medievales - num 3 - janvier 1983.pdf
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MEDIEVALES
Revue
semestrielle
ubliée
avec le concours
du Centre
de
Recherche
e
l Université
e Paris
VIII.
COMITE
DE
REDACTION
-
M
1 1
François-Jérôme
EAUSSART
Jlļ ļ|L|
~
tj
Ber^
Orlando
de
RUDDER
||Sjy
J
Imļ
DIRECTEUR
DE
PUBLICATION
Wwjñ
Jr|
¿_V
T~
Orlando
de
RUDDER
-
/
■
Le umero
particuliers
0.00Biblio..
nstituts40.00.
Abonnemente:
numéros
particuliers
50.00.
ibi.
nstituts
70.00
Les
èglements
ibellés
ordre
e
agem
omptable
e Université
e
Parisili
ublication
ed..
CP 13745
Parisontadresser
MEDIEVALES
Centre
e echerche
niversité
arit
III
2,
uee a
iberté
93526
aUM-Denis
edex2.
Les manuscrits
dactylographiés
uxnormesabituelles,oiventtre
envoyés
ndouble
xemplaires
:
Orlando
eR
UDDER
F J
BEAUSSAR
13,
assage
atbois
ouà
7.
rue
es
Remparts
75012 ARIS
02220
RAINE
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SOMMAIRE NO 3
/
JANVIER
983
TRAJECTOIRES DU
SENS
Page
ÉDITORIAL
3
LA
PEAU
ET SA PATHOLOGIE:
Langage
u
corps
t reflet
e la
pensée
médiévale
SophieCastera 8
ÉCRITURE
ET
IMAGINAIRE
U
RÊVE
DANS
LE
«
LANCELOT
EN PROSE
»
Mireille
emaules
18
«
L EFFET
CAMÉLÉON
Contact
ntre
honétique
t
sémantique,
raduction
t
transcription
dans
e
lexiquebotanique
Avicenne
t Gérard
e
Crémone.
François
acquesson
28
DU MÉLOSA LANOTE Lesnotationsmusicalesu
Moyen
Age
Annie
Dennery
40
CANTIGAS
D AMIGO
ET
CHANSONS
DE TOILE
Irène
Nunes
55
LE
VOCABULAIREAMOUREUX
DANS LES TRISTANS
Dominique
Gehanne
68
«
DU
CHAITIVEL OU
DES
QUATRE
DOLS
»
Ghislaine arout 76
LES MOYEN
AGE
ROMANESQUES
DU XXème IÈCLE
Michèle uerd
89
POUR UNE
HISTOIRE
DE LA
LECTURE
Orlando e
Rudder
97
ÉDITION
DE
TEXTE
« De la
nonain
ui
menja
a
fleur
u
chol
ou
li deables
estoit
mis,
i
qu ele
devint orsdu sens
Christine
ichi
111
NOTES
DE
LECTURE
136
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EDITORIAL
Le
Moyen
Age
est
à la
mode.
Point n'est besoinde s'attarderur
cette
affirmation
ue
l'évidence
es
faits
rend
presque
banale.Les
animateurs
e
la revue
MÉDIÉVALES
qui
tentent
modestement
e
prendre
eur
part
dans
la
promotion
e
cette
poque
ne sauraient'en
plaindre.
ourtant et
engoue-
mentdu public- et mêmedu grandpublic- invite uneréflexionur a
nature
même
de
cette
mode.
Le
MoyenAge
à
travers e
qui
s'écrit
ur ui
semble
tredevenu
amilier
tous
trop
familier
eut-être
dissimulantinsi
que
cette
période
e notrehistoire este
ncore
biendes
égards
nsaisissable
opaque
étrangère.
e
serait-ce
as
d'ailleurs ette dissimulation
ême
ui
rendrait
ossible
a
popularité
u
MoyenAge
? Est-ce
pécher
par
excès
de
scepticisme
ue
d'affirmer
ue
ce
que
le
grand ublicy
rechercheessemble
un
peu
à
ce
que
nos
grands-parents
echerchaientans es
<r
écits
'aventures
et
d'explorations
parmi
es
peuplades
sauvages
dont lsdécouvraientvec
un émerveillementeintéde
mépris
es coutumes
tranges.
a
description
anecdotique,
e
fait
brut le sensationnel
acile
emplaçant
'analyse.
ce
mode
de
perception
ontribuent
n
certain
ombre
e
textes
ontemporains
Des
romans
des
œuvres
e
fiction
bien
sûr,
mais
n
est-ce
as
surtout travers
es
ouvrages-là
ue
le
grand
public
connaît
croit
connaître
le
MoyenAge
plutôt
ue
par
a
lecture ssidue
des
essais t
des
travaux niversitaires
emar-
quables
que
cette
poque
suscite
epuis
uelques
nnées
Est-ce
aire
a
fine
bouche
que
d'affirmer
u'on
assiste
ctuellement une
dangereuse écupéra-
tion à un détournementdes finspurementommercialese certaines e
ces
études
L altérité
aie
Surtout
uand
elle est réduite
ses
manifestations
es
plus
spectaculaires
circonscrite son
«folklore
,
rendue
mmédiatement
aisis
sable
par
des
jugements
e valeur
écurisants.
e
paradoxe
du
fantastique
renouveau es études
universitairesur e
Moyen
Age
de ces dernièresnnées
réside
sans
doute dans le
fait
qu'involontairement,
lles ont
rendu
possible
l'apparition
'une nouvelle
atégorie
e
<r
omans
istoriques
à
prétentions
scientifiques
ont
e
défautmajeur
st
de
se
présenter
omme
es documents
objectifs ur l'époque dans laquelle ls se situent. rocédépublicitaireour
le
moinscontestable n ce
qu'il
laisse entendre
ux
lecteurs
ue
la
fréquen-
3
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tationde ce
type
de textes
peut
lui
faire
aire
'économie e
ceux
qui
sont
censés eur voir ervi efondements.
Et si la
merveilleuse Tour
de
Nesle d'Alexandre
umas n'était
n rien
préjudiciable
la
connaissance
u
Moyen-Age
et
pour
cause
-
il
se
peut
que
la
«
Chambre
es
Dames le
soit.
Ceci
étantdit il convient
e ne
pas
minorer
'intérêt
ue
suscite ussi et
fort
heureusement
la
recherche
cientifique
uprès
u
public.
Beaucoup
d'ou-
vrages
pourtant
ifficiles
'accès débordent
argement
e cadreuniversitaire
leurs
irages
n
témoignent
et
ont
su trouver
e
nombreuxecteurs
armi
es
non
spécialistes.
ourtant
à ce
our
seules a recherche
istorique
t des
disci-
plinesproches e celle-ci nt su obtenir e privilège.l est ndéniableue la
production
ittéraire édiévale à de
très
ares
xceptions rès
demeure
n
domaine
tranger
our
le
plus
grand
nombre. ette
familiarité
voquéeplus
haut
ne
peut
certes
as s'appliquer
ux
textes
crits
endant
e
Moyen
Age.
Et la notion
'alt rité
eprend
ci toute
a
force.Qui
veut
ccéder
irectement
à
cette
ittératuree
trouve
onfronté
un
problèmeinguistique.
'«
Ancien
Français
comme
n
l'appelle
stune
utre
angue.
l
n
est
as
apparemment
directement
isible.
Mais est-ce
our
cela seulement
u'il
décourage
u rebute
le lecteur
e bonnevolonté
I es étudesconsacrées la littératureédiévaleusqu'à unepériode ssez
récente
présentaient
ne tendance
ffirmée
n
border
elle-ci
ue
sous
son
seul
aspect
philologique.
l est d'autre
part
difficile
e ne
pas
remarquer
le statut
articulier
es écrits u
Moyen
Age,
statut ensiblement
ifférent
e
celui
traditionnellement
ttribué
la littérature
lassique.
e
plus
l'approche
directe
des
textes
tait
fort
difficile
u
fait
même
de
la
spécificité
e leurs
conditions
e
production.
l
est
peine
aricatural
'affirmerue
la
littérature
médiévale
à
quelques
exceptions
rès
ne
fait
pas
vraiment
artie
e ce
qu'il
est
convenu
'appeler
a Littérature.
urieusement,
a
faute
n
revient
eut-être
à ceux-làmême ui l'ontfaitconnaître. es spécialistesu débutde ce siècle
semblaient
arfois
manifester
son
égard
ne
certaine
méfiance
voire
même
n
relatifmépris.
n
se
souvient
e
l'un
d'entre ux
et
non
des
moindres
quali-
fiant
Marie
de Francede
«
poétesse
un
peu
grêle
L
objet
de leurs
tudes
était
illeurs
t
tandis
u
"ils
rononçaient
es
ugements
sthétiques
ort
eu
rigoureux,
es
chercheurs
nalysaient
rès
cientifiquement
es
faits
e
langue
t
construisaient
ne
grammaire
partir
e
ceux-ci.
On
peut,
dans
une certaine
mesureconsidérer
ue
l'approche
niquementhilologique
e
cette
ittérature
a
pu
empêcher
e
s'interroger
ur es
qualités
sthétiques
à
priori
égligées.
Ce «
syndrome
philologique , de même,marqué a conception es
éditions
e textes
médiévaux,
onstituant
eux-ci
on
pas
en
objet
d'art
mais
4
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en
outil
de
travail ssentiellement
estiné ux chercheurst aux
spécialistes.
En témoignee dilemme ù tend s'enfermera
majorité
esœuvres ditées
jusqu'à
une récente
poque
qui
sont
tantôt
es
«monstres»
construits
e
toutes
pièces
à
partir
e
plusieurs
ersions
tantôt u
contraire
ne
reproduc-
tion <t
idèle
,
presque
superstitieuse
d'un
manuscrit
lu.
La
spécificité
l'originalité
t
surtoutes
conditions
e
production
e la
littérature édiévale
nécessitaientans
doute
cela.
Pourtant
imagine-ton
ne telle
conception
e
l'édition es
œuvres
e
Rabelais
u
de
Montaigne
Notrevision
u
fait
ittéraire
directement
éritée
e
l'idéologie
omantique
intègre ifficilementesécrits uMoyenAge.Cetembarrasui saisitecritique
ou
le lecteur 'est-il
as
toujours erceptible
ans
certainsmanuels colaires
Le discours
ui s'y
tient
émoigne
e
l'impossibilité
'appliquer
ux
textes
médiévaux
es
schémas
raditionnels.omment
endre
ompte
du statut u
€
héros
,
de
celui
de
l'auteur
Que
devient a
acro-sainte
otion
e
<t
sycho-
logie
des
personnages
?
Où sont es <r
rands
ypes
humains
qui
caractéri-
sent
le
grand
crivain
Apparaît
onc
-
naturellementn
quelque
sorte
l'idée
que
ces textes
ont
mparfaits
inachevés
qu'ils
sont
a touchantemani-
festation
'une
enfance
e
l'art.
Ces
propos
ejoignant
est-ce ien
un
hasard
- ceux sur 'inachèvemente cette angue. t si 'histoiree la langue e résout
dans
l'histoire
'une
progression
e
celle-ci ers
'idiome
du
XVUe siècle
-
ta
Langue
Française
aboutissement
inal
rendu
possiblepar
ta
<r
upture
du
XVIe
siècle l'histoire
e
ta
littératuree terminera
vec sa
forme
a
plus
accomplie
le
Roman.
La
littérature édiévale
st
donc dans
cette
optique
un
<t tat de
littéra-
ture
comme 'ancien
rançais
st
un
«état
de
tangue
.
Point
n'est
besoin
de ta
connaître
ou
du moins
quelques
morceaux hoisis
uffiront
s en
aire
une
dée
Jugée ta mesure e nos critèressthétiquesla littérature édiévale st
illisible. t
l'obstacle
e
la
langue
facilement
urmontable
our
ui
veut ien
s'en
donner
ta
peine
-
n'est
pas
seul en
cause. Entièrementonstituée
e
clichés
de
redondancesde
répétitions
lle
n
était
our
es
écrivains
e
l'époque
classique
qu'une manifestation
e ta
barbarie e leurs
ncêtres.
st-onbien
certain
ue
cette
opinion
xtrême it tout
à
fait disparu
Est-il i
difficile
d'imaginer
ue
cette
opacité
inguistique
t
idéologique
rocède
implement
d'une
esthétique
utre
Le
temps
n'a
pas
blanchi
ta
littérature
édiévale
comme
l
Va
fait
des cathédrales
il
faut
'envisager
ans
sa
polychromie.
lle
est autre mais elle estaussinous-même.lle rejoint n cela le paradoxe u
Moyen
Age
si
proche
et si
démesurément
ointain. es
noms
de
Roland
de
5
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Tristan t
d
Iseult
ne sont-ils
as
connus
e tous
y
compris
e
ceux
qui
n'ont
jamais u leurhistoire Cette ltéritébien oind'être nobstacle sa lisibilité
devrait ous
permettre
e
modifier
otre
ttitude
is vis
u
fait
ittéraire
ans
son ensemble.
'est
à
cette
difficile
ondition eulement
ue
la littérature
médiévale
ourra
rendre
a
place
dans a
Littérature.
Le
succès e rééditionsu d'éditions
écentes e textes
médiévaux
a
présen-
tation
de ceux-ci n
ouvrages
ccessibles ont
le
signe
de
cette volonté
e
rupture
Cette
nouvelle
orme
e
diffusion
délibérément
estinée
un
public
de
non-spécialistes
loin d'êtreune
compromission
u
une
vulgarisation
n'est
riend'autre
que
le désir
e
rappeler
ette vidence
ue
les textesmédiévaux
comme importeueltexte ittérairesontavant outdestinés être us
★ ★★
La
diversitémédiévale 'est
plus
seulement
elle
des
textes
maiscelledes
lectures. ous n'en sommes lustellement découvrires textes aresmais
découvrir
a
rareté es
textes.
Nous
réapprenons
ou
apprenons
lire en
scru-
tant
nos
propres
elléitésnos
tentations
'apprendre,
os
raisons e lire.
Le
corps
ur a
surface
la
peau
comme
rodrome
t
symptôme
ou
bien
es
reflets
es
tréfonds
rêves t visions
L écritureu son et es
registres
e mélo-
die
ou
bien 'écriture
ccupée
à
transcrire
es exotismes
alphabets
e sons
de
musique
u de
sons
de
langue
Les écarts ntre es
genres cantigas
u
chansons
stades
t
stances
e
la
conviction
u
de
l'hypocrisie
réseauxdu
désir
dits
et
manques
u
texte
composent ependantun lexique mač syntaxe idéologie.Tristan t
Chaitivel.
Très
difficile
e
parler
u
Moyen
Age
Les débats
ue
soulèventes romans
médiévoïdes,
'agacement
ue
suscitentes modes
nous
mposent
e
auger
nos
intentions
de
resaisir os
lectures:
ous nous
observons
ans
e
Moyen
Age
il nous
fautreprendre
e
scrupule
'Abélard entre
'objet
ui
est et l'idée
qui
cherche
spéculer
au
sens
exact
-
sur e
MoyenAge;
nous
retourner
ssez
vite
our
aisir
otre
os
nos
faces
achéesdansce
reflet.
La RÉDACTION
6
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Sophie CASTERA
LA PEAU
ET SA PATHOLOGIE
:
LANGAGE
DU
CORPS
ET
REFLET
DE
LA
PENSEE
MÉDIÉVALE
«Ouvis
par
ert
i
esfondree
Dou
feu
d'enfer
ar
i
grant
age
Qu
elen
avoit
oint
e
visage
Ne
se n
avoit
e
nez
ni
bouche.
(...)
Des
le
menton
usques
s
ielz
De charn voitmye lain
Gertz
'esgardoyent
merveilles.
(...)
Les
denz voit i
desrivez,
Les
gencives
i
descarnees
Et
lesnarrinesi chevees
Que
tant
ar
ert
spoentable
Qu'ele
sambloit
n
vif yable.
Qui
l'esgardoit
n
mi e
vis
Il sambloit
ien
t
ert vis
Qu eledeüst esgenzmaingier.
(Les
miracles
e Nostre-Dame
Gautier
e
Coinci
I
Mir
4.)
En matière
e
pathologie
médicale,
es auteurs
u
13ème
iècle,
pécialistes
ou
pas,
ont
toujours
imité eur
approche
quelques aspectsparticuliers
e
la
maladie:
ffections
e a
peau,pathologie
e
'appareil
ocomoteur,
tteintes
des
organes
ensoriels,
olie et
gynéco-obstétrique,
elles
sont les
quelques
situations,
resque
l'exclusion e toute utre,
ue
meten
eu
la littérature
non
médicale. i les
médecins e manifestent
as
le
même
ouci
réducteur,
8
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les
chirurgiensrivilégient
ans eurs
raités,
'une
part
es
plaies,
ulcères
t
apostèmesabcès), de l'autre es fracturest luxations,ncadrante qu'ils
nomment
les
autres
maladies
.
Incontestablement,
ans toute
a littérature
u 13ème
siècle,
pourtant
i
diversifiée
ans
son
expression
t
ses
intentions,
es
affections
utanées
ont
*
les
plus
représentées
t
étudiées.
omment
t
pourquoi
Dans
les écrits
on
médicaux,
l
n'est
question ue
de
symptômes
ermato-
logiques
divers
non
spécifiques:
laies,
ulcères,
uméfactions,edèmes,
tc.
Plus
ou
moins
récisément
écrites,
es affectionsn
cause ont
urtout
aracté-
risées d'une
part, par l'aspect
repoussant
u'elles
confèrent
u
malade
et
l'odeur nauséabondequ'elles dégagent, 'autrepart, par leur localisation,
préférentielle
u
niveau
du
visage
et des
membresnférieurs.
e caractère
fragmentaire
u
corps
malade
apparaît
insi d'emblée.
Dans tous
les
cas,
es
troubles
boutissent
apidement
la
perte
de
l'usage
d'une
ambe
ou à
des
déficits
ensoriels,
écité
ssentiellement,
uand
des ésions xtensives
nvahis-
sent
es
orifices
aturels
e la
face.
«
Les
miracles
e
Nostre-Dame
,
ceux
de
Saint
Louis,
rapportés
ar
Guillaume
e
Saint
Pathus et
qui
réalisent
ne
soixantaine e
précieuses
observations
médicales,
n
sont
uelques
llustra-
tions.
Dans les traités
pécialisés,
es
développements
n matière e
dermatologie
sont
particulièrement
iches.
Guido
Lanfranchi
t Henri
de Mondeville
ont
les
chirurgies
espectives
eprésentent
es textes
hirurgicaux
es
plus
mpor-
tantsdu
13ème
iècle
n
France,
onsacrent
ne
arge art
de
leur
uvrage
u
traitement
es
plaies
et
ulcères,
bordésde
la
téte aux
pieds
et à
l'exposé
d'affections
ermatologiques
numérées
oujours
a
capite
d
calcem
.
D'une manière
énérale,
a
littérature édicale
st
peu descriptive.
appel
anatomique,
auses
présumées
t
traitements
ont 'essentiel
du
chapitre.
Le plus souvent,
n
compile
u
commente
es œuvres
es
auteurs
lassiques,
en
ajoutant
u besoin
quelques
nouvelles ecettes
hérapeutiques.
a sémio-
logie,
n tant
ue
telle,
'est
pas
encore
ée.
Par
contre,
énombreremble
treune
préoccupation
onstante
es méde-
cins. De même
qu'il
y
a,
selon
a Doctrine
u
Quaternaire,
uatre
léments,
qualités,
humeurs
t
complexions,
n
compte vingt
ouleurs
possibles
de
l'urine,
ix-sept
ffectionse
la
face u
cinqespèces
e dartres.
On
prend
également
oin de nommer:
ale, saphates, urpura,
erpigo,
impetigo,
annus,
entilles,
outte
osacée,
mal
mort,
legme
alé,
morphées,
etc. Tout cela ne constitue u'unmince perçudesmultiples énominations
dont n
use.
Au sein
de ce
fatras
erminologique
on
spécifique,
uelques
ffectionse
9
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 12/152
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Toutepathologie uperficielle,pparente, anifesteu localisable erait u
ressort
u
chirurgien;
oute
lésion
profonde,
cculte,
nvisible u
de
siège
inconnu
elèverait
avantage
u
médecin. r celui-ci e
pratique as
'autopsie,
n'a
que
de
vagues
notions
natomiques,
e
dispose
d'aucun
moyen
d'accès
direct
l'objet
présumé
e
son étude.Pour ui comme
pour
e
chirurgien,
la
maladie
doit donc
se manifesterl'extérieur
ous
une
forme
isible,
irecte-
ment
ou
indirectement.
roscopie
t
saignée
ontribuent
argement
ais
non
exclusivement cette
nvestigation.
a
peau
en
effet,
n tant
ue
lieu d'émer-
gence
d'une
pathologie
achée,
devient
moyen
'exploration
'un
corps
dont
les profondeursont inaccessibles. a dermatologiepparaît lors comme
un véritable
angage
u
corps
u'il
convient
e déchiffrer.
Partout,
n le
considère,emble-t-il,
omme uffisantla
perception
ubjec-
tive
du
mal
par
le
patient
n'est
que
rarement
rise
n
compte.
Ce
que
l'on
observe e
la
maladie
dans
es
écrits ittéraireselève
urtout 'une
Symptoma-
tologie
objective.
a souffrance
ersonnelle
ue
l'on
exprime
st
essentielle-
ment
morale.
Jean
Bodel,
dans ses
Congés,
n est
le meilleur
xemple.
t
si
certains
médecins,
omme
Gilles
de
Corbeil u Arnaud e
Villeneuve,
iennent
compte
d'une
sémiologie
ubjective our
l'établissement
e
leur
diagnostic,
chezd'autres llen'estqu'unépiphénomèneont 'analyse 'estpas ndispen-
sable à
l'identification
u
mal. Bien
sûr,
n
interrogeonguement
e
patient,
mais seulement n fin
d'examen,
près
voir
regardé
t
palpé
on
s'informe
davantage
es circonstances u mal
que
du
vécu
personnel
u
sujet
et la
conduitede
l'interrogatoire
st
prédéterminée
t
codifiée
n fonction
e
la
maladie
n
cause Souvent
onc,
n
se
contente 'observert
palper
n
corps-
objet
dont
'éprouvé ubjectif
st méconnu. e
langage
u
corps
remplace
t
exclutouvent
e
dialogue
erbal
ntre
médecin t
patient.
On
ne s'étonne onc
pas
de
a
place
de choix
ccordée
ans es traitésmédi-
caux à la
dermatologie,
la fois
pathologie
t
moyend'exploration
u
corps
malade. Cette
représentation
référentielle
épond galement
une
réalité
objective:
u
13ème
iècle,
es lésions
utanées
ont
xtrêmement
réquentes.
L'hygiène
orporelle
t
alimentaire,
ettement
nsuffisantefavorise
les
éruptions
e
toutes
sortes;
a
promiscuité,
'augmentation
e
la
population
amplifient
e
problème
la
peau
se trouve oumise des
agressions
ultiples
tenant ux conditions e
vie
et au mode
de
travail ssentiellement
anuel.
Premier
rgane
xposé,
lle
est a
proie
d'une
pathologieraumatique,
cciden-
telle ou volontairementnfligée,ont« Le roman e Renart ou les romans
d'aventure
ournissentes
plus
belles
llustrations.e
principe
e
a
suppuration
11
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
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louable
préconisé
ar
les
chirurgiens,
isant
surinfecter
olontairementes
plaies
pour
hâter
a
guérison
omme
n
e
pense,
ggrave
a
moindreésion.
Enfin, ly a une autreraison, ssentiellet symbolique, cetteprimauté
des maladies
de
la
peau
dans a
littérature
u
13ème
iècle. Toute
atteinte
cutanée
-
qu'elle
soit
plaie,
ulcération,
angrène
u bien
tumeur,
edème
boursouflure
efflorescenceu
destruction
'un
fragment
e
peau
-
constitue
une
ésion
par
excès
ou
par
défaut,
quelque
chose
n
plus
» ou
«
en moins
qui
rompt
a
continuité es contours
orporels
ormalement
ssurée
ar
la
peau.
Celle-ci
tant
la
fois
imite t contact vec
e
milieu
nvironnant,
oute
effraction
e cettebarrière
abituellementnfranchissable
des
conséquences
pour
'une et
l'autredes
parties ui
la
bordent. utrement
it,
es maladies
e
la
peau
ontdeseffets
ersonnels
t sociaux
u'il
conviente
préciser.
En
ce
sens,
es
localisations
référentielles
u malau
visage
t aux membres
inférieurs
nt
une
signification.
ar l'effacement
es
traits
ue
l'atteinte
cutanée
mplique
ouvent
u
niveau
de la
face,
'individu
erd
son identité.
Quand
le mal
est si
profond u'il
empêche
'usage
des
ambes
et
la
station
debout
ou
quand
il
envahit es
orifices aturels
e la
face,
contraignant
u
silence
u aux
ténèbres,
'est
son
statut
'homme
ue
le malade
bandonne,
rejoignant
ar
là
le
règne
nimal
u
végétal,
oire a condition
'objet.
On
le
compare une souche Gautierde Coinci),à un tas de paillecreuse Jean
Bodel),
on assimile
on
membre
malade une vieille
otte
Jean
de
Joinville).
On e traite
e
chien,
oup,
éopard,
rapaud...
Gautier
e
Coinci).
L'idée
est
courante
u
Moyen-Age:
'homme ache
en lui une animalité
fondamentale
ue
la
maladie
révèle
t
rend
prevalente.
alade,
l redevient
bête
auvage.
On
comprend
isément
ue
cette
égression
xpose
des difficultéselation-
nelles
avec l'environnement.
'ailleurs
très
souvent,
a
présentation
e
la
maladie fait référence
la
perception
ensorielle
u'en
a
l'entourage.
ans
la littérature on scientifique, l'absenced'éprouvé ubjectif u malade
répond
e
vécu
perceptif
u mal
par
le
groupe
ocial.
En
général,
es
lésions
sont
repoussantes
e laideur
et de
puanteur.
t
l'expression
égoûtée
de
l'entourage,
envoyant
u
malade
'image
de sa
propre
échéance,
rovoque
en lui
la
souffrancee
la honte.
On
ne
peut
que
reprendre
e
motde
M.
Zink,
à
propos
de Jean
Bodel:
«
Les autres
ont
des
éléments
e son mal.
>$)
La
maladie
u
13ème
iècle,
urtout
uand
lleest
cutanée,
'est
amais
xclusive-
ment
ndividuelle.
lle
l'est
d'autant
moins
que
le
manque
d'hygiène
t
la
promiscuité
avorisent
a
dissémination
es
agents
athogènes.
ollective
ans
sa foi,ses aspirations,es institutions,a sociétémédiévale 'estaussidans
sa
pathologie.
12
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Les
réactions
ont
rapides
t
stéréotypées:
uite,
nsulte,
malédiction,ire,
enfermement.uelle qu'en soit la forme, lles impliquentmmédiatement
l'exclusion
u malade
hors de la communauté.
ncapable
de
pourvoir
sa
subsistance,
ésormais
la
charge
e
la collectivité
u réduit
la
mendicité,
il
est
d'emblée
vincéde
la
compétition
ociale t
économique.
apidement,
on le
déclare
otalement
napte.
i
le
corps
malade
st
fragmentaire,
es
consé-
quences
de
la
maladie
ntéressent'ensemble
e
la
personne,
orps
et
âme:
quiconque
st
atteint
ans son
ntégritéhysique
u
psychique
e
peut
discer-
ner
a
vérité
i
xercer
ucune
ctivité,
'ordre
égal,
rofessionnel
u
ntellectuel.
C'est
l'aspect
même
des ésions
ui ustifie
'exclusion
trous,
laies,
bour-
soufluresideuses t nauséabondes,lles ont 'imagemêmede aputréfaction,
portant
n elles la
marque
d'une
fin
prochaine.
a
maladien'est
que
mort
anticipée,
omme
e
confirme
a
perte
de
la vision u de
la
parole
qu'impli-
quent
ertainesffections
nvahissantes
e la
face.
L'
exemple
e
plus
frappant
en
est le
rituel
d'enterrement
rématuré
uquel
sera
soumisultérieurement
le
lépreux.
our
'heure,
n se
contente
e
l'enfermer
éfinitivement,
e
qui
a
même
ignification.
ans
certaines
rovinces,
l
est
déjà
mort
ivilement.
Généralement,
e
malade
se trouve
insi
dans
un
état ntermédiaire
ntre
vie et mort, ntre nmonde errestreui le repousse tun au-delàqui
ne le
réclame
pas
encore.
Concrètement,
ette
situation 'illustre
ans
l'errance,
le
vagabondage
ansbut
auxquels
ont
enus
es
malades,
nvahissant
es
routes
en
de
misérables
ordes
ù se retrouvent
oiteux,
ossus,
veugles,
diots t
fous.
La
maladie,
éjà
présentée
omme
upture
e
'enveloppe
orporelle,
éalise
donc
dans e même
emps
ne
perte
es
imites erritoriales
ui
rappelle
ncore
l'idée
d'un retour une
animalité
ondamentaleévélée
ar
a
pathologie.
ans
cette
perspective,
'enfermement
notamment
es
lépreux
n'a
pas
seule-
mentpour rôle de se protégerontre a contagion hysique.l exprimea
nécessité
our
'entourage
e circonscrire
un
espace
fermé
t
éloigné
e mal
envahissant,
édaigneux
es
frontières
aturelles u
corps,
de
restaurer
n
continuum
ui
n'aurait
amais
dû
être
rompu,
e maintenir
a bête
éveillée
dans
une
aire
circonscrite,
ieu
de
projection
t de fixation
e
tous
es maux
dont n
est
et sera
frappé.
On
peut
rapprocher
e ces
pratiques
e
soin
particulier
es
médecins
nommer,
uantifier,
ocaliser,
témoignant
'un même
désir
de
maîtriser,
circonscrire,imiter,
ne
pathologie
dont
bien
souvent
ls
n'appréhendent
pas la raison.L'envisagerystématiquemeñta capitead calcem relève u
même
ouci
de ne rien aisser
chapper
u
mal.
13
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 16/152
Cettemise l'écartde
a
maladie,
'importance
es réactions
u'elle
uscite,
la
peur,
e
mépris ue l'entourage
manifeste
e
plus
souvent l'encontre
u
malade,
es accusations iverses ont l est
'objet,
out cela
apparaît
omme
l'expression
'une
angoisse
ollective,
ommeun
comportement
éfensif
l'égard
e celle-ci. n le
sait,
e
corps
t
'esprit
nis troitementans
a
santé,
demeurent
iés dans a
maladie.
Quand
a
chair
ouffre,
'âme est
également
impliquée
ans
cette souffrancet
qui
dit
douleur
morale u
Moyen-Age,
it
péché.
La faute st
toujours
n relation vec
la
maladie,
écue
alors
omme
châtiment e Dieu.
C'est la
possession
ar
le
mal,
ncarné
ar
le Malin.Les
métaphores
nimales
rapportées
lus
haut illustrentette
croyance
ue
la
naturequelquefois araîtconfirmer:e faciès éonin» a griffeubitaledes
lépreux
euvent-ilsémoigner
'une ntervention
utre
ue maléfique
Loup, léopard,
aureau
mugissant
u
bête
venimeuse,
'animal
ui
envahit
l'homme
malade
ymbolise
e
diable,
'enfer
u
systématise
'angoisse
e
dévo-
ration
u'ils
suscitent,
e
fantasme
aractéristique
e
la mentalité
u
Moyen-
Age.
L'usage
du
terme feu
pour
désigner
ouvent a
maladie,
a
laideur,
a
puanteur
xtrême es
ésions,
'image
'un
gouffre
ui s'impose
evant ertains
délabrementse
la
face,
viennent
enforcer'idée d'une
présence
nfernale
u
seindel'organismetteint.
Plaies,ulcères,
bcès et
lésions
e
même
nature,
i
fréquemment
ention-
nés,
peuvent
pparaître
lors
comme
a
conséquence
e l'activité évoratrice
de la
bête
-
et avec elle
du
diable
tapis
dans a
profondeur
u
corps
malade.
La
peau,
dernier
empart
ontre
a
diffusion
u mal
-
et
du
Mal
-
fait onction
quand
elle est atteinte ans
son
ntégrité,
e
signal-symptôme
vertisseur
'un
danger
mminent,
la
fois
hysique
t
moral.
S'il est vrai
que
la
maladie st
possession atanique,
lle est
dans e même
temps
fréquemment
erçue
comme
marque
de
Dieu,
présence
ivine,
ont
on est en droitde s'enorgueillir.es « contracts, marqués ar e feuSaint
Antoine,
onsidéraient
u'ils
avaient
té choisis
par
Dieu et
frappés
u
mal
infernal
our
éclairer
eurs
contemporains.
e
Tout-Puissant,
ans
sa ven-
geance,
vait
référé
es
meilleurs
our
xpier
es
péchés
u
siècle.
Même,
lors
que usqu'au
13ème
iècle,
n
vénéraitn
a
personne
u
Christ
un
roi dont
l'apparence
orporelle
evaitêtre
ntacte,
rigée
t
lumineuse,
on
commence cette
poque
à
adorer
n
Christ
e
douleur
t
de
souffrance.
On reconnaît
e Fils de
Dieu dans
es malades
d'aspect
epoussant,
n
particu-
lier
es
épreux.
Ce corpsmeurtri,rrant,omme uspendu ntre ie et mort, evientui-
même e
siège
de
l'intervention
émoniaque
t
divine,
e
lieu
choisi
pour
e
14
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 17/152
combat
ue
se livrent
orces u
bien et
puissances
u mal.
D'individu
ensant
et
identifiable,
e
malade,
devenu
orps-objet,
ntermédiaire,
nstrument,
iais,
lieu d'action,
enjeu,
n'en demeure
as
moins e truchementndispensable
à
l'expression
u
pouvoir
ivin.
Dans
ces
conditions,
a
maladie
e
doit d'être
stentatoire.
asque,
angage
exprimant ar
signes
n
sens
aché,
'organisme
oit
être
e
siège
'une
patho-
logie
manifeste
ui
est
la démonstration
clatante
e la
punition
e
Dieu.
Et
la
guérison
ventuelle 'en
sera
que
plus triomphante,
ontribuant
inalement
au
renforcement
e
a foi.
La maladie
résente
lors ne
triple
ignification
-
elle est conséquence u péchéoriginel
u d'une faute
ommise
ar
le
sujet
t
signe
oncune victoire
es
puissances
u
mal
-
elle est ensuite
hâtiment
e Dieu et
marque
de
sa
présence.
unition
divine,
bandon
moral
n
premier
ieu,
elle
ustifie
'exclusion
hysique
ui
en est a
conséquence
t
s'exprime
ans e
rejet
ors
du
groupe
ocial
-
elle
est enfin
participation
la
croix,
donc
expiation,
urification,
occasion
de
salut,
nstrument
ême d'une
réintégration
orale,
remière
étape
vers ne réinsertion
omplète
t effective.
On
peut
voir
dans
cette dentification
alade/Christ
rucifié,
'une des
raisonsprofondes u refusdes médecins t chirurgiense ne rienvoir, u
seulement
ndirectement,
e la réalité
rofonde
u
corps
humain,
t
partant
de
là,
de leur ntérêt
articulièrement
arquépour
une
pathologie
uperfi-
cielle.
En
effet,
i
a
maladie
st
participation
la
croix,
lors
disséquer,
uvrir,
opérer,
'est-ce
as disséquer,
uvrirt
opérer
e
corps
du
Christ
Jusqu'au
13ème
siècle,
deux
conceptions
ivergentes
es
états
morbides,
l'une
théologique,
'autre
d'esprit
lus
scientifique,
artagent
es
spécialistes.
L'introduction es
théories ristotéliciennes
ans
les
universités
rançaises
donne
'avantage
ux
tenants 'un
déterminisme
rganique
es
maladies.
lles
résultent,elon la fameuse héoriedes quatrehumeurs, 'un déséquilibre
humoral
ié
à
des
variations
athologiques
e
la
température
t
de
l'hygro-
métrie
u sein du
corps
malade.
L'organisme
umain,
onstruit
l'image
du
monde,
est soumis ux
mêmes
ois
et influences
ue
lui.
Les hommes
de
sciencevont donc
s'efforcer
'intégrer
a
pathologie
médicale t
chirurgicale
dans un
système
e
pensée
t de référence
lus
global,
finde maintenirne
cohérence
niverselle.
Dans cette
perspective,
a
maladie
représente
ne menace
pour
'univers
tout
entier. n
compromettant
'équilibre
ndividuel
e la
santé,
lle
désorga-
nise toute 'œuvre e Dieu,et ce d'autant lus qu'elleestapparente. ffense
manifeste
u
Créateur
t
à
la
Nature,
oute
pathologie
onnant voir
ustifie
15
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HENRI de
MONDEVILLE.
Chirurgie.
ubliée
par
e
Dr
A. BOS.
Librairie
e
Firmin idot etCie.Paris, 897.
HENRI
de
MONDEVILLE.
La
chirurgie
e
Maitre
Henri
de
Mondeville.
Traductiont
publication ar
E.
NICAISE. FélixAlean.
Paris,
893.
JACQUES
de
VORAGINE.
La
légende
dorée.Traduction e
J.B.M.
ROZE.
Garnier-Flammarion.
aris,
967.
C.
MALET.
Histoire
e la
lèpre
t de son
nfluence
ur a littérature
t es
arts.
Thèse
pour
e doctorat
n
médecine.
aris,
967.
65-172.
M.C.
POUCHELLE.
Représentations
u
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dans
a
légende
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Ethno-
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976
3/4
293-306.
M. SENDRAIL. Histoire ulturelle e la maladie.Privat.Toulouse,1980.
1-16,211-246.
P.
THEIL.
L'esprit
ternel
e
la médecine.
Anthologie
es écrits
médicaux
anciens,
I-III.
Compagnie
énérale
de
publicité
t
d'édition.
tuttgart,
1976.
17
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Mireille
DEMAULES
ECRITURE
ET IMAGINAIRE
DU RÊVE
DANS
LE
«
LANCELOT
EN PROSE »
Pourquoi
y
a-t-il e
l'Etre et
non
pas
plutôt
Rien
?
Heidegger.
L'importance
des
rêves
au
Moyen
Age
s'explique
par
une
double
tradition
par
une
tradition
eligieuse
t
par
une
tradition
ittéraire.
Le
rêve
fourni
e thème
'un
grand
débat
d'idées
chez les
penseurs
chrétiens.
eux-ci
e
réfèrent
la Bible
afin
de déterminer
eur
attitude
l'égard
du
rêve.
Or,
l'Ecriture
égitime
ne
prise
de
position
mbivalente.
Le
songe
est
à la
fois
vrai et
mensonger.
l est
vrai
parce
que
Dieu
se
manifeste
l'homme
ar
son
ntermédiaire.
es Pères
de
l'Eglise
allèguent
ainsi les rêvesde Jacob Gen. 28, 10-16), de Pharaon {Gen. 41) et de
Nabuchodonosor
Daniel
2 et
4).
Toutefois,
e rêve
reste
une
parole
instable,
ouvent
méprisée
our
on
ncapacité
retenir
e sens.
Le
rêve
a
pénétré
ans
la
tradition ittéraire
ar
l'intermédiaire
e
l'hagiographie.
uis
s'émancipant
eu
à
peu
d'un
modèle
religieux,
l se
laïcise
et
connaît
une
grande
faveur.
l
constitue
n
ornement
ort
prisé
dans
les
chansons
de
geste
et
Charlemagne
estera
'un
des
plus
grands
rêveurs
de
notre ittérature.
Mais les
puissances
du
monde
onirique
semblentvoir xercéune fascinationouteparticulièreur esromanciers
médiévaux.
18
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
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Insérer
un rêve dans
le
récit
avait
un double
avantage pour
les
romanciers. opos bien établi par la tradition,l conféraitu récitune
touche
ssurée
de
mystère
t
d'insolite.
Mais
il
représentait
ussi le lieu
commun
grâce auquel
l'écrivain
pouvait
rivaliser
vec ses aînés
ou ses
pairs,
n
un mot
innover. 'écriture
u rêve
st
alors,
ertes
un
exercice,
mais bien
plus
e merveilleux
rétexte
libérer
'imaginaire.
elle semble
être
a
démarche
du ou des
auteurs
du Lancelot
en
prose.
En
effet,
e
nombreux
personnages
rêvent
dans cette
grande
œuvre
:
Lancelot,
Guenièvre,
Galehot,
.. mais
aussi
Arthur,
ui,
nous
le
verrons,
st
en
définitive
un
aussi
grand
rêveur
que Charlemagne.
La
tradition
prédestinait
Arthur rêver.
l
est
roi
et ses
rêves,
concernant e
plus
humble
de ses
sujets,
déterminent
oute
la tonalité
d'un
univers
imaginaire.
Les rêves
d'Arthur
que
nous
nous
proposons
d'étudier
s'inscriventnévitablement
ans
a tradition
es
songes
oyaux.
Mais
nous verrons
ue
l'écriture
romanesque
en
s'emparant
du
modèle,
'infléchit
t
l'enrichit,
aisant
insi
advenirun sens
capable
en
retour
'interroger
'écrivain
ans sa
pratique.
Dans
la version
ongue
du Lancelot
en
prose
éditée
par
A. Micha 1
,
les rêves
'aventure
rojettent
oudain une lumière
nquiétante
ur e
récit
d'aventure.A
la
fin
du tome
VII
(2)
nous lisons
que
le
roi vit
en rêve
tomber ous ses cheveux t
les
poils
de sa barbe.
Trois nuits
plus
tard,
l
rêva
que
tous ses
doigts,
omme des feuilles
mortes,
ombaientde ses
mains.
l
manda alors à Camaalot tous les
évêques
et
les
archevêques
u
royaumepour connaître e sens de ses rêves. Les clercs refusent out
d'abord de
donner une
interprétation
u
rêve.
Menacés
de mort
par
Arthur,
ls
obtiennent
un
délai
du
souverain,
puis
lui
livrent
eur
interprétation
un
renversemente fortune estine
Arthur
perdre
e
pouvoir.
La conformité e ces deux rêves au modèle du rêve
royal
frappe
(1)LANCELOT.omannproseuXlIIèmeiècle.extesittérairesrançais,enève,1980ibrairieroz
Vol.
8.
(2)
Tome
II,
p.
434
437.
19
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d'emblée.Où est
donc
'originalité
e ces
rêvesmanifestement
nspirés
es
rêvesde NabuchodonosorDaniel 2 et 4)? L'épisode bibliquea en effet
fourni
au texte
romanesque
le
modèle d'une
progression
narrative,
ponctuée ar
es
délais accordés
ux
clercs,
ui
se
refusent
interpréter
es
songes,
ramatisée
ar
la
menacede
mort
ue
le roi
fait
peser
ur
eux.
En
outre,
ne morale
imilaire e
dégage
du
texte acré
et du texte
profane
tout
empire
terrestre,
ussi stable et
puissant
soit-il,
st
promis
à la
destruction.
D'autre
part,
es
fonctions
ue
l'écriture
omanesque ssigne
à ses
rêves onttout-à-faitonformes une traditionittéraireui recourt u
rêve fin
d'orner a narration t d'annoncer es
événement
venir.
Ornements,
ces deux rêves le sont
car
il
n'amènent aucune
transformation
ans e
récit.
ls n'ouvrent n effeta voie
à
aucun
possible
narratift n'incitent
as
le souverain
agir,
transformer
on destin
t
du
coup...
les
plans
du
récit.
Les rêvescontribuentout
simplement
créer
une
atmosphère
de
mystère,
suggérer
que
des forces occultes
communiquent
vec es hommes
ar
eur
space
intermédiaire.
Mais,
bien
qu'ayant
un statut
rnementatif,
es rêves
ouent
un rôle
dans
'économie
énérale
e
l'œuvre.
De
fait,
a valeuroraculaire ccordée
au rêve
légitime
e recours à cet
artifice ittéraire
our préparer
es
événements
venir
dans la narration.
es rêves
ouent
alors le rôle de
soudure
ntre
e désastre
ue
met n
scène a
Mort e roi
Artuet lě
récit
du
Lancelot
Toutes es
images
des
rêves e
rejoignent our prédire
u
roi
sa
mort.
Ainsi la chute
des
doigts,
n
laissant es
paumes
de
ses mains à
jamais
mutilées,
prive
e souverain
de toute
possibilité
de maîtrisedu
monde.
En
perdant
a chevelure rthur
'est-il
pas promis
connaître
e
destintragiquede Samson (Juges16) dont les cheveuxsymbolisaient
l'invincibilité? outesces
mages
nnoncent
'impuissance
t
a mort.
Mais
tout en
respectant
e
modèle
canonique
du
rêve
oraculaire,
l'écriture
omanesque
ntroduit n
élément
extuel
nattendu
ui perturbe
«la
sagesse»
du
récit.
n
effet,
ccablé
par
la
prophétie
es
rêves,
Arthur
demande
ux
clercs
'il
n'existe ucune
échappatoire
iix
arrêts u destin.
Voici
ce
qu'ils
lui
répondirent
«nule rienne vouspuetrescoure e perdre outehonor erriene,e
il
ne
vous
resqueut,
i
lyons
auvages
et
li
mires ans mecine
par
le
20
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conseil
de
la flor.
3)
Cette
réponse
énigmatique
aisse le
roi
et
le lecteur..
médusés.
La
tradition
eut
que
le
rêve,
ne
fois
nterprété
ette
jour
un sens où
la
clarté le
dispute
à
l'irréfutabilité.
r,
le discours
interprétatif
e
réapproprie,
ci,
le
caractère
nigmatique ui
fonde
'écriture u
rêve,
laissant à
jamais
le sens
suspendu.
Grâce à cette
énigme,
'écriture
introduit u
jeu,
au
propre
omme u
figuré,
ans
la
règle
ittéraire
ui
érige
e
rêve n un
signe
dont e
signifié
sttotalement
los et
explicable.
Le
troisième
êve
que
nous
voudrions
présenter
e recourt
pas
à
l'énigmepour
se
jouer
des contraintes
mposées par
le modèledu rêve
ominal.
Mais
il
bouleverse
ussi es ois du
genre.
En
effet,
l
ne
nous
est
amais
donné de
voir
Arthur êvant e
songe.
l
n'y
a
pas
de
présent our
ce
rêve,
ar
nous
dit-on,
l
fut
rêvé
a nuit
où
Arthur
ngendra
Mordret.Nous
prenons
connaissance
du
rêve
par
le
détourd'une aventure
hevaleresque
4).
Lancelot et Mordret rrent ans
la
forêt
périlleuse.
n
jour,
ils sont
hébergés
hez
un
vavasseur
ui
leur
apprend
que
le
lendemain ura
lieu un
tournoi u
château
de
Panigue.
Avantde se rendre u tournoi, ancelot émet e désird'assister l'office
matinal. Le vavasseur
e
propose
alors
de les
conduire à un
ermitage
voisin.En
chemin,
près
d'une
tombe,
ls
rencontrentn
vieil ermite
n
prières
ui prédit
Mordret
qu'il
tuera
son
père
et
détruira 'univers
chevaleresque.
Mordret
éfutea
prédiction
u
vieil
homme n
rétorquant
que
son
père,
e
roi
Loth
d'Orcanie
estmort
epuis
ongtemps.
'ermite
ui
apprend
lors
que
le
roi
Loth
n'était
ue
son
père
nourricier
t
qu'il
est
né
de l'union
idiīļtērine
e la
femme
u
roi
Loth
et
d'un
autre
roi
dont l
tait
le nom.L'ermite, ésireux e prouvera véracité e sa prédiction,aconte
ensuite,
que
la nuit
où
Mordret
fut
engendré,
oii
père
rêva
que
de
ses entrailles ortait
n
serpent ui
dévastait a terre t massacrait on
peuple.
Le
roi
parvenait
n
songe
à
tuer le monstre
ui
lui
infligeait
néanmoins
es blessures elles
u'il
en mourrait.
u direde
l'ermite,
e
roi
fit
peindre
son rêve
sur
les murs de la
cathédrale
Saint-Etienne
Camaalot. Puis le vieil
homme
porte
deux
accusations
Mordret era un
(3)
Tome
II,p.437 5.
(4)
Tome
.
De a
page
19
223.
21
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assassindans e
futur,
ar
dit-il e
serpent
u rêve e
représente,
ais aussi
dans le présent ar le destin e condamneà tuer 'interprèteu songe.
Mordret,
ris
d'une folle
age,
décapite
Termite onnant insi
raisonaux
sinistres
prédictions.
C'est alors
que
Lancelot
sort
de sa
position
d'observateur,
clate
en
reproches
l'adresse de Mordret t se
penchant
sur
e
corps
du vieilermite
écouvre
ne lettre. l la
subtilise
t la cache
pour
a lire la dérobée
pendant
'office cette ettre
évèle
ue
le
père
de
Mordret st
Arthur t
que
le
père
t e fils
'entretueront.
Le
topos
du rêve est
considérablement
nrichi
par
le caractère
dramatique e la scènequi opposedeuxpersonnagesl'ermite tMordret)
dans un
dialogue
mort.
e
dialogue,
u cours
duquel
nous
est
présenté
e
rêve,
mène des renversementst
des transformationsans le
récit.
En
effet,
Mordretde
personnagepositif
u'il
était
encore,
devient
par
la
révélation
u
rêve,
n
personnage
out
fait
négatif.
'ermite,
arce
qu'il
a la
mémoire
e
ce rêvemet
jour
a
véritable ature e
Mordret
il
est
un
meurtrier
ymbolisé
ans e
rêve
ar
un
dragon,
ui
n'est
pas
sans
évoquer
«l'antique serpent,
e diable ou le Satan»
que
nous
trouvonsdans
X
pocalypse
XII, 9).
Mais si
Mordret st
représenté
ar
un
monstre
investi 'attributs
émoniaques
c'est
que
sa naissance st
llégitime,
oire
monstrueuse.
On
comprend
dès lors
que
le
rêve fasse
écho
à
une vision dont
Gau vainest
gratifié
u château
de
Corbenic
5).
En
effet,
e Graal est
ié
à
un
mystère
celui des
origines.
Comme e
montre
M.
Jacques
Roubaud
dans un
article ntitulé
nfance
de la
Prose
6),
la
connaissance es secrets
du
Graal est
indissociable de
celle des
secrets
généalogiques
de la
chevalerie
rthurienne.l
y
a
greffe
u
rêve
d'Arthur ur es aventures u
château du Graal parcequ'une similitude nit ntimementa familledu
Riche
Roi
pêcheur
celled'Arthur
le secret
es naissances.
En
effet,
omme e
rêve
d'Arthur,
'aventuredu château du
Graal
nous rend
pectateur
'une
naissance
merveilleuse.
auvain couché
sur e
lit
de
la
merveille,
oit
rriver n
serpent
multicolore,
ui
bientôt e tord t
rejette
ar
la
bouche
plus
de cent
serpenteaux.
uis,
le
serpent uitte
es
(5)
TomeI. P.
380-381,
19
21
nclus.
(6)
CHANGE °
16-17,
A
CRITIQUE
GENERATIVE,
aris,
ept.
973
Editions
Seghers-Laffont.
22
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
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serpenteaux our
aller combattre
n
léopard.
L'issue
de la lutte
étant
incertaine,e serpent squisse alors un mouvement e retraitvers les
serpenteaux ui l'attaquent
leur our. ls
s'entretueront.
La nature même de l'aventure
vécue
par
Gauvin
permet
un
rapprochement
vec e rêve
'Arthur.
l
s'agit
de faitd'une vision.Dans les
deux
expériences
e héros 'abandonne la
passivité.
otale
dans
le cas du
rêve ar
'être
st
abîmé
dans e
sommeil,
lle
n'est
que partielle
ans le cas
de
la
vision ar e
héros
demeure
veillé.
Or,
l'écriture
omanesque
end
ci
à
gommer
a frontièrentre e rêve t la vision
il
fait
nuit,
Gauvain est
allongé sur un lit, dans la positiondu dormeur.En outre, a findes
aventures u
héros
u châteaudu
Graal coïncide vec
son
réveil
uisqu'on
peut
ire
«Al
matin,
uant
i
solaus fu
evez,
'esveillamesire
Gauvain,
si se
trova
n la charete a
plus
aide del mont...
7)
Or le réveil
mplique
e sommeil.Mais
jamais
à
aucun moment
'écrivain
ne nous a
précisé
que
Gauvain
s'endormait Nous
voilà donc
tentésde
nousdemander i tout et
épisode
du château du Graal ne fut
pas
unrêve
du
héros.
En
somme
Gauvain urait
rêvé
e rêve
d'Arthur.
Du
coup,
e
récit
oursuit
a
similitude
es deux
expériences.
n
effet,
de
même
que
le rêve d'Arthur
vait
été
interprété ar
le vieil
ermite,
a
vision
de
Gauvain est à son
tour
lucidée
par
un
ermite
ommé
egre
8).
Celui-ci
évèle Gauvain
que
le
serpent
ymbolise
e
roi
et
que
cettevision
prédit
a
fin
du
monde
arthurien. a
vision enrichit
même
la
portée
oraculaire
du
rêve en
condensant
lus précisément
ncore ur
le
monde
symboliqueesprincipauxpisodesde la MortduRoiArtu C'estainsique
le combatdu
serpent
t
du
léopard
représente
a
guerre
menée
par
Arthur
contre
ancelot,
t
que
le combat
du
serpent
t
des
serpenteau*
igure
a
bataillede
Salesbières.
a
vision nrichit onc
es
mages
t e sens
du
rêve,
qu'elle magnifie
n
le
transportant
ans
le cadre
extra-temporel
u
châteaudu
Graal.
Mais si
l'écriture
hoisit
de
mettre
n
valeur e
rêve
en
le liant au
(7)TomeI. P.385 31.
(8)
Tome
I. P.
386-38933
39.
23
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mystère
randiose
u
Graal,
si
elle
organise
des
répétitions
ans
la trame
de la narration,'estque le sensdu rêven'enfinit as dehanter 'œuvre.
Il n'est
pas
indifférent
ue
la vision it
repris 'image
du
serpent
ur e
mode
emphatique.
n effet
partir
u
sémantisme
u
serpent
'élabore
un
réseau
de
significations
rèsdense.
D'emblée,
nous
remarquons
ue
cet animal
ymbolise
la
foisArthur
et Mordret.
Dans la
mythologie
ntique
comme dans
la
littérature
médiévale,
e
serpent
st le
génie
tutélaire
es
princes
t
des hommes
de
pouvoir.
Ainsi e
Roman
d'Alexandre nous raconteun
songe
que
fit
e
conquérant
lors
qu'il
était enfant.
l
rêva
qu'il
laissait
tomberun
œuf,
dontsortit n
serpent.
ristote
xpliqua
lors
que
l'œufétait e monde t
Alexandre
e
serpent.
Rien d'étonnant
donc,
que
le Lancelot
en
prose
reprenne
ette
mage pour représenter
la fois la
père,
souveraindu
royaume
e
Logres,
t e
fils
ue
l'avenir
estine
lui
usurper
e
pouvoir.
Mais au
serpent
sont
attachées bien d'autres
significations.
a
tradition
mythologique
eut
u'il
soit
un animal
androgyne.
e
serpent
st
féminin,
ar
il
est
un animal
unaire.
On
dit
en effet
u'il
est froid omme
l'astre
mort.
Dans Li livres
dou tresor
9)
Brunetto atini mentionne
plusieurs eprisesefroidmortel u serpent
«Tous
serpens
ont
de froide
ature....
out venin
ont
roids.
En
outre a
pensée
chrétienne
ourrie
ar
l'épisode
de la tentation
ie
le
serpent
la femme
éductrice.Mais
le
serpent
st
aussi
masculin ar
sa
forme
uggère
a
virilité
u
pénis.
Or,
dans
la vision du Graal nous
assistons un
transfertes
fonctions
émininesur
'élément
masculin.En
effet,c'est le serpentreprésentantArthurqui met au monde les
serpenteaux.
insi e
caractère
raditionnellement
ndrogyne
u
serpent
permet
u
texte
ď absenter a
mère.Est-ce à
dire
que
le texte e refuse
révéler
a
véritabledentité
e la
mèrede Mordret?Certes
non,
ar l'ermite
confirme Mordret
qu'il
est bien le
fils de «la
fçmme
au
roi
Loth
d'Orcanie».
Toutefois n la
désignant
ar
cette
périphrase,
l
passe
sous
(9)
Brunettoatini
LI
LIVRES
DOU
TÏŒSOR,
Edition
ritiquear
Francis
.
CarmodyUniversityf aliforniaress,948,erkeleynd osAngelesaliforniaDes
Serpens,
XXXVII,
. 132.
24
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silence
on
nom
ainsi
que
la relationde
parentéqui
l'unit à Arthur.
a
reineďOrcanie n'était-elle as en effeta demi-sœur 'Arthur? e silence
laisse à
penser
ue
la relation e
parenté
ntre e
père
et la mère
rouble e
texte
u
point
de
rendre
mpossible
oute
figuration
e
la
mère
u côté
du
père.
Cette
ncompatibilité
u niveaude
la
figuration,
raduirait
n faitune
relation
urvalorisée
l'inceste.
En outre de même
que
dans le rêve le
masculin
naît
du
masculin,
ans la vision e
semblablenaît
du semblable.
L'image
du
serpent
écondant
erait
lors a
métaphore
e
l'endogamie.
Or,
la
force
e
cette
mage
réside
dans
sa
capacité
à
représenter
ne
relationmpossible,le
fils
ne
peut
naître
du
père) pour
mieux
masquer
(ou
révéler)
une
relation
nterdite.
n
cela
elle
assume
une fonction
similaire
l'énigme
que
les
clercs
proposent
Arthur.
En
effet,
ette
énigme
met en
scène
dans
une
phrase
complexe
toute
une
série
d'impossibilités
«
nule
rien
ne
vout
puet
rescoure
e
perdre
oute
honor
erriene,
e
il
ne
vous
resqueut,
i
lyons
auvages
et
li
mires
ans mecine
par
le
conseil
de la
flor.
Chaque
élément
e
l'énigme
st
une
contradiction
ans
es termes.
n
effet
chaque
substantif
st
caractérisé
ar
un
complément
éterminatif
u un
qualifiant
ui
vient
nfirmer
a
nature.
Peut-on
n effet
maginer
n
lion
aquatique?
Le
lion
n'est-il
pas
dans
la
tradition
hermétiste
n
signe
zodiacal
associé
au
feu,
u
chaud
et
au sec?
Le
syntagme
H
mires
ans
mecine»
est
construit
e
même
sur
un
paradoxe
puisque
e
privatif
sans
»
inverse
rutalement
a
nature
u
signe
posé.Enfin ommentccordera faculté eparler la fleur ui parnature
appartient
u
monde
du silence?
L'énoncé
énigmatique
n
juxtaposant
une série
d'impossibilités,
ime
un univers
e
chaos
où se
mêlent,
n
un
seul
être,
e
feu
et
l'eau,
l'être
et
le
non-être,
e
silence
et
la
parole.
Il
rapproche
es
choses
et
les
propriétés
ue
l'ordre
du monde
voue
à
une
séparation
otale
comme
'inceste
unitdes
hommes t
des femmes
ue
la
loi
sociale
maintient
distance.
L'énigme
aurait alors
deux
fonctions.
lle
métaphoriserait
'inceste
au même itre ue le rêve u serpent,aisant u roiuncoupable usticiable
des
arrêts
es
plus
cruels
du destin.
Mais en
outre,
lle établit
un
lien
25
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analogique
subtil ntre e destin
préditpar
les
songes
t l'âme du
rêveur.
Si le destin ppelleArthur devenir necontradictionivante unroisans
royaume»,
'est
qu'il
est
lui-même,
e termed'une
énigme,
un
être
de
chaos.
Il
était alors nécessairede mettre
mort
e
personnage
énérateur
d'un
désordre
ui
menace
a
quiétude
du récit.
Dans la
vision
es
serpents
s'entretuent
ommedans e
rêve e
monstrueux
ragon
t
Arthur.
e
rêve
figure
vant
a
lettre
a mise à mortdes
héros. Mais
en
anticipant
ur
elle-même
a
narration
n'annihile-t-elle
as
ses
propres
effets?
Espace
d'affrontements,
e
démesure
t de
mort,
e rêve met
ainsi en
danger
l'écriture
omanesque.
Déjà
au sein de la
narration,
e rêve
représente
ne
menace de mort
pour
es clercs u les
ermites
hargés
d'interpréter
es
songes
du
souverain.
Or,
peut-être
st-il
permis
de
considérer e clerc
comme
la
figure
de
l'écrivain
éléguée
dans le
récit.
L'ermite
que
Mordret
ssassine est à cet
égard exemplaire
il
a la
connaissancede
l'écriture,
l
a aussi
celle
du
secret es âmes
que
seuls
possèdent
ieu et
'écrivain mniscient.
Or,
voici
que
les rêveurs ou
les
personnages
rêvés
se
montrent
singulièrementiolents leur endroit.Au tome VII par exemple,nous
lisons
u'Arthur
menace es clercs
ui
se
refuesent
interpréter
es rêves
«Lors se
pense
i
rois
que
il
lor
fera
paor
de
mort,
i fait faire. .
grant
eu et
commande
ue
li. V.
soient
mis
et
li
autre.
V.
soient
pendu.
(10)
Il
ne
s'agissait
à
que
d'une
simple
manœuvre estinée
susciter a
paroletropretenue ace au rêve.Mordret,findefaire esser a parolede
l'ermite,
xcessive t
porteuse
'une vérité
nsoutenable,
assera
à l'acte.
La
parole
du clerc
semble
toujours
nadéquate
à son
objet.
C'est
pourquoi
d'eux-mêmes,
ls
se
contraignent
l'aphasie
comme
si
le rêve
lourd d'un
sens
impossible
oire
dangereux
épuiser,
eur
infligeait
ne
défaite
mprévue.
Ainsi es clercs
chargés
'interpréter
es
deux
rêves
de
mutilation
u'à
fait e
roi
se
refusent u
dire
par
trois
fois,
reconnaissant
eux-même
u'ils
ne
sont
plus
maîtres u
sens.
(10)
ome
II,
P.
436.
26
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
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«Chertes,
ait
i
maistres,
ire,
nous avonsveu
une
cose,
mais ch'est
sigrant olie, is a penser, ue nous ne evousosonsdire. (11)
Si la
parole
n'est
plus que
«folie»,
e
clerc
doit
se
condamner u
silence,
bdiquer
de ses
pouvoirs.
'écriture
oit
cesser.C'est alors
qu'un
des rêves 'Arthur
me semble
ejoindre
ne des
hantises
u
texte.
n
songe
Arthur
oit
es
doigts
e
détacher t tomber. ette
mage
ne
concerne
as
tant
Arthur
ue
le clerc.
En
effet omment a main
pourrait-elle
ésormais
écrire
rivée
des
doigts ui
manient a
plume?
Le
rêve
st ainsi
'occasion
d'une mort
ymbolique
cellede
l'écrivain.
Dans 'e Lancelot
en
prose
es
rêves
'Arthur e sont
pas
seulement a
mémoired'une
tradition, ar,
le ou les auteurs enrichissent n
topos
éprouvé,
n
complexifiant
'écriture
omme s'ils voulaient
ndiquerque
dans eur
sprit
e rêven'a
pas
une
fonction
mineure.
De
fait,
es rêves du souverain nstaurent
ne
profondeur
ouvelle
dans l'œuvre, ar ilsfont urgire passé du rêveur, igurant ar là-même
les
conflits
t es remords
ui agitent
on âme. Le
«
rêvedu
serpent
ne dit
jamais
que
le
désir
ncestueux,
a haine
du
pèrepour
e fils t
vice-versa.
e
monde des
passions
nous
est
ouvert
par
le rêve. C'est
pourquoi
sont
convoquées
es
représentations ythiques
ourdes e
sens,
omme elle
du
serpent,
monstre
ui partage
on
caractère
htonien
vec
le
sphynx
e
la
légended'Œdipe
;
ce
qui
crée
une
analogie
de
plus
entre e vieux
mythe
t
la
tragique
histoire 'Arthur t
de
Mordret.
Le rêve est alors la mémoire d'une faute qui transforme n
personnage simple
en
énigme
vivante et le
rend
responsable
de
l'anéantissement
'un
monde. Mais
il
reste
l'œuvre
Paradoxalement,
alors
que
l'écriture
romanesque
semble
menacée
par
les
puissances
excessives
u
rêve,
elui-ci
oue
le rôle de
métaphore
e l'œuvre.En
effet,
dans a
lettre,
'ermite crit
u'après
a
bataillede
Salesbières,
nul ne verra
désormais
Arthur i
ce n'est
n
songe.
Le
personnage
omanesque
st
donc
défini vant
out
omme
un
personnage
e rêve.En
somme,
e
que
l'ermite
nousconfie, 'estque le rêveurstrêvéparunplusgrandrêveurue lui.
(11)
ome il.
P.
437.
27
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François
JACQUESSON
«
L'EFFET
CAMELEON
»
Contact ntre honétiquetsémantique:
traduction
t
transcription
ans e
lexique
botanique
'Avicenne t Gérard
e Crémone.
Quand
es
traducteurs
gnoraient
e
sens
d'un
mot,
ls
e
transcrivaientu
lieu
de le
traduire
ils en
copiaient
e
son,
au
lieu
d'en
copier
e sens.
ls
pou-
vaient
ussi
fairedes
erreurs,
out
comme
n
traduisant,
t c'est
un thème
assez
souvent
tudié
1)
-
mais
ils
n'en
faisaient
as
toujours.
Quand
ces
traducteursranscrivaientansun alphabet ifférent,ela accroissaiti l'on
veut e
risque
d'erreur
mais es
irrégularités
'étaient
as
toujours
es
erreurs.
C'est
ce
dernier
oint u'il
faut n
peu
décrire.
Une situation
articulièrement
crobatique
st la
succession
es
alphabets
grec,
rabe t latin
et
quelquefois
vec des
ntermédiaires
yriaque
t
hébreu,
sans
parler
u
cas
persan)
ans
e travail es
traducteurs édiévaux. n
a
beau-
coup
écrit
ur ces
gens
à et
leursœuvres
2),
et
aussi ur
certains
spects
e
leurs
echniques.
e
qui
va
nous
retenir
ci
est un
point
out fait
articulier:
la
distribution
es
graphies our
es
sons
occlusifs élaires ans es
transcrip-tionsmédiévales.
28
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LES
GRAPHIES
DES VELAIRES
Existaientes
graphies
uivantes
C
^
rabe
-
^
^
9
et
^
kaf
qof
ha ha
K
(Q) X(f)
grec
kappa qoppa khi
les redistributions
raphiques,
limination t
invention
e
caractères,
ont
corollaires
e
typologies
honétiques:
a
spécialisation
e vélaires
rchaïques
devant ertains
ypes
e sonantes vait
roduit
es
«
emphatiques
sémitiques,
dont a
vélaire
of
(lié
au
Q
latin).
En
grec,
ettenuance
n'a
plus
de
rôle
à
cause
de
l'expression,
otée,
ocalique
es
sonantes,
t
disparaît
vec lle
e
qof
(le
qoppa
n'a
été utilisé
ue
pour
noter n
nombre)
par
contre,
omplémentai-
rement,n trait ouveauntervient,'aspirationntégrée l'occlusion, 'où a
catégorie
es
spirantes:
e
grec
nvente
our
ce faire ne ettre
élaire-spirante
X
(et
dans
'Ouest,
ù
le
X notait
ks/.).
latin
(K)
Q
+C(<)
En latin
par
contre,
es
graphies
emblent
lus
fidèles
la distribution
émi-
tiquepource qui estde K et deQ.Mais 'estuneapparence,ar 'un et 'autre
signe
ont
peu employés:
seulementevant
;
et
K,
d'abord
réquent
evant
A,
s'est
vu limité
à
quelques
termes
rchaïques
kalendae)
ou
d'emprunt
(Karthago).
n
a utilisé
our
e son
/k/
e
signe ui
notait
g
<
correspondant
au
grec
gamma
~~,
nsuite rrondi
n C.
En 312 av.
J.-C.,
n nventa
'ajouter
une barre
istinctive
our
/g
G
(3).
29
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LA
TRANSMISSION
ES
TERMES
Nous allons xaminer'utilisatione cesdifférents
ignes
ans a traduction
latine,
xécutée
u
Xlle
s.
par
Gérard e
Crémone,
u Canon
d'Avicenne,
crit
en
arabe u débutdu Xle s.
Nous
allons
xaminerurtout
es noms
de
plantes,
car
souvent
vicenne
et
ses
prédécesseurs)
es
ont
transcritsu
grec
e
Diosco-
ride,
héophraste
u
Galien.
Ces derniers vaient té étudiés
par
les
auteurs atinsde
l'Antiquité, ui
avaient herché
éjà
des
traductions
xactes
our
es termes
pécifiques,
u
les
avaient ranscrits.
es termesatins
ntiques
taient ouvent onnus
u
Moyen-
Age savantmais fautede véritablesescriptions:ioscoride e fait ouvent
qu'énumérer
es
propriétés;
t fauted'illustrations
xactes
dans es
herbiers
édités,
line s'en
plaignait
éjà
(4))
pas toujours
econnus
our correspondre
à
telles
lantes
ui
portaient
ésormais es
noms
rabes u
arabisés.
Deux
exemples
ont
clairer
ette
uestion
1/
Les
écrivains
recs
ni
latins
de
l'Antiquité
e
parlent
u
camphre
c'est
un
produit
riginaire
e
Malaisie,
u'ils
ignoraient.
n
l'appelait
et
encore
aujourd'hui)
âpûr
en
malais. Les
voyageurs
rabes
xplorèrent
a
Malaisie,
y
firent
ommerce,
n
rapportèrent
e
camphre
vec son
nom
malais,
u'ils
déformèrentn kâfàrparcequ'il n'y a pas de /p/ n arabe. Tout cela est
raconté,
romancé,
ans le
Premier
oyage
de
Sindbad,
294°
des Miūe et
Une
Nuits.
Quand
Gérard
de
Crémone
it
kâfùr
ans e
Canon
d'Avicenne,
il en
ignore
out,
t
il
transcrit
anfora
u
camfora
c'est
a
première
ention
en
Europe
du
mot et de la
chose. A la
Renaissance
'érudit
Alpagoreprend
la
traduction e
Gérard;
l
y
fait
diversesmodificationst
préfère
ci
une
graphie
avante
ui
existait
epuis
quelque
temps,
l
écrit
amphora
graphie
qui
avait
d'ailleurs
assé
du
latin
pharmaceutique
ans
e
français
amphre
ès
1256.
Résumons
canfora
mal.
kâpûr
as. kâfùr
i
camfora
1
camphora
fr.
amphre
2/
l existe
des
cas
plus
compliqués.
insi
elui
de la
centaurée
Cette
plante
(nous
verrons n allant
e
que
signifie
e
démonstratif)
vait
té
nommée n
grec k¿v/t<*o{iov/kentaurion/cf.DioscorideII, 6, 7) pourhonorere cen-
taure
Chiron,
uérisseur
ameux.
Virgile
vait
transcrit
e
terme
entaureum
30
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et
Pline
XXV, 66)
centauriumau
début
du
Moyen-Age,
sidorede Séville
avait
ait e ce
terme n féminin
entauria.
Maisde l'autre ôté de la
Méditerranée,
eut-être
près
des
ntermédiaires
syriaques
t
persans,
es
Arabes encontrent
e
terme
t
e
transcrivent
lVi>
s
/qenÎâiyûn/-
e MS
grec
2179
de
la
B.N.
témoigne
e ce
moment;
c'est un
Dioscoride llustré
e
la fin
u
IXe
s.,
doté
ensuite
e
notes
marginales
en
arabe et en
copte:
près
de
l'image
de la
centaurée
ioscoridienne,
n lit
également
ILíjd
.
Au
Xlle
s.,
Gérard
it
donc
ce
mot
dans
on
bn
Sinâ,
et
il
le
reconnaît
ous
son
habit
rabe
il
re-transcrit
entaurea. ès le XHIe
s.,
ce
sera
notre
centaurée
Linné
nommera
lus
tard
Erythrea
entaurium
a
centauréeeDioscoride5). Résumons:
Antiquité
tardive
haut
M.A. Xlle XHIe
classique,
/qentâiyûn/
iCtNir^ü^ioV
centaurea
►
entaurée
centaurium
DIFFICULTÉS
AUXQUELLES
SE HEURTE
GÉRARD
Pour bien
montrer
'ampleur
e
la
question,
t la
spécificité
u
problème
précis
quoi
nous
allons
aboutir,
l
faut
ortir es cas relativement
imples.
C'est
en effet ans
es
cas difficiles
ue
l'invention
vait
a meilleure
art,
t
aussi le
hasard.
C'est
au hasardet
au
caprice
u'on
attribue
rdinairement
les erreurs t modificationsont es transcripteursontresponsables:l faut
en mesurer
'importance.
On a
vu
que
dans deux cas la tâchede Gérard
tait
imple quand
l
s'agit
de
transcrire
n mot nouveau
ui
dénoteun
produit
ouveau
camfora
our
kâfûr)
u
simplifié
quand pour produit
ncien,
e
mot
arabe
trahit
n
mot
ancien
qu'on peut
reconnaître).
es cas
difficiles
ont
ceux
où l'arabe
ne se
borne
as
à transcrire
n
terme-originerec.
1/
Ainsi
e
grec
connaissaitil
des
mots
/stimmi/
u
/stibi/
le
doublet,
e
-i
final,
t
d'autres
étails
montrent
ue
c'est
un mot
emprunté
par lesGrecs u Moyen-Orient.r lemot-sourceon-grec,t ignoré, fourni
en arabe
e
mot
I
/itmid/
u
/utmud/.
rès
tôt au
Moyen-Age
e terme
31
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
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arabe,
qui
avaitun rôle
mportant
n
chimie
t
en
alchimie,
été transcrit
(ou plutôt dapté)
ntimonium
c'est en effet otre ntimoine.
érard
suivi
cet
usage
déjà
en
place
et
«
transcrit
lui
aussi
ntimonium:
l
n'a
pas
reconnu
le
tfr.Gv
rec,
ni sa
copie
atine
lassique
tibium.
'est seulement
partir
u
XVIIIe s.
(
stibié
chez
Helvetius)
ue
e
terme
lassique
tibium
ejoint
fficiel-
lement
a
version
ntimoine
l'élément
himique
ntimoine
pour
sigle
Sb
stibium.
-
<r-r'6t
..._
^
-
-
o
^
2/
Un
cas
qui
démarre
e
façon
imilaire st
celui
de
la
gomme.
On
trouve
en
grec
/kommi/,
uis
en latin
cummi,
ummi
t
cumma.Le
terme
araméen
fcA
/qumma/
emonte
la même
ource,
t Rachi
u
Xle
s.
e
glose
M
'
t
/gumma/
c'est
à
dire
que
c'est
la version
initiale
onore
qui
avait
prévalu. onstantin'Africain,ex-négociantn plantes ui revitalisa'Ecole
de Salerne
réée
par
Donnolo en
y
insufflant
e
vocabulaire
t la
pharmacie
arabes,
crivait
umma.
Dans
le Canon
Gérard
it le terme
/samaģ/
gomme,
ésine
(le
terme
pour
a «
gomme rabique
est
o
/simh/.)
t
traduit
ar
gummi.
Chez
Plateariusu
Xffle
.
on
trouvera
es
mots rancisés
ome
ou
goma.
Ici un vieux
erme
tabli
depuis
ongtemps
n
sémitique,
n
grec
t
en
atin,
et familier
u
Moyen-Age,mpêche
e terme
echnique
rabe
de s'installer:
Gérard
raduitse
souvenant
es
anciennes
ormes
atines.
3/Dans ce troisièmeas, 'arabepropose ussiunterme ouveau ar rapport
à
un terme
ntique
t
lui aussi
émitique.
vicenne,
ans doute
après
'autres
auteurs,
raduit
n
effet
ar
/qannê/,
cf.
'hébreu
/qanna/
'où
venaient
esmots
anna
etc.)
e mot
émitiqueui
est n
hébreu
ļ*J^c)T)
/halbanê/,
t
que
les
Grecs vaient
ranscrit
/khalbanê/,
es
Latins
gaïbanum
6).
Rachi
explique
aS
par
ol
/galbanê/,
e
qui
montre
uel
terme
l'emporte
ans 'Occident
médiéval. t
en
effetGérard
raduit
e
avicé-
nien
pargalbanum
e
mot
françaisaïban
st
également
u
Xlle
s.
32
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
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sém.halban
grec
halbaná
hb.halbanê latin albanum
Rachi:
«
galbané
^
galbanum
sém.
anna
Avic.cjannê
galban
hb.
qanna
canna
-
canne
<&H<k
Dans
ces trois as
le mot
ďorigine
'est
pas
gréco-latin
l a
une forme
émi-
tiqueetune version réco-latineque celle-cioitfaite 'aprèsesformesémi-
tiques
ou
non).
Dans
le
premier
as
la forme
émitique,
rabe,
mpose
u
Moyen-
ge
une
nouvelle
ormeatine
antimonium)
ue
Gérard
ccepte.
ans
le second
as
'arabe
e
reporte
ur
un
autre
mot
samag,
imah)
mais e
vocabu-
laire médiéval
vait onservé
ninterrompue
a tradition u
premier
nuancée
g-
plutôt ue
k-)
Gérard
uit ette
radition.ans e troisième
as,
'arabe
'est
aussi
reporté
ur
un
autremot
qui
a eu
des
versions
lassiquesndépendamment
du
premier;
a
tradition édiévalevait
ependant
onservé
'usage
lu
premier,
traditionueGérardccepte ncore.
Pource
qui
est
des
vélairesnitiales 'est
donc,
usqu'à
présent,
ès
e
latin
antique
ue
s'est
faite
a
transcription:
qumma
hb.
halbanê
qanna
gr.
vCoppv
Lt.
cummi,
ummi galbanum
canna
LES TRANSCRIPTIONS E GÉRARD
Mais
orsque
Gérard
e Crémone
e
trouvait evant
es mots
pour
esquels
il n'avait
pas
le
secours,
i du
lexique
atin
lassique,
i d'une tradition
atine
poursuivie,
l devait
hoisir. ans
le
Canon
11,2
Avicenne
dressé
ne
liste
alphabétique
es termes e
pharmacopée;
Gérard
raduit
u
transcritette
liste,
t
la
réorganise
elon es initiales
atines
es termes btenus: l'intérieur
de
chaque groupe
initiale
atine
dentique,
e
trouve onservé
et
cela
va être
un
ndice
rès
tiledansnotre
nquête)
'ordre vicénien.
Examinons es premiersermes e la listearabe,à l'initiale /k/, t
voyons
e
que
cela devient hezGérard.
33
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Kl kâfûr
C16
camfora
K2 kundur traduitar incensum encens
K3
kahrabe
Kl
karabe
K4 kamâfîtûs
K2
kamepitheos
+
hamâfîtûs,
voir
lus
oin
K5
kamâdryûs
K3
kamedreos
K6 karmâzik
K4
karmezir
(
-zik
K7 kundes
Cl
7
cunides
(-dis)
K8
kebâbe
C18
cubebe
(-bis)
K9
kibrît
traduit
ar
sulfur
soufre
K10 kasîla K5 kusele
KU
katîra
traduit
ar
tragagantus
Kl
2
kamâlyûn
K6
kemelius
(
-dium)
Kl
3
kâknedj
K7
kekengi
K14
kabîkedj
K8
kebikengi
Kl
5
kangarzid
K9
kenkezred
(kenzkezred)
K16
kust ar
kust
K10
kust
kusti
(custbercusti)
Kl
7 kîldârû'
Kll
kildaru
(kaldaru)
Kl 8
kàsut
C19
cuscuthe
(cuscute)
K19 kammun C20 cumino
K20
karviya
Kl 2
karvi
(carvi)
K21
kersene
traduit
ar
herbum
ers
K22
kemāsīr
K13
kemescir.
Soient,
ur22
termes:
-
4
traduits
-
13 transcrits
vec
nitiale
-
mais
2
variantes
-)
-
5 transcrits
vec
nitiale
-,
esquels
ont:
canfora
camphre
,
cunides,
cubebe « cubèbe
,
cuscuthe cuscute , cumino« cumin . De plus,dans
la
marge
du MS
1005
de la
Bibliothèque unicipale
e Reims
XlVe
s.) (7),
on
lit es
graphies
arvi t
camepitheos,
e
qui
montre
ue
le
point
de vue ur
ces
deux mots
évolué ntre
Xlle et XlVe
s. Enfin n
détail:
e
terme
vicé-
nien
kundur st
d'origine ersane
cf.
le Dictionnaire
e Desmaisons
.v.
Beaucoup
de mots
sont
persans
dans
cette iste
d'Avicenne,
ui
l'était
ui-
même),
t
ce
mot
persan
st à son
tour
d'origine
recque:
/khondros/
«
grain
et dans
'expression
/khondros
ibanôtou/
pain
d'encens» (l'expressionst chez Lucien,Sat. 16. Le terme
X-
(<*/uj/libanos/
« encens
est lui-même
'origine émitique:
ébreu
/lebôna
ou arabe
34
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Oj
ĻJ
/lubân
comme
dans
'expression
ubân
Djawi
«
encens
de
Java
qui
a
donné
lu)
benzoe
et en
français
enjoin.)
Or
ce^fy^grec
est
l'origine
on
seulementde kundur mais aussi d'un autre terme vicénien
/handaiûs/,
ranscritandaros
u canderos
hez
Gérard.
e
qui
fait,
blique-
ment,
n
autre
erme
n c-.
Un
coup
d'œil
sur
les
mots
que
Gérard
transcritsvec
une
initiale
-
montre
ue
ce
sont
peu près,
ur 'ensemble
e a
liste,
eux
qui
ont urvécu
jusque
dans
nos
dictionnaires
odernes.
l
faut
bien constater
ue
ce
ne
sont
pas
les érudits
e
la
Renaissance
ui
ont
décidé
quels
termes
llaient
urvivre
et
quels
autres
disparaître,
ais e traducteur
érard
e Crémone u
Xlle
s.,
quand l naturalisaespremiers'un c initial, t renvoyaes autres unkqui
était
la
fois
avant
t
exotique.Après
Gérard
urent ieu
quelques
modifica-
tions: es commentateursédiévaux
aturalisèrent
e carvi et
Alpago
raduisit
condes
par
struthium
ce
qui
revenait
l'obéliser. u XVe s. le
Grand
Herbier
inclut
lcacange
qui
est
finalement
emaiginalisé
u
XVIIe s. en
alkekengi
(1620,
J.
Béguin).
En
gros,
e
choix
de
Gérard
st resté
elui
de nos
dictionnaires,
uit
iècles
plus
tard.Ce
choix,
Gérard
'a
marqué.
On
croitd'ordinaire
ue
c est
ancien
et bien-de-chez-nousandis uek est tranger, aisnous vons uqu'enréalité
k est
plus
ancien
dans
ce
rôle
de
/k/
ue
c
(d'abord
/g/): 'opposition
e
c
et
k
est
dans a
«
psychologie
e
la
graphie
,
l'ancienneté
'y
est
pour
rien.Ainsi
notre
lcool
(encore
lcohol
au XVIe
s.,
puis
en
anglais)
st
-
s'il
en
est
-
naturalisé,
andis
ue
son doublet st
exotisé
kohl,
t
paraît
lus
récent
écrit
kool
au
début du
XVIIIe
s.)
reste
ue
tous
deux
sont ssus
de
l'arabeJus^S
/kuhl/,
ette
fine
poudre
d'antimoine
ont
on
peignait
es
paupières,
uis
poudre
ulvérisée
u
liquide
distillé
ainsi
hez
Paracelse).
Plus
généralement,
ellah
smalah
casbah,
méhari hammam
ont
encore
marqués ar e h graphique, aisce n'estpasparceque ce sontdesemprunts
récents
razzia,
ourbi
maboul
matraque
guitoune
bled
et
clebs,
arexemple,
ont
été
parfaitement
ntégrés
uoiqu'ils
soient
en
français
ontemporains
des
premiers.
ans
es
emprunts
nciens,
ertains
ntété
assimilés:
zur,
oton
jupe,
sucre,
mbre,
ouane,
magasin
etc.
tandis
ue
d'autres
onservaient
eur
étrangeté,
t d'autant
eur
rareté
élixir, urbith,
omac etc.
ou
disparaissaient.
Dans
ce
contexte n'est
pas
une
lettre
écente,
lle
en
a
seulement
'air
et les
savant
du Xlle
s.,
moins
pris
de nomenclature
et
d'exactitude),
tili-
saient
parfaitement
a distinction
/K
pour
noter,
ans e
vif
de leur
avoir,
lesmots
ui
menaient
éjà
la vie
plus
ourde el'habitude.
35
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TRANSCRIPTIONS
U X
GREC LE
CAMÉLÉON
Ce
n'est
pas parcequ'il
est
mpossible
e
transcrirexactementn
alphabet
dans
un
autre,
ue
les
langues
ivantes voient n
handicap.
Gérard
a
saisi
l'occasiond'un
choix,
passant
e l'arabe u latin.
Ce
problème
e
posait
diffé-
remment ien sûr Hamathi
uand
l
traduisit'arabe
d'Avicenne n hébreu.
Mais
l
se
posaitdéjà
quand
es
naturalistes
ersans
u
arabes ranscrivaient
les auteurs
recs,
t notamment
ioscoride.
1/
Nous
avons
vu
avec
que
le
/kh/
rec
vaitété dédoublé n
ar.
-S/k
/
et
ar.
J*
/h/:
^>¿>/kundur/
t
/handarûs/
e retrouvaient
chez Avicenne.Gérard vaittraduit e premier incensum, et transcrite
second
candaros
.
Le
lexicographe
u
MS
hébreu
146,
B.N.,
ne
s'y trompe
pas
mais
l
transcrit
ependant
pï
jic,£a
«
kandar: 'est 'encens
lebòna)
de
'hébreu
iblique,
et
aussi
'encens
luban)
arabe
.
Alpago
herchera traduire
e
canderos e
Gérard
ar
«
halica
(alica
chez
Caton
tait
ne
sorte e
semoule).
kundur
traduit
ar
ncensum
A°^°J
handarus
canderos
alica)
2/
X
est
l'initiale
es
mots
à
préfixe
/khamaï/,
ssez
fréquent
ans e
lexique
botaniquegrec.
signifie
à terre et est
l'équivalent,
ans
le
lexique
français
es
variétés
naines
ou «
rampantes
de
certaines
lantes.
Ainsi
de
/khamaipitus/
pin
nain» de
Dioscoride
II, 150,
aujourd'hui
ommé
ugle
petit
pin,
Ajuga
chamaepitys,
cherbius.
l
en
existe
une
première
ranscription
vicénienneous
nitiale
k/
»
/kamâfitûs/
dans 'édition rinceps u textearabe médicéenne e Rome,1593) et dans
le
MS
arabe
2887,
B.N.,
terminé
n
1201.
C'est celle
que
nous
vons
ndiquée
plus
haut la 4e de
a liste
initiale
k/
e
Avicenne,
e
de la
liste
K
de Gérard.
Pourtant,
ans e
MS
1005
de
la
B.M.
de
Reims,
n a
rajouté
amepitheos
mais
vers
a
fin
de la listedes
mots
initiale
,
à la suite
es
mots
ui
en arabe
ont une
initiale
h/.
'est dire
qu'il
doit
se trouver es
MSS arabes
qui
ont
transcrite
grec
avec un
/h/
nitial.
t c'est
celui-là
ui, après
Gérard,
e trouve fanscrit
n atin
ar
-.
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kamâfitûs
-►
kamepitheos
gr.khamaïpitus
^ v oķchamafitus -* camepitheos
Le
lexicographe
ébraïque
du MS
hébreu
1146
le
transcrit
'(C'jvO/0
/kampitius/
et au XVIe
s.
Alpago
retranscrira
ar
la forme
recque
elon
a
graphie
avante
hamaepityos
il
conserve
ependant
e
génitif
ioscoridien,
qui
était
dû aux
titres
recs
fítfi
« Du
chamaipitus
)
et
proposera
a
traduction
juga,
quoi
es naturalistes
odernes
e tiendront.
3/
Enfin e cas e
plus
lair
de
tous.
Les botanistes recs,observantes CarlinesCarlinaacaulis,Linné. Cet
acautis
«
sans
pédoncule
est encore
un
équivalent
e
-
)
voyaient
qu'elles
changeaient
e couleur
selon
l'environnement,
e
qu'on
distingue
aujourd'hui
dans des
espèces
différentes.
ls l'ont
appelée
«
lion nain
par
allusion
à l'animal
renommé
ue
nous
appelons
encore
caméléon
n
français.
line
parle
de
cette
plante
XXII
45
et
XXX,
0)
et
transcrit
on nom hamaeleon.
En
arabe
'animal
'appelle
L
^
/hirbâ'/
t est cité
dans
Avicenne.
uant
à
la
plante,
on
nom est transcrit
u
grec,
t cette
foisnettement
es deux
manières:Avicenne angé l'initiale k/a graphie US /kamâlyûn/,
et à
l'initiale
h/
a
graphie
Ci¿JSÍ
L*
Lá
/hâmâlaûn/.
Gérard
ranscrit
e
premier
ar
kemeliumle
second,
l
le
reconnaît
t le
re-transcrit
ou
le
traduit,
'est
tout
un)
caméléon
Alpago
nterine
peu près:
kemelio
t
caméléon.
kamâlyûn
-
o
kemelium
gr.
khamaileon
hâmâlaûn
-
=*>
caméléon
On
peut,
de
ces
trois
xemples,
égager
es deux
tades uivants:
^
k
A/
diversificationrabe
gr.
kh
^
i?
B/
transcription
atine,
t
repérage
'unedes branches
ar.K
-
*
LtK
gr.KH
* ar.H - =» LtC
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CONCLUSION
Il
apparaît
finalement
ue
«
l'incapacité
arabe à transcriretrictement
le
X
grec
st une des voiesde la
créationexicale:
ue
es
systèmes
es vélaires
ne
se
superposent as,
au
lieu d'être
un
handicap,
evient n
outil
puissant
pour
e
transcripteur.
rouble,
mais
l'œuvre,
e dédoublement
u
X
grec
ans
le
prisme
'une
favorable
t
savante
ignorance
,
n'est
il
pas
un
phénomène
analogue
e a
diversification
es
espèces
Quant
à Gérard
n son
atin,
l
fait
a sélection. ans un second
tade,
ne
seconde
ranscription,
e
qui
étaitdiversification
hange
'aspect
cela devient
division,t le feed-backtymologiqueans a mémoireatiney oue évidem-
ment on
rôle.
Ce
n'est
pas
le
lieu
ici
des
commentairest
développements
héoriques;
faisons
lutôt
deux
remarques
mboîtées
ur
es
conditions e
possibilité
e
ce
processus.
/
Le contrôle
es
transcriptions
arAlpago,
u
XVIe
s.,
montre
clairement
ue
le
complexe
de
transformations
ue
nous
venons
de
décrire
n'aurait
as
été
possible
vec
des
traducteurs
e la
Renaissance: ne
fidélité
stricte
térilise'évolution
ivante
corollairement,
'est
bien
parce u'il
y
a
eu
une
rupture
artielle
e
la tradition
recque,
arcequ'il
y
a
eu
«
de
l'oubli
»,
que lestransformationsnquestion urentossibles:a sciencemédiévale rabe
n'est
pas
seulementn «
détour
,
un «
épisode
dans e tracé
oyal
u
Savoir.
2/
Ces
écarts t
recompositions
'ont
té
possibles
u'à
cause
des transferts
alphabétiques.
i,
commenous e
faisons
epuis
a
Renaissance,
ous ranscri-
vons n
français
es mots
atins,
t même
es
adoptons
ainsi
de
«
transcrire
),
le
phénomène
n
question
e se
produit
as
non
plus.
Le «
signifiant
(sonore
et
graphique)
oue
un
rôle
fondamentalans 'évolution
u la
révolution
u
«
signifié
. Plus
précisément:
a
différenciationes uns est
indissociable
e
la
différenciation
es autres.
Le « melting ot» des Xle etXlle s.,enEspagnepécialement,érite ien
la
fascination
u'il
exerce:
non
seulement
es
historiensu
les
philosophes,
les médecins u les
naturalistes,
ais es
linguistes
t
théoriciens
u
langage
y
peuvent
rouver
âture
t
ressort.
38
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NOTES
T
BIBLIOGRAPHIE
(1) On trouveralusieursrticlesur e thème ans e compte-renduu2e colloque
«
Fautes t
contresens
es trad,
cientifiques
édiévales
du
Congrès
Histoire es
Sciencese
1968,
ublié ar
a
Revue e
Synthèse,
968,
9-52.
otamment
-
M.
Th.
d'Alverny,
es
traductions'Aristote
tde
es
ommentateurs.
-
Guy
eaujouan,
autes
tobscurités
ans es rad,
édicales
uM.
A.
(2)
Les
éléments
ondamentaux
e cette
istoireont ans e
petit
ivre e W.
Mont-
gomery
att, 'influence
e
l'Islamur
'Europe
édiévaleGeuthner
974.
Le ivre
e
fond n
français
ur
es
changes
ans 'Islammédiéval
st elui e
M.
Lombard,
slam
dans
a
première
randeur
Flammarion
971,
oll.
Champs;
e
thème
es
plantes
t
produits
édicauxest
bordé
p.
211-213.
(3) Unexposé implees lphabetsrec t atin e trouveu1er hapitreuTraitée
Grammaire
omparée
es
angueslassiques
Meillett
Vendryes,
hampion
e
éd.
1968.
(4)
Les herbiers
eints
xistaientans
'Antiquité
on
trouvera
ar
xemple
a
reproduc-
tion
e
plusieurs
lanches
u Dioscoridee
Vienne
début
ie
s.)
dansManuscrits
réco-
romainst
paléo-chrétiens
Chêne
977.
Les
premièresravures
e
plantes
mprimées
la
Renaissanceont
elles 'un
Ps.-
pulée
Rome, 480),
ecopiées
'un
MS
du
Xe
qui
lui-même
mitait
'autres
opies.
'herbiere
Brunsfeld,
l'inverse,
eproduitAugsburg,
1530)
des
plantesarticulières,
vec
lis
t froissures.n
1542
Bále,
uchs
arvient
tenir
'équilibre
ntre
'individu
t
'espèce.
(5)
Des indications
tymologiques
e trouvent
ans es
Noms
es
fleurs
L.
Guyot
t
P.Gibassier,e ed.1968, UF. oll. ue ais-je.
(6)
Le casdu
galbanum
stétudié ans . Masson echerchesur es
plus
nciensm-
pruntsémitiques
n
grec
Klinsksieck
967.
(7)
Ce MSnous été
ignaléar
e Dr.A.
Ségal,
uteure
plusieurs
rticles
'histoire
e
la
médecine.
u'il
n oit ci
emercié,
insi
ue
a
Bibliothèque.
39
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 42/152
Annie
DENNERY
DU
MELOS
A LA
NOTE
LES
NOTATIONS MUSICALES AU
MOYEN-AGE,
II.
Do, Ré,
Mi,
Fa, Sol, La, Si,
Do.
«
Avez-vous
oué
vos
gammes
» « A
quoi
sert
e bémol
»
Ces
questions,
osées
par
un
professeur
la
voix
parfois
sévère,
nt scandé
'enfance e bien des
musiciens.
ui
n'a
jamais
maugréé
contre
es
exercices
tiles,
t
pourtant
ugés
bienfastidieux
Mais
connaissons-nous
'origine
du mot «
gamme
?
Savons-nous
u'il
a falludes sièclespouraboutir une notationmusicale peu prèssatisfai-
sante
(1).
Dans
un
précédent
rticle
2),
nous avions
raité
e
l'évolution esneumes
depuis
es accents
grammaticaux
atins
d'où ils tirent
eur
origine,
usqu'à
la
notation
arrée ur
quatre
ignes,
u
notation
régorienne.
ous nous
n
étions
tenu la forme
xtérieure,
ans
évoquer
ni
leur
ignificationélodique,
i
es
problèmes
oulevés
ar
eur
ecture,
l'époque
même e eurutilisation.
En
effet,
orsqu'on
it
un
manuscrit
eumé
voir
Fig.
1),
on est mmédiate-
ment
rappé
ar
'absence
de
points
de
repère
musicaux: l
n'y
a
pas
de
portée
(3), pas de clef, t si la notation eumatiquendique ansambiguïtéa direc-
tion,
ascendante
u
descendante e la
mélodie,
lle ne
précise
ni la
note
de
départ,
i, surtout,
a relation
es
ntervalles
ntre ux. Elle ne
pouvait
onc
servir
ue
d'aide-mémoire.
éjà,
au débutdu
Xe
siècle,
Hucbald
de
St-Amand
1.
Elle
ne
Test
lus
nouveau,
uisque
osmodernes
ompositeurs
'utilisente
moins
en
moins
cf. «
Sequenza
II
»
de
L.
Beno u
es«
Archipels
d'André
oucourechliev.
2. VoirMédiévalesRevue uCentreeRechercheniversitéaris III,n° 1, anvier
1982,
p.
89-103.
3. C'est a
raison
our
aquelle
ette otation
st ite
a
campo
perto
.
40
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 43/152
(4),
a montrées
ambiguïtés
es neumes n matière
e
notes.
ls ne
portaient
pas d'indicationsythmiquestarditatemantilenae
ni
d'ornementstremulam
sonus) 5).
Certains
otateurs,
t
particulièrement
eux
de
l'abbaye
de
St-Gall,
ont
bien
essayé
de
compléter
e
sens
des
neumes
n
leur
djoignant
e
petites
lettres
lacées
à
côté ou
au-dessus
'eux
dans
'exemple
e la
figure
,
p.
1,
on
voit
un c et
un t
au-dessus
u
mot
chérubin
et
un
e
sur
excita).
Mais,
malgré
es
indications
omplémentaires6),
on ne
pouvait
oujours
as
voir
à la
lecture
de
combien,
a
mélodie
montait
u
descendait:
'une,
deux,
ou
trois
notes
Et,
lorsque
des
notes
se
suivaient,
taient-elles
onjointes
u
disjointes
Aussi, orsque,parmalheur, n chantrevaitoubliéun chant, omme a
notation
neumatique
tait
napte
la
renseigner,
l
lui
fallait
ller
hez
un de
ses
frères
fin
u'il
ui
rappelât
'air
qui
était
orti
e
sa
mémoire
7).
En
outre,
ette
notation
n'était
pas
plus
utile
si,
désirant
ugmenter
e
répertoire
iturgique
e
son
monastère,
e
responsable
e
la
musique,
e
Cantor,
voulait
déchiffrer
ans
'aide
de
personne
ne
mélodie
nouvelle
ontenue,
ar
exemple,
ans
un
manuscrit
rêté
par
une
abbaye
voisine.
our
cette
raison,
lorsqu'on
ransportait
n
graduel
u
un
antiphonaire
8)
d'une
église
l'autre
il
fallait
nécessairement
u'un
chantre
'accompagnât
9). Aussi,
nous
ne
devons as nousétonneri on cherche oità perfectionneresneumes,oit à
mettreu
point
d'autres
ystèmes
lusprécis.
C'est
ainsi
qu'à
travers
es
traités n
vit
apparaître
iverses
otations. es
unes,
après
quelques
modifications
raversèrent
es
siècles
pour
être
encore
utilisées
e
nos
ours
les
autres
urent
bandonnées
près
uelques
ssais
ans
lendemain.
Nous
ne
citerons
ue
les
principales:
a
notation
asiane,
a
notation
'Her-
mann
ontract,
t es
notations
lphabétiques.
4.
Voir
nfra,
ote
1,
p.
5.
5.
G.S,
,
118.
6.
Ces
ettres
ont
ppelées
lettres
ignificatives
ou
encore
lettres
omaniennes
.
Certaines
ont
'ordre
gogique,
'autres
'ordre
élodique.
7.
Si
cm
etiam
rovecto
uandoque
memoria
eciderai,
ullum
abebat
ecuperandi
remedium
nisi
terum
ierat
uditor.
uy
de
Cherlieu,
egulae
e
arte
musica
G
S
II
150
.
8. Le
graduel
st
un
ivre
ui
contient
es
pièces
hantées
e a
messe.
'
ntiphonaire
contient
es
ntiennes
es
offices
hantés
ux
petites
t
grandes
eures
Vêpres,
atines,
Laudes,tc.).
9.
Michel
UGLO
«
Tradition
rale
t
radition
crite
ans
a
transmission
es
mélodies
grégoriennes
.
Studienur
Tradition
n
der
Musik,
p.
31-42.
41
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LA NOTATIONDASIANE
Elle se
trouve
dans a a MusicaEnchiriadis
(10)
longtemps
ttribuée
Hucbald
de
St-Amand
1 1),
et
dans a
«
Scholia
nchiriadis
. Ces
deux
traités,
datant
du IXe
siècle,
ontiennentes
plus
anciens
xemples
e
musique
oly-
phonique
otée.
Elle est
composée
e
signes
érivés
'une
ettre
recque rchaïque,
a
daseïcu
Dans le
système,
a
gamme
st
divisée n
quatre
étracordes
12)
représentés
l'aide
de
symboles
ormés
ar
a
daseïa
retournée,
nversée u
quelque peu
modifiée
voirfig.
).
L'auteurde la MusicaEnchiriadis lace ces signes nguisede lettres-clefs
entre
des
lignes
quidistantes
ormantne
portée,
t
dont
e
nombre
ariable
pouvait
ller
usqu'à
seize.
Les
syllabes
taient
lacées
ntre
es
lignes
t
pouvaient
insi tre
hantées
sans
difficulté.
es
lettres
omplémentaires,
lacées
côté
des
signes
asians
précisaient
es
intervalles: ou
t:
tonus,
on;
S:
semitonus,
emi-ton
Voir
fig.
.)
Cet
exemple
donne
a
partition
musicale
'une
polyphonie
quatre
voix
appelée
rganum.
n
peut
a
transcriree
la
façon
uivante
fig.
):
Tu
Pa-tris
em-pi-ter-nus
s
Fi-li-us
Ce
système,
ien
qu'il
soit
d'une
clarté t
d'une
précision
iastématique
irréprochable
'estd'une
utilisation
isée,
ni
à la
lecture i
à
l'écriture.
ussi,
fut-il
apidement
bandonné;
mais ses
principes:
a
portée
t
les lettres
lefs
furent
etenus
t
repris
uelques
iècles
lus
ard.
LA
NOTATION
D'HERMANN
CONTRACT
DatantduXle siècle, a notation 'Hermannontract
13)
est
plus
ardive.
Fils
du
Comte
Wolfrad
on
Altshausen,
e
moine
énédictin
ontrefaitcontrac-
tus
depuis
'enfance,
ntra n
1020
comme
lève
à
l'abbaye
de
Reichenau.
10. Le terme
orrect,
éformé
ar
n
copiste
u
moyen-âge,
st
nchinas
usices,
ue
Ton
peut
raduireu
grec ar
traitée
musique
.
Nous etrouverons
eterme
lusieurs
fois
u cours e
notrerticle.
11.
Hucbald e
St-Amand
V
840
-
4-
ntre
21 et
931).
Hagiographeoète, ompo-
siteur
t
théoricien.
l
reçut
a
formation
St-Amand.
n
uidoitz De
Harmonica
nsti-
tutions.
1
.
Un
étracordest n
groupe
e
quatre
otes
onjointes.
13.
Hermann
onttact
1013-1054).
42
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Fig.
1 Ms
St-Gall,
hapitre
°
376,
Graduel,
le
s.
Fig.
2.
D'après
Dom
Sunylol,
ntroduction
la
paléographie
usicale
p.
252.
43
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
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Fig.
3. Notation
asiane.
G.5, 1,
152-1 3.
Polyphonie
quatre
oix.
Fig.
4.
Transcription
e
l'organum
u
Patris.
Fig.
4.
Notation
'Hermann
ontract. unich, .R lat14965,Xlle s.
44
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Formé
ous a
direction
e
Bernon,
l devint n
des
plus
grands
avants
e son
temps.
Parmi es
nombreux
uvrages
onsacrés ntre
utres
l'histoire,
l'astronomiet auxmathématiques,n trouve n « Opuscuhmusica , traité
de
musique
ratique.
Voulant arracher
ux neumes eurs ecrets
(14)
et
critiquant
a
notation
dasiane
pour
son
nsuffisance,
l
imagina
e
compléter
a
notation
eumatique
par
des
ettres,
ui indiquaient,
n
peu
à la
manière
e
St-Gall
15)
et
comme
dans
a
«
Musica nchiriadis
,
la
grandeur
es
ntervalles.
Voir
fig.
.)
Sur
ce
fac-similé
n
peut
voir,
u-dessust entre
es
neumes
es
ettres
u'il
faut
bien se
garder
e
confondrevec es lettres
ignificatives
e
St-Gall. lles
formentnsystèmeoncernantniquementes ntervalles:
e,
equat
unisson
s,
semitonumdemi-ton
t,
tonus:
on
ts,
tonus um emi-tonus
.
:
tiercemineure
V
,
semiditonus
tt ou
S
,
ditonus:
ierce
majeure
d,
diatessaron
quarte
¿ļ
,
diapentequinte
Les
signes
As
,
At,
et Ad
viennent
ompléter
ettenotation. n
point
placé
au-dessus u à
côté
de a
ettre
ndiquait
n
ntervalle
escendant,
'absence
de
point
ndiquait
n
intervallescendant. ettenotation
ît,
malgré
a
com-
plexité,
uelques
adeptes
puisqu'on
a
retrouve hez
plusieurs
utres héori-
ciens,
t,
notamment
hezJean
'Afflighem
16).
Pourtant,
lle finit
ar
être
bandonnée,
out
omme
a
notation
asiane.
LES
NOTATIONS
ALPHABÉTIQUES
Il
faut echerchereur
origine
ans a
théorie
musicale
e
la
Grèce
ntique,
qui
nous fut
ransmise
râce
Boèce. Lui-même
n
eutconnaissance travers
14.
Il
était,
ommeous
esmusiciense son
poque,
n
butte uxdifficultése ecture
de a notationeumatique.Voirupra,.2.)15.Voir ote ,p.2.
16. Jean
otton,
u
Jean
'Afflighem,
héoricienuXHe
iècle.
45
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l'œuvre
e Ptolémée
ans a
traduction
e
Porphyre
17).
Dans sonouvrage De Institutione usicae il ne traite i de la mélodie,
ni
de
la
pratique
ocale
et
instrumentale,
ar,
l'instar
e
Pythagore,
a mu-
sique
était,
pour
lui,
l'occasion
de réflexions
hilosophiques.
uintilien,
théoricien
rec
du Ile
siècle,
nous
rapporte
ue
le
dernier
mot du
philosophe
grec
mourant
ses
disciples
ut:
«
Travaillez
e
monocorde
(18).
Et
il
pour-
suit
«
Il
montrait
ar
à
que
l'on
parvenait
ieux
la
connaissance
usicale
par l'esprit,
traverses
nombres,
ue
par
l'oreille travers
es sens
(19).
Pour es
Pythagoriciens,
a
musique
tait
une
partie
'un
ensemble
lus
vaste,
que
l'on
tentait
'appréhender
u traverse a
mystique
es
nombres.
A leur mage,Boèce a utilisé e monocordeommenstrumentpéculatif.
Aussi,
a
notation
lphabétique ue
l'on
trouve ans
son «
De
Institutione
doit-elle
tre
considérée
omme eulement
héorique
t
sans
rapport
vec
a
pratique.
lle
est
organisée
n
quatre
éries
différentes
elon
es
systèmes
e
la
musique
recque.
n
voici
une,
titre
'exemple
Boèce
AF
CG K
DL
MN
XE
Actuelle
La Si Do
Ré
Mi
Fa Sol La
Si
Do
Ré
Mi
Fa
Sol
La
Onremarqueuela suite es ettres 'estpasordonnéeelon a gamme.
La
notation
héorique
e
Boèce de
A
à P
Parmi es
quatre
séries
appliquées
par
Boèce
aux
systèmes
recs,
'une
d'elles,
omportant
es
lettres
e A
à
P
eut
une
fortune
articulière,
arelle fut
appliquée
u
genre
diatonique
ui,
par
la
structure
e ses
ntervalles
ouvait
être
rattachée
ux
modes
musicaux
cclésiastiquesfig.
5).
Elle
formait
ne
échelle
ommençant
ar
La et
se
terminant
ar
La.
Troissiècles
plus
tard,
u IXe
siècle,
Hucbald
de
St-Amand
eprend
ette
série
qui
reste
out
aussi
théorique,
ar
d'après
'enseignement
e
Boèce
qui
sera
encore
ongtemps
rofessé,
l
convient
e
distinguer
a
musica
peculativa
de
a
musica
ractica.
17.
Anicius,
anlius,
ervinus
oethius
V.
475
-
V.
525).
Philosophe
t
mathématicien,
homme
olitique.
l
écrivitn «
De
Institutione
usicae
qui
fut
a
bible
musicale
u
moyen-âge.
a
grande
réoccupation
st
'harmonie,
t
on
œuvrest
urement
héorique.
18.
Le
monocorde
stun
nstrumentonstitué
ar
une
corde
endue
ur ne aisse e
résonance.u moyen-âge,l fut 'instrumentarexcellencee renseignemente la
musique.
19.
Jacques
HAILLEY
Expliquer
'harmonie
pp.
11-14.
46
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Ne
trouve-t-on
as,
au Xle
siècle,
hez
Guyď
Arezzo
20),
cettedéfinition
Musicorumt cantorum agna stdistentía
Isti
dicunt,
lli
ciunt
uae componit
Musica
Nam
qui
facit
uod
non
apit
iffìnitur
estia
21).
Quant
au
monocorde,
l
servait
ux
considérations
coutisco-mathématiques
bien
plusqu'à
l'enseignement
e
a
musique.
ans
tous
es
traités
n
trouve
es
indications
u
genre
«
diviser
ne
corde n
quatre
arties
t
placer
u début
la
lettreA
»
« In
capite
ineae cribeA
»,
et
en
plein
XVIIe
siècle,
Marin
Mer-
senne crit
ncore,
u livre
remier
e son
« Traité es
nstruments
chordes
(22):
« Soit donc le monochorde G L, de telle longueur t largeur ue l'on
voudra,
ur
equel
a
chordeA B soitattachée
n haut
à
une
pointe
e
fer...
La série
lphabétique
e
A
à
P
fut
ongtemps
onservée elle
quelle.
On la
trouve ncore
u
Xle siècledansun
groupe
mportant
e
manuscrits
emontant
aux
travaux
e
Guillaume
e
Volpiano
23)
et en
particulier
ans e tonaire e
Montpellier
.
159,
écrit n
notation
ouble,
eumatique
t
alphabétique
24)
(voir
plus
loin,
fig.
10,
p.
50
).
Pourtant,
ès
a
findu
IXe
siècle,
ette érie
est
mentionnée ans
un
autre
raité,
a
«
Scolica Enchiriadis
,
non
eulement
à
propos
du
monocorde
e
Boèce,
mais
ussidansdes
recettes
our
onstruire
lesorgues taccorderescloches.
La
musique héorique
t a
musique
ratique
ommencent se
rapprocher...
La notation
lphabétique
instrumentale
Les
plus
nciens
émoignages
ous
nseignent
ue
les échellesnstrumentales
concernant
es instruments
ommençaient
ar
Do
et
non
par
La. C'estHucbald
qui,
vers
00,
constate
ue
c'est « de
temps
mmémorial
(25):
20.
Voir nfraote
9
21.
Guy
d'Arezzo,
Musicae uidonis
egulae
metricae
n
antiphonarii
ui
prologům
prolatae,
. S.
II,
25.
«
Le
cantor
nseigne
a
théorie,
e musicus
ratique
a
musique
nstrumentale.
22. Marin
Mersenne,
Harmonie
niverselle
ontenanta
Théorie
t a
Pratique
e
la
musique
(Paris,
636)
raitées
nstruments
chordes,
ivre
,
p.
32.
23.
Guillaume
e
Volpiano
mort
n
1031).
Réformateur
e
nombreuses
bbayes,
otam-
ment e
St-Bénigne
e
Dijon,
e
Jumièges
t
de
Fécamp.
24. Le
tonaire
stun
ouvrage
idactique
ans
equel
es
piècesiturgiques
ont
lassées
dans ordre
es
ons
u
ieu e
suivree
cycle
nnuel
25. Nec,tarnenliquidffertcrupuli,i forte,ydrauliaelaliud uodlibet usici
generis
onsiderans
nstrumentumon bivoces ali
eperias
chemate
educías,
uodque
numerumhordarumideantur
xcedere...
ucbald,
e
Musica, .S.I.,
10
47
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« Il
ne
faut
pas
s'étonnér
i,
dans es
orgues
eau
et les autresnstruments
demusique n rencontreneautre uccessione sons...
Nous
devons
donc
en
déduire
u'à
côté de
l'échelle
diatonique
a
-
Mi
il
existait
ne
autre
chelle,
ropre
ux nstruments
e
musique,
t dont
a struc-
ture
tait emblable
celle
de notre
amme
'Ut
fig.
).
Afin
de
rendre
ette
échelle
ompatible
vec a
théorie
lassique
n
y
a
ajouté
un
F et
un G
(voir fig.
précédente)
La
et
Si)
dans
e
grave,
t
cette
nouvelle
érie
ut
eproduite
ansde nombreux
raités.
A
l'extrême
indu
IXe
siècle
deux notations
e A à
P,
correspondant
deux
échelles
musicales
ifférentes,
ont en
présence:
a
première
héorique
et spéculative,ue l'onpeut ppeler otation umonocorde,tquicommence
par
La,
la
seconde,
robablement
estinée
la
pratique
musicale,
ue
l'on
peut
appeler
otation
nstrumentale,
t
qui
débute
ar
Do
(fig.
7).
La
série es ettres
e
A
à G
Pourtant,
ers a même
époque
au
IXe
siècle),
'idée
d'une
notation
lus
proche
de la
réalité
musicale
taitdans
'air.Dans «
VEnchirias
de
Hoger
26)
on
trouve ne
série
répétitive
-G
A-G,
ommençantar
La
pour expliquer
que lorsque euxoctaves esuivent,esmêmes otes eviennent
ABC D
E F
G
ABC
D
E
F G
La
Si
Do Ré Mi
Fa
Sol
La Si Do
Ré
Mi
Fa Sol
On
la
trouve
galement
hez
Hucbald,
mais lle
commence
ar
F
(cf.
fig.
)
car
l
part
e
la
série
nstrumentale
daptée
fig.
).
Laquelle
des
deux est
a
plus
ancienne
Le
Père
mits
an
Waesberghe
27)
pense
que,
logiquement,
l
n'y
a
pas
de
raison
our
faire
ommencer
ne
nota-
tionpar F, sixièmeettre e l'alphabet,t que,parconséquent,'est a nota-
tion
nstrumentale,
=
Do
qui
mit
n
évidence a
structure
n
octaves
our
la
première
ois.
Le
dernier
vatar
e
a
notation
héorique
ut
'addition
u
grave
'unenote
appelée
~
(28),
placée
un ton
au
dessous
du
La
(notre
Sol
actuel).
Elle
est
mentionnée
our
a
première ois,
ans
e «
Dialogue
de
Musica
,
à la
fin
du
26.
Hoger,
oine
e
St-Amand,
crivitnEnchiriasers
a fin u
Xe
iècle.
27. Smits anWaesberghelePère oseph):Les riginese a notationlphabétiqueu
moyen-âge
,
n
Annurio
usical
,
12
1957),
p.
3-16.
28.
D qù
'origine
enotre ot
gamme
.
48
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Fig.5. Boèce notation ugenre iatonique.
Fig.
6.
Echelle
nstrumentale
o-Do.
Fig.
7.
Notations
u
monocorde
t
nstrumentale.
i) Not.dumonocorde
Not.
nstrumentale
49
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On a utilisé
ussi a
double
notation,
our
fixer
es
mélodies
trangères
u
répertoireabituel, onc usceptibles'être ubliées ar es chantres.
Une
autre
tape
mportante
e ce
rapprochement
ut
'utilisation
e a nota-
tion
alphabétique
n
guise
de
ettres-clefs.
'idée de a
portée
t des
signes-clefs
n'était
as
nouvelle
uisquedéjà,
a notation e
a
Musica
nchiriadis
e met
n
pratique
voir
fig.
,
p.
4).
Mais c'est
à
Gui
d'Arezzo
30)
que
nous
devons
l'utilisation
ystématique
e
la
portée quatre ignes
t
des ettres-clefs
fig.
2).
Dans
cet
exemple,
n
peut
voir,
u
débutde certaines
ignes,
es
lettres
(La),
e
(Mi),
D
(Ré),
fcj
Si
fc]
.
Après
volution
u
graphisme
a lettre
a
donné
B
:
clef
d'Ut,
F
est devenu
Ò
:
clef
de
Fa,
et
G est devenu
: clef
de
Sol.
Une
dernière
tape
fut
franchie
orsque,
ésireux
e former
'oreille
e
ses
élèves,
Gui
eut
'idée
d'utiliser
a
première
yllabe
e chacun
es hémistiches
e
l'hymne
aphique
élèbre
St-Jean:
Ut
queant
axis resonare
ibris
Mira
estorům
amuli
uorum
Solve
poluti
abii
reatum
Sánete
Johannes
Ainsi
naquit
a suite
des
noms
Do-Ré-Mi-Fa-Sol-La
31).
Cependant,
a
nota-
tionalphabétique e futpas abandonnée. près uelques ransformations,lle
garda
a
préférence
es
pays
de
langue
llemande
t
anglaise,
ui
l'ontconser-
vée
dans
eur
olfège.
«
Do-Ré-Mi-Fa-Sol,
avez-vous
a
gamme
»
«
C-D-E-F-G,
'ai-je
bien
hantée
»
30.
Gui
ďArezzo
V.
1000
-
1050),
moine énédictin.
écut
Fabbaye
e
Pomposa.
Après
a mise
u
point
e
saméthode
usicale
évolutionnaire,
l
fut
n
butte
ux racasse-
ries e es rères,t lpartitArezzo.
31. La
septième
ote e
reçut
on
nom,
i,
qu'au
XVIIe
iècle
près
'être
ppelée,
ntre
autres,
a ou
Ja.
52
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
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Fig.
11
Début
de YIntroitr
esurrexi
du
dimanche e
Pâques.
Fig.
12.
Paris,
.N.
at
10508,
Fol
23
R.
Notation
uidonienne.
53
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
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article
*
nnie
Dennery
Les notationsmusicales
au
Moyen
Age
»
dans e
numéro
de
«
Médiévales .
A
la
page
90,
dernier
paragraphe,
a
fin
de la
phrase
en
italiques)
été
oubliée: «...
Il
y
a donc
eu, à une certaine poque,deuxtraditionsn présencecelle,répandue ans
l'Empire
ranc,
es livres e chants on
neumés,
ui
contenaiente
répertoire
gallican
t celledes ivres
hargés
e
diffuser
echant
régorien.
ar...
54
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
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Irène
NUNES-FREIRE
CANTIGAS
D'
AMIGO ET
CHANSONS
DE
TOILE
Les Chansons
e
Toile
et
les
Cantigas
Amigo
1)
ont
souvent
té
rappro-
chées,
du
fait
qu'elles
mettent
n scène
des
amours éminineslors
que
leurs
auteurs
ont
des hommes.
lles
appartiennent
un
type yrique
uquel
au-
raient
articipé articulièrement
es troubadours
allego-portugais
t
français
et,
dans
une moindre
mesure,
es
Trobairitz
ccitanes,
t
qui
est
généralement
désigné
ar
«
chansons
e
femme
.
Dansuntravailrécédentoncernanta yriqueccitanetgallçgo-portugaise
(2)
j'ai
été
amenée
comparer
es
«
chansons
e femme
en
cherchant la
fois
ce
qui
les reliait t
ce
qui
les
séparait.
e fait
ue parmi
es
Troubadours
il
y
ait eu des
femmes
m'a intéressée 'abord
ccessoirement,
nsuite lles
ont
retenumon attention
arelles e
prononcent
n tant
ue
femmesur es
points
essentiels e la courtoisie
t,
ce
faisant,
lles aissent
'impression
ue quelque
chose
ne
fonctionne
as
dans
'éthique roposée ar
es
Troubadours.
n
peut
dire
que
les
règles
e
l'amour
ourtois ont
utrement
pprofondies
ar
elles
mais
eur
voix
sonne
dissonante ans 'orchestration
ourtoise.
r,
à
côté
de
ces femmesoètesqui interviennentn leurnomsurcedont lles ont 'objet
-
l'amour
ourtois
,
des
poètes
hommes
nt
fait
parler
es
femmes.
t
c'est
1.
La
«
Cantiga
Amigo
est
'un des
quatre
enres
e
la
poésie
roubadouresque
gallego-portugaise
ommés
ar
'« rt
e
trouver
qui
nitie
e
Chansonnier
e a Biblio-
thèque
ationale
e
Lisbonne
ancien olocci-Brancuti),
'un es
rois
rincipaux
ecueils
qui
ontiennent
ette
yrique,
es
deux
utres
tante Chansonnier
e
Ajuda
t
e Chanson-
nier
e
Vaticana.
es
uatre
enres
taient
a «
Cantiga
'amor
et a
«
cantiga
amigo
,
denature
yrique,
t a
«
cantiga
e
escarneo
et
« demaldizer
,
denature
atirique.
2. Voix tReprésentatione laFemmeans a Poésie es Trobairitzt esCantigas
d'Amigo
thèse
e
3ème
ycle,
anvier
982,
résentée
Paris
II
sous
a direction
e
M.
B.
Cerquiglini.
55
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 58/152
précisément
ans
la
lyriquegallego-portugaiseue
l'on trouve e
plus
bel
exempleet le plus parlant) e ces« chansons e femme quisont es« canti-
gas d'amigo
.
Celles-ci
à
l'inverse
es
«
cantigas
'amor
,
fortementnfluen-
cées
par
la
lyrique
ccitane)
puiseraient
ans
un
fonds
opulaire
utochtone
très
ncien
eur
merveilleuse
riginalité.
'est ur
ette radition
ncienne
e la
«
chanson
de
femme
,
bien attestée travers
a
Romania,
es
«
khardjas
mozarabes
ux
«
cantigas 'amigo gallego-portugaises,
ue,
selon
Michel ink
(3),
se
fondentes
«
Chansons e
Toile ».
Les
«
Cantigas 'amigo
,
par
eur
hématique
t
eurs
ersonnages
éminins,
paraissent
première
ue très
proches
es «
Chansons
e Toile
»
françaises,
mais lles 'enéloignentésolumentar eur on nsaisissabletpar 'expression
du sentimentmoureux
4).
En
effet
a
réalisationensuelle
e
l'amour
'y
est
jamais
dépeinte,
l'inverse e
ce
qui
se
produit
ans es
«
chansons
e
toile
où l'immobilité
e a
belle
qui
attend
ait
lace
ux mouvements
e
l'amour
t,
dans certains
as,
comme
Fa
dit
Michel
Zink,
« elle
ne se lève
que pour
se
coucher
(5).
A
y
regarder
e
plus
près,
utant
que
des
similitudes,
n
trouve
ntre es
deux
lyriques
es
oppositions
lagrantes.
e fait
ue
l'auteur
oit
un
homme,
qu'elles
mettent n
scènedes amours
éminines,
ue
les
femmes
oient
elles
t
qu'elles attendent'ami absent es rapprochencontestablement.aisentre
elles
s'opposent
e
sujet
à
l'objet,
'extérieur
l'intérieur,
e mouvement
l'immobilité,
e collectif
l'individuel,
e
populaire
l'aristocratique,
'univer-
sel
à
l'épisodique,
'intemporel
u
temporel.
Les
«
Chansons
e Toile
»,
dont
es
fragments
ont
nsérés
ans
des romans
du Xnième
siècle,
articulièrement
ans e
Roman
de
la
Rose
ou
de Guillaume
de Dole
de
Jean
Renart,
irent eur séduction
e leur
aveur
'archaïsme
n
même
emps
ue
de
leur
familiarité.
e
nomde chansons
e toile
eurvient
u
3.
M.
Zink,
es
Chansonse
Toile
Paris,
978.
4.
« L
amour
st
oujours
u
ous
on
ôté e
plus
oétique,
onformément
u
resteu
génie
la
fois
assionné,
êveur
t
sentimentale
a
race
ortugaise,
ui
prête
oujours
à
ce
sentiment
i
violent
ans
es utres
ittératures
es
couleurses
plus endres,
es
plus
douces,
es
plus
thérées.
ême
ans
es
chansons
ue
nous
ourrions
rouveres
plus
«
osées
il
n'est
uere
arle
e
ces
nlacements,
e
ces
baisers,
e
ces
utres
émonstra-
tions
moureuses
ué
nous
rouvons
i
souvent
ormulées
ans
es
poésies
rovençales
et
françaises.
C'està cequisépareeplus etteoésieallego-portugaisees utresoésiesomanes
du
emps.
(F.
Dehoucke,
hansons
'Ami
raduites
u
portugais
Bruxuelles,
945).
5.
M.
Zink,
p.
citvp.25
56
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 59/152
fait
u'elles
décriventes
dames
ccupées
des
travaux
'aiguille
même
i
des
varianteses situent ans une atmosphère rintanièrevoquant es chansons
courtoises).
Jean
Renart es
appelle
«
chansons
d'histoire
en
soulignant
qu'elles
ramènenteurs
auditeurs
ça
en
arriers et
qu'elles
racontent
e
vieilles
istoires.lles
empruntent
es
formes 'un
genre
arratif,
e
décassylabe
et la
laisse
piques.
Ce
sont
ussides
chansons
e
femme ont
es
héroïnes
ont
des amoureuses
élaissées
ui,
selon
'expression
e M.
Zink,
«
se
morfondent
avec une
passivité
ouloureuse ans une
attente nutile
(6).
Elles
célèbrent
des
amours éminineslors
que
le
poète
est
un
homme. e
même
ue
ce
sont
des
hommes
ui
composeront
es
«
cantigas
'amigo
gallego-portugaises.
Audefroie Bâtard7) est 'unde ceshommes ui composent es « chansons
de
toile
et,
parmi
es
chansons
nonymes
l
y
en
a
une,
«
Oriolanz n haut
solier où
l'auteur e
révèle la
dernière
trophe:
«
Et
e,
qui
cest
hançon
is
sor
a rive
e
rner
ansis,
comanz Deu bele
Aelis.
(8)
(Et moi,
ui
fis
ette hanson
sur
a
rive
e la
mer,
ensif,
je
recommande
Dieu
belle
Aelis.)
Les
«
cantigas 'amigo
sont ussi
'œuvre e
poètes
hommes.
Mais a
dame
qui figureans eschansons aitpartie n tantque personnage,e l'universe
celles-ci.
'est elle
qui
assume
e
je
énonciateur
e
ce
discours,
andis
ue
le
poète,
s'il
se
fait
remarquer,
e ne sera
amais
qu'en
tant
que
/7,
ui,
l'ami,
l'autredont
parle
a
dame
et
qui
est
ui-même
n rôle
fictif.
ans
très
peu
de
cas le
poète
-
son nom
-
devient
ersonnage
ntérieuru
discours: 'est
e
cas
de
Joan
de
Guilhade
u
de
Rodrigu'Eanes
'Alvares
ui
sont
nommés
ar
a
dame
ui
fait tatde
leurs
ualités
u de
eur
omportement
n
tant
u'«
amis
.
Ils sont
bjets
de discours.
a dame n
est e
sujet.
« Lealment'amaoan e Guilhade
«
Rodrigu'Eanes
'Alvares tal
queflmi
ilhor
a
quis
om'a molher
(Joan
deGuilhade
ime
oyalement)
(tel
est
Rodrigu'Eanes
'Alvares:
il
m'aime
lusque
amais
un homme
n'a aimé
urie
emme)
6.
M.
Zink,
p.
cit.
p.
8
7.
En
plus
es
«
chansonse
toile
du
trouvère
udefroi
e
Bâtard n
eul
manuscrit
- LeChansonniere St-Germain-des-PrésParis, ibl.Nat.fr. 00500) conservees
«
chansonse
toile
anonymes.
8.
Edit.
ink,
.
82.
57
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 60/152
La «
chanson
de
toile
comporte
ne
partie
narrative
ui
est
absente e
la « cantiga 'amigo . La narrationans elle-là efait la troisièmeersonne
tandis
ue
dans es
«
cantigas
amigo
» la
voix est
à la
première
ersonne
t
la
narration
es
amoursd'autrui
devient onfidence
yrique
e
ses
propres
amours t
de
son
propre
écu.
Et si a
beautéde
la
«
chanson
e toile est
celle
d'un
instantané
xemplaire
t
un
peu
flou
celle des
«
cantigas
'amigo
a
l'éclat du
mouvementt
la force e
la
voix sans
ontrainte.
ans a «
chanson
de
toile
la
belle
est
'objet
d'un
récit ait
ar
un
narrateur
xtérieur
u
texte,
«
Bele
sabiauz,
ucele
bien
prise,
amaGerartt l lien telguise (9)
(Belle
sabeau,
eune
fille ien
levée
aimaitGérardt enétait imée
de
telle
manière)
tandis
ue
dans es
«
cantigas 'amigo
elle est e
sujet
du
discours:
«
con
este
mal
sobejo
que
sofr'eu
bentalhada
(10)
«
e chor
eu,
bela
»
(1 1)
(avec
cette
rande
eine
que
e
souffre,
elle)
(et e
pleure,
elle)
La
«
Chansonde toile
nous
renvoie ne
mage
tatique.
a «
Belle
»
est
assise,
mmobile,
l'intérieur,
ccupée
à
des
travaux
'intérieur,
t cet inté-
rieur
st
marqué
par
des
éléments
ristocratiques.
lle est dans
sa
chambre,
dans
ses
appartements,
n une
haute
tour,
près
de
la
fenêtre
t elle coud
ou
brode u
déplie
esétoffes
omptueuses:
«
Bele Yolanz
en ses
chambreseoit
D'unboen amiz ne robe osoit (12)
«
Bele
Yolanz en chambre oie
sor es
genouz
ailes
desploie
costun fil
d'or,
'autre e soie.
»
(13)
(Belle
Yolande tait ssise
ans
ses
appartements
Elle cousait ne robed'une oie
somptueuse)
(Belle Yolande,
dansune
chambre
tranquille
déplie
des
étoffes
ur
es
genoux.
Elle coud
un
fil
d'or,
'autre
e
soie.)
9. Edit.
ink,
.
108.
10.
D.
Dinis,
V
199.
11. P.G. orto arreiro,V507.
12. Edit.
ink,
.
77.
13. Edit.
ink,
.
96.
58
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
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Elle est
eule,
nfermée:
«
Siet soi
biele
Euriaus,
eule
stenclose
Ne
boit
ne ne
mange
e
se
repose
(14)
ou en méchante
ompagnie
«
Siet
bele
Aye
s
prez
a
malemaistre.
Sor sesgenouls npailed'Engleterre
(et)
a
un fil fet oustures eles.
(15)
(Belle
Euriaut
st
assise,
eule
enfermée
Elle
ne
boit
ni
ne
mange
i
se
repose)
(Belle
Aye
est ssise
ux
pieds
de
sa
méchante
uègne.
Sur esgenoux neétoffe
d'Angleterre
avec
un fil lle
fait
e belles
outures.)
La
jeune
filledes
«
cantigas
'amigo
évolue
en
plein
air
libre,
dans un
monde
tellurique.
lle est rarement
eule. Elle
est
ntégrée
une collectivité
féminine
ui participe
ses
amours,
ui
l'écoute
t
la soutient. lle
se meut
l'extérieur.
lle
appartient
la
nature
t
au
milieu
ural.
lle
va
à
la
fontaine,
à
la
rivière,
la
mer,
u
bal,
à
la
fête,
u
pèlerinage.
lle
se
déplace,
lle
est
constammentn mouvement
« eu al rio
me voubanhar
(16)
«
ai
ondas
ue
eu
vinveer
(1 7)
«
Ma madre
elida
vou-m
a
la bailia
do amor
«
Fui
eu, madr,
n romaria
a
Faro
con meu
amigo
(je
vaisme
baigner
la
rivière)
(ô,
vagues
ue
e
suis
venue
oir)
(Ma
mère
olie
je
m'envais u
bal
de
'amour)
(Je
suis
llée,mère,
n
pèlerinage
à
Faro,
vecmon
mi)
La
jeune
fille
es
«
cantigas 'amigo
n'est
pas
seule.
Elle fait
partie
'un
en-
semble
féminin onstitué
ar
la
mère,
es
amies,
es
sœurs,
es autres
ames.
14. Edit.
ink,
.
166.
15. Edit. ink,.159.
16.
CV
322.
17. CV
890.
59
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 62/152
La
plus
grande
lace
est
occupée
par
a mère
ui
détient
e
pouvoir,
ui
garde
sa fille t la metengardemaisqui est aussi a confidentee ses amourst de
ses
peines.
«
ai,
madremoiro 'amor
(18)
(Aïe,
mère,
e
me
meurs
'amour)
C'est
à
la
mère
u'elle
s'adresse
our
a
supplier
e
la
laisser
ller
voir
on
ami:
« Madre venho-vos
ogar
leixade-m'ir
o(n)
ele falar
(19)
(Ma
mère,
e
viens ous
upplier
laissez-moiller
ui
parler)
L'autorité
e la mèreest incontestable.
lle conseille a
fille,
arfois
lle
l'interroge,
lle
la
surveille,
lle
est
la
gardienne
e
la morale.
Mais
elle
peut
jouer
aussi
e
rôle de
médiatricet
protéger
es amours.
lle estmême
a com-
plice,parfois,
malgré
es
contraintes
e
la
morale
n
vigueur.
lle
est
très are-
ment a
méchante
mère
ui
figure
ans
es
chansons
e toile
« Sa malemere a chastoie
-
Chastoi os
en,
beleYolanz.
»
(20)
(Sa méchantemèreuifait es
reproches:
-
Jevous
n
fais
eproche,
elle
Yolande.)
L'amie
oue
un
rôle
mportant
ans
es
«
cantigas
'amigo
. Sa
présence
permet
a confidence
yrique.
Avec
elle la demoiselle
arle
ibrement
e ses
joies
et
de ses
peines,
e
son
pouvoir
t de
ses revanches.
« Ai,
miga
eu andotancoitada
(Aïe,
amie,
e
suis itourmentée
que
sol
non
poss'en
mi
omar
razer
(21)
que
e
ne
puis
voir
oût
rien)
Les amies ont
présentes
ans es
fêtes
populaires,
ans es
pèlerinages,
ans
toutes
es
activités e
cette ollectivité
laquelle
'intègre
a
eune
fille
18.
D.
Dinis,
V
169.
19. Afonso endeseBesteiros,V331.20. Edit.
ink,
.
96.
21.
D.
Dinis,
V
177.
60
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 63/152
«
Bailemos
os
á
todas
três,
i
amigas
so aquestas velaneirasrolidas (22)
(Dansons
outes
es
rois,
mes
mies,
sousces noisetiersleuris)
L'amie
peut
être a sœur
irrriãa
qui
apparaît
ouvent
n alternancevec
amiga
t
qui
désigne
ne
fraternité
ui
n'est
pas
nécessairement
elle
du
sang.
Elle est
toujours
nvitée
participer
l'action,
onstituant
n double
de la
jeune
fille.
«
Vaiamos
rmãa
vaiamos
olgar
(en)
las
ribas
o
lago,
u eu
vi
andar
a lasavesmeu migo. (23)
(Allons,
ma
sœur,
llonsnous
muser
sur es
berges
u ac où
'ai
vu chasser
desoiseauxmon mi.)
Les
autres ames
du cercleféminin
ont
nvitées
témoigner
es
peines
u des
joies
de
la
demoiselle
«
Donas
fezeron
r
d'aqui
o
meu
migu,
meu
pesar
(24)
(Dames,
n
a
fait
artir
'ici
mon
mi,
ontre
mon
gré)
C'est le
cercle
des
dames
qui
à
tout
moment
ntoure a
demoiselle es
« cantigas 'amigo , la soutient t l'écoute. L'amie a surtout n rôle esthé-
tique,
ainsi
ue
la
sœur.Ce
sont
es
amies
t
les
sœurs
ui
constituent
e
sup-
port
du
discours e
la
demoiselle,
on
écoute
et son
écho.
Ce
sont
lles
qui
participent
u mouvement
oyeux
vers a
«
romaria où viendra
'ami.
Ce
sont
elles
qui
dansent
t
encadrenta
joie
de
la
fête.Ce
sont
elles
qui multiplient
la
joie
et
la
plainte
t
leur
donnent
ette
ouleur
éminine
t
cette
dimension
exemplaire.
Même
quand
elle
est seule dans
a nature
lle
n'est
amais
mmobile. lle
regarde
utour 'elle
et es
éléments
ont
à
pour
'écouter
t ui
répondre.
t
si
elle
pleure
u confie on
chagrin
lle
exprime
nce faisant ne
pensée,
rend
du recul
arrapport
ce
chagrin
ue
son
discours
end
niversel.
La belle des « chansons e
toile est
paralysée
ansun univers asculin
ui
l'encercle.Même
orsqu'elle
e
trouve
ans
e
décor
printanier
es
chansons
d'amour
lle
est
enfermée
t
mmobile
22. Airas unes,V462.
23.
Fernand*
squio,
V902.
24.
Joan
arcia,
V
431.
61
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
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«
BeleY doine
e siet essus
a verde
live
en
son/
ere
vergier
a soi tence
et
estrive.
(25)
«
En un
vergier
ez
une
fontenele
Sietfille
roi,
a main
sa
maxele
(26)
(Belle
doine
st
ssise
ous
'olivier
vert
dans e
verger
eson
père
llesefait
des
reproches
et se
tourmente.)
(En
un
verger,
rès
d'unefontaine
une fille e roi st
assise,
e menton
à
la
main)
Dans uneseulechanson e toiledeuxsœurs ont,a maindans a main, e
baigner
la fontaine.
lle
rappelle ar
ce
détail es
«
cantigas
'amigo
,
bien
qu'elle
'en
éloigne
ar
a suite.
«
Gaiete
t
Oriour,
erors
ermaine,
main t
main
vont
agnier
la
fontaine
(27)
(Gaiete
t
Oriour,
œurs
ermaines,
vont,
a
main
dans
a
main,
e
baigner
à
la
fontaine)
Dans
es
deux
yriques
a
eune
fille ttend
«
La bele
Doe
siet u
vent,
souz
'aubespin
oon atent.
(28)
«
eu
atendenďo
meu
migo,
eu
atendenďomeu
migo
»
(29)
Elle
soupire
« Ensospirantest hançon hantoit
(30)
(La
belle
Doe est ssisedans e
vent,
sous
'aubépine
lle attend
oon.)
(et
'attendais
mon
mi,
et
'attendais
mon mi
)
(ensoupiranthantait ette hanson)
25.
Edit.
ink,
.
114.
26. Edit.
ink,
.
86.
27. Edit.
ink,
.
100.
28. Edit. ink,.160.
29. CV
438.
30.
Edit.
ink,
.
77.
62
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 65/152
«
se
vistes
meu
migo
o porque usospiro
Elle
pleure
«
Oriolanz
n haut
olier
sospirarli
rist
larmoier
et
regrete
on druHelier.
« Andades orel chorando (31)
(avez-vous
u
mon mi
celuipour ui e soupire)
(Oriolant
ansune
chambre
aute
soupire
t se
met
pleurer
elle
regrette
on
ami
Helier.)
(Vouspleurezouvent our ui)
Mais
la «
chanson
de
toile
est
pleine
d'éléments
e la
chanson
e
geste.
L'ami
est un
noble
occupé
à
la
guerre
u au
tournoi.
'ami
des
«
cantigas
d
amigo
l'est
souvent
ussimais
es
éléments
escriptifs
n
sont
bsents,
out
comme
e
nom.
«
Mar
fust
nques
a
guerre
«
de son ami
Doon
li
resovient,
qu'en
autres
erres
st alez
tornoier
(Malheureux
e
our
où
commença
la
guerre)
(il
lui souvient
e
son
ami
Doon,
qu'en
d'autres
erres
st
allé au
tournoi)
L'ami
estun
guerrier
t c'est
par
es armes
u'il
conquiert
a
belle
«
Quant
i cuens
'ot,
durement
i anoie.
L'espeetrait, ont iaciers urnoie.
«
Le
duch
/mort,
urement
'i
manoie.
S'amie
emporte
anzeffroi
devant
ui sor
on
palefroi.
(32)
(Quand
e comte
'entend,
l
entre
dans
une violente olère.
Il tire onépée,dont 'acier tincelle.)
(Il
a
tué e
duc,
l
a
employé
es
moyens
urs.
Il
emmène
on amie
ans
difficulté
devant
ui
sur
on
palefroi.)
La
beauté
du chevalierstdécrite vec
détail
insi
ue
toutes es vertus:
31.
CV
746.
32.
Edit.
ink,
.
155.
63
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 66/152
«
Amis,
ostre
iautezme
piaist
molt
(Mon
ami,
'aime
beaucoup
me
a retraire rappelerotre eauté,
tant stes
ouz
et
franz,
ourtois t
vous
tes
i
bon et
noble,
i
plein
e
débonaire
(33)
distinction
t de
race)
«
Li
cuens
R(aynaut)
n monta
o
degré,
Le
comteRenaud
monta
'escalier,
gros
arespaules
greles
ar
o
baudref
large
'épaules,
es
hanches troites
blond t lo
poilt
menu
ecercelé:
il
avait es cheveux
londs inement
bouclés:
en
nule erre
'ot
si biau
bacheler.
(34)
dans
e
monde ntier
l
n'y
avait
e
si
beau eunehomme.)
A l'attente
e la
belle
succède
'arrivée
e l'ami
qui
la
prend.
es
gestes
e
l'amour
énouent
es
poèmes.
« Li siens mis
ntre es braz
a
prent
(Son
ami a
prend
ans
es
bras
en un biau
it s'asient eulement.
dansun beau
it
l
s'asseyent
ous
les
deux
euls.
Bele Yolanz
o baise
estroitement
BelleYolande
'embrassetroitement
a torfrançoisnmi o litV stent» (35) à la françaisel 'étend ans e lit.)
« Baisier t
acoler
'a
pris
(Elle
'embrasse,
lle 'étreint
si
'a
entre
es beax
braz
mis
elle 'a
pris
ntre
es
beaux
bras
assez
ot
ué
et
ris.
(36)
alors
ls ont
oué
beaucoup
t
ri.)
Un
autre lément
mportantui
éloigne
es «
chansons
e toile»
des
«
can-
tigas
amigo
est
a
présence
u
mari. omme
it
e
refrain
e
l'une d'elles:
« Quicouvent a malmari (Qui estunie un méchantmari,
souvent 'en
part
euermari
(37)
souvent
'en
sépare
e cœur
riste)
En effet
es
«
chansons
e
toile sont
ouvent
es
chansons
e
malmariée.
Belle
Ysabel
se
lamente
33. Edit.
ink,
.
115.
34.
Edit.
ink,
.
93.
35. Edit. ink,.78.
36. Edit.
ink,
.
82.
37. Edit.
ink,
.
143.
64
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
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«
Laise,
fait
lle,
om
si
ai
grant
olour
(Hélas,
dit
elle,
uelle
douleur
st
lamienne
On
m'apeleivit
ille
'anpareor
On
m'appelait
ille
'empereur
et
on ait
fait
'unvilainmon
ignor.
(38)
et on a fait 'un rustre on
mari.)
Dans
la chanson En un
vergier,
ez
une
fontenele le
mari
st
un méchant
vieillard
ui
l'enferme
t
qui
a
frappe
mort
«
Li mals
mariz,
n oï
la
deplainte.
(Le
méchantmari ntendit
a
plainte.
Entre
l
vergier,
a
corroie esceinte. Il entre ans e
verger,
l
a
enlevé
saceinture.
Tant
a
bati
q
ele
en
fu
perse
t
taint Il la
battit
ellement
u'elle
devint
violette t ivide
entre
es
piez porpou
ne
'a
estainte. c'est
tout
uste
'il
ne
'a
pas
tuée
(39)
ses
pieds.)
Mais
e
père
st
tout ussi
mportant
omme lément
e
contrainte.a
eune
fille
st
souventmariée ontre
on
gré.
C'est le
père qui
est
responsable
u
triste
estin
e cette ille e roi
«
CuensGuis
mis,
ommale
destineie
(Comte
Gui,
mon
mi,
uel
triste
destin
Mes
pere
m'a
a un
vieillart
onee
Mon
père
m'a donnée
un
vieillard,
qui
en c'estmeism'a mise t
enserree
qui
m'a
mise
dans
ette
maison
t
m'y
a
enfermée:
n'en
puis
eissir soirn'a
matinee.
(40)
je
ne
puis
n
sortir
i
e soir
ni
le
matin.)
BelleYdoine st battue
ar
on
père
«
Tant
st
fait a
pucele
desoiller
t
desçaindre
tant a
bati
d'un
fraina ou la
puet
ayaindre
que
toute
a
char lanche i
fait n
vermeill
aindre.
(Aussitôt
l
fait
nlever
la
eune
fille
vêtementst
ceinture.
Il
l'a tellementattue
vecun
frein e
cheval
partout
ù
il
peut
'atteindre
qu'il
colore
n
rouge
oute a
chair
blanche.
38. Edit. ink,.98.
39.
Edit.
ink,
.
86.
40.
Edit.
ink,
.
86.
65
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 68/152
Puis a fait
nserrern
a tour
t
Puis
l
a
fait
nfermer
ans a tour t
remaindre.(40) l'y aisse.)
et
sa
mère
articipe
cette
yranie
«
Par
es treces a
prent,
'ele
ot
blondes
elle
a
prend
ar
es
tresses,
ui
sont
com
ainne,
blondes
omme
aine,
devant
a roi
on
pere
snelement
et
'emmène
apidement
evant e roi
Fesmaine sonpère
Ces
violences ont
bsentes
es
«
cantigas
amigo
ainsi
ue
les
gestes
e
l'amour.
a souffrancet l'amour
y
sont
voqués
out utrement
ue par
eurs
manifestations
hysiques
andis
ue
dans
es
«
chansons
e
toile
»
«
on
ne
voit
de
l'amour
ue
ses
effets
hysiques
(42),
car ce
sont es
gestes
euls
qui
le
dépeignent.
a seule
chanson
d'amigo
qui
évoque
vraiment
es
«
chansons
de
toile
françaises
stcelle
de Estevam oelho
43).
« Sedia af rmoa seusirgoorcendo, (La belle tait ssise, nfilant e
la
soie,
sa
voz
manselinha
remoso
izendo
avec sa
voixdouce
oliment
isant
cantigas 'amigo.
des
chansons
'ami.
Sedia
a
fremosaeu
sirgo
avrando
La
belle tait
ssise,
n
tissant
e
de
la
soie,
sa
voz
manselinha
remoso
antando
avec a
voix
douce
oliment
hantant
cantigas
'amigo.
(43)
des
chansons
'amour.)
La « belle estassise, ccupée untravail etissagenmême emps u'elle
chante
des
«
cantigas
'amigo
.
C'est
ce
chant
ui
montre
u'elle
est amou-
reuse omme
e
signale
on
interlocuteur
qui
elle
le
confirme.
l
n'y
a
pas
d'histoire
uniquement
n
nstant,
lastique
t
musical.
Les
«
chansons
de
toile se
placent
dans un
tempsvague,
mais ancien.
Les
éléments e
la chanson e
geste
es
retiennent
ans e
temps assé.
Comme
dit
Michel
ink,
«
ellessont
nées
vieilles . Les «
cantigas
'amigo
échappent
au
temporel.
es
éléments
historiques
n
sont
pratiquement
bsents.
Des
41. Edit. ink,.116.
42. Michel
ink,
es
Chansons
e
Toile.
43. CV
321.
Oviedo Arce
Bol.
e a
Acad.
Gallege,
°
113)
e situe u
XlIIe
iècle.
66
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 69/152
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 70/152
Dominique
GEHANNE
LE
VOCABULAIRE
AMOUREUX
DANS LES
«
TRISTANS
»
«
Combien
d'hommes eraient-ils
moureux,
'ils
n'avaient
amais
entendu
parler
'amour
»
écrivait
a Rochefoucauld.
ette
réflexion
été
la
génèse
de notre tude
du
vocabulaire moureux
ans es Tristans n
vers.Nous ne
pouvons
gnorer ue
l'adoption
'un
certain
angage
ntraîne
t
favorise
'essor
des
sentimentsatents
lus
ptes
s'exprimer
insi.
Nous
nous sommesdonc
dirigés
ers
une
étude
exicologique,
vec
pour
déterminationssentielle ettequestion: ommente conceptde l'amour e
réalise
dans
a
langue
médiévale
Les
romans
e
Tristan n vers
fournissaient
à
ce
propos
un
corpus
de
choix:
passion
atale,
chème
déal
auquel
aspirent
nos
rêves
epuis
des
siècles,
mythe
eu
moral
ù le désir
riangulairepparaît
comme a trame
entrale
t e
ressort
ramatique
e
la
narration.
i
les
Tristans
en vers
proclament
es
droits
mprescriptibles
e
la
passion,
i
l'hyperbole
st
la
figure
référée
ans
ces
textes,
l
n'en reste
as
moins
ue
les
tonsdiffèrent
selon deux traditions éfinies
epuis
Joseph
Bédier
par
version
ommune
t
version ourtoise.Nous
nous
sommes
ttachée,
our
'examen
u vocabulaire
amoureux,ux représentantses plusconnus e ces deuxtraditions, savoir
la version
e
Béroul
commune)
t
celle
de
Thomas
courtoise).
otre
mbition
était,
ans es
mots,
eurs
places,
eurs
ombinaisons,
'esquisser
ne
mage
e
l'amour,
el
qu'il
s'écrit
u Xlle
siècle.
LA
MÉTHODE.
La
languepoétique
médiévale
st,
nous le
savons,
rès tructurée:
'artiste
médiéval echerche'abord 'expressionrâce
des
techniques
raditionnelles.
La
rigueur
e
la formeiée
à
la
répétitionypique
'expressions
onstituait
'a
priori
de
notretâche. Prenons n
exemple:
e
mot amor.
Dans
un
premier
68
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 71/152
temps,
nous
avons
dressé ne
iste
xhaustive
e
toutes
es
occurrences
e
ce
motdans nosdeuxcorpus. ependant,inousrepérionsingtcinq ccurrences
de amordans a
version
e
Béroul,
elle
de
Thomas
n
comptait
ent
rentesix.
Décortiquer
es listesdemandait onc
'élaboration,
t
corrélativement
'appli-
cation
d'une
méthode
ermettant
n
champ
'investigation
lus
restreint.ous
avonsdonc
pensé
oumettre
os
corps
deux
mpératifs
riginaux.
e
premier
étaitde
grouper,
uivanteursfonctions
yntaxiques,
es
occurrences
e amor.
Le
deuxième,
ans
e but
de
ne
point
luder
'importance
e
la couche
pho-
nique,
taitde suivre
e
morphème
hoisi
elon a
place
dans e vers: la rime
ou
à l'intérieur
u
vers.Cela
nous a conduit
travailler,
our
chaque
occur-
rence, ur umoins euxvers imés. esdeux xespermettaient,utre a clarté
de
notre
lassement,
a conservation
u
caractère
xhaustif
e
notre
nalyse.
Cependant,
ette
méthode
autorisad'autres
spectspositifs our
notre
étude.
Ainsi,
e
groupementar
unités
yntaxiques
it
apparaître
es
préfé-
rences
formelles,
ouvent
ésurgentes.
ar
exemple,
ogiquement,
ous
nous
sommes
rrêtée,
uand
le
mot
amor était
complément
'objet
au
procès ui
le
régissait.
ans
la version e
Béroul,
nous nous
sommes
onc
aperçu,
ue
dans
a
majorité
es cas
(4
sur
9),
le
verbe
ui
introduisaitmor
COD,
était
le
verbe voir
vec
sa connotation e
possession.
e
repérage
es
procès
per-
mettait 'autres onstatationstrois utres erbes ommandente mot mor
(tenir,
rendre
dire).
Ceux-ci
élimitent
es
systèmes
e l'ordre e
la
posses-
sion.
Ils
accusent
a
dépendance
e
l'objet
amour u
sujet.
L'amour
st
pris,
enlevé omme n tournoi. e verbe
ire
refuse oute ssimilation
e
'amour
u
secret,
e
qui
est contraireux normes ourtoises. ans la
version
e
Thomas,
nous
retrouvonsa
même
prédominance
u
verbe voir.
Cependant,
'autres
verbes
e
oignent
lui: valoir
2
cas),
mettreentroblier
acointer,
erdre
user,
vent
monstre
enditer.
insi,
ous
pouvons
onstater
ue
l'amour
st
nterrogé
quant
à
son
prix valoir),
evient
onnaissance
acointerapprendre,
nditer
prescrire,
nstruire)
lest
dépendant
u
sujet
i
mettreentrobiller
monstre)
mais
aussi
dicte ses
lois
à
celui-ci
vent
t
revent).
récisons
ue
ces
remarques
e
sont
ue
les
points
e
départ
e
l'analyse.
Le
groupement
ar
unités
rimées
y
ajoute
de nouveaux léments.
ans
la
version
e
Béroul,
es
correspondances
omophoniques
u
morphème
mor
se
distribuentinsi
-
seignor
4
cas)
-
leisor2 cas)
-
error
1
cas)
-
desanor
2
cas)
69
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 72/152
-
onor{
1
cas)
- folor, olor ' cas)
Dans a
version e
Thomas,
-
dolor
22
cas)
-
haiir
9 cas)
-
seignor
8 cas)
-
honur
6 cas)
-
tendrur
5
cas)
-
sorur,
oür
irrur
3 cas)
-
desanor
or
errar
2
cas)
- flřwr,oneur, alur,reignur1 cas)
Les
correspondances
omophoniques
hez Thomas
divergent
onc
ensible-
ment
de celles
de
Béroul.
Si les
troisdirections
e
celui-ci
'y
retrouvent
un
langage
éodal
ou de service
seignor,
onorvs
desanor),
n
contexte
ro-
tique
error,
olor
-
d'autres
nités
ignifiantes'y
ajoutent.
n
effet,
hez
Thomas 'installe
vec
fréquence
e
«
mariage
d amoret
de
dolor
dont
nous
n'avions
onstaté
u'une
occurrence ans
a version
ommune,
ccurrence
ui
proclamait
'anéantissement
e
'une
dolor)par
'autre
l'amor). ci, a concep-tion
de l'amour
st
plus
orientée ansun
réseau
oie-dolor,
ien
onnudans
e
registre
ourtois. lus
que
le
code
féodal,
'est
a
religion
'amour
ui
est
mise
en
évidence,
vec a
profonde
mbivalence
haine,
ouleur).
Comme nous
le
rappelions
récédemment,
es constatations
e sont
que
des
résultats
réliminaires.
Le
classement
ue
nous
vons
péré
uivantes
deux
directions
syntaxiques
et
prosodiques)
constitué
n
lieu
privilégié
our
'analyse
du
vocabulaire
amoureux.
Celle-ci
fait
apparaître
es
répétitions
ypiques.
arfoismême
la méthode engendré ne certaineassitude: es associations ormellest
sémantiques,
es
traits
prosodiques ésurgeaient
ystématiquement
usqu'à
être
attendus.
ependant,
ette assitude
ustifiait
a
méthode
ans
e
sensoù
elle
dessinait n
nouveau
elief u
roman
médiéval,
maillé e
répétitions
ar
les
choix de
traits
rosodiques
t
formels.
our
plus
de
clarté
t
pour
llustrer
notre
méthode,
nous
proposons
deux
analyses
du
morphème
mor.
Nous
communiquerons
nsuite es
conclusions
uxquelles
nous ont
amené
notre
analyse
u
vocabulaire
moureux.
70
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
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UN EXEMPLE
D'APPLICATION.
Dans la version e
Béroul,
'installe
ne
fréquence
e
la forme
s'aimer
d'amor». Ceci concerne
es vers
277, 471, 1339,
2300,
2388. Dans
toutes
ces
occurrences,
mor st
à
la
rime.
v. 277 S'ils s'amasent e fole mor
Ci avoient sez eisor:
Bien es
veisse ntrebaisier
v.470 Motavion ele oisor,
Së
il
m'amast
e
fole mor.
v.
1339:
Tant 'entraimente bone mor
L'un
por
'autre e sentdolor.
v. 2300:
Queje
ne
'ain
de
bone amor
Et com
ami,
ans
desanor
De la comune
e
moncors
Et
e
du
suen omes uit ors
v.
2388 Mais
e
lui
prié
om
a
seignor
Que
e
mot imde
bone
amor.
Ces
formes
tablies,
ous
pouvons
distinguer
n
certain
arallélisme
ntre
elles.
Ainsi,
es
vers
77
et 471
bénéficient-ils
'une structure
uasi
dentique.
Pourtant,
eur
différence,
i
minime
oit
elle st richede
conséquence.
appe-
lons que ces deux passages e rapportent l'épisodedu rendez-vousous
l'arbre,
uquel
es
observaite roi
Marc.Dans
un
cas,
e
monologue
st attribué
à Marc
v.
277),
dans
l'autre
v.
471)
la
parole
est
donnée
à
Yseut. Nous
constatons
ue
l'ordredes
vers st
permuté
mais
l
s'y
inscrit
galement
n
déplacement
ersonnel:
Marc affirme
a
réciprocité
es
sentiments
e Tristan
et Yseut
par
l'emploi
des
pronoms
ersonnels
luriel
il
suivi
du
réfléchi'
Par
contre,
seut ntroduit
ne
distance,
lle
s'exclut
u
sentiment,
e
mettant
en
cause
que
Tristan:
se
il
(Tristan)
m'amast .
L'engagement
utuelne
se
porte
que
sur e
vers
précédent
le
partage
'opère grâce
u suffixe
ons
-
sur e motrimeoisor.Orcelui-ci omporte ne connotationrotique.l sem-
blerait
onc
que
pour
Yseut,
'il
y
a
partage
u
plaisir,
l
n'y
a
pas partage
e
71
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 74/152
l'amour.
Remarque
fondamentale
ui
met
en cause
la
notion d'amour
fatalité
ausée
par
e
philtre
il
attire
es
deux
personnages
ans
es chaînes
u
plaisir,
ans
ue
ces
derniers
n soient
esponsables
t
coupables.
Comparons
maintenant
es
vers 300 et
2388. Les
correspondances
oino-
phoniques
e
distinguent:
esanor
ans
un
cas, seignor
ans
'autre.
ourtant,
elles fonctionnent
ans
a même
phère
émantique
vocabulaire
e
service
où
s'inscrit
e
respect
u
seigneur.
mor
ne
s'intègre as
dans
un contexte
amoureux.
n
fait,
l
est
ynonyme
'amitié,
mitié
espectueuse.
l se
istribue
indifféremment
ur
une
femme u
un
homme.
i
nous
élargissons
e contexte
du vers2300, nous observons ne redondance honiqueautourde
«
or
»
Les
rimes
uivantes
ont
ors
t
fors.
Une note
d'érotisme
ient
onc 'insinuer
dans
e
«
bon
amor .
Nous
touchons
n
point
mportant,
savoir
a distinc-
tion difficile
u
moyen-âge
es mots
«amor»
et «amistié».
Ce
sont
deux
termes
nterchangeables
ans
eurs
deux
assertions:
ynonymes
e
passion
u
d'affectueux
espect.
Dans le
vers
1339,
s'inscrit
ne
redondance
arquant
a
réciprocité
indica-
tion
syntaxique
ournie
ar
le réfléchi
'
réitéré
ar
le
préfixe
ntre.Cette
interactionurTes euxpersonnages'étend urdeuxvaleursbstraites:mour
et
douleur,
e
premier
xcluant
e second.
Cette
onstatation
st
mportante
ar
elle
précise
'éloignement
e
cet
amour
vec
e réseau
oie-douleur
e l'amour
courtois
ue
nous
découvrirons
ans a
version
e Thomas.
Les
deux
concaté-
nations
e
morphème
mor
e
résument
bone
et
fol
Fol teinté
'une
conno-
tation
rotique,
one
nsinuant
n
rapport
espectueux.
Un
autre
xemple
d'analyse
du
morphème
mor cette
fois hoisi
dans
a
version
e
Thomas.
Nous examinerons
ci
le cas
ďamor
COD
de avoir.
Voici
les
occurrences
epérées
v.
1027
Pardurable
st
a dolur
Qu'
ele envers
ristan
s amor
v. 1069
El
n'a
délit
e son
seignor
N'envers
utre
en
amor
v
629
:
Ne
dunt ie
anguisse rainur
Aie
entre
os re
t
amur
v.
1559
Envers
us
d
si
grant
mor
Que
il
suffre
a desonor
v. 1 69 : Eüssiezvusversui mor
Ne feisiez
a desonor
72
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
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v. 1695 Qu'elvers ristanüst mur
Ele a
plus
riche
oneiir
v. 1715
:
Del sul
Tristan
vez
poür
El n'ad
vers ui nul mur
v.
2365
:
Descouvrir
i
volt
a dolur
Enversi
ot
eele
mur
v. 2423
:
Ne
m'aidast
cestedolur
Enversmei d
si
fermmur
v.
295
1 :
Carvers us i
si
fine mur
Amis, ei o aveir oür
v.
1
100
Car
enverse rain'a amor
Suffrir
'estuet orn
on
seignor
Aveir mur
c'est
dans
a
majorité
es cas envers
u
vers
uelqu'un.
Un
mouve-
ment
'opère
de 'actant
ujet
vers
'actant
bjet par
e biais
de
l'amour. réci-
sons
ette
tructure
aveir/
mur/
nvers,
ers.
Envers vers
lacés
u débutde
l'octosyllabe
v. 1070, 1559, 2366,
2424):
Dans
ces
vers,
ne
grande
lace
est
réservéeux ntensifs
voir:
avoir sifermmur
si
grand
mur
si
fine
mur
L'intensif
roduit
ar
si
semble
uggérer
ne
nuance
ranscendantee
l'amour,
force
urnaturelle
ppuyéepar
des
qualificatifs
e
coloration
ourtoise.
l re-
produit
e
règne
de la
démesure,
e
renforcement
e
l'affirmation.ans deux
vers
1559,
2424),
amur
fait
couple
avec dolur. Les
séquences
régies
par
l'intensif,
'organisent
utourde
deux versions
ontradictoires:'amour
pro-
voque
desanor t dobr
mais
ussi
es
atténue
aidast,
uffree
désanor).Le
règne
e l'intensifst
souligné
u
vers
1023
par
'emploi
du
morphème
«
pardurable
note
d'éternité
'insinuant
ntre mour
et
douleur.
Celui-ci
est
d'autant
plus
mis
en
relief
ar
sa
place
en
début
d'octosyllabe.
ous
les
termes
ont
exagérés
t
marqués;
xemple:
'emploi
u
superlatif greignur
.
Dans
les vers
1070 et
1
100,
a
proximité
es
deux
vers
onfirme
os
propos
ci-dessus.
Seignor
et «
amur
s'excluent
par
l'emploi
de
la
négation,
l'amour
st et
n'existe
ue
hors
du
mariage.
ous
retrouvons
à une
compo-
sante
ssentielle e
la
«
fine
mor . Le
délit
plaisir
moureux,
'est
négativé
que si,par econtexte,mor stnégativé.$ sexualité stbienpartie ntégrante
de
la
conception
moureuse.
e sera
d'ailleurs ne
nterrogation
onstante
e
Tristan
comment
eut-on
voir
élitde
son
seignor
ans mor
73
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Observons
maintenant
a
chaîne
yntaxique
u
vers 951. La
condition
e
l'intensif
i
conduit
un
devoir, ne
volonté
dei
ó) intrinsèque
e la «
fine
amors
qui
se
réalise
dans une
sémantique
e la
pour
de la
douleur onc
c'estune
volonté
masochiste
ui
découlede l'amour.
L'ensemble
es
adjonctions
u
morphème
mour
ermet
ui
ussi e
resserrer
l'analyse
e ce
concept.
Les
qualificatifs:
rant,
ine
leele,
ferm,
ul
sont
pour
a
plupart
ssusdu
registre
ourtois.
Notons
que
leele
appartient
on au
service
éodalmais au
service 'amour.
a
notionde
secret,
vec e verbe
escouvrir
apparaît
u
vers
2366
et
se
oint
au leele
mur t
à
la
dolur.
Le secret e l'amour
ourtois 'est-
il pas la douleur Cette ntuition 'en estpas vraimentne,puisqu'elle e
trouve
ffirmée
lus
oin
u vers
263
Que
une
ne
sot
que
fud mur
Ne
put
aveir
ue
est dolur
Nous
espérons ue
ces
deux
exemples
nt
permis
'éclairer
a
façon
ontnous
avons
menénotre
tude.
Bien
ntendu,
ls
ne
représententue
des
fragments
e
notre
nalyse
ur
e
vocabulaire
moureux,
'ensemble,
lus
vaste,
ne
pouvant
être ontenu ans es imites e cette evue.l nous emble ourtantntéressant
de
communiquer
es conclusions écoulant
e
notre
tude,
par
'utilisation
e
notreméthode.
Voici
e
résultat
e nos
recherches
ans
a
version
e
Béroul.
Le
mot mor
est
entouréd'un
halo d'associations
ffectives
t
socialesdéfini omme el:
Amor
=
amitié,
ngage
un vocabulaire
uerrier,
épond
un
rituel
éodal,
comprend
es
rapports
harnels,
ignale
'impact
de la
fatalité,
st
synonyme
de fidélité
u mari.
a
sphère
e définition
e
amordans
a version
e
Thomas,
si
elle
englobe
pratiquement
es nuances
e la
version ommune
n
ajoute
de
nombreusesutres
Amor
=
amitié,
'exprime
ansun
vocabulaire
uerrier,
st
une
onnaissance,
demande
une fidélité
bsolue entre mants
hors
mariage),
st
ouissance
t
secretmais
aussi
surtout
ouleur,
haine,
chagrin
t
résiste la
volonté
de
l'homme.
Nous
devons
oncen es
comparant
mettre iversesbservations
a)
Le
halo de
nuances u
mot
amor
omporte
e nombreux
oints
ommuns
ů
-
La
similitudees
morphèmes
mor t
amistié.
- L'existence 'un vocabulaire onctionnantomme
révélateur
e la sen-
sualité.
74
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 77/152
-
L'emprunt
onstant
e formulesonsacrées
u
rituel
éodal
t
guerrier.
- La présence 'unenuance ranscendantemot mor.
b)
Les
divergences
ans es
deux versions
La version e Thomas 'oriente
ystématiquement
ersune
lyrique
our-
toise. Le
couple
étroitement
ié
amor-dolor
ésume e
que
M.
Lavis
a nommé
le
réseau
oie-douleur
ans a
poésie
courtoise.
e
réseau
émantique
e amor
dans
a version
e Béroul st
englobé
ans
celui
de
Thomas,
l'exception
e
l'allusion la fatalité t au devoir
e
fidélité u
mari,
égation ar
définition
de
'amour
ourtois.
L'examen duvocabulaire
moureux
ustifie
donc
l'appellation
« version
commune
-«
version
ourtoise .
D'autre
part,
a
reconnaissance
e la
simili-
tude
des
mots
mour
t
amitié ous
conduit cette
uestion:
quel
moment
s'est ffectuée
a
distinction
émantique
ntre
es deuxmots
Si
la
langue
française
ontinue
utiliser
n
signe inguistiquenique
pour
traduirea tendresse nvers
on amant
u un
goût
limentaire
on aime
quel-
qu'un
comme
n
aime
un
plat
-
ceci est
probablement
û
à
la confusion
es
verbes
imer issu du latin
mare
et
esmer
ssu
de
aestimare amitié 'est
distingué
e amour.
La
version
ourtoise
ermet
e
qualifier
ristan t
Yseutde
premiers
éros
romantiques
leur
passion
n'est
et ne vit
que
par
es
obstacles,
uisque
ette
version
montre
ue
les héros
'aimaient
vant
e
mariage
e
Yseut et
Marc.
Celui-ci
urait
donc dû
être
vité i
ce n'est
e
besoin
d'un
certain
médiateur,
admiré
t haï
grâce
uquel
circule e désir
ar
'obstacle
u'il engendre.
insi,
le
malheur e
Tristan t
Yseut
prendrait
a
source
ans
une
fausse
éciprocité,
masque
d'un
doublenarcissismeui débouche ans 'excès de leurpassion ur
une
espèce
de haine de
l'aimé.
Cela
expliquerait
lors a
fréquence
es
mots
haiir
t
dolur
ouplés
vec mur
dans
a
version e
Thomas.
75
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 78/152
GhislaineFAROUT
«
DU
CHAinVEL
OU DES
QUATRE
DOLS
»
6
septembre
982
Moyen Âge
barbare, ombre,
aissé
à l'écart
par
les siècles
«civilisés»,
« renaissants
;
MoyenÂge
sans
écrivains,
ans
noms
propres,
ans
définition,
sans
place.
Malaised'une civilisation
n trainde naître
ou
de
mourir
t
qui
veut aisser a trace.
L'écriture
médiévale
este
mbrée 'une
perte
ui
se serait ffectuée
ors
du
passagede l'oralà l'écrit. t lorsqueMarie eFrance crit e Chaitivel 'est-ce
pas
une
façon
de mettre n
valeur
e
manque
qui
surgit
ès
que
l'écriture
revient
Le
Chaitivel
st
il
vivant
mort
en instance
e
retour
quatre
Les
mêmes
uestions
e
posentpour
es
lais.
Comment
xistent-ils
e
plus
Ecrits lus
?
possédés
ouïs ?
parlés
Chaitivel
u
quatre
dois
?
pense
la
dame,
mais
n'est-ce
as
aussiune
façon
de
se
dire:
Marie e France u...
rien
«
Talent
me
prist
e remembrer
Un
ai dunt
o
oi
parler
(v.
1-2)
A
partir
e
ces
deux
premiers
ers,
Mariede
Franceréactive n
la
marquant
une «histoire»
toujours
ransmise ralement. Remembrer». C'est
de
ce
souvenir
u'elle
rendra e
lai
éternel. Parler». Tout en arrêtant
ustement
de
e
parier
t de 'oir.
C'est à la foisd'une naissance
ont l
sera
question, uisque
'auteur
arle
d'un
«
être
qui
accède
à
un
autre
tatut,
mais
aussi
d'unemort ar a
repré-
sentation
osant
a
chose
absente,
ue.La
combinaisones deux mmortalisera
le
Chaitivel
De
l'oral à
l'écrit,
usqu'à plonger
u
vifde
l'écrit.
Du
vivant
u
mort mbigu. eluiquine meurt lusparce u'inscritné?mort Autre.
Emergence
'un
être
mais
ui
est
il
76
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 79/152
« L'aventure us
n dirai...
U il funeze cumotnun
Le Chaitivel
'apelet
hum
E si ad
plusurs
e ceus
Ki
Fapelent
es
Quatre
euls
»
(v.
3-8)
De
qui peut-on
arler
d'un ai
?
d'un
Chaitivel
l'identité
eu
sûre ou
d'une
dame
qui
n'existe
ans e
prologue ue par
'annonce 'untiraillement
Chaiti-
vel ou
quatre
deuls
Quelques
vers
lus
tardMarie
parlera
'une
«
dame
dunt
(elle) veut unter. . Cettedame uisefait conter mais uien même emps
écrit e
lai est bien celle
qui,
à cause
d'une
question
ans
réponse,
ime,
dis-
paraît,
produit.
Celle
qui,
dans
e
prologue,
st à derrière
'allusion u
point
d'interrogation,
u non-fini ais
nom-infinie
Chaitivel
u
quatre
ois.
Marie
de Francedoit affronter
n
sujet
ui
ne s'est
amais
défini.
e
Chaiti-
vel
reproduit
ependant
outes
es
exigences
'un
ai,
à
savoir,
rincipalement,
l'économie t
une structure
quilibrée
ntre
e
«
prologue
,
«
l'exposition
,
«
la
pointe
,
«
le
point
de
bascule
et e
«
dénouement
(selon
es termes
e
R.
Dubuis).
« L'aventureusendirai
E la cité
vusnumerai
U
il fil
nez e cum
ot
nun
(v.
3-5)
Lai
ou Chaitivel
L'auteur
e es
considère
as
comme
es fantômes
e
papier.
C'estce
qu'écrit
Rychner
ansune
note
xplicative
ortant
ur es
vers:
«
Si
« nez
» n'est
pas
une
simple
aute
pour
« fez
»,
Marie
oue
à
assimiler
le lai à un être ivantn ui
appliquant
es
expressions
'état
ivil
« cum
ot nun
appelant
« u
il fil
nez
»
(
Les
Lais
de
Marie
de France
J.
Rychner,
FMA,
p.
273).
Mais
de
qui
Marie
e France
nous
raconte-t-elle
'histoire
«
Talent
me
prist
e remembrer
Un ai...
»
et
en
même
emps:
77
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Déjà dans e prologue,Mariede France nnonçaitpresque) a structuree
ce
lai.
Ou
du moinsnous
suggérait
es
questions
uivantes:
ui
sont es
quatre
dois?
le Chaitivel
quel
est
'enjeu
du
lai: Chaitivel
u
quatre
dois ? en
nous
proposant eut-être
e
premier
lément 'une
réponse,
t ce dans
e
titre
u ai:
le Chaitivel.
Puis
'auteur ous nstruitur
e lieu
de
'événementNantes
n
«
Bretaine
sur es actants t leurs
apports:
ne
damefort
elle,
imée
de
tous,
mais
qui
ne
supporte
que
quatre
hevaliers
ans
e
décider en
préférer
n.
Tous
es
quatre
cherchent
onc
à
obtenir,
hacun
pour
ui,
'amourde la dame.Cette
dernière e pouvantfaire on choix, e récit e figeusqu'à l'annonced'un
tournoi
ui
vient
erturber
ne
ongue
ttente
attente
u
récit,
es
quatre
t
du
ecteur)
« Tuz
quatre
es
ama et
tint
Tant
qu'après
nePaske
vint
Que
devant antes
a
cité
Ot un
turneimentrié
(v. 71-74)
Les quatre hevalierse sontvaillammentattus t semblentagnere tournoi,
quand,
ar
mprudence,
ls
'exposent
ux
coups
des « autres
.
Trois ont
ués,
le
quatrième
st blessé la
«
quisse
,
le déroulement
u récit e
brise
oudain,
enlevant
la dame a
question
ui
la
tenait n vie.
Lors du dénouement
es
trois
hevaliers
orts ontenterrés
andis
u'on
hâte
a
guérison
u
quatrième.
La dame
pour
oublier
ou
pour
mieux
e
souvenir)
a
perte
qu'elle
vient
e
subir
va écrire
n lai
qu'elle
nomme
d'abord
es
quatre
dois
pour
«
remem-
brer
sa
douleur. e
«
survivant
propose
e nomde
Chaitivel
ui
ne
rappelle
plus
a
douleur
e la
dame
mais bien on état
civil)
à
lui,
soit
elui
d'unmal-
heureux, 'unchétif ui nepourra approcher la damequ'à travers'écrit.
De
même
que
le
lai
sortd'un
chaos,
d'une
obscurité
pensée
chaotique,
multiple,
on
encore
soumise
la
lumière,
on
encore
structurée
our
a
communication)
our
s'offrir
ux
yeux
du
lecteur,
our
naître,
e
même
e
Chaitivel
sort
d'un
chaos,
d'une utte
quatre ersonnes
our
voir
'amour
de
la
dame,
'une
multiplicité.
l
estné.
Mais avant a
naissance
u
Chaitivel,
u
plutôt
vant e
commencement
e
son
existence
utonome,
Marie
de
Francenous
ntroduita
dame t es
quatre
chevaliers
ui
'aimaient.
La dameaimée st a
plus
belle,
t eshommesa désirentès
qu'ils
ont
eté
leurs
egards
ur lle
78
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La
même
dame,
a
seule
opposée
à
«
tutes es dames
d'une tere
, pourra
enfin,
ors
de la
deuxième
escription,
ntroduire
es
quatre
hevaliers.
Si
la
dameest d'abord
à
pour
présenter,
ans
encore e
nommer,
e
Chaitivel,
t si
elle est encore
à,
une
deuxième
ois,
pour
nnonceres
quatre,
'est
que
ce
schémavientdoubler
elui du
prologue:
haitivel,
uatre
dois ou
plutôt:
ai,
Chaitivel,
uatre
dois.
Car
'important,
e
qui
s'écrit, ci,
c'est
bien e
lai et
ce
qui
est
déjà
inscrit,
'est
es
quatre
ans
e Chaitivel. ans
'épilogue
Marie
ite
d'abord
es
quatre
dois
puis
le
Chaitivel,
renant
on histoire
rebours,
retour.
Mais ce lai
n'est-il
as
principalement
n
retourun arrachement
e
ce
retour )
«
En Bretaine
t
quatre
aruns
Mes
eo
ne sai
numerurnuns
Ils
n'aveient
ueres
'eé
Mes
mut
rent e
grant
eauté
E
chevalier
ruz
vaillant
Large
urteis
despendant
(v. 33-38)
C'est l'auteur ettefoisqui avoueson impuissance,lle « ne sait numerur
nuns
.
Quatre
hevaliers
ans
ndépendance,
erdus
ans e
nombre,
ans
eur
morcellement.
uatre
bjets
qu'Elle
tient
v.
71).
Tétrade ondue
vec
a
dame
dans une même
ambiguïté
amer/tuer,
ouble
par
double.
Et si
Mariene
se
souvient
as
de leur
nom,
'est
parce
qu'ils
en
sont
dépourvus.
ttachés
la
dame
qui
es
tient,
ls
aiment t
en même
emps
e
battent,'affrontent,
irés t
déchirésntre
eur mour
t
eurhaine
«
Pur
i
e
pur
'amur
veir
I meteithescunsunpoeir (v.4344)
Les
quatre
chevaliers e seraient ncore
que
«
l'
nfans», désarticulé,
ans
parole,
ans
nom,
dépendant
e
la
mère. De
gueres
'eé
»
résumeMarie
de
France
en les
décrivant 'abord
dans eurs
acunes: lle ne sait
pas
leur
nom,
ils
ne
sont
pas
vieux...
t
c'est à
la fois
es
négations,
eur
approchement
dans
le
texte
matériellement)
t
le
fait
qu'ils
soient
quatre,
'est,
en
un
mot ce
manque
ou
cette
différence)
ui
«
servira les
quatre
hevaliers. a dame
aimant es
objets
d'amour
mpossible
amer/
uer)
est
ravie,
nlevée
ar
celui
(ceux)quisedonne(nt) elle bienquedonner oit mbigu,llene es« aura
jamais).
Elle les aime
pour
ce
manque anonymat,
rès
grande
eunesse,
multi
81
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plicité)
u'elle
ne trouve
as
ailleurs.
lle les
«
tient
en
leurfaisantmiroiter
ce
surplusmer/
uer
ui
leur
permettrait'échapper
leur
désespoir...
e lui
échapper
elle.
«
Mesmut
rent e
grant
eauté
E chevalier
ruz
vaillant
Large
urteis
despendant
(v. 36-38)
Ils
ne
sont
pas
aimés
pour
ces
nouveaux
vantages, our
ette
parfaite
essem-
blance
vec es
autres.Marie
joute
es vers:
«
Mut
par
esteient e
grant
ris
(v.
39)
Prisés
par
qui
? Non
par
la
dame,
mais
par
les
chevaliers,
es
hommes,
eurs
semblables
n
beauté
et
bravoure. es chevaliers
pprécient
es
quatre
pour
ce
qui
est de l'ordre
e
la société.La dame
es
aime
pour
eur nachèvement.
Et
elle
peut,
heureuse,
avourer
a
question
ui
reste
ans
réponse
«
En
respit
mist
en
purpens
Pur
aveir
pur
demander
Li queils ereitmieuz amer (v. 50-52)
Et
le
Chaitivel
Mais e
Chaitivel revient
ou vient)
e
loin
».
Et
pourtant
il
est
déjà passé
dans e
prologue,
ans
on
nom
plus
ard ans
'image
u fou
que
l'on sort de
ses
pensées.
Chaitivel
qui,
pour que
le lai se
fasse,
'on
demande e
régresser
usqu'à
ce
qu'il
soit
nouveau
uatre.
l
se dévoile nfin
dans
e
désir e la
dame
« Ne volt es treis
erdre
ur
'un »
La dame
doit
choisir
ntre es
quatre,
l
faut
u'elle
soit a
moitié 'un
couple
«
honorable
,
ou tout
implementossible, u'elle
choisisse'amour
ossible.
Mais lle ne veut
as
de
'Un
elleretardee
moment
ù les
quatre
e
sépareront
(disparaîtrontour
lle)
en
répétant
a
question
ancinante
« Ne
seit e
queil
deit
plus
preisier
v.
110)
Ne sai
e
queil
eo
dei
plusplaindre
(v. 157)
Le Chaitivel eracetUn,malheureux,ar a damene l'aimera
amais
ui mais
eux
tous.
82
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Le
Chaitivel
st
«
condamné
à faire
orps
vec e
lai,
non
avec celle
qu'il
aimera.Mais avant ue le pauvre hétift la dame aient 'occasionde s'entre-
tenir,
es
quatre
ne
doivent
lus
réclamer
'amour
u en réclamer
trop)
'un
sans
es
autres.
t
mourir
e cette éfaite.
La
dame
ne
peut
ni
donner
a
préférence,
i
annihiler
on
surplus:
«
Bel semblant eseit
chescun
Ses
drueries
ur
donout
Ses
messages
ur
nveiout
Li uns de
l'autre
e saveit
Mesdespartirulsnespoeit (v. 56-60)
Son
amour,
lle
e
donne n
pièces
détachées,
messages
t drueries
ependant
qu'elle
es étreint
ous
eur
dispensant
chacun
n verbe
«
enurer,
enir
hier,
ervir,
ercier
Elle
les
étreint,
es tient t es
étouffe
la mesure
e 'étouffement
u
récit
ui
n'avance
lus.
Les
quatre
t
a
dame
ont
dans
'impasse
'un amour
mpossible.Le
temps
e
bloque.
Le faire vancere serait lors ccéder unamour
ui
se
donnerait
ans sa
totalité,
ui
ne
serait
lus
a
maigre
umône
artagée
ntre
quatre.
Seule
solution:
e détacher
e
la
dame.Mais
dans
un vers
ngoissant
le narrateur
essine
a
dépendance
es
chevaliers:
«
departir
ulsne
poeit
»
Partir,
e
détacher
mais
comment
ce
qui
reviendrait
«
pouvoir-désirer-
aimer toutes es femmes 'unpaysplutôt u'uneseule, u'une...Comment
ne
plus
souffrir
t
vaincre
es
trois
autres
ui
«
le »
prolongent.
omment
mourir u
les faire
mourir
Comment
oir es autres
morts t se
regarder
détenir
'amour
otal
Posséder
e
amer/
uer.
En
attendant,
t
comme
our
annoncer
'émergence
et
non
point
e
triom-
phe)
du
Chaitivel,
es amants
ffrent
rois
résents
un
chevalier
e
démarque
déjà)
«
Anel
u
mance
gumfanun
(v.
69)
Etencore ttachés la dame-mère,lssignentsaignente sonnom:
«
E
chescuns
scriot
un
nun
(v. 70)
83
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«
Voleit hescuns
stre
rimiere
De bien
fere
(v.64-65)
Lorsqu'un
tournoi
est
annoncé,
i
les
quatre
chevaliers
participent
vec
enthousiasme
'est
peut-être
oins
ans
'espoir
'être
primiers
e
bien
fere
que
dans
celui
de
brisere
temps ui
vient e s'arrêter.
e tournoi
st
nnoncé
un
peu après
une
Pâques,
e
temps
e
remet
tourner,
t
cette
ertaine
âques
symbolise
a
promesse
'une
ibération,
e
'été,
du
mûrissement.
rintemps
ù
les fruits aissent.
té où ils
se cueillent.
La
Pâques qui
vient st aussi
situéedans e lai
après
e
«
tint .
Tenir ta-
tique uis'oppose u mouvementevenir.
L'aventure,
e
temps
t
e lieu Nantes
u
plutôt
'extérieur
e la
ville
«
Li
quatre
rufurent
rmé
E eissirente a
cité.
»
(v. 85-86)
ont été
définis,
omme Marie
'annonçait
éjà
dans son
prologue.
Mais
les
quatre
chevaliers e sont
pas
encore
nommés
ni
appelés.
Aucun souvenir.
Blottis ans
eurs
rmuresls
vont
u tournoi
s
«
Tuit
sunt
olentiers
lé
Lune tens
veint
urjumé
(v. 80-81)
Les
quatre
ont
ongtemps
estés
risonniers
'un
regard.
n
sortant,
ls
veulent
à la fois
contempler
t être
vus
par
tous.
C'est dansce nouvel
change
u'ils
évincent
eur ncienne aison e
vivre
la
dame.
«
Pur
quointier
es
quatre
ruz
Isunt
'autre
ais
venuz
E liFranceis liNorman
E
li
Flemenc li
Breban
Li
Buluneis,
i
Angevin
E
cil ki
pres
furent
eisin
(v.
75-80)
Les
quatre
font
face
à
quatre
autres
quatre
vers:
77-80).
Ils
fondent
eur
altérité
ans
ette
encontre/
econnaissance:
«
Cil
defors
es
unt
oneuz
et
s
affrontent
la
mesure
de
leur
haine
trop
ongtemps
éservée
ar
cet
84
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«
Al
vespre
c'est la
fin
de la
journée,
e
soir,
a mort
mais c'est
aussi
la promesse 'un lendemain,our, naissance.Moment u rêve,du sommeil
duquel
on se lève autre.
Autre avoir
réquenté
n
autre
ieu,
s'être
oublé
avecceux
du
«
defors .
Mais
le Chaitivel 'est
pas
encore
né
(sa
naissance st
simplement
révue
dans es
vers
83-84).
Les
quatre
du
dehors
ont
d'abord ombés
endant
ue
ceux
du dedans
estent
uprès
'eux,
ommençant
se mêler
«
A la
rescusse
t
grant
medlee
(v. 105)
Escarmouche,
econnaissance,
êlée ou rienn'estencoredécisif i ce n'est
l'apparition
'un
lieu inconnu
usque
là:
le
dehors.
i
ce
n'est
'apparition
d'autres
ens
venus
d'ailleurs. ien
de
vraiment
hangé,
t la dame
upervise
toujours
«
La dame
fu
ur
une tur
Bien
hoisi
es
suens t es ur
Ses
druž
vitmut
bien idier
Neseit e queildeitpluspreisier (v. 107-1 0)
Où
la
dame
pourra-t-elle
ieuxdominer
es siens
u'isolée
urune
tour,
t en
même
temps
ù
peut-elle
mieux
convaincre
es
autresde son
retranchement
que
sur
cette tour?
Tour
ou
emblème e
son mondeclos
face
à celui
qui
s'étenddans
a
plaine
u-dehors.
eux mondes ù
se
trouvent
es «
suens et
les
«
lur .
Inéluctablement,
ntre es deux
spaces,
a césure:
«
Li
turneimenz
umença
A
ce
moment,
ortis e
la
menace
que
laissait
eser
a
dame
«
Ne seit e
queil
deit
plus
preisier
(les
chevaliers
estaient
échirés
ar
cette
question
sans
réponse)
es
quatre
peuvent
ombattret
promettre
'édificationu
sujet.
Encore n
ieu
«
Devant a
porte
,
celle
que
les
quatre
druz ne
pourront
plus
franchir
inon
morts,
isparus.
orte
evant
aquelle
ls
se
battront
usqu'à
«
l'avesprer
où
ils
tomberont.
L'avesprer
rappelant
lors e
«
Al
vespre
el
turneimentoù
leurmort
tait
différée,
ise n
suspens.
Dehors,
es
quatre
vaient
éjà
faitun
pas
vers
'autonomie,
u moins
vers
un lieu où ils ne souffriraientlusd'être es objetsd'un amour mpossible.
Passer eur
ieà
souffrir
omme
e
dira
plus
aidJe
Chaitivel
86
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«
Tut e
siecle
ntusé
La grant einek'ilen sufficient
De
l'amur
u'il
vers
us
veient
v. 212-214)
En
disparaissant
ans e
Chaitivel,
ls détruisent
omentanément
e
tiraille-
ment
e
la dame
«
Ne volt es
treis
erdre ur
'un
»
C'est
donc e soir u moment e
l'oubli
u'ils
disparurent
«
Kar
i
trei
furent
cis
E
li
quarz
nafrez
malmis
Par
mi
a
quisse
einz
el cors
Si
que
la lance
paru
fors
(v. 121-124)
Le
Chaitivel evint
ujet,
e
complexe
e
castration:
Par
mi a
quisse
,
s'
opé-
rant
vant
u'il
n'accède la
parole.
La
multiplicité
e
désagrège
n
une
unité
que
la damen'aime
as:
« En
lā
cité
es
unt
portez
A
la dame
kisot
amez
»
(v.
141-142)
Déjà
son amour
e
conjugue
u
passé.
Pendant
ue
des
cris
'élèvent,
n
va-
carme
assourdissant,
'apparition
u
monde,
des « deus
milliers
,
« la
noise
levât
li
criz es
quatre
hevaliers
ortent
n nom
«
Quant l vient epaumeisun
Chescun
egrette
ar
unnun
(v.
145-146)
Et
pour
a
première
ois
après
un
sommeil
Quant
le
vient
e
paumeisun
ou «
Al
vespre
)
la
dame
autre,
lle
aussi,
e
met
à
parler,
hangeant
our
échanger
a
parole,
t
regretter
eux
qu'elle
nomme
ra)
les
quatre
ois.
Disparus
e
désir,
'amour,
a
question,
a
négation,
'impossibilité,
'ambi-
guïté
Au
contraire.
'est
maintenant
ans
e
souvenir
ue
va
s'installera
dame.
Disant
a
déception:
Nes
voil
tuz
perdre
ur
'un
prendre
,
dans
une
négation
êtue
où
elle
ne
veut
pas
reconnaître
a
perte
u'elle
vient
e
subir,
accéder cet « Un» qui a desmanques e partout, commencerar 'amour
de
la
dame
qu
il
n'aura
amais,
commencer
ar
a
blessure,
commencer
ar
87
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 90/152
la
perte
de ses
compagnons
nfouis n
son
corps.
Et la dame
pose
encore
a
question ui n'appelle ue le videou le Chaitivel« Ne sei e queil eo deiplus
plaindre
Elle
enterre
ses » morts
t
soigne
e
blessé.
Mais e
soigne
n
lui
donnant
des
médecins,
n
allant e voir
et lui
parler,amais
en offrant
on amour.
l
guérit
onc
malgré
ui
(ou
malgré
lle)
pendant
ue
demeure
ntre
ux
une
distancenfranchissable
t
qu'en
même
emps
out ombre
ans
'oubli
«
Ici
finist ien
ad
plus
Plusn'en
oi
ne
plus
n'en
ai
Neplusne vus ncunterai (v. 238-240).
Chaitivel
u
quatre
dois
?
Ce n'est
plus
a
question
ue
se
pose
a damemais
un
sujet
d'entretienvec
le
Chaitivel.
orsque
e
dernier un
ur
d'esté se
met
à
parler,
l
est
aussitôt
e
lieu d'inconciliables
uttes.
ourquoi
ne
pas
nommere
lai Chaitivel
ropose-t-il
andis
ue
la damevoudrait ontinuer
se définir
ar rapport l'emprise
u'elle
vait ur es
quatre
bjets/
ois.
Or
son
écriture
rocède
de la
perte u'elle
vient
e subir t
de
cette
béance
ui
s'ouvre
soudain
n elle.
Le lai
est
à
pour
combler e
vide,
ette
mort. ette
spèce
de
« colmatage èlle le faitau nom du Chaitivel.Ainsi a parolede la dame
double
celle
du «
pauvre
malheureux
.
Elle lui
donne
e
surplus
u'il
voulait
posséder
mer/tuer.
lle
lui obéit
quand
l
décidede
se remémorer
a douleur
et non
celle
de
la
dame,
uand
l décided'être
ppelé
«
malheureux
et non
pas
«
malheur
.
Et
pourtant
'est
a
dame
ui
e
façonne
«
Par
fei,
et
l,
ceo
m'est
el
Or
'apelum
e Chaitivel
(v.
229-230)
en
lui refusant
'étreinte
t en
lui
échangeant
a
mort/éternité
ontre e amer
tuer
ui,
dès
qu'il
le
détient,
e rend
napte posséder
a dame
i
ce n'est
dans
l'écrit.
Mais
déjà
ils sont
nvisibles.
88
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 91/152
Michèle OUERD
LES MOYEN-AGE
ROMANESQUES
DU
XXe SIÈCLE
Depuis
quelques
années,
e
Moyen-Age
onstitue
our
'histoire n
objet
privilégié
'études.Cette
vaguéhistorique
visiblement
orté
a
vague
roma-
nesquequi
s'en
est
suivie.
es maisons
'édition ivalisentlors
dans
a
produc-
tiondes «
romans
médiévaux
,
où
le
meilleurôtoie e
pire,
omme ans
oute
mode.
A
la
faveur
e
cet
engouement,
es textes
lus
anciens efont urface
Zoé
Oldenbourg
ait
sa
réapparition
n
collection
e
poche,
tandis
ue
le
succès
populaire
e La Chambre
es Dames
permet ue
Très
age
Héloïse
de
Jeanne ourin oitrepris arsonnouvel diteur1). De mois nmois, avague
de
romans
'inspiration
édiévale e cesse
de
grossir.
a
bibliographie
'étude
devant e limiter
ux
années
75-80,
l
ne seradonc
question
ue
de
quelques
textes,
ris
dans un
ensemble e
production
roliférante,
ù
la
répétition
st
d'ailleurs
ouvent e mise.
Une
premièrepproche,
la
surface
es
choses:
a
manière
ont es textes
sont
présentés
u
publicpar
es
éditeurs,
ans
es
résumés u sur es 4èmes
de
couverture.
ar
exemple,
e
Maître e
Hongrie
2)
estun «
roman
lamboyant
de a
fureurt de a
passion
qui
animentes
personnages
de
son côt
,La
Tête
duDragon3) estun ivre
ui
« brûle es mains ;
quant
u TempliereJérusa-
lem
4),
il contient es «
pages
rdentes
;
c'est
finalement
tout e
Moyen-
Age
fastueux
t
violent
(annonce
pour
Le
Lion
des
Pyrénées 5)
que
les
1.
La Table
onde.
espectivement
979
t
1981.
2.
Marcel
ullian,
a Table
Ronde
980,
ivre e
Poche
1.
3.
Michel
eyramaure,
ernier
olumee
a
trilogie
a
Passion
athare
Robert
affont
1977-1978.
4. Barret/Gurgand,er olumee atrilogiee TournoiseDieuRobertaffont977,Livre ePoche 1.
5.
Gastont
Myriam
e
Béarn,
aston
hébus
Mengès
978,
ivre
ePoche
980.
89
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 92/152
éditeurs
ouhaitent onner
lire.Vision
ditoriale
rès
imple
e
cette
ériode,
très
«
hugolienne
dans
ces
images
de
paroxysme ui
caractérisaient
le
gothique
lamboyant
des années
830.
Les
premiers
rands
ignes
médiévaux
ue
l'histoire
ittéraire
ous
a
légués
demeurent
n effetes
diableries allucinées
ar
e
Michelet
e
La
Sorcière
ou
la
silhouette
onvulsive
e
Quasimodo
ui
traversNotre ame
de
Paris.Roma-
nesques
t
historiques
e tels
ignes
nt
onstitué
oute ne
magerie
édiévale
pour
des
générations
ntières,
t certains
uteurs
ontemporains
ontinuent
'y
puiser.
Dès les
premières ages
de GastonPhébus
le
décor est ainsi
planté
même
si
nous
sommes ans
une nuit
au
«
lumineux
iel
d'hiver du 31 dé-
cembre1331, une forteresseéodalene s'en dressepas moins, niméede
«
lueurs
t de
refletsnsolites .
Un
peu plus
oin,
pparaîtra
a
silhouette
'un
vieillard
qui)
«
contemple
e firmament: nous nous
trouvons
ans «
l'antre
du
vieil rmite
ertrand e
Saint-Waast
,
être
nquiétant
ui
tient la
fois
de
Dieu et du
Diable le lieu
qu'il
habite
e
signale
ar
une «
sinistre
trangeté
,
où
grimoires
t tête
de mort
iennent
e
premier
lan
6).
Depuis
Walter
cott,
la
tentation
'avoirrecours
cette
imagerie ersiste
t seuls
es meilleurs
romans
euvent
échapper.
n réeltravail u
XXème
iècle e fait
our
ons-
tituer
e
nouveaux
ignes
e
reconnaissancee la
médiévalité,
ussi
bien dans
le champ
istorique
ue
dans e domaine
omanesque.
A
quelle
histoire
u
Moyen-Age
es
auteurs
ont-ils
ppel
?
A
première
ue,
ils
semblent
rivilégier,
armi
es
quelques
dix
siècles
ue
l'histoire
lassique-
ment
regroupe
ous
l'étiquetteMoyen-Age,
es tous
derniers
iècles
de
la
période,
partir
u
Xllème
siècle,
plus
souvent u
Xfflème.
e
sont
es der-
niers iècles
ue
Régine
ernoud
onsidère omme
roprement
édiévaux
7)
;
ils
sont ecoués
par
de
grands
vénements
croisades,
uerres,
pidémies,
t de
grands
ouleversements
eligieux,
olitiques
t
économiques,
n
prélude
la
«
Renaissance
fls
ontentre ous dessiècles spectaculaires enapparence
les
plus chargés
'une
histoire
ui
se
prête
des
développements
omanesques.
Les «
romans
médiévaux
les
plus
récents
uisent
donc dans ce
réservoir
d'images-forces,
e
tempsmarqués
qui permettent
e
caractériser
'époque
définie ans
avoir
forcément
ecours des
envoléesde
corbeaux
roassant
autour
des
potences.
'histoire
st
considérée
ommeune
suitede moments
paroxystiques
ui
fonctionnent
omme
ignes
médiévaux
majeurs,
ette
parti-
6. Gastonhébuspp.25et29.
7. In
Pour
n
inir
vec
e
Moyen-Age,
oint-Seuil,
977,
age
35.
90
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 93/152
cularité e
retrouve ans
la
plupart
es
textes tudiés.
A la
frontière
ntre
roman thistoire,e romanmédiévaleeprésentevecdiversesnnexes: artes
géographiques,
hronologies,
otices
iographiques
e
personnages
élèbres,
u
du
moins
«
réels
qui
enracinent
a
fiction
ans
une
«
vérité
historique
ù
le
public
st
assuré e
contenter
a
soifd'informations.l'intérieur ême u
récit,
'autres
ignes
istoriques
ont
répartis,appellant
ans
cesse
qu'il
s'agit
bien
du
Moyen-Age
t
non
d'une autre
poque.
A cet
égard
es
premiers
ha-
pitres
u
Templier
e
Jérusalemont
remarquables:
I La
Palestine
es
Croisades
des Francs orturent
es
Sarrasins.
II
Préparation
'une
cèned'adoubement
ans es
Cévennes.
III Répliquemusulmanela torture écrite n .
IV
La cérémonie 'adoubement
présence
es
Templiers
une
«
sorcière
estbrûlée
ive.
V
Histoire
e
Baudoin
V,
'un
des
roisde Palestine.
VI
Voyage
du
eune
chevalier,
uühem
'Encausse
ers aris.
VII
II visite e chantier e Notre-Dame
e
Paris,
t rencontreon construc-
teur,
'évêque
Maurice e
Sully.
Tout
est
prétexte
ansce récit ce
que
le héros aille à
la rencontre de
l'histoire c'est son frère
ue
les Sarrasinsuent n
représailles
III)
;
c'est
ui
qui
est à la têtede
l'expédition
ontre a « sorcière, son
père
tantmort ous
le
coup
d'un « mauvais ort
Son
voyage
vers
Paris suscite
uelques
ignes
d'une
rapide
synthèse
ui
décrit es
principales
ransformations
ulturelles,
ayantmarqué
e
passage
u
Xllème
u
Xfflème
iècle
« Plus ls
avançaient
ers e nord t
plus
ls
se
sentaient
trangers.
es
cou-
tumes,
a
forme
es maisons
t
même a couleurdu ciel
changeaient
'un
horizon
l'autre.
ci,
la
terre
rasse
t
profonde
ormait
n
moisson
usqu'à
six fois
a
semence,
à
de lourds
hevaux
e trait
emplaçaient
u labourdes
attelages e bœufs. artout n défrichait.artout n modifiaitesplansdes
églises
t des
abbayes
l'homme
e devait
lus,
xpliquaient
eux
qui
savaient,
courber e
front
ans 'obscurité es
chapelles,
mais
fairemonter a
prière
ers
la
lumière e Dieu
et la
lumière,
'était
'ogive.
Guilhem
e se lassait
pas
de
questionner
t
d'apprendre.
(p.
72.3.)
Rattrapé
n
extrémis
ans
a
fiction,
e
héros
e
trouve
romu
u
rang
de
spectateur rivilégié
es
grands
vénementse son
temps,
ien
que
le
propos
didactique
de ce
passagedépasse
visiblement
a
perception
u
personnage.
L'histoire st
vue,
interprétée
t
rendue
ignifiante
epuis
e
XXème
siècle,
où le mouvementynthétiquerévautouventur e détailromanesque. 'est
pourquoi
bien
des
romans
médiévaux
e
présentent
ous
forme
e
trilogie:
91
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 94/152
ils
offrent
ne
somme,
n
panorama
xhaustif
es
vicissitudes
'un
siècle,
travers lusieurs énérationsils reprennentn cela la recetteprouvée e la
saga
familiale
ont
ucun
personnage
e saurait
chapper
u
destin
istorique
qui
caractérise
eur
région
t leur
temps
le
Moyen-Age
st
uffisamment
aste
pour
que
la
production
e
telles
rilogies
oitflorissante. ais
i tous
es
signes
historiques,
ont
le
roman
st
composé,
ombent,
ue
reste-t-il
u
roman
médiéval Ne
peut-il
tre
que
de
l'histoire,
t
de
plus
une
histoire
aroxys-
tique
?
En
prenant
es
exemples
ui
s'écartent e la
norme
médiévale
elle
qu'elle
est
apparue,
n
peut essayer
de
déterminer
n
quoi
le
roman
médiéval
st
spécifique,
t
par
quoi
il l'est. D'abordLa Chambre es Dames d'emblée,
Jeanne
Bourin
voulu
e
démarquer
e la
norme
médiévale n
vigueur,
our-
fendant
a tradition
ugolienne
ussi
bien
que
celle du roman
historique
selon
une nterview
ubliée
la
suite
d'une des éditions e
son
« best-seller
,
le
projet
de
J.
Bourin
tait
d'écrire
n
«
roman
RÉALISTE,
où
les moindres
détails e
la vie de tous es
ours
seraientmêlés
une
ntrigue
urement
oma-
nesque
(8).
Effectivement,
a Chambre
es
Dames
n'est
pas
un recueil
e
hauts
faits
mais
une suite de faits-divers:
iol d'une fillede
Mathilde
runei,
l'héroïne impuissance e sonmari, dultère 'une autrefille.Pas de grands
personnages istoriques
u de
valeureux
hevaliers,
mais
des
Goliards
qui
ressemblent
ort des loubards
de
banlieue,
n Rutebœuf
la mode
hippie,
et
un
troubadour
u
Roy,
évidemment
rop
délicat
-
efféminé
-
pour
satisfaire
es
appétits
ensuels
e
sa
femme.
e
tout situé
dansune
ambiance
médiévale estituée
vec
un
constant
ouci
du
détail
pittoresque
à
tel
point
que chaque
entimètrearré e
page
'en
trouve aturé.
Les
lecteurs rouvent
n
effet
ne mine d'informations
ur
a
vie
quoti-
dienned'une certaine
atégorie
e
la
population
u
Xllème siècle
en
l'occu-
rence ne riche amille 'orfèvreseParis),mais st-ce elaqu'ilsvont etenir
Ou ce
qui
les
retient
e
serait
il
pas
plutôt
ertaines
cènes
aractéristiques
e
tout
roman
entimental e notre
siècle,
qui
mettent
ux
prises
des
gens
commenous »...
Les
ingrédients
onstitutifs
u
roman
'ont rien
de
particu-
lièrement
médiévaux,
i
les
intrigues
moureuses,
i les
oies
et
les
peines
du
mariage,
i les maladies t les
chagrins.
ertainsecteurs
e
s'y
sont
pas
trom-
pés qui,
de l'aveu
même
de J.
Bourin,
nt
puisé
dans
La Chambre
es Dames
des
remèdes
leurs éboires
onjugaux,
u l'amélioratione
eurs
roubles
sy-
81
«
Entretien
vec
Jérômee
Thor
,
in
édition e
la
Chambre
es
Dames
aite
ar
le Cercle
u
Nouveau
ivrej
979.
92
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 95/152
chiques...
8).
La famille u Xllème
siècle hère J.
Bourin
orte
ccessoire-
ment es vêtementse sontemps.Un ensemble exact- de signes uquoti-
dien
médiéval
onne-t-il
utomatiquement
nevraisemblable
ision
'ensemble
du
MoyenAge
?
La
vie
des
individuse déroule
ndépendamment
es
événe-
ments
historiques
ces
personnages
n-historiques
'offrent
n miroir u-delà
des
siècles...
A
quoi peut
doncbien ervir e choisire
Moyen-Agelusparticu-
lièrement
Régine
ernoud ans
a
préface
'hésite
as
à
écrire
ue
ce
« roman
procure
u médiéviste n bonheur are: celui de
présenter
es
images
du
Moyen-Age
ui
rompent
out
à
fait
avec
e
Moyen-Age
es romanciers
sans
parler
de
celui des
ournalistes)
. Mais
est-ce n médiévistes
ue
les lecteurs
ontaccueilli e livre ...
Autre
uteur,
utre
entative
dans son Maître
de
Hongrie
MarcelJullian
utiliseun
signe
médiéval
majeur:
a
langue.
Plutôt
que
de
parsemer
e
texte
ou
les
dialogues
e
quelques
motsou
répliques
u
genre
Bienvenue, essire,
en
notreCastel
,
M. Jullian reconstitué
n
angage
ntier,
lliant a
précision
des termes t a clarté e
'ensemble
«
Oncques e
n'avais
uï un
tel
discours. as
une
fois,
e bancroche
taithors
ses
états.Le dos
tourné la foule
pérégrine
ui
coulait
omme
ave versVer-
dun, l entreprite conter 'histoire es Juifstle récitde leurmalfaisance.
(p.
4647.)
Ce
passage
signale
une
autre
originalité
u
récit,
'emploi
de
la
première
personne;
nous sommes ecteurs
d'une
parole
«en direct»
du
Moyen-Age,
avec
ce
que
cela
peut
comporter
e
partial
ans
a
vision,
mais
ussid'intime
si
la tentative
'autobiographie
e
permet as
d'élaborer,
epuis
e XXème
siècle,
ne
synthèse
e
'époque
choisie,
lle
donne ne
description
e
'univers
mental
'un
ndividu.
ar
exemple,
n
sait
qu'à
certaines
ériodes
u
Moyen-
Age,
des
foules
ntières
taient ur
es
routes,
oit
en
pèlerinage,
oit en croi-
sade,soitencore n exode.Vu par e personnageu récit,etaspectmédiéval
est
ainsi ranscrit:
«
Je vais.
En ces
temps
maudits,
elui
qui
demeure,
onsent. i
nous
ne
bougeons
as,
nous
autres,
es
petits,
es
humbles,
ous
qui
avons
desmains
outil,
nous
finirons ociles
comme cbs clercs.
L'époque
nous
ette
sur es
chemins. evais.
(p.
13.)
Au-delà
de
l'authentique,
a
représentation
evient e
ce
fait raisemblable
et
c'est,
l
me
semble,
e
qui
en
fait on
prix.
outes
proportionsardées,
n tel
roman
me
paraît
offrir
n
contrepoint
omanesque
éel aux travaux
ui
se
réclament e l'histoire es mentalités:'entreprisee MarcelJullian st loin
d'être
ans
rapports
vec celle
que
Carlo
Ginzburg
ans
e
Fromage
t
es
Vers
93
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 96/152
a
menée,
n
écrivanta
chronique
'un meunier
u XVIe
siècle.
l
ne
s'agit as
moins
ue
d'une
réflexion
ur a réalité
médiévale,
out
ussi
mportante,
inon
plus, que
la
simple
narration
e
la réalité elle
que
les
romans
istoriques
prétendent
a mener.
C'est cette réflexion
ui prime
galement
ans tous
les romans e Zoé
Oldenbourg,
yant
pour
cadre
historique
e
Moyen-Age.
ans
ces
textes,
ont
La Pierre
Angulaire
et
surtout
es
Brûlés
9),
les
signes
médiévaux,
oit
d'his-
toire oit
du
quotidien,
ont
rares.
our
Les Brûlés un seul
personnage
isto-
rique:
Bernard e
Simorre,
vêque
cathare
de
Carcassonne;
n seul
repère
chronologique,
a destruction
e
Montségur
n
1244.
Quant
aux
signes
du
quotidien,lssontbienplus uggérésuedécrits. etirés ous essignes,lreste
une
histoire
ingulière,
ont a
force
ne doit
qu'à
l'imagination
t au
projet
d'écriture e
l'auteur.Dans son
avertissement
ux
lecteurs
de La Joie
des
Pauvres
Z.
Oldenbourg
nsiste
articulièrement
ur ette
uestion:
«
Un roman
st une
image
de
la condition umaine.
u'on
nomme
elui-ci
hallucination, êve,
popée,
cri
ou
interrogation,
ourvu
u'on
oublie
qu'il
s'agit
'un
ouvrage
istorique.
Du reste
que
les amateurs
'histoire
e
rassurent,
es
faitsdécrits ansce
roman ontvrais.
(10).
Dès cettemiseau pointde 1970, 'auteur osele problème e la manière
dont
es documents
'époque
sont
utilisés^
mis
en œuvre
ans
a
fiction.
e
la
manière
e
Jeanne
ourin
celle
de
M.
Jullian t de
Z.
Oldenbourg,
e lecteur
peut
faire
on choix
et décider
our
ui si
l'une ou l'autre
des
options
ert u
mieux
'appréhension
u
mondemédiéval.
t
au-delà,
'esttoute
a
perception
de l'histoire
ui
est en
question,
e statut
u'elle occupe
au
sein
des
valeurs
romanesques.
ans un texte
utobiographique,
.
Oldenbourgrécise
«
J'aime
le
fait
historique
our
sa beauté
propre,
n
dehors e toute
référence
u
pré-
sent.
(1
1).
On
a vu
avec
La
Chambre
es Dames
que
certaines aleurs oma-
nesques uXXème iècledébordaientargementeproposhistorique...
Une
question
e
pose
alors
à
quoi peuvent
ien
«
servir toutes es
mages
médiévales
ur
'écran
du XXème
siècle A
ce stade de
réflexionn
ne
peut
hásarder
ue quelques
hypothèses,
uisqu'il
s'agit
de
confronteres valeurs
médiévales
ue
l'on
perçoit
dans
es
textes,
certaines aleurs u
temps ré-
sent,
u
plutôt
de
'air»
du
temps
résent...
9. Respectivement953 t1970,GallimardFolio 0 et75.10.
Gallimard,
970.
1
1
Visages
'un
utoportrait
Gallimard,
977,
.
1
1
94
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 97/152
Un
premier
xe
les
rapports ue
le
singulier
ourrit vec
e
collectifau
Moyen-Age,roisades,mouvementse foule, lansreligieux ontque la ré-
flexionndividuellee se
développe as
hors
de
courants
rès
récis.
outhéros
romanesque,
ussi ndividualisé
oit-il,
st
pris
à
l'époque
médiévale
ans
un
ensemble
ui
l'empêche
'avoir
n statut
e « héros
olitaire
,
ou d'individu
séparé,
el
que
l'offrent ien des textes
contemporains.
hèmedu XXème
siècle,
hantise
lutôt:
'individualisme,
forcené
dit-on,
ant ur e
planprivé
que
social.
L'époque
médiévale emble
insi e seul ieu dans e
temps
ù la
nostalgie
'une
collectivité
eut
s'ancrer,
ar c'est
a
dernière
poque
où
cette
collectivité
st
oudée
par
des
croyances,
es dées-forcencore
on
contestées
hérétiques
t
marginales
ême,
llesoffrentn sens la
vie,
u destinndivi-
duel...
D'autre
part,
a vie médiévale
st
perçue
commeune suite d'actions ù
aimer,
espirer,
anger,
ivre
t
mourir
rocèdent
u
seul
mouvementlémen-
taire de
l'existence. enser
st un
prélude
l'agir,
quoi
tend e
personnage
romanesque:
l
est
uniquement uestion
de
savoir
pour
lui à
quoi
il
peut
s'engager.
e
Moyen-Age
e
semble
lors
pas
être
'âge
des « états
d'âme
.
C'est en
ce
sens
que
le
roman
e
J.
Bourin
eut
offrirux
lecteurs
n miroir
de leurspropres gitations sychologiques,out en étant nachroniquear
rapport
ux
personnages
édiévaux
ux-mêmes.
n second xe le
thème e
la
mobilité.
es romansmédiévaux
résentent
ous
plus
ou moinsun
récit
de
voyage,
'aventure
'un mmense
éplacement
oit à l'intérieur
u
pays
hoisi,
soitd'une ontrée une
utre,
t d'unhorizon un utre.
rontières
erméables,
routes
angereuses
ais
propices
u
dépassement
e
soi-même,onfrontation,
voire
guerrière,
e
diverses
ivilisations:
e romanmédiéval onne
une
mage
des
voyages
ui
n'étaient
as
encore
des
transports.
oute une vie
pouvait
e
passer
n
«
pérégrination
et du moins
out
un
chacun
pouvait
e
targuer
e
découvrir n espace, des paysages,des coutumes nconnues u au moins
différentes.
t cela
sembled'autant
lus
extraordinaire
our
un lecteur ctuel
que
cette
découverte
pour
adre
privilégié
e
simple
assin
méditerranéen.
A ces
voyages
errestres
orrespondent
es
voyages
pirituels.
u
sens ctuel
de
l'éphémère
cf.
es romans ur a
vieillesse
ifficile,
t
la
peur
de la
mort
comme
fin
dernière
s'oppose
e
sens
médiéval e
l'éternité
les
rapports
u
corps
humain
t à
ses limites e
vivent onc dans
une
perspective
evenue
étrangère
ux
mentalités
ctuelles. omment
maginer
u'un
voyage
omme
celui
qu'effectue
nsiau
La
Pierre
Angulaire)
e
France en
Palestine,
lors
qu'il est vieux,maladeet quasi-aveugle,it lieu hors du cadreconceptuel
médiéval
95
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 98/152
Pour
es
écrivains u XIXème iècle e
Moyen-Age
tait
'époqueprivilégiée
qui leur permettaite donnerune visionramassée, ingulière,otale d'un
monde
où
ils
allaient
hercher
es
origines
our
a
France,
des
sources
de
réflexion
our
a culture e leur
emps
t
de
grandioses
auchemars
our
eurs
proses.
On
ne
peut
plus
prétendre
hercheres
modèles,
mais
n
peut
ncore
concrétiseres
nostalgies
les
moyens ges
historiques
e
sont
présentés
omme
plus
accessibles
u'auparavant,
vec
beaucoup
moins de
vides où le roman
pourrait
'insérer.
'où
la
fréquente
écessité
our
'auteur
ui
veut
«
faire
du
romanmédiéval 'avoir
recours
ux
documents
uthentiques,
t
certifiés
par
un
chercheur
cf.
R.
Pernoud
our
J.
Bourin,
u
A. Vallée
pour
M.
Jullian...).
Néanmoins es documentsui décrivent, aisne racontentas, permettent
bien des
interprétations.epuis
un
XXème siècle
au
présent
ifficilet
à
l'avenir
ncertain,
e
Moyen-Age
pparaît
eut-être
omme
'unique
t ultime
âge
de
tous
es
possibles...
96
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Orlando DE RUDDER
POUR UNE
HISTOIRE
DE LA
LECTURE
Les difficultés
ue
rencontree
néophyte
onfrontéux textes
médiévaux
ne
proviennent
as
toutes
de
la
langue.
ertaines
euvent
tre
uesà
noshabi-
tudesmodernes e lecture.
A l intérieure l histoire
es
dées,
l
faut
eut
être
réserverne
place
à
ce
mode
pécifique
intellection.
La lecture
ilencieuse,
elle
que
nous
pratiquons
st,
nous
e
savons,
elative-
ment écente.
ans
Antiquité,
u
MoyenAge,
a
lecture
e faisait haute oix.
La preuve n est l étonnementes contemporainsApollonius e Thyane,
celui
d Augustin
evant
Ambroise,
orsqu ils
onstatèrent
ue
ces
deux
person-
nages
hors
pair
ne
prononcent
as
ce
qu ils
lisent.C est
parce que
quelques
lecteurs
ilencieux
ont
ignalés
omme es
phénomènes
ue
nous avons
u on
lisait hautevoix.
Cette voix
s éteignit
rogressivement
t se
tut
autourde
la
Renaissance.
Cette
époque
fut
aussi
celle
d un
changement
e statut u
texte
et de son
industrialisation.
e
Luhan
oppose
l homme
typographique
celui d une
culture raleet voit dans a
schizophrénieui
caractériserait
otre
emps
ne
conséquence
e l abandond une lecturemettant n œuvre
lusieurs
ensau
profit
une
primauté
un
seul,
a
vue.
Dès
lors,
a
lecture
e
révèle
omme
objet
d une volution
istorique
ont
il
faut
tenir
ompte.
Nous ne
lisons
plus
commeon lisait u
MoyenAge
et
l opposition, ui
peut
paraître
riviale
ntre a lecture
ilencieuse
t
la lecture
à
haute
voix
contient
histoire ême e nos
modes
d appréhension
es
textes,
c est
à
dire,
otre
ulture.
De
plus,
depuis
es
travaux EmileJaval ur
a
physiologie
e
la
lecture,
e
sontdéveloppées estechniquese « lecture apide qui,à notre ens, evien-
drontvite
ndispensables
u
chercheur
t
devraienttre
enseignées
ans
es
classes
econdaires,
condition
e
n être
oint
a
seule ecture
ossible.
97
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Lire à haute
voix,
aujourd hui,
l école
primaire
st un
signe
econnu e
retard colaire. a
prononciation,
ême
nfime u texte
u,
ou sub
ocalisation,
est un obstacle une bonne ecture
t
empêche
e
dépasser
e seuil
fatidique
des
quinze
millemots
l heure u
«
bon ecteur
.
On
peut
e
regretter,
ais a lecture
ontemporaine
oriente ers
a
rapidité
et
l information,
uand
elle
existe,
ar
on
lit
de moins n
moins,
t
la
culture
du
lycéen
ctuel
provient
lus
de la télévision
u
de
la bande
dessinée
ue
du
livre
classique
,
au
grand
amdes
enseignants.
a
lettre
t
esprit
e
consom-
ment,
maisne
se
savourent
lus.
L information
rend
e
pas
sur a communion.
La
lecturemédiévale st
tout
autre,
articulièrement
a
lecture
monastique
dontnousvoulons raiterci (celle de l école,autour u Xfflème ièclemar-
quera
une
certaine
volution t seradifférente
e
celle
des
moines).
ans eur
livre ecture
rapide
Richaudeau,
Gauquelin
t
Gauquelin
ont
pas
assez
de
mots
pour
mépriser
a lecture
malaisée
du
MoyenAge,
n
opposant
leur
méthode.
es
gens
alentueuxe
trompent
arfois.
Pour
eux,
une
ecture
ont a
vitesse
st
égale
celle
de a
transmissionrale
semble
out
à
faitridicule. e
problème
st
celui
de la
fin
t de
la
manière:
la lecturemédiévale
avait
pas
le même
but
que
la nôtre. lle
n était
point
malaisée,
mais ente elle
dura
plus
d unmillénaire...
Mais e tempsn estpastout la lecturemédiévale inscrivaitansunespace
fort
tranger
u nôtre. abord
l
faut
appeler
e
que
la
pensée
médiévale
vait
de
spacial.
Les arts
de
la
mémoire,
u étudia
naguère
rancesYates
malgré
une
éclipse possible
u IXème
siècle
Alcuin
semble es
ignorer,
mais
point
Loup
de
Ferrière)
vaient ne
grande
mportance
t
se
fondaient
ur
a
localisa-
tion,
sur
des
«
lieux
de
mémoire»,
glise,
palais,
héâtre,
ans
esquels
on
plaçait,
en
imagination,
e
dont on devait e souvenir.
insi,
L enfer
de
la
Divine
Comédie st
peut-être
n
« locus
memorandum
.
Le
texte tait
peut-
être
aussi une
«
mémoire
e
papier
,
comme
elle de
Commynes,
u
plutôt,
de parchemin. està dire uel intellectouissait unerelativeibertéuant
l organisation
e
l espace.
De
même,
a
page
écrite
du
codex ne
portait
as,
ou
portait
eu
de
signes bligeant
a lecture
s orienter
e telle u
telle
façon.
La
ponctuation
tait
are
t e lecteur evait
lire
ans e
presser
n
séparant
,
lire
«
intelligemment
en
distinguant
e
qui
est
nterrogatif
e ce
qui
ne
l est
pas,
selon
a
Règle
du
Maître
Vie
siècle).
Toute ecture e construisait
onc
suivant e
temps
et
l espace
du
lecteur,
vec l aide des
conseils
du
maître.
Là
règle
e
lecture tait
xtérieure
u
texte.Un
texte
ctuel,manuscrit,
acty-
lographié,
ypographié,orte
n
lui-même
on «
mode
d emploi
,
sa
règle
t
sacontrainte.
98
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 101/152
Ceci
est lourd
de
conséquence.
n effectuant
es
recherches
n
vue
d une
« histoire e la lecture dont e présentrticle st uneprésentation,ous ne
nous doutions
as
que
nous découvrions
n
fait
urprenant
il
ne
pouvait
as
y
avoir
e
dyslexie
u
Moyen
Age.
En
effet,
elon Suzanne
Borel-Maisonny,
ui
fonda
orthophonie,
es
dys-
lexie
proviennent,
une
part
de «
troubles
u
rythme
t du nombre
,
par
ailleurs,
es méthodes e
«
lecture
apide
proposent
es exercices n
cadence,
rythmés
ar
a sécheresse u métronome
ux
claquements
uquel
on
doitfaire
correspondre
es
points
e
fixation
u
regard.
r
«
la stalle e ecture
u moine
du
Moyen
Age
était
en
réalité
n cabinet
e
chant
(Me Luhan).
Le
temps,
son découpage n fractionsythmiquesétermine autementotre açonde
lire. Ce
rythme,
st
pour
nous,
celui
du
regard
t
dépend
de l habileté
es
muscles
ui
commandentes mouvements
e
nos
yeux.
Mais
nous nous sou-
viendrons
oujours
es
rythmes
t
des mélodies
autrefois,
e notre
nfance,
comme
celui
de
la
morne cansion
des tables
de
multiplication.
ertaines
cadences
ondenta
pédagogie
e
la
lecture,
omme
elle
de la mémoire.
ors-
que
Notker nvente
u
divulgue
a
séquence, près
que
son
maître
Yson
lui
avait
dit
«
il faut
qu à
chaque
mouvement
élodique
orresponde
ne
syl-
labe
»,
il
s applique
bien
respecter
es accents
e
la
prosodie
atine,
eux
de
la lecture. es signesuiseront tilisés ournoteramusique,eront u départ
les mêmes
ue
ceux
qui
indiquaient
e
rythme
e récitation
es
prières,
ndi-
quant
endroit
ù il faut
lever
u abaisser
a voix.La
ponctuation
édiévale,
quand
lle
existe,
une fonction
ythmique
u
pausale
Au
temps
egmenté
u
rythme
e
superpose
elui,
continu,
e la durée.
L adéquation
du
temps
t
du
rythme
e
la
parole
à celui
du
regard
loigne
une
des causes
de la
dyslexie.
a libre
rganisation
e
l espace
en
éloigne
ne
autre
toujours
elon
Mme
Borel-Maisonny,
n
repérage
malaiséde
la
dispo-
sition
des
choses,
ne orientationifficile
ont ussi
à
l origine
e a
dyslexie.
Liresupposeunespaceordonné un axe vertical,n axe horizontal. ansnos
contrées,
ire
s effectue
e
gauche
droite,
e
hauten bas.
Mais,
et
espace
s est
modifié u cour des
âges,
non
pas
dans
es
directions,
aisdans
une
orga-
nisation
rogressive
e
horizontalité.
L espace
et
le
temps,
omme a voixfaisaient onc
partie
e
la
lecture,
mais
aussi
de
l écriture
«
Que
l écriture
it
été
considérée omme
n
apprentissage
de
la
parolepermet
e
comprendre
ourquoi
n
entrait
i
eune
à l Université
au
MoyenAge
»
(Hajnal). L espace
du
scriptorium
ibrait utant
e a voix
de
celui
qui
dictait
ue
de
celle
du
scribe,
ans a
galerie
uverte
tous
es
vents
de Saint
Martin
e
Tournay,
u
appuyé
ur un
des
sept pupitres
e Saint
Gall...
99
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 102/152
La lecture
médiévale
nvisage
on
aire
d une
façon
différente
e la nôtre.
Le lecteur e textesmédiévaux staujourd huionfronté,il n a pasdirecte-
ment ecours
ux
manuscrits,
une
sorte
e
«
monstre
écessaire
:
devant
ui
s étaleun ensemble
e
graphies
nciennes
picées
une
ponctuation
oderne.
De
plus,
l
lit dans
e silence e
qui
doit
résonner,
n
peu
comme
il
scrutait
la
loupe
e
sillon
d un
disque,
u lieu
de
le faire ourner
urun
électrophone.
Il
serait videmmentbsurde
e
croire
u on
peut
ire
es
textes
nciens omme
on
les
lisaitde
leur
emps.
Malgré
out,
l
y
a
peut-être
ne sorte
e contresens
à
organiser
ommenôtre
un
espace,
un
temps
ui
nous
sont
trangers.
ais
le
problème
st
nsoluble.
La relativeiberté uantà l organisationpatio-temporellee la lecture
peut-être
ne
part
dans
l apparition
e
certains
hénomènes
ui
nous sur-
prennent,
orsqu on
it
ces lectures
articulières
ue
sont es
commentaires
t
les
exégèses
médiévaux.
Ce
qu on
ut,
u
Moyen
Age,
du
moins,
vant
e
Xllème
iècle
tait
arement
nouveau.
Un
caíame
neuf raitait
resque
oujours
e choses
nciennes
andis
que
la
culture
ardait
n
aspect
conservateur.
n
se
méfiait e
la
nouveauté
t
la
pensée colastique,
vec
sa
physique,
a
logique,
hoqua
es
esprits
ourris
de
culture
atristique.
ristote st
à
l origine
e la culture
médiévale,
andis
que l aspect
profondément
ensuel t sensoriel e la lecture
émoigne
e l in-
fluence
latonicienne
il
n y
a
de connaissance
ue par
es
sens.
En
pastichant
Heidegger,
ous
pouvons
dire
que
notre ecture
ctuelle st
« calculante
et
s oppose
à
une
lecture ncienne
ui
serait méditante
,
mais
méfions-nous
de
l analogie,
aquelle
pourtant
st un élément
onstitutif e ce
que
nous
étudions
ci.
Augustin
onde a
pensée
médiévale.
asserelle
ntre
a
philosophie
réco-
latine
et la
pensée
chrétienne,
l usa d une fort elle
analogie
pour
ustifier
qu on usât d unelittératureaïenne.Certains èresde l église ejetèrent
out
bonnement
héritage
hellénique.Augustin
ésout
e
problème
insi:
Les
Hébreux,
vant
de
quitter
Egypte
olèrent es
objets
d or et
d argent
ux
Egyptiens,
ur
ordremême
de
Dieu
(Ex.
XI, 2; XII,
35).
Ainsidoit
faire e
chrétien:
rendre
u
païen
ce
qui
peut
être
utile
l édification
e
la Cité
de
Dieu. Ainsi
fait
Augustin
ui,
par
cette
mage
biblique
de son De
doctrina
Christiana
ustifie
oute a
culturemédiévale.
Fabuleux
lecteur,
l
trouvedans
Plotin
et
Porphyre,
ien de
moins
que
la
Genèse
« il
me tomba
entre
es mains
quelques
ivres
des
philosophes
platoniciens...) dans lesquels e lus,nonpas dans es mêmes ermes,mais
dans
e
même ens
...)
que
le Verbe tait
dès e
commencement,
ue
le
Verbe
était en
Dieu,
que
le Verbe
était
Dieu
».
Oui,
c est
à
partir
e ce
type
de
100
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 103/152
lecture,
ort
urprenantour
nous,
que
s organise
a culture
un
millénaire.
Cette ectureibre cependantes normesBède evénérablendiqua omment
on doit
ire,
rganisant
exégèse
n ce
qu on peut
ppeler
ifférents
niveaux
de
lecture
.
Isidorede
Séville,
vec
une faconde
ui peut évoquer
elle d un
J.-P.
Brisset
oyage
ans e
cœur
des
mots,
u
finfonddes
rapports
énus
du
son
et du
sens,
faisant
tymologiquement
e
l étymologie
n recherchant
le
«
vrai
sens
(etumos
ogos)
des
mots,
non
point
comme
Bloch et
von
Wartbuig,
ien
entendu,
mais
dans une
perspective
utre: celle d une
vérité
chrétienne,
une
phonétique
e
la
Révélation,
une
émantique
u
Message...
Dès
lors,
a
lecture
rocède
d une
pensée
foisonnantet
de
l imagination
de cesvénérablesères ondateurs.a lecturemédiévale,aite our e commen-
taire
aura
ses
règles ui
n exclueront
as
ce
qui
nous
apparaît
ommeune
intense antaisie. est
ce
que
constate
acques
e
Goff:
Il
reste
urtout
ue
la
doublenécessité
...)
d utiliser
irremplaçable
utillage
ntellectuel
u
monde
gréco-romain
t de le couler
dans
des
moules hrétiens
favorisé,
inon
réé
des
habitudes ntellectuelles
rès fâcheuses: éformation
ystématique
e la
pensée
des
auteurs,
anachronisme
erpétuel,
a
pensée
ar
citations
étachées
de
leur contexte
...)
Saint
Thomas
d Aquin,
ncore
u
XHIème siècle
dira:
«
ce
qu ont
voulu
dire es auteurs
mporte eu,
essentiel
tant e
qu ils
ont
dit
qu onpeututiliser saguise .
Certes,
indignation
e
Jacques
e Goff st
ustifiée
un tel
usage
des textes
serait
ujourd hui
candaleux.
Mais
sommes-nousien sûrs
de
ne
amais
trans-
former e
que
nous
lisons,
ans
mêmenous en rendre
ompte,
vec
la
plus
scrupuleuse
onne
foi?
La lecturemédiévale
vait
un but
qui
n est
plus
e
nôtre,
peu
importaient
es
moyens y parvenir:
l fallait écouvrir
n
quoi
Ovide était
chrétien,
t
retrouver
ans
Boèce
l Aristote
ragmentaire
avant
le Xllème
iècle.
La
lecture
monastique
e
fut
peut-être
u une
éternelle
electure,
n
rado-
tage
sublime un
temps
e sentant
ieux,
e revivantanscesseavant
ue
de
s éteindre...
l
y
eut une
écriture
médiévale
ui
ne fut
ue
réécriture,
e com-
mentaire,
ertes,
mais
aussi
ce
que
faute e
mieuxnous
appellerons
réation
littéraire:
insi,
Hrostvita
mite-t-elle
erence,
maisc est
pour que
les nonnes
n aillent
oint
ire es obscénités
aïennes
u
vrai
erence. n
écrit,
n
réécrit,
mais
c est
encore ire.
La
grammaire
ertde
science
divinatoire,
l
faut
que
Lucrèce oit
chrétien,
ussi
crée-t-onne
grammaire
u
sens,
une
grammaire
profonde.
a
grammaire
st
en «
odeur de
sainteté
,
aussi
affirme-t-on
ue
la Règle de SaintBenoîtest « parfuméede grammaire... Smaragdecrute
cette
règle,
a
décrypte,
a
«
décline,
n
justifie
es
graphies,
onne
a
nature
101
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
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http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 105/152
citer
u
de discuter. a lecture st
volontairement
oupée
du
monde,
élibéré-
ment
solitaire. lle
est
presque uspectepourquoiAugustin
ient
il donc
à
nous
rassurerur es intentions
Ambroise Chez
un
autre,
ne telle
ecture
serait-elle
oupable
Cette
lecture
ilencieuse
st,
par
ailleurs,
lacée
dans
le
régime
u
nocturne
«
Après
a
sixième
eure,
yant
uitté
a
table,
u ils
les moines)
eposent
sur eurs
its dans
e
silence bsolu t
si
quelqu un
désire
ire eul
qu il
lise
de
manière ne
pas mportuner
es
autres.
Règle
de
Saint
Benoît.
La
lecture
ilencieuse,
our
être
icite,
besoin de circonstances
articu-
lières,
ou
d être
pratiquée
ar
un saint
homme
pour
des
raisons
out à fait
précises.La nature ralede la lecture ransparaîtansdiversesxplications
dont
insistance
st,
sans
doute
ignificative.
ne
histoire e
la
lecture a
de
la
parole
au
silence,
t
selon
Mac
Luhan
de la
synesthésie
la
schizophrénie.
Quel
serait onc
aujourd hui
équivalent
une
conduite
trange
elle
que
lire
en
silence
Peut-être
on
opposé,
à
savoir,
arler
out
seul,
ou
parler
un
interlocuteur
maginaire.
n
ce
cas,
es
énoncésne
manquent oint
de
clarté:
«
L expectoration
une
parole
oulage
...)
Quiconque
vécu
solitaire
ait
à
quel point
e
monologue
st dans a nature.
a
parole
ntérieure
émange.
(...)
Parler
out
seul et
tout
haut
fait
effet
un
dialogue
vec
e
Dieu
qu on
a
en soi. C était,on ne l ignore as, habitude e Socrate. l se pérorait...) il
avait ettefaculté
ermaphrodite
être
on
propre
uditoire.
,
Victor
Hugo,
L
homme
ui
rit
ch.
.
On ne saurait tre
plus
clair.
Hugo
résume ertains
spects
de a solitude
t
sait
fort
ien
que
Socrate vait
u moins
eux
habitudes.
uand
quelque
chose
qui
se
rapporte
la
parole
devient
éviant,
ertains
noncés,
ertains iscours
apparaissent.
a
parole
solitaire
ue
nous
ressentons omme... curieuse
peut
ressembler
la
lecture olitaire
u il
faut
ustifier ar
a sainteté e
son
adepte
ou
la
nécessité
e
ne
point
déranger
on
voisin.
ailleurs,
our
ce
qui
est de la parole, lle peut,métaphoriquementapparenter la semence: n
trouve
diverses
ccurrences e
cette
comparaison.
e
prologue
es fabliaux
peut
ussi
pporter
n
aspect
économique
à
la
parole
«
Parole
ui
n est
ntendue
Sachiez
nfin
u elle
est
perdue
(Eustache
Amiens
u
Bouchier
Abevile).
Ainsi
l
ne
faut
pointperdre
a
parole.
La
parole engendre,
a
parole
est
semence,
a
parole
est
précieuse...
e
péché
d Onan n est
pas
tant
d éprouver
un
plaisir
olitaire
ue
de
perdre
a
semence,
t s il la
perd,
est
pour
que
la
veuvede son frère
u il
a,
selon a
loi,
épousée,n engendre
oint
de fils
ui
ne
portent as,
selon
usage,
e nom
d Onan.
Dieu,
bien
sûr,
frappe
Onan,
103
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qui
meurt
le
délitd Onanest
économique
t les
commentateurs
ui rappro-
chent etépisodede la GenèseGen.XXX)de a parabole es talentsontbien
compris
il
ne
faut
pas perdre
e
qui
doit
être
répandu
e
telle
orte
u une
production
ensuive...
Ainsi,
dans a
lecture,
oreille
du
passant
peut
saisir
ce
qui
est
dit,
t en
tirer
rofit.
En
fait,
a
lecture
ilencieuse,
olitaire
oupe
le lecteur
u
monde,
nterdit
la
communication,
ut-elle
ortuite,
nvolontaire.
lle
fait,
e
plus,
pparaître
une
individualité
lose,
une
«
privacy
,
une
intériorité,
ue
le
MoyenAge
a
peine
à
concevoir...
lle annonce
a
schizophrénie
ue
Mac Luhan
percevait
déjà
dans le
passage
d une culture rale à
un
monde
alphabétisé.
aspect
personnel,ntime e la communication,partir e l imprimeriestsouligné
par
Mac
Luhan,
ui prend
our xemple
apparition
u
sonnet,
enre
ntimiste
s il en
fut,
permettant
l imprimé
être
un succédané
de
la confession
e
bouche
à
oreille...
Dans
le
chapitre ui
suit celui
qui
expose
cette
opinion,
Mac
Luhan
parle
tout naturellement
e l Arétin.
t nous voilà
parvenu
un
aspect
tout
à
faire
emarquable
e la
conjonction
e l industrie
u
livre,
e
la lecture
ilencieuse,
un
nouveau
degré
de
la
schizophrénie,
omme
de la
prise
de
conscience
un
moi,
ndividuel,
ui
cache
sa
spécificité
la collecti-
vité,
émergence
un
«
ça
»,
des
«
les
petits
ecrets
dont
parle
D.H.
Law-
rence.La sommede ces éléments,t sans douted autres, apporté uelque
chose
d extrêmement
ouveau
et
paradoxal
dans
l écritute,
omme
dans
a
lecture
la
pornographie.
es
fresques
e
Pompei
e
sont
pas
pornographiques,
car
elles ne
sont
point
secrètes,
t
n appartiennent
as
à
une
société aussi
schizophrénique
ue
celle
de
la renaissance. es fabliaux
ont
oyeusement
crus,
obscènes,
e
qu on
voudra,
mais
ls
ne
sont
point
pornographiques.
a
vraie
ornographie
st
née
avec
imprimerie,
u moment
ù
la lecture
evenait
silencieuse...
u
moment
où la
communication
ejoignait
aradoxalement
le secret.
Car,
ne
point
ommuniquer,
hose courante
ujourd hui,
uisque
es média
le
font
our
nous,
taitune
punition
u
MoyenAge.
Ainsi,
e
clerc
uxurieux
se
trouve,
hez
Gautier
e
Coinci,
tteint
une
affreuse
maladie
qui risque
de
ui
faire e
couper
a
langue
«
Li
granz
maus
ot
si
faumoié
Et
si
duœment
enraga
qu a
ses
dents
a
langue
sraga
ses evres
efors
t
dedenz
Demanga outes ses denz»
Ailleurs,
hez Guillaume
e
Saint
Pathus,
n
malade
ne
peut
plus
marcher:
ses
pieds
ont
quasiment
utréfiés
il
ne
peut
donc aller
la rencontre
e
qui
104
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que ce soit.La maladiemédiévale stsouvent upturee la communication:
le
malade
gît
comme
une souche t
mord
es
passants.
ettemaladie st
une
punition...
Mais
la
non-communication
t
la
maladie
ont
i
intimement
iées
que
le fait
de
ne
pas communiquer,
e
se
renfermerur
oi-mêmen
des acti-
vités
uxurieuses,
mais
solitaires,
eut apporter
ne
maladie
qui,
ustement,
empêche
a
communication,
ait
erdre
e
sens
«
Il
(un
onaniste)
oussait
rdinairement
on
pas
des
crismais
des
hurle-
ments
...)
Ayant
ppris
on
état,
e
me rendis
hez
ui;
e
trouvaismoinsun
être
vivant
u un
cadavre
isant
ur
a
paille,
maigre,
ale,
répandant
ne odeur
infecte...) La maigreurétait)extrêmexceptée uxpieds uicommençaient
à
être edémateux.
,
Tissot,Z)e
onanisme.
Quiconque
lu
quelques
extesmédiévaux
écrivantne
maladie,
péciale-
ment
une maladie
punissant uelque
abandon
u
siècle
reconnaîtran
Tissot
un
digne
continuateur e
la
littérature
athologique
médiévale: out
y
est.
Cette maladie
punit
ertain
epli
ur
oi
qu une
morale
ondamne... ommes-
nous
si
loin de la
lecture ilencieuse
ui
isole du
monde
Non,
car
un
autre
témoignage
ous
ramène un
aspect
e
cette ecture
«
Son
œil
embrassait
ept
huit
ignes
un
coup
et
son
esprit
n
appréciait
le sens vec une vélocité
areille
cellede son
regard,
ouventmêmeun mot
dans
la
phrase
uffisait
our
ui
en faire
aisir e
suc.
»,
Honoré
de
Balzac,
Louis
Lambert.
Louis
Lambert,
ce
point
du
récit,
st
encoreune
sortede
double
de
Balzac,
qui
ne
connaîtra
as
le
triste
ortde son
héros.
U
pratique pontané-
ment ne
sortede
«
lecture
apide
selon es
principes
êmes es
techniques
actuelles.
Or,
quiconque
s est
entraîné
ces
méthodes
pu
ressentirette
légère
absence
u
monde
qui
suit
es
leçons:
on
se
trompe lus
facilement
de bus, de chemin, onduire st quelquepeu dangereux... est qu on nous
empêche
de
subvocaliser,
ue
la
lecture
st
orientée e
telle
sorte
que
seul
le
regard
oit
en
eu...
Louis
Lambertit
par
son
seul
regard,
t
l œil n écoute
déjà plus...
Tragique,
ui,
cettenon
communication
on
avait ien
raison e
suspecter
la
lecture
ilencieuse-tragique,
xactement,
omme
e
qu il y
a
de
plus
chizo-
phrénique
u
théâtre:
a
tragédie
lassique,
e
regard
u
XVIIème
iècle,
ge
d un
certain
voyeurisme,
lorsque
pour
apprécier
ne
perspective
einte,
on
regardait
u dos
de la
toile,
par
un
petit
rou
entral,
image
u
tableau
reflétée ansune glace...oui, ce théâtrelassiqueavecson quatrièmemur,
transparent,
ue
Brecht
oudra
briser... tout
doit
se
passer
omme
il
n y
105
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avait
pas
de
spectateur»...
abbé
d Aubignac
ous donna
à
une
excellente
définitionufilm ornographique,oint xtrême,rucial e la schizophrénie...
C est celà
qui
semble
e
plus
trange,
l èrede a
communication:
lus
on a de
moyens
de
communiquer,
oins
on
communique.
emarquons,
u
passage,
que
le
fantasme,
e secret
ntime,
individualité,
e
«
ça
»,
à deux
reprises
u
moins,
ont
devenus
rétextes
un marché
quand, près
imprimerie
dvinta
pornographie,
uis,quand
audio-visuel
onna celle-ci ne
autre
imension...
Il n était
pas
bon
qu un
moine
ise
eul,
parce
ue,
dans a
culture
monacale,
le
livre
était
as
un
médium,
n
moyen
e
communication,
ais u
contraire,
ce
qui
permettait
a communion.
ouis
Lambert
eviendra
ou,
vraiment
ou,
c est à diremalheureux,assantdu délirede persécution la schizophrénie
la
plus
noire...
n voudra
enfermer,
ais
l s était
déjà
enfermé out
seul,
tel un
escargot
nclosdans
a
coquille.
Le
délire e
Louis Lambert
st
«
clas-
sique
»
et
Balzac,
comme
oujours,
ort
ocumenté,
ous
donneune
halluci-
nante
descriptionlinique
e
ce délire.
acques
e
Voragine
écrit
apocalypse
-
la
révélation et
n omet
as,
ce
faisant,
e mentionnere
qui
suit
«
Le
dixième
our
les
hommes
ortiront
es
cavernest errerontomme
es
bêtes,
ans
pouvoir
e
parler.
Car
la
parole,
a
communion,
orme
upérieure
e la
communication,
ont
bien le principal, ourunhomme uMoyenAge.Et cetteparole ommence
à
la
lecture,
ar
la
musique
des
mots,
par
la voie sereine
e la
méditation:
la
lecture
rapide
est à la
lecture
médiévale
e
que
le
«
fast
food est
à
la
gastronomie.
Nos
propos,
ertes,
euvent
araître
nconvenants,
ais
l
apparaît u on
ne
peut
ignorer
activité
e sublimationnhérente un
certain
ype
de lecture.
Ce n est
d ailleurs
as
amoindrir
a sainteté es moines
ue
d en
montreres
difficultés.
Lecture
du
sens,
mais lecture
des
sens,
a
lecture
monastique
médiévale
plaçait
e lecteur ans unmonde
particulier,
ansun
espace,
dansun
temps,
lui
révélant
ar
là
sa
place
au
monde.Le
texte tait lors
ncorporé,
omme
inscrit
ans
a
chair
du
lecteur ont
chaque
fibre
ésonnait,
ibrait
l unisson
des
mots.En
lui,
par
ui,
dans
une sorte e
consubstantialité,
e
texte
voluait,
s enrichissait.
l
faisait
éellement
artie
u
lecteur,
t
plusieursxemples
ont
attestés e lettrés
onnaissant
ar
cœur
Ancien
Testament.
ette
boulimie,
cette
gourmandise
littéraire fit
gagner
on
surnom Pierre
Comestor,
et
nous
étonne
n nous
faisant
rendre
onscience
u auprès
es
ettrés
médié-
vaux,
nous
vons
uelquepeu esprit
n
achère.
Cet
immense
avoirn était
as
inerte,
ette
nourritureustentait:
a
lecture
était active.Ainsi
durent
naître es
digressions:
n
passage
n
rappelait
n
106
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
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autre,
ne association
idéesfaisait
lisser
e
sens,
a
signification,
ne
symétrie
d énoncésfaisait aîtreune applicationhéorique... ire c était ussi couter
ce
que
nous
nommerions
nconscient,u,
tout au
moins,
atence,
e
laisser
aller, crire,
ommenter...
association
idées
fut
a base de
l exercice e la
déclinatio
le maître
rrêtait
élève
sur
un
mot,
un
passageque
ce dernier
devait commenter
rammaticalement,
émantiquement...
association
idées
fut
a
technique
même
de
l intellection.
insi,
a
digression
ui
nous
urprend
est
dans
e droit-fil
une
forme e
raisonnement.
est
peut-être
à
l origine
de
toutes
ces citations
mal attribuées
ui parsèment
es textes
médiévaux:
on
lisait
Platondans
Boèce
et,
parce u on
a
lu
Pline ki
ert
bon
fïlosoficus
peu de temps près voir u « Aristotei grec , on attribue l ununephrase
de
l autre,
aquelle
st
peut-être
ue à
un
compilateur
e
Boèce. l
nous
rrive
bien,
cause de
lectures
approchées,
attribuer
un
auteur e
qui
est
d un
autre,
ourquoi
e
serait-ce
oint
rrivé,
l
y
a
quelques
iècles
Lire,
relire,
e
souvenir
onstituentes
itinéraires
ymétriques
ux
grandes
errances
médiévales,
ces
routes
euplées
écoliers e
rendant
ans
une
ville
universitaire,
e
moines
marchant
eux
par
deux
en
se
récitant es
textes
saints,
e
routiers,
agabonds,
èlerins
t
mendiants...u
rythme
e
la
marche,
à celui des
sommiersux
lourds
abots
e
mêlait a
scansion e
la
parole,
ur
les chemins
reux,
ux fourchesu
trivium,
ux carrefoursu
quadrivium,
le
tout
onstituant
ne
très
tymologique
êverie.
Oui,
a
lecture
ut
être
rrance,
tinéraire.
ne «
lecture crite
de
Bernard
de
Clairvaux
ous
convie
un
voyage.
Dans
ses
Sermons ur
es
cantiques,
Bernard
s égare
à
propos
du
verset
ton
nom
est
une
huile
répandue
.
Il
parle
onguement
es
parfums
e
l épouse,
ntreprend
n
éloge
de
l humilité
avant
de
revenir
son
sujet premier.
a
chaîne
d associations
idées
est ci
facile
reconstituer.
ernard
est
point
hors
ujet
;
il
suit
a
propre
ogique.
Origène
ous
promenaiteaucoupplus.Bernard ordonne as sondiscours
d une
façon
dialectique
t
ne
tend
pas
à
démontrer,
expérimenter,
ais
en
quelque
sorte
célébrer...
esprit
st
comme
eau
qui
se
répand
même
ntre
les
grains
e
sable...
insi
va
l esprit
e
Bernard
nvahissant
e
qui
ouxte
son
trajet
nitial,
omme
a
rivière
aigne
es
rives. e
livre
st
encore
n
trésor
et
non
pas
l instrument
u
savoir.
est
a
lecture
ue
Jérôme
t Benoît
nom-
ment
lectio
divina
Pour
école,
e
texte
deviendra
matière
étudier. a
lecture
monastique
tend
vers
oraison,
a
méditation,
a
transparence,
est
cellede
celui
qui
s offre
au texte.La lecture e l écolese déclineran de singulièrest fécondesom-
plexités:
a
quaestio
deviendra
a
Quaestio
isputata
puis,
naîtra a
quaestiun-
107
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cuia
le
quodlibet
ui
suivit
on
chemin ansnotre
angue,
andis
ue
la lectio
se doublerad une reportatioetc. Ces nuances, es taxinomies,envoient
des
techniques
e
plus
en
plus
élaborées,
une
rhétoriqueudicieuse
dans
le discernement...
es
disputes,
rales
ou
écritesmontrent
ombien e statut
du
texte
hange,
ar
rapport
la lente
manducation
e la
lecture
monastique.
La
connaissance
es textes
e
rationalise
ans
école
et
devient
armed une
militance.
e
monde
n est
plus
un
livre,
n
jardin
ceint
d écriture
t
nous
auronsbientôt
e
loisir
d être
dyslexique...
Mais l écriture
et la
lecture
servant
apprentissage
la
parole
servait ussi
d apprentissage
la
dispute.
Ceci
nousmontre
ne
sorte
d unité
e la
culture éodale.
n
effet,
out e
qui
intervientans ce que nous nommons ommunication semblemoinsdé-
coupé,
moins divisé
n
phases
diverses,
n
exercices
ifférents
out
en se
plaçant
délibérément
ous
e
signe
e la
parole,
u Verbe. l
n y
avait
as
ire,
d une
part,
crire,
e
l autre,
mais
plusieurs
açons
de faire
a
même
chose.
Si
la lecture st de
la
parole
redite,
écriture
st un
verbe
n
conserve,
e la
parole ngrangée,
rête
ressortiru
grenier
our
tre
e nouveau
emée.
Il
y
a
même
un
aspect
«
médical
de la
lecturemédiévale les
médecins
l interdisaient
arfois
our
ne
pas
qu ellefatigue
n
organisme
aible,
u
encore
la
recommandaientomme
une sorte
de
gymnastique
fin
d exercere
corps
et
l esprit
les exercices
pirituels Ignace
de
Loyola
porteront
ncorea trace
de
cette
onception:
lssont
xercices
t
méditation,
uides
une orte
expé-
rience. eut-on
ésister
citer
ci
a
spectaculaire
éditatione
l enfer
«
(...)
Premier
réambule.
omposition
u
lieu.
Ici,
voir
par
le
regard
e
l imagination
a
longueur,
a
largeur
t
a
profondeur
e
l enfer
...)
Premier
oint.
Par le
regard
e
l imagination,
oir
es
feux
mmenses,
t
les
âmes,
omme
n
des
corps
ncandescents.
Second
point.
Par
l oreille
ntendre
es
plaintes,
es
hurlements,
es
cris,
les
blasphèmes
ontre
e
Christ,otre eigneurt contre ous es saints.
Troisième
oint.
Par
l odorat,
entir
a
fumée,
e
souffre,
e
coaque
et
la
putréfaction.
Quatrième
oint.
Par e
goût,
oûter
es
choses
mères,
elles
ue
les
armes,
la
tristesse
t e
verde
a
conscience.
Cinquième
oint.
Par le
tact,
toucher
ommente feu touche
t embrase
les
âmes.
Par
bien des
aspects,
es
Exercices
pirituels
voquent
a
culture
monastique
médiévale. a
notion
même
d exercice
pirituel
ait
penser
la
lecture,
om-
paréeà unexercice hysique,onseillé u déconseillé ar esmédecins,elon
le
cas.
gnace
de
Loyola,
dans
on
premier
réambule
nsiste
ur
e
point
«
De
même,
n
effet,
ue
la
promenade,
a
marche t la course ont
des
108
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110
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Christine
MICHI
EDITION DU CONTE 38 DE LA
VIE
DES
PÈRES
:
DE LA NONAIN
QUI
MENJ
LA
FLEUR DU CHOL OU
LI
DEABLES
S'ESTOIT
MIS,
SI
QU
ELE
DEVINT
HORS DU SENS
I
-
HISTOIRE
La
Viedes Pères
'inscrit
ans
une
ongue
raditione récits
agiographiques.
II s'agitd'un recueil,datant du Xffle iècle,regroupant2 contesdévots,
empruntés
n
partie
des Viesd'ermites
recs,
n
partie
ux
Dialogues
du
pape
Grégoire
e
Grand.Aux textes
historiques
e
sont
cependant
ubstitués es
contesédifiants t
moraux,
estinés
illustrer
es
proposdogmatiques.
es
récits
e
la
Viedes
Pères ont
pparentés
ux
ex
mpia
comme
ux,
ls
devaient
susciter
'admiration,
out n étant
aciles retenir.
n
-
TRADITION
MANUSCRITE
J.Chaurand, ans son édition eFou (dixième ontede la ViedesPères).
dénombre
8
manuscrits. ous
avons tudié
uatre
d'entre ux:
A, B,
S et
d,
parmi esquels
a
été choisi
omme
exte e
base.
Le
manuscrit est e ms
5204 de la
Bibliothèque
e
l'Arsenal.
l
s'agit
'un
recueil
d'anciennes
oésies
françaises,
ui
date
probablement
u
quatorzième
siècle.
ffl
SOURCE
Le conte38, intitulé e la nonain ui menja afleur u cholou li deables
s'est
it
mis
si
qu'ele
devint
horsdu
sens
a
sa
source
dans es
Dialogues
de
111
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Grégoire.
n
trouvera
e texte
atin
dans
a
Patrologie
atine e
Migne,
ol.
77,
col. 168-169, insi
que,
en basde
page, uelques
utres xemples ecethème.
La
trame
u récit st
a
même
pour
avoir
ublié
de
faire
e
signe
e
croix
avant
de
manger
n
chou,
une
religieuse
st
victime u diable
ui
s'était aché
dansune
feuille,
t ne
pourra
tredélivrée
ue par
un
religieux
uasi
exorciste.
L'auteur
de
la Vie
des Pères
cependant
faitdu
motif
nitial ne
petite
histoire
mpreinte
u
quotidien.
insi,
arexemple,
e vocabulaire
héologique
de la
concupiscence mployé
par
Grégoire
e
Grand
se transforme
n une
expression
elle
ue
«
celle
qui
mout
e
hasta .
IV
-
ÉTUDE
DU TEXTE
Le texte
e
compose
d'une
ongue
ntroduction
42
vers),
u conte
propre-
ment
it
96
vers)
t d'une onclusionmoralisante
32
vers).
Le
thème
de
l'introduction
st un
engagement
servir
ieu
plutôt
que
le
diable. Cette
opposition
onne au
passage
une
structure
e base
binaire.
L'argument
e
l'opposition
st
énoncé
dans
es deux
premiers
ers,
ui
consti-
tuent ne sorte
e
proverbe
nombre
e
contes e a
Vie
des Pères ommencent
par des phrasesbrèves insi scandées.On remarqueragalementes images
concrètes:
elle de
la massue
v.
33)
et
celle
du
larron
endu
u
chêne
v.
37-
38).
H
s'agit
'un
texte
didactique,
estiné
frapper
'imagination.
Le
récitest
présenté
omme
a
traduction
'un texte
atin,
hoisi
parmi
d'autres,
arce
qu'il
est
«
biaus et « voirs
(vrai).
La
« beauté
du conte
st
sans
doute liée à
sa
conclusion,
la
victoire
e Dieu
la «
véracité
sera
traduite
ar
une
accumulation
e
petits
étails.
On
remarquera
a
présentation
u diable t
la
description
e
la
possession.
Le
diable
pparaît
omme
n
être
bien
ndividualisé,
oncret t
agissant,
t à
psychologie umaine. es traits e sontque l'exagératione traits e laideur
humaine.
De
même,
a
possession
st
décrite omme
une
exagération
é-
mesurée
e force
t
de
violence.
a
longueur
e ces
descriptions,
bsentes
u
texte
de
Grégoire,
st
sans doute iée à
l'importance
e
cette
préoccupation
dans a mentalité
opulaire.
La conclusion
u récit
nsiste
ur
e
repentir
t
a
pénitence.
La
«
morale
est bien sûr
consacrée
u
thème
de la
croix.
On
notera
es
répétitions
nsistantes,
es
oppositions
inaires,
a
longueur
es
phrases,
rocé-
dés
stylistiques
aractéristiques
u discours
dogmatique
t
didactique, ui
s'opposent la simplicitét la brièveté u récit. 'utilisatione cesprocédés
est
cependant
ouvent
onventionnelle
ans
e
type
e
littérature.
112
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V - LA LANGUE
L'origine
u
ms d
n'est
pas
déterminée.n note
peu
de traits
honétiques
caractéristiques.
Morphologie:
u
vers
168,
a
forme
herite
a
été
conservée:
n
position
d'attribut,
e
cas
régime
tendance
remplacer
e
cas
sujet.
Versification:
n
note
a nécessité e 'hiatus
ux v.
54:
«
que
ele
»,
et
150:
«
que
il
». D'autre
part,
es
vers
77,
116 et
118,
fautifs
uant
au nombre
e
syllabes,
nt été
corrigés
n fonction es autres extes. n
rencontressez
peu
de rimes iches u intéressantesar esmots éunis.
VI
-
MÉTHODE
D'ÉDITION
L'appareil ritique
era à
deux
étages:
es
corrections,
out
d'abord,
ffec-
tuées
e
plus
ouvent
'après
'autres
manuscrits,
ui
ont
été
notés
ntre
aren-
thèses côté
du
texte
riginal
puis
es variantes
ui,
fautives
u
non,
nt
été
systématiquement
elevées
excepté
es
variantes
'ordre es
mots,
rop
nom-
breuses).Résolution es abréviationsnousavonsutilisé es «
Règles
pratiques our
l'édition
des textes
français
t
provençaux»
n Romania
tome
II
(1926),
pp.
243-249.
113
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Mauvés st
qui
ne
guerredonne
Et
ne
desert
e c'on
li
donne.
Pour ete fas ue tu mefaces,
Non
pas
pour
e
que
tu
me
haces.
4
Vilain
guerredon
e rendrait
Qui
por
bien
ervir e batroit.
Son
servise
ert
t sa
painne,
Qui
du maufé
ervire
painne.
8
En
tel
maniere
t
en
tel
guise
Rent
son
servant
on
servise
Premièrement
elui
honnist
1
70c
Qui
plus
e sert t obeïst 12
Porce
di
e
que
musars
st
Qui
en son servise
e met.
En Dieu devons
iance voir
Ce doit hascun
e
nous avoir.
16
Lui devons
ervir
t amer
Lui devons raindre
t
honnorer,
Corr. 4 : tumebates S etB)
Var.
1 :
Dampnése.
(B)
2
:
ne dasert
.
(S)
4
:
tu me bates
(A)
5 :
por
biau
s.
me
harroit
B)
8
:
qui
de m.
(S)
9 :
qu'en
t.
(S ;B)
10:
son
sergentS;A;B)
13
:
que
cil fox
st
(S)
17 : Dieud. (B)
18
:
Et
lui
cremirt
h.
(B)
;
Et
redouter
t h.
(S)
114
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Mauvais
st
celui
qui
ne
récompense
Et nepayede retour e qu'on ui donne.
J'agis
ien nvers
oi
pour
ue
tu
me fasses
e
même,
Non
pas
pour
ue
tu
me
payespar
a
haine.
C'estune
vilaine
écompenseue
me
donnerait
Celui
qui,pour
un
bon
service,
e battrait.
Il
perd
on service
t sa
peine
Celui
qui
s'efforcee
servire
diable.
Voici
comment
l
rend
A
son
servant
on service
Pluson e sert t uiobéît,
Pluson
en
est
maltraité
Pour
elaje
dis
qu'il
est
bien
ot
De se
mettre
son
service.
A Dieu doit
llernotre
onfiance
Chacun
e
nousdoit e savoir.
Nous devons
e
servir
t
'aimer,
Le
craindre
t 'honorer
115
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Qui
estde touz es biens
ontainne,
De
largesce
t de
pitiéplainne.
20
Larges
st
quant
l
guerredonne
A .100. doubles e
c'on
i
donne.
De euer
pitéus
uant
n e
prie,
Tantost
st
a
requeste
ie
24
Si
estdeceüs
t
mauvés
Qui
s'
mour
e
quiert
t
sa
pes.
Mesnous
ommes
i
endormi
Par
mauvés onseil
'anemi,
28
Que imausnous stdousa faire,
Si
que
li
biensne
nous
puetplaire.
Ne se fitnus n
sa
richesce,
En
sa
force
'en
a
noblesce 32
Corr.
27
et
28 :
endormis anemis
S
;B)
Var. 19
:
Car
de tos biens st
a
fontaine
B)
20
:
Et
laigece
de
toz biens
.
(S)
21
:
quant
e
g.
B)
;
est
quar
l
g.
(S)
22 : d. li rent t d. (B)
23
: S'ensiest
que
de
euer
e
prie
B)
24
:
Tantost
a
priere
oïe
(B)
25 :
Si
est
de tos cil
plus
mauvais
B)
26
:
Qui
s'amor e
quiert
t
sa
pais
(B)
23
: Par tel
ui
de
euer
ou
prie
S)
24
:
Tantost st a
parole
ïe
(S)
29
: Ii
maul
nous unt .
(S)
31 :
ensajonece
(S)
32 : f.n'en a oenece (B)
En
son avoir 'en a
richece
S)
116
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il estde
tous es biens
a
source,
Pleindelargessetdepitié.
Il
est
arge
ar
l
rend
Au
centuple
e
qu'on
ui donne.
Quand
on e
prie
vec
piété,
Aussitôt
a
prière
stexaucée
Ainsi
st fourbe
t
mauvais
Celui
qui
ne
recherche
on
amour
t
sa
paix.
Mais
nous
ommes
i
endormis
Par
es
mauvais
onseils
e
l'Ennemi,
Quele malnous stdoux à faire
Et
que
le bien
ne saurait
ous
plaire.
Que
nul
ne
se fíe n
sa
richesse,
En sa force
i
en
sa
noblesse
117
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Jaest evee
a
maçue
Qui
fiert
a ou
li
plest
t tue.
Si lo quechascun eporvoie,
Ainz
que
le
coup
descendre
oie
36
Li
lierres tart e
repent,
Quant
par
a
gueule
u chesne
ent.
Crier e vautune
seguë
Celui
qui
a
s'ame
perdue
40
C'est a
bon
droit
'il
est
obez
A tart e clost
ui
est
robez
Entre
es
estoires,
cueil
.1.
petit
onte
ueje
vueil
44
Mettre n
rommant,
anz
point
de
plet.
Biaus st
et
voirs
por
ce
me
plet.
Si
m'en
vueil
briefment
quiter.
D'une nonne
ous
vueil
onter 48
Corr.
43
: e. ses
e.
Var. 35
:
Selon
q.
(S)
36
:
A.
que
li
cor d.
(A)
38 : p. la g. (A) ; g.esforches. (S)
39
:
N'a celuine vault
iens
ui
crie
B
et
S)
40
:
Merchi
uant
'ame
st
a
pene
(B)
Merche
uisque
'ame
st
perie
S)
41 :
Ce est a
tart
u'il
est
1
(S)
d. cil
est1.
(A)
44
:
.1.
compe ue
acuillir
uil
S)
45
:
Et
m. en
r. se
deus
plait
S)
r.
se
l
me
oist
B)
46 : Beausestetbonset moutme
plait
S)
47
: b.
délivrer
S)
118
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La massue
st
déjà
levée,
Quifrappeù il uiplaîtet tue.
Ainsi
e
conseille
chacun e
se
pourvoir,
Avant
e
voir e
coup
arriver.
Il est
trop
ard
our
e
larron e
se
repentir
Quand
l
se
trouve
endu
u chêne.
Crier
e vaut
pas
un brin e
ciguë
A celui
dont
'âme
est
perdue.
C'est
à
bon droit
u'il
est
trompé
Il
estbien ard
e fermer
a
porte
Quandona étévolé
Entre
es
histoires,
e
choisis
Un
petit
onte
ueje
voudraismettre
En
français,
ans
façon.
Il
estbeau
et
vrai,
t
pour
ela
me
plaît
Ainsi
e
veux
brièvement
'en
délivrer.
Je
veux
vousraconter
'histoire
'une
religieuse
119
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Qui
fu
bonne
t de sainte
ie,
Et
ot de touz biens
ais
nvie,
Et fude toute 'ordre ame.
Mes
i
deables
t
de fame
52
Despit
por
ce
qu'il
a
perdoit,
Por es
biens
ue
elle
fesoit.
Maintes
ois
n
tout
i hanta
Mout
a tint t
mout a
tenta.
56
Mes
por
noient
fist
epere,
Tant
que
riens
i
pooit
mesfere.
Tantqu'ilavint,
1.
ourd'esté,
1
70d
Qu'a
matines
t
a
esté.
60
Si fist
mou
biau
temps
e
matin
Cele se
mist n 1.
ardin,
Corr.
52 :
li
deable
t
60 :
qu'au
m.
61
: t. se
m.
Var.
50 :
de tous
biens aire .
(B
et
S)
5 1
:
Toute fude
sa
maison ame
B
et
S)
53 : D. dece q. (S)
54 : b.
que
cele
f.
(B)
55
:
Mainte
ois n t. a
h.
(B)
Maintenant
n t.
(S)
56
:
M.
a
chainst
t
m.
(B)
58:
Conques
riens
e
e
pot
forfaire
B)
Conques
riens
e
i
pot
mesfaire
S)
59
:
T.
qu'il
vint
.1.
.
(S)
60
:
Quant
m.
(A
et
B)
Que
cela
ot
a
m.
(S)
61 : m.brun . (B);
Si
fit eau
tens
eluim.
(S)
120
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Qui
fut
onne t
mena
une sainte ie.
Elleeutenviedetous esbienfaits,
Et
fut
upérieure
e tout 'ordre.
Mais
e
diable n fut
humilié,
Parce
u'il
perdait
ette
emme,
Par
es
biens
u'elle
faisait.
Plusieurs
ois,
ar
tous es
moyens,
l
'assaillit,
Il
la
harcela,
a
tenta ouvent
Mais
l
y
revenait
oujours
our
rien
Et ne
pouvait
ien
ui faire
e
mal.
Arrivalors n ourd'été
Elle
était
lléeaux matines.
Il faisait
rès eau
temps
e
matin-là
Et
elleentra n
un
ardin
121
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Pour
prier
e
Saint
Esprit.
Sanspenser aucunplaisir,
Elle allait
à
et
à,
récitant
es
versets,
Tant
t si
bien
ue
son
regard
omba
Sur
a
fleur 'un
chou,
fraîche t nouvelle.
Jamais lle
n'en
vait
uede
plus
belle.
Cela a
frappa
t
elle s'en
réjouit.
Elle eut
forte
nvie
e
la
manger.
Ainsi lle
se
dit
qu'elle
a
mangerait,
Mais
elle n'avait
vec
lle ni
pain
ni sel
Avec esquels lleeûtpu amanger
Pour
qu'il y
eut
quelque
aveur.
Elle
finit
ar
obtenir
ain
et
sel.
Elle vint la
fleur irectement.
123
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Mout
st
i deables
outieux,
Comme nemi, omme nvieux.
En la
fleur
u
chol e
bouta
Et
cele
qui
mout
e
hasta,
80
Sanz
seingnier
a
prist
t
menja,
Si
que
maintenant
nraja.
Ja
se
bien
eigniee
eüst
82a
N'i
trovasi iens
ui
i neüst.
82b
Ainsi
il
rise
t
atournee,
Qu'
ele
fu
oute
forsenee
84
Por 'anemi uifu n ui,
Qui
mout
i fistmal
et anui.
Vers
a
meson
riant
'en
vint
Tout
mist
malce
qu'ele
tint
88
Et
quanqu'ele
ot
encontrer,
Que
riens
e
pot
ā
li
durer,
Et tant
u'el
cloistre
'embati,
Con.
77 :
m.
par
est
1.
(A,
B
et
S)
82
a
et
b
: absents
t
ajoutés
d'après
A
Var.
77 :
d.
soutiz
B
et
S)
78 : Comme esloiaus,omme is (B)
Comme
olereus,
omme
is
(S)
81
: la
prist
manga
7 syllabes)
B)
82a
: Je
ai bien
e
s.
Feüst
B)
b.
seignié
.
(S)
85
: Par
'a.
(B,
S
et
A)
87
:
c.
en
v.
B)
;
m.
tot
droit
n
v.
(S)
88
:
m.
quanqu'ele
int
B,
S
et
A)
89
:
Et
ceu
qu'elep. (S)
90
:
Que
a line
pot
riens urer
B)
91
:
Atantq.
(S)
124
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Mais
e diable st
bien
rusé,
Comme out
nnemi,
omme out
nvieux.
Il
se mit
dans a
fleur u chou
Et
la
religieuse
ui
se
hâta,
Sans
fairee
signe
e
croix,
a
prit
t
mangea.
Aussitôt lle
devint
olle
urieuse.
Certes,
i elle
avait ien
fait
e
signe
e
croix ur
lle,
Elle
n'y
aurait
ien
rouvé
e
nuisible.
Ainsi lle fut
urprise
t rendue
olle,
Et
perdit
out
on
sens,
A causede l'Ennemi uiétait nelle,
Et
qui
a
fit
eaucoup
ouffrir.
Elle s'en
vint
n criant ers a
maison,
Détruisantout
e
qu'elle
touchait
Et tout
e
qu'elle
trouvaitur on
chemin.
Rien
ne
pouvait
ui
résister.
Elle se
précipita
lors
dans e
cloître,
125
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Ses sereurs
rist
t
es bati
92
Elless'en tournèrent
uiant,
Et Damedieumerci
riant
Que
de eur
ereur
es
gardast,
Si
que
de
riens
es
empirast.
96
Je
ne
vous
puispas
toutretrere
Assez
fìst
t
mal
et
contrere,
Et tant
ue par
force
u
prise,
Et
liee
et en
tel ieu
mise
100
Ou dommageere epot,
Por
ce
que
le
pooir
n'en
ot.
Pour e
que
chascune
'ama,
La
plaint
hascun
t
regreta.
104
De
pres
a
tindrent
t
garderent,
Et
Damedieu
our
i
prièrent,
Que
par
pitié
a visitasi
1
70e
Si
qu'a
son sens
a ramenast.
108
Var.
92
:
p.
si
es
b.
B
et
S)
94:
AD.
(BetS)
95: s.
le
g.
(S)
96 : Quede lorcorsnes . (S)
97 : v.
puis
oret.
(S)
98
:
A.
lor
f.
mal
e.
(B
et
S)
99
:
Atant
.
(S)
100
et
en
prison
m.
(S)
101
Que
d.
(S)
102
Parce
.
(B)
q.
la
poestei
'ot
(S)
;
Pour
e
qu'elle
p.
(A)
104 :
p.
chascuns
t
(S)
107 : Par apitié S)
108 :
Et en
son
sens
S);
Sj
qu'en
s.
(B
et
A)
126
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Prit
es sœurs
t es
frappa.
Celles-ci'enfuirent,
Criant
t
mplorant
a
pitié
e
Dieu,
Demandant
u'il
es
protège
e leur
œur,
De
sorte
u'elle
ne
eurfasse ucun
mal.
Je
ne
puis
pas
toutvousraconter:
Elle
fit
eaucoup
de malet
de destructions
Si
bien
qu'on
a
prit
ar
force,
Qu'on
'attacha
t a
mit n un ieutel
Qu'elle
ne
put
faire ucun
dommage,
Puisqu'elle 'en vaitplus a possibilité.
Comme
hacune
'aimait,
Chacune
a
plaignit
t
pleura.
Elles
a tinrent
t
surveillèrent
e
près
Et
prièrent
e
Seigneur
ieu
Que
par
pitié
l
la
visitât
Et la
ramenât
la
raison.
127
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Quand
ette
eligieuse
tait aine
d'esprit,
Elle communiait
Chaque
emaine,
égulièrement.
Mais
lle avait
n soi
des dées
i fâcheuses
A
cause
du
diable
ui
a harcelait
e
près,
Que
amais
lle
n'eut
e
souvenir
e
Dieu.
Si
bien
que
le
chapelain ui
'avait
Toujours
onfessée
init
ar
e
savoir.
Il
lui
apporta
on
sauveur.
Le diable
n eut
bien
peur,
Quand l le sentit eniriprès
Il
aurait ien
voulu
'en aller.
Mais
l
le
sentait
i
près
e
lui
Qu'il
n'osait
as partir.
Le
prêtre
'avança
Et
le diable ortit
Par
dessous
t s'enfuit.
Ainsi a
religieuse
etrouva
'esprit
Par a
volonté e Jésus
hrist.
129
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Cele
apres
onfesse
e
fist,
1
28
Et,
voiant
ouz,
dist
t connut
Comment
i
maufez
a
déçut,
Qui
en a
fleur u chol
e
mist,
Et comment
anz
eingnier
a
prist,
132
Et
manga
ar
on
mauvais
ice 132a
Comme
endre e bouche
t
nice
132b
Et
que
Damedieu
ui
tout
voit
Ce flael
onné i
avoit.
Ainsi
e blasma
t
reprist
Grant enitence fere nprist, 136
Puis
vesqui
omme onne
ame
Tant
qu'a
Damedieu
endi
'ame.
Je,
ui
de
bien
fere
mendi,
Parcest
xemple-ci
ous
di
140
Et
bien
e
vousvueil
nseingnier
Que
riens e
mengiez
anz
eingnier:
Corr.
132a
et
b
:
vers
bsents
e
d,
mais
présents
ans es
autres
ms.
139-140
Cil
qui
de
bienfere
mendi,
Parcest xemple uevousdi
Correction
'après
:
Jecuit
de
biendiremendi
Parcest
xemple
i
vous
di
et B
:
Je,
ui
de bien
diremendi
Parcest
xemple
ue
vousdi
Var. 128 :
Apres
eu
c.
(S
et
B)
1
29
:
v.
aus
131
:
Com
enl.
(S)
133 :
D.
a bon droit
B
et
S)
136 : Et
p.
(S);
Grief
.
(B)
138
:
Et
D.
(S)
130
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Ainsi
o
que
chascune face.
Car a crois ar aforce fface 144
Touz maus
t touz
biens
uet
donner,
Et l'anemi
aincre t fouler.
Dous
est
i
nons,
ous est
i
signes,
Dous
est i
fus
ui
tant u
dignes,
148
Qui
nostre
auveeur
eçut
Et
soustint
ant
ue
il
morut.
Bien
doit
stre onorez
t
sainz
Quant
du sane
Jesus
hrist u
ainz,
152
Du sanequitouznousracheta
De
la
ou
pechiez
nous
gita,
Par e
fet
du
premerain
omme
170f
Et de sa
fame
ui
la
pomme,
156
Sur
e
desfens e
Dieu
mengierent,
Dont a
dampnement
e
menerent,
Corr.
148
:
f. tant
u'il
fud.
Var. 143-144 vers bsents e S
145
:
Car a
crois
uet
os
biensdonner
S)
146
:
a. batre
t f.
(S)
;
a.
prendre
t f.
(B)
147
:
d.
est
i
sires
erreur
e
rime)
B)
148 :
t.
est
d.
(S)
;
f.
tant
ui
f.
(A)
149
:
Que
n.
(A
et
S)
150 :
t.
qu'en
ui m.
(S)
151 : B.
dut .
(S)
155
:
Et
dou f.
(S)157 : Sus a desfense ieu m.
(B
et
S)
158:
Que
dampnement
os
eņvoierentS)
132
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Jeconseille
ue
chacun
e
fasse insi
Car a croix ar a force fface
Tout
malet
peut
donner
out
bien
Elle
peut
vaincre
'Ennemi
t
'écraser.
Doux
est
son
nom,
doux
est
e
signe,
Doux est e
bois
qui
fut
i
digne
Qu'il
reçut
otre
auveur
Et
le
soutint
usqu'à
sa
mort.
D
doit
n être
honoré t
sanctifié
Car
l
fut achédu
sang
de
Jésus
hrist,
Du sang uitousnousracheta
De
là
où le
péché
nous
eta
Par
a
faute
u
premier
omme
Et
de
sa
femme
ui
mangèrent
La
pomme,malgré
a défense
e
Dieu,
Et
par
cela furent amnés.
133
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Quant
Deus
par
a
crois
nous
onquisi
Et horsde ce toiment ousmist. 160
Ce
sachent il
qui
a
croiz
imment
Et
de
bon euer a
reclaimment,
Que
la
croiz
partot
or
vaudra,
Si
que
a jor
ne
orfaudra.
164
Por
ce la
devons
orer
Et
partout
a
feste
onorer,
Qu'il
a
en
ui
trop
e mente.
Qui
ce
ne
croit,
l est
herite,
168
Et Damedieu servira
Celui
qui
ne e
servira.
Corr.
161-162
Ce sachent
uit
il
qui
ce claimment
Et
qui
de
tres
rant
ien es
aimment
Le
texte onné
st
celuide
S et
B
corrigés,
ui
donnent
Ce
sachent ü
qui a crois imment
Et
de
bon
euer a
reclaimment.
Le
vers 62
compte
ependant
syllabes.
165-166
d.
honorer/sa
. aorer
1
70 :
ne a s.
Var.
160
de
cest
.
(A)
;
Qui
gors
e
dampnement
.
(S)
;
Qui
horsde
ce
pechié
n.
(B)
163-164
liv.;
li
f.
(S)
166 :
p.
la f.
(B)
167 : méritésB); en imoutdeméritésS)
169-170
vers
bsents e
S
170
:
n. as.
(A)
134
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Dieu
alors
par
a croixnous
onquit
Etnous ortit ecette orture.
Que
tous
ceux
qui
aiment
a
croix
Et sincèrement
'invoquent,
achent
Que
partout
lle aura
du
pouvoir
our
ux
Et
que amais
lle
ne
eur
fera éfaut.
Pour
ela,
nous
devons 'adorer
Et
partout
onorer
a
fête,
Car
elle e
mérite
ien.
Celui
qui
ne croit
n
cela
est
hérétique,
Et le Seigneur ieu asservira
Celui
qui
ne e servira.
135
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NOTES
DE
LECTURE
Norman
ohn Démonolâtriet sorcellerieu
Moyen
Age. Payot,
982.
C'est
parfois
vec
un
certain
gacement
ue
nous
considérons
a multitude
de livres raitant e la sorcelleriemédiévale. l
n'est certes
as
de
sujet
plus
rebattu
i
qui
se
prête
mieux ux
interprétations
es
plus
spécieuses,
ropres
à alimenteroutes ortes e
fantasmes.
Pourtant,
e
livre
du
professeur
ohn
échappe
aux
critiques
e
ce
type.
Agréable lire,fortbientraduit e l'anglais arSilvieLarocheet Maurice
1Angeno,
et
ouvrage
émontre
omment ertains
mythes
erdurent,
travers
les
siècles.
Les minorités
eligieuses,
es
chrétiens
u
Ilème
siècle
aux
Carpocratiens
ou
aux
Vaudois furent
e
tous
temps
uspectées
e
pratiques
monstrueuses,
orgiaques
t
anthropophagiques.
ormanCohn
nous
montre omment
es
mêmes
accusations ont
reprises,
'une
façon identique,
resque
dans
les
mêmes
termes,
ar
les
inquisiteurs plusieurs
poques
différentes.
e
plus,
il
fait
a
part
des
choses,
vacuant
e
mythe
enacedes
organisations
ecrètes
de sorciers,reuves l'appui, n montrant'autre art uecette égende 'est
pas
non
plus
une
simple
nvention
es
nquisiteurs
ont
l
nous
race
n
portrait
saisissant,
u'il
s'agisse
de
Conrad
de
Malmburg
u de Jean
de
Capestrano...
Admirablement
ocumenté,
orman
ohn
s'inscrit
ans
a
meilleure radi-
tion de
la
recherche
nglo-saxonne
ui
refuse
es
conclusions
éfinitives
t
ouvre,
ar
ses
suggestions,
ar
es
questions u'elle
pose,
a
voie à
de
nouveaux
travaux
n
indiquant
de nouvelles
rientations
ossibles.
Ce dernier
oint
rompt
gréablement
vec
'usage, ropfréquent
ncore,
e certains
hercheurs
moins
modestes
ont
e
propos
déclaré
st
de
conclure
éfinitivement
'explo-
rationde tel ou tel sujet.C'est aussi a preuve 'unegrandemodestie hez
un
professeur
mérite
e
l'université
u
Sussex.
C'est avec
plaisir
ue
nous
136
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 139/152
saluons
un
ouvrage
ui
combat es
idées
reçues
outen ouvrant e
nouveaux
horizons.
0.
de R.
Giorgio
Agamben,
tanze
Parole
et
fantasme
ans la culture ccidentale.
Traduit
e l'italien
ar
Yves
Hersant.
hristian
ourgois,
981.
Giulio
Einaudi,
Turin,
977.
<r
haque
objet que
nous
possédons
ne
fait
en
réalité
u'en
évoquer
t
en
remplacer
n
autre
plus
beau
chaque
perle
chaque
étoffe chaque
ruine
antique
t
chaque
maison st
eulement
n
balcond'où nos
désirs
ontemplent
l'infini
un troude
serrure
ar
equel
nous
entrevoyons
e
royaume
nchanté
des perles des soierieset des statues ntiques. Hugo vonHofmannsthal,
La lettre
u dernier
es
Contarin.
Autour
d'une
analyse
de la théorie
médiévale u
fantasme
ui
anime,
u
premier
ens
du
terme,
e 'dolce
stil
novo',
évoluent ansStanze
les
figures
du
mélancolique,
u
fétichiste,
u
dandy
t du
critique
ui-même.
out en
es
suscitant travers es essais uccessifs
t formellement
ndépendants,
'est
en
référencees uns
aux
autres
u'AGAMBEN
claire eursdifférents
omporte-
ments. e rapprochement,tonnant,eut-être,u premierbord, efonde ur
un
rapport
omparable
e
ces différents
ersonnages
l'objet
de eurdésir.
Se
situant
n référence
la
théorie
acanienne
u
désir,
tanze
est
en
effet
le
lieu
de
'analyse
'un
ype
articulier
e
rapport
u
sujet
son
objet
petit
a
.
Le
mode
de
jouissance
des
personnages
utour
desquels
e
bâtit
'ouvrage
e
singularise
ar
e fait
u'ils
ituent
'objet
désiré
la
fois
omme
antasmatique
et
donc
mpossible
étreindre
t comme
perdu',
ui
donnant
ar
à
même
t
a contrario
n
ancrage
ans e
réel.
Ainsi
'objetperdu
du
mélancolique,
e
poème,
e
jouet,
'œuvre
'art,
es
choses
telles
qu'elles
apparaissent
hez
Rilke
ou chez
Baudelaire,
e
symbole
ou
la
métaphore
euvent-ils
tre
nalysés
ur
e
modèle
e
l'analyse
reudienne
137
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 140/152
du fétiche:e sujetouitaveceux d unobjetsitué u pointde onctionde la
réalité
t
du
fantasme,
substitut
ui,
dans e cas du fétiche
st
et
simultané-
ment
n est
pas
le
penis
maternel.
est
dans
cet
entre
deux
que
définiteur
objet,
dans cette
troisième
ire ,
«
distincteussibien
de la réalité
sychique
intérieure
ue
du monde
ffectif
ù
vit individu
que
se situentes
person-
nages
onsidérést
que
se trame
e travail
Agamben.
On
soulignera,
our
ce
qui
nous
concerne
lus
directement
ci
qu Agamben
rétablit,
extes
l appui,
a
perception
u caractère
ssentiellement
quivoque
de
la mélancolie
ar
e
Moyen-Age
t es Pères
e
Eglise.
n effet
ouvrage
e
Klibansky, anofsky t Saxl (« aturn nd Melancholy) onsidéré omme e
texte
de
référence
ur
e
sujet,
malgré
out intérêt
u il
présente
vait urtout
présenté
e caractère
égatif
e
a mélancoliemédiévale.
La
partie
entrale e
Stanze
e
construitn
vue de
a
présentation
e
enjeu
véritable
e
la
poésie
du
dolce
Stil novo :
l exploitation
e la
dimension
fantasmatique
e
l amour
et
son
accomplissement
ans la
parole
poétique.
La
perception
médiévale
u
caractère
rréel
e l amour
st miseen évidence
travers
ne
exposition
ont
on
soulignera
a
clarté
-
n excluant
as
pour
autant
a citation
irecte
es auteurs
n
question
de
a
théorie
médiévale
e
l imaginationelle
u elle
emet nplacedans interprétationAristote.ette
théorie
st
ensuite esituée
ans
son
contexte
hilosophico-médical
on sait
combien
l est artificiel
e
ne
pas
prendre
n
compte
analyse
médicale
es
phénomènes
orsque
on
parle
de
philosophie
édiévale et
donne occasion
d une
présentation articulièrement
clairante e
la
doctrine
u
pneuma
partir
de Dioclès
de
Caryste.
r
c est
dans
e
cadré de cette
pneumatologie
médiévale,
a nature
pirituelle
u fantasme
tantentendue
u
sens
ittéral,
qu Agamben ropose
ne
relecturee
Dante
t
des
poètes
du dolce
Stilnovo .
La revalorisation
e la
dimension
antasmatique laquelle
ls
travaillent
es
conduit
non
à chercher n
remède
la
maladie
d amour
amor
hereos),
mais
à
exploiter
on
erreur
imagination
t
à faire
e sa dimension
antasmatique
la
matière
oétique
elle-même. insi
a
poésie
du
Xfflème iècle se
fait-elle
le
topos outopos
où
«
le
désir
célèbre... a
joyeuse
et
inépuisable
nion
spirituelle
vec
objet
imé .
Et
c est ce
topos
outopos qu Agamben evendique
ujourd hui
omme
le
lieu de
la
critique
t des
sciences umaines.
i
philosophie
i
poésie,
a
cri-
tique
se
situe au
creux même
de
la
scission
e
la
parole
occidentale
à
où
« sans représenteri connaître, lle connaît a représentation». insipour
tendre ers et « en
arrière
u
delà
»
de a
métaphysique
ont
parle
Heidegger,
la
critique
e
doit
de ne
pas
être
une
pensée
de la
dualité
pparence/essence,
138
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
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signifiant/signifié...
ais,
u
contraire,
e l entre
deux,
du «
jeu topologique
des ointurestdes articulationsquisur eplande la sémiologie,arexemple,
la
conduirait s arrêter
urce
qu Agemben
ésigne
omme
la
barrière
ésis-
tante la
signification
.
L ouvrage
d Agamben
st
dynamisant
e
par
es
perspectives
u il
ouvre
t
l approche
nouvelle
qu il propose.
Une telle
conception
e la
critique
st
évidemment
luridisciplinaire
ou
par
delà
es
divisionsn
disciplines).
a
réfé-
rence
l ensemble
es sciences umaines
u
sens
raditionnel
u
terme
u elle
implique accompagne
une
largeur
u
champ emporel
investigation:
e
Platon Marcel
Duchamp
n
passant ar
Vincent
e
Beauvais,
ilke
u
encore
des personnagesevendiqués unefaçonmoinshabituelle ar a critiqueun
chapitre
e
l ouvrage
st consacré
u Beau
Brummel... n ne
peut
pas cepen-
dantne
pas
noter absence
e
figures
émininesans
a
position
u
personnage
«
désirant
. Il
reste
savoir
ffectivement
uelle
place
on
peut
eurfaire
enir
en
référence
la théorie
reudienneu fétiche...
Il
faut
remercierves
Hersant e
nous
avoir
donné occasionde lire
en
français
t dansune traduction
e
qualité
n
ouvrage
ussi
mportant.
C.L.
Françoise
Paul-Lévy, hypothèse
éo-féodale
Scarabée
nternational °
1,
printemps
2.
Dans
un
article
ont
essentiel
ate
de 1
980
(le
n° 1
du
Scarabée
nter-
national,
ù
cet
article
e
trouve,
st
daté
printemps
982),
Françoise
aul-
Lévy
essaie
de
discerner
i
les
références
u
Moyen
Age,
t
plus
spécialement
à la
notion
de
féodalité,
ui
deviennent
ombreuses
e nos
ours,
ont
un
trait
significatif
e
notre
ociété.
Si
les
renvois
u
féodalisme
et
l article ite de
nombreux
xemples
ne sont
pas
témoins
une
tendance ù
l on
puisse
entir
une
cohérence,
t
une
force
riginale. partir e là, si « l hypothèse éo-
féodale
ne
permet
as
de
comprendre
es
aspects
ondamentaux
u
devenir
social.
139
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Les deux xes
de
cet ntéressant
rticleont
'économique
t e
sociopolitique.
Aprèsavoirmontré ue la notionde féodalitéou féodalités) éapparaissait
commeun
modèle
xplicatif
ubreptice,
compris
ans ces
institutions
épu-
blicaines
ui
sont
nées
contre
lle,
F.
Paul-Lévy
écrites différentesentatives
faites
ar
des
historiens
dont
Gimpel) our
trouver ans e féodalisme
n ou
des
schèmes
xplicatifs
e notre
ropre
space
conomique
t social.
Les
princi-
paux
angles
ous
esquels
lleaborde a
question
ont les
rythmes
e
développe-
ment
echnique
les
statuts
ormel t informel e
la main-d'œuvre
es
espaces
économiques
nternationauxt
locaux
en
face
des
nationaux;
e statut
de
l'individualité
t l'orientation e l'individu elon des
groupes,
'idéologie
de
«l'enracinement».Elle ne négligepas «l'inscription»de ces axes dans
l'espace
oncret,
t
parle
notamment
'architecturet d'urbanisme.
A
travers
es
domaines 'auteur
pense
ire
des
signes
ssez nombreux
t
surtout ssez nettement
onvergents
l'un
des
pôles
serait 'éclatement
e
l'état-nation)
our
montrer'utilité
euristique
e
'hypothèse
éo-féodale.
Cet
article
'ayant
as
d'autre
rétention
ue
de
présenter
ne
hypothèse,
il
n'a
pas
à
susciter
e réaction
olémique.
'auteur
'inclut 'elle-même
ans
la
série
des
témoignages
ui,
convergents,
ermettent
certaines
robléma-
tiques ontemporaines
e se réfléchirans
ce
qu'elles
pensent)
es
probléma-
tiquesmédiévales; t sa positionheuristique 'est manifestementas, par
exemple,
elle
de
R.
Pernoud,
u'elle
cite.
Peut-êtreeraitil
ntéressant,
lutôt
que
de
les
prendre
n
masseou
selon
eurs
hèmes
avoris,
'organiser
outes
ces
«
problématiques
réfléchissantes
elon
e
type
de
réflexion
u'elles
ont,
le statut
u'elles
donnent u
miroir
médiéval. eut-être
ela éviterait-ilux
uns
et aux autres
de
ne
«
prendre
ans
e
MoyenAge
»
que
ce
qui
les
arrange,
comme n
pillait
u
siècle
précédent
a
Grèce
u Rome elon on
goût.
Car
cet
article,
'il insiste
vec
raison ur
e fait
que,
quand
bien
même
l'hypothèse
erait
ondée,
e
MoyenAge
ne
serait
oujours ourtant
u'alibi
t
qu'en
somme 'est notre
emps ui
importe
t ce
qu'il
saitfaire e
lui,
cepen-
dant
l'auteur
ombe dans le
piège
où les
gens
de miroir
ombent
ouvent:
malgré
a
prudence
ne
parler ue
de
tendances,
algré
on évident ésirde
ne
pas
être
dupe
du
Moyen
Age
qu'elle
voque,
.
Paul-Lévy
emble roire
ue
le
MoyenAge
était
un,
au fond
ohérent ansson
ncohérence,
t
en cela
bon
outil à
penser.
Rien
n'est moins
ûr Ne
plus
dire
du
Moyen
Age qu'il
était
uniment arbare t
«
gothique
,
c'estune chose
y
chercher
n
modèle,
même
modéré
n'est-ce
as
marcher l'enversur
es mêmes races
Et
s'il
n'y
avait
pas
de
leçon
du
MoyenAge
?
S'il
n'était e
palèo
d'aucun
néo,
ni
la serre
'aucune
tructure
ransportable
A
quoi
sert
lors e
Moyen
Age
?
140
F.J.
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 143/152
Umberto
co,
Le Nom
de
la
Rose
Trad.
chisano,
rasset,
982.
Dès les
premières ages,
nous voici entraînés ans un
univers
nvoûtant,
dont on
ne sortira
regret
ue
grâce
à
la fin
pocalyptique
maginée
ar
l'auteur...
Tout
se
passe
en
1327,
dans
une
abbaye
bénédictine,
vec en toilede
fond
des
querelles
olitiques
ntre a
Papauté
et
l'Empire,
es luttes raticidesu
sein de
l'Église,
es
prédicateurs
rrants.
u
cœur
e
'abbaye,
a
bibliothèque,
au centrede
l'histoire,
es
livres,
ivres
achés,
ivres
dangereux
e
par
la
science
qu'ils
contiennentt
que
le
labyrinthe
e la
bibliothèque
rotège
es
curieux. L'ordre- du temps,de l'espace,des hommes qui règnedans
l'abbaye
st oudain
roublé
ar
des
morts
mystérieuses,
u
moment
ù doivent
se
réunir,
n
ce même
ieu,
pour préparer
ne tentative
e
conciliation,
es
partisans
u
Pape
et
ceux
de
l'Empereur.
'Abbé
charge
'enquêter
ur
ces
crimes
frère
Guillaume
e
Baskerville,
enu
pour
organiser
a
rencontre.
e
franciscain
nglais,
x-inquisiteur,
ui
mâchonne
arfois
es herbes
magiques,
est
un
personnage
ascinant,
mi d'Ockham t
grand
dmirateur e
Roger
Bacon,
avec
qui
il
partage
a
foi
en
l'empirisme
t
en l'avènement u
temps
des
machines. l
est secondé
par
son
secrétaire,
e
novice
Adso de
Melk,
ui
nousnanecettehistoire.
Telle est
l'intrigue,
ui
nous
perd
par
ses
rebondissementst
les
fils
de
l'histoire
'emmêlent
t
nous
emmènent ans
des
voies
multiples.
n côtoie
des
personnages
tonnants
omme
Nicolas,
e
Maître
Verrier,
abriquant
our
Guillaume
es
oculi ad
legendum'
lunettes),
éverin
'Herboristeu le vilain
Salvatore,
ui
parle
a
langue
de
Babel
et fait
ntrer
ans
'abbaye
e seul
élément
xtérieur e son
fonctionnement
utarcique
ne
lui fournit
as,
la
femme,
ci
bien
sûr
orcière t source
du mal.
Des moines
tudient,
ravaillent
ou
prient,
mais aussi
se
délectent
es
plaisirs
e la
table,
uccombent
leurs
désirs harnelst ne résistent
as
à certainesuriosités
ui pourtant
esentraî-
nent
à leur
perte.
On voit
un
Inquisiteur
outer e
ses
méthodes
t
un autre
les
employer
ans
scrupules
our désigner
e
coupable ue
réclame
a situation.
Des
luttes
our
e
pouvoir
irigent
es actions
'hommes
ui
avaient
onsacré
leur
vie à
l'amour
désintéressée
Dieu. On entend
iscuter
ur
es distinctions
entre
ien et
mal,
science
t
magie,
xtase
harnelle
t
extase
mystique,
ur es
rapports
ntrenoms et
choses,
ffets t
causes
ou
encore
ur a
nature
e
la
pauvreté.
out est mêlé dans
cette
fresque
médiévale,'histoire,
es
symboles,
les idéesreçues, a fiction. eu importe Chacuny reconnaîtra songré es
clins
d'oeil et
allusions,
ui
renvoient
out
autant
ux
tempspassés
qu'aux
temps résents.
es
questions
ontde
toute
façon
ternelles:
igne
uste,
rtho-
141
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 144/152
doxie,
déviation,
in
et
moyens,
ectarisme,anatisation,
évoltes,
iolences...
Et au
cœur
de
l'intrigue
e ce livre
lein
d'humour
t
parfois élirant,
a
ques-tiondu
rire,
e
propre
e l'homme omme hacun
ait,
mais
pour
ertainsne
invention
iabolique.
La succession
es
sept
morts t
leur ordonnancement
ymbolique
gare
l'enquêteur.
e monde 'exhibe
ar
des
signes ue
la raison
ans a
prétention
croit reconnaître
mais
dont
le
sens se révèle
plus parfaitement
l'homme
simple
dans son
délire
leçon
d'humilité
our
Guillaume
ui
sortira
ainqueur
d'unterribleombat.
Le Nom
de la
Rose est
un roman el
qu'il
estdifficile'en
parler, uelques
mots nepouvant rétendren résumeresmultiplesacettes i surtoutxpri-
mer
e
plaisir
norme
u'on
a
eu
à
le lire
t e
relire...
Irène
ROSIER
Au
cœur
d'une
mystérieuse
bbaye
énédictinee l'Italie
du
Nord,
e dresse
le
donjon
qui
contient a
Bibliothèque,
la
plus
grande ibliothèque
e
la
chrétienté
(p.
496),
sévèrement
lose,
ù
seul
pénètre
e
Bibliothécaire.
C'est 'endroit
ue l'intelligence
ucide
de
Guillaume
e
Baskerville
choisi
pour
organiser
a
rencontrentre ranciscains
t
partisans
u
pape
avignonais
JeanXXII contre es
derniers,
'Empereur
outient eux-là.
Mais
es conflits
extérieurs,
u'abrite
'abbaye
en cette emaine
e fin
novembre
327,
redou-
blent
'intrigue
ntérieure,
lusieurs
meurtres
ui
désignent
e
Labyrinthe
e
la Bibliothèque,tplusprécisémentn Livre ecret...
Franciscain
e
grand
avoir t
grande xpérience,ccompagné
e
son
disciple
et futur
elateur
dso-Watson,
uillaume
e
Baskervillee
trouve
onfronté
aux
complexités
u
Siècle,
à celles
de
la
Foi,
à celles
de la
Nature,
t
finale-
ment cette
ntrigue
majeure:
'univers es
Signes,
e
Livre,
es livres.
l
se
débat avec chaleur:
je
trouve
mon
plus
grand
laisir,
ma
plus
grande
oie
à
démêler
n bel
écheveau ien
nchevêtré
/
400).
La
grande
éussite u Nom de la
Rose
est
de
montrerxcellemment
om-
ment
'imbriquent
e
débat
politiquela
volonté
ranciscaine
e
pauvreté
mal
social et
hérésie)
t le
théologique
où
est
'autorité,
t le
partage
xact entre
le mondain t
le
spirituel)
ans
'urgence
e
la
pratique
à travers
a
variété
142
8/9/2019 Medievales - Num 3 - Janvier 1983.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/medievales-num-3-janvier-1983pdf 145/152
des
discours t
la diversité
es
signes,
'urgence
même
uppose
ne vérité
ra-
tique.Guillaume écouvre la fin e livre,mais urunraisonnementiseauté
et
quand
l e
découvre,
l
n'a
plus
besoin raiment
e
'ouvrir.
La
conclusion
st,
emble-t-il,
elle
des
mystiques:
'est
e
parcours ui
crée
son
but,
a
foi
qui
fait a
prière
a révélationst
une
méthode,
t
Guillaume
st
bien
un
franciscain. ais entre
Guillaume,
mi
d'Occamet
disciple
e
Bacon,
et celui
qui
dans
'ombre randit
'Apocalypse
t
dit
«
moi
e
sais
que
telle tait
la
volonté du
Seigneur
;
entre
Guillaume,
éfenseur
rudent
es
simples,
connaisseur
n
lunettes t
boussoles,
moraliste
ui
dit «
je
me suis
comporté
en
homme
bstiné,
oursuivant
n simulacre
'ordre,
uand
e
devrais
ien
savoir u'il n'estpointd'ordre ans 'univers et l'homme ecret ui défend
l'approche
de
la
Bibliothèque
t du livre
ecret ar
de lui
«
pourrait
aître
la
destructive
spiration
détruire
a mort travers
'affranchissement
e
la
peur
;
enfin
ntreGuillaume
ui
doute et
qui poursuit,
t
celui
qui
saitet
qui
se
tait,
'est bien d'une
épopée
de la
Vérité
u'il
s'agit.
our
Guillaume
e
Baskerville
omme
our
'auteur e
a
Structure
bsente
t de l'Oeuvre uverte
le réseau
des
explications
u mondene
se
referme
as
sur
e
monde,
l
e diver-
sifie,
l
l'ouvre,
l e
développe.
Caractéristique
n cela du climat
hilosophique
e
cettedeuxième
moitié
du XXèmesiècle, e livre
ui
apparaît
d'abordcommeune sortede version
romanesque
e la
Bibliothèque
e
Babel
l'influence
e
Borges
été
pluspro-
fonde ncore
n Italie
qu'en
France)
montre
ue
la
Croyance
la Vérité st
précisément
'Erreur
que
le
vrain'est
pas
au
terme 'un débat
contradictoire
entre rai t
faux,
ar ce n'est lors
u'un dogme,
mais
une nnombrable
our-
suite.
Chez les
mystiques,
u
dans
cette formeminimale e
mystique u'est
e
messianisme,
eligieux
u
civil,
'est ce rebord
ltime
uoique
encore
venir,
cette orte
d'urgence
atente
«
la
hâte»,
ainsi
Guillaume éfinitil 'ambiguïté
dangereuse
u
mystique),
ui
fonde a
coïncidence
ntre éelet vérité le
réel
est
signe
e la vérité
venir,
e
réel out
ntier,
ranshistorique
st
projeté
vec
force ur
'écran
inal
e
a vérité
nhistorique.
Mais
pour
le
sémiologue
uillaume e
Baskerville,
rand
iseurde
signes
(«
ils sont
a
seulechose dont
'homme
ispose
our
'orienter
n
ce
monde
,
p.
497),
nul
signe
ne
vaut
par
lui-même,
omme
un
projet
qui déparerait
l'homme «
un
livre
st fait
e
signes
ui
parlent
'autres
ignes,
esquels
leur
tour
parlent
es choses.
ans
un
œil
qui
e
lit,
un
ivre st
porteur
e
signes ui
neproduisentasdeconcepts,tdonc l estmuet (p. 402). « La vraie cience
ne
doit
pas
se
contenter
es
idées,
ui
sont
précisément
es
signes,
mais
elle
doit
retrouver
es
choses ans
eur
vérité
ingulière
(p.
324).
143
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Ce
roman
istorique
st
un
roman
hilosophique
arce
que
les événements
sont
es
éléments
'une
ecture,
'un
déchiffrementGuillaume
t Adso à
la fin
trouvent
e sensdes
cryptogrammes,
e
repèrent
ans e
Labyrinthe,
rouvent
le
Livre maisce déchiffrementst
un
roman
arce
ue
les
éléments
u code
étaient
utant 'obstacles
inguliers,
out omme a vision ociale
de
Guillaume
cherche
a
réalité ans
a réalité e la
singularité
« Les
simples
nt
quelque
chose
de
plus que
les docteurs
...)
ils
ont 'intuition
e
'individuel.
...)
Bona-
venture
isait
ue
les
sages
doivent mener une clarté
onceptuelle
a
vérité
implicite
ans
es
gestes
es
simples. (p.
210).
Les
«
jours
du Nom
de
la Rose
ne
sont
pas
des
ournées
'Hepta
ou de
Décamérondupremieru septièmeourse fait 'initiation u narrateurdso
et
d'une certaine
açon,
vec
ui,
celle
du
ecteur. e lecteur
pprend
vec
Adso
les subtilités
olitiques,
héologiques,
hilosophiques,
ù
se débatGuillaume
t
se fait e roman:
la fin
Adso,
comme
ar
hasard,
onne es indications
ui
mènent
Guillaume la vérité.
t
un dernier
ransport
ène
Adso à la
formula-
tion
p.
497)
de la vérité
ratique,
'espoir
arcellaire
t mouvant
ui
coïncide
avec
la
possibilité
ubstantielle
e la
pratique,
u
d'un
registre
e la liberté:
le roman
'achève.
Tous
les
éléments
e
notre
ulture,
crivait .
Eco dans
l'Oeuvre uverte
1962,
trad.
fr.
1965,
p.
140),
ne
sont-ils
as
une nvitation
à concevoir, sentir,t finalementvoir lemonde uivanta catégoriee a
possibilité
»
Entre 'œuvre
héorique
e Eco et
son
roman,
uantité
e
liens e
tendent.
Dans
l'Oeuvre
uverte
p.
311),
l'auteur
appelle
a réflexion
e
Lévi-Strauss:
«
les
structures
'apparaissent
u'à
une
observation
ratiquée
du
dehors
C'est
cette réflexion
ui
fait
ue
Guillaume
rganise
ne
rencontre
olitique,
comprend
e
Labyrinthe,
t
peut
lire le Livre
ans
'ouvrir.
'est
ce même
principe
urtout
ui
permet
'invention
e
l'intrigue
etroflexe,
elle
de
'énig-
me
on
comprend
a malicieuse
évérence,
ès
es
premières
ages,
de
l'auteur
à ConanDoyle.Mais ciunproblèmeurgit.
Les
pages
278-283 de
l'Oeuvre uverte
«
la
poétiquehispérique
),
consa-
crées
au
Finnegans
Wake
sont
déjà
une
description
e
la
Bibliothèque
on
y
retrouvees mêmes
ivres,
es mêmes itations.Mais
le
Joyce ue
décrit co
en
1962,
«
le dernier
es
moines
du
Moyen
Age,
enfermé
ans
son
propre
silence...
ressemble
avantage
u
Bibliothécaire
ecret
e
qui
Guillaume
it
à
la
fin
u'il
est
e
diable;
et
l'univers
sotrope
op.
cit.
p.
275)
de
Finnegans
Wake
qui
peut
s'interpréter partir
e
chacun
de ses
points,
essemble u
Labyrinthe
e la
Bibliothèque,
on
pas
au Nom de
la Rose
qui
est
bien
ié
à
une linéarité
émonstrative,
êmes'il éclot
peu
à
peu
dans a discursivité
contractée
'un
universel
e la méthode.
144
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«
Que
Dieu
te
bénisse,
Adso
dit-il.Mais bien
sûr,
uppositio
materialis,
il fautprendree discours e dicto tpas de re... (p. 463). Tournant écisif
de
'intrigue,
ui
révèle Guillaume
omment
énétrer
ans
e
«
Finis
Africae
,
et
se retrouver ace
à face
avec
le livre
ultime,
t
son
Bibliothécaire. use
pivotant
ur
un double
mouvement
c'est
en lisant
e
discours
u
pied
de la
lettre,
n
rendant
u
mot son
objectalité,
nfin u moment
ù le
mot-signe
s'efface
devant
e
mot-chose,
ue
s'efface e
miroir-paroiui
nous
séparait
encore
du but.Mais
c'est
parce
que
l'anecdote
asardeuse
'Adso,
mpruntée
à
Salvatore,
n
simple,
st
rapprochée
ar
Guillaume
'un
aspect
de
'énigme,
que
celle-ci
'en
trouve ésolue.
e fait
ndividuel,
etrouvé
t
élaboré
ar
Adso,
utilisé arGuillaumeui endéduit ncode,est devenu nedeseshypothèses
efficaces,
a
dernière.
l
n'y
a
de
codes,
qu'internes
l'univers
es
signes.
Mais
où aboutit
on,
vec
cet
ultime
échiffrement
Certes,
es
obstacles
osés
par
l'homme
'écartent,
t
peut
avoir
ieu
e véritable ace
à.
face,
mais
ce
face à
face concentre
'opposition
ui parcourt
out
e
livre:
'opposition
ntre ode
et
langue.
Quand
Guillaume
n
effet
isait
ue
c'est
a condition
es
simples
qui
précède
'hérésie
p.
205)
et
non
'inverse,
u
quand
six
pages
plus
oin l
dit
«
pour
a conduite
es
affaires
umaines,
l
ne
revient
as
à
l'Église
mais
l'assemblée
u
peuple
de
légiférer
,
ou
quand
l
uge,
comme
dans
cette
pre-
mièreformuleue nous avonscitéede lui, qu'il peutexister nerationalité
sans
totalité c'est
bien
e
règlement
es
comptes
ntre
odeset
angues.
ntre
systèmes
ermés
e
signes ui
ne
peuvent
ue s'opposer,
'accuser
éciproque-
ment
'hérésie,
t
systèmes
uverts
e
signes
rovisoires.
Pages
211
à
213,
puis
p.
497,
Guillaume
evient
ur
e
qui
est
on
indépas-
sable contradiction'
l'individuel,
eulrebord
e
vérité,
'oppose
la
nécessaire
généralité
es
lois
efficaces,
t
l'individu labore
des lois fausses
ans eur
généralité
our
aboutir
uand
même
à
des
singularités
fficaces.
a
vérité
comme
notion
ne doit
être
que
l'humble
util des
vérités
e
fait
forme u-
blime esthèses e
François
'Assise
Nous
serions
entés,
our
finir,
'impliquer
'œuvre
lle-même
'Umberto
Eco dans ce débat
Vérité/vérités.
uand,
en
appendice
e l'édition
rançaise
de l'Oeuvre
uverte
p.
306,
il
aboutissait identifier
on dée d'œuvre
uverte
à
une
abstraction
pératoire,
n
voit
bien
maintenant
ue
cette
dernière
st
la
longue
onquête
e
Guillaume
e
Baskervillemaistandis
ue
Eco
tente
n
1962-1965
d'en décrire e modèle
le
concept
de
modèle
avait
alors
grande
faveur n
Europe),risquant
chaque
nstant
e
retomber
ans e
code
de
ce
qu'il décrit omme angue, 'exposantdonc sanscesse à devoir n reparler
le Eco
romancier
e
1980 trouve
e
moyen
d'impliquer
e
reparler
ans
a
145
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parole,d'inscrirea problématiqueu parler ans un mode spécifique e la
durée:
ce
moyen,
'est
précisément
e
roman.
'indépassable
ontradiction
st
cellemême
e
la
parole.
F.J.
P.S. Peut-être
st il
utile
de
rappeler
ue
Bacon,
i
souvent
voquépar
Guillaume,
est au
centre
'un
roman
e
Cowper
owys,
hebrazen ead
1956.
146
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