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MÉDIÉVALES

Langue

Textes Histoire

Revue semestrielle

publiéepar

es Presses

Universitaires

e

Vincennes-Paris

III

avec le concours u

CentreNational

u Livre

et du Centre

e

la

Recherche

cientifique

fondée

ar

François-J.

eaussart,

ernard

erquiglini,

rlando

e

Rudder,

François

Jacquesson,

laude

Jean,

dile

Redon

Directeure la publicationOdileREDON

Comité

de

rédaction

Simonne

ABRAHAM-THISSE

Patrick OUCHERON

Alain

BOUREAU

Monique

BOURIN

Geneviève ÜHRER-THIERRY

Lada

HORDYNSKY-CAILLAT

Bruno

AURIOUX

DidierLETTLaurenceMOULINIER

Danièle SANSY

Conseil

scientifique

Jérôme

aschet,

Chiara

Frugoni,

Allen J.

Grieco,

Christine

apostolle,

Michel

Pastoureau,

Danielle

Régnier-Bohler,

Bernard

Rosenberger,

Barbara

Rosenwein,

imone

Roux,

Françoise

Sabban,

Thomas

Szabó,

Elisabeth

adora-Rio

© PUV, Saint-Denis, 996

Couverture

dessinde

Michel

Pastoureau

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MÉDIÉVALES 31 AUTOMNE 1996

LA

MORT

DES

GRANDS

HOMMAGE

À

JEAN

DEVISSE

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SOMMAIRE N° 31 AUTOMNE 1996

LA

MORT

DES GRANDS

(ve-xir siècles)

A JeanDevisse

Odile

REDON

5

La mort

es

grands

ans e

premierMoyen

Âge

Stéphane

EBECQ

7

Sépultures

cclésiastiques

t

sénatoriales ans la

vallée du

Rhône

(400-600)

Ian

WOOD

13

Saint-Germain-des-Prés,

remière

écropole

es rois de

France

Patrick ÉRIN 29

La

mort,

es funérailles

t la tombe

u roi

Pépin

e Bref

768)

Alain

DIERKENS

37

La

mort e

Charles

e

Chauve

Janet

ELSON

53

Le

«

sépulcre

es

pères

et les

«

ancêtres . Notes

sur e cultedes

défunts

l âge

seigneurial

Michel

LAUWERS

67

Des morts rès péciaux ux morts rdinairesla pastorale unéraire

clunisienne

xie-xiie

.)

Dominique

OGNA-PRAT

79

Chronique

e

quelques

morts nnoncées les

saints bbés

clunisiens

(xe-xne )

Patrick ENRIET

93

ESSAIS

ET

RECHERCHES

L Arcadiechrétiennee

VenanceFortunat.

n

projet

ulturel,

piri-

tuelet

social dans a

Gaule

mérovingienne

Anne

ROLET

109

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4 SOMMAIRE

« La

pierre

t a

porte

,unemésaventure

gnorée

nouvelle

pproche

des huitains CV

et

XCVI

du Testamente

Villon

Pierre

ÉLAMME

129

Notesde lecture

147

Pierre

Riché,

Petite vie de saint

Grégoire

le Grand

(B.

Judic)

Régine

e

Jan,

amille t

pouvoir

ans e

monde

franc

G.

Bührer-Thierry)

Martine

storero,

«

Folâtrer

avec les démons

.

Sabbat

et chasse

aux sorciers

Vevey

(F.

Cardini).

Livresreçus 155

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Médiévales1, utomne996,p. -6

Odile REDON

À

JEAN

DEVISSE

Jean

evisse,

né e 14

novembre

923,

stdécédé e mercredi 7

uillet

1996.

Depuisplusieurs

nnées a mort tait a

compagne,

ffrontée,oublée,

trompée

ar

'art du

Scorpion, oujours

amilière.

l

a dû enfin

rendre

e

temps

e

mourir,

enonçant

ux

pages qu'il

n'avait

pas

encore

crites,

ais-

sant

es thèses

u'il

devait ncore

ire,

uand

es

collègues

t es

élèves sont

ailleurs,

endant

es

«

vacances . Ultimemalice.

Ni l'hommeni son œuvrene tiendraientn deux

pages

(ni

en

cent).

Est-il

nécessaire

e

rappeler 'exceptionnel arcours

e

Jean

De visse le

changemente cap avec la « découverte de l'Afrique n 1958, prèsplu-

sieurs

nnées

d'enseignement

n France t de recherche

ppliquée

l'his-

toire u Haut

MoyenÂge européen

La fidélité

ussi,

ar e choix fricain

n'a

pas signifié

bandon

la thèse urHincmar e Reims mûri n

Afrique

et a été

publiée

n

1976

les élèves médiévistes 'ont

pas perdu

eurmaître.

Fidélité u mémoire

il

partait

ans abandonner.

l

a

quitté

'université

de

Vincennes

qui

est devenue arisVIII

-

mais

l

est resté

rès

de nous.

En histoire

a

pensée

a reliédes lieux et des

temps ui

semblaientes uns

aux autres

trangers

ais

qu'il

soumettaitu même

mpérieux uestionne-

ment. es amis

ontdonc

pu

sans

extravagance

ui dédier n

ouvrage

ntitulé

Les assises du

pouvoir Temps

médiévauxterritoires

fricains

PUV,

Saint-

Denis,1994.

Les

questions

taient

osées

aux

écrits,

ux

pierres,

la mémoire

sur

quoi

se fonde

'exercicedu

pouvoir

Comment

ne culture 'invente-t-elle

en un

ieu,

'impose-t-elle

ci ou

ailleurs,

urvit-elleu meurt-elleOù finit

le

Semblable,

ù commence 'Autre

Réponses

constammentemises

l'épreuve

es

enquêtes istoriques

t

archéologiques

trouvées ans e

sel,

l'or et l'eau commedans es

rapports

e solidarité

amiliale u tribale u

dans es formes u

politique

t du

religieux.

J'ai relu 'article

ntitulé

«

Que

faire u

MoyenAge

?

>'que

Jean

Devisse

avait

crit n

1984

pour

e

7 de Médiévales

Moyen

Age,

mode

ď

emploi.

ortde la diversificatione

ses^

oints

e

vue,

l

mettait

n

cause

la pertinence e la « découpe Moyen Âge, ve-xveiècles , mêmepour

l'Europe

occidentale

ui

l'a

fabriquée

u

xvnr iècle. l

démontrait

ue

la

conception

u

temps

ourant 'une

origine

u création ers e

progrès

u

le

Jugement

st

plus

chrétiennet occidentale

ue

strictement édiévale.

Ramenant'attention

ur e

point

lémentairet

capital

des

subsistances,

t

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6 O.

REDON

de là sur es rapportse force ntre es producteurst les possesseurs u

sol et sur

es

phases

de la

capitalisation,

l

rappelait ue

les

processus

e

transformationn ce

domaine ont

ongs,

écalés,

mpossibles

maîtriser

l'intérieur'un

«

Moyen

Âge

».

Il

montraita

permanence

n

Occident

u

modèle

monarchiquemposé par

le

christianisme

epuis

e

vir

siècle. Il

voyait

u xine

iècle

a

naissance u sentimente

supériorité

es

Occiden-

taux,

ustifié

'abord

par

e choix de

Dieu,

puis

conforté

ar

es réussites

économiques,echniques,cientifiques,

t

étayé ar

'idée de

progrès.

Sans

aucun

doute, oncluait-il,

ette onscience e

supérioritéue

rienne

ustifie

constitue-t-elleotre

rincipal roblème

ulturelt

politique,

ace ux autres

mondes,

n

cette

indu xxe

iècle». Constatant

ue

«

le

MoyenÂge

est e

lieu d'enracinementhronologiquee la plupart es traditionsontnous

(les

Occidentaux)

ivons ncore

,

il

appelait

un

«

effort

ritique

relatif

à ces

héritages,ndispensable

elon ui

pour

ibérer otre

nalyse

u monde

actuel. 'écho de cet

appel

trouve ne certaine

onorité,

eludans

es

ours

étonnants

e

la

commémorationu

baptême

e Clovis.

Charge

ontrees idées

reçues, alayagemagistral

es

champs

e l'his-

toire

t des

temps

de

l'humanité,

onscience

politique,

ans une cité

qui

avait

pour

ui

la

dimension

u

monde,

ord

t

sud. Ses amis reconnaissent

dans cet articlebref 'homme

qu'ils

ont connu.Comme d'autres

grands

«

ancêtres

(il

assumait

e

«

titre

)

il

a renouvelé a

preuve ue

la

plus

exigeante

ruditionoin

d'empêcher taye 'engagement

ans es combats

humains.

Nous avons souhaité édier JeanDevisse

ce

numéro e Médiévales

qui

au hasarddes dates mais

non

des

sujets

a été

pensé

par

ses

élèves,

Stéphane ebecq

et

Régine

Le Jan

«

La mort es

grands pour

a mort

d'un

grand

notre mi.

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Médiévales1, utomne996,p. -11

Stéphane

LEBECQ

LA

MORT DES GRANDS DANS

LE PREMIER

MOYEN

ÂGE*

La mort

pprivoisée

c'est ainsi

que Philippe

Ariès

qualifié

es rela-

tions

ue

l'Occident

hristianisé^

ntretenuesvec la mort u

long

de ce

qu'il appelle

e

premier

MoyenÂge,

c'est-à-dire

ne

période ui

se serait

étendue

epuis

es

tempspaléochrétiensusqu'au

xir

siècle1.Assurément

les

sept

études

qu'on

va lire s'inscrivent ans ce cadre

temporel

elles

conduisenteur ecteur u

Ve

u

xne

iècle)

et

spatial

leur

champ

ouvre

globalement

n

espace qui

va de la France du Nord au vaste bassin du

Rhône,

vec des arrêts

marqués

ans les monastères e Saint-Denis t de

Cluny, ui,chacun n sontemps t à sa manière,ouèrent nrôleessentiel

dans l'histoire es relations ntre e mondedes vivants t le mondedes

morts).

ar

pour

es

hommes

e ce

temps,

ommeditPatrick

eary2,

les

morts e cessaient

as

de faire

artie

e la communauté umaine la

mort

marquait

ne

transition,

n

changement

e statut t nonune

fin

n soi les

vivants ontinuaiente devoir ux morts ertaines

bligations,

a

plus mpor-

tante 'entre llesétanta memoria e souvenir. t

pas

seulemente souvenir

liturgique

ntretenu

ar

es

prières

u les messes

qui

leurétaient

ffertes,

mais

aussi

la

préservation

u

nom,

de la famille t des hauts-faitses dis-

parus

. Par où l'on entrevoit

ue

l'art

d'apprivoiser

a mort "surtoutté e

faitdes élites

ociales,

u'elles

fussent

aïques

ou

ecclésiastiques.

Il n'était as question our es grands e ce monde, u pour euxqui

en ont

perpétué

e

souvenir,

e nier es dures éalités e la maladie t de

la

mort ce sont

naturellement

es sourcesdu

temps ui

ont

permis

Janet

L.

Nelson3,

dans le

remarquable

xercicede

démographie istorique ui

ouvre on

propos,

e chiffrera

précarité

e

l'espérance

e vie des

mâles

*

Deux

emarques

réliminaires'imposent.

'une

art,e

dois emercier

égine

e

Jan,

vec

laquelle

e

présent

uméro

été

onçu,

t

ui

m'a idé rassembleres ontributions

u'on

ira

ci-dessous.'autre

art,

ettentroductiontait

éjà

ous

resseuand'ai appris

a morteJean

Devisse.vant

'enseigner

ux niversitéseParis III t aris

,

Jeanvaitait n

éjour

e

inq

annéesLille.

l

y

étémon

rofesseur

vanteme aire'honneure on mitié.'estuinon

seulement

ui

orientéa ie e ravailtderechercheers'histoireu rès aut

oyen

ge

occidental,

aisussi

ui

ouvertes

eux

ures éalitésemondes

ointains

ui

me ont

oujours

chers.em'associeoncvec utantereconnaissanceue e ristessel'hommageuea revueMédiévaleseutui endretraversenuméro.

1. Ph.

Ariès,

ssaisur 'histoiree a mortnOccidentu

Moyenge

nos

ours

Paris,

1975,

n.

art.

.

17

et 'hommeevanta mort

Paris,

977,

n

art.

.

13.

2. P.J.

Geary,

iving

ithhe ead n he iddle

ges,

thaca-New

ork-Londres,

994,

n

part..

.

3. Par illeursuteureCharles

he

ald

Londres,

992traduction

rançaise,

harlese

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8 S.

LEBECQ

de la famille arolingienne.omme e montrent'historienneritannique

d'après

es annalistes u

IXe

iècle,

ou encorePatrick enriet4

'après

une

lettre crite

ar

es moines u

prieuré

lunisien e

Souvigny,

e roi Charles

le

Chauve

comme

'abbé Odilon

de

Cluny

ont

morts,

'un en

877,

l'autre

en

1049,

dans d'atroces ouffrances.ouffrancesu

corps

bien

sûr,

mais

aussi de

l'âme,

même hez ce

perfectionniste

e la mort

monastiqueue

fut

Odilon.

Notons

ependant ue

son

hagiographe,

e moine

Jotsald,

endit

occulter es souffrancesur

lesquelles

es moinesde

Souvigny,

émoins

directs

u

trépas

u saint

bbé,

s'étaient ttardés ans eur ettre

il

fallait

offrirux lecteurs e la Vita Odonis

un modèle

de

mort

hrétienneans

lequel

'homme

e Dieu

triomphait

lorieusement

u

démon.

Odilonfaisait

assurémentartie e ceuxquePeterBrown urait ppelés des défuntsrès

spéciaux

5,

c'est-à-dire e ces saintshommes

ui,

d'emblée,

'est-à-dire

dès leur

passage

dans 'autre

monde,

méritaiente devenir

es

ntercesseurs

à la différenceu

plus grand

nombre

ui

avait

besoin

de leur ntercession

pour

méritere salut.

Les

pratiques

hrétiennes

e la mort

taient

n effet rès iées au

culte

des saints dès les

tempspaléochrétiens

'était

exprimé

e

souci,

d'abord

parmi

es

élites,

nfin ans e commun es

mortels,

'être nterréd sanctos

ou,

à

partir

u moment ù il

y

eutosmose ntre

épulture

énérée t ieu de

culte,

pud

ecclesiam.Cette

pratique

e dut

rien

ux

élites

pirituelles

u

premier

hristianisme,ar,

comme le

rappelle

Michel

Lauwers6,

aint

Augustinonsidéraitu'il convenait e « déspatialiser le cultedes mortsnul besoin de lieu de

sépulture

i de tombe

particulière,

uisque,

uivant

son De cura

pro

mortuis

erenda

c'est

l'Eglise

toute

ntière

ui

devait

prendre

n

charge

es

membres

écédésde la communautéhrétienne.

Les élites ocialesdes

temps aléochrétiens

'eurent urede cet aver-

tissement

dignes

éritièreses aristocraties

mpériales,

lles

gardèrent

ans

la mort omme ans a vie e

soucidu

paraître. eprenant

a réflexion enée

par

es

participants

'un

colloque

tenu

Créteil n 1984

surL'inhumation

privilégiée

u

iv

au

vnv

iècle

en

Occident

,

Ian Wood8 attire 'attention

sur

a

très

iche

ocumentation,

ant crite

u'archéologique,

oncernantes

sépultures

es élites énatorialest

ecclésiastiques,

outes ncore

d'origine

gallo-romaine,

e la vallée

du Rhône ux ve-vieiècles contrairementla

prescriptionugustinienne,es sarcophagestaient aits our trevus et es

Chauve,aris,994,

.L. elsonnnoncen rticleur

Carolingianoyal

unerals

,

à

paraître

dans owernd

ociety

n

he

arly

iddle

ges

F.Theuws

d.,

eiden.

4.

Auteure

plusieurs

rticles

ura mort

onastique,

n

articulier

Saint dilonevanta

mort.ur

uelques

onnées

mplicites

u entiment

eligieux

u

xr

iècle

,

Le

Moyenge

96, 990,

p.

27-244

«

Les

paroles

e a mort

ans

'hagiographieonastique

es ie txir iècles

,

dans

Moinestmoniales

ace

la

mort,

ctesu

olloque

e

Lille,

istoireédiévalet

rchéologie

6,

1993,

.

1-109et Silentium

sque

d

mortem

ervaret.a

cènee

a

morthezes rmitestaliens

du r

iècle

,

dans

élanges

eV cole

rançaise

e

Rome,

oyenge-Temps

odernes1993.

5. Ainsians ecultees aints.on ssor

t

a

fonction

ans

a chrétienté

atine,

rad,

ar

Aline

ousselle,aris,984,

.

5

et ans a ociétét e acré ans

'Antiquité

ardive,

rad,

ar

Aline

ousselle,aris,985,.

173.

6. Auteur'unehèse,paraîtrerèsrochainement,ur amémoireesncêtres,e ouciesmorts.onctiontusagesu ulteesmortsans ccidentédiévaldiocèseeLiège,r-xnr

siècles).

1. Editéous etitre

ar

.Duval tJ.-Ch.

icard,aris,

986.

8. Avante

publier

on

uvrage

rès ovateurur he

erovingian

ingdoms

450-751),

on-

dres,

ew

ork,994,

anWood

vaitonsacréne hèsetde rès ombreuxrticlesl'histoire

politique,

ocialet ulturellee aGaule u ud-Estu

pouvoir

es

urgondes.

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10 S.

LEBECQ

Pépinvoulut tre nhumé l'entrée e l'égliseet facecontreerre,vecpour

seul mobilier ne croix ur

aquelle

sa bouche erait

lacée. Magnifique

t

très stentatoireumilité Tout

pèlerin

entrantans

'église

verraite tom-

beau du roi et serait nvité

prier our

on âme. Semblablemodèled'inhu-

mation nte imina cclesiae

emprunté quelques

saints

ersonnages

t

à

quelques vêques

de

Rome,

erait ransmis

arPépin

d'autres

rinces

e la

maison

arolingienne.

aroù l'on entrevoit

ue

les

princes

ervirentouvent

de diffuseurs

armi

es

grands

es modèles réés

par

es élites léricales.

Dans

le cas ici

présenté

e

Charles e

Chauve,

a

plusgrande

ouveauté

-

qui

en fait emonte

lus

haut

dans

e IXe

iècle,

peut-être

u testamente

Charlemagne

vint ans doutede la

multiplication

n même

emps ue

de

la singularitéesdispositions rises, arfois rès ôt, our ssureron salut

et celui de ses

parents

pas

tant a donation Saint-Denis e la villa de

Senlis,

ui

s'inscrit

ansune tradition

éjà

ancienne e donations

ro

reme-

dio animae

que

l'affectation

xplicite

de ses revenus

l'éclairage

de

l'Église,

à des

banquets

ommémoratifst

à l'assistance ux

pauvres,

ans

compter

e nombreuses

ondations e

prières

t de messes.Ce

modèle-là,

qui

voudrait

u'un

don substantieloitfait

l'église auprès

de

laquelle

on

élit

sépulture

t

que

le

produit

e ce don soit ffecté

u

luminaire

u redis-

tribué ux

pauvres,

llait

s'imposer

urablementans 'aristocratie.

insi,

comme e montreMichel

Lauwers,

un véritable

acte

ia les familles ei-

gneuriales

es

xie-xiie

iècles ux nstitutions

cclésiastiques,

ventuellement

fondées arelles,auprès esquelles lles avaient lu sépultureéchange e

services

multiples

t solidarité

pirituelle

t sociale d'une

part

entre es

vivants t es

morts,

'autre

art

ntre es laïcs et es

clercs,

ans des lieux

saintsdevenusvéritables aveaux de famille

ans la mesure

ù,

toujours

contre es

prescriptions

e saint

Augustin

mais à l'instar es

patriarches

e

l'Ancien

Testament,

l

convenait

'être nhumén

sepulcro

atrům

uorum.

Les monastères

éformateurses xe-xieiècles ont

oué

un rôle déter-

minant ans

la

pratique

e commémoraisones morts établissemente

listes

nécrologiques,

'abord imitées ux moines t

peu

à

peu

ouvertes

ux

laïcs,

récitationse

prières pécialespour

es morts insi

répertoriés,

ccueil

de

sépultures.

n

ce

domaine,

luny

'illustra

lus que

les autres. omme

nous

e

rappellentominique ogna-Prat

t Patrick

enriet,

'est

l'abbayebourguignonneui instituaa fête e tous es défuntse 2 novembre c'est

elle

qui, par

'intermédiaire

e ses

propres

outumierst de sa

production

hagiographique,mposa

«

un modèle clunisien

de

mort

monastique,

e

préférence

ur

e ciliceet es cendres t au milieu

e la

communauté

éunie

et

c'est

elle

qui,

sans

doute,

provoqua, uprès

de familles

ristocratiques

autant

oucieusesde

la

reconnaissance

e leur dentité ociale

que

de

la

commémoratione leurs

défunts,

e

plus

de donations d

sepulturam

t

d'élections

e

sépulture,

t

le

plus

de fondations e

prières

t de messes

anniversaires.

Tout

paraît

ndiquer ue

dans

les milieux

ristocratiques

es

xie-xne

siècles comme

peut-être

éjà

dans e milieude la famille

arolingienne

u

IXe iècle,uneapproche omptable u salutdans 'au-delà a commencé e

diplomatique

t

historiographique

e a

grandebbayeourguignonne.

l a en

articulier

critLes

morts

ansa

comptabilité

élestees lunisiense 'an

mil

,

dans

eligion

t ultureutoure

l'anmil.

oyaume

apétien

t

otharingie.

. ogna-Prat

tJ.-Ch.icard

ir.,

aris

990,

.

5-69.

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LA MORTDES

GRANDS

ANSLE PREMIERMOYENÂGE 11

s'exprimer.es grands vaient eau cherchere réconfort'une sépulture

familiale ans un lieu et un milieuoù s'élevait a

prière

erpétuelle,

ls

avaient eau

compter

ur

a solidarité e leurs

parents

t des hommes

e

prière,

ls tendirent

multiplier

es assurances ur

'au-delà.

Déjà

à

la fin

du

XIe

t au début u xir siècle des voix s'en

émurent,

ui

s'élevèrentantôt

au sein de la tradition

onastique

ainsi

les

premiers

isterciens

t char-

treux),

our

dénoncer

es droits 'inhumationt a

pastorale

unéraire,

antôt

en

dehorsd'elle et

beaucoupplus

violemment

ainsi

dans

le

mouvement

déviant e Pierre e

Bruis)

pour

dénoncera vanité es

offrandes,

rières,

aumônes t autresmesses

pour

es

morts,

eux-cine devant

ompter our

leur alut

ue

sur es mérites es vivants

u'ils

avaient té. Pierre e Véné-

rableeutbeauréagir, t les Cisterciens e la deuxième u de la troisième

génération

evenir n

arrière,

l

est clair

que,

pour

une

partie

des élites

spirituelles

u débutdu XIIe

iècle,

a

mort,

éjà,

avait cessé d'être

ppri-

voisée.

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Médiévales1, utomne996,p. 3-27

Ian WOOD

SÉPULTURES

ECCLÉSIASTIQUES

ET

SÉNATORIALES

DANS

LA

VALLÉE DU

RHÔNE

(400-600)

Apollinaris, rand-père

e Sidoine

Apollinaire,

ut nterréur e bord

de

la route

ui

menait e

Lyon

à

Clermont. a famille aissa la tombe e

délabrer un

point

el

que

des

fossoyeurs

ommencèrentn

our

à la défon-

cer. Sidoine ntervint

temps,

aisant

ouetteres

responsables,

t,

de

façon

plus

constructive,

ntreprenant

écrire ne

épitaphe

our

on

grand-père1.

D une manière

lus dramatique,

nnode,

rovençal

e naissance

même

il

devint ar a suite vêquede Pavie,se hâtad écrire neépitaphe our a

parente ynégia orsque

on fantômeui eut

apparu2.

ien

que

ces deux

anecdotes

aissent ntendre

ue

les

familles étaient

as toujours

nclines

à

commanderes

épitaphes our

eurs

arents

écédés,

étaient es

proches

qui

commandaientes

épitaphes,

u alors es nouveaux

vêques

et abbés

pour

eurs

rédécesseurs

ur es

sièges piscopaux

u abbatiaux de

fait,

es

épitaphes évêques

constituentne source substantielle e l histoire

e

l Eglise

des ve-vie

iècles3.Jevoudrais ans et rticle onsidérerrièvement

les

épitaphes

t les

sarcophages

es milieux

cclésiastiques

t

sénatoriaux,

essentiellement ais

pas

exclusivementans a vallée du Rhône ux ve-vr

siècles

puis poser

a

question

e savoir e

qui

était

placé

à côté du

corps

-

si

du moins

était

e cas

-

dans les tombes

es

élites

aïques

et ecclé-

siastiques, n recourant otamment unrapport e fouillesméconnu ui

fut

publié

Genèveen

1893

; enfin,

irer

uelques

conclusions

énérales

sur e

caractère e l inhumationes élites hrétiennesans a Gaule du sud

et du

centre

l époque post-romaine.

il

peutparaître

allacieux étudier

conjointement

es échelons

upérieurs

e

l Église

et de l aristocratieéna-

toriale,

es

correspondances

e

Sidoine

Apollinaire,

Avitus

e

Vienne,

e

Ruricius e

Limoges

t ď

Ennodede

Pavie suffisent

montrer

quel point

les deux

groupes

e confondaient la

fin

du

Ve

t au débutdu

vie

iècle,

confusion

ue

le

témoignage

es

inscriptions

urales t funérairesemble

1.

Sidoine

pollinaire,

p.

II

12,

.Loyen

d.,

aris,

960-1970.ur idoinet on

rand-

pèreoir,lus écemment,.Harries,idoniuspollinarisnd he all fRomeOxford,994,p. 6-29.

2.

Ennode,

CCLXIt

CCCLXII,

.

Vogel

d.,

MGH,

uctores

ntiquissimi

t.

VII, erlin,

1885.

3. Voir .

Heinzelmann,

ischofsherrschaft

nGallien

Munich,

976.

4. L

importance

e e exteété elevee

ar

.

Bonnet,

es

remiersdifices

hretiense a

Madeleine

Genève,enève,977,

.

106.

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14

I.

WOOD

devoir onfirmer5.n outre es écrits e Grégoire e Tours t de Venance

Fortunat

montrent

quel point

es élites séculières t

ecclésiastiques

nt

continué

e former n

groupehomogèneusqu à

la findu VIe

iècle.

Sarcophages

et

épitaphes

Les

sarcophages

e Gaule ont été attentivementtudiés

depuis

des

années6.

Beaucoup

sont

dépourvus

e décoret ne nous

renseignentuère

sur es

individus

ui y

ont

été

inhumés. autres sont

oliment

écorés t

portent

ventuellement

es

inscriptions

dans ce cas ils constituentans e

moindre outedes sépulturesppartenantu monde es élites7. ans quel-

ques

cimetières,

ommedans celui

-

exceptionnel

de Civaux en

Poitou,

des

sarcophages

relativement

imples pouvaientreposer

sur

plusieurs

niveaux

de

profondeur.

l

pouvait

même e faire

u un sarcophage

bon-

damment écoréfût nterré8. ais dans a

plupart

es

cas,

il

est

probable

que

les

sarcophages

e haut tatutocial étaient aits

our

tre us.

Grégoire

de Tours

visitait élibérémentes cimetièresrbains t es

grandes asiliques

des saints

ourregarder

es tombes. l

pouvait

dentifiera

pierre

e Paros

dans

laquelle

es

plus

beaux

sarcophages

taient aillés t

il

était

apable

d interpréter,

u moins en

partie,

eur

conographie

t leurs

nscriptions.

Dans

la

crypte

e saintHelius de

Lyon,

l

admira a

tombe u

saint Dans

l églisede Saint-Vénéranduse Clermont,l fut rappé arune tombe n

marbre e Paros

qu il

identifia omme

chrétienne

u fait

des scènes de

miracles u Christ t des

apôtres ui y

avaient té

sculptées

0

;

dans celle

de

Saint-Cassius

e

la

même

ité,

l nota

unetombe

abriquée

ans a même

pierre11.

l releva

ussi

que

le

sarcophage

e saintLusor de

Déols était n

marbre e Paros et

oliment culpté12. Dijon,

il

vit

dans

la tombedu

sénateur

élarius,

n marbre e Paros

sculpté,

ne

ndication,

suivant es

critères e ce monde

,

du statut ocial du saint13. ien

que

les

sarcophages

en

question

ient

disparu,

l

est aisé de

comparer

es commentairese

Gré-

goire

vec

les

exemples ui

sont

parvenususqu à

nous.

Les

occupants

e nombre e

sarcophages

nt

pu

être

dentifiés

râce

aux inscriptionsravées ur eurcouvercle u sur eursflancs. arfois es

inscriptionseuvent ésigner

es seconds

occupants

es tombes14.

uand

5. Sur

identité

ntreristocratie

cclésiastique

t

ristocratie

éculièreansa

Gaule u

ve

siècle,

oir.

James,

The istoricalnd

rchaeological

ontextf heouth-westallic

arcophagi

,

Antiquité

ardive

1,1993,

.

6.Voir

lus énéralement

.

Mathisen,

cclesiasticalactionalism

and

eligiousontroversy

n

ifth-centuryaul,Washington.C.,

989.

6.

Voir,

out

écemment,

ntiquité

ardive

1,

1993Les

arcophagesAquitaine.

7. N.

Duval,

La

notion

e

arcophage

t on ôle

ans

Antiquité

ardive

,

Antiquité

ar-

dive

1,1993,

.

4 J.-P.

aillet,

Les

arcophages

hrétiensnProvence

nr-vciècle)

,

bid.

p.

127.

8. J.-P.

aillet,

Les

arcophages

hrétiensn rovence

,

oc.

it.,

.

130.

9. Grégoiree

Tours,

ibern

Gloria

onfessorum,

1,

B.Krusch

d.,

MGH,

criptores

Rerum

erovingicarum,

.

2),

Hanovre,

885.

10. bid.,4.11.GrégoireeTours,ecernibri istoriarum,V,12.B.KruschtW. evisond.,

MGH,

criptores

erum

erovingicarum,

.

1),

Hanovre,

951.

12.

Grégoire

e

Tours,

iber

n

Gloria

onfessorum,

0.

13.

bid.,

1.

14.

C.

Metzger,

Les

arcophages

u

ud-oueste a Gaulendehorse eur

égion

e

production

,

Antiquité

ardive,,

1993,

.

2

X.Barral

Altet,

Ledestin édiévales arco-

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16 I.

WOOD

semble voirétéajoutéeau Xe u au XIe iècle26. e sarcophageui-même

présente

intéressantesffinitésvec celui de Francoveus Autun t celui

d Andochede

Saulieu27

si c est à

juste

titre

u Andoche

st associé à ce

sarcophage

e

Saulieu,

c est un

témoignage

mportant

urun culte

qui

vit

son

mportance

roîtreux ve-vie

iècles28. n autre

arcophage emarquable

de

l église

Saint-Pierree Vienne stceluide

Mamertus,

vêque

du

ve

iècle

d origine

énatoriale t

instigateur

es

grandes

rocessions

es

Rogations.

Une

fois

de

plus cependant,

andis

ue

le

sarcophage eut

bien êtredu

Ve

siècle,

inscription

embledaterdu Xe29. ien

que,

par

leur

style

t leur

décor,

es deux

arcophages

e Saint-Pierreiffèrent

adicalementes beaux

sarcophages

omains ardifs e

Provence30,

eluide Léonianus

este

mpres-

sionnantarses dimensionstpar a délicatesse e sa décorationncisée31.

Voulant

épasser analyse

es

sarcophages

tde leurs

nscriptionsour

mieux

omprendre

es

pratiques

unéraireses élites ans a

Gaule

des

Ve-

r

siècles,

historiene trouve onfrontédes

problèmes

un

autre rdre. eu

de

sarcophages

ont ans eur

osition

nitiale32c est

pourquoi

eur ontexte

archéologique

st

particulièrementauvre33. eaucoup

ont été

réutilisés,

peut-êtrelus

d une

fois34.l n est

donc

pas

étonnant

ue peu d objets igni-

ficatifs ient

été retrouvés ans les tombes

gallo-romaines

es

ve-vie

iè-

cles35

par onséquent

n a souvent onsidéré

ue

ces

sarcophages

e conte-

naient ucun

dépôt

funérairee valeur36.

Comme e matériel

rchéologique

st

pauvre,

l

est

nécessaire,

i l on

veut ntrevoire quiétait lacédans es sarcophages,e se tournerers essources crites en

premier

ieu es textes e

lois,

comme e Liber Consti-

tutionumes

Burgondes ui

était n

vigueur

ans a

plus

grande

artie

e

la

vallée du Rhône au cours du

vie

siècle37.Un homme

pouvait

divorcer

d une femme i elle s étaitrendue

oupable

d un

viol de

sépulture38.

a

même

tipulationpparaît

ans a

Lex

Romana

Burgundionum

où il estfait

26.

E.

Chatel,

bid.,

.

,

p.

7-49.

27.E.

Chatel,bid.,

.

,

p.

9.

28.Voir.

N

Wood,

Constructing

ultsn

arly

edievalrancesaintsnd hurchesn

Burgundy

nd he

uvergne

400-1000

,

ous

resse.

29.E.

Chatel,

p.

it.,

.

,

p.

6-47.

30.Pourachronologie,oir .-P.aillet,Les arcophageshrétiensnProvence, oc.cit.,.134-135pourachronologiee a ériequitaine,oir .Christern-Briesenick,Der es-

tandn

üdwestgallischenarkophagen

eit 962

,

Antiquité

ardive,,1993,

.

6-57D.

Cazes,

«

Les

arcophagesculptés

eToulouse

,

bid.,

.

1

J.

abanot,

Sarcophages

t

hapiteaux

e

marbrenGaule

, bid.,.

116.

31.E.

Chatel,

ecueil

énéral,p.

it.,

.

,

pl.

XXVII.

32.N.

Duval,

Lanotione

arcophage...

,

oc.

it.,

.

0.

Voir,

our

es écouvertes

xcep-

tionnellese

Trinquetaille

t

our

n

arcophage

e aint-Victore

Marseille,aillet,

Les arco-

phages

hrétiens

n rovence

,

oc.

it.,

.

130.

33.N.

Duval,

La notione

arcophage...

,

oc.

it.,

.

1.

34.C.

Metzger,

Les

arcophages

u ud-oueste a Gaule

,

oc.

it.,

.

2 X.Barral

Altet,

Ledestinédiévales

arcophages

,

oc.

it.,

.

161-162

J.-P.

aillet,

Les

arcophages

chrétiensn rovence

,

oc.

it.,

.

127-128.

35.E.

James,

The

istorical

nd

rchaeological

ontext...

,

oc.

it.,

.

6.

36.J.-P.

aillet,

Les

arcophages

hrétiensnProvence

,

oc. it.

.

130,

ien

ue

oit

notéeaprésenceuneetiteroixansn arcophagee aint-VictoreMarseille.37. . N.Wood,Ethnicityndhethnogenesisf he urgundians,dans .Wolframt

W. ohl

d.,

ypen

er

thnogenese

nteresonderer

erücksichtigung

er

ayern,

.

,Vienne,

1990,

.

1-63.

38.Liber

onstitutionum,

XXI

3,

L.R.deSalin

d.,

eges

urgundionum,

GH,

eges,

t. I

1),

Hanovre,

892. oure

point

evue e a

égislationranque

ureviol es

épultures,

oir

P

ctus

egis

alicae,

IV

-10 t

V

,

K.A.Eckhardt

d.,MGH,

eges,

.

V

1),

Hanovre,

962.

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SÉPULTURES

CCLÉSIASTIQUES

T

SÉNATORIALES 17

référence la législationuCode Théodosien39.ette oi ayant té édictée

par

Constantin,

lle était

pplicable

la

population allo-romaine

e

la val-

lée du Rhône ussi bien avant

u après

a mise en

place

du

royaume

ur-

gonde.

Comme a violation

e

sépulture

st associée à l adultère t à la

sorcellerie

armi

es causes de

divorces,

l

estvraisemblable

ue

ce

qui

était

visé

dans

e

LiberConstitutionumtait vant out

e vol

destiné ux

pratiques

nécromanciennes. ais

il

y

a dans le Code Théodosien ne autre oi

qui

place

la

profanation

es

sépultures

ans

un contexte

lus large

ceux

qui

s en rendaient

oupables

ommettaientn crime i terrible

u au

même

itre

que

les

sorciers,

es

magiciens,

es

adultères,

es

violeurs

t es

assassins,

ls

ne

pouvaient spérer

ucun

pardon

Pâques40.

l

arrivait

ependant ue

la

profanationes sépultures inscrivît ans un contexte lusprosaïque ue

la

pratique

e la nécromancie.

l

existait ne

égislation lusgénérale

ontre

la destructiones tombes u contre a vente e monumentsunérairesans

le

but d en

récupérer

a chaux41.

est sans aucun doute ces articles e

loi

que pensait

idoine

Apollinaire uand

l fit ouetteres

profanateurs

e

la tombe e son

grand-père42.

Les

profanateursnopinés

e la tombe

Apollinaris

une

part

t les

nécromanciens autre

part eprésentent

es deux cas les

plus

extrêmes e

violation e

sépultures.

ntre es

deux,

l

y

avait es

simples

voleurs. ls

apparaissent

ans e

Code

Théodosien

uand

celui-ci

égifère

ontre eux

qui prenaient

es

objets

dans es

tombes t

les emmenaient

hez eux43. e

pillagedes tombes pparaîtnpleine umière ans œuvrede Grégoire eTours l histoirea

plus explicite, ui

vient u nordde la

Gaule,

concerne

la famille u Franc

Gontran

oson une

parente

e sa femme vait été

enterréeans

une

église

de

Metz,

vec

quantité

or et de

oyaux.

Quelques

jours plus

tard,

es serviteurse

Gontran

inrent

épouiller

e

corps,

mais

furent

nterrompus.

ls

s échappèrent

vec es

trésors,

ais,

ffrayés

l idée

de ce

qui pourrait

eur

rriver,

ls

revinrent

lacer

eurbutin ur

autel de

l église,

prétendant

ue

c était

Gontran

oson

qui

les avait

nvoyés

ccom-

plir

e forfait44.a tombe ite

d Arnegonde

Saint-Denis

eut

donner

ne

idée de la

richesse

e celle de la

parente

e

Gontran

oson.

Dans l œuvrede

Grégoire,

évocation u

pillage

des

sépultures

e se

limite

as

aux tombes

ranques

u nordde la Gaule.

l

y

est aussi

questiond un miracle ui s estproduite ouroù un voleur ssayadepillera tombe

de saintHélius le saintmort

grippa

e criminel t ne le lâcha

pas

avant

le

lendemainmatin45. n

y

lit

aussi une affaire

e vol

d anneauxet de

colliers or dansunetombe e

eune

fille ans

église

de Saint-Vénérandus

de

Clermont46.i on

peut

voirdes doutes ur a sainteté e

la

jeune

fille,

le fait

u elle

était

nterréeansun

sarcophage

écoré e scènesde miracles

39.

Lex

omana

urgundionum,

XI

,

.R.de alin

d.,

egesurgundionum,

GH,

eges

t.

I

1),

Hanovre,

892Codex

heodosianus,

II

16

1),

.

Mommsen

d., erlin,

905. oirussi

D.A.

Bullough,Burial,

ommunity

nd elief

n

he

arly

edieval

est

,

dans

.Wormald

éd.,

deal

nd

eality

n rankishnd

nglo-Saxonociety

Oxford,983,

.

187.

40.Codex

heodosianus,

X

38,

et .

41.Codex heodosianusX 17,1-5.Voir ussies Novella alentinianiXXIII, -5,P.M.Meyerd., egesovellaedTheodosianumertinentesBerlin,905.

42.Sidoine

pollinaire,

d. II 12.

43.Codex

heodosianus,

X

17,

.

44.Grégoiree

Tours,

ecernibri

istoriarum,

III 1.

45.Grégoire

e

Tours,

ibernGloria

onfessorum,

1.

46.

bid.,

4.

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8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf

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18

I.WOOD

du Christ tdesApôtresmontre l évidence u elle était hrétienne,u du

moins

qu elle

avait été enterrée

l époque

chrétienne. e

même,

bien

qu Hélius

semble voirété

évêque

de

Lyon

au

iip

siècle,

une

époque

les rites unérairesifféraient

eut-être

e ce

qu ils

deviendraient

lus

tard,

le récit e

Grégoire uggère

ue

pour

ui il

n y

avaitriende

surprenant

ce

qu une

tombeď

évêque

contînt

es

dépôts

funéraires.

l

est donc clair

que

des

objets

de valeur taient

éposés

dans es tombes es chrétiens

allo-

romains. lus

oin,

Grégoire

elate ne entative

e

vol dans a tombe

Agri-

cola et Vitalis

Bologne, ui

fut

nterrompueuand

e couvercle u sarco-

phagecoinça,

n

retombant,

a

tête

du voleur47. aul Diacre raconte n fait

plus

miraculeuxncore urvenu ans Italie

du VIIe

iècle

quand

un voleur

essayadepillera tombe u roi ombard othari Monza oupeut-êtreavie,

saintJean

Baptiste

ui

apparut,

t

il

fut hassé

de

l oratoire48.

n

réalité,

l absence de mobilier

récieux

ans es

rapports

e fouilles es

sépultures

de l aristocratieénatoriale

t

du haut

lergé

ans a

Gaule des

ve-vie

iècles

reflètea

fréquence

u

pillage

t

du

réemploi

es

sarcophages lutôt u une

quelconque épugnance

enterreru mobilier vec les morts.

Un mobilier

funéraire mal connu

Il

nous faut

maintenant

ssayer

de savoirce

qui

était

placé

dans les

tombes es chrétiensallo-romains.n peut upposer ue le levier ue le

prêtre

Anastasea découvert lors

qu il

avait été enfermé

ar

Cautinde

Clermont

ans un

sarcophage

e la

crypte

e la

basilique

de

Saint-Cassius,

avait été oublié à

par

erreur49.n

peut

aussi

supposer ue

le versement

d un trésor n

or dans la tombed une femme vare étaitune

procédure

inhabituelle

e condamnationituelle50.

uand,

n

une

occasion,

Grégoire

nousdonne e détail

un

dépôt

unéraire,

l

s agit

de colliers t d anneaux51.

Il

nous faut

onc,

nvers t contre

out,

evenir u

témoignage

es

fouilles,

tout énu t faussé

u il

soitdu fait u

pillage

t du

réemploi

es

sarcopha-

ges.

En

réalité,

l

existe,

malgré

a

fragilité

es

témoignages,

es

preuves

d inhumations

allo-romaines

otées d un richemobilier c est le cas à

Marseille, tpeut-êtreurtout Genève.Parmi es

sépultures

ouillées ans la

chapelle

Saint-Andrée Saint-

Victor e

Marseille,

e trouvaitelle d une

eune

femme nterréevec

un

bel anneau or

filigrané.

es vêtementstaient e

soie

décorée e

fils or52.

Plus

frappant

ncoreest le contenu un

sarcophage

écoré

de diverses

scènes

Bibliques

ont e sacrifice

Isaac,

qui

fut écouvert ans a nefde

l église

haute de Saint-Victorn 1970.

Y

reposait

e

corps

d une

jeune

femme,

ncore

arfaitement

onservé. es

vêtements,

ousde

soie,

compre-

naient ne

tunique olychrome

écorée

e fils

d or,

d origine

pparemment

47.Grégoiree

Tours,

iber

n

Gloria

artyrům,

3,

.Krusch

d.,

MGH,

criptores

erum

Merovingicarum,

(2),

Hanovre,

885.

48.PaulDiacre, istoriaangobardorumIV47,G.Waitzd.,MGH,criptoreserumGermanicarumnusumcholarumeparatimditi48,Hanovre,878.

49.

Grégoire

e

Tours,

ecernibri

istoriarum,

V 12.

50.Grégoire

e

Tours,

ibern

Gloria

artyrům

105.

51.Grégoire

e

Tours,

ibern

Gloria

onfessorum

34.

52.R.Boyert

ollaborateurs,

ie tmortMarseillela

in

e

Antiquité,

arseille,

987,

p.

7-44.

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SÉPULTURES

CCLÉSIASTIQUES

T

SÉNATORIALES

19

copte, t unvoilecourtmaphorium)osésur a tête,e tout tantnveloppé

dans

une

palla.

Une croixd or était

posée

sur

e

front.

e

corps

vaitété

recouvert

ar

une ubstance ansdoute estinée retardera

décomposition,

et la tête

reposait

ur un lit de fleurs. es

bouquets

insi

qu un

flaconde

parfum

n verre vaient

disposés

dans e

sarcophage53.

inhumation

été datéede la

fin

du

Ve

u du débutdu VIe iècle. l

s agissait

ssurément

d une riche

épulture,as

tant u fait e la

croix

d or

que

du

fait es vête-

ments n soie de Chine.

La deuxième

glise

construite ans le

quartier

e La Madeleinede

Genève

été datéede la fin

vr

ou du vif siècle54. ssocié à cette

tructure

se trouvait n

sarcophage

ontenantes restes un

clerc

vêtu

de vêtements

élaborés. eux-ci e sontmalheureusementulvérisésvant u onaitpu es

photographier

u les

dessiner

mais on a

eu le

temps

de constater

u ils

étaient

emblables ceux

qu on

a retrouvésansune

tombe

e

Saint-Pierre-

ès-Liens e

Genève,

ui

ont té

dessinés t

publiés ar

H. J.Gosse en

1893,

et

qui

semblent evoir emonterux ve-vie

iècles55.

ien

que

ces

vêtements

se soient ussi

décomposés eu après

a

fouille,

a

description

t

es

gravures

qu en

a données

Gosse

restent n

témoignage

nique

qui

mérite être

reconnu sa

juste

valeur56.

À

Saint-Pierre,

e

corps

tait

nveloppé

ans trois u

quatre

paisseurs

de vêtements.e

plus uperficiel,

e soie

pourpre,

ans

manches,

escendant

jusqu aux genoux

du

mort,

été

dentifié

ar

Gosse commeune

chape.

En

dessous e trouvait ne chasuble e soie doubléed un tissude chanvre,lleaussi

dépourvue

e

manches,

écoréed un

galon

ornéde

petits ctogones

en

fil

d or,

et d un autre

alon

descendant es

épaules

à traversa

poitrine

et brodé ui aussi

de

fils

d or.

En

dessous e trouvaient

pparemment

eux

tuniques

e

lin,

dotéesde

manches

t

plus longues ue

la

chasuble,

ont

Gosse

se dit

ncapable

e

détermineril

s agissait

de

dalmatiques

u

non.

Enfin été

retrouvée ne bande de tissudécoré

qui

semble voirété une

étole. En

conclusion,

osse estimait

ue

les matériaux ont vaitété faits

ces

vêtements

enaient e

Constantinople

u d Alexandrie57.

Les

vêtements bservés

par

Gosse étaientnaturellementeux d un

ecclésiastique

e haut

ang

du

Ve u

du

VIe

iècle.

l

n y

avait

pparemment

pas

de

dépôt

funéraire,

n termes e

oaillerie

u

d armes,

mais a

quantitéobservée e soie etdefilsd orfait ssurémente cette épulturene tombe

riche. n

peut magineru elle

aurait oulevé a

désapprobation

es

évêques

rassemblés Clermont

n

535,

qui

ont

ondamné inhumation

u

clergé

n

pallia

ou

en vêtements58.

e semblables

rohibitions

nt été

édictées

53.

bid.,

.

5-93Premiers

emps

hrétiensn

Gaule éridionale

Antiquité

ardivethaut

Moyenge

iir-vmeiècles),

atalogueexposition

dité

ar

.A.Févriert .

Leyge,

yon,

986,

p.

9-84

S.

Lebecq,

es

rigines

ranques

v-iîc

iècle),

aris,990,

.

1

Nouvelleistoire

e

a

France

édiévale,

.

1)

J.-P.

aillet,

Les

arcophages

hrétiensn rovence

,

oc.

it.,

.

130.

54.C.

Bonnet,

es

remiersdifices

hrétienseLaMadeleine

Genève,p. it., .

2.

55.

bid.,

.

106.

56.C est ourquoin rouveraerapporteGossen nnexeu résentrticle.57.H.J.Gosse,ontributionl étudees dificesui ntrécédééglisee aint-Pierre-

ès-Liens

Genève,

aint-PierrencienneathédraleeGenève.ublicatione Association

our

a

restauration

e

aint-Pierre,

ascicule

,Genève,893,

.

5-45.

58.ConcileeClermonte

35,

.

3,

J.Gaudemett

.

Basdevant

d.,

es anonses onci-

les

mérovingiens

vr-viriècles),

.

1,Paris,

989

Sources

hrétiennes

53).

oir .

Bullough,

«

Burial,

ommunity

nd elief

,

oc.

it.,

.

188-189.

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8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf

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20

I. WOOD

l occasiondu synode iocésaind Auxerre enu ntre 61 et 60559.Que de

telles nhumationsient

té condamnées

lusieurs

ois n un siècle

suggère

qu elles

n étaient

as

inhabituelles.

ar

contre,

uand

Grégoire

e

Tours

raconte

ue

le

pieux

Salvius

d Albi s est

préparé

la mort n enfilant

a

vestis

on entrevoit

u il

s agissait

d un

vêtement n

peu plus

ascétique60.

Dans

l Angleterre

nglo-saxonne

u

vif

siècle,

cependant,

n n avait

pas

les mêmes

scrupules

suivant on

premier

agiographe,

uthbert

été

enterrévec ses vêtements61.

t si les vêtementsu

saintn ont

pas

survécu,

ceux

qui

ont été

mis dans son cercueil

u

Xe

iècle avec

un

remarquable

souci de reconstitution

ont

parvenus

usqu à

nous,

u même

itre

ue

son

autel

portatif,

on

peigne

iturgique

t sa croix

pectorale

ui,

es uns et les

autres, aisaientartie udépôt unéraire62.ichementrodés unon, l est

clair

que

les vêtements

ans

esquels

un

corps

étaithabillé

taient hoisis

d une

façon

délibérée,

t cela

aussi biendans e

cas de femmes

aïquesque

d ecclésiastiques.

régoire

e Tours

nterprétait

es

robesde soie

blanche

de la

eune

fille nterrée

Saint-Vénérandus

e Clermont

omme

igne ue

sa mort tait urvenue

eu

après

on

baptême63.

joutons

u il pensait ue

la

eune

fille vait té

embaumée ce

qui

mérite être

approché

e l inhu-

mation e la

jeune

fille Saint-Victor

e Marseille64.

Toute

tentative identifier

e clerc nterré Saint-Pierre

erait

ange-

reusement

endancieuse,

ntre utres

u faitde la découverte

une tombe

apparemment

emblable

La Madeleine.

Mais la

sépulture

st à n en

pas

douter elled uncontemporainroche Avitus e Vienne u de Maximus

de Genève

c est

pourquoi

n

peut

e

reporter

la collection e lettres u

premier ourcomprendre

e milieu

uquel

le

mort

ppartenait65.

eut-être

plus

ntéressantncore

st ce

passage

du troisième es

grands

oèmes pi-

ques

d Avitus,

e De

Sententia

ei

dans

equel,

relatant

a

parabole

van-

gélique

du

Riche t du

pauvre

azare

Luc

XVI

19-31),

évêque

de

Vienne

donneune dée de

ce

qu étaient

es funéraillesénatoriales

la

findu

ve

et

au débutdu

VIe iècle

Mais,

sur es

entrefaites,

a

mort

menaçante

int

rapper

galement

un

et

l autre,

our

ommencer

e

Riche,

ui

n y

avait

amais

cru.Peu de

temps près

e

Pauvre itvenir

a mort ant

ttendue,

t sortit ictorieux

de ses maux tde ses douleurs. eluiquiavaitnaguère rospéréur es

cîmes levées

ut

orté

u tombeaun

un

ortège

unèbre

tipato

unere)

accompagné

ar

es lamentations

fietibus

,

et ses

restes nfermés

n un

59.

Synode

Auxerre

561-605),

.13,

.Gaudemett

P.Basdevant

d.,

p.

it.,

.

,Paris,

1989

Sources

hrétiennes

54).

60.GREGOIRE

E

ours,

ecernibri istoriarum

VII1

61. Vita uthberti

ar

Anonyme,

V

13,

.Colgrave

d.,

wo ives

f

aint

uthbert,

Cambridge,

940voir .Bullough

Burial,

ommunity

nd elief

,

oc.

it.,

.

188.

62.C.F.

Battiscombe,

he elies

f

aint

uthbert,

xford956

G.

Bonner,

.Rollason

et

C.Stancliffe

d.,

aint

uthbert,

is ult

nd is

ommunity

o

AD

1200,

Woodbridge,

989,

spécialement

es

hapitresédigésar

.

Coatsworth,

.

Granger-Taylor,

.Higginst

A.Muthe-

sius,

.

87-366.

63.GrégoireeTours,ibernGloriaonfessorum,4.64.PremiersempshrétiensnGaule éridionale,p. it.,. 2.

65.Voir ndernier

ieu .

N.

Wood,

Lettersnd etterollections

rom

ntiquity

o he

Middle

ges

the

rose

orksfAvitusf

Vienne

,

dans

.A.Meyer

d.,

he ulture

f

hris-

tendom,ondres,993,

.

9-43

ou ncore.N.

Wood,

The udiencef rchitecture

n

ost-Roman

Gaul

,

dans .

A.

.

Butler n

R.K.

Morris,

he

nglo-Saxon

hurch,ondres,

986,

.

4-79

(Council

or ritish

rchaeologyeport

0).

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SÉPULTURES

CCLÉSIASTIQUES

T

SÉNATORIALES 21

sépulcre oré aurato epulchro) ontde précieusesenturespretiosa

lintea)

ecouvraiente marbrelancé

marmorlatum)66.

Si Avitus

résente

es funéraillese

l homme iche e la

parabole

ans

les termes es funérailles

ristocratiques

e son

temps,

es tombes

gallo-

romaines

ouvaient

ien voir té dorées t

couvertes e

précieuses arures.

A

l intérieur,

e

corps

pouvait

ien ui

aussi avoir té uxueusement

êtu,

i

l on en

uge par

es découvertes e

Saint-

ictor

e Marseille t de Saint-

Pierre e

Genève.

L importance

es

parures récieuses

la fois l intérieur

de la tombe

si

l on se réfère

l archéologie)

t à l extérieur

si

l on

se

réfère

Avitus,

u

encore ux

descriptions

es

sarcophages

es saints ans

l œuvrede Grégoire e Tours) ndiquequelquechose d ostentatoireans

les

rituels

unérairese la Gaule du sud

qui

est

trop

ouvent

égligé.

Que

quelques

sarcophages

ientété couverts e

métal

précieux

st

également

attesté

u vír

siècle,

dans le cas des châsses des saints67 de tels trésors

pouvaient

tre isément

mportés ar

des

voleurs.Un autre

spect

du rituel

qui apparaît

hez

Avitus,

t

qui

est

évidemmentbsentdu

témoignage

archéologique,

st la

place

de la lamentation68.

i elle est

fréquemment

attestée l occasionde

la

mort t

de l enterrementes

saints,

lle

peut

bien

avoir té

répandue armi

es autres

atégories

e

la

population

e

l époque

romaine ardive.

Des

funéraillesostentatoires

Le

statut e l élite

gallo-romaine,u elle

fût

aïque

ou

ecclésiastique,

s exprimait

onc ncore

ux ve-vieièclesdans es

sarcophages,

eur ontenu

et leurs

parures,

oireà l occasion dans

l embaumementes

corps69.

es

rites

hrétiens

e

la mort

e

s étaient

pparemmentas

encore

pleinement

développés70,

t,

selon toute

probabilité,

es attitudes evant

a

mortde

l énorme

majorité

e la

population

avaient

as

été

complètement

hristia-

nisées. A ce

propos

a

législation

e Valentinien

II

est

particulièrement

éclairante.

ans

le

préambule

e sa

novelle e 447 sur e viol de

sépultures,

l empereurnterroge

Qui

ignore ue

les

ombres

aisibles

es morts ont

perturbéesar

une

audacemortellet

qu une

horrible

iolence e

développe

ur es cendres

66.

Avitus,

oem.

II,

vers

46-254,

.Peiper

d.,MGH,

uetores

ntiquissimi

t.VI

2),

Berlin,

883.l

revient

ure

thèmees unéraillesanse

poème,

vers02-307.

67. Vita

ligii,

I

32, 1,

.Krusch

d.,

MGH,

criptores

erum

erovingicarum,

.

V,

Hano-

vre,

902. ur a datatione a Vita

ligii

voir

.

Banniard,

Latint ommunicationralen

Gaule

ranque

le

témoignage

e a Vita

ligii

,

dans . ontainetJ.N.

Hillgarth,

e

eptième

siècle

changements

t ontinuités

Londres,992,

.

8-79.

68.

Avitus,

oem.

II,

ers52

V,

vers

03.

69.

Grégoire

e

Tours,

ibernGloria

onfessorum

34 ouPremiers

emps

hrétiensn

Gaule

éridionale,p. it., .

2.

70.F.Paxton,hristianizingeaththaca,990,. 2-55.oirussi.Bullough,Burial,Communitynd elief, oc. it.,.192. oures extesiturgiquesui euventvoirté tilisés

l occasiones unéraillesans

ahautealléeu

Rhône,

ansa

région

umonastèree aint-Maurice

d Agaune,

l époque érovingienne,

oir he obbio issala Gallican

ass-Book,

.A.Lowe

éd.,

he

enry

radshaw

ociety,

VIII,

920,

.

160-161Lictionesn

epositione

acerdotis),

.

161

(

Missa acerdotis

efuncti),

.

162 Lictiones

ro

defunctis),

.

162-163Missa

rodefunctis),

p.

163-164

Orationes

d

defunctum).

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22 i.

wood

desmortsDes tombesont étruitesugrandour t, ndépit e inter-

ditde la

religion,

ne

présomption

acrilège

st devenue

monnaie ou-

rante. ucune

in

n estdonnée ux tourmentses

morts,

uisqu en

lus

de leurs ouffrancesls doiventndurere démantèlement

e eur

itoya-

ble demeure. ar Nous savons en cela Notre oin est

pas

vaine

que

les âmes

qui

ont té ibérées e leur

orps prouvent

es sensations

t

que l esprit

éleste

evient

sa source

riginelle.

e fait st attesté

ar

les

anciens

ivres e

sagesse

t

par

es

mystères

e la

religion ue

Nous

vénéronst adorons. ien

que l esprit

ivinne subisse

as

la nécessité

de la

mort,

es âmes imenta

demeure

es

corps u elle

ont

uittés,

t

pour

ne

mystérieuse

aison lles iment

ouir

e honneure eur

ombe.

On garde traverses sièclesun tel soucipour es tombes ue Nous

voyons

es métaux

récieux

es

montagnes

nvestis n elles d une

manière

xcessivement

épensière,

t

d imposants

onuments

rigés

u

détrimentes

patrimoines.

l

est certain

ue

la

sagacité

es hommes

prévoyants

evrait

efuser

e telles

pérations

ils

croyaientu il

n y

avait ien

près

a mort71.

Cet extraordinaire

iscours urait

u

viser es offrandest les monu-

ments

unéraireses

païens, u ils

fussent omains u barbares

cependant

il

est e

produit

e la cour

mpériale

ui

est

chrétienneu milieu u

Ve

iècle.

Il n est

donc

guère urprenantue

l aristocratieénatoriale t le

plus

haut

clergé

e la vallée du Rhône ient té nhumés vec

beaucoup

d ostentation

au temps Avitus eVienne,même i le débat ntre laudianusMamertus

et

Faustusde Riez sur a nature e l âme

suggère u une

approche lus

théologique

u

problème

u lieu

de

séjour

de l âme

après

a mort vait

davantage

oursdans es citésdu Bassin

du Rhône

u à

la cour

mpériale72.

Qu Ennode

fut

oussé composer

ne

épitaphe ourCynégia ar

on

propre

fantômemontre

ue

les aristocratese milieu

énatorial

t

ecclésiastique

e

Provence t d Italie du Nord

partageaient

e

point

e

vue

de Valentinien73.

Le souci social

pour

es morts st naturellementout fait

ompatible

vec

la doctrinehrétiennee la résurrectiones

corps

dans e Misselde

Bobbio,

la lecture

our

es funérailles es

prêtres

tait iréede

l Évangile

de

Jean,

et

renvoyaitpécialement

ux morts n

monumentis14

L importance

ccor-

déepar es hommes esve-vieièclesaux lieuxd inhumatione reflèteur-tout ans e cultedes saints. n outre n doitnoter

ue

les aristocratese

la Gaule des

Ve-

r

siècles

se

rappelaient

eurs

morts une manière ssez

peu spontanée

c est une vision

ui

a

poussé

Ennode

écrire ne

épitaphe

pourCynégia,

e même

ue

c est un acte

sacrilège ui

a

rappelé

Sidoine

que

la tombe e son

grand-père

tait

dépourvue

e

toute

nscription75.

es

vivants taient out fait

apables

d oublier eursdevoirs nvers es

morts.

Très

proche

du cercle de Claudianus

Mamertus,

pollinaris

e

Valence,

frère Avitus e

Vienne,

ui

peut

bienavoir

élève de

Claudianus,

ut

71.Novellaalentiniani,XIII .

72.E.L.

Fortin,

hristianismet ulture

hilosophique

u

v

siècle

Paris,

959.

73.

Ennode,

CCLXItCCCLXIL

74.

The obbio issalLictionesn

epositione

acerdotis,

ictioancii

evangeli

ecundum

Iohannem,

.

160-161,

après

ean

24-29.

75.

Sidoine,

p.

II 12.

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SÉPULTURES

CCLÉSIASTIQUES

T SÉNATORIALES

23

perturbéar a visiond une colomberouge-sange jouroù il négligeade

commémoreres funéraillese sa sœur76.

On considère

epuis

un certain

emps ue

les

dépôts

unérairese

peu-

vent tre

regardés

omme ndicateurs e

paganisme

u

de

christianisme,

saufdans

quelques

as

spécifiques77.

e

que suggèrent

es sources es

ve-vie

siècles,

dans la vallée du Rhôneen

particulier

t en

Occident

n

général,

c est

que

d une certainemanièrees coutumes

unéraireses

élites

n avaient

que peu changé epuis

a christianisatione

l Empire

ous

Constantin

t ses

successeurs u

IVe iècle. l

y

avait

sûrement ne

liturgie

hrétiennet de

nouvelles endances ans

la

rhétorique

es

épitaphes

il

y

avait aussi un

développement

e formes

inhumations

lus simples, eut-êtrelus

ascé-

tiques.Mais pour essentiel l n y avait eu aucunerupturevec le rituel

ostentatoire

el

que

ValentinienII

l évoque

dans

sa

novelle e 447 à

propos

des monumentsunéraires

t tel

que

le dévoilentes

plusélégants arcopha-

ges.

Surtout,

andis

que

les

théologiens

hrétiens

ercevaient

es morts

comme n attente e résurrectionans eurs

ombes,

ttandis

ue l empereur

pensait ue

les âmes entretenaientvec les tombes n lien

particulier,

es

funérailles t l élévation

des

monuments unéraires emblent voir été

vécues commedes

pratiques

ociales

plutôt ue théologiques78.

Vues sous cet

angle,

es

pratiques

unéraireses élites

gallo-romaines

des

ve-vie

iècles ne sont

guère

faciles

distinguer

e celles des nouveaux

venus

burgondes

u francs. e

typed objets placés

dans une tombe u le

styleprécisde celle-ci sarcophage u cercueil pouvaient ien différer

suivantes

préférences

un

groupe

mais e caractère stentatoirees funé-

raillesconcernait

importe uel

membre

es élites

de

la Gaule romaine

tardive ussi bien

que

de la Francia

mérovingienne,

ême il se

peut ue

les Gallo-Romains

y

soientmoins donnés

ue

les aristocrates

urgondes

ou francs.l est

par

illeurs

mportant

e

rappeler

u une

bonne

art

u faste

des funéraillesénatoriales este nvisible ux

yeux

de

l archéologue

les

lamentations

apparaissentas

à

la

fouille,

t es

soieries,

ui peuvent

voir

eu

plus

de valeur

ue

les

armes

t les

plaques-boucles

t étaient ûrement

plus exotiques uisqu elles

venaient e

Constantinople

t

par

à de

Chine,

n ont

ue

rarementurvécu. n a eu

trop

endance sous-estimere carac-

tère

ostentatoire

ue

les

élites

gallo-romaines

onnaient leurs

façons

de

mourirt d enterrereursmorts, our a pureet simpleraisonqu ils les

ensevelissaient ans des

sarcophages ui

étaient

rop

acilement

illés

ou

réutilisés,

t à cause

de

l importanceu ils

accordaient

ux étoffes

récieu-

ses

plutôt u aux bijoux

et aux armes79.

Traduit e

l anglaispar Stéphane ebecq

76.

Avitus,

d.13-14.

77.D.

Bullough,Burial,

ommunity

and

elief

,

oc.

it.,

.

189 A.

Dierkens,

Cime-

tières

érovingiens

thistoire

uhaut

oyenge. hronologie,

ociété,

eligion

,

dans istoiret

Méthode.

ruxelles,

981

Acta

istórica

ruxellensia,

.

V),

.

15-70;

d.,

Les urvivancesu

paganisme

,

dans .

Perin

t

.

C.

Feffer

d.,

aNeustrieles

ays

unorde aLoiree

Dagobert

à

Charles

e

Chauve

vir-

Xeiècles

,

Rouen,985,

.

144 d.

Quelques

éflexionsur

implantation

du hristianismenpaysmosanuhaut oyenge,dans hristianisationtdéchristianisationAngers,986,. 0-51PublicationuCentreerecherchesHistoireeligieusetd histoirees

idées,

.

X).

78.D.

Bullough,Burial,

ommunity

nd elief

,

oc.

it.,

.

187

«

Burials matterf

public

oncern

n

efencef

rivate

r

kinright,

ot f

heologicalrinciple

.

79.Je

emercie

téphaneebecq

t

imon

osebyour

eurs

nformations,

n

articulier

ur

les ouilleseMarseille.

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24 I. WOOD

Annexe

H.J.

osse,

ontribution

l étude es

difices

ui

ont

récédééglise

eSaint-

Pierre-ès-LiensGenève

op.

cit.

note 7),

p.35-45.

esnotes

ccompagnant

e

texte e Gosse

ontci

reproduites

notes 0-90).

«

Au-dessousesdalles tait e a terre

égétale,

ans

aquelle

ndécouvrit

n

tombeau

...).

l

fut uverte

18octobre

869,

quatre

eurese

après-midi,

n

présence

eMM.

e

docteur

iguière,

embreuConseildministratif

Haering,

organiste

Pélissier,

ontre-maître

Mornal,

uvrier,

tdu

docteurosse.

Ce

tombeau,

n forme

auge, résentait

ne

ongueur

xtérieuree 2 m25 et

intérieure

e 2 m

07,

une

argeur

xtérieuree0

m

0 et ntérieuree0 m53 à la

tête,

xtérieure

e

0

m

57

et ntérieuree 0 m37 aux

pieds.

l était ecouverte

deux alles nies

ar

du

mortier,

rienté

ers a

partie

édianee l abside t

présentaitneégèrenclinaisonlapartieupérieureu ombeau,orrespondantà la

tête,

tait 1 m70 du olde

église

ctuelle,

andis

ue

a

partie

nférieure,

correspondant

ux

ieds,

e trouvait

m20

plus

as.

auge

st

aite une

ierre

blanchâtre,endre,

ont ous

e

onnaissons

oint analogue

ans

os

nvirons80.

Extérieurement,

e tombeau

résente

esornements

éométriques,egments

e

cercles,tc.,

racésvidemment

our

a

plupart

vec n nstrumentel

u un

om-

pas.

Cette rnementatione

retrouve

réquemment

ans es tombeauxe cette

époque,

ten

particulier

ans e

Midi e a France. ous ndonneronsomme

exemple

extrémité

une

uge

écouverteans

es

fouilles

ue ai

faitesSaint-

Pierree

Mouillères,

rles

...).

A

sa

partie

édiane

t

nférieure

e voit ne uvertureirculaireenviron

m 5

de

diamètre,

uipour

ous st estée

ncompréhensible.

Aumoment

e ouvertureu

arcophage

ous

perçûmes

notre

rand

tonne-

mente

corps

un

cclésiastique,arfaitement

onservét

présentant

esformes

qu il vait u momentù lfut éposé ans a tombe. ansun eul ointonvoyaitesos, était la tête.neffet,umomente ouvertureu arcophage,

quelques ragments

e

gravier

tant

ombés,

a

figure

vait

isparu.

ans ette

circonstance

ccidentelle,

ous

urions

u

nous endre

ompte

e a

physionomie

dudéfunt.

Ce fait e a

conservationesformesun adavrenhumé

epuis

i

ongtemps

été onstaté

ar

moi deux

eprises

l une ans es tombeauxe a

Balme,

n

Savoie,

t autreansecas

présent.

ais a conservatione elui

ui

nous

ccupe

était

ncomparable,

autant

lus ue

e vêtementont

l

était xtérieurement

revêtu,

ous

pparut

vec a

couleur,

iolet

ntense,

raiment

agnifique.

ette

colorationubsista

uelques

inutest

disparut

lors

our

aire

lace

une

einte

d un run

ouge

oncé.

Le

corps,ong

e

m90,

taittenduur

e

dos,

a

tête

égèrement

nclinéeur e

côté roitt esbras

roisésur abdomen.e

sommetu râne était

u à

0m06

de a

partieupérieure

e

auge,

t es

pieds,

ecouverts

e

haussures,

ouchaient

lapartienférieure.esvêtementsedescendaientu un eu u-dessousugenou,

laissantes

ambes

isibles.

elles-ci,

ssez

cartées,

taientecouvertesune

étoffeoiren

aine,

erréeontrea

ambe u elle

essinaittmontaitu moins

jusqu au enou correspondant

ce

que

Fr.Bockit ans onHistoireesvête-

ments

iturgiques

...).

Cette

toffeété

désignée

ar

esdifférentsuteurs

ous

le nom e tibíala

...).

Après

voir ait n

roquis

...)

représentant

a

position

u

orps

elle

ue

nous a

constations,

ous oulûmes

oucheres

vêtements,

ais cet nstant êmea

forme

xtérieureu

corps

isparut.

Touteses

hairstaientéduitesl état

e

poussière

oirâtret esvêtements

n

grandeartie

étruits.es tissus

omposant

es vêtements

ue

nous vons

u

conserver,

ont

une riabilitéxcessivet eurs

ibresont omme

arbonisées,

80.Danses echerchesltérieuresue aieu occasionefaire,esuis rrivédéterminerque etteierrevaitû trextraitees arrièrese aint-Remirès Arles,ui nt té n entre

de abrication

norme

our

es ombeauxe ette

poque.

n evaiteuraireemonter

eRhôneur

les

arques,uisque

ousn

vons

onstaté

rès

u

pont

aint-Esprit

outn

hargementisant

u

fondu it u leuve.on e

oit,

u

este,

as

ublier

ue

Genève

ut,

u

point

e ue

cclésiastique,

jusqu en

50,

ousa

dépendance

Arles,

t

ue

en est

ue

epuis

ette

poqueue

Vienneevint

notre

utorité

étropolitaine

...).

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SÉPULTURES

CCLÉSIASTIQUES

T SÉNATORIALES 25

aussi est-ceu àgrandeeine uenous vonsssayé e esdistingueresuns

des utres

td obteniresdonnéesxactes

ur eurs ormest esdétails

ui

es

caractérisaient.

Nous n vons onstatérois

u

quatre,

uperposés

es

uns ur es utres

1. Un

vêtementxtérieurn oievioletteans

manches,

ecouvrantesbras t

es

mains,

escendaitn

eu

u-dessous

u

genou.

n urlet

yant

m

07

de

argeur,

fait une toffeemême

ature

ue

e reste u

vêtement,

près

voir aite tour

du

col,

descend

erpendiculairement

la

partie

édianee a

poitrine.

omme

vêtement

iturgique,

l me emble

ue

e ne

peut

tre

u une hape,

t ela

pour

lesraisonsuivantes

sa

forme,

a

place u iloccupe,

nce sens

u il

recouvre

touses utres

parce ue

a

chape

ientn

ang

levé anse costumeacerdotal

qu elle

emonte

l origine

ême e

église

soit

nfin

arce ue

la Francet

lescontrées

eptentrionales

e

Europe

onservèrent

endant

e

ongues

nnées

l usage

e a

dalmatique

tdu

pluvial

81. e fait

u il

st n oie iolette

e

peutêtrelléguéommebjectioncettettribution,orsqueous oyonsierreia-

cre,

ans a

chronique

u

Mont-Cassin,

ire

u Alexis,mpereur

eConstantino-

ple, nvoya

saint enoît nmanteaue

pourpre

ont

abbé uMont-Cassinit

un

pluvial.

Pallium

urpureum

ptimum

e

quo

bbas

luvialeaciens

82. u

reste,

ien

vant,

ès

e vr

siècle,

a couleur

ourpre

était

ntroduiteans e

vestiaire

iturgique,

otamment

our

a confectiones

hapes

tdes

hasubles

3,

et est insi

ue

les

mosaïques

e

Saint-Georges

Thessalonique,

u

Ve

iècle,

figurent

es

rêtreséjà

habillésu

phelonion,

êtement

iolet

,

soit ne

spèce

de chasuble.

2. Unvêtementn oie

ui

nenous

pas

emblévoir e

manchestdescendait

jusqu au-dessus

es

genoux.

l était oublé

comme

ela e

remarqueuelquefois)

par

n issu ntoile e chanvre.

n

galon

e 0

m

1 de

argeur,résentant

ous

les

cinq

entimètresn rnement

ctogone

issé nfil

or,

rnaite tour u ou

etdescendaitur

e

devante

a

poitrine

sa

partie

édiane,

usqu à

a hauteur

de a ceinture...).

Un

galon, artant

e a

partie

upérieure

es

paules,

escendait

bliquement

ur

la

poitrine

our

e

rejoindre

ersa

partie

nféneureu ternum.e

galon

n

oie,

de deux

argeurs

ifférentes,

e 0

m

029 et de 0

m

2,

présente

esornements

brochésn

fils

or.

e dessin ecesornements

arie,

t

nous n vons

u

recon-

naîtreu

moinsrois

ypesrincipaux,

esquels

e

répètent.

eux entreux

ont

des

roix,

es

quatrefeuilles

u des ettresont ous avons

u

préciser

e sens

(...).

En

revanche,

etroisième

...)

nous

spécialement

rappé.

l offrene ertaine

analogie

vec unde ceux

ue

onvoit ur es

galons

e

a chasublee Saint-

Thomas

e

Cantorbéry

Tournai

...),

t

e

rapproche,

un utre

ôté,

normé-

ment e ceux

ue

on constatésur es toffese

soiebrochéeesu

ve

tvr

siècles,

rouvéeses dernièresnnées

Achmin85.

n étudiant

pécialement

es

dernières

toffes86,

n finit

ar

e rendre

n

comptearfaitement

xact

ue

e

dessin

ui

nous

ccupe

est

ue

a

dégénérescence

une

eprésentation

uvase

eucharistique,où ort ne ige epampreortantes euillestdes aisins,ujet

représenté

i souventn Orientur esvêtements,ais ue on trouveussi

fréquemment

ans es

monuments

eligieux.

A

appui

enotre anièreevoir

e oins

cidesdessinseces

toffes,

ris

ans

le travaile

M.

Gerspach

...),

dans

esquels

n

pourra

onstateracilement

a

transformation

ece

motif,

ui,

u

reste,

eut,

n

e

complétant,rendre

n éve-

loppement

rès

emarquable.

en onnerai

omme

xemple

...)

e

coin

un in-

ceul

opte,

onservé

u musée

rchéologique

e

Genève,

ans

equel

nvoit es

oiseaux

enir

oire ans

e vase

acré,

où ortent

es ameauxe

vigne

hargés

de

raisins,

ntourant

enfantésus

...).

Ce

sujet

pparaît,

u

reste,

ussi ux

ve

et

VIe

iècles,

ans

es

pays ui

nous

nvironnent,

insi la cathédrale

e

Vaison,

81.C. de

Linas,

nciensêtements

2e

érie,.

0.

82.RohaulteFleury,mMesseVIII, . .83. d.VIII. . 8.

84.

d,

VII,

.

117.

85.

Forrer,

ömischend

riechische

eidentextilien,

lanche

V,

ig.

,

p.

.

Gerspach,

Les

Tapisseriesoptesfig.

34,

43.

86.

Forrer,

p.

it.,

ig.

,

.

16,

lanche

,

ig.

.

Gerspach,

p.

it,

ig.

9,

8. Rohault

de

Fleury,,

planches

VI, XV, XIV,

XVII.

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26

I.

WOOD

àAuriol,Saint-VictoreMarseille,Faverierès Aix. absenceemanche,

le

mode

ornementation,

esorfrois

or,

oiventous aireonsidéreres issus

dont

e

viens e

parler

omme

yant

ait

artie

une

hasuble,

tviennentinsi

corroborer

opinionue

nous vons

mise,

ue

e vêtement

e

plus

xtérieurtait

bien

n

pluvial.

3.

Deux

issus une

rande

inesse,

ui

paraissent

voir téfaits vecdu

in,

superposés,aperçoivent

u-dessousu vêtement

récédent.eprésentent-ils

deux êtementsistinctsC est e

qu il

nous été

mpossible

e

déterminer.

ls

présentent

ous

eux

esmanchesssez

mples

tdescendentur es

ambes

u

moins

m

15

plus

as

que

a chasuble.ls

étaient

errés

utoure

a

taille

ar

une ande étoffeervant

eceinture.e sont

videmment

eux

unicelles,

ais

rien enous

ndique

ue

on

puisse

es

ualifier

e

dalmatique

u

d aube,

enant

ainsi onfirmer

opinion

e

M.

Rohault

e

Fleury,orsqu il

it

«

Il n est

as

isé

à

l origine

e

distingueraube,

est-à-direa

tunique

ntérieure

ue

nous errons

plus arda recouvrirans a cacherntièrement»87.en en i pasconstaté

gauche,

ais

e

ne

puis as

dire

u il

n en it

pas

xisté,

u état

es

fragments

dans ette

artie.

Si

l on

vait etrouvé

es laves u desborduresur esmanchesuvêtemente

plus uperficiel,

n aurait

u

admettrene

almatique

mais ous avons ien

remarqué

ur

es

manches,

tnous avonsonstaté

u une

ande étofferochée

sur a

partie

ntérieuree a

poitrine

tun

eu

droite88,

t ncore

était-elle

as

attenantel étoffe

ous-jacente

...).

Cette

ande,

ont a

largeureut

aner,

mesure

n

moyenne

m 6 et

présente

ommernementationesdessins

éomé-

triquesuirappellent

n

peu

ous e

rapport

orfroiucollet e a chasublee

Saint-Regnobert

Bayeux89.

l une e sesextrémitése trouvene

range

e

0 m 3 de

longueur.

ette

range

eut

aire

upposer

ue

ce tissu fait

artie

d une tole nous

oserions

affirmer,

uoique

e ne oit

ointmpossible.

proviennent

esétoffesLa

réponseour

moine

peut

tre

outeuse,

t es na-

logies ue ai signaléesvec autresissusndiquentuffisammentu ellesnt

une

origine

rientale,

ans

ue

on

puisse

ire i ellesont té

mportées

e

Constantinople

u d Alexandrie.

Nous vons

ndiquélus

aute vêtement

ui

recouvraites

ambes,

l nous

este

à dire

uelques

ots e a chaussure.elle-citait ormée

unmorceaue

cuir,

faisante tour u

pied

t

ousu ur e bord

nterne,

etelle orte

ue

ette

nique

pièce

onstituea

semelle,

empeigne

t

escôtés. ette

andale,

ointue

son

extrémité,

avait i ontrefort

i

uartier.empeigne

vait té enduesa

partie

médianeur ne

ongueur

e 0

m

8,

tcette ente été

garniear

nmorceau

de cuir

eplié,equel

dhérait

u reste e a sandale

ar

ne outure.a

sandale,

depuis

on xtrémité

usqu au

alon,

esure

m 17.Des deux

ôtés

e a fente

de

empeigne,

on onstateeux rous

ui

ervaientu

passage

e deux

acets

en

cuir,

yant

m25 de

longueur

t devantoit étrécira

fente,

oit eliera

sandaleu basde a

ambe90.

Ian

Wood,

School

of

History, niversity

f

Leeds,

Leeds LS2

9JT,

Royaume

Uni

Sépultures

cclésiastiques

t sénatoriales ans la

vallée

du

Rhône

(400-600)

Cet article eut clairer

es

conditions

e l inhumationes élites hré-

tiennes ans e bassindu Rhône

ux ve-vie

iècles. ont

mises contri-

87.RohaulteFleury,II, . 1.88.Je enipas onstatégauche,aisene uis as ireu il enit as xisté,u état

des

ragments

ansette

artie.

89.Rohaulte

Fleury,II,

.

141,

lanche

LXXVI1.

90.Nousvons

ignalelus

aut

ue

ors e

1

uverturee a

tomben

eu

e

gravier

tait

tombéura têtet vait étruitette

artie

c est

our

etteaison

ue

e

ne

puis

onnerucun

indice

e

acoiffure

ui

evait

ertainementxister.

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Médiévales1, utomne996,p. 9-36

Patrick

PÉRIN

SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS,

PREMIÈRE

NÉCROPOLE

DES ROIS

DE

FRANCE

En

558 Childebert

er,

'un des

quatre

fils de

Clovis,

fonde Paris

l'église

Sainte-Croix-et-Saint-Vincent

plus

tard

ppelée

Saint-Germain-

des-Prés. ette ondation

naugure

hez es

Mérovingiens

n nouveaumode

de

sépulture,ui

sera désormais elui des rois de France1.

Des funéraillespaïennes aux funérailleschrétiennes

Roi francmais ussi administrateure la

province

e

Belgique

econde

pour

e

compte

e l'autorité omaine

n

Gaule,

Childéric

er

f

en

481

ou

482),

père

de

Clovis,

tout n

ayant

manifesté es

sympathies

our

'Eglise

comme

n

témoignent

es relations

u'il

entretint

vec sainte

Geneviève2,

était

ncore

païen.

l futdonc enseveli uivant

'usage

des élitesbarbares

de

son

temps,

omme e montrea

tombe,

écouverteortuitementTournai

en

1653

et

soigneusement

ubliée par Jean-Jacques

hiflet3,

t diverses

trouvailles

ontemporaines4.

evêtude la tenue

'apparat ui empruntait

la

fois celle des officiers

upérieurs

omains

notamment

e

paludamentum

et la fibule ruciformen or) et à celle des chefsbarbaresbracelet n ormassif,

pée

et scramasaxe e

parade,

insi

que

des accessoires estimen-

taires décors 'orfèvrerie

loisonnée),

t

accompagné

e divers

bjets er-

sonnels

restant

e son

armement,

arnais e son

cheval),

l

fut raisembla-

blement

éposé

dans

une chambre unéraireaite e madrierst surmontée

d'un vastetumulus. la

périphérie

e celui-cifurentreusées rois osses

dans

lesquelles

on enterraes chevauxde l'écurie

royale,

battus

our

a

circonstance5.hildéric

ut e dernier oi franc bénéficier 'un tel faste

1 A.

Erlande-Brandenburg,

eroi stmort.tudeures

unérailles,

es

épultures

t

es

tombeauxes ois eFrance

usqu'à

a

fin

u

ur

iècle

Paris,

975.

2. M.HeinzelmantJ.-C.

oulin,

esvies nciennese ainte enevièvee

Paris.

tudes

critiques,aris,986.3. J.-J.hiflet,nastasishilderici.Francorumegisive hesaurusepulchralis,ornaci

Nerviorum

ffossus

t ommentario

llustratus,nvers,

655.

4. M.KazanskitP.

Périn,

Le mobilierunéraire

e a tombeeChildéricer. tat e a

question

t

erspectives

,

Revue

rchéologique

e

Picardie,-4, 988,

.

13-38.

5.

R.

Brulett

l.,

es

ouilles

u

uartier

aint-BriceTournai.'environnement

unéraire

de a

sépulture

e

Childéric,vol., ouvain-la-Neuve,

990t1991.

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30

P. PÉRIN

funéraire.a conversion t le baptême e son filsClovis ervers496/499)

allaient n effet

rovoquer

n

changement

adicaldes coutumes unéraires

de la

dynastie,

ont es lieuxde

sépulture

eraient ésormaisndissociables

des

églises.

Au lendemain e

son

triomphe

Tours

508),

Clovis

prit

aris

pour

capitale

t

décida

d'y

construiren mausolée

dynastique u'il

édifia vec

Clotilde

sur

la

tombede sainte

Geneviève

t

502)

et dédia aux

Saints-

Apôtres6.

'est

effectivementn ce lieu

que,

devenu oi des

Francs,

l fut

enterrén

511,

non

pas

dans a

confession

britante

sarcophage

e sainte

Geneviève,

omme e veut une traditionenace et

erronée,

mais dans

le

sacrarium e

l'édifice,

'est-à-dire ans une annexe

dont a

première

ha-

pellerayonnanteord e l'ancienne gliseSainte-Geneviève7pu reprendre

le

plan,

sinon même es fondations. a tombe

royale

n'ayant

ait

'objet

d'aucune

description

vant

a

disparition

u

sacrarium

accomplie

u

plus

tard

u XIe

iècle

ors de

l'agrandissement

e

l'église

Sainte-Geneviève,

n

ne

peut

e livrer

son

propos u'à

des

conjecturesue

les données rchéo-

logiques

ne

permettent

as

actuellemente confirmer.n est

cependant

n

droitde se demander

i le roi des

Francs,

déjà

considéré e son vivant

comme n nouveau

onstantin8,

e fut

as

amené

par

on

entourage

lérical

et savant

adopter,

n même

emps ue

d'autres

sages,

e modede

sépul-

ture

ui

était lors elui

des

empereurs

yzantins,

'est à diredes

sarcopha-

ges placés

à même e sol

(ou

dans des

arcosolia)

d'une annexe

funéraire,

comme vaient té ensevelis onstantint ses successeurs uxSaints-Apô-

tres e

Constantinople9.

n aurait

ar

a suite

perdu

oute race e la tombe

de

Clovis,

détruite

orsdes

raids

vikings

u IXe

iècle,

nfouie ur

place

ors

de

l'agrandissement

u sanctuaire u transféréeans celui-ci

cette cca-

sion

0.

Malgré

e souhait e

Clovis,

es

Saints-Apôtres

e Paris ne servirent

pas

de mausolée

la

dynastiemérovingienne

seuls deux de ses

petits-fils,

une

de ses filles t Clotilde

t 544)

y

furentnsevelis.

uivant

e modèle

de leur

père,

au moinsdeux des fils de Clovis

choisirent e

placer

eur

sépulture

ans

es

églisesqu'eux-mêmes

vaient ondées. e

sarcophage

e

Childebert

er

51

1-558),

ut nfoui ans e sous-sol

u sanctuaire e

Sainte-

Croix-et-Saint-

incent e

Paris,

tceluide Clotaire

er

51

1-561)

de a même

manière Saint-Médarde Soissons11. ourautant u'on en puisse uger

par

des sources

istoriques

t

archéologiquesarcimonieuses

2,

eule

Sainte-

Croix-et-Saint-Vincent

evint ne véritable

écropole

oyale,

tilisée

épi-

sodiquement)

u

moins

usqu'en

675

par

es rois de

Neustrie,

ien

qu'elle

ait été en

partie

elayée ar

Saint-Denis

partir

e

Dagobert

er

628-639).

En

revanche,

aint-Médard

e

Soissons,

ù fut ncore nhumé

igebert

er

6. P.

Périn,

vec

acoll. eP.

Velay

t

.

Renou,

ollections

érovingiennes

Paris,

mpri-

merie

unicipale,

985

Catalogues

'Artt 'Histoire

uMusée arnavalett.

I), .

148

q.

7. P.

PérinLa tombeeClovis

,

dansMedia

nFrancia.ecueile

mélangesfferts

Karl-Ferdinand

ernerl'occasion

e on 5e nniversaire

ar

es mis t

ollèguesrançais,

Maulévrier,

érault,989,

.

63-378.

8. Ceparallèlestoulignéar régoireeTours,ibriistoriarum, .KruschtW. evi-son d., anovre,936-1951MGH,RM,1), I,31.

9. Cf.

érin,

occit. ote

,

p.

66

q.

10.Voir

es iverses

ypotheses,

bid.,

.

71

q.

1 K.-H.

rüger,

önigsgrabkirchen

er

ranken,

ngelsachsen

nd

angobarden

is

ur

Mitte

es .

Jahrhunderts.

in

istorischer

atalog,

unich,

971.

12.

bid.

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ST-GERMAIN-DES-PRÉS,

REMIÈRE ÉCROPOLE ES ROIS 3

1

(t 575), filsde Clotaire, e s'imposapas par a suite, ans doute n raison

de sa situationn Neustrie. i

plusieurs

ouverains ustrasiens

urentnter-

rés

Metz,

eur

apitale,

es

autres,

e même

ue

les rois

burgondes,

'eurent

apparemment

as

de lieu de

sépulture ynastique.

'est

en ce sens

que

la

nécropolemérovingienne

e Sainte-Croix-et-Saint-Vincent

e Paris

ffre n

intérêt ocumentaire

xceptionnel

3.

De Sainte-Croix-et-Saint-Vincent Saint-Germain-des-Prés

On a

longtemps

dmis

ue

l'ancienne

asiliquemérovingienne

ainte-

Croix-et-Saint-Vincentvait té fondée arChildeberter511-558/559)u

retour e son

expédition

e 542

contre es

Wisigoths

4

:

il

aurait

lors

rap-

porté 'Espagne

deux

reliques

restigieuses,

a

tunique

e saintVincent

e

Saragosse

t unecroixd'orfèvreriee

Tolède

renfermant

eut-être

n

frag-

ment e bois de la Vraie

Croix).

Cette

radition,

elatée

ar

e Liberhistoriae

Francorum

5,

'est n fait

tayée ar

ucune

ource ûre 6.

uant

Grégoire

de

Tours,

ontemporain

es

faits,

l est en la matière ort

aconique

ans es

Dix livres 'histoires

t

indique

eulement

ue

Childebert

ut nterré ans

la

basilique qu'il

avaitconstruiteui-même

17.

Comme

on a

pu

établir

ue

le

précepte

e fondation e

la

basilique

Sainte-Croix-et-Saint-Vincent,

atédu 6 décembre 58

18,

'est

pas

un

faux,

mais seulementa copiemaladroite,u Xe iècle,d'un acteauthentique,n

peut

admettre

ue

la

basilique

futfondée l'initiative

e saintGermain

(évêque

de Paris

depuis

556),

sur

un terrain aisant

artie

u fisc

d'Issy,

t

qu'elle

n'était

as

achevée

la fin e

558. C'est

pourquoi

hildebert,

entant

sa fin

pprocher,rit

oin

de faire onation e ce fisc

l'église,

fin 'assu-

rer

'entretiene son

clergé.

Ceci est

confirmé

ar

a Viede Droctovée

fin

du

XIe

iècle)19

ont

'auteur,Gislemar,

it avoir u

connaissance 'un

pri-

vilège

d'immunitée

Clotaire

er

n datedu 23 décembre 58

(ou

559),

qui

signalait

a coïncidence ntre a mort e Childebert

t la dédicace de

la

basilique

Saint-Vincent.

cettemêmedate

saint

Germain,

ui

avait

placé

son

disciple

Droctovée

la têtede la nouvelle ommunauté

onastique20,

fit onfirmerarClotaireer tpar esévêquesprésentse privilège 'immu-nité dontdevait

ouir

la

basilique

Saint- incent

afin

surtout 'éviter a

13.

PÉRIN,

p.

it. ote

,

p.

68 t

q.

14.Cf. ntreutres .

Vieillard-Troiekouroff,

.

Fossard,

.Chatel t

Ç.

Lamy-Las-

salle

«

Les nciennes

glises

uburbaines

eParis

ivc-xeiècles)

,

dans

aris t

le-de-France,

Mémoires

e

a

Fédérationes ociétés

istoriques

t

rchéologiques

eParist e

V

le-de-France,

t.

XI,

960,

.

0.

15.Liberistoriae

rancorum,

rusch

d., anovre,

888MGH

SRM,

I),

hap.

6,

.

84.

C'est

Abbon,

e

iège

e aris

ar

esNormands

Waquet

d.,

aris,

942),

.

01-302

t

08-309,

p.

8,

ue

'on

oit

uelquesrécisions

uracroix'orfèvrerie.

16.Cela été émontré

ar

.DérensLes

rigines

eSaint-Germain-des-Présnouvelle

étude

ur esdeux

lus

ncienneshartese

'abbaye

,

Journales avants

anvier-mars

973,

p.

8-60.

17.GrégoireeToursp. it. ote, II, 9.18.R.deLasteyrie,artulaireénéraleParis1. 528-180),aris,mprimerieationale,

1887

Histoire

énérale

e

Paris),

°

,

p.

-5.

19.

Gislemar,

ita roctroevi

bbatis

arisiensis,

rusch

d., anovre,

888

MGH,

RM,

VII),

hap.

I,

12.

20.Saint-Vincenttantinsi

'un

es

lus

nciens onastèreseParis.

f.H.

Atsma,

Les

monastèresrbains

u orde a

paule

,

Revue'Histoiree

'Église

e

rance,

.

2,

976,

.

173.

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32

P. PÉRIN

nominationes abbéspar es évêquesde Paris).On peut ncore nférere

ce

privilège ue

la

basilique

tait e

plan

ruciforme,

nedonnée

mportante

pour

on histoire rchitecturale.aintGermain

oua

ainsi un rôle essentiel

dans a fondation e la

basilique

Sainte-Croix-et-Saint-

incent.

Quelques

années

près

es funérailles

e

Childebert,

aint

Germain

t

576)

fut nhumé ans un

portique

porticus)

u sanctuairet de nombreux

miracles e

produisirent

ur on tombeau21.

n

comprend

onc

que

le voca-

ble de saint

Germain

it

progressivementemplacé partir

u

vif

siècle

celui de saintVincent

ui,

néanmoins,

st encore ttesté

usqu'au

xne iè-

cle22.

La

nécropole royale mérovingienne

La

basilique

de

Saint-

incent,

e même

ue

les

basiliques arisiennes

des

Saints-Apôtres

t de

Saint-Denis,

ut 'une des

principales écropoles

de la

dynastiemérovingienne

t,

de

558

à

675,

elle

reçut

es

sépultures

e

la

plupart

es roisde Neustrietd'un

grand

ombre e leurs

roches,

omme

l'attestentes sources crites23Childebert

t

558)

et sans

doute

a femme

Ultrogothe,hilpéric

er

t

584),

sa femme

rédégonde

t

618/619)

t

deux,

sinon rois

e leurs

fils

Clovis,

Mérovée t

peut-être

hierry),

lotaire

I

(t

629)

et sa femme

Bertrude,

hildéric

I

(t

675),

Bilihilde

t

leur fils

Dagobert.

L'approche rchéologique

u monumentu Haut

MoyenÂge

ne

peut-

être issociéede celle de la

nécropole

ui

lui est

associée,

u'il s'agisse

des

sépultures oyalesmérovingiennes

u des innombrablesnhumationsd

sanctos

ui

s'accumulèrentutour u sanctuaire u à l'intérieur.

Jusqu'aux

ravaux e

1656,

des

gisants

emontant

l'époque gothique

marquaient

ans le chœurde Saint-Germain-des-Prés

'emplacement

es

tombes e Childebert

er,

Ultrogothe,

e

Chilpéric

er,

e

Frédégonde,

e

Clotaire

I,

de

Bertrude,

e Childéric

I,

de

Bilihilde t de leurfils

Dago-

bert24. e

l'époque mérovingienne

ux

transformationsu XIIe

iècle,

on

semblait onc avoir conservé e

souvenir,

ue

l'on estimait

récis,

de la

21.En émoignentes écitsontemporainseGrégoireeTourst eFortunat,uteure a

Vita

.

GermaniGrégoiree

ours,

iber

n

loriaonfessorum

Krusch

d., anovre,

885

MGH

SRM,,

2),

8 Venance

ortunat,

ita.

Germani,

piscopiarisiaci,

rusch

d., anovre,

920

{MGH,

RM,

II),

.

72-418.

n

eut

oter

ue,

andis

ueGrégoire

eToursonne

l'église

a

seuleitulatureaint incent

Libern

loriaonfessorum,

8 Libri istoriarum

,

p.

it. ote

,

IV, 0,VI, 6,VIII,

0 t

33),

ortunate imitecelle eSainteroix

Vita.

Germani,LII,

p.

98).

e

martyrologe

'Usuard

ixeiècle)

onfirme

ependant

a doubleitulature

rimitive:

Usuardi

artyrologium,

ans igne

L,

.

CXIV,

ol.

30. elle-ci

pparaît

galement

anse es-

tament'Erminethrude

Lasteyrie,

artulaire...,

p.

it. ote

8,

°

4,

.

1

voir

ans

érin,

ol-

lections

érovingiennes,p.

it. ote

,

p.

18

q.,

a dernièreditione et

cte

ar

.Atsmat

J.

ezin).

22.

Lasteyrie,

artulaire...,

p.

it. ote

8,

°

2,

.

18 n°

5,

.

2 n°

2,

.

9 R.Pou-

pardin,

ecueiles hartese

'abbaye

e

aint-Germain-des-Prés

es

rigines

udébutu uriè-

cle, aris,

909

Société

e 'HistoireeParistde

'Île-de-France),

°

X,

.

13 t

X,

p.

15,

n e

qui oncerne'associatione a titulatureaint ermaincelle e aint incentès e vif ièclen° ,p. 9, I,p. 0 tLU, . 2, n equi oncernea survivancee a titulatureaint incent

jusqu'aux

r-xiriècles.

23.L'étate

plus

omplet

e a

questionigure

ans

rüger,

p.

it. ote

1,

.

103

q.

24.Dom .

ouillart,

istoireeV

bbayeoyale

e aint-Germaines

rez,aris,

724

Dom .

Ruinart,

e

regali

bbatiaancti

ermani

pratis,

699

à

a uitee 'éditionesŒuvres

de

Grégoire

e

Tours),

ééd.

igne,L,

.

XXI,

ol. 94.

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ST-GERMAIN-DES-PRÉS,

REMIÈRE ÉCROPOLE ES ROIS 33

disposition rimitive es sarcophages oyaux.Des travaux xécutésen

1645-1646

dans e

chœur

e

l'abbatiale,

l'occasion de la constructionu

nouveau

maître-autel,

ntraînèrenta réfectionu

pavement

t a découverte

de

plusieurs épultures.

n

1656

de nouveaux

ravaux urentffectuésans

le chœur

our aménager

es

stalles on crut onstater

ue

les

sépultures

découvertes ix ans

plus

tôt vaient té alorsbouleversées

ar

es ouvriers

cette

ois

es

«

tombeaux

(c'est-à-dire

es

gisants othiques)

es souverains

mérovingiens

urent

éplacés,

insi

que

les

sarcophages ous-jacents ui

étaient ensés eur

correspondre,

t

notamment

eux de

Childéric

I et de

Bilihilde,

andis

ue

d'autres

arcophages

e

pierre

t

de

plâtre

taient

mis

au

our.

Ces diverses rouvailles

'ayant as

fait

'objet,

emble-t-il,

e

pro-

cès-verbauxontemporains,n ne les connaît ue par a relation e Dom

Bouillait,

argementostérieure

1724),

mais

fort

récieuse

ar elle

paraît

reposer

ur a transmissionrale

de

témoignages25.

La tombe de Childéric

II

(f

675)

Selon Dom

Bouillait,

e contenu e

plusieurs

es

sarcophages

uverts

en 1656 était ntact t on

y

observades

corps enveloppés

e suairesou

encorehabillés

sans

que

l'on

signale

es accessoires estimentaires

u

des

objets

mobiliers).

'autres

ombes,

u

contraire,

vaient té

violées,

notam-

ment ellesde ChildéricI et de Bilihilde ue l'oncroyaitvoir ues ntactes

en 1645.

A

cette

ate,

n

effet,

es témoins onfessèrent

u'ils

«... avoient

vu sur a têtedu

Roy

un

grand assement

'or

en

forme

e

couronne,

n

morceau e toiled'or

qui

lui couvroite

visage,

des

éperons

t

que

sa cein-

ture,

ui paroissoit

ntière t d'un

pouce

de

largeur,

toit nrichie

'espace

en

espace

de

quelques

boucles et ornements

'argent...

26.

Or,

en

1656,

l'inventaire

résumé

e

la même

épulture,

onsidérée omme

violée,

om-

portait

«...

Un

grand

âton e coudre t une cannefort

ongue,

ousdeux

de la

longueur

u tombeau

une

épée rompile ar

a

poignée

t

mangée

e

roüille la boucle

du baudrier

omposée

e trois

ièces

de

fin

r

quelques

petites laques d'argent

ortminces 'une

figure uarrée,

ù étoit

ravé

un

serpent mphibène,'est à direqui a deuxtêtes, tqui mord ar a tête t

par

a

queue

ces

plaques

voient

chaqueangle

ou coin un

petit

lou

pour

les attacher la ceinture u

baudrier...

quelques

morceaux e

liège

et de

cuir,

ont es bottes toient

omposées,

t

un

grand

ase de

gros

verre assé

par

e

bas du

col,

restoient

uelques

parfums...

27.

Ces

deux

témoignages

e nous semblent

as

suffisants

our

ccréditer

la thèsede la

violation u

sarcophage

e Childéric

I

entre 645 et 1656 et

paraissent lutôt orrespondre

u contenu e deuxtombes

ifférentes,

'une

et 'autre ntactesorsde leur uverture.e commentairee

Dom

Bouillait

25.

Dom

ouillart,p.

it. ote

récédente,.

51 a.

26. bid.,. 52.27. bid. ucunes bjetsobiliersentionnés'a téonservé,ienue es rouvaillesient

sans outeté

éposées

anse

«

cabinetde

'abbaye,

omme'autres

ntiquités

dont

'existence

nous st onnue

ar

es

uvrages

eDom

Montfaucon,

'Antiquité

xpliquée

t

représentée

n

figures,

aris,

719,

.

II,

l.

XXII,

tDom

Martin,

a

Religion

es

Gaulois

iréees

lus ures

sourcese

Antiquité,

aris,727,

.

I,

pl.

4,

.

50).

'une es

ppliques

décornimalierété

reproduitear

om

Montfaucon,

es

Monumense amonarchie

rançoise,

aris,729,

.

1,

.

174.

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34 P. PÉRIN

reflète 'ailleurs ien es incertitudesui existaientlorsquant l'identifi-

cationdes

sépultures,

ont a relation

irecte vec

les

gisants

n'était

pas

toujours

vidente. n ne

put

insi attribuer

Childéric

I le

sarcophage

u

richemobilier

unéraire

asculin vant e

découvrir,

râce

u

nettoyage

u

tombeau,

l'emplacement

e la

tête,

'inscriptionravée

CHILDR REX2*.

Les autres

tombes

royales

Les observationsoncernanta tombe ttribuée la reine ilihilde em-

blent

lus

convaincantes

uisqu'il

est ndiscutable

ue

la

sépulture

uverte

en 1656était otalementouleversée tpillée, e qui n'était as le cas du

tombeau ttribué n

1645

à

l'épouse

de

Childéric

I

: «... Bilihilde voit

encore ses habits

royaux

et un coussin

d'herbes

odoriférantesous la

tête... »29.

Dom

Bouillaitdemeure

ussi

imprécis

n ce

qui

concerne es autres

tombes

royales,

ne

signalant

i mobiliers

unéraires

i

violations.

l

est

cependant

iencertain

ue

les très iches

épultures

e

plusieurs

ouverains

mérovingiens

t de leurs

proches

urent iolées entre

645

et

1656,

ainsi

qu'en témoigne

om Bernard

e

Montfaucon30.

l

relate,

n

effet,

u'un

religieux

e

l'abbaye

confessa

ur on

itde mort voir

négocié

u

poids

du

métal

récieux

es

objets

découverts ans es

tombes,

emettantson

supé-

rieur n« reliquat de 13 000 livres ui servit,n 1664,à la construction

des

orgues

de l'abbatiale

D'autresdécouvertes

nciennes,

galement

ffectuées l'intérieur

e

l'église,

méritent ncore

d'être

signalées,

même

si leur identification

demeure

onjecturale.

n

1643,

on mit u

jour

deux

sarcophages

e

pierre

à

proximité

e la

porte

u

cloître,

u nordde l'édifice31. 'un d'entre ux

portait'inscription

ILPERICUS

gravée

l'extérieur e la cuve et

peinte

en

vermillon

l'intérieur

son mobilier e

comportait

u'une petite ampe

de

cuivre

laquelle

était

uspendue

ne croix

portant

a

représentation

u

Christ. es donnéesne suffisent

videmment

as

à attribuera

sépulture

Chilpéric

er,

ont n sait

qu'il

fut nhumé Saint-Germain-des-Présn 584.

Ondécouvritncore n 1704, orsde nouveaux ravaux l'emplacementumaître-autel,n

sarcophage

ont a cuve de

pierre

lanche,

ravée

la tête

de

quatre

roix,

taitfermée

ar

un couvercle ectiforme

e

marbre ux

extrémitésbattues32.

e

dernier,

ujourd'hui

onservé

u muséedu

Louvre,

était rnéd'imbrications

vec,

en réserve ur 'une des

faces,

un cartouche

rectangulaireortant

a

représentationlassique

du

ceps

de

vigne

sortant

d'un

vase,

bel

exemple

de

sculpture

unérairee

l'Antiquité

ardive ssue

des ateliers u sud-ouest e

la

Gaule.

D'abord attribuéu roi

Caribert,

e

monumentut nsuite onsidéré omme elui

de l'abbé

Morard,

es

argu-

28.Dom

ouillart,

d. it. ote

4, .

53.

29. bid.. . 52.30.DomMontfaucon,esMonumense amonarchierançaise,p. it. ote7, . , .174.

31.

bid.,

.

175

Dom

uinart,

p.

it. ote4.

32.Dom

ouillart,

p.

it. ote

4,

.

5 Laissén

place,

e

sarcophage

ut nouveau

exhumé

ar egrand

'Aussy

n1799. 'est lors

ue

ecouvercleut

éposé

urécentuséees

Monuments

rançais,uis

Saint-Denis

t nfinuLouvrecf. ieillard-Troiekourofft

l.,

p.

cit.,

.

105-106.

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ST-GERMAIN-DES-PRÉS,

REMIÈRE

ÉCROPOLE ES ROIS 35

mentsllégués ansun sens omme ans 'autre epouvant pporterucune

certitude33.

es travaux

ntrepris

n 1854 dans e collatéral

méridional e

l'église

révélèrent

ncore

ne

grande uantité

e

sarcophages

e

plâtre

moulé

et de

pierre,

rois e ces derniers

ortant

n décor

gravé

de croix

multiples

sur eur

panneau

de

tête34.

ompte

enude

leur

situation,

es tombes e

trouvaientrèsvraisemblablement

ans le sous-sol

mêmede la

basilique

Saint- incent telles

devaient

briter,

omme ux

Saints-

pôtres

e Paris

5,

la

dépouille

des

grands ui

avaient u le

privilège

e

reposer

u

plus près

des saintes

eliques.

La nécropolemérovingienne xtra muros

D'autres

ravaux,

xécutés

epuis

e milieu

u siècle dernierutour e

Saint-Germain-des-Prés,

nt

par

ailleurs

permis

de circonscriree vaste

champ

de

sépultures

d sanctos de

type

out

fait

lassique pour

Paris,

rassemblées

utour

u tombeau e

saint

Germain

t sans doute ussi des

tombes

royalesmérovingiennes36.

u

nord,

a

nécropole

'étendait insi

jusqu'à

la rive

eptentrionale

e la rue de

l'Abbaye

à

l'est,

elle

atteignait

la rue

de

l'Échaudé au

sud,

elle se

développait

u moins

usqu'au

milieu

du boulevard aint-Germain

à

l'ouest, nfin,

lle a été reconnue

usqu'à

l'extrémitéccidentale

e la

place

Saint-Germain-des-Prés

c'est-à-dire

l'emplacemente l'ancienpassageSaint-Benoît).

Cependant

a

nécropole oyalemérovingienne

e

Sainte-Croix-et-Saint-

Vincent,

ui

paraît

onc avoircoïncidé

vec le chœur e l'actuelle

glise

Saint-Germain-des-Prés,

emeure

ncore fort

mal

connue

et on ne

peut

qu'espérer,

omme

à

Saint-Denis37,

'exécution ans l'avenir

de fouilles

méthodiques

ans les

secteurs u monument ont

e sous-soln'a

pas

été

bouleversé

ar

es travauxmodernes38.

33.Ces

ttributions

eposaient

n ffetla

fois

ura

tradition,

ort

mprécise

ommen 'a

vu,

insi

ue

ur

'interprétation

u

lan

eDom

ouillait

op.

it. ote

4),

vrai ire

chématique

en

e

qui

oncernait

'emplacement

ffectifes ombes

oyales,esquelles

e oïncidaient

as

éces-

sairementveces

isants

ensés

eur

orrespondre.

34.

A.-P.-M.

ilbert,

Mémoireur es nciennes

tnouvelles

éparations

e

'église

e

l'abbaye

e

Saint-Germain-des-Prés»,

evue

rchéologique,

854-1855,

.

31-543;

. de Guil-

hermy,

otesures

monuments

eligieux

e

Paris,

°

98

BnF,

s. .a.fr.

119,

.

I).

Les essins

des rois

anneaux

e

arcophages

e

pierre

rnése roix

ultiples

ont

eproduits,'après

ilbert,

dans ieillard-Troiekouroff

t

l,

p.

it. ote

4,

ig.

4,

.

33.

35.

PÉRIN,

p.

it. ote

,

p.

148

q.

36.On rouvera'inventaireétaillée es rouvaillesansérin,p. it. ote,p. 78 q.37.P.Périn,Quelquesonsidérationsurabasiliquee aint-Denist anécropole'épo-

que

mérovingienne

,

dans illest

ampagnes

ans

'Occidentédiéval.

élangeseorgesespy,

Liège,

991,

.

99-624.

38.Les ravauxffectués

n1854 ansecollatéralud e aint-Germain-des-Prés

nt insi

mis n vidence'existence

'une

mportante

one e

arcophages

érovingiens

ncore

n

lace,

f.

Gilbert,

p.

it. ote4.

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36 P.

PÉRIN

PatrickPérin,Musée desAntiquités ationales, hâteau B.P. 30,

F-78103

Saint-Germain-en-Laye

edex

Saint-Germain-des-Prés,

remièrenécropole

des rois de France

Édifiés

par

Clovis et Clotilde u

lendemain

e la

victoire e Vouillé

(507),

les

Saints-Apôtres

e Paris

(devenus Sainte-Geneviève)

n'eurent

as

la destinée 'un

mausolée

dynastique.

n

revanche,

a

basilique

ainte-Croix-et-Saint-Vincent

devenue

aint-Germain-des-

Prés),

fondée la

génération

uivante

ar

Childebert

er,

'imposa

comme

nécropole oyale

uprès

de

la

plupart

es

Neustriens e

558

jusqu'en

675,

tout n étant n

partie elayée ar

Saint-Denis

partir

deDagobert628-639).De leur ôté, es rois ustrasienstburgondes

ne semblent

as

avoir

disposé

de lieuxde

sépulture

ynastiques.

ieu

de

sépulturerivilégié

es rois

mérovingiens,

aint-Germain-des-Prés

a fait

'objet

d'une sériede

découvertes

rchéologiques

u

xvne

iècle

à nos

ours.

l est ainsi

permis

'avoir une certaine

onnaissance e

la

nécropole oyale

t de son

environnement.

Archéologie

unéraire

Mérovingiens nécropole

Paris

-

Saint-

Germain-des-Prés

Saint-Germain-des-Prés,

he First

Necropolis

of the

Kings

of

France

Erected

y

Clovis

and

Clotilda

oon after he

victory

fVouillé

507),

the

aints-

pôtres

f Paris

subsequently

enamed

ainte-Geneviève)

werenotdestined o become

dynastic

mausoleum.t was ratherhe

Parisian basilica of Sainte-Croix-et-Saint-Vincent

renamed

Saint-Germain-des-Prés),

ounded

n the

following eneration ar

Childebert

,

which sserted

tself s the

oyalnecropolis

f theNeus-

trians rom

58

to

675

;

Saint-Denis

ecame an

alternative

urial

place

from

hetime f

Dagobert' reign

628-639).

As

for he

Aus-

trasian nd the

Burgundian

ings, hey

o

not eemto

have

disposed

of

specific ynasticurial-grounds.

aint-Germain-des-Prés,

he

placeofburialfavored ytheMerovingian ings,has been the site of a

series of

archaeological

indsfrom he seventeenth

entury

o our

times,

hus

providing

dditional

nowledge

f the

royalnecropolis

and

ts environment.

Funeraryrchaeology Merovingians

necropolis

Paris

-

Saint-

Germain-des-Prés

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Médiévales1, utomne996,p. 7-51

Alain

DIERKENS

LA

MORT,

LES FUNÉRAILLES

ET LA

TOMBE

DU ROI PÉPIN

LE BREF

(768)

Un récent éléfilm

1993)

consacré u

règne

de

Charlemagne

e son

avènement son couronnement

mpérial

ouvre ur évocation

e la

mort,

à

l abbaye

de Saint-Denis e

24

septembre

68,

du

roi

Pépin

e Bref1.Au

débutde

cette

«

grandefresque

élévisuelle

2,

on

peut

ainsi voir

Pépin

procéder

ur cartemurale u

partage

e son

royaume

ntre

es deux

fils,

Charles t

Carloman,

rononcer,

evant a femme

erthe,

uelquesparoles

d une rare rescience olitique, uismourir lesyeuxouverts...), comme

il

a

vécu,

commeun roi

»

3.

Certes,

e film

comme

e livre

ui

en contient

le

texte)

ne se veut

pas

strictement

istorique

MarcelJullian e reculeni

devant

es

invraisemblances,

i

devant es anachronismes... aison ne

peut

s empêcher

e

penser ue

ce

que

l on

saitde la

mort,

es

funéraillest de

la

tombede

Pépin dépasse

de loin en

intérêt

et

mêmeen

pathos

ou en

possibles

ffets

isuels)

œuvre

rtistique

t

que

la réalité

pparaît

omme

singulièrementlus percutanteue

le scénario.

Il

y

a

près

de dix ans

que Stéphane ebecq

me

parlait

our

a

première

foisde son idée d écrire ne

biographie cientifique

e

Pépin

e Bref4 ce

1.Co-productionathéélévision,rance,France,RaiUno,ux pa tBeta ilm.cé-

narioJack

usselt

Marcelullian.éalisationClive onner.oirussie ivre

«

romanumul-

tueux

)

tiré

u ilm

ar

M.

Jullian,

harlemagne

u

a

eunesse

u

monde,aris,

993.

2. Ce n est

as

e ieu u e moment

our rocéder

une

ritiqueistorique

ou,

mieux,

idéologique)

u ilmt u ivrevéritables

laidoyersour

ne

urope

hrétienne.es ontre-vérités

et es rreursbondentles

rgumentspolitiques

me emblentienouvent

ernicieux

tnon

fondés...oir .-L.

üpper,

Le

Charlemagne

eMarcelullian

,

CahierseClio

20,

iver

1994,

.

89-92.

3. Le fait emourir

es

yeux

uverts

,

belle

mage

our

n

oman,

aa

1

ncontree

l humilité

e

a

mort

hrétiennelors

roposée

n

xemple

voir,otamment,

e

témoignage

e a

première

itaancii

uberti,

uasimentontemporaine

e a

mort

e

Pépinpuisqu

ubert,

vêque

deMaastricht

Liège),

eurtn 27 t

ue

aVitast

édigée

eu

près

43).

ur e

point

r.

aix,

«

Saint ubert.a

mort,

a

anonisation,

es

eliques

,

dans tudesur histoireu

ays

mosanu

Moyenge. élanges

élix

ousseau,ruxelles,958,

.

1-80.

4. On

manque

n ffetruellementuneonne

iographie

ur

épin.

lfaut

ecourir,

our

es

faits,L.Ölsner,ahrbücheres ränkischeneichesnterönigippin41-768,eipzig,871,ou,

our

a

période

onsécutiveu

coup

Étate751, J.-F.öhmer,

egestamperii,

. Die

Re

esten

es

Kaiserreiches

nteren

arolingern

51-918,

eu earbeiteton .Mühlbachernd

J.

echner,

ouvelledition

ous a dir. eC.Brühl tH.H.

Kaminsky,ildesheim,

966. n

dispose

ussi e

rèsbondantes

ynthèses

ures

Carolingiens,

ans

esquelles

enombreuses

ages

sontonsacrées

Pépinpar xemple

.

Riché,

es

Carolingiens.

ne

amille

ui

it

Europe,

aris,

1983R.

McKitterick,

he rankish

ingdoms

nderhe

arolingians,

51-987,

ondres-New

ork,

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38

A.

DIERKENS

livre urait ommencéet- je l espère commencera)ar e récit e l enter-

rement e

Pépin,

nhumé ace contre erre

ous le

porche

de

l église

de

l abbaye

de Saint-Denis ux destinées e

laquelle

présidait

lors son ami

Fulrad le caractère fficiel es funérailles aurait

ontrastéortementvec

la volontéd humilité

marquéepar Pépin

ui-même t

le

contraste urait

encore té renforcé

ar

le fait

ue l église

abbatiale

tait lors en

pleins

travaux

agrandissements

t

d embellissements,

ntrepris

l initiative u

défunt oi.

Le scénariste t hommede lettres

aurait-il

as

eu intérêt

prendre

ontact vec l historienmédiéviste

Dans ce bref

rticle,

examinerai

uccessivemente

que

l on sait

ou

croit

avoir)

de la mort t de la tombe

de

Pépin,

e choix

de

Saint-Denis

comme ieu de sépulture,a significationunenterrementnte imina asi-

licae et es

apports

e

l archéologie

n

la

matière,

a nature e

Yaugmentum

que Charlemagne

fait onstruireur a

tombe e son

père

t, nfin,

e sort

des restes u

premier

oi

carolingien5.

La

mort et les funérailles

de

Pépin

le Bref

Les sources

crites onservées ont

aconiques

ur

a mort e

Pépin

les Continuations

u livre

V des

Chroniques

e

Frédégaire

u les Annales

Mettenses

riores

textes

crits,

n

le

sait,

ans

entourage

irect e

Pépin

ou de Charlemagnet donc bien informésur ce point rapportentue

Pépin,

ombémalade

Saintes,

vait

mmédiatement

écidéde se rendre

Saint-Denis,

n

passant

ar

Poitiers

t

par

abbaye

de Saint-Martine Tours

qu il

combla

de

largesses.

Arrivé

Saint-Denis

vec sa femme t

ses

deux

fils,

yant ris

onscience

e l imminence e

sa

mort,

l

convoqua

es

grands

du

regnum

rancorum

tant aïcs

qu ecclésiastiques,

t eur it

pprouver

n

partage

u

royaume

ntre

Charles

t Carloman6.

l

décéda

peu

de

temps

après,

e 8

des kalendes

octobre

24

septembre

68)

et,

comme

l

l avait

voulu

ut

pse

voluti

,

il fut nterré Saint-Denis

ar

ses deuxfils l enter-

rement ut ieu

cum

magno

ou

summo)

onore1

On

a,

par

ailleurs,

onservé

uatre

hartes

dont

rois n

original)

e

Pépindonnées n faveur e Saint-Denis n 768. Trois d entre lles sontdatéesde la veillede sa mortle 9 deskalendes octobre) t a

quatrième

de

septembre

68

sans

plus

de

précision

on

y

lit es dernières

écisions

politiques

u souverain

t,

notamment,

ne

précision

uant

sa

sépulture

donatum

n

perpetuum

ro

animae

nostrae

emediumeu

et

propter

ocum

sepulturae

orporis

mei ad eundem

anctum

ocum sse volumus

.

1983

St.

ebecq,

ouvelleistoire

e aFrance édiévale

1. Les

rigines

ranques,

IXe

iècle,

Paris,

990R.

chieffer,

ie

Karolinger,tuttgart-Berlin-Cologne,

992

etc. e ravaillectuel-

lement

une

ynthèse

uremaireu

alais

arloman,

rère

e

Pépin

eBref.

5. raut-ilire

uee

decheette odeste

tude

Mepnane

eoecq

n

émoignage

amitié...

et vec

espoiru elle

incite

rédiger

on

épin

e

Bref.

6.

Ce

partage

eprend

elui

ui

vaitte

onclun

42 Vieux-Poitiersntre

épin

eBrei

t

son rèrearlomancf. .J. chüssler,Die ränkischeeichsteilungon ieux-Poitiers742),Francia,3, 985,. 7-112.

7.

Voir,

n

articulier,

nnalesettenses

riores,

r. e

imson

d.,

anovre-Leipzig,

905

(MGH,

Srerum

ermanicarum

n sum

cholarum),

768,

.

5-56

tContinuationes

ibri

uarti

Fredegarii

hronicorum,

.

M.Wallace-Hadrill

d.,

ondres,

960,

hap.

3,

.

120-121.

8. Ed.

A.

Dopsch,

.

echnertM.

Tangl,

evue

ar

.

Mühlbacher,

GH

DD

Karol.,

.

,

Hanovre,906,

K

25-28,

.

4-40

u,

our

es

riginaux,

.AtsmatJ.

ezin

d.,

hartaeatinae

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LA

MORT

T

LES FUNÉRAILLES

E PÉPIN E BREF

39

Le 13 anvier769, dansun acte datéd Aix-la-Chapellet, ui aussi,

conservé n

original, harlemagne

mettaite souhait être nhumé Saint-

Denis où

reposait

on

père

...ubi...domnus

t

genitor

oste

Pippinus

ex

requiescere

idetur

t nos si Domino

lacueritsepelire

sic

pour

epeliri-

cupimus)9.

uelques

années

plus

tard,

n

783,

il

fit,

n

outre,

ransférer

Saint-Denis

e

corps

de

sa mère

Berthe,

morte

Choisy, our

y

ensevelir

aux côtés de

Pépin

iuxta

epulchrum

iri

ui

gloriosi ipiniregis

i0.

De

plus amplesprécisions

ur a tombe

e

Pépin

ont

ournies

ar

trois

textes

ostérieurs

une lettre

e Louis le Pieux à

Hilduin,

bbé de

Saint-

Denis

(vers835),

un

passage

du mémoire

ue

l abbé

Suger

onsacra son

administratione Saint-Denis

1

145-1

49)

etune ddition u xne iècledans

un manuscrit e la Chronique Huguesde Fleury11.ans la lettre atée

des environs e

835

et surtoutonsacrée

des écrits

recs

t atins onservés

dansY rmarium e

l abbaye12,

ouis

parle

de son

père

Charles,

uis

de son

grand-pèreépin

dont l

évoque

e sacrede 754

(in

regem

rancorum nc-

tus)

devant auteldédié saint enis

il

ajoute ue

le titulus

u

conditorium

de

Pépin

pprend

vec

quelle

humilité13e

roi,

la finde sa

vie,

a ordonné

d être nterrénte imina asilicae anctorum

artyrům14.

ans le

traité

e

Suger15,

n

peut

ire

u en

1

137,

abbé avait ommencé es

grands

ravaux

à

l église

abbatiale

ar

a

façade

occidentale,

lus précisémentar

entrée

(ad

priorem

alvarum

ntroitum),

en démolissant n

appendice

augmen-

tum)

onstruit

ar Charlemagne our

un motif ssez

respectable

en effet

sonpère empereurimperator)épins étaitfait nsevelir evant entrée

(extra

n introitu alvarum

,

non

pas

sur e dos mais la face contre erre

(prostratum

on

upinum

,

pour

xpier

es

péchés

de son

propre ère

Charles

Martel 16.

nfin,

n manuscrite Saint-Maur-des-Fossésontenante texte

Antiquiores

désormaishLA),

.15

FranceII

Dietikon-Zurich,986,

.

4-50,

°

02-604;

es

préambules

e es ocumentsontrent

a onscience

u avaitépin

e a

proximité

e on

répas.

ces

uatre

hartes

our

aint-Denis,

n

joutera

n

iplôme

e

uillet

68

our

aint-Hilairee oitiers

(Dopsch

t l.

d.,

K

24,

.

2-34)

ui

donc û treonnéors u

oyage

e

Pépin

e aintes

Saint-Denis.

9. Dopscht l.

éd.,

MGH,

D

Karol.,

.

op.

it.),

K

55,

.

1-82uAtsma-Vezin

d.,

ChLA

t.

15,

.

3-65,

°608.ur et

cte,

oir,

ndernier

ieu,

.

toclet,

utoureFulrade

Saint-Denis

v

710-784),

aris-Genève,993,

.

3-97.

10.Annalesettensesriores,p. it.,° 83, . 1. ureci, .Erlande-Brandenburg,eroi stmort.tudeures unérailles,es épulturest es ombeauxes ois eFranceusquà la

fin

u

XIIIe

iècle,enève,975,

.

2

u

K.H.

Krüger,

önigsrabkirchen

er

ranken,

ngelsach-

sen nd

angobarden

is

ur

Mittees . ahrhunderts.inhistorisches

atalog,

unich,971,

p.

182-183.

11.

K.

H.Krüger,

bid.,

.

182

A.Erlande-Brandenburg,

eroi st

mort,

p.

it.,

.

1-72.

12.E. Dümmler

d.,

MGH,

p.,

.

V

=

Epistolae

arolini

evi,

.

II),

Berlin,898-1899,

p.

25-327,

°

9.

13.L insistanceur humilitase

Pépin

oitvidemmenttre ise

n

apport

irect

veca

pénitenceui

ut

mposée

LouisePieux

n 33 Saint-Médarde

oissons,

uis

nnuléeSaint-

Denise 1er ars34. ur ette

uestion,

oire

remarquable

rticleeM.de

Jong,

Powernd

Humility

n

Carolingianociety

the

ublicenancef ouishe ious

,

Early

edieval

urope,

1,

1992,

.

9-52.

14.C

est eliberement

ue e

ne raduis

as

ci es ermesatins

itulus,

onditoriumt nte

liminaasilicae

y

reviendrai

lus

oin.

15. uger,ibere ebusn dministrationeua estis,.Lecoye aMarched., uvrescomplèteseSuger,aris,867Sociétée histoireeFrance,. 9), .151-209,lap.187

(chap.

5).

istees ditions

t

ommentaire

énéral

ans

.

Bur,

uger,

bbé

e

aint-Denis,

égent

deFrance

Paris,991,

otamment

.

20-322.

16.Je

eprends

ci a traduction

eMichelur ans

uger,

a Geste

eLouis I t

utres

œuvres,

aris,994,

.

47

e

ne rois

as

xacte raduire

rior

ntroitus

alvarum

ar grand

portail

.

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40

A. DIERKENS

de la Chronique eHuguesdeFleury joute ue Pépinfut nterrérostrata

facie

17.

Pourquoi

Saint-Denis ?

La

premièreuestion

ui

se

pose

est de savoir

pourquoi

est à

Saint-

Denis

que Pépin

e Bref a souhaité

treenterré. es

réponses

ossibles,

complémentaires,

bondent.On connaît

es

liens

étroits ntre

Pépin

et

l abbaye

il

y

fut

duqué18

l abbé

Fulrad,

remier

es

chapelains oyaux,

estun des hommes

es

plusproches

e

lui,

t

cela,

bien vant e

coup

d Etat

de75119; le second acre oyalceluique le papeÉtienne I conféra Pépin

et à ses deux

fils, Saint-Denis,

n

uillet

54)

revêt

our

Pépin

uneextraor-

dinaire

mportance20

les nombreuses onations e

Pépin

Saint-Denis21

y compris our

e Trésor e

l abbaye22

révèlent

n

attachement

our

Denis

explicitementouligné

ans

es

préambules

es chartes

édigées

ces occa-

sions,

tc.

À ces

arguments,

l

faut videmment

jouter

ue

c est à Saint-

Denis

que

le

père

de

Pépin,

Charles

Martel,

vait té enterré

n 741

23,

ue

celui-ci vait

également émoigné

ne dévotion

marquée our

Denis,

Rus-

tique

et Eleuthère24

t

qu en

768,

rares taient eux

qui

mettaientn cause

sa

politique,

même

religieuse25.

nfin,

e

dirai

plus

loin

pourquoi e

crois

que

les travaux

ue

Fulradfitfaire l abbatiale

de

Saint-Denis

nt été

entreprisès les années750 etqu ils doivent eaucoup la générositét à

l appui

de

Pépin.

17.

Fragmenta

istoriae

ossatensis,

.

Waitz

d.,

MGH,

S,

.

, Hanovre,851,

.

72

(Bernensis

24 manuscrite a

fin u ir

iècle).

18.Par x.A.

Stoclet,

utoure

Fulrad,p. it.,

.

9,

. .

19. urtout

.

toclet,

assim.

20.Pour e

as rossir

nutilementa

bibliographie

e et

rticle,

e

renvoiel étude

onda-

mentaleA. .

toclet,

LaClausula

eunctione

ippini

egis

misesu

point

tnouvelles

ypo-

thèses

,

Francia,,1980,

.

1-42. reliren enant

ompte

es

ypothèses,

ue e

crois

ondées,

de

M.

Becher,

Drogo

nd ie

Königserhebungippins

,

Frühmittelalterliche

tudien,

3, 989,

p.

131-153.

21.

Plus u

ierses hartesonservéest ntitulées

u

nom e

Pépin

ont es onationsu

des onfirmationsebienst edroitsn aveure aint-Denis.22.K.Hoffmann,Zur ntstehungesKönigsportalsn amt-Denis,Zeitschriftür unst-

geschichte,

8,

985,

.

9-38,

ux

.

0-31

D.

Gaborit-Chopin,

Le

Trésoruhaut

oyen

ge.

Dagobert

tCharleseChauve

,

LeTrésore aint-Denis

Catalogue

exposition

aris,

uséeu

Louvre,

ars-juin

991),

aris,991,

.

9-54,

ux

.

4-45.

23.

K.H.

Krüger,

önigsgrabkirchen,p.

it.,

.

181 A.

Erlande-Brandenburg,

eroi

st

mort,

p.

it.,

.

0-71.

24.

On

appellera

ue

adernièreharte

onservéeeCharlesartelst atéee

Quierzy,

e

17

eptembre

41

un

moisnviron

vanta

mort),

u elle

st estinéeSaint-Denis

t

u elleorte

les

igna

e a

femme,wanahilde,

tdu

dernier

ils, rifón,

eCharlessur ette

harte,

oir

I.

Heidrich,

Titulaturnd rkundener

rnulfingischen

ausmeier

,

Archiv

ür iplomatik,

1-12,

1965-1966,

.

1-279,

urtout

.

34

t 42

A 12)

t,

ndernier

ieu,

.

Heidrich,

DieUrkunden

Pippins

.

M.

und arl

artells.

eobachtungen

u hrereitlichennd

äumlichen

treuung

,

Karl

Martelln

einerzeit,

.

arnut,

.Nonnt

M.Richter

d.,

igmaringen,

994

Beihefte

er

rancia,

37), .

3-33,

ux

.

1-32

avec ibliogr.ompl.).

25.Suresraisonse a mauvaiseéputation,ardive,eCharlest edéveloppementeslégendeseconcernant,oir iversestudes U.Nonn,urtoutDasBildKarlMartellsnden

lateinischen

uellen

ornehmliches .

und .Jahrhunderts

,

Frühmittelalterliche

tudien,,1970,

p.

0-137t

DasBild arl artells

mmittelalterlichen

uellen

,

KarlMartell

n einer

eit,

p.

cit.,

.

-21.

our

uelques

as

récis,

oir

.

Dierkens,

Carolus onasteriorumultorum

versor

et cclesiasticarum

ecuniarum

n sus

roprios

ommutator

Notesura

politiqueonastique

u

maireu

alais

harlesartel

, bid.,

.

77-294.

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LA

MORT

T LES

FUNÉRAILLES

E PÉPIN

E

BREF

41

Une inhumation nte liminabasilicae

Si le choixde Saint-Denis e

pose

donc aucunedifficulté

articulière,

l endroit

récis ue Pépin

retenu

our

a tombe

mérite

attention,

urtout

si l on

sait

que

la

tombede

Charles

Martel

vait, lle,

été

placée

dans e

chœur,

rès

de

l autel,

du côté

gauche

(c est-à-dire

u

Nord)26.

i l on

en croit

Louis le Pieux

qui

se réfère u titulus

lacé

sur a tombede

son

grand-père,

est

Pépin

ui-même

ui

a souhaité

l inscription

iraitmême

«

a ordonné

(preceperit)

être nterrénte imina asilicae.Un tel

mpla-

cement

mplique

ne

volonté

humilité,

ien sûr d autres

xemples,

nté-

rieurs

celui-ci,

e montrentsuffisance.

De manière énérale27,e porche e l église, e narthex,tait onsidéré

comme

emplacement

éservé ux

pénitents

u à ceux

qui

attendaientne

purification

vant

d avoir e droit

d entrer

ans

l église

proprement

ite.

D un

point

e vue

théologique,

omme l existeune

correspondance

ntre

l ci-baset la

topographie

e

l au-delà,

un enterrementnte limina

u in

porticu

cclesiae

préfigure

attente evant es

portes

u Paradis

on

trouve

d ailleurs es

attestations

xplicites

assimilation e

l église

à la Jérusalem

céleste. arvoie de

conséquence,

n enterrement

ansune

église

st ouvent

considéré ommeune

préfiguration

e la sainteté

t,

même i des

déroga-

tions

ont

prévues28,

inhumationn ecclesia

n apparaît

ès lors comme

recommandable

ue

si des

signes

ncontestablesnt manifestéa volonté

divine.

De nombreuses itae

montrentinsi e saintd abord enterré ans le

porche

u le

portique

une

église

avant

u un

miracle u

qu une

visionne

justifie

neélévation es

reliques

t unetranslation

u

corpsprès

de l autel

le cas de la Vitade saint

Aimé

de Remiremont

mort

ers

628

;

texte e la

fin

du

VIIe

iècle)29

st d autant

lus

ntéressant

ue

les termes tilisés ont

proches,

oire

dentiques

ceux

qui

concernent

épin.

À

l approche

e sa

mort,

e

saint,

s estimant

ndigne

d un ensevelissement

ans

l église,

demande e

préparer

a

sépulture

evant

entrée

e

la basilica et

rédige

lui-même n titulusnsistantur on statut e

pénitentquelques

ours près

26.Sur emplacementxacte atombeeCharlesartelSaint-Denis,n isposeurtoutd une entionu iriècle,ans n extenonymeabituellementonnuommebbreviatiohro-

nicae,

enealogiae

thistoriae

egum

rancorum

G.

Waitz

d.,

rchiv

ür

ltereeutschenes-

chichtsforschung,

, 858,

.

87 sinistra

anu)

t e

enseignementslus

ardifs

1274),

iréses

Grandes

hroniques

eFrance

J.

iard

d.,

esGrandes

hroniques

eFrancet.2 De Clotaire

II à

Pépin

e

Bref,

aris,

922,

.

36-237mis

u

n osté umaistre

utel,

n

un ichearcuel

d alabaustre

,

dont .

Erlande-Brandenburg

défenduabonnenformationur e

point

Le

oi st

mort

op.

it.,

.

1

t

n.

0).

uravaleure ette

ource,

oir

.

Guenée,

Les

Grandes

hroniques

deFrance.eRomanux

oys

1274-1518)

,

Les ieux

e

mémoire,

.Nora

d.,

. La

Nation,

vol.

, aris,986,

.

189-214,

urtout

.

191-192.

27.Sur etteifficile

uestion,e m appuieargement

ur article

A.

Angenendt,

n

or-

ticucclesiae

epultus.

in

eispiel

on immlisch-irdischer

piegelung

,

conologia

acra.

ythos

Bildkunstnd

ichtung

n er

eligions

und

ozialgeschichtelteuropas.estschrift

ür

arl auch

H.Keller tN. taubach

d.,

erlin-New

ork,

994,

.

8-80.

28.Sur e

point,e

me ontentee

renvoyer

une

ynthèse

écenteJ.

helini,

aube u

Moyenge. aissancee a chrétientéccidentale.a vie eligieusees aïcs ansEuropearo-lingienne750-900),aris,991,. 81-494.

29.Ladate e a Vita mati

étroitement

iée la Vita

delphi

t la Vita

omarici)

st n

problème

ontroversé.

otammentontrer.Krusch

qui

nfaisaitn exte

arolingien

e

peu

e

valeur),

accepte

ci

argumentation

eN.

Gauthier,

évangélisation

es

ays

e a

Moselle.a

province

omaineePremière

elgique

ntre

ntiquité

t

Moyen

ge

ur-vuriècle),

aris,980,

p.

XXI t 74-276

ui, près

autres,

n

lace

arédaction

eu

vant00.

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LA

MORT

T

LES FUNÉRAILLES

E

PÉPIN

E BREF

43

mann36,autant lus magistraleu elle a été faite ansconnaîtree résultat

de recherches

rchéologiquesui

confirment

es

hypothèses37,

établi

ue

la tombe e

Charlemagne

vaitété construiteevant

entrée u

Westwerk

de

l église,

xactementous auteldu

premiertage

t entre

es

portesqui

s ouvraient ers

intérieur)

e ce massif

ccidental.

harlemagne

vait té

enterré,

e

jour

même de sa mort

28

anvier

814),

dans un

sarcophage

romain,

ous un arc doré

un

portrait

t

une

inscription

dont

Eginhard

t

d autres crits

ndépendants

ous donnente

texte)

complétaient

ensem-

ble.

On connaît ien ussi e cas ď

Angilbert,

bbé de

Saint-Riquier

t

gen-

drede

Charlemagne,

ort

uelques ours après

Charlemagne,

e 17 février

814. Angilbert,galement arhumilité,vait ordonné être nterré,ans

son

abbaye,

nte

fores templi

c est-à-dire ous l autel Saint-Sauveur

u

premier

tage

du Westwerk. utour e sa tombe vaitété

gravée

une

ins-

cription

ont e texte stconservé si l on en croitHariulf e

Saint-Riquier,

le lieu de la

sépulture

vait té choisi

proximité

e la

porte

e

façon

ce

que personne

e

puisse

ntrer ans

église

sansfouler ux

pieds

a tombe39.

Parmi es autres

arolingiens ui

auraient ouhaité tre nterrésnte

fores

cclesiae on relèveraa

volonté

e Louis le Pieux

de se faire nhumer

devant

e

porche

e son

abbaye

d Inda/Kornelimiinster40

il en est

proba-

blement41e

même,

n

810,

pour Pépin

d Italie,

fils de

Charlemagne,

Saint-Zénon e Vérone42

t,

n

794,

pour

Fastrade,

emme e

Charlemagne,

à Saint- lbandeMayence. nfin,ai ditplushaut ue - par a volonté e

Charlemagne

la mèrede

Charles,

Berthe,

vait été inhumée n

783

à

Saint-Denis,

côté de son mari.

36.

H.

Beumann,

Grabnd hronarls

es

Grossen

uAachen

,

Karl er rosse.ebens-

werknd achlebent. DasNachleben

Düsseldorf,967,

.

-38.

37.

L.

Hugot,

Baugeschichtliches

um

rab

arls

es

rossen

,

Aachener

unstblätter,

2,

1984,

.

13-28.

38.H.

Hemgesberg,

Gab szuKarlsesGrossenrabtitulusine

orlage

»

dans

rbor

amoenaomis.

estschrift

um

5

ährigen

estehenesMittellateinischeseminar

n Bonn

1965-1990,

.

Könsgen

d.,

tuttgart,

990,

.

5-80.

39.

Hariulf,

hroniconentulenseF.Lot

d.,

hronique

e

abbaye

e

aint-Riquier

v

iè-

cle-

1

4),

aris,894,

.

,

hap.

2,

.

7-78

voir

ussi

.

,

hap.

2,

.

64-266,

urarédecouverte

ultérieureu arcophaged orescclesiae,uo ompererailiumrimoumulatumuisse.outedossierevraittre

epris

la umièrees écentesécouvertes

rchéologiques

Honoréernard

(notamment

elle u

orps

e

Nithard,

ils

Angilbert

t

e

Berthe,

ontn ait

u il

vaitté nterré

danse

arcophage

e on

ère).

40.L.

Hugot,

Baugeschichtliches

,

oc.

it.,

.

2

qui

envoie

otamment,

.

3,

sa

Dis-

sertation

d.,

ornelimünster.

ntersuchung

berie

augeschichtlichentwicklung

er

hemaligen

Benediktinerklosterkirche,

ologne-Graz,

968,

.

103-10. n ait

ue,

inalement,

ouisutnterré

à

Saint-Arnoul

e

Metz,

ans

n

arcophage

omain,

ontes

ragments

ontncoreonservésu

Musée

e

aVille eMetz

bibliographie

ura

question

ans .

Dierkens,

Autoure a ombee

Charlemagne

,

oc.

it.,

.

162,

67-168t

assim.

oir

ussi,

ur

e

point,

es

ropositions

inter-

prétationsymboliques

es

arcophages

e

Charlemagne

t

e

Louise

Pieux,

eJ.

Nelson,

Caro-

lingianoyal

unerals

,

oc. it.

41.L.

Hugot,

Baugeschichtliches

,

oc.

it.,

.

,

ui appuie

ur n ravail

ue

e

n ai

u

consulter

H.

Wismann,

rab

nd rabmalarls esGrossen

Diss.,

eidelberg,

933,

ci

p.

8.

Certaineses onclusions

e

Wismannevraientssurémenttre érifiéesvec ttention.

42.J admetsonc,rovisoirement,uePépinbien té nterréVéronetnon Saint-AmbroiseeMilan.e as st autantlusntéressantue,u ointe uerchitectural,aint-Zénon

deVérone

résente

neaube un

ugmentum

que

Beumannt

Hugotapprochent

Aix tde

Saint-Denis

Beumann,

Grabnd hrone

,

oc.

it.,

.

0 L.

Hugot,

Baugeschichtliches

,

oc.

cit.,

.

1-22).

e

plus,

n conservé

ne

pitaphe

e

Pépinui

evaittre

ravée

ur on ombeau

(Hoc

acet

n

umulo...)

E.Dümmler

d.,MGH,

oet.

at.

MA,

.1

-

Poetaeatinievi

arolini,

1),

Berlin,881,

.

05.

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44

A.

DIERKENS

Une inhumation face contre terre ?

On l a

vu,

Suger

de Saint-Denis

apporte ue Pépin

fut nterré

ros-

tratus face contre erre le mêmeterme

prostrata acie

se trouve ussi

dans une

nterpolation

Hugues

de

Fleury,

ddition

ui

soitvient irecte-

ment e

Suger,

oitremonte directement

u non

-

à un témoin culaire

de l ouverture e la tombe n

1137.

l

n y

a

évidemmentucuneraison e

mettren doute e

témoignage

e

Suger

ur e

point,

même i

l explication

qu il

en

donne

l expiation

es

péchés

de Charles

Martel)

st la fois nvrai-

semblable t tout fait

nachroniqueour

e vili6 iècle.Les GrandesChro-

niques

de

France

font,

lles

aussi,

mention e la

position

u

corps

face

contre erreadenz mais elles ajoutent ux renseignementsournis ar

Suger

e

fait

u une

croixavait été

posée

sous la face de

Pépin

et

que

la

tête e trouvait

l Orient,

enforçant

insi idée de

prosternation.

omme

ces

Chroniques

nt té

rédigées

n

1274

au

plus

tard

t

que

-

on le verra

la translationéfinitivees restes

e

Pépin

vers

e

transept

ut ieu en

1264,

je

crois

que

ces additions e

Primat

e Saint-Denis

eposent

urdes obser-

vations aites ors de l ouverture

e la

tombe

n

1264

et

qu elles

doivent

être

prises

n considérationla

présence

e la croixn a d ailleurs

u

être

remarquée u au

moment e la

dépose

du

corps43.

La

position

u

corps

facecontre erre st rarement

ttestée44,

ant ans

les textes

u à

l occasionde découvertes

rchéologiques.

ans les

exemples

que relèveÉdouardSalin en 1952,seulsquelques-uns pparaissentûrs

leurdatation emble

lutôt

ardive

our

des

sépultures érovingiennes

fin

vip

siècle

?)

et leur

nterprétation

hrétienneeste

difficile

prouver.

ar

ailleurs,

Esslingen, rieuré

e

Saint-Denis

epuis

abbatiat e

Fulrad,

ne

tombemasculine

?)

du milieu u de

la

secondemoitié u

vine iècle

présente

cettemême

position,

ssociée

à certains

bjets

u

possible

aractère hré-

tien45.

L augmentum

de

Charlemagne

Il reste se demanderù exactement ut nterré épin en d autres

termes,

ù était a

porte

e

l église

en

768)

et ce

que

fut

Vaugmentum

ue

43.Grandes

hroniques

eFranceJ.

iard

d.,

.

,

op.

it.,

.

58-259)

ensepouturezu

en

église

e aint-Denisn rance.

denz

u

ouchiez

u

arcou,

ne

roiz

esoz

a

ace

t e

hief

tornéeversrient.ur a valeure etteourcet a

façon

ont

auteur,

rimat,

onsidérait

on

«

métierhistorien

,

voir

upra

n.

6.

44. l en

st videmment

emême

our

inhumationssise

ue

aucuns

rêtent

Charlema-

gne

cette

ersion,

bsurde

cf.

.

Beumann,

Grabnd hron

,

oc.

it.,

urtout

.

10-14),

expli-

que ar

amauvaise

ompréhension

u erme

olium.ttonII trouvéatombee

Charlemagne

n

solio

egio

c est-à-direousaconstructionnte

imina

ui

britaite rône

oyal

AdémareCha-

bannes,

a

Chronique

e

Novalèse,...

efontécho e raditions

eposant

ur

a

traductione olium

par

rônet

nventant

onca

égende

un nterrement

u

ouverainssis

ur on rône...

45.

Ê.

Salin,

acivilisation

érovingienne

après

es

épultures,

es extest e aboratoire

t. Les épulturesParis,952,. 20-222le as e épin st ité aprèsesGrandeshroniquesdeFrancet stnterprétéommeelui un énitenthrétien).ur sslingen,oir . toclet,

Autoure

Fulrad,

p.

it.,

.

35-239

t e

rapportréliminaire

es ouilles

eG.

Fehring,

Früh-

mittelalterlicheirchenbauten

ntert.

ionysius

u

Essligen

mNeckar

,

Germania

44,

1966,

p.

54-364

à

a

p.

62).

e

rapprochement

veca ombee

épin

st ait

ar

.

toclet,

L abbaye

carolingienne

e ulrad

,

L Ile-de-France,

e

Clovis

Huguesapet,

u au

Xe

iècle,

.

1.

Guiry-

en-Vexin),

993,

.

9-91,

la

p.

9.

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LA

MORT T LES FUNÉRAILLESE PÉPIN E BREF

45

construisitharlemagneur a tombede son père. l faut, ource faire,

aborder a

question

ontroverséee l architecture

arolingienne

e

Saint-

Denis et de

l église

ditede Fulrad. a difficultéient ssentiellemente ce

que

les

textes,

éjà complexes,

nt urtoutté étudiés vant

ue

des

fouilles

archéologiques

érieuses

ne soient

menées dans l abbatiale

par

Sumner

McKnight

rosby46,ue

les

premières

tudes

renant

n

compte

es

résultats

préliminaires

e ces fouilles47

nt

paru

vant

ue

soitéditée t connue ne

description

e

l abbatiale

édigée

n

799

48,

ue

bien des recherches

osté-

rieures cette dition

1980-1981)

n ont

pu

tenir

ompte

u

rapport

éfinitif

des

fouilles49,

ue

ce

rapport osthume

1987)50

n a

pas

encore té vérita-

blement oumis la

critique

aufen ce

qui

concerne a

période

mérovin-

gienne51,ù l on aboutit des résultatsotalementifférentse ceuxaux-

quels

était rrivé e fouilleur...

n ne m en voudra onc

pas

de m en tenir

ici aux seuls

points

irectementiés à la tombe e

Pépin.

En s en

tenant ux textes

u il

connaissait

c est-à-dire

a

totalité u

dossier

l exception

e la

Descriptio

e

799),

Léon Levillain montré52

e

la

façon

a

plus

nette

ue

les travaux e réfection e

l église

abbatiale e

Saint-Denis

ntcommencé une date

comprise

ntre 49

et

754

:

l église

mérovingienne

ut

rogressivement

étruite

partir

u

chœur,

ù un autel

fut

onsacré n 754.

«

Mais l édificene fut

chevé

que

sous

Charlemagne

le

gros

œuvre tait ssez avancé

quand Pépin

mourut

e

26

septembre

68,

puisqu il

demanda être nterré l entrée

mêmede

l église

...)

;

la consé-

46.En

articulier,

article

mpressionnant

eL.

Levillain,

L église

arolingienne

e aint-

Denis

,

Bulletin

onumental

71, 907,.

1

-262.

47.C estecas

d études

istoriques

comme

elle eK.H.

Krüger,

önigsgrabkirchen,

p.

cit.,

.

171-189)

u

rchéologiques

ainsi,

.

Vieillard-Troïekouroff,

L architecturen

ranceu

temps

e

Charlemagne

dans arl er rosse.ebenswerknd achlebent.

Karolingische

unst

Dusseldorf,965,

.

36-368,

ux

.

36-355C.

Heitz,

architecture

eligieuse

arolingienne.

es

formes

t eurs

onctions,

aris,980,

.

2-23

etc.),

u

de

premiersapports

e fouillese

S.

McK.

rosby,

ommeExcavationsn he

bbey

hurch

f

t.-Denis948. he

açade

f ul-

rad Church

,

Proceedingsf

he merican

hilosophicalociety,

3, 949,

.

47-361.e

urcroît,

les

ropositions

ereconstitutione

église

e

Fulrad

plan,

lévation)

iffèrentadicalementelon

les

rchitectes,

istoriensartu

rchéologuesS.

McK.

rosbv.

.

ormigé,tc.).

48.On

possède

euxditionsu

exte,

hacune

ccompagnée

une

raduction

chronologi-

quement,

a

première

êtreortie

e

resse

st

elle A. toclet ans

atomus,9, 980,

.

191-192,

immédiatementuiviee

d.,

La

descriptio

asilicae

ancii

ionysii.

remiersommentaires

,

Journales avants,980,.103-117la secondest ue B.Bischoff,Eine eschreibungerBasilikaonaint-Denisus em ahre99 ,Kunstchronik,4, 981,

.

7-103,

eprise

ansd.,

Anecdota

ovissima,

tuttgart,

984,

.

12-218.e iteraie texteimultanément

après

toclet

(Journales avantsetBischoffAnecdota).

49.Surtout. ander eulentA.

peer,

ie

ränkische

önigsabtei

aint-Denis.

stanlage

und ult

e

chichte,armstadt,

988

aux

.

179-188,

iscussiont

omparaison

es ditionsitées

supra,

.

8)

tW.

Jacobsen,

DieAbteikircheon

aint-Denis

ls

kunstgeschichtliches

roblem

dans a

Neustrie.

es

ays

u nord

e

a Loire e650 850.

olloqueistorique

nternational,

H.Atsma

d.,

igmaringen,

989

Beihefte

er

rancia,

6),

.

,

p.

151-184.

50.

S.

McK.

rosby,

he

oyal bbeyf

aint-Denis,

rom

ts

eginnings

o

he eath

f

Suger,

75-1151

P.

Z.

Blum

d.),

ew

aven-Londres,

987

pouréglise

eFulradt es

ouilles

à

l oueste

église,.

1-84t 93-314.ien

videmment,

e ivre

emplace,

ur

e rès ombreux

points,

es

récédentesublications

e .

McK.

rosby.

51.

P.

Périn,

Quelques

onsidérationsura

basilique

e aint-Denis

t a

nécropoleépo-

quemérovingienne

dans illest

ampagnes

u

Moyenge. élangeseorges

espy,

.

Dierkens

etJ.-M.uvosqueld., iège,991,. 99-624.52.Je eprendsci,n es implifiant,uelques-unesesonclusionse .Levillain,L église

carolingienne

,

oc.

it.,

.

20-221,

êmei

e n ignore

as u elles

nt

arfois

prement

is-

cutéesoireotalementefusées

par

x.

J.

an er

Meulent

A.

peer,

ie

ränkische

önigsabtei,

op.

it.,

.

172-179t

passim

W.Jacobsen,

Die

Abteikirche»,

oc.

it.,

.

180).

ne ouvelle

lecturees hartes

our

aint-DenistdesMiraculaancii

ionysii,

ouventtilisés

ar

evillain,

me embleéanmoinsonfirmeressentieles éductionse illustrehartiste.

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46

A. DIERKENS

crationut ieu e 24février75 »53.Levillain royait ependantuel entrée

de

l église

«

se trouvaitu

Nord,

dans a basse-nef

parceque,

se basant

surun

passage

du Libellusde

consecrationecclesiae Sancii

Dionysii

ue

Suger édigea

n

1

14454,

e

porche

e l accès aux

portes

rincipales,

ntouré

de

deux

tours,

tait itué n anteriori

arte

ab

aquiloni

;

or l convient e

traduire

sur a

façade,

u côté

de

l Aquilon

56,

est-à-dire

a

partie

e la

façade

occidentale u

norddu contre-chœur.

Les

fouillesde S.

McK.

Crosby

n 1948

ont,

n

effet,

évélé

que

la

façade

de

l église

de

Fulrad vait onnu

plusieurs

tapes

de construction

t

qu en particulier

fut

jouté

un chœur

ccidental,

e

plan polygonal

dans

lequel

certains ntd ailleurs

voulu

voir,

ans aucune

preuve,

ne

chapelle

funéraire ans laquellePépinaurait, n unpremieremps, oulu se faire

enterrer)57.

u nord e ce

chœur

artait

n couloir

ui

menait

l extérieur

un

passagesymétrique

u Sud

devait tre

éservé ux moines58.

elon

toute

apparence,

est donc aux

portes

e cet accès

que

fut nterré

épin

les

fouilles

rchéologiques,

ort

ifficiles

l

est

vrai,

ntre a

façade

de

l église

de Fulrad t

celle de

l avant-corps

onsacré

n 1140

n ont

pas permis

e

repérer

ne

tombe

ui

aurait

u

être elui du

roi

Pépin

ou de la reine

Ber-

the59.

Suger apporte

u en

construisant

oncélèbre

riple ortail,

l a démonté

un

ugmentum

u avait

onstruit

harlemagne

tdont n

ne sait ien rchéo-

logiquement

uisque

a

façadegothique

été vraisemblablement

onstruite

surlui et à son emplacement. et augmentumtait-il n simpleporche

recouvranta tombe

uparavant

l air ibre Était-il

lutôt

n

espace

fermé,

identifiablevec

le vestibulum

ont

arlent plusieurs

eprises

es Miracula

sancti

Dionysii

arolingiens60

Était-il

arfois

ésigné

ous e

terme ondi-

torium

1

? Pour

y

voir

plus

clair,

l

faudrait

avoir

uand

exactement

har-

lemagne

it âtir

et

augmentum

à la

mort e

Pépin

en 768

? Au moment

il fit ransférer

es restes

e Berthe n 783

?

A

la

finde sa

vie,

après

avoir été couronné

mpereur

C est

ici

qu intervient

a

discussion

ur a

Descriptio

e 799.

Ce

texte

tonnant,

onservé

ans un

manuscrit

arolingien

e

Reiche-

nau

(premier uart

du IXe iècle

?),

est une

brève

descriptioninspirée

e

celle

que Grégoire

e

Tours

donnée e

Saint-Martin

la

fin

du

VIe

iècle)

de la basilicasanctiDionysiiétablie a trentet unième nnéedurègne e

Charlemagne,

onc n

799

;

on

y

donne

urtout

es dimensions

insi

u une

53.L.

Levillain,

L églisearolingienne

,

oc.

it.,

.

21.

54.

Sur e extet es

ditions,

oir .

Bur,

uger

bbé,

p.

it.,

.

321-322.

55.

Suger,

ibellus,

. ecoydela

arche

d.,

uvrese

uger,p.

it.,

hap.

,

.

17-218.

Voirussi

.

Levillain,

L église

arolingienne

,

oc.

it.,

.

29-231

t

ig.

.

56.

Voira traduction

eM.

Bur,

uger.

a

geste

eLouis

I,

p.

it.,

.

193.

f. ussi

S.

McK.

rosby,

he

oyal

bbey,

p.

it.,

.

7.

57.A.

Erlande-Brandenburg,

eroi st

mort,

p.

it.,

.

2

efaitéchoavorable

e elles

hypothèses.

rudenceans

.

Durliat,

esBarbares

l an

Mil,

aris,

985,

.

38-539.

ontra,

par

xemple,

. an erMeulen

tA.

peer,

ie

ränkische

önigsabtei,

p.

it.,

.

167,

. 1.

58.

Premier

apport

erouilles

5>. cK.

rosby,

Excavations

,

oc. it.

oirmaintenant

Id., he oyal bbey,p. it., . 1-73.59.On rouveansa ittératurees entativesidentifierne ombeommeelle ePépin

(ainsi

.

ormigépropos

une

épulture

ansa ontre-abside

ccidentale),

ais

ucunee elles-ci

n apparaît

omme

oncluante.

60.

C est

hypothèsequeje

rois

xacte)

e

.

Levillain,

L église

arolingienne

,

oc.

it.,

p.

30.

61.

C est

hypothèse

e

H.

Beumann,

Grabnd

hron

,

oc.

it.,

.

0

à

propos

Aix).

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LA

MORT

T

LES FUNÉRAILLES

E PÉPIN E BREF 47

énumérationu nombre ecolonnes, e luminaires,e fenêtrest deportes.

A

la

fin

de la

description,

ont ités

Dagobert, épin

e

Bref,

harlemagne

et Carloman.

En

ce

qui

concerne

augmentum

un

premier roblème

ient es dimen-

sions

qui y

sont

fournies

our

a

basilica 245

pieds

de

long,

103

pieds

de

large

si

l on

accepte

a valeur

habituelle

u

pied carolingien

environ

33

cm),

on obtiendraitn édifice environ

0m

sur34. Or les fouilles nt

établi

ue l église carolingienne

n

elle-même

evait voir nviron

3

m de

long.

l

n y

a dès

lors

que

deux solutions ou

l on

accepte

e

pied

de

33

cm

et

l

faut

upposer ue,

devant

église

de

Fulrad,

étendait

n

vaste

ortique

comprenant

ventuellement

augmentum

ou l on

part

u

rapportongueur/

largeur245/103, oit2,38) et de la longueur ien attestéerchéologique-

ment

our

e

transept

28m

hors

ď

œuvre),

n

déduit ne

ongueur,

ans ce

cas,

du

pied

à environ 7 cm62 t on restituea

longueur

e la

basilica

à

quelque

66m,

porche

ompris.

In

fine je

l ai

dit,

a

Descriptio

ait ntervenir

uatre

ouverains. a

phrase

st

grammaticalement

oiteuse63t

permet

eux

nterprétations

ota-

lement ifférentes.ourBernard

ischoff,

agoberti

egis

t

Pippinoregi

doivent e

comprendre

omme

deux

génitifs épendant

e

de

argento

ces

deux derniersmotsne

désignant lus uniquement

es deux

portes

mais fai-

sant

ussi allusion

ux

largesses

inancières

e

Dagobert

t de

Pépin

dès

lors,

a mention e

Charlemagne

t Carloman onne

un

terminus

ostquem

pour a constructione l église,commencéeprès a mort e Pépin postmortem

uam)

ur rdre ecelui-ci

«

Pippin

ufdessenBefehl eine

Söhne,

der Herr

Karl

und

Karlmann,

ach

seinemTode diese Kirche errichte-

ten

)M.

Bref,

a constructione

l église

de Fulrad

evrait,

oute

ntière,

tre

datéed entre

68/769

t 77565. ourAlain Stoclet u

contraire,

e membre

de

phrase

ntre

agoberti egis

t Carlomannus oit

e

comprendre

omme

untitulus

édicatoire,

lacé

au-dessus es

portes argent ui

venaient être

décrites il traduit onc

«

Pour le roi

Dagobert

de

bonne

mémoire

ui

construisite

monastère t

pour

Pépin,

roi des

Francs,

ui (érigea)

cette

église,

es fils

Charles,

oiet

seigneur,

t

Carloman

irent

cette

nscription)

après

a mort t à sa demande . Dans cette

hypothèse,ue estimeplus

62.C esthypothèsengénieuseA. . toclet,LaDescriptio, oc. it.,.108-109,ù l

montrees

ariations

onsidérableses aleursu

ied époque

arolingienne

faut-il

appelerue,

d après

ginhard,

harlemagne

esurait

ept ieds,

aille

ui

ne ui emblait

as

xcessive...).

l

faudrait

eprendre

a

question,

n

inspirant

otammentes

echercheseFlorentlrix.

63.

...)

habetliahostiaI

parata

e

rgento

.)

Dagoberto

egis

onememoriae

ui

ale

monasterioonstruxerit

t

Pippinoegi

rancorum

ui

ale cclesia

er

ua ussione

ost

mortem

suam

eceruntìlii

ui omnusex arolustCarlomannus

Stoclet

d.,

.

104-105Bischoff

d.,

p.

15).

64.B.

Bischoff,

Eine

eschreibung

,

oc.

it.,

.

16

avec

iscussion

rammaticale).

oir

aussi .

an er

Meulent

A.

peer,

ie

ränkische

önigsabteiop.

it.,

.

182-185.dire

rai,

les

rgumentsrammaticauxnvoquésar

.

Bischoffe emblent

nutilement

ompliqués

t on

interprétation

u exte

ose lus

e

problèmesu il

en ésout.

65.Cettefourchette

chronologique

st insi

eprise,

ans

uances,

ar

W.

Jacobsen,

Die

Abteikirche

,

oc.

it.,

.

180 u

par

.Heitz,

a France

ré-romane.

rchéologie

t rchitecture

religieuseuHaut oyenge,u v iècle l anMil, aris,987,.132-135udansesnoticesqu il consacréesl abbatialearolingienneanses ataloguesa Neustrie.es aysunorde

laLoiree

Dagobert

Charles

eChauvevir-ixr

iècles),

.PÉRIN

t

.-Ch.

effer

d., ouen,985,

p.

165 tUn

illage

u

temps

e

Charlemagne.

oinest

aysans

e

abbaye

e

aint-Denis,

u

viriècle

l an

Mil, aris,988,

.

0-54.

66.

A.

J.

toclet,

La

Descriptio»,

oc.

it.,

.

105-106t 115-117.lus

écemment,d.,

«

L abbaye

arolingienne

eFulrad

,

oc.

it.,

.

9-91.

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48

A. DIERKENS

convaincanteue celle de B. Bischoff,e titulus urait tégravé n768/769

(et,

peut-être,

emanié

près

a

mort

e Carloman

n

771)

et

implique

ue

l essentiel es travaux

vaitété fait ous le

règne

e

Pépin.

Enfin,

n a

remarqué ue

la

Descriptio

ne faisait ucune allusion

Yaugmentum

certains nt rouvé e silence

urprenant

t ontvoulu

expli-

quer par

une réalisation

ostérieure

799.

Dans ce

sens,

ls

trouvent

ne

confirmationans

quelques

versd une

inscription

arolingienne

e Saint-

Denis,

dont

ls

font

n titulus

lacé

dans

YaugmentumCharlemagne

est

dit

optimus

ugustus

Caesar

ce

qui impliquerait

ne

rédaction

près

Noël

800 . Jene vois

pas pourquoi

ette

nscription

evrait tre

ontemporaine

de la construction

l argument

e semble

faible t

peut

tre

négligé68.

Après xamen ttentifeshypothèsesonte viens esquisseresgran-

des

lignes,e

crois

que

la tombe e

Pépin

été

placée

à l ouestde

l église

de

Fulrad,

evant entrée ituée u

nord u contre-chœur.ouluset

conçus

par

Fulrad t

Pépin

dès les années

750,

les

travaux

vaient

éjà

fortement

progressé69

Charlemagne

t Carloman ntdonc

pu,

sans

difficulté,

espec-

ter

a volonté

xpresse

e leur

père.

augmentum

dû être onstruit

eu

après

68/769

0

;

la constructione

l église

était

chevée n 775

;

un titulus

placé

alors devant a

porte rincipale

et

donc,

non oin de

Yaugmentum)

devait

appeler

a

part répondéranterise

dans

e

développement

e Saint-

Denis

par

e roi

Dagobert

t

parPépin

e Bref. et

augmentum

dont

aspect

est

impossible

déterminervec certitude ais

qui

était

probablement

n

vestibule ermé refféevant entrée roprementite, ontenaita tombe

de

Pépin

et,

depuis

783,

celle de Berthe il devait tre rnéde statues u

de

portraits

effigies

imagines)11

t

comporter

u moins ne

nscription

uné-

raire

ui rappelait

a volonté humilitas

e

Pépin.

Cette

nscription

evait

être ifférentee celle

reprise

ans

a

Descriptio12peut-être

ontenait-elle

les mots ub hoc conditorio13

67.W.Jacobsen,DieAbteikirche, oc. it.,.152-153,ui ebaseur .Hoffmann,ZurEntstehung, oc. it.,. 0.

68.Au

assage,e

fais

emarquerue

JacobsentHoffmann

upra

.

7)

dentifient

rroné-

ment

epitaphiumippini

entionné

lus

aut

n.42)

vec

e itulus

ui

uraitté

ravé

ura

ombe

de

Pépin

eBref

Saint-Denis,

lors

ue

e outevidence

lconcerne

épin

Italie,

ort

n 10.

69.

Voir,urtout,

es

hypothèses

eL. Levillainentionnéesi-dessus.

l me emblevident

que,

ansecas ontraire

les

ravauxauraientommencé

u après

amorte

Pépin),

atombee

Pépin

aurait

u

tre

lacée

nte

imina,

uisque

a

façade

eFulrad

e

eprendas

a

façade

éro-

vingienne

t

ue

ien e

ouvait

ncoreéterminer

emplacement

e a future

orte...

70. l faut

appeler

ci

ue

avolontéanifestée

ar

harlemagne

e efairenterrerSaint-

Denis

qui,

e

plus,

était

as

ansa

pars egni

date e

anvier

69,

uelques

ois

près

a

mort

de on

ère.

ugmentum

u-dessuse a ombee on

ère

ouvaitgalement

voirté

onçuour

abritera

propre

ombe.

71.La

question

es tatuesudes

ortraits

ériteraitn rticle

éparé.

es léments

ajeurs

dediscussionontournis

ar

.

Hoffmann,

Zur

ntstehung

es

Königsportal

,

oc.

it.,

.

9-34.

72.Jeuisci lus etuAlainStoclet«LaDescriptio, oc. it.,.1 6) letitulusontilsupposeexistencee ontientienuratombeePépin,ur humilitasontelui-ciuraitait

montre,

tc.

urun utrensemble

inscriptions

elatives

un ouverain

arolingien,

oir

J.A. chmoll

en.

isenwerth,

DasGrabmalaiser

udwigs

es rommennMetz

,

Aachener

Kunstblätter,

.

5,

974,

.

5-96,

ux

.

7-78.

73.

H.

Beumann,

Grab nd hron

,

oc.

it.,

.

0-31

H.

Hemgesberg,

Gab s... ine

Vorlage

»,

oc.

it.,

.

5-76.

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LA MORT

T

LES FUNÉRAILLES

E PÉPIN E BREF

49

La tombe de

Pépin après

Suger

Suger

a ouvert

a

tombe

de

Pépin,

dont,

elon toute

pparence,

l

connaissait

emplacement

xact et la nature. n a

parfois upposéqu il

avaitrecueilli

es restes u roi et

qu il

les avait

replacés

illeurs,

oitdans

le

narthex,

oit

près

du chœur.

i

l on

accepte

a valeur es

renseignements

donnés

ur a

position

u

corps

de

Pépin

dans

es

Grandes

Chroniques

e

France

1274)

,

il faut n déduire

ue Suger

a

laissé

la

tombe ntacte75

elle semble tre estée isibledans

es

premières

ravées e la

nef,

evant

l autel dédié à saint

Hippolyte76,

usqu au

transfert

e

1264.

En

1264,

en

effet,

ar

a volonté u

roi Louis

IX,

les

corps

de

Pépin

et de Berthe urentlacésdans e brasSuddutransept,on oinde ceuxde

Clovis

II

et de Charles

Martel77 les

gisants

éalisés

cette ccasion sont

conservés78.es

procès-

erbaux ouverturees

tombes

oyales

n

1793

ne

font ucuneallusion des

restes

ui pourraient

tre dentifiés

ceux des

parents

e

Charlemagne79.

Au terme e ce

rapide

urvol u beau dossier

historico-archéologique

de la tombede

Pépin

le Bref à

Saint-Denis,

l fautbien avouer

que

de

nombreuses

uestions

estent

on

résolues,

n

particulier

elles

qui

touchent

à l architecturee l abbatiale

façade,

ntrée,

ugmentum).

es recherches

ultérieures,

asées tant

ur une nouvelle ecture

ritique

es

rapports

e

fouilles e S. McK.

Crosby

ue

sur un examen ur

place

des

vestiges

mis

au jourlors de ces fouilles, ermettrontrobablementétablir ne bonne

reconstitutione l abbatiale

arolingienne.

l

n en reste

as

moins

ue,

dans

l état ctueldes

choses,

a tombe e

Pépin

st

particulièrement

ntéressante

dans

optique

des liens entre ouverains

t Saint-Denis

c est-à-dire

ussi

74.

Voir

upra

et

.

3).

75.Dansemême

ens,

. .

Wright,

A

Royal

omb

rogram

n

he

eign

f t. ouis

,

The rt

ulletin,6,

974,

.

24-243

à

a

p.

29)

tK.

Hoffmann,

Zur

ntstehung

es

Königs-

portal,

oc.

it., .

0.

76.

Rigorde

aint-Denis,

hronicon

1 96),

.F.Delaborde

d.,

Noticeures

uvrages

et ur a vie e

Rigord,

oineeSaint-Denis

,

Bibliothèque

e Ecole esChartes

45,1884,

p.

85-614,

la

p.

04

Pipinus

ero

epultusuiescit

n adem

cclesianteltareancti

politi

cumertaxoreua. autelaint-Hippolyteetrouvait,usqu en237,ucentrees remièrestravéese anef e églisee uger,un ndroitorrespondantlafaçadee égliseeFulrad

voir

es ndications

e .McK.

rosby,

he

oyalbbey,p.

it.,

.

9 t

59-160,

e

G. .

Wright,

«

A

Royal

omb

rogram

,

oc.

it.,

.

29 t e

K.

Hoffmann,

Zur

ntstehung

es

önigsportal

,

loc.

it.,

.

0. ure

dépacement

e auteln

237,

oires

Annalese aint-DenisE.Berger

d.,

«

Annalese

aint-Denis,

énéralement

onnuesouse itreeChronicon

ancti

ionysii

d

yclos

paschales

,

Bibliothèque

e Ecole

es

Chartes,0, 879,

.

61-295,

la

p.

81 Hoc

nno,

n

Purificatione

eate arie

translatum

uit

um

agnaolempnitate

orpus

ancti

politi

boratorio

quod

iu

uerat

nmedioavi cclesien

novumratoriumn inistra

arte

ovi

peris.

l faudrait

reprendre

a

question

e

a

présentation

e a tomben

parallèle

vec e

que

on ait e elle e

Charlemagneprès

65

Aix,

e elle e

Louis

e

PieuxSaint-rnoule

Metzu

de

elles es

roisnterrésSaint-Remie

Reims,

otamment.

77.Annalesancti

ionysii

troisième

ontinuation,

264-1292),

.Waitz

d.,

MGH,S,

.

13,

Hanovre,881,

.

21,

°

1264Translatiunt

eges

n extro

horo,

cilicet

...)

Karolusartellus

rex,

erta

egina,

xor

ippini,ippinus

ex.ur eci

t ur

emplacement

xactes ombeaux

ans

le ranseptt e hœur,.Erlande-Brandenburg,eroi stmort,p. it.,. 1-82tG. .Wright,«ARoyalombrogram, oc. it.,. 24-243.

78.Sur es

isants,

oirurtout.

Erlande-Brandenburg,

e oi st

mort,

p.

it.,

.

128-129

et149-150

3 t

4).

79.

Dom

.

Poirier,

Rapport

ur exhumation

es

orpsoyaux

Saint-Denisn

1793

dans e

imple

orps

u oi.

impossible

acralité

es ouverains

rançais,

v-xvnr

iècle,

.Bou-

reau

d.,

aris,988,

.

1-91.

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50

A. DIERKENS

de la dévotion oyaleà Denis)80 elle pourraitgalement ermettrene

meilleure

ompréhension

e

la tombed autres

Carolingiens,

omme elle

de

Charlemagne.

Mais,

à mon

ens,

intérêt

ajeur

une étudede la

sépulture

e

Pépin

est

de faire

pparaître

n

exemple

précoce

le

plus

ancien

pour

un roi des

Francs)81

enterrement

nte

imina.

l

y

a là un

parti

humilité onton

pourrait,eut-être,

rouver e lointaines ources ans a traditionamiliale

pippinide

mais

qui

doit

plus

probablement

tremis en

rapport

vec le

sacre

ui

confère

u souverain

arolingien

ne

obligationqui

n existait

as

pour

es rois

mérovingiens)

offrir

n modèle hrétienu

peuple

oumis

son

pouvoir.

n

aurait onc à une

marque upplémentaire

un

phénomène

bien connu celui de la cléricalisationes cadresdirigeantst de la place

croissante e la

morale

hrétienneans

a vie

des

gouvernants

u

regnum

Francorum. e ai

déjà souligné,

humilité

e

Pépin

humiliatio

erson-

nell exaltatio de

la fonction

oyale) présente

n caractère

stentatoire,

puisqu elle

st

explicitement

oulignée ar

une

nscription

lacée

à côté de

la

tombe t

que

l emplacement

êmede la

sépulturemplique

ne

prise

de

conscience

hez toute

ersonne

ui

pénètre

ans abbatiale e

Saint-Denis

elle n en est

pas

moins

éelle83,

omme e révèlent absencede tout

mobilier

funéraire

à

l exception

e la croix

placée

sous le

visage

de

Pépin,qui

l embrasse onc

usqu à

la findes

Temps)

et, surtout,

a

position

u

corps,

prosterné

ers

Est en une

longueproskynèse

ans

l attente u

Juge

du

Dernierour84. ans cette ptique,a démarcheeligieuse ui a présidé ux

funéraillese

Pépin85

est

pas

fondamentalementifférentee celle

qui

a

conduit,

n

747,

le

frère

e

Pépin,

Carloman,

renoncer sa

charge

de

maire u

palais

pour

ntrer ans es ordres Rome avant e devenirmoine

au Mont-Cassin

80.On evrait

crire,

our

aint

enis,

n rticle

imilairePh.

epreux,

Saint emit a

royautéarolingienne

,

Revue

istorique

285, 991,

.

35-260.

81.

l

en st e

même,

ien

ûr,

our

e acre

oyal.

82.

On onnaîtecasde ainteertrudeeNivelles

morte

n

59)

ui

-

rapporte

a Vita

de a econdeoitiéu

ir

iècle

explicitement

emandé

être

nterréeeulementans nmodeste

linceul.e

cas

été, otamment,

is n vidence

ar

.

Young,

Exempleristocratique

tmode

funéraireansa Gaute érovingienne,Annales..S.C,41, 986,. 79-407à ap. 01,l sedemandeen itantdouardalin siPépinpartageaitespritabnégationeGertrude)et,

surtout,

ar

.

Effros,

rom rave

oods

oChristian

pitaphs.

volutionnBurialraditionnd

the

xpressionf

ocial tatus

n

Merovingianociety,

hèse

nédite,

os

Angeles

University

f

California),

994.

83.

Cetteumilité

u ouverainété ientudiée

our

ne

ériode

ltérieurevoir

.Borns-

CHEUER,

iseriae

egum.

ntersuchungen

um

risenund

odesgedanken

n en

errschaftstheo-

logischen

orstellungen

er ttonisch-salischen

eit,erlin,

968

t

G.

Koziol,

egging

ardon

nd

Favour.itualnd oliticalrder

n

arly

edieval

rance,thaca-Londres,

992.

84.K.H.

Krüger,

önigsgrabkirchen,p.

it.,

.

96.

85.En

e

qui

oncernees unérailles

roprement

ites

et

ur

esquelles

es extesonservés

sontotalement

uets),

n

peutupposerue,

même

olennelles,

lles avaientucunaractère

fastueux.ecas e

Charlemagne

enterrement

e

our

mêmee amortt n

absence,

otamment,

de on

ils

t

uccesseur)

e emble

rouver

inexistenceerituels

randioses

ude érémonies

inspirées,ar xemple,

e

modèles

mpériaux

omainsu

byzantins.

oir,otamment,

.

Dierkens,

«Autoure a ombeeCharlemagne, oc. it.,.179-180tJ.Nelson,Carolingianoyalune-rals, oc. it. oures ituelsarolingiense amort,oir,n ernierieu,.S.Paxton,hristia-

nizing

eath.he reation

f

Ritualrocessn

arly

edieval

urope,

thaca-Londres,

990.

86.K.

H.

Krüger,

Königskonversionen

m .Jahrhundert

,

Frühmittelalterliche

tudien,

,

1973,

.

169-222,

urtout

.

183-200

Cl.

tancliffe,

Kings

ho

pted

ut dansdealnd

eality

in rankishnd

nglo-Saxon

ociety.

tudies

o

J.

M.Wallace-Hadrill

P.

Wormald,

.

Bullough

etR.

Collins

d., xford,983,

.

154-176.

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LA MORT

T

LES FUNÉRAILLES

E PÉPIN E

BREF

5

1

Alain Dierkens, Séminaire Histoiredu MoyenÂge, Faculté de

philosophie

t

ettres,

niversité

ibrede

Bruxelles,

.P.

175/01,

0,

avenueFranklin .

Roosevelt,

-1050

Bruxelles

La

mort,

es funérailles

t la tombedu

roi

Pépin

le

Bref

768)

Dans cet

article,

n examine

e

que

l on sait de la mort

e

Pépin

e

Bref

e 24

septembre

68

et

de

la tombe e celui-ci Saint-Denis.

n

s interroge

ur e choixde Saint-Denis

omme ieu

de

sépulture,

ur

la

signification

un

enterrement

nte imina t es

apports

e archéo-

logie

en a

matière,

ur es raisons une

nhumationace

contre

erre,

sur la

nature

et

la

date)

de

Yaugmentum

ue

Charlemagne

it

construireur a tombe e sonpère, ur e sort es restes upremier

roi

carolingienusqu au

troisième

uart

du

xviir iècle.

En

conclu-

sion,

on insiste

ur

es

implicationsdéologiques

e

l humilité sten-

tatoire,

oulue

par Pépin

et

mise en évidence

ar

ses fils.

Pépin

e Bref Saint-Denis

Fulrad

Suger

Charlemagne

The

Death,

the

Funeral,

and the

Tomb of

King

Pepin

the Short

(768)

In this

paper,

we examine

whatwe

knowof

Pepin

theShort

death

on September4, 768, and of his tomb t Saint-Denis.We explore

such

subjects

s : the hoice of Saint-Denis orhis burial

lace,

the

significance

f

an ante

imina

urial nd the

rchaeological

ontribu-

tions owards

his

uestion,

he easons

why

he

body

was buried

ace

down,

henature

and

the

date)

ofthe

ugmentum

hich

harlemagne

had ordered

o be constructed

n his father s

omb,

nd

thefateof

thefirst

arolingian

ing s

remains

p

to thefirst

uarter

f the

hir-

teenth

entury.

n

conclusion,

we stress he

mportance

f the deo-

logical mplications

f theostentatious

umility

hich

epin

favored

and whichhis sons

consequently

isplayed.

Pepin

the

Short

Saint

Denis

-

Fulrad

Suger

Charlemagne

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Médiévales1, utomne996,p. 3-66

Janet

.

NELSON

LA

MORT

DE

CHARLES

LE

CHAUVE

Démographie

et

pathologie

D'après

les

archéologues,'espérance

e vie au

Moyen

Âge

était rès

courte,

e situant utour e 28 ans

pour

es hommes.

our a

royauté

t

l'aristocratie,

ependant,

a duréede

vie

semble voir té notablement

lus

longue1.

harles

e

Chauve

mourut

l'âge

de

54

ans et es sources oncer-

nant es trois

récédentesénérations

e

Carolingiens

ontrent

ue

Charles

avaiteffectivementoutes

es

chances

d'atteindree

que

nous

appellerions

l'âgemûr2. épin e Bref écutprobablement)usqu'à 54 ans.Charlemagne

(probablement)usqu'à

66,

mais

son frère

arloman

usqu'à

20 seulement.

Pour a

génération

uivante,

es filsde

Charlemagne

écurent

usqu'à

42 ans

Pépin

e

Bossu),

38

ans

Charles),

3 ans

Pépin

d'Italie)

et 62 ans

(Louis)

;

ceux

qui

avaient mbrassé a vie

religieuseusqu'à

54 ans

(Dro-

gon), plus

de 40

ans

(Hugues

et

Richbod).

Un

seul fils de

Charlemagne

(Lothaire)

st mort n bas

âge

et a datede décès d'un autre

Thierry)

'est

pas

connue.

La

moyenne

st de 44 ans. De toute ettedescendance

mâle,

seulement eux

fils

périrent

e mort iolente.

Pour a

génération

es

petits

nfants e

Charlemagne,

es chiffresont

de

20

ans

Bernard),

4 ans

Nithard),

lus

de 47 ans

Arnulf),

0

ans

Pépin),

70 ans Louis le Germanique),7 ans Louis,seulreligieux),4 ans Char-

les).

La

moyenne

st de

50

ans. De cette

énération

ussi,

deux

périrent

e

mort iolente.

Mais

la

descendance

mâle de

Charles

e

Chauve

présente

n tableau

tout utre ses fils ontmorts

espectivement

33

ans

Louis),

19 ans

Char-

les),

27 ans

(Carloman),

4

ans

(Lothaire),

0

ans

pour

es deux

umeaux

(Drogon

t

Pépin)

et moinsd'un an

pour

deux

autres

nfants.

a

moyenne

est

de 14 ans.

On

peut

dire

ue

deux sontmorts la suitede violences. e

ses huit

ils,

n seul survécut Charles.

'espérance

e

vie des mâles aro-

1 À

comparer

vec es hiffres

eG.

Duby,

uerriers

t

Paysans,

ur-xriècles.remier

essor e 'économieuropéenneParis,973K.Leyser,ule nd onflictn nEarly edievalSocietyOttonianaxony,ondres,979,. 9-62,2-95H.W. oetz,ebenmMittelalterDarms-

tadt,987,

.

8.

2.

Poures hirtres

uivants,

oires

onnees

e

K.F.

Werner,

DieNachkommenarlses

Grossen

,

dansW. raunfels

ir.,

arl erGrosse.ebenswerknd

achlebent.

,Düsseldorf,

1965,

.

42

q.

vecableau

énéalogique,

t

d.,

tructures

olitiques

umonde

ranc

vr-xir

iècles

,

Londres,979,

hap.

II.

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54

J. . NELSON

lingiens taitdonc très ncertaine,avantage éduite ar es maladies ue

par

es hasardsmilitaires.

Le

rythme

e

vie d'un

roi

médiéval tait

puisant.

n

été,

uand

'acti-

vité militaire tait

ntense,

l

fallait

eaucoup voyager,

e

plus

souvent

cheval,

ntre es

étapes

ui

étaient ouvent

e courte urée. es conditions

de vie

étaient

partiates.

es

meilleures

echniques

e menuiserie e

proté-

geaient as

contre es courants 'air3.

l

y

avait

certes es

médecins,

mais

leur avoirn'offrait

ue peu

de remèdes

fficaces ontre a maladie.Pour

des

raisons

politiques,

militairest aussi

religieuses,

es rois

carolingiens

étaient ouvent

bligés

d'aller en Italie. Les

contemporains

avaient

ue

pour

es

Européens

u nord es

séjours rolongés

n

Italie

présentaient

es

risques, urtoutn été. C'est sans doute n raison e telles nquiétudesue

les

primores

e

Pépin

e

Bref e montrèrent

i

peu disposés

l'accompagner

quand

l

partit

n Italie n 7564. Si

Charlemagne

choiside commencer

a

campagne

ombarde n hiver

malgré

e difficile

assage

des

Alpes,

c'est

peut-êtreu'il

craignait

e

voir e

prolonger

e

siège

de Pavie et

redoutait

les

conséquences

'un

long séjour

stival. n

836-837,

prèsque

Lothaire

eut

été

contraint

e

quitter

'Italie

par

son

père,

une

épidémie

it

périr

ant

de noblesfrancs

ue

la cour de Louis le Pieux fut

longée

dans

e

deuil5.

Lothaire

I

mourutn talie

d'une

épidémie

emblable vec un

grand

ombre

de ses hommes n

uillet-

oût869

;

«

il

voyait

es cadavres e ses hommes

s'entasser

ar

centaines 6.

Charles e Chauvenepouvait as ignorere danger orsqu'il 'apprêtaà son tour

partir our

'Italie à la finde

875,

bien

que

ce fût 'hiver

dès

le moisde mars 76

il

était

eparti our

a

Francia).

On sait

qu'il

a souffert

de

maladie

grave quatre eprises

ans

sa

vie la

première

n été

858,

la

deuxième n automne

74,

et la

troisième t

quatrième espectivement

n

juillet-août

t

en décembre 76.

Il

est

possible u'il

ait contractéa malaria

pendant

on

séjour

talien e 875-876 en revanche n

ignore

outde

sa

maladiede 8747.

Il

avait deux médecins ans son

entourage

le

premier,

Jean

'Irlandais,

st

ignalé

ans es textes u début e son

règne

le

second,

un Juif ommé

édéchias,

n'apparaît ue

vers a fin8. l est ntéressant

e

noter

ue

Charles,

u début

es

années

850,

attribuaita

guérison

'un mal

de

dent

igu

à l'interventionivine

plutôt u'à

la médecine9.

3.

Pour ébénisterieu

xe

iècle,

oir .

Maccaronet l.

dir.,

La Cattedra

ignea

iS.

PietronVaticano

,

Attiella ontificiaccademiaomanai

Archeologia,

er.

II,

Memorie

,

Cité

u

Vatican,971,

urtoutes rticlese

N.

Gabrielli,

.Coronat .HolsteinP.

Rahtz,

he

SaxonndMedievalalacestCheddar

Oxford,979,

British

rchaeologicaleports,

ritisheries

65),

.

9-107,

74.

4.

Eginhard,

ita

aroli,

h.

,

O.Holder-Egger

d.,

MGH S

Rer.

erm.,anovre,911,

p.

.

5.L'Astronome,ita ludoviciii ch. 6,G.Pertzd.,MGH S I,Berlin,829,. 24.6. Annalesertiniani,.Grat t l. d, aris,965désormaisbrégénAB), .156.

7. Heiric

'Auxerre,

e Miraculis

ancii

ermani

utissiodorensis

ibri

I,

PL 124

AB,

p.196-197,06,

11.

8. G.Tessier

d.,

ecueil

esActese

Charles

I

le

Chauve,.l, aris,944, °75,

.

13

(Jean)

AB,

.

16

Sedechias).

9.

Tessier,ecueil,

.

1,

82,

.

84.

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LA

MORT

E

CHARLES E CHAUVE

55

Mentalités

À l'historien

moderne,

harles

peut

donner

'image

d'un

politicien

pragmatique,

t c'était n effet n

aspect

de

son

caractère.

l

vivait

epen-

dant,

out omme es

contemporains,

ans une forêt e

symboles.

on livre

de

prières

ontenait es textes

énitentiels

estinés sa dévotion

erson-

nelle,

et sur 'un des folios ui même tait

représenté

rosterné

evant

e

Christ n croix.Le David des Psaumes

était

un modèle

particulièrement

approprié

un roi

qui

souffrit

eaucoup

mais

qui triompha

e l'adversité.

Sur

la

couverture

u Psautier e

Charles 'âme de

David

était

eprésentée

sous

l'aspect

d'un

petit

nfant

u'un ange

tient ur es

genoux

.

Charles

s'intéressaituxmartyrsil commanda nmartyrologetenvoyamêmeun

émissaire

Cordoue

our

'informeres

martyrs

ontemporains

il

y

eut n

effet

ans

l'Espagne

des

années

850 une

vague

de

persécutions

ont a

nouvelle raversaussitôtes

Pyrénées)

t

pour

cquérir

es

reliques

I. Char-

les n'était

as dépourvu

'une certaine uriositéntellectuelle

par xemple,

il

cherchait

comprendre

e sens d'un

passage

obscur

du

Cantique

des

cantiques,

t à savoir

quelles iturgies

taient tilisées

Ravenne

ģ

C'est

qu'il

s'intéressaitux

pratiques

ituelles

il

demanda n effet Hincmar e

composer

es ordinēs e consécration

our

a

fille

Judith

n

856

quand

lle

devint eine es Saxons de

l'Ouest,

puis

pour

a femme

rmentrude

n

866

(reine

depuisprès

d'un

quart

de

siècle,

elle avaitrécemment

erdu

ix de

ses huitfils)etpour ui-mêmeussi,en 869, à l'occasion de l'acquisition

de la

Lotharingie.

l institua e son

propre

hefdes cérémonies

iturgiques,

quand

l fit élébrer

ar

des moines t

par

e

clergé

oute ne série

d'anni-

versaires

oyaux,

e

qui

était ans

précédent

n Occident13.lus

qu'aucun

autreroi du Haut

Moyen Âge,

il sut

exploiter

es relations e

parentés

symboliques

u

spirituelles,

urtoute

parrainage,

n tant

ue

métaphores

du

pouvoir14.

eune

oi,

l savait

éjà

utilisere rituel ussibien

pour

ccabler

ses ennemis n leur montranta croix sur

aquelle

«

ils avaient

prêté

es

serments

u'ils

avaient nsuite

ompus

,

que pour

rallier es

propres ar-

tisans utour 'un événementérémoniel

u'il

présentait

omme n miracle

-

l'arrivée

tempspour Pâques

841 des

regalia

d'Aquitaine.

a fêtede

Pâques

était

par

dessus toutun

temps

de consolidation es liens entre e

seigneurt seshommes,ar a distributiones argesses tpar a célébration

10.R.

Deshman,

The xaltedervant

the

uler-theology

f he

rayer-book

f

Charleshe

Bald

,

Viatort.

1

,1980,.

85-417.

11.

J.L.Nelson,

The

ranks,

he

Martyrology

fUsuardnd he

martyrs

f

Cordoba»,

StudiesnChurch

istory

t.

0, 993,

.

7-80.

12.B.

Taeger,

Zum erculumalomonisincmarson eims

,

Deutschesrchivt.

3,

1977,

.

153-167A.

Jacob,

UneettreeCharleseChauveu

lergé

eRavenne

,

Revue

'His-

toire

cclésiastique

t.

7,

972,

.

09-422.

13.VoirM.

Rouchev

Les

repas

efête

l'époquearolingienne»,

ans .Menot

dir.,

Manger

t oire

u

Moyenge,

ctesu

Colloque

e

Nice,

15-17

ctobre

982),

.l

Alimentation

et ociété

Nice, 984,

.

65-296O.G.

exle,

Mahl nd

pende

m

mittelalterlicheotenkult

,

Frühmittelalterliche

tudien,

.

18, 984,

.

01-420

A.

toclet,

Dies

nctionis .noten he

anniversariesf oyalnaugurationsn he arolingianeriod,Frühmittelalterlichetudien,. 0,1986,. 41-548et urtout. taubach,asHerrscherbildarlses ahlen,ünster,982Id.,

Rex hristianus.

ofkultur

nd

errschaftspropaganda

mReich arls es

Kahlen,

eil

I

Die

Grundlegung

er

religion

oyale

,

Cologne,

993.

14.A.

Angenendt,

aiserherrschaft

nd

önigstaufe.

aiser,

önige

nd

äpste

ls

eistliche

Patrone,erlin,

984J.M.

mith,

rovincend

mpire.rittany

nd he

arolingians,

ambridge,

1992,

.

118-15.

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8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf

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56 J.

.

NELSON

communautairee la liturgie5. oucieuxde

présenter

ne

mage

favorable

de la

royauté,

harles

a fit

llustrer

ar

des artistest des savants. ar

plus

que

d'autres ouverains e

son

temps

l

aimaitde telles

représentations.

Parmi

es motifs

culptés

ur

es

plaques

d'ivoire

ui

décorenton

trône,

e

trouve n

portrait

u roi

ouronné,

enant

ceptre

t

globe,

tentouré

'anges

portant

es

couronnesô.

Charles

e

présentait

insi comme

rexchristianis-

simus.

Lorsqu'il

devint

mpereur

n

875,

Charles

ffinae rituel.l

fit hanter

des

laudes,

en son honneur

t

en celui

de

l'impératrice,ar

les

évêques

rassemblésu conseilde

Ponthion

n 876

17.

'après

des Annales enues

ar

un Franc

de

l'est hostile

Charles,

il

adopta

des vêtures

ouvelles

t

insolites car l allait l'église e dimanche t les oursde fêtevêtud'une

dalmatique ui

lui tombait

ux

chevilles,

ortant'épée

à la

ceinture,

a tête

enveloppée

'un voile de soie surmonté 'un diadème.

Car,

méprisant

es

coutumes es

rois

francs,

l

préférait

es

gloires

e la

Grèce

18.Mais

Charles

n'avait

pas perdu

a tête.Dans le même

temps

l

créaitde lui-même ne

autre

mage,

elle d'un chef

ialoguant

vec son

peuple,

devisant vec les

minores

amilièrement,

coutant

eurdoléances 19.

Jusqu'à

a fin

Charles

garda

a maîtrise es deux

registres

autorité t consensus.

Memento mori

L'Église

au IXe iècle

ncourageait

es fidèles ne

pas

oublier

ue

la vie

est

fugitive

t

que

la mort st

toujours résente20.

l se

peut ue

Charles

it

ressassé e récit e la mort e son

père

relaté ans un

ouvrage ui

lui avait

sans douteété dédié la vie de Louis le Pieux

rédigéepar

l'Astronome.

L'empereur

estcouché ur on itde mort n

proie

la terreur

«

il

hurlait

dans sa

langue

maternelle,Hutz,

hutz comme 'il voulait hasser es

mauvais

sprits

21.

Trente-quatre

ns

plus

tard,

ouis e

Germanique,

emi-

frère e

Charles,

une

nuit,

it n rêve eur

ère 'empereur

ouis

qui,plongé

dans

a

plusgrande

étresse,

ui adressait es

paroles

n atin

Je

'implore

par

notre

eigneur

ésus hrist t

par

a SainteTrinité e me délivrer e ces

tourmentsont

e pâtis our ueje puisse

nfin tteindrea vie éternelle

22.

Le secours epouvait enir uedesprières esmoines,t Louis e Germani-

que,

«

envoya

donc]

des

lettres tous

les

monastères...eur demandant

d'urgence

'intervenir

ar

eur

prières uprès

du

Seigneur our

ibérer ne

15.

Nithard,

istoirees

ils

e ouisePieux

I, ,8,

P.Lauer

d.,

aris,926,

.

6,

0

voir

.L.Nelson,

he rankish

orld

Londres,996,

.

5-6.

16.

L.

Nees,

Cathedra

etri

,

dans

.T.

ibson

t

J.L.

elson

ir.,

harleshe ald. ourt

and

ingdom

Aldershot,990,

.

40-7,

la

p.

45.

17.

AB,

.

05.

18.Annalesuldenses

F.

Kurze

d.,

MGH S

Rer.

erm.,anovre,

891

désormais

brégés

enAF,p. 6.19.De Ordinealatiic.35.Cf. .L. elson,harleseChauve,rad,rançaise,aris,994,

p.

6-70,

68-71.

20.M.

McLaughlin,

onsorting

ithaints.

rayeror

he ead n

arly

edieval

rance,

Ithaca

.Y.,

994.

21.

L'Astronome,

ita

ludovici,

p.

it.,

.

48.

22.

AF, 74,

.

2.

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LA

MORT

DE

CHARLES

E

CHAUVE 57

âme tourmentée23.Un des destinatairese cetteettre taite conseiller e

Charles,

Hincmar

rchevêque

e Reims

4

,

celui-làmême ans doute

ui

lui

avait nnoncé e sort ouloureux e

son

père

dans 'autremonde.Hincmar

n'arrêtait

as

d'avertir

harles

ue

l'âme

après

a mort

e

trouve nue et

seule,

ans femme

i

enfant,

ans e confort i a chaleur es

proches

t des

vassaux 25.Comme on demi-frèreouis le

Germanique,

harlesne

man-

qua pas

de solliciter'intercession

onastique.

Parailleurs harles ouait ne

grande

évotion saint

Martin,

e

patron

ancestral es

Francs

t aussi

celuide sa

mère,

udith26.l révéraitussi saint

Germain

'Auxerre ce futvers ui

que

Charles e tourna

our

demander

son ntercession

uand

éclata

a crisede l'hiver

58-859,

puisqu'il

ne

pou-

vaitpas se rendre u sanctuaire e saintDenisqu'il considéraitomme on

patron27

t

que

son

père

ui avait

enseigné

vénérer. harles

hérita e lui

les servicesď

Hincmar,

moine de

Saint-Denis,

ui

le

poursuivit

e ses

conseils out u

long

de sa vie. Charles

manifesta

n de

nombreusescca-

sions sa dévotion

our

Denis,

qui

était

honoré omme

patron

u

royaume

des Francs t à

qui

Charlesdevaitvouerun culteex

officio.

Mais

Charles

éprouvait

ussi sans ucundoute nedévotion oute

ersonnelle

son

égard.

Depuis

son

eune âge

il avaitfait e vœu de

protéger

es

reliques

du saint

des

ravages

des

Vikings,

ût-ce u

prix

de

sa

vie.

Plus

tard,

l se rendait

volontiers la tombedu

saint,

urtout

Pâques quand

l le

pouvait.

On

comprend

ès lors

qu'il

ait choisi

Saint-Denis

our

a

sépulture.

Car,commeun nombre roissant e ses contemporainsaïcs,Charlestenait

prendre

es

dispositions

our

es

propres

unéraillest es commé-

morations.e

19

septembre

62,

l fit on

Saint-Denis

'une

villa

à

Senlis

près

de

Paris),

pour

e

repos

des

âmes

de feunotre

eigneur

t

père 'empe-

reur ouis et de notremère

'impératrice

udith,

t de la nôtre . Les revenus

de cette

ropriété

taient estinés

l'éclairage

e

l'église,

cinq

fêtes ffer-

tes à la

communauté,

t à l'assistance ux

pauvres.

es

fêtes

omportaient

des

banquets

n commémoratione l'anniversairee Charles

13

juin)

du

jour

de son sacre

6

juin)

du

our

où,

en

859,

il

avait

repris

n mains e

royaume

15

anvier,

ate

remplacer

ltérieurement

ar

celle

de son enter-

rement)

du

our

de

l'anniversaire

e

mariage

e

Charles

t d'Ermentrude

(13

décembre)

t de l'anniversaire

e naissance 'Ermentrude

27

septem-

bre,date à remplacere moment enuparcelle de sonenterrement).es

frères evaient éciter

uotidiennementinq psaumes

du vivant t

après

a

mort

e

Charles,

evant 'autel

appelé

e

Trésor,

où sera notre

épulture,

si Dieu le veut

(

ubi

sepulturam

ostrani

si

ita Deus

voluerit

disposui-

mus)

de

plus

un

prêtre

evait élébrer

ous

es

ours

a

messe

pour

Charles,

23.

bid.,

oir .

E.Dutton,

he

olitics

f reaming

n he

arolingianmpire

Nebraska,

1994,

.

19-24.

24.

Flodoard,

istoriaemensis

cclesiae

II, 0,

. Heller tG.

Waitz

d.,

MGH

S, 3,

p.

13 cf.

bid.

II, 8, .

10.

25.

Hincmar,

pître

e

Quierzy,

ovembre

58,

W.Hartmann

d.,

MGH

onc.

II,Hanovre,

1984, °41,

.

4

cf.HincmarCharles

e

Chauve,

.Perels

d.,

MGH

p.,

VIII,

erlin,939,

n° 26,. 4.26.Tessier,ecueil,.1,n° 1-63,.173-184,°80, . 23-226,° 67, . 38-442t. ,

39,

.

2-41,

°

40,

.

1-45,

°

07,

.

179-181.

27.

Tessier,

ecueil,

.

1,

00,

.

1

-512

Heiric,

xMiraculis.

Germani,

I, .102,

L

124,

ol. 255G.

Brown,

Politicsnd

atronage

t he

bbey

f t. enis

814-898)

the ise f

a

royalatron

aint

,

thèse

actylographiée,

xford,990,

.

30-410.

28.Translatioanctiermani

arisiensis,

nalecta

ollandiana,

.

,1883,

. 12.

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LA MORTDE

CHARLES E CHAUVE

59

d'Hincmar,maisaussidupeuple, elon 'archevêque34.Si Dieu le ramène

sain et

sauf,

crit

Hincmar,

eut-être

harles e ravisera-t-ilt

reconnaîtra-

t-il

qu'il

fautdonner a

priorité

son

royaume.

Les

critiques

'Hincmar

ne furent

videmment

as

du

goût

de

Charles,

ui

alla

peut-êtreusqu'à

le

soupçonner

e

déloyauté.

n

877,

à

la

veille du

départ our

on

deuxième

voyage

en

Italie,

Charles hoisit

'omettre

e

nom d'Hincmar ur a

liste

des

hommes e confiance

hargés

d'aider et

de conseiller on fils Louis

pendant

on

absence.

Toutefois

harles

rit

oinde s'assurer

u'il n'y

aurait

pas

de

répétition

u désastre e 875. Au moisde

uin,

'assemblée

e

Quierzy

avaitdécidéde

prendre

es

mesures éfensives

ui s'imposaient,

t es nobles

consentirentleur

pplication,

urtoutur e front e

l'est35.

À

la fin

uin,

« emmenantvec lui sa femmeRichilde) t une trèsgrande uantité 'or,

d'argent,

e chevaux t d'autres

meubles

,

Charles

rit

e chemin

e l'Ita-

lie36.

Mais

Charlesne

pouvait gnorer

es

risquesqu'il prenait

n

quittant

son

royaume.

l

prit

oin d'assurer a

situation

conomique

e sa

femme

Richilde

qui

n'était

pas,

on s'en

souvient,

a mèrede

Louis),

en

prenant

des

dispositionsour

e cas où elle lui

survivrait,

age précaution

our

ssu-

rer

'avenir 'une veuve

qui

n'aurait

eut-êtreas

de

progéniture

âle37.l

donna

ussi des instructionsoncernantes

fidèles

ui pourraient

près

a

mort hoisir e se retirer u

monde

pour

se consacrer sa

mémoire38.

l

avait

recommandévec insistance ses

exécuteursestamentaires

eleemo

synariidontHincmar) e respecteres dispositions ui avaient téprises

auparavant

les livres ontenus dans

[son]

trésor

devaient tre

partagés

entre

aint-Denis,

e

palais-église

e

Compiègne

t son fils

Louis39.

l

mon-

trait u mordantt une bonnedose

d'ambiguïté

n déclarant

«

il

faut éci-

der

quelle

partie

e

l'empire

eviendra notre ils i notremort

dvient et

s'il

plaisait

Dieu de nous donner n autre

ils,

uelle partie

oitrevenir

ce

dernier. t si l'un de nos neveux e

montrait

igne,

nous

n

déciderions]

en

fonction e ce

qui

nous semble

bon,

à

nous ou

à

ceux

qui

sont

partie

prenante

e cettedécision .

Charles aissaitdonc Louis dans une

position

précaire,

t d'autresdocuments ussi

témoignent

u

peu

d'affection

u'il

portait

son

unique

ils

urvivant,

e sa méfiance nvers

ui,

t de son souci

de le

placer

ous surveillance

endantu'il partirait

au

service e Dieu

et

de ses saints 40.

D'autres

passages

ncore u

capitulaire

e

Quierzy

montrent

ue

Char-

les avait

bon

espoir

e rentrer

ain

et sauf

d'Italie,

t

qu'il

pensait

anscesse

à sonretour.

ans le cas où des honores esteraientacants

vant

on

retour,

il avait

prévu

es

dispositions rovisoires41.

eux

de ses

fidèles

u'il

avait

laissés en

Francie evaient

arder

e contact vec lui en

dépêchant éguliè-

rement es

messagers

à chevalou à

pied

cursores

edites

,

pour

e tenir

au

courant e tous es événements

ui

adviendraientans e

royaume

de

34.

Hincmar,

e

fide

arlo

egi

ervanda

PL

125,

ol. 79-980.

35.

Capitulaire

e

Quierzy,

.Boretius

d.,

MGH

apit.,

I,

81,

.

15,

.

59.

36.AB, . 00.37.CapitulaireeQuierzy,GH apit.,I,n° 81,.5,p. 57 f. .6, u ujetes illese

Charles,

t urtouta

parvuladia,

othild.

38.

bid.,

.

10,

.

58.

39.

bid.,

.

12-13,.

58-359.

40.

bid.,

c.

12-15,1-22,5,

2-33,

.

59-361.

41.

bid.,

.

8,

p.

58.

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60

J.

.

NELSON

Francia et dont l n'aurait aseu connaissance42. urtout,achant 'expé-

rience

ue

la faussenouvellede la mort u roi

pouvait

e

répandre,

l les

miten

garde

«

si

par

malchance a nouvellede ma mort

arvenait

ux

oreillesde

nos

fideles

il

ne faut

pas

la croire

trop]

acilement43.

Plus

révélateurncore st 'ordre ntimé Louis

de se tenir

rêt

«

quand

avec

l'aide de Dieu nous serons e

retour,

l devra tre

prêt partir our

Rome

et là il devraœuvrer

u

service

e Dieu et de ses

apôtres

ussi

longtemps

qu'il

sera

nécessaire,

t se faire ouronner

oi si

Dieu le veut ̂ .

Ainsi l

est clair

que

Charles

vait a fermententione

régner

omme

mpereur

n

Francie t

d'y

résider,

omme 'avait fait on

propre ère,

andis

ue

Louis

deviendraitoi

d'Italie,

t

y

demeureraitomme

'avait

fait

e

plus

souvent

Lothaire,e frère e Charles, ntre 20 et 83045.À proposdes fonctions

respectives

u

père

t

du

fils,

harles

uggère

euxrôlesmilitaires

istincts,

l'un dévolu u roi

«jeune

»

et

l'autre

u

roi

«

vieux

. Sans douteCharles

pensait-il

sa

propreeunesse orsqu'il

recommanda

«

puisque,

grâce

à

Dieu,

notre ils stun homme

eune,

l ne

devrait

as imposer

e

trop

ourds

services

tous

nos hommes idèles

il

devrait

u

contraire,

ommenous

l'avons souvent

aitdans e

passé,

choisir vec

l'aide

de

Dieu

parmi

ous

nos

fideles

un

[petit

ontingent]

'hommes

igoureux our 'accompagner

et

puis

l

devrait

ttaquer

osennemis

ar urprise

inimicis

ostris

nsperate

superveniat)

t

es

frapper

e terreur

ar

force irile 46.Virilité

perte

rere,

voilà a

technique

militaire

ppropriée

ux

eunes.

l

était

ous-entendu

ue

Charles ui-mêmeurait tilisédes forces luspuissantest les tactiques

plus

réfléchies e l'hommemûr. e ton ci n'est

pas

vraiment

ostalgique

mais un rien ondescendant.harles

avait

pertinemmentue

la

politique

italienne

laquelle

l destinait ouis n'était

u'un

leurre son but en 877

n'était

ue

de colmater

uelques

brèches

il

laissait es vrais

problèmes

son

fils.

D'après

Hincmar

e

Reims,

harles e

trompait

ur a situation

olitique

en Francie.

Les renforts

u'il

attendait

endant

a

campagne

talienne e

vinrent

amais

et

un

groupe

e ses

magnates

usque-là

es

plus oyaux

dont

Boson,

frère e

la reineRichilde fomentèrentne

conspiration

ontreui47.

Mais,

pour

des raisons

éjà évoquées,

l faut

rendre

e

témoignage

'Hinc-

mar

avec

prudence.

ucune utre ource

ontemporaine

e mentionnen

complot, t seul l'auteurdes Annalesde Saint-Vaast ffirmeue Charles

partit

n

Italie

contrea volonté e ses hommes

48.Et même 'il

y

eutun

complot,

incmar e toute vidence

n

exagère 'importance

t

déplace

es

motivations.

ar,

comme l le laisse entendre

ui-même,

es

comploteurs

s'inquiétaient

n

premier

ieude 'absencede Charles tsouhaitaient

e rame-

ner n Francie ussivite

ue possible arce u'ils

se méfiaiente Louis

qui,

on se

souvient,

'était

as

le neveu

de

Boson).

Sans les renforts

scomptés,

42.

bid.,

.

25,

.

60.

43.

bid.,

.

11, .

58.

44.

bid.,

.

15, .

59.

45.J. arnut,Ludwigerromme,othar,und asRegnumtaliae,dans .GodmantR.Collins ir.,harlemagnes Heir. ew erspectivesn he eignf ouis he ious,xford,

1990,

.

49-262.

46.

Capitulaire

e

Quierzy,

.

16,

.

59.

47.

AB,

.

16.

48.Annales

edastini,

.

von

imson

d.,

MGH S Rer.

erm.,anovre,

909

désormais

abrégés

n

AV),

.

2.

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LA

MORT

DE

CHARLES

E

CHAUVE 61

la situatione Charles n taliedevenaitntenable. a menace e l'avancede

son

neveu t

rival

Carloman

e Bavière vait

déjà

contraintharles aban-

donner

avie

pour

Tortone49.à il

prit

es

dispositions ourque

le

pape

vienne acrer

mpératrice

ichilde mère e la

progéniturempériale

venir

-

,

puis

l

l'envoya

n Maurienne

ar

e

Mont-Cenis,

ù

elle devait 'attendre

«

avec

e

trésor .

À la

mi-septembre,

arloman

ntrait Pavie

-

et,

oujours

d'après

Hincmar,

harles

pprenait

n même

emps u'une conspiration

e

tramait

ontre ui. Même s'il ne faut

as

prendre

la

lettree déroulement

chronologiqueroposé ar

Hincmar,

nechose st ertaine dès a troisième

semaine e

septembre,

harles ut e

résigner quitter

a Lombardie. e

pape

était

éjà reparti

n hâte

our

Rome,

mportant

ncrucifixn ormassif ffert

parCharles Saint-Pierree Rome.Quant Charles,l reprit son tour a

route u nord sur es

pas

de Richilde .

Il

était ésormais

rop

ard

our u'il

fût

résent

Saint-Denise

our

de la fête e son saint

atron,

e 9 octobre.

Les rites et les

droits de la mort

Charles vait

toujours

ouhaité

tre nterré Saint-Denis i ita Deus

voluerit.Mais

Dieu ne le voulut

pas.

Hincmar aconte 'histoire ans

les

Annalesde Saint-Bertin

Charles, rappé e fièvrele 25 septembre),utunepoudre ueZédé-

chias,

on médecin

uif,qu'il

aimait t en

qui

il

avaitune confiance

excessive,

ui vait onnée

our uérir

on

mal.Mais l avait uun

poison

contre

equel

l

n'y

avait

pas

d'antidote.

ransporté

dos

d'homme,

l

traversae col du Mont-Cenist arriva n

un

ieu

appelé

Brios.De

là il

envoya

hercher ichilde

ui

se trouvait

n

Maurienne,

ui demandant

de venir e

rejoindre,

e

qu'elle

fit. e 6

octobre,

e onzième

ouraprès

avoirbu le

poison,

l

rendit'âme

dansune misérable

etite

utte. es

hommesuvrirenton

orps,

etirèrentes

ntestins,

ersèrentl'intérieur

le

vin

et les aromates

ont ls

disposaient,lacèrent

e

corps

ur une

civière t se mirentn route

our

aint-Denis

ù

il

avait emandé être

enterré. ais à cause de l'odeur nfecte

qui

se

dégageait

u

corps],

ls

nepurentllerplus oin alors ls le placèrentans un tonneauu'ils

avaient

uparavant

nduit e

poix

l'intérieur

t à l'extérieurt entouré

de

peaux,

mais

tout ela ne réussissait

as

à atténuer'odeur.

À

grand

peine

ls arrivèrent

Nantua,

n

petit

monastère

e la

province

e

Lyon,

et à ils ensevelirente

corps

vec e tonneau.

Quelques

ignesplus

loin,

Hincmar

joute que

Charles

ur son lit de

mort vait onfié es

regalia

la

couronne,

'épée

et e

sceptre

à la reine

pourqu'elle

les transmetteson

beau-fils,

'héritier

ouis le

Bègue50.

Le texte e tire

as

a morale e

l'histoire,

ais

l

donne ne

xplication

scientifique

e l'odeur

fétide. otons

u'un chroniqueur

n

peu plus

tardif,

Réginon

e

Prüm,ui

écrivait

u début u

Xe

iècle,

eprend

'histoire

fama

49.

AB, .

15.

50.

AB,

.

16-217.e raitee es ituels

'une

açonlus énérale

ans

Carolingianoyal

funerals

,

dans

.Theuws

ir.,

ituals

f

ower

rom

ate

ntiquity

o he

arly

iddle

ges,

eyde,

à

paraître

n1997.

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62

J. . NELSON

du médecinuifetajoute ue c'étaitun mposteurtqu'il égaraitesesprits

par

des ruseset

des

sortilèges51.éginon araphrasait

eut-être

incmar,

en

ajoutant uelques

touchesfantaisistes

u,

plus probablement,

ous es

deux

'inspiraient

es

témoignages

raux

apportésprès

a mort

e Charles.

Quoi

qu'il

en

soit,

ous

exprimaient

e rationalisme

arolingien52,

ci teinté

d'antisémitisme.n

autre nnaliste

igoureusement

ontemporain,

'auteur

des

Annalesde Fulda

explique

ui aussi la

nécessité 'ensevelir Nantua

le cadavre

rop

ite

décomposé

t nauséabond

(Charles)

ttrapa

a

dysenterie

t

périt

ans

de

grandes

ouffrances.

lors

que

ses

gardes

u

corps

voulaient

orter

e cadavre u

sépulcre

u'il

s'était ait réparerSaint-Denis,lsfurentorcés e l'ensevelir ansun

monastèren

Bourgogne

cause de la

terrible

uanteurégagée ar

e

cadavre

utride,

evenue

nsupportable

our

'armée53.

Quant

l'auteur

es Annales e Saint-Vaast

lui aussi

contemporain,

l

mentionnee médecin

uif

de

Charles

t

sa

«

potion

sans faire llusion

u

poison.

l

n'offre ucune

xplication

e

l'enterremente Charles

Nantua

et confirme

aconiquementue

le

corps

de Charles

ut

lacé

dansune

sépul-

ture

emporaire

n attendant

'être

ransporté

n

Francie. 'annaliste

joute

tout e même

ue

ce

transfertut ieu

«

plus

tard 54.

Ces

quatre

sources

ne montrentvidemmentucun

esprit

ritique.

Néanmoins,

errière

'histoire

du cadavre

putréfié ue rapportent

rois

d'entre lles,toute ersonneonnaissanta Vulgatepouvait econnaîtree

macabre

écitde la

mort 'Antiochos

piphane

elle

qu'elle

est

évoquée

dans e Deuxième

ivredes

Macchabées,

X. 8-28.

Antiochos,

yran rgueil-

leux et

persécuteur

es

Juifs,

ut

rappé

e maladie

ubite,

uis gravement

blessé en tombant e

son char.

l

devait

tre

porté

dans

une

litière,

t

il

souffrit

n sort

pouvantable

la

putréfaction

vif

«

des vers ortaient

n

grouillant

u

corps

e

l'homme

mpie,

t sa chair e

dissolvait ansd'atroces

douleurs

lors

qu'il

était

ncore n vie l'odeur

et la

pestilence

n

affli-

geaient

'armée

odore

etiam llius et

foetore

xercitus

ravaretur).

elui

qui,

hier

ncore,

ensait ouvoir

oucheres étoiles

du ciel était

présent

l'homme

ue personne

e réussissait

porter

cause de l'intolérable

uan-

teur (... eumnemo oteraipropterntolerantiamoetoris, ortare).Deux

des

quatre

ources

ui parlent

u sortdu

corps

de

Charles

font cho

aux

paroles

de

la

Vulgate55.

'abord,

es Annales

de

Fulda

«

corpus...ropter

foetorem

imium

utridi

adaveris

quo

gravabatur

xercitus

in

Burgun-

dia...sepelierunt...

. Ce

qui

n'a rien

d'étonnant,

ar ce textede Francie

orientale e montre

ortementt

systématiquement

ostile Charles

out u

long

de la décennie 70.

Il est

plus surprenant

n revanche

'en trouver

l'écho dans es Annales

de

Saint-Bertin

Hincmar

quempro

fetore

non

valentes

ortare...,

uisque

Hincmar tait

un Franc

de

l'Ouest,

familier

t

51.

Réginon,hronicon,

.Kurze

d.,

MGH S

Rer.

erm.,

anovre,

890,

.

113.

52.Voir .Liebeschutz,Wesennd renzenes arolingischenationalismus,Archivfür ulturgeschichte,. 3, 950,.17-14.

53.

AF, .

0.

54.

AV,

.

2.

55.Peut-êtreussi

ans

éginon,

hronicon,

.

1

3

quiafoetor

ntollerabilis

x

utretudine

cadaveris

aiulantes

ravabat,ompulsi

untlluderrae andare.

e iensremercier

hilippe

ue

pour

es

emarques

rès

uggestives

u

ujet

u raitement

e a mortanses extes.

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LA

MORT

DE

CHARLES

E

CHAUVE 63

ancien onseiller e Charles.De toute vidence es annalistes u IXe iècle

pouvaient ompter

ur eurs ecteurs

our

ire entre es

lignes

t saisir

es

critiques

issimulées n d'obscures éférences. e

tellesallusions vaient

déjà

été à l'occasion

adressées

utrefois

Charles

ui-même

ar

Hincmar.

On

en

trouve eux

exemples

ans es Annalesde

Saint-Bertin

ù Hincmar

profère

es

critiques

n utilisante

que 'ai appelé

ailleurs e

«

code

diony-

sien :

je

veux

dire

que par

des allusions

peine

voilées à saint

Denis,

Hincmar

xprime

a condamnatione la conduite

oyale.

La clé en est le

jour

de la fêtede saint

Denis,

e 9 octobre.Ainsi à l'année

869,

Hincmar

attire'attentionur e fait

ue

Charles vait

nvoyé

hercher

ne

nouvelle

épouse

trois

ours

à

peine près

a mort e sa

première

emme rmentrude

le 6 octobre etencore n 876,Hincmar étaille es moments e la défaite

de Charles Andernache

8

octobre,

t note

ue

Richilde

pprit

e désastre

le

9

octobre56.e

récit e la

mort e

Charles st

un

troisième

xemple

e

cette

ritique

odée.La

date

du

6

octobre tait

ussi elle de a mort 'Ermen-

trude n

869.

La reine

ui

se trouvaitu chevet

du

mourant tait

elle-là

même

u'il

avait

nvoyé

herchervec une hâte

nconvenante

uit

ns

plus

tôt

ourpour our.

L'insinuation et d'ailleurs

Hincmar 'avait

guère

esoin

d'être

plus explicite

est a suivante l'enterremente Charles

Nantua,

qui

eut

peut-être

ieu le

9

octobre,

nsiste

ur

a

séparation

ntre e

roi

et

son saint

atron.

'étaitCharles

ui-même

ui, par

sa

conduite,

vait

perdu

sa chanced'être nterré Saint-Denis omme

l

l'avait

depuis

ongtemps

souhaité tsoigneusementréparé. incmar e ditpas queCharles utunedeuxième hance.C'est

Réginon ui

décrit 'exhumatione ses

ossements,

«

après uelques

années

,

et

l'ensevelissement,

ette ois

enfin

onorifice,

à Saint-Denis57.

Hincmar onned'autres nformationsncore ur

a

mort e

Charles.

Lui seul de tous es annalistes évèle

que

la reine

tait

présente

u

chevet

du roi mourantt

que

les

regalia

furentransférés'une manière orrecte.

Ce

qui

signifie

ue

la

royauté

e Charles ranscendaites faiblesses

erson-

nelles t

que

la fonction

urvivait l'homme.D'autresdétails uivent. es

hommes e Charles

qui

cum o erant cf.

Réginon

baiulantes

AF

: satel-

lites)

firentout e

qu'ils pouvaient ourporter

on

corps

à

Saint-Denis

sur e

point

es récits e

Réginon,

es

Annales e Fulda et ď

Hincmar ont

concordants.'est untémoignageloquent u dévouementes hommes e

Charles leur

eigneur,

t nous avons

déjà

eu

l'occasionde

remarquerue

Charles vait 'artd'entretenire lien58. ien ne

suggère

ue

la mortmisé-

rablede

Charles

it nui

à

son

prestige.

Nantua,

'éloge

flatteur'un

poète

orna

sa tombe.

Après

son

transfert

Saint-Denis,

harlesfutenterré

l'endroit

même

u'il

avait

hoisi,

ntre es autelsdu Trésor t de la Trinité.

Il

reposait,

omme

l

en avaitfait e

projet,

ans e

sarcophage

e marbre

rouge.

On

peut upposer

ue

ses secondes

unérailles

urent

ccompagnées

de

cérémoniauxlaborés bien

que

l'existence e tels rites unérairesoit

controversée

our

es

premiers

arolingiens,

es

indices

uggèrentu'il

ont

pu

exister

partir

u IXe iècle. Les cérémonies

unéraires'un

grand

ite

56.Cf.

.L.Nelson,

History-writing

t he ourts

f

ouishe iousnd harleshe ald

,

dans . charert

G.

cheibelreiter

ir.,

istoriographie

m

rühen

ittelalter

Vienne,994,

p.

35-442.

57.

Réginon,

hronicon

p.

113. f.

V

p.

2.

58.J.L.

elson,

harleseChauve

op.

it.,

.

3,

41.

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64 J. . NELSON

cultuel ommeLorsch,où Louis le Jeune itenterreron

père

Louis le

Germanique

n

876,

ou

de

Saint- mbroise e

Milan,

ù Louis I

fut nseveli

en

875,

se conformaientertainementdes rituels

ppropriés.

l

est

probable

que

Charlesn'eut

pas

en

877

ce

qu' Eginhard ppelle, propos

de la mort

de

Charlemagne,

e mos ollemnis la toilettet a

préparation

e a

dépouille

mortelle. ais l'histoire

'Hincmar

uggère

ne certaine

onnaissance es

techniques

'embaumement,

ussi bâclées

qu'elles

aient

u

être ans e

cas

de

Charles.On

ne sait

pas qui

eut 'idée de

l'embaumement

les

acolytes

italiens,

a

reine,

u

peut-être

ême e

médecin

uif

mais l

s'ouvrait

insi

de nouvelles

erspectivesour

a

prolongation

rtificiellee la

«

vie

»

poli-

tique

du roi. Les

premières

unérailles e Charlesfurentans doute

xpé-

diées en hâte.Les Nantuais ardèrentependanta mémoire 'une cérémo-

niehonorable. ommenous

' avons

vu,

e

second nterrementSaint-Denis

fut onduit elon es volontés e Charles.

La commémoration

es

anniversaires'était

as

la

prérogative

xclu-

sive des rois

les abbés

et es

évêques,

insi

que

l'aristocratie

aïque,

taient

aussi commémorés. ais

les

dispositions

e Charles taient officielles

,

attestantne imitatio

mperii

ui,

dans ses dernières

nnées,

taitdevenue

pour

ui une

quasi-obsession.

harles vait faitde

grands rojets our

a

création 'une

nécropole ynastique

n

l'église

de Saint-Denis. 'est là

qu'avait

été enterréeon

épouse

Ermentruden 869. Là aussi

que

furent

ensevelis es deux

fils,

morts n bas

âge

au

début

des années

870,

années

qui ustementurent arquées arune certainembiguïtéesrapportsntre

le mausoléeet le

siège

de

l'Empire.

Dès

869,

Charles

spérait

mettrea

main ur

Aix-la-Chapellelorsqu'il

ui fallut bandonneret

espoir,

n

876,

il

se mit construire

Compiègne

n

«

Aix

»

des Francsde

l'Ouest,

un

«

Aix

»

de substitution sa

Carlopolis

lui. C'est là

que

fut nterréon

successeur ouis e

Bègue

en

avril

79. Pourtant

ien

n'indique ue

Charles

ait u l'intentione faire e

Compiègne

e mausolée es Francs ccidentaux.

C'est

au contraire saintDenis

qu'il porta

ne dévotion onstanteout u

long

de sa vie et à l'heurede sa mort. ien

que, par

a force es

choses,

d'autres ieux aient ervide

sépulture oyale,

ux xip et

xme

iècles

Saint-

Denis s'affirmae nouveau n devenanta

nécropole

oyale

e

France,

râce

notammentu zèle de l'abbé

Suger,

avi d'avoir

pour

ainsi

dire dans ses

registres n Charlesempereurmais aussi grâce au zèle de Charles e

Chauve,

récompensé

nfin

longue

échéance,

à sa dévotionfidèle et

constante,

ses dons

somptueux

u

sanctuaire,

t enfin

ce

qui

n'est

pas

négligeable)

la

présence

e ses ossements.

AlainDierkens

suggéré

écemment

ue

ce

qui

distinguait

es

obsèques

des souverains ccidentaux

e ceux des souverains

e

l'Est étaitune

série

de

manques

à l'ouest es rites unéraires'étaient

as sophistiqués,

l

n'y

avait

pas

d'église

faisant onction e

sépulture ynastique,

i

de

somptueux

tombeaux,

as

de

moyens

e conservera

dépouille oyale

ni

d'utilisation

des

insignes oyaux

ans les cérémonaux unéraires59.

uels

qu'aient

été

les rites unéraireses

plus

anciens

Carolingiens,

'est à Charles e Chauve

que reviente mérite 'avoir laboréun rituel tdésigné neégliseservant

de

sépulture

oyale

il a

probablement

ussi

conçu

es

plans

de sa tombe

59.A.

Dierkens,

Letombeau

e

Charlemagne

,

Byzantion

t.

1, 991,

.

156-180,

n

ar-

ticulier

.

179.

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LA

MORT

DE

CHARLES

E

CHAUVE 65

de marbre. es effortsurentaits our mbaumeroncorps.Les insignes

royaux

urentransmis

oigneusement

son successeur. e

dernier

oint

une

ignificationarticulière,ui

nous mène inalement

comprendre

om-

ment a mort e Charles ut

erçuepar

es

contemporains.

l

y

a une diffé-

rence ntre a

description

e la mort e

Charles,

articulièrement

ans

e

récit

'Hincmar,

t celle de la mort u

tyran iblique

Antiochos ans e livre

des Macchabées.La

putréfaction

u

corps

ď Antiochos

récéda

a

mort,

tandis

ue

celle du

corps

de

Charles a suivit. es deux récits

portent

e

même

message

la

tyrannie

st un mal. Mais Antiochos

t

Charlesfurent

des

tyrans

rès

différents,

ont

es caractères

espectifs

arquent

a diffé-

rence ntre

es

Séleucides

de la Bible et les

Carolingiens

'Hincmar. es

souverains éfiéspar les Macchabées étaientmauvaispardéfinition;ls

n'avaient ucun droit

régner

Jérusalem,

ls

profanaient

a ville sainte.

Charles,

u

contraire,

'avait

pas toujours

fautif,

l

avait

reçu

de Dieu le

pouvoir

oyal.

La

passation

es

insignes oyaux

u filsde Charles uthen-

tifiaita

légitimité

e la succession e

Louis,

et en même

emps oulignait

la continuitéranscendante

e la fonction

oyale,

istincte e son titulaire

temporaire.

incmar

e

manque as

de

souligner

ette

ontinuité,

i

d'expli-

quer

e sensde sa

fonction,

ans

Y

ordode consécration

u'il composepour

l'intronisation

oyale

du successeur e Charles e 8 décembre 77

;

rituel

dontHincmar aconta

n détail es

préliminaires

ans es Annales e Saint-

Bertin

0.

Ainsi dans e texte 'Hincmar elatanta mort e Charles, t dans e

contexte

lus

arge

de son

œuvre,

st

exposée

d'une manière

ramatique

a

dissolution u lien

temporaire

ntre 'homme t la

fonction,

ntre a chair

et e

royaume,

ntre es deux

corps

du roi

Hincmar

'utilise

as

encore es

mots,

mais

l

a

compris

e

sens).

La

putréfaction

u

corps

e Charles

ignifie

la chutedu

tyran,

a

punition

ancée

par

Dieu surun

simple

mortel

rappé

dans son

orgueil.

Mais en

même

emps

n

peut

n faire ne autre lecture

-

la

putréfaction

ymbolise

a

séparation

u

corpspublic

t du

corpsprivé61.

Les

insignes oyaux l'épée,

les

robes,

a couronne t e

sceptre)

ransmis

sonfils

ar

es mains e

Richilde t

par

ordre fficiel

preceptum)

e Charles

sur on it de

mort,

eprésentent

a continuité

u

royaume.

e roi

meurt,

e

royaume

st

mmortel.

Traduit e

l'anglaispar

Lada

Hordynsky-Caillat

t

Odile

Redon

60.

AB,

.

19-221voir

.

Jackson,

rdinēsoronationis

ranciae,

ol.

,

Philadelphie,

1995,

.

110-23.

61.Cf.

E.H.

antorowicz,

esdeux

orps

u

roi

(1957)

rad,

rançaise,

aris,990;

G.

Koziol,

egging

ardonnd

avour.itualnd oliticalrdern

arly

edieval

rancethaca-

New

ork,

992.

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66 J. .

NELSON

JanetL. Nelson, School of Humanities, epartmentf History,

King's College,

Strand,

ondon,

WC2R 2LS

Royaume

Uni

La mortde

Charles

le

Chauve

Charles

e

Chauvemourut

n

877 à 54 ans.

Son

souci de donner ne

image

favorable e la

royauté

'amena

prendre

es

dispositionsour

ses

propres

unéraillest es

commémorationsSaint-Denis.Mais il

mourut

ans les

Alpes françaises.

es

chroniqueurs

ontemporains

ont décrit 'état de

putrescence

rématurée

t l'odeur

nsupportable

de son cadavre.

Après

un embaumement

anqué,

es

hommesde

Charles,

ésolus

porter

on

corps usqu'à

Saint-Denis,

urentorcés

de l'enterrerNantua. e texte esAnnales e Saint-Bertinait cho

aux Macchabées I

ix,

où le

corpspourrissant

vifď Antiochos

pi-

phanedésigne

e

sort

éservé u

tyran.

'est ainsi

qu'Hincmar,

uteur

des Annales et conseiller

oyal, exprime

a condamnation

e la

conduite e Charles.Mais Hincmar écrit ussi comment

harles ur

son lit de mort ransmites

insignes oyaux

l'héritier. e

corps

de

Charles

pourrissait

le

royaume

ontinuaite vivre.

Charles

e

Chauve

-

enterrement

commémorationSaint-Denis

insignes

oyaux

The death of Charles the Bald

Charles heBald died

at

54

in

877. Charles' nterest

n

the

represen-

tation f

royalty

xtended

o

the careful

lanning

f

his

own burial

and

commemoration

t

St. Denis.

In

the

event,

Charles died

in

a

remote

pot

n theFrench

Alps. Contemporary

hroniclersescribed

the

prematureutrescence

nd

unbearable tench f Charle'

corpse.

After botched

mbalming,

is

followers,

ntentn

carrying

he

body

to

St.

Denis,

had to

bury

t

nstead t Nantua.The Annals

f

St.

Ber-

tins

wording

choed I Maccabees

x,

where he

rottingody

of the

still-living

ntiochus

piphanes ignalled

he

yrant's

ate. husHinc-

mar,

uthor f theAnnalsand

longtimeoyal

ounsellor,

ntimated

his own criticism f Charles.Yet Hincmar lso described harles'

death-bedransmission

f the

royal nsignia

o his

heir.Charles'own

body

rotted

the

body

of therealm ived on.

Charles

heBald

-

burial commemorationSt. Denis

-

insignia

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Médiévales1, utomne996,p. 7-78

Michel LAUWERS

LE

«

SÉPULCRE DES PÈRES

»

ET

LES

«

ANCÊTRES ».

NOTES SUR

LE

CULTE DES DÉFUNTS

À

L ÂGE SEIGNEURIAL

Le

christianisme

péra

une

rupture

rèsnette

arrapport

ux

croyances

et

aux

usages

qui

avaient

prévalu

dans la

société

antique

oncernant

es

défunts.

Rome,

en

effet,

es morts

e

trouvaiente

repos,

t les vivants

la

tranquillité,u à

la

condition

ue

les

corps

des défunts ussent ncrés

dansun

sol,

établis n un ieu de

sépulture

Les vivants

vaient

autre

art

l obligation e s occuper e leursdéfunts,est-à-dire esmembres e leur

parenté. réquemment,

es

morts taient nsevelis ansuntombeau

amilial,

dans e

«

sépulcre

e leurs

pères

(sepulcrum atrium).

es auteurs hré-

tiensde

l Antiquité

ardive,

n

particulier ugustin

t 430),

qui composa

un

traité sur es soins dus aux

morts

(De

cura

pro

mortuis

erenda)2,

s employèrent

u contraire

«

déspatialiser

le cultedes

défunts,

t à

subs-

tituer

ux

liensde

parenté

harnelle ntre es

vivants t les

morts es liens

spirituels,

onstitutifse la nouvelle

ommunautéhrétienne.

our

évêque

d Hippone,

e

lieu d ensevelissementt

la

tomben avaient ucune

mpor-

tance

«

Les fidèles e

perdent

ien

être

rivés

e la

sépulture

omme es

infidèles e

gagnent

ien la recevoir 3. C est

que

les soins accordés ux

funéraillest à la sépulture4,usaged inhumeres morts ans e sepulcrum

patrium

ne

servaient

n

rien

e

salut des âmes.

En

outre,

l

revenait

1.

F.

de

Visscher,

e

Droit

es ombeaux

omains

Milan,963,

.

2-60.

2.

Augustin,

eCura

ro

mortuis

erenda,

. ycha

d.

Corpuscriptorum

cclesiasticorum

Latinorumdésormais.S.E.L.t.

1),

900,

.

21-660.e traitést

édigé

ers21-422.ur e

traitét es

utrescrits

Augustin

elatifsu

ultees éfunts

V.

axer,

orts,

artyrs,

eliques

en

Afrique

hrétienneux

remiers

iècles.es

émoignages

e

Tertullien,

yprien

t

Augustin

la

lumièree

archéologiefricaine,

aris,980,

assim.

3.

..

nec

liquid

best

ìdelibusegata

orum

orporibusepultura

ec

liquid,

i

exhibeatur

infidelibus,

rode

t..

(De

Cura

X,

1,

.

39).

4.

Désignésar ugustin

ouses ermese uratio

uneris,

onditio

epulturae,ompa

xse-

quiarum

notamment

anseDe

Cura,

I,

,

p.

26).

5. C estpropose amorte amèreu Augustinffirmeinutilitée ejoindree epulcrumpatriumConfessionumiberX, 6, .Verhelfend.Corpushristianorum.eriesatinadésor-

mais .C. er.

at.,

.

7),

981,

.

153. es

Confessions

nt té

édigées

ntre97 t 01. e ce

point

e

vue,

ugustinompt

vec ne radition

ue eprésente

ncorembroise

t 397)

pour

e

dernier,

n

ffet,

out

ombeauoit

écessairement

trenracinén n ieu

récis

t ié ux

elations

de

parenté

voir

otamment

eDe

Abraham,

ib.

,

.

9,80,

.

Schenkld.

C.S.E.L.,

.

2),

897,

p.

53-554,

insi

ue

es raisonsunèbres

Ambroise).

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68

M.

LAUWERS

l Église,

«

pieuse

mère , de

prendre

ncharge ous es membres éfunts e

la communauté

hrétienne,

emplaçant

ans cette tâche les

parents

es

morts6. our

Augustin,

eul

mportait

onc e salutdes

âmes,

nvisagé

ans

une

perspective

cclésiale.

Or,

l

n y

avait

que

troismanières

e

contribuer

au salutdes

défunts

prier,

élébrer eucharistie t faire aumôneà leur

intention7.out autre ite unéraire avait ucune

raisond être.

Rompant

vec es

traditions

ntiques,

es dées

d Augustin éloignaient

également

es

croyances

t

des

pratiques

écrites ans la Bible. Selon

l Ancien

Testament,

a

privation

e

sépulture

st

en effet n châtiment

effroyable,

ont es

prophètes

menacent

arfois

es

impies.

Le mourant

e

souhaitait

ien

d autre

ue

d être

«

réuni son

peuple

ou de

«

coucher

avec ses pères . L ensevelissementtait e devoirparexcellencedes fils

du défunt. es soins

accordés

par Joseph

Arimathie t

par

les saintes

femmes u

corps

u Christ

éfunt

ttestent

ailleurs

u à l époque

de

Jésus,

les

usages

anciensn avaient

as disparu8.

En

dépit

de la doctrine éfinie

ar

Augustin,

ont

«

autorité allait

pourtant

tre ans cesse réaffirmée

u coursdu

MoyenAge9,

es

chrétiens,

comme les

Anciens,

se soucièrent

eaucoup

de l ensevelissement es

défunts.

es

archéologues

t les historiensnt

notamment is en évidence

la

pratique

e

la

sépulture privilégiée

,

à

l intérieur un édifice

eligieux

ou à

proximité

un

corps

aint10.

eut-être,

our

beaucoup,

a résurrection

de

la

chair

pparaissait-elle

liée à

l intégrité

es

corps

morts

réservée

dansetpar a tombe n. Sans doute ussides considérationsordre ocial,

sinon

politique,

motivèrentes

puissants

se

distinguer

es

gens

ordinaires

par

des rites unéraires

lus

solennels

t des tombeaux

mposants

2.

La memoria des

Carolingiens

Entre e vir et le

IXe

iècle,

a

pratique

e l inhumation

rivilégiée

ut

intégrée

ans un

complexe

ituel

lus

vaste,

fondé ur a

«

mémoire

,

et

6.Augustin,eCura,V, ,p. 31.7. EntreutresAugustin,eCuraXVIII,2, . 58.

8. Toutesesréférences

cripturaires

ont onnées

ar

H.

Lesetre,

rt.

Sépulture

,

dans

F.Vigouroux

ir.,

ictionnaire

e a Biblet.

/2,aris,

912,

ol. 666-1669.

9. SureFortlebenes

ropositionsugustiniennes

outu

ong

u

Moyenge,e

me

ermets

de

renvoyer

u

hap,réliminaire

ema hèseedoctoratLa mémoirees

ncêtres,

e

ouci es

morts.onction

t

usages

u ulteesmortsans Occident

édiéval

diocèse

e

Liège,

r-xur

siècles),

aris,992,

paraître,

ans ne ersion

emaniée,

ux ditionseauchesne

n1997.

10.Les

remiers

émoignages

e

épulture

d

anctos,

n

Afrique

t

Rome,

emontentla

fin

u

IIe

iècle.ans

adeuxièmeoitiéu iècle

uivant,

es nhumations

uprès

es

orps

aints

se

multiplient.

uis,

partir

u

VIe

iècle,

esmausoléesd

anctos,

ui

solentatériellement

uelques

tombes

uprès

unieu

onsacré,

endent

disparaître

n ant

u édifices

urement

unéraires

les

sépultures

ntrent

lors anses

glises

Y.

Duval,

uprès

es

aints,

orps

t me. inhumation

«

ad anctosdansachrétientéOrient

t

Occident

u r u

vir

iècle

Paris,988,

.

1,

7-98).

Cf.

galement

.

Duval

tJ.-Ch.icard

d.,

Inhumation

rivilégiée

u v u vnrièclenOcci-

dent,Actesu olloqueenuCréteil,6-18 ars984),aris,986.11.Y.Duval, uprèses aints,orpst me...,p. it.,.VII, ui ote,plusieurseposes,

lecontrastexistantntrees onsidérations

Augustin

t es

ratiques

unéraires

e es

ontempo-

rains.

12.

Voires rticles

e .Wood tde

P.Perin

ans

enumeroe

Medievales,

insi

ue

es

remarques

eR. e

Jan,

amille

t

ouvoir

ansemonde

ranc

vir

Xe

iècles).

ssai

anthropologie

sociale,

aris,995,

.

5-52.

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70 M.

LAUWERS

profitere tous es bénéfices ue pouvait eurprocurera commémoraison

des

morts. e

plus

en

plus

d aristocratesherchaientussi à être nhumés

à

l intérieures

églises, proximité

es autels tdes

reliquaires

la

sépulture

privilégiée

tait ssurément

age

de

prestige

ocial.

Le

pacte seigneurial

Dans la société

eigneuriale

es XIe

t

XIIe

iècles,

es

nouveaux éten-

teurs u

pouvoir doptèrent

es

pratiques

unéraires

t

commémorativesnau-

gurées l époque carolingienne18.

es

«

nobles

,

les

potentats

ocauxrécla-

mèrentour ux,pour eursparents éfunts tpour eurs ancêtres, les

services

iturgiques

es communautés

cclésiastiques.

lercs t moines eur

ont lors

assuré a memoria

consignant

eursnomsdans des

nécrologes

9,

et

les

ont

accueillis

dans leurs

imetières.

insi,

une sorte e

pacte

ia,

à

propos

des

«

soins dus

aux morts

,

les

seigneurs

aïcs et les

institutions

ecclésiastiques.

Les chartes t es récits

omposés

dans es ateliers écrituremonasti-

ques témoignent

e ce

pacte

social. Prenons eux

exemples,

hoisis

parmi

biend autres.

omposée

u milieudu

xip

siècle,

a

Chronique

e

l abbaye

de Waulsort

diocèse

de

Liège)

raconte

ue

le comte

Eilbert,

ondateure

l abbaye

au début

du siècle

précédent,

vait fait

préparer

hez les moines

unvaste aveau, ù il fit ransporterescorpsde ses ancêtres,es « hommes

nobles

de

sa souche

,

ainsi

que

les

dépouilles

e

son

père,

de sa

mère,

e

son

fils

et

de

son frère la tombe tait

galement

estinée accueillir a

sépulture,

elle

de

ses

proches

t de ses amis20.

ien

que légendaire,

e récit

renvoie des

pratiques

ien enracinées

l abbaye

de nombreuxctes du

cartulaire e Waulsort

onsignent,epuis

e XIe

iècle,

es

aumônes e

sei-

gneurs

ocaux

qui

réclamaientux

moines,

n

échange

de leurs

dons,

une

sépultureuprès

e

leurs ancêtres au seinde la maison

eligieuse.

elon

une charte atéede

1087,

retouchée

inon

orgée

u milieudu xir

siècle,

l époque

où était

omposée

a

Chronique

bbatiale,

e

seigneur

rnoul e

Florennes,

ui prétendait

escendre

Éilbert,

vait

mêmeversé

l abbaye

une rentedestinée l entretienu luminaire evant e tombeaude son

nich,

Gebetsgedenken

ndnianische

eform

Beobachtungen

uden

erbrüderungsbeziehungen

der btem eich

udwigs

es

rommen

,

dans

onastische

eformen

m .und 0.

ahrhundert...,

op.

it.,

.

9-106.

18.

Pour

ne émonstration

rgumentée,

ocuments

1

ppui,

e e

ui

uit,

oira

premiere

partie

emontudeur a mémoire

es

ncêtres,

e ouci esmortscitéei-dessus.a

gestion

u

cultees

éfunts

Cluny,

ans n ontexte

eigneurial,

st

voquée

ans

enuméro

eMédiévales

par

. ogna-Prat.

19.Les

echniques

ituellesont

isposaient

esmoines

our

commémoreres éfunts

ont

présentéesar

.-L.

emaître,

ourirSaint-Martial.acommémorationes

mortst es bituaires

à

Saint-Martiale

Limoges

u r uxnriècle

Paris,

989.

20.Deinde...alciodorensicclesiae

requentendo

dhaesit

t

epulturam

n a

uorumfami-

liariumt

idelium

micorum

um

aximo

tudio

reparauit.pse amque

b

ngressu

hori

sque

ad ltareurriserramperiens,amqueffodiens,uosn a murosonstruxitt atitudinemtro-rumquedmensuramuorumubitorumt atitudinemnmensuraniust imidiiubitiomposuit.

Ibi

rgo

obiliumirorum

orpora

x

prosapia

ua um

âtre

tmatret

ilio

ernerot

ratre

Bosoneterum

onorificeepeliuit,

a uidelicet

uae er

um

locis,

n

uibus

ntea

epulta,

b

dilectionis

eruorem

t

mutuae

onsanguininatis

ropinquitatem

ua irtute

tqueignitate

ranslata

suntChroniconalciodorense

rédigéeu près

152,

h.

1,

G.

Waitz

d.,

MGH

S,

.

14,

883,

p.

20.

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LE

«

SÉPULCRE

ES PÈRES ET

LES

«

ANCÊTRES 7

1

« ancêtre Eilbert21.ésormais, entretiene la mémoirencestrale,atta-

chementux

«

pères

et a

sépultureuprès

es

parents,

evenus occasion

d échanges

ntre es

laïcs

et les

ecclésiastiques,

e trouvaientalorisés

ar

l Église.

Rédigée

au débutdu XIIe iècle à

l abbaye

de

Saint-Claude,

ans le

Jura,

a Viede Simonde

Crépy-en-

alois est un des

premiers

écits

agio-

graphiques

célébrera sainteté un

seigneur

aïc.

Après

voirdéfendu

ar

les armes

intégrité

enacéede son

comté22,

imon étaitretiré Saint-

Claude,

poury

vivre

armi

es

moines.

a

chasteté bservée

ar

Simon,

a

«

conversion à

la vie

monastique

onstituentes éléments

majeurs

de

l idéal de sainteté

laïque

»

qu il

incarne23. ais

la Vie

de

Simonne tait

pas que celui-ci ut galementnguerrieroucieux upatrimoinencestral

et du salutde son

père

le comteSimon se désolaitdu sortde son

père,

Raoul de

Crépy

t

1072),

mort xcommunié n

raison

d une

union nces-

tueuseet de

nombreuses

surpations.

aoul

s était fait nhumer ans le

château e

Montdidier,

u il

avait

njustement

nlevé son maître.

éplo-

rant ne

telle

usurpation

t

craignant

our

e

sort e son

père

dans

au-delà,

Simon

onsulta e

pape Grégoire

II,

qui

lui

conseilla d enlever

le

corps

de

son

père]

du lieu

qu il

avait

njustement

avi,

puis

de faire élébrer es

messes t de

multiplier

es aumônes

our

le

salut

de]

son âme ».

Ayant

ait

exhumera

dépouille aternelle

u

château e

Montdidier,

imonfit

orter

le

corps

u château e

Crépy,

erceau

ncestral,

ans

église

Saint-Arnoul,

qu il avait ransforméenabbaye t donnée uxClunisiens. imondemanda

aux

religieux y

réciter

rières

t messes

pour

e salut de son

père,

et

distribua es aumônes24. e récit

omposé

par

es moinesde

Saint-Claude

est confirmé

ar

une

charte,

atée de

1077,

par

aquelle

Simon

ustifie

e

transfertu

corps

de son

père

Moi,Simon,

omte

ar

a

grâce

e

Dieu,

pour

e salut e mon

me,

mais

bien

pluspour

elle de mon

père,

e vénérableomte

Raoul,

regardant

vers e futur

...),

ai

fait

ransporter

on

père,

e susdit

aoul,

depuis

21.L actest dité

ar

.

Despy,

es hartese

abbaye

eWaulsort.tude

iplomatique

t

édition

ritique

t.

1

946-1199),

ruxelles,957, °20,

.

49. es rtifices

aresquels

ilbertst

rattachéafamillees lorennesontémontésar .Dierkens,bbayest hapitresntreambreetMeusevir-xriècles).ontributionl histoireeligieusees ampagnesuhaut oyenge

Sigmaringen,

985,

.

176-186.

22.

Sur et

spect

es ctivitése

imon,

ien

résent

ansa Vie

P.

Feuchère,

Une en-

tative

anquee

e oncentrationerritorialentreommet einela

principauté

Amiens-alois

auXIeiècle.tudee

éographie

istorique

,

Le

Moyenge

60, 954,

.

1-37M.

Bur,

a

ormation

du omtée

Champagne,

. 50-v.150

Nancy,

977,

.

11-217.

23.Sur a Vie eSimon:

.

ogna-Prat,

Gallia u

ud,

30-1130:

II.

Archevêchése

Besançon

t e

Lyon

,

dans

.Philippart

ir.,

agiographies.

istoirenternationalee a ittéra-

ture

agiographique

atine

t vernaculairen Occidentes

origines

1550

Turnhout,994,

p.

31-332.

24.Ecce nterot

lagellaositus,

ellorum

egotiismpeditus,

amen

atri

ondolensam

defuncto,uippeuem,

umdhuc

iueret,

imisaecularibusntentumundi

upiditatibus

ouerat

grauiter

rretitum,

astellum

uoddam,uo

ibi

epulturae

ocum

raeparauerat,

ius

ossessori

i

surripuisse

t elut

roprium

etinuisse

eminerat,

omanům

ontificem

uid

uper

oc ctutus

sset,

et uomodoatriic efunctoubuenireotuisset,er unciumonsulit.apa ero regorius,uiHildebrandusietusst,b o uemniustebstuleratocoenitusollendum,t ronima issarum

solemnia,

leemosynarumque

argitatem

eo

uppliciter

fferendo,

ie

madareurauit.imonero

benigne

andatum

useipiens,

nomnibus

uae

ibi

roposuerat

btemperauitcorpus

cilicet

remouens,

t

cclesiam

uae

.

Arnulfl

icitur

pud rispiniacum

astrum,

bi ranslatum

st,

e

faculte

ropria

argissime

otauit...

Dom

ouquet,

ecueilesHistoriense a Gaule tde

a

France

t.

14,

.

8 cf. ussi A.SS.

ept.,

,

44-751).

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72

M.

LAUWERS

Montdidier,ù il gisait epuis a mort,l y a trois ns, usqu à l église

de Saint-

rnoul,

ui

a été fondée

ar

ui et ses ancêtres

ab

antecesso-

ribus)

ans e

château

e

Crépy,

ù il

a été

baptisé.

e ai fait

lacer,

la

manière

es Anciens

more

ntiquorum

,

à

côté du

sépulcre

e ma

mère,

a

femme,

tde nos ncêtres

predecessorum

ostrorum),

vecdes

psaumes

t des

prières,

ansun caveaudouble

in

spelunca uplici)25.

In

spelunca uplici

réminiscencee l Écriture

ainte,

e

«

caveaudou-

ble

»

des ancêtres e

Simon

renvoie la

sépulture

es

Patriarches

voquée

dans a Genèse.Abraham vait té en effetnhumé vec

Sara,

son

épouse,

dans une

sépulture u il

avait achetée t

préparée

Hébron,

n

spelunca

duplici Gen.25, 8-10).Ce fut galemente lieu de sépulture Isaac etde

Rebecca

Gen.

35,

28-29),

de

Jacob

ui,

à la

veille

de sa

mort,

n

Egypte,

avait

demandé

être nseveli avec

ses

pères

in

speluncaduplici

Gen.

49,

29-31),

t

pour

ertains

elle de

Joseph,

galement

mortoin

de la Terre

Promise,

ui

avait

exprimé

e désird êtreramené

uprès

des siens

Gen.

50,

23-25).

Les

passages

de

l Écriture

elatifs la

sépulture

es

Patriarches,

abondammentités u cours

du

MoyenÂge, permirent

ux

ecclésiastiques

de

ustifier

es

soins ccordés

la

sépulture

es

défunts

t même

institution

de

nécropoles

amiliales.

est

doncen référence la mort t à la

sépulture

de ces

«

grands qu étaient our

es

hommes u

MoyenÂge

les Patriarches

que

furent

ustifiés,

alorisés,

malgré

«

autorité

d Augustin,

es rites uné-

raires t commémoratifs26.

Sepulcrumpatrium

Alors

que

durante trèshaut

MoyenÂge,

les familles

ristocratiques

avaient

pris

habitude inhumeres membres e leur

parenté

ur leurs

terres

in

agris

suis

écrivait

évêque

Jonas

Orléans,

843)27,

es monas-

tères

«

privés

,

puis

«

impériaux

),

fondés t dotés

par

es soinsdes mem-

bresde

l aristocratie,

e mirent ientôt accueillir t

à

entretenir

ans

eur

enceinte es tombes amiliales28.ès

lors,

partir

u

IXe

iècle,

mais

plus

encore

l âge seigneurial,

andis

ue

se diffusaiente telles

pratiques,

es

clercs ustifièrenta sépulturees défuntsuprèsde leurs pères ou de

leurs ancêtres

,

présentée

ommeun

acte

«

religieux

.

Selon

une

règle

établie n

816

par

e

pape

Léon

III,

les défunts

ui

n avaient

as exprimé

d autre hoix devaient tre

nsevelisdans la tombede leurs ncêtres in

maiorumuorum

epulcris.

éon III avait

ustifié

et

usage

en

évoquant

es

«institutions es

pères»

(institūta

maiorum

atrum)

et

l exemple

des

Patriarchese l Écriture

ut

patriarcharum

xitus

ocet)29.

ers

1142,

dans

le

Décret,

près

avoir cité

-

par

l intermédiairee Burchard

e

Worms

(t

1025)

et d Yves de

Chartres

t

11

16)

-

Augustin

la

femme uit

on

mari

25.Recueiles ctes

u

ègne

e

Philippeer,

.Prou

d.,

aris,908,

°

8,

.

29-230.

26.Sur etteuestion,oir . auwers,La épulturees atriarches.odèlescripturaireset ratiquesocialesuMoyenge, paraîtreanstudi edievali.

27.Jonas

Orléans,

e nstitutioneaicali

II,

5, L,

.

106,

ol.

63.

28.Sur inhumationomaniale

R.Le

Jan,

amillet

ouvoir...,p.

it.,

.

7-48,

ui

ait

ensuite

emarqueru à image

es

igenklöster,

es

Reichsklöster

assèrent,algré

a

protection

royale,

ans orbitees

roupes

e

arenté

ui

n

ssuraient

adirectiont efonctionnement

p.

0).

29.Friedberg

d.,

.

,

Leipzig,

881,

48.

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LE

«

SÉPULCRE ES PÈRES ET LES

«

ANCÊTRES 73

dans la mort ommedans la vie) et Grégoiree Grand la sœurde saint

Benoîtfut nhumée ans a même ombe

ue

son

frère)30,

ratien ait tat

des différents

assages

de l Écriture elatifs la

sépulture

es Patriarches

«

Mourant n

Egypte,Joseph

emanda ses frères

u ils emportent

es

ossements

vec eux et

es

placent

ans e

sépulcre

e ses

pères

n

sepulcro

patrům

uorum)...

31.

Dans la

première

moitié u xiie

iècle,

Rupert

e

Deutz

oppose

ense-

velissementes

défunts,

onsidéré ommeune

«

bénédiction

,

à

l absence

de

sépulture,igne

de

«

malédiction. Autant e termes

ui

avaient,

ans

la

société

eigneuriale,

ne résonnance ociale les clercs

vaient n effet

le

pouvoir

e faire

t de

défaire a mémoire es

morts,

accueillir u de

maudire es corpsdes défunts t de leursparents,es excluant arfois es

espaces

funérairese la

communautéhrétienne32.

près

voir

évoqué

ce

roi dont e

prophète

érémie

it

qu il reçut

a

«

sépulture

e

l âne,

c est-

à-dire ucune

sépulture

(Jer.

2,

19)

-

une

expression réquente,

ux

xr

et

xiie

iècles,

ans es formules e

malédictiont d anathème

,

Rupert

ite

«

les saints t

les

grands ères

ou

patriarchesui

se

sont

préoccupés

e la

sépulture

t du transfert

e

leur

corps

,

et

qui

ont veillé à être nsevelis

«

non

pas

n importe

ù,

mais

dans

es

sépulcres

e leurs

pères

in

sepulcris

patrum

uorum)

33.

C est

à la même

poquequ Arnoul

e Florennes ccor-

daittous

ses soins au

sépulcre

e son

«

ancêtre

Eilbert,

t

que

Simonde

Crépy

amenaite

corps

de son

père

dans

a tombe

ncestrale. es chartes

qui furentlorsrédigées ont arfois tatde la volontédes seigneurs e

rejoindre,près

eur

mort,

e «

sépulcre

e leurs

ères (sepulcrumatrium)

ou

«

de leurs ncêtres

(antecessorum)24

30.

Chez urchard

eWormst

Yves e

Chartres,

e renvoila

sépulture

es

atriarches,

ainsi

u aux

extes

Augustin

t

de

Grégoire,

ert

ustifier

inhumationes

poux

ansa même

tombe.

31

Item

oseph,

oriens

n

gypto,ogauiîratres

uos,

t

empore

uae isitationis

ssa

ua

secům

ef

rrent,

t n

epulcro

atrum

uoruma collocarent....i esPatriarches

xprimèrent

e

désir êtreéunis

leurs

ères,

ratienite

outefois

lusieurs

as

ui

ttestent

u il

en ut

as

ainsi

our

ous.

inhumation

n

epulcris

atrum

uorumconclut

ratien,

est

as

ne

bligation

ilne

agitas

une

oi

tem,

ue

egibusijfinita

unt utareonicet.

ue

utem

egibusxpressa

nonuntrbitriumecunturumanaeoluntatis.e aisant

objet

aucune

oi,

e

ieu e a

épulture

estaisséu hoixe eluiui oittrenhuméUbi tiamuisqueumulandusit,egibusxpressůmnonst,tdeon oluntateumulandionsistitGratien,ecretiarsa, .XIII,.2, .3, riedberg

éd.,

.

1,

eipzig,

879,

21-722).

e

pape

nnocent

II

llait

ependant

ondamnereux

ui

élaissent

la

épulture

es ancêtres

-

ce

qui

st

contrairelacoutumees

ères

e Ancienestament

-

pour

n ieu moins

eligieux

(Friedberg

d.,

.

,

Leipzig,

881,

49).

e outera

epris

ans

lesDécrétales

1234)

u

ape

régoire

X

1.

ll,

it.

XVIII

de

epulturis,

.

1

et .

3,

Friedberg

éd.,

.

,

Leipzig,

881,

48-549).

32.Sur es

uestions,

oir.K.

ittle,

enedictinealedictions.

iturgicalursing

n oma-

nesque

rancethaca

Londres,

993.

33.Nonne ortuis

ars

enedictionisst

epeliri,

t contraaledictionis

epultura

arere

moresini Sicute

uodam

ege

erribiliterictumst

rout

ratmeritus

Sepultura

sini,

d

st,

sepultura

ulla,

epelietur.

onneanciit

magniatres

iue

atriarchae

e

epeliendis

el tiam

transferendisorporibus

uis

iligenter

andauerunt,

t

ro

magno

lis

uit

epeliri,

t

non

antum

ubicumque

ed n

epulcrisatrum

uorum

Rupert

e

Deutz,

e anctarinitatet

peribus

ius

1.

8

In

Deuteronomium

I,

6,

R. Haacke

d.,

orpus

hristianorum.ontinuatioedievalis

désormais.C. ont.ed.,. 2, urnhout,972,.1020). êmeommentaireanses ommentarioin uangeliumanciiohannis,3, .Haacked., .C. ont. ed.,. ,Turnhout,969,. 47-748.

34.

Voir,

ar xemple,

es ctese1028

référence

la

epultura

ntecessorum

,

1062

réfé-

renceu

epulcrum

ntecessorum)

t 1070

référence

u

sepulchrum

atrium

du

artulaire,

éjà

évoqué,

e

abbaye

e

Waulsort,

.

Despy

d.,

eschartese

abbaye

e

Waulsort...,

°8,

p.

33-334

2,

.

38

3,

.

39.Mais ncoreaut-il

ue

es

lauses,

ui

envoyaient

des

pratiques

ociales

récises,

ient

etranscritesanses artulaires.

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74 M.

LAUWERS

Sepulcrumatrium les hommes uMoyenAgerenouaient-ils,algré

les recommandations

Augustin,

vec

le

vocabulaire,

es institutions

t

es

croyances

e

l Antiquité

Certes,

ans

e

traité

u il

rédige

ontrees

«

héré-

tiques

partisans

e Pierre e

Bruys, ui

niaient efficacité es

suffrages

pour

es

défunts,

abbé de

Cluny

Pierre e Vénérable

t 1156)

cite,

par

l intermédiaire

Ambroise,

lusieurs assages

de YÉnéidede

Virgile, ui

illustrenta

piété

filiale

t

l importance, ar

delà

la

mort,

es solidarités

familiales35. ais

plus que

les auteurs

ntiques

t autant

ue

les récits e

la Genèse relatifs la

sépulture

es

Patriarches,

est-ce

pas

le deuxième

livre es Maccabées

qui nspira

es rédacteurs

es

chartes tdes

chroniques

Selon ce texte

2

Mcc

12,

38-44),

près

voirdécouvert es

objets

dolâtri-

ques sur es corpsde ses soldats ués u combat, udasMaccabéeorganisa

une collecte

pour

faireun

«

sacrifice destiné

effacer

e

péché

commis

par

es défunts

il

s agit

du seul

passage

de la

Vulgate ui

mentionnee

manière

xplicite

ne

«

prière our

es morts

(v.

44).

Invoquépar

tous es

défenseurs es

suffrages our

es

défunts,

écité

uotidiennement

ans la

liturgie

unéraire,

argement

iffusét même

raduit,

partir

es

Xe

t

xr

siè-

cles,

en raison e l identificationes

guerriers

u

personnage

e

Judas

Mac-

cabée36,

e deuxième ivredes Maccabées faisait éférence deux

reprises

au

«

sépulcre

es

pères

37

.

L esprit du don

L établissemente

nécropoles

amiliales u seindes maisons

eligieu-

ses et

organisation

e

prières

u de célébrations

iturgiquesour

es mem-

bresdécédésd un

groupe

e

parenté upposaient

u au

préalable

es biens

-

tels

qu une

terre,

ne

rente

u des

droits fussentédés aux communautés

ecclésiastiques hargées

d assurer a memoria

es

défunts. u

reste,

a

majeure artie

es actesconservés ans es cartulaires

es institutionseli-

gieuses

des

XIe

t

xir

siècles

consignent

es

dons,

manant es membres

e

l aristocratiet effectués

pour

e

salut

de

l âme

»

de leursauteurs

pro

anima)

et

«

pour

a mémoire e leurs ncêtres

(pro

memoria ntecesso-

rum) . Bien que les concernantn priorité,usage de donner t de faireentretenires tombes t la mémoire e

parents

éfunts e fut

pas partout

réservé ux

seigneurs

nobles

;

il

pouvait agir

d une conduite rdinaire

au sein des

groupes

ominants.

n

outre,

ans certaines

égions,

ont es

structurest les institutions

eposaient eut-être

avantage

ur e droit

ue

35.Pierre

e

Vénérable,

ontra

etrobrusianos

250,

. earns

d.,

.C. ont.

ed.,

.

10,

1968,

.

148.

36.J.

unbabin,

TheMaccabeess

Exemplars

n he enthnd leventhenturies

,

dans

K.

Walsh tD.Wood

d.,

he iblen heMedievalorld.

ssays

n

Memoryf erylmalley,

Oxford,

985,

.

1-41.

37.Allusionu

patrioepulchro

2

Mcc

,

10),

t

propos

es oldats

e

Judas

accabée

uenitumuisudas t

orpora

rostatorum

ollerett

um

arentibusoneret

n

epulchrisaternis

(2Mcc 2, 9).38.Lapratiqueu on faitobjet,anses ernièresnnées,eplusieursravauxux tats-

Unis. n iteraotamment

es tudese

C.B.

ouchard,word,

iternd loister.

obility

nd

the hurchn

Burgundy

980-1198),

thaca-Londres,

987

S.D.

White,

ustoms,

inship

nd

Gifts

toSaints.he

audatioarentumn Westernrance1050-1150

,

Chapel

ill-Londres,

988;

B.H.

osenwein,

o

be the

Neighborf

aint eter. he ocial

MeaningfClunyProperty

(909-1049),

thaca-Londres,

989.

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LE

«

SÉPULCRE

ES PÈRES ET LES

«

ANCÊTRES

75

sur a coutume, e tellespratiquesoncernèrent oins es seigneurstles

princes

ue

des

communautés

lus marginales39.

est ainsi

qu en

1092,

«

pour

eurs

mes,

pour

eurs

ères

t eurs

mères,

our

e salut e tous eurs

parents

,

les habitants e la communauté

lpine

de

Saorge,

dans a

Haute-

Roya,

des hommes t des femmes ibres

affirmantivre sous la

«

loi

romaine

,

dont es noms

figurent

u début e

l acte,

cédèrent

ne

chapelle

à

l abbaye

de

Lérins,

fin

ue

les moines

y

célébrassenta mémoire e

leurs

morts40.

Pratique eligieuse,

e

don

pro

anima ou

pro

memoria tait n même

temps

ne

pratique

ociale,

dont l convient e saisir a

logique.

Pour arac-

tériser e

type

de

transaction,

es historiens u

Moyen Age évoquent

ré-

quemmente système u « don» et du « contre-don : telseigneur onne

une terre

=

«

don

»

matériel)

fin

ue

les

ecclésiastiques ui

en bénéficient

organisent

es

prières our

son salut et celui de ses

parents

éfunts

=

«

contre-don

spirituel).

n

aurareconnuà une

terminologiempruntée

l anthropologie,

t en

particulier

l œuvrede Marcel Mauss41. a théorie

sous-jacente l usage

de tels

concepts,

elon

aquelle

e don

«

obligerait

le

bénéficiaire,

n vertu e

1 «

esprit

de

la chose

donnée,

répondre ar

un

contre-don,

est

ependant uère pplicable

ux réalitésmédiévales.

u

reste,

l

n est

pas

sûr

que

cette héorie

par laquelle

M. Mauss entendait

rendre

ompte

des

pratiques

e

l échange

chez les

Maoris)

convienne

quelque

ociété

ue

ce soit.

Les

anthropologues

e

pensent

lus aujourd hui

que le don« oblige à rendre la nécessité our e bénéficiaire undond affirmeron

prestige

u de mainteniron

rang

dans a hiérarchieociale

suffit

expliquer

a récurrenceu contre-donans

qu il

soit

besoin

de

pos-

tuler ne

«

obligation

42.

Certains

ntd autre

art

ait

emarquerue

le

eu

du don et du contre-don inscrit

oujours

ans un ensemble

omplexe

e

relationsocialeset

qu il

fait

ntervenir,

u moins ans es sociétés

u avait

étudiéesM.

Mauss,

non

pas

deux,

mais trois

partenaires43.

e tout

eci,

retenons

ue

généralement,

ans es sociétés ans

État,

a

pratique

u don

ne se limite

as

à une

réciprocitéimple,

t

qu il importe

e la

rapporter

aux structurest aux

relations onstitutivese la société.Dans l Occident

médiéval,

e don

«

pour

e salutde l âme

»

constitua élément ssentiel e

processus échanges ui impliquèrent

out la fois es communautéscclé-

siastiques,es donateurs,es défuntst souventmême es pauvres44.

39.

L hypothèse

eraitvidemmentvérifieremanière

ystématique.

40.Cartulairee

abbaye

e

érinsE.DeFlammare

d., ice, 885,

°

65,

.

1 -215.

e

doisa

connaissance

e

et cte

Laurent

ipart.

41.M.

Mauss,

Essai ure

don. ormet aisone

échange

anses ociétés

rchaïques

[1923-1924],

ans

ociologie

t

nthropologie

réédit.,

aris,

950. esnotions

e

«don»

tde

«

contre-don

ontté

doptées

ar

ifférentsistoriens

qui

n ontu estees

sages

ssez

ivers)

voir

ar xemple

.-G.

exle,

Memoriand

Memorialüberlieferung...

,

loc.

it.,

.

7-95

P.J.

eary,

Échanges

t elationsntrees ivantst esmortsans

a ociétéu aut

oyenge

,

Droitt ultures

12, 986,

.

-4.

42.A.

Testart,

esdons

tdes ieux.

nthropologie

eligieuse

t

ociologieomparative,

Paris,993,

n

art..

6.

43.M. ahlins,ge e ierre,ge abondance.économiees ociétésrimitives1972],trad.r. aris,976,n art.h.V «L espritu on).

44.

Au

oncept

e

don

,

certains

nthropologues

emblent

référer

elui «

changes

autant

ue

œuvreeKarl

olanyi,

lfautci iter

important

ravaileC.

Barraud,

.de

Coppet,

A. teanutR.

Jamous,

Des elations

t esmorts.

uatre

ociétésuesous

angle

es

changes

,

dans .-Cl.aley

d.,

ifférences,

aleurs,

iérarchie.

extes

fferts

Louis

umont,

aris,984,

p.

21-520.est outefois

partir

es tudese

K.

Polanyiue

eshistoriense ont

nterrogés

ur

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76

M.

LAUWERS

En donnant ux maisons eligieuses nepart e leurspossessions,es

seigneurs

t es

puissants

ssuraienteur alut t celui de leur

parenté

grâce

à l interventiones moines

t des

clercs,

eursbiens

«

terrestresse

trans-

formaient

n biens célestes

,

selon

expression

tilisée

ansde nombreux

actesde donation.Mais la

pratique

u

don eur

permit

urtout affirmert

de

perpétuer

n statut

exception

en

faisant ntretenir

a mémoire e leurs

«

ancêtres et en

s y

associant,

es donateurs

appelaientue

ceux-ci eur

avaient

égué

e

pouvoir u ils

exerçaient.

ls n avaient

uère

autremanière

de

légitimer

eur autorité

transmisu sein de familles

ristocratiques,

e

pouvoir eigneurialupposait ue

fût

ntretenue

a mémoire es

«

ancêtres

.

Quant

ux communautés

cclésiastiques,

lles tirèrente la

pratique

u don

unprofit abordmatériel en s affirmantomme es seuls ntermédiaires

autorisés ntre es vivants t

les

morts,

es seules nstitutions

usceptibles

de transformere matériel n

spirituel,

t

le

spirituel

n

idéologie,

lles

se

virent

galement

econnaîtrenrôle ssentiel

ans a

reproduction

e l ordre

social.

Ainsi es

pratiques

unérairest commémoratives

e trouvaient-elles

étroitementiées aux

structuresautorité.

Une

partie

es dons

légués

aux institutions

eligieuses

taitdestinée

aux

pauvres.

Un

rapport

troit iait es

donateurs écédés et les

pauvres

bénéficiante leur

argesse, ui

devenaienteurs

eprésentants

u leurs ubs-

tituts.

ertains

ondateurséclamaient

ailleurs

u après

eur

écès,

un

pau-

vre soit

perpétuellement

ourri

t vêtu n leurnom.Comme

es liensunis-

sant es donateurs leurs ancêtres, la chariténvers es pauvres assait

par

intermédiaire

es établissements

eligieux, ui

entretenaientt nour-

rissaient

uotidiennement

es démunis.

n

raison

de

l analogiequi

existait

entre es

pauvres

t les

religieux,

onsidérés

ymboliquement

ommedes

pauvres

les

charteses nomment

pauvres

moines

,

«

pauvres

u

Christ

),

l aumône redoublait n

quelque

sorte es

liens

unissant

es communautés

ecclésiastiques

leurs

bienfaiteurs.

Mémoires ancestrales

Les patres les antecessoresu encore espredecessores voquésdansles actesde la

pratique

e sont

amais

définisvec

précision,

icaractérisés

autrement.i le

père

t a

mère,

oire es

grands-parents

es donateursont

parfois

ommés,

es

«

ancêtres

sont

oujours

ollectifs

t

anonymes,

en-

voyant

l ensembledes

membres éfunts e la

parentèle.

Mais comme

l écritAnita

Guerreau-Jalabert,

l indétermination

implique

ullement

n

affaiblissement

e la référenceux

parents,

n

appauvrissement

e leur ôle

social

»45.Les

patres

t es antecessores

u

XIe

t du

xne

iècle

me

paraissent

les

oncepts

e

réciprocité

et «

change

: cf.es ontributionsassemblées

ans nnales.S.C.

29, 974,

.

1309-1380.

propos

u

Moyen

ge, eorgesuby y

emandait

éjà

«

Quels

rin-

cipes

ommandaiente

partage

ntrees

onsommateursEt

parmi

eux-ci

uellelace

ccupaient

lesmorts,ésidantansimmatérielt ependantouventortourmands» p.1367).ne remièreréponseces uestionse embletrea belle tudeeJ. hiffoleau,Pour ne conomiee

F

nstitutioncclésiale

la fin u

Moyenge»,

Mélanges

e École

rançaise

e

Rome-Moyen

Âge-Temps

odernest.

6, 984,

.

47-279,

t n

art..

67.

45.A.

Guerreau-Jalabert,

La

désignation

es elations

tdes

roupes

e

parenté

n atin

médiéval

,A.L.M.A.,

.

6-47,

988,

.

9.Et

par

illeurs,

l

n est

as

ertain

ue

anonymat

es

«

ancêtres

témoigne

e absence

e

profondeur

e amemoria.

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LE

«

SÉPULCRE

ES PÈRES ET LES

«

ANCÊTRES 77

avoirparticipé unsystème autorité ondé ur a coutume. ar endépit

de

l emprise

roissante e

l Église

sur es modèles ociaux et

malgré

es

références l ordre

ublic

t au droit omain

ui parsèment

es documents

écrits,

es sociétésdu

MoyenÂge

sont

ongtemps

emeurées es sociétés

coutumières

régies par

des

règles

de conduitenon

écrites,

ondées

ur

l usage.

La

référenceux

«

ancêtres

,

nécessairementollectifs t indiffé-

renciés,

constituaitne valeur

ui s imposait

tous.

La valorisation u

sepulcrum atrium

qu autorisaient

es

Ecritures,

ut donc à

l époque

sei-

gneuriale

n sens trèsdifférente celui

qu il

revêtait Rome.

L institution

cclésiale est

adaptée,

mais s est en même

emps

ffor-

cée de contrôlert d infléchires structurest es normes ociales.Telle fut

la version occidentaledu culte des ancêtres pour les évoquer, pour

s appuyer

ur

eux,

il futnécessaire en

passerpar

les institutionst les

rites

cclésiastiques.

r

a memoria

iturgique

ssurée

ar

es

clercs

ne

coïn-

cidait

que partiellement

vec la mémoire

raditionnelle,

nonyme

t

indif-

férenciée,

ui portait

a coutume. out

d abord,

dans les

nécrologes

es

communautés

cclésiastiques

t au cours es services

iturgiques,

es défunts

étaient

ommés,

tdonc ndividualisés. autre

part,

a vénération

ui

entou-

rait es saints t la manière

articulièrement

olennelle ont tait élébrée

la mémoire e certains

éfunts,

vêques,

abbés ou

seigneurs

obles

tels

Eilbert e Florennes t Raoul de

Crépy),

dont es

sépultures

t les

corps

faisaient

objet

de soins

particuliers,

avorisaient

émergence

e

figures

emblématiques. ependant,e caractèreoujours mplicite es notions e

patres

antecessores u

predecessores

avorisaes

compromis

ntre es dif-

férentes

onceptions

es

«

soinsdus

aux

morts et entre es deux

versants,

laïc et

ecclésiastique,

e la classe dominante.

Michel

Lauwers,

Université

e

Nice-Sophia-Antipolis,épartement

d Histoire, 8,

boulevard douard

Herriot,

P

209,

F-06204

Nice

Cédex 03

Le « sépulcredes pères» et les « ancêtres . Notes ur le cultedes

défunts

l âge seigneurial

Bien

que jugés

inutiles u

regard

e la

foi,

es rites unérairest la

sépulture

es défunts

urent

ris

n

charge ar

institution

cclésiale

et

insérés,

n

particulier

partir

e

l époque carolingienne,

ans un

vaste

omplexe

ituel

ondé ur a

«

mémoire . Aux XIe t XIIe

iècles,

la rencontrentre es idées attestées out la

fois dans

la

culture

antique

t dans a

Bible,

des

usagespropres

ux sociétés outumières

et des

pratiques

iées à l affirmationes

pouvoirs eigneuriaux

avo-

risa un véritable cultedes ancêtres

,

ainsi

que

la constitutione

sépulcres amiliaux.ndissociables e certaines ormes échanges,les rites unérairest commémoratifse l âge seigneurialémoignent

de

l existence une sorte e

«

pacte

social entre

es

deux

versants,

laïc et

ecclésiastique,

e la classe dominante.

Rituel

sépulcre

mémoire

pouvoir eigneurial

Cluny

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78

M. LAUWERS

TheSepulchre ftheFathers nd theAncestors.Noteson theCult

of the Dead

in

the Feudal

Age

Although

udged

useless s

regards

aith,

uneral

ites nd

the

burials

of thedeceasedwere

part

f

theChurch ffice

nd became

ncorpo-

rated,

specially

ince the

Carolingian eriod,

n

an extensive

nd

complex

ritualfounded

n

«

memory

.

During

the eleventh nd

twelfthenturieshe

onverging

f deas asserted

oth n the ncient

culture nd in the

Bible,

uses

particular

o

customary

ocieties,

nd

practices

inked o the ssertion f feudal

owers ave

riseto a veri-

table

«

ancestors ult

,

as well as theconstitutionf familial

epul-

chres. ndissociable rom ome forms fexchange, uneral nd com-memorativeites f thefeudal

ge

are testimonieso the xistencef

a kind f social

«

covenant

between he wo sides

-

lay

and eccle-

siastical of the

ruling

lass.

Ritual

sepulchre

Memory

Feudal

powers

Cluny

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Médiévales1, utomne996,p. 9-91

Dominique

IOGNA-PRAT

DES MORTS TRÈS

SPÉCIAUX AUX MORTS ORDINAIRES :

LA

PASTORALE

FUNÉRAIRE

CLUNISIENNE

(xr-xir siècles)*

Suivant a

répartition

onctionnellees tâches

odifiée

l'époque

caro-

lingienne,

l revient ux moinesde

prier

our

es hommes u siècle et

de

prendre

n

charge

a mémoire es défunts1.idèle à la traditione Benoît

d'Aniane,

Cluny

ntretient,

ès

sa

fondation

ar

e

duc Guillaume

'Aqui-

taine

910),

un

rapport rivilégié

vec es

morts

t

'Au-delà2.

ans

le cadre

de ce numéro e Médiévales onsacré la « mort es grands , je mepro-

pose

d'étudiere

système 'exploitation

e la mort ans e cadrede l'univers

seigneurial ue

constitue Ecclesia cluniacensis ux

xr-xne

iècles3.

*

Je iensremercier.Lauwers'avoir

ris

a

peine

erelirene

remière

ersione e

textetde 'avoirnrichiee es

emarquesritiques.

bréviations

tiliséesBHL

Bibliotheca

Hagiographica

atina.OC BullariumacrirdinisluniacensisP.Simon

d.,

yon,

680. LU

Recueiles hartese

'abbaye

e

Cluny,

.BernardtA.Bruel

d., vol., aris,

876-1903

(Collection

edocumentsnéditsur'histoiree

France)le

e a

pièce

st ité vec envoiu

tomet a

page

ans'édition

u

Recueiltmentione a

date].

P

Pierree

Vénérable,

ontra

Petrobrusianosereticos,. earnsd., urnhout,968Corpushristianorumontinuatioediae-

valis

10).

M Pierree

Vénérable,

eMiraculisibriuoD.Bouthillier

d., urnhout,

988

(

Corpus

hristianorumontinuatio

ediaevalis,

3)

trad.,

.-P.

orrell,

.

Bouthillier,

aris/

Fribourg,

992

Pensée

ntique

t

médiévale).

p.

The etters

f

eterhe enerableG.Constable

éd.,

vol.,

ambridge

Mass.),

967

Harvard

istorical

tudies,

8).

L

Patrologia

atinaccur-

rante.-P. igne.T

Liberramitisevi

dilonis,

.

Dinter

d.,

iegburg,

980

Corpus

onsue-

tudinum

onasticarum,

0).

1.

Excellenteue avalièrees onctionsumonachismeanseHaut

oyenge

ans

tude

d'O.G.

Oexle,

Lesmoines

'Occidentt

a vie

olitique

t ocialeanse haut

oyen

ge

,

Revue

énédictine

1993,

.

55-272,

péc. .

67

q.pour

es

roblèmes

e

memoria.

2. On

emontera

efil e a

bibliographie

ur

luny

t esmortsabondante

epuis

'étudee

W.

Jorden,

as

cluniazensische

otengedächtniswesen

ornehmlich

nteren

rei rstenbten

Berno,

do nd

ymard

910-954),

ünster.

W.,

930

Münsterische

eiträge

ur

heologie,

5)

-

grâce

J.

Wollasch,

Lesmoinest amémoireesmortsetD.

ogna-Prat,

Lesmortsans

la

comptabilité

élesteesClunisiense 'an

Mil»,

ans

eligion

t

ultureutoure 'anMil.

RoyaumeapétientLotharingie,. ogna-PrattJ.-Ch.icardd., aris,990. uguesapet987-1987.aFrancee 'anMil, ), espectivement. 7-54t 5-69.

3. Par

cclesialuniacensis

terme

u'il

onvient

'employer

e

préférence

celui '«ordre

de

Cluny,

vantes

nnées

200),

n ntenda

congrégationui

e

constitue,

partir

e 'abbatiat

ď Odilon

994-1049),

ousa forme'un

orps

rticulantne ête

le

monasterium

apitaleCluny

même)

t es

membres.

oir .

Poeck,

ie

Klösterer luniacensis

cclesia,

abilitationsschrift,

2

vol.

act.,

ünster.

W.,

987.

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80

D. IOGNA-PRAT

Le

système

clunisien

d'exploitation

seigneurialede la mort

Dans les

années

1030, Odilon,

cinquième

abbé du monastère

(994-1049),

nstaure

a fête e tous es

défunts,

e

2

novembre,

u lendemain

de la Toussaint4. e décret oncerne

luny

t

es établissements

épendants.

Mais le

préambule

u texte

aitmention e 1'«

Eglise

universelle

. De

fait,

la constitutionOdilon

st,

partir

es

années

1050,

progressivement

dop-

tée

par

'ensemble e la Chrétientéatine. e trait

'universalismelunisien

vaut

plus

tard Odilon

a

paternité,

ssez

douteuse,

e l'instauration'une

commémoraison

ebdomadairees morts e lundi5.

L'institutione la fête es

morts 'est

qu'une

mesure

ntégrée

ansun

vaste nsemble églementairerganisanta vie duconvent,odifiée ans e

Libertramitisevi Odilonis

deuxièmes outumes

u

monastère,

ui

consa-

crent ne

place importante

u service es défunts6.

'y

trouvent inutieu-

sement

omptabilisés

es services ssurés

prières,

messes,

nscription

u

nécrologe,

ntretiene

pauvres)

t

définises différentsercles e

l'horizon

mémorial e la communauté

profès

«

frères d'autresétablissements

monastiques

tcanoniauxiés à

Cluny ar

une

ssociation e

prières parents

des

profès

lunisiens mémoires

articulières

e bienfaiteursu de

grands,

laïcs et

ecclésiastiques,

ntrés ans la fraternitélunisienne

ensemble e

la

chrétienté).

ugues

de Semur

1049-1

09)

poursuit

a

politique

unéraire

de son

prédécesseur.

l instaure e nouvelles ommémoraisons

ollectives

des défunts ans le calendrierlunisien7,uvre argementa societas et

fraternitas

u

monastèret

multiplie

es

prises

n

charge

e mémoires

ndi-

viduelles

n faveur e

grands,

ienfaiteursu monastère.

Tout

au

long

du

XIe

iècle,

Cluny

devient insi un

espace

funérairee

premièremportance.

luny

I,

le monastère

Odilon,

omporte

eux ime-

tières,

n

pour

es

frèrest un autre

our

es laïcs8.

Au-delà,

'étend a zone

à

l'intérieur

e

laquelle

es Clunisiens

rennent

n

charge

es

dépouilles

e

laïcs

bienfaiteursccueillis

u cimetière9.

n

ne

sait

pas

si cette

one,

aux

contours

mprécis,

orrespond

u

«

sacréban

»

instauré

n

1095

par

e

pape

4. LT

126,

.

186-187

t

138,

.

199.

5.

Epistola

urchardi,

.Mabillon

d.,

loge istorique

Odilon,

L

142,

ol. 78 -879

cetteettreigureansems aris,nFat. 296 ,f° 7°ajout'une aine afin ir-débutnrsiècle,lacé a uitee aVitaanciidilonis,HL 281).uraquestione a eriaecunda,oir

M.- .Polo

e

Beaulieu,

Recueils

exempla

éridionauxt ultees

mes u

urgatoire

,

dans

La

Papauté'Avignon

t e

Languedoc,

316-1342,

ahierse

Fanjeaux,

6, 991,

.

57-278.

6. On rouvera

ne rèventroductionu

problème

es outumeslunisiennesans

. ogna-

Prat,

Les outumest tatuts

lunisiensommeources

istoriques

,

Revue

abillon,.s.,,1992,

p.

3-48,

ue

omplète

t

orrigepour

es outumes

ontemporaines

e

'abbatiat

'Hugues

e

emur),

J.

Wollasch,

Zur

Verschriftlichung

er

lösterlichen

ebensgewohnheiten

nterbt

ugo

on

Cluny

,

Frühmittelalterliche

tudien,

7,

993,

.

17-349.

7. Bon ésumées

nitiatives

'Hugues

eSemur

nmatièreunéraire

ar

A.

Kohnle,

bt

Hugo

on

luny

1049-1109),

igmaringen,

993

Beihefte

er

rancia,

2),

.

6

q.

commémo-

raison

péciale

es éfunts

nterrésanse imetière

e

Cluny,

e undiuivant

a

fête

e aTrinité

commémoraison

énérale

es

rofès

lunisiens

e31

anvier.

8. Le imetièrees

aïcs

populare

imeterium)

stmentionné

ar

e

Liber

ramitis

142,

.

06

200,

.

80

206,

.

84).

ar

onjecture,

.J.

onant,

luny.

es

glises

t amaisonu

hef

'ordre,

Mâcon,968,I,pl. , ituee imetièreunord,ccolé 'égliseeClunyI.Ce imetièreisparaîtcurieusementes lansesrchéologuesvec lunyII adocumentationiplomatiqueousnseigne

pourtant

ue

'on ontinuait

inhumeres aïcs

Cluny

la

fin uXIeiècle.

9. CLU

25

I,

.

82-583),

ars43 ..et

bicumque

go

itam

iniero,orpus

eum

onachi

requirant,

t

n

odemluniense

onasterio

epulture

radantCLU 199

II,

.

81-282,

onservé

en

riginal),

vril66 ..et

ost

iscessum

eum,

d

amdictum

ocum

corpus

eum]

erveniate

CLU 471

II,

.

24-526),

cte efévrier79 ans

equel

e

donateur,obert,

ègle

a

sépulture

e

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DES MORTS RÈS

SPÉCIAUX UXMORTSORDINAIRES 81

clunisien rbainI,quidélimitees frontièrese la seigneurielunisienne0.

Cet

espace

est

centré

ur es

reliques

de Pierre t de Paul

rapportées

e

Rome dans es

années980 n. Les laïcs demandant être nhumés

Cluny

recherchentonc a

compagnie

es

princes

es

apôtres,

ans

'espoir

d'en

faire,

ar

leurs

dons,

des

obligés,

bons avoués le

jour

du

Jugement12.

a

justice spirituelle

e Pierre aitde

Cluny

un

espace

de

réconciliation.

n

1024,

e

pape

Jean

XIX définitinsi e

monastère

ans e

second

privilège

d'exemption

élivré

Cluny

Que

le

justey

trouve

n

espace

et

qu'on

ne

repousse as

l'injuste ui

veut faire

pénitence.

ue

l'on

offre ux innocentsa charité 'une

mutuelleraternitétqu'onne refuseas 'espoir u salut ceux uiont

offensé.i celui

qui

est

frappé

'anathème

agne

e lieu

poury

trouver

sépulture,

recevoira

grâce

du

salut u

tout

utre

ien,

u'on

ne lui

refuse

as

le

pardon

t la miséricorde

ttendue,

u'on

l'accueille u

contrairevec bienveillancen lui

accordante réconforte soins alu-

taires.

l

est

uste,

n

effet,

ue

dans a maison e la bonté

domus

ie-

tatis

,

au

uste

on offre'amour 'une sainte raternitét au

pécheur

n

quête

de

pardon

n ne refuse

as

le médicamente

l'indulgence

t du

salut.

3

La

domus

ietatis

antichambree l'Au-delà offerteux

pécheurs

n

quête

de

réconciliation,

st alors

limitée

Cluny

même.

Mais,

en

1097,

Urbain I, reprenante passagede la bullede JeanXIX, en étend 'appli-

cation l'ensemble e

Y

Ecclesia cluniacensis 4. e

singulare

monasterium

devient insi un immense sile

ecclésiastique.

Les morts

eprésentent

a

pompe

de l'économie

seigneuriale

luni-

sienne

presqu'

xclusivementasée sur e don. Dietrich oeck a suivi e

mouvementes donations aites

Cluny

depuis

a fondation

usqu'à

la fin

de l'abbatiat

'Hugues

de

Semur,

n

1109

. Le cartulaire e Maieul

abbé

sa

femme,

alburge,

..ut

redictam

onjugem

eam

epeliant,

imorta

uerit

ivenCastello

ovo,

siven

alioco

roximo

x

uo

ossibilitas

itmonachisllam luniacoonducereCLU

938

IV,

p.

139-140,

onservén

original),

.

1040. e Liberramitis

203,

.

82)

écrita cérémoniee

transfertu

orps

'un éfunt

aïc

usqu'au

imetièreumonastère.

'histoire

e a

pratique

e

l'enlèvementesorpsestinésux imetièresonastiquesestencoreécrireon rouverauelquesindicationsomplémentairesans .Treffort,enèseu imetièrehrétien.tudeur ccompa-

gnement

u

mourant,

es

unérailles,

acommémorationes

éfunts

t es ieux'inhumation

l'épo-

que arolingienne

Entreoiret

Rhin,

ilieu

ur

début

r

iècle),

hèsee

doctorat,

vol.

act.,

Université

umière-Lyon

I,1994,

ol.

,

p.

75

q.

10.

BOC,

.

5.

1

Selone

témoignage

araitivre

ar

a

ettre

Hugues

e

uournay

Fons

e

Melgueil,

H.E.J.

owdrey

d.,

Two

tudiesnCluniac

istory

049-1126»,

tudi

regoriani,

1, 978,

p.

13-298

ici

.

116-117).

12.Par

xemple,

LU 999

III,

.

12),

cte

assé

ntre93 t1048

..facientes

ostrios

debitores

uos

eraciter

ovimust n

resentiarum

aluti

orporum

onsulere,

t n

uturoudices

fore

nimarumon

mbigimus

CLU 831

IV,

.

4-35),

.1021CLU 350

IV,

.

46-447),

v.1055CLU 404

IV,

.

07-510),

oût 065.

13.H.

Zimmermann,

apsturkunden

96-1046,

I,

Wien,984,

°

58,

.

1053-1054Obtineat

in o ocum

ustus,

ec

epellaturoenitere

olens

niquus.

rebeaturnnocentibus

aritas

utue

fraternitatisec egeturffensispesalutistndulgentiaietatis.t i liquisuiuscunquebligātusanathemateundemocumxpetieritivero orporisepulturaeu lteriusue tilitatist alutis

pro

ratia,

inimeveniat blata isericordia

xcludatur,

ed leomedicamentialutaris

ovendus

benigniterolligatur.

uia

t ustumic

st,

t n omo

ietatis

t usto

rebeatur

ilectioanctae

fraternitatis

t dveniam

onfugientieccatori

on

egetur

edicamentum

ndulgentie

t alutis.

14.

BOC,

.

0-31.

15.u.

rOECK,

Laienbegrabnisse

n

luny

,

ruhmittelalterliche

tudien,5, 9öl,

.

o-l 9.

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82

D. IOGNA-PRAT

entre 54 et 994) enregistre37 donations, ont72 ad sepulturamsous

l'abbatiat

'Odilon,

e mouvement

'amplifie

1018

actes,

704

donations

dont

124

ad

sepulturampuis

es chiffreshutent

ous 'abbatiat

'Hugues

de Semur 898

actes,

654

donations ont73 ad

sepulturam.

es

données

font

lairement

pparaître

a croissance u

flux es

donations,

pécialement

ad

sepulturam

sous l'abbatiat

'Odilon,

promoteur

'une active

politique

funéraire.a chutenotéedans

e cartulaire

'Hugues

de Semur

orrespond

en

bonne

partie

une réorientationes flux.

Le

tropisme

xercé

par

le

cimetière es laïcs

du

monastère

agne

es membres e

Y

Ecclesia clunia-

censis en

1097,

quand

e

pape

Urbain

I reconnaît ux frères

es

dépen-

dances clunisiennese droit 'inhumer16.

es

nécrologes

e ces établisse-

mentsnregistrentlors, armiesfamiliers,es nomsdes aristocratesona-

teurs t es actes

recopiés

ans es cartulaireses

dispositionsieuses ui

ne

peuvent

manquer

e leur

gagner

ne

place

dans 'Au-delà.Dès les années

1060-1080,

es tâchesfunérairese

révèlent tre insi un

puissant

acteur

d'intégration

es

abbayes

t

prieurés

elevant

e

Cluny

dans eur nviron-

nement

égional

t un terme ssentiel ans

les

échanges

vec la

petite

t

moyenne

ristocratie.

Les

échanges

n contexte unéraireont

ouvent

résentés

ous a forme

du don et du contre-don.ette

notion,

mpruntée

Marcel

Mauss,

semble

répondre

la

parole

de Luc

(6,38)

répétée

l'envi dans es actes Date et

dabitur obis

. Les moines

eçoivent

insides offrandese la

part

e fidèles

préoccupés es finsdernièresuxquels ls assurent n retour es services

spirituelsprières,

messes,

nhumationsu

cimetière,

nscriptions

u nécro-

loge...).

Ce cadre

d'analyse

st à la fois

trop

estreintt

trop

tatique our

être satisfaisant.

l

présente

'inconvénient e

retenir eux acteursde

l'échange

les

fidèles

t les

moines)

t d'en exclure

n

troisième

les

pau-

vres).

De

surcroît,

e modèle

du don et du contre-don e

permet as

de

rendre

ompte

e la

«

transformationdes

biens

qui s'opère

dans a tran-

saction

visée funéraire.e vocabulaire

mployé

ans es actes mutatio

commutatio,

ransmutatio)

une coloration

ettement

ucharistique.

es

moines-prêtres,uxquels

sont

délégués

es

biens,

ne sont

pas simplement

des intermédiaires

ndispensables,

ais aussi et surtout

es transformateurs

efficaces ans e sacrifice e l'autel.

l ne

s'agitpas

tant,

n

effet,

e donner

pour ecevoirued'offrirn vue d'une transformationespersonnest des

biens en

quelque

chose de mieux

(in

melius

ransmutare)™

Dans le

cas

16.Bulle u

17

vril

097,

ans

OC,

.

8. ur e

point,

oir .

Kohnle,

bt

ugo

on

Clunyop.

it. .

),

p.

4 t

01-302.

17.

M.

Mauss,

ssai uredondans

ociologie

t

Anthropologie,

aris,

e

d.,

968,

.

143

sq.

Avant .

Mauss,

. chreiber

parlé

es edevances

cclésiastiques

édiévalesn ermee

«

Gabe/Gegengabe

,

«

Leistung/Gegenleistung

,

censées

orrespondre

des

rincipes

u roit

er-

manique

G.

chreiber,

Kirchliches

bgabenwesen

loc.

it.

.

0),

.

65

lanotione Gabe/

Gegengabe

a été tiliséeans

edomainelunisien

ar

W.

Jorden,

as

luniazensische

otenge-

dächtniswesen

op.

it.,

.

),

p.

4

sq.

Sur 'utilisation

u

concept

e don/contre-donans

a

médiévistique,

oir.

Grierson,

Commerce

n he ark

ges

A

Critique

f he

vidence

,

Tran-

sactionsf he oyalistoricalociety,e érie,,1959,.123-140,.Duby,uerrierst aysans,vir-xiriècles.remierssore 'économieuropéenne,aris,973,. 0 q. tO.G. exle,Memo-

riaund

Memorialüberlieferung

m

rüheren

ittelalter

,

Frühmittelalterliche

tudien,0, 976,

p.

0-95.

18.Pour

eprendre,

elle

uelle,'expression

'un cte

onservén

riginal

CLU 301

IV,

p.

96-397),

assé

ous'abbatiat

'Hugues

e emur

1049-109)

bon

xemple

e commutation

personnelle

tmatérielleans n

cte e

1081,

LU 585

IV,

.

32-734,

ci

p.

32)

...dono

t

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DES MORTS

RÈSSPÉCIAUX UXMORTSORDINAIRES 83

de l'offrande espersonnesoblation 'enfants tconversion)e processus

de

transformation

ar régénération

st

simple

saisir.Cela

revient,

omme

disait

'apôtre

Paul

(II

Cor

5,17),

à

passer

avec le Christ

de l'homme

ancien l'hommenouveau .

Plus

complexe

st a

question

e la transfor-

mation es biens.

Cédés

à

Cluny

t

devenanta

propriété

acréede

Pierre,

ceux-ci

hangent

e nature.

a

delegado

ad altare

«

convertit

,

en

effet,

les biens

temporels

temporalia)

n biens

spirituels

spiritualia).

La mort au monastère comme

«

marqueur

social

»

Parunparadoxe uin'est u'apparent,es transactionsunérairesepré-

sentent ne modalité

rivilégiée

'affirmatione l'identitéci-bas.Aux

XIe-

xiie

iècles,

es

pouvoirs eigneuriaux

'enracinent

ans une terre

t,

ce fai-

sant,

e définissentes

«

topo-lignées

19

;

dans ce

contexte,

e monastère

représente

n entre-deuxù les laïcs en

quête

de

miséricorde

écapitulent

leurs lliances

t leursrelations e

parentés,

harnelle

t

spirituelle20.

es

actesdu chartrier

e

Cluny

ontentinsi

parfragments

es

gestes

amiliales

couvrant ouvent

lusieurs

énérations,

u

fil d'allers et retours es biens

qui peuvent

tre etenus n

usufruit,

econcédés n

précaire

u

donateur

u

à ses

héritiers,

rrachés

ar

un

parent

ndélicat, edonnés,

econfirmés...21

Acte

par

acte,

es cartulaires

e

Cluny

ervent e mémorial ù nombre

e

familles,urtoutristocratiquestprincières,oient nregistrée'histoire e

leurs

biens,

de leurs titres

t des

gestes

de dévotion onstitutifs

e leur

identité22.renons n

exemple armi

mille

possibles.

Vers

1082,

Geoffroy,

comte u

Perche,

t son

épouse

Béatrice oncèdente monastèreaint-Denis

de

Nogent-le-RotrouCluny.

eux actes ntérieurs

nregistrant

a fondation

de l'établissement

ar

e

grand-père

omonyme

e

Geoffroy,uis

a confir-

mation e cette ondation

ar

Rotrou,

ilsdu

premier eoffroy

t

père

du

second,

ont

ntégrés

ans

e cartulairee

Cluny.

et

ensemble

e trois ctes

permet

e retracer'histoire e

la famille omtale u Perche ur rois

éné-

rations,

ixée u momentdéal du sacrifice es

biens

par equel

es

puissants,

faisant eur

a

parole

de

l'apôtre

Paul

(I

Cor

6,10),

acceptent

e

«

ne rien

avoirpour out osséder .A une

époque

(les

xie-xir

iècles)

où l'ordre,

uel qu'il

soit

sacré,

commuto

ive

ransfundo

emet

psum

um

mnibusebust

ossessionibus

t niversis

ue

abere

possum...

19.

L'expression

st 'A.

Guerreau-Jalabert,

El

ystema

e

parentesco

edievalsus or-

mas

real/spiritual)

u

dependencia

on

especto

la

organización

el

spacio

,

dans elaciones

de

poder,

e

producción

parentesco

n a EdadMedia Moderna

R.Pastor

d.,

Madrid,990,

p.

5-105.

20.Par

xemple

LU 694

II,

.

18-719),

cte e

uillet

84

ui nregistre

adonation

'une

vignero

emedionimaee a

part

'un ertainende

enus,

our

ui-même,

on

ère,

a

mère,

on

oncle

omonyme

t a

femme,dila,

e

ui

ltienta

vigne

t

ui

ontes

arrain

tmarraine

eo

quod

e

acris

ontibus

e

usceperunt).

21.Sur a société

ui

'instaure

ntreesClunisienst es voisinse aint

ierre»,

oir

B.H. osenwein,o eNeighborf ainteter.heocial eaningf luny'Property09-1049Ithaca,989.

22.Sur a définition'une onscience

ristocratique

t

princière

anses ctes

lunisiens,

attentifs

enregistrer

es itrest définires

ouvoirs,

lrestemenerne tudeu

ype

e

elle

de

W.

Goez,

Mathildaei

gratia

i

quid

st. ie

Urkunden-Unterfertigung

er

urgherrin

on

Canossa

,

Deutschesrchiv

47, 991,

.

79-394.

23.CLU 858

IV,

.

7,

mention),

.

1031CLU 517

IV,

.

33-638)

CLU 563

IV,

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84

D. IOGNA-PRAT

princier,eigneurial),e spatialise,'entrée ans a sociétémonastique des

fins unérairesevient

gagner

n

«

espace

"hors

space"

»24

poury

nscrire

puissamment

es

signes

de son identité. e monastère

eprésenteymboli-

quement

'Au-delà.Comme

e disent ertains

ctes,

'est un

parvulum

abi-

taculum

ro

remedio nimae

le

locusfutur e

l'âme,

'endroit ù se confon-

dent e

présent

es

espérances

t le futur e

leur

ccomplissement25.

ais

on aurait ort e

penser ue

cette

nticipation

e

marque ar

une dissolution

des

signes 'appartenance.

ien au

contraire.

ouis Dumont

t

ses

disciples

ontmontré

ue,

dans es sociétésholistes

et

la société éodale n est

une),

le

rapport

ntre ivants

t morts 'est

«

pas

faitd'interactionntre eux

entités u unitésdifférentes

,

mais

«

est la manifestation

rimordiale

e

l'ordreglobalde la société et implicitemente l'univers»26. ans cette

perceptionlobale

de 1'« ordre

,

on

comprend

u'il

estessentiel e

rappeler

qui

l'on est au moment e mourir. es actes

passés

à

fin

de mort e man-

quent

onc

pas d'enregistrer

e titre u donateurce sont 'ailleurs e

pareils

textes

ui

ont

permis

GeorgesDuby

de faire 'histoire u titremilesdans

le Mâconnais2

Ces

actes assurent ne mémoire un défunt

ui

conserve

toute on

«

épaisseur

ociale

»

passée.

Les

pièces enregistrées

ans es car-

tulaires u monastèrentune doublefonction e

marqueur

'identité t de

fixationmémoriale. e ce dernier

oint

de

vue,

l convient e noter

ue

cartulairet

nécrologe

e

répondent

t

que

les

gestespieuxreprésentent

e

premier emps

de la

liturgie

unéraire28.l n'est ainsi

pas

rarede voir es

donateurs emander être raités avec honneur29.Pour es laïcsquimeu-

rent ommemoines d succurrendum

il

peut

s'agir

du

«

train e mort

sollicité,

elui d'un frère oired'un abbé . Plus

généralement,

a mention

p.

98-702).

acitationePaul e rouveans

e

préambule

ommunux

rois

ctes.

ur

'entréee

Saint-Denise

Nogent-le-Rotrou

ans cclesia

luniacensis,

oir .

Kohnle,

bt

ugo

on

luny

(op.

it.

.

),

p.

184 t 15.

24.J

mprunte

ette

xpression

A.

Guerreau,

Quelques

aracteres

pécifiques

e

space

féodal

uropéen»,

ans 'Étatu e roi. es

ondations

e a modernité

onarchique

nFrance

(xiv-xviriècles),

.

Bulst,

.

Descimon,

.

Guerreau

d., aris,996,

.

5-101

ici

.

6

q).

25.CLU 3508

IV,

p.

25-626)

diplôme'Alphonse

I de Castille-León

22-5-1077),

conservén

riginal.

LU

746,

.1100

V,

p.

100-101),

galement

onservén

riginal.

et cte

offre'intéressantesariations

uretermeocusoù emonastère

locus

luniacensis)

econfond

avec'Au-delà

ocus)

Nam

rocul

ubioonstat

uia

ost

mortem

orporis

ullusocus enieni-

mabusonceditur,isillisuin oc eculoositilemosinist eterisisericordieperibusnsudareconantur...] ntemortemeamuendamansumro emedionimaeee t ro orporismei]

sepultura

oco

luniacensi

radidi,

ta t

bsquealumpnia

el

nquietudine

ujuslibet

ersoneost

mortemeam

refatus

ocusn

erpetuum

abeat.

26.C.

Barraud,

.de

Coppet,

.

teanu,

.

Jamous,

Desrelationstdesmorts.

uatre

sociétésuesous

'angle

es

changes

,

dans

ifférences,

aleurs,

iérdrchies.extes

fferts

Louis

DumontJ.-C. alley

d., aris,984,

.

21-520

ici

.

10).

27.

G.

Duby,

a

ociété

ux r-xirièclesansa

région

âconnaise,aris,

e

d.,

971.

28.Par

xemple,

LU 765

V,

.

1 8-1

9),

.1 00

Ego

Grimaldus

iles

signum]queratur

hoc

ignum

n

memorialebi

aniturotidie issa atutinalisum omine

jus),

ono...

29.CLU 316

IV,

.

10),

.

1050,

onservén

riginal

...eo enoret

onvenientia,

t i

quis

xnobisribus

bierit,

i

uerit

ui

luniaco

os

éférât,

enioresoci os

onorificeepeliant,

etDominum

eprecenturro

nimabusostris.

30.CLU 806

V,

.

153-155),

.

1100

..eti n

aycali

ita

biret,

elatusluniaco

ono-

rabiliter

epeliretur,

t

ebitum

issarum,

t

rationum,

t

lemosinarum,

icut

ro

nomonachota

et roo bomnibusersolvereturCLU 279V, . 44-647,ci . 46), 80-181Missamtiamunamotidianam,ro psot ntecessoribusiusiveuccessoribusiconcesserunt,t n ineuo

tantum

ro

o

ìet,

uantum

olet

ieriro

omnobbateluniacensi.

oir .

chreiber,

Kirchli-

ches

bgabenwesen

n ranzösischen

igenkirchen

usAnlasson rdalien

,

Zeitschrift

er avi-

gny-Stiftungür echtsgeschichte,

anonistische

bteilung,

6,1915,

.

14-483,

ci

p.

42,

.

(repris

ans

emeinschaften

esMittelalters.echtnd

erfassung.

ult nd

römmigkeit,

ünster

i.

W.,

948

Gesammelte

bhandlungen,

],

p.

151-212).

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DES MORTS

RÈSSPÉCIAUX UXMORTS

ORDINAIRES 85

« avechonneur fait llusion ux soinsparticuliersntourantne mémoire

peu

ordinaire.

insiPierre e Vénérable

it-il

rendre

nvers n

«

grand

mi

et bienfaiteur

,

le

comtede

Vermandois,

aoul de

Péronne,

eveudu

roi

Philippe

er,

n

engagement

mémorial

xceptionnel

...quo

raro cuilibet

conceditur)31

Du commun

l'exceptionnel,

a

liturgie

lunisienne

ffreux

laïcs deux

types

e traitement

ropres

refléteres nuances

e

l'inscription

sociale.

Au

chapitre

u transfert

es

corps

vers e cimetière

u

monastère,

le Libertramitisevi Odilonis

révoit

n rituel tandard

our

tout aïc

»

;

mais

e cas des mediocres st

aissé à

l'appréciation

u

prieur,

e

qui

veut

dire

que

sous la

première

mention

aliquis

laicus)

se cache en faittout

bienfaiteure

quelque

importance32.

e

chapitre

ontenant n modèle

de

nécrologe istinguees différentsypesd'inscriptionsprofèsmonachus

nostrae

ongre ationis)

t

«

amis

»

laïcs

porteurs

e leurs itres

roi,

duc,

comte)33.

u sommet es

mémoires

aïques,

rône a

figure

e

1'«

auguste

empereur

enri

I,

«

ami très her

de notre ociété t fraternité34.Sur

ce

modèle,

Hugues

de Semur

rend

'initiative 'honorer

'empereur

enri

II,

les roisde Castille-León

erdinandt

Alphonse

I,

tributairesu

monastère,

ainsi

que

les

épouses

d'Henri

II

et

d'Alphonse

VI,

l'impératrice

gnès

et

la reine

Constance,

lacées

dans

'illustre

illage

de

l'impératrice

délaïde,

grande

ienfaitriceu

Cluny

de

l'an Mil35.

Pierre le Vénérable et le rappel des solidarités constitutives e la

société chrétienne

Dans son De Miraculis

Pierre e Vénérable

appelle,

ien des années

plus

tard,

e

«

zèle

»

d'Alphonse

VI

qui

«

lui

acquit,

près

son

royaume

temporel,

n autre

oyaume

éternel n

peut

e croire

3

. L'abbé de

Cluny

insiste 'autant

lus

surcet

exemple

ameux

u'à

son

époque

1122-1156)

le

système

lunisien

'exploitation

eigneuriale

e la mort st en crise.Si

les défuntsssurent

es

revenus,

ls

représentent

n retour ne ourde

harge.

Joachim

Wollasch calculé

qu'au

débutdu

xir

siècle

e convent e

Cluny

comptait

ntre

00

et 400

moines,

mais

que

10 000

prébendes

taient is-

tribuées 10 000 pauvres, ubstitutses défunts37.a charge std'autant

31.CLU 070

V,

.

21-422),

.1140.

32.

LT

06,

.

84-285.

33.

LT

08,

.

86 sur emodèle

nscription

u

necrologe,

oir .

Wollasch,

Zur atie-

rung

es iberramitisus arfa

nhandon ersonennd

ersonengruppen

,

dans erson

nd

Gemeinschaft

m

Mittelalter.arl chmid

um

ünfundsechzigsten

eburstag

G.

Althoff,

.Geue-

nich,

.G.Oexle

d., iemaringen,988,.

37-255.

34.

LT

07, .

85.

35.

Bernard,

rdo

luniacensis

M.Hergott

d., aris,726,

, 1,

.

46 e tatutn aveur

d'Alphonse

I

a été dité

ar

.E.J.

owdrey,

Two tudies»

loc.

it.

.

1),

.

159-160;

ur

l'engagementiturgique

es lunisiensnvers

es ouverains

astillo-léonais,

oir h. .

ishko,

Fer-

nando

and he

rigins

f he

eonese-Castilian

lliance

ith

luny

et

d.,

Liturgical

ntercession

at

Cluny

orhe

ing-Emperors

f eón

,

dans

panish

nd

ortuguese

onastic

istory

00-1200

London,984Variorumeprints),°II tn°VIII. ur afiguree 'impératricedélaïde,ntimedesbbés aieultOdilon,uteure on pitaphe,oir. ogna-Prat,gnimmaculati.echerches

sur

es

ources

agiographiques

elatives

saint aieule

Cluny

954-994),

aris,

988,

.

68

q.

et

.

Corbet,

es aintsttoniens.ainteté

ynastique,

ainteté

oyale

t

ainteté

éminine

utoure

l'anMil

Sigmaringen,

986

Beihefte

er

rancia,

5),

.

9

q.

36.

DM

,28,

.

2

trad.

.

184].

37.J.

Wollasch,

Lesmoinest amémoire

esmorts

(loc.

it.

.

),

p.

2.

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8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf

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86 D.

IOGNA-PRAT

plus lourdeque, dès les années1120-1130, e marché grégorien»des

restitutions

'églises

«

sature

38

t

que

les

flux

e donations e diversifient

avec

'apparition

e

fraternitésouvelles. ierre e Vénérable e

plaint,

ans

une

lettre u roi

Roger

de

Sicile,

de cette

désaffection,

lors

même

que

Cluny

st

exploité

omme e

«

trésor

ublic

de la

république

hrétienne39.

Pareille ésaffectionient

ourpartie

la remise n

cause,

au

tournant

des années

1100,

des idéaux à la base du

système

lunisien

'exploitation

seigneuriale

e la mort. 'est une

époque

de

polémique

utour es

spiri-

tualia revenus iés à la

gestion

u

spirituel40.

rmites t nouveaux

moines,

sous

prétexte

e ne

pas

«

voler es

prêtres

-

c'est-à-diree

clergé

éculier

-,

renoncent la

possession 'églises,

d'autels,

de droits

'inhumationu

dedîmes, ontraire la puretémonastique. ans ses Coutumesau chapitre

de la

pauvreté, uigues

er

e Chartreux

'oppose

à toute

astorale

unéraire.

Il refuse e

rentrerans e cerclevicieuxde l'économiedu don

quête

et

porte

porte

détournante

la

contemplation

il

convient,

xplique-t-il,

d'échapper

l'arbitraire

e

celui

qui

fournita

nourriture,

'est-à-dire ux

contraintese l'alliance41.

uant

u nécessaire evoir e miséricorde

nvers

les

pauvres,

n

peut

'en

acquitter

isément n redistribuantes

surplus

ans

les

villages

itués n dehors es

«

limites chartreuses.

À

court

erme,

ertains es nouveaux

urs

renoncent renoncer

ussi

systématiquement

ux

spiritualia

après

1150,

nhumations

t fondations

anniversairese sont insi

pas

raresdans les

établissementsisterciens42.

Pourtanta critique e l'économiemonastiqueudon,formuléel'occasion

de cette

olémique,

st suffisammentérieuse

our ue

Pierre

e Vénérable

s'efforce out la fois de défendre t

d'aménager

e modèle

clunisien.

l

revoit la baisse es

charges

u service

unéraire,

amenant

50

le

nombre

des

prébendes uotidiennes43,

t

réorganise,

vec un succès

mitigé,

'éco-

nomie

clunisienne,

tructurellement

épendante

es

dons,

en

stimulanta

production

omaniale44.

Sur e front es

déaux,

ierre

'emploie

e

façon

out

ussi déterminée

à

justifier

es solidarités

unéraires

onstitutivese la société hrétienne

l'âge

féodal.En

1152/1153,

l

intervient

uprès

du

pape Eugène

II

pour

aider e comte

Guy

de Domène

régler

es

problèmes

matrimoniaux.

'abbé

de

Cluny,

ncien

prieur

e

Domène,

présente

ette ffaire omme

propreetdomestique ; les bienfaits e Guyet de ses ancêtres nverse prieuré

tout la

foisétablissementlunisien t

nécropole

amiliale es Domène

en

font,

ux

yeux

de

Pierre,

es

«

nôtres

,

des

membres

e

la

familia*5.

38.

L'expression

st

e

D.

Barthélemy,

'ordre

eigneurial

r-xir

iècle

Paris,

990

Nou-

velle istoire

e

a

France

édiévale,

),p.

170.

39.

Ep.

31,,

p.

30-333

ici

.

32).

40.G.

Constable,

Monastic

ossession

f hurches

nd

spiritualia"

n he

ge

f eform

,

dansImonachesimoa

riforma

cclesiastica

1049-1122).

ttiella

uarta

ettimana

nternazionale

di

tudio,endola,

2-29

gosto

968

Milano,

971

Miscellanea

el entroiStudi

edioevali,

6),p.

04-331

ici .

26

q.).

41.

Guigues

er,

outumes

e

Chartreuse,aris,

984

Sources

hrétiennes,

13),

1,

.

47.

42.G.Constable,Monasticossessionfchurches»loc. it.n. 0),p. 30, . 54J. ubois,Les rdreseligieuxuxneiècle'aprèsa urieomaine,Revueénédictine78, 968,

p.

83-309

ici

.

84).

43.Statut

2,

G.Constable

d.,

975

Corpus

onsuetudinum

onasticarum,

),

p.

6-67.

44.G.

Duby,

Le

budget

e

Cluny

ntre

080t 55

,

dans ommest tructuresu

Moyen

Âge

Paris/La

aye,

973,

.

1-82

ici

.

3

q.).

45.

Ep.

89,,

.

38-439

ici

.

38)

Nosterst

more,

ostert

enere,

ostert

eneficio.

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DES MORTS RÈSSPÉCIAUX UXMORTSORDINAIRES

87

Pareille rise ncharge es affaires 'un aristocratellié de Cluny stpar-

faitementévélatrice e l'active

politique

'inclusion es laïcs au sein de

Y

Ecclesia

cluniacensis

dont

'expression

ittérairea

plus

achevée e trouve

dans e

De Miraculis. ette

œuvre entrale e Pierree Vénérable

eprésente,

dans a

production agiographique

lunisienne,

n tournantont es

impli-

cations

déologiques

ont

e

premièremportance.

e

De Miraculis

marque,

en

effet,

e

passage

de

morts

rès

péciaux

saints

bbés

ou membres e

Y

Ecclesia cluniacensis les moines

Gérard, enoît,

Alger

de

Liège,

Mat-

thieu

d'Albano)

à des morts

rdinaires,

es

laïcs,

dont 'histoire

unéraire,

jusque-là

contenue ans les notices

téréotypées

u

chartrier,

ournita

matière un nouveau

ype

e récits

xemplaires.

'initiative e Pierre oit

être ppréciée sa justemesure. 'intégratione petits écitsmettantn

scène des laïcs ne

répond

aucunenécessité littéraire

. Dans

les années

1137-1200,

es moinesde Marmoutier

omposent

insi une

collection e

Miracles

usage

strictement

nterne,

xcluant out

xemple

d'aristocrates

laïques46.

Pourquoi

ierre 'intéresse-t-ilant des morts rdinaires On

peuty

voir,

de

façongénérale,

a manifestation'une

logique

ecclésiale

typique-

ment lunisienne. e monachisme

raditionnel,

ont

Cluny

st sans aucun

doute e

paradigme, ense

a communauté

onastique

ommeune société

de

parfaits ui

offre ux hommes u siècle un

refuge.

Au coursdes

XIe

t

xiie

iècles,

'acception

e ce

refuge

st devenue elle

ue

Y

Ecclesia clunia-

censisenvient se confondre,ous la plumede Pierre e Vénérable,vecla «

république

e

l'Église

chrétienne . La communautéllie cénobitisme

et

pratique

ccasionnelle e l'érémitismeun réclusoire st offertux fem-

mes

Marcigny-sur-Loire)

et,

proximité

e ce

petit

ome,

volue out n

monde

'assistés

pauvres, énitents,èlerins

t,

plus

argement,

out idèle

et

son

ignage réoccupés

e

disposer

'une mémoirendividuellet fami-

liale.

L'intérêt e Pierre e Vénérable

pour

les défunts

aïques

est aussi

conjoncturel.

oine de choc sachant e

placer

ux

avant-postesour

défen-

dre

'Église

universelle e ses adversaires xtérieurs

juifs

t

Sarrasins)

t

la

purger

e ses

déviants,

'abbé de

Cluny compose,

dans les années

1

130-1

40,

un traité

ourrépondre

ux

erreurs

e Pierre e Bruis t de ses

disciples48.i l'on en croitPierre e Vénérable, otre eule source n la

matière,

es Pétrobrusienséfutaient

inq types

de médiations cclésiales

le

baptême

es

enfants,

ous

prétexte ue

c'est la foi

qui

sauve et

qu'un

jeune

enfant e saurait tre uffisammentonscient

our

croire les lieux

consacrés,

'Église

de Dieu ne consistant

as

en un

assemblage

e

pierres

mais en une réalité

lus spirituelle,

a communauté es fidèles la

Croix,

objet

détestable,

nstrumente torturetde souffranceu

Christ

le sacrifice

eucharistique

enfin,

a

liturgie

unéraireans onensemble

offrandes,

riè-

46.J.-Cl.chmitt,es evenants.esvivantst esmortsansa société édiévaleParis,1994BibliothèqueesHistoires),. 8-90.

47.

Ep.

31,1,

.

30-333

ici

;

32).

ura

onception

niverselle

ue

ierree ait

e

'Église

clunisienne,

oir .-P.

orrell,

L'Église

ans'œuvret a

vie ePierree Vénérable

,

Revue

Thomiste

77,

977,

.

57-392

t

58-591.

48.J.

earns,

Peteron

ruys

nd ie

eligiöseewegung

es 2.Jahrhunderts

,

Archiv

für

ulturgeschichte,

8, 966,

.

11-355.

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88

D.

IOGNA-PRAT

res,messes, umônes),e mort epouvant ien spérer 'autre ue ce qu'il

a obtenu ui-même e son vivant

Particulièrement

ouché

par

cette dernière

uestion, ui

trouble

es

«

fidèles

atholiques

eux-mêmes,

ierree Vénérable

ompose

ne

réponse

en deux volets.Dans le

Contra etrobrusianos

il

s'attache,

ur a base de

dossiers

cripturaires,atristiques

t

hagiographiques,

défendrea

quadru-

ple

utilité e la caritas vivants

our

es

vivants,

morts

our

es

morts,

vivants

our

es

morts t morts

our

es vivants50.e son

côté,

e De

Mira-

culis

offre

n réservoir e

«

miracles vidents

(aperta

miracula)

ontem-

porains ui

confirment

a doctrinemiseen forme ans e

Contra

etrobru-

sianos et la

prolongent

e considérations

e

premièremportance

ur es

implicationsociologiques e la pastorale unéraire.

L'Au-delà féodal st

conçu

à l'aune de la communion

es saints. a

topique

du don

pro

remedio nimae

enregistrée

ans es

cartulairesluni-

siens

xprime oujours

'acte volontaire 'un individu

éféré sa

parenté

t

aux

figures

lliéesdans

'espoir

d'une

ouissance

uturen

commune51.'est

pourquoi

a

pastorale

unéraire ise en forme

ar

Pierre e Vénérable st

ancrée ans e

rappel

nsistantu

«

devoir e

miséricorde

contraignant

e

fils à aider son

père

défunt

uquel

il

manque

ncore

beaucouppour

être

sauvé,

e frère se

préoccuper

e son

frère,

e

filleul,

e son

parrain

u de

sa

marraine,

e

serviteur,

e son

maître,

e

fidèle,

u

seigneur uquel

il

a

prêté ommage,

t inversement.

Au chapitre es solidarités es vivants our es morts,voquéesaucoursdela

cinquième roposition

u Contra etrobrusianosPierre ollicite

le

témoignage

'Ambroise e Milan52

le De Obitu Theodosii t le De

consolatione alentiniani

ui

permettent

e renouervec a traditionomaine

de

piété

familiale

nvers

es ancêtresmise

en

forme ans YÉnéide

(6,

883-885 s. et

9,

446

s.).

Fin

connaisseur es modalités e christianisation

de la

mort,

ierre e Vénérable

uit,

râce

u De

cura

gerenda

ro

mortuis

d'Augustin,

e

passage

de la

pietas

familiale omaine ux soinsde

l'Église,

métaphoriquement

ère,

nvers

es

fils,

qu'elle

«

enveloppe,

même sans

connaîtreeur

nom,

dans sa commémoraison

énérale

53.

Sur

ce fonds

atristique,

e Haut

Moyen

Age systématise

a notion e

parenté

e substitutionu

parenté pirituelle54.

ierre e Vénérable ttentif

à distingueres différentsorizons e la solidaritéunéraireffre,uchapitre

23

du

premier

ivre u De Miraculis un excellent

xemple

e

passage

d'une

parenté

l'autre. l

s'agit

de l'édifiante istoire 'un chevalier

éfunt

ui

apparaît

e

façon

nsistante un

prêtre,

énommé tienne.

Guy,

hevalier

49.Pierreait n ésumé'ensemblees rreurses étrobrusiensansa ettrentroductive

au raité

CP, -8,

.

-5.

50.

CP,

11-272,

.

126-161.

51.Par

xemple

LU

21

I,

p.

74-776),

ars52

don

ro

emedionimaeu

donateur,

de es

arents

t es

idèlesivantst

morts,

t uncîisn ommune

roficiat.

52.

CP, 50,

.

148-149.

53.Decura

V,

cité n

CP, 53,

.

150,

.18-21.

54.Sur esproblèmeseparentéuMoyenge,n ereporterauxmportantsravauxd'A.Guerreau-Jalabert,Sures tructureseparentéans'Europeédiévale,Annales.S.C.

36,

981,

.

1028-1049

Ead.,

La dénominationes elationstdes

roupes

e

parenté

n atin

médiéval

,

Archivůmatinitatisedii

Evi,

6-47,988,

.

5-108

Ead.,

La

parenté

ans

'Europe

médiévaletmoderne.

propos

'une

ynthèse

écente

, L'Homme,09, 989,

.

9-92

Ead.,

«

Les ormes

pirituelles

e a

parenté

ansa société édiévale

paraître)

voirussii-dessus

n.

9.

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DES MORTS RÈSSPÉCIAUX UX

MORTSORDINAIRES

89

du châteaude Moras dans a Drôme, été blessé à mort ans un combat.

L'archevêque

de

Vienne,

on

homonyme uy

le

futur

ape

Callixte

I),

venurendre isite u

mourant,

'exhorte confesser es

péchés.

Le

prêtre

Étienne st

présent.

l est e recteur e

l'église

de

Manthes,

ont

elève

Guy

de

Moras,

t

qui

est

une

église

prieurale

ans a

uridiction

e

Cluny.Après

Guy,

la

charge

de l'âme du chevalier evient

onc,

par

l'intermédiaire

d'Etienne,

YEcclesia cluniacensis.Nous avons

un bon

exemple

de

l'implication

lunisienne ans e réseau

paroissial

t de la finalité

ratique

de la

pastorale

unéraire ise n forme ans e

De Miraculis. a confession

de

Guy

de Moras ne suffit

ourtant as,

et de

beaucoup.

l

apparaît

son

«

père spirituel (parrain

u

simplepasteur),

tienne,

t lui fait

part

des

cruels ourmentsont l souffreournepas avoir onfessé euxpéchés, e

viol d'un

cimetièret a

perception'injustes

axes.

Guy

demande Étienne

de se rendre

uprès

de son

«

frère harnel

, Anselme,

t de

l'implorer

n

son nom

de restituer sa

place

es

choses volées et d'indemniserous eux

auxquels

il a

pu

porter réjudice.

Mais

Anselme refuse

d'obtempérer.

L'argument u'il

met n avant

pour ustifier

on refus une curieuse olo-

ration

étrobrusienne

Que

m'importe

'âme

de mon rère Il a

oui

de ses

biens ussi

ongtemps

qu'il

a vécu.

Pourquoi

'a-t-il

as réparé

ui-mêmees

injusticesu'il

a

commises C'est son affairePour

moi,

e

ne veux

pas

faire

énitence

pour

es

péchés.55

Aussiest-ce inalemente

«

père pirituel

qui s'acquitte

u

nécessaire

devoir amilial e

miséricorde.

La

conception

u

«

devoir e miséricorde

,

chère

Pierre e

Vénéra-

ble,

est

particulièrement

ien llustréeu

chapitre

7 du

premier

ivre u De

Miraculis consacré

l'apparition

'un chevalier éfunt Humbert

II,

sire

de

Beaujeu.

Avec cet

épisode,

nous

sortons e la

familia

u sens strict u

terme,

'est-à-dire e la

parenté ar

e

sang.

Nous sortonsmême e la

parenté

spirituelle,

ncore

ue

les relations e fidélité

'y apparentent

ort omme

l'enseigne 'exemplaire

istoire u sirede

Beaujeu.

On

rentreci dans 'uni-

versde la

familia

eigneuriale,

mboîtemente trois ercles

parenté

har-

nelle,univers omestique56,éseaudes fidèles.

Humbertst e filsde Guichard

II,

grand

hâtelain

ui,

après

voir a

vie durant tissé à

grand

eine

riend'autre

ue

des

toiles

d'araignée

57,.

est venumourir

Cluny

ommemoine d

succurendum.

a suitede l'his-

toire

rouve u'il

lui

manque

ncore

beaucoup.

Mais son

fils

Humbert e

se

préoccupe uère

de ce

manque.

Combattant n

our

en Forez avec la

troupe

e ses

fidèles,

e sirede

Beaujeu

perd

un de ses

chevaliers,

eoffroy

d'Oingt.

Deux mois

plus

tard,

e

défunt

pparaît

un autre

hevalier,

ilon

d'Anse,

parceque

dans e siècle

«

il

lui était ié tant

ar

'amitié

ue par

a

fidélité 58.

Geoffroymplore

Milond'intervenir

uprès

Humbert

our

ui

rappeler

a dette son

égard

il

estmort

our

ui

et,

irconstance

ggravante,

55.DM

,

23,

.

1,

. 9-92

trad..

156-1571.

56.Commeemontre

'épisode

uivant

DM

,

28,

.

7-92)

ui

metn cènen

omestique,

Sanchee

Burgos,ui pparaît

sonmaître

our

ui éclameres

ages.

57.DM

,27,

.

3,

. 1-22.

58.

bid.,

.

4,

. 9-50.

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90

D.

IOGNA-PRAT

pourune causequi n'« étaitpas assez uste». Cette ngratitude« l'égard

de ses services

n'a,

poursuit-il,'égale que

l'absencede sollicitude 'Hum-

bert nvers

on

père

défunt.

verti,

umbert ontrei

peu d'empressement

que Geoffroy

ui

apparaît

irectement

ançant

e

«

débiteur

de

«

sa vie

sacrifiée 59.

Humbert

init

ar

s'exécuter

t

se

fait

emplier.

n

conclusion,

Pierre e Vénérable estine ette orte istoire ceux

qui,

hérétiques

u

dans

l'erreur,

mettentn cause l'utilité u secours ux défunts

preuve ue

le

propos

du De Miraculis st très xactemente même

que

celui du

Contra

Petrobrusianos.l s'en

prend

vec une

égale

vivacité

deux extrêmes la

«

pernicieuse

rreur des

hérétiques

t

1'«

apathie

de ceux

qui

remettent

leur salut entièrementans le

«

secours

dçs

autres 60. La vérité st

au

milieu il convient our oi-même e faire ujourd'huie « nécessaire et

de s'en remettreux autres

emain

our

e

«

suffisant.

La

lecture u De Miraculis ffre 'inestimablentérêt e se focaliser

sur es

«

autres

,

qui

demeurentndistinctsans e Contra etrobrusianos.

L'histoire

Humbert,

desseinofferte

n

exemple

ux

hérétiques

t aux

catholiques

ans le

doute,

donneune

réponse

d'ensemble.

Ces

«

autres

sont la fois es

fidèles,

es amis et es

parents.

l est nutile e revenir

ur

la

place

des

parents

t sur 'attachementu mos maiorum ans e lointain

prolongement

e la

pietas

romaine

il

convient n revanche e bien souli-

gner

'importance

u rôle ttribuéux fidèles n matière unéraire.

'histoire

ď Humberttteste

ue

dans une société

régulée

uivant a force

'engage-

ment éciproquees liensde fidélité,'Au-delàne saurait tre ntemps e

rupture

es solidaritésu un

espace

« désocialisé 61.Ce

petit

écit

montre,

au

contraire,

ommentel

point

e

doctrine,

mprunté

u vieuxfonds e la

réflexion es

Pères,

tructurees relations

les

liens de

fidélité)

erçues

priori

omme trictement

laïques

». La caritas st une vertu

eigneuriale.

La

remarque

uffira-t-elleconvaincrees historiens u féodalisme

u'au

MoyenAge Église

et société

ont

des notions oextensives

Dominique

Iogna-Prat,

Centre 'Études médiévales

UMR

5605

CNRS/Universitée

Bourgogne),

,

place

du Coche

d'eau,

F-89000

Auxerre

Des morts rès

péciaux

aux morts rdinaires la

pastorale

funé-

raire clunisienne

xr-xir

siècles)

Tout au

long

des

xie-xiie

iècles,

Cluny

t ses

dépendances

ffrentn

espace

funérairee

premièremportance,

n asile

que

recherchentes

laïcs en

quête

de réconciliationt d'un bon

avoué

-

saintPierre à

l'heure e a

mort. Ecclesia cluniacensisses cimetièrestses nécro-

loges

ont insi e lieude constitution'une

«

fraternitéoù se mêlent

moines t aïcs et où se réalise 'intricatione

deux ristocraties.

ette

étude onsacrée

la

pastorale

unéraire destinationes

grands

ente

59.

bid.,

.

5,

. 7-98.

60.

bid.,

.87,

. 40

q.

61.Sur

e

point,

oir

.-Cl.

chmitt,

es evenants

op.

it.

.

6),

.

20,

ui

eretere

n

partie

u

De

Miraculise

PierreeVénérable.

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DES MORTS RÈSSPÉCIAUX

UXMORTSORDINAIRES

91

d'explorer es tenants t les aboutissants u système lunisien

d'exploitation

eigneuriale

e la mort.

Cluny

inhumation

fête

es défunts solidarité

pauvres

From

the

VerySpecial

to the

Ordinary

Dead: The

Pastoral Fune-

rary

Observances t

Cluny

Eleventh-Twelfthenturies)

Throughout

he leventh nd twelfth

enturies,

luny

nd ts

depen-

dencies ffered

funerarypace

ofthe irst

mportance,

havenmuch

sought-aftery laymen eeking

econciliationnd a

good

avocate

SaintPeter at thehour f death. heEcclesia cluniacensiswith ts

cemeteriesnd

necrologies,

hus

favored heconstitutionf a

«

fra-

ternity

wheremonks nd

laymen

were

brought ogether

nd two

aristocraties ixed.

This

study

reating

f the

pastoral unerary

unc-

tionsdestined or he

great

ttemps

o

explore

n

all its

aspects

he

Clunisian

ystem

f

seigneurial

xploitation

f

death.

Cluny

inhumation fete or hedeceased

solidarity

the

poor

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Médiévales1, utomne996,p. 3-108

PatrickHENRIET

CHRONIQUE

DE

QUELQUES

MORTS ANNONCÉES

:

LES SAINTS ABBÉS CLUNISIENS

(Xe-XIIe SIÈCLES)

Voici trois istoires

irées e

l'hagiographie

lunisienne,

ont a

rédac-

tion oit tre

ituée,

elon

e

cas,

entre

049

et es années

1

120. Toutes rois

mettentn scène a

prièremonastique.

a

première

ous

transporte

ans

une île au

large

de

la

Sicile,

à

proximité

'un lieu où les

morts

ndurent

d'insupportables

ourments.

e moine

Jotsald,

ui rapporte

'histoire u

milieu u

XIe

iècle,

raconte

u'un

ermite

expliqua

un

our

à un

pèlerin

e

la région e Rodezque les prières lunisiennesouvaient,mieux ue toute

autre,

auver es âmes en

peine.Repris ar

Pierre

amien

puis parJacques

de

Voragine,

et

épisode

a

beaucoup

fait

pour

a

réputation

e

Cluny

n

matière e

prière

unéraire1.

a

deuxième

istoire

apporte

n miracle

péré

par

'abbé

Hugues

de Semur

t 1109)

lorsd'un

voyage

Paris.Un

paraly-

tique

nomméRobert

spérait eaucoup

de la

visite

'Hugues.

De

fait,

en-

dant a messe célébrée

Sainte-Geneviève,

e saintbrandit

ne

chasuble

ayant ppartenu

saint

Pierre t se tourna ers e malade

en

chantant

es

paroles

d'Actes,9,

33-34,

adaptéespour

a circonstance

«

l'apôtre

Pierre

dit u

paralytique

Robert,

otre

eigneur

ésus

hrist e

guérit.

ève-toi

t

arrange

on

it . Le malade

guérit

La

troisième

istoire st encorede

Jotsald,

t se trouve

ans e récit e la mort e l'abbé Odilon

t 1049).

Nous

yvoyons e démon 'approcherumourant,ui le renvoie ardes crisde

contradictiot surtout

ar

des

«

paroles

mpérieuses qui prennent

a forme

d'un

credo3.

L'histoire u

pèlerin

e Rodez

témoigne

'une volonté

e

prouver

e

rôle éminent

e

Cluny

dans le salut

des

défunts.

elle du

paralytique

e

Parisveutmontrera

puissance

haumaturgique

'un

grand

bbé

qui

s'iden-

1.

Jotsald,

ita dilonis

Bibliotheca

agiographica

atina B.H.L.

281),

1,13,

L

142,

col. 26-27

PierreamienVita dilonis

B.H.L.

282),

L

144,

ol. 35-937

Jacques

eVora-

gine,

égende

orée

T.deWyzewa

rad.,

I, aris,

900,

.

194.

f. .

ogna-Prat,

Lesmortsans

la

comptabilité

élestees lunisiense 'an

Mil

,

dans

eligion

t ultureutour

e 'anMil.

Royaumeapétien

t

Lotharingie

D. ogna-PrattJ.-Ch.icard

d., aris,990,

.

5-56

avec

traductionu exteeJotsald),insiue'étuderésentéeci-mêmearet uteur.2.Gilon, ita ugonis,, 24, d.E.H.J.owdrey,Memorialsf bbotughfCluny

(1049-1109)

,

Studi

regoriani,

I,

978,

.

2.

'épisode

st

eprisar

euxutres

agiographes

clunisiens,

aisussi

ar

e istercien

onrad'Eberbachu ébutu

XIIIeiècleExordium

agnum,

cap.

).

3.

Jotsald,

ita dilonis

,

14,

L

142,

ol. 10

,

puis

11 .Paroles

mpérieuses

«

mpe-

rialibuserbis.

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94

P. HENRIET

tifie ui-même Pierre, remier es apôtres t patron e Cluny.La mort

ď

Odilon, nfin,

st

placée

sous le

signe

d'une oraison ontinue

ui

ouvre

les

portes

u ciel

et

repousse

es démons.Dans

les

lignes

qui

suivent,

e

voudrais

uggérer

ue

nous avons là

troismanifestations'une seule et

même

prière, ui

ont

n

partage

ommun'efficacité e

la

parole.

A

Cluny

comme

ans

beaucoup

d'autres

bbayes,

avoir

prier

'est savoir tiliser

a

prière.

r s'il

est

un

moment ù la sciencede l'oraisondevient

itale,

'est

bien celui des derniersnstants.

Passé le tournant

u

premier

millénaire,

ivers ndices

onfirmente

rôle

grandissant

e

Cluny

dans 'économie

hrétiennee la mort4. ès

les

années

1030,

Odilon

nstaure ne fête

our

a commémorationes

défunts

(2 novembre),ont n saitqu'elle se répand nsuite ans tout 'Occident5.

Vers a même

poque

e souvenir es morts

'organise

ans des

nécrologes

dont elui de

Cluny, isparu

mais reconstitué6.râce

à

Joachim

Wollasch

et aux historiens

ui

ont débroussaillé e

dossier

omplexe,

nous savons

qu'il s'agissait

de

«

la

plus grande

radition

écrologique

u

Moyen Âge

créée

par

un

groupe

7.

A

ce

dossier

'ajoutent

es donations

onsignées

dans

plusieurs

milliers

e

chartes,

onations

lus

ou

moins

xplicitement

effectuées

pro

remedio nimae 8.

Clunyperfectionne

onc au XIe iècle

un

système

unéraire

ssentiel u bon fonctionnement

e la société éodale.

L'abbaye bourguignonne

arantit

e salutdes

grands aïques proches

'elle

et,

plus généralement,

e tous

es chrétiens.

Ces quelquesrappels, ussi ndispensablesoient-ilsour omprendre

le rôle social du

monachisme,

e nous disent

ien

uant

la mort es Clu-

nisiens ux-mêmes. r

si l'on veut

spérer

aisir

une

conception

u monde

selon

laquelle

le

trépas

st

toujours

mminent9,

l fautbien se demander

comment

'éteignent

es moinesclunisiens t

plus particulièrement

eurs

abbés,

qui

sontun

condensé e vertus

monastiques.

uelle

place

la

prière

individuelle

ccupe-t-elle

ans e

systèmeiturgique

isen

place pour

au-

ver a societas

hrétienneSeule

l'hagiographieermet

e

répondre

cette

question.

Nous

avons donc choisi

de

présenter

ans un

premier emps

es

différentsextes

arratifs

ui

nous décrivent

a mort es abbés clunisiens

le récitdes derniers

nstants evient n

effet,

ers

e milieudu

xr

siècle,

4. Cf.

ote

.

5. Le

Statutum

. Odilonis

e

efunctis

st

ncorpore

u

Liberramitis

désormais

T),

.Din-

ter

d.,

ans

orpus

onsuetudinum

onasticarum

CCM)

,

iegburg,

980,

.

199. f. .G.

Mar-

timort,

'Église

n

rière,

V, aris,993,

.

133.

6. La

reconstitution

pu

treffectuée

râce

la confrontation

es

écrologes

'autres

ta-

blissementslunisienscf.

W.D.

eim,

.

Mehne,

.

Neiske,

.

Poeck,

ynopse

er

luniacensischen

Necrologien,

.Wollasch

d., vols., unich,

982.

7. J.

Wollasch,

Les

bituaires,

émoinse avie lunisienne

CahierseCivilisation

édié-

vale

22, 979,

.

152-153

miseu

point

écente

ure

ujet,ar

emême

uteur,

Totengedenken

im eformmönchtum

dans onastische

eformen

m .und

0.

ahrhundert

R.KottjetH.Mau-

rer

d.,

igmaringen,

989,

.

147-166.

8. Cf.

.

Rosenwein,

o e he

eighborf

aint

eter,

thaca/London,989,

.

5-48retrace

les ifférentes

nterprétations

e 'acte

edonation

epuis

'étude

lassique

eG.

chreiber,

Kir-

chlichesbgabenwesenn ranzösischenigenkirchenusAnlasson rdalien,dans emeinschaf-ten esMittelaltersRechtnd erfassungKultndrömmigkeit,ünster,948premièred. 915),

p.

151-212.

9. Cf.

.

Gougaud,

Lamortumoine

,

Revue

abillon,9,

.

81-302,

epris

ans

ncien-

nes outumes

laustrales,

igugé,

930,

.

9-95,

luspécialement

.

7 Dictionnairee

piritua-

lité,

.v. Méditation

es ins

ernières

,

col. 59

q.

C.

XODO,

ultura

Pedagogia

elmona-

chesimo

ltomedioevale,

rescia,980,

.

161-162.

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CHRONIQUE

E

QUELQUES

MORTS

ANNONCÉES 95

l'axe central es différentesitaerédigées Cluny.Nouspourronsnsuite

décrire a scène du transitust tenter 'en

dégager

a cohérence10.

Mourir à

Cluny

: coutumes et narrativité

Les sources

ui

nous

permettent

e voir

mourires moines ont e deux

ordres

à côté des récits

hagiographiques,

l

faut n effet aireune

place

aux coutumiers.es

textes,

ui

décriventouvent ans es moindres étails

la vie du

monastère,

pparaissent partir

u

Xe

iècle.

Certains,

es ordinai-

res,

'intéressentxclusivementu déroulemente

l'année

iturgique11.

es

premièresodificationslunisiennesConsuetudinesntiquiores et B1)

relèvent

e

ce

genre

t n'offrent

ucune

description

e

la bonne

mort12.

es

choses

changent

ous l'abbatiat

d'Odilon,

lorsqu'estcomposé

dans les

années

1030

le Liber

tramitis

3.

Cette

fois-ci,

a

description

u

transitus

monastique

st

extrêmement

soignée.

Elle nous

présente uelques temps

orts

ui

se retrouventans a

plupart

es

coutumiers,

lunisiens u non.Le

chapitre

XXII,

premier

'une

série

de textes onsacrés ux malades

t

aux

moribonds,

appelle

u lecteur

que

la

mort

st douce

à

qui

sait

'accepter14.

uivent es recommandations

détaillées ur les lieux où doivent tre menés es moines

ouffrants,

es

prières

réciter,

es rites t les sacrements.es clunisiensmeurent ercés

par la récitation u symbole e Nicée (Credo in unumDeum),ou, s'ils

tardent,

ar

celle du

psautier

donec

anima de

corpore uerit eparata

15.

S'il est horsde

question

'analyser

ci tout e déroulementes cérémonies

pre

et

post

mortemun

point

ui

se retrouve ans tous es coutumiersoit

cependant

tre

ignalé

la mort st communautaireans tous es sens du

terme. lle est en effet

ublique,

'ensemble es moines ssistant elui

qui

part

de là une étroite amiliaritévec

la

mort. outhabitant

u monastère

a vu nombre e ses frèresmourirvant

ui,

oujours

e la

même

açon.

ette

répétitionégulière

t standardiséees derniersnstants e se retrouve

uère,

en tout as à ce

degré, ue

dans es milieux

monastiques.

ais la mort st

aussi

commune,

n ce sens

qu'elle

ne varie

pas

selon a

place

du malade

dans a hiérarchie. es chapitres es coutumierselatifs u transitusom-mencent

oujours ar

des formuleselles

ue

de

infirmisratribus,

e

fratre

infirmo

6,

tc.On mesure insi

e caractère

rremplaçable

es sources

agio-

graphiques.

ans les coutumiersn

effet,

a mort es

grands

st une caté-

10.

Ce

qui mplique

ene

as rendre

etextearratifomme

imple

onfirmationu llus-

tration'une

héologie

e amort

éveloppée

ans 'autresources.

11.G.

Martimort,

es

ordinēs

,

es rdinairest es

érémoniaux,urnhout,

991,

insi

que

e

compte

endu'E.

alazzo,

Les

rdinaires

iturgiques

omme

ource

our

'historienu

Moyenge.

propos'ouvrages

écentsRevue

abillon,

.s.

,1992,

.

33-240.ures outu-

miers

lunisiens,

.

ogna-Prat,

Coutumes

t tatutslunisiensommeources

istoriques

, bid.,

p.

3-48.

12.Consuetudines

ntiquiores,

ans CM

II/2,

.Schmitt

d.,

iegburg,

983,

.

-150.

13.Cf. ote. Sur a date e ompositionuLT,J.Wollasch,Zur atierunger iberTramitison arfanhandon ersonenndersonengruppen,dansersonnd emeinschaftm

Mittelalter.arl chmid

um

5.

Geburtstag,

.

Althoff,

.

Geuenich,

.G.

exle,

.Wollasch

éd.,

igmaringen,

988,

.

37-255.

14.Divina

pera

ulciaunt

olentibus,

maraidentur

olentibus,

T,

XXII,91/1,

.

65.

15.

bid., XXIII,95/1,

.

73.

16.LT

191/1,

.

64 Bernard

Ire

version,

nnees

060-1075)

M.Herrgott

d.,

Vetus

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96 P. HENRIET

gorienulle tnon venue. eule existe a mort esfrères,t elle est a même

pour

ous,

ar la

liturgie

'est

pas

l'affaire 'un individu. es

distinctions

réapparaissent,

l

est

vrai,

our

'inhumationt a

liturgie ost

mortem

plus

fastueuses

our

es abbés

que pour

es

simples

moines 7.Rien de tel

pour

la mort tricto ensu

rigoureusement

galitaire.

L'hagiographie ccupe

doncun

espace

aissé ibre

ar

es coutumiers

elle décrit ertes

ne mort écessairementonforme la

coutume,

mais

elle

met 'accent ur

'exceptionnel

t

'admirable. a sainteté st à ce

prix.

Cet

écart,

es

ajouts

plus

ou

moins iscrets la

norme,

onfèrentu récit arratif

son caractère

pécifique.

ls sont

par

même au cœur des

conceptions

monastiques

elatives la mort.

Le corpushagiographiquelunisien rappe arsonampleur. 'Odon

à Pierre e

Vénérable,

ne

vingtaine

e

vitae ont

omposées

utour es

cinq

figures

majeures

e l'histoire lunisienne

Odon, Maieul, Odilon,

Hugues

et

Pierre e Vénérable18. r

l'importance

u transitus ans e récitn'a

pas

toujours

té a même.

La

première iographie

bbatiale

lunisienne

emonte

u milieudu

Xe

siècle,

orsque

Jeande Salerne

rédige

une vita

Odonis

vita maior)19.

e

récitdes

derniersnstants

u

saint

pose

un

problème ue

les

spécialistes

n'ont

pas

encore totalementésolu.

Jean,

ui

était oin

d'Odon

lorsque

celui-cimourut

Tours,

emble

e

pas

avoir

omposé

e transitusu l'avoir

faitde

façon

peu

satisfaisante.n

effet,

es

plus

anciensmanuscritse la

vitaOdonisne donnentas le texte e l'heureuse in usaint, extemprimédans la

patrologie

atine omme

uthentique.

l faut

pour

e

trouver ller

chercher ne version

brégée

de l'œuvrede

Jean

editiominor)

omposée

par

un

moine

anonyme ontemporain'Hugues, qui

se

désigne

comme

humillimus. la suitede cet humillimus

qui

s'est sans doute

nspiré

'un

poème aujourd'hui

erdu

d'Hildeboldde

Chalon-sur-Saône

milieu

du

Xe

siècle),

es

copistes

uraient

dopté

et

ajout

n

recopiant

e

texte e la vita

maior20.

uoi

qu'il

en

soit,

l existebien un

texte

ntérieur

l'an mille

disciplina

onastica

Paris,726, XIV,

.

190 Ulrich

années

080),

II, 8,

L

149,

ol. 70 .

Hors e

Cluny,

egularis

oncordia

ca. 72),

CM,

IV,

8 t

9,VII/3,

iegburg,

984,

.

141

Aelfrici

bbatis

pistula

dmonachos

gneshamnenses

irecta

après

004),

CM,

VII,

5 t

6,

p.179 Redactioanciimmeranni,xcs.),cm, X, 5 t 6, . 55,tc.17.Courtshapitresonsacresux uneraillese1 bbe anses outumes'Ulrichannées

1080),

L

149,

ap.XXXI,

ol. 76 Deobituominibbatiset e

Bernard,

errgott

d.,

ap.

XV,

p.

199 De

sepeliendo

bbate.ien

videmment,

a

séparation

st

ncore

lus

ettentre

oinest

laïques

dans

e

coutumiereVallombreuse

omposé

vant

106-1107,

e

corps

udéfuntst avé

monachus

monacho,

aicus

laico,

CM

VII/2,

.Hallinger

d., III,

.

70).

n e

ui

oncerne

la

memoriaes

éfunts,

es aintsbbés

euvent

trenscritsirectementu

martyrologe,

esmoines

se contentant

u

nécrologe

cf.

e casde saint

aieul,

tudié

ar

.Neiskeors u

olloque

e

Valensole

rganiséour

emillénaire

e a

morte

Maieul,

paraître).

estenfine

problème

u

traitementréserverux

onvers,

ratres

xteriores

ar pposition

ux

ratres

nteriores.

près

voir

étudiéeuras

pour

irsau,

oachimollaschonclut

une

uasi-égalité

e

raitement

iturgique

après

amort.vant

elle-ci,

es ifférencesemblent

lus

ccentuéesans

'abbaye

llemande

ue

danses tablissements

lunisiens,

e

ui hoque

emoine

lrich,

mi

eGuillaumeHirsaut

uteur

d'un outumier

ortant

on om

il

'en

laint

ans

'epistolauncupatoria).

etteituationonfir-

meraitonce aractère

pécifiquement

nitairee Ecclesialuniacensis.ur e

problèmeomplexe,

J.Wollasch,Àproposes ratresarbatieHirsau,dans élangesffertsG.DUBY,II Lemoine,eclerct eprince,ix-en-Provence,992,. 7-48.

18.D.

ogna-Prat,

Panoramae

l'hagiographie

bbatialelunisienne

v.

40-

v.1

40)

,

dans anuscrits

agiographiques

t ravailes

agiographes,

.Heinzelmann

d.,

Bei-

hefteer

rancia,

4), igmaringen,

992,

.

7-118.

19.PL

133,

ol. 3-86

BHL 292-96).

20.M.L.

ini,

L'editio

inorella ita i

Oddonei

Clunygli

pporti

ell' umillimus.

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98

P.

HENRIET

l'essentiel e son effortittéraire la mort e l'abbé26.Au total, oussom-

mes en

présence

e

cinq

textes,

ont

uatre

e

Jotsald

-

Une lettre crite

ar

les

moines

de

Souvigny

eu

après

e

premier

janvier

104927.

-

Un

planctus

de transitu

ancii

O

dilonis,

dû à

Jotsald,

ui,

en

141

hexamètres,

et n scène

a

Raison,

es filles e Jérusalemt e saint bbé28.

-

Ce

texte st

parfois

ccompagné

e deux

poèmes

n 'honneur

Odi-

lon et de

Souvigny,

ieu de

la

sépulture

u saint29.

-

Une vita ancii Odilonis

composée

n 1049 ou

au

début

es années

1050,

qui

est encore 'œuvre

de

Jotsald30.

'auteur

y reprend'antique

ra-

dition

e

l'épitaphe,

éjà

utilisée

ar

Odilon

dans son

Epitaphium

delhei-

dae imperatricis.l citeJérômeomme a principaleourced'inspiration

(lettre

9 ad Paulam

31.

Or

une

épitaphe

'est

pas

exactement

ne

vita

toute ntière entrée ur a

mort,

lle

comprend

ans

'ordre

un

planctus

une

biographie,

n

catalogue

es

vertus,

n récit es derniersnstants

t une

consolatio .

Le

texte

e

Jotsald

uit et ordre ans un

premier

ivre,

vant

de

rapporter

es miracles n vitadans

un

second

t es miracles

ost

mortem

dans un troisième.

e

plan

tout

fait

riginal

'est

pas repris

ans

'hagio-

graphie

lunisienne ltérieure.

l

témoigne

'un

moment ù la vie n'est

interprétée

u'à

la lumière u transitusles miracles

surtout

e livre

II)

pouvant

tre us

indépendamment

u reste.Le récitdes derniersnstants

proprement

it

quatrième

artie

e

'épitaphe)

st ncontestablemente som-

metde cetteœuvre.De parsa longueur,l marque ussiuneruptureans

l'hagiographie

lunisienne33.

Ces œuvres

ermettent'appréhender

e

qu'est

a mort 'un abbé clu-

nisien ous divers

ngles.

Dans

l'entourage

u

saint,

n décline n effete

transitusurtrois

egistresomplémentaires

ais trèsdifférentsla lettre

des

moines e

Souvigny

ous donne e récit

resque pontané

'une

expé-

rience

ui

nous est

présentée,

ous e

verrons,

e

façon

rès éaliste oire

même ssez crue.La vitade Jotsald

éfinit,

ieux

ue

touteses

biographies

clunisiennes xistant

lors,

e modèle de la

parfaite

mort

monastique.

a

26.Onne onserve

as

'autresuvreseJotsald

ue

ellesi-dessous

entionnées,

aisn

peut

ussiui ttribueres

ermons,

neaus e anctis

atribus

tun raitéontre

érenger,

ous

perduscf. . ogna-Prat,Panorama, oc. it., . 0,n°61.l n'estependantas out faitcertain

u'il 'agisseoujours

umêmeotsald.

27.

PL

142,

ol. 88-891

B.H.L

6280)

il existeussi ne

pistola

e

morteancii aioli

(

B.H.L.

187),

.

Sackur

d.,

eues

rchiv

6, 891,

.

180-181,

ui ourrait

trene

éponse

la

lettreortuaireeMaieul

cf. .

ogna-Prat,

gni

mmaculati,

p.

it.,

.

4-46.

28.F.Ermini

d.,

l Piantoi otsaldo

er

a morteiOdilone

,

Studi edievali

, 1928,

p.

01-405cf. .Von

Moos,

onsolatio.tudien

u

mittellateinischenrostliteratur

beren od

und

um

roblemer hristlichen

rauer,unich,971,,

p.

192-198,

t

I,

p.

126-128.

29.E.

Sackur,

d. Handschriftliches

us rankreichI.Zu otsaldi

ita dilonisnd erse

auf dilo

,

Neues rchiv

5, 890,

.

122-126.e

rytmus

e odem

âtre

st n utre

lanctus,

d'uneactureoins

omplexeue

e

premier.

30.

PL

142,

ol. 97-940

B.H.L.

281)

cf. .

Henriet,

Saint dilon

evanta mort.ur

quelques

onnées

mplicites

u

omportementeligieux

u

XIe

iècle

Le

Moyenge

6,1990,

p.

27-244.

31.PL

142,

ol. 98A.

32.Cf. .Corbet,es aintsttoniens,p. it.,. 2-85.33.Le alculu ourcentageccordéu écite amortar apporta otalitéu exteonne

les ésultatsuivants

our

es

remières

itaelunisiennesVita eraldi6

Vita donis

Jean

e

Sáleme)

0

ou

,5

en

enant

ompte

e

Y

bit

s

ajoutéposteriori)

Vita aioli

Syrus)

4,9

Vita aioli

Odilon)

2,8

Epitaphium

delheidae

10,7

Vita dilonis

Jotsald)

19

en

e

tenant

ompteue

e

'épitapheroprement

ite,

oite ivre

)

ou

en

omptabilisant

e ivre

I,

recueilemiraclesn

ita).

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CHRONIQUE

E

QUELQUES

MORTS

ANNONCÉES

99

visée esttout la fois

cclésiologique, pirituelle

t

déologique.

e planē-

tus

enfin,

ous

transporte

ans

e domaine e la

poésie

sacrée.

Ce

long poème

est

un

beau

témoignage

e la culture

oétique

d'un

moine lunisien u milieudu

XIe

iècle .

Bâti

sur

e modèledu

Cantique

des

Cantiques,

ourri

e

Virgile

e

d'Horace,

l

propose

ne

représentation

quasi

théâtrale u salut35. a

personnification

'abstractions

oétiques

comme a

Raisonou

les filles e

Jérusalem

'accompagne

'une

volonté e

représenter

e

mort,

ssimilé

l'épouse

du

Cantique,

ans un

cadre

paradi-

siaque

non dénué de sensualité. 'événement

majeur u'est

la

disparition

d'Odilon,

décrit

ar

a vitad'un

point

de vue

hagiographico-historique,

e

trouveci

placé

dans

un cadre

osmique36.

errièrees conventions

ittérai-

respropresu genre uplanctusc'estdoncaussi,encore,a vocation ni-

versellede

Clunyqui

s'affirme. 'œuvre

peut

déconcerter,

ar

sa nature

profondément

ittérairee se

prête

as

à un

déchiffrementacile. e

planctus

et la vita n'en

relèvent

as

moins,

l'évidence,

d'une mêmevolonté il

s'agit

d'analyser

ous

tous es

angles

un événement

erçu

omme

apital,

et

par

là même

apte

à définir e

qu'est

le monachisme

lunisien.Nous

sommes onc en

présence

'une sorte e

diptyque

ont es deux

panneaux

se

répondent.

'ensemble

rouve

ue

la

spiritualité

onastique

t

plus spé-

cifiquement

lunisienne,

ouvent

résentée

omme

uelque

peu

désincarnée,

est en fait

partie

ntégrante

'un

système

e

représentation

u monde

ui

gravite

utour

e la

mort.

Trois uarts e siècleaprèsJotsald,e moineGilon,Raynaud e Véze-

lay,

Hildebert

e

Lavardin t

Hugues

de

Gournay omposent lus

ou moins

en même

emps

es

biographies 'Hugues

de Semur

t 1109)37.

Une telle

profusion

eut urprendre

t

n'est

d'ailleurs

as parfaitement

claircie.

On

sait

cependant

ue

les

biographes

'inspirent

es mêmes

extes,

ujourd'hui

perdus,

rès

ertainement

omposés

n vue de la

canonisation u saint38.

34.Sures eux

lanctus

cf.

'étudee

M.

Goullet

qui

m'a imablement

ermis

e onsulter

son

exte),

Planctusescribereles euxamentationsunèbreseJotsaldn 'honneur'Odilon

de

Cluny

,

paraître

ans ahiers

eCivilisation

édiévale

avec

ne ouvelleditiontune ra-

duction.

35.

Théâtralitéccentuée

ar

es ndications

ue

'on

eut

treentée

ualifier

e

céniques.

F.Erminioutint'hypothèsee 'utilisationu lanctusans neara-liturgie,e ui embleouteux.Lafonctionxactees eux

lanctus

'est

as

laire.lle e emble

as

enature

iturgique,

ême

si e

rytmus

e eodem

âtre

'accompagne

e neumesanse manuscrit

aris,

nF at.

8304,

28v-130r.ur

out

ela,

M.

Goullet,

Planctus

escribere

,

oc. it.

36. Je eraihanceler

ujoud'hui

erre,

er,

ontagne

t orêts

/

Quadrupèdes,ipèdes

t

reptiles,

ous

e

es branlerai./

u'ils

éplorent

n

e

our

a

perte

'Odiloneur

ère/

n ne

lainte

saccadée

ue

es

armeseurmeurtrissent

e

cœur,/

t

ue

outes

es

angues

rofèrent

etteom-

plainte

/ v. -1

,

M.Goullet

rad.,

Planctusescribere

,

oc. it.

37.GilonB.H.L.

007)

H.E. . owdrey

d.,

Two tudies luniac

istory,

049-126

,

Studi

regoriani,

1,1978,

.

5-109,

ort

.

6-102;

aynaud

e

Vézelay

B.H.L 008):

R.B.C. uygens

d.,

acris

rudiri,XIII, 978-79,

.

23-551

avec

ie n vers

.

45-553,

B.H.L

009),

ort

.

42-543

HildeberteLavardin

B.H.L.010),

L

159,

ol.

57-894,

ort

col. 87-890Hugues

e

Gournay

B.H.L.012a),

.E.J.owdrey

d.,

Two tudies

,

oc.

it.,

p.

121-139,

ort

.

137.

'entreprise

emble

ébuter

n1120.

38.Cf.

.

Barlow,

The

anonizationnd he

arly

ives

f

Hugh

,

bbotf

luny

,

Ana-

lecta ollandiana8,1980,. 97-334tableaues orrespondancesntreesvitae. 30-34)A.H. redero,Lacanonisatione aintuguest elle e es evanciers,dansegouvernement

d'Hugues

e Semur

Cluny,

luny,

990,

.

149-171

D.

ogna-Prat,Panorama»,

oc.

it.,

p.

7-98.ors

e

on

assage

Cluny,

alixteI

méprise

es

extes

xistant

éjàHugues

e

Gournay,

lettrel'abbé

ons,

.H.J.owdrey

d.,

Two

tudies»,

oc.

it.,

.

115).

ne

remière

ita

aujourd'hui

erdue

ut

eut-être

crite

ar

zelon,

hanoine

iégeois

F.

Barlow,

The anoniza-

tion

,

oc.

it.,

.

07-308.

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100

P. HENRIET

Les vitaedétaillante mieux a mort 'Hugues ont elles deGilon tď Hil-

debert. outes deux confirmentes

grandes ptions

rrêtées

ar

Jotsald

splendeursiturgiques

t continuitée la

prière

e combinent

our

ffrirn

condensé e

perfection

onastique39.

Le

corpushagiographique

lunisien e clôt sous Pierre e Vénérable

(t 1156)

si la

biographie

e ce

dernier,

édigéepar

Raoul de

Sully40,

e

nous

ntéresse

uèrepour

ause

d'inachèvement,

e

qui l'ampute

u tran-

sitas,

nous

disposons

outde mêmede deux œuvres

mportantes.

ans le

de miraculisun

gros

recueil e miracles

ui

oue

un rôlefondamentalans

l'élaboration

e sa doctrine

cclésiologique,

ierre

e

Vénérable

apporte

a

mort

e

divers

moines. elle du cardinal lunisienMathieu 'Albano

ccupe

six chapitresur unevingtaineonsacrés la vie41.Celui qui rapportea

fin

porte

n

titre/programme

loquent,

e

fine psius

miris

nsignibus lo-

rioso42.

Mathieu,

ui

s'étaitfait

déposer

ur e

cilice et les cendres

our

mourir,

st nhumé

evêtu es habits

piscopaux

t

presbytéraux,

ais

ussi

de la coule

monastique43

on ne sort

pas

de V cclesia cluniacensis.

vec

ce

grand ersonnage,

a

présentation

otsaldienne

u transitus

lorieux

e

trouve onfirmée ais aussi

exportée

orsdu monastère. lus intéressant

encore,

ierre

apporte

onguement

a mort e sa

mère

Raingarde,

moniale

à

Marcigny,

ansune

ongue

ettre

ui peut

tre onsidérée omme

n véri-

table exte

agiographique44.

aingarde

'éteint

omme n homme

elle

est

explicitement

attachéeu modèle

martinien)

t commeun bon

moine,

ur

le cilice et les cendres. on transitus 'a rienà envier celui des saintsmasculins t

pourrait

tre eluide tout

rand

bbé. l

impressionne

'ailleurs

les assistants

ar

son

caractère alme et

glorieux

Transivitd Dominum

Testatique

obis

unt

ui affuerunt,

am exanimi

orpore lorificati

ominis

vidisse e

gloriam.

Vultus ius uce clarior

enitebat,

t

quae

inaliis

perimit,

in

ipsa

decorem

morsVitalis dauxit45.

Au termede

cette

présentation,uelques

élémentsde conclusion

s'imposent éjà

:

Io La récitatione

prières ui,

pour

'essentiel,

tructurenta vie

quo-

tidienne,

st une condition ine

qua

non

de la bonnemort. e monde

lu-

nisien emble

tre esté ur

e

point mperméable

ux évolutions

u modèle

de sainteté

erceptibles partir

u

XIe

iècle.

Alors

que

des moines rmites

39.Lamort

'Hugues

e emur ériteraitne

nalyselusrgumentée.

lle

e

ait

ependant

que

onfirmeres

ptions

isesu

pointar

otsald.'est

our

ette

aisonainsi

ue our

'évi-

dentesontraintes

ditoriales

que

ous e ui endons

as leinement

ustice.

40. Vitaetri enerabiiis

B.H.L

6787),

L

189,

ol. 5-28.

a

chronologia

bbatum

igurant

dansecartulairede

Cluny

achevé

anses nnées

190)

ffre

ourtant

n ourtécite a

mort

dePierre

Paris,nF,

s.at.

7716,

°

9

v°.

elui-ci

ollempnitatem

ominici

rtus

um

ngelicis

spiritibus

elebrare

errexit,

e lliusxitu

ngelis

xultantibus....

41.

Demiraculis

D.Bouthillier

d.,

orpus

hristianorum

ontinuatio

edievalis

3,

urn-

hout,

988. ita e

Mathieu'Albanoans

e livre

I,

chap.

V-XXIII,

.

103-139.ortux

chap.

VII-XXII,

.

128-137.

42.

dem,

hap.

XI,

.

133.

43.

..etecundum

uodpse

usserat,

uo

uo umquam

monachoarueratilicio

rius,

e

hinc onachiliuculia

estitur.dduntur

fratribus

acerdotaliael

ontificalia

ndumenta,

this

sacerdost ontifexei, t ignumratrnatur,bid.,XIII,.138.44.Ep. 3,G.Constabled., he ettersf eterhe enerable2vol.,ambodgeMass.),

1967,

,

.

153-173cf. .

Lamma,

Lamadrei ietrolVenerabile

,

Bullettinoell'Istitutotaliano

per

lMediovo

LXXV,963,

.

175-188,

t

P.Von

Moos, onsolatio,

p.

it.,,

p.

24-260.a

lettreate e

uillet-août

135.

45.

Ep.

3,

onstable

d.,

.

170. éférencesaint artin

Sedmirabitur

orte

liquis,

ur

ea

quae

e

magno

artinoicta

unt,

ulieri

ongemparidaptaverim.

uae

i

uis ogitaverit

tc.

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CHRONIQUE

E

QUELQUES

MORTSANNONCÉES 101

passaient udésert la pastoralet mouraientn sermonnanteurs uailles

comme

our

marquer

ne dernière ois eurvolonté e

réformer

a

societas

chrétienne,

es

clunisiens nt

toujours rivilégié

n modèle

éminemment

liturgique46.

Si la thèsed'un idéal clunisien nsensible u

temps

n'a

guère

de

sens

pour

'historien,

l

faut

ependant

dmettre

ue

la

représentation

u

transitusst

caractérisée,

endant

es deux ièclesoù elle

peut

tre

bservée,

par

une

profonde

ohérence. ans doute

e

sentiment

'appartenir

une

ecclesia

modèle,

entiment

ui

se

renforceu même

ythmeue

le

poids

de

la mort

ans es vitae est-il

our eaucoup

ans

cette

omogénéité.

n abbé

clunisien e

peut

mourir ifféremmente ses

prédécesseurs.

3° La bonnemort cquiertvec les annéesunpoidscroissant ans a

définition'une

idéologie

propre

Cluny.

Elle devient e

chapitre

e

plus

soigné

des récits une

époque

où c'est

ustement'hagiographieui

se fait

le véhicule

rivilégié

es

conceptions

lunisiennes.

Le modèle clunisien

Que

le modèle lunisien oitd'essence

monastique

e

surprendraer-

sonne. l convient

ependant

'insister

ur e fait

ue

les abbés clunisiens

ne

s'écartent

n riende la

ligne

fixée

par

les coutumiers.ls ne meurent

donc amaisseuls, out upartie es moineses assistant ans eurs erniers

instants47

Maieul,

sans doute

e

saint lunisien e

plus

enclin la retraite

et

à

la

dévotion

rivée,

bandonne insi a retraitee ses derniers ois

pour

s'éteindre u milieu des frères48.

l

ne

s'agit pourtant as

de discourir.

L'heure st à la

prière,

t Maieul en

fournitncore n bon

exemple

mori-

bond,

l

n'adresse

lus

aucune

parole

son

entourage

mais

ceux

qui

collent

les oreilles ses lèvres

euvent

'entendre éciter

uelques

versets49.réci-

sion moins nodine

u'il n'y paraît

elle fonde n effet n choix

lunisien,

en vertu

uquel

a communicationst à

peu près

exclusivementerticale.

Continues,

es dernières

rières

ermettent

u mourant 'assurer

aisible-

ment,

nsensiblement,

on

passage

vers 'au-delà.

nterrogé

ur es souffran-

ces,Maieul affirmee sentir ucunedouleurmais ouir déjà des bienfaitsde Dieu sur a terre es vivants50. ne mêmeconstance e retrouvehez

Odiloncomme

hez

Hugues.

Le

premier,

éduit

ar

force

u

silence,

mar-

46.P.

Henriet,

La

scène

e

a mort

ans

'hagiographieonastique

es ie-xiriècles

,

dans oinestmoniales

ace

la mort

olloque

eLille

992),

istoireédiévalet

rchéologie

6,1993,

.

5-86.

47.

Les outumese

Bernardnsistentienuranécessité

emourirn

résence

esmoines

à

'infirmerie,

emoribondst ssistée

lusieursamuli

e bitus

jusmprovisus

veniatHerrgott

éd., XIV,

.

191. a uiteu exteecommandeux rères'accourir

n outeâte

haque

ois

ue

retentita tablette

nnonçant

'jmminence

u

écès,

ar

unquam

nimebet

inire

rater,

uin

bi

adsint

mnes...,bid.,

.

193.

rapprocher

'Ulrich

II, 9,

ol. 71 Sed t nnocte

amuli

ui

suntn

omo

nfirmorum,

mnes

iligenter

xcubante bitus

jus

mprovisusossit

venire.ure

caractèreublice amort,.Platelle,Lamortrécieuse.amortesmoines'aprèsuelquessourceses ays as u ud,Revueabillon,0, 982,.154.

48.

Cumquefratribusuissetercontatusreem

ibi ommissum

ui

ommitteret,

alite

os

fuisse

icitur...ita aioli

Syrus),

ogna-Prat

d.,

.

83.

49.

..eosdemque

ersículos

sque

d

xspirationem

nime

epetebat

t

ure

pposita

ix

udiri

possetuod

icebat,

bid.,

.

84.

50. ..videreona

ominin erra

iventium,

bid.,

.

84,

eprenant

s.

6,13.

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102

P. HENRIET

monneusqu'au derniernstant esprières ue sesproches evinentur es

lèvres .

Dans

les

mêmes

irconstances,

ugues

remue a

langue

utconci-

nere

putaretur

52.

Tout concourt onc à donner u lecteur

e sentiment'une

mort

ré-

visible,

aited'un enchaînemente

rites ixésune fois

pour

toutes.Mais

l'absence

d'originalité

e

doit

pas

être

nterprétée

omme 'effet 'une

rhé-

torique

ide de sens. Si

Hugues

meurt e la

même

façon ue

son

prédéces-

seur,

'est sans doute

ar ses

biographes

nt u Jotsald.Mais c'est aussi car

lui-même connuOdilon t admiré a fin.Orientés

ar

es coutumiers'une

part,

es récits

agiographiques

t es

morts ont ls ont té

témoins,

'autre

part,

es abbés clunisiens issent

ne

chaîne

de

correspondances

t de simi-

litudes ui sont u cœurde leurpropre xpérience.

Ces

concordancesont

emporelles,

ituelles

t

spatiales.

lles

permet-

tent e remontere

fil

de l'histoire lunisienne

t d'atteindree

Christ,

out

en retrouvant

u

passage

certaines

igures

ondatrices

u monachisme on

meurt insi

pendant

'octavede la

Saint-Martin,

our

a

Nativité,

a fête e

Jean

e

Baptiste,

a circoncision e Jésus u

à

Pâques53.

oïncidences

lus

ou

moins

miraculeuses

ui, pour

être

fréquentes

ans la littérature

agio-

graphique,

'en relèvent

as

moins

d'un choix une autre

radition,

l est

vrai

minoritaire,

njoignait

ux mourantse ne

pas gâcher

es

grandes

olen-

nités

par

eur

trépas

: recommandation

ui

n'a

plus

aucun sens dès

lors

que

la mort stune

fête,

ès

ors

u'elle

est 'occasiond'une

prière

ontinue

qui abolit oute rontièrentre iel et terre. es rites, e leurcôté,offrent

aussi a

possibilité

e concordances

assurantes.

insi,

partir

Odilon,

es

abbés se

font

déposer

ur e cilice

et les cendres cette

vieille tradition

pénitentielle,

écrite

ar

Sulpice

Sévèreau

débutdu

Ve

iècle et

consignée

dans e Liber tramitis

renvoie irectement

saintMartin e

Tours55.

er-

taines éférencesont

n revanchemoins

nciennes,

mais n'en

permettent

51. ..et

motuabioum

uaedam

ltimaerationiserba

ub ilentio

roferí,

ita

dilonis,

PL

142,

ol. 12A.

52.G.Cowdrey

d.,

.

102

Hildebert

e

Lavardin

réciselus

obrement

loquendi

aculta-

tem

misit,

L

159,

ol.

90B).

amèree ierreeVénérable

arde

es èvres

oigneusement

ollées

aux

ieds

uChrist

eprésenté

urecrucifix

ui

ui été

pporté,

ans oute

our

evoir

nmême

tempsAdhibetri uo ominicamjfigiem,t edesiusinguallembens,ultuiuo otairtute

corporismprimit,

d. onstable,

p.

it.,

.

170

passage

tonnant

ui

emanderaitn ommentaire

plus

étaillé.

rapprocher

e

Jérôme,

p.

08,

,

,

e

ui

montre'influence

ncorerès

rande

es

lettreseJérôme

près

es

pitaphes

u

emps

'Odilon.

f. .Von

Moos,

onsolatio,

p.

it.,I,

644.

53.Octave

e

a

saint-MartinOdonNativité

Pierree Vénérable

saint

ean-Baptiste

Raingarde

circoncision

eJésusOdilon

Pâques

en

ait

uatreoursprès)

Hugues.

ierree

Vénérable

xpliqueue eaucoup

e

moines eurenterse

temps

e

Pâques

ar 'estemoment

oùDieu ait e

préférence

amoissonDemiraculis

,20,

outhillier

d.,

.

1. emêmeierre

a

prié

urantrentens

our

ourire

our

eNoël

Hic nim

er

XX

nnos,

tmihit liismultis

revelaverat,

ieNativitatis

omini

inem

ibi

venirexorabatRaoul

e

ully,

L

189,

ol. 8

B.

54.

P.

Von

Moos,

onsolatio,

p.

it.,,

p.

46-47.

uger,ui

emandeDieu n

épitour

ne

pas

mourir

Noël,

eprésente

ortien etteutre

radition

Qui

ume

circa

atalemomini

diemcriusensisset

rgeri,oepit

nstanter

domino

ostulare

t ius

aulisperifferetur

ransitus,

donee

ciliceties ransisset

esti,

e

ropter

lium

x

estis

onverterenturnmaestos

in

uo

mani-

festeisusst dominoxaudiri,uillaumeeSaint-Denisans uvresomplèteseSugerA.LecoyeLaMarched., aris,867,. 02. utreséférencesonnéesar onMoos,I, .148.

Le hèmeété

eu

tudié.

ingt-cinq

ns

près,

n e

eutue

onner

aison'auteure

Consolatio

qui

'exclamaitn 971

«

ein

eistesgeschichtlich

elevantes

roblemürine

lobale

ntersuchung

historiographischer

nd

agiographischer

terbeberichte

,

bid.

55.Sulpice

évère,

ettre

Bassula,

. ontained. Sourceshrétiennes

33),

.

42. T

195/1,

.

72,

ui récise

icutamnmultis

xemplis

anctorum

xperti

umus.

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CHRONIQUE

E

QUELQUES

MORTSANNONCÉES

103

pasmoinsde situer es nouveaux aints, ès l'heurede leurmort, ans une

compagnie restigieuse

Odilon,

ouligne

on

biographe,

xpire

e même

jourque

son ami

Guillaume e

Volpiano56.

l

semble

ar

illeurs voir

hoisi

de

s'éteindre u

prieuré

e

Souvigny,

ù

Maieul l'avait

précédé

un demi-

siècle

plus

tôt57.

De

fait,

e lieu de la mort 'est

pas

non

plus

'effet u hasard.

ur ce

point, ependant,

a vita

Hugonis

marque

une

évolution

mportante.

don

étaitmort Tours choix

ui

bouclait ne

boucle,

e saint

yant

'abord té

chanoine ans cette

ville,

mais

qui annonçait

ussi un

culte saintMartin

propre Cluny58.

Maieul et Odilon avaient endu

'âme

à

Souvigny,

n

prieuré

ffert Bernon

par

les siresde Bourbon t

particulièrement

her

aux deux hommes59.es choix ne sontpas indifférentsils montrentue

jusqu'au

milieu

u

XIe

iècle,

es

grands

bbés ne ressentent

as

la nécessité

de mourir

Cluny.

Aucund'entre ux ne

disparaît l'improviste,

t tout

montre,

u

contraire,

ne

soigneuse réparation

es

derniersnstants.

l

n'y

a donc

pas

de

hasard. ans

l'esprit

e ses

premiers

bbés,

Cluny

ne constitue

pas

encore,

n tant

ue

lieu,

un horizon

ndépassable

ci-bas. La tête

de

Y

Ecclesia cluniacensis emblemême voirdu mal à rivaliservec des lieux

sanctifiés

ar

des

reliquesprestigieuses

celles de saintMartin

Tours,

celles de Pierre t de Paul à

Rome,

où Maieul et

Odilonvoulaient

nitiale-

ment

emeurer60,

elles de

Maieul, enfin,

Souvigny.

ertes,

'église

de

Cluny

st un ieu

de

pèlerinage

t

possède

des

reliques restigieuses,armi

lesquellesdes ossa PetrietPauli. Ce n'estcependant u'au débutdu XIIe

siècle,

alors

que

ces derniers

ont

dans

l'abbaye depuis plus

de cent

ans,

qu'un

moine,

ugues

de

Gournay,

et u

point

e récit

lus

ou moins

mythi-

que

de leur

ranslatif)e Saint-Paul-hors-les-Murs

Cluny61.

ette

histoire,

rapportée

ans une

ettre

l'abbé

Pons,

doit tre

eplacée

ans un contexte

bien

précis

tout

un

faisceaud'indicesmontre n

effet,

ans

a deuxième

moitié u

XIe

t au débutdu xir

siècle,

une

volonté e recentrerur

Cluny

la

légitimité

postolique

omaine62.

ugues

est en

conséquence

e

premier

abbé clunisien mourir

ans

son

monastère,

'un

point

de vue

hagiogra-

56.Memorans

llius

erfectissimi

iri

omiti illelmibbatisivionensisn adem

ancta

Circumcisione

bitum,

ui ropterea

ademie oronam

ccepit

ivinae

emunerationis...,

L

142,

col. 11 .57.Odilon

appelle

e tatutminente

ouvigny

ansavita aioli,L142,ol. 57. 'est

en e achant

roche

e

amort

u'

dilonvait

uittéluny.

58.Cf. T

p.

190-192.

lrich

,43,

ol. 89

B

Quod

estivitatem

.Martinium

ctavis

celebramus,

oc

rocessifprimo

oci ostribbate

roprio,

cilicetomino

done,

ui

Turonis

ori nds .Martini

lumnus,

t anonicusratbidem.ur

'utilisatione aint artin

ar

don,

B.

Rosenwein,

St.Odo' St.Martin

the

ses

f

model

,

Journal

f

Medieval

istory,

,

1978,

p.

17-331.

59.F.

Larroque,

Souvigny,

es

rigines

u

prieuré

,

Revue

abillon,

40,

970,

.

1-24.

Cf. °48.

60.

Vita

aioli,I,

16

Syrus),

ogna-Prat

d.,

.

35.Vita

dilonis

Jotsald),

ol. 09

le

saint

e

rétablitRomeontra

pem).

61.

Epistola

uiusdamddominumontiůmluniacensem

bbatemontinens

uedam

e eato

Hugone

t lianonnullaelatu

igna,

owdrey

d.,

Two tudies

,

oc.

it.,

.

116-117.

luny

ieu

de

èlerinage

ès

'époque

'OdonRecueiles hartese

'abbaye

e

Cluny,

.

Bernard-A.ruel

éd., aris,876tome),n° 673 uillet28). 'acquisitione eliquesar lunyst e outesaçonsrelativementardiveB.RosenweinroposenexplicationtimulanteansLa uestione 'immu-

nitélunisienne

,

Bulletine a Sociétées

ouilles

rchéologiques

t esmonuments

istoriques

e

l'Yonne

12, 995,

.

1-12la

propriété

lunisienneeraitrès

ite evenuentouchablecar irec-

tement

rotégéear

aintierre

p.

).

Affairesuivre...

62.Nombreusesndicationsans .

ogna-Prat,

La

geste

es

rigines

ans

'hagiographie

clunisiennees ie-xirsièclesRevue

énédictine,02, 992,

.

135-191.

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104

P. HENRIET

phiques'entend. es biographes,n particulier ilon,sontd'ailleurs rès

conscients e la nécessité 'ancrer

Cluny

cette

égitimité

ouvelle la

prochaine

mort e l'abbé est annoncée un

paysanpar

saint ierre n

per-

sonne,

t tout e début e la deuxième

artie

écrita constructione

Cluny

III

sur des

plans

révélés

par l'apôtre.

Ce

dernier

assage,

essentiel ans

l'œuvre e

Gilon,

récède

ivers

pisodes

xaltant

a fonction

alvifique

u

lieu

clunisien,

esquels

ont uivis

par

e récit es derniers ois

d'Hugues63.

La mort lunisiennee

déroule

onc selonun

système

e

repères

t de

codes aisément échiffrables

ar

es moines.

Que

survienne n

événement

imprévu,

e

biographe

evra

e rendre

ompréhensible

u l'éliminer. e récit

de Jotsald ous

offre n

exemple

ssez étonnant e cette endance faire

rentrer'inédit ansuncadre amilier.a comparaisone ce transitusxem-

plaire

vec la lettre crite

ar

es moines

de Sou

vigny,uste après

a mort

du

saint,

ermet

n

effet

e discerneres choixdu

biographe.

n tel xercice

réserve

uelques surprises.

a lettre

st étonnammentéaliste t ne cache

ni les souffrancesi

même

'anxiété u

moribond. lle

nous

apprend,

ans

un

style

ssez

sec,

qu'Odilon

souffraite terriblesouleurs u ventre t ne

pouvait

bsorber

ue

du

vin

mêlé de

miel,

dont

l

vomissaita

plus grande

partie64

les auteurs e nous cachent

as plus

es difficultésu

moribond

chanter

ue

sa

crainte e

ne

pas

méritere salut65.

nfin

t

surtout,

ls

rapportent

ans e détail e

comportement

ssez incohérent

Odilon,

ui,

placé

sur e cilice et les

cendres,

emande ux moinesde le

retenir,

ans

doutepour chapper ux attaques u démon, t s'emporte orsqu'onne le

comprend as66.

Or

Jotsald,

ans rien

nventer,

limine

oigneusement

ous

ces détails réalistes t tire e

récit

vers une fin

plus glorieuse

Odilon

repousse

e diable

par

des

paroles mpérieuses

t chantemieux

ue amais67.

En mentionnant

eux

fois le combat

ontre

e

démon,

Jotsald 'est sans

doute

fait

plus

ou moins onsciemment'écho d'une

inquiétude,

ouvelle

dans es milieux

lunisiens,

ace à

l'apparition

e courants

érétiques.

et

épisodeappelle

donc un commentaire.

En

soi,

a récitation'un credo st normale

nous

avonsvu

qu'elle

est

recommandée

ar

e Liber tramitis. otsald a

rapporte ependant

vec un

grand

uxe de

détails t l'associe

chaque

fois

à la lutte ontre atan.Pour

bien

comprendre

e

choix,

l

faut avoir

ue

le monachisme

lunisien,

ussi

dynamiqueoit-il n ce milieuduXIe iècle,se sent lors menacé.Depuis

l'an

mil, Orléans,

Monteforte

Piémont)

u

Arras,

ont

pparues

iverses

hérésies68.ans tous es cas

connus,

es

hérétiques

'en

prennent

uncertain

nombre e rites

acramentels,

e

gestes,

'écrits,

'objets

même,

ui

assu-

rent a

communication

hrétiennevec le

monde éleste.

Ainsi

à

Arras,

e

sacrementu

baptême,

a

pénitence,

'eucharistiet

e

cultedes saints ont

63. Vita ueonis

Gilon),

I,1,

Cowdrey

d.,

.

0-92.

64.Solitusolorentrisumnvasitet nvadendo

er

ex ontinuosies

orquere

on estitit

...nonalensltra

uidquam

ibi el

otus

umere,

raeterliquid

ulsi,

uod

tiam

ost

modicum

projiciebat,pistola

onachorum

ilviniacensium,

L

142,

ol. 99A.

65.

bid.,

99B.

66.Quibuslle espondensixitaldepertaoceNunquamoc ixiuodicitis,bid.,90A.Alorsu'Odilon,lacéurecilicet es endres,isaitsesmoinesrahitee,ans outeour

échapper

ux

émons,

es

roches

vaient

ompris

adite e

rasez-moi).

67. Vita

dilonis,

L

142,

ol. 10-911

parolesmpérieusesimperialibus

erbis.

68.Surerenouveaue 'hérésie

près

'an

mille,

f.H.

Taviani,

Durefusudéfiessai

sura

psychologieérétique

udébutu

XIe

ièclenOccident

,

dans

02e

ongrès

at. es oc.

sav.,

imoges,

977,

hilol.

thist.

I,

p.

175-186.

uy

obrichon

par

illeursécouvertans n

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CHRONIQUE

E

QUELQUES

MORTS

ANNONCÉES 105

rejetés69. Orléans, n tient es écrits e la traditionhrétienneour des

mensonges

crits ur des

peaux

de bête»70.

Autant 'affirmations

ui,

à

l'évidence,

menacent

e culte

catholique

ans

ce

qu'il

a de

plus

essentiel.

Or

Cluny

e

veut

la têtede

l'Eglise

universelle. a

conception

u

chris-

tianisme

asse par

la

croyance ue

l'homme

n'approche as

Dieu

par

la

seule ascèse

purificatrice,

ais aussi

par

une série

d'indispensables

édia-

tions. armi

elles-ci,

es

sacrements.

'oublions

pas que

Jotsald,

ui rap-

porte

e credo

ď

Odilon,

est vraisemblablement

'auteurd'une réfutation

perdue

e

Bérenger,

e même

Bérenger ui

contestait

a

présence

éelledu

Christ ans

es

espèces71.

lus

généralement,

luny

prie

pour

es

morts,

pour

es

vivants,

our

'obtention

e

miracles

ui

jouenttoujours

n rôle

importantans es vitaeclunisiennes.a répétitione ces prières st sans

doute a

pièce

essentielle 'un

système

ans

equel

es moines e se conten-

tent

as

d'écouter a

parole

de

Dieu mais 'instrumentalisent

our

ui

per-

mettre,

elon es

besoins,

d'accomplir

es

prodiges

u d'ouvrir es

portes

du

ciel. La

récitation

u credo st

donc,

dans

a

vitaOdilonis

une véritable

performance

ui

traduitne

conception

u monde.

A

Arras,

uelques

décen-

nies

plus

tôt,

'est aussi

par

un credo

que l'évêque

Gérard vaitréfuté

es

adversaires. errièrea

christologieui s'exprime

ans a

profession

e foi

ou dans

a volonté e

contempler,

oirede toucher

ne

image

du sauveur

(Raingarde),

'est

une

cosmologie ui

s'affirme,

ondée ur e sentiment

que

le divin 'incarne t se

manifeste,

u

sens

strict,

ans des

objets

t des

mots.Ainsis'explique ans doute ue les vitae lunisiennes, ais elles ne

sont

pas

les

seules,

fassent i rarementllusion

ce

que

nous nommerions

une vie

spirituelle

ntérieure.

Le récitde

Jotsald

st

donc

aussi un

écrit inonde

combat,

out u

moins e défense es valeurs lunisiennes.

'une certaine

açon,

l

annonce

les traités e Pierre e

Vénérable,

ui,

au

débutdu xir

siècle,

établissent

clairemente caractère

iabolique

e l'hérésie72.'œuvrede Pierre

st vant

toutune lutte contre

es

hérétiques,

es

juifs,

es

musulmans,

es

milites

pillards,

es chrétiens

on

respectueux

u

dogme

et des

sacrements,

es

démons

nfin,

ui,

s'ils existent

ffectivement,

'en

sont

pas

moinsune

sorte e

condensé

e tout e

qui

menace

a forteresselunisienne. n

peu

moinsd'un siècle avant

Pierre,

moins onsciemment

eut-être,

dilon

gitdans e même ensen un momentuin'estpas indifférent,elui de la mort.

La force 'une

parole

uthentiquement

hrétienne

st alors

même,

ans

e

prolongement

'une

iturgie ermanente,

e

repousser

e

danger,

'est-à-dire

manuscrit

riginaire

e aint-Germain

'Auxerret ntérieur1050

a ettreumoinerbertur es

hérétiquesérigourdins,

ettre

ue

'on atait

usque-là

e

a

deuxièmeoitiéu

XIIe

iècle

«

Le

clair-obscure 'hérésieudébutu

r

iècle

n

Aquitaine

uneettre'Auxerre

,

dans

ssays

n

the eace

f

God,

h. ead t

R.

Landes

d.,

Waterloo

Ontario),

987,

.

23-444

Saint-Germain

a été éformé

ar

Maieult

on

isciple

eldricanses nnées

87/989).

69.PL

142,

ol. 271-1312.

f. e

commentaire

vec raductionu exte

ans .

Lobrichon,

La

Religion

es

aïques

nOccident,

r-xv

iècles,aris,

994,

.

-18.

70.Cartulairee

'abbaye

e aint-PèreeChartres

M.

Guérard

d., aris,840,

.

,

.

1

4

H.Taviani,Essai, oc. itp.178.71. l est ait ention'un raitéeJotsaldontreérengerans n ataloguelunisienu

XIIe

iècle

«

Les tudes

lunisiennesansouseurstats

,

Revue

abillon,

.s.

,1994,

.

43.

72.

J.-P.orrell

tD.

Bouthillier,

ierree Vénérablet

a visionumonde.

a

vie,

on

œuvre.

'hommet

e

démon,ouvain,986,

.

03-342,

t urtoutes ravauxe

D.

ogna-Prat

ici-mêmet ans

es

ctes

paraître

u

olloque

Les aintst eurs

iraclestravers

'hagiographie

chrétiennet

slamique.

ve-xveiècles

(Paris,

ovembre

995).

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Médiévales1, utomne996,p. 09-127

Anne

ROLET

L'ARCADIE CHRÉTIENNE

DE

VENANCE FORTUNAT.

UN

PROJET

CULTUREL,

SPIRITUEL

ET

SOCIAL

DANS

LA

GAULE

MÉROVINGIENNE1

En

observante recueil

es

Poésies2

de

Fortunat,

n ne

peutmanquer

d'être

rappé ar

'éclectisme e

cette

roduction,ui

mêle

des

descriptions

de

villas,

de

baptistères

t

d'églises

à des

pièces rhétoriques

e

louanges

l'intention

'évêques

aristocrates

allo-romains,

e clercs

et

de leudes

francs,

oiremêmede rois et

reines es

différentesours

mérovingiennes.

S'y ajoutent es épitaphesantôt rèves l'extrême,antôtlargissantux

dimensions u

genre pique

a

déploration

unèbre.es

pièces

de

spiritualité

ne

manquent as

non

plus,

mais

aux côtés de ces

«

grandes

machines

viennent

rendre lace

de

petits

illets e circonstanceleur

ujet

t leurs

destinataires

Radegonde

t

Agnès

nous aissent ntendre

u'ils

sont e

reflet e la vie menée

par

Fortunatu couvent e Sainte-Croix Poitiers

partir

e

567.

Il s'avère

pparemment

ifficile e trouvernevéritable nité

à ces

pièces

disparates, ui

pour

a

plupart

emblent

'avoiren

commun

que d'appartenir

une tradition

hétorique

rès odifiée en

effet,

u

vr

siècle a culture

'expression

atine,

our

fidèle

u'elle

demeure ux écri-

vains

lassiques,

e formalise l'excès sous

'égide

des

grammairiens

t des

rhéteurs.

Cette iversité

ourraitependant

rouveronfondement

ans es

méan-

dres de la vie tumultueuse u

poète.

Ses

pérégrinations

ncessantes,

e

Ravenne ux

Pyrénées

n

passant ar

a

Germanie,

'amènent

côtoyer

ne

multiplicité

e

personnages

grandes igures

ranques

e

lignée oyale,

els

Sigebert

t

Brunehautu bien

sûr

Radegonde, pouse

de Clotaire evenue

moniale

Poitiers,

mais ussi

personnalités

piscopales

auloises,

elsFélix

de

Nantes,

éonce de Bordeaux

t

Grégoire

e

Tours,

uxquels

l

consacre

de véritables

ycles

de

poèmes.

Fortunatui-même urait

oué

le rôle de

poète

de

cour,

doublé

ans douted'un rôle

d'agent

diplomatique3,

vant

e

1. Je iensexprimerci oute a ratitudeM.Lionel ary,aîtree onférencesl'Uni-versitéeNanterre,ui guidé es echerchesntérieurest acceptée evoiretravail.

2. Nous onnonsanset rticleotre

ropre

raductiones

oèmes.

ous

envoyonsour

e

texteatin

livres

à

IV)

l'éditiones oésieseFortunat

ar

M.

Reydellet,aris,.U.F,

994.

Poures utres

ivres,

l

faute

reporter

l'éditione

F.

Leo,

Monumentaermanice

istórica,4,

4.

1,Berlin,

881.

3. Voir .

asel,

ité

ar

M.

Reydellet,

p.

it.,

.

XVII.

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110

A. ROLET

gérer es affaires u Couventde Sainte-Croix Poitiers n 567, d'entrer

dans es ordres n

576,

pour

parvenir

ers 00 au

rang 'évêque

de

Poitiers,

sans avoir outefois enoncé

la

poésie.

Cependant,

i

la

biographie

ustifie

a

diversité e

l'inspiration,

lle

semble treun axe de lecture

nsatisfaisant

our

découvrir'unité

ui

régit

des

piècespoétiques pparemment

isparates.

our

omprendre

e lien

mpli-

cite

qui permet

e

relier,

ar exemple,

a

description

e

villas,

'évocation

de l'activité aritative'un

évêque

ou celle du modede

vie d'un noble

ranc,

certains illets n

apparence

nodinsdédiés à

Agnès

ou

Radegonde,

el

hymne

la

croix,

nous

nous efforcerons'éclairer

'interactione la foi et

de l'activité ocialedansun

projet lobal

ù la

poésie

st

doublement édia-

trice d'unepartvectrice e leçonsde romanitéourunpublicfranc ans

une volonté

'acculturation,

'autre

part

nstrument

ersonnel

e mise en

relation u transcendant

t du

sensible,

râce

au motif

rivilégié

u

«jar-

din».

Ce

dernier,

utre

on rôle

primordial

e fusion

ntre ertains raits

permanents

e la mentalité

eligieuse

omaine t

les

exigences

de la foi

chrétienne,

éveloppe

out u

long

du recueil ne

grande

ichesse

ittéraire

et

déologique

il

apparaît

la fois omme ieu de

perfectionnement,

xem-

ple

de fructification

vergétique

t

intérieure,

ymbole

e vie et

métaphore

du Paradis.

Ascétismechrétienet motifsnaturalistes la poétique de Fortunat

Retraite

t.

humilitéles

fonctions pirituelles

'un

cadre

agreste

Fortunat,

'abord

prêtre

ttaché

l'église

métropolitaine

e Poitiers

partir

e

576,

est

promu

nsuite u

siège épiscopal

vers

600,

à

la mort u

successeur e

Marovée,

laton4.

r,

u seinmême e

ses Poésies

il

semble

possible

de

reconstituer,

l'aide de ces

quelques alons biographiques,

'iti-

néraireraditionnel'un

propositum

sceticum

c'est-à-dire

'un

programme

de réforme

pirituelle

'

appuyant

urune

retraitee

type scétique,

elon

e

terme e

Jacques

Fontaine5. elle-ci

s'inspire

e la retraite

raditionnelle

sur

leurs terres u leurs

domainesde

plaisance

des

grands

ristocrates

romains ropriétaireserriens,e Cicéron t Horaceà Prudence t Paulin

de Noie à la

findu IVe

iècle.

Elle

s'effectue ans une

perspective lus

ou

moins ccentuée e retour

ux valeurs

eligieuses rchaïques

omaines tta-

chées

la vie

rurale,

éactualisées

ar

e christianisme

t ses

options

monas-

tiques.

Cetteretraiteombine

ne vie

humble ondée ur

'exercicede tra-

vaux

quotidiens,

ssentiellement

grestes,

t a

méditation

eligieuse,

outes

deux

scandéeset soutenues

ar

l'écriture

oétique.

Éloignée

des valeurs

profanes,

lle

favorisee recueillement

t a méditationécessaires

l'acqui-

sition e vertus t a constitution

'une véritable

agesse,préparant

u rôle

social de

l'évêque.

Fortunat

met

explicitement

a

poésie

au serviced'un

nouvel

déal,

en

se

qualifiant

ui-même,

u

terme e sa

préface,

Orpheus

nouus Orphéed'un nouveaugenre

4. Voir .

Reydellet,

p.

it.,

.

XXVII.

5. J.

ontaine,

Valeurs

ntiques

tvaleurs

hrétiennes

ans

a

spiritualité

es

rands

ro-

priétaires

erriens

lafin u

v1

iècleccidental

dans tudesura

poésie

atineardive'Ausone

à Prudence

Paris,

980,

.

67-308.

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L'ARCADIE HRÉTIENNE

E

VENANCE ORTUNAT

1

1

1

L'inspirationrolifiqueuivient ucœur,a langue travailler,ar ulti-

vée

usqu'à présent

eulement

our

e

goût

mondain,

iennentux ivres

éternels

Il

n'est

pas

question

'abandonner ne

conception

raditionnellee

la

poésie,

mais

plutôt

e lui donner nenouvelle nflexion. e

Virgile,

ortunat

sauvegarde uelques

visions

aractéristiques

t essentielles

loci

amoeni t

pâtres), tylisées

e manière s'accorder vec e naturalisme

iblique.

Ainsi,

tout n

aspect

de la culture

lassique,

u-delàd'une

simplemécanique

hé-

torique,

ert e

projet

e

spiritualité

hrétienne.

Dans cette

erspective,

e secessus n uillam le

«

retraitu domaine

,

estessentiel,t Fortunatnsiste ansplusieurs oèmes urcette évolution

interne

ui peut

'accomplir

u

contact

e la nature.

insi,

dans un

poème

à son ami

Grégoire

e

Tours

Ta

lettreux vers

i

doux,

ictée

ar

ton

mitié,

élèbrema

promotion

par

une voie

généreuse

tu

m'y

as

fait,

e

façon

nodine,

e

prêt

'un

domaine la Vienne umultueuseient riser es eaux sur e

rivage

le

batelier,

mporté

ar

a course

lissante

e la

coque

bombée,

ontemple

les

arpents

ultivés t entonnee

chant es rameurs. ete

remercie,

mon mi débordantu fruit e la

piété, ui,

par

à,

multiplies

a valeur

de ma

charge

omme l convient7.

Par sa prodigalitétpar a naturemême e sondon,Grégoireontribue

à aiderFortunat ans son

apprentissagescétique.

Ce secessus n uillam

pour

transitoire

u'il

soit,

permet

la

promotion

ontvientde bénéficier

notre

oète

l'accès

à

l'évêché de

Poitiers)

'être

ppuyée ar

une réforme

intérieure

ui

en

accroît

a

valeur

multiplicetur)

le terme ecens

ouligne

la concordancetroite ntre

romotion

ociale

et vertus

ntérieures,

ravail-

lées dans e

style

greste.

Par

ailleurs,

ortunat évèle

sa

fascination vidente

our

a retraite

monacale t a

régularité

e ses

humbles

âches

uotidiennes,

insi

que

nous

le laisse entendre ne ettre dressée

Radegonde

D'un cœur évoué,maisdansune angue ustique,'auraisfait ntendreaux oreilles emamère e chant 'une flûte e

berger.

sclavede ses

ordres

out

u

long

du

our,

'épuiserais

mes

membres

t,

'échiné

liée,

servirais

a

maîtresse. es

doigts

e refuseraientucune âche

t,

du

puits rofond,

a main

ui rédige

a

présente

issive

xtrairaites eaux

avec

promptitude,

erait

ousser

es

vignes,mplanterait

es

greffes

ans

les

ardins,

èmerait,ntretiendrait,

t

avec

douceur,

es

égumes.

'était

une

récompense

e brûler

mesmains vec toià la

cuisine,

t de laver a

vaisselle ux eaux

pures

u bassin8.

Le modèlede cette

humilité st

a

moniale

Radegonde

lle-même

Ô toi uiesdouce, xcellente,aisonnable,uiœuvres vectant 'achar-

6.

Appendice

2

fragment).

7.

VIII,

9,

-8.

8.

Appendice

22,

-14.

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112

A.

ROLET

nementue,pour oi, 'unemodesteraineaillit neplantureuseois-

son,

c'est avec

oie qu'en

cettevie brève u uses tes membres

ar

le

Christe

donnera

e

repos

ternel.

orsque

u

prépares

n sueur es

repas

pour

es

sœurs,

esmains ont antôt

ercées ar

es

eaux,

antôt rûlées

par

es flammes9.

L'humilité t ses

marques

garantissent

ne

adaptation

mmédiate u

modèle de vie

promupar

le couvent. ar ces tâches

rustiques,

t même

serviles,

a chair

reçoit

es

stigmates

ui

attestenta victoire ur

'orgueil.

Par

beaucoupd'aspects,

ette etraite

scétique

ient ssouvir e désird'un

retour la

vie

simple

t

frugale

es

temps rchaïques, roche

e la nature

et de Dieu,où la fatigue ucorps, ui s'est échiné ur a charrue,onne e

prix

de l'abondance es récoltes t

prouve

a nécessité 'un

système igide

de valeurs

préservant'énergie

vitaled'une

dilapidation

ans des

formes

vainesde distractiont de luxe.

Le

poème

comme

iturgie

Mais la

régularité

st aussi e

principe

u calendrier

iturgique

u cou-

vent t des événements

eligieux ui

scandente

passage

du

temps.

ortunat

se fait e chantre e ces

impératifs

nternes la vie de la communauté

fêtes,

retraites,

eûnes,

nniversaires.n nombre ssez

important

e

poèmes

des-

sinent ne sorte

ďephemeris

la

manière u Cathemerinon

e

Prudence.

Certains rouventeur nspirationans le simpledon de produits aturels

qui évoquent

a

frugalité

'une vie

rustique

t

s'apparentent

des actions

de

grâce

miniaturiséesFortunat chante

astoris

alamo

et

rustica

ingua

c'est-à-direur e mode

greste,

ans ses réminiscences

cripturaires

t

vir-

giliennes.

'arcadisme,

out n

jouant

sur

l'ornement

t le

gracieux,

st

cependant

ussi le

signe

d'une méditation

eligieuse,

oired'une

«

haute

inspiration

.

Prenant

our

ppui

'écoulement éeldu

temps

t son ot

quo-

tidien e tâches

égulières,

a

poésie

s'élève

usqu'à

la

conquête

e l'éternel

et de la duréeniée.C'est

ainsi

que

Fortunat

élèbre

e retour e

Radegonde

après

a réclusion

u'elle

s'était

mposée

n vue

de

Pâques,

dans une

petite

pièce

où l'intensité u bonheur uffit fairenaître

a

luxuriance

'un

prin-

tempsntérieurtperpétuel,ui condensea durée éelle

Quoique

es

graines

ommencenteulement

leverdans les

sillons,

aujourd'hui

ù

e

te revois

ci,

'en

fais a moisson. erécolte

éjà

les

épis,

e

lie es

gerbes

mènes. es travaux 'août

nt

ieu

n avril.Même

si les

bourgeons

es

pampres

ont

peine

clos,

'automne

éjà

vient

pour

moi ainsi

que

le

raisin.

e

pommier

t e

poirier ispensent

eurs

parfumsxquis,

t vec eurs

remières

leurs,

ls

m'apportent

ussi eurs

fruits.

uoique

e

champ

ne

porte

ucun

pi,

tout

esplendit

omblé

ton etour10.

Cette

ontractionubite u

temps

ymbolisée ar 'amalgame

es tra-

vauxchampêtresvoquel'iconographiehrétiennees siècles antérieurs

on trouve n effet

es

portraits

e

martyrs

t de

saints,

n

buste,

l'intérieur

9.

Appendice,

8,

-10.

10.

VIII, 0,

-14.

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L'ARCADIE HRÉTIENNE

E

VENANCE

ORTUNAT

113

de médaillons ont e cadre, éalisé l'aide de feuillages eints, orte la

foisdes feuilles t des fruits couronne

riomphale,

ertes,

mais

marquant

en

premier

ieu l'éternitét l'immortalité11.a fusion bstraite es saisons

et de leurs

roduits

boutit

la

négation

u

temps.

r

cette

ampagne

acra-

lisée

qui

connaît es

délices

d'une saison

toujours

lémente st bien

proche

de celle dont

profite

e vieillard e Tárente hez

Virgile,

ù se

retrouvent

simultanémentes fleurs

t

es

fruits12,

u biende celle

qui

voit

'apothéose

de

Daphnis

3

:

la

disposition

ituelledes

produits

aractérisant

haque

période

e

l'année,

urun autel

onsacré,

ait

hommage

l'immortalitéu

dieu.

Mais

en même

temps,

e souvenir u

jardin

de la fiancéedans le

Cantique

es

Cantiques

n'est

pas

loin.Le retour e l'être imé

s'y marque

aussiparunemétamorphosee la nature oute ntière 4. es joies caracté-

risente retour

u

Paradis

ré-adamique,

ous 'ombre

rotectrice

e l'Arbre

de

Vie,

oies

qu'on peut

goûter

nouveau,

elon

Fortunat,

ous a

protection

d'un autre

rbre,

on moins

puissant

Ta fertilitée rend

puissant,

oux et noble

bois,

orsque

es

rameaux

ploient

ous des fruitsi nouveaux Leur

parfum

naccoutuméanime

les

corps

défunts,

eux

qui

ont

péri

reviennent

la vie.

Sous les

fron-

daisons e cet

arbre,

ulne sera

brûlé

ar

a

chaleur,

i cellede la lune

la

nuit,

i celle du soleil u milieu u

our.

Planté u bord 'unruisseau

où couleuneeau

vive,

u

déploies

t faismiroiter

on

feuillage aré

de

fleurs ouvelles.

ntre esbrasune

vigne

'est

enroulée,

'où

s'épancheun vin uave trouge omme e sang .

Dans cet

hymne

la vraie

roix,

éritable

poème

de

circonstance

,

puisqu'il

célèbre l'arrivée à Sainte-Croix 'une

relique

offerte

epuis

Constantinoplear 'impératriceophie

et

Justin

I,

Fortunat ait ésonner

toutes es

harmoniques

utant

irgiliennesue scripturairesue suggère

n

tel

paysage.

Mais,

en même

emps,

e

poème

ui

permet

e méditerur a

nature

même

de

la

relique

le bois de la

croix,

dont a vocation

remière

est

celle d'un nstrument

e

torture,

cquiert

e

pouvoir,

éactualisé

chaque

eucharistie,

e

régénérer,

ertiliser,

uérir16.

ette

fficacité e connaît

as

de limites

emporelles,

i

'alternance

es

ours

luna

nec n

nocte,

ol

neque

meridie) icelle des saisonspuisque 'arbre orte la foisdesfeuilles, es

fleurs t des fruits.

La réclusion

scétique

hrétiennee

Fortunat,

hantée

n termes

uco-

liques

et

conçue

ommeune

glorificationerpétuelle

e la

divinité,

emble

répondre

ux

aspirations

u

poète,

ui,

oin de

concevoir ommedéfinitive

sa

retraiteu couvent

e

Sainte-Croix

n

qualité

de

prêtre,

'envisage lutôt

comme

propédeutique

orale la carrière

cclésiastique.

11.Voir .

Grabar,

artyrium,

echercheurecultees

eliques

t

'art

hrétien

ntique

Paris,946,

.

,

p.

4-45.

12.

Géorgiques

V,

42-143.

13.

Bucoliques

V,

4-80.

14. I,1 -13,6 «Car oilà'hiverassé,'en st inies luies,lles ntisparu.ur otreterrees leursemontrent.a saisonientes ais efrains,eroucoulemente atourterelleefait

entendreur otreerre.e

figuier

ormees

premiers

ruitst es

vignes

n

fleursxhalenteurs

parfum.

(La

Bible

eJérusalem

Paris,

987).

15.

I,1,

-18.

16.

Voir

.

Brown,

e

ultees

aints,

on

ssor,

a

fonction

ans

a chrétientéatine

Paris,

1984.

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114 A.

ROLET

Le legs de la tradition topiaire et sagesse dans la civilisation

romaine

Des lieux

privilégiés

les

ardins ďévéque

Parmi es

poèmes

de

Fortunat,

es

ouanges

l'adresse

d'évêques

célè-

brent a

douceur

t la beautéde

certains omaines e

plaisance

de

Gaule,

qualités

ont e mérite evient

l'évêque propriétaire.

es

villas,

ar

exem-

ple

celle de

l'évêque

Léonce de

Bordeaux

époux

de

Placidine,

a

petite-fille

de Sidoine

Apollinaire

t l'arrière

etite-fille

e

l'empereur

vitus),

ont

typiquement

omaines. 'évêché de Bordeaux ait

artie

n fait e ceux

qui

sontmonopolisés epuis lusieurs énérationsardegrandesamilles 'aris-

tocrates

quitains,

ont a

culture omaine st intacte17.e noble Léonce

lui-même,

vant on accession ux

charges

cclésiastiques,

'est llustréux

côtésdu roi

Childebert

n

Espagne

n

531

18.

hez

l'évêque,

Fortunat

oue,

au même itre

ue

les autres ertus

raditionnelleses aristocrates

guer-

rières t morales

,

l'aptitude sauvegarder

e

goût pour

a

retraite

la

campagne,

n

marge

es affaires

iviles,

dans e cadre

mi-naturel,

i-arti-

ficieldu

ardin

romain raditionnel.u

point ue

certaines

vocations

ap-

pellent

'Arcadie

virgilienne,

la

fois nature

pontanée

t véritable erroir

agricole

Le terroirst

rempli

'attraits

orsque

erdoientes

champs

en

lui,

e

charme aturel e la campagne....) Enpelouses erties e fleurs erdis-

sent

es

prairies.

e suet es aborde n sifflantoucement

l'herbe,

our-

bée à

chaque

fois,

oule a

chevelurebouriffée.ar

ci,

dansune utre

sole,

unemoisson ait londires

épis

et une

vigne

ense

mbrage

e sol

nourricier19.

Mais,

par

un

apparent

aradoxe,

ettenature

rofuse

nclut ussi raf-

finements

t

artifices

rbains,

vec

des

eux

d'eau

et des

effets 'architecture

en

trompe-l'œil

La masseélevée de la demeure

epose

urune

triple

rcade à croire

qu'y accourt'eau colorée ugrand arge.Une ondecachée,née d'unmétal ansmélange,aillit n unerafraîchissanteontaine'eaudouce t

intarissable20.

La

précision

es

détails

oncrets ssure

que

ces

descriptions

e sont

pas

des

fictions,

mais 'évocation

oétique

ransformehacunde ces

pay-

sages

de

ardins

n un

ieu

déal,

un

locus amoenus2X la manière e ceux

de

Virgile.

Ainsi,

outre a

végétation

ariée t les murmures'une source

artificielle,

pparaissent

es

bergers,

omme

pour parfaire

'atmosphère

bucolique

t arcadienne es

poèmes

17.Voir artineinzelmann,ischofsherrschaftnGallienZürich-Munich,976.

18.Voir

, 15, -10,

5-16.

19.

,20, -8,

2-16.

20.

, 19,

-12.

21.E.R.

Curtius,

a ittérature

uropéenne

t e

Moyenge

atin

Paris,

956

«

Le

paysage

idéal

,

p.

26-247.

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116

A.

ROLET

deshonneurs ouphilotimia. artin einzelmann28appelle ue les vertus

traditionnelleses

grandes ignées,

élébrées

epuis

es débuts e la Rome

républicaineusqu'au

VIe

iècle en

Gaule

dans les

éloges

funèbres,

ont

mettren relationtroitevec un déal

proprement

scétique.

l

faut ntendre

le

terme 'ascèse

comme exercice e la

vertu mais ussicomme renon-

cement à la

manière

e

Cicéron

u

Sénèque.

Dans

ce

genre

hétorique

e

l'éloge

funèbre,

lus

encore

ue

la richesse

t le

pouvoir onçus

comme

privilèges

atifs,

n

célèbre

es facultésntérieurese

continentia

tde

mode-

ratiode

l'aristocrate,

on

aptitude

faire

n

usage sage

et modéré es res-

sources ont l

ouit

en es consacrant la communauté

ociale,

dans 'éver-

gétisme

icté

par

Y

mor

n omnes

1'«

amour

our

ous .

Or, a nature ffre cette etraiten asile idéal,à connotation orale

mais aussi

religieuse

t sacrée.

Ce

n'est

point

ne nature ointaine

u

exo-

tique,

mais la naturemise en œuvredans les

jardins

de

plaisance

t son

caractère st

complexe,

omme n le

voit

ncore hez

Fortunat. omme e

rappelle

ierre

Grimai29,

epuis

e ir siècle avant

J.-C.,

lors

que

Rome est

en

pleine

hellénisation,

e

ardin

omain 'efforce e

reproduire

es

paysages

typiquementrecs,

u caractère ssentiellement

acré,

mplis

de

temples,

de bois

consacrés,

e

tombeaux,

ar

là-mêmehantés

ar

es

Dieux

et

les

Morts.

Apparaît

lors,

commedans les

villas décrites

ar

Fortunat,

oute

une architectureavante e

grottes,

e

rocailles,

e

thermes,

e

xystes,

e

palestres,

appelant

ertes

'esprit

es

temples

t des tombeaux 'Arcadie

mais aussi touteunetopiquegrecque.Cette radition 'estpas seulementlittérairet aux

jardins

homériques

e

Calypso

et

d'Alcinoos,

répondent

ceux,

historiques,

Académos,

'Épicure,

e

Gélon

t d'Hiéron I en

Sicile,

celui de

Cyrus

Sardesdécrit

ar Xénophon.

t Fortunat conscience e

toute ette

ntertextualité,

i bien

que

certaines e ses

pages

semblent'ins-

crire ans a filiation irecte e Lucrèce30 u de l'évocation es bordsde

l'Ilissos

dans e

Phèdre

de

Platon31,

ù la beautédu cadre ncite l'activité

poétique

t

philosophique

Et si

déjà,par

un

heureux

asard,

n

boisnon oind'ici

répand

onombre

et

que

susurre'onde renouvelée 'une source

raîche,

e

voyageur

'y

précipite,

eureux e s'étendreur

e sol

accueillant,

aignant

es

mem-

bres ans e litde verdure.l a obtenue qu'il souhaitait,e voilàragail-

lardi

ar

es délices

ombinées,ci,

de l'ombre

ui

atténuea

chaleur,à,

de l'eau

qui apaise

a soif.

'il

en

connaît,

l se

remémorees

vers,

n

unediction

ythmée,

ar 'air

plus

clément

'invite

ces

mélodies

pai-

sées,

pour euqu'il

soit amilier

'Homère,

omme es

Athéniens,

u de

Virgile, u'on

it u forum e

Trajan

Rome32.

Consécutivement

cette

hellénisation,

e

jardin

romain a retrouver

quelque peu

la

significationu'il

avait

du

temps

de

Yhortulus

rchaïque,

c'est-à-diree

potager

amilial t sacréoù l'on honoraites divinités ham-

28.M.

Heinzelmann,

p.

it.,

.

188-190.

29.P.

Grimal,

es

ardins

omains

Paris,

969.

30.DeRerumatura

I,

29-33.

31.Phèdre230 -c.

32.

VII, ,

17-26.

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L'ARCADIE

HRÉTIENNE

E VEN

NCE ORTUNAT

1

17

pêtres t primitivesncarnantes cyclesnaturels e fécondité,elleFlore,

Pomone u Vénus.

Ainsi,

a nature ans son caractère

gricole

'harmonise t fusionne

avec un

paysageplus sophistiqué

e

bâtiments,

e courants 'eaux vives

artificiels,

e

bergers

rcadiensmêlant âches

pastorales

t

lyriques.

ette

création

omposite

evient e modèle déal et

proprement

talien e la vie

tranquille

u

ardin,

el

que

le célèbre

Virgile. 'expérience

u

ardin

onsti-

tue donc une

propédeutique

u

détachement,

ù

l'aristocrate

ubordonnea

profusion

atérielle l'excellence

morale t

intérieure.

Christianisation

u

modèle

de vie mixte la

fin

de V

Antiquité

Or ce modèlede vie

mixte,

oin de

disparaître l'époque

chrétienne,

semble u contraire

épondre

arfaitement

ux nouveaux déauxdes nobles

convertis la

religion

hrétienne.

a

religiosité aïenne

du

ardin

romain

s'acclimate

ans

difficulté

u

mysticisme

hrétien.

ertains

léments buco-

liques

»

scripturaires,

els es

bestiaires,

es sources t eaux

vives,

es bons

pasteurs

t brebis

garées,

es

vignes

t

figuiers

es

Évangiles

la terre

ro-

misedes

Psaumes

es

ardins

u

Cantique

es

Cantiques

trouventes échos

si évidents ans le mondedes

jardins

rcadiens

u'il

devient ifficile e

distinguer

ntre es deux sources

d'inspiration.

e

fait,

'art chrétien e

«

convertit

33

à la culture

ntique

t surtout

Virgile

celui-ci,

entonisé

parProba,

modèle

de

l'épopée évangélique

e

Juvencus,nspirateur

es

visions aradisiaques e Prudence t des peinturesunéraireses catacom-

bes,

devientmême e modèle u

poète rypto-chrétien,ar

une ecture hris-

tique

de la

quatrième ucolique

utorisée

ar

Lactance,

uis par Augustin.

Au IVe

iècle,

omme e

rappelle acques

ontaine34,

e retraitradition-

nel

sur

e domaine e

plaisance

evient,

our

un

Prudence

e

Callaguris

u

un Paulinde

Noie,

a conditionmêmed'un

projet pirituel

e réformescé-

tique.

La vie

agreste

e

dominus

illae de

«

maître e maison

comporte

des

impératifs

e

régularité

t d'humilité ictés

par

e labeur

gricole

mais

aussi des

plages

de

temps

ibre éservées la

prière égulière.

n tel

mode

d'existence

eut

devenire

paradigme

'une

vie

de

type

monacal,

n retrait

du monde. 'ascèse du

corpspar

e travail e

la

terre,

ar

a

gestion

'un

domaine tde sa petite ommunauté,âchesnécessaires la survie, répare

l'esprit

la lecture es textes

aints,

ur

e

modecicéronien35e

la

cultura

animi

la

«

culture

e

l'esprit

. Le cœur st mis en contact vec la divinité

et

s'épanche

n

prièreyrique,

éritableultura ordis

6,

culture u cœur .

La retraite ur les

propriétés

e

campagne,

ar

la méditation

eligieuse

intense

u'elle permet,oue

unrôle

préparatoire

t

complémentaire

ux fonc-

tions ocialeset urbaines

u'est

amené

remplir arallèlement

'aristocrate

devenu

vêque.

Si

Fortunatoue

avec

autant e chaleur hez ses

correspondants

'intérêt

pour

e domaine e

plaisance,

'est

qu'en

Gaule le

problème

e la retraite

33.Voir . ontaine,La conversionu hristianismela culturentiquela ecturehré-

tiennee 'univers

ucolique

e

Virgile

dans tudesur

a

poésie

atineardive'Ausone

Pru-

dence,

p.

it.,

.

147-171.

34.

J.

ontaine,

Valeurs

ntiques

t

valeurs

hrétiennes...

,

oc.

it.,

.

67-308.

35.Tusc.

,

5,

13.

36.Voir .

ontaine,

Valeurs

ntiques

tvaleurshrétiennes...

,

oc.

it.,

.

55-257.

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118

A.

ROLET

de

l'évêque

estperçu vecune acuité oute articulière.'idéal traditionnel

de

perfection

scétique

e l'aristocratieomaine

'est

parfaitement

onverti

aux

exigences thiques

u

christianisme,

ais la notionmêmed'ascèse a

cependant

onnu,

partir

e la secondemoitié u IVe

iècle,

une radicalisa-

tion

ui

l'a

éloignée

e

sa

définition

raditionnelle.n

effet,

n

356

37,

mou-

rait

Antoine,

e

plus

célèbre

eprésentant

e

l'érémétisme

riental,

onsidéré

comme

e

légitime

éritiere la uita

postolica.

Ce courant riental

oussait

à l'extrême

es

exigences

e

l'ascétisme,

n

rejetant

oute

ompromission

avec

la

citéet ses

manifestation

ociales,

t faisait e la solitude bsolue u

désert,

u renoncement

tout ienmatérielt de la

pure

vie

contemplative,

les

conditions e

la

perfection.

es

évêques, hargés ar

eur onction ême

de mener ne vie activedans e « monde , se trouvaientpriori xclusde

cet déal de

perfection.

r,

c'est Martin e Tours

qui,

en

Gaule,

concilie a

retraite onacale

au

couvent

e

Marmoutiers)

t a vie actived'un

évêque

(à Tours).

Martin,

élébré

ous a

plume

de

Sulpice-Sévère

n

397,

propose

un modèle ncontestable

'ascétisme

ngagé, ui

va

permettrel'épiscopat

gaulois

de se réclamer ussi

de la

uita

contemplatiua

t de la

perfection

ascétique ui

lui est attachée.

eu à

peu

se dessine 'idée essentielle

ue

le

couvent,

u

n'importe

uel

autre ieu de retraiteoin

du

tumulte t des

préoccupations

u monde

et

par conséquent

a retraiteur es domaines

familiaux

peut

devenir,

on

pas

une réclusion

éfinitive,

ais e domaine

privilégié

ù

s'élabore

'exercice assidu de ce

que

Cassien38

ppelle

es

instrumentse la perfectionnstrumentaerfectionis)eûne,veille,médi-

tation es

écritures,énuement,

rivation

e

toutes es richesses39.e

seces-

sus

in

uillam

devient insi un moment ondamentale

la

spiritualitépis-

copalegauloise, oint

e rencontre

ntrees formesraditionnellese l'ascé-

tisme

ristocratique

t les nouvelles

xigences

hrétiennesous l'influence

du

monachismeriental.

Les racines

spirituelles

d'un modèle social : la

symbolique

naturaliste de la charité

Dans de nombreuses ièces de louange que Fortunat dresseà des

évêques,

l est faitmention es activités

astorales

e

l'évêque, qui rejoi-

gnent

es

impératifs

ociauxde

l'aristocratieraditionnelle.

n

effet,

es aris-

tocrates

arvenus l'épiscopat

etrouvent40t

mobilisent,

ans

a

perspec-

tivede

l'enseignement

iblique

t

apostolique,

es

aptitudes

inancièrest

des

responsabilités

ociales

caractéristiques

e la nobilitas raditionnelle.

Comme

atroni

ils ont a

charge conomique

t

morale e la

plèbe

et eurs

œuvres aritatives

euvent

voir une dimension

udiciaire

t

politique41.

37.M.

Heinzelmann,

p.

it.,

.

194.

38.Coniai.

,

17.

39.

eiunia,

igilia,

editatio

cripturarum,

uditas,

riuatio

mnium

acultatum...

40.Peterrown ontreansaGenèsee 'AntiquitéardivePans, 983,.102-103)qu'aprèserègneesAntoninstdes évères,esgrandsonctionnairese 'empireoienteur

richesset eur

ouvoir

'accroître

e

façonrodigieuse

ntree

Ie

t e

if

iècle,

lors ême

ue

ces

rands

ristocratese

rennentlus

n

harge

es ontraintes

inancièreses ulteses ivinités

poliades,

ontraintes

ui,

xutoire

ocial lafortune

ersonnelle,réservaient

acommunautéocale

des ssautsmbitieux

e

a

philotimia.

41.

On e ouviendrae

1 xistencees ribunaux

piscopaux

u udientiae

piscopales

ui

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L'ARCADIE

HRÉTIENNE

E VENANCE ORTUNAT

1

19

Fortunat 'ailleurs oue les évêquesselon e modèlerhétoriqueraditionnel

du

panégyrique

ristocratique,

n

soulignant

a noblessede leurs

origines,

l'excellencede leur

loquence

t la

prodigalité

e leur harité.

Or,

de

façon lusremarquable,

e sont es

métaphores

rcadiennes

ui

traduisent

'excellence

e

cette

ie active.L'activité aritative

e

l'évêque,

exprimée ar

des

imagesgéorgiques, rend

xplicitementour

modèle e

jardin

et toutes

es

perfections,

ntérieurest

esthétiques,ui l'accompa-

gnent.

insi,

ortunat

appelle

onstamment

ue

le modèle e la

vie contem-

plative

oit

nformera vie sociale.Chacun

des

motifs,

ocus amoenus

bon

pasteur,

ultura

gri

illustrent

ymboliquement

n

aspect

de

l'action de

l'évêque.

Tous

appartiennent

une double radition

ittérairela fois

crip-

turaire tvirgiliennet Fortunatoue surcette mbivalence.

Le locus amoenus

Le

motif

e

plus

complexe

st sansaucun

doute eluidu ocus moenus

prospère

ne nature

uxuriante,

eflet e la

perfection

ntérieure.e cas

le

plus

extrême st celui

du

uir

psefactusparadisus

«

l'hommedevenu

lui-même

aradis

,

incarné

ar

Martin,

vêque

de

Braga

en

Galice,

dans

une lettre n

prose que

Fortunatui adresse

pour

recommander

gnès

et

Radegonde.

a

perfection

st telle

que

l'êtretout ntier

evient n

ardin

sacré,mi-arcadien,

i-édénique,

abité

ar

e créateur

ui-même

Martin,evenuui-mêmenparadis, onserve,ar es liensde sa foi,

les traces u

Rédempteur,ui

estheureux

e se

promener

ans es allées

verdoyantes

e soncœur

impide

t

sous

'ombrage

ourgeonnant

e

ses

bonnes

œuvres,

ue

le

figuier

e couvre

as

mais

que

les fruitsrnent

ainsi,

e n'est

pas pour

n nstant

ue

le bienveillant

réateur anifeste

sa

présence,

ar l

n'y

a

pas

en sa créaturea

moindre

arcelle ui puisse

êtremise

n accusation à travers

es

béatitudes,

omme éduit

ar

es

parfums

élicieux

'un

bocage,

e maître

'attache son

esclave,

t

l'esclave

son maître42.

Le

locus

amoenus

ne se

conçoitpas

chez Fortunat

ans la

figuration

de l'évêque en berger.Nous le constatonsar exempledans un élogede

Grégoire,vêque

de Tours

Qu'il

mène

aître

es brebis ans es

pâturages

acrés,

u'elles

e

repais-

sent es donsdes

herbages aradisiaquesqu'il

protège

es étables ntac-

tesdu

Christ,

u'il

ne es laisse

pas

mettren

piècespar

des

oups

nra-

gés que

sa

vigilance

irige

ansdéfaillance

a

bergerie,

t

que

e

troupeau

dont

l

a la

charge

e souffre'aucunvol

qu'il

abrite ansun enclos

les

agneaux

la

précieuse

oison,

t

qu'il

demeureveillé

our rotéger

leur

ommeil43.

Cette

magereprend

ertes es évocations es

psaumes,

es livres

ro-

confirme

univeaunstitutionnel

erecoursla

uridiction

e

'évêque.

elui-ci

eut

ême

ervir

d'intercesseurace la

usticeoyale,

ommen e

voit

ans

a

pièce

,

14.

42.

V,

.

43.

V, ,

17-24.

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120

A. ROLET

phétiques44u néo-testamentaires45le pasteur rotecteurassemble, our-

rit,

rotège

on

troupeau,

ur e modèlede l'action

hristique,

ans un sens

à la fois oncret t

spirituel.

ais

ces

tâches

e

vigilance,

e soin t d'entre-

tien

perpétuel ppartiennent

ussi au

long développement

ur es soins au

troupeau

u troisièmeivre es

Géorgiques.

'emploi

des

motifs aturalistes

par

Fortunatestitueette

mbiguïté

ondamentale

ntre

matérialité

t

spi-

ritualité

ar a

qualité

morale e l'être

arantit

a

qualité

e ses dons oncrets.

L'exemplarité

e

l'évêque

et sa

générosité

ont

façonnées

ar

'ascétisme

mais son excellence

morale,

uoique

fondée ur

e

renoncement,

rend

a

figure

e la luxuriance

t

de l'abondance.

La cultura gri

Prochedu

motif u

locus amoenus

le motif e la

cultura

gri

la

«

culture e la terre

,

metbien en évidence

e sens de

l'action

aritative

peine

ente t rude

qui

soutient on effort

ar

'espoir

d'une récolte bon-

dante,

ar

l'évêque

«

cultive ses

fidèles,

ravaille a terre

e

leurcœur

la manière u laboureur.

e butultime e la cultura

gri

estbien a cultura

cordis

la culture es

cœurs,

eur

nitiation une nouvelle

oi,

insi

que

le

laissent

ntendre

es

vers,

onsacrés ncore

une foisà Martin e

Braga

Il a semé es

plantes

e

vie

dans

e sillon térile ù la moissonmûre

enchante

ar

son

abondance. ne seconde

luie

est revenue aire

on

auxépisdes bienfaits'Élie,apportantuxépisdesprésentse rosée,

pour ue

la sécheresse

pargne

es

champs.

our

ue

les terresltérées

ne

gardent as

leurs illons n

achère,

l

coule,

elleune fontaineux

eaux

éternelles

t bienfaisantes.ur es rameaux e

l'hérésie,

l a

greffé

les

bourgeons

acrés e la foi t 'olivier

auvage rospère

t se fortifie

l'arbuste

hétif t sans feuille onnaît nouveau es beautés

'uneflo-

raison,

ui

donnera es fruits.e

figuier

esséché,

ui,

ans

spoir,

oit

finir

ans

'âtre,

répare

es fruits

ans e

secret,

râce l'engrais ui

l'a nourri.

es sarmentse

gonflent

e

grappes

les larcins es oiseaux

vont-ilses

ravager

Grâce à ce bon

gardien,

ucune

n'échappe

u

cuvage.

n

vigneron,

l

a

aligné

es

cepspar

es actes

'apôtre,

etournant

la terre e son

hoyau,

aillantes vrilles

e sa

serpe.

l a

extirpé

u

champ

de Dieu la lambruchemproductive,e raisin emplacee buisson. u

domaine

ivin,

l

arrache'ivraie mère

t fait

urgir

'enchantement

d'unemoisson nie46.

L'action aritative

'épanouit

ans

une

figure omplexe

e culture.

es

travaux e

semailles t

d'irrigationvoquent

n amoenus

ger

où ont ussi

leur

place

des tâches e

greffes

t de

viticulture,

ui

viennentevivifieres

terres u des bois

improductifs.

L'évêque,

nous 'avons

rappelé,

stun

patronus

avec des devoirs

ffec-

tifs t

moraux,

ictés ertes

ar

es

préceptes

vangéliques,

mais ux conso-

nances

argement

icéroniennes.n

effet,

a

notion

lassique

de caritas ési-

44.Voir

ar

xemple

érémie

3,

-4

«

Je assemblerai

oi-mêmeerestee

mes

rebis...

ou

Ézéchiel

4,

2-13

«

Comme

n

asteur'occupe

e es

roupeaux...

ou ncoreacharie

1,

15-16Prends

'équipement

'un

asteur

ansméfiance...

45.Voir ean

0,

-18Matthieu

8,

2-14

Luc

5,

-7.

46.

V, ,

23-42.

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L'ARCADIE HRÉTIENNE

E

VENANCE ORTUNAT 12 1

gne

'affection

our

es

proches

maiscontientussi une extension

olitique

et

sociale

d'« amour u

genre

umain

,

ciment e la communautérbaine47.

Fortunat,

nvoquant

oncas

personnel

e

client,

appelle, oujours

ar

'inter-

médiaire e la

cultura

gri

cette

esponsabilité

ffective

e

l'évêque

Puisque

mon erreauméritae travail e la maindu

père

t

qu'il

s'est

cultivé,

u'il

revienneu coutre

u

fils. ar e

père,

onnu

our

ondoux

amour u monde

ntier,

ous a

gratifiés,

on fils t

moi,

de la même

affection. la

fois

mon

pèrepar

son

sentiment,

a

nourrice

ar

ses

dons,

mon on

maître

ar

es

discours,

l m'a

distingué,

ultivé,

orrigé,

et m'a

enseigné

a vertu.

ieux

t

diligent,

l

a semédans es nouveaux

sillons fais roîtreourmoi esgraines uetonpère répandues48.

Ces extraits

'inspirent

es

paraboles

néo-testamentairesais

rejoi-

gnent

ussi

'esprit

ans

equel Virgile

xalte

e

labeur

aysan, ue

ce soit

les

labours

uxquels

st consacré out e

premier

ivredes

Géorgiques

ou

la viticultureu second ivre49. es finalités ont

dentiques

il

s'agit

de

restaurerans eur

ntégritérimitive

t

par

un

travail charné abor

mpro-

bus)

les vertus

riginelles

'avant

a

Chute,

ngendrée

ci

par

a

faute da-

mique,

à

par

e décret e

Jupiter.

Le travail

éorgique

evient,

hez

Virgile

ommedans es

Évangiles,

le

symbole

'un désirde réconciliationvec le divin

ui

se réalisedans a

profusion

e fruits u de récoltes. 'est cette éconciliation

ue

célèbrent

l'apothéose e Daphnis50u l'épisodedu vieillard e Tárente Le travail

géorgique

evient onc e modèle

ui

doit

présider

toute ction ociale.

L'évêque jardinier

une vocation

thaumaturgique

Nous

avons montré

ue

l'utilisation

ar

Fortunat u

ardin

t de ses

motifs

ucoliques cquiert

n caractère

ymbolique omplexe

ar elle tente

de traduire la fois a richesse 'un ieu cher l'âme

romaine,

a

perfection

intérieure

ue l'évêque peut cquérir

son contact t enfin a

prodigalité

e

l'actioncaritative

ue

ce dernier st

en

mesure 'assurer

près

sa retraite

conçue

omme éforme orale.

r

a

représentation

ême u

ardin

omme

locus amoenus avec sa douceur,es eaux,ses plantes,on caractèredylli-

que

apparaît

ussi comme ne

anticipation

u

paradis

hrétien,

ue l'évêque

a mérité

ar

es belles ctions ociales.

Cette

iliationtait iendans

'esprit

des

cepotaphoi

c'est-à-direes

ardins

funéraires

Rome52,

u des

repré-

sentations 'orants

oulant es

parterres

e fleurs uxuriantsux murs es

catacombes les morts ont

our

insidire

déjà

dans es

prairies lyséennes

ou

édéniques53,

'évêque

est

déjà

au Paradis. Le

«

cycle

du

jardin

se

refermeur

ui-même t

le

poète

est

passé imperceptiblement

es

prairies

terrestres

l'enclos

édénique.

47.

Off.

II,

100. oirussi .

Pétré

CaritasÉtudeurevocabulaireatine a charité

chrétienneParis,946.48. II, 8, -10.

49.

Géorgiques

I,

265-419.

50.

Bucoliques

,

6-80.

51.

GéorgiquesV,

25-148.

52.Voir

.

Grimal,

p.

it.

53.Voir .

Grabar,

p.

it.

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122 A.

ROLET

L'enjeu idéologique st important.es évêquesaristocratesoublent

leur

upériorité

inancière 'une

supériorité

orale.

'exemplarité

e leur

ascèse modèle

eur

générosité

vergétique

t

par

à-même a met u

service,

non des intérêts

ersonnels,

ais

de la communautéociale. Mais comme

le

rappelle

Martin

einzelmann54,

es

évêques

ntendentien ussi

occuper

les

premières

laces

au Paradis

schatologique,

omme

ignes écompenses

de leur

probité

t de leur

harité.

ortunat

e

fait e héraut

e

cette

oncep-

tion55,

on seulement ans

es

poèmes

la

figurationucolique nticipe

singulièrement

ur es

oies promises l'évêque

en

récompense

e ses bon-

nes

actions56,

ais aussi

par

l'évocationdu Paradiscommevaste

Sénat,

métaphoreui

ne

manque as

de

nous

urprendre,

ais

ui,

dans e

contexte,

prend oute a signification

C'est

alors

ue,

sans

précipitation,

a noblesse n

togeprétexte

ait on

apparition,ar

rdre

iérarchique,

fin e s'installerux

places

éservées

aux

patriciens.

...)

Ceux

qui

furent

rivés

e biens

errestres,

iches 'une

fortune

éleste,

espectent

es vœux u

roi,

u milieu es

grands

onsuls.

Partout,

es sénateurs

ccupent

es nombreux

ièges ui

les

distinguent

et,fascinés,

ardent

e silence

endantue

le roi

parle57.

On

constate oncchez Fortunat

ue,

sous es visions

irgiliennes

hris-

tianisées,

'expriment

'idéalitéd'un monde

poétique

élébranta

nature,

mais

aussi,

pparemment

ntactes ans

ce VIe

iècle,

es

conceptions

déolo-

giquesde l'aristocratiempériale omaine. l ne fautpas oublier ue les

destinaires

allo-romains

ttendentu

poète

fficiel

u'il

célèbre

es

valeurs

traditionnelles,

ui

leur

appartiennent

t attestenteur

originalité

ans un

monde

où la

culture

atinede la Gaule s'étiole sous l'influence

ranque,

malgré

a survivanceu

Sud,

usqu'au

milieudu

vir

siècle,

d'une

«

Gaule

romaine

58.

Un modèle

proposé

à l'aristocratie

franque

Du bon

usage

du

panégyrique

Sans doutene faut-il

as

se

figurer

'éliteromaine cindéede

l'aristo-

cratie

ranque

t résistante toutes es

forces une déculturationccélérée.

Fortunat

ous

présente

nmouvementnverse

ù l'aristocratie

auloise

em-

ble exercer ne forme 'assimilation

ulturelle,

u du moinsd'attraitt

de

séduction ur

es nobles

mérovingiens.

ortunat,

n

effet,

élèbre 'action

des noblesfrancs l'aide

de motifs

ucoliques

t leurrôle social

est envi-

sagé,

tout utant

ue

celui des nobles

gaulois,

ommeun

évergétisme

icté

54.

M.

Heinzelmann,

p.

it.

.

08.

55.Cette

onception

'un

alcules hancesans'au-delà

roportionnelles

'investissement

dansavie ociale'estas n urhénomène'imaginationoétique,aisussi n ignedéolo-gique,ommeerappelle. ontaine« ...) etteévotionomainentique,alculatriceusqueans

ses

ntérêts

pirituelss'apparente

n

ait une rechuteanse

uridisme

omaindans

ulpice

SévèreVie e aint artin

Paris,967-1969,

.

1417.

56.Voires

oèmes

Martine

Bragarécédemment

ités.

57.

VIII, ,

179-180t183-186.

58.P.

Riche,

ducationt ultureans'Occident

édiéval,aris,962,

.

56.

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L'ARCADIE

HRÉTIENNEE VENANCE ORTUNAT

123

parune noblessede cœur nforméear es précepteshrétiens. insi, es

talents

ratoires

t a charité ont out ussi

mportants

ans 'une ou l'autre

des

aristocraties,

t célébrés

n termes

dentiques.

renons

ar exemple

n

éloge

adressé

Gogon,

ristocrate

ranc

aïc,

maire u

palais

sous

Sigebert

Orphée

aisait ourir es

doigts

ur es cordes

lignées

e

la

lyre, ui,

frappée,

aisait ntendrea

musique

bientôt,

râce

ux

accents e

son

instrument,

l émouvait

ar

a douceures

forêts,

t

es

bêtes, harmées,

se

précipitaient

ers e chant e la cithare.

...)

Ainsi,

Gogon,

avi

par

a

douceur,

e

voyageuragne

esdomaines etirés.e

partout

ous iennent

à la

hâte,

lusrapidement

es uns

que

les

autres,

ar ta

parole

es

attire,

autantuela lyre 'Orphée....) Tu arrachesespleurs esaffligést tu

y

plantes

a

oie

;

parpeur u'ils

ne se

dessèchent,

u es abreuves

e la

pluie

de ton

loquence.

on discours

açonne

es

rayons

'où tu ers n

miel

nouveau,

t e nectar e ta

parole

i douce

supplante

'œuvre es

abeilles59.

et

comparons-le

celui adressé

u

patrice

ovinus,

ouverneur

e Provence

et,

d'après

son

nom,

de vieille ouche

gallo-romaine

Écris-moi,

uisque

u s

l'esprit

ibre,

ommunique-moi

es

poèmes

ns-

pirés

t

par

ta

parole, ar

ton

chant,

ultive-moi

omme n

arpent

e

terre. travers a

poitrine,ousse,e

t'en

prie,

a charrue e ton

verbe,

pour ue les sillons uetuouvres n moi oient écondésar aparole,

que

le

champ

e

ma

poitrineegorge 'épis

ourds,

u'il

soit

généreux

et riche n blé nouveau60.

Nous retrouvonsans les deux

poèmes

e motif e

Yamoenus

ger

cultivé

ar

une

parole

démiurgique

t fécondante

ui prend our

insi dire

le relaisdu verbe

divin le uir

pse

f

ctus

paradisus

n'est

plus

a

person-

nificatione l'action

globale

de

l'évêque

mais Fortunat

ui-même,

ravaillé

comme ne

erre,

la

manière ont

ieu

cultive damdans e

Jardin

'Éden.

Pour

présenter

'aristocrate

ranc,

l

combine vec

originalité

eux motifs

celui

d'Orphée

harmant

es animaux t celui du miel.

L'abeille,

en

effet,

participe

'une

essence

divine hez

Virgile61t,

avec le

miel,

ntretientn

rapporttroit vec la mythologieschatologiqueles abeillesfigurentes

âmes des morts ux

ChampsÉlysées62,

e

miel entre omme

composant

essentiel ans es libations ffertes

our

'incantationes morts t dans es

ritesfunéraires.ar

ailleurs,

Orphée

ncarne

ar

excellence a

contiguïté

entremonde es vivants t monde es

morts,

uisqu'il

est e

récepteurri-

vilégié

de la révélation u

divin

epoptia),

ans es cultes

mystères

t

qu'il

symbolise

e

principe

mêmedu rite

nitiatique.

a

quatrième

éorgique

dans

'épisode

de

Cyrène

t

Aristée ù se fait ntendre

e

discours e

Protée,

met

déjà

en

rapport

e motif es abeilleset celui

d'Orphée.

Mais

Fortunat

joue

surtout

e la double

quivalence

es

symboles

près

eur hristianisa-

tion

David,

le

prophète

la

harpe,

st devenuun nouvel

Orphée

chez

59.

VII,

,1-4,

1-14

t

17-20.

60.

VII, 2,

11-116.

61.

Géorgiques

V,

19 Esse

pibusartem

iuinae entis.

62.Aen.

I,

06-709.

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124 A. ROLET

Hilairede Poitiers,'abeille et le miel sont nterprétésommeautant e

métaphores

u

Christ,

e la

parole prophétique,

u verbe

divin

et de

la

Révélation63.

En

apparence,

ette

utilisation

e motifs

éorgiques

ans

l'éloge

de

noblesfrancs t

a mention

ourGogon

de la

possession

onga regna

attri-

buent certains

obles aïcs

ssus

de l'aristocratie

ranque

n modèlede vie

mixte,

imilaire u

modèle

épiscopal

et

aristocratiqueallo-romain.

l est

vrai

que

certaines onnées

historiques ermettraient

e voir dans cette

conception

e reflet

'une

réalité.

D'une

part,

'administration érovin-

gienne

'est fondue

dans la structuredministrativeomaine la ciuitas

comme

irconscription

cclésiastique asse

directementous e

pouvoir

es

grafiones uisdes comtes64. 'autrepart, 'appartenanceu christianisme

-

Clovis se fait

aptiser

ers

96

-

créeune communauté

déologique

ntre

les deux aristocraties.

nfin,

'aristocratie

uerrière

t

conquérante

es leu-

des,

de

type

militaire ous

Clovis,

se

métamorphoserogressivement,

u

milieu u VIe

iècle,

n aristocratieoncière

laquelle

e souverain

oncède

des terres. a

similitude es conditions

conomiques,

oubléed'une

appar-

tenance

eligieuse

ommune,

end

ossible

e

rapprochement

ocial avec es

grands

ropriétaires

allo-romains

t

'adoption

'un nouvel rtde

vivre65,

idéal de

culture,

e

paix

et d'excellence

açonné

u

contact e

la

nature.

Cependant,

ès la

fin

du

VIe

iècle,

et

plus

argement

u vir

siècle,

a

généralisation

e

l'onomastique

ermanique

t

a

véritable

analphabétisa-

tion des aristocraties,ontrentssez biendansquel senss'esteffectuée

l'acculturation.

n

fait, ortunat,

ans ces

pièces

de

louanges,

emble aire

appel

ux

«

vertus

traditionnellesu

panégyrique,

elles

u'elles

sont

nvi-

sagées

dans es

Panégyriques

atins e

l'Antiquité

ardive u chez Sidoine

Apollinaire. onçu

comme

parénétique,

e

genre

ittérairee la laudatio

exhorte e destinataire se doter e certaines

aleurs

morales,

olitiques,

littérairesu

religieuses,

u à les

confirmer,

n

les

célébrant omme

déjà

acquises66.

a

poésie

de Fortunatévéleraitinsi

un

mouvement

déologique

complexe.

'une

part

lle attesteraita volonté u

poète

de

promouvoir

n

projet

'acculturation,

renant our

ssise

'exemplarité

e

grandes erson-

nalités

piscopales

e

la

Gaule toute

ntière t eur

ptitude

faire

ayonner

le modèleromain

Félix à

Nantes,

Grégoire

Tours,

Léonce à

Bordeaux,

Syagrius Autun, vit Clermont. 'autrepart, llesoulignerait'attirance

d'une fraction e l'aristocratie

ranque

our

ettevision hristianiséee

la

romanisation,

ettefraction e limitant ien entendu

de

petits roupes

minoritairesutour

d'individualités

marquantes,

omme

Radegonde

ou

Gogon.

Une

acculturation

xemplaire

Gogon

Gogon

semble

mener a vie traditionnelle

'un aristocrateranc.

Un

longpoème

nous

e

montre

artageant

on

temps,

elonune alternance

ai-

63.Voir'analyse'A.GoulonansQuelquesspectsu ymbolismee 'abeillet umielà l'époqueatristiquehéritagentiquet nterprétationsouvellesdans e TertullienuxMoza-

rabes,

élangesfferts

J. ontainet.

1,

aris,992,

.

25-536.

64.Voir .

Folz,

A.

Guillou,

.

Musset,

.

Sourdel,

e

Antiquité

u

monde

edieval,

Paris,

992,

.

118.

65. bid

p.

6.

66.Voir

.

Pernot,

a

rhétorique

e

'éloge

ans

emonde

réco-romain

Paris,

993.

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L'ARCADIE HRÉTIENNE

E VENANCE ORTUNAT 125

sonnièreuggérée ar e terme aestiua entre espropriétésla campagne

et une vie de cour où

il a des fonctions

olitiques

t

pédagogiques,

elle

l'instructiones filsde

hauts

personnages

:

Préfère-t-il

arcourir

es

domaines

'été,

es

pâturages

oisés,

antôter-

rassantes

bêtesdans ses

rets,

antôt

es achevant e sa

javeline

Les

Ardennest es

Vosges

etentissent-elleses flèches

ui

viennent

rapper

à morte

chevreuil,'élan,

'auroch

À

moins

u'il

ne

frappe

e

large

front

ui

s'offrentre

es cornes u bison

obuste,

ans

ue

'ours,

'ona-

gre

t e

sanglier 'échappent

la

mort Travaille--il es

terres,

reusant

de

nouveaux illons ans es brûlis

t faisant

émir

ous a charruee

taureau l'échiné olide Se contente-t-ilimplemente rester la cour

royale

ù ses

gardes

ffluent,

'applaudissent,

'aiment t le suivent

Révise-t-il

vec e doux

upus

es

oisde

piété, roduisent-ils,

'un

même

élan,

un miel avoureux

our

assasier

'indigent,

onsoler es

veuves,

pour

ue

le

petit

rouve n

protecteur

t a

détresse,

e l'assistance

68

Cette

vie

mixte,

ous l'avons

dit,

'apparente

rèsfortement

celle

d'un

aristocrate

aulois.Gogon

mène ans es domaines

nevie de dominus

uillae

qui

travaillea

terre t a

fertilise,

aisant enaître

ar

son savoir-faire

quasi-thaumaturgique

a fertilité

à où on la

croyait erdue

ex

usta

se trans-

forme n noualia

.

Cette

vie à la

campagne

st d'abordvivifiante

our

e

corps

uegetet

alute

,

conformémentla fonction

ue

les Romains

ttri-

buaient leursdomaines e plaisance, vec leurs hermes,eurspalestres,

leurs

vergers,

eurs

hamps,

eurs errains e chasse69

mais elle a aussitôt

uneefficacité

sychologique,

oire

morale. es activités

grestes

ntunrôle

formateurt

régulateur,

ui apaisent

t

équilibrent

'âme

(

mente

erenus),

en la sollicitante

façon

modéréemaisévidente

placidis orrigé ar

agit).

L'instillation e ces

qualités

dans l'âme

prend

out on sens

orsque

Fortunat

arle

de

leurmise en

application

ans a uita actiua d'une

part,

la vie

politique

u

palais

d'un

grand

onctionnaire

ux vertus

xemplaires

qui,

malgré

es

marques

videntes

u

pouvoir

t

de la

force,

uscitentussitôt

l'attachement

cui

schola

congrediens

laudis

amore

equax),

d'autre

art,

la vie sociale

d'un

pieux

aïc,

avec

ses devoirs e charité

iura

pietatis)

t

sa conscience e la collégialité, ans aquellen'entre ucunerivalitécumdulci

Lupo, consilioque ari).

Toutes es

qualités

ne sontmentionnées

ue

dans

a

deuxième

artie

u

texte,

ommedécoulant

aturellemente la

vie

rustique

xemplaire voquée

dans la

première artie.

Ainsi,

e

partage

u

temps

ntreville et

campagne

evêt a

fonction

nitiatique.

l révèle un

fondement

ystique

ux valeurs

thiques

t sociales.

Le contact vec

Dieu,

par

a

nature,

ncite un certain

ype

e

vie,

contraignant

t

aborieux,

onc

à une nécessaire

humilité

morale,

ue

ne doivent

as

troubler

es vains

attraits

e la vie urbaine.

a vie

publique

doit

être

gérée

dans

l'esprit

e

strictescèse

qui préside

la

vie

agreste.

67.Voir .

Riché,

ducationt

ulture...,

p.

it.,

.

80-290.

68.

VII,

,

1-30.

69.Voir .

Grimal,

es

ardins

omains,

p.

it.,

.

39.

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126 A. ROLET

Les

enjeux

d'une

poésie propédeutique

Fortunat

rouve

a

fidélité ux lettresatines t son attachement la

poésie

de la

nature,

onçue

comme e

signe

d'une méditation

eligieuse

intense t a condition 'une vie

ascétique.

l se montreensible u

don

du

domaine

ue

lui fait

Grégoire.

l se révèle tre

roche,

ntellectuellement

t

socialement,

u cénacle des

grand vêques

aristocrates

e

Gaule,

souvent

propriétaires

errienst entretientvec eux des liens

épistolaires

olides.

l

ne cesse de célébrer e mode de vie des aristocrates

allo-romains

t leur

excellencemorale. ous ces indices ous

porteraient

confirmer

'hypothèse

d'un Fortunatui-mêmessu du milieu

ristocratique.

utre

on nomcom-

pletcomposédes trianomina

0

(phénomène éjà devenufort are), armi

lesquels igure

enantius

porté ar

de hauts

ersonnages

esVe tVIe

iècles,

et sonéducationittéraire

aractéristique

es fils e bonne

amille71,

ortunat

semble

évéler ans sa

poésie

des

aspirations

t des

préoccupations

arac-

téristiques

e ce milieu.

Dans sa

retraite

onacale

emporaire,

candée

par

une

poésiereligieuse

ux motifs

nvariablement

rcadiens,

t dans on souci

de

perfection

orale,

otre

oète

e fait 'émulede l'aristocrateomain

ui

veut 'extraire e la vie officielle

our

méditer,

ans a solitude t a

nature,

sur 'essencedu

pouvoir

t

de

la

richesse

t sur a nécessité

e la

piétépour

garantir

ondamentalementes vertus

ntérieures,

euls biens

précieux.

e

déraciné talien emble voir rouvé ans a maîtriseittérairen anoblisse-

ment

ui

se substitue

la

richesse t à l'influence

e

notable

u'il

ne

possèdepas.

Mais

parallèlement

l

découvre ur e sol de

la

Gaule

mérovingienne

des

ardins

piscopaux, oyaux72

u

monacaux,

abités

ar

des

personnalités

d'envergure,aïques

ou

religieuses, ropres

réactiverhez ui des tendan-

ces

à l'ascétisme

ristocratique

omain,

u seinmême 'unecarrière e

poète

d'apparat.

'Arcadie

chez

Fortunatst donc

oin

d'être

'appareil

onvenu

d'une culture

clérosée,

uisque

a

poésie

se libère n

partie

e l'érudition

mythologique73.

lle est au contrairee

signe

d'un choix ittérairet idéo-

logique

out fait

riginal

elle manifesteertes a volonté e concilieres

beautés e

Virgile

t cellesdes textes

aints,

mais lle

tente ussi

d'exprimer

l'essentiel

e

l'aspiration

mystique

'une classe

dominante,

ui

veut onti-

nuerd'asseoir sa suprématieinancièretpolitique ur unprestigemoral.

L'Arcadie déalisece mode de

vie,

et constitue

n

paradigme pposé

aux

forces ulturelles

ubversives

ui

menacenta latinité. ans ce

vr

siècle où

l'attrait 'une

puissance

nvisible

st

tout ussi tentant

ue

la richesse

maté-

rielle,

ortunat

ropose

l'aristocratie

ranque

n

complément

sa conver-

sion collective l'accès

individuel ux ressources ivines.

Dans cette

erspective,

eut-être

erait-ilntéressant

'examiner

a

pro-

duction ittéraire

ontemporaine

e

Fortunat,

otammentelle de

Grégoire

70.Venantiusonoriuslementianusortunatus.

71.Voir .

Reydellet,

p.

it.,

.

VIII.

72.VoirepoèmeI, concernante ardine areineltrogothe, pouseeChildebert,roi eParist ilseClovis.

73.

On onstateararetées éférences

ythologiques

hez

ortunat,

ompris

anses

ran-

des

ièces

fficielles,

pithalames

u

panégyriques,

édiées

Sigebert

tBrunehaut

our

eurs

oces

(VI, ),

Charibert

VI,

),

lareineheudechilde

VI, )

par

xemple,iècesue

'on

pposera

celles umême

enreomposéesar

idoine

pollinaire

t

ui

e

signalentar

n

éploiement

mythologique

onsidérable.

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Médiévales1, utomne996,p. 29-145

Pierre

SÉLAMME

«

LA PIERRE

ET LA

PORTE

»,

UNE MÉSAVENTURE IGNORÉE

:

NOUVELLE

APPROCHE DES HUITAINS

XCV

ET

XCVI DU TESTAMENT

DE

VILLON

«

Soyons

éalistes

il

n'estrien e

plus

significatif

qu'un

texte ffirmanton divorce 'avec e sens.

'

«

La

pierre

et la

porte

»

XCV

Item,

maistre ehan

ornu,

990

Autre ouveau

aiz lui vueil

faire,

Car

l m'a

tousjours

ubvenu

A mon

grant esoing

t affaire.

Pour

e,

le

ardin

ui tranffaire 994

Que

maistre ierre

obignon

M'arenta,

n faisant effaire

L'uys

et redreciere

pignon.

XCVI

Par faulte 'un

huys 'y perdiz

998

Ung

grez

t

ung

manche e

houe.

Alors,

uit

aucons,

on

pas

dix,

N'y

eussent

as

prins

ne

aloue

L'ostelest

seur,

mais

qu'on

e

cloue,

1002

Pour

nseigne

mis

ung

havet,

Qui

que

l'ait

prins, oint

e

m'en oue...

Senglante

uyt

t bas chevet

2

1. U.

Eco,

es imitese

'interprétation

Paris,992,

.

18.

2. Touteses eferencesextuelles

ontxtraitese

1

ditionuivante

Le Testament

ulon,

J. ychnertA.

Henry

d., enève,

roz,

974.

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130

P.

SÉLAMME

L'énigme

Meurtrier

'un

prêtre,

rançois

Villon

déjà

s'enfuir ne

première

fois

uand,

in

456,

econde

uite,

l écrit on

Lais

prétendant

evoir

uitter

la très moureuse

rison

ans

aquelle

e maintientnebellerebelle.

'enjeu

du Lais

est

udique,

Villon

e

fait

es

griffes,

ffûtees

pointes.

Mais

lorsque

cinq

ans

plus

tard,

n

1461,

l

annonceun autre

départ,

ien

plus grave

celui-là,

'enjeu

est

autre,

l

s'agit

du

voyage

sans retour

il

rédige

on

Testament.

Il

est définitivementaincu

par

es aléas de la

vie,

sous a

mauvaise

étoile,

aturne. a fortune

ui a été

catastrophique

t

il sait

qu'on

ne refait

pas sa vie au MoyenAge la vie esttropbrève, es occasions rop ares.

S'il

n'a

rien

léguer,

l

a des

comptes régler.

l

joue

sur es deux sens du

verbe atin estari

n'oublions

as que

Villon

est,

ou a

été,

clercet

que

le

français

n'est

pas

encore la

langue

officielle)

d'une

part

«

prendre

témoin etd'autre

art

exprimer

es dernièresolontés . Les deux

parties

du

texte

orrespondentrosso

modo cette

oubledémarche

usqu'au

vers

777

il

tente ne

auto-justification,

es

douze centsvers

restants

raitantes

legs

et c'est

presque

exactementu centre u Testament

u'affleure

et

écueil

émantique

edouté,

éritable

nigme

ans

'énigme,

es huitains

CV

et XCVI.

Dès

l'origine

es

16

vers nt

posé

des

problèmes

ux scribes le huitain

XCV offre 2 variantesmanuscritesquant u huitainXCVI - que P. Le

Gentil

ualifiait

obremente

«

strophetrange ui évoque

unemésaventure

ignorée

3

-

il est

supprimé

ans e manuscrite

l'Arsenal,

t

déplacé

dans

celuide

Stockholm

our

aire uite u XCIX.

Ces

deuxhuitainsont

éputés,

à

juste

titre, bscurs,

ans

doute

parceque

les

systèmes

e

brouillage

t de

codage

mis en

place atteignent

eur

plus

redoutable

fficacité,

t

les inter-

prétations

roposées

usqu'à

ce

jour

n'ont

guère

onvaincu dans eur di-

tiondu TestamentJ.

Rychner

t A.

Henry

vouent,

propos

u vers

1004,

se

«

résigner imprimer'incompréhensible

4,

et de son

côté,

e villonien

I.

Siciliano

raille

les

diverses

hypothèses uggérées

mais n'en

propose

aucune5.

J.

Dufournet ait

pour

sa

part

de ces deux

strophes

n

exemple

privilégié d'équivoque

et de destructionu

langage

6

: si le

langage

st

bienun« principe e classification,ne ntroduction'un ordre aturel7,

le détruire'est donc nstaurere chaos. Et Villon va mobiliser outes es

qualités

e

poète,

ous

es

dons

prodigieux

e la

parole,

outes

es ressources

de son humour

évastateur,

t aussi toute a

quérulence

u'il porte

n lui et

les mettreu service

e ce désir e ruines. hétoricien

rillant,

héritiere

la tradition

ongleresque

8,

l

utilise outes es

possibilités

u

langagepour

nous

fourvoyer

ncore.

l en

oue

avec une subtilité

éconcertante

de la

plaisanterie

alace,

u sous-entendu

bscène,

ux

allusions

raveleuses,

ux

ambiguïtés

ntretenues,

ilées

usqu'au

raffinement,

usqu'à

des

eux

de lan-

gue

se

déployant

ans un air raréfié

'initiés,

oired'herméneutes.ace à

3. P.LeGentil,ours'Agrégation,orbonne,967.

4. Le

Testament.

illon

I,

Commentaire

p.

147.

5. 1.

Siciliano,

ésaventures

osthumes

eMaître. Villon

Fans,

973,

.

7.

6.

J.

ufournet,

ouvellesecherches

ur illon

Paris,980,

.

1-63.

7. F.de

Saussure,

ours

e

inguistiqueénérale,

aris,

975,

.

5.

o. J.

ufournet,

p.

it.

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«

LA

PIERRE

T LA

PORTE

,

UNE

MÉSAVENTUREGNORÉE

131

ce « virtuose e l'indicible il nous fautdonc livrer ci « la batailledu

sens 9.

Un

charivari

?

À

l'origine,

n charivari

lieu communune

topique

thème

écurrent

davantage

ié au

contenu)

0. uis une

explosion

e sens

le

poète

va

libérer,

déchaîner outce

que

cettemanifestationontient e

jeu,

mais aussi de

trouble,

e

virulence,

e

violence11,

e

mascarade,

e

railleries

éroces,

e

dérision.

À la foisugementtrevendication,e charivarianctionnaitublique-

ment

et

cruellement

)

des faits elevant e la vie

privée,

e

l'intimité.lus

particulièrement

eux relatifs la

conjugalité

t à la

sexualité,

arexemple,

un

mari

cocu,

ou une veuve se

remariant,

estreignant

insi

e choix des

futurs

onjoints.

Il ne faut

as

assimiler e

tumulte un

simple

vacarme le charivari

pouvait

tre iolent t durer

lusieursours.

Cette

manifestation

'avait ien

d'innocent t

l'Église

la condamnaitomme

portant

tteinte

u sacrement

du

mariage,

ommeune

résurgence

u

fond

aïen.

l

est

probable u'elle y

voyait

ussi un

empiétement

ur ses

prérogatives

le

contrôle e la vie

privée.

e

concilede

Bayeux

en 1369

précisait,

ne fois

encore,

ue parti-

ciper un charivarimettaitn étatdepéchémortel. t onpeut omprendre

toute

a

charge

motionnelle u dramedu

«

Bal des ardents

,

en

anvier

1393,

uand

e

peuple pprit ue

cettemascarade tait n réalité n

charivari

«

en

l'honneur

d'une Dame

de la reine se remariant

our

a troisième

fois

2

.

Villonrecourt-il la traditionittéraire édiévale Le thème

u cha-

rivari est en effet

réquent

t,

par

bien

des

aspects

t

péripéties,

a

«

san-

glante

uit de

Villon

rappelle

elle décrite

ar

Raoul Chailloude Pestain

(mort

n

1337)

dans e Romande Fauvel

qui

nous montre

auvel,

réature

diabolique,

ictime 'un charivarixtraordinaire.anifesterontre e Dia-

ble ne

pouvait

onstituern

péché

Et la nuit e Fauvelestainsi

gravement

perturbéear e tapaged'énergumènes aniant ntre utres outils14es« havets , et n'hésitant as à briser es portes t à jeterdu bren 4au

visage

des

passants,

out ela au milieude hurlements5.

La malencontreuse

quipée

nocturne e Villon

témoigne

lle aussi de

«

havet et de

«

porte

racturée : si la

portemanque,

'est l'invasion es

forces u

mal,

e monde e délite ans a confusiont e vers

1002

exprime

cette

ngoisse

9. G.

teiner,

éelles

résences

Paris,972,

.

et13.

10.P.

Zumthor,

ssai e

oétique

édiévale,aris,

972,

.

83.

1

Qui ouvaitégénérer

n iol ollectif.

12.F.Autrand,harlesI, aris,992,. 01.13.A.Mary,aFleure apoésierançaisees riginesusqu'àafin u v iècle,aris,

1951,

.

85-488.

14.

Bren,

ran

Io

Son.

°

Partie

rossière

u on. °

Rebut,rdure,

xcrément

,

d'après

A.J.

reimas,

ictionnairee 'ancien

rançaisusqu'au

ilieuu iv

iècle,aris,980,

.

2.

15.Cf.Gervaisu

Bus,

eromane

Fauvel,

.

Lângfors

d.,

ew

ork,

ohnson

eprint,

1968,

. 79-761

e

'interpolation

eChailloue

Pestain,

.

164-167

NdlR).

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132

P.

SÉLAMME

Tostel stseur,maisqu'on e cloue « cloue du verbe clore ].

Mais le

texte

it

peut-êtrelus.

À

propos

e

«

hurlements

n'y

aurait-il

pas

un

eu

de

mots

Au vers

97

nous vons a

graphie

ys

au vers uivant

huys

la

présence

u

«

h

»

suggérait-elle

hui

hurlement? Au vers

874

de La Prise

d'Orange,

par exemple,

n

peut

relever

A

sa voixcler

ommença

huichier.

6

Le thème u charivari vait tout

pour

séduire e

poète.

Cette

parade

sauvage

mal

contrôlée,

e désordre e la rue

par

biendes côtés

acrilège

t

sadique si onpeutrisquer etanachronisme),es victimesivrées la vin-

dicte

populaire, resque oujours

es

femmes,

es motifs

resque oujours

d'ordre

exuel,

toutcela ne

pouvaitque

le fasciner.

À ses

humiliations

s'ajoutaient

elles des autres le malheur autrui

ffre, élas,

des consola-

tions.

Du charivari à l'émeute

Bien

qu'interdit

ar

a

loi,

le charivari tait

plus

ou moins oléré ar

ses victimes 'en étaient

uittes

e

plus

souvent

ue pour

des

séquelles

psychologiques.onarrêt tait égociable quelquespièces, uelquesmenus

cadeaux.Les

pouvoirs ouvaient

e considéreromme

un

exutoire.

Mais dansces deuxhuitains n autre

hamp émantique

'ouvre,

utre-

ment

nquiétant

celui

de la mort t de la violence.

Senglante uyt

t bas chevet

Cette

mésaventure

gnorée

apparaît

iolente t

brutale,

onforme

l'époque

comme u

poète.

Périlleuse les

usages

du

temps

aisaient etirer

traversint oreillers

ux moribonds

our

aciliter le

passage

...

«

bas che-

vet

(vers 1005).

Coutume ttestée

arShakespeare

ans Timon

'Athènes

acte

V,

scène

3

:

Pluck toutmen's

pillows

rom elow heir

eads17

L'adjectif

verbal

englante

trèsusitéau

Moyen Âge,

a un sens très

fort

nuit

pourrie

,

«

putain

e nuit

»

J.Dufournet ote

qu'il peut

tre

inséré ans un contexte e

mort

«

mourir e

sanglante age

18.

Nuit

dangereuse

onc

«

à en crever .

Nuitdes

«

longs

outeaux sans

doute le manche e houe sert

'arme,

out

omme e

grès.

C'est

avec une

pierre ue

Villon tenté

vec succès

d'achever,

orsde la rixede

uin

1455,

sonadversaire

hilippe

ermoise. t

que penser

u

«

havet

,

arme e

poing,

instrumenttilisé

our

crocheteres serrures C'est aussi

l'outil

qui sym-

bolise e Diable dans es tableaux e Jérôme osch.

16.Cf. a

prise

'Orange,

aris,

967.

17.The

omplete

orks

f

William

hakespeare

Londres,

978,

.

89.

18.J.

ufournet,

p.

it

,

p.

7.

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«

LA PIERRE

T LA

PORTE

,

UNEMÉSAVENTUREGNORÉE 133

Poursuivantes travaux e mise à jour,de décryptage,e classement

des archives elatives cette econdemoitié u

xve

iècle,

menés

ar

Marcel

Schwöb et

AugusteLongnon,

ierre

Champion

nous

propose

deux nuits

villoniennes,

'une de

décembre,

'autrede

mai,

qui

à

défaut 'être oman-

tiques

ont éellement

anglantes

9.

Le

6

décembre 452

,

lorsd'une fête es

«

écoliers la

pierre

itedu

«

pet

du diable est ncore ne

fois

déplacée,

t unefois ncore es ncidents

avec les

gardiens

e l'ordre

égénèrent.

a maison

ù s'étaient

éfugiés

es

étudiants

st

prise

d'assaut

l'huis est forcé t

brisé,

n

y

trouve es ensei-

gnes

volées,

des

crochets,

es couteaux t des havets

nsanglantés.

a mai-

son est

pillée,

es

gardiens

e l'ordre

récupèrent

entre utres a literie

Villonyfait-il llusion uand l qualifie ettenuit e « bas chevet ?

La tension este ive entre es

«

écoliers

et es forces

e l'ordre une

trentainee

eunes

gens

restentncarcérés. e

9

mai

suivant,

eux-cimani-

festentne

fois

ncore,

xigeant

a libératione leurs amarades. e recteur

est

invité

négocier

vec le

prévôt

ce dernier

ccepte

de recevoir ne

délégation

'étudiants

ous deuxconditions

qu'ils

se rassemblent

argrou-

pes

de huitmaximum

Alors,

uit

aucons,

on

pas

dix

vers1000)

et

qu'ils

ne soient

as

armés.

La négociationemble boutirmais, u sortir e la maisonduprévôt,la

police

'en

prend

iolemmentux

délégués.

es étudiantsésarmés uient

et courente

réfugier

ans es

«

hôtels et es

«

jardins

alentour.

n

eune

homme st tué.

«

Jardin et

«

hôtel

sont

voqués

aux vers

994

et

1002

la fuite t a recherche

'un

refuge

galement

i l'on

interprète

e la

façon

suivantee vers 1004

Qui

que

l'ait

prins,

oint

e m'en oue

Le

pronom

le

»

pourrait

envoyer

«

ostel

,

et

«

prendre

stel

signifier

se

réfugier

.

Notons

on

emploi

dans a

Nouvelle

omplainte

d'Outremer e

Rutebeuf,

ux vers

54

et

55

:

Quant

'arme eratmisfors

Queil

part orra

le osteil

rendre.

J.Dufournet

n

propose

a traduction

ue

voici

Quand

votre me

en sera

éparée

pourra-t-elle

rouveremeure

Deux autres ccurrencesont relever ans Guillaume e Dole :

19.P.Champion,illon,a vie t on emps,aris,984,. 5-66.

20.Dans on ntroduction

uxœuvrese

Villon,

anlyenseue

a

participation

eVillon

aux roubles

st

lus ue robablep.

V).

21.P.

Zumthor,

aMesureumonde

Pans,

993,

.

1. Maisonthotelsontnterchan-

geables

ans

'usage

ourant,

ais envoient

rincipalement

e

premier

un

âtiment,

e second

l'idée e

éjour

t

e

efuge.

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134 P. SÉLAMME

Il n'estoit as toz a aprendre

il

ala ainz son ostel

prendre

v.

943-944)

Que

cil

chante

romont,

ez vos vallet ontrement

le

degré, ui

ot Tostel

ris

v.

1368-

370)

2

Et dans

a

fin

du

vers,

point

ne m'en loue

»,

le

pronom

en

»

peut

renvoyer,

n

moyen

rançais,

une

personne.

e loerde :

«

suivre onavis

»,

«

s'en

rapporter

». Le sens

serait

«

Quant

celui

qui

s'est

réfugié

ans

les

ardins,

'étaitun

exemple

ne

pas

suivre .

En outre, i l'on saitque le Bobignon u vers995 étaitprocureurun

avoué,

de

nos

ours)

au Parlement ers

1454,

on ne

peut ue

constater

u'il

y

a,

pour

e

moins,

uelques

similitudes 'ambiance ntre es deux nuits

tumultueusest la

«

sanglante

uit du

XCVF

huitain.

Villon chevalier

Si ces

quelques

versn'étaient

u'une simple

vocation e nuits umul-

tueuses

passées

depuis

ongtemps

eur ntérêt erait ssez limité.De tout

temps, olice

et étudiants

nt

aitmauvais

ménage.

es auditeurs

t es

rares

lecteurs e Villon ttendaienteaucoupplus que le rappel 'aventures ontils avaient té

peut-être

émoins u même

complices.

ardelà le contenu

anecdotique,ar

delà même es railleries éroces u

poète,

ls étaient onviés

à

participer

la machinerie

arodique

urdie

ar

Villon.La

parodie

st une

pratique

extuelle ien

plus

subversive

ue

la raillerie u la satire

ui

ne

s'en

prennentu'à

un

«

objet

.

La

parodieparasite

n discours oit en le

rendant

érisoire,

oit en le

dévoyant

e son sens.

Le choix

d'un discours

d'autorité,

ur

equel

aucune ontestation'est

permise, 'impose

donc.

L'auditoire e ce

temps qui

reste ncore cerner t à définir était

bien

plus

attentif,

ien

plus apte

que

de nos

ours

à

décrypter

e

genre

e

discours

erverti,

ouvent rouillé

ar

mesure e

prudence.

a

contempo-

ranéité

ouait

évidemment

on

rôle,

a vie du texte ans es mémoiresvait

aussi son importance.uelquesannées vant a mise au pointde l'impri-

merie,

illon -t-il écu une

période rivilégiée

urant

aquelle

un texte e

devait a survie

u'à

ceux

qui

le

«

savaient ?

Marot,

e

grand oète

de

la

génération

uivante,

rouvait

éjà

dans e Testament

es obscurités ifficiles

à

percer

mais

l

est

vrai

que

Marotn'était

as

parisien.

La tonalité

majeure

es XCVe et XCVF

huitains u Testamenttait n

tout as annoncée ès le

XIe

huitain u Lais

:

Item,

maistre

tier

Merchant,

Auquel e

me

sens

res

enu,

Laisse

monbranc 'acier

ranchant,

Et a maistre ehane Cornu,

Qui

esten

gaige

detenu

Pour

ung

scot

ept

olz montant

22.Cf. .

enart,

uillaumeeDole u eromane

a

rose,

. ufournet

rad.,aris,

979.

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«

LA PIERRE T LA

PORTE

,

UNEMÉSAVENTUREGNORÉE

135

Jeveul, elon e contenu,

Qu'on

leur ivre... n le rachetant

L'obscénité u

registre

e

peut

aisser

uère

e doutes la double

ym-

bolique

du

branc/bren

à la fois

phallique

t

scatologique,

ait llusion la

sodomie,

llusionrenforcée

ar

le

«

tenu du vers

82

qui

a un sens très

fort ainsi aux vers

110-111,

e la

Complainte utebeuf

Que

sontmi amidevenu

Que

'avoie

de si

près

enu

queJ.Dufournet'hésite as à traduirear« Quim'étaientiintimes .

Ce

«

branc ranchantévocation érisoire e

la

virilité st

par

ailleurs

un

egs

nsidieux car trenchier aussi e sensde

«

ôter

'usage

de

»,

deve-

nant onc nstrumente castration.

Si

Villonmanie ommenous llons e voir a

parodie,

e n'est

pas pour

autant

u'il

délaisse a raillerie

Jehan e

Cornu

t

Bobignon

ont

des

pré-

noms t des

patronymesui

lui ouvrent e vastes

erspectives23.

ehan,

ean

c'est

le

prénom

raditionneles

imbéciles,

es

prétentieux,

es cocus. Le

«

Jean

ui

veut n remontrerson curé

,

le

«

Gros-Jean

ommedevant

,

le

«

Jean

ui

rit t le Jean

ui pleure

,

«

le chien

de Jeande Nivelle

,

le

«

Jeandes

vignes

-

autant

e

proverbes

u

d'expressions

ui

l'illustrent.

Quant

«

Cornu

,

une

expressionicarde

t

probablement'ailleurs,

n le

dit de l'hommebafoué ui « ne peutrentrerhez lui [car l ne passe plus

sous

la

porte,

cause des

cornes,

ien

entendu].

24

D'où

cette

orte u'il

faut efairet ce

pignon

ui

doit tre

edressé

(vers

996

et

997).

«

Cornu

était u

Moyen Age

connoté

lus

lourdementncore.Le mot renvoie u

diable

rappelons-nous

e

havet)

la

folie,

t

par

dérision

l'impuissance

sexuelle.Démon

châtré,

idicule,

mpuissant,

ocu,

Jehan

e

Cornun'a

plus

qu'à

attendree

prochain

arnaval

our

tre nstallé rebours urun âne et

être xhibéde

par

es rues Châtiment

abituel.

Il

fallait out e même

beaucoup

d'audace,

bien

que

la verve

atirique

autorise ertains

xcès,

pour

s'en

prendre

vec une telle cruauté Jehan

Cornu, inancier,

eceveur es

Aides,

ecrétaire u

Roi

en

1454,

et de

plus

le métamorphosern bon samaritain,idicule e bonnevolonté olant u

secoursd'un

pauvre ongleur.

A-t-il

eulement onnuVillon Mais notre

poète

n'est

pas

un

ngrat,

l

persiste,

e

puissant ersonnage

ecevra n

gage

de reconnaissancene

maison,

ropriété

nous

verrons

u'il

n'en est

rien

)

d'un certain

obignon.

*

Maison

qui

menace uine

«

Bobignon

,

outre 'allusion

ransparente

à

une bosse

«

bignè, uigne

bosse à la tête

)

qui

suggère

es infortunes

conjugales, ermet eut-être

n autre

eu

de mots

bigner

'est

«

s'esqui-

ver

;

il est

grand emps

n effet e fuir ette onstruction

ui

menacede

s'écrouler

Car l m'a tousjoursubvenuA mongrant esoing r affaire.

23.J.

ufournet,

p.

it.,

.

1-63.

24.

bid.

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136

P. SÉLAMME

Pour e, le ardinui tranffaire...vers 92 à 994)

Les

deuxtermes

affaire et

«

jardin

ouvrent ne autre

erspective,

Villon

uitte

e domaine u sarcasme t de la raillerie

our

ntrer anscelui

de la

parodie.

La chasse

était,

vec

la

guerre,

'activité noble

par

excellence. es

activités

ynégétiques

e traduisaient

ar

deux

argons techniques,

oire

quelquepeu ésotériques

il

fallait n exclure es

manants),

elui de la Véne-

rie et celui de la Fauconnerie. ous

prendrons

e mot

«

jargon

dans le

sens de

«

langue

particulière

arlée

dans certains

roupes

sans

y ajouter

la moindre onnotation

épréciativejargon,

onc,

réservé une élite.

Nous savonsbienque Villon a été,en tant ue créateurmais aussi en

tant

u'homme,

asciné

ar

es

langues,

es

dialectes,

es

argons

latiniste,

il

s'intéresse l'ancien

français,

u

poitevin

t au

jobelin25

domaine

ans

lequel

l

fait

reuve

'une dextériténdéniable

).

Comment

ui,

ravalé

par-

fois au

rang

de

caïman

6

,

n'aurait-il

as

été tenté e

parodier

es

jargons

de chasse réservés l'ordre ominant

De

plus

Villon

oue

au

chevalier,

'occasion

tait elle.

Noblesse,

même

feinte,

blige.

l

ne fautd'ailleurs

pas

attendre'élaboration u Testament

pour

déceler

ette

entation

arodique.

Deux

occurrences,

our

e

moins,

dans e Lais ne laissent

uère

de doute.Voici la

première

JordonnerincipalementQu'onluybaille egierement

Mes

brayes,

stant ux

Trumillieres,

Pour

oyfferlus

honnestement

S'amye

Jehanne

e Millieres ais v.

101-104)

«

Coiffer dans e

argon

de la Vénerie

le

sens,

n

parlant

es

chiens,

de :

«

saisir e

sanglier ar

es oreilles t de

le

porter

terre

.

Ainsi

Villon

lègue

à RobertValee ses

caleçonspour

coiffer

plus

«

décemment son

amie Jeanne.

Et

quand

e

poète,

ux vers

229-232,

du

Lais

auxpijons ui sont nl'essoyne

Enserrésoubz

rappe

oliere

lègue

Mon

miroüerel et

ydoine

Et la

grace

de la

geolliere

Il

y

a là tout n travail

métaphoriquepigeon-prisonnier

cage-cellule

qui

est

évident.

Une

trappe

olière taitune nasse

permettant

la

proie

d'entrer,

mais

non

de sortir.

otons

par

ailleurs

ue

enserrésc'est

«

pris

dans es serres .

Le latin e Villon tait robablementort orrectuisque oncompère

25.Jobelinauxveiècle

angagearticulier

uxmalfaiteurs.

26.Caïmanultimeéchéanceociale.f.

.

Godefroy,

exique

e 'ancien

rançais,

aris,

1990,

.

8

«

Caimanderie,

aimandisemendicitécaimani

mendiant,

uémandeur

.

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«

LA PIERRE

T LA

PORTE

,

UNEMÉSAVENTUREGNORÉE

137

et compliceTabariedéposedevant a justiceen cette angue e 22 juillet

1458.

Le

poète

ne

pouvait as

ignorer ue

«

geôle

»

a

pour

origine

n mot

latin

avea

qui signifie

ussi

«

cage

»

avec l'allusion

ubrique uasi impo-

sée : la

«

cage

»,

enseigne

e

bordel,

envoyait

u sexe

féminin.

omme

l

n'y

a

pas

si

longtemps

«

panier

,

«

panier

leuri ...

Dans ce

champ émantique,

u

premier

bord,

e motmiroüer étone.

Mais le

lexique

de la

Vénerie

eut

nouséclairer

le

«

miroir c'est a tache

blanche

ue porte,

'hiver,

e derrière u chevreuil.

onc :

«

Je eurmontre

moncul

»

ou

«

Je

m'évade .

Le

vocabulaire

e la Fauconnerie27st

plus

explicite

ncore

puisque

e

«

miroir est la

«

fiente

ue

laisse l'oiseau

».

L'interprétation

erait

«

A

ceux

qui

sontdans

la

merde,

e

leur aisse

la

mienne (etpour e quiest de la « gracede la geolliere onpeut upposer

que

Villon ui

lègue

son

salutou

plus

certainement

u'il

laisse

a

«

vertu

ou

«

les faveurs

de cette harmante

ersonne

ses

compagnons

'infor-

tune).

La demeure infernale

Que

Jehan

cornu soitvoué aux

Enfers,

uoi

de

plus

conformeux

Écritures La bête

ux deux cornes

Apocalypse

13,

11),

celle de la

Terre,

faux

prophète

st destinée

inalementux flammes

ternelles. e

legs

de

Villonn'estpasgratuit,et« hôtel entouré 'un« jardin etquesurmonte

un

«

havet outil du diable ressemble

ort un

autre

ardin,

elui

«

des

délices

peint uelque

50 années

plus

tard

ar

J.

Bosch,

parodie atanique

de

l'Èden,

de la Jérusalem

ecouvrée28.

l

s'agit

bien du

«

mal osté

»,

Portel

seignor...

Qui

si fist

ercier

e costé

Pornous

oster u mal osté

(Rutebeuf,

a

Complainte

'Outremer

vers 7

à

70)

de la demeure

nfernale,

e l'Enfer.

Le

bordel

Puisque

Jehan ornu

st munid'un

branc

«

cadeau

»

de

son

ami,

on

peut supposer

ans

trop

de

risques ue

cet hôtel st un

bordel.Parmi es

éléments évélateurs

e la maison de

tolérance,

n

peut

relever ans

le

tableaude J.

Bosch,

Le

Fils

perdu

outre

'huis

brisé,

e

pignon

n ruines

étranges

imilitudes)

es oiseaux

en

cage,

des

pigeons

ur e

toit,

omme

l'hôtelde Cornu

peuplé

d'alouettes

cf.

p.

139).

Et

quand

Villon

s'inquiète

-

que

de sollicitude

-

de la sécurité e ses

pensionnaires

n recommandant

27.Legrandaroussencyclopédique,d. 964,uxntréeséneriet/ouauconnerieonne

la

quasi

otalitées éfinitions

tiliséesci. 'autres

uvrageseuventompléter

M.

'Yauville,

Traité

eVénerie

Paris,

987

Schlegel,

ermann,

raitée

Fauconnerie,aris,

981 t

Poil t

plume

termes

e

hasset

angue

ourante,énerie,auconnerie,

hasse

tir, aris,

989.

28.Le

Jardin

es

élices,

uséeu

rado, adrid,

t

ngénieux

ommentaireseCh.

rost,

LesChardons

t

a

petite

ortue,aris,

992.

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138 P.

SÉLAMME

de le clore, appelons uec'est encette ériode ue les bordels ommencent

à

êtredes

lieux

fermés

les

futures aisons loses29.

En

ce

«

bordeau

ne

«

tenons

as

notre tat

et

ressortons ans ce

jardin.

Pourquoi éguer

n

ardin

On

peut

'interroger

ur e

legs

inhabi-

tuel.

Parodied'un

genrepoétique

minemment

ristocratique,

elui de la

Chanson courtoise Le thème n est constant la belle est au

«

jardin

d'amour» elle

s'y promène,

êvant,

nsatisfaite.a

jeune

fille st évidem-

ment

oigneusementprotégée

,

le

jardin

st clos. Surviente beau che-

valier

qui

la

presse

bien sûr

«

d'ouvrir 'huis

»,

symbole

lair. Au

jeune

homme

e

se montreronvaincant l'issue du débat st ncertaine ais a

cause de l'amoureuxn'est

pas désespérée.

Un

jardin

à la

porte

d'entrée

brisée, t noussommes n présence 'une chanson ourtoise contrario.

Les

jeunes

fillesne seraient

lus

avares de leur vertu.

Quoi

qu'il

en soit

nous revoilàdans e

champ émantique

u bordel.

Ce

jardin

très accueillant est visité

par

des

faucons,

e

qui

nous

oriente

aturellement

ers e

jargon

de la Fauconnerie. u vers

précédent

nous

avons

signalé affaire

c'est

«

la

plus

ou moins

grande

docilitéde

l'oiseau à

l'affaîtage

(au

dressage).

Villonfait-il llusion

roniquement

sa bonne

volonté,

sa

docilité,

uand

JehanCornu 'aidait Le

sens

de

«jardin

»

est

plus explicite,

c'est la cour où sont

xposés

es oiseaux de

vol,

le

matin,

our

qu'ils

prennent

eurs ébats .

«

Donner e

jardin

à

l'oiseau

»,

c'est le mettre

u

grand

ir.

Il nousvient l'esprit ue ces oiseaux xposéspourraienttre es loin-tains

ugures

e ces

prostituées

nstallées errièreeurvitrine anscertaines

villes. Prostituées u

prostitués

Rien ne

permet

e

reprendre

a vieille

antienne 'un Villon soumis

ux

capricespédérastiques

e

puissants er-

sonnages

ommeMarchant

u

Cornu.On

peut

upposer ependant ue

le

milieuhomosexuel u

temps

tait,

lus que

de

nos

ours,

fragile,

ecret,

menacé.Cette

abomination menait out roit

pour

e menu

euple)30

u

bûcher.Milieu

donc en

proie

toute ne faune

nterlope

e

voyous ui

en

vivait.Villon a-t-il

rempé

ans ce

genre

'affaire

Villon et l'amour

On ne sait

pas trop

omment illon connaissaites heurs t malheurs

de ces

puissants,

mais l est trèsbien

renseigné par

e

bouche oreille

Sûrement

il

n'a

pas

choisi es victimes

n

fonction

eulement es

eux

de

mots

ossibles

ur eurnom u

patronyme)

-t-il 'autres ources

ui

restent

à localiser.Notons n

passant ue

Y. Marchantmourut

élibataire,

ituation

qui,

au

Moyen

Âge,

était

igne

d'un certain

empêchement

.

On a avancé

'hypothèse

'une rivalité moureuse

ui

aurait

approché

les deux rivaux ur e terrain e la mésentente.

ifficile

'admettre

u'une

jeune

fille u

MoyenÂge puisse

voir e choix ntre

n

caïman tun

homme

de

l'entourage

u Roi. Villon avait

sans doutedes

appuis,

l

est vrai la

29.Cf. .

Geremek,

es

Marginaux

arisiens

ux

iv t

xv

iècles

Paris,

976,

.

57 t

notes

.

79.

30.Une izainee odomitestaient

rûlés,

ar

xemple,haque

nnéeVenisecette

poque.

A.

Burguière,

istoiree a

famille,

.

Temps

édiévaux

rient,

ccident

Paris,

986,

.

196.

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«

LA PIERRE T LA

PORTE

,

UNEMÉSAVENTUREGNORÉE

139

L'auberge,

ôtel-bordel

J.

Bosch,

e

Voyageur

u le Fils

perdu

vers

1510

détail),

Musée

Boy

mans- an

Beuningen,

otterdam.

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«

LA PIERRE T LA

PORTE

,

UNE

MÉSAVENTUREGNORÉE 141

« Faire

plaisir

un oiseau»

signifie

lui

permettre

e

plumer

ne

perdrix

u

pour

e moinsde lui donner

uelques

coups

de

bec ». L'alouette

pouvait galement

ervir

'appât.

Constatons

ue

nousrestons iendans e

domaine

émantique

u

«

jardin

.

On

etait

lors

la

plume

u vent devant

le

rapacechargé

e la tuer.

Et

si

l'on

pense

que

c'est

l'épervier

et

non

a

grive qui

«

s'esbat

de

oie

»

nousrestons ans es

argons

ynégétiques

«

joie

»,

«

jouir

.

En

vénerie

'animal

jouit

»

quand

l

est admis

la curée

l'épervier

st auto-

risé à

plumer

a

grive ui

bruyt

crie)

rejoint

ar

son

per

(son

égal)

à

«

la

plume

. En fauconnerie

être ressé la

plumée

se ditd'un

oiseaudonné

en

pâture

u

faucon,

t l'on retrouveette

xpression

u

vers721 du Tes-

tament ù Villondéclare

Car

'ay

mis e

plumail

u vent...

Aux

nterprétations

e

J.

Rychner

t A.

Henry

n

peut jouter

elle-ci

«

les

femmes

ue 'ai

aiméesou

convoitées,

e

les

ette

d'autres .

Mépris,

dépit

le suffixe ail

»

(du

diminutifatin

culus)

le

suggère

t le vers

suivant orrobore

'hypothèse

Or ui suive

ui

a actente.

Fairesuite stun terme e Vénerie u sensévident t e verbe atten-dre peut ussi avoir e sens de « désirer :

N'i

a

empereur

e roi

Ne

seigneur,u'il

est

trespasseiz

Mais attendansa asseiz...

(Rutebeuf,

e Dit de

l'hypocrisie

vers

00)

On

pourrait isquer

ette

nterprétation

«

aux michetons

ui

en

pin-

cent,

eux de

ouer

»

C'est encore ans a

poésie

de Rutebeuf

ue

nous rouveronsne onfir-

mation u

fonctionnement

étaphorique

ardin-hôtel/bordel

faucon-chas-

seur/clientalouette-proie/femmehomme ) soumise34

Vostre

previer

unt

rop lus

donte

Que

vos

n'iestes,

'est veriteiz

Cat teil

a,

quant

e

geteiz,

Seur e

poing porte

'aloe

(La

nouvelle

omplainte

'Outremer,

ers

44-1

7

35)

Traduction

roposée ar

J.Dufournet

Vos

éperviers

ont ienmieux ressés

Que

vousne

l'êtes,

parfaitement,

Car l yen a qui, orsque ous es lâchez,Vous

rapportent

'alouette ansvotremain.

34.

À

propos

u .

1001,

prins

ne loue

,

ne

as

mettre

ue prendrepeut

voire ens

érotique

'aujourd'hui.

f.

aPrise

'Orange

v.

1548 Gel uidai

rendre

t stren eu

reable

.

35.

Rutebeuf,

uvres

omplètes,

ans, 977,

vol.

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142

P. SÉLAMME

Villon homme de loi

Certaines ictimes e Villonont té

choisies

arce ue

leur

prénom

u

patronyme

rêtait

e flanc toutes ortes e

plaisanteries

ruelles t

salaces.

Il

est vrai

que

«

SainctAmant au vers

89

du

Lais survient ort

pportu-

nément

prèsque

Villon a

déploré

voir

mourires

«

membres aints

au

vers 8.

L'amantmeurt onc

puceaupuisque,

ans a

langue

cclésiastique,

«

membres

signifie corps

. Le

prénom

atherine,

'une belle rebelle t

cruelle,

ous

rappelle

moins

pportunémentue

le diminutifn est

«

catin .

Mais

quand

Bobignon éapparaît

ans la

mascarade,

u

vers

995,

il

n'est

pas

seulement'hommeberné t

couard

que

nous

savons,

a

petite

histoire ousapprend ienautre hose36.l eutde sérieux émêlés vec la

justice

du

temps, propos,

récisément,

e

rapports

e

ardins

t de

maisons.

Procéduriert

avare,

e

procureur

u

Châtelet e

put

éviter

ue

ses biens

fussent endus à la

criée

(aux

enchères)

n

1454.

Villon

montre insi

qu'il

esttrès ien

renseigné

ur a vie

publique,

ntre

utres,

e ses victimes.

Bobignon,

rocureur

Cornu,

homme

e finance t

d'administration,

elle

occasion

pour

notre

oète

de

parodier

ne autre

angue

d'autorité,

a

langue

juridique.

Ainsi un

autre

ystème

e

significations

a se

superposer

ux

précédents.

Au vers

992,

l'édition

Rychner-Henry

préféré

subvenu au

«

secourru du manuscrite la

Bibliothèque

ationale e

France,

u

nom

d'une plus grande ichesse e la rime vec « cornu . Soit. « Car il m'a

tousjours

ecourru aurait

u marquer

e début

e la

parodie

secors stun

terme e

droit,

'est

«

ce

qui

sert la

défense

uridique

.

Perdu veiz votre abar

C'est a dire

votre ecours

(Rutebeuf,

a

Complainte

u Roi de

Navarrevers

9)

Villon,

oujours lein

de

gratitude,déjà légué

à

ce défenseur

ompé-

tent

au

vers 86 du Lais une

«

ardoisede huit ous ».

Il

ironise,

ous e

savons

bien. D'autant

ue

«

besoin

peut

voirun sens très

ort,

elui de

«

situation

ritique

:

Dieu,

ma force sée en ce besoinme aisse

(Corneille,

Le

Cid

v.

230)

Reste à savoir i

le

poète, ouant

ur e mot affaire

,

cas

judiciaire,

ne renvoie

as

«

besoin

à ce

qui,

en

droit,

tait ne

«

personne chargée

d'avaliserune

ettre e

change,

e la

régler

au besoin .

La reconnaissancee Villonest

népuisable

il va

usqu'à

transférer

Jehan ornuun

ardin

que

lui a

arenté

obignon.Remarquons

n

passant

que

nous

sommes n 1462 et

que Bobignon

vu ses

biens

confisqués

n

1456

Il

est donc fort

robable u'il

ne

possède

plus

ce

jardin.

Le

poète

pousse l'ironiefort vant, ar c'est sur une affaire 'arréragesmontantd'une

rente,

ersé échéances

onvenues)

t de

réparations

e bâtimentst

de clôtures

ue

la

confiscation

ut

ieu.

36.P.

Champion,

p.

it.,

.

5-66.

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«

LA PIERRE

T LA

PORTE

,

UNEMÉSAVENTUREGNORÉE

143

Le vocabulaireuridique emande e la précisionuntransfertst« un

acte

par equel

une

personne

ransmetn droit une autre

,

et arenter

'est

«

donner bail ou à

ferme

,

le locataire '

engageant

cultiveres terres

et/ou

everser ne

partie

es

produits

es bénéfices ur eurvente.Ce

sys-

tème

permettait

ux

propriétaires

'imposer

bien des

exigences.

Dans la

langue

familière,

'expression ça

faitun bail

»

est restée.

Villon

ègue

donc Cornu

e

droit e

payer

es échéances t de cultiver

un

ardin

Cocasse,

le retour

la

terre

e ce

puissant

ersonnage,

urtout

quand

on sait

en

quelle

estime tait enu e vilain D'autant

ue, orsqu'on

connaît

'esprit

etors e

Maître

rançois,

n

peut

e demander'il n'a

pas

en tête e

«

bail à

complant

qui imposait

a culture et ce mot

omplans

au vers31 du Lais autorise outes ortesd'allusions salaces amoureux

insatisfait,

illondécide

Planterme fault 'autres

omplans.

Le

gérondifui

suit

Que

maistre

ierre

obignon

M'arenta,

n faisant effaire

L'uys

et redreciere

pignon

(vers

95 à

997)

a été

compris

omme

yant

aleurde

condition,

s'il

répare

a

porteet epignon . Mêmeconstructionyntaxique, ême ens, oujours propos

du malheureux

ornu,

uand

Villon ui

lègue

son branc

Je

veul,

elon e

contenu,

Qu'on

eur

ivre... n le rachetant

{Lais,

vers 7

et

88)

«

S'il le rachète

est un sens d'autant

lus probable ue l'épée

est

détenue n

gage

et

que

le

pauvre

Jehan

st voué

à

régler

es ardoises.Mais

J.Dufournet

souligné

outes

es

ambiguïtés

e cette orme

yntaxique

hoi-

sie

à

dessein

pour

brouiller

es sens. Le

gérondif également

ne autre

valeur,

elle

de la

simultanéité,

t

e

poète

'utilisenaturellement.

imitons-

nous à deuxemplois

Finablement,

n

escripvant,

J'ouys

a cloche

de Serbonne.

(

Lais vers 73

et

276)

Et dans e Testament

ux vers

98

et 101

En cheminantans

croixne

pille,

Dieu...

Me monstranebonne

ille.

Villon ne joue-t-il as surcette utrevaleur Ce serait lors Pierre

Bobignon ui,

au moment e

1'«

arentage

,

aurait ait

reffaire

'uys

et

redrecier

e

pignon

. On

peut

voirune

vague

ntuition

ur e

que

pourrait

37.J.

ufournet,

p.

it.,

.

1-63.

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144

P. SÉLAMME

« refaire ou « redresser ce propriétairevareet chicanier ce sont e

montant es échéances

ues

par

e locataire.

L'un des sens

de

refaire

n

français

lassique

est

«

redonner e la

vigueur

(on

reposait

es chevaux

our

es

«

refaire

)

et 1'«

uisaige

était

un

impôt

ur es

portes

ui annonçait

elui sur es

portes

t fenêtresmis

«

en

vigueur plus

tard. ierre

obignon

urait-il

oncfait

ugmenter

ette

taxe? Redresser

e

pignon uggère

our

a

part

un

eu

de mots

plus

com-

plexe.

Dresser

est un terme

e

droit,

ui signifie

rédiger

ans es

formes

prescrites

(sens

qui perdure

«

on dresse

ontravention

). Que

peut

donc

«

re-formulerle

propriétaire

Est-ce e

pignoris

apio

droit e

certains

créanciers

e saisir

es biens de leursdébiteurs

t de les retenir

n

gage

?

Ou la vente e cettemaison -t-elle té« pignorative, c'est-à-direue le

vendeur

'est réservé

e droit e

reprendre

a

«

chose

»

dans un délai fixé

L'acquéreur

ayait

videmment

es traites

u

propriétaire

éel ce

procédé

plus

ou

moins

oléré,

ermettait

e contourner

e

prêt

suraire t

était ré-

quemment

tilisé

précisément

en cas de

relocation.

omme

on le

voit

ce

«

transferts'effectue

oncdans

es

pires

onditions

t 'on

imagine

mal

ce

qui pourrait

e rendre

lus

catastrophique

Le chaos

et l'étoile

Tout nsachant,omme e remarquait . Yourcenar,ue « lemystère

se reforme errière

'explication

t demeure

ntact

38,

spérons

ue

notre

essai n'a

pas

été

vain.

Car

au revers

e cette

frénésie élirante u lan-

gage

»,

on décèle

un Villon

maîtrisantout

fait ette

vertigineuse

ita-

nie ». Villon

reprend

n

procédé u'il

a

déjà

utilisé

une mésaventure

er-

sonnelle nsérée ans

une

topique39.

l

transpose

e

charivari n tumultes

beaucoupplus

graves

uxquels

l a sans

doute

participé

t

durant

esquels

il

a dû

risquer

a vie.

Mais ces aveux

ont oilés

puisqu'

ussitôt

e

poète

e dérobe.

e

«

pau-

vre écolier

révolté,

e voici chevalier

uis

homme e

loi

;

et c'est d'une

voix

presque

ienne

u'il

va recourir leur

angage.

Derrièrees

masques

-

et on choisit esmasques on a pudevinera détresse e l'homme. aceà uneréalité raumatisante,elle de son dentité échue t celle d'un monde

impitoyableui

l'a

rejeté,

illon

oppose

un double

déni

il se

veut

insai-

sissable

-

dans tous

es sens du terme

,

dans un

monde

u'il

va rendre

incohérent,

nintelligible.

Démarche estructrice

rès laborée.

a

parodie

mplique

a

question

qui parle

La

perturbation

e la fonction

e

désignation

u

angage

ait

ue

nous ne savons

plus

«

de

quoi

l'on

parle

. Pour nvalider

es

systèmes

référentiels

l

joue

sur deux

registres

la

polysémie

t la

fragilité

e tout

système

ymbolique.

ystème

nstable,

ontradictoire

uisque

sa fonction

est de lui faire

xprimer

utre

hose

que

ce

qu'il

exprime40.

t la finde

xve

38.Lettresses mist quelquesutres,aris,995,.160. etteemarqueépondun

essai ur . osch.

39.

Testament,

.

57

celle e 'amoureux

ossé

,

llusion

robable

une uisante

écon-

venue.

40.Par

xemple,

a rose

symbolise

u

Moyenge

ussi

ien a Sainte

iergeque

e

pucelage

émininle acrét

e

profane.

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«

LA

PIERRE T LA PORTE

,

UNEMÉSAVENTURE

GNORÉE 145

siècle estpropice ce genre e démarche le symbolismest en effet ans

une

période

de déclin et laisse

apparaître

es

signes

d'usure nflation-

niste .

Si,

comme e dit

Nietzsche,

il

faut

porter

n soi le

chaos

pour

être

capable

d'enfanterne étoile

43,

e

vouloir

bsent

u

monde e

1'«

insigni-

fiance n'est

pas

sans

risques.

ette ltime

chappatoire,

réatricee

grande

poésie,

n'a sûrement

as

résolu a situation

ngoissante

e

Villon.

Pierre

Sélamme,

8,

place

du Puits

Malescot,

-773 0 Boissise-le-Roi

« La

pierre

et la

porte

,

une mésaventure

gnorée

nouvelle

approche

des

huitains

XCV et XCVI du

Testament

e Villon

Cettenouvelle

pproche

es

45e

t

46e

huitains u Testamente

Villon

se

propose

e suivre a doubledémarche

engeresse

u

poète.

L'évo-

cation

'un monde nversé e

violence t a re/créationu Chaos face

au monde

ui

l'a

rejeté.

Villon charivari émeute

jardin

d'amour bordel chaos

«

The Stone and

the

Doorway

»,

an UnknownMisadventure

A

NewApproachto the 45thand 46thoctetsofVillon's Testament

The

new

approach

o the

45th nd 46thoctets

f

Villon's Testament

proposes

o follow

he

poet'svengeful

ouble

path, voking

he nver-

ted world

of violence nd

the re/creationf Chaos

confronting

he

Worldwhichhas

rejected

t.

Villon charivari

uprising garden

f ove

-

brothel chaos

41.J.

Huizinga,

čDéclinu

Moyenge

Paris,967,

.

1 -223.

42.Par

xemple

anseRetablessenheimeGrünewald

1512),

olmar,

useees

Unter-

linden,

a

Vierge

st

signifiée

10 ois

43.

«

Manmuss och haos

n

ich

aben,

m inenanzenden

tern

ebaren

ukönnen.

,

Also

prach

arathustra

Stuttgart,

.

Kröner,953,

arathustrasorrede

,

p.

13.

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Médiévales1, utomne996,p. 47-153

NOTES

DE

LECTURE

Pierre

iché,

etite iede saint

Grégoire

e Grand

Paris,

esclée

de

Brouwer,

1995,141p.

C est

toujours

n

xercice

ifficilee

présenter

ne

biographie

ssez ourte

d un

grand ersonnage.

. Riché

déjà

eu occasion e

présenter

aint ernard

dans ette ollection es

«

Petites

ies

,

intermédiairentre n article

ency-

clopédie

t

unevraie

iographie.

n saura

l auteur u souci

pédagogique

de cette

résentation

unedizaine e

chapitres

lairement

istingués

de nom-

breux ous-titres

t

des

paragraphes

ourts un ensemble e données

ratiques

très tiles une

chronologie,

n choix

de

quatorze

xtraitses œuvres e Gré-

goire,

ne

rapide

maisutile ntroduction

ibliographique,

eux

artes,

ans

par-

lerd une

conographieriginale

la

statue e saint

Grégoire

u

portail

ud

de

Chartrest

sept

miniatures

e manuscritses xi-xiieièclesmalheureusement

ennoir t blanc auf illustratione couverture).

Le

premier

hapitre voque

a famille e

Grégoire,

on enfance

t

le

contexte

istoriqueénéral.

e futur

ape

estné vers 40

dans

une

famille e

la haute ristocratieénatoriale

omaineiée à

l Eglise

deux

papes,

Félix

II

(483-492)

t

Agapit

535-536)

n étaientssus.

l

faut elevere caractèreris-

tocratique

t romain e ses

originesui permet

e

comprendre

importance

e

la culture

hétorique

t

uridique

ans a formationu

euneGrégoire.

n

autre

aspect

ssentiel

e la

biographie

e

Grégoire pparaît

ans

ce

chapitre

une

enfance Romedans es

années 0 et 50 du

vie

iècle,

nnées urant

esquelles

la

Ville a été à

plusieurs eprises

ssiégée

t

prise

antôt

ar

es

Ostrogoths,

tantôt

ar

es

Byzantins.

n a du malà évaluer e

que pouvaient

tre es mal-

heurs u

temps,

e sentimentun

monde

ui

s écroule cette

xpérience

st

incontestablementondamentalelus ard ans œuvre upape.Aprèse court

répit

e la restauration

ustinienne

ù l auteur itue vec

ustesse

a formation

scolaire e

Grégoirerâce

la restauration

es chaires

enseignement

Rome,

les malheurses

temps

ont

as

cessé,

ormant

insi

arrière-planragique

e

cette

iographie.

eut-être ailleurs

auteur urait-il

u

nsister

avantage

ur

cet

aspect.

Ainsi ne

donne-t-il

as parmi

es extraits

hoisis e texte une

homélie

urEzéchiel

voquant

a

fin

e

Rome, exte,

l est

vrai,

ien onnu.

Après

un

passage

la

préfecture

e la

Ville,

Grégoire

e convertiters

574. La conversion

ignifie

ci un

changement

e

vie,

e renoncementla vie

du siècle u

profit

unevie

monastique.

e monachismeriental était

epuis

longtemps

cclimatén

Occident

râce

n

particulier

Cassien

début

u

Ve

iè-

cle)

qui

exerce ne

grande

nfluence

ur

Grégoire.

n ne

peut

ublier on

plus

la figurenpeumystérieusee Benoît. usqu à neépoquerécente,régoire,

auteur e la

vie

de saint

enoît ans es

Dialogues

était

onsidéréomme n

des

premiers

énédictins,

est-à-direbservanta

règle

bénédictine.

n sait

maintenant

u il

n enestrien

t P. Riché itue ien es

perspectives

ctuelles

grande

iversité e

règles

t

d usages monastiques

u vie

iècle,

commune

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148

NOTESDE

LECTURE

influencee Cassien urBenoît tsurGrégoire,résence Rome, u Latran,

de moines

yant

ui a destructionu Mont

Cassin

par

les Lombards

que

P. Riché situevers

585).

La vie

monastique

st

conçue

comme e meilleur

moyen

accéder la

contemplation

e Dieu. Le monachismee

Grégoire

une dimension

mystique.

ependant

es

compétences,

ntellectuelles,

uridi-

ques,

sont

rop

tiles u

pape Pélage

I

qui

le nomme

pocrisiaire

nonce)

Constantinople

ù

il

demeure e 579 à 589

environ,

ié de

près

la cour

mpé-

riale.C est ainsi

qu il entreprend

e commentaireu livre e

Job,

aste om-

mentairen 35

livres,

œuvre

majeure

e l écrivain

régoire,

ource e médi-

tation

our

out

e

MoyenÂge

occidental. es Moralia n Jobveulent ussi

manifesterne

méthode

exégèse

la

lecture e l Ecritureelon es trois

ens,

littéral,llégorique, oral,méthodempruntéeOrigènetque Grégoireontri-bue

puissamment

transmettreuxsiècles uivants.

Quatre

hapitres

ou

même

inq

i l on

compte

e neuvième

hapitre

«

le

premierape uropéen

)

sont onsacrésu

pontificat,

elon ne

gradation

om-

modemais

peut-êtrerop ystématiquel évêque

de

Rome,

e

métropolitain,

e

patriarche

Occident,

e

pape.

C est

qu en

effet activité u

pontife partir

de son

entrée

n fonctionn 590 nous st ssez bien onnue

râce

la conser-

vation

artielle

u

registre

e ses lettres. est là une source

historique

e

premièremportanceui

éclaire

de

nombreux

spects

e

la

fin

du

vie

iècle.

Grégoire

st alors

capable

de

poursuivre

es

aspirationspirituelles

es

plus

hautes,

omme attestentédition es Moralia t es commentaires

ur

e

pre-

mier ivredes

Rois

et sur e

Cantique

es

Cantiques,

e

ouer

pleinement

e

rôled évêque tdeprédicateurans es Homélies ur Evangilet es Homélies

sur

Ezéchiel

d être

ar

a force es chosesun administrateurt même nchef

politique

e

grande nvergure.

n

petit

raité,

a

Règle astorale

rédigé

ès e

début u

pontificat,

ontreommentn

évêque

doit anscesse faire e va-et-

vient ntrees

activités

emporelles

t es

aspirationspirituellesour ouvoir

assurer

leinement

a fonctione

prédicateur.

es

Dialogues

nfin,

écits

it-

toresques

e vies de saints taliens

u vr

siècle

font e lien entre ne

culture

savante

ue

maîtrise

arfaitement

régoire

t une culture

opulaire u il

ne

méprise as.

L auteur

onsacre n

chapitre

«

Grégoire

rophète

,

expression

ienve-

nue

pour

elui

qui

a commentézéchiel

t

tout

pécialement

es

passages

es

plus

difficilesla vision nitiale u char t a

description

inale u

Temple.

e

commentaire,omme oute œuvre eGrégoire,stmarqué aruneforteers-

pective schatologique.

videmmentes malheursu

temps voquésplus

haut

sont l

arrière-plan

e cette

schatologie

t l n est

pas

ndifférenton

plus

de

ce

point

e

vue

que Grégoire

it ommentée livre e Job.

ependant régoire

n est

ni

défaitiste,

i fataliste

puisque

a

fin

st

proche,

l

faut u contraire

hâter a conversion

ersonnelle

t

collective,

l intérieure

Rome,

omme

l extérieur,

ers es

peuples

ncore

aïens.

a volonté e réformetde diffusion

du

message

hrétiene manifesteansune

arge

ision u monde de

la Perse

et de

l Egypte

usqu à l Espagne

t

l Angleterre.

est

précisément

ans

a

conversiones

Anglo-saxonsue

Grégoire

onnaît on succès

posteriori

e

plusfrappant.

et

épisode

aut ienun

hapitre,

ù

on voit

omment

régoire

a voulu

ette

mission t ui a consacré

eaucoup énergie

t

de

moyens.

La missionnglaise,ndeçàde l eschatologie,oulève nproblèmeis-

torique ue

l auteur

voque

peut-être

rop apidement

t

de

façon rop

llusive.

M.

Reydellet magistralement

ontréomment

régoire

st à la source un

grand

asculement

istorique

t

géo-politique

e

la

papauté

omaine

renant

ses distancesvec

Byzance our ouer

a carte es

royaumes

arbares

cciden-

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NOTES

DE

LECTURE 149

taux.On saitqu au vnieièclece basculemente manifestear étroitesso-

ciation e la

papauté

omainet d une

monarchie

ranque

n

plein

ssor.

Mais

qu en

est-il xactement

la fin u

VIe

iècle

Jusqu à uel point

régoire

-t-il

rompu

vec

Byzance

omme

indiquent

es relationsifficilesvec

empereur

Maurice t

a controverseur e titre

œcuménique

du

patriarche

e Constan-

tinople

Jusqu à uel pointGrégoire

-t-il u conscience

e favoriserascen-

sion

politique

es

royaumes

ccidentaux

n soutenant

eccared,

hildebert

I

ou

EthelbertA-t-il

onçu

ne ertaine

acralité e rois ésormais

atholiques

Ces

questions

ondamentales

bligent reprendre

es textes. ans certains

as-

sagesGrégoire

e

situe

leinement

t otalementans

héritagempérial

omain.

Ailleurs nevision xclusivement

eligieuse

t chrétiennee la

société emble

effaceres catégories ntiques. renons es relations vec les roisfrancsM.

Reydellet

es situedans un contexte e

rupture

vec

Constantinople

ais

on

pourrait

ussi relever

ue

de telles elationsnt té

nouées

par

es

prédé-

cesseurs

e

Grégoire our

épondre

u désir

yzantin

e

prendre

es Lombards

à revers.

régoire

st-il ncore

anscette ontinuité

iplomatiquemplicite

La recherche

une

paix

avec les Lombards t

de leur onversion

ar

inter-

médiaire

e a reine héodelinde

laiderait

u moins

our

ne

nouvelle

oncep-

tion

e

ensemble

es

royaumes

ccidentaux.ur e dernier

oint

elevons ne

erreur

p.

58)

: le

métropolitain

e Milan n est

pas

«

situé

dans e

royaume

lombard même

i

Grégoire

utilise omme

ntermédiaireers

Théodelinde,

car

depuis

72 es

évêques

e Milan ont

éfugiés

Gênes,

n territoire

yzan-

tin.

On noteranfin ue l auteurvoque ustementn« MoyenAge grégo-

rien

pour ualifierampleur

e l influencee

Grégoire

e

Grand,

mal

ppré-

ciée

d ailleurs

usqu à

des travaux écents.

ependant,.

104,

ce ne

sont

as

les

Moraliamais e Pastoral

t les

Dialogues

qu Alfred

e

Grand

it raduire

en vieil

nglais

u

ixe

iècle.

Dernière

emarque.

auteur

prouve

ne

sympathieustifiée

nvers es

aspects

modernes

t

trop ongtemps

éconnus

e la

personnalité

e

Grégoire

un ettré P.

Riché onnaît ien ette

ualité

,

un

pirituel

loigné

u

uridisme

etde uniformitén matière

iturgiquear xemple,

n

précurseur

e 1 « ncul-

turation du christianisme

n

Angleterre.

ette

modernité

e

Grégoire

tait

déjà pressentie

ar Mgr

Batiffol,

uteur

un

Saint

Grégoire

n

1928,

t

qui

participa

ux conversations

e Malines u lendemain e

la Première uerre

mondiale.

BrunoJudic

Régine

e

Jan,

Famille t

pouvoir

ans e monde

ranc

vir

Xe

iècle).

Essai

d anthropologie

ociale

Paris,

ublicationse

la

Sorbonne,

995,

71

p.

Série

Histoire ncienne

t

Médiévale,

3).

Tout e

propos

e

Régine

e

Jan,

ui publie

ci

sa

thèse e doctorat État

soutenue

n

1993,

est de mettre

n relation

es structurese

parenté

t les

structurese pouvoir ans e monde ranc, ansun cadre hronologiqueui

enserrea

période arolingienne

classique

. L auteur e demande

ans

uelle

mesuree

système

e

parenté

soutenu

a montée e l aristocratie

ux vir et

viip

iècles,

il a conforté

u affaibli

ordre

arolingien

u

ixe

iècle,

t

enfin

comment

l a contribué la

mise en

place

d un

«

ordre

nouveau dans e

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150

NOTES

DE

LECTURE

courant u Xe iècle.Pour e faire,lleenvisagees fondementsupouvoires

nobiles

es

mécanismes

e

parenté

insi

ue

es

groupements

e

parenté

omme

structuresencadrementt de

pouvoir

n

questionnant

es sources u

moyen

des outils

raditionnelse

l anthropologie.

insi,

d une

somme onsidérable

d exemples

t d informations

e toutes

atures

ue

l auteur

maîtrise

arfajte-

ment,

oit-on

merger

image

une ociété

ristocratique

u Haut

Moyen

Âge

qui rompt

ouvent vec es idées es

plus

communément

épandues.

La

premièreartie

ente e mieux éfinire

groupe

es nobiles t leurs

pratiques

e

pouvoir.

i cette oblesse stdifficile

saisir,

est

qu elle

estun

concept

mouvant

ui

se fonde ans e

passé,

mais estime ans e

présent.

lle

est

donc e

produit

un

ystème

e

représentationsui s appuie

ur a

mémoire

desancêtres, émoireont es femmesnparticulieront esponsblestdépo-

sitaires. est aussiun

vaste

ystème échanges,

orizontauxt

verticaux,

ui

permet

être econnuomme

oble,

ar

es siens t

par

es autres. es familles

nobles ont onc tructurées

ar

des relations

iérarchiques

omme a

fidélité,

et

non-hiérarchiques

omme a

fraternité,

quoi

s ajoute

appui

des amis ibre-

ment

hoisis,

ussibiendans a

parenté

bien

ouvent

maternelle)

ue

hors e

la

parenté,

ur a base d unerelation

échange galitaire

anctionnée

ar

Y

mi-

citia.Ainsi

haque

ndividu

st-il

ris

dans un

réseau

de relationsù

amitié,

fidélitét

parenté

nterfèrentien ouvent. ous ces

groupements

taient

ério-

diquement

éaffirmés

ar

intermédiairee rituels e

paix,

omme

es

banquets,

et

e

non-respect

es

engagementsris

ces occasions ébouchaitur a vio-

lence

ui prenait

e

plus

ouventa forme e la

faide,

ystème

indicatoire

ui

estfinalementneforme égativee l échange, envers u dond amitié.

La société

ristocratiqueeposait

onc surun

système échanges

ori-

zontaux,

uquel

es

Carolingiens

nt voulu

substituer,

ais sans

y parvenir

complètement,

n ordre

iérarchique

ertical. r cette volution des

réper-

cussions rès

mportantes

ur

encadrement

e

la société

uisque

a

cohésion

internee la société

ristocratique

eposait

n bonne

artie

ur es liens ntre

les nobles. i les rois

arolingiensattaquèrent

touteses solidaritésorizon-

tales est

parce u ils

estimaient

ue

ces relations

ouvaient orter

tteinte

leur

utorité, ais,

e

faisant,

ls détruisirentau moins

artiellement

cette

cohésion nterneu

profit

e la fidélité

iérarchiqueui

devint a

principale

courroie e transmissionu

pouvoir oyal.

Ce

système

onctionnaant

ue

l aristocratietrouva on

compte,

est-à-direant

ue

les

rois

restèrent

is-

pensateurse richessest depouvoirs, ais l accéléra ussi a partitione la

société

ristocratique

n deux

niveaux e

pouvoir

les

proceres

dont e

pouvoir

a été accru ur ensemble

e la

société,

t les autres obiles

qui

restaient

conscients e leur

ualité,

mais

qui

étaient ésormais

rivés

une

partie

es

prérogatives

e commandement

ui

étaient ellesde leurs ncêtres.

La seconde

artie

tudie es

principes

onstitutifs

e la

parenté

ans e

Haut

MoyenÂge.

Le vocabulaire e la

parenté

montre

u on

distingue

ssen-

tiellementn

petit roupe

e

parents

ormant

e

champ

de la

parenté

on-

épousable,

ureste

e

a

parenté,

econnue ais

ointaine,

a limitentre

arents

et

non-parents

tant rès loue ten variationonstante.i le nom stun

«

mar-

queur important

e la

parenté,

l

ne

participeue

médiocrementla trans-

mission e a mémoire

amiliale,

arce u il

est n

général

hoisi ans

un ercle

limitéu 3edegré eparenté.a combinaison élémentsaternelt maternel

pour

ormere nomde l enfant

ui

était

expression

un

système

ortement

bilatéral

ù l enfant

ppartenait

e

plein

droit ux deux

ignées, isparutro-

gressivement

u

profit

e la transmissione noms

ntiers,

uivante modèle

de la famille

oyale.

a dénominationevint lorsun élémenttructurant

es

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NOTES

DE

LECTURE

1 1

groupesefiliation,raduisanta hiérarchisationel aristocratietprivilégiant

aussi

a mémoire

ignagère.

ais ce

que

reflèteette volution e la dénomi-

nation est aussiun

changement

ans

a

transmissionéréditairees droits t

des honores.

l époquemérovingienne,haque

filshérite u droit e tenir n

honormais

pas

de

1

honor ui-même.es

Carolingiens

u

contraireaissèrent

se

développer

ne

certaine érédité es

honores

tendance

ui

se

renforça

jusqu à

aboutir un modede dévolutionirecte t

patrilinéaire.

l

faut

epen-

dant ttendree

Xe

iècle

pour

observer ne véritable

atrimonialisation

es

honoresce

qui exprime importance

randissante

u

couple conjugal

ans

l univers e la

parenté,

t ce

qui permet

association e

l épouse

la

gestion

des honores

Cette romotione la conjugalité,outenuear Eglise, st e faitmar-

quant

e

l époquecarolingienne

t

engendre

e nouvelles ormes e

stratégies

matrimoniales.

n

effet,

n

s

adaptant

ux transformationse la

société,

es

règles

matrimonialesurent

e

plus

n

plus

évères

our

es

fils,

étenteurse

la

puissance

amilialetcontraintse trouveres

épouses

ussinobles

u eux

chaquemariage

ut out la

fois

onfortere

patrimoine

t

égitimer

e

pouvoir

familial.

arallèlement,

e resserremente la famille utour e la

lignée

gna-

tique

endit

lus

nécessaire

ue amais exogamie our

ssurera sécurité u

patrimoine

t es

alliances

vec les

autres

ignages,

e

qui correspondait

en

partie

aux normes

mposées ar Eglise.

La

troisième

artie

xamine ommentes

groupements

e

parenté

nt

accédé

ux

réalités

olitiques

n combinant

e

principe

e

la

descendancevec

celui de l alliance.Régine e Jan nsiste ur e fait ue le couple onjugal

toujours

té a

«

structure

ortante

de a

société,

a domus oble

ayantamais

abrité nefamille

arge

t

polynucléaire

e

type

atriarcal.

n observe n effet

que

le modede résidence

rivilégié

st virilocal dès

qu un

fils e

marie,

l

y

a

segmentation

u

noyau

e

rattachement,

t e

système

e

partage

es

héritages

ainsi

ue

la dilatatio

egni

taient

arfaitement

daptés

ce

type

e résidence.

Mais à

partir

u

Xe

iècle

a mise

n

place

du

systèmeignager

t a

patrimo-

nialisationu

pouvoir

boutirentce

que

la maison

aternelle

t tout honor

familialillent

l aîné,

es cadets

estantoués

Dieu,

u célibat u à la chasse

à la riche éritière

ui

pût

eur

procurer

nedomus

ropre.

ien

sûr,

impor-

tance u

couple onjugal

exclut

as

a

présence

e a

familia

nhérentetoute

domus

noble,

t

constituéen bonne

partie ar

es

compagnons

armes u

maître,a Gefolgschaftqui est un élémentssentiel e sonpouvoir. nfin,

l auteur bserve u sein u

couple

évolutionuconsortiumaritalnvéritable

consortium

onjugal

envisagé

out abord omme association

négale

es

deux

onjoints

ous a

potestas

u

mari,

l

évoluevers neforme association

plus

étroite e

l épouse

Yhonor e son

mari,

robablement

ar

mitation

u

modèle

oyal.

Toutefois,

importance

u

couple onjugal

e doit

pas

conduire sous-

estimerelledes

groupements

e

parenté

ans

esquels

l

s insère.

u vir

iècle,

les

groupementsristocratiques

ont ncore es structuresortement

ognati-

ques

et on

peut

outer

u ils

aient u

une

véritable

tratégieolitique. rogres-

sivement,

ls se transformèrentn structures

lus

hiérarchiséest

plus

verticales,

jusqu à

ce

qu au

Xe

iècle,

des

groupes

e filiations

organisent

utour un

pouvoirerritorialisé.ans ce cadre, nedes clefs e la réussite esPippinides

fut eur

apacité

s organiser

rès

apidement

n

un

groupe

e filiation

atri-

linéaire

t à mener ne

politique

alliances adicalementouvelle

arce

ue

conclue n dehors e toute elation e

parenté. ependant, long

erme,

l est

probable

ue

e caractèretrictement

gnatique

t a fermetureu

ignage

aro-

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152 NOTES

DE LECTURE

lingien

ont

empêché

e consolideres basesfamiliales,

uisque

a

parenté

cognatique

e

pouvait

as

servir e

support

l exercice e leur

ouvoir.

cet

égard,

es Ottoniens

nt u

éviter

etécueil n utilisantouteses ressourcese

leur

parenté.

On saisitdonc

bien dans cette tude interactiones structurese la

parenté

t de celles du

pouvoir, inadéquation

ntree

système

e

parenté

t

le moded exercice e l autorité

usqu à l époque carolingienne

vant e ren-

forcement

es structures

erticalese la

parenté

t celuide la

conjugalité

ux

IXe t Xe iècles.L évolution es

types

e

solidarités

emble

tre u

cœur

es

mutationsla lutte

ontre outes es formes e solidarités orizontales

ui

a

marqué époque arolingienne

contribué

la déstabilisation

es

iens

ogna-

tiques.Mais éclatementesgroupementsarges thorizontaux,morcé uvip

et

accéléré u

ixe

iècle,

ne

marque as

le

passage

d une famille

arge

une

famille

troite,

omme

n

le croit

rop

ouvent

il

marque

n nouveaumode

d insertione la

familia

u seinde la

parenté.

Geneviève ührer-Thierry

Martine

storero,

Folâtrervec es démons . Sabbat tchasse ux sorciers

à

Vevey

1448),

Lausanne,

ahiersLausannois histoire

médiévale, 995,

324

p.

Depuis quelque emps éjà,

un

groupe

e chercheurse l Universitée

Lausanne,

mené

ar

Agostino

aravicini

agliani,

est

engagé

ans a

publi-

cation t étude es documentsoncernantes

premierspisodes

e la

«

chasse

aux

sorciers

attestés ans a Suisse

romande,

égion ui apparaîtujourd hui

parmi

es

foyers

es

plus mportants

t es

plus

précoces

e ce

phénomène.

Dans cet

ouvrage,

Martine

storero

nalyse

t

publie

rois

rocès

ui

se

déroulèrentu cours e l année1448

Vevey,

ocalité u canton e Vaud.Les

témoignages

ocumentairesendent

ossible

ne

nalyse

étaillée es

protago-

nistes,

es accusations

t

du déroulement

es faits.Dans son

introduction,

l auteur

itue on ravail ans a

perspective

estravaux

es

plus

écentst

décrit

brièvement,

ais

fficacement,

e

contexte es

positions

octrinalesu

xive

t

xve iècleconcernanta sorcelleriet le sabbat.Avec e premierhapitre,n

entre n revanche ans e

vif

es événements

urvenusn 1448 Martine sto-

rero

y

décrit

a situation

uridique

e la Suisse

romande,

e

fonctionnement

t

la

composition

u tribunal

nquisitorial

t

présente

a

plupart

es

personnages

qui apparaissent

ans

a documentation.ans les trois

hapitres

uivants,

u

contraire,

ont

ris

n considérationon

pas

les accusations ais

es accusés.

Il

est ntéressante noter

ue,

sur es

trois

rocès

etenust

examinés,

n seul

met

une

femme

n accusation situation

lutôt

rdinaire

our

une Suisse

romandeù a sorcellerie est

as,

oin en

faut,

n

phénomène

xclusivement

féminin.ans les

cinquième

t sixième

hapitres,

nfin,

es

événementsont

replacés

ans eur ontexteocal et

on

s interroge

ur eurnature éelle t sur

leur

onsistance

n les confrontantvec d autres.

e fait aillant

ui

émerge

avec le plusd évidence st e lienqui existe ntre es accusations hérésie,

telles

ue

les siècles

précédents

es ont onnues anscette erre

agnée ar

e

valdéisme,

t es accusations e sorcellerie.

D autre

part,

e lien

qui

unit es deux

phénomènes

ésulte,

ux

yeux

des

théologiens

t des

uristes,

e la

bulle

Super

llius

pecula

de Jean

XXII

en

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NOTES

DE

LECTURE 1

3

1326,

ui

a assimilé l hérésiees

pratiques

t

croyances agiques,

ermettant

ainsi de leur

ppliquer

a

procédurenquisitoriale

ormale. ans les années

suivantes urent

édigés

es

premiers

anuels

inquisiteurs

nous

pensons

n

particulier

ceux de Bernard ui

et de Nicolas

Eymerich)ui

accordent

ne

large

lace,

côtédes

questions

oncernant

hérésie,

celles

ui

touchentla

magie

t à

la

superstition.

a

plupart

es accusations

encontrées

orsdes trois

procès

e

Vevey promiscuité

exuelle,

encontret

pacte

vec e

démon,

nfan-

ticide t

cannibalisme)

taient

éjà

utilisées,

ans e

passé,

ontre

es cathares

et es

vaudois,

même i l insistancevec

aquelle

llesreviennent

partir

e la

secondemoitié u

xve

iècle

st,

n

grande

artie,

nenouveauté.

La réflexione Martine storeroouche des

problématiques

ondamen-

tales le rôleouépar es vicissitudeses nstitutionsnquisitorialesu de auto-rité

cclésiastique

ocale,

n occurrence

évêque

de Lausanne la nature es

conceptions émonologiques,ui émergent

e la

grille nterprétative

vec

laquelle

es

inquisiteursnterrogent

es accusés t

nterprètent

eurs veux la

possibilité

e recueillira

représentationpopulaire

de

la sorcellerie

la

pré-

sencede conflitsocaux caractères

olitiques

t sociaux

ui engendrent

es

conflits

ux

origines

e la

«

chasse .

Toutefois,

intérête

ouvrage

e Martine storeroientussi sonrefus

de

répondre

e manière éfinitive

t

catégorique

de

telles

uestions. rop

souvent,

n

effet,

hostoriographie

cherché retrouverne

xplicationlobale

à la

«

chasse ux orcières dans esréalitésocales

ui

trouvaientifficilement

à

l accueillir.

est

pour

cette

raison

ue

la

tendance,

armi

es historiens

d aujourd hui,st de mener es recherches des échellesplusrestreintes,

conscients

ue

le

phénomène

e la

sorcellerie,

ongtempsrésenté

omme n

fait

nique

t unitaire

our

oute

Europe

et

également

our Amérique uri-

taine),

connu n réalité es

origines

rès

iverses,

ue

seuls es schémas héo-

logiques

t

démonologiques

tilisés

ar

es

nquisiteursour

es

nterpréter

nt

pu

fondren un

phénomèneénéral

e

«

normalisation

.

Franco ardini

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Médiévales1, utomne996,p. 55-157

LIVRES

REÇUS

Archivioi Stato i

Firenze

éd. RosaliaManno

Tolu,

Anna

ellinazzi,

Minis-

tero

er

beni ulturali ambientali. fficio entrale

er

beni rchivis-

tici

Fiesole,Nardini,

995

I

tesori

egli

rchivi).

ArrighiVanna

d.,

Ordinamenti

i

giustiziaiorentini.

tudi

n occasione el

VIIcentenarioFlorence, rchivio i Firenze. cuoladi archivistaaleo-

grafia diplomatica,

995.

AscheriMario

d.,

Bucine

la vai d'Ambra el

Dugento.

li

ordini ei

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Guidi

édition u texte

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M. A.

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Berndt

Rainer

d.,

Andreae

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Sancto

Victore

pera

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Turnhout,

repols,

1991

Corpus

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ediaevalis,

UI

B).

Boileau

Abbé,

e

l'abusdesnudités e

gorge

Grenoble,

érôme

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995

(Petite

ollection

topia).

Boudet

Jean-Patrice,

ouguenheim

ylvain,

Vincent

Catherine,

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Carniani

Alessandra,

Salimbeni,

uasi

una

ignoria

Tentativii

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300,

préface

e Gabrielle

iccinni

Sienne,

ro-

tagon

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Carnot Benoît

dir.,

L'infrajudiciaire

u

MoyenAge

à

l'époque contempo-

raine

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Sylvie,

elporte

Christian,

iroux

Georges,

urrel

Denise,

e

commentairee document

conographique

n histoire

Paris,

Ellipses,

1996.

Catastrophes

Les)

naturellesans

'Europe

médiévalestmoderne

Bartolomé

Bennassar

éd.,

Actes des

xve

Journées

nternationales'Histoire

e

l'Abbaye e Fiaran10-12 eptembre993) Toulouse, ressesUniversi-

taires

u

Mirail,

996.

Chatillon

Jean,

e

mouvementanonial

u

Moyen ge.Réforme

e

l'Église,

spiritualité

t culture

études éunies

ar

Patrice icard

Turnhout,

re-

pols,

1993

Bibliotheca

ictorina,

II).

Clio. Histoire

femmes

t sociétés

2,

Femmes t

religions

1995.

Coste

Jean d.

critique,

ntroductiont

notes),

oniface

IIIen

procès.

Articles

d'accusation t

dépositions

e témoins

1303-131

)

:

Rome,

cole Fran-

çaise

de

Rome,

1995

Fundazione

amillo

Caetani).

Couleurs

e la

Nature,

evue u

Palais de la Découverte

numéro

pécial,

4,

octobre 994.

Dani

Alessandro

d.,

l comunemedievale i

Piancastagnaio

i suoi

statuti

transcriptionse DanielaGuerrini,arte e SivlioMambriniSienne,l

Leccio,

1996.

De Visser-Van erwisga

Marijke

d

,

Histoire

ncienne

usqu'à

Jules ésar.

Estoires

Rogier,

ome :

Orléans,

aradigme,

995

Medievalia,

extes

du

Moyen

Age).

Page 158: Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf

8/9/2019 Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf

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156 LIVRES

REÇUS

DesportesPierre, illet Hélène, asti ecclesiaeGallicanae.Répertoirero-

sopographique

es

évêques,dignitaires

t chanoines es diocèses de

France

de 1200 à 1500

1,

Diocèse d'Amiens

Turnhout,

repols,

996.

Francesco

di Matteo

Castellani,

Ricordanze

II,

Quaternuccio

giornale

(

1459-1485

,

éd. Giovanni

iappelli,

Florence, lschki,

995

(Istituto

nazionale

i studi ul

Rinascimento,

tudi

testi

6).

Franco

Junior

ilario,

Eva Bardade.Ensaiosde

Mitologia

medieval São

Paulo,

Universidade

e São

Paulo,

1996.

Golinelli

Paolo,

Città e culto dei santi nel Medioevo taliano

Bologne,

CLUEB,

1996

Bibliotheca

i Storia rbana

medievale,

bis).

Hardarson

Gunnar,

ittératuret

piritualité

nScandinavie édiévaleTurn-

hout, repols, 995 Bibliotheca ictorina,).HildegardedeBingen, civias. Sache esvoies ou Livre es visions

prés,

et trad. ierre

Monat

Paris, erf,

996

Sagesses

hrétiennes).

Huon

de

Mery,

Le tournoi e

l'Antéchrist,

exte

tabli

par Georg

Wimmer,

présenté,

raduitt annoté

ar

Stéphanie

rgeur

Orléans,

aradigme,

1994

Medievalia,

extes u

MoyenAge).

Lanconelli

Angela,

a terra uona

Produzione

techniche

rapporti

i avoro

nell'agro

iterbese

ra

Due e Trecento

Bologne,

LUEB,

1994.

Levi

Giovanni,

chmitt

ean-Claude,ir.,

Histoire es

eunes

n

Occident.

e

l'antiquité l'époque

modernetomes et

2,

Paris, euil,

1996.

Louis

XI,

Lettres hoisies

introduction,

otices t notesde HenriDubois

Paris,

e

livre e

poche,

996

Lettres

othiques).

Milagros Cárcel OrtiM., La Ensenanza e la paleografia diplomatica.

Centros

euros

Valence,

Universitäte

Valencia,

996.

Merlo Grado

Giovanni,

ontro

li

eretici

Bologne,

l

Mulino,

996

Saggi,

443).

Micati

Edardo,

oesch Gajano

Sofia,

remi

luoghi upestri

Pescara, arsa,

1996.

Mikhailova

Milena,

e

présent

e Marie

introduction

arRoger ragonetti

Paris,

iderot,

rts t

Sciences,

996

Mémoire).

Mucciarelli

Roberta,

Tolomeibanchieri i

Siena.

La

parabola

di uncasato

nel

xur-xiv

ecolo

préface

e

Giuliano

into

Sienne,

rotagon

ditori

toscani,

995.

Pinto

Giuliano,

ittà

spazi

conomici ell'Italia

omunale

Bologne,

LUEB

1996 Biblioteca i storia rbanamedievale,).

Pricoco Salvatore

d.,

l demonio i suoi

Complici.

ottrine

credenze

emo-

nologiche

ella TardaAntichità

Messine,Rubettino,

995

Armarium.

Biblioteca

i storia cultura

eligiosa,

).

Pucci Silvio

d.,

Una

comunitàella Valdelsa

nelMedioevo

Poggibonsi

il

suo statuto el

1332 texte ntroductife Ch. M. de la Roncière

Poggi-

bonsi, alli,

1995.

Put ll az

François-Xavier,

nsolenteiberté. ontroversest condamnations

au xiir iècle

Fribourg

Paris,

Éd. Universitaires

e

Fribourg,

995

(Essai.

Pensée

ntique

t

médiévale).

Ranft

Michaël,

e masticatione

ortuorumntumulis

Grenoble,

érôme

il-

Ion,

1995

Petite

ollection

topia).

Ribémonternardir., e la chrétientél'EuropeActes ucolloqueOrléans-

Mai

1993)

Orléans,

aradigme,

995

Medievalia,

érie extes u

Moyen

Âge).

Riché

Pierre,

e

Charlemagne

saintBernard.

ulture

t

religion

Orléans,

Paradigme,

995

Medievalia,

extes u

MoyenAge).

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LIVRES

REÇUS

157

Sabate Flocel,Lo Senyr Rei es mort : Lleida,UniversitäteLleida,1994.

Sensi

Mario,

torie

i

bizzoche

ra

Umbria

Marche

préface

e Romana

Guar-

nieri

Rome,

Edizioni i storia

letteratura,

995

Raccolta

i Studie

Testi,

92).

Structures

'approvisionnement

Paris

et

à

Londres

u

Moyen ge

Journal

of

theBritishnstituten Paris

20,

Franco-British

tudies,

utomne

1995.

Theis

Laurent,

e

Baptême

e

Clóvis

de la réalité u

mythe

Bruxelles,

om-

plexe,

1996.

Van Den Abeele

Baudoin,

a

fauconnerie

u

Moyen ge

Paris,Klincksieck,

1994

Sapience).

VauchezAndré ir., a religionivique V poquemédiévaletmodernechré-tienté t slam) Rome, cole

Française

e Rome 1995 coll.de l'Ecole

Française

e

Rome,

13).

Verhulst

Adriaan,

anschap

en Landbouw n

Middeleeuws

Vlaanderen

Gemeentekrediet,

995.

Vivoli Carlo

éd.,

Dagli

archivi ll'Archivio.

ppunti

i storia

degli

archivi

fiorentini

Florence Archivio i Stato i

Firenze,

991

Scuola

di archi-

vistica

aleografia diplomatica,

).

Wickham

hris,

omunità clientele

ella Toscanadel

XII

secolo.Le

origini

del

comune urale

ellaPiana di Lucca

Rome,

Viella,

1995.

Würzburger

edizinhistorische

itteilungen

Band

13,

hrsg.

MichaelHoller

undGundolf eil :

Würzburg,önigshausen

Neumann,

995.

ZinkMichel, e MoyenAge et ses chansons u un Passé en trompe-Vœil

Paris,

e

Fallois,

1996.

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p/n

i/europe des humanistes

z

g

XIVe XVIIe

SIECLES

h-

<

Répertoire

établi

par

J. F.

MAILLARD,

Ë-i

J. KECSKEMÉTI et

M. PORTALER

CollectionDocuments,tudes trépertoires

(Jj

Ce

épertoire

e 350

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nsemble

lus

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VIIe

iècletransmettrees

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manuscrits,

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de

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succède

textes,

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mprimée.

Guide

estiné

permettre

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lus

ines

râce

'indicationesources

ssentielles,

e

épertoire

^permettra

traditionextuelle

aux

pécialistes

d'un

des

auteur

érudits

de

ériodes

ancien.

la umière

diverses

Lespécialistes

de

de

leurs

prendre

intérêts

de'époque

en

ompte

les

humaniste

anciens.

lemaillon

pourront

humaniste,

enfin

parfois

mieux

unique,

apprécier

de

la

la

traditionextuelle'unuteurncien.espécialistese'époqueumanisteourrontnfinieuxppréciera

création

ersonnelle

esrudits

a umière

e

eurs

ntérêts

our

esnciens.

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4

544

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CNRSDITIONS

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Paris

NOM

PRENOM

ADRESSE

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CODEOSTAL

VILLE

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PAYS - - - -

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TITRE

Qté

P.U.

Total

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L'Europe

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Ci-joint

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C.C.P.

à

'ordre

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NRS

DITIONS

Date

SIGNATURE:

TQTAL

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EQUINOXE

REVUEOMANDE

E

CIENCESUMAINES

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96

Lire le

Moyen Age?

Sousa irectione

Alainorbellari

t

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Christopher

ücken Adrien

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Au-delà

u

Moyenge.

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Entretien troubadours

Michel

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La

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es

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L'exception

édiévale.

ercevale

Gallois

d'Ericohmer

Etudes

Carine

luckiger

ENVOI

Le

Moyen

ge

omestiqué.

es

istoriens

Rogerragonetti

narrati

istest a couleurocale» Les ieuxu etour

Ursulaähler COMPTESENDUS

Entre

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Moyen

Age

n rance:70-1

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Medievalismnd he odernist

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GenevièveeBrabant

Guidoucchini

éd.),

io

Rajna

Francesco

Alain

orbellari

Novati,

arteggio

1878-1915),

ra

ilologia

Le

ymbolisme

t erenouveau

édiéval:

romanza

mediolatina

lisibilité

t

musicalitéu

Moyenge

Helen

oUerer

BIBLIOGRAPHIE

Joueresmorts:ustaveohent

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Alain

orbellarit

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théophilien

Liree

Moyenge

u

XVIe

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Demandes'information

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Sur CP

N° 10 164291

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Moyenge?),our

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Localitéays

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33

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10

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20

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20

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-

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u

n° 24 :

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8

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27-31 : 85

F

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-131,

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PUL

-

BP

199

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59654

Villeneuve-d'Ascq

edex

-

Tél.

et Fax 33-20

91

03 95

Numéros

parus

1

Mass-media

et

MoyenÂge

(1982).

Épuisé

2

Gautier

de Coinci le

texte

u Miracle

1982).

Épuisé

3

Trajectoires

du sens

1983)

4

Ordres

t désordres.

tudes édiées

Jacques

e

Goff

1983).

Épuisé

5 Nourritures1983). Épuisé^

6

Au

pays^ď

Arthur

1984).

Épuisé

7

Moyen Âge,

mode

d'emploi

1984).

Épuisé

8

Le souci

du

corps

1985).

Épuisé

9

LanguesÄ(1985).

puisé

10

Moyen

Âge

et

histoire

politique.

Mots, modes,

ymboles,

truc-

tures.

Avant-propos

e

Georges

Duby

1986).

Épuisé

11 À

l'école de la

lettre

1986)

12

Tous

les

chemins

mènent

Byzance.

Études dédiées

à Michel

Mollat

1987)

13

Apprendre

e

Moyen Âge

aujourd'hui

1987).

Épuisé

14

La culture

ur le marché

1988)15 Le premierMoyenÂge (1988)

16/17

lantes,

mets t mots

dialogues

avec A.-G. Haudricourt

1989)

18

Espaces

du

Moyen Âge

(1990)

19

Liens

de famille.

Vivre et

choisir

a

parenté

1990)

20

Sagas

et

chroniques

du Nord

1991)

21

L'an

mil

rythmes

t acteurs

d'une croissance

1991)

22/23Pour

l'image

1992)

24

La

renommée

1993)

25 La

voix

et

l'écriture

1993)

26 Savoirs

d'anciens

1994)

27

Du bon

usage

de la

souffrance

1994)

28 Le choixde la solitude 1 95)

29

L'étoffe t le vêtement

1

95

30

Les

dépendances

u

travail

1996)

Page 164: Medievales - Num 31 - Automne 1996.pdf

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SOMMAIRE N° 31

AUTOMNE

1996

LA

MORT

DES GRANDS

À JeanDevisse

Odile

REDON

5

La

mort es

grands

ans

e

premier oyen

Âge

Stéphane

EBECQ

7

Sépultures cclésiastiques

t sénatoriales ans la

vallée

du Rhône

(400-600)

Ian WOOD

13

Saint-Germain-des-Prés,

remière

écropole

es roisde France

Patrick ÉRIN 29

La

mort,

es

funérailles

t a tombe u

roi

Pépin

e

Bref

768)

Alain

DIERKENS

37

La mort

e

Charles

e

Chauve

Janet .

NELSON

53

Le

«

sépulcre

es

pères

et les

«

ancêtres

.

Notes

sur e

cultedes

défunts

l'âge seigneurial

Michel

AUWERS

67

Des morts rès

ux morts

rdinaires

la

unéraire