journal le réveil des combattants - octobre 2014

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LA GRANDE PAUVRETÉ PERSISTE EN FRANCE LA LIBÉRATION LA RÉSISTANCE KOBANÉ ABANDONNÉE Octobre 2014 - N° 807 - 5 Vous avez dit crise ? Depuis la création du classement de Challenges en 1996, la fortune globale des « 500 » a quintuplé, celle des dix premiers a été multipliée par plus de sept, et le ticket d’entrée par près de six. Enfin, depuis 2002, et l’adoption de l’euro, le nombre de milliardaires a presque triplé ! L’ organisation de coopéra- tion et de développement économiques a publié un rapport concluant que les iné- galités sociales mondiales ont éclipsé celles qui ont précédé la Grande Dépression des an- nées 1920, atteignant les plus hauts niveaux d’inégalités qui soient depuis les années 1870 et 1820. 400 350 300 250 200 150 100 50 0 1996 99 02 05 08 11 14 Fortune totale des 500 plus riches de France (en milliards d’euros) - Challenges Août 2014

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Page 1: Journal Le réveil des combattants - octobre 2014

LA GRANDE PAUVRETÉ PERSISTE EN FRANCE

LA LIBÉRATIONLA RÉSISTANCE

KOBANÉABANDONNÉE

Octobre 2014 - N° 807 - 5 €

Vous avez dit crise ?

Depuis la création du classement de Challenges en 1996, la fortune globale des « 500 » a quintuplé, celle des dix premiers a été multipliée par plus de sept, et le ticket d’entrée par près de six. Enfi n, depuis 2002, et l’adoption de l’euro, le nombre de milliardaires a presque triplé !

L’organisation de coopéra-tion et de développement économiques a publié un

rapport concluant que les iné-galités sociales mondiales ont éclipsé celles qui ont précédé la Grande Dépression des an-nées 1920, atteignant les plus hauts niveaux d’inégalités qui soient depuis les années 1870 et 1820.

400

350

300

250

200

150

100

50

01996 99 02 05 08 11 14

Fortune totale des 500 plus riches de France(en milliards d’euros) - Challenges Août 2014

Page 2: Journal Le réveil des combattants - octobre 2014

2 - LE RÉVEIL - N° 807 - OCTOBRE 2014

MESSAGE de l’UFAC du 11 Novembre 2014** L’UFAC souhaite que ce message soit lu par une jeune fi lle ou un jeune garçon. Il convient que la lectrice ou le lecteur ait non seulement lu le texte auparavant, mais aussi qu’il lui ait été explicité. Il appartient donc à toute instance éducative ou associative contactant la future lectrice ou le futur lecteur, d’assurer cette information au travers, entre autres, de témoignages.

En cette année mémorielle du Centenaire de la Première Guerre mondiale, nous célébrons, aujourd’hui, le 96e anni-versaire de l’Armistice du 11 novembre 1918.

Quelques semaines après le déclenchement de ce confl it, l’avancée des troupes allemandes menaçait Paris.

Une contre–offensive franco-britannique donnait un coup d’arrêt à l’ennemi et se terminait le 12 septembre 1914. Ce fut la première victoire de la Marne, mais la guerre allait durer encore quatre années.

La France se souvient de l’horrible cauchemar vécu par ses soldats engagés dans ce confl it appelé la «Grande Guerre».

La France se souvient des terribles souffrances endurées par les combattants et les populations civiles sur les différents fronts, qu’ils soient ceux de la Somme, de la Marne, de Verdun et de bien d’autres.

Cette guerre coûta 12 millions de morts à l’ensemble des belligérants.

La France, pour sa part, déplorait :

1 400 000 morts – 740 000 invalides – 3 000 000 de blessés – des centaines de milliers de veuves et d’orphelins.

En ce jour de commémoration s’insérant dans le cycle mémoriel offi ciel marquant jusqu’en 2018 le centenaire de la Première Guerre mondiale, rendons hommage à tous ces soldats de Métropole, d’Outre-mer, des Pays alliés, qui ont fait preuve d’un courage exemplaire méritant notre reconnaissance. Beaucoup sont morts pour la France et nous nous inclinons devant la douleur de leurs familles, si cruellement éprouvées.

L’Union Française des Associations de Combattants et de Victimes de Guerre (UFAC) fi dèle au souvenir de toutes celles et tous ceux victimes de toutes les guerres, invite la jeunesse à œuvrer pour une communauté internationale plus juste, plus solidaire, plus fraternelle et en paix.

Vive la République !Vive la France !

Déclaration de l’ARAC pour le 11 novembre 2014Pour l’ARAC, le 96E Anniversaire de l’Armistice de 1918 dans le cadre du centenaire de la guerre 1914-1918 ne peut être commémoré sans évoquer les causes même de ce confl it dans lequel furent entrainés 74 pays.

Cent ans après ce « meurtre collectif » ainsi que qualifi ait cette guerre Paul Vaillant-Couturier, l’ARAC tient à souli-gner des analogies de la situation politique et économique actuelle avec celle des années 14-18.

14-18 : L’entrée en guerre eut pour cause la volonté des pays impérialistes de se partager le monde au travers de la mon-dialisation naissante. Elle permit aussi de s’opposer aux premières avancées sociales et démocratiques des peuples notamment en Europe.

Les poilus devant l’inorganisation des combats conduisant à des centaines de morts à chaque assaut ont tenté à juste titre de réagir. Certains d’entre eux l’ont payé très chers, ils furent « fusillés pour l’exemple », l’ARAC demande de-puis longtemps leur réhabilitation collective et morale en tant que soldats et citoyens.

Aujourd’hui :Comme en 1917, l’ARAC fait de la « guerre à la guerre », selon le cri de Barbusse, son combat « contre les causes des guerres », sa principale raison d’être. Elle s’oppose à cette nouvelle « union sacrée » que les pays capitalistes mettent en avant pour organiser une nouvelle répartition des richesses de la planète. C’est ce qui fait craindre à l’ARAC pour l’humanité, une nouvelle guerre mondiale.

Avec Jaurès l’ARAC affi rme : « l’humanité est maudite, si pour faire preuve de courage, elle est condamnée à tuer éternellement. Le courage au-jourd’hui ce n’est pas de maintenir sur le monde la sombre nuée de la guerre. Le courage ce n’est pas laisser aux mains de la force, la solution des confl its que la raison ne peut résoudre ».

Villejuif le 21 octobre 2014

Page 3: Journal Le réveil des combattants - octobre 2014

LE RÉVEIL - N° 807 - OCTOBRE 2014 - 3

ÉDITO LE RÉVEIL

SOMMAIRE

www.le-reveil-des-combattants.fr

LE RÉVEIL DES COMBATTANTS

Fondé en 1931 par Henri-BarbusseMensuel de l’Association républi-caine des anciens combattants et

victimes de guerre.Commission paritaire n° 0713-A 06545ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditionsdu Réveil des Combattants • SARL au capitalde 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 392, place du Méridien - 94807 Villejuif cedexTél. 01 42 11 11 12Fax. 01 42 11 11 [email protected]

• Tirage : 60 000 exemplaires• Gérant Directeur de la publication : Raphaël Vahé• Directeur délégué - Rédacteur en chef : Pa-trick Staat• Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Lau-rence Gorain• Service photos : Jean- Claude Fèvre• Administratrice : Annick Chevalier• Conception graphique - Impression : RIVET PRESSE EDITION - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

P. 13 . D O S S I E R

« QUE LE PEUPLE GRONDE »

Les pressions médiatiques, les pressions idéologiques sont fortes pour dire qu’il faut faire des ef-

forts, se serrer la ceinture, perdre des droits. Pourtant les grandes fortunes ne se sont jamais aussi bien portées.

Le patrimoine des 500 premières for-tunes françaises a augmenté entre 2012 et 2013 de 15 %

Si nos retraites, nos salaires, augmentaient de 15 %. Si nous avions 100 ou 200 euros supplémentaires par mois nous les investirions immédiatement dans l’économie réelle pour améliorer nos conditions de vie pour le plus grand profi t du pays.

Le déséquilibre est tel que Challenges d’août 2014 s’in-terroge à propos des 500 plus riches français « mais où vont leurs millions ? ». Bonne question car les investis-sements dans les entreprises françaises en 2013 sont en baisse de 3,7 %

Les inégalités sont telles que l’OCDE dit qu’elles n’ont jamais été aussi grandes depuis 1820. Nous assistons donc à un véritable retour en arrière de civilisation.

Allons-nous revenir au Moyen Age avec des Châtelains (les riches) qui avaient droit de vie et de mort sur les gueux, avec la Taille (travail gratuit).

Les raisons qui ont conduit à la Révolution fran-çaise restent d’actualité, n’en déplaisent aux « bien-pensants ».

Passéistes nous dit-on quand on exige un changement de politique alors que la France n’a jamais été aussi riche. De qui se moque-t-on quand la politique du gou-vernement ne vise qu’à écraser les ¾ de la population française au profi t d’une infi me minorité.

Il faut du courage, de la lucidité dans le combat poli-tique pour dire et nommer les faits.

La solution pour la France ne passera pas par un consen-sus idéologique, par des demi-mesures mais bien par une politique répondant aux besoins et aux aspirations des Français. D’où l’importance de la souveraineté de la nation. C’est un enjeu politique et démocratique, devant l’outil du capital pour se réorganiser et franchir une nou-velle étape de domination que constituent la mondialisa-tion et la commission de Bruxelles.

Comment le 1er ministre peut-il se réclamer des valeurs républicaines quand il génère par ses choix tant d’iné-galités ?

Il y a dans ses propos de l’impudence, une insulte à la majorité du peuple républicain. Comme on le dit dans la chanson du Nord Pas de Calais « le peuple quand il gronde, a la taille d’un géant ».

Tout est dans notre capacité à se rassembler et à faire jaillir la conscience de l’action.

Patrick Staat

LA LIBÉRATION

Actualités

Profi l des redevables de l’ISF partis en 2012 ............................. 4Le danger est là ............................................................................ 4Les français ont perdu 1500 euros de pouvoirs d’achat par an .. 5La grande pauvreté persiste en France ........................................ 64 question à Fabien Gâche .......................................................... 7

International

Les mystérieux acheteurs du pétrole de l’EI ............................... 8Israël/Palestine : Le “j’accuse” de l’unité 8200 .......................... 9La Russie dans le colimateur de l’OTAN .................................10Kobané abandonnée ..................................................................10

Vos droits

Attribution de la carte du combattant ........................................21Veuves de Grands Invalides ......................................................21Projet de budget 2015 des ACVG .............................................21Pension PMI ..............................................................................22Tableaux PMI ............................................................................23

Vie de l’ARAC

Nos peines ..................................................................................12Vie des comités ..........................................................................26

Magazine P. 31 LE CAHIER MÉMOIRE

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

N° 807OCTOBRE 2014

La LibérationEn septembre dernier, nous avons pré-senté à nos lecteurs un cahier Mémoire sur la libération. Mais les huit pages de ce document ont aiguisé la curio-sité de certains de nos jeunes lecteurs. Voici donc une nouvelle édition du Ca-hier Mémoire consacré à la libération. Elle ne couvrira pas non plus tous les événements du combat libérateur que connu notre pays lors de cette période. Mais nous nous efforçons d’alimenter un peu plus encore la curiosité de nos lecteurs qui, ainsi, seront conduits à chercher par eux-mêmes d’autres in-formations et si l’intérêt l’exige nous

pourrons éditer un troisième cahier mémoire sur ce thème.

Nous livrons cette fois des exemples d’événements saisis dans quelques dé-partements ne disposant pas de plus de place pour faire mieux. Or c’est tous les départements de France qu’il fau-drait citer car la Résistance était par-tout et c’est en se joignant à elle que la population dans sa masse a accueilli les armées libératrices tandis que par-tout les F.F.I. s’efforçaient de retarder les nazis qui voulaient aller repousser à la mer les troupes alliées débarquées en Normandie comme en Provence.

De la place qu’ils occupaient à l’époque, certaines personnalités poli-tiques ou syndicales dont malheureu-sement on ne parle pas ou très peu au-jourd’hui, ont laissé des traces écrites dont l’intérêt est indiscutable, nous en publions quelques-unes dans ce nu-méro.

En agissant de cette sorte nous nous efforçons de faire jouer au Cahier Mé-moire un rôle de metteur en valeur des événements historiques afi n de créer l’envie chez nos lecteurs de poursuivre par eux-mêmes leurs découvertes.

ÉDITO

Par Paul M

arkidès

Page 4: Journal Le réveil des combattants - octobre 2014

4 - LE RÉVEIL - N° 807 - OCTOBRE 2014

LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Un document du fi sc dresse le profi l des redevables de l’ISF partis en 2012.Leur nombre a augmenté de 20 %Qui sont ces Français fortunés qui quittent l’Hexagone ? D’où pro-viennent leurs revenus et comment se compose leur patrimoine ? Si les indicateurs de l’exil fi scal suivis par Bercy ne montrent pas d’exode mas-sif, ils permettent en revanche de cer-ner assez fi nement le profi l des candi-dats au départ à travers trois sources de données fi scales : l’impôt sur la fortune (ISF), l’impôt sur le revenu et l’« exit tax ».

Ainsi, d’après un document de la Direction générale des fi nances publiques (DGFiP), transmis dans le cadre de la commission d’en-quête parlementaire sur l’exil des forces vives, ce sont 587 redevables de l’ISF qui ont quitté la France en 2012, soit 20 % de plus qu’en 2011. Une variation importante, mais à prendre avec précaution, la popu-lation concernée étant très réduite. Le nombre de retours de redevables de l’ISF est pour sa part resté stable, autour d’une centaine par an (103 en 2012, contre 109 en 2011).

Les données relatives aux déclara-tions d’impôt sur le revenu montrent aussi une certaine stabilité, autour de 35 000 départs en 2012 comme en 2011, tandis que les déclarations d’« exit tax » – impôt qui frappe les plus-values latentes des candidats au départ – sont passées de 169 à 300 en 2012 (voir « Les Echos » du 14 août).

Patrimoine élevé

Les données du fi sc confi rment toute-fois une évidence : les ménages assu-jettis à l’ISF qui quittent le territoire sont nettement plus riches que les autres. En 2012, ils disposaient ainsi d’un patrimoine moyen de 6,6 mil-lions d’euros. Une moyenne cachant

des situations très diverses, puisque environ la moitié d’entre eux (287) affi chaient un patrimoine moyen de 12,5 millions d’euros, composé très majoritairement d’actifs mobiliers (parts sociales, actions, liquidités…).

Ces derniers disposent en outre de revenus réguliers et variés : leur re-venu fi scal de référence pour 2011 (dernière année d’imposition dispo-nible) approchait les 800 000 euros en moyenne. Mais 10 % d’entre eux disposaient de revenus supérieurs à 1,5 million d’euros.

Ces revenus proviennent de sources très diverses : seuls 45 % sont issus de traitements et salaires, le solde étant pour l’essentiel réparti entre les pen-sions et retraites (15 %), les revenus du capital (14 %) et des revenus fon-ciers (11 %). Une petite moitié de ces assujettis à l’ISF (246) a ainsi déclaré des revenus fonciers, dont la médiane dépasse 17 000 euros.

Le danger est là« Jamais nous ne tolérerons qu’un seul des avantages de la sécurité so-ciale soit mis en péril. Nous défen-drons à en perdre la vie et avec la plus grande énergie cette loi humaine et de progrès. » Cette phrase a été pro-noncée par Ambroise Croizat lors de son dernier discours à l’Assemblée na-tionale, le 24 octobre 1950.

Les salaires et les cotisations sociales sont primordiaux pour vivre, se soi-gner, élever sa famille et bien vieillir. Chaque augmentation de salaire ga-gnée améliore l’économie du pays, la protection sociale et le bien vivre en-semble.

Aujourd’hui, au nom d'une politique de l'offre, pour améliorer la compéti-tivité des entreprises, on a diminué les "charges sociales" avec la promesse du patronat de créer un million d'emplois. En diminuant les cotisations sociales, les recettes des organismes sociaux diminuent, alors que les exigences de solidarité, avec l'augmentation du chô-mage et de la précarité ne font qu'aug-menter.

Dans ces conditions, il n'y a rien d'étonnant que la pauvreté augmente inexorablement "Si la pauvreté a baissé des années 1970 au milieu des années 1990, elle est ensuite restée

NOMBRE DE PAUVRES EN EUROPEEn 2011, en millions de personnes

TotalUnion européenne

84,1

Allemagne13

+ 3,5 %

Italie11,8

+ 6,6 %

Espagne10,3

+ 11,4

France8,7

+ 11,3 %

Pologne6,5

+ 0,7 %

Grèce2,5

+ 18 %

Belgique1,6

+ 5,3 %

Hongrie1,4

+ 12,2 %

Suède1,4

+ 12,9 %

Danemark0,7

+ 2,1 %

Royaume-Uni10,1 - 3,6 %

Portugal1,9

- 0,8 %

Pays-Bas1,7 - 7,6 %

Norvège0,5

- 9,7 %

Variationspar rapportà 2008

Page 5: Journal Le réveil des combattants - octobre 2014

LE RÉVEIL - N° 807 - OCTOBRE 2014 - 5

ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Entre 2009 et 2014,les Français ont perdu 1500 euros de pouvoir d’achat par anLes Français ont perdu 4 % de pou-voir d’achat depuis 2009, soit l’équi-valent de 1 500 euros par an, selon 60 millions de consommateurs, qui note une augmentation notable du prix des dépenses contraintes, notam-ment liées au logement ou à la voiture.

Pour calculer ces variations, le ma-gazine de l’Institut national de la consommation (INC), s’est basé sur l’évolution des prix, des revenus, et de la consommation des ménages.

Il estime qu’entre 2009 et 2014, le re-venu annuel moyen par ménage (in-cluant salaires, patrimoine et prestations sociales, et déduisant impôts et cotisa-tions sociales) a augmenté de 2,9 %, passant de 37 517 euros à 38 591 euros. Mais en parallèle, les prix ont augmenté de 6,9 %, avec notamment une explo-sion du poids des "dépenses contraintes" (eau, gaz, assurances, etc.).

Selon les estimations du magazine, la hausse des prix du carburant a grignoté 335 euros de pouvoir d’achat depuis 2009, celle de l’électricité 205 euros, et les loyers 175 euros.

Ainsi, les ménages n’ont plus guère "de prise sur leur situation budgétaire et se retrouvent souvent coincés par des fac-tures sur lesquelles ils n’ont pas la main", note le magazine, qui pointe comme étant les plus pénalisantes, la hausse des charges liées au logement (chauffage compris) et à la voiture.

Parmi les autres dépenses, cette fois "ar-bitrables" (c’est-à-dire "choisies"), dont les augmentations ont le plus amputé les revenus, on trouve le tabac (225 euros), la restauration et les cafés (172 euros) ainsi que la viande (146 euros). "Au fi nal, la perte moyenne de pouvoir d’achat s’établit donc à 1 496 euros, soit -4 %" depuis 2009".

Si la hausse des carburants a frappé indifféremment toutes les catégories de ménages, d’autres augmentations frappent plus lourdement certains d’entre eux. "La hausse des loyers affecte évi-demment plus les personnes seules et les familles monoparentales, celle du tabac rogne plus le pouvoir d’achat des jeunes ayant de faibles ressources, des employés ou des ouvriers. (...) Les pro-priétaires âgés de plus de 75 ans, ayant de modestes pensions, ont subi de plein fouet les hausses de l’électricité, du gaz et du fi oul domestique", détaille Em-manuel Masset-Denèvre, économiste à l’INC.

Selon le magazine, 2014 devrait être neutre en terme de pouvoir d’achat "du fait d’une infl ation particulièrement faible (+0,7 %)". Mais ajoute-t-il, "il serait abusif d’évoquer une baisse géné-ralisée : seuls les produits alimentaires, et en particulier les fruits et légumes, ainsi que le matériel audiovisuel et in-formatique affi chent une baisse de leur prix". Or, ces catégories ne fi guraient pas parmi celles ayant le plus rogné le pouvoir d’achat des Français ces cinq dernières années.

LA GRANDE PAUVRETÉ EN FRANCEEn millions de personnes

Allocatairesde minima

sociaux (2012)

Personnesayant recours à l’aide

alimentaire (2010)

Personnes vivantsous le seuil à 40 %du revenu médian*

(2011)

Personnes indiquant ne pas avoir pris de

repas complet au moins une journée au cours des deux

dernières semaines

Personnes sans domicile personnel

(FondationAbbé Pierre - 2012)

* Revenu situé à mi-hauteur sur l’échelle des revenus.50 % des personnes gagnent plus et 50 % des personnes gagnent moins.

3,5

2,2

1,8

0,7

dont RSA socle

1,7 3,8

plutôt stable jusqu’au début des an-nées 2000. Depuis 2004, le nombre de personnes pauvres au seuil de 50 % a augmenté de 1,2 million (+ 30 %) et le nombre au seuil de 60 % a progressé de 1,3 million (+ 17 %). Au cours de cette période, les taux sont passés res-pectivement de 6,6 % à 8,2 % et de 12,6 % à 14 %". (Observatoire des inégalités)

… Alors que la richesse se concentre sans limite :"Les 0,01 % les plus riches ont gagné 243 000 euros de revenus annuels supplémentaires entre 2004 et 2011. Un gain équivalent à dix-huit années de Smic."

Il faut sans cesse rappeler ces chiffres.

Challenges août 2014

Et si Piketty avait raison ?

Le classement de Challenges conforterait-il sa thèse sur le creusement des inégalités dans le monde ? Toujours est-il qu’en France, le montant des 500 plus grandes fortunes a encore progressé de plus de 15 % en 2013, dans un climat économique général stagnant. Mais où vont tous leurs mil-lions ? Dans l’utile et l’agréable.

Page 6: Journal Le réveil des combattants - octobre 2014

6 - LE RÉVEIL - N° 807 - OCTOBRE 2014

LE RÉVEIL ACTUALITÉS

La triste réalité de la France où les dividendes augmentent de 30 % en 2013La grande pauvreté persiste en FranceDeux millions de personnes vivent au-jourd’hui en France avec au maximum 651 euros par mois (22 euros par jour) pour une personne seule au seuil à 40 % du revenu médian, soit en situation de grande pauvreté, selon l’Insee (données 2011). Pour ces personnes, il est quasi-ment impossible notamment de se loger sans compter sur l’aide d’autrui, de pa-rents ou d’amis.

3,8 millions ne peuvent que se contenter de minima sociaux (plus de 6 millions si l’on comprend les conjoints et les en-fants), selon le ministère des affaires so-ciales (données 2012) [1]. Le RSA socle vaut au 1er septembre 2014 509 euros pour une personne, 1 069 euros pour un couple avec deux enfants.

Près de 700 000 n’ont pas de domicile personnel, dont plus de 400 000 hé-bergées de façon contrainte chez des tiers, selon la Fondation Abbé Pierre [2] (données 2012). Selon l’Insee, on compte 140 000 sans domicile fi xe, dont un peu plus de 10 000 dorment dans la rue (données 2012).

En 2006, pas moins de 1,8 million de personnes déclaraient à l’Insee ne pas avoir pris un repas complet au moins une journée au cours des deux dernières semaines. 3,5 millions de personnes auraient recours à l’aide alimentaire en 2010 (Banques alimentaires, Restos du cœur, etc.), selon le Conseil National de l’Alimentation [3].

Au total, même s’il est diffi cile de don-ner un chiffre précis, on peut estimer à un peu moins de quatre millions de personnes qui vivent de très faibles re-venus (allocataires de minima sociaux) qui ne leur permettent pas d’acheter de la nourriture et des vêtements de façon convenable et qui vivent sous la dépen-dance d’une institution, d’amis ou de la

famille. Plusieurs centaines de milliers vivent dans des conditions de logement très diffi ciles, 140 000 n’ont pas de do-micile. Dans l’un des pays les plus riches au monde, des dizaines de milliers de personnes vivent dans des conditions peu éloignées de celles de pays en dé-veloppement. Et encore, ces données ne prennent pas en compte la période 2013-2014 où les conditions de vie se sont encore dégradées pour les plus démunis.

Certes, on est loin des neuf millions de pauvres au seuil de 60 % du niveau de vie médian, chiffre le plus souvent avancé dans le débat public, qui concerne plutôt une population très modeste mais dont une partie vit dans des conditions très éloignées des plus pauvres. On touche là un niveau de pauvreté bien loin des normes de la société française, et qui n’est pas marginal. Cette situation est d’autant plus violente que cette misère s’intègre dans une société où les niveaux de vie sont élevés en moyenne, que les conditions de logement se sont amélio-rées au cours des dernières décennies et que l’accès à la consommation s’est lar-gement diffusé.

[1] Lire en ligne Minima sociaux : la

hausse du nombre d’allocataires s’ac-célère en 2012, Drees, Etudes et résul-tats — n° 883 - juin 2014.

[2] Lire en ligne le rapport 2014 sur le mal-logement de la Fondation Abbé Pierre

[3] Pour en savoir plus : « Aide alimen-taire et accès à l’alimentation des po-pulations démunies en France », avis du Conseil National de l’Alimenta-tion, publié en 2012.

L’OBSERVATOIREDES INEGALITE – 16 octobre 2014

LA PAUVRETÉ EN QUELQUES CHIFFRESLa moitiédes personnespauvresa moinsde 30 ans.

Le taux de pauvreté féminin était de 8,2 % en 2011, tous âges confondus, contre 7,7 % pour les hommes. Après 75 ans, il y a deux fois plus de femmes pauvres que d’hommes.

Le nombre de dossiers de suren-dettement déposés par des ménages est passé de 165 493 en 2003 à 232 508 en 2011.

Le taux de pauvreté chez les 18-29 ans

19,4 %2011

17,7 %2010

Plus de 40 % des français ne partent pas en vacances

RSA

On compte aujourd’hui 2,3 millions d’allocataires du RSA. Le montant du RSA pour une personne seule était de 499 euros mensuels en janvier 2014.

La France compte 2 millions de personnes vivant avec moins de 651 euros par mois, 3,5 millions de mal-logés et 3,5 millions de bénéfi ciaires de l’aide alimentaire.

LA PAUVRETÉSELON LE TYPE DE MÉNAGEEn millions de personnes

0,9

Couplesavec enfant(s)

Famillesmonoparentales

Personnesseules

Couplessans enfants

Autres typesde ménages 0,3

1,9

1,2

0,5

470

418

Femmes

Hommes

Page 7: Journal Le réveil des combattants - octobre 2014

LE RÉVEIL - N° 807 - OCTOBRE 2014 - 7

ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Quatre questions à Fabien Gâche,délégué syndical central CGT RenaultQue recherchent les construc-teurs avec les délocalisations ?

Ils font pression à la fois sur les poli-tiques et les organisations syndicales pour obtenir, pour les premiers, des aides diverses et, pour les seconds, des remises en cause d’acquis. C’est ce qui s’est produit en Espagne où les nouvelles embauches sont réalisées avec un niveau de salaire amputé de 30 %. La délocalisation a pour fi nalité de mettre les salariés en concurrence à travers le monde. Dans un premier temps, c’est la Roumanie qui a servi de tête de pont. Les directions expli-quaient que c’était l’Eldorado, avec de la main-d’œuvre qualifi ée et des petits salaires. Cela devait permettre d’investir les marchés locaux. Très rapidement, il y a eu des luttes, les sa-laires ont augmenté. Maintenant, c’est le Maroc. Ce qui est très compétitif un jour, ne l’est plus le lendemain.

Vous avez visité l’usine Avtovaz en Russie, qu’avez-vous appris ?

Renault disait que la Russie avait un potentiel de développement considé-rable et qu’il fallait s’y implanter pour garantir l’existence même de l’entre-prise en France. Aux syndicalistes russes que nous avons rencontrés, ils ont aussi promis monts et merveilles, avec une modernisation de l’ou-til de production, etc. Les capacités de production d’Avtovaz en Russie sont de plus d’un million de voitures. Or, quand Renault a racheté, ils ont expliqué qu’ils allaient moderniser avec une grande effi cacité. Très vite, Renault a commencé à réduire les ef-fectifs et à mettre en œuvre la même stratégie que chez nous : l’éclatement et l’externalisation de parties de l’en-treprise. Ils ont supprimé 11 000 em-plois depuis le début de l’année. Leur objectif est de passer à 30 000 (25 000 ouvriers et 5 000 ICT), sachant qu’ils

sont encore 55 000. Quand Renault, en 2009, est entré dans le capital, il devait y avoir 106 000 salariés…

Et en termes de conditions de travail ?

Les conditions de travail se dété-riorent à vitesse grand V. Je suis allé sur des chaînes où ils sont passés de la fabrication d’une trentaine de véhi-cules par heure à 45, qu’ils ont du mal atteindre. Cependant, l’objectif est de parvenir au standard Renault dans le monde, soit 65 véhicules/heure, et ce, avec une diminution drastique des ef-fectifs. Renault a d’autres diffi cultés sur place. Le taux de chômage dans la région étant relativement faible, les gens qu’ils embauchent partent fréquemment après avoir été formés. Renault explique, aux Russes comme aux Marocains, qu’ailleurs dans le monde les autres salariés sont plus performants.

Le low cost ne profi te-t-il pas aussi aux populations locales ?

On ne délocalise pas que du low cost.

La Clio 4, qui est l’un des véhicules les plus vendus, est essentiellement produite en Turquie et est massive-ment réimportée vers la France et l’Allemagne. De plus, la réduction des coûts ne fait pas baisser les prix de vente. Le prix des véhicules augmente les marges. Les volumes ne sont pas au rendez-vous et ce sont les salariés qui paient la facture.

Nouvelle vie Ouvrièredu 17 octobre 2014

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8 - LE RÉVEIL - N° 807 - OCTOBRE 2014

LE RÉVEIL INTERNATIONAL

On sait désormais que le pétrole est une des principales ressources de l’Etat Islamique. Elle lui permet d’amasser des sommes colossales, d’acheter des armes, de mettre en place des administrations dans les territoires conquis où il fait régner la terreur etc. La vente de l’or noir est donc en partie le nerf de guerre pour EI. L’organisation terroriste contrô-lerait onze champs pétroliers dans le nord de l’Irak et dans la province syrienne de Raqqa (ville du centre du pays). Mais pour vendre, il faut des acheteurs…

Selon Anadolu News Agency, l’agence de presse offi cielle turque, Jana Hybaskova, ambassadrice de l’Union européenne en Irak aurait affi rmé, lors du Comité des Affaires étrangères du Parlement européen, que certains pays européens avaient acheté du pétrole à « l’Etat isla-mique ». Néanmoins, en dépit des questions pressantes de certains dé-putés désireux d’en savoir plus, rap-porte le site « Le blog Finance », la diplomate a refusé de divulguer la liste des pays impliqués. L’ambas-sadrice a par ailleurs déclaré que les tankers chargés du pétrole acquis au-près de l’Etat Islamique étaient arri-vés dans plusieurs pays membres de l’UE, exhortant l’Union européenne à faire pression sur Iran, Kurdistan et Turquie en vue de faire stopper ces transactions.

En effet, selon plusieurs sources, la Turquie, désormais rangée der-

rière la bannière étoilée d’Obama, pour combattre l’EI, jouerait un rôle important dans l’importation du pétrole. En août dernier, le site d’information « Jutarnji List », cité par l’agence de presse Reuters, in-diquait qu’un pétrolier transportant du pétrole brut du Kurdistan irakien et contenant 80 000 mètres cubes de brut, était entré dans le port croate d’Omisalj.

La Turquie montrée du doigt

Précision du site, il s’agirait de la quatrième cargaison d’une telle en-vergure de brut en provenance du Kurdistan irakien, chargée dans un port de Turquie, à destination de la Croatie. De son côté, selon « le blog fi nance », David Rigoulet-Roze, spé-cialiste des questions énergétiques au Moyen-Orient, s’exprimant sur TV5 Monde, a estimé que du pétrole du Kurdistan est exporté depuis janvier, via des camions-citernes vers la Tur-quie. Autre alternative en dehors de la voie maritime : depuis mai 2014, un pipeline ayant pour destination le port turc de Ceyhan permettrait également de fournir la Turquie en hydrocarbures.

Le gouvernement du Kurdistan a en

effet décidé d’octroyer des conces-sions pétrolières à des entreprises étrangères (Exxon Mobil, Chevron, Total) sans l’aval de Bagdad, avec l‘ouverture d’un oléoduc partant de Tak Tak (raffi nerie dans la région d’Erbil), d’une capacité actuelle de transit vers la Turquie de 100 000 barils jour, pouvant atteindre à terme 400 000 barils jour.

En août dernier, le site Atlantico in-diquait pour sa part que le pétrole et les produits dérivés sous contrôle de l’Etat islamique étaient reven-dus à prix réduit sur le marché noir local, en Irak et en Syrie (à un prix variant entre 25 et 50 dollars le baril contre un prix sur le marché de plus de 100 dollars). « En raison de la complexité et souvent de l’opa-cité des réseaux de distribution, ces pays pourraient devenir les clients involontaires et indirects de l’Etat islamique, s’ils ne le sont pas déjà » affi rmait le journaliste d’Atlantico, avant d’ajouter « à terme, on ne peut pas exclure que du carburant vendu par des intermédiaires de l’Etat is-lamique ne soit commercialisé aux Etats-Unis et même en Europe ».

JP Delahaye.

Les mystérieux acheteursdu pétrolede l’EICertains pays membres de l’UE achèteraient du pétrole de l’Etat Islamique (EI). La Turquie au centre des importations ?

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LE RÉVEIL - N° 807 - OCTOBRE 2014 - 9

INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Israël/Palestine

Le « j’accuse » de l’unité 8200…Durant l’offensive de l’armée israé-lienne (Tsahal) contre Gaza, qui a fait plus de 2000 morts parmi lesquels une majorité de civils, femmes, enfants, vieillards, des voix se sont élevées parmi les militaires israéliens, refu-sant cette sale guerre. La presse en a peu parlé, mais elles existent bel et bien et se font entendre pour contester les missions, dénoncer les véritables objectifs de l’État-major et du gouver-nement Netanyahou.

Mi-septembre, une quarantaine d'an-ciens combattants israéliens d'une unité d'élite du renseignement ont publié une lettre de révolte contre les méthodes de l'armée intitulée : « Nous, de l’Unité 8200, refusons de participer aux actions d'Israël contre les Palesti-niens » Dans ce texte, envoyé au Pre-mier ministre, au chef de l’état-major, au commandant d’Aman (le rensei-gnement militaire) et au commandant de l’Unité 8200, ils ont annoncé leur refus d’effectuer leur service de ré-serve pour des raisons morales. Ils affi rment que leur travail de rensei-gnement ne vise pas seulement à pro-téger des attaques mais à prolonger l’occupation militaire des Territoires palestiniens. Ils estiment être utilisés comme outils dans l’affermissement du contrôle militaire dans les terri-toires occupés. Et d’appeler, « tous les soldats servant dans les unités de ren-seignement, passé et présent, de même que tous les citoyens d’Israël, à dé-noncer ces injustices et à prendre des actions pour y mettre fi n », concluant que « l’avenir d’Israël en dépend ».

L’Unité 8200 est spécialisée dans les systèmes d’origine électromagnétique (Sigint) et de déchiffrement de codes. Elle récolte les informations sur les réseaux téléphoniques, Internet et en-registre les messages cryptés qui sont utilisés après analyse par les capacités

de renseignement d’attaque. Elle est considérée comme une unité d’élite de Tsahal et de nombreux talents de la high-tech israélienne y ont fait leurs premiers pas.

Les droits de l’Homme sous la botte de Tel-AvivLe texte de l’Unité 8200 est un véri-table réquisitoire et met en évidence l’installation d’un univers cyber-car-céral dans les Territoires occupés. Selon les offi ciers, sous-offi ciers et soldats signataires, la population pa-lestinienne sous régime militaire est complètement exposée à l’espionnage et la surveillance des services de ren-seignement israéliens. « Alors qu’il existe des limitations drastiques de la surveillance des citoyens israéliens, les Palestiniens ne bénéfi cient pas de cette protection. Il n’existe pas de dis-tinction entre les Palestiniens qui sont ou qui ne sont pas impliqués dans des violences. L’information qui est re-cueillie et conservée fait du tort à des personnes innocentes. Elle est utilisée dans le but d’une persécution politique et pour créer des divisions au sein de la société palestinienne en recrutant des collaborateurs et en entraînant des parties de la société palestinienne contre elle-même. Dans de nombreux cas, les services de renseignement empêchent les accusés de recevoir un procès équitable dans les tribunaux militaires, alors que les preuves les concernant ne sont pas révélées ». Les révoltés de l’unité 8200 précisent éga-lement pour l’avoir constaté et mis en pratique que le renseignement autorise un contrôle continu sur des millions d’individus à travers une surveillance approfondie et intrusive et envahit la plupart des secteurs de la vie d’un individu. Ce qui ne permet pas aux gens de mener des vies normales et

« incite à plus de violence, nous dis-tançant toujours davantage de la fi n du confl it ». Pour eux le chemin suivi par les dirigeants israéliens n’est pas le bon. Les objectifs poursuivis ne sont pas ceux de la protection et de la sécurité d’Israël mais plus sûrement de l’extension de son territoire. « Des millions de Palestiniens vivent sous le régime militaire israélien depuis plus de quarante-sept ans. Ce régime nie leurs droits fondamentaux et expro-prie de larges étendues de terre pour les colonies juives qui sont soumises à des systèmes légaux séparés et dif-férents et à l’application de lois diffé-rentes. Cette réalité n’est pas un résul-tat inévitable des efforts de l’Etat pour se protéger mais plutôt le résultat d’un choix. L’expansion des colonies n’a rien à voir avec la sécurité nationale. De même en est-il des restrictions à la construction et au développement, à la barrière de séparation ».

JP Delahaye

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10 - LE RÉVEIL - N° 807 - OCTOBRE 2014

LE RÉVEIL INTERNATIONAL

La Russie dans lecollimateur de l’OTANPour son entrée en fonction, le nou-veau secrétaire général de l’OTAN, le norvégien Jens Stoltenberg, a annoncé la couleur. Mercredi 1er octobre, au cours d’une conférence de presse au siège de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, à Bruxelles, il a estimé que la Russie devait montrer « nettement » qu'elle entend respecter le droit international en Ukraine et, qu’en attendant, l'Alliance atlantique allait muscler son dispositif militaire dans l'est de l'Europe. Pour le mo-ment, selon lui, avec le Kremlin, « le compte n'y est pas ». Et si le cessez-le-feu en Ukraine offre une fragile « chance » d'apaisement, « la Russie garde la capacité de déstabiliser la situation et elle continue de violer le

droit comme ses responsabilités inter-nationales. Clairement, nous voulons voir un changement de comportement (…) L'Otan doit rester prête et elle dé-fendra ses alliés si nécessaire ».

Le nouveau patron de l’Otan est donc dans l’application « stricto cen-sus » des orientations dictées par la Maison-Blanche, lors du sommet de Newport début septembre. Qualifi é par le « Figaro » de « premier patron de l’Otan issu d’un pays voisin de la Russie, mais aussi produit d’une tra-dition norvégienne ou pacifi sme rime avec atlantisme » Stoltenberg a éga-lement annoncé que ses premières visites iraient vers deux capitales qui s'estiment menacées, l'une par la Rus-sie, l'autre par l'État islamique : Varso-

Kobané abandonnée

A l’heure où nous écrivons ces lignes, Kobané, ville située à la frontière sy-ro-turque résiste encore, mais pour combien de temps ? Assiégés depuis plusieurs semaines par les assassins de l’Etat Islamique, abandonnés de tous, sous équipés en matériel militaire les combattants du PKK (Parti des travail-leurs du Kurdistan) et de l’YPG (uni-tés de protection du peuple) résistent : seuls !

La prise de la ville permettrait aux is-lamistes fanatisés de l’EI de contrôler une large bande de territoire au nord de la Syrie considérée comme un verrou stratégique, notamment pour le trafi c du pétrole source de fi nancement de EI et prouverait la force et l’invincibilité de Daech. Un bon coup de com terro-

riste au prix de centaines de morts et de milliers de réfugiés…

Pour l’heure l’action de la coalition rangée derrière Washington semble totalement ineffi cace et les 2 000 raids aériens, engagés depuis le début le 11 septembre, qui ont coûté près de 10 millions de dollars par jour, n’ont eu aucun effet sur la progression des isla-mistes. « La bataille de Kobané montre tout ce qui ne marche pas dans cette guerre. Une coalition qui n’en a que le nom, avec des Arabes et des Euro-péens peu engagés (moins de 10 % des frappes à leur actif), auxquels s’ajoute un membre de l’Otan, la Turquie, qui se fait indûment prier pour ouvrir ses bases aux alliés et paraît préférer les djihadistes aux Kurdes » constatait ré-

cemment le Figaro. Le même journal titrait le 15 octobre « La Turquie choi-sit de frapper le PKK, Ankara a préféré bombarder les combattants kurdes, plutôt que les djihadistes de Kobané ». Les images des chars turcs, totalement inactifs à quelques kilomètres des combats de Kobané avaient choqué et interrogé sur l’attitude d’Ankara, avec ces bombardements le choix de la Tur-quie est désormais clair. Pour de nom-breux observateurs, le gouvernement turc engagé, depuis deux ans, dans des pourparlers de paix avec le Parti des tra-vailleurs du Kurdistan (PKK), veut tout

Seuls contre tous, les combattants kurdes résistent aux assauts des barbares de l’EI sous l’œil complice d’Obama, de la coalition et de la Turquie qui restent l’arme au pied…

vie et Ankara. Aux deux, il a promis l'aide de l'Otan en cas d'attaque. Selon le Figaro « c'est dès février 2015 que les vingt-huit ministres de la Défense devraient décider de la géométrie et des moyens du « fer de lance », l'avant-garde militaire que l'Otan veut planter en première ligne, en Pologne et dans les pays Baltes surtout, comme gage de la sécurité collective ». Tout en se gardant de chercher la « confron-tation avec la Russie » il a confi rmé la poursuite des exercices navals en mer Noire et dans la Baltique et la multiplication des manœuvres alliées à l'Est. Sans oublier l'ouverture de contributions volontaires permettant à Kiev de moderniser sa défense dans la cyber-sécurité, la logistique et les structures de commandement. Autant de mesures qui ne manqueront pas de « plaire » au maître du Kremlin qui verra ainsi s’installer aux frontières de la Russie tout un arsenal militaire.

JP Delahaye.

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LE RÉVEIL - N° 807 - OCTOBRE 2014 - 11

INTERNATIONAL LE RÉVEIL

faire pour éviter que la guerre contre l’EI ne renforce ceux qu’il considère comme ses ennemis. La résolution du Parlement turc qui autorise le recours à la force, mentionne d’ailleurs parmi les « menaces » à la sécurité du pays « le groupe terroriste du PKK ». Le pré-sident turc, Erdogan, a lui-même fait récemment un parallèle entre le PKK et Daech. Tout comme Washington et Paris pour qui le PKK reste sur la liste des organisations « terroristes »…

Tout semble indiqué que le gouverne-ment islamiste d’Erdogan laisse faire les djihadistes de l’« EI » avec le se-cret espoir de voir anéantie les forces kurdes, engagées dans les trois cantons autonomes qu’elles contrôlent, dans une expérience démocratique

Un très, très mauvais exemple pour le reste de la Turquie et de nombreux pays de la région.

JP Delahaye.

Le quotidien l’Humanité a rencontré, Februniye, 25 ans, co-maire de Mardin au Kurdistan turc. Dans son interview, elle revient sur l’expérience démocratique au Kurdistan et éclaire sur le rôle des grandes puissances. Extraits…

Comment expliquez-vous cette diffi culté à convaincre l’UE ou l’ONU à vous aider ? Vous êtes pourtant un exemple rare de tentative démocratique dans la région ?

Februniye Akyol : Oui, nous portons en nous le rêve démocratique. Mais au Kurdistan, comme dans l’ensemble du Moyen-Orient, les États impérialistes ont besoin de la guerre pour contrôler le pétrole. La paix est dangereuse pour eux. C’est pour cette raison que depuis plus d’un demi-siècle, nous avons été manipulés à travers les religions, les confl its ethniques… Or voilà que nous sommes les premiers à parler politique de manière différente : nous parlons de démocratie autonome, paritaire, représentative des confessions et des appartenances communautaires, et fondée sur un système de cantons afi n de ne pas créer de frontières entre les gens. Bien sûr, il faut aussi que les libertés individuelles soient assurées dans un tel système aussi bien du point de vue culturel que social. Or aujourd’hui, nous avons l’impression que le reste du monde ne veut pas de cette liberté au Kurdistan.

Pourquoi, selon vous ?

Februniye Akyol : Le système économique actuel prôné par les grandes puissances n’a rien à voir avec la démocratie. Qui sont les djihadistes de l’« État islamique » (EI), qui les a fabriqués ? En vérité, l’« EI » est une formidable machine à casser de la démocratie naissante. Regardez les chrétiens de Mossoul, ils voulaient aussi une autonomie et avaient tenté d’instaurer un système démocratique avant que l’« EI » n’attaque. Du côté de Sinjar aussi. Là encore Daesh a attaqué. Et maintenant, ce sont les cantons kurdes qui sont menacés. En vérité, toutes ces guerres depuis dix ans qui ont été faites au nom de la démocratie ont été faites contre la démocratie. Où sont les démocraties promises par l’occident ? Nous en avons marre que l’on nous dicte ce que nous devons faire. Nous voulons juste être libres.

Humanité du 15/10/2014

■ Zones contrôlées par l’Etat islamique■ Zones attaquées par l’Etat islamique■ Présence de combattants de l’Etat is-

lamique

1,8 million de déplacés ira-

kiens et 3 millions de réfugiés syriens, dont 215 300 en Irak, ont besoin d’une aide humanitaire au 4 septembre 2014

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12 - LE RÉVEIL - N° 807 - OCTOBRE 2014

LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Nos peines septembre 2014■ AISNE (02)- Soissons : Henri RUS, 75 ans, AC ATM. Guy VILLEFROY, 90 ans, AC 39-45 et Indochine, ancien porte-drapeau et sectaire de la section.

■ ALPES MARITIMES (06)- Menton : Michel FARAUT, AC 39-45.- Villefranche-sur-Mer : François NERI, 100 ans, ACPG 39-45 au Stalag VI.

■ BOUCHES-DU-RHÔNE (13)- Aix en Provence : Robert FELIX- St-Chamas : Jean OSMAN, AC ATM- Velaux : Elide CASERIO, 94 ans, combattante pour la Paix.

■ CORREZE (19)- Brives : Roger RAYNAL, 92 ans, Résistant.

■ COTES D’ARMOR (22)- Isolés : Mme Francine COLLOBERT

■ DORDOGNE (24)- Bergerac : Pierre DELAMARE, AC 39-45- Miallet : Jean LACOSTE- Mussidan : Guy DEL CORRAL, AC 39-45.- Perigueux : Roger GORSE- St-Priest : René JARRY, AC 39-45

■ FINISTERE (29)- Brest : Jean-Claude TRAPP, 68 ans, trésorier départemental

■ GARD (30)- Ales : Claude ALMODOVAR, AC ATM

■ HAUTE-GARONNE (31)- Toulouse-Centre : Joseph CARRERE, AC ATM

■ GIRONDE (33)- Pessac : Jean-Claude MACANUCO, 73 ans, AC ATM

■ HERAULT (34)- Montpellier : Maurice LESTELLE, AC ATM

■ LOIRE ATLANTIQUE (44)- Orvault : Germain TILAGONE, 79 ans, AC ATM

■ NORD (59)- Fenain : Claude BOURGUELLE, AC ATM. GilbertBUSIN, AC ATM. Jean FONTAINE, AC ATM. Claude MICHEL, AC ATM. François TIEFENBACH, combattant pour la Paix.- Ferrain-Vallée-de-la-Lys : Victor GRUMER-MER, AC ATM- Somain : Emile DEPREZ, 81 ans,- Solre-le-Château : Kadour CHERIFI, AC ATM. Mme Ginette HOYAUX, 76 ans.

■ HAUTES-PYRENEES (65)- Tarbes : Lucien GIROUD-GARAPON. Joseph POME, 79 ans, AC ATM.

■ PYRENEES-ORIENTALES (66)- Canet en Roussillon : Henri PONS, AC ATM.- Perpignan : Roger DELCLOS, AC 39-45. An-toine ONORATO, 74 ans, AC ATM.

■ HAUT-RHIN (68)- Mulhouse : Edmond OHNENSTETTER, 86 ans, AC 39-45. Président d’honneur.

■ HAUTE-SAVOIE (74)- Thonon-les-Bains : André BERGER, 91 ans, AC

39-45.

■ YVELINES (78)- Trappes : Gérard DEMAGNY, AC ATM, membre d’honneur du Conseil National.

■ VENDEE (85)- La-Roche-sur-Yon : René RAYNARD, 78 ans ;

■ VAR (83)- Isolés : Raymond RENIER

■ VAUCLUSE (84)- Cavaillon : Robert LOISEAU, 94 ans, AC 39-45

■ ESSONNE (91)- Igny : André LE FUR, AC ATM

■ VAL DE MARNE (94)- Choisy-le-Roi : Mombrun LAPORAL, 89 ans.

■ Conseil National- Grenoble : Mme Yvette MAREC

Cette année, le calendrier de l’ARAC rendra hommage aux combattants qui ont libéré la France de l’occupation allemande.Qu’ils soient américains, canadiens, anglais, russes, qu’ils soient combattants français ou issus

des colonies.Enfi n rien n’aurait été possible sans ceux que l’on appelle les Résistants de l’ombre. Ceux qui dès 1940 s’engagèrent dans l’action jusqu’à devenir incontournables en 1944 pour la libération de la France. Ces résistants, ces combattants sont la fi erté de la France. C’est donc à eux tous que rend hommage le calendrier au travers d’images et de photos que vous découvrirez au fi l des mois.Le 8 mai 1945, la Nation française retrouvait sa souveraineté. En 2015, pour le 70ème anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie, l’ARAC leur rend une juste reconnaissance.Disponible mi-novembre, vous pouvez sans attendre, passez commande auprès du Réveil des Com-

battants au prix de 7 euros l’exemplaire.

Bon de commandeNom : .............................................................................Prénom :............................................................................................................

Adresse : ....................................................................................................................................................................................................

Code Postal : ..................................................................Ville : ................................................................................................................

Tel : ................................................................................Mail : ................................................................................................................

Je désire …..… exemplaire(s) au prix de 7 euros l’exemplaire, soit …….… €.Joindre un chèque à la commande à l’ordre du Réveil des Combattants.

N’hésitez à commander plusieurs exemplaires pour faire plaisir à vos proches à l’occasion des fêtes de fi n d’année.

Page 13: Journal Le réveil des combattants - octobre 2014

LE CAHIER MÉMOIRE

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

N° 807OCTOBRE 2014

La LibérationEn septembre dernier, nous avons pré-senté à nos lecteurs un cahier Mémoire sur la libération. Mais les huit pages de ce document ont aiguisé la curio-sité de certains de nos jeunes lecteurs. Voici donc une nouvelle édition du Ca-hier Mémoire consacré à la libération. Elle ne couvrira pas non plus tous les événements du combat libérateur que connu notre pays lors de cette période. Mais nous nous efforçons d’alimenter un peu plus encore la curiosité de nos lecteurs qui, ainsi, seront conduits à chercher par eux-mêmes d’autres in-formations et si l’intérêt l’exige nous

pourrons éditer un troisième cahier mémoire sur ce thème.

Nous livrons cette fois des exemples d’événements saisis dans quelques dé-partements ne disposant pas de plus de place pour faire mieux. Or c’est tous les départements de France qu’il fau-drait citer car la Résistance était par-tout et c’est en se joignant à elle que la population dans sa masse a accueilli les armées libératrices tandis que par-tout les F.F.I. s’efforçaient de retarder les nazis qui voulaient aller repousser à la mer les troupes alliées débarquées en Normandie comme en Provence.

De la place qu’ils occupaient à l’époque, certaines personnalités poli-tiques ou syndicales dont malheureu-sement on ne parle pas ou très peu au-jourd’hui, ont laissé des traces écrites dont l’intérêt est indiscutable, nous en publions quelques-unes dans ce nu-méro.

En agissant de cette sorte nous nous efforçons de faire jouer au Cahier Mé-moire un rôle de metteur en valeur des événements historiques afi n de créer l’envie chez nos lecteurs de poursuivre par eux-mêmes leurs découvertes.

ÉDITO

Par Paul M

arkidès

Page 14: Journal Le réveil des combattants - octobre 2014

14 - LE RÉVEIL - N° 807 - OCTOBRE 2014

LE RÉVEIL DOSSIER

Henri Krasucki(SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA CGT DE 1982 À 1992)

Le crime de naître et de résisterIl y a cinquante ans personne n’aurait osé annoncer que ce jour-là était celui de « la fi n des combats en Europe » ! Cette plati-tude offi cielle d’aujourd’hui dés-honore ses auteurs ; elle a quelque chose de négationniste. Elle vide de contenu un événement ma-jeur de l’Histoire. Elle fait dis-paraître bourreaux et victimes. Le 8 mai, c’est le jour V. Le vrai, tant espéré des combattants et des peuples d’Europe et du monde. Le jour de la capitulation, sans conditions, de l’Allemagne hit-lérienne, coupable de dizaines de millions de morts, de souffrances inouïes, de l’asservissement et du pillage de presque toute l’Europe continentale, du génocide des juifs et des Tsiganes. C’est la li-bération de tous les peuples euro-péens, peuple allemand compris. La barbarie vaincue, la liberté victorieuse.

Pour moi, c’était le retour à la vie. Je rentrais de Buchenwald où nous nous étions libérés, le 11 avril 1945, à l’approche des armées américaines. J’étais ar-rivé à Paris le 28 avril… « J’étais revenu après cinq ans de Résis-tance : trois à Paris, le plus grand maquis de France, peut-être ; puis deux contre les tortion-

naires de Vichy, d’Auschwitz, de Jawischowitz et de Buchenwald.

Sentiment de bonheur : il faut imaginer l’ambiance de Paris, libéré depuis neuf mois. Et d’es-poir : le peuple mesurait le prix de sa liberté…

Les uns avaient commis « le crime de naître », selon le mot d’André Frossard ; d’autres, celui de résister ; certains, dont j’étais, les deux… A la sortie de l’hô-tel Lutetia, nous étions accueil-lis : embrassades, mais, aussi, questions et regards poignants des familles à la recherche de quelqu’un des leurs…

Très vite, j’avais retrouvé les premiers survivants parmi les miens, et notre logement de Belleville que des voisins et un concierge courageux avaient pu garder libre. Ce furent ensuite les retrouvailles, au fur et à mesure des retours. Des pertes lourdes. Des morts, dont mon père. Des survies, dont ma mère… Les enfants avaient été sauvés par l’UJRE. Simultanément, j’ai aussitôt retrouvé mes camarades de notre organisation de jeunes communistes qui avaient échappé aux arrestations et pu poursuivre l’action, en plus grand, et plus nombreux, sur une base uni-taire : « Ami, si tu tombes »… Nous comptions les vivants et les morts. C’était un bonheur grave. Joyeux, pourtant : la vie. J’avais vingt ans, ma sensibilité intacte et la mentalité d’un combattant. Je n’aurais pas voulu, si j’y étais resté, que ma famille ou mes co-pains soient tristes, le jour de la

victoire, mais qu’ils m’associent à leur joie. Nous avions tous cet état d’esprit.

Nous n’avions pas de vanité. Nous avions fait notre devoir, c’est tout. Les responsabilités, qu’avec d’autres j’ai eu à prendre si tôt, tenaient aux conditions de la guerre… Je savais ce qu’il avait fallu d’exploits, de sacri-fi ces pour écraser la plus terrible machine de guerre jamais mise au service de l’esclavagisme. Ce qu’il en avait coûté à l’armée et au peuple de l’URSS qui avaient subi le poids principal de la guerre et porté à l’ennemi les coups dé-cisifs ; aux armées et aux peuples britanniques, des Etats-Unis, aux Forces françaises libres et à la Ré-sistance en France et dans toute l’Europe, à l’alliance antifasciste, malheureusement refusée quand il en était encore temps, mais qui s’était fi nalement réalisée en pleine tragédie… Il fallut tout de même partir reconstituer les or-ganismes éprouvés, mais pas très longtemps. Je terminai l’appren-tissage de mon métier d’ajusteur au centre Bernard Jugault et com-mençai à travailler.

Militant CGT à l’entreprise, je consacrais l’essentiel de mon temps libre à créer ce qui a été une forte organisation de la jeu-nesse, dans le 20e arrondissement, avec une belle équipe, dont Paul Laurent. C’était l’UJRF, qui re-groupait la Jeunesse communiste et d’autres organisations issues de la Résistance. C’était très vivant, inventif, jeune et mêlé aux luttes de cette période, si fertile et exal-tante. Je faisais ainsi mes classes

Les résistants n’hésitèrent pas à sacrifi er leur vie, comme ces maquisards de Saône-et-Loire.

Les Brigades internationales ont constitué la première résistance armée contre le fascisme. La plupart des survivants participeront à la Résistance en France.

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DOSSIER LE RÉVEIL

dans l’activité syndicale et politique de masse, au grand jour. Nous étions portés par de formidables espérances pour la France et le monde. De vastes perspectives s’ouvraient pour un développement authenti-quement démocratique vers une société et un monde plus juste, plus humain et pacifi que. Il n’était pas écrit d’avance qu’elles devaient échouer. Et si les décennies qui ont suivi ont connu le cours tourmenté que l’on sait, avec de grands mo-ments porteurs de nouveaux es-poirs et de dures déceptions ; si le tableau qu’offrent la France et le monde d’aujourd’hui est si lourd d’injustices, de malheurs, de dangers ; s’il est permis d’en être inquiet, pourtant, il fallait la mener et la gagner, cette guerre contre le fascisme ! Et les leçons parlent encore aux temps présents…

Comment ne pas songer à ce que pourrait devenir la planète des hommes, dès lors qu’une volonté transformatrice, lucide, massive, des rapports sociaux, des rapports entre les peuples, imposerait des voies nouvelles, vraiment coopératives et soli-daires ? Il y a un fantastique défi à relever, et des motifs de mo-bilisation, d’invention, d’initia-tive, de combativité et de créa-tivité pour maintenant et les temps qui viennent. L’espèce humaine a su faire ou subir des tragédies, mais aussi accomplir des exploits admirables. Ce fut vrai, il y a cinquante ans. Pour quelles raisons les générations actuelles et prochaines ne sau-raient-elles pas répondre à leur époque ? »

Propos recueillispar Jean Morawski

Supplément à l’Humanitédu 8 mai 2005

Essonne

Chilly-MazarinL’arrivée de la 2e DB

C’est au petit matin de ce 24 août 1944 qu’une rumeur feutrée parcourt la petite commune de Chilly-Mazarin d’alors, pour s’étendre peu à peu dans les proches environs. Laissant présa-ger cette libération tant attendue et désormais toute proche : « Ils arrivent ! ».

Ce sont bien des soldats de la 2e Division Blindée qui ont été aperçus sur les hauteurs de Lon-gjumeau. L’apparition de la co-lonne des blindés du Maréchal Leclerc est imminente. Après avoir traversé le Gâtinais, elle progresse en Hurepoix puis en Seine-et-Oise, remontant ainsi par la nationale 20, itinéraire dé-signé pour atteindre la capitale. Depuis qu’ils ont passé Arpajon, les éléments éclaireurs observent un à un les hameaux d’alentours, « ratissant » chaque îlot de mai-sons, à la recherche d’une pré-sence éventuelle de l’occupant allemand à déloger.

Ainsi, du fait de leur proximité, par la complicité dans l’action et le même souci de résister à l’oc-cupant, on ne peut manifeste-ment pas dissocier Longjumeau de Chilly-Mazarin, ces deux agglomérations aux frontières communes, dans le déroulement de cette dure journée mêlée sans doute d’un sentiment d’inquié-tude pour quelques-uns, mais journée de joie tant espérée pour beaucoup d’autres.

Ce combat de l’ombre, commun aux deux villages, va porter enfi n ses fruits. Il est à peine 7 heures quand, dans le halo diffus de ce matin, les premiers éléments de la 2e DB atteignent les abords

de Longjumeau. Quelques ins-tants plus tard crépitent déjà les premiers échanges de fusillades semblant provenir des hauts de la ville, suivis d’autres encore et en d’autres endroits.

Tout au long de la matinée, plusieurs détonations se font entendre çà et là, sans que l’on puisse en localiser précisément la provenance. Les forces avan-cées de la 2e DB venant d’in-vestir Longjumeau apparaissent bientôt aux regards médusés des habitants de la ville. Et pour cause : parmi les combattants, ils distinguent des hommes issus de toutes origines : des Répu-blicaines espagnols, des Polo-nais, des Nord-Africains, des Africains, etc. Tous combattent depuis de longs mois aux côtés des soldats français, se trouvant là encore au sein de cette co-lonne de la liberté. Nombreux parmi eux sont des Résistants de la « 1re heure » (1940-1941) engagés dans les combats contre le nazisme, les troupes d’occu-pation hitlériennes et le régime de collaboration de Pétain. Dans leur engagement pour la liberté, certains d’entre eux, hélas, tom-beront sous les balles allemandes au cours des échanges meurtriers de cette matinée. Combattants ci-vils ou militaires, des hommes et des femmes y laisseront leur vie mais resteront à jamais présents dans les mémoires de la ville li-bérée. Il n’est que de se rendre à Longjumeau, au plus haut des ronds-points après l’hôpital. Là, sur le trottoir de gauche, est édi-fi ée une stèle en leur hommage. Les noms, aux diverses conso-nances, nous apparaissent gra-vés dans la pierre. Comme aussi

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cette plaque du souvenir accolée au mur de la Grande Rue, qui nous rappelle ce combattant polonais tombé ici, fusillé.

Mais ces « accrochages » n’arrê-teront pas l’armée de Leclerc qui poursuit sa progression par la Na-tionale 20, forçant son chemin en direction des localités qui bordent son itinéraire désormais intan-gible.

A 10 heures, la première Jeep américaine ayant à son bord des soldats français de l’armée du Maréchal Leclerc, et venant de Longjumeau, fait son apparition dans l’avenue Mazarin.

Extrait d’une publicationdu Conseil municipal

et de l’ARACd’août 2008

La libération du Maine-et-LoireAprès les combats de Saumur, le Maine-et-Loire est occupé par les Allemands à partir du 21 juin 1940. Au lendemain de la déroute française, ces derniers installent à Angers et ses alentours le siège de leur administration militaire (qui a autorité sur 17 départements du grand ouest), le quartier général de la Luftwaffe pour la zone Atlan-tique et celui de la Kriegsmarine pour l’Atlantique et la Manche. Angers devient un centre admi-nistratif et militaire de première importance.

Durant quatre longues années, les Angevins sont soumis à l’ar-bitraire et aux désirs de l’occu-pant : Responsable de la désor-ganisation économique, celui-ci pille les richesses du département ce qui aboutit à la pénurie des produits de première nécessité. Cette situation, qui se répète dans tout le pays, pousse les autorités françaises à organiser le ration-nement et la taxation des denrées de consommation courante. L’ab-sence des soldats angevins pri-sonniers en Allemagne entraîne l’effondrement des productions agricoles et industrielles dans le département.

La population, privée de liberté et de droits, est surveillée et mise au pas par les Nazis et le régime de Vichy. Ensemble, ils mènent une répression sans faille et imposent en France une politique raciste.

En Anjou, l’internement des Tsi-ganes devient une réalité dès le 8 novembre 1941 avec l’ouver-ture d’un camp à Montreuil-Bel-lay. En juillet et octobre 1942, des rafl es organisées dans l’ouest prennent pour cible les juifs. Plus de huit cents d’entre eux, enfer-més d’abord dans les locaux du Grand séminaire à Angers, sont déportés le 20 juillet en direction d’Auschwitz. Ce sinistre épisode marque la rupture entre la popula-tion locale et le gouvernement de Vichy, complice de l’opération.

La Résistance, d’abord spontanée, marginale et individuelle, s’orga-nise en réseaux. En Anjou, l’action clandestine se caractérise davan-tage par la recherche de renseigne-ments que par des actions armées. La Gestapo traque ces combattants de l’ombre qui connaissent la pri-son, la torture, les exécutions som-maires et la déportation. Les ar-restations massives de l’automne 1943 et du printemps suivant dé-capitent la Résistance angevine.

Aux premiers mois de l’année 1944, il paraît évident qu’un se-cond front va s’ouvrir à l’ouest d’autant plus que les Allemands ont essuyé des revers sur le front russe, en Afrique et en Italie.

Le 6 juin 1944, les Alliés dé-barquent sur les côtes de Norman-die dans le cadre de l’opération « Overlord ». Malgré la peur des

bombardements et des combats, la population angevine espère être ra-pidement libérée…

1944, des miliciens viennent d’arrêter

un résistant. La Milice, créée en

1943 par Laval est le fer de lance de

l’appareil répressif de Vichy. Elle

traque les résistants, maquisards, juifs,

communistes et réfractaires au STO,

et multiplie les exactions avec une

cruauté inouïe.

Nord-Pas de Calais

« Pas d’Allemands dans les corons ! »

En 1944, Otello Troni, maire ho-noraire de Billy-Montigny, ancien conseiller général du Pas de Ca-lais (PCF), faisait partie des FTP-MOI (Francs-tireurs partisans de la main-d’œuvre immigrée). Il sou-ligne le rôle héroïque de la corpo-ration minière dans la libération de la région.

Bien avant la Seconde Guerre mondiale, le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais s’est construit comme une terre de lutte, de so-lidarité et de fraternité. Ce n’est donc pas un hasard si, de toute l’Europe occupée, le bassin mi-nier du Nord-Pas-de-Calais a été la

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première région à déclencher une grande grève en pleine occupation. Plus de 100 000 mineurs se sont mobilisés entre le 26 mai et 11 juin 1941(1) pour paralyser la produc-tion industrielle alors au service des Allemands. Dans cette période, cette grève est un événement poli-tique sans équivalent dans l’Europe sous domination nazie. Durant les trois semaines qu’a duré la grève, la corporation minière a infl igé à la machine de guerre allemande une perte de plus de 500 000 tonnes de charbon. La répression, bien sûr, fut terrible, mais arrestations et déportations n’ont pas empêché le développement de l’organisation armée de la Résistance, animée principalement par les commu-nistes et les syndicats de gauche, la CGT notamment.

Deux militants communistes et combattants exemplaires, Charles

Debarge, dans le Pas-de-Calais et Eusébio Ferrari, dans le Nord, abattus tous deux, l’un par un sol-dat allemand, l’autre par la police de Vichy, ont donné l’exemple. Ils ont ainsi donné naissance à d’autres mouvements de résis-tance, tels que les mouvements Libération et Voix du Nord. Le mouvement de résistance le plus actif dans le bassin minier fut tou-tefois sans contexte celui des FTP (Francs-tireurs et partisans), qui assenèrent durant les quatre an-nées d’occupation, des coups mor-tels à la machine de guerre nazie.

Le Nord-Pas-de-Calais, zone oc-cupée, avait été déclarée zone in-terdite par l’occupant nazi parce que la région représentait un enjeu stratégique énorme, en temps de guerre, du fait de son industrie houillère et sidérurgique. Les Al-lemands faisaient travailler la cor-

poration minière dans des condi-tions épouvantables. Etant donné la tradition de lutte du bassin mi-nier, la corporation minière s’est engagée dans une résistance très dure.

Il est essentiel de rendre hommage au courage des mineurs et des ré-sistants du Nord-Pas-de-Calais. On parle beaucoup des mouve-ments de la Résistance à Paris ou dans le Vercors, mais on oublie trop souvent la bataille qui a été menée par la corporation minière pendant la grève de 1941. A Bil-ly-Montigny, les femmes de mi-neurs sont venues manifester face aux mitrailleuses allemandes, dans l’avenue des grands bureaux où les mineurs venaient déposer leurs re-vendications. Il fallait le faire ! Le Nord-Pas-de-Calais a eu un mode de résistance qui n’était pas celui des grands maquis des régions du

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sud de la France. On le connaît moins bien. Mais la Résistance y a pris une forme farouche et fron-tale : les Allemands n’osaient pas mettre les pieds dans les corons.

Lorsque les troupes alliées sont ar-rivées dans le Nord-Pas-de-Calais, toutes les villes du bassin minier étaient déjà libérées. Les Alliés n’ont pas eu à mener de batailles armées. Elles ont pu gagner plus rapidement la Belgique. Les mou-vements de résistance, animés pour une large part le Parti communiste illégal, ont lancé une grande grève insurrectionnelle huit jours avant l’arrivée des Alliés pour accélé-rer la libération du Nord-Pas-de-Calais. Les syndicats clandestins avaient structuré la corporation minière et toutes les industries. Nous arrivions à l’aboutissement de quatre années de guerre, quatre années d’occupation. A l’annonce de la libération de Paris, le 25 août 1944, les syndicats illégaux, la CGT en tête, puisqu’elle était ma-joritaire dans le bassin minier, ont appelé à l’arrêt de toutes les pro-ductions : les puits de mine, les usines et les centrales. Du 25 août au 2 septembre, les résistants ont occupé les centres de production industrielle mais aussi les centres névralgiques de l’administration, comme les mairies et les postes.

Qui étaient ces résistants ? Des mineurs, bien sûr, mais aussi des ouvriers de la sidérurgie et des em-

ployés. Et puis des ouvriers immi-grés qui n’ont pas hésité à s’enga-ger auprès des résistants français. La population minière était alors composée environ à 60 % de Fran-çais et à 40 % de main-d’œuvre immigrée. Avant guerre, l’indus-trie charbonnière avait fait appel à de main-d’œuvre polonaise, ita-lienne, et de divers pays d’Europe centrale. Certains de ces ouvriers issus de l’immigration s’étaient engagés dans les groupes armés. Pour mener les huit jours de grève insurrectionnelle, l’état-major des FTP français et de la MOI ont adopté une ligne commune.

En août 1944, les Allemands étaient en pleine déroute. Le dé-barquement du 6 juin avait large-ment entamé leurs forces. Paris venait d’être libéré. Harcelés par les mouvements de résistance, les allemands n’étaient plus en mesure de gérer l’insurrection qui désorganisait les usines et les administrations. Voyant le vent tourner, les autorités d’occupation vichystes de Pétain avaient cessé de les soutenir et commençaient à délaisser le camp qui, après avoir été victorieux, était manifestement en pleine débandade. La situation avait complètement changé : les Allemands n’étaient plus en me-sure de réprimer la grève comme ils avaient pu le faire en 1941.

Le 2 septembre 1944, à Bil-ly-Montigny, les troupes alliées

Prisonniers allemands capturés à St-Bertrand-de-Comminges et gardés à Juzet d’Izaut par des éléments du maquis d’Aspet.

Oise

Secteur de MouyLe peuple de Paris déclenche l’in-surrection nationale et, malgré le manque d’armes, les Parisiens jouent un rôle énorme dans la li-bération. Les hommes, les femmes rivalisent d’ardeur à la construction des barricades et au coup de feu sur l’ennemi. Celui-ci, pris de panique, est chassé de la capitale avec l’aide de l’armée Leclerc, qui complète la victoire de nos vaillants FFI.

Leur glorieux exemple et la féro-cité des répressions allemandes ont provoqué chez les jeunes et adultes un état de fi èvre qui les a poussés à l’action, malgré la très forte concentration de troupes en-nemies se repliant à travers notre

n’ont fait que traverser très rapide-ment sous les applaudissements de la population, une ville déjà libérée par les mouvements de résistance. Après quatre années d’oppression, Billy-Montigny a accueilli dans la joie et l’allégresse les premiers chars canadiens, américains et anglais. Toujours les localités du Nord-Pas-de-Calais étaient libé-rées le 4 septembre.

Mais il ne faut pas oublier le lourd tribut que la corporation minière a payé pour la libération du pays. Dans le Pas-de-Calais, 218 fusil-lés sont tombés dans les fossés de la citadelle d’Arras. Une grande majorité d’entre eux étaient des militants communistes. La localité de Billy-Montigny, 8 000 habitants, n’a pas été épargnée : 28 fusillés et des dizaines de déportés et internés entre 1940 et 1944. »

Propos recueillispar Claude Ravant

Humanité du 6 juin 2004

(1) Autrement dit avant l’invasion d’une partie de l’Union soviétique par les troupes allemandes.

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région. En coopération avec les groupes d’action, ces nouvelles unités participent aux sabotages des voies de communication, routes, chemins de fer, destruction des pancartes, badigeonnages au goudron des plaques indicatrices, etc, et les lignes téléphoniques sont rendues complètement inutilisables par l’action conjuguée de tous les groupes.

Le canon allié gronde tout près ; les Allemands en pleine déroute, sans esprit combattif, ne peuvent oppo-ser aucune résistance. Les Améri-cains, accompagnés de quelques maquisards, sont déjà sur le plateau dominant la vallée du Thérain sur Mouy, Balagny et les environs. Des prisonniers ont été faits dans les opérations avancées.

A Balagny, où est établi provisoi-rement notre quartier, il ne reste plus aucun Allemand ; le dernier est capturé par mon commandant de compagnie, Dembrevalle même.

Une liaison m’avertit qu’à Mouy, des groupes de boches se pro-mènent en toute tranquillité dans les rues de Paris et le centre de la ville et semblent attendre impa-tiemment l’arrivée des Américains qui, du haut de la côte de Noailles, n’osent approcher.

D’urgence je convoque mes lieute-nants pour envisager une action de force pour nettoyer cette ville de ses derniers occupants. A l’instant même, un envoyé de la Résistance de ce pays, l’adjudant Duval, me communique cet ordre : « Il ne faut attaquer les Allemands à aucun prix : c’est un ordre des alliés, pour éviter des représailles. L’ordre est formel » soi-disant des alliés.

La rage au cœur, depuis des mois, des années nous avons toujours ac-centué la lutte contre l’attentisme, un de nos plus terribles ennemis. Et la veille de la libération, ce même obstacle persiste dans son rôle né-faste qui, d’ailleurs, redoublera d’efforts le jour même, contre la

justice légale pour la punition des traitres.

Après une brève discussion, je donne le commandement du can-ton de Mouy, avec l’approbation de l’Etat-Major FTPF au lieute-nant Dembrevalle, un vaillant chef de la Résistance.

Plusieurs plis viennent de me par-venir, émanant de mes groupes régionaux, me donnant des nou-velles rassurantes.

A Beauvais, 80 jeunes s’arment sur l’ennemi et, en liaison avec le FN et le PC, déclenchent un for-midable assaut. Les boches ont 14 tués, 144 prisonniers dont 9 mili-ciens et plusieurs chars sont dé-truits à l’aide d’explosifs.

A Liancourt, des groupes ennemis sont anéantis et du matériel est capturé.

A Laigneville, récupération d’une mitraillette et de plusieurs fusils.

A Noyon, les jeunes se lancent dans la bagarre ; ils récupèrent un important matériel et font 14 pri-sonniers.

A Montataire, diverses actions de sabotage ont été exécutées : cou-pures des routes, coups de feu sur l’ennemi. Deux FTP ont été tués et un autre blessé.

A Thourotte, la section des jeunes veut empêcher 12 Allemands de faire sauter le pont du Plessis. Les responsables d’un groupe de Ré-sistance du pays leur interdisent formellement toute action, de peur de représailles.

Comme à Mouy, on retrouve de ces attentistes qui contrecarrent tous les plans des vrais patriotes.

Après avoir donné quelques ordres, je résolus de passer la ligne de défense des Allemands, sise entre Balagny et Bury, pour aller rejoindre des groupes encore avec l’ennemi. En cours de route, je fus arrêté plusieurs fois. Avec diffi cultés, je réussis à passer. La

dernière arrestation eut lieu au car-refour de Bury-Liancourt ; j’étais accompagné du sergent Buffalo. Ils s’aperçoivent que des papiers sont truqués et veulent m’arrêter comme espion. La face blême de colère, je me remémore toutes nos actions passées et nous voir arrêtés si brutalement à ce jour ! Avec l’arrogance d’un partisan, sachant que cela nous serait fatal. Après une très longue discussion, ils consentent à nous relâcher, sans savoir la bonne prise qu’ils auraient faite. Nous étions armés, porteurs d’ordres de missions et des brassards FFI.

Enfi n, de retour à Mouy, cette fois libérée, je trouve la population fê-tant joyeusement nos libérateurs ; enfi n l’on respire. De tous les ma-quis, les FFI descendent dans les rues de nos villes, de nos villages, pour chasser le boche exécré. Ces hommes sont tous joyeux de re-trouver, après si longtemps, la sa-tisfaction d’être entouré d’amis et de vivre en liberté, récompense de leurs durs efforts.

Toute la population arbore les trois couleurs françaises et celles des Alliés, si longtemps conservées pour saluer au grand jour nos glo-rieux combattants.

Nos pensées vont, en ce jour de gloire et de joie, à nos frères qui se sont sacrifi és pour que la France soit présente au rendez-vous de la victoire sur le fascisme barbare et préparer des « lendemains qui chantent ».

Gloire à nos héros FFI !Vivent nos vaillants alliés !En avant pour l’extermination ra-pide de tous nos ennemis !Vive une France libre, confi ante et heureuse !

Déclaration des jeunes FTPFdu Chef du Détachement

« Gaston Fournival »Jeune résistant assassiné

le 27 juin 1944Secteur de Mouy

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Somme

AmiensJusqu’au dernier moment, les jeunes aux côtés de leurs aînés ont sacrifi é généreusement leur vie pour hâter la défaite des occu-pants et de tous leurs complices. Daniel Magrina, responsable de la Jeunesse communiste dans la Somme, rapportant la libération d’Amiens, écrivit par exemple :

« La libération de la capitale pi-carde a eu lieu le 31 août. De fortes détonations déchiraient l’air : les Allemands faisaient sauter toutes les installations mi-litaires. A l’aube du 31, des coups de feu et des tirs de mitrailleuses craquaient, venant du centre de la ville, et nous fûmes étonnés de ne pas voir ou presque d’Allemands. Bientôt, nous apprenions que l’on se battait à l’hôtel de ville et à la poste. Les jeunes ont tous parti-cipé aux combats, les uns isolés, les autres par groupes de trois ou quatre. Les jeunes postiers, avec les adultes, se sont emparés de la poste et ont fait prisonniers les Allemands qui s’y trouvaient. A la citadelle, les jeunes ont fait le coup de feu. D’un groupe de quatre membres des FUJP, trois furent abattus par une mitrailleuse qu’ils n’avaient pas repérée. Il y eut un mort et deux blessés (escar-mouche du pont de la Citadelle). Les adultes, parmi lesquels il y avait aussi des jeunes, ont sauvé le pont Bauviller, ils ont expulsé les Allemands sans qu’ils puissent

le faire sauter ; à midi, toute résis-tance avait cessé. Nous accom-pagnons avec une quinzaine de jeunes le représentant FUJP à la préfecture. Par la suite, on s’em-ploie à la destruction de quelques groupes isolés… »

Daniel Magrina, jeune commu-niste d’origine espagnole, avait d’abord, à partir du début fé-vrier 1944, assumé une responsa-bilité sur le département de l’Eure sous le pseudonyme de « Jean » et il s’était particulièrement consa-cré au développement du Front patriotique de la jeunesse. A partir d’avril, il fut muté dans la Somme où, suite à des arrestations, il fut chargé, sous le pseudonyme de « Cartier » ou « Kartier », de re-nouer des contacts ce moment interrompus. Il procéda encore au même moment à l’installation à Beauvais d’un local doté d’une ronéo pour le tirage de nos pu-blications. Participant, fi n juillet, avec les FTP, à l’élimination d’un dénonciateur responsable de l’ar-restation de plusieurs patriotes, il fut blessé aux jambes d’un coup de feu. Il fut ensuite affecté à la liaison entre le département et l’inter-région. Pour ma part, je devais bientôt m’apprêter à rega-gner Paris libéré, Paris en fête, où je reçus de l’état-major du colo-nel Rol Tanguy tous les papiers, ordres de mission et moyens né-cessaires pour pouvoir circuler et prendre en charge de nouvelles taches.

Extraits du livre de Jean Collet, « A 20 ans dans la Résistance ».

Responsable de la Résistance inter-région Normandie-Picardie.

Premier Maire adjoint communiste de Vitry-sur-Seine de 1965 à 1991

après avoir été conseiller municipal de 1959 à 1965.

VERCORSCe qu’a écrit legénéral Eisenhower dans ses mémoiresDans un de ses livres une chose im-portante, il dit : « compte tenu de la tempête qui sévit au temps même du débarquement, il était capital de retarder ce qui aurait permis à l’ennemi de faire converger vers la Normandie, les armées nécessaires à faire piétiner et reculer les troupes alliées. Si les Unités de l’Intérieur, (dont la principale fut celle du Ver-cors) n’avaient pas résisté, immo-bilisant les renforts ennemis aux alentours de cette forteresse natu-relle au centre de la France, le des-tin du débarquement aurait pu être renversé ».

Ce que le Général de Lattre de Tassignya dit le 11 juillet 1946 à VassieuxSept cents Français reposent sur cette terre sacrée, militaires ou ci-vils tombés en pleins combats ou victimes de tortures ignobles.

Devant tant de misères et de deuils peut-être, certains d’entre vous se demandent s’ils n’ont pas payé trop cher le rachat de la patrie.

Gardez-vous de penser que vos souffrances ont été vaines, elles ont été l’un des facteurs de notre vic-toire.

La Résistance Vercors est à placer aux premiers rangs des innom-brables opérations qui marquèrent le sursaut bouleversant de la na-tion, répondant à l’appel du Géné-ral de Gaulle, pour hâter l’heur de la délivrance.

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VOS DROITS LE RÉVEIL

Commission nationale d’attribution de la carte du combattantLa Commission s’est réunie les 16 et 17 septembre dernier à l’ONAC, aux Invalides à Paris. Elle a examiné 9 774 dossiers, attribué 8 667 cartes et émit un avis défavorable à 1 101 demandes. André Fillère a participé à ces travaux.

Les cartes attribuées concernent 17 AC 39-45, Indochine 24, ATM 3436, OPEX 5 190 ; dont 1 383 Afghanistan (opérations « Heracles », « Pamir » et « Epidote ») 1612, Côte d’Ivoire (opérations « Trident » et ONUCI), 1147, Ex-Yougoslavie (opérations « Trident », « Salamandre », « Astrée » et « Proxima »), 379 Tchad (« Tacaud, Silure, Manta, Epervier »), 210 Liban « Daman » et « Baliste », etc.

● A noter que, parmi les 3 436 attri-buées pour les ATM (127 Maroc, 46 Tunisie et 3 263 Algérie) fi gurent 1 496 cartes concernant un séjour « à che-val » sur la date du 2 juillet 1962. Ce qui porte le total, depuis février 2014, à 8 145… alors que les prévisions (qui se-ront dépassées) annonçaient seulement 8 400 cartes possibles.

● Les 1 101 avis défavorables concernent des OPEX (579), des ATM (398), des AC 39/45 (49), l’Indochine (6) et 69 Hors périodes.

● Depuis février 2014, près de 30 100 dossiers ont été examinés. 27 417 cartes ont été délivrées, dont 13 472 à des AC de plus de 65 ans, parmi lesquels

Veuves de Grands InvalidesEn application de la loi de fi nances pour 2013, « un rapport ministériel (article 97) devait être remis au Parle-ment, au plus tard le 1er juin 2013, sur la situation des conjoints survivants des plus grands invalides de Guerre (CSGI) dont l’indice de pension était supérieur ou égal à 2000 points ».

Le 19 mars 2014, le contrôleur gé-néral des Armées Jean Tenneroni a remis au Ministre délégué chargé des Anciens Combattants une note portant évaluation du nombre de conjoint sur-vivant des grands invalides de guerre. Il ressort, selon lui, que « le rapport de l’UFAC est beaucoup plus proche de la présente estimation pour les indices les plus élevés, car il part d’une connais-sance du terrain acquise notamment dans la mise en œuvre des mesures des lois de fi nances pour 2011 et 2012 ».

Dont acte, l’estimation UFAC portant sur :- 902 veuves de conjoints pensionnés à plus de 2000 points

- 27 : à plus de 10 000 points- 17 : à plus de 11 000 points- 80 à plus de 12 000 points

● Rappelons que l’UFAC « demande que, dans le cas où l’indice de pen-sion du blessé est – à son décès – égal ou supérieur à 2000 points, qu’il soit attribué au conjoint survivant une pension de 50 % de celle obtenue par l’invalide, et que la majoration de l’Article L18 (L 52.2 du Code PMI) soit accordée au conjoint survivant ».

Sachant que, selon le rapport du Contrôleur général des Armées Jean Tenneroni, « les trois quarts ont plus de 80 ans et près d’un tiers plus de 90 ans », il y a urgence à leur don-ner satisfaction. Le gouvernement entendra-t-il leurs voix ? Quant au Parlement… Se contentera-t-il des 50 points de revalorisation des majo-rations spéciales prévus dans le projet de budget 2015 des ACVG ? On est encore loin du compte.

229 OPEX. Ces attributions concernent 14 174 OPEX, 13 115 ATM, 52 AC 39-45 et 72 Indochine.

● Ces résultats s’inscrivent déjà en forte hausse sur 2013, alors que 2014 n’est pas encore terminée, (+ 5 049 pour les ATM et + 2 644 toutes catégo-ries confondues).

● La prochaine Commission se réu-nira le 18 décembre 2014.

Projetde budget 2015des ACVGLe projet de budget des ACVG a été rendu public le 2 octobre dernier. A nouveau en baisse, il contient ce-pendant trois mesures nouvelles et l’annonce d’une « autre refonte » - parallèle à celle du code PMI (voir article du présent Réveil) - dont le coût (4,2 M€) est minime comparé à la chute des crédits (- 225 M€) sur 2014. Et la « suite » est déjà programmée avec deux baisses successives prévues pour 2016 et 2017, soit respectivement 114 M€ et 113 M€. En clair, de 2013 à 2017, le budget des ACVG aura été amputé de plus de 533 M€.

L’ordre même de présentation et la place laissée à chaque chapitre éclaire net-tement les priorités du gouvernement quant aux ACVG.● D’abord « Mémoire-Culture et lien Armée-Nation » 17 pages !● ACVG 3 pages…● OPEX 2 pages● Rapatriés et Harkis 3 pages.● ONAC 4 pages

Et, dans tout cela, RIEN pour rattra-per le retard de la valeur du point PMI (« rapport constant »), pour une réelle et

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22 - LE RÉVEIL - N° 807 - OCTOBRE 2014

LE RÉVEIL VOS DROITS

juste application de la campagne double aux ATM concernés, pour les veuves de guerre, les orphelins, etc.

MESURES NOUVELLES

➢ Revalorisation des majorations spé-ciales de pension des conjoints survi-vants de grands invalides (Article 48).

● Revalorisation de 50 points dès le 1er janvier 2015, puis 50 points en 2016 et 2017 (coût 0,7 M€ en 2015, puis 1,3 M€ en 2016 et 2017). Elle concerne les conjoints survivants de grands Inva-lides Article L.18, bénéfi ciaires des allo-cations n° 5 bis/b ou 5 bis/a.

● Condition de durée de mariage et de soin ramenée de 15 à 10 ans.

● Commentaire : on est loin de la re-vendication défendue par l’ARAC (et l’UFAC) à savoir 50 % du montant de la pension allouée au grand invalide décédé totalisant plus de 2000 points.

➢ Majoration forfaitaire des mon-tants de l’allocation de reconnaissance en faveur des anciens supplétifs et de leurs familles. (Article 49)

● Revalorisation de l’allocation de re-connaissance de 167 € (coût 1 M€) dans le cadre d’un plan d’action « Harki », lequel prévoit également d’aider les enfants de Harkis à obtenir une retraite complète.

● Commentaire : le tout quittant les pré-fectures pour être confi é à l’ONAC, ses missions et celles des services départe-mentaux, se renforcent en même temps que la dotation pour service public dimi-nue. Une constante…

➢ Attribution de la Carte du Combat-tant aux militaires ayant servi 4 mois au moins en OPEX (article 50).Cette mesure entrera en vigueur à comp-ter du 1er octobre 2015 (coût : 0,4 M€ en 2015, puis 6,3 M€ en 2016 et 6,9 M€ en 2017)L’ARAC prend acte de cette mesure qu’elle fut la première à réclamer.

➢ ONAC

Le gouvernement se félicite de « l’effort de 1,5 M€ en faveur de l’action sociale

de l’ONAC-VG permettant l’aide versée aux conjoints survivants les plus défa-vorisés ».

Cette ADCS – « refondue » en A2CS – voit son plafond porté à 984 euros à compter du 1er janvier 2015. Sauf que, selon nous, le seuil de pauvreté est à 993 euros et non à 977.

● Sauf que, cette A2CS sera versée à par-tir des fonds sociaux propres à l’ONAC et non plus d’une dotation spécifi que budgétaire. Et que les bénéfi ciaires n’au-ront plus droit aux aides sociales clas-siques de l’ONAC !

Faisons les comptes :2013 : ADCS versées 3 530. Coût 3 758 879 € (source, 2013 rapport d’ac-tivité ONACVG. Page 27)1,5 M€ d’alloués 2015 pour 3,76 M€ dé-pensés en 2013 ?Conclusion, si en 2014 le coût ADCS est confi rmé, l’ONAC devra puiser plus de 2 M€ dans les fonds pour secours alloués aux ACVG. Donc, réduire le nombre d’aides et leur montant.

INACCEPTABLE !!!Les parlementaires se doivent de voter un amendement abondant le budget des crédits manquants.

A NOTRE AVIS

Ce budget doit être « enrichi » au cours des débats à l’Assemblée Nationale, tant en ce qui concerne les mesures annon-cées (Veuves grands invalides, conjoints survivants) que celles qui n’existent tou-jours pas et devraient enfi n y fi gurer : rattrapage de valeur du point de pension, campagne double, veuve de guerre, or-phelins, etc.Ami(e)s lecteurs et lectrices, intervenez auprès de vos députés et sénateurs.

Le point de pension PMI porté à 13,96 eurosLa valeur du point servant au calcul du montant des pensions militaires d’in-validité (PMI), de la retraite du combattant et du plafond des rentes mutua-listes Anciens Combattants a été porté à 13,96 euros à compter du 1er janvier 2014 (Arrêté du 17 septembre 2014, J.O. du 26 septembre). Cette augmenta-tion de 2 centimes du point sera rattrapée sur les arrérages concernés à venir.

Pensions PMI et retraitesdu Combattant

de 20 % à 35 % de retard !L’augmentation de 2 centimes de la valeur du point PMI (13,96 au lieu de 13,94) à compter du 1er janvier 2014 ne change fondamentalement rien au retard considérable des pensions mili-taires et des retraites du combattant, dont l’évolution a été détournée depuis 1990 et qui stagnent depuis 2010, date depuis laquelle aucune augmentation n’a été accordée à la Fonction Publique qui sert de référence à l’évolution du point PMI.

En effet, à ce jour, le retard d’évolu-tion de ce point PMI depuis 1990 se chiffre dans une fourchette de 3,53 euros et 7,51 euros par point (soit de 20,45 % à 34,98 %) selon que l’on prend pour base le fonctionnaire classé AST1 (« héritier » de l’Huissier de Mi-nistère en fi n de carrière ou le salaire médian de la catégorie C, référence de masse nous concernant.

Et ce gouvernement, comme les pré-cédents hélas ! se refuse à s’asseoir à la table de concertation… ne serait-ce que pour contester nos chiffres. C’est pourtant un élément fondamental puisqu’il concerne le montant de TOUTES les pensions PMI (Anciens Combattants, veuves, ascendants, or-phelins, Hors-Guerre, victimes civiles de guerre, etc) et celui du plafond ma-jorable des rentes mutualistes AC.

Alors camarade Hollande, Cama-rade Valls, on s’assoit un moment en-semble ?

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LE RÉVEIL - N° 807 - OCTOBRE 2014 - 23

VOS DROITS LE RÉVEIL

De « refonte » en « refonte »Que restera-t-il du Code des PMI ?

En théorie, M. Bodin (Secrétaire géné-ral pour l’Administration du Ministère de la Défense) avait annoncé, le 30 avril dernier, que la « refonte » se ferait à « droit constant ». Elle est inscrite dans le cadre de la Loi de Programmation Militaire qui prévoit qu’elle devrait être terminée avant le 19 décembre 2015 et ratifi é avant le 19 juin 2016. Après la réunion du 30 avril, chaque Associa-tion devait recevoir – au début de l’été – le projet de Code PMI « refondu » par l’administration de la Défense. Les Associations devaient disposer alors d’un délai de trois semaines pour faire connaître leurs observations et sugges-tions avant transmission du projet à la Commission Supérieure de Codifi ca-tion (CSC).

L’été, pour la Défense, commençant sans doute en automne, le projet en question (plus de 600 pages portant sur environ 400 articles !) ne fut reçu que le… 24 septembre (!!!) assorti du rappel que la CSC se réunirait le… 14 octobre, soit 20 jours plus tard !!!

La REFONTE met les ACVG HORS-JEU➢ Les délais

Alors que l’administration de la Défense travaille sur ce dossier depuis 3 ans, elle n’accorde que 14 jours ouvrables aux ACVG pour étudier cette « brique » de papier. C’est « mission impossible » ! Et de façon délibérée, le gouvernement sa-crifi e le droit à réparation des OPEX qui seront – demain – les usagers de ce code PMI « refondu ». C’est inacceptable.

Sans réelle concertation avec le mouvement ACVG, le gouvernement s’emploie à une « refonte » du Codes des Pensions Militaires d’In-validité (PMI) qu’il entend faire appliquer par la loi d’habilitation et des ordonnances, sans que les Parlementaires – et encore moins les ACVG ! – aient leur mot à dire. Inacceptable !!!

PENSION D'INVALIDITE AU TAUX DE SOLDATValeur du point : 13,96 € - à partir du 1er janvier 2014

Pourcentage indices Montant mensuel

INVALIDITE de 10 à 80 %10 % …………….. 48 55,8415 % …………….. 72 83,7620 % …………….. 96 111,6825 % …………….. 120 139,6030 % …………….. 144 167,5235 % …………….. 168 195,4440 % …………….. 192 223,3645 % …………….. 216 251,2850 % …………….. 240 279,2055 % …………….. 264 307,1260 % …………….. 288 335,0465 % …………….. 312 362,9670 % …………….. 336 390,8875 % …………….. 360 418,8080 % …………….. 384 446,72

INVALIDITE de 85 à 100 % avec ou sans Allocation G.M.avec allocations aux grands invalides 1, 2, 3 et 4 selon le taux

85 % ss all GM 489 568,87 av all GM 625 727,0890 % ss all GM 522 607,26 av all GM 745 866,6895 % ss all GM 574 667,75 av all GM 872 1 014,43100 % ss all GM 628 730,57 av all GM 1000 1 163,33

➢ Le fondDans la situation actuelle, il est clair que – malgré les dénégations offi cielles – le « droit constant » ne sera pas res-pecté. Non seulement le secret médical des dossiers PMI ne serait plus totale-ment assuré, mais le droit à réparation lui-même pourrait être modifi é demain par le gouvernement, de façon autori-taire.

En effet, de très importantes dispo-sitions du domaine législatif (L) se-raient déclassifi ées vers le domaine réglementaire, soit par décret en Conseil d’Etat (R), soit par simple décret (D). Ce qui entraine une véri-table atteinte au fondement du Droit à Réparation en conférant à l’Exécutif (le gouvernement) le droit exorbitant – sans aucun contrôle du Parlement – de modifi er à sa guise les conditions dans lesquelles les droits des pensionnés – notamment des OPEX – seront établis et honorés.

L’ARAC dénonce cette « refonte » et appelle le Mouvement ACVG à un Front Uni de lutte contre cette manœuvre indigne et scandaleuse.

INVALIDITE à 100 % avec degrés de surpension (art L .16) avec ou sans allocation G.M et avec allocations aux grands invalides n° 5

100 % +1° sans all GM 928 1 079,57 avec all GM 1139 1 325,042° sans all GM 947 1 101,68 avec all GM 1180 1 372,733° sans all GM 966 1 123,78 avec all GM 1221 1 420,434° sans all GM 985 1 145,88 avec all GM 1262 1 468,135° sans all GM 1004 1 167,99 avec all GM 1303 1 515,826° sans all GM 1023 1 190,09 avec all GM 1344 1 563,527° sans all GM 1042 1 212,19 avec all GM 1385 1 611,228° sans all GM 1061 1 234,30 avec all GM 1426 1 658,919° sans all GM 1080 1 256,40 avec all GM 1467 1 706,6110° sans all GM 1099 1 278,50 avec all GM 1508 1 754,31par degré en plus sans all GM 19 22,10avec all GM 41 47,70

INVALIDITE à 100 % avec article L. 18 + all. G.I 5 bis (a)avec ou sans GM (1)

100%+ L.18 sans all GM 1 838 2 138,21100%+ L.18 avec all GM 2 189 2 546,54

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24 - LE RÉVEIL - N° 807 - OCTOBRE 2014

LE RÉVEIL VOS DROITS

INVALIDITE à 100 % avec article L.18 + art.L.16+ all.G.I 5 bis (a) + G.I. 6 avec ou sans GM (1)

100% +1° sans all G.M. 1908 2 219,64 avec all G.M. 2289 2 662,872° sans all G.M. 1978 2 301,07 avec all G.M. 2369 2 755,943° sans all G.M. 2048 2 382,51 avec all G.M. 2449 2 849,004° sans all G.M. 2118 2 463,94 avec all G.M. 2529 2 942,075° sans all G.M. 2188 2 545,37 avec all G.M. 2609 3 035,146° sans all G.M. 2258 2 626,81 avec all G.M. 2689 3 128,207° sans all G.M. 2328 2 708,24 avec all G.M. 2769 3 221,278° sans all G.M. 2398 2 789,67 avec all G.M. 2849 3 314,349° sans all G.M. 2468 2 871,11 avec all G.M. 2929 3 407,4010° sans all G.M. 2538 2 952,54 avec all G.M. 3009 3 500,47par degré en plus sans all G.M. 70 81,43avec all G.M. 80 93,07

INVALIDITE à 100 % avec article L.18 + all G.I. 5 bis (b) attribuée aux aveugles, bi-amputés, paraplégiques sans ou avec allocation G.M.(1)

100% + L.18 sans all G.M. 1929 2 244,07100% + L.18 avec all G.M. 2280 2 542,20INVALIDITE à 100 % avec article L.18 + art. L.16 + all G.I. 5 bis (b) + G.I 6

attribuée aux aveugles, bi-amputés, paraplégiques sans ou avec allocation G.M. (1)

100% +1° sans all G.M. 1999 2 325,50 avec all G.M. 2380 2 768,732° sans all G.M. 2069 2 406,94 avec all G.M. 2460 2 861,803° sans all G.M. 2139 2 488,37 avec all G.M. 2540 2 954,874° sans all G.M. 2209 2 569,80 avec all G.M. 2620 3 047,935° sans all G.M. 2279 2 651,24 avec all G.M. 2700 3 141,006° sans all G.M. 2349 2 732,67 avec all G.M. 2780 3 234,077° sans all G.M. 2419 2 814,10 avec all G.M. 2860 3 327,138° sans all G.M. 2489 2 895,54 avec all G.M. 2940 3 420,209° sans all G.M. 2559 2 976,97 avec all G.M. 3020 3 513,2710° sans all G.M. 2629 3 058,40 avec all G.M. 3100 3 606,33par degré en plus de 10sans all G.M. 70 81,43avec all G.M. 80 93,07(1) A ces totaux s'ajoute éventuellement l'une des all. G.I. N° 8 (de 368 à 800 points selon le taux ou la nature de l'infi rmité). L'all.G.M servie est soit l'all. prévue selon le taux, soit certaines all. spécifi ques (ex: 982 points pour aveugles) si cette all. est plus avantageuse.

INDEMNITE DE SOINS AUX TUBERCULEUXde soins 916 1 065,61de ménagement 458 532,81de reclassement et de ménagement au taux plein 687 799,21 au taux réduit 275 319,92

RETRAITE DU COMBATTANT Annuelle 48 670,08Semestrielle 335,04

LES PENSIONS D'ASCENDANTSascendants âgés de moins de 65 ansTaux plein 213 247,79demi-taux 106,5 123,90

ascendants de plus de 65 anstaux plein 243 282,69demi taux 121,5 141,35majoration pour chaque enfant décédé en sus du premier

45 52,35PENSIONS DE CONJOINT SURVIVANT AU TAUX DE SOLDAT

(art.121 de la loi de fi nances pour 2004) AU TAUX NORMAL

Conjoints survivants de victimes militaires (de guerre ou hors guerre) et de victimes civiles de guerre, quel que soit leur âge, dont le droit à pension découle de l'imputabilité ou dont le conjoint était pensionné à 85 % avec all. aux Grands Mutilés (G.M.)

515 599,12Conjoints survivants de victimes militaires (guerre ou hors guerre) et de victimes civiles de guerre, quel que soit leur âge, dont le conjoint était pensionné à 85 % sans allocation G.M.

504 586,32AU TAUX DE REVERSION

Conjoints survivants de victimes militaire (guerre ou hors guerre) de moins de 40 ans, bénéfi ciant du taux de reversion,

333 371,30Conjoints survivants de victimes militaire (guerre ou hors guerre) de plus de 40 ans, bénéfi ciant du taux de reversion, dont le conjoint était pensionnéau taux de 70% 336 374,64au taux de 75% 360 401,4au taux de 80% ………. 384 428,16Conjoints survivants de victimes militaire (guerre ou hors guerre) quel que soit leur âge, bénéfi ciant du taux de reversion, dont le conjoint était pensionnéau taux de 65% ………. 312 362,96au taux de 60% 288 335,04

AVEC SUPPLEMENT EXCEPTIONNELVeuves de déportés mort en déportation, et de prisonniers du Viet-Minh mort en captivité, sans condition d'âge et de ressources

667 775,94Conjoints survivants âgés d'au moins 50 ans ou infi rme remplissant la condition de ressources

667 773,72MAJORATION POUR LES CONJOINTS SURVIVANTS

TITULAIRES DE L'ARTICLE L.18 (tierce personne) Conjoints survivants pensionnés justifi ant de 15 ans de mariage et de soins, dont le conjoint était bénéfi ciaire de l'article L18 (tierce per-sonne) avec l'allocation n° 5 bis (b) et était donc : aveugle, ou amputé de deux membres, ou paraplégique

350 407,17Conjoints survivants (autres que ceux ci-dessus) pensionnés justifi ant de 15 ans de mariage et de soins, dont le conjoint était bénéfi ciaire de l'article L 18 (tierce personne) avec l'all. n° 5 bis (a)

260 302,47LES IMPLACABLES

Allocation aux grands invalides n°9, dite allocation aux implaçables, n'est pas d'un montant fi xe. En effet, elle représente pour le bénéfi ciaire la différence entre ses revenus (pension et autres) et le montant produit par la multiplication de la valeur du point et de l'indice 1500 s'il est âgé de 65 ans ou de l'indice 1200 s'il a plus de 65 ans

Ainsi par exemple, un pensionné à 90 % sans allocation G.M. bénéfi cie d'une pension d'invalidité calculée sur l'indice 522, S'il n'a pas d'autres ressources que sa pension, et s'il est âgé de moins de 65 ans, le montant mensuel de son allocation n° 9 sera calculée comme suit : 522X13,92/12 = 605,52€

les ressources globales autorisées sont fi xées sur la base de l'indice 1500 multipliées par la valeur du point de pension en vigueurannuelle 1500 20 880,00 €mensuelle 1500 1 740,00 €en retranchant de cette somme le montant mensuel de la pension (1740€ - 605,52€), on obtient la valeur mensuel de l'allocation n°9

1 134,48 €montant mensuel des ressources autorisées, indice 1500 1500 1 740,00 €indice 1200 1200 1 392,00 €

Nota : calcul du montant de la retraite du combattant : on multiplie l'indice (48) par la valeur du point (13,96€) pour trouver le montant annuel soit 48 X 13,96 = 670,08 €

Page 25: Journal Le réveil des combattants - octobre 2014

L’ARAC aujourd’hui, c’est :

● l’action pour préserver et garantir les valeurs de la République, les acquis du CNR mis à mal aujourd’hui,● la défense des droits, anciens combattants, des OPEX, et victimes de guerre,● combattre les causes de la guerre, œuvrer pour la paix, l’amitié, la solidarité entre les peuples,● s’engager contre le fascisme et toutes les tentatives d’extrême droite● travailler pour la transmission de la mémoire, car qui comprend son passé peut construire sereinement son avenir.● donner à chacun les moyens de se construire une opinion et ainsi d’agir en connaissance de cause.

L’ARAC est une organisation vivante, moderne, portant les valeurs de notre histoire, celles de la Nation, celles écrites aux frontons de nos mairies : Liberté, Egalité, Fraternité.

Dans le monde d’aujourd’hui, préserver et développer l’ARAC, c’est défendre et garan-tir la souveraineté nationale, la démocra-tie, l’avenir de la France.

MERCI DE PRÉCISERLE MODE DE RÈGLEMENT :● par chèque à l’ordre de l’ARAC,

en un ou plusieurs règlements, avec les dates d’en-caissement souhaitées.

● par prélèvement bancaire, avec le montantde votre prélèvement (mensuel ou trimestriel) :merci de joindre un RIB.

● dès réception de votre règlement,nous vous adresserons une attestationde contribution et un reçu fi scal.

Nous vous rappelons que vos dons ouvrent droit à une déduction fi scale de 66 %

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A retourner à : ARAC - 2 place du Méridien - 94800 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11 - [email protected]

Octobre 2014

SOUSCRIVEZPour l’ARAC de demain

Arac Départementale de l’Ardèche (07) : 300 €Arac Départementale de Seine-St-Denis (93) : 2 000 €

Arac section La Trinité (06) : 35 €Arac section St Etienne Montplaisir (42) : 100 €Arac section La Courneuve (93) : 100 €Arac section de Tremblay-en-France (93) : 50 €

Abonnés Réveil : Paul Delpierre – 50 €, Lucien Neveu – 100 €,Allier (03) : Jean Marambert – 20 €,Alpes de Haute Provence (04) : François Claude – 50 €,Alpes-Maritimes (06) : Alfred Gozzi – 50 €,Côte d’Or (21) : Pierre Gaudillat – 50 €,Côte du Nord (22) : Fernand Sireau – 50 €,Finistère (29) : Yves Derrien – 50 €,Gard (30) : Guy Chabrol – 30 €, Daniel Dajon – 100 €,Haute-Garonne (31) : Colette Debette – 100 €,Hérault (34) : Gilbert Mouret – 50 €, André Donon – 100 €,Loire (42) : Lucien Montagnon - 50 €

Loire-Atlantique (44) : Maurice Bonnet – 120 €,Maine-et-Loire (49) : Marguerite Durand – 30 €,Moselle (57) : Marcel Vandewalle – 20 €Nord (59) : Claude Guéry – 50 €, Louis Varasse – 10 €,Pyrénées-Atlantiques (66) : Robert Evrard – 50 €, Yvonne Sevens – 50 €,Paris (75) : Marie-Catherine Zazzali – 100 €,Rhône (69) : Pierre Lukaszewski – 50 €,Saône-et-Loire (71) : André Marquis – 50 €,Sarthe (72) : Pierrette Chaufour – 50 €, Gaston Lethielleux – 100 €, Guy Reversat – 100 €Savoie (73) : Robert Baudin – 50 €, Gérard Jupin – 50 €,Tarn (81) : René Gomez – 50 €,Essonne (91) : Louis Anchuelo – 50 €,Seine-St-Denis (93) : Francis Hellio – 50 €,Val de Marne (94) : François Bretagne – 100 €, Marcel Deglaire – 30 €Val d’Oise (95) : Mathias Majerus – 150 €,Conseil National : Marcel Chamaillard – 50 €, Alain Nicolas – 50 €,

Page 26: Journal Le réveil des combattants - octobre 2014

LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Bouches du Rhône (13)

Les 25, 26, 27 septembre 2014 dans le cadre de la mémoire, l’ARAC 13 avec sa section de St Marcel et la mairie des 11e-12e, ont organisé 3 journées de vi-sites, expos, fi lms, débats, conférences. 2 jours consacrés aux élèves avec notre président d’Honneur Michel CACIOTTI ancien résistant. 3e journée visite du pu-blic, plusieurs centaines de personnes, piquet d’honneur des marins pompiers,

reconstitution, défi lé de véhicules civils et militaires avec troupe d’époque. Re-mise de la médaille du débarquement en Provence par la députée-maire Valé-rie BOYER à trois anciens qui ont dé-barqué en août 1944, tous membres de l’ARAC. Merci au comité de Marseille de l’ANACR et au club philatéliste de Septèmes-les-Vallons pour leurs expos ainsi qu’à l’ONAC 13.

Bourg en Bresse (01)Comme chaque année, les anciens com-battants du 1er bataillon francs-tireurs et partisans de l’Ain se réunissent à Coligny en Assemblée Générale. Pour l’anniversaire de la bagarre de Moulin des ponts un cortège s’est dirigé vers le monument aux morts, les pompiers et harmonie ouvraient le défi lé, qui com-prenait huit drapeaux, derrière les élus et de très nombreux habitants. Un long discours rappelant ces moments de ter-reur, fait par un ancien résistant FTP.

Dans un deuxième temps, Mme Tré-mouilhac une ancienne résistante, a reçu des mains de M. Perrier la mé-daille de l’ARAC. Puis l’harmonie a interprété les hymnes traditionnels pour clôturer cette cérémonie.

les néo-fascistes en s’attaquant à Manouchian salissent la mémoire des combattants pour la liberté.

Marseille (13)Le buste de Manouchian profané

En juin, le buste de Missak Manouchian, commandant FTP-MOI, résistant com-muniste fusillé avec ses camarades par les nazis au Mont-Valérien, avait été affublé anonymement d’une croix gam-mée.

Le 6 septembre, c’est cette fois en plein jour et à visage découvert qu’un grou-puscule néo-fasciste, le Mouvement national « Nouvelle aurore », s’en est pris au monument. Très fi ers d’eux, les nazillons ont publié sur Internet deux jours plus tard une vidéo de leur profa-

nation dans laquelle ils ont pris soin de se rendre non-identifi ables.Pour Jean-Marc Coppola, élu commu-niste de Marseille. « La communauté arménienne est touchée, les commu-nistes sont touchés, toutes les victimes du fascisme et du nazisme sont touchées par cet acte commis l’année où l’on cé-lèbre le 70e anniversaire de la Libéra-tion », réagit-il.« Ces groupes doivent être dissous mais il faut aller plus loin. Mener une politique qui fait reculer la violence, la haine, le racisme et tous les inté-grismes », ajoute-t-il.Pour lui, « il faut rendre aux mots leur sens. Les patriotes ce sont ceux, étran-gers ou non, qui ont défendu la liberté de la Nation, du peuple français, contre l’occupant nazi et la collaboration. »Le patriotisme, Manouchian, avec ses camarades de l’affi che rouge, en est la plus belle expression.Le combat contre la haine raciale et la résurgence du fascisme est celui de l’A.R.A.C.

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Loire-Atlantique (44)18 septembreFête des retraitésL’ARAC et la Mutuelle étaient présentes

27 septembre – Forum des associations CoueronL’ARAC et la Mutuelleétaient présentes Marseillan (34)

ORMCM : Etoile d’or à Jean-Baptiste OUZEAULe 25 septembre dernier, Joseph Cano, membre d'honneur du Conseil national de l’ARAC et celui de la Mutuelle, remettait l'Etoile d'or de l'ORMCM à J. B. Ouzeau, président du Comité local de l'ARAC. Comme l'a rappelé, le président dé-partemental, Maurice Moréno, J B Ouzeau est un militant des plus méri-tants : pupille de la nation, il a connu son père gazé de la guerre de 14/18

et s'est donc voué à la lutte pour la paix. Ancien de la guerre d'Algérie il estima naturel d'adhérer à l'ARAC où se confortèrent ses convictions républicaines Très connu et estimé à Marseillan, il était aussi militant à la coopérative viticole, à la société du 3e âge, celle des enfants de troupe. Près de 40 ans au service des mar-seillanais, cela mérite bien un coup de chapeau !

Oradour sur Glane (87)Le 5 septembre dernier, André Chassaigne – député, pré-sident du groupe communiste à l’Assemblée Nationale et une délégation de parlementaires étrangers ont été accueil-lis par M. Robert HEBRAS (un des 6 rescapés du massacre d’Oradour-sur-Glane).

Solre-le-Château (59)La Maison de la citoyenneté a ac-cueilli le comité départemental de l’Association républicaine des an-ciens combattants (ARAC). Après les discours d’usage, Jean-Claude Waxin, président de la section de Solre-le-

Chateau, a reçu l’Étoile d’or de l’Of-fi ce républicain civique et militaire. Cette distinction lui a été remise par Bernard Hannecart, président du co-mité départemental, et Raphaël Vahé, président national.

Saint-Jal (19)La section intercommunale de l’ARAC de Saint-Jal était présente à Ségur le Château ce samedi 27 septembre pour participer à l'hommage rendu au Général POUYADE et son héroïque escadrille Normandie-Niemen. On notait la présence de Marie-José Cappoen, présidente départemen-tale de l’ARAC de Corrèze. L'épouse de Pierre Pranchère a donné lecture d’un message.

Gérard Cappoen (avec le drapeau de la section de Clergoux) et Michel Agnoux (avec le drapeau de la sec-tion de Saint-Jal).

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VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Saint-Martin-du-Var (06)Convivialité et bonne humeur au "banquet" annuel de l'ARACC'est dans le cadre champêtre du restau-rant " L'ou Castelet" que s'est déroulé le "banquet" annuel des amis de l'ARAC, organisé par l'association éponyme de Saint Martin du Var.Cette manifestation de "Rentrée", dé-sormais traditionnelle, a accueilli une cinquantaine de convives réunis autour d'un repas, pour un après-midi détente, ludique et confraternel. Parmi les par-ticipants on devait noter la présence de M. Nathan Savali, représentant M. Hervé Paul maire de Saint Martin du Var ainsi que Mme Fhorterre et M. Michel Chevallier, conseillers munici-paux.Le président Roger Bailet tint à remer-cier l'ensemble de l'assistance pour sa fi délité vis à vis de cette manifestation, organisée pour resserrer les liens entre la section locale de l'ARAC et la po-

pulation saint-martinoise, à l’heure où l’ampleur des confl its qui menacent la paix du monde s’intensifi ent. Il devait particulièrement remercier Le maire Hervé Paul et la municipalité pour la subvention annuelle accordée, indis-pensable au bon fonctionnement de l'association, mais également pour l'at-tention manifestée et l'aide conséquente

apportée à toute initiative, comme ce fut le cas, lors de l'exposition en mai-rie consacrée à "La Résistance dans les Alpes maritimes". Depuis, l’ARAC locale s’étant dotée d’un exemplaire de l’exposition nationale consacrée à la guerre de 14—18, un colloque autour de celle-ci est d’ailleurs en prépara-tion. Alex PUVEREL

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LE RÉVEIL - N° 807 - OCTOBRE 2014 - 31

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Les animaux dans la grande guerreJean-François Saint-Sébastien – Edition Sutton – 23 €

Dans cette guerre 14-18, des hommes… et des chevaux, des chiens, des pigeons, des mulets et des ânes, autant de victimes de la folie guerrière. Et puis d’autres aussi, pour leur sucer le sang : toto (poux), puces, mouches, mites, rats, cafards, etc.Illustré en abondance, ce livre consacre une large part aux chevaux, aux chiens (forma-tion, garde, messager, détecteur de gaz, sa-nitaire), leurs décorations (croix de guerre), les chiens « mort pour la France », leur dé-mobilisation, etc. Les pigeons voyageurs ne sont pas oubliés (24 130 disponibles dès 1917, dont 20 000 tués dans l’exercice de leur fonction) et, naturellement, « Vail-lant » (matricule 787-15) décoré de la bague d’honneur (aux couleurs de la Légion d’Honneur), dernier pigeon du commandant Raynal pour son ultime message du fort de Vaux. Un chapitre sur « les mascottes » traite des chats, des lionceaux, des singes, des chèvres, des ours, des sangliers et même d’un éléphant… selon la nationalité des uni-tés. Les mots pour les décrire relèvent sou-

vent de l’argot militaire (la boîte de singe, le chien de quartier, etc.) et peut traiter d’engins antipathiques (le cheval de frise, le hérisson, etc.) ou devenir propagande, cari-cature (cochon de boche, John Bull Dog le chien anglais, le coq français, des pioupious aux poussins, les aigles, le lion belge, etc.)Et, pour fi nir, se souvenir de nos frères les animaux : monuments, stèles, plaques, commémorations. Dans le Pas de Calais, un mémorial aux animaux morts pen-dant les guerres, à Neuville-les-Vaucou-leurs (Meuse) à la mémoire des ânes, Lille (les pigeons), Anvers (Belgique), Chi-pilly (Somme), Laon (le lion allemand), Thiaucourt (Meuse, l’aigle américain), Manetz (somme, le dragon gallois), Beau-mont-Hamel (Somme, le caribou canadien), Sainte-Menehould (Marne, le chien senti-nelle), sans oublier Drapeau et Dick, chiens de tranchées inhumés au cimetière animalier d’Asnières-sur-Seine.Pour conclure, laisser la parole à Otto DIX, célèbre artiste, peintre allemand notant dans

son journal : « Des poux, des rats, des barbe-lés, des puces, des grenades, des bombes, des cavernes, des cadavres, du sang, de l’eau-de-vie, des souris, des chats, des gaz, des canons, de la crotte, des balles, des mor-tiers, du feu, de l’acier, voilà ce que c’est la guerre ! Tout ça est une œuvre du diable ! »

Tous bandits d’honneurRésistance et Libération de la Corse – Juin 1940-Octobre1943Maurice Choury – Ed. Alain Piazzola – 12 euros

Maurice Choury (1912-1969), jeune com-muniste, rédacteur en chef de « l’avant-garde », était le beau-frère et compagnon de luttes de Danielle Casanova. En 1942, il est membre du comité corse du Front National pour la Libération de la France et respon-sable de la zone sud.Le 9 septembre 1943, il lance l’ordre d’in-surrection qui fi t d’Ajaccio la première ville de France libérée de l’occupation nazie. C’est dire s’il ne pouvait qu’être l’auteur privilégié et compétent du livre relatant la Résistance et la libération de la Corse. De ce

récit, Arthur Giovoni – Président du Front National (le vrai) corse sous l’occupation et député-maire communiste d’Ajaccio à la libération – témoigne : « les faits qu’il men-tionne sont des faits réels, contrôlés auprès des acteurs et par les acteurs eux-mêmes… C’est l’histoire véridique de la Résistance Corse. »Cette 4e édition est particulière parce qu’en-richie par la reproduction de dizaines de do-cuments recueillis au cours de patientes re-cherches par Hyacinthe et Isabelle Choury, ses enfants. Ces documents – certains inédits – occupent 80 pages et sont aussi passion-nants, instructifs et bouleversants que le récit lui-même : journaux clandestins, lettres, ordres de mission, directives politiques et militaires, décisions de responsables com-munistes et non communistes qui sont unis dans le Front national, tracts en italien des-tinés aux soldats d’occupation, lieux de parachutages, messages de radio-Londres, et aussi la liste des 250 martyrs de la Résis-tance pour la libération de la Corse.Moins connus du grand public, cette nou-velle édition éclaire les raisons politiques des divergences stratégiques qui opposèrent – le 5 août 1943 – les responsables communistes

aux représentants du Comité Français de Libération nationale au sein même du Front national Corse. Les communistes voulaient préparer l’insurrection populaire ; ceux du CFLN, obéissant aux ordres d’Alger, pré-féraient temporiser dans l’attente d’un futur débarquement des troupes alliées. Mais, trois semaines plus tard – dans la nuit du 8 au 9 septembre – les responsables communistes lançaient au peuple corse l’appel à engager le combat « partout et sans délai ». Et les cour-riers échangés entre Annibal (Choury) et Luc (Giovoni), ainsi que le message du général Giraud témoignent de la part déterminante prise dans le combat libérateur du premier département français arraché aux griffes de l’occupant. Avec le général Gambiez – créateur du bataillon de choc débarqué en Corse – à Ajaccio même – par le sous-marin « Casabianca » qui signe la postface de cette édition, affi rmons que « un hommage mérité (ayant) été rendu à Fred Scamaroni, à Jean Nicoli, à Paul Colonna d’Istria, au comman-dant L’Herminer, il ne serait que juste de le rendre à Maurice Choury », Lieutenant-Co-lonel FFI qui refusa, en juillet 1944, un poste de préfet sur le continent… pour s’engager dans l’armée et poursuivre le combat.

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