numéro 06, juin 2010, recherche agronomique suisse

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RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE Juin 2010 | Numéro 6 Agroscope | OFAG | HESA | AGRIDEA | ETH Zürich Production animale Pâture tournante en estivage ovin: effets sur la végétation Page 216 Environnement Comparaison de sols reconstitués et formés naturellement Page 232 Production végétale La rouille jaune menace-t-elle la culture du blé en Suisse? Page 244

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Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

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Page 1: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe

J u i n 2 0 1 0 | N u m é r o 6

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Production animale Pâture tournante en estivage ovin: effets sur la végétation Page 216

Environnement Comparaison de sols reconstitués et formés naturellement Page 232

Production végétale La rouille jaune menace-t-elle la culture du blé en Suisse? Page 244

Page 2: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

Berner FachhochschuleHaute école spécialisée bernoiseSchweizerische Hochschulefür Landwirtschaft SHLHaute école suisse d’agronomie HESA

SommaireJuin 2010 | Numéro 6

215 Editorial

Production animale

216 Pâture tournante en estivage ovin:effets sur la végétationMarco Meisser et Catherine Chatelain

Production animale

222 Ingestion de fourrage et évolution du poids de vaches allaitantes suitées Marc Boessinger, Jacques Emmenegger,

André Chassot et Isabelle Morel

Production animale

228 Agents conservateurs d’ensilage: résultats des tests de 2009Ueli Wyss

Environnement

232 Comparaison de sols reconstitués et formés naturellementMatthias Stettler, Christoph Stettler,

et Beat Huber-Eicher

Economie agricole

238 L’agriculture biologique, mal acceptée en grandes culturesAli Ferjani, Albert Zimmermann et

Linda Reissig

Production végétale

244 La rouille jaune menace-t-elle la culture du blé en Suisse? Fabio Mascher, Michel Habersaat et

Stefan Kellenberger

252 Portrait

253 Actualités

255 Manifestations

Le mouton Nez noir du Valais est estivé pendant la belle saison. ACW a expérimenté un système de pâture tournante sur un alpage du Haut-Valais, avec un troupeau mêlant cette race rustique à des moutons Blanc des Alpes. (Photo: Hélène Tobler, ACW)

ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

EditeurAgroscope

Partenairesb Agroscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil

ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux ALP et Haras national suisse HNS; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART)

b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berneb Haute école suisse d’agronomie HESA, Zollikofenb Centrales de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,

Department of agricultural and foodscience

Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]

Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: [email protected]

Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Eliane Rohrer (ACW), Gerhard Mangold (ALP et HNS), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HESA), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich)

AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou

[email protected]

AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]

Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch

ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse

© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Page 3: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

Editorial

215

Chère lectrice, cher lecteur

L’économie alpestre est confrontée à une situation difficile: le cheptel estivé

diminue, les coûts de production sur l’alpage sont élevés, le travail y est

pénible, le personnel qualifié fait souvent défaut et les contraintes légales se

renforcent. Ces conditions se répercutent sur l’exploitation des alpages, on

assiste aujourd’hui toujours plus à une polarisation. L’intensité d’exploita-

tion augmente sur les meilleures surfaces, avec parfois des signes de surex-

ploitation. A l’inverse, les exploitations de petite taille, mal accessibles et/ou

situées en zone de forte pente sont menacées d’abandon. Il n’est pas rare de

voir le bétail laitier remplacé par des génisses, des vaches allaitantes ou

même des moutons.

Face à tous ces défis, il est urgent de développer de nouveaux outils pour

exploiter les alpages. Une étude d’Agroscope, présentée dans ce numéro en

page 216, visait à évaluer la faisabilité du pâturage tournant en estivage

ovin. Cette forme de conduite, très avantageuse sur le plan de l’entretien et

de la valorisation de la ressource pastorale, permet de moduler l’intensité de

pâture sur les différentes zones de végétation de l’alpage: plus forte dans les

zones inférieures, soumises à la reforestation, et plus faible dans la partie

supérieure où la flore est très sensible. Cette pression différenciée est favo-

rable au maintien de la diversité botanique. Reste un paradoxe: la gestion

«extensive» de grands espaces (charge plus faible ou bovins remplacés par

des ovins) implique souvent un surcroît de travail et davantage de matériel.

Les aides publiques, si elles permettent de couvrir une bonne partie des

coûts supplémentaires, restent souvent insuffisantes.

L’avenir des zones agricoles de montagne soulève de nombreuses ques-

tions plus globales qui sont abordées dans trois programmes de recherche:

Agrimontana, AlpFUTUR et Mountland. Le premier de ces programmes

porte sur le rôle de l’agriculture de montagne, en lien avec le développe-

ment durable de ces régions. Le second a pour but d’identifier les perspec-

tives d’exploitation des alpages pour les 10 à 40 prochaines années. Enfin,

Mountland s’attache, entre autres, à évaluer l’impact du réchauffement

climatique sur les systèmes d’exploitation.

A l’avenir, les regroupements d’alpage, l’extensification d’une partie

d’entre eux et l’abandon de la production laitière au profit de la viande vont

s’accentuer. Loin de baisser, les enjeux agronomiques, écologiques, sociaux

et «touristiques» des alpages vont encore prendre de l’ampleur. Cette

évo lution renforcera la nécessité d’une concertation entre tous les acteurs.

Les  défis sont importants, pour une cause qui mérite largement d’être

défendue.

Quel avenir pour les alpages?

Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 215, 2010

Marco Meisser,Agroscope Changins-Wädenswil ACW

Page 4: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

216 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 216–221, 2010

beaucoup moins pour la détention des moutons. Le

matériel actuel a pourtant beaucoup progressé, de

sorte qu’il est aujourd’hui possible de mettre en place

des clôtures électriques de haute puissance même sur

des terrains difficiles.

Dans un essai conduit entre 2000 et 2002, Troxler et

Chatelain (2006) ont montré les possibilités et les limites

de la pâture tournante stricte avec création de parcs à

l’aide de clôtures électriques. Dans cet article, nous pré-

sentons les effets de ce système de pâture sur la végéta-

tion d’un alpage. Des analyses botaniques ont été réali-

sées en 2002 puis en 2009 sur 36 placettes, afin d’évaluer

le pâturage tournant en estivage ovin sous l’angle de la

diversité botanique.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

L’alpage de Niven est un estivage à moutons situé dans

la région de Loèche-les-Bains (VS). Il se trouve à cheval

sur les communes d’Erschmatt et de Bratsch, entre 1950

et 2700 m d’altitude. Ses pentes sont principalement

exposées au sud. Le sol est formé par des roches calcaires

et siliceuses. A l’origine, Niven était un estivage mixte

avec des génisses, des jeunes chevaux et des moutons.

Depuis plus de dix ans, ce sont environ 1000 moutons et

quelques chevaux qui sont estivés. Les ovins sont essen-

tiellement de race Blanc des Alpes (purs ou croisés) et

Nez noir du Valais.

La pâture est pratiquée en système tournant depuis

l’année 2000. Les trois premières années (2000 à 2002),

les parcs étaient au nombre de cinq. Au cours de cette

phase de test, les clôtures ont parfois été déplacées pour

équilibrer la surface des parcs ou permettre l’accès des

animaux à des points d’eau. Ce n’est qu’à partir de 2003

que le nombre de parcs et leur configuration sont deve-

nus définitifs (fig. 1). L’estivage débute généralement

vers le 20 juin pour se terminer autour du 15 – 20 sep-

tembre. La partie inférieure – quatre parcs clôturés – est

utilisée les 50 premiers jours et la partie supérieure – non

clôturée – est pâturée de début août à mi-septembre.

Avant l’année 2000, il n’y avait pas de gardiennage per-

manent et les moutons étaient libres de parcourir toutes

les zones de l’alpage pendant les 90 jours d’estivage.

Marco Meisser et Catherine Chatelain, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon

Renseignements: Marco Meisser, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 47 42

P r o d u c t i o n a n i m a l e

Pâture tournante en estivage ovin: effets sur la végétation

I n t r o d u c t i o n

Le cheptel ovin suisse compte 450 000 têtes (OFS, 2009)

dont la moitié environ est estivée. Sur la grande majo-

rité des alpages, les moutons pâturent librement. Cette

gestion en libre pâture s’accompagne souvent d’une uti-

lisation très inégale de la ressource pastorale. Les zones

inférieures, souvent situées en forêt, sont sous-pâturées,

tandis que les zones sensibles à l’étage alpin sont fré-

quemment sur-pâturées.

Depuis 2003, la Confédération encourage le gar-

diennage permanent et le pâturage tournant au moyen

de contributions d’estivage différenciées. Si la pâture

tournante avec clôtures permanentes est un système

relativement répandu pour la garde des bovins, il l’est

Environ la moitié du chaptel ovin suisse est estivé.

Page 5: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

217

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 216–221, 2010

Le pâturage des ovins dans les zones

sensibles est délicat. Si la pâture est mal

conduite, le couvert végétal se dégrade et

la diversité floristique diminue. Dans ce

contexte, il est souhaitable de développer

de nouvelles techniques de gestion des

troupeaux. L’étude menée par ACW avait

pour but d’évaluer la pâture tournante en

estivage ovin sous l’angle de la diversité

végétale. Des analyses botaniques ont été

réalisées en 2002 puis en 2009 sur 36 pla-

cettes à l’aide de la méthode de Braun-

Blanquet. Au cours des sept ans de suivi,

les principaux indicateurs (nombre d’espèces,

indices de Shannon et d’équitabilité) sont

restés stables ou ont évolué favorablement.

La végétation, en termes de composition

botanique ou de recouvrement, n’a évolué

que très faiblement pendant cette période.

Ces résultats suggèrent que le système tour-

nant, lorsqu’il est bien conduit, permet de

maintenir la diversité botanique. Les résul-

tats doivent cependant être considérés avec

prudence du fait de la durée limitée du suivi.

Une partie du troupeau était parfois ramenée dans la

partie basse de l’alpage pour y pâturer certaines zones.

Des relevés botaniques ont été réalisés en 2002 et en

2009 sur 36 placettes réparties dans les quatre parcs de

façon à couvrir les différents types de végétation. Les

observations ont été effectuées peu avant l’arrivée des

animaux. En 2002, les coordonnées géographiques des

placettes ont été déterminées à l’aide d’un GPS. Deux

plots métalliques ont en outre été placés dans le sol pour

marquer avec précision l’emplacement des placettes. En

2009, un détecteur de métal a été utilisé pour retrouver

les bornes métalliques. Les relevés, réalisés par la même

personne en 2002 et 2009, ont été effectués sur des car-

rés de 25 m² en général, en utilisant la méthode de

Braun-Blanquet (1964). La nomenclature utilisée est

celle de Flora Helvetica, de Lauber et Wagner (2000).

Analyses statistiques

Les analyses botaniques ont été mises en valeur d’après

deux critères, la liste des espèces (présence-absence) et

leur taux de recouvrement (recouvrement moyen calculé

à partir du coefficient d’abondance-dominance). Les

indices de Shannon (H) et d’équitabilité (evenness) ont été

calculés à partir des valeurs de recouvrement. L’indice de

Shannon sert à caractériser la diversité floristique d’un

milieu; dépendant de la richesse spécifique et de la struc-

ture de dominance, il se calcule selon la formule suivante:

H = – [pi·log2pi], où pi est l’abondance relative de l’espèce

i. L’équitabilité reflète la structure de dominance; cet indi-

cateur n’est pas corrélé avec la richesse spécifique: E = H /

log2q, où q est le nombre d’espèces. Les valeurs écolo-

giques moyennes de chaque placette ont également été

calculées en pondérant les valeurs indicatrices de chaque

espèce (Landolt 1977) par leur recouvrement. Enfin, une

analyse factorielle des correspondances (AfC) a permis de

mettre en évidence les gradients de végétation.

Le diagnostic phytosociologique (établissement d’une

typologie de la végétation) a été effectué à l’aide d’ana-

lyses multivariées et de techniques de groupement. Dans

la grande majorité des cas, les groupements présents sont

des mosaïques qui s’apparentent aux alliances Nardion et

Seslerion. Pour simplifier, nous avons utilisé les appella-

tions suivantes: Nardion pour les groupements caractéri-

sés par la présence d’espèces acidophiles typiques de la

nardaie (Arnica montana, Campanula barbata, etc.) sans

exclure la présence de taches d’espèces calcicoles du Sesle-

rion; Elynion pour Elynion-Seslerion; Caricion curvulae

pour la forme appauvrie du Nardion-Seslerion avec ten-

dance vers le C. curvulae; Poion alpinae pour la forme

enrichie et très pâturée du Nardion et Junipero-Laricetum

(mélèzein) pour les végétations herbacées sous un couvert

de mélèzes.

Pâture tournante en estivage ovin: effets sur la végétation | Production animale

000000000 250250250250250250250250250 500500500500500500500500500

metresmetresmetresmetresmetresmetresmetresmetresmetres

2

4

1

3

Emplacement des parcs dès 2003Limite de l'alpage (sans clôture)Clôtures électriques

Placettes de suivi de végétation

AFS_06_10_Meissner_Fig_1.pdf 1 28.05.10 11:49

Figure 1 | Emplacement des clôtures à partir de 2003. Les 36 placettes qui ont fait l’objet du suivi de végétation sont indiquées par un point rouge. Les informations concernant la surface des parcs et la répartition des placettes sont données aux tableaux 1 et 2. La partie supérieure, non clôturée, se situe au nord des quatre parcs.

Page 6: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

218 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 216–221, 2010

(Nardus stricta) et buissons, a été estimée à près de 30 %.

La pression de pâture a été sensiblement plus élevée

dans les deux parcs inférieurs que dans les parcs 3 et 4.

Dans la partie supérieure et non clôturée de l’alpage,

l’intensité de pâture était nettement plus basse que

dans la partie inférieure (12 UGB∙jours / ha versus

53  UGB∙jours/ha), en relation avec la faible offre en

herbe (2 à 3 dt MS/ha épuré). La limite entre les deux

parties correspond plus ou moins à la transition entre les

étages subalpin et alpin.

Le taux d’utilisation du fourrage permet de porter

une appréciation sur le degré d’exploitation de la res-

source pastorale. Il est obtenu en divisant la consomma-

tion théorique du troupeau par l’offre en herbe. D’après

nos estimations, le taux d’utilisation moyen du fourrage

des parcs 1 à 4 s’est élevé à 90 % (données non présen-

tées). Ce taux est élevé mais reste acceptable si l’on

considère que la végétation non consommable (surtout

le nard raide) n’est pas considérée dans le calcul.

Relevés botaniquesAu total, 197 espèces végétales ont été recensées sur les

36 placettes. Un peu plus de trois quarts des placettes

présentent un bilan «positif» ou «stable»; cela signifie

que les nouvelles observations (présence d’une espèce

sur une placette en 2009 mais pas en 2002) ont été au

moins aussi nombreuses que les observations non renou-

velées (absence en 2009 mais présence en 2002). Les

espèces au bilan largement positif sont, sans surprise,

des espèces ubiquistes (Anthoxanthum odoratum et

Agrostis capillaris). La stratégie de reproduction, par

exemple la viviparité ou la multiplication par les rhizomes,

explique probablement aussi la propagation plus impor-

tante de certaines espèces. C’est le cas de Poa alpina et

d’A. odoratum.

Sur les 197 espèces répertoriées, douze n’ont été

observées qu’en 2009. Ce sont pour la plupart des

espèces de pleine lumière (Kernera saxitalis, Erigeron

uniflorus, Cardamine resedifolia, Coeloglossum viride,

Dactylorhiza maculata). A l’inverse, deux espèces n’ont

plus été observées en 2009 sur les placettes, il s’agit de

Laserpitium halleri et de Pulsatilla alpina ssp. apiifolia.

En termes de nombre d’observations et de recouvre-

ment, les espèces qui ont le plus progressé sont Thymus

serpyllum agg., Trifolium pratense, Cerastium arvense

ssp. strictum et Agrostis capillaris. A l’inverse, celles qui

ont le plus régressé sont Plantago atrata et Polygonum

viviparum.

Indices de biodiversité

Le nombre d’espèces sur les placettes était en moyenne

de 34 en 2002 et de 36 en 2009. Au cours des sept ans de

R é s u l t a t s

Intensité de pâture, offre en herbe et taux d’utilisation

Le tableau 1 montre l’évolution des effectifs animaux de

2002 à 2008 ainsi que la pression de pâture par ha de

surface épurée (surface totale moins surface de pierriers

et de forêt dense). Les effectifs ovins sont restés relative-

ment stables entre 2002 et 2008. L’intensité de pâture

moyenne dans la partie clôturée était de 53 UGB∙jours/

ha épuré, pour une offre en fourrage estimée entre 8 et

11 dt MS/ha de surface épurée. Dans cette partie, la pro-

portion de végétation non consommable, nard raide

Production animale | Pâture tournante en estivage ovin: effets sur la végétation

Figure 2 | Analyse factorielle des correspondances (AfC) avec les relevés effectués en 2002 et 2009 sur l’alpage de Niven (n = 72). Les symboles représentent les différents types de végétation. Les deux axes expliquent 17,8 % de la variance totale. Les points cen-troïdes des différents types de végétation, des parcs et des années apparaissent sur le plan (projection passive).Les placettes sont désignées par l’année du relevé (A = 2002 / B = 2009) et par un numéro (de 1 à 36). Pour des raisons de lisibilité, seules les étiquettes de quelques placettes sont indiquées.

Page 7: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

219Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 216–221, 2010

Valeurs de Landolt

Globalement, les changements de végétation entre

2002 et 2009 sont toutefois restés (très) limités. L’analyse

factorielle des correspondances (fig. 2) montre que la

variable «année» n’explique qu’une part infime de la

variation entre relevés: les points centroïdes 2002 et

2009 sont restés très proches l’un de l’autre. La projec-

tion passive des valeurs de Landolt confirme que le

gazon des crêtes ventées est le groupement avec les

valeurs de pH, de lumière et de continentalité les plus

élevées (données non présentées). A l’inverse, le

mélèzein et le Poion possèdent des valeurs de subs-

tances nutritives et de températures généralement plus

élevées que les autres groupements. Le tableau 3

montre les valeurs écologiques moyennes dans les parcs

1 à 4. On constate en particulier une augmentation des

valeurs de température dans les parcs inférieurs (1 et 2).

A l’échelle de l’alpage, le test par appariement (2002–

2009) révèle que la valeur de température a significati-

vement augmenté (p = 0,04). Les autres valeurs écolo-

giques ne présentent pas d’écart statistiquement

significatif.

Pâture tournante en estivage ovin: effets sur la végétation | Production animale

suivi, la richesse spécifique a augmenté sur 27 des 36 pla-

cettes. Le test t par appariement montre que les diffé-

rences entre 2002 et 2009 sont hautement significatives

(p < 0,01). Les parcs 2 et 4 sont ceux dont le nombre d’es-

pèces a le plus augmenté (tabl.  2). L’indice moyen de

Shannon (H) n’a que peu évolué, passant de 3,2 en 2002

à 3,3 en 2009. C’est surtout dans les parcs du bas (1 et 2),

situés à la limite supérieure de la forêt, que l’augmenta-

tion des indices de Shannon et d’équitabilité est la plus

manifeste. C’est aussi dans ces deux parcs que le change-

ment d’exploitation a été le plus marqué. Avant 2000,

ces parcs étaient peu parcourus; depuis 2000, avec l’ins-

tallation des clôtures, l’intensité de pâture y est plus

forte. Ces changements ont amélioré les conditions de

lumière près du sol et probablement favorisé les plantes

de pelouses pâturées. En considérant les changements

sous l’angle phytosociologique, on constate que l’aug-

mentation des indices s’observe surtout pour le pâtu-

rage maigre acide (nardaie) et le mélèzein. Ces deux

groupements sont favorisés par la pâture, contraire-

ment au gazon des crêtes ventées (Elynion) qui y est très

sensible.

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 moyenne

EffectifsBrebis 612 615 629 651 673 637 541 623Agneaux 519 465 395 295 451 399 247 396Chevaux 0 7 8 6 7 10 9 7

Durée d’estivage 82 91 92 92 86 92 92 90

Intensité de pâture1

Parc 1 (11 ha) 133 65 73 59 76 63 67 77Parc 2 (20 ha) 77 70 88 64 88 78 69 76Parc 3 (25 ha) 56 54 44 63 57 55 50 54Parc 4 (47 ha) 45 28 38 46 36 38 30 37Parcs 1 – 42 (102 ha) 63 46 53 55 55 52 47 53Haut3 (344 ha) 8 16 14 12 14 14 10 12

1 Les coefficients ugB utilisés pour le calcul sont de respectivement 0,13, 0,06 et 0,80 pour les brebis, les agneaux et les chevaux. 2 moyenne pondérée par la surface des parcs 1 à 4. 3 Partie non clôturée au-dessus de 2350 m d’altitude. Les valeurs indiquées entre parenthèses sont des surfaces épurées.

Tableau 1 | Effectifs des animaux, durée d’estivage (j) et intensité de pâture (UGB∙j/ha épuré) sur l’alpage de Niven entre 2002 et 2008

Parc Placettes (n)

Nombre d’espèces Indice de Shannon Indice d’équitabilité

2002 2009 Ecart 2002 2009 Ecart 2002 2009 Ecart

1 3 32 31 –1 % 3,0 3,3 8 % 0,61 0,66 9 %

2 8 36 39 11 % 3,2 3,5 10 % 0,62 0,66 7 %

3 9 37 38 4 % 3,2 3,3 3 % 0,62 0,63 2 %

4 16 32 35 11 % 3,3 3,3 1 % 0,66 0,66 –2 %

Moyenne1 34 36 4 % 3,2 3,3 7% 0,64 0,65 1 %

Tableau 2 | Richesse en espèces végétales, indices de Shannon et d’équitabilité; moyenne par parc

1 moyenne arithmétique des 36 placettes.

Page 8: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

220 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 216–221, 2010

C o n c l u s i o n s

L’introduction de la pâture tournante en 2000 a entraîné

des changements en ce qui concerne l’intensité de

pâture sur l’alpage:

•• La pression est logiquement devenue plus forte dans

les deux parcs inférieurs. En effet, avant 2000, cette

zone était soumise en certains endroits à la recoloni-

sation forestière.

•• Dans la partie supérieure de l’alpage, le nouveau sys-

tème de pâture a au contraire contribué à limiter la

pression. Cette zone abrite de nombreuses plantes

très sensibles à l’action répétée du broutage.

•• Le passage du libre parcours à la pâture tournante a

eu un effet plutôt favorable sur la végétation: au

cours des sept ans de suivi, les principaux indicateurs

(nombre d’espèces, indices de Shannon et d’équitabi-

lité) sont restés stables ou ont évolué favorablement.

•• A Niven, dans la partie clôturée de l’alpage, une inten-

sité de pâture moyenne de 75 UGB∙jours/ha s’est révé-

lée adéquate pour maintenir la diversité floristique

dans la zone située entre 1950 et 2100 m d’altitude.

Dans la zone comprise entre 2100 et 2350 m, une in-

tensité de pâture de 35 à 50 UGB∙jours/ha semble

adaptée.

•• Les valeurs indicatrices de Landolt montrent une aug-

mentation des valeurs de température, particulière-

ment dans les deux parcs inférieurs (1950–2100 m), ce

qui pourrait s’expliquer par le développement d’es-

pèces favorisées par la pâture, sans exclure une in-

fluence du réchauffement climatique. Une augmenta-

tion conjointe des valeurs de substances nutritives n’a

pas été constatée.

•• La portée de ces différents résultats doit cependant

être relativisée par la courte durée du suivi. n

Le réchauffement climatique, particulièrement sensible

dans les régions de montagne, est un facteur d’expan-

sion et de colonisation de nouvelles espèces de plantes

herbacées. Ce phénomène est bien documenté à l’étage

alpin, spécialement près des sommets (Vittoz et al.

2009a). A l’étage subalpin, les changements de végéta-

tion semblent plus lents qu’à l’étage alpin: la couverture

des plantes herbacées y est plus dense et l’apparition de

nouvelles espèces pourrait être limitée par la concur-

rence des espèces en place. Vittoz et al. (2009b) indi-

quent que, dans cette zone, les changements de gestion

ont généralement plus d’effet sur la végétation que les

changements climatiques. A Niven, c’est dans les parcs

inférieurs que les pratiques d’exploitation ont le plus

changé. Le passage d’un état de sous-exploitation à une

pression de pâture d’environ 75 UGB∙jours/ha a proba-

blement favorisé des espèces relativement tolérantes à

la pâture. Parmi elles, on trouve entre autres des plantes

de moyenne altitude (Agrostis capillaris, Hieracium lac-

tucella, Trisetum flavescens), ce qui tend à indiquer que

le facteur «température» a également joué un rôle dans

cette évolution. Les changements de végétation obser-

vés au cours des 7 ans restent malgré tout limités et ne

permettent pas de tirer des conclusions définitives

quant à l’effet respectif des deux facteurs précités.

Production animale | Pâture tournante en estivage ovin: effets sur la végétation

Humidité pH Subst. nutritives Lumière Température

2002 2009 2002 2009 2002 2009 2002 2009 2002 2009

Parc 1 2,92 2,87 2,83 2,82 3,04 2,93 3,90 3,81 2,36 2,58

Parc 2 2,73 2,68 2,57 2,64 2,48 2,54 3,92 3,92 2,28 2,35

Parc 3 2,60 2,59 2,92 2,90 2,25 2,24 4,13 4,10 2,00 2,02

Parc 4 2,56 2,56 2,68 2,64 2,21 2,20 4,10 4,08 1,85 1,86

Alpage 2,64 2,62 2,73 2,72 2,35 2,34 4,05 4,03 2,03 2,07

P1 0,21 0,67 0,80 0,22 0,04

Tableau 3 | Valeurs de Landolt, moyennes par parc

Le nombre de placettes par parc est indiqué dans le tableau 2. 1Test de t pour échantillons appariés (2002–2009) sur l’ensemble des 36 placettes.

Page 9: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

221Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 216–221, 2010

Pâture tournante en estivage ovin: effets sur la végétation | Production animale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Rotational grazing with sheep on a

high altitude pasture: impact on the

vegetation

The use of high altitude pastures with

sheep is delicate. A bad management

is a threat to the vegetation and the

diversity of the flora diminishes. The

goal of the study was to assess the

effect of a strict pasture rotation on

the diversity of vegetation. Botanical

analyses have been carried out in 2002

and 2009 on 36 plots by means of the

Braun-Blanquet method. During this

period, the main indicators (number

of species, indexes of Shannon and

evenness) remained stable or evolved

positively. The vegetation, in terms of

botanical composition and abundance,

did not undergo any important

changes. The results suggest that the

rotation pasture, if well managed,

enables at maintaining the diversity

of the vegetation. However, due to the

short span of time of the survey, the

results have to be interpreted with

care.

Key words: alpine vegetation, sheep,

rotational grazing, botanical composi-

tion, species diversity.

Pascolo a rotazione durante l’alpeggio

di ovini: effetti sulla vegetazione

Il pascolo ovino nelle zone sensibili è

delicato. Se il pascolo è mal condotto,

la copertura vegetale si degrada e la

diversità floristica diminuisce. In

questo contesto è auspicabile

sviluppare delle nuove tecniche di

gestione dei greggi. Lo studio,

condotto da ACW, aveva l’obiettivo

di valutare la rotazione del pascolo

durante l’alpeggio degli ovini dal

punto di vista della diversità vegetale.

Negli anni 2002 e 2009 sono state

realizzate delle analisi botaniche su

36 aree utilizzando il metodo di Braun-

Blanquet. Nel corso dei sette anni di

monitoraggio, i principali indicatori

(numero delle specie, indice di

Shannon e di equivalenza) sono

rimasti stabili o sono evoluti favorevol-

mente. Durante questo periodo la

vegetazione, in termini di composi-

zione botanica o di copertura, è evo-

luta solo molto leggermente. Questi

risultati suggeriscono che il sistema a

rotazione, se è ben condotto, permette

di mantenere la diversità botanica.

I risultati devono comunque essere

considerati con prudenza visto la

durata limitata del monitoraggio.

Bibliographie b Braun-Blanquet J., 1964. Pflanzensoziologie. Grundzüge der Vegetations-kunde. Springer Verlag, Wien, 865 p.

b Landolt E., 1977. Ökologische Zeigerwerte zur Schweizer Flora. Veröffent-lichungen des Geobotanischen Institutes der Eidg. Techn. Hochschule, Stiftung Rübel, Zürich, 208 p.

b Lauber K. & Wagner G., 2000. Flora Helvetica, flore illustrée de Suisse. Haupt Verlag, Bern, Stuttgart, Wien, 1616 p.

b Office fédéral de la statistique (OFS), 2009. Agriculture suisse, statistique de poche 2008. Edité par l’OFS, 35 p.

b Troxler J. & Chatelain C., 2006. Pâture tournante avec des moutons à hau-te altitude. Revue suisse Agric. 38 (2), 53–61.

b Vittoz P., Dussex N., Wassef J. & Guisan A., 2009a. Diaspore traits discri-minate good from weak colonisers on high-elevation summits. Basic and Applied Ecology 10, 508–515.

b Vittoz P., Randin C. F., Dutoit A., Bonnet F. & Hegg O., 2009b. Low impact of climate change on subalpine grasslands in the Swiss Northern Alps. Global Change Biology 15, 209–220.

Page 10: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

222 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 222–227, 2010

P r o d u c t i o n a n i m a l e

allaitante et du veau pris séparément pour les nom-

breuses races présentes en Suisse. Ce manque d’informa-

tions tient d’une part à la difficulté d’obtenir des don-

nées séparées de la vache allaitante et du veau et d’autre

part à leurs besoins qui sont presque entièrement cou-

verts par le fourrage de base. Ce dernier fait provient de

la production laitière modeste et de la consommation

de fourrage peu importante des vaches allaitantes, liées

aux caractéristiques génétiques des races à viande. L’in-

gestion de fourrage des vaches allaitantes a donc jusqu’à

présent été estimée de manière globale en se basant sur

I n t r o d u c t i o n

Il existe beaucoup de données de base qui permettent

d’estimer la consommation de fourrage de la façon la

plus fiable possible dans l’ingestion des vaches laitières.

S’agissant des vaches allaitantes et de leurs veaux, il

n’existe en Suisse que peu de données de base sur leur

consommation. Par intérêt et pour leurs besoins, la vul-

garisation, l’enseignement et la pratique souhaiteraient

disposer de davantage de connaissances sur ce thème. Il

existe surtout peu de données d’ingestion de la vache

Ingestion de fourrage et évolution du poids de vaches allaitantes suitéesMarc Boessinger1,2, Jacques Emmenegger2, André Chassot3, et Isabelle Morel3

1AGRIDEA, Tierhaltung & Lebensmittelqualität, 8315 Lindau2ETH Zürich, Institut für Pflanzen-, Tier- und Agrarökosystemwissenschaften IPAS , 8092 Zürich3Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux

Renseignements: Marc Boessinger, e-mail: [email protected], tél. +41 52 354 97 68

Les nombreuses races de vaches allaitantes présentes en Suisse ont des niveaux d’ingestion et de performance parfois très différents.

Phot

o: M

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Boes

sing

er, A

GR

IDEA

Page 11: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

223Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 222–227, 2010

Ingestion de fourrage et évolution du poids de vaches allaitantes suitées | Production animale

Les données d’un essai de quatre ans du

projet «Typo» d’Agroscope ALP ont été éva-

luées dans le cadre d’un travail de bachelor

à l’EPF de Zurich. Elles concernent l’ingestion

de fourrage et l’évolution du poids vif de

vaches allaitantes de race Angus, Limousin,

Hérens et d’un croisement Limousin x Red

Holstein (F1) et ont été recueillies pendant

l’affouragement hivernal. Avec une ingestion

de fourrage supérieure à 14 kg de matière

sèche (MS) par jour, la consommation de

fourrage des animaux Angus et des croise-

ments F1 dépasse les recommandations

suisses actuelles. Chez les vaches allaitantes

de race Limousin, on observe au contraire

une consommation de fourrage de 10 %

inférieure à celles des autres races. C’est au

troisième mois de lactation que la consom-

mation est maximale. Une mobilisation

d’énergie de 4 à 10 MJ NEL par jour est aussi

constatée chez les vaches allaitantes lors des

deux premiers mois de lactation. Suivant les

nouvelles données de base françaises d’esti-

mation de consommation et en combinaison

avec les données du projet «Typo», une for-

mule d’estimation de la consommation de

fourrage pour les races suisses de vaches

allaitantes a été élaborée dans ce même tra-

vail. Les modèles d’estimation de consomma-

tion ont été testés par la suite dans une

exploitation agricole; une différence de 4 %

au maximum a été observée entre les

consommations estimées et mesurées. Un

modèle d’estimation simple, prenant en

compte la race, le poids vif de la vache allai-

tante, la teneur en énergie de la ration et une

correction pour la gestation, le mois de lacta-

tion et le nombre de lactations, est proposé

pour une utilisation plus générale.

Rés

um

é

le modèle des vaches laitières légères et celle des veaux

de vaches allaitantes sur les données pour le jeune bétail

d’engraissement avec une déduction de 10 %.

Les différents labels, comme Natura-Beef, exigent

que les veaux soient mis sur le marché avec une bonne

conformation juste après leur sevrage. Cela nécessite un

gain quotidien plus de 1000 g, ce qui exige une produc-

tion laitière suffisante de la vache allaitante, ainsi qu’un

excellent fourrage et un affouragement complémen-

taire adapté pour le veau. Le contrôle et l’estimation

spécifique de la consommation de fourrage de la vache

allaitante et du veau servent à assurer que la vache

puisse produire le lait nécessaire à la croissance du veau

et que le veau atteigne réellement les buts de croissance

fixés en fonction de sa capacité d’ingestion de fourrage.

Ces connaissances spécifiques permettent aussi, avec

l’aide d’un outil de planification d’alimentation adapté,

d’utiliser de manière optimale les fourrages de l’exploi-

tation ou, en cas de besoin, de les compléter avec du

fourrage acheté.

Un travail de bachelor entrepris à l’EPF de Zurich,

(Emmenegger 2009) consistait à analyser les données

expérimentales de plusieurs années sur l’évolution du

poids et de l’ingestion de fourrage de la vache allaitante

et de son veau pour différentes races. Pour cette expé-

rience, des troupeaux de vaches allaitantes du projet

«Typo» de la Station de recherche Agroscope Liebefeld-

Posieux (ALP) ont été utilisés. Des formules d’estimation

de l’ingestion de fourrage pour les vaches allaitantes de

races suisses, applicables à la pratique, ont été élaborées

sur la base de ces données et des modèles français de

l’INRA. Les modèles d’estimation d’ingestion élaborés

ont par la suite été validés et appliqués sur une exploita-

tion agricole.

Connaître la consommation de fourrage des vaches allaitantes et des veaux est utile à la pratique et à la vulgarisation pour planifier l’affourragement et établir un bilan précis des éléments nutritifs.

Pho

to: I

sabe

lle M

orel

, ALP

Page 12: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

224 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 222–227, 2010

Production animale | Ingestion de fourrage et évolution du poids de vaches allaitantes suitées

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Evolution du poids vif des vaches allaitantes

L’évolution du poids vif des vaches allaitantes au cours

des 18 semaines de lactation est illustrée dans la figure 1.

Elle donne des informations sur la mobilisation de l’éner-

gie dans la phase de départ, où la perte de poids des

deux premiers mois se situe entre 10 et 25 kg selon la

race. Ceci correspond à une mobilisation d’énergie à

base de graisse corporelle de 4 à 10 MJ NEL par jour.

Cette mobilisation est normale pour des vaches allai-

tantes et n’a pas causé de problème, de type cétose par

exemple, pendant l’essai.

Pendant les premiers mois de lactation, l’estimation

hebdomadaire du BCS était la plupart du temps corrélée

avec l’évolution du poids des vaches allaitantes, bien

que des différences de niveau assez grandes apparais-

sent selon les races. Ces différences s’expliquent pour les

vaches allaitantes F1 par le fait que ce sont des vaches à

viande atypiques: lourdes, de grand format et pas très

charnues. Leur BCS est par conséquent plus faible. Chez

les vaches d’Hérens, c’est leur petit format qui conduit

également à une valeur BCS plus faible.

Poids vif et accroissement journalier des veaux

L’évolution du poids vif des veaux est représentée à la

figure 2. Les veaux Angus, Limousin et F1 se sont déve-

loppés de manière similaire, bien que les veaux F1 profi-

tent apparemment de la plus grande production laitière

de leur mère, due à la génétique de celle-ci. Pendant la

même période, l’accroissement des veaux de la race

d’Hérens est resté très inférieur à celui des autres races.

Les gains quotidiens de poids, illustrés à la figure 3, mon-

trent une légère dépression entre le deuxième et le troi-

sième mois. La raison n’est pas connue, mais pendant

cette période, le nombre de diarrhées était plus élevé,

ce qui laisse supposer une incidence accrue d’infections.

M é t h o d e

L’essai a eu lieu entre 2004 et 2008 à la Station de recherche

Agroscope ALP, à Posieux, avec en moyenne 10 vaches

allaitantes de chacune des races Angus (An), Limousin (Li),

Hérens (Hr) et des vaches F1 (Limousin x Red Holstein; Li x

RH). Les vaches ont vêlé de novembre à janvier. Pendant la

lactation, soit du début de la lactation en période hiver-

nale jusqu’à la sortie au pâturage à partir de la 18e semaine

de lactation, les vaches ont reçu une ration à base de foin

et d’ensilage d’herbe, aux teneurs et proportions iden-

tiques, qui a été remplacée pendant la période de tarisse-

ment par du foin écologique. En plus du lait de leur mère,

les veaux ont reçu un foin de très bonne qualité dans leur

box.

La quantité de fourrage ingérée par les vaches a été

relevée individuellement dans le temps de manière élec-

tronique. Les données concernant l’ingestion des veaux

ont été notées par groupe. Les vaches ont été pesées

toutes les semaines et les veaux deux fois par mois. En plus,

la note d’état corporel (BCS = Body Condition Score) des

vaches a été estimée chaque semaine. Sur les 4 ans d’expé-

rimentation, les troupeaux ne comptaient pas toujours le

même nombre d’individus. C’est pourquoi les données

ont été groupées par race et analysées en fonction de la

semaine de lactation (semaine 1 – 18).Les relevés de la pratique ont été réalisés dans l’ex-

ploitation de l’École d’agriculture de Strickhof-Wülflin-

gen pendant l’hiver 2008/2009 et ont porté sur l’inges-

tion de fourrage solide, l’évolution du poids des vaches

allaitantes des races Charolais et Simmental (avec res-

pectivement 10 et 18 animaux) et l’évolution du poids

des veaux (27 veaux).

Les données de base françaises pour l’estimation de

l’ingestion des vaches allaitantes et des veaux (INRA,

2007) ont servi de base à l’élaboration d’une formule d’es-

timation de l’ingestion des vaches allaitantes de races

suisses.

30

50

70

90

110

130

150

170

190

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18Semaine de lactation

Lebendgewicht [kg]

AnF1HrLiPo

ids

vif (

kg)

Figure 2 | Évolution de poids vif des veaux selon la race (An: Angus, Hr: Hérens, Li: Limousin, F1: Li x RH).

400

450

500

550

600

650

700

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18Semaine de lactation

Lebendgewicht [kg]

AnF1HrLiPo

ds v

if (k

g)

Figure 1 | Évolution du poids vif des vaches allaitantes selon la race (An: Angus, Hr: Hérens, Li: Limousin, F1: Li x RH).

Page 13: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

225Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 222–227, 2010

Ingestion de fourrage et évolution du poids de vaches allaitantes suitées | Production animale

on remarque que les vaches de la race d’Hérens man-

gent presque autant que les Angus et les F1, tandis que

la plus faible consommation de fourrage des vaches

Limousin s’accentue encore (fig. 5).

L’influence du nombre de lactations sur la consom-

mation de fourrage des vaches allaitantes est bien

visible. Les primipares sont encore dans une phase de

croissance et ingèrent moins de fourrage du fait de leur

poids corporel plus faible (fig. 6).

Ingestion de fourrage des veaux

Dans le projet «Typo», l’ingestion individuelle de four-

rage des veaux de vache allaitante n’a pas pu être mesu-

rée, car ils étaient détenus en groupe. D’autre part, ils

n’avaient pas accès aux crèches des vaches allaitantes.

Les quantités de fourrages consommées dans leur box

étaient faibles, très variables, et les restes de fourrage

relativement élevés par rapport aux quantités distri-

buées. Une évaluation séparée de l’ingestion des veaux

n’a pas pu être faite en raison du manque de précision

des données.

Estimation de l’ingestion de fourrage

Les modèles existants d’estimation d’ingestion de four-

rage des vaches allaitantes tels que celui de l’INRA (Aga-

Par la suite, les veaux ont évolué à nouveau normale-

ment, à l’exception des veaux de la race d’Hérens dont le

gain quotidien a diminué à partir de la 15e semaine.

Ingestion de fourrage des vaches allaitantes

Dans les premiers mois de lactation, l’évolution de l’in-

gestion des vaches allaitantes est semblable pour toutes

les races. Dès le vêlage, les vaches consomment entre 8 et

11 kg MS par jour. Comme pour les vaches laitières, l’in-

gestion maximale de fourrage semble être atteinte au

troisième mois de lactation avec 11 à 14 kg MS. Pour

toutes les races, l’ingestion maximale de fourrage dépasse

d’environ 4,5 kg MS (An: 4,7 kg; F1: 4,7 kg; Li: 4,8 kg; Hr:

4,2 kg) celle de la première semaine de lactation.

Les vaches des races Hérens et Limousin consomment

moins que les Angus et les F1. Pour les premières, cette

différence s’explique par leur plus petit format et leur

poids plus léger. Chez les vaches Limousin, cet aspect

reste inexpliqué, mais il est connu des Français qui indi-

quent dans leurs recommandations d’affouragement

(INRA, 2007) qu’une réduction de 8 à 10 % de la consom-

mation des Limousin par rapport aux vaches de même

format est normale.En analysant la consommation de fourrage des races

de vaches allaitantes en fonction du poids métabolique,

400500600700800900

1000110012001300

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18Semaine de lactation

Tageszuwachs [g/Tag]

AnF1HrLi

Gai

n qu

otit

ien

(g/jo

ur)

Figure 3 | Gain quotidien journalier des veaux selon la race (An: Angus, Hr: Hérens, Li: Limousin, F1: Li x RH).

6789

101112131415

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18Semaine de lactation

Futterverzehr [kg TS/Tag]

AnF1HrLi

Inge

stio

n (k

g M

S/jo

ur)

Figure 4 | Ingestion de fourrage selon la race (An: Angus, Hr: Hérens, Li: Limousin, F1: Li x RH).

0.070.080.080.090.090.100.100.110.110.120.12

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18Semaine de lactation

Futterverzehr [kg/kg

metabolisches K_rpergewicht]

AnF1HrLi

Inge

stio

n (K

g M

S/kg

poi

dsm

_tab

oliq

ue)

Figure 5 | Ingestion de fourrage des vaches allaitantes par kilo de poids métabolique (An: Angus, Hr: Hérens, Li: Limousin, F1: Li x RH).

56789

101112131415

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18

Futterverzehr K_he

[kg TS/Tag]

An primip F1 primip

Semaine de lactation0 2 4 6 8 10 12 14 16 18

Inge

stio

n va

ches

(kg

MS/

jour

)

Hr primipLi primipAn multipF1 multipHr multipLi multip

Figure 6 | Ingestion de fourrage des vaches allaitantes selon le nombre de lactations et la race (An: Angus, Hr: Hérens, Li: Limousin, F1: Li x RH; primip: primipare, multip: multipare).

Page 14: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

226 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 222–227, 2010

Production animale | Ingestion de fourrage et évolution du poids de vaches allaitantes suitées

C o n c l u s i o n s

•• Les évaluations précédentes montrent que les fac-

teurs suivants exercent une influence sur l’estimation

de la consommation de fourrage et doivent être pon-

dérés de manière spécifique dans le modèle d’une for-

mule de consommation pour les vaches allaitantes: la

race, le poids vif, la production laitière, le stade de

lactation, le nombre de lactations et éventuellement

le BCS (Body Condition Score).

•• Ces facteurs ont déjà été pris en compte dans les bases

de calcul françaises (INRA 2007) pour l’estimation de

la consommation des vaches allaitantes. Dans les éva-

luations du travail de bachelor, le BCS ne semble pas

avoir d’effet. C’est pourquoi il n’a pas été intégré dans

la formule d’estimation proposée.

•• De plus, les quantités ingérées et l’évolution du poids

des vaches allaitantes et des veaux mesurés au cours

de l’essai d’ALP ne correspondent pas dans tous les cas

aux résultats français pour les mêmes races.

•• Il s’avère donc nécessaire d’effectuer de nouveaux re-

levés avec les nombreuses autres races de vaches allai-

tantes suisses pour évaluer et valider les modèles éla-

borés jusqu’à aujourd’hui.

•• A cet effet, d’autres études comparatives de races de

vaches allaitantes sont actuellement en cours à ALP. n

briel et Hour 2007) ou du plan d’affouragement électro-

nique d’AGRIDEA (2009), élaborés à partir des

propositions françaises et adapté aux races suisses de

vaches allaitantes, ont l’inconvénient de comporter de

nombreux paramètres, constamment à adapter et géné-

ralement difficiles à estimer, comme par exemple le BCS

et la production laitière de la vache allaitante. Le modèle

linéaire élaboré au cours du travail de bachelor repose

principalement sur des données expérimentales et se

base sur des facteurs faciles à estimer ou connus comme

le poids vif, la semaine de lactation, le nombre de lacta-

tions, l’énergie de la ration et la race de la vache allai-

tante. Plusieurs formules d’estimation de la consomma-

tion de fourrage des vaches allaitantes avec différents

niveaux de complexité ont été élaborées à partir de ces

données. Après avoir comparé les calculs de la formule

théorique avec les relevés de consommation sur l’exploi-

tation de Strickhof-Wülflingen avec des vaches allai-

tantes Simmental et Charolais, le modèle suivant est

proposé pour la vulgarisation, la formation et la pra-

tique.

Estimation de la consommation de la vache allaitante

Consommation totale de MS (kg MSCtot)

kg MSCtot = Irace + 1,4 x NELration + 0,0147 x PVvache allaitante – 4,1

Indices des races:

Angus: 0,7, Limousin: 0,2; Hérens: 0,0; Simmental: 0,7;

Charolais: 0,4; Vaches-F1 (Li x RH): 1,2

Corrections:

•• gestation: -4,3 kg MS

•• 1er mois de lactation: -1,3 kg MS

•• vaches primipares: -0,3 kg MS

Page 15: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

227Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 222–227, 2010

Ingestion de fourrage et évolution du poids de vaches allaitantes suitées | Production animale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Feed consumption and live weight per-

formance of suckler cows with calves

As part of a bachelor thesis at the ETH

Zurich, data of a four-year experiment of

Agroscope ALP Project «Typo» were evalu-

ated. From suckler cows of the breeds

Angus, Limousin, Eringer and the cross-

bred type Limousin x Red Holstein, feed

intake and live weight performance were

measured during winter feeding periods.

With feed intake of over 14 kg DM in

Angus and the crossbred cows, the total

food consumption is higher than in latest

Swiss feed recommendations for suckler

cows. In Limousin cows a significantly

lower feed intake of 10 % was observed,

compared to the other breeds. The maxi-

mum feed intake of suckler cows takes

place around the third month of lactation.

Energy mobilization of about 4 to 10 MJ

NEL per day is to be expected in cows

within the first two months of lactation.

As a further part of the thesis, a formula

was derived for estimating the food con-

sumption of Swiss suckler beef breeds,

based on recent French formula-bases

combined with data from the project

"Typo". The model assumptions used to

estimate consumption were tested in on-

farm research and the differences

between estimated and actual weight of

feed consumption didn’t exceed 4 %. For

further application, a simplified estimation

model is proposed including breed and

live weight of the suckling cow, energy

content of the feed ration and modifica-

tions due to pregnancy, month of lactation

and lactation number.

Key words: suckler beef, forage intake,

weight performance, estimation model.

Assunzione di foraggio e sviluppo del

peso di vacche nutrici con vitelli

Nell’ambito di un lavoro di Bachelor

all’ETH di Zurigo sono stati analizzati dati

di una ricerca quadriennale del progetto

«Typo» condotta da Agroscope ALP.

Durante il foraggiamento invernale sono

stati raccolti dati sulla consumazione del

foraggio e dello sviluppo del peso vivo

delle razze vacche nutrici Angus, Limousin,

Eringer e del incrocio del tipo Limousin x

Red Holstein. Con un’assimilazione del

foraggio di più di 14 kg di materia secca

negli animali delle razze Angus e incroci

F1, la consumazione di foraggio è più alta

che nelle esistenti raccomandazioni di

foraggiamento svizzere. Nelle vacche

nutrici della razza Limousin è osservata

una consumazione ridotta di circa del 10 %

in confronto alle altre razze. Il consumo

massimo di foraggio per vacche nutrici si

situa intorno al terzo mese di lattazione.

E’ da prevedere una mobilizzazione ener-

getica tra 4 e 10 MJ NEL per giorno per le

vacche nutrici nei primi due mesi di latta-

zione. All’interno del lavoro di Bachelor si

sono combinati i nuovi dati di base fran-

cesi, sulla stima del consumo di foraggio,

con quelli emersi dal progetto «Typo» così

da poter dedurre una formula per la stima

del consumo di foraggio per le vacche

nutrici delle razze svizzere. Il modello di

stima del consumo é stato testato in

un’azienda; la differenza tra quantità

stima e pesata era al massimo del 4 %.

Per l’uso futuro si propone un modello

semplificato a dipendenza di razza e peso

vivo delle vacche nutrici, del contenuto

energetico della razione foraggiera e una

correzione per gestazione, mese di latta-

zione e numero di lattazioni.

Bibliographie b Agabriel J. & Hour D., 2007. Tables INRA, Alimentation des bovins, ovins et caprins. Besoins des animaux – Valeurs des aliments. Alimentation des vaches allaitantes; Edition Quae c/o INRA, 78026 Versailles Cedex, 57 – 77.

b AGRIDEA, 2007. PAFF 7.4, application Excel pour la planification de L'affouragement des ruminants.

b ALP, 2010. Apports alimentaires recommandés et tables de la valeur nut-ritive des aliments pour les ruminants. Edition en ligne. Editeur: Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Posieux. Accès: http://www.alp.admin.ch/documentation.

b Emmenegger J., 2009. Futteraufnahme und Lebendgewichtsentwicklung von Mutterkühen und Mutterkuhkälbern unterschiedlicher Rassen im Lebensabschnitt Geburt bis zum Absetzen. Bachelorarbeit des Instituts für Pflanzen-, Tier- und Agrarökosystemwissenschaften IPAS, ETHZ, 2009, 415 p.

Page 16: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

228 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 228–231, 2010

P r o d u c t i o n a n i m a l e

Désiler une quantité de fourrage suffisante est primordial pour contrer les post-fermentations.

I n t r o d u c t i o n

Lors de la distribution des ensilages dans les exploitations

agricoles, les post-fermentations au moment du désilage

représentent un problème majeur dans les ensilages

d’herbe et de maïs. Ce sont en général les ensilages de

bonne qualité qui sont concernés, c’est-à-dire ceux qui sont

riches en sucres résiduels et en acide lactique et pauvres en

acide acétique. Les post-fermentations sont favorisées par

un mauvais compactage de l’ensilage et des quantités de

prélèvements trop faibles lors de l’affouragement. L’utilisa-

tion ciblée d’un agent conservateur d’ensilage permet de

maîtriser le problème des post-fermentations. A cet effet, il

est nécessaire de pouvoir disposer d’agents conservateurs

d’ensilage efficaces (fig. 1). Dans cet essai, l’efficacité de

l’agent conservateur d’ensilage Silostar Protect a été testée,

ce produit étant supposé prévenir les post-fermentations

des ensilages d’herbe préfanée.

M é t h o d e

L’essai a été réalisé avec de l’herbe de prairies tempo-

raires riches en graminées, en particulier en ray-grass,

issue du premier et du deuxième cycle. Le fourrage a été

préfané à 40 % de MS, haché à une longueur de 1 à 2 cm

et ensilé dans des silos de laboratoire d’une contenance

de 1,5 litre. L’objet du test était un agent conservateur

d’ensilage, le Silostar Protect, déjà utilisé au cours de

l’année dernière pour les ensilages de maïs (Wyss 2009).

Cet agent conservateur chimique contient du benzoate

de sodium, du formate de calcium et du sorbate de po-

tassium. Parallèlement, un contrôle négatif sans additifs

et un contrôle positif avec du Luprosil, contenant de

l’acide propionique, ont été considérés dans l’essai

comme variantes de comparaison. Les variantes et do-

sages des agents conservateurs d’ensilage utilisés figu-

rent dans le tableau 1. La durée d’ensilage s’est élevée à

Ueli Wyss, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux

Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: [email protected], tél. +41 26 407 72 14

Agents conservateurs d’ensilage : résultats des tests de 2009

Phot

o: U

. Wys

s, A

LP

Page 17: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

229Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 228–231, 2010

Rés

um

é

L’efficacité de l’agent conservateur

d’ensilage Silostar Protect, supposé

améliorer la stabilité aérobie des ensilages

d’herbe préfanée, a été testée. Les fourrages

expérimentaux utilisés pour le test pro-

venaient d’un mélange riche en graminées

récolté au premier et au deuxième cycle. Les

fourrages ont été préfanés et ensilés dans

des silos de laboratoire à une teneur en

matière sèche (MS) de 40 %. En plus de la

variante testée avec le produit Silostar

Protect, une variante sans agent conser-

vateur (contrôle négatif) et une variante

avec Luprosil (contrôle positif) ont servi de

témoin. La durée d’ensilage était de 56 jours.

Sept jours avant l’ouverture des silos, les

ensilages ont été exposés à un stress aérobie.

Tous les ensilages ont présenté une bonne

qualité de fermentation et ont atteint des

points DLG (Deutsche Landwirtschafts-

Gesellschaft) élevés. Aucun ensilage du pre-

mier cycle ne s’est échauffé. Autant le

contrôle positif (Luprosil) que l’agent conser-

vateur testé Silostar Protect ont permis

d’améliorer la stabilité aérobie des ensilages

du deuxième cycle, par rapport à la variante

sans agent conservateur.

Agents conservateurs d’ensilage: résultats des tests de 2009 | Production animale

56 jours. Les silos ont été stockés à une température de

20 °C. Une semaine avant le désilage, les ensilages ont

été soumis à un stress aérobie pendant 24 heures, en

retirant les bouchons en caoutchouc supérieurs et infé-

rieurs des silos de laboratoire.

Au cours de l’essai, les nutriments du fourrage ont

été analysés lors de l’ensilage et du désilage. En outre,

un silo de laboratoire par variante a été ouvert après

trois jours déjà afin de déterminer la valeur du pH. Dans

les ensilages, la qualité fermentaire a été déterminée

dans trois échantillons par variante au moyen de la

valeur de pH, des acides de fermentation, des teneurs en

éthanol et en ammoniac. Les pertes en gaz fermentaires

ont également été calculées. Pour évaluer globalement

la qualité de l’ensilage, les points DLG (Deutsche Land-

wirtschafts-Gesellschaft) ont été calculés (DLG 2006).

Paramètre important, la stabilité aérobie a été par

ailleurs déterminée dans les échantillons d’ensilage en

mesurant et en enregistrant la température toutes les

trente minutes. Ces mesures ont été effectuées pendant

onze jours pour le fourrage du premier cycle et dix jours

pour celui du deuxième. Les ensilages ont été qualifiés

de stables du point de vue aérobie aussi longtemps que

la température dans l’ensilage ne dépassait pas la tem-

pérature ambiante de plus de 1 °C.

Figure 1 | Le meilleur agent conservateur ne peut améliorer les ensilages provenant de silos non hermétiques ou de balles percées.

Traitement 1er cycle 2e cycle

Sans conservateur – –

Luprosil 600 g 600 g

Silostar Protect 300 g 300 g

Tableau 1 | Variantes et dosages de l'agent conservateur d'ensilage(dosage par 100 kg de fourrage frais)

Paramètre 1er cycle 2e cycle

Teneur MS (%) 38,5 38,8

Cendres (g / kg MS) 82 100

Matière azotée (g / kg MS) 158 188

Cellulose brute (g / kg MS) 188 207

Sucres (g / kg MS) 174 123

Pouvoir tampon (g / kg MS) 69 68

Nitrates (g / kg MS) 0,1 0,7

Coefficient de fermentation 59 53

NEL (MJ / kg MS) 6,3 6,5

PAIE (g / kg MS) 104 110

PAIN (g / kg MS) 105 125

Tableau 2 | Teneurs en matière sèche et en nutriments du fourrage à la mise en silo

neL: énergie nette pour la production laitière. PAie: protéines absorbables dans l'intestin, synthétisées à partir de l'énergie disponible. PAin: protéines absorbables dans l'intestin, synthétisées à partir de la matière azotée dégradée.

Page 18: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

230 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 228–231, 2010

Production animale | Agents conservateurs d’ensilage: résultats des tests de 2009

R é s u l t a t s

Teneurs du fourrage vert

Les teneurs et d’autres caractéristiques du fourrage

avant l’ensilage figurent dans le tableau 2. La teneur en

MS s’élevait à respectivement 38,5 et 38,8 % dans le four-

rage vert du premier et du deuxième cycle. Les teneurs

en matière azotée et en cellulose brute, de même que de

la teneur en NEL, montrent qu’il s’agissait d’un jeune

fourrage. Les teneurs en sucre étaient plus élevées dans

la première coupe que dans la deuxième. Avec respecti-

vement 174 et 123 g de sucre par kg de MS, le fourrage

vert en contenait suffisamment dans les deux coupes

pour la fermentation lactique. Les  teneurs en nitrate

étaient basses dans les deux coupes. Sur la base des coef-

ficients de fermentation de respectivement 59 et 53, ce

fourrage a été qualifié de facile à ensiler.

Teneurs des ensilages

Les teneurs des ensilages figurent dans le tableau 3.

Comparé au fourrage vert, les ensilages diffèrent en

particulier au niveau de la teneur en sucre. Ce dernier

a été plus ou moins fortement dégradé au cours du

processus de fermentation. C’est dans le contrôle po-

sitif que la dégradation du sucre a été la plus faible.

Celle-ci a aussi eu des effets sur les autres teneurs, qui

ont augmenté. La teneur en NEL des ensilages était de

0,1 à 0,2 MJ/kg MS en dessous de celle du fourrage

vert.

Paramètres de fermentation des ensilages

Durant les premiers jours après l’ensilage, dans tous les

traitements, la baisse du pH était peu marquée (tabl. 4).

Après 56 jours d’entreposage, le pH a atteint des valeurs

entre 4,3 et 4,6.

Paramètre1er cycle 2e cycle

sans conservateur

Luprosil Silostar Protectsans

conservateurLuprosil Silostar Protect

Teneur MS (%) 36,7 36,9 36,8 37,3 37,5 37,7

Cendres (g / kg MS) 90 89 94 101 101 107

Matière azotée (g / kg MS) 167 165 167 195 194 194

Cellulose brute (g / kg MS) 208 207 206 216 215 215

Sucre (g / kg MS) 76 131 93 57 99 72

NEL (MJ / kg MS) 6,2 6,2 6,2 6,4 6,4 6,3

PAIE (g / kg MS) 83 83 83 85 85 85

PAIN (g / kg MS) 105 104 105 123 122 122

Tableau 3 | Teneurs en nutriments des ensilages d'herbe

Paramètre

1er cycle 2e cycle

sans conservateur

Luprosil Silostar Protectsans

conservateurLuprosil Silostar Protect

pH jour 3 5,1 5,3 5,2 5,4 5,3 5,6

pH 4,3 4,4 4,4 4,4 4,6 4,5

Acide lactique (g / kg MS) 88 71 82 93 52 80

Acide acétique (g / kg MS) 20 12 18 10 6 8

Acide butyrique (g / kg MS) 2 1 2 1 1 1

Acide propionique (g / kg MS) 0 19 0 0 19 0

Ethanol (g / kg MS) 7 2 5 4 1 3

AGV/A.tot. (%) 20 31 19 11 32 10

N-NH3/N-tot. (%) 3,2 2,5 3,1 4,8 3,0 4,7

Pertes gazeuses (%) 3,5 2,0 3,0 2,2 1,1 1,8

Points DLG 100 100 100 100 96 100

Stabilité aérobie (Heures) 264* 264* 264* 150 240* 240*Diff. max. de température

(°C) 0,0 0,1 0,0 7,5 0,3 0,3

pH après test stabilité aérobie 4,4 4,4 4,4 7,4 4,6 4,5

AgV/A. tot.: proportion d'acides gras volatils par rapport au total des acides. n-nh3/n-tot.: proportion d'azote ammoniacal par rapport à l'azote total. * Les tests de post-fermentations ont été interrompus après 264 ou 240 heures.

Tableau 4 | Paramètres fermentaires et stabilité aérobie des ensilages d'herbe

Page 19: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

231Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 228–231, 2010

Agents conservateurs d’ensilage: résultats des tests de 2009 | Production animale

Dans tous les ensilages, la fermentation lactique s’est avé-

rée dominante. Dans le contrôle positif, les teneurs en

acide lactique, en acide acétique et en éthanol ont été

légèrement plus faibles que dans les deux autres variantes.

L’acide butyrique n’était présent que sous forme de trace.

Toutes les valeurs ont été inférieures à 5 g/kg de MS, ce qui

représente le seuil pour désigner les bons ensilages.

La dégradation des protéines, exprimée en propor-

tion d’azote ammoniacal par rapport à l’azote total, est

restée faible dans toutes les variantes, ce qui prouve une

bonne qualité de fermentation. Le contrôle positif a enre-

gistré dans les deux ensilages (premier et deuxième cycle)

les plus faibles pertes en gaz fermentaires. Dans l’ensilage

traité au Silostar Protect, les pertes en gaz fermentaires

ont également été inférieures à celles de la variante sans

additif. Selon l’échelle DLG, tous les ensilages ont enregis-

tré entre 96 et 100 points, ce qui correspond à une très

bonne qualité.

Stabilité aérobie

En dépit des teneurs en sucre des ensilages plus élevées au

premier cycle qu’au deuxième, aucun échauffement n’a

été constaté dans aucune variante pendant les onze jours

de relevés et les valeurs de pH n’ont pas augmenté depuis

le jour 0.

En revanche, l’ensilage non traité du deuxième cycle

s’est échauffé et le pH a fortement augmenté. Ainsi, le

Luprosil (contrôle positif) et l’agent conservateur d’en-

silage testé, en empêchant l’échauffement, se sont révé-

lés très efficaces. Les valeurs pH ne se sont pas modifiées

dans ces deux variantes.

C o n c l u s i o n s

•• La qualité fermentaire s’est révélée très bonne dans

tous les ensilages.

•• L’agent conservateur Silostar Protect a aussi amélioré

la stabilité aérobie des ensilages d' herbe préfanés lors

du désilage. n

Ria

ssu

nto

Coadiuvanti per l'insilamento: risultati dei test 

del 2009

È stata testata l'efficacia del coadiuvante per

l'insil amento Silostar Protect per il miglioramento

della stabilità aerobica in insilati d'erba appassita.

A tal fine è stata usata una miscela ricca di

graminacee, ottenuta dal primo e dal secondo

taglio, appassita fino a ridurne il tenore in

sostanza secca (SS) al 40 per cento e insilata nei

silo sperimentali. Il test prevedeva tre varianti:

una in cui veniva usato il prodotto Silostar Pro-

tect, una in cui non venivano impiegati additivi e

una, utilizzata per il controllo positivo, in cui

all'insilato veniva aggiunto il prodotto Luprosil.

L'insilamento ha durato 56 giorni.

Tutti gli insilati hanno dimostrato una buona qua-

lità fermentativa, ottenendo un elevato punteg-

gio DLG. Nessuno degli insilati del primo taglio si

è surriscaldato. Negli insilati di erba del secondo

taglio si è constatato un miglioramento della sta-

bilità aerobica sia nella variante utilizzata per il

controllo positivo sia in quella in cui è stato

testato il coadiuvante Silostar Protect rispetto alla

variante che non prevedeva l'uso di coadiuvanti

per l'insilamento.

Sum

mar

y

Silage additives: Test results 2009

The efficacy of the silage additive Silostar

Protect in improving the aerobic stability of

wilted grass silages was investigated. Forage of

a mixture containing mainly grasses from the

first and second cuts was pre-wilted to 40 %

DM and ensiled in laboratory scale silos.

Besides the variant with Silostar Protect, a vari-

ant without additive and another with propi-

onic acid (positive control) were investigated.

The storage period lasted for 56 days. Seven

days before the silos were opened, they under-

went an air-stress. All silages showed a good

fermentation quality and therefore high DLG

points.

The silages of the first cut did not heat up. In

contrast to the variant without additive, both

positive control and Silostar Protect variant did

improve the aerobic stability of the silages of

the second cut.

Key words: aerobic stability, fermen tation

quality, grass silage, silage additive.

Bibliographie b DLG 2006. Grobfutterbewertung. Teil B – DLG-Schlüssel zur Be-urteilung der Gärqualität von Grünfuttersilagen auf Basis der chemischen Untersuchung. DLG-Information (2), 2006.

b Wyss U., 2009. Siliermittel und aerobe Stabilität: Testergebnisse 2008. Agrarforschung 16 (8), 320 – 329.

Page 20: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

232 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 232–237, 2010

Matthias Stettler1,2, Christoph Stettler1 et Beat Huber-Eicher2

1Institut Géotechnique SA, 3007 Berne2Haute école suisse d'agriculture HESA, 3052 Zollikofen

Renseignements: Matthias Stettler, e-mail: [email protected], tél. +41 78 622 12 89

Comparaison de sols reconstitués et formés naturellement

E n v i r o n n e m e n t

des pistes d’accès ou des excavations de chantier a exigé

des mesures de protection du sol pendant la période de

construction (décapage et entreposage du sol), lors de la

reconstitution et au moment de la restitution aux exploi-

tants (remise en culture, exploitation consécutive).

Les effets à plus long terme de ces mesures de protec-

tion prescrites par l’Ordonnance sur les atteintes portées

au sol (Anonyme 1998) sont encore peu connus (Kauf-

mann et al. 2009). Après les travaux de reconstitution, les

sols ne sont que faiblement structurés et peu stables.

I n t r o d u c t i o n

Cette étude a été réalisée dans le cadre de la supervision

pédologique de la construction du nouveau tronçon fer-

roviaire Mattstetten (BE)-Rothrist (AG). Une grande par-

tie du tronçon, construit entre 1995 et 2004, comprend

des tranchées étroites et des tunnels pour satisfaire aux

exigences de la protection du paysage et la conservation

des sols agricoles. L’utilisation temporaire de surfaces

agricoles pour des zones d’installation, d’entreposage,

Reconstitution du sol: déversement de la terre superficielle sur le sous-sol préalablement préparé.

Phot

o: M

atth

ias

Stet

tler

, 200

5

Page 21: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

233Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 232–237, 2010

Rés

um

é

Comparaison de sols reconstitués et formés naturellement | Environnement

Rail 2000 entre Mattstetten et Rothrist a été

l'un des premiers grand chantiers où les

directives de protection du sol, établies il y a

une dizaine d'années, ont été rigoureuse-

ment suivies dans les phases de planification,

de réalisation et de remise en culture, sous la

surveillance de spécialistes de la protection

du sol. Le but de l'étude présentée ici était

d'apprécier l'efficacité de ces efforts au

moyen de mesures simples couvrant le plus

de surface possible. La résistance du sol a été

mesurée avec un pénétromètre sur des sur-

faces reconstituées après la remise en culture

ainsi que des surfaces à sol naturel. L'étude a

porté sur deux sites (Wanzwil et Hersiwil) et

deux types d'utilisation (prairie artificielle et

culture de céréales), en tenant compte de

l'humidité du sol. Les résultats montrent

qu'après sept années de remise en culture,

les sols reconstitués ne diffèrent pas des sols

naturels avoisinants en ce qui concerne la

résistance à la pénétration. Les mesures de

protection ont donc empêché une compac-

tion du sol. Les sols reconstitués présen-

taient même une résistance à la pénétration

légèrement plus faible au niveau de la

semelle de labour (25 – 35 cm). Cet avantage

devrait être maintenu par des techniques

culturales sans labour ou l'utilisation d'une

charrue on-land.

Il leur faut plusieurs années pour retrouver une certaine

stabilité à travers une restructuration. Avant cela, les sols

reconstitués sont très sensibles aux contraintes méca-

niques (Schäffer et al. 2007; Kaufmann et al. 2009).

L’étude présentée ici avait pour but d’établir si les sols

reconstitués sous surveillance pédologique présen-

taient, à la fin de la période de remise en culture, une

plus grande résistance à la pénétration que des sols

naturels.

M é t h o d e

Sites d’étude

Le long de la ligne CFF, deux sites reconstitués ainsi

que les parcelles avoisinantes, non touchées par les

travaux de construction, ont été échantillonnés:

•• Wanzwil: décharge de matériaux excavés, surface re-

constituée d’environ 20 ha. Type de sol naturel: sol

brun relativement épais, nature du sol: limon sableux.

Pierrosité faible dans la couche supérieure (moins de

5 % de pierres), augmentant en profondeur (5 – 20 %

de pierres).

•• Hersiwil: tranchée couverte, surface reconstituée

d’environ 15 ha. Types de sol naturel: sol brun épais et

sol brun gleyifié d’épaisseur moyenne, nature du sol: li-

mon. Pierrosité très faible (moins de 5 % de pierres).

Les sites ont été aménagés par des entreprises diffé-

rentes avec des systèmes de drainage distincts. Les tra-

vaux de reconstitution ont été réalisés sur les deux

sites selon les directives (Anonyme 2000; Anonyme

2001; Häusler et Salm 2001). Au moyen de tensiomètres1,

on a vérifié que le sol soit suffisamment ressuyé. La

procédure de reconstitution était identique dans les

deux sites (fig. 1): le matériel d’excavation a été stabi-

lisé par du calcaire et compacté pour obtenir un rem-

blai nivelé portant. Ce remblai a été entaillé à une

profondeur de 40 cm avec un bulldozer juste avant de

mettre en place le sol. Le sous-sol et la couche supé-

rieure ont ensuite été déposés par bandes avec des

excavatrices hydrauliques. Quatre semaines se sont

écoulées avant le passage des tracteurs sur les surfaces

fraîchement reconstituées pour permettre au sol de se

tasser naturellement.

Pour la remise en culture, les CFF ont établi des

règles culturales spécifiques en collaboration avec les

spécialistes de la protection du sol. Ces règles faisaient

partie des contrats avec les exploitants (Anonyme 2002).

Pendant les trois premières années, les surfaces fraî-

chement reconverties ont dû être ensemencées avec

des mélanges à base de luzerne et utilisées comme

prairies pour la production de foin ou d’ensilage. Après

ce délai, les grandes cultures (sauf les sarclées) et la

1Appareil de mesure de la force de succion du sol.

Figure 1 | Reconstitution des sols agricoles sur la décharge de la sortie de tunnel à Schacht près de Wanzwil: A = sol supérieur; B = sous-sol; C = remblai nivelé avec des rigoles de drainage (flèche).

Phot

o: M

. Ste

ttle

r, 2

005

Page 22: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

234 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 232–237, 2010

pâture ont été à nouveau permises. Les surfaces sont

cultivées maintenant depuis huit ans et seront bientôt

restituées à leurs propriétaires pour une exploitation

normale.

Essai au pénétromètre

Sur chaque site, deux parcelles de cultures arables sem-

blables (céréales d’hiver) ont été choisies, aussi voisines

que possible, une sur le sol reconstitué et l’autre sur un

sol formé naturellement servant de témoin. Deux par-

celles de prairies artificielles ont été choisies de la même

manière. Les observations ont donc porté sur quatre

paires de parcelles, soit huit au total (tabl. 1; fig. 2 pour

le site de Wanzwil).

La distance moyenne entre les paires de parcelles

était d’environ 120 m (mesuré entre les centres des par-

celles). Toutes les reconstitutions ont été effectuées en

2002. La distinction entre prairies et champs permet de

tenir compte de l’effet du labour, qui réduit la densité

apparente du sol dans les couches supérieures. Les prai-

ries artificielles n’avaient pas été labourées depuis au

moins un an, tandis que les parcelles cultivées l’avaient

été environ six mois avant les mesures.

Deux paramètres du sol ont été mesurés: la résis-

tance à la pénétration (RP) et l’humidité, exprimée par la

teneur en eau volumétrique (θ). La résistance à la péné-

tration peut être interprétée comme une mesure du

degré de compaction, et donc de la résistance à l’enraci-

nement. La pointe du pénétromètre peut en effet être

assimilée à une racine qui doit frayer son chemin dans le

sol. Les mesures ont servi à calculer le cone index (CI), un

indice standardisé formé par la moyenne des résistances

en Mégapascal (MPa) mesurées à 1, 15, 30 et 45 cm de

profondeur.

Les mesures ont été effectuées avec un Penetrolog-

ger type 06.15.SA de la firme Eijkelkamp (fig. 3). Cet

appareil permet de mesurer jusqu’à 80 cm de profon-

deur en poussant manuellement la pointe de sondage

dans le sol. Il est en outre muni d’une sonde d’humidité

du sol (sonde TDR), qui détermine la valeur θ par résis-

tance électrique dans les 10 cm supérieurs du sol. Les

résultats enregistrés sont ensuite transférés sur un ordi-

nateur.

Les huit parcelles d’essai étaient subdivisées en huit

parties. Pour obtenir des mesures précises, sept pénétra-

tions ont été effectuées par partie (au total 7 × 8 × 8 =

448 mesures), à partir desquelles le CI moyen par par-

celle a été calculé.

Périodes de mesure et analyse statistique

L’humidité du sol θ influence fortement les mesures de

résistance à la pénétration (Dexter et al. 2007; Kauf-

mann et al. 2009). Pour assurer des conditions de sol

comparables, il était prévu d’effectuer les mesures au

printemps 2009 dans un laps de temps aussi court que

possible et en sol bien humide (capacité au champ). Ces

conditions étaient remplies pour les mesures de Wanz-

wil, le 6 avril 2009. Par la suite, une période de séche-

resse prolongée a empêché d’avoir les mêmes conditions

d’humidité pour les mesures d’Hersiwil. Celles-ci ont

finalement été effectuées le 13 mai 2009 après quelques

précipitations. Même ainsi, la valeur θ était encore bien

Environnement | Comparaison de sols reconstitués et formés naturellement

Figure 2 | Ancienne décharge Schacht près de Wanzwil avec le périmètre de reconstitution encadré en bleu et les quatre parcelles d'étude encadrées en rouge (K-A = sol arable témoin; K-KW = prairie artificielle témoin; R-A = sol arable reconstitué; R-KW = prairie arti-ficielle reconstituée). Au bas de l'image apparaît la nouvelle ligne de train.

Site Type de culture Etat du sol CI (MPa)

Wanzwil

Céréales reconstitué 1,29

témoin 1,35

Prairie artificiellereconstitué 1,57

témoin 1,79

Hersiwil

Céréalesreconstitué 2,29

témoin 2,58

Prairie artificiellereconstitué 2,69

témoin 2,51

Tableau 1 | Plan de l'essai avec 8 combinaisons de traitements (2 sites * 2 types de culture * 2 âges de sol) et valeurs moyennes du cone index (CI).

Périmètre deremise en culture

N

Pho

to: G

oogl

e Ea

rth,

Avr

il 20

07

Page 23: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

235Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 232–237, 2010

Hersiwil s’explique par les θ différents: à Hersiwil, les sols

plus secs ont davantage résisté à la pénétration (fig. 4).

Les types de culture (prairie ou céréales) ne se sont pas

non plus significativement différenciés entre eux,

contrairement aux prévisions: on pensait que le CI serait

plus élevé dans les prairies à cause du travail du sol moins

important, de la charge en machines plus élevée lors des

récoltes, de l’enracinement plus dense et de l’évapora-

tion plus importante, qui réduisent l’humidité du sol θ.

Qualité physique du sol

La qualification physique du sol, basée sur la comparai-

son avec des normes et valeurs de référence, n’est pos-

sible qu’avec des mesures effectuées en sol humide.

Les considérations suivantes ne sont donc valables que

pour le site de Wanzwil.

Les CI des sols arables de Wanzwil, avec des valeurs

de 1,35 MPa (témoin) et 1,29 MPa (reconstitué), étaient

nettement inférieurs au seuil de 1,5 MPa donné par

Locher et De Bakker (1990) comme limite supérieure de

résistance n’entravant pas l’enracinement. Les prairies

artificielles avaient un CI légèrement supérieur, soit

1,79 MPa (témoin) et 1,57 MPa (reconstitué). Cependant,

les profils de résistance montrent que les différences

entre champs et prairies existent systématiquement

dans toutes les couches du sol. Ceci suggère une diffé-

rence due à des caractères de sol tels que la texture, la

pierrosité ou l’humidité.

La résistance à la pénétration (RP) de la couche supé-

rieure du sol de Wanzwil (jusqu’à une profondeur d’en-

viron 30 cm) était inférieure à la valeur de précaution de

2 MPa proposée par Horn et al. (2009). Dans le sous-sol

(30 à 80 cm de profondeur), la RP était légèrement supé-

rieure (2 à 3 MPa), et les valeurs des parcelles témoin

dépassaient systématiquement d’environ 0,5 MPa celles

des parcelles reconverties. Cette différence peut s’expli-

quer par la semelle de labour et la pierrosité. Les par-

celles témoin montraient une augmentation prononcée

de la RP à une profondeur de 25 – 40 cm, qui ne s’obser-

vait pas dans les parcelles reconverties. Cette différence

est un résultat très satisfaisant qui montre l’efficacité

des efforts fournis pour une remise en culture soigneuse.

Dans les parcelles témoin, une pierrosité plus élevée en

profondeur (dès environ 50 cm) a rendu difficile le

maniement du Penetrologger, conduisant à une variabi-

lité accrue des résultats.

Les résultats de Hersiwil montrent la problématique

de mesures effectuées au-dessous de la capacité au

champ: la RP diminue avec la profondeur dans le sous-

sol, probablement à cause d’une augmentation de l’hu-

midité en profondeur. Néanmoins, on note une semelle

de labour dans la parcelle témoin des champs labourés.

inférieure à la capacité au champ, mais il était impos-

sible de repousser davantage à cause du développement

des cultures. Les mesures de Wanzwil et Hersiwil ne peu-

vent donc pas être directement comparées.

L’analyse statistique est basée sur les CI moyens de

chaque parcelle (tabl. 1). Pour les quatre paires de par-

celles (du même site et mode d’exploitation), les CI

moyens ont été comparées entre le sol reconstitué et le

sol témoin développé naturellement à l’aide du Wil-

coxon signed-rank test.

R é s u l t a t s

Pas de différence entre les sols témoin et reconstitués

L’analyse statistique n’a pas démontré de différence

significative entre le CI moyen des sols témoin (CI = 2,06

MPa) et reconstitués (CI = 1,96 MPa; n = 4, W = 3, p > 0,05).

La différence considérable entre les sites de Wanzwil et

Comparaison de sols reconstitués et formés naturellement | Environnement

Figure 3 | Penetrologger de la firme Eijkelkamp Agrisearch Equip-ment, Giesbeek (NL), avec une sonde d'humidité reliée par câble. La plaque à la surface du sol sert de référence pour la profondeur des mesures.

Phot

o: E

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ttle

r, 2

009

Page 24: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

236 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 232–237, 2010

Bibliographie b Anonyme, 1998. Ordonnance du 1er juillet 1998 sur les atteintes portées aux sols (OSol). Conseil fédéral suisse.

b Anonyme, 2000. Norme suisse SN 640 583: «Terrassement, sol; emprises et terrassements, entreposage, mesures de protection, remise en place et restitution». Association suisse des professionnels de la route et des transports VSS, Zurich.

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b Schäffer B., Attinger W. & Schulin R., 2007. Compaction of restored soil by heavy agricultural machinery – Soil physical and mechanical aspects. Soil and Tillage Research 93, 28-43.

Mesures de protection du sol efficaces

Nos résultats montrent que la densité des sols étudiés

n’a pas augmenté de manière indésirable sous l’impact

du décapage, de l’entreposage, de la reconstitution et

de la remise en culture. Les sols reconstitués tendent à

présenter une résistance à la pénétration plus faible au

niveau de la semelle de labour (25 – 35 cm). Cette amélio-

ration de la qualité physique devrait être maintenue par

des techniques culturales sans labour ou l’utilisation de

charrues on-land.

Les directives pour la protection du sol, introduites il

y a 10 ans, ainsi que les règles établies par les CFF pour la

remise en culture semblent avoir permis d’éviter une

compaction du sol dans ce cas. Des recherches complé-

mentaires permettront d’étudier comment le système de

pores se développe dans les sols reconstitués et si la

continuité des pores (connections entre les cavités) se

rétablira au point d’atteindre le niveau de sols naturels. n

Environnement | Comparaison de sols reconstitués et formés naturellement

Figure 4 | Résistances moyennes à la pénétration par type de sol et de culture pour les deux sites (K-A = sol arable témoin; K-KW = prairie artificielle témoin; R-A = sol arable reconstitué; R-KW = prairie artificielle reconstituée).

Wanzwil

-80

-70

-60

-50

-40

-30

-20

-10

00 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5

MPa

Bodentiefe (cm)

K-A

K-KW

R-A

R-KW

Hersiwil0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5

MPa

Prof

onde

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Page 25: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

237

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Confronto tra terreni ricoltivati e

terreni a crescita naturale

La nuova tratta ferroviaria Mattstet-

ten-Rothrist, costruita nell’ambito del

progetto Ferrovia 2000, é stato uno dei

primi grandi cantieri nel quale le diret-

tive sulla protezione del suolo, stabi-

lite una decina d’anni fa, sono state

rigorosamente applicate, durante la

fase di pianificazione, realizzazione e

assestamento, dagli specialisti della

sorveglianza del suolo.

L’obiettivo del presente studio era di

esaminare gli effetti a medio lungo

termine risultanti da questo notevole

sforzo, utilizzando semplici parametri

che possano essere applicati su vaste

superfici.

Nelle analisi del suolo, tramite pene-

trometro dinamico, è stata misurata e

messa a confronto la resistenza di

penetrazione dei suoli rinaturalizzati

tramite sistema di ricoltivazione con

quelli a crescita naturale. Lo studio è

stato eseguito in due località (Wanzwil

e Hersiwil), su due tipi di terreni

coltivati (prato artificiale e cereali)

considerando l’umidità del suolo.

I risultati dimostrano che dopo sette

anni, per quel che concerne la resi-

stenza alla penetrazione, i terreni

ricoltivati non si differenziano dai

suoli a crescita naturale.

Grazie alle misure di protezione si è

dunque impedito una compattazione

del suolo.

Inoltre si nota che i suoli ricoltivati

presentano una resistenza legger-

mente inferiore alla penetrazione

nella profondità di aratura (25–35 cm).

Questo vantaggio qualitativo

dovrebbe venir conservato rinun-

ciando alla lavorazione del terreno

con aratri oppure tramite l’aratura

semiportante.

Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 232–237, 2010

Comparison between restored and

naturally developed soils

The new Mattstetten-Rothrist rail

line builded in the frame of «Railway

2000»was one of the first large-scale

construction projects to strictly

im plement soil protection regulations

introduced about 10 years ago. Super-

vised by a pedological consultation

team, this was realised from the plan-

ning of the project to subsequent soil

management. The objective of this

study was to examine the mid- to

long-term effects of these efforts

using easy-to-apply parameters, and

covering as wide an area as possible.

Using a penetrometer, penetration

resistance of both restored areas and

neighbouring, naturally developed

soils were measured and compared in

a field study at the end of the sub-

sequent management. Two locations

(Wanzwil and Hersiwil) and two types

of soil cultivation (ley and field) as

well as volumetric soil water content

were taken into consideration. The

results demonstrate that after seven

years of subsequent management,

restored soils show no difference

from naturally produced ones with

regard to penetration resistance. Thus,

by applying extensive soil protection

measures, it was possible to avoid

soil compaction. Particularly noticeable

fact was that the restored soils in the

plow pan strata (25 – 35 cm) showed

somewhat lower penetration

resistance. This qualitative advantage

should be maintained through plow-

less tillage or through the use of

On-land-Plow systems.

Key words: soil restoration, soil com-

paction, penetration resistance, plow

pan, plowless tillage.

Comparaison de sols reconstitués et formés naturellement | Environnement

Page 26: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

238 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 238–243, 2010

E c o n o m i e a g r i c o l e

agriculteurs PER des régions de grandes cultures de pas-

ser à la production biologique ont été identifiés. La per-

tinence des obstacles cités a été confrontée aux réponses

d’exploitations déjà passées à l’agriculture biologique.

Les résultats visent à montrer quelles sont les mesures

ciblées qui peuvent contribuer à mieux répondre à la

demande croissante de produits bio de culture indigène

en production végétale.

I n t r o d u c t i o n

Près de dix pour cent, soit 6000 agriculteurs suisses,

gèrent leur exploitation selon les directives de l’agricul-

ture biologique. Ce taux est nettement moins élevé dans

les exploitations de grandes cultures (en 2007: 0,44 %,

soit 17 exploitations). Sur la base d’une enquête réalisée

dans toute la Suisse, les facteurs qui découragent les

L’agriculture biologique, mal acceptée en grandes culturesAli Ferjani, Albert Zimmermann et Linda Reissig, Station de recherche Agroscope

Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen

Renseignements: Ali Ferjani, e-mail: [email protected], tél. +41 52 368

Bildlegende

De nombreuses exploitations de grandes cultures sont réticentes à se convertir à l’agriculture biologique par crainte des adventices et des ravageurs.

Phot

o: A

RT

Page 27: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

239Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 238–243, 2010

Rés

um

é

L’agriculture biologique a connu un essor

important en Suisse, notamment de 1990 à

2005. Elle a fait sa place aussi bien auprès

des producteurs que des consommateurs.

Toutefois, les exploitations biologiques sont

nettement sous-représentées dans les

régions de grandes cultures. Cette situation

est sans doute due aux exigences imposées

aux exploitations qui se convertissent,

généralement plus strictes que dans les

zones herbagères. Une enquête a été

réalisée auprès de 600 exploitations de

grandes cultures biologiques et PER afin de

connaître les raisons qui empêchent les

agriculteurs de se convertir. Leurs principales

craintes concernent la pression des mau-

vaises herbes et la charge de travail plus

élevée qui en découle, la rentabilité insuffi-

sante due aux suppléments trop limités sur

les prix des produits, les problèmes de

fumure et les directives trop sévères et trop

changeantes. Les résultats de l’enquête

auprès des exploitations de grandes cultures

biologiques montrent que ces craintes ne

sont qu’en partie justifiées. Dans ce contexte,

une stimulation des échanges entre voisins

devrait permettre de favoriser l’extension de

l’agriculture biologique.

L’agriculture biologique, mal acceptée en grandes cultures | Economie agricole

M é t h o d e

En 2009, une enquête empirique a été effectuée auprès

de quelque 3400 exploitations bio et PER. Des question-

naires leur ont été envoyés afin de connaître leur avis sur

la production biologique. Pour les groupes qui comp-

taient un petit nombre d’exploitations, notamment en

grandes cultures et les exploitations en phase de conver-

sion (conversion de PER à bio et vice-versa), la taille de

l’échantillon a été étendue; les exploitations ont ensuite

été sélectionnées au hasard dans ces strates. 1177 agri-

culteurs ont participé à l’enquête anonyme. Les per-

sonnes interrogées pouvaient évaluer les arguments

proposés pour et contre l’agriculture biologique sur une

échelle à quatre degrés: pas important, assez peu impor-

tant, partiellement important et très important. Plu-

sieurs d’entre eux ont décrit leur point de vue en ajou-

tant des commentaires, ce qui s’est révélé très utile pour

mieux comprendre la problématique.

Des 612 exploitations de grandes cultures contactées,

220 ont participé aux relevés et rendu des question-

naires dûment remplis, soit un taux de réponse de 36 %.

106 de ces exploitations étaient sans bétail, dont sept

biologiques seulement. Pour pouvoir évaluer les don-

nées statistiquement, 60 exploitations biologiques sup-

plémentaires ont été intégrées à l’analyse, dont les

terres ouvertes occupaient plus de 50 % de leur surface

agricole utile (SAU), même si la classification officielle

comme exploitation de grandes cultures suppose un

pourcentage supérieur à 70 %.

Exploitations de grandes cultures biologiques

4%

21%

30%

22%

37%

27%

39%

36%

39%

45%

54%

63%

45%

61%

10%

27%

19%

31%

24%

42%

31%

34%

33%

31%

25%

27%

45%

30%

3%

6%

25%

20%

19%

31%

20%

21%

10%

15%

26%

31%

31%

30%

28%

29%

33%

29%

30%

34%

33%

30%

20%

35%

31%

34%

34%

17%

0% 20% 40% 60% 80% 100% 120% 140% 160% 180%

Valeur aux yeux des collègues agriculteurs

Valeur aux yeux de la famille

Adaptation à la vente directe

Valeur aux yeux de la société

Bien-être des animaux

Augmentation des paiements directs perçus

Possibilité d’améliorer son revenu

Image positive de l’agriculture biologique

Défi à relever

Adéquation au concept de l’exploitation

Augmentation de la demande de produits bio

Pollution moins importante de l’environnement

Prix plus élevés des produits

Réduction de la charge de produits chimiques dans les denrées alimentaires

Très importantPartiellement important

Exploitations de grandes cultures PER

Très importantPartiellement important

Figure 1 | Arguments en faveur de la production biologique pour les exploitants en grandes cultures bio et PER.

Page 28: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

240 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 238–243, 2010

Economie agricole | L’agriculture biologique, mal acceptée en grandes cultures

a: «Convaincus PER» (51 exploitations; dont 1 conven-

tionnelle, 50 PER)

Les agriculteurs appartenant à ce groupe veulent avant

tout maximiser leurs rendements. Ils considèrent que le

mode d’exploitation PER est respectueux de l’environ-

nement et ne croient pas que l’agriculture biologique

offre des avantages pour l’homme ou l’environnement

ou que les denrées alimentaires biologiques sont plus

saines. En outre, ils expriment d’importants doutes

quant à l’intérêt et la faisabilité de la production biolo-

gique à grande échelle.

b: «Optimisateurs» (92 exploitations; dont 2 conven-

tionnelles, 89 PER, 1 bio)

Les agriculteurs appartenant à ce groupe accordent une

importance particulière à une production respectueuse

de l’environnement. Toutefois, ils ne veulent pas se sou-

mettre à des contrôles et à des directives strictes. Pour

eux, le passage à la production biologique représente

une possibilité d’améliorer le revenu de l’exploitation.

Toutefois, par manque de formation sur le mode de pro-

duction biologique, à cause des risques plus élevés liés à

la technique culturale, à cause de l’organisation de la

distribution jugée insuffisante ou de l’insécurité par

rapport aux prix et aux paiements directs à l’avenir dans

la production biologique, ces exploitations renoncent

généralement à se convertir.

c: «Convaincus bio» (67 exploitations; dont 1 PER, 66 Bio)

Le mode de production biologique est une préoccupa-

tion majeure pour les agriculteurs de ce groupe. Leur

choix repose cependant beaucoup moins sur des

concepts abstraits, comme la «durabilité», que sur des

R é s u l t a t s

Avantages de la conversion pour les exploitations de

grandes cultures

Les agriculteurs ont évalué différents avantages de la

production biologique (fig. 1). Pour les exploitations PER

comme pour les exploitations bio, les aspects environne-

mentaux jouent un grand rôle. Pour près de 90 % respec-

tivement 60 % des exploitations, ils représentent au moins

un argument partiellement important en faveur de la

production biologique. L’argument «Prix plus élevé des

produits bio» a été jugé presque aussi important. En outre,

pour les exploitations bio, l’image positive de l’agriculture

biologique, les paiements directs et l’adéquation au

concept de l’exploitation sont particulièrement impor-

tants. La reconnaissance sociale, particulièrement de la

part des collègues agriculteurs, apparaît comme moins

décisive pour la conversion à la production biologique.

Analyse cluster

Une analyse cluster a été réalisée à partir des arguments

en faveur de l’agriculture biologique afin de différencier

les groupes les plus homogènes possibles d’agriculteurs

au niveau de leur opinion et leur motivation par rapport

à ce mode de production. 70 exploitations PER n’ont pas

été incluses dans cette analyse car elles n’avaient pas

évalué tous les arguments. Par conséquent, le groupe

réunissait 210 exploitations au total. Une analyse facto-

rielle a permis de classer les arguments parfois corrélés

en trois facteurs: «Environnement», «Image» et «Moti-

vation économique». Ces facteurs ont servi de variables

dans l’analyse de classification hiérarchique qui a con-

duit à former trois groupes d’exploitations de grandes

cultures.

34%

25%

24%

55%

39%

60%

33%

46%

50%

52%

54%

64%

67%

73%

77%

83%

39%

51%

55%

53%

69%

65%

75%

76%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Distribution insuffisammentorganisée

Droit de livraison incertain

Nécessité d’investissementsélevés

Paiements directs trop bas

Incertitude sur la demande futureen produits bio

Evolution incertaine despaiements directs

Revenu difficile à amélioreravec la production bio

Les prix des produits ne couvrent pas les coûts supplémentaires

«Convaincus PER»«Optimisateurs»«Convaincus bio»

Figure 2 | Obstacles économiques à la conversion.

Page 29: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

241Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 238–243, 2010

L’agriculture biologique, mal acceptée en grandes cultures | Economie agricole

blèmes de distribution sont évoqués davantage par les

exploitants «optimisateurs» que par les exploitants

«convaincus PER». En outre, les «optimisateurs» sont

relativement préoccupés par les prix et les paiements

directs. Les agriculteurs biologiques se rapprochent de

l’évaluation des exploitations PER en ce qui concerne

l’incertitude sur le montant et l’évolution des paiements

directs.

Obstacles liés à la technique de production

L’évaluation de certains arguments de technique de pro-

duction s’avère clairement opposée à la production bio-

logique. Près de 95 % des exploitations PER craignent les

problèmes de mauvaises herbes (fig. 3). Pour 76 % des

exploitations bio également, cet argument s’oppose à

l’agriculture biologique, ce qui prouve que la lutte

contre les adventices pose un vrai problème en produc-

tion biologique. La pression des maladies et des rava-

geurs ainsi que la charge de travail plus élevée représen-

tent des inconvénients significatifs de l’agriculture

biologique pour 94 % des exploitants «convaincus PER».

Ces pourcentages sont légèrement plus bas chez les

«optimisateurs». Parmi les autres arguments considérés

comme significatifs par une grande partie des exploi-

tants, on peut citer le manque d’éléments fertilisants et

les pertes de rendement. Pour les «optimisateurs»

notamment, la qualité environnementale en hausse

avec les PER s’oppose à une conversion, tandis que ce

point n’incite pratiquement pas les exploitations bio à

changer de mode de production.

Obstacles sociaux, personnels et administratifsLe contexte social et la situation personnelle influencent

aussi la conversion à l’agriculture biologique. Selon Lam-

pkin et Padel (1994, p. 244 et suiv.), il faut non seulement

expériences directes, qu’il s’agisse de la réticence à

employer des produits phytosanitaires chimiques de

synthèse, de la santé de la famille, de la recherche de la

proximité de la nature ou de la conviction que seul le

mode de production biologique peut conserver des sols

sains et fertiles. Souvent, ces chefs d’exploitation sont

également engagés dans la vente directe.

Obstacles à la conversion des exploitations de grandes

cultures

Outre une modification complète de l’exploitation, la

conversion au mode de production biologique exige

une approche entièrement différente de l’agriculture

(Rolker 2000). En plus des raisons économiques et de

technique de production, des arguments administratifs,

sociaux et personnels peuvent également s’opposer à la

production biologique (Padel 2001). Ces arguments ont

été évalués pour les trois groupes d’exploitations diffé-

rents. Dans chaque cas, on a présenté la part des exploi-

tations pour laquelle l’argument est partiellement

important ou très important dans la décision de ne pas

se convertir à l’agriculture biologique.

Obstacles économiques

La majorité des agriculteurs PER sont d’avis que l’agricul-

ture biologique n’apporte pratiquement aucun avan-

tage économique. Trois quarts d’entre eux ne croient

pas que leur revenu pourrait s’améliorer avec la produc-

tion biologique, tandis que seul un tiers des exploitants

bio a fait une telle expérience (fig. 2). 68 % des agricul-

teurs PER doutent de pouvoir écouler les produits biolo-

giques sur le marché à l’avenir, près de la moitié craint

d’autres inconvénients économiques, comme des inves-

tissements onéreux, la disparition des droits de livraison

ou l’organisation insuffisante de la distribution. Ces pro-

18%

34%

48%

19%

51%

63%

76%

36%

68%

71%

79%

83%

88%

95%

39%

71%

80%

73%

94%

94%

96%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Part de surfaces écologiquesdifficile à respecter

Pertes de rendements tropimportantes

Problème d’approvisionnementen éléments fertilisants

Qualité environnementale amélioréeavec les PER également

Pression des maladies/desravageurs

Charge de travail trop élevée

Pression des mauvaises herbes

«Convaincus PER»«Optimisateurs»«Convaincus bio»

Figure 3 | Obstacles liés à la technique de production.

Page 30: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

242 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 238–243, 2010

Economie agricole | L’agriculture biologique, mal acceptée en grandes cultures

prendre en considération les aspects comme le conflit des

générations, le manque d’information ou une image

peut-être négative de l’agriculture biologique, mais aussi

la constellation actuelle de l’exploitation et sa perception

des risques. Un tiers des exploitations déclarent que

l’image négative de l’agriculture biologique constitue un

obstacle à la conversion (fig. 4). Parallèlement, plus de la

moitié de ces exploitations soulignent l’image positive de

l’agriculture biologique (cf. fig. 1). La même exploitation

adhère même parfois aux deux arguments, par exemple

lorsque l’exploitant a une opinion personnelle positive

de l’agriculture bio, mais que ses collègues en ont une

image négative. Pour 55 % des «optimisateurs», le niveau

de connaissances personnelles sur l’agriculture biolo-

gique constitue un obstacle à la conversion. L’impression

que les directives sont trop sévères ou qu’elles changent

trop souvent, ainsi que les charges administratives consti-

tuent des arguments encore plus importants. Beaucoup

d’exploitations biologiques considèrent ces points

comme gênants.

C o n c l u s i o n s

L’enquête auprès des exploitations de grandes cultures

PER montre que la crainte des inconvénients liés à la tech-

nique de production, notamment les problèmes d’adven-

tices, constitue le plus gros handicap à une conversion au

mode de production biologique. L’opinion selon laquelle

l’agriculture biologique ne serait pas rentable est égale-

ment très répandue, suivie de près par l’argument invo-

quant des directives trop sévères. Le nombre d’exploita-

tions PER interrogées qui envisagent une conversion

actuellement est relativement faible (seulement 3 %, soit

6 exploitations). De nombreux producteurs ne sont pas

prêts à abandonner leur mode d’exploitation habituel

pour prendre le risque d’une conversion. Pour lutter

contre l’impact négatif de ce risque, il serait sans doute

particulièrement utile que les agriculteurs biologiques

qui réussissent déjà dans la région dans des conditions

similaires soient prêts à soutenir les nouveaux venus en

cas de problèmes et à répondre à leurs questions. En effet,

les agriculteurs accordent davantage de crédit à ce qu’ils

peuvent voir et expérimenter qu’à ce que leur rapportent

des vulgarisateurs ou des tiers qu’ils ne connaissent pas

(Szerencsits et al. 2009). Les résultats de l’enquête per-

mettent de recommander les mesures suivantes afin

d’augmenter la part d’exploitations biologiques parmi les

exploitations de grandes cultures:

•• Soutien des exploitations biologiques existantes et

utilisation des exploitations prospères comme exemple

pour inciter la conversion.

•• Garantie à long terme des paiements directs

biologiques. n

4%

15%

36%

24%

28%

60%

48%

67%

48%

29%

34%

45%

50%

55%

59%

71%

72%

75%

35%

33%

51%

61%

43%

57%

69%

63%

61%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Je refuse la productionbiologique par principe

Image négative de l’agriculturebiologique

Je n’aime pas être surveillé

Ne s’intègre pas au conceptpersonnel d’exploitation

Connaissances personnelles surla production bio insuffisantes

Contrôles bio trop chers

Administration trop lourde

Directives trop changeantes

Directives trop sévères

«Convaincus PER»«Optimisateurs»«Convaincus bio»

Figure 4 | Obstacles sociaux, personnels et administratifs.

Page 31: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

243

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 238–243, 2010

L’agriculture biologique, mal acceptée en grandes cultures | Economie agricole

Organic Agriculture: Why so Few

Farms Convert

Organic farming recorded significant

growth in Switzerland, especially

between 1990 and 2005, and won the

support of both farmers and consum-

ers. Despite this, organic farms are

noticeably underrepresented in the

arable farm regions; this situation is

certainly due to the usually greater

demands placed on farm conversion in

these regions than in grassland. A  sur-

vey of around 600 organic and PEP

arable farms was conducted to de-

termine which factors deter farmers

from converting. The greatest fears

expressed were the weeds pressure

and the increased work needed for

their control, the insufficient profi-

tability resulting from toolow sur-

charges on product prices, problems

in nutrient supply and the too strict

or too frequently changing guidelines.

The results of the organic arable farm

survey show that these fears are only

partially justified. Increasing neigh-

bourly exchanges should therefore

promote the expansion of organic

farming.

Key words: arable farms, organic,

conversion factors, cluster analysis.

Agricoltura biologica: mal accettata in

campicoltura

L'agricoltura biologica ha conosciuto

un importante rilancio in Svizzera

soprattutto tra il 1990 e il 2005, con-

quistando una notevole valenza sia

presso i produttori, che i consumatori.

Nelle regioni dedite alla campicoltura,

le aziende biologiche sono nettamente

sottorappresentate e ciò è riconduci-

bile alle esigenze imposte alle aziende

che vi si convertono, esigenze più

rigorose rispetto a quelle imposte alle

zone foraggicole. Attraverso un son-

daggio rivolto a 600 aziende dedite

alla campicoltura che seguono i prin-

cipi dell'agricoltura biologica e della

PER, si è tentato d'individuare i motivi

per cui gli agricoltori sono piuttosto

restii a convertire la propria azienda.Le

maggiori reticenze concernono la

pressione di malerbe e il conseguente

aumento del carico di lavoro, l'insuffi-

ciente redditività dovuta a supple-

menti troppo limitati sui prezzi dei

prodotti, i problemi di concimazione e

le direttive troppo severe, nonché le

loro frequenti modifiche. I risultati del

sondaggio mostrano che i timori sono

fondati soltanto in parte. Pertanto si

devono incentivare maggiormente, e

in modo efficace, gli scambi tra agric-

oltori per favore l’estensione dell'agri-

coltura biologica.

Bibliographie b Lampkin N. H. & Padel S., 1994. Economics of Organic Farming. An International Perspective. CAB International, Wallingford, Angleterre.

b Padel S., 2001. Conversion to Organic Farming: A Typical Example of the Diffusion of an Innovation? Sociologia Ruralis 41 (1), 10 – 61.

b Rolker P., 2000. Öko-Obstbau in der Zukunft – Chancen und Risiken. In: Zander K. & Waibel H. (Ed.). Ökologischer Gartenbau. Arbeitsberichte zur Ökonomie im Gartenbau, 83, Ökonomisches Kolloquium Wintersemester 1999/2000, Hannover, 37 – 46.

b Szerencsits M., Ruppert J., Dahlmann C. & Hess J., 2009. Entwicklung von Strategien zur Ausdehnung des Ökologischen Landbaus in Luxem-burg. 10. Wissenschaftstagung Ökologischer Landbau, Zurich, 11 – 13 février 2009.

Page 32: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

244 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 244–251, 2010

Fabio Mascher, Michel Habersaat et Stefan Kellenberger, Station de recherche Agroscope

Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon

Renseignements: Fabio Mascher, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 47 33

La rouille jaune menace-t-elle la culture du blé en Suisse ?

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

répandue sur tout le territoire suisse. La survenue et la

propagation de l'épidémie ont probablement été

déclenchées par des conditions climatiques propices

(Chen 2005) et par l'apparition d'une nouvelle souche du

pathogène portant la virulence Yr17, encore inconnue

en Suisse jusqu'à cette date-là (résultats non publiés).

L’agent causal de la rouille jaune est le champignon Puc-

cinia striiformis fsp. tritici. Il colonise les feuilles, avec des

pustules jaunes en forme de stries le long des nervures.

Lorsqu'elles sont mûres, les pustules éclatent pour

I n t r o d u c t i o n

Parmi les maladies du blé présentes sur le territoire hel-

vétique, la rouille jaune n’apparaît que très rarement.

Toutefois, lors d’épidémies, la maladie peut provoquer

des pertes de rendement très importantes (Kobel 1961).

La dernière épidémie de rouille jaune en Suisse a eu lieu

entre 2000 et 2002 et n’a concerné qu'un petit nombre

de variétés, en particulier le blé biscuitier Arbola et le

triticale Prader (Michel 2001). L'épidémie s'est très vite

Figure 1 | Feuilles de blé fortement infectées par la rouille jaune, produisant une grande quantité d’urédospores.

Pho

to: A

CW

Page 33: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

245Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 244–251, 2010

Rés

um

é

La rouille jaune menace-t-elle la culture du blé en Suisse? | Production végétale

En 2008, deux foyers de rouille jaune ont été

découverts sur du blé d’automne dans des

essais variétaux conduits en Argovie et Thur-

govie. Après isolation et purification, le

spectre de virulence des souches a été

déterminé sur des variétés différentielles.

Deux types de virulence, Yr4 et Yr32,

jusqu’ici absents du territoire suisse, ont été

mis en évidence. Ceux-ci ont déjà été

r épertoriés dans le nord de l’Europe au

cours des années 90; leur migration vers le

sud a été enregistrée en 2007 en France et

en 2008 en Suisse, par le biais de ce travail.

Les tests de résistance en serre avec ces

nouvelles souches ont révélé que les variétés

de blé cultivées en Suisse ont une bonne

résistance contre ces nouvelles virulences.

La présence annoncée de souches munies

d’autres gènes de virulence en Europe exige

de poursuivre la surveillance des pathogènes

mise en place par Agroscope, les service de

protection des végétaux des cantons, l’EPF

de Zurich, Getreidezüchtung Peter Kunz et

par l’interprofession.

libérer un grand nombre de spores jaunes dorées (fig. 1).

Cette infection engendre une réduction importante de

la surface foliaire utile et une perte d'assimilats dues au

parasite, conduisant à des pertes de rendement très sen-

sibles (Sharma et al. 1985).

La diversification du champignon en races physio-

logiques, primordiale pour assurer son succès en tant

que parasite, lui permet de contourner les gènes de

résistance laborieusement introduits par les sélection-

neurs (Fossati et Brabant 2003; Johnson 1992). Chaque

race physiologique est généralement définie par les

gènes de résistance qu'elle est capable de contourner.

La référence expérimentale des gènes de résistance est

constituée par des lignées différentielles de blé et d’es-

pèces apparentées (McIntosh et al. 1995). Selon la théo-

rie de la relation «gène pour gène», l'hérédité de la

résistance de l'hôte et la capacité du parasite à infecter

l'hôte se basent sur des paires de gènes complémen-

taires (Manners 1988). Dans le cas de la plante hôte, on

parle de «gène de résistance» (R), alors que pour le para-

site, on parle de gène d’«avirulence» (Avr). En pratique,

cela signifie qu'une plante qui exprime un certain gène

R est résistante envers un pathogène exprimant le gène

Avr, qui lui permet de reconnaître le pathogène. Ainsi,

une mutation ou l’absence d’un gène Avr permet au

pathogène de contourner la résistance de la plante. Les

lignées différentielles portent donc un ou plusieurs

gènes R  connus. En Europe, les races de rouille jaune

sont classées sur la base de sets européen et mondial de

variétés différentielles de blé utilisant un codage binaire

(Johnson et al. 1972).

En 2008, trois foyers de rouille jaune ont été décou-

verts en Suisse dans les tests d'homologation de varié-

tés d’Agroscope à Ellighausen (TG), dans les parcelles

de démonstration de Fenaco à Birr (AG) et à Changins

(VD). Les variétés touchées à Ellighausen étaient les

blés Papageno et Cambrena. Le présent travail vise,

dans un premier temps, à comparer le spectre des viru-

lences présentes dans les nouvelles souches avec celui

des souches déjà établies. Dans un deuxième temps, la

résistance des variétés cultivées ou en voie d’inscrip-

tion au catalogue national est examinée.

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Isolats fongiques, stockage et production d’inoculum

La nature et l’origine des isolats de rouille jaune utilisés

dans ce travail sont décrites dans le tableau 1. Les isolats

Nom Année isolation Lieu d'origine sur variété

Ps 1688 2008 Birr AG inconnu

Ps 1689 2008 Ellighausen TG Cambrena

Ps 1690 2008 Ellighausen TG Papageno

Ps 1691 2008 Changins VD Fiorina

Ps 771 2001 Lindau ZH Prader (triticale)

Ps 773 2001 Changins VD Prader (triticale)

Ps 823 2001 Goumoëns VD inconnu

Ps 824 2001 Grenchen SO inconnu

Ps 866 2001 Lindau ZH Prader (triticale)

Ps 868 2001 Changins VD Prader (triticale)

Ps 869 2001 Goumoëns VD inconnu

Ps 870 2001 Grenchen SO inconnu

Ps 110 avant 1999 inconnu inconnu

Ps 111 avant 1999 inconnu inconnu

Tableau 1 | Nom et origine des souches de rouille jaune utilisées dans ce travail

Page 34: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

246 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 244–251, 2010

Production végétale | La rouille jaune menace-t-elle la culture du blé en Suisse?

Pour infecter les plantes, 12 mg de spores sont mélan-

gées dans 0,2 ml de pétrole liquide (Pétrol spécial

185/240 °C, Districhimie SA, Ecublens, Suisse) et appli-

quées uniformément sur les feuilles à l’aide d’un tube

capillaire 20 µl (IntraMARK, Blauband 97861, Wertheim,

Allemagne) placé devant un jet d’air comprimé.

Après infection, les plantes sont placées en serre à

18  °C et 100 % d’humidité, avec un régime lumineux

naturel pendant 24 h pour favoriser le processus d’infec-

tion. Ensuite, les plantes sont maintenues à 18 °C, 60 %

d’humidité et à un régime lumineux de 14/24 h. Pour

récolter les spores, les feuilles sont légèrement secouées

à l’aide d’une baguette en plastique ce qui permet aux

spores de se déposer sur une feuille d’aluminium placée

sous les plantes. Les spores sont immédiatement tami-

sées à travers un filtre à thé en nylon, pour enlever les

impuretés, avant d'être utilisées pour infecter les plantes

ou lyophilisées et conservées à -80 °C.

Analyse des virulences des souches

Les virulences présentes dans les souches de rouille

jaune ont été déterminées à l’aide des lignées différen-

tielles présentées dans le tableau 2. Les tests sont ré alisés

sur des plaques de plastique (HerkuPlast-Kubern GmbH,

Ering am Inn, Allemagne) pourvues de 42 alvéoles de

2 × 2 cm et 3 cm de profondeur. Les puits sont remplis

avec le terreau décrit ci-dessus. Ce dernier a été légère-

ment tassé dans les puits avec un bâton, pour obtenir

une dépression de 0,7 cm de diamètre et autant de pro-

fondeur. Cinq graines sont placées dans cette dépres-

sion, puis recouvertes d'une couche de terreau. Après 14

jours, les plantules sont infectées avec la rouille jaune,

selon le protocole décrit précédemment.

sont stockés comme urédospores lyophylisées dans des

microtubes Eppendorf (Eppendorf SA, Hambourg, Alle-

magne) à -80 °C.

Parasite biotrophe obligatoire, la rouille jaune ne

pousse que sur des plantes vivantes. Pour la multiplica-

tion, un mélange des variétés de blé Coker et Eridano

(SPS Bologna), dépourvus de résistance à la rouille jaune,

ou les variétés Papageno et Cambrena pour les nou-

velles souches, sont cultivés dans des pots de plastique

de 8 cm de diamètre, remplis de terreau (Typical substrat

4, Brill, Zug, Suisse) passé au tamis de 0,4 cm.

Lignée Gène(s)

Chinese 166 Yr 1

Kalyansona Yr 2

Bon fermier Yr 3

Vilmorin 23 Yr3

Triticum spelta album Yr 5

Reichersberg 42 Yr 7

Compair Yr 8

Riebesel 47 – 51 Yr 9

Kavkaz/4*Federation Yr 9

G 25 Yr15

VPM 1 Yr17

Audace Yr17

Prader Yr17

Carstens V Yr32, CV1, CV2, CV3

Heines Kolben Yr2, Yr6

Heines Peko Yr2, Yr6

Sonalika Yr2, YrA

Lely Yr2, Yr7

Clement Yr2, Yr9

Heines VII Yr2, Yr11, Yr25, HV

Spaldings Prolific Yr2, Yr11, SP

Hobbit Yr 3a+4a+14

Maris Huntsman Yr 3a+4a+13

Nord Desprez Yr3a, Yr4a, ND

Hybrid 46 Yr3b, Yr4b

Donata Yr7, Yr9

Lee Yr7, Yr22, Yr23

Moro A Yr10, Moro

Anza A Yr A

Suwon 92/Omar Yr S/O

Stubes Dickkopf SD

Fiorina témoin résistant

Eridano témoin sensible

Tableau 2 | Lignées différentielles et leurs gènes de résistance

Désignation Etat de résistance Symptômes

0 Immunité Aucun urédia visible

; Très résistant Taches nécrotiques

,N RésistantTaches nécrotiques sans sporulation

1 RésistantTaches nécrotiques avec peu de sporulation

2 Modérement résistantSporulation modérée avec chloroses et nécroses

3 Modérement sensible Sporulation avec chlorose

4 SensibleSporulation abondante sans chlorose

Tableau 3 | Système de notation PBI (Plant Breeding Institute) des tests différentiels et des tests de résistance en serre, permettant de classer le type de résistance de la plante vis-à-vis du pathogène

Page 35: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

247Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 244–251, 2010

La rouille jaune menace-t-elle la culture du blé en Suisse? | Production végétale

L’évolution de la maladie a été notée à l’aide du système

PBI (McIntosh et al.,1995) décrit dans le tableau 3, qui

permet de qualifier le type d’interaction entre la plante

et le champignon.

Tests de résistance en serre et en plein champ

Pour pouvoir examiner les conséquences des nouvelles

souches de rouille jaune sur la culture de blé en Suisse,

les variétés inscrites au catalogue national ainsi que les

variétés et lignées en voie d’inscription ont été testées

en serre. Des essais complémentaires en plein champ ont

été effectués avec les souches déjà présentes en Suisse.

Le nom et la description des blés soumis à ces tests figu-

rent dans le tableau 4.

Pour les tests en serre, le même dispositif expérimen-

tal a été utilisé que pour les tests des virulences. De

manière analogue, les plantules de 2 semaines ont été

inoculées et le développement de l’infection a été noté

avec le système PBI.

Les tests en plein air se sont déroulés sur le domaine

d’ACW à Changins de 2007 à 2009. Les variétés candi-

dates ont été semées en automne, en lignes de 1 m de

long, avec le semoir de précision SeedMatic (Hege Mas-

chinen, Eging am See, Allemagne).

A la reprise de la végétation au printemps, les plantes

ont été infectées avec des spores de rouille jaune, pro-

duites comme décrit plus haut et mélangées à partir de

8 souches isolées en Suisse pendant les 15 dernières

années et contenant toutes les virulences connues. La

notation de la sévérité de l’infection, de 1 (pas d’infec-

tion) à 9 (feuilles complètement couvertes de pustules),

est décrite dans le tableau 5.

Mise en place et analyses statistiquesLes tests variétaux en serre ont été effectués avec 3 répé-

titions indépendantes et complètement randomisées. Les

tests ont été répétés 2 fois, à distance d’une semaine. Les

notes jusqu’à 2 indiquent la résistance de la plante tandis

que les notes 3 et 4 confirment que l’infection s'est déve-

loppée. Pour déterminer si une variété est résistante ou

sensible, les données ont subi un test chi-carré.

Les tests au champ ont été effectués avec 3 répétitions

indépendantes et complètement randomisées. Les tests

ont été répétés 3 fois pendant 3 années consécutives. Les

données obtenues ont été analysées séparément pour

chaque année. En l'absence d'une distribution normale

des résidus, le test non-paramétrique de Wilcoxon a été

utilisé. Les différences de réaction entre les variétés ont

été relevées avec le test de comparaisons multiples Fisher

LSD. Toutes les différences ont été retenues significatives

à P < 0,02. Les analyses statistiques ont été réalisées avec

le logiciel NCSS 97 (NCSS, Kaysville, Utah, Etats-Unis).

Variété Obtenteur/Mainteneur Pays d'origine

Année d'inscription

ARINA Agroscope/DSP Suisse 1981

AROLLA Agroscope/DSP Suisse 2003

CAMBRENA Agroscope/DSP Suisse 2008

CAMEDO Agroscope/DSP Suisse 2007

CH CLARO Agroscope/DSP Suisse 2007

COMBIN Agroscope/DSP Suisse 2007

FIORINA Agroscope/DSP Suisse 2001

FOREL Agroscope/DSP Suisse 2007

LEVIS Agroscope/DSP Suisse 2004

MAYEN Agroscope/DSP Suisse 2007

MOLINERA Agroscope/DSP Suisse en voie d'inscription

MURETTO Agroscope/DSP Suisse 2007

MUVERAN Agroscope/DSP Suisse 2004

NARA Agroscope/DSP Suisse 2007

ORZIVAL Agroscope/DSP Suisse en voie d'inscription

RUNAL Agroscope/DSP Suisse 1995

SCALETTA Agroscope/DSP Suisse 2005

SEGOR Agroscope/DSP Suisse 2003

SERTORI Agroscope/DSP Suisse 2008

SIALA Agroscope/DSP Suisse 2005

SURETTA Agroscope/DSP Suisse 2008

TIRONE Agroscope/DSP Suisse 2002

TITLIS Agroscope/DSP Suisse 1996

ZINAL Agroscope/DSP Suisse 2003

AKRATOS Dr. Hermann Strube Allemagne 2004

AZZURO Limagrain Verneuil Holding Grande Bretagne 2006

BOCKRIS Dr. Hermann Strube Allemagne 2007

CAPHORN Ets Florimond Desprez Grande Bretagne 2001

EPHOROS Dr. Hermann Strube Allemagne 2004

GALAXIE R 2n France 1991

HERMANN Limagrain GmbH Allemagne 2004

LUDWIG Probstdorfer Saatzucht Ges.m.b.H. & Co KG Autriche 1997

MANHATTAN Limagrain GmbH Allemagne 2002

MULAN Nordsaat Saatzuchtgesellschaft mbH Allemagne 2005

PAPAGENO Saatzucht Engelen Büchling OHG Allemagne 2007

POTENZIAL Deutsche Saatveredlung Lippstadt-Bremen GmbH Allemagne 2006

RAINER Saatzucht Donau Ges.m.b.H. & CoKG Autriche 2007

RUSTIC SA Momont Hennette et Fil France 2005

TAPIDOR Serasem France 2002

TOMMI Nordsaat Saatzuchtgesellschaft mb Allemagne 2002

WINNETOU Saatzucht Firlbeck GmbH & Co KG Allemagne 2002

Eridano Società produttori sementi Bologna spa Italie 1989

Cocker Coker's Pedigreed Seed Co. (Syngenta Seeds) USA < 1980

111.13726 Agroscope Suisse pas inscrit

Tableau 4 | Variétés testées de blé inscrites ou en voie d’inscrip-tion dans le catalogue national suisse. Eridano, Cocker et 111.13726 sont des variétés témoins permettant de contrôler le bon déroule-ment de l’infection

Page 36: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

248

Production végétale | La rouille jaune menace-t-elle la culture du blé en Suisse?

Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 244–251, 2010

R é s u l t a t s

Analyse des virulences des souches

Les résultats sont représentés de deux façons pour res-

pecter la nomenclature conventionelle pour les rouilles

du blé. D’un côté, le set mondial et le set européen de

lignées différentielles ont été utilisés (tabl. 6) afin de

décrire le spectre de virulence de chaque souche en

détail, en se basant sur la combinaison de virulences

usuellement absentes ou particulièrement discrimi-

nantes pour les souches de rouille jaune. A chaque

souche est ainsi attribuée une formule de virulence

(Johnson et al. 1972). Les résultats montrent que chaque

souche est caractérisée par un spectre de virulences qui

lui est propre. De plus, seules les souches isolées en

2008 portent la virulence Yr32, capable de contourner

la résistance du différentiel Carstens V.

De l’autre côté, les souches de rouille jaune sont éga-

lement décrites selon la méthode simplifiée de

Hovmøller (2001), qui se base sur les virulences arrivées

récemment, en particulier Yr6, Yr9 et Yr17 (tabl. 7).

Cette dernière est absente dans les sets mondial et

européen. Le tableau 6 montre les virulences ainsi que

la fréquence des souches isolées pendant les 13 der-

nières années en Suisse. La virulence Yr9, apparue en

Europe au cours des année 1990, est présente dans

Note % de feuille infecté Symptômes

1 0,0 % Aucun urédia sur la feuille

2 2,5 % Traces d'urédia sur la feuille

3 10,0 % 10 % de la feuille couverts d'urédia

4 25,0 % 25 % de la feuille couverts d'urédia

5 50,0 % Moitié de la feuille couverte d'urédia

6 75,0 %Trois quarts de la feuille couverts

d'urédia

7 90,0 % 10 % de feuille sans urédia

8 97,5 %Quelques traces vertes visibles

de la feuille

9 100,0 % Feuille totalement couverte d'urédia

Tableau 5 | Notation de la sévérité de l’infection dans les tests de résistance au champ. La note 1 correspond à l’absence d’infection, la note 9 correspond à une complète invasion de la feuille par les pustules du champignon

2008 2008 2008 2008 2001 2001 2001 2001 2001 2001 2001 2001 <1999 1969

Différentiels mondiaux Gènes Coeff. 1688 1689 1690 1691 771 773 823 824 866 868 869 870 110 111 race

Probus

Chinese 166 Yr1 2 1 1 0 0 0 1 0 0 0 1 0 0 1 1

Lee Yr7, Yr22, Yr23

4 0 0 0 1 1 0 1 1 1 1 1 1 0 0

Heines Kolben Yr2, Yr6 8 0 0 0 1 1 1 1 1 1 1 1 1 0 0Vilmorin Yr3 16 1 1 1 0 0 1 0 0 0 1 0 0 1 1Moro Yr10,

Moro32 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Strubes Dickkopf

SD 64 0 1 1 0 0 1 0 0 0 1 1 0 1 1 1

Suwon x Omar Yr S/O 128 1 1 1 0 1 1 0 1 1 1 1 0 1 1Clement Yr2, Yr9 256 1 1 0 1 0 1 1 1 1 0 1 1 1 1Triticum spelta Yr5 512 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Différentiels européensHybrid 46 Yr3b, Yr4b 2 1 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Reichersberg 42

Yr7 4 0 0 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 0 0 0

Heines Peko Yr2, Yr6 8 0 0 0 1 1 1 1 1 1 0 1 1 0 0Nord Desprez Yr3a, Yr4a,

ND16 1 1 1 0 0 1 0 0 0 0 0 0 1 1

Compair Yr8 32 0 0 0 0 1 0 1 1 1 1 1 1 1 1Carstens V Yr32, CV1,

CV2, CV364 1 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Spaldings Prolific

Yr2, Yr11, SP

128 1 1 1 0 0 1 0 0 0 1 0 0 1 1 1

Heines VII Yr2, Yr11, Yr25, HV

256 0 1 0 1 1 1 1 1 0 1 1 0 1 1 0

Formule de virulence 402E82 466E82 208E86 268E12 140E44 474E28 268E44 396E44 396E44 222E36 460E44 268E44 466E48 466E48 64E0

Tableau 6 | Représentation des virulences de rouille jaune présentes, basée sur les sets mondial et européen. La virulence Yr32, jusqu’ici absente en Suisse, est mise en évidence

Page 37: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

249

presque toutes les souches, tout comme la virulence

Yr17, dans les souches depuis 2001. Les souches isolées

en 2008 présentent de plus les virulences Yr4 et Yr32.

Tests de résistance en serre et en plein champ

La résistance des variétés de blé inscrites ou en voie

d’inscription dans le catalogue national vis-à-vis des

nouvelles souches de rouille jaune a été examinée par

des tests en serre. Les résultats présentés dans le tableau

8A montrent que les nouvelles souches de rouille jaune

peuvent contourner la résistance seulement chez cer-

taines variétés de blé, ces dernières étant pourtant déjà

sensibles aux souches présentes en Suisse.

La sensibilité des mêmes variétés de blé soumises

aux tests en plein champ entre 2007 et 2009 est repré-

sentée dans le tableau 8B. Ces tests sont réalisés par

infections artificielles avec les souches isolées avant

2008. Les variétés Arina, Runal et Papageno sont les

plus sensibles, lors de chaque année de test. Il est impor-

tant de noter l’augmentation subite du niveau d’infec-

tion des variétés Forel, Orzival et Bockris entre 2007 et

2009. Le tableau montre également une légère

augmentation de la sensibilité d’autres variétés telles

que Combin, Molinera, Mulan, Muveran, Rustic et

Zinal.  Ces augmentations ne sont toutefois pas statis-

tiquement significatives.

D i s c u s s i o n

Les souches de rouille jaune isolées en 2008 en Thurgo-

vie et en Argovie présentent effectivement les viru-

lences Yr4 et Yr32, encore non répertoriées sur le terri-

toire suisse. La souche isolée à Changins ne présente que

les virulences déjà connues précédemment. Ce constat

se base sur l’analyse de tous les isolats obtenus à partir

de foyers importants ces 20 dernières années. La souche

«Probus», décrite à la fin des années 1960, était égale-

ment dépourvue de cette virulence (Corbaz 1966). La

virulence Yr32, présente au Danemark et en Allemagne

depuis les années 1990, a été répertoriée en France en

2007 (Hovmøller 2001; Eurowheat 2010). Les souches

portant cette virulence ont migré lentement, contras-

tant nettement avec la virulence Yr17, qui s’est répandue

rapidement dans toute l’Europe au début des années

2000. Les nouvelles souches se distinguent également

par leur capacité à pousser à des températures légère-

ment supérieures et par une plus faible agressivité par

rapport aux autres souches étudiées dans ce travail

(résultats non présentés). Il est donc concevable que

l’avancée des souches ait été ralentie par leur moindre

compétitivité physiologique et par le manque de plantes

hôtes compatibles.

La rouille jaune menace-t-elle la culture du blé en Suisse? | Production végétale

Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 244–251, 2010

Dernièrement, plusieurs souches de rouille jaune ont

été découvertes au Danemark, aux Etats-Unis et en

Australie (Milus et al. 2009). Toutes ces souches ont en

commun la présence de nouvelles virulences, une

agressivité élevée et la capacité d’infecter à des tempé-

ratures supérieures à 18 °C. Elles constituent donc un

certain risque pour la production. Les variétés de blé

cultivées en Suisse présentent pourtant une bonne

résistance contre la rouille jaune et même les variétés

très sensibles ne sont pratiquement pas affectées, vrai-

semblablement en raison de conditions climatiques

peu propices à l’infection.

Pour préserver la production de blé nationale de la

rouille jaune, Agroscope entretient depuis plusieurs

années le réseau de monitoring des pathogènes du blé

et du triticale (Agroscope Changins-Wädenswil 2010),

avec des partenaires dans les cantons, l’ETH Zurich,

Getreidezüchtung Peter Kunz et l’interprofession, de

même qu'un réseau de tests variétaux. Ces tests,

implantés dans les régions de production de céréales

les plus importantes de Suisse, permettent de capturer

les pathogènes, qui sont aussitôt examinés par Agros-

cope Changins-Wädenswil. n

Fréquence Yr1 Yr2 Yr4 Yr6 Yr9 Yr17 Yr32

<1999 3/5 1 9

<1999 2/5 1 6 9

2001 1/19 1 9

2001 6/19 2 6 9 17

2001 9/19 2 6 9 17

2001 2/19 6 9 17

2001 1/19 6 9 17

2009 1/4 1 2 4 6 9 17 32

2009 1/4 1 2 4 9 17 32

2009 1/4 4 6 17 32

2009 1/4 2 6 9 17 32

Tableau 7 | Représentation des virulences et distribution de patho-types de rouille jaune selon la méthode simplifiée de Hovmøller (2001). L'apparition de la virulence Yr17 au début du siècle et l’arrivée des virulences Yr4 et Yr32 est ainsi documentée

Page 38: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

250 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 244–251, 2010

Production végétale | La rouille jaune menace-t-elle la culture du blé en Suisse?

Variété

(A) Tests en serre (B) Tests au champ16

88

1689

1690

1691

866

111

2007 2008 2009

ARINA 9,4 6,9 29,6

AROLLA 0,0

CAMBRENA 0,0 0,0 0,0

CAMEDO 0,6 0,0 0,0

CH CLARO 0,0 0,7 0,0

COMBIN 0,0 0,0 5,6

FIORINA 0,0 0,0 1,9

FOREL 1,9 0,7 13,0

LEVIS 0,0 0,0 0,0

MAYEN 0,0 0,0

MOLINERA 0,0 0,0 9,3

MURETTO 1,9

MUVERAN 0,0 0,0 7,4

NARA 0,0 0,0

ORZIVAL 0,0 1,4 20,4

RUNAL 5,7 8,9 16,7

SCALETTA 0,0

SEGOR 8,2 20,4

SERTORI 0,0 0,0 16,7

SIALA 0,0 0,0 0,0

SURETTA 0,0 0,0 0,0

TIRONE 57,4

TITLIS 0,0 0,0 1,9

ZINAL 0,6 0,0 11,1

AKRATOS

AZZURO 0,0 1,9

BOCKRIS 0,0 6,9 25,9

CAPHORN 0,0 0,0 0,0

EPHOROS

GALAXIE 51,9

HERMANN

LUDWIG 25,9

MANHATTAN 0,0

MULAN 0,0 9,3

PAPAGENO 7,6 11,6 29,6

POTENZIAL 0,0 0,0

RAINER 0,0 0,0 0,0

RUSTIC 1,9 9,3

TAPIDOR 0,0 5,6

TOMMI 1,9

WINNETOU 24,1

ERIDANO 27,1 26,0 77,8

COCKER 23,3 24,7 72,2

111.13726 0,0 0,0 0,0

Tableau 8 | Sensibilité des variétés de blé du catalogue national et de variétés en voie d’inscription. (A) Interaction avec les souches isolées; (B) Résultats des tests de résistance en plein champ avec un mélange de souches

Réaction entre hôte et pathogène:

résistance

sensibilité

intermédiaire

pas de données

Page 39: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

251

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 244–251, 2010

La rouille jaune menace-t-elle la culture du blé en Suisse? | Production végétale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Is yellow rust a danger for Swiss wheat

production?

In 2008, yellow rust of wheat was

observed in two experimental sites in

the cantons of Thurgau and Aargau.

After isolation and purification, the

virulence spectrum was determined

based on wheat differentials. By this,

both virulences Yr4 and Yr32 were

identified for the first time in Switzer-

land. These virulences have already

been described in the 90s in the North

of Europe and their migration towards

South was detected in 2007 in France

and in 2008 in Switzerland, as related

in the present work. Infection tests in

greenhouses with these new strains

showed that today’s wheat varieties

present a satisfactory resistance

against the new virulences. The

reporting of other virulences occurring

in Europe emphasizes the importance

to carry on with the pathogens moni-

toring organized by Agroscope, can-

tonal phytosanitary offices and the

cereal branch.

Key words: yellow rust, Puccinia strii-

formis, virulences, emerging disease,

wheat, triticale.

La ruggine gialla è una minaccia per le

colture svizzere di frumento?

Nel 2008 due focolai di ruggine gialla

sono stati scoperti nelle prove varietali

di frumento autunnale, condotte nei

cantoni Turgovia e Argovia. Dopo il

loro isolamento e purificazione, lo

spettro di virulenze è stato determi-

nato su variétà differenziali. Due tipi di

virulenza, Yr4 e Yr32, finora assenti sul

territorio svizzero, sono stati eviden-

ziati. La migrazione di questi due tipi

di virulenza, già catalogati negli anni

novanta nel nord dell’Europa, è stata

registrata nel 2007 in Francia e nel

2008 in Svizzera, grazie a questo

lavoro. Le prove di resistenza in serra

con questi nuovi ceppi hanno rivelato

che le attuali varietà di frumento colti-

vate in Svizzera hanno una buona resi-

stenza contro queste nuove virulenze.

In Europa l’annuncio della presenza di

ceppi con altri geni di virulenza esige

di proseguire il monitoraggio dei pato-

geni mediante il protocollo messo a

punto da Agroscope, dai servizi di pro-

tezione vegetale cantonali, dall’ETH di

Zurigo, dalla Getreidezüchtung Peter

Kunz e dall’interprofessione.

Bibliographie b Agroscope Changins-Wädenswil, 2010. Monitorage des virulences. Virulences des rouilles brune, jaune et oïdium du blé 2009. Accès: http://www.agroscope.admin.ch/amelioration-des-plantes/00717/01219/index.html?lang=fr [22.03.10].

b Chen X. M., 2005. Epidemiology and control of stripe rust (Puccinia strii-formis f.sp. tritici) on wheat. Canadian Journal Plant Pathology 27, 314 – 337.

b Corbaz R., 1966. Notes sur la rouille jaune du froment en Suisse romande (Puccinia glumarum (Schmidt) Eriksson et Henning). Phytopathologische Zeitschrift 56, 40 – 53.

b Eurowheat, 2010. Yellow rust, pathotypes and frequencies. Accès: http://www.eurowheat.org [22.03.2010].

b Fossati D. & Brabant C., 2003. La sélection du blé en Suisse. Le program-me des stations fédérales. Revue suisse Agric. 35 (4), 169 – 180.

b Hovmøller M. S., 2001. Disease severity and pathotype dynamics of Puccinia striiformis f.sp. tritici in Denmark. Plant Pathology 50, 181 – 189.

b Johnson R., 1992. Past, present and future opportunities in breeding for disease resistance, with examples from wheat. Euphytica 63, 3 – 22.

b Johnson R., Stubbs R. W., Fuchs E. & Chamberlain N. H., 1972. Nomencla-ture for physiologic races of Puccinia striiformis infecting wheat. Transac-tions of the British Myocological Society 58, 475 – 480.

b Kobel F., 1961. Die Gelbrostepidemie 1961. Mitteilungen für die schwei-zerische Landwirtschaft 9 (7), 109 – 112

b Manners J. G., 1988. Puccinia striiformis, yellow rust (stripe rust) of cere-als and grasses. Advances in Plant Pathology 6, 373 – 387.

b McIntosh R. A., Wellings C. R. & Park R. F., 1995. Wheat rusts: an Atlas of Resistance Genes. Dordrecht. The Netherlands. Kluwer Academic Publis-hers.

b Michel V., 2001. La rouille jaune ... et alors?. Revue suisse Agric. 33 (4), 107 – 107.

b Milus E. A., Kristensen K. & Hovmøller M. S., 2009. Evidence for increa-sed aggressiveness in a recent widespread strain of Puccinia striiformis f.sp. tritici causing stripe rust of wheat. Phytopathology 99, 89 – 94.

b Sharma Y. R., Kang M. S. & Aujla S. S., 1985. Influence of yellow rust on yield and its components in wheat. Journal of Research (Punjab Agricul-tural University) 22, 425 – 430.

Page 40: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

252

Legendes

P o r t r a i t

Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 252, 2010

Les trichogrammes, les coccinelles et les typhlodromes

attaquent les ravageurs; les lombrics, les collemboles et

certains micro-organismes améliorent la fertilité des sols.

«Protéger les auxiliaires est l’une des tâches du groupe

d’écotoxicologie», explique, épanouie, cette Tessinoise

de trente-huit ans, soulignant que, si certains organismes

ont bien été étudiés auparavant, c’est seulement depuis

le début de ce millénaire que l’on pratique l’analyse glo-

bale des risques. «Nous ne nous intéressons pas qu’aux

auxiliaires; les poissons, les organismes de l'eau et du sol,

les oiseaux et les mammifères sont également inclus dans

ces évaluations».

Nature ou musique? Un choix difficile…

C’est ainsi qu’est né le groupe d’écotoxicologie, initale-

ment domicilié à la Station de recherche Agroscope

Reckenholz-Tänikon ART et dont le siège est aujourd’hui

à Agroscope Changins-Wädenswil ACW. Ce groupe

rédige des expertises dans le cadre de l’homologation

nationale des produits phytosanitaires. Michela Gandolfi

en fait partie depuis 2002. Cependant, sa voie n’a pas tou-

jours été toute tracée: dans sa jeunesse, il a fallu choisir

entre la musique et les sciences naturelles: elle a fini par

opter pour des études de biologie à l’Université de Zurich.

La musique est toutefois restée une passion qui prend

beaucoup de place dans sa vie.

Dans son travail de diplôme, Michela Gandolfi a étu-

dié l’effet de la structure des lisières sur la biodiversité

des auxiliaires, pour affiner ensuite ses connaissances en

participant à des projets menés à l’Institut fédéral de

recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) et à

l’Université de Bâle. La thèse qu’elle a défendue à l’EPFZ,

consacrée à l’utilisation d’un trichogramme parasite

dans la lutte contre le carpocarpse des pommes, a fina-

lement été son tremplin vers l’écotoxicologie.

Aujourd’hui, l’écotoxicologie est largement acceptée

«Au début, l’enjeu était d’obtenir que l’écotoxicologie

soit un critère incontournable dans le processus d’homo-

logation des produits phytosanitaires; c‘est aujourd’hui

chose faite», se réjouit Michela Gandolfi, et de citer avec

enthousiasme deux points forts de ces dernières années:

«Premièrement, le groupe d’écotoxicologie participe au

projet de réévaluation des matières actives de l’Union

européenne. Les meetings d’experts sont pour nous très

instructifs, parce qu’ils nous aident à revoir notre appré-

ciation des anciens principes actifs utilisés en Suisse, ce

qui constitue le deuxième point fort de nos récents tra-

vaux. C’est très important, car autrefois, contrairement à

aujourd’hui, les effets des produits sur l’environnement

n’étaient pas pris en compte dans l’homologation».

Pour Michela Gandolfi, l’évaluation de l’exposition

de divers organismes aux produits phytosanitaires n’est

pas une mince affaire. «Les concentrations dans les eaux,

en bordure des champs, dans le sol et sur les cultures

mêmes doivent être calculées en fonction de la culture,

de la période de l’année, de la quantité et des propriétés

du principe actif pour évaluer les doses ingérées par les

oiseaux ou les vertébrés». La conclusion de ces investiga-

tions est l’évaluation du risque. Michela Gandolfi trouve

ce travail captivant. Pour elle, «les produits phytosani-

taires sont nécessaires, mais ils doivent être sélectifs et

nuire le moins possible à l’environnement.»

Carole Enz, Agroscope Changins-Wädenswil ACW

Michela Gandolfi se bat pour des produits phytosanitaires écologiques

Page 41: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

253

A c t u a l i t é s

Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 253–255, 2010

N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s

Nouvel ouvrage de référence pour la culture des plantes aromatiques et médicinales

La culture de plantes aromatiques et médicinales en Suisse

est un marché de niche. Cependant, on observe actuelle-

ment que les plantes aromatiques issues des Bonnes Pra-

tiques de Production sont très demandées! Les nouvelles

fiches «plantes aromatiques et médicinales» fournissent

ces connaissances techniques indispensables.

Beaucoup de petites exploitations produisent actuel-

lement des plantes aromatiques et médicinales en tant

qu’activité économique subsidiaire, que ce soit pour la

vente directe d’infusions ou comme matière première

pour la transformation commerciale. Mais il apparaît

que de plus en plus d’exploitations s’agrandissent et se

spécialisent, misant pleinement sur la culture et la com-

mercialisation des plantes aromatiques et médicinales.

Ces tâches sont en constante évolution et nécessitent un

savoir-faire et des connaissances bien particulières. C'est

précisément le concept des fiches techniques d’AGRIDEA.

Actualisation par abonnement

Les fiches techniques Plantes Aromatiques et Médicinales

sont rédigées conjointement entre AGRIDEA, Agroscope

Changins-Wädenswil ACW, Ricola, Plantamont et d'autres

partenaires. Les informations les plus importantes sont

regroupées en huit chapitres où sont décrits les canaux de

distribution possibles, les exigences de production et de

qualité ainsi qu'un choix des plantes les plus importantes.

De nombreuses illustrations agrémentent ce classeur qui

est constitué d’environ 150 pages et dont la mise à jour

régulière des fiches signalétiques fonctionne par abonne-

ment.

Support technique par un groupe de travail permanent

Le classeur de fiches techniques existe en français et en

allemand. Il combine les connaissances actuelles issues

de la pratique, du conseil ainsi que celles de la recherche,

en constituant une base idéale pour la culture de Plantes

Aromatiques et Médicinales, réunissant plaisir et com-

préhension. Le soutien professionnel et le développe-

ment du document sont assurés par le groupe de travail

des Plantes Aromatiques Suisses / Schweizerischen Begleit-

gruppe Kräuter. Les commandes et autres réservations

sont disponibles chez AGRIDEA, Av. des Jordils 1,

1000 Lausanne 6, tél. 021 619 44 70, fax 021 617 02 61.

Prix du classeur : Fr. 60.– (sans frais de port), prix de l’abon-

nement annuel : selon quantité actualisée.

Page 42: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

254

Actualités

C o m m u n i q u é s d e p r e s s e

www.agroscope.ch

11.05.2010 / ACW Patrimoine génétique du feu bactérien décryptéLe plan de construction génétique de l'agent provoquant

le feu bactérien, Erwinia amylovora, la maladie des fruits la

plus célèbre au monde, vient d'être décrypté. Cette percée

des scientifiques de la Station de recherche Agroscope

Changins-Wädenswil ACW stimule la recherche contre le

feu bactérien du monde entier. Les chercheurs d'ACW ont

d'ores et déjà trouvé des gènes, qui pourraient influencer

la survie de la bactérie et son effet pathogène, la virulence.

Il est éventuellement possible que la découverte de points

faibles puisse contribuer au développement de nouvelles

stratégies de lutte contre le feu bactérien et permettre la

culture de variétés de fruits à pépins qui tolèrent cette

maladie.

10.05.2010 / ACW Néophytes envahissantes - des invitées indésirablesLes Nations Unies ont déclaré l'année 2010 comme étant

celle de la biodiversité. Pourtant, la diversité biologique

essuie chaque année des pertes considérables. La proliféra-

tion des plantes exotiques, aussi nommées néophytes enva-

hissantes, en est une des raisons. Ces dernières refoulent la

faune et la flore indigènes. C'est pourquoi la Station de

recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW se consacre

à la recherche sur les néophytes envahissantes, afin d'éviter

leur prolifération au préjudice de la biodiversité.

Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 253–255, 2010

Principales variétés de vigne cultivées en Suisse

Cet ouvrage, de 130 pages en couleur et enrichi de nom-

breuses photographies exclusives, présente la descrip-

tion de 57 cépages cultivés en Suisse selon les standards

de description internationaux de l’OIV. Des tableaux

récapitulatifs des caractéristiques des cépages blancs et

rouges ainsi qu’une introduction à la sélection clonale

pratiquée en Suisse viennent compléter ce catalogue

unique en son genre.

Eco

le d

’ing

énie

urs

de

Ch

ang

ins

Auteurs

Philippe Dupraz EIC et Jean-Laurent Spring ACW

Photographes

Giorgio Skory et David Quattrocchi

CÉpagesPrincipales variétés de vigne cultivées en Suisse

CÉpages

Pr

inci

pal

es v

arié

tés

de

vig

ne

cult

ivée

s en

Su

isse

Cépages Le livre est accompagné d’un glossaire ampélographique,

facilitant la compréhension du vocabulaire de descrip-

tion. Le glossaire de 12 pages reprend 30 descripteurs de

l’OIV, largement illustrés de photographies claires et

précises. Son papier laminé et robuste permet de l’em-

porter sur le terrain.

Le livre Cépage et son Glossaire sont des publications

essentielles pour les professionnels du monde viticole

ainsi que pour tous les amateurs passionnés par la vigne

et le vin. Fruit d’une collaboration entre l’Ecole d’ingé-

nieurs de Changins et la Station de recherche Agroscope

Changins-Wädenswil ACW, ce livre est édité par l’AMTRA,

CP 1006, 1260 Nyon.

Les prix sont indiqués en Francs suisses, frais de port en sus

0 à 9 exemplaires Dès 10 exemplaires

Livre Cépages & Glossaire CHF 57.– * CHF 50.–*

Glossaire seul CHF 10.–** CHF 8.–**

* Prix de vente pour les écoles : CHF 45.– pour le livre et le

glossaire et ** CHF 6.– pour le glossaire seul.

Le livre CEPAGES et son GLOSSAIRE sont disponibles en

3 langues: français, allemand et italien.

Commande à adresser à :

Cathy Platiau, Agroscope

Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1

Tél. +41 22 363 41 51 oder Fax +41 22 363 41 55

E-Mail : [email protected]

Page 43: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

255

Actualités

M a n i f e s t a t i o n sL i e n s I n t e r n e t

Juin 2010

16.06. – 17.06.2010Tänikoner AgrartechniktageAgroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon, Ettenhausen

18.06. – 20.06.2010Portes ouvertes 2010Agroscope Changins-Wädenswil ACWChangins, Nyon

Août 2010

12.08. – 12.08.2010 AGFF-FutterbautagungAGFF, Landwirtschaftliches Zentrum SG, ARTNeu St. Johann (SG)

13.08.2010Journée Info Plantes aromatiques et médicinales (PAM)Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Centre de recherche Conthey Chez Fam. Theiler, Hergiswil bei Willisau

14.08.2010Güttingertagung 2010Agroscope Changins-Wädenswil ACW und BBZ Arenenberg Versuchsbetrieb Güttingen, Güttingen TG

Septembre 2010

08.09.2010AGFF-FutterbautagungAGFF, Inforama, ARTFlugplatz Meiringen, Unterbach (BE)

16.09.2010Agrarökonomie InformationstagungAgroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon, Ettenhausen

28.09.2010Journée d'information ALP 2010Agroscope Liebefeld-Posieux ALP + Agridea LausannePosieux

Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 253–255, 2010

Juillet – août 2010 / Numéro 7 – 8

•• Systèmes d’antennes RFID fixes pour l’identification des

porcs, F. Burose et al. ART et Université de Hohenheim

•• Utilisation des micro-ondes pour lutter contre le rumex,

R. Latsch et J. Sauter ART

•• Test de 29 nouvelles variétés de ray-grass d’Italie,

D. Suter et al. ART et ACW

•• Rétrospective phénologique de l’année 2009,

C. Defila Meteoschweiz

•• La lutte contre l’ambrosie ne concerne pas que

l’agriculture, Ch. Bohren ACW

•• Liste recommandée des variétés de céréales pour la

récolte 2011

D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o

L'examen du comportement au champ des nombreuses variétés de céréales proposées à la pra-tique est un des gros mandats officiels confiés à Agroscope. La «Liste recommandée des variétés de céréales» met à jour chaque année les données sur les cultivars les mieux adaptés à nos conditions de culture.

Projet intégré AlpFUTUR

www.alpfutur.ch

L'objectif prioritaire du projet intégré AlpFUTUR est d'ouvrir

des perspectives pour l'exploitation des zones d'estivage

suisses à court et moyen terme (10 à 40 ans).

Les alpages ou les pâturages d'estivage sont un élément

majeur du paysage cultural suisse. Ils marquent une grande

partie des Alpes, des Préalpes et du Jura.

Dans l'espace alpin et dans le Jura, les zones d'estivage

représentent env. 500 000 ha ou 1/8 de la surface de la Suisse

(à titre de comparaison: la surface agricole utile actuelle

représente un million d'hectares). Ces zones se caractérisent

par une biodiversité élevée et par un paysage typique.

De nouveaux relevés montrent que que l'agriculture

suisse a de plus en plus tendance à cesser d'exploiter certaines

parties des pâturages d'estivage. Cette situation est due au

fait que l'agriculture (de montagne) a un intérêt économique

de plus en plus faible à conduire les animaux à l'alpage.

Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen

Page 44: Numéro 06, Juin 2010, Recherche Agronomique Suisse

Ag

rosc

op

e