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MEDIEVALES

Revue

semestrielle

ubliée

avec le concours

du Centre

de

Recherche

e

l Université

e Paris

VIII.

COMITE

DE

REDACTION

-

M

1 1

François-Jérôme

EAUSSART

Jlļ ļ|L|

~

tj

Ber^

Orlando

de

RUDDER

||Sjy

J

Imļ

DIRECTEUR

DE

PUBLICATION

Wwjñ

Jr|

¿_V

T~

Orlando

de

RUDDER

-

/

Le umero

particuliers

0.00Biblio..

nstituts40.00.

Abonnemente:

numéros

particuliers

50.00.

ibi.

nstituts

70.00

Les

èglements

ibellés

ordre

e

agem

omptable

e Université

e

Parisili

ublication

ed..

CP 13745

Parisontadresser

MEDIEVALES

Centre

e echerche

niversité

arit

III

2,

uee a

iberté

93526

aUM-Denis

edex2.

Les manuscrits

dactylographiés

uxnormesabituelles,oiventtre

envoyés

ndouble

xemplaires

:

Orlando

eR

UDDER

F J

BEAUSSAR

13,

assage

atbois

ouà

7.

rue

es

Remparts

75012 ARIS

02220

RAINE

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SOMMAIRE NO 3

/

JANVIER

983

TRAJECTOIRES DU

SENS

Page

ÉDITORIAL

3

LA

PEAU

ET SA PATHOLOGIE:

Langage

u

corps

t reflet

e la

pensée

médiévale

SophieCastera 8

ÉCRITURE

ET

IMAGINAIRE

U

RÊVE

DANS

LE

«

LANCELOT

EN PROSE

»

Mireille

emaules

18

«

L EFFET

CAMÉLÉON

Contact

ntre

honétique

t

sémantique,

raduction

t

transcription

dans

e

lexiquebotanique

Avicenne

t Gérard

e

Crémone.

François

acquesson

28

DU MÉLOSA LANOTE Lesnotationsmusicalesu

Moyen

Age

Annie

Dennery

40

CANTIGAS

D AMIGO

ET

CHANSONS

DE TOILE

Irène

Nunes

55

LE

VOCABULAIREAMOUREUX

DANS LES TRISTANS

Dominique

Gehanne

68

«

DU

CHAITIVEL OU

DES

QUATRE

DOLS

»

Ghislaine arout 76

LES MOYEN

AGE

ROMANESQUES

DU XXème IÈCLE

Michèle uerd

89

POUR UNE

HISTOIRE

DE LA

LECTURE

Orlando e

Rudder

97

ÉDITION

DE

TEXTE

« De la

nonain

ui

menja

a

fleur

u

chol

ou

li deables

estoit

mis,

i

qu ele

devint orsdu sens

Christine

ichi

111

NOTES

DE

LECTURE

136

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EDITORIAL

Le

Moyen

Age

est

à la

mode.

Point n'est besoinde s'attarderur

cette

affirmation

ue

l'évidence

es

faits

rend

presque

banale.Les

animateurs

e

la revue

MÉDIÉVALES

qui

tentent

modestement

e

prendre

eur

part

dans

la

promotion

e

cette

poque

ne sauraient'en

plaindre.

ourtant et

engoue-

mentdu public- et mêmedu grandpublic- invite uneréflexionur a

nature

même

de

cette

mode.

Le

MoyenAge

à

travers e

qui

s'écrit

ur ui

semble

tredevenu

amilier

tous

trop

familier

eut-être

dissimulantinsi

que

cette

période

e notrehistoire este

ncore

biendes

égards

nsaisissable

opaque

étrangère.

e

serait-ce

as

d'ailleurs ette dissimulation

ême

ui

rendrait

ossible

a

popularité

u

MoyenAge

? Est-ce

pécher

par

excès

de

scepticisme

ue

d'affirmer

ue

ce

que

le

grand ublicy

rechercheessemble

un

peu

à

ce

que

nos

grands-parents

echerchaientans es

<r

écits

'aventures

et

d'explorations

parmi

es

peuplades

sauvages

dont lsdécouvraientvec

un émerveillementeintéde

mépris

es coutumes

tranges.

a

description

anecdotique,

e

fait

brut le sensationnel

acile

emplaçant

'analyse.

ce

mode

de

perception

ontribuent

n

certain

ombre

e

textes

ontemporains

Des

romans

des

œuvres

e

fiction

bien

sûr,

mais

n

est-ce

as

surtout travers

es

ouvrages-là

ue

le

grand

public

connaît

croit

connaître

le

MoyenAge

plutôt

ue

par

a

lecture ssidue

des

essais t

des

travaux niversitaires

emar-

quables

que

cette

poque

suscite

epuis

uelques

nnées

Est-ce

aire

a

fine

bouche

que

d'affirmer

u'on

assiste

ctuellement une

dangereuse écupéra-

tion à un détournementdes finspurementommercialese certaines e

ces

études

L altérité

aie

Surtout

uand

elle est réduite

ses

manifestations

es

plus

spectaculaires

circonscrite son

«folklore

,

rendue

mmédiatement

aisis

sable

par

des

jugements

e valeur

écurisants.

e

paradoxe

du

fantastique

renouveau es études

universitairesur e

Moyen

Age

de ces dernièresnnées

réside

sans

doute dans le

fait

qu'involontairement,

lles ont

rendu

possible

l'apparition

'une nouvelle

atégorie

e

<r

omans

istoriques

à

prétentions

scientifiques

ont

e

défautmajeur

st

de

se

présenter

omme

es documents

objectifs ur l'époque dans laquelle ls se situent. rocédépublicitaireour

le

moinscontestable n ce

qu'il

laisse entendre

ux

lecteurs

ue

la

fréquen-

3

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tationde ce

type

de textes

peut

lui

faire

aire

'économie e

ceux

qui

sont

censés eur voir ervi efondements.

Et si la

merveilleuse Tour

de

Nesle d'Alexandre

umas n'était

n rien

préjudiciable

la

connaissance

u

Moyen-Age

et

pour

cause

-

il

se

peut

que

la

«

Chambre

es

Dames le

soit.

Ceci

étantdit il convient

e ne

pas

minorer

'intérêt

ue

suscite ussi et

fort

heureusement

la

recherche

cientifique

uprès

u

public.

Beaucoup

d'ou-

vrages

pourtant

ifficiles

'accès débordent

argement

e cadreuniversitaire

leurs

irages

n

témoignent

et

ont

su trouver

e

nombreuxecteurs

armi

es

non

spécialistes.

ourtant

à ce

our

seules a recherche

istorique

t des

disci-

plinesproches e celle-ci nt su obtenir e privilège.l est ndéniableue la

production

ittéraire édiévale à de

très

ares

xceptions rès

demeure

n

domaine

tranger

our

le

plus

grand

nombre. ette

familiarité

voquéeplus

haut

ne

peut

certes

as s'appliquer

ux

textes

crits

endant

e

Moyen

Age.

Et la notion

'alt rité

eprend

ci toute

a

force.Qui

veut

ccéder

irectement

à

cette

ittératuree

trouve

onfronté

un

problèmeinguistique.

Ancien

Français

comme

n

l'appelle

stune

utre

angue.

l

n

est

as

apparemment

directement

isible.

Mais est-ce

our

cela seulement

u'il

décourage

u rebute

le lecteur

e bonnevolonté

I es étudesconsacrées la littératureédiévaleusqu'à unepériode ssez

récente

présentaient

ne tendance

ffirmée

n

border

elle-ci

ue

sous

son

seul

aspect

philologique.

l est d'autre

part

difficile

e ne

pas

remarquer

le statut

articulier

es écrits u

Moyen

Age,

statut ensiblement

ifférent

e

celui

traditionnellement

ttribué

la littérature

lassique.

e

plus

l'approche

directe

des

textes

tait

fort

difficile

u

fait

même

de

la

spécificité

e leurs

conditions

e

production.

l

est

peine

aricatural

'affirmerue

la

littérature

médiévale

à

quelques

exceptions

rès

ne

fait

pas

vraiment

artie

e ce

qu'il

est

convenu

'appeler

a Littérature.

urieusement,

a

faute

n

revient

eut-être

à ceux-làmême ui l'ontfaitconnaître. es spécialistesu débutde ce siècle

semblaient

arfois

manifester

son

égard

ne

certaine

méfiance

voire

même

n

relatifmépris.

n

se

souvient

e

l'un

d'entre ux

et

non

des

moindres

quali-

fiant

Marie

de Francede

«

poétesse

un

peu

grêle

L

objet

de leurs

tudes

était

illeurs

t

tandis

u

"ils

rononçaient

es

ugements

sthétiques

ort

eu

rigoureux,

es

chercheurs

nalysaient

rès

cientifiquement

es

faits

e

langue

t

construisaient

ne

grammaire

partir

e

ceux-ci.

On

peut,

dans

une certaine

mesureconsidérer

ue

l'approche

niquementhilologique

e

cette

ittérature

a

pu

empêcher

e

s'interroger

ur es

qualités

sthétiques

à

priori

égligées.

Ce «

syndrome

philologique , de même,marqué a conception es

éditions

e textes

médiévaux,

onstituant

eux-ci

on

pas

en

objet

d'art

mais

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en

outil

de

travail ssentiellement

estiné ux chercheurst aux

spécialistes.

En témoignee dilemme ù tend s'enfermera

majorité

esœuvres ditées

jusqu'à

une récente

poque

qui

sont

tantôt

es

«monstres»

construits

e

toutes

pièces

à

partir

e

plusieurs

ersions

tantôt u

contraire

ne

reproduc-

tion <t

idèle

,

presque

superstitieuse

d'un

manuscrit

lu.

La

spécificité

l'originalité

t

surtoutes

conditions

e

production

e la

littérature édiévale

nécessitaientans

doute

cela.

Pourtant

imagine-ton

ne telle

conception

e

l'édition es

œuvres

e

Rabelais

u

de

Montaigne

Notrevision

u

fait

ittéraire

directement

éritée

e

l'idéologie

omantique

intègre ifficilementesécrits uMoyenAge.Cetembarrasui saisitecritique

ou

le lecteur 'est-il

as

toujours erceptible

ans

certainsmanuels colaires

Le discours

ui s'y

tient

émoigne

e

l'impossibilité

'appliquer

ux

textes

médiévaux

es

schémas

raditionnels.omment

endre

ompte

du statut u

héros

,

de

celui

de

l'auteur

Que

devient a

acro-sainte

otion

e

<t

sycho-

logie

des

personnages

?

Où sont es <r

rands

ypes

humains

qui

caractéri-

sent

le

grand

crivain

Apparaît

onc

-

naturellementn

quelque

sorte

l'idée

que

ces textes

ont

mparfaits

inachevés

qu'ils

sont

a touchantemani-

festation

'une

enfance

e

l'art.

Ces

propos

ejoignant

est-ce ien

un

hasard

- ceux sur 'inachèvemente cette angue. t si 'histoiree la langue e résout

dans

l'histoire

'une

progression

e

celle-ci ers

'idiome

du

XVUe siècle

-

ta

Langue

Française

aboutissement

inal

rendu

possiblepar

ta

<r

upture

du

XVIe

siècle l'histoire

e

ta

littératuree terminera

vec sa

forme

a

plus

accomplie

le

Roman.

La

littérature édiévale

st

donc dans

cette

optique

un

<t tat de

littéra-

ture

comme 'ancien

rançais

st

un

«état

de

tangue

.

Point

n'est

besoin

de ta

connaître

ou

du moins

quelques

morceaux hoisis

uffiront

s en

aire

une

dée

Jugée ta mesure e nos critèressthétiquesla littérature édiévale st

illisible. t

l'obstacle

e

la

langue

facilement

urmontable

our

ui

veut ien

s'en

donner

ta

peine

-

n'est

pas

seul en

cause. Entièrementonstituée

e

clichés

de

redondancesde

répétitions

lle

n

était

our

es

écrivains

e

l'époque

classique

qu'une manifestation

e ta

barbarie e leurs

ncêtres.

st-onbien

certain

ue

cette

opinion

xtrême it tout

à

fait disparu

Est-il i

difficile

d'imaginer

ue

cette

opacité

inguistique

t

idéologique

rocède

implement

d'une

esthétique

utre

Le

temps

n'a

pas

blanchi

ta

littérature

édiévale

comme

l

Va

fait

des cathédrales

il

faut

'envisager

ans

sa

polychromie.

lle

est autre mais elle estaussinous-même.lle rejoint n cela le paradoxe u

Moyen

Age

si

proche

et si

démesurément

ointain. es

noms

de

Roland

de

5

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Tristan t

d

Iseult

ne sont-ils

as

connus

e tous

y

compris

e

ceux

qui

n'ont

jamais u leurhistoire Cette ltéritébien oind'être nobstacle sa lisibilité

devrait ous

permettre

e

modifier

otre

ttitude

is vis

u

fait

ittéraire

ans

son ensemble.

'est

à

cette

difficile

ondition eulement

ue

la littérature

médiévale

ourra

rendre

a

place

dans a

Littérature.

Le

succès e rééditionsu d'éditions

écentes e textes

médiévaux

a

présen-

tation

de ceux-ci n

ouvrages

ccessibles ont

le

signe

de

cette volonté

e

rupture

Cette

nouvelle

orme

e

diffusion

délibérément

estinée

un

public

de

non-spécialistes

loin d'êtreune

compromission

u

une

vulgarisation

n'est

riend'autre

que

le désir

e

rappeler

ette vidence

ue

les textesmédiévaux

comme importeueltexte ittérairesontavant outdestinés être us

★ ★★

La

diversitémédiévale 'est

plus

seulement

elle

des

textes

maiscelledes

lectures. ous n'en sommes lustellement découvrires textes aresmais

découvrir

a

rareté es

textes.

Nous

réapprenons

ou

apprenons

lire en

scru-

tant

nos

propres

elléitésnos

tentations

'apprendre,

os

raisons e lire.

Le

corps

ur a

surface

la

peau

comme

rodrome

t

symptôme

ou

bien

es

reflets

es

tréfonds

rêves t visions

L écritureu son et es

registres

e mélo-

die

ou

bien 'écriture

ccupée

à

transcrire

es exotismes

alphabets

e sons

de

musique

u de

sons

de

langue

Les écarts ntre es

genres cantigas

u

chansons

stades

t

stances

e

la

conviction

u

de

l'hypocrisie

réseauxdu

désir

dits

et

manques

u

texte

composent ependantun lexique mač syntaxe idéologie.Tristan t

Chaitivel.

Très

difficile

e

parler

u

Moyen

Age

Les débats

ue

soulèventes romans

médiévoïdes,

'agacement

ue

suscitentes modes

nous

mposent

e

auger

nos

intentions

de

resaisir os

lectures:

ous nous

observons

ans

e

Moyen

Age

il nous

fautreprendre

e

scrupule

'Abélard entre

'objet

ui

est et l'idée

qui

cherche

spéculer

au

sens

exact

-

sur e

MoyenAge;

nous

retourner

ssez

vite

our

aisir

otre

os

nos

faces

achéesdansce

reflet.

La RÉDACTION

6

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Sophie CASTERA

LA PEAU

ET SA PATHOLOGIE

:

LANGAGE

DU

CORPS

ET

REFLET

DE

LA

PENSEE

MÉDIÉVALE

«Ouvis

par

ert

i

esfondree

Dou

feu

d'enfer

ar

i

grant

age

Qu

elen

avoit

oint

e

visage

Ne

se n

avoit

e

nez

ni

bouche.

(...)

Des

le

menton

usques

s

ielz

De charn voitmye lain

Gertz

'esgardoyent

merveilles.

(...)

Les

denz voit i

desrivez,

Les

gencives

i

descarnees

Et

lesnarrinesi chevees

Que

tant

ar

ert

spoentable

Qu'ele

sambloit

n

vif yable.

Qui

l'esgardoit

n

mi e

vis

Il sambloit

ien

t

ert vis

Qu eledeüst esgenzmaingier.

(Les

miracles

e Nostre-Dame

Gautier

e

Coinci

I

Mir

4.)

En matière

e

pathologie

médicale,

es auteurs

u

13ème

iècle,

pécialistes

ou

pas,

ont

toujours

imité eur

approche

quelques aspectsparticuliers

e

la

maladie:

ffections

e a

peau,pathologie

e

'appareil

ocomoteur,

tteintes

des

organes

ensoriels,

olie et

gynéco-obstétrique,

elles

sont les

quelques

situations,

resque

l'exclusion e toute utre,

ue

meten

eu

la littérature

non

médicale. i les

médecins e manifestent

as

le

même

ouci

réducteur,

8

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les

chirurgiensrivilégient

ans eurs

raités,

'une

part

es

plaies,

ulcères

t

apostèmesabcès), de l'autre es fracturest luxations,ncadrante qu'ils

nomment

les

autres

maladies

.

Incontestablement,

ans toute

a littérature

u 13ème

siècle,

pourtant

i

diversifiée

ans

son

expression

t

ses

intentions,

es

affections

utanées

ont

*

les

plus

représentées

t

étudiées.

omment

t

pourquoi

Dans

les écrits

on

médicaux,

l

n'est

question ue

de

symptômes

ermato-

logiques

divers

non

spécifiques:

laies,

ulcères,

uméfactions,edèmes,

tc.

Plus

ou

moins

récisément

écrites,

es affectionsn

cause ont

urtout

aracté-

risées d'une

part, par l'aspect

repoussant

u'elles

confèrent

u

malade

et

l'odeur nauséabondequ'elles dégagent, 'autrepart, par leur localisation,

préférentielle

u

niveau

du

visage

et des

membresnférieurs.

e caractère

fragmentaire

u

corps

malade

apparaît

insi d'emblée.

Dans tous

les

cas,

es

troubles

boutissent

apidement

la

perte

de

l'usage

d'une

ambe

ou à

des

déficits

ensoriels,

écité

ssentiellement,

uand

des ésions xtensives

nvahis-

sent

es

orifices

aturels

e la

face.

«

Les

miracles

e

Nostre-Dame

,

ceux

de

Saint

Louis,

rapportés

ar

Guillaume

e

Saint

Pathus et

qui

réalisent

ne

soixantaine e

précieuses

observations

médicales,

n

sont

uelques

llustra-

tions.

Dans les traités

pécialisés,

es

développements

n matière e

dermatologie

sont

particulièrement

iches.

Guido

Lanfranchi

t Henri

de Mondeville

ont

les

chirurgies

espectives

eprésentent

es textes

hirurgicaux

es

plus

mpor-

tantsdu

13ème

iècle

n

France,

onsacrent

ne

arge art

de

leur

uvrage

u

traitement

es

plaies

et

ulcères,

bordésde

la

téte aux

pieds

et à

l'exposé

d'affections

ermatologiques

numérées

oujours

a

capite

d

calcem

.

D'une manière

énérale,

a

littérature édicale

st

peu descriptive.

appel

anatomique,

auses

présumées

t

traitements

ont 'essentiel

du

chapitre.

Le plus souvent,

n

compile

u

commente

es œuvres

es

auteurs

lassiques,

en

ajoutant

u besoin

quelques

nouvelles ecettes

hérapeutiques.

a sémio-

logie,

n tant

ue

telle,

'est

pas

encore

ée.

Par

contre,

énombreremble

treune

préoccupation

onstante

es méde-

cins. De même

qu'il

y

a,

selon

a Doctrine

u

Quaternaire,

uatre

léments,

qualités,

humeurs

t

complexions,

n

compte vingt

ouleurs

possibles

de

l'urine,

ix-sept

ffectionse

la

face u

cinqespèces

e dartres.

On

prend

également

oin de nommer:

ale, saphates, urpura,

erpigo,

impetigo,

annus,

entilles,

outte

osacée,

mal

mort,

legme

alé,

morphées,

etc. Tout cela ne constitue u'unmince perçudesmultiples énominations

dont n

use.

Au sein

de ce

fatras

erminologique

on

spécifique,

uelques

ffectionse

9

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Toutepathologie uperficielle,pparente, anifesteu localisable erait u

ressort

u

chirurgien;

oute

lésion

profonde,

cculte,

nvisible u

de

siège

inconnu

elèverait

avantage

u

médecin. r celui-ci e

pratique as

'autopsie,

n'a

que

de

vagues

notions

natomiques,

e

dispose

d'aucun

moyen

d'accès

direct

l'objet

présumé

e

son étude.Pour ui comme

pour

e

chirurgien,

la

maladie

doit donc

se manifesterl'extérieur

ous

une

forme

isible,

irecte-

ment

ou

indirectement.

roscopie

t

saignée

ontribuent

argement

ais

non

exclusivement cette

nvestigation.

a

peau

en

effet,

n tant

ue

lieu d'émer-

gence

d'une

pathologie

achée,

devient

moyen

'exploration

'un

corps

dont

les profondeursont inaccessibles. a dermatologiepparaît lors comme

un véritable

angage

u

corps

u'il

convient

e déchiffrer.

Partout,

n le

considère,emble-t-il,

omme uffisantla

perception

ubjec-

tive

du

mal

par

le

patient

n'est

que

rarement

rise

n

compte.

Ce

que

l'on

observe e

la

maladie

dans

es

écrits ittéraireselève

urtout 'une

Symptoma-

tologie

objective.

a souffrance

ersonnelle

ue

l'on

exprime

st

essentielle-

ment

morale.

Jean

Bodel,

dans ses

Congés,

n est

le meilleur

xemple.

t

si

certains

médecins,

omme

Gilles

de

Corbeil u Arnaud e

Villeneuve,

iennent

compte

d'une

sémiologie

ubjective our

l'établissement

e

leur

diagnostic,

chezd'autres llen'estqu'unépiphénomèneont 'analyse 'estpas ndispen-

sable à

l'identification

u

mal. Bien

sûr,

n

interrogeonguement

e

patient,

mais seulement n fin

d'examen,

près

voir

regardé

t

palpé

on

s'informe

davantage

es circonstances u mal

que

du

vécu

personnel

u

sujet

et la

conduitede

l'interrogatoire

st

prédéterminée

t

codifiée

n fonction

e

la

maladie

n

cause Souvent

onc,

n

se

contente 'observert

palper

n

corps-

objet

dont

'éprouvé ubjectif

st méconnu. e

langage

u

corps

remplace

t

exclutouvent

e

dialogue

erbal

ntre

médecin t

patient.

On

ne s'étonne onc

pas

de

a

place

de choix

ccordée

ans es traitésmédi-

caux à la

dermatologie,

la fois

pathologie

t

moyend'exploration

u

corps

malade. Cette

représentation

référentielle

épond galement

une

réalité

objective:

u

13ème

iècle,

es lésions

utanées

ont

xtrêmement

réquentes.

L'hygiène

orporelle

t

alimentaire,

ettement

nsuffisantefavorise

les

éruptions

e

toutes

sortes;

a

promiscuité,

'augmentation

e

la

population

amplifient

e

problème

la

peau

se trouve oumise des

agressions

ultiples

tenant ux conditions e

vie

et au mode

de

travail ssentiellement

anuel.

Premier

rgane

xposé,

lle

est a

proie

d'une

pathologieraumatique,

cciden-

telle ou volontairementnfligée,ont« Le roman e Renart ou les romans

d'aventure

ournissentes

plus

belles

llustrations.e

principe

e

a

suppuration

11

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louable

préconisé

ar

les

chirurgiens,

isant

surinfecter

olontairementes

plaies

pour

hâter

a

guérison

omme

n

e

pense,

ggrave

a

moindreésion.

Enfin, ly a une autreraison, ssentiellet symbolique, cetteprimauté

des maladies

de

la

peau

dans a

littérature

u

13ème

iècle. Toute

atteinte

cutanée

-

qu'elle

soit

plaie,

ulcération,

angrène

u bien

tumeur,

edème

boursouflure

efflorescenceu

destruction

'un

fragment

e

peau

-

constitue

une

ésion

par

excès

ou

par

défaut,

quelque

chose

n

plus

» ou

«

en moins

qui

rompt

a

continuité es contours

orporels

ormalement

ssurée

ar

la

peau.

Celle-ci

tant

la

fois

imite t contact vec

e

milieu

nvironnant,

oute

effraction

e cettebarrière

abituellementnfranchissable

des

conséquences

pour

'une et

l'autredes

parties ui

la

bordent. utrement

it,

es maladies

e

la

peau

ontdeseffets

ersonnels

t sociaux

u'il

conviente

préciser.

En

ce

sens,

es

localisations

référentielles

u malau

visage

t aux membres

inférieurs

nt

une

signification.

ar l'effacement

es

traits

ue

l'atteinte

cutanée

mplique

ouvent

u

niveau

de la

face,

'individu

erd

son identité.

Quand

le mal

est si

profond u'il

empêche

'usage

des

ambes

et

la

station

debout

ou

quand

il

envahit es

orifices aturels

e la

face,

contraignant

u

silence

u aux

ténèbres,

'est

son

statut

'homme

ue

le malade

bandonne,

rejoignant

ar

le

règne

nimal

u

végétal,

oire a condition

'objet.

On

le

compare une souche Gautierde Coinci),à un tas de paillecreuse Jean

Bodel),

on assimile

on

membre

malade une vieille

otte

Jean

de

Joinville).

On e traite

e

chien,

oup,

éopard,

rapaud...

Gautier

e

Coinci).

L'idée

est

courante

u

Moyen-Age:

'homme ache

en lui une animalité

fondamentale

ue

la

maladie

révèle

t

rend

prevalente.

alade,

l redevient

bête

auvage.

On

comprend

isément

ue

cette

égression

xpose

des difficultéselation-

nelles

avec l'environnement.

'ailleurs

très

souvent,

a

présentation

e

la

maladie fait référence

la

perception

ensorielle

u'en

a

l'entourage.

ans

la littérature on scientifique, l'absenced'éprouvé ubjectif u malade

répond

e

vécu

perceptif

u mal

par

le

groupe

ocial.

En

général,

es

lésions

sont

repoussantes

e laideur

et de

puanteur.

t

l'expression

égoûtée

de

l'entourage,

envoyant

u

malade

'image

de sa

propre

échéance,

rovoque

en lui

la

souffrancee

la honte.

On

ne

peut

que

reprendre

e

motde

M.

Zink,

à

propos

de Jean

Bodel:

«

Les autres

ont

des

éléments

e son mal.

>$)

La

maladie

u

13ème

iècle,

urtout

uand

lleest

cutanée,

'est

amais

xclusive-

ment

ndividuelle.

lle

l'est

d'autant

moins

que

le

manque

d'hygiène

t

la

promiscuité

avorisent

a

dissémination

es

agents

athogènes.

ollective

ans

sa foi,ses aspirations,es institutions,a sociétémédiévale 'estaussidans

sa

pathologie.

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Les

réactions

ont

rapides

t

stéréotypées:

uite,

nsulte,

malédiction,ire,

enfermement.uelle qu'en soit la forme, lles impliquentmmédiatement

l'exclusion

u malade

hors de la communauté.

ncapable

de

pourvoir

sa

subsistance,

ésormais

la

charge

e

la collectivité

u réduit

la

mendicité,

il

est

d'emblée

vincéde

la

compétition

ociale t

économique.

apidement,

on le

déclare

otalement

napte.

i

le

corps

malade

st

fragmentaire,

es

consé-

quences

de

la

maladie

ntéressent'ensemble

e

la

personne,

orps

et

âme:

quiconque

st

atteint

ans son

ntégritéhysique

u

psychique

e

peut

discer-

ner

a

vérité

i

xercer

ucune

ctivité,

'ordre

égal,

rofessionnel

u

ntellectuel.

C'est

l'aspect

même

des ésions

ui ustifie

'exclusion

trous,

laies,

bour-

soufluresideuses t nauséabondes,lles ont 'imagemêmede aputréfaction,

portant

n elles la

marque

d'une

fin

prochaine.

a

maladien'est

que

mort

anticipée,

omme

e

confirme

a

perte

de

la vision u de

la

parole

qu'impli-

quent

ertainesffections

nvahissantes

e la

face.

L'

exemple

e

plus

frappant

en

est le

rituel

d'enterrement

rématuré

uquel

sera

soumisultérieurement

le

lépreux.

our

'heure,

n se

contente

e

l'enfermer

éfinitivement,

e

qui

a

même

ignification.

ans

certaines

rovinces,

l

est

déjà

mort

ivilement.

Généralement,

e

malade

se trouve

insi

dans

un

état ntermédiaire

ntre

vie et mort, ntre nmonde errestreui le repousse tun au-delàqui

ne le

réclame

pas

encore.

Concrètement,

ette

situation 'illustre

ans

l'errance,

le

vagabondage

ansbut

auxquels

ont

enus

es

malades,

nvahissant

es

routes

en

de

misérables

ordes

ù se retrouvent

oiteux,

ossus,

veugles,

diots t

fous.

La

maladie,

éjà

présentée

omme

upture

e

'enveloppe

orporelle,

éalise

donc

dans e même

emps

ne

perte

es

imites erritoriales

ui

rappelle

ncore

l'idée

d'un retour une

animalité

ondamentaleévélée

ar

a

pathologie.

ans

cette

perspective,

'enfermement

notamment

es

lépreux

n'a

pas

seule-

mentpour rôle de se protégerontre a contagion hysique.l exprimea

nécessité

our

'entourage

e circonscrire

un

espace

fermé

t

éloigné

e mal

envahissant,

édaigneux

es

frontières

aturelles u

corps,

de

restaurer

n

continuum

ui

n'aurait

amais

être

rompu,

e maintenir

a bête

éveillée

dans

une

aire

circonscrite,

ieu

de

projection

t de fixation

e

tous

es maux

dont n

est

et sera

frappé.

On

peut

rapprocher

e ces

pratiques

e

soin

particulier

es

médecins

nommer,

uantifier,

ocaliser,

témoignant

'un même

désir

de

maîtriser,

circonscrire,imiter,

ne

pathologie

dont

bien

souvent

ls

n'appréhendent

pas la raison.L'envisagerystématiquemeñta capitead calcem relève u

même

ouci

de ne rien aisser

chapper

u

mal.

13

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Cettemise l'écartde

a

maladie,

'importance

es réactions

u'elle

uscite,

la

peur,

e

mépris ue l'entourage

manifeste

e

plus

souvent l'encontre

u

malade,

es accusations iverses ont l est

'objet,

out cela

apparaît

omme

l'expression

'une

angoisse

ollective,

ommeun

comportement

éfensif

l'égard

e celle-ci. n le

sait,

e

corps

t

'esprit

nis troitementans

a

santé,

demeurent

iés dans a

maladie.

Quand

a

chair

ouffre,

'âme est

également

impliquée

ans

cette souffrancet

qui

dit

douleur

morale u

Moyen-Age,

it

péché.

La faute st

toujours

n relation vec

la

maladie,

écue

alors

omme

châtiment e Dieu.

C'est la

possession

ar

le

mal,

ncarné

ar

le Malin.Les

métaphores

nimales

rapportées

lus

haut illustrentette

croyance

ue

la

naturequelquefois araîtconfirmer:e faciès éonin» a griffeubitaledes

lépreux

euvent-ilsémoigner

'une ntervention

utre

ue maléfique

Loup, léopard,

aureau

mugissant

u

bête

venimeuse,

'animal

ui

envahit

l'homme

malade

ymbolise

e

diable,

'enfer

u

systématise

'angoisse

e

dévo-

ration

u'ils

suscitent,

e

fantasme

aractéristique

e

la mentalité

u

Moyen-

Age.

L'usage

du

terme feu

pour

désigner

ouvent a

maladie,

a

laideur,

a

puanteur

xtrême es

ésions,

'image

'un

gouffre

ui s'impose

evant ertains

délabrementse

la

face,

viennent

enforcer'idée d'une

présence

nfernale

u

seindel'organismetteint.

Plaies,ulcères,

bcès et

lésions

e

même

nature,

i

fréquemment

ention-

nés,

peuvent

pparaître

lors

comme

a

conséquence

e l'activité évoratrice

de la

bête

-

et avec elle

du

diable

tapis

dans a

profondeur

u

corps

malade.

La

peau,

dernier

empart

ontre

a

diffusion

u mal

-

et

du

Mal

-

fait onction

quand

elle est atteinte ans

son

ntégrité,

e

signal-symptôme

vertisseur

'un

danger

mminent,

la

fois

hysique

t

moral.

S'il est vrai

que

la

maladie st

possession atanique,

lle est

dans e même

temps

fréquemment

erçue

comme

marque

de

Dieu,

présence

ivine,

ont

on est en droitde s'enorgueillir.es « contracts, marqués ar e feuSaint

Antoine,

onsidéraient

u'ils

avaient

té choisis

par

Dieu et

frappés

u

mal

infernal

our

éclairer

eurs

contemporains.

e

Tout-Puissant,

ans

sa ven-

geance,

vait

référé

es

meilleurs

our

xpier

es

péchés

u

siècle.

Même,

lors

que usqu'au

13ème

iècle,

n

vénéraitn

a

personne

u

Christ

un

roi dont

l'apparence

orporelle

evaitêtre

ntacte,

rigée

t

lumineuse,

on

commence cette

poque

à

adorer

n

Christ

e

douleur

t

de

souffrance.

On reconnaît

e Fils de

Dieu dans

es malades

d'aspect

epoussant,

n

particu-

lier

es

épreux.

Ce corpsmeurtri,rrant,omme uspendu ntre ie et mort, evientui-

même e

siège

de

l'intervention

émoniaque

t

divine,

e

lieu

choisi

pour

e

14

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combat

ue

se livrent

orces u

bien et

puissances

u mal.

D'individu

ensant

et

identifiable,

e

malade,

devenu

orps-objet,

ntermédiaire,

nstrument,

iais,

lieu d'action,

enjeu,

n'en demeure

as

moins e truchementndispensable

à

l'expression

u

pouvoir

ivin.

Dans

ces

conditions,

a

maladie

e

doit d'être

stentatoire.

asque,

angage

exprimant ar

signes

n

sens

aché,

'organisme

oit

être

e

siège

'une

patho-

logie

manifeste

ui

est

la démonstration

clatante

e la

punition

e

Dieu.

Et

la

guérison

ventuelle 'en

sera

que

plus triomphante,

ontribuant

inalement

au

renforcement

e

a foi.

La maladie

résente

lors ne

triple

ignification

-

elle est conséquence u péchéoriginel

u d'une faute

ommise

ar

le

sujet

t

signe

oncune victoire

es

puissances

u

mal

-

elle est ensuite

hâtiment

e Dieu et

marque

de

sa

présence.

unition

divine,

bandon

moral

n

premier

ieu,

elle

ustifie

'exclusion

hysique

ui

en est a

conséquence

t

s'exprime

ans e

rejet

ors

du

groupe

ocial

-

elle

est enfin

participation

la

croix,

donc

expiation,

urification,

occasion

de

salut,

nstrument

ême d'une

réintégration

orale,

remière

étape

vers ne réinsertion

omplète

t effective.

On

peut

voir

dans

cette dentification

alade/Christ

rucifié,

'une des

raisonsprofondes u refusdes médecins t chirurgiense ne rienvoir, u

seulement

ndirectement,

e la réalité

rofonde

u

corps

humain,

t

partant

de

là,

de leur ntérêt

articulièrement

arquépour

une

pathologie

uperfi-

cielle.

En

effet,

i

a

maladie

st

participation

la

croix,

lors

disséquer,

uvrir,

opérer,

'est-ce

as disséquer,

uvrirt

opérer

e

corps

du

Christ

Jusqu'au

13ème

siècle,

deux

conceptions

ivergentes

es

états

morbides,

l'une

théologique,

'autre

d'esprit

lus

scientifique,

artagent

es

spécialistes.

L'introduction es

théories ristotéliciennes

ans

les

universités

rançaises

donne

'avantage

ux

tenants 'un

déterminisme

rganique

es

maladies.

lles

résultent,elon la fameuse héoriedes quatrehumeurs, 'un déséquilibre

humoral

à

des

variations

athologiques

e

la

température

t

de

l'hygro-

métrie

u sein du

corps

malade.

L'organisme

umain,

onstruit

l'image

du

monde,

est soumis ux

mêmes

ois

et influences

ue

lui.

Les hommes

de

sciencevont donc

s'efforcer

'intégrer

a

pathologie

médicale t

chirurgicale

dans un

système

e

pensée

t de référence

lus

global,

finde maintenirne

cohérence

niverselle.

Dans cette

perspective,

a

maladie

représente

ne menace

pour

'univers

tout

entier. n

compromettant

'équilibre

ndividuel

e la

santé,

lle

désorga-

nise toute 'œuvre e Dieu,et ce d'autant lus qu'elleestapparente. ffense

manifeste

u

Créateur

t

à

la

Nature,

oute

pathologie

onnant voir

ustifie

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1976.

17

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Mireille

DEMAULES

ECRITURE

ET IMAGINAIRE

DU RÊVE

DANS

LE

«

LANCELOT

EN PROSE »

Pourquoi

y

a-t-il e

l'Etre et

non

pas

plutôt

Rien

?

Heidegger.

L'importance

des

rêves

au

Moyen

Age

s'explique

par

une

double

tradition

par

une

tradition

eligieuse

t

par

une

tradition

ittéraire.

Le

rêve

fourni

e thème

'un

grand

débat

d'idées

chez les

penseurs

chrétiens.

eux-ci

e

réfèrent

la Bible

afin

de déterminer

eur

attitude

l'égard

du

rêve.

Or,

l'Ecriture

égitime

ne

prise

de

position

mbivalente.

Le

songe

est

à la

fois

vrai et

mensonger.

l est

vrai

parce

que

Dieu

se

manifeste

l'homme

ar

son

ntermédiaire.

es Pères

de

l'Eglise

allèguent

ainsi les rêvesde Jacob Gen. 28, 10-16), de Pharaon {Gen. 41) et de

Nabuchodonosor

Daniel

2 et

4).

Toutefois,

e rêve

reste

une

parole

instable,

ouvent

méprisée

our

on

ncapacité

retenir

e sens.

Le

rêve

a

pénétré

ans

la

tradition ittéraire

ar

l'intermédiaire

e

l'hagiographie.

uis

s'émancipant

eu

à

peu

d'un

modèle

religieux,

l se

laïcise

et

connaît

une

grande

faveur.

l

constitue

n

ornement

ort

prisé

dans

les

chansons

de

geste

et

Charlemagne

estera

'un

des

plus

grands

rêveurs

de

notre ittérature.

Mais les

puissances

du

monde

onirique

semblentvoir xercéune fascinationouteparticulièreur esromanciers

médiévaux.

18

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Insérer

un rêve dans

le

récit

avait

un double

avantage pour

les

romanciers. opos bien établi par la tradition,l conféraitu récitune

touche

ssurée

de

mystère

t

d'insolite.

Mais

il

représentait

ussi le lieu

commun

grâce auquel

l'écrivain

pouvait

rivaliser

vec ses aînés

ou ses

pairs,

n

un mot

innover. 'écriture

u rêve

st

alors,

ertes

un

exercice,

mais bien

plus

e merveilleux

rétexte

libérer

'imaginaire.

elle semble

être

a

démarche

du ou des

auteurs

du Lancelot

en

prose.

En

effet,

e

nombreux

personnages

rêvent

dans cette

grande

œuvre

:

Lancelot,

Guenièvre,

Galehot,

.. mais

aussi

Arthur,

ui,

nous

le

verrons,

st

en

définitive

un

aussi

grand

rêveur

que Charlemagne.

La

tradition

prédestinait

Arthur rêver.

l

est

roi

et ses

rêves,

concernant e

plus

humble

de ses

sujets,

déterminent

oute

la tonalité

d'un

univers

imaginaire.

Les rêves

d'Arthur

que

nous

nous

proposons

d'étudier

s'inscriventnévitablement

ans

a tradition

es

songes

oyaux.

Mais

nous verrons

ue

l'écriture

romanesque

en

s'emparant

du

modèle,

'infléchit

t

l'enrichit,

aisant

insi

advenirun sens

capable

en

retour

'interroger

'écrivain

ans sa

pratique.

Dans

la version

ongue

du Lancelot

en

prose

éditée

par

A. Micha 1

,

les rêves

'aventure

rojettent

oudain une lumière

nquiétante

ur e

récit

d'aventure.A

la

fin

du tome

VII

(2)

nous lisons

que

le

roi vit

en rêve

tomber ous ses cheveux t

les

poils

de sa barbe.

Trois nuits

plus

tard,

l

rêva

que

tous ses

doigts,

omme des feuilles

mortes,

ombaientde ses

mains.

l

manda alors à Camaalot tous les

évêques

et

les

archevêques

u

royaumepour connaître e sens de ses rêves. Les clercs refusent out

d'abord de

donner une

interprétation

u

rêve.

Menacés

de mort

par

Arthur,

ls

obtiennent

un

délai

du

souverain,

puis

lui

livrent

eur

interprétation

un

renversemente fortune estine

Arthur

perdre

e

pouvoir.

La conformité e ces deux rêves au modèle du rêve

royal

frappe

(1)LANCELOT.omannproseuXlIIèmeiècle.extesittérairesrançais,enève,1980ibrairieroz

Vol.

8.

(2)

Tome

II,

p.

434

437.

19

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d'emblée.Où est

donc

'originalité

e ces

rêvesmanifestement

nspirés

es

rêvesde NabuchodonosorDaniel 2 et 4)? L'épisode bibliquea en effet

fourni

au texte

romanesque

le

modèle d'une

progression

narrative,

ponctuée ar

es

délais accordés

ux

clercs,

ui

se

refusent

interpréter

es

songes,

ramatisée

ar

la

menacede

mort

ue

le roi

fait

peser

ur

eux.

En

outre,

ne morale

imilaire e

dégage

du

texte acré

et du texte

profane

tout

empire

terrestre,

ussi stable et

puissant

soit-il,

st

promis

à la

destruction.

D'autre

part,

es

fonctions

ue

l'écriture

omanesque ssigne

à ses

rêves onttout-à-faitonformes une traditionittéraireui recourt u

rêve fin

d'orner a narration t d'annoncer es

événement

venir.

Ornements,

ces deux rêves le sont

car

il

n'amènent aucune

transformation

ans e

récit.

ls n'ouvrent n effeta voie

à

aucun

possible

narratift n'incitent

as

le souverain

agir,

transformer

on destin

t

du

coup...

les

plans

du

récit.

Les rêvescontribuentout

simplement

créer

une

atmosphère

de

mystère,

suggérer

que

des forces occultes

communiquent

vec es hommes

ar

eur

space

intermédiaire.

Mais,

bien

qu'ayant

un statut

rnementatif,

es rêves

ouent

un rôle

dans

'économie

énérale

e

l'œuvre.

De

fait,

a valeuroraculaire ccordée

au rêve

légitime

e recours à cet

artifice ittéraire

our préparer

es

événements

venir

dans la narration.

es rêves

ouent

alors le rôle de

soudure

ntre

e désastre

ue

met n

scène a

Mort e roi

Artuet lě

récit

du

Lancelot

Toutes es

images

des

rêves e

rejoignent our prédire

u

roi

sa

mort.

Ainsi la chute

des

doigts,

n

laissant es

paumes

de

ses mains à

jamais

mutilées,

prive

e souverain

de toute

possibilité

de maîtrisedu

monde.

En

perdant

a chevelure rthur

'est-il

pas promis

connaître

e

destintragiquede Samson (Juges16) dont les cheveuxsymbolisaient

l'invincibilité? outesces

mages

nnoncent

'impuissance

t

a mort.

Mais

tout en

respectant

e

modèle

canonique

du

rêve

oraculaire,

l'écriture

omanesque

ntroduit n

élément

extuel

nattendu

ui perturbe

«la

sagesse»

du

récit.

n

effet,

ccablé

par

la

prophétie

es

rêves,

Arthur

demande

ux

clercs

'il

n'existe ucune

échappatoire

iix

arrêts u destin.

Voici

ce

qu'ils

lui

répondirent

«nule rienne vouspuetrescoure e perdre outehonor erriene,e

il

ne

vous

resqueut,

i

lyons

auvages

et

li

mires ans mecine

par

le

20

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conseil

de

la flor.

3)

Cette

réponse

énigmatique

aisse le

roi

et

le lecteur..

médusés.

La

tradition

eut

que

le

rêve,

ne

fois

nterprété

ette

jour

un sens où

la

clarté le

dispute

à

l'irréfutabilité.

r,

le discours

interprétatif

e

réapproprie,

ci,

le

caractère

nigmatique ui

fonde

'écriture u

rêve,

laissant à

jamais

le sens

suspendu.

Grâce à cette

énigme,

'écriture

introduit u

jeu,

au

propre

omme u

figuré,

ans

la

règle

ittéraire

ui

érige

e

rêve n un

signe

dont e

signifié

sttotalement

los et

explicable.

Le

troisième

êve

que

nous

voudrions

présenter

e recourt

pas

à

l'énigmepour

se

jouer

des contraintes

mposées par

le modèledu rêve

ominal.

Mais

il

bouleverse

ussi es ois du

genre.

En

effet,

l

ne

nous

est

amais

donné de

voir

Arthur êvant e

songe.

l

n'y

a

pas

de

présent our

ce

rêve,

ar

nous

dit-on,

l

fut

rêvé

a nuit

Arthur

ngendra

Mordret.Nous

prenons

connaissance

du

rêve

par

le

détourd'une aventure

hevaleresque

4).

Lancelot et Mordret rrent ans

la

forêt

périlleuse.

n

jour,

ils sont

hébergés

hez

un

vavasseur

ui

leur

apprend

que

le

lendemain ura

lieu un

tournoi u

château

de

Panigue.

Avantde se rendre u tournoi, ancelot émet e désird'assister l'office

matinal. Le vavasseur

e

propose

alors

de les

conduire à un

ermitage

voisin.En

chemin,

près

d'une

tombe,

ls

rencontrentn

vieil ermite

n

prières

ui prédit

Mordret

qu'il

tuera

son

père

et

détruira 'univers

chevaleresque.

Mordret

éfutea

prédiction

u

vieil

homme n

rétorquant

que

son

père,

e

roi

Loth

d'Orcanie

estmort

epuis

ongtemps.

'ermite

ui

apprend

lors

que

le

roi

Loth

n'était

ue

son

père

nourricier

t

qu'il

est

de l'union

idiīļtērine

e la

femme

u

roi

Loth

et

d'un

autre

roi

dont l

tait

le nom.L'ermite, ésireux e prouvera véracité e sa prédiction,aconte

ensuite,

que

la nuit

Mordret

fut

engendré,

oii

père

rêva

que

de

ses entrailles ortait

n

serpent ui

dévastait a terre t massacrait on

peuple.

Le

roi

parvenait

n

songe

à

tuer le monstre

ui

lui

infligeait

néanmoins

es blessures elles

u'il

en mourrait.

u direde

l'ermite,

e

roi

fit

peindre

son rêve

sur

les murs de la

cathédrale

Saint-Etienne

Camaalot. Puis le vieil

homme

porte

deux

accusations

Mordret era un

(3)

Tome

II,p.437 5.

(4)

Tome

.

De a

page

19

223.

21

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assassindans e

futur,

ar

dit-il e

serpent

u rêve e

représente,

ais aussi

dans le présent ar le destin e condamneà tuer 'interprèteu songe.

Mordret,

ris

d'une folle

age,

décapite

Termite onnant insi

raisonaux

sinistres

prédictions.

C'est alors

que

Lancelot

sort

de sa

position

d'observateur,

clate

en

reproches

l'adresse de Mordret t se

penchant

sur

e

corps

du vieilermite

écouvre

ne lettre. l la

subtilise

t la cache

pour

a lire la dérobée

pendant

'office cette ettre

évèle

ue

le

père

de

Mordret st

Arthur t

que

le

père

t e fils

'entretueront.

Le

topos

du rêve est

considérablement

nrichi

par

le caractère

dramatique e la scènequi opposedeuxpersonnagesl'ermite tMordret)

dans un

dialogue

mort.

e

dialogue,

u cours

duquel

nous

est

présenté

e

rêve,

mène des renversementst

des transformationsans le

récit.

En

effet,

Mordretde

personnagepositif

u'il

était

encore,

devient

par

la

révélation

u

rêve,

n

personnage

out

fait

négatif.

'ermite,

arce

qu'il

a la

mémoire

e

ce rêvemet

jour

a

véritable ature e

Mordret

il

est

un

meurtrier

ymbolisé

ans e

rêve

ar

un

dragon,

ui

n'est

pas

sans

évoquer

«l'antique serpent,

e diable ou le Satan»

que

nous

trouvonsdans

X

pocalypse

XII, 9).

Mais si

Mordret st

représenté

ar

un

monstre

investi 'attributs

émoniaques

c'est

que

sa naissance st

llégitime,

oire

monstrueuse.

On

comprend

dès lors

que

le

rêve fasse

écho

à

une vision dont

Gau vainest

gratifié

u château

de

Corbenic

5).

En

effet,

e Graal est

à

un

mystère

celui des

origines.

Comme e

montre

M.

Jacques

Roubaud

dans un

article ntitulé

nfance

de la

Prose

6),

la

connaissance es secrets

du

Graal est

indissociable de

celle des

secrets

généalogiques

de la

chevalerie

rthurienne.l

y

a

greffe

u

rêve

d'Arthur ur es aventures u

château du Graal parcequ'une similitude nit ntimementa familledu

Riche

Roi

pêcheur

celled'Arthur

le secret

es naissances.

En

effet,

omme e

rêve

d'Arthur,

'aventuredu château du

Graal

nous rend

pectateur

'une

naissance

merveilleuse.

auvain couché

sur e

lit

de

la

merveille,

oit

rriver n

serpent

multicolore,

ui

bientôt e tord t

rejette

ar

la

bouche

plus

de cent

serpenteaux.

uis,

le

serpent uitte

es

(5)

TomeI. P.

380-381,

19

21

nclus.

(6)

CHANGE °

16-17,

A

CRITIQUE

GENERATIVE,

aris,

ept.

973

Editions

Seghers-Laffont.

22

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serpenteaux our

aller combattre

n

léopard.

L'issue

de la lutte

étant

incertaine,e serpent squisse alors un mouvement e retraitvers les

serpenteaux ui l'attaquent

leur our. ls

s'entretueront.

La nature même de l'aventure

vécue

par

Gauvin

permet

un

rapprochement

vec e rêve

'Arthur.

l

s'agit

de faitd'une vision.Dans les

deux

expériences

e héros 'abandonne la

passivité.

otale

dans

le cas du

rêve ar

'être

st

abîmé

dans e

sommeil,

lle

n'est

que partielle

ans le cas

de

la

vision ar e

héros

demeure

veillé.

Or,

l'écriture

omanesque

end

ci

à

gommer

a frontièrentre e rêve t la vision

il

fait

nuit,

Gauvain est

allongé sur un lit, dans la positiondu dormeur.En outre, a findes

aventures u

héros

u châteaudu

Graal coïncide vec

son

réveil

uisqu'on

peut

ire

«Al

matin,

uant

i

solaus fu

evez,

'esveillamesire

Gauvain,

si se

trova

n la charete a

plus

aide del mont...

7)

Or le réveil

mplique

e sommeil.Mais

jamais

à

aucun moment

'écrivain

ne nous a

précisé

que

Gauvain

s'endormait Nous

voilà donc

tentésde

nousdemander i tout et

épisode

du château du Graal ne fut

pas

unrêve

du

héros.

En

somme

Gauvain urait

rêvé

e rêve

d'Arthur.

Du

coup,

e

récit

oursuit

a

similitude

es deux

expériences.

n

effet,

de

même

que

le rêve d'Arthur

vait

été

interprété ar

le vieil

ermite,

a

vision

de

Gauvain est à son

tour

lucidée

par

un

ermite

ommé

egre

8).

Celui-ci

évèle Gauvain

que

le

serpent

ymbolise

e

roi

et

que

cettevision

prédit

a

fin

du

monde

arthurien. a

vision enrichit

même

la

portée

oraculaire

du

rêve en

condensant

lus précisément

ncore ur

le

monde

symboliqueesprincipauxpisodesde la MortduRoiArtu C'estainsique

le combatdu

serpent

t

du

léopard

représente

a

guerre

menée

par

Arthur

contre

ancelot,

t

que

le combat

du

serpent

t

des

serpenteau*

igure

a

bataillede

Salesbières.

a

vision nrichit onc

es

mages

t e sens

du

rêve,

qu'elle magnifie

n

le

transportant

ans

le cadre

extra-temporel

u

châteaudu

Graal.

Mais si

l'écriture

hoisit

de

mettre

n

valeur e

rêve

en

le liant au

(7)TomeI. P.385 31.

(8)

Tome

I. P.

386-38933

39.

23

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mystère

randiose

u

Graal,

si

elle

organise

des

répétitions

ans

la trame

de la narration,'estque le sensdu rêven'enfinit as dehanter 'œuvre.

Il n'est

pas

indifférent

ue

la vision it

repris 'image

du

serpent

ur e

mode

emphatique.

n effet

partir

u

sémantisme

u

serpent

'élabore

un

réseau

de

significations

rèsdense.

D'emblée,

nous

remarquons

ue

cet animal

ymbolise

la

foisArthur

et Mordret.

Dans la

mythologie

ntique

comme dans

la

littérature

médiévale,

e

serpent

st le

génie

tutélaire

es

princes

t

des hommes

de

pouvoir.

Ainsi e

Roman

d'Alexandre nous raconteun

songe

que

fit

e

conquérant

lors

qu'il

était enfant.

l

rêva

qu'il

laissait

tomberun

œuf,

dontsortit n

serpent.

ristote

xpliqua

lors

que

l'œufétait e monde t

Alexandre

e

serpent.

Rien d'étonnant

donc,

que

le Lancelot

en

prose

reprenne

ette

mage pour représenter

la fois la

père,

souveraindu

royaume

e

Logres,

t e

fils

ue

l'avenir

estine

lui

usurper

e

pouvoir.

Mais au

serpent

sont

attachées bien d'autres

significations.

a

tradition

mythologique

eut

u'il

soit

un animal

androgyne.

e

serpent

st

féminin,

ar

il

est

un animal

unaire.

On

dit

en effet

u'il

est froid omme

l'astre

mort.

Dans Li livres

dou tresor

9)

Brunetto atini mentionne

plusieurs eprisesefroidmortel u serpent

«Tous

serpens

ont

de froide

ature....

out venin

ont

roids.

En

outre a

pensée

chrétienne

ourrie

ar

l'épisode

de la tentation

ie

le

serpent

la femme

éductrice.Mais

le

serpent

st

aussi

masculin ar

sa

forme

uggère

a

virilité

u

pénis.

Or,

dans

la vision du Graal nous

assistons un

transfertes

fonctions

émininesur

'élément

masculin.En

effet,c'est le serpentreprésentantArthurqui met au monde les

serpenteaux.

insi e

caractère

raditionnellement

ndrogyne

u

serpent

permet

u

texte

ď absenter a

mère.Est-ce à

dire

que

le texte e refuse

révéler

a

véritabledentité

e la

mèrede Mordret?Certes

non,

ar l'ermite

confirme Mordret

qu'il

est bien le

fils de «la

fçmme

au

roi

Loth

d'Orcanie».

Toutefois n la

désignant

ar

cette

périphrase,

l

passe

sous

(9)

Brunettoatini

LI

LIVRES

DOU

TÏŒSOR,

Edition

ritiquear

Francis

.

CarmodyUniversityf aliforniaress,948,erkeleynd osAngelesaliforniaDes

Serpens,

XXXVII,

. 132.

24

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silence

on

nom

ainsi

que

la relationde

parentéqui

l'unit à Arthur.

a

reineďOrcanie n'était-elle as en effeta demi-sœur 'Arthur? e silence

laisse à

penser

ue

la relation e

parenté

ntre e

père

et la mère

rouble e

texte

u

point

de

rendre

mpossible

oute

figuration

e

la

mère

u côté

du

père.

Cette

ncompatibilité

u niveaude

la

figuration,

raduirait

n faitune

relation

urvalorisée

l'inceste.

En outre de même

que

dans le rêve le

masculin

naît

du

masculin,

ans la vision e

semblablenaît

du semblable.

L'image

du

serpent

écondant

erait

lors a

métaphore

e

l'endogamie.

Or,

la

force

e

cette

mage

réside

dans

sa

capacité

à

représenter

ne

relationmpossible,le

fils

ne

peut

naître

du

père) pour

mieux

masquer

(ou

révéler)

une

relation

nterdite.

n

cela

elle

assume

une fonction

similaire

l'énigme

que

les

clercs

proposent

Arthur.

En

effet,

ette

énigme

met en

scène

dans

une

phrase

complexe

toute

une

série

d'impossibilités

«

nule

rien

ne

vout

puet

rescoure

e

perdre

oute

honor

erriene,

e

il

ne

vous

resqueut,

i

lyons

auvages

et

li

mires

ans mecine

par

le

conseil

de la

flor.

Chaque

élément

e

l'énigme

st

une

contradiction

ans

es termes.

n

effet

chaque

substantif

st

caractérisé

ar

un

complément

éterminatif

u un

qualifiant

ui

vient

nfirmer

a

nature.

Peut-on

n effet

maginer

n

lion

aquatique?

Le

lion

n'est-il

pas

dans

la

tradition

hermétiste

n

signe

zodiacal

associé

au

feu,

u

chaud

et

au sec?

Le

syntagme

H

mires

ans

mecine»

est

construit

e

même

sur

un

paradoxe

puisque

e

privatif

sans

»

inverse

rutalement

a

nature

u

signe

posé.Enfin ommentccordera faculté eparler la fleur ui parnature

appartient

u

monde

du silence?

L'énoncé

énigmatique

n

juxtaposant

une série

d'impossibilités,

ime

un univers

e

chaos

où se

mêlent,

n

un

seul

être,

e

feu

et

l'eau,

l'être

et

le

non-être,

e

silence

et

la

parole.

Il

rapproche

es

choses

et

les

propriétés

ue

l'ordre

du monde

voue

à

une

séparation

otale

comme

'inceste

unitdes

hommes t

des femmes

ue

la

loi

sociale

maintient

distance.

L'énigme

aurait alors

deux

fonctions.

lle

métaphoriserait

'inceste

au même itre ue le rêve u serpent,aisant u roiuncoupable usticiable

des

arrêts

es

plus

cruels

du destin.

Mais en

outre,

lle établit

un

lien

25

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analogique

subtil ntre e destin

préditpar

les

songes

t l'âme du

rêveur.

Si le destin ppelleArthur devenir necontradictionivante unroisans

royaume»,

'est

qu'il

est

lui-même,

e termed'une

énigme,

un

être

de

chaos.

Il

était alors nécessairede mettre

mort

e

personnage

énérateur

d'un

désordre

ui

menace

a

quiétude

du récit.

Dans la

vision

es

serpents

s'entretuent

ommedans e

rêve e

monstrueux

ragon

t

Arthur.

e

rêve

figure

vant

a

lettre

a mise à mortdes

héros. Mais

en

anticipant

ur

elle-même

a

narration

n'annihile-t-elle

as

ses

propres

effets?

Espace

d'affrontements,

e

démesure

t de

mort,

e rêve met

ainsi en

danger

l'écriture

omanesque.

Déjà

au sein de la

narration,

e rêve

représente

ne

menace de mort

pour

es clercs u les

ermites

hargés

d'interpréter

es

songes

du

souverain.

Or,

peut-être

st-il

permis

de

considérer e clerc

comme

la

figure

de

l'écrivain

éléguée

dans le

récit.

L'ermite

que

Mordret

ssassine est à cet

égard exemplaire

il

a la

connaissancede

l'écriture,

l

a aussi

celle

du

secret es âmes

que

seuls

possèdent

ieu et

'écrivain mniscient.

Or,

voici

que

les rêveurs ou

les

personnages

rêvés

se

montrent

singulièrementiolents leur endroit.Au tome VII par exemple,nous

lisons

u'Arthur

menace es clercs

ui

se

refuesent

interpréter

es rêves

«Lors se

pense

i

rois

que

il

lor

fera

paor

de

mort,

i fait faire. .

grant

eu et

commande

ue

li. V.

soient

mis

et

li

autre.

V.

soient

pendu.

(10)

Il

ne

s'agissait

à

que

d'une

simple

manœuvre estinée

susciter a

paroletropretenue ace au rêve.Mordret,findefaire esser a parolede

l'ermite,

xcessive t

porteuse

'une vérité

nsoutenable,

assera

à l'acte.

La

parole

du clerc

semble

toujours

nadéquate

à son

objet.

C'est

pourquoi

d'eux-mêmes,

ls

se

contraignent

l'aphasie

comme

si

le rêve

lourd d'un

sens

impossible

oire

dangereux

épuiser,

eur

infligeait

ne

défaite

mprévue.

Ainsi es clercs

chargés

'interpréter

es

deux

rêves

de

mutilation

u'à

fait e

roi

se

refusent u

dire

par

trois

fois,

reconnaissant

eux-même

u'ils

ne

sont

plus

maîtres u

sens.

(10)

ome

II,

P.

436.

26

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«Chertes,

ait

i

maistres,

ire,

nous avonsveu

une

cose,

mais ch'est

sigrant olie, is a penser, ue nous ne evousosonsdire. (11)

Si la

parole

n'est

plus que

«folie»,

e

clerc

doit

se

condamner u

silence,

bdiquer

de ses

pouvoirs.

'écriture

oit

cesser.C'est alors

qu'un

des rêves 'Arthur

me semble

ejoindre

ne des

hantises

u

texte.

n

songe

Arthur

oit

es

doigts

e

détacher t tomber. ette

mage

ne

concerne

as

tant

Arthur

ue

le clerc.

En

effet omment a main

pourrait-elle

ésormais

écrire

rivée

des

doigts ui

manient a

plume?

Le

rêve

st ainsi

'occasion

d'une mort

ymbolique

cellede

l'écrivain.

Dans 'e Lancelot

en

prose

es

rêves

'Arthur e sont

pas

seulement a

mémoired'une

tradition, ar,

le ou les auteurs enrichissent n

topos

éprouvé,

n

complexifiant

'écriture

omme s'ils voulaient

ndiquerque

dans eur

sprit

e rêven'a

pas

une

fonction

mineure.

De

fait,

es rêves du souverain nstaurent

ne

profondeur

ouvelle

dans l'œuvre, ar ilsfont urgire passé du rêveur, igurant ar là-même

les

conflits

t es remords

ui agitent

on âme. Le

«

rêvedu

serpent

ne dit

jamais

que

le

désir

ncestueux,

a haine

du

pèrepour

e fils t

vice-versa.

e

monde des

passions

nous

est

ouvert

par

le rêve. C'est

pourquoi

sont

convoquées

es

représentations ythiques

ourdes e

sens,

omme elle

du

serpent,

monstre

ui partage

on

caractère

htonien

vec

le

sphynx

e

la

légended'Œdipe

;

ce

qui

crée

une

analogie

de

plus

entre e vieux

mythe

t

la

tragique

histoire 'Arthur t

de

Mordret.

Le rêve est alors la mémoire d'une faute qui transforme n

personnage simple

en

énigme

vivante et le

rend

responsable

de

l'anéantissement

'un

monde. Mais

il

reste

l'œuvre

Paradoxalement,

alors

que

l'écriture

romanesque

semble

menacée

par

les

puissances

excessives

u

rêve,

elui-ci

oue

le rôle de

métaphore

e l'œuvre.En

effet,

dans a

lettre,

'ermite crit

u'après

a

bataillede

Salesbières,

nul ne verra

désormais

Arthur i

ce n'est

n

songe.

Le

personnage

omanesque

st

donc

défini vant

out

omme

un

personnage

e rêve.En

somme,

e

que

l'ermite

nousconfie, 'estque le rêveurstrêvéparunplusgrandrêveurue lui.

(11)

ome il.

P.

437.

27

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François

JACQUESSON

«

L'EFFET

CAMELEON

»

Contact ntre honétiquetsémantique:

traduction

t

transcription

ans e

lexique

botanique

'Avicenne t Gérard

e Crémone.

Quand

es

traducteurs

gnoraient

e

sens

d'un

mot,

ls

e

transcrivaientu

lieu

de le

traduire

ils en

copiaient

e

son,

au

lieu

d'en

copier

e sens.

ls

pou-

vaient

ussi

fairedes

erreurs,

out

comme

n

traduisant,

t c'est

un thème

assez

souvent

tudié

1)

-

mais

ils

n'en

faisaient

as

toujours.

Quand

ces

traducteursranscrivaientansun alphabet ifférent,ela accroissaiti l'on

veut e

risque

d'erreur

mais es

irrégularités

'étaient

as

toujours

es

erreurs.

C'est

ce

dernier

oint u'il

faut n

peu

décrire.

Une situation

articulièrement

crobatique

st la

succession

es

alphabets

grec,

rabe t latin

et

quelquefois

vec des

ntermédiaires

yriaque

t

hébreu,

sans

parler

u

cas

persan)

ans

e travail es

traducteurs édiévaux. n

a

beau-

coup

écrit

ur ces

gens

à et

leursœuvres

2),

et

aussi ur

certains

spects

e

leurs

echniques.

e

qui

va

nous

retenir

ci

est un

point

out fait

articulier:

la

distribution

es

graphies our

es

sons

occlusifs élaires ans es

transcrip-tionsmédiévales.

28

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LES

GRAPHIES

DES VELAIRES

Existaientes

graphies

uivantes

C

^

rabe

-

^

^

9

et

^

kaf

qof

ha ha

K

(Q) X(f)

grec

kappa qoppa khi

les redistributions

raphiques,

limination t

invention

e

caractères,

ont

corollaires

e

typologies

honétiques:

a

spécialisation

e vélaires

rchaïques

devant ertains

ypes

e sonantes vait

roduit

es

«

emphatiques

sémitiques,

dont a

vélaire

of

(lié

au

Q

latin).

En

grec,

ettenuance

n'a

plus

de

rôle

à

cause

de

l'expression,

otée,

ocalique

es

sonantes,

t

disparaît

vec lle

e

qof

(le

qoppa

n'a

été utilisé

ue

pour

noter n

nombre)

par

contre,

omplémentai-

rement,n trait ouveauntervient,'aspirationntégrée l'occlusion, 'où a

catégorie

es

spirantes:

e

grec

nvente

our

ce faire ne ettre

élaire-spirante

X

(et

dans

'Ouest,

ù

le

X notait

ks/.).

latin

(K)

Q

+C(<)

En latin

par

contre,

es

graphies

emblent

lus

fidèles

la distribution

émi-

tiquepource qui estde K et deQ.Mais 'estuneapparence,ar 'un et 'autre

signe

ont

peu employés:

seulementevant

;

et

K,

d'abord

réquent

evant

A,

s'est

vu limité

à

quelques

termes

rchaïques

kalendae)

ou

d'emprunt

(Karthago).

n

a utilisé

our

e son

/k/

e

signe ui

notait

g

<

correspondant

au

grec

gamma

~~,

nsuite rrondi

n C.

En 312 av.

J.-C.,

n nventa

'ajouter

une barre

istinctive

our

/g

G

(3).

29

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LA

TRANSMISSION

ES

TERMES

Nous allons xaminer'utilisatione cesdifférents

ignes

ans a traduction

latine,

xécutée

u

Xlle

s.

par

Gérard e

Crémone,

u Canon

d'Avicenne,

crit

en

arabe u débutdu Xle s.

Nous

allons

xaminerurtout

es noms

de

plantes,

car

souvent

vicenne

et

ses

prédécesseurs)

es

ont

transcritsu

grec

e

Diosco-

ride,

héophraste

u

Galien.

Ces derniers vaient té étudiés

par

les

auteurs atinsde

l'Antiquité, ui

avaient herché

éjà

des

traductions

xactes

our

es termes

pécifiques,

u

les

avaient ranscrits.

es termesatins

ntiques

taient ouvent onnus

u

Moyen-

Age savantmais fautede véritablesescriptions:ioscoride e fait ouvent

qu'énumérer

es

propriétés;

t fauted'illustrations

xactes

dans es

herbiers

édités,

line s'en

plaignait

éjà

(4))

pas toujours

econnus

our correspondre

à

telles

lantes

ui

portaient

ésormais es

noms

rabes u

arabisés.

Deux

exemples

ont

clairer

ette

uestion

1/

Les

écrivains

recs

ni

latins

de

l'Antiquité

e

parlent

u

camphre

c'est

un

produit

riginaire

e

Malaisie,

u'ils

ignoraient.

n

l'appelait

et

encore

aujourd'hui)

âpûr

en

malais. Les

voyageurs

rabes

xplorèrent

a

Malaisie,

y

firent

ommerce,

n

rapportèrent

e

camphre

vec son

nom

malais,

u'ils

déformèrentn kâfàrparcequ'il n'y a pas de /p/ n arabe. Tout cela est

raconté,

romancé,

ans le

Premier

oyage

de

Sindbad,

294°

des Miūe et

Une

Nuits.

Quand

Gérard

de

Crémone

it

kâfùr

ans e

Canon

d'Avicenne,

il en

ignore

out,

t

il

transcrit

anfora

u

camfora

c'est

a

première

ention

en

Europe

du

mot et de la

chose. A la

Renaissance

'érudit

Alpagoreprend

la

traduction e

Gérard;

l

y

fait

diversesmodificationst

préfère

ci

une

graphie

avante

ui

existait

epuis

quelque

temps,

l

écrit

amphora

graphie

qui

avait

d'ailleurs

assé

du

latin

pharmaceutique

ans

e

français

amphre

ès

1256.

Résumons

canfora

mal.

kâpûr

as. kâfùr

i

camfora

1

camphora

fr.

amphre

2/

l existe

des

cas

plus

compliqués.

insi

elui

de la

centaurée

Cette

plante

(nous

verrons n allant

e

que

signifie

e

démonstratif)

vait

nommée n

grec k¿v/t<*o{iov/kentaurion/cf.DioscorideII, 6, 7) pourhonorere cen-

taure

Chiron,

uérisseur

ameux.

Virgile

vait

transcrit

e

terme

entaureum

30

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et

Pline

XXV, 66)

centauriumau

début

du

Moyen-Age,

sidorede Séville

avait

ait e ce

terme n féminin

entauria.

Maisde l'autre ôté de la

Méditerranée,

eut-être

près

des

ntermédiaires

syriaques

t

persans,

es

Arabes encontrent

e

terme

t

e

transcrivent

lVi>

s

/qenÎâiyûn/-

e MS

grec

2179

de

la

B.N.

témoigne

e ce

moment;

c'est un

Dioscoride llustré

e

la fin

u

IXe

s.,

doté

ensuite

e

notes

marginales

en

arabe et en

copte:

près

de

l'image

de la

centaurée

ioscoridienne,

n lit

également

ILíjd

.

Au

Xlle

s.,

Gérard

it

donc

ce

mot

dans

on

bn

Sinâ,

et

il

le

reconnaît

ous

son

habit

rabe

il

re-transcrit

entaurea. ès le XHIe

s.,

ce

sera

notre

centaurée

Linné

nommera

lus

tard

Erythrea

entaurium

a

centauréeeDioscoride5). Résumons:

Antiquité

tardive

haut

M.A. Xlle XHIe

classique,

/qentâiyûn/

iCtNir^ü^ioV

centaurea

entaurée

centaurium

DIFFICULTÉS

AUXQUELLES

SE HEURTE

GÉRARD

Pour bien

montrer

'ampleur

e

la

question,

t la

spécificité

u

problème

précis

quoi

nous

allons

aboutir,

l

faut

ortir es cas relativement

imples.

C'est

en effet ans

es

cas difficiles

ue

l'invention

vait

a meilleure

art,

t

aussi le

hasard.

C'est

au hasardet

au

caprice

u'on

attribue

rdinairement

les erreurs t modificationsont es transcripteursontresponsables:l faut

en mesurer

'importance.

On a

vu

que

dans deux cas la tâchede Gérard

tait

imple quand

l

s'agit

de

transcrire

n mot nouveau

ui

dénoteun

produit

ouveau

camfora

our

kâfûr)

u

simplifié

quand pour produit

ncien,

e

mot

arabe

trahit

n

mot

ancien

qu'on peut

reconnaître).

es cas

difficiles

ont

ceux

où l'arabe

ne se

borne

as

à transcrire

n

terme-originerec.

1/

Ainsi

e

grec

connaissaitil

des

mots

/stimmi/

u

/stibi/

le

doublet,

e

-i

final,

t

d'autres

étails

montrent

ue

c'est

un mot

emprunté

par lesGrecs u Moyen-Orient.r lemot-sourceon-grec,t ignoré, fourni

en arabe

e

mot

I

/itmid/

u

/utmud/.

rès

tôt au

Moyen-Age

e terme

31

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arabe,

qui

avaitun rôle

mportant

n

chimie

t

en

alchimie,

été transcrit

(ou plutôt dapté)

ntimonium

c'est en effet otre ntimoine.

érard

suivi

cet

usage

déjà

en

place

et

«

transcrit

lui

aussi

ntimonium:

l

n'a

pas

reconnu

le

tfr.Gv

rec,

ni sa

copie

atine

lassique

tibium.

'est seulement

partir

u

XVIIIe s.

(

stibié

chez

Helvetius)

ue

e

terme

lassique

tibium

ejoint

fficiel-

lement

a

version

ntimoine

l'élément

himique

ntimoine

pour

sigle

Sb

stibium.

-

<r-r'6t

..._

^

-

-

o

^

2/

Un

cas

qui

démarre

e

façon

imilaire st

celui

de

la

gomme.

On

trouve

en

grec

/kommi/,

uis

en latin

cummi,

ummi

t

cumma.Le

terme

araméen

fcA

/qumma/

emonte

la même

ource,

t Rachi

u

Xle

s.

e

glose

M

'

t

/gumma/

c'est

à

dire

que

c'est

la version

initiale

onore

qui

avait

prévalu. onstantin'Africain,ex-négociantn plantes ui revitalisa'Ecole

de Salerne

réée

par

Donnolo en

y

insufflant

e

vocabulaire

t la

pharmacie

arabes,

crivait

umma.

Dans

le Canon

Gérard

it le terme

/samaģ/

gomme,

ésine

(le

terme

pour

a «

gomme rabique

est

o

/simh/.)

t

traduit

ar

gummi.

Chez

Plateariusu

Xffle

.

on

trouvera

es

mots rancisés

ome

ou

goma.

Ici un vieux

erme

tabli

depuis

ongtemps

n

sémitique,

n

grec

t

en

atin,

et familier

u

Moyen-Age,mpêche

e terme

echnique

rabe

de s'installer:

Gérard

raduitse

souvenant

es

anciennes

ormes

atines.

3/Dans ce troisièmeas, 'arabepropose ussiunterme ouveau ar rapport

à

un terme

ntique

t

lui aussi

émitique.

vicenne,

ans doute

après

'autres

auteurs,

raduit

n

effet

ar

/qannê/,

cf.

'hébreu

/qanna/

'où

venaient

esmots

anna

etc.)

e mot

émitiqueui

est n

hébreu

ļ*J^c)T)

/halbanê/,

t

que

les

Grecs vaient

ranscrit

/khalbanê/,

es

Latins

gaïbanum

6).

Rachi

explique

aS

par

ol

/galbanê/,

e

qui

montre

uel

terme

l'emporte

ans 'Occident

médiéval. t

en

effetGérard

raduit

e

avicé-

nien

pargalbanum

e

mot

françaisaïban

st

également

u

Xlle

s.

32

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sém.halban

grec

halbaná

hb.halbanê latin albanum

Rachi:

«

galbané

^

galbanum

sém.

anna

Avic.cjannê

galban

hb.

qanna

canna

-

canne

<&H<k

Dans

ces trois as

le mot

ďorigine

'est

pas

gréco-latin

l a

une forme

émi-

tiqueetune version réco-latineque celle-cioitfaite 'aprèsesformesémi-

tiques

ou

non).

Dans

le

premier

as

la forme

émitique,

rabe,

mpose

u

Moyen-

ge

une

nouvelle

ormeatine

antimonium)

ue

Gérard

ccepte.

ans

le second

as

'arabe

e

reporte

ur

un

autre

mot

samag,

imah)

mais e

vocabu-

laire médiéval

vait onservé

ninterrompue

a tradition u

premier

nuancée

g-

plutôt ue

k-)

Gérard

uit ette

radition.ans e troisième

as,

'arabe

'est

aussi

reporté

ur

un

autremot

qui

a eu

des

versions

lassiquesndépendamment

du

premier;

a

tradition édiévalevait

ependant

onservé

'usage

lu

premier,

traditionueGérardccepte ncore.

Pource

qui

est

des

vélairesnitiales 'est

donc,

usqu'à

présent,

ès

e

latin

antique

ue

s'est

faite

a

transcription:

qumma

hb.

halbanê

qanna

gr.

vCoppv

Lt.

cummi,

ummi galbanum

canna

LES TRANSCRIPTIONS E GÉRARD

Mais

orsque

Gérard

e Crémone

e

trouvait evant

es mots

pour

esquels

il n'avait

pas

le

secours,

i du

lexique

atin

lassique,

i d'une tradition

atine

poursuivie,

l devait

hoisir. ans

le

Canon

11,2

Avicenne

dressé

ne

liste

alphabétique

es termes e

pharmacopée;

Gérard

raduit

u

transcritette

liste,

t

la

réorganise

elon es initiales

atines

es termes btenus: l'intérieur

de

chaque groupe

initiale

atine

dentique,

e

trouve onservé

et

cela

va être

un

ndice

rès

tiledansnotre

nquête)

'ordre vicénien.

Examinons es premiersermes e la listearabe,à l'initiale /k/, t

voyons

e

que

cela devient hezGérard.

33

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Kl kâfûr

C16

camfora

K2 kundur traduitar incensum encens

K3

kahrabe

Kl

karabe

K4 kamâfîtûs

K2

kamepitheos

+

hamâfîtûs,

voir

lus

oin

K5

kamâdryûs

K3

kamedreos

K6 karmâzik

K4

karmezir

(

-zik

K7 kundes

Cl

7

cunides

(-dis)

K8

kebâbe

C18

cubebe

(-bis)

K9

kibrît

traduit

ar

sulfur

soufre

K10 kasîla K5 kusele

KU

katîra

traduit

ar

tragagantus

Kl

2

kamâlyûn

K6

kemelius

(

-dium)

Kl

3

kâknedj

K7

kekengi

K14

kabîkedj

K8

kebikengi

Kl

5

kangarzid

K9

kenkezred

(kenzkezred)

K16

kust ar

kust

K10

kust

kusti

(custbercusti)

Kl

7 kîldârû'

Kll

kildaru

(kaldaru)

Kl 8

kàsut

C19

cuscuthe

(cuscute)

K19 kammun C20 cumino

K20

karviya

Kl 2

karvi

(carvi)

K21

kersene

traduit

ar

herbum

ers

K22

kemāsīr

K13

kemescir.

Soient,

ur22

termes:

-

4

traduits

-

13 transcrits

vec

nitiale

-

mais

2

variantes

-)

-

5 transcrits

vec

nitiale

-,

esquels

ont:

canfora

camphre

,

cunides,

cubebe « cubèbe

,

cuscuthe cuscute , cumino« cumin . De plus,dans

la

marge

du MS

1005

de la

Bibliothèque unicipale

e Reims

XlVe

s.) (7),

on

lit es

graphies

arvi t

camepitheos,

e

qui

montre

ue

le

point

de vue ur

ces

deux mots

évolué ntre

Xlle et XlVe

s. Enfin n

détail:

e

terme

vicé-

nien

kundur st

d'origine ersane

cf.

le Dictionnaire

e Desmaisons

.v.

Beaucoup

de mots

sont

persans

dans

cette iste

d'Avicenne,

ui

l'était

ui-

même),

t

ce

mot

persan

st à son

tour

d'origine

recque:

/khondros/

«

grain

et dans

'expression

/khondros

ibanôtou/

pain

d'encens» (l'expressionst chez Lucien,Sat. 16. Le terme

X-

(<*/uj/libanos/

« encens

est lui-même

'origine émitique:

ébreu

/lebôna

ou arabe

34

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Oj

ĻJ

/lubân

comme

dans

'expression

ubân

Djawi

«

encens

de

Java

qui

a

donné

lu)

benzoe

et en

français

enjoin.)

Or

ce^fy^grec

est

l'origine

on

seulementde kundur mais aussi d'un autre terme vicénien

/handaiûs/,

ranscritandaros

u canderos

hez

Gérard.

e

qui

fait,

blique-

ment,

n

autre

erme

n c-.

Un

coup

d'œil

sur

les

mots

que

Gérard

transcritsvec

une

initiale

-

montre

ue

ce

sont

peu près,

ur 'ensemble

e a

liste,

eux

qui

ont urvécu

jusque

dans

nos

dictionnaires

odernes.

l

faut

bien constater

ue

ce

ne

sont

pas

les érudits

e

la

Renaissance

ui

ont

décidé

quels

termes

llaient

urvivre

et

quels

autres

disparaître,

ais e traducteur

érard

e Crémone u

Xlle

s.,

quand l naturalisaespremiers'un c initial, t renvoyaes autres unkqui

était

la

fois

avant

t

exotique.Après

Gérard

urent ieu

quelques

modifica-

tions: es commentateursédiévaux

aturalisèrent

e carvi et

Alpago

raduisit

condes

par

struthium

ce

qui

revenait

l'obéliser. u XVe s. le

Grand

Herbier

inclut

lcacange

qui

est

finalement

emaiginalisé

u

XVIIe s. en

alkekengi

(1620,

J.

Béguin).

En

gros,

e

choix

de

Gérard

st resté

elui

de nos

dictionnaires,

uit

iècles

plus

tard.Ce

choix,

Gérard

'a

marqué.

On

croitd'ordinaire

ue

c est

ancien

et bien-de-chez-nousandis uek est tranger, aisnous vons uqu'enréalité

k est

plus

ancien

dans

ce

rôle

de

/k/

ue

c

(d'abord

/g/): 'opposition

e

c

et

k

est

dans a

«

psychologie

e

la

graphie

,

l'ancienneté

'y

est

pour

rien.Ainsi

notre

lcool

(encore

lcohol

au XVIe

s.,

puis

en

anglais)

st

-

s'il

en

est

-

naturalisé,

andis

ue

son doublet st

exotisé

kohl,

t

paraît

lus

récent

écrit

kool

au

début du

XVIIIe

s.)

reste

ue

tous

deux

sont ssus

de

l'arabeJus^S

/kuhl/,

ette

fine

poudre

d'antimoine

ont

on

peignait

es

paupières,

uis

poudre

ulvérisée

u

liquide

distillé

ainsi

hez

Paracelse).

Plus

généralement,

ellah

smalah

casbah,

méhari hammam

ont

encore

marqués ar e h graphique, aisce n'estpasparceque ce sontdesemprunts

récents

razzia,

ourbi

maboul

matraque

guitoune

bled

et

clebs,

arexemple,

ont

été

parfaitement

ntégrés

uoiqu'ils

soient

en

français

ontemporains

des

premiers.

ans

es

emprunts

nciens,

ertains

ntété

assimilés:

zur,

oton

jupe,

sucre,

mbre,

ouane,

magasin

etc.

tandis

ue

d'autres

onservaient

eur

étrangeté,

t d'autant

eur

rareté

élixir, urbith,

omac etc.

ou

disparaissaient.

Dans

ce

contexte n'est

pas

une

lettre

écente,

lle

en

a

seulement

'air

et les

savant

du Xlle

s.,

moins

pris

de nomenclature

et

d'exactitude),

tili-

saient

parfaitement

a distinction

/K

pour

noter,

ans e

vif

de leur

avoir,

lesmots

ui

menaient

éjà

la vie

plus

ourde el'habitude.

35

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TRANSCRIPTIONS

U X

GREC LE

CAMÉLÉON

Ce

n'est

pas parcequ'il

est

mpossible

e

transcrirexactementn

alphabet

dans

un

autre,

ue

les

langues

ivantes voient n

handicap.

Gérard

a

saisi

l'occasiond'un

choix,

passant

e l'arabe u latin.

Ce

problème

e

posait

diffé-

remment ien sûr Hamathi

uand

l

traduisit'arabe

d'Avicenne n hébreu.

Mais

l

se

posaitdéjà

quand

es

naturalistes

ersans

u

arabes ranscrivaient

les auteurs

recs,

t notamment

ioscoride.

1/

Nous

avons

vu

avec

que

le

/kh/

rec

vaitété dédoublé n

ar.

-S/k

/

et

ar.

J*

/h/:

^>¿>/kundur/

t

/handarûs/

e retrouvaient

chez Avicenne.Gérard vaittraduit e premier incensum, et transcrite

second

candaros

.

Le

lexicographe

u

MS

hébreu

146,

B.N.,

ne

s'y trompe

pas

mais

l

transcrit

ependant

jic,£a

«

kandar: 'est 'encens

lebòna)

de

'hébreu

iblique,

et

aussi

'encens

luban)

arabe

.

Alpago

herchera traduire

e

canderos e

Gérard

ar

«

halica

(alica

chez

Caton

tait

ne

sorte e

semoule).

kundur

traduit

ar

ncensum

A°^°J

handarus

canderos

alica)

2/

X

est

l'initiale

es

mots

à

préfixe

/khamaï/,

ssez

fréquent

ans e

lexique

botaniquegrec.

signifie

à terre et est

l'équivalent,

ans

le

lexique

français

es

variétés

naines

ou «

rampantes

de

certaines

lantes.

Ainsi

de

/khamaipitus/

pin

nain» de

Dioscoride

II, 150,

aujourd'hui

ommé

ugle

petit

pin,

Ajuga

chamaepitys,

cherbius.

l

en

existe

une

première

ranscription

vicénienneous

nitiale

k/

»

/kamâfitûs/

dans 'édition rinceps u textearabe médicéenne e Rome,1593) et dans

le

MS

arabe

2887,

B.N.,

terminé

n

1201.

C'est celle

que

nous

vons

ndiquée

plus

haut la 4e de

a liste

initiale

k/

e

Avicenne,

e

de la

liste

K

de Gérard.

Pourtant,

ans e

MS

1005

de

la

B.M.

de

Reims,

n a

rajouté

amepitheos

mais

vers

a

fin

de la listedes

mots

initiale

,

à la suite

es

mots

ui

en arabe

ont une

initiale

h/.

'est dire

qu'il

doit

se trouver es

MSS arabes

qui

ont

transcrite

grec

avec un

/h/

nitial.

t c'est

celui-là

ui, après

Gérard,

e trouve fanscrit

n atin

ar

-.

36

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kamâfitûs

-►

kamepitheos

gr.khamaïpitus

^ v oķchamafitus -* camepitheos

Le

lexicographe

ébraïque

du MS

hébreu

1146

le

transcrit

'(C'jvO/0

/kampitius/

et au XVIe

s.

Alpago

retranscrira

ar

la forme

recque

elon

a

graphie

avante

hamaepityos

il

conserve

ependant

e

génitif

ioscoridien,

qui

était

dû aux

titres

recs

fítfi

« Du

chamaipitus

)

et

proposera

a

traduction

juga,

quoi

es naturalistes

odernes

e tiendront.

3/

Enfin e cas e

plus

lair

de

tous.

Les botanistes recs,observantes CarlinesCarlinaacaulis,Linné. Cet

acautis

«

sans

pédoncule

est encore

un

équivalent

e

-

)

voyaient

qu'elles

changeaient

e couleur

selon

l'environnement,

e

qu'on

distingue

aujourd'hui

dans des

espèces

différentes.

ls l'ont

appelée

«

lion nain

par

allusion

à l'animal

renommé

ue

nous

appelons

encore

caméléon

n

français.

line

parle

de

cette

plante

XXII

45

et

XXX,

0)

et

transcrit

on nom hamaeleon.

En

arabe

'animal

'appelle

L

^

/hirbâ'/

t est cité

dans

Avicenne.

uant

à

la

plante,

on

nom est transcrit

u

grec,

t cette

foisnettement

es deux

manières:Avicenne angé l'initiale k/a graphie US /kamâlyûn/,

et à

l'initiale

h/

a

graphie

Ci¿JSÍ

L*

/hâmâlaûn/.

Gérard

ranscrit

e

premier

ar

kemeliumle

second,

l

le

reconnaît

t le

re-transcrit

ou

le

traduit,

'est

tout

un)

caméléon

Alpago

nterine

peu près:

kemelio

t

caméléon.

kamâlyûn

-

o

kemelium

gr.

khamaileon

hâmâlaûn

-

=*>

caméléon

On

peut,

de

ces

trois

xemples,

égager

es deux

tades uivants:

^

k

A/

diversificationrabe

gr.

kh

^

i?

B/

transcription

atine,

t

repérage

'unedes branches

ar.K

-

*

LtK

gr.KH

* ar.H - =» LtC

37

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CONCLUSION

Il

apparaît

finalement

ue

«

l'incapacité

arabe à transcriretrictement

le

X

grec

st une des voiesde la

créationexicale:

ue

es

systèmes

es vélaires

ne

se

superposent as,

au

lieu d'être

un

handicap,

evient n

outil

puissant

pour

e

transcripteur.

rouble,

mais

l'œuvre,

e dédoublement

u

X

grec

ans

le

prisme

'une

favorable

t

savante

ignorance

,

n'est

il

pas

un

phénomène

analogue

e a

diversification

es

espèces

Quant

à Gérard

n son

atin,

l

fait

a sélection. ans un second

tade,

ne

seconde

ranscription,

e

qui

étaitdiversification

hange

'aspect

cela devient

division,t le feed-backtymologiqueans a mémoireatiney oue évidem-

ment on

rôle.

Ce

n'est

pas

le

lieu

ici

des

commentairest

développements

héoriques;

faisons

lutôt

deux

remarques

mboîtées

ur

es

conditions e

possibilité

e

ce

processus.

/

Le contrôle

es

transcriptions

arAlpago,

u

XVIe

s.,

montre

clairement

ue

le

complexe

de

transformations

ue

nous

venons

de

décrire

n'aurait

as

été

possible

vec

des

traducteurs

e la

Renaissance: ne

fidélité

stricte

térilise'évolution

ivante

corollairement,

'est

bien

parce u'il

y

a

eu

une

rupture

artielle

e

la tradition

recque,

arcequ'il

y

a

eu

«

de

l'oubli

»,

que lestransformationsnquestion urentossibles:a sciencemédiévale rabe

n'est

pas

seulementn «

détour

,

un «

épisode

dans e tracé

oyal

u

Savoir.

2/

Ces

écarts t

recompositions

'ont

possibles

u'à

cause

des transferts

alphabétiques.

i,

commenous e

faisons

epuis

a

Renaissance,

ous ranscri-

vons n

français

es mots

atins,

t même

es

adoptons

ainsi

de

«

transcrire

),

le

phénomène

n

question

e se

produit

as

non

plus.

Le «

signifiant

(sonore

et

graphique)

oue

un

rôle

fondamentalans 'évolution

u la

révolution

u

«

signifié

. Plus

précisément:

a

différenciationes uns est

indissociable

e

la

différenciation

es autres.

Le « melting ot» des Xle etXlle s.,enEspagnepécialement,érite ien

la

fascination

u'il

exerce:

non

seulement

es

historiensu

les

philosophes,

les médecins u les

naturalistes,

ais es

linguistes

t

théoriciens

u

langage

y

peuvent

rouver

âture

t

ressort.

38

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NOTES

T

BIBLIOGRAPHIE

(1) On trouveralusieursrticlesur e thème ans e compte-renduu2e colloque

«

Fautes t

contresens

es trad,

cientifiques

édiévales

du

Congrès

Histoire es

Sciencese

1968,

ublié ar

a

Revue e

Synthèse,

968,

9-52.

otamment

-

M.

Th.

d'Alverny,

es

traductions'Aristote

tde

es

ommentateurs.

-

Guy

eaujouan,

autes

tobscurités

ans es rad,

édicales

uM.

A.

(2)

Les

éléments

ondamentaux

e cette

istoireont ans e

petit

ivre e W.

Mont-

gomery

att, 'influence

e

l'Islamur

'Europe

édiévaleGeuthner

974.

Le ivre

e

fond n

français

ur

es

changes

ans 'Islammédiéval

st elui e

M.

Lombard,

slam

dans

a

première

randeur

Flammarion

971,

oll.

Champs;

e

thème

es

plantes

t

produits

édicauxest

bordé

p.

211-213.

(3) Unexposé implees lphabetsrec t atin e trouveu1er hapitreuTraitée

Grammaire

omparée

es

angueslassiques

Meillett

Vendryes,

hampion

e

éd.

1968.

(4)

Les herbiers

eints

xistaientans

'Antiquité

on

trouvera

ar

xemple

a

reproduc-

tion

e

plusieurs

lanches

u Dioscoridee

Vienne

début

ie

s.)

dansManuscrits

réco-

romainst

paléo-chrétiens

Chêne

977.

Les

premièresravures

e

plantes

mprimées

la

Renaissanceont

elles 'un

Ps.-

pulée

Rome, 480),

ecopiées

'un

MS

du

Xe

qui

lui-même

mitait

'autres

opies.

'herbiere

Brunsfeld,

l'inverse,

eproduitAugsburg,

1530)

des

plantesarticulières,

vec

lis

t froissures.n

1542

Bále,

uchs

arvient

tenir

'équilibre

ntre

'individu

t

'espèce.

(5)

Des indications

tymologiques

e trouvent

ans es

Noms

es

fleurs

L.

Guyot

t

P.Gibassier,e ed.1968, UF. oll. ue ais-je.

(6)

Le casdu

galbanum

stétudié ans . Masson echerchesur es

plus

nciensm-

pruntsémitiques

n

grec

Klinsksieck

967.

(7)

Ce MSnous été

ignaléar

e Dr.A.

Ségal,

uteure

plusieurs

rticles

'histoire

e

la

médecine.

u'il

n oit ci

emercié,

insi

ue

a

Bibliothèque.

39

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Annie

DENNERY

DU

MELOS

A LA

NOTE

LES

NOTATIONS MUSICALES AU

MOYEN-AGE,

II.

Do, Ré,

Mi,

Fa, Sol, La, Si,

Do.

«

Avez-vous

oué

vos

gammes

» « A

quoi

sert

e bémol

»

Ces

questions,

osées

par

un

professeur

la

voix

parfois

sévère,

nt scandé

'enfance e bien des

musiciens.

ui

n'a

jamais

maugréé

contre

es

exercices

tiles,

t

pourtant

ugés

bienfastidieux

Mais

connaissons-nous

'origine

du mot «

gamme

?

Savons-nous

u'il

a falludes sièclespouraboutir une notationmusicale peu prèssatisfai-

sante

(1).

Dans

un

précédent

rticle

2),

nous avions

raité

e

l'évolution esneumes

depuis

es accents

grammaticaux

atins

d'où ils tirent

eur

origine,

usqu'à

la

notation

arrée ur

quatre

ignes,

u

notation

régorienne.

ous nous

n

étions

tenu la forme

xtérieure,

ans

évoquer

ni

leur

ignificationélodique,

i

es

problèmes

oulevés

ar

eur

ecture,

l'époque

même e eurutilisation.

En

effet,

orsqu'on

it

un

manuscrit

eumé

voir

Fig.

1),

on est mmédiate-

ment

rappé

ar

'absence

de

points

de

repère

musicaux: l

n'y

a

pas

de

portée

(3), pas de clef, t si la notation eumatiquendique ansambiguïtéa direc-

tion,

ascendante

u

descendante e la

mélodie,

lle ne

précise

ni la

note

de

départ,

i, surtout,

a relation

es

ntervalles

ntre ux. Elle ne

pouvait

onc

servir

ue

d'aide-mémoire.

éjà,

au débutdu

Xe

siècle,

Hucbald

de

St-Amand

1.

Elle

ne

Test

lus

nouveau,

uisque

osmodernes

ompositeurs

'utilisente

moins

en

moins

cf. «

Sequenza

II

»

de

L.

Beno u

es«

Archipels

d'André

oucourechliev.

2. VoirMédiévalesRevue uCentreeRechercheniversitéaris III,n° 1, anvier

1982,

p.

89-103.

3. C'est a

raison

our

aquelle

ette otation

st ite

a

campo

perto

.

40

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(4),

a montrées

ambiguïtés

es neumes n matière

e

notes.

ls ne

portaient

pas d'indicationsythmiquestarditatemantilenae

ni

d'ornementstremulam

sonus) 5).

Certains

otateurs,

t

particulièrement

eux

de

l'abbaye

de

St-Gall,

ont

bien

essayé

de

compléter

e

sens

des

neumes

n

leur

djoignant

e

petites

lettres

lacées

à

côté ou

au-dessus

'eux

dans

'exemple

e la

figure

,

p.

1,

on

voit

un c et

un t

au-dessus

u

mot

chérubin

et

un

e

sur

excita).

Mais,

malgré

es

indications

omplémentaires6),

on ne

pouvait

oujours

as

voir

à la

lecture

de

combien,

a

mélodie

montait

u

descendait:

'une,

deux,

ou

trois

notes

Et,

lorsque

des

notes

se

suivaient,

taient-elles

onjointes

u

disjointes

Aussi, orsque,parmalheur, n chantrevaitoubliéun chant, omme a

notation

neumatique

tait

napte

la

renseigner,

l

lui

fallait

ller

hez

un de

ses

frères

fin

u'il

ui

rappelât

'air

qui

était

orti

e

sa

mémoire

7).

En

outre,

ette

notation

n'était

pas

plus

utile

si,

désirant

ugmenter

e

répertoire

iturgique

e

son

monastère,

e

responsable

e

la

musique,

e

Cantor,

voulait

déchiffrer

ans

'aide

de

personne

ne

mélodie

nouvelle

ontenue,

ar

exemple,

ans

un

manuscrit

rêté

par

une

abbaye

voisine.

our

cette

raison,

lorsqu'on

ransportait

n

graduel

u

un

antiphonaire

8)

d'une

église

l'autre

il

fallait

nécessairement

u'un

chantre

'accompagnât

9). Aussi,

nous

ne

devons as nousétonneri on cherche oità perfectionneresneumes,oit à

mettreu

point

d'autres

ystèmes

lusprécis.

C'est

ainsi

qu'à

travers

es

traités n

vit

apparaître

iverses

otations. es

unes,

après

quelques

modifications

raversèrent

es

siècles

pour

être

encore

utilisées

e

nos

ours

les

autres

urent

bandonnées

près

uelques

ssais

ans

lendemain.

Nous

ne

citerons

ue

les

principales:

a

notation

asiane,

a

notation

'Her-

mann

ontract,

t es

notations

lphabétiques.

4.

Voir

nfra,

ote

1,

p.

5.

5.

G.S,

,

118.

6.

Ces

ettres

ont

ppelées

lettres

ignificatives

ou

encore

lettres

omaniennes

.

Certaines

ont

'ordre

gogique,

'autres

'ordre

élodique.

7.

Si

cm

etiam

rovecto

uandoque

memoria

eciderai,

ullum

abebat

ecuperandi

remedium

nisi

terum

ierat

uditor.

uy

de

Cherlieu,

egulae

e

arte

musica

G

S

II

150

.

8. Le

graduel

st

un

ivre

ui

contient

es

pièces

hantées

e a

messe.

'

ntiphonaire

contient

es

ntiennes

es

offices

hantés

ux

petites

t

grandes

eures

Vêpres,

atines,

Laudes,tc.).

9.

Michel

UGLO

«

Tradition

rale

t

radition

crite

ans

a

transmission

es

mélodies

grégoriennes

.

Studienur

Tradition

n

der

Musik,

p.

31-42.

41

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LA NOTATIONDASIANE

Elle se

trouve

dans a a MusicaEnchiriadis

(10)

longtemps

ttribuée

Hucbald

de

St-Amand

1 1),

et

dans a

«

Scholia

nchiriadis

. Ces

deux

traités,

datant

du IXe

siècle,

ontiennentes

plus

anciens

xemples

e

musique

oly-

phonique

otée.

Elle est

composée

e

signes

érivés

'une

ettre

recque rchaïque,

a

daseïcu

Dans le

système,

a

gamme

st

divisée n

quatre

étracordes

12)

représentés

l'aide

de

symboles

ormés

ar

a

daseïa

retournée,

nversée u

quelque peu

modifiée

voirfig.

).

L'auteurde la MusicaEnchiriadis lace ces signes nguisede lettres-clefs

entre

des

lignes

quidistantes

ormantne

portée,

t

dont

e

nombre

ariable

pouvait

ller

usqu'à

seize.

Les

syllabes

taient

lacées

ntre

es

lignes

t

pouvaient

insi tre

hantées

sans

difficulté.

es

lettres

omplémentaires,

lacées

côté

des

signes

asians

précisaient

es

intervalles: ou

t:

tonus,

on;

S:

semitonus,

emi-ton

Voir

fig.

.)

Cet

exemple

donne

a

partition

musicale

'une

polyphonie

quatre

voix

appelée

rganum.

n

peut

a

transcriree

la

façon

uivante

fig.

):

Tu

Pa-tris

em-pi-ter-nus

s

Fi-li-us

Ce

système,

ien

qu'il

soit

d'une

clarté t

d'une

précision

iastématique

irréprochable

'estd'une

utilisation

isée,

ni

à la

lecture i

à

l'écriture.

ussi,

fut-il

apidement

bandonné;

mais ses

principes:

a

portée

t

les lettres

lefs

furent

etenus

t

repris

uelques

iècles

lus

ard.

LA

NOTATION

D'HERMANN

CONTRACT

DatantduXle siècle, a notation 'Hermannontract

13)

est

plus

ardive.

Fils

du

Comte

Wolfrad

on

Altshausen,

e

moine

énédictin

ontrefaitcontrac-

tus

depuis

'enfance,

ntra n

1020

comme

lève

à

l'abbaye

de

Reichenau.

10. Le terme

orrect,

éformé

ar

n

copiste

u

moyen-âge,

st

nchinas

usices,

ue

Ton

peut

raduireu

grec ar

traitée

musique

.

Nous etrouverons

eterme

lusieurs

fois

u cours e

notrerticle.

11.

Hucbald e

St-Amand

V

840

-

4-

ntre

21 et

931).

Hagiographeoète, ompo-

siteur

t

théoricien.

l

reçut

a

formation

St-Amand.

n

uidoitz De

Harmonica

nsti-

tutions.

1

.

Un

étracordest n

groupe

e

quatre

otes

onjointes.

13.

Hermann

onttact

1013-1054).

42

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Fig.

1 Ms

St-Gall,

hapitre

°

376,

Graduel,

le

s.

Fig.

2.

D'après

Dom

Sunylol,

ntroduction

la

paléographie

usicale

p.

252.

43

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Fig.

3. Notation

asiane.

G.5, 1,

152-1 3.

Polyphonie

quatre

oix.

Fig.

4.

Transcription

e

l'organum

u

Patris.

Fig.

4.

Notation

'Hermann

ontract. unich, .R lat14965,Xlle s.

44

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Formé

ous a

direction

e

Bernon,

l devint n

des

plus

grands

avants

e son

temps.

Parmi es

nombreux

uvrages

onsacrés ntre

utres

l'histoire,

l'astronomiet auxmathématiques,n trouve n « Opuscuhmusica , traité

de

musique

ratique.

Voulant arracher

ux neumes eurs ecrets

(14)

et

critiquant

a

notation

dasiane

pour

son

nsuffisance,

l

imagina

e

compléter

a

notation

eumatique

par

des

ettres,

ui indiquaient,

n

peu

à la

manière

e

St-Gall

15)

et

comme

dans

a

«

Musica nchiriadis

,

la

grandeur

es

ntervalles.

Voir

fig.

.)

Sur

ce

fac-similé

n

peut

voir,

u-dessust entre

es

neumes

es

ettres

u'il

faut

bien se

garder

e

confondrevec es lettres

ignificatives

e

St-Gall. lles

formentnsystèmeoncernantniquementes ntervalles:

e,

equat

unisson

s,

semitonumdemi-ton

t,

tonus:

on

ts,

tonus um emi-tonus

.

:

tiercemineure

V

,

semiditonus

tt ou

S

,

ditonus:

ierce

majeure

d,

diatessaron

quarte

¿ļ

,

diapentequinte

Les

signes

As

,

At,

et Ad

viennent

ompléter

ettenotation. n

point

placé

au-dessus u à

côté

de a

ettre

ndiquait

n

ntervalle

escendant,

'absence

de

point

ndiquait

n

intervallescendant. ettenotation

ît,

malgré

a

com-

plexité,

uelques

adeptes

puisqu'on

a

retrouve hez

plusieurs

utres héori-

ciens,

t,

notamment

hezJean

'Afflighem

16).

Pourtant,

lle finit

ar

être

bandonnée,

out

omme

a

notation

asiane.

LES

NOTATIONS

ALPHABÉTIQUES

Il

faut echerchereur

origine

ans a

théorie

musicale

e

la

Grèce

ntique,

qui

nous fut

ransmise

râce

Boèce. Lui-même

n

eutconnaissance travers

14.

Il

était,

ommeous

esmusiciense son

poque,

n

butte uxdifficultése ecture

de a notationeumatique.Voirupra,.2.)15.Voir ote ,p.2.

16. Jean

otton,

u

Jean

'Afflighem,

héoricienuXHe

iècle.

45

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l'œuvre

e Ptolémée

ans a

traduction

e

Porphyre

17).

Dans sonouvrage De Institutione usicae il ne traite i de la mélodie,

ni

de

la

pratique

ocale

et

instrumentale,

ar,

l'instar

e

Pythagore,

a mu-

sique

était,

pour

lui,

l'occasion

de réflexions

hilosophiques.

uintilien,

théoricien

rec

du Ile

siècle,

nous

rapporte

ue

le

dernier

mot du

philosophe

grec

mourant

ses

disciples

ut:

«

Travaillez

e

monocorde

(18).

Et

il

pour-

suit

«

Il

montrait

ar

à

que

l'on

parvenait

ieux

la

connaissance

usicale

par l'esprit,

traverses

nombres,

ue

par

l'oreille travers

es sens

(19).

Pour es

Pythagoriciens,

a

musique

tait

une

partie

'un

ensemble

lus

vaste,

que

l'on

tentait

'appréhender

u traverse a

mystique

es

nombres.

A leur mage,Boèce a utilisé e monocordeommenstrumentpéculatif.

Aussi,

a

notation

lphabétique ue

l'on

trouve ans

son «

De

Institutione

doit-elle

tre

considérée

omme eulement

héorique

t

sans

rapport

vec

a

pratique.

lle

est

organisée

n

quatre

éries

différentes

elon

es

systèmes

e

la

musique

recque.

n

voici

une,

titre

'exemple

Boèce

AF

CG K

DL

MN

XE

Actuelle

La Si Do

Mi

Fa Sol La

Si

Do

Mi

Fa

Sol

La

Onremarqueuela suite es ettres 'estpasordonnéeelon a gamme.

La

notation

héorique

e

Boèce de

A

à P

Parmi es

quatre

séries

appliquées

par

Boèce

aux

systèmes

recs,

'une

d'elles,

omportant

es

lettres

e A

à

P

eut

une

fortune

articulière,

arelle fut

appliquée

u

genre

diatonique

ui,

par

la

structure

e ses

ntervalles

ouvait

être

rattachée

ux

modes

musicaux

cclésiastiquesfig.

5).

Elle

formait

ne

échelle

ommençant

ar

La et

se

terminant

ar

La.

Troissiècles

plus

tard,

u IXe

siècle,

Hucbald

de

St-Amand

eprend

ette

série

qui

reste

out

aussi

théorique,

ar

d'après

'enseignement

e

Boèce

qui

sera

encore

ongtemps

rofessé,

l

convient

e

distinguer

a

musica

peculativa

de

a

musica

ractica.

17.

Anicius,

anlius,

ervinus

oethius

V.

475

-

V.

525).

Philosophe

t

mathématicien,

homme

olitique.

l

écrivitn «

De

Institutione

usicae

qui

fut

a

bible

musicale

u

moyen-âge.

a

grande

réoccupation

st

'harmonie,

t

on

œuvrest

urement

héorique.

18.

Le

monocorde

stun

nstrumentonstitué

ar

une

corde

endue

ur ne aisse e

résonance.u moyen-âge,l fut 'instrumentarexcellencee renseignemente la

musique.

19.

Jacques

HAILLEY

Expliquer

'harmonie

pp.

11-14.

46

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Ne

trouve-t-on

as,

au Xle

siècle,

hez

Guyď

Arezzo

20),

cettedéfinition

Musicorumt cantorum agna stdistentía

Isti

dicunt,

lli

ciunt

uae componit

Musica

Nam

qui

facit

uod

non

apit

iffìnitur

estia

21).

Quant

au

monocorde,

l

servait

ux

considérations

coutisco-mathématiques

bien

plusqu'à

l'enseignement

e

a

musique.

ans

tous

es

traités

n

trouve

es

indications

u

genre

«

diviser

ne

corde n

quatre

arties

t

placer

u début

la

lettreA

»

« In

capite

ineae cribeA

»,

et

en

plein

XVIIe

siècle,

Marin

Mer-

senne crit

ncore,

u livre

remier

e son

« Traité es

nstruments

chordes

(22):

« Soit donc le monochorde G L, de telle longueur t largeur ue l'on

voudra,

ur

equel

a

chordeA B soitattachée

n haut

à

une

pointe

e

fer...

La série

lphabétique

e

A

à

P

fut

ongtemps

onservée elle

quelle.

On la

trouve ncore

u

Xle siècledansun

groupe

mportant

e

manuscrits

emontant

aux

travaux

e

Guillaume

e

Volpiano

23)

et en

particulier

ans e tonaire e

Montpellier

.

159,

écrit n

notation

ouble,

eumatique

t

alphabétique

24)

(voir

plus

loin,

fig.

10,

p.

50

).

Pourtant,

ès

a

findu

IXe

siècle,

ette érie

est

mentionnée ans

un

autre

raité,

a

«

Scolica Enchiriadis

,

non

eulement

à

propos

du

monocorde

e

Boèce,

mais

ussidansdes

recettes

our

onstruire

lesorgues taccorderescloches.

La

musique héorique

t a

musique

ratique

ommencent se

rapprocher...

La notation

lphabétique

instrumentale

Les

plus

nciens

émoignages

ous

nseignent

ue

les échellesnstrumentales

concernant

es instruments

ommençaient

ar

Do

et

non

par

La. C'estHucbald

qui,

vers

00,

constate

ue

c'est « de

temps

mmémorial

(25):

20.

Voir nfraote

9

21.

Guy

d'Arezzo,

Musicae uidonis

egulae

metricae

n

antiphonarii

ui

prologům

prolatae,

. S.

II,

25.

«

Le

cantor

nseigne

a

théorie,

e musicus

ratique

a

musique

nstrumentale.

22. Marin

Mersenne,

Harmonie

niverselle

ontenanta

Théorie

t a

Pratique

e

la

musique

(Paris,

636)

raitées

nstruments

chordes,

ivre

,

p.

32.

23.

Guillaume

e

Volpiano

mort

n

1031).

Réformateur

e

nombreuses

bbayes,

otam-

ment e

St-Bénigne

e

Dijon,

e

Jumièges

t

de

Fécamp.

24. Le

tonaire

stun

ouvrage

idactique

ans

equel

es

piècesiturgiques

ont

lassées

dans ordre

es

ons

u

ieu e

suivree

cycle

nnuel

25. Nec,tarnenliquidffertcrupuli,i forte,ydrauliaelaliud uodlibet usici

generis

onsiderans

nstrumentumon bivoces ali

eperias

chemate

educías,

uodque

numerumhordarumideantur

xcedere...

ucbald,

e

Musica, .S.I.,

10

47

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« Il

ne

faut

pas

s'étonnér

i,

dans es

orgues

eau

et les autresnstruments

demusique n rencontreneautre uccessione sons...

Nous

devons

donc

en

déduire

u'à

côté de

l'échelle

diatonique

a

-

Mi

il

existait

ne

autre

chelle,

ropre

ux nstruments

e

musique,

t dont

a struc-

ture

tait emblable

celle

de notre

amme

'Ut

fig.

).

Afin

de

rendre

ette

échelle

ompatible

vec a

théorie

lassique

n

y

a

ajouté

un

F et

un G

(voir fig.

précédente)

La

et

Si)

dans

e

grave,

t

cette

nouvelle

érie

ut

eproduite

ansde nombreux

raités.

A

l'extrême

indu

IXe

siècle

deux notations

e A à

P,

correspondant

deux

échelles

musicales

ifférentes,

ont en

présence:

a

première

héorique

et spéculative,ue l'onpeut ppeler otation umonocorde,tquicommence

par

La,

la

seconde,

robablement

estinée

la

pratique

musicale,

ue

l'on

peut

appeler

otation

nstrumentale,

t

qui

débute

ar

Do

(fig.

7).

La

série es ettres

e

A

à G

Pourtant,

ers a même

époque

au

IXe

siècle),

'idée

d'une

notation

lus

proche

de la

réalité

musicale

taitdans

'air.Dans «

VEnchirias

de

Hoger

26)

on

trouve ne

série

répétitive

-G

A-G,

ommençantar

La

pour expliquer

que lorsque euxoctaves esuivent,esmêmes otes eviennent

ABC D

E F

G

ABC

D

E

F G

La

Si

Do Ré Mi

Fa

Sol

La Si Do

Mi

Fa Sol

On

la

trouve

galement

hez

Hucbald,

mais lle

commence

ar

F

(cf.

fig.

)

car

l

part

e

la

série

nstrumentale

daptée

fig.

).

Laquelle

des

deux est

a

plus

ancienne

Le

Père

mits

an

Waesberghe

27)

pense

que,

logiquement,

l

n'y

a

pas

de

raison

our

faire

ommencer

ne

nota-

tionpar F, sixièmeettre e l'alphabet,t que,parconséquent,'est a nota-

tion

nstrumentale,

=

Do

qui

mit

n

évidence a

structure

n

octaves

our

la

première

ois.

Le

dernier

vatar

e

a

notation

héorique

ut

'addition

u

grave

'unenote

appelée

~

(28),

placée

un ton

au

dessous

du

La

(notre

Sol

actuel).

Elle

est

mentionnée

our

a

première ois,

ans

e «

Dialogue

de

Musica

,

à la

fin

du

26.

Hoger,

oine

e

St-Amand,

crivitnEnchiriasers

a fin u

Xe

iècle.

27. Smits anWaesberghelePère oseph):Les riginese a notationlphabétiqueu

moyen-âge

,

n

Annurio

usical

,

12

1957),

p.

3-16.

28.

D qù

'origine

enotre ot

gamme

.

48

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Fig.5. Boèce notation ugenre iatonique.

Fig.

6.

Echelle

nstrumentale

o-Do.

Fig.

7.

Notations

u

monocorde

t

nstrumentale.

i) Not.dumonocorde

Not.

nstrumentale

49

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On a utilisé

ussi a

double

notation,

our

fixer

es

mélodies

trangères

u

répertoireabituel, onc usceptibles'être ubliées ar es chantres.

Une

autre

tape

mportante

e ce

rapprochement

ut

'utilisation

e a nota-

tion

alphabétique

n

guise

de

ettres-clefs.

'idée de a

portée

t des

signes-clefs

n'était

as

nouvelle

uisquedéjà,

a notation e

a

Musica

nchiriadis

e met

n

pratique

voir

fig.

,

p.

4).

Mais c'est

à

Gui

d'Arezzo

30)

que

nous

devons

l'utilisation

ystématique

e

la

portée quatre ignes

t

des ettres-clefs

fig.

2).

Dans

cet

exemple,

n

peut

voir,

u

débutde certaines

ignes,

es

lettres

(La),

e

(Mi),

D

(Ré),

fcj

Si

fc]

.

Après

volution

u

graphisme

a lettre

a

donné

B

:

clef

d'Ut,

F

est devenu

Ò

:

clef

de

Fa,

et

G est devenu

: clef

de

Sol.

Une

dernière

tape

fut

franchie

orsque,

ésireux

e former

'oreille

e

ses

élèves,

Gui

eut

'idée

d'utiliser

a

première

yllabe

e chacun

es hémistiches

e

l'hymne

aphique

élèbre

St-Jean:

Ut

queant

axis resonare

ibris

Mira

estorům

amuli

uorum

Solve

poluti

abii

reatum

Sánete

Johannes

Ainsi

naquit

a suite

des

noms

Do-Ré-Mi-Fa-Sol-La

31).

Cependant,

a

nota-

tionalphabétique e futpas abandonnée. près uelques ransformations,lle

garda

a

préférence

es

pays

de

langue

llemande

t

anglaise,

ui

l'ontconser-

vée

dans

eur

olfège.

«

Do-Ré-Mi-Fa-Sol,

avez-vous

a

gamme

»

«

C-D-E-F-G,

'ai-je

bien

hantée

»

30.

Gui

ďArezzo

V.

1000

-

1050),

moine énédictin.

écut

Fabbaye

e

Pomposa.

Après

a mise

u

point

e

saméthode

usicale

évolutionnaire,

l

fut

n

butte

ux racasse-

ries e es rères,t lpartitArezzo.

31. La

septième

ote e

reçut

on

nom,

i,

qu'au

XVIIe

iècle

près

'être

ppelée,

ntre

autres,

a ou

Ja.

52

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Fig.

11

Début

de YIntroitr

esurrexi

du

dimanche e

Pâques.

Fig.

12.

Paris,

.N.

at

10508,

Fol

23

R.

Notation

uidonienne.

53

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oncernant

article

*

nnie

Dennery

Les notationsmusicales

au

Moyen

Age

»

dans e

numéro

de

«

Médiévales .

A

la

page

90,

dernier

paragraphe,

a

fin

de la

phrase

en

italiques)

été

oubliée: «...

Il

y

a donc

eu, à une certaine poque,deuxtraditionsn présencecelle,répandue ans

l'Empire

ranc,

es livres e chants on

neumés,

ui

contenaiente

répertoire

gallican

t celledes ivres

hargés

e

diffuser

echant

régorien.

ar...

54

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Irène

NUNES-FREIRE

CANTIGAS

D'

AMIGO ET

CHANSONS

DE

TOILE

Les Chansons

e

Toile

et

les

Cantigas

Amigo

1)

ont

souvent

rappro-

chées,

du

fait

qu'elles

mettent

n scène

des

amours éminineslors

que

leurs

auteurs

ont

des hommes.

lles

appartiennent

un

type yrique

uquel

au-

raient

articipé articulièrement

es troubadours

allego-portugais

t

français

et,

dans

une moindre

mesure,

es

Trobairitz

ccitanes,

t

qui

est

généralement

désigné

ar

«

chansons

e

femme

.

Dansuntravailrécédentoncernanta yriqueccitanetgallçgo-portugaise

(2)

j'ai

été

amenée

comparer

es

«

chansons

e femme

en

cherchant la

fois

ce

qui

les reliait t

ce

qui

les

séparait.

e fait

ue parmi

es

Troubadours

il

y

ait eu des

femmes

m'a intéressée 'abord

ccessoirement,

nsuite lles

ont

retenumon attention

arelles e

prononcent

n tant

ue

femmesur es

points

essentiels e la courtoisie

t,

ce

faisant,

lles aissent

'impression

ue quelque

chose

ne

fonctionne

as

dans

'éthique roposée ar

es

Troubadours.

n

peut

dire

que

les

règles

e

l'amour

ourtois ont

utrement

pprofondies

ar

elles

mais

eur

voix

sonne

dissonante ans 'orchestration

ourtoise.

r,

à

côté

de

ces femmesoètesqui interviennentn leurnomsurcedont lles ont 'objet

-

l'amour

ourtois

,

des

poètes

hommes

nt

fait

parler

es

femmes.

t

c'est

1.

La

«

Cantiga

Amigo

est

'un des

quatre

enres

e

la

poésie

roubadouresque

gallego-portugaise

ommés

ar

'« rt

e

trouver

qui

nitie

e

Chansonnier

e a Biblio-

thèque

ationale

e

Lisbonne

ancien olocci-Brancuti),

'un es

rois

rincipaux

ecueils

qui

ontiennent

ette

yrique,

es

deux

utres

tante Chansonnier

e

Ajuda

t

e Chanson-

nier

e

Vaticana.

es

uatre

enres

taient

a «

Cantiga

'amor

et a

«

cantiga

amigo

,

denature

yrique,

t a

«

cantiga

e

escarneo

et

« demaldizer

,

denature

atirique.

2. Voix tReprésentatione laFemmeans a Poésie es Trobairitzt esCantigas

d'Amigo

thèse

e

3ème

ycle,

anvier

982,

résentée

Paris

II

sous

a direction

e

M.

B.

Cerquiglini.

55

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précisément

ans

la

lyriquegallego-portugaiseue

l'on trouve e

plus

bel

exempleet le plus parlant) e ces« chansons e femme quisont es« canti-

gas d'amigo

.

Celles-ci

à

l'inverse

es

«

cantigas

'amor

,

fortementnfluen-

cées

par

la

lyrique

ccitane)

puiseraient

ans

un

fonds

opulaire

utochtone

très

ncien

eur

merveilleuse

riginalité.

'est ur

ette radition

ncienne

e la

«

chanson

de

femme

,

bien attestée travers

a

Romania,

es

«

khardjas

mozarabes

ux

«

cantigas 'amigo gallego-portugaises,

ue,

selon

Michel ink

(3),

se

fondentes

«

Chansons e

Toile ».

Les

«

Cantigas 'amigo

,

par

eur

hématique

t

eurs

ersonnages

éminins,

paraissent

première

ue très

proches

es «

Chansons

e Toile

»

françaises,

mais lles 'enéloignentésolumentar eur on nsaisissabletpar 'expression

du sentimentmoureux

4).

En

effet

a

réalisationensuelle

e

l'amour

'y

est

jamais

dépeinte,

l'inverse e

ce

qui

se

produit

ans es

«

chansons

e

toile

où l'immobilité

e a

belle

qui

attend

ait

lace

ux mouvements

e

l'amour

t,

dans certains

as,

comme

Fa

dit

Michel

Zink,

« elle

ne se lève

que pour

se

coucher

(5).

A

y

regarder

e

plus

près,

utant

que

des

similitudes,

n

trouve

ntre es

deux

lyriques

es

oppositions

lagrantes.

e fait

ue

l'auteur

oit

un

homme,

qu'elles

mettent n

scènedes amours

éminines,

ue

les

femmes

oient

elles

t

qu'elles attendent'ami absent es rapprochencontestablement.aisentre

elles

s'opposent

e

sujet

à

l'objet,

'extérieur

l'intérieur,

e mouvement

l'immobilité,

e collectif

l'individuel,

e

populaire

l'aristocratique,

'univer-

sel

à

l'épisodique,

'intemporel

u

temporel.

Les

«

Chansons

e Toile

»,

dont

es

fragments

ont

nsérés

ans

des romans

du Xnième

siècle,

articulièrement

ans e

Roman

de

la

Rose

ou

de Guillaume

de Dole

de

Jean

Renart,

irent eur séduction

e leur

aveur

'archaïsme

n

même

emps

ue

de

leur

familiarité.

e

nomde chansons

e toile

eurvient

u

3.

M.

Zink,

es

Chansonse

Toile

Paris,

978.

4.

« L

amour

st

oujours

u

ous

on

ôté e

plus

oétique,

onformément

u

resteu

génie

la

fois

assionné,

êveur

t

sentimentale

a

race

ortugaise,

ui

prête

oujours

à

ce

sentiment

i

violent

ans

es utres

ittératures

es

couleurses

plus endres,

es

plus

douces,

es

plus

thérées.

ême

ans

es

chansons

ue

nous

ourrions

rouveres

plus

«

osées

il

n'est

uere

arle

e

ces

nlacements,

e

ces

baisers,

e

ces

utres

émonstra-

tions

moureuses

nous

rouvons

i

souvent

ormulées

ans

es

poésies

rovençales

et

françaises.

C'està cequisépareeplus etteoésieallego-portugaisees utresoésiesomanes

du

emps.

(F.

Dehoucke,

hansons

'Ami

raduites

u

portugais

Bruxuelles,

945).

5.

M.

Zink,

p.

citvp.25

56

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fait

u'elles

décriventes

dames

ccupées

des

travaux

'aiguille

même

i

des

varianteses situent ans une atmosphère rintanièrevoquant es chansons

courtoises).

Jean

Renart es

appelle

«

chansons

d'histoire

en

soulignant

qu'elles

ramènenteurs

auditeurs

ça

en

arriers et

qu'elles

racontent

e

vieilles

istoires.lles

empruntent

es

formes 'un

genre

arratif,

e

décassylabe

et la

laisse

piques.

Ce

sont

ussides

chansons

e

femme ont

es

héroïnes

ont

des amoureuses

élaissées

ui,

selon

'expression

e M.

Zink,

«

se

morfondent

avec une

passivité

ouloureuse ans une

attente nutile

(6).

Elles

célèbrent

des

amours éminineslors

que

le

poète

est

un

homme. e

même

ue

ce

sont

des

hommes

ui

composeront

es

«

cantigas

'amigo

gallego-portugaises.

Audefroie Bâtard7) est 'unde ceshommes ui composent es « chansons

de

toile

et,

parmi

es

chansons

nonymes

l

y

en

a

une,

«

Oriolanz n haut

solier où

l'auteur e

révèle la

dernière

trophe:

«

Et

e,

qui

cest

hançon

is

sor

a rive

e

rner

ansis,

comanz Deu bele

Aelis.

(8)

(Et moi,

ui

fis

ette hanson

sur

a

rive

e la

mer,

ensif,

je

recommande

Dieu

belle

Aelis.)

Les

«

cantigas 'amigo

sont ussi

'œuvre e

poètes

hommes.

Mais a

dame

qui figureans eschansons aitpartie n tantque personnage,e l'universe

celles-ci.

'est elle

qui

assume

e

je

énonciateur

e

ce

discours,

andis

ue

le

poète,

s'il

se

fait

remarquer,

e ne sera

amais

qu'en

tant

que

/7,

ui,

l'ami,

l'autredont

parle

a

dame

et

qui

est

ui-même

n rôle

fictif.

ans

très

peu

de

cas le

poète

-

son nom

-

devient

ersonnage

ntérieuru

discours: 'est

e

cas

de

Joan

de

Guilhade

u

de

Rodrigu'Eanes

'Alvares

ui

sont

nommés

ar

a

dame

ui

fait tatde

leurs

ualités

u de

eur

omportement

n

tant

u'«

amis

.

Ils sont

bjets

de discours.

a dame n

est e

sujet.

« Lealment'amaoan e Guilhade

«

Rodrigu'Eanes

'Alvares tal

queflmi

ilhor

a

quis

om'a molher

(Joan

deGuilhade

ime

oyalement)

(tel

est

Rodrigu'Eanes

'Alvares:

il

m'aime

lusque

amais

un homme

n'a aimé

urie

emme)

6.

M.

Zink,

p.

cit.

p.

8

7.

En

plus

es

«

chansonse

toile

du

trouvère

udefroi

e

Bâtard n

eul

manuscrit

- LeChansonniere St-Germain-des-PrésParis, ibl.Nat.fr. 00500) conservees

«

chansonse

toile

anonymes.

8.

Edit.

ink,

.

82.

57

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La «

chanson

de

toile

comporte

ne

partie

narrative

ui

est

absente e

la « cantiga 'amigo . La narrationans elle-là efait la troisièmeersonne

tandis

ue

dans es

«

cantigas

amigo

» la

voix est

à la

première

ersonne

t

la

narration

es

amoursd'autrui

devient onfidence

yrique

e

ses

propres

amours t

de

son

propre

écu.

Et si a

beautéde

la

«

chanson

e toile est

celle

d'un

instantané

xemplaire

t

un

peu

flou

celle des

«

cantigas

'amigo

a

l'éclat du

mouvementt

la force e

la

voix sans

ontrainte.

ans a «

chanson

de

toile

la

belle

est

'objet

d'un

récit ait

ar

un

narrateur

xtérieur

u

texte,

«

Bele

sabiauz,

ucele

bien

prise,

amaGerartt l lien telguise (9)

(Belle

sabeau,

eune

fille ien

levée

aimaitGérardt enétait imée

de

telle

manière)

tandis

ue

dans es

«

cantigas 'amigo

elle est e

sujet

du

discours:

«

con

este

mal

sobejo

que

sofr'eu

bentalhada

(10)

«

e chor

eu,

bela

»

(1 1)

(avec

cette

rande

eine

que

e

souffre,

elle)

(et e

pleure,

elle)

La

«

Chansonde toile

nous

renvoie ne

mage

tatique.

a «

Belle

»

est

assise,

mmobile,

l'intérieur,

ccupée

à

des

travaux

'intérieur,

t cet inté-

rieur

st

marqué

par

des

éléments

ristocratiques.

lle est dans

sa

chambre,

dans

ses

appartements,

n une

haute

tour,

près

de

la

fenêtre

t elle coud

ou

brode u

déplie

esétoffes

omptueuses:

«

Bele Yolanz

en ses

chambreseoit

D'unboen amiz ne robe osoit (12)

«

Bele

Yolanz en chambre oie

sor es

genouz

ailes

desploie

costun fil

d'or,

'autre e soie.

»

(13)

(Belle

Yolande tait ssise

ans

ses

appartements

Elle cousait ne robed'une oie

somptueuse)

(Belle Yolande,

dansune

chambre

tranquille

déplie

des

étoffes

ur

es

genoux.

Elle coud

un

fil

d'or,

'autre

e

soie.)

9. Edit.

ink,

.

108.

10.

D.

Dinis,

V

199.

11. P.G. orto arreiro,V507.

12. Edit.

ink,

.

77.

13. Edit.

ink,

.

96.

58

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Elle est

eule,

nfermée:

«

Siet soi

biele

Euriaus,

eule

stenclose

Ne

boit

ne ne

mange

e

se

repose

(14)

ou en méchante

ompagnie

«

Siet

bele

Aye

s

prez

a

malemaistre.

Sor sesgenouls npailed'Engleterre

(et)

a

un fil fet oustures eles.

(15)

(Belle

Euriaut

st

assise,

eule

enfermée

Elle

ne

boit

ni

ne

mange

i

se

repose)

(Belle

Aye

est ssise

ux

pieds

de

sa

méchante

uègne.

Sur esgenoux neétoffe

d'Angleterre

avec

un fil lle

fait

e belles

outures.)

La

jeune

filledes

«

cantigas

'amigo

évolue

en

plein

air

libre,

dans un

monde

tellurique.

lle est rarement

eule. Elle

est

ntégrée

une collectivité

féminine

ui participe

ses

amours,

ui

l'écoute

t

la soutient. lle

se meut

l'extérieur.

lle

appartient

la

nature

t

au

milieu

ural.

lle

va

à

la

fontaine,

à

la

rivière,

la

mer,

u

bal,

à

la

fête,

u

pèlerinage.

lle

se

déplace,

lle

est

constammentn mouvement

« eu al rio

me voubanhar

(16)

«

ai

ondas

ue

eu

vinveer

(1 7)

«

Ma madre

elida

vou-m

a

la bailia

do amor

«

Fui

eu, madr,

n romaria

a

Faro

con meu

amigo

(je

vaisme

baigner

la

rivière)

(ô,

vagues

ue

e

suis

venue

oir)

(Ma

mère

olie

je

m'envais u

bal

de

'amour)

(Je

suis

llée,mère,

n

pèlerinage

à

Faro,

vecmon

mi)

La

jeune

fille

es

«

cantigas 'amigo

n'est

pas

seule.

Elle fait

partie

'un

en-

semble

féminin onstitué

ar

la

mère,

es

amies,

es

sœurs,

es autres

ames.

14. Edit.

ink,

.

166.

15. Edit. ink,.159.

16.

CV

322.

17. CV

890.

59

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La

plus

grande

lace

est

occupée

par

a mère

ui

détient

e

pouvoir,

ui

garde

sa fille t la metengardemaisqui est aussi a confidentee ses amourst de

ses

peines.

«

ai,

madremoiro 'amor

(18)

(Aïe,

mère,

e

me

meurs

'amour)

C'est

à

la

mère

u'elle

s'adresse

our

a

supplier

e

la

laisser

ller

voir

on

ami:

« Madre venho-vos

ogar

leixade-m'ir

o(n)

ele falar

(19)

(Ma

mère,

e

viens ous

upplier

laissez-moiller

ui

parler)

L'autorité

e la mèreest incontestable.

lle conseille a

fille,

arfois

lle

l'interroge,

lle

la

surveille,

lle

est

la

gardienne

e

la morale.

Mais

elle

peut

jouer

aussi

e

rôle de

médiatricet

protéger

es amours.

lle estmême

a com-

plice,parfois,

malgré

es

contraintes

e

la

morale

n

vigueur.

lle

est

très are-

ment a

méchante

mère

ui

figure

ans

es

chansons

e toile

« Sa malemere a chastoie

-

Chastoi os

en,

beleYolanz.

»

(20)

(Sa méchantemèreuifait es

reproches:

-

Jevous

n

fais

eproche,

elle

Yolande.)

L'amie

oue

un

rôle

mportant

ans

es

«

cantigas

'amigo

. Sa

présence

permet

a confidence

yrique.

Avec

elle la demoiselle

arle

ibrement

e ses

joies

et

de ses

peines,

e

son

pouvoir

t de

ses revanches.

« Ai,

miga

eu andotancoitada

(Aïe,

amie,

e

suis itourmentée

que

sol

non

poss'en

mi

omar

razer

(21)

que

e

ne

puis

voir

oût

rien)

Les amies ont

présentes

ans es

fêtes

populaires,

ans es

pèlerinages,

ans

toutes

es

activités e

cette ollectivité

laquelle

'intègre

a

eune

fille

18.

D.

Dinis,

V

169.

19. Afonso endeseBesteiros,V331.20. Edit.

ink,

.

96.

21.

D.

Dinis,

V

177.

60

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«

Bailemos

os

á

todas

três,

i

amigas

so aquestas velaneirasrolidas (22)

(Dansons

outes

es

rois,

mes

mies,

sousces noisetiersleuris)

L'amie

peut

être a sœur

irrriãa

qui

apparaît

ouvent

n alternancevec

amiga

t

qui

désigne

ne

fraternité

ui

n'est

pas

nécessairement

elle

du

sang.

Elle est

toujours

nvitée

participer

l'action,

onstituant

n double

de la

jeune

fille.

«

Vaiamos

rmãa

vaiamos

olgar

(en)

las

ribas

o

lago,

u eu

vi

andar

a lasavesmeu migo. (23)

(Allons,

ma

sœur,

llonsnous

muser

sur es

berges

u ac où

'ai

vu chasser

desoiseauxmon mi.)

Les

autres ames

du cercleféminin

ont

nvitées

témoigner

es

peines

u des

joies

de

la

demoiselle

«

Donas

fezeron

r

d'aqui

o

meu

migu,

meu

pesar

(24)

(Dames,

n

a

fait

artir

'ici

mon

mi,

ontre

mon

gré)

C'est le

cercle

des

dames

qui

à

tout

moment

ntoure a

demoiselle es

« cantigas 'amigo , la soutient t l'écoute. L'amie a surtout n rôle esthé-

tique,

ainsi

ue

la

sœur.Ce

sont

es

amies

t

les

sœurs

ui

constituent

e

sup-

port

du

discours e

la

demoiselle,

on

écoute

et son

écho.

Ce

sont

lles

qui

participent

u mouvement

oyeux

vers a

«

romaria où viendra

'ami.

Ce

sont

elles

qui

dansent

t

encadrenta

joie

de

la

fête.Ce

sont

elles

qui multiplient

la

joie

et

la

plainte

t

leur

donnent

ette

ouleur

éminine

t

cette

dimension

exemplaire.

Même

quand

elle

est seule dans

a nature

lle

n'est

amais

mmobile. lle

regarde

utour 'elle

et es

éléments

ont

à

pour

'écouter

t ui

répondre.

t

si

elle

pleure

u confie on

chagrin

lle

exprime

nce faisant ne

pensée,

rend

du recul

arrapport

ce

chagrin

ue

son

discours

end

niversel.

La belle des « chansons e

toile est

paralysée

ansun univers asculin

ui

l'encercle.Même

orsqu'elle

e

trouve

ans

e

décor

printanier

es

chansons

d'amour

lle

est

enfermée

t

mmobile

22. Airas unes,V462.

23.

Fernand*

squio,

V902.

24.

Joan

arcia,

V

431.

61

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«

BeleY doine

e siet essus

a verde

live

en

son/

ere

vergier

a soi tence

et

estrive.

(25)

«

En un

vergier

ez

une

fontenele

Sietfille

roi,

a main

sa

maxele

(26)

(Belle

doine

st

ssise

ous

'olivier

vert

dans e

verger

eson

père

llesefait

des

reproches

et se

tourmente.)

(En

un

verger,

rès

d'unefontaine

une fille e roi st

assise,

e menton

à

la

main)

Dans uneseulechanson e toiledeuxsœurs ont,a maindans a main, e

baigner

la fontaine.

lle

rappelle ar

ce

détail es

«

cantigas

'amigo

,

bien

qu'elle

'en

éloigne

ar

a suite.

«

Gaiete

t

Oriour,

erors

ermaine,

main t

main

vont

agnier

la

fontaine

(27)

(Gaiete

t

Oriour,

œurs

ermaines,

vont,

a

main

dans

a

main,

e

baigner

à

la

fontaine)

Dans

es

deux

yriques

a

eune

fille ttend

«

La bele

Doe

siet u

vent,

souz

'aubespin

oon atent.

(28)

«

eu

atendenďo

meu

migo,

eu

atendenďomeu

migo

»

(29)

Elle

soupire

« Ensospirantest hançon hantoit

(30)

(La

belle

Doe est ssisedans e

vent,

sous

'aubépine

lle attend

oon.)

(et

'attendais

mon

mi,

et

'attendais

mon mi

)

(ensoupiranthantait ette hanson)

25.

Edit.

ink,

.

114.

26. Edit.

ink,

.

86.

27. Edit.

ink,

.

100.

28. Edit. ink,.160.

29. CV

438.

30.

Edit.

ink,

.

77.

62

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«

se

vistes

meu

migo

o porque usospiro

Elle

pleure

«

Oriolanz

n haut

olier

sospirarli

rist

larmoier

et

regrete

on druHelier.

« Andades orel chorando (31)

(avez-vous

u

mon mi

celuipour ui e soupire)

(Oriolant

ansune

chambre

aute

soupire

t se

met

pleurer

elle

regrette

on

ami

Helier.)

(Vouspleurezouvent our ui)

Mais

la «

chanson

de

toile

est

pleine

d'éléments

e la

chanson

e

geste.

L'ami

est un

noble

occupé

à

la

guerre

u au

tournoi.

'ami

des

«

cantigas

d

amigo

l'est

souvent

ussimais

es

éléments

escriptifs

n

sont

bsents,

out

comme

e

nom.

«

Mar

fust

nques

a

guerre

«

de son ami

Doon

li

resovient,

qu'en

autres

erres

st alez

tornoier

(Malheureux

e

our

commença

la

guerre)

(il

lui souvient

e

son

ami

Doon,

qu'en

d'autres

erres

st

allé au

tournoi)

L'ami

estun

guerrier

t c'est

par

es armes

u'il

conquiert

a

belle

«

Quant

i cuens

'ot,

durement

i anoie.

L'espeetrait, ont iaciers urnoie.

«

Le

duch

/mort,

urement

'i

manoie.

S'amie

emporte

anzeffroi

devant

ui sor

on

palefroi.

(32)

(Quand

e comte

'entend,

l

entre

dans

une violente olère.

Il tire onépée,dont 'acier tincelle.)

(Il

a

tué e

duc,

l

a

employé

es

moyens

urs.

Il

emmène

on amie

ans

difficulté

devant

ui

sur

on

palefroi.)

La

beauté

du chevalierstdécrite vec

détail

insi

ue

toutes es vertus:

31.

CV

746.

32.

Edit.

ink,

.

155.

63

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«

Amis,

ostre

iautezme

piaist

molt

(Mon

ami,

'aime

beaucoup

me

a retraire rappelerotre eauté,

tant stes

ouz

et

franz,

ourtois t

vous

tes

i

bon et

noble,

i

plein

e

débonaire

(33)

distinction

t de

race)

«

Li

cuens

R(aynaut)

n monta

o

degré,

Le

comteRenaud

monta

'escalier,

gros

arespaules

greles

ar

o

baudref

large

'épaules,

es

hanches troites

blond t lo

poilt

menu

ecercelé:

il

avait es cheveux

londs inement

bouclés:

en

nule erre

'ot

si biau

bacheler.

(34)

dans

e

monde ntier

l

n'y

avait

e

si

beau eunehomme.)

A l'attente

e la

belle

succède

'arrivée

e l'ami

qui

la

prend.

es

gestes

e

l'amour

énouent

es

poèmes.

« Li siens mis

ntre es braz

a

prent

(Son

ami a

prend

ans

es

bras

en un biau

it s'asient eulement.

dansun beau

it

l

s'asseyent

ous

les

deux

euls.

Bele Yolanz

o baise

estroitement

BelleYolande

'embrassetroitement

a torfrançoisnmi o litV stent» (35) à la françaisel 'étend ans e lit.)

« Baisier t

acoler

'a

pris

(Elle

'embrasse,

lle 'étreint

si

'a

entre

es beax

braz

mis

elle 'a

pris

ntre

es

beaux

bras

assez

ot

et

ris.

(36)

alors

ls ont

oué

beaucoup

t

ri.)

Un

autre lément

mportantui

éloigne

es «

chansons

e toile»

des

«

can-

tigas

amigo

est

a

présence

u

mari. omme

it

e

refrain

e

l'une d'elles:

« Quicouvent a malmari (Qui estunie un méchantmari,

souvent 'en

part

euermari

(37)

souvent

'en

sépare

e cœur

riste)

En effet

es

«

chansons

e

toile sont

ouvent

es

chansons

e

malmariée.

Belle

Ysabel

se

lamente

33. Edit.

ink,

.

115.

34.

Edit.

ink,

.

93.

35. Edit. ink,.78.

36. Edit.

ink,

.

82.

37. Edit.

ink,

.

143.

64

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«

Laise,

fait

lle,

om

si

ai

grant

olour

(Hélas,

dit

elle,

uelle

douleur

st

lamienne

On

m'apeleivit

ille

'anpareor

On

m'appelait

ille

'empereur

et

on ait

fait

'unvilainmon

ignor.

(38)

et on a fait 'un rustre on

mari.)

Dans

la chanson En un

vergier,

ez

une

fontenele le

mari

st

un méchant

vieillard

ui

l'enferme

t

qui

a

frappe

mort

«

Li mals

mariz,

n oï

la

deplainte.

(Le

méchantmari ntendit

a

plainte.

Entre

l

vergier,

a

corroie esceinte. Il entre ans e

verger,

l

a

enlevé

saceinture.

Tant

a

bati

q

ele

en

fu

perse

t

taint Il la

battit

ellement

u'elle

devint

violette t ivide

entre

es

piez porpou

ne

'a

estainte. c'est

tout

uste

'il

ne

'a

pas

tuée

(39)

ses

pieds.)

Mais

e

père

st

tout ussi

mportant

omme lément

e

contrainte.a

eune

fille

st

souventmariée ontre

on

gré.

C'est le

père qui

est

responsable

u

triste

estin

e cette ille e roi

«

CuensGuis

mis,

ommale

destineie

(Comte

Gui,

mon

mi,

uel

triste

destin

Mes

pere

m'a

a un

vieillart

onee

Mon

père

m'a donnée

un

vieillard,

qui

en c'estmeism'a mise t

enserree

qui

m'a

mise

dans

ette

maison

t

m'y

a

enfermée:

n'en

puis

eissir soirn'a

matinee.

(40)

je

ne

puis

n

sortir

i

e soir

ni

le

matin.)

BelleYdoine st battue

ar

on

père

«

Tant

st

fait a

pucele

desoiller

t

desçaindre

tant a

bati

d'un

fraina ou la

puet

ayaindre

que

toute

a

char lanche i

fait n

vermeill

aindre.

(Aussitôt

l

fait

nlever

la

eune

fille

vêtementst

ceinture.

Il

l'a tellementattue

vecun

frein e

cheval

partout

ù

il

peut

'atteindre

qu'il

colore

n

rouge

oute a

chair

blanche.

38. Edit. ink,.98.

39.

Edit.

ink,

.

86.

40.

Edit.

ink,

.

86.

65

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Puis a fait

nserrern

a tour

t

Puis

l

a

fait

nfermer

ans a tour t

remaindre.(40) l'y aisse.)

et

sa

mère

articipe

cette

yranie

«

Par

es treces a

prent,

'ele

ot

blondes

elle

a

prend

ar

es

tresses,

ui

sont

com

ainne,

blondes

omme

aine,

devant

a roi

on

pere

snelement

et

'emmène

apidement

evant e roi

Fesmaine sonpère

Ces

violences ont

bsentes

es

«

cantigas

amigo

ainsi

ue

les

gestes

e

l'amour.

a souffrancet l'amour

y

sont

voqués

out utrement

ue par

eurs

manifestations

hysiques

andis

ue

dans

es

«

chansons

e

toile

»

«

on

ne

voit

de

l'amour

ue

ses

effets

hysiques

(42),

car ce

sont es

gestes

euls

qui

le

dépeignent.

a seule

chanson

d'amigo

qui

évoque

vraiment

es

«

chansons

de

toile

françaises

stcelle

de Estevam oelho

43).

« Sedia af rmoa seusirgoorcendo, (La belle tait ssise, nfilant e

la

soie,

sa

voz

manselinha

remoso

izendo

avec sa

voixdouce

oliment

isant

cantigas 'amigo.

des

chansons

'ami.

Sedia

a

fremosaeu

sirgo

avrando

La

belle tait

ssise,

n

tissant

e

de

la

soie,

sa

voz

manselinha

remoso

antando

avec a

voix

douce

oliment

hantant

cantigas

'amigo.

(43)

des

chansons

'amour.)

La « belle estassise, ccupée untravail etissagenmême emps u'elle

chante

des

«

cantigas

'amigo

.

C'est

ce

chant

ui

montre

u'elle

est amou-

reuse omme

e

signale

on

interlocuteur

qui

elle

le

confirme.

l

n'y

a

pas

d'histoire

uniquement

n

nstant,

lastique

t

musical.

Les

«

chansons

de

toile se

placent

dans un

tempsvague,

mais ancien.

Les

éléments e

la chanson e

geste

es

retiennent

ans e

temps assé.

Comme

dit

Michel

ink,

«

ellessont

nées

vieilles . Les «

cantigas

'amigo

échappent

au

temporel.

es

éléments

historiques

n

sont

pratiquement

bsents.

Des

41. Edit. ink,.116.

42. Michel

ink,

es

Chansons

e

Toile.

43. CV

321.

Oviedo Arce

Bol.

e a

Acad.

Gallege,

°

113)

e situe u

XlIIe

iècle.

66

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Dominique

GEHANNE

LE

VOCABULAIRE

AMOUREUX

DANS LES

«

TRISTANS

»

«

Combien

d'hommes eraient-ils

moureux,

'ils

n'avaient

amais

entendu

parler

'amour

»

écrivait

a Rochefoucauld.

ette

réflexion

été

la

génèse

de notre tude

du

vocabulaire moureux

ans es Tristans n

vers.Nous ne

pouvons

gnorer ue

l'adoption

'un

certain

angage

ntraîne

t

favorise

'essor

des

sentimentsatents

lus

ptes

s'exprimer

insi.

Nous

nous sommesdonc

dirigés

ers

une

étude

exicologique,

vec

pour

déterminationssentielle ettequestion: ommente conceptde l'amour e

réalise

dans

a

langue

médiévale

Les

romans

e

Tristan n vers

fournissaient

à

ce

propos

un

corpus

de

choix:

passion

atale,

chème

déal

auquel

aspirent

nos

rêves

epuis

des

siècles,

mythe

eu

moral

ù le désir

riangulairepparaît

comme a trame

entrale

t e

ressort

ramatique

e

la

narration.

i

les

Tristans

en vers

proclament

es

droits

mprescriptibles

e

la

passion,

i

l'hyperbole

st

la

figure

référée

ans

ces

textes,

l

n'en reste

as

moins

ue

les

tonsdiffèrent

selon deux traditions éfinies

epuis

Joseph

Bédier

par

version

ommune

t

version ourtoise.Nous

nous

sommes

ttachée,

our

'examen

u vocabulaire

amoureux,ux représentantses plusconnus e ces deuxtraditions, savoir

la version

e

Béroul

commune)

t

celle

de

Thomas

courtoise).

otre

mbition

était,

ans es

mots,

eurs

places,

eurs

ombinaisons,

'esquisser

ne

mage

e

l'amour,

el

qu'il

s'écrit

u Xlle

siècle.

LA

MÉTHODE.

La

languepoétique

médiévale

st,

nous le

savons,

rès tructurée:

'artiste

médiéval echerche'abord 'expressionrâce

des

techniques

raditionnelles.

La

rigueur

e

la formeiée

à

la

répétitionypique

'expressions

onstituait

'a

priori

de

notretâche. Prenons n

exemple:

e

mot amor.

Dans

un

premier

68

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temps,

nous

avons

dressé ne

iste

xhaustive

e

toutes

es

occurrences

e

ce

motdans nosdeuxcorpus. ependant,inousrepérionsingtcinq ccurrences

de amordans a

version

e

Béroul,

elle

de

Thomas

n

comptait

ent

rentesix.

Décortiquer

es listesdemandait onc

'élaboration,

t

corrélativement

'appli-

cation

d'une

méthode

ermettant

n

champ

'investigation

lus

restreint.ous

avonsdonc

pensé

oumettre

os

corps

deux

mpératifs

riginaux.

e

premier

étaitde

grouper,

uivanteursfonctions

yntaxiques,

es

occurrences

e amor.

Le

deuxième,

ans

e but

de

ne

point

luder

'importance

e

la couche

pho-

nique,

taitde suivre

e

morphème

hoisi

elon a

place

dans e vers: la rime

ou

à l'intérieur

u

vers.Cela

nous a conduit

travailler,

our

chaque

occur-

rence, ur umoins euxvers imés. esdeux xespermettaient,utre a clarté

de

notre

lassement,

a conservation

u

caractère

xhaustif

e

notre

nalyse.

Cependant,

ette

méthode

autorisad'autres

spectspositifs our

notre

étude.

Ainsi,

e

groupementar

unités

yntaxiques

it

apparaître

es

préfé-

rences

formelles,

ouvent

ésurgentes.

ar

exemple,

ogiquement,

ous

nous

sommes

rrêtée,

uand

le

mot

amor était

complément

'objet

au

procès ui

le

régissait.

ans

la version e

Béroul,

nous nous

sommes

onc

aperçu,

ue

dans

a

majorité

es cas

(4

sur

9),

le

verbe

ui

introduisaitmor

COD,

était

le

verbe voir

vec

sa connotation e

possession.

e

repérage

es

procès

per-

mettait 'autres onstatationstrois utres erbes ommandente mot mor

(tenir,

rendre

dire).

Ceux-ci

élimitent

es

systèmes

e l'ordre e

la

posses-

sion.

Ils

accusent

a

dépendance

e

l'objet

amour u

sujet.

L'amour

st

pris,

enlevé omme n tournoi. e verbe

ire

refuse oute ssimilation

e

'amour

u

secret,

e

qui

est contraireux normes ourtoises. ans la

version

e

Thomas,

nous

retrouvonsa

même

prédominance

u

verbe voir.

Cependant,

'autres

verbes

e

oignent

lui: valoir

2

cas),

mettreentroblier

acointer,

erdre

user,

vent

monstre

enditer.

insi,

ous

pouvons

onstater

ue

l'amour

st

nterrogé

quant

à

son

prix valoir),

evient

onnaissance

acointerapprendre,

nditer

prescrire,

nstruire)

lest

dépendant

u

sujet

i

mettreentrobiller

monstre)

mais

aussi

dicte ses

lois

à

celui-ci

vent

t

revent).

récisons

ue

ces

remarques

e

sont

ue

les

points

e

départ

e

l'analyse.

Le

groupement

ar

unités

rimées

y

ajoute

de nouveaux léments.

ans

la

version

e

Béroul,

es

correspondances

omophoniques

u

morphème

mor

se

distribuentinsi

-

seignor

4

cas)

-

leisor2 cas)

-

error

1

cas)

-

desanor

2

cas)

69

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-

onor{

1

cas)

- folor, olor ' cas)

Dans a

version e

Thomas,

-

dolor

22

cas)

-

haiir

9 cas)

-

seignor

8 cas)

-

honur

6 cas)

-

tendrur

5

cas)

-

sorur,

oür

irrur

3 cas)

-

desanor

or

errar

2

cas)

- flřwr,oneur, alur,reignur1 cas)

Les

correspondances

omophoniques

hez Thomas

divergent

onc

ensible-

ment

de celles

de

Béroul.

Si les

troisdirections

e

celui-ci

'y

retrouvent

un

langage

éodal

ou de service

seignor,

onorvs

desanor),

n

contexte

ro-

tique

error,

olor

-

d'autres

nités

ignifiantes'y

ajoutent.

n

effet,

hez

Thomas 'installe

vec

fréquence

e

«

mariage

d amoret

de

dolor

dont

nous

n'avions

onstaté

u'une

occurrence ans

a version

ommune,

ccurrence

ui

proclamait

'anéantissement

e

'une

dolor)par

'autre

l'amor). ci, a concep-tion

de l'amour

st

plus

orientée ansun

réseau

oie-dolor,

ien

onnudans

e

registre

ourtois. lus

que

le

code

féodal,

'est

a

religion

'amour

ui

est

mise

en

évidence,

vec a

profonde

mbivalence

haine,

ouleur).

Comme nous

le

rappelions

récédemment,

es constatations

e sont

que

des

résultats

réliminaires.

Le

classement

ue

nous

vons

péré

uivantes

deux

directions

syntaxiques

et

prosodiques)

constitué

n

lieu

privilégié

our

'analyse

du

vocabulaire

amoureux.

Celle-ci

fait

apparaître

es

répétitions

ypiques.

arfoismême

la méthode engendré ne certaineassitude: es associations ormellest

sémantiques,

es

traits

prosodiques ésurgeaient

ystématiquement

usqu'à

être

attendus.

ependant,

ette assitude

ustifiait

a

méthode

ans

e

sensoù

elle

dessinait n

nouveau

elief u

roman

médiéval,

maillé e

répétitions

ar

les

choix de

traits

rosodiques

t

formels.

our

plus

de

clarté

t

pour

llustrer

notre

méthode,

nous

proposons

deux

analyses

du

morphème

mor.

Nous

communiquerons

nsuite es

conclusions

uxquelles

nous ont

amené

notre

analyse

u

vocabulaire

moureux.

70

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UN EXEMPLE

D'APPLICATION.

Dans la version e

Béroul,

'installe

ne

fréquence

e

la forme

s'aimer

d'amor». Ceci concerne

es vers

277, 471, 1339,

2300,

2388. Dans

toutes

ces

occurrences,

mor st

à

la

rime.

v. 277 S'ils s'amasent e fole mor

Ci avoient sez eisor:

Bien es

veisse ntrebaisier

v.470 Motavion ele oisor,

il

m'amast

e

fole mor.

v.

1339:

Tant 'entraimente bone mor

L'un

por

'autre e sentdolor.

v. 2300:

Queje

ne

'ain

de

bone amor

Et com

ami,

ans

desanor

De la comune

e

moncors

Et

e

du

suen omes uit ors

v.

2388 Mais

e

lui

prié

om

a

seignor

Que

e

mot imde

bone

amor.

Ces

formes

tablies,

ous

pouvons

distinguer

n

certain

arallélisme

ntre

elles.

Ainsi,

es

vers

77

et 471

bénéficient-ils

'une structure

uasi

dentique.

Pourtant,

eur

différence,

i

minime

oit

elle st richede

conséquence.

appe-

lons que ces deux passages e rapportent l'épisodedu rendez-vousous

l'arbre,

uquel

es

observaite roi

Marc.Dans

un

cas,

e

monologue

st attribué

à Marc

v.

277),

dans

l'autre

v.

471)

la

parole

est

donnée

à

Yseut. Nous

constatons

ue

l'ordredes

vers st

permuté

mais

l

s'y

inscrit

galement

n

déplacement

ersonnel:

Marc affirme

a

réciprocité

es

sentiments

e Tristan

et Yseut

par

l'emploi

des

pronoms

ersonnels

luriel

il

suivi

du

réfléchi'

Par

contre,

seut ntroduit

ne

distance,

lle

s'exclut

u

sentiment,

e

mettant

en

cause

que

Tristan:

se

il

(Tristan)

m'amast .

L'engagement

utuelne

se

porte

que

sur e

vers

précédent

le

partage

'opère grâce

u suffixe

ons

-

sur e motrimeoisor.Orcelui-ci omporte ne connotationrotique.l sem-

blerait

onc

que

pour

Yseut,

'il

y

a

partage

u

plaisir,

l

n'y

a

pas partage

e

71

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l'amour.

Remarque

fondamentale

ui

met

en cause

la

notion d'amour

fatalité

ausée

par

e

philtre

il

attire

es

deux

personnages

ans

es chaînes

u

plaisir,

ans

ue

ces

derniers

n soient

esponsables

t

coupables.

Comparons

maintenant

es

vers 300 et

2388. Les

correspondances

oino-

phoniques

e

distinguent:

esanor

ans

un

cas, seignor

ans

'autre.

ourtant,

elles fonctionnent

ans

a même

phère

émantique

vocabulaire

e

service

s'inscrit

e

respect

u

seigneur.

mor

ne

s'intègre as

dans

un contexte

amoureux.

n

fait,

l

est

ynonyme

'amitié,

mitié

espectueuse.

l se

istribue

indifféremment

ur

une

femme u

un

homme.

i

nous

élargissons

e contexte

du vers2300, nous observons ne redondance honiqueautourde

«

or

»

Les

rimes

uivantes

ont

ors

t

fors.

Une note

d'érotisme

ient

onc 'insinuer

dans

e

«

bon

amor .

Nous

touchons

n

point

mportant,

savoir

a distinc-

tion difficile

u

moyen-âge

es mots

«amor»

et «amistié».

Ce

sont

deux

termes

nterchangeables

ans

eurs

deux

assertions:

ynonymes

e

passion

u

d'affectueux

espect.

Dans le

vers

1339,

s'inscrit

ne

redondance

arquant

a

réciprocité

indica-

tion

syntaxique

ournie

ar

le réfléchi

'

réitéré

ar

le

préfixe

ntre.Cette

interactionurTes euxpersonnages'étend urdeuxvaleursbstraites:mour

et

douleur,

e

premier

xcluant

e second.

Cette

onstatation

st

mportante

ar

elle

précise

'éloignement

e

cet

amour

vec

e réseau

oie-douleur

e l'amour

courtois

ue

nous

découvrirons

ans a

version

e Thomas.

Les

deux

concaté-

nations

e

morphème

mor

e

résument

bone

et

fol

Fol teinté

'une

conno-

tation

rotique,

one

nsinuant

n

rapport

espectueux.

Un

autre

xemple

d'analyse

du

morphème

mor cette

fois hoisi

dans

a

version

e

Thomas.

Nous examinerons

ci

le cas

ďamor

COD

de avoir.

Voici

les

occurrences

epérées

v.

1027

Pardurable

st

a dolur

Qu'

ele envers

ristan

s amor

v. 1069

El

n'a

délit

e son

seignor

N'envers

utre

en

amor

v

629

:

Ne

dunt ie

anguisse rainur

Aie

entre

os re

t

amur

v.

1559

Envers

us

d

si

grant

mor

Que

il

suffre

a desonor

v. 1 69 : Eüssiezvusversui mor

Ne feisiez

a desonor

72

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v. 1695 Qu'elvers ristanüst mur

Ele a

plus

riche

oneiir

v. 1715

:

Del sul

Tristan

vez

poür

El n'ad

vers ui nul mur

v.

2365

:

Descouvrir

i

volt

a dolur

Enversi

ot

eele

mur

v. 2423

:

Ne

m'aidast

cestedolur

Enversmei d

si

fermmur

v.

295

1 :

Carvers us i

si

fine mur

Amis, ei o aveir oür

v.

1

100

Car

enverse rain'a amor

Suffrir

'estuet orn

on

seignor

Aveir mur

c'est

dans

a

majorité

es cas envers

u

vers

uelqu'un.

Un

mouve-

ment

'opère

de 'actant

ujet

vers

'actant

bjet par

e biais

de

l'amour. réci-

sons

ette

tructure

aveir/

mur/

nvers,

ers.

Envers vers

lacés

u débutde

l'octosyllabe

v. 1070, 1559, 2366,

2424):

Dans

ces

vers,

ne

grande

lace

est

réservéeux ntensifs

voir:

avoir sifermmur

si

grand

mur

si

fine

mur

L'intensif

roduit

ar

si

semble

uggérer

ne

nuance

ranscendantee

l'amour,

force

urnaturelle

ppuyéepar

des

qualificatifs

e

coloration

ourtoise.

l re-

produit

e

règne

de la

démesure,

e

renforcement

e

l'affirmation.ans deux

vers

1559,

2424),

amur

fait

couple

avec dolur. Les

séquences

régies

par

l'intensif,

'organisent

utourde

deux versions

ontradictoires:'amour

pro-

voque

desanor t dobr

mais

ussi

es

atténue

aidast,

uffree

désanor).Le

règne

e l'intensifst

souligné

u

vers

1023

par

'emploi

du

morphème

«

pardurable

note

d'éternité

'insinuant

ntre mour

et

douleur.

Celui-ci

est

d'autant

plus

mis

en

relief

ar

sa

place

en

début

d'octosyllabe.

ous

les

termes

ont

exagérés

t

marqués;

xemple:

'emploi

u

superlatif greignur

.

Dans

les vers

1070 et

1

100,

a

proximité

es

deux

vers

onfirme

os

propos

ci-dessus.

Seignor

et «

amur

s'excluent

par

l'emploi

de

la

négation,

l'amour

st et

n'existe

ue

hors

du

mariage.

ous

retrouvons

à une

compo-

sante

ssentielle e

la

«

fine

mor . Le

délit

plaisir

moureux,

'est

négativé

que si,par econtexte,mor stnégativé.$ sexualité stbienpartie ntégrante

de

la

conception

moureuse.

e sera

d'ailleurs ne

nterrogation

onstante

e

Tristan

comment

eut-on

voir

élitde

son

seignor

ans mor

73

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Observons

maintenant

a

chaîne

yntaxique

u

vers 951. La

condition

e

l'intensif

i

conduit

un

devoir, ne

volonté

dei

ó) intrinsèque

e la «

fine

amors

qui

se

réalise

dans une

sémantique

e la

pour

de la

douleur onc

c'estune

volonté

masochiste

ui

découlede l'amour.

L'ensemble

es

adjonctions

u

morphème

mour

ermet

ui

ussi e

resserrer

l'analyse

e ce

concept.

Les

qualificatifs:

rant,

ine

leele,

ferm,

ul

sont

pour

a

plupart

ssusdu

registre

ourtois.

Notons

que

leele

appartient

on au

service

éodalmais au

service 'amour.

a

notionde

secret,

vec e verbe

escouvrir

apparaît

u

vers

2366

et

se

oint

au leele

mur t

à

la

dolur.

Le secret e l'amour

ourtois 'est-

il pas la douleur Cette ntuition 'en estpas vraimentne,puisqu'elle e

trouve

ffirmée

lus

oin

u vers

263

Que

une

ne

sot

que

fud mur

Ne

put

aveir

ue

est dolur

Nous

espérons ue

ces

deux

exemples

nt

permis

'éclairer

a

façon

ontnous

avons

menénotre

tude.

Bien

ntendu,

ls

ne

représententue

des

fragments

e

notre

nalyse

ur

e

vocabulaire

moureux,

'ensemble,

lus

vaste,

ne

pouvant

être ontenu ans es imites e cette evue.l nous emble ourtantntéressant

de

communiquer

es conclusions écoulant

e

notre

tude,

par

'utilisation

e

notreméthode.

Voici

e

résultat

e nos

recherches

ans

a

version

e

Béroul.

Le

mot mor

est

entouréd'un

halo d'associations

ffectives

t

socialesdéfini omme el:

Amor

=

amitié,

ngage

un vocabulaire

uerrier,

épond

un

rituel

éodal,

comprend

es

rapports

harnels,

ignale

'impact

de la

fatalité,

st

synonyme

de fidélité

u mari.

a

sphère

e définition

e

amordans

a version

e

Thomas,

si

elle

englobe

pratiquement

es nuances

e la

version ommune

n

ajoute

de

nombreusesutres

Amor

=

amitié,

'exprime

ansun

vocabulaire

uerrier,

st

une

onnaissance,

demande

une fidélité

bsolue entre mants

hors

mariage),

st

ouissance

t

secretmais

aussi

surtout

ouleur,

haine,

chagrin

t

résiste la

volonté

de

l'homme.

Nous

devons

oncen es

comparant

mettre iversesbservations

a)

Le

halo de

nuances u

mot

amor

omporte

e nombreux

oints

ommuns

ů

-

La

similitudees

morphèmes

mor t

amistié.

- L'existence 'un vocabulaire onctionnantomme

révélateur

e la sen-

sualité.

74

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-

L'emprunt

onstant

e formulesonsacrées

u

rituel

éodal

t

guerrier.

- La présence 'unenuance ranscendantemot mor.

b)

Les

divergences

ans es

deux versions

La version e Thomas 'oriente

ystématiquement

ersune

lyrique

our-

toise. Le

couple

étroitement

amor-dolor

ésume e

que

M.

Lavis

a nommé

le

réseau

oie-douleur

ans a

poésie

courtoise.

e

réseau

émantique

e amor

dans

a version

e Béroul st

englobé

ans

celui

de

Thomas,

l'exception

e

l'allusion la fatalité t au devoir

e

fidélité u

mari,

égation ar

définition

de

'amour

ourtois.

L'examen duvocabulaire

moureux

ustifie

donc

l'appellation

« version

commune

version

ourtoise .

D'autre

part,

a

reconnaissance

e la

simili-

tude

des

mots

mour

t

amitié ous

conduit cette

uestion:

quel

moment

s'est ffectuée

a

distinction

émantique

ntre

es deuxmots

Si

la

langue

française

ontinue

utiliser

n

signe inguistiquenique

pour

traduirea tendresse nvers

on amant

u un

goût

limentaire

on aime

quel-

qu'un

comme

n

aime

un

plat

-

ceci est

probablement

û

à

la confusion

es

verbes

imer issu du latin

mare

et

esmer

ssu

de

aestimare amitié 'est

distingué

e amour.

La

version

ourtoise

ermet

e

qualifier

ristan t

Yseutde

premiers

éros

romantiques

leur

passion

n'est

et ne vit

que

par

es

obstacles,

uisque

ette

version

montre

ue

les héros

'aimaient

vant

e

mariage

e

Yseut et

Marc.

Celui-ci

urait

donc dû

être

vité i

ce n'est

e

besoin

d'un

certain

médiateur,

admiré

t haï

grâce

uquel

circule e désir

ar

'obstacle

u'il engendre.

insi,

le

malheur e

Tristan t

Yseut

prendrait

a

source

ans

une

fausse

éciprocité,

masque

d'un

doublenarcissismeui débouche ans 'excès de leurpassion ur

une

espèce

de haine de

l'aimé.

Cela

expliquerait

lors a

fréquence

es

mots

haiir

t

dolur

ouplés

vec mur

dans

a

version e

Thomas.

75

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GhislaineFAROUT

«

DU

CHAinVEL

OU DES

QUATRE

DOLS

»

6

septembre

982

Moyen Âge

barbare, ombre,

aissé

à l'écart

par

les siècles

«civilisés»,

« renaissants

;

MoyenÂge

sans

écrivains,

ans

noms

propres,

ans

définition,

sans

place.

Malaised'une civilisation

n trainde naître

ou

de

mourir

t

qui

veut aisser a trace.

L'écriture

médiévale

este

mbrée 'une

perte

ui

se serait ffectuée

ors

du

passagede l'oralà l'écrit. t lorsqueMarie eFrance crit e Chaitivel 'est-ce

pas

une

façon

de mettre n

valeur

e

manque

qui

surgit

ès

que

l'écriture

revient

Le

Chaitivel

st

il

vivant

mort

en instance

e

retour

quatre

Les

mêmes

uestions

e

posentpour

es

lais.

Comment

xistent-ils

e

plus

Ecrits lus

?

possédés

ouïs ?

parlés

Chaitivel

u

quatre

dois

?

pense

la

dame,

mais

n'est-ce

as

aussiune

façon

de

se

dire:

Marie e France u...

rien

«

Talent

me

prist

e remembrer

Un

ai dunt

o

oi

parler

(v.

1-2)

A

partir

e

ces

deux

premiers

ers,

Mariede

Franceréactive n

la

marquant

une «histoire»

toujours

ransmise ralement. Remembrer». C'est

de

ce

souvenir

u'elle

rendra e

lai

éternel. Parler». Tout en arrêtant

ustement

de

e

parier

t de 'oir.

C'est à la foisd'une naissance

ont l

sera

question, uisque

'auteur

arle

d'un

«

être

qui

accède

à

un

autre

tatut,

mais

aussi

d'unemort ar a

repré-

sentation

osant

a

chose

absente,

ue.La

combinaisones deux mmortalisera

le

Chaitivel

De

l'oral à

l'écrit,

usqu'à plonger

u

vifde

l'écrit.

Du

vivant

u

mort mbigu. eluiquine meurt lusparce u'inscritné?mort Autre.

Emergence

'un

être

mais

ui

est

il

76

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« L'aventure us

n dirai...

U il funeze cumotnun

Le Chaitivel

'apelet

hum

E si ad

plusurs

e ceus

Ki

Fapelent

es

Quatre

euls

»

(v.

3-8)

De

qui peut-on

arler

d'un ai

?

d'un

Chaitivel

l'identité

eu

sûre ou

d'une

dame

qui

n'existe

ans e

prologue ue par

'annonce 'untiraillement

Chaiti-

vel ou

quatre

deuls

Quelques

vers

lus

tardMarie

parlera

'une

«

dame

dunt

(elle) veut unter. . Cettedame uisefait conter mais uien même emps

écrit e

lai est bien celle

qui,

à cause

d'une

question

ans

réponse,

ime,

dis-

paraît,

produit.

Celle

qui,

dans

e

prologue,

st à derrière

'allusion u

point

d'interrogation,

u non-fini ais

nom-infinie

Chaitivel

u

quatre

ois.

Marie

de Francedoit affronter

n

sujet

ui

ne s'est

amais

défini.

e

Chaiti-

vel

reproduit

ependant

outes

es

exigences

'un

ai,

à

savoir,

rincipalement,

l'économie t

une structure

quilibrée

ntre

e

«

prologue

,

«

l'exposition

,

«

la

pointe

,

«

le

point

de

bascule

et e

«

dénouement

(selon

es termes

e

R.

Dubuis).

« L'aventureusendirai

E la cité

vusnumerai

U

il fil

nez e cum

ot

nun

(v.

3-5)

Lai

ou Chaitivel

L'auteur

e es

considère

as

comme

es fantômes

e

papier.

C'estce

qu'écrit

Rychner

ansune

note

xplicative

ortant

ur es

vers:

«

Si

« nez

» n'est

pas

une

simple

aute

pour

« fez

»,

Marie

oue

à

assimiler

le lai à un être ivantn ui

appliquant

es

expressions

'état

ivil

« cum

ot nun

appelant

« u

il fil

nez

»

(

Les

Lais

de

Marie

de France

J.

Rychner,

FMA,

p.

273).

Mais

de

qui

Marie

e France

nous

raconte-t-elle

'histoire

«

Talent

me

prist

e remembrer

Un ai...

»

et

en

même

emps:

77

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Déjà dans e prologue,Mariede France nnonçaitpresque) a structuree

ce

lai.

Ou

du moinsnous

suggérait

es

questions

uivantes:

ui

sont es

quatre

dois?

le Chaitivel

quel

est

'enjeu

du

lai: Chaitivel

u

quatre

dois ? en

nous

proposant eut-être

e

premier

lément 'une

réponse,

t ce dans

e

titre

u ai:

le Chaitivel.

Puis

'auteur ous nstruitur

e lieu

de

'événementNantes

n

«

Bretaine

sur es actants t leurs

apports:

ne

damefort

elle,

imée

de

tous,

mais

qui

ne

supporte

que

quatre

hevaliers

ans

e

décider en

préférer

n.

Tous

es

quatre

cherchent

onc

à

obtenir,

hacun

pour

ui,

'amourde la dame.Cette

dernière e pouvantfaire on choix, e récit e figeusqu'à l'annonced'un

tournoi

ui

vient

erturber

ne

ongue

ttente

attente

u

récit,

es

quatre

t

du

ecteur)

« Tuz

quatre

es

ama et

tint

Tant

qu'après

nePaske

vint

Que

devant antes

a

cité

Ot un

turneimentrié

(v. 71-74)

Les quatre hevalierse sontvaillammentattus t semblentagnere tournoi,

quand,

ar

mprudence,

ls

'exposent

ux

coups

des « autres

.

Trois ont

ués,

le

quatrième

st blessé la

«

quisse

,

le déroulement

u récit e

brise

oudain,

enlevant

la dame a

question

ui

la

tenait n vie.

Lors du dénouement

es

trois

hevaliers

orts ontenterrés

andis

u'on

hâte

a

guérison

u

quatrième.

La dame

pour

oublier

ou

pour

mieux

e

souvenir)

a

perte

qu'elle

vient

e

subir

va écrire

n lai

qu'elle

nomme

d'abord

es

quatre

dois

pour

«

remem-

brer

sa

douleur. e

«

survivant

propose

e nomde

Chaitivel

ui

ne

rappelle

plus

a

douleur

e la

dame

mais bien on état

civil)

à

lui,

soit

elui

d'unmal-

heureux, 'unchétif ui nepourra approcher la damequ'à travers'écrit.

De

même

que

le

lai

sortd'un

chaos,

d'une

obscurité

pensée

chaotique,

multiple,

on

encore

soumise

la

lumière,

on

encore

structurée

our

a

communication)

our

s'offrir

ux

yeux

du

lecteur,

our

naître,

e

même

e

Chaitivel

sort

d'un

chaos,

d'une utte

quatre ersonnes

our

voir

'amour

de

la

dame,

'une

multiplicité.

l

estné.

Mais avant a

naissance

u

Chaitivel,

u

plutôt

vant e

commencement

e

son

existence

utonome,

Marie

de

Francenous

ntroduita

dame t es

quatre

chevaliers

ui

'aimaient.

La dameaimée st a

plus

belle,

t eshommesa désirentès

qu'ils

ont

eté

leurs

egards

ur lle

78

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La

même

dame,

a

seule

opposée

à

«

tutes es dames

d'une tere

, pourra

enfin,

ors

de la

deuxième

escription,

ntroduire

es

quatre

hevaliers.

Si

la

dameest d'abord

à

pour

présenter,

ans

encore e

nommer,

e

Chaitivel,

t si

elle est encore

à,

une

deuxième

ois,

pour

nnonceres

quatre,

'est

que

ce

schémavientdoubler

elui du

prologue:

haitivel,

uatre

dois ou

plutôt:

ai,

Chaitivel,

uatre

dois.

Car

'important,

e

qui

s'écrit, ci,

c'est

bien e

lai et

ce

qui

est

déjà

inscrit,

'est

es

quatre

ans

e Chaitivel. ans

'épilogue

Marie

ite

d'abord

es

quatre

dois

puis

le

Chaitivel,

renant

on histoire

rebours,

retour.

Mais ce lai

n'est-il

as

principalement

n

retourun arrachement

e

ce

retour )

«

En Bretaine

t

quatre

aruns

Mes

eo

ne sai

numerurnuns

Ils

n'aveient

ueres

'eé

Mes

mut

rent e

grant

eauté

E

chevalier

ruz

vaillant

Large

urteis

despendant

(v. 33-38)

C'est l'auteur ettefoisqui avoueson impuissance,lle « ne sait numerur

nuns

.

Quatre

hevaliers

ans

ndépendance,

erdus

ans e

nombre,

ans

eur

morcellement.

uatre

bjets

qu'Elle

tient

v.

71).

Tétrade ondue

vec

a

dame

dans une même

ambiguïté

amer/tuer,

ouble

par

double.

Et si

Mariene

se

souvient

as

de leur

nom,

'est

parce

qu'ils

en

sont

dépourvus.

ttachés

la

dame

qui

es

tient,

ls

aiment t

en même

emps

e

battent,'affrontent,

irés t

déchirésntre

eur mour

t

eurhaine

«

Pur

i

e

pur

'amur

veir

I meteithescunsunpoeir (v.4344)

Les

quatre

chevaliers e seraient ncore

que

«

l'

nfans», désarticulé,

ans

parole,

ans

nom,

dépendant

e

la

mère. De

gueres

'eé

»

résumeMarie

de

France

en les

décrivant 'abord

dans eurs

acunes: lle ne sait

pas

leur

nom,

ils

ne

sont

pas

vieux...

t

c'est à

la fois

es

négations,

eur

approchement

dans

le

texte

matériellement)

t

le

fait

qu'ils

soient

quatre,

'est,

en

un

mot ce

manque

ou

cette

différence)

ui

«

servira les

quatre

hevaliers. a dame

aimant es

objets

d'amour

mpossible

amer/

uer)

est

ravie,

nlevée

ar

celui

(ceux)quisedonne(nt) elle bienquedonner oit mbigu,llene es« aura

jamais).

Elle les aime

pour

ce

manque anonymat,

rès

grande

eunesse,

multi

81

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plicité)

u'elle

ne trouve

as

ailleurs.

lle les

«

tient

en

leurfaisantmiroiter

ce

surplusmer/

uer

ui

leur

permettrait'échapper

leur

désespoir...

e lui

échapper

elle.

«

Mesmut

rent e

grant

eauté

E chevalier

ruz

vaillant

Large

urteis

despendant

(v. 36-38)

Ils

ne

sont

pas

aimés

pour

ces

nouveaux

vantages, our

ette

parfaite

essem-

blance

vec es

autres.Marie

joute

es vers:

«

Mut

par

esteient e

grant

ris

(v.

39)

Prisés

par

qui

? Non

par

la

dame,

mais

par

les

chevaliers,

es

hommes,

eurs

semblables

n

beauté

et

bravoure. es chevaliers

pprécient

es

quatre

pour

ce

qui

est de l'ordre

e

la société.La dame

es

aime

pour

eur nachèvement.

Et

elle

peut,

heureuse,

avourer

a

question

ui

reste

ans

réponse

«

En

respit

mist

en

purpens

Pur

aveir

pur

demander

Li queils ereitmieuz amer (v. 50-52)

Et

le

Chaitivel

Mais e

Chaitivel revient

ou vient)

e

loin

».

Et

pourtant

il

est

déjà passé

dans e

prologue,

ans

on

nom

plus

ard ans

'image

u fou

que

l'on sort de

ses

pensées.

Chaitivel

qui,

pour que

le lai se

fasse,

'on

demande e

régresser

usqu'à

ce

qu'il

soit

nouveau

uatre.

l

se dévoile nfin

dans

e

désir e la

dame

« Ne volt es treis

erdre

ur

'un »

La dame

doit

choisir

ntre es

quatre,

l

faut

u'elle

soit a

moitié 'un

couple

«

honorable

,

ou tout

implementossible, u'elle

choisisse'amour

ossible.

Mais lle ne veut

as

de

'Un

elleretardee

moment

ù les

quatre

e

sépareront

(disparaîtrontour

lle)

en

répétant

a

question

ancinante

« Ne

seit e

queil

deit

plus

preisier

v.

110)

Ne sai

e

queil

eo

dei

plusplaindre

(v. 157)

Le Chaitivel eracetUn,malheureux,ar a damene l'aimera

amais

ui mais

eux

tous.

82

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Le

Chaitivel

st

«

condamné

à faire

orps

vec e

lai,

non

avec celle

qu'il

aimera.Mais avant ue le pauvre hétift la dame aient 'occasionde s'entre-

tenir,

es

quatre

ne

doivent

lus

réclamer

'amour

u en réclamer

trop)

'un

sans

es

autres.

t

mourir

e cette éfaite.

La

dame

ne

peut

ni

donner

a

préférence,

i

annihiler

on

surplus:

«

Bel semblant eseit

chescun

Ses

drueries

ur

donout

Ses

messages

ur

nveiout

Li uns de

l'autre

e saveit

Mesdespartirulsnespoeit (v. 56-60)

Son

amour,

lle

e

donne n

pièces

détachées,

messages

t drueries

ependant

qu'elle

es étreint

ous

eur

dispensant

chacun

n verbe

«

enurer,

enir

hier,

ervir,

ercier

Elle

les

étreint,

es tient t es

étouffe

la mesure

e 'étouffement

u

récit

ui

n'avance

lus.

Les

quatre

t

a

dame

ont

dans

'impasse

'un amour

mpossible.Le

temps

e

bloque.

Le faire vancere serait lors ccéder unamour

ui

se

donnerait

ans sa

totalité,

ui

ne

serait

lus

a

maigre

umône

artagée

ntre

quatre.

Seule

solution:

e détacher

e

la

dame.Mais

dans

un vers

ngoissant

le narrateur

essine

a

dépendance

es

chevaliers:

«

departir

ulsne

poeit

»

Partir,

e

détacher

mais

comment

ce

qui

reviendrait

«

pouvoir-désirer-

aimer toutes es femmes 'unpaysplutôt u'uneseule, u'une...Comment

ne

plus

souffrir

t

vaincre

es

trois

autres

ui

«

le »

prolongent.

omment

mourir u

les faire

mourir

Comment

oir es autres

morts t se

regarder

détenir

'amour

otal

Posséder

e

amer/

uer.

En

attendant,

t

comme

our

annoncer

'émergence

et

non

point

e

triom-

phe)

du

Chaitivel,

es amants

ffrent

rois

résents

un

chevalier

e

démarque

déjà)

«

Anel

u

mance

gumfanun

(v.

69)

Etencore ttachés la dame-mère,lssignentsaignente sonnom:

«

E

chescuns

scriot

un

nun

(v. 70)

83

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«

Voleit hescuns

stre

rimiere

De bien

fere

(v.64-65)

Lorsqu'un

tournoi

est

annoncé,

i

les

quatre

chevaliers

participent

vec

enthousiasme

'est

peut-être

oins

ans

'espoir

'être

primiers

e

bien

fere

que

dans

celui

de

brisere

temps ui

vient e s'arrêter.

e tournoi

st

nnoncé

un

peu après

une

Pâques,

e

temps

e

remet

tourner,

t

cette

ertaine

âques

symbolise

a

promesse

'une

ibération,

e

'été,

du

mûrissement.

rintemps

ù

les fruits aissent.

té où ils

se cueillent.

La

Pâques qui

vient st aussi

situéedans e lai

après

e

«

tint .

Tenir ta-

tique uis'oppose u mouvementevenir.

L'aventure,

e

temps

t

e lieu Nantes

u

plutôt

'extérieur

e la

ville

«

Li

quatre

rufurent

rmé

E eissirente a

cité.

»

(v. 85-86)

ont été

définis,

omme Marie

'annonçait

éjà

dans son

prologue.

Mais

les

quatre

chevaliers e sont

pas

encore

nommés

ni

appelés.

Aucun souvenir.

Blottis ans

eurs

rmuresls

vont

u tournoi

s

«

Tuit

sunt

olentiers

Lune tens

veint

urjumé

(v. 80-81)

Les

quatre

ont

ongtemps

estés

risonniers

'un

regard.

n

sortant,

ls

veulent

à la fois

contempler

t être

vus

par

tous.

C'est dansce nouvel

change

u'ils

évincent

eur ncienne aison e

vivre

la

dame.

«

Pur

quointier

es

quatre

ruz

Isunt

'autre

ais

venuz

E liFranceis liNorman

E

li

Flemenc li

Breban

Li

Buluneis,

i

Angevin

E

cil ki

pres

furent

eisin

(v.

75-80)

Les

quatre

font

face

à

quatre

autres

quatre

vers:

77-80).

Ils

fondent

eur

altérité

ans

ette

encontre/

econnaissance:

«

Cil

defors

es

unt

oneuz

et

s

affrontent

la

mesure

de

leur

haine

trop

ongtemps

éservée

ar

cet

84

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«

Al

vespre

c'est la

fin

de la

journée,

e

soir,

a mort

mais c'est

aussi

la promesse 'un lendemain,our, naissance.Moment u rêve,du sommeil

duquel

on se lève autre.

Autre avoir

réquenté

n

autre

ieu,

s'être

oublé

avecceux

du

«

defors .

Mais

le Chaitivel 'est

pas

encore

(sa

naissance st

simplement

révue

dans es

vers

83-84).

Les

quatre

du

dehors

ont

d'abord ombés

endant

ue

ceux

du dedans

estent

uprès

'eux,

ommençant

se mêler

«

A la

rescusse

t

grant

medlee

(v. 105)

Escarmouche,

econnaissance,

êlée ou rienn'estencoredécisif i ce n'est

l'apparition

'un

lieu inconnu

usque

là:

le

dehors.

i

ce

n'est

'apparition

d'autres

ens

venus

d'ailleurs. ien

de

vraiment

hangé,

t la dame

upervise

toujours

«

La dame

fu

ur

une tur

Bien

hoisi

es

suens t es ur

Ses

druž

vitmut

bien idier

Neseit e queildeitpluspreisier (v. 107-1 0)

la

dame

pourra-t-elle

ieuxdominer

es siens

u'isolée

urune

tour,

t en

même

temps

ù

peut-elle

mieux

convaincre

es

autresde son

retranchement

que

sur

cette tour?

Tour

ou

emblème e

son mondeclos

face

à celui

qui

s'étenddans

a

plaine

u-dehors.

eux mondes ù

se

trouvent

es «

suens et

les

«

lur .

Inéluctablement,

ntre es deux

spaces,

a césure:

«

Li

turneimenz

umença

A

ce

moment,

ortis e

la

menace

que

laissait

eser

a

dame

«

Ne seit e

queil

deit

plus

preisier

(les

chevaliers

estaient

échirés

ar

cette

question

sans

réponse)

es

quatre

peuvent

ombattret

promettre

'édificationu

sujet.

Encore n

ieu

«

Devant a

porte

,

celle

que

les

quatre

druz ne

pourront

plus

franchir

inon

morts,

isparus.

orte

evant

aquelle

ls

se

battront

usqu'à

«

l'avesprer

ils

tomberont.

L'avesprer

rappelant

lors e

«

Al

vespre

el

turneimentoù

leurmort

tait

différée,

ise n

suspens.

Dehors,

es

quatre

vaient

éjà

faitun

pas

vers

'autonomie,

u moins

vers

un lieu où ils ne souffriraientlusd'être es objetsd'un amour mpossible.

Passer eur

ieà

souffrir

omme

e

dira

plus

aidJe

Chaitivel

86

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«

Tut e

siecle

ntusé

La grant einek'ilen sufficient

De

l'amur

u'il

vers

us

veient

v. 212-214)

En

disparaissant

ans e

Chaitivel,

ls détruisent

omentanément

e

tiraille-

ment

e

la dame

«

Ne volt es

treis

erdre ur

'un

»

C'est

donc e soir u moment e

l'oubli

u'ils

disparurent

«

Kar

i

trei

furent

cis

E

li

quarz

nafrez

malmis

Par

mi

a

quisse

einz

el cors

Si

que

la lance

paru

fors

(v. 121-124)

Le

Chaitivel evint

ujet,

e

complexe

e

castration:

Par

mi a

quisse

,

s'

opé-

rant

vant

u'il

n'accède la

parole.

La

multiplicité

e

désagrège

n

une

unité

que

la damen'aime

as:

« En

cité

es

unt

portez

A

la dame

kisot

amez

»

(v.

141-142)

Déjà

son amour

e

conjugue

u

passé.

Pendant

ue

des

cris

'élèvent,

n

va-

carme

assourdissant,

'apparition

u

monde,

des « deus

milliers

,

« la

noise

levât

li

criz es

quatre

hevaliers

ortent

n nom

«

Quant l vient epaumeisun

Chescun

egrette

ar

unnun

(v.

145-146)

Et

pour

a

première

ois

après

un

sommeil

Quant

le

vient

e

paumeisun

ou «

Al

vespre

)

la

dame

autre,

lle

aussi,

e

met

à

parler,

hangeant

our

échanger

a

parole,

t

regretter

eux

qu'elle

nomme

ra)

les

quatre

ois.

Disparus

e

désir,

'amour,

a

question,

a

négation,

'impossibilité,

'ambi-

guïté

Au

contraire.

'est

maintenant

ans

e

souvenir

ue

va

s'installera

dame.

Disant

a

déception:

Nes

voil

tuz

perdre

ur

'un

prendre

,

dans

une

négation

êtue

elle

ne

veut

pas

reconnaître

a

perte

u'elle

vient

e

subir,

accéder cet « Un» qui a desmanques e partout, commencerar 'amour

de

la

dame

qu

il

n'aura

amais,

commencer

ar

a

blessure,

commencer

ar

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la

perte

de ses

compagnons

nfouis n

son

corps.

Et la dame

pose

encore

a

question ui n'appelle ue le videou le Chaitivel« Ne sei e queil eo deiplus

plaindre

Elle

enterre

ses » morts

t

soigne

e

blessé.

Mais e

soigne

n

lui

donnant

des

médecins,

n

allant e voir

et lui

parler,amais

en offrant

on amour.

l

guérit

onc

malgré

ui

(ou

malgré

lle)

pendant

ue

demeure

ntre

ux

une

distancenfranchissable

t

qu'en

même

emps

out ombre

ans

'oubli

«

Ici

finist ien

ad

plus

Plusn'en

oi

ne

plus

n'en

ai

Neplusne vus ncunterai (v. 238-240).

Chaitivel

u

quatre

dois

?

Ce n'est

plus

a

question

ue

se

pose

a damemais

un

sujet

d'entretienvec

le

Chaitivel.

orsque

e

dernier un

ur

d'esté se

met

à

parler,

l

est

aussitôt

e

lieu d'inconciliables

uttes.

ourquoi

ne

pas

nommere

lai Chaitivel

ropose-t-il

andis

ue

la damevoudrait ontinuer

se définir

ar rapport l'emprise

u'elle

vait ur es

quatre

bjets/

ois.

Or

son

écriture

rocède

de la

perte u'elle

vient

e subir t

de

cette

béance

ui

s'ouvre

soudain

n elle.

Le lai

est

à

pour

combler e

vide,

ette

mort. ette

spèce

de

« colmatage èlle le faitau nom du Chaitivel.Ainsi a parolede la dame

double

celle

du «

pauvre

malheureux

.

Elle lui

donne

e

surplus

u'il

voulait

posséder

mer/tuer.

lle

lui obéit

quand

l

décidede

se remémorer

a douleur

et non

celle

de

la

dame,

uand

l décided'être

ppelé

«

malheureux

et non

pas

«

malheur

.

Et

pourtant

'est

a

dame

ui

e

façonne

«

Par

fei,

et

l,

ceo

m'est

el

Or

'apelum

e Chaitivel

(v.

229-230)

en

lui refusant

'étreinte

t en

lui

échangeant

a

mort/éternité

ontre e amer

tuer

ui,

dès

qu'il

le

détient,

e rend

napte posséder

a dame

i

ce n'est

dans

l'écrit.

Mais

déjà

ils sont

nvisibles.

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Michèle OUERD

LES MOYEN-AGE

ROMANESQUES

DU

XXe SIÈCLE

Depuis

quelques

années,

e

Moyen-Age

onstitue

our

'histoire n

objet

privilégié

'études.Cette

vaguéhistorique

visiblement

orté

a

vague

roma-

nesquequi

s'en

est

suivie.

es maisons

'édition ivalisentlors

dans

a

produc-

tiondes «

romans

médiévaux

,

le

meilleurôtoie e

pire,

omme ans

oute

mode.

A

la

faveur

e

cet

engouement,

es textes

lus

anciens efont urface

Zoé

Oldenbourg

ait

sa

réapparition

n

collection

e

poche,

tandis

ue

le

succès

populaire

e La Chambre

es Dames

permet ue

Très

age

Héloïse

de

Jeanne ourin oitrepris arsonnouvel diteur1). De mois nmois, avague

de

romans

'inspiration

édiévale e cesse

de

grossir.

a

bibliographie

'étude

devant e limiter

ux

années

75-80,

l

ne seradonc

question

ue

de

quelques

textes,

ris

dans un

ensemble e

production

roliférante,

ù

la

répétition

st

d'ailleurs

ouvent e mise.

Une

premièrepproche,

la

surface

es

choses:

a

manière

ont es textes

sont

présentés

u

publicpar

es

éditeurs,

ans

es

résumés u sur es 4èmes

de

couverture.

ar

exemple,

e

Maître e

Hongrie

2)

estun «

roman

lamboyant

de a

fureurt de a

passion

qui

animentes

personnages

de

son côt

,La

Tête

duDragon3) estun ivre

ui

« brûle es mains ;

quant

u TempliereJérusa-

lem

4),

il contient es «

pages

rdentes

;

c'est

finalement

tout e

Moyen-

Age

fastueux

t

violent

(annonce

pour

Le

Lion

des

Pyrénées 5)

que

les

1.

La Table

onde.

espectivement

979

t

1981.

2.

Marcel

ullian,

a Table

Ronde

980,

ivre e

Poche

1.

3.

Michel

eyramaure,

ernier

olumee

a

trilogie

a

Passion

athare

Robert

affont

1977-1978.

4. Barret/Gurgand,er olumee atrilogiee TournoiseDieuRobertaffont977,Livre ePoche 1.

5.

Gastont

Myriam

e

Béarn,

aston

hébus

Mengès

978,

ivre

ePoche

980.

89

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éditeurs

ouhaitent onner

lire.Vision

ditoriale

rès

imple

e

cette

ériode,

très

«

hugolienne

dans

ces

images

de

paroxysme ui

caractérisaient

le

gothique

lamboyant

des années

830.

Les

premiers

rands

ignes

médiévaux

ue

l'histoire

ittéraire

ous

a

légués

demeurent

n effetes

diableries allucinées

ar

e

Michelet

e

La

Sorcière

ou

la

silhouette

onvulsive

e

Quasimodo

ui

traversNotre ame

de

Paris.Roma-

nesques

t

historiques

e tels

ignes

nt

onstitué

oute ne

magerie

édiévale

pour

des

générations

ntières,

t certains

uteurs

ontemporains

ontinuent

'y

puiser.

Dès les

premières ages

de GastonPhébus

le

décor est ainsi

planté

même

si

nous

sommes ans

une nuit

au

«

lumineux

iel

d'hiver du 31 dé-

cembre1331, une forteresseéodalene s'en dressepas moins, niméede

«

lueurs

t de

refletsnsolites .

Un

peu plus

oin,

pparaîtra

a

silhouette

'un

vieillard

qui)

«

contemple

e firmament: nous nous

trouvons

ans «

l'antre

du

vieil rmite

ertrand e

Saint-Waast

,

être

nquiétant

ui

tient la

fois

de

Dieu et du

Diable le lieu

qu'il

habite

e

signale

ar

une «

sinistre

trangeté

,

grimoires

t tête

de mort

iennent

e

premier

lan

6).

Depuis

Walter

cott,

la

tentation

'avoirrecours

cette

imagerie ersiste

t seuls

es meilleurs

romans

euvent

échapper.

n réeltravail u

XXème

iècle e fait

our

ons-

tituer

e

nouveaux

ignes

e

reconnaissancee la

médiévalité,

ussi

bien dans

le champ

istorique

ue

dans e domaine

omanesque.

A

quelle

histoire

u

Moyen-Age

es

auteurs

ont-ils

ppel

?

A

première

ue,

ils

semblent

rivilégier,

armi

es

quelques

dix

siècles

ue

l'histoire

lassique-

ment

regroupe

ous

l'étiquetteMoyen-Age,

es tous

derniers

iècles

de

la

période,

partir

u

Xllème

siècle,

plus

souvent u

Xfflème.

e

sont

es der-

niers iècles

ue

Régine

ernoud

onsidère omme

roprement

édiévaux

7)

;

ils

sont ecoués

par

de

grands

vénements

croisades,

uerres,

pidémies,

t de

grands

ouleversements

eligieux,

olitiques

t

économiques,

n

prélude

la

«

Renaissance

fls

ontentre ous dessiècles spectaculaires enapparence

les

plus chargés

'une

histoire

ui

se

prête

des

développements

omanesques.

Les «

romans

médiévaux

les

plus

récents

uisent

donc dans ce

réservoir

d'images-forces,

e

tempsmarqués

qui permettent

e

caractériser

'époque

définie ans

avoir

forcément

ecours des

envoléesde

corbeaux

roassant

autour

des

potences.

'histoire

st

considérée

ommeune

suitede moments

paroxystiques

ui

fonctionnent

omme

ignes

médiévaux

majeurs,

ette

parti-

6. Gastonhébuspp.25et29.

7. In

Pour

n

inir

vec

e

Moyen-Age,

oint-Seuil,

977,

age

35.

90

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cularité e

retrouve ans

la

plupart

es

textes tudiés.

A la

frontière

ntre

roman thistoire,e romanmédiévaleeprésentevecdiversesnnexes: artes

géographiques,

hronologies,

otices

iographiques

e

personnages

élèbres,

u

du

moins

«

réels

qui

enracinent

a

fiction

ans

une

«

vérité

historique

ù

le

public

st

assuré e

contenter

a

soifd'informations.l'intérieur ême u

récit,

'autres

ignes

istoriques

ont

répartis,appellant

ans

cesse

qu'il

s'agit

bien

du

Moyen-Age

t

non

d'une autre

poque.

A cet

égard

es

premiers

ha-

pitres

u

Templier

e

Jérusalemont

remarquables:

I La

Palestine

es

Croisades

des Francs orturent

es

Sarrasins.

II

Préparation

'une

cèned'adoubement

ans es

Cévennes.

III Répliquemusulmanela torture écrite n .

IV

La cérémonie 'adoubement

présence

es

Templiers

une

«

sorcière

estbrûlée

ive.

V

Histoire

e

Baudoin

V,

'un

des

roisde Palestine.

VI

Voyage

du

eune

chevalier,

uühem

'Encausse

ers aris.

VII

II visite e chantier e Notre-Dame

e

Paris,

t rencontreon construc-

teur,

'évêque

Maurice e

Sully.

Tout

est

prétexte

ansce récit ce

que

le héros aille à

la rencontre de

l'histoire c'est son frère

ue

les Sarrasinsuent n

représailles

III)

;

c'est

ui

qui

est à la têtede

l'expédition

ontre a « sorcière, son

père

tantmort ous

le

coup

d'un « mauvais ort

Son

voyage

vers

Paris suscite

uelques

ignes

d'une

rapide

synthèse

ui

décrit es

principales

ransformations

ulturelles,

ayantmarqué

e

passage

u

Xllème

u

Xfflème

iècle

« Plus ls

avançaient

ers e nord t

plus

ls

se

sentaient

trangers.

es

cou-

tumes,

a

forme

es maisons

t

même a couleurdu ciel

changeaient

'un

horizon

l'autre.

ci,

la

terre

rasse

t

profonde

ormait

n

moisson

usqu'à

six fois

a

semence,

à

de lourds

hevaux

e trait

emplaçaient

u labourdes

attelages e bœufs. artout n défrichait.artout n modifiaitesplansdes

églises

t des

abbayes

l'homme

e devait

lus,

xpliquaient

eux

qui

savaient,

courber e

front

ans 'obscurité es

chapelles,

mais

fairemonter a

prière

ers

la

lumière e Dieu

et la

lumière,

'était

'ogive.

Guilhem

e se lassait

pas

de

questionner

t

d'apprendre.

(p.

72.3.)

Rattrapé

n

extrémis

ans

a

fiction,

e

héros

e

trouve

romu

u

rang

de

spectateur rivilégié

es

grands

vénementse son

temps,

ien

que

le

propos

didactique

de ce

passagedépasse

visiblement

a

perception

u

personnage.

L'histoire st

vue,

interprétée

t

rendue

ignifiante

epuis

e

XXème

siècle,

où le mouvementynthétiquerévautouventur e détailromanesque. 'est

pourquoi

bien

des

romans

médiévaux

e

présentent

ous

forme

e

trilogie:

91

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ils

offrent

ne

somme,

n

panorama

xhaustif

es

vicissitudes

'un

siècle,

travers lusieurs énérationsils reprennentn cela la recetteprouvée e la

saga

familiale

ont

ucun

personnage

e saurait

chapper

u

destin

istorique

qui

caractérise

eur

région

t leur

temps

le

Moyen-Age

st

uffisamment

aste

pour

que

la

production

e

telles

rilogies

oitflorissante. ais

i tous

es

signes

historiques,

ont

le

roman

st

composé,

ombent,

ue

reste-t-il

u

roman

médiéval Ne

peut-il

tre

que

de

l'histoire,

t

de

plus

une

histoire

aroxys-

tique

?

En

prenant

es

exemples

ui

s'écartent e la

norme

médiévale

elle

qu'elle

est

apparue,

n

peut essayer

de

déterminer

n

quoi

le

roman

médiéval

st

spécifique,

t

par

quoi

il l'est. D'abordLa Chambre es Dames d'emblée,

Jeanne

Bourin

voulu

e

démarquer

e la

norme

médiévale n

vigueur,

our-

fendant

a tradition

ugolienne

ussi

bien

que

celle du roman

historique

selon

une nterview

ubliée

la

suite

d'une des éditions e

son

« best-seller

,

le

projet

de

J.

Bourin

tait

d'écrire

n

«

roman

RÉALISTE,

les moindres

détails e

la vie de tous es

ours

seraientmêlés

une

ntrigue

urement

oma-

nesque

(8).

Effectivement,

a Chambre

es

Dames

n'est

pas

un recueil

e

hauts

faits

mais

une suite de faits-divers:

iol d'une fillede

Mathilde

runei,

l'héroïne impuissance e sonmari, dultère 'une autrefille.Pas de grands

personnages istoriques

u de

valeureux

hevaliers,

mais

des

Goliards

qui

ressemblent

ort des loubards

de

banlieue,

n Rutebœuf

la mode

hippie,

et

un

troubadour

u

Roy,

évidemment

rop

délicat

-

efféminé

-

pour

satisfaire

es

appétits

ensuels

e

sa

femme.

e

tout situé

dansune

ambiance

médiévale estituée

vec

un

constant

ouci

du

détail

pittoresque

à

tel

point

que chaque

entimètrearré e

page

'en

trouve aturé.

Les

lecteurs rouvent

n

effet

ne mine d'informations

ur

a

vie

quoti-

dienned'une certaine

atégorie

e

la

population

u

Xllème siècle

en

l'occu-

rence ne riche amille 'orfèvreseParis),mais st-ce elaqu'ilsvont etenir

Ou ce

qui

les

retient

e

serait

il

pas

plutôt

ertaines

cènes

aractéristiques

e

tout

roman

entimental e notre

siècle,

qui

mettent

ux

prises

des

gens

commenous »...

Les

ingrédients

onstitutifs

u

roman

'ont rien

de

particu-

lièrement

médiévaux,

i

les

intrigues

moureuses,

i les

oies

et

les

peines

du

mariage,

i les maladies t les

chagrins.

ertainsecteurs

e

s'y

sont

pas

trom-

pés qui,

de l'aveu

même

de J.

Bourin,

nt

puisé

dans

La Chambre

es Dames

des

remèdes

leurs éboires

onjugaux,

u l'amélioratione

eurs

roubles

sy-

81

«

Entretien

vec

Jérômee

Thor

,

in

édition e

la

Chambre

es

Dames

aite

ar

le Cercle

u

Nouveau

ivrej

979.

92

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chiques...

8).

La famille u Xllème

siècle hère J.

Bourin

orte

ccessoire-

ment es vêtementse sontemps.Un ensemble exact- de signes uquoti-

dien

médiéval

onne-t-il

utomatiquement

nevraisemblable

ision

'ensemble

du

MoyenAge

?

La

vie

des

individuse déroule

ndépendamment

es

événe-

ments

historiques

ces

personnages

n-historiques

'offrent

n miroir u-delà

des

siècles...

A

quoi peut

doncbien ervir e choisire

Moyen-Agelusparticu-

lièrement

Régine

ernoud ans

a

préface

'hésite

as

à

écrire

ue

ce

« roman

procure

u médiéviste n bonheur are: celui de

présenter

es

images

du

Moyen-Age

ui

rompent

out

à

fait

avec

e

Moyen-Age

es romanciers

sans

parler

de

celui des

ournalistes)

. Mais

est-ce n médiévistes

ue

les lecteurs

ontaccueilli e livre ...

Autre

uteur,

utre

entative

dans son Maître

de

Hongrie

MarcelJullian

utiliseun

signe

médiéval

majeur:

a

langue.

Plutôt

que

de

parsemer

e

texte

ou

les

dialogues

e

quelques

motsou

répliques

u

genre

Bienvenue, essire,

en

notreCastel

,

M. Jullian reconstitué

n

angage

ntier,

lliant a

précision

des termes t a clarté e

'ensemble

«

Oncques e

n'avais

uï un

tel

discours. as

une

fois,

e bancroche

taithors

ses

états.Le dos

tourné la foule

pérégrine

ui

coulait

omme

ave versVer-

dun, l entreprite conter 'histoire es Juifstle récitde leurmalfaisance.

(p.

4647.)

Ce

passage

signale

une

autre

originalité

u

récit,

'emploi

de

la

première

personne;

nous sommes ecteurs

d'une

parole

«en direct»

du

Moyen-Age,

avec

ce

que

cela

peut

comporter

e

partial

ans

a

vision,

mais

ussid'intime

si

la tentative

'autobiographie

e

permet as

d'élaborer,

epuis

e XXème

siècle,

ne

synthèse

e

'époque

choisie,

lle

donne ne

description

e

'univers

mental

'un

ndividu.

ar

exemple,

n

sait

qu'à

certaines

ériodes

u

Moyen-

Age,

des

foules

ntières

taient ur

es

routes,

oit

en

pèlerinage,

oit en croi-

sade,soitencore n exode.Vu par e personnageu récit,etaspectmédiéval

est

ainsi ranscrit:

«

Je vais.

En ces

temps

maudits,

elui

qui

demeure,

onsent. i

nous

ne

bougeons

as,

nous

autres,

es

petits,

es

humbles,

ous

qui

avons

desmains

outil,

nous

finirons ociles

comme cbs clercs.

L'époque

nous

ette

sur es

chemins. evais.

(p.

13.)

Au-delà

de

l'authentique,

a

représentation

evient e

ce

fait raisemblable

et

c'est,

l

me

semble,

e

qui

en

fait on

prix.

outes

proportionsardées,

n tel

roman

me

paraît

offrir

n

contrepoint

omanesque

éel aux travaux

ui

se

réclament e l'histoire es mentalités:'entreprisee MarcelJullian st loin

d'être

ans

rapports

vec celle

que

Carlo

Ginzburg

ans

e

Fromage

t

es

Vers

93

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a

menée,

n

écrivanta

chronique

'un meunier

u XVIe

siècle.

l

ne

s'agit as

moins

ue

d'une

réflexion

ur a réalité

médiévale,

out

ussi

mportante,

inon

plus, que

la

simple

narration

e

la réalité elle

que

les

romans

istoriques

prétendent

a mener.

C'est cette réflexion

ui prime

galement

ans tous

les romans e Zoé

Oldenbourg,

yant

pour

cadre

historique

e

Moyen-Age.

ans

ces

textes,

ont

La Pierre

Angulaire

et

surtout

es

Brûlés

9),

les

signes

médiévaux,

oit

d'his-

toire oit

du

quotidien,

ont

rares.

our

Les Brûlés un seul

personnage

isto-

rique:

Bernard e

Simorre,

vêque

cathare

de

Carcassonne;

n seul

repère

chronologique,

a destruction

e

Montségur

n

1244.

Quant

aux

signes

du

quotidien,lssontbienplus uggérésuedécrits. etirés ous essignes,lreste

une

histoire

ingulière,

ont a

force

ne doit

qu'à

l'imagination

t au

projet

d'écriture e

l'auteur.Dans son

avertissement

ux

lecteurs

de La Joie

des

Pauvres

Z.

Oldenbourg

nsiste

articulièrement

ur ette

uestion:

«

Un roman

st une

image

de

la condition umaine.

u'on

nomme

elui-ci

hallucination, êve,

popée,

cri

ou

interrogation,

ourvu

u'on

oublie

qu'il

s'agit

'un

ouvrage

istorique.

Du reste

que

les amateurs

'histoire

e

rassurent,

es

faitsdécrits ansce

roman ontvrais.

(10).

Dès cettemiseau pointde 1970, 'auteur osele problème e la manière

dont

es documents

'époque

sont

utilisés^

mis

en œuvre

ans

a

fiction.

e

la

manière

e

Jeanne

ourin

celle

de

M.

Jullian t de

Z.

Oldenbourg,

e lecteur

peut

faire

on choix

et décider

our

ui si

l'une ou l'autre

des

options

ert u

mieux

'appréhension

u

mondemédiéval.

t

au-delà,

'esttoute

a

perception

de l'histoire

ui

est en

question,

e statut

u'elle occupe

au

sein

des

valeurs

romanesques.

ans un texte

utobiographique,

.

Oldenbourgrécise

«

J'aime

le

fait

historique

our

sa beauté

propre,

n

dehors e toute

référence

u

pré-

sent.

(1

1).

On

a vu

avec

La

Chambre

es Dames

que

certaines aleurs oma-

nesques uXXème iècledébordaientargementeproposhistorique...

Une

question

e

pose

alors

à

quoi peuvent

ien

«

servir toutes es

mages

médiévales

ur

'écran

du XXème

siècle A

ce stade de

réflexionn

ne

peut

hásarder

ue quelques

hypothèses,

uisqu'il

s'agit

de

confronteres valeurs

médiévales

ue

l'on

perçoit

dans

es

textes,

certaines aleurs u

temps ré-

sent,

u

plutôt

de

'air»

du

temps

résent...

9. Respectivement953 t1970,GallimardFolio 0 et75.10.

Gallimard,

970.

1

1

Visages

'un

utoportrait

Gallimard,

977,

.

1

1

94

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Un

premier

xe

les

rapports ue

le

singulier

ourrit vec

e

collectifau

Moyen-Age,roisades,mouvementse foule, lansreligieux ontque la ré-

flexionndividuellee se

développe as

hors

de

courants

rès

récis.

outhéros

romanesque,

ussi ndividualisé

oit-il,

st

pris

à

l'époque

médiévale

ans

un

ensemble

ui

l'empêche

'avoir

n statut

e « héros

olitaire

,

ou d'individu

séparé,

el

que

l'offrent ien des textes

contemporains.

hèmedu XXème

siècle,

hantise

lutôt:

'individualisme,

forcené

dit-on,

ant ur e

planprivé

que

social.

L'époque

médiévale emble

insi e seul ieu dans e

temps

ù la

nostalgie

'une

collectivité

eut

s'ancrer,

ar c'est

a

dernière

poque

cette

collectivité

st

oudée

par

des

croyances,

es dées-forcencore

on

contestées

hérétiques

t

marginales

ême,

llesoffrentn sens la

vie,

u destinndivi-

duel...

D'autre

part,

a vie médiévale

st

perçue

commeune suite d'actions ù

aimer,

espirer,

anger,

ivre

t

mourir

rocèdent

u

seul

mouvementlémen-

taire de

l'existence. enser

st un

prélude

l'agir,

quoi

tend e

personnage

romanesque:

l

est

uniquement uestion

de

savoir

pour

lui à

quoi

il

peut

s'engager.

e

Moyen-Age

e

semble

lors

pas

être

'âge

des « états

d'âme

.

C'est en

ce

sens

que

le

roman

e

J.

Bourin

eut

offrirux

lecteurs

n miroir

de leurspropres gitations sychologiques,out en étant nachroniquear

rapport

ux

personnages

édiévaux

ux-mêmes.

n second xe le

thème e

la

mobilité.

es romansmédiévaux

résentent

ous

plus

ou moinsun

récit

de

voyage,

'aventure

'un mmense

éplacement

oit à l'intérieur

u

pays

hoisi,

soitd'une ontrée une

utre,

t d'unhorizon un utre.

rontières

erméables,

routes

angereuses

ais

propices

u

dépassement

e

soi-même,onfrontation,

voire

guerrière,

e

diverses

ivilisations:

e romanmédiéval onne

une

mage

des

voyages

ui

n'étaient

as

encore

des

transports.

oute une vie

pouvait

e

passer

n

«

pérégrination

et du moins

out

un

chacun

pouvait

e

targuer

e

découvrir n espace, des paysages,des coutumes nconnues u au moins

différentes.

t cela

sembled'autant

lus

extraordinaire

our

un lecteur ctuel

que

cette

découverte

pour

adre

privilégié

e

simple

assin

méditerranéen.

A ces

voyages

errestres

orrespondent

es

voyages

pirituels.

u

sens ctuel

de

l'éphémère

cf.

es romans ur a

vieillesse

ifficile,

t

la

peur

de la

mort

comme

fin

dernière

s'oppose

e

sens

médiéval e

l'éternité

les

rapports

u

corps

humain

t à

ses limites e

vivent onc dans

une

perspective

evenue

étrangère

ux

mentalités

ctuelles. omment

maginer

u'un

voyage

omme

celui

qu'effectue

nsiau

La

Pierre

Angulaire)

e

France en

Palestine,

lors

qu'il est vieux,maladeet quasi-aveugle,it lieu hors du cadreconceptuel

médiéval

95

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Pour

es

écrivains u XIXème iècle e

Moyen-Age

tait

'époqueprivilégiée

qui leur permettaite donnerune visionramassée, ingulière,otale d'un

monde

ils

allaient

hercher

es

origines

our

a

France,

des

sources

de

réflexion

our

a culture e leur

emps

t

de

grandioses

auchemars

our

eurs

proses.

On

ne

peut

plus

prétendre

hercheres

modèles,

mais

n

peut

ncore

concrétiseres

nostalgies

les

moyens ges

historiques

e

sont

présentés

omme

plus

accessibles

u'auparavant,

vec

beaucoup

moins de

vides où le roman

pourrait

'insérer.

'où

la

fréquente

écessité

our

'auteur

ui

veut

«

faire

du

romanmédiéval 'avoir

recours

ux

documents

uthentiques,

t

certifiés

par

un

chercheur

cf.

R.

Pernoud

our

J.

Bourin,

u

A. Vallée

pour

M.

Jullian...).

Néanmoins es documentsui décrivent, aisne racontentas, permettent

bien des

interprétations.epuis

un

XXème siècle

au

présent

ifficilet

à

l'avenir

ncertain,

e

Moyen-Age

pparaît

eut-être

omme

'unique

t ultime

âge

de

tous

es

possibles...

96

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Orlando DE RUDDER

POUR UNE

HISTOIRE

DE LA

LECTURE

Les difficultés

ue

rencontree

néophyte

onfrontéux textes

médiévaux

ne

proviennent

as

toutes

de

la

langue.

ertaines

euvent

tre

uesà

noshabi-

tudesmodernes e lecture.

A l intérieure l histoire

es

dées,

l

faut

eut

être

réserverne

place

à

ce

mode

pécifique

intellection.

La lecture

ilencieuse,

elle

que

nous

pratiquons

st,

nous

e

savons,

elative-

ment écente.

ans

Antiquité,

u

MoyenAge,

a

lecture

e faisait haute oix.

La preuve n est l étonnementes contemporainsApollonius e Thyane,

celui

d Augustin

evant

Ambroise,

orsqu ils

onstatèrent

ue

ces

deux

person-

nages

hors

pair

ne

prononcent

as

ce

qu ils

lisent.C est

parce que

quelques

lecteurs

ilencieux

ont

ignalés

omme es

phénomènes

ue

nous avons

u on

lisait hautevoix.

Cette voix

s éteignit

rogressivement

t se

tut

autourde

la

Renaissance.

Cette

époque

fut

aussi

celle

d un

changement

e statut u

texte

et de son

industrialisation.

e

Luhan

oppose

l homme

typographique

celui d une

culture raleet voit dans a

schizophrénieui

caractériserait

otre

emps

ne

conséquence

e l abandond une lecturemettant n œuvre

lusieurs

ensau

profit

une

primauté

un

seul,

a

vue.

Dès

lors,

a

lecture

e

révèle

omme

objet

d une volution

istorique

ont

il

faut

tenir

ompte.

Nous ne

lisons

plus

commeon lisait u

MoyenAge

et

l opposition, ui

peut

paraître

riviale

ntre a lecture

ilencieuse

t

la lecture

à

haute

voix

contient

histoire ême e nos

modes

d appréhension

es

textes,

c est

à

dire,

otre

ulture.

De

plus,

depuis

es

travaux EmileJaval ur

a

physiologie

e

la

lecture,

e

sontdéveloppées estechniquese « lecture apide qui,à notre ens, evien-

drontvite

ndispensables

u

chercheur

t

devraienttre

enseignées

ans

es

classes

econdaires,

condition

e

n être

oint

a

seule ecture

ossible.

97

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Lire à haute

voix,

aujourd hui,

l école

primaire

st un

signe

econnu e

retard colaire. a

prononciation,

ême

nfime u texte

u,

ou sub

ocalisation,

est un obstacle une bonne ecture

t

empêche

e

dépasser

e seuil

fatidique

des

quinze

millemots

l heure u

«

bon ecteur

.

On

peut

e

regretter,

ais a lecture

ontemporaine

oriente ers

a

rapidité

et

l information,

uand

elle

existe,

ar

on

lit

de moins n

moins,

t

la

culture

du

lycéen

ctuel

provient

lus

de la télévision

u

de

la bande

dessinée

ue

du

livre

classique

,

au

grand

amdes

enseignants.

a

lettre

t

esprit

e

consom-

ment,

maisne

se

savourent

lus.

L information

rend

e

pas

sur a communion.

La

lecturemédiévale st

tout

autre,

articulièrement

a

lecture

monastique

dontnousvoulons raiterci (celle de l école,autour u Xfflème ièclemar-

quera

une

certaine

volution t seradifférente

e

celle

des

moines).

ans eur

livre ecture

rapide

Richaudeau,

Gauquelin

t

Gauquelin

ont

pas

assez

de

mots

pour

mépriser

a lecture

malaisée

du

MoyenAge,

n

opposant

leur

méthode.

es

gens

alentueuxe

trompent

arfois.

Pour

eux,

une

ecture

ont a

vitesse

st

égale

celle

de a

transmissionrale

semble

out

à

faitridicule. e

problème

st

celui

de la

fin

t de

la

manière:

la lecturemédiévale

avait

pas

le même

but

que

la nôtre. lle

n était

point

malaisée,

mais ente elle

dura

plus

d unmillénaire...

Mais e tempsn estpastout la lecturemédiévale inscrivaitansunespace

fort

tranger

u nôtre. abord

l

faut

appeler

e

que

la

pensée

médiévale

vait

de

spacial.

Les arts

de

la

mémoire,

u étudia

naguère

rancesYates

malgré

une

éclipse possible

u IXème

siècle

Alcuin

semble es

ignorer,

mais

point

Loup

de

Ferrière)

vaient ne

grande

mportance

t

se

fondaient

ur

a

localisa-

tion,

sur

des

«

lieux

de

mémoire»,

glise,

palais,

héâtre,

ans

esquels

on

plaçait,

en

imagination,

e

dont on devait e souvenir.

insi,

L enfer

de

la

Divine

Comédie st

peut-être

n

« locus

memorandum

.

Le

texte tait

peut-

être

aussi une

«

mémoire

e

papier

,

comme

elle de

Commynes,

u

plutôt,

de parchemin. està dire uel intellectouissait unerelativeibertéuant

l organisation

e

l espace.

De

même,

a

page

écrite

du

codex ne

portait

as,

ou

portait

eu

de

signes bligeant

a lecture

s orienter

e telle u

telle

façon.

La

ponctuation

tait

are

t e lecteur evait

lire

ans e

presser

n

séparant

,

lire

«

intelligemment

en

distinguant

e

qui

est

nterrogatif

e ce

qui

ne

l est

pas,

selon

a

Règle

du

Maître

Vie

siècle).

Toute ecture e construisait

onc

suivant e

temps

et

l espace

du

lecteur,

vec l aide des

conseils

du

maître.

règle

e

lecture tait

xtérieure

u

texte.Un

texte

ctuel,manuscrit,

acty-

lographié,

ypographié,orte

n

lui-même

on «

mode

d emploi

,

sa

règle

t

sacontrainte.

98

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Ceci

est lourd

de

conséquence.

n effectuant

es

recherches

n

vue

d une

« histoire e la lecture dont e présentrticle st uneprésentation,ous ne

nous doutions

as

que

nous découvrions

n

fait

urprenant

il

ne

pouvait

as

y

avoir

e

dyslexie

u

Moyen

Age.

En

effet,

elon Suzanne

Borel-Maisonny,

ui

fonda

orthophonie,

es

dys-

lexie

proviennent,

une

part

de «

troubles

u

rythme

t du nombre

,

par

ailleurs,

es méthodes e

«

lecture

apide

proposent

es exercices n

cadence,

rythmés

ar

a sécheresse u métronome

ux

claquements

uquel

on

doitfaire

correspondre

es

points

e

fixation

u

regard.

r

«

la stalle e ecture

u moine

du

Moyen

Age

était

en

réalité

n cabinet

e

chant

(Me Luhan).

Le

temps,

son découpage n fractionsythmiquesétermine autementotre açonde

lire. Ce

rythme,

st

pour

nous,

celui

du

regard

t

dépend

de l habileté

es

muscles

ui

commandentes mouvements

e

nos

yeux.

Mais

nous nous sou-

viendrons

oujours

es

rythmes

t

des mélodies

autrefois,

e notre

nfance,

comme

celui

de

la

morne cansion

des tables

de

multiplication.

ertaines

cadences

ondenta

pédagogie

e

la

lecture,

omme

elle

de la mémoire.

ors-

que

Notker nvente

u

divulgue

a

séquence, près

que

son

maître

Yson

lui

avait

dit

«

il faut

qu à

chaque

mouvement

élodique

orresponde

ne

syl-

labe

»,

il

s applique

bien

respecter

es accents

e

la

prosodie

atine,

eux

de

la lecture. es signesuiseront tilisés ournoteramusique,eront u départ

les mêmes

ue

ceux

qui

indiquaient

e

rythme

e récitation

es

prières,

ndi-

quant

endroit

ù il faut

lever

u abaisser

a voix.La

ponctuation

édiévale,

quand

lle

existe,

une fonction

ythmique

u

pausale

Au

temps

egmenté

u

rythme

e

superpose

elui,

continu,

e la durée.

L adéquation

du

temps

t

du

rythme

e

la

parole

à celui

du

regard

loigne

une

des causes

de la

dyslexie.

a libre

rganisation

e

l espace

en

éloigne

ne

autre

toujours

elon

Mme

Borel-Maisonny,

n

repérage

malaiséde

la

dispo-

sition

des

choses,

ne orientationifficile

ont ussi

à

l origine

e a

dyslexie.

Liresupposeunespaceordonné un axe vertical,n axe horizontal. ansnos

contrées,

ire

s effectue

e

gauche

droite,

e

hauten bas.

Mais,

et

espace

s est

modifié u cour des

âges,

non

pas

dans

es

directions,

aisdans

une

orga-

nisation

rogressive

e

horizontalité.

L espace

et

le

temps,

omme a voixfaisaient onc

partie

e

la

lecture,

mais

aussi

de

l écriture

«

Que

l écriture

it

été

considérée omme

n

apprentissage

de

la

parolepermet

e

comprendre

ourquoi

n

entrait

i

eune

à l Université

au

MoyenAge

»

(Hajnal). L espace

du

scriptorium

ibrait utant

e a voix

de

celui

qui

dictait

ue

de

celle

du

scribe,

ans a

galerie

uverte

tous

es

vents

de Saint

Martin

e

Tournay,

u

appuyé

ur un

des

sept pupitres

e Saint

Gall...

99

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La lecture

médiévale

nvisage

on

aire

d une

façon

différente

e la nôtre.

Le lecteur e textesmédiévaux staujourd huionfronté,il n a pasdirecte-

ment ecours

ux

manuscrits,

une

sorte

e

«

monstre

écessaire

:

devant

ui

s étaleun ensemble

e

graphies

nciennes

picées

une

ponctuation

oderne.

De

plus,

l

lit dans

e silence e

qui

doit

résonner,

n

peu

comme

il

scrutait

la

loupe

e

sillon

d un

disque,

u lieu

de

le faire ourner

urun

électrophone.

Il

serait videmmentbsurde

e

croire

u on

peut

ire

es

textes

nciens omme

on

les

lisaitde

leur

emps.

Malgré

out,

l

y

a

peut-être

ne sorte

e contresens

à

organiser

ommenôtre

un

espace,

un

temps

ui

nous

sont

trangers.

ais

le

problème

st

nsoluble.

La relativeiberté uantà l organisationpatio-temporellee la lecture

peut-être

ne

part

dans

l apparition

e

certains

hénomènes

ui

nous sur-

prennent,

orsqu on

it

ces lectures

articulières

ue

sont es

commentaires

t

les

exégèses

médiévaux.

Ce

qu on

ut,

u

Moyen

Age,

du

moins,

vant

e

Xllème

iècle

tait

arement

nouveau.

Un

caíame

neuf raitait

resque

oujours

e choses

nciennes

andis

que

la

culture

ardait

n

aspect

conservateur.

n

se

méfiait e

la

nouveauté

t

la

pensée colastique,

vec

sa

physique,

a

logique,

hoqua

es

esprits

ourris

de

culture

atristique.

ristote st

à

l origine

e la culture

médiévale,

andis

que l aspect

profondément

ensuel t sensoriel e la lecture

émoigne

e l in-

fluence

latonicienne

il

n y

a

de connaissance

ue par

es

sens.

En

pastichant

Heidegger,

ous

pouvons

dire

que

notre ecture

ctuelle st

« calculante

et

s oppose

à

une

lecture ncienne

ui

serait méditante

,

mais

méfions-nous

de

l analogie,

aquelle

pourtant

st un élément

onstitutif e ce

que

nous

étudions

ci.

Augustin

onde a

pensée

médiévale.

asserelle

ntre

a

philosophie

réco-

latine

et la

pensée

chrétienne,

l usa d une fort elle

analogie

pour

ustifier

qu on usât d unelittératureaïenne.Certains èresde l église ejetèrent

out

bonnement

héritage

hellénique.Augustin

ésout

e

problème

insi:

Les

Hébreux,

vant

de

quitter

Egypte

olèrent es

objets

d or et

d argent

ux

Egyptiens,

ur

ordremême

de

Dieu

(Ex.

XI, 2; XII,

35).

Ainsidoit

faire e

chrétien:

rendre

u

païen

ce

qui

peut

être

utile

l édification

e

la Cité

de

Dieu. Ainsi

fait

Augustin

ui,

par

cette

mage

biblique

de son De

doctrina

Christiana

ustifie

oute a

culturemédiévale.

Fabuleux

lecteur,

l

trouvedans

Plotin

et

Porphyre,

ien de

moins

que

la

Genèse

« il

me tomba

entre

es mains

quelques

ivres

des

philosophes

platoniciens...) dans lesquels e lus,nonpas dans es mêmes ermes,mais

dans

e

même ens

...)

que

le Verbe tait

dès e

commencement,

ue

le

Verbe

était en

Dieu,

que

le Verbe

était

Dieu

».

Oui,

c est

à

partir

e ce

type

de

100

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lecture,

ort

urprenantour

nous,

que

s organise

a culture

un

millénaire.

Cette ectureibre cependantes normesBède evénérablendiqua omment

on doit

ire,

rganisant

exégèse

n ce

qu on peut

ppeler

ifférents

niveaux

de

lecture

.

Isidorede

Séville,

vec

une faconde

ui peut évoquer

elle d un

J.-P.

Brisset

oyage

ans e

cœur

des

mots,

u

finfonddes

rapports

énus

du

son

et du

sens,

faisant

tymologiquement

e

l étymologie

n recherchant

le

«

vrai

sens

(etumos

ogos)

des

mots,

non

point

comme

Bloch et

von

Wartbuig,

ien

entendu,

mais

dans une

perspective

utre: celle d une

vérité

chrétienne,

une

phonétique

e

la

Révélation,

une

émantique

u

Message...

Dès

lors,

a

lecture

rocède

d une

pensée

foisonnantet

de

l imagination

de cesvénérablesères ondateurs.a lecturemédiévale,aite our e commen-

taire

aura

ses

règles ui

n exclueront

as

ce

qui

nous

apparaît

ommeune

intense antaisie. est

ce

que

constate

acques

e

Goff:

Il

reste

urtout

ue

la

doublenécessité

...)

d utiliser

irremplaçable

utillage

ntellectuel

u

monde

gréco-romain

t de le couler

dans

des

moules hrétiens

favorisé,

inon

réé

des

habitudes ntellectuelles

rès fâcheuses: éformation

ystématique

e la

pensée

des

auteurs,

anachronisme

erpétuel,

a

pensée

ar

citations

étachées

de

leur contexte

...)

Saint

Thomas

d Aquin,

ncore

u

XHIème siècle

dira:

«

ce

qu ont

voulu

dire es auteurs

mporte eu,

essentiel

tant e

qu ils

ont

dit

qu onpeututiliser saguise .

Certes,

indignation

e

Jacques

e Goff st

ustifiée

un tel

usage

des textes

serait

ujourd hui

candaleux.

Mais

sommes-nousien sûrs

de

ne

amais

trans-

former e

que

nous

lisons,

ans

mêmenous en rendre

ompte,

vec

la

plus

scrupuleuse

onne

foi?

La lecturemédiévale

vait

un but

qui

n est

plus

e

nôtre,

peu

importaient

es

moyens y parvenir:

l fallait écouvrir

n

quoi

Ovide était

chrétien,

t

retrouver

ans

Boèce

l Aristote

ragmentaire

avant

le Xllème

iècle.

La

lecture

monastique

e

fut

peut-être

u une

éternelle

electure,

n

rado-

tage

sublime un

temps

e sentant

ieux,

e revivantanscesseavant

ue

de

s éteindre...

l

y

eut une

écriture

médiévale

ui

ne fut

ue

réécriture,

e com-

mentaire,

ertes,

mais

aussi

ce

que

faute e

mieuxnous

appellerons

réation

littéraire:

insi,

Hrostvita

mite-t-elle

erence,

maisc est

pour que

les nonnes

n aillent

oint

ire es obscénités

aïennes

u

vrai

erence. n

écrit,

n

réécrit,

mais

c est

encore ire.

La

grammaire

ertde

science

divinatoire,

l

faut

que

Lucrèce oit

chrétien,

ussi

crée-t-onne

grammaire

u

sens,

une

grammaire

profonde.

a

grammaire

st

en «

odeur de

sainteté

,

aussi

affirme-t-on

ue

la Règle de SaintBenoîtest « parfuméede grammaire... Smaragdecrute

cette

règle,

a

décrypte,

a

«

décline,

n

justifie

es

graphies,

onne

a

nature

101

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citer

u

de discuter. a lecture st

volontairement

oupée

du

monde,

élibéré-

ment

solitaire. lle

est

presque uspectepourquoiAugustin

ient

il donc

à

nous

rassurerur es intentions

Ambroise Chez

un

autre,

ne telle

ecture

serait-elle

oupable

Cette

lecture

ilencieuse

st,

par

ailleurs,

lacée

dans

le

régime

u

nocturne

«

Après

a

sixième

eure,

yant

uitté

a

table,

u ils

les moines)

eposent

sur eurs

its dans

e

silence bsolu t

si

quelqu un

désire

ire eul

qu il

lise

de

manière ne

pas mportuner

es

autres.

Règle

de

Saint

Benoît.

La

lecture

ilencieuse,

our

être

icite,

besoin de circonstances

articu-

lières,

ou

d être

pratiquée

ar

un saint

homme

pour

des

raisons

out à fait

précises.La nature ralede la lecture ransparaîtansdiversesxplications

dont

insistance

st,

sans

doute

ignificative.

ne

histoire e

la

lecture a

de

la

parole

au

silence,

t

selon

Mac

Luhan

de la

synesthésie

la

schizophrénie.

Quel

serait onc

aujourd hui

équivalent

une

conduite

trange

elle

que

lire

en

silence

Peut-être

on

opposé,

à

savoir,

arler

out

seul,

ou

parler

un

interlocuteur

maginaire.

n

ce

cas,

es

énoncésne

manquent oint

de

clarté:

«

L expectoration

une

parole

oulage

...)

Quiconque

vécu

solitaire

ait

à

quel point

e

monologue

st dans a nature.

a

parole

ntérieure

émange.

(...)

Parler

out

seul et

tout

haut

fait

effet

un

dialogue

vec

e

Dieu

qu on

a

en soi. C était,on ne l ignore as, habitude e Socrate. l se pérorait...) il

avait ettefaculté

ermaphrodite

être

on

propre

uditoire.

,

Victor

Hugo,

L

homme

ui

rit

ch.

.

On ne saurait tre

plus

clair.

Hugo

résume ertains

spects

de a solitude

t

sait

fort

ien

que

Socrate vait

u moins

eux

habitudes.

uand

quelque

chose

qui

se

rapporte

la

parole

devient

éviant,

ertains

noncés,

ertains iscours

apparaissent.

a

parole

solitaire

ue

nous

ressentons omme... curieuse

peut

ressembler

la

lecture olitaire

u il

faut

ustifier ar

a sainteté e

son

adepte

ou

la

nécessité

e

ne

point

déranger

on

voisin.

ailleurs,

our

ce

qui

est de la parole, lle peut,métaphoriquementapparenter la semence: n

trouve

diverses

ccurrences e

cette

comparaison.

e

prologue

es fabliaux

peut

ussi

pporter

n

aspect

économique

à

la

parole

«

Parole

ui

n est

ntendue

Sachiez

nfin

u elle

est

perdue

(Eustache

Amiens

u

Bouchier

Abevile).

Ainsi

l

ne

faut

pointperdre

a

parole.

La

parole engendre,

a

parole

est

semence,

a

parole

est

précieuse...

e

péché

d Onan n est

pas

tant

d éprouver

un

plaisir

olitaire

ue

de

perdre

a

semence,

t s il la

perd,

est

pour

que

la

veuvede son frère

u il

a,

selon a

loi,

épousée,n engendre

oint

de fils

ui

ne

portent as,

selon

usage,

e nom

d Onan.

Dieu,

bien

sûr,

frappe

Onan,

103

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qui

meurt

le

délitd Onanest

économique

t les

commentateurs

ui rappro-

chent etépisodede la GenèseGen.XXX)de a parabole es talentsontbien

compris

il

ne

faut

pas perdre

e

qui

doit

être

répandu

e

telle

orte

u une

production

ensuive...

Ainsi,

dans a

lecture,

oreille

du

passant

peut

saisir

ce

qui

est

dit,

t en

tirer

rofit.

En

fait,

a

lecture

ilencieuse,

olitaire

oupe

le lecteur

u

monde,

nterdit

la

communication,

ut-elle

ortuite,

nvolontaire.

lle

fait,

e

plus,

pparaître

une

individualité

lose,

une

«

privacy

,

une

intériorité,

ue

le

MoyenAge

a

peine

à

concevoir...

lle annonce

a

schizophrénie

ue

Mac Luhan

percevait

déjà

dans le

passage

d une culture rale à

un

monde

alphabétisé.

aspect

personnel,ntime e la communication,partir e l imprimeriestsouligné

par

Mac

Luhan,

ui prend

our xemple

apparition

u

sonnet,

enre

ntimiste

s il en

fut,

permettant

l imprimé

être

un succédané

de

la confession

e

bouche

à

oreille...

Dans

le

chapitre ui

suit celui

qui

expose

cette

opinion,

Mac

Luhan

parle

tout naturellement

e l Arétin.

t nous voilà

parvenu

un

aspect

tout

à

faire

emarquable

e la

conjonction

e l industrie

u

livre,

e

la lecture

ilencieuse,

un

nouveau

degré

de

la

schizophrénie,

omme

de la

prise

de

conscience

un

moi,

ndividuel,

ui

cache

sa

spécificité

la collecti-

vité,

émergence

un

«

ça

»,

des

«

les

petits

ecrets

dont

parle

D.H.

Law-

rence.La sommede ces éléments,t sans douted autres, apporté uelque

chose

d extrêmement

ouveau

et

paradoxal

dans

l écritute,

omme

dans

a

lecture

la

pornographie.

es

fresques

e

Pompei

e

sont

pas

pornographiques,

car

elles ne

sont

point

secrètes,

t

n appartiennent

as

à

une

société aussi

schizophrénique

ue

celle

de

la renaissance. es fabliaux

ont

oyeusement

crus,

obscènes,

e

qu on

voudra,

mais

ls

ne

sont

point

pornographiques.

a

vraie

ornographie

st

née

avec

imprimerie,

u moment

ù

la lecture

evenait

silencieuse...

u

moment

où la

communication

ejoignait

aradoxalement

le secret.

Car,

ne

point

ommuniquer,

hose courante

ujourd hui,

uisque

es média

le

font

our

nous,

taitune

punition

u

MoyenAge.

Ainsi,

e

clerc

uxurieux

se

trouve,

hez

Gautier

e

Coinci,

tteint

une

affreuse

maladie

qui risque

de

ui

faire e

couper

a

langue

«

Li

granz

maus

ot

si

faumoié

Et

si

duœment

enraga

qu a

ses

dents

a

langue

sraga

ses evres

efors

t

dedenz

Demanga outes ses denz»

Ailleurs,

hez Guillaume

e

Saint

Pathus,

n

malade

ne

peut

plus

marcher:

ses

pieds

ont

quasiment

utréfiés

il

ne

peut

donc aller

la rencontre

e

qui

104

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que ce soit.La maladiemédiévale stsouvent upturee la communication:

le

malade

gît

comme

une souche t

mord

es

passants.

ettemaladie st

une

punition...

Mais

la

non-communication

t

la

maladie

ont

i

intimement

iées

que

le fait

de

ne

pas communiquer,

e

se

renfermerur

oi-mêmen

des acti-

vités

uxurieuses,

mais

solitaires,

eut apporter

ne

maladie

qui,

ustement,

empêche

a

communication,

ait

erdre

e

sens

«

Il

(un

onaniste)

oussait

rdinairement

on

pas

des

crismais

des

hurle-

ments

...)

Ayant

ppris

on

état,

e

me rendis

hez

ui;

e

trouvaismoinsun

être

vivant

u un

cadavre

isant

ur

a

paille,

maigre,

ale,

répandant

ne odeur

infecte...) La maigreurétait)extrêmexceptée uxpieds uicommençaient

à

être edémateux.

,

Tissot,Z)e

onanisme.

Quiconque

lu

quelques

extesmédiévaux

écrivantne

maladie,

péciale-

ment

une maladie

punissant uelque

abandon

u

siècle

reconnaîtran

Tissot

un

digne

continuateur e

la

littérature

athologique

médiévale: out

y

est.

Cette maladie

punit

ertain

epli

ur

oi

qu une

morale

ondamne... ommes-

nous

si

loin de la

lecture ilencieuse

ui

isole du

monde

Non,

car

un

autre

témoignage

ous

ramène un

aspect

e

cette ecture

«

Son

œil

embrassait

ept

huit

ignes

un

coup

et

son

esprit

n

appréciait

le sens vec une vélocité

areille

cellede son

regard,

ouventmêmeun mot

dans

la

phrase

uffisait

our

ui

en faire

aisir e

suc.

»,

Honoré

de

Balzac,

Louis

Lambert.

Louis

Lambert,

ce

point

du

récit,

st

encoreune

sortede

double

de

Balzac,

qui

ne

connaîtra

as

le

triste

ortde son

héros.

U

pratique pontané-

ment ne

sortede

«

lecture

apide

selon es

principes

êmes es

techniques

actuelles.

Or,

quiconque

s est

entraîné

ces

méthodes

pu

ressentirette

légère

absence

u

monde

qui

suit

es

leçons:

on

se

trompe lus

facilement

de bus, de chemin, onduire st quelquepeu dangereux... est qu on nous

empêche

de

subvocaliser,

ue

la

lecture

st

orientée e

telle

sorte

que

seul

le

regard

oit

en

eu...

Louis

Lambertit

par

son

seul

regard,

t

l œil n écoute

déjà plus...

Tragique,

ui,

cettenon

communication

on

avait ien

raison e

suspecter

la

lecture

ilencieuse-tragique,

xactement,

omme

e

qu il y

a

de

plus

chizo-

phrénique

u

théâtre:

a

tragédie

lassique,

e

regard

u

XVIIème

iècle,

ge

d un

certain

voyeurisme,

lorsque

pour

apprécier

ne

perspective

einte,

on

regardait

u dos

de la

toile,

par

un

petit

rou

entral,

image

u

tableau

reflétée ansune glace...oui, ce théâtrelassiqueavecson quatrièmemur,

transparent,

ue

Brecht

oudra

briser... tout

doit

se

passer

omme

il

n y

105

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avait

pas

de

spectateur»...

abbé

d Aubignac

ous donna

à

une

excellente

définitionufilm ornographique,oint xtrême,rucial e la schizophrénie...

C est celà

qui

semble

e

plus

trange,

l èrede a

communication:

lus

on a de

moyens

de

communiquer,

oins

on

communique.

emarquons,

u

passage,

que

le

fantasme,

e secret

ntime,

individualité,

e

«

ça

»,

à deux

reprises

u

moins,

ont

devenus

rétextes

un marché

quand, près

imprimerie

dvinta

pornographie,

uis,quand

audio-visuel

onna celle-ci ne

autre

imension...

Il n était

pas

bon

qu un

moine

ise

eul,

parce

ue,

dans a

culture

monacale,

le

livre

était

as

un

médium,

n

moyen

e

communication,

ais u

contraire,

ce

qui

permettait

a communion.

ouis

Lambert

eviendra

ou,

vraiment

ou,

c est à diremalheureux,assantdu délirede persécution la schizophrénie

la

plus

noire...

n voudra

enfermer,

ais

l s était

déjà

enfermé out

seul,

tel un

escargot

nclosdans

a

coquille.

Le

délire e

Louis Lambert

st

«

clas-

sique

»

et

Balzac,

comme

oujours,

ort

ocumenté,

ous

donneune

halluci-

nante

descriptionlinique

e

ce délire.

acques

e

Voragine

écrit

apocalypse

-

la

révélation et

n omet

as,

ce

faisant,

e mentionnere

qui

suit

«

Le

dixième

our

les

hommes

ortiront

es

cavernest errerontomme

es

bêtes,

ans

pouvoir

e

parler.

Car

la

parole,

a

communion,

orme

upérieure

e la

communication,

ont

bien le principal, ourunhomme uMoyenAge.Et cetteparole ommence

à

la

lecture,

ar

la

musique

des

mots,

par

la voie sereine

e la

méditation:

la

lecture

rapide

est à la

lecture

médiévale

e

que

le

«

fast

food est

à

la

gastronomie.

Nos

propos,

ertes,

euvent

araître

nconvenants,

ais

l

apparaît u on

ne

peut

ignorer

activité

e sublimationnhérente un

certain

ype

de lecture.

Ce n est

d ailleurs

as

amoindrir

a sainteté es moines

ue

d en

montreres

difficultés.

Lecture

du

sens,

mais lecture

des

sens,

a

lecture

monastique

médiévale

plaçait

e lecteur ans unmonde

particulier,

ansun

espace,

dansun

temps,

lui

révélant

ar

sa

place

au

monde.Le

texte tait lors

ncorporé,

omme

inscrit

ans

a

chair

du

lecteur ont

chaque

fibre

ésonnait,

ibrait

l unisson

des

mots.En

lui,

par

ui,

dans

une sorte e

consubstantialité,

e

texte

voluait,

s enrichissait.

l

faisait

éellement

artie

u

lecteur,

t

plusieursxemples

ont

attestés e lettrés

onnaissant

ar

cœur

Ancien

Testament.

ette

boulimie,

cette

gourmandise

littéraire fit

gagner

on

surnom Pierre

Comestor,

et

nous

étonne

n nous

faisant

rendre

onscience

u auprès

es

ettrés

médié-

vaux,

nous

vons

uelquepeu esprit

n

achère.

Cet

immense

avoirn était

as

inerte,

ette

nourritureustentait:

a

lecture

était active.Ainsi

durent

naître es

digressions:

n

passage

n

rappelait

n

106

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autre,

ne association

idéesfaisait

lisser

e

sens,

a

signification,

ne

symétrie

d énoncésfaisait aîtreune applicationhéorique... ire c était ussi couter

ce

que

nous

nommerions

nconscient,u,

tout au

moins,

atence,

e

laisser

aller, crire,

ommenter...

association

idées

fut

a base de

l exercice e la

déclinatio

le maître

rrêtait

élève

sur

un

mot,

un

passageque

ce dernier

devait commenter

rammaticalement,

émantiquement...

association

idées

fut

a

technique

même

de

l intellection.

insi,

a

digression

ui

nous

urprend

est

dans

e droit-fil

une

forme e

raisonnement.

est

peut-être

à

l origine

de

toutes

ces citations

mal attribuées

ui parsèment

es textes

médiévaux:

on

lisait

Platondans

Boèce

et,

parce u on

a

lu

Pline ki

ert

bon

fïlosoficus

peu de temps près voir u « Aristotei grec , on attribue l ununephrase

de

l autre,

aquelle

st

peut-être

ue à

un

compilateur

e

Boèce. l

nous

rrive

bien,

cause de

lectures

approchées,

attribuer

un

auteur e

qui

est

d un

autre,

ourquoi

e

serait-ce

oint

rrivé,

l

y

a

quelques

iècles

Lire,

relire,

e

souvenir

onstituentes

itinéraires

ymétriques

ux

grandes

errances

médiévales,

ces

routes

euplées

écoliers e

rendant

ans

une

ville

universitaire,

e

moines

marchant

eux

par

deux

en

se

récitant es

textes

saints,

e

routiers,

agabonds,

èlerins

t

mendiants...u

rythme

e

la

marche,

à celui des

sommiersux

lourds

abots

e

mêlait a

scansion e

la

parole,

ur

les chemins

reux,

ux fourchesu

trivium,

ux carrefoursu

quadrivium,

le

tout

onstituant

ne

très

tymologique

êverie.

Oui,

a

lecture

ut

être

rrance,

tinéraire.

ne «

lecture crite

de

Bernard

de

Clairvaux

ous

convie

un

voyage.

Dans

ses

Sermons ur

es

cantiques,

Bernard

s égare

à

propos

du

verset

ton

nom

est

une

huile

répandue

.

Il

parle

onguement

es

parfums

e

l épouse,

ntreprend

n

éloge

de

l humilité

avant

de

revenir

son

sujet premier.

a

chaîne

d associations

idées

est ci

facile

reconstituer.

ernard

est

point

hors

ujet

;

il

suit

a

propre

ogique.

Origène

ous

promenaiteaucoupplus.Bernard ordonne as sondiscours

d une

façon

dialectique

t

ne

tend

pas

à

démontrer,

expérimenter,

ais

en

quelque

sorte

célébrer...

esprit

st

comme

eau

qui

se

répand

même

ntre

les

grains

e

sable...

insi

va

l esprit

e

Bernard

nvahissant

e

qui

ouxte

son

trajet

nitial,

omme

a

rivière

aigne

es

rives. e

livre

st

encore

n

trésor

et

non

pas

l instrument

u

savoir.

est

a

lecture

ue

Jérôme

t Benoît

nom-

ment

lectio

divina

Pour

école,

e

texte

deviendra

matière

étudier. a

lecture

monastique

tend

vers

oraison,

a

méditation,

a

transparence,

est

cellede

celui

qui

s offre

au texte.La lecture e l écolese déclineran de singulièrest fécondesom-

plexités:

a

quaestio

deviendra

a

Quaestio

isputata

puis,

naîtra a

quaestiun-

107

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cuia

le

quodlibet

ui

suivit

on

chemin ansnotre

angue,

andis

ue

la lectio

se doublerad une reportatioetc. Ces nuances, es taxinomies,envoient

des

techniques

e

plus

en

plus

élaborées,

une

rhétoriqueudicieuse

dans

le discernement...

es

disputes,

rales

ou

écritesmontrent

ombien e statut

du

texte

hange,

ar

rapport

la lente

manducation

e la

lecture

monastique.

La

connaissance

es textes

e

rationalise

ans

école

et

devient

armed une

militance.

e

monde

n est

plus

un

livre,

n

jardin

ceint

d écriture

t

nous

auronsbientôt

e

loisir

d être

dyslexique...

Mais l écriture

et la

lecture

servant

apprentissage

la

parole

servait ussi

d apprentissage

la

dispute.

Ceci

nousmontre

ne

sorte

d unité

e la

culture éodale.

n

effet,

out e

qui

intervientans ce que nous nommons ommunication semblemoinsdé-

coupé,

moins divisé

n

phases

diverses,

n

exercices

ifférents

out

en se

plaçant

délibérément

ous

e

signe

e la

parole,

u Verbe. l

n y

avait

as

ire,

d une

part,

crire,

e

l autre,

mais

plusieurs

açons

de faire

a

même

chose.

Si

la lecture st de

la

parole

redite,

écriture

st un

verbe

n

conserve,

e la

parole ngrangée,

rête

ressortiru

grenier

our

tre

e nouveau

emée.

Il

y

a

même

un

aspect

«

médical

de la

lecturemédiévale les

médecins

l interdisaient

arfois

our

ne

pas

qu ellefatigue

n

organisme

aible,

u

encore

la

recommandaientomme

une sorte

de

gymnastique

fin

d exercere

corps

et

l esprit

les exercices

pirituels Ignace

de

Loyola

porteront

ncorea trace

de

cette

onception:

lssont

xercices

t

méditation,

uides

une orte

expé-

rience. eut-on

ésister

citer

ci

a

spectaculaire

éditatione

l enfer

«

(...)

Premier

réambule.

omposition

u

lieu.

Ici,

voir

par

le

regard

e

l imagination

a

longueur,

a

largeur

t

a

profondeur

e

l enfer

...)

Premier

oint.

Par le

regard

e

l imagination,

oir

es

feux

mmenses,

t

les

âmes,

omme

n

des

corps

ncandescents.

Second

point.

Par

l oreille

ntendre

es

plaintes,

es

hurlements,

es

cris,

les

blasphèmes

ontre

e

Christ,otre eigneurt contre ous es saints.

Troisième

oint.

Par

l odorat,

entir

a

fumée,

e

souffre,

e

coaque

et

la

putréfaction.

Quatrième

oint.

Par e

goût,

oûter

es

choses

mères,

elles

ue

les

armes,

la

tristesse

t e

verde

a

conscience.

Cinquième

oint.

Par le

tact,

toucher

ommente feu touche

t embrase

les

âmes.

Par

bien des

aspects,

es

Exercices

pirituels

voquent

a

culture

monastique

médiévale. a

notion

même

d exercice

pirituel

ait

penser

la

lecture,

om-

paréeà unexercice hysique,onseillé u déconseillé ar esmédecins,elon

le

cas.

gnace

de

Loyola,

dans

on

premier

réambule

nsiste

ur

e

point

«

De

même,

n

effet,

ue

la

promenade,

a

marche t la course ont

des

108

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110

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Christine

MICHI

EDITION DU CONTE 38 DE LA

VIE

DES

PÈRES

:

DE LA NONAIN

QUI

MENJ

LA

FLEUR DU CHOL OU

LI

DEABLES

S'ESTOIT

MIS,

SI

QU

ELE

DEVINT

HORS DU SENS

I

-

HISTOIRE

La

Viedes Pères

'inscrit

ans

une

ongue

raditione récits

agiographiques.

II s'agitd'un recueil,datant du Xffle iècle,regroupant2 contesdévots,

empruntés

n

partie

des Viesd'ermites

recs,

n

partie

ux

Dialogues

du

pape

Grégoire

e

Grand.Aux textes

historiques

e

sont

cependant

ubstitués es

contesédifiants t

moraux,

estinés

illustrer

es

proposdogmatiques.

es

récits

e

la

Viedes

Pères ont

pparentés

ux

ex

mpia

comme

ux,

ls

devaient

susciter

'admiration,

out n étant

aciles retenir.

n

-

TRADITION

MANUSCRITE

J.Chaurand, ans son édition eFou (dixième ontede la ViedesPères).

dénombre

8

manuscrits. ous

avons tudié

uatre

d'entre ux:

A, B,

S et

d,

parmi esquels

a

été choisi

omme

exte e

base.

Le

manuscrit est e ms

5204 de la

Bibliothèque

e

l'Arsenal.

l

s'agit

'un

recueil

d'anciennes

oésies

françaises,

ui

date

probablement

u

quatorzième

siècle.

ffl

SOURCE

Le conte38, intitulé e la nonain ui menja afleur u cholou li deables

s'est

it

mis

si

qu'ele

devint

horsdu

sens

a

sa

source

dans es

Dialogues

de

111

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Grégoire.

n

trouvera

e texte

atin

dans

a

Patrologie

atine e

Migne,

ol.

77,

col. 168-169, insi

que,

en basde

page, uelques

utres xemples ecethème.

La

trame

u récit st

a

même

pour

avoir

ublié

de

faire

e

signe

e

croix

avant

de

manger

n

chou,

une

religieuse

st

victime u diable

ui

s'était aché

dansune

feuille,

t ne

pourra

tredélivrée

ue par

un

religieux

uasi

exorciste.

L'auteur

de

la Vie

des Pères

cependant

faitdu

motif

nitial ne

petite

histoire

mpreinte

u

quotidien.

insi,

arexemple,

e vocabulaire

héologique

de la

concupiscence mployé

par

Grégoire

e

Grand

se transforme

n une

expression

elle

ue

«

celle

qui

mout

e

hasta .

IV

-

ÉTUDE

DU TEXTE

Le texte

e

compose

d'une

ongue

ntroduction

42

vers),

u conte

propre-

ment

it

96

vers)

t d'une onclusionmoralisante

32

vers).

Le

thème

de

l'introduction

st un

engagement

servir

ieu

plutôt

que

le

diable. Cette

opposition

onne au

passage

une

structure

e base

binaire.

L'argument

e

l'opposition

st

énoncé

dans

es deux

premiers

ers,

ui

consti-

tuent ne sorte

e

proverbe

nombre

e

contes e a

Vie

des Pères ommencent

par des phrasesbrèves insi scandées.On remarqueragalementes images

concrètes:

elle de

la massue

v.

33)

et

celle

du

larron

endu

u

chêne

v.

37-

38).

H

s'agit

'un

texte

didactique,

estiné

frapper

'imagination.

Le

récitest

présenté

omme

a

traduction

'un texte

atin,

hoisi

parmi

d'autres,

arce

qu'il

est

«

biaus et « voirs

(vrai).

La

« beauté

du conte

st

sans

doute liée à

sa

conclusion,

la

victoire

e Dieu

la «

véracité

sera

traduite

ar

une

accumulation

e

petits

étails.

On

remarquera

a

présentation

u diable t

la

description

e

la

possession.

Le

diable

pparaît

omme

n

être

bien

ndividualisé,

oncret t

agissant,

t à

psychologie umaine. es traits e sontque l'exagératione traits e laideur

humaine.

De

même,

a

possession

st

décrite omme

une

exagération

é-

mesurée

e force

t

de

violence.

a

longueur

e ces

descriptions,

bsentes

u

texte

de

Grégoire,

st

sans doute iée à

l'importance

e

cette

préoccupation

dans a mentalité

opulaire.

La conclusion

u récit

nsiste

ur

e

repentir

t

a

pénitence.

La

«

morale

est bien sûr

consacrée

u

thème

de la

croix.

On

notera

es

répétitions

nsistantes,

es

oppositions

inaires,

a

longueur

es

phrases,

rocé-

dés

stylistiques

aractéristiques

u discours

dogmatique

t

didactique, ui

s'opposent la simplicitét la brièveté u récit. 'utilisatione cesprocédés

est

cependant

ouvent

onventionnelle

ans

e

type

e

littérature.

112

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V - LA LANGUE

L'origine

u

ms d

n'est

pas

déterminée.n note

peu

de traits

honétiques

caractéristiques.

Morphologie:

u

vers

168,

a

forme

herite

a

été

conservée:

n

position

d'attribut,

e

cas

régime

tendance

remplacer

e

cas

sujet.

Versification:

n

note

a nécessité e 'hiatus

ux v.

54:

«

que

ele

»,

et

150:

«

que

il

». D'autre

part,

es

vers

77,

116 et

118,

fautifs

uant

au nombre

e

syllabes,

nt été

corrigés

n fonction es autres extes. n

rencontressez

peu

de rimes iches u intéressantesar esmots éunis.

VI

-

MÉTHODE

D'ÉDITION

L'appareil ritique

era à

deux

étages:

es

corrections,

out

d'abord,

ffec-

tuées

e

plus

ouvent

'après

'autres

manuscrits,

ui

ont

été

notés

ntre

aren-

thèses côté

du

texte

riginal

puis

es variantes

ui,

fautives

u

non,

nt

été

systématiquement

elevées

excepté

es

variantes

'ordre es

mots,

rop

nom-

breuses).Résolution es abréviationsnousavonsutilisé es «

Règles

pratiques our

l'édition

des textes

français

t

provençaux»

n Romania

tome

II

(1926),

pp.

243-249.

113

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Mauvés st

qui

ne

guerredonne

Et

ne

desert

e c'on

li

donne.

Pour ete fas ue tu mefaces,

Non

pas

pour

e

que

tu

me

haces.

4

Vilain

guerredon

e rendrait

Qui

por

bien

ervir e batroit.

Son

servise

ert

t sa

painne,

Qui

du maufé

ervire

painne.

8

En

tel

maniere

t

en

tel

guise

Rent

son

servant

on

servise

Premièrement

elui

honnist

1

70c

Qui

plus

e sert t obeïst 12

Porce

di

e

que

musars

st

Qui

en son servise

e met.

En Dieu devons

iance voir

Ce doit hascun

e

nous avoir.

16

Lui devons

ervir

t amer

Lui devons raindre

t

honnorer,

Corr. 4 : tumebates S etB)

Var.

1 :

Dampnése.

(B)

2

:

ne dasert

.

(S)

4

:

tu me bates

(A)

5 :

por

biau

s.

me

harroit

B)

8

:

qui

de m.

(S)

9 :

qu'en

t.

(S ;B)

10:

son

sergentS;A;B)

13

:

que

cil fox

st

(S)

17 : Dieud. (B)

18

:

Et

lui

cremirt

h.

(B)

;

Et

redouter

t h.

(S)

114

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Mauvais

st

celui

qui

ne

récompense

Et nepayede retour e qu'on ui donne.

J'agis

ien nvers

oi

pour

ue

tu

me fasses

e

même,

Non

pas

pour

ue

tu

me

payespar

a

haine.

C'estune

vilaine

écompenseue

me

donnerait

Celui

qui,pour

un

bon

service,

e battrait.

Il

perd

on service

t sa

peine

Celui

qui

s'efforcee

servire

diable.

Voici

comment

l

rend

A

son

servant

on service

Pluson e sert t uiobéît,

Pluson

en

est

maltraité

Pour

elaje

dis

qu'il

est

bien

ot

De se

mettre

son

service.

A Dieu doit

llernotre

onfiance

Chacun

e

nousdoit e savoir.

Nous devons

e

servir

t

'aimer,

Le

craindre

t 'honorer

115

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Qui

estde touz es biens

ontainne,

De

largesce

t de

pitiéplainne.

20

Larges

st

quant

l

guerredonne

A .100. doubles e

c'on

i

donne.

De euer

pitéus

uant

n e

prie,

Tantost

st

a

requeste

ie

24

Si

estdeceüs

t

mauvés

Qui

s'

mour

e

quiert

t

sa

pes.

Mesnous

ommes

i

endormi

Par

mauvés onseil

'anemi,

28

Que imausnous stdousa faire,

Si

que

li

biensne

nous

puetplaire.

Ne se fitnus n

sa

richesce,

En

sa

force

'en

a

noblesce 32

Corr.

27

et

28 :

endormis anemis

S

;B)

Var. 19

:

Car

de tos biens st

a

fontaine

B)

20

:

Et

laigece

de

toz biens

.

(S)

21

:

quant

e

g.

B)

;

est

quar

l

g.

(S)

22 : d. li rent t d. (B)

23

: S'ensiest

que

de

euer

e

prie

B)

24

:

Tantost

a

priere

oïe

(B)

25 :

Si

est

de tos cil

plus

mauvais

B)

26

:

Qui

s'amor e

quiert

t

sa

pais

(B)

23

: Par tel

ui

de

euer

ou

prie

S)

24

:

Tantost st a

parole

ïe

(S)

29

: Ii

maul

nous unt .

(S)

31 :

ensajonece

(S)

32 : f.n'en a oenece (B)

En

son avoir 'en a

richece

S)

116

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il estde

tous es biens

a

source,

Pleindelargessetdepitié.

Il

est

arge

ar

l

rend

Au

centuple

e

qu'on

ui donne.

Quand

on e

prie

vec

piété,

Aussitôt

a

prière

stexaucée

Ainsi

st fourbe

t

mauvais

Celui

qui

ne

recherche

on

amour

t

sa

paix.

Mais

nous

ommes

i

endormis

Par

es

mauvais

onseils

e

l'Ennemi,

Quele malnous stdoux à faire

Et

que

le bien

ne saurait

ous

plaire.

Que

nul

ne

se fíe n

sa

richesse,

En sa force

i

en

sa

noblesse

117

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Jaest evee

a

maçue

Qui

fiert

a ou

li

plest

t tue.

Si lo quechascun eporvoie,

Ainz

que

le

coup

descendre

oie

36

Li

lierres tart e

repent,

Quant

par

a

gueule

u chesne

ent.

Crier e vautune

seguë

Celui

qui

a

s'ame

perdue

40

C'est a

bon

droit

'il

est

obez

A tart e clost

ui

est

robez

Entre

es

estoires,

cueil

.1.

petit

onte

ueje

vueil

44

Mettre n

rommant,

anz

point

de

plet.

Biaus st

et

voirs

por

ce

me

plet.

Si

m'en

vueil

briefment

quiter.

D'une nonne

ous

vueil

onter 48

Corr.

43

: e. ses

e.

Var. 35

:

Selon

q.

(S)

36

:

A.

que

li

cor d.

(A)

38 : p. la g. (A) ; g.esforches. (S)

39

:

N'a celuine vault

iens

ui

crie

B

et

S)

40

:

Merchi

uant

'ame

st

a

pene

(B)

Merche

uisque

'ame

st

perie

S)

41 :

Ce est a

tart

u'il

est

1

(S)

d. cil

est1.

(A)

44

:

.1.

compe ue

acuillir

uil

S)

45

:

Et

m. en

r. se

deus

plait

S)

r.

se

l

me

oist

B)

46 : Beausestetbonset moutme

plait

S)

47

: b.

délivrer

S)

118

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La massue

st

déjà

levée,

Quifrappeù il uiplaîtet tue.

Ainsi

e

conseille

chacun e

se

pourvoir,

Avant

e

voir e

coup

arriver.

Il est

trop

ard

our

e

larron e

se

repentir

Quand

l

se

trouve

endu

u chêne.

Crier

e vaut

pas

un brin e

ciguë

A celui

dont

'âme

est

perdue.

C'est

à

bon droit

u'il

est

trompé

Il

estbien ard

e fermer

a

porte

Quandona étévolé

Entre

es

histoires,

e

choisis

Un

petit

onte

ueje

voudraismettre

En

français,

ans

façon.

Il

estbeau

et

vrai,

t

pour

ela

me

plaît

Ainsi

e

veux

brièvement

'en

délivrer.

Je

veux

vousraconter

'histoire

'une

religieuse

119

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Qui

fu

bonne

t de sainte

ie,

Et

ot de touz biens

ais

nvie,

Et fude toute 'ordre ame.

Mes

i

deables

t

de fame

52

Despit

por

ce

qu'il

a

perdoit,

Por es

biens

ue

elle

fesoit.

Maintes

ois

n

tout

i hanta

Mout

a tint t

mout a

tenta.

56

Mes

por

noient

fist

epere,

Tant

que

riens

i

pooit

mesfere.

Tantqu'ilavint,

1.

ourd'esté,

1

70d

Qu'a

matines

t

a

esté.

60

Si fist

mou

biau

temps

e

matin

Cele se

mist n 1.

ardin,

Corr.

52 :

li

deable

t

60 :

qu'au

m.

61

: t. se

m.

Var.

50 :

de tous

biens aire .

(B

et

S)

5 1

:

Toute fude

sa

maison ame

B

et

S)

53 : D. dece q. (S)

54 : b.

que

cele

f.

(B)

55

:

Mainte

ois n t. a

h.

(B)

Maintenant

n t.

(S)

56

:

M.

a

chainst

t

m.

(B)

58:

Conques

riens

e

e

pot

forfaire

B)

Conques

riens

e

i

pot

mesfaire

S)

59

:

T.

qu'il

vint

.1.

.

(S)

60

:

Quant

m.

(A

et

B)

Que

cela

ot

a

m.

(S)

61 : m.brun . (B);

Si

fit eau

tens

eluim.

(S)

120

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Qui

fut

onne t

mena

une sainte ie.

Elleeutenviedetous esbienfaits,

Et

fut

upérieure

e tout 'ordre.

Mais

e

diable n fut

humilié,

Parce

u'il

perdait

ette

emme,

Par

es

biens

u'elle

faisait.

Plusieurs

ois,

ar

tous es

moyens,

l

'assaillit,

Il

la

harcela,

a

tenta ouvent

Mais

l

y

revenait

oujours

our

rien

Et ne

pouvait

ien

ui faire

e

mal.

Arrivalors n ourd'été

Elle

était

lléeaux matines.

Il faisait

rès eau

temps

e

matin-là

Et

elleentra n

un

ardin

121

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Pour

prier

e

Saint

Esprit.

Sanspenser aucunplaisir,

Elle allait

à

et

à,

récitant

es

versets,

Tant

t si

bien

ue

son

regard

omba

Sur

a

fleur 'un

chou,

fraîche t nouvelle.

Jamais lle

n'en

vait

uede

plus

belle.

Cela a

frappa

t

elle s'en

réjouit.

Elle eut

forte

nvie

e

la

manger.

Ainsi lle

se

dit

qu'elle

a

mangerait,

Mais

elle n'avait

vec

lle ni

pain

ni sel

Avec esquels lleeûtpu amanger

Pour

qu'il y

eut

quelque

aveur.

Elle

finit

ar

obtenir

ain

et

sel.

Elle vint la

fleur irectement.

123

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Mout

st

i deables

outieux,

Comme nemi, omme nvieux.

En la

fleur

u

chol e

bouta

Et

cele

qui

mout

e

hasta,

80

Sanz

seingnier

a

prist

t

menja,

Si

que

maintenant

nraja.

Ja

se

bien

eigniee

eüst

82a

N'i

trovasi iens

ui

i neüst.

82b

Ainsi

il

rise

t

atournee,

Qu'

ele

fu

oute

forsenee

84

Por 'anemi uifu n ui,

Qui

mout

i fistmal

et anui.

Vers

a

meson

riant

'en

vint

Tout

mist

malce

qu'ele

tint

88

Et

quanqu'ele

ot

encontrer,

Que

riens

e

pot

ā

li

durer,

Et tant

u'el

cloistre

'embati,

Con.

77 :

m.

par

est

1.

(A,

B

et

S)

82

a

et

b

: absents

t

ajoutés

d'après

A

Var.

77 :

d.

soutiz

B

et

S)

78 : Comme esloiaus,omme is (B)

Comme

olereus,

omme

is

(S)

81

: la

prist

manga

7 syllabes)

B)

82a

: Je

ai bien

e

s.

Feüst

B)

b.

seignié

.

(S)

85

: Par

'a.

(B,

S

et

A)

87

:

c.

en

v.

B)

;

m.

tot

droit

n

v.

(S)

88

:

m.

quanqu'ele

int

B,

S

et

A)

89

:

Et

ceu

qu'elep. (S)

90

:

Que

a line

pot

riens urer

B)

91

:

Atantq.

(S)

124

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Mais

e diable st

bien

rusé,

Comme out

nnemi,

omme out

nvieux.

Il

se mit

dans a

fleur u chou

Et

la

religieuse

ui

se

hâta,

Sans

fairee

signe

e

croix,

a

prit

t

mangea.

Aussitôt lle

devint

olle

urieuse.

Certes,

i elle

avait ien

fait

e

signe

e

croix ur

lle,

Elle

n'y

aurait

ien

rouvé

e

nuisible.

Ainsi lle fut

urprise

t rendue

olle,

Et

perdit

out

on

sens,

A causede l'Ennemi uiétait nelle,

Et

qui

a

fit

eaucoup

ouffrir.

Elle s'en

vint

n criant ers a

maison,

Détruisantout

e

qu'elle

touchait

Et tout

e

qu'elle

trouvaitur on

chemin.

Rien

ne

pouvait

ui

résister.

Elle se

précipita

lors

dans e

cloître,

125

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Ses sereurs

rist

t

es bati

92

Elless'en tournèrent

uiant,

Et Damedieumerci

riant

Que

de eur

ereur

es

gardast,

Si

que

de

riens

es

empirast.

96

Je

ne

vous

puispas

toutretrere

Assez

fìst

t

mal

et

contrere,

Et tant

ue par

force

u

prise,

Et

liee

et en

tel ieu

mise

100

Ou dommageere epot,

Por

ce

que

le

pooir

n'en

ot.

Pour e

que

chascune

'ama,

La

plaint

hascun

t

regreta.

104

De

pres

a

tindrent

t

garderent,

Et

Damedieu

our

i

prièrent,

Que

par

pitié

a visitasi

1

70e

Si

qu'a

son sens

a ramenast.

108

Var.

92

:

p.

si

es

b.

B

et

S)

94:

AD.

(BetS)

95: s.

le

g.

(S)

96 : Quede lorcorsnes . (S)

97 : v.

puis

oret.

(S)

98

:

A.

lor

f.

mal

e.

(B

et

S)

99

:

Atant

.

(S)

100

et

en

prison

m.

(S)

101

Que

d.

(S)

102

Parce

.

(B)

q.

la

poestei

'ot

(S)

;

Pour

e

qu'elle

p.

(A)

104 :

p.

chascuns

t

(S)

107 : Par apitié S)

108 :

Et en

son

sens

S);

Sj

qu'en

s.

(B

et

A)

126

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Prit

es sœurs

t es

frappa.

Celles-ci'enfuirent,

Criant

t

mplorant

a

pitié

e

Dieu,

Demandant

u'il

es

protège

e leur

œur,

De

sorte

u'elle

ne

eurfasse ucun

mal.

Je

ne

puis

pas

toutvousraconter:

Elle

fit

eaucoup

de malet

de destructions

Si

bien

qu'on

a

prit

ar

force,

Qu'on

'attacha

t a

mit n un ieutel

Qu'elle

ne

put

faire ucun

dommage,

Puisqu'elle 'en vaitplus a possibilité.

Comme

hacune

'aimait,

Chacune

a

plaignit

t

pleura.

Elles

a tinrent

t

surveillèrent

e

près

Et

prièrent

e

Seigneur

ieu

Que

par

pitié

l

la

visitât

Et la

ramenât

la

raison.

127

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Quand

ette

eligieuse

tait aine

d'esprit,

Elle communiait

Chaque

emaine,

égulièrement.

Mais

lle avait

n soi

des dées

i fâcheuses

A

cause

du

diable

ui

a harcelait

e

près,

Que

amais

lle

n'eut

e

souvenir

e

Dieu.

Si

bien

que

le

chapelain ui

'avait

Toujours

onfessée

init

ar

e

savoir.

Il

lui

apporta

on

sauveur.

Le diable

n eut

bien

peur,

Quand l le sentit eniriprès

Il

aurait ien

voulu

'en aller.

Mais

l

le

sentait

i

près

e

lui

Qu'il

n'osait

as partir.

Le

prêtre

'avança

Et

le diable ortit

Par

dessous

t s'enfuit.

Ainsi a

religieuse

etrouva

'esprit

Par a

volonté e Jésus

hrist.

129

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Cele

apres

onfesse

e

fist,

1

28

Et,

voiant

ouz,

dist

t connut

Comment

i

maufez

a

déçut,

Qui

en a

fleur u chol

e

mist,

Et comment

anz

eingnier

a

prist,

132

Et

manga

ar

on

mauvais

ice 132a

Comme

endre e bouche

t

nice

132b

Et

que

Damedieu

ui

tout

voit

Ce flael

onné i

avoit.

Ainsi

e blasma

t

reprist

Grant enitence fere nprist, 136

Puis

vesqui

omme onne

ame

Tant

qu'a

Damedieu

endi

'ame.

Je,

ui

de

bien

fere

mendi,

Parcest

xemple-ci

ous

di

140

Et

bien

e

vousvueil

nseingnier

Que

riens e

mengiez

anz

eingnier:

Corr.

132a

et

b

:

vers

bsents

e

d,

mais

présents

ans es

autres

ms.

139-140

Cil

qui

de

bienfere

mendi,

Parcest xemple uevousdi

Correction

'après

:

Jecuit

de

biendiremendi

Parcest

xemple

i

vous

di

et B

:

Je,

ui

de bien

diremendi

Parcest

xemple

ue

vousdi

Var. 128 :

Apres

eu

c.

(S

et

B)

1

29

:

v.

aus

131

:

Com

enl.

(S)

133 :

D.

a bon droit

B

et

S)

136 : Et

p.

(S);

Grief

.

(B)

138

:

Et

D.

(S)

130

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Ainsi

o

que

chascune face.

Car a crois ar aforce fface 144

Touz maus

t touz

biens

uet

donner,

Et l'anemi

aincre t fouler.

Dous

est

i

nons,

ous est

i

signes,

Dous

est i

fus

ui

tant u

dignes,

148

Qui

nostre

auveeur

eçut

Et

soustint

ant

ue

il

morut.

Bien

doit

stre onorez

t

sainz

Quant

du sane

Jesus

hrist u

ainz,

152

Du sanequitouznousracheta

De

la

ou

pechiez

nous

gita,

Par e

fet

du

premerain

omme

170f

Et de sa

fame

ui

la

pomme,

156

Sur

e

desfens e

Dieu

mengierent,

Dont a

dampnement

e

menerent,

Corr.

148

:

f. tant

u'il

fud.

Var. 143-144 vers bsents e S

145

:

Car a

crois

uet

os

biensdonner

S)

146

:

a. batre

t f.

(S)

;

a.

prendre

t f.

(B)

147

:

d.

est

i

sires

erreur

e

rime)

B)

148 :

t.

est

d.

(S)

;

f.

tant

ui

f.

(A)

149

:

Que

n.

(A

et

S)

150 :

t.

qu'en

ui m.

(S)

151 : B.

dut .

(S)

155

:

Et

dou f.

(S)157 : Sus a desfense ieu m.

(B

et

S)

158:

Que

dampnement

os

eņvoierentS)

132

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Jeconseille

ue

chacun

e

fasse insi

Car a croix ar a force fface

Tout

malet

peut

donner

out

bien

Elle

peut

vaincre

'Ennemi

t

'écraser.

Doux

est

son

nom,

doux

est

e

signe,

Doux est e

bois

qui

fut

i

digne

Qu'il

reçut

otre

auveur

Et

le

soutint

usqu'à

sa

mort.

D

doit

n être

honoré t

sanctifié

Car

l

fut achédu

sang

de

Jésus

hrist,

Du sang uitousnousracheta

De

où le

péché

nous

eta

Par

a

faute

u

premier

omme

Et

de

sa

femme

ui

mangèrent

La

pomme,malgré

a défense

e

Dieu,

Et

par

cela furent amnés.

133

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Quant

Deus

par

a

crois

nous

onquisi

Et horsde ce toiment ousmist. 160

Ce

sachent il

qui

a

croiz

imment

Et

de

bon euer a

reclaimment,

Que

la

croiz

partot

or

vaudra,

Si

que

a jor

ne

orfaudra.

164

Por

ce la

devons

orer

Et

partout

a

feste

onorer,

Qu'il

a

en

ui

trop

e mente.

Qui

ce

ne

croit,

l est

herite,

168

Et Damedieu servira

Celui

qui

ne e

servira.

Corr.

161-162

Ce sachent

uit

il

qui

ce claimment

Et

qui

de

tres

rant

ien es

aimment

Le

texte onné

st

celuide

S et

B

corrigés,

ui

donnent

Ce

sachent ü

qui a crois imment

Et

de

bon

euer a

reclaimment.

Le

vers 62

compte

ependant

syllabes.

165-166

d.

honorer/sa

. aorer

1

70 :

ne a s.

Var.

160

de

cest

.

(A)

;

Qui

gors

e

dampnement

.

(S)

;

Qui

horsde

ce

pechié

n.

(B)

163-164

liv.;

li

f.

(S)

166 :

p.

la f.

(B)

167 : méritésB); en imoutdeméritésS)

169-170

vers

bsents e

S

170

:

n. as.

(A)

134

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Dieu

alors

par

a croixnous

onquit

Etnous ortit ecette orture.

Que

tous

ceux

qui

aiment

a

croix

Et sincèrement

'invoquent,

achent

Que

partout

lle aura

du

pouvoir

our

ux

Et

que amais

lle

ne

eur

fera éfaut.

Pour

ela,

nous

devons 'adorer

Et

partout

onorer

a

fête,

Car

elle e

mérite

ien.

Celui

qui

ne croit

n

cela

est

hérétique,

Et le Seigneur ieu asservira

Celui

qui

ne e servira.

135

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NOTES

DE

LECTURE

Norman

ohn Démonolâtriet sorcellerieu

Moyen

Age. Payot,

982.

C'est

parfois

vec

un

certain

gacement

ue

nous

considérons

a multitude

de livres raitant e la sorcelleriemédiévale. l

n'est certes

as

de

sujet

plus

rebattu

i

qui

se

prête

mieux ux

interprétations

es

plus

spécieuses,

ropres

à alimenteroutes ortes e

fantasmes.

Pourtant,

e

livre

du

professeur

ohn

échappe

aux

critiques

e

ce

type.

Agréable lire,fortbientraduit e l'anglais arSilvieLarocheet Maurice

1Angeno,

et

ouvrage

émontre

omment ertains

mythes

erdurent,

travers

les

siècles.

Les minorités

eligieuses,

es

chrétiens

u

Ilème

siècle

aux

Carpocratiens

ou

aux

Vaudois furent

e

tous

temps

uspectées

e

pratiques

monstrueuses,

orgiaques

t

anthropophagiques.

ormanCohn

nous

montre omment

es

mêmes

accusations ont

reprises,

'une

façon identique,

resque

dans

les

mêmes

termes,

ar

les

inquisiteurs plusieurs

poques

différentes.

e

plus,

il

fait

a

part

des

choses,

vacuant

e

mythe

enacedes

organisations

ecrètes

de sorciers,reuves l'appui, n montrant'autre art uecette égende 'est

pas

non

plus

une

simple

nvention

es

nquisiteurs

ont

l

nous

race

n

portrait

saisissant,

u'il

s'agisse

de

Conrad

de

Malmburg

u de Jean

de

Capestrano...

Admirablement

ocumenté,

orman

ohn

s'inscrit

ans

a

meilleure radi-

tion de

la

recherche

nglo-saxonne

ui

refuse

es

conclusions

éfinitives

t

ouvre,

ar

ses

suggestions,

ar

es

questions u'elle

pose,

a

voie à

de

nouveaux

travaux

n

indiquant

de nouvelles

rientations

ossibles.

Ce dernier

oint

rompt

gréablement

vec

'usage, ropfréquent

ncore,

e certains

hercheurs

moins

modestes

ont

e

propos

déclaré

st

de

conclure

éfinitivement

'explo-

rationde tel ou tel sujet.C'est aussi a preuve 'unegrandemodestie hez

un

professeur

mérite

e

l'université

u

Sussex.

C'est avec

plaisir

ue

nous

136

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saluons

un

ouvrage

ui

combat es

idées

reçues

outen ouvrant e

nouveaux

horizons.

0.

de R.

Giorgio

Agamben,

tanze

Parole

et

fantasme

ans la culture ccidentale.

Traduit

e l'italien

ar

Yves

Hersant.

hristian

ourgois,

981.

Giulio

Einaudi,

Turin,

977.

<r

haque

objet que

nous

possédons

ne

fait

en

réalité

u'en

évoquer

t

en

remplacer

n

autre

plus

beau

chaque

perle

chaque

étoffe chaque

ruine

antique

t

chaque

maison st

eulement

n

balcond'où nos

désirs

ontemplent

l'infini

un troude

serrure

ar

equel

nous

entrevoyons

e

royaume

nchanté

des perles des soierieset des statues ntiques. Hugo vonHofmannsthal,

La lettre

u dernier

es

Contarin.

Autour

d'une

analyse

de la théorie

médiévale u

fantasme

ui

anime,

u

premier

ens

du

terme,

e 'dolce

stil

novo',

évoluent ansStanze

les

figures

du

mélancolique,

u

fétichiste,

u

dandy

t du

critique

ui-même.

out en

es

suscitant travers es essais uccessifs

t formellement

ndépendants,

'est

en

référencees uns

aux

autres

u'AGAMBEN

claire eursdifférents

omporte-

ments. e rapprochement,tonnant,eut-être,u premierbord, efonde ur

un

rapport

omparable

e

ces différents

ersonnages

l'objet

de eurdésir.

Se

situant

n référence

la

théorie

acanienne

u

désir,

tanze

est

en

effet

le

lieu

de

'analyse

'un

ype

articulier

e

rapport

u

sujet

son

objet

petit

a

.

Le

mode

de

jouissance

des

personnages

utour

desquels

e

bâtit

'ouvrage

e

singularise

ar

e fait

u'ils

ituent

'objet

désiré

la

fois

omme

antasmatique

et

donc

mpossible

étreindre

t comme

perdu',

ui

donnant

ar

à

même

t

a contrario

n

ancrage

ans e

réel.

Ainsi

'objetperdu

du

mélancolique,

e

poème,

e

jouet,

'œuvre

'art,

es

choses

telles

qu'elles

apparaissent

hez

Rilke

ou chez

Baudelaire,

e

symbole

ou

la

métaphore

euvent-ils

tre

nalysés

ur

e

modèle

e

l'analyse

reudienne

137

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du fétiche:e sujetouitaveceux d unobjetsitué u pointde onctionde la

réalité

t

du

fantasme,

substitut

ui,

dans e cas du fétiche

st

et

simultané-

ment

n est

pas

le

penis

maternel.

est

dans

cet

entre

deux

que

définiteur

objet,

dans cette

troisième

ire ,

«

distincteussibien

de la réalité

sychique

intérieure

ue

du monde

ffectif

ù

vit individu

que

se situentes

person-

nages

onsidérést

que

se trame

e travail

Agamben.

On

soulignera,

our

ce

qui

nous

concerne

lus

directement

ci

qu Agamben

rétablit,

extes

l appui,

a

perception

u caractère

ssentiellement

quivoque

de

la mélancolie

ar

e

Moyen-Age

t es Pères

e

Eglise.

n effet

ouvrage

e

Klibansky, anofsky t Saxl (« aturn nd Melancholy) onsidéré omme e

texte

de

référence

ur

e

sujet,

malgré

out intérêt

u il

présente

vait urtout

présenté

e caractère

égatif

e

a mélancoliemédiévale.

La

partie

entrale e

Stanze

e

construitn

vue de

a

présentation

e

enjeu

véritable

e

la

poésie

du

dolce

Stil novo :

l exploitation

e la

dimension

fantasmatique

e

l amour

et

son

accomplissement

ans la

parole

poétique.

La

perception

médiévale

u

caractère

rréel

e l amour

st miseen évidence

travers

ne

exposition

ont

on

soulignera

a

clarté

-

n excluant

as

pour

autant

a citation

irecte

es auteurs

n

question

de

a

théorie

médiévale

e

l imaginationelle

u elle

emet nplacedans interprétationAristote.ette

théorie

st

ensuite esituée

ans

son

contexte

hilosophico-médical

on sait

combien

l est artificiel

e

ne

pas

prendre

n

compte

analyse

médicale

es

phénomènes

orsque

on

parle

de

philosophie

édiévale et

donne occasion

d une

présentation articulièrement

clairante e

la

doctrine

u

pneuma

partir

de Dioclès

de

Caryste.

r

c est

dans

e

cadré de cette

pneumatologie

médiévale,

a nature

pirituelle

u fantasme

tantentendue

u

sens

ittéral,

qu Agamben ropose

ne

relecturee

Dante

t

des

poètes

du dolce

Stilnovo .

La revalorisation

e la

dimension

antasmatique laquelle

ls

travaillent

es

conduit

non

à chercher n

remède

la

maladie

d amour

amor

hereos),

mais

à

exploiter

on

erreur

imagination

t

à faire

e sa dimension

antasmatique

la

matière

oétique

elle-même. insi

a

poésie

du

Xfflème iècle se

fait-elle

le

topos outopos

«

le

désir

célèbre... a

joyeuse

et

inépuisable

nion

spirituelle

vec

objet

imé .

Et

c est ce

topos

outopos qu Agamben evendique

ujourd hui

omme

le

lieu de

la

critique

t des

sciences umaines.

i

philosophie

i

poésie,

a

cri-

tique

se

situe au

creux même

de

la

scission

e

la

parole

occidentale

à

« sans représenteri connaître, lle connaît a représentation». insipour

tendre ers et « en

arrière

u

delà

»

de a

métaphysique

ont

parle

Heidegger,

la

critique

e

doit

de ne

pas

être

une

pensée

de la

dualité

pparence/essence,

138

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signifiant/signifié...

ais,

u

contraire,

e l entre

deux,

du «

jeu topologique

des ointurestdes articulationsquisur eplande la sémiologie,arexemple,

la

conduirait s arrêter

urce

qu Agemben

ésigne

omme

la

barrière

ésis-

tante la

signification

.

L ouvrage

d Agamben

st

dynamisant

e

par

es

perspectives

u il

ouvre

t

l approche

nouvelle

qu il propose.

Une telle

conception

e la

critique

st

évidemment

luridisciplinaire

ou

par

delà

es

divisionsn

disciplines).

a

réfé-

rence

l ensemble

es sciences umaines

u

sens

raditionnel

u

terme

u elle

implique accompagne

une

largeur

u

champ emporel

investigation:

e

Platon Marcel

Duchamp

n

passant ar

Vincent

e

Beauvais,

ilke

u

encore

des personnagesevendiqués unefaçonmoinshabituelle ar a critiqueun

chapitre

e

l ouvrage

st consacré

u Beau

Brummel... n ne

peut

pas cepen-

dantne

pas

noter absence

e

figures

émininesans

a

position

u

personnage

«

désirant

. Il

reste

savoir

ffectivement

uelle

place

on

peut

eurfaire

enir

en

référence

la théorie

reudienneu fétiche...

Il

faut

remercierves

Hersant e

nous

avoir

donné occasionde lire

en

français

t dansune traduction

e

qualité

n

ouvrage

ussi

mportant.

C.L.

Françoise

Paul-Lévy, hypothèse

éo-féodale

Scarabée

nternational °

1,

printemps

2.

Dans

un

article

ont

essentiel

ate

de 1

980

(le

n° 1

du

Scarabée

nter-

national,

ù

cet

article

e

trouve,

st

daté

printemps

982),

Françoise

aul-

Lévy

essaie

de

discerner

i

les

références

u

Moyen

Age,

t

plus

spécialement

à la

notion

de

féodalité,

ui

deviennent

ombreuses

e nos

ours,

ont

un

trait

significatif

e

notre

ociété.

Si

les

renvois

u

féodalisme

et

l article ite de

nombreux

xemples

ne sont

pas

témoins

une

tendance ù

l on

puisse

entir

une

cohérence,

t

une

force

riginale. partir e là, si « l hypothèse éo-

féodale

ne

permet

as

de

comprendre

es

aspects

ondamentaux

u

devenir

social.

139

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Les deux xes

de

cet ntéressant

rticleont

'économique

t e

sociopolitique.

Aprèsavoirmontré ue la notionde féodalitéou féodalités) éapparaissait

commeun

modèle

xplicatif

ubreptice,

compris

ans ces

institutions

épu-

blicaines

ui

sont

nées

contre

lle,

F.

Paul-Lévy

écrites différentesentatives

faites

ar

des

historiens

dont

Gimpel) our

trouver ans e féodalisme

n ou

des

schèmes

xplicatifs

e notre

ropre

space

conomique

t social.

Les

princi-

paux

angles

ous

esquels

lleaborde a

question

ont les

rythmes

e

développe-

ment

echnique

les

statuts

ormel t informel e

la main-d'œuvre

es

espaces

économiques

nternationauxt

locaux

en

face

des

nationaux;

e statut

de

l'individualité

t l'orientation e l'individu elon des

groupes,

'idéologie

de

«l'enracinement».Elle ne négligepas «l'inscription»de ces axes dans

l'espace

oncret,

t

parle

notamment

'architecturet d'urbanisme.

A

travers

es

domaines 'auteur

pense

ire

des

signes

ssez nombreux

t

surtout ssez nettement

onvergents

l'un

des

pôles

serait 'éclatement

e

l'état-nation)

our

montrer'utilité

euristique

e

'hypothèse

éo-féodale.

Cet

article

'ayant

as

d'autre

rétention

ue

de

présenter

ne

hypothèse,

il

n'a

pas

à

susciter

e réaction

olémique.

'auteur

'inclut 'elle-même

ans

la

série

des

témoignages

ui,

convergents,

ermettent

certaines

robléma-

tiques ontemporaines

e se réfléchirans

ce

qu'elles

pensent)

es

probléma-

tiquesmédiévales; t sa positionheuristique 'est manifestementas, par

exemple,

elle

de

R.

Pernoud,

u'elle

cite.

Peut-êtreeraitil

ntéressant,

lutôt

que

de

les

prendre

n

masseou

selon

eurs

hèmes

avoris,

'organiser

outes

ces

«

problématiques

réfléchissantes

elon

e

type

de

réflexion

u'elles

ont,

le statut

u'elles

donnent u

miroir

médiéval. eut-être

ela éviterait-ilux

uns

et aux autres

de

ne

«

prendre

ans

e

MoyenAge

»

que

ce

qui

les

arrange,

comme n

pillait

u

siècle

précédent

a

Grèce

u Rome elon on

goût.

Car

cet

article,

'il insiste

vec

raison ur

e fait

que,

quand

bien

même

l'hypothèse

erait

ondée,

e

MoyenAge

ne

serait

oujours ourtant

u'alibi

t

qu'en

somme 'est notre

emps ui

importe

t ce

qu'il

saitfaire e

lui,

cepen-

dant

l'auteur

ombe dans le

piège

où les

gens

de miroir

ombent

ouvent:

malgré

a

prudence

ne

parler ue

de

tendances,

algré

on évident ésirde

ne

pas

être

dupe

du

Moyen

Age

qu'elle

voque,

.

Paul-Lévy

emble roire

ue

le

MoyenAge

était

un,

au fond

ohérent ansson

ncohérence,

t

en cela

bon

outil à

penser.

Rien

n'est moins

ûr Ne

plus

dire

du

Moyen

Age qu'il

était

uniment arbare t

«

gothique

,

c'estune chose

y

chercher

n

modèle,

même

modéré

n'est-ce

as

marcher l'enversur

es mêmes races

Et

s'il

n'y

avait

pas

de

leçon

du

MoyenAge

?

S'il

n'était e

palèo

d'aucun

néo,

ni

la serre

'aucune

tructure

ransportable

A

quoi

sert

lors e

Moyen

Age

?

140

F.J.

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Umberto

co,

Le Nom

de

la

Rose

Trad.

chisano,

rasset,

982.

Dès les

premières ages,

nous voici entraînés ans un

univers

nvoûtant,

dont on

ne sortira

regret

ue

grâce

à

la fin

pocalyptique

maginée

ar

l'auteur...

Tout

se

passe

en

1327,

dans

une

abbaye

bénédictine,

vec en toilede

fond

des

querelles

olitiques

ntre a

Papauté

et

l'Empire,

es luttes raticidesu

sein de

l'Église,

es

prédicateurs

rrants.

u

cœur

e

'abbaye,

a

bibliothèque,

au centrede

l'histoire,

es

livres,

ivres

achés,

ivres

dangereux

e

par

la

science

qu'ils

contiennentt

que

le

labyrinthe

e la

bibliothèque

rotège

es

curieux. L'ordre- du temps,de l'espace,des hommes qui règnedans

l'abbaye

st oudain

roublé

ar

des

morts

mystérieuses,

u

moment

ù doivent

se

réunir,

n

ce même

ieu,

pour préparer

ne tentative

e

conciliation,

es

partisans

u

Pape

et

ceux

de

l'Empereur.

'Abbé

charge

'enquêter

ur

ces

crimes

frère

Guillaume

e

Baskerville,

enu

pour

organiser

a

rencontre.

e

franciscain

nglais,

x-inquisiteur,

ui

mâchonne

arfois

es herbes

magiques,

est

un

personnage

ascinant,

mi d'Ockham t

grand

dmirateur e

Roger

Bacon,

avec

qui

il

partage

a

foi

en

l'empirisme

t

en l'avènement u

temps

des

machines. l

est secondé

par

son

secrétaire,

e

novice

Adso de

Melk,

ui

nousnanecettehistoire.

Telle est

l'intrigue,

ui

nous

perd

par

ses

rebondissementst

les

fils

de

l'histoire

'emmêlent

t

nous

emmènent ans

des

voies

multiples.

n côtoie

des

personnages

tonnants

omme

Nicolas,

e

Maître

Verrier,

abriquant

our

Guillaume

es

oculi ad

legendum'

lunettes),

éverin

'Herboristeu le vilain

Salvatore,

ui

parle

a

langue

de

Babel

et fait

ntrer

ans

'abbaye

e seul

élément

xtérieur e son

fonctionnement

utarcique

ne

lui fournit

as,

la

femme,

ci

bien

sûr

orcière t source

du mal.

Des moines

tudient,

ravaillent

ou

prient,

mais aussi

se

délectent

es

plaisirs

e la

table,

uccombent

leurs

désirs harnelst ne résistent

as

à certainesuriosités

ui pourtant

esentraî-

nent

à leur

perte.

On voit

un

Inquisiteur

outer e

ses

méthodes

t

un autre

les

employer

ans

scrupules

our désigner

e

coupable ue

réclame

a situation.

Des

luttes

our

e

pouvoir

irigent

es actions

'hommes

ui

avaient

onsacré

leur

vie à

l'amour

désintéressée

Dieu. On entend

iscuter

ur

es distinctions

entre

ien et

mal,

science

t

magie,

xtase

harnelle

t

extase

mystique,

ur es

rapports

ntrenoms et

choses,

ffets t

causes

ou

encore

ur a

nature

e

la

pauvreté.

out est mêlé dans

cette

fresque

médiévale,'histoire,

es

symboles,

les idéesreçues, a fiction. eu importe Chacuny reconnaîtra songré es

clins

d'oeil et

allusions,

ui

renvoient

out

autant

ux

tempspassés

qu'aux

temps résents.

es

questions

ontde

toute

façon

ternelles:

igne

uste,

rtho-

141

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doxie,

déviation,

in

et

moyens,

ectarisme,anatisation,

évoltes,

iolences...

Et au

cœur

de

l'intrigue

e ce livre

lein

d'humour

t

parfois élirant,

a

ques-tiondu

rire,

e

propre

e l'homme omme hacun

ait,

mais

pour

ertainsne

invention

iabolique.

La succession

es

sept

morts t

leur ordonnancement

ymbolique

gare

l'enquêteur.

e monde 'exhibe

ar

des

signes ue

la raison

ans a

prétention

croit reconnaître

mais

dont

le

sens se révèle

plus parfaitement

l'homme

simple

dans son

délire

leçon

d'humilité

our

Guillaume

ui

sortira

ainqueur

d'unterribleombat.

Le Nom

de la

Rose est

un roman el

qu'il

estdifficile'en

parler, uelques

mots nepouvant rétendren résumeresmultiplesacettes i surtoutxpri-

mer

e

plaisir

norme

u'on

a

eu

à

le lire

t e

relire...

Irène

ROSIER

Au

cœur

d'une

mystérieuse

bbaye

énédictinee l'Italie

du

Nord,

e dresse

le

donjon

qui

contient a

Bibliothèque,

la

plus

grande ibliothèque

e

la

chrétienté

(p.

496),

sévèrement

lose,

ù

seul

pénètre

e

Bibliothécaire.

C'est 'endroit

ue l'intelligence

ucide

de

Guillaume

e

Baskerville

choisi

pour

organiser

a

rencontrentre ranciscains

t

partisans

u

pape

avignonais

JeanXXII contre es

derniers,

'Empereur

outient eux-là.

Mais

es conflits

extérieurs,

u'abrite

'abbaye

en cette emaine

e fin

novembre

327,

redou-

blent

'intrigue

ntérieure,

lusieurs

meurtres

ui

désignent

e

Labyrinthe

e

la Bibliothèque,tplusprécisémentn Livre ecret...

Franciscain

e

grand

avoir t

grande xpérience,ccompagné

e

son

disciple

et futur

elateur

dso-Watson,

uillaume

e

Baskervillee

trouve

onfronté

aux

complexités

u

Siècle,

à celles

de

la

Foi,

à celles

de la

Nature,

t

finale-

ment cette

ntrigue

majeure:

'univers es

Signes,

e

Livre,

es livres.

l

se

débat avec chaleur:

je

trouve

mon

plus

grand

laisir,

ma

plus

grande

oie

à

démêler

n bel

écheveau ien

nchevêtré

/

400).

La

grande

éussite u Nom de la

Rose

est

de

montrerxcellemment

om-

ment

'imbriquent

e

débat

politiquela

volonté

ranciscaine

e

pauvreté

mal

social et

hérésie)

t le

théologique

est

'autorité,

t le

partage

xact entre

le mondain t

le

spirituel)

ans

'urgence

e

la

pratique

à travers

a

variété

142

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des

discours t

la diversité

es

signes,

'urgence

même

uppose

ne vérité

ra-

tique.Guillaume écouvre la fin e livre,mais urunraisonnementiseauté

et

quand

l e

découvre,

l

n'a

plus

besoin raiment

e

'ouvrir.

La

conclusion

st,

emble-t-il,

elle

des

mystiques:

'est

e

parcours ui

crée

son

but,

a

foi

qui

fait a

prière

a révélationst

une

méthode,

t

Guillaume

st

bien

un

franciscain. ais entre

Guillaume,

mi

d'Occamet

disciple

e

Bacon,

et celui

qui

dans

'ombre randit

'Apocalypse

t

dit

«

moi

e

sais

que

telle tait

la

volonté du

Seigneur

;

entre

Guillaume,

éfenseur

rudent

es

simples,

connaisseur

n

lunettes t

boussoles,

moraliste

ui

dit «

je

me suis

comporté

en

homme

bstiné,

oursuivant

n simulacre

'ordre,

uand

e

devrais

ien

savoir u'il n'estpointd'ordre ans 'univers et l'homme ecret ui défend

l'approche

de

la

Bibliothèque

t du livre

ecret ar

de lui

«

pourrait

aître

la

destructive

spiration

détruire

a mort travers

'affranchissement

e

la

peur

;

enfin

ntreGuillaume

ui

doute et

qui poursuit,

t

celui

qui

saitet

qui

se

tait,

'est bien d'une

épopée

de la

Vérité

u'il

s'agit.

our

Guillaume

e

Baskerville

omme

our

'auteur e

a

Structure

bsente

t de l'Oeuvre uverte

le réseau

des

explications

u mondene

se

referme

as

sur

e

monde,

l

e diver-

sifie,

l

l'ouvre,

l e

développe.

Caractéristique

n cela du climat

hilosophique

e

cettedeuxième

moitié

du XXèmesiècle, e livre

ui

apparaît

d'abordcommeune sortede version

romanesque

e la

Bibliothèque

e

Babel

l'influence

e

Borges

été

pluspro-

fonde ncore

n Italie

qu'en

France)

montre

ue

la

Croyance

la Vérité st

précisément

'Erreur

que

le

vrain'est

pas

au

terme 'un débat

contradictoire

entre rai t

faux,

ar ce n'est lors

u'un dogme,

mais

une nnombrable

our-

suite.

Chez les

mystiques,

u

dans

cette formeminimale e

mystique u'est

e

messianisme,

eligieux

u

civil,

'est ce rebord

ltime

uoique

encore

venir,

cette orte

d'urgence

atente

«

la

hâte»,

ainsi

Guillaume éfinitil 'ambiguïté

dangereuse

u

mystique),

ui

fonde a

coïncidence

ntre éelet vérité le

réel

est

signe

e la vérité

venir,

e

réel out

ntier,

ranshistorique

st

projeté

vec

force ur

'écran

inal

e

a vérité

nhistorique.

Mais

pour

le

sémiologue

uillaume e

Baskerville,

rand

iseurde

signes

ils sont

a

seulechose dont

'homme

ispose

our

'orienter

n

ce

monde

,

p.

497),

nul

signe

ne

vaut

par

lui-même,

omme

un

projet

qui déparerait

l'homme «

un

livre

st fait

e

signes

ui

parlent

'autres

ignes,

esquels

leur

tour

parlent

es choses.

ans

un

œil

qui

e

lit,

un

ivre st

porteur

e

signes ui

neproduisentasdeconcepts,tdonc l estmuet (p. 402). « La vraie cience

ne

doit

pas

se

contenter

es

idées,

ui

sont

précisément

es

signes,

mais

elle

doit

retrouver

es

choses ans

eur

vérité

ingulière

(p.

324).

143

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Ce

roman

istorique

st

un

roman

hilosophique

arce

que

les événements

sont

es

éléments

'une

ecture,

'un

déchiffrementGuillaume

t Adso à

la fin

trouvent

e sensdes

cryptogrammes,

e

repèrent

ans e

Labyrinthe,

rouvent

le

Livre maisce déchiffrementst

un

roman

arce

ue

les

éléments

u code

étaient

utant 'obstacles

inguliers,

out omme a vision ociale

de

Guillaume

cherche

a

réalité ans

a réalité e la

singularité

« Les

simples

nt

quelque

chose

de

plus que

les docteurs

...)

ils

ont 'intuition

e

'individuel.

...)

Bona-

venture

isait

ue

les

sages

doivent mener une clarté

onceptuelle

a

vérité

implicite

ans

es

gestes

es

simples. (p.

210).

Les

«

jours

du Nom

de

la Rose

ne

sont

pas

des

ournées

'Hepta

ou de

Décamérondupremieru septièmeourse fait 'initiation u narrateurdso

et

d'une certaine

açon,

vec

ui,

celle

du

ecteur. e lecteur

pprend

vec

Adso

les subtilités

olitiques,

héologiques,

hilosophiques,

ù

se débatGuillaume

t

se fait e roman:

la fin

Adso,

comme

ar

hasard,

onne es indications

ui

mènent

Guillaume la vérité.

t

un dernier

ransport

ène

Adso à la

formula-

tion

p.

497)

de la vérité

ratique,

'espoir

arcellaire

t mouvant

ui

coïncide

avec

la

possibilité

ubstantielle

e la

pratique,

u

d'un

registre

e la liberté:

le roman

'achève.

Tous

les

éléments

e

notre

ulture,

crivait .

Eco dans

l'Oeuvre uverte

1962,

trad.

fr.

1965,

p.

140),

ne

sont-ils

as

une nvitation

à concevoir, sentir,t finalementvoir lemonde uivanta catégoriee a

possibilité

»

Entre 'œuvre

héorique

e Eco et

son

roman,

uantité

e

liens e

tendent.

Dans

l'Oeuvre

uverte

p.

311),

l'auteur

appelle

a réflexion

e

Lévi-Strauss:

«

les

structures

'apparaissent

u'à

une

observation

ratiquée

du

dehors

C'est

cette réflexion

ui

fait

ue

Guillaume

rganise

ne

rencontre

olitique,

comprend

e

Labyrinthe,

t

peut

lire le Livre

ans

'ouvrir.

'est

ce même

principe

urtout

ui

permet

'invention

e

l'intrigue

etroflexe,

elle

de

'énig-

me

on

comprend

a malicieuse

évérence,

ès

es

premières

ages,

de

l'auteur

à ConanDoyle.Mais ciunproblèmeurgit.

Les

pages

278-283 de

l'Oeuvre uverte

«

la

poétiquehispérique

),

consa-

crées

au

Finnegans

Wake

sont

déjà

une

description

e

la

Bibliothèque

on

y

retrouvees mêmes

ivres,

es mêmes itations.Mais

le

Joyce ue

décrit co

en

1962,

«

le dernier

es

moines

du

Moyen

Age,

enfermé

ans

son

propre

silence...

ressemble

avantage

u

Bibliothécaire

ecret

e

qui

Guillaume

it

à

la

fin

u'il

est

e

diable;

et

l'univers

sotrope

op.

cit.

p.

275)

de

Finnegans

Wake

qui

peut

s'interpréter partir

e

chacun

de ses

points,

essemble u

Labyrinthe

e la

Bibliothèque,

on

pas

au Nom de

la Rose

qui

est

bien

à

une linéarité

émonstrative,

êmes'il éclot

peu

à

peu

dans a discursivité

contractée

'un

universel

e la méthode.

144

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«

Que

Dieu

te

bénisse,

Adso

dit-il.Mais bien

sûr,

uppositio

materialis,

il fautprendree discours e dicto tpas de re... (p. 463). Tournant écisif

de

'intrigue,

ui

révèle Guillaume

omment

énétrer

ans

e

«

Finis

Africae

,

et

se retrouver ace

à face

avec

le livre

ultime,

t

son

Bibliothécaire. use

pivotant

ur

un double

mouvement

c'est

en lisant

e

discours

u

pied

de la

lettre,

n

rendant

u

mot son

objectalité,

nfin u moment

ù le

mot-signe

s'efface

devant

e

mot-chose,

ue

s'efface e

miroir-paroiui

nous

séparait

encore

du but.Mais

c'est

parce

que

l'anecdote

asardeuse

'Adso,

mpruntée

à

Salvatore,

n

simple,

st

rapprochée

ar

Guillaume

'un

aspect

de

'énigme,

que

celle-ci

'en

trouve ésolue.

e fait

ndividuel,

etrouvé

t

élaboré

ar

Adso,

utilisé arGuillaumeui endéduit ncode,est devenu nedeseshypothèses

efficaces,

a

dernière.

l

n'y

a

de

codes,

qu'internes

l'univers

es

signes.

Mais

où aboutit

on,

vec

cet

ultime

échiffrement

Certes,

es

obstacles

osés

par

l'homme

'écartent,

t

peut

avoir

ieu

e véritable ace

à.

face,

mais

ce

face à

face concentre

'opposition

ui parcourt

out

e

livre:

'opposition

ntre ode

et

langue.

Quand

Guillaume

n

effet

isait

ue

c'est

a condition

es

simples

qui

précède

'hérésie

p.

205)

et

non

'inverse,

u

quand

six

pages

plus

oin l

dit

«

pour

a conduite

es

affaires

umaines,

l

ne

revient

as

à

l'Église

mais

l'assemblée

u

peuple

de

légiférer

,

ou

quand

l

uge,

comme

dans

cette

pre-

mièreformuleue nous avonscitéede lui, qu'il peutexister nerationalité

sans

totalité c'est

bien

e

règlement

es

comptes

ntre

odeset

angues.

ntre

systèmes

ermés

e

signes ui

ne

peuvent

ue s'opposer,

'accuser

éciproque-

ment

'hérésie,

t

systèmes

uverts

e

signes

rovisoires.

Pages

211

à

213,

puis

p.

497,

Guillaume

evient

ur

e

qui

est

on

indépas-

sable contradiction'

l'individuel,

eulrebord

e

vérité,

'oppose

la

nécessaire

généralité

es

lois

efficaces,

t

l'individu labore

des lois fausses

ans eur

généralité

our

aboutir

uand

même

à

des

singularités

fficaces.

a

vérité

comme

notion

ne doit

être

que

l'humble

util des

vérités

e

fait

forme u-

blime esthèses e

François

'Assise

Nous

serions

entés,

our

finir,

'impliquer

'œuvre

lle-même

'Umberto

Eco dans ce débat

Vérité/vérités.

uand,

en

appendice

e l'édition

rançaise

de l'Oeuvre

uverte

p.

306,

il

aboutissait identifier

on dée d'œuvre

uverte

à

une

abstraction

pératoire,

n

voit

bien

maintenant

ue

cette

dernière

st

la

longue

onquête

e

Guillaume

e

Baskervillemaistandis

ue

Eco

tente

n

1962-1965

d'en décrire e modèle

le

concept

de

modèle

avait

alors

grande

faveur n

Europe),risquant

chaque

nstant

e

retomber

ans e

code

de

ce

qu'il décrit omme angue, 'exposantdonc sanscesse à devoir n reparler

le Eco

romancier

e

1980 trouve

e

moyen

d'impliquer

e

reparler

ans

a

145

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parole,d'inscrirea problématiqueu parler ans un mode spécifique e la

durée:

ce

moyen,

'est

précisément

e

roman.

'indépassable

ontradiction

st

cellemême

e

la

parole.

F.J.

P.S. Peut-être

st il

utile

de

rappeler

ue

Bacon,

i

souvent

voquépar

Guillaume,

est au

centre

'un

roman

e

Cowper

owys,

hebrazen ead

1956.

146

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