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N°6851 - Vingt-troisième année - Prix : Algérie : 15 DA. France : 1 . USA : 2,15 $. ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com PHOTO : H. LYES PHOTO : H. LYES PUBLICITÉ Si Chakib Khelil n’a pas été inquiété jusqu’ici, c’est parce qu’il risquerait de révéler l’implication du frère et conseiller du Président dans ces affaires, estiment nos sources. La sécurité est le principal souci des Libyens ; il ne se passe pas une semaine sans qu’il n’y ait d’incident armé. L’insécurité touche aussi bien les représentations diplomatiques et les administrations que la vie courante des simples citoyens. BOULANGERS La grève suivie à 80%, selon l’UGCAA La grève des boulangers a eu un impact important ; une grande partie d’entre eux ont baissé rideau pour réclamer une marge bénéficiaire sur le prix de vente du pain La Fédération algérienne des consommateurs insiste sur le maintien du prix de la baguette à 8,50 DA pour préserver le pouvoir d’achat du citoyen. D es pratiques spéculatives de commercialisation de véhicules neufs par des revendeurs non agréés par l’Etat ne cessent de prendre de l’ampleur, ces derniers mois, favorisant à la fois la prolifération d’un commerce informel de l’automobile et des cas de non-respect des normes de sécurité et de la réglementation régissant l’activité des concessionnaires. Pour contenir ce phénomène préjudiciable qui pénalise grandement les consommateurs, les pouvoirs publics s’attellent actuellement à la préparation d’un nouveau texte de loi visant, en substance, à mettre de l’ordre dans le marché national de l’automobile. (Suite page 8) Akli Rezouali COMMERCIALISATION DE VÉHICULES NEUFS L’ÉTAT VEUT EN FINIR AVEC LES REVENDEURS INFORMELS LIRE L’ARTICLE DE FATIMA ARAB EN PAGE 4 LIRE LES ARTICLES DE MOURAD SELLAMI, NADJIA BOUZEGHRANE ET YACINE FARAH EN PAGE 15 LIRE L’ARTICLE DE SALIMA TLEMÇANI EN PAGE 3 El Watan LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Mercredi 24 avril 2013 AFFAIRES DE CORRUPTION ÉDITION DU CENTRE 10 MOIS APRÈS LES LÉGISLATIVES LA LIBYE TOUJOURS DANS L’INSÉCURITÉ LIRE L’ARTICLE DE HASSAN MOALI EN PAGE 13 LA MINURSO N’ENQUÊTERA PAS SUR LES DROITS DE L’HOMME Washington détruit l’espoir des Sahraouis LIRE LES ARTICLES DE AMEL BLIDI, FAYÇAL MÉTAOUI ET MEHDI BSIKRI EN PAGES 6 ET 7 «La surpuissance du général Toufik est un mythe» La surpuissanc ik est un my HICHEM ABOUD Directeur du quotidien Mon Journal Saïd Bouteflika est-il impliqué ? S S E 3 Durant des années, Alstom et General Electric, entre autres groupes étrangers, ont été favorisés par les plus hautes autorités du pays.

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  • N°6851 - Vingt-troisième année - Prix : Algérie : 15 DA. France : 1 €. USA : 2,15 $. ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com

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    ■ Si Chakib Khelil n’a pas été inquiété jusqu’ici, c’est parce qu’il risquerait de révéler l’implication du frère et conseiller du Président dans ces affaires, estiment nos sources.

    ■ La sécurité est le principal souci des Libyens ; il ne se passe pas une semaine

    sans qu’il n’y ait d’incident armé. L’insécurité touche aussi bien les représentations

    diplomatiques et les administrations que la vie courante des simples citoyens.

    BOULANGERSLa grève suivie à 80%, selon l’UGCAA■ La grève des boulangers a eu un impact important ; une grande partie d’entre eux ont baissé rideau pour réclamer une marge bénéfi ciaire sur le prix de vente du pain■ La Fédération algérienne des consommateurs insiste sur le maintien du prix de la baguette à 8,50 DA pour préserver le pouvoir d’achat du citoyen.

    D es pratiques spéculatives de commercialisation de véhicules neufs par des revendeurs non agréés par l’Etat ne cessent de prendre de l’ampleur, ces derniers mois, favorisant à la fois la prolifération d’un commerce informel de l’automobile et des cas de non-respect des normes de sécurité et de la réglementation régissant

    l’activité des concessionnaires. Pour contenir ce phénomène préjudiciable qui pénalise grandement les consommateurs, les pouvoirs publics s’attellent actuellement à la préparation d’un nouveau texte de loi visant, en substance, à mettre de l’ordre dans le marché national de l’automobile.(Suite page 8) Akli Rezouali

    COMMERCIALISATION DE VÉHICULES NEUFS

    L’ÉTAT VEUT EN FINIR AVEC LES REVENDEURS INFORMELS

    LIRE L’ARTICLE DE FATIMA ARAB EN PAGE 4

    LIRE LES ARTICLES DE MOURAD SELLAMI, NADJIA BOUZEGHRANE ET YACINE FARAH EN PAGE 15

    LIRE L’ARTICLE DE SALIMA TLEMÇANI EN PAGE 3

    El WatanLE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Mercredi 24 avril 2013

    AFFAIRES DE CORRUPTION

    ÉDITION DU CENTRE

    10 MOIS APRÈS LES LÉGISLATIVES

    LA LIBYE TOUJOURS DANS L’INSÉCURITÉ

    LIRE L’ARTICLE DE HASSAN MOALI EN PAGE 13

    ■ LA MINURSO N’ENQUÊTERA PAS SUR LES DROITS DE L’HOMME

    Washington détruit l’espoir des Sahraouis

    LIRE LES ARTICLES DE AMEL BLIDI, FAYÇAL MÉTAOUI ET MEHDI BSIKRI EN PAGES 6 ET 7

    «La surpuissance du général Toufik est un mythe»

    La surpuissancik est un my

    HICHEM ABOUD Directeur du quotidien Mon Journal

    Saïd Boutefl ika est-il impliqué ?

    SS

    E 3

    ■ Durant des années, Alstom et General Electric, entre autres groupes étrangers, ont été favorisés par les plus hautes autorités du pays.

  • AHD 54 EXIGE UN CERTIFI-

    CAT MÉDICAL DU CHEF DE

    L’ÉTAT

    R ebaïne a p -p e l l e à une é l e c -t i o n p r é si -PH

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    OUARGLA

    La DGSN recrute dans le Sud En visite de travail et d’inspection à Ouargla, hier, le général-major

    Abdelaziz Hamel a annoncé la création de 6180 postes de travail

    dans le Sud, dont 2020 pour la seule wilaya de Ouargla.

    L e Salon professionnel dédié au recrute-ment au sein de la Sûreté nationale, orga-nisé au profit des jeunes diplômés de la région, a connu un extraordinaire engouement pour la police nationale. Contre toute attente, les jeunes Ouarglis ne sont nullement indifférents à ce corps vu la présence massive de candidats à la formation et à l’emploi dans ce secteur. Selon les jeunes approchés hier matin, «le chômage qui a atteint son niveau le plus élevé dans la wilaya de Ouargla fait que les jeunes ne ratent pas une seule occasion de se faire recruter dans tous les domaines, y compris la police». La formation souvent inadéquate et l’expérience exigée sont parfois des obstacles insurmon-tables pour la majorité des postulants. Certains désiraient tout simplement réintégrer leurs postes, hier matin, puisqu’ils ont déjà une pre-mière expérience dans la police sous le régime du CDD. C’est chose faite puisqu’en marge de l’inauguration du Salon, le DGSN a officialisé le recrutement de 15 agents (personnel civil as-similé) dans divers métiers du corps de la police. M. Hamel a d’ailleurs réaffirmé sa volonté de participer à la réduction du chômage, notam-ment par la création de quelque 6180 postes budgétaires d’agents de police pour les 8 wi-layas du Sud, dont 2020 pour la seule wilaya de Ouargla. La limite d’âge lors du recrutement est de 19 à 23 ans pour les agents et de 22 à 25 ans pour les lieutenants, a-t-il souligné. Selon Abdelghani Hamel, «les effectifs de la po-lice nationale ont abouti à une couverture sécu-ritaire suffisante, qui devrait atteindre prochai-nement la moyenne mondiale (1 policier pour 300 habitants) sur tout le territoire national». Le DGSN a également annoncé la construction d’une grande école de police à Ouargla, très prochainement, pour assurer une meilleure cou-verture sécuritaire de la wilaya et l’amélioration des infrastructures professionnelles et sociales du secteur ainsi que la lutte conte la criminalité. Le directeur général de la Sûreté nationale, en présence des chefs de la sûreté de wilaya, des autorités locales et militaires ainsi que des représentants de la société civile de la wilaya, a présidé la cérémonie d’inauguration du nouveau siège de la sûreté de la daïra de Sidi Khouiled, située à 15 km au nord du chef-lieu de la wilaya de Ouargla ; il a aussi inspecté un centre de formation professionnelle au niveau de la zone d’activité ainsi qu’une base de vie.

    M. Algmi et A. Z. Achour

    AHD 54 EXIGE UN CERTIFICAT MÉDICAL DU CHEF DE L’ÉTAT

    Rebaïne appelle à une élection présidentielle anticipée

    SUICIDE DU DRAG DE LA WILAYA DE MASCARA

    Le wali dit avoir la «conscience tranquille»Le suicide, lundi dernier, de Drissi Abdelkarim, directeur de réglementation et des affaires générales (DRAG) de la wilaya de Mascara, dans son bureau, continue à susciter des spéculations et les interrogations. En effet, hier matin, des fonctionnaires de la DRAG, sous la houlette du représentant du Snapap, ont refusé de rejoindre leur poste de travail. ils ont observé un sit-in devant le siège de l’administration pour exiger «une enquête sérieuse» sur les causes du drame. La protestataires s’élèvent notamment contre ce qu’ils qualifient de «pression exercée par le wali sur les fonctionnaires de l’administration locale» et dénoncent ce qu’ils appellent «auto-ritarisme» du premier responsable de la wilaya. Rencontré hier, le wali de Mascara, Ouled Salah Zitouni, nous a précisé que le défunt se trouvait, samedi et dimanche derniers, en mission à Alger. «Ce n’est que dans la matinée de lundi 21 avril qu’il est venu me voir pour me rendre compte des résultats de sa mission. Je l’ai félicité pour l’ex-cellent travail accompli à cet effet.» Notre inter-locuteur ajoute : «Au moment du suicide, j’étais concentré sur les travaux de l’APW. Quand j’ai appris la nouvelle, je me suis précipité vers le

    siège de la DRAG, accompagné du secrétaire général, du chef de cabinet et du protocole (…). Ceux qui prétendent que le défunt a écrit une lettre qu’il avait laissée sur son bureau n’ont qu’à apporter des preuves.» Concernant les revendications de certains agents de l’administration qui réclament son départ, le wali a précisé qu’«il s’agit de ceux qui ont été sanctionnés soit en étant mutés, dégradés ou ayant fait l’objet de mesures disciplinaires».

    Pour conclure, le chef de l’exécutif local nous a déclaré qu’il maintient son rythme et sa méthode de travail «quitte à déplaire à certains». Ouled Salah Zitouni a tenu également à démentir les informations faisant état de son limogeage : «Je suis un commis de l’Etat. J’ai été désigné par décret et rien n’empêche la tutelle de prendre une décision à mon encontre. Si jamais je suis amené à quitter cette wilaya, je partirais la conscience tranquille.» A. Souag

    L ’ A C T U A L I T ÉEl Watan - Mercredi 24 avril 2013 - 2

    Ali Fawzi Rebaïne, président du parti Ahd 54

    LE MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR CRÉE UNE COMMISSION D’ENQUÊTE

    Une commission sera constituée pour enquêter sur les conditions de la mort tragique du directeur de la règlementation et des affaires générales de Mascara, a annoncé, hier à Saïda, Abdelkader Ouali, le secrétaire général du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales. M. Ouali a assisté à la cérémonie d’inhumation du défunt DRAG de Mascara, Driss Abdelkrim (59 ans), qui a eu lieu au cimetière de Sidi Maamar, dans la commune de Aïn Lahdjar. Six walis de la région ouest du pays, dont celui de Mascara, et une foule nombreuse composée de cadres et d’agents de la DRAG de Mascara, de parents et proches du défunt et de citoyens, ont accompagné Driss Abdelkrim à sa dernière demeure. Le défunt DRAG de Mascara a été découvert lundi après-midi dans son bureau, mort d’une balle provenant de son arme personnelle.

  • SNC-Lavalin, Siemens, Alstom ou encore CSCEC, des entreprises aux noms bien connus en Algérie et qui ont largement pro-fité de la commande publique. Des entreprises qui partagent également un autre point commun. Celles-ci, ou du moins leurs filiales, ont toutes eu maille à partir avec la Banque mondiale qui les a black-listées pour fait avéré de corruption. L’affaire la plus récente et qui a sans le plus marqué les esprits est sans doute celle liée au groupe canadien SNC-Lavalin. Impliquée dans des affaires de corruption en Algérie, en Tunisie et en Libye, la firme serait aussi mêlée à une tentative d’introduction du fils du dictateur libyen déchu, Saâd El Gueddafi, au Mexique. C’est dire le genre de firmes qui ont bénéficié des lar-gesses du programme d’investissement public.L’augmentation des cours du pétrole, la constitu-tion de réserves de change importantes et l’injec-tion de plusieurs centaines milliards de dollars dans le circuit aura sans doute aiguisé les appétits. Cependant, l’Algérie a, au final, attiré des firmes sans scrupules, qui ne lésinent pas sur les pots-de-vin afin de parvenir à leurs fins. Un rapport de Transparency International publié il y a quelques

    mois met à l’index les entreprises et les pays les plus corrupteurs au monde. A la lecture du rap-port, on se rend vite compte que l’Algérie travaille avec ces grands corrupteurs. Le cas SNC-Lavalin est donc loin d’être une exception ou un simple accident de parcours. D’autres entreprises, et non des moindres, marquées du sceau de la corruption, ont une présence active en Algérie. Aujourd’hui au cœur de la polémique en raisons des coûts de réalisation de la centrale électrique de Terga, jugés trop élevés, la firme française Alstom a elle aussi été épinglée par la Banque mondiale en 2012. Deux filiales du groupe ont ainsi reconnu avoir commis des actes illicites dans un projet en Zambie. Alstom, qui est présent en Algérie dans les infrastructures, l’énergie et vient de lancer en partenariat une ligne de fabrication de tramway, a été radiée par la BM pour 3 ans. En 2009 c’était Siemens, présente dans le secteur algérien des télécoms ainsi que dans les transports ferroviaires notamment, a aussi été black-listée par l’institution de Bretton Woods non seulement pour un projet financé par la BM en Russie, mais aussi pour des «fautes commises par le passé dans ses activités à travers le monde» ! Le cas le plus

    édifiant reste néanmoins celui des entreprises chinoises. Considérées par Transparency Inter-national comme les plus corruptrices, celles-ci ont obtenu les marchés pour la réalisation de deux tronçons de l’autoroute Est-Ouest ainsi que la construction de milliers de logements depuis 2000.

    DÉCLARATION DE PROBITÉ… POUR QUOI FAIRE ?A titre d’exemple, la société chinoise publique China State Construction Engineering Corpora-tion (CSCEC) a été, en 2009, sur la liste noire de la Banque mondiale pour cause de corruption et de fraude ; elle a écopé de la «non-éligibilité pour 6 ans» aux contrats financés par l’institution. Cela n’a pourtant pas empêché l’entreprise chinoise de décrocher, deux ans plus tard, d’importants marchés de construction en Algérie. En 2011, la CSCEC avait obtenu pour près de deux milliards de dollars de contrats en Algérie. La réalisation de la Grande mosquée d’Alger permettra ainsi aux Chinois de faire un milliard de dollars de chiffre d’affaires, tandis la construction du centre interna-tional de conférences leur permettra d’engranger

    688 millions de dollars. Un fait d’autant plus gra-vissime que la loi sur la lutte contre la corruption, entrée en vigueur en 2006, écarte de tout appel d’offres les entreprises dont la probité est mise en doute, leur fermant l’accès à la commande publique. Ainsi, une «déclaration de probité» a été intégrée aux dossiers de soumission des opé-rateurs désirant participer à un appel d’offres. Une déclaration qui trouve son ancrage juridique dans la loi de 2006 sur la lutte contre la corruption et par laquelle le soumissionnaire s’engage à «ne pas avoir fait l’objet, ni lui-même, ni ses employés, ni ses représentants, ni ses sous-traitants, de pour-suites pour corruption ou tentative de corruption d’agents publics». Une déclaration qui l’engage aussi ne pas s’adonner à des actes de corruption, auquel cas cela conduirait à l’annulation du marché, à l’inscription sur liste noire, en plus de l’exposer à des poursuites judiciaires. Une fausse déclaration de probité exposerait également son auteur, selon les textes en vigueur, à des pour-suites. Or, le cas CSCEC reflète le fait que ce genre de mesure n’est, au final, prise que pour meubler les discours se voulant fermes quant à la lutte contre la corruption… Melissa Roumadi

    J amais l’Algérie n’a été aussi mena-cée dans son existence que ces der-nières années, en raison de sa rente pétrolière. La mauvaise gouvernance, la corruption et les intérêts politico-politi-ciens ont fini par la livrer à l’ancienne puissance coloniale et aux Etats-Unis qui, aujourd’hui, ont pratiquement le monopole sur deux secteurs straté-giques et les plus sensibles : le transport et l’énergie. En effet, le groupe français Alstom s’est vu attribuer le plus gros des infrastruc-tures de transport public, comme le métro d’Alger qu’il a équipé et qu’il dirige pour une durée de dix ans, et dont la gestion a été confiée à la société fran-çaise RATP, celle-là même qui assure la gestion de l’aéroport d’Alger. Alstom a bénéficié également des marchés de tramways, téléphériques et trains rapides, mettant ainsi tout le secteur des transports publics entre les mains d’un seul groupe, à savoir Alstom, qui, faut-il le rappeler, se débattait au milieu des années 2000 dans une crise financière assez grave qui a suscité des mesures de mise en chômage de centaines de ses employés en Europe. Selon des spécialistes, les marchés qu’il a obtenus en Algérie constituaient une «véritable bouffée d’oxygène» pour sa trésorerie. Comment a-t-il pu avoir la mainmise sur autant de projets dans le secteur des transports, alors que sa santé financière était au plus bas ? Très simple. Son représentant à Alger n’était autre qu’un cadre (algérien) du service commercial de l’ambassade de France, qui avait un

    excellent carnet d’adresses, vu qu’il in-tervenait souvent pour faciliter l’octroi des visas à de nombreux responsables et personnalités influentes. Un réseau sur lequel a beaucoup compté Alstom, en lui offrant le poste de directeur géné-ral de son bureau d’Alger. Quelques années plus tard, ce responsable est rap-pelé en France, où il a bénéficié d’une promotion qu’il ne tardera pas à laisser tomber pour revenir à Alger, après avoir accepté l’offre de General Electric (GE), pour diriger son bureau en Algé-rie. C’est surtout son carnet d’adresses et son réseau de connaissances qui inté-ressaient le groupe américain pour réa-liser des affaires. Celles-ci vont s’avérer très rentables, puisque il va rafler 90% des marchés de turbines en Algérie. Pourtant, les experts sont formels. Les prix qu’il pratique sont excessivement élevés. Ils affirment qu’une centrale de 1000 MW ne dépasse pas un milliard de dollars. Ce qui a été confirmé récemment par le ministre de l’Energie, Youcef Yousfi. Or, le groupe a obtenu la centrale élec-trique de Koudiet Draouech (El Tarf), d’une capacité de 1200 MW, pour un montant de 2,3 milliards de dollars. Cu-rieusement, son offre n’était pas loin de celle d’Alstom, 2,2 milliards de dollars, qui a d’ailleurs obtenu la réalisation de la centrale de Terga (Aïn Témouchent). Y a-t-il eu entente tacite entre les deux groupes, sachant qu’ils ne voulaient pas faire baisser leurs offres, comme l’a souhaité Sonelgaz ? On n’en sait rien. Ce qui est certain, c’est que les

    deux centrales d’une capacité de 1000 MW chacune ont coûté à l’Etat 5,5 milliards de dollars. Durant la même période, faut-il le préciser, le canadien SNC-Lavalin réalise la même centrale à Tipasa pour 826 millions de dollars et au mois d’octobre 2012, le sud-coréen Daewoo s’est vu attribuer la réalisation d’une centrale similaire, à Cap-Djinet, pour un montant de 910 millions de dollars. Mieux. En mars dernier, Gene-ral Electric (GE) a obtenu le marché de fourniture de six nouvelles centrales électriques de 8400 MW entrant dans le cadre du plan d’urgence de renforce-ment des capacités énergétiques durant la période 2015-2017, pour un montant de 2,5 milliards de dollars. Le groupe assure uniquement la fourni-ture des centrales tout en s’engageant à réaliser une usine de turbines, «dont la réalisation ne dépasse pas le montant de 80 millions de dollars», expliquent nos interlocuteurs. Pour ces derniers, GE «a décroché le gros lot et devient de fait le principal fournisseur de centrales électriques en Algérie». Etant donné qu’il n’est qu’un équipementier, le pro-jet ne peut être lancé. Il faudra attendre que Sonelgaz sélec-tionne les entreprises chargées d’inté-grer les équipements et de construire les centrales. «Or, les constructeurs connus qui ont pour habitude de soumissionner pour de tels travaux n’ont pas été inté-ressés. Il ne reste sur le marché que les Turques, les Chinois et les Sud-Coréens pour être l’interface d’un mégaprojet assez complexe. La crainte de tout le

    monde, c’est que ce marché soit donné à des sociétés incompétentes en la matière. Pourquoi avoir octroyé un aussi important marché à un groupe qui ne peut ni construire les infrastructures ni en assurer l’étude, sachant que cette partie du marché est très importante pour le projet ? A-t-on bien réfléchi à l’intérêt de l’Algérie en mettant toutes les centrales électriques entre les mains d’un seul fournisseur ?», s’interrogent des spécialistes avec lesquels nous nous sommes entretenus. Ils se demandent si «le fait d’avoir partagé le marché en deux étapes ne répond-il pas à la néces-sité de masquer un énième éventuel surcoût». Pour nos sources, il ne faut plus s’interroger sur les raisons qui ont fait que l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil, n’a pas été inquiété par la justice, en dépit des graves révéla-tions qui le compromettent. A-t-on peur d’arriver au frère du Pré-sident, Saïd Bouteflika ? «Ces af-faires sont trop importantes pour ne concerner que la personne du ministre. Lorsque Alstom et General Electric ont soumissionné pour obtenir les marchés des centrales électriques de Terga et de Koudiet Draouech, ils ont fait des offres trop importantes. Mais il y avait une volonté avérée de les retenir. On leur a demandé de revoir à la baisse leurs offres, mais ils ont refusé. Malgré cela, ils ont obtenu chacune une centrale. Alstom a obtenu la construction de la centrale de Terga, pour un montant de 2,2 milliards de dollars, dans un délai de réalisation de 45 mois, et General

    Electric, la réalisation de la centrale de Koudiet Draouech, pour une enveloppe de 2,3 milliards de dollars, dans un délai de 48,5 mois. Mieux, comme ces deux groupes ne sont pas des construc-teurs, ils ont fait appel à des sous-trai-tants. Si General Electric a sous-traité avec l’espagnol Iberdrola, Alstom s’est tourné vers Orascom Construction. Le choix de cette entreprise égyptienne n’est pas fortuit. A l’époque, elle a été bien appuyée par les plus hauts dirigeants du pays, notamment par le président de la République et son frère conseiller», révèlent nos sources. Pour celles-ci, si Chakib Khelil n’a pas été inquiété en dépit des graves accusations portées contre lui, c’est tout simplement parce qu’il n’est pas l’unique ordon-nateur de ces marchés. «Les autres sont tapis à plus haut niveau de l’Etat. Ils ont mis le pays entre les mains des Américains et des Français, unique-ment pour acheter leur bénédiction. Ramener l’ex-ministre à s’expliquer, c’est prendre le risque de le voir tout déballer sur le cercle présidentiel, d’autant que certains n’hésitent pas à faire la campagne pour le quatrième mandat, alors que des informations faisaient état de la création, par le frère du Président, d’un parti politique en prévision de la prochaine échéance présidentielle. En réalité, Chakib Khelil n’est que l’arbre qu’il faudra protéger pour qu’il puisse continuer à cacher la forêt, ou plutôt le clan présidentiel», concluent nos interlocuteurs.

    Salima Tlemçani

    AFFAIRES DE CORRUPTION

    Saïd Boutefl ika est-il impliqué ?● Deux secteurs aussi stratégiques que sensibles comme l’énergie électrique et le transport sont entre les mains des Américains et des Français

    ● Durant des années, Alstom et General Electric ont été favorisés par les plus hautes autorités du pays, qui continuent à leur accorder des privilèges pour acheter leur bénédiction ● Pour certains, Chakib Khelil n’est que l’arbre qui cache la forêt…

    DES ENTREPRISES BLACK-LISTÉES PAR LA BANQUE MONDIALE

    Ces corrupteurs qui décrochent des contrats en Algérie

    El Watan - Mercredi 24 avril 2013 - 3

    L ’ A C T U A L I T É

  • El Watan - Mercredi 24 avril 2013 - 4

    L ’ A C T U A L I T É

    BOULANGERIES FERMÉES À CONSTANTINE

    Le pain était indisponible hier dans bon nombre de boulangeries dans la ville de Constantine, mais aussi dans les communes Zighoud Youcef, Aïn Smara et la nouvelle ville Ali Mendjeli. Pourtant, tous ces boulangers pâtissiers, qui ont décrété une journée sans pain, ont ouvert pour vendre toutes sortes de pâtisseries. L’action, qui a été déplorée par les ci-toyens, n’a pas été sans créer une vive tension sur ce produit, notamment chez les boulan-gers qui n’ont pas adhéré à ce mouvement. Selon Abdelaziz Bouguern, président de l’Union

    des boulangers de la wilaya de Constantine, affiliée à l’UG-CAA, «ces boulangers gré-vistes ne représentent que 20% de la totalité des boulangers de Constantine au nombre de 83, et qui ont agi ainsi sans l’aval de l’union. Ces derniers ont tenté à travers ce mouvement de pro-testation d’exprimer leur colère face à la lourdeur avec laquelle le ministère du Commerce traite leurs revendications affichées pourtant depuis 2004». Les protestataires estiment que la commercialisation du pain à 10 DA dans la wilaya de Constan-tine, décidée par l’union de

    wilaya des boulangers et mise en application depuis le mois de mars dernier, ne semble pas avoir servi à grand-chose. Ils ont avancé que l’aspect «non officiel» de cette augmenta-tion les a ruinés au lieu d’agir positivement sur leur bénéfice. Selon eux, les grands clients, à l’exemple des établissements scolaires, refusent d’acheter le pain à ce prix tant que l’Etat n’a pas donné son approbation. Il faut dire que le consommateur a été victime de cette journée dé-clarée sans pain, où une bonne partie de la population n’a pas été servie. O.-S. Merrouche

    ACTIVITÉS COMMERCIALES

    Les critiques des députés

    L e projet de loi sur les conditions d’exercice des activités commerciales – présenté hier à l’APN par le ministre du Commerce, Mus-tapha Benbada – a suscité de vives critiques de la part de certains députés, notamment dans son article 8, qui a été modifié de façon à lever l’inter-diction d’inscription au registre du commerce frap-pant une catégorie de personnes, plus particulière-ment celles ayant des antécédents avec la justice. Cet article, selon le représentant du gouvernement, constitue un obstacle pour de nombreux postulants à la création d’entreprises, notamment les jeunes promoteurs dont les casiers judiciaires portent des mentions relatives à des délits. Pour le Parti des travailleurs (PT), ce texte de loi modifiant et complétant la loi n°04-08 du 14 août 2004 répond à un besoin d’une minorité de «délinquants» et non aux besoins réels exprimés par les commerçants. M. Taazibt (député PT) estime que ce projet de loi a été élaboré dans l’urgence, sous la pression des lobbies de l’informel. «Ce texte de loi n’a aucun fondement et ces articles ne servent pas les citoyens qui revendiquent le règlement des problèmes liés à l’activité commerciale, à savoir l’import-export, mais sont indulgents avec les mafias de l’informel», explique le député, qui ne comprend pas comment une personne condamnée par la justice pour blanchiment d’argent se voit autorisée à créer son propre commerce. Le texte de loi a réduit de 14 à 6 les délits relatifs au registre du commerce. Certains élus ont également soulevé l’utilisation «malsaine» de la question du chômage. «On parle de la lutte contre le chô-mage, mais le comble est que les pouvoirs publics donnent des avantages aux commerçants !», s’est exclamé un député. D’autres élus ont applaudi la modification du fameux article permettant l’insertion sociale des personnes dont le casier judiciaire n’est pas vierge. «Est-ce que ces personnes n’ont pas le droit d’exercer une activité commerciale ? Faut-il lais-ser ces individus verser dans l’informel ou livrés à eux-mêmes ? Ce texte vient à point pour aider cette catégorie de personnes», note Mida du parti TADJ. Un avis partagé par les députés d’obédience islamiste. Il est également proposé dans le texte, et ce, en faveur du soutien à l’emploi des jeunes et à la création d’entreprises, de dispenser les sociétés nouvellement créées du dépôt légal des comptes sociaux pour une durée d’une année à compter de la date de leur inscription au registre du commerce. De même que les sociétés créées dans le cadre de dispositifs de soutien à l’emploi des jeunes (Ansej, Angem et CNAC) sont exonérées du paiement des droits inhérents aux formalités de dépôt légal des comptes sociaux durant les deux ans suivant leur inscription au registre du commerce. De nouvelles dispositions sont en outre proposées pour réprimer le non-respect des mesures concer-nant la fermeture des commerces durant la période des congés. Nabila Amir

    LA GRÈVE A ÉTÉ SUIVIE À 80%, SELON L’UGCAA

    Les boulangers ont réussi leur «journée sans pain»

    L a grève à laquelle a appe-lé le Comité national des boulangers a eu un impact auprès d’une grande partie de ces artisans qui ont baissé rideau pour réclamer une marge de bénéfice sur le prix de vente du pain, soutenu par l’Etat depuis 17 ans. Le suivi a été massif, a-t-on constaté hier dans la capitale. Les boulangers ont massivement adhéré à l’appel, tout en respec-tant les directives d’assurer un service minimum. Ainsi, il n’y a pas eu de pénurie de pain, peut-on également relever. «Cette action symbolique vise à sensibiliser l’opinion et les pou-voirs publics quant à l’impact et au préjudice de la subven-tion des prix de la farine, telle qu’elle se présente actuelle-ment. Nous ne voulons pas être les sacrifiés de cette politique de subvention», soutiennent les boulangers en grève. Dans la plateforme de revendi-cations, les artisans boulangers demandent au gouvernement de revoir la politique des subven-tions, «trop injuste à l’égard des boulangers. Si l’Etat débourse des milliards pour soutenir le prix du pain, environ 3000 tonnes de farine sont détour-nées quotidiennement par les industriels. Nous réclamons des solutions, rapidement, pour la garantie d’une marge bénéfi-ciaire des boulangers de 20% environ», explique M. Boule-nouar, porte-parole de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) à laquelle est affilié le Comité des boulangers. Selon l’UGCAA, la marge béné-ficiaire peut être garantie à travers la réduction du prix de la farine (matière première pour la fabrication du pain) de 2000 DA le quintal à 1500 DA ou par l’augmentation du prix du pain à 12 DA. Selon les chiffres avancés par le Comité des bou-langers, la grève a été suivie à 80% à l’échelle nationale avec des taux de 70% à Alger, 90% à Oran, Béchar, Annaba, El Tarf et Constantine et 80% à Tizi Ou-

    zou. De son côté, la Fédération algérienne des consommateurs revendique le maintien du prix actuel de la baguette de pain, fixé réglementairement à 8,50 DA, en vue de préserver le pou-voir d’achat du citoyen. Dans un communiqué diffusé hier, la Fédération a proposé l’allègement du fiscal et du parafiscal et l’annulation de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de tous les produits entrant dans la fabrication du pain «afin de garantir la marge bénéficiaire des boulangers qui doivent à leur tour se conformer à la réglementation concernant le poids de la baguette et veiller aux critères de qualité et de

    disponibilité». La Fédération a appelé en outre les boulangers en grève à faire prévaloir le dialogue et à «ne pas prendre le consommateur en otage», d’autant plus que le ministère du Commerce avait formé une commission chargée de trouver des solutions aux revendications des boulangers.

    Fatima Arab

    MUSTAPHA BENBADALa grève est injustifi éeEn marge des travaux de l’Assemblée, le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, s’est prononcé sur le mouvement de protestation initié par les boulangers. Le ministre a qualifi é cette décision «d’acte irresponsable» et d’une «décision irréfl échie». Pour M. Benbada, cette grève n’est pas justifi ée, d’autant plus que son département n’a jamais fermé les portes du dialogue devant les représentants de ce secteur.«Mieux encore, le gouvernement a même reconnu la légitimité de certaines de leurs revendications qui sont raisonnables», a soutenu le ministre qui a rappelé dans ce sens que la commission mixte, installée, en mars dernier, au siège du ministère du Commerce pour évaluer le coût réel de la baguette de pain, rendra demain les conclusions de son travail. Le représentant du gouvernement a toutefois appelé les grévistes à assumer leur responsabilité vis-à-vis de la population. «Les boulangers cherchent-ils à aff amer la population ?», s’est interrogé M. Benbada. Pour le ministre, la détermination du coût réel de la baguette de pain sera suivie, selon le ministre, par des démarches devant répondre aux revendications des boulangers et ainsi améliorer leurs revenus, sans augmenter le prix du pain. N. A.

    Les boulangers, suite à l’appel de leur comité national, ont observé hier une journée de protestation

    PHOTO : M. SALIM

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  • El Watan - Mercredi 24 avril 2013 - 5

    L ’ A C T U A L I T É

    GRÈVE DANS LES CONSULATS FRANÇAIS EN ALGÉRIE Plus de 30 000 demandes de visa en attenteLa grève des travailleurs des diff érents consulats français d’Algérie, qui persiste depuis trois semaines, a provoqué un énorme retard dans le traitement des demandes de visa. Selon l’AFP citant des grévistes, plus de 30 000 demandes de visa sont en attente. A l’ambassade, on indique que plus de 5400 demandes urgentes ont été traitées depuis le début du mouvement. «Les usagers concernés ont été informés des reports de rendez-vous les concernant», a-t-on ajouté. En 2012, la France a accordé 200 000 visas à des Algériens, un chiff re en hausse continue. La grève est plus importante à Alger, mais le mouvement, d’une soixantaine d’employés affi liés à la CFDT, s’est aussi déclenché à des dates diff érentes dans les consulats d’Oran (ouest) et de Annaba (est). Les revendications portent sur l’augmentation des salaires au titre de l’infl ation et de l’ancienneté et la préservation des acquis. Les grévistes protestent également contre une charge de travail de plus en plus lourde, selon une circulaire qu’ils ont remise à l’AFP. Ils affi rment qu’ils maintiendront le mouvement jusqu’à satisfaction de leurs demandes, faisant remarquer qu’ils n’ont cessé depuis des années de perdre de leur pouvoir d’achat, qui a chuté de 40% selon eux. Ils veulent aussi l’application de la loi algérienne sur les congés, les heures de travail, qui se sont alourdies avec des demandes de visa en hausse constante et les arrêts maladie. «Notre situation est fl oue, a affi rmé l’un d’eux. Parfois nous tombons sous la loi algérienne, parfois sous la loi française.» «En fait, nous demandons nos droits ni plus ni moins», a ajouté un autre, qui a fait état de trois rencontres avec l’ambassadeur, André Parant, sans résultat pour l’instant. Les décisions, en cours d’élaboration, dépendent du ministère de tutelle, les Aff aires étrangères, souligne-t-on à l’ambassade. La poursuite de ce mouvement de grève risque de provoquer des retards ingérables dans le traitement des demandes de visa. Les Algériens en attente d’un visa se disent perdus et ne savent plus quoi faire, surtout qu’il n’y a aucune visibilité sur l’avenir de ce mouvement. M. A. O.

    L’INTERSYNDICALE DE LA SANTÉ S’EST RÉUNIE HIER

    Vers un mouvement de protestation commun

    DÉBRAYAGE DES PRATICIENS DE SANTÉ PUBLIQUE

    Bientôt la paralysie totale ?

    La réunion de l’Intersyndicale de la santé publique a eu lieu hier après-midi. A l’ordre du jour : discuter des modalités des actions de protestation et la date de ce mouvement. C’est Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des pra-ticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) qui l’a an-noncé hier lors d’une confé-rence de presse animée à Alger. «Nous allons arrêter les modali-tés ensemble dans les plus brefs délais», a-t-il précisé. Ainsi, les professionnels de la santé ayant tant attendu la concré-tisation vainement des promesses du gouvernement reviennent à la charge. Le conseil national du SNPSSP a décidé d’entre-prendre les différentes formes de protestation : grève, sit-in et rassemblement. «Les instructions

    du ministre de la Santé ne sont respectées qu’au sein de son département», a déploré le Dr

    Yousfi qui a passé au crible les différentes étapes de négocia-tions avec le Premier ministère ainsi qu’avec la tutelle. M. Yousfi a reconnu qu’il y a eu des reven-dications qui ont été concrétisées et d’autres qui sont en cours de concrétisation depuis la nomi-nation de Abdelaziz Ziari à la tête du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Parmi ces points : le concours du passage au grade ainsi que le service civil. Sur ce dernier point, le président du SNPSSP a estimé que beau-coup de choses restent à faire pour le maintien des spécialistes dans les Hauts-Plateaux et la région du Sud. Le Dr Yousfi vise

    les mesures incitatives d’ordre financier ainsi que l’encourage-ment de l’évolution de carrière. Pour ce qui est des revendications qui restent suspendues, M. Yousfi affiche un grand étonnement. «Le Premier ministre a donné des ins-tructions pour la prise en charge de ces points et le ministre de la Santé s’est engagé à les concréti-ser», a-t-il affirmé. Le médecin s’est interrogé sur les raisons qui retardent la prise en charge des doléances ayant trouvé un consensus dans le cadre des négociations. Trois mois après la rencontre des syndicats de la santé avec le MM. Sellal et Ziari, ces autorités n’ont même pas daigné ouvrir les dossiers relatifs à l’amendement du statut particulier, au régime indemnitaire ainsi qu’au loge-ment de fonction. Ces trois reven-

    dications qui ont eu l’accord du Premier ministre n’ont pas vu le jour jusque-là, bien que «le Premier ministre ait donné son accord», souligne le président du SNPSSP. Même les revendi-cations qui relèvent de la simple décision du ministre de tutelle sont en hibernation. Ces revendi-cations consistent en l’abrogation de la discrimination de l’impo-sition entre les praticiens spé-cialistes hospitalo-universitaires et les praticiens spécialistes de la santé publique. «La revalori-sation de la prime de contagion et de la prime de garde est de la provocation dans la mesure où la discrimination reste la même», a regretté le Dr Yousfi. Ce spé-cialiste a dénoncé entre autres la gestion de certains services par des hospitalo-universitaires.

    Djedjiga Rahmani

    I rait-on vers une paralysie totale des struc-tures sanitaires ? C’est la crainte émise par un retraité, debout dans le hall d’un centre de soins de la capitale. «Ils viennent de m’apprendre qu’il y a grève. Encore. Il y a quelques jours, les paramédicaux étaient en grève et, avant eux, d’autres corps de la san-té. Ce qui force les citoyens à slalomer pour se faire soigner, quand, dans l’urgence, ils ne paient pas le prix fort d’une consultation privée», soupire-t-il. Et les nouvelles d’une éventuelle jonction entre l’ensemble des syndicats ne sont pas pour le rassurer. «J’ai pu lire ici et là qu’ils veulent tous faire grève en même temps. Déjà que, séparément, le préjudice que nous font subir ces mouvements est appréciable, alors qu’est-ce que ce sera lorsqu’ils s’y mettront tous en même temps !», s’alarme-t-il. Toutefois, loin de blâmer entiè-rement les contestataires, l’homme estime qu’il est du ressort des pouvoirs publics de mettre un terme à ces perturbations. «L’on ne va pas se voiler la face : les personnes qui consultent dans le public, en dépit de ces nombreuses lacunes, sont généralement celles qui n’ont pas les moyens de débour-ser les lourds honoraires des consultations privées. En refusant d’assainir la situation, le pouvoir pénalise les plus modestes des Algériens», bougonne-t-il, dépité, en quittant

    l’établissement sanitaire. Et c’est entre in-compréhension et résignation nées de l’habi-tude qu’ont été rythmées ces deux premières matinées de débrayage dans les centres de santé. «Il y a parfois des scènes très vio-lentes», raconte la chargée de l’accueil d’une polyclinique d’un quartier populaire de la capitale. «Ce matin, une femme m’a littérale-ment agressée parce qu’elle n’avait pas droit à du ‘piston’», relate-t-elle. Un service minimum a pourtant été mis en place, mais il s’applique aux urgences, tout particulièrement lorsqu’il s’agit de pédiatrie ou autre suivi post-opératoire. «Je lui ai conseillé d’aller trouver un centre qui n’est pas en grève», conclut-elle.

    DÉMOBILISATION ET PRESSIONS Car dans certains établissements d’Alger, le mot d’ordre n’a pas du tout été suivi. Et rares sont les praticiens qui acceptent d’expliquer les raisons de cette non-adhésion. Manque d’information et de mobilisation, soins importants et urgents à prodiguer, mais aussi, et peut-être même surtout, pressions et autres menaces de représailles de la part de l’administration. «Malgré cela, le taux de suivi a connu une sensible amélioration avec une moyenne de 78% au niveau national», explique Lyes Merabet, président du Syndicat

    national des praticiens de la santé publique (SNPSP). «A Alger, la grève est peut-être moins ressentie, d’autant plus que les pra-ticiens de santé publique sont minoritaires dans les grands pôles sanitaires, tels que les hôpitaux ou CHU», reconnaît-il. Pourtant, au deuxième jour de grève du SNPSP, une certaine lassitude semble se faire sentir chez les médecins. «Nous tournons en rond. Nous pensions en avoir fini avec les grèves et les revendications. Et nous voilà repartis pour un autre bras de fer avec la tutelle», commente ainsi dans un soupir une praticienne. «C’est ce mépris et l’absence d’une quelconque amorce de négociations que nous dénon-çons au plus haut point», affirme le docteur Merabet. «Et comme l’union fait la force, nous discutons avec d’autres syndicats de la santé afin de mettre en place une plate-forme de revendications commune et de faire converger nos mouvements», poursuit-il, énumérant les spécialistes, les paramédicaux, les psychologues et autres corps communs de la santé. «En sus d’une grève commune, il sera discuté le recours à toute autre forme de protestation, tels sit-in et rassemblements publics», prédit-il. Les cycles de perturbation dans le système de santé ne semblent pas près de prendre fin…

    Ghania L.

    Marche de différents syndicats représentant le corps médical lors d’une manifestation à Alger en 2012

    PHOTO : H. LYES

    ● Dans certains établissements d’Alger, le mot d’ordre n’a pas du tout été suivi ● Les praticiens expliquent les raisons de cette non-adhésion par peur de menaces et de représailles de la part

    de l’administration.

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  • L a puissance de l’armée algé-rienne aurait été mythifiée, d’après Hichem Aboud, direc-teur du quotidien Mon Journal et auteur du pamphlet La Maffia des généraux, invité aux Rencontres d’El Watan. Celui qui a connu le système de l’intérieur, puisqu’il a été directeur de cabinet du général Lakhal Ayat, estime que le pouvoir qu’on prête au patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), Mohamed Medienne dit général Toufik, serait exagéré. «En Algérie, soutient Hichem Aboud, on vous prête souvent plus de puissance que vous n’en méritez et plus que vous en avez. Le général Tou-fik est un mythe, au même titre que le colonel Merbah à son époque.» Il ex-plique : «Les gens ne savaient pas que dans les années 1989-90, les membres de la Sécurité militaire avaient pour déjeuner un sandwich et qu’il ne pouvaient pas se permettre d’aller au restaurant, que des commandants de la SM prenaient le bus comme tout le monde. Les gens ne savent pas cela, ils entretiennent le mythe.»Le fait est, à en croire l’invité d’El Wa-tan, que le système algérien est d’une opacité telle qu’un certain nombre de personnes prétendent s’appuyer sur des gens prétendument surpuissants pour parvenir à leurs fins. Hichem Aboud refuse de croire à la «lutte de clans» qui déchirerait le système car, considère-t-il, «les gros poissons ne se mangent pas entre eux». «Quand,

    souligne-t-il, j’entends parler de lutte de clans entre Bouteflika et l’armée, cela me fait rire. Cette lutte de clans n’existe que dans leur tête. Les déci-sionnaires ne se font jamais la guerre, certes ils avancent leurs pions mais ils gardent des liens cordiaux. Avant, il y avait une guerre de clans terrible, au-jourd’hui, les choses se sont calmées.»

    «LES GROS POISSONS NE SE MANGENT PAS ENTRE EUX»Hichem Aboud estime que le pouvoir algérien a évolué, passant d’un régime maffieux à un système opaque. «Le système tel qu’il fonctionnait sous Chadli n’est pas le même que celui sous Bouteflika. Entre un président qui déléguait tous ses pouvoirs et un autre qui tient tout entre ses mains

    et qui ne veut rien lâcher, il y a une sacrée différence», explique-t-il, sou-lignant par ailleurs que parmi ceux qui constituaient le cabinet noir de l’époque, certains ne sont plus de ce monde. Il constate que dans les années 1990, tout le monde connais-sait les noms des généraux ainsi que les postes qu’ils occupaient, parce qu c’étaient des hommes de pouvoir, des décisionnaires. «Ce n’est plus le cas aujourd’hui, relève-t-il, il n’y a plus que des technocrates. L’armée a été mise de côté. Des colonels et des géné-raux ne sont même pas informés de ce qui se passe.» Mais le système reste, selon l’analyse de Hichem Aboud, appuyé sur la corruption. «Avez-vous vu un ministre derrière les barreaux ? Un grand

    nabab derrière les barreaux ? Je vais sortir un dossier, de la grosse artille-rie, avec documents à l’appui, mais une fois encore, il n’y aura rien», pré-dit le directeur de Mon Journal. A en croire Hichem Aboud, les affaires de corruption dépasseraient même le DRS. «Le DRS va enquêter, il fera des dossiers mais le reste n’est pas de son ressort», dit-il, louant au passage la relative transparence du département dirigé par le général Toufik : «Au niveau du DRS, il y a des corrompus mais force est de reconnaître que dans l’affaire de l’autoroute Est-Ouest, le seul qui ait payé est bien l’agent du DRS. Il n’était pas corrompu, mais son commandement l’a tout de même sanctionné, estimant qu’il avait man-qué de vigilance.» Hichem Aboud

    ajoute que «dans cette maison (le DRS, ndlr), il n’y a, à ce jour, pas de scandale financier autour du patron ni de sa famille. Pourtant, tout le monde est aux aguets». Au final, constate-t-il, le système a peut-être «changé» ces dernières années, mais pas dans le sens souhaité. Amel Blidi

    HICHEM ABOUD. Directeur du quotidien Mon Journal aux Rencontres d’El Watan

    «La surpuissance du général Toufi k est un mythe»

    ■ Diplômé de l’Ecole supérieure de journalisme en 1978, Hichem Aboud a exercé son métier de journaliste à Jeunesse action, La République, El Chaâb et El Hadef. Il devient, à 24 ans, rédacteur en chef de la revue El Djeich. «Dans l’armée, raconte-t-il, on respectait le profil des gens. En tant que journaliste, j’ai été dirigé vers la revue El Djeich jusqu’au jour où j’ai estimé qu’il n’était plus possible d’exercer le métier de journaliste dans l’institution militaire, car il n’y avait plus cette liberté de ton qui n’existait pas dans la presse civile. Le fait est que cela ne plaisait pas au commandement militaire et à la direction politique du pays et qu’il a alors été décidé d’en faire un magazine purement militaire non diffusé au large public.» Lui qui souhaitait quitter l’institution militaire, il se voit proposer un poste dans les services de sécurité. En 1992, ayant quitté l’institution militaire, il lance le journal El Acil à Constantine, qui tirait à 40 000 exemplaires/jour avec un taux d’invendus de 3%, ce qui n’a pas manqué pas d’attiser les convoitises de ceux qu’il qualifie de «nababs de la région» avec à leur tête le général Betchine. La guerre est alors déclarée. Le général parviendra à s’emparer du journal, mais Hichem Aboud ne s’avoue pas vaincu, il lance un second journal, Le Libre, qui n’aura néanmoins pas le même succès à cause des nombreux obstacles qu’il rencontre. Puis il publie le pamphlet La Maffia des généraux. A. B.

    H ichem Aboud, directeur du quoti-dien Mon Journal, a indiqué, lors de son passage aux Rencontres d’El Watan, qu’il avait été victime de plu-sieurs intimidations durant sa carrière avant d’opter pour un exil en France qui a duré 18 ans. «Mon ton libre les gênait, ma manière d’écrire, ma ma-nière de voir les choses. Je garde au-jourd’hui le même ton, le même style, je ne peux pas changer. J’ai été contraint à l’exil, car on a menacé mon intégrité physique. Le système s’est ligué contre moi. Mais moi, je ne me laisse pas faire, je suis Chaoui», a-t-il déclaré.Hichem Aboud a fondé, il y a une année, le quotidien Mon Journal. Il indique que «cela n’a pas été facile» pour lui. «Aujourd’hui, on donne de agréments à des maquignons. Je pré-pare un dossier sur la presse algé-rienne. Des journalistes se baladent avec des statuts d’entreprises. Pour obtenir l’agrément, j’ai déposé ma demande en février 2012, par l’inter-médiaire de mon avocat, au tribunal de Hussein Dey. Mais on nous a dit qu’il fallait passer par l’autorité de régu-lation de la presse écrite, qui n’existe pas encore. Je suis allé voir le ministre de l’époque, Nacer Mehal. Il m’a très bien reçu. Un ministre journaliste, ça fait plaisir ! J’ai expliqué à Mehal qu’il y avait un vide, d’autant plus que les textes d’application sont également inexistants. On m’a donc donné un agrément provisoire pour une année, daté du 5 juin 2012.» Hichem Aboud pense que «le pro-

    blème n’est pas dans l’obtention d’un agrément. Il faut se faire une place dans cette jungle de titres qui viennent fausser le jeu par leur nombre. Les pouvoirs publics font tout pour que la presse soit entre les mains de maqui-gnons, pour que la presse ne puisse pas exercer le travail qui lui sied. C’est plus qu’une pollution médiatique. Un autre problème réside au niveau de la diffusion, car les distributeurs se sont habitués à ne pas rendre de comptes aux patrons de journaux. Les maquignons ne s’intéressent qu’aux pages délivrées par l’ANEP». Dans la foulée, il explique que «les autorités demandent de déposer un cautionne-ment de 250 millions par titre dans les quatre régions, soit un milliard de centimes». «Si un journaliste veut créer un quotidien, le premier obstacle est l’argent. Vous êtes obligés d’aller voir un maquignon. Moi je ne l’ai pas fait. Mon entreprise porte mon nom : Aboud Info. Je n’ai aucun associé. Je ne suis redevable à personne. J’ai dû batailler pour avoir l’agrément. Pour-quoi les gens me posent la question, alors que j’ai 38 ans d’expérience dans la presse. Il faudrait interroger les maquignons. Pourquoi Hichem n’a pas droit à une page de pub ? Je l’ai obtenue et je vais arracher la deuxième. Je n’ai pas quatre chats, le monteur de pages gagne à lui seul 80 000 DA. Mes journalistes ont tous un contrat de travail. Je n’ai pas créé une entreprise de presse à 100 000 DA. Mon journal a été crée à 2 millions de

    dinars», poursuit-il. Et d’ajouter : «En tant que journaliste, il donne l’info seulement pour protéger l’outil de travail.» «J’emploie 160 salariés dans les deux éditons. Mais je ne veux pas être prisonnier d’un annonceur, quitte à fermer», précise-t-il. Hichem Aboud pense que «la presse algérienne manque de courage» et affirme qu’«hormis les premiers quo-tidiens créés par les gens du métier, les autres sont tous des beggara». Il répond à ses détracteurs : «Des gens qui n’ont pas parlé toute leur vie, pour eux, je ne dois pas rentrer en Algérie. Après 15 ans d’exil, je n’ai pas pu assister à l’enterrement de mon père, alors que je suis fils unique. Ni moi, ni ma femme, ni mes enfants n’ont demandé la nationalité française, alors qu’eux courent derrière. Pour ces gens, je dois aller en prison. Ils n’ont pas le courage. Ce sont des poltrons. Des petites fripouilles. Ils n’ont pas le courage d’écrire sous leurs noms pour m’insulter.» Concernant les pratiques du système contre la presse, Aboud pense que «les pressions ne sont plus vulgaires. Aupa-ravant, des inspecteurs enlevaient des pans entiers du journal. Avant, on mettait des journalistes en cellule rien que pour une information. Les réflexes ont changé présentement. Il y a une évolution, mais pas dans le sens que nous souhaitons. Ce n’est pas au nom de la liberté de la presse qu’il faut don-ner des agréments à tout le monde». Mehdi Bsikri

    LA PRESSE A ÉTÉ ENVAHIE PAR LES MAQUIGNONS◗ L’AFFAIRE HASSENI-MECILI«L’Etat algérien n’a rien fait pour sauver le capitaine Hasseni. Samraoui est complice dans l’assassinat de Ali Mecili, c’est lui que le dit. C’est lui qui avait mis sous sa protection Amalou, qu’il a rencontré à Skikda, à l’hôtel Salem. Samraoui a assisté quand on lui a remis les 80 millions de centimes de francs français. Samraoui ne pensait pas qu’il allait être présenté devant le juge d’instruction pour cette affaire», indique Hichem Aboud, pour qui ce dossier a rebondi lorsqu’il a accordé un entretien, en 2001, au Nouvel Observateur. «Le système cherchait un lampiste pour cacher les véritables commanditaires. C’est Chadli qui a donné instruction à Larbi Belkeir de tuer Ali Mecili, ordre relayé à Lakhal Belayat», déclare Aboud. Selon lui, le principal motif de cet assassinat est que «Mecili voulait profiter de l’aura de Ben Bella au Moyen-Orient pour jouer l’intermédiaire dans les négociations de libération des otages occidentaux, d’où le rapprochement opéré par Brahim Younsi entre Aït Ahmed et Ben Bella. Mecili a, pour le pouvoir algérien, joué dans leur périmètre. C’est pour cela qu’il a été tué. Aït Ahmed n’a jamais demandé l’audition de Chadli et de Larbi Belkeir, et ce, malgré mes déclarations». Hichem Aboud ajoute que lorsqu’il a apporté son témoignage, «quelque temps plus tard, j’ai rencontré Samraoui. Il m’a dit qu’il avait été témoin. Je lui ai dit d’aller voir le juge d’instruction. Samraoui, pour ne pas être pris, a dit que le meurtrier s’appelait Hasseni. Samraoui a monté une cabale contre cet homme pour se retirer. Les autorités françaises ont incarcéré Hasseni. Mais moi, je le connais. J’ai dit qu’il n’avait rien à voir avec cette affaire. J’ai maintenu le témoignage. Le juge a compris que Samraoui le menait en bateau. Si je n’avais pas témoigné, il serait en prison aujourd’hui». M. B.

    ◗ BOUTEFLIKA A FAIT LE MANDAT DE TROP «Les plus grands dictateurs sont les chefs des partis de l’opposition. Les plus grands dictateurs ne sont pas Bouteflika ou ceux qui se sont succédé à la tête de l’Etat», indique Aboud. Il considère qu’une dictature à la Boumediène est «bonne», car elle impose le travail, la santé, l’éducation. Il donnera les détails dans son prochain livre, L’Algérie des dictateurs. Pour ce qui est de la corruption, Hichem Aboud pense que «la presse donne parfois des informations que même les colonels ne connaissent pas, car ils ne font pas partie des cercles décisionnels». «Nous avons un système politique érigé sur la corruption. La corruption s’est propagée à tous les niveaux. Bouteflika en est le premier responsable. Au temps de Boumediène, ce n’était pas le cas. Il y avait des petits détournements et leurs auteurs étaient condamnés à 20 ans. Bouteflika a dépénalisé la corruption», juge-t-il. M. B.

    UN DÉBUT À LA REVUE «EL DJEÏCH»

    El Watan - Mercredi 24 avril 2013 - 6

    L ’ A C T U A L I T É

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    de la Famille et de la Condition de la femme

    veilléeLes familles Benslimane, Sâad, Messaoudi, Lounaci, Bitouche, Abahri, Hammadi, M'raiagh, Bensalah et Hadjout remercient toutes celles et tous ceux qui ont compati à leur douleur suite au décès de leur cher époux, père, grand-père, beau-père et oncle BENSLIMANE AHMED électromécanicien (société SOGAM pour la réparation et la maintenance des ascenseurs) à l’âge de 81 ans et informent que la veillée du troisième jour aura lieu aujourd’hui, mercredi 24 avril 2013, au domicile mortuaire sis au 20 rue Ahmed Zendjabil (ex-Victor Hugo).

    M ohamed Raouraoua, président de la Fédération algérienne de football (FAF) et ex-commis-saire de la manifestation Année de l’Algérie en France, n’a pas réagi aux révélations publiées ces dernières semaines par Mon Journal sur son implication dans des affaires de corruption et de malversations. «Il a été sollicité par les chaînes Nesma TV et France 24, il a refusé de s’exprimer. Moi je l’ai fait. La raison en est simple : ce monsieur sait que tout ce que j’ai écrit dans Mon Journal est vrai. Il ne peut pas apporter de démenti ni m’ester en justice. Et vous savez très bien que ce monsieur, pour un oui, pour un non, va à la justice», a déclaré Hichem Aboud, directeur du quotidien national Mon Journal, lors des Rencontres d’El Watan. Selon lui, le dossier sur Raouraoua a été publié après l’assemblée générale de la FAF à l’hôtel Meridien d’Oran, le 20 février dernier. «Le bilan financer et moral passe comme une lettre à la poste. Le monsieur tient un discours où il ferme la porte à tout le monde et où il se présente comme le plus beau, le plus fort. Je suis un ancien journaliste sportif et je connais bien le milieu. Quotidiennement, je reçois d’anciens joueurs et entraîneurs. Ils me parlent, me donnent des infos. Je ne calcule pas en disant que Raouraoua connaît X ou Y. J’ai mené l’enquête, je lui ai envoyé une lettre, lui disant que je détiens des infor-mations sur sa gestion et sur des malversations ‘dont il serait’ responsable. Je voulais avoir sa version. Il n’a pas répondu. Il a même dit avec arrogance à une per-sonne qu’on se reparlera chez le procureur», a expliqué Hichem Aboud. Le président de la FAF a été, selon lui, destinataire d’une seconde lettre après la publication des articles, lui demandant de répondre. «Nous étions prêts à organiser, dans les locaux du journal, un forum où il pouvait répondre aux questions de la presse. Il n’a pas donné suite. On ne peut pas faire plus. D’autres informations arrivent concernant cet homme. Je ne vais pas faire de la rétention d’information. Je continue de publier. Les gens sont encouragés et nous font d’autres révélations. J’ai déjà quatre dossiers. Je n’ai pas honte de ce que j’ai écrit, mais Raouraoua a honte ; la preuve, il n’a même pas assisté au match Algérie-Bénin. Il ne se montre pas. Ce qui j’ai écrit est vrai, crédible et juste», a insisté le directeur de Mon Journal, saluant l’aug-mentation du tirage de ce quotidien. «Avec tout ce qu’il a comme argent, Raouraoua n’est pas du menu fretin. Lorsque tu lui tapes dessus, il se tait puis dit plus loin : ‘je sais d’où ça vient’ ! Mais, les articles sont signés

    Hichem Aboud, ce n’est pas anonyme», a-t-il souligné.

    «KHALIFA A PROFITÉ DE L’OPACITÉ DU SYSTÈME»Le quotidien va bientôt publier des révélations sur Média Algérie, une agence de communication. «Cette agence se sucre à travers toutes les opérations de sponsoring. J’ai déjà deux noms et je cherche qui est derrière. Média Algérie sert d’intermédiaire entre le sponsor et l’équipe nationale de football. On peut prendre un pourcentage lorsqu’on fournit un effort pour chercher de la publicité. Ces gens ne bougent même pas ! Nedjma a ses locaux dans la tour de Raouraoua, à côté de l’aéroport d’Alger. Nedjma a-t-il besoin de passer par Média Algérie pour faire la publicité de l’équipe nationale ? Est-ce que l’adresse de l’équipe nationale est si méconnue pour qu’on aille chercher un intermédiaire ? Je vais bientôt voir Nedjma pour avoir leur version», a-t-il souligné, précisant que les journalistes ne sont ni des Zorro ni des justiciers. Il n’est pas étonné de l’absence de réaction des pouvoirs publics après ce déballage : «Parce que nous avons un système politique érigé sur la corruption. On sort un gros dossier sur Amar Ghoul, aucune réaction. Au même moment, le ministre de la Justice dit au procureur qu’il ne veut pas de la sardine mais du gros poisson. Le gros poisson siège à côté de ce ministre chaque semaine, au gouvernement ! On met aux arrêts des responsables du ministère de l’Energie et de Sonatrach pour affaires de corruption et Chakib Khelil se balade comme il veut. Je ne peux pas dire qu’il est protégé par le président de la République ou par un autre responsable. Pour être crédible, il faut qu’on surveille nos mots. J’aimerais bien avoir le président de mon côté, en m’attaquant à ces gens-là, en le prenant comme témoin, surtout qu’il a dit qu’il faut mener une lutte sans merci contre la cor-ruption… C’est un système. Va chercher qui protège qui. Raouraoua a ses sponsors et il a eu des mentors. Quand on touche aux pions, les sponsors se retirent, les laissent seuls pour qu’ils ne brûlent pas.» Abdelmoumen Khalifa, patron du défunt groupe El Khalifa, en détention à Londres, a profité de l’opacité du système, selon Hichem Aboud : «Chacun tient l’autre. C’est un système. Pour Khalifa, mieux vaut qu’ils disent qu’ils ont travaillé avec lui au lieu de dire qu’ils ont été roulés par lui. J’ai des choses à raconter sur Kha-lifa, j’ai eu la chance d’avoir connu ses plus proches collaborateurs.» D’après lui, Abdelmoumen Khalifa n’avait pas d’hommes derrière lui : «Il n’utilisait pas les

    hommes du pouvoir mais leurs proches, leurs enfants. Il a par exemple utilisé la fille de Abdenour Keramane. Son cerveau était un directeur central au ministère de l’Enseignement supérieur. Il est en fuite. J’ai dit à Larbi Belkheir que sa fille faisait des affaires avec Khalifa. Il m’a répondu ‘pourquoi pas ! Tout le monde fait des af-faires avec Khalifa.’ Le frère du président Bouteflika était l’avocat du groupe El Khalifa sans exercer. Il n’avait pas un seul dossier. Khalifa voulait que le frère du Président soit à ses côtés dans les soirées et dîners. Que peuvent dire les gens alors ?»

    «MEGUEDEM NE SERA JAMAIS AFFAIBLI»«Mohamed Meguedem a tiré les marrons du feu dans l’affaire Khalifa. Il roule pour lui-même. C’est un homme nocif. Meguedem ne sera jamais affaibli tant que l’homme sert les couches de ces messieurs ! Quand on a été rabatteur de filles de joie pour de hauts responsables, on ne sera jamais affaibli. Aujourd’hui, il ne le fait plus, mais il est dans les magouilles. Meguedem est conseiller à la présidence de la République sans poste. Il a la voi-ture avec gyrophare, le téléphone, le passeport… Il a été ramené par Larbi Belkheir pour limiter sa nocivité», a relevé Hichem Aboud, qui promet de sortir «la grosse artillerie» bientôt. Il prépare un dossier sur les affaires liées à Hamid Melzi, directeur de la résidence d’Etat EGT Sahel (Club des Pins, Moretti et Société d’investis-sement hôtelière, SIH). «Melzi fait courir la rumeur que Hichem Aboud a reçu des instructions pour ne pas écrire sur lui. Celui qui me donne des instructions d’écrire ou de ne pas écrire n’est pas encore né ! Melzi, Rachid Mâa-rif (ex-directeur du protocole du président Bouteflika), Meguedem, tous ces gens-là vont y passer. On me ramène des dossiers ficelés. Je ne vais pas les refuser. Melzi a un réseau relationnel. Il est tout à fait normal qu’il trouve les appuis qu’il faut là où il faut. Il a ses relations avec la presse, l’armée, les politiques. Ses relations peuvent toujours intervenir en sa faveur pour qu’il puisse rester là où il est. Je vais publier des documents sur Melzi comme je l’ai fait pour Khalifa», a soutenu le directeur de Mon Journal. Aboud a également évoqué l’existence de la corruption au sein de la police, de la gendarmerie et de la justice : «L’information fait mal. Eh bien, tant pis pour eux. Ceux qui me reprochent de parler de certains, je les invite à parler des autres. Ils veulent toujours noyer le poisson, il ne faut pas qu’on parle pour eux !» Fayçal Métaoui

    RAOURAOUA, MELZI, MAÂRIF, MEGUEDEM, KHALIFA ET LES AUTRES

    Le grand déballage de Hichem Aboud

    H ichem Aboud est convaincu d’une chose : «Ma marche arrière est soudée ! Je suis un Chaoui et j’ai la tête dure.» Il a rappelé qu’il a été condamné à un an de prison ferme pour le livre La Mafia des généraux. On m’a poursuivi pour «outrage à corps consti-tué», «dénonciation calomnieuse». «Le tribunal d’Hussein Dey n’était pas territorialement com-pétent pour me juger pour la simple raison que je n’habitais pas cette commune d’Alger. Ma der-nière adresse avant d’aller en France était Oum El Bouaghi, avant, c’étaient Constantine et Réghaïa. Même le plaignant, le ministère de la Défense était domicilié au tribunal de Abane Ramdane. Donc, je me demande comment le tribunal d’Hussein Dey a accepté la plainte et jugé l’affaire», a-t-il souligné. L’outrage à corps constitué n’était, selon lui, pas fondé «puisque le livre était dédicacé aux soldats et officiers intègres de l’ANP». «Un livre plaidoyer pour l’armée contre ceux qui ont souillé son hon-neur. J’ai rendu hommage à des généraux intègres, tels que Benyellès, Benhadid, Hadjerès, Kamel

    Abderrahim. Des généraux que je connaissais de réputation. Il n’y avait ni règlement de comptes ni chita. J’ai fait l’éloge du procureur militaire Belkacem Boukhari et du général-major Bachir Tertag. Je n’étais pas contre la lutte antiterroriste. J’ai cité les noms de personnes qui ont mené l’Algérie à la faillite et au chaos. Les généraux cités ont utilisé le ministère de la Défense pour déposer une plainte contre moi. J’ai commencé à écrire le livre ici. Merbah était vivant encore lorsque j’ai commencé à poser les questions sur le fonctionnement du système. Ce livre n’est plus d’actualité, mais reste un livre d’histoire. La jus-tice m’a donné raison puisque j’ai été acquitté. Mais le livre a été interdit en Algérie par décision de justice», a-t-il affirmé. Et d’ajouter : «Je sais qu’en France, l’Elysée est intervenu pour qu’il n’y ait plus de réédition du livre après la qua-trième édition. Jean Daniel, directeur du Nouvel Observateur, s’est fait tirer les bretelles à l’Elysée après avoir publié une interview avec moi.» «A la sortie du livre La Mafia des généraux, le FFS était

    premier à m’avoir attaqué estimant que ce livre était l’œuvre du DRS. J’étais étonné. Après, j’ai compris qu’il ne fallait pas élever la voix plus que le FFS, surtout lorsque tu es indépendant. Pour le FFS, si tu es pour le pouvoir, tu es DRS. Et si tu es contre le pouvoir, tu es DRS. Il faut donc avoir la carte du militant du FFS et applaudir un vieux qui gère le parti par fax. Aït Ahmed a acheté une villa au dinar symbolique et l’a revendue à 5 millions d’euros. Tout le monde le sait, mais personne n’ose l’écrire. Le premier à avoir bénéficié des largesses du DRS était le FFS. La villa Brazza, où se trouve le siège du FFS, appartenait au DRS», a affirmé Hichem Aboud. «Moi, je ne roule pour personne. Je m’appuie sur la privation de mes droits les plus élémentaires, le droit au logement, notamment. Pour moi, le journalisme a toujours été l’investigation, l’entretien… aller à la source de l’information. Un journal n’a pas de partie pris, son rôle est d’informer… Il faut oser en publiant de la bonne information», a-t-il souligné.

    F. M.

    «JE SUIS CHAOUI ET J’AI LA TÊTE DURE !»

    ■ «L’Algérie est partagée, chaque région a son nabab. Becthine était le patron de Constantine.»■ «Ni moi, ni mon épouse, ni mes enfants n’avons demandé la nationalité française.»■ «Je ne suis pas un chien du pouvoir pour m’attaquer aux partis d’opposition.»■ «Certains s’attendaient à ce qu’on ferme Mon Journal au bout d’un ou deux mois.»■ «Certains ont peur de m’approcher ou de parler avec moi. D’autres s’interrogent pourquoi je n’ai pas été tué après la publication de la Mafi a des généraux.»■ «Tant qu’il y a le matelas de l’argent du pétrole, il n’y aura pas d’explosion sociale.»■ «Mais qu’attend Mouloud Hamrouche pour parler ? Il attend que les gens de la casquette l’appellent pour sortir de son silence.»■ «Ahmed Benbitour se présente à l’élection présidentielle sans parti politique. Mais qui va faire sa campagne ?»■ «Face au vide, la presse a joué le rôle de l’opposition, elle s’est substituée aux partis.»■ «Je ne suis pas un opposant, mais un journaliste. Lorsque j’écris, ça plaît à certains et ça déplaît à d’autres.»■ «Ce système a réduit l’Algérie, ce géant, à la taille d’un nain.»■ «Il n’y a qu’en Algérie où l’on s’insulte entre journalistes et entre journaux.»■ «Je ne permets pas la censure. Certains journaux sont sélectifs.»

    El Watan - Mercredi 24 avril 2013 - 7

    L ’ A C T U A L I T É

    IL A DIT AUSSI

  • El Watan - Mercredi 24 avril 2013 - 8

    L ’ A C T U A L I T É

    COMMERCIALISATION DE VÉHICULES NEUFS

    L’Etat veut en fi nir avec les revendeurs informels

    Suite de la page 1

    U n projet de loi modifi ant le décret de décembre 2007 qui fi xe les conditions d’exercice de l’activité de commer-cialisation de véhicules neufs est en cours de préparation», a ainsi annoncé le directeur du contrôle et de la répression des fraudes au ministère du Commerce, Abdelhamid Bou-kahnoun, cité hier par l’APS. En point de mire de ce nouveau projet de loi, qui vient surtout combler un vide juridique quant à l’exercice de l’activité de concession-naire, l’éradication de la pratique illicite de re-vente sur la voie publique de véhicules neufs achetés en masse par les mêmes personnes auprès des concessionnaires agréés.

    DES DÉLAIS TROP LONGSDe ce fait, alors que nombre de citoyens se voient parfois obligés d’attendre plusieurs mois pour se faire livrer un véhicule com-mandé et payé auprès d’un concessionnaire, d’autres, en revanche, ont réussi à y trouver un fi lon en achetant plusieurs véhicules neufs en même temps pour s’adonner ensuite à un commerce informel de revente d’automobiles. Le hic, explique le représentant du ministère du Commerce, est qu’«il n’y a aucune dispo-sition dans le texte de loi actuel qui interdise aux concessionnaires de vendre plusieurs véhicules à une même personne». D’où, a-t-il précisé, l’installation d’un groupe de travail composé de représentants des ministères du Commerce, des Finances, de l’Industrie, de l’Energie et des Mines pour prendre en charge

    la révision de l’actuel dispositif réglementaire qui régit l’activité de vente de véhicules neufs.

    METTRE FIN À LA REVENTE INFORMELLEL’objectif premier de cette démarche, avance le même responsable, est de venir à bout de certains dysfonctionnements et anomalies qui caractérisent le marché de l’automobile, mais aussi d’instaurer un cadre légal pour mieux contrôler et réguler l’activité de vente de véhi-cules neufs et de veiller, à l’avenir, à réprimer

    les infractions et autres pratiques spéculatives dans ce domaine. Selon M. Boukahnoun, ces nouvelles mesures, que le gouvernement compte prochainement mettre en œuvre, font suite à un rapport trans-mis précédemment au Premier ministre, révé-lant notamment des cas où «certains employés de concessionnaires automobiles achètent plusieurs véhicules au nom de membres de leurs familles pour les revendre sur la voie publique». Outre ce nouveau phénomène de

    revente informelle de véhicules neufs, des concessionnaires automobiles ont souvent été pointés du doigt pour diverses infractions aux règles régissant cette activité ; des lenteurs dans les délais de livraison, des défaillances dans les prestations de service après-vente ainsi que des cas de non-respect des critères et normes de sécurité fi xés dans les cahiers des charges inhérents à l’importation de véhi-cules neufs. Dans cet ordre d’idées, affi rme M. Boukahnoun, «certaines conditions arrê-tées par le groupe de travail en question concernant l’importation de véhicules neufs sont déjà mises en œuvre», dont notamment une mesure qui impose à ce que tous les modèles de véhicules importés soient «au moins dotés de deux airbags et d’un système de freinage ABS». Faisant état d’enquêtes menées ces deux dernières années sur le marché de l’automobile, M. Boukahnoun a révélé que «de nombreuses infractions liées notamment au non-respect de la superfi cie et des services après-vente ont été constatées», suite à quoi, a-t-il indiqué, des sanctions ont été infl igées aux opérateurs concernés et des demandes de suspension d’agrément de trois concessionnaires ont été adressées au minis-tère de l’Industrie. Ainsi, à s’en tenir au discours du représentant du département du Commerce, l’Etat semble enfi n décidé à remettre de l’ordre dans le juteux marché de l’automobile qui, tout en participant à gonfl er la facture d’importation, ne cesse de tenir lieu de foyer à tant de pra-tiques spéculatives et d’infractions en tous genres. A. R.

    S.G.P / E.R.G.T.HYHydro-Aménagement SPA

    RN n°5 - ZI BP 31 Rouiba - wilaya d’AlgerTél. : 021 81.18.15/81 18 80 - Fax : 021 81.21.66/70

    Email : [email protected] : 09991 6000 592 912

    Avis d’appel d’offres national et international ouvert n°01/2013

    L’Entreprise Nationale des Aménagements Hydrauliques «Hydro-Aménagement» lance un appel d’offres national et international ouvert pour :• Fourniture de conduite en fonte DN 1200 sur 22 000 MLLes soumissionnaires peuvent retirer le cahier des charges contre le paiement de la somme de 10.000.00 DA auprès de :

    Hydro-Aménagement - SPARoute nationale n°05 - BP 31 - ZI de Rouiba

    Les offres doivent parvenir à l’adresse indiquée ci-dessus sous double enveloppe cachetée, l’enveloppe extérieure devra être strictement anonyme et ne comporter aucun signe distinctif, celle-ci devra porter en plus de l’intitulé la mention :

    Appel d’offres national et international ouvert n°01/2013A ne pas ouvrir

    L’enveloppe A contient l’offre technique - Déclaration à souscrire dûment renseignée, datée et signée- Pièces fi scales et parafi scales- Références techniques- Références fi nancières- Déclaration de probité remplie signée et parafée- Caution de soumission supérieure à 1 % du montant de l’offre- NIF- Toutes les pièces exigées dans le cahier des charges

    L’enveloppe B contient l’offre fi nancière- Soumission- Le bordereau des prix unitaires- Le devis quantitatif et estimatif- Le cahier des charges signé et parafé

    La date limite de remise des offres sous double pli cacheté est fi xée à 21 jours à partir de la première parution du présent avis d’appel d’offres dans les quotidiens nationaux, avant 12h00. Si ce dernier jour coïncide avec un jour férié ou un jour de repos légal, celle-ci est reportée au jour ouvrable suivant avant 12h00.Les soumissionnaires sont invités à assister à l’ouverture publique des plis le dernier jour de dépôt à l’adresse ci-dessus à 13h00.Les soumissionnaires resteront engagés par leurs offres pendant une durée de (120) jours à compter de la date limite de dépôt des offres.

    S.G.P / E.R.G.T.HYHydro-Aménagement SPA

    RN n°5 - ZI BP 31 Rouiba - wilaya d’AlgerTél. : 021 81.18.15/81 18 80 - Fax : 021 81.21.66/70

    Email : [email protected] : 09991 6000 592 912

    Avis d’appel d’offres national ouvert n°19/2013

    L’Entreprise Nationale des Aménagements Hydrauliques «Hydro-Aménagement» lance un appel d’offres national ouvert pour :

    • Réalisation de la radiographie de soudure pour les conduites en acier DN 1400 et DN 1500 mm

    Les soumissionnaires peuvent retirer le cahier des charges contre le paiement de la somme de 2.000.00 DA auprès de :

    Hydro-Aménagement - SPARoute nationale n°05 - BP 31 - ZI de Rouiba

    Les offres doivent parvenir à l’adresse indiquée ci-dessus sous double enveloppe cachetée, l’enveloppe extérieure devra être strictement anonyme et ne comporter aucun signe distinctif, celle-ci devra porter en plus de l’intitulé la mention :

    Appel d’offres national ouvert n°19/2013A ne pas ouvrir

    L’enveloppe A contient l’offre technique - Déclaration à souscrire dûment renseignée, datée et signée- Pièces fi scales et parafi scales- Références techniques- Références fi nancières- Déclaration de probité remplie signée et parafée- NIF- Toutes les pièces exigées dans le cahier des chargesL’enveloppe B contient l’offre fi nancière- Soumission- Le bordereau des prix unitaires- Le devis quantitatif et estimatif- Le cahier des charges signé et parafé.

    La date limite de remise des offres sous double pli cacheté est fi xée à 15 jours à partir de la première parution du présent avis d’appel d’offres dans les quotidiens nationaux, avant 12h00. Si ce dernier jour coïncide avec un jour férié ou un jour de repos légal, celle-ci est reportée au jour ouvrable suivant avant 12h00.Les soumissionnaires sont invités à assister à l’ouverture publique des plis le dernier jour de dépôt à l’adresse ci-dessus à 13h00.Les soumissionnaires resteront engagés par leurs offres pendant une durée de (90) jours à compter de la date limite de dépôt des offres.

  • CISCO ALGÉRIE Plus de 50% de croissance en 2013

    L e groupe Cisco, leader mondial en informatique, a réalisé une croissance de plus de 50% en Algérie durant l’année fi scale 2013 par rapport à l’année écoulée. Une évolution constante des affaires du groupe américain dans notre pays que le directeur général pour l’Afrique du Nord, Adel Dahmani, explique par les potentialités du marché algérien considéré comme un «focus country» en Afrique, au même titre que l’Afrique du Sud, le Kenya et le Cameroun. «Cisco réalisait depuis 2010 entre 20 et 25% de croissance en Algérie», précise M. Dahmani, qui ne donne pas cependant de chiffres précis concernant le chiffre d’affaires de Cisco. Il explique que la communication de certains chiffres ne relève pas de ses prérogatives, mais annonce de nouveau investissements dans les prochains mois en Algérie. M. Dahmani animait hier, aux côtés d’autres responsables de Cisco, une conférence de presse au siège de l’entreprise, à Alger, autour du concept «Internet of everything». Interrogé sur les opportunités offertes par les technologies 3G et 4G pour combler le retard pris en Algérie dans le domaine de l’offre internet, David Petrella, responsable du développement des services providers en Afrique, a estimé que c’est moins la technologie utilisée qui est importante que le développement de l’accès aux connec-tions. «Quelle que soit la technologie adop-tée, ce qui est important pour l’Algérie, actuellement, est d’assurer une capacité suffi sante des accès», note le responsable qui déclare en substance : «C’est surtout la couverture internet qui est importante qu’elle passe par la 2G, la 3G ou la 4G.» La conférence de presse était organisée pour clôturer la semaine technologique de Cisco à Alger, orientée vers la sensibi-lisation des entreprises et des particuliers à l’importance de l’utilisation d’«Internet of everything». Pour Adel Dahmani, cette technologie, qui consiste à connecter tous les objets de l’entreprise ou des particuliers à internet, ouvre des opportunités écono-miques sans précédent et va transformer «la façon dont nous travaillons, apprenons et jouons». Une connectivité que Cisco entend développer en Algérie comme dans toute la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) à travers «une aide proposée aux entreprises et aux gouvernements pour stimuler la croissance durable en fournis-sant une expertise capable de générer de nouveaux modèles d’affaires, d’accroître la productivité et de créer de nouvelles oppor-tunités dans tous les domaines». Zhor Hadjam

    DRS ET CORRUPTION, MISE AU POINT1. Dans un entretien publié par El Watan le lundi 22 avril 2013, Mourad Goumiri, traitant de la situation économique de l’Algérie, évoque le phénomène de la corruption me prêtant des propos qui ne sont pas les miens.2. Se référant, en effet, à la conférence que j’ai donnée à l’Ecole préparatoire des sciences économiques de Annaba, Mourad Goumiri m’attribue la déclaration suivante : selon Moha-med Chafi k Mesbah, dit-il : «Le DRS a fuité les dossiers de la corruption à la presse…»3. L’enregistrement audiovisuel faisant foi, je récuse la paternité de cette affi rmation. Voici ce que j’ai déclaré explicitement : «Les services de renseignement algériens ont exercé, correcte-ment, leur mission de veille stratégique. Pour le secteur de l’énergie, comme celui des travaux publics ou de l’agriculture, les faits ont été identifi és, recensés et portés, en temps utile, à la connaissance des instances publiques.»

    Mohamed Chafi k Mesbah

    El Watan - Mercredi 24 avril 2013 - 9

    É C O N O M I E

    LOUNIS HAMITOUCHE, GÉRANT DE LA LAITERIE SOUMMAM

    «Nous serons autonomes en lait vers 2016»

    Lors d’une conférence de presse animée au siège social de la société, à Akbou, Lounis Hami-touche, fondateur et gérant de la laiterie Soummam, a déclaré que son entreprise, leader national en produits laitiers frais, ambitionne de ne plus recourir à l’importation de la poudre de lait d’ici l’année 2016. En se lançant, en 2009, dans le créneau de la collecte de lait frais, la laiterie s’est fi xé comme double objectif de réduire la facture des importations du pays en devises fortes, d’assurer la sécurité alimentaire dans ce produit stratégique, puis de se rendre progres-sivement indépendante d’un marché mondial fl uctuant. «Sans parler de ses qualités nutritives, le lait frais de vache est actuellement moins cher que la poudre de lait cédée à 600 dollars le kilo», a affi rmé M. Hami-touche. Actuellement, la laiterie arrive à col-lecter un volume journalier de 500 000 à 800 000 litres de lait frais, auprès des 4400 éleveurs répartis sur le territoire national, avec lesquels la laiterie est conventionnée. Elle dispose également de 32 centres de

    collecte répartis à travers le territoire national. «Nous utilisons de plus en plus de lait frais dans nos prépara-tions, même si cela n’est pas indiqué sur nos emballages, car nous dispo-sons d’un stock important qui a été imprimé il y a longtemps», a déclaré Lounis Hamitouche. «Notre objectif principal est d’être complètement autonome en matière de production de lait à l’horizon 2016», ajoutera-t-il. Le taux d’inté-

    gration de lait de vache frais est à hauteur de 40%, mais il ne cesse d’augmenter au fur et à mesure que le volume de lait collecté croît en importance. Ce volume annuel glo-bal, qui était de 20 millions de litres en 2010, est passé à 120 millions de litres collectés en 2012. Pour ce faire, la Laiterie Soummam a consenti des investissements très lourds pour mettre en place sa propre fi lière de collecte de lait. Cela va de l’éleveur à qui Soum-mam fournit génisses, équipements de traite et de stockage de lait, jusqu’à la mise en place d’une usine de haute technologie garantissant la traçabi-lité du produit et une qualité irrépro-chable. A travers sa nouvelle fi lière de collecte de lait, Soummam a lancé un programme d’accompagnement des éleveurs en matière de forma-tion, d’hygiène, d’alimentation, de collecte de lait, d’équipements spé-cialisés et de stockage de la matière première. L’entreprise dispose ainsi de plusieurs centres régionaux de collecte de lait, ainsi que d’une fl otte de 26 camions frigorifi ques assurant le transfert du produit vers l’usine.

    Le seul problème pour Lounis Hami-touche est que l’Offi ce national du lait (ONIL) n’a pas payé, depuis janvier 2012, les subventions que la laiterie reverse aux éleveurs. Il s’agit des 12 DA par litre produit et de 5 DA par litre de lait collecté. Ce retard de paiement dépasse aujourd’hui les 3 milliards de dinars. «Ce retard est de plus en plus diffi cile à supporter, mais fort heureusement nous avons des banques derrière nous qui nous font confi ance», dira M. Hamitouche. Soummam, qui fête cette année sa vingtième année d’existence, aligne des chiffres de croissance qui font de cette entreprise l’un des fl eurons de l’industrie agroalimentaire natio-nale. Soummam, c’est aujourd’hui 1180 emplois directs pour 6 millions de pots/jour, dont 10% sont desti-nés à l’exportation, vers la Libye. C’est également 5590 vaches laitières cédées aux éleveurs aux quatre coins du pays, ainsi que 950 camions fri-gorifi ques distribués à des jeunes. Dans un très proche avenir, la laiterie Soummam va lancer une autre usine implantée sur une superfi cie de 17 ha. Djamel Alilat

    RÉCOLTES CÉRÉALIÈRES 2013

    Tout dépendra des pluies printanières

    DISPOSITIFS CNAC ET ANSEJ

    Des crédits non rémunérés au profi t des chômeurs du Sud

    PHO

    TO :

    D. R

    .

    L es précipitations assez importantes que le pays a connues ces derniers mois incitent à l’optimisme. Toutefois, en matière de céréaliculture, une bonne campagne de moisson dépend aussi des pluies prin-tanières ; si celles-ci ne sont pas assez abondantes, les épis ne connaîtront pas la croissance voulue et les répercussions négatives sur les rendements seront inévitables. Hier, lors d’une rencontre organisée au ministère de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa s’est dit optimiste quant à une bonne campagne moissons-battages qui débutera dans les prochains jours, «pour peu que les pluies soient au rendez-vous dans les tout prochains jours». Selon le ministre, la région de l’Ouest promet une bonne récolte, mais un stress hydrique est constaté

    dans d’autres régions céréalières, à l’est du pays. Le recours à l’irrigation d’appoint est alors le seul moyen de «sauver» les récoltes, mais cette technique demeure encore à ses débuts. Sur tout le territoire national, c’est la wilaya de Guelma qui a réussi dans cette technique en parvenant à irriguer pas moins de 1200 ha. D’autres wilayas ont suivi l’exemple en réservant des superfi cies moins importantes, mais la généralisation de l’irrigation d’appoint n’est pas pour demain. Pourtant, comme l’a indiqué M. Benaïssa, le ministère de l’Agriculture a mis en place un dispositif de soutien, par le biais du Fonds national de développement de l’investissement agricole (FNDIA), pour la promotion des systèmes d’irrigation économiseurs d’eau. Pour les agricul-

    teurs et les éleveurs porteurs de projets organisés en coopérative ou groupement d’intérêt commun, le fi nancement accordé est situé à hauteur de 60% du coût des équipements d’irrigation acquis, contre 50% pour ceux exerçant à titre individuel. Le ministère de l’Agriculture précise, par ailleurs, que les superfi cies emblavées ont at