le réveil des combattants - juin

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Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix CE QUE L'ON NOUS TAIT SUR LES OPEX LE CHANT DES PARTISANTS INTERDIT ! GRÈCE : UN COMPLOT INTERNATIONAL Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre JUIN 2012 - N°784 - 5 e DES COMBATTANTS l e réveil LA SOUVERAINETÉ DE NOTRE PAYS EN DANGER LA SOUVERAINETÉ DE NOTRE PAYS EN DANGER

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Le réveil des combattants journal des anciens combattants

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Page 1: Le réveil des combattants - Juin

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

CE QUE L'ONNOUS TAIT

SUR LES OPEX

LE CHANTDES PARTISANTS

INTERDIT !

GRÈCE : UN COMPLOTINTERNATIONAL

Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre

JUIN 2012 - N°784 - 5 e DES COMBATTANTSle réveil

LA soUveRAineTé De noTRe PAys

en DAngeR

LA soUveRAineTé De noTRe PAys

en DAngeR

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LE RÉVEIL - N°784 - JUIN 20122 -

LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Dix jours de détente, de mémoire, de découverte !

Tombola ARAC 2012Avec le calendrier de cette année, particulièrement chargé en cette longue pé-riode électorale, nous consta-tons que le placement des bons de soutien 2012 a pris du retard dans les comités dépar-tementaux, les sections locales et chez nos adhérents isolés.La direction nationale a jugé utile de reporter le tirage de la tombola à la fin août 2012, afin de permettre un placement des bons à l’occasion des initiatives de l’été. Les résultats seront publiés dans le numéro du Réveil des Combattants de septembre 2012.

A l’heure où les autorités de l’État, les associations d’anciens combattants et victimes de guerre rendent hommage aux quatre militaires français tués en Afghanistan, l’ARAC s’in-cline devant ces hommes sacrifiés, présente ses sincères condoléances aux familles des disparus et leur exprime sa solidarité ainsi qu’à leurs camarades blessés.Notre association, comme elle n’a cessé de le répéter, ex-prime de nouveau son opposition au règlement des pro-blèmes internationaux par l’usage des armes. La guerre tue, sème souffrance et désespoir, mais ne règle rien. L’Afgha-nistan, la Libye en sont des preuves.En ces douloureuses circonstances, l’ARAC rappelle à Mon-sieur le Président de la République la position qu’il a prise à ce propos : « Le devoir de la France est de continuer à prévenir la guerre et à construire la paix, par le droit, la négociation, la coo-pération, et l’action quand elle est nécessaire ». Par conséquent le retrait complet du corps expéditionnaire français engagé en Afghanistan s’avère absolument nécessaire.

Mercredi 13 juin 2012.

La situation critique actuelle impose d’urgence la recherche de solution, l’ouverture de la négociation dans le cadre de l’application du plan Annan.Le Président de la République a évoqué l’éventualité d’une intervention militaire sous l’égide du Conseil de sécurité de l’ONU. Ce n’est pas la solution.L’ARAC rappelle que toutes décisions de guerre ne pour-raient aboutir qu’à la souffrance et à une impasse. Le risque serait grand alors d’un éclatement meurtrier dans toute cette région. Comme le Président de la République l’a affirmé dans la réponse qu’il a faite à l’ARAC durant la campagne électorale : « Le devoir de la France est de continuer à prévenir la guerre et à construire la paix par le droit, la négo-ciation, la coopération, et l’action quand elle est nécessaire ».Pour ne pas ouvrir la voie à une démarche suicidaire en Syrie, nous affirmons que le chemin de la paix par le droit et la négociation est la seule issue. Nous prendrons toutes les initiatives qui nous paraîtront nécessaires pour préser-ver la paix.

Villejuif, le 31 mai 2012.

AfghanistanHommage aux soldats disparus

En Syriele sang continue decouler

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LE RÉVEIL - N°784 - JUIN 2012 - 3

ÉDITo LE RÉVEIL

SoMMAIRE

P. 13 D o S S I E R

grèceUn complotinternationalDes éléments pour comprendre le sort peuple grec et l’appel à la résis-tance de Mikis Théodorakis.

LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse

Mensuel de l’Association républicainedes anciens combattants et victimes de guerre.Commission paritaire n° 0713-A 06545Édité par les Éditions du Réveil des CombattantsSARL au capital de 45 734,41 - Siret : 572 052 991 000 392, place du Méridien, 94807 Villejuif cedexTéléphone : 01 42 11 11 12Télécopie : 01 42 11 11 [email protected]

Tirage : 60 000 exemplairesGérant D i rec teur de l a pub l i ca -tion : Raphaël Vahé • Directeur délé-gué - Rédacteur en chef : Patrick Staat • Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Lau-rence Gorain• Service photos : Jean-Claude Fèvre • Administratrice : Annick Chevalier• Secrétariat de rédaction, conception gra-phique : Escalier D Communication • Impres-sion : RIVET P.E. - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

François Hollande va-t-il sacrifier la France sur l’autel du capita-lisme allemand ? Va-t-il accepter d’installer une suprématie poli-tique et un droit de tutelle sur la politique des nations au profit de Mme Merkel ? Le résultat serait pauvreté et angoisse pour les uns,

et bénéfices au nom du marché pour une minorité qui construit son opulence sur la misère.La France avec son histoire, ses valeurs, ses com-bats démocratiques, sa Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, n’est pas à vendre. Notre pays doit être maître de son destin, maître de ses décisions et doit redevenir maître de son rôle dans le monde.Le sujet de la souveraineté nationale devient aujourd'hui une question primordiale. Cela ne s’oppose pas à l’Europe des peuples où les nations doivent être respectées, leur histoire également. C’est pour cela que nous sommes opposés au fédéralisme cher à la chancelière qui verrait cette souveraineté de la France disparaître au profit du leadership allemand.Tous ceux qui aujourd’hui prônent plus d’intégra-tion politique, plus d’intégration économique, la mise sous tutelle de la Commission européenne des budgets nationaux, ne visent qu'une politique d’austérité. Le respect de la souveraineté des nations de la communauté européenne, c’est la garantie que les peuples puissent s’engager dans une construction politique tournée vers la croissance, vers la préser-vation des droits sociaux, démocratiques. Plus de démocratie et de respect des opinions publiques, c’est la garantie de répondre à l’intérêt de l’im-mense majorité des habitants de l’Europe. Une position ferme de la France face à Mme Merkel pour-rait incarner un espoir pour les peuples d’Europe.Jusqu’à quel point les peuples accepteront-ils que les choix liés à la mondialisation se traduisent pour un grand nombre de pays d’Europe du sud par une aggravation de la récession ? Le Président Hollande doit, dans notre pays, miser sur le débat démocra-tique et soumettre tout traité à un référendum. Ce que craint le plus le capitalisme, c’est l’expression et la voix des peuples.L’heure est à la lutte. Il en va de notre vie, de celle de nos enfants et petits-enfants. L’ARAC, attachée aux valeurs républicaines, contribuera avec ses adhé-rents au rassemblement nécessaire, à la définition d’un nouveau programme de résistance, fidèle au programme du CNR qui, contribuera au dévelop-pement et au rayonnement de la France.

Patrick Staat

mAinTenAnT :CoURAge eT DéTeRminATion

Des éléments pour comprendre le sort peuple grec et l’appel à la résis-

Actualités p. 4Air France : plus de 5 000 postes supprimés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4Augmentation de la retraite du combattant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4Quand des maires interdisent le Chant des partisans . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5Suppression de 45 000 emplois industriels. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6Hausse des tarifs du gaz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7PSA Aulnay-sous-Bois : non à la fermeture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7Les effets de la crise sur la pauvreté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

international p. 9Obama - Iran : cyberwar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9Afghanistan : ayons le courage du changement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10Asie : la fl otte américaine renforcée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10Chicago : un sommet peut en cacher un autre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

vie de l’ARAC p. 22La vie des comités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22Pétition pour le droit des OPEX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24Georges Doussin reçoit le prix Georges Dimitrov. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

vos droits p. 26Entrevue entre les directions de l’ARAC et de l’ONAC . . . . . . . . . . . 26Ce qu’on tait sur les OPEX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

mémoire p. 30Hommage à René Sahors . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

Tombola ARAC 2012

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

La direction d'Air France a présenté en comité central d'entreprise (CCE) son estimation du sureffectif et les mesures pour le résorber. La compagnie estime la baisse des ressources humaines, qui étaient de 49 301 personnes fin 2011, à 5 122 personnes d'ici à fin 2013. Les prévi-sions tablent sur 1 710 départs naturels auxquels il faut ajouter une baisse com-plémentaire portant sur 3 410 postes. Ces derniers se répartissent en 2 056 person-nels au sol, 904 navigants commerciaux et 238 pilotes.

Les nAvigAnTs TRAnsféRés Chez TRAnsAviAPour résorber ce sureffectif, la compa-gnie prévoit comme mesures d'accom-pagnement « une aide au départ volontaire à la retraite, une aide au départ volontaire de l'entreprise, une incitation au passage au temps partiel et un partage du temps d'acti-vité pour le personnel navigant », selon un document communiqué aux syndicats.

Les navigants ne seraient donc pas tou-chés par le plan de départs volontaires. Les 904 personnes en sureffectif identi-fiées pour les hôtesses et stewards seront absorbées par les départs naturels, le par-tage du temps de travail mais aussi par des transferts chez Transavia, la filiale à bas coûts du groupe appelée à passer de 8 à 22 avions d'ici à fin 2015. Cette dernière doit recruter 200 PNC (personnel navi-gant commercial) au sein d'Air France et des compagnies régionales (Regional, Britair) et 140 pilotes.

LA menACe Des LiCenCiemenTsLa direction met la pression sur les syn-dicats. « Si les nouveaux accords sont signés, les modalités de traitement des sureffectifs excluront le recours à des départs contraints d'ici à fin 2013 », a pré-cisé Air France dans un communiqué. Direction et syndicats négocient de nou-veaux accords collectifs pour augmenter l'efficacité économique de la compagnie

de 20 %. Un nouveau CCE est prévu fin juin. La direction présentera le projet fi-nalisé du plan Transform, avec un accord à signature courant juillet. Le 26 juillet, un nouveau CCE présentera la GPEC (gestion prévisionnelle de l'emploi) affi-née et consultera les élus sur un éventuel PSE-Plan de départs volontaires. Si les accords ne sont pas signés, la compagnie prévient qu'elle sera contrainte de fermer des lignes et les départs volontaires ne pourraient pas être évités.

La compagnie veut baisser ses effectifs de 5 122 personnes. Il n'y aura pas de licenciements secs. La direction table sur 1 710 départs naturels. Pour résorber le sureffectif de 3 410 personnes, des incitations au départ volontaire et des mesures de temps partiel seront mises en place. Si les syndicats ne signent pas de nouveaux accords d'entreprise, Air France procédera à des licenciements secs.

Air france supprime 5 122 postes

Augmentation de la retraite ducombattantA compter du 1er juillet, conformé-ment au vote de la Loi de Finances 2012 par le Parlement, l’indice de la retraite du combattant est relevé de 4 points et passe à 48 points.De ce fait, le montant annuel de la retraite du combattant s’élève à 665.28 € (+ 66,44€) soit 332.64 € par semestre perçu (+ 31.72 €).Rappelons que, pour bénéficier de la retraite du combattant, il faut être titulaire de la carte du com-battant, laquelle est délivrée selon certains critères et sur demande de l’intéressé.Rappelons également que la carte du combattant - et le Titre de reconnaissance de la nation (TRN) - permettent d’accéder à un avantage spécifique des plus inté-ressants (réservé aux seuls anciens combattants et familles de « Mort pour la France ») : la rente mutua-liste ancien combattant.Pour toutes démarches (deman-der la carte du combattant, le Titre de reconnaissance de la nation et rente mutualiste ancien combat-tant...), s’adresser à la Mutuelle de l’ARAC ou à l’ARAC au 2 place du Méridien, 94807 Villejuif cedex. Tél. 01 42 11 11 [email protected]

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LE RÉVEIL - N°784 - JUIN 2012 - 5

ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Quand les maires de Bollène et d’Aix-les-Bainsinterdisent le Chant des partisantsAmi entends-tu ?

La lettre de georges sabatier au maire de BollèneLe 20 juin 2012

A Bollène, le 18 juin, cérémonie commémorative de l’Appel du Géné-ral de Gaulle. Comme d’habitude, les anciens combattants et leurs amis, unis, commencent à chanter le Chant des partisans. Des agents municipaux et des élus municipaux représentant le maire (Mme Bompard de la Ligue du Sud, dissidente du FN) s’interposent violemment par la parole et des gestes agressifs. Ci-joint la lettre adressée à Mme Bompard par notre camarade Georges Sabatier, ancien maire de Bol-lène, président d’honneur du comité local de l’ANACR, et membre du

comité départemental de l’ARAC.A Aix les Bains, le 23 juin, le maire UMP et le député UMP de Savoie inaugurent un square et une stèle en l’honneur de Marcel Bigeard, colonel tortionnaire pendant la guerre d’Algé-rie, après s’être illustré pendant la guerre d’Indochine contre les patriotes vietnamiens luttant pour l’indépen-dance de leur pays.Dans le Vaucluse, en face du scandale de Bollène, le comité départemental de l’ARAC prépare pour la rentrée de septembre une riposte unitaire des associations d’anciens combattants et

de leurs amis, au nom des valeurs de la République et des combats qui ont été menés pour les défendre et pour sauver la France du fascisme hitlérien et pétainiste.En face des manœuvres de plus en plus dangereuses des activistes d’extrême droite et du FN, l’heure n’est plus seulement à la vigilance mais à l’action offensive pour le respect de la mémoire est des valeurs républicaines. « Le ventre est encore fécond d’où a surgi la chose immonde », hélas, plus encore aujourd’hui qu’hier. Plus nous serons à résister, plus nous aurons de chance d’arrêter sa croissance, avant qu’il ne soit trop tard.

Georges Doussin

Mme Marie-Claude BompardMaire de Bollène

Madame le Maire,C’est au nom du bureau de l’ANACR que je vous adresse cette lettre afin de condamner avec la plus grande vigueur ce que votre directeur de cabinet, sou-tenu en cela par votre adjoint M. Beck, a provoqué de manière indigne lors de la cérémonie en l’honneur de l’appel du 18 juin du Général de Gaulle.Les anciens combattants souhaitaient entonner le Chant des partisans lors de cette cérémonie. Cela s’est toujours fait. Pourquoi ne pas accepter leur apport à cette commémoration, à cette mémoire commune ?Monsieur Fruleux, qui n’est pas un élu de Bollène, en s’opposant à l’inter-prétation du Chant des partisans par les anciens combattants par la violence de ses actes et de ses propos et de ses me-

naces vis-à-vis de Mme Massonet, M. et Mme Boudil, de moi-même et d’autres personnes présentes, a commis un acte grave notamment vis-à-vis de citoyens médaillés militaires. Cette attitude into-lérable a été cautionnée par une partie des élus de votre majorité, notamment votre adjoint aux finances, M. Beck. Par ailleurs je déplore que leur idéologie et leur haine anticommuniste, que l’on retrouve encore dans vos communi-qués de presse, qui dénaturent le sens de l’histoire et de la Résistance française à laquelle ont participé les communistes.Dans cet aveuglement,vous en oubliez même que le Chant des partisans n’est pas un chant communiste. Il a été écrit par Joseph Kessel et Maurice Druon en 1943. Gaulliste, ministre des Affaires culturelles de 1973 à 1974 sous la Pré-sidence de Georges Pompidou, il est le chant de toute la Résistance. C’est une œuvre marquante de notre patrimoine

immatériel classée comme monument historique depuis 2006.Devant cette situation inadmissible je vous demande, Madame le Maire, au regard de la faute commise et du statut de la fonction publique concernant le droit de réserve des agents des collectivi-tés territoriales, de prendre les sanctions nécessaires qui s’imposent. Vous com-prendrez aisément qu’au regard des faits incriminés et de leurs publications dans les médias locaux je rende publique la lettre que je vous adresse ce jour.Veuillez croire, Madame le Maire, à mon entier dévouement à la mémoire de la Résistance ainsi qu’aux valeurs de la République.

Georges SabatierPrésident du comité de Bollène de l’ANA-CR, membre du comité départemental de l’ARAC 84

Les scandales de Bollène et d’Aix-les-Bains ou « Quand des élus UMP et de la Ligue du Sud prennent des initiatives insultantes pour la mémoire de la France ».

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LE RÉVEIL - N°784 - JUIN 20126 -

Les patrons, dis-je, annoncent sans om-brage et avec la plus grande arrogance, la suppression de 45 000 emplois indus-triels dans les mois qui viennent. 45 000 suppressions d’emplois dénoncés par la CGT en amont des élections. C’est dire, entre autres, aussi la responsabilité de la droite, de Sarkozy, qui avait caché ces plans patronaux. Enfin, on pouvait consi-dérer tout cela derrière nous avec l’arrivée de François Hollande au pouvoir. Il n’en est rien, évidemment les capitalistes, sous le fallacieux prétexte de la crise en Europe, des marges de profits insuffisantes, de la compétitivité plus pertinente ailleurs, exigent encore et toujours de notre peuple des sacrifices, encore des sacrifices, tou-jours plus de sacrifices. Pour le coup, la suppression de 45 000 emplois, en atten-dant le reste. D’ailleurs, Laurence Parisot, la patronne du MEDEF, pose cette question au nou-veau gouvernement en termes d’obliga-tion de gestion, de rentabilité, de compé-titivité à l’échelle européenne. Pour elle, les mêmes causes appellent les mêmes conséquences, le problème c’est que les conséquences amènent dans la logique patronale les mêmes raisons. C’est le serpent qui se mord la queue et nous n’en sortons pas. En fait, la seule vraie réalité de cette logique mortifère pour l’emploi mais aussi pour le pouvoir d’achat des salariés, le pouvoir vivre de l’ensemble de la société, c’est bien le taux de profits réalisés par le grand patronat. C’est là le véritable seul intérêt du système capitaliste. Cette lo-gique, le maximum de profits dans le plus court laps de temps, voilà, non seulement la seule vérité révélée de ce système, mais encore le seul vrai problème et la véritable cause de la crise de notre pays, de l’Europe. Il faut avoir le courage politique d’affron-ter fermement, durement, frontalement

ce pouvoir de l’argent qui met en pièces notre société et ce, sur tous les terrains, politique, social, économique, industriel. Arnaud Montebourg, ministre du Redres-sement productif, a déclaré récemment qu’il serait du côté des salariés de Fralib si ceux-ci n’avaient pas gain de cause devant la justice pour le maintien de leur site.Vous parlez d’une belle jambe pour les salariés de cette entreprise que d’avoir le soutien d’un ministre en même temps qu’il ne leur restera plus que les yeux pour pleurer et que leur emploi aura définitive-ment disparu. Ce dont notre pays, notre société ont besoin aujourd’hui c’est de décisions politiques majeures, fortes sans ambiguïté, qui ramènent le patronat à la raison, le contraignent à cesser les licencie-ments boursiers dans l’intérêt du pays et des salariés. Il faut briser l’accord Merkel-Sarkozy de misère programmé pour les peuples. Casser l’austérité, porter le plus rapidement possible le SMIC à 1 700 € par mois. Contraindre à produire en France. Remettre les banques à leur place. Étendre très largement les droits des salariés, en particulier leur donner de réels pouvoirs d’intervention dans la gestion de leur en-treprise. En un mot, il faut prendre l’argent où il se trouve, faire payer fortement les riches, les capitalistes, casser leur système. Rendre aux Français ce qui leur appartient et à notre pays sa souveraineté. Le nouveau pouvoir en place en France a aujourd’hui les moyens politiques de cela.

Il n’y a pas à tergiverser avec ceux qui sont prêts à tout pour mettre notre peuple à genoux, pour redonner à la droite, voire à l’extrême droite, des couleurs et le pouvoir. Les socialistes doivent comprendre que les Français n’accepteront pas une politique de bas étage politique à la Papandreou ou à la Zapatero, politiques qui ont fait le lit des intérêts des banques, de la finance, des systèmes capitalistes en place et qui au bout du compte se sont retournés contre les peuples. Nous avons trop largement souffert, et trop longtemps, de tout cela. Il est temps, grandement temps de renver-ser la vapeur. C’est pour cela que François Hollande a été élu et rien d’autre. Il faut briser l’arrogance patronale et faire encore reculer la droite, il faut donner au mouvement populaire toute sa force, sa di-mension et les moyens d’intervention à la hauteur de l’enjeu historique de la bataille de classe qui se déroule aujourd’hui dans notre pays. Chacun serait bien inspiré de prendre la réelle dimension de cet enjeu. Dans ce combat, l’ARAC sait où se trouve sa place, mais aussi qu’elle doit être sa contribution au combat général émanci-pateur de notre société, comme toujours et dans tous les combats. C’est présent que nous répondons et c’est bien debout que nous apporterons nos bras pour défendre notre pays aujourd’hui contre un ennemi mortel, le système capitaliste.

Hervé Corzani

LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Les rapaces sont encore aux manettes : dès le second tour des élections présidentielles passées et l’éviction de Nicolas Sarkozy du pouvoir annoncé, les patrons sans perdre une minute passent à l’attaque. A l’échelle du pays déjà, à titre d’avertissement au mouvement populaire, au gouvernement socialiste de Jean-Marc Ayrault.

suppression de 45 000 emplois industrielsUn enjeu de société

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LE RÉVEIL - N°784 - JUIN 2012 - 7

ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Ces hausses pourraient être suivies d'une augmentation rétroactive de 10 % de la facture déjà payée sur la période octobre-décembre 2011 si le Conseil d'État, autour du 20 juillet, suit l'avis de son rapporteur public. Celui-ci a en effet préconisé d'annuler le gel des tarifs décidé par le précédent gouvernement pour cette période et proposé un nouvel arrêté prévoyant « une facture rectificative par voie de complément de prix ».La source, confirmant des infor-mations du quotidien Le Parisien, a déclaré que la facture des ménages inclurait cet été dans un premier temps la hausse des tarifs d'utilisation des infrastructures gazières au 1er juillet, validée par l'État. Selon Le Parisien, elle devrait alourdir les prix de 2 %

environ. La révision trimestrielle des tarifs devrait en outre se traduire, à par-tir du 12 juillet, par une augmentation proche de 5 % correspondant à la réper-cussion des coûts d'approvisionnement de GDF Suez, a ajouté la source, selon laquelle l'énergéticien a transmis cette semaine une demande dans ce sens à la Commission de régulation de l'énergie (CRE).Si le gouvernement, à l'instar du précé-dent exécutif, décidait de passer outre la validation de la hausse par la CRE et de geler une nouvelle fois les tarifs, il s'exposerait à un nouveau recours de GDF Suez ou de ses concurrents devant le Conseil d'État.Sur la période allant du 1er octobre au 31 décembre 2011, l'opérateur historique

a estimé que le gel des tarifs du gaz en France lui avait coûté près de 290 millions d'euros de manque à gagner. L'actuelle formule de calcul des tarifs du gaz permet une plus grande prise en compte des prix du marché que la pré-cédente, et doit donc actuellement per-mettre de modérer les hausses, mais les coûts du gaz importé en France restent majoritairement indexés sur le pétrole.

B.C.

Deux hausses des tarifs du gaz en vue cet été

PsA D’AULnAy-soUs-Bois I non à LA feRmeTURe

Au cours de sa longue histoire, l’ARAC n’a jamais détaché sa propre action de défense des droits des anciens combattants et victimes de guerre, des luttes de la classe ou-vrière. Évidence d’une liaison pro-fonde : « la lutte des mêmes contre les mêmes ».Rien, sinon son intarissable glou-tonnerie lucrative, n’autorise PSA Peugeot Citroën à agir de la sorte : 11 milliards d’euros de réserve, 250 millions d’euros distribués aux ac-tionnaires. Quant à la famille Peu-geot elle-même : 3 milliards d’euros en Suisse, 600 millions d’euros de

bénéfice.A ce tableau idyllique s’ajoute l’im-morale décision patronale : la fer-meture de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois avec 3000 emplois directs supprimés et 10 000 emplois induits !

Eh bien, non ! L’ARAC de la Seine-Saint-Denis ne peut accepter la fermeture de l’entreprise du 1er em-ployeur privé du département. A la si-tuation présente, très compliquée du 93, viendrait s’additionner, si cela se réalisait, une véritable catastrophe !

L’ARAC appelle le nouveau Pré-

sident de la République, son gouver-nement, à réagir de toute urgence en s’appuyant sur l’orientation du programme du Conseil national de la Résistance qui, contrairement au patronat de PSA d’Aulnay, ouvrait la voie au développement des entre-prises industrielles en s’efforçant d’instaurer une véritable démocratie économique et sociale. L’ARAC par-ticipera et prendra toutes les initia-tives pour que la voix des salariés soit entendue et les intérêts de la France préservés.Le pouvoir républicain doit faire en-tendre raison chez PSA.

Les tarifs du gaz en France pour les particuliers devraient connaître cet été deux hausses successives en application de la réglementa-tion en vigueur, a déclaré une source proche du dossier, confirmant des informations de presse.

L’ARAC de la Seine-Saint-Denis salue et apporte son soutien aux salariés de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois en lutte contre le projet de fermeture de l’entreprise.

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LE RÉVEIL - N°784 - JUIN 20128 -

LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Quels ont été les effets de la crise sur le marché du travail et sur l’évolution de la pauvreté ? C’est à cette question que s’est attaché le rapport 2011-2012 de l’ONPES (Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale). Celui-ci souligne d’abord une baisse depuis le début de la crise, de la part de la population bénéficiant d’un contrat à durée indéterminée (CDI). Le taux d’emploi en CDI (rapporté à l’en-semble de la population des 15-64 ans, active ou non) est ainsi passé de 50,5 % fin 2008 à 48,7 % fin 2011. Inverse-ment, les embauches en CDD et en in-térim, après avoir nettement diminué au début de la crise (ces postes étant les premiers sacrifiés en cas de ralen-tissement de l’activité), repartent à la hausse. Or, le taux de pauvreté est plus élevé pour les salariés en contrats pré-caires : il atteignait 13 % pour les sala-riés en CDD en 2009, contre 4,5 % pour ceux en CDI ; et 11,5 % pour les salariés à temps partiel, contre 6 % pour ceux à temps plein.Le rapport note également une forte hausse du chômage de longue durée : en janvier 2012, plus de 1,6 million de personnes étaient inscrites depuis un an et plus, en catégories A, B, C sur les listes de Pôle Emploi, soit 600 000 de plus qu’en janvier 2008 ! Ces de-mandeurs d’emploi étant peu ou pas indemnisés, la hausse du chômage de longue durée entraîne logiquement une hausse de la pauvreté.Le cas de la France n’est pas isolé. La tendance à la dégradation du marché du travail a été la même dans tous les pays européens, à l’exception notable de l’Allemagne. Le taux de chômage de ce pays est en effet passé de 8,7 %

en 2007 à 5,9 % en 2011. Néanmoins, souligne le rapport, cette baisse du chômage s’est accompagnée d’une forte hausse du nombre de travailleurs pauvres outre-rhin, une hausse liée à des réformes structurelles adoptées au début des années 2000, avec notam-ment le développement des fameux « mini jobs », emplois à temps partiel payés 400 euros par mois. Résultat : le temps partiel atteint 22 % de l’emploi en 2010, contre 14 % en 1995, et le taux de pauvreté allemand est passé de 12,2 % en 2005 à 15,6 % en 2010. Conclusion : Berlin n’est pas un modèle à suivre, estime l’ONPES.En France aussi, la crise a vraisem-blablement entraîné une hausse de la pauvreté. Il est difficile d’en mesurer l’ampleur exacte, car les dernières statis-tiques sur la pauvreté datent de 2009 : le taux de pauvreté monétaire était alors de 13,5 %, contre 13,4 % en 2007. Le rapport donne néanmoins une estimation plus récente du taux de pauvreté « en condi-tions de vie » - une autre façon de mesu-rer la pauvreté - qui atteindrait 13,3 % en 2010, contre 12,4 % en 2007.

Une PRoTeCTion soCiALe insUffisAnTe.Si l’augmentation de la pauvreté a été moins élevée qu’en Allemagne, c’est

notamment parce que le système français de protection sociale a joué un rôle d’amortisseur. La qualité de ce système « tend néanmoins à s’éroder », regrette Jérôme Vignon, président de l’ONPES. Ainsi, les effets du Revenu de solidarité active (RSA) en matière de lutte contre la pauvreté ont été li-mités. Notamment parce que le taux de non-recours au RSA activité (com-plément de revenu versé aux travail-leurs pauvres) est très élevé (68 %), mais aussi parce que le montant RSA socle (ex RMI) reste de 50 % inférieur au seuil de pauvreté. Son montant n’étant revalorisé que de l’inflation chaque année, sans aucun coup de pouce particulier, il s’éloigne conti-nûment du niveau du SMIC.D’où la recommandation récente du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion, présidé par un député UMP, d’aug-menter de 25 % cette allocation, « le plus rapidement possible et au plus tard sous cinq ans ». Avis au président de la République.

Alternatives Economiques -Mai 2012 - Camille Dorival

Les effets de la crise sur la pauvretéBilan : avec la crise, l’emploi s’est davantage précarisé et le chô-mage a progressé. Ces facteurs expliquent en partie la hausse de la pauvreté.

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INTERNATIoNAL LE RÉVEIL

«Jamais, depuis Lyndon Johnson et le choix des cibles à bombarder au Nord-Vietnam, un président n’avait été impliqué d’aussi près dans l’escalade, pas à pas, d’une attaque contre les infrastructures d’une nation étran-gère. » Ce commentaire, publié sous la plume de David Sanger, journaliste au New York Times, fait suite à la parution, d’un livre du même auteur. L’ouvrage fait grand bruit aux Etats-Unis, car il montre l’implication directe d’Obama dans une agression contre une autre nation, atti-tude en totale opposition avec l’image du prix Nobel de la paix. Jusque-là restée se-crète, l’affaire remonte au tout début de la mandature Obama. A quelques jours de son intronisation, le tout nouveau pré-sident élu rencontre à la Maison-Blanche, dans la plus grande discrétion, le sortant George W. Bush. Le Texan insiste sur deux points déterminants à ses yeux pour la protection de l’Amérique : poursuivre les assassinats ciblés contre Al-Qaida au Pakistan par l’utilisation des drones et mener la cyberguerre contre l’Iran com-mencée en 2008 après avoir été testée grandeur nature en 2007 sur le territoire des États-Unis. Obama s’acquittera, avec zèle, de ces deux recommandations. Début juin, le New-York Time titre: « La cyberguerre a déjà commencé ». L’article révèle que Washington et Israël ont utilisé des virus informatiques contre le nucléaire iranien. L’article explique : « A travers un programme secret, nom de code « Olympic Games », qui date des der-nières années du mandat de Georges W. Bush, les États-Unis ont lancé des attaques répétées avec les armes cybernétiques les plus sophistiquées jamais développées par infil-tration dans les contrôleurs informatiques qui assurent le bon fonctionnement des cen-trifugeuses nucléaires iraniennes pour les détraquer ».oBAmA eT TeL -Av iv à LA

mAnœUvReToujours selon le quotidien, les USA et Israël, partenaires dans cette offensive, auraient utilisés ces armes comme « alter-native à un bombardement aérien ». Dans cette opération américano-israélienne, on retrouve côte à côte, les programmateurs de la National Security Agency (NSA), de Fort Meade (Maryland), près de Washington, et une unité spéciale de guerre électronique de Tsahal, (l’armée israélienne) connue sous le nom d’Unité 8 200. Initialement bap-tisé « The Bug » par ses créateurs, le virus a préalablement été testé avec succès sur des centrifugeuses libyennes d’un modèle semblable, saisies en 2003. Ne restait plus qu’à l’introduire dans le très secret système informatique du programme nucléaire ira-nien. Notons que ces opérations n’ont fait l’objet d’aucun contrôle, d’aucun débat à la Chambre des représentants ou au Sénat. Seul le locataire de la Maison-Blanche pi-lote… Selon David Sanger, Obama sera om-niprésent dans la conduite des opérations. Il écrit : « Le président démocrate exige un briefing hebdomadaire sur l’état de l’offensive en cours, donnant son aval à chaque nouvelle cyberattaque contre l’Iran ». Après quelques tâtonnements et incidents, notamment en 2010, Obama autorise deux nouvelles cybe-rattaques. L’outil de destruction a été perfec-tionné et porte désormais le nom de code « Flame ». Selon les experts, près de 1 000

centrifugeuse iraniennes dernier modèle seront détruites… Dans le même temps, Washington et Tel-Aviv, relayés par les diplomates occidentaux, chefs de gouverne-ment et média parleront « de l’intransigeance iranienne, de la folle course au nucléaire etc.».Il n’est pas illégitime de penser qu’à plus long terme d’autres puissances se trouve-ront dans le cybercollimateur de l’Amé-rique. Pour le moment Washington refuse d’évoquer son nouvel arsenal informatique. Mais certaines indications doivent nous alerter. Interrogé sur ses agissements, un porte-parole du Pentagone, le capitaine John Kirby, s’est refusé à commenter dans le détail l’article du New York Times. Il a toutefois indiqué que le Président Obama et le secrétaire à la Défense, Léon Panetta, avaient fait des cyberattaques une priorité. « Comme nous l’avons dit à de nombreuses reprises, et le président et le secrétaire (à la Dé-fense) ont été clairs là-dessus, les cyberattaques constituent un domaine que nous devons sur-veiller et réévaluer constamment, ainsi que nous devons tenter d’améliorer l’éventail des options dont nous disposons dans le cyberespace ».Les choses sont claires, la cyber guerre de-vient une option prioritaire dans l’arsenal guerrier des États-Unis.

Jean-Pierre Delahaye

oBAmA - iRAnCyberwarDepuis plusieurs années, sur les conseils de Bush, obama mène une guerre secrète contre l’Iran. Les États-Unis se sont engagés dans la cyberguerre…

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LE RÉVEIL INTERNATIoNAL

Le Président Hollande a l’opportunité de modifier le cours tragique des évé-nements en Afghanistan pour diriger enfin ce pays vers la stabilité et rappe-ler par la même occasion la singula-rité de la France. Il lui faut admettre l’échec de la mission civile de l’ONU, la Manua, et de la mission militaire, la Fias, confiée depuis 2003 à l’OTAN. La première a mis en œuvre un mo-dèle politique centralisé avec des gou-verneurs désignés par le président Karzaï et ses mentors pour imposer l’ordre de Kaboul. La seconde, au ser-vice de la première, aura tout essayé : de la distribution de brouettes et de médicaments aux opérations psycho-logiques douteuses, en passant par les assassinats «ciblés», les opérations «spéciales».La dernière idée des généraux de l’OTAN est la mise en chantier d’un État policier avec des centaines de mil-liers de fonctionnaires afghans com-posant des «forces de sécurité natio-nales» censées réussir là où l’alliance militaire la plus puissante de tous les temps échoue malgré ses moyens sophistiqués et son écrasante domi-nation aérienne. Cette stratégie dispendieuse, qui ins-crit l’État afghan dans un endettement structurel et laisse la portion congrue aux autres dépenses publiques, est la conséquence des errements d’une communauté militaire qui refuse ses responsabilités dans l’essor de l’insurrection, qui trompe les opi-nions publiques (ce serait «une guerre de l’information») et qui justifie ses mauvais résultats par un « manque de volonté politique », réclamant tou-jours plus de troupes, de moyens

ou de temps. En fait, l’Afghanistan rejette viscéralement l’occupation étrangère et les ambitions politiques d’une élite xénophile qui méprise les masses rurales. Face à des étrangers en armes dont les objectifs n’ont ja-mais été clairs - s’agit-il de « redessiner la carte du Moyen-Orient », de convertir les musulmans au christianisme, de s’emparer de ressources naturelles, de se positionner contre tel voisin ? - les Afghans se replient sur leurs valeurs traditionnelles qui, à défaut de qualité de vie, accordent aux morts l’accès au paradis et aux survivants la fierté d’une histoire glorieuse.Nos experts de l’administration né-gligent malheureusement les solu-tions d’organisation et d’équilibre des pouvoirs, de décentralisation, de démocratisation, pour recommander des coups d’épée dans l’océan des problèmes de rivalités ethniques, de pauvreté, de drogue, de frontières, de prolifération nucléaire, voire de religion. Car, avec l’asservissement stratégique, l’autre cause de rejet est le modèle de gouvernement centra-lisé et autoritaire, tant il y a de com-munautés dont aucune ne renonce à sa part de pouvoir. C’était le constat que faisait Napoléon pour la Suisse en 1803, après cinq ans de tentatives françaises infructueuses pour renfor-cer une République qui s’appuyait sur des préfets de région pour apporter le «progrès social» aux populations dis-parates des vallées. Le pays a heureu-sement retrouvé sa stabilité en retour-nant à une organisation cantonale et à sa neutralité historique.Le Projet socialiste 2012 l’énonce clai-rement : «Toute stabilisation durable

en Afghanistan aussi, ayons le courage du changement !

Asie La flotteaméricainerenforcéeLa réorientation stratégique américaine en Asie-Pacifique, dont nous avons déjà parlé dans les précédents numéros, se confirme au fil des rencontres internationales et des mesures diplomatiques et mi l i ta i res mises en place par Washington. Elle se traduit concrètement par un renforcement des moyens militaires déployés dans la région. C’est le message que le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a délivré à Singapour, lors du 11e Shangri-La Dialogue, la conférence internationale sur la sécurité réunie à l’initiative de l’International Institute for Strategic Studies.Il s’appuie sur un document de la Maison-Blanche intitulé Les priorités pour la défense du XXIe siècle, et qui souligne « la nécessité d’un rééquilibrage vers la région Asie-Pacifique (…) car, sur le long terme, l’émergence de la Chine comme une puissance régionale a le potentiel d’affecter l ’ économie e t l a sécu r i té américaines ». Pour mémoire le commandement US du Pacifique compte déjà 180 bateaux, 2 000 avions et 140 000 hommes. Le dispositif américain sera renforcé grâce à une task force des Marines implantée en Australie et, pour la première fois, un stationnement permanent de navires de combat côtiers à Singapour.

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passe par la fin des ingérences […] Elle implique un accord négocié entre tous les États concernés pour doter l’Afghanistan d’un statut de neutralité internationale-ment garanti et prévoir une sortie concer-tée des forces étrangères.»François Hollande a été élu sur l’enga-gement d’un « retrait immédiat de nos troupes d’Afghanistan : il n’y aura plus de troupes françaises dans ce pays à la fin de l’année 2012. » Pourtant, avant même d’être élu, le Président a semblé hésiter en évoquant, lors du débat du 2 mai, le simple retrait des «troupes com-battantes». Cela rappelle le stratagème de son prédécesseur qui, n’osant s’op-poser à la demande américaine d’un « surge », laissait accroire aux Français la mobilisation de simples formateurs non-combattants, tout en envoyant sur le théâtre le meilleur de nos hélicop-tères de combat et de notre artillerie de campagne.L’effondrement du système en place n’est pas un risque à craindre, mais une étape nécessaire dans un nou-veau projet. Par un retrait résolu et un changement de régime, l’insurrection sera dirigée vers le délitement. Les Afghans qui soutiennent les rebelles ne se battent pas pour rétablir cet émi-rat islamique auquel ils ont déjà goûté. Les talibans sont protégés, renseignés par la population du fait du seul impé-ratif catégorique de la guerre sainte contre les étrangers. Surtout ne pas négocier avec l’ennemi, à raison si décrié ! Sans le soutien du peuple qui demande à reprendre son destin en main, les talibans seront eux-mêmes rejetés, à condition que notre désenga-gement soit sincère et ne cache aucune manœuvre, telle cette funeste idée de bases permanentes protégées par un État policier… La France n’a pas voca-tion à s’aligner derrière l’Amérique quand celle-ci se trompe. Le Président Obama avait lui aussi « revu le dossier » après son investiture mais n’avait bou-gé que quelques lignes vis-à-vis du Pa-kistan. Pour le reste, il s’en était remis aux militaires qui, après avoir obtenu plus de moyens, réclament encore aux

politiques plus de détermination et de temps. Nourrie de nos prétentions, l’insurrection n’a cessé de croître, la lo-gistique de l’OTAN a fini par défoncer les routes que nous avions asphaltées, et l’Amérique a obtenu, sur le texte d’un partenariat bien mal inspiré, la seule signature d’un régime essoufflé.Le président Hollande, dont la nou-veauté est une force - mais à usage unique sur chaque sujet ! - doit affir-mer la responsabilité politique et sortir les militaires de l’ornière en ordonnant désormais la marche ar-rière. Il faut éteindre le feu en retirant à la population la motivation princi-pale et presque unique qu’elle a de se battre : la présence d’étrangers en arme au service d’« agendas cachés ». Aujourd’hui, à Camp David, Hollande peut aider Obama dans ses rapports de force intérieurs. L’Afghanistan doit être rétabli sur ses équilibres anciens plutôt que maintenu dans l’instabi-

lité au prix d’une débauche d’énergie. « Nous n’avons rien d’autre à craindre que la peur elle-même », disait Franklin Roosevelt. Pour que le retrait ne soit pas un renoncement et pour qu’il par-ticipe à la défaite des talibans, le cou-rage du changement, c’est maintenant !

Johan FreckhausAncien officier français, impliqué dans le secteur privé en Afghanistan depuis 1979. Otage des talibans pendant trois semaines en 2008 - Libération du vendredi 18 mai 2012.

INTERNATIoNAL LE RÉVEIL

Libye L’oTAN sommée de s’expliquerL’oNG Human Rights Watch (HRW) réclame l’ouverture d’une enquête sur certains bombardements. Plus de sept mois après la fin de la guerre en Libye, on ignore toujours combien de civils ont été tués par les frappes de l’oTAN. Dans un rapport publié fin mai, cette oNG s’étonne que les puissances occidentales ayant participé à l’opération n’aient toujours pas reconnu l’existence des morts par bombes et qu’elles n’aient toujours pas diligenté d’enquêtes sur certains raids. HRW s’est longuement penché sur huit opérations qui, entre juin et septembre 2011, ont causé la mort de 72 civils, dont 44 femmes et enfants.L’oNG rappelle que les pays coalisés ont mené plus de 25 900 sorties ariennes et largué 7 642 bombes. Dans certains cas, de graves questions restent posées sur la nature réelle des cibles que l’oTAN visait, affirme Fred Abrahams, l’auteur du rapport.

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LE RÉVEIL INTERNATIoNALLE RÉVEIL INTERNATIoNAL

Du sommet de l’OTAN à Chicago, les médias auront surtout retenu les dis-cussions entre nations bien pensantes sur l’avenir de l’Afghanistan, le calen-drier du retrait des troupes occiden-tales rangées derrière la bannière étoi-lée, fixé par Washington pour 2014, et bien évidemment la volonté réaffir-mée du nouveau Président Hollande d’accélérer le retour des militaires français. Rien que de très convenu. On sait aujourd’hui que des émissaires du locataire de la Maison-Blanche ont rencontré l’équipe du candidat quelques jours avant le scrutin afin de déblayer les obstacles (voir le Monde du 12 mai) … Campagnes électorales obligent (en France comme aux États-Unis) pas question de perdre la face… Ni à Paris pour le nouvel élu, ni à Washington pour celui qui brigue un second mandat !A Chicago, l’essentiel n’était pas là, mais bien, sous l’impulsion d’Oba-ma, la mise en place d’un bouclier nucléaire en Europe censé protéger le vieux continent de tirs provenant du Moyen-Orient, en particulier d’Iran (?) « Se défendre contre les missiles est indis-pensable. Nous faisons face à des menaces réelles », a affirmé le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen.

LA gUeRRe Des éToiLes, Bis RePeTiTALancé au sommet de Lisbonne en 2010, le système de défense antimis-sile devrait être achevé à l’horizon 2020. Le projet repose sur un puis-sant radar en Turquie, des missiles SM3 installés sur des frégates en Méditerranée et des intercepteurs en Pologne et en Roumanie. Pour piloter

ce dispositif, bien que dans le cadre de l’Alliance, un seul acteur aux com-mandes: les États-Unis. Washington a engagé des milliards de dollars dans cette nouvelle version de la guerre des étoiles de Ronald Reagan, ressuscitant ainsi les vieilles logiques de la guerre froide. Un premier retour sur inves-tissement est déjà envisagé pour l’in-dustrie militaire américaine puisque c’est elle qui possède la technologie. Les Européens, eux, sont appelés à mettre la main à la poche. Ils finance-ront pour l’essentiel les équipements et les structures de contrôle.Pour l’OTAN aujourd’hui la princi-pale menace vient du Moyen-Orient ou de pays ayant acquis des armes capables de frapper l’Europe. Une trentaine de nations seraient dans ce cas, mais l’une d’elles, l’Iran, a clai-rement été identifiée comme le dan-ger potentiel. Selon les Américains et leurs alliés, les Iraniens seraient en possession de missiles balistiques d’une portée de 2 000 à 2 500 kilo-mètres, capables d’atteindre le sud-est de l’Europe.Il reste que ce projet a des effets se-condaires graves sur l’équilibre inter-national et contribue à la relance de la course aux armements. En effet, la Russie de Vladimir Poutine, qui a refusé l’invitation à Chicago, le consi-dère comme une menace pour sa sé-curité. Moscou exige d’être associé au système ou, à défaut, de recevoir des garanties. Les Russes veulent être sûrs que la mise en place du « bouclier » ne vise pas leur capacité de dissuasion. Sous prétexte de « garder sa marge de manœuvre stratégique », l’OTAN refuse, à ce jour, tout compromis. Le

ministre russe de la Défense, Anatoli Serdioukov, a averti, début mai, que les négociations entre les deux parties étaient « quasiment dans l’impasse ». La Russie a menacé d’activer des sys-tèmes de défense antimissiles et de déployer notamment des missiles Iskander à Kaliningrad, aux portes de l’Union européenne. On peut s’inter-roger sur l’éventualité d’un processus d’escalade.De plus, certains experts européens semblent réservés sur l’efficacité de ce projet onéreux. « Il existe encore de très nombreuses inconnues techniques », souligne Nick Witney, de l’European Council on Foreign Relations, en pointant aussi les doutes sur les capa-cités d’États « voyous » à frapper le territoire européen.Côté français, il faut bien constater un certain alignement. Après s’être déclaré « réticent » durant la cam-pagne électorale, le nouveau pré-sident, François Hollande, aurait, selon le quotidien Libération affi-ché son « pragmatisme ». Il faut que « toutes les précautions soient prises, toutes les conditions soient respectées », a-t-il dit, jugeant indispensable la participation des industriels euro-péens et français et « qu’ils puissent y trouver leur compte ». Ce qui ne l’a pas empêché de ratifier le traité. Quant à la réintégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, initiée par Nicolas Sarkosy, il n’en a pas été question.

Jean-Pierre Delahaye

Chicago | Un Sommetpeut en cacher un autreAu sommet de l’oTAN de Chicago, obama réactive le concept de guerre des étoiles, accroît les tensions avec la Russie et encourage la course aux armements.

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Le sort fait au peuple grec, depuis que ce pays est indépendant, est véritable-ment scandaleux. Face aux situations éprouvantes qui lui ont été imposées, le peuple de ce pays s’est toujours cou-rageusement rebellé.Pour quelques petits moments d’es-poirs en une vie meilleure, au terme de l’occupation germano-italo-bulgare sous domination nazie qu’il contribua amplement à maîtriser par un impor-tant mouvement de résistance de

masse, quelles souffrances il dut sup-porter : pillages, famine, déportations, répression, massacres!Jusqu’à notre époque, sous des formes diverses, le peuple grec s’est vu imposer des gouvernements aux services des af-fairistes ou bienveillants à leur endroit.Aujourd’hui, ce « peuple patriote et re-belle », comme le nomme dans son ar-ticle Bruno Drweski doit fait face à « un véritable complot international », ainsi que le grand compositeur Mikis Théo-

dorakis qualifi e le traitement infl igé au pays par le Fonds monétaire internatio-nal (FMI) et l’Eurogroupe notamment.Nous ne pouvions rester sans agir devant le sort fait à ce peuple et c’est pourquoi nous avons décidé d’éclairer nos lecteurs sur le sort qui lui est fait. D’autres initiatives viendront selon les nécessités. Nous lui resterons soli-daires.

DES COMBATTANTSle réveilPour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

N° 784Juin 2012

Le CAhieR mémoiRe

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

ÉDITO - Par Paul Markidès

GRÈCE,Un ComPLoT inTeRnATionAL

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LE RÉVEIL DoSSIER

Depuis qu'elle s'est libérée au XIXe siècle d'un empire ottoman en décrépitude, la Grèce s'est retrouvée coincée entre des pres-sions venant de trois directions :- la Turquie voisine, devenue un État moderne, nationaliste,- l'impérialisme continental d'une Allemagne en expansion vers l'axe Berlin-Bagdad,- le colonialisme venu de la mer, d'abord britannique puis étasu-nien, et soucieux de dominer la Méditerranée.Cette position stratégique d'une Grèce habitée par un peuple patriote et rebelle explique la suc-cession dans ce pays de régimes monarchique, dictatoriaux et d'occupation depuis l'indépen-

dance jusqu'à la fin de la dictature des colonels en 1974.

L'histoire de la Grèce contempo-raine, c'est l'histoire d'une lutte constante de son peuple pour tenter de desserrer, et parfois même de casser, les liens qui lui ont été imposés. La période la plus tragique de l'histoire grecque récente fut sans nulle doute celle de la triple occupation germano-italo-bulgare sous domination nazie (1940-1945). Période qui vit pillage du pays, famine de masse, déportations, répressions, massacres... Et qui s'accompagna du développement d'un mouve-ment de résistance de masse qui parvint de lui-même à libérer une

gRèCeUne émancipation inachevéeBruno Drweski

partie du pays. Mouvement de ré-sistance qui fut assez largement dominé par le Parti communiste, ce qui explique que les forces conservatrices favorables au re-tour de la monarchie voulurent s'opposer aux tendances démo-cratiques désormais nettement dominantes, en s'appuyant par-fois sur l'occupant puis, dès 1943, sur la puissance britannique. Le traité de Yalta ayant en effet pla-cé la Grèce sous l'influence des puissances anglo-saxonnes. Dès 1944 donc, l'armée britannique débarqua en Grèce non pas tant pour repousser les troupes nazies restantes, mais pour empêcher les forces démocratiques de prendre le pouvoir et d'imposer une Répu-blique réellement indépendante.C'est par la force brutale donc que s'opéra le retour de la monarchie et que le processus démocratique fut stoppé, car il apparaissait alors clairement que des élections libres auraient amené au pouvoir le Parti communiste et ses alliés. Élections libres qui n'eurent donc jamais lieu et qui furent rempla-cées par une propagande martiale ultranationaliste et anticommu-niste, sous protection étrangère. Une guerre civile sauvage s'en-suivit de 1946 à 1949. Ponctuée de répressions brutales, de mas-sacres, de l'expulsion des citoyens grecs d'origine albanaise, puis de la fuite de plusieurs centaines de milliers de citoyens grecs d'ori-gine hellénique ou slavo-macé-donienne vers les pays socialistes.Intégrée dès lors à l'OTAN, et sous surveillance constante d'une armée créée de toutes pièces par les Britanniques, la Grèce ne connut alors, comme son « frère ennemi » turc, qu'une « démocra-tie sous surveillance » qui dura de 1949 à 1967. Lorsque la montée des revendications populaires amenèrent les hauts gradés de l'armée à opérer un coup d'État bénéficiant de la caution des États-

Bruno Drweski est historien, cofondateur du Réseau euro-péen d’économie alternative et solidaire, directeur de la Pensée libre.

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DoSSIER LE RÉVEIL

Unis et de l'OTAN. Coup d'État qui entraîna répressions, terreur et tentatives d'éradication défini-tive de toutes les forces démocra-tiques. Dictature qui ne résolut aucun des problèmes sociaux et économiques du pays et qui allait s'écrouler comme un château de cartes en 1974, lorsque les colo-nels grecs échouèrent dans leur entreprise visant, en agitant en-core une fois le prétexte du natio-nalisme anti-turc, à prendre par le biais d'un coup d'État, le contrôle de l'île stratégique de Chypre, État indépendant qui menait alors une politique de non-alignement mal vue par l'OTAN. Ce coup d'État fut rapidement défait mais ser-vit de prétexte pour l'invasion de 40% de l'île par l'armée turque qui fit dès lors de l'île, pour son compte, un des points d'appui de l'OTAN en Méditerranée orien-tale. Le régime des colonels, lui, déconsidéré par cette aventure, même pour ses partisans, s'effon-dra, laissant la place à un régime qui allait empêcher finalement le retour de la monarchie.Cette démocratie resta néan-moins longtemps « sous sur-veillance », d'autant plus que la Grèce contemporaine n'avait jamais vraiment connu la liberté politique au cours de son histoire contemporaine. Après 1974, le pays oscilla constamment entre un conservatisme oligarchique craintif s'appuyant sur les puis-sances occidentales et des pous-sées d'une gauche socialisante, parfois tentée par un rapproche-ment avec les États progressistes voisins de l'Est européen et du monde arabe. Mais les rouages de l'État et de l'économie restèrent bien aux mains d'une oligarchie souvent corrompue et liée aux puissances de l'OTAN, ce qui ex-plique pourquoi elles poussèrent à l'arrimage de la « fragile » démo-cratie grecque à la Communauté puis à l'Union européenne, et

finalement à l'euro. Cette évolution d'un petit pays qui n'appartenait pas au « noyau dur » des économies occidentales fut jugé néanmoins comme une ga-rantie nécessaire de stabilité pour les élites locales et leurs parrains occidentaux. Stabilité « oligar-chique », coûteuse pour le contri-buable européen, mais nécessaire pour des raisons stratégiques et rentable pour les « investisseurs » occidentaux. Il s'agissait aussi de transformer l'économie grecque, jusque-là appuyée sur des res-sources productives locales, agri-coles, industrielles, artisanales, en une plate-forme de la mondia-lisation. Processus facilité par le passage de l'immense capacité commerciale navale grecque aux pavillons de complaisance et par la fermeture des chantiers na-vals grecs ou l'accaparement de ses restes. La Grèce, au sein de l'Union européenne, devint ainsi une plate-forme de « services », de transit de fonds publics européens à destination « d'investisseurs » privés ouest-européens, mais aussi un espace de corruption et d'achats douteux effectués pour le bénéfice de « barons locaux » faci-lement corruptibles et de finan-ciers occidentaux associés, parmi lesquels de nombreux banquiers et industriels allemands ou la fa-meuse banque opaque Goldman Sachs où l'on falsifia les comptes du pays pour permettre de justi-fier son adhésion à l'euro.Au sommet, nous avons donc affaire en Grèce à une élite affai-riste très liée depuis le XIXe siècle aux intérêts du capital allemand puis anglo-saxon et, à la base, à un peuple qui a subi, depuis l'adhé-sion de son pays à l'UE, les consé-quences de la transformation de son pays, passé d'une économie productive à une économie « de services » précarisés et de petits boulots. Ce qui fut d'abord rendu possible grâce au financement par

l'UE « d'infrastructures » qui ont permis à des investisseurs étran-gers de faire des bénéfices et de drainer la force de travail locale li-bérée par le saccage des entreprises locales. Avant que la crise ne mette ces employés au chômage ou ne les pousse vers l'émigration. D'autres subsides ont été utilisés pour ache-ter des biens d'une utilité dou-teuse, tels que les cinq sous-ma-rins commandés à l'Allemagne, commande immédiatement sui-vie par celle de cinq sous-marins identiques par « l'ennemi turc ». C'est désormais aux deux peuples concernés... de payer la facture. Alors que les spéculateurs inter-nationaux remportent la mise des intérêts de l'endettement grec (1). L'histoire de la Grèce contempo-raine : c'est l'histoire d'une entre-prise de domestication d'un peuple fier.

(1)Pour comprendre l'endettement et l'effondrement économique de la Grèce, voir les deux vidéos suivantes : http://www.silviacattori.net/article3222.html.

Manifestation de soutien au peuple grec au Trocadéro en mai 2010

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duit du travail du peuple grec, était ainsi drainée vers les coffres-forts de pays étrangers. Les politiciens ont essayé de compenser cette fuite d’argent par un recours à des emprunts excessifs qui résultaient en une dette publique de 300 milliards d’euros, soit 130 % du PNB (Pro-duit national brut).Par cette arnaque, les étrangers gagnaient doublement : d’une part, par la vente d’armes et de leurs produits et, d’autre part, par les intérêts sur l’argent prêté au gouvernement (et non pas au peuple). Comme nous l’avons vu, le peuple grec était la principale victime dans les deux cas. Un seul exemple suf-fira pour vous convaincre : en 1986, Andreas Papandreou a emprunté un milliard de dollars à une banque d’un grand pays européen. Les intérêts de cet emprunt n’ont été remboursés

qu’en 2010 et ils s’élevaient à 54 milliards d’euros. L’année passée, M. Juncker a déclaré qu’il avait remarqué lui-même l’hémorragie financière massive de la Grèce qui était due aux dépenses excessives (et forcées) pour l’achat de matériel de guerre - de l’Allemagne et de la France en particulier. Et il a conclu que ces vendeurs nous conduisaient à un désastre cer-tain. Hélas, il a avoué qu’il n’a rien fait pour contrecarrer cela, afin de ne pas nuire aux intérêts des pays amis !En 2008, la grande crise éco-nomique est arrivée en Europe. L’économie grecque n’a pas été épargnée. Cependant, le niveau de vie qui était jusque-là assez haut (la Grèce se classait parmi les 30 pays les plus riches du monde), est resté pratiquement inchangé, malgré une augmenta-tion de la dette publique. La dette

« Un complot international est en cours, visant à mener à terme la destruction de mon pays. Les assaillants ont commencé en 1975, avec comme cible la culture grecque moderne, puis ils ont poursuivi la décomposition de notre histoire récente et de notre identité natio-nale et aujourd’hui ils essaient de nous exterminer physiquement par le chômage, la famine et la misère. Si le peuple grec ne se soulève pas pour les arrêter, le risque de dispa-rition de la Grèce est bien réel. Je la vois arriver dans les dix prochaines années. Le seul élément qui va sur-vivre de notre pays sera la mémoire de notre civilisation et de nos luttes pour la liberté. »

Il est évident que ces deux grandes plaies auraient pu être évitées si les dirigeants des deux parties politiques proaméricains n’avaient pas été infiltrés par la corruption. Cette richesse, pro-

Le compositeur Grec Mikis Theodorakis, an-cien résistant et héros de la lutte contre le régime des colonels, aujourd’hui âgé de 87 ans, lance un appel à l’opi-nion internatio-nale, le 12 février 2012.

notre pays s’enfonce dans les ténèbres du moyen ÂgeMikis Theodorakis

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publique ne se traduit pas néces-sairement par une crise écono-mique. La dette des grands pays, tels que les États-Unis et l’Alle-magne est estimée à des milliers de milliards d’euros. Les facteurs déterminants sont la croissance économique et la production. Si ces deux facteurs sont positifs, il est possible d’emprunter auprès des grandes banques à un taux d’intérêt inférieur à 5 %, jusqu’à ce que la crise soit passée.En 2009 (en novembre), au moment de l’arrivée de G. Papandreou au pouvoir, nous étions exactement dans cette position. Pour faire comprendre ce que le peuple grec pense au-jourd’hui de sa politique désas-treuse, je cite deux chiffres : aux élections de 2009, PASOK - le parti politique de G. Papandreou - a remporté 44 % des voix. Au-jourd’hui, les sondages ne lui donnent plus que 6 %.M. Papandreou aurait pu faire face à la crise économique (qui reflétait celle de l’Europe) avec des prêts de banques étrangères au taux habituel, c’est-à-dire inférieur à 5 %. S’il l’avait fait, notre pays n’aurait pas eu de problème. Comme nous étions dans une phase de croissance économique, notre niveau de vie se serait amélioré.Mais M. Papandreou avait déjà commencé sa conspira-tion contre le peuple grec en été 2009, lorsqu’il a rencontré secrètement M. Strauss-Kahn, dans le but de passer la Grèce sous la tutelle du FMI. Cette révélation a été divulguée par l’ancien président du FMI.Pour y arriver, la situation écono-mique de notre pays devait être déformée, afin que les banques étrangères aient peur et augmen-tent les taux d’intérêt de prêt à des montants prohibitifs. Cette opération onéreuse a commencé avec l’augmentation artificielle

du déficit publique de 12 % à 15 % pour l’année 2009 (n.d.t. : Andreas Georgiou, président du conseil d’administration de l’Institut national de statistique, ELSTAT, a subitement décidé en 2009, sans demander l’accord, ni informer son conseil d’admi-nistration, de comptabiliser dans le calcul du déficit public certains organismes et entre-prises publiques qui ne l’avaient jamais été auparavant dans au-cun autre pays européen, excepté la Norvège. L’objectif était de faire passer le déficit de la Grèce au-dessus de celui de l’Irlande (14 %), afin que ce soit elle qui joue le rôle de maillon faible de l’Europe). Pour ce forfait, le pro-cureur M. Pepònis a déféré M. Papandreou et M. Papakonstan-tinou (ministre des Finances) à la justice, il y a 20 jours.Ensuite, M. Papandreou et le ministre des Finances ont mené une campagne de discrédit pen-dant 5 mois, au cours de laquelle ils ont essayé de persuader les étrangers que la Grèce est, comme le Titanic, en train de couler, que les Grecs sont cor-rompus, paresseux et donc inca-pables de faire face aux besoins du pays. Après chacune de leurs déclarations, les taux d’intérêt montaient, afin que la Grèce ne puisse plus faire des emprunts et afin de donner un caractère de sauvetage à notre adhésion au FMI et à la Banque centrale européenne. En réalité, c’était le début de notre fin.En mai 2010, un ministre, celui des Finances, a signé le fameux Mémorandum (Mnimònio, en grec), c’est-à-dire notre soumis-sion à nos prêteurs. D’après le Droit grec, l’adoption d’un tel ac-cord nécessite d’être mis aux voix et d’être approuvé par les trois cinquièmes des députés. Donc, le Mémorandum et la Troïka qui nous gouvernent, fonctionnent

illégalement - non seulement par rapport au Droit grec, mais aussi au Droit européen.Depuis lors, en supposant que notre parcours vers la mort soit représenté par un escalier de 20 marches, nous avons déjà parcouru plus de la moitié du chemin. Imaginez que le Mémo-randum accorde aux étrangers notre indépendance nationale et le trésor public, à savoir : nos ports, nos aéroports, le réseau routier, l’électricité, l’eau, toute la richesse naturelle (souterraine et sous-marine) etc. Même nos monuments historiques, comme l’Acropole, Delphes, Olympie, Epidaure, après avoir renoncé à tous nos droits.La production a été freinée, le taux de chômage a grimpé à 18 %, 80 000 magasins ont fermé, tout comme des milliers d’usines et des centaines d’artisanats. Un total de 432 000 entreprises ont déposé leur bilan. Des dizaines de milliers de jeunes scienti-fiques quittent notre pays qui s’enfonce de plus en plus dans les ténèbres du Moyen Âge. Des milliers de personnes qui étaient aisées jusqu’à un temps récent, sont maintenant à la recherche de nourriture dans les ordures et

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dorment sur le trottoir.Entre-temps, nous sommes censés vivre grâce à la généro-sité de nos prêteurs d’argent, les banques européennes et le FMI. En fait, l’intégralité du paquet de dizaines de milliards d’euros versé pour la Grèce, retourne à son expéditeur, tandis que nous sommes de plus en plus endet-tés à cause des intérêts insuppor-tables. Et parce qu’il est néces-saire de maintenir en fonction l’État, les hôpitaux et les écoles, la Troïka charge la classe moyenne et inférieure de notre société de taxes exorbitantes qui mènent directement à la famine. La der-nière fois que nous avons vécu une situation de famine généra-lisée dans notre pays c'était au début de l’occupation allemande, en 1941, avec près de 300 000 morts en six mois seulement. De nos jours, le spectre de la famine revient dans notre pays infortuné et calomnié.Si vous pensez que l’occupation allemande nous a coûté un mil-lion de morts et la destruction complète de notre pays, com-ment pouvons-nous accepter, nous les Grecs, les menaces de Mme Merkel et l’intention des Allemands de nous imposer un nouveau Gauleiter... mais cette fois-ci, il sera porteur d’une cra-vate...La période de l’occupation alle-mande, de 1941 jusqu’à octobre 1944, prouve à quel point la Grèce est un pays riche et à quel point les Grecs sont travailleurs et conscients (conscience du de-voir de liberté et de l’amour pour la patrie).Lorsque les SS et la famine tuaient un million de personnes et la Wehrmacht détruisait notre pays, confisquait toute la pro-duction agricole et l’or de nos banques, les Grecs ont pu sur-vivre grâce à la création du Mou-

vement de solidarité nationale et d’une armée de partisans comp-tant 100 000 soldats, ce qui a retenu 20 divisions allemandes dans notre pays.En même temps, non seulement les Grecs ont-ils survécu grâce à leur application au travail, mais il y a eu lieu, dans des conditions d’occupation, un grand dévelop-pement de l’art grec moderne, en particulier dans le domaine de la littérature et de la musique. La Grèce a choisi la voie du sacri-fice pour la liberté et la survie en même temps.Nous avons été attaqués, nous avons répondu avec solidarité et résistance et nous avons sur-vécu. Nous faisons maintenant exactement la même chose, avec la certitude que le peuple grec sera finalement vainqueur. Ce message est envoyé à Mme Merkel et M. Schäuble, en sou-lignant que je reste un ami du peuple allemand et un admira-teur de sa grande contribution à la science, la philosophie, l’art et la musique en particulier. La meilleure preuve de cela est le fait que j’ai confié l’intégralité de mon œuvre musicale à deux édi-teurs allemands, Schott et Breit-kopf, qui sont parmi les plus grands éditeurs dans le monde, et ma collaboration avec eux est très amicale.Ils menacent de nous expulser de l’Europe. S’ils ne veulent une fois pas de nous, c’est dix fois que nous ne voulons pas faire partie de l’Europe de Merkel-Sarkozy.Aujourd’hui, dimanche 12 février, moi et Manolis Glezos - le héros qui a arraché la croix gammée de l’Acropole, donnant ainsi le signal du début, non seu-lement de la résistance grecque, mais aussi de la résistance euro-péenne contre Hitler - nous nous préparons à participer à une ma-

nifestation à Athènes. Nos rues et nos places vont être remplies de centaines de milliers de per-sonnes qui manifesteront leur colère contre le gouvernement et la Troïka.J’ai entendu hier le premier ministre-banquier dire, en s’adressant au peuple grec, que nous avons presque touché le fond. Mais qui nous a amenés à ce point en deux ans ? Ce sont les mêmes qui, au lieu d’être en prison, menacent les députés, afin qu’ils votent pour le nou-veau Mémorandum pire que le premier, qui sera appliqué par les mêmes personnes qui nous ont amenés là où nous sommes. Pourquoi ? Parce que c’est ce que le FMI et l’Eurogroupe nous obligent à faire, en nous menaçant que, si nous n’obéis-sons pas, c’est la faillite... Ici l’on joue du théâtre de l’absurde. Les cercles qui nous haïssent (grecs et étrangers) et qui sont les seuls responsables de la situation dramatique de notre pays, nous menacent et nous font du chan-tage, afin de pouvoir poursuivre leur œuvre destructrice, jusqu’à notre extinction définitive.Au cours des siècles, nous avons survécu dans des conditions très difficiles. Il est certain que, non seulement les Grecs vont sur-vivre, mais ils vont aussi revivre s’ils nous amènent de force à l’avant-dernière marche de l’es-calier avant la mort.A présent je consacre toutes mes forces à unir le peuple grec. J’essaie de le convaincre que la Troïka et le FMI ne sont pas une route à sens unique. Qu’il y a une autre solution : changer l’orientation de notre nation. Se tourner vers la Russie pour une coopération économique et la formation de partenariats qui nous aideront à mettre en valeur la richesse de notre pays en des

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termes favorables à notre intérêt national.Je propose de ne plus acheter du matériel militaire des Allemands et des Français. Nous allons tout faire pour que l’Allemagne nous paie les réparations de guerre dues. Ces réparations s’élèvent, avec les intérêts, à 100 milliards d’euros.La seule force capable de faire ces changements révolution-naires, c’est le peuple grec uni en un Front de Résistance et de Soli-darité pour que la Troïka (FMI et banques européennes) soit chassée du pays. En parallèle, il faut considérer comme nuls tous ses actes illégaux (prêts, dettes, intérêts, impôts, achat de la ri-chesse publique). Bien sûr, leurs partenaires grecs - qui ont déjà été condamnés dans l’esprit de notre peuple en tant que traîtres -, doivent être punis.Je suis entièrement concentré sur ce but (l’union du peuple en un front) et je suis persuadé que nous l’atteindrons. Je me suis battu les armes à la main contre l’occupation hitlérienne. J’ai vu les cachots de la Gestapo. J’ai été condamné à mort par les Alle-mands et j’ai miraculeusement survécu. En 1967, j’ai fondé PAM (Patriotikò Mètopo - front patriotique), la première orga-nisation de résistance contre la junte militaire. Je me suis battu dans la clandestinité. J’ai été ar-rêté et emprisonné dans « l’abat-toir » de la police de la junte. Finalement, j’ai encore survécu.Aujourd’hui, j’ai 87 ans, et il est très probable que je ne serai pas vivant le jour du sauvetage de ma patrie bien-aimée. Mais je vais mourir la conscience tranquille, parce que je continuerai jusqu’à la fin de faire mon devoir envers les idéaux de liberté et de droit.

des Finances, englué dans une crise sans précédent, ne voit pas les choses de cette façon : « Participer à l'effort na-tional de manière directe et immédiate, c'est maintenant et c'est pour tous », a-t-il lancé le mois dernier devant un par-terre trié sur le volet qui comprenait nombre d'armateurs pas vraiment désireux de payer des impôts, même pour sauver leur pays du naufrage.

exemPTés De ToUTe TAxe...Les descendants d'Onassis sont pro-tégés par la Constitution hellénique, qui les exempte de toute taxe, directe ou indirecte. Une immunité qui leur a été accordée pour qu'ils ne soient pas tentés de poursuivre leurs activi-tés ailleurs qu'en Grèce. « C'est tout à fait normal », assure Mia Jensen, directrice de la communication de la société Marine Marketing. « Les armateurs représentent l'aristocratie de la Grèce, ils sont l'effigie du pays, un mythe vivant. En chiffres, la marine marchande représente 6,7 % du PIB, plus que le tourisme ! » Les armateurs

A bord de son luxueux caïque en bois, Nikos Vernikos est l'un des rares armateurs à s'exprimer librement. Ce soir-là, à la marina Zea, l'atmos-phère est détendue. Dans cette par-tie du port du Pirée, dont les quais s'étendent de manière tentaculaire, les yachts s'entassent, plus grands et prestigieux les uns que les autres. A bord, des skippers ou des employés chargés de l'entretien, souvent d'ori-gine sri lankaise ou philippine. Ils veillent sur ces mastodontes marins jour et nuit. Nikos Vernikos, l'un des grands de la profession, propriétaire de dizaines de tankers, est à la tête de la première société de remorqueurs du pays. Le teint hâlé, le geste ample et le sourire aux lèvres, il ne comprend pas que les armateurs soient pris pour cible. « Les armateurs sont les chauffeurs de taxi de la mer. Le commerce maritime est mondial, pas seulement grec. Nous voguons en permanence et nous préfé-rons donc avoir notre siège social dans un pays où il n'y a ni contrôles ni taxes », explique-t-il.Evangelos Venizelos, le ministre grec

et si les riches armateursvenaient en aide au pays en crise ?Problème : ils ne voient vraiment pas pourquoi...« Si le gouvernement commence à nous imposer, il sera assez simple pour nous de déplacer les sièges de nos sociétés ailleurs, aux îles Caïmans, à Chypre ou à Malte. »

Des Athéniens devant une agence pour l’emploi. Après 3 ans d’austérité, le chômage, en Grèce, atteint officiellement 22 %.

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noncent les privilèges des plus riches, et donc, bien sûr, des armateurs ».Sacrifiant au réalisme, Michalis Chryssohoïdis, le ministre du Déve-loppement, se range sans aucune hésitation du côté des armateurs. « Ils ont certes un statut privilégié, mais il faut reconnaître qu'ils emploient des mil-liers de personnes et rapportent au pays plus de 15 milliards d'euros par an ». Les compagnies de shipping emploie-raient en effet près de 150 000 per-sonnes. Oui, mais... « Les armateurs créent de l'emploi mais ne contribuent pas à l'économie du pays », explique le conseiller d'une grande compagnie maritime sous couvert d'anonymat. « Pourquoi ? Parce qu'ils ne déclarent qu'un cinquième des salaires de leurs employés. Chacun d'entre eux ne déclare que 12 000 euros de revenus par an, et le reste du salaire est donné en argent liquide, à l'abri du regard des contrôleurs fiscaux. Ces pratiques touchent toute la profession et contribuent largement à la fraude fiscale qui coule la Grèce. »« Si les autorités grecques veulent nous garder, elles doivent nous aider à faire rayonner le port du Pirée » : Nikos Ver-nikos, en bon marin, sait naviguer en eaux troubles et ne trouve qu'un responsable à la situation actuelle : l'État. Pour lui, ce qui compte, c'est de faire du port du Pirée un grand centre de commerce international. Il se trouve que c'est aussi l'objectif déclaré du chinois Cosco, l'un des géants mondiaux du maritime. Déjà installée au Pirée avec deux quais où s'alignent des montagnes de conte-neurs, cette entreprise asiatique a signé, en 2008, un contrat de conces-sion du port de 3,4 milliards d'euros pour trente-cinq ans. Aujourd'hui, les armateurs grecs sont sous le charme des Chinois. Treize contrats de colla-boration entre la Grèce et la Chine ont été signés, dont sept entre Cosco et les armateurs grecs pour la commande de sept cargos, avec une option sur huit autres, et l'affrètement de six bateaux.Pour Yannis Yannidis, le président

grecs détiennent la première flotte marchande mondiale. Avec plus de 3 000 bateaux d'une capacité totale de 190 millions de tonnes, ils assurent près de 15 % du tonnage de la planète et contrôlent près d'un quart des pé-troliers au monde. Les familles Latsis et Niarchos figurent dans le classe-ment Forbes des grandes fortunes. « La marine est une affaire de famille qui restera longtemps une affaire grecque », affirme Yannis Pahoulis, président de l'association des agents maritimes. « La nouvelle génération des armateurs est bien plus éduquée que la précédente. Elle a profité de l'expérience des pères et des grands-pères pour mettre en valeur la marine grecque. Une trentaine de com-pagnies sont cotées en Bourse. »

Ce PARADis fisCAL inTéRieUR fAiT PoLémiQUe.Pressé par la troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et FMI), le gouverne-ment grec impose à son peuple des mesures d'austérité implacables. Et sans grand résultat jusqu'ici, car le pays s'enfonce dans la récession et le taux de chômage explose. L'ampu-tation à trois reprises des salaires et des retraites n'a pas vraiment permis de réduire la dette publique (370 mil-liards d'euros). « C'est perturbant de voir qu'aujourd'hui, avec la crise, d'un côté, un Grec sur quatre vit au-dessous du seuil de pauvreté et, de l'autre, les armateurs ne cachent pas leurs voitures de luxe, bateaux et hélicoptères privés », explique Takis Bratsos, analyste économique. « Difficile d'imaginer que les milliards d'euros gagnés par les armateurs ne se retrouvent pas dans l'économie réelle du pays ». « Les armateurs sont intouchables. Ils ont tout pouvoir ici. C'est un peu comme l'Église, qui ne paie pas non plus d'im-pôts. La proposition de Warren Buffett de taxer les riches ne fait pas vraiment un tabac en Grèce », ironise Bratsos. « Et tant pis si, dans les manifestations qui fleurissent un peu partout dans le pays, des banderoles et des calicots dé-

de la Chambre de commerce gréco-chinoise, « la Chine veut devenir le premier partenaire commercial de la Grèce d'ici quelques années. Un fonds de soutien aux armateurs va aussi être créé avec un apport de 5 milliards d'euros pour les inviter à faire construire leurs bateaux en Chine », souligne-t-il.

où esT L'eURoPe DAns ToUT çA ? Pour la Grèce, l'appel du large est le plus fort, ce qui n'exclut pas tout senti-ment patriotique. « Ces grandes familles veulent le bien de leur pays », reprend Mia Jensen. « Certaines ont fait des donations pour venir en aide aux sinistrés des incen-dies ravageurs de 2007, d'autres inves-tissent dans des hôpitaux, d'autres encore dans des projets culturels de grande am-pleur ». C'est vrai les armateurs grecs sont fiers de leurs origines. Ils aiment leur pays. Même si Nikos Vernikos reconnaît que la plupart d'entre eux commencent à douter de l'avenir de la Grèce. « S'ils étaient assurés de la stabilité politique, la plupart des grands armateurs garderaient leur argent en Grèce et investi-raient davantage. Un malaise, qui n'a pas lieu d'être, s'est installé dans nos affaires, et c'est dommageable pour tous », dit-il. Voilà pour le politiquement correct, mais... « Nous n'allons tout de même pas vivre dans la misère par simple solidarité ! Je ne comprends pas pourquoi il serait tabou de rouler avec ma voiture de luxe ou d'aller en yacht sur mon île ». Et de s'en prendre au gouvernement Papandreou : « C'est cela, l'ADN des socialistes ? Il leur faut pourtant réaliser que la richesse du pays, c'est nous. La peur et l'insécurité n'attireront pas les investisseurs en Grèce. Au contraire, ils se rendront en Sardaigne ou à Monte-Carlo », conclut l'armateur, originaire de l'île de Siphnos, dans les Cyclades. Naviguant entre les vagues de ces intérêts croisés, les armateurs, prenant exemple sur la superbe de leur dieu tutélaire Poséidon, attendent pai-siblement que l'accalmie revienne. Et que l'État, dos au mur, se ressaisisse. Eux ne font que passer...

Source : Le Point

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VoS DRoITS LE RÉVEIL

Nous avions, lors du CTPC, relayés par la CFDT d’ailleurs, fait valoir qu’une telle décision entraînait l’exclusion d’une par-tie conséquente des personnels et était contraire à une réelle représentativité syndicale à l’intérieur d’un établissement public. L’administration de l’ONAC nous avait alors d’abord affirmé que la CGT pourrait assister aux conseils d’administra-tion en tant qu'observateur. Mais récem-ment, la situation a quelque peu évolué.Sollicitée, la direction générale nous a, dans un premier temps, affirmé qu’« au-cune trace n'a été trouvée d'un engagement qui aurait été pris pour la participation d'une organisation syndicale en tant qu'observateur au conseil d'administration ».Et devant notre insistance, et le compte-rendu du CTPC du 2 décembre 2010, dans lequel il était précisé la position de la direction générale, nous avons reçu une nouvelle réponse :« Il est vrai qu'en 2010, dans le cadre des pour-parlers interministériels, nous cherchions à obtenir cette possibilité d'un siège d'observa-teur; ça n'a pas pu finalement être obtenu et les textes approuvés par les différents ministères concernés et le conseil d'État interdisent totale-

ment cette possibilité. Or le nouveau décret et le nouvel arrêté organisant le conseil d'admi-nistration sont les textes qu'il nous faut doré-navant appliquer. »Nous regrettons vivement que les textes fondateurs du nouveau conseil d’adminis-tration aient méprisé près d’un quart des personnels et refusé à la CGT-ONAC un siège d’observateur. La transparence aurait voulu que les textes qui appliquent une telle décision nous soient communiqués, mais il est vrai que si l’on ne demande rien… en l’absence de toute boule de cris-tal, nous ne pouvions pas deviner ! Les changements de décision, les nouvelles orientations encore une fois se passent sans que les syndicats soient mis au cou-rant !La CGT déplore que l’ONAC fasse fi de l’esprit des accords de Bercy portant sur la rénovation du dialogue social et instaure une opacité regrettable tout en revendiquant la transparence ! Le syndi-cat CGT-ONAC continuera cependant à faire entendre sa voix, celle de près d’un quart des agents, à défendre les agents et leurs conditions de travail, les missions et le service publics.

« Ah ! Transparence ! Quand tu nous tiens ! »La CGT qui, lors du précédent conseil d’administration, siégeait à l’ONAC avec la CFDT et FO, à titre d’observateur, a été exclue de cet organisme… alors qu’elle représente 25 % des personnels. L’ARAC était intervenue à plusieurs reprises auprès du directeur général de l’ONAC pour que la CGT retrouve sa représenta-tion. Le Réveil a également dénoncé ce déni de justice. Mais, RGPP exige, le mauvais coup a été mis en place le 18 avril dernier et le conseil d’administration de l’ONAC s’est réuni sans qu’elle y soit invitée. En publiant ce communiqué, l’ARAC et le Réveil réaffirment leur soutien à la légitime revendication de la CGT de l’ONAC. Le conseil d’administration de l’ONAC siège le 18 avril dans sa nouvelle constitu-tion. Conformément à ce qui nous avait été annoncé, deux syndicats siégeront avec voix délibérative. L’ONAC s’est basé sur la représentation au CTPC en choisissant les deux syndicats les plus représentatifs et non pas l’ensemble des syndicats représen-tatifs des personnels. Ce qui revient à dire que la CGT, qui représente environ 25 % des personnels, ne sera pas représentée.

CommUniQUé DU 18 AvRiL 2012LA CGT EXCLUE DU CA DE L’oNAC

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

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• Pour la 5e année consécutive, l’UFAC Essonne a rappelé, le 27 mai dernier en préfecture à Evry, le souvenir de la création du Conseil national de la Résis-

tance, son programme et les valeurs répu-blicaines qui permirent l’union de la Résis-tance et le redressement de la France après la guerre. Ce rassemblement présidé par Ray-mond Gamel (UDAC), accompagné d’une vingtaine de drapeaux, permit à Jacques Varin, secrétaire général de l’ANACR, de rappeler - en présence d’élus et de personna-lités - l’actualité du CNR créé le 27 mai 1943 dans Paris occupé, sous la présidence de Jean Moulin. Puis André Fillère, vice-président honoraire de l’ARAC et président de l’ARAC

Essonne, proposa le texte d’un appel au Pré-sident de la République et au gouvernement à faire du 27 mai de chaque année une jour-née nationale d’hommage et de souvenir de la Résistance et de ses valeurs républicaines.• A Vigneux (91), une cérémonie identique, présidée par Jean Le Saout pour les ACVG, a permis ce même rappel autour de la muni-cipalité, par Lucien Lagrange, président délé-gué de l’ARAC 91, André Fillère et Martine Garcin (Les Amis essonniens du Musée de la Résistance nationale). A cette occasion fut présenté le livre consacré aux Fusillés de l’Essonne au Mont-Valérien 1940-1944, réa-lisé par les Amis du Musée avec le concours de l’ANACR 91, l’ARAC 91, l’Association mémoire d’Aincourt, les Familles de fusil-lés et massacrés, Mémoire vive des 45000 et 31000, avec le concours du Conseil général.

Notre section a tenu une permanence à la fête de l'Huma de la Gironde.De gauche à droite, Jacqueline Bra-connier, responsable de la Mutuelle du Comité ARAC 33, Christian Élie, président de la section de Pessac, Hu-gues Dominguez, président du comité ARAC 33.

Essonne Célébrer l’union et les valeurs de la Résistance, le 27 mai de chaque année

ARACGironde

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Dix jours de détente, de mémoire, de découverte !

PétitionPour que nicolas Chouan et tous ses camaradesretrouvent leurs légitimes droits

Nous avons été nombreux à expri-mer notre indignation devant le refus opposé par le ministère des Armées de reconnaître que l’état de Nicolas Chouan est consécutif aux épreuves subies dans les OPEX de Côte d’Ivoire et d’Afghanistan.Nous saluons comme une première satisfaction que la Cour d’appel de Paris n’ait pas fait sienne la scanda-leuse décision d’abord rendue par le tribunal, et renvoyée à une audience au 5 octobre, pour qu’il puisse être répondu aux arguments soulevés par le commissaire du Gouvernement.

Il est reconnu que les conditions des opérations en Afghanistan, comme dans toutes les opérations extérieures constituent en elles-mêmes des cir-constances particulières contribuant à la multiplication dans des psychotrau-matismes. L’importance de cette réa-lité est telle que, suite au rapatriement de Nicolas Chouan, il a été institué à Chypre un sas de décompression. Cette situation concerne des dizaines de milliers de soldats, de jeunes OPEX de notre pays sur les cinq dernières décennies.Il est temps que l’État en prenne toute

la dimension et assume ses responsa-bilités pour venir en aide à ces jeunes laissés à l’abandon.Nous voulons espérer que le chan-gement annoncé lors des élections présidentielles se manifestera dans ce domaine, qu’un revirement minis-tériel rendra le procès inutile et, qu’à défaut, la Cour d’appel rendra à Nico-las Chouan la justice qui lui est due.

D’autres noms s’ajoutent aux listes publiées dans les précédents Réveils : Allemand Michel (13), Almodovar Jospeh (66), Ardilley Alain (33), Bassot Michel (92), Bessonnet Gilbert (76), Bottalo-Gambetta Marcel (73), Brejon Marcel (13), Catelain Josiane (76), Chatelus Eugène (89), Chatelus Josette (89), Clauss Daniel (77), Coutant James (94), Delaubier Jacques (13), Depierre Michel (61), Depierre Paul (61), Desrue Michel (Directeur départemental honoraire Onac 53), Dominici France (13), Dominici François (13), Duh Henri (13), Durin Jean (45), Elie Christian (33), Fardeau François (92), Forté Mado (66), Franc André (58), Gerbet Jeanine (21), Hellio Francis (93), Hily Yvette (29), Jochum M et Mme (45), Jumelle Michel (13), Kapychev Alexis (75), Kapycheva Galina (92), Le Calvez M. et Mme (22), Leclercq Danielle (13), Legoué Yves (66), Legrand Jean (13), Lombard Cyprien (83), Lopez André (13), Marco Joseph (13), Marot Marie-Danielle (36), Marot Roger (36), Marquis (71), Martines Manuel (13), Masseglia François (13), Mercier Paul (73) Mignemi Antoine (13), Natale Gilbert (13), Nevers Maurice (42), Nguyen Jacques (13), Parisot Daniel (36), Pira André (13), Pourcher Marcel (76), Robert Raymond (74), Roy Jean (33), Ruchon Jean-Pierre (76), Saintenoy Patrick (13), Sentuc Marthe (92), Sigg Bernard (94), Sureau Marcel (92), Tardieux (13), Tesseire Jean (13), Thibault Derge (45), Truaisch Jean-Claude (21), Vesse Edmond (34).

A retourner à : ARAC, 2 place du Méridien, 94800 Villejuif cedexOu par mail : [email protected]

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

villepinteUn monument aux victimes de la guerre d’Algérie des deux côtés de la méditerranée

Rennesmai 2012 : partage d’histoire et de mémoire

Samedi 2 juin 2012 à Villepinte, sous la présidence de Jean Porta, conseiller mu-nicipal délégué, président de la section de l’ARAC, était inauguré par Nelly Rol-land-Irribery, maire de la ville, un monu-ment aux victimes de la guerre d’Algé-rie des deux côtés de la Méditerranée. Parmi les nombreux participants à cette cérémonie, on remarquait la présence de François Asensi, député, d’Hélène Erlin-gen Creste et de Mohamed Zerouki, au-teurs communs d’un livre titré Nos pères ennemis - sur leurs deux pères qui ont participé à la guerre d’Algérie, chacun dans le camp opposé - dont les paroles émouvantes ont particulièrement été remarquées par l’assistance.Karima Malki, citoyenne française et algérienne, maire-adjointe de Villepinte devait alors expliquer : « Mon histoire est l’histoire de centaines de familles de Villepinte. Je l’évoque sans ressentiment aujourd’hui car je sais, aussi ce que nous de-vons à la France… Aujourd’hui je milite de

tout cœur pour l’amitié franco-algérienne. Mais cette amitié sera d’autant plus forte que l’histoire de cette guerre, que beaucoup d’entre nous ont gardée en eux sans pou-voir l’exprimer, pourra être publiquement racontée. »Nelly Roland-Iriberry devait ensuite prendre la parole pour souligner, en cette année du cinquantième anniver-saire de la fin de la guerre d’Algérie, que « les traces sont encore profondes dans nos consciences respectives française et algé-rienne. Mais 50 ans après, il est temps de tourner la page de la guerre d’Algérie pour en ouvrir une nouvelle, celle du dépassement et de la réconciliation. »Et avant de procéder à l’inauguration proprement dite, Madame le Maire tint à affirmer : « Un traité d’amitié entre la France et l’Algérie n’est pas seulement né-cessaire mais il est inéluctable au regard de notre histoire commune ».

Sétif, la ville des hauts plateaux à l’Est de l’Algérie est jumelée depuis 1982 avec le chef-lieu de la Bretagne. Ce rapproche-ment de nos deux villes entraîne un cli-mat d’amitié qui nous permet d’échan-ger sereinement sur des périodes souvent dramatiques de notre histoire commune, tout spécialement en cette année 2012 marquant le 50e anniver-saire la fin de la guerre d’Algérie

L’AUTRe 8 mAi 1945 CommémoRé en APRès-miDiComme chaque année, après les com-mémorations officielles de l’Armistice, à l’appel de l’Association de solidarité algérienne et de l’Association de jume-lage Rennes-Sétif, un rassemblement se tenait à Rennes, square de Sétif. Des associations culturelles et humanistes locales, le Mouvement de la paix, le MRAP et bien sûr l’ARAC d’Ille-et-Vi-laine apportaient leur soutien et leur participation dans un appel commun : « Alors que la France avec les peuples du monde fêtait la fin du nazisme, la liberté et la paix retrouvées, des milliers d’Algériens furent massacrés le 8 mai 1945 à Sétif et dans l’Est de l’Algérie. Une nouvelle période de guerres et conflits coloniaux commençait. Si nous nous taisons, les murs pleureront ».Devant plus d’une soixantaine de per-sonnes, on notait cette année, avec les représentants des associations, la pré-sence officielle d’élu(e)s représentants la Ville de Rennes et le Conseil général. Venus du Mans, des représentants d’as-sociations culturelles algériennes parti-cipaient également avec les familles de la région rennaise. Par la suite, la grande salle d’une MJC locale s’avérait trop étroite pour contenir les participantes et participants, notamment de nom-breux jeunes, rassemblés pour un débat qui suivit. Il est vrai que le témoignage

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Villejuif (94)L’appel du 18 JuinA Villejuif, l’ARAC a répondu pré-sent à la commémoration, de l’appel du général de Gaulle du 18 juin 1940. Mais aussi à la mémoire de ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n’y croyaient pas, et qui ont donné leur vie pour arracher la France au fascisme, cette bête immonde dont le ventre est toujours fécond.

Brest (29)27 maiAu cours de son allocution Charles Paperon, membre de l'ARAC, co-président de l'ANACR du Finistère, a rappelé le rôle de la Résistance, la réu-nion fondatrice du CNR et l'exigence de l'Histoire : faire du 27 mai une jour-née nationale de la Résistance.

d’Abdelmadjid Bousbah, 79 ans, un des derniers survivants de la manifestation de Sétif en 1945 était particulièrement attendu. Avec émotion, cet ancien scout musulman, qui deviendra ensuite mili-tant de la CGT, puis de l’UGTA, apporta ses souvenirs sur la manifestation et la répression qui embrasa les villes et vil-lages de la région, comme nous l’avions écrit dans Le Réveil de février 2012. Des échanges amicaux suivirent, dont entre autres ceux de nos camarades anciens combattants. La rencontre se termina autour des traditionnels desserts et du thé algériens.

Le 14 mAiAvec Alain Ruscio « Regards partagés sur les causes d’un conflit meurtrier »Pratiquement ces mêmes associations et trois associations amies d’anciens com-battants soutenaient la semaine suivante l’initiative de l’ARAC d’Ille-et-Vilaine pour le 50e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie. La conférence de l’his-torien, auteur et journaliste Alain Rus-cio, enrichie par le débat qui suivit, invi-tait à réfléchir sur les causes profondes de cet épisode sanglant qui déchira nos deux pays.Dans la grande salle du centre culturel Carrefour 18, au cœur du quartier popu-laire du Blosne où se déroulait cette ren-contre, l’ARAC présentait les derniers numéros du Réveil avec nos cahiers mémoires et notre nouvelle exposition sur l’Algérie. Devant plus de 80 personnes partici-

pant à cette soirée, Alain Ruscio apporta plusieurs éléments de ses recherches d’historien sur le colonialisme français. De l’Exposition coloniale à Paris de 1931, aux journaux, revues, livres, discours po-litiques, on exhibait couramment et sans retenues la discrimination entre des colonisés jugés inférieurs et les coloni-sateurs se prétendant supérieurs. Dans les départements français d’Algérie, un statut différent visait les populations ap-pelées « musulmanes » ou « indigènes ». Pour lui aussi, la guerre d’Algérie com-mença dès mai 1945, avec les milliers de massacres de Sétif; les conflits colo-niaux, la guerre d’Indochine s’ensui-virent, puis ce fut novembre 1954.Les interventions et témoignages, no-tamment des personnes venues d’Algé-rie comme de nos camarades anciens combattants, contribuèrent lors du débat à apporter des éléments parfois émouvants sur les situations en Algérie pendant cette guerre, ou sur les respon-sabilités politiques en France, l’attitude des dirigeants du FLN. La cristallisation des pensions d’anciens combattants, la situation des militaires français en Afghanistan ont également été évoqués.La proposition de l’ARAC pour un traité de paix et d’amitié entre l’Algérie et la France a été fortement applaudie par ce public dont chacun a remarqué, par-delà sa diversité, une volonté commune de solidarité.

Georges Ploteau

LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

« Message à tous mes camarades de la Fondation internationale Georges Dimitrov.Vous voici, en ce 17 juin 2012, réu-nis pour le 130e de la naissance de Georges Dimitrov. A tous, j’adresse mon salut fraternel et mes souhaits les plus solidaires pour le succès des luttes que vous menez toujours contre le fascisme et pour la mémoire de ce grand héros bulgare, dont sont héri-tiers aujourd’hui tous les combattants antifascistes du monde entier. Les combats de Georges Dimitrov ne sont pas seulement des pages glorieuses d’un passé dont nous sommes fiers. Hélas, ils sont terriblement d’actua-lité dans cette période dramatique où la « bête immonde » revient puissante en Europe et dans le monde et parti-culièrement en France, en Autriche, en Hongrie, en Croatie, en Grèce, en Belgique, et dans bien d’autres pays ! Je relisais ces jours derniers le rapport

prononcé par Georges Dimitrov au 7e

Congrès mondial de l’Internationale communiste de 1935. Dimitrov, dans ce rapport, y déclarait : « Le fascisme, c’est le pouvoir du capital financier lui-même. C’est l’organisation de la régres-sion terroriste contre la classe ouvrière et la partie révolutionnaire de la paysannerie et des intellectuels. Le fascisme en politique extérieure, c’est le chauvinisme sous sa forme la plus grossière, cultivant une haine bestiale contre les autres peuples. Il est nécessaire de souligner avec une vigueur particulière ce véritable caractère du fascisme, parce que ce que le masque de la démagogie sociale a permis au fascisme d’entraîner à sa suite, dans une série de pays, les masses de la petite bourgeoisie désaxée par la crise, et même certaines parties des couches les plus arriérées du prolétariat qui n’auraient jamais suivi le fascisme si elles avaient compris son ca-ractère de classe réel, sa véritable nature… Quelle est donc la source de l’influence

du fascisme sur les masses ? Le fascisme réussit à attirer les masses parce qu’il en appelle, de façon démagogique, aux plus sensibles de leurs besoins et de leurs aspi-rations. »Depuis 1935, l’eau a coulé sous les ponts, l’histoire ne se répète jamais à l’identique, mais, fondamentalement, les analyses et les combats de Georges Dimitrov doivent toujours éclairer nos luttes, notre lucidité, nos espoirs, nos résistances et nos rêves qui doivent, un jour plus ou moins lointain, se réali-ser pour nos patries et pour le monde entier. Où alors le capitalisme, par la misère des peuples et la guerre, créera les conditions de la fin de l’humanité. Ensemble, comme Dimitrov nous en a montré le chemin, résistons, faisons un front uni de tous les peuples pour sauver la démocratie, la justice et la paix, aujourd’hui menacées.

fondation georges DimitrovGeorges Doussin reçoit le prix international 2012A l’occasion du 130e anniversaire de la naissance de Georges Dimitrov, célébré le 17 juin 2012 à Sofia, devait être remis à Georges Doussin le Prix international de la Fondation Georges Dimitrov. Le deuxième tour des élections législatives ayant lieu à cette même date, Georges Doussin a envoyé le message ci-dessous à nos camarades de la Fondation.

nos Peines JUIN 2012Ain (01)Génissiat : Jean MARGUE-RETTAZ, 74 ans, AC ATM.

ALPes-mARiTimes (06)Grasse : Roger BRO-CHARD, AC ATM.

AUBe (10)Saint-Julien-les-Villas : Pierre DEMEY, AC Indochine.

BoUChes-DU-RhÔne (13)Pelissanne : Gilbert GASS, AC ATM.

ChARenTe (16)Gond-Pontouvre : Jean

LADAME, AC ATM.

CheR (18)Saint-Saturnin : René LEFAIX, 73 ans, AC ATM.

finisTeRe (29)Fouesnant : Jacob MENDRES, 95 ans, Résistant.

LoT-eT-gARonne (47)Layrac : Mohand Said CHAOUATI.

moseLLe (57)Yutz : Henri NAWROCKI, 71 ans, AC ATM.

hAUT-Rhin (68)Mulhouse : Marcel GOLAY, 75 ans, AC ATM, Vice-Président départe-mental.

RhÔne (69)Chavanay : Georges GER-MAIN, 79 ans, AC ATM.Lyon 8e : Marcel MAR-GERIT, 72 ans, AC ATM. André SOUSI, 94 ans, AC 39-45, Chevalier de la Légion d’honneur.

sARThe (72)Allonnes : Claude CHAU-VAUD, 72 ans, AC ATM.

sAvoie (73)Aix-les-Bains : Marc CHARPENTIER.Saint-Avre : Antoine PELLISSIER, AC 39-45.

hAUTe-sAvoie (74)Annecy : Bernard CHATEL, 75 ans, AC ATM.Thonon-les-Bains : Claude BAR, 90 ans, Résistant.Viuz-en-Sallaz : Jacques GIOVANETTI, 81 ans, AC Indochine, trésorier de la section.

seine-mARiTime (76)Le Havre : Roger BONNEVILLE.

seine-eT-mARne (77)

Melun : Roger PROUT, AC ATM.

vAL-De-mARne (94)

Alfortville : Robert BARRA, AC 39-45.Joinville-le-Pont : Georges HOWA.Villejuif : Emilienne POIN-SOT, veuve, ancienne res-ponsable locale, membre du bureau.

vAL-D’oise (95)Bezons : Mme Jeanine BOUCHOUX, amie.

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VoS DRoITS LE RÉVEIL

LE RÉVEIL - N°784 - JUIN 2012 - 27

Cette rencontre de près de deux heures, à laquelle participait aux côtés du directeur général, Jacques Goujat, premier vice-président du conseil d’administration de l’ONAC, a tout d’abord porté sur les retards inadmissibles (depuis près de 2 ans) en matière de délivrance des cartes du combattant et des TRN, ainsi que sur « l’implosion » du service initial devenu un obstacle à un fonctionne-ment concret. La direction de l’ONAC a assuré avoir repris la situation en main (après la démission de la res-ponsable concernée), sous l’autorité directe du préfet Enfrun, assistée du service de traitement des cartes de Caen. Déjà l’édition des cartes et TRN a été relancée, le logiciel Kapta fonctionne enfin correctement et les Services départementaux de l’ONAC retrouvent leur vocation à remettre en main propre les cartes et TRN aux demandeurs. Selon la direction de l’ONAC, l’ensemble du retard devrait être absorbé en novembre prochain au plus tard.La 2e partie de la rencontre porta sur l’ONAC aujourd’hui et demain, à tra-vers ses missions de solidarité et de mémoire. Le 2e Contrat d’objectifs et de moyens arrivant à terme fin 2013, l’ARAC a rappelé sa position quant à la RGPP (qu’il faudrait abroger), son hostilité à toute « Fondation » sortant du sein de l’ONAC ses établissements de rééducation professionnelle et ses maisons de retraite. Elle s’est éga-lement déclarée plus que réservée quant au projet de déménagement

du siège de l’ONAC, même si elle comprend les besoins de l’Institution nationale des invalides.Abordant le fonctionnement de l’ONAC, l’ARAC a souhaité que le conseil d’administration et chacun de ses administrateurs jouent leur rôle véritable et ne deviennent pas une chambre d’enregistrement. Elle s’est déclarée également préoccupée par le nombre important de généraux au sein du CA (plus de 25 %), le fait que le 3e collège soit uniquement réservé à des représentants d’associations, alors que des individualités qualifiées au plan mémoire et lien entre la na-tion et son armée devraient pouvoir y siéger et, plus généralement, la ques-tion de « quelle mémoire pour une France souveraine ? » aujourd’hui fondamentalement posée.La mémoire doit en effet être diverse et ne saurait être seulement « mili-taire » et encore moins « officielle » comme ce fut le cas lors du quinquen-nat précédent, la DMPA (Départe-

ment de la mémoire, du patrimoine et des archives dépendant du minis-tère de la Défense) détenant à la fois le monopole de la mémoire et la tutelle de l’ONAC, qui n’en est plus qu’un simple exécutant… Ce que l’ARAC considère inacceptable. L’ONAC et les associations d’ACVG doivent de-meurer maîtres de la mémoire ACVG et représenter l’un des éléments de la mémoire globale de la France et de ses valeurs républicaines.La délégation de l’ARAC s’est ensuite entretenue avec Anita Roth, respon-sable de la Division des missions exté-rieures, qui lui a présenté les diverses activités de ses services et leurs objec-tifs.Au terme de ces rencontres, l’ARAC, demeurant vigilante quant au deve-nir de l’ONAC et de ses ressortis-sants, entend s’employer à servir et à défendre leurs intérêts, en œuvrant pour que se concrétisent les chan-gements attendus des nouvelles autorités en matière de satisfaction des droits à réparation, de désen-gagements militaires des troupes françaises et d’une politique sociale et souveraine sur tous les plans, y compris la coopération avec les autres peuples et la recherche permanente de solutions pacifiques sous l’égide de l’ONU.

entretien entre la direction nationale de l’ARAC et le directeur général de l’onACA sa demande, une délégation du Secrétariat national de l’ARAC composée de Raphaël Vahé, président national, Paul Markidès, vice-président, Patrick Staat, secrétaire national, accompagnée d’André Fillère, administrateur national de l’oNAC, s’est entretenue avec Rémy Enfrun, préfet directeur général de l’oNAC, de différentes questions relatives au présent et au devenir de l’oNAC, telles qu’évoquées dans le Réveil des Combattants de mai 2012.

Le code des pensions militaires d’invalidité prévoit le versement d’allocations aux enfants mineurs de pensionnés, ainsi que des pensions aux orphelins mineurs remplissant les conditions prévues pour l’attribution de pensions d’ayants-cause. Ces droits sont maintenus aux enfants et orphelins majeurs étant atteints, avant leur majorité, d’une infection incurable les empêchant de se procurer un salaire supérieur à un montant fixé par décret.Le décret n° 2012-535 du 20 avril 2012 fixe donc le montant du salaire au-dessous duquel les allocations et pensions concernées peuvent toujours être versées aux intéressés. Ce salaire de référence s’élève, à compter du 1er janvier 2012, à 877 euros par mois, soit 10 524 euros par an.

Pension d’orphelins majeurs ou mineurs infirmes

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LE RÉVEIL - N°784 - JUIN 201228 -

LE RÉVEIL VoS DRoITS

Les PeRTes en oPexSelon les statistiques américaines, il y a un mort pour sept blessés en Irak et en Afghanistan. L’armée de terre fran-çaise pour sa part estime que 40 % des morts au combat se produisent dans les deux heures suivant la bles-sure, surtout par hémorragie. Quant au nombre de tués, elle annonce le nombre de 25 morts en 2009 et 28 en 2010. Mais rien n’est dit quant à ceux qui décèdent après leur rapatriement, suite de leurs blessures. Ce qui laisse craindre un nombre élevé, qui est tu afin de minimiser l’impact des pertes sur l’opinion publique, laquelle exige, majoritairement, le retrait des troupes françaises d’Afghanistan.

Les BLessURes PhysiQUesMais il n’y a pas que l’Afghanistan. Il y a quelques années, une étude officielle du ministère de la Défense révélait que la France était intervenue militai-rement dans 228 pays depuis 1963 et qu’elle était encore présente dans 38 d’entre eux.Ce que soulignent d’ailleurs les rapa-triements sanitaires. On en a compté 441 en 2008, puis 382 en 2009 et 303 en 2010. Mais déjà 141 pour le seul premier semestre 2011, en prove-nance notamment d’Afghanistan, de Côte d’Ivoire, de Djibouti, des DOM et TOM, du Gabon, de Bosnie/Kossovo, du Liban et du Tchad. Pour le seul Afghanistan, ces rapatriements sont en hausse : 66 en 2008, puis 93 en 2009 et 87 en 2010. Mais 78 pour les 6 premiers mois de 2011. Et combien depuis ?Les blessés : depuis 1993, la Cellule d’aide aux blessés de l’Armée de Terre

(CABAT) a pris en compte 5 300 bles-sés, les pics de blessés en opérations se situant en 1995 avec 264 à Sarajevo (Bosnie-Herzégovine) et 244 à Bouakie (Côte d’Ivoire) en 2004.D’après le médecin général inspec-teur Christian Plotton, médecin chef de l’Hôpital d’instruction des armées (HIA) Percy, en banlieue parisienne, dans 67 % des cas, les blessés sont atteints de plusieurs traumatismes et, en conséquence, envoyés en service de réanimation (51 % des cas) ou de chirurgie (49 %). Dans 72 % des cas, ils sont atteints de blessures ouvertes.Soignés, le processus de prise en charge peut durer, selon les cas, 24 mois (rééducation, réadaptation, réin-sertion comprises), soit de 3 à 6 mois pour un amputé, de 6 à 12 mois pour un handicapé moteur paraplégique (les 2 jambes) et tétraplégique (les 4 membres) et plus d’un an pour un traumatisé crânien.

Les PsyChoTRAUmATismes De gUeRReCar il n’y a pas que les blessures phy-siques… Selon le médecin chef Eric La-peyre, chef de service à l’HIP de Percy, 8 patients sur 10 subissent un stress post-traumatique, une blessure « invi-sible ». Pour sa part, le médecin chef Frank de Montleau, chef de service de psychiatrie en ce même HIP, estime que « les missions opérationnelles mettent à l’épreuve la résistance psychique des combattants par les contraintes qu’elles impliquent et la confrontation à des évé-nements chargés de violence ». Et d’ajou-ter que 80 % des blessés physiques en opération hospitalisés à Percy pré-sentent des états de stress aigus, dont

30 % peuvent évoluer vers des états de stress post-traumatique susceptibles d’apparaître une vingtaine d’années après les faits.Ces traumatismes peuvent résulter de la participation à des combats intenses, aux blessures physiques, à l’explosion d’engins, mais aussi lors du ramas-sage, du conditionnement des morts et des constatations médico-légales. Enfin, être témoin de scènes d’exaction peut affecter n’importe quelle catégo-rie de personnels : combattant, gen-darme ou médical. Les conséquences sont diverses, troubles dépressifs ou d’adaptation, stress aigu et post-trau-matique, retentissement psychique de handicaps consécutifs aux blessures physiques en opérations. Quelle qu’en soit la cause (catastrophe naturelle, accident, combat, agression, etc.) des réactions de peur, d’effroi, d’impossi-bilité d’agir peuvent en résulter. Des

Ce qu’on nous tait sur les OPEX,tués, blessés, psychotraumatisésL’armée a organisé, en 2011, plusieurs conférences internes dont la teneur n’a pas été popularisée. Mais un coin du voile commence à se lever ; et ce qu’il cachait vient confirmer l’horreur et la nécessité d’aider les oPEX, mission dans laquelle l’ARAC s’est engagée dès 1975 (pour les ancien combattants en Afrique du Nord) jusqu’à aujourd’hui.

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LE RÉVEIL - N°784 - JUIN 2012 - 29

LE RÉVEIL VoS DRoITS

scènes revécues sous forme de cauche-mar ou même en état de veille, parfois sous forme hallucinatoire, dans un état d’épuisement physique peuvent plon-ger le patient dans un état d’errance morale et d’insécurité permanente.• L’importance numérique du stress chez les OPEXUne étude réalisée en 2009 sur 3 régi-ments rentrant d’Afghanistan, soit 581 militaires particulièrement exposés au combat, a montré que 26 % d’entre eux (151) présentaient au moins un trouble psychique ; 13 % (76) nécessitaient un suivi médical et 26 % (151) refusaient les soins proposés. Soit 378 sur 581…• Les soins, un secteur toujours négligé« Le plus difficile », souligne le lieute-nant-colonel Maloux (responsable de la CABAT), « c’est d’assurer le suivi d’un traumatisé alors qu’il ne présente pas de lésion physique ». Ainsi, 15 % des sol-dats ayant vécu un tir en opération, une embuscade ou la mort d’un camarade seront touchés par un syndrome post-traumatique… qui peut ne resurgir que des années plus tard. Car, malgré des progrès sensibles réalisés dans l’armée, sur le terrain même, et mal-gré les efforts déployés notamment par l’ARAC depuis 1975, notre pays ne compte toujours aucune structure sanitaire permanente, décentralisée, gratuite, accueillant les intéressés et leurs familles en vue de les soigner et les réinsérer. Structures que nous réclamons en vain depuis près de quatre décennies et qui pourraient être implantées auprès des services dépar-tementaux de l’ONAC.Certes, nous dit-on, un psychiatre est présent à Kaboul en permanence, car les signes peuvent apparaître tardive-ment, avec les risques ultérieurs de dé-socialisation, d’alcoolisme, de divorce ou de violences conjugales. « Aux États-Unis », commente le lieutenant Colo-nel Maloux, « la population s’est habituée à voir un vétéran tendre la main dans la rue, ce que nous ne voulons pas ».Et pourtant, à constater les séquelles chez les jeunes Français de retour d’Afghanistan, les suicides et les ten-

tatives de suicides, les cas désespérés de ces AC des OPEX sans boulot, sans logement, voire SDF pour certains, dé-sorientés, sans perspectives de réinser-tion… sommes-nous vraiment certains de tout mettre en œuvre pour les aider à se réinsérer dans la vie sociale ? Car il ne suffit pas, comme le déclare le mé-decin chef Lapeyre, que « le combattant doit savoir qu’il doit être pris en charge du début à la fin, c'est-à-dire au retour dans une unité ». Tout sera-t-il fait pour qu’il soit pris en charge et remis le pied à l’étrier dans la vie civile, son temps d’armée terminé ? Un stage dans les Écoles de réinsertion professionnelle de l’ONAC (ERP) pourrait être l’une des solutions. Mais l’armée se garde bien de les y orienter et encore plus de

financer leur stage avant de les libérer dans la nature !Donc, rien n’est moins certain, et c’est l’un des problèmes clefs des OPEX, dont la seule vocation ne peut pas être de devenir agent de sécurité dans une société privée, gardien de grande sur-face ou mercenaire de milice privée.Monsieur le Président de la Répu-blique, vous nous avez déclaré que la situation de ces anciens combattants des OPEX méritera d’être abordée si vous êtes élu Président de la Répu-blique… Vous l’êtes aujourd’hui. Avec nous, ils attendent et exigent donc des actes.

André Fillère

Le conseil d’administration de l’ONAC du 18 avril dernier a été informé, sans aucun document préparatoire dans le dossier reçu par les administrateurs, que le siège de l’ONAC pourrait déménager pour s’installer dans une future implan-tation relevant du schéma immobilier des Invalides.Selon l’intervention de la CFDT à ce conseil d’administration, cette délo-calisation « comporte de nombreuses contraintes : surface nettement réduite, construction d’un ascenseur pour l’acces-sibilité, délocalisation de certains agents à Saint-Jacques (service départemental de Paris) et surtout recherche d’une salle de réunion. »Rappelant l’attachement des personnels au site actuel occupé par l’ONAC depuis 1916 - seule l’occupation allemande l’avait amené à se transférer en zone (dite) libre - la CFDT a souhaité être in-formée précisément des raisons de cette délocalisation et avoir une vision globale de l’aménagement Institution nationale des Invalides-ONAC, d’autant que le coût estimé serait de 3 millions d’euros. La question se pose, c’est certain… tant

pour les personnels que pour les admi-nistrateurs de l’ONAC. Alors… réponse, s’il vous plait.

fo-onAC enTRe DeUx ChAises ?Suite à l’intervention de Mireille Lefèvre, administratrice de l’ONAC au titre du syndicat CFDT - rappelons que la CGT-ONAC a été exclue du conseil d’adminis-tration ! - M. Milano (administrateur au titre de FO) s’est désolidarisé des propos de sa collègue portant sur les dysfonc-tionnements du système devant traiter les cartes du combattant et TRN et l’orga-nisation de l’ONAC dans ce domaine.Attitude surprenante, qui souligne avec force la manœuvre de marginalisation des syndicats avec l’exclusion de la CGT et la division des deux autres représen-tants. Cependant, l’effet a été tellement déplorable que FO-ONAC s’est sentie contrainte de publier une mise au point le 18 avril pour « rassurer les personnels que FO sera toujours à leurs côtés ».Sera-ce suffisant ? Ne faudrait-il pas plu-tôt un front uni syndical, solide et soudé, permettant de faire avancer et les person-nels et les ressortissants de l’ONAC ?

onAC…derrière la façade

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Un hommage a été rendu à René Sahors pour le 70e anniversaire de son sacrifi ce. Né le 9 décembre 1889, il a été fusillé le 31 mars 1942 au Mont Valérien.Dans son discours, Patrick Staat, secrétaire national de l’ARAC, directeur du Réveil des Combattants, a rappelé l’engagement de « cet homme de paix, de liberté, … une vie inscrite dans le combat de son temps avec l’expérience douloureuse de la guerre… ».

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JUIN 2012 - N°784 - LE RÉVEIL - 31

DoSSIER LE RÉVEILMÉMoIRE LE RÉVEIL

« … Militant ouvrier et ancien com-battant, il a profondément marqué l’ARAC… Cette génération d’hommes qui avait entre 20 et 30 ans en août 1914, a été massivement mobilisée… Leur prise de conscience en faveur de la paix et d’un monde de fraternité leur firent prendre des chemins vers la construction d’une société plus juste, plus humaine… C’est dans ce combat qu’en 1917 se créa l’ARAC avec la volonté de s’attaquer aux causes de la guerre, que s’est construite une œuvre remarquable visant au rassemblement international de toutes les forces paci-fiques pour s’opposer à la guerre et au fascisme… ».Patrick Staat poursuit : « …La crise profonde avec le crack boursier de New York, le 24 octobre 1929, secoua le sys-tème capitaliste mondial avec ses consé-quences dramatiques et dangereuses. Comment ne pas faire le rapproche-ment avec ce qui se passe aujourd’hui en 2012… ». Et de poursuivre : « En 1939, le comportement du gouvernement Blum, au nom de la non-intervention, favorise les forces fascistes notamment en Espagne, et divise le Front populaire en France. Cela conduit à l’écrasement de la République espagnole, le 1er avril 1939, avec la complicité de l’Allemagne et de l’Italie fasciste. Les réformes du Front populaire et les conquêtes sociales sont arrêtées. Le 27 février 1939, Paris reconnaît le régime de Franco, alors que la guerre n’est pas terminée. Le 26 sep-tembre, le gouvernement dissout le Par-ti communiste français. Le 1er novembre 1939, l’ARAC est dissoute et devient donc illégale. C’est la chasse aux sor-cières. Militants syndicaux, militants communistes, militants de l’ARAC furent recherchés ; leurs dirigeants et élus arrêtés, jugés et internés comme traîtres à la Défense nationale. »C’est en cette périlleuse circons-tance, que René Sahors affirma un grand esprit de responsabilité. Avec d’autres camarades, il prit l’ARAC en main et fit paraître Le Réveil des Com-battants de septembre 1939, alors que nous venions d’entrer en guerre.

René Sahors fut arrêté en novembre 1941. Incarcéré à la prison de la san-té, il ne devait en sortir que pour être fusillé. Dans une lettre, il déclarait : « Il faut dire à nos camarades qui ont la chance d’être en liberté, de lutter, de lutter toujours davantage contre l’enne-mi, malgré les camps, les prisons et la fusillade, les boches seront battus irré-médiablement… » Lors d’une dernière visite, il confiait : « Je sais que mon tour va venir. Un de mes bons cama-rades a été fusillé ce matin. Ce jour, je l’attends avec calme. Je ne regrette rien. J’ai lutté pour mon idéal et je mourrai avec un grand courage, sachant que mon sacrifice ne sera pas vain ».Dans son éloge à René Sahors, Patrick Staat, conclura ainsi : « La connaissance de l’engagement d’hommes et de femmes comme René Sahors est im-portante pour les nouvelles générations. Ces luttes, ces combats, ces acquis nous les avons construits, ensemble, depuis 2 siècles. Ensemble, toute immigration confondue, toute origine confondue, nous avons construit la France d’au-jourd’hui avec ses valeurs républicaines. C’est l’histoire de la nation française

que nos pères, nos grands-pères et avant eux leurs pères nous ont léguée. C’est si important de connaître l’histoire, notre histoire, l’histoire de notre pays, de notre nation, qu’aujourd’hui certains essayent d’y porter atteinte. Lorsque l’on regarde la vie de René Sahors, le contexte de l’époque, la montée du fas-cisme, des luttes sociales, des risques de guerre engendrée par le capitalisme, la lutte contre l’occupant, la Résistance ; on constate aujourd’hui que les risques demeurent, que les enjeux du capita-lisme conduisent à des guerres dans le monde, que la crise engendre la misère, le désespoir. Connaître son passé, son his-toire, connaître les combats d’hier, c’est notre arme pour mener les luttes d’au-jourd’hui, mais aussi pour que les atro-cités, les lâchetés, les guerres d’hier ne puissent se reproduire. Voilà pourquoi la bataille de la mémoire est un combat que l’ARAC ne lâchera pas en souvenir d’hommes comme René Sahors. »

Jean-Claude Fèvre

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