le journal le réveil des combattants - novembre 2012

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Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix PALESTINE-ISRAËL LA POUDRIÈRE 17 OCTOBRE 1961 LA RÉPRESSION ENFIN RECONNUE 1914-1918 LA GUERRE Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre Novembre 2012 - N°788 - 5 e DES COMBATTANTS l e réveil FIN DE LA GUERRE D’ALGÉRIE : 19 mars, journée officielle de commémoration 50 ans de luttes unies 19 MARS

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Le journal le réveil des combattants - novembre 2012

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Page 1: Le journal le réveil des combattants - novembre 2012

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

PALESTINE-ISRAËLLA POUDRIÈRE

17 OCTOBRE 1961LA RÉPRESSION ENFIN

RECONNUE

1914-1918LA GUERRE

Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre

Novembre 2012 - N°788 - 5 e des combattantsle réveil

FIN DE LA GUERRE D’ALGÉRIE :19 mars, journée officielle de commémoration

50 ans de luttes unies

19MARS

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LE RÉVEIL - N°788 - NOVEMBRE 20122 -

LE RÉVEIL ACTUALITÉACTUALITÉ

Comité départementalCharente-Maritime (17) : 150 €

SectionsArcueil (94) : 150 €Brétigny (91) : 50 €Corbeil (91) : 180 €Limours (91) : 100 €Epinay-sur-Orge (91) : 40 €Fouesnant (29) : 100 €La Courneuve (93) : 100 €Saint-Chamond (42) : 200 €Villejuif (94) : 200 €

Abonnés RéveilALPES-MARITIMES (06)Ipponich Henri – 60 €

ARDÈCHE (07)Charpentier Marc – 20 €

AUDE (11)Pages Serge – 10 €

BOUCHES-DU-RHÔNE (13)Comti Marius – 20 €Iride Benoit – 50 €La Capria François – 20 €Richard Claude – 50 €

EURE (27)Girard Stella – 43 €Rautureau Claude – 50 €

HAUTE-GARONNE (31)Larrieu Jean – 100 €

GIRONDE (33) : Dominguez Hugues – 50 €

HÉRAULT (34)Cano Joseph – 100 €Houles Suzanne – 50 €

ILLE-ET-VILAINE (35)Leblanc Jacques – 50 €

INDRE (36)Lelot Lucienne – 20 €

LOIRE (42)Montagne Louis – 50 €

NIÈVRE (58)Boyer Guy – 100 €Vavon Henri – 50 €

PAS-DE-CALAIS (62)Grevet Jules – 50 €

PUY-DE-DÔME (63)Pédard Fernand – 50 €

RHÔNE (69)Besset Etienne – 50 €

SAÔNE-ET-LOIRE (71)Gaydon Georges – 40 €Marquis André – 50 €Rey Raymond – 50 €

SARTHE (72)Lethielleux Gaston – 50 €Vuillemin Maurice – 50 €

HAUTE-SAVOIE (74)Sublet Simon – 50 €

PARIS (75)Huard Raymond – 50 €

SEINE-MARITIME (76)Lefebvre Michel – 50 €

ESSONNE (91)Carcenac Gérard – 10 €Podechard Claude – 50 €Vanbesien Jean – 50 €

HAUTS-DE-SEINE (92)Maurice Albert – 100 €

VAL-DE-MARNE (94)Demaya Sauveur – 100 €Krouck Sam – 100 €Le Guellec Marie-Hélène – 30 €

CONSEIL NATIONAL (99)Aragon Roger – 50 €Boitelet Christian – 50 €Delhoume Michel – 20 €

Souscription nationale6e liste de souscripteurs (7 novembre 2012)

RC

Vous êtes Ancien Combattant titulaire de la Carte du Combattantet/ou duTitre de Reconnaissance de la Nation (TRN),veuve,orphelin,ascendant de“Mort pour la France”.

Vous désirez protéger votre famille comme

vous-même en transformant votre épargne

en une rente mutualiste d’avenir.

La Mutuelle deRetraites del’A.R.A.C.

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Si vous êtes intéressé(e) et si vous souhaitezrecevoir une documentation plus complète,adressez le coupon ci-dessous à :Mutuelle de l’Arac - 2, place Méridien94807 Villejuif cedex - Tél : 01 42 11 11 [email protected]

Je souhaite recevoir des renseignementssur la rente mutualiste.

Nom :

Prénom :

Date de naissance : ........../........../..........

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Code Postal :

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� Carte du Combattant.Date de délivrance : ........../........../..........

� Titre de Reconnaissance de la Nation.Date de délivrance : ........../........../..........

� Veuve, Orphelin, Ascendant,de “Mort pour la France” à titre militaire.

Campagnes :� Indochine � 1939-1945� Conflits modernes � ATM (1952-1964) �

Agissant en tant qu’intermédiaire entrela Caisse Nationale de Prévoyanceet ses adhérents :la Mutuelle de Retraites de l’AssociationRépublicaine des Anciens Combattantspermet de se constituer une rente.

• Non imposable et revalorisée chaque année

• Subventionnée par l’Etat de 12.50 à 60%

• Cumulable avec toute autre pension ou retraite

• Avec des versements déductibles en totalitéde vos revenus imposables

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Page 3: Le journal le réveil des combattants - novembre 2012

LE RÉVEIL - N°788 - NOVEMBRE 2012 - 3

ÉDITOÉDITO LE RÉVEIL

SOMMAIRE

P. 13 D O S S I E R

1914-1918La guerreSes causes, ses effets, ses conséquences.

LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse

Mensuel de l’Association républicainedes anciens combattants et victimes de guerre.Commission paritaire n° 0713-A 06545Édité par les Éditions du Réveil des CombattantsSARL au capital de 45 734,41 - Siret : 572 052 991 000 392, place du Méridien, 94807 Villejuif cedexTéléphone : 01 42 11 11 12Télécopie : 01 42 11 11 [email protected]

Tirage : 60 000 exemplaires

Gérant Directeur de la publication : Raphaël Vahé • Directeur délégué - Rédacteur en chef : Patrick Staat • Comité de Rédaction : Brigitte Ca-névêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Laurence Gorain• Service photos : Jean-Claude Fèvre • Administratrice : Annick Chevalier • Secrétariat de rédaction, conception gra-phique : Escalier D Communication • Impres-sion : RIVET P.E. - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

I l est temps de poser la question des nationalisations, pour la si-dérurgie comme pour d’autres

activités industrielles pour résister à la pression des marchés. N’en déplaise à certains, et le MEDEF n’est pas le seul à s’en offusquer, l’idée de la nationalisation fait son

chemin. Des économistes trouvent du sens à cette initiative en raison de son caractère hautement stra-tégique.Il est indispensable pour l’avenir de la France de préserver et de développer une filière sidérurgique et métallurgique solide. Croire que nous pourrions nous approvisionner auprès des pays émergents est dangereux. Dangereux pour les secteurs industriels comme les transports (automobile, ferroviaire, aéronautique…), l’énergie (nucléaire, énergie durable), la construction navale, l’armement, le bâtiment… Il s’agit de préserver et de dynamiser l’ensemble de ces entreprises pour garder et développer nos compétences, notre savoir-faire. L’enjeu stratégique est tel qu’il y a urgence à réinstaller dans les écoles et les universités des forma-tions de métallurgistes, d’ingénieurs, en contact étroit avec le monde industriel. Seul un effort volontariste permettra de former des ingénieurs et techniciens de haut niveau.Rappelons-nous que c’est dans les périodes de redres-sement de la France que nous avons nationalisé des entreprises, et qu’à chaque fois elles se sont accompa-gnées d’avancées sociales et de nouveaux droits pour les salariés.Pourquoi les nationalisations nuiraient-elles à l’at-tractivité de la France alors que la sauvegarde par nationalisation temporaire de groupes bancaires ou automobiles a été menée aux États-Unis, en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas de 2009 à 2010 pour préser-ver leur outil, sans que personne n’y trouve rien à redire ? Ce qui serait bon pour les autres ne serait pas bon pour la France ? Allons-nous avoir le courage et la détermination pour prendre la décision qui s’impose ?Cette volonté d’indépendance constitue un obstacle à la construction d’une Europe fédérale, mais est un atout pour la nation. Nous défendrons résolument l’indépendance industrielle de la France.A la veille du 70e anniversaire du CNR, l’ARAC dit : « Oui, deux fois oui, aux nationalisations qui préservent et garantissent la souveraineté et l’avenir de la France ». Rendre à la nation la maîtrise des principaux moyens de production et d’échanges, mettre le monde du tra-vail au centre de la nation, tel était le sens du CNR en 1943.

Patrick Staat

NATIONALISER ?UN CHOIX RESPONSABLE !

Actualités p. 4Valeur du point PMI : un léger relèvement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4La misère persiste en France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5Sauver l’aide alimentaire européenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5Le 19 Mars : reconnaissance officielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6Souverainiste, souveraineté ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8Non à la guerre ? Certes ! Mais… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

International p. 10Argentine : perpétuité pour 6 tortionnaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10L’Allemagne, pays riche, peuplé de pauvres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10Nobel de la paix : le prix de la honte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11Palestine-Israël : la poudrière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

Vos droits p. 21Conseil d’administration de l’ONAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21Tableau des pensions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

Vie de l’ARAC p. 22Vie des comités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2217 octobre 1961 : la répression enfin reconnue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25Nos peines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

Magazine p. 31

RC

Vous êtes Ancien Combattant titulaire de la Carte du Combattantet/ou duTitre de Reconnaissance de la Nation (TRN),veuve,orphelin,ascendant de“Mort pour la France”.

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Campagnes :� Indochine � 1939-1945� Conflits modernes � ATM (1952-1964) �

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LE RÉVEIL - N°788 - NOVEMBRE 20124 -

LE RÉVEIL ACTUALITÉSACTUALITÉS

Valeur du point PMI et retraites du combattantUn léger relèvement Un arrêté du 12 octobre 2012 a officiali-sé un relèvement de 4 centimes d’euro de la valeur du point d’indice servant au calcul du montant des pensions PMI, de la retraite du combattant, du plafond majorable des rentes mutualistes AC, à compter du 1er janvier 2012.Le point PMI vaut donc 13,91 euros (au lieu de 13,87) à compter du 1er janvier 2012, et les pensions et retraites du combattant bénéficieront donc d’un « rattrapage » de 4 centimes par point sur l’année.Le plafond majorable des rentes mu-tualistes AC se trouve, de ce fait, porté à 1 739 euros. Cette très modeste « ral-longe » vient « récompenser » l’intense travail fourni par l’ARAC et sa Mutuelle auprès du nouveau gouvernement et des députés à qui nous nous sommes adressés individuellement à plusieurs reprises, tandis que nous entretenions un dialogue soutenu avec certaines et certains élu(e)s de tous les groupes.Si nous apprécions cette mesure, elle ne saurait faire oublier pour autant que, suite au détournement depuis 1989 du système de « rapport constant » devant régir harmonieusement l’évolution du point PMI en fonction d’un traitement de référence de la fonction publique, le retard du point PMI est de 41,80 % et devrait se situer à 19,725, soit une perte de 5,815 euros par point PMI !Plus que jamais donc, et fort du geste « symbolique » obtenu du nouveau gouvernement, poursuivons notre campagne publique pour obtenir un nouveau rattrapage dès le 1er janvier 2013 et la réunion d’une commission tripartite (gouvernement, élus, mouve-ment anciens combattants) pour faire le bilan du système, le remettre à plat et reconstruire un véritable rapport constant, respectueux du droit à répa-ration de tous les anciens combattants, de toutes les victimes de guerre, hors guerre et civils de guerre.

Le 19 mars 1962 prenait officiellement effet un cessez-le-feu qui mettait fin à huit ans de guerre en Algérie.

Un double référendum venait bientôt conforter cette décision. Le 8 avril 1962, les Français approuvaient à plus de 90 % le choix du Président de la République d’alors, le Général de Gaulle. Le 1er juillet 1962, les Algériens se prononçaient, eux aussi, pour l’indépendance de leur pays qui fut proclamée le 5 juillet.

La vie politique française sera longtemps marquée par les séquelles de cette guerre. Ainsi durant 50 ans, l’ARAC, la FNACA et l’ANCAC, chacune à leur façon, ont apporté leur contribution pour obtenir la reconnaissance officielle du 19 mars comme Journée nationale du souvenir et du recueillement, en mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie.

L’adoption par le Sénat, ce 8 novembre 2012, de la proposition de loi votée par l’Assemblée nationale, le 22 janvier 2002, relative à cette journée du 19 Mars, constitue une victoire républicaine.

L’ARAC, comme la FNACA demandent au Président de la République de promulguer cette loi sans délai et d’abroger le décret du 23 septembre 2003 qui a fait du 5 décembre la date de commémoration en hommage aux morts d’Afrique du Nord.

L’ARAC exprime sa reconnaissance à tous ses adhérents et amis, à tous les élus dans leur diversité républicaine, qui ont appuyé en permanence cette action commune permettant d’obtenir cette reconnaissance.

Villejuif, le 9 novembre 2012

19 Mars, 50 ans, la victoire de la paixDéclaration de l’ARAC

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LE RÉVEIL - N°788 - NOVEMBRE 2012 - 5

ACTUALITÉSACTUALITÉS LE RÉVEIL

La misère persiste en FranceDeux millions de personnes vivent avec l’équivalent de 645 euros par mois pour une personne ou 960 euros pour deux, après prestations sociales, selon l’INSEE (données 2009).Ces chiffres correspondent au seuil de pauvreté à 40 % du niveau de vie médian. Pour ces personnes, il est quasiment impossible de se loger sans compter sur l’aide des parents ou amis.3,6 millions de personnes sont alloca-taires de minima sociaux, dont 1,4 mil-lion perçoivent le RSA, selon la Caisse nationale des affaires familiales (don-nées 2011). Si l’on comptabilise les ayants droit (conjoints, enfants…) ce sont plus de 6 millions de personnes qui vivent de ce dispositif. Le RSA vaut 742 euros pour une personne. Il est de 712 euros pour un couple.3,6 millions de personnes sont mal-logées selon la fondation Abbé Pierre, parmi lesquelles 685 116 sont privées de domicile personnel, dont la majorité, 411 111 sont hébergés chez un tiers. On estime à 113 000 le nombre de sans domicile fixe, auxquels on peut ajouter 85 000 personnes occupant un habitat de fortune. 2,8 millions de personnes vivent dans des conditions de logement très difficiles, insalubres ou surpeuplés.1,8 million de personnes indiquent ne pas avoir pris de repas complets au moins une journée au cours des deux dernières semaines, selon l’INSEE. 3,5 millions de personnes ont recours à l’aide alimentaire (sous la forme de colis, bons, repas…) dont 1,3 million en bénéficient par le Secours populaire français, selon le Conseil national de l’alimentation (données 2010).

Brigitte Canévêt

C’est le message délivré, le lundi 15 oc-tobre au matin, par les quatre associa-tions habilitées à distribuer cette aide, appelée PEAD (Programme européen d’aide aux plus démunis) : le Secours populaire, la Croix-Rouge, les banques alimentaires et les Restos du cœur.« C’est un signe fort de voir ainsi main dans la main des associations aux histoires si différentes lancer un véritable SOS afin d’empêcher une catastrophe programmée pour janvier 2014 », a alerté Julien Lau-prêtre, président du Secours populaire.Depuis 1987, le PEAD permet aux Européens les plus pauvres (retraités modestes, mères célibataires, etc.) de ne pas se retrouver à court de vivres. Ce dis-positif est indispensable à 18 millions d’Européens, dont 4 millions de Fran-çais, mais a été bloqué au printemps 2011 par plusieurs pays, au premier rang desquels l’Allemagne. Un accord a été conclu, à l’automne 2011, entre Paris et Berlin : le PEAD a été prolongé jusqu’à janvier 2014. Il représente entre un quart et la moitié de la nourriture donnée par les associations françaises. « Nous allons être mis en difficulté, mais ce n’est rien par rapport à des pays comme la Pologne dont les distributions de vivres vont fondre de 80 % », remarque Alain Seugé, président de la Fédération française des Banques alimentaires.Les quatre associations souhaitent que l’Union européenne mette sur pied un

successeur au PEAD. Les chefs d’État et de gouvernement de l’Union euro-péenne devraient statuer sur la question le 23 novembre. « Nous ne comprendrions pas que l’Union européenne se fixe un ob-jectif de réduction d’un quart du nombre de pauvres en son sein d’ici à 2020 et qu’elle commence par démanteler l’un des seuls outils qui lui permettent de lutter contre la pauvreté », insiste Olivier Berthe, pré-sident des Restos du cœur.Même en cas d’accord, tout danger ne serait pas écarté pour autant. La Com-mission européenne travaille sur un projet dont la taille serait 30 % infé-rieurs à celle du PEAD. « La solidarité ne peut pas être invoquée par les différents gouvernements européens uniquement lorsqu’il s’agit de sauver le système finan-cier », tonne Didier Piard, directeur de l’action sociale à la Croix-Rouge fran-çaise.Les associations humanitaires veulent créer une grande chaîne de solidarité autour de la sauvegarde de l’aide ali-mentaire. Elles ont ainsi rencontré leurs homologues allemands qui leur ont témoigné leur soutien et ont lancé une campagne de sensibilisation auprès de l’opinion publique. « Il faut que les Euro-péens de tous les pays fassent pression sur leur gouvernement et sur la Commission européenne », a souhaité Julien Lau-prêtre.

B.C.

QUATRE ASSOCIATIONS S’UNISSENT pour sauver l’aide alimentaire européenneLes pouvoirs publics ne doivent pas arrêter l’aide alimentaire euro-péenne, surtout au moment où toujours plus de familles de l’Union européenne basculent dans la pauvreté à cause de l’aggravation de la crise économique.

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LE RÉVEIL - N°788 - NOVEMBRE 20126 -

LE RÉVEIL ACTUALITÉSACTUALITÉS

Guy Fischer, sénateur communiste L’ancien gouvernement nous a fait adopter à la sauvette un projet de loi, qui plus est en procédure accélérée, prévoyant de rendre hommage à tous les morts pour la France à l’occasion du 11 Novembre, jour anniversaire de l’armistice de 1918. Ce texte était pré-médité pour faire obstacle à l’adoption de la date du 19 mars et pour en venir au bout du compte à une date unique dont certains souhaiteraient l’avènement.En confondant les mémoires et les évé-nements, en amalgamant des engage-ments qui n’ont pas la même portée historique et humaine, le risque est grand d’aboutir à une vision aseptisée de l’histoire et de la mémoire collective, qui ne permette plus de comprendre

le passé ni de construire lucidement l’avenir.S’agissant du 19 mars, j’affirme que les auteurs de la proposition de loi dont nous défendons l’adoption ne pré-tendent en aucun cas privilégier cer-taines catégories de victimes ou instau-rer une sorte de hiérarchie dans la perte, la mort, la souffrance. Les historiens s’accordent sur le fait que cette guerre aura fait 25 000 morts et 65 000 bles-sés dans les rangs de l’armée française, essentiellement composée d’appelés du contingent, des dizaines de milliers parmi les harkis, 150 000 morts dans les rangs du FLN et de l’ALN. La popu-lation française ne fut pas épargnée et la population algérienne paya le lourd tribut de 300 000 à 400 000 victimes. Je n’omettrai pas non plus les psycho-

LE 19 MARS Date officielle de la journée commémorative de la guerre d’Algérie

La reconnaissance du 19 mars, une exigence de l’ARAC enfin reconnue : ici aux cérémonies à Paris, quai Branly, et à Saint-Quentin.

L’action pour la reconnaissance officielle du 19 Mars comme Journée nationale du souvenir et du recueillement, en mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie aura duré 50 ans avant d’aboutir à ce résultat le 8 novembre 2012, lors de l’adoption par le Sénat de la proposition de loi, votée par l’Assemblée nationale le 22 janvier 2002, relative à cette journée du 19 mars.

Cette adoption, à l’image des débats qui se sont souvent produits dans tout le pays durant ces 50 dernières années, s’est caractérisée par un affrontement recher-ché par des sénateurs de la droite et du centre bien que quelques-uns d’entre eux aient voté la loi.

Le résultat du scrutin a été le suivant : votants : 341, suffrages exprimés : 336 ; majorité absolue des suffrages exprimés : 169 pour l’adoption de la loi L181, contre 155.

C’est donc évidemment une victoire de la raison et de la République qui résulte du long travail de mémoire que nous avons réalisé durant ces années écou-lées. Elle constitue un pas décisif vers la reconnaissance des responsabilités de la France dans cette guerre qui assume ainsi ses effets dramatiques sur ses appelés du contingent comme sur la population algérienne. Elle ouvre aussi le chemin vers la compréhension mutuelle et l’ouverture de négociations pour une coopération entre l’Algérie et la France qui pourra conduire à la signature d’un traité de paix.

A propos de cette loi, l’ARAC ne pouvait laisser l’occasion de donner connais-sance des explications de vote positif des sénateurs qui l’ont toujours soutenue. C’est pourquoi vous pourrez lire leurs interventions ci-après.

PAUL MARKIDÈS

Extraits des interventions des sénateurs Guy Fischer et Alain Néri après l’adoption de la loi le 8 novembre 2012.

Page 7: Le journal le réveil des combattants - novembre 2012

LE RÉVEIL - N°788 - NOVEMBRE 2012 - 7

ACTUALITÉSACTUALITÉS LE RÉVEIL

traumatismes de guerre, non pris en compte et non traités, qui ont dura-blement marqué nos jeunes appelés - toute une génération ! - dès leur retour en France.Je souhaite enfin évoquer les victimes de l’OAS, dont le symbole est pour moi le commissaire central d’Alger, Roger Gavoury, assassiné le 31 mai 1961 par les sicaires de cette association criminelle et antirépublicaine. Son fils Jean-Fran-çois Gavoury, présent dans les tribunes, a relevé le flambeau et se bat avec une té-nacité qui force l’admiration pour faire reconnaître le tribut payé par les forces de l’ordre durant la guerre d’Algérie pour que ne soit pas occultée, comme elle l’est souvent, la responsabilité de l’OAS dans les événements de l’après 19 mars, et enfin pour que les nostal-giques, revanchards et autres tenants

de l’Algérie française ne réécrivent pas impunément l’histoire et n’érigent pas des mausolées aux bourreaux.Toutes ces victimes, à des titres di-vers, méritent une date unique pour se recueillir et panser leurs plaies. La mémoire a besoin d’un point d’ancrage.Des deux côtés, des exactions furent commises après le 19 mars 1962, nous en sommes tous d’accord. De même, il y eut des victimes à déplorer après le 11 novembre 1918 et le 8 mai 1945.Je suis convaincu que toutes les familles de victimes civiles ou militaires peuvent se recueillir et se souvenir à la même date, si celle-ci est véritablement en lien avec les événements vécus. Sauf peut-être ceux qui attisaient les braises et ne voulaient pas la fin de cette guerre…Oui, en vertu de ce parallélisme des formes, le 19 mars est, qu’on le veuille

ou non, la date que l’histoire légitime ! Le 19 mars doit être la date de la troi-sième génération du feu et c’est la raison pour laquelle le Groupe com-muniste républicain et citoyen adop-tera cette proposition de loi identique à celles qu’il avait si souvent déposées sur le bureau de notre assemblée par le passé.

Alain Néri, sénateur socialisteNous voilà au bout d’un long chemine-ment : la date du 19 mars est officielle-ment reconnue comme journée natio-nale du souvenir et de recueillement à la mémoire de tous ceux qui, lors de la cruelle guerre d’Algérie, ont souffert et fait le sacrifice suprême de leur vie. Nous avons enfin une date historique et symbolique pour rendre hommage à toutes ces victimes.Il aura fallu cinquante ans pour obte-nir ce résultat, pour que la nation, la République, la France rendent enfin honneur et dignité à la troisième géné-ration du feu, à ces enfants de la guerre qui ont connu les privations non seule-ment matérielles, mais aussi affectives, nombre d’entre eux n’ayant connu leurs parents qu’à l’âge de cinq ou six ans, du moins pour ceux qui eurent le bonheur de voir revenir leur père ou leur mère de la Seconde Guerre mondiale.Dans cet hommage que la nation doit rendre à tous ceux qui ont souffert, notre vœu est de rassembler et, parce que nous le voulons très fort, je suis sûr que nous parviendrons à unir autour du 19 mars ceux qui ont eu vingt ans dans les Aurès comme ceux qui ont souffert après le cessez-le-feu, les harkis qui ont été odieusement abandonnés, nous l’avons assez dit, ceux qui ont été ame-nés à quitter cette terre d’Algérie qui les avait vu naître, en un mot tous ceux qui ont fait le sacrifice soit de leur vie, soit de leur jeunesse, dans la loyauté envers la République.Merci à tous, mes chers collègues. Au-jourd’hui, la France s’honore de rendre hommage à cette génération qui a tant souffert.

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LE RÉVEIL - N°788 - NOVEMBRE 20128 -

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Alors, avec toute la précaution qu’il faut prendre avec les contempteurs d’hérésie, on se risque à rappeler que la « souveraineté » est l’attribut du « sou-verain », que le souverain est celui qui a le pouvoir, qu’il faut bien que dans toute société il y ait un pouvoir, et donc un souverain, et donc que la question n’est pas de partir en croisade contre le « souverainisme », mais de savoir qui est le souverain…Et ce n’est pas une querelle de puristes du langage : depuis que la Révolution

française a, en 1789, décidé de substi-tuer à la monarchie la démocratie, toute la bataille pour soustraire ses conquêtes à leur confiscation par la bourgeoisie a été une bataille pour donner à cette démocratie son contenu étymologique (démo-cratie = pouvoir du peuple), celui de la souveraineté populaire. Ainsi était devancée l’ambition programmée plus tard par la Charte des Nations unies, du droit des peuples à être les maîtres de leurs affaires. Mais aussitôt cette bataille pour la souveraineté populaire prenait

sa dimension nationale : pour être les maîtres de leurs affaires, les peuples devaient non seulement se libérer de leurs tyrans, mais se garder de tomber sous la férule de tyrans étrangers prêts à venir au secours et à la suppléance des maîtres déchus. Oui : contre les émigrés de Koblenz, les sans-culottes étaient souverainistes. Ce n’est quand même pas à ce moment de l’histoire où les émigrés de Koblenz ont pris la maîtrise du capitalisme mondial que ce souve-rainisme aurait perdu de son actualité.

Souverainiste, souveraineté ?« Souverainiste ! » L’anathème est lancé, et le débat est clos. Si l’on se risque à oser militer pour le respect de la souveraineté nationale, on est accusé de souverainisme, étiquetage infamant de droitisme maximum, parce que le souverainisme, associé à un critère de nationalité ne pourrait être que du nationalisme.

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LE RÉVEIL - N°788 - NOVEMBRE 2012 - 9

ACTUALITÉS ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Bien au contraire, c’est bel et bien une valeur révolutionnaire, une valeur telle-ment moderne qu’elle est encore à son aube, telle que la Charte des Nations unies l’a promue, en 1945, au rang de valeur universelle. Quand son magnifique préambule, suffisamment connu et diffusé, pro-clame « Nous, peuples des Nations unies (...) avons décidé d’unir nos efforts (...) En conséquence nos gouvernements...», il affirme que ce sont les peuples qui ont le pouvoir et que leurs gouvernements ne doivent être que les instruments de leur pouvoir. C’est bien affirmer que ce sont eux qui sont les souverains et donc promouvoir au rang de valeur uni-verselle la notion de souveraineté popu-laire, la légitimité de la souveraineté des peuples sur leurs affaires.Mais, en même temps, la Charte prend acte de ce qu’il n’y a pas un peuple mondial mais des peuples, répartis sur des territoires différents, avec des moyens, des possibilités, et une his-toire différents. D’où « Nous peuples des Nations...». Mais ces différences n’ont aucune raison d’être antagonistes. La société internationale doit donc être fondée sur le pouvoir des peuples, mais dans le respect mutuel de leurs diffé-rences. C’est pourquoi la souveraineté populaire se répartit entre les compé-tences des souverainetés nationales.Plus actuelle que jamais, renforcée de sa reconnaissance dans des textes fon-damentaux la célèbre phrase de Jaurès : « Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie beaucoup d’internationalisme y ramène ». Il suffit de remplacer « pa-trie » par « souveraineté nationale » pour y retrouver la dénonciation du cosmo-politisme des nouveaux émigrés de Koblenz qui ne peuvent pas accepter la souveraineté nationale parce qu’elle n’est que le parachèvement mondial de la souveraineté populaire. Mais les peuples, eux, ne doivent pas s’y laisser piéger.

Roland Weyl

Comme le disait Anatole France dans L’Ile des pingouins, « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels », l’expérience vérifie que, quand on croit mourir pour les Droits de l’homme, on meurt aussi pour les industriels. L’article 2.7 de la Charte interdit à l’ONU elle-même de s’immiscer dans ce qui relève de la compétence d’un État, et c’est sur la base de cette pierre angulaire de la Charte qu’est le droit exclusif de chaque peuple à la maîtrise de ses affaires dans le respect mutuel de tous. Même la ré-solution « Responsabilité de protéger », qu’on a beaucoup mis en avant à propos de la Libye, ne comporte aucune prévi-sion d’intervention militaire, qui ne se-rait d’ailleurs pas rendue légale par une simple résolution, car il faudrait alors une réforme de l’article 2.7.Mais il en est tout autrement d’une inter-vention militaire pour aider un peuple à résister à une agression ou à s’en libérer. Et c’est même la compétence essentielle du Conseil de sécurité, dont la fonction est (et doit être seulement) le maintien (en s’interposant, comme par exemple la FINUL à la frontière israélo-libanaise) ou le rétablissement (en intervenant) de la paix dans les relations internationales. La Charte prévoit même que, si un peu-ple est victime d’une agression, d’autres peuvent intervenir en aide, mais seule-ment en urgence, le temps que le Con-seil de sécurité prenne le relais.Certes le Conseil lui-même ne peut re-courir à la force armée qu’en dernier re-cours, après que les tentatives diploma-tiques aient échoué ou si les mesures économiques sont insuffisantes. Et en-core son intervention doit-elle procéder

des principes fondamentaux de la Charte, dont la mission de « sécurité collective » est fondée sur les principes d’universalité et d’égalité.C’est pourquoi, quand le Conseil décide d’intervenir, ce sont les États membres qui doivent lui fournir des forces et c’est son état-major (international constitué sur la base de « l’égalité des nations grandes et petites ») qui doit établir le programme de son intervention.Il en résulte que les bases militaires étrangères de certaines puissances (dont la France) ou les alliances ou co-alitions (dont l’OTAN) sont illégales au même titre qu’une bande armée au re-gard d’une législation nationale, parce qu’elles sont des appropriations de cette sécurité collective, et que la réso-lution sur la Libye était non seulement illégale parce qu’elle violait l’article 2.7 mais parce qu’elle déléguait le droit d’intervention à des États membres. Mais l’aide militaire à un peuple pour l’aider à se défendre ou se libérer d’une agression est juste, parce que ce n’est pas une guerre, mais une fonction de police au service de la paix. Concrète-ment, la première intervention en Irak était légale pour libérer le Koweit de l’agression irakienne. Elle est devenue illégale lorsqu’une fois le Koweit libéré, l’action s’est poursuivie sur le territoire irakien. De même, une intervention française ou autre au Mali serait il-légale, mais quand le Mali demande l’aide du Conseil de sécurité pour chas-ser les agresseurs, si le Conseil refuse il manque à son devoir...

Roland Weyl

POINT DE VUE

Non à la guerre ? Certes ! Mais...On ne dira jamais assez qu’il n’y a pas de guerres justes, y compris et notamment en réponse aux apôtres de l’ingérence humanitaire.

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LE RÉVEIL INTERNATIONALINTERNATIONAL

ArgentineLa perpétuité pour 6 tortionnaires

Pour les familles de victimes, la décep-tion l’emporte sur la satisfaction.Le procès d’anciens militaires et poli-ciers accusés de violations des droits de l’homme sous la dictature, dans les années soixante-dix à Mar del Plata (à 400 km au sud de Buenos-Aires) s’est tenu le 1er octobre et a abouti à la condamnation à la prison à vie pour six de ces accusés.Le tribunal de Mar del Plata avait à juger 14 anciens militaires et policiers en poste dans cette région sous la dic-tature. Les prévenus devaient répondre pour leur responsabilité présumée dans 85 cas de disparitions, assassi-nats et tortures. Six ont été condamnés à perpétuité, un septième à 25 ans, cinq autres s’en tirent avec des peines com-prises entre cinq et douze ans. Et deux anciens policiers ont été purement et simplement relaxés.Les familles des victimes regrettent et dénoncent ces condamnations légères et ces relaxes. A l’issue du verdict, le se-crétaire d’État aux Droits de l’homme, Martin Fresneda, a déclaré vouloir étu-dier certaines sentences qui ont abouti, a-t-il dit, à des peines sans rapport avec les souffrances des hommes et des femmes qui ont été torturés dans les cachots de Mar del Plata.Depuis la reprise (en 2003) des procès pour les crimes commis sous la dicta-ture, 328 bourreaux ont été condamnés, beaucoup à perpétuité, comme l’ancien chef de la junte Jorge Videla, ou à des peines de 25 ans et plus. Mais, rançon d’une justice qui entend se prononcer, 35 ans après les faits, sur des preuves sans discussions, certains prévenus échappent sans doute au châtiment qu’ils mériteraient.

L’étude, intitulée Richesse et pauvreté, montre que l’Allemagne est l’un des pays où le transfert de richesses du travail vers le capital a été le plus prononcé, gé-nérant des inégalités sociales atteignant un niveau inédit jusqu’alors. Ainsi, en seulement 20 ans, les actifs privés (le patrimoine privé) ont plus que doublé, passant de 4 600 milliards d’euros à 10 000 milliards. Or, comme l’observe le correspondant du journal espagnol La Vanguardia, Rafael Poch, si l’on divise ce montant colossal par les 40 millions de ménages allemands, chacun recevrait une petite fortune de 250 000 euros.Cependant, on ne parle pas de redis-tribution mais bien au contraire d’une concentration croissante. Dans le détail, les statistiques fédérales, pour 2008, montrent que 53 % des actifs privés étaient entre les mains de 10 % des Allemands les plus fortunés. Les autres 46 % du patrimoine privé sont détenus par 40 % de la population, tandis qu’il ne reste que 1 % des actifs pour la moitié des Allemands. Les chiffres de 2011 révèlent que les 10 % les plus riches détiennent 66 % du capital.Pour certains hommes politiques et ob-servateurs, cités dans ce même journal, l’aggravation des inégalités ces dix der-nières années est la conséquence d’une politique de gel des salaires, au même moment où les profits des grandes entre-prises ont plus que doublé.L’intensification de l’exploitation fut, en grande partie, actée par l’ensemble de lois connues sous le nom de « Hartz IV », qui défendaient une politique de bas salaires et la généralisation de la pré-carité du travail. Dans le même temps, les revenus les plus élevés bénéficiaient d’exonérations fiscales depuis le début du siècle. Les entreprises, par exemple, ont vu leur taux d’imposition baisser de 51 %, à l’époque de Helmut Kohl, à

29,6 % (dans les faits 22 %), au moment des coalitions social-démocrate/verts (1998-2005). Le résultat est visible : si dans les années 1980 l’Allemagne était un des pays avec le pourcentage le plus faible de bas salaires (14 %), aujourd’hui, le taux d’emplois précaires, toujours mal payés, s’élève à 25 %, comparable aux chiffres relevés aux États-Unis.Avec ces politiques favorables au capital, les femmes sont les premières à souffrir. Des chiffres récents, issus des statis-tiques fédérales, indiquent qu’en Alle-magne les femmes gagnent en moyenne 22 % de moins que les hommes, la dif-férence étant plus forte encore dans les postes de direction, où elles gagnent un tiers moins que ce que gagnent les hommes, et moins perceptible dans les emplois administratifs non qualifiés, où la différence est de 4 %.Les chiffres officiels indiquent l’exis-tence en Allemagne de 13 millions de pauvres, mais cette couche de la popu-lation augmente de jour en jour, com-prenant chômeurs, personnes âgées, mais aussi travailleurs précaires, dont les salaires ne leur permettent pas de vivre et les contraignent à avoir recours à des organisations de bienfaisance.Une de ces organisations, Deutsche Tafel, a révélé que ses centres ont déjà aidés 200 000 personnes dans le besoin en plus cette année, par rapport à 2011. La même organisation affirme qu’au moins 1,5 million de personnes fréquentent les cantines sociales en territoire allemand. La Deutsche Tafel a plus de 20 années d’activité, offrant gratuitement des pro-duits alimentaires récupérés de restes de supermarchés et de boulangeries. Selon son président, Gerd Häuser, « la politique de lutte contre la pauvreté a été un échec en Allemagne ». Aujourd’hui, « avoir un travail ne signifie plus être protégé contre la pauvreté ». B.C.

L’Allemagne, pays riche peuplé de pauvresProfits record mais bas salaires, précarité et soupe populaire pour les travail-leurs : une étude récente du ministère du Travail allemand reconnaît officiel-lement l’aggravation drastique des inégalités dans le pays au cours des 30 dernières années, en particulier dans les deux dernières décennies.

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LE RÉVEIL - N°788 - NOVEMBRE 2012 - 11

INTERNATIONAL INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Le prestigieux prix Nobel de la paix a été cette année attribué à l’Union euro-péenne. Interrogé sur ce choix, le pré-sident du comité norvégien, Thorbjoern Jagland, a déclaré : « L’UE et ses ancêtres contribuent depuis plus de six décennies à promouvoir la paix, la réconciliation, la démocratie et les droits de l’homme en Europe ». Évidemment, les capitales eu-ropéennes se sont félicitées. La gauche « bien-pensante », celle de Maastricht, du traité de Lisbonne, tous les tenants de la ratification des plans d’austérité, les défenseurs des marchés financiers ont accueilli la nouvelle comme du pain béni. Un vrai rayon de soleil dans un univers de paupérisation marqué par l’austérité, le chômage, la misère, où règnent les technocrates pour la plupart issus de la banque d’affaires Goldman Sachs, comme l’Italien Mario Monti, au-jourd’hui à la tête du gouvernement ita-lien, ou encore Mario Draghi, chef de la Banque centrale européenne, ancien di-recteur de Goldman Sachs international, Karel Van Miert, ancien commissaire à la concurrence de l’UE, ex- conseiller inter-national de Goldman Sachs…Le Nobel de la paix à une Europe qui a déclaré la guerre économique à tous les peuples de l’espace européen, on croit rêver !Qu’en pensent les Grecs, les Espagnols, les Portugais, les Irlandais, les Italiens, tous les salariés français victimes des plans sociaux, les retraités, les sans couverture sociale, les sans toit, les sans

avenir du Vieux Continent ? Cette annonce est pour eux une formi-dable gifle. N’ont-ils pas le droit de se sentir bafoués par une décision qui sacralise une union

politique européenne toute puissante, imposant toujours plus de sacrifices ? Une guerre économique existe bel et bien et pèse chaque jour sur les plus fragiles, ceux qui ont perdu leur travail, n’ont plus aucune perspective d’avenir, sont condamnés à l’exil…

Guerre économique contre les peuples du vieux continent et alignement sur WashingtonLe 12 octobre dernier, on pouvait lire sur le site d’Attac : «Il est complètement déplacé de récompenser l’Union européenne, alors même que ses institutions imposent de vastes plans d’austérité sociale dans le dos des peuples, renforcent les capacités militaires de l’UE et la chasse aux migrants, mènent une politique commerciale agressive.» Pourquoi récompenser l’UE qui mène une politique de fermeture de ses fron-tières faisant des milliers de victimes? Qui stigmatise ses minorités comme les Roms ballottés de pays en pays. Une Union européenne qui a mis en place le dispositif -frontex- pour repérer les clandestins en mer, les traquer et les chasser… Qui s’engage à « améliorer pro-gressivement ses capacités militaires » (art. 42.3 du TUE) et reconnaît la suprématie de l’OTAN ? L’Europe prix Nobel de la paix ! Mais de quelle paix nous parle-t-on ? Les « sages » d’Oslo souffriraient-ils d’amnésie ou seraient-ils touchés par un Alzheimer précoce ? La question se pose !

Récemment sur le site de l’hebdoma-daire Le Point et sous le titre: « Nobel de la paix à l’UE un acte politique fort au prix d’une amnésie », on pouvait lire : « Ce choix s’accompagne aussi d’une part d’amnésie du comité Nobel. Car le blason pacifique de l’Europe est entaché d’un gigantesque échec: la guerre dans les Bal-kans (…) Surtout, l’Union européenne a manqué à tous ses devoirs en étant inca-pable pendant 9 ans d’arrêter cette guerre sanglante sur son propre continent qui a fait 200 000 morts, un million de déplacés et un génocide, celui de Srebrenica ».Plus près de nous, l’Europe récompen-sée à Oslo s’est ralliée inconditionnel-lement à Obama, un autre Nobel de la paix, pour mener des guerres honteuses en Irak, en Afghanistan avec l’ISAF, composé d’Européens, de Canadiens, d’Américains, et en Libye avec l’OTAN dont la France a été un des fers de lance. La même Europe apporte son soutien au gouvernement de Benyamin Neta-nyahou en Israël, votant systématique-ment les sanctions contre Téhéran sans rien exiger en retour de Tel-Aviv, no-tamment sur la question palestinienne. Hélas, on pourrait multiplier les exemples qui prouvent que décidément non, cette Europe-là ne mérite pas une telle distinction.

Jean-Pierre Delahaye

Nobel de la paixLe prix de la honteLe Nobel de la paix pour l’Union européenne : une véritable insulte aux peuples du vieux continent…

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LE RÉVEIL - N°788 - NOVEMBRE 201212 -

LE RÉVEIL INTERNATIONALLE RÉVEIL INTERNATIONALINTERNATIONAL

« Iran, Syrie, Proche-Orient : des dossiers à déminer. A peine élu en 2008, Barack Obama avait reçu le prix Nobel de la paix. Mais si c’était à refaire, le jury d’Oslo y réfléchirait sans doute à deux fois tant son mandat a été décevant sur le plan inter-national. Le processus de paix au Proche-Orient n’a pas avancé d’un pouce (…) ». Ce constat, publié dans Le Parisien au lendemain de l’élection américaine, est d’une brûlante actualité. L’auteur y énonçait d’autres grands dossiers chauds comme le nucléaire iranien, l’agressivité d’Israël, les massacres en Syrie, le rôle de la Russie…Quelques semaines après, la réalité revient au grand galop. L’escalade de violence a repris entre Israël et la Pa-lestine. Depuis la mi-novembre, les bombes pleuvent, les enfants meurent. C’est l’heure des assassinats ciblés par

drones interposés façon « Obama », des bombardements aveugles dont les civils sont les premières victimes. De part et d’autre, les pires extrémistes sont à la manœuvre. En Israël Netanyahu, allié aux intégristes religieux, joue la carte de la peur à quelques semaines d’une nouvelle élection législative qu’il espère bien remporter. Il affirme par la terreur son rôle de gendarme de la région au risque assumé d’une extension du conflit. Manière également de montrer à l’Iran qu’il est prêt à attaquer. De l’autre côté, le Hamas fait égale-ment le pari dangereux de l’escalade et montre l’efficacité et la modernité de son nouvel arsenal. Sur le plan poli-tique, il tente de pousser les nouveaux gouvernements issus des « printemps arabes », où les islamistes ont désor-mais des postes importants quand ils ne gouvernent pas, à rompre toutes relations avec Israël.Un dénominateur commun à ces deux attitudes : par leurs actions respectives, Tel-Aviv et le Hamas tentent de discré-diter, aux yeux de la communauté inter-nationale, la candidature de l’Autorité palestinienne à un statut d’État non membre des Nations unies qui devrait être examiné fin novembre.

Obama : soutien unilatéral à IsraëlC’est dans ce contexte que le locataire de la Maison-Blanche a, dès le début des bombardements, réaffirmé le sou-tien des États-Unis à Israël et « son droit

Conflit Palestine-Israël

La poudrièreToutes les conditions sont réunies pour une contagion et une exten-sion du conflit à toute la région. Il est temps pour Obama de tenir les promesses du Caire et d’adopter une attitude équilibrée vis-à-vis de toutes les parties. Leila Shahid renvoie la communauté internationale à ses responsabilités.

à se défendre »... Une déclaration dans le droit-fil de la politique américaine depuis des décennies, que l’adminis-tration soit démocrate ou républicaine. Une manière, aussi, de remercier les électeurs juifs américains qui se sont prononcés à 69 % en sa faveur lors du dernier scrutin, selon une enquête pu-bliée sur le site Huntington Post.De l’avis de certains observateurs aux Nations unies, pour les États-Unis, le problème majeur est plutôt le renfor-cement du Hamas, qui a reçu la visite de l’émir du Qatar, celle du Premier Ministre égyptien... Dilemme, on ne peut pas affaiblir le Hamas sans renfor-cer l’Autorité palestinienne à Ramallah.A l’heure où nous écrivons ces lignes, la médiation égyptienne, sous contrôle de Washington, a abouti. Les armes se sont tues. Mais à quel prix ? Obama a-t-il donné des assurances à Netanyahu sur l’Iran comme on le murmure déjà ? Interrogée sur RTL le 20 novembre, Leila Shahid, déléguée générale de Pa-lestine au Parlement européen a estimé que les responsabilités « sont partagées, non seulement par le Hamas et Israël mais aussi par la communauté interna-tionale (…) Vous tolérez depuis 45 ans une occupation militaire insupportable pour la population palestinienne, d’un État qui est votre meilleur client économique, commer-cial et diplomatique (…) Nous exigeons d’être reconnus comme État sous occupa-tion et que la communauté internationale, comme elle le fait en Afrique ou dans les Balkans, mette en œuvre les résolutions qu’elle a votées dont celle qui reconnaît à la Palestine le droit de mettre fin à l’occu-pation militaire ». Pour Leila Shahid, il est temps que l’on sanctionne Israël.

Jean-Pierre Delahaye

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LE RÉVEIL - N°788 - NOVEMBRE 2012 - 13

En 2014, nous commémorerons le 100e anniver-saire de cette première guerre mondiale qui fut une véritable hécatombe, avec l’emploi d’armes nouvelles particulièrement meurtrières, et un cataclysme pour la société française et au-delà.

Cet usage des armes nouvelles avait été permis par les progrès techniques apparus précédem-ment qui ouvraient par ailleurs de nouvelles pos-sibilités techniques, économiques et sociales. Et si celles-ci avaient provoqué un développement industriel important, celui-ci s’accompagnait d’une exploitation renforcée des travailleurs, de la misère et des inégalités.

Dans ce contexte, les puissances capitalistes qui s’étaient partagées les ressources et les marchés restaient tout de même insatisfaites. Et dès que les forces de paix baissèrent la garde après l’as-sassinat de Jean Jaurès, elles voulurent repartir par la guerre à la conquête de nouveaux marchés et de nouveaux territoires. C’est ainsi qu’une si-tuation géopolitique devait s’établir en Europe et en Afrique notamment, au terme du conflit dont nous héritons encore aujourd’hui, tandis que les décisions du traité de Versailles, prises au mépris de l’avis des populations concernées, ouvraient la porte à la volonté de revanche.

Les conséquences de cette guerre ont marqué tout le XXe siècle et nous en héritons encore aujourd’hui. Il n’est donc pas inutile de se saisir de cet anniversaire pour dénoncer non seulement les choix de guerres pour régler les différends entre Nations car, comme l’a écrit Henri Barbusse, « deux armées qui s’affrontent, c’est une grande armée qui se suicide » mais aussi leurs causes, leurs effets et leurs conséquences. C’est ainsi que nous répondrons effectivement à l’appel de Henri Barbusse : « Faites la guerre à la guerre ! »

des combattantsle réveilPour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

N° 788Novembre 2012

LE CAHIER MÉMOIRE

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

ÉDITOÉDITOPar Paul MarkidèsPar Paul Markidès

1914 - 1918

LA GUERRE

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LE RÉVEIL - N°788 - NOVEMBRE 201214 -

LE RÉVEIL DOSSIERDOSSIER

« Il existe dans l’histoire hu-maine quelque chose qui ressemble à la rétribution ; et c’est une règle de la rétribu-tion historique que ses ins-truments soient forgés non par les offensés mais par les offenseurs eux-mêmes. » Karl Marx, New York Daily Tribune, 16 septembre 1857. Sur la révolte antibritannique des Cipayes aux Indes.

Si, pour beaucoup, la guerre qui commença à l’été 1914 fut comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, tel ne fut pas le cas pour les observateurs attentifs. Car le « long XIXe siècle » (1789 – 1914) avait vu s’accumuler les contradic-tions à l’échelle mondiale. D’un côté, l’humanité avait découvert des possibilités inespérées aupa-

ravant de progrès scientifique, technique, économique, social. D’un autre côté, c’est à un rythme industriel que s’accrurent l’exploi-tation, la misère, les inégalités. La Première Guerre mondiale fut l’aboutissement d’un processus d’accélération de l’histoire. Com-ment le mécanisme guerrier se mit-il en marche ? Comment se déroula-t-il ? Quels changements entraîna-t-il ?

Le monde en 1914

Un seul monde : l’expansion de la civilisation moderneLes « grandes découvertes » euro-péennes ont inauguré le proces-sus de mondialisation, en reliant toutes les régions du monde. Mais les puissances capitalistes ne sont parvenues à dominer toute la pla-nète qu’avec la seconde phase de la mondialisation, au XIXe siècle. En 1914, elles s’étaient partagées les ressources naturelles et les

marchés. Ce colonialisme devint alors un « système-monde ». Les classes sociales dominantes de quelques pays avaient imposé, pour le meilleur et pour le pire, leur système social et écono-mique, censé assurer le progrès de l’industrie, de la science et de la raison. Des territoires aupara-vant désolés voyaient affluer des investissements permettant aux productions agricoles, minières, industrielles d’augmenter à des rythmes inimaginables aupara-vant. Bienfaits de la colonisation ?Presque toute l’Europe y croyait, et beaucoup de colonisés étaient fascinés par ces fleuves domesti-qués, ces déserts qui reculaient, ces usines, ces trains, cette organisa-tion, cette science qui dépassait la magie. Mais derrière ces progrès, combien de tragédies ! Dans les colonies et au cœur des empires. À la violence coloniale répondait la violence de classe. Les batail-lons exploités de « l’armée indus-

La Première Guerre mondiale ou l’impérialisme révéléBruno DRWESKI

Bruno Drweski est historien, maître de conférences à l’Institut national des langues et civi-lisations orientales (INALCO)

Les grandes nations en 1914

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LE RÉVEIL - N°788 - NOVEMBRE 2012 - 15

DOSSIERDOSSIER LE RÉVEIL

trielle ». Les damnés de la terre se pressaient vers les colonies ou vers les Amériques. L’Europe, c’était alors 1/3 de la population mondiale. Les contradictions étaient en place pour mener au premier conflit de la mondialisation, à la guerre inter-impérialiste pour les ressources naturelles et les marchés.Cette Europe croyait apporter au monde « la civilisation ». Ses États faisaient avant 1914 des guerres courtes, les victimes étant surtout militaires. Les lois de la guerre y veillaient, aucun État ne serait entré en conflit sans avoir d’abord engagé de minutieuses tentatives de règlement, d’ultimatum et fina-lement de déclaration de guerre à heure annoncée d’avance. La Russie, encore autocratique, avait obtenu la création du tribunal in-ternational de La Haye pour ten-ter de régler les différends entre États… civilisés. Les pogroms anti-sémites du tournant du siècle qui soulevaient l’horreur ne faisaient que quelques dizaines de vic-times. Rien en comparaison des hécatombes qu’on allait connaître après 1914 !L’Europe, c’était aussi les enfants travaillant dans les mines, les dis-cours martiaux, chauvins, exter-minateurs. L’Europe du Kaiser massacrait 80 % du peuple Her-rero, le roi des Belges fit régner la terreur sur le Congo, la France extermina des villages entiers en

Algérie, les Britanniques répri-maient aux Indes avec la cruauté de gentlemen croyant dépecer une hyène. L’Europe des banquiers, des industriels, des aristocrates décatis et des petits-bourgeois comptables avait exporté aux quatre coins du monde les vio-lences séculaires qu’elle pensait avoir maîtrisé chez elle. L’autre Europe, celle de la sueur et de la misère, aspirait à la paix, comme la plupart des jeunes « coloniaux » qui se pressaient dans les rares écoles ouvertes pour eux.

Déséquilibres et développements inégauxD’un côté, « le fardeau de l’homme blanc » porteur de civilisation, de progrès scientifique, technique, moral, de rationalité, de respect pour l’égalité. De l’autre, une bar-barie décuplée par rapport aux vieilles féodalités. Les optimistes voulaient croire que l’impéria-lisme apporterait en bout de course un monde pacifié. Mais la masse des travailleurs ne pouvait y croire, aussi les bourgeois ratio-nalistes faisaient tantôt appel à l’espérance dans un progrès « en soi », déconnecté des contradic-tions sociales, utilisaient tantôt le vieux reflex d’une religiosité de pacotille. Aux côtés des armées, de la police et des instituteurs mobi-lisés pour la « civilisation », on soutenait les missionnaires d’un

christianisme vidé de son souffle prophétique. La contradiction entre rationalité revendiquée et « religiosité à papa » démontrait que la route vers les Lumières s’était arrêtée en rase campagne. Voilà une des causes de la guerre.Contradictions aussi entre poids du passé et implications du pré-sent : restes de féodalisme contre poussées capitalistes ; survivances monarchiques contre exigences démocratiques ; principes aristo-cratiques contre réalisme bour-geois ; mode de vie rural contre rythmes urbains ; Occident déve-loppé contre Orient « archaïque » ; centre(s) contre périphérie(s). Contradictions entre les présents : entre impérialistes, entre nationa-lismes. C’est entre les libéraux per-dant leurs illusions sur le progrès graduel pour tous et les socialistes incapables d’entraîner la majorité des sociétés en mutation que se forgea l’idéologie nationaliste. Il fallait « donner » aux prolétaires une patrie pour qu’ils renoncent à la révolution et dirigent leur res-sentiment contre leurs semblables de l’autre côté des frontières. Dernière venue au club des gran-des puissances, l’Allemagne re-prit les conceptions racistes dé-veloppées en France et en Grande- Bretagne pour les systématiser et légitimer sa course à la pré-éminence. Les très bonnes univer-sités allemandes formèrent à ces conceptions ethnicistes les élites de l’Europe du Centre-Est. Au pangermanisme, par mimétisme, allaient répondre le panslavisme, le pantouranisme, le nationalisme hongrois « hun », le national-catholicisme polonais, le sionisme, etc. En 1914, les contradictions étaient trop diverses pour être perçues et résolues d’un seul coup. Comment prôner l’égalité des êtres humains et justifier les comportements « civilisés » des armées en Europe, barbares dans les colonies ? Comment prôner

Assassinat de l’archiduc d’Autriche, le 28 juin 1914

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la démocratie en séparant les habitants d’un même « empire » en citoyens et en sujets ? Pourquoi l’alliance de la troisième République avec le tsar autocrate ? Pourquoi celle de l’Allemagne fière de sa sécurité sociale avec l’Empire ottoman aux structures archaïques ?

Des perceptions différentes de la réalité selon les paysSept puissances rivalisaient alors : Grande-Bretagne, France, Alle-magne, Italie, Russie, États-Unis, Japon. La Grande-Bretagne, la France et des pays comme la Bel-gique avaient en gros terminé leur mutation vers la démocratie bourgeoise, alors que l’Allemagne restait marquée par des raideurs monarchistes. Plus à l’Est, les pouvoirs s’adaptaient mal aux règles du capitalisme. Les pays balkaniques voulaient imiter les grandes puissances, en se faisant le jouet de leurs intérêts. La Russie était une « prison des peuples », l’Autriche et l’Empire ottoman recherchaient une légitimité de rechange face à la déliquescence des principes féodaux portés par les Habsbourg ou ceux d’un islam en crise portés par les sultans otto-mans. De plus en plus de peuples se sentaient opprimés : Irlandais, Polonais, Arméniens en particu-lier. La déliquescence des vieilles

puissances amenait d’autres groupes ethniques à se considérer comme des peuples à part entière : Tchèques, Slovaques, Ukrainiens, Juifs, Lituaniens, Arabes, etc. Si pour l’opinion progressiste, la guerre semblait une catastrophe évitable, pour certains « petits » peuples, elle semblait une porte vers la liberté. Les Serbes, mena-cés par la poussée germano-autri-chienne, eurent de fortes raisons de croire que la guerre de 1914 avait commencé pour la défense de leur liberté.Hormis quelques pays euro-péens neutres, l’Amérique latine devenue « l’arrière-cour » des États-Unis et quelques États se-mi-coloniaux (Abyssinie, Perse, Afghanistan, Siam, Chine), le reste du monde faisait partie d’empires. Aux appelés des pays belligérants allaient s’ajouter les troupes coloniales. La Chine sans moyens apporta ses bataillons de main-d’œuvre pour remplacer dans la misère les ouvriers partis au front. On connaît les conditions horribles qui régnaient au front. On doit aussi rappeler la misère, la surexploitation, parfois la famine qui touchait les ouvriers, les tra-vailleurs coloniaux, les femmes.

Les moteurs de la guerreOn connaît le mécanisme de dé-clenchement de la guerre qui com-

mença par l’ultimatum de Vienne à Belgrade, et qui s’étendit, par le jeu des alliances, à l’ensemble des grandes puissances européennes, suivies par le Japon, l’Italie, les États-Unis et plus fictivement, par plusieurs États d’Amérique latine. Les fauteurs de guerre sont connus : les « marchands de canons », les intérêts impérialistes jouant, à l’occasion, sur les frus-trations de « petits peuples ». Le jour venu, peu osèrent se rebeller contre les ordres de mobilisation ou fraterniser avec les troupes adverses. La propagande vou-lut démontrer l’existence d’un consensus guerrier. Les partisans de la paix furent isolés par les bureaucraties de partis, « l’aristo-cratie ouvrière », « le crétinisme parlementaire ». La discipline, qui fut une arme de la classe ouvrière dans ses luttes, fut retournée en son contraire. « Les démocraties ne se font pas la guerre ». Rien ne fut plus faux que cette affirmation au moment où les Parlements élus selon les règles de la démocratie bourgeoise votèrent les crédits militaires. Comme l’avait pres-senti Karl Marx, la « rétribution » eut lieu en Europe, une barbarie rodée dans les colonies, décuplée par les techniques modernes. La Première Guerre mondiale « re-mit à niveau » les contradictions du capitalisme. Les dynasties qui tentèrent de survivre par la fuite en avant dans la guerre tombèrent : Romanov, Habsbourg, Ottomans, Hohenzollern. Les puissances plus modernes s’engagèrent sur la pente de l’affaiblissement. Seuls les États-Unis, et dans une moindre mesure le Japon, tirèrent profit du conflit. La Rus-sie allait tenter seule, dans le feu de sa grandiose révolution, une voie alternative vers la modernité, créant le premier contrepoids anti-impérialiste de l’histoire.La rivalité entre Londres qui vou-lait conserver sa prééminence

Ci-après :Reprendre l’Alsace !

Ci-contre : Honneur au « 75 », la meilleure de nos armes !

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DOSSIERDOSSIER LE RÉVEIL

contre Berlin fut le moteur du conflit. La France se joignit à Londres pour préserver son rang. Ces calculs étaient chimériques. En 1913, Grande-Bretagne, Alle-magne et France ne représen-taient plus, ensemble, que 1/3 de la production industrielle mon-diale, contre un autre tiers pour les seuls États-Unis. Le « concert européen » faiblissant sombrait dans la cacophonie. Les élites eu-ropéennes perdaient le contrôle de ce qui avait justifié leur domi-nation.

La guerre !

Ce fut une guerre de masse, in-dustrielle, longue. Le contraire des prévisions. Des masses d’hommes furent broyées sous des « orages d’acier ». 10 millions allaient périr. Une guerre sans but précis. Certains purent croire qu’ils défendaient leur nation. Comme les Serbes. Quand l’en-nemi se rapprocha du cœur de la mère patrie, Allemands aux portes de Paris, Anglais aux portes de l’Anatolie, le soldat pouvait croire à la défense de sa patrie en dan-ger. Mais dans l’ensemble, ce ne fut pas une épopée. Les soldats belges flamingants mouraient car ils ne comprenaient pas les ordres de leurs officiers francophones, les soldats austro-hongrois, russes, allemands, découvraient dans la boue des tranchées les solidarités « tribales » avec ceux qui parlaient comme eux. La Première Guerre mondiale enracina les idéaux de paix et de justice sociale chez beaucoup d’ouvriers ou parfois de paysans, elle incrusta l’égoïsme ethnique chez ceux qui, arrachés à leur terroir, découvrirent à la fois le vaste monde et ses horreurs. D’autant plus qu’ils ne furent pas « recasés » dans une société déstructurée par la guerre. Ce fut surtout le cas dans les pays vain-cus, mais le phénomène des an-

ciens combattants de droite allait traverser toute l’Europe, face aux anciens combattants pacifistes.Cette guerre fut horrible pour les civils, surtout ceux qui subirent l’occupation. Belges accusés d’être des francs-tireurs par l’armée al-lemande, Ruthènes soupçonnés de sympathie pour la Russie par les détachements hongrois, Juifs accusés de fuir le service militaire, Arabes hésitant à soutenir un em-pire de moins en moins musul-man et de plus en plus turc, et sur-tout Arméniens qui par plusieurs centaines de milliers au moins payèrent de leur vie le soupçon de sympathiser avec la Russie. Ce fut surtout une guerre de position, après les premières semaines, quand les Allemands furent stop-pés aux portes de Paris et que les Russes furent arrêtés à l’intérieur de la Prusse orientale. La retraite serbe, Verdun et Przemysl furent les symboles des combats les plus durs. D’autres noms firent la une des journaux : la Somme, Gal-lipoli, Caporetto, etc. Les pertes au front furent massives : 20 % des hommes en France, 13 % en Allemagne. Le conflit systéma-tisa l’interventionnisme d’État au

profit des capitalistes… la Russie révolutionnaire allait prendre cet exemple au profit des ouvriers. Il y eut des cascades d’innovations : aviation, sous-marins, gaz, blin-dés. La généralisation du travail féminin démontra irréversible-ment la capacité des femmes à faire des travaux jusque-là jugés irréalisables par elles.

Une guerre pour rien1914 stoppa l’essor du commerce international, délégitima les pré-tentions des élites possédantes à représenter « la civilisation » et le progrès en soi. Les Européens s’entretuèrent plus brutalement que des « sauvages ». Les plus conservateurs se raccrochèrent aux mythes réactionnaires, sur-tout au racisme, pour expliquer ce drame. Les mutineries, fra-ternisations, grèves qui s’étaient multipliées après les révolutions russes de 1917 éveillaient chez le bourgeois la peur du « bolchevik avec son couteau entre les dents ». Plus on allait vers l’Est, plus les tentatives de créer des « États bourgeois » étaient marquées par un radicalisme, de façade au moins. Les États naissants adop-

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Derniers adieux sur le quai de la gare, vers le front : « une promenade de santé ! »

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tèrent au départ des constitu-tions démocratiques entérinant l’ingérence de l’État en faveur de lois sociales et le droit de vote pour les femmes (en France, il ne sera accordé qu’en 1945). Cette guerre n’assura aucune victoire durable, ce que la Seconde Guerre mondiale puis la décolonisation allaient démontrer. Les causes profondes du conflit persistaient : inégalités entre États, nations, classes sociales. Même si la nou-velle Russie allait tenir un discours imposant les principes de paix, de désarmement et de sécurité collec-tive. Un peu partout, il y eut des mouvements qui s’en inspirèrent. Allemagne, Hongrie, Pologne, Cuba, Espagne, Chine, etc. eurent leurs soviets, les révolutions mexi-caine et chinoise se radicalisèrent, le mouvement musulman indoné-sien se bolchévisa, etc.L’ordre versaillais se forma aussi contre le camp politique qui avait prôné « la guerre à la guerre ». Partout les révolutionnaires qui n’avaient aucune responsabilité dans la tuerie de 1914 furent com-battus, pourchassés, assassinés. Les puissances s’accordèrent pour créer un « cordon sanitaire » au-tour de la Russie, dès que leurs in-terventions échouèrent à assurer le retour au pouvoir des contre-ré-volutionnaires. L’idée en principe généreuse de Société des nations proposée par les États-Unis était viciée dès le départ.On doit réfléchir pour savoir pourquoi la fin de la vieille Russie déboucha, dans la douleur, sur la création d’une nouvelle entité politique multinationale, alors que l’effondrement des empires austro-hongrois, ottoman et allemand entraîna la naissance d’États-nations séparés. Les États décadents avaient laissé se développer des nationalismes ethniques concurrents pour pro-longer leur agonie. Les frontières dessinées à Versailles furent le

résultat de rapports de force entre les grandes puissances au profit de leurs « États clients » respec-tifs. C’est ainsi que naquit « la petite Entente » qui « régla ses comptes » à la Hongrie vaincue mais surtout tentant une Révo-lution. La Pologne dut se conten-ter de compromis défavorables à l’Ouest (la « ville libre » de Dant-zig), car elle était vue de Londres comme une protégée de Paris au moment où, fidèle à son tradi-tionnel jeu de bascule, l’impéria-lisme britannique voulait que la puissance allemande soit main-tenue comme contrepoids face à la France. Cette même Pologne bénéficia en revanche des appuis occidentaux à l’Est où elle refoula le bolchevisme. Les Arabes ne furent pas libérés, mais partagés entre les deux puissances « man-dataires » du Moyen-Orient, tan-dis que, dans la foulée du nationa-lisme colonial européen, Londres promettait aux sionistes d’ouvrir la Palestine à la colonisation de Juifs venus d’Europe où ils consti-tuaient une masse pauvre et po-tentiellement rebelle. L’ordre ver-saillais visait à retourner certains peuples anciennement opprimés en agents des grandes puissances contre d’autres peuples « dange-reux ». On imposa aux nouveaux États (mais pas à l’Allemagne pourtant vaincue, et moins en-core aux puissances victorieuses) un traité des minorités qui tuait

dans l’œuf les tentatives de créer des nations politiques non eth-niques, mais qui permettait de justifier les ingérences dans leurs affaires intérieures. L’Allemagne fut humiliée autrement. Jugée seule responsable de la guerre, elle dut payer des réparations et les industries rhénanes furent soumises aux vainqueurs. Alors qu’on tolérait les corps francs alle-mands, auteurs de meurtres mas-sifs contre les populations rebelles et creuset des futurs militants na-zis, on imposa la démilitarisation unilatérale du Reich. Les guerres civiles ou ethniques se prolon-gèrent à l’Est après 1918. Dans la foulée eurent lieu les premiers déplacements de populations qui touchèrent environ 5 millions de personnes.Seuls les États-Unis virent leur position renforcée par la ruine de leurs concurrents endettés. Le capitalisme peina à se relever. En 1948 seulement, les échanges internationaux rattrapèrent leur niveau de 1913, encore qu’il faille tenir compte de l’augmentation de la population mondiale et de la multiplication des frontières qui rendaient « internationaux » des échanges qui n’auraient pas été comptabilisés comme tels en 1913. On peut donc estimer que la mondialisation s’est arrêtée en 1914, pour ne reprendre qu’à la fin du XXe siècle.

Dans les tran-chées, avant

l’assaut

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DOSSIERDOSSIER LE RÉVEIL

On le sait, l’histoire officielle ment : monumentalement. Quatre-vingt-dix ans ont passé depuis la fin de la Pre-mière Guerre mondiale et, malgré les travaux historiques considérables qu’elle a sus-cités, d’immenses champs d’horreur demeurent à ex-plorer, notamment celui des fusillés pour l’exemple, et plus enfoui encore, celui des exécutions sommaires.

De temps à autre cependant sur-git l’imprévu : après l’ouvrage de l’historien Guy Pedroncin (1), après la remarquable étude de Nicolas Offenstadt (2), le général André Bach (3), et oui un général alors chef du Service historique de l’armée de terre, engage les travaux les plus exhaustifs jamais

Les fusillés pour l’exemple

conduits sur le sujet tabou des fu-sillés pour l’exemple de la Grande Guerre. Une gageure quand on sait que les archives militaires ont été cadenassées pour un siècle, c’est-à-dire rendues légalement indisponibles jusqu’en 2018. Cent quarante mille dossiers de soldats traduits en jugement entre 1914 et 1918 sont passés au crible par une équipe de six histo-riens. Le résultat de leurs travaux bouscule toutes les idées reçues : alors qu’on estimait à une cin-quantaine le nombre d’exécutés, et principalement en 1917, il ap-paraît qu’au terme de deux mille cinq cents condamnations à mort, c’est en réalité cinq cent cinquante hommes qui ont été passés par les armes, dont trois cent cinquante la première année du conflit.Des recherches semblables ont-elles été lancées dans les autres pays belligérants ? De l’ampleur de celles entreprises par André Bach, peut-être pas ; on sait tout

de même que cette justice de temps de guerre n’est pas une exclusivité française. Pour l’An-gleterre, d’août 1914 à novembre 1918, les tribunaux militaires ont fait procéder à l’exécution de trois cent quarante-trois soldats et de trois officiers. Sur les cent vingt-et-un Austra-liens punis de la peine de mort durant leur service dans les Aus-tralian Imperial Forces, si aucun n’a été fusillé, trois le furent alors qu’ils étaient volontaires dans les forces britanniques ou néo-zé-landaises.Pour le contingent canadien, ce sont vingt-neuf soldats qui seront passés par les armes. No-tons qu’ils étaient tous engagés volontaires. L’armée belge a fu-sillé douze des siens sur les deux cent dix-neuf condamnations à la peine capitale. En ce qui concerne l’Italie, avec sept cent quarante-quatre exécutions pour quatre mille ving- deux verdicts de mort,

Alain Moreau est l’auteur de Fusillés pour l’exemple, documentaire réalisé avec Patrick Cabouat et Jacques Tardi pour France Télévisions.

AlAin MorEAu

Fusillé pour l’exemple : l’une des très rares photos d’exécution

(1) Les mutineries de 1917, PUF, 1996.

(2) Les Fusillés de la Grande Guerre et la mémoire collective (1914-1999), Odile Jacob 1999.

(3) Fusillés pour l’exemple, Tallan-dier, 2003.

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LE RÉVEIL DOSSIERDOSSIER

sa justice militaire paraît de loin la plus féroce du champ de bataille.Quant à l’armée allemande, pour un engagement identique en hommes à celui des Fran-çais, c’est quarante-huit de ses soldats qu’elle exécuta. Mais les historiens allemands sont-ils allés jusqu’au bout de leurs re-cherches ? Voir. L’histoire fantas-mée contredit si souvent la réalité que les nations chassent de leur mémoire ce qui dérange. Petit à petit toutefois la mémoire collective se réapproprie l’his-toire, la vraie. Après la parole apeurée des témoins, après celle des familles des martyrs est venu le temps des livres, souvent des chefs-d’œuvre signés Barbusse, Dorgelès, Giono, Duhamel, Ge-nevoix, Céline, Remarque, Faulk-ner. Puis celui du cinéma, d’abord censuré, avec Les sentiers de la gloire de Kubrick, Pour l’exemple de Lo-sey, et Les hommes contre de Rosi ; plus tard Un long dimanche de fiançailles. Aujourd’hui la bande dessinée avec Jacques Tardi en particulier, la Série noire avec Didier Daenninckx, la télévision avec Le pantalon d’Yves Boisset, et de rares documentaires, contri-buent à la vulgate de ces martyrs de la Première Guerre mondiale. Cependant, tout n’a pas été dit. Si nous connaissons désormais le nombre de victimes des conseils de guerre, d’autres crimes échappent encore aux travaux des historiens : les exécutions sommaires. De temps à autre, toutefois, un document émerge qui laisse pressentir une autre face cachée de l’horreur : « J’ai tué de ma main douze fuyards et ces exemples n’ont point suffi à faire arrêter l’abandon du champ de ba-taille par les tirailleurs », rapport du général Auguste Blanc du 23 sep-tembre 1914 (Service historique de l'Armée de terre, carton 24 N 18 ). À suivre…

Quand au bout d'huit jours le r'pos terminéOn va reprendre les tranchées,Notre place est si utileQue sans nous on prend la pileMais c'est bien fini, on en a assezPersonne ne veut plus marcherEt le cœur bien gros, comm' dans un sanglotOn dit adieu aux civelotsMême sans tambours, même sans trompettesOn s'en va là-haut en baissant la têteRefrainHuit jours de tranchée, huit jours de souffrancePourtant on a l'espéranceQue ce soir viendra la r'lèveQue nous attendons sans trêveSoudain dans la nuit et le silenceOn voit quelqu'un qui s'avanceC'est un officier de chasseurs à piedQui vient pour nous remplacerDoucement dans l'ombre sous la pluie qui tombeLes petits chasseurs vont chercher leurs tombesRefrain C'est malheureux d'voir sur les grands boulevardsTous ces gros qui font la foireSi pour eux la vie est rosePour nous c'est pas la même choseAu lieu d'se cacher tous ces embusquésFeraient mieux d'monter aux tranchéesPour défendre leurs biens, car nous n'avons rienNous autres les pauv' purotinsTous les camarades sont enterrés làPour défendr' les biens de ces messieurs-làRefrainCeux qu'ont le pognon, ceux-là reviendrontCar c'est pour eux qu'on crèveMais c'est fini, car les trouffionsVont tous se mettre en grèveCe s'ra votre tour messieurs les grosDe monter sur l'plateauCar si vous voulez faire la guerrePayez-la de votre peau

La chanson de CraonneCette chanson pacifiste est née pendant la guerre. Dès 1914 une Chanson de Lorette (en référence à la bataille de Lorette) annonce la future Chanson de Craonne. La forme actuelle du chant date de la bataille du Chemin des Dames, près duquel est situé Craonne : la chanson naît donc avec l’offensive du général Nivelle et les mutineries qui s’en suivirent.Après la guerre, la chanson sera popularisée par Paul Vaillant-Couturier dans son livre La guerre des soldats.

Refrain :

Adieu la vie, adieu l'amour,

Adieu toutes les femmes

C'est bien fini, c'est pour toujours

De cette guerre infâme

C'est à Craonne sur le plateau

Qu'on doit laisser sa peau

Car nous sommes tous condamnés

C'est nous les sacrifiés

Fraternisation entre Français et Allemands

Fraternisation entre Russes et Allemands

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VOS DROITS VOS DROITS LE RÉVEIL

Dernier conseil d’administration de 2012, la séance de travail avait pour but de dresser le bilan de l’année qui se ter-mine, d’ajuster les comptes financiers du budget de l’ONAC en cours et de préparer celui de 2013, en liaison avec le contenu du projet de budget des ACVG pour l’an prochain.

L’ADCS devra-t-elle être interrom-pue courant 2013 ?A l’occasion du point de l’ordre du jour évoquant le bilan 2012, André Fillère in-tervint fermement pour dénoncer une situation lourde de périls et qui, si le budget ACVG demeurait en l’état, por-terait un tort considérable aux veuves et aux Anciens Combattants.• Bilan 2012 Depuis le 1er janvier 2012, les services départementaux de l’ONAC ont instruit 5 434 dossiers de demandes d’Aide dif-férentielle pour les conjoints survivants (ADSC), dont 4 747 ont été réputés éli-gibles. La moyenne d’âge des bénéfici-aires est de 76,8 ans. 5,5 % sont âgés de 60 à 65 ans et 94,5 % ont plus de 65 ans. Le montant total des aides accor-dées dès fin 2012 (dont l’effectif devrait approcher les 5 000 bénéficiaires) est estimé - sur la base du plafond de res-sources à 900 euros - à 6,05 M€… alors que le budget voté par la loi de finances était de 5 M€. Seul le report de 1,42 M€ inemployés en 2011 a donc permis de « boucler » l’année 2012 qui verra un reliquat estimé à 0,3 M€ reporté sur 2013.• 2013, un budget inacceptable !La seule reconduction du budget 2012 auquel s’ajoutera le reliquat de 0,3 M€ aboutit donc à un financement du dis-positif de 5,3 M€… déjà en retrait de 1 M€ sur le montant utilisé en 2012 (6,05

M€), alors que l’effectif 2013 estimé serait de 4 900 bénéficiaires pour un montant total de 7 M€, soit un manque de 1,97 M€ pour assumer l’ADCS en année pleine.A la demande d’abonder cette somme par amendement au projet de budget 2013, le secrétaire général du Gouver-nement (Jean-Paul Bodin qui siège au conseil d’administration de l’ONAC) opposa un rejet catégorique, affirmant que le gouvernement n’acceptera aucun amendement parlementaire, qu’il nous faut être « raisonnable » et prendre nous-mêmes les mesures qui s’imposent pour rester dans le cadre de l’enveloppe actuelle. Pour ce faire, il suggéra même de durcir les critères réagissant l’aide sociale accordée par les services départementaux de l’ONAC aux ressortissants nécessiteux.Une attitude et des propositions con-tre lesquelles André Fillère réagit avec véhémence, dénonçant la notion de « raisonnable », celle d’avoir à faire le « tri » entre les ACVG « méritants » et ceux qui peuvent être « largués » dans un coin, s’élevant avec force contre le langage déshumanisé des techniciens de la finance, alors qu’il s’agit avant tout d’hommes et de femmes envers qui il y a dette de la Nation ! Et de réclamer la garantie que l’Assemblée nationale abonderait bien le budget dans le sens voulu.

Diminuer le nombre de veuves bénéficiairesIl faut savoir que l’ADCS est fondée sur le principe de la subsidiarité par rapport aux dispositifs sociaux de droit commun, à savoir le RSA pour les bé-néficiaires de 60 à 65 ans, et l’ASPA pour les plus de 65 ans. Or un certain

Conseil d’administration de l’ONACÇa accroche financièrement sur l’ADCSLe conseil d’administration de l’ONACVG s’est tenu le 23 octobre 2012 dans les salons du gouverneur des Invalides, à Paris. André Fillère y participait.

nombre de ces dernières ne demandent pas l’ASPA parce qu’elles ont un bien quelconque qui pourrait être hypothé-qué, voire vendu lorsque, à leur décès, il faudra rembourser l’ASPA.Il pourrait donc être envisagé, début janvier 2013, que la direction de l’ONAC nationale modifie de façon très restrictive les critères d’accès à l’ADCS, afin d’expulser du système une part de ses bénéficiaires actuels et de faire bar-rage à l’entrée de nouveaux postulants. Par exemple, en interdisant l’ADCS aux veuves de plus de 65 ans qui pourraient bénéficier de l’ASPA, mais refusent de la demander pour ne pas pénaliser leurs héritiers.En clair, non seulement le gouverne-ment refuse d’accorder un système identique aux anciens combattants les plus démunis et refuse de porter le plafond à hauteur du seuil de pauvreté (964 euros), mais s’ajoute désormais la volonté de réduire le nombre de bé-néficiaires pour rester dans l’enveloppe budgétaire, plutôt qu’abonder les crédits de 2 M€.En clair, le « changement » c’est le recul sur les acquis de l’an passé. La majorité PS à l’Assemblée nationale s’est lais-sée manipuler et compromettre dans cette manœuvre, et a refusé l’adoption d’amendements en faveur de l’ADCS !

André Fillère

ONAC, DÉPART

Celui du préfet directeur général Rémi Enfrun de la direction de l’ONAC, qui a annoncé être « atteint par la limite d’âge » en avril 2013. Bien que pas toujours d’accord avec lui, c’était pour-tant un homme ouvert avec qui l’on pouvait relativement tra-vailler. Nous le saluerons avec respect le moment de son départ venu.

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARACVIE DE L’ARAC

C’est à l’initiative de l’ARAC- 91 et du comité départemental de l’Essonne du Village de l’amitié de Van Canh que s’est tenue une très belle manifesta-tion à Verrières-le-Buisson, les 12 et 13 octobre dernier.Cette ville a accueilli de 1969 à 1973 la délégation du Front national pour la libération du Sud-Vietnam sous la di-rection de Madame Nguyen Thi Binh.

Cette délégation a négocié et signé les accords de paix de Paris, le 27 janvier 1973 qui ont mis fin en 1975 à la guerre menée par les USA contre le Vietnam et son peuple héroïque.Une plaque commémorative a été appo-sée devant la propriété qui a hébergé la délégation vietnamienne le samedi 12 octobre en présence de l’ambassadeur du Vietnam en France, de Monsieur Joly, conseiller général de la ville et d’André Fillère, représentant le Village de l’Amitié et l’ARAC, en présence de nombreuses personnes.La veille, une soirée débat était organi-sée sur le double thème de la guerre du Vietnam, et de la dioxine, et du Village de l’amitié de Van Canh, avec la parti-cipation d’Alain Richard, sous la prési-

dence de Lucien Duverger-Chatellet, responsable départemental de l’ARAC et du Village. Une triple exposition re-marquable accompagnait cette mani-festation, consacrée à l’histoire de Ver-rières-le-Buisson (et de la propriété qui a hébergé la délégation vietnamienne), à la guerre du Vietnam et au Village de l’amitié. La vente d’objets artisanaux vietnamiens ainsi qu’une table de litté-rature a été organisée. Tous nos remer-ciements à M. Gautier, responsable de l’historique de Verrières-le-Buisson et aux militants de l’ARAC et du Village de l’amitié de l’Essonne qui ont contribué à la réussite de cette belle manifestation de mémoire, de paix et d’amitié entre les peuples vietnamiens et français.

Verrières-le-Buisson (Essonne)Hommage à la délégation vietnamienne ayant signé les accords de paix

Page 23: Le journal le réveil des combattants - novembre 2012

LE RÉVEIL - N°788 - NOVEMBRE 2012 - 23

LE RÉVEIL VIE DE L'ARACVIE DE L'ARAC

Le travail de mémoire de la sec-tion ARAC de Romainville se dé-veloppe cette année dans deux directions, outre la participation de ses membres au rassemble-ment national annuel de l’ARAC en mai et au rassemblement Henri Barbusse de juin à Aumont.

• Première directionL’initiative vers l’ensemble de la popu-lation concernant les cérémonies com-mémoratives du 11 Novembre, 19 Mars et 8 Mai et la tenue d’un stand avec ex-position à la fête de la ville de Romain-ville. Ont été programmées une soirée de projection-débat pour préparer chaque commémoration (le 8 novem-bre cette année) et une distribution de tracts d’information et d’invitation à la population.• Deuxième directionTrois programmes d’initiatives sur thèmes au collège Gustave-Courbet de Romainville (750 élèves) conçus avec la direction et les professeurs de l’établissement :- La guerre de 1914-1918 et l’armistice du 11 novembre 1918 (octobre-novem-bre 2012),

- La guerre d’Algérie et sa cessation le 19 mars 1962 (février-mars 2013),

- L’écrivain combattant Henri Barbusse, soldat de la paix et le mouvement Am-sterdam-Pleyel (mai-juin 2013).

Ces trois programmes ont été mis au point en juin 2012 par plusieurs réunions de travail au collège entre l’ARAC, la direction et les professeurs.

Déroulement de l’initiative « guerre 1914-1918 et armistice du 11 novembre 1918 »- Information à tous les élèves par les professeurs et les principaux.

- Projection du film A l’Ouest, rien de nouveau tiré du roman de Erich-Maria Remarque, suivi d’un débat, assuré par des militants de l’ARAC, avec les sept classes de troisième (181 élèves), avec appel, en conclusion, à participer à la cérémonie du 11 Novembre en préparant panneaux, objets souvenirs, lettres de poilus et poèmes.

- Démonstration, dans la cour du collège, pour les 750 élèves, après la projection du film, le débat et le repas, par les prin-cipaux, quelques professeurs, quelques membres de l’administration, habillés en tirailleurs sénégalais, algériens, en poilus et en infirmières assistés par des militants de l’ARAC.

Cérémonie du 11 novembre 2012- Exposition des travaux des élèves sur la guerre 1914-1918.

- Participation des élèves au défilé et au dépôt de gerbes et à la prise de parole en mairie de Romainville dans le cadre de l’intervention du président de la sec-tion de l’ARAC.

Paul Markidès

Le travail de mémoirede la section de Romainville

CorrèzeCongrès départe-mental de l’ARACLe congrès départemental de l’ARAC Corrèze s’est déroulé fin octobre à Chanteix en présence de Patrick Staat, secrétaire national de l’ARAC. C’est Marie-Josée Capoën, présidente du comité départemental, qui a ouvert le congrès. A l’issue des travaux, les congressistes se sont rendus au monu-ment aux morts de Chanteix pour un dépôt de gerbes en hommage à toutes les victimes des conflits du XXe siècle.La matinée s’est terminée par la remise de l’étoile des mérites civils et militaires argent à Jean-Pierre Peyrat, président de la section ARAC de Vigeois, celle de bronze à Jean-Marie Monéger, pré-sident de la section ARAC de Saint-Jal. Les diplômes de porte-drapeaux, attri-bués par le service de l’ONAC, ont été remis à Jean Marliac et M. Monteiro.

NON À TOUT HOMMAGE OFFICIEL AU GÉNÉRAL

BIGEARD

L’ARAC, au moyen d’une pétition (qui a recueilli près de 10 000

signatures) portée par son président Raphaël Vahé et son vice-président Paul Markidès, a exprimé son opposition à

propos de l’inauguration d’une stèle à Fréjus devant accueillir les cendres du général Bigeard et a demandé que soit proscrit tout hommage au général Bigeard dont on connaît les positions et les actes pour ce qui est du

passé colonial de la France et les pratiques les plus détestables de

l’armée française.

Page 24: Le journal le réveil des combattants - novembre 2012

LE RÉVEIL - N°788 - NOVEMBRE 201224 -

LE RÉVEIL VIE DE L’ARACVIE DE L’ARAC

GRANDE TOMBOLA DE NOËL 2012

Cette année encore, UNE VOITURE à gagner !C’est la 3e !

Pour participer au tirage, retournez au siège national (Réveil des Combattants - 2 place du Méridien - 94800 Villejuif), la ou les souches remplies et accompagnées de votre règlement (2 à 20 euros ou plus) et gardez vos tickets.

La date butoir pour le retour des souches est fixée au 31 décembre 2012.

Le tirage aura lieu début janvier 2013 !

Pour soutenir notre journal Le Réveil des Combattants

50 ans aprèsUn colloque sur les accords d’Évian *Les samedi 17 et dimanche 18 mars der-nier, s’est tenu au Palais des Festivités de la ville d’Évian un colloque intitulé : « Sortir de la guerre d’Algérie : regards croisés, regards apaisés », l’ARAC y a participé, représentée par Henri Evrard, membre du Bureau national.Au cours de ce colloque, a été réaffirmée la demande aux autorités françaises qu’elles formulent une véritable recon-naissance des injustices fondamentales qui ont marqué cette époque. Cela per-mettra de tourner cette page tragique de notre histoire et de construire avec les peuples du Sud de la Méditerranée un avenir de paix et de progrès.

* Camille Blanc, maire d’Évian à l’époque des accords, disparaissait le 31 mars 1962 victime d’un attentat de l’OAS.

Au conseil national des 13 et 14 octobre où était discuté le projet d’orientation pour le 55e Congrès, une partie de ses membres avec le nouveau tee-shirt de l’ARAC.

Conseil national de l’ARAC

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LE RÉVEIL - N°788 - NOVEMBRE 2012 - 25

LE RÉVEIL VIE DE L’ARACVIE DE L’ARAC

Le 17 octobre 1961, c’est un crime d’État qui s’est produit. Des milliers d’Algé-riens, hommes et femmes, manifestent pacifiquement pour la paix en Algérie et contre un couvre-feu instauré à leur encontre par le gouvernement de l’époque, couvre-feu décrété par Maurice Papon, alors préfet de police de Paris. Ce même préfet qui avait, en Gironde, fait le choix de la collaboration avec les nazis et envoyé dans les camps d’extermination de centaines de juifs.Ce même préfet qui quelques mois plus tard, le 18 février 1962, faisait tuer au métro Charonne, neuf manifestants dont Daniel Ferry alors âgé de 16 ans et Édouard Le Marchand, dirigeant de l’ARAC. Ces hommes et ces femmes ont subi une répression brutale : des ar-restations massives, des noyades dans les eaux glacées de la Seine, des tortures et des déportations. Partout, aux portes de Paris, aux bouches de métro, la police a traqué ces Algériens avec une brutalité sans nom. Ce ne sont pas seulement les violences du 17 octobre 1961 qui ont longtemps été recouvertes d’une chape de silence et d’oubli, c’est l’ensemble des crimes de la police et de l’armée françaises pen-dant cette « opération de maintien de l’ordre ».

Certes, un pas vient d’être franchi, pour la première fois, le chef de l’État a reconnu la réalité du massacre du 17 octobre 1961. Mais cela ne peut suffire, car c’est bien d’un crime d’État qu’il s’agit et donc être reconnu comme tel. Ce devoir de mémoire est décisif pour refuser l’oubli. C’est travailler à ce que l’histoire ne reproduise plus ces hor-reurs.

Villejuif

PLACE DU 17 OCTOBRE 1961Extraits du discours de Jean-Claude Fèvre au nom de l’ARAC de Villejuif.

Comment, dans cet esprit, accepter que soit réhabilité aujourd’hui des anciens de l’OAS ? Comment ne pas être outré que l’on érige une stèle à la mémoire du général Bigeard, bourreau du peuple vietnamien et du peuple algérien, en présence du ministre de la Défense, M. Le Drian, le 20 novembre pro-chain ? Le Président s’honorerait que la République ne cautionne pas une telle initiative, alors que la question est au rapprochement entre les deux pays avec l’élaboration d’un traité de paix et d’amitié.C’est notre histoire à tous, alors ayons le courage de le reconnaître et d’en par-ler. Ayons le courage de reconnaître les faits, ayons le courage d’employer les mots justes, ayons le courage de les transmettre aux jeunes générations.Un tel acte aurait dans cette région du monde un impact significatif pour la paix. N’oublions jamais que l’histoire de la France est le fruit de l’engagement commun de milliers d’hommes et de femmes de tout horizon sur les valeurs de la révolution de 1789.

Le 17 octobre 2012, de nombreuses associations auxquelles s’était joint le Parti communiste français se sont groupées sur le pont Saint-Michel à Paris pour rendre hommage aux cen-taines d’Algériens massacrés et jetés dans la Seine le 17 octobre 1961 et re-nouveler l’exigence d’une reconnais-sance par l’État de ce crime. L’ARAC y était représentée par Paul Markidès, vice-président national et Henri Pouil-lot membre du Conseil national qui y prit la parole.Au début de la manifestation, les par-ticipants apprenaient la reconnaissance de ces actes odieux par le Président de la

République qui venait de déclarer : « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui mani-festaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des vic-times ».C’est une prise de position conséquente qui permettra de faire un pas impor-tant pour créer les conditions néces-saires à la signature d’un traité de paix et d’amitié entre la France et l’Algérie. Le Sénat a voté quant à lui, le 23 octobre une résolution reconnaissant officielle-ment cette répression sanglante.

17 octobre 1961La répression sanglante enfin reconnue

Inauguration de la place du 17 Octobre 1961 par la municipalité, le samedi 20 octobre 2012

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LE RÉVEIL - N°788 - NOVEMBRE 201226 -

LE RÉVEIL VIE DE L’ARACVIE DE L’ARAC

ALPES-MARITIMES (06)Nice : Francis VACHIE, AC ATM.Saint-Martin-du-Var : Mme Louisette BAILET-MAIF-FREDI, 90 ans, participe activement à la Résistance dans le département, ancienne présidente de la section.

BOUCHES-DU-RHÔNE (13)Le Canet : René FERRINI, AC ATM.Marseille centre : Paul BRIGANDO, AC 39-45.

CORREZE (19)Chamberet : André NADI-RAS, AC 39-45, président de la section.Lagraulière : Jean LACOUR, AC ATM, porte-drapeau.

DORDOGNE (24)Le Lardin : Pierre FAUCON, AC 39-45.Périgueux : Roger HAS-SAN, AC 39-45.Saint-Priest : Mme Denise TOURAINE, épouse. Jean TOURAINE, AC 39-45.

Vertaillac : Yvon AZARD, AC 39-45.

GARD (30)Alès : Marc MERCIER, AC ATM, Médaille Militaire.

GIRONDE (33)Bassens : Paul RUADEL, 73 ans, AC ATM, porte-drapeau de la section.Pessac : Jean-Claude BAU-DRY, 75 ans, AC ATM, porte-drapeau de la section.

ISÈRE (38)Bourgoin-Jallieu : Joseph

BRISSAUD, 94 ans, AC 39-45. François VARGAS, 96 ans, AC 39-45.

PARIS (75)13e : Gisèle MOREL.

SOMME (80)Cayeux-sur-Mer : Yves MASSET, 69 ans, Com-battant pour la paix, Maire de Cayeux, Chevalier de la Légion d’Honneur, Officier de l’ONM.Dargnies : Jacques BEAU-RAIN, AC ATM.

VIENNE (86)Chatellerault : Mme Jean-nine VANDERSCHUE-REN, 88 ans.

ESSONNE (91)Épinay-sous-Sénart : Roger FOULON, AC 39-45.

VAL-DE-MARNE (94)Villejuif : Jean-Louis FLA-GEUL, AC ATM.

VAL-D’OISE (95)Bezons : Michel GUERIN, combattant pour la paix.

NOS PEINES OCTOBRE 2012

Notre camarade Marcel Caille, membre de l’ARAC héraultaise, nous a quittés le 14 octobre dernier à l’âge de 90 ans. Cet ouvrier hautement qualifié en mécanique de précision a été dirigeant national du PCF, secrétaire confédéral de la CGT et membre du Conseil éco-nomique et social. Son expérience du combat ouvrier l’avait amené à dénon-cer avec force l’exploitation salariale conduite avec férocité par les hommes de main à la solde des patrons, notam-ment dans deux livres, Les truands du patronat et L’assassin était chez Citroën. En 1940, son père, résistant, tombe dans son combat antinazi et meurt en déportation à Auschwitz. Marcel entre immédiatement à son tour dans le com-bat clandestin. Et c’est sur ces bases an-tifascistes qu’il mènera l’action contre la

guerre d’Algérie, puis pour la solidarité avec le peuple palestinien. Combats qui l’amèneront à l’ARAC, pour le droit à réparation et la transmission de la mé-moire. Il travaillera notamment avec le service juridique national de l’ARAC sur la reconnaissance et les droits à la qualité de résistant et de combattant volontaire de la Résistance.Un hommage public lui fut rendu le 18 octobre à Béziers et l’inhumation eut lieu le 19 au cimetière de Valras-Plage. Nos camarades Henri Moitrier, au nom de la Mutuelle, et Maurice Moréno pour l’ARAC ont assuré son épouse et sa famille de nos sincères condoléances respectueuses.

Marcel Caille n’est plus

Henri Patard nous a quittésTerrassé par une attaque cérébrale alors qu’il se trouvait à Toulouse, Henri nous a quittés brutalement le 27 octobre dernier. Il avait 79 ans. Cet ancien capitaine de corvette des commandos de fusiliers marins avait combattu en Indochine et il en était revenu avec la haine de la guerre et une considération sans faille pour le peuple vietnamien, qu’il était encore venu saluer le 14 oc-tobre, quelques jours avant sa mort, à Verrières-le-Buisson, à l’occasion de l’hommage rendu à la délégation de Mme Nguyen-Thi Binh qui séjourna dans cette ville de 1968 à 1973, lors des pourparlers qui mirent fin à la guerre d’agression américaine envers ce pays.Sa soif de justice sociale et son amour de la paix l’avait conduit tout naturelle-ment à l’ARAC, où ses talents d’analyse et d’organisation étaient un pilier du bureau départemental au sein duquel il animait la commission financière. Sa force, son entrain, sa bonhomie et sa gaîté naturelle faisaient de lui un camarade incomparable, et son enga-gement de tous les instants avait fait de la section de Chilly-Mazarin, dont il était l’animateur, l’une des plus actives de l’Essonne dans tous les domaines.

Il a été inhumé le 2 novembre à La Tour-d’Aigues (Vaucluse) et une cérémonie religieuse d’hommage à sa mémoire s’est tenue le 9 novembre à Chilly-Ma-zarin. Il était médaillé militaire, titu-laire de la Croix de guerre, de l’Ordre national du mérite, de la Croix du com-battant, du TRN, de la médaille de la

Jeunesse et des Sports et de diverses commémoratives.Que Monique son épouse et les siens trouvent ici l’expression de nos condo-léances attristées, l’assurance de notre chaleureux et fraternel soutien. Henri continuera de vivre au cœur de l’ARAC.

Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances.

Page 27: Le journal le réveil des combattants - novembre 2012

LE RÉVEIL - N°788 - NOVEMBRE 2012 - 27

LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

La direction nationale de l’ARAC était représentée, parmi les invités, par Raphael Vahé, président de l’ARAC, le mercredi 3 octobre, et par Patrick Staat, secrétaire national, le jeudi 4 octobre. Kader Arif, ministre délégué à la Défense et aux Anciens Combattants, est venu présenter le projet de budget ACVG 2013 du gouvernement.

UFACAssemblée générale annuelle à Paris

« Cette rencontre devrait en ouvrir de nouvelles et nous permettre des initiatives communes. Bien des sujets, des préoccu-pations, des valeurs nous sont communes (…) Cette volonté de s’attaquer aux causes de la première guerre mondiale a fait de l’ARAC, dès sa création, une association politique, engagée (…) Or, les causes poli-tiques et économiques sont les mêmes qui, en 39-40, ont conduit à la deuxième guerre mondiale (…)Les tensions internationales et les risques d’explosion entre pays n’ont jamais été aussi grands depuis 65 ans… notamment en Afrique et en Asie (…) En ce 50e anniversaire du cessez-le-feu en

Algérie, je dis bien « cessez-le-feu » et non pas traité car il est temps qu’un traité de paix et d’amitié voit le jour entre nos pays (…) Ce combat doit être commun. Nous devons peser pour que le gouvernement français, le Président François Hollande, ouvrent la porte du dialogue, engagent les initiatives pour une nouvelle ère au rapport franco-algérien.Cela compterait et contribuerait, dans cette région du monde, à donner des signes positifs pour résoudre la situation dans un moment où en Afrique du Nord, de l’At-lantique à la Syrie, les peuples vivent sur un volcan, où les risques de conflits et de guerres pouvant embraser la méditerranée

ToulouseAssemblée générale de l’ANPNPA

et le monde n’ont jamais été aussi grands. Le rapprochement et la réconciliation sin-cère et durable entre Français et Algériens est une nécessité. Il est temps, pour peser sur le présent et l’avenir, de tourner avec courage, lucidité et responsabilité, la page de 130 années de domination coloniale (…)Nous avons encore en ces moments, chers amis, des combats à mener, ensemble, pour la paix, la démocratie et les valeurs répu-blicaines. »

Propos recueillis parJean-Claude Fèvre

Extraits de l’intervention de Patrick Staat, secrétaire national de l’ARAC, directeur du Réveil des Combattants lors de l’assemblée générale de l’ANPNPA (Association nationale des pieds noirs progressistes et leurs amis) le 6 octobre à Toulouse.

Notre camarade Pierre Capdevielle nous a quittés récemment. Président du comité départemental de l’ARAC, membre du Comité national d’honneur de notre association, il était, en Vendée et au-delà, une grande figure respectée du mouvement ancien combattant. Pierre fut un résistant de la toute pre-

mière heure face à l’invasion hitléri-enne, un militant exemplaire, toute sa vie durant, pour l’amitié et la solidarité entre les peuples, pour l’antifascisme, le travail de mémoire, la paix. Son souci de faire connaître, par son action à l’ARAC, les vérités d’hier - comme la force des idées du programme du CNR, aux ré-

sistances citoyennes et républicaines d’aujourd’hui, restera un bel exemple d’engagement. Comme nous l’avons exprimé dans un message de condolé-ances à sa famille et à ses camarades, nous continuons son combat pour la paix, son combat pour la vie.

Le décès de Pierre Capdevielle

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LE RÉVEIL - N°788 - NOVEMBRE 201228 -

LE RÉVEIL VOS DROITSVOS DROITS

INVALIDITE de 10 à 80 %

10 % 48 55,64

15 % 72 83,46

20 % 96 111,28

25 % 120 139,10

30 % 144 166,92

35 % 168 194,74

40 % 192 222,56

45 % 216 250,38

50 % 240 278,20

55 % 264 306,02

60 % 288 333,84

65 % 312 361,66

70 % 336 389,48

75 % 360 417,30

80 % 384 445,12

INVALIDITE de 85 à 100 % avec all GI 1,2,3 et 4 selon taux

85 % ss all GM av all GM

489 566,83

625 724,48

90 % ss all GM av all GM

522 605,09

745 863,58

95 % ss all GM av all GM

574 665,36

872 1 010,79

100 % ss all GM av all GM

628 727,96

1000 1 159,17

INDEMNITE DE SOINS AUX TUBERCULEUX

de soins 916 1061,80

de ménagement 458 530,90

de reclassement et de ménagement

au taux plein 687 796,35

au taux réduit 275 318,77

INVALIDITE à 100 % avec degrés de surpension (art l.16) et avec all. GI N°5

Invalidité 100 %

1° sans all GM avec all GM

928 1 075,71

1139 1 320,29

2° sans all GM avec all GM

947 1 097,73

1180 1 367,82

3° sans all GM avec all GM

966 1 119,76

1221 1 415,34

4° sans all GM avec all GM

985 1 141,78

1262 1 462,87

5° sans all GM avec all GM

1004 1 163,80

1303 1 510,39

6° sans all GM avec all GM

1023 1 185,83

1344 1 557,92

7° sans all GM avec all GM

1042 1 207,85

1385 1 605,45

8° sans all GM avec all GM

1061 1 229,88

1426 1 652,97

9° sans all GM avec all GM

1080 1 251,90

1467 1 700,50

10° sans all GM avec all GM

1099 1 273,92

1508 1 748,02

Par degré en plus de 10

sans all GMavec all GM

19 22,02

41 47,53

LES PENSIONS D’ASCENDANTS

Ascendants âgés de moins de 65 ans

Taux plein 213 246,90

Demi-taux 106,5 123,45

Ascendants de plus de 65 ans

Taux plein 243 281,68

Demi taux 121,5 140,84Majoration pour chaque enfant

décédé en sus du premier

45 52,16

INVALIDITÉ à 100 % avec article l 18 + all gi 5 bis (a) + all gi n°6

100 % + art L.18 + all GI n°5 bis (a)

sans all GMavec all GM

1 838 2130,55

2 189 2537,42100 % + art l16 et l18 + all gi n°5bis (a) et gi 6

1° sans all G.M. avec all G.M.

1908 2 211,69

2289 2 653,33

2° sans all G.M. avec all G.M.

1978 2 292,83

2369 2 746,07

3° sans all G.M. avec all G.M.

2048 2 373,97

2449 2 838,80

4° sans all G.M. avec all G.M.

2118 2 455,12

2529 2 931,53

5° sans all G.M. avec all G.M.

2188 2 536,26

2609 3 024,27

6° sans all G.M. avec all G.M.

2258 2 617,40

2689 3 117,00

7° sans all G.M. avec all G.M.

2328 2 698,54

2769 3 209,73

8° sans all G.M. avec all G.M.

2398 2 779,68

2849 3 302,47

9° sans all G.M. avec all G.M.

2468 2 860,82

2929 3 395,20

10° sans all G.M. avec all G.M.

2538 2 941,97

3009 3 487,93

Par degré en plus de 10

sans all G.M.avec all G.M.

70 81,14

80 92,73

RETRAITE DU COMBATTANT

Annuelle 48 667,68

Semestrielle 333,84

PENSION D’INVALIDITEValeur du point 13,91 e à partir du 1er janvier 2012

Pourcentage Indices Montant mensuel Catégories Indices Montant

mensuel

(1) A ces totaux s’ajoute éventuellement l’une des all. G.I. N° 8 (de 368 à 800 points selon le taux ou la nature de l’infirmité). L’all.G.M servie est soit l’all. prévue selon le taux, soit certaines all. spécifiques (ex: 982 points pour aveugles) si cette all. est plus avantageuse.

(1)

Page 29: Le journal le réveil des combattants - novembre 2012

LE RÉVEIL - N°788 - NOVEMBRE 2012 - 29

VOS DROITS VOS DROITS LE RÉVEIL

AU TAUX NORMALConjoints survivants de victimes militaires (de guerre ou hors guerre) et de victimes civiles de guerre, quel que soit leur âge, dont le droit à pension découle de l’impu-

tabilité ou dont le conjoint était pensionné à 85 % avec all. G.M.500 579,58

Conjoints survivants de victimes militaires (guerre ou hors guerre) et de victimes civiles de guerre, quel que soit leur âge, dont le conjoint était pensionné à 85 %

sans allocation G.M.489 566,83

AU TAUX DE REVERSIONConjoints survivants de victimes militaires (guerre ou hors guerre)

de moins de 40 ans bénéficiant du taux de reversion 333 371,30

Conjoints survivants de victimes militaires (guerre ou hors guerre) de plus de 40 ans,bénéficiant du taux de reversion, dont le conjoint était

pensionné au taux de 70% …

… au taux de 70 % 336 374,64

… au taux de 75 % 360 401,40

… au taux de 80 % 384 428,16

Conjoints survivants de victimes militaires (guerre ou hors guerre) quel que soit leur âge,bénéficiant du taux de rever-

sion, dont le conjoint était pensionné…

… au taux de 60 % 288 333,84

… au taux de 65 % 312 361,66

AVEC SUPPLÉMENT EXCEPTIONNELVeuves de déportés morts en déportation, et de prisonniers du Viet-Minh

morts en captivité, sans condition d’âge et de ressources 667 773,16

Conjoints survivants âgés d’au moins 50 ans ou infirmes remplissant la condition de ressources 667 770,94

MAJORATION POUR LES TITULAIRES DE L’ARTICLE L18 (tierce personne)Conjoints survivants pensionnés justifiant de 15 ans de mariage et de soins, dont le conjoint était bénéficiaire de l’article L18 (tierce personne) avec l’allocation n° 5 bis (b) et était donc : aveugle, ou amputé de deux membres, ou paraplégique

350 405,71

Conjoints survivants (autres que ceux ci-dessus) pensionnés justifiant de 15 ans de mariage et de soins, dont le conjoint était bénéficiaire de l’article L 18 (tierce

personne) avec l’all. n° 5 bis (a)260 301,38

INVALIDITE à 100 %Aveugles, bi-amputés, paraplégiques

100 % + L18 + all. GI n°5 bis (b)

sans all G.M.avec all G.M.

1929 2 236,03

2280 2 542,20

100 % + art L18 + art L16 + all G.I. n°5 bis (b) + all G.I. n°6

1° sans all G.M. avec all G.M.

1999 2 317,17

2380 2 758,82

2° sans all G.M. avec all G.M.

2069 2 398,32

2460 2 851,55

3° sans all G.M. avec all G.M.

2139 2 479,46

2540 2 944,28

4° sans all G.M. avec all G.M.

2209 2 560,60

2620 3 037,02

5° sans all G.M. avec all G.M.

2279 2 641,74

2700 3 129,75

6° sans all G.M. avec all G.M.

2349 2 722,88

2780 3 222,48

7° sans all G.M. avec all G.M.

2419 2 804,02

2860 3 315,22

8° sans all G.M. avec all G.M.

2489 2 885,17

2940 3 407,95

9° sans all G.M. avec all G.M.

2559 2 966,31

3020 3 500,68

10° sans all G.M. avec all G.M.

2629 3 047,45

3100 3 593,42

Par degré en plus de 10

sans all G.M.avec all G.M.

70 81,14

80 92,73

Catégories Indices Montant mensuel

Catégories Indices Montant mensuel

L’Allocation aux grands invalides n°9, dite allo-cation aux implaçables, n’est pas d’un montant fixe. En effet, elle représente pour le bénéficiaire la différence entre ses revenus (pension et autres) et le montant produit par la multiplication de la valeur du point et de l’indice 1500 s’il est âgé de 65 ans ou de l’indice 1200 s’il a plus de 65 ans.Ainsi par exemple, un pensionné à 90 % sans allocation G.M. bénéficie d’une pension d’inva-

lidité calculée sur l’indice 522. S’il n’a pas d’autres ressources que sa pension, et s’il est âgé de moins de 65 ans, le montant mensuel de son allocation n°9 sera calculée comme suit : • 522 x 13,91 / 12 = 605,09 e• Les ressources globales autorisées sont fixées sur

la base de l’indice 1500 multipliées par la valeur du point de pension en vigueur : Indice 1500 = 20 865,00 par an, soit 1 738,75 par mois.

• En retranchant de cette somme le montant men-suel de cette pension : 1 738,75 - 605,09 on obtient la valeur mensuelle de l’allocation n°9 : 1 133,66

• montant mensuel des ressources autorisées Indice 1500 = 1738,75 Indice 1200 = 1391,00

LES IMPLAÇABLES

PENSIONS DE CONJOINTS SURVIVANTS AU TAUX DE SOLDAT

A tous ces indices s’ajoutent depuis le 1er janvier 2004 (art.121 de la loi de finances 2004) 15 points uniformes pour tous.

(1) A ces totaux s’ajoute éventuellement l’une des all. G.I. N° 8 (de 368 à 800 points selon le taux ou la nature de l’infirmité). L’all.G.M servie est soit l’all. prévue selon le taux, soit certaines all. spécifiques (ex: 982 points pour aveugles) si cette all. est plus avantageuse.

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LE RÉVEIL - N°788 - NOVEMBRE 2012 - 31

DOSSIER LE RÉVEILMAGAZINE MAGAZINE LE RÉVEIL

Fusillé vivant Fusillé vivant Odette Hardy-Hémery, Ed NRF-Galli-mard, 22 euros

L’auteur, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Lille 3, nous relate l’histoire extraordinaire de François Watrelot, 27 ans, mineur du Nord, fusillé pour l’exemple avec six de ses camarades du 327e régiment d’in-fanterie le 7 septembre 1914, sur ordre du général Boutegourd.Trois des sept ne furent pas tués. L’un décéda de sa blessure quelques jours après, un second, blessé à la cuisse, fut soigné secrètement par ses cama-rades et disparu dans la nature ; quant à Watrelot, qui s’était jeté à terre, il ne fut pas touché et échappa au coup de grâce, l’adjudant Théras ayant commencé par là gauche (alors que Watrelot se trou-vait à droite) et refusant d’aller plus loin après les deux premiers coups de feu. Watrelot, avec la solidarité complice de ses camarades, rejoignit son unité, fut gracié et écrivit plus de 250 lettres aux siens entre le 8 août 1914 et le 10 juin 1915 où il fut tué au front.Grâce à ses lettres, on sait précisément ce que fut une exécution, racontée par celui qui était du côté du canon. On découvre aussi une facette nouvelle de ce que furent les « fusillés pour l’exemple », la solidarité silencieuse, mais sans faille, des combattants et… l’impunité du commandement.On suit également l’engagement des fa-milles et de leurs soutiens pour la réha-bilitation des victimes. Et notamment l’action de municipalités socialistes

Fusillés pour l’exemple, un cas extraordinaire !

et du tout nouveau Parti communiste créé après 1920 - la section française de l’Internationale communiste - de la Ligue des droits de l’homme et des associations d’anciens combattants, l’UNC, l’UF, et plus particulièrement, de l’ARAC qu’évoque avec force Odette Hardy-Hemery.Ainsi, on peut lire, pages 171-172 : « L’incessante activité de la Ligue, de l’ARAC et des soutiens réunis entretient et relance une mobilisation d’ampleur nationale d’autant plus forte qu’elle est relayée par de nombreux comités locaux (…). Les associations de ce monde étroi-tement solidaire que forment les anciens combattants se démultiplient dans chaque localité (…) 20 000 manifestants dans les rues de Lille, le 11 septembre 1922, puis à Marly-les-Valenciennes, huit jours après lors de la remise du drapeau à la section de l’ARAC de cette ville. Dans un conseil au maire d’Anzin pour l’inauguration du monument aux morts, François Gruzon, secrétaire de la section ARAC, imagine pour cette occasion une cérémonie toute spéciale (où le général Boutegoud serait accusé)… ». Toutes ces manifestations demandent la réhabilitation des fusil-lés. Elles sont très spectaculaires et souvent marquées politiquement, la concurrence entre communistes et socialistes pour apparaître les plus com-batifs conduisant à la division.En déroulant ce fil, c’est non seulement la guerre de 14-18 que l’auteur fait défi-ler devant nos yeux, mais aussi toutes les actions engagées et le développe-ment des luttes politiques de l’après 1918 à travers la revendication des réha-bilitations - qui demeurent encore à ob-tenir pour tous - et la condamnation des commandements bénéficiant toujours de l’impunité. Un combat d’actualité pour notre ARAC en cette période des centenaires de la guerre 1914-1918.

Le déni d’histoireLe déni d’histoireSous la direction d’Angelo del Boca, Éditions Delga

Nous sommes en temps de restriction des dépenses publiques. Pourtant la région du Latium a trouvé les fonds pour financer un mausolée au géné-ral Graziani, criminel fasciste qui, à la Libération, fut condamné à 19 ans de prison pour crimes de guerre et colla-boration. C’est dans ce contexte que sort en France le remarquable livre Le déni d’histoire. Usage public de l’histoire et réhabilitation du fascisme en Italie aux éditions Delga, où dix des meilleurs historiens de la période illustrent avec une grande rigueur scientifique et une remarquable force pédagogique à quoi sert le révisionnisme historique en œuvre en Italie depuis une trentaine d’année et comment cela a préparé la réhabilitation du fascisme. Angelo del Boca(1), qui dirige cet ouvrage, a déjà rappelé l’une des « prouesses » de Gra-ziani : le massacre de 1 600 personnes à Debre Libanos en Éthiopie. Nous n’allons pas détailler tous les crimes qu’il a commis dans l’Afrique orien-tale italienne et en Libye. Mais pour-quoi aujourd’hui rend-on hommage à ce sinistre personnage ? Que veut-on justifier dans le passé et que prépare-t-on dans l’avenir ? C’est donc un livre utile parce qu’il aide à comprendre que le déni de l’histoire est aussi un déni criant de ces morts et la préfiguration des désastres à venir.

Ludmilla Acone

(1) Ancien résistant il est spécialiste du colonia-lisme italien et également l’auteur du Italiani brava gente ? (Italiens, braves gens ?) Neri Pozza, 2005.

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