enconnexion#13 - janvier 2009

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# 13 LE JOURNAL DE L’OPÉRATION ”UN COLLÉGIEN, UN ORDINATEUR PORTABLE” CONSEIL GÉNÉRAL DES LANDES / JANVIER 2009 CAPBRETON, SAINT-MARTIN-DE-SEIGNANX, LINXE

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La revue EnConnexion#13, journal de l'operation "un collegien, un ordinateur portable", paru en janvier 2009 à l'initiative du Conseil general des Landes. Vous allez découvrir dans les pages qui suivent des innovations intéressantes, tant au collège de Capbreton qu’au collège de Saint-Martin-de-Seignanx – avec notamment les deux classes cinéma et médias –, ou encore au collège de Linxe qui vient de mettre en place un système de cahier de textes consultable sur internet… Pour en savoir plus : http://www.flickr.com/photos/cg40/sets/ ; http://www.dailymotion.com/cg40/1 ; http://www.landesinteractives.net/ ;

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#13LE JOURNAL DE L’OPÉRATION ”UN COLLÉGIEN, UN ORDINATEUR PORTABLE”CONSEIL GÉNÉRAL DES LANDES / JANVIER 2009

CAPBRETON, SAINT-MARTIN-DE-SEIGNANX,LINXE

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ÉDITODans le précédent numéro d’EnConnexion, je vous annon-çais le lancement d’une enquête à l’institut d’études TNSSofres, afin d’évaluer l’usage au quotidien des ordina-teurs portables mis à la disposition des collégiens et desenseignants par le Conseil général. Les premiers résul-tats dont nous disposons concernent la participation.Avec une moyenne de 55 % de questionnaires remplis –et 93 % pour le collège Pierre Blanquie, à Villeneuve-de-Marsan –, près de 4000 familles ont répondu présentes,et je les en remercie très chaleureusement. Concernantles personnels d’encadrement et les collégiens, nous enserions respectivement à 76 et 77 % – ce que TNS Sofresconsidère comme satisfaisant. Pour ce qui est des ensei-gnants, la situation serait visiblement plus contrastée, lamoyenne s’établissant seulement à 60 % – avec destaux de participation qui s’échelonnent entre 19% et100 % pour les collèges Pierre Blanquie, à Villeneuve-de-Marsan, et François Mitterrand, à Soustons.En attendant le résultat de l’analyse des réponses, vousallez découvrir dans les pages qui suivent des innova-tions particulièrement intéressantes, tant au collègeJean Rostand de Capbreton qu’au collège François Truf-faut de Saint-Martin-de-Seignanx – avec notammentles deux classes cinéma et médias –, ou encore au col-lège de Linxe qui vient de mettre en place un système decahier de textes consultable sur internet…Autant de preuves – s’il en était encore besoin – de la vi-talité et du dynamisme suscités par l’opération «un col-légien, un ordinateur portable» dans les différents col-lèges du département.Permettez-moi, enfin, de vous présenter mes meilleursvœux pour cette année qui commence.

Henri EmmanuelliPrésident du Conseil général des Landes

Comme tous les professeurs ont acceptéd’utiliser le logiciel de gestion de la vie sco-laire pour ce qui concerne les notes, les bul-letins trimestriels, etc., nous avons décidéde mettre en ligne un certain nombre d’in-formations en utilisant une extension dece logiciel2… Grâce à un identifiant et àun mot de passe, les élèves, parents ou pro-fesseurs peuvent accéder aux informationsles concernant. Les familles disposentd’un nouveau moyen de suivre la scolaritéde leurs enfants (emplois du temps, pro-fesseurs absents, agenda de la semaine).Les professeurs peuvent, depuis chez eux,saisir les notes, les appréciations, etc. Et enaccord avec l’équipe pédagogique, nousavons remplacé le cahier de textes “pa-pier” par une version numérique rempliedirectement par chaque enseignant, de-puis son ordinateur portable: les élèves etleurs parents ont donc accès aux devoirsà faire, aux leçons à apprendre. Et ça marche! Nous avons un taux très im-portant de connexions: depuis la mise enplace du système, plus de la moitié desparents (de la 6e à la 3e) se sont connec-tés au moins une fois; jeudi par exemple,nous avons enregistré 80 connexions, ven-dredi 62. Côté élèves, 1507 connexionsle premier mois – et tous se sont connec-tés au moins une fois.Je vais maintenant proposer d’ajouter unvolet à notre projet d’établissement

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Linxe. Altitude de 14 m à 71 m, 1056 ha-bitants, église fortifiée du 13e s., châteaunéo-Renaissance (début du 20e s.). Le col-lège de Linxe accueille 320 élèves. Cette année, la grande affaire, c’estla généralisation de l’emploi d’un lo-giciel de gestion de la vie scolaire1 etsa mise en service sur internet. Uneinitiative qui fait l’unanimité!

-----Le principal :

«Nous publions désormaisle cahier de textes remplidirectement par chaqueenseignant, depuis son or-dinateur portable…»«C’est ma première année au collège deLinxe, nous explique le principal, PhilippeLesca. En arrivant ici, j’ai constaté que leConseil général faisait un effort particu-lièrement important en terme d’équipe-ment numérique, et que l’équipe péda-gogique était très investie dans l’utilisa-tion de ces outils. Dans la mesure où tousles professeurs sont dotés d’un ordinateurportable, et que toutes les salles sont câ-blées, j’ai proposé que l’appel des élèvessoit transmis de façon électronique. Toutest désormais centralisé sur le serveur ducollège, et nous pouvons savoir heure parheure qui est absent.

INNOVATIONAU COLLÈGE DE LINXE

-----ENVIE DE RÉAGIR OUD’APPORTER UN TÉMOIGNAGE?Édité par le Conseil général des Landes, EnConnexion est un journal entièrement dédié àl’opération « un collégien, un ordinateur por-table ». Enseignants, parents, personnels des col-lèges, élèves ou anciens élèves, nos colonnesvous sont bien entendu ouvertes… N’hésitez pasà nous faire part de vos avis, commentaires etexpériences, ou si vous préférez être interrogés,communiquez-nous vos coordonné[email protected]

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pour essayer de faire, au collège deLinxe, un pôle d’excellence autour du nu-mérique… Nous ne basculons pas pourautant dans le tout informatique: notreseul objectif, c’est de permettre auxélèves de mieux réussir, et aux familles demieux suivre la scolarité de leurs enfants– cela grâce au matériel mis à dispositionpar le Conseil général et à la volonté del’équipe pédagogique.»-----Le conseiller principal d’éducation :

«Nous suivons les relevés deprésence en temps réel,heure par heure…»Florent Bousquet est conseiller principald’éducation (CPE). «Nous avions déjà es-sayé de nous doter d’une plate-formepour y installer le cahier de textes élec-tronique. Et voilà qu’à son arrivée, notrenouveau principal nous propose d’allerplus loin dans cette démarche en systé-matisant l’usage du logiciel Pronote ! Celacorrespondait vraiment à une attente. Lesprofesseurs, les surveillants…, tout lemonde s’y est mis, et en deux jours le sys-tème était opérationnel ! Aujourd’hui,nous suivons les relevés de présence entemps réel, heure par heure, et le cahierde textes de chaque classe est tenu à joursystématiquement en fin de cours. Cer-tains enseignants y inscrivent simple-ment le travail à faire, d’autres y dépo-sent le contenu du cours, ce qui permetaux absents de se tenir au courant.»Quel est l’intérêt pour les parents?

Florent Bousquet (FB): «C’est un accès di-rect à des informations qui leur permet-tent de mieux suivre la scolarité de leurenfant. Je leur conseille de consulter ré-gulièrement le site, en insistant sur lesdeux parties qui me paraissent les plus im-portantes : le travail à faire, et les notes.Je peux vous citer une petite aventure quivient d’arriver à mon fils, élève en classede 6e. À cet âge, on n’est pas encore par-faitement au point sur la méthodologie;au moment de faire ses devoirs, ilconstate qu’il avait écrit dans son cahierde textes : "exercice nº 98, p. 24"… Maisdans quelle matière ? Impossible de serappeler… Je me suis alors connecté àPronote, et j’ai trouvé qu’il s’agissait d’uncours de mathématiques. Ouf, sauvé!»En quoi ces outils changent-ils quelquechose dans votre vie professionnelle ?FB: «Pour définir mon métier, je dis vo-lontiers que je suis parent de trois centsélèves ! Si je sanctionne l’un d’eux, ce n’estpas pour le plaisir de la sanction, maisparce que je dois le faire. Mon action sedéfinit également dans une dynamiquequi inclut les professeurs, les parents etles autres membres de l’administration ducollège. Je suis un peu le facilitateur, lacharnière qui permet que les chosessoient réalisables. Je considère que l’ordinateur est avanttout un outil de communication. Aucollège son usage est quotidien, et lesélèves, parce qu’ils disposent person-nellement de cet outil et le maîtrisent, de-viennent de plus en plus dégourdis. Au

début de l’opération, nous avons puconstater quelques dérives, il y en a au-jourd’hui beaucoup moins, dans la me-sure où nous avons très fermementréagi : les ordinateurs portables nousoffrent l’occasion d’apprendre aux collé-giens certaines règles d’usage, dans undomaine où les familles se sentent quel-quefois démunies. Je suis convaincu qu’àl’heure actuelle, il n’y a aucun métier sansaucun lien avec l’informatique. Et si le col-lège peut apporter des compétencesdans ce domaine, eh bien tant mieux ! Au-tant mettre le maximum de chances ducôté de nos élèves, non ?»

-----L’assistant d’éducation Tice :

«Tout se fait par internet.»Arnaud Micaletti est l’assistant d’éduca-tion Tice (technologies de l’informationet de la communication pour l’éducation)du collège; il a participé à la mise en placede Pronote sur le plan technique, et il estchargé de veiller, au quotidien, au bonfonctionnement du système.«Je suis moi-même surpris par la qualitéde ce logiciel et par toutes les possibili-tés qu’il offre… […] Tout a pu se mettreen place très vite, dans la mesure où lesenseignants étaient très demandeursd’un cahier de textes en ligne, et de lapossibilité de travailler depuis leur domi-cile. Maintenant, ils peuvent tout faire,de n’importe où – y compris de l’autrebout du monde, s’ils en ont envie, pen-dant les vacances –, et n’importe quand:tout se fait par internet.»-----Des parents d’élèves :

«Je peux suivre les résultatsscolaires de mes enfants.»«C’est une réussite! Les informationscommuniquées sont intéressantes etutiles. Les professeurs alimentent avec ri-gueur ce site, et c’est un très bon outilpour communiquer…» C’est Sylvie Fourgsqui signe ce mel spontanément adresséau principal du collège de Linxe, pour té-moigner de sa satisfaction. Rencontre aveccette maman de deux enfants: l’un est en4e et l’autre en 6e. «Naturellement, ce quim’intéresse, c’est de suivre les résultats sco-laires de mes enfants. Pour mon fils aîné,j’ai même accès à une courbe de progres-sion de ses moyennes depuis la 6e ! Nousconsultons aussi très régulièrement le ca-hier de textes: on y trouve même lecontenu de certains cours. […] Je penseque ça nous rapproche, que l’on sait plusde choses sur le collège: la publication desmenus, par exemple, c’est tout bête,mais quand vous demandez aux enfantsce qu’ils ont mangé à midi, ils ne s’en sou-viennent jamais… Bien sûr, ce n’est pastrès grave qu’ils mangent des pâtes deuxfois dans la journée, mais si on peut s’or-ganiser, autant éviter.Un logiciel ne remplace pas le contact di-rect avec les enseignants, mais certaineschoses peuvent devenir plus simples :jusqu’à présent, par exemple, pour obte-

nir un rendez-vous, il fallait écrire dansle carnet de liaison, et faire plusieurs na-vettes avant d’avoir trouvé la date etl’heure. Ça prenait facilement plusieursjours. Avec Pronote, nous avons la pos-sibilité d’envoyer un message au collège,qui se charge de le transmettre au pro-fesseur concerné.»-----Mayie Gilly s’occupe de la section localed’une fédération de parents d’élèves(PEEP). Sa fille est en 3e.«L’ordinateur ? C’est devenu indispensa-ble. Ma fille avait déjà pris connaissancede cet outil à la maison, mais je me rendscompte que, depuis l’année dernière, ellea nettement progressé dans sa façon des’en servir : elle fait aujourd’hui tout na-turellement des choses qui lui étaient in-connues, notamment pour les recherches:elle sait tout de suite où aller; elle suit desvoies dont je n’aurais pas forcément eul’idée… Elle a appris tout cela, ici, au col-lège. Alors, je pense sincèrement quenous avons beaucoup de chance que cesoutils aient été confiés à nos enfants.»Quant à Pronote , c’est GÉ-NIAL ! Hier,ma fille avait un contrôle de mathéma-tiques dans la matinée. Je consulte Pro-note dans l’après-midi : son professeuravait mis le sujet en ligne, dans l’heurequi a suivi le contrôle ! […] Au niveau desassociations de parents d’élèves, nous de-mandons toutefois que les documentsécrits ne disparaissent pas…»

-----1 Pronote, logiciel développé par Index Éduca-tion (http://www.index-education.com)2 Pronote.net est un module complémentaire quipermet de publier sur internet, en temps réel,certaines données : relevés de notes, bulletins,emplois du temps actualisés, absences, retards,punitions, sanctions, dossiers scolaires, cahiers detexte, menus de la cantine, date des vacances,agenda de l’établissement, etc.

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Comment faire lire aux élèves tout un ro-man? Tentative, à quatre mains, pour ré-soudre, via les ordinateurs portables,cette question récurrente…«Vous allez aujourd’hui choisir un livredu CDI (centre de documentation etd’information), c’est pourquoi Mme La-crouts, notre professeur documentaliste,est avec nous. Allumez vos ordinateursportables, et allez récupérer les consignessur le serveur du collège.» Le professeurde français vient de lancer la séance danssa salle de cours habituelle: aucun dépla-cement ne semble prévu vers le CDI. Les critères du choix. C’est au tour deMyriam Lacrouts d’intervenir: «Qui peutme dire ce qu’est BCDI1 ? C’est le logicielqui gère les documents du CDI.» C’estdonc sans quitter la salle de classe, en seconnectant sur BCDI, que chacun va pou-voir, depuis son ordinateur portable,consulter le catalogue du CDI… «Vouspouvez choisir un livre par critères degenre: roman policier, sentimental, descience-fiction, explique Myriam La-crouts. Vous pouvez aussi choisir un au-teur et savoir quels sont ses livres dispo-nibles. Ou bien retrouver un ouvragedont vous ne connaissez qu’une partie dutitre… Ensuite, vous accédez au panier :il fonctionne sur le même principe que ce-lui de n’importe quel site commercial –sauf qu’ici, vous ne payez pas! Quandvous avez choisi votre livre, vous cliquezsur “réserver”; vous n’aurez plus qu’à pas-ser le chercher au CDI.»«Vous allez devoir créer une fiche sur Pu-blisher2, en suivant la grille que j’ai pré-parée pour vous. En plus d’un certainnombre de renseignements sur l’auteuret sur le livre, explique maintenant Mu-riel Lagorce, vous y noterez vos impres-sions de lecture. Par la suite, cette fichesera intégrée à BCDI, ce qui veut dire quevos camarades pourront la consulter.» Surle tableau interactif, le professeur docu-mentaliste montre des exemples de fichesréalisées l’an dernier. Et termine son ex-posé par quelques indications techniquessur le fonctionnement de Publisher: com-ment écrire un texte, incruster une image,mettre une couleur en arrière-plan, etc.La recherche. Toute la classe est bien viteconnectée sur BCDI. Mon voisin, Pierre,aime bien les chiens. Il présélectionnedonc Les clients du Bon Chien jaune, dePierre Mac Orlan. Mais la fiche de rensei-gnements lui indique que c’est un livrede niveau 5e… On risque de lui récuserce choix. Il décide alors d’élargir sa re-cherche à «animaux». Son camaradeavait jeté son dévolu sur un livre de Titeuf.«Tu ne peux pas choisir ça, lui rétorqueson professeur de français, ça fait vingtpages! Ou alors, tu prends tous les al-bums de Titeuf, et tu fais une fiche de lec-ture sur l’ensemble…» Un autre élève de-mande s’il peut réserver un Harry Potter…«Oui, répond le professeur, mais pas lepremier tome: il est trop facile! » Com-mentaire de mon voisin : «Ma sœur,

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Où l’on établit, par différents moyens,qu’une droite parallèle à l'un des côtésd'un triangle sectionne ce dernier en untriangle semblable, théorème générale-ment connu sous le nom du mathémati-cien et philosophe grec Thalès de Milet(- 624 / -547 av. J.-C.).Simulation. Projetée sur le tableau in-teractif, une animation présente laconstruction d’une figure géométrique:le tracé se déroule automatiquement sousnos yeux; le professeur explique les dif-férentes étapes de la construction. «C’estune simulation réalisée avec le moduleInstrumEnPoche1, développé par l’asso-ciation Sesamaths2, nous expliquera plustard Jean-François Laplace. C’est un pro-cédé très pratique pour montrer lesconstructions de figures, et je l’utilisemaintenant pour tous les niveaux, de la6e à la 3e. La préparation me prend unpeu de temps à la maison, mais enclasse, quel gain!»Retour au cours : l’exercice se poursuit.«On vous demande de tracer une paral-lèle (MN) à l’un des côtés du triangle ABC,et vous devez mesurer la longueur desdifférents segments. Qui peut me donnerles résultats?» C’est Florian qui vient lesécrire au tableau interactif. «Que pou-vons-nous en déduire? demande le pro-fesseur. – Le triangle AMN est "une mi-niature"… non, plutôt "une réduction àl’échelle" du triangle ABC.»

Géométrie dynamique. « Allumezmaintenant vos ordinateurs et ouvrez lelogiciel Geoplan3. Commencez par défi-nir trois points libres A, B et C…» Le pro-fesseur commente la figure qu’ilconstruit sur le tableau interactif, et queles élèves s’appliquent à réaliser enmême temps que lui sur leurs ordinateursportables. «Vous voyez, dit-il, dès l’instantque les segments sont correctement dé-finis, on peut afficher leur longueur, etfaire des opérations de calcul.» La figure prend forme… «Vous allezmaintenant déplacer le point M.» Sur lesécrans, c’est toute la droite (MN) qui sedéplace, tandis que les nombres affichésrestent constants. L’effet est saisissant, etles élèves ne se lassent pas de répéterl’opération! «Quelle constatation pou-vons-nous faire pour ce qui concerne lesrapports R1, R2 et R3? – Monsieur, ils sonttoujours les mêmes!»«Dans ce type de cours, commentera Jean-François Laplace à notre intention, un lo-giciel comme Geoplan est particulière-ment intéressant: les élèves n’ont pas be-soin de réaliser des figures répétitives. Àpartir d’une seule construction, nouspouvons visualiser autant de figures quenécessaire. Je constate que les élèvesémettent plus spontanément des conjec-tures ; ils visualisent bien mieux les pro-priétés : c’est beaucoup plus parlantpour eux.»

Tableau interactif. «Maintenant, enre-gistrez votre travail, éteignez les ordina-teurs, et prenez votre cahier de cours.»Au fur et à mesure qu’il dicte la leçon, leprofesseur projette et annote les diffé-rents éléments de sa démonstration.Quand nous avions rencontré Jean-Fran-çois Laplace, il y a deux ans (cf. EnCon-nexion #4), il commençait tout juste à uti-liser le tableau interactif : «Paradoxale-ment, le changement s’est révélé plus fa-cile que je ne l’avais imaginé, et j’auraismaintenant beaucoup de mal à reveniren arrière: je prépare tous mes cours surinformatique, et en classe, je peux faci-lement passer d’un logiciel à l’autre, mon-trer toutes sortes de choses, par exempledes animations, comme celle que j’ai pro-posée en début de cours. Je me sers éga-lement du tableau interactif… pourfaire du calcul mental! Mes élèves sem-blent y trouver un certain intérêt.»-----1 http://instrumenpoche.sesamath.netInstrumEnPoche permet de simuler sur ordina-teur tous les outils de géométrie (règle, compas,etc.). Les constructions peuvent être enregistrées,afin d’être visualisées étape par étape.2 www.sesamath.netCette association a pour but de diffuser gratui-tement des documents et des logiciels éducatifsde mathématiques.3 www.crdp-reims.fr/ressources/logiciels/default.htm?geoplanW2/default.htmGeoplan est un logiciel de construction mathé-matique permettant des représentations dyna-miques et interactives.

10h30, cours de mathématiques de Jean-François Laplace, avec une classe de 4e

CONSTRUIRE UNE FIGURE DYNAMIQUE…

quand elle est là-dedans, elle ne veutmême plus jouer avec moi : elle ne faitque lire, lire, lire…» Ma mère m’épuise,c’est le titre du livre qu’a choisi Caroline:«D’après le résumé, ça a l’air bien…»La motivation. «Pour certains élèves,nous expliquera plus tard Muriel La-gorce, la lecture est souvent vécuecomme un supplice. Si je leur impose unroman, ils vont se plaindre! Si je les laissechoisir, ils se précipitent sur celui quicompte le moins de pages, même si le su-jet ne les intéresse pas. D’où l’intérêtd’une séance comme celle-ci. […] J’ai com-plètement intégré l’usage des outils nu-mériques à mon enseignement. Hierpar exemple, j’ai organisé une séanced'entraînement au brevet à partir du siteWeblettres3 : ils travaillent à leur rythme,et progressent dans l'exercice tout en ac-cédant à leur décompte de points, ce quipermet à chacun de s'auto-évaluer, et derepérer ses points faibles.» -----1http://bcdi.crdp2-poitiers.org/site2www.microsoft.com3www.weblettres.net/index.phpWebLettres est un projet associatif animé pardes professeurs de lettres, qui propose un réper-toire de cours, travaux, documents, et activitéspour la classe.

16h, cours de français de Muriel Lagorce, avec Myriam Lacrouts, classe de 4e

LE CDI DÉLOCALISÉ>>>

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«Difficile de rêver meilleur outil que lesordinateurs portables pour enseigner leslangues vivantes par rapport au cadre eu-ropéen de compétences1 »Le professeur a noté au tableau la listedu matériel dont chacun doit disposer. Laclasse est divisée en deux groupes. Oralcomprehension pour le premier : "Youneed internet, headset, personal works-heet." Recording pour le second : "Youneed your notes on a biography, Auda-city, headset, microphone."«Il faut accepter de perdre un peu detemps en début de cours», nous confieMagali Benquet en aparté, pendant quechacun s’installe, allume son ordinateur,se connecte au réseau, récupère casqueaudio et micro…Oral comprehension. Les élèves dupremier groupe doivent répondre, parécrit, à un questionnaire après avoirécouté, sur internet1, deux interviews surla célébration de Noël. Casque sur la tête,chacun se concentre, écoute et réécoute.Florian a un peu de mal: «Ce n’est que madeuxième année d’anglais», me dit-il.«Combien de fois as-tu écouté? lui de-mande son professeur. – La première foisen entier, puis par morceaux, deux ou troisfois. – C’est insuffisant: réécoute encoreen entier plusieurs fois, puis tu feras uneécoute ciblée pour trouver les informa-tions précises dont tu as besoin. Dès quetu as trouvé la réponse, tu arrêtes l’écoute,

C’était une recherche dirigée qui a donnélieu à différentes activités. Ce qui était de-mandé aujourd’hui, c’est de la "prise deparole en continu" à partir de notes. Cha-cun doit faire des phrases complètes, ets’enregistrer avec Audacity3 pendant aumoins une minute, mais ils ne devaientsurtout pas écrire le texte avant, et s’en-registrer en le lisant.»Sur les écrans, on peut voir s’afficher dif-férentes pistes sonores, correspondant àautant d’enregistrements: «Au début, ilsont un peu de mal à enchaîner, alors ilsprocèdent phrase par phrase.» Émila achoisi de faire le portrait de John Lennon.Elle vient de terminer son enregistrement.Ouf! Mais elle n’est pas vraiment satis-faite : «Je crois que je vais le refaire…»-----1 www.coe.int/T/DG4/Portfolio/documents/cad-recommun.pdf2 www.audio-lingua.euCe site propose des fichiers MP3, enregistrés pardes locuteurs natifs, libres de droits pour une uti-lisation pédagogique.3 http://audacity.sourceforge.netLogiciel libre permettant de s’enregistrer en di-rect, de couper, copier, coller et assembler desextraits sonores.

Les élèves conduisent ici leurs propres ex-périences pour résoudre les problèmesqui leur sont posés, et rédigent le compterendu de leur démarche.Le cours commence par un bref rappeldes propriétés physiques de quelques mé-taux courants. Bien vite, les élèves s’or-ganisent par groupes de trois ou quatre,autour d’un ordinateur portable sur le-quel ils téléchargent les documents rela-tifs à la séance du jour.

Première énigme. «Voici quatre échan-tillons de métaux: fer, aluminium, cuivreet zinc, annonce le professeur. Vous de-vez les identifier et m’expliquer votre mé-thode par écrit. Réfléchissez bien et de-mandez-moi le matériel que vous voulez.Dans la mesure du possible, je vous ledonnerai.» Dans la classe, on se prend viteau jeu, et les discussions vont bon train.Les élèves ont tôt fait de repérer les ba-lances, les éprouvettes graduées et les ai-mants, disposés à leur intention au fondde la classe. La fonction de la balance estévidente; celle de l’éprouvette beaucoupmoins. Le professeur circule de groupe engroupe, écoute, encourage. Jordan, Ma-rina et Émila ont trouvé: «Celui-là, c’estle cuivre: on l’a reconnu à sa couleur! Leplus léger, c’est l’aluminium. Pour trou-ver le fer, on a pris un aimant. Et le der-nier, par élimination, c’est forcément lezinc.» Il ne reste plus qu’à détailler le rai-sonnement sur l’ordinateur.Deuxième énigme. Il faut maintenant dé-terminer la densité de chaque métal. Leprofesseur glisse quelques indices : «Jevous rappelle que la densité, c’est la masseen grammes d’un cm3 de métal. Pour lacalculer, vous devrez donc connaître le vo-lume de votre échantillon.» Jordan tientla règle, Marina est à l’ordinateur. «Lalongueur, c’est 10 cm; la largeur, 1 cm, etl’épaisseur, 1 mm.» Après avoir harmo-nisé les unités, on établit le volume dechaque bâtonnet. Il faut maintenant lespeser. Nos scientifiques en herbe notentscrupuleusement les résultats obtenus, au1 / 10e de gramme près. Mesurer, peser…Gestes élémentaires qui guident l’obser-vation et conduisent le raisonnement.Troisième énigme. Comment identifier lemétal dont est faite la spatule que le pro-fesseur vient de distribuer? Catherine,Clarisse et Madisson discutent ferme:«Moi je parie pour l’aluminium!» Oui,mais comment le prouver? Autant il était(relativement) facile de calculer la den-sité d’un bâtonnet parfaitement régulier,autant il paraît insurmontable de connaî-tre celle de cette spatule au volume com-plexe. Dans le groupe, on sèche… Un peuplus loin, Zoé, Axelle, Samantha et Lucieont eu l’intuition de la marche à suivre :«Nous avons versé de l’eau dans l’éprou-vette jusqu’à 80 ml, puis plongé la spa-tule, et nous avons constaté que le vo-lume avait augmenté de 3 ml.»«Cette séance était construite sur leprincipe de la démarche d’investigation,commentera plus tard Sébastien Orduna:les élèves ont un but, ils doivent faire ap-pel à leurs acquis pour trouver eux-mêmes les moyens de l’atteindre. L’un desintérêts de ce type de démarche, c’estd’apprendre à rédiger un protocole expé-rimental : expliquer ce qu’on cherche, etcomment on s’y prend. Tous les sujets duprogramme ne s’y prêtent pas, mais je pra-tique ainsi, avec les ordinateurs portables,dès que c’est possible, ce qui motive da-vantage les élèves pour la rédaction.»

14h, cours de physique de Sébastien Orduna, avec une classe de 3e

INVESTIGATIONS

et tu passes à la question suivante.»«Parfois, commente Magali Benquet ànotre intention, les élèves se laissent ber-cer par le bain sonore de la langueétrangère, un peu comme s’ils écou-taient de la musique sans prêter atten-tion aux paroles. […] Avec les ordinateursportables, chacun peut écouter à sonrythme: certains mettent le son trèsfort, d’autres vont écouter et réécouterle morceau plusieurs fois, d’autres encorepréfèrent morceler l’écoute. Tous peuventvraiment progresser: avant, quand nousfaisions une écoute en classe entière,c’était toujours les meilleurs qui réagis-saient en premier.»Pas trop difficile? «Ça va», me répond Co-line, qui finit tranquillement de rédigerses réponses. Sur une échelle de 1 à 10,Léandre et Florian s’accordent à estimerla difficulté à 5,5. Julien: «Au début, onne comprend rien, mais en écoutantplusieurs fois, ça vient. C’est quandmême dur, mais c’est faisable…»Recording. Pendant ce temps, les élèvesdu second groupe s’enregistrent en im-provisant quelques phrases, à partir desnotes prises à l’occasion des séancesprécédentes. «Je leur ai demandé une re-cherche avant les vacances de Toussaint:chacun devait choisir un personnageanglophone, et repérer quelques élé-ments de sa vie. Nous avons fait des ac-tivités de classe et des travaux individuels.

11h, cours d’anglais de Magali Benquet, avec une classe de 3e

ÉCOUTER ET S’ENREGISTRER

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C’est une classe ”à PAC” (projet artis-tique et cultu rel) qui concerne cinq dis-ciplines (physique, français, espagnol,histoire et géographie, arts plastiques),avec, par quinzaine, une heure d’ensei-gnement sur le cinéma.Acte 1: cinémaAujourd’hui, la classe cinéma accueille Anthony Roussel, animateur de l’associa-tion «du cinéma plein mon cartable» 1 .«La semaine dernière nous avions décou-vert un certain nombre de termes tech-niques. Pour aujourd’hui, vous deviez tra-duire en images ces quatre phrases :une jeune femme descend du train heu-reuse d’arriver / inquiète, elle ne voit per-sonne qui vienne la chercher / le tempspasse / elle sort de la gare et se sent per-due dans la ville…» Marie explique cequ’elle a imaginé: «J’ai représenté le trainqui entre en gare. La femme descendavec ses valises et son grand chapeau.Gros plan sur elle, avec un grand sourire.Ensuite, elle s’assoit sur un banc… Elle re-garde l’horloge.» L’animateur présenteet commente les dessins de chaqueélève. «Vous allez voir maintenant cequ’un grand metteur en scène a fait surce thème.» On éteint les lumières. Grâceau vidéoprojecteur, la salle de classe setransforme instantanément en cinéma,avec un extrait – muet – du film de Ser-gio Leone, Il était une fois dans l’Ouest.«Regardez comment le metteur en scènenous montre qu’elle se sent perdue dansla ville : la caméra prend de la hau-teur… la femme sort de la gare: le plann’est pas coupé.» On revoit la même sé-quence, avec le son cette fois: «Écoutez:progressivement, la musique de fond vadramatiser la scène.»Acte 2 : montage«Nous allons maintenant utiliser WindowsMovie Maker. C’est un logiciel de montagevidéo installé sur tous vos ordinateurs por-tables…» Anthony Roussel montre les dif-férentes fonctionnalités, explique cer-tains termes techniques : «Cette pre-mière fenêtre peut s’appeler ”collec-tion” ou ”chutier”. C’est là que nous met-tons les images nécessaires au montage.La deuxième fenêtre, c’est un moniteursur lequel on visionne ce que l’on fait.Quant à la troisième, c’est la time line,vous faites un peu d’anglais? La ligne dutemps…» Pas à pas, Anthony Roussel ef-fectue les manipulations que les élèvesexécutent en même temps sur leurs ordi-nateurs portables: «Pour lire la séquence,on utilise la barre espace… Nous allonsvoir maintenant comment enchaînerdeux plans. Vous voyez, on passe d’unplan à l’autre de façon très brute. C’est cequ’on appelle un montage ”cut”. Vouspouvez aussi choisir un ”fondu”: au ci-néma, le fondu nous fait comprendre quedu temps s’est écoulé…» On en vient auxeffets spéciaux, à la bande-son et à la mu-sique, puis au titre et au générique…

«Je vous rappelle que, mardi prochain,nous nous voyons ici entre midi et deux,rappelle Jean-Pierre Saint-Picq à la fin ducours. Chacun apporte son sandwich.Nous mangerons ensemble, puis nous re-garderons vos montages pour choisir ce-lui ou ceux qui seront retenus pour no-tre projet de fin d’année…»Acte 3 : cours d’arts plastiquesVingt-quatre heures ont passé. Nousvoici maintenant dans le cours d’artsplastiques de Miguel Angulo. Les élèvessont en train de terminer leurs montagesvidéo. Une certaine fébrilité est percep-tible dans la classe : quelques projetssont presque terminés, mais d’autrestout juste engagés. Marie, très concentréedevant son ordinateur: «Après le coursd’hier, je me suis rendu compte que monmontage était ”moyen”. Je vais le repren-dre complètement.» En manipulant lesimages rapportées de Biarritz, Leïa, Julie,Anaïs, Louis et Fabien retrouvent avec plai-sir leurs souvenirs du festival : «Nousavions une petite caméra et plusieurs ap-pareils photo. C’est Laurent qui tenait lacaméra, et tournait en suivant les indica-tions de M. Saint-Picq, notre professeurprincipal. Nous avons rencontré Edgar Ra-mirez, l’acteur principal du film CyranoFernandez, et aussi le réalisateur: il ne par-lait pas français mais nous nous étions en-traînés en cours d’espagnol pour prépa-rer nos questions.» Les élèves de la classecinéma sont très conscients d’avoir beau-coup de chance. «Je ne pense pas que j’enferai mon métier, explique l’un d’eux, maisc’est vraiment intéressant : je perçoismaintenant des choses que je n’aurais pasvues avant!»«Mon point de vue est à la fois techniqueet artistique, nous explique, en aparté,Miguel Angulo. Et il peut arriver que monregard diffère de celui de mes collèguesdans le sens où j’engage aussi mes élèves– en dehors de toute préoccupationnarrative ou descriptive – à explorer lespotentialités formelles du clip vidéo, à seservir du mouvement, de la musique, dela déformation des images, etc. […]Classe cinéma, classe médias, classe ”nor-male”: à chacune sa personnalité! Si nousabordons plus volontiers la question del’audiovisuel en classe cinéma, et le récitdans la classe médias, l’autre classe de 3e

n’est pas tenue à l’écart pour autant: ony manipule les mêmes logiciels, et les en-jeux plastiques sont évidemment iden-tiques. Je constate, avec cette génération,de très grands progrès dans le domainephotographique: la technique numériqueleur permet de voir immédiatement le ré-sultat de leur prise de vues. C’est bougé?Je vais trouver un appui pour tenir monbras. L’effet du flash ne me plaît pas? Jevais essayer sans le flash… La liberté decertaines de leurs productions n’en finitpas de m’étonner…»-----1 Du cinéma plein mon cartable39 avenue Victor Hugo – F-40100 Dax

Saint-Martin-de-Seignanx. Altitudemoyenne 40 m, 3903 habitants, chef-lieude canton, la commune longe l’Adourdans sa partie basse. De cette configura-tion émanent deux zones distinctes : lesBarthes (terres humides bordant l’Adour)et le Séqué (terre haute).Avec des affiches des films de FrançoisTruffaut exposées dans l’entrée du col-lège, et des extraits de musiques defilms changés tous les mois remplaçant latraditionnelle sonnerie, le collège Fran-çois Truffaut porte bien son nom! «Nousaccueillons 430 élèves, c’est un établisse-ment de moyenne importance, en légèreprogression cette année du fait de la mo-dification de la répartition des secteursscolaires, nous explique le principal, Ro-land Cahouet. Nous sommes dans un mi-lieu relativement rural, mais les parentstravaillent essentiellement dans le BAB(Bayonne, Anglet, Biarritz). Le collègeporte le nom de François Truffaut depuisson ouverture en 1982, sur une idée duprincipal de l’époque qui souhaitait y ap-porter une note littéraire et artistique.Alors, quand M. Saint-Picq est venu meproposer l’idée de créer une classe ci-néma, j’y ai été tout de suite très favo-rable. Cette expérience particulière donnedes atouts à nos élèves motivés qui sou-

haitent accéder à la section cinéma et au-diovisuel du lycée Cassin, à Bayonne. C’estune classe dans laquelle le cinéma – enplus d’une heure de cours spécifique parquinzaine – irrigue l’enseignement deplusieurs disciplines. Les élèves produisentun journal qui a été primé l’an dernier.Un peu sur le même principe, nous pro-posons également, depuis cette année,une classe médias – pilote dans le dépar-tement –, créée à l’initiative de Mme Vo-gel, professeur de français, et de Mme

Haira, professeur documentaliste.Mais il se passe également bien d’autreschoses dans ce collège: nous avons deséchanges avec la Pologne et l’Irlande, unesection sportive rugby et une option oc-citan, les élèves latinistes vont aller visi-ter un site en relation avec cette ma-tière… Il existe une chorale avec plus decent participants – soit près du tiers desélèves –, un club théâtre, une animationpelote, une animation danse, et un clubd’astronomie.»-----François Truffaut, 1932-1984, réalisateur et scé-nariste de cinéma. Il a également été acteur etcritique de cinéma. Il fait partie du groupe decinéastes issus des Cahiers du cinéma, qui ontconstitué la Nouvelle Vague. En 1958, il tourneLes Quatre Cents Coups.

DEUX JOURS AU COLLÈGEFRANÇOIS TRUFFAUT À ST-MARTIN-DE-SEIGNANX

10h, classe de 3e ”cinéma” avec Jean-Pierre Saint-Picq, professeur de physique, Hélène Labo, professeur de français, et Anthony Roussel, animateur de l’association “Du cinéma plein mon cartable”1

LA CLASSE CINÉMA

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«Sans les outils numé riques,pas de classe cinéma…»Pourquoi une classe cinéma ?Jean-Pierre Saint-Picq1 : « Nous sommesentourés d’un flux saturé d’images. Lesélèves passent trois ou quatre heures parjour devant des écrans qui en diffusent :ordinateurs, téléphones portables, télé-viseurs. Or l’éducation à l’image, présen-tée comme une priorité dans les circu-laires européennes, est assez peu prise encharge par l’Éducation nationale. Pour-tant, si les images peuvent informer, ellespeuvent aussi être pernicieuses. Il est doncfondamental de développer l’esprit cri-tique des élèves : de la même façonqu’on leur apprend à lire des textes, ondoit leur apprendre à ”lire” les images!»Quel en est le fonctionnement ?JPSP: «C’est une classe ”à PAC” (projetartistique et cultu rel); à ce titre, nous bé-néficions d’une aide spécifique du minis-tère de la Culture et du Conseil généraldes Landes, ce qui nous permet d’orga-niser des sorties, et de faire intervenir ré-gulièrement des personnes extérieures aucollège. Les élèves de la classe cinéma as-sistent à des projections de films, parti-cipent à des festivals – je prévois pour euxdes moments de rencontre avec des réa-lisateurs, des acteurs… Un vrai privi-lège! Nous filmons toutes nos sorties,avec l’objectif de produire en fin d’annéeun film vidéo d’une vingtaine de minutes,

«Mon objectif, c’est que les élèvesprennent l’habitude du travail en au-tonomie. Pour cela, ils disposentd’un planning établi en début d’an-née, qui définit le travail à faire pourchaque séance…»Les procédures sont visiblement bien ro-dées, les élèves s’installent autour des ta-bles organisées en petits îlots de quatreplaces. Leur premier geste: allumer leursordinateurs et se connecter au réseau ducollège. Une ambiance de travail s’installerapidement. Inutile, si on veut com-prendre quelque chose à ce qui se passe,d’observer la situation de l’extérieur ; ilfaut vraiment s’approcher de chaque ta-ble, et engager la conversation. «J’ai pré-paré une série de six travaux pratiques,nous explique Didier Daraignez. Ce quiva les conduire à utiliser plusieurs logi-ciels de base : Paint, Publisher et Word.Chaque TP aborde un aspect particulierdes dangers du bruit : bien souvent lesadolescents n’en sont pas conscients, maispourtant cette problématique lesconcerne de très près !»Dans la classe. Pauline, Aurélie et Ju-lie consultent sur internet un site d’infor-mation et de prévention sur l’audition :«Nous devons d’abord trouver les ré-ponses à des questions, puis faire un ré-sumé par écrit, en deux pages maximum.Pour la mise en pages? On est libre…»

Un peu plus loin, Marion et Déborah sontplutôt fières de leur projet d’affiche surles effets néfastes du bruit et de la mu-sique amplifiée : «Pour les idées, ons’entraide, constate Marion. J’ai dessinéun haut-parleur avec des notes de mu-sique tout à côté d’une oreille. Et j’aiécrit : “Baissez le son! Vite! La surditéaugmente!” C’est pour dire aux jeunes– et à ceux qui ne sont pas au courant –de faire attention aux enceintes dans lesconcerts, et aux baladeurs trop forts.»Un collégien, un ordinateur portable.Retour, avec Didier Daraignez, sur plu-sieurs années de pratique: «Au début del’opération, j’avais quelques réticencesavec les ordinateurs portables : j’auraispréféré disposer d’une salle de techno-logie très bien équipée en ordinateursfixes. Mais je me rends compte au-jourd’hui que la solution des portables estplus performante: chacun avec son ou-til, les élèves sont obligés de produire untravail personnel. Ils travaillent à deux surun même dossier de consignes, réfléchis-sent et cherchent les réponses ensemble,mais produisent leur travail individuelle-ment. L’échange d’idées, la collaboration,la conception à plusieurs font partie de-puis toujours des objectifs de notre dis-cipline. Et je m’appuie régulièrement surla compétence des élèves les plus à l’aisepour aider ceux qui sont en difficulté.»

qui retrace une année de la classe cinéma,et sera présenté aux parents. Nous de-mandons également aux élèves de pro-duire un journal écrit – Les infos de Truf-faut –, dans lequel ils rédigent et argu-mentent. L’année dernière, nous avonsobtenu le prix du meilleur journal del’académie de Bordeaux.»Qu’apportent les outils numériques ?JPSP: « Très clairement, si nous étions dansun autre département, il n’y aurait pas declasse cinéma. Les élèves ont besoin d’unordinateur chez eux: ils ont des choses àrédiger, mais aussi à mettre en pages. Illeur est demandé des travaux personnels,qui sont mis en commun par l’intermé-diaire du réseau du collège. Nous les re-gardons ensemble, pour décider de lameilleure argumentation, la meilleure il-lustration, la meilleure mise en page…C’est exactement la même démarchepour la vidéo: chaque élève fait un mon-tage, puis nous prenons le temps de vi-sionner l’ensemble des productions, et dechoisir les idées qui nous paraissent les pluspertinentes. Progressivement, le projetévolue, il est retravaillé: certaines chosess’éliminent, d’autres se développent…»

-----1 Jean-Pierre Saint-Picq, professeur de physique,est à l’initiative de la création de la classe cinéma,dont il est le professeur principal. Parallèlementà ses activités d’enseignant, il s’occupe du cinémad’art et d’essai l’Atalante, à Bayonne.

14h, cours de technologie de Didier Daraignez, avec une classe de 3e

LES DANGERS DU BRUIT

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C’est l’une des cinq classes "à PEM"(projet éducation aux médias) de l’aca-démie de Bordeaux1. À ce titre, elle bé-néficie du soutien du rectorat et duConseil général des Landes.«Si vous n’avez pas encore mis votre ar-ticle en ligne, faites-le, et tenez comptede mes remarques pour en produireune seconde version…» Nous sommesdans la classe de 3e médias, c’est Lilly Vo-gel, professeur de lettres classiques, quiparle. Elle intervient aujourd’hui en tan-dem avec Claudine Haira, professeurdocumentaliste pour accompagner lesélèves qui finalisent le prochain numérodu journal de la classe – La Gazette du Net– qui va prochainement être mis enligne sur internet. Visite guidée dequelques travaux en cours…Partager ses passions. Nicolas met ladernière main à son article sur le rugby.«Je fais partie de la section rugby du col-lège, et du club de Saint-Martin-de-Sei-gnanx. Et je suis supporter de Bayonne!Pour ce premier article, je vais parler durugby en général. J’ai écrit un premiertexte directement sur l’ordinateur. Monprofesseur de français l’a relu et corrigédeux fois! Maintenant, c’est bon: on vale mettre sur le site.» Reste encore laquestion de l’illustration: «On nous aconseillé un site où j’ai trouvé des imageslibres de droits…»Témoigner. «Chaque année, des cen-taines de millions de personnes en dé-tresse tentent l’impossible dans le but detrouver une vie meilleure, de l’autrecôté de la frontière. Mais après leur ar-restation, leur situation devient compli-quée», écrivent Élodie et Clémence. «LeCRA est-il une prison?» se demande Pau-line en écho. «Le CRA (Centre de réten-tion administrative), c’est un lieu oùl’on enferme les sans-papiers avant de lesrenvoyer dans leur pays. Quand on nousa parlé d’aller visiter celui d’Hendaye,nous ne savions même pas ce que c’était,encore moins qu’il y en avait un tout prèsd’ici! Nous avons rencontré des policiers,des infirmières et des représentants desassociations qui aident les détenus. Nousavions préparé des questions, mais leursréponses nous ont semblé plutôt contra-dictoires : d’un côté, on nous a expliquéque le CRA n’est pas une prison, mais d’unautre les infirmières nous ont dit qu’il ya déjà eu quatre tentatives de suicide ensix mois!» Nos deux jeunes filles ont dé-cidé d’écrire cet article pour témoigner :«Nous avons réuni nos idées, puis cher-ché, avec notre professeur de français, desangles de vue qui nous permettraient detraiter le sujet en plusieurs articles.» Élodie et Clémence ont choisi d’évoquerla vie et les rêves des migrants. Une écri-ture à quatre mains qui s’est surtout éla-borée par téléphone, explique Clémenceavec un sourire: «Le soir, on échangeaitnos idées, et je notais au brouillon…»

Témoigner (encore). Pour construireson article sur les jeux vidéo, Benjamins’est appuyé sur son expérience person-nelle : «Je ne suis pas "accro", nous ex-plique-t-il. Mais à un moment, je l’étaisun peu. Mon grand frère m’a parlé; il m’abien expliqué que la scolarité, c’estquand même plus important, et je me suiscalmé… Mais au passage, j’ai pu me ren-dre compte que c’est assez compliquéd’en sortir!» Pense-t-il pour autant qu’ilne faut pas toucher aux jeux informa-tiques? «Non, je ne dis pas ça : on peutjouer, mais avec modération!»

----«Comme les élèves dispo-saient d’un ordinateur per-sonnel, l’idée de travaillersur les médias s’est impo-sée tout naturellement.»Comment est née cette classe médias?Claudine Haira (CH): «Après avoir parti-cipé à la classe cinéma, nous avions prisl’habitude de travailler ensemble, etnous avions envie, avec Mme Vogel, de pro-longer cette expérience sous une autreforme. Nous sommes donc à l’origine duprojet, auquel s’est associé Olivier Hamant,professeur de mathématiques. Comme lesélèves disposent d’un ordinateur person-nel, l’idée de travailler sur les médias s’estimposée tout naturellement.»Lilly Vogel (LV): «Notre propos, c’est d’of-frir à nos élèves une ouverture sur lemonde – c’est-à-dire sur un grand nom-bre de questions – et, à partir de là, met-tre en jeu la réflexion et l’esprit critique.»Pourquoi un journal en ligne?LV: «Nous ne voulions pas en rester àl’étude des médias, mais amener nosélèves à développer un certain sens cri-tique par rapport à tout ce qu’ils peuvententendre ou voir. Qu’ils en viennent à re-garder les médias d’un autre œil. Nousavons donc souhaité les mettre en situa-tion de travailler eux-mêmes commedes journalistes : produire un journalsur internet nous permet à la fois de tra-vailler l’écrit et la photo, mais aussi le sonet la vidéo.»CH: «Notre propos est de traiter de tousles supports qui véhiculent de l’informa-tion. En début d’année, nous avons tra-vaillé sur la presse écrite, puis sur le re-portage télévisuel. Un peu plus tard, nousnous intéresserons à la radio. Internet,c’est tout le temps!»Comment se font les choix?LV: «Plusieurs sujets viennent des élèveseux-mêmes, et de leurs centres d’intérêt.D’autres leur sont imposés : c’est le caspour le cross du collège, que nous avonsconsidéré comme un entraînement: toutse passait sur place, il y avait un grandnombre de personnes à qui poser desquestions.

11h, classe de 3e ”médias”avec Claudine Haira, professeur documentalisteet Lilly Vogel, professeur de lettres classiques

LA CLASSE MÉDIAS

Nous venons d’attaquer un plus gros mor-ceau avec cette enquête sur l’immigra-tion. Nous avons commencé par des re-cherches sur internet, toujours à l’aide desordinateurs portables : qu’est-ce quel’immigration régulière? l’immigrationirrégulière? un centre de rétention ad-ministrative (CRA)? Quelles sont ces as-sociations qui interviennent auprès desimmigrés? Ensuite, nous sommes partisà Hendaye – en autobus – pour visiter leCRA où ils ont pu rencontrer des policiers,des responsables du centre et des asso-ciations, des infirmières, etc. Pour nosélèves, c’est une expérience exception-nelle: ils ont eu un aperçu assez completde la situation. À eux maintenant de ré-fléchir…»Vous les confrontez à de vraies choses, quiforcément les interpellent…LV: «Oui, et plusieurs ont produit de trèsbons textes sur le sujet. [À propos del’élève qui a repéré des contradictions en-tre les différents témoignages.] C’estexactement le but recherché: qu’ils fas-sent preuve d’esprit critique par rapportà ce qu’ils observent, aux discours desgens qu’ils rencontrent.»Quelle est la place des outils informa-tiques dans ce projet?LV: «Cette expérience ne serait pas en-visageable sans les ordinateurs portables,car cela demande beaucoup de travailpersonnel de la part des élèves ; ils doi-vent faire des recherches, rédiger les ar-ticles, travailler les vidéos, les photos, leson, mettre en ligne leurs articles… Tout

se fait à partir de leur ordinateur!»Mettre en ligne, c’est compliqué?CH: «Nous n’avions jamais fait de site in-ternet. Ce n’est finalement pas si compli-qué, mais ça suppose un apprentissage.J’apprécie la méthode de Stéphane, l’as-sistant d’éducation Tice du collège: il nefait rien à notre place, mais il est toujoursdisposé à nous expliquer comment ondoit procéder. Du coup, je suis en appren-tissage, et ça me demande du temps, maisà terme, je serai autonome!»-----Olivier Hamant est professeur de mathé-matiques: «J’ai accepté de m’associer auprojet de classe médias, dans la mesureoù les domaines abordés m’intéressentbeaucoup. Mais comment y trouver maplace, en tant que professeur de mathé-matiques? Mon idée de départ, c’est qu’ilexiste une certaine parenté entre la ma-nière dont on tient un raisonnement ma-thématique et l’analyse critique des mé-dias auxquels nous sommes confrontés :Il faut, dans les deux cas, avoir une ap-proche rigoureuse du phénomène. Sansformaliser outre mesure ce rapproche-ment, je l’ai évoqué avec les élèves. Etmaintenant que le site internet est enplace, ma contribution va consister à pro-poser des sujets scientifiques. Nous avons,par exemple, commencé à travailler surl’histoire des sciences à propos de Thalèset de Pythagore.»-----1 http://www.ac-bordeaux.fr/pedagogie/educa-tion-aux-medias.html2 http://classe.medias.free.fr

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Capbreton. Altitude de 0 m à 51 m, 8420habitants, station balnéaire du sud desLandes, ancien port de pêche très actif (onallait pêcher la morue jusqu’à Terre-Neuve); au large: le Gouf, fjord sous-ma-rin, plus de 1000 m de profondeur.Le collège Jean Rostand accueille cetteannée environ 600 élèves, avec uneSegpa (Section d’enseignement généralet professionnel adapté) de 70 élèves surcinq classes qui concerne tout le sud dudépartement. «Je suis en poste ici depuis la mise enplace de l’opération ”un collégien, un or-dinateur portable”, nous explique leprincipal, François Ramos. Et je peux té-moigner du fait qu’il y a de plus enplus d’enseignants qui se servent des or-dinateurs portables. Vous savez, la plusgrande réticence de certains, c’était de sevoir imposer des choses, mais ici, nousavons été preneurs de l’outil dès le début,et les enseignants sont toujours très de-mandeurs de tableaux interactifs et de vi-déoprojecteurs supplémentaires.Un certain nombre d’entre eux sont desutilisateurs réguliers: en français, mathé-matiques, histoire et géographie, et ensciences bien sûr – surtout en physique oùl’emploi est quasi systématique.Le Conseil général a proposé, dans le but

d’alléger les cartables, d’équiper les col-lèges qui le souhaitent en visualiseurs nu-mériques, avec la contrepartie de ne plusutiliser les manuels scolaires en classe. Le poids du cartable, c’est une préoccu-pation des familles depuis longtemps.Nous travaillons également sur cettequestion, et notre établissement s’est pro-noncé en faveur de cette disposition.Je fais partie de ceux qui peuvent avoirun regard critique, voire très critique parmoments, mais qui adhèrent totale-ment, et depuis le début, à l’opération”un collégien, un ordinateur portable”:les élus ont pris leurs responsabilités. Onpeut être pour ou contre, mais il serait dif-ficile de ne pas partager l’idée du prési-dent du Conseil général que toute uneclasse d’âge ait accès à cet outil. Cetteopération fournit vraiment aux collègesdes moyens de le faire. Le fait que cha-cun ait le même outil, c’est bien.»

-----Jean Rostand, né à Paris le 30 octobre 1894 etmort à Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine) le 4 sep-tembre 1977, est un écrivain, biologiste et his-torien des sciences français. Avec conviction etenthousiasme, il s’est efforcé de vulgariser la bio-logie, et d’alerter l’opinion sur la gravité des pro-blèmes humains qu’elle pose.

UNE JOURNÉEAU COLLÈGE JEAN ROSTAND À CAPBRETON

Ou comment, en quelques clics, réaliserune carte de l’Europe, en illustrantchaque pays par une image du monu-ment le plus emblématique…«La dernière fois, nous avons commencéà utiliser le logiciel NoteBook2, expliquele professeur.» Avec son ordinateur reliéau vidéoprojecteur, il montre aux élèvesoù trouver et comment démarrer le logi-ciel. «Aujourd’hui, nous allons travaillersur une carte de l’Europe: vous allez vousbrancher sur le réseau et vous connecterà Google. Nous allons faire une recherched’images: vous tapez "carte des pays del’Europe".» Bien vite, une collection decartes s’affiche sur les écrans: une discus-sion s’installe entre les élèves et le profes-seur pour décider laquelle choisir. «Nousallons la copier: vous allez pour cela dans"capture d’écran". Votre carte doit main-tenant apparaître dans NoteBook. Vouspouvez alors l’agrandir ou la réduire, l’éti-rer, la faire pivoter, etc.» Dans la classe,chacun expérimente, pour son compte, lesdifférentes possibilités du logiciel.Images. «Maintenant, il va falloir com-pléter cette carte. Pouvez-vous me direquel est le monument qui symbolise laFrance? – La tour Eiffel ! Et celui qui re-présente le Royaume Uni? – Big Ben!»

Pour représenter l’Italie, on s’accorde surla tour de Pise, ou le Colisée. Pour la Rus-sie? «Ah! Je l’ai vu dans les Onze com-mandements, avec Michaël Youn… leKremlin!» Le professeur projette instan-tanément au tableau une photographiedu monument: «C’est trop beau, ça mefait penser à Aladin!»«Vous revenez maintenant dans Googleimages, vous tapez "tour Eiffel", et vouschoisissez l’image que vous préférez.» Leprofesseur montre comment coller la tourEiffel sur la carte, à l’emplacement de laFrance. On répète ensuite l’opérationpour chaque pays.«En Segpa, nous expliquera plus tard Phi-lippe Simon, nous utilisons très régulière-ment les ordinateurs portables, notam-ment pour copier les leçons, et pour la re-cherche de documents en géographie ouen SVT. C’est indéniablement un outil trèsutile pour motiver les élèves.»-----1 Les sections d’enseignement général et profes-sionnel adapté (Segpa) accueillent des élèves nemaîtrisant pas toutes les connaissances et com-pétences attendues à la fin de l’école primaire.2 NotebookTM est habituellement utilisé pour pi-loter le tableau interactif, mais on peut égale-ment s’en servir sans être connecté.www.smarttech.com/smartboard

10 h, cours de géographie de Philippe Simon, avec une classe de 4e Segpa1

UNE CARTE DE L’EUROPE

C’est le premier cours de géométrie del’année pour cette classe de 3e. L’occasiond’aborder un logiciel1 permettant la ma-nipulation directe d’objets mathéma-tiques, pour un apprentissage plus acces-sible des concepts.S’entraîner. «Aujourd’hui, nous allons tra-vailler avec Cabri Géomètre, annonce leprofesseur. Prenez votre manuel à lapage 201: nous allons construire la figuredemandée.» Avec son ordinateur porta-ble connecté au vidéoprojecteur, il réa-lise la construction. Antoine, mon voisin,n’a visiblement pas de problème. «Tuconnais déjà ce logiciel? – Oui, je m’ensuis déjà servi l’an dernier.» Sa camarade,par contre, a quelques difficultés. Elle lèvele doigt: «Monsieur, ça ne marche pas…– Comment, "ça ne marche pas"? Dis plu-tôt que tu ne t’es pas entraînée avec lelogiciel ! Quand je vous donne des exer-cices à la maison, il faut les faire. Celui quiveut jouer au foot, il est obligé de s’en-traîner… Eh bien, en maths, c’est commeen sport : si on ne travaille pas, on n’estpas bon!»Le professeur montre maintenant com-ment créer des segments mesurables; cequi lui permet d’afficher leurs longueurs.«Aujourd’hui, je devais leur apprendreà utiliser ce logiciel que certains neconnaissaient pas, commente Vincent Do-mengé à notre intention. J’en profite éga-

lement pour aborder un concept nou-veau : la trigonométrie. Nous faisonsdonc deux choses en même temps.»Conjecturer. «Nous allons maintenantfaire des conjectures. Savez-vous ce quec’est, une conjecture? – Une hypothèse…– Oui, c’est une idée, juste ou fausse, quenous avons observée à partir de l’expé-rience, et que l’on essaie de démontrer.»Le cours se termine. «Pour chaque angle,vous avez trois valeurs: la première s’ap-pelle le cosinus, la seconde, le sinus, et latroisième, la tangente. Dans cosinus, il ya "co" comme "à côté"… Le cosinus, c’estdonc le rapport du côté adjacent sur l’hy-poténuse. […] Pour demain, à vous deprouver que notre conjecture est juste»,conclut le professeur.«Avec ce logiciel, nous pouvons faire desfigures très propres et très précises, expli-quera Vincent Domengé après le cours.On peut déplacer les objets, déformer lesfigures, ce qui permet d’observer – doncde faire des conjectures: voir un résultat,et essayer de le démontrer. Et pour cettepartie de découverte, l’outil informa-tique est extraordinaire: avant, nous fai-sions tout au plus une dizaine de construc-tions au tableau – ce qui prenait beaucoupde temps –, alors que là, c’est dyna-mique, et ça va beaucoup plus vite.»-----1 www.cabri.com/fr

11 h, cours de mathématiques de Vincent Domengé, avec une classe de 3e

SINUS, COSINUS, TANGENTE

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nant, si je vous dis "la fille de Minos et deParsiphaé"? – C’est dans la mythologiegrecque… – Ariane? – Non, mais vous brû-lez, il s’agit de sa sœur, Phèdre…» Au furet à mesure de la progression de cette dis-cussion guidée, le professeur surligne,dans le texte du poème, les références lit-téraires: «Savez-vous à quoi fait référencecet "albatros aux ailes de géant"?» Letexte complet du poème de Baudelaire –L’albatros – s’affiche aussitôt sur le tableau.Documenter. « Mon ambition, nousconfiera plus tard Véronique Delort-Sarran,c’est de conduire mes élèves – y comprisceux qui ne sont pas très forts – vers la lit-térature: on entre dans le texte en se po-sant des questions, et au moyen de re-cherches finalement assez simples. Toutmon cours est basé sur la richesse documen-taire de l’outil informatique: même si je n’aiaucun livre de Baudelaire ou de Rim-baud sous la main, je n’ai qu’à taperquelques mots des vers empruntés parQueneau dans ma barrette Google, pourretrouver les sources de chaque citation.»Retour au cours. «Nous allons faire un pe-tit bilan, indique le professeur. Elle notel’essentiel des idées qui viennent d’êtreétablies : «Le poème prend la languecomme objet… À cet objet, s’associentceux de la Terre et des sciences… Il de-vient le lieu où le monde et la chose serencontrent.» Pablo lève le doigt: «Ma-dame, il reste dix minutes.» – «C’est un

Comment dédramatiser la difficulté ap-parente d’un poème aux références foi-sonnantes, et conduire, pas à pas, lesélèves à entrer dans la constructiond’une pensée complexe…«Les mots se gonfleront du suc de touteschoses / de la sève savante et du docte la-tex / On parle des bleuets et de la mar-guerite / alors pourquoi pas de la pech-blende pourquoi?» Le professeur lit àhaute voix cette Petite cosmogonie por-tative, de Raymond Queneau, dont onpeut suivre des yeux le texte projeté surle tableau interactif. Un texte particuliè-rement résistant, tant il est truffé d’ex-pressions au sens obscur.«Je ne vais pas vous demander de me direce que vous n’avez pas compris – j'ai dé-couvert moi-même plusieurs mots que jene fréquente pas –, annonce le professeur.Voici quelques définitions que j’ai trou-vées dans Encarta, mais nous n’allons pasnous attarder sur chacune. Ce qui nous in-téresse plutôt, c’est de comprendre leurpoint commun: pechblende, par exemple,c’est un oxyde d’uranium; quant à chro-mosome – vous devez être très savants enla matière –, c’est de la biologie… Voilàélectromagnétisme, encore un mot com-pliqué… Quel est leur domaine com-mun?» Les doigts se lèvent. Julie proposeles sciences de la Terre. «Oui, on a les piedssur terre, il est question du mouvement,de l’observation de la Terre… Et mainte-

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bientôt huit ovules et huit spermato-zoïdes différents… «Vérifiez que vousavez bien représenté toutes les possibi-lités, conseille le professeur. Qui medonne le résultat?» Les doigts se lèvent.C’est Numa qui vient officier au tableauinteractif pour compléter le schéma.Interactif. «Nous allons maintenantrechercher quelles sont les chances, enchoisissant au hasard un ovule et un sper-matozoïde, d’obtenir un enfant qui serafille ou garçon, qui aura les yeux marronou bleus, et les cheveux noirs ou roux.»Chacun s’active à nouveau sur son clavier,et sur les écrans s’affiche alors, ici un gar-çon brun aux yeux marron, là une fillerousse aux yeux bleus, etc. Le professeurécrit les différentes possibilités au tableau.«Nous n’avons considéré que trois pairesde chromosomes: imaginez que nous enayons vingt-trois!»Réseau. «Cela fait trois ans que je dis-pose d’un tableau interactif dans maclasse, nous expliquera plus tard Véro-nique Bèze, et je l’utilise maintenant àchaque séance : je prépare tous mescours sur Notebook, ce qui me permetd’associer textes et images sur un mêmedocument que les élèves peuvent récu-pérer sur le réseau.»1 Brassage Génétique : www.pierron.fr

Quel rôle joue le hasard lors de la fécon-dation ? Comment expliquer la trèsgrande diversité des êtres humains? Onapprend ici, grâce à des animations inter-actives, à assembler les chromosomes,puis à visualiser les résultats obtenus…«Lors de la dernière leçon, nous avionsétudié la reproduction des êtres hu-mains ; nous avons parlé de hasard, etmême de loterie… Nous allons voir au-jourd’hui comment le hasard intervientlors de la formation des spermatozoïdeset des ovules… Vous allumez les ordina-teurs, et vous allez sur le réseau pour ré-cupérer le logiciel Brassage1.» Dans laclasse, chacun s’active sur son ordinateur,et bien vite la page d’accueil du logicielapparaît sur les écrans : «Le double ha-sard de la reproduction sexuée».Loterie. «Nous allons considérer trois ca-ractères situés sur trois paires de chromo-somes différents, explique le profes-seur : le sexe de l’enfant, la couleur desyeux, et la couleur des cheveux… Tout lemonde a suivi? Alors, à vous de jouer.»Sur les écrans, c’est effectivement un peucomme dans un jeu vidéo: d’un simpleclic, on doit assembler des chromosomesdifférents de manière à "fabriquer" unovule, ou un spermatozoïde. La combi-natoire fonctionne, et on dénombre

14h, cours de SVT de Véronique Bèze, avec une classe de 3e

LA GRANDE LOTERIE!

9h30, cours de français de Véronique Delort-Sarran, avec une classe de 3e

LA LANGUE COMME OBJET…

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«Nous attaquons aujourd’hui le pre-mier chapitre de chimie, annonce leprofesseur. Nous allons étudier les mé-taux… Allumez vos ordinateurs et allezsur le réseau faire la mise à jour, par co-pier-coller, du cours de physique.»Le document sur lequel doivent travaillerles élèves s’affiche sur le tableau interac-tif, et bien vite sur les écrans des ordina-teurs portables. Au programme, l’obser-vation de différents métaux – alumi-nium, fer, zinc, cuivre, argent et or. Surchaque table, une balance et une petiteboîte contenant quatre cylindres métal-liques différents, et un cinquième qui serévélera être un aimant. En s’aidant de lafeuille de cours qu’ils viennent de téléchar-ger, les élèves s’appliquent à noter leursobservations sur le questionnaire numé-rique préparé par leur professeur: «Désolé,commente Christophe Arribet, il est déjàrempli pour l’or et l’argent: je n’ai pasd’échantillon à vous proposer!» Le premiertravail consiste à décrire l’aspect de cha-cun. Dans la classe, chacun se concentre surle problème. Chuchotements… «Le plusfacile à reconnaître, explique le professeur,c’est le cuivre: il est jaune orangé. Le plusléger, c’est l’aluminium. Comment diffé-rencier le fer du zinc? Essayer de voir le-quel est attiré par l’aimant…»

Témoignage. «Cette salle a été l’une despremières à être dotées d’un tableau in-teractif, au tout début de l’opération,nous déclarera Christophe Arribet à la findu cours. Je dispose également d’un vi-sualiseur qui me permet par exemple defilmer une manipulation – ce qui est bienutile pour les élèves qui sont au fond dela classe. Mais j’avoue que, s’il y a unechose dont je ne me passerais plus, c’estbien le tableau interactif, avec le vidéo-projecteur. Pour ce qui est des ordinateursportables, je ne dispense pas les élèves denoter le cours dans leur cahier, maisquand il y a des schémas un peu compli-qués, ils peuvent récupérer, sur le réseau,le fichier Notebook qui contient tout lecheminement du cours, page après page,avec toutes les annotations faites au ta-bleau – ce qui est également très pratiquepour les élèves absents.Autre avantage des ordinateurs, ce sontles animations eduMedia1 – je pense parexemple à une simulation du fonctionne-ment d’un oscilloscope –, ou aux vidéosdu site.tv2 que j’utilise souvent commelancement de cours…»-----1 cf EnConnexion #10 – p. 12www.edumedia-sciences.com2 www.lesite.tv

11h30, cours de physique de Christophe Arribet, avec une classe de 3e

CUIVRE, FER OU ZINC?

code entre nous, pour éviter de se laisserprendre par le temps», chuchote ma voi-sine. «D’accord, a répondu le professeur.Eh bien, vous allez mettre à jour vos do-cuments, par le réseau.» Les ordina-teurs sortent de sous les tables. D’un coup,les têtes disparaissent en partie derrièreles écrans. «Je vais vous demander de pré-parer tout seuls, comme des grands fu-turs lycéens que vous serez bientôt, le bi-lan de notre analyse de ce poème de Ray-mond Queneau…»Un tableau qui ne s’efface plus. «L’unedes choses que l’ordinateur a changéesdans mon existence d’enseignante, nousconfiera plus tard Véronique Delort-Sa-ran, c’est que je ne crains plus d’effacerun tableau: autrefois, il m’arrivait de po-ser un petit papier: "prière de ne pas ef-facer ce qui est à l’intérieur", ce qui fai-sait enrager mes collègues, évidemment.Aujourd’hui, le tableau ne s’efface plus :on peut conserver un travail en l’état, et,la fois suivante, reprendre la séance autrait près. Et chaque élève repart chez luiavec l’état du tableau, c’est-à-dire avectout l’outillage qui va lui permettre defaire un travail de relecture, et de syn-thèse. C’est à la fois une mémoire ducours, et un miroir: il montre exactementl’essentiel de ce qui a été fait. Je m’en serssystématiquement pour clore la séance,et parvenir à un tout cohérent, et signi-ficatif pour l’élève.»

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Étude libre entre midi et deux…

PAUSESandra Masson est employée à mi-tempspar le collège, en soutien d’AlexandreMaco, l’assistant d’éducation Tice. Lejeudi et le vendredi, entre 13 et 14 heures,Sandra anime une étude libre ouverteaux élèves qui souhaitent utiliser leurs or-dinateurs : «Je les aide à réaliser des pe-tits projets, à faire des recherchesd’images dans un but bien précis… Etnous regardons ensemble les logicielsdont ils disposent. Les mels sont autori-sés, mais pas les jeux…» Il est 13 heures:une vingtaine d’élèves sont déjà instal-lés devant leurs ordinateurs. Sandrapasse de l’un à l’autre, encourage,conseille… Sarah et Claire travaillentsur la carte de l’Europe que leur profes-seur leur a demandé de terminer. Loïc «lePro» s’active à changer la configurationde la page d’accueil de Google, de ma-nière à y afficher son nom. Romain vientici tous les vendredis ; aujourd’hui, iltravaille sur un montage photo pour rem-placer son fond d’écran… Chacun s’oc-cupe avec beaucoup de sérieux, en pre-nant visiblement beaucoup d’intérêt à uti-liser son ordinateur.

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UN COLLÉGIEN,UN ORDINATEUR PORTABLE…Si l’on en croit le diagnostic de l’Agence Aqui-taine Europe Communication, les collèges lan-dais sont les plus informatisés de la région, avec3,2 élèves par ordinateur. C’est naturellementun des effets de l’opération “un collégien, unordinateur portable”, menée depuis 2001 parle Conseil général, qui conduit au prêt d’un or-dinateur à tous les collégiens de 3e et 4e et à tousles enseignants. En parallèle, le Conseil géné-ral a également câblé toutes les salles et déve-loppé les équipements collectifs des collèges (or-dinateurs fixes, vidéoprojecteurs, tableaux in-teractifs, etc.). Il s’est aussi attaché à la mise àdisposition des ressources éducatives (logiciels,ressources pédagogiques, manuels numériques,abonnements à des banques de vidéos France5 et INA…), à nouer des partenariats avec les en-seignants et les instances académiques afin depromouvoir la formation et l’utilisation des ou-tils informatiques dans l’enseignement. Enfin,il assure le soutien technique dans les collègesen finançant l’embauche par les collèges de lamoitié des assistants d’éducation. Près de32000 élèves ont bénéficié de cette opérationdepuis septembre 2001.

EN CONNEXION #13une publicationdu Conseil général des Landes23, rue Victor Hugo40025 Mont-de-Marsan CedexTél. : 0558054113www.landes.orgwww.landesinteractives.netContact : [email protected]

Directeur de publication :le président du Conseil général

Rédacteur en chef :Pierre-Louis Ghavam

Design éditorial,reportages, enquête visuelle :presse papierMarie Bruneau, Bertrand Genier

Photographies de 1re et de 4e de couverture :Vincent Monthiers

Relecture :Hélène Baron

Impression :BM / F-33610 ZI Canéjan

Dépôt légal : 1er trimestre 2009

Ce document est imprimédans une imprimerie Imprim’vertavec des encres végétalessur du papier Cyclus Print 100 % recycléà partir de fibres issues de la collecte sélective(invendus, déchets d’impression, etc.)et blanchi sans utilisation de chlore,lui-même biodégradable et recyclable.

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PORTRAITSChaque numéro d’En_Connexion afficheen couverture un portrait de collégiens«avec ordinateur portable» – signé de Vin-cent Monthiers. Merci encore à tous les élèves qui partici-pent à ces séances de prise de vues de s’yprêter avec enthousiasme et bonne hu-meur. Mais il est toujours très frustrant dene devoir choisir qu’une image – et uneseule – entre d’autres également intéres-santes et belles. Quel dommage de ne pas pouvoir publiertoute la diversité de ces postures, de cestempéraments, de ces personnalités !Magie des outils numériques, une sélectionplus étendue de ces images est maintenantsur internet, à consulter sur le site :

www.flickr.com/photos/cg40/sets/