le réveil des combattants - mars 2016

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LOI TRAVAIL : LA LOI QUI VA BIEN AU MEDEF MARIE-CLAUDE VAILLANT-COUTURIER ELECTIONS AMÉRICAINES Mars 2016 - N° 822 - 5 Le CODE DU TRAVAIL cassé sur ordre de la commission européenne

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Page 1: Le réveil des combattants - Mars 2016

LOI TRAVAIL : LA LOI QUI VA BIEN

AU MEDEF

MARIE-CLAUDE VAILLANT-COUTURIER

ELECTIONS AMÉRICAINES

Mars 2016 - N° 822 - 5 €

Le CODE DU TRAVAIL cassé sur ordre de la commission européenne

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2 - LE RÉVEIL - N° 822 - MARS 2016

LE RÉVEIL MÉMOIRE

8 MAI 2016Au moment où les libertés individuelles et collectives sont particulièrement bafouées, la commémoration du 71e anniversaire de la reddition sans conditions de l’ar-mée nazie, le 8 mai 1945 à Berlin devant les représentants des forces Alliées de France, de Grande-Bretagne, des États-Unis et d’Union Sovié-tique, constitue un acte déterminant rétablissant des rapports démocra-tiques.

Résultat du combat commun des armées alliées et des peuples en Résis-tance des pays qui avaient subi l’occupation nazie, ses atrocités et ses dé-portations, cette reddition est une victoire qui rendit confi ance dans leur avenir aux populations et aux nations concernées.

Elle ouvre la porte à une République sociale et solidaire dans notre pays, autrement dit, à la mise en œuvre de nombreuses dispositions sociales, économiques et politiques inspirées du programme du Conseil National de la Résistance préparé en commun avec soin par les différents respon-sables de cette Résistance dans la clandestinité, contraints d’agir sous le joug nazi.

Le fonctionnement de la vie sociale, économique et politique qui s’en suivit constitua le socle de la reprise générale de la vie républicaine et démocratique du pays, rendant ainsi à notre peuple sa souveraineté.

Face à la volonté de constitutionnalisation de l’état d’urgence et à la montée de l’extrême-droite dans la communauté européenne, notamment l’Allemagne, le 8 mai 2016 revêt donc un caractère essentiel.

C’est dire l’importance de la cérémonie annuelle du 8 mai, symbole fon-damental du fonctionnement démocratique de notre République retrou-vée.

Villejuif, le 16 mars 2016

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LE RÉVEIL - N° 822 - MARS 2016 - 3

ÉDITO LE RÉVEIL

SOMMAIRE

www.le-reveil-des-combattants.fr

LE RÉVEIL DES COMBATTANTS

Fondé en 1931 par Henri-BarbusseMensuel de l’Association républi-caine des anciens combattants et

victimes de guerre.Commission paritaire n° 0713-A 06545ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditionsdu Réveil des Combattants • SARL au capitalde 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 392, place du Méridien - 94807 Villejuif cedexTél. 01 42 11 11 11Fax. 01 42 11 11 [email protected]

• Tirage : 60 000 exemplaires• Gérant Directeur de la publication : Raphaël Vahé• Directeur délégué - Rédacteur en chef : Pa-trick Staat• Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Lau-rence Gorain• Service photos : Jean- Claude Fèvre• Administratrice : Annick Chevalier• Conception graphique - Impression : RIVET PRESSE EDITION - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

Actualités Les gros profi ts des banques françaises dans les paradis fi scaux .................................................................... 4Travail : petit historique .................................................................... 5Loi travail : la loi qui va bien au medef ............................................ 6Les recommandations européennes et la loi-travail ......................... 7« En l’état actuel, la France peut basculer dans la dictature en une semaine » .................................... 7Toubon hausse le ton ....................................................................... 8 International Iran : Rohani à petits pas… .............................................................. 9Elections américaines : Trump candidat du KKK ? .......................10Donald Trump n’est « pas chrétien » ............................................10Israël : Netanyahou et l’ultra-droite visent les ONG .....................10USA/Chine .....................................................................................11Libye : Paris mène des opérations secrètes ....................................12Cyberguerre : Nom de code : « Nitro Zeus » .................................12 Mémoire Eusébio Ferrari ...............................................................................21Gaston Viens est décédé. Hommage ! ...........................................24 Vos droits Marine, aviation… du nouveau pour la carte du combattant ........22Neuf millions de cartes du combattant !!!......................................23 Solidarité Après Salah Hamouri,sa femme et leur enfant frappés par l’arbitraire israélien ! ............28 Vie de l’ARAC Vie des comités .........................................................................25 à 30

Pour que l’ARAC soit une Maison commune P. 32

Le code du travail cassé sur ordre de la commission européenne

La loi travail mobilise contre elle. C’est logique. Elle constitue un formidable retour en arrière so-

cial et syndical. Elle remet en cause les principes fondateurs du droit du travail.Elle revient au niveau des années 1864 qui reconnaît le droit de grève

ou 1874 avec la création de l’inspection du travail ou même 1884 qui autorise la création de syndicat pro-fessionnel (voir page 5).Les 53 mesures de la loi dite El Khomri n’existent que pour faire reculer les droits des salariés, les rendre cor-véables, pour cela il faut mettre en cause le droit du travail et la représentation des syndicats.Les commentateurs bien-pensants nous parlent d’adaptation, de modernité. Mais casser les éléments de défense des salariés ce n’est pas créer le plein em-ploi. Ce n’est pas un projet de société. C’est briser la vie de milliers de familles, les faire vivre dans la précarité, dans l’angoisse du lendemain avec le risque de licenciement, des emplois à temps partiel, et sous-payés. C’est le contraire de la relance de l’économie par le pouvoir d’achat.Le débat n’est pas un débat franco français entre pas-séistes et modernes.NON c’est la stricte application des directives de Bruxelles. Les chapitres de la loi correspondent point par point à une directive du 14 juillet 2015. Directive Européenne qui aborde aussi deux questions que la France devra régler d’ici fi n 2017, la poursuite de la baisse des retraites et de la dépense publique ainsi que la réforme du système d’assurance chômage et de la sécurité sociale.C’est la triste conséquence de la politique de la mon-naie unique.Le gouvernement va au bout des exigences de Bruxelles. La France perd morceaux par morceaux sa souveraineté, sa richesse sociale et démocratique, son économie.Ce retour au 19e siècle aiguise la lutte des classes car les nouveaux s(a)eigneurs de la fi nance veulent mettre à genoux les salariés, les familles, les jeunes, les re-traités.Et quand l’on veut faire taire la colère, il n’y a qu’un pas de l’Etat d’urgence vers l’autoritarisme.M. Valls est dans la logique de la Commission eu-ropéenne qui veut créer une armée européenne pour entre autre assurer le maintien de l’ordre dans l’union (Juncker).Chaque jour les valeurs de la République sont ba-fouées, il est temps, grand temps de se lever et en-semble massivement de dire stop à ces projets contraires à la devise « Liberté, Egalité, Fraternité ».Faisons du 31 mars une grande journée de mobilisa-tion et de défense des valeurs qui sont celles du peuple de France, construites tout au long de son histoire.

Patrick STAAT

MARIE-CLAUDE VAILLANT-COUTURIER

P. 13 . D O S S I E R

Ce numéro contient une enveloppe T et un encart jeté

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4 - LE RÉVEIL - N° 822 - MARS 2016

LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Les gros profi ts des banques françaises dans les paradis fi scauxIls ne devraient être qu’un mauvais souvenir, ils sont toujours au cœur du système fi nancier. Les paradis fi s-caux ont plus que jamais la cote. Les banques françaises ont réalisé 5 Mds€ de bénéfi ces dans ces pays à la fi sca-lité avantageuse en 2014, année pour laquelle elles étaient tenues de rendre publics les bénéfi ces de chacune de leurs fi liales partout dans le monde.C’est en tout cas ce que révèlent plu-sieurs organisations non gouverne-mentales (CCFD-Terres solidaires, Oxfam et le Secours catholique). Dans un rapport d’une cinquantaine de pages dévoilé en exclusivité par « le Parisien » - « Aujourd’hui en France », ces ONG assurent que cette incroyable somme représente un tiers de leurs profi ts internationaux (15,3 Mds€).

Les établissements les plus lucra-tifs. « BNP Paribas et la Société gé-nérale sont les banques qui, en valeur absolue, enregistrent les bénéfi ces les plus importants (respectivement 2,4 et 1,3 Mds€) », expliquent les auteurs du rapport. Mais en termes de part des bé-néfi ces localisés dans ces pays, c’est le Crédit mutuel-CIC qui monte sur la

première marche du podium : 44 % de ses profi ts mondiaux sont déclarés dans les paradis fi scaux.

Au paradis de la rentabilité. L’ac-tivité des cinq plus grands établis-sements tricolores est en moyenne 60 % plus lucrative dans les paradis fi scaux que dans le reste du monde. Par exemple, selon les ONG, « pour un chiffre d’affaires de 1 000 €, les banques dégagent 362 € de bénéfi ces dans les paradis fi scaux contre 227 € dans les autres pays ». En France, ce chiffre tombe à 202 €. Comment expli-quer de tels écarts ?

Au royaume du zèle. A en croire les chiffres offi ciels, les salariés des para-dis fi scaux sont de véritables stakha-novistes de la fi nance. Ils sont 2,5 fois plus productifs. Et encore, il ne s’agit que d’une moyenne. A la Société géné-rale, un banquier basé à Singapour est ainsi près de 42 fois plus productif que son homologue basé à La Défense…

Encore mieux… des fi liales sans sa-lariés. Bahamas, Bermudes, îles Caï-

mans, île de Man… ces confettis sur l’océan ont tous un surprenant point commun, les fi liales des banques fran-çaises n’y comptent aucun employé. Aux îles Caïmans, seize fi liales tri-colores ne déclarent aucun salarié ! « Pas même BNP Paribas qui indique pourtant posséder deux banques qui relèvent de la banque de détail », c’est-à-dire censées offrir des services ban-caires de base.

Mais pourquoi aiment-elles tant ces territoires ? Les taux d’imposition sur les bénéfi ces y sont beaucoup plus bas qu’en France. Il y est même possible de négocier sa charge fi scale avec les autorités locales. Résultat, selon les ONG, en Irlande, dans un pays où le taux offi ciel d’impôt est à 12,5 %, la Société générale ne paie rien. Autre avantage local, les règles du jeu ban-caire sont plus souples : « L’opacité qui règne dans les paradis fi scaux peut permettre aux banques de contourner leurs obligations réglementaires et d’y mener des activités spéculatives. »

La réponse des banques. Paradis fi scal ? « Attention aux défi nitions », martèlent les établissements. BNP Pa-ribas, comme les autres, se réfère aux deux listes offi cielles établies en la matière, « celle élaborée par l’OCDE et celle publiée par la France ». A ce titre, le Luxembourg n’est plus sur la liste des pays non conformes de l’OCDE depuis… fi n 2015. « Nous re-fusons de travailler avec les pays non coopératifs et nous dénonçons toutes les transactions suspectes à Tracfi n », renchérit-on au Crédit mutuel-CIC.

Le Parisien - 16/03/2016

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LE RÉVEIL - N° 822 - MARS 2016 - 5

ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Travail : petit historique1806 : 18 mars : Création des conseils de Prud’hommes

1814 : 18 novembre : Loi imposant le repos dominical.

1831 : 21 novembre : Révolte des Ca-nuts à Lyon.

1841 : 22 mars : travail des enfants . l’âge minimum est fi xé à 8 ans (13 ans pour un travail de nuit)

1864 : 25 mai : La loi Ollivier recon-naît le droit de grève.

1871 : Pendant la Commune de Pa-ris, un «prix minimum du travail» et l’égalité entre hommes et femmes sont instaurés.

1874 : 19 mai : Création de l’Inspec-tion du travail.

1884 : 21 mars : la loi autorise la créa-tion de syndicats professionnels

1887 : 3 février : Inauguration de la première Bourse du travail à Paris.

1892 : Les 7 et 8 février : Congrès constitutif de la Fédération nationale des bourses du travail à Saint-Étienne.

1895 : Du 22 au 28 septembre : Fon-dation de la Confédération générale du travail (CGT)

1906 : 13 juillet : Le dimanche est le jour légal de repos.

1910 : 5 avril : L’âge de la retraite est fi xé à 65 ans

1915 : 13 janvier : La France est en guerre. Le socialiste Albert Thomas déclare : «Il n’y a plus de droits ou-vrier, plus de lois sociales. Il n’y a plus que la guerre».

1919 : 25 mars : Instauration des conventions collectives

23 avril : La journée de travail est ra-menée à 8 heures, sans diminution de salaire

1920 : 15 juillet : Les femmes peuvent adhérer à un syndicat sans l’autorisa-tion de leur mari.

1925 : 25 septembre : Reconnaissance aux fonctionnaires de se syndiquer.

1936 : Les 7 et 8 juin : Accords de Matignon : 15 jours annuels de congés payés, la semaine de 40 heures.

1940 : 16 août : Le régime de Vichy interdit les confédérations syndicales. La CGT, la CFTC et la Confédération générale du patronal français (CGPF) seront dissoutes le 9 novembre.

1943 : 16 février : instauration du ser-vice du travail obligatoire (STO).

1944 : 15 mars : Le Conseil national de la Résistance (CNR) adopte son programme d’action pour la France li-bérée : création de la Sécurité sociale, le droit au travail et à la retraite.

1945 : 22 février : Création des comi-tés d’entreprise

1946 : 21 février : Rétablissement de la loi sur les 40 heures hebdomadaires 23 décembre : Les conventions collec-tives instituées sous le Front populaire sont rétablies.

1947 : 31 mars : Instauration du sa-laire minimum vital 1er août : la CGT et le CNPF concluent un accord por-tant sur une hausse des salaires de 11%.

1950 : 11 février : Création du SMIG

1956 : 28 février : 3e semaine de congés payés

1958 : 31 décembre : Instauration de l’assurance-chômage

1963 : Du 1er mars au 4 avril : les mi-neurs de Lorraine et du Nord-Pas-de-Calais gagnent 11% d’augmentation de salaire et une quatrième semaine de congés payés.

1968 : Du 13 mai au 18 juin : Grève

générale, dix millions de travailleurs occupent les usines. 27 mai : Accords de Grenelle : hausse du SMIG de 33% et des salaires de 17%,

1973 : 13 juillet : l’employeur doit respecter des procédures de licencie-ment.

1977 : 16 mars : retraite à 60 ans pour les femmes.

1982 : 13 janvier : semaine de 39 heures et la 5e semaine de congés payés. 25 mars : L’âge de la retraite est abaissé à 60 ans

1993 : Novembre : Une directive eu-ropéenne fi xe le temps de travail à 48 heures hebdomadaires

1994 : 10 mars : Les étudiants mani-festent contre le CIP. Il sera abandonné le 30 mars.

1995 : Novembre-décembre : plan Juppé sur la Sécurité sociale. Grève.

1998 : 13 juin : réduction du temps de travail : instauration des 35 heures au 1er janvier 2000.

2001 : 9 mai : Levée de l’interdiction du travail de nuit des femmes dans l’industrie.

2002 : 17 janvier : Loi de «modernisa-tion sociale» : obligation de passer un accord sur les 35 heures avant de pro-céder à des licenciements collectifs,

2005 : 19 janvier : L’ANPE perd son monopole de placement des chômeurs au profi t des entreprises privées.

2006 : Mars-avril : Importante mo-bilisation étudiante contre le contrat première embauche (CPE). Le texte est retiré.

2008 : 1er mai : Entrée en vigueur du nouveau code du travail

10 juin : Révision de la directive euro-péenne sur le temps de travail.

19e siècle – Travail mauvais qui prend l’âge tendre en sa serre. Qui produit l’argent en créant la misère. Qui se sert d’un enfant ainsi que d’un outil – Victor Hugo

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Loi travail : la loi qui va bien au MEDEF

Le n° 1 du Medef, Pierre Gattaz, a dit que le projet allait « dans le bon sens » et a appelé le gouvernement à « aller jusqu’au bout » pour « déverrouiller » le marché du travail.Le projet de loi sur la réforme du droit du travail est une attaque fondamen-tale contre les droits sociaux des tra-vailleurs. Alors que la France vit sous l’état d’urgence, le projet de loi donne au patronat un instrument de dictature économique sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.C’est un recul de plus de 80 ans, la disparition des conquis du Front Popu-laire, du CNR à la Libération, de 68 et de 1981. De quoi réjouir Denis Kessler (ex n° 2 du Medef) qui avait dit tout haut le rêve patronal : « défaire métho-diquement le programme du Conseil National de la Résistance ».Depuis un siècle le patronat dénonce ce « carcan ».A la vue du Code du Travail, les pa-trons sont terrifi és au point de ne plus embaucher. Lors de l’Université d’été 2015 du MEDEF, Pierre Gattaz exi-geait une réforme en profondeur du droit du travail (Cf. le Réveil de sep-tembre 2015)Ainsi, on nous explique que la loi pourrait être simple.Depuis 2013, l’ami de la Finance Fran-çois Hollande a mis en place avec les

accords ANI dit de « compétitivité Emploi » une véritable machine à racketter les travailleurs, en renvoyant à travers une négociation dans l’en-treprise la possibilité d’augmenter le temps de travail sans augmenter les sa-laires ou même de baisser les salaires à temps de travail égal. Ce dispositif per-met au patronat d’obtenir des baisses des salaires horaires payés aux travail-leurs afi n de doper leurs plus values. Au moment où près de 7 millions de nos concitoyens sont au chômage, en échange de cette baisse des salaires, l’entreprise « s’engage » à ne pas li-cencier.C’est ni plus ni moins que du chantage à l’emploi ! Chantage d’autant plus effi cace et violent que l’Union Euro-péenne permet et facilite les délocali-sations mettant ainsi en concurrence frontale et directe les travailleurs des différents pays européens. L’UE dont le premier principe est la « concur-rence libre et non faussée » et la libre circulation des biens et des capitaux organise le dumping social et l’aligne-ment sur le plus bas des salaires.En mai 2015, la Commission euro-péenne a appelé la France à accélérer les réformes (casse du code du travail, fi n des 35 heures, baisse du salaire minimal, durcissement des conditions d’accès aux indemnités chômage,

baisse des remboursements de sécu-rité sociale...). Le tout s’ajoutant aux directives européennes prises par ail-leurs par la Commission pour privati-ser et libéraliser les services et entre-prises publics ou reculer l’âge de la retraite. (Cf. Réveil de mai 2015).Rappelons-nous qu’en 2014, les divi-dendes des actionnaires ont augmenté de + 10,4 % et avaient augmenté de + 30 % en 2013. En moyenne, les pa-trons du CAC 40 touchent 7 SMIC an-nuel par jour.En 2014, grâce au C.I.C.E. et au pacte de responsabilité (50 milliards d’al-lègements de cotisations et d’impôts pour les entreprises), le patronat nous garantissait la création d’un million d’emplois.Dans notre pays, on ne parle jamais des salariés victimes d’accidents du travail. Victimes d’une guerre écono-mique. En 2010, ce sont 529 accidents mortels au travail, 658 000 accidents avec arrêt, 41 176 accidents ayant donné lieu à la reconnaissance d’une incapacité permanente. Sans compter les 300 à 400 suicides chaque année liés au chômage, aux fermetures d’en-treprises, aux heures supplémentaires, tensions avec la hiérarchie… Un geste désespéré qui montre la profondeur du malaise de certains salariés.Des chiffres ? Non, des vies. Ren-voyées au chômage, à la précarité, à la misère.C’est cela qu’ils osent appeler moder-nité ! En d’autre temps on aurait parlé d’esclavagisme !Le code du travail provient des luttes ouvrières, son rôle est de protéger et de sécuriser le salarié. Là, il est trans-formé en un véritable outil pour les laminer, le rendre protecteur des en-treprises. C’est écrire notre histoire à l’envers.Le projet de loi El Khomri est une remise en cause historique, une in-sulté à plus d’un siècle de conquêtes

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LE RÉVEIL - N° 822 - MARS 2016 - 7

ACTUALITÉS LE RÉVEIL

sociales, une insulte aux valeurs de la République. Il ne doit pas être reporté mais immédiatement retiré. Toutes les mesures envisagées visent à précariser

toujours plus, fl exibiliser toujours da-vantage les salariés pour faire baisser le « coût » du travail, afi n de faire grossir les profi ts fi nanciers et les dividendes

versés aux actionnaires. Les salariés ont besoin d’un code du travail qui les sécurise, car salarié et employeur ne sont pas sur un pied d’égalité.

Les recommandations européennes et la loi-travailLa loi sur le travail est directement issue des recommandations de la com-mission de Bruxelles qui impose sa politique sociale à la France.Pour cette « loi sur le travail », le gou-vernement Valls s’appuie, entre autres, sur une recommandation du 14 juillet 2015 du conseil européen (sur propo-sition de la commission...) à la France. Ci-dessous quelques morceaux choisis de ces recommandations :« Des mesures ont été prises pour ré-duire le coût du travail et améliorer les marges bénéfi ciaires des entreprises… leur mise en œuvre devrait se pour-suivre en mars 2016… Le coût du salaire minimum reste élevé […] Le salaire minimum devrait évoluer d’une manière plus propice à la compétiti-vité [...] »« La France devrait prendre des me-sures résolues pour supprimer les seuils réglementaires prévus par le droit du travail [...] » Il faudrait « Réviser le cadre juridique régissant les contrats de travail pour-

rait aider à réduire la segmentation. Les réformes menées récemment n›ont donné aux employeurs que peu de pos-sibilités pour déroger aux accords de branche par des accords d’en-treprises. Cela limite la capacité des entreprises à moduler leurs effectifs en fonction de leurs besoins.« Les branches et les entreprises ont la possibilité de déterminer de façon souple, au cas par cas et après négo-ciations avec les partenaires sociaux, à quelles conditions il y a lieu de dé-roger à la durée légale du travail de 35 heures par semaine, [...] »« Très peu d›entreprises ont fait usage des nouveaux dispositifs permettant un assouplissement des conditions de travail dans le cadre d›accords d›entre-prise. Ce dispositif devrait être revu afi n de donner plus de latitude aux entreprises pour adapter les salaires et le temps de travail à leur situation économique. «Des mesures structurelles sont néces-saires pour garantir la soutenabilité du

système. En particulier, les conditions d’éligibilité, la dégressivité des alloca-tions et les taux de remplacement pour les salaires les plus élevés devraient être réexaminés par les partenaires sociaux chargés de la gestion du sys-tème. »

N.B. : vous pouvez retrouver l’intégralité du texte, sur le journal offi ciel de l’Union Euro-péennehttp://ec.europa.eu/europe2020/pdf/csr2015/csr2015_council_france_fr.pdf

« En l’état actuel, la France peut basculer dans la dictature en une semaine »Dans une interview au Figaro, le nouveau bâtonnier de Paris, Frédé-ric Sicard, s’inquiète du fonctionne-ment de la justice en France et d’une série de lois qui « grignote l’État de droit ».Depuis son élection et son entrée en

fonction, en janvier 2016, Frédéric Sicard, le nouveau bâtonnier de Paris, porte-parole et patron des avocats pa-risiens, dresse un portrait relativement sombre du fonctionnement de la jus-tice française.Dans une interview au Figaro, le

1er mars 2016, il revient sur les condi-tions particulières de son arrivée au barreau de Paris, marquée par l’en-combrement des tribunaux et l’arri-vée d’une « série de lois qui grignote l’État de droit », notamment après les attentats de novembre.

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Interrogé sur la réforme de la procé-dure pénale, qui entend renforcer de façon pérenne les outils de lutte contre « le crime organisé, le terrorisme et leur fi nancement » et actuellement examinée par les députés à l’Assem-blée, Frédéric Sicard ne cache pas son hostilité face à un texte qui « manque de garde-fous en faveur des droits de la défense » :« Tous les spécialistes le disent : l’arsenal juridique existait au mo-ment des attentats, c’est juste que l’État n’a pas les moyens de l’utiliser. Une loi de plus ne changera rien. En revanche, en l’état actuel du texte, la France peut basculer dans la dic-tature en une semaine. Ce n’est pas acceptable. »Ce texte, qui prévoit un ensemble de

mesures controversées (rétention, per-quisitions et fouilles de nuit, assigna-tion à résidence, contrôles adminis-tratifs, assouplissement de la légitime défense pour les policiers…), ren-contre une vive opposition à gauche comme à droite. Les premiers dé-noncent un « texte liberticide », les seconds regrettent qu’il n’aille pas assez loin. Face au projet de loi, les magistrats, eux, ne cachent plus leur inquiétude.Et si, jusque-là, le barreau de Paris ne s’était pas offi ciellement prononcé sur la révision constitutionnelle introdui-sant l’état d’urgence sur le territoire français et la déchéance de nationalité pour les binationaux, le bâtonnier de Paris a pris les devants, dans Le Figaro : « La déchéance de nationalité est une

mesure ineffi cace. Sur son principe, la réforme constitutionnelle est un piège politique. Toucher à la Constitution, c’est toucher à la loi fondamentale de la nation. On ne peut y revenir tous les deux ans. Il ne s’agit pas de la déli-vrance du passe Navigo !»

Etat d’urgence

Toubon hausse le ton Les abus liés à l’état d’urgence se multiplient au point de provoquer une mise en garde du Défenseur des droits, Jacques Toubon.

L’ancien ministre de la Justice, qui a reçu 70 réclamations, va « recom-mander des poursuites disciplinaires en cas de manquement à la déonto-logie », a-t-il prévenu au cours d’une conférence de presse. Depuis la mise en place de l’état d’urgence, au soir des attentats du 13 novembre, des di-zaines de personnes ayant subi perqui-sitions administratives, assignations à résidence ou effets collatéraux de l’état d’urgence ont saisi le Défenseur des droits. Ce dernier a pour mission de contrôler le respect des règles de déontologie des forces de sécurité et de défendre les droits des usagers des services publics.« Dans plus de 10 % des réclamations relatives à des perquisitions adminis-tratives reçues par le Défenseur des droits, les réclamants se plaignent d’avoir été dénoncés à tort par un voi-sin, un ancien collègue ou un ancien conjoint malveillant », relève le bilan,

qui sera remis au président de la com-mission des Lois de l’Assemblée na-tionale et à celui du Sénat.23 personnes parmi 34 qui ont contacté le Défenseur ont fait l’objet de per-quisitions administratives n’ayant pas donné suite. Huit se plaignent d’avoir vu leur porte d’entrée fracassée et six n’ont pas reçu l’ordre de perquisition, ce qui complique la possibilité de lan-cer un recours. Il suggère plusieurs pistes pour éviter ces abus. Pour dé-tecter d’éventuelles dénonciations ca-lomnieuses et empêcher leurs « effets délétères », le Défenseur propose de faire procéder à une « enquête ad-ministrative rapide » avant de mener toute perquisition lorsqu’une dénon-ciation est anonyme. En cas de dénon-ciation manifestement calomnieuse, il recommande aux forces de l’ordre d’informer le procureur de la Répu-blique compétent afi n que le parquet diligente une enquête.

Il recommande aussi « d’adapter les modalités des perquisitions à la dan-gerosité réelle des personnes visées » : « Est-il nécessaire de faire des perqui-sitions de nuit, de pénétrer de force ? d’être cagoulés ? », s’est-il interrogé, insistant aussi sur la nécessité de prendre le « maximum de précaution » pour ne pas traumatiser les enfants éventuellement présents.

(avec AFP)

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INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Iran

Rohani à petits pas… Le président iranien sort renforcé des législatives. La signature de l’accord sur le nucléaire et ses velléités d’ouverture semblent porter leurs fruits…

A l’heure où nous écrivons ses lignes, une nouvelle donne politique est peut-être en train de se dessiner en Iran. A l’occasion des élections législatives, les alliés réformateurs et modérés du président Hassan Rohani ont forte-ment progressé. D’après les premiers résultats, ils disposeront de trois fois plus de représentants au Majlis, le Parlement iranien. Ils en comptaient 30 jusqu’à présent, contre environ 200 pour les conservateurs. Une percée re-marquable, notamment à Téhéran, la capitale, où ils ont la totalité des 30 sièges jusqu’alors détenus en grande partie par leurs rivaux conservateurs, gardiens de l’orthodoxie.Cependant, d’après les résultats par-tiels publiés le 28 février, aucun des deux camps n’obtient de majorité claire. La percée des proches de l’ac-tuel chef de l’Etat est d’autant plus no-table que la plupart des grandes fi gures du camp réformateur avaient été écar-tées de la course aux législatives par le Conseil des gardiens de la Consti-tution, qui a un droit de veto sur les candidatures.Plusieurs fi gures des conservateurs qui se sont présentés au scrutin étaient de farouches opposants à l’accord conclu en juillet 2015 entre les grandes puis-sances et l’Iran sur son programme nucléaire. Le texte, entré en vigueur mi-janvier, a entraîné la levée de la plupart des sanctions économiques qui asphyxiaient le pays. Et même si les répercussions se font encore attendre et n’ont pas, à ce jour, de conséquences directes sur la vie quotidienne des Ira-niens, l’accord est vécu comme une bouffée d’oxygène par la population…Une nouvelle atmosphèreReligieux modéré, le président Rohani a misé sur cette avancée majeure et

les investissements étrangers attendus par son application pour engranger un maximum de députés favorables à sa politique au Parlement. Il affi rme vou-loir, en effet, mettre en place une série de réformes économiques et sociales avant la fi n de son premier mandat de quatre ans en 2017.Autre motif de satisfaction pour Ro-hani : son élection et celle de son allié, Akbar Hachémite Rafsandjani, ancien président de la République islamique, à l’Assemblée des experts. Le vote pour son renouvellement s’est déroulé vendredi, en même temps que les lé-gislatives. Le taux de participation aux deux scrutins a été d’environ 60 %. Cette chambre, composée de 88 reli-gieux élus pour huit ans, est chargée de nommer le « Guide suprême » et pour-rait être amenée à jouer un rôle déter-

minant durant son mandat puisque le guide actuel, Ali Khamenei, est âgé de 76 ans.« Le progrès du pays est l’objectif principal » et le « prochain Parlement aura de lourdes charges », a estimé le guide suprême, dans un message lu à la télévision. Ali Khamenei a cepen-dant mis en garde contre une avancée « superfi cielle sans indépendance ni intégrité nationale ». Le président Rohan a, pour sa part, affi rmé dans un tweet que « les électeurs ont créé une nouvelle atmosphère » en Iran. Son allié, M. Rafsandjani, a déclaré dans un message sur le réseau social que « personne ne peut résister à la vo-lonté de la majorité du peuple et ceux dont il ne veut pas doivent se retirer ».

J.-P. Delahaye

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Elections américaines

Trump candidat du KKK ?La candidature de Donald Trump attire le soutien des suprémacistes blancs. David Duke, qui était le leader du Ku Klux Klan dans les années 1970, vient d’appeler à voter pour Donald Trump à l’élection présidentielle.« Voter contre serait trahir vos ori-gines », a-t-il expliqué lors d’une émission radio, 24 février dernier, en-joignant ses auditeurs à faire du béné-volat pour la campagne du milliardaire new-yorkais.Comme le rappelle le Southern Po-verty Law Center, Duke est un néo-nazi et un négationniste qui pense que les Blancs sont massivement discrimi-

nés aux États-Unis. Il a malgré tout été élu comme représentant à l’Assemblée de Louisiane en 1989 et a obtenu 32 % des voix lors de sa campagne de 1991 pour devenir gouverneur de l’État. Sur son site Internet, il explique no-tamment qu’il faut voter Trump pour contrer la domination juive du Parti républicain.En décembre 2015, Duke avait expli-qué au site Politico que la candidature de Trump avait permis aux Blancs (qu’il nomme « Euro-Américains ») de libérer leur parole raciste.Avec sa rhétorique antimusulmans et anti-immigrés, Trump fédère l’élec-

torat américain le plus raciste, bien qu’à l’été 2015 il ait offi ciellement dé-claré qu’il ne voulait pas du soutien de David Duke. Pourtant, de plus en plus d’extrémistes font campagne pour lui, même si c’est sans son approbation offi cielle. Avant les primaires républi-caines de plusieurs États, un groupe de suprémacistes blancs a en effet en-registré des messages téléphoniques encourageant les électeurs à voter pour Trump.

J.-P. D.

Donald Trump n’est « pas chrétien » A l’occasion de son récent voyage au Mexique, le pape François a prononcé une messe dans la ville de Cuidad Jua-rez, à la frontière entre le Mexique et l’Etat du Texas. Il a lancé un appel à la solidarité avec les immigrés qui tentent de passer illégalement aux Etats-Unis. « On ne peut ignorer la crise huma-nitaire de ces dernières années qu’a provoquée la migration de milliers de personnes, que ce soit par le train, la

route ou même à pied, traversant des centaines de kilomètres à travers les montagnes, les déserts, les chemins inhospitaliers. Cette tragédie humaine que représente la migration forcée est aujourd’hui un phénomène global », a déclaré le chef de l’Eglise catholique dans son homélie.Dans l’avion qui le ramenait du Mexique à Rome, jeudi 18 février, il a répondu à la question d’un journaliste

qui l’interrogeait sur les positions an-ti-immigrés du candidat républicain à la primaire Donald Trump. « Une per-sonne qui veut construire des murs et non des ponts n’est pas chrétienne », a affi rmé le Souverain Pontife avant d’ajouter :« Ce n’est pas dans l’Evan-gile ».La messe est dite !

J.-P. D.

Israël

Netanyahou et l’ultra-droite visent les ONGFin décembre 2015, des ministres is-raéliens ont adopté un texte contro-versé prévoyant de durcir la législation sur les ONG percevant des fonds de l’étranger. Une initiative dénoncée par les organisations de gauche comme une chasse aux sorcières.Le texte prévoit d’obliger les ONG israéliennes recevant au moins 50 %

de leurs fonds de l’étranger à men-tionner l’identité de leurs donateurs dans leurs déclarations fi nancières et leurs adresses aux organismes publics israéliens. Il imposerait également aux membres de ces ONG de porter des badges spéciaux les identifi ant lorsqu’ils se présenteront devant des comités parlementaires, comme c’est

déjà le cas pour les membres de lob-bies. « C’est une avancée préoccu-pante dans les efforts de la droite pour délégitimer ces organisations et les réduire au silence », a affi rmé dans un éditorial, le quotidien Haaretz, proche du centre-gauche.Le projet, porté par la ministre de la Justice Ayelet Shaked, étoile montante

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INTERNATIONAL LE RÉVEIL

USA/ChineL’objectif de l’accord très pacifi que comme le TAFTA est clair : asseoir la toute-puissance américaine.Le président américain Barack Obama a accueilli, lundi 15 février, en Californie, les dirigeants de dix pays d’Asie du Sud-Est réunis au sein de l’Asean, avec la volonté évidente de contrebalancer le poids de la Chine en Asie-Pacifi que.

de la droite nationaliste religieuse, « porte un rude coup à la liberté d›ex-pression », estime le journal. Une fois approuvé par ce comité ministériel, il sera soumis au Parlement… Lors de la publication du texte, la ministre ultra-conservatrice l’a justifi é en affi r-mant que « les interférences fl agrantes de gouvernements étrangers dans les affaires internes israéliennes sont pléthores et sans précédent ». Elle a notamment pris comme exemple une enquête de l’ONU sur la guerre de l’été 2014 qui a conclu à de possibles

crimes de guerre d’Israël dans la bande de Gaza. Selon la ministre, les Nations unies se sont basées sur des preuves recueillies par B’Tselem, Adalah et Breaking the Silence, des ONG israé-liennes qui reçoivent des fonds étran-gers. Le chef de son parti du « Foyer juif », le ministre de l’Education Naf-tali Bennett, a interdit mi-décembre aux anciens soldats de Breaking the Silence, une organisation pacifi ste qui dénonce les exactions de l’armée israé-lienne dans les Territoires palestiniens occupés, de témoigner dans les écoles

au motif qu’ils répandent des « men-songes ». Rappelons que les attaques de Tsahal ont fait près de 2 300 morts pour la plupart civiles, les hôpitaux et principales infrastructures détruits, etc. Déjà en partie aveuglée par son soutien inconditionnel à Israël, si cette loi était votée par la Knesset, la com-munauté internationale serait cette fois privée de témoignages déterminants des ONG. Plus de son, plus d’images, un rêve pour Netanyahou et ses amis des démocraties occidentales…

J.-P. Delahaye

« Obama veut contrecarrer Pékin en Asie », titrait le Figaro ce même jour. Au menu de cette rencontre, les différends territoriaux mais surtout les liens économiques, le TPP, parte-nariat trans-pacifi que, vaste zone de libre-échange que souhaite imposer Washington pour contrer la puissance chinoise dans cette région, carrefour stratégique pour le commerce mondial et riche en ressources halieutiques* et en pétrole.Dès la cérémonie d’ouverture de ce sommet inédit, le locataire de la Mai-son-Blanche a insisté sur la nécessité de respecter le droit international et de résoudre les disputes de manière « pa-cifi que et par des moyens légaux », dans une allusion aux contentieux territoriaux qui opposent nombre des pays de l’organisation régionale à Pékin en mer de Chine méridionale.La Chine y mène d’énormes opéra-tions de remblaiement d’îlots, trans-formant des récifs coralliens en ports, pistes d’atterrissage et infrastructures diverses. Cela a attisé les tensions avec les pays voisins (Vietnam, Taïwan, Philippines, Malaisie, Brunei) qui « redoutent un coup de force ».Les diplomates américains ont assuré, la main sur le cœur, qu’il ne s’agis-

sait en aucun cas d’un sommet « an-ti-Chine ». Mais le géant asiatique a été, selon journalistes et observateurs, à de nombreuses reprises, au centre des discussions.Imposer la puissance américaine« Le président américain essaye de créer un environnement stratégique qui force la Chine à respecter les règles », décrypte Ernest Bower, du Center for Strategic and International Studies.Les dix pays membres de l’Asean, qui, ensemble, représentent la septième économie du monde, sont la Thaïlande, la Malaisie, Singapour, l’Indonésie, les Philippines, Brunei, le Vietnam, la Laos, la Birmanie et le Cambodge. Jugé trop petit et trop hétérogène pour être un acteur de poids, ce groupe ré-gional a longtemps été négligé par Washington. Mais Obama en a fait, depuis son arrivée au pouvoir en 2009, l’un des piliers du « rééquilibrage » ou « pivot » de l’Amérique vers l’Asie, qu’il défend inlassablement. L’orga-nisation représente une population de près de 620 millions de personnes et pèse autant que la septième économie mondiale. Les Etats-Unis y ont investi en 2014 près de 226 milliards de dol-lars, soit l’investissement cumulé amé-

ricain en Chine, en Corée du Sud et au Japon. On comprend que cette partie du monde représente une région clé pour celui qui, en 2009, dans un dis-cours à Tokyo, avait proclamé « sa fi erté d’être le premier président amé-ricain du Pacifi que » !« Nous voulons faire clairement passer le message que les Etats-Unis seront à la table des discussions et contribue-ront à fi xer les termes du débat en Asie Pacifi que dans les décennies à venir », a résumé Ben Rhodes, proche conseil-ler d’Obama. Pour la Maison-Blanche cette ren-contre voulait être un moyen d’affi cher la solidité des liens avec l’Asean avant le départ d’Obama, en janvier 2017. Des déplacements présidentiels au Vietnam et Laos, prévus cette année, devraient renforcer le message.

J.-P. Delahaye* Ressources vivantes du milieu aquatique

marin.

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Libye

Paris mène des opérations secrètes

Grosse colère au ministère de la Dé-fense (de la guerre ?), Le ministre, Jean-Yves Le Drian, a lancé mercredi 24 février une « enquête pour compro-mission » du secret-défense, après la

publication d’un article du Monde fai-sant état de la présence de forces spé-ciales françaises et d’agents secrets en Libye. Selon le quotidien du soir, la France procède en Libye à des frappes ponc-tuelles très ciblées, préparées par des actions discrètes voire secrètes. Face à la menace de l’organisation Etat is-lamique (EI), la ligne fi xée par Hol-lande reposerait, pour l’heure, sur des actions militaires non offi cielles. Elles s’appuient sur des forces spéciales, re-pérées dans l’est de la Libye, depuis

mi-février par des blogueurs spécia-lisés. Et ce n’est pas tout ! Plusieurs sources ont indiqué au Monde, que la lutte contre les terroristes pouvait cou-vrir des opérations clandestines, me-nées par le service action de la Direc-tion générale de la sécurité extérieure (DGSE). Les premières engagent la France car leurs soldats, même très discrets, agissent sous l’uniforme. Les secondes sont aussi assurées par des militaires mais restent invisibles.

J.-P. D.

Cyberguerre

Nom de code : « Nitro Zeus »Révélations sur la plus grande cyber attaque imaginée par les Etats-Unis, avec le concours de Londres et d’Israël.

Un documentaire présenté à la mi-fé-vrier, dans le cadre du prestigieux Festival cinématographique « la Ber-linade », révèle que les hackers de la NSA avaient infecté une grande partie des infrastructures critiques iraniennes - électricité, transport ou encore dé-fense aérienne - dans le but de les dé-truire.« Zero Days » d’Alex Gibney risque de faire froid dans le dos d’un certain nombre de dirigeants à Washington, Londres et Tel-Aviv. Basé sur une série de témoignages d’offi ciers mi-litaires et d’agents du renseignement américains, le fi lm donne une image radicalement nouvelle des opérations cybernétiques menées par les Etats-Unis et Israël contre l’Iran. En pleine négociation sur le nucléaire iranien, qui fort heureusement se sont conclues positivement, selon ce document, la Maison-Blanche, en cas d’échec, était prête à déclencher une cyber attaque, contre l’Iran, d’une envergure sans précédent. Ces attaques seraient ve-nues en support d’opérations militaires classiques

Des « centaines de millions » d’im-plants logiciels auraient ainsi été ins-tallés dans ces différents systèmes informatiques, un peu comme on met-trait en place des cellules dormantes. Une fois actionnés, ces logiciels avaient pour objectif de « perturber, dégrader ou détruire » les infrastruc-tures iraniennes sans que l’on puisse prouver l’origine de ces actions.Les complicesCet effort militaire aurait coûté « des centaines de millions de dollars » et se serait appuyé sur le travail de « cen-taines de personnes sur plusieurs an-nées ». Selon le réalisateur Gibney, il s’agissait « du plus grand plan de guerre cybernétique jamais créé par les Etats-Unis ». Le fi lm donne également des préci-sions sur le développement et l’utili-sation de Stuxnet, ce ver informatique qui a réussi à détruire une partie des centrifugeuses iraniennes d’enrichis-sement d’uranium. Le documentaire confi rme que ce logiciel a été créé par les services américains et israéliens, mais souligne qu’il n’aurait jamais dû

être détecté. Au départ, ce code ma-licieux a été utilisé avec beaucoup de précaution, les hackers gouvernemen-taux faisant en sorte d’effacer a posté-riori toutes les traces d’infection.Enfi n, le documentaire révèle que l’opération Nitro Zeus a profi té de la collaboration des services de rensei-gnement britanniques, qui ont fourni aux Etats-Unis et à Israël des infor-mations d’ordre opérationnel permet-tant d’infi ltrer les infrastructures ira-niennes. La révélation de cette vaste opération de cybersabotage pose la question du contrôle et de la moralité de ce type d’actions, dont l’impact pour les populations et les territoires aura des conséquences humanitaires et écologiques catastrophiques.

J.-P. Delahaye

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N° 822MARS 2016

LE CAHIER MÉMOIRE

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11

ÉDITOPar Paul Markidès

Parmi les femmes de France qui après l’armistice de mai 1940, ont pris place dans le combat résistant, Ma-rie-Claude Vaillant-Couturier fut l’une des premières.Originaire d’une famille aisée, c’est auprès de Paul qu’elle pris conscience des conditions de la vie des hommes, des femmes et des enfants des catégories les plus modestes et se rangea à leurs côtés avec lui qui était aussi originaire d’une famille bourgeoise dont il disait à son propos : « Nous venons de loin ».Marie-Claude Vaillant-Couturier dès l’arrivée de l’occu-pant, prit sa place dans le combat solidaire des femmes qui s’engagea alors pour tous ceux durement touchés par l’armée nazie.La grande solidarité des femmes de notre pays ce furent les petits enfants juifs et les petits enfants de patriotes sauvés des trains qui emmenaient leurs parents vers les grands cimetières d’Allemagne et de Pologne, ce furent les colis de vivres, les cigarettes, le linge nettoyé et rac-commodé, apporté aux patriotes emprisonnés, ce furent les collectes de vêtements et de vivres pour les hommes qui gagnaient le maquis. Et chaque jour un peu plus la relève des combattants de la Résistance.

Et Marie-Claude fut de ceux-là. Arrêtée elle fut déportée politique au camp d’Auschwitz, matricule 31685, c’est elle qui témoigna au procès de Nuremberg face aux bour-reaux nazis.Ce cahier mémoire présente d’importants extraits de son témoignage. De retour des camps c’est naturellement qu’elle reprit comme député à Villejuif, le combat engagé avec Paul, le maire de cette ville.

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LE RÉVEIL DOSSIER

« Une série de chances et un cœur à toute épreuve »Décédée le 11 décembre 1996, Marie-Claude Vaillant-Couturier était restée à jamais la déportée politique matricule 31685 du camp d’Auschwitz. Et aussi celle qui témoigna au procès de Nu-remberg. Et quel témoignage !« Je suis entrée dans la salle très lentement. Je suis passée devant Goering et les autres nazis. J’étais face à eux et, sans un mot, simplement avec mes yeux, je leur disais : En ce moment, ce sont des millions de morts qui vous regardent. » Les yeux de Marie-Claude Vaillant-Coutu-rier ressemblaient à deux étoiles bleues qui ne chancelaient ja-mais. Il était 10 heures du matin, ce lundi 28 janvier 1946, à Nu-remberg, quand elle passa devant les accusés, lentement. Un à un, très près, les frôlant presque, elle les dévisagea. Pour voir quoi ? S’il restait un bout d’humanité sur ces visages ? Ou à quoi pou-vaient ressembler des monstres déguisés en hommes – à moins que ce ne fût le contraire ? Et puis elle avait parlé, longuement, ré-pondant aux questions, prenant le temps du récit pour ne rien omettre, ne laisser aucune prise à l’inexactitude. Juste raconter ce qu’elle savait, ce qu’elle avait vu. Bien qu’assises, elle s’arrima parfois à la barre. Le corps droit. Si peu vacillant. Elle avait trente-quatre ans ce jour-là. Mais elle savait (déjà) qu’elle n’avait plus d’âge. »Quatre chefs d’accusation avaient été retenus. « Plan concerté ou complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. » Francis Cohen,

envoyé spécial de l’Humanité, raconte ainsi : « La tension était forte lorsque les accusés sont en-trés, mais ils donnaient l’impres-sion de gens assez médiocres face à leur propre destin. Seul Goering se détachait. Il était le chef. Aux interruptions de séance, on se groupait autour de lui. Il don-nait des consignes… ». Témoin lui aussi des premiers instants, Joseph Kessel, dans France Soir, écrit : « Les militaires claquent les talons. Les civils se serrent les mains. Les uns sourient. D’autres ont les traits soucieux. Certains visages ne montrent aucune ex-pression. Ils s’assoient, s’ins-tallent, causent entre eux ou avec leurs défenseurs. Mais aucun de ces hommes accusés, dont je scrute les fi gures avec une avidité passionnée, aucun ne porte sur le front ou dans les yeux la moindre trace, le moindre refl et, la plus petite justifi cation de leur gloire passée, ou du terrifi ant pouvoir qui fut le leur. » Francis Cohen confi rme : « Les plus importants déclaraient avoir obéi au devoir patriotique, les seconds couteaux avoir obéi aux ordres… »Ce matin du 28 janvier 1946, donc, lorsque Marie-Claude Vail-lant-Couturier pénètre dans la salle, elle « est » tout à la fois. Femme. Résistante. Déportée. Rescapée d’Auschwitz. Elle re-présente aussi toutes celles et tous ceux qui avaient été « clas-sé(e)s » « nuit et brouillard » par les nazis, destiné(e)s à mou-rir et rien d’autre. Mais pas être gazée immédiatement car non juive (elle-même fera la distinc-tion). Vouée à la mort lente, Ma-

rie-Claude réussit à en réchapper parce qu’elle parlait allemand, et puis parce qu’il y eut ce qu’elle appelait « une série de chances et un cœur à toute épreuve ». Sur le petit cahier qu’elle a réussi à tenir à Ravensbrück quelques jours avant la libération par l’Armée rouge, le 30 avril 1945, elle avait consigné ce commentaire : « Per-sonne, personne ne pourra se re-présenter cela, on ne pourra pas nous croire. » D’ailleurs, inscrite pour être rapatriée par convoi de la Croix-Rouge, elle décida de rester pour soigner ses compagnes atteintes du typhus. Elle ne rentra qu’en juin. Est-elle jamais « ren-trée » ?Quand elle évoquait son parcours, avec une minutie et une modes-tie sans borne, s’autorisant rare-ment le « je », on croyait revoir cette jeune étudiante inscrite aux Beaux-Arts qui apprit l’allemand après l’anglais et qui vécut à Berlin de 1930 à 1931. « J’ai été témoin de la montée du fascisme dans une Allemagne où existait une misère atroce. C’était quelque chose qui se voyait partout, qui prenait à la gorge. » Sa mère était une cousine éloignée de la dynastie Peugeot. Son père, l’éditeur Lucien Vogel, était, lui, un homme de gauche, et son grand-père, un partisan acharné du socialisme de Guesde et de Jaurès. Elle disait : « Mes

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DOSSIER LE RÉVEIL

parents étaient des intellectuels qui vivaient confortablement. Mais le chemin qui m’a menée au Parti communiste n’est pas celui que pouvait emprunter un ouvrier exploité. J’ose même avouer que c’est la conscience de n’avoir pas eu d’autre effort à faire que celui de naître qui m’a donné une cer-taine conscience de classe ».Engagée au sein de l’Association des écrivains et artistes révolu-tionnaires, elle, la passionnée de photographie qui croisa Henri Cartier-Bresson, Willy Ronis et Robert Capa, adhéra au PCF au lendemain de la manifestation fas-ciste du 6 février 1934. En 1937, elle connut le premier drame de sa vie : son époux, Paul Vail-lant-Couturier, député et ancien rédacteur en chef de l’Humanité, décède d’un infarctus quinze jours après leur mariage… « Par-delà le chagrin, je savais de Vaillant-Cou-turier m’avait ouvert une fenêtre sur le monde qui ne se refermerait plus. »Entrée dans la clandestinité en avril 1940, elle s’engage dans la Résistance dès l’arrivée des troupes allemandes en France, elle est arrêtée le 9 février 1942 par la police française. « Je ne pensais qu’à une chose, faire disparaître les fausses cartes d’identité et le courrier de Jacques Duclos qui étaient cachés dans le double fond de mon sac à provisions. J’ai donc demandé l’autorisation d’aller aux toilettes et là, il fallait faire vite, détruire tous ces documents… »D’abord mise au secret puis in-carcérée au fort de Romainville, elle fut déportée à Auschwitz le 23 janvier 1943. En août 1944, le matricule 31685 était transféré à Ravensbrück. Comment dé-crire alors le dévouement de cette femme, elle parmi d’autres ? Ara-gon en fera le symbole d’un de ses poèmes : « Je vous salue Maries de France aux cent visages… »Parlementaire en devenant l’une des premières femmes à entrer au Palais-Bourbon : membre de l’As-

semblée constituante provisoire, députée de la Seine de la Libéra-tion à novembre 1958, puis réé-lue de novembre 1962 à 1973 de la 1re circonscription du Val-de-Marne, elle fut vice-présidente de l’Assemblée nationale entre 1956 et 1958, puis entre 1967 et 1968. Elle abandonna son siège quelques semaines avant les élections législatives de 1973. Georges Marchais, secrétaire général du PCF, fut élu dans son fauteuil.Lorsqu’elle s’éteignit en 1996, à quatre-vingt-quatre ans, elle était toujours la présidente de la Fondation pour la mémoire de la

déportation. Au lendemain de sa mort, Geneviève de Gaulle écri-vait : « C’était une femme d’une humanité profonde. De ces êtres humains qu’on a la grâce de ren-contrer dans sa vie, et qui vous marquent pour toujours (…) Elle a été pour nous tous, anciens dé-portés, mais bien au-delà, de ces fi gures de proue qui nous en-traînent, qui nous poussent, pour aller toujours plus loin dans tout ce qui concerne la grandeur de l’homme, sa valeur, sa dignité. Marie-Claude n’est pas morte. »

Jean de LeyzieuExtrait d’un Hors-Série de l’Humanité du 29 et 30 janvier 2005.

Un an après la découverte d’Auschwitz par l’Armée rouge, Marie-Claude Vaillant-Couturier témoigne

C’est à la demande de l’accusa-tion française que Marie-Claude Vaillant-Couturier a été citée à comparaître comme témoin à charge lors du procès des prin-cipaux responsables du Reich nazi devant le tribunal militaire international de Nuremberg qui a siégé du 14 novembre 1945 au 1er octobre 1946.La première partie de son témoi-gnage porte sur le régime de ce camp. Aussi effroyable que fut ce qu’elle y a vécu ; elle souligne à plusieurs reprises combien les choses étaient pires encore pour les juifs pour lesquels la règle la plus générale était d’ailleurs la chambre à gaz dès l’arrivée. Marie-Claude Vaillant-Couturier et les quelques survivantes de son convoi sont transférées à Ravensbrück (Allemagne) au début d’août 1944 : « Lorsque nous avons quitté Auschwitz,

dit-elle, nous avions l’impression de sortir de l’enfer et, pour la première fois, un espoir de re-vivre… » Ces propos ont d’au-tant plus de signifi cation que le régime de bagne – la mort par épuisement au travail forcé – qui règne à Ravensbrück est aussi peu imaginable. Elle fut rapatriée en France le 25 juin 1945.

De gauche à droite : M. C. V. Couturier, G. De Gaulle, Ma-dame Girard.

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LE RÉVEIL DOSSIER

Extraits du témoignage de Marie-Claude Vaillant-Couturier au procès de NurembergLundi 28 janvier 1946Mme Vaillant-Couturier : « Ar-rivée le 20 mars à la prison de la Santé, au quartier allemand. J’ai été interrogée le 9 juin 1942. A la fi n de mon interrogatoire, on a voulu me faire signer une décla-ration qui n’était pas conforme à ce que j’avais dit. Comme j’ai refusé de la signer, l’offi cier qui m’interrogeait m’a menacée et, comme je lui ai dit que je ne crai-gnais pas la mort ni d’être fusil-lée, il m’a dit : « Mais nous avons à notre disposition des moyens bien pires que de fusiller les gens pour les faire mourir. » Mise au secret, j’ai cependant pu communiquer avec mes voisins. Je me trouvais dans la cellule à côté de celles du philosophe Georges Politzer et du physicien Jacques Salomon, le gendre du professeur Langevin, l’élève de Curie, l’un des premiers qui aient étudié la désintégration ato-mique.Georges Politzer m’a raconté : après l’avoir martyrisé, on lui a demandé s’il ne voulait pas écrire des brochures théoriques pour le national-socialisme. Comme il a refusé, on lui a dit qu’il ferait par-tie du premier train d’otages qui

seraient fusillés.Quant à Jacques Salomon, il a été également horriblement torturé, puis jeté au cachot, d’où il n’est sorti que le jour de son exécution pour dire au revoir à sa femme, également arrêtée et à la Santé.Chaque fois que les détenus re-venaient de l’interrogatoire, on entendait s’échapper par les fe-nêtres des gémissements, et les détenus disaient qu’ils ne pou-vaient plus se remuer.Durant le séjour de cinq mois que j’ai fait à la Santé, plusieurs fois on est venu chercher des otages pour les fusiller.Au fort de Romainville, qui ser-vait de camp d’otages, j’ai assisté deux fois à des prises d’otages, le 21 août et le 22 septembre 1942. Parmi les otages emmenés, il y avait les maris des femmes qui se trouvaient avec moi et qui sont parties pour Auschwitz ; la plu-part y sont mortes.Je suis partie pour Auschwitz le 23 janvier et arrivée le 27. Je faisais partie d’un convoi de 230 Françaises. Il y avait parmi nous Danielle Casanova, qui est morte à Auschwitz, Maï Politzer, qui est morte à Auschwitz, Hélène Salo-mon.Maï Politzer était médecin ; elle était la femme du philosophe Georges Politzer. Hélène Salo-mon est la femme du physicien Salomon ; c’est la fi lle du pro-fesseur Langevin. Danielle Ca-sanova était chirurgien-dentiste ; c’est elle qui a monté un mou-vement de résistance parmi les femmes de prisonniers. »Monsieur Dubost : Combien êtes-vous revenues sur 230 ?

Mme Vaillant-Couturier : « 49. Seulement 49 sont revenues en France. Il y avait également des infi rmes, en particulier une chan-teuse qui n’avait qu’une jambe. Elle a été sélectionnée et gazée à Auschwitz. Il y avait aussi une jeune fi lle de seize ans, une élève de lycée, Claudine Guérin. Il y avait aussi deux femmes qui avaient été acquittées par le tri-bunal militaire allemand ; elles s’appellent Marie Alonzo et Ma-rie-Thérèse Fleuri ; elles sont mortes à Auschwitz.Le voyage était extrêmement pénible, car nous étions 60 par wagon et l’on ne nous a pas dis-tribué de nourriture ni de boissons pendant le trajet.Nous sommes arrivées à Auschwitz au petit jour. On a dé-plombé nos wagons et on nous a fait sortir à coups de crosse pour nous conduire au camp de Bir-kenau, qui est une dépendance du camp d’Auschwitz, dans une immense plaine qui, au mois de janvier, était glacée. Nous sen-tions tellement qu’il y avait peu de chances d’en ressortir qu’en pas-sant le porche nous avons chanté la Marseillaise pour nous donner du courage.On nous a conduites dans une grande baraque, puis à la désinfec-tion. Là, on nous a rasé la tête et on nous a tatouées sur l’avant-bras gauche le numéro de matricule. Ensuite, on nous a mises dans une grande pièce pour prendre un bain de vapeur et une douche glacée. Tout cela se passait en présence des SS, hommes et femmes, bien que nous soyons nues.Après, on nous a remis des vê-

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tements souillés et déchirés, une robe de coton et une jaquette pareille. Comme ces opérations avaient pris plusieurs heures, nous voyions, des fenêtres du bloc où nous nous trouvions, le camp des hommes et, vers le soir, un or-chestre s’est installé. Comme il neigeait, nous nous demandions pourquoi on faisait de la musique. A ce moment-là, les commandos de travail d’hommes sont rentrés. Derrière chaque commando, il y avait des hommes qui portaient des morts. Comme ils pouvaient à peine se traîner eux-mêmes, ils étaient relevés à coups de crosse ou à coups de botte chaque fois qu’ils s’affaissaient.Après cela, nous avons été conduites dans le bloc où nous de-vions habiter. Il n’y avait pas de lits, mais des bat-fl anc de 2 mètres sur 2 mètres, où nous étions cou-chées à neuf, sans paillasse et sans couverture la première nuit. Pen-dant toute la nuit, on ne pouvait pas dormir, parce que chaque fois que l’une des neuf se dérangeait – et comme elles étaient toutes malades, c’était sans arrêt – elle dérangeait toute la rangée.A trois heures et demie du matin, les hurlements des surveillantes nous réveillaient et, à coups de gourdin, on était chassée de son grabat pour partir à l’appel. Rien au monde ne pouvait dispenser de l’appel, même les mourantes devaient y être trainées. Là, nous restions en rangs par cinq jusqu’à ce que le jour se lève, c’est-à-dire 7 à 8 heures du matin en hiver, et, lorsqu’il y avait du brouillard, quelquefois jusqu’à midi.Pour l’appel, on était mises en rangs, par cinq, puis nous at-tendions jusqu’au jour que les Aufseherinnen, c’est-à-dire les surveillantes allemandes en uni-forme, viennent nous compter. Elles avaient des gourdins et elles distribuaient, au petit bonheur la chance, comme ça tombait, des coups.Nous avons une compagne, Ger-

maine Renaud, institutrice à Azay-le-Rideau, qui a eu le crane fendu devant mes yeux par un coup de gourdin durant l’appel.On était toute la journée les pieds dans l’eau et il y avait danger d’enlisement. Il arrivait constam-ment qu’on soit obligées de re-tirer une camarade qui s’était enfoncée parfois jusqu’à la cein-ture. Durant tout le travail, les SS hommes et femmes qui nous sur-veillaient nous battaient à coups de gourdins et lançaient sur nous leurs chiens. Il m’est même ar-rivé de voir une femme déchirée et mourir sous mes yeux alors que le SS Tauber excitait son chien contre elle et ricanait à ce spectacle.Les causes de la mortalité étaient extrêmement nombreuses. Il y avait d’abord le manque d’hy-giène total.Lorsque nous sommes arrivées à Auschwitz, pour 12 000 détenues, il y avait un seul robinet d’eau potable, qui coulait par intermit-tence. Comme ce robinet était les lavabos allemands, on ne pouvait y accéder qu’en passant par une garde de détenues allemandes de droit commun, qui nous bat-taient effroyablement ; quand il y avait de la neige, nous en fai-sions fondre pour pouvoir nous laver. Plus tard, au printemps, quand nous allions au travail, dans la même fl aque d’eau sur le bord de la route, nous buvions, nous lavions notre chemise ou notre culotte. Nous nous lavions à tour de rôle dans cette eau pol-luée. Les compagnes mourraient de soif, car on ne distribuait que deux fois par jour un demi-quart de tisane. »« A 3 heures et demie, tout le camp a été réveillé et envoyé dans la plaine, alors que d’habitude, l’appel se faisait à 3 heures et demie mais à l’intérieur du camp. Nous sommes restées, dans cette plaine, devant le camp, jusqu’à 5 heures du soir, sous la neige, sans recevoir de nourriture, puis,

lorsque le signal a été donné, nous devions passer la porte une à une, et l’on donnait un coup de gourdin dans le dos, à chaque dé-tenue, « les » trop vieilles ou trop malades, étaient happées par un crochet et conduite au bloc 25, le bloc d’attente pour les gaz. Ce jour-là, dix Françaises dans notre transport ont été happées ainsi et conduites au bloc 25. Lorsque toutes les détenues furent ren-trées dans le camp, une colonne, dont je faisais partie, a été formée pour aller relever dans la plaine les mortes qui jonchaient le sol comme sur un champ de bataille. Nous avons transporté dans la cour du bloc 25 les mortes et les mourantes, sans faire de distinc-tion : elles sont restées entassés ainsi.Ce bloc 25, je le connais bien, car, à cette époque, nous avions été transférées au bloc 26 et nos fenêtres donnaient sur la cour du 25. On voyait les tas de cadavres, de temps en temps une main ou une tête bougeait parmi ces ca-davres, essayant de se dégager : c’était une mourante qui essayait de sortir de là pour vivre.Un jour, une de nos camarades, Annette Epaux, une belle jeune femme de trente ans, passant devant le bloc, eut pitié de ces femmes qui criaient du matin au soir, dans toutes les langues : « A boire, à boire, de l’eau. » Elle est rentrée dans notre bloc chercher un peu de tisane mais, au moment où elle passait par le grillage de la fenêtre, la Aufseherin l’a vue, l’a prise par le collet et l’a jetée

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au bloc 25. Toute ma vie je me souviendrai d’Annette Epaux. Deux jours après, montée sur le camion qui se dirigeait vers la chambre à gaz, elle tenait contre elle une autre Française, la vieille Line Porcher, et au moment où le camion s’est ébranlé, elle nous a crié : « Pensez à mon petit gar-çon, si vous rentrez en France. »Une autre cause de mortalité et d’épidémie était le fait qu’on nous donnait à manger dans de grandes gamelles rouges qui étaient seulement passées à l’eau froide après chaque repas. Comme toutes les femmes étaient malades, elles utilisaient ces ga-melles, une équipe venait les ré-cupérer les passait à l’eau froide et les remettait en circulation.Le Revier étaient les blocs où l’on mettait les malades. On ne peut pas donner à cet endroit le nom d’hôpital, car cela ne correspond pas du tout à l’idée qu’on se fait d’un hôpital. Pour y aller, il fallait d’abord obtenir l’autorisation du chef de bloc, qui la donnait très rarement. Quand enfi n on l’avait obtenue, on était conduites en colonne devant l’infi rmerie où, par tous les temps, qu’il neige ou qu’il pleuve, même avec 40 de-grés de fi èvre, on devait attendre devant la porte de l’infi rmerie avant d’avoir pu y pénétrer. Du reste, même de faire la queue de-vant l’infi rmerie était dangereux, car lorsque cette queue était trop grande, le SS passait, ramassait

toutes les femmes qui attendaient et les conduisait directement au bloc 25.Pendant les grandes épidémies de typhus des hivers 1943 et 1944, les brancards ont été remplacés par des chariots, car il y avait trop de mortes. Il y a eu, pendant ces périodes d’épidémie, de 200 à 350 mortes par jour.En ce qui concerne les expé-riences, j’ai vu dans le Revier, car j’étais employée au Revier, la fi le des jeunes juives de Salonique qui attendaient, devant la salle des rayons, pour la stérilisation. Je sais, par ailleurs, qu’on opérait également par castration dans le camp des hommes. On stérilisait les femmes, soit par piqûres, soit par opérations, ou également par rayons. J’ai vu et connu plusieurs femmes qui avaient été stérili-sées.Les stérilisations, ils ne s’en ca-chaient pas, ils disaient qu’ils es-sayaient de trouver la meilleure méthode de stérilisation pour pouvoir remplacer, dans les pays occupés, la population autoch-tone par les Allemands, au bout d’une génération, une fois qu’ils auraient utilisé les habitants comme esclaves pour travailler pour eux.Les femmes juives, quand elles arrivaient enceintes de peu de mois, on les faisait avorter. Quand la grossesse était près de la fi n, après l’accouchement, on noyait les bébés dans un seau d’eau. Au bout d’un certain temps, un autre médecin est arrivé et, pen-dant deux mois, on n’a pas tué de bébés juifs. Mais, un beau jour, un ordre est arrivé de Berlin di-sant qu’il fallait de nouveau les supprimer. Alors, les mères avec leurs bébés ont été appelées à l’infi rmerie, elles sont montées en camion et on les a conduites aux gaz.Les SS économisaient beaucoup de personnel à eux en employant des détenues pour la surveillance du camp. Ces détenues étaient

prises parmi les fi lles de droit commun ou des fi lles publiques allemandes.On arrivait par la corruption et la délation, la terreur, à les transfor-mer en bêtes humaines, et les dé-tenues ont autant à s’en plaindre que des SS eux-mêmes. Elles frap-paient autant que frappaient les SS et, en ce qui concerne les SS, les hommes se conduisaient comme les femmes et les femmes étaient aussi sauvages que les hommes. Il n’y a pas de différence.Le système employé par les SS pour avilir les êtres humains au maximum en les terrorisant, et il fallait énormément de courage pour résister à cette ambiance de terreur et de corruption.Il y avait à Auschwitz une maison de tolérance pour les SS et égale-ment pour les détenus fonction-naires hommes, qu’on appelait des « kapos ». D’autre part, quand les SS avaient besoin de domes-tiques, ils venaient, accompagnés de l’Oeraufseherin, c’est-à-dire la commandante femme du camp, choisir pendant la désinfection, et ils désignaient une petite jeune fi lle que l’Oberaufseherin faisait sortir des rangs. Ils la scrutaient, faisaient des plaisanteries sur son physique et, si elle était jolie et leur plaisait, ils l’engageaient comme bonne, avec le consen-tement de l’Oberaufseherin qui lui disait qu’elle leur devait une obéissance absolue quoi qu’ils lui demandent.Quand nous avons quitté Romain-ville, on avait laissé sur place les juives qui ont été dirigées vers Drancy et sont arrivées à Auschwitz, où nous les avons re-trouvées trois semaines plus tard. Sur 1 200 qu’elles étaient, il n’en est entré dans le camp que 125, les autres ont été dirigées sur les gaz tout de suite. Sur ces 125, au bout d’un mois il n’en restait plus une seule.En général, sur un transport de 1 000 à 1 500, il en entrait rare-ment plus de 250 – et c’est tout à

De gauche à droite : Claudine Chomat, M. C. Vaillant Cou-turier, Danielle Casanova, Jeanette Vermech.

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fait un maximum – dans le camp. Le reste était directement dirigé aux gaz.Il y eu également, pendant le prin-temps 1944, un bloc de jumeaux. C’était la période où sont arrivés d’immenses transports de juifs hongrois : 700 000 environ. Le docteur Mengele, qui faisait des expériences, gardait, de tous les transports, les enfants jumeaux et en général les jumeaux quel que soit leur âge, pourvu qu’ils soient là tous les deux. »« En juin, juillet 1944, un or-chestre composé de détenues, toutes jeunes et jolies, habillées de petites blouses blanches et de jupes bleu marine, jouait, pendant la sélection à l’arrivée des trains, des airs gais comme la Veuve joyeuse, la Barcarolle, les Contes d’Hoffmann, etc. Alors, on leur disait que c’était un camp de tra-vail, et comme ils n’entraient pas dans le camp, ils ne voyaient que la petite plateforme entourée de verdure où se trouvait l’orchestre. Evidemment, ils ne pouvaient pas se rendre compte de ce qui les attendait. Ceux qui étaient sélec-tionnés pour les gaz, c’est-à-dire les vieillards, les enfants et les mères, étaient conduits dans un bâtiment en briques rouges qui portait les lettres « Bad », c’est-à-dire « bains ». Là, au début, on les faisait se déshabiller et on leur donnait une serviette de toilette avant de les faire entrer dans la soi-disant salle de douches. Par la suite, on n’avait plus le temps de jouer ou de simuler. On les désha-billait brutalement - et je sais ces détails car j’ai connu une petite juive de France qui habitait avec sa famille place de la République. On l’appelait la petite Marie, elle était la seule survivante d’une famille de neuf. Sa mère et ses sept frères et sœurs avaient été gazés à l’arrivée. Lorsque je l’ai connue, elle était employée pour déshabiller les bébés avant la chambre à gaz. On faisait pénétrer les gens, une fois déshabillés,

dans une pièce qui ressemblait à une salle de douches, et par un orifi ce dans le plafond, on lançait les capsules de gaz. Un SS regardait par un hublot l’effet produit. Au bout de cinq à sept minutes, lorsque le gaz avait fait son œuvre, il donnait le signal pour qu’on ouvre les portes. Des hommes avec des masques à gaz – ces hommes étaient des détenus – pénétraient dans la salle et retiraient les corps. Ils nous racontaient que les détenus devaient souffrir avant de mourir, car ils étaient agrippés les uns aux autres en grappes et on avait beaucoup de mal à les séparer.Après cela, une équipe passait pour arracher les dents en or et les dentiers. Et encore une fois, quand les corps étaient réduits en cendres, on passait encore au tamis pour essayer de récupérer l’or.Il y avait à Auschwitz huit fours crématoires. Mais à partir de 1944, ce n’était pas suffi sant. Les SS ont fait creuser par les détenus de grandes fosses dans lesquelles ils mettaient des branchages ar-rosés d’essence qu’ils enfl am-maient. Ils jetaient les corps dans ces fosses. De notre bloc, nous voyions, à peu près trois quarts d’heure ou une heure après l’ar-rivée d’un transport, sortir les grandes fl ammes du four créma-toire et le ciel s’embraser par les fosses.Un jour, n’ayant pas assez de gaz, ils avaient jeté les enfants vivants dans la fournaise.Un camp de Tziganes a été créé en 1944, au bout de six mois on a gazé tout le « camp familial ». Cela représentait à peu près 6 000 ou 7 000 juifs. Et quelques jours après d’autres grands trans-ports sont arrivés, de Theresiens-tatd également, avec des familles et, au bout de six mois également, elles ont été gazées comme les premières.Durant cette période, il y a eu une politique de libération des

détenues de droit commun et des asociales allemandes, pour les envoyer comme main-d’œuvre dans les usines d’Allemagne. Il est donc impossible d’imaginer que, dans toute l’Allemagne, on pouvait ignorer qu’il y avait des camps de concentration et ce qui s’y passait, puisque ces femmes sortaient de là et qu’il est diffi -cile de croire qu’elles n’ont ja-mais parlé. Les Aufseherinnen d’Auschwitz, qui sont venues après chez Siemens à Ravens-brück comme Aufseherinnen, étaient d’anciennes travailleuses libres de chez Siemens à Berlin, et elles se sont retrouvées avec les contremaitresses qu’elles avaient connues à Berlin et elles leur ra-contaient devant nous ce qu’elles avaient vu à Auschwitz. On ne peut donc pas croire que cela ne se savait pas en Allemagne.En sortant d’Auschwitz nous avons été envoyées à Ravens-brück. Là, nous avons été conduites au bloc des NN, qui voulait dire « Nacht und Nebel », c’est-à-dire le secret. Dans ce bloc, avec nous il y avait des Polo-naises portant le matricule 7000 ; et quelques-unes qu’on appe-lait les « lapins » parce qu’elles avaient servi de cobayes.Au moment de la libération, le chiffre matricule était 105 000 et quelques.

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A Auschwitz, visiblement le but était l’extermination. On ne s’oc-cupait pas du rendement. On se rendait bien compte qu’on utili-sait le matériel humain esclave, et pour le faire mourir, c’était cela le but ; alors qu’à Ravensbrück le rendement jouait un grand rôle. C’était un camp de triage. Quand des transports arrivaient à Ravensbrück, ils étaient expédiés très rapidement, soit dans des usines de munitions, soit dans des poudreries, soit pour faire des terrains d’aviation, et les derniers temps pour creuser des tranchées.Pour partir dans les usines, cela se pratiquait de la façon suivante : les industriels ou leurs contre-maîtres, ou leurs responsables venaient eux-mêmes, accompa-gnés des SS, choisir et sélection-ner. On avait l’impression d’un marché d’esclaves : ils tâtaient les muscles, regardaient la bonne mine, puis ils faisaient leur choix.A Ravensbrück même, il y avait l’usine Siemens où l’on fabri-quait du matériel téléphonique, et des instruments pour la radio des avions. Puis il y avait à l’intérieur du camp des ateliers de camou-fl age d’uniformes et de différents ustensiles utilisés par les soldats.Au départ, les gardiens de ces camps c’était seulement des SS. A partir du printemps 1944, les jeunes SS, dans beaucoup de compagnies, ont été remplacés par des vieux de la Wehrmacht. A Auschwitz et également à Ra-vensbrück, nous avons été gar-dées par des soldats de la Wehr-macht à partir de 1944. »

Monsieur Dubost : Vous portez témoignage, par conséquent, que sur l’ordre du grand état-major allemand (OKW), l’armée allemande a été mêlée aux atrocités que vous nous avez décrites ?Mme Vai l lant-Couturier : « Evidemment, puisque nous étions gardées également par la Wehrmacht, cela ne pouvait pas être sans ordres.Lorsque les Allemands sont par-tis, ils ont laissé 2 000 femmes malades et un certain nombre de volontaires, dont moi-même, pour les soigner ; ils nous ont laissées sans eau et sans lumière ; heureu-sement les Russes sont arrivés le lendemain. Nous avons donc pu aller jusqu’au camp des hommes et là nous avons trouvé un spec-tacle indescriptible ; ils étaient depuis cinq jours sans eau ; il y avait 800 malades graves, trois médecins et sept infi rmières qui n’arrivaient pas à retirer les morts de parmi les malades. Nous avons pu, grâce à l’Armée rouge, trans-porter ces malades dans des blocs propres et leur donner des soins et de la nourriture ; mais malheu-reusement, je ne peux donner le chiffre que pour les Français : il y en avait 400 quand nous avons trouvé le camp, et il n’y en a que 150 qui ont pu regagner la France ; pour les autres, il était trop tard, malgré les soins…Il est diffi cile de donner une idée juste des camps de concentration quand on n’y a pas été soi-même, parce qu’on ne peut pas donner l’impression de cette longue mo-notonie ; et quand on demande ce qui était le pire, il est impossible de répondre, parce que tout était atroce. C’est atroce de mourir de faim, de mourir de soif, d’être malade, de voir mourir autour de soi ses compagnes, sans rien pouvoir faire, de penser à ses enfants, à son pays qu’on ne re-verra pas, et par moments, nous nous demandions nous-mêmes si ce n’était pas un cauchemar

tellement cette vie nous semblait irréelle dans son horreur.Nous n’avions qu’une volonté pendant des mois et des années, c’était de sortir à quelques-unes vivantes pour pouvoir dire au monde ce que c’est que les ba-gnes nazis : partout, à Auschwitz comme à Ravensbrück – et mes compagnes qui ont été dans d’autres camps rapportent la même chose – cette volonté sys-tématique et implacable d’utiliser les hommes comme des esclaves, et quand ils ne peuvent plus tra-vailler, de les tuer. »Dr Marx : Vous avez dit aussi que le peuple allemand était au courant de ce qui se passait à Auschwitz ; sur quoi se base cette assertion ?Mme Vaillant-Couturier : « Je l’ai dit, d’une part, sur le fait que lorsque nous sommes parties, les soldats lorrains de la Wehrmacht nous ont dit dans le train : « Si vous saviez où vous allez, vous ne seriez pas pressées d’y arri-ver. » D’autre part, sur le fait que les Allemandes qui sortaient de la quarantaine pour aller travailler dans des usines étaient au courant de ces faits et qu’elles disaient toutes qu’elles le raconteraient dehors. Troisièmement, sur le fait que, dans toutes les usines où tra-vaillaient des « Haefl inge », des détenues étaient en contact avec des civils allemands, ainsi que les Aufseherinnen qui avaient des re-lations avec leurs familles et leurs amis et qui souvent se vantaient de ce qu’elles avaient vu. »

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MÉMOIRE LE RÉVEIL

L’Association veut préparer le cente-naire de la naissance d’Eusébio Ferrari (9 octobre 1919) et réaliser une pla-quette de présentation sur Eusébio Fer-rari, René Denys et Tadeusz Pawlowski, en mettant en avant les valeurs qui les animaient, destinée aux habitants des quartiers où ils ont vécu, aux établisse-ments scolaires qui portent leurs noms.Monsieur Vahé, président de l’ARAC annonce que le mensuel « Le Réveil des Combattants » réalisera un cahier mémoire détachable sur le combat anti-fasciste de ces gens.Plusieurs autres cahiers mémoire seront réalisés sur la résistance dans le Nord-Pas-de-Calais. Les cahiers pourraient être diffusés dans les collèges et lycées.

Eusébio Ferrari, itinéraire d’un ré-sistant fusillé à Anzin

9 octobre 1919Eusebio Ferrari naît à Piteglio. Ses pa-rents ont quitté l’Italie pour travailler à la fosse Agache.

21 juin 1932En 1931, malade, Eusébio ne peut entrer à la mine. Il se tourne vers les

études. Il trouve un emploi à l’usine Boussois, à Aniche.

5 juin 1936Eusébio intègre la jeunesse commu-niste et devient responsable à Fenain. Actif pendant les grèves du Front popu-laire en 1936.

14 juillet 1940La région est occupée par l’armée nazie. Il prend la tête d’une organisation de jeunes pour résister à l’occupant. Sa première action a lieu à Fenain dans la nuit du 30 juin 1940. Il accroche, un drapeau rouge avec l’inscription « Cou-rage et confi ance, nous vaincrons ». Le 1er mai 1941, il orne de petits drapeaux rouges sur les fi ls électriques et le dra-peau tricolore en haut du terril de la fosse Agache.

3 juin 1941Alors qu’il participe à une réunion chez Fortuné Dubois, les gendarmes pé-nètrent pour les arrêter. Eusébio s’en-fuit. Fortuné, lui, est arrêté et fusillé le 14 avril 1941.Il décide alors de rentrer dans la clan-destinité.

La chasse à l’hommeLa gendarmerie de Somain et les bri-gades spéciales de Douai se lancent dans une chasse à l’homme. De juin 41 à février 42, Eusébio était considéré comme « l’insaisissable ».En juillet, est constituée l’Organisation spéciale de combat (OSC) : Esebio Fer-rari, René Denys, Félicien Joly, Jules Bridoux en sont les fondateurs pour le Nord.

25 août 1941Dans la nuit du 25 août 1941, Eusébio Ferrari, René Denys et Gilberte Re-nard abattent trois offi ciers allemands à Lille.

3 janvier 1942Il revoit ses parents pour la dernière fois le 28 décembre 1941. Il multiplie les actes de bravoure.

Eusébio refusa de quitter la RégionLe comité central de Paris contacte alors Eusébio pour le transférer dans une autre région où il ne serait pas re-cherché. Il refuse, sa fi ancée Marinette Dubois, la fi lle de Fortuné (fusillé le 14 avril) a été arrêtée. Félicien Joly, a été dénoncé à la police française quelques mois plutôt et fusillé en dé-cembre 41. Eusébio veut retrouver ce délateur. Il se rend donc à Bruay-sur-Escaut.

17 et 18 février 1942Une longue traque contre ces jeunes résistants. Plus de 400 policiers sont à leur trousse, emmenés par le Préfet Carle et le commissaire spécial Rigal, appuyé par les forces allemandes.18 février 1942, une femme assez grande, portant des lunettes et un fou-lard sur la tête, descend la rue Henri Dune à Anzin. C’est Eusébion Ferrari.Il est abattu d’une valle de mousqueton en plein front. Il avait 23 ans.Certaines sources affi rment que le gen-darme qui a porté le coup fatal était un copain d’école.Le héros de la résistance est fait che-valier de la Légion d’Honneur à titre posthume. Il reçoit aussi la médaille de la Résistance et la Croix de guerre avec palme.Il repose auprès des siens, dans le ci-metière de Fenain. Une stèle a été construite en son honneur en 1987, rue de l’User à Anzin, où il fut tué. Elle a été restaurée en 2011.

Eusébio FerrariLe 20 février 2016, s’est tenu l’Assemblée Générale de l’association du souvenir d’Eusébio Ferrari et de la jeunesse résistante Nord-Pas-de-Calais avec Fabien Roussel et les membres du Bureau, Alain Bocquet, Jean-Marc Lesoin, Chantal Vautherot.

Eusébio Ferrari a été exécuté le 18 février 1942.

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LE RÉVEIL VOS DROITS

Marine, aviation…du nouveau pour la carte du combattantLe bulletin offi ciel des Ar-mées vient de préciser les périodes reconnues com-

battantes et les territoires qualifi és concernant des bâ-timents et unités de la marine nationale engagées dans les opérations en Côte d’Ivoire (« Licorne » et « Calao » - ONUCI, etc) : « Foudre » - « Guepratte » - « La Fayette », « Mistral », « Siroco », « Tonnerre ». Ainsi que l’aéronau-tique navale. « Flottille 33 F et 36 F ». Détachements « Mis-tral », « Siroco », « Guepratte, « La Fayette » et « Tonnerre ». Pour des périodes s’étendant de janvier 2003 à décembre 2010 au cours desquelles furent totalisées 165 actions de feu et de combat.• Ex-Yougoslavie Bâtiments « Commandant Bouan », et « Orage ». Aéronau-tique navale : « Flottille 33 F ». Période allant d’Août 1993 à avril 1994 (21 actions de feu et de combat).• Golfes persique et d’OmanBâtiment « Courbet », « La Fayette, « Rapière », « Var ». Et aéronautique navale « Flottille 35 F et 36 F ». Détachement

La Fayette. Périodes allant de 1992 à 2001 selon les unités. (119 actions de feu et de combat).• Unités de l’Armée de l’Air• Golfes persique et d’Oman- Opération « Alysse » et opération « Aladin ». Unités sta-tionnées en Arabie Saoudite (Dharan et Al Kharj) (décembre 1992 à décembre 1998)- Opération « Tarpan ». Même stationnement (février 2003-Avril 2003).• République Centrafricaine • Opération « Boali » (à partir de Libreville et Bangui) de décembre 2002 à octobre 2012.

Les Marins et militaires de l’Armée de l’Air (ou ex) peuvent s’adresser à l’ARAC pour en savoir plus et les aider dans leurs démarches de demande de carte du com-battant et/ou de constitution de rente mutualiste AC sub-ventionnée par l’Etat, non imposable, cotisations déduc-tibles des revenus et capital reversé aux héritiers sans frais de succession selon l’option choisie.

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LE RÉVEIL - N° 822 - MARS 2016 - 23

VOS DROITS LE RÉVEIL

Neuf millions de cartes du combattant !!!Le groupe de travail de la Commission nationale d’attribution de la carte du combattant s’est réuni à Paris le 8 décembre dernier à l’ONACVG aux Invalides. André Fillère y a participé.

Pour cette dernière réunion, l’heure était au bilan en gros et en détail.

Ce 8 décembre8 142 demandes ont été examinées. 996 ont été rejetées (19 pour 39-45, 3 Indochine, 282 ATM, 631 OPEX et 61 Hors période). Par contre 7 146 cartes ont été attribuées comme suit : 3 pour 39/45, 7 Indochine, 1 062 ATM et 6 074 OPEX, dont 735 Afghanis-tan, 207 Barkhane, 721 Côte d’Ivoire, 1 413 ex-Yougoslavie, 377 Liban, 411 Mali, 510 République Centrafricaine, 296 République du Liban et Israël, 958 Tchad, etc.

Pour l’année 2015 :41452 demandes examinées, 3 727 rejetées (dont 1 545 ATM et 1 409 OPEX), 37 712 cartes attribuées, dont 30 141 OPEX, 7 462 ATM, 64 Indo-chine, 45 pour 39-45.

Toujours pour 2015Cartes du combattant au plus de 65 ans7 572 cartes attribuées à des personnes non OPEX. Et 1 970 à des OPEX.

Cartes du combattant ATM à cheval sur le 2 juillet 1962 (Art 109)10659 attribuées et 152 rejets.

Cartes du combattant OPEX pour 120 jours de présence (Art 87)13524 entre le 23 septembre et le 8 dé-cembre.

Soit plus que prévus pour les ATM (8 000 seulement supposées) et loin des 100 000 à 200 000 annoncées pour les OPEX.

Depuis 2010 :Du 8 juin 2010 au 8 décembre 2015.154 434 demandes examinées, 135 354 cartes attribuées (626 pour 39-45, 1 037 Indochine, 56 634 ATM et 77 057 OPEX), 18 972 rejets (1 810 pour 39-

45, Indo 231, ATM 6525, OPEX 8696, Hors période 1 759) et 108 cartes annu-lées pour doublon d’attribution.

SOITAU TOTAL

depuis la création dela Carte du Combattant

9 027 247

Plus de 9 millions de cartes du com-battant ont été attribuées sur lesquelles nous reviendrons en détail. Pour l’heure, la répartition est environ la suivante :guerre 14-18, plus de 4,4 millions1939-1945, plus de 2,6 millionsIndochine : environ 210 884ATM : à peu près 1 673 478OPEX : 112 423 cartesCes chiffres étant arrêtés à septembre

2015, ils seront complétés et affi nés début 2016. Ils ont au moins le mérite de situer la proportion entre les com-battants des différents confl its et sou-lignent aussi que, du fait de l’âge, les AC en Afrique du Nord demeurent encore la composante la plus impor-tante du Mouvement Anciens Com-battants.

Un fait à prendre en compte dans la répartition et la composition des orga-nismes paritaires, tel le Conseil d’Ad-ministration de l’ONAC qui va être renouvelé en janvier 2016. En clair, si les OPEX sont la relève… qu’on ne pousse pas trop vite les ATM sur la touche. Ils sont le nombre, ont l’expé-rience et la pratique dont les OPEX ont besoin pour s’investir.

Hommage à Yves GuénaYves Guéna n’est plus. Résistant gaulliste de la première heure, il a combattu aux côtés des FTPF et de tous les patriotes périgourdins quelle que soit leur famille politique, religieuse ou philosophique.La guerre terminée, il fut ministre du général de Gaulle puis président du Conseil Constitutionnel. Républicain convaincu, attaché à la souveraineté na-tionale et au combat pour la paix, l’ARAC l’accueillit dans son Conseil Na-tional d’honneur.Et nous eûmes l’honneur de le compter parmi les personnalités de notre congrès de Périgueux, ville dont il fut longtemps le premier magistrat.Nous perdons un ami très cher attaché aux va-leurs de la République, à la souveraineté natio-nale, à notre peuple. Que sa famille et ses proches reçoivent l’expression de nos condoléances et de notre solidarité.

ARAC Villejuif, le 7 mars 2016

Yves Guena avec notre camarade Roger Ranoux le 25-11-2008 à Périgueux

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24 - LE RÉVEIL - N° 822 - MARS 2016

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Gaston Viens est décédé. Hommage !21 décembre 2015 – Gaston Viens décède.

Lorsque l’on parle de Gaston Viens, on ne peut pas ne pas ac-coler à ce nom celui d’Orly : ville du Val de Marne dont il a été maire pendant 44 ans. Gaston Viens ! Rares sont les élus qui se confondent si fortement avec leur ville. Ville populaire où il a fallu tout construire depuis les années 60. Des dizaines de milliers de lo-gements sans aucunes structures pour les habitants. Gaston Viens répond présent et se met au travail avec les élus communistes pour équiper, construire la ville qui rayonne aujourd’hui !Gaston Viens, c’est encore ce jeune qui entre à 17 ans en résistance face aux nazis en 1941. Il adhère alors aux jeunesses communistes et rejoint les FTPF. Gaston est arrêté et déporté à Buchenwald. Il participe avec son groupe de combat à la libération du camp et sera de ceux jurant, sur la place d’appel du camp, de lutter sans relâche pour « la construction d’un monde nouveau de paix et de liberté ».Jusqu’à la fi n de ces jours, Gaston sera fi dèle à ce serment.Gaston Viens, c’est encore le 1er Président communiste du Conseil Général du Val de Marne (de 1967 à 1970).

Décoré de la Légion d’Honneur en 1982, il sera promu au grade de commandeur en 2005. Décoré de l’Ordre Natio-nal du Mérite en 1998.En 1989, sur la base de divergences fortes, il est exclu du parti commu-niste. Malgré cela, jusqu’à son décès, Gaston restera fortement at-taché au communisme, il restera fi dèle à son idéal de jeunesse pour lequel il aura mis sa vie, sa jeunesse en cause. Gaston Viens a aimé sa ville, les Orlysiens. Ceux-ci le lui rendront bien, le rééliront 8 fois maire de leur ville.Nous nous inclinons devant un tel homme. Il est de ceux qui non seulement façonne leur vie mais se faisant, contribuent à construire l’avenir d’une société plus juste, plus humaine, plus fraternelle.

La rédaction

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LE RÉVEIL - N° 822 - MARS 2016 - 25

VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Antoine Crestani, Vice-Président l’ARAC 02 affi rme que beaucoup de personnes quittent la Grande muette sans avoir forcément connaissance de leurs droits et retrouver ces personnes n’est pas une mince affaire, l’associa-tion n’ayant pas accès aux bases de données des ministères. Grégory Le-grand en fait partie : « J’ai rencontré l’ARAC sur un forum des associations il y a trois ans, cela m’a permis d’ap-prendre pas mal de choses. »

Un livre à faire découvrir aux jeunes

Raymonde Dien fi t preuve d’un courage extraordinaire en 1946 au moment où mo-ment où le gouvernement français de l’époque en-voyait les jeunes hommes se faire tuer en Indochine dans une guerre contre le peuple vietnamien à qui il voulait imposer à nouveau un ré-

gime colonial alors qu’il avait reconnu l’indépendance du pays dans le cadre de l’Union française.Parmi la population française qui réa-gissait chaque jour un peu plus contre cette agression, une femme voulut faire une démonstration contre cette guerre et ses massacres nuisibles, elle se coucha sur les rails d’une ligne de chemin de fer sur laquelle allait pas-ser un train de jeunes soldats. C’était Raymonde Dien. Il faut faire décou-vrir son acte de courage à la jeunesse. Il faut diffuser son livre qui vient de sortir. Les commandes sont reçues à l’ARAC.

Comité 91 du Village de l’Amitié Van Canh« Journée de Solidarité » très réussie le 10 octobre à Vigneux-sur-Seine dans l’Essonne.Près de 70 participants, une am-biance chaleureuse, projection du fi lm « Hades, la mécanique orange » sur les ravages de la dioxine déversée par les bombardements américains suivie d’un riche débat animé par Lucien Du-verger, avec la participation de Alain Ruscio, historien, Nguyen Van Bon, représentant l’Union Général des Viet-namiens de France, Raphaël Vahé, Président du Comité National du Vil-lage et André Fillère.Le maire Serge Poinsot a remis la mé-daille de la ville à M. Dang Giang,

Ministre, représentant l’Ambassadeur du Vietnam en France, Mme Nicole Poinsot, conseillère départementale, Lucien Lagrange, Président départe-mental de l’ARAC Essonne étaient également présents.Un vin d’honneur et un repas vietna-mien a été servi. L’après-midi festif avec animation musicale a séduit tous les participants qui ont répondu à l’ap-pel de la solidarité en faisant honneur à la tombola, à la vente d’objets arti-sanaux vietnamiens et de livres dont certains ont été dédicacés par Alain Ruscio.Les bénéfi ces seront reversés au Vil-lage de Van Canh.

Puy-de-Dôme (63)L’arac de Riom a tenu son assemblée géné-rale à la maison des associations de Riom et a élu son bureau pour l’année 2016, après avoir fait le point, sur nos actions et aussi sur les revendications. Donc agissons tous ensemble pour les faire avancer.Après le vin d’honneur nous nous sommes retrouves pour le traditionnel repas.Nota : Pour des raisons de santé, Lucien Delaunay, notre président sortant reste Vice-Président. Président du C.L.A.C de Riom : Pierre Cohade.

La jeunesse sur le chemin du maquis Henri BarbusseLe 30 janvier, par un bel après-midi les membres de notre Association ont accompagné les jeunes rugbymen de Thuir, depuis le Monument du Col de la Bataille jusqu’au Mas Pleus, lieu où prit naissance l’organisation du Ma-quis Henri Barbusse à l’automne 1943.Vigne de l’Allemand, Pas Pedre Drete, le menhir, le grand chêne… Arrivés à Pleus, les jeunes furent séduits et inté-ressés par les explications sur l’errance du Maquis et ses affrontements jusqu’à Velmanya contre l’occupant nazi.

Les entraîneurs invitèrent les jeunes à rejoindre en footing le monument du Col de la Bataille où un rafraîchisse-ment leur fut servi.Les Amis du Maquis Henri Barbusse – Tél : 04 68 57 24 56 ou 04 68 92 37 04Le Monument du Col de la Bataille et l’association « les Amis du Maquis Henri Barbusse » sont des créations de l’ARAC (c’est Georges Doussin qui a inauguré le monument en 2001).Joseph Almodovar, membre du co-mité départemental de l’ARAC 66 et Vice-Président des amis du Maquis Henri Barbusse.

St-Quentin (02) Au service des OPEX

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26 - LE RÉVEIL - N° 822 - MARS 2016

LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Nos peines ALLIER (03)

Commentry : René BOGUSLAWSKI, 81 ans, AC ATM. Angel RIVALTA, 91 ans.St Germain des Fossés : Daniel FISCHER, AC ATM.

ALPES-MARITIMES (06)La Colle sur Loup : Mme Marie-Jeanne TEIS-SEIRE, veuve.

BOUCHES DU RHONE (13)Fos-sur-Mer : Mme Renée GUIZONNIER, veuve. Yvan MICHEL.

CHARENTE (16)La Rochefoucauld : Raymond NICOLAS

DORDOGNE (24)Le Lardin : Guy RANOUX, AC 39-45.Périgueux : Alexandre GRANGER, AC ATM.

HAUTE-GARONNE (31)Colomiers : Georges ICART, AC ATM.Toulouse centre : Mme Madeleine GARIPUY, AC 39-45. Claude LAURENT, AC ATM. Achille SZJILFOGIEL, Résistant.

GIRONDE (33)Bassens : Gratien POYDESSUS, 77 ans, AC ATM.Pessac : Daniel PIET, 55 ans, OPEX, porte-dra-peau de la section.

ILLE ET VILAINE (35)Rennes : André GODET, 71 ans, AC ATM. Jean ROUXIN, 86 ans, AC ATM. Mme Madeleine TOURTELIER, 94 ans, AC 39-45, Croix de Guerre.

LOIRE ATLANTIQUE (44)Vertou : Mme Claude ARTAUD, 65 ans, combat-tante pour la paix.

NIEVRE (58)Nevers : Jean Marcel BEAUFILS, AC ATM.

HAUTE-SAVOIE (74)Faverges : Simon SUBLET, AC ATM. Thonon les Bains : François BORDET. Mme Aimée DESUZINGES, 94 ans, veuve de déporté. Gilbert PACHOUD.

PARIS (75)RATP : Mme Solange LE PENNEC.

ESSONNE (91)Vauhallan : Claude GERARD, 78 ans, AC ATM. Gérard LECLERCQ, 87 ans, combattant pour la paix. Michel SAUGER, 84 ans, AC ATM.

Conseil NationalSt Paul de Vence : Aldo ZULIANI.

Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances.

Charente (16)

La section Fléac-Linars de l’ARAC a tenu son Assemblée Générale avec son Président Jean-Louis JOUVE à ses côtés Jean-Pierre COLAS et Serge BRISARD, Président et trésorier du comité départemental de la Charente.Jean-Louis JOUVE a bien brossé le budget des ACVG de la loi de fi -nances 2016, il reste encore des droits à réparation à obtenir discussion sur la demi-part fi scale à partir de 74 ans depuis le 1er janvier 2016, la situation des veuves. Question des aides qui peuvent être données par l’Offi ce na-tional des anciens combattants dans le cas de diffi cultés fi nancières, Il y a des personnes qui n’osent pas s’adresser à l’ONAC.Le Président a rendu compte des céré-monies offi cielles du 8 mai, du 11 no-vembre avec la participation des élèves des écoles de Fléac et de Linars, il a ajouté que sans les subventions de ces deux communes, notre section aurait des diffi cultés pour exister. La réunion a été suivie du traditionnel casse-croûte charentais.

Nous vous invitons le 9 avril 2016 de 9 à 17 heures

à la Bourse du Travail – 3 rue du Château d’eau – 75010 PARIS – Métro : République.

Contre le droit-pouvoir régalien pour le droit-pouvoir citoyen

Venez discuter avec nous, nous faire part de votre expérience, nous faire vos propositions d’action sur

Le rôle du droit (et de sa crise)Dans les luttes sociales et politiques

Loiret (45)Comité départemental de l’ARAC du Loiret (45) -Section Fleury-Saran.

Au cours de l’AG, remise du diplôme décerné par l’ONAC à notre porte-dra-peau ROBERT BRUN.

Eure-et-Loire (28)Le 19 février s’est tenue l’assemblée générale du comité départemental de l’ARAC d’Eure-et-Loir en présence de Jacques Verrier, Secrétaire National à l’organisation. Après l’introduction du président départemental, Pierre Ferrand, le secrétaire général Jean-Pierre Vidal a présenté le rapport d’ac-tivité. Les échanges ont montré les dif-fi cultés rencontrées et en même temps la nécessité de continuer à prendre des initiatives pour faire connaître et am-plifi er le rôle de notre association.

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LE RÉVEIL - N° 822 - MARS 2016 - 27

VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

ARAC Val de Marne (94)L’engagement citoyen récompenséJacques Verrier, président départemen-tal et secrétaire national de l’ARAC. CE Chevillais de 66 ans a reçu, le 8 février dernier la médaille de bronze de l’Offi ce républicain des mérites civils et militaires (ORMCM). Cette distinction lui a été remise en présence de son épouse, de sa fi lle et de deux de ses petites fi lles. C’est entouré de Sté-phanie Daumin, la Maire, de Patrick Blas, maire-adjoint délégué aux Fêtes et cérémonies, ainsi que de Christian Hervy et Guy Pettenati, anciens maires que Raphaël Vahé, président national de l’ARAC et de l’ORMCM, lui a cha-leureusement décerné cette médaille en récompense d’un parcours exem-plaire du citoyen militant. Celui-ci a évoqué « la part active personnelle prise par Jacques Verrier ces quarante dernières années aux mouvements militants pour l’obtention de la cin-quième semaine de congés payés, pour l’instauration de la retraite à 60 ans, pour les droits des travailleurs dans l’entreprise (…) ».C’est devant une salle comble, entouré des responsables nationaux et départe-mentaux, dont Raphael Vahé, Patrick Staat, Brigitte Contant, Jean-Louis Gi-raudou, Teresa Gorain, Alain Bonnet,

Jocelyne Commaret, et de nombreux amis que Jacques Goutorbe, membre du Bureau National et vice-président départemental a retracé le parcours professionnel et militant de Jacques.Entré à 14 ans dans la vie active, Jacques s’engage dans la lutte syndi-cale pour défendre les conditions de travail dans les grands magasins, il devient très vite délégué syndical puis membre du secrétariat de l’Union Ré-gionale Parisienne. Homme de convictions, il participe aux luttes contre les guerres coloniales, les droits des salariés mais aussi des plus défavorisés en tant que militant syndi-cal, membre du Parti communiste et conseiller municipal à Chevilly-Larue de 1983 à 2008. La Maire, Stéphanie Daumin, a particulièrement loué « son esprit de civisme et son exemplarité ». « Jacques Verrier a toujours été guidé par le devoir de mémoire et l’impé-rieuse nécessité de lutter pour le pro-grès social » a-t-elle poursuivi. Membre actif au sein de l’ARAC de-puis 2009, dont il est devenu président départemental et secrétaire national en 2013, Jacques Verrier a plus lar-gement mis en pratique toute sa vie les conseils de Jean Jaurès cités pour

l’occasion par Jacques Goutorbe, pré-sident d’honneur de l’ARAC du Val-de-Marne : « Ne vous taisez pas, com-battez, luttez ! »Il est aujourd’hui retraité, amoureux des randonnées en nature et des mo-ments passés en famille, mais il est tou-jours très engagé, en particulier au sein de l’ARAC. « Je suis touché par l’attri-bution de cette médaille qui reconnaît mon engagement et mon action dans la vie sociale », explique Jacques Verrier. « J’essaierai d’en être digne (…) et je souhaite encore aujourd’hui continuer à être au service de mon prochain dans le but de construire un autre monde ».

Nord (59)Remise de deux médailles d’or de l’ORMCMGeorges Spellemacker, Président de la section locale de Feignies et Claude Lemire, Président de la sec-tion d’Aulnoye-Aymeries, de l’ARAC ont été décorés le samedi 27 février dernier par Raphaël Vahé, Président de l’ARAC et de l’ORMCM, assisté de Bernard Hannecart, Président de la Coordination Sambre-Avesnois de l’ARAC 59 et Jean-Claude Waxin, Président de la section de Solre-le-Château, eux-mêmes décorés, il y a quelques mois, ont été les parrains.

Madame Chantal Lepinoy, Maire de Feignies, accompagnée d’élus locaux

de la ville, a tenu a honoré de sa pré-sence toute la cérémonie.

Cette reconnaissance hautement mé-ritée a permis d’honorer de façon mi-litante et très fraternelle le travail in-lassable de nos deux camarades depuis les années 1990 concernant la défense du droit à réparation imprescriptible, le devoir de mémoire) le combat in-cessant pour la Liberté et la Paix. Il a été souligné à plusieurs reprises par les orateurs l’appel aux OPEX (soldats des opérations extérieures) à rejoindre l’ARAC.

Raphaël Vahé a exprimé également la

solidarité de l’ARAC avec les salariés de Vallourec en lutte pour la défense de leur emploi.Un repas convivial regroupant une centaine de personnes à terminer cette belle journée d’amitié.

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28 - LE RÉVEIL - N° 822 - MARS 2016

LE RÉVEIL SOLIDARITÉ

28 - LE RÉVEIL - N° 822 - MARS 2016

du 26 avril au 10 mai . 26 avril Cérémonie de la libération des camps . 3 mai 80 ans du Front populaire

. 8 mai Cérémonie victoire sur le nazisme

. 10 mai Journée nationale des

mémoires de la traite de

l'esclavage et de leurs abolitions

2016

Après Salah Hamouri, sa femme et leur enfant frappés par l’arbitraire israélien !

L’acharnement israélien contre Salah Hamouri continue obstinément. Trois ans après qu’il soit sorti de prison où il a passé 7 ans de sa jeune vie, sur la base d’un dossier vide, les dirigeants israéliens le poursuivent pour l’em-pêcher d’avoir une vie normale sur la terre où il est né : en Palestine. Des

ordres militaires succèdent aux ordres militaires restrei-gnant sa liberté de mouvement et d’études, cherchant à l’empêcher de vivre « normalement ».Et maintenant, en plus de ces attaques contre lui, c’est sur sa femme, enceinte de 6 mois et demi, que les foudres viennent de tomber brutalement, cyniquement, sans la moindre hu-manité, et en toute illégalité, en ce début 2016.Elsa travaille pour le Conseil général de France à Jérusalem

et à ce titre elle a obtenu un « visa de service » délivré par le Bureau des Affaires Consulaires du ministère des Affaires étrangères israélien lui permettant d’aller et venir sur place et à l’étranger, valable jusqu’au 12 octobre 2016.Le 21 décembre 2015, utilisant cette possibilité légale, elle est venue en France. Elle en est repartie le 5 janvier. Et à l’arrivée à l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv le 5, en mi-lieu de journée, le cauchemar a commencé.Les autorités israéliennes l’attendaient avec un plan sordide, calculé à l’avance. Ils contestèrent la validité du visa de ser-vice au prétexte qu’elle n’avait pas de « visa épouse ». Ils la mirent en prison deux jours, sans le moindre ménagement malgré sa grossesse visible.Nous en appelons aux soutiens des élu-e-s et personnalités de toutes tendances, aux citoyen-ne-s, pour relayer cette exi-gence et soutenir les droits de cette jeune famille tels qu’en dispose les Conventions internationales. Israël ne peut pas, ne doit pas, être au-dessus des lois et du droit ! La liberté est universelle ou elle n’est pas.Justice et liberté pour Salah, Elsa et leur enfant !

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LE RÉVEIL - N° 822 - MARS 2016 - 29

VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Gard (30)Une exposition pour expliquer la citoyenneté

Il n’est pas toujours facile d’expliquer les mots citoyenneté et laïcité. C’est ce qu’essayent de faire les associations Les Mille couleurs et ARAC à travers une exposition sur la ci-

toyenneté dont l’inauguration a eu lieu mardi 9 février, à la salle Morise.Raouf Azouz, directeur des Mille cou-leurs : « Cette exposition apporte un enrichissement culturel. Nous voulons que cette salle soit un lieu rassembleur pour les gens du quartier, qu’elle leur permette de s’instruire lire et travailler ensemble. »De la Révolution, période à laquelle a été défi ni le mot citoyenneté, à au-jourd’hui, cette exposition permet, de

façon à la fois simple et très explica-tive, de réfl échir au véritable sens des deux mots. « Ce qui importe, c’est la mémoire confi e Pierre Clec’h, pré-sident départemental de l’ARAC. C’est pour cela que les connaissances sur la citoyenneté sont essentielles. » Au cours d’une exposition sur la Pre-mière Guerre mondiale, on s’est rendu compte qu’il y avait un manque sur la citoyenneté », confi rme Myriam Marti-nez, directrice départementale de l’of-fi ce des anciens combattants.Valérie Rouverand, déléguée à l’ensei-gnement scolaire, salue l’initiative : « Je m’inscris totalement dans cette dé-marche sur la citoyenneté et la laïcité.En période périscolaire, nous allons étendre aux groupes scolaires nîmois une activité sur ces thèmes car il y a beaucoup à faire.

Gauchy (02)L’ARAC monte au front contre les baisses des crédits alloués, et veut mo-biliser ses troupes.Réuni au centre social du Moulin de tous vents. Le président a provoqué cette réunion pour informer ses adhé-rents d’une nouvelle baisse pour 2016 du budget des anciens combattants.Le point de pension militaire et d’in-validité (PMI), avec lequel est calcu-lée la retraite des anciens combattants est bloqué depuis 2010, ce qui fait qu’aujourd’hui elle accuse un retard de 47 %. La retraite annuelle est au-jourd’hui de 670 €, alors qu’elle de-vrait être de 1 100 € ».

Autre sujet traité par Antoine Crestani au cours de cette réunion, le devenir des soldats qui ont anticipé et parti-cipent encore à des opérations exté-rieures.

Michel Dubois, Médaillé d’honneur d’Ille-et-VilaineA la fi n de l’Assemblée départementale le diplôme et la médaille d’honneur de l’ARAC ont été remis à notre ami Michel Dubois, ancien appelé du contingent à la période des combats au Maroc. C’est la reconnaissance de son fi dèle engagement depuis de nombreuses années au Secrétariat départemental et toujours aujourd’hui comme porte-drapeau ; il continue à militer également pour le souvenir du tragique bombardement de Bruz, le 8 mai 1944.

René Merle est un membre très dé-voué de l’ARAC depuis 1974. Il aura été à la fois secrétaire départemental en 1988 et président de la section de Saint-Pourçain-Sur-Sioule en 1993. Aujourd’hui, âgé de 82 ans, il a décidé de passer le fl ambeau au secrétariat dé-partemental à Christian BERTRAND et à la présidence de la section de St-Pourçain à Rémy DENHAUT. Au cours d’une sympathique réception, en reconnaissance des services ren-dus, au nom du Comité Départemen-tal et de la section de Saint-Pourçain, Christian BERTRAND lui a remis un magnifi que trophée et une plante à son épouse Ginette.

Le président Crestani s’insurge contre le blocage du point retraite des anciens combattants

Saint-Pourçain-Sur-Sioule (03)René MERLE honoré pour son dévouement

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30 - LE RÉVEIL - N° 822 - MARS 2016

LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

« Pour la paix, les solidarités, la fraternité » Rennes en concert

Le 4 février Salle de La Cité, les jeunes étaient présents. A l’initiative des jeunes de la CGT, avec la partici-pation du Mouvement de la Paix et le concours de l’ARAC et 15 autres or-ganisations et associations rennaises les plus diverses soutenaient ce ras-semblement dans un collectif: « Com-battre le terrorisme par la paix, la démocratie, la réalisation des droits humains, l’engagement ».La participation a dépassé nos espé-rances, fi nalement près de 800 parti-cipants, arrivaient par vagues à cette soirée.Entre les passages des groupes musi-caux, interventions et témoignages se succédaient. L’ARAC 35 distribuait des tracts informant de nos deux prises

de position : celle après les attentats du 13 novembre 2015 : « Non à l’obs-curantisme ! Non à la barbarie ! », et celle du Secrétariat national du 15 janvier concernant l’état d’urgence, la modifi cation de la constitution, la vie démocratique : « Liberté et République en danger ».La discussion devint intéressante d’une part avec celles et ceux présents par « militantisme » mais surtout avec de nombreux jeunes présents : « ils avaient vu cette soirée sur les réseaux sociaux ». Intéressant d’entendre leur opinion et de constater que les propo-sitions de l’ARAC étaient prises au sérieux. Mais des questions pour eux restaient posées : chômage, guerres, mal vivre… que faire ? S’engager dans un syndicat, en politique ou même dans une association ? Même s’ils ap-précient notre engagement la plupart disent préférer donner simplement leurs avis sur des réseaux comme « face-book » …ou « discuter entre copines ou entre copains ». Parmi eux un certain nombre s’éton-naient que l’ARAC ne soit pas suffi -samment connue, douze personnes y compris des jeunes ont donné au cours de la soirée leur adresse afi n d’être tenu au courant de nos activités locales.

Pendant 2 jours, s’est tenu les 12 et 13 mars, le Conseil National de l’ARAC

25 février : plus d’un millier pour la défense de VallourecLe 25 février dernier, plus d’un mil-lier de personnes se sont rassemblés place d’arme à valenciennes pour dé-fendre l’emploi, pour défendre Val-lourec.

A l’appel de l’intersyndicale, le Nord a répondu présent contre les men-songes du gouvernement et la volonté patronale de supprimer plus de 1 400 emplois du groupe Vallourec. Les élus communistes du Valenciennois, Alain Bocquet député-maire de St Amand les Eaux, le maire de Marly Fabien Thiémé, les maires de Douchy-les-Mines, Vieux Condé, Trith-St-Lé-ger, mais aussi Michelle Demessine sénatrice communiste du Nord et en-core le maire de Valenciennes. Tous ont participé au rassemblement et à la manifestation pour empêcher ce nouveau mauvais coup contre l’em-ploi, contre une industrie de pointe de cette région particulièrement malme-née.

L’ARAC était aussi représentée par Hervé Corzani, membre du bu-reau national. Une belle première initiative de masse qui comptera et pèsera, soyons-en sûr pour l’avenir et des luttes futures et de l’avenir de ce bassin d’emplois important du Nord.

80 camarades y ont participé permet-tant une discussion riche et féconde. La place, le rôle de l’ARAC aujourd’hui, 100 ans après sa création a été au cœur des débats.

Points abordés : La situation nationale et internatio-nale présente. (Patrick Staat)

L’approbation par le Conseil Natio-nal des comptes consolidés 2015 de l’ARAC (Annick Chevalier)

La vie de notre association. (Jacques Verrier)

L’approbation du nouveau règle-ment intérieur.

Préparation du 56e Congrès Natio-nal de l’ARAC, congrès du cente-naire de l’ARAC (Raphaël Vahé et Paul Markidès).

Point sur la « Maison Commune » de l’ARAC.

Trois solides groupes pour animer à titre gratuit la soirée : ALEE, BILLY THE KICK et THE DUMISH KLEZBREIZH-ORKESTRA.

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ARAC : AIN, ANTONY, ARCUEIL, BAGNOLET, BEZONS, BOIS ST DENIS, BORDEAUX, CHARENTE-MARITIME, CHER, DIJON, IGNY, LE HAVRE, LODEVE, MALAKOFF, MANCHE, MONT-PELLIER, PARIS 19e, SEINE ST DENIS, SEINE-MARITIME, ST-ETIENNE, ST-VALLIER, VILLEJUIF.

AMENDOLA Pierre, AUBERGET Roger, AUVIN René, AVOT Maurice, AZZOPARDI Jean-Claude, BACTEMAN Marcel, BAILLETTE Daniel, BALZER René, BARRE Jean, BASCOU Jacques, BAS-SET Suzanne, BATTON Claude, BAUDIN Robert, BAUME Guy, BAUQUAIRE Nicole, BECAMEL André, BEILLE Germaine, BENABEN Bernard, BENASSI MARCEL, BENINI Albert, BEQUIGNAT Geneviève, BERAUD Pierre, BERDUCAT Claude, BERTHET André, BERTRAND André, BIERON Roger, BIJOU François, BLANDIN Claude, BLESY André, BLONDET Serge, BOCQUET Albert, BOISSONNET CLAUDE, BOITELET Ginette, BONNET Alain, BONY J LOUIS, BOUCHET Micheline, BOUGY Guy, BOULAY Jeannine, BOUVERET Jean, BRANGEON André, BRASSEUR Jean Claude, BRETAGNE François, BRETENOUX Francis, BROCHENIN Noel, CALLAY Gérard, CALMUS Janine, CALVETTI Marie-Hélène, CAMBET-GABARRA Jean, CANTAL Simone, CAPOBIAN-CO Robert, CAUDAN Marguerite, CENCAI Armand, CERNY Ivan, CHABAN Huguette, CHAIGNE Jean, CHAMPIGNY Georges, CHANTRE Jacques, CHEVALIER-STAAT, CHOUET René, CLE-MENT JACQUES, COEDELO Edmond, COMBIER Micheline, COMMARET Jocelyne, COUDANE Hubert, COUDERC Amaury, COUTINE Jean, CRAMOISAN Charly, CRAMOISAN Sophie, CRETEUR Denis, CRETIER André, CROTTI Alice, CUCY Claude, DA MOTTA Georges, DANEL Félix, DE ROEFF Emile, DEBETTE Colette, DEFOIN Jean Marie, DELANNOY Henri, DELMOTTE Jean, DEMNET Marcel, DEPIERRE Paul, DEROUCK Guy, DESPRESLES Jean Michel, DONON André, DOREAU Henri, DOUAY Henri, DOUGUET André, DOUSSIN Georges, DOZORTZ Serge, DUMONT André, ELIES Jean-Louis, ENTRAYGUES Serge, ERMOGENI Gérard, ESPI André, EVRARD Henri, EVRARD Robert, FABRE Claudie, FABREGUE Jean, FAUVEL BERNARD, FAVEREAU Jean Louis, FAYON Maurice, FERET Monique, FERNANDEZ Joseph, FILLERE André, FLAGEUL Ginette, FNDIRP Bagnolet, FONTENAS Marie, FOREY Bernard, FOUCAULT Roger, FRANCOIS Claude, GAULTIER René, GAUMET Jean, GILBERT Pierre, GIRODET Joël, GLEVER Marcel, GOUIN Gérard, GOULFERT Alexandre, GOUTORBE Jacques, GROND Camille, GUICHE Gabriel, GUIGON Evelyne, GURRERA FOLCH A, HARBELOT Marcel, HARDY Jean René, HECQUET CAMPHIN Daniel, IANELLI Jean, IANELLI Luciano, IBORRA Marius, JACQUESON Bernard, JAR-DIN Yves, JARRET Pierre, JEUNESSE Daniel, JIMENEZ Jacques, JOUAN MARCEL, JUILLERAT Guy, JULLIEN Georges, JUPILLE Gisèle, KERVAREC Yves, KIENTZY Daniel, LAGNIER Gustave, LAMON Laurent, LANDRE Jacques, LARGUIER Lucien, LAUBIER Jean, LAUNAY Bernard, LAURENT Jean, LE CALVEZ Yves, LE JEUNE Jean, LE YAOUANC Yves, LEBLANC Pierre, LEGUEUX Georgette, LEMOINE Gilbert, LENOIR Michel, LETHIELLEUX Gaston, MAGNAUD Lucien, MAIGNE Victor, MALTRET Josette, MARCANTONI Lucien, MARSAL Augustin, MARTI André, MAZOYER Emile, MELON Anne-Marie, MEYNAC Eliane, MICHEL Irène, MILHAS Jacques, MILITON Alice, MINAUD Jean, MONCHAUSSE JP, MORAND Henri, MORENO Maurice, MORET Georges, MORIN Aimé, MORTIER Raymond, MOUBECHE Guy, MOURET Gilbert, MOYE Gérard, MULLER Jean, NAIT BOUDA Boualem, NGUYEN Phuc-Ky, OROSZ LASZLO, PASSAGLIA Jean, PAYRASTRE Roger, PETIT Guy, PIALOUX Marc, PILLON Robert, PINEAU Pierre, PINELLI Mme, PITAULT Raymond, PLANTAGENET, PLOTEAU Georges, POIRAUDEAU Jackie, PORRINI Bernard, PORTA Jean, POURCINE Georges, PRAIRE Laurence, PRANCHERE Pierre, RADIGOIS Henri, RAGOUILLIAUX Bernard, RATEAU Philibert, RENAUDAT MAURICE, REVERSAT Guy, RE-VERSAT Pierrette, RICHARD Jean, RIDEL Georges, RIGAUD Jean Pierre, ROLLAND Alfred, ROLLAT Danielle, ROLLIN Rosette, ROUFFINEAU Albert, ROUSSEY Jacques, RYCKEBOER Edouard, SAGNES René, SALIX Alix, SIGG Bernard, SINET Jackie, SOULIER Michel, STROZZI Pascal, TABOUROT Michel, TEPHANY-MEYRAND, THABEAULT-ALCANDRE J., THOUVENIN Daniel, TRAN VAN Michel, TROALEN Monique, TURPIN Albert, VACHER Alain, VALET GERARD, VANSEVEREN Claude, VERCOUTRE Georges, VIDAL Jean-Pierre, VIGOUROUX Bernard, VILERT Henri, VILLERET Jean, VILLETTE M., VINCELOT Gérard, VISSE René, WERNER André, ZAZZALI M. Catherine.

Tous ensemble pour assurer l’avenir de l’ARAC et des associations qui, comme elles travaillent à la défense des valeurs républicaines, des droits et conquis du CNR, à la solidarité et l’amitié entre les peuples, à la préserva-tion de la paix, et de la souveraineté des nations.

Réussir la pérennité d’une maison commune, c’est permettre à l’ARAC, la Mutuelle, la FORR, la FSORR, l’ORMCM, le Village de l’Amitié Van Canh, l’IDRP, Arac Cuba-Solidarité, au Réveil, à la Maison Henri Barbusse, à la CNRAR et d’autres encore en instance de nous rejoindre pour préserver un lieu et des moyens communs.

Alors merci à ceux qui ont commencé à nous envoyer des dons, des prélève-ments. Nous avons collecté environ à 45 000 euros mais il nous faut trouver encore 200 000 euros.

Nous savons que les militants de l’ARAC, les lecteurs du Réveil, les amis, tous ceux attachés à ces combats dans ces moments diffi ciles que traversent la France et le monde. Chacun en fonction de ses moyens, aura à cœur de contribuer à donner un véritable siège pérenne aux acteurs de ces combats d’aujourd’hui. Merci à tous.

« Le but de toute association politique est la conservation des droits natu-rels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sécurité et la résistance à l’oppression ».Article 2 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et du Citoyen.

Utiliser l’encart et l’enveloppe T joint à votre journal.

Pour que l’ARAC soit une MAISON COMMUNE