (GC), qui a donné des

résultats semblables à ceux de FA, pourraient également

convenir. Quel que soit le produit, il est décisif de l’appli-

quer de manière ciblée en fonction du stade de crois-

sance du blé et du risque d’infection. On peut supposer

qu’en appliquant l’inducteur de résistance FA au début

de la floraison, suivi d’une application de TA ou de GC

peu avant ou juste après la période d’infection, les résul-

tats seront encore meilleurs qu’avec les fongicides tradi-

tionnels. Pour que FA puisse être employé de manière

optimale, il est important de tester la réaction des prin-

cipales variétés à FA et d’en savoir plus sur le spectre et

la dynamique de production des substances induites.

Ceci permettrait également de savoir si des substances

utiles à la diététique sont également formées en cas

d’utilisation de FA (Forrer et al. 2014) �n

Page 33: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

473

Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les fusarioses et les mycotoxines du blé | Production végétale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

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Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014

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Rabarbaro, frangola e tnnine contro le infezioni

da Fusarium e le micotossine nel frumento

Negli ultimi anni la presenza nel frumento dei

funghi del genere Fusarium e delle loro tossine

è aumentata notevolmente. I Fusarium possono

essere contrastati in modo naturale con piante

medicinali, come dimostra questo studio:

sospensioni ricavate dalla Galla chinensis e

dall'acido tannico hanno inibito del 75–100 per

cento la germinazione delle spore e la crescita

del micelio del Fusarium graminearum in vitro.

In esperimenti condotti in camera climatica con

la varietà «Apogee» infettato artificialmente, i

trattamenti con acido tannico, G. chinensis e

Rheum palmatum (rabarbaro cinese) hanno

ridotto del 67–81 per cento il contenuto di

deossinivalenolo (DON) nei chicchi. La corteccia

della frangola (Frangula alnus) non ha dato

alcun effetto né in vitro né nella camera

climatica, mentre nelle prove sul campo con due

varietà di frumento il contenuto di DON è stato

ridotto del 60 per cento. L'effetto positivo sia

dell'acido tannico che della G. chinensis si

spiega con la tossicità del fungo, mentre quello

della F. alnus lo imputiamo all'induzione di

resistenza. Per la prima volta siamo riusciti a

dimostrare che le sostanze vegetali costitui-

scono una reale alternativa all'uso di fungicidi

nella lotta contro i Fusarium nel frumento.

Control of Fusarium fungi and mycotoxins in wheat

with rhubarb, alder buckthorn and tannins

During the past few years, the importance of

Fusarium fungi and their toxins in wheat has

increased significantly. This study demonstrated that

fusaria can be controlled organically with medicinal

plants: Suspensions of Galla chinensis and tannic acid

inhibited spore germination and mycelial growth of

Fusarium graminearum in vitro by 75 to 100 %. In

climate chamber experiments with artificially

infected «Apogee» wheat, treatments with tannic

acid, G. chinensis (Chinese galls) and Rheum palma­

tum (Chinese rhubarb) reduced the deoxynivalenol

(DON) content in grains by 67 to 81 %. Although the

bark of alder buckthorn (Frangula alnus) showed no

effect either in vitro or in the climate chamber, it

reduced the DON content of two winter-wheat

varieties by 60 % under field conditions. The good

efficacy of tannic acid and G. chinensis can be

explained by fungal toxicity, whereas that of F. alnus

can be explained by resistance induction. This is the

first time, that plant compounds proved to be a true

alternative to synthetic fungicides for controlling

Fusarium fungi in wheat.

Key words: botanical, Fusarium graminearum,

induced resistance, mycotoxin, wheat.

Page 34: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

474 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 474–481, 2014

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

agricoles contribue encore à la propagation de cette

adventice. Souvent, on manque de temps pour nettoyer

les machines et les outils à fond. Parfois aussi, les produc-

teurs/productrices n’ont pas conscience du problème. En

outre, il est difficile, voire impossible, de nettoyer les

machines comme les récolteuses totales de betteraves à

sucre dans un laps de temps acceptable (pointes de tra-

vail, dépendance par rapport aux conditions météorolo-

giques, nécessité économique d’exploiter au mieux les

machines). Les autres facteurs de propagation du sou-

chet comestible sont par exemple les plants, les résidus

de récolte, la terre adhérente, les boues de lavage ou les

fragments de sol provenant des régions touchées (Keller

et al. 2013; Bohren et Wirth 2013). Il suffit de peu de

tubercules, en théorie un seul, pour coloniser une nou-

velle surface. En une saison de végétation, un seul

I n t r o d u c t i o n

Le souchet comestible (Cyperus esculentus L.) fait partie

des adventices les plus problématiques et les plus redou-

tées au monde (Bryson et Carter 2008). Il est apparu pour

la première fois en Suisse, il y a environ 30 ans. Entre-

temps, il s’est beaucoup répandu et est devenu un pro-

blème dans les exploitations maraîchères, mais aussi

dans les exploitations de grandes cultures (Keller et al.

2013). Le souchet comestible se multiplie par voie végé-

tative par l’intermédiaire de tubercules dans le sol (Stol-

ler et Sweet 1987). Ils se disséminent facilement dans

d’autres surfaces, exploitations et régions, via les outils

de travail du sol, les machines et notamment les machines

de récolte. La tendance à déléguer un nombre de plus en

plus grand d’opérations à des entreprises de travaux

La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestibleMartina Keller, René Total, Jürgen Krauss et Reto Neuweiler

Institut des sciences en production végétale IPV, 8820 Wädenswil, Suisse

Renseignements: Martina Keller, e-mail: [email protected]

Figure 1 | Les fleurs de souchet comestible sont caractéristiques et faciles à reconnaître. Sur la par-celle, il est cependant primordial d’identifier le souchet comestible à des stades plus précoces de son développement.

Page 35: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible | Production végétale

475

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 474–481, 2014

Le souchet comestible (Cyperus esculentus L.)

est l’une des adventices les plus redoutées au

monde. Il constitue une menace de plus en

plus importante pour les exploitations de

grandes cultures et de cultures maraîchères

en Suisse. Il se multiplie et se répand par

l’intermédiaire de tubercules formés par voie

végétative. Il est aussi important d’empêcher

la propagation de ce fléau que de réduire la

pression d’infestation sur les parcelles

touchées. La culture du maïs sur plusieurs

années avec lutte intensive contre les

adventices est une stratégie prometteuse.

Des essais en plein champ ont été conduits

sur trois ans (2011–2013) dans des cultures de

maïs pour déterminer l’effet de différents

herbicides, de l’application fractionnée et de

la lutte mécanique sur le souchet comestible.

Les résultats ont montré qu’il fallait privilé-

gier l’application fractionnée par rapport à

l’application unique. S-Metolachlor, Benta-

zone, Rimsulfurone combinés avec Méso-

trione ont donné de bons résultats contre le

souchet comestible. S-Metolachlor combiné

avec des passages de la sarcleuse a réduit le

peuplement. Une application tardive en

pulvérisation sous-foliaire a permis de

réduire encore la pression d’infestation.

La culture du maïs avec pour objectif de

réduire la pression du souchet comestible

nécessite une lutte contre les adventices très

intense, bien au-delà des mesures habituelles.

«tubercule mère» peut ainsi engendrer plusieurs cen-

taines à plusieurs milliers de nouveaux tubercules (Boh-

ren et Wirth 2013). Lors des mesures ultérieures de tra-

vail du sol, le souchet comestible se dissémine sur toute

la surface et dans certaines circonstances également

dans d’autres parcelles. En Suisse, il existe des herbicides

(partiellement) efficaces contre le souchet comestible,

mais ils ne sont autorisés que dans certaines cultures. Si

les autres adventices sont éliminées avec succès par les

herbicides, le souchet comestible n’est plus en concur-

rence qu’avec la plante cultivée (Bryson et Carter 2008).

Dans les cultures peu compétitives, ceci peut conduire à

d’importantes pertes de rendement. De plus, le souchet

comestible est alors en mesure de se multiplier considé-

rablement dans ces cultures (Keeley 1987). La situation

est particulièrement précaire dans les cultures maraî-

chères, dans lesquelles une forte proportion de souchet

comestible peut entraîner une perte totale de la récolte

(comm. pers. L. Collet, Grangeneuve) et empêcher par la

suite la mise en place de certaines cultures. Mais même

dans les pommes de terre et les betteraves à sucre, des

peuplements denses de souchet comestible peuvent cau-

ser des pertes de rendement de 40 %, respectivement

60 % (relevé propre 2013). Dans ces cultures, le risque de

propagation est en outre très élevé, d’une région à

l’autre également. Compte tenu de ces éléments, il est particulière-

ment important d’empêcher la dissémination et d’en-

rayer la première infestation de manière conséquente

(plantes isolées, zones d’infestation localisées) (cf. Kel-

ler et al. 2013). Cependant, il faut encore trouver des

stratégies de lutte efficaces pour réduire ou tout au

moins stabiliser la pression du souchet comestible dans

les surfaces où l’infestation est déjà relativement

homogène et d’une ampleur moyenne à élevée. L’ob-

jectif à long terme devrait être d’assainir la surface et

d’éradiquer tout risque d’infection. Une stratégie de

lutte qui paraît prometteuse consiste à cultiver du

maïs sur plusieurs années. En effet, des herbicides

autorisés en Suisse dans les cultures de maïs ont une

certaine efficacité contre le souchet comestible et, de

plus, une lutte mécanique est également possible.

D’autre part, le maïs nécessite des conditions de germi-

nation similaires à celles du souchet comestible. Par

conséquent, en choisissant la date de semis, il est pos-

sible d’harmoniser l’application des herbicides par rap-

port au stade de développement du souchet comes-

tible. Après fermeture du peuplement, le maïs apporte

beaucoup d’ombre, pendant une longue période, ce

qui réduit la germination des autres plantes de sou-

chet comestible (Keeley 1987; Keller et al. 2013; Ano-

nyme 2014a).

Page 36: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Production végétale | La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible

476 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 474–481, 2014

Ce projet avait pour objectif d’étudier 1) l’effet de diffé-

rents herbicides en application unique et fractionnée; 2)

l’effet de mesures mécaniques, notamment en combi-

naison avec la lutte chimique et 3) l’effet de mesures de

lutte intensives contre le souchet comestible dans la

culture du maïs pendant plusieurs années. Il s’agissait de

trouver plusieurs possibilités de lutte efficaces, suscep-

tibles d’être utilisées immédiatement et à moyen terme

dans la pratique.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Trois essais en plein champ (A, B et C) ont été réalisés

dans la vallée du Rhin saint-galloise avec du maïs sur le

même site durant trois ans (2011 – 2013). Le sol était

composé d’argile limoneuse à forte teneur organique.

Les températures annuelles moyennes étaient de 11,7 °C

en 2011, de 10,2 °C en 2012 et de 9,5 °C en 2013. Les

précipitations annuelles s’élevaient à 1302 mm en 2011,

1322mm en 2012 et 1247 mm en 2013 (www.agrometeo,

station météorologique la plus proche du site d’essai).

Les essais ont été conçus sous forme de blocs complets

aléatoires, l’essai A comptait quatre répétions, B deux et

C trois. Dans les essais A et C, la taille des parcelles était

de 6 m × 10 m, dans l’essai B de 6 m × 20 m. L’essai A a

étudié l’effet de différents herbicides et de combinai-

sons d’herbicides en applications simple et fractionnée

(2 ×) (tabl. 1 et 2). Pour la comparaison entre application

simple et fractionnée, les parcelles ont été subdivisées

en parcelles secondaires (3a, 3b, 4a, 4b). L’essai B portait

sur les variantes de sarclage avec et sans lutte chimique.

L’essai C a testé les méthodes de lutte intensives avec

combinaisons d’herbicides et jusqu’à trois applications.

En 2011, les variantes 11 et 12 étaient identiques, car les

conditions météorologiques défavorables n’ont pas per-

mis une autre application de Bentazone dans la variante

12. Les variantes ont été adaptées après la première

année d’essai sur la base des résultats obtenus. Durant la

troisième année d’essai, les variantes ont été maintenues

à l’identique, sauf les variantes 12 et 14. Dans ces deux

variantes, Rimsulfurone et Mésotrione ont été appliqués

en mélange en post-levée lors du premier traitement.

Toutes les applications herbicides effectuées jusqu’au

BBCH 13 – 16 ont été pratiquées avec un pulvérisateur de

parcelle (Schachtner). Les conditions météorologiques

étaient très différentes durant les trois ans, de sorte que

les deux applications en post-levée n’ont pas pu être

effectuées à des stades de développement du maïs exac-

tement semblables. Les chercheurs ont veillé à ce que la

majorité des plantes de souchet ait au moins cinq feuilles

lors des applications. L’application tardive sous-foliaire

dans le maïs a été effectuée à l’aide d’un pulvérisateur

dorsal (Foxmotori.IT) au stade BBCH 63 (2011, 2012); et

au stade BBCH 39 (2013). La quantité d’eau était de 400

l/ha pour tous les traitements. Pour améliorer l’effet

mouillant sur les feuilles, on a utilisé 0,5 l/ha d’Exell

(2011) et 0,5 l/ha de Break-Thru (2012 et 2013) en post-

levée. La sarcleuse a été passée deux fois au stade BBCH

12 – 13 et encore une fois au stade BBCH 15 – 16 avec un

porte-outil (FOBRO-Mobil, Bärtschi-FOBRO AG).

L’efficacité des procédés a été évaluée de la façon

suivante: au début de l’essai au printemps 2011 et en

Description des variantes

Herbicides/ mécanique

Principe actif, dose d’application g/ha

Période d’intervention

(BBCH)

Essai A

1Témoin non

traité–

2_2011 Dual Gold S-Metolachlor, 1920 PRb

3a Callisto Mésotrione, 150 13

3b Callisto Mésotrione, 2 x 75 13,16

4a_2011 Dasul Nicosulfurone, 60 13

4b_2011 Dasul Nicosulfurone, 2 x 30 13, 16

5 Permit Halosulfurone-méthylea, 2 x 15 13, 16

Essai B

a Sarclage 13, 16

bDual Gold S-Metolachlor, 1920 IBSc

Sarclage 13, 16

c_2011

Dual Gold S-Metolachlor, 1920 PR

Sarclage 13, 16

Essai C

10_2011

Permit Halosulfurone-méthylea, 2 x 15 13, 16

Titus Rimsulfurone, 2 x 5 13, 16

Basagran Bentazone, 960 63

Callisto Mésotrione, 75 63

11_2011

Basagran Bentazone, 2 x 960 16, 63

Callisto Mésotrione, 75 63

12_2011

Basagran Bentazone, 2 x 960 16, 63

Callisto Mésotrione, 75 63

13_2011

Titus Rimsulfurone, 2 x 5 13, 16

Callisto Mésotrione, 3 x 75 13, 16, 63

Basagran Bentazone, 960 63

14_2011

Callisto Mésotrione, 150, 75 16, 63

Basagran Bentazone, 960 63aNon autorisé en Suisse bPrélevée cTraitement de pré-semis incorporé

Tableau 1 | Variantes d’essai 2011, herbicides, dose et période d’application

Page 37: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible | Production végétale

477Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 474–481, 2014

automne, quatre échantillons de sol ont été prélevés

(quatre carottes par parcelle, profondeur 0,2 m, volume

total 10 l, correspond environ à 0,05 m²). Les échantillons

ont été stockés au frais (env. 2 °C), puis placés dans des

pots en serre. Le nombre de tiges aériennes a été compté

au bout de quatre semaines (SCSerre).

L’évaluation s’est faite avec le programme de statis-

tique R (version 3.1.1). Pour l’évaluation des différentes

années, le SCSerre de l’année précédente a été inclus

comme co-variable dans le modèle. Cette méthode a

permis de prendre en compte les différents antécédents

des parcelles. Les essais ont été mis en valeur séparément.

L’effet de bloc a été modélisé comme étant fixe. Une

réduction du modèle a été opérée à l’aide du critère

d’information Akaike (Akaike information criterion, AIC)

en utilisant la fonction «step». Les moyennes ajustées

(least square means) ont été calculées avec le package

«lsmeans» de R.V. Lenth (2014). L’évolution du peuple-

ment de souchet comestible au fil des ans a été représen-

tée de manière descriptive pour les différentes variantes.

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

L’envahissement d’une parcelle par les mauvaises herbes

est généralement hétérogène sur l’ensemble de la sur-

face (exemple: Nordmeyer et Zuk 2002; Gerhards et

Oebel 2006), notamment pour les espèces vivaces. La

Description des variantes

Herbicides / mécanique

Principe actif, g/haPériode

d’intervention (BBCH)

Essai A

1Témoin non

traité–

2Adengo

Isoxaflutole, 2 x 37,1 12-13, 15-16

Thiencarbazone, 2 x 14,85

12-13, 15-16

Cyprosulfamideb, 2 x 24,8

12-13, 15-16

Callisto Mésotrione, 2x75 12-13, 15-16

3a Callisto Mésotrione, 150 12-13

3b Callisto Mésotrione, 2 x 75 12-13, 15-16

4a Adengo

Isoxaflutole, 74,2 12-13

Thiencarbazone, 29,7 12-13

Cyprosulfamideb, 49,6 12-13

4b Adengo

Isoxaflutole, 2 x 37,1 12-13, 15-16

Thiencarbazone, 2 x 14,85

12-13, 15-16

Cyprosulfamideb, 2 x 24,8

12-13, 15-16

5 PermitHalosulfurone-méthylea,

2x1512-13, 15-16

Essai B

a Sarclage 12-13, 15-16

bDual Gold S-Metolachlor, 1920 VSEc

sarclage 12-13, 15-16

c

Dual Gold S-Metolachlor , 1920 VSE

sarclage 12-13, 15-16

Basagran SG Bentazone, 960 63

Essai C

10Permit

Halosulfurone-méthyle, 2 x 15

12-13, 15-16

Titus Rimsulfurone, 2 x 5 12-13, 15-16

11Titus Rimsulfurone, 2 x 5 12-13, 15-16

Callisto Mésotrione, 2 x 75 12-13, 15-16

12dTitus Rimsulfurone, 10 12-13

Callisto Mésotrione, 150 15-16

13

Titus Rimsulfurone, 2 x 5 12-13, 15-16

Callisto Mésotrione, 2 x 75 12-13, 15-16

Basagran SG Bentazone, 960 63

14d

Titus Rimsulfurone, 10 12-13

Callisto Mésotrione, 150 15-16

Basagran SG Bentazone, 960 63aNon autorisé en Suisse bSafener cTraitement de présemis incorporé d En 2013, Titus et Callisto ont été appliqués sous forme de mélanges lors de la première

application dans ces deux variantes de l’essai.

Tableau 2 | Variantes d’essai 2012 et 2013, herbicides, dose et période d’application

1 2 3a 3b 4a 4b 5 a b c 10 11 12 13 14Variantes

Nom

bre

de p

ouss

es d

e so

uche

t com

estib

le

010

2030

4050

ab

a

abab

ab

b

a

Essai A(s)

Essai C(ns)

Essai B(ns)

Figure 2 | Nombre de pousses de souchet comestible dans les échantillons de sol de l’automne 2011 (moyennes ajustées, lsmeans). Nombre par 10 l de sol au bout de 4 semaines de croissance en serre. Les données relatives aux variantes d’essai figurent dans le tableau 1. s: significatif (valeur p <0,05); ns: non significatif.

Page 38: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Production végétale | La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible

478 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 474–481, 2014

contamination de la surface d’essai par le souchet comes-

tible était elle aussi très variable, ce qui explique que

l’amplitude de variation des données était relativement

élevée. Au début de l’essai, on comptait environ neuf

pousses de souchets comestibles par pot. Cela corres-

pond environ à 180 pousses par m² avec une dispersion

de ±144 pousses par m² (SD). Par conséquent, des diffé-

rences significatives n’ont été observées que dans peu

de variantes. Il est néanmoins possible de dégager des

tendances.

Dans l’essai A, dans cinq cas sur six, le SCSerre était net-

tement plus bas dans les variantes avec application frac-

tionnée que dans la variante correspondante avec une

seule application (fig. 2; fig. 3 et fig. 4.; 3b versus 3a, 4b

versus 4a). En 2013, dans les échantillons de sol de par-

celles témoins non traitées (variante 1) placés en serre,

moins de souchets comestibles (SCSerre) ont germé par

rapport aux variantes avec herbicides comme 4a. Ce

résultat est dû à l’importante concurrence exercée par

les autres adventices, en particulier par le panic pied-de-

coq (Echinochloa crus-galli) et la renouée persicaire

(Polygonum persicaria). Cette pression très forte des

adventices qui s’étaient développées les années précé-

dentes sans lutte contre les mauvaises herbes, a eu un

effet très inhibiteur sur le souchet comestible. Bryson et

Carter (2008) ont déjà rapporté que le souchet comes-

tible n’avait pu s’établir par exemple dans le sud-est des

Etats-Unis qu’après l’introduction des herbicides et par

conséquent la disparition des autres adventices. Dans

notre essai, la perte de rendement dans la parcelle

témoin non traitée a augmenté jusqu’à 100 % en 2013.

Dans l’essai A, l’Halosulfurone-méthyle (variante 5) s’est

révélé le principe actif le plus efficace sur les trois ans

(par rapport au témoin) (fig. 2, fig. 3 et fig. 4). La valeur

relativement élevée du SCSerre en 2013 vient de la prise en

compte des antécédents de la parcelle, le SCSerre de l’an-

née précédente ayant été ajouté comme co-variable. Par

ailleurs, l’Halosulfurone-méthyle n’a pas été suffisam-

ment efficace contre le millet commun. Jusqu’en 2013,

ce dernier s’est multiplié de manière tellement massive

qu’il faisait une forte concurrence au souchet comes-

tible et à la culture. Au contraire, la variante 10 (Halosul-

furone-méthyle combiné à Rimsulfurone) dans l’essai C

était encore exempte d’adventices en 2013 et ne présen-

tait qu’une très faible proportion de souchet comestible.

Toutefois, l’Halosulfurone-méthyle n’est pas autorisé en

Suisse (www.blw.admin.ch; état août 2014). Dans l’es-

pace européen, l’Halosulfurone-méthyle est autorisé en

Italie, en Grèce et en Espagne pour les cultures de riz

(Anonyme 2014b-e).

Dans l’essai B, le SCSerre était nettement plus bas deux

années d’essais sur trois avec les variantes combinant

mesures chimiques et mécaniques qu’avec la lutte seule-

ment mécanique avec sarclage (fig. 2, fig. 3 et fig. 4;

variantes b et c versus a). Dans la variante avec sarclage

sans traitement supplémentaire aux herbicides, le souchet

comestible n’a pas pu être suffisamment éliminé, en parti-

culier dans les lignes. L’herbicide racinaire S-Metolachlor a

donné de bons résultats. Ce principe actif nécessite cepen-

dant une certaine humidité du sol pour atteindre sa pleine

1 2 3a 3b 4a 4b 5 a b c 10 11 12 13 14Variantes

Nom

bre

de p

ouss

es d

e so

uche

t com

estib

le0

2040

6080

Essai A(s)

Essai B(ns)

Essai C(s)

ab

ab ab

ab

b

b

a

A

AB

B

A A

Figure 3 | Nombre de pousses de souchet comestible dans les échantillons de sol de l’automne 2012 (moyennes ajustées, lsmeans). Nombre par 10 l de sol au bout de 4 semaines de croissance en serre. Les données relatives aux variantes d’essai figurent dans le tableau 2. s: significatif (valeur p <0,05); ns: non significatif.

1 2 3a 3b 4a 4b 5 a b c 10 11 12 13 14Variantes

Nom

bre

de p

ouss

es d

e so

uche

t com

estib

le

020

4060

80

Essai A(s)

Essai B(ns)

Essai C(ns)

a

ab

abab

b

ab

ab

Figure 4 | Nombre de pousses de souchet comestible dans les échan-tillons de sol de l’automne 2013 (moyennes ajustées, lsmeans). Nomb-re par 10 l de sol au bout de 4 semaines de croissance en serre. Les données relatives aux variantes d’essai figurent dans le tableau 2. s: significatif (valeur p <0,05); ns: non significatif.

Page 39: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible | Production végétale

479Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 474–481, 2014

comestible a été confirmé dans l’essai (2011: variante, 11,

12). Une application sous-foliaire ultérieure de Benta-

zone dans le maïs a conduit à une réduction supplémen-

taire des pousses de souchet comestible dans cinq cas sur

six, indépendamment des mesures prises au préalable

(2012 – 2013: c versus b, 14 versus 12, 13 versus 11). L’appli-

cation tard dans la saison a permis d’appréhender les

souchets comestibles à germination tardive et d’empê-

cher ainsi la formation de tubercules.

L’observation des résultats sur plusieurs années

montre qu’une application fractionnée est préférable à

une application simple (fig. 5). Cependant, l’application

fractionnée de Mésotrione a elle aussi conduit à une

augmentation de l’infestation sur les trois ans. Halosul-

furone-méthyle et Rimsulfurone en application frac-

tionnée, ainsi qu’une lutte très intensive en trois appli-

cations (Mésotrione et Rimsulfurone en doses

fractionnées combinés à une application sous-foliaire

ultérieure de Bentazone) ont permis de stabiliser voire

de réduire la pression du souchet comestible.

meso 1x meso 2x mech/chem rim/halo 2x rim/mes/ben

Variantes

Nom

bre

de s

ouch

ets

germ

és

020

4060

80

Avant l’essai201120122013

Figure 5 | Evolution des variantes sélectionnées sur les trois années d’essai. Meso 1x: Mésotrione appliqué une fois en post-levée précoce; meso 2x: Mésotrione appliqué deux fois en doses fractionnées en post-levée; mech/chem: S-Metolachlor, sar-clage, Bentazone (2012, 2013 en traitement sous-foliaire tardif); rim/halo 2x: Rimsulfurone et Halosulfurone-méthyle appliqué deux fois en doses fractionnées, et en plus en 2011 Bentazone et Mesotrione en traitement sous-foliaire tardif; rim/mes/ben: Bentazone appliqué en post-levée, Bentazone et Mésotrione en traitement sous-foliaire tardif (2011), Rimsulfurone et Méso-trione appliqués deux fois en doses fractionnées en post-levée et Bentazone en traitement sous-foliaire tardif (2012–2013).

efficacité. L’application en prélevée ou en pré-semis incor-

poré (non autorisée sous cette forme en Suisse, état août

2014) permet également de lutter une nouvelle fois contre

le souchet comestible en post-levée lorsque les résultats

sont insuffisants du fait du manque de précipitations.

L’EPPO (European and Mediterranean Plant Protection

Organization) propose par exemple également le maïs en

monoculture et l’application systématique de S-Metola-

chlor pour assainir la surface (Anonyme 2014a). Cette

recommandation a pu être confirmée par l’essai B.

Dans l’essai C, Rimsulfurone et Mésotrione répartis

en application fractionnée (fig. 3 et fig. 4; variante 11,

2012 et 2013) ont donné de bons résultats. Seules

quelques tiges ont été comptées dans les pots. Rimsulfu-

rone et Mesotrione appliqués successivement (fig. 3,

variante 12; 2012) ou en mélange en prélevée (variante

12; 2013) ont eu des effets moins satisfaisants, c.-à-d. un

SCSerre plus élevé.

L’effet très important, déjà documenté, du principe

actif Bentazone (Anonyme 2006) contre le souchet

Page 40: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

480

Production végétale | La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 474–481, 2014

C o n c l u s i o n s

La culture du maïs pendant plusieurs années stabilise le

peuplement de souchet comestible et permet très pro-

bablement de le réduire. La condition est toutefois de

procéder à une lutte contre les adventices d’une inten-

sité qui va bien au-delà des mesures habituelles. Il s’agit

de procéder à plusieurs applications d’herbicides, de sar-

cler plusieurs fois, d’effectuer des traitements factionnés,

de pulvériser des mélanges d’herbicides et de combiner

les produits. Une application sous-foliaire tardive dans le

maïs est prometteuse et serait souvent également néces-

saire pour éviter que les souchets comestibles à germina-

tion tardive ne forment des tubercules. En pratique, la

technologie Dropleg (buses orientées vers le bas) et un

pulvérisateur automoteur avec une garde au sol suffi-

sante permettent d’appliquer ces traitements (fig. 6 et

fig. 7) (Rüegg et Total, 2013). Ce système permet de très

peu toucher le maïs (jusqu’à la hauteur des buses) et de

réduire considérablement le risque de phytotoxicité. La

lutte contre le souchet comestible dans le maïs revient

cher et ne vaut parfois pratiquement pas la peine à court

terme pour les exploitations de grandes cultures exten-

sives. Les exploitations maraîchères intensives ainsi que

les exploitations cultivant les pommes de terre et les bet-

teraves à sucre dont les parcelles sont touchées sont en

revanche très probablement contraintes de mettre ces

surfaces en maïs tout en intensifiant la lutte contre les

adventices, bien que la valeur ajoutée de cette culture

d’assainissement soit nettement moindre et que les

débouchés fassent défaut.

Actuellement, la Suisse manque d’incitations, de

possibilités et de conditions-cadres pour lutter efficace-

ment contre le souchet comestible sur toutes les surfaces

concernées dans l’ensemble du pays. Pourtant, il est

extrêmement important de lutter intensivement et sys-

tématiquement contre cette adventice pour que nos sols

demeurent un facteur de production à long terme. n

Figure 6 | Les souchets à germination tardive doivent être éliminés pour éviter la formation de nouveaux tubercules et la multiplica-tion de cette adventice.

Figure 7 | La technique des droplegs et un pulvérisateur automo-teur permettraient également de lutter contre le souchet comes-tible dans le maïs à une période tardive.

Page 41: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

481

La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible | Production végétale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Reduction of yellow nutsedge infestation levels

in highly infested fields: Continuous maize

cropping as potential control strategy

Yellow nutsedge (Cyperus esculentus L.) is

among the most dreaded weeds worldwide. In

Switzerland, it has increasingly become a

problem for vegetable growers and arable

farmers. This weed propagates and disperses via

vegetative tubers in the soil.

Producers are facing an important challenge:

They have not only to stop the weed’s further

dispersal but also reduce infestation levels in

fields already broadly infested with yellow

nutsedge. For the later a promising strategy is

continuous cropping of maize combined with

intensive weed control.

Field trials were carried out in maize during 3

years (2011–2013). Aims were to determine the

efficacy of different herbicides, split application,

and mechanical control against yellow nutsedge.

The results clearly showed that split application

was superior to single application. S-metolachlor,

bentazone, and rimsulfuron combined with

mesotrione showed high efficacy. S-metolachlor

combined with hoeing passes reduced infesta-

tion levels. A late under-leaf application addi-

tionally reduced yellow nutsedge.

Cropping maize with the aim to reduce yellow

nutsedge infestation levels requires a very

intense weed control that will exceed current

intensity levels considerably.

Key words: Bentazone, Halosulfuron-methyl,

mechanical weed control, S-Metolachlor, splitting.

Zigolo dolce: il mais come possibile coltura di

risanamento

Lo zigolo dolce (Cyperus esculentus L.) è una

delle malerbe più temute in tutto il mondo;

in Svizzera sta diventando sempre più una

minaccia per le aziende dedite all'orticoltura

e alla campicoltura. La riproduzione e la

diffusione avvengono tramite tubercoli

formatisi per via vegetativa. Oltre a impedire

un'ulteriore diffusione è importante ridurre

l'attacco sui lotti interamente infestati. Una

strategia molto promettente in questo senso

è una coltivazione pluriennale di mais con

metodi intensivi di gestione delle malerbe.

Nell'arco di tre anni (2011–2013) sono state

eseguite prove sul campo per il mais al fine

di determinare l'effetto di diversi erbicidi,

del trattamento frazionato e della lotta

meccanica allo zigolo dolce.

I risultati hanno mostrato che un tratta-

mento frazionato è preferibile a un'applica-

zione. S-Metolachlor, Bentazone e Rimsulfu-

ron, combinati con Mesotrione, hanno

mostrato una buona efficacia contro lo

zigolo dolce. L'S-Metolachlor combinato con

passaggi di sarchiatura ha ridotto la pre-

senza dell'infestazione. Un'applicazione

tardiva nell'ipofillo ha provocato un'ulteriore

riduzione dell'infestazione.

Una coltivazione di mais avente l'obiettivo

di ridurre l'infestazione dello zigolo dolce

richiede una gestione delle malerbe molto

più intensiva delle procedure solitamente

addottate.

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 474–481, 2014

Bibliographie ▪ Anonyme, 2006. The Pesticide Manual. Fourteenth Edition. Editor Tomlin C.D.S. BCPC Hampshire UK.

▪ Anonyme, 2014a. Accès: http://www.salute.gov.it/portale/temi/p2_4.jsp?lingua=italiano&tema=Alimenti&area=fitosanitari abgerufen 18.08.2014.

▪ Anonyme,2014b. Accès: http://wwww.minagric.gr/syspest/syspest_menu_eng.aspx abgerufen 18.08.2014.

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Page 42: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

482

de cent producteurs qui ont transmis des données détail-

lées inscrites manuellement dans un livret. Les données

relatives aux variétés, rendements, produits phytosani-

taires, engrais, heures de travail et charges salariales ont

permis de fixer les prix. Ces livrets se trouvent actuelle-

ment dans les Archives de l’histoire rurale à Berne. Depuis

1997, la banque de données SOA enregistre les données

techniques de production sous forme électronique.

Saisie détaillée des données

La gestion de cultures pérennes exige une planification à

long terme et de grands investissements (de 40 000 fr./ha

pour les pommes jusqu’à 150 000 fr./ha pour les cerises

de table, cf. Arbokost 2014). De plus, ces cultures sont

sujettes à de fortes variations de rendement dues aux

conditions climatiques. Il est donc nécessaire d’avoir une

base de données détaillée et durable afin de développer

des supports d’aide à la planification. Au moyen du logi-

ciel Asa-jAgrar, les exploitations de référence SOA enre-

gistrent quotidiennement ou hebdomadairement les

tâches liées à la production de fruits pour chaque par-

celle. Tant la précision, la régularité que la durabilité de

la saisie des données sont variables. Pour les producteurs,

l’enregistrement régulier des données techniques de

production est très exigeant, particulièrement en

période de pics de travail comme à la récolte. En raison

de cette tâche non négligeable, il ressort une certaine

fluctuation des données au sein du réseau d’exploita-

tions. Le réseau actuel n’est pas représentatif de toute la

Suisse, mais plutôt du canton de Thurgovie (Bravin et

Dietiker 2013) qui comprend 30% des surfaces de

pommes de table en Suisse (OFAG 2014a).

Financement

Le projet SOA est financé par l’Office fédéral de l’agricul-

ture (OFAG) – suite au travail d’Agroscope et Agridea –

ainsi que par la Fruit-Union Suisse (FUS) qui participe aux

coûts du logiciel informatique ASA-jAgrar. Le soutien

financier du secteur arboricole permet aux exploitations

de référence d’utiliser le programme ASA-jAgrar gra-

cieusement.

A r b o r i c u l t u r e e n p o i n t d e m i r e

Support Obst Arbo (SOA) est un projet conduit par Agri-

dea et Agroscope et cofinancé par la Fruit-Union Suisse

(FUS) qui favorise la compétitivité de l’arboriculture

suisse. Le projet se consacre à l’analyse de données de

techniques de production et d’économie d’entreprise

ainsi qu’à l’élaboration de supports de conseil pour

le  secteur arboricole. Afin de concrétiser le projet,

25 exploitations de référence transmettent des données

relatives à la production (coûts de main d’oeuvre, des

machines, des produits phytosanitaires, des engrais et

des investissements, ainsi que le produit réalisé).

Principe dès 1947

En 1947 déjà, la station fédérale de recherches de Wädens-

wil commençait à enregistrer des données économiques

d’exploitations, afin de proposer un support de conseil

en arboriculture et d’obtenir des chiffres clés pour la for-

mation des prix (Meli 1991). Jusqu’en 1996, ce sont près

Support Obst Arbo: résultats pour les arboriculteurs professionnelsEsther Bravin1, Johannes Hanhart2, Dante Carint2 et Dominique Dietiker2

1Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8820 Wädenswil2Agridea, 8315 Lindau

Renseignements: Esther Bravin, e-mail: [email protected]

Pommiers dans le canton de Thurgovie.

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 482–489, 2014

Page 43: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Support Obst Arbo: résultats pour les arboriculteurs professionnels | Production végétale

483

Rés

um

é

Le projet Support Obst Arbo (SOA) est conduit

par Agridea et Agroscope. Grâce à l’instauration

d’un logiciel informatique, le projet propose des

données utiles en arboriculture tant pour la

pratique, le conseil, ou la recherche. 25 exploita-

tions de référence enregistrent leurs données

annuellement. Des évaluations de la rentabilité

de l’exploitation sont ainsi possibles, jusqu’au

niveau de la variété. L’analyse des données –

avec des coûts de main-d’oeuvre et de machines

normés – révèle que la moitié des producteurs

n’obtient aucun bénéfice, ou présente même des

pertes, ce qui restreint la marge de manœuvre

pour de futurs investissements. La gamme des

variétés des producteurs SOA montre que les

variétés Gala, Braeburn et Golden Delicious sont

toujours très appréciées. Néanmoins, les variétés

alternatives comme Milwa, Fuji, Nicoter ou

Scifresh ont pris de l’importance ces dernières

années. Les diverses variétés ont une rentabilité

très différente. Gala, Braeburn et Fuji sortent du

lot. En revanche, Golden Delicious et Diwa s’en

sortent mal. Les prix à la production de Golden

Delicious sont trop bas. Pour Diwa les prix sont

bons mais les rendements assez faibles. A

travers SOA, Agroscope et Agridea mettent à

disposition des données scientifiques et tech-

niques utiles à la pratique, formation, conseil et

recherche dans le secteur de l’agriculture et de

l’agroalimentaire.

Aperçu du réseau SOA

De 1997 à 2012, 45 exploitations arboricoles de toute la

Suisse ont pris part au réseau; 39 produisent selon les

directives de la production intégrée (PI) et 6 selon les

directives Bio Suisse. 18 à 25 exploitations par année par-

ticipent au réseau. Les données de 80 ha de pommiers,

10 ha de poiriers, 3,5 ha de cerisiers et 1,5 ha de pruniers

sont enregistrées. En 2013, les exploitations du réseau

provenaient du canton de Thurgovie (9 exploitations),

Saint-Gall (3), Argovie (2), Vaud (2), Valais (2), Soleure (1),

Zoug (1) et Zurich (1).

Evaluation au niveau de l’exploitation

Les données SOA permettent aux exploitations de réfé-

rence d’obtenir des indicateurs sur l’économie de leur

entreprise et ceci pour chaque parcelle et variété. Ainsi,

les producteurs peuvent par exemple évaluer la situation

économique d’un verger en particulier. Les chiffres réels

tirés des exploitations de référence tels que les heures de

main-d’oeuvre et d’utilisation des machines, les coûts de

protection phytosanitaire, d’engrais et d’infrastructures

sont utilisés pour ces évaluations. Afin de pouvoir com-

parer les exploitations, les coûts de main-d’oeuvre et des

machines sont normés. En accord avec la Fruit-Union

Suisse, les salaires sont fixés comme suit: 20.30 fr./MOh

pour la main-d’oeuvre externe, 24 fr./MOh pour la main

d’oeuvre familiale et 34.35 fr./MOh pour le chef d’exploi-

tation. Les coûts des machines sont calculés selon les

données du rapport coûts-machines d’Agroscope. Seules

les parcelles en plein rendement (p. ex. de la 4e à la 15e

année pour les pommiers), d’une surface d’au moins 0,10

ha et d’une densité de plantation de 1000 à 4000 arbres

par hectare sont prises en compte dans l’analyse.

La figure 2 présente les bénéfice/pertes (en fr./ha)

des années 2008 à 2011 par quartier variétal et par

exploitation (P01 à P13). Pour cette analyse, seules les

exploitations ayant transmis les données au réseau SOA

sans interruption de 2008 à 2011 ont été prises en consi-

dération. Le nombre de quartiers variétaux par exploita-

tion est représenté entre parenthèses (par exemple 41

pour l’exploitation P01), la surbrillance bleue du texte

indique la surface totale de pommiers par exploitation

(en 2011). La grande variabilité des résultats au sein des

exploitations (entre 6617 et 13 046 fr./ha) peut être

expliqué par les grandes divergences de bénéfice/pertes

en fonction du quartier variétal ou de l’année.

En raison de l’hétérogénéité de l’échantillon, il n’est pas

possible de tirer des conclusions au niveau de l’exploita-

tion. La surface des cultures de pommiers ou le nombre

de quartiers variétaux par exemple n’ont que peu d’in-

Figure 1 | Flux de données au sein du réseau SOA.

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 482–489, 2014

Arboriculteurs

Fruit-UnionSuisse

AGRIDEA

Agroscope

Page 44: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Production végétale | Support Obst Arbo: résultats pour les arboriculteurs professionnels

484

fluence sur le bénéfice ou les pertes. Le résultat final est

surtout influencé par des facteurs difficilement mesu-

rables, tels que l’expérience du producteur, les condi-

tions climatiques et l’alternance.

Il est cependant inquiétant de constater que la moi-

tié des producteurs obtiennent un bénéfice nul ou

même des pertes sur la moyenne des années considé-

rées. Il s’agit certes d’analyses avec des chiffres normés

qui ne correspondent que peu à la réalité (le chef d’ex-

ploitation et la main-d’oeuvre familiale ne perçoivent

normalement pas de salaire, mais reçoivent ce qu’il reste

à la fin de l’année). Il n’empêche que ce résultat ne laisse

pas de marge pour une réduction supplémentaire des

prix à la production. Les producteurs auront de grosses

difficultés à surmonter une diminution supplémentaire

des prix de la part du commerce en gros et de détail ou

suite à la libéralisation du commerce de l’Union euro-

péenne. A cela s’ajoute l’insécurité sociale en raison des

variations du bénéfice (ou des pertes) allant jusqu’à

40 000 fr./ha par an.

Evaluation des variétés

Le choix des variétés est déterminant pour la réussite de

l’entreprise. SOA contribue à donner des recommanda-

tions pour la pratique au niveau de la variété et de la

parcelle. Le prix, le rendement et la qualité (Mouron &

Carint 2001) sont les facteurs qui sont le plus influencés

par le choix variétal. En cas de choix variétal approprié,

le producteur peut s’attendre à un bénéfice sur plus de

quinze ans. En revanche, s’il choisit une variété qui n’est

plus demandée sur le marché, qui est très sensible à la

production ou peu productive, l’arrachage ou le surgref-

fage aura probablement une forte influence sur les

coûts. Pour les producteurs, il serait avantageux que le

commerce en gros et de détail communique clairement

ses stratégies de choix variétal (p. ex. contrat de culture),

ce qui n’est pas le cas actuellement.

Evolution des variétés principales

Les différentes analyses qui peuvent être tirées du réseau

SOA sont présentées ci-dessous. Elles ont été effectuées

-50 000

-40 000

-30 000

-20 000

-10 000

0

10 000

20 000

30 000

40 000

50 000

Béne

fice/

pert

es (F

r./ha

)

Bénéfice/pertes

A A A A A AB AB AB ABC BC CD CD D

P01 (41)4,5 ha

P02 (68)4,5 ha

P03 (39)3,5 ha

P04 (38)3,5 ha

P05 (64)6 ha

P06 (59)4,5 ha

P07 (16)1 ha

P08 (66)5,5 ha

P09 (33)6 ha

P10 (89)6 ha

P11 (87)8 ha

P12 (48)7,5 ha

P13 (48)2 ha

Figure 2 | Bénéfice/pertes calculés par producteur de 2008 à 2011.

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Surfa

ce (h

a)

Gala

Golden Delicious

Toutes les sortes

Figure 3 | Evolution des surfaces totales des exploitations de Gala et Golden Delicious du réseau SOA de 2000 à 2011.

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 482–489, 2014

Page 45: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Support Obst Arbo: résultats pour les arboriculteurs professionnels | Production végétale

485

tiers variétaux de Gala et Golden Delicious des années

2000 et 2001 ont été comparées avec celles des années

2010 et 2011.

Rendement

Les rendements de Gala et Golden Delicious du réseau

SOA correspondent aux valeurs expérimentées dans la

pratique. Les rendements de Golden Delicious sont

généralement plus élevés que ceux de Gala (OFAG

2014b). Les rendements moyens tirés des valeurs SOA ne

se différencient toutefois pas de manière significative

entre Gala (2010/11) et Golden Delicious (2010/11).

L’augmentation du rendement de Gala de 3228 kg/ha de

2000/01 à 2010/11 est à relever. En revanche, le rende-

ment de Golden Delicious a diminué puisqu’en 2010 il

était particulièrement bas (1/4 de moins).

Produit

Afin de calculer le produit, le rendement est multiplié

par le prix de la catégorie (de qualité). Les producteurs

obtiennent de meilleurs prix avec Gala (en fr./ha) qu’avec

Golden Delicious, ce qui implique que le produit est aussi

plus élevé. En 2000/01, les producteurs de Gala ont

obtenu 1.03 fr./kg (prix moyen de la classe 1, classe 2 et

cidre). Dix années plus tard, ils recevaient 0.90 fr./kg

(-13 %). Le prix de Golden Delicious est par contre resté

stable, 0.70 fr./kg. La chute des prix de Gala s’explique

par l’augmentation du rendement et des surfaces de

cultures ces dernières années. La situation est différente

pour Golden Delicious. Les faibles rendements n’ont pas

avec les variétés principales Gala et Golden Delicious.

Avec 36 %, les variétés Gala et Golden représentent plus

du tiers de la surface totale de pommiers en Suisse. Au

sein du réseau SOA, ces deux variétés sont très impor-

tantes, avec 34 % de la surface de pommiers. Golden

Delicious était la variété principale des exploitations SOA

jusqu’en 2006, puis Gala l’a détrônée en 2007 (fig. 3).

En raison de l’alternance rencontrée chaque année

en production de pommes, l’analyse de la productivité

est plus pertinente si l’échantillon comprend au moins

deux années. Pour analyser la productivité et la rentabi-

lité de Gala et Golden Delicious, les moyennes des quar-

Boskoop 3%

Braeburn 9%

Cox Orange 2%

Cripps Pink (Pink Lady®) 2%

Elstar 2%

Gala 21%

Golden Delicious 14%

Gravensteiner3%

Idared3%

Groupe Jonagold 6%

La Flamboyante (Mairac®) 2%

Maigold 3%

Milwa (Diwa®, Junami®) 3%

Scifresh (Jazz®) 3%

Topaz 2%

autres 23%

Distribution des variétés

Figure 4 | Distribution des variétés de pommes par surface en Suisse, 2013.

2000/01 2010/11

Gala (SQ=28)

Golden Delicious(SQ=63)

Gala(SQ=62)

Golden Delicious(SQ=55)

Rendement (kg/ha) 32 756 42 462* 35 984 36 371

Prix (fr./kg) 1,0 0,7 0,9 0,7

Produit (fr./ha) 33 758 29 549 32 276 25 670*

Coûts de production (fr./ha)

35 532 32 630 28 641 29 800

Bénéfice/pertes (fr./ha) -1774 -3081 3635 -4130*

*Différence significative (test t, sig. bilatérale, p<0,05) entre les variétés Gala et Golden

Delicious sur les années 2000/01 et 2010/11.

Tableau 1 | Comparaison de la moyenne du rendement, du produit, des coûts de production et du bénéfice/pertes de Gala et Golden Delicious pour les années 2000/01 et 2010/11 (QV = nombre de quartiers variétaux) de tous les producteurs PI du réseau SOA.

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 482–489, 2014

Page 46: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Production végétale | Support Obst Arbo: résultats pour les arboriculteurs professionnels

486

été compensés par une augmentation des prix. Ainsi, les

produits de Golden Delicious en 2010/11 étaient signifi-

cativement plus faibles qu’en 2000/01. La situation du

marché pour Golden Delicious est plus difficile qu’il y a

dix ans. Depuis 2001, en moyenne 50 ha de Golden Deli-

cious sont arrachés chaque année en Suisse et ne sont

pas renouvelés. Parallèlement, les surfaces de Gala ont

augmenté de 30 ha par année. En 2009, Gala a détrôné

Golden Delicious en tant que variété la plus cultivée en

Suisse.

Coûts de production

En arboriculture, les coûts de récolte représentent au

moins 20 % des coûts totaux de production (Arbokost

2014) et 55 % de l’investissement en main-d’oeuvre

(fig. 8).

Bénéfice/pertes

Le bénéfice, respectivement les pertes, indique les

finances restantes par hectare et par année lorsque les

coûts de production sont pondérés par le produit. Dans

le calcul du bénéfice/pertes, tous les produits (y compris

les paiements directs) ainsi que les coûts de production

(coûts de main-d’oeuvre familiale et coûts du capital

inclus) sont pris en compte. Les coûts de main-d’oeuvre

et des machines vus plus haut ne permettent pas aux

producteurs de Golden Delicious (2000/01 et 2010/11) et

Gala (2000/01) de couvrir leurs coûts. Seule Gala (2010/11)

permet aux producteurs d’obtenir un bénéfice. Comme

mentionné, les chefs d’exploitation et la main-d’oeuvre

familiale ne perçoivent souvent qu’un faible salaire. Les

arboriculteurs ne peuvent obtenir de bénéfice que s’ils

adoptent de faibles salaires pour la main-d’oeuvre fami-

liale.

Bilan

Au vu des mauvais résultats obtenus avec Golden Delicious,

la diminution des surfaces de culture observée ces der-

nières années prend tout son sens (2001: 1144 ha, 2013:

576 ha). Néanmoins, cette variété est toujours cultivée sur

15 % des surfaces de pommiers (fig. 4). Golden Delicious

présente effectivement des caractéristiques intéressantes

telles que des rendements élevés et réguliers ainsi qu’un

bon rendement à la récolte (kg/MOh) (fig. 6). De plus, la

plupart des producteurs ont des compétences avec Golden

Delicious et l’introduction d’une nouvelle variété impli-

querait un investissement supplémentaire ainsi qu’un

risque de pertes de rendement. Selon les producteurs, Gol-

den Delicious continuera à perdre du terrain.

Nouvelles variétés et variétés déjà établies

Gala, Golden Delicious et Braeburn sont les variétés prin-

cipales du réseau d’exploitations (43 % au total). Cela

correspond aux surfaces cultivées au niveau national

(42 %, OFAG 2014a). Etant donné que les prix moyens à

la production des variétés établies sur le marché comme

Golden Delicious sont en train de chuter (Bravin et al.

2008), les arboriculteurs essaient d’obtenir des recettes

plus élevées avec les nouvelles variétés. Ainsi, Nicoter,

Fuji et Milwa font partie des variétés les plus cultivées du

réseau SOA avec chacune 3 ha, après les trois variétés

principales et Jonagold. Au niveau suisse (fig. 4) les

Boskoop 7%

Braeburn 1%

Cox Orange 7%

Elstar 5%

Gala 13%

Golden Delicious 29% Gravensteiner

5%

Idared 4%

Jonagold 10%

Maigold 11%

Topaz 1%

autres 7%

Distribution des variétés 2001

Boskoop 3%

Braeburn 16%

Cox Orange 3%

Elstar 2%

Gala 19%

Golden Delicious 11%

Gravensteiner 4%

Idared 0%

Jonagold 7%

Maigold 4%

Topaz 4%

autres 27%

Distribution des variétés 2011

Figure 5 | Distribution des variétés de pommes par surface, exploitations SOA, 2001 et 2011.

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 482–489, 2014

Page 47: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Support Obst Arbo: résultats pour les arboriculteurs professionnels | Production végétale

487

gold ne présentent aucune différence significative et se

situent entre 35 et 45 tonnes par hectare. Avec 32 t/ha,

les rendements de Fuji sont significativement plus bas

que ceux de Golden Delicious. Les rendements de Nico-

ter et Milwa sont encore bien plus bas (env. 20 t/ha).

Golden Delicious et Braeburn obtiennent les meilleurs

rendements à la récolte (136 et 137 kg/MOh). Ceci n’est

point surprenant puisque Golden Delicious a des fruits de

gros calibre et Braeburn des pommes lourdes (denses).

La figure 7 met en évidence le produit ainsi que le

bénéfice et les pertes en francs par hectare. Le bénéfice/

pertes permet d’évaluer la rentabilité de la variété et le

produit permet d’établir la productivité. Les coûts de

production moyens s’élèvent à environ 27 200 fr./ha avec

un rendement moyen de 33 t/ha. En ce qui concerne le

bénéfice et les pertes, deux groupes sont distincts: le

premier comprend Gala, Braeburn et Fuji (bénéfice

moyen: 4238 fr./ha). Le second groupe est constitué de

Jonagold, Golden Delicious, Nicoter et Milwa (pertes

moyennes: -2652 fr./ha). Cependant, Nicoter et Jona-

gold présentent encore un bénéfice, tandis que Golden

Delicious et Milwa accusent des pertes. Aucune diffé-

rence significative entre les variétés n’est constatée au

sein des différents groupes. Il semblerait que la rentabi-

lité et la productivité soient fortement liées (une faible

productivité implique une plus faible rentabilité). Gol-

den Delicious fait exception en obtenant une bonne

productivité mais une mauvaise rentabilité. Le problème

réside dans le principe de fixation des prix et l’interac-

tion de l’offre et de la demande. Deux facteurs princi-

paux impliquent une diminution de la rentabilité: i) une

production élevée et ii) une baisse d’attractivité de la

variété sur le marché. Une production élevée peut impli-

variétés Scifresh, Milwa, La Flamboyante et Cripps Pink

représentent 10 % de la surface totale de pommiers

(OFAG 2014a). En Europe, les variétés Club corres-

pondent à 5 % des parts du marché (Schwartau 2010).

La distribution des variétés au sein du réseau SOA (fig. 5)

a fortement évolué de 2001 à 2011. Les surfaces de Brae-

burn et de Gala ont augmenté, tandis que celles de Gol-

den Delcious, Jonagold et Maigold ont diminué.

La figure 6 présente le rendement et le rendement à

la récolte (kg de pommes par MOh) des huit variétés

principales du réseau SOA. Bien que le rendement à la

récolte dépende du rendement, d’autres facteurs l’in-

fluencent: par exemple la couleur, le mode de conduite,

la taille et la technique de récolte. Seuls les quartiers

variétaux qui étaient entre la 4e et 15e année de produc-

tion de 2009 à 2012 sont pris en considération. Les ren-

dements de Golden Delicious, Gala, Braeburn et Jona-

Braeburn (11)

Milwa (5)

Fuji (4)

Gala (14)

Golden Delicious (10)

Jonagold (7)

Nicoter (4)

15

20

25

30

35

40

45

80 90 100 110 120 130 140

Rend

emen

t (t/h

a)

Rendement à la récolte (kg/MOh)

Figure 6 | Rendement et rendement à la récolte par variété (moyenne 2009–2012). La dimension du disque indique l’importance (en surface) des variétés. Le nombre de producteurs de la variété concernée est indiqué entre parenthèses.

Braeburn

Milwa (5)

Fuji (4) Gala (14)

Golden Delicious (10)

Jonagold (7) Nicoter (4)

-15 000

-13 000

-11 000

-9000

-7000

-5000

-3000

-1000

1000

3000

5000

7000

9000

11 000

13 000

15 000

0 5000 10 000 15 000 20 000 25 000 30 000 35 000

Béné

fice/

pert

es (C

HF/h

a)

Produit (CHF/ha)

Figure 7 | Produit, bénéfice/pertes par variété (moyenne 2009–2011). La dimension du disque indique l’importance (en surface) de la variété. Le nombre de producteurs est indiqué entre parenthèses. Données du réseau d’exploitations SOA.

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 482–489, 2014

Page 48: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

488

Production végétale | Support Obst Arbo: résultats pour les arboriculteurs professionnels

quer une diminution du prix à la production (par

exemple lorsqu’une grande récolte est attendue au

niveau national). Une baisse d’attractivité de la variété

implique également une réduction des prix, en revanche

les coûts de production ne sont pas touchés mais seule-

ment le produit.

Quatre variétés de pommes (fig. 7) présentent un

bénéfice annuel (Braeburn, Gala, Fuji et Jonagold). En

revanche, les variétés Milwa et Golden Delicious pré-

sentent des pertes. Les résultats insatisfaisants de Milwa

sont la conséquence de faibles rendements, environ

20 tonnes par hectare (4e, 5e, et 6e années de production).

Répartition du travail en production de pommes

Les données des exploitations SOA permettent de tirer

des conclusions quant au temps investi dans la produc-

tion de pommes. Les données enregistrées montrent que

les producteurs SOA investissent entre 550 et 620 heures

de main-d’œuvre par hectare (MOh/ha) pour la produc-

tion de pommes. La répartition des différents travaux

(moyenne de toutes les exploitations PI) est très similaire

entre 2001/02 et 2011/12 (fig. 8). Seul l’éclaircissage

requiert proportionnellement plus de temps. L’évolution

de la gamme variétale (fig. 5), les conditions météorolo-

giques ou la charge en fruits peuvent en être la cause.

Avec 55 %, la récolte représente plus de la moitié des

heures de travail totales. L’éclaircissage est en seconde

position avec 15 à 20 %. L’éclaircissage permet d’éviter

l’alternance (ou de la réduire) ainsi que de favoriser la

qualité de la récolte. La taille et la protection phytosani-

taire favorisent aussi la qualité mais sont également des

travaux arboricoles exigeants en heures de travail.

Données pour la pratique

Avec les résultats SOA, les arboriculteurs disposent de

chiffres clés et d'informations permettant d’augmenter

la rentabilité de la production fruitière et de prendre des

décisions stratégiques importantes. Ils sont en possession

d’éléments permettant d’évaluer leur propre situation

économique. Les résultats SOA sont utilisés tant dans le

secteur du conseil que de la formation. A travers SOA,

Agroscope et Agridea proposent des données scienti-

fiques et techniques utiles à la pratique, à la formation

et au conseil dans le secteur de l’agriculture et de

l’agroalimentaire, mais également au sens de l’ordon-

nance sur la recherche agronomique (ORAgr).

Le programme de simulation Arbokost se base sur les

informations et expériences accumulées par SOA pour le

calcul du cashflow. Cet instrument de planification en

arboriculture est mis à disposition en ligne.

Données pour la recherche

Les informations du réseau SOA sont également utilisées

dans le domaine de la recherche. Des données sont déjà

mises à profit du secteur de l’environnement pour des

évaluations ou des calculs d‘écobilans. Elles sont égale-

ment utilisées pour évaluer le potentiel de baisse des

coûts des pommes génétiquement modifiées (FiBL, EPF)

ou pour estimer le potentiel économique de la produc-

tion fruitière dans les pays en transition (FiBL). Seules des

données précises, sur le long terme et sans interruption

permettent de mettre à disposition une base de données

fiable pour d’importants projets de recherche. � n

Eclaircissage15%

Travail du sol 2%

Fertilisation 1%

Récolte55%

Installation3%

Installations fixestravaux annuels

4%

Protection phytosanitaire

5%

Taille13%

Administration etautres travaux 2%

Répartition du travail 2001/2002

Eclaircissage20%

Travail du sol 2%

Fertilisation 1%

Récolte55%

Installation2%

Installations fixestravaux annuels

4%

Protection phytosanitaire

4%

Taille11%

Administration etautres travaux 1%

Répartition du travail 2011/2012

Figure 8 | Répartition du travail, moyenne de tous les quartiers variétaux 2001–02 et 2011–2012.

Remarques

Cet article mentionne les noms des variétés. Voici leurs marques:Milwa = Diwa®, Nicoter = Kanzi®, Scifresh = Jazz®

Certaines informations contenues dans cet article ont déjà été publiées dans Bra-vin et al., 2013, SOA: Die Sortenfrage im Obstbau bleibt, Schweizerische Zeitschrift für Obst und Weinbau 150 (3), 10–13.

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 482–489, 2014

Page 49: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

489

Support Obst Arbo: résultats pour les arboriculteurs professionnels | Production végétale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Support Obst Arbo: risultati per

l’aboricultura professionista

Nel 1947 l’odierna stazione di ricerca

Agroscope cominciò con la raccolta di

dati aziendali della produzione

frutticola per la pubblicazione d’infor-

mazioni di consulenza e indici per la

formazione dei prezzi. Oggi il progetto

Support Obst Arbo (SOA), diretto da

Agridea e Agroscope,genera dati

tecnici per la produzione, la consulenza

e la ricerca. Tra le 20 e le 25 aziende

frutticole mettono i loro dati a disposi-

zione del progetto per valutare la

redditività a livello aziendale e di

parcella varietale. Dall’analisidei dati

con gli indici normalizzati dei salari e

delle macchine risulta che la metà dei

produttori ha un utile netto medio di

zero o è addirittura in perdita. Ciò

limita fortemente i futuri investimenti.

Dal 2001 al 2011 la distribuzione

varietale si è sviluppata. Sebbene Gala,

Braeburn e Golden Delicious restino le

varietà più diffuse per la produzione,

varietà alternative quali Milwa, Fuji,

Nicoter o Scifresh hanno aumentato la

loro superficie. La redditività tra le

diverse varietà è molto differente:

Gala, Braeburn e Fuji ottengono i

risultati migliori, mentre Golden

Delicious e Milwa hanno i risultati

peggiori. Golden Delicious soffre a

causa dei bassi prezzi alla produzione.

Milwa invece è pagata bene ma i

raccolti restano al di sotto delle

aspettative.

Bibliographie ▪ Arbokost 2014, Betriebswirtschaftliches Modell für den Obstbau, Accès: www.arbokost.agroscope.ch

▪ Bravin E. & Dietiker D., 2013. Jahresbericht SOA 2012, Schweizer Zeit-schrift für Obst- und Weinbau 149 (3), 12–14.

▪ Bravin E., Dietiker D., Hanhart J. & Carint D., 2014. SOA: Die Sortenfrage im Obstbau bleibt, Schweizer Zeitschrift für Obst und Weinbau 150 (3), 10–13.

▪ Bravin E., Leumann M. & Amsler P, 2008. Klasse I. - Anteile sinken, Früch-te und Gemüse 9, p 27.

▪ Meli T., 1991. Kosten und Erträge in Tafelapfelanalgen. Station fédérale de recherches en arboriculture, viticulture et horticulture, Wädenswil.

▪ Mouron P. & Carint D., 2001. Rendite-Risiko-Profil von Tafelobstanlagen. Teil I: Renditepotenzial, Schweizer Zeitschrift für Obst- und Weinbau, 137 (5), 78–81.

▪ Office fédéral de l’agriculture (OFAG), 2014a. Statistiques fruits, Les cul-tures fruitières de la Suisse, statisfique des surfaces 2013. Accès: http://www.blw.admin.ch/themen/00013/00083/00096/01188/index.html?lang=fr

▪ Office fédéral de l’agriculture (OFAG), 2014b. Statistiques fruits, Les cultures fruitières de la Suisse, culture de pommes et de poires, estimati-on des cultures 2005 à 2013. Accès: http://www.blw.admin.ch/the-men/00013/00083/00096/01188/index.html?lang=fr

▪ Ordonnance du 23 mai 2012 (état le 1er janvier 2013) sur la recherche agronomique (ORAgr), SR 915.7

▪ Schwartau H., 2010. Liegt die Zukunft in den Club-Sorten?, European Fruit Magazine 2 (4), 20–22.

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 482–489, 2014

Support Obst Arbo: results for the

professional arboriculture

In 1947 today’s date Agroscope started

the collection of on farm data to draft

extension information and indices for

grower prices. Agridea and Agroscope

lead the project Support Obst Arbo

(SOA), which gives detailed basics for

growers, extension and research.

20–25 references fruit farms deliver

their data to the project to evaluate

the on farm and on plot profitability.

The evaluation with normed salary and

machine costs shows that the benefit

of the half of the growers is equal to

zero or lower. This limits the flexibility

of investments. From 2001 to 2011 the

variety distribution has changed. Gala,

Braeburn e Golden Delicious are still

the most popular varieties. However

Milwa, Fuji, Nicoter and Scifresh

increased in surface. The profitability

between cultivars is very variable:

Gala, Braeburn e Fuji achieve better

results, while Golden Delicious and

Milwa have poor results. This because

Golden Delicious is low in price and

Milwa has low yield despite good

prices.

Key words: economics, fruit produc-

tion, network, productivity.

Page 50: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

490 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 490–491, 2014

E c l a i r a g e

L’avenir des prairies en Europe – 25e congrès de la Fédération européenne des herbagesUeli Wyss

Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, 1725 Posieux, Suisse

Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: [email protected]

rope, la sécheresse estivale représentera à l’avenir un

problème toujours plus important. L’agriculture multi-

fonctionnelle, qui empêche l’abandon des terres à la

friche et l’érosion du sol, gagnera en importance dans

cette aire géographique. La production de semences

adaptées aux conditions arides représente donc un défi

supplémentaire.

De l’herbe pour les ruminants

Avec une production de lait en constante augmentation,

l’alimentation des vaches basée sur les herbages doit de

plus en plus souvent être complétée par du maïs et des

aliments concentrés. Or, on observe dans différents pays

une tendance vers une alimentation basée davantage

sur les herbages et une production de denrées alimen-

taires estampillées AOC, appellation qui apporte une

valeur ajoutée aux produits. Par conséquent, il sera tou-

jours plus important à l’avenir de tenir compte aussi bien

L’avenir des prairies en Europe était au coeur des débats

lors du 25e congrès général de la Fédération européenne

des herbage. Cet événement s’est tenu du 11 au 17 sep-

tembre dernier à Aberystwyth, au Pays de Galles (GB) et

a rassemblé près de 300 personnes en provenance de 39

pays.

L’importance des surfaces herbagères et des activités de

recherche en Europe du Nord, en Europe centrale et en

Europe méridionale a été soulignée dans trois confé-

rences qui proposaient une vue d’ensemble de la théma-

tique. Les conditions climatiques dans ces régions sont

très diverses, ce qui se répercute sur la croissance de

l’herbe et sur la période de végétation. Le changement

climatique en cours entraînera dans les pays nordiques

une hausse des températures et donc une prolongation

de la période de végétation, avec très probablement

une augmentation de la biomasse. Dans le sud de l’Eu-

Visite à la ferme de David Lee, président de la Société britannique de prairies. (Photo: Ueli Wyss, Agroscope)

Page 51: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

L’avenir des prairies en Europe – 25e congrès de la Fédération européenne des herbages | Eclairage

491Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 490–491, 2014

de la durabilité écologique qu’économique et de faire

en sorte qu’il y ait suffisamment de surfaces herbagères

destinées à l’alimentation des ruminants. Mais les prai-

ries doivent également remplir leurs fonctions de main-

tien de la biodiversité, de protection des eaux et du pay-

sage. La société attend des prairies qu’elles remplissent

toutes ces fonctions simultanément, ce qui est pourtant

difficilement réalisable. Des compromis doivent donc

être trouvés, l’agriculteur-trice tenant un rôle de premier

plan dans l’ensemble du système.

La qualité et l’authenticité des produits laitiers et

carnés basés sur les herbages sont une autre priorité. Le

profil des acides gras du lait et de la viande représente

un indicateur important pour l’identification du four-

rage et la certification de l’authenticité des produits.

Les herbages sont certes le fourrage le plus impor-

tant pour les ruminants, mais ils sont en même temps –

ou plutôt leur biomasse – très demandés pour les instal-

lations de biogaz. De plus, la biomasse riche en lignine

peut être une source de combustible.

Défis et perspectives

Prins et Kessler (2014) ont abordé dans leur présentation

les points suivants, tous d’une importance cruciale pour

le futur:

1. Les surfaces herbagères remplissent de plus en plus

souvent des objectifs multifonctionnels, raison pour

laquelle les chercheurs-euses des divers domaines de

recherche doivent travailler de façon pluridisciplinaire.

C’est à cette seule condition que des situations

«gagnant-gagnant» peuvent être créées.2. Pour maîtriser ces nouvelles tâches et réaliser des

études, l’EGF favorise la formation de groupes de

travail spéciaux. Actuellement, il en existe plusieurs qui

étudient les thèmes suivants: systèmes de production

laitière, pâture, prairies temporaires et permanentes.

3. L’EGF est la seule organisation européenne non

politique qui organise régulièrement des congrès sur

le thème des surfaces herbagères.

4. Souvent, les décisions politiques sont prises sur la

base d’essais réalisés dans le court terme. L’EGF

intervient auprès des décideurs politiques et fait

clairement comprendre que des essais sur le long

terme sont nécessaires pour évaluer valablement les

développements en matière de systèmes écologiques.

5. Avec la croissance de la population et l’utilisation de

la biomasse à d’autres fin que la production de

denrées alimentaires, de grands défis s’annoncent

dans le futur qui ne pourront être relevés que si les

spécialistes des différents domaines voués aux

herbages collaborent étroitement.

6. La formation des experts en production herbagères

doit être améliorée dans de nombreux pays. L’EGF

peut grandement y contribuer grâce à son réseau et à

l’échange d’informations.

Prochain symposium et prochain congrès

Le prochain symposium de l’EGF aura lieu du 15 au

17  juin 2015 aux Pays-Bas avec le thème suivant: «Sur-

faces herbagères et fourrage dans les systèmes de pro-

duction laitière à production élevée». Quant au pro-

chain congrès général de l’EGF, il se tiendra du 5 au

8 septembre 2016 en Norvège et aura pour thème «La

multifonctionnalité des prairies dans la bioéconomie

européenne». n

La Fédération européenne des herbages

La Fédération européenne des herbages (Euro­

pean Grassland Federation, EGF) a été fondée

en 1963 à Hurley en Grande-Bretagne par onze

pays, dont la Suisse. Elle a été créée dans le but

de développer les contacts et l’échange entre

les diverses associations actives dans le do-

maine des herbages en Europe, soit entre les

milieux scientifiques, la vulgarisation, la pra-

tique agricole et les milieux politiques. Actuel-

lement, elle regroupe 39 pays européens. Le

premier congrès international a eu lieu en 1965

à Wageningen (NL). L’EGF organise chaque an-

née, en alternance, un congrès général et un

symposium.

Le congrès général a déjà été organisé à deux

reprises en Suisse. La première fois en 1971 à

Lausanne avec pour thème «Comparaison entre

prairies permanentes et temporaires» et la se-

conde fois en 2004 à Lucerne sur le thème «Sys-

tèmes d’utilisation des terres dans les régions à

dominance herbagère». Depuis 2004, Willy

Kessler, de l’Institut des sciences en durabilité

agronomique IDU d’Agroscope, est le secrétaire

de l’EGF. Joseph Nösberger, professeur émérite

en production fourragère à l’EPF de Zurich, en

est un des présidents d’honneur depuis 2004.

Bibliographie ▪ Prins W. H. & Kessler W., 2014. The European Grassland Federation at 50: past, present and future. Grassland Science in Europe 19, 27–35.

Page 52: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

492 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 492–493, 2014

Johan Six, professeur d’agroécosystèmes durables à l’ETH Zurich

En mars 2013, Monsieur Johan Six a été nommé Profes-

seur d’agroécosystèmes durables à l’ETH Zurich. Aupara-

vant, il menait des recherches et enseignait à l’Université

de Californie, Davis, USA. Ses recherches se basent sur les

interactions entre les plantes, les organismes du sol et les

éléments organiques du sol dans les agroécosystèmes,

prairies et forêts, et sur la manière dont ces interactions

sont influencées par l’homme.

Monsieur Six, vous menez des recherches sur les agro­

écosystèmes durables. Qu’est­ce qui vous fascine dans

ce domaine?

Je pense que mon enthousiasme pour ce sujet s’est révélé

durant mon enfance, lorsque je travaillais au jardin

potager avec mon père. Ma famille est originaire de Bel-

gique et a des liens étroits avec la République démocra-

tique du Congo. Dans ma jeunesse déjà, j’ai appris à quel

point nous sommes privilégiés en Europe. Chez nous,

lorsqu’il y a de mauvaises récoltes, nous pouvons acheter

de la nourriture au magasin. En République démocra-

tique du Congo, comme dans bien d’autres pays en voie

de développement, les gens souffrent de faim lorsqu’ils

n’ont pas ou peu de récoltes. C’est une des raisons pour

lesquelles j’ai commencé à mener des recherches plus

approfondies sur la gestion durable des agroécosys-

tèmes et sa contribution à la sécurité alimentaire.

Sur quels points particuliers se concentre votre

recherche?

L’objectif principal de mon travail est d’explorer et com-

prendre le fonctionnement des agroécosystèmes. Mes

recherches portent sur différentes échelles, allant de

processus qui se déroulent en quelques secondes dans le

sol jusqu’aux changements dans les agroécosystèmes qui

s’étendent sur plusieurs décennies. Au final, ces nou-

velles connaissances doivent contribuer une utilité pra-

tique.

Quel est le plus grand défi pour une gestion durable

des agroécosystèmes?

Pour moi, le principal défi est de donner un poids égal

aux aspects écologiques, économiques et sociaux des

agroécosystèmes. Par le passé, de nombreuses solutions

proposées pour une gestion durable des agroécosys-

tèmes ont échoué précisément parce que ces trois aspects

n’ont pas tous été pris en compte. Aujourd’hui encore, il

nous est souvent difficile de considérer les agroécosys-

tèmes de manière intégrale.

Quelles sont les possibilités pour relever ces défis?

Les projets interdisciplinaires sont souvent évoqués

comme étant une approche appropriée, mais ils sont en

fin de compte trop peu mis en œuvre. Je pense toutefois

qu’une telle approche est des plus importantes. Nous

devrions nous efforcer de rassembler les meilleurs spé-

I n t e r v i e w

Page 53: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Johan Six, professeur d’agroécosystèmes durables à l’ETH Zurich | Interview

493Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 492–493, 2014

cialistes de différentes disciplines, afin d’inclure les

aspects relatifs aux sciences naturelles, à l’économie ainsi

que les aspects sociaux. Il devrait donc y avoir plus d’oc-

casions permettant aux spécialistes de différentes disci-

plines de chercher des solutions ensemble.

A votre avis, quelles seraient les solutions?

Les solutions doivent à chaque fois prendre en compte

les spécificités locales, il n’y a pas de solution globale

valable partout. Ce qui peut par exemple s’avérer fai-

sable en Suisse ne peut pas simplement être transposé à

la situation au Kenya. En Europe, nous sommes par

exemple confrontés au problème des excédents de nutri-

ments dans les systèmes agricoles, tandis que dans la plu-

part des pays africains, le problème est de disposer de

suffisamment de nutriments. Comme les problèmes sont

différents, les solutions doivent l’être également.

Dans le domaine des agroécosystèmes durables, quels

sont les thèmes particulièrement importants en Suisse?

Tous les thèmes qui se rapportent à la gestion durable des

agroécosystèmes sont importants pour la Suisse. Notre

travail devrait mettre l’accent non seulement sur l’amé-

lioration de la gestion de nos propres surfaces agricoles,

mais également celle des surfaces dont nous importons

des produits agricoles, par exemple du soja pour les ali-

ments fourragers ou du cacao pour le chocolat.

En Suisse, l’agriculture bio est très populaire en tant

que méthode de gestion durable potentielle. Il subsiste

toutefois de nombreuses questions sur la façon de

concevoir l’agriculture bio de manière plus durable, et si

elle est effectivement durable dans différentes condi-

tions. Les pratiques du travail réduit du sol peuvent-elles

être utilisées de manière efficiente dans l’agriculture

bio? Comment pouvons-nous intensifier de manière

durable l’agriculture bio? Quelles possibilités s’offrent

aux cultures mixtes? La culture bio est-elle la meilleure

option pour l’agriculture urbaine?

Pour ce qui est de l’importation de produits agricoles,

il y aurait d’autres thèmes importants relatifs aux agroé-

cosystèmes tropicaux, par ex. la «gestion intégrée de la

fertilité des sols», «l’agroforesterie» et les «cultures

mixtes».

Votre déménagement en Suisse à l’ETH Zurich aura­t­il

un impact sur votre recherche et sur l‘enseignement?

L’ETH Zurich offre des possibilités exceptionnelles pour

la recherche et l’enseignement. Depuis que je travaille à

l’ETH, j’ai lancé plusieurs nouveaux projets qui abordent

la situation concrète en Suisse. Le contexte régional a

changé, mais les questions de recherche fondamentales

restent les mêmes. A l’UC Davis en Californie, j’ai par

exemple déjà mené des recherches sur les émissions de

gaz hilarant provenant des surfaces agricoles, et mon

groupe travaille maintenant également sur ce genre de

projets en Suisse. Je participe en outre à des projets rela-

tifs à la sécurité alimentaire, en particulier en Afrique.

J’apprécie l’attitude ouverte du paysage de recherche

européen envers les projets de recherche en Afrique.

Beaucoup de scientifiques suisses, actifs dans les

domaines agronomique et environnemental, mènent

déjà de nombreux projets dans les pays africains.Pour l'enseignement, j'emploie beaucoup d'exemples

tirés de nos projets de recherche actuels.

Qu’apprendront exactement les étudiants?

Nous voulons donner une compréhension approfondie

des agroécosystèmes dans nos cours. Pour ce faire, nous

abordons les problèmes scientifiques agronomiques de

la manière suivante: d’une part, nous intégrons systé-

matiquement les aspects écologiques, économiques et

sociaux; d’autre part, nous considérons la thématique à

différentes échelles spatiales et temporelles. Une bonne

approche consiste à intégrer les étudiants de manière

active, et à utiliser des stratégies d’enseignement parti-

cipatif. n

*Interview: Brigitte Dorn, Janine Graber et Anett Hofmann, ETH Zurich*adaptée et complétée à partir de l’INFO AGRARWIRTSCHAFT Juni

2013

Page 54: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

494 Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 494–499, 2014

Actualités

Henri Gilliand1 , Theodor Ballmer2 et Brice Dupuis1 1Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 1260 Nyon2Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8046 Zurich

Surfaces* de plants de pomme de terre visitées et admises en Suisse 2014

*Surfaces provisoires, sous réserve de changements dus à des refus aux analyses virologiques (ELISA)

Variété Surface inscrite (ha)Surface refuséeou retirée (%)

Surface admise

Total pour toutes les classes de certification (ha)

Répartition des surfacespar variété (%)

Agata 46,6 0,0 46,6 3,1

Agria 413,2 1,0 397,9 26,2

Alexandra 12,4 0,0 12,4 0,8

Amandine 48,6 0,0 48,6 3,2

Annabelle 48,2 0,0 48,2 3,2

Antina 1,0 0,0 1,0 0,1

Bintje 22,0 0,0 22,0 1,4

Blaue St-Galler 6,5 0,0 6,5 0,4

Celtiane 20,0 0,0 20,0 1,3

Challenger 18,4 0,0 18,4 1,2

Charlotte 162,5 0,0 162,5 10,7

Désirée 40,0 0,0 40,0 2,6

Ditta 58,7 0,0 58,7 3,9

Erika 13,3 0,0 13,3 0,9

Fontane 56,3 0,0 56,0 3,7

Gourmandine 25,8 0,0 25,8 1,7

Gwenne 4,2 0,0 4,2 0,3

Hermes 11,0 0,0 11,0 0,7

Innovator 100,4 0,1 99,3 6,5

Jelly 37,6 0,1 36,4 2,4

Lady Christl 35,5 0,0 35,5 2,3

Lady Claire 53,2 0,0 53,2 3,5

Lady Felicia 41,1 0,0 40,6 2,7

Lady Rosetta 35,3 0,1 34,0 2,2

Laura 12,6 0,0 12,6 0,8

Markies 59,5 0,0 59,5 3,9

Nicola 11,5 0,0 11,5 0,8

Panda 30,3 0,0 30,3 2,0

Pirol 11,5 0,0 10,8 0,7

Victoria 107,7 0,3 103,5 6,8

Total général 1544,3 1,6 1519,9 100,0

A c t u a l i t é s

Page 55: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

495Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 494–499, 2014

N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s

Agroscope Transfer N° 43

En 2013, les revenus par

exploitation ont nette-

ment augmenté par rap-

port à l’année précé-

dente, du fait des prix

plus élevés sur le marché

des porcs, des bovins et

du lait. Le revenu agri-

cole des exploitations de référence se monte à 61 400

francs par exploitation, contre 56 000 francs l’année pré-

cédente, ce qui représente une hausse de 9,7 %. Le

revenu agricole rémunère 469 900 francs de fonds

propres investis dans l’exploitation ainsi que le travail

de 1,21 unités de main-d’oeuvre familiale par exploita-

tion. Suite à la hausse des taux d’intérêt, le revenu du

travail par unité de main-d’oeuvre familiale n’a pas

augmenté dans les mêmes proportions que le revenu

agricole (7,6 %, +3320francs). La variation du revenu du

travail par rapport à l’année précédente dépend consi-

dérablement du type d‘exploitation. Ainsi les exploita-

tions du type «Autre bétail bovin» et «Transformation»

ont pu améliorer leur revenu du travail par unité de

main d’oeuvre familiale de 8,7 %, resp. 63,7 % par rap-

port à l’année précédente grâce à des prix favorables

pour les porcs et les bovins, tandis que les types d’ex-

ploitation «Grandes cultures», «Vaches-mères» et «Che-

vaux/Ovins/Caprins» ont vu ce revenu chuter d’au moins

3 %. Le revenu extra-agricole s’élève en moyenne à

27 100 francs par exploitation et a légèrement aug-

menté (+360 francs ou +1,3 %) par rapport à 2012. Le

revenu total, qui se compose du revenu agricole et du

revenu extra-agricole, s’élève à 88 500 francs et a donc

augmenté de 5800 francs (+7,0 %) par rapport à 2012.

Dierk Schmid et Daniel Hoop, Agroscope

Auteurs

Dierk Schmid et Daniel [email protected]@agroscope.admin.ch

Octobre 2014

En 2013, les revenus par exploitation ontnettement augmenté par rapport à l’an-née précédente, du fait des prix plus éle-vés sur le marché des porcs, des bovins etdu lait. Le revenu agricole des exploita-tions de référence se monte à 61400 francspar exploitation, contre 56000 francs l’an-née précédente, ce qui représenteune hausse de 9,7%. Le revenu agricolerémunère 469900 francs de fonds propresinvestis dans l’exploitation ainsi que le tra-vail de 1,21 unités de main-d’œuvre fami-liale par exploitation. Suite à la hausse destaux d’intérêt, le revenu du travail parunité de main-d’œuvre familiale n’a pasaugmenté dans les mêmes proportionsque le revenuagricole (7,6%, +3320francs).La variation du revenu du travail par rap-port à l’année précédente dépend considé-rablement du type d‘exploitation. Ainsi lesexploitations du type «Autre bétail bovin»et «Transformation» ont pu améliorer leur

revenu du travail par unité de main-d’œuvre familiale de 8,7%, resp. 63,7%par rapport à l’année précédente grâce àdes prix favorables pour les porcs et lesbovins, tandis que les types d’exploitation«Grandes cultures», «Vaches-mères» et«Chevaux/Ovins/Caprins» ont vu ce revenuchuter d’au moins 3%. Le revenu extra-agricole s’élève en moyenne à 27100 francspar exploitation et a légèrement augmenté(+360 francs ou +1,3%) par rapport à 2012.Le revenu total, qui se compose du revenuagricole et du revenu extra-agricole, s’élèveà 88500 francs et a donc augmenté de 5800francs (+7,0%) par rapport à 2012.

En 2013, la prestation brute de la production porcine a augmenté de 20,9%.

Des résultats détaillés portant sur l’en-semble de l’exploitation se trouventdans les tableaux des pages 10 à 19.

EconomieAgroscope Transfer | N° 43 / 2014

Evolution économique de l’agriculture suisseen 2013Rapport principal n° 37 du Dépouillement centralisé des données comptables

(série temporelle 2004–2013)

Gab

rielaBrän

dle,

Agrosco

pe

Impressum

Editeur:AgroscopeTänikon 1, 8356 Ettenhausenwww.agroscope.chRédaction: Erika Meili

Mise en page et impression:Sonderegger Druck AG,Weinfelden

Prix: 6 fr. 30 l’exemplaire (montantminimum de la commande:30 francs, frais d’expédition noncompris)Commande: tél. +41(0)584803131,e-mail:[email protected]:www.agroscope.ch/transfer/frCopyright:©Agroscope 2014ISSN: 2296-7222 (print),2296-7230 (online)

Evolution écono-mique de l’agriculture suisse en 2013

Agroscope Transfer N° 28

Un fourrage sec de haute

qualité permet d’alimen-

ter les ruminants à un

coût avantageux en utili-

sant le moins possible de

concentrés. Cependant, la

qualité des ensilages en

silos-couloirs est souvent

l’objet de discussions, car on observe de lourdes pertes

dans la pratique suite à des mauvaises fermentations et à

la formation de moisissures. On sait que le degré et la

régularité du compactage du fourrage jouent un rôle

majeur. La présente étude montre que l’importante hété-

rogénéité de la compacité au moment de l’entreposage

pose un problème essentiel. Un remplissage régulier en

couches pas trop épaisses et l’emploi d’un distributeur

d’ensilage peuvent atténuer ce problème. Trois passages

minimum de véhicules d’environ 6–10 tonnes pour tasser

le fourrage permettent d’atteindre une densité suffisante.

Le processus global de compactage soulève encore de

nombreuses questions car les facteurs d’influence sont

multiples.

Roy Latsch et Joachim Sauter, Agroscope

TechniqueAgroscope Transfer | N° 28

Compactage de l’ensilage d’herbe en silo-couloir

Une répartition régulière des couches d‘ensilage à l’aide de distributeurs diminue le risque de post-

fermentation.

Juin 2014

Un fourrage sec de haute qualité permetd’alimenter les ruminants à un coût avanta-geux en utilisant le moins possible deconcentrés. Cependant, la qualité des ensi-lages en silos-couloirs est souvent l’objetde discussions, car on observe de lourdespertes dans la pratique suite à des mau-vaises fermentations et à la formation demoisissures. On sait que le degré et la régu-larité du compactage du fourrage jouentun rôle majeur. La présente étude montreque l’importante hétérogénéité de la com-

pacité au moment de l’entreposage poseun problème essentiel.Un remplissage régulier en couches pastrop épaisses et l’emploi d’un distributeurd’ensilage peuvent atténuer ce problème.Trois passages minimum de véhicules d’en-viron 6–10 tonnes pour tasser le fourragepermettent d’atteindre une densité suffi-sante. Le processus global de compactagesoulève encore de nombreuses questionscar les facteurs d’influence sont multiples.

Auteurs

Roy Latsch etJoachim Sauter

Photos:A

grosco

pe

Un compactage élevé et régulier des ensilages est la pierre angulaire d’un fourrage de première qualité.

Compactage de l’ensilage d’herbe en silo-couloir

A c t u a l i t é s

Page 56: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

496

Actualités

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 494–499, 2014

N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s

Agroscope Transfer N° 44

Un risque de gonflement prononcé de la panse (météo-

risation) des bovins va certainement de pair avec des

conditions particulières pendant l’affouragement en

vert. Occasionnellement, ils peuvent pourtant se mani-

fester dans d’autres systèmes d’alimentation. Tous les

facteurs qui mènent à des météorisations ne sont pas

connus; par conséquent, l’évaluation du risque et de

l‘efficacité des mesures préventives n’est pas possible

avec certitude. Pour certains éleveurs, il s’agit d’un pro-

blème récurrent. Suite à leurs expériences, ils disposent

de tout un arsenal de mesures préventives plus ou moins

efficaces. Dans de nombreuses exploitations, les pro-

blèmes de gonflement de la panse surviennent périodi-

quement. Que l’on y soit préparé ou non, les pertes en

animaux qui s’ensuivent sont toujours douloureuses.

La présente fiche technique pour la pratique porte sur la

météorisation chez le bovin. Elle contient les thèmes sui-

vants:

• Apparition et formes

• Symptômes

• Facteurs de risque connus et supposés

• Traitement des météorisations

• Prévention

Andreas Münger, Agroscope

Animaux

Agroscope Transfer | no 44

Météorisation chez le bovinFiche technique destinée à la pratique

Octobre 2014

Auteur

Andreas Münger

Un risque de gonflement prononcé de lapanse (météorisation) des bovins va certai-nement de pair avec des conditions parti-culières pendant l’affouragement en vert.Occasionnellement, ils peuvent pourtantse manifester dans d’autres systèmes d’ali-mentation. Tous les facteurs qui mènent àdes météorisations ne sont pas connus ;par conséquent, l’évaluation du risque etde l‘efficacité des mesures préventivesn’est pas possible avec certitude. Pour cer-tains éleveurs, il s’agit d’un problèmerécurrent. Suite à leurs expériences, ils dis-posent de tout un arsenal de mesures pré-ventives plus ou moins efficaces. Dans denombreuses exploitations, les problèmesde gonflement de la panse surviennentpériodiquement. Que l’on y soit préparéou non, les pertes en animaux qui s’ensui-vent sont toujours douloureuses.

La présente fiche technique pour la prati-que porte sur la météorisation chez lebovin. Elle contient les thèmes suivants :

• Apparition et formes• Symptômes• Facteurs de risque connus et supposés• Traitement des météorisations• Prévention

And

reas

Mün

ger,Agroscope

Météorisation chez le bovin

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497

Actualités

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 494–499, 2014

Agroscope Science n° 5 / juin 2014

Différents projets ont déjà pu montrer l’applicabilité du

modèle SALCA-NO3 pour estimer le lessivage des nitrates

dans les eaux souterraines. De nombreuses cultures sup-

plémentaires ont été intégrées au modèle, p. ex. des varié-

tés de légumes. Il était en outre souhaité de partir d’une

approche du lessivage potentiel pour arriver à une estima-

tion du lessivage probable des nitrates. Avec la présente

version du modèle, ces deux objectifs ont été atteints pour

la modélisation de l’absorption d’azote et la minéralisa-

tion de la matière organique du sol.

Contrairement à l’ancienne version, le nouveau

modèle permet de distinguer les régions de plaine, de col-

lines et de montagne en Suisse, ce qui permet son utilisa-

tion dans un contexte climatique plus étendu. La modéli-

sation de l’élevage de porcs en plein air est également

venue s’ajouter. En outre, le modèle couvre une palette

plus large de cultures, légumes compris.

La quantité d’azote nitrique lessivée est estimée en

établissant la différence mensuelle entre l’azote minéra-

lisé disponible provenant de la matière organique du sol

(minéralisation nette d’azote) et l’assimilation d’azote par

les plantes, ainsi qu’en établissant la part d’azote lessivée

qui provient des engrais minéraux épandus à des périodes

défavorables.

Le lessivage probable des nitrates pendant une

période de culture se calcule en établissant la somme des

valeurs mensuelles dans la période de l’analyse de cycle de

vie, en commençant un mois après la récolte de la culture

précédente jusqu’à la date de récolte de la culture concer-

née. Cette méthode permet également de bien modéliser

les assolements qui incluent des cultures intermédiaires.

Le calcul de la minéralisation nette d’azote a pris en

compte les facteurs suivants: teneur en humus et en argile

du sol, apport de matière organique via les engrais de

ferme, intensité du travail du sol et assolement.

La publication est disponible uniquement en allemand.

Agroscope Science parait seulement sous forme électronique. La

publication peut être téléchargée au format PDF sur www.agroscope.

ch > Publications

Walter Richner, Hans-Rudolf Oberholzer, Ruth Freiermuth Knuchel,

Olivier Huguenin, Sandra Ott, Thomas Nemecek et Ulrich Walther

Modèle d’évaluation du lessivage des nitrates dans les analyses de cycle de vie – SALCA-NO3

Page 58: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

498

www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen

Actualités

C o m m u n i q u é s d e p r e s s e

www.agroscope.admin.ch/communiques

07.11.2014 Faire parler les gènes silencieux des champignons Agroscope et l’Université de Genève ont fait parler des

gènes de champignons jusque-là silencieux. En utilisant

des modificateurs épigénétiques, ils ont pu accéder à un

horizon de molécules actives inédites, présentant notam-

ment des activités fongicides redoutables pour lutter

contre les champignons nuisibles tant pour les cultures

que pour la santé. Le potentiel de cette démarche est

quasi infini et promet d’être à l’origine de découvertes

d’intérêt médical et agronomique inespérés.

06.11.2014 Le vecteur de la flavescence dorée sous haute surveillance En 2014, Agroscope et les services cantonaux de viticul-

ture ont mené une campagne nationale de surveillance

de Scaphoideus titanus. Outre une présence déjà établie

au Tessin, dans l’arc lémanique et le Chablais, le vecteur

est confirmé au Valais central. Les autres sites suisses

sous surveillance sont pour l’heure épargnés.

31.10.2014 Culture sous serre: la déshumidification par condensation permet d’économiser de l’énergie Les essais menés par Agroscope ont montré qu’une éco-

nomie d’énergie de 15 à 25 % était possible en utilisant

un déshumidificateur à condensation pour éviter les

excès d’humidité de l’air dans les serres. Cet appareil per-

met de réguler l’humidité sans gaspillage énergétique ni

impact négatif sur la culture.

21.10.2014 Les grandes cultures tirent parti des organismes du sol: plus de biomasse, moins de pertes d’éléments nutritifs Les organismes du sol jouent un rôle majeur dans les

grandes cultures: un réseau alimentaire souterrain effi-

cace à base de bactéries, de champignons et de micro-

faune peut améliorer la nutrition des plantes, augmen-

ter les rendements agricoles et réduire le lessivage des

éléments nutritifs. Une étude d’Agroscope publiée dans

le Journal of Applied Ecology montre qu’adopter un

mode d’exploitation respectueux du sol porte ses fruits.

Faire plus attention aux organismes du sol permet d’éco-

nomiser des engrais et de protéger les eaux.

03.10.2014 Viroses de la pomme de terre: un radar à puce-rons pour prévoir les risques La perte de production due aux infections virales repré-

sente un grand défi pour les multiplicateurs de plants de

pomme de terre. Les pucerons transmettent les virus en

début d’été. Ils volent de plantes malades en plantes

saines et infestent ainsi les tubercules en développe-

ment. Agroscope surveille ces vols à l’aide d’un piège à

aspiration et a développé un nouvel outil de prévision

permettant d’informer les producteurs sur les risques de

propagation des virus.

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 494–499, 2014

Page 59: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

499

Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen

Actualités

M a n i f e s t a t i o n s

Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations

L i e n s I n t e r n e t

Agrometeo Webapp – Prévision et gestion des risques pour l'agriculture

www.agrometeo.ch

Agrometeo est une plate-forme qui rassemble des outils

d’aide à la décision et des informations permettant une

meilleure gestion de la lutte phytosanitaire en agricul-

ture. Elle est basée sur un réseau constitué de plus de

150 stations autonomes, qui fournissent des données

météorologiques microclimatiques utilisées par diffé-

rents modèles de prévision des risques pour des mala-

dies fongiques et des ravageurs.

Novembre 2014

18.11.2014Journée de la recherche Profi-Lait 2014Profi-Lait, Agroscope, Agridea, HAFLHaute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen BE

20. – 21.11.2014Beerenseminar 2014Agroscope, SOV-FUSKartause Ittingen, Thurgau

21.11.2014AgriMontana AgriMontana / AgroscopeLandwirtschaftliches Bildungs- und Beratungs-zentrum PlantahofLandquart

Janvier 2015

22.1.20142. Agroscope-Nachhaltigkeitstagung 2015 «Funktio-nelle Biodiversität in der Landwirtschaft»Agroscope INH8046 Zurich

Mars 2015

14. 03.2015Journée d’information HAFLHaute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFLZollikofenInformations: www.hafl.bfh.ch

18. – 19.3.20155. Tänikoner MelktechniktagungTänikon, 8356 Ettenhausen

V o r s c h a u

Janvier 2015 / Numéro 1

Le feu bactérien est un sérieux problème pour la culture de fruits à pépins en Suisse. Pour éviter de recourir aux antibiotiques, les chercheurs et chercheuses d’Agroscope explorent intensive-ment des approches alternatives. De nouveaux principes actifs, stra-tégies de protection phytosani-taire et mesures sont testés afin d’assainir les arbres atteints et d’obtenir des variétés de pommes et de poires robustes pour la culture de fruits à cidre. (Photo: Gabriela Brändle, Agroscope)

D a n s l e p r o a c h a i n n u m é r o

•• Recherche de variétés robustes pour une gestion

durable du feu bactérien, Anita Schöneberg et al.,

Agroscope

•• Les défis d’une production de pommes exemptes de

résidus, Michael Gölles et al., Agroscope

•• Croisements entre races laitières et à viande pour

optimiser la performance bouchère, Arlène Müller

et al., HAFL

•• Plantes cultivées en Suisse – cinq monographies,

Peer Schilperoord, Alvaneu Dorf

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 494–499, 2014

Page 60: Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

Donnerstag, 22. Januar 2015

Funktionelle Biodiversität in der Landwirtschaft2.Agroscope-Nachhaltigkeitstagung 2015

Institut für Nachhaltigkeitswissenschaften INH

Themen• Funktionen der Biodiversität – Beispiele und Potenzial• Von Bienen und Blumen: funktionelle Biodiversität vonBestäubern in Agrarlandschaften

• Bodenbiodiversität, Nachhaltigkeit und Ökosystem-Multi-funktionalität

• Ansaatwiesen – Pflanzeneigenschaften gezielt kombinieren• Ökonomische Bewertung der funktionellen Biodiversität

Anmeldeschluss: 13. Januar 2015

TagungsortAgroscopeInstitut für Nachhaltigkeitswissenschaften INHReckenholzstrasse 191, 8046 Zürich, Vortragssaal

Detailprogramm und Anmeldungwww.agroscope.ch/veranstaltungen> 2. Agroscope-Nachhaltigkeitstagung

www.agroscope.ch

Informations actuelles de la recherche

pour le conseil et la pratique:

Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois

par année et informe sur les avancées en

production végétale, production animale,

économie agraire, techniques agricoles,

denrées alimentaires, environnement et

société. Recherche Agronomique Suisse

est également disponible on-line sous

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français. Elle s’adresse aux scientifiques,

spécialistes de la recherche et de l’industrie,

enseignants, organisations de conseil et de

vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux,

praticiens, politiciens et autres personnes

intéressées.

Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz est une publica-

tion des stations de recherche agronomique

Agroscope et de leurs partenaires. Les parte-

naires sont l’Office fédéral de l’agriculture

OFAG, la Haute école des sciences agrono-

miques, forestières et alimentaires HAFL,

AGRIDEA Lausanne & Lindau, l’Ecole

polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,

Département des Sciences des Systèmes de

l’Environnement et l'institut de recherche de

l'agriculture biologique FiBL. Agroscope est

l’éditeur.